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Hollywood ([ˈhɒliwʊd] ; en français : « Bois-de-Houx » ou « houssaie », constitué des éléments holly, « houx », et wood, « bois »)[1],[2] est un quartier de la ville américaine de Los Angeles, en Californie, situé au nord-ouest de Downtown Los Angeles[3].
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Du fait de sa célébrité et son identité culturelle en tant que centre historique des studios de cinéma, le terme « Hollywood » est souvent utilisé comme un métonyme du cinéma américain. Le surnom « Tinseltown » fait référence au rapport qui lie l'industrie cinématographique américaine à Hollywood[4].
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Aujourd'hui, toutefois, la plupart des sociétés de production cinématographique sont dispersées dans d'autres lieux proches, comme Westwood, Century City et West Los Angeles ; cependant, plusieurs des studios importants tels que ceux de montage, des effets visuels ou encore de postproduction demeurent toujours à Hollywood, comme les studios de Paramount Pictures.
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Le quartier est réputé pour ses studios de cinéma et les sièges sociaux des grands groupes cinématographiques. En 1911, Nestor Studios est le premier studio de cinéma à s'installer à Hollywood.
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Par métonymie, le mot Hollywood désigne souvent l'industrie cinématographique américaine prise dans son ensemble, compte tenu de la concentration qui fit ici la fortune de la mégapole. Cette association est cependant réductrice pour un cinéma américain qui revendique aussi des réalisateurs de la côte est, qui ne sont pas affiliés à cette industrie de l'image.
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Dans les années 1880, un couple originaire du Kansas, Harvey Henderson Wilcox (qui a fait fortune dans l'immobilier malgré la perte de l'usage de ses jambes à cause de la fièvre typhoïde) et sa femme Daeida Wilcox Beveridge, décident de déménager depuis Topeka jusqu'à Los Angeles. En 1886, Wilcox achète 0,6 km2 de terre dans la campagne à l'ouest de la ville, sur les contreforts du col de Cahuenga. C'est Daeida Wilcox qui choisit le nom de « Hollywood » pour sa propriété, faisant référence à une colonie d'immigrants allemands de l'Ohio, appelée ainsi. Elle en apprend l'existence lors d'un voyage en train vers l'Est en discutant avec une femme originaire de cette communauté. La sonorité du mot lui plaisant, le ranch est baptisé Hollywood[5].
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Harvey Wilcox dessine peu de temps après un plan de la ville, qu'il complète avec les autorités du comté de Los Angeles le 1er février 1887 : c'est la première fois que le nom de Hollywood apparaît officiellement. Avec sa femme comme conseillère, il trace la rue principale à laquelle il donne le nom de Prospect Avenue (aujourd'hui Hollywood Boulevard), la bordant comme les autres avenues de toyons (arbustes). Puis il commence à vendre par lots les terrains longeant l'avenue. Daeida lève des fonds pour la construction de deux églises, une école et une bibliothèque. Ils importent quelques houx anglais pour expliquer le nom de la ville[6], mais les buissons ne s'acclimatent pas et l'idée est abandonnée.
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En 1900, Hollywood a un bureau de poste, son propre journal, un hôtel, deux marchés et une population d'environ 500 âmes. Los Angeles, qui compte 100 000 habitants à cette époque, est distante de 11 km de Hollywood. Les deux villes sont alors séparées par des champs d'agrumes. Une seule ligne de tramway est mise en service pour rallier Prospect Avenue à Los Angeles. Mais la qualité de service étant inconstante, le voyage dure deux heures.
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C'est en 1902 qu'ouvre le célèbre Hollywood Hotel, sur le côté ouest de Highland Avenue et en face de Prospect Avenue. Cette route, jusqu'alors sale et non pavée, est rendue carrossable par la suite. L'année suivante, la ville obtient le statut de municipalité. En 1904 une nouvelle ligne de tramway est construite, ce qui diminue radicalement le temps de transport jusqu'à Los Angeles. Son nom, Hollywood Boulevard, est à l'origine du changement de nom de Prospect Avenue. L'autre raison est l'annexion de la ville par Los Angeles. En effet, en 1910, les électeurs votent son rattachement à Los Angeles, dans le but de profiter de son approvisionnement en eau plus efficace. Celle-ci vient en effet d'achever son aqueduc. Une autre raison de ce vote est l'accès au réseau des égouts de Los Angeles. Ainsi, à travers cette association, Prospect Avenue devient Hollywood Boulevard. Ce changement entraîne la modification de la numérotation des rues du nouveau quartier (ex : 100 Prospect Avenue, sur Vermont Avenue, devint 6400 Hollywood Boulevard, et 100 Cahuenga Boulevard, sur Hollywood Boulevard, devint 1700 Cahuenga Boulevard).
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Le premier film tourné à Hollywood est The Count of Monte Cristo de Francis Boggs (1908)[5].
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Au cours des années 1910, Hollywood devient le principal centre de production de la nouvelle industrie cinématographique : une légende dit que les producteurs voulaient quitter la côte Est pour Hollywood afin d'échapper aux représentants du Trust Edison mais les détectives privés payés par Edison pouvaient tout aussi bien débarquer sur les tournages des studios de Hollywood et vérifier ainsi que les caméras étaient chargées de pellicules Eastman, monopole de la Motion Picture Patents Company[7]. En réalité, une partie des producteurs étaient attirée par la Californie, sa luminosité et son climat ensoleillé (350 jours de soleil par an, comme l'alléguait l'office de tourisme de Los Angeles), la diversité de ses décors naturels (montagne, mer, forêt, désert), ses terrains bon marché, l'absence de syndicats (qui apparaîtront dans les années 1930), une main d'œuvre cosmopolite (Indiens, asiatiques, hispaniques pour des rôles de figurants). Les lieux de tournage ressemblaient à l'origine plus à des campements qu'à de véritables studios[8].
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Début 1910, le réalisateur D.W. Griffith est envoyé par la Biograph Company sur la côte ouest des États-Unis avec sa troupe composée des acteurs Blanche Sweet, Lillian Gish, Mary Pickford ou encore Lionel Barrymore. Ils commencent à filmer sur un terrain libre à proximité de Georgia Street dans le centre de Los Angeles. Décidant de prospecter vers le nord, la troupe parvient finalement jusqu’au petit village de Hollywood où elle reçoit un accueil amical.
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Griffith y réalise In Old California, le premier film tourné à Hollywood, un mélodrame mettant en scène des Mexicains occupant la Californie au début du XIXe siècle. L'équipe y reste plusieurs mois, produisant plusieurs courts métrages - le long métrage en tant que tel n'existe pas à cette époque - avant de retourner à New York. Entendant parler de ce nouvel Eldorado, plusieurs réalisateurs se rendent à l’Ouest en 1913. En 1912, Mack Sennett y fonde, sur un terrain vague, le studio Keystone qui devient le principal foyer du cinéma burlesque. Progressivement se forme une ville champignon. C'est au milieu des années 1910 que naissent les premières grandes stars du cinéma américain : Douglas Fairbanks, Florence Lawrence, Florence Turner, Mary Pickford et Charlie Chaplin, les acteurs étant jusque-là anonymes (la légende du cinéma raconte souvent que Hollywood a inventé les stars mais la firme Pathé en crée une dès 1910 avec Max Linder[7]). Le premier long métrage, marquant la naissance de l’industrie du cinéma à Hollywood — Le Mari de l'Indienne — est dirigé par Cecil B. DeMille en 1914.
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Dès lors, s'y installent de grosses sociétés de production. En 1915, c'est la Triangle Film Corporation. Fairbanks, Pickford et Chaplin s'associent en 1919 avec Griffith et William S. Hart pour former la United Artists, destinée à l'exploitation de leurs propres films. Puis, en 1925, naît la Metro-Goldwyn-Mayer. Dès 1917, avec l'augmentation des budgets (décors, figurants, costumes) et la venue de stars pour fidéliser le public, les studios ont recours au financement extérieur par des particuliers et des banques dont les prêts s'appuient sur les actifs que sont devenus les stars, les scénarios et les réalisateurs[8]. Ils achètent des salles de cinéma dans les grandes villes du pays, des salles de première exploitation comme les nickel odéons. Durant la Première Guerre mondiale, l'industrie européenne du cinéma étant paralysée par les efforts de guerre, Hollywood devient la capitale mondiale du cinéma[8].
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Les années 1930 voient l'expansion des cinq grandes compagnies cinématographiques que sont Paramount Pictures, Metro-Goldwyn-Mayer, Warner Bros., RKO Pictures et laFox, avec un doublement du nombre de travailleurs permanents qui passent de 30 000 à 75 000[9].
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À partir des années 1980, les studios de cinéma de Hollywood se diversifient en investissant dans les secteurs hôtelier, musical ou des médias[5].
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Hollywood connait une expansion démographique très soutenue au début du XXe siècle due notamment à l'urbanisation de la ville de Los Angeles. De 5 000 habitants en 1910, Los Angeles passe à 36 000 en 1920, 130 000 en 1925 et 250 000 en 1930. En 1953, le quartier hollywoodien compte 158 000 habitants, puis passe à 190 000 habitants dix ans plus tard. En 1970, un habitant sur six est d'origine latino-américaine ou asiatique. La population atteint alors 250 000 habitants, et probablement 350 000 en 1990, en raison du développement de la mégalopole de Los Angeles[10]. Cependant en 2015, le quartier (et uniquement le quartier) compte 210 511 habitants[11]. Le Los Angeles Times le considère comme hautement divers du point de vue ethnique, 42,2 % de la population étant hispanique, 41,0 % blanche non hispaniques, 7,1 % asiatique, 5,2 % afro-américaine et 4,5 % appartenant à une autre catégorie ethno-raciale[12].
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Hollywood est reconnu pour ses studios de cinéma; des touristes du monde entier viennent également y admirer le fameux panneau « HOLLYWOOD », qui n'est pas à Hollywood mais dans le quartier de « Hollywood Hills ».
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La plus célèbre avenue de Hollywood est Hollywood Boulevard. Elle s'étend d'est en ouest depuis Vermont Avenue jusqu'à Sunset Boulevard.
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Elle abrite non seulement le Walk of Fame (les fameuses étoiles avec le nom des stars), mais également le Grauman's Chinese Theatre et le Hollywood and Highland Center où sont remis tous les ans les Oscars, récompenses du cinéma américain. Devant Grauman's, un grand nombre de stars ont également laissé leurs traces par leurs empreintes de pieds et de mains et par un autographe à Sid Grauman, patron du théâtre.
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L'image qui plus caractérise l'ambiance de l'endroit est une colline située au nord de Hollywood, le mont Lee (477 mètres), affublée de gigantesques lettres formant le nom de « HOLLYWOOD ». Situé aux pieds des Hollywood Hills, il s'agissait à l'origine d'un panneau publicitaire, érigé en 1923 par des promoteurs immobiliers. Le panneau original, « HOLLYWOODLAND », qui était laissé à l'abandon, a été restauré en 1949 par la chambre de commerce de Hollywood (c'est à cette époque qu'il a perdu ses quatre dernières lettres), puis en 1978.
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Ce lieu fut le théâtre du suicide d'une actrice : Peg Entwistle se jeta du haut de la lettre "H" en septembre 1932.
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Le Capitol Records Building est une tour de 13 étages capable de résister aux tremblements de terre. Elle est connue pour avoir été le premier immeuble de bureaux de forme circulaire. Construite par Welton Becket pour la maison d'édition Capitol Records, elle accueille aujourd'hui plusieurs studios d'enregistrement. Son architecture rappelle une pile de vinyles 45 tours sur un plateau de tourne-disques.
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Hollywood a donné un certain nombre de mots-valises pour désigner les productions cinématographiques abondantes de certains pays ou États (pour l’Inde) :
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Homère (en grec ancien Ὅμηρος / Hómêros, « otage » ou « celui qui est obligé de suivre »[1]) est réputé avoir été un aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Il était simplement surnommé « le Poète » (ὁ Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. Les deux premières œuvres de la littérature occidentale que sont l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées.
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Il est difficile de dire aujourd'hui si Homère a été un individu historique ou bien une identité construite, un personnage conceptuel, et s'il est bien l'auteur des deux célèbres épopées qui sont au fondement de la littérature occidentale. D'où les enjeux de la question homérique même si les savants modernes croient à un personnage inventé. Cependant plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputaient l'origine de l'aède et la tradition l'individualisait en répétant qu'Homère était aveugle.
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La place d'Homère dans la littérature grecque est tout à fait majeure puisqu'il représente à lui seul le genre épique à cette période : l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées dès le VIe siècle av. J.-C., ainsi que deux poèmes comiques, la Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats ») et le Margitès, et les poèmes des Hymnes homériques. Il écrit dans une langue qui est déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. : elle est associée à l'emploi de l'hexamètre dactylique.
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La tradition veut qu'Homère ait été aveugle. Tout d'abord, l'aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, est aveugle : la Muse lui a « pris les yeux, mais donné la douceur du chant »[2]. Ensuite l'auteur de l'Hymne homérique à Apollon Délien déclare à son propre sujet : « c'est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse »[3]. Le passage est repris par Thucydide, qui le cite comme un passage où Homère parle de lui-même[4].
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L'image du « barde aveugle » est un lieu commun de la littérature grecque. Un personnage d'un discours de Dion Chrysostome remarque ainsi que « tous ces poètes sont aveugles, et croient qu’il serait impossible de devenir un poète autrement » ; Dion répond que les poètes se transmettent cette particularité comme une sorte de maladie des yeux[5]. De fait, le poète lyrique Xénocrite de Locres est réputé être aveugle de naissance[6] ; Achaïos d'Érétrie devient aveugle pour avoir été piqué par des abeilles, symbole des Muses[7] ; Stésichore perd la vue parce qu'il a dit du mal d'Hélène de Sparte[8] et Démocrite s'ôte la vue pour mieux voir[9].
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Tous les poètes grecs ne sont pas aveugles, mais la fréquence avec laquelle la cécité est associée à la poésie pousse à s'interroger. Martin P. Nilsson remarque que, dans certaines régions slaves, les bardes sont rituellement qualifiés d'« aveugles »[10] : comme le soutient déjà Aristote[11], la perte de la vue est supposée stimuler la mémoire. De plus, la pensée grecque associe très fréquemment cécité et pouvoir divinatoire : les devins Tirésias, Ophionée de Messène, Événios d'Apollonie ou Phinée sont tous privés de la vue. Plus prosaïquement, le métier d'aède est l'un des rares accessibles à un aveugle dans une société comme celle de la Grèce antique[12].
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Plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputent l'origine d'Homère. L’Hymne homérique à Apollon délien mentionne Chios et Simonide de Céos[13] attribue à « l'homme de Chios » l'un des plus fameux vers de l'Iliade, « il en est de la race des humains comme des feuilles »[14], devenu un proverbe à l'époque classique. Lucien de Samosate fait d'Homère un Babylonien envoyé en otage (en grec ὅμηρος / homêros) chez les Grecs, d'où son nom[15]. Interrogé à cet effet, l'oracle de Delphes répond en 128 à l'empereur Hadrien qu'Homère est natif d'Ithaque et qu'il est fils de Télémaque et Polycaste[16]. Proclos de Constantinople conclut la polémique dans sa Vie d'Homère, en disant que celui-ci fut avant tout un « citoyen du monde »[réf. nécessaire].
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Huit biographies anciennes nous sont parvenues, faussement attribuées à Plutarque et Hérodote : elles s'expliquent probablement par l'« horreur du vide » des biographes grecs[17]. Elles datent pour les plus vieilles de l'époque hellénistique et regorgent de détails dont certains remontent à l'époque classique : il en ressort qu'Homère est né à Smyrne, a vécu à Chios et a trouvé la mort à Ios. Son véritable nom est Mélesigénès ; son père est le dieu fleuve Mélès et sa mère la nymphe Créthéis[18]. Aristote fait naitre Homère sur Ios[19], une île des Cyclades. Dans le même temps, Homère est également un descendant d'Orphée, ou un cousin, voire un simple contemporain du musicien.
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Une thèse récente, formulée par des auteurs anglo-saxons, postule que l'Odyssée aurait été écrite par une femme sicilienne du VIIe siècle av. J.-C. (et dont le personnage de Nausicaa serait une sorte d'autoportrait) : le premier à avoir lancé l'idée est l'écrivain anglais Samuel Butler dans The Authoress of the Odyssey, en 1897. Le philosophe français Raymond Ruyer, grand admirateur de Samuel Butler (cf. La Gnose de Princeton), va dans le même sens dans son ouvrage Homère au féminin ou La jeune femme auteur de l'Odyssée publié chez Copernic en 1977. Cette conception a été reprise par le poète Robert Graves dans son roman Homer's Daughter, R. Graves, Homer's Daughter, Academy Chicago Publishers, 2005, et en 2006, par l'universitaire Andrew Dalby dans son essai Rediscovering Homer, W. W. Norton, 2006.
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D'autres remettent en cause l'existence d'un Homère historique. Son nom même pose problème : on ne connaît aucune autre personne portant ce nom avant l'époque hellénistique et il reste rare avant l'époque romaine, où il est porté en particulier par des affranchis[20]. Le nom signifierait « otage » et différents récits visent à expliquer pourquoi Homère a reçu ce nom, après avoir été donné en otage par telle ou telle cité. On a objecté que le terme se rencontre normalement au neutre pluriel (ὅμηρα / homêra) et non au masculin. Éphore de Cumes, un auteur du IVe siècle av. J.-C., explique quant à lui que, dans le dialecte de sa cité, le nom signifie « aveugle » et qu'il a été donné au poète en raison de sa cécité, le but étant de prouver qu'Homère est un compatriote[21]. Cependant, le mot n'est pas attesté par ailleurs et le mot « aveugle », si on le rencontre comme cognomen, n'est jamais donné comme nom seul[22]. Par ailleurs, on a fait valoir que pour les épopées, l'anonymat était la règle et le nom d'auteur, l'exception[23].
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On a donc pu parler de l'« invention » d'Homère. Pour Martin L. West, le personnage a été inventé par les érudits athéniens du VIe siècle av. J.-C. à partir des revendications d'organisations de rhapsodes tels que les Homérides de Chios, qui prétendaient descendre d'Homère, lui attribuaient les poèmes qu'ils récitaient et racontaient divers épisodes de la vie de leur supposé ancêtre[24]. Pour Barbara Graziosi, il s'agit plutôt d'un mouvement panhellénique, lié aux représentations des rhapsodes à travers l'ensemble de la Grèce : qu'il ait existé ou non un Homère, le nom est devenu fameux dans toute la Grèce, et les rhapsodes pouvaient se référer à lui pour attirer les foules lors de leurs récitations publiques[25].
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L’Iliade et l’Odyssée sont attribués à Homère dès le VIe siècle av. J.-C. On lui attribue également l'œuvre épique comique Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats », parodie de l’Iliade), un poème comique intitulé Margitès[26], et une collection de courts hymnes connus sous le nom des Hymnes homériques. En réalité, ces œuvres, bien que difficiles à dater précisément, ont été composées plus tard (la Batrachomyomachia a peut-être été composée au cours du Ve siècle av. J.-C.[27]. ou à l'époque hellénistique[28] ; la date précise du Margitès n'est pas connue, mais il semble relativement ancien[29] ; les Hymnes homériques ont été composés aux VIIe et VIe siècles[30]).
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Au-delà, le nom d'Homère est pratiquement synonyme, dans l'Antiquité, de la poésie épique dans son ensemble, de même que celui d'Hésiode désigne toute forme de poésie didactique. Ainsi, on trouve fréquemment son nom accolé aux titres des épopées du Cycle troyen. Hérodote rapporte que la « poésie homérique » est bannie par Clisthène, tyran de Sicyone, à cause de ses références à Argos[31] — ce qui laisse supposer que le Cycle thébain était également considéré comme homérique. Hérodote lui-même s'interroge sur la paternité homérique des Épigones[32] et des Chants cypriens[32]. Certains lui attribuent également la Prise d'Œchalie. Enfin, nombre d'auteurs antiques citent des vers qu'ils attribuent à Homère, mais qui ne figurent ni dans l’Iliade, ni dans l’Odyssée : Simonide de Céos[33], Pindare[34], etc.
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Ce n'est qu'à partir de Platon et Aristote que l'attribution se limite à l’Iliade et de l’Odyssée, mais au XVIe siècle encore, Érasme croit que la Batrachomyomachia est une œuvre d'Homère.
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Du fait des maigres informations dont nous disposons sur Homère, certains ont mis en question son existence même. Cette question remonte à l'Antiquité : selon Sénèque, « c'était la maladie des Grecs de chercher quel était le nombre des rameurs d'Ulysse ; si l'Iliade fut écrite avant l'Odyssée, si ces deux poèmes étaient du même auteur »[35].
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La « question homérique », comme on l'appelle à l'époque moderne, naît probablement chez l'abbé d'Aubignac[36]. À rebours de la révérence de ses contemporains pour Homère, il rédige vers 1670 les Conjectures acad��miques où, non content de critiquer les œuvres homériques, il remet en cause l'existence même du poète. Pour lui, l'Iliade et l'Odyssée ne sont qu'une collection de textes rhapsodiques antérieurs[36]. À peu près à la même époque, Richard Bentley estime au détour de ses Remarques sur le Discours de la liberté de penser qu'Homère a bien existé, mais qu'il n'est l'auteur que de chansons et de rhapsodies qui ont été bien plus tard réarrangées sous forme épique[36]. Giambattista Vico considère quant à lui qu'Homère n'a jamais existé, mais que l'Iliade et l'Odyssée sont littéralement l'œuvre du peuple grec dans son ensemble[37].
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Dans ses Prolegomena ad Homerum (1795), Friedrich August Wolf est le premier auteur à émettre l'hypothèse d'un Homère analphabète. Selon lui, le poète a composé ses deux œuvres vers 950 av. J.-C., à une époque où la Grèce ne connaissait pas l'écriture. Les chants dans leur forme primitive sont ensuite transmis de manière orale et par ce biais, évoluent et se développent, jusqu'à leur fixation par la recension de Pisistrate au VIe siècle av. J.-C.[38]. À partir d'eux se distinguent deux écoles : les unitaristes et les analystes.
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Les analystes, tels Karl Lachmann, cherchent à isoler un poème originel, œuvre d'Homère lui-même, d'additions postérieures ou d'interpolations, et soulignent les incohérences du texte, les erreurs de composition : par exemple, Pylémène, héros troyen, est tué au chant V[39] avant de reparaître quelques chants plus loin[40] ou encore Achille espère au chant XI une ambassade qu'il vient juste de renvoyer[réf. nécessaire]. Il est vrai aussi que la langue homérique (voir infra), pour ne parler que d'elle, est un ensemble composite mêlant des dialectes divers (ionien et éolien principalement) et des tournures d'époques diverses. Cette démarche était déjà celle des Alexandrins qui ont établi le texte (voir infra).
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Les unitaristes, au contraire, soulignent l'unité de composition et de style des poèmes, pourtant très longs (15 337 vers pour l'Iliade et 12 109 pour l'Odyssée) et défendent la thèse d'un auteur, Homère, qui a composé les poèmes que nous avons à partir de sources diverses existant à son époque ; les différences entre les deux poèmes s'expliquent alors par le changement entre un auteur jeune et le même, plus vieux, ou encore entre Homère lui-même et un continuateur de son école[41]. Ainsi Paul Claudel, à propos de « l'unicité de la main ouvrière » :
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« Tous les événements, tous les thèmes locaux ont pris direction, rapport, équilibre, tous les dessous s'éveillent et se justifient, tout se met à chanter à la fois, tout le champ poétique à la fois jusqu'à ses suprêmes limites subit l'enchantement de cette voix nue, dans la concaténation des syllabes accélérées, qui le soutire vers le dénouement[42]. »
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Aujourd'hui, la plupart des critiques pensent que les poèmes homériques ont été composés, en réutilisant des éléments antérieurs, lors d'une période de transition, au moment du passage d'une culture de composition et de transmission orale qui caractérise les « siècles obscurs » à la naissance d'une nouvelle culture grecque de l'écrit. L'intervention d'un auteur (ou de deux) ne fait guère de doute, mais il n'est pas douteux non plus que des poèmes antérieurs existaient et que certains ont été inclus dans l'œuvre homérique. D'autres ne l'ont pas été, comme ceux qui racontaient en détail l'épisode du cheval de Troie[43], qui n'est que brièvement évoqué dans l’Odyssée[44]. L’Iliade aurait été composée en premier, vers la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C., et l’Odyssée serait postérieure, datant de la fin du VIIe siècle av. J.-C.
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Des méthodes contemporaines tentent également d'élucider la question. Alliant l'informatique et les statistiques, la stylométrie permet de scruter diverses unités linguistiques : mots, catégories grammaticales, phonèmes... Fondée sur les fréquences des lettres grecques, une première étude de Dietmar Najock[45] constate surtout les cohésions internes de l'Iliade et de l'Odyssée.
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Les textes homériques se transmirent longtemps par voie orale. Dans sa célèbre thèse, L'Épithète traditionnelle chez Homère, Milman Parry montre que les nombreuses formules « nom propre + épithète », telles que « Achille aux pieds légers » ou « Héra, la déesse aux bras blancs » obéissent à des schémas rythmiques précis qui facilitent le travail de l'aède : un hémistiche peut être aisément complété par un hémistiche tout fait. Ce système, qu'on ne retrouve que dans la poésie homérique, est caractéristique de la poésie orale.
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Parry et son disciple, Albert Lord, donnent ainsi l'exemple de bardes serbes de la région de Novi Pazar, analphabètes, capables de réciter de longs poèmes parfaitement versifiés, en utilisant ce type de formules rythmiques. Après avoir enregistré plusieurs de ces épopées, Lord s'aperçoit en revenant quelques années plus tard que les modifications apportées par ces bardes sont minimes. La versification est bien un moyen d'assurer une meilleure transmission des textes dans une culture orale.
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Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C., inaugure la première bibliothèque publique. Cicéron rapporte que les deux récits épiques sont alors pour la première fois retranscrits, sur l'ordre du tyran athénien[46]. Il promulgue une loi enjoignant à tout chanteur ou barde passant par Athènes de réciter tout ce qu'il connaît d'Homère pour les scribes athéniens, qui enregistrent chaque version et les réunissent en ce qui est à présent appelé l'Iliade et l'Odyssée. Des savants tels que Solon (qui s'était pourtant opposé à Pisistrate pendant sa campagne électorale) participent à ce travail. Le fils du tyran, Hipparque, ordonne que le manuscrit soit récité tous les ans à l'occasion de la fête des Panathénées, selon le dialogue Hipparque attribué à Platon.
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Les textes homériques sont alors écrits et lus sur des rouleaux de parchemin ou de papyrus, les volumina (d'où vient le français « volume »). Aucun rouleau intégral n'a été sauvegardé. Seuls subsistent des fragments, retrouvés en Égypte, dont certains remontent au IIIe siècle av. J.-C. L'un d'entre eux, Sorbonne inv. 255, contenant les chants IX et X, montre que, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors :
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Ensuite, les premiers à travailler à une édition critique des textes homériques sont les grammairiens alexandrins. Zénodote, premier bibliothécaire de la Bibliothèque d'Alexandrie, commence le travail de défrichage, tandis que son successeur Aristophane de Byzance établit la ponctuation du texte. Aristarque de Samothrace, successeur d'Aristophane, écrit des commentaires de l'Iliade et de l'Odyssée, et tente de différencier le texte attique, établi sur les ordres de Pisistrate, et les additions hellénistiques.
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Au IIIe siècle, les Romains répandent dans le bassin méditerranéen l'usage du codex, c'est-à-dire le livre broché largement utilisé aujourd'hui. Les plus anciens manuscrits connus sous cette forme remontent au Xe siècle. Ils sont l'œuvre d'ateliers byzantins. C'est le cas par exemple du Venetus 454A, l'un des meilleurs manuscrits existants, qui permit en 1788 au Français Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison d'établir l'une des meilleures éditions de l'Iliade[47]. Au XIIe siècle, l'érudit Eustathe de Thessalonique compile les commentaires alexandrins[48]. Il ne retient que 80 corrections sur les 874 établies par Aristarque de Samothrace. En 1488, la version princeps des œuvres est imprimée à Florence.
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La langue homérique est une langue de l'épopée, déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. D'ailleurs, avant ce moment, certains de ces archaïsmes ont été remplacés, introduisant ainsi dans le texte des atticismes.
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Parfois, la métrique de l'hexamètre dactylique permet de retrouver la forme initiale, ainsi que d'expliquer certaines tournures. C'est le cas par exemple pour le digamma (Ϝ /w/), phonème disparu dès le Ier millénaire av. J.‑C. dans la plupart des dialectes, encore utilisé chez Homère pour des questions de scansion, même s'il n'est ni écrit ni prononcé. Ainsi du vers 108 du chant I de l'Iliade :
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« ἐσθλὸν δ’ οὔτέ τί πω [Ϝ]εἶπες [Ϝ]έπος οὔτ’ ἐτέλεσσας »
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L'emploi concurrent de deux génitifs, l'archaïque en -οιο et le moderne en -ου, ou encore deux datifs pluriels (-οισι et -οις) montrent que l'aède pouvait alterner à son gré formes archaïques et modernes : « la langue homérique est un mélange de formes d'époques diverses, qui n'ont jamais été employées ensemble et dont la combinaison relève d'une liberté purement littéraire » (Jacqueline de Romilly).
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Mieux encore, la langue homérique combine différents dialectes. On peut écarter les atticismes, transformations rencontrées lors de la fixation du texte. Il reste deux grands dialectes, l'ionien et l'éolien, dont certaines particularités sont manifestes pour le lecteur : par exemple, l'ionien utilise un êta (η) là où l'ionien-attique utilise un alpha long (ᾱ), d'où les noms « Athéné » ou « Héré » au lieu des classiques « Athéna » et « Héra ». Cette « coexistence irréductible » des deux dialectes, selon l'expression de Pierre Chantraine, peut s'expliquer de diverses façons :
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De fait, le dialecte homérique est une langue composite qui n'a existé que pour les poètes et n'a jamais été réellement parlée, ce qui accentue la rupture créée par l'épopée avec la réalité du quotidien. Plus tard, bien après Homère, les auteurs grecs vont imiter ces homérismes précisément pour affecter un esprit littéraire.
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L'exégèse allégorique d'Homère est une interprétation ou explication de l'œuvre homérique, basée sur l'axiome selon lequel le poète n'a pas explicitement exprimé sa pensée mais a caché celle-ci derrière des récits mythologiques, au moyen d'un langage énigmatique ou allusif.
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La plus ancienne forme d'exégèse allégorique (de et άλλος, « autre », et αγοράομαι, « dire » : qui dit en d'autres mots ce que le poète n'a pas clairement exprimé), et en même temps la plus constante dans l'histoire, cherche à faire ressortir, dans le texte d'Homère, un enseignement physique, c'est-à-dire relatif à la nature (et φύσις) et à tous les phénomènes qui s'y produisent ; selon J. Pépin en 1976, dans Mythe et allégorie parues aux Études augustiniennes, il s'agit le plus souvent d'un enseignement d'ordre physique, et Proclus, définissant l'interprétation allégorique, déclare que l'on y fait des phénomènes physiques l'objet dernier des significations cachées dans les mythes ».
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On peut distinguer aussi une exégèse allégorique théologique ou mystique, ayant trait aux dieux et aux mystères religieux, mais elle est souvent étroitement liée à l'exégèse physique, les dieux étant assimilés à des entités naturelles, ou qui agissent sur la nature « Mais la théologie y trouve aussi sa place »[49]. Enfin, il existe également, plus tardive et moins fréquente, une exégèse allégorique historique et éthique (ou moralisante).
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L'interprétation allégorique d'Homère, pratiquée depuis la plus haute Antiquité par presque tous les philosophes, couvre finalement une période d'au moins 2 500 ans. Si l'exégèse physique n'a pas été seulement appliquée à l'auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, mais à plusieurs autres grands poètes anciens grecs et latins tels que Hésiode, Virgile, Ovide, celle d'Homère est incontestablement la plus abondante quant aux témoignages écrits.
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L'Aède a ainsi été commenté allégoriquement par les rhapsodes, les philosophes présocratiques (Thalès de Milet, Anaxagore de Clazomène, Xénophane de Colophon, Héraclite d'Éphèse, Empédocle d'Agrigente, Démocrite d'Abdère, etc.), les pythagoriciens et les néo-pythagoriciens (Porphyre), Platon et les platoniciens (Plutarque de Chéronée) et les néo-platoniciens (Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclos, Hermias d'Alexandrie et Olympiodore), Épicure et les épicuriens, les stoïciens (Cléanthe, Cornutus), ainsi que de nombreux autres auteurs anciens, grecs et latins, qui, sans appartenir nettement à un des courants philosophiques précités, livrent au moins des échantillons de l'exégèse physico-théologique d'Homère (Aristote, Cicéron, le Pseudo-Plutarque, Macrobe, Héraclite du Pont, etc.), les Byzantins (Psellos, Eustathe de Thessalonique, Jean Tzétzès, Christophe Contoléon, Gémiste Pléthon), même les anciens auteurs chrétiens (Clément d'Alexandie, Hippolyte de Rome) et musulmans (Shahrastani), les humanistes (Rabelais, J. Pierius Valerianus, Jean Dorat, etc.), les alchimistes ou philosophes hermétiques depuis le XIVe siècle (Petrus Bonus, Blaise de Vigenère, Giovanni Bracesco, Michel Maier, etc.), enfin les Modernes depuis le XVIIIe siècle à nos jours (Fabre du Bosquet, Antoine-Joseph Pernety, E. d'Hooghvorst).
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Les auteurs de l'Antiquité pensaient qu'Homère chantait des événements ayant réellement existé, et que la guerre de Troie avait vraiment eu lieu. Ils faisaient leur la remarque d'Ulysse à l'aède Démodocos :
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« Tu chantes avec un grand art le sort des Grecs,
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Tout ce qu'ont fait, subi et souffert les Argiens,
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comme un qui l'eût vécu, ou tout au moins appris d'un autre[56] ǃ »
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Au XIXe siècle encore, c'est pour retrouver les sites décrits par l'épopée qu'Heinrich Schliemann lance ses fouilles en Asie Mineure. Quand il met au jour les ruines d'une ville appelée Troie, puis celles de Mycènes, on pense avoir prouvé la véracité des récits homériques. On reconnaît l'existence d'Agamemnon, pensant avoir trouvé un masque à son effigie, le grand bouclier d'Ajax, la coupe de Nestor, etc.[57]. On identifie la société décrite par l'aède à la civilisation mycénienne.
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Rapidement, les découvertes sur cette civilisation (au premier chef, le déchiffrement du linéaire B) remettent en cause cette thèse : la société achéenne ressemblait plus aux civilisations mésopotamiennes, administratives et bureaucratiques, qu'à une aristocratie de guerriers, sans État. Jacqueline de Romilly explique ainsi : « entre les documents soudain révélés et le contenu des poèmes, il n'y a pas un lien beaucoup plus étroit qu'entre la Chanson de Roland et des actes notariés de l'époque de Roland »[58].
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Moses Finley, dans Le monde d'Ulysse (1969), affirme que la société décrite, hors quelques anachronismes, a vraiment existé : ce sont les « siècles obscurs », ceux du Xe et IXe siècles av. J.-C., situés entre la civilisation de Mycènes et le début de l'âge des cités (VIIIe siècle av. J.-C.). Ainsi, il écrit dans « Les Siècles obscurs et les poèmes homériques » (Les Anciens Grecs, 1971) :
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« Tout se passe donc comme si la volonté archaïsante des bardes avait été en partie couronnée de succès : bien qu'ils aient perdu presque tout souvenir de la société mycénienne, ils demeuraient assez en retard sur leur temps pour peindre avec quelque exactitude les siècles obscurs, dans leurs débuts plus qu'en leur fin — tout en laissant toujours subsister des fragments anachroniques, survivances mycéniennes d'une part, notations contemporaines de l'autre. »
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La position de Finley est depuis également remise en question, en grande partie à cause d'anachronismes, montrant des traits datant du VIIIe ou du VIIe siècle av. J.-C. D'abord, l'Iliade comprend trois descriptions de ce qui ressemble à la phalange, notamment :
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« Ainsi ajustaient-ils casques et boucliers bombés.
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Écus, casques et hommes se pressaient l'un contre l'autre,
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Et quand ils se penchaient, les casques chevelus heurtaient
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Leurs splendides cimiers, tant ils se tenaient serrés[59]. »
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La date d'introduction de la phalange est sujette à débat, mais la plupart s'accordent sur les années 675 av. J.-C.
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Les chars sont utilisés de manière incohérente : les héros partent sur leur char, en sautent et se battent à pied. Le poète sait que les Mycéniens utilisaient des chars, mais ne connaît pas leur utilisation à l'époque (combat char contre char, utilisation des javelots), et calque l'utilisation des chars sur celle des chevaux à son époque (transport à cheval jusqu'au lieu de la bataille, combat à pied).
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Le récit se passe en plein âge du bronze et les armes des héros sont effectivement faites de ce métal. Mais Homère donne à ses héros un « cœur de fer », et parle dans l'Odyssée du bruit fait, dans la forge, par une hache de fer que l'on trempe[60].
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Ces usages issus d'époques différentes montrent qu'à l'instar de la langue d'Homère, le monde homérique n'a jamais existé en tant que tel. C'est un monde composite et poétique, tout comme la géographie du périple d'Ulysse.
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Victor Hugo écrivit à son propos dans William Shakespeare : « Le monde naît, Homère chante. C'est l'oiseau de cette aurore ». Honoré de Balzac le place si haut qu'il écrit : « Doter son pays d'un Homère, n'est-ce pas usurper sur Dieu[61] ? »
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Homère est à l'origine de la figure du poète aveugle, dont l'infirmité est contrebalancée par son génie poétique. À ce titre, plusieurs poètes ou écrivains postérieurs fameux ont été rapprochés d'Homère à cause de leur cécité, par exemple John Milton, auteur de l'épopée Paradise Lost, le guzlar (barde) serbe Filip Višnjić, le chasseur dogon Ogotemmêli ou plus récemment l'écrivain et poète argentin Jorge Luis Borges.
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Lucien de Samosate met en scène Homère dans plusieurs de ses dialogues. Dans le voyage fictif qu'il relate dans les Histoires vraies (II, 20), Lucien rencontre Homère dans l'Île des Bienheureux : la conversation est l'occasion d'une parodie de la question homérique, qui se pose déjà à l'époque de Lucien.
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Dans Le Dossier H. (1981), Ismail Kadare relate l'histoire de deux homéristes venus en Albanie enregistrer les épopées orales des rhapsodes, avec l'ambition d'élucider la question homérique.
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Dans le film Les Ailes du Désir de Wim Wenders, le personnage du vieux poète interprété par Curt Bois est nommé Homère et évoque explicitement l'aède antique[63].
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Le philologue allemand Gottfried Hermann publia en 1806 une édition des Hymnes.
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Homère (en grec ancien Ὅμηρος / Hómêros, « otage » ou « celui qui est obligé de suivre »[1]) est réputé avoir été un aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Il était simplement surnommé « le Poète » (ὁ Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. Les deux premières œuvres de la littérature occidentale que sont l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées.
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Il est difficile de dire aujourd'hui si Homère a été un individu historique ou bien une identité construite, un personnage conceptuel, et s'il est bien l'auteur des deux célèbres épopées qui sont au fondement de la littérature occidentale. D'où les enjeux de la question homérique même si les savants modernes croient à un personnage inventé. Cependant plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputaient l'origine de l'aède et la tradition l'individualisait en répétant qu'Homère était aveugle.
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La place d'Homère dans la littérature grecque est tout à fait majeure puisqu'il représente à lui seul le genre épique à cette période : l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées dès le VIe siècle av. J.-C., ainsi que deux poèmes comiques, la Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats ») et le Margitès, et les poèmes des Hymnes homériques. Il écrit dans une langue qui est déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. : elle est associée à l'emploi de l'hexamètre dactylique.
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La tradition veut qu'Homère ait été aveugle. Tout d'abord, l'aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, est aveugle : la Muse lui a « pris les yeux, mais donné la douceur du chant »[2]. Ensuite l'auteur de l'Hymne homérique à Apollon Délien déclare à son propre sujet : « c'est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse »[3]. Le passage est repris par Thucydide, qui le cite comme un passage où Homère parle de lui-même[4].
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L'image du « barde aveugle » est un lieu commun de la littérature grecque. Un personnage d'un discours de Dion Chrysostome remarque ainsi que « tous ces poètes sont aveugles, et croient qu’il serait impossible de devenir un poète autrement » ; Dion répond que les poètes se transmettent cette particularité comme une sorte de maladie des yeux[5]. De fait, le poète lyrique Xénocrite de Locres est réputé être aveugle de naissance[6] ; Achaïos d'Érétrie devient aveugle pour avoir été piqué par des abeilles, symbole des Muses[7] ; Stésichore perd la vue parce qu'il a dit du mal d'Hélène de Sparte[8] et Démocrite s'ôte la vue pour mieux voir[9].
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Tous les poètes grecs ne sont pas aveugles, mais la fréquence avec laquelle la cécité est associée à la poésie pousse à s'interroger. Martin P. Nilsson remarque que, dans certaines régions slaves, les bardes sont rituellement qualifiés d'« aveugles »[10] : comme le soutient déjà Aristote[11], la perte de la vue est supposée stimuler la mémoire. De plus, la pensée grecque associe très fréquemment cécité et pouvoir divinatoire : les devins Tirésias, Ophionée de Messène, Événios d'Apollonie ou Phinée sont tous privés de la vue. Plus prosaïquement, le métier d'aède est l'un des rares accessibles à un aveugle dans une société comme celle de la Grèce antique[12].
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Plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputent l'origine d'Homère. L’Hymne homérique à Apollon délien mentionne Chios et Simonide de Céos[13] attribue à « l'homme de Chios » l'un des plus fameux vers de l'Iliade, « il en est de la race des humains comme des feuilles »[14], devenu un proverbe à l'époque classique. Lucien de Samosate fait d'Homère un Babylonien envoyé en otage (en grec ὅμηρος / homêros) chez les Grecs, d'où son nom[15]. Interrogé à cet effet, l'oracle de Delphes répond en 128 à l'empereur Hadrien qu'Homère est natif d'Ithaque et qu'il est fils de Télémaque et Polycaste[16]. Proclos de Constantinople conclut la polémique dans sa Vie d'Homère, en disant que celui-ci fut avant tout un « citoyen du monde »[réf. nécessaire].
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Huit biographies anciennes nous sont parvenues, faussement attribuées à Plutarque et Hérodote : elles s'expliquent probablement par l'« horreur du vide » des biographes grecs[17]. Elles datent pour les plus vieilles de l'époque hellénistique et regorgent de détails dont certains remontent à l'époque classique : il en ressort qu'Homère est né à Smyrne, a vécu à Chios et a trouvé la mort à Ios. Son véritable nom est Mélesigénès ; son père est le dieu fleuve Mélès et sa mère la nymphe Créthéis[18]. Aristote fait naitre Homère sur Ios[19], une île des Cyclades. Dans le même temps, Homère est également un descendant d'Orphée, ou un cousin, voire un simple contemporain du musicien.
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Une thèse récente, formulée par des auteurs anglo-saxons, postule que l'Odyssée aurait été écrite par une femme sicilienne du VIIe siècle av. J.-C. (et dont le personnage de Nausicaa serait une sorte d'autoportrait) : le premier à avoir lancé l'idée est l'écrivain anglais Samuel Butler dans The Authoress of the Odyssey, en 1897. Le philosophe français Raymond Ruyer, grand admirateur de Samuel Butler (cf. La Gnose de Princeton), va dans le même sens dans son ouvrage Homère au féminin ou La jeune femme auteur de l'Odyssée publié chez Copernic en 1977. Cette conception a été reprise par le poète Robert Graves dans son roman Homer's Daughter, R. Graves, Homer's Daughter, Academy Chicago Publishers, 2005, et en 2006, par l'universitaire Andrew Dalby dans son essai Rediscovering Homer, W. W. Norton, 2006.
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D'autres remettent en cause l'existence d'un Homère historique. Son nom même pose problème : on ne connaît aucune autre personne portant ce nom avant l'époque hellénistique et il reste rare avant l'époque romaine, où il est porté en particulier par des affranchis[20]. Le nom signifierait « otage » et différents récits visent à expliquer pourquoi Homère a reçu ce nom, après avoir été donné en otage par telle ou telle cité. On a objecté que le terme se rencontre normalement au neutre pluriel (ὅμηρα / homêra) et non au masculin. Éphore de Cumes, un auteur du IVe siècle av. J.-C., explique quant à lui que, dans le dialecte de sa cité, le nom signifie « aveugle » et qu'il a été donné au poète en raison de sa cécité, le but étant de prouver qu'Homère est un compatriote[21]. Cependant, le mot n'est pas attesté par ailleurs et le mot « aveugle », si on le rencontre comme cognomen, n'est jamais donné comme nom seul[22]. Par ailleurs, on a fait valoir que pour les épopées, l'anonymat était la règle et le nom d'auteur, l'exception[23].
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On a donc pu parler de l'« invention » d'Homère. Pour Martin L. West, le personnage a été inventé par les érudits athéniens du VIe siècle av. J.-C. à partir des revendications d'organisations de rhapsodes tels que les Homérides de Chios, qui prétendaient descendre d'Homère, lui attribuaient les poèmes qu'ils récitaient et racontaient divers épisodes de la vie de leur supposé ancêtre[24]. Pour Barbara Graziosi, il s'agit plutôt d'un mouvement panhellénique, lié aux représentations des rhapsodes à travers l'ensemble de la Grèce : qu'il ait existé ou non un Homère, le nom est devenu fameux dans toute la Grèce, et les rhapsodes pouvaient se référer à lui pour attirer les foules lors de leurs récitations publiques[25].
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L’Iliade et l’Odyssée sont attribués à Homère dès le VIe siècle av. J.-C. On lui attribue également l'œuvre épique comique Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats », parodie de l’Iliade), un poème comique intitulé Margitès[26], et une collection de courts hymnes connus sous le nom des Hymnes homériques. En réalité, ces œuvres, bien que difficiles à dater précisément, ont été composées plus tard (la Batrachomyomachia a peut-être été composée au cours du Ve siècle av. J.-C.[27]. ou à l'époque hellénistique[28] ; la date précise du Margitès n'est pas connue, mais il semble relativement ancien[29] ; les Hymnes homériques ont été composés aux VIIe et VIe siècles[30]).
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Au-delà, le nom d'Homère est pratiquement synonyme, dans l'Antiquité, de la poésie épique dans son ensemble, de même que celui d'Hésiode désigne toute forme de poésie didactique. Ainsi, on trouve fréquemment son nom accolé aux titres des épopées du Cycle troyen. Hérodote rapporte que la « poésie homérique » est bannie par Clisthène, tyran de Sicyone, à cause de ses références à Argos[31] — ce qui laisse supposer que le Cycle thébain était également considéré comme homérique. Hérodote lui-même s'interroge sur la paternité homérique des Épigones[32] et des Chants cypriens[32]. Certains lui attribuent également la Prise d'Œchalie. Enfin, nombre d'auteurs antiques citent des vers qu'ils attribuent à Homère, mais qui ne figurent ni dans l’Iliade, ni dans l’Odyssée : Simonide de Céos[33], Pindare[34], etc.
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Ce n'est qu'à partir de Platon et Aristote que l'attribution se limite à l’Iliade et de l’Odyssée, mais au XVIe siècle encore, Érasme croit que la Batrachomyomachia est une œuvre d'Homère.
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Du fait des maigres informations dont nous disposons sur Homère, certains ont mis en question son existence même. Cette question remonte à l'Antiquité : selon Sénèque, « c'était la maladie des Grecs de chercher quel était le nombre des rameurs d'Ulysse ; si l'Iliade fut écrite avant l'Odyssée, si ces deux poèmes étaient du même auteur »[35].
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La « question homérique », comme on l'appelle à l'époque moderne, naît probablement chez l'abbé d'Aubignac[36]. À rebours de la révérence de ses contemporains pour Homère, il rédige vers 1670 les Conjectures acad��miques où, non content de critiquer les œuvres homériques, il remet en cause l'existence même du poète. Pour lui, l'Iliade et l'Odyssée ne sont qu'une collection de textes rhapsodiques antérieurs[36]. À peu près à la même époque, Richard Bentley estime au détour de ses Remarques sur le Discours de la liberté de penser qu'Homère a bien existé, mais qu'il n'est l'auteur que de chansons et de rhapsodies qui ont été bien plus tard réarrangées sous forme épique[36]. Giambattista Vico considère quant à lui qu'Homère n'a jamais existé, mais que l'Iliade et l'Odyssée sont littéralement l'œuvre du peuple grec dans son ensemble[37].
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Dans ses Prolegomena ad Homerum (1795), Friedrich August Wolf est le premier auteur à émettre l'hypothèse d'un Homère analphabète. Selon lui, le poète a composé ses deux œuvres vers 950 av. J.-C., à une époque où la Grèce ne connaissait pas l'écriture. Les chants dans leur forme primitive sont ensuite transmis de manière orale et par ce biais, évoluent et se développent, jusqu'à leur fixation par la recension de Pisistrate au VIe siècle av. J.-C.[38]. À partir d'eux se distinguent deux écoles : les unitaristes et les analystes.
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Les analystes, tels Karl Lachmann, cherchent à isoler un poème originel, œuvre d'Homère lui-même, d'additions postérieures ou d'interpolations, et soulignent les incohérences du texte, les erreurs de composition : par exemple, Pylémène, héros troyen, est tué au chant V[39] avant de reparaître quelques chants plus loin[40] ou encore Achille espère au chant XI une ambassade qu'il vient juste de renvoyer[réf. nécessaire]. Il est vrai aussi que la langue homérique (voir infra), pour ne parler que d'elle, est un ensemble composite mêlant des dialectes divers (ionien et éolien principalement) et des tournures d'époques diverses. Cette démarche était déjà celle des Alexandrins qui ont établi le texte (voir infra).
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Les unitaristes, au contraire, soulignent l'unité de composition et de style des poèmes, pourtant très longs (15 337 vers pour l'Iliade et 12 109 pour l'Odyssée) et défendent la thèse d'un auteur, Homère, qui a composé les poèmes que nous avons à partir de sources diverses existant à son époque ; les différences entre les deux poèmes s'expliquent alors par le changement entre un auteur jeune et le même, plus vieux, ou encore entre Homère lui-même et un continuateur de son école[41]. Ainsi Paul Claudel, à propos de « l'unicité de la main ouvrière » :
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« Tous les événements, tous les thèmes locaux ont pris direction, rapport, équilibre, tous les dessous s'éveillent et se justifient, tout se met à chanter à la fois, tout le champ poétique à la fois jusqu'à ses suprêmes limites subit l'enchantement de cette voix nue, dans la concaténation des syllabes accélérées, qui le soutire vers le dénouement[42]. »
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Aujourd'hui, la plupart des critiques pensent que les poèmes homériques ont été composés, en réutilisant des éléments antérieurs, lors d'une période de transition, au moment du passage d'une culture de composition et de transmission orale qui caractérise les « siècles obscurs » à la naissance d'une nouvelle culture grecque de l'écrit. L'intervention d'un auteur (ou de deux) ne fait guère de doute, mais il n'est pas douteux non plus que des poèmes antérieurs existaient et que certains ont été inclus dans l'œuvre homérique. D'autres ne l'ont pas été, comme ceux qui racontaient en détail l'épisode du cheval de Troie[43], qui n'est que brièvement évoqué dans l’Odyssée[44]. L’Iliade aurait été composée en premier, vers la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C., et l’Odyssée serait postérieure, datant de la fin du VIIe siècle av. J.-C.
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Des méthodes contemporaines tentent également d'élucider la question. Alliant l'informatique et les statistiques, la stylométrie permet de scruter diverses unités linguistiques : mots, catégories grammaticales, phonèmes... Fondée sur les fréquences des lettres grecques, une première étude de Dietmar Najock[45] constate surtout les cohésions internes de l'Iliade et de l'Odyssée.
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Les textes homériques se transmirent longtemps par voie orale. Dans sa célèbre thèse, L'Épithète traditionnelle chez Homère, Milman Parry montre que les nombreuses formules « nom propre + épithète », telles que « Achille aux pieds légers » ou « Héra, la déesse aux bras blancs » obéissent à des schémas rythmiques précis qui facilitent le travail de l'aède : un hémistiche peut être aisément complété par un hémistiche tout fait. Ce système, qu'on ne retrouve que dans la poésie homérique, est caractéristique de la poésie orale.
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Parry et son disciple, Albert Lord, donnent ainsi l'exemple de bardes serbes de la région de Novi Pazar, analphabètes, capables de réciter de longs poèmes parfaitement versifiés, en utilisant ce type de formules rythmiques. Après avoir enregistré plusieurs de ces épopées, Lord s'aperçoit en revenant quelques années plus tard que les modifications apportées par ces bardes sont minimes. La versification est bien un moyen d'assurer une meilleure transmission des textes dans une culture orale.
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Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C., inaugure la première bibliothèque publique. Cicéron rapporte que les deux récits épiques sont alors pour la première fois retranscrits, sur l'ordre du tyran athénien[46]. Il promulgue une loi enjoignant à tout chanteur ou barde passant par Athènes de réciter tout ce qu'il connaît d'Homère pour les scribes athéniens, qui enregistrent chaque version et les réunissent en ce qui est à présent appelé l'Iliade et l'Odyssée. Des savants tels que Solon (qui s'était pourtant opposé à Pisistrate pendant sa campagne électorale) participent à ce travail. Le fils du tyran, Hipparque, ordonne que le manuscrit soit récité tous les ans à l'occasion de la fête des Panathénées, selon le dialogue Hipparque attribué à Platon.
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Les textes homériques sont alors écrits et lus sur des rouleaux de parchemin ou de papyrus, les volumina (d'où vient le français « volume »). Aucun rouleau intégral n'a été sauvegardé. Seuls subsistent des fragments, retrouvés en Égypte, dont certains remontent au IIIe siècle av. J.-C. L'un d'entre eux, Sorbonne inv. 255, contenant les chants IX et X, montre que, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors :
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Ensuite, les premiers à travailler à une édition critique des textes homériques sont les grammairiens alexandrins. Zénodote, premier bibliothécaire de la Bibliothèque d'Alexandrie, commence le travail de défrichage, tandis que son successeur Aristophane de Byzance établit la ponctuation du texte. Aristarque de Samothrace, successeur d'Aristophane, écrit des commentaires de l'Iliade et de l'Odyssée, et tente de différencier le texte attique, établi sur les ordres de Pisistrate, et les additions hellénistiques.
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Au IIIe siècle, les Romains répandent dans le bassin méditerranéen l'usage du codex, c'est-à-dire le livre broché largement utilisé aujourd'hui. Les plus anciens manuscrits connus sous cette forme remontent au Xe siècle. Ils sont l'œuvre d'ateliers byzantins. C'est le cas par exemple du Venetus 454A, l'un des meilleurs manuscrits existants, qui permit en 1788 au Français Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison d'établir l'une des meilleures éditions de l'Iliade[47]. Au XIIe siècle, l'érudit Eustathe de Thessalonique compile les commentaires alexandrins[48]. Il ne retient que 80 corrections sur les 874 établies par Aristarque de Samothrace. En 1488, la version princeps des œuvres est imprimée à Florence.
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La langue homérique est une langue de l'épopée, déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. D'ailleurs, avant ce moment, certains de ces archaïsmes ont été remplacés, introduisant ainsi dans le texte des atticismes.
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Parfois, la métrique de l'hexamètre dactylique permet de retrouver la forme initiale, ainsi que d'expliquer certaines tournures. C'est le cas par exemple pour le digamma (Ϝ /w/), phonème disparu dès le Ier millénaire av. J.‑C. dans la plupart des dialectes, encore utilisé chez Homère pour des questions de scansion, même s'il n'est ni écrit ni prononcé. Ainsi du vers 108 du chant I de l'Iliade :
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« ἐσθλὸν δ’ οὔτέ τί πω [Ϝ]εἶπες [Ϝ]έπος οὔτ’ ἐτέλεσσας »
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L'emploi concurrent de deux génitifs, l'archaïque en -οιο et le moderne en -ου, ou encore deux datifs pluriels (-οισι et -οις) montrent que l'aède pouvait alterner à son gré formes archaïques et modernes : « la langue homérique est un mélange de formes d'époques diverses, qui n'ont jamais été employées ensemble et dont la combinaison relève d'une liberté purement littéraire » (Jacqueline de Romilly).
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Mieux encore, la langue homérique combine différents dialectes. On peut écarter les atticismes, transformations rencontrées lors de la fixation du texte. Il reste deux grands dialectes, l'ionien et l'éolien, dont certaines particularités sont manifestes pour le lecteur : par exemple, l'ionien utilise un êta (η) là où l'ionien-attique utilise un alpha long (ᾱ), d'où les noms « Athéné » ou « Héré » au lieu des classiques « Athéna » et « Héra ». Cette « coexistence irréductible » des deux dialectes, selon l'expression de Pierre Chantraine, peut s'expliquer de diverses façons :
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De fait, le dialecte homérique est une langue composite qui n'a existé que pour les poètes et n'a jamais été réellement parlée, ce qui accentue la rupture créée par l'épopée avec la réalité du quotidien. Plus tard, bien après Homère, les auteurs grecs vont imiter ces homérismes précisément pour affecter un esprit littéraire.
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L'exégèse allégorique d'Homère est une interprétation ou explication de l'œuvre homérique, basée sur l'axiome selon lequel le poète n'a pas explicitement exprimé sa pensée mais a caché celle-ci derrière des récits mythologiques, au moyen d'un langage énigmatique ou allusif.
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La plus ancienne forme d'exégèse allégorique (de et άλλος, « autre », et αγοράομαι, « dire » : qui dit en d'autres mots ce que le poète n'a pas clairement exprimé), et en même temps la plus constante dans l'histoire, cherche à faire ressortir, dans le texte d'Homère, un enseignement physique, c'est-à-dire relatif à la nature (et φύσις) et à tous les phénomènes qui s'y produisent ; selon J. Pépin en 1976, dans Mythe et allégorie parues aux Études augustiniennes, il s'agit le plus souvent d'un enseignement d'ordre physique, et Proclus, définissant l'interprétation allégorique, déclare que l'on y fait des phénomènes physiques l'objet dernier des significations cachées dans les mythes ».
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On peut distinguer aussi une exégèse allégorique théologique ou mystique, ayant trait aux dieux et aux mystères religieux, mais elle est souvent étroitement liée à l'exégèse physique, les dieux étant assimilés à des entités naturelles, ou qui agissent sur la nature « Mais la théologie y trouve aussi sa place »[49]. Enfin, il existe également, plus tardive et moins fréquente, une exégèse allégorique historique et éthique (ou moralisante).
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L'interprétation allégorique d'Homère, pratiquée depuis la plus haute Antiquité par presque tous les philosophes, couvre finalement une période d'au moins 2 500 ans. Si l'exégèse physique n'a pas été seulement appliquée à l'auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, mais à plusieurs autres grands poètes anciens grecs et latins tels que Hésiode, Virgile, Ovide, celle d'Homère est incontestablement la plus abondante quant aux témoignages écrits.
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L'Aède a ainsi été commenté allégoriquement par les rhapsodes, les philosophes présocratiques (Thalès de Milet, Anaxagore de Clazomène, Xénophane de Colophon, Héraclite d'Éphèse, Empédocle d'Agrigente, Démocrite d'Abdère, etc.), les pythagoriciens et les néo-pythagoriciens (Porphyre), Platon et les platoniciens (Plutarque de Chéronée) et les néo-platoniciens (Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclos, Hermias d'Alexandrie et Olympiodore), Épicure et les épicuriens, les stoïciens (Cléanthe, Cornutus), ainsi que de nombreux autres auteurs anciens, grecs et latins, qui, sans appartenir nettement à un des courants philosophiques précités, livrent au moins des échantillons de l'exégèse physico-théologique d'Homère (Aristote, Cicéron, le Pseudo-Plutarque, Macrobe, Héraclite du Pont, etc.), les Byzantins (Psellos, Eustathe de Thessalonique, Jean Tzétzès, Christophe Contoléon, Gémiste Pléthon), même les anciens auteurs chrétiens (Clément d'Alexandie, Hippolyte de Rome) et musulmans (Shahrastani), les humanistes (Rabelais, J. Pierius Valerianus, Jean Dorat, etc.), les alchimistes ou philosophes hermétiques depuis le XIVe siècle (Petrus Bonus, Blaise de Vigenère, Giovanni Bracesco, Michel Maier, etc.), enfin les Modernes depuis le XVIIIe siècle à nos jours (Fabre du Bosquet, Antoine-Joseph Pernety, E. d'Hooghvorst).
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Les auteurs de l'Antiquité pensaient qu'Homère chantait des événements ayant réellement existé, et que la guerre de Troie avait vraiment eu lieu. Ils faisaient leur la remarque d'Ulysse à l'aède Démodocos :
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« Tu chantes avec un grand art le sort des Grecs,
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Tout ce qu'ont fait, subi et souffert les Argiens,
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comme un qui l'eût vécu, ou tout au moins appris d'un autre[56] ǃ »
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Au XIXe siècle encore, c'est pour retrouver les sites décrits par l'épopée qu'Heinrich Schliemann lance ses fouilles en Asie Mineure. Quand il met au jour les ruines d'une ville appelée Troie, puis celles de Mycènes, on pense avoir prouvé la véracité des récits homériques. On reconnaît l'existence d'Agamemnon, pensant avoir trouvé un masque à son effigie, le grand bouclier d'Ajax, la coupe de Nestor, etc.[57]. On identifie la société décrite par l'aède à la civilisation mycénienne.
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Rapidement, les découvertes sur cette civilisation (au premier chef, le déchiffrement du linéaire B) remettent en cause cette thèse : la société achéenne ressemblait plus aux civilisations mésopotamiennes, administratives et bureaucratiques, qu'à une aristocratie de guerriers, sans État. Jacqueline de Romilly explique ainsi : « entre les documents soudain révélés et le contenu des poèmes, il n'y a pas un lien beaucoup plus étroit qu'entre la Chanson de Roland et des actes notariés de l'époque de Roland »[58].
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Moses Finley, dans Le monde d'Ulysse (1969), affirme que la société décrite, hors quelques anachronismes, a vraiment existé : ce sont les « siècles obscurs », ceux du Xe et IXe siècles av. J.-C., situés entre la civilisation de Mycènes et le début de l'âge des cités (VIIIe siècle av. J.-C.). Ainsi, il écrit dans « Les Siècles obscurs et les poèmes homériques » (Les Anciens Grecs, 1971) :
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« Tout se passe donc comme si la volonté archaïsante des bardes avait été en partie couronnée de succès : bien qu'ils aient perdu presque tout souvenir de la société mycénienne, ils demeuraient assez en retard sur leur temps pour peindre avec quelque exactitude les siècles obscurs, dans leurs débuts plus qu'en leur fin — tout en laissant toujours subsister des fragments anachroniques, survivances mycéniennes d'une part, notations contemporaines de l'autre. »
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La position de Finley est depuis également remise en question, en grande partie à cause d'anachronismes, montrant des traits datant du VIIIe ou du VIIe siècle av. J.-C. D'abord, l'Iliade comprend trois descriptions de ce qui ressemble à la phalange, notamment :
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« Ainsi ajustaient-ils casques et boucliers bombés.
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Écus, casques et hommes se pressaient l'un contre l'autre,
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Et quand ils se penchaient, les casques chevelus heurtaient
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Leurs splendides cimiers, tant ils se tenaient serrés[59]. »
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La date d'introduction de la phalange est sujette à débat, mais la plupart s'accordent sur les années 675 av. J.-C.
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Les chars sont utilisés de manière incohérente : les héros partent sur leur char, en sautent et se battent à pied. Le poète sait que les Mycéniens utilisaient des chars, mais ne connaît pas leur utilisation à l'époque (combat char contre char, utilisation des javelots), et calque l'utilisation des chars sur celle des chevaux à son époque (transport à cheval jusqu'au lieu de la bataille, combat à pied).
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Le récit se passe en plein âge du bronze et les armes des héros sont effectivement faites de ce métal. Mais Homère donne à ses héros un « cœur de fer », et parle dans l'Odyssée du bruit fait, dans la forge, par une hache de fer que l'on trempe[60].
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Ces usages issus d'époques différentes montrent qu'à l'instar de la langue d'Homère, le monde homérique n'a jamais existé en tant que tel. C'est un monde composite et poétique, tout comme la géographie du périple d'Ulysse.
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Victor Hugo écrivit à son propos dans William Shakespeare : « Le monde naît, Homère chante. C'est l'oiseau de cette aurore ». Honoré de Balzac le place si haut qu'il écrit : « Doter son pays d'un Homère, n'est-ce pas usurper sur Dieu[61] ? »
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Homère est à l'origine de la figure du poète aveugle, dont l'infirmité est contrebalancée par son génie poétique. À ce titre, plusieurs poètes ou écrivains postérieurs fameux ont été rapprochés d'Homère à cause de leur cécité, par exemple John Milton, auteur de l'épopée Paradise Lost, le guzlar (barde) serbe Filip Višnjić, le chasseur dogon Ogotemmêli ou plus récemment l'écrivain et poète argentin Jorge Luis Borges.
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Lucien de Samosate met en scène Homère dans plusieurs de ses dialogues. Dans le voyage fictif qu'il relate dans les Histoires vraies (II, 20), Lucien rencontre Homère dans l'Île des Bienheureux : la conversation est l'occasion d'une parodie de la question homérique, qui se pose déjà à l'époque de Lucien.
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Dans Le Dossier H. (1981), Ismail Kadare relate l'histoire de deux homéristes venus en Albanie enregistrer les épopées orales des rhapsodes, avec l'ambition d'élucider la question homérique.
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Dans le film Les Ailes du Désir de Wim Wenders, le personnage du vieux poète interprété par Curt Bois est nommé Homère et évoque explicitement l'aède antique[63].
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Le philologue allemand Gottfried Hermann publia en 1806 une édition des Hymnes.
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Homère (en grec ancien Ὅμηρος / Hómêros, « otage » ou « celui qui est obligé de suivre »[1]) est réputé avoir été un aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. Il était simplement surnommé « le Poète » (ὁ Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. Les deux premières œuvres de la littérature occidentale que sont l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées.
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Il est difficile de dire aujourd'hui si Homère a été un individu historique ou bien une identité construite, un personnage conceptuel, et s'il est bien l'auteur des deux célèbres épopées qui sont au fondement de la littérature occidentale. D'où les enjeux de la question homérique même si les savants modernes croient à un personnage inventé. Cependant plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputaient l'origine de l'aède et la tradition l'individualisait en répétant qu'Homère était aveugle.
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La place d'Homère dans la littérature grecque est tout à fait majeure puisqu'il représente à lui seul le genre épique à cette période : l'Iliade et l'Odyssée lui sont attribuées dès le VIe siècle av. J.-C., ainsi que deux poèmes comiques, la Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats ») et le Margitès, et les poèmes des Hymnes homériques. Il écrit dans une langue qui est déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. : elle est associée à l'emploi de l'hexamètre dactylique.
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La tradition veut qu'Homère ait été aveugle. Tout d'abord, l'aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, est aveugle : la Muse lui a « pris les yeux, mais donné la douceur du chant »[2]. Ensuite l'auteur de l'Hymne homérique à Apollon Délien déclare à son propre sujet : « c'est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse »[3]. Le passage est repris par Thucydide, qui le cite comme un passage où Homère parle de lui-même[4].
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L'image du « barde aveugle » est un lieu commun de la littérature grecque. Un personnage d'un discours de Dion Chrysostome remarque ainsi que « tous ces poètes sont aveugles, et croient qu’il serait impossible de devenir un poète autrement » ; Dion répond que les poètes se transmettent cette particularité comme une sorte de maladie des yeux[5]. De fait, le poète lyrique Xénocrite de Locres est réputé être aveugle de naissance[6] ; Achaïos d'Érétrie devient aveugle pour avoir été piqué par des abeilles, symbole des Muses[7] ; Stésichore perd la vue parce qu'il a dit du mal d'Hélène de Sparte[8] et Démocrite s'ôte la vue pour mieux voir[9].
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Tous les poètes grecs ne sont pas aveugles, mais la fréquence avec laquelle la cécité est associée à la poésie pousse à s'interroger. Martin P. Nilsson remarque que, dans certaines régions slaves, les bardes sont rituellement qualifiés d'« aveugles »[10] : comme le soutient déjà Aristote[11], la perte de la vue est supposée stimuler la mémoire. De plus, la pensée grecque associe très fréquemment cécité et pouvoir divinatoire : les devins Tirésias, Ophionée de Messène, Événios d'Apollonie ou Phinée sont tous privés de la vue. Plus prosaïquement, le métier d'aède est l'un des rares accessibles à un aveugle dans une société comme celle de la Grèce antique[12].
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Plusieurs villes ioniennes (Chios, Smyrne, Cymé ou encore Colophon) se disputent l'origine d'Homère. L’Hymne homérique à Apollon délien mentionne Chios et Simonide de Céos[13] attribue à « l'homme de Chios » l'un des plus fameux vers de l'Iliade, « il en est de la race des humains comme des feuilles »[14], devenu un proverbe à l'époque classique. Lucien de Samosate fait d'Homère un Babylonien envoyé en otage (en grec ὅμηρος / homêros) chez les Grecs, d'où son nom[15]. Interrogé à cet effet, l'oracle de Delphes répond en 128 à l'empereur Hadrien qu'Homère est natif d'Ithaque et qu'il est fils de Télémaque et Polycaste[16]. Proclos de Constantinople conclut la polémique dans sa Vie d'Homère, en disant que celui-ci fut avant tout un « citoyen du monde »[réf. nécessaire].
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Huit biographies anciennes nous sont parvenues, faussement attribuées à Plutarque et Hérodote : elles s'expliquent probablement par l'« horreur du vide » des biographes grecs[17]. Elles datent pour les plus vieilles de l'époque hellénistique et regorgent de détails dont certains remontent à l'époque classique : il en ressort qu'Homère est né à Smyrne, a vécu à Chios et a trouvé la mort à Ios. Son véritable nom est Mélesigénès ; son père est le dieu fleuve Mélès et sa mère la nymphe Créthéis[18]. Aristote fait naitre Homère sur Ios[19], une île des Cyclades. Dans le même temps, Homère est également un descendant d'Orphée, ou un cousin, voire un simple contemporain du musicien.
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Une thèse récente, formulée par des auteurs anglo-saxons, postule que l'Odyssée aurait été écrite par une femme sicilienne du VIIe siècle av. J.-C. (et dont le personnage de Nausicaa serait une sorte d'autoportrait) : le premier à avoir lancé l'idée est l'écrivain anglais Samuel Butler dans The Authoress of the Odyssey, en 1897. Le philosophe français Raymond Ruyer, grand admirateur de Samuel Butler (cf. La Gnose de Princeton), va dans le même sens dans son ouvrage Homère au féminin ou La jeune femme auteur de l'Odyssée publié chez Copernic en 1977. Cette conception a été reprise par le poète Robert Graves dans son roman Homer's Daughter, R. Graves, Homer's Daughter, Academy Chicago Publishers, 2005, et en 2006, par l'universitaire Andrew Dalby dans son essai Rediscovering Homer, W. W. Norton, 2006.
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D'autres remettent en cause l'existence d'un Homère historique. Son nom même pose problème : on ne connaît aucune autre personne portant ce nom avant l'époque hellénistique et il reste rare avant l'époque romaine, où il est porté en particulier par des affranchis[20]. Le nom signifierait « otage » et différents récits visent à expliquer pourquoi Homère a reçu ce nom, après avoir été donné en otage par telle ou telle cité. On a objecté que le terme se rencontre normalement au neutre pluriel (ὅμηρα / homêra) et non au masculin. Éphore de Cumes, un auteur du IVe siècle av. J.-C., explique quant à lui que, dans le dialecte de sa cité, le nom signifie « aveugle » et qu'il a été donné au poète en raison de sa cécité, le but étant de prouver qu'Homère est un compatriote[21]. Cependant, le mot n'est pas attesté par ailleurs et le mot « aveugle », si on le rencontre comme cognomen, n'est jamais donné comme nom seul[22]. Par ailleurs, on a fait valoir que pour les épopées, l'anonymat était la règle et le nom d'auteur, l'exception[23].
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On a donc pu parler de l'« invention » d'Homère. Pour Martin L. West, le personnage a été inventé par les érudits athéniens du VIe siècle av. J.-C. à partir des revendications d'organisations de rhapsodes tels que les Homérides de Chios, qui prétendaient descendre d'Homère, lui attribuaient les poèmes qu'ils récitaient et racontaient divers épisodes de la vie de leur supposé ancêtre[24]. Pour Barbara Graziosi, il s'agit plutôt d'un mouvement panhellénique, lié aux représentations des rhapsodes à travers l'ensemble de la Grèce : qu'il ait existé ou non un Homère, le nom est devenu fameux dans toute la Grèce, et les rhapsodes pouvaient se référer à lui pour attirer les foules lors de leurs récitations publiques[25].
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L’Iliade et l’Odyssée sont attribués à Homère dès le VIe siècle av. J.-C. On lui attribue également l'œuvre épique comique Batrachomyomachia (littéralement « la bataille des grenouilles et des rats », parodie de l’Iliade), un poème comique intitulé Margitès[26], et une collection de courts hymnes connus sous le nom des Hymnes homériques. En réalité, ces œuvres, bien que difficiles à dater précisément, ont été composées plus tard (la Batrachomyomachia a peut-être été composée au cours du Ve siècle av. J.-C.[27]. ou à l'époque hellénistique[28] ; la date précise du Margitès n'est pas connue, mais il semble relativement ancien[29] ; les Hymnes homériques ont été composés aux VIIe et VIe siècles[30]).
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Au-delà, le nom d'Homère est pratiquement synonyme, dans l'Antiquité, de la poésie épique dans son ensemble, de même que celui d'Hésiode désigne toute forme de poésie didactique. Ainsi, on trouve fréquemment son nom accolé aux titres des épopées du Cycle troyen. Hérodote rapporte que la « poésie homérique » est bannie par Clisthène, tyran de Sicyone, à cause de ses références à Argos[31] — ce qui laisse supposer que le Cycle thébain était également considéré comme homérique. Hérodote lui-même s'interroge sur la paternité homérique des Épigones[32] et des Chants cypriens[32]. Certains lui attribuent également la Prise d'Œchalie. Enfin, nombre d'auteurs antiques citent des vers qu'ils attribuent à Homère, mais qui ne figurent ni dans l’Iliade, ni dans l’Odyssée : Simonide de Céos[33], Pindare[34], etc.
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Ce n'est qu'à partir de Platon et Aristote que l'attribution se limite à l’Iliade et de l’Odyssée, mais au XVIe siècle encore, Érasme croit que la Batrachomyomachia est une œuvre d'Homère.
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Du fait des maigres informations dont nous disposons sur Homère, certains ont mis en question son existence même. Cette question remonte à l'Antiquité : selon Sénèque, « c'était la maladie des Grecs de chercher quel était le nombre des rameurs d'Ulysse ; si l'Iliade fut écrite avant l'Odyssée, si ces deux poèmes étaient du même auteur »[35].
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La « question homérique », comme on l'appelle à l'époque moderne, naît probablement chez l'abbé d'Aubignac[36]. À rebours de la révérence de ses contemporains pour Homère, il rédige vers 1670 les Conjectures acad��miques où, non content de critiquer les œuvres homériques, il remet en cause l'existence même du poète. Pour lui, l'Iliade et l'Odyssée ne sont qu'une collection de textes rhapsodiques antérieurs[36]. À peu près à la même époque, Richard Bentley estime au détour de ses Remarques sur le Discours de la liberté de penser qu'Homère a bien existé, mais qu'il n'est l'auteur que de chansons et de rhapsodies qui ont été bien plus tard réarrangées sous forme épique[36]. Giambattista Vico considère quant à lui qu'Homère n'a jamais existé, mais que l'Iliade et l'Odyssée sont littéralement l'œuvre du peuple grec dans son ensemble[37].
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Dans ses Prolegomena ad Homerum (1795), Friedrich August Wolf est le premier auteur à émettre l'hypothèse d'un Homère analphabète. Selon lui, le poète a composé ses deux œuvres vers 950 av. J.-C., à une époque où la Grèce ne connaissait pas l'écriture. Les chants dans leur forme primitive sont ensuite transmis de manière orale et par ce biais, évoluent et se développent, jusqu'à leur fixation par la recension de Pisistrate au VIe siècle av. J.-C.[38]. À partir d'eux se distinguent deux écoles : les unitaristes et les analystes.
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Les analystes, tels Karl Lachmann, cherchent à isoler un poème originel, œuvre d'Homère lui-même, d'additions postérieures ou d'interpolations, et soulignent les incohérences du texte, les erreurs de composition : par exemple, Pylémène, héros troyen, est tué au chant V[39] avant de reparaître quelques chants plus loin[40] ou encore Achille espère au chant XI une ambassade qu'il vient juste de renvoyer[réf. nécessaire]. Il est vrai aussi que la langue homérique (voir infra), pour ne parler que d'elle, est un ensemble composite mêlant des dialectes divers (ionien et éolien principalement) et des tournures d'époques diverses. Cette démarche était déjà celle des Alexandrins qui ont établi le texte (voir infra).
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Les unitaristes, au contraire, soulignent l'unité de composition et de style des poèmes, pourtant très longs (15 337 vers pour l'Iliade et 12 109 pour l'Odyssée) et défendent la thèse d'un auteur, Homère, qui a composé les poèmes que nous avons à partir de sources diverses existant à son époque ; les différences entre les deux poèmes s'expliquent alors par le changement entre un auteur jeune et le même, plus vieux, ou encore entre Homère lui-même et un continuateur de son école[41]. Ainsi Paul Claudel, à propos de « l'unicité de la main ouvrière » :
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« Tous les événements, tous les thèmes locaux ont pris direction, rapport, équilibre, tous les dessous s'éveillent et se justifient, tout se met à chanter à la fois, tout le champ poétique à la fois jusqu'à ses suprêmes limites subit l'enchantement de cette voix nue, dans la concaténation des syllabes accélérées, qui le soutire vers le dénouement[42]. »
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Aujourd'hui, la plupart des critiques pensent que les poèmes homériques ont été composés, en réutilisant des éléments antérieurs, lors d'une période de transition, au moment du passage d'une culture de composition et de transmission orale qui caractérise les « siècles obscurs » à la naissance d'une nouvelle culture grecque de l'écrit. L'intervention d'un auteur (ou de deux) ne fait guère de doute, mais il n'est pas douteux non plus que des poèmes antérieurs existaient et que certains ont été inclus dans l'œuvre homérique. D'autres ne l'ont pas été, comme ceux qui racontaient en détail l'épisode du cheval de Troie[43], qui n'est que brièvement évoqué dans l’Odyssée[44]. L’Iliade aurait été composée en premier, vers la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C., et l’Odyssée serait postérieure, datant de la fin du VIIe siècle av. J.-C.
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Des méthodes contemporaines tentent également d'élucider la question. Alliant l'informatique et les statistiques, la stylométrie permet de scruter diverses unités linguistiques : mots, catégories grammaticales, phonèmes... Fondée sur les fréquences des lettres grecques, une première étude de Dietmar Najock[45] constate surtout les cohésions internes de l'Iliade et de l'Odyssée.
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Les textes homériques se transmirent longtemps par voie orale. Dans sa célèbre thèse, L'Épithète traditionnelle chez Homère, Milman Parry montre que les nombreuses formules « nom propre + épithète », telles que « Achille aux pieds légers » ou « Héra, la déesse aux bras blancs » obéissent à des schémas rythmiques précis qui facilitent le travail de l'aède : un hémistiche peut être aisément complété par un hémistiche tout fait. Ce système, qu'on ne retrouve que dans la poésie homérique, est caractéristique de la poésie orale.
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Parry et son disciple, Albert Lord, donnent ainsi l'exemple de bardes serbes de la région de Novi Pazar, analphabètes, capables de réciter de longs poèmes parfaitement versifiés, en utilisant ce type de formules rythmiques. Après avoir enregistré plusieurs de ces épopées, Lord s'aperçoit en revenant quelques années plus tard que les modifications apportées par ces bardes sont minimes. La versification est bien un moyen d'assurer une meilleure transmission des textes dans une culture orale.
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Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C., inaugure la première bibliothèque publique. Cicéron rapporte que les deux récits épiques sont alors pour la première fois retranscrits, sur l'ordre du tyran athénien[46]. Il promulgue une loi enjoignant à tout chanteur ou barde passant par Athènes de réciter tout ce qu'il connaît d'Homère pour les scribes athéniens, qui enregistrent chaque version et les réunissent en ce qui est à présent appelé l'Iliade et l'Odyssée. Des savants tels que Solon (qui s'était pourtant opposé à Pisistrate pendant sa campagne électorale) participent à ce travail. Le fils du tyran, Hipparque, ordonne que le manuscrit soit récité tous les ans à l'occasion de la fête des Panathénées, selon le dialogue Hipparque attribué à Platon.
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Les textes homériques sont alors écrits et lus sur des rouleaux de parchemin ou de papyrus, les volumina (d'où vient le français « volume »). Aucun rouleau intégral n'a été sauvegardé. Seuls subsistent des fragments, retrouvés en Égypte, dont certains remontent au IIIe siècle av. J.-C. L'un d'entre eux, Sorbonne inv. 255, contenant les chants IX et X, montre que, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors :
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Ensuite, les premiers à travailler à une édition critique des textes homériques sont les grammairiens alexandrins. Zénodote, premier bibliothécaire de la Bibliothèque d'Alexandrie, commence le travail de défrichage, tandis que son successeur Aristophane de Byzance établit la ponctuation du texte. Aristarque de Samothrace, successeur d'Aristophane, écrit des commentaires de l'Iliade et de l'Odyssée, et tente de différencier le texte attique, établi sur les ordres de Pisistrate, et les additions hellénistiques.
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Au IIIe siècle, les Romains répandent dans le bassin méditerranéen l'usage du codex, c'est-à-dire le livre broché largement utilisé aujourd'hui. Les plus anciens manuscrits connus sous cette forme remontent au Xe siècle. Ils sont l'œuvre d'ateliers byzantins. C'est le cas par exemple du Venetus 454A, l'un des meilleurs manuscrits existants, qui permit en 1788 au Français Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison d'établir l'une des meilleures éditions de l'Iliade[47]. Au XIIe siècle, l'érudit Eustathe de Thessalonique compile les commentaires alexandrins[48]. Il ne retient que 80 corrections sur les 874 établies par Aristarque de Samothrace. En 1488, la version princeps des œuvres est imprimée à Florence.
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La langue homérique est une langue de l'épopée, déjà archaïque au VIIIe siècle av. J.-C. et davantage encore au moment de la fixation du texte, au VIe siècle av. J.-C. D'ailleurs, avant ce moment, certains de ces archaïsmes ont été remplacés, introduisant ainsi dans le texte des atticismes.
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Parfois, la métrique de l'hexamètre dactylique permet de retrouver la forme initiale, ainsi que d'expliquer certaines tournures. C'est le cas par exemple pour le digamma (Ϝ /w/), phonème disparu dès le Ier millénaire av. J.‑C. dans la plupart des dialectes, encore utilisé chez Homère pour des questions de scansion, même s'il n'est ni écrit ni prononcé. Ainsi du vers 108 du chant I de l'Iliade :
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« ἐσθλὸν δ’ οὔτέ τί πω [Ϝ]εἶπες [Ϝ]έπος οὔτ’ ἐτέλεσσας »
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L'emploi concurrent de deux génitifs, l'archaïque en -οιο et le moderne en -ου, ou encore deux datifs pluriels (-οισι et -οις) montrent que l'aède pouvait alterner à son gré formes archaïques et modernes : « la langue homérique est un mélange de formes d'époques diverses, qui n'ont jamais été employées ensemble et dont la combinaison relève d'une liberté purement littéraire » (Jacqueline de Romilly).
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Mieux encore, la langue homérique combine différents dialectes. On peut écarter les atticismes, transformations rencontrées lors de la fixation du texte. Il reste deux grands dialectes, l'ionien et l'éolien, dont certaines particularités sont manifestes pour le lecteur : par exemple, l'ionien utilise un êta (η) là où l'ionien-attique utilise un alpha long (ᾱ), d'où les noms « Athéné » ou « Héré » au lieu des classiques « Athéna » et « Héra ». Cette « coexistence irréductible » des deux dialectes, selon l'expression de Pierre Chantraine, peut s'expliquer de diverses façons :
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De fait, le dialecte homérique est une langue composite qui n'a existé que pour les poètes et n'a jamais été réellement parlée, ce qui accentue la rupture créée par l'épopée avec la réalité du quotidien. Plus tard, bien après Homère, les auteurs grecs vont imiter ces homérismes précisément pour affecter un esprit littéraire.
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L'exégèse allégorique d'Homère est une interprétation ou explication de l'œuvre homérique, basée sur l'axiome selon lequel le poète n'a pas explicitement exprimé sa pensée mais a caché celle-ci derrière des récits mythologiques, au moyen d'un langage énigmatique ou allusif.
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La plus ancienne forme d'exégèse allégorique (de et άλλος, « autre », et αγοράομαι, « dire » : qui dit en d'autres mots ce que le poète n'a pas clairement exprimé), et en même temps la plus constante dans l'histoire, cherche à faire ressortir, dans le texte d'Homère, un enseignement physique, c'est-à-dire relatif à la nature (et φύσις) et à tous les phénomènes qui s'y produisent ; selon J. Pépin en 1976, dans Mythe et allégorie parues aux Études augustiniennes, il s'agit le plus souvent d'un enseignement d'ordre physique, et Proclus, définissant l'interprétation allégorique, déclare que l'on y fait des phénomènes physiques l'objet dernier des significations cachées dans les mythes ».
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On peut distinguer aussi une exégèse allégorique théologique ou mystique, ayant trait aux dieux et aux mystères religieux, mais elle est souvent étroitement liée à l'exégèse physique, les dieux étant assimilés à des entités naturelles, ou qui agissent sur la nature « Mais la théologie y trouve aussi sa place »[49]. Enfin, il existe également, plus tardive et moins fréquente, une exégèse allégorique historique et éthique (ou moralisante).
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L'interprétation allégorique d'Homère, pratiquée depuis la plus haute Antiquité par presque tous les philosophes, couvre finalement une période d'au moins 2 500 ans. Si l'exégèse physique n'a pas été seulement appliquée à l'auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, mais à plusieurs autres grands poètes anciens grecs et latins tels que Hésiode, Virgile, Ovide, celle d'Homère est incontestablement la plus abondante quant aux témoignages écrits.
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L'Aède a ainsi été commenté allégoriquement par les rhapsodes, les philosophes présocratiques (Thalès de Milet, Anaxagore de Clazomène, Xénophane de Colophon, Héraclite d'Éphèse, Empédocle d'Agrigente, Démocrite d'Abdère, etc.), les pythagoriciens et les néo-pythagoriciens (Porphyre), Platon et les platoniciens (Plutarque de Chéronée) et les néo-platoniciens (Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclos, Hermias d'Alexandrie et Olympiodore), Épicure et les épicuriens, les stoïciens (Cléanthe, Cornutus), ainsi que de nombreux autres auteurs anciens, grecs et latins, qui, sans appartenir nettement à un des courants philosophiques précités, livrent au moins des échantillons de l'exégèse physico-théologique d'Homère (Aristote, Cicéron, le Pseudo-Plutarque, Macrobe, Héraclite du Pont, etc.), les Byzantins (Psellos, Eustathe de Thessalonique, Jean Tzétzès, Christophe Contoléon, Gémiste Pléthon), même les anciens auteurs chrétiens (Clément d'Alexandie, Hippolyte de Rome) et musulmans (Shahrastani), les humanistes (Rabelais, J. Pierius Valerianus, Jean Dorat, etc.), les alchimistes ou philosophes hermétiques depuis le XIVe siècle (Petrus Bonus, Blaise de Vigenère, Giovanni Bracesco, Michel Maier, etc.), enfin les Modernes depuis le XVIIIe siècle à nos jours (Fabre du Bosquet, Antoine-Joseph Pernety, E. d'Hooghvorst).
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Les auteurs de l'Antiquité pensaient qu'Homère chantait des événements ayant réellement existé, et que la guerre de Troie avait vraiment eu lieu. Ils faisaient leur la remarque d'Ulysse à l'aède Démodocos :
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« Tu chantes avec un grand art le sort des Grecs,
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Tout ce qu'ont fait, subi et souffert les Argiens,
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comme un qui l'eût vécu, ou tout au moins appris d'un autre[56] ǃ »
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Au XIXe siècle encore, c'est pour retrouver les sites décrits par l'épopée qu'Heinrich Schliemann lance ses fouilles en Asie Mineure. Quand il met au jour les ruines d'une ville appelée Troie, puis celles de Mycènes, on pense avoir prouvé la véracité des récits homériques. On reconnaît l'existence d'Agamemnon, pensant avoir trouvé un masque à son effigie, le grand bouclier d'Ajax, la coupe de Nestor, etc.[57]. On identifie la société décrite par l'aède à la civilisation mycénienne.
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Rapidement, les découvertes sur cette civilisation (au premier chef, le déchiffrement du linéaire B) remettent en cause cette thèse : la société achéenne ressemblait plus aux civilisations mésopotamiennes, administratives et bureaucratiques, qu'à une aristocratie de guerriers, sans État. Jacqueline de Romilly explique ainsi : « entre les documents soudain révélés et le contenu des poèmes, il n'y a pas un lien beaucoup plus étroit qu'entre la Chanson de Roland et des actes notariés de l'époque de Roland »[58].
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Moses Finley, dans Le monde d'Ulysse (1969), affirme que la société décrite, hors quelques anachronismes, a vraiment existé : ce sont les « siècles obscurs », ceux du Xe et IXe siècles av. J.-C., situés entre la civilisation de Mycènes et le début de l'âge des cités (VIIIe siècle av. J.-C.). Ainsi, il écrit dans « Les Siècles obscurs et les poèmes homériques » (Les Anciens Grecs, 1971) :
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« Tout se passe donc comme si la volonté archaïsante des bardes avait été en partie couronnée de succès : bien qu'ils aient perdu presque tout souvenir de la société mycénienne, ils demeuraient assez en retard sur leur temps pour peindre avec quelque exactitude les siècles obscurs, dans leurs débuts plus qu'en leur fin — tout en laissant toujours subsister des fragments anachroniques, survivances mycéniennes d'une part, notations contemporaines de l'autre. »
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La position de Finley est depuis également remise en question, en grande partie à cause d'anachronismes, montrant des traits datant du VIIIe ou du VIIe siècle av. J.-C. D'abord, l'Iliade comprend trois descriptions de ce qui ressemble à la phalange, notamment :
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« Ainsi ajustaient-ils casques et boucliers bombés.
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Écus, casques et hommes se pressaient l'un contre l'autre,
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Et quand ils se penchaient, les casques chevelus heurtaient
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Leurs splendides cimiers, tant ils se tenaient serrés[59]. »
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La date d'introduction de la phalange est sujette à débat, mais la plupart s'accordent sur les années 675 av. J.-C.
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Les chars sont utilisés de manière incohérente : les héros partent sur leur char, en sautent et se battent à pied. Le poète sait que les Mycéniens utilisaient des chars, mais ne connaît pas leur utilisation à l'époque (combat char contre char, utilisation des javelots), et calque l'utilisation des chars sur celle des chevaux à son époque (transport à cheval jusqu'au lieu de la bataille, combat à pied).
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Le récit se passe en plein âge du bronze et les armes des héros sont effectivement faites de ce métal. Mais Homère donne à ses héros un « cœur de fer », et parle dans l'Odyssée du bruit fait, dans la forge, par une hache de fer que l'on trempe[60].
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Ces usages issus d'époques différentes montrent qu'à l'instar de la langue d'Homère, le monde homérique n'a jamais existé en tant que tel. C'est un monde composite et poétique, tout comme la géographie du périple d'Ulysse.
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Victor Hugo écrivit à son propos dans William Shakespeare : « Le monde naît, Homère chante. C'est l'oiseau de cette aurore ». Honoré de Balzac le place si haut qu'il écrit : « Doter son pays d'un Homère, n'est-ce pas usurper sur Dieu[61] ? »
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Homère est à l'origine de la figure du poète aveugle, dont l'infirmité est contrebalancée par son génie poétique. À ce titre, plusieurs poètes ou écrivains postérieurs fameux ont été rapprochés d'Homère à cause de leur cécité, par exemple John Milton, auteur de l'épopée Paradise Lost, le guzlar (barde) serbe Filip Višnjić, le chasseur dogon Ogotemmêli ou plus récemment l'écrivain et poète argentin Jorge Luis Borges.
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Lucien de Samosate met en scène Homère dans plusieurs de ses dialogues. Dans le voyage fictif qu'il relate dans les Histoires vraies (II, 20), Lucien rencontre Homère dans l'Île des Bienheureux : la conversation est l'occasion d'une parodie de la question homérique, qui se pose déjà à l'époque de Lucien.
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Dans Le Dossier H. (1981), Ismail Kadare relate l'histoire de deux homéristes venus en Albanie enregistrer les épopées orales des rhapsodes, avec l'ambition d'élucider la question homérique.
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Dans le film Les Ailes du Désir de Wim Wenders, le personnage du vieux poète interprété par Curt Bois est nommé Homère et évoque explicitement l'aède antique[63].
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Le philologue allemand Gottfried Hermann publia en 1806 une édition des Hymnes.
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Belles-sœurs : Patty Bouvier Selma Bouvier
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Homer Jay Simpson est le principal personnage fictif de la série télévisée d'animation Les Simpson et le père de la famille du même nom. Il est doublé par Dan Castellaneta dans la version originale, Philippe Peythieu dans la version française et Hubert Gagnon dans la version québécoise. Homer est apparu pour la première fois à la télévision avec le reste de la famille dans le court métrage Good Night, le 19 avril 1987. Homer a été créé par le dessinateur Matt Groening alors qu'il attendait dans l'entrée du bureau de James L. Brooks. On avait fait appel à Groening pour lancer une série de courts métrages basée sur Life in Hell, mais celui-ci a décidé de créer un nouvel ensemble de personnages. Il a nommé Homer Simpson d'après son père, Homer Groening. Après avoir fait l'objet de courts métrages durant trois ans, la famille Simpson a eu droit à sa propre série sur le réseau Fox dès le 17 décembre 1989.
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Homer est le père de la famille Simpson. Avec sa femme, Marge, ils ont trois enfants : Bart (10 ans), Lisa (8 ans) et Maggie (2 ans). Dans l'épisode Naître ou ne pas naître (saison 24, épisode 3) on apprend que, jeune, pour avoir de l'argent, il a fait plusieurs dons à la banque de sperme de Shelbyville. Il en aurait fait assez pour se payer une Corvette, on voit d'ailleurs un tableau rempli de photos de « minis-Homer » : blancs, noirs, filles, garçons… et même septuplés. Il travaille à la centrale nucléaire de Springfield et incarne le stéréotype américain de la classe ouvrière ; il est vulgaire, alcoolique, en surpoids, incompétent, maladroit, paresseux, ignorant mais est cependant dévoué à sa famille. En dépit de la routine de sa vie d'ouvrier de banlieue, il a eu un grand nombre d'aventures extraordinaires.
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Au cours des courts métrages et des premiers épisodes, Castellaneta a doublé Homer avec une voix inspirée de Walter Matthau. Cependant, durant les saisons 2 et 3 de la série, la voix d'Homer a évolué pour devenir plus robuste, permettant d'exprimer une plus large gamme d'émotions. Il est apparu dans d'autres médias sur le thème des Simpson, dont les jeux vidéo, le film, The Simpsons Ride, les publicités et les bandes dessinées. Son expression agacée, « D'oh! » a été incluse dans l'Oxford English Dictionary en 2001.
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Homer est l'un des personnages fictifs les plus influents de la télévision, ayant été décrit par The Sunday Times comme « la plus grande création comique de tous les temps ». Il a été classé second plus grand personnage de dessin animé par le TV Guide et a été désigné plus grand personnage de télévision de tous les temps par les téléspectateurs de Channel 4. Castellaneta a remporté trois Primetime Emmy Awards pour sa prestation en voix-off et un Annie Award. En 2000, Homer et le reste de la famille Simpson ont reçu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
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La série d'animation Les Simpson se place dans une chronologie dont on admet qu'elle se déroule durant l'année actuelle mais où les personnages ne vieillissent jamais physiquement. Dans plusieurs épisodes, les événements sont liés à des périodes spécifiques mais la chronologie s'est ensuite parfois contredite[1]. Homer est le mari maladroit de Marge et le père de Bart, Lisa et Maggie Simpson[1]. Il a été élevé par ses parents, Mona et Abraham Simpson ; dans l'épisode La Mère d'Homer (saison 7, 1995), il est révélé que Mona est entrée en clandestinité dans les années 1960 après des démêlés avec la justice[2], étant activiste. Homer est allé à la Springfield High School et, dans sa dernière année, est tombé amoureux de Marge Bouvier[3]. Marge a découvert plus tard qu'elle était enceinte de Bart, et les deux se sont mariés dans une petite chapelle. Par la suite, Homer a été embauché à la centrale nucléaire de Springfield[4]. Bart est né peu après et le couple a acheté leur première maison. L'épisode Les Années 90 (saison 19, 2008) est entré en contradiction avec une grande partie de l'histoire déjà établie ; par exemple, il a été révélé qu'Homer et Marge étaient un couple sans enfants au début des années 1990 alors que les épisodes précédents suggéraient que Bart et Lisa étaient nés dans les années 1980[5].
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Au fur et à mesure de la progression de la série, l'âge d'Homer a augmenté. Il avait 36 ans dans les premiers épisodes[6], 38 et 39 dans la saison 8[7] et 40 dans la saison 18[8]. Durant la période où Bill Oakley et Josh Weinstein étaient showrunners, ils ont établi qu'Homer devrait être plus âgé et ont donc augmenté son âge à 38 ans[9].
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Dans le Simpson Horror Show XI, on apprend que le signe astrologique d'Homer est taureau, ce qui situe sa date d'anniversaire entre le 21 avril et le 20 mai.
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Homer a exercé différents métiers, plus de cent quatre-vingt-huit dans les quatre cents premiers épisodes[10]. Dans la plupart des épisodes, il travaille en tant qu'inspecteur de la sécurité à la centrale nucléaire de Springfield, secteur 7G, un poste qu'il occupe depuis Un atome de bon sens, le troisième épisode de la série[11]. À l'usine, Homer est souvent ignoré par son patron, M. Burns, s'endort fréquemment et néglige ses fonctions. Matt Groening a déclaré qu'il avait décidé qu'Homer travaillerait à la centrale en raison de son potentiel à créer le chaos[12]. Dans l'épisode Une belle simpsonnerie, Waylon Smithers explique à M. Burns qu'Homer Simpson a été recruté en application de la loi sur l'embauche des employés non qualifiés. Chacun de ses autres emplois n'a duré qu'un seul épisode. Durant la première moitié de la série, les auteurs ont particulièrement insisté sur la façon dont Homer se faisait renvoyer et réembaucher à chaque épisode ; dans les épisodes suivants, il obtient souvent un nouveau métier sans aucune mention de son emploi régulier[13].
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Homer Simpson possède un véhicule bien particulier et l'on apprend lors de la vingt-huitième saison la marque et le modèle de cette voiture : une Plymouth Junkerola de 1986[14].
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Matt Groening a conçu Homer et le reste de la famille Simpson en 1986 dans l'entrée du bureau du producteur James L. Brooks. On avait fait appel à Groening pour lancer une série de courts métrages d'animation pour The Tracey Ullman Show, qui serait adaptée de son comic strip Life in Hell. Lorsqu'il a réalisé que l'animation de Life in Hell demanderait qu'il renonce aux droits de publication, Groening a décidé d'aller dans une direction différente[15] et a rapidement esquissé une famille dysfonctionnelle, nommant les personnages d'après les membres de sa famille. Homer a ainsi été nommé d'après le père de Matt Groening[15],[16]. Cependant, très peu d'autres traits d'Homer Simpson sont basés sur Homer Groening et, pour prouver que la signification derrière le prénom d'Homer n'avait pas d'importance, Groening nommera plus tard son fils Homer[17],[18]. Bien que Groening ait déclaré au cours de plusieurs interviews qu'Homer avait le même nom que son père, il a aussi fait valoir dans d'autres interviews des années 1990 que c'était un personnage du roman de Nathanael West L'Incendie de Los Angeles, publié en 1939, qui était la source d'inspiration du nom d'Homer[1],[19],[20]. L'initiale médiane du nom d'Homer, le « J », qui signifie « Jay », est un hommage à des personnages comme Bullwinkle J. Moose et Rocky the Flying Squirrel de The Rocky and Bullwinkle Show, dont la lettre J désignerait Jay Ward[21],[22].
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Homer a fait ses débuts avec le reste de la famille Simpson le 19 avril 1987 dans Good Night, un court métrage du Tracey Ullman Show[23]. En 1989, les courts métrages ont été adaptés pour devenir Les Simpson, dont les épisodes, durant un peu moins d'une demi-heure, sont diffusés sur le réseau Fox Broadcasting Company. Homer et la famille Simpson sont restés les personnages principaux de cette nouvelle série[24].
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Même si tous les membres de la famille sont présents dans le gag du canapé et dans le générique, Homer est le seul personnage qui apparaît et parle dans tous les épisodes. Marge ne parle pas dans Krusty, le retour (saison 4), Bart n'apparaît pas dans Manucure pour quatre femmes (saison 20) et Lisa ne parle pas dans Chef de cœur (saison 21).
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Un personnage de bande dessinée suédois du début du XXe siècle, nommé Adamson, ressemblait très fortement au dessin d'Homer Simpson, ce qui peut être mis en parallèle aux origines scandinaves de Matt Groening[25].
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Homer, comme de nombreux personnages des Simpson, est jaune de peau. L'ensemble de la famille Simpson a été conçu de façon que chacun des personnages soit reconnaissable uniquement grâce à sa silhouette[26]. La famille a d'abord été dessinée grossièrement, car Groening avait envoyé des croquis basiques aux animateurs, supposant qu'ils les affineraient ; mais ils ont simplement retracé les croquis[15]. Les traits physiques d'Homer ne se retrouvent généralement pas chez les autres personnages ; par exemple, dans les dernières saisons, aucun personnage hormis Homer et Lenny n'ont un dessin de la barbe similaire[27]. Lorsque Groening a initialement conçu Homer, il a inséré ses propres initiales sur les cheveux et les oreilles du personnage. Les cheveux formaient un « M » et l'oreille droite un « G ». Groening a jugé que ça pourrait être trop distrayant et a redessiné l'oreille de façon normale. Il continue à faire l'oreille en « G » lorsqu'il dessine des images d'Homer pour les fans[28]. La forme basique de la tête d'Homer a été décrite par le réalisateur Mark Kirkland comme un tube surmonté d'un saladier. La tête de Bart a aussi cette forme. Marge, Lisa et Maggie ont une tête sphérique[29]. Au cours des trois premières saisons, l'apparence d'Homer sur certains gros plans faisait apparaître des petites lignes, censées représenter les sourcils. Cela a fortement déplu à Matt Groening et a finalement été abandonné[30].
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Dans l'épisode de la saison 7 Simpson Horror Show VI, Homer a été animé par ordinateur en 3D au cours de la partie de l'épisode Homer³. Les réalisateurs de l'animation par ordinateur de Pacific Data Images ont travaillé dur afin de ne pas « réinventer le personnage »[31]. Dans la dernière minute de Homer³, le Homer en 3D se retrouve dans un monde réel, à Los Angeles. La scène a été réalisée par David Mirkin et a vu pour la première fois un personnage Simpson aller dans le monde réel durant la série[31]. L'épisode Le Mariage de Lisa (saison six, 1995) est un flashforward se projetant quinze ans dans le futur. L'apparence d'Homer a ainsi été modifiée pour le rendre plus vieux. Il a été redessiné pour être plus lourd, l'un des poils sur le dessus de sa tête a été enlevé et une ligne supplémentaire a été placée sous l'œil. Le même modèle a été utilisé dans les épisodes suivants qui auront également recours au flashforward[32].
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La voix originale d'Homer est enregistrée par Dan Castellaneta, qui double également de nombreux autres personnages dans la version originale, comme Abraham Simpson, Barney Gumble, Krusty le clown, Willie, Joe Quimby et Hans Taupeman. Castellaneta faisait partie des acteurs réguliers de The Tracey Ullman Show et avait déjà eu des expériences de doublage. Comme des doubleurs étaient demandés pour les courts métrages des Simpson, les producteurs ont naturellement demandé à Castellaneta et à Julie Kavner de doubler Homer et Marge plutôt que d'engager plus d'acteurs[33],[34]. La voix originale d'Homer sonne différemment dans les courts métrages et les premières saisons que dans les épisodes suivants. Au début, la voix évoquait Walter Matthau mais Castellaneta ne pouvait pas « apporter assez d'énergie derrière cette voix »[33] et ne pouvait pas soutenir cette voix durant les sessions d'enregistrement qui durent de neuf à dix heures et a donc dû trouver une voix plus facile[10]. Castellaneta a « laissé tomber la voix »[34] et en a développé une plus polyvalente et plus humoristique au cours des saisons 2 et 3 de la série, permettant à Homer de couvrir une plus large gamme d'émotions[35].
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La voix normale de Castellaneta ne ressemble pas à celle d'Homer[36]. Pour effectuer la voix d'Homer, il abaisse son menton sur sa poitrine[33]. Quand il est dans cette position, il improvise plusieurs répliques peu intelligentes d'Homer[37] comme la réplique « I am so smart, s-m-r-t » de la version originale de l'épisode Homer va à la fac (saison 5, 1993), qui était une véritable erreur de la part de Castellaneta durant l'enregistrement[38]. Castellaneta aime rester dans son personnage au cours des sessions d'enregistrement[39], et essaie de visualiser une scène dans son esprit pour qu'il puisse donner le bon ton à Homer[40]. Malgré la renommée d'Homer, Castellaneta prétend qu'il est rarement reconnu en public, « sauf, peut-être, par un énorme fan »[39].
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Le Quatuor d'Homer (saison 5, 1993) est le seul épisode où ce n'est pas Castellaneta qui interprète Homer en version originale. L'épisode met en scène Homer qui forme un quatuor de barbershop nommé Les Bémols (The Be Sharps ou les Sidièses au Québec) et, à plusieurs moments, sa voix originale est enregistrée par un membre de The Dapper Dans[41]. The Dapper Dans ont enregistré les voix lors des scènes de musique des quatre membres des Bémols.
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Jusqu'en 1998, Castellaneta était payé 30 000 USD par épisode. Durant un conflit de paye en 1998, le réseau Fox a menacé de remplacer les six acteurs principaux par de nouveaux, allant même jusqu'à préparer un casting pour les nouvelles voix[42]. Cependant, le différend a été réglé et Castellaneta a reçu 125 000 USD par épisode jusqu'en 2004 où les acteurs ont demandé à être payés 360 000 USD par épisode[42]. Le problème a été résolu un mois plus tard[43] et Castellaneta gagnait 250 000 USD par épisode[44]. Après de nouvelles négociations de salaires en 2008, les acteurs des voix originales reçoivent approximativement 400 000 USD par épisode[45].
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La voix d'Homer en français est celle de Philippe Peythieu, doublant également les personnages Abraham Simpson et Otto Bus. C'est réellement à partir de la quatrième saison qu'il trouve le bon timbre de voix d'Homer. La série lui a aussi permis de rencontrer sa femme, Véronique Augereau, qui interprète le personnage de Marge. Ils sont donc, selon l'expression consacrée, « mariés à la ville comme à l'écran » depuis 1999.
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Au Québec, c'est Hubert Gagnon qui double Homer. À la suite de problèmes de santé, Hubert Gagnon laisse la place à Thiéry Dubé pour la vingt-huitième saison.
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Le producteur exécutif Al Jean a fait remarquer que, dans la salle des scénaristes des Simpson, « everyone loves writing for Homer » (« tout le monde aime écrire sur Homer »), et beaucoup de ses aventures sont basées sur les expériences des scénaristes[46]. Le comportement d'Homer a changé au cours de la série. Il était au début souvent en colère et oppressif avec Bart, mais ces caractéristiques ont été un peu atténuées, sa personnalité devenant plus élaborée[47]. Dans les premières saisons, Homer apparaît préoccupé par le fait que sa famille allait lui donner une mauvaise image ; cependant, par la suite, il est moins inquiet à propos de la façon dont il est perçu par les autres[48]. Au cours des premières années, Homer est souvent représenté comme doux et sincère mais, durant la période où Mike Scully était le producteur délégué (saisons 9 à 12), il est devenu plus grossier et lourdaud[49]. Chris Suellentrop du magazine Slate a écrit « Les épisodes qui auraient autrefois pris fin avec Homer et Marge faisant du vélo sous un coucher de soleil finissent maintenant avec Homer qui tire une fléchette tranquillisante dans le cou de Marge »[50]. Les fans ont nommé cette facette du personnage « Jerkass Homer »[51],[52],[53]. Lors des sessions d'enregistrement de voix, Dan Castellaneta a rejeté les parties du script où Homer était dépeint comme trop mesquin. Il pense qu'Homer est « grossier et irréfléchi, mais [qu']il n'est jamais méchant intentionnellement »[54]. Lors de l'écriture de Les Simpson, le film, plusieurs scènes ont été modifiées ou atténuées afin de rendre Homer plus sympathique[55].
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Les scénaristes ont fait décliner l'intelligence d'Homer au fil des saisons ; ils ont expliqué que ce n'était pas intentionnel mais nécessaire pour l'humour de la série[56]. Par exemple, dans l'épisode Homer fait son cinéma (saison 10, 1998), les scénaristes ont inclus une scène ou Homer admet ne pas savoir lire. Les scénaristes ont débattu pour savoir s'il fallait insérer cette scène car elle irait en contradiction avec les épisodes où Homer lit, mais ont finalement décidé de maintenir la blague, car ils la trouvaient drôle. Ils ont souvent débattu pour savoir jusqu'où aller dans la stupidité d'Homer, une des limites proposées étant qu'« il ne pourra jamais oublier son nom »[57]. Toutefois, dans l'épisode Lac Terreur, lui et sa famille doivent prendre le nom de Thompson pour pouvoir échapper à Tahiti Bob, et Homer se montre incapable de se souvenir de ce nouveau nom de famille, malgré les nombreuses tentatives d'aide du FBI. De même, dans l'épisode de la saison 10 L'amour ne s'achète pas, Arthur Fortune demande son nom à Homer en lui tendant un dollar. Ce à quoi il répond : « J'en sais rien. Filez-moi ce billet ! » Cette scène montre aussi que l'argent rend Homer plus stupide ainsi que plus mauvais car il parie contre Lisa dans un concours de cruciverbisme dans un épisode de la saison 20.
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La personnalité d'Homer et son efficacité comique résident dans ses fréquents accès de stupidité, sa paresse et ses explosions de colère. Il a un faible niveau d'intelligence, décrit par David Silverman comme « créativement brillant par sa stupidité »[58]. Homer montre aussi une apathie envers le travail, est en surpoids et « est dévoué à son estomac »[58]. Sa faible attention peut être mise en évidence par ses décisions impulsives de s'engager dans divers loisirs et entreprises. Homer passe souvent ses soirées à boire de la bière Duff à la taverne de Moe et, comme on peut le voir dans l'épisode Ne lui jetez pas la première bière, est presque alcoolique (saison 4, 1993)[59]. Aussi, dans l'épisode Boire et déboires, on apprend qu'il affectionne particulièrement le rhum-coca, qu'il cache une flasque d'alcool dans une bible, qu'il aime boire un gin quand il est « déjà bourré » (épisode 15 saison 15)[60].
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« Marge, affolée : Ho Homer, tu es encore là ? Tu devrais être à ton travail depuis une heure. Homer, en pyjama, puis ouvrant une cannette de bière : Ils ont dit que si j'arrivais en retard ils me viraient : je peux pas courir ce risque. »
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— saison 12, épisode 16
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Homer Simpson est très jaloux de ses voisins, la famille Flanders, et se met facilement en colère contre Bart qu'il étrangle souvent. La première fois que la série montrait Homer étrangler Bart était dans le court métrage Family Portrait. Bien qu'Homer n'ait cessé de perturber la vie de la ville de Springfield, ces événements résultent habituellement d'un manque de prévoyance ou de sa colère intense, plutôt que d'une préméditation. Excepté quand il exprime sa haine envers Ned Flanders, les actions destructives d'Homer ne sont généralement pas intentionnelles.
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Homer a des relations complexes avec ses trois enfants. Il réprimande souvent Bart, mais les deux partagent souvent des aventures et peuvent être complices. Homer et Lisa ont des personnalités opposées et il a l'habitude de négliger les talents de Lisa. Toutefois, il est à noter que Homer peut manifester des sentiments très forts envers sa fille. Il oublie parfois même l'existence de Maggie, mais il a déjà essayé de créer des liens avec elle ; « papa » fut son premier mot. Bien que le comportement étourdi d'Homer ennuie souvent sa famille, il s'est également révélé être un bon père et un bon mari. Dans l'épisode Lisa, la reine de beauté (saison 4, 1992), il vend son voyage dans un dirigeable Duff pour inscrire Lisa dans un concours de beauté[6]. Dans Rosebud (saison 5, 1993), Homer refuse une forte somme d'argent pour permettre à Maggie d'avoir l'ourson Bobo[61]. Dans Un puits de mensonges (saison 3, 1992), il décide de sortir Bart du puits, allant à l'encontre de l'avis des habitants de Springfield[62]. Dans Un Milhouse pour deux (saison 8, 1996), il organise un second mariage surprise entre lui et Marge pour pallier leur insatisfaction de leur premier mariage[63]. Homer a cependant de mauvaises relations avec son père Abraham Simpson, qu'il a placé dans une maison de retraite dès qu'il a pu[64]. La famille Simpson fait souvent de son mieux pour éviter les contacts inutiles avec Abraham, bien qu'Homer ait déjà montré des sentiments d'amour envers son père[65].
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Homer est un « esclave [heureux] de ses divers appétits »[66] et vendrait son âme au diable en échange d'un seul donut[67]. Il est peu intelligent mais il est en mesure de conserver une grande quantité de connaissances sur des sujets très spécifiques. Les brèves périodes d'intelligence d'Homer sont cependant éclipsées par des périodes plus longues d'ignorance, de manque de mémoire et de stupidité. Homer a un QI de 55, qui a été attribué soit au « gène Simpson »[68], à son problème d'alcool, à son exposition à des déchets radioactifs, à ses traumatismes crâniens répétés[69], à un sérum qu'il s'est fait administrer afin d'éviter un dîner avec ses belles-sœurs Patty et Selma qui aura aussi comme conséquence la perte des cheveux ou même à un crayon introduit dans le lobe frontal de son cerveau[70]. Dans l'épisode Le Cerveau (saison 12, 2001), Homer a recours à la chirurgie pour enlever le crayon de son cerveau, élevant son QI à 105 mais, bien qu'il se soit attaché à Lisa, sa nouvelle capacité de compréhension et de raison le rendent moins heureux et il demande à Moe de lui réinsérer un crayon, ce qui fait revenir son intelligence à son niveau précédent[70]. Homer débat souvent avec son propre esprit, qui est exprimé en voix-off. Son cerveau l'aide parfois à prendre les bonnes décisions, mais souvent commet des erreurs spectaculaires. Les conversations d'Homer avec son cerveau ont été utilisées à plusieurs reprises au cours de la quatrième saison, mais ont ensuite été progressivement supprimées car les producteurs disaient avoir exploité toutes les possibilités[71]. Ces dialogues ont souvent été introduits car ils comblaient le temps manquant et qu'il était facile pour les animateurs de travailler dessus[71].
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Bien qu'hétérosexuel, Homer va souvent interagir (et même se lier d'amitié) avec des homosexuels. Au début, comme le veut le stéréotype de l'américain moyen, il va avoir peur des gens gays. Mais au fur et à mesure des saisons, en rencontrer ne lui posera plus de problème. Le premier personnage gay de la série (outre Smithers) est sans doute l'allemand Karl (à ne pas confondre avec le copain noir d'Homer). Il apparaît dans la saison 2, dans Simpson et Dalila et se fait embaucher comme secrétaire d'Homer. Son apparition est notamment marqué par le fait qu'il embrasse Homer sur la bouche et qu'il lui donne une claque aux fesses pour l'encourager. Ce détail fera d'ailleurs craindre à l'équipe des réactions hostiles qui, heureusement, seront dérisoires. Un autre épisode marquant ayant pour thème l'homosexualité est l'épisode de la saison 14 Le gay pied. Chassé de chez lui par Marge, Homer va vivre en coloc avec deux homosexuels qui réapparaîtront d'ailleurs plusieurs fois. Dans cet épisode, il dira en apprenant leur sexualité :« Mmm… Qu'est-ce qui l'emporte ? Mes vieux préjugés ou le fait que j'ai déjà mis mon linge sale avec le vôtre ? » Il fréquentera aussi les coins gays à proximité de son appartement et ne montrera aucune gêne envers eux (bien qu'il reste hétéro). Néanmoins, bien que sa sexualité soit stable, il montre plusieurs fois des réactions qui prêtent à confusion en parlant de gens qu'il apprécie (comme le milliardaire Arthur Fortune, ou Dondelinger dans Prenez ma vie, je vous en prie dans la saison 20).
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Homer semble être le véritable prototype de l'Américain moyen en matière de santé puisqu'il souffre de divers maux. Au fil des épisodes, on apprend diverses informations sur sa santé physique et mentale. En premier lieu, la santé mentale d'Homer semble déficiente car il fonctionne lentement, comme le lui font remarquer Marge et Lenny lors d'une partie de poker dans un épisode. Son caractère impulsif nuit également à sa santé puisqu'il s'emporte facilement, ce qui lui a valu quelques séjours à l'hôpital, notamment dans Papa furax, où son ire contre Bart lui sauve la vie.
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Homer a surtout un cœur défaillant pour son âge. Il fait à de nombreuses occasions des crises cardiaques ; un épisode y est d'ailleurs consacré
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(Oh la crise... cardiaque !) où il doit subir un triple pontage effectué par le docteur Nick Riviera qui, incompétent, doit être aidé par Lisa[72]. Homer dispose chez lui d'un défibrillateur. On apprend par ailleurs que son premier séjour remonte à sa première rencontre avec Marge quand il fit un coma éthylique après une soirée trop arrosée.
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L'alcool est le gros problème d'Homer avec son surpoids ; pourtant, il est plus maigre que Jeff Albertson, le vendeur de bandes dessinées, le chef policier Clancy Wiggum et un peu plus maigre que Barney Gumble. Homer pèse 119 kilogrammes 50, comme on l'apprend dans l'épisode Un super big Homer où, avec l'aide du charlatan Riviera, il réussit à atteindre 140 kilogrammes, ce qui lui permet de ne plus travailler jusqu'à ce que l'usine soit en danger. Son poids est un problème et on apprend au début de l'épisode La Critique du Lard lors de la visite avec les enfants au Springfield Shopper le journal local, qu'il fut le plus gros bébé de Springfield, puisque le jour de sa naissance, le journal titrait : « Un bébé exceptionnellement gros né à Springfield. » Il maigrit aussi lors de sa grève de sa faim dans l'épisode Homer fait la grève de la faim, mais reprend vite du poids[73]. Il perd également du poids dans le premier épisode de la saison 21 grâce à un entraîneur diététique d'Hollywood, afin qu'il puisse interpréter un super héros. Cependant, au cours du tournage, l'entraîneur laisse Homer pour un autre contrat et celui-ci reprend en un rien de temps le poids qu'il a perdu. Ce changement aura pour conséquence que la physionomie d'Homer change à chaque plan, passant de mince et musclé à obèse, et vice-versa. On apprend aussi qu'il pèse 119 kilogrammes 50 dans Un atome de bon sens.
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Homer est également chauve car, à chaque naissance, il s'arrache les cheveux, dans une section d'un Simpson Horror Show, il retrouve des cheveux grâce à une greffe des cheveux du Serpent, mais il est possédé par l'esprit et commence à trucider son entourage. Dans un autre épisode, il essaye une lotion capillaire miracle, mais qui ne fonctionne qu'un temps. Le reste du temps, il est chauve[74].
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Dans l'épisode Austère Homer, il se fracture la mâchoire en fuyant encore une fois devant la foule déchaînée et se retrouve coincé. Marge doit prendre des risques pour qu'il se décoince[75]. Il semble que l'accident de l'épisode Le Saut de la mort a eu plus de conséquences que prévu comme on le voit dans l'épisode Derrière les rires car Homer se remet difficilement de la chute et de la multitude de traumatismes occasionnée dans l'accident. Homer s'est à peu près tout cassé en plus de quatre cent cinquante épisodes. En revanche, son crâne souffre d'une anomalie qui lui permet de ne pas sentir les chocs (Le Roi du ring)[76], son cerveau est plus petit donc entouré d'une couche de liquide cérébral plus importante.
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Homer semble souffrir de problèmes de vue dans certains épisodes, car il subit une chirurgie au laser pour corriger cela. Dans l'épisode l'Herbe médicinale, des corbeaux l'attaquent, lui endommageant les yeux. Il fume alors de la marijuana pour soulager les douleurs[77].
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Homer n'a plus qu'un seul rein depuis le don de l'autre à son père au cours de la saison 10 dans l'épisode Touche pas à mon rein[78].
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Enfin, Homer semble avoir une véritable addiction au sucre, car il mange systématiquement des donuts et, si possible, la boîte dans son entier. Homer mange souvent de manière excessive et souvent mal. Chez Apu, il mange à chaque fois des chocobars, ce qui explique sa mauvaise santé cardiaque[79].
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Homer n'hésite pas non plus à saupoudrer les aliments tels que les pamplemousses ou les oranges avec une quantité excessive de sucre. Il est dès lors très étonnant de ne pas voir Homer s'effondrer de manière régulière. Il est aussi étonnant de constater que, au contraire de Carl Carlson et Rod Flanders qui sont des insulinodépendants, Homer, bien que diabétique de type 2, continue à manger autant de sucre malgré la menace d’amputation. Il déclare à ce sujet dans un épisode : « Le médecin a dit que si je continuais, il faudrait me couper un doigt. » Homer va d'ailleurs faire de la prévention contre le type 2[80].
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L'épisode Huit d'un coup de la saison 11 nous apprend qu'Homer est devenu stérile à cause de son travail à la centrale nucléaire[81], bien que lors de l'épisode 16 de la saison 13 L'Herbe Médicinale, il déclare « avoir plus de spermatozoïdes » après avoir arrêté la marijuana.
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Néanmoins, on peut voir Homer faire de nombreuses prouesses acrobatiques dans de nombreux épisodes. Il a effet pratiqué la gymnastique lorsqu'il était au lycée. Ce qui est en contradiction avec ses problèmes au genou.
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L'influence d'Homer sur la comédie et la culture est considérable. Il a été classé second dans le Top 50 des plus grands personnages de dessins animés du TV Guide américain après Bugs Bunny[82], cinquième sur le Top 100 des plus grands personnages de télévision de la chaîne Bravo, étant un des quatre seuls personnages de dessins animés de la liste[83] et premier sur un sondage de Channel 4 concernant les plus grands personnages de télévision de tous les temps[84]. En 2007, Entertainment Weekly a placé Homer à la neuvième place sur leur classement des cinquante plus grandes icônes de télévision[85]. Homer a également été le vainqueur de sondages visant à déterminer quel est le plus « grand américain »[86] et quel est le personnage fictif que les gens aimeraient voir devenir président des États-Unis[87].
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Dan Castellaneta a remporté plusieurs prix pour son doublage d'Homer, dont trois Primetime Emmy Awards pour sa performance de voix-off en 1992 pour Le Poney de Lisa, 1993 pour Monsieur Chasse-neige[88] et, en 2004, pour Enfin clown, bien que, dans ce dernier cas, il ait été récompensé pour avoir doublé divers personnages et non pas seulement pour Homer[89]. En 1993, Castellaneta a reçu un Annie Award pour son interprétation d'Homer dans Les Simpson[90],[91]. En 2004, Castellaneta et Julie Kavner (la voix de Marge) ont remporté un Young Artist Award dans la catégorie « Mère et père les plus populaires dans une série télévisée »[92]. En 2005, Homer et Marge ont été nommés pour un Teen Choice Award dans la catégorie « Meilleurs parents »[93],[94]. Plusieurs épisodes où Homer est fortement présent ont remporté des Emmy Awards pour le « meilleur programme animé », dont Tu ne déroberas point en 1991, Le Mariage de Lisa en 1995, La Phobie d'Homer en 1997, Vive les éboueurs en 1998, Le Cerveau en 2001, Le Gay Pied en 2003 et Soupçons en 2008[88]. En 2000, Homer et le reste de la famille Simpson ont reçu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame[95].
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Homer incarne plusieurs stéréotypes de la classe moyenne américaine ; il est grossier, obèse, incompétent, fainéant, maladroit et presque alcoolique[1]. Matt Groening le décrit comme « complètement dominé par ses pulsions »[96]. Dan Castellaneta le considère comme « un chien emprisonné dans un corps d'homme »[33]. Dans son livre Planet Simpson, Chris Turner (en) décrit Homer comme « le plus américain des Simpson » et estime que si les autres membres de la famille Simpson pourraient avoir d'autres nationalités, Homer est un « pur américain »[97]. Dans l'ouvrage God in the Details: American Religion in Popular Culture, les auteurs commentent que « La progression d'Homer (ou l'absence de celle-ci) révèle un personnage qui peut faire de bonnes choses, mais accidentellement ou à contrecœur »[98]. Le livre The Simpsons and Philosophy: The D'oh! of Homer inclut un chapitre analysant le personnage d'Homer par l'éthique de la vertu. Raja Halwani a écrit que l'amour pour la vie est un trait de caractère admirable d'Homer et que « beaucoup de gens sont tentés de ne rien voir en lui que de la bouffonnerie et de l'ignorance [...] Il n'est pas politiquement correct, il aime juger les autres et ne semble pas être obsédé par sa santé. Ces qualités pourraient ne pas faire d'Homer une personne admirable, mais elles le rendent admirable à certains égards »[99].
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Dans Gilligan Unbound, l'auteur Paul Cantor a affirmé qu'il estimait que le dévouement d'Homer à sa famille a ajouté à la popularité du personnage. Il écrit : « Homer est un condensé de pure paternité [...] C'est pourquoi, même après toutes ses bêtises, son intolérance et son égocentrisme, nous ne pouvons pas haïr Homer. Il échoue continuellement à être un bon père, mais il n'a jamais arrêté d'essayer et, dans un certain sens, cela fait de lui un bon père[100]. ». The Sunday Times a fait remarquer qu'« Homer est bon, parce que, par-dessus tout, il est capable de donner beaucoup d'amour. [...] il n'a jamais été infidèle, même après plusieurs occasions »[54].
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En février 2015, un internaute publie sur Reddit une théorie selon laquelle Homer serait dans le coma depuis l'épisode Poisson d'avril, diffusé en 1993. Un épisode dans lequel Bart provoque un accident menant Homer à l'hôpital, tombant ensuite dans un coma profond. Il s'en sort malgré tout sans trop de dégâts à la fin de l'épisode. Mais selon l'internaute, le réveil d'Homer ne serait que le produit de son rêve. Ce qui expliquerait beaucoup de choses. En effet, il affirme que les épisodes suivants sont devenus beaucoup plus fantaisistes car ils seraient le pur produit de l'imagination d'Homer. Il donne ensuite plusieurs exemples : Monsieur Burns capturant le Monstre du Loch Ness (L'amour ne s'achète pas, 1999), Homer allant dans l'espace (Homer dans l'espace, 1994), Skinner se révélant être un imposteur (Le Principal principal, 1997) ou Homer et Bart achetant un cheval de course et découvrant le monde secret des jockeys (Courses épiques, 2000), etc.
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Aussi, toujours selon sa théorie, les personnages se devaient de rester tels qu'Homer se les représentait avant de perdre conscience, et c'est pourquoi ils n'auraient pas vieilli depuis. D'autre part, il rappelle que les individus plongés dans le coma peuvent encore entendre les conversations qui se déroulent autour d'eux. Il justifie ainsi la présence de célébrités postérieures à 1993 dans certains épisodes, tels que Lady Gaga.
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La théorie est rapidement devenue virale, au point qu'Al Jean, le producteur de la série, a décidé de réagir. Il s'explique sur TMZ : « Cela voudrait dire que dès 1993, on savait que le show allait durer des décennies et bien plus encore. Et puis qu'on avait en tête de balancer la vérité juste avant de partir… C'est évidemment faux. Je crains qu'il ne faille ranger cette théorie dans le dossier des fausses rumeurs, avec celle sur l'épisode de la mort de Bart jamais diffusé[101]. »
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Homer Simpson est un des personnages de télévision les plus populaires et les plus influents. USA Today l'a cité comme faisant partie des « vingt-cinq personnes les plus influentes des vingt-cinq dernières années » en 2007, ajoutant qu'Homer incarne l'ironie et l'irrévérence à la base de l'humour américain[102]. L'historien de l'animation Jerry Beck a dépeint Homer comme l'un des meilleurs personnages d'animation, affirmant que « vous connaissez quelqu'un comme lui, ou vous vous identifiez à lui. C'est vraiment la clé d'un personnage classique[82]. » Homer a également été décrit par The Sunday Times comme « la plus grande création comique de tous les temps »[54].
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Homer a également été cité comme ayant une mauvaise influence auprès des enfants ; par exemple, en 2005, une enquête menée au Royaume-Uni a révélé que 59 % des parents estiment qu'Homer promouvait un mode de vie malsain[103]. Une étude de cinq ans portant sur plus de deux mille personnes d'âge moyen en France a trouvé un lien possible entre le poids et la fonction cérébrale, lien qui fut appelé « effet Homer Simpson »[104]. Les résultats d'un test sur la mémoire de texte ont montré que les personnes avec un indice de masse corporelle (IMC) de 20 (considéré comme un niveau sain) se rappelaient une moyenne de neuf des seize mots, tandis que les personnes avec un IMC de 30 (considérés comme obèses) se rappelaient une moyenne de seulement sept des seize mots[104]. En 2010, une équipe scientifique de l'université Emory a utilisé le nom d'Homer Simpson pour surnommer le gène RGS14[105]. Après avoir étudié des souris, cette équipe a en effet remarqué que ce gène peut être un obstacle au développement de l'intelligence[106].
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En dépit de son incarnation de la culture américaine, Homer a une influence sur les autres parties du monde. En 2003, Matt Groening a révélé que son père, qui a donné son nom à Homer, était canadien, et a dit que cela faisait d'Homer lui-même un canadien[107]. Le personnage d'Homer a plus tard été fait citoyen d'honneur de la ville de Winnipeg, au Canada, car Homer Groening viendrait de cette ville, bien que certaines sources disent que le père de Matt Groening serait en fait né dans la Saskatchewan[108]. En 2007, une image d'Homer a été dessinée à proximité du Géant de Cerne Abbas dans le comté de Dorset, en Angleterre, pour la promotion de Les Simpson, le film. Cela a choqué les néopaganistes locaux qui ont invoqué la pluie pour tenter d'effacer le dessin[109]. En 2008, une fausse pièce d'un euro espagnole a été retrouvée à Avilés, en Espagne, avec le visage d'Homer remplaçant celui de Juan Carlos Ier[110]. Le 9 avril 2009, le United States Postal Service a révélé une série de cinq timbres de 44 cents mettant en vedette Homer et les quatre autres membres de la famille pour célébrer le vingtième anniversaire de la série. Ils sont les premiers personnages de télévision à recevoir cet honneur alors que la série est encore en production[111]. Les timbres, dessinés par Matt Groening, ont été rendus disponibles à l'achat le 7 mai 2009[112],[113].
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Homer est apparu, doublé par Castellaneta, dans plusieurs autres émissions de télévision, dont la sixième saison d'American Idol où il a ouvert le programme[114], The Tonight Show où il a réalisé un monologue animé spécial pour l'édition du 24 juillet 2007[115] et le programme spécial de collecte de fonds Stand Up to Cancer, où il a été vu ayant une coloscopie[116].
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L'expression récurrente d'Homer, l'exclamation agacée « D'oh! », est typiquement employée lorsqu'il commet une gaffe, qu'il se blesse ou qu'il dit une idiotie. Durant la session d'enregistrement de voix pour un court métrage du Tracey Ullman Show, Homer devait prononcer ce que le script désignait comme un « grognement agacé » (annoyed grunt). Dan Castellaneta a alors interprété un « d'ooooooh » allongé, inspiré par James Finlayson, un acteur apparaissant dans trente-trois films de Laurel et Hardy. Finlayson avait utilisé cette expression comme un juron raccourci pour remplacer le mot « Damn! ». Matt Groening a estimé qu'il serait meilleur pour le minutage de l'animation que le « d'ooooooh » soit dit plus rapidement. Castellaneta l'a donc raccourci en un plus rapide « d'oh! »[117]. La première utilisation du d'oh! a eu lieu dans le court métrage The Krusty the Clown Show, en 1989[117] et sa première apparition dans la série fut dans le premier épisode, Noël mortel[118].
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En 2001, « d'oh! » fut ajouté à l'Oxford English Dictionary, mais sans l'apostrophe[119]. La définition du mot est « expression de frustration après la prise de conscience que les choses ont mal tourné ou de façon imprévue, ou que l'on a fait ou dit quelque chose de stupide » (expressing frustration at the realization that things have turned out badly or not as planned, or that one has just said or done something foolish)[120]. En 2006, d'oh! a été classé sixième sur le classement établi par TV Land des cent plus grandes expressions récurrentes de la télévision[121],[122]. D'oh! est aussi inclus dans le The Oxford Dictionary of Quotations[123], au même titre que d'autres citations tirées des Simpson.
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L'inclusion d'Homer dans de nombreux produits dérivés des Simpson est une preuve de sa popularité persistante. The Homer Book, qui traite de la personnalité d'Homer et de ses attributs, est sorti en 2004 et est disponible commercialement[124],[125]. Il a été décrit comme un « petit livre divertissant pour la lecture occasionnelle »[126] et a été classé comme un des « livres les plus intéressants de 2004 » par The Chattanoogan[127]. On peut citer comme autres produits dérivés des peluches de toutes tailles, des figurines, des réveils, des puzzles, des mugs et des vêtements comme des chaussons, des chaussettes, des chemises, des caleçons, des casquettes de baseball, des tee-shirts[128]. Homer apparaît également sur des publicités pour des marques telles que Burger King, Church's Chicken, Domino's Pizza, KFC, Intel, Subway et T.G.I. Friday's, Renault. En 2004, Homer est apparu dans une publicité américaine pour MasterCard diffusée durant le Super Bowl XXXVIII[129]. En 2001, Kellogg's a lancé une marque de céréales nommée Homer's Cinnamon Donut Cereal disponible pour une durée limitée[125],[130].
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Homer est apparu sur d'autres médias en relation avec Les Simpson. Il est apparu dans chacun des jeux vidéo des Simpson, dont Les Simpson, le jeu[131]. Parallèlement à la série télévisée, Homer apparaît régulièrement dans les numéros des Simpsons Comics, qui ont été publiés pour la première fois le 29 novembre 1993 et qui sont encore publiés mensuellement[132],[133]. Homer est aussi présent dans The Simpsons Ride, lancé en 2008 à Universal Studios Florida et Universal Studios Hollywood[134]. Il apparaît également dans la dernière publicité de Nike Football dans laquelle Cristiano Ronaldo lui met un petit pont[135].
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La littérature est un ensemble d'œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une valeur esthétique. C'est un art exprimant un idéal de beauté grâce aux productions littéraires, elle permet de manifester des émotions et de révéler aux lecteurs ou aux auditeurs ce qu'une personne a dans le cœur. La littérature vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. La littérature constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d'un pays, lorsqu'elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation.
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Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant de prendre aux XVIIe et XVIIIe siècles son sens principal actuel, à savoir l'ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature », André Gide) ou l'activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).
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La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu'il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l'emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d'informations même complexes. Aujourd'hui, la littérature est associée à la civilisation des livres par lesquels nous parlent à distance les auteurs, mais elle concerne aussi les formes diverses de l'expression orale comme le conte (en plein renouveau depuis une trentaine d'années dans les pays occidentaux), la poésie traditionnelle des peuples sans écriture — dont nos chansons sont les lointaines cousines — ou le théâtre, destiné à être reçu à travers la voix et le corps des comédiens. La technologie numérique est cependant peut-être en train de transformer le support traditionnel de la littérature et sa nature.
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Le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c'est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l'on a cherché à redéfinir — comme pour l'art — les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d'engagement pour Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l'écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au nouveau roman en passant par le surréalisme, par exemple).
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Il reste que, riche de sa diversité formelle sans limite autant que de ses sujets sans cesse revivifiés qui disent l'humaine condition, la littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. La littérature apparaît donc comme une profération nécessaire, une mise en mots où se perçoit l'exigence profonde de l'auteur qui le conduit à dire et se dire[1].
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Le mot français « littérature » provient d'un mot latin litteratura dérivé de littera, « lettre », au sens de signe graphique servant à transcrire une langue.
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Le dictionnaire latin-français Gaffiot[2] expose l'évolution du sens du mot latin : celui-ci désigne d'abord (exemple de Cicéron, Ier siècle av. J.-C.) un ensemble de lettres constituant le fait d'écrire ou un ensemble de lettres constituées en alphabet (Tacite) ; le sens s'élargit ensuite au Ier siècle ap. J.-C. (ex. de Quintilien et Sénèque) à celui de grammaire, de philologie, c'est-à-dire à l'étude technique et érudite des textes écrits, pour aboutir avec Tertullien au début du IIIe siècle au sens de savoir, d'érudition dans le domaine des textes écrits.
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Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) [3], le mot « littérature » est attesté au début du XIIe siècle (en 1121) avec le sens premier latin de « ce qui est écrit »[4]. Le mot ne retrouve le sens du latin tardif « érudition, connaissance (acquise dans l'étude des livres) » qu'à la fin du XVe siècle : le TLFi cite en exemples J. de Vignay et Philippe de Commynes.
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Selon Philippe Caron[5], le mot « littérature » garde l'acception générale de « connaissance obtenue par les livres » jusqu'au XVIIe siècle : on dit alors « avoir de la littérature » comme on dit aujourd'hui « avoir de la culture », le terme recouvrant tous les domaines du savoir général ; ainsi, en 1699, Fontenelle présente les mathématiques comme « un genre de littérature ».
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Mais dans la seconde moitié du siècle, parallèlement à l'acception généraliste, le mot s'applique de plus en plus à une catégorie de savoir spécifique, celle des « belles-lettres » liées au beau langage. Ce glissement s'explique par l'évolution sociale des élites sous Louis XIV où s'instaure la notion de l'honnête homme, apte à une vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées comme la connaissance des œuvres littéraires, particulièrement celles de l'Antiquité qui nourrissent le théâtre classique, tandis que les poètes exploitent les genres définis par Aristote comme la poésie épique.
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Au XVIIIe siècle, le mot « littérature » est devenu un parfait synonyme de « belles-lettres », c'est-à-dire d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies ; ainsi, pour Voltaire, « [l]a littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ». Un autre exemple montre que le mot « littérature », avec le sens commun qu'il possède aujourd'hui, est désormais bien installé au milieu du siècle des Lumières : en 1753, Charles Batteux intitule son ouvrage Cours de belles-lettres, ou Principes de la littérature et en 1764, il le réédite en gardant pour seul titre Principes de la littérature. La même année paraît L'école de littérature de l'abbé Laporte dont le sous-titre de la 2e partie « Des règles particulières de chaque genre de Littérature en Prose et en Vers », est sans ambiguïté[5].
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La signification du mot évolue encore lentement à partir de 1750 vers le sens plus large de « création langagière écrite », laissant une place grandissante au jugement subjectif libéré de critères esthétiques contraignants : telle sera plus tard la conception romantique du poète créateur libre même s'il doit être un poète maudit, conception que préfigurait déjà Jean Le Rond d'Alembert dans son Discours préliminaire de l'Encyclopédie lorsqu'il affirmait que les œuvres d'art relèvent principalement « de l'invention qui ne prend guère ses Lois que du génie ». Paul-Louis Courier[6] définit de la même façon, dans les années 1820, une œuvre littéraire comme « produite par l'instinct et le sentiment du beau » donc par le sentiment de l'auteur et pas nécessairement celui de l'ordre établi.
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Vers 1800, le sens moderne est devenu le sens commun : le mot « littérature » s'applique à des textes auxquels « on » accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter, qu'il s'agisse du jugement d'une institution de doctes exprimant le goût commun mais aussi de l'auteur ou du lecteur individuel : c'est l'emploi qu'en fait Madame de Staël dans son ouvrage emblématique De la littérature en 1799.
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Au milieu du XIXe siècle, le grammairien Bernard Jullien distingue encore « littérature » et « grammaire » : pour lui, la pointe ultime de la « haute grammaire » dépasse depuis l'Antiquité[7] la description des mécanismes de la langue pour aborder les critères du beau dans l'aspect formel et stylistique des textes. La littérature qui « classe et étudie les ouvrages (présentant un intérêt de style) »[8] va au-delà : elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres, par exemple les thèmes abordés et les points de vue choisis par les auteurs, ce qui n'exclut évidemment jamais les interférences avec la morale comme le démontrent les procès faits à la même époque, en 1857, à Baudelaire et Flaubert pour atteinte aux bonnes mœurs. Bientôt la « grammaire » se limitera à la description de la langue, devenant un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation et à l'appréciation des aspects formels comme des contenus des œuvres. On peut noter que des « sciences » nouvelles comme la stylistique ou la linguistique reprendront dans la seconde moitié du XXe siècle le rôle qui était dévolu à la haute grammaire dans l'étude des textes.
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Finalement, le champ de la « littérature » s'élargit au XXe siècle à toutes les productions écrites, non sans débats sur les canons littéraires : on discute aussi bien les contenus (sentimentalisme des romans de gare, pornographie et érotisme) que la forme (roman sans ponctuation, vers libre, écriture automatique). On utilise donc de plus en plus des catégories affinées comme roman historique, littérature de science-fiction ou paralittérature, sans que disparaissent les désaccords sur la qualification littéraire de certains types d'œuvres comme le roman de gare, le roman-photo ou la bande dessinée. On remet également en cause les notions de « genre littéraire » et de « types de texte » ainsi que leur hiérarchisation comme on réévalue les œuvres du passé (voir, à titre d'exemple récent, Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005). Inversement, l'historien et écrivain Ivan Jablonka propose de replacer certains textes de sciences humaines et sociales dans la littérature, définie selon six critères (forme, imagination, polysémie, voix singulière, institutionnalisation, recherche du vrai)[9].
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Parmi les mots de la même famille, on distingue :
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Les débats esthétiques et moraux ne seront jamais clos d'autant que les ambitions des auteurs ne correspondent pas nécessairement aux attentes des lecteurs, ce qui pose ainsi la question des avant-gardes qui apparaissent à chaque génération ou presque depuis 1830 et que reflètent les mouvements littéraires qui se sont succédé comme le romantisme, le naturalisme, le décadentisme, le dadaïsme... Le découpage en périodes historiques ou en aires linguistiques fait aussi débat et se conjugue avec d'autres éclairages : distinction des auteurs selon le sexe (littérature féminine), l'orientation sexuelle (littérature « gay »), des approches politiques (littérature communiste), etc.
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La littérature s'interroge aussi sur sa nature et sur son rôle depuis la fin du XIXe siècle dans la pratique (ex. Lautréamont, Mallarmé, Camus) comme dans la théorisation (ex. Paul Valéry, Sartre). D'abord surtout centrée sur la poésie par les « modernes » (Surréalistes, Lettristes, Oulipo), la réflexion s'est portée sur le roman avec le Nouveau Roman dans les années 1950-1970 et L'Ère du soupçon qui remet en cause la notion de personnage, sur la chronologie (ex. Claude Simon, Jean Ricardou) ou sur des genres nouveaux comme l'autofiction aujourd'hui, et également sur le théâtre (Antonin Artaud - théâtre éclaté de Beckett ou Ionesco). Des débats se sont ainsi ouverts, portés par les créateurs comme par les universitaires et les critiques, par exemple à propos du lien entre l'œuvre et l'auteur récusé par Proust contre Sainte-Beuve, ou de la « mort de l'auteur » que proclame Roland Barthes pour qui la place majeure revient au lecteur qui réécrit le texte pour lui-même.
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En fait, la « littérarité d'un texte », c'est-à-dire ce qui en fait un texte littéraire, ce qui fait qu'il appartient à la littérature, est toujours la question centrale : des approches comme le structuralisme avec Roland Barthes, la narratologie de Gérard Genette, la stylistique, définie comme une « linguistique des effets de l'énoncé » par Michael Riffaterre[12] ou l'analyse du schéma de la communication et des fonctions du langage de Roman Jakobson cherchent à bâtir une approche technique et plus objective des textes qui se heurte néanmoins à des oppositions fortes, par exemple celle d'Henri Meschonnic[13].
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Les premières œuvres littéraires connues composées en grec ancien sont des épopées mythologiques (Iliade et Odyssée d’Homère, Théogonie d’Hésiode, etc.). On doit aussi aux Grecs la tragédie (représentée par Eschyle, Sophocle et Euripide), la comédie (dont seules les pièces d'Aristophane nous sont parvenues) et le récit historique, qui naît avec Hérodote puis se poursuit avec Thucydide et Xénophon. La fiction romanesque n’y occupe qu’une part minime. La philosophie et la littérature didactique (études, traités) tiennent aussi une place prépondérante, notamment par les écrits de Platon et d'Aristote.
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On distingue traditionnellement trois grands domaines littéraires :
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On notera qu'aucun de ces grands domaines ne peut se définir simplement par la présence ou l'absence de vers : par exemple, les romans de Chrétien de Troyes étaient écrits en vers, ce qui ne les empêche pas d'appartenir à la littérature narrative, et non à la poésie. Le théâtre peut s'écrire en vers comme en prose. Et la modernité a démontré que la poésie n'est pas nécessairement définie par la présence de vers, comme l'ont montré des poètes tels que Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud ou encore Saint-John Perse.
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Ces grands domaines se déclinent en sous-domaines et en genres littéraires. Leurs frontières ne sont pas absolument étanches, en particulier si l'on s'intéresse à des œuvres contemporaines qui remettent en question les catégorisations traditionnelles.
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L'un des trois grands domaines de la littérature est celui du roman et plus largement de l'ensemble des genres narratifs qui s'y apparentent. Le point commun de ces différents genres est la place prédominante qu'y occupe le récit. Les œuvres littéraires concernées sont pour la plupart écrites en prose, mais il existe aussi des romans en vers.
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Le roman est défini par Michel Raimond comme un « genre sans loi », qui a « grandi un peu au hasard »[14]. En effet, il n'a pas été d'emblée théorisé ni accompagné de règles, ce qui lui a valu, au départ, un certain « discrédit »[14]. Cela ne l'a pas empêché de connaître un grand succès : le roman « a assuré son hégémonie sur les autres genres »[14]. De fait, le roman s'est arrogé « tous les procédés qui lui convenaient »[15] et peut adopter de multiples formes.
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La diversité du genre romanesque est perceptible grâce au grand nombre de sous-genres en lesquels il se subdivise, parmi lesquels on peut citer, de façon non exhaustive :
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L'autobiographie est un récit dans lequel l'auteur raconte sa propre existence. On peut parler de « genres autobiographiques » au pluriel, dans la mesure où plusieurs genres s'apparentent à l'autobiographie tout en présentant des traits distincts, tels le roman autobiographique ou l'autofiction. Le genre autobiographique a notamment été théorisé par Philippe Lejeune.
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La poésie est un vaste ensemble d’œuvres littéraires, orales ou écrites, ayant ou non recours au vers. Elle ne peut guère se définir par l'emploi de formes ou le traitement de thèmes particuliers. Si elle se caractérise souvent par l'importance accordée par l'écrivain au langage lui-même, le souci de perfection formelle n'est pas nécessairement premier.
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Les œuvres théâtrales sont des œuvres littéraires destinées à être représentées sur la scène d'un théâtre. Le texte théâtral trouve donc son aboutissement dans une représentation. Ainsi, comme l'écrit Martine David, le théâtre « appartient à la littérature par ses œuvres dramatiques, au spectacle par ses techniques du jeu et de la scène, à l'histoire par ses rites et ses traditions »[16].
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Il existe de nombreux genres théâtraux, parmi lesquels on peut citer la tragédie, la comédie, la tragi-comédie, le drame et le vaudeville.
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Un genre littéraire est une notion permettant de définir un ensemble d’œuvres littéraires comme présentant des caractéristiques communes, qui les distinguent d'autres œuvres littéraires. Par exemple, la comédie, la tragédie, l'ode, l'élégie, le roman historique, le roman policier sont des genres littéraires. Il existe des genres littéraires, de la même façon qu'il existe des genres picturaux (la nature morte, la marine, le portrait...), des genres musicaux (l'opéra, le concerto...), des genres cinématographiques, etc. Toutefois, certaines œuvres littéraires peuvent remettre en question la typologie des genres littéraires.
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Si le mot « littérature » désigne avant tout l'ensemble des œuvres littéraires, il s'applique aussi au champ du savoir constitué par l'étude de ces œuvres littéraires. En ce sens, la littérature est une discipline d'enseignement et de recherche, qui se subdivise elle-même en plusieurs champs disciplinaires.
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L'histoire littéraire est la discipline qui s'intéresse à l'évolution historique de la littérature et des œuvres littéraires, en relation avec le contexte donné d'une époque, avec l'histoire des idées, des courants et des mouvements littéraires. Par exemple, un ouvrage tel que Le roman jusqu'à la Révolution de Henri Coulet[17] peut être considéré comme un ouvrage d'histoire littéraire, puisqu'il étudie l'évolution d'un genre (le roman) sur une période donnée (du Moyen Âge à la Révolution) et dans un espace donné (la France).
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La littérature comparée est la discipline qui s'intéresse à la comparaison d'œuvres différentes, issues ou non de milieux culturels ou d'époques différents.
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Depuis 2006, le Collège de France possède une chaire « Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie »[18].
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Le statut de la littérature peut être interrogé face à la concurrence du cinéma et de la télévision et face à l'usage récent des technologies de l'information et de la communication et de l'informatique dans la production et la diffusion des textes, ces éléments posant la question plus générale de la place de l'écrit dans le monde post-moderne. Cependant, nul doute concernant l'avenir de la littérature : celle-ci dérive de l'Écriture, et on ne peut effacer le rôle de l'Écriture, elle remplace ce qui est dit, parlé, de voie orale[19].
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Enfin, les littérateurs (mis à part les dramaturges ou les auteurs de chansons qui affrontent le monde de la scène et de la diffusion musicale) n'existent traditionnellement qu'à travers l'édition de leurs textes en ouvrage ou dans les journaux. Les rapports avec le monde de l'édition sont donc cruciaux pour la littérature et pour les écrivains qui ont eu à imposer la notion d'auteur garant de l'œuvre et l'existence de droits d'auteur (droits patrimoniaux et moraux) à la suite de Beaumarchais, à l’initiative de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, en 1777, et d'Honoré de Balzac avec sa « Lettre aux écrivains du XIXe siècle » parue dans la Revue de Paris en 1834[20] qui a abouti en 1838 à la création de la Société des gens de lettres. Cependant, seul un nombre très limité de créateurs de littérature peut vivre de sa plume, ce qui continue à poser la question du statut de l'écrivain.
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L'Homme de Néandertal, ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans[1],[2],[3]. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans[4],[1].
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Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d'Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd'hui considéré comme une espèce à part entière nommée Homo neanderthalensis.
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Particulièrement bien adapté à un environnement froid, l'Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l'Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d'encéphalisation légèrement moindre.
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Premier homme fossile identifié, contemporain d'Homo sapiens, l'Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à l'Homme moderne. Les progrès de l'archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d'un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.
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De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d'existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.
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Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes d'Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d'Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome[5]. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l'Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif[6].
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Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d'enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile[7].
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Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d'une petite vallée située sur le territoire des villes d'Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un instituteur d'Elberfeld passionné d'histoire naturelle.
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Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l'époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.
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Comme, à l'époque, le nom de la vallée s'écrivait encore Neanderthal, l'homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l'allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel[8].
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Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue »[9],[10].
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L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert avant l'Homme de Cro-Magnon (1868). L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.
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Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857[11]. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d'autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d'autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.
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Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d'abord celles de fossiles d'Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d'Arcy-sur-Cure en 1859[12]), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d'ossements d'animaux ou d'outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.
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Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell[13]. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !
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Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agissait d'une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[14]. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.
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Au début du XXe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d'une lecture littérale de la Bible[15]. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d'un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l'évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d'une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant[16],[17],[18].
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Le statut phylogénétique de l'homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l'espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c'est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l'âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d'autres pas. L'infertilité de la descendance prouve l'existence de deux espèces distinctes, mais l'inverse n'est pas vrai (s'il y a deux espèces, la descendance n'est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu'il existe une vingtaine de définitions de l'espèce, et que l'isolement reproductif n'est que l'une d'entre elles.
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Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d'Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d'une seule espèce d'homme n'a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.
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Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néandertal. Des analyses comparées d'ADN nucléaire, extrait d'ossements de Néandertaliens et d'Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus[19].
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Des analyses comparées d'ADN mitochondrial, publiées en 1997 puis en 2004, indiquaient une divergence des lignées modernes et néandertaliennes il y a environ 500 000 ans[20],[21], ce qui soutient l'idée de deux espèces différentes.
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Une analyse publiée en 2006[22],[23] d'une séquence d'ADN mitochondrial de la racine d'une molaire d'un enfant néandertalien, mise au jour dans la grotte Scladina à Sclayn (Belgique) et datant de 100 000 ans, a révélé une grande distance génétique par rapport aux autres séquences connues de Néandertaliens, ce qui semblait montrer une grande diversité génétique de l'espèce à l'époque. Cette diversité semble s'être fortement réduite par la suite, comme le montrent les analyses faites sur les séquences connues entre −42 000 et −29 000 ans, au moment où Néandertal cohabitait avec l’Homo sapiens. Ce constat nourrit la thèse du déclin démographique de Néandertal sur cette période, déclin conduisant, par un phénomène de goulet d'étranglement de population, à la disparition progressive de certains génotypes, donc à l'appauvrissement génétique de l'espèce.
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En 2006, le Projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l'ADN nucléaire de l'homme de Néandertal, a été lancé par l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L'objectif était de connaitre l'étendue du lien de parenté avec l'homme moderne et d'évaluer l'interfécondité de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
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Le Projet génome de Néandertal a permis d'achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009. En 2010, des résultats basés sur l'analyse de 4 milliards de paires de bases d'ADN nucléaire, issus d'ossements fossiles de trois Néandertaliens, ont montré que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Homo sapiens eurasiatiques que de ceux d'Afrique subsaharienne[19]. Les auteurs en concluaient que les Néandertaliens auraient contribué à hauteur de 1 à 4 % (en moyenne 2,2 %) au génome des populations d'humains modernes non africaines[19].
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En 2012, une étude confirme que Néandertaliens et humains modernes se sont hybridés « quand les humains modernes, porteurs de technologies proches de celles du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens alors qu'ils quittaient l'Afrique »[24],[25].
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En 2016, une information nouvelle a contribué aux débats : alors que les séquençages précédents concernaient l'ADN autosomal (non sexuel), une première description d'un chromosome Y (et donc masculin) néandertalien (provenant de la grotte d'El Sidrón, Espagne, il y a 49 000 ans) a montré de grandes différences avec le chromosome Y humain actuel[26],[27]. Même si des Néandertaliens et des humains modernes se sont hybridés il y a quelque 55 000 ans, l'ADN du chromosome Y néandertalien ne semble pas avoir été transmis aux humains modernes[27]. Ceci va dans le sens d'études antérieures constatant que si les Asiatiques et les Européens actuels ont bien hérité de 1 % à 3 % de leur ADN de leurs ancêtres via des croisements avec des Néandertaliens, leurs chromosomes Y n'en portent pas de traces. Une hypothèse explicative serait que les deux taxons n'étaient pas entièrement compatibles : le sperme des hommes Néandertaliens pourrait avoir été non fécondant pour les femmes "modernes" de leur époque[28]. On a trouvé dans le chromosome Y néandertalien d'El Sidrón des mutations de trois gènes impliqués dans le système immunitaire, dont celui qui produit des antigènes pouvant provoquer une réponse immunitaire aboutissant à une fausse-couche chez les femmes enceintes[28]. Ainsi, même si des hommes néandertaliens et des femmes « modernes » se sont sexuellement unis par le passé, ils n'ont vraisemblablement pas pu obtenir de descendance mâle suffisamment abondante ou viable, ce qui aurait pu hâter « l'extinction » des néandertaliens.
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Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l'ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d'Homo sapiens, d'Homme de Néandertal et d'Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l'espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d'environ 450 000 ans[1]. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.
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En 2017, le génome d'une seconde néandertalienne provenant de la grotte de Vindija (Croatie) a été séquencé. L'étude a permis de préciser la proportion d'ADN néandertalien chez les Eurasiens (1,8 à 2,6 %) et confirme l'implication de ces gènes néandertaliens dans la résistance au froid et la sensibilité à certaines maladies[29],[30].
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En 2018, la reconstruction de l'histoire génétique des Néandertaliens tardifs se poursuit. Le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé)[31]. Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique[31]. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d'apport génétique des hommes modernes n'a pu être décelée[31].
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Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d'Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d'environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d'un Néandertal de l'Altai, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans[32]. Une autre étude identifie une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[33].
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Une nouvelle étude publiée en 2020 analyse l'évolution des chromosomes Y de Néandertaliens tardifs. Cette étude nous renseigne donc sur leurs lignées paternelles. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l'ADN autosomique. On identifie que les chromosomes Y des Denisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d'une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et modernes alors que l'on sait de ce sont les néandersoviens qui ont divergé de la lignée des humains modernes approximativement à cette date. Les lignées des humains néandertaliens et modernes se seraient alors séparées autour de 370 000 ans. De manière très insolite, on retrouve des résultats similaires avec l'ADN mitochondrial et donc la lignée maternelle, alors que les Néandertaliens anciens de Sima de los Huesos, âgés de 400 ka avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens tardifs, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée des humains modernes (Homo sapiens) et ceci seulement pour les pools de gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat révèle des hybridations anciennes avec des humains prémodernes[34].
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Certaines séquences d'ADN acquises auprès des Néandertaliens ont pu s'avérér bénéfiques, comme celles favorisant l'adaptation au climat froid ou résistance aux maladies. Elles ont été sélectionnées positivement alors que d'audres, délétères, ont été éliminées du génome humain par sélection négative. On trouve aujourd'hui dans le génome humain des allèles dérivés de Néandertaliens qui nous rendent à la fois sensibles ou résistants à certaines maladies[32].
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Parmi les gènes que les néandertaliens nous ont transmis, certains sont associés à des traits phénotypiques ou à des maladies. Ils affectent notamment[32] :
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Cela conforte l'idée « que l'ascendance néandertalienne influe sur le risque de maladie chez les humains actuels, en particulier en ce qui concerne les phénotypes neurologiques, psychiatriques, immunologiques et dermatologiques »[32].
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L'apparition de l'homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu'on choisit d'adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l'analyse d'ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d'avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l'appareil masticatoire[35],[36],[4],[1]. Les débats se poursuivent sur l'attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens[37], mais d'autres fossiles sont d'une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d'accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques[38].
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L'Homme de Néandertal est une espèce dont l'apparition et l'évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l'Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh[39]), du Liban (Ksar Akil) et d'Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l'est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'Altaï, jusqu'alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'Altaï est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l'Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu'en Chine[40],[41].
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Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L'effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l'ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes[42].
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Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d'années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d'Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.
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À partir de −700 000 ans, le peuplement de l'Europe se renouvelle avec probablement l'arrivée d'Homo heidelbergensis, porteur de l'industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L'une d'elles a évolué pour donner les Néandertaliens.
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Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).
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L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents[43].
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Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d'Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu'alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d'autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d'Europe ayant évolué vers les Néandertaliens[37].
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Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.
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Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d'environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l'Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014[44],[45].
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Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre - 250 000 et - 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans[46], les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.
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Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.
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Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie[47], de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.
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Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans[48],[49]), en Croatie (Vindija, −32 000 ans[50],[51]) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen[52],[53].
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Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu'à −28 000 ans, voire −24 000 ans[54],[55]. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par Joao Zilhão, de l'université de Bristol[56].
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En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d'il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l'homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci[57],[58]. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure[59]. Les auteurs considèrent qu'en l'absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l'hypothèse d'un rattachement de l'industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.
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Les Néandertaliens sont de corpulence souvent très massive et robuste : 90 kg et 1,65 m en moyenne pour les hommes et 70 kg et 1,55 m pour les femmes (des individus auraient atteint 1,90 m)[60]. L'ensemble de leur structure (os épais avec corticale développée) et leurs attaches musculaires laissent supposer une grande force physique. Les règles écologiques de Bergmann (corps plus massif qui réduit la déperdition de chaleur) et d'Allen (membres courts qui réduisent également cette déperdition) s'appliquent parfaitement aux néandertaliens dont l'anatomie est une adaptation aux climats froids[61].
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Les Néandertaliens présentent quelques caractères archaïques, hérités de leur prédécesseur (caractères plésiomorphes), ainsi que des caractères évolués (caractères apomorphes). Les caractères évolués peuvent être partagés avec les Homo sapiens (caractères synapomorphes) ou bien être des caractères dérivés spécifiques (caractères autapomorphes). Seuls ces derniers permettent d'identifier l'espèce lors de l'examen d'un fossile.
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Les traits spécifiques aux Néandertaliens ont souvent été présentés comme des adaptations au froid ; les membres courts et robustes des Néandertaliens trouvent des analogues modernes dans les populations vivant dans les régions proches du pôle. Des facteurs écologiques liés aux avancées glaciaires tels que l'isolement de populations et le faible brassage génétique ont pu favoriser la fixation rapide de ces traits.
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La rousseur des Néandertaliens a été évoquée à la suite de différentes études mais il semble s'agir de sur-interprétations de résultats scientifiques de la part des médias. Chez les humains, la rousseur est liée à une mutation du gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui régule la production de mélanine[64]. En 2000, une étude a montré que cette mutation pouvait exister depuis 100 000 ans[65]. Certains en ont conclu qu'elle pouvait être apparue chez les Néandertaliens qui l'auraient transmise aux hommes modernes[66], ce que nuancent les auteurs[67].
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En octobre 2007, un article de la revue Science présente les résultats d'une étude portant sur l'extraction d'ADN fossile de deux spécimens néandertaliens, l'un découvert en Italie (Monti Lessini), l'autre en Espagne (El Sidrón 1252)[68]. Les auteurs ont amplifié et séquencé un fragment du gène MC1R et ont mis en évidence chez les deux individus une mutation inconnue chez l'homme moderne. Toutefois, il est impossible de déterminer si cette mutation était présente sur les deux allèles et donc si elle affectait le phénotype des individus en question. Pour les auteurs, la présence de ces mutations permet d'estimer qu'un pour cent environ des Néandertaliens avait une pigmentation réduite se traduisant par une peau claire et des cheveux roux[69]. Bien que cette proportion soit très limitée, certains médias ont rapporté que les Néandertaliens étaient roux[70],[71].
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Alors que la plupart des musées présentent des reconstitutions de Néandertaliens avec des yeux bleus ou verts, un teint de peau clair et des cheveux roux correspondant à ce que l'on observe chez les populations modernes sous des latitudes équivalentes à celles de l'Europe, une étude génétique parue en 2012 portant sur les ossements de deux femmes néandertaliennes de Croatie suggère une peau au teint plus foncé, des yeux marron et des cheveux bruns[72].
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Les restes osseux de Néandertaliens, tant en Europe qu'en Asie occidentale, présentent parfois des anomalies qui renseignent sur les lésions organiques survenues de leur vivant et parfois responsables de leur décès. Ces anomalies peuvent être classées en quatre catégories principales[73] :
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Les Néandertaliens semblent avoir souffert fréquemment de fractures, en particulier au niveau des côtes (Shanidar IV, « vieillard » de La Chapelle-aux-Saints), du fémur (La Ferrassie 1), de la fibula (La Ferrassie 2 et Tabun 1), de la colonne vertébrale (Kébara 2[74]) et du crâne (Shanidar I, Krapina, Šaľa 1). Ces fractures sont souvent ressoudées et ne montrent pas ou peu de signes d'infection, ce qui suggère que les individus étaient pris en charge au cours de leur période d'invalidité.
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En relation avec des fractures, d'autres traces de traumatismes ont été signalées sur de nombreux squelettes de Néandertaliens. Ils semblent liés à des blessures perforantes, comme chez Shanidar III dont le poumon fut certainement perforé par une blessure entre les côtes 8 et 9. Il peut s'agir d'une attaque intentionnelle ou d'un accident de chasse, mais l'individu survécut à sa blessure durant quelques semaines avant d'être tué par la chute d'un bloc rocheux dans la grotte de Shanidar. D'autres traumatismes correspondent à des coups portés à la tête (Shanidar I et IV[75], Krapina[76]), tous consolidés.
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L'arthrite est particulièrement répandue chez les Néandertaliens les plus âgés. Elle concerne de façon spécifique les articulations comme les chevilles (Shanidar III), la colonne vertébrale et les hanches (« vieillard » de La Chapelle-aux-Saints[77],[78]), les bras (La Quina 5, Krapina, Feldhofer), les genoux, les doigts et les orteils, le tout en relation étroite avec les maladies articulaires dégénératives (arthrose), qui peuvent aller de la dégénérescence normale, liée à l’usure, jusqu’à la restriction des mouvements, douloureuse et handicapante, et à la déformation. C’est ce qu’on observe à des degrés divers sur les squelettes de Shanidar (I-IV).
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L'hypoplasie de l'émail dentaire est l'indicateur d'un stress survenu durant le développement des dents. Les striations et les cannelures de l'émail reflètent les périodes de pénurie alimentaire, les traumatismes ou les maladies. Une étude de 669 couronnes dentaires de Néandertaliens a montré des signes d'hypoplasie plus ou moins prononcés sur 75 % d'entre elles[79]. Les carences alimentaires en étaient la cause principale, pouvant aller jusqu'à entraîner la perte des dents. Les dents appartenant aux squelettes les plus âgés présentaient toutes une hypoplasie, particulièrement nette chez le « vieillard »[80] de La Chapelle-aux-Saints et l'individu 1 de La Ferrassie.
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On trouve occasionnellement sur des squelettes de Néandertaliens des lésions osseuses secondaires liées à une infection des tissus mous du voisinage. Shanidar I présente des traces manifestes de lésions dégénératives de même que La Ferrassie 1, où les lésions sur les deux fémurs, les tibias et les fibulas indiquent une infection systémique ou peut-être un cancer.
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L'aptitude physique à la parole et au langage des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent, en particulier, sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante[81],[82]. L'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à Kébara, sur le mont Carmel en Israël (60 000 ans A.P.) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 000 ans A.P.). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels[83],[84],[85]. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à Atapuerca en Espagne (430 000 ans A.P.) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des Homo sapiens[86].
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En outre, au delà de la présence ou non de l'os hyoïde, pour le préhistorien Jean-Paul Demoule, il existe plusieurs éléments permettant d'identifier dans la production d'objets des Homo-erectus tardifs et des premiers Néandertaliens les preuves de la présence d'un « proto-symbolisme » indice probable d'un prélude de langage se situant entre les sons signifiants des chimpanzés et le langage de l'homme moderne[87].
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Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un pharynx de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse[88],[89],[90], il semble que les arguments avancés par Lieberman ne soient plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs (cordes vocales, langue, mandibule, voile du palais, lèvres). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
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Une étude publiée en 2007[91] et portant sur l'analyse de l'ADN provenant des restes de deux Néandertaliens découverts à El Sidrón (Espagne) aurait permis d'y détecter la même version du gène FOXP2 (forkhead box P2) que celle présente chez les hommes modernes. Cela pourrait plaider en faveur de l'aptitude des Néandertaliens au langage puisqu'on estime que ce gène joue un rôle important dans le développement des parties du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé[92].
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Après avoir longtemps été considéré comme un être archaïque et encore proche de l'animalité, y compris par une partie de la communauté scientifique, l'Homme de Néandertal commence à apparaître comme un être doté de capacités intellectuelles et de traditions culturelles.
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Le tableau ci-dessous liste un certain nombre de comportements considérés comme modernes et courants chez Homo sapiens ainsi que la fréquence relative de leur mise en œuvre par Homo neanderthalensis[93] :
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L'homme de Néandertal est l'auteur d'un outillage complexe et élaboré, et notamment des industries du Moustérien. Ses méthodes de débitage apportent en outre la preuve de ses capacités d'abstraction et d'anticipation, en particulier en ce qui concerne le débitage Levallois. Les éclats obtenus par cette méthode ou par d'autres pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs ou les denticulés.
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Des preuves directes (traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine[94]) ou indirectes (répartition des traces d'utilisation) montrent que certains outils étaient utilisés emmanchés. Les manches eux-mêmes, réalisés en matériaux périssables, n'ont pas été conservés. En revanche, des conditions particulièrement favorables ont permis la conservation de quelques objets en bois. Le plus spectaculaire est sans conteste un fragment d'épieu en if fiché dans le thorax d'un éléphant (Elephas antiquus), mis au jour à Lehringen (Basse-Saxe). Dans le même site, daté de l'Eémien (130 000-115 000 ans avant le présent), ont été découverts des éclats Levallois ayant servi à découper de la peau et de la viande[95],[96].
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Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs du Châtelperronien, un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Ce faciès est caractérisé par des comportements longtemps considérés comme propres aux hommes modernes : débitage de lames, utilisation de parure, fabrication d'outils en os, etc.[97],[98].
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En 1981, l'archéologue Lewis Binford soutient une théorie selon laquelle les premiers hominidés (dont les Néandertaliens) jusqu'au Paléolithique moyen ne pratiquaient que la cueillette ou le charognage passif, seuls les hommes modernes pratiquant la chasse de grand gibier rapide[99]. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée.
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Rares sont les preuves directes de la pratique de chasse aux grands herbivores par les Néandertaliens telles que le fragment d'épieu en if de Lehringen et les lances de Schöningen à la pointe parfois durcie au feu[100] ou des pointes emmanchées en silex ou en os, parfois collées au bitume[94]. En revanche, les sites livrent des accumulations impressionnantes d'ossements de grands mammifères (bison à Coudoulous, Lot et à Mauran, Haute-Garonne ; saïga en Crimée ; bouquetin dans la grotte du Lazaret ; aurochs à La Borde, Lot ; cheval à Saint-Césaire, Charente-Maritime) ; elles sont interprétées comme le résultat de chasses saisonnières, parfois avec utilisation d'avens ou de fondrières comme pièges naturels (technique de « chasse à l'abîme »)[101]. De plus, les analyses biogéochimiques sur le collagène osseux des Néandertaliens et des mammifères associés[102] montrent une alimentation carnée proche de celle du loup, même en période tempérée. Chasseurs de grands mammifères, les Néandertaliens avaient des stratégies (communautés spécialisées dans la chasse de deux ou trois espèces, technique à l'approche ou à la poursuite de proies en fonction de l'âge et du sexe) qui attestent une parfaite connaissance de l'environnement et de l'éco-éthologie des animaux et un savoir-faire technique développé. Enfin les études anatomiques montrent leur adaptation à la chasse : ils étaient en effet trapus et musclés, et pesaient en moyenne 90 kg pour 1,65 m (hommes) et 70 kg pour 1,55 m (femmes)[103].
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La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs — hyène des cavernes, loup, lion des cavernes — ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) a également été évoquée, notamment pour les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux)[104],[105].
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Les analyses en paléogénétique réalisées en 2010 dans la grotte d'El Sidrón suggèrent que la société néandertalienne pratique l'exogamie patrilocale[106].
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Certaines constatations de comportements altruistes témoignent de manifestations d'entraide, de solidarité et d'assistance, tel le vieillard retrouvé dans le cimetière de La Chapelle-aux-Saints ou de Shanidar avec un squelette si déformé par la maladie qu'il devait probablement être infirme[107]. Les enfants s'entraînent à la taille d'outils lithiques sur les mêmes sites que les adultes expérimentés[108].
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Au moins un comportement alimentaire, le bris des os pour en extraire la moelle, a révélé un apprentissage social plutôt que technique dans les niveaux du Pléistocène moyen. Une étude sur les assemblages de ces matériaux provenant de la grotte de Bolomor (es) (Valence, Espagne, MIS 9-5e) et celle de Gran Dolina TD10-1 (Burgos, Espagne, MIS 9) : dans un même groupe, les os ne sont pas brisés aux points les plus faibles, dans une logique d'efficacité, mais suivant un comportement socialement acquis. Au sein d'une même grotte, ces comportements changent au fil des époques ; ceci suggère l'existence possible d'identités culturelles ou de prédispositions comportementales dépendantes des groupes et pourrait servir de marqueur pour les zones d'extension des différents groupes[109].
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Les analyses génétiques suggèrent que les Néandertaliens de Sibérie vivaient dans des populations relativement isolées de moins de 60 individus. En revanche, les Néandertaliens d'Europe et les humains modernes anciens semblent avoir vécu dans des populations de plus grande taille[110].
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Les Néandertaliens ont d'abord été considérés comme exclusivement chasseurs carnivores, faisant partie des superprédateurs (mangeant de grands herbivores alors qu’Homo sapiens avait diversifié son alimentation — petit gibier, fruits de mer, poissons d'eau douce et marins). Ce régime alimentaire a parfois été considéré comme l'une des causes de leur extinction[111].
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En 2010, des analyses de phytolithes piégés dans des plaques de tartre de dents fossilisées néandertaliennes provenant de différents sites ont révélé des traces de plantes fossilisées (palmier-dattier, légumineuses, rhizomes de nénuphar, graminées du genre Triticum ou Hordeum), indiquant un régime alimentaire diversifié et un comportement de chasseur-cueilleur. De plus, certains grains d'amidon retrouvés montrent des processus de cuisson, suggérant que les Néandertaliens, grâce à leur maîtrise du feu, cuisaient ces végétaux en les faisant bouillir. On pensait auparavant que seules les viandes étaient cuites (d'après l'analyse des ossements d’animaux retrouvés dans de nombreux foyers) alors que les végétaux étaient simplement grillés[112]. Les Néandertaliens ont ainsi une alimentation carnée composée essentiellement de grands mammifères mais incluant également des végétaux ou de petits animaux (lagomorphes, oiseaux, mollusques terrestres[113]) lorsque les conditions s'y prêtent. La matière animale et végétale constituent respectivement 80 et 20 % de leur régime alimentaire[114],[115].
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Des restes de coquillages trouvés dans la grotte de Bajondillo au sud de l'Espagne, montrent que des Néandertaliens mangeaient des fruits de mer en Europe dès 150 000 ans avant le présent[116],[117].
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En 2012 puis en 2017, l'analyse chimique puis l'identification de restes d’ADN piégés il y a environ 36 000 ans dans la plaque dentaire de Néandertaliens découverts en Belgique et en Italie montrent qu’ils mangeaient notamment du rhinocéros laineux, du mouflon et des champignons. Par contre, chez ceux d'El Sidrón (Espagne), datés d'environ 48 000 ans, seul de l’ADN végétal a été détecté. Il provient de diverses plantes et champignons (pignon de pin et mousse forestière notamment) [118]. Les Néandertaliens semblent aussi avoir utilisé des analgésiques (acide salicylique trouvé dans le saule) et des antibiotiques naturels (Penicillium)[118].
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En 2012, l'analyse chimique de plaques dentaires de cinq Néandertaliens mis au jour à El Sidrón avait déjà montré la présence de composés végétaux amers pouvant provenir de l'achillée millefeuille, dont l'utilisation était déjà présumée précédemment par la présence de pollens dans une tombe néandertalienne à Shanidar, en Irak[119], et la camomille. Il s'agit de plantes sans valeur nutritive mais présentant des vertus médicinales ou pouvant servir éventuellement de coupe-faim.
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En 2019, l'étude des dépôts moustériens de la grotte de Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup, Alpes-Maritimes, France) révèle les restes fossilisés d'au moins 225 lapins de l'espèce Oryctolagus cuniculus, de loin l'espèce animale la plus abondamment représentée sur le site[120].
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Par ailleurs, les Néandertaliens chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque. Globalement, les découvertes montrent de plus en plus que leur régime alimentaire était qualitativement aussi diversifié que celui des humains anatomiquement modernes[121],[122].
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S'il est possible qu’Homo heidelbergensis, l'un des ancêtres probables de l'Homme de Néandertal, ait adopté un comportement particulier vis-à-vis de ses morts à Atapuerca, les premières véritables sépultures connues sont néandertaliennes[123]. Les plus anciennes datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles se multiplient ensuite et on en trouve en France (La Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina, Le Moustier, Saint-Césaire), en Belgique (Spy), en Israël (Kébara, Amud), au Kurdistan irakien (Shanidar), en Ouzbékistan (Teshik-Tash). Dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune).
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L'une des sépultures de Shanidar renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle. Une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps[124],[125]. Ces pollens ont longtemps été considérés comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. Une étude de 1999 a remis en question cette interprétation, citant des phénomènes post-dépositionnels ou l'action de rongeurs pour expliquer l'accumulation de pollens. Cette étude a cependant été fortement contestée[126].
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Ces sépultures comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, même si leur interprétation en termes de religiosité est sujette à discussion.
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Les Néandertaliens ont plusieurs types de rites funéraires : sépultures, inhumations en deux temps après décomposition du corps à l'air libre (traces de désarticulation et décharnement à Shanidar VI et VIII, Krapina, Kébara[127], combe Grenal[128]), « culture des ancêtres » (analyses de taphonomie sur des crânes isolés et corps sans tête à Kébara), endocannibalisme (Moula-Guercy en Ardèche[129],[130], Vindija et Krapina en Croatie : stries de fracturation sur os frais)[131].
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Dans certains sites tels que le Regourdou en Dordogne, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».
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Au Regourdou, un squelette d'ours brun reposait sous une dalle monolithe d'un poids de 850 kg, dans une fosse peu profonde. À proximité, le corps d'un Néandertalien était couché sur le côté gauche, la tête vers le nord, en position fœtale. Le crâne manquait, mais il restait la mandibule. L’absence du crâne a également été observée dans le cas de la sépulture néandertalienne de Kébara. D'après E. Bonifay, il s'agissait d'une véritable tombe composée d’une fosse dallée, empierrée et couverte de sable et de cendres de foyer[132],[133]. Cette interprétation a largement été remise en question depuis, les accumulations d'ossements d'ours du Regourdou pouvant être liés à des phénomènes taphonomiques liés à l'occupation de la cavité par des ours hibernants[134].
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Plus généralement, l'existence du culte de l'ours, évoquée récemment par l'écrivain Jean M. Auel, est aujourd'hui contestée par de nombreux scientifiques. Les cr��nes d'ours sont extrêmement résistants et peuvent être déplacés par des phénomènes naturels jusqu'à acquérir des positions évoquant une organisation volontaire mais en fait seulement due au hasard[réf. à confirmer][135].
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La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a été interprétée comme un témoignage de la pratique du cannibalisme. Des ossements de sites tels que l'abri Moula[136], en Ardèche ou Krapina[137],[138],[139] en Croatie présentent de telles traces de découpe. Il est toutefois difficile de démontrer s'il s'agit de cannibalisme plutôt que d'un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire. Les fragments d'os de Krapina présentent des marques comparables à celles de sépultures secondaires d'une nécropole du XIVe siècle découverte dans le Michigan, correspondant à l'ablation de la chair sur une dépouille partiellement décomposée. Certains os crâniens du site des Pradelles à Marillac-le-Franc présentent des traces de découpe correspondant sans doute au prélèvement du cuir chevelu par scalpation.
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Le crâne de Néandertalien découvert dans la grotte Guattari (Mont Circé, Italie) a longtemps été considéré comme une preuve irréfutable de rituel anthropophagique : il aurait été déposé dans un cercle de pierre après que le trou occipital avait été élargi pour consommer le cerveau. Des examens approfondis ont montré que le cercle de pierre était probablement naturel et que l'élargissement du trou occipital avait été causé par une hyène, ce que confirme la présence de traces de dents en différents points du crâne[140],[141].
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Cependant, des os humains ont été découverts intentionnellement cassés dans le but d'exploiter la moelle. Ainsi dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne), des os humains étaient mélangés sans aucune distinction aux os d'animaux ayant servi de nourriture, le tout encerclant le principal lieu de vie[142]. Ces découvertes permettent de retenir l'hypothèse du cannibalisme comme fort probable, sans pouvoir trancher s'il s'agit d'un endocannibalisme ou d'un exocannibalisme[143].
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Au Paléolithique moyen apparaissent également les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques :
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En 2014, la découverte dans la grotte de Gorham (Gibraltar) de formes géométriques gravées sur une paroi recouverte de sédiments datant de plus de 39 000 ans est annoncée par l'équipe de Clive Finlayson (en). Elles constituent le premier exemple connu d'art pariétal abstrait attribué aux Néandertaliens. Leur réalisation a nécessité plusieurs centaines de passages de la pointe d'un outil de pierre taillée, probablement de silex[148],[149].
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En février 2018, de nouvelles datations viennent confirmer l'origine néandertalienne de créations artistiques (pourtour de main, réseau de lignes, peinture sur paroi) découvertes dans trois grottes espagnoles (grotte de La Pasiega (es), grotte de Maltravieso (es) et grotte d'Ardales (es)) : plus de 64 800 ans, soit plus de 20 000 ans avant l'arrivée en Europe des premiers hommes modernes. Des coquillages percés et teints, trouvés dans une quatrième grotte, sont encore plus vieux[150],[151],[152],[153]. Néanmoins, un article paru le 21 septembre 2018 remet en cause la datation des grottes de Maltravieso et de La Pasiega en raison du manque de corrélation entre le matériau analysé (des efflorescences de calcite) et le phénomène à dater. Quant aux aplats d'oxydes rouges trouvées à Ardales, rien ne prouve leur origine humaine[154],[155].
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L'étude des pigments de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Salomon et al. 2008) permet de conclure que les néandertaliens ont utilisé des couleurs sur les peaux (vêtements, tentes) bien avant qu'elles n'aient été utilisées pour les peintures rupestres, et étaient donc capables d'ajouter une dimension symbolique aux objets de leur quotidien. Les mêmes auteurs, et d'autres, notent la grande quantité de pigments remontant au Moustérien de tradition acheuléenne dans les grottes du Pech-de-l'Azé à Carsac-Aillac, Dordogne[156], et à d'autres sites de cette époque.
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La reconnaissance progressive de la culture néandertalienne remet en cause la primauté culturelle de l'homme moderne : alors que l'on pensait il y a peu que la culture technique et symbolique des Néandertaliens était très nettement inférieure quantitativement et qualitativement à celle de l'Homo sapiens, les découvertes récentes font apparaître que l'Homme de Néandertal avait lui aussi développé certaines techniques évoluées (débitage de lames[157]), et développé ou adopté des traits culturels modernes (sépultures, signes gravés, parures). La thèse du rôle capital de l'arrivée de l'Homo sapiens en Europe et celle d'une corrélation entre l'évolution biologique et l'évolution culturelle expliquant le plus grand développement de l'Homo sapiens par son évolution biologique s'en trouvent donc remises en question.
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Deux structures annulaires formées par l'accumulation de tronçons de stalagmites ont été découvertes en 1995 dans la grotte de Bruniquel. Ces structures, constituées de presque 400 « spéléofacts », ont été datées en 2016 : 176 500 ± 2 000 ans. Cet âge indique qu'elles sont vraisemblablement l’œuvre de l'homme de Néandertal, et même de néandertaliens « archaïques »[158],[159].
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En 2020, une équipe internationale a publié une étude décrivant le moulage fossilisé d’un fragment de cordelette torsadée, composée de trois brins eux-mêmes torsadés. Cette découverte a été faite dans l’abri du Maras en Ardèche, daté entre 52 000 et 41 000 ans AP. L’Homme de Néandertal ayant été le seul occupant de ce site, cet artéfact lui a été attribué. Les fibres ont été identifiées comme provenant probablement d’un conifère. C'est la plus ancienne trace de cordage trouvée, la précédente datant de 19 000 ans AP provenant du site Ohalo II[160].
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Un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté en 1999 comme un hybride Néandertal/Homo sapiens. Cette hypothèse est fortement discutée en raison des difficultés à identifier les caractères autapomorphiques chez un individu juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue[43].
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Un squelette d'enfant trouvé en contexte gravettien à Lagar Velho dans la vallée de Lapedo, au centre du Portugal, porterait des caractéristiques des deux espèces[161],[162],[163]. Cet enfant d'environ quatre ans a été inhumé dans une sépulture intentionnelle, il y a 25 000 ans. Il est donc postérieur de quelques milliers d'années aux derniers restes clairement attribuables aux Néandertaliens (entre 30 000 et 40 000 ans avant le présent[164],[165]). Cependant le caractère hybride de cet enfant est très discuté et difficile à établir : les caractères dérivés des deux taxons sont moins marqués chez les individus juvéniles que chez les adultes et la variabilité individuelle des enfants de l’époque est absolument inconnue[43].
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Une étude de l'université de Chicago publiée en 2006 a permis d'identifier un gène lié à la croissance du cerveau qui aurait été transmis à l'homme moderne par les Néandertaliens et qui est présent chez 70 % des humains actuels[166].
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Le réexamen (morphologie géométrique, analyse paléogénétique de l'ADN mitochondrial) en 2013 d'une mandibule dite des « amants de Vérone » suggère une hybridation entre un père sapiens et une mère néandertalienne[167].
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En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal effectué par une équipe de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste coordonnée par Svante Pääbo[19],[168] montre que 1 à 4 % du génome des Homo sapiens non africains provient des Néandertaliens. Les Homo sapiens d'ascendance africaine n'ont, eux, que peu ou pas d'ADN de Néandertal. Cet apport est réparti sur 20 régions génétiques spécifiques aux Homo sapiens.
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Si chaque Homo sapiens n'a que 1,8 à 2,6 % du génome de Néandertal en lui, en regroupant les différentes séquences éparpillées dans le monde entier, les chercheurs sont parvenus à reconstituer environ 30 % de ce génome[169],[170] .
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Ces croisements entre Néandertaliens et Homo sapiens eurasiatiques auraient pu survenir il y a 100 000 à 50 000 ans au Proche-Orient[171],[172],[173].
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Dans le génome de l'homme moderne européen, un gène lié à l'immunité pourrait être issu du génome de l'homme de Néandertal[174],[175],[176]. Cette découverte est confirmée en 2016 par des études qui mettent en évidence ces cas d'introgression : gènes néandertaliens à l'origine de la stimulation immunitaire[177] et des allergies des Hommes modernes[178].
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En 2014, l'étude du génome d'un Homo sapiens découvert à Kostenki, en Russie, et daté de 37 000 ans avant le présent, confirme encore le métissage et permet d'avancer une date à laquelle l'hybridation aurait eu lieu[179],[180].
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En 2015, des analyses génétiques révèlent que le fossile Oase 1 avait un ancêtre récent néandertalien, avec un ADN autosomique néandertalien estimé de 5 à 11 %[181].
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En 2017, une nouvelle étude de Cosimo Posth, de l'Institut Max-Planck, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, montre que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d'Homo sapiens. L'étude conclut que les premiers croisements entre sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans[182].
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En 2018, l'ADN d'un fragment osseux retrouvé dans la grotte de Denisova, celui d'une adolescente morte vers 13 ans il y a environ 90 000 ans[a], montre qu'elle était l'hybride d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien[183]. C'est la première preuve directe d'un métissage entre espèces humaines.
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Les derniers Néandertaliens auraient disparu il y a environ 29 000 ans. L'extinction aurait été échelonnée dans le temps selon un gradient régional[164]. Leur disparition a suscité de nombreuses hypothèses[184],[185],[186], certaines faisant intervenir des modèles mathématiques[187] ou économiques[188],[189]. Ce phénomène coïncide avec l'arrivée de groupes d'hommes modernes en Europe depuis le Proche-Orient à partir d'il y a environ 48 000 ans, peut-être à la faveur d'un épisode climatique tempéré de la dernière glaciation. Ces hommes modernes, parfois appelés « Hommes de Cro-Magnon », sont porteurs d'une nouvelle culture matérielle, appelée Aurignacien et caractérisée par la généralisation du débitage lamellaire, l'utilisation du percuteur tendre pour ces débitages et la fabrication d'outils en matières dures animales (notamment des pointes de sagaies en os). Les hommes de l'Aurignacien sont également présumés être les auteurs des plus anciennes œuvres d'art pariétal et mobilier d'Europe.
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Les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes ont probablement cohabité pendant quelques millénaires, même si aucune trace directe d'interaction n'est perceptible dans la culture matérielle.
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Très récemment, entre 2010 et 2017 ont été mises en relation la disparition de l'Homme de Néandertal autour de 35 000 ans AA (avant aujourd'hui) et l'explosion de la caldera des champs Phlégréens (baie de Naples, Italie)[190]. Des datations de cet événement publiées en 2003 donnent une date de 39 280 ±110 ans BP[191].
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Cet événement a vu la libération dans l'atmosphère d'un volume de matières volcaniques extrêmement important, d'au moins 300 km3[191]. Le panache de cendres serait monté à plus de 30 km[192] voire 40 km[réf. nécessaire] d'altitude (stratosphère), avant de retomber en un épais manteau[193] recouvrant tout, comparable aux couches de cendres de Pompéi, sur une aire de 3 700 000 km2[194] allant de l'Italie aux steppes asiatiques, tuant toute forme de végétation sur cette zone, ainsi que toute la chaîne trophique en dépendant, grands prédateurs et Homo compris. L'atmosphère globale aurait été assombrie pendant plusieurs années.
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Les derniers peuplements néandertaliens ayant survécu à cet évènement (présence constatée sur la péninsule Ibérique pendant encore plusieurs millénaires) auraient fini de disparaitre en raison d'un manque de diversité génétique (garante de la viabilité d'une espèce).
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En 2010, une équipe de paléontologues du département d'évolution humaine de l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne), a analysé l'endocrâne (l'empreinte laissée par le cerveau dans la boîte crânienne) de squelettes de néandertaliens. Les résultats ont confirmé les données sur la génétique des néandertaliens acquises grâce au séquençage de leur ADN : le cerveau des Homo sapiens a une forme globulaire caractéristique qui n'existe pas chez Néandertal. Cette différence pourrait influencer l'organisation neuronale et synaptique du cerveau, et donc les capacités cognitives. Par une litote, Jean-Jacques Hublin, le chercheur français qui a dirigé cette étude, émet l'hypothèse que « l'homme de Néandertal ne voyait pas le monde de la même façon que nous » et que son incapacité à créer des liens sociaux complexes serait à l'origine de son extinction[195].
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Disparition progressive de la population néandertalienne liée à la possibilité d'accouplements féconds mais donnant des hybrides stériles, au moins chez les Néandertaliennes. Une telle hypothèse, émise par le paléontologue finlandais Björn Kurtén[196], demeure difficile à tester.
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Certaines études suggèrent que les enfants issus d'union entre Néandertaliens et Homo sapiens auraient été moins fertiles, ce qui aurait entraîné une diminution de la proportion de gènes hérités de Neandertal[197].
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Ont également été évoqués des problèmes d'ordre génétique liés à une forte consanguinité et/ou des mutations spontanées ayant entraîné des maladies congénitales telles que l'hémophilie, le diabète insulino-dépendant ou une forme de stérilité, ayant suffisamment affecté la démographie de la population pour la faire disparaître.
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Partant de l'observation que les populations néandertaliennes étaient déjà petites avant l'arrivée des humains modernes, une étude publiée en 2019 met en œuvre trois facteurs que la biologie de la conservation identifie comme essentiels pour la persistance d'une petite population, à savoir la consanguinité, l'effet Allee et la stochasticité. Les résultats indiquent que la disparition des Néandertaliens peut avoir résidé dans la petitesse de leur seule population. Ainsi, même s'ils étaient identiques dans leurs traits cognitifs, sociaux et culturels, et même en l'absence de compétition interspécifique, les Néandertaliens couraient un risque d'extinction considérable. En outre, les auteurs suggérent que si les humains modernes ont contribué à la disparition des Néandertaliens, cette contribution n'aurait peut-être rien à voir avec la concurrence des ressources, mais plutôt avec la façon dont les populations entrantes ont restructuré géographiquement les populations résidentes, d'une manière qui a renforcé les effets Allee, et les effets de consanguinité et stochasticité[198].
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La disparition des Néandertaliens serait liée à l'arrivée des hommes modernes et à la compétition territoriale pour l'exploitation des ressources[199], voire à leur élimination physique par les hommes modernes à l'occasion de conflits violents sur les zones de contact. L'hypothèse s'appuie en particulier sur la concomitance de l'expansion d'Homo sapiens et de la disparition de Néandertal[200] ; les Homo sapiens d'Europe de l'Ouest cohabitant par exemple pendant plusieurs milliers d'années (500 à 5 400 ans suivant les régions) avec les Néandertaliens[189]. Elle se heurte toutefois à l'absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire[201]. En outre on peut objecter que les deux groupes ne devaient pas occuper l'ensemble du territoire européen et que les Néandertaliens avaient une meilleure connaissance de ce territoire et de ses ressources que les nouveaux arrivants[202]. La domestication du chien pour la chasse correspondant approximativement à la période de disparition des Néandertaliens, Pat Shipman a émis l'hypothèse selon laquelle cet événement aurait permis à Homo sapiens de bénéficier d'un net avantage dans sa recherche de nourriture[203],[204].
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Outre cette hypothèse de l'extinction violente liée à l'homme moderne, les Néandertaliens auraient pu succomber à une maladie mortelle (épidémies) apportée par les Sapiens originaires d'Afrique[205].
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La trompe d'Eustache néandertalienne, plus courte que celle des Homo sapiens, aurait favorisé des infections de l'oreille à répétition, fragilisant les Néandertaliens et participant à leur disparition[206].
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Les Néandertaliens ont été dépeints dans la culture populaire, y compris les apparitions dans la littérature, les médias visuels et la comédie. L'archétype des «hommes des cavernes» se moque souvent des Néandertaliens et les décrit comme des personnages primitifs, bossus, brandissant des massues, grognants, des personnages antisociaux mus uniquement par l'instinct animal. « Néandertal » peut également être utilisé comme une insulte[207].
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Achille (en grec ancien Ἀχιλλεύς / Akhilleús) est un héros légendaire de la guerre de Troie, fils de Pélée, roi de Phthie en Thessalie, et de Thétis, une Néréide (nymphe marine). Il est fréquemment appelé « Péléide »[1] ou « Éacide », épithètes qui rappellent son ascendance.
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Sa mère le plonge dans le Styx, l'un des fleuves des Enfers, pour que son corps devienne invulnérable ; son talon, par lequel le tient Thétis, n'y est pas trempé et reste celui d'un mortel. Il est éduqué par le centaure Chiron qui lui apprend les arts de la guerre, la musique et la médecine. Alors qu'il est encore adolescent, il choisit une vie courte, mais glorieuse, plutôt qu'une existence longue mais sans éclat. Caché par sa mère, qui veut l'empêcher de participer à la guerre de Troie, à la cour du roi Lycomède, le jeune homme est découvert par Ulysse et rejoint, avec son ami intime Patrocle, l'expédition grecque. Lors de la dixième année du conflit, une querelle avec Agamemnon le pousse à quitter le combat : c'est la « colère d'Achille » chantée par l’Iliade. La mort de Patrocle le pousse à reprendre les armes pour affronter Hector, le meilleur des Troyens. Achille trouve la mort peu après l'avoir tué, atteint au talon par une flèche de Pâris guidée par le dieu Apollon. Dans Le Banquet de Xénophon[2], Xénophon dit qu'ils n'étaient pas amants ; Eschyle dit le contraire dans sa pièce Les Myrmidons[3].
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Achille est honoré comme un héros, voire comme un dieu par le monde grec. Beau, valeureux, champion d'une morale orgueilleuse de l'honneur, il incarne « l'idéal moral du parfait chevalier homérique »[4].
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Le nom d'Achille est d'étymologie inconnue[5]. La question s'est en effet posée dès l’Antiquité : le pseudo-Apollodore explique ainsi que son nom signifie « qui n'a pas de lèvres » (d’un α- privatif et de χεῖλος / kheĩlos, « lèvre ») « parce que jamais il n’avait approché ses lèvres d’un sein »[6]. Toutefois, cette étymologie populaire ne repose sur rien. Cela n'empêche pas l'archevêque érudit byzantin Eustathe (XIIe siècle) de signaler deux étymologies traditionnelles, c'est-à-dire philosophiques, reprises très probablement du philosophe Porphyre : « ACHos tois ILieusin » = douleur pour les habitants d'Ilion (les Troyens) ou bien « A CHILos » = sans (alpha privatif) fourrage, étant donné que le centaure Chiron ne l'avait pas nourri de végétaux mais uniquement de moelles d'êtres vivants[7].
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L’une des hypothèses les plus convaincantes donne au nom du héros le sens de « celui dont l’armée est affligée », de ἀχός / akhós, « le chagrin, l’affliction », et de λαός / laós, « l’armée, la foule des guerriers »[8],[9]. En effet, la figure d’Achille est étroitement liée au chagrin : celui éprouvé par les Achéens quand Achille se retire de la bataille, puis quand il meurt.
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Dans les épopées, Achille est fréquemment appelé « Péléide » (c'est-à-dire « fils de Pélée ») ou « Éacide » (c'est-à-dire « descendant d'Éaque » qui est son grand-père paternel). Ces épithètes rappellent ainsi son ascendance.
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Achille naît à Larissa[10]. L’un des faits les plus marquants de son mythe vient du désir de sa mère, Thétis, de le rendre invulnérable. Ensuite, les récits divergent. Selon une tradition ancienne, Thétis place tous ses enfants dans un chaudron d'eau bouillante ou dans le feu, pour vérifier s'ils ne sont pas immortels ; Pélée l'arrête avant qu'elle ne puisse faire subir le même sort à Achille[11]. Selon d'autres, elle les frotte d’ambroisie et les place dans le feu pour que celui-ci consume la part mortelle des enfants[12] — une légende semblable est attachée à Démophon d’Éleusis[13].
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Enfin, la variante la plus populaire la montre trempant son fils dans les eaux du Styx, le fleuve des Enfers, en le tenant par le talon[14]. Il devient ainsi invulnérable, à l'exception du talon par lequel sa mère l'avait tenu, ce qui a donné lieu à l'expression « talon d'Achille », qui signifie « endroit vulnérable, point sensible ». Néanmoins, l’Iliade ne mentionne aucune de ces traditions liées à la naissance d'Achille[15], et rien dans l'épopée ne permet d'affirmer qu'il est insensible aux coups. Dans la Suite d'Homère de Quintus de Smyrne, il est blessé par le prince éthiopien Memnon[16]. Au reste, Achille n'est pas le seul héros grec réputé invulnérable : les traditions tardives accordent aussi ce privilège à Ajax le Grand[17].
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La tradition dominante veut qu'à l'instar d'autres héros comme Jason et Actéon, Achille ait été confié par son père au centaure Chiron, habitant le mont Pélion en Thessalie[18]. Là, il apprend la médecine[19], le maniement des armes, l'art de monter à cheval et de chasser, ainsi que la musique[20]. La littérature ne rapporte pas d'exploit particulier de la part du jeune garçon, si ce n'est ses prouesses à la chasse[21].
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L'Iliade se montre peu diserte sur Chiron, et met plutôt en avant le personnage de Phénix qui apprend au jeune garçon l'art de l'éloquence et le maniement des armes[22]. Dans une scène touchante du chant IX, le vieil homme se souvient d'avoir tenu le héros sur ses genoux, découpant sa viande et l'aidant à boire son vin[23]. Enfin, ailleurs dans le poème, Thétis clame également avoir élevé son fils elle-même[24].
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Les événements de la guerre de Troie qui précèdent ceux de L'Iliade sont particulièrement confus. Dans L'Iliade, Achille est envoyé directement par Pélée, avec Patrocle et les Myrmidons[25], lorsque les chefs grecs se rassemblent à Aulis. Les Chants cypriens, une épopée du Cycle troyen, racontent ensuite comment, poussée par les vents, la flotte grecque débarque par erreur en Mysie. Croyant avoir atteint Troie, les Achéens passent à l'attaque et se heurtent au roi local, Télèphe, fils d'Héraclès. Achille l'affronte et le blesse. L'expédition grecque repart, mais une tempête l'emporte jusqu'à l'île de Skyros, où Achille épouse Déidamie, fille du roi Lycomède[26]. Les Chants cypriens racontent ensuite comment Télèphe, blessé, se rend à Argos pour être soigné par Achille en échange d'informations sur la route vers Troie[27].
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L'Iliade ne fait pas allusion à ces événements, mais ne les contredit pas non plus. Au Ve siècle, la geste d'Achille et de Télèphe est connue de Pindare, qui y fait allusion dans l'une de ses Isthmiques[28], ainsi que d'Eschyle, Sophocle et Euripide. Les premiers lui consacrent chacun un cycle tragique (aujourd'hui perdus) couvrant probablement l'ensemble du récit, de l'arrivée en Mysie à la guérison à Argos. Le Télèphe d'Euripide, lui aussi perdu, est connu par les nombreuses allusions qu'y fait Aristophane : il se concentre sur l'arrivée de Télèphe et sa guérison par Achille. Des sources plus tardives[29] précisent que Télèphe, après avoir tué bon nombre de Grecs, s'enfuit lorsqu'il rencontre Achille. Pris dans des vignes déployées par Dionysos, il est blessé par la lance d'Achille. Suivant un schéma magique fréquent, seule cette même lance pourra ensuite le soigner.
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La manière dont Achille rejoint l'expédition grecque fait l'objet d'une variante plus tardive qui s'impose ensuite comme dominante. Un oracle a appris aux Achéens que le jeune homme est indispensable à la prise de Troie[30]. Thétis ou Pélée, craignant pour sa vie, le déguise en femme et le cache parmi les filles de Lycomède, afin de le soustraire à la pression des guerriers[31].
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Chez Lycomède, qui selon les versions est au courant ou non de la supercherie, Achille porte le nom de Pyrrha, « la rousse »[32]. Sous son déguisement, il séduit ou viole Déidamie, qui lui donnera Néoptolème, également appelé Pyrrhus[33], lequel se révélera indispensable à la prise de Troie.
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Ayant eu vent de la ruse, Diomède et Ulysse arrivent ensuite à Skyros et identifient Achille, qui rejoint alors l'armée grecque. L'épisode est le sujet d'une tragédie d'Euripide, les Skyriens. Ovide précise comment s'y prennent les deux héros : déguisé en marchand, le roi d'Ithaque propose aux filles de Lycomède des tissus précieux et des armes ; Achille se dévoile en étant le seul à saisir une épée et un bouclier[34]. Chez Apollodore, c'est une sonnerie de trompette qui réveille l'héroïsme du jeune homme, qui se dévoile ainsi[35]. Stace combine ces deux variantes. Chez Hygin, le héros se montre un peu moins naïf : entendant des trompettes, Achille croit la cité attaquée, et saisit les armes pour la défendre[32].
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Alors que l'armée grecque s'apprête à partir pour Troie, la colère d'Artémis contre Agamemnon bloque la flotte à Aulis. Un oracle dévoile qu'il faut sacrifier Iphigénie, fille de ce dernier ; c'est par la promesse d'un mariage avec Achille que les chefs achéens attirent alors la jeune fille à Aulis[36].
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La flotte part peu après et s'arrête en cours de route sur l'île de Ténédos, où un festin est organisé. Achille, invité tardivement, se met alors en colère[37]. Nous connaissons une autre occasion au cours de laquelle Achille se met en colère au cours d'un dîner : dans l'Odyssée, l'aède Démodocos propose à la cour d'Alcinoos de chanter la dispute entre Achille et Ulysse, dispute dont un oracle d'Apollon Delphien aurait prédit qu'elle serait le signe précurseur de la chute de Troie[38]. Une allusion de Plutarque à une pièce perdue de Sophocle rapporte de même qu'Ulysse se moque, pendant un banquet, de la colère d'Achille : il accuse ce dernier d'avoir pris peur en voyant Troie et Hector, et de chercher un prétexte pour fuir[39]. Il n'est pas facile de déterminer s'il s'agit d'un seul et même épisode ou de deux colères distinctes[40].
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Un second incident prend place à Ténédos : l'île est gouvernée par Ténès, fils d'Apollon, qui repousse les Achéens. Achille le tue[41], malgré la recommandation de sa mère de ne pas le tuer sous peine de périr lui-même des mains d'Apollon[42]. Plutarque raconte de son côté que Thétis envoie aux côtés d'Achille un serviteur chargé de lui rappeler l'avertissement ; Achille s'y tient jusqu'à ce qu'il rencontre la sœur de Ténès, qui le frappe par sa beauté. Ténès s'interpose pour protéger sa sœur et Achille, oubliant l'avertissement, le tue[43].
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Quand la flotte grecque arrive devant Troie, Achille doit affronter Cycnos, fils de Poséidon et roi de Colone, qui les empêche de débarquer[44]. Celui-ci a la particularité d'être albinos[45] et invulnérable : aucune arme ne peut le blesser[46]. Achille parvient finalement à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque[47] ou, selon une autre version, d'un jet de pierre[48].
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Les Grecs installent leur camp sur la plage qui s'étend devant Troie ; une ambassade achéenne pour réclamer Hélène échoue. Achille éprouve alors le désir de voir la jeune femme. Les Chants cypriens indiquent seulement que la rencontre est arrangée par Aphrodite et Thétis, sans davantage de détail[49]. Cependant, une variante hellénistique évoque une prédiction de Cassandre selon laquelle Hélène aurait cinq maris — Thésée, Ménélas, Pâris, Déiphobe et Achille[50]. Il ne s'agit visiblement pas d'une allusion au règne d'Achille après sa mort aux Champs Élysées, puisque la même source fait de Médée son épouse post mortem. Peut-être faut-il en conclure que le rendez-vous entre Achille et Hélène s'est terminé par l'union des deux protagonistes[49].
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Une fois les Troyens retranchés derrière leurs murailles, Achille s'emploie à couper l'approvisionnement de la ville. À la tête de ses nefs, il attaque et réduit ainsi onze cités d'Anatolie, tributaires de Troie. C'est dans Lyrnessos, l'une de ces villes, lors de la dixième année de siège, qu'il reçoit pour part d'honneur Briséis[51], tandis qu'Agamemnon reçoit Chryséis lors du sac de Thébé[52].
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C'est à ce moment que commence le récit de l'Iliade. Une peste frappe le camp grec[53] et Calchas, encouragé par Achille, révèle qu'Apollon a puni Agamemnon pour avoir refusé à son prêtre, Chrysès, de lui rendre sa fille Chryséis[54]. Obligé de céder, Agamemnon furieux réclame une autre part d'honneur. Achille se récrie et Agamemnon, pour l'humilier, décide de prendre Briséis, sa captive[55]. En colère, ce dernier décide de se retirer sous sa tente et jure sur le sceptre d'Agamemnon, don de Zeus, de ne pas retourner au combat[56]. Il implore sa mère de demander à Zeus l'avantage aux Troyens, tant qu'il sera absent du champ de bataille[57]. Zeus le lui accorde. C'est ce que résument les premiers vers de l'Iliade :
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« Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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Courroux fatal qui causa mille maux aux Achéens
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Et fit descendre chez Hadès tant d'âmes valeureuses
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De héros, dont les corps servirent de pâture aux chiens
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Et aux oiseaux sans nombre : ainsi Zeus l'avait-il voulu[58]. »
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Privés de son appui, les Grecs essuient défaite sur défaite, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenne[59]. Achille reste ferme mais Patrocle, ému par les malheurs de ses compatriotes, obtient l'autorisation d'Achille de sauver les Grecs en portant ses armes[60]. La manœuvre réussit mais Patrocle, malgré sa promesse à Achille, engage la poursuite[61]. Il est tué par Hector, qui prend les armes d'Achille comme butin[62]. Furieux et humilié — trompé par Patrocle, qui en est mort et donc hors de punition, et symboliquement vaincu par Hector —, Achille décide de se venger, malgré les avertissements de sa mère : s'il affronte Hector, il mourra peu de temps après[63]. Héphaïstos lui forge de nouvelles armes, avec lesquelles il sort à la recherche d'Hector[64].
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Revêtu de son armure divine, il s'engage à nouveau dans le combat et abat un grand nombre de Troyens sur son passage[65], tellement que les eaux du Scamandre sont souillées de cadavres[66]. Offensé[67], le Scamandre manque de noyer Achille[68]. Sauvé par l'intervention d'Héphaïstos[69], celui-ci rencontre enfin Hector, le défie et le tue avec l'aide d'Athéna[70]. Il traîne sa dépouille trois fois autour de la ville avec son char[71] avant de la ramener dans le camp achéen.
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Rentré dans sa tente, le héros pleure son ami mort[72]. Au moment de brûler la dépouille, il coupe sa chevelure en signe de deuil[73] et sacrifie quatre chevaux, neuf chiens et douze jeunes Troyens dont les corps sont jetés sur le bûcher[74]. Le lendemain, il traîne de nouveau derrière son char le corps d'Hector, cette fois autour du tombeau de Patrocle[75].
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Achille fait pourtant preuve d'humanité en laissant le roi Priam, venu dans sa tente en suppliant, emporter le corps de son fils pour lui accorder des dignes funérailles[76]. Il obéit ainsi à sa mère[77], envoyée par les dieux mécontents du traitement infligé à la dépouille du héros[78].
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Achille tue plus de guerriers que quiconque dans l’Iliade (72), et se place ainsi devant Patrocle (54), Teucros fils de Télamon (30), Ajax fils de Télamon (28), Léitos (20), Diomède (18), Agamemnon (16), Ajax fils d'Oïlée (14), Idoménée (13) et Ulysse (12), ou encore Ménélas[79].
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L’Éthiopide, l'une des épopées du Cycle troyen, reprend le récit de la guerre de Troie là où l'Iliade s'arrête. Elle raconte comment, après la mort d'Hector, la ville de Priam voit arriver de nouveaux champions. C'est d'abord l'Amazone Penthésilée, fille d'Arès. Achille l'affronte en duel et s'éprend d'elle au moment où il la tue, ce qui excite les moqueries de Thersite. Excédé, le héros le tue et doit ensuite se purifier sur l'île de Lesbos.
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Peu après arrive Memnon, fils d'Éos (l'Aurore) et de Tithon, et prince des Éthiopiens. Là encore, il rencontre Achille en combat singulier et est tué par lui.
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Les jours d'Achille sont désormais comptés. Xanthos, l'un des chevaux d'Achille, l'a prédit au héros, attribuant sa mort à un « dieu fort »[80]. De même, Thétis l'a averti à plusieurs reprises[81] qu'il mourrait jeune, précisant même qu'« Apollon le tuerait de ses flèches rapides / lorsqu'[il] serai[t] sous les murs des Troyens belliqueux »[82]. Enfin, Hector expirant a prédit la mort de son adversaire, tué par Pâris et Apollon, près des Portes Scées[83].
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Plusieurs versions existent quant à sa mort. L'Éthiopide précise qu'il est tué par Pâris et Apollon, alors qu'il poursuit les Troyens sous les murailles de la ville[84]. Pindare laisse entendre que le dieu prend la forme du fils de Priam et tue Achille pour retarder la prise de Troie[85], comme il le fait déjà dans l'Iliade pour arrêter Patrocle dans son assaut[86]. L’Énéide est la première à indiquer explicitement que Pâris tire la flèche meurtrière, qui est guidée par Apollon[87].
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À ce stade, aucun texte n'évoque le fameux « talon d'Achille ». Le motif de l'endroit vulnérable apparaît pour la première fois chez Stace[88], un poète de la deuxième moitié du Ier siècle ; peu après, Hygin mentionne expressément la cheville, qu'Apollon transperce de sa flèche, comme son seul point vulnérable[89]. Toutefois, quatre vases de la période archaïque et du début de la période classique représentent soit Pâris décochant une flèche vers le bas du corps d'Achille (la cuisse, le tibia ou le pied), soit Achille mort, une flèche à travers le pied, ce qui tend à prouver que la tradition du « talon d'Achille » est ancienne[90]. Enfin, tous les auteurs[91] parlent bien de la cheville (talus en latin, σφυρόν / sphurón en grec ancien), mais le mot talus change ensuite de sens pour donner le « talon » français[92].
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Une autre tradition lie la mort d'Achille à son amour pour Polyxène, fille de Priam : le héros est tué alors qu'il négocie avec le roi troyen la main de sa fille dans le temple d'Apollon Thymbrien[93]. Dans une autre version, Achille s'éprend de Polyxène alors qu'elle accompagne son père venu réclamer la dépouille d'Hector ; Priam lui promet alors sa main sous réserve qu'il mette fin à la guerre — il s'agit en réalité d'une embuscade[94], puisque Pâris l'attend, l'arc à la main, tapi derrière une colonne du temple[95].
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Ses funérailles sont contées dans le chant XXIV de l'Odyssée par l'âme d'Agamemnon, ainsi que dans le livre III de La Suite d'Homère de Quintus de Smyrne. Ses cendres sont mêlées à celles de Patrocle et d'Antiloque dans une urne d'or. Il est enseveli, au milieu des pleurs et de gémissements, sur le rivage de l'Hellespont et ne connaît donc pas la victoire finale des Grecs.
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Homère, dans l’Odyssée, le représente régnant sur le pré de l'Asphodèle dans les Enfers grecs, mais peu satisfait par sa condition d'ombre.
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Dans l’Éthiopide, Thétis le représente après la mort comme vivant la vie idéale du guerrier, sur l'Île Blanche, au milieu de combats sans nombre et de festins éternels, marié à Médée, à Hélène, à Iphigénie ou encore à Polyxène. Pindare, dans ses Néméennes[96], évoque pour sa part une île « brillante » située dans le Pont-Euxin. Euripide reprend également cette version dans son Andromaque[97].
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Achille fait l'objet d'un culte héroïque dans plusieurs régions de la Méditerranée. Il est difficile de savoir comment le culte a pris son essor, car les cultes héroïques se focalisent généralement sur la tombe du héros. En l'espèce, les restes d'Achille sont supposés se trouver sur les rives de l'Hellespont, non loin de Troie : dans l’Iliade[98], Patrocle est enterré à cet endroit, et son fantôme demande à Achille que leurs cendres soient ensevelies au même endroit ; l'Odyssée précise qu'un grand tumulus, visible depuis la mer, est élevé par les Achéens[99]. Un culte y est attesté dès le Ve siècle av. J.-C.[100] et une ville, Achilléion, est fondée sur le site[101]. Les Thessaliens y effectuent un pèlerinage annuel[102], et les textes mentionnent que l'armée perse vient y vénérer Achille pendant les guerres médiques[103]. Alexandre le Grand s'y rendra également lors d'une visite souvent commentée[104] : il offre un sacrifice sur la tombe d'Achille tandis que son ami Héphestion sacrifie sur celle de Patrocle[105]. Plus tard, ce sera au tour de Caracalla de faire ce pèlerinage[106].
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Le culte d'Achille n'est pas cantonné à sa tombe : il est également vénéré à Érythrées (Anatolie), à Crotone, à Sparte et à Élis (Péloponnèse) ou encore à Astypalaia, une île des Cyclades[107]. Le culte pour lequel nous disposons du plus grand nombre de traces est celui de la région d'Olbia pontique, en mer Noire, qui a cours du VIe siècle av. J.-C. à la période romaine. Une série de stèles inscrites des IIe et IIIe siècles montre qu'Achille y est vénéré sous l'épiclèse de « Pontarque » (en grec, « maître du Pont »). Il est même l'une des principales divinités de la région pontique à l'époque romaine[108]. Un fragment d'Alcée, reprenant la phraséologie de ces inscriptions, évoque Achille régnant sur la Scythie[109]. Dans la même région, l'étroite péninsule de Tendra est appelée dans l'Antiquité la « piste de course d'Achille »[110],[111],[112]. Le nom s'explique probablement par des jeux athlétiques organisés en l'honneur du héros, attestés au Ier siècle apr. J.-C.[113] L'île de Leucé — actuelle île des Serpents — littéralement l'« île blanche » - au nord-ouest du Pont-Euxin, est le site de culte d'Achille le plus connu sous l'Antiquité. Elle abrite un temple et une statue de culte[114]. Le héros est réputé y habiter : il apparaît en vision aux marins qui approchent de l'île[115].
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Le culte d'Achille est souvent lié à la mer, association qui ne s'explique pas par les éléments de son mythe, mais seulement par sa filiation avec une Néréide ; il est ainsi vénéré conjointement avec Thétis à Érythrées[116]. Il est particulièrement populaire auprès des marins, qui sont à l'origine de la plupart des offrandes votives à Achille découvertes dans la région pontique[116].
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Dans les épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, Achille occupe une place importante. Il est principalement le héros de l’Iliade, qui est entièrement centrée sur sa colère contre Agamemnon et se termine par son exploit contre le Troyen Hector.
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L'helléniste américain Gregory Nagy considère que les épopées homériques sont entièrement construites autour d'un thème central créé non pas par un seul poète mais par une tradition poétique de longue durée[117]. Dans son livre Le meilleur des Achéens. La fabrique du héros dans la poésie grecque archaïque, il montre que l’Iliade a pour thème l'excellence d'Achille, qui est « le meilleur des Achéens » (aristos Akhaiôn)[118]. Durant toute l'épopée, Achille doit défendre ou réaffirmer ce statut, que ce soit au cours de son conflit contre Agamemnon ou au cours de rivalités ponctuelles, contre Ulysse au chant VIII[119] ou Énée au chant XIII[120].
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Achille est aussi le héros de l’Iliade qui est le plus confronté à la douleur et à la souffrance. Il est régulièrement montré en train de se lamenter ou de pleurer, que ce soit de dépit après l'affront que lui fait Agamemnon en lui prenant sa captive, ou bien de chagrin après la mort de Patrocle, ou encore par compassion lorsque Priam parvient à l'apitoyer à la fin de l'épopée[121]. Ce trait est développé chez Achille plus que chez les autres héros, mais il n'est nullement exceptionnel, car l'ensemble des héros de l’Iliade pleurent : leurs larmes font partie de la morale épique du poème, qu'il s'agisse d'exprimer le deuil après la perte d'un ami ou le dépit après un échec au combat[122]. En cela, le modèle de virilité de l’Iliade est très différent de celui mis en place par la suite dans la tragédie avec Eschyle à l'époque classique[123].
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L'écrivain italien Pietro Citati, dans La Pensée chatoyante, réfléchit sur la figure d'Achille dans l’Iliade. Bien que descendant de Pélée et de Thétis, Achille est soumis à une condition mortelle, mais Citati considère que la mènis d'Achille (sa colère) est un trait divin envoyé par Zeus qui le distingue de tous les autres héros. La mènis d'Achille est une colère divine, distincte de la mania qui est une colère humaine qui frappe les autres héros de l'épopée. Quand Agamemnon arrache Briséis à Achille, ce dernier est profondément blessé, il lui semble qu’il perd son honneur héroïque. Dès lors peu importent à Achille les présents qu’envoie Agamemnon : ce dernier ne fait au contraire qu'exciter sa colère en prétendant apaiser sa colère divine par de simples objets humains. Ainsi, selon Citati, l'Achille de l’Iliade est un personnage ambigu, car libre de respecter tour à tour les codes et rites des héros et les mœurs humaines. Cette liberté l'oblige à n'appartenir à aucune des factions, ce qui lui donne une place à part dans l'œuvre d'Homère[124].
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Achille et Ulysse, héros respectifs de l’Iliade et de l’Odyssée, diffèrent voire s'opposent à bien des égards, comme le montre notamment l'helléniste française Suzanne Saïd[125]. L'Achille de l’Iliade est un héros solitaire qui est davantage lié à Patrocle et à ses guerriers les Myrmidons qu'à sa propre famille, tandis qu'Ulysse est étroitement attaché à Ithaque, son île natale. Achille est prêt à sacrifier sa vie au combat pour se couvrir de gloire alors qu'il aurait pu choisir de rentrer chez lui pour y vivre plus longtemps, mais sans gloire (Iliade, IX, v. 410-416) ; Ulysse, en revanche, cherche par-dessus tout à survivre afin de retrouver son épouse Pénélope et son fils Télémaque. Le caractère et les tactiques des deux héros s'opposent diamétralement. Achille ne supporte pas la duplicité et le mensonge : il « hait autant que les portes de l'Hadès celui qui cache une chose dans ses entrailles, mais en dit une autre » (Iliade, IX, v. 312-313), tandis qu'Ulysse recourt constamment au mensonge et à la ruse[126]. Achille peine à maîtriser ses pulsions, notamment sa colère, tandis qu'Ulysse sait se maîtriser et prendre le temps de planifier ses actes afin de mieux parvenir à ses fins[127].
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L’Odyssée montre plus rarement Achille, puisque ce dernier est mort pendant la guerre de Troie bien avant le début des événements du retour d'Ulysse. Achille n'apparaît qu'au chant XI sous la forme d'une ombre et s'entretient avec Ulysse. À Ulysse qui le félicite de régner parmi les morts, il répond :
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« Ne cherche pas à m'adoucir la mort, ô noble Ulysse !
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J'aimerais mieux être sur terre domestique d'un paysan,
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Fût-il sans patrimoine et presque sans ressources,
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Que de régner ici parmi ces ombres consumées[128]. »
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Cette scène de l’Odyssée montre une conception du monde de l'héroïsme nettement différente de celle qui était mise en valeur dans l’Iliade. Alors que, dans l'Iliade, Achille était extrêmement attaché à son statut social privilégié et prêt à mourir pour se couvrir de gloire, son fantôme affirme dans l’Odyssée la supériorité des vivants, même les plus misérables, sur les morts, si glorieux soient-ils[129].
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Achille joue aussi un rôle important dans d'autres épopées grecques antiques, à commencer par les autres épopées formant le Cycle troyen qui relatait la guerre de Troie de ses origines jusqu'à ses conséquences lointaines. On peut citer la Memnonide et l’Éthiopide d'Arctinos de Milet, la première ayant influencé la seconde, toutes deux relatant le combat victorieux d'Achille contre le héros Memnon pour venger son ami Antiloque, thème très comparable au combat contre Hector pour venger Patrocle.
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Au IIIe siècle apr. J.-C., Quintus de Smyrne compose une épopée appelée la Suite d'Homère couvrant tous les événements situés entre la fin de l’Iliade et la fin de la guerre de Troie en puisant dans la matière des épopées plus anciennes du cycle troyen. L'épopée relate ainsi à son tour les derniers exploits d'Achille, sa mort et ses funérailles.
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Au IIe siècle apr. J.-C. est composée une Éphéméride de la guerre de Troie (faussement attribuée à l'un des héros achéens de la guerre de Troie, Dictys de Crète) qui couvre l'ensemble des événements de la guerre dans une version qui diverge souvent de celle des épopées homériques. La traduction latine du texte connaît par la suite une postérité importante au Moyen Âge, où il constitue l'une des sources principales des auteurs médiévaux qui relatent les exploits et les relations amoureuses d'Achille (en particulier ses amours avec Polyxène) : le texte influence notamment Benoît de Sainte-Maure[130]. La version de la guerre relatée par l’Éphéméride est favorable aux Grecs et dépeint les Troyens sous un jour négatif. Ainsi, dans cette version, Pâris tue Achille non pas en duel, mais par traîtrise et dans un temple, ce qui constitue un sacrilège[131].
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Pindare fait régulièrement allusion aux exploits d'Achille dans ses épinicies afin de glorifier les athlètes vainqueurs aux épreuves sportives en les comparant au héros. Pindare termine ainsi la huitième Pythique sur le nom d'Achille : il recommande Égine, la cité dont vient Aristomène, l'athlète vainqueur qu'il chante, à la protection du dieu Zeus et des héros Éaque, Pélée, Télamon et Achille[132]. Dans la huitième Isthmique, il raconte la rivalité entre les dieux Zeus et Poséidon pour la main de la nymphe Thétis et la prophétie funeste de Thémis qui conduit les dieux à donner Thétis en mariage au mortel Pélée, puis la naissance et l'enfance d'Achille. Dans la troisième Néméenne, Pindare évoque en quelques vers l'enfance d'Achille pendant son séjour chez les centaures Chiron et Philyra et les exploits qu'il accomplit à la chasse[133]. Dans la sixième Néméenne, il fait allusion à la victoire d'Achille sur Memnon[134].
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Achille a été mis en scène plusieurs fois dans le théâtre grec antique, mais une partie des pièces où il apparaissait sont perdues. Il n'apparaît pas dans les tragédies conservées d'Eschyle et de Sophocle, mais on sait que ces auteurs lui avaient consacré des pièces. Eschyle avait composé une trilogie tragique dont Achille était l'un des personnages principaux et dont les trois pièces sont connues par des allusions et par des fragments. Ces trois pièces s'intitulaient Les Myrmidons, Les Néréides et Les Phrygiens. Leur intrigue, quoique mal connue, reprenait dans les grandes lignes plusieurs des péripéties principales de l’Iliade, tout en adaptant le sujet de façon à y insuffler les interrogations propres à la démocratie athénienne de l'époque d'Eschyle[135]. Les Myrmidons (fr. 134a-136R) sont la première source connue à attester sans aucune ambiguïté une relation amoureuse entre Achille et Patrocle : on y voit notamment Achille pleurer sur le corps de son ami, évoquer la beauté de ses cuisses et regretter les baisers qu'ils s'échangeaient[136].
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De Sophocle, on connaît l'existence d'une tragédie titrée Les Amants d'Achille (Achilleos erastai), connue par des fragments[137].
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Dans les tragédies conservées d'Euripide, Achille est l'un des principaux personnages d’Iphigénie à Aulis : lorsqu'Agamemnon, sur ordre d'un oracle, accepte de sacrifier sa propre fille Iphigénie afin que la flotte grecque puisse quitter Aulis, il fait croire à sa femme Clytemnestre qu'il s'apprête à marier Iphigénie à Achille, mais il ne s'agit que d'un mensonge afin de les faire venir à Aulis. En discutant avec Clytemnestre, Achille apprend la ruse : indigné, il prend le parti d'Iphigénie et se dit prêt à la défendre contre Agamemnon, mais le sacrifice volontaire d'Iphigénie met fin aux tensions naissantes entre les deux héros.
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Des références à Achille apparaissent aussi dans les textes philosophiques grecs. Ainsi par exemple, dans l’Hippias mineur de Platon, Socrate s'attache à relativiser la droiture morale (faute d'une envergure intellectuelle suffisante, Achille n'aurait pas été capable de tromper autrui) à l'aide d'une comparaison entre Ulysse et Achille, en s'attachant à démontrer que si Ulysse était trompeur, Achille ne l'était pas moins, mais seulement moins habilement.
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Au Ve siècle av. J.-C., le philosophe sceptique Zénon d'Élée élabore quatre paradoxes qui prouvent l'impossibilité de tout mouvement et qui nous sont connus par les développements que leur consacre Aristote dans la Physique quelques décennies plus tard. L'un de ces paradoxes est appelé « l'Achille », car Achille était connu pour sa rapidité. Zénon montre qu'en théorie une personne rapide est incapable de rattraper une personne lente à la course, car le poursuivant devra toujours commencer par atteindre le point d'où la personne poursuivie est partie, de sorte que la personne poursuivie gardera toujours une avance. Le paradoxe repose sur l'existence de divisions servant d'unités de grandeur afin de donner l'illusion qu'une distance donnée est impossible à parcourir en la divisant à l'infini en distances plus petites[138]. Par la suite, le paradoxe prend le nom de paradoxe d'Achille et de la tortue, Achille tentant de rattraper une tortue (la tortue n'est pas mentionnée par Aristote).
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Dans la céramique grecque antique, Achille apparaît régulièrement sur les scènes de vases peints à sujets mythologiques. Certaines scènes correspondent à des épisodes également évoqués par la littérature, d'autres montrent des scènes inconnues par ailleurs.
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Certains vases reprennent directement des épisodes de l’Iliade. L'ambassade envoyée par Agamemnon à Achille au chant IX pour tenter de négocier son retour au combat est représentée par exemple sur un vase attique à figures rouges du Peintre de Tarquinia datant d'environ 480-470 av. J.-C. et conservé au Musée du Louvre (G264) : Ulysse et Phénix, le précepteur humain d'Achille, tentent de raisonner le héros tandis que le dieu Hermès assiste à la scène[139]. Le don de nouvelles armes à Achille est représenté sur une péliké attique à figures rouges d'environ 470 av. J.-C. : Thétis console Achille affligé par la mort de Patrocle tandis que, sur la droite, les Néréides apportent les nouvelles armes forgées par Héphaïstos (British Museum, Vases E363)[140]. Les derniers chants impliquant la mort d'Hector inspirent également les peintres de vases. Une coupe attique à figures rouges du peintre de Macron peinte dans les années 490-480 av. J.-C. (Musée du Louvre, G153) montre Achille sur son lit de repos tandis que le corps d'Hector est étendu à ses pieds. Un kylix attique à figures rouges du peintre de Briséis peint vers 480 av. J.-C. (conservé au British Museum, catégorie Vases E75) montre Priam en négociations avec un jeune homme (sans doute un serviteur d'Achille ou Hermès déguisé) pour négocier la restitution du corps de son fils.
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Plusieurs autres épisodes du cycle troyen impliquant Achille se retrouvent sur les vases grecs. Quelques-uns montrent Achille enfant en compagnie du centaure Chiron, son précepteur. Un vase attique à figures noires conservé au Musée archéologique national d'Athènes (sous le no 1150) montre ainsi Pélée en train de confier Achille à Chiron. Un lécythe à fond blanc et à figures noires datant d'environ 500 av. J.-C., conservé au Musée archéologique régional de Palerme (no 2024), montre Achille et Chiron seuls. D'autres vases montrent des combats d'Achille figurant dans des épopées perdues du cycle troyen : Achille contre Penthésilée (par exemple sur une amphore attique à figures noires d'Exékias, conservée au British Museum, catégories Vases, B209)[141], Achille contre Memnon (par exemple sur une amphore attique à figures noires d'environ 510 av. J.-C. conservée au Staatliche Antikensammlungen de Berlin, no 1410 = J328)[142].
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Un épisode souvent représenté et sur lequel on est assez mal renseigné en dehors des peintures de vases est l'embuscade tendue par Achille au guerrier troyen Troïlos au moment où ce dernier abreuve ses chevaux à une fontaine[143]. La plus ancienne représentation de l'épisode attestée à coup sûr remonte à 650 av. J.-C. avec un aryballe protcorinthien conservé au British Museum (collection Kanellopoulos, no 1319) : il montre une poursuite entre Achille et Troïlos (identifiés par des inscriptions sur le vase), Achille étant à pied tandis que Troïlos s'enfuit à cheval et est armé d'une lance ou d'une épée. L'épisode apparaît également sur de nombreux vases attiques à partir de 575 av. J.-C. environ. Les scènes peuvent représenter des moments variables du combat : Achille en embuscade, Achille poursuivant Troïlos, Achille désarçonnant Troïlos, ou encore Achille en train de décapiter le Troyen ou bien de le tuer près d'un autel[143],[144].
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Parmi les épisodes du cycle troyen les plus fréquemment représentés figurent la mort d'Achille et ses suites immédiates. Cette série d'épisodes donne lieu à plusieurs types de scènes. Une hydrie corinthienne conservée au musée du Louvre (Louvre E643) montre Thétis et les Néréides en deuil autour du corps d'Achille défunt[145]. Dès le VIIe siècle av. J.-C., de nombreux vases représentent le transport du corps d'Achille hors du champ de bataille après sa mort devant Troie. Sur les vases du VIIe siècle, le cadavre d'Achille est représenté comme plus grand que la normale, sans doute pour signaler sa valeur exceptionnelle par rapport aux autres guerriers (aucune source n'indique qu'Achille aurait été gigantesque par rapport aux autres héros achéens) ; à partir du siècle suivant, il est peint avec la taille habituelle d'un corps humain. La scène figure notamment sur les deux anses vase François (Florence 4209) puis sur un vase d'Exékias (Munich 1470). Lorsque les personnages sont nommés (à l'aide d'inscriptions), c'est toujours Ajax qui porte Achille[146].
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Un kylix attique à figures rouges attribué au peintre de Sosias et conservé à Berlin (Berlin F2278) montre Achille en train de panser une blessure de Patrocle. La moitié gauche de la scène est occupée par Patrocle, assis face aux spectateurs mais détournant la tête vers la gauche, la tête baissée, la jambe droite repliée devant lui, l'autre étendue vers la droite derrière Achille. Achille occupe la moitié droite de la scène : il est accroupi tourné vers Patrocle, le genou gauche posé à terre. Patrocle tend son bras gauche, blessé, à Achille qui est occupé à lui nouer un bandage blanc avec les deux mains. Patrocle, de la main droite, soutient son bras blessé. Les deux guerriers sont vêtus de cuirasses de mailles fines et de pagnes courts. La seule arme visible est le carquois que Patrocle porte dans le dos et qui dépasse par-dessus son épaule gauche. Achille porte un casque à panache et est imberbe. Patrocle porte un bonnet et il arbore une moustache et une courte barbe. Les deux héros portent des favoris. Le sexe de Patrocle, au repos, dépasse de sous sa tunique relevée. Les deux guerriers se tiennent sur un sol renflé par une élévation arrondie. Sur la gauche, devant Patrocle, une flèche est plantée dans le sol en biais, certainement la flèche qui a blessé Patrocle et qu'Achille a retirée. Sous le sol, le demi-cercle restant entre la ligne horizontal du sol et la courbe du bord de la coupe est remplie par un motif végétal stylisé.
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La question de savoir si ce vase montre Achille et Patrocle en tant que couple amoureux ou bien en tant que simples compagnons d'armes prête à discussion[147]. La scène ne reprend aucun des codes visuels habituels des scènes de pédérastie idéalisée représentées sur de nombreux autres vases à la même époque ; le seul détail du sexe visible de Patrocle n'est pas décisif, car les vases grecs laissent régulièrement le sexe visible sur des scènes de vases dans des situations où il devrait probablement être couvert, sans que ce soit un signe nécessairement érotique[147]. Cependant, la tendance majoritaire des sources post-homériques à décrire le couple formé par Achille et Patrocle comme un couple amoureux rend probable que cette scène d'intimité entre les deux héros est de nature érotique. Un détail va en ce sens : le soin apporté à représenter la différence d'âge (avec un Achille imberbe, donc conventionnellement plus jeune, et la courte barbe de Patrocle, peut-être une façon de représenter une barbe récente). En effet, ce détail est cohérent avec des évocations écrites du couple, notamment chez Platon (Banquet, 180a) où le personnage de Phèdre indique que Patrocle était plus âgé qu'Achille et était donc l'éraste[147].
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Un épisode qui ne figure pas dans les sources écrites et n'est connu que par les arts figurés, mais que l'on trouve sur de très nombreux vases grecs (plus de 125 en tout), est celui où Achille joue avec Ajax autour d'une table[148]. Sur ces vases, Achille et Ajax, vêtus de leur équipement guerrier et assis à une table l'un en face de l'autre, sont montrés en train de jouer aux dés ou aux dames dans le campement achéen pendant la guerre de Troie. La scène apparaît à partir des années 550 av. J.-C. sur une coupe attique à figures noires conservée aux Musées du Vatican (no 343). On le trouve aussi notamment sur une amphore d'Exékias, également conservée au Vatican (sous le no 344), qui porte des inscriptions nommant les deux héros. La scène se retrouve aussi sur des reliefs de brassards de boucliers d'Olympie (B4810) et elle semble avoir également été représentée par un groupe sculpté qui se trouvait sur l'Acropole. À partir des années 250 av. J.-C., de nouvelles variantes de détail apparaissent : la déesse Athéna assiste parfois à la partie, debout entre les deux guerriers, et ces derniers jouent parfois avec des osselets et non des pions.
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Ovide, dans ses Héroïdes, imagine une lettre écrite par Briséis à Achille juste après que la captive a été enlevée par Agamemnon.
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Dans le courant du Ier siècle, Stace entreprend la composition d'une épopée consacrée à la vie d'Achille, l’Achilléide. Mais il la laisse inachevée après en avoir composé les deux premiers chants.
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Vers la fin de l'Antiquité, autour du Ve siècle apr. J.-C., est composée l’Histoire de la destruction de Troie fictivement attribué par son auteur à Darès le Phrygien, l'un des héros troyens de la guerre. Ce texte, qui présente des variantes notables par rapport aux épopées homériques, devient au Moyen Âge l'une des sources importantes des écrivains qui évoquent la guerre de Troie (à l'instar de l’Éphéméride de la guerre de Troie).
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Pendant la période du Bas-Empire romain, Achille connaît un regain de popularité dans les arts figurés, qui mettent en avant plusieurs épisodes de son mythe[149]. Pendant cette période, on commence à trouver des représentations de la naissance du héros, sujet qui n'était pas représenté aux époques antérieures[150].
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Achille joue souvent un rôle important dans les réécritures et adaptations épiques du cycle troyen après l'Antiquité. Au XIIe siècle, Benoît de Sainte-Maure compose un Roman de Troie où il couvre l'ensemble des événements de la guerre, depuis ses origines très lointaines (il remonte jusqu'à l'expédition des Argonautes) jusqu'à la mort d'Ulysse. Son récit de la guerre valorise les héros troyens au détriment des Achéens et notamment d'Achille, qu'il montre globalement sous un jour méprisable. Benoît de Sainte-Maure augmente aussi la part des intrigues amoureuses ; Achille meurt victime de son amour pour Polyxène. Ces modifications s'inscrivent dans les tendances générales des récits de la guerre de Troie à son époque[151].
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Dans l'empire byzantin, Achille fait l'objet d'un roman épique écrit au XIVe ou au XVe siècle : l’Achilléide byzantine. Les trois versions connues de ce roman transposent la vie et les exploits d'Achille dans un univers de chevalerie qui n'a plus rien de commun avec l'Antiquité et dans lequel Achille se rapproche davantage du héros byzantin Digénis Akritas[152].
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Au début du XVIe siècle, Machiavel, dans Le Prince, au chapitre XVIII, utilise Achille comme image d'un homme ayant eu du succès grâce à la maîtrise des lois, propres à l'homme, mais aussi de la force, propre à la bête[153].
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Le théâtre de la Renaissance puise à son tour dans les sujets mythologiques. En France, Nicolas Filleul compose ainsi une tragédie en cinq actes intitulée Achille qui est créée en 1563. En 1579, La Troade, tragédie en cinq actes de Robert Garnier, voit intervenir le fantôme d'Achille qui réclame qu'on lui sacrifie la captive troyenne Polyxène. Cette dernière, contre toute attente, se résigne à son sort.
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Au XVIIe siècle, plusieurs tragédies sont consacrées à Achille en France : La Mort d'Achille de Hardy (créée autour de 1607, imprimée en 1625), La Mort d’Achille de Benserade (en 1636), La Mort d’Achille de Thomas Corneille (en 1673). Les évocations d'Achille chez les poètes français dès le début du XVIIe siècle, et ses évocations au théâtre dans la seconde moitié du siècle, montrent une tendance croissante à représenter Achille comme un héros beau, aimant et attentionné, en un écart croissant par rapport au caractère colérique et belliqueux de l'Achille homérique[154]. Cette tendance s'explique par le raffinement croissant des mœurs dans la société de cour française à l'époque, qui rend les lecteurs davantage critiques envers la brutalité d'Achille[154]. Vers la fin du siècle, en 1674, Achille fait partie des personnages d’Iphigénie, fameuse tragédie de Jean Racine inspirée de la tragédie Iphigénie à Aulis d'Euripide. Chez Racine comme chez Euripide, Achille se comporte en amoureux fidèle, mais il ne joue qu'un rôle secondaire dans l'intrigue de la pièce.
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Au début du même siècle, en Angleterre, Shakespeare donne un portrait très différent d'Achille dans Troïlus et Cressida (publiée en 1609), où le héros ne joue là aussi qu'un rôle secondaire : Achille est un guerrier brutal et peu raffiné, qui fait massacrer Hector par ses Myrmidons alors que le Troyen est désarmé.
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En 1805, Jean-Charles-Julien Luce de Lancival publie Achille à Scyros, poème en six chants, pour ordonner et compléter l’Achilléide de Stace qu'il a traduit.
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Le XXe siècle voit de nombreuses réécritures des épopées homériques et une multitude d'œuvres inspirées de près ou de loin par la guerre de Troie.
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Dans son recueil Feux publié en 1936, l'écrivaine française Marguerite Yourcenar met en scène plusieurs figures de l'Antiquité grecque dans des poèmes en prose. Elle met en scène Achille dans deux d'entre eux : « Achille ou le mensonge », qui donne une variante du séjour d'Achille à Scyros, et « Patrocle ou le destin », qui évoque le duel entre l'Amazone Penthésilée et un Achille obsédé par le deuil de Patrocle. Dans une préface rédigée en 1967 pour une réédition[155], elle indique à propos de ces textes : « Achille et Patrocle sont vus moins d'après Homère que d'après les poètes, les peintres et les sculpteurs qui s'échelonnent entre l'antiquité homérique et nous ; ces deux récits bariolés çà et là des couleurs du XXe siècle débouchent d'ailleurs dans un monde onirique sans âge ».
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Le roman Le Chant d'Achille (The Song of Achilles) de l'écrivaine britannique Madeline Miller, paru en 2011, décrit la relation amoureuse entre Achille et Patrocle depuis l'enfance des héros jusqu'aux événements de l’Iliade (le roman a remporté le Baileys Women Prize for Fiction l'année suivante).
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La musique classique puise régulièrement dans les sujets mythologiques. Achille apparaît donc régulièrement dans les œuvres musicales prenant pour sujet la guerre de Troie. Au XVIIe siècle, le compositeur français Jean-Baptiste Lully commence à composer une tragédie lyrique Achille et Polyxène prenant pour sujet les amours entre Achille et la princesse troyenne Polyxène. Il meurt en laissant l'œuvre inachevée, n'ayant eu le temps de composer que le prologue et le premier acte. La suite fut terminée par son assistant Pascal Collasse. En 1733 est créé l'opéra-ballade Achille composé par John Gay, qui parodie le séjour d'Achille à Skyros. En 1774, le compositeur allemand Gluck crée une Iphigénie en Aulide, opéra en trois actes librement adapté de la pièce d'Euripide Iphigénie à Aulis. Achille est le fiancé aimant et fidèle d'Iphigénie.
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Le sujet suscite des parodies. Dans son opéra-bouffe La Belle Hélène, créé en 1864, Offenbach parodie le mythe de la guerre de Troie et fait d'Achille un guerrier pas très malin[156], le « bouillant Achille ». Achille a par ailleurs un rôle mineur dans l'intrigue, centrée sur le triangle amoureux formé par Ménélas, Hélène et Pâris.
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D'autres courants musicaux s'emparent eux aussi du sujet à l'occasion. Ainsi le groupe de rock britannique Led Zeppelin inclut dans son album Presence, en 1976, une chanson intitulée Achilles Last Stand. La référence reste cantonnée au titre, car les paroles évoquent simplement un voyage lointain.
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En 1992, le groupe de heavy metal Manowar écrit et chante une chanson inspirée de l'épopée d'Achille, “Achilles, Agony and Ecstasy in eight Parts” dans l'album The Triumph of Steel. Le morceau, qui dure plus de 28 minutes, est divisé en huit parties qui relatent les événements de la fin de l’Iliade.
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Le rappeur Akhenaton (du groupe de rap français IAM) inclut sur son quatrième album Soldats de fortune, paru en 2006, une chanson intitulée Troie relatant sur le mode épique « l'éternel combat opposant les Troyens de la variété et les Spartiates, valeureux guerriers du sens ayant comme seules armes la puissance de leur son et leurs âmes ». Les paroles font notamment référence à « Achille, le guerrier triste »[157].
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La peinture de la Renaissance représente fréquemment des sujets empruntés à la mythologie gréco-romaine et notamment à la guerre de Troie. De ce fait, Achille y est régulièrement représenté.
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Au XIXe siècle, la peinture d'histoire et le romantisme continuent à puiser parfois leurs sujets dans la mythologie. Ainsi le peintre français Jacques-Louis David peint-il en 1819 un tableau La Colère d'Achille directement inspiré par l’Iliade. La peinture académique représente aussi Achille avec La Colère d'Achille du peintre français François-Léon Benouville en 1847. En 1862, le peintre Eugène Delacroix réalise un pastel intitulé L'Éducation d'Achille montrant le centaure Chiron en train de galoper et de tirer à l'arc dans un paysage de collines, pendant que le jeune Achille, assis sur son dos, tire lui aussi à l'arc en suivant son exemple.
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En 1962, Cy Twombly peint Achilles Mourning the Death of Patroclus.
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Au XXIe siècle, les artistes Pierre et Gilles créent une œuvre elle aussi intitulée La Colère d'Achille (2011), à partir d'une photo de l'acteur Staiv Gentis. Cette toile est exposée au Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse dans le cadre de l'exposition Age of Classics ! L'Antiquité dans la culture pop[réf. nécessaire].
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Comme tous les héros principaux de la guerre de Troie, Achille apparaît régulièrement au cinéma dans les péplums qui s'emparent du sujet. Les péplums sur la guerre de Troie sont extrêmement nombreux : plus de 120 films, cinéma et télévision confondus, entre 1902 et 2009[158]. On ne peut citer que quelques exemples avec leurs partis pris concernant Achille. Helena, der Unterganga Trojas, film allemand en deux parties de Manfred Noa sorti en 1924, est centré sur Hélène, dont Achille et le Troyen Hector sont tous deux secrètement amoureux ; par la suite, Pâris tue Achille d'une flèche à un moment où le héros se trouve désarmé, ce qui ne lui vaut que le mépris d'Hélène[159]. En 1955, le téléfilm américain The Iliad de William Spier Prod. confie le rôle d'Achille à Paul Sparer[160]. En 1956 sort le film américano-italien Hélène de Troie de Robert Wise, où Achille est joué par Stanley Baker et dépeint comme un guerrier vaniteux et sadique entièrement à la coupe d'Agamemnon et de Ménélas, dans un film où les Achéens sont présentés comme des brigands belliqueux tandis que les Troyens cherchent la paix[161]. En 1962, dans le film franco-italien La Guerre de Troie réalisé par Giorgio Ferroni, le héros est incarné par Arturo Dominici, mais c'est le héros troyen Énée qui est surtout mis en valeur. En 2003, le téléfilm américain Hélène de Troie, centré comme son titre l'indique sur Hélène et Pâris, montre un Achille chauve et invulnérable qui combat sans besoin d'armure ; il est de caractère brutal et entièrement dévoué à Ménélas et Agamemnon. Dans cette version, ce n'est pas Priam en personne qui va réclamer le corps d'Hector mort à Achille dans le campement achéen, mais Hélène ; Pâris la suit secrètement et tue Achille d'une flèche au talon[162].
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Certains de ces péplums accordent une place privilégiée à Achille dans leur scénario. C'est le cas du film italien La Colère d'Achille (L'Ira di Achille) réalisé par Marino Girolami en 1962[163], Achille y est incarné par Gordon Mitchell. Le film se concentre sur l'épisode de la colère d'Achille relaté par l’Iliade : il commence avec la capture de Briséis et se termine lorsqu'Achille restitue le corps d'Hector à Priam ; le film ajoute que cet acte généreux d'Achille lui vaut l'immortalité[164]. En 2004, la grosse production hollywoodienne Troie de Wolfgang Petersen, où le héros est incarné par Brad Pitt, donne à son tour la première place à Achille. Dans Troie, Patrocle est un jeune cousin d'Achille et son disciple, mais pas son amant. Contrairement à ce qui se produit dans le cycle troyen, Achille survit jusqu'au moment de la ruse du cheval de Troie et participe à la prise de la ville : c'est à ce moment qu'il est tué par une flèche de Pâris[165].
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En 1995, le court métrage d'animation britannique Achilles, réalisé par Barry Purves, raconte la vie du héros, en mettant en avant sa relation amoureuse avec Patrocle, dans un univers visuel inspiré par les arts grecs antiques[166].
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Achille apparaît également à la télévision dans The Myth Makers (littéralement Les Faiseurs de mythes), un épisode de la série de science-fiction britannique Doctor Who diffusé en quatre parties en octobre et novembre 1965. Le Docteur, un extra-terrestre à apparence humaine capable de voyager dans le temps à bord de son vaisseau, vient en aide à Achille afin de l'aider à tuer Hector et se fait prendre pour Zeus. C'est également le Docteur qui imagine la ruse du cheval de Troie. Au cours de l'épisode, Achille est tué par un héros troyen, Troïlus (l'épisode s'inspire librement de la pièce de Shakespeare Troïlus et Cressida, dans laquelle c'est Troïlus qui est tué par Achille)[167].
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Achille est un personnage important de la série Troie : La Chute d'une cité diffusée en 2018 sur la BBC et sur Netflix et librement inspirée du mythe de la guerre de Troie. Le personnage y est joué par David Gyasi[168].
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L’Achilleion de Corfou est un palais de l'impératrice Élisabeth d’Autriche-Hongrie (plus connue sous le nom de Sissi) construit en l'honneur du héros mythologique en 1890 et situé dans le dème d'Achilleio[169].
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En botanique, le héros a donné son nom à l'achillée, plante herbacée qui, dans l'une des variantes du court récit mentionné par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle, lui aurait permis de guérir Télèphe après l'avoir blessé de sa lance[170]. De là provient, après l'Antiquité, le nom scientifique du genre Achillea regroupant des plantes de la famille des Astéracées.
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En anatomie humaine, le mythe d'Achille est à l'origine de l'expression « tendon d'Achille », qui désigne couramment le tendon calcanéen, dont la rupture est douloureuse et invalidante.
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Le héros fait également l'objet d'une référence en astronomie : au début du XXe siècle, son nom a été donné à l'astéroïde (588) Achille. Ce corps céleste fait partie des astéroïdes troyens de Jupiter, dont quinze ont reçu des noms de figures de la guerre de Troie, troyennes mais aussi grecques[171].
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Une année est, à l'origine, une unité de temps mesurant des phénomènes liés à une révolution complète de la Terre autour du Soleil.
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L’année-lumière (symbole « al »), est une unité de longueur égale à la distance parcourue à la vitesse de la lumière dans le vide pendant une année julienne, soit exactement 9 460 730 472 580 800 mètres (environ 1016 m).
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En milieu tempéré, une année est rythmée sur sa durée par 4 saisons : l'hiver (du 21 décembre au 20 mars), le printemps (du 21 mars au 20 juin), l'été (du 21 juin au 20 septembre) l'automne (du 21 septembre au 20 décembre). Les changements de saisons correspondent aux solstices et aux équinoxes qui varient selon la position de la Terre sur son axe.
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En zone intertropicale, les saisons étant essentiellement déterminées par l'abondance des précipitations, on parle de saison sèche et de saison des pluies.
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Dans la culture populaire, la nouvelle année est l'occasion de prendre des bonnes résolutions.
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L'Homme de Néandertal, ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans[1],[2],[3]. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans[4],[1].
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Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d'Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd'hui considéré comme une espèce à part entière nommée Homo neanderthalensis.
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Particulièrement bien adapté à un environnement froid, l'Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l'Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d'encéphalisation légèrement moindre.
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Premier homme fossile identifié, contemporain d'Homo sapiens, l'Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à l'Homme moderne. Les progrès de l'archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d'un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.
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De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d'existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.
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Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes d'Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d'Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome[5]. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l'Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif[6].
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Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d'enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile[7].
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Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d'une petite vallée située sur le territoire des villes d'Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un instituteur d'Elberfeld passionné d'histoire naturelle.
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Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l'époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.
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Comme, à l'époque, le nom de la vallée s'écrivait encore Neanderthal, l'homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l'allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel[8].
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Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue »[9],[10].
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L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert avant l'Homme de Cro-Magnon (1868). L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.
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Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857[11]. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d'autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d'autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.
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Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d'abord celles de fossiles d'Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d'Arcy-sur-Cure en 1859[12]), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d'ossements d'animaux ou d'outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.
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Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell[13]. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !
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Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agissait d'une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[14]. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.
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Au début du XXe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d'une lecture littérale de la Bible[15]. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d'un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l'évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d'une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant[16],[17],[18].
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Le statut phylogénétique de l'homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l'espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c'est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l'âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d'autres pas. L'infertilité de la descendance prouve l'existence de deux espèces distinctes, mais l'inverse n'est pas vrai (s'il y a deux espèces, la descendance n'est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu'il existe une vingtaine de définitions de l'espèce, et que l'isolement reproductif n'est que l'une d'entre elles.
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Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d'Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d'une seule espèce d'homme n'a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.
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Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néandertal. Des analyses comparées d'ADN nucléaire, extrait d'ossements de Néandertaliens et d'Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus[19].
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Des analyses comparées d'ADN mitochondrial, publiées en 1997 puis en 2004, indiquaient une divergence des lignées modernes et néandertaliennes il y a environ 500 000 ans[20],[21], ce qui soutient l'idée de deux espèces différentes.
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Une analyse publiée en 2006[22],[23] d'une séquence d'ADN mitochondrial de la racine d'une molaire d'un enfant néandertalien, mise au jour dans la grotte Scladina à Sclayn (Belgique) et datant de 100 000 ans, a révélé une grande distance génétique par rapport aux autres séquences connues de Néandertaliens, ce qui semblait montrer une grande diversité génétique de l'espèce à l'époque. Cette diversité semble s'être fortement réduite par la suite, comme le montrent les analyses faites sur les séquences connues entre −42 000 et −29 000 ans, au moment où Néandertal cohabitait avec l’Homo sapiens. Ce constat nourrit la thèse du déclin démographique de Néandertal sur cette période, déclin conduisant, par un phénomène de goulet d'étranglement de population, à la disparition progressive de certains génotypes, donc à l'appauvrissement génétique de l'espèce.
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En 2006, le Projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l'ADN nucléaire de l'homme de Néandertal, a été lancé par l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L'objectif était de connaitre l'étendue du lien de parenté avec l'homme moderne et d'évaluer l'interfécondité de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
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Le Projet génome de Néandertal a permis d'achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009. En 2010, des résultats basés sur l'analyse de 4 milliards de paires de bases d'ADN nucléaire, issus d'ossements fossiles de trois Néandertaliens, ont montré que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Homo sapiens eurasiatiques que de ceux d'Afrique subsaharienne[19]. Les auteurs en concluaient que les Néandertaliens auraient contribué à hauteur de 1 à 4 % (en moyenne 2,2 %) au génome des populations d'humains modernes non africaines[19].
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En 2012, une étude confirme que Néandertaliens et humains modernes se sont hybridés « quand les humains modernes, porteurs de technologies proches de celles du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens alors qu'ils quittaient l'Afrique »[24],[25].
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En 2016, une information nouvelle a contribué aux débats : alors que les séquençages précédents concernaient l'ADN autosomal (non sexuel), une première description d'un chromosome Y (et donc masculin) néandertalien (provenant de la grotte d'El Sidrón, Espagne, il y a 49 000 ans) a montré de grandes différences avec le chromosome Y humain actuel[26],[27]. Même si des Néandertaliens et des humains modernes se sont hybridés il y a quelque 55 000 ans, l'ADN du chromosome Y néandertalien ne semble pas avoir été transmis aux humains modernes[27]. Ceci va dans le sens d'études antérieures constatant que si les Asiatiques et les Européens actuels ont bien hérité de 1 % à 3 % de leur ADN de leurs ancêtres via des croisements avec des Néandertaliens, leurs chromosomes Y n'en portent pas de traces. Une hypothèse explicative serait que les deux taxons n'étaient pas entièrement compatibles : le sperme des hommes Néandertaliens pourrait avoir été non fécondant pour les femmes "modernes" de leur époque[28]. On a trouvé dans le chromosome Y néandertalien d'El Sidrón des mutations de trois gènes impliqués dans le système immunitaire, dont celui qui produit des antigènes pouvant provoquer une réponse immunitaire aboutissant à une fausse-couche chez les femmes enceintes[28]. Ainsi, même si des hommes néandertaliens et des femmes « modernes » se sont sexuellement unis par le passé, ils n'ont vraisemblablement pas pu obtenir de descendance mâle suffisamment abondante ou viable, ce qui aurait pu hâter « l'extinction » des néandertaliens.
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Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l'ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d'Homo sapiens, d'Homme de Néandertal et d'Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l'espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d'environ 450 000 ans[1]. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.
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En 2017, le génome d'une seconde néandertalienne provenant de la grotte de Vindija (Croatie) a été séquencé. L'étude a permis de préciser la proportion d'ADN néandertalien chez les Eurasiens (1,8 à 2,6 %) et confirme l'implication de ces gènes néandertaliens dans la résistance au froid et la sensibilité à certaines maladies[29],[30].
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En 2018, la reconstruction de l'histoire génétique des Néandertaliens tardifs se poursuit. Le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé)[31]. Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique[31]. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d'apport génétique des hommes modernes n'a pu être décelée[31].
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Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d'Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d'environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d'un Néandertal de l'Altai, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans[32]. Une autre étude identifie une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[33].
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Une nouvelle étude publiée en 2020 analyse l'évolution des chromosomes Y de Néandertaliens tardifs. Cette étude nous renseigne donc sur leurs lignées paternelles. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l'ADN autosomique. On identifie que les chromosomes Y des Denisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d'une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et modernes alors que l'on sait de ce sont les néandersoviens qui ont divergé de la lignée des humains modernes approximativement à cette date. Les lignées des humains néandertaliens et modernes se seraient alors séparées autour de 370 000 ans. De manière très insolite, on retrouve des résultats similaires avec l'ADN mitochondrial et donc la lignée maternelle, alors que les Néandertaliens anciens de Sima de los Huesos, âgés de 400 ka avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens tardifs, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée des humains modernes (Homo sapiens) et ceci seulement pour les pools de gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat révèle des hybridations anciennes avec des humains prémodernes[34].
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Certaines séquences d'ADN acquises auprès des Néandertaliens ont pu s'avérér bénéfiques, comme celles favorisant l'adaptation au climat froid ou résistance aux maladies. Elles ont été sélectionnées positivement alors que d'audres, délétères, ont été éliminées du génome humain par sélection négative. On trouve aujourd'hui dans le génome humain des allèles dérivés de Néandertaliens qui nous rendent à la fois sensibles ou résistants à certaines maladies[32].
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Parmi les gènes que les néandertaliens nous ont transmis, certains sont associés à des traits phénotypiques ou à des maladies. Ils affectent notamment[32] :
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Cela conforte l'idée « que l'ascendance néandertalienne influe sur le risque de maladie chez les humains actuels, en particulier en ce qui concerne les phénotypes neurologiques, psychiatriques, immunologiques et dermatologiques »[32].
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L'apparition de l'homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu'on choisit d'adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l'analyse d'ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d'avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l'appareil masticatoire[35],[36],[4],[1]. Les débats se poursuivent sur l'attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens[37], mais d'autres fossiles sont d'une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d'accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques[38].
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L'Homme de Néandertal est une espèce dont l'apparition et l'évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l'Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh[39]), du Liban (Ksar Akil) et d'Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l'est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'Altaï, jusqu'alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'Altaï est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l'Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu'en Chine[40],[41].
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Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L'effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l'ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes[42].
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Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d'années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d'Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.
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À partir de −700 000 ans, le peuplement de l'Europe se renouvelle avec probablement l'arrivée d'Homo heidelbergensis, porteur de l'industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L'une d'elles a évolué pour donner les Néandertaliens.
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Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).
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L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents[43].
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Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d'Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu'alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d'autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d'Europe ayant évolué vers les Néandertaliens[37].
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Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.
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Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d'environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l'Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014[44],[45].
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Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre - 250 000 et - 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans[46], les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.
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Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.
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Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie[47], de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.
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Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans[48],[49]), en Croatie (Vindija, −32 000 ans[50],[51]) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen[52],[53].
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Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu'à −28 000 ans, voire −24 000 ans[54],[55]. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par Joao Zilhão, de l'université de Bristol[56].
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En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d'il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l'homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci[57],[58]. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure[59]. Les auteurs considèrent qu'en l'absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l'hypothèse d'un rattachement de l'industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.
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Les Néandertaliens sont de corpulence souvent très massive et robuste : 90 kg et 1,65 m en moyenne pour les hommes et 70 kg et 1,55 m pour les femmes (des individus auraient atteint 1,90 m)[60]. L'ensemble de leur structure (os épais avec corticale développée) et leurs attaches musculaires laissent supposer une grande force physique. Les règles écologiques de Bergmann (corps plus massif qui réduit la déperdition de chaleur) et d'Allen (membres courts qui réduisent également cette déperdition) s'appliquent parfaitement aux néandertaliens dont l'anatomie est une adaptation aux climats froids[61].
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Les Néandertaliens présentent quelques caractères archaïques, hérités de leur prédécesseur (caractères plésiomorphes), ainsi que des caractères évolués (caractères apomorphes). Les caractères évolués peuvent être partagés avec les Homo sapiens (caractères synapomorphes) ou bien être des caractères dérivés spécifiques (caractères autapomorphes). Seuls ces derniers permettent d'identifier l'espèce lors de l'examen d'un fossile.
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Les traits spécifiques aux Néandertaliens ont souvent été présentés comme des adaptations au froid ; les membres courts et robustes des Néandertaliens trouvent des analogues modernes dans les populations vivant dans les régions proches du pôle. Des facteurs écologiques liés aux avancées glaciaires tels que l'isolement de populations et le faible brassage génétique ont pu favoriser la fixation rapide de ces traits.
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La rousseur des Néandertaliens a été évoquée à la suite de différentes études mais il semble s'agir de sur-interprétations de résultats scientifiques de la part des médias. Chez les humains, la rousseur est liée à une mutation du gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui régule la production de mélanine[64]. En 2000, une étude a montré que cette mutation pouvait exister depuis 100 000 ans[65]. Certains en ont conclu qu'elle pouvait être apparue chez les Néandertaliens qui l'auraient transmise aux hommes modernes[66], ce que nuancent les auteurs[67].
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En octobre 2007, un article de la revue Science présente les résultats d'une étude portant sur l'extraction d'ADN fossile de deux spécimens néandertaliens, l'un découvert en Italie (Monti Lessini), l'autre en Espagne (El Sidrón 1252)[68]. Les auteurs ont amplifié et séquencé un fragment du gène MC1R et ont mis en évidence chez les deux individus une mutation inconnue chez l'homme moderne. Toutefois, il est impossible de déterminer si cette mutation était présente sur les deux allèles et donc si elle affectait le phénotype des individus en question. Pour les auteurs, la présence de ces mutations permet d'estimer qu'un pour cent environ des Néandertaliens avait une pigmentation réduite se traduisant par une peau claire et des cheveux roux[69]. Bien que cette proportion soit très limitée, certains médias ont rapporté que les Néandertaliens étaient roux[70],[71].
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Alors que la plupart des musées présentent des reconstitutions de Néandertaliens avec des yeux bleus ou verts, un teint de peau clair et des cheveux roux correspondant à ce que l'on observe chez les populations modernes sous des latitudes équivalentes à celles de l'Europe, une étude génétique parue en 2012 portant sur les ossements de deux femmes néandertaliennes de Croatie suggère une peau au teint plus foncé, des yeux marron et des cheveux bruns[72].
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Les restes osseux de Néandertaliens, tant en Europe qu'en Asie occidentale, présentent parfois des anomalies qui renseignent sur les lésions organiques survenues de leur vivant et parfois responsables de leur décès. Ces anomalies peuvent être classées en quatre catégories principales[73] :
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Les Néandertaliens semblent avoir souffert fréquemment de fractures, en particulier au niveau des côtes (Shanidar IV, « vieillard » de La Chapelle-aux-Saints), du fémur (La Ferrassie 1), de la fibula (La Ferrassie 2 et Tabun 1), de la colonne vertébrale (Kébara 2[74]) et du crâne (Shanidar I, Krapina, Šaľa 1). Ces fractures sont souvent ressoudées et ne montrent pas ou peu de signes d'infection, ce qui suggère que les individus étaient pris en charge au cours de leur période d'invalidité.
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En relation avec des fractures, d'autres traces de traumatismes ont été signalées sur de nombreux squelettes de Néandertaliens. Ils semblent liés à des blessures perforantes, comme chez Shanidar III dont le poumon fut certainement perforé par une blessure entre les côtes 8 et 9. Il peut s'agir d'une attaque intentionnelle ou d'un accident de chasse, mais l'individu survécut à sa blessure durant quelques semaines avant d'être tué par la chute d'un bloc rocheux dans la grotte de Shanidar. D'autres traumatismes correspondent à des coups portés à la tête (Shanidar I et IV[75], Krapina[76]), tous consolidés.
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L'arthrite est particulièrement répandue chez les Néandertaliens les plus âgés. Elle concerne de façon spécifique les articulations comme les chevilles (Shanidar III), la colonne vertébrale et les hanches (« vieillard » de La Chapelle-aux-Saints[77],[78]), les bras (La Quina 5, Krapina, Feldhofer), les genoux, les doigts et les orteils, le tout en relation étroite avec les maladies articulaires dégénératives (arthrose), qui peuvent aller de la dégénérescence normale, liée à l’usure, jusqu’à la restriction des mouvements, douloureuse et handicapante, et à la déformation. C’est ce qu’on observe à des degrés divers sur les squelettes de Shanidar (I-IV).
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L'hypoplasie de l'émail dentaire est l'indicateur d'un stress survenu durant le développement des dents. Les striations et les cannelures de l'émail reflètent les périodes de pénurie alimentaire, les traumatismes ou les maladies. Une étude de 669 couronnes dentaires de Néandertaliens a montré des signes d'hypoplasie plus ou moins prononcés sur 75 % d'entre elles[79]. Les carences alimentaires en étaient la cause principale, pouvant aller jusqu'à entraîner la perte des dents. Les dents appartenant aux squelettes les plus âgés présentaient toutes une hypoplasie, particulièrement nette chez le « vieillard »[80] de La Chapelle-aux-Saints et l'individu 1 de La Ferrassie.
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On trouve occasionnellement sur des squelettes de Néandertaliens des lésions osseuses secondaires liées à une infection des tissus mous du voisinage. Shanidar I présente des traces manifestes de lésions dégénératives de même que La Ferrassie 1, où les lésions sur les deux fémurs, les tibias et les fibulas indiquent une infection systémique ou peut-être un cancer.
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L'aptitude physique à la parole et au langage des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent, en particulier, sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante[81],[82]. L'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à Kébara, sur le mont Carmel en Israël (60 000 ans A.P.) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 000 ans A.P.). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels[83],[84],[85]. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à Atapuerca en Espagne (430 000 ans A.P.) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des Homo sapiens[86].
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En outre, au delà de la présence ou non de l'os hyoïde, pour le préhistorien Jean-Paul Demoule, il existe plusieurs éléments permettant d'identifier dans la production d'objets des Homo-erectus tardifs et des premiers Néandertaliens les preuves de la présence d'un « proto-symbolisme » indice probable d'un prélude de langage se situant entre les sons signifiants des chimpanzés et le langage de l'homme moderne[87].
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Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un pharynx de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse[88],[89],[90], il semble que les arguments avancés par Lieberman ne soient plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs (cordes vocales, langue, mandibule, voile du palais, lèvres). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
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Une étude publiée en 2007[91] et portant sur l'analyse de l'ADN provenant des restes de deux Néandertaliens découverts à El Sidrón (Espagne) aurait permis d'y détecter la même version du gène FOXP2 (forkhead box P2) que celle présente chez les hommes modernes. Cela pourrait plaider en faveur de l'aptitude des Néandertaliens au langage puisqu'on estime que ce gène joue un rôle important dans le développement des parties du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé[92].
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Après avoir longtemps été considéré comme un être archaïque et encore proche de l'animalité, y compris par une partie de la communauté scientifique, l'Homme de Néandertal commence à apparaître comme un être doté de capacités intellectuelles et de traditions culturelles.
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Le tableau ci-dessous liste un certain nombre de comportements considérés comme modernes et courants chez Homo sapiens ainsi que la fréquence relative de leur mise en œuvre par Homo neanderthalensis[93] :
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L'homme de Néandertal est l'auteur d'un outillage complexe et élaboré, et notamment des industries du Moustérien. Ses méthodes de débitage apportent en outre la preuve de ses capacités d'abstraction et d'anticipation, en particulier en ce qui concerne le débitage Levallois. Les éclats obtenus par cette méthode ou par d'autres pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs ou les denticulés.
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Des preuves directes (traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine[94]) ou indirectes (répartition des traces d'utilisation) montrent que certains outils étaient utilisés emmanchés. Les manches eux-mêmes, réalisés en matériaux périssables, n'ont pas été conservés. En revanche, des conditions particulièrement favorables ont permis la conservation de quelques objets en bois. Le plus spectaculaire est sans conteste un fragment d'épieu en if fiché dans le thorax d'un éléphant (Elephas antiquus), mis au jour à Lehringen (Basse-Saxe). Dans le même site, daté de l'Eémien (130 000-115 000 ans avant le présent), ont été découverts des éclats Levallois ayant servi à découper de la peau et de la viande[95],[96].
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Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs du Châtelperronien, un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Ce faciès est caractérisé par des comportements longtemps considérés comme propres aux hommes modernes : débitage de lames, utilisation de parure, fabrication d'outils en os, etc.[97],[98].
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En 1981, l'archéologue Lewis Binford soutient une théorie selon laquelle les premiers hominidés (dont les Néandertaliens) jusqu'au Paléolithique moyen ne pratiquaient que la cueillette ou le charognage passif, seuls les hommes modernes pratiquant la chasse de grand gibier rapide[99]. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée.
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Rares sont les preuves directes de la pratique de chasse aux grands herbivores par les Néandertaliens telles que le fragment d'épieu en if de Lehringen et les lances de Schöningen à la pointe parfois durcie au feu[100] ou des pointes emmanchées en silex ou en os, parfois collées au bitume[94]. En revanche, les sites livrent des accumulations impressionnantes d'ossements de grands mammifères (bison à Coudoulous, Lot et à Mauran, Haute-Garonne ; saïga en Crimée ; bouquetin dans la grotte du Lazaret ; aurochs à La Borde, Lot ; cheval à Saint-Césaire, Charente-Maritime) ; elles sont interprétées comme le résultat de chasses saisonnières, parfois avec utilisation d'avens ou de fondrières comme pièges naturels (technique de « chasse à l'abîme »)[101]. De plus, les analyses biogéochimiques sur le collagène osseux des Néandertaliens et des mammifères associés[102] montrent une alimentation carnée proche de celle du loup, même en période tempérée. Chasseurs de grands mammifères, les Néandertaliens avaient des stratégies (communautés spécialisées dans la chasse de deux ou trois espèces, technique à l'approche ou à la poursuite de proies en fonction de l'âge et du sexe) qui attestent une parfaite connaissance de l'environnement et de l'éco-éthologie des animaux et un savoir-faire technique développé. Enfin les études anatomiques montrent leur adaptation à la chasse : ils étaient en effet trapus et musclés, et pesaient en moyenne 90 kg pour 1,65 m (hommes) et 70 kg pour 1,55 m (femmes)[103].
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La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs — hyène des cavernes, loup, lion des cavernes — ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) a également été évoquée, notamment pour les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux)[104],[105].
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Les analyses en paléogénétique réalisées en 2010 dans la grotte d'El Sidrón suggèrent que la société néandertalienne pratique l'exogamie patrilocale[106].
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Certaines constatations de comportements altruistes témoignent de manifestations d'entraide, de solidarité et d'assistance, tel le vieillard retrouvé dans le cimetière de La Chapelle-aux-Saints ou de Shanidar avec un squelette si déformé par la maladie qu'il devait probablement être infirme[107]. Les enfants s'entraînent à la taille d'outils lithiques sur les mêmes sites que les adultes expérimentés[108].
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Au moins un comportement alimentaire, le bris des os pour en extraire la moelle, a révélé un apprentissage social plutôt que technique dans les niveaux du Pléistocène moyen. Une étude sur les assemblages de ces matériaux provenant de la grotte de Bolomor (es) (Valence, Espagne, MIS 9-5e) et celle de Gran Dolina TD10-1 (Burgos, Espagne, MIS 9) : dans un même groupe, les os ne sont pas brisés aux points les plus faibles, dans une logique d'efficacité, mais suivant un comportement socialement acquis. Au sein d'une même grotte, ces comportements changent au fil des époques ; ceci suggère l'existence possible d'identités culturelles ou de prédispositions comportementales dépendantes des groupes et pourrait servir de marqueur pour les zones d'extension des différents groupes[109].
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Les analyses génétiques suggèrent que les Néandertaliens de Sibérie vivaient dans des populations relativement isolées de moins de 60 individus. En revanche, les Néandertaliens d'Europe et les humains modernes anciens semblent avoir vécu dans des populations de plus grande taille[110].
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Les Néandertaliens ont d'abord été considérés comme exclusivement chasseurs carnivores, faisant partie des superprédateurs (mangeant de grands herbivores alors qu’Homo sapiens avait diversifié son alimentation — petit gibier, fruits de mer, poissons d'eau douce et marins). Ce régime alimentaire a parfois été considéré comme l'une des causes de leur extinction[111].
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En 2010, des analyses de phytolithes piégés dans des plaques de tartre de dents fossilisées néandertaliennes provenant de différents sites ont révélé des traces de plantes fossilisées (palmier-dattier, légumineuses, rhizomes de nénuphar, graminées du genre Triticum ou Hordeum), indiquant un régime alimentaire diversifié et un comportement de chasseur-cueilleur. De plus, certains grains d'amidon retrouvés montrent des processus de cuisson, suggérant que les Néandertaliens, grâce à leur maîtrise du feu, cuisaient ces végétaux en les faisant bouillir. On pensait auparavant que seules les viandes étaient cuites (d'après l'analyse des ossements d’animaux retrouvés dans de nombreux foyers) alors que les végétaux étaient simplement grillés[112]. Les Néandertaliens ont ainsi une alimentation carnée composée essentiellement de grands mammifères mais incluant également des végétaux ou de petits animaux (lagomorphes, oiseaux, mollusques terrestres[113]) lorsque les conditions s'y prêtent. La matière animale et végétale constituent respectivement 80 et 20 % de leur régime alimentaire[114],[115].
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Des restes de coquillages trouvés dans la grotte de Bajondillo au sud de l'Espagne, montrent que des Néandertaliens mangeaient des fruits de mer en Europe dès 150 000 ans avant le présent[116],[117].
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En 2012 puis en 2017, l'analyse chimique puis l'identification de restes d’ADN piégés il y a environ 36 000 ans dans la plaque dentaire de Néandertaliens découverts en Belgique et en Italie montrent qu’ils mangeaient notamment du rhinocéros laineux, du mouflon et des champignons. Par contre, chez ceux d'El Sidrón (Espagne), datés d'environ 48 000 ans, seul de l’ADN végétal a été détecté. Il provient de diverses plantes et champignons (pignon de pin et mousse forestière notamment) [118]. Les Néandertaliens semblent aussi avoir utilisé des analgésiques (acide salicylique trouvé dans le saule) et des antibiotiques naturels (Penicillium)[118].
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En 2012, l'analyse chimique de plaques dentaires de cinq Néandertaliens mis au jour à El Sidrón avait déjà montré la présence de composés végétaux amers pouvant provenir de l'achillée millefeuille, dont l'utilisation était déjà présumée précédemment par la présence de pollens dans une tombe néandertalienne à Shanidar, en Irak[119], et la camomille. Il s'agit de plantes sans valeur nutritive mais présentant des vertus médicinales ou pouvant servir éventuellement de coupe-faim.
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En 2019, l'étude des dépôts moustériens de la grotte de Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup, Alpes-Maritimes, France) révèle les restes fossilisés d'au moins 225 lapins de l'espèce Oryctolagus cuniculus, de loin l'espèce animale la plus abondamment représentée sur le site[120].
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Par ailleurs, les Néandertaliens chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque. Globalement, les découvertes montrent de plus en plus que leur régime alimentaire était qualitativement aussi diversifié que celui des humains anatomiquement modernes[121],[122].
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S'il est possible qu’Homo heidelbergensis, l'un des ancêtres probables de l'Homme de Néandertal, ait adopté un comportement particulier vis-à-vis de ses morts à Atapuerca, les premières véritables sépultures connues sont néandertaliennes[123]. Les plus anciennes datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles se multiplient ensuite et on en trouve en France (La Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina, Le Moustier, Saint-Césaire), en Belgique (Spy), en Israël (Kébara, Amud), au Kurdistan irakien (Shanidar), en Ouzbékistan (Teshik-Tash). Dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune).
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L'une des sépultures de Shanidar renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle. Une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps[124],[125]. Ces pollens ont longtemps été considérés comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. Une étude de 1999 a remis en question cette interprétation, citant des phénomènes post-dépositionnels ou l'action de rongeurs pour expliquer l'accumulation de pollens. Cette étude a cependant été fortement contestée[126].
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Ces sépultures comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, même si leur interprétation en termes de religiosité est sujette à discussion.
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Les Néandertaliens ont plusieurs types de rites funéraires : sépultures, inhumations en deux temps après décomposition du corps à l'air libre (traces de désarticulation et décharnement à Shanidar VI et VIII, Krapina, Kébara[127], combe Grenal[128]), « culture des ancêtres » (analyses de taphonomie sur des crânes isolés et corps sans tête à Kébara), endocannibalisme (Moula-Guercy en Ardèche[129],[130], Vindija et Krapina en Croatie : stries de fracturation sur os frais)[131].
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Dans certains sites tels que le Regourdou en Dordogne, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».
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Au Regourdou, un squelette d'ours brun reposait sous une dalle monolithe d'un poids de 850 kg, dans une fosse peu profonde. À proximité, le corps d'un Néandertalien était couché sur le côté gauche, la tête vers le nord, en position fœtale. Le crâne manquait, mais il restait la mandibule. L’absence du crâne a également été observée dans le cas de la sépulture néandertalienne de Kébara. D'après E. Bonifay, il s'agissait d'une véritable tombe composée d’une fosse dallée, empierrée et couverte de sable et de cendres de foyer[132],[133]. Cette interprétation a largement été remise en question depuis, les accumulations d'ossements d'ours du Regourdou pouvant être liés à des phénomènes taphonomiques liés à l'occupation de la cavité par des ours hibernants[134].
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Plus généralement, l'existence du culte de l'ours, évoquée récemment par l'écrivain Jean M. Auel, est aujourd'hui contestée par de nombreux scientifiques. Les cr��nes d'ours sont extrêmement résistants et peuvent être déplacés par des phénomènes naturels jusqu'à acquérir des positions évoquant une organisation volontaire mais en fait seulement due au hasard[réf. à confirmer][135].
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La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a été interprétée comme un témoignage de la pratique du cannibalisme. Des ossements de sites tels que l'abri Moula[136], en Ardèche ou Krapina[137],[138],[139] en Croatie présentent de telles traces de découpe. Il est toutefois difficile de démontrer s'il s'agit de cannibalisme plutôt que d'un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire. Les fragments d'os de Krapina présentent des marques comparables à celles de sépultures secondaires d'une nécropole du XIVe siècle découverte dans le Michigan, correspondant à l'ablation de la chair sur une dépouille partiellement décomposée. Certains os crâniens du site des Pradelles à Marillac-le-Franc présentent des traces de découpe correspondant sans doute au prélèvement du cuir chevelu par scalpation.
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Le crâne de Néandertalien découvert dans la grotte Guattari (Mont Circé, Italie) a longtemps été considéré comme une preuve irréfutable de rituel anthropophagique : il aurait été déposé dans un cercle de pierre après que le trou occipital avait été élargi pour consommer le cerveau. Des examens approfondis ont montré que le cercle de pierre était probablement naturel et que l'élargissement du trou occipital avait été causé par une hyène, ce que confirme la présence de traces de dents en différents points du crâne[140],[141].
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Cependant, des os humains ont été découverts intentionnellement cassés dans le but d'exploiter la moelle. Ainsi dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne), des os humains étaient mélangés sans aucune distinction aux os d'animaux ayant servi de nourriture, le tout encerclant le principal lieu de vie[142]. Ces découvertes permettent de retenir l'hypothèse du cannibalisme comme fort probable, sans pouvoir trancher s'il s'agit d'un endocannibalisme ou d'un exocannibalisme[143].
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Au Paléolithique moyen apparaissent également les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques :
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En 2014, la découverte dans la grotte de Gorham (Gibraltar) de formes géométriques gravées sur une paroi recouverte de sédiments datant de plus de 39 000 ans est annoncée par l'équipe de Clive Finlayson (en). Elles constituent le premier exemple connu d'art pariétal abstrait attribué aux Néandertaliens. Leur réalisation a nécessité plusieurs centaines de passages de la pointe d'un outil de pierre taillée, probablement de silex[148],[149].
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En février 2018, de nouvelles datations viennent confirmer l'origine néandertalienne de créations artistiques (pourtour de main, réseau de lignes, peinture sur paroi) découvertes dans trois grottes espagnoles (grotte de La Pasiega (es), grotte de Maltravieso (es) et grotte d'Ardales (es)) : plus de 64 800 ans, soit plus de 20 000 ans avant l'arrivée en Europe des premiers hommes modernes. Des coquillages percés et teints, trouvés dans une quatrième grotte, sont encore plus vieux[150],[151],[152],[153]. Néanmoins, un article paru le 21 septembre 2018 remet en cause la datation des grottes de Maltravieso et de La Pasiega en raison du manque de corrélation entre le matériau analysé (des efflorescences de calcite) et le phénomène à dater. Quant aux aplats d'oxydes rouges trouvées à Ardales, rien ne prouve leur origine humaine[154],[155].
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L'étude des pigments de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Salomon et al. 2008) permet de conclure que les néandertaliens ont utilisé des couleurs sur les peaux (vêtements, tentes) bien avant qu'elles n'aient été utilisées pour les peintures rupestres, et étaient donc capables d'ajouter une dimension symbolique aux objets de leur quotidien. Les mêmes auteurs, et d'autres, notent la grande quantité de pigments remontant au Moustérien de tradition acheuléenne dans les grottes du Pech-de-l'Azé à Carsac-Aillac, Dordogne[156], et à d'autres sites de cette époque.
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La reconnaissance progressive de la culture néandertalienne remet en cause la primauté culturelle de l'homme moderne : alors que l'on pensait il y a peu que la culture technique et symbolique des Néandertaliens était très nettement inférieure quantitativement et qualitativement à celle de l'Homo sapiens, les découvertes récentes font apparaître que l'Homme de Néandertal avait lui aussi développé certaines techniques évoluées (débitage de lames[157]), et développé ou adopté des traits culturels modernes (sépultures, signes gravés, parures). La thèse du rôle capital de l'arrivée de l'Homo sapiens en Europe et celle d'une corrélation entre l'évolution biologique et l'évolution culturelle expliquant le plus grand développement de l'Homo sapiens par son évolution biologique s'en trouvent donc remises en question.
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Deux structures annulaires formées par l'accumulation de tronçons de stalagmites ont été découvertes en 1995 dans la grotte de Bruniquel. Ces structures, constituées de presque 400 « spéléofacts », ont été datées en 2016 : 176 500 ± 2 000 ans. Cet âge indique qu'elles sont vraisemblablement l’œuvre de l'homme de Néandertal, et même de néandertaliens « archaïques »[158],[159].
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En 2020, une équipe internationale a publié une étude décrivant le moulage fossilisé d’un fragment de cordelette torsadée, composée de trois brins eux-mêmes torsadés. Cette découverte a été faite dans l’abri du Maras en Ardèche, daté entre 52 000 et 41 000 ans AP. L’Homme de Néandertal ayant été le seul occupant de ce site, cet artéfact lui a été attribué. Les fibres ont été identifiées comme provenant probablement d’un conifère. C'est la plus ancienne trace de cordage trouvée, la précédente datant de 19 000 ans AP provenant du site Ohalo II[160].
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Un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté en 1999 comme un hybride Néandertal/Homo sapiens. Cette hypothèse est fortement discutée en raison des difficultés à identifier les caractères autapomorphiques chez un individu juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue[43].
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Un squelette d'enfant trouvé en contexte gravettien à Lagar Velho dans la vallée de Lapedo, au centre du Portugal, porterait des caractéristiques des deux espèces[161],[162],[163]. Cet enfant d'environ quatre ans a été inhumé dans une sépulture intentionnelle, il y a 25 000 ans. Il est donc postérieur de quelques milliers d'années aux derniers restes clairement attribuables aux Néandertaliens (entre 30 000 et 40 000 ans avant le présent[164],[165]). Cependant le caractère hybride de cet enfant est très discuté et difficile à établir : les caractères dérivés des deux taxons sont moins marqués chez les individus juvéniles que chez les adultes et la variabilité individuelle des enfants de l’époque est absolument inconnue[43].
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Une étude de l'université de Chicago publiée en 2006 a permis d'identifier un gène lié à la croissance du cerveau qui aurait été transmis à l'homme moderne par les Néandertaliens et qui est présent chez 70 % des humains actuels[166].
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Le réexamen (morphologie géométrique, analyse paléogénétique de l'ADN mitochondrial) en 2013 d'une mandibule dite des « amants de Vérone » suggère une hybridation entre un père sapiens et une mère néandertalienne[167].
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En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal effectué par une équipe de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste coordonnée par Svante Pääbo[19],[168] montre que 1 à 4 % du génome des Homo sapiens non africains provient des Néandertaliens. Les Homo sapiens d'ascendance africaine n'ont, eux, que peu ou pas d'ADN de Néandertal. Cet apport est réparti sur 20 régions génétiques spécifiques aux Homo sapiens.
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Si chaque Homo sapiens n'a que 1,8 à 2,6 % du génome de Néandertal en lui, en regroupant les différentes séquences éparpillées dans le monde entier, les chercheurs sont parvenus à reconstituer environ 30 % de ce génome[169],[170] .
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Ces croisements entre Néandertaliens et Homo sapiens eurasiatiques auraient pu survenir il y a 100 000 à 50 000 ans au Proche-Orient[171],[172],[173].
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Dans le génome de l'homme moderne européen, un gène lié à l'immunité pourrait être issu du génome de l'homme de Néandertal[174],[175],[176]. Cette découverte est confirmée en 2016 par des études qui mettent en évidence ces cas d'introgression : gènes néandertaliens à l'origine de la stimulation immunitaire[177] et des allergies des Hommes modernes[178].
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En 2014, l'étude du génome d'un Homo sapiens découvert à Kostenki, en Russie, et daté de 37 000 ans avant le présent, confirme encore le métissage et permet d'avancer une date à laquelle l'hybridation aurait eu lieu[179],[180].
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En 2015, des analyses génétiques révèlent que le fossile Oase 1 avait un ancêtre récent néandertalien, avec un ADN autosomique néandertalien estimé de 5 à 11 %[181].
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En 2017, une nouvelle étude de Cosimo Posth, de l'Institut Max-Planck, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, montre que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d'Homo sapiens. L'étude conclut que les premiers croisements entre sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans[182].
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En 2018, l'ADN d'un fragment osseux retrouvé dans la grotte de Denisova, celui d'une adolescente morte vers 13 ans il y a environ 90 000 ans[a], montre qu'elle était l'hybride d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien[183]. C'est la première preuve directe d'un métissage entre espèces humaines.
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Les derniers Néandertaliens auraient disparu il y a environ 29 000 ans. L'extinction aurait été échelonnée dans le temps selon un gradient régional[164]. Leur disparition a suscité de nombreuses hypothèses[184],[185],[186], certaines faisant intervenir des modèles mathématiques[187] ou économiques[188],[189]. Ce phénomène coïncide avec l'arrivée de groupes d'hommes modernes en Europe depuis le Proche-Orient à partir d'il y a environ 48 000 ans, peut-être à la faveur d'un épisode climatique tempéré de la dernière glaciation. Ces hommes modernes, parfois appelés « Hommes de Cro-Magnon », sont porteurs d'une nouvelle culture matérielle, appelée Aurignacien et caractérisée par la généralisation du débitage lamellaire, l'utilisation du percuteur tendre pour ces débitages et la fabrication d'outils en matières dures animales (notamment des pointes de sagaies en os). Les hommes de l'Aurignacien sont également présumés être les auteurs des plus anciennes œuvres d'art pariétal et mobilier d'Europe.
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Les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes ont probablement cohabité pendant quelques millénaires, même si aucune trace directe d'interaction n'est perceptible dans la culture matérielle.
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Très récemment, entre 2010 et 2017 ont été mises en relation la disparition de l'Homme de Néandertal autour de 35 000 ans AA (avant aujourd'hui) et l'explosion de la caldera des champs Phlégréens (baie de Naples, Italie)[190]. Des datations de cet événement publiées en 2003 donnent une date de 39 280 ±110 ans BP[191].
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Cet événement a vu la libération dans l'atmosphère d'un volume de matières volcaniques extrêmement important, d'au moins 300 km3[191]. Le panache de cendres serait monté à plus de 30 km[192] voire 40 km[réf. nécessaire] d'altitude (stratosphère), avant de retomber en un épais manteau[193] recouvrant tout, comparable aux couches de cendres de Pompéi, sur une aire de 3 700 000 km2[194] allant de l'Italie aux steppes asiatiques, tuant toute forme de végétation sur cette zone, ainsi que toute la chaîne trophique en dépendant, grands prédateurs et Homo compris. L'atmosphère globale aurait été assombrie pendant plusieurs années.
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Les derniers peuplements néandertaliens ayant survécu à cet évènement (présence constatée sur la péninsule Ibérique pendant encore plusieurs millénaires) auraient fini de disparaitre en raison d'un manque de diversité génétique (garante de la viabilité d'une espèce).
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En 2010, une équipe de paléontologues du département d'évolution humaine de l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne), a analysé l'endocrâne (l'empreinte laissée par le cerveau dans la boîte crânienne) de squelettes de néandertaliens. Les résultats ont confirmé les données sur la génétique des néandertaliens acquises grâce au séquençage de leur ADN : le cerveau des Homo sapiens a une forme globulaire caractéristique qui n'existe pas chez Néandertal. Cette différence pourrait influencer l'organisation neuronale et synaptique du cerveau, et donc les capacités cognitives. Par une litote, Jean-Jacques Hublin, le chercheur français qui a dirigé cette étude, émet l'hypothèse que « l'homme de Néandertal ne voyait pas le monde de la même façon que nous » et que son incapacité à créer des liens sociaux complexes serait à l'origine de son extinction[195].
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Disparition progressive de la population néandertalienne liée à la possibilité d'accouplements féconds mais donnant des hybrides stériles, au moins chez les Néandertaliennes. Une telle hypothèse, émise par le paléontologue finlandais Björn Kurtén[196], demeure difficile à tester.
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Certaines études suggèrent que les enfants issus d'union entre Néandertaliens et Homo sapiens auraient été moins fertiles, ce qui aurait entraîné une diminution de la proportion de gènes hérités de Neandertal[197].
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Ont également été évoqués des problèmes d'ordre génétique liés à une forte consanguinité et/ou des mutations spontanées ayant entraîné des maladies congénitales telles que l'hémophilie, le diabète insulino-dépendant ou une forme de stérilité, ayant suffisamment affecté la démographie de la population pour la faire disparaître.
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Partant de l'observation que les populations néandertaliennes étaient déjà petites avant l'arrivée des humains modernes, une étude publiée en 2019 met en œuvre trois facteurs que la biologie de la conservation identifie comme essentiels pour la persistance d'une petite population, à savoir la consanguinité, l'effet Allee et la stochasticité. Les résultats indiquent que la disparition des Néandertaliens peut avoir résidé dans la petitesse de leur seule population. Ainsi, même s'ils étaient identiques dans leurs traits cognitifs, sociaux et culturels, et même en l'absence de compétition interspécifique, les Néandertaliens couraient un risque d'extinction considérable. En outre, les auteurs suggérent que si les humains modernes ont contribué à la disparition des Néandertaliens, cette contribution n'aurait peut-être rien à voir avec la concurrence des ressources, mais plutôt avec la façon dont les populations entrantes ont restructuré géographiquement les populations résidentes, d'une manière qui a renforcé les effets Allee, et les effets de consanguinité et stochasticité[198].
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La disparition des Néandertaliens serait liée à l'arrivée des hommes modernes et à la compétition territoriale pour l'exploitation des ressources[199], voire à leur élimination physique par les hommes modernes à l'occasion de conflits violents sur les zones de contact. L'hypothèse s'appuie en particulier sur la concomitance de l'expansion d'Homo sapiens et de la disparition de Néandertal[200] ; les Homo sapiens d'Europe de l'Ouest cohabitant par exemple pendant plusieurs milliers d'années (500 à 5 400 ans suivant les régions) avec les Néandertaliens[189]. Elle se heurte toutefois à l'absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire[201]. En outre on peut objecter que les deux groupes ne devaient pas occuper l'ensemble du territoire européen et que les Néandertaliens avaient une meilleure connaissance de ce territoire et de ses ressources que les nouveaux arrivants[202]. La domestication du chien pour la chasse correspondant approximativement à la période de disparition des Néandertaliens, Pat Shipman a émis l'hypothèse selon laquelle cet événement aurait permis à Homo sapiens de bénéficier d'un net avantage dans sa recherche de nourriture[203],[204].
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Outre cette hypothèse de l'extinction violente liée à l'homme moderne, les Néandertaliens auraient pu succomber à une maladie mortelle (épidémies) apportée par les Sapiens originaires d'Afrique[205].
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La trompe d'Eustache néandertalienne, plus courte que celle des Homo sapiens, aurait favorisé des infections de l'oreille à répétition, fragilisant les Néandertaliens et participant à leur disparition[206].
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Les Néandertaliens ont été dépeints dans la culture populaire, y compris les apparitions dans la littérature, les médias visuels et la comédie. L'archétype des «hommes des cavernes» se moque souvent des Néandertaliens et les décrit comme des personnages primitifs, bossus, brandissant des massues, grognants, des personnages antisociaux mus uniquement par l'instinct animal. « Néandertal » peut également être utilisé comme une insulte[207].
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L'Homme de Néandertal, ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans[1],[2],[3]. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans[4],[1].
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Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d'Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd'hui considéré comme une espèce à part entière nommée Homo neanderthalensis.
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Particulièrement bien adapté à un environnement froid, l'Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l'Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d'encéphalisation légèrement moindre.
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Premier homme fossile identifié, contemporain d'Homo sapiens, l'Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à l'Homme moderne. Les progrès de l'archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d'un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.
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De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d'existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.
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Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes d'Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d'Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome[5]. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l'Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif[6].
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Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d'enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile[7].
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Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d'une petite vallée située sur le territoire des villes d'Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un instituteur d'Elberfeld passionné d'histoire naturelle.
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Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l'époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.
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Comme, à l'époque, le nom de la vallée s'écrivait encore Neanderthal, l'homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l'allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel[8].
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Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue »[9],[10].
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L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert avant l'Homme de Cro-Magnon (1868). L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.
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Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857[11]. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d'autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d'autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.
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Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d'abord celles de fossiles d'Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d'Arcy-sur-Cure en 1859[12]), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d'ossements d'animaux ou d'outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.
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Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell[13]. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !
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Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agissait d'une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[14]. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.
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Au début du XXe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d'une lecture littérale de la Bible[15]. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d'un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l'évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d'une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant[16],[17],[18].
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Le statut phylogénétique de l'homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l'espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c'est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l'âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d'autres pas. L'infertilité de la descendance prouve l'existence de deux espèces distinctes, mais l'inverse n'est pas vrai (s'il y a deux espèces, la descendance n'est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu'il existe une vingtaine de définitions de l'espèce, et que l'isolement reproductif n'est que l'une d'entre elles.
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Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d'Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d'une seule espèce d'homme n'a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.
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Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néandertal. Des analyses comparées d'ADN nucléaire, extrait d'ossements de Néandertaliens et d'Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus[19].
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Des analyses comparées d'ADN mitochondrial, publiées en 1997 puis en 2004, indiquaient une divergence des lignées modernes et néandertaliennes il y a environ 500 000 ans[20],[21], ce qui soutient l'idée de deux espèces différentes.
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Une analyse publiée en 2006[22],[23] d'une séquence d'ADN mitochondrial de la racine d'une molaire d'un enfant néandertalien, mise au jour dans la grotte Scladina à Sclayn (Belgique) et datant de 100 000 ans, a révélé une grande distance génétique par rapport aux autres séquences connues de Néandertaliens, ce qui semblait montrer une grande diversité génétique de l'espèce à l'époque. Cette diversité semble s'être fortement réduite par la suite, comme le montrent les analyses faites sur les séquences connues entre −42 000 et −29 000 ans, au moment où Néandertal cohabitait avec l’Homo sapiens. Ce constat nourrit la thèse du déclin démographique de Néandertal sur cette période, déclin conduisant, par un phénomène de goulet d'étranglement de population, à la disparition progressive de certains génotypes, donc à l'appauvrissement génétique de l'espèce.
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En 2006, le Projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l'ADN nucléaire de l'homme de Néandertal, a été lancé par l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L'objectif était de connaitre l'étendue du lien de parenté avec l'homme moderne et d'évaluer l'interfécondité de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
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Le Projet génome de Néandertal a permis d'achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009. En 2010, des résultats basés sur l'analyse de 4 milliards de paires de bases d'ADN nucléaire, issus d'ossements fossiles de trois Néandertaliens, ont montré que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Homo sapiens eurasiatiques que de ceux d'Afrique subsaharienne[19]. Les auteurs en concluaient que les Néandertaliens auraient contribué à hauteur de 1 à 4 % (en moyenne 2,2 %) au génome des populations d'humains modernes non africaines[19].
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En 2012, une étude confirme que Néandertaliens et humains modernes se sont hybridés « quand les humains modernes, porteurs de technologies proches de celles du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens alors qu'ils quittaient l'Afrique »[24],[25].
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En 2016, une information nouvelle a contribué aux débats : alors que les séquençages précédents concernaient l'ADN autosomal (non sexuel), une première description d'un chromosome Y (et donc masculin) néandertalien (provenant de la grotte d'El Sidrón, Espagne, il y a 49 000 ans) a montré de grandes différences avec le chromosome Y humain actuel[26],[27]. Même si des Néandertaliens et des humains modernes se sont hybridés il y a quelque 55 000 ans, l'ADN du chromosome Y néandertalien ne semble pas avoir été transmis aux humains modernes[27]. Ceci va dans le sens d'études antérieures constatant que si les Asiatiques et les Européens actuels ont bien hérité de 1 % à 3 % de leur ADN de leurs ancêtres via des croisements avec des Néandertaliens, leurs chromosomes Y n'en portent pas de traces. Une hypothèse explicative serait que les deux taxons n'étaient pas entièrement compatibles : le sperme des hommes Néandertaliens pourrait avoir été non fécondant pour les femmes "modernes" de leur époque[28]. On a trouvé dans le chromosome Y néandertalien d'El Sidrón des mutations de trois gènes impliqués dans le système immunitaire, dont celui qui produit des antigènes pouvant provoquer une réponse immunitaire aboutissant à une fausse-couche chez les femmes enceintes[28]. Ainsi, même si des hommes néandertaliens et des femmes « modernes » se sont sexuellement unis par le passé, ils n'ont vraisemblablement pas pu obtenir de descendance mâle suffisamment abondante ou viable, ce qui aurait pu hâter « l'extinction » des néandertaliens.
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Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l'ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d'Homo sapiens, d'Homme de Néandertal et d'Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l'espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d'environ 450 000 ans[1]. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.
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En 2017, le génome d'une seconde néandertalienne provenant de la grotte de Vindija (Croatie) a été séquencé. L'étude a permis de préciser la proportion d'ADN néandertalien chez les Eurasiens (1,8 à 2,6 %) et confirme l'implication de ces gènes néandertaliens dans la résistance au froid et la sensibilité à certaines maladies[29],[30].
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En 2018, la reconstruction de l'histoire génétique des Néandertaliens tardifs se poursuit. Le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé)[31]. Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique[31]. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d'apport génétique des hommes modernes n'a pu être décelée[31].
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Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d'Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d'environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d'un Néandertal de l'Altai, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans[32]. Une autre étude identifie une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[33].
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Une nouvelle étude publiée en 2020 analyse l'évolution des chromosomes Y de Néandertaliens tardifs. Cette étude nous renseigne donc sur leurs lignées paternelles. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l'ADN autosomique. On identifie que les chromosomes Y des Denisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d'une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et modernes alors que l'on sait de ce sont les néandersoviens qui ont divergé de la lignée des humains modernes approximativement à cette date. Les lignées des humains néandertaliens et modernes se seraient alors séparées autour de 370 000 ans. De manière très insolite, on retrouve des résultats similaires avec l'ADN mitochondrial et donc la lignée maternelle, alors que les Néandertaliens anciens de Sima de los Huesos, âgés de 400 ka avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens tardifs, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée des humains modernes (Homo sapiens) et ceci seulement pour les pools de gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat révèle des hybridations anciennes avec des humains prémodernes[34].
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Certaines séquences d'ADN acquises auprès des Néandertaliens ont pu s'avérér bénéfiques, comme celles favorisant l'adaptation au climat froid ou résistance aux maladies. Elles ont été sélectionnées positivement alors que d'audres, délétères, ont été éliminées du génome humain par sélection négative. On trouve aujourd'hui dans le génome humain des allèles dérivés de Néandertaliens qui nous rendent à la fois sensibles ou résistants à certaines maladies[32].
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Parmi les gènes que les néandertaliens nous ont transmis, certains sont associés à des traits phénotypiques ou à des maladies. Ils affectent notamment[32] :
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Cela conforte l'idée « que l'ascendance néandertalienne influe sur le risque de maladie chez les humains actuels, en particulier en ce qui concerne les phénotypes neurologiques, psychiatriques, immunologiques et dermatologiques »[32].
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L'apparition de l'homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu'on choisit d'adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l'analyse d'ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d'avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l'appareil masticatoire[35],[36],[4],[1]. Les débats se poursuivent sur l'attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens[37], mais d'autres fossiles sont d'une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d'accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques[38].
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L'Homme de Néandertal est une espèce dont l'apparition et l'évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l'Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh[39]), du Liban (Ksar Akil) et d'Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l'est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'Altaï, jusqu'alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'Altaï est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l'Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu'en Chine[40],[41].
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Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L'effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l'ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes[42].
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Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d'années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d'Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.
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À partir de −700 000 ans, le peuplement de l'Europe se renouvelle avec probablement l'arrivée d'Homo heidelbergensis, porteur de l'industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L'une d'elles a évolué pour donner les Néandertaliens.
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Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).
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L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents[43].
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Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d'Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu'alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d'autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d'Europe ayant évolué vers les Néandertaliens[37].
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Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.
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Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d'environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l'Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014[44],[45].
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Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre - 250 000 et - 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans[46], les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.
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Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.
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Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie[47], de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.
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Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans[48],[49]), en Croatie (Vindija, −32 000 ans[50],[51]) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen[52],[53].
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Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu'à −28 000 ans, voire −24 000 ans[54],[55]. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par Joao Zilhão, de l'université de Bristol[56].
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En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d'il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l'homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci[57],[58]. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure[59]. Les auteurs considèrent qu'en l'absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l'hypothèse d'un rattachement de l'industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.
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Les Néandertaliens sont de corpulence souvent très massive et robuste : 90 kg et 1,65 m en moyenne pour les hommes et 70 kg et 1,55 m pour les femmes (des individus auraient atteint 1,90 m)[60]. L'ensemble de leur structure (os épais avec corticale développée) et leurs attaches musculaires laissent supposer une grande force physique. Les règles écologiques de Bergmann (corps plus massif qui réduit la déperdition de chaleur) et d'Allen (membres courts qui réduisent également cette déperdition) s'appliquent parfaitement aux néandertaliens dont l'anatomie est une adaptation aux climats froids[61].
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Les Néandertaliens présentent quelques caractères archaïques, hérités de leur prédécesseur (caractères plésiomorphes), ainsi que des caractères évolués (caractères apomorphes). Les caractères évolués peuvent être partagés avec les Homo sapiens (caractères synapomorphes) ou bien être des caractères dérivés spécifiques (caractères autapomorphes). Seuls ces derniers permettent d'identifier l'espèce lors de l'examen d'un fossile.
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Les traits spécifiques aux Néandertaliens ont souvent été présentés comme des adaptations au froid ; les membres courts et robustes des Néandertaliens trouvent des analogues modernes dans les populations vivant dans les régions proches du pôle. Des facteurs écologiques liés aux avancées glaciaires tels que l'isolement de populations et le faible brassage génétique ont pu favoriser la fixation rapide de ces traits.
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La rousseur des Néandertaliens a été évoquée à la suite de différentes études mais il semble s'agir de sur-interprétations de résultats scientifiques de la part des médias. Chez les humains, la rousseur est liée à une mutation du gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui régule la production de mélanine[64]. En 2000, une étude a montré que cette mutation pouvait exister depuis 100 000 ans[65]. Certains en ont conclu qu'elle pouvait être apparue chez les Néandertaliens qui l'auraient transmise aux hommes modernes[66], ce que nuancent les auteurs[67].
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En octobre 2007, un article de la revue Science présente les résultats d'une étude portant sur l'extraction d'ADN fossile de deux spécimens néandertaliens, l'un découvert en Italie (Monti Lessini), l'autre en Espagne (El Sidrón 1252)[68]. Les auteurs ont amplifié et séquencé un fragment du gène MC1R et ont mis en évidence chez les deux individus une mutation inconnue chez l'homme moderne. Toutefois, il est impossible de déterminer si cette mutation était présente sur les deux allèles et donc si elle affectait le phénotype des individus en question. Pour les auteurs, la présence de ces mutations permet d'estimer qu'un pour cent environ des Néandertaliens avait une pigmentation réduite se traduisant par une peau claire et des cheveux roux[69]. Bien que cette proportion soit très limitée, certains médias ont rapporté que les Néandertaliens étaient roux[70],[71].
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Alors que la plupart des musées présentent des reconstitutions de Néandertaliens avec des yeux bleus ou verts, un teint de peau clair et des cheveux roux correspondant à ce que l'on observe chez les populations modernes sous des latitudes équivalentes à celles de l'Europe, une étude génétique parue en 2012 portant sur les ossements de deux femmes néandertaliennes de Croatie suggère une peau au teint plus foncé, des yeux marron et des cheveux bruns[72].
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Les restes osseux de Néandertaliens, tant en Europe qu'en Asie occidentale, présentent parfois des anomalies qui renseignent sur les lésions organiques survenues de leur vivant et parfois responsables de leur décès. Ces anomalies peuvent être classées en quatre catégories principales[73] :
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Les Néandertaliens semblent avoir souffert fréquemment de fractures, en particulier au niveau des côtes (Shanidar IV, « vieillard » de La Chapelle-aux-Saints), du fémur (La Ferrassie 1), de la fibula (La Ferrassie 2 et Tabun 1), de la colonne vertébrale (Kébara 2[74]) et du crâne (Shanidar I, Krapina, Šaľa 1). Ces fractures sont souvent ressoudées et ne montrent pas ou peu de signes d'infection, ce qui suggère que les individus étaient pris en charge au cours de leur période d'invalidité.
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En relation avec des fractures, d'autres traces de traumatismes ont été signalées sur de nombreux squelettes de Néandertaliens. Ils semblent liés à des blessures perforantes, comme chez Shanidar III dont le poumon fut certainement perforé par une blessure entre les côtes 8 et 9. Il peut s'agir d'une attaque intentionnelle ou d'un accident de chasse, mais l'individu survécut à sa blessure durant quelques semaines avant d'être tué par la chute d'un bloc rocheux dans la grotte de Shanidar. D'autres traumatismes correspondent à des coups portés à la tête (Shanidar I et IV[75], Krapina[76]), tous consolidés.
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L'arthrite est particulièrement répandue chez les Néandertaliens les plus âgés. Elle concerne de façon spécifique les articulations comme les chevilles (Shanidar III), la colonne vertébrale et les hanches (« vieillard » de La Chapelle-aux-Saints[77],[78]), les bras (La Quina 5, Krapina, Feldhofer), les genoux, les doigts et les orteils, le tout en relation étroite avec les maladies articulaires dégénératives (arthrose), qui peuvent aller de la dégénérescence normale, liée à l’usure, jusqu’à la restriction des mouvements, douloureuse et handicapante, et à la déformation. C’est ce qu’on observe à des degrés divers sur les squelettes de Shanidar (I-IV).
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L'hypoplasie de l'émail dentaire est l'indicateur d'un stress survenu durant le développement des dents. Les striations et les cannelures de l'émail reflètent les périodes de pénurie alimentaire, les traumatismes ou les maladies. Une étude de 669 couronnes dentaires de Néandertaliens a montré des signes d'hypoplasie plus ou moins prononcés sur 75 % d'entre elles[79]. Les carences alimentaires en étaient la cause principale, pouvant aller jusqu'à entraîner la perte des dents. Les dents appartenant aux squelettes les plus âgés présentaient toutes une hypoplasie, particulièrement nette chez le « vieillard »[80] de La Chapelle-aux-Saints et l'individu 1 de La Ferrassie.
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On trouve occasionnellement sur des squelettes de Néandertaliens des lésions osseuses secondaires liées à une infection des tissus mous du voisinage. Shanidar I présente des traces manifestes de lésions dégénératives de même que La Ferrassie 1, où les lésions sur les deux fémurs, les tibias et les fibulas indiquent une infection systémique ou peut-être un cancer.
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L'aptitude physique à la parole et au langage des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent, en particulier, sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante[81],[82]. L'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à Kébara, sur le mont Carmel en Israël (60 000 ans A.P.) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 000 ans A.P.). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels[83],[84],[85]. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à Atapuerca en Espagne (430 000 ans A.P.) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des Homo sapiens[86].
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En outre, au delà de la présence ou non de l'os hyoïde, pour le préhistorien Jean-Paul Demoule, il existe plusieurs éléments permettant d'identifier dans la production d'objets des Homo-erectus tardifs et des premiers Néandertaliens les preuves de la présence d'un « proto-symbolisme » indice probable d'un prélude de langage se situant entre les sons signifiants des chimpanzés et le langage de l'homme moderne[87].
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Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un pharynx de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse[88],[89],[90], il semble que les arguments avancés par Lieberman ne soient plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs (cordes vocales, langue, mandibule, voile du palais, lèvres). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
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Une étude publiée en 2007[91] et portant sur l'analyse de l'ADN provenant des restes de deux Néandertaliens découverts à El Sidrón (Espagne) aurait permis d'y détecter la même version du gène FOXP2 (forkhead box P2) que celle présente chez les hommes modernes. Cela pourrait plaider en faveur de l'aptitude des Néandertaliens au langage puisqu'on estime que ce gène joue un rôle important dans le développement des parties du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé[92].
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Après avoir longtemps été considéré comme un être archaïque et encore proche de l'animalité, y compris par une partie de la communauté scientifique, l'Homme de Néandertal commence à apparaître comme un être doté de capacités intellectuelles et de traditions culturelles.
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Le tableau ci-dessous liste un certain nombre de comportements considérés comme modernes et courants chez Homo sapiens ainsi que la fréquence relative de leur mise en œuvre par Homo neanderthalensis[93] :
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L'homme de Néandertal est l'auteur d'un outillage complexe et élaboré, et notamment des industries du Moustérien. Ses méthodes de débitage apportent en outre la preuve de ses capacités d'abstraction et d'anticipation, en particulier en ce qui concerne le débitage Levallois. Les éclats obtenus par cette méthode ou par d'autres pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs ou les denticulés.
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Des preuves directes (traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine[94]) ou indirectes (répartition des traces d'utilisation) montrent que certains outils étaient utilisés emmanchés. Les manches eux-mêmes, réalisés en matériaux périssables, n'ont pas été conservés. En revanche, des conditions particulièrement favorables ont permis la conservation de quelques objets en bois. Le plus spectaculaire est sans conteste un fragment d'épieu en if fiché dans le thorax d'un éléphant (Elephas antiquus), mis au jour à Lehringen (Basse-Saxe). Dans le même site, daté de l'Eémien (130 000-115 000 ans avant le présent), ont été découverts des éclats Levallois ayant servi à découper de la peau et de la viande[95],[96].
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Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs du Châtelperronien, un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Ce faciès est caractérisé par des comportements longtemps considérés comme propres aux hommes modernes : débitage de lames, utilisation de parure, fabrication d'outils en os, etc.[97],[98].
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En 1981, l'archéologue Lewis Binford soutient une théorie selon laquelle les premiers hominidés (dont les Néandertaliens) jusqu'au Paléolithique moyen ne pratiquaient que la cueillette ou le charognage passif, seuls les hommes modernes pratiquant la chasse de grand gibier rapide[99]. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée.
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Rares sont les preuves directes de la pratique de chasse aux grands herbivores par les Néandertaliens telles que le fragment d'épieu en if de Lehringen et les lances de Schöningen à la pointe parfois durcie au feu[100] ou des pointes emmanchées en silex ou en os, parfois collées au bitume[94]. En revanche, les sites livrent des accumulations impressionnantes d'ossements de grands mammifères (bison à Coudoulous, Lot et à Mauran, Haute-Garonne ; saïga en Crimée ; bouquetin dans la grotte du Lazaret ; aurochs à La Borde, Lot ; cheval à Saint-Césaire, Charente-Maritime) ; elles sont interprétées comme le résultat de chasses saisonnières, parfois avec utilisation d'avens ou de fondrières comme pièges naturels (technique de « chasse à l'abîme »)[101]. De plus, les analyses biogéochimiques sur le collagène osseux des Néandertaliens et des mammifères associés[102] montrent une alimentation carnée proche de celle du loup, même en période tempérée. Chasseurs de grands mammifères, les Néandertaliens avaient des stratégies (communautés spécialisées dans la chasse de deux ou trois espèces, technique à l'approche ou à la poursuite de proies en fonction de l'âge et du sexe) qui attestent une parfaite connaissance de l'environnement et de l'éco-éthologie des animaux et un savoir-faire technique développé. Enfin les études anatomiques montrent leur adaptation à la chasse : ils étaient en effet trapus et musclés, et pesaient en moyenne 90 kg pour 1,65 m (hommes) et 70 kg pour 1,55 m (femmes)[103].
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La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs — hyène des cavernes, loup, lion des cavernes — ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) a également été évoquée, notamment pour les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux)[104],[105].
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Les analyses en paléogénétique réalisées en 2010 dans la grotte d'El Sidrón suggèrent que la société néandertalienne pratique l'exogamie patrilocale[106].
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Certaines constatations de comportements altruistes témoignent de manifestations d'entraide, de solidarité et d'assistance, tel le vieillard retrouvé dans le cimetière de La Chapelle-aux-Saints ou de Shanidar avec un squelette si déformé par la maladie qu'il devait probablement être infirme[107]. Les enfants s'entraînent à la taille d'outils lithiques sur les mêmes sites que les adultes expérimentés[108].
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Au moins un comportement alimentaire, le bris des os pour en extraire la moelle, a révélé un apprentissage social plutôt que technique dans les niveaux du Pléistocène moyen. Une étude sur les assemblages de ces matériaux provenant de la grotte de Bolomor (es) (Valence, Espagne, MIS 9-5e) et celle de Gran Dolina TD10-1 (Burgos, Espagne, MIS 9) : dans un même groupe, les os ne sont pas brisés aux points les plus faibles, dans une logique d'efficacité, mais suivant un comportement socialement acquis. Au sein d'une même grotte, ces comportements changent au fil des époques ; ceci suggère l'existence possible d'identités culturelles ou de prédispositions comportementales dépendantes des groupes et pourrait servir de marqueur pour les zones d'extension des différents groupes[109].
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Les analyses génétiques suggèrent que les Néandertaliens de Sibérie vivaient dans des populations relativement isolées de moins de 60 individus. En revanche, les Néandertaliens d'Europe et les humains modernes anciens semblent avoir vécu dans des populations de plus grande taille[110].
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Les Néandertaliens ont d'abord été considérés comme exclusivement chasseurs carnivores, faisant partie des superprédateurs (mangeant de grands herbivores alors qu’Homo sapiens avait diversifié son alimentation — petit gibier, fruits de mer, poissons d'eau douce et marins). Ce régime alimentaire a parfois été considéré comme l'une des causes de leur extinction[111].
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En 2010, des analyses de phytolithes piégés dans des plaques de tartre de dents fossilisées néandertaliennes provenant de différents sites ont révélé des traces de plantes fossilisées (palmier-dattier, légumineuses, rhizomes de nénuphar, graminées du genre Triticum ou Hordeum), indiquant un régime alimentaire diversifié et un comportement de chasseur-cueilleur. De plus, certains grains d'amidon retrouvés montrent des processus de cuisson, suggérant que les Néandertaliens, grâce à leur maîtrise du feu, cuisaient ces végétaux en les faisant bouillir. On pensait auparavant que seules les viandes étaient cuites (d'après l'analyse des ossements d’animaux retrouvés dans de nombreux foyers) alors que les végétaux étaient simplement grillés[112]. Les Néandertaliens ont ainsi une alimentation carnée composée essentiellement de grands mammifères mais incluant également des végétaux ou de petits animaux (lagomorphes, oiseaux, mollusques terrestres[113]) lorsque les conditions s'y prêtent. La matière animale et végétale constituent respectivement 80 et 20 % de leur régime alimentaire[114],[115].
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Des restes de coquillages trouvés dans la grotte de Bajondillo au sud de l'Espagne, montrent que des Néandertaliens mangeaient des fruits de mer en Europe dès 150 000 ans avant le présent[116],[117].
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En 2012 puis en 2017, l'analyse chimique puis l'identification de restes d’ADN piégés il y a environ 36 000 ans dans la plaque dentaire de Néandertaliens découverts en Belgique et en Italie montrent qu’ils mangeaient notamment du rhinocéros laineux, du mouflon et des champignons. Par contre, chez ceux d'El Sidrón (Espagne), datés d'environ 48 000 ans, seul de l’ADN végétal a été détecté. Il provient de diverses plantes et champignons (pignon de pin et mousse forestière notamment) [118]. Les Néandertaliens semblent aussi avoir utilisé des analgésiques (acide salicylique trouvé dans le saule) et des antibiotiques naturels (Penicillium)[118].
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En 2012, l'analyse chimique de plaques dentaires de cinq Néandertaliens mis au jour à El Sidrón avait déjà montré la présence de composés végétaux amers pouvant provenir de l'achillée millefeuille, dont l'utilisation était déjà présumée précédemment par la présence de pollens dans une tombe néandertalienne à Shanidar, en Irak[119], et la camomille. Il s'agit de plantes sans valeur nutritive mais présentant des vertus médicinales ou pouvant servir éventuellement de coupe-faim.
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En 2019, l'étude des dépôts moustériens de la grotte de Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup, Alpes-Maritimes, France) révèle les restes fossilisés d'au moins 225 lapins de l'espèce Oryctolagus cuniculus, de loin l'espèce animale la plus abondamment représentée sur le site[120].
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Par ailleurs, les Néandertaliens chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque. Globalement, les découvertes montrent de plus en plus que leur régime alimentaire était qualitativement aussi diversifié que celui des humains anatomiquement modernes[121],[122].
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S'il est possible qu’Homo heidelbergensis, l'un des ancêtres probables de l'Homme de Néandertal, ait adopté un comportement particulier vis-à-vis de ses morts à Atapuerca, les premières véritables sépultures connues sont néandertaliennes[123]. Les plus anciennes datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles se multiplient ensuite et on en trouve en France (La Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina, Le Moustier, Saint-Césaire), en Belgique (Spy), en Israël (Kébara, Amud), au Kurdistan irakien (Shanidar), en Ouzbékistan (Teshik-Tash). Dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune).
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L'une des sépultures de Shanidar renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle. Une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps[124],[125]. Ces pollens ont longtemps été considérés comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. Une étude de 1999 a remis en question cette interprétation, citant des phénomènes post-dépositionnels ou l'action de rongeurs pour expliquer l'accumulation de pollens. Cette étude a cependant été fortement contestée[126].
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Ces sépultures comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, même si leur interprétation en termes de religiosité est sujette à discussion.
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Les Néandertaliens ont plusieurs types de rites funéraires : sépultures, inhumations en deux temps après décomposition du corps à l'air libre (traces de désarticulation et décharnement à Shanidar VI et VIII, Krapina, Kébara[127], combe Grenal[128]), « culture des ancêtres » (analyses de taphonomie sur des crânes isolés et corps sans tête à Kébara), endocannibalisme (Moula-Guercy en Ardèche[129],[130], Vindija et Krapina en Croatie : stries de fracturation sur os frais)[131].
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Dans certains sites tels que le Regourdou en Dordogne, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».
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Au Regourdou, un squelette d'ours brun reposait sous une dalle monolithe d'un poids de 850 kg, dans une fosse peu profonde. À proximité, le corps d'un Néandertalien était couché sur le côté gauche, la tête vers le nord, en position fœtale. Le crâne manquait, mais il restait la mandibule. L’absence du crâne a également été observée dans le cas de la sépulture néandertalienne de Kébara. D'après E. Bonifay, il s'agissait d'une véritable tombe composée d’une fosse dallée, empierrée et couverte de sable et de cendres de foyer[132],[133]. Cette interprétation a largement été remise en question depuis, les accumulations d'ossements d'ours du Regourdou pouvant être liés à des phénomènes taphonomiques liés à l'occupation de la cavité par des ours hibernants[134].
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Plus généralement, l'existence du culte de l'ours, évoquée récemment par l'écrivain Jean M. Auel, est aujourd'hui contestée par de nombreux scientifiques. Les cr��nes d'ours sont extrêmement résistants et peuvent être déplacés par des phénomènes naturels jusqu'à acquérir des positions évoquant une organisation volontaire mais en fait seulement due au hasard[réf. à confirmer][135].
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La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a été interprétée comme un témoignage de la pratique du cannibalisme. Des ossements de sites tels que l'abri Moula[136], en Ardèche ou Krapina[137],[138],[139] en Croatie présentent de telles traces de découpe. Il est toutefois difficile de démontrer s'il s'agit de cannibalisme plutôt que d'un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire. Les fragments d'os de Krapina présentent des marques comparables à celles de sépultures secondaires d'une nécropole du XIVe siècle découverte dans le Michigan, correspondant à l'ablation de la chair sur une dépouille partiellement décomposée. Certains os crâniens du site des Pradelles à Marillac-le-Franc présentent des traces de découpe correspondant sans doute au prélèvement du cuir chevelu par scalpation.
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Le crâne de Néandertalien découvert dans la grotte Guattari (Mont Circé, Italie) a longtemps été considéré comme une preuve irréfutable de rituel anthropophagique : il aurait été déposé dans un cercle de pierre après que le trou occipital avait été élargi pour consommer le cerveau. Des examens approfondis ont montré que le cercle de pierre était probablement naturel et que l'élargissement du trou occipital avait été causé par une hyène, ce que confirme la présence de traces de dents en différents points du crâne[140],[141].
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Cependant, des os humains ont été découverts intentionnellement cassés dans le but d'exploiter la moelle. Ainsi dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne), des os humains étaient mélangés sans aucune distinction aux os d'animaux ayant servi de nourriture, le tout encerclant le principal lieu de vie[142]. Ces découvertes permettent de retenir l'hypothèse du cannibalisme comme fort probable, sans pouvoir trancher s'il s'agit d'un endocannibalisme ou d'un exocannibalisme[143].
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Au Paléolithique moyen apparaissent également les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques :
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En 2014, la découverte dans la grotte de Gorham (Gibraltar) de formes géométriques gravées sur une paroi recouverte de sédiments datant de plus de 39 000 ans est annoncée par l'équipe de Clive Finlayson (en). Elles constituent le premier exemple connu d'art pariétal abstrait attribué aux Néandertaliens. Leur réalisation a nécessité plusieurs centaines de passages de la pointe d'un outil de pierre taillée, probablement de silex[148],[149].
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En février 2018, de nouvelles datations viennent confirmer l'origine néandertalienne de créations artistiques (pourtour de main, réseau de lignes, peinture sur paroi) découvertes dans trois grottes espagnoles (grotte de La Pasiega (es), grotte de Maltravieso (es) et grotte d'Ardales (es)) : plus de 64 800 ans, soit plus de 20 000 ans avant l'arrivée en Europe des premiers hommes modernes. Des coquillages percés et teints, trouvés dans une quatrième grotte, sont encore plus vieux[150],[151],[152],[153]. Néanmoins, un article paru le 21 septembre 2018 remet en cause la datation des grottes de Maltravieso et de La Pasiega en raison du manque de corrélation entre le matériau analysé (des efflorescences de calcite) et le phénomène à dater. Quant aux aplats d'oxydes rouges trouvées à Ardales, rien ne prouve leur origine humaine[154],[155].
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L'étude des pigments de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Salomon et al. 2008) permet de conclure que les néandertaliens ont utilisé des couleurs sur les peaux (vêtements, tentes) bien avant qu'elles n'aient été utilisées pour les peintures rupestres, et étaient donc capables d'ajouter une dimension symbolique aux objets de leur quotidien. Les mêmes auteurs, et d'autres, notent la grande quantité de pigments remontant au Moustérien de tradition acheuléenne dans les grottes du Pech-de-l'Azé à Carsac-Aillac, Dordogne[156], et à d'autres sites de cette époque.
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La reconnaissance progressive de la culture néandertalienne remet en cause la primauté culturelle de l'homme moderne : alors que l'on pensait il y a peu que la culture technique et symbolique des Néandertaliens était très nettement inférieure quantitativement et qualitativement à celle de l'Homo sapiens, les découvertes récentes font apparaître que l'Homme de Néandertal avait lui aussi développé certaines techniques évoluées (débitage de lames[157]), et développé ou adopté des traits culturels modernes (sépultures, signes gravés, parures). La thèse du rôle capital de l'arrivée de l'Homo sapiens en Europe et celle d'une corrélation entre l'évolution biologique et l'évolution culturelle expliquant le plus grand développement de l'Homo sapiens par son évolution biologique s'en trouvent donc remises en question.
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Deux structures annulaires formées par l'accumulation de tronçons de stalagmites ont été découvertes en 1995 dans la grotte de Bruniquel. Ces structures, constituées de presque 400 « spéléofacts », ont été datées en 2016 : 176 500 ± 2 000 ans. Cet âge indique qu'elles sont vraisemblablement l’œuvre de l'homme de Néandertal, et même de néandertaliens « archaïques »[158],[159].
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En 2020, une équipe internationale a publié une étude décrivant le moulage fossilisé d’un fragment de cordelette torsadée, composée de trois brins eux-mêmes torsadés. Cette découverte a été faite dans l’abri du Maras en Ardèche, daté entre 52 000 et 41 000 ans AP. L’Homme de Néandertal ayant été le seul occupant de ce site, cet artéfact lui a été attribué. Les fibres ont été identifiées comme provenant probablement d’un conifère. C'est la plus ancienne trace de cordage trouvée, la précédente datant de 19 000 ans AP provenant du site Ohalo II[160].
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Un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté en 1999 comme un hybride Néandertal/Homo sapiens. Cette hypothèse est fortement discutée en raison des difficultés à identifier les caractères autapomorphiques chez un individu juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue[43].
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Un squelette d'enfant trouvé en contexte gravettien à Lagar Velho dans la vallée de Lapedo, au centre du Portugal, porterait des caractéristiques des deux espèces[161],[162],[163]. Cet enfant d'environ quatre ans a été inhumé dans une sépulture intentionnelle, il y a 25 000 ans. Il est donc postérieur de quelques milliers d'années aux derniers restes clairement attribuables aux Néandertaliens (entre 30 000 et 40 000 ans avant le présent[164],[165]). Cependant le caractère hybride de cet enfant est très discuté et difficile à établir : les caractères dérivés des deux taxons sont moins marqués chez les individus juvéniles que chez les adultes et la variabilité individuelle des enfants de l’époque est absolument inconnue[43].
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Une étude de l'université de Chicago publiée en 2006 a permis d'identifier un gène lié à la croissance du cerveau qui aurait été transmis à l'homme moderne par les Néandertaliens et qui est présent chez 70 % des humains actuels[166].
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Le réexamen (morphologie géométrique, analyse paléogénétique de l'ADN mitochondrial) en 2013 d'une mandibule dite des « amants de Vérone » suggère une hybridation entre un père sapiens et une mère néandertalienne[167].
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En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal effectué par une équipe de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste coordonnée par Svante Pääbo[19],[168] montre que 1 à 4 % du génome des Homo sapiens non africains provient des Néandertaliens. Les Homo sapiens d'ascendance africaine n'ont, eux, que peu ou pas d'ADN de Néandertal. Cet apport est réparti sur 20 régions génétiques spécifiques aux Homo sapiens.
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Si chaque Homo sapiens n'a que 1,8 à 2,6 % du génome de Néandertal en lui, en regroupant les différentes séquences éparpillées dans le monde entier, les chercheurs sont parvenus à reconstituer environ 30 % de ce génome[169],[170] .
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Ces croisements entre Néandertaliens et Homo sapiens eurasiatiques auraient pu survenir il y a 100 000 à 50 000 ans au Proche-Orient[171],[172],[173].
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Dans le génome de l'homme moderne européen, un gène lié à l'immunité pourrait être issu du génome de l'homme de Néandertal[174],[175],[176]. Cette découverte est confirmée en 2016 par des études qui mettent en évidence ces cas d'introgression : gènes néandertaliens à l'origine de la stimulation immunitaire[177] et des allergies des Hommes modernes[178].
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En 2014, l'étude du génome d'un Homo sapiens découvert à Kostenki, en Russie, et daté de 37 000 ans avant le présent, confirme encore le métissage et permet d'avancer une date à laquelle l'hybridation aurait eu lieu[179],[180].
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En 2015, des analyses génétiques révèlent que le fossile Oase 1 avait un ancêtre récent néandertalien, avec un ADN autosomique néandertalien estimé de 5 à 11 %[181].
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En 2017, une nouvelle étude de Cosimo Posth, de l'Institut Max-Planck, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, montre que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d'Homo sapiens. L'étude conclut que les premiers croisements entre sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans[182].
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En 2018, l'ADN d'un fragment osseux retrouvé dans la grotte de Denisova, celui d'une adolescente morte vers 13 ans il y a environ 90 000 ans[a], montre qu'elle était l'hybride d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien[183]. C'est la première preuve directe d'un métissage entre espèces humaines.
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Les derniers Néandertaliens auraient disparu il y a environ 29 000 ans. L'extinction aurait été échelonnée dans le temps selon un gradient régional[164]. Leur disparition a suscité de nombreuses hypothèses[184],[185],[186], certaines faisant intervenir des modèles mathématiques[187] ou économiques[188],[189]. Ce phénomène coïncide avec l'arrivée de groupes d'hommes modernes en Europe depuis le Proche-Orient à partir d'il y a environ 48 000 ans, peut-être à la faveur d'un épisode climatique tempéré de la dernière glaciation. Ces hommes modernes, parfois appelés « Hommes de Cro-Magnon », sont porteurs d'une nouvelle culture matérielle, appelée Aurignacien et caractérisée par la généralisation du débitage lamellaire, l'utilisation du percuteur tendre pour ces débitages et la fabrication d'outils en matières dures animales (notamment des pointes de sagaies en os). Les hommes de l'Aurignacien sont également présumés être les auteurs des plus anciennes œuvres d'art pariétal et mobilier d'Europe.
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Les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes ont probablement cohabité pendant quelques millénaires, même si aucune trace directe d'interaction n'est perceptible dans la culture matérielle.
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Très récemment, entre 2010 et 2017 ont été mises en relation la disparition de l'Homme de Néandertal autour de 35 000 ans AA (avant aujourd'hui) et l'explosion de la caldera des champs Phlégréens (baie de Naples, Italie)[190]. Des datations de cet événement publiées en 2003 donnent une date de 39 280 ±110 ans BP[191].
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Cet événement a vu la libération dans l'atmosphère d'un volume de matières volcaniques extrêmement important, d'au moins 300 km3[191]. Le panache de cendres serait monté à plus de 30 km[192] voire 40 km[réf. nécessaire] d'altitude (stratosphère), avant de retomber en un épais manteau[193] recouvrant tout, comparable aux couches de cendres de Pompéi, sur une aire de 3 700 000 km2[194] allant de l'Italie aux steppes asiatiques, tuant toute forme de végétation sur cette zone, ainsi que toute la chaîne trophique en dépendant, grands prédateurs et Homo compris. L'atmosphère globale aurait été assombrie pendant plusieurs années.
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Les derniers peuplements néandertaliens ayant survécu à cet évènement (présence constatée sur la péninsule Ibérique pendant encore plusieurs millénaires) auraient fini de disparaitre en raison d'un manque de diversité génétique (garante de la viabilité d'une espèce).
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En 2010, une équipe de paléontologues du département d'évolution humaine de l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne), a analysé l'endocrâne (l'empreinte laissée par le cerveau dans la boîte crânienne) de squelettes de néandertaliens. Les résultats ont confirmé les données sur la génétique des néandertaliens acquises grâce au séquençage de leur ADN : le cerveau des Homo sapiens a une forme globulaire caractéristique qui n'existe pas chez Néandertal. Cette différence pourrait influencer l'organisation neuronale et synaptique du cerveau, et donc les capacités cognitives. Par une litote, Jean-Jacques Hublin, le chercheur français qui a dirigé cette étude, émet l'hypothèse que « l'homme de Néandertal ne voyait pas le monde de la même façon que nous » et que son incapacité à créer des liens sociaux complexes serait à l'origine de son extinction[195].
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Disparition progressive de la population néandertalienne liée à la possibilité d'accouplements féconds mais donnant des hybrides stériles, au moins chez les Néandertaliennes. Une telle hypothèse, émise par le paléontologue finlandais Björn Kurtén[196], demeure difficile à tester.
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Certaines études suggèrent que les enfants issus d'union entre Néandertaliens et Homo sapiens auraient été moins fertiles, ce qui aurait entraîné une diminution de la proportion de gènes hérités de Neandertal[197].
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Ont également été évoqués des problèmes d'ordre génétique liés à une forte consanguinité et/ou des mutations spontanées ayant entraîné des maladies congénitales telles que l'hémophilie, le diabète insulino-dépendant ou une forme de stérilité, ayant suffisamment affecté la démographie de la population pour la faire disparaître.
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Partant de l'observation que les populations néandertaliennes étaient déjà petites avant l'arrivée des humains modernes, une étude publiée en 2019 met en œuvre trois facteurs que la biologie de la conservation identifie comme essentiels pour la persistance d'une petite population, à savoir la consanguinité, l'effet Allee et la stochasticité. Les résultats indiquent que la disparition des Néandertaliens peut avoir résidé dans la petitesse de leur seule population. Ainsi, même s'ils étaient identiques dans leurs traits cognitifs, sociaux et culturels, et même en l'absence de compétition interspécifique, les Néandertaliens couraient un risque d'extinction considérable. En outre, les auteurs suggérent que si les humains modernes ont contribué à la disparition des Néandertaliens, cette contribution n'aurait peut-être rien à voir avec la concurrence des ressources, mais plutôt avec la façon dont les populations entrantes ont restructuré géographiquement les populations résidentes, d'une manière qui a renforcé les effets Allee, et les effets de consanguinité et stochasticité[198].
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La disparition des Néandertaliens serait liée à l'arrivée des hommes modernes et à la compétition territoriale pour l'exploitation des ressources[199], voire à leur élimination physique par les hommes modernes à l'occasion de conflits violents sur les zones de contact. L'hypothèse s'appuie en particulier sur la concomitance de l'expansion d'Homo sapiens et de la disparition de Néandertal[200] ; les Homo sapiens d'Europe de l'Ouest cohabitant par exemple pendant plusieurs milliers d'années (500 à 5 400 ans suivant les régions) avec les Néandertaliens[189]. Elle se heurte toutefois à l'absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire[201]. En outre on peut objecter que les deux groupes ne devaient pas occuper l'ensemble du territoire européen et que les Néandertaliens avaient une meilleure connaissance de ce territoire et de ses ressources que les nouveaux arrivants[202]. La domestication du chien pour la chasse correspondant approximativement à la période de disparition des Néandertaliens, Pat Shipman a émis l'hypothèse selon laquelle cet événement aurait permis à Homo sapiens de bénéficier d'un net avantage dans sa recherche de nourriture[203],[204].
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Outre cette hypothèse de l'extinction violente liée à l'homme moderne, les Néandertaliens auraient pu succomber à une maladie mortelle (épidémies) apportée par les Sapiens originaires d'Afrique[205].
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La trompe d'Eustache néandertalienne, plus courte que celle des Homo sapiens, aurait favorisé des infections de l'oreille à répétition, fragilisant les Néandertaliens et participant à leur disparition[206].
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Les Néandertaliens ont été dépeints dans la culture populaire, y compris les apparitions dans la littérature, les médias visuels et la comédie. L'archétype des «hommes des cavernes» se moque souvent des Néandertaliens et les décrit comme des personnages primitifs, bossus, brandissant des massues, grognants, des personnages antisociaux mus uniquement par l'instinct animal. « Néandertal » peut également être utilisé comme une insulte[207].
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L'Homme de Néandertal, ou Néandertalien, est une espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu'à environ 30 000 ans avant le présent. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage avec l'Homme de Denisova un ancêtre commun remontant à environ 450 000 ans. Cet ancêtre partage lui-même avec Homo sapiens un ancêtre commun remontant à environ 660 000 ans[1],[2],[3]. Les plus anciens Néandertaliens fossiles reconnus comme tels sont ceux de la Sima de los Huesos, datés de 430 000 ans[4],[1].
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Depuis sa découverte en 1856, son statut a varié : un temps considéré comme une sous-espèce d'Homo sapiens et nommé en conséquence Homo sapiens neanderthalensis, il est aujourd'hui considéré comme une espèce à part entière nommée Homo neanderthalensis.
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Particulièrement bien adapté à un environnement froid, l'Homme de Néandertal était physiquement plus robuste, plus lourd et plus trapu qu’Homo sapiens. La forme oblongue de son crâne se distingue nettement de celle de l'Homme moderne, plus globulaire. Néandertal avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d'encéphalisation légèrement moindre.
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Premier homme fossile identifié, contemporain d'Homo sapiens, l'Homme de Néandertal a longtemps pâti de jugements négatifs par rapport à l'Homme moderne. Les progrès de l'archéologie préhistorique depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce humaine d'un certain développement culturel. Il maitrisait différentes techniques avancées comme le collage au brai de bouleau, et certains vestiges fossiles datés de moins de 70 000 ans sont considérés comme des sépultures témoignant de rites funéraires.
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De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les conditions de son extinction après plus de 400 000 ans d'existence. Les derniers vestiges fossiles ou archéologiques néandertaliens connus sont datés de moins de 30 000 ans, dans le sud de la péninsule Ibérique, en Crimée, et dans le Caucase. Toutefois, ces datations restent débattues au sein de la communauté scientifique.
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Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien réalisé depuis 2006 et publié à partir de 2010 a montré un « flux de gènes » ancien entre les hommes de Néandertal et les hommes modernes d'Eurasie. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par hybridation il y a environ 50 000 ans peu après leur sortie d'Afrique, et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome[5]. Certains gènes néandertaliens auraient été fixés chez l'Homme moderne en raison de leur caractère adaptatif[6].
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Deux fossiles de Néandertaliens ont été découverts avant celui auquel on a donné ce nom. En 1829, un crâne d'enfant, Engis 2, fut mis au jour par Philippe-Charles Schmerling à Engis (Belgique). En 1848, un crâne d'adulte fut trouvé à Gibraltar, dans le site de la carrière de Forbes. Si le premier appartenait à un jeune individu sur lequel les traits caractéristiques des Néandertaliens sont moins évidents, le deuxième aurait pu conduire à reconnaître l'existence d'une espèce humaine fossile. Sans doute était-il trop tôt, comme le prouvent d'ailleurs les difficultés pour faire admettre que les os recueillis en 1856 à Neandertal, en Allemagne, correspondaient bien à un homme fossile[7].
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Le mot « Néandertalien » est tiré de Neandertal, nom d'une petite vallée située sur le territoire des villes d'Erkrath et de Mettmann, entre Düsseldorf et Wuppertal (Allemagne). Au mois d'août 1856, dans le cadre de l'exploitation d'une carrière, des ouvriers vidèrent une petite cavité de cette vallée, la grotte de Feldhofer. Ils y découvrirent des ossements et un fragment de crâne qu'ils remirent à Johann Carl Fuhlrott, un instituteur d'Elberfeld passionné d'histoire naturelle.
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Par un heureux hasard, le toponyme Neandertal signifie « vallée de l'homme nouveau ». En effet le nom de Neander a été donné à cette vallée (en allemand tal, anciennement thal) en l’honneur de Joachim Neumann (1650-1680), appelé aussi Joachim Neander, car, suivant un usage familial datant de son grand-père et très courant à l'époque, il avait traduit en grec ancien son patronyme allemand, qui signifie littéralement « homme nouveau ». Ce pasteur et compositeur, auteur de cantiques religieux encore populaires dans le protestantisme allemand, aimait chercher son inspiration dans cette vallée, jadis idyllique.
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Comme, à l'époque, le nom de la vallée s'écrivait encore Neanderthal, l'homme qui y fut découvert reçut le nom latin d’Homo neanderthalensis. Ultérieurement, une réforme orthographique de l'allemand a supprimé les h superflus, mais, la nomenclature évitant de revenir sur les formes latinisées, on a continué à écrire Homo neanderthalensis. La graphie française la plus courante, proposée par Henri Vallois en 1952, est Homme de Néandertal, même si l'on trouve parfois Homme de Neandertal, Homme de Néanderthal ou Homme de Neanderthal. En anglais, la forme ancienne Neanderthal est encore très répandue, ce qui peut induire pour la séquence thal une prononciation incorrecte du nom allemand originel[8].
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Fuhlrott comprend rapidement l'intérêt de la découverte et se rend sur place pour tenter en vain de découvrir d'autres ossements ou des vestiges qui leur seraient associés. Il se rend compte qu'il s'agit d'ossements anciens mais surtout incroyablement primitifs, correspondant à un homme nouveau, d'une « conformation naturelle jusqu'ici inconnue »[9],[10].
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L'Homme de Néandertal est effectivement le premier homme fossile distinct d'Homo sapiens, et il est découvert avant l'Homme de Cro-Magnon (1868). L'idée même qu'une espèce d'homme distincte de la nôtre ait existé par le passé (et ait disparu) fut d'ailleurs particulièrement difficile à admettre. On se souviendra par exemple que Charles Darwin ne publiera L'Origine des espèces par la sélection naturelle qu'en 1859 et qu'il n'élargira explicitement sa théorie à l'homme qu'en 1871 dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe.
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Malgré des différences importantes avec les os d'hommes modernes, Fuhlrott reconnait dans ses trouvailles des os humains et les soumet à Hermann Schaaffhausen pour un examen complémentaire. Ce dernier présente ses premières conclusions en 1857[11]. Il estime que les ossements datent d'une période antérieure aux Celtes et aux Germains, et sont ceux d'un individu appartenant à l'une des races sauvages du nord-ouest de l'Europe dont parlent les auteurs latins. Tous les chercheurs n'acceptent pas cette interprétation : pour certains, les os ont appartenu à un genre différent du nôtre, sans doute plus proche du singe ; pour d'autres, ils renvoient à un individu pathologique ou frappé de crétinisme ; d'autres encore évoquent même un cosaque ayant déserté les armées russes en 1814.
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Peu à peu les découvertes se multiplient. Viennent d'abord celles de fossiles d'Homo sapiens associés à des vestiges lithiques et à des animaux disparus (dont l'Homme de Cro-Magnon en 1868) ; puis d'autres Homo neanderthalensis, encore en place dans les sédiments (mandibule de la grotte des Fées d'Arcy-sur-Cure en 1859[12]), complets et présentant les mêmes spécificités anatomiques, mais souvent hors contexte archéologique (pas d'ossements d'animaux ou d'outils associés), ce qui rend difficile leur datation et leur interprétation. Parmi les plus spectaculaires, il faut citer les deux squelettes de la Grotte de Spy (région wallonne de Belgique) en 1886 puis la sépulture de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en 1908. Elles contribuent à faire définitivement accepter l'existence d'une nouvelle espèce d'humain par la communauté scientifique.
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Le nom scientifique Homo neanderthalensis est proposé en 1864 par William King, professeur au Queen's College de Galway en Irlande et ancien élève de Charles Lyell[13]. En 1866, Ernst Haeckel propose le nom surprenant d’Homo stupidus, qui n'est pas retenu en vertu des règles de nomenclature donnant priorité à l'appellation antérieure. Les partisans du rattachement à une sous-espèce parleraient sinon d’Homo sapiens stupidus !
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Les premières études (et les reconstitutions qui en découlaient) donnèrent de l'Homme de Néandertal une image déformée, accentuant les traits primitifs, voire simiesques. Ce fut le cas de l'étude de l'Homme de la Chapelle-aux-Saints publiée par Marcellin Boule en 1911 : même s'il s'agissait d'une étude très complète, qui fit référence pendant de nombreuses années, elle présentait un Homme de Néandertal voûté, la colonne vertébrale courbée (comme chez les gorilles) et les membres inférieurs semi-fléchis[14]. Il fallut presque un siècle à la communauté scientifique pour corriger cette perception influencée par des a priori peu scientifiques.
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Au début du XXe siècle, certains furent scandalisés par le fait que ces découvertes se détachaient d'une lecture littérale de la Bible[15]. Ils reprochaient au prêtre catholique Jean Bouyssonie, qui découvrit le squelette d'un Néandertalien à la Chapelle-aux-Saints, de soutenir la théorie de l'évolution. Le 22 décembre 1908, la légende d'une caricature de La Lanterne indique : « Les savants prétendent que c’est le crâne du plus ancien homme du Monde. C’est une malveillante insinuation destinée à faire croire que les hommes du Monde descendent du singe ». La caricature montre Jean Bouyssonie en soutane, présentant sa découverte à un savant[16],[17],[18].
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Le statut phylogénétique de l'homme de Néandertal provoque encore quelques débats. Il s’agit d’un simple problème de définition de l'espèce. Deux sous-espèces peuvent se croiser et avoir une descendance fertile, mais c'est beaucoup plus variable pour deux espèces différentes (par exemple le cheval et l'âne, le tigre et le lion) : certaines le peuvent et d'autres pas. L'infertilité de la descendance prouve l'existence de deux espèces distinctes, mais l'inverse n'est pas vrai (s'il y a deux espèces, la descendance n'est pas nécessairement infertile). On peut rappeler ici qu'il existe une vingtaine de définitions de l'espèce, et que l'isolement reproductif n'est que l'une d'entre elles.
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Lors de sa dénomination en 1864, l’hypothèse d’une espèce distincte avait été privilégiée. Dans les années 1960, certains spécialistes ont considéré les Néandertaliens comme une sous-espèce d'Homo sapiens, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou encore le biologiste Ernst Mayr, qui déclarait que « jamais plus d'une seule espèce d'homme n'a existé au même moment ». Aujourd’hui, l’idée d’espèces distinctes est à nouveau dominante, notamment grâce aux apports de la génétique.
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Les multiples études paléoanthropologiques effectuées sur les ossements ne permettaient pas de se prononcer clairement sur la classification de l'homme de Néandertal. Des analyses comparées d'ADN nucléaire, extrait d'ossements de Néandertaliens et d'Homo sapiens anciens et modernes, publiées depuis 2010, ont largement contribué à forger un nouveau consensus[19].
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Des analyses comparées d'ADN mitochondrial, publiées en 1997 puis en 2004, indiquaient une divergence des lignées modernes et néandertaliennes il y a environ 500 000 ans[20],[21], ce qui soutient l'idée de deux espèces différentes.
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Une analyse publiée en 2006[22],[23] d'une séquence d'ADN mitochondrial de la racine d'une molaire d'un enfant néandertalien, mise au jour dans la grotte Scladina à Sclayn (Belgique) et datant de 100 000 ans, a révélé une grande distance génétique par rapport aux autres séquences connues de Néandertaliens, ce qui semblait montrer une grande diversité génétique de l'espèce à l'époque. Cette diversité semble s'être fortement réduite par la suite, comme le montrent les analyses faites sur les séquences connues entre −42 000 et −29 000 ans, au moment où Néandertal cohabitait avec l’Homo sapiens. Ce constat nourrit la thèse du déclin démographique de Néandertal sur cette période, déclin conduisant, par un phénomène de goulet d'étranglement de population, à la disparition progressive de certains génotypes, donc à l'appauvrissement génétique de l'espèce.
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En 2006, le Projet génome de Néandertal, un programme de séquençage de l'ADN nucléaire de l'homme de Néandertal, a été lancé par l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Leipzig en Allemagne, en collaboration avec la société 454 Life Sciences fabriquant des séquenceurs de gènes à haut débit. L'objectif était de connaitre l'étendue du lien de parenté avec l'homme moderne et d'évaluer l'interfécondité de l'homme de Néandertal et de l'homme moderne.
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Le Projet génome de Néandertal a permis d'achever le séquençage du génome néandertalien dès 2009. En 2010, des résultats basés sur l'analyse de 4 milliards de paires de bases d'ADN nucléaire, issus d'ossements fossiles de trois Néandertaliens, ont montré que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Homo sapiens eurasiatiques que de ceux d'Afrique subsaharienne[19]. Les auteurs en concluaient que les Néandertaliens auraient contribué à hauteur de 1 à 4 % (en moyenne 2,2 %) au génome des populations d'humains modernes non africaines[19].
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En 2012, une étude confirme que Néandertaliens et humains modernes se sont hybridés « quand les humains modernes, porteurs de technologies proches de celles du Paléolithique supérieur, ont rencontré les Néandertaliens alors qu'ils quittaient l'Afrique »[24],[25].
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En 2016, une information nouvelle a contribué aux débats : alors que les séquençages précédents concernaient l'ADN autosomal (non sexuel), une première description d'un chromosome Y (et donc masculin) néandertalien (provenant de la grotte d'El Sidrón, Espagne, il y a 49 000 ans) a montré de grandes différences avec le chromosome Y humain actuel[26],[27]. Même si des Néandertaliens et des humains modernes se sont hybridés il y a quelque 55 000 ans, l'ADN du chromosome Y néandertalien ne semble pas avoir été transmis aux humains modernes[27]. Ceci va dans le sens d'études antérieures constatant que si les Asiatiques et les Européens actuels ont bien hérité de 1 % à 3 % de leur ADN de leurs ancêtres via des croisements avec des Néandertaliens, leurs chromosomes Y n'en portent pas de traces. Une hypothèse explicative serait que les deux taxons n'étaient pas entièrement compatibles : le sperme des hommes Néandertaliens pourrait avoir été non fécondant pour les femmes "modernes" de leur époque[28]. On a trouvé dans le chromosome Y néandertalien d'El Sidrón des mutations de trois gènes impliqués dans le système immunitaire, dont celui qui produit des antigènes pouvant provoquer une réponse immunitaire aboutissant à une fausse-couche chez les femmes enceintes[28]. Ainsi, même si des hommes néandertaliens et des femmes « modernes » se sont sexuellement unis par le passé, ils n'ont vraisemblablement pas pu obtenir de descendance mâle suffisamment abondante ou viable, ce qui aurait pu hâter « l'extinction » des néandertaliens.
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Une étude de 2016 exploitant le séquençage de l'ADN nucléaire de spécimens de la Sima de los Huesos (Espagne), datés de 430 000 ans, comparé avec le génome de spécimens d'Homo sapiens, d'Homme de Néandertal et d'Homme de Denisova, a attribué les fossiles de la Sima de los Huesos à l'espèce Homo neanderthalensis, et indiqué que la séparation entre la lignée des hommes modernes et celle des humains archaïques, Dénisoviens et Néandertaliens, a eu lieu entre 550 000 et 760 000 ans avant le présent. La séparation entre Dénisoviens et Néandertaliens est quant à elle estimée entre 381 000 et 473 000 ans. Les fossiles de la Sima de los Huesos étant datés de 430 000 ans, on peut estimer cette dernière séparation à un âge d'environ 450 000 ans[1]. Pour la première fois, les liens entre différents représentants du genre Homo ont pu ainsi être établis.
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En 2017, le génome d'une seconde néandertalienne provenant de la grotte de Vindija (Croatie) a été séquencé. L'étude a permis de préciser la proportion d'ADN néandertalien chez les Eurasiens (1,8 à 2,6 %) et confirme l'implication de ces gènes néandertaliens dans la résistance au froid et la sensibilité à certaines maladies[29],[30].
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En 2018, la reconstruction de l'histoire génétique des Néandertaliens tardifs se poursuit. Le génome de cinq nouveaux Néandertaliens ayant vécu il y a 39 000 à 47 000 ans a pu être étudié (le nombre de Néandertaliens dont on a séquencé le génome a ainsi doublé)[31]. Ces cinq personnes avaient un génome très similaire à ceux des Néandertaliens tardifs déjà connus, conformément à ce que prédisait leur situation géographique[31]. Et bien que quatre de ces Néandertaliens aient été contemporains des premiers humains modernes en Europe, aucune trace d'apport génétique des hommes modernes n'a pu être décelée[31].
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Les apports de gènes néandertaliens chez les humains modernes outrafricains proviennent de contacts, peu après leur sortie d'Afrique, avec des Néandertaliens représentatifs des fossiles européens tardifs (leur dernier ancêtre commun datant d'environ 80 000 ans). Mais ces lignées sont sensiblement plus éloignées de celle d'un Néandertal de l'Altai, qui a divergé il y a environ 140 000 ans et des Dénisoviens qui se sont séparés il y a au moins 400 000 ans[32]. Une autre étude identifie une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[33].
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Une nouvelle étude publiée en 2020 analyse l'évolution des chromosomes Y de Néandertaliens tardifs. Cette étude nous renseigne donc sur leurs lignées paternelles. Le signal renvoyé par ces chromosomes Y diffère grandement de celui de l'ADN autosomique. On identifie que les chromosomes Y des Denisoviens auraient divergé il y a environ 700 000 ans d'une lignée partagée par les chromosomes Y humains néandertaliens et modernes alors que l'on sait de ce sont les néandersoviens qui ont divergé de la lignée des humains modernes approximativement à cette date. Les lignées des humains néandertaliens et modernes se seraient alors séparées autour de 370 000 ans. De manière très insolite, on retrouve des résultats similaires avec l'ADN mitochondrial et donc la lignée maternelle, alors que les Néandertaliens anciens de Sima de los Huesos, âgés de 400 ka avaient un ADN mitochondrial plus proche de celui des Dénisoviens. Ces résultats suggèrent un remplacement, chez les Néandertaliens tardifs, des gènes néandertaliens ancestraux par des gènes en provenance de la lignée des humains modernes (Homo sapiens) et ceci seulement pour les pools de gènes uniparentaux, tant mitochondriaux (lignée maternelle) que du chromosome Y (lignée paternelle). Ce résultat révèle des hybridations anciennes avec des humains prémodernes[34].
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Certaines séquences d'ADN acquises auprès des Néandertaliens ont pu s'avérér bénéfiques, comme celles favorisant l'adaptation au climat froid ou résistance aux maladies. Elles ont été sélectionnées positivement alors que d'audres, délétères, ont été éliminées du génome humain par sélection négative. On trouve aujourd'hui dans le génome humain des allèles dérivés de Néandertaliens qui nous rendent à la fois sensibles ou résistants à certaines maladies[32].
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Parmi les gènes que les néandertaliens nous ont transmis, certains sont associés à des traits phénotypiques ou à des maladies. Ils affectent notamment[32] :
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Cela conforte l'idée « que l'ascendance néandertalienne influe sur le risque de maladie chez les humains actuels, en particulier en ce qui concerne les phénotypes neurologiques, psychiatriques, immunologiques et dermatologiques »[32].
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L'apparition de l'homme de Néandertal est une question complexe qui dépend notamment de la définition qu'on choisit d'adopter. Avant les Néandertaliens classiques, les fossiles deviennent beaucoup plus rares et les datations moins précises, encourageant de nombreuses théories concurrentes. Cependant l'analyse d'ADN nucléaire de la Sima de los Huesos en 2016 a permis de consolider une première affirmation sur les origines de Néandertal : sa lignée se sépare d'avec Homo sapiens il y a environ 660 000 ans et ses premiers fossiles seraient justement ceux de la Sima datés de 430 000 ans. Ceux-ci présentent de nombreux caractères intermédiaires mais leur dentition est déjà clairement néandertalienne, suggérant une spécialisation initiale de l'appareil masticatoire[35],[36],[4],[1]. Les débats se poursuivent sur l'attribution des autres fossiles de cette période du Pléistocène moyen : Aroeira 3 montre des caractères néandertaliens[37], mais d'autres fossiles sont d'une attribution moins claire. Jean-Jacques Hublin avance un modèle d'accrétion, où des populations successives auraient accumulé progressivement des caractères dérivés pour donner naissance au jeu de caractères commun aux Néandertaliens classiques[38].
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L'Homme de Néandertal est une espèce dont l'apparition et l'évolution sont connues principalement sur le continent européen. Les Néandertaliens découverts au Moyen-Orient, sur les territoires actuels de l'Irak, de la Syrie (grotte de Dederiyeh[39]), du Liban (Ksar Akil) et d'Israël, ainsi qu’en Asie centrale (Techik-Tach, en Ouzbékistan) et en Sibérie sont à ce jour moins nombreux et plus tardifs, ce qui pourrait être dû à des fouilles moins avancées. En 2007, la répartition géographique des Néandertaliens a été repoussée de 2 000 km vers l'est par rapport au site de Teshik-Tach, le plus oriental connu jusqu'alors. Des fragments osseux de la grotte Okladnikov, dans l'Altaï, jusqu'alors mal référencés, sont désormais attribués à des Néandertaliens après une analyse génétique de leur ADN mitochondrial par l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. D'après les chercheurs, l'ADN mitochondrial des Néandertaliens de l'Altaï est d'ailleurs plus proche de celui des Néandertaliens de la grotte Scladina, en Belgique, que de celui de l'Ouzbékistan, suggérant plusieurs vagues de migrations et de peuplements de la région. L'équipe du généticien Svante Pääbo a suggéré que la présence de Néandertaliens dans l'Altaï rendait envisageable une extension plus orientale, en Mongolie, voire jusqu'en Chine[40],[41].
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Les estimations du nombre total de néandertaliens par les paléodémographes présentent une très grande variabilité. L'effectif maximal est évalué à 70 000 néandertaliens. La densité des populations était très faible, de l'ordre de 100 individus pour 10 000 km2, se répartissant en 2 à 3 000 clans de 20 à 35 personnes[42].
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Il y a plus d'un million d'années, quelques groupes humains sont arrivés en Europe et ont laissé des traces sous forme de fossiles et de galets taillés de type oldowayen. Les plus anciens fossiles humains européens datent de 1,2 à 1,5 million d'années et ont été mis au jour en Espagne (Sima del Elefante et Homme d'Orce) et en Bulgarie (Kozarnika). Ils sont cependant trop fragmentaires pour avoir pu être attribués à une espèce précise.
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À partir de −700 000 ans, le peuplement de l'Europe se renouvelle avec probablement l'arrivée d'Homo heidelbergensis, porteur de l'industrie acheuléenne. À cette époque, plusieurs espèces appartenant au genre Homo coexistaient en Europe et en Asie. L'une d'elles a évolué pour donner les Néandertaliens.
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Les fossiles européens de cette période sont généralement attribués à Homo heidelbergensis : c’est le cas de l’Homme de Tautavel (−450 000 ans), trouvé dans les Corbières en France, de la mandibule de Mauer (−610 000 ans), trouvée près de Heidelberg en Allemagne, ou du crâne de Petralona trouvé dans la grotte de Petralona en Chalcidique (Grèce) (environ −700 000 ans).
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L’évolution qui conduit au développement d’Homo neanderthalensis, parfois appelée « néandertalisation », est un processus lent et progressif. Elle peut être suivie depuis différents fossiles, qualifiés de « pré-Néandertaliens », jusqu’aux Néandertaliens récents[43].
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Un crâne daté de 400 000 ans, Aroeira 3, découvert en 2014 dans la Grotte d'Aroeira au centre du Portugal, présente un mélange de caractéristiques jamais observé jusqu'alors chez les humains fossiles ; cet individu présente des traits le rendant proche des Néandertaliens mais aussi certains traits plus primitifs évoquant d'autres espèces humaines éteintes en Europe. Il pourrait contribuer à mieux comprendre les lignées d'Europe ayant évolué vers les Néandertaliens[37].
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Les fossiles de Swanscombe (Kent, Angleterre, 400 000 ans), de Steinheim (Allemagne, 300 000 ans) et de la Sima de los Huesos à Atapuerca (Espagne, 430 000 ans) sont plus clairement attribués aux Prénéandertaliens.
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Les restes de trois os longs (humérus, radius, cubitus) du bras gauche d’un individu adulte, de sexe indéterminé, datés d'environ 210 000 ans ont été découverts en septembre 2010 sur une fouille de l'Inrap à Tourville-la-Rivière (Normandie, France). Leur étude a été publiée en octobre 2014[44],[45].
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Les plus anciens fossiles de morphologie néandertalienne presque complète ont des âges compris entre - 250 000 et - 110 000 ans. Parmi eux, on peut citer le crâne de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), vieux de 180 000 ans[46], les restes de La Chaise à Vouthon (Charente), la mandibule de Montmaurin (Haute-Garonne), les crânes de Saccopastore près de Rome en Italie (250 000 ans), ou les nombreux restes de Krapina en Croatie.
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Les Néandertaliens les plus typiques, dont les caractères dérivés sont les plus marqués, ont des âges compris entre −100 000 et −30 000 ans, date de leur disparition.
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Parmi les fossiles de Néandertaliens classiques, outre les vestiges de Néandertal même (environ −42 000 ans), il faut mentionner les squelettes de La Chapelle-aux-Saints, du Moustier, de La Ferrassie[47], de La Quina, de Saint-Césaire dans le Sud-Ouest de la France ou de Spy en Belgique pour ne citer que les plus complets.
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Les derniers Néandertaliens connus ont été découverts notamment au Portugal, en Espagne (Zafarraya, −30 000 ans[48],[49]), en Croatie (Vindija, −32 000 ans[50],[51]) et dans le Nord-Ouest du Caucase (Mezmaiskaya, −29 000 ans). Toutes ces dates sont toutefois à considérer avec précaution, les réévaluations successives ayant tendance à vieillir les résultats obtenus par le carbone 14 pour le Paléolithique moyen[52],[53].
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Des recherches conduites de 1999 à 2005 dans la grotte de Gorham à Gibraltar suggèrent que les Néandertaliens y ont vécu jusqu'à −28 000 ans, voire −24 000 ans[54],[55]. Ils auraient donc longuement cohabité avec les Homo sapiens, présents dans la région depuis 34 000 ans. Ces résultats sont toutefois fortement critiqués, par exemple par Joao Zilhão, de l'université de Bristol[56].
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En 2011, une équipe internationale publia des travaux concernant le site de Byzovaya, près du cercle Arctique en Russie, où ont été découverts des bifaces taillés typiques de la culture moustérienne, classiquement associée aux Néandertaliens en Europe occidentale. Ces outils datent d'il y a 34 000 à 31 000 ans et sont situés plus de mille kilomètres au nord du site le plus septentrional connu pour l'homme de Néandertal, remettant en question la distribution maximale de celui-ci[57],[58]. Ces conclusions ont toutefois été vivement contestées dans une publication ultérieure[59]. Les auteurs considèrent qu'en l'absence de restes fossiles constituant une preuve directe de la présence néandertalienne à cette latitude et à une date aussi récente, l'hypothèse d'un rattachement de l'industrie lithique de Byzovaya au Paléolithique supérieur demeure la plus parcimonieuse.
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Les Néandertaliens sont de corpulence souvent très massive et robuste : 90 kg et 1,65 m en moyenne pour les hommes et 70 kg et 1,55 m pour les femmes (des individus auraient atteint 1,90 m)[60]. L'ensemble de leur structure (os épais avec corticale développée) et leurs attaches musculaires laissent supposer une grande force physique. Les règles écologiques de Bergmann (corps plus massif qui réduit la déperdition de chaleur) et d'Allen (membres courts qui réduisent également cette déperdition) s'appliquent parfaitement aux néandertaliens dont l'anatomie est une adaptation aux climats froids[61].
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Les Néandertaliens présentent quelques caractères archaïques, hérités de leur prédécesseur (caractères plésiomorphes), ainsi que des caractères évolués (caractères apomorphes). Les caractères évolués peuvent être partagés avec les Homo sapiens (caractères synapomorphes) ou bien être des caractères dérivés spécifiques (caractères autapomorphes). Seuls ces derniers permettent d'identifier l'espèce lors de l'examen d'un fossile.
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Les traits spécifiques aux Néandertaliens ont souvent été présentés comme des adaptations au froid ; les membres courts et robustes des Néandertaliens trouvent des analogues modernes dans les populations vivant dans les régions proches du pôle. Des facteurs écologiques liés aux avancées glaciaires tels que l'isolement de populations et le faible brassage génétique ont pu favoriser la fixation rapide de ces traits.
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La rousseur des Néandertaliens a été évoquée à la suite de différentes études mais il semble s'agir de sur-interprétations de résultats scientifiques de la part des médias. Chez les humains, la rousseur est liée à une mutation du gène MC1R (melanocortin-1 receptor) qui régule la production de mélanine[64]. En 2000, une étude a montré que cette mutation pouvait exister depuis 100 000 ans[65]. Certains en ont conclu qu'elle pouvait être apparue chez les Néandertaliens qui l'auraient transmise aux hommes modernes[66], ce que nuancent les auteurs[67].
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En octobre 2007, un article de la revue Science présente les résultats d'une étude portant sur l'extraction d'ADN fossile de deux spécimens néandertaliens, l'un découvert en Italie (Monti Lessini), l'autre en Espagne (El Sidrón 1252)[68]. Les auteurs ont amplifié et séquencé un fragment du gène MC1R et ont mis en évidence chez les deux individus une mutation inconnue chez l'homme moderne. Toutefois, il est impossible de déterminer si cette mutation était présente sur les deux allèles et donc si elle affectait le phénotype des individus en question. Pour les auteurs, la présence de ces mutations permet d'estimer qu'un pour cent environ des Néandertaliens avait une pigmentation réduite se traduisant par une peau claire et des cheveux roux[69]. Bien que cette proportion soit très limitée, certains médias ont rapporté que les Néandertaliens étaient roux[70],[71].
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Alors que la plupart des musées présentent des reconstitutions de Néandertaliens avec des yeux bleus ou verts, un teint de peau clair et des cheveux roux correspondant à ce que l'on observe chez les populations modernes sous des latitudes équivalentes à celles de l'Europe, une étude génétique parue en 2012 portant sur les ossements de deux femmes néandertaliennes de Croatie suggère une peau au teint plus foncé, des yeux marron et des cheveux bruns[72].
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Les restes osseux de Néandertaliens, tant en Europe qu'en Asie occidentale, présentent parfois des anomalies qui renseignent sur les lésions organiques survenues de leur vivant et parfois responsables de leur décès. Ces anomalies peuvent être classées en quatre catégories principales[73] :
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Les Néandertaliens semblent avoir souffert fréquemment de fractures, en particulier au niveau des côtes (Shanidar IV, « vieillard » de La Chapelle-aux-Saints), du fémur (La Ferrassie 1), de la fibula (La Ferrassie 2 et Tabun 1), de la colonne vertébrale (Kébara 2[74]) et du crâne (Shanidar I, Krapina, Šaľa 1). Ces fractures sont souvent ressoudées et ne montrent pas ou peu de signes d'infection, ce qui suggère que les individus étaient pris en charge au cours de leur période d'invalidité.
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En relation avec des fractures, d'autres traces de traumatismes ont été signalées sur de nombreux squelettes de Néandertaliens. Ils semblent liés à des blessures perforantes, comme chez Shanidar III dont le poumon fut certainement perforé par une blessure entre les côtes 8 et 9. Il peut s'agir d'une attaque intentionnelle ou d'un accident de chasse, mais l'individu survécut à sa blessure durant quelques semaines avant d'être tué par la chute d'un bloc rocheux dans la grotte de Shanidar. D'autres traumatismes correspondent à des coups portés à la tête (Shanidar I et IV[75], Krapina[76]), tous consolidés.
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L'arthrite est particulièrement répandue chez les Néandertaliens les plus âgés. Elle concerne de façon spécifique les articulations comme les chevilles (Shanidar III), la colonne vertébrale et les hanches (« vieillard » de La Chapelle-aux-Saints[77],[78]), les bras (La Quina 5, Krapina, Feldhofer), les genoux, les doigts et les orteils, le tout en relation étroite avec les maladies articulaires dégénératives (arthrose), qui peuvent aller de la dégénérescence normale, liée à l’usure, jusqu’à la restriction des mouvements, douloureuse et handicapante, et à la déformation. C’est ce qu’on observe à des degrés divers sur les squelettes de Shanidar (I-IV).
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L'hypoplasie de l'émail dentaire est l'indicateur d'un stress survenu durant le développement des dents. Les striations et les cannelures de l'émail reflètent les périodes de pénurie alimentaire, les traumatismes ou les maladies. Une étude de 669 couronnes dentaires de Néandertaliens a montré des signes d'hypoplasie plus ou moins prononcés sur 75 % d'entre elles[79]. Les carences alimentaires en étaient la cause principale, pouvant aller jusqu'à entraîner la perte des dents. Les dents appartenant aux squelettes les plus âgés présentaient toutes une hypoplasie, particulièrement nette chez le « vieillard »[80] de La Chapelle-aux-Saints et l'individu 1 de La Ferrassie.
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On trouve occasionnellement sur des squelettes de Néandertaliens des lésions osseuses secondaires liées à une infection des tissus mous du voisinage. Shanidar I présente des traces manifestes de lésions dégénératives de même que La Ferrassie 1, où les lésions sur les deux fémurs, les tibias et les fibulas indiquent une infection systémique ou peut-être un cancer.
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L'aptitude physique à la parole et au langage des Néandertaliens a longtemps été controversée. Les discussions portent, en particulier, sur l'aptitude physique des Néandertaliens au langage, pour laquelle la morphologie de l'os hyoïde est importante[81],[82]. L'os hyoïde est un petit os qui maintient la base de la langue. Il est présent chez tous les mammifères. Très peu d'os hyoïdes de Néandertaliens ont été mis au jour : un premier a été découvert en 1983 à Kébara, sur le mont Carmel en Israël (60 000 ans A.P.) et un autre dans le site d’El Sidron en Espagne (43 000 ans A.P.). Les deux os sont très peu différents de ceux des humains actuels[83],[84],[85]. Des os hyoïdes appartenant à des pré-néandertaliens ont été découverts dans le site de la Sima de los Huesos à Atapuerca en Espagne (430 000 ans A.P.) ; ils ont également des caractéristiques proches de celui des Homo sapiens[86].
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En outre, au delà de la présence ou non de l'os hyoïde, pour le préhistorien Jean-Paul Demoule, il existe plusieurs éléments permettant d'identifier dans la production d'objets des Homo-erectus tardifs et des premiers Néandertaliens les preuves de la présence d'un « proto-symbolisme » indice probable d'un prélude de langage se situant entre les sons signifiants des chimpanzés et le langage de l'homme moderne[87].
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Concernant le conduit vocal des Néandertaliens, Philip Lieberman maintient depuis 1971 que ceux-ci ne disposaient pas d'un pharynx de taille suffisante pour produire tous les sons que l'on observe dans les langues du monde. Malgré de nombreuses critiques concernant cette argumentation, cette théorie s'est largement diffusée pendant une trentaine d'années. À la suite d'une longue controverse[88],[89],[90], il semble que les arguments avancés par Lieberman ne soient plus tenables. La reconstruction anatomique du conduit vocal qu'il avait utilisée n'était pas réaliste et ses simulations peu convaincantes. Ce n'est pas la taille du pharynx qui permet de parler mais le contrôle des articulateurs (cordes vocales, langue, mandibule, voile du palais, lèvres). Les nouvelles simulations montrent bien que les Néandertaliens avaient la capacité physique de parler.
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Une étude publiée en 2007[91] et portant sur l'analyse de l'ADN provenant des restes de deux Néandertaliens découverts à El Sidrón (Espagne) aurait permis d'y détecter la même version du gène FOXP2 (forkhead box P2) que celle présente chez les hommes modernes. Cela pourrait plaider en faveur de l'aptitude des Néandertaliens au langage puisqu'on estime que ce gène joue un rôle important dans le développement des parties du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé[92].
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Après avoir longtemps été considéré comme un être archaïque et encore proche de l'animalité, y compris par une partie de la communauté scientifique, l'Homme de Néandertal commence à apparaître comme un être doté de capacités intellectuelles et de traditions culturelles.
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Le tableau ci-dessous liste un certain nombre de comportements considérés comme modernes et courants chez Homo sapiens ainsi que la fréquence relative de leur mise en œuvre par Homo neanderthalensis[93] :
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L'homme de Néandertal est l'auteur d'un outillage complexe et élaboré, et notamment des industries du Moustérien. Ses méthodes de débitage apportent en outre la preuve de ses capacités d'abstraction et d'anticipation, en particulier en ce qui concerne le débitage Levallois. Les éclats obtenus par cette méthode ou par d'autres pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs ou les denticulés.
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Des preuves directes (traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine[94]) ou indirectes (répartition des traces d'utilisation) montrent que certains outils étaient utilisés emmanchés. Les manches eux-mêmes, réalisés en matériaux périssables, n'ont pas été conservés. En revanche, des conditions particulièrement favorables ont permis la conservation de quelques objets en bois. Le plus spectaculaire est sans conteste un fragment d'épieu en if fiché dans le thorax d'un éléphant (Elephas antiquus), mis au jour à Lehringen (Basse-Saxe). Dans le même site, daté de l'Eémien (130 000-115 000 ans avant le présent), ont été découverts des éclats Levallois ayant servi à découper de la peau et de la viande[95],[96].
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Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs du Châtelperronien, un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Ce faciès est caractérisé par des comportements longtemps considérés comme propres aux hommes modernes : débitage de lames, utilisation de parure, fabrication d'outils en os, etc.[97],[98].
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En 1981, l'archéologue Lewis Binford soutient une théorie selon laquelle les premiers hominidés (dont les Néandertaliens) jusqu'au Paléolithique moyen ne pratiquaient que la cueillette ou le charognage passif, seuls les hommes modernes pratiquant la chasse de grand gibier rapide[99]. Cette théorie est aujourd'hui abandonnée.
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Rares sont les preuves directes de la pratique de chasse aux grands herbivores par les Néandertaliens telles que le fragment d'épieu en if de Lehringen et les lances de Schöningen à la pointe parfois durcie au feu[100] ou des pointes emmanchées en silex ou en os, parfois collées au bitume[94]. En revanche, les sites livrent des accumulations impressionnantes d'ossements de grands mammifères (bison à Coudoulous, Lot et à Mauran, Haute-Garonne ; saïga en Crimée ; bouquetin dans la grotte du Lazaret ; aurochs à La Borde, Lot ; cheval à Saint-Césaire, Charente-Maritime) ; elles sont interprétées comme le résultat de chasses saisonnières, parfois avec utilisation d'avens ou de fondrières comme pièges naturels (technique de « chasse à l'abîme »)[101]. De plus, les analyses biogéochimiques sur le collagène osseux des Néandertaliens et des mammifères associés[102] montrent une alimentation carnée proche de celle du loup, même en période tempérée. Chasseurs de grands mammifères, les Néandertaliens avaient des stratégies (communautés spécialisées dans la chasse de deux ou trois espèces, technique à l'approche ou à la poursuite de proies en fonction de l'âge et du sexe) qui attestent une parfaite connaissance de l'environnement et de l'éco-éthologie des animaux et un savoir-faire technique développé. Enfin les études anatomiques montrent leur adaptation à la chasse : ils étaient en effet trapus et musclés, et pesaient en moyenne 90 kg pour 1,65 m (hommes) et 70 kg pour 1,55 m (femmes)[103].
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La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs — hyène des cavernes, loup, lion des cavernes — ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) a également été évoquée, notamment pour les grands mammifères (mammouth, rhinocéros laineux)[104],[105].
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Les analyses en paléogénétique réalisées en 2010 dans la grotte d'El Sidrón suggèrent que la société néandertalienne pratique l'exogamie patrilocale[106].
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Certaines constatations de comportements altruistes témoignent de manifestations d'entraide, de solidarité et d'assistance, tel le vieillard retrouvé dans le cimetière de La Chapelle-aux-Saints ou de Shanidar avec un squelette si déformé par la maladie qu'il devait probablement être infirme[107]. Les enfants s'entraînent à la taille d'outils lithiques sur les mêmes sites que les adultes expérimentés[108].
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Au moins un comportement alimentaire, le bris des os pour en extraire la moelle, a révélé un apprentissage social plutôt que technique dans les niveaux du Pléistocène moyen. Une étude sur les assemblages de ces matériaux provenant de la grotte de Bolomor (es) (Valence, Espagne, MIS 9-5e) et celle de Gran Dolina TD10-1 (Burgos, Espagne, MIS 9) : dans un même groupe, les os ne sont pas brisés aux points les plus faibles, dans une logique d'efficacité, mais suivant un comportement socialement acquis. Au sein d'une même grotte, ces comportements changent au fil des époques ; ceci suggère l'existence possible d'identités culturelles ou de prédispositions comportementales dépendantes des groupes et pourrait servir de marqueur pour les zones d'extension des différents groupes[109].
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Les analyses génétiques suggèrent que les Néandertaliens de Sibérie vivaient dans des populations relativement isolées de moins de 60 individus. En revanche, les Néandertaliens d'Europe et les humains modernes anciens semblent avoir vécu dans des populations de plus grande taille[110].
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Les Néandertaliens ont d'abord été considérés comme exclusivement chasseurs carnivores, faisant partie des superprédateurs (mangeant de grands herbivores alors qu’Homo sapiens avait diversifié son alimentation — petit gibier, fruits de mer, poissons d'eau douce et marins). Ce régime alimentaire a parfois été considéré comme l'une des causes de leur extinction[111].
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En 2010, des analyses de phytolithes piégés dans des plaques de tartre de dents fossilisées néandertaliennes provenant de différents sites ont révélé des traces de plantes fossilisées (palmier-dattier, légumineuses, rhizomes de nénuphar, graminées du genre Triticum ou Hordeum), indiquant un régime alimentaire diversifié et un comportement de chasseur-cueilleur. De plus, certains grains d'amidon retrouvés montrent des processus de cuisson, suggérant que les Néandertaliens, grâce à leur maîtrise du feu, cuisaient ces végétaux en les faisant bouillir. On pensait auparavant que seules les viandes étaient cuites (d'après l'analyse des ossements d’animaux retrouvés dans de nombreux foyers) alors que les végétaux étaient simplement grillés[112]. Les Néandertaliens ont ainsi une alimentation carnée composée essentiellement de grands mammifères mais incluant également des végétaux ou de petits animaux (lagomorphes, oiseaux, mollusques terrestres[113]) lorsque les conditions s'y prêtent. La matière animale et végétale constituent respectivement 80 et 20 % de leur régime alimentaire[114],[115].
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Des restes de coquillages trouvés dans la grotte de Bajondillo au sud de l'Espagne, montrent que des Néandertaliens mangeaient des fruits de mer en Europe dès 150 000 ans avant le présent[116],[117].
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En 2012 puis en 2017, l'analyse chimique puis l'identification de restes d’ADN piégés il y a environ 36 000 ans dans la plaque dentaire de Néandertaliens découverts en Belgique et en Italie montrent qu’ils mangeaient notamment du rhinocéros laineux, du mouflon et des champignons. Par contre, chez ceux d'El Sidrón (Espagne), datés d'environ 48 000 ans, seul de l’ADN végétal a été détecté. Il provient de diverses plantes et champignons (pignon de pin et mousse forestière notamment) [118]. Les Néandertaliens semblent aussi avoir utilisé des analgésiques (acide salicylique trouvé dans le saule) et des antibiotiques naturels (Penicillium)[118].
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En 2012, l'analyse chimique de plaques dentaires de cinq Néandertaliens mis au jour à El Sidrón avait déjà montré la présence de composés végétaux amers pouvant provenir de l'achillée millefeuille, dont l'utilisation était déjà présumée précédemment par la présence de pollens dans une tombe néandertalienne à Shanidar, en Irak[119], et la camomille. Il s'agit de plantes sans valeur nutritive mais présentant des vertus médicinales ou pouvant servir éventuellement de coupe-faim.
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En 2019, l'étude des dépôts moustériens de la grotte de Pié Lombard (Tourrettes-sur-Loup, Alpes-Maritimes, France) révèle les restes fossilisés d'au moins 225 lapins de l'espèce Oryctolagus cuniculus, de loin l'espèce animale la plus abondamment représentée sur le site[120].
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Par ailleurs, les Néandertaliens chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque. Globalement, les découvertes montrent de plus en plus que leur régime alimentaire était qualitativement aussi diversifié que celui des humains anatomiquement modernes[121],[122].
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S'il est possible qu’Homo heidelbergensis, l'un des ancêtres probables de l'Homme de Néandertal, ait adopté un comportement particulier vis-à-vis de ses morts à Atapuerca, les premières véritables sépultures connues sont néandertaliennes[123]. Les plus anciennes datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles se multiplient ensuite et on en trouve en France (La Chapelle-aux-Saints, La Ferrassie, La Quina, Le Moustier, Saint-Césaire), en Belgique (Spy), en Israël (Kébara, Amud), au Kurdistan irakien (Shanidar), en Ouzbékistan (Teshik-Tash). Dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune).
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L'une des sépultures de Shanidar renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle. Une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps[124],[125]. Ces pollens ont longtemps été considérés comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. Une étude de 1999 a remis en question cette interprétation, citant des phénomènes post-dépositionnels ou l'action de rongeurs pour expliquer l'accumulation de pollens. Cette étude a cependant été fortement contestée[126].
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Ces sépultures comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, même si leur interprétation en termes de religiosité est sujette à discussion.
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Les Néandertaliens ont plusieurs types de rites funéraires : sépultures, inhumations en deux temps après décomposition du corps à l'air libre (traces de désarticulation et décharnement à Shanidar VI et VIII, Krapina, Kébara[127], combe Grenal[128]), « culture des ancêtres » (analyses de taphonomie sur des crânes isolés et corps sans tête à Kébara), endocannibalisme (Moula-Guercy en Ardèche[129],[130], Vindija et Krapina en Croatie : stries de fracturation sur os frais)[131].
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Dans certains sites tels que le Regourdou en Dordogne, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».
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Au Regourdou, un squelette d'ours brun reposait sous une dalle monolithe d'un poids de 850 kg, dans une fosse peu profonde. À proximité, le corps d'un Néandertalien était couché sur le côté gauche, la tête vers le nord, en position fœtale. Le crâne manquait, mais il restait la mandibule. L’absence du crâne a également été observée dans le cas de la sépulture néandertalienne de Kébara. D'après E. Bonifay, il s'agissait d'une véritable tombe composée d’une fosse dallée, empierrée et couverte de sable et de cendres de foyer[132],[133]. Cette interprétation a largement été remise en question depuis, les accumulations d'ossements d'ours du Regourdou pouvant être liés à des phénomènes taphonomiques liés à l'occupation de la cavité par des ours hibernants[134].
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Plus généralement, l'existence du culte de l'ours, évoquée récemment par l'écrivain Jean M. Auel, est aujourd'hui contestée par de nombreux scientifiques. Les cr��nes d'ours sont extrêmement résistants et peuvent être déplacés par des phénomènes naturels jusqu'à acquérir des positions évoquant une organisation volontaire mais en fait seulement due au hasard[réf. à confirmer][135].
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La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a été interprétée comme un témoignage de la pratique du cannibalisme. Des ossements de sites tels que l'abri Moula[136], en Ardèche ou Krapina[137],[138],[139] en Croatie présentent de telles traces de découpe. Il est toutefois difficile de démontrer s'il s'agit de cannibalisme plutôt que d'un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire. Les fragments d'os de Krapina présentent des marques comparables à celles de sépultures secondaires d'une nécropole du XIVe siècle découverte dans le Michigan, correspondant à l'ablation de la chair sur une dépouille partiellement décomposée. Certains os crâniens du site des Pradelles à Marillac-le-Franc présentent des traces de découpe correspondant sans doute au prélèvement du cuir chevelu par scalpation.
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Le crâne de Néandertalien découvert dans la grotte Guattari (Mont Circé, Italie) a longtemps été considéré comme une preuve irréfutable de rituel anthropophagique : il aurait été déposé dans un cercle de pierre après que le trou occipital avait été élargi pour consommer le cerveau. Des examens approfondis ont montré que le cercle de pierre était probablement naturel et que l'élargissement du trou occipital avait été causé par une hyène, ce que confirme la présence de traces de dents en différents points du crâne[140],[141].
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Cependant, des os humains ont été découverts intentionnellement cassés dans le but d'exploiter la moelle. Ainsi dans la grotte de l'Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne), des os humains étaient mélangés sans aucune distinction aux os d'animaux ayant servi de nourriture, le tout encerclant le principal lieu de vie[142]. Ces découvertes permettent de retenir l'hypothèse du cannibalisme comme fort probable, sans pouvoir trancher s'il s'agit d'un endocannibalisme ou d'un exocannibalisme[143].
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Au Paléolithique moyen apparaissent également les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques :
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En 2014, la découverte dans la grotte de Gorham (Gibraltar) de formes géométriques gravées sur une paroi recouverte de sédiments datant de plus de 39 000 ans est annoncée par l'équipe de Clive Finlayson (en). Elles constituent le premier exemple connu d'art pariétal abstrait attribué aux Néandertaliens. Leur réalisation a nécessité plusieurs centaines de passages de la pointe d'un outil de pierre taillée, probablement de silex[148],[149].
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En février 2018, de nouvelles datations viennent confirmer l'origine néandertalienne de créations artistiques (pourtour de main, réseau de lignes, peinture sur paroi) découvertes dans trois grottes espagnoles (grotte de La Pasiega (es), grotte de Maltravieso (es) et grotte d'Ardales (es)) : plus de 64 800 ans, soit plus de 20 000 ans avant l'arrivée en Europe des premiers hommes modernes. Des coquillages percés et teints, trouvés dans une quatrième grotte, sont encore plus vieux[150],[151],[152],[153]. Néanmoins, un article paru le 21 septembre 2018 remet en cause la datation des grottes de Maltravieso et de La Pasiega en raison du manque de corrélation entre le matériau analysé (des efflorescences de calcite) et le phénomène à dater. Quant aux aplats d'oxydes rouges trouvées à Ardales, rien ne prouve leur origine humaine[154],[155].
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L'étude des pigments de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Salomon et al. 2008) permet de conclure que les néandertaliens ont utilisé des couleurs sur les peaux (vêtements, tentes) bien avant qu'elles n'aient été utilisées pour les peintures rupestres, et étaient donc capables d'ajouter une dimension symbolique aux objets de leur quotidien. Les mêmes auteurs, et d'autres, notent la grande quantité de pigments remontant au Moustérien de tradition acheuléenne dans les grottes du Pech-de-l'Azé à Carsac-Aillac, Dordogne[156], et à d'autres sites de cette époque.
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La reconnaissance progressive de la culture néandertalienne remet en cause la primauté culturelle de l'homme moderne : alors que l'on pensait il y a peu que la culture technique et symbolique des Néandertaliens était très nettement inférieure quantitativement et qualitativement à celle de l'Homo sapiens, les découvertes récentes font apparaître que l'Homme de Néandertal avait lui aussi développé certaines techniques évoluées (débitage de lames[157]), et développé ou adopté des traits culturels modernes (sépultures, signes gravés, parures). La thèse du rôle capital de l'arrivée de l'Homo sapiens en Europe et celle d'une corrélation entre l'évolution biologique et l'évolution culturelle expliquant le plus grand développement de l'Homo sapiens par son évolution biologique s'en trouvent donc remises en question.
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Deux structures annulaires formées par l'accumulation de tronçons de stalagmites ont été découvertes en 1995 dans la grotte de Bruniquel. Ces structures, constituées de presque 400 « spéléofacts », ont été datées en 2016 : 176 500 ± 2 000 ans. Cet âge indique qu'elles sont vraisemblablement l’œuvre de l'homme de Néandertal, et même de néandertaliens « archaïques »[158],[159].
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En 2020, une équipe internationale a publié une étude décrivant le moulage fossilisé d’un fragment de cordelette torsadée, composée de trois brins eux-mêmes torsadés. Cette découverte a été faite dans l’abri du Maras en Ardèche, daté entre 52 000 et 41 000 ans AP. L’Homme de Néandertal ayant été le seul occupant de ce site, cet artéfact lui a été attribué. Les fibres ont été identifiées comme provenant probablement d’un conifère. C'est la plus ancienne trace de cordage trouvée, la précédente datant de 19 000 ans AP provenant du site Ohalo II[160].
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Un squelette d'enfant découvert au Portugal a été présenté en 1999 comme un hybride Néandertal/Homo sapiens. Cette hypothèse est fortement discutée en raison des difficultés à identifier les caractères autapomorphiques chez un individu juvénile, alors que la variabilité de la population concernée est mal connue[43].
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Un squelette d'enfant trouvé en contexte gravettien à Lagar Velho dans la vallée de Lapedo, au centre du Portugal, porterait des caractéristiques des deux espèces[161],[162],[163]. Cet enfant d'environ quatre ans a été inhumé dans une sépulture intentionnelle, il y a 25 000 ans. Il est donc postérieur de quelques milliers d'années aux derniers restes clairement attribuables aux Néandertaliens (entre 30 000 et 40 000 ans avant le présent[164],[165]). Cependant le caractère hybride de cet enfant est très discuté et difficile à établir : les caractères dérivés des deux taxons sont moins marqués chez les individus juvéniles que chez les adultes et la variabilité individuelle des enfants de l’époque est absolument inconnue[43].
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Une étude de l'université de Chicago publiée en 2006 a permis d'identifier un gène lié à la croissance du cerveau qui aurait été transmis à l'homme moderne par les Néandertaliens et qui est présent chez 70 % des humains actuels[166].
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Le réexamen (morphologie géométrique, analyse paléogénétique de l'ADN mitochondrial) en 2013 d'une mandibule dite des « amants de Vérone » suggère une hybridation entre un père sapiens et une mère néandertalienne[167].
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En 2010, le séquençage de 63 % du génome de Néandertal effectué par une équipe de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste coordonnée par Svante Pääbo[19],[168] montre que 1 à 4 % du génome des Homo sapiens non africains provient des Néandertaliens. Les Homo sapiens d'ascendance africaine n'ont, eux, que peu ou pas d'ADN de Néandertal. Cet apport est réparti sur 20 régions génétiques spécifiques aux Homo sapiens.
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Si chaque Homo sapiens n'a que 1,8 à 2,6 % du génome de Néandertal en lui, en regroupant les différentes séquences éparpillées dans le monde entier, les chercheurs sont parvenus à reconstituer environ 30 % de ce génome[169],[170] .
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Ces croisements entre Néandertaliens et Homo sapiens eurasiatiques auraient pu survenir il y a 100 000 à 50 000 ans au Proche-Orient[171],[172],[173].
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Dans le génome de l'homme moderne européen, un gène lié à l'immunité pourrait être issu du génome de l'homme de Néandertal[174],[175],[176]. Cette découverte est confirmée en 2016 par des études qui mettent en évidence ces cas d'introgression : gènes néandertaliens à l'origine de la stimulation immunitaire[177] et des allergies des Hommes modernes[178].
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En 2014, l'étude du génome d'un Homo sapiens découvert à Kostenki, en Russie, et daté de 37 000 ans avant le présent, confirme encore le métissage et permet d'avancer une date à laquelle l'hybridation aurait eu lieu[179],[180].
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En 2015, des analyses génétiques révèlent que le fossile Oase 1 avait un ancêtre récent néandertalien, avec un ADN autosomique néandertalien estimé de 5 à 11 %[181].
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En 2017, une nouvelle étude de Cosimo Posth, de l'Institut Max-Planck, analysant un fémur de Néandertalien vieux de 124 000 ans, montre que cet os contenait déjà des gènes caractéristiques d'Homo sapiens. L'étude conclut que les premiers croisements entre sapiens et Néandertal ont dû avoir lieu il y a 276 000 ans[182].
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En 2018, l'ADN d'un fragment osseux retrouvé dans la grotte de Denisova, celui d'une adolescente morte vers 13 ans il y a environ 90 000 ans[a], montre qu'elle était l'hybride d'une mère néandertalienne et d'un père dénisovien[183]. C'est la première preuve directe d'un métissage entre espèces humaines.
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Les derniers Néandertaliens auraient disparu il y a environ 29 000 ans. L'extinction aurait été échelonnée dans le temps selon un gradient régional[164]. Leur disparition a suscité de nombreuses hypothèses[184],[185],[186], certaines faisant intervenir des modèles mathématiques[187] ou économiques[188],[189]. Ce phénomène coïncide avec l'arrivée de groupes d'hommes modernes en Europe depuis le Proche-Orient à partir d'il y a environ 48 000 ans, peut-être à la faveur d'un épisode climatique tempéré de la dernière glaciation. Ces hommes modernes, parfois appelés « Hommes de Cro-Magnon », sont porteurs d'une nouvelle culture matérielle, appelée Aurignacien et caractérisée par la généralisation du débitage lamellaire, l'utilisation du percuteur tendre pour ces débitages et la fabrication d'outils en matières dures animales (notamment des pointes de sagaies en os). Les hommes de l'Aurignacien sont également présumés être les auteurs des plus anciennes œuvres d'art pariétal et mobilier d'Europe.
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Les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes ont probablement cohabité pendant quelques millénaires, même si aucune trace directe d'interaction n'est perceptible dans la culture matérielle.
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Très récemment, entre 2010 et 2017 ont été mises en relation la disparition de l'Homme de Néandertal autour de 35 000 ans AA (avant aujourd'hui) et l'explosion de la caldera des champs Phlégréens (baie de Naples, Italie)[190]. Des datations de cet événement publiées en 2003 donnent une date de 39 280 ±110 ans BP[191].
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Cet événement a vu la libération dans l'atmosphère d'un volume de matières volcaniques extrêmement important, d'au moins 300 km3[191]. Le panache de cendres serait monté à plus de 30 km[192] voire 40 km[réf. nécessaire] d'altitude (stratosphère), avant de retomber en un épais manteau[193] recouvrant tout, comparable aux couches de cendres de Pompéi, sur une aire de 3 700 000 km2[194] allant de l'Italie aux steppes asiatiques, tuant toute forme de végétation sur cette zone, ainsi que toute la chaîne trophique en dépendant, grands prédateurs et Homo compris. L'atmosphère globale aurait été assombrie pendant plusieurs années.
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Les derniers peuplements néandertaliens ayant survécu à cet évènement (présence constatée sur la péninsule Ibérique pendant encore plusieurs millénaires) auraient fini de disparaitre en raison d'un manque de diversité génétique (garante de la viabilité d'une espèce).
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En 2010, une équipe de paléontologues du département d'évolution humaine de l'Institut Max Planck, à Leipzig (Allemagne), a analysé l'endocrâne (l'empreinte laissée par le cerveau dans la boîte crânienne) de squelettes de néandertaliens. Les résultats ont confirmé les données sur la génétique des néandertaliens acquises grâce au séquençage de leur ADN : le cerveau des Homo sapiens a une forme globulaire caractéristique qui n'existe pas chez Néandertal. Cette différence pourrait influencer l'organisation neuronale et synaptique du cerveau, et donc les capacités cognitives. Par une litote, Jean-Jacques Hublin, le chercheur français qui a dirigé cette étude, émet l'hypothèse que « l'homme de Néandertal ne voyait pas le monde de la même façon que nous » et que son incapacité à créer des liens sociaux complexes serait à l'origine de son extinction[195].
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Disparition progressive de la population néandertalienne liée à la possibilité d'accouplements féconds mais donnant des hybrides stériles, au moins chez les Néandertaliennes. Une telle hypothèse, émise par le paléontologue finlandais Björn Kurtén[196], demeure difficile à tester.
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Certaines études suggèrent que les enfants issus d'union entre Néandertaliens et Homo sapiens auraient été moins fertiles, ce qui aurait entraîné une diminution de la proportion de gènes hérités de Neandertal[197].
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Ont également été évoqués des problèmes d'ordre génétique liés à une forte consanguinité et/ou des mutations spontanées ayant entraîné des maladies congénitales telles que l'hémophilie, le diabète insulino-dépendant ou une forme de stérilité, ayant suffisamment affecté la démographie de la population pour la faire disparaître.
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Partant de l'observation que les populations néandertaliennes étaient déjà petites avant l'arrivée des humains modernes, une étude publiée en 2019 met en œuvre trois facteurs que la biologie de la conservation identifie comme essentiels pour la persistance d'une petite population, à savoir la consanguinité, l'effet Allee et la stochasticité. Les résultats indiquent que la disparition des Néandertaliens peut avoir résidé dans la petitesse de leur seule population. Ainsi, même s'ils étaient identiques dans leurs traits cognitifs, sociaux et culturels, et même en l'absence de compétition interspécifique, les Néandertaliens couraient un risque d'extinction considérable. En outre, les auteurs suggérent que si les humains modernes ont contribué à la disparition des Néandertaliens, cette contribution n'aurait peut-être rien à voir avec la concurrence des ressources, mais plutôt avec la façon dont les populations entrantes ont restructuré géographiquement les populations résidentes, d'une manière qui a renforcé les effets Allee, et les effets de consanguinité et stochasticité[198].
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La disparition des Néandertaliens serait liée à l'arrivée des hommes modernes et à la compétition territoriale pour l'exploitation des ressources[199], voire à leur élimination physique par les hommes modernes à l'occasion de conflits violents sur les zones de contact. L'hypothèse s'appuie en particulier sur la concomitance de l'expansion d'Homo sapiens et de la disparition de Néandertal[200] ; les Homo sapiens d'Europe de l'Ouest cohabitant par exemple pendant plusieurs milliers d'années (500 à 5 400 ans suivant les régions) avec les Néandertaliens[189]. Elle se heurte toutefois à l'absence de traces de morts violentes ou de traces de cohabitation prolongée sur un même territoire[201]. En outre on peut objecter que les deux groupes ne devaient pas occuper l'ensemble du territoire européen et que les Néandertaliens avaient une meilleure connaissance de ce territoire et de ses ressources que les nouveaux arrivants[202]. La domestication du chien pour la chasse correspondant approximativement à la période de disparition des Néandertaliens, Pat Shipman a émis l'hypothèse selon laquelle cet événement aurait permis à Homo sapiens de bénéficier d'un net avantage dans sa recherche de nourriture[203],[204].
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Outre cette hypothèse de l'extinction violente liée à l'homme moderne, les Néandertaliens auraient pu succomber à une maladie mortelle (épidémies) apportée par les Sapiens originaires d'Afrique[205].
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La trompe d'Eustache néandertalienne, plus courte que celle des Homo sapiens, aurait favorisé des infections de l'oreille à répétition, fragilisant les Néandertaliens et participant à leur disparition[206].
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Les Néandertaliens ont été dépeints dans la culture populaire, y compris les apparitions dans la littérature, les médias visuels et la comédie. L'archétype des «hommes des cavernes» se moque souvent des Néandertaliens et les décrit comme des personnages primitifs, bossus, brandissant des massues, grognants, des personnages antisociaux mus uniquement par l'instinct animal. « Néandertal » peut également être utilisé comme une insulte[207].
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Le Paléolithique est la première et la plus longue période de la Préhistoire, presque contemporaine du Pléistocène, durant laquelle[pas clair] les humains sont tous des chasseurs-cueilleurs. Les humains du Paléolithique sont la plupart du temps nomades, se déplaçant au gré des saisons en fonction des ressources alimentaires disponibles, qu'elles soient végétales ou animales. La densité de population est très faible, en particulier pendant les périodes glaciaires, caractérisées par un climat plus sec (densité inférieure à 0,01 habitant/km2).
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Le Paléolithique commence avec l’apparition des premiers outils lithiques, il y a 3,3 millions d'années en Afrique. Il s'achève il y a 11 700 ans avec la fin de la dernière période glaciaire, qui ouvre la voie au Mésolithique en Europe et dans de nombreuses régions du monde. Le Paléolithique couvre donc environ 98 % de la durée de la Préhistoire, qui s'achève avec l'apparition de l'écriture vers 3 300 ans av. J.-C. en Mésopotamie[1].
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Le Paléolithique est lui-même subdivisé en trois ou quatre grandes périodes, correspondant aux grandes évolutions culturelles et techniques mises en évidence par les fouilles archéologiques : le Paléolithique archaïque, le Paléolithique inférieur, le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur.
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Le terme « Paléolithique » vient du grec παλαιός / palaios (ancien) et λίθος / lithos (pierre). Il peut donc se traduire littéralement par « ancienne pierre ». Le terme a été inventé en 1865 par le préhistorien John Lubbock pour désigner l'âge de la pierre taillée, par opposition à l'âge de la pierre polie ou Néolithique, « nouvelle pierre ».
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Le Paléolithique est caractérisé avant tout par une économie de prédation : les humains de cette époque sont des chasseurs-cueilleurs, qui tirent parti des ressources disponibles dans la nature. Les humains du Paléolithique ne connaissent ni l'agriculture, ni l'élevage, qui caractériseront le Néolithique[2]. Le chien est l'unique espèce domestiquée pour les usages de la chasse, et seulement au Paléolithique supérieur[3], mais il n'est qu'un outil de prélèvement des ressources dans la nature et non un animal de production alimentaire comme le seront les animaux issus des domestications néolithiques.
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Outre la chasse et la pêche, le charognage était un moyen d'acquisition de ressources carnées au Paléolithique inférieur et moyen. La cueillette de fruits et de végétaux, le déterrage de tubercules et la récolte d’œufs représentaient souvent la majorité des calories obtenues[4]. On a pu mettre en évidence le régime alimentaire des humains à différentes époques par l'analyse de la composition chimique des tissus humains fossilisés, en particulier les dents qui sont la partie souvent la mieux conservée du corps humain.
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La densité de population au Paléolithique est estimée à moins de 0,01 habitant au kilomètre carré (déserts chauds et froids compris dans la moyenne), contre 50 habitants/km2 sur la planète aujourd'hui. Cette faible densité est due à une faible capacité à exploiter les ressources alimentaires de l'environnement, ajoutée à une raréfaction des ressources pendant les périodes glaciaires, caractérisées par un climat plus sec.
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Les outils de cette époque parvenus jusqu'à nous sont en très grande majorité des outils de pierre taillée, mais des outils en os sont également connus, surtout au Paléolithique supérieur. Le bois est exceptionnellement conservé mais devait être utilisé fréquemment, par exemple pour réaliser des épieux ou pour confectionner des manches. L'industrie lithique taillée n'est pas spécifique au Paléolithique puisqu'elle perdure au Mésolithique, et jusqu'au Néolithique. L'usage de la pierre polie fait son apparition en contexte paléolithique en Australie et au Mésolithique en Europe du Nord. En revanche, le travail des métaux est inconnu au Paléolithique. Si la céramique est employée pour réaliser de rares statuettes au Paléolithique supérieur, son emploi pour la poterie ne se généralisera qu'au Néolithique.
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Les subdivisions du Paléolithique ne sont pas synchrones d'un continent à l'autre. C'est pourquoi ne sont ci-après mentionnées que les dates de première attestation des principales cultures lithiques, qui apparaissent le plus souvent en Afrique. Les dates de disparition sont très variables selon les régions et presque toujours nettement postérieures à l'apparition des nouvelles industries.
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La fabrication d'outils a longtemps été considérée comme propre au genre Homo, mais les Australopithèques, qui précédaient les humains et dont ces derniers sont probablement issus, ont peut-être eux aussi produit des outils de pierre. En 2012, la découverte d'un site d'industrie lithique à Lomekwi 3, au Kenya, daté de 3,3 Ma, a montré l'existence d'outils lithiques à une date antérieure de 500 000 ans à l'apparition présumée du genre Homo[9].
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Le genre Homo, apparu en Afrique, s'est tôt diffusé en Eurasie. Homo georgicus, daté de 1,77 Ma et découvert en Géorgie, est le plus ancien représentant fossile du genre Homo trouvé hors d'Afrique qui fasse consensus. La Chine a cependant livré des dents présumées humaines (Longgudong) et de nombreux vestiges lithiques (Renzindong, Longgudong, Shangchen) datés d'environ 2 Ma.
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Dans la seconde moitié du Pléistocène moyen, des espèces humaines distinctes peuplent les différents sous-continents de l'Ancien Monde : Homo sapiens en Afrique, l'Homme de Néandertal en Europe et au Moyen-Orient, l'Homme de Denisova en Asie orientale, et Homo erectus en Asie du Sud-Est. L'Amérique et l'Australie sont encore vierges de toute population humaine.
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Il y a environ 45 000 ans, lors de la dernière période glaciaire, Homo sapiens (connu en Europe sous le nom d'« Homme de Cro-Magnon ») arrive en Europe. Il introduit en Europe une industrie lithique plus avancée que le Moustérien, l'Aurignacien. Homo sapiens se diffuse dans tout l'Ancien Monde, où il remplace les espèces humaines antérieures. Il peuple pour la première fois l'Australie puis l'Amérique, à des dates qui demeurent débattues par les chercheurs.
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Une personnalité politique est une personne impliquée dans la vie politique. Plusieurs synonymes sont également employés, tels que femme politique, homme politique ou, familièrement, politique. Les mots politicien et politicienne sont également couramment utilisés, en particulier au Canada et en Suisse, mais peuvent présenter une connotation péjorative dans d'autres pays de la francophonie[1]. En effet, il s'emploie parfois pour parler de quelqu'un qui ne vit que de ses fonctions politiques et fait preuve d'une grande habileté dans les intrigues de la vie politique.
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L'expression « femme politique » est plus récente, car la majeure partie des fonctions politiques ont longtemps été exercées par des hommes, de façon exclusive ou non[citation nécessaire]. Des mesures telles que la parité ont pour objectif de faire évoluer cet état de fait. Lorsqu'une personnalité politique exerce les plus hautes fonctions exécutives, elle est connue en tant qu'homme ou femme d'État.
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En démocratie, les personnalités politiques sont généralement élues au suffrage universel[citation nécessaire], direct ou indirect, et occupent des postes comme :
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Les Hominina forment une sous-tribu d'hominidés qui inclut le genre Homo et les genres éteints apparentés, tels que les Australopithèques ou les Paranthropes. Ils rassemblent toutes les espèces appartenant à la lignée humaine, qui s'est séparée de la lignée des chimpanzés (Panina) il y a au moins 7 millions d'années. Le caractère le plus notable reconnu aux Hominina est la bipédie, alors que les chimpanzés et les gorilles sont quadrupèdes.
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Le terme scientifique Hominina se traduit en français par hominines ou par hominiens selon les auteurs[1].
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L'hypothèse selon laquelle la lignée humaine (Hominina) serait originaire d'Afrique fut formulée dès 1871 par Charles Darwin dans son ouvrage La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe. Charles Darwin fut l'un des premiers à proposer une origine commune de tous les organismes vivants, et parmi les premiers à suggérer que l'Homme, le Chimpanzé, et le Gorille partageaient un ancêtre commun qui vivait en Afrique, et dont la lignée humaine serait issue. Dans son ouvrage de 1871, il émet l'idée selon laquelle les ancêtres africains de l'Homme possédaient un petit cerveau mais marchaient debout, ce qui aurait libéré leurs mains et favorisé le développement de leur intelligence[2] :
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« Dans chaque grande région du monde, les mammifères vivants sont étroitement apparentés aux espèces disparues de cette même région. C'est pourquoi il est probable que l'Afrique était autrefois habitée par des singes disparus étroitement apparentés au gorille et au chimpanzé ; et ces deux espèces sont maintenant les plus proches parents de l'homme, il est en un sens plus probable que nos lointains parents aient vécu sur le continent africain qu'ailleurs. Toutefois, il est inutile de spéculer sur cette question, car un singe presque aussi grand que l'homme, à savoir le Dryopithèque de Lartet, qui était étroitement apparenté à l'anthropomorphe gibbon, existait en Europe lors du Miocène supérieur ; et depuis une période aussi éloignée, la Terre a certainement subi bien de grandes révolutions, et il y a eu amplement le temps pour une migration à grande échelle[3]. »
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Cette prédiction était perspicace parce qu'en 1871 les scientifiques ne disposaient d'aucun fossile ancien. L'idée est longtemps restée une spéculation, avant d'être finalement corroborée à partir de 1924 par la découverte de l'Enfant de Taung puis d'autres fossiles d'Australopithecus africanus en Afrique du Sud, et surtout par la mise au point dans les années 1960 de méthodes de datation fiables venant appuyer la découverte de fossiles d'humains et d'hominines très anciens en Afrique de l'Est.
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Classification d'après Lecointre et al. (2015)[4] :
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Les découvertes de fossiles en Afrique du Sud, dans la vallée du Grand Rift est-africain et au Tchad s'expliquent en partie par un biais taphonomique. En effet, dans de nombreuses régions d'Afrique, la moindre activité tectonique, la faible sédimentation, le couvert forestier actuel qui donne des sols acides, l'érosion et d'autres facteurs en ont empêché la fossilisation, la conservation, ou la mise au jour[5].
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Les Hominina sont attestés en Afrique à partir de 7 millions d'années (Ma). La liste des genres connus à ce jour, du plus ancien au plus récent, est la suivante :
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Huit espèces d'Australopithèques ont été décrites. Leurs fossiles sont datés entre 4,2 et 2 millions d'années (Ma). Les plus notables d'entre eux sont indiqués ci-dessous après l'espèce à laquelle ils sont rattachés.
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Trois espèces de Paranthropes ont été décrites. Leurs fossiles sont datés entre 2,7 et 1,4 millions d'années (Ma). Les plus notables d'entre eux sont indiqués ci-dessous à la suite de leur espèce.
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Cette prédiction était perspicace parce qu'en 1871 les scientifiques ne disposaient d'aucun fossile ancien. L'idée est longtemps restée une spéculation, avant d'être finalement corroborée à partir de 1924 par la découverte de l'Enfant de Taung puis d'autres fossiles d'Australopithecus africanus en Afrique du Sud, et surtout par la mise au point dans les années 1960 de méthodes de datation fiables venant appuyer la découverte de fossiles d'humains et d'hominines très anciens en Afrique de l'Est.
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Les découvertes de fossiles en Afrique du Sud, dans la vallée du Grand Rift est-africain et au Tchad s'expliquent en partie par un biais taphonomique. En effet, dans de nombreuses régions d'Afrique, la moindre activité tectonique, la faible sédimentation, le couvert forestier actuel qui donne des sols acides, l'érosion et d'autres facteurs en ont empêché la fossilisation, la conservation, ou la mise au jour[5].
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Huit espèces d'Australopithèques ont été décrites. Leurs fossiles sont datés entre 4,2 et 2 millions d'années (Ma). Les plus notables d'entre eux sont indiqués ci-dessous après l'espèce à laquelle ils sont rattachés.
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Trois espèces de Paranthropes ont été décrites. Leurs fossiles sont datés entre 2,7 et 1,4 millions d'années (Ma). Les plus notables d'entre eux sont indiqués ci-dessous à la suite de leur espèce.
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En langue de tous les jours, l’homonymie est la relation entre des homonymes, c’est-à-dire entre des mots d’une langue qui ont la même forme orale ou écrite mais des sens différents. L’homonymie est un cas particulier d’ambiguïté, ici de sens (cas de polysémie). L’homonymie syntaxique réfère aux ambiguïtés qui pourraient survenir à cause d’un manque de contexte dans une phrase. Par exemple, le mot « cousins » sans contexte peut signifier des parents ou aussi des insectes.[1]
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En linguistique, on décrit l'homonymie comme la relation entre plusieurs formes linguistiques ayant le même signifiant, graphique ou phonique, et des signifiés entièrement différents[2]. Cette acception généralise aussi la notion habituelle d'homonymie à des formes qui ne sont pas des mots, par exemple des locutions[3].
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Le mot homonyme vient du latin « homonymia » qui signifie « similarité de nom »; emprunté au mot grec ὁμωνυμία (homonymos), la similitude de nom[4]. Cela dérive des mots ὁμός (homos)[5], « commun, même, similaire » et ὄνομα (onoma) « nom »[6]. Ainsi, il se réfère à deux ou plusieurs concepts distincts partageant le "même nom" ou signifiant.
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Tout en ayant des sens différents, les homonymes peuvent être des formes linguistiques qui :
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Puisque la prononciation varie à l'intérieur du domaine linguistique, deux formes homophones pour un ensemble donné de locuteurs peuvent ne plus être homophones pour d'autres locuteurs.
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Ces formes linguistiques qui sont à la fois homophones et homographes sont souvent appelées homonymes vrais, ou homophonographes. On pourrait argumenter que les homonymes ne sont réellement « parfaits » que lorsqu'ils ont même classe lexicale et même genre grammatical.
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L’année-lumière (symbole « al »), est une unité de longueur égale à la distance parcourue à la vitesse de la lumière dans le vide pendant une année julienne, soit exactement 9 460 730 472 580 800 mètres (environ 1016 m).
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En milieu tempéré, une année est rythmée sur sa durée par 4 saisons : l'hiver (du 21 décembre au 20 mars), le printemps (du 21 mars au 20 juin), l'été (du 21 juin au 20 septembre) l'automne (du 21 septembre au 20 décembre). Les changements de saisons correspondent aux solstices et aux équinoxes qui varient selon la position de la Terre sur son axe.
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En zone intertropicale, les saisons étant essentiellement déterminées par l'abondance des précipitations, on parle de saison sèche et de saison des pluies.
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Dans la culture populaire, la nouvelle année est l'occasion de prendre des bonnes résolutions.
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En linguistique, on décrit l'homonymie comme la relation entre plusieurs formes linguistiques ayant le même signifiant, graphique ou phonique, et des signifiés entièrement différents[2]. Cette acception généralise aussi la notion habituelle d'homonymie à des formes qui ne sont pas des mots, par exemple des locutions[3].
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Le mot homonyme vient du latin « homonymia » qui signifie « similarité de nom »; emprunté au mot grec ὁμωνυμία (homonymos), la similitude de nom[4]. Cela dérive des mots ὁμός (homos)[5], « commun, même, similaire » et ὄνομα (onoma) « nom »[6]. Ainsi, il se réfère à deux ou plusieurs concepts distincts partageant le "même nom" ou signifiant.
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Ces formes linguistiques qui sont à la fois homophones et homographes sont souvent appelées homonymes vrais, ou homophonographes. On pourrait argumenter que les homonymes ne sont réellement « parfaits » que lorsqu'ils ont même classe lexicale et même genre grammatical.
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Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
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Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
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Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
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Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
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La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
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L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
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Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
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Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
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On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
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Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
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Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
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Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
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Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
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Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
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Hylobatidae (Gibbon)
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Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
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Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
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Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
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Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
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Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
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Pongo (Orang-outan)
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Gorilla (Gorille)
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Pan (Chimpanzé)
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Homo (Homme)
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Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
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Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
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Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
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Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
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Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
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Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
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À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
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De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
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L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
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+
L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
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+
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+
L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
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84 |
+
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+
Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
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+
d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
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et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
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+
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Homo antecessor †
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Homo heidelbergensis †
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Homo denisovensis †
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Homo neanderthalensis †
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Homo rhodesiensis †
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Homo sapiens
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+
Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
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+
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+
Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
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104 |
+
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+
Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
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106 |
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On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
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Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
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8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
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En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
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Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
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Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
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La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
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La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
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Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
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Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
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Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
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Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
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Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
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Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
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Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
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La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
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La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
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L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
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La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
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Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
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L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
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Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
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Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
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Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
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Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
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L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
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Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
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En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
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Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
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Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
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L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
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Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
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Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
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Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
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L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
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Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
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L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
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Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
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L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
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En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
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Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
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L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
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L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
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Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
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De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
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Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
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L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
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Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
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Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
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Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
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Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
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Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
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Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
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La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
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Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
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Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
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La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
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L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
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L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
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À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
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Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
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L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
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Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
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Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
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Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
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Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
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Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
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Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
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L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
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Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
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Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
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L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
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Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
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On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
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Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
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La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
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Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
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Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
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L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
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L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
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Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
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Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
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Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
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Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
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La Vénus de Willendorf.
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La Vénus de Lespugue.
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Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
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Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
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Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
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Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
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La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
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L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
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Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
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Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
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Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
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En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
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L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
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Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
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Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
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Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
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L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
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Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
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Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
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Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
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D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
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Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
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Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
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Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
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Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
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Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
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La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
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L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
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Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
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Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
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On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
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Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
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Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
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Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
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Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
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Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
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Hylobatidae (Gibbon)
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Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
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Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
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Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
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Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
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Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
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Pongo (Orang-outan)
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Gorilla (Gorille)
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Pan (Chimpanzé)
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Homo (Homme)
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Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
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Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
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Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
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Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
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Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
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Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
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À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
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De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
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L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
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L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
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L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
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Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
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d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
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et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
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Homo antecessor †
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Homo heidelbergensis †
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Homo denisovensis †
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Homo neanderthalensis †
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Homo rhodesiensis †
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Homo sapiens
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Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
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Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
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Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
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On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
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Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
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8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
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En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
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Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
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Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
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La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
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La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
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Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
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Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
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Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
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Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
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Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
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Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
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Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
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La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
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La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
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L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
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La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
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Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
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L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
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Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
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Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
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Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
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Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
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L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
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Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
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En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
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Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
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Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
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L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
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Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
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Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
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Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
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L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
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Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
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L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
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Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
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L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
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En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
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Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
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L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
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L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
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Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
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De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
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Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
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L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
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Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
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Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
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Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
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Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
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Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
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Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
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La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
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Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
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Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
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La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
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L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
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L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
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À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
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Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
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L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
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Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
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Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
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Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
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Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
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Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
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Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
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L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
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Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
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Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
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L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
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Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
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On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
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Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
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La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
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Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
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Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
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L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
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L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
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Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
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Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
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Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
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Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
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La Vénus de Willendorf.
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La Vénus de Lespugue.
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Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
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Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
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Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
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Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
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La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
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L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
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Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
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Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
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Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
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En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
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L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
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Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
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Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
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Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
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L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
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Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
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Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
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Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
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D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
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Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
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Le Belize, ou Bélize[6] (en anglais : Belize ; en espagnol : Belice), est un royaume du Commonwealth (monarchie constitutionnelle unitaire dotée d'un régime parlementaire à tendance ministérielle), dont le territoire est situé en Amérique centrale, à l'est-sud-est du Mexique et au nord-est du Guatemala.
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Le pays a pour capitale Belmopan. Sa devise est « Sub umbra floreo » (« Je fleuris à l'ombre ») et son drapeau est constitué de trois bandes horizontales respectivement rouge, bleue et rouge, avec au centre les armoiries du Belize. Son hymne est Land of the Free et sa monnaie est le dollar bélizien. Sa langue officielle est l'anglais mais l'espagnol et le kriol (créole) sont également des langues importantes. Le Belize est généralement considéré comme étant un paradis fiscal.
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Le Belize se nommait le Honduras britannique avant son indépendance. La dénomination actuelle provient du nom de l’ancienne capitale et du fleuve du même nom.
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Cette civilisation amérindienne a occupé le Belize comme les territoires proches du Yucatán (Mexique) et Guatemala. Se visitent notamment :
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Le Belize occupe une surface de 22 966 km2, il possède 272 km de frontière avec le Mexique au nord, 266 km avec le Guatemala au sud et à l'ouest et une façade maritime donnant sur la mer des Caraïbes comprenant 386 km de côtes.
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Le Nord du Belize consiste principalement en des plaines côtières plates et marécageuses, aux lieux fortement forestiers. Au sud se trouve un registre de basse montagne des monts Maya, dont le point le plus élevé au Belize est la crête de Victoria culminant à 1 160 m. Le Belize est situé entre les fleuves Hondo et Sarstoon, avec le fleuve Belize s'écoulant au centre du pays. Tout le long des côtes de la mer des Caraïbes se trouve une barrière de corail de 320 km[9]. Émergeant des haut-fonds, on dénombre environ 450 îles et îlots appelés cayes. En mer, le trou bleu dit " Great Blue Hole", avec ses 125 m de profondeur, est célèbre depuis les plongées du commandant Cousteau en 1971.
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Le climat local est tropical et est généralement très chaud et humide. La saison des pluies se déroule de mai à novembre avec des risques habituels mais fréquents comme les ouragans et les inondations.
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Le Belize est une démocratie parlementaire et membre du Commonwealth. Le chef d'État est actuellement la reine Élisabeth II, représentée dans le pays par un gouverneur général, qui doit avoir la nationalité du pays. L'organe exécutif primaire du gouvernement est le conseil des ministres, mené par le Premier ministre qui est chef du gouvernement. Les ministres du conseil sont des membres du parti politique majoritaire au parlement et tiennent habituellement des sièges d'élus en même temps que leurs positions de ministre. Le parlement du Belize est bicaméral, c’est l'Assemblée nationale, laquelle se compose d'une chambre des représentants et d'un sénat. Les 29 membres de la Chambre des représentants sont habituellement élus pour cinq ans maximum. Les membres du sénat sont au nombre de huit, cinq sont choisis par le Premier ministre, deux par le chef de l'opposition, et un par le gouverneur général conformément à l'avis du comité consultatif du Belize. Le Sénat est dirigé par un président, qui est un membre abstentionniste désigné par la partie régissant. Le Belize est un membre actif de la Communauté caribéenne (Caricom).
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L'homosexualité est illégale et peut conduire à 10 ans d'emprisonnement[10].
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Le Belize est divisé en 6 districts :
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Le 20 janvier 2005, des mouvements populaires assez violents ont eu lieu lors de la mise en place de nouvelles taxes.
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Le Belize affiche en 2015 le taux de 44,7 homicides pour 100 000 habitants, l'un des plus élevés au monde [11].
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Peuplé de 353 858 habitants au 1er juillet 2016[2], le Belize connaît une croissance économique positive et comporte un indice de développement humain élevé[3].
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La plupart des Béliziens sont d'origine multiraciale : la moitié de la population est d'ascendance amérindienne et européenne (Mestizos), un quart d'ascendance africaine et européenne (Créoles) et environ 6 % d'ascendance africaine et amérindienne (Garifunas).
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Le reste de la population est composé de Mayas, de Blancs, dont une importante population mennonite, et des personnes d'ascendance asiatique.
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L'anglais est la langue officielle du Belize, ainsi que la langue la plus parlée. Toutefois, selon le recensement de 2010, seulement 63 % des Béliziens sont capables de tenir une conversation en anglais[1].
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56,6 % des habitants sont par ailleurs capables de tenir une conversation en espagnol[1] et 44,6 % peuvent le faire en kriol.
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L'anglais et le kriol prédominent le long de la côte ainsi que dans le centre et le Sud du pays. Dans l'Ouest et le Nord, l'espagnol est plus répandu. Les divers groupes mayas parlent une langue maya ainsi qu'un dialecte du créole anglais, similaire aux dialectes créoles des îles anglophones des Caraïbes. Des communautés du sud du pays parlent surtout le Garifuna (en).
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Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit dans sa liste du patrimoine mondial (au 17 janvier 2016) : Liste du patrimoine mondial au Belize.
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Le programme Patrimoine culturel immatériel (UNESCO, 2003) a inscrit dans sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (au 17 janvier 2016) :
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Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 17 janvier 2016) :
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Le Belize a pour codes :
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14° 04′ 55″ N, 87° 11′ 53″ O
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Le Honduras, en forme longue la république du Honduras, en espagnol República de Honduras, est un pays situé en Amérique centrale, limité au nord par la mer des Caraïbes, qui compte de nombreuses îles, cayes et îlots dont les plus importants sont les Islas de la Bahía et les îles du Cygne (voir version anglaise ou espagnole pour plus d'informations). Le Honduras est aussi bordé à l'ouest par le Guatemala et au sud-ouest par le golfe de Fonseca, à l'ouest-sud-ouest par le Salvador et à l'est-sud-est par le Nicaragua. Le Honduras était le pays le plus inégalitaire d’Amérique latine en 2016[3].
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Le Honduras était habité par des peuples autochtones, on peut citer les Lencas, les Chortis, les Pech, les Tolupanes, etc. Christophe Colomb arriva à Trujillo (Honduras) en 1502. Il baptisa cette région Honduras, car quand il arriva, il venait de sortir d'une tempête, et il s'écria « Gracias a Dios, salimos de estas honduras ! » (« Grâce à Dieu ! Nous sommes sortis de ces eaux profondes »). Le cap (à l'extrémité orientale du Honduras) a pris le nom de « Gracias a Dios » et le pays « Honduras ».
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En 1821, le Honduras proclama son indépendance et il fit partie, de 1821 à 1823, de l'empire mexicain d'Iturbide. Ensuite, jusqu'en 1838, il fit partie des Provinces unies d'Amérique centrale. En 1839, le Honduras devint un État souverain après la dislocation de la Fédération.
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Au début du XXe siècle, le président libéral Miguel Rafael Dávila, proche allié du Nicaragua de José Santos Zelaya, proclame avec celui-ci la Grande république d'Amérique centrale, censée aboutir à une union des États de la région et repousser les projets expansionnistes des États-Unis. Ces derniers réagissent en soutenant financièrement les conservateurs de Manuel Bonilla. Dans un contexte de détérioration des relations commerciales, des mercenaires américains organisent un raid contre le port d'Acajutla ; Davila les repousse et traite les prisonniers en « flibustiers ». Les États-Unis suscitent alors de nouveau Manuel Bonilla contre lui. Le vaisseau de guerre USS Tacoma, dans les eaux du Honduras, prête un appui opportun à Bonilla pour renverser le gouvernement.
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En 1963, l'armée renverse le gouvernement élu de Ramón Villeda Morales, rendu populaire par un début de réforme agraire, afin de replacer au pouvoir le Parti national, plus soucieux de satisfaire les intérêts de l'oligarchie terrienne[4]. Le Salvador envahit brièvement le Honduras en juillet 1969 durant la guerre du football après qu'un match de football eut exacerbé les tensions entre les deux pays. Dans les années 1970, le pays est l'un des plus pauvres et inégalitaires du continent. Le revenu moyen d’un Hondurien dépasse à peine 250 dollars par an, Alors que la moitié de la population doit se contenter de 13 % du revenu national, 5 % de privilégiés en perçoivent le tiers. Le nombre d’analphabètes s’élève à plus de 50 %[5].
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De 1972 à 1983, le Honduras est gouverné par des militaires. L'influence des États-Unis est si forte que l'expression « proconsul » est utilisée pour désigner leur ambassadeur[6]. Dans les années 1980, l’administration Reagan utilise le pays comme plate-forme dans sa guerre contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua et les guérillas de gauche du Salvador et du Guatemala. L’aide militaire des États-Unis au Honduras est portée de 4 millions de dollars en 1981 à 77,4 millions en 1984[6]. Tout en soulignant en interne que les forces gouvernementales honduriennes commettent des « centaines de violations des droits humains (…), dont la plupart pour des motifs politiques », la CIA donne son appui aux escadrons de la mort qui, en particulier le Bataillon 3-16, torturent, assassinent, ou font disparaître par dizaines des syndicalistes, des universitaires, des paysans et des étudiants. Des documents déclassifiés ultérieurement indiquent que l’ambassadeur John Negroponte intervient personnellement pour faire obstacle à d'éventuelles divulgations de ces crimes d’État, afin d’éviter de « créer des problèmes de droits humains au Honduras »[6].
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En 1996, la dégradation de la situation économique entraine des troubles sociaux et des mises en garde de l'armée. La libéral Carlos Flores est élu président en 1997. Des affrontements armés éclatent sous sa présidence à la frontière avec le Nicaragua en raison de différends frontaliers. Ricardo Maduro, candidat du PNH, est élu en 2001. En 2002, la crise agricole menace de famine des dizaines de milliers d'habitants dans l'ouest du pays. Malgré les engagements pris par le nouveau gouvernement, les atteintes aux droits de l'homme se poursuivent, tandis qu'un contingent hondurien participe à l'occupation de l'Irak au côté des États-Unis. La politique de rigueur, imposée par le FMI, est très impopulaire. L'année 2004 est ainsi dominée par la montée des mécontentements sociaux et la forte croissance de la délinquance urbaine. Le traité de libre-échange entre les États-Unis et l'Amérique centrale (CAFTA) entre en vigueur en 2006. Manuel Zelaya, du Parti libéral, est élu en 2006 et inaugure une politique réformiste[7].
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Le 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya est victime du coup d'État de 2009 au Honduras[8]. Arrêté et expulsé du pays par l'armée, il est remplacé dans ses fonctions par Roberto Micheletti, qu'une grande partie de la communauté internationale refuse alors de reconnaître. Le coup d’État aurait été commandité par l'élite économique hondurienne et les multinationales établies au Honduras, inquiétées par le rapprochement effectué par le gouvernement avec l'ALBA (soutenue notamment par le Venezuela et Cuba) au détriment de la Banque mondiale, et de l'éventualité que ce changement comportait sur une réorientation alternative au néolibéralisme de l’économie[9]. Des élections générales sont organisées fin 2009 par le gouvernement putschiste. En dépit du boycott de l'opposition, l'élection du candidat Porfirio Lobo est assez rapidement entérinée par la communauté internationale.
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Le Honduras est une république parlementaire. Le président, élu pour un mandat de 4 ans, exerce à la fois les fonctions de chef de l'État et de chef du gouvernement. Le pouvoir législatif n'est exercé que par une seule chambre : le Congrès. Elle compte 128 députés élus tous les 4 ans.
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Le droit du Honduras est inspiré du code napoléonien en vigueur en Espagne et est influencé par le système judiciaire des États-Unis. Les juges sont désignés par les députés pour un mandat de 4 ans.
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La vie politique du pays est fortement dominée par le Parti national et le Parti libéral.
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Depuis quelques années, le pays doit faire face à la montée de la violence, impliquant notamment des gangs de mineurs (Maras) : une commission interministérielle permanente pour l'intégration morale et physique des enfants a recensé 744 meurtres de mineurs entre 1998 et 2005.
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Depuis le coup d’État de 2009, le Honduras présente le taux le plus élevé d'assassinats politiques dans le monde, par rapport à sa population. Les écologistes et syndicalistes sont particulièrement ciblés par ces assassinats, alors que l'impunité des crimes sociaux et politiques avoisine les 95 %[10].
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Les élections présidentielles de 2017 donnent lieu à des accusations de fraudes. L'Organisation des États américains recommande la tenue d'un nouveau scrutin[11]. Le gouvernement déclare l'état d'urgence. Une trentaine de manifestants sont tués et plus de 800 arrêtés[12]. D'après l'ONU et la Commission interaméricaine des droits de l'homme, « beaucoup d'entre eux ont été transférés dans des installations militaires, où ils ont été brutalement battus, insultés et parfois torturés »[13].
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Les 18 départements sont eux-mêmes subdivisés en 298 municipalités.
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Entouré par la mer des Caraïbes au nord, le Guatemala à l'ouest-nord-ouest, le Salvador à l'ouest-sud-ouest, l'océan Pacifique au sud-ouest et le Nicaragua à l'est-sud-est, le Honduras occupe une superficie de 112 090 km2. Le Honduras dispose de 820 km de côtes.
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Le Cerro Las Minas, haut de 2 870 m, est le point culminant du pays ; il est situé dans l'Ouest. Parmi les ressources naturelles, on trouve l'or, l'argent, le cuivre, le plomb, le zinc, les minerais de fer, l'antimoine et le charbon. Grâce à ses accès à la mer, le Honduras possède une importante activité de pêche.
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Le pays est sujet aux tremblements de terre, inondations et ouragans. L'ouragan Mitch qui a eu lieu à Tegucigalpa en 1998 a fait beaucoup de ravages sur cette ville, qui sont encore visibles aujourd'hui.
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À la limite du bassin caraïbe, au large des côtes du Honduras, les îles de la Baie (Utila, Roatán et Guanaja) sont peuplées de descendants de pirates anglais. Colonies britanniques, elles ont été cédées au Honduras en 1859, sans que leurs habitants aient été consultés.
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Depuis 2014, la sécheresse affecte le Honduras. Un problème aggravé par l’exploitation des ressources naturelles au profit de mégaprojets miniers ou hydroélectriques. Après le coup d’État de 2009, 89 concessions minières et hydroélectriques ont été accordées, souvent à des entreprises proches du pouvoir[14].
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Au moins 177 rivières ont été affectées ces dernières décennies. Les sols s’assèchent et les cultures rapportent moins, provoquant l’appauvrissement d'une partie des paysans[14].
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Plus de 130 militants écologistes ont été tués entre 2009 et 2019, ce qui fait du Honduras l'un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l'environnement[14].
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En 1998, l'ouragan Mitch a causé la mort d'environ 5 000 personnes et des pertes de quelque 3 milliards de dollars. Malgré l'aide étrangère de 2,76 milliards de dollars, le PIB a diminué de 3 %. D'après l'ONU, 77,3 % des Honduriens vivent dans la pauvreté[15].
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Le secteur primaire représente 13 % des revenus totaux de la population hondurienne. 32 % de ces revenus sont générés grâce au secteur secondaire. Finalement, 55 % regroupent les revenus du secteur tertiaire[16].
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Les femmes au Honduras représentent 31 % en fonction de toute la main-d'œuvre[17].
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L'agriculture représente 22 % du PIB. Le café est l'un des principaux produits exportés et représentait 22 % des exportations honduriennes dès 1999). Au cours de la décennie des années 2010, le Honduras s'est hissé à la sixième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café et à la première pour l'Amérique centrale. Le pays était par ailleurs le deuxième plus grand exportateur de bananes jusqu'en 1998. Une très grande majorité de la production du pays est aux mains de l'entreprise américaine Chiquita (ex-United Fruit Company). Les autres principales ressources qui sont exportées du Honduras sont la canne à sucre, le maïs, les oranges, les crustacés, le tabac et l'élevage de bovins[18]. Les transferts d’argent des émigrés représentent 18,5 % du PIB[19].
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La monnaie est le lempira, divisée en 100 centimes (centavos). La dette du Honduras est de 3 871 000 000 CAD en 2008, soit environ 16 % du PIB, et le déficit budgétaire était d'environ 3,6 %. Le taux d'inflation atteint 4,60 % en 2011. Le Honduras est un pavillon de complaisance.
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Le taux de chômage en 2017 est de 7,40 %[20]. Toutefois, le sous-emploi concerne plus de 60 % de la population active[20].
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Le Honduras comptait 7,64 millions d'habitants (appelés Honduriens) en 2008 (8,296,693 estimation juillet 2012). La population se compose de 90 % de métis (Hispaniques et Indigènes), 7 % d'Indigènes purs, 2 % de Noirs (Garifuna), et 1 % de Blancs.
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L'espérance de vie est de 72,3 ans pour les hommes et de 77 ans pour les femmes. Le taux de mortalité infantile s'évalue à 18,7 ‰ en 2015.
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Les peuples autochtones sont la cible d’assassinats, de menaces, d’enlèvements et d’attaques au Honduras. Beaucoup de ceux qui sont ciblés sont des représentants de leur communauté, impliqués dans la protection de leurs territoires contre l’exploitation forestière, les projets touristiques, les barrages hydroélectriques et l’exploitation minière[21].
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Ces communautés sont particulièrement pauvres et pâtissent d’un manque de services sociaux de base, tels que l’éducation et la santé.
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Le pays est l'un des pays d'Amérique centrale les plus touchés par le sida.
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La croissance de la population s'élève annuellement à 2,1 %, et le taux de fécondité était estimé à 3,3 enfants par femme en 2007[22].
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L’avortement est interdit et puni de prison[23]. En avril 2012, le gouvernement conservateur de Porfirio Lobo fait adopter la criminalisation de la prise ou de la vente de la pilule du lendemain et instaure des peines de prison allant de 3 à 10 ans[24]. La pilule du lendemain est interdite[25].
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Les services de santé au Honduras sont insuffisants selon médecins sans frontières[25].
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Le Honduras détient depuis plusieurs années l'indice le plus élevé d'homicides volontaires avec, en 2012, 90,4 homicides pour 100 000 habitants (soit 7 172 homicides) notamment du fait de la présence de gangs mafieux « ultra violents » nommés maras. Cet indice serait en baisse en 2013 et 2014. La criminalité est principalement liée au trafic de stupéfiants et aux extorsions de fonds. Les touristes n'échappent pas aux agressions[26]. Les journalistes et les opposants politiques sont également les victimes de ces violences[27]. La ville la plus touchée est San Pedro Sula, la deuxième ville du pays, qui détient le taux le plus haut taux d'homicides au monde avec 173 morts pour 100 000 personnes[28]. Le pays est considéré comme l'un des plus dangereux au monde pour les journalistes[29]. La violence est également alimentée par l’accaparement des terres pour les industries extractives, contre lesquelles les nombreuses communautés autochtones tentent de se défendre[30].
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Les gangs mafieux sont parvenus à s'introduire profondément au sein des forces de police, « pourries jusqu’à la moelle » selon les déclarations d’un ancien officier de police abattu deux semaines plus tard, et les assassinats politiques sont fréquents[31]. En 2016, une commission spéciale pour la purge et le processus de transformation de la police nationale est mise en place pour mener une enquête parmi les forces policières : plus de 5 000 des 17 000 policiers du pays ont été renvoyés à cette occasion[32]. La classe politique est elle aussi particulièrement corrompue, dont le Parti national du Honduras au pouvoir, qui détournait jusqu'à l'explosion du scandale des millions de dollars des services publics pour alimenter ses propres finances[31].
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Des documents révélés par Wikileaks indiquent que les vestiges d’un avion ayant transporté au moins une tonne de cocaïne ont été enterrés dans la propriété de Miguel Facussé Barnum, où il avait atterri. Grand propriétaire cultivant la palme africaine, industriel éminent et propriétaire du quotidien La Tribuna, Miguel Facussé Barnum compte parmi les hommes les plus riches du Honduras. En 2017, les membres de la richissime famille Rosenthal, particulièrement influente (propriétaire du quotidien Tiempo et du Canal 11 de télévision) tombent pour leurs relations avec le narcotrafic : Yankel Rosenthal (ex-ministre de l’Investissement de Juan Orlando Hernández), Jaime Rosenthal Oliva (vice-président du Honduras entre 1986 et 1989), Yani Rosenthal Hidalgo (ex-candidat à la magistrature suprême pour le Parti libéral). Le fils de l'ancien président Porfirio Lobo est pour sa part extradé aux États-Unis où il se reconnait coupable d'« association de malfaiteurs pour trafiquer de la cocaïne »[19].
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En octobre 2018, le pays connait une crise migratoire avec la formation d'une caravane de migrants allant vers les États-Unis[33]. Un exode au dénouement incertain, vers un pays où il leur faudra faire un choix difficile : vivre dans la clandestinité ou commencer un processus de demande d’asile qui n’a qu’une faible chance d’aboutir[14]. En octobre 2018, les États-Unis annoncent réduire l'aide économique accordée au Honduras, lui reprochant de ne pas suffisamment agir contre l'émigration. La décision pourrait avoir de lourdes conséquences pour le Honduras : « Le pays, qui exporte très peu, ne sera pas en mesure de défendre sa souveraineté politique et économique » selon le journal Le Monde[34].
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Le budget militaire hondurien a été multiplié par trois depuis le coup d’État de 2009. Les États-Unis apportent aussi une aide militaire à l’État hondurien et utilisent des bases militaires dans le pays comme plate-forme de lancement pour des interventions dans la région[35].
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L'espagnol (castillan) est la langue officielle. La variété locale utilise la forme vos au lieu de tú et de nombreux mots tombés en désuétude en Espagne y sont toujours utilisés, comme « carro » (de « chariot » en espagnol et non de « car » en anglais) ainsi que de nombreux mots souvent d'origine préhispanique.
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Selon le Pew Research Center, en 2010, 87,6 % des habitants du Honduras sont chrétiens, principalement catholiques (50,3 %) et dans une moindre mesure protestants (36,6 %), alors que 10,5 % de la population n'est pas affilié à une religion et que 1,1 % pratique une religion populaire[36].
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Le Honduras a pour codes :
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Xiānggǎng Tèbié Xíngzhèngqū
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Hoeng1gong2 Dak6bit6 Hang4zing3keoi1
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Hong Kong (chinois : 香港 ; pinyin : Xiānggǎng ; Wade : Hsiang¹-kang³ ; cantonais Jyutping : Hoeng¹gong² ; cantonais Yale : Hēunggóng ; litt. « port aux parfums » ou « port parfumé »), officiellement la région administrative spéciale de Hong Kong de la république populaire de Chine, est la plus grande et la plus peuplée des deux régions administratives spéciales (RAS) de la république populaire de Chine, l'autre étant Macao. Elle compte environ sept millions d'habitants que l'on appelle Hongkongais (en anglais : Hongkongers) dont l'espérance de vie, de 84,2 ans, est la plus longue au monde en 2017[2],[3],[4].
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Hong Kong est située dans le Sud-Est de la Chine, sur la rive orientale de la Rivière des Perles. Cette région administrative, qui occupe une péninsule sur la côte sud ainsi que quelques îles, est baignée par la mer de Chine méridionale. Elle jouxte la province du Guangdong au nord. Hong Kong est la huitième entité commerciale[5] et la 3e place financière au monde[6]. Son économie est considérée comme la plus libérale au monde depuis 1995 selon la fondation américaine « Heritage Foundation »[7],[8]. Hong Kong se place ainsi dans le rang des grands centres financiers du monde avec entre autres New York et Londres, cette trilogie est d'ailleurs appelée par certains médias anglophones « Nylonkong »[9].
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Colonie britannique à partir du traité de Nankin (1842), rétrocédée à la Chine en 1997 soit 155 ans plus tard, Hong Kong demeure radicalement différente du reste de la république populaire de Chine. Une loi fondamentale particulière détermine son régime politique. Elle obéit au principe « un pays, deux systèmes », qui permet à Hong Kong de conserver son système légal (common law), sa monnaie (dollar de Hong Kong), son système politique (multipartisme), ses équipes sportives internationales, ses lois sur l'immigration, son domaine internet (.hk), son indicatif téléphonique (+852) et son code de la route (conduite à gauche). Selon les termes de la déclaration sino-britannique commune, la République populaire de Chine a promis que Hong Kong garderait une relative autonomie jusqu'à au moins 2047, soit 50 ans après le transfert de la souveraineté. Cependant avec la promulgation de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, Hong-Kong bascule de fait, vers le régime juridique de la république populaire chinoise dès le 1er juillet 2020, date anniversaire de la rétrocession[10],[11]. Hong Kong adopte toujours le système de common law. Le système juridique de Hong Kong est différent de celui de la Chine[12],[13]
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En tant que ville mondiale, Hong Kong compte environ 34 000 résidents de citoyenneté britannique (ils étaient 25 500 en 1996, juste avant la rétrocession)[14] en plus des millions de personnes jouissant d'une nationalité britannique sans citoyenneté (British Nationals (Overseas)), environ 22 000 résidents de nationalité japonaise[15], environ 60 000 résidents de nationalité américaine[16], environ 300 000 résidents de nationalité canadienne[17] et entre 18 000 et 20 000 résidents de nationalité française[18], majoritairement employés par des multinationales ou des entrepreneurs et y vivant avec leurs familles. Le chinois (cantonais)[19] et l'anglais sont les deux langues officielles de la ville[20].
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La dynastie Qin a incorporé la région de Hong Kong en Chine pour la première fois en 214 avant notre ère, après avoir conquis le Baiyue indigène. La région a été consolidée sous le royaume de Nanyue (un État prédécesseur du Vietnam) à la suite de l'effondrement des Qin [42], mais reprise par la Chine après la conquête des Han. Pendant la conquête mongole de l'empire des Song, la cour de la dynastie des Song du Sud a été brièvement stationnée dans la ville moderne de Kowloon (site de Sung Wong Toi) avant sa défaite finale à la bataille de Yamen en 1279. À la fin de la dynastie Yuan, sept grandes familles s'étaient installées dans la région et possédaient la plupart des terres. Les colons des provinces voisines ont migré vers Kowloon pendant toute la dynastie Ming. Le premier visiteur européen était l'explorateur portugais Jorge Álvares, arrivé en 1513. Les marchands portugais ont établi un comptoir appelé "Tamão" dans les eaux de Hong Kong et ont commencé à commercer régulièrement dans le sud de la Chine. Bien que ces commerçants aient été expulsés après des affrontements militaires dans les années 1520 [48], les relations commerciales luso-chinoises ont été rétablies en 1549.
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Bien qu'occupé depuis le néolithique au moins, le territoire de ce qui constitue aujourd'hui Hong Kong est resté hors de la plupart des événements majeurs de la Chine impériale pendant toute son histoire. À la suite de la guerre de l'opium, et des trois traités inégaux que sont le Traité de Nankin (29 août 1842), la Convention de Pékin (24 octobre 1860), et la Convention pour l'extension du territoire de Hong Kong (9 juin 1898), l'Empire chinois cède ce territoire à l'Empire britannique pour 99 ans, chaque traité repoussant la limite des 99 ans du bail. Il commença alors à devenir un point d'attraction mondiale, au cours des années 1840. Macao, situé sur la rive opposée du delta de la Rivière des Perles, devint pendant la même période un territoire de l'Empire portugais, ces deux enclaves constituant des avant-postes des colonies européennes en Extrême-Orient. Possession anglaise à partir de 1842, Hong Kong est rétrocédée à la Chine en 1997. Les premières élections législatives par la population (en) ont lieu en 1991, élisant 60 membres, cinq ans après la Déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong, signée le 19 décembre 1984. Le gouverneur de Hong Kong, chef de l’exécutif restant choisi par la couronne britannique pendant les 150 ans de colonisation.
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Dans les années 1830, l'île de Hong Kong ne compte qu'environ 7 500 habitants, pêcheurs Tankas surtout, et producteurs de charbon de bois Hakkas[21]. Toutefois, elle occupe une position stratégique. Elle est située devant le delta de la rivière des Perles, donc à la sortie de Canton, seule ville de Chine alors autorisée au commerce avec les étrangers. Le site permet aussi d'établir un port en eaux profondes, capable d'accueillir des navires à fort tirant d'eau, conformes au fret en gros volume. Pour cette raison, les Britanniques occupent l'île lors de la Première guerre de l'opium, entre 1839 et 1842. Par le traité de Nankin, la Chine la cède officiellement, et pour toujours, au Royaume-Uni qui en fait une base stratégique pour le commerce en Extrême-Orient. Dix ans plus tard, l'île compte 33 000 habitants. À partir des années 1850, la Révolte des Taiping entraîne l'arrivée de nombreux réfugiés.
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À l'issue de la Seconde guerre de l'opium (1856-1860), le territoire de Hong Kong s'agrandit : la Chine donne la péninsule de Kowloon, située au nord de l'île (convention de Pékin, 1860)[21]. Le recensement de 1865 compte 125 504 résidents, dont 2 000 Européens ou Américains.
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En 1898, l'Allemagne, la France et la Russie acquièrent des droits sur différents territoires chinois. Par réaction, le Royaume-Uni cherche à agrandir sa colonie de Hong Kong. Il signe avec la Chine la Convention pour l'extension du territoire de Hong Kong, qui lui attribue un bail emphytéotique de 99 ans sur des zones adjacentes à Kowloon et sur les îles adjacentes. Ces espaces, connus sous le nom de Nouveaux Territoires, restent longtemps peu utilisés. Les projets de développement importants ne datent que des années 1970.
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Après 18 jours de combats acharnés, Hong Kong est prise par l'Armée impériale japonaise le 25 décembre 1941 et son gouverneur, le britannique Mark Aitchison Young, est fait prisonnier. Hong Kong sera libérée en août 1945 et le gouverneur Young rétabli à son poste dès 1946.
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La croissance démographique se poursuit, et différentes activités économiques se développent. La population reste pourtant assez pauvre en moyenne. Hong Kong compte 1,6 million d'habitants en 1941[22]. Le territoire souffre très fortement lors de l'occupation japonaise après l'attaque de Hong Kong par le Japon, et la population redescend à 600 000. Avec l'arrivée au pouvoir des communistes en Chine (1949) se produit un afflux de réfugiés. Le sinologue Jean-Luc Domenach indique que lors de la grande famine consécutive au Grand Bond en avant, 140 000 à 200 000 personnes seraient entrées illégalement à Hong Kong en 1961-1962[23].
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Hong Kong connaît à partir des années 1960 un essor économique. Celui-ci est d'abord fondé surtout sur le textile, puis, à partir des années 1970, la finance prend une place prépondérante.
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À partir de 1979, le président chinois Deng Xiaoping entreprend d'ouvrir économiquement la Chine avec l'étranger. L'expérience se limite d'abord à des zones économiques spéciales. Parmi les premières zones à bénéficier de ces investissements, l'une d'entre elle connaît un développement spectaculaire, c'est Shenzhen, située aux portes de Hong Kong. Hong Kong devient alors un point stratégique pour les échanges avec la Chine : presque tous viennent de la colonie anglaise, ou tout au moins transitent par elle.
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Après les manifestations de la place Tian'anmen en 1989, l'opération Yellow Bird, organisée à partir de Hong Kong, permet d'exfiltrer 400 dissidents chinois qui trouveront refuge en Occident[24].
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Les Nouveaux Territoires ayant été loués pour 99 ans, sont revenus à la République populaire de Chine au terme du bail en 1997. L'île de Hong Kong et la presqu'île de Kowloon, cédées à perpétuité au Royaume-Uni, auraient théoriquement pu rester britanniques. Toutefois, l'aménagement du territoire de Hong Kong, qui avait intégré les Nouveaux Territoires dans un même ensemble urbain, rendait impossible une séparation qui impliquait l'établissement d'une frontière (les lignes de métro passaient d'une zone à l'autre, le futur nouvel aéroport était dans les nouveaux territoires, etc.). C'est pourquoi, il serait apparu incontournable de restituer à la Chine la totalité du territoire de Hong Kong. Ce qui fut annoncé par la déclaration commune sino-britannique, signée le 19 décembre 1984, par laquelle le Royaume-Uni s'engageait à remettre à la Chine l'ensemble de la colonie en 1997. La République populaire, quant à elle, s'engageait à maintenir les systèmes économique et législatif et le mode de vie hongkongais pendant 50 ans. C'est la politique dite « un pays, deux systèmes ». Le 1er juillet 1997, Hong Kong devient la première région administrative spéciale chinoise. L'événement donne lieu à une cérémonie retransmise dans le monde entier en présence du prince Charles, héritier de la couronne britannique.
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À la fin de la même année, Hong Kong fut touchée par la crise asiatique de 1997[25]. Comme les autres pays asiatiques, elle fait face à un afflux massif de capitaux étrangers[26] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[27].
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Six ans plus tard, en 2003, l'épidémie de SRAS, née en Chine fin 2002, y fit 293 morts[28].
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Chaque année le 1er juillet, des manifestations pour défendre la démocratie sont organisées[29]. Le 1er juillet 2014, 500 000 personnes défilent pour défendre la démocratie[30].
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Le 9 juin 2019, un projet de loi sur l'extradition des opposants politiques en Chine provoque une manifestation massive regroupant plus d'un million de personnes[31]. Le 16 juin 2019 toujours suite au projet de loi, c'est 2 millions de personnes qui défilent et obtiennent des excuses officielles[32]. Le 1er juillet, les manifestants entrent de force dans le bâtiment du Conseil législatif. Le 8 juillet, le gouvernement de Carrie Lam annonce que le projet de loi est « mort »[33] mais les protestations continuent malgré tout, revendiquant plus largement une plus grande autonomie et la non-ingérence de Pékin dans le processus démocratique. Le 24 novembre 2019, le camp pro-démocrate gagne une victoire écrasante aux élections locales hongkongaises de 2019.
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En mai 2020, le gouvernement Chinois annonce soumettre au vote du parlement Chinois (mais pas celui de Hong Kong) une "loi sur la sécurité" interdisant "la subversion, la sédition et la sécession", ce qui a eu pour effet de relancer les manifestations pro-démocratie, mises en pause en raison de la pandémie de Covid-19. Les manifestants craignent que cette loi ne mène directement à la fin de l'autonomie de Hong Kong sans attendre la date de 2047[34]. Selon Le Monde, le nouveau texte met brutalement fin à une exception démocratique et limite considérablement, voire annihile, les libertés civiles et politiques de n’importe quel citoyen en désaccord avec le système chinois ou avec le gouvernement de Pékin[35].
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À la suite du vote de la loi sur la sécurité par le parlement de la république populaire de Chine le 28 mai 2020[36], le Royaume-Uni considère que la république populaire de Chine porte atteinte, sans attendre la date butée de 2047, au principe d’un pays, deux systèmes et « viole l’autonomie et les libertés du peuple de Hong kong » tels que prévus dans les modalités de la rétrocession[37],[38]. Avec l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi sécuritaire à Hong-Kong le 30 juin 2020, le gouvernement britannique décide de donner à tous les hongkongais qui peuvent prétendre au statut britannique d'outre-mer (BNO British National Overseas), soit 3 millions de personnes, « la possibilité de vivre et de travailler, puis par la suite de demander la citoyenneté » au Royaume-Uni[39].
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D'un point de vue juridique, Hong Kong se distinguait nettement de la Chine continentale lors de la rétrocession, la région appliquant le système de common law et le respect de libertés fondamentales tels qu’hérités des britanniques. Cependant, la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong en application depuis la rétrocession prévoit que ces dispositions puissent être interprétées et/ou évoluer suivant certaines conditions ; cette loi précisant néanmoins que le système socialiste de la république populaire de Chine ne sera pas appliqué à Hong Kong (cf article 5 de cette loi en version anglaise)[40].
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La nouvelle loi de sécurité nationale votée par le parlement de la république populaire de Chine, et promulguée le 30 juin 2020 par la chef de l’exécutif de Hong-Kong, met fin, de fait, à ce régime spécial[41].
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Le document faisant office de constitution est la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong. Rédigée à la fin des années 1980 en prévision de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, elle est le fruit d'une négociation entre représentants de la colonie et chinois continentaux. Elle a été votée par l'Assemblée nationale populaire en 1990 et est entrée en application en 1997.
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Le conseil législatif, communément appelé LEGCO[42], constitue le parlement de Hong Kong. Ses 60 membres sont élus tous les quatre ans, mais pas en même temps que le chef de l'exécutif. La loi fondamentale dispose que :
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Pour les élections ultérieures, la procédure pourrait être modifiée, cependant, les élections de 2008 ont été faites dans un cadre institutionnel similaire. Le 29 décembre 2007 le gouvernement chinois a annoncé que le suffrage universel, présenté par la loi fondamentale de Hong Kong comme objectif ultime pourrait être mis en place en 2017[44].
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Hong Kong est dirigée par un chef de l'exécutif, placé à la tête du gouvernement pour cinq ans[45]. Selon l'article 45 de la loi fondamentale, celui-ci est « choisi par une élection ou des consultations tenues localement » et nommé par le président chinois. Une annexe[46] précise qu'il doit être élu par une assemblée de huit cents personnes représentant différents corps de métiers et organisations. La façon exacte par laquelle on détermine la composition n'est pas précisée dans la constitution. Celle-ci indique seulement qu'elle doit être fixée par une loi et « en accord avec les principes de démocratie et de transparence ». Il nomme les autres membres de l'exécutif[47]. Le chef de l'exécutif est actuellement Carrie Lam.
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En vertu de la loi fondamentale de Hong Kong et de la déclaration commune sino-britannique, Hong Kong a un système légal et judiciaire distinct de celui de la Chine continentale. D'ailleurs, le système juridique est considéré comme le meilleur en Asie[48],[49] selon le think-tank américain « Political and Economic Risk Consultancy (PERC) », devant ceux de Singapour, du Japon et de Corée du Sud.
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Hong Kong a ainsi gardé la tradition de common law établie lors de la colonisation britannique alors que la Chine continentale obéit à un système de droit civil. De plus, les règles de common law et les lois en vigueur avant la rétrocession restent valables sauf si elles contredisent la loi fondamentale. Hong Kong n'obéit pas aux lois nationales de la République populaire de Chine sauf exceptions (défense, affaires étrangères).
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L'article 84 de la loi fondamentale autorise les tribunaux hongkongais à se référer à la jurisprudence des autres tribunaux de common law, selon le principe du précédent. Les articles 82 et 92 autorisent l'invitation de juges d'autres juridictions de common law à participer à la procédure de la cour d'appel finale de Hong Kong et à siéger comme juge de Hong Kong.
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Le système judiciaire hongkongais consiste principalement en une Cour d'Appel finale qui remplace le Comité judiciaire du Conseil privé, la Haute Cour, composée de la cour d'appel et de la Cour de première instance et la District Court qui inclut la Cour familiale.
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Les juges de la cour d'appel finale sont nommés par le chef de l'exécutif hongkongais. La loi fondamentale de Hong Kong peut être interprétée par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire. Ce pouvoir a été invoqué trois fois.
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Comme au Royaume-Uni, les avocats hongkongais peuvent être des barristers ou des solicitors mais ne peuvent cumuler les deux fonctions. La grande majorité sont des solicitors qui sont diplômés et régis par la Law Society of Hong Kong, alors que les barristers le sont par la Hong Kong Bar Association.
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Cependant, à la suite de l’entrée en vigueur (sans passer par le parlement de Hong-Kong) de la nouvelle loi sécuritaire le 30 juin 2020, la justice de la république populaire de Chine peut directement juger certaines actions considérées comme étant des infractions, telles qu’afficher son soutien à l’indépendance de Taïwan, ou du Tibet, ou de la région Xinjiang ou de Hong Kong. En effet cette nouvelle loi « permet de réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l’Etat : subversion, séparatisme, terrorisme et collusion avec l’étranger »[50], en accord avec les dispositions de la loi qu’aurait dû prendre Hong Kong selon l’article 23[51] de la basic law[52].
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Hong Kong est divisé depuis les années 1980 en 18 districts. Chaque district dispose d'un conseil, dont une partie des membres sont élus au suffrage universel. Cependant, les conseils de district n'ont pas de pouvoir politique réel.
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Un véhicule de la Police de Hong Kong
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Un motard de la Police de Hong Kong
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Un motard de la Police de la Securité routière de Hong Kong
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Un véhicule de la Police de la Securité Routière de Hong Kong
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Hong Kong dispose de sa propre police, née en 1844 sous le nom de Royal Hong Kong Police sous le règne britannique avant de prendre le nom de Hong Kong Police Force en 1997. Elle compte plus de 30 000 hommes.
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Hong Kong Peak Tram
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Tramway hongkongais
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Train MTR (West Rail Line)
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Train MTR (East Rail Line)
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Airport Express de Hong Kong
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MTR Light Rail
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MTR Disneyland Resort Line
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Le réseau de tramways de Hong Kong dessert l'Île de Hong Kong, sur différentes voies de tramway à impériale, reliant d'est en ouest l'extrémité nord de l'île de Hong Kong dans les quartiers les plus développés.
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Il existe également un funiculaire, construit en 1888, le Peak Tram, qui relie le quartier de Central au sommet du pic Victoria. Moyen de transport touristique incontournable, il permet aussi aux habitants de Victoria Peak de rejoindre leurs habitations, grâce à plusieurs stations intermédiaires.
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Le métro de Hong Kong MTR dessert tout le territoire avec 212 km de voies et 163 stations. Avec 1670 millions de personnes transportées par an[53] (chiffres 2018), il se classe dans les 10 premiers mondiaux. Les lignes relient les différents quartiers du cœur de Hong Kong (Central, Kowloon) à l'aéroport, Hong Kong Disneyland jusqu'aux frontières avec Shenzhen, en Chine continentale.
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Les communications avec le continent sont en effet de plus en plus développées. Shenzhen est accessible par métro via les ports de Lok Ma Chau et Lo Wu desservis par la MTR East Rail Line, où elle est en correspondance avec le métro de Shenzhen.
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Depuis 2002, des trains directs relient la gare de Kowloon aux gares de Pékin-Ouest, Shanghai-Sud et Canton-Est via la ligne Kowloon-Canton. Un contrôle frontalier est alors effectué dans ces gares au départ et à l'arrivée.
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L'extension de la ligne à grande vitesse LGV Pékin - Canton - Shenzhen - Hong Kong inaugurée fin 2018 permet à Hong Kong (Kowloon) d'être accessible par TGV depuis la Chine continentale. Hong Kong est connecté au reste du réseau CRH (China Railway High-speed) par la nouvelle gare de Hong Kong West Kowloon, dédiée aux lignes à grande vitesse. Cette ligne réduit considérablement les temps de parcours avec plus de 50 grandes villes chinoises[54]desservies par les trains vers Hong Kong (juillet 2019).
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Les billets de trains sont commercialisés par internet pour Hong Kong et sur la plateforme 12306 ou sur application mobile pour la Chine continentale[55].
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D'après la China Railway Corporation, 127 trains circulent quotidiennement entre la partie continentale et Hong Kong, dont 114 trains aller-retour entre West Kowloon et la gare de Futian[55] à Shenzhen.
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Kowloon Motor Bus
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Citybus de Hong Kong
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Tous les taxis de Hong Kong roulent au GPL
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Le "Cross-Harbour Tunnel" à Hong Kong
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Le pont "Tsing-Ma" à Hong Kong
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On conduit toujours à gauche à Hong Kong, même après la rétrocession
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On conduit à droite sur le nouveau pont HKZM
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L'infrastructure routière de Hong Kong, d'excellente qualité, est parcourue par une myriade de taxis et de très nombreuses lignes de bus. À lʼinverse de la Chine continentale, les véhicules y roulent à gauche.
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Trois tunnels routiers traversant le port relient l'Île de Hong-Kong au continent (Kowlon/New Kowloon).
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L’île de Hong-Kong est reliée à Macao et Zhuhai par un pont routier marin de plusieurs dizaines de kilomètres (Hong Kong – Zhuhai – Macao Bridge (HZMB)) à travers l'estuaire de la rivière des Perles, inauguré le 23 octobre 2018[56], [57].
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Depuis les débarcadères de Central et de Kowloon, de nombreux services de ferry assurent des liaisons quotidiennes pour les autres îles de Hong-Kong, notamment les îles de Lantau, Cheung Chau, Peng Chau et Lamma, mais aussi vers les Nouveaux Territoires, Macao et quelques villes de la République populaire de Chine (Guangzhou, Shenzhen, Zhuhai)[58],[59].
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Star Ferry
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Star Cruises "Star Pisces" à Hong Kong
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Le ferry entre Hong Kong et Macao
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Le Star Ferry est l'une des icônes de Hong Kong depuis sa création à la fin du XIXe siècle. Il dessert quatre lignes à travers le Victoria Harbour en transportant près de 53 000 passagers par jour entre l’île de Hong Kong et la péninsule de Kowloon[60].
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L'aéroport international de Hong Kong Chek Lap Kok est l'un des plus importants aéroports du monde et constitue l'un des principaux points d'entrée et de sortie de l'Asie pour les passagers et le fret. Il a remplacé l'ancien aéroport Kai Tak de Kowloon en 1998. Consacré par les passagers et Skytrax comme un des 5 meilleurs aéroports du monde[61] (et élu le meilleur aéroport du monde 8 fois, en 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2007, 2008, 2011)[62] ; il accueille plus de 85 compagnies aériennes et est le principal hub des compagnies locales Cathay Pacific, Dragonair, Hong Kong Express Airways et Hong Kong Airlines. Parmi ces compagnies aériennes hongkongaises, la plus connue est Cathay Pacific, qui est une des sept compagnies classées 5 étoiles Skytrax dans le monde et qui a été élue la meilleure compagnie aérienne du monde 4 fois (en 2003, 2005, 2009 et 2014[63],[64]).
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Le Hong Kong Government Flying Service est une unité gouvernementale équipée d'hélicoptères et avions utilitaires.
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Hong Kong est de loin la ville la plus riche de la république populaire de Chine avec pour 2015 un produit intérieur brut par habitant de 42 422,9 US$[65]. En parité de pouvoir d'achat, il était de 56 701 US$ en 2015 contre 41 181 US$ en France et 55 805 US$ aux États-Unis[66].
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Hong Kong est devenu un centre essentiellement tertiaire. Elle est la huitième entité commerciale[5] et la 3e place financière au monde[6]. Son économie est depuis 1995 la plus libérale du monde[67]. Les taux de prélèvements obligatoires sont bas et les législations peu contraignantes. En outre, l'activité économique permet au port de Hong Kong d'être le cinquième du monde (année 2015) pour le tonnage cargo avec 256,6 millions de tonnes métriques et le cinquième pour le trafic conteneurs avec 19,8 millions de TEUs en 2016[68] soit une baisse de 1,3 % par rapport aux 20,073 millions de TEUs traitées en 2015[69].
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L'objectif de la politique monétaire hongkongaise est de maintenir la stabilité monétaire. Étant donné son ouverture vers l’extérieur, il s’agit en pratique de maintenir le taux de change à 7,80 dollars hongkongais pour 1 dollar américain. Depuis 2005, le change se fait entre 7,75 HK$ et 7,85 HK$.
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La ville compte en 2019 soixante-sept milliardaires et quelque dix-mille millionnaires mais les inégalités sont criantes. En 2006, les ménages appartenant aux 10 % les plus pauvres devaient travailler pendant deux ans et dix mois pour gagner ce que les 10 % plus riches gagnaient en un mois. En 2016, il leur fallait trois ans et huit mois[70]. Plus de 20 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Régulièrement, des associations ou médias s'indignent devant les « logements-cages », de moins de cinq mètres carrés, destinés aux personnes âgées dépourvues de retraite ou aux travailleurs précaires[71]. Le coefficient de Gini s’élève en 2017 à 0,53 (0,33 pour la France), situant Hong Kong au 12e rang du classement des pays les plus inégalitaires. Ainsi 1,2 % de la population possède 53 % du patrimoine, et les dix-huit personnes les plus riches détiennent 140 milliards d’euros, soit un peu plus que les réserves financières gouvernementales. Les droits sociaux sont généralement réduits au minimum[72].
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Hong Kong ne produit que 2 % de la nourriture qu’il consomme[73].
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Hong Kong s'est d'abord développé en tant que port commercial. À partir des années 1950, l'industrie, et particulièrement le textile prend une place majeure. Hong Kong bénéficie alors de l'afflux de main d'œuvre bon marché. Cependant, la hausse du niveau économique entraîne le développement des services à partir des années 1970. Elles prennent bientôt le pas sur les activités industrielles.
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Hong Kong, territoire petit et spécialisé économiquement dépend beaucoup des échanges avec l'extérieur. La valeur des importations et des exportations est supérieure au PIB[74]. La ville est de plus en plus intégrée fonctionnellement à la République populaire de Chine, avec laquelle elle réalise 47 % de ses échanges[74]. Les investissements hongkongais en Chine, notamment dans le Guangdong, sont également très importants. Ses liens étroits avec la Chine et son statut autonome offrent à Hong Kong le rôle d’intermédiaire entre la Chine continentale et Taïwan
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Selon le journaliste économique Wladimir Garcin-Berson, « Hongkong reste extrêmement dépendant de la conjoncture internationale: en d’autres termes, quand l’économie mondiale ralentit, ses habitants le ressentent de plein fouet. La somme des exportations et importations de biens et services qui y transitent représente 376% de son PIB, la seconde valeur la plus importante sur la planète, selon la Banque mondiale, et ses services financiers reconnus mondialement sont à la merci des décisions des entreprises, qui peuvent s’avérer frileuses en temps de ralentissement économique. Hongkong est un hub des réexportations, quand Fitch qualifiait la ville de «vulnérable aux chocs de la demande extérieure», en juillet[75]. »
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En octobre 2019, le gouvernement américain menace de suspendre le statut économique spécial accordé à Hongkong et qui a favorisé l’expansion de la ville. Avec l'adoption du projet de loi « Hongkong human rights and democracy », les administrations américaines devront dorénavant faire un rapport annuel au congrès sur « l’état de la démocratie et du milieu des affaires », destiné à vérifier si la ville mérite le « traitement unique » dont elle bénéficie, afin d'accentuer les pressions sur l'exécutif hongkongais[76].
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Hong Kong compte parmi les villes qui sont en concurrence en tant que centres financiers mondiaux. Hong Kong est directement concurrencée par Singapour, et dans une moindre mesure, par Shanghai[réf. nécessaire].
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Selon la banque d'affaires Merrill Lynch, la pollution atmosphérique à Hong Kong diminue fortement sa compétitivité en particulier face à Singapour, les travailleurs hongkongais et leurs familles préférant quitter Hong Kong pour préserver leur santé[77]. Toutefois, l'indice de la qualité de l'air de Singapour atteint de temps en temps le niveau « très malsain » ou même « dangereux » à cause des incendies récurrents dans les forêts en Indonésie[78],[79].
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L'impôt sur les sociétés exerçant hors de Hong Kong est de 0 %[80], il n'y a donc aucun impôt sur les sociétés dans ce cas. Seules les entreprises exerçant à Hong Kong sont soumises à l'impôt société en vigueur de 16,5 %.
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Quatre grandes familles en situation d’oligopole dominent le marché immobilier : celle de Li Ka-shing — l’homme le plus riche d’Asie —,; celle de Lee Shau-kee, les frères Thomas et Raymond Kwok et Cheng Yu-tung. À eux cinq, ils représentent 74 % de la production du parc immobilier privé[72].
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Les pénuries de logements et la spéculation immobilière ont conduit à une augmentation de 430 % des prix depuis 2003. En 2018, le prix du m2 s’élève à 22 000 euros, soit deux fois plus cher qu'à Paris[81]. Paradoxalement, il existe de nombreux logements inoccupés, en raison de la spéculation immobilière. Ces prix sont bien souvent prohibitifs, y compris pour les classes moyennes. Le seul recours reste les logements sociaux, construits par le gouvernement, et dont les prix sont de 40 % inférieur à ceux du privé[72]. Les logements publics sont trop peu nombreux en comparaison de la demande. L’attente pour y devenir locataire est de 4,6 ans pour les candidats prioritaires et de 10 ans pour les autres[82].
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Hong Kong est la cinquième aire urbaine de Chine (Liste des villes de Chine par nombre d'habitants). Hong Kong est un des territoires les plus densément peuplés avec 6 357 habitants/km2 (la ville abrite le lieu le plus habité la planète : Mong Kok). Près de sept millions d'habitants s'entassent sur 1 092 kilomètres carrés. Si l'on tient compte que, du fait des reliefs, seulement un cinquième du territoire est constructible, la concentration urbaine atteint donc en moyenne plus de 30 000 habitants/km2.
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La population de la ville subit un vieillissement commun à l'ensemble du pays : en 2033, 27 % de la population aura plus de 65 ans selon le South China Morning Post. Le taux de natalité est l'un des plus faibles du monde (9,3 pour mille habitants[83]). Beaucoup de Hongkongais sont partis devant l'afflux des paysans de l'intérieur et pour fuir la pollution atmosphérique[83]. La métropole du Sud de la Chine subit les effets de l'exode rural et de la fuite des cerveaux : beaucoup de jeunes quittent Hong Kong pour étudier aux États-Unis.
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Depuis la rétrocession de 1997, ce sont pas moins d'un million de ressortissants de la République populaire de Chine qui sont venus s'installer à Hong Kong soit 1/7e de la population totale[84]. Mais la ville compte encore environ 34 000 ressortissants britanniques.
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Le taux de chômage est très bas à Hong Kong, avec seulement 3,4 % en août 2016[85], l'un des plus bas dans le monde.
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Destination touristique et commerciale internationale, Hong Kong vend simultanément la dernière mode européenne et des vêtements chinois traditionnels. Le contraste est saisissant entre les centres commerciaux ultramodernes et les marchés typiques de Stanley ou Jade. On trouve dans chaque quartier des boutiques vendant des herbes médicinales chinoises, notamment le long de Bonham Strand à Sheung Wan. L'effervescence de la ville se retrouve la nuit dans les quartiers de Lan Kwai Fong et Wanchai.
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L'industrie du divertissement est centrée autour du cinéma hongkongais et de la cantopop. Ces deux industries sont étroitement liées, par les capitaux mais surtout par les stars qui passent presque systématiquement d'un milieu à l'autre. Ces stars ont d'ailleurs souvent émergé à la télévision, très populaire depuis 1967. Télévision, cinéma et musique connaissent un succès local et international considérable, exportant notamment dans les communautés chinoises émigrées. Du fait d'une liberté d'expression plus grande qu'en Chine continentale, le cinéma hongkongais présente un grand intérêt. Des réalisateurs comme Yu Lik-wai, Fruit Chan ou Lawrence Ah Mon dépeignent à travers leurs films la société hongkongaise contemporaine, notamment ses aspects négatifs souvent éludés[86].
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Le théâtre occidental et l'opéra cantonais coexistent sur les scènes.
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Le cantonais est devenu une des deux langues officielles de Hong Kong en 1974[87], l'autre étant l'anglais. Il est parlé et enseigné dans les écoles. Son utilisation est généralisée aussi bien dans la vie familiale que dans la vie sociale.
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L'influence des médias et la culture musicale de la cantopop assurent une place importante au cantonais autant à Hong Kong qu'au Guangdong voisin et que dans les communautés chinoises d'outre-mer (San Francisco, Vancouver, Toronto, New York, Los Angeles et la Malaisie).
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L'anglais est assez répandu. Il était la seule langue officielle de Hong Kong de 1883 à 1974[87]. Il est parlé surtout dans les rapports commerciaux et avec tous les étrangers en général. Le gouvernement hongkongais prône une politique de bilinguisme dans l'affichage (signalisation routière bilingue, sous-titres des films projetés en salle ou à la télévision, etc.). Il est enseigné dans toutes les écoles dès la maternelle et utilisé dans 112 sur 524 écoles (soit 21,37 %) comme langue d'instruction[88]. La fraction d'anglophones natifs est infime mais on estime qu'un tiers de la population est capable de communiquer dans la langue de Shakespeare avec l'aisance d'un natif[89]. De plus, l'anglais est toujours la langue d'instruction utilisée dans toutes les universités à Hong Kong.
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En outre, le retour de Hong Kong à la Chine a provoqué un regain d'intérêt pour le mandarin. Le mandarin n'est cependant pas parlé par tous les Hongkongais. On trouve facilement des méthodes de langues pour apprendre l'anglais, le cantonais et le mandarin. Des dialectes sont parlés à Hong Kong par des populations comme les Tanka, les Hakka, les Hoklos, langues de la province du Fujian parlées également à Taïwan, Hong Kong ayant été de nombreuses années un passage obligé pour les continentaux travaillant à Taïwan et réciproquement. Certains de ces dialectes sont tirés du cantonais comme le Po on.
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Joseph Kessel, Hong Kong et Macao, Gallimard, 1957, 284 p. (ISBN 2-07-029245-2)
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James Clavell, Taï-Pan, 1966, (ISBN 225304167X)
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Christophe Masson, L'Empereur de Macao, Revoir, 2016 (ISBN 978-2352650973)
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Il y a huit universités et de nombreux centres d'enseignement supérieur :
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Ancienne colonie sous concession britannique et zone administrative spéciale au sein de la Chine, Hong Kong participe généralement aux manifestations sportives internationales sous sa propre bannière « Hong Kong, Chine ».
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Deux médailles olympiques pour Hong Kong :
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Une médaille d'or à Atlanta en 1996 en planche à voile Mistral féminin (Lee Lai Shan) et une médaille d'argent pour les doubles messieurs en tennis de table en 2004 à Athènes (Ko Lai Chak et Li Ching).
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Le territoire a accueilli les épreuves d'équitation dans le cadre des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin.
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Déjà pressentie pour organiser une manche du championnat du monde de Formule 1 dans les années 1990, Wesley Wan, président de la Fédération hongkongaise de l'automobile, a fait part, en 2011, de sa volonté de voir Hong Kong accueillir un Grand Prix à l'avenir[92]. Hong Kong sera la première ville à accueillir la troisième édition de l'ePrix (Championnat de Formule E) en octobre 2016.
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Le tournoi du rugby à sept le plus réputé au monde est le Hong Kong Sevens, organisé chaque année à Hong Kong depuis 1976 et une étape des IRB Sevens World Series depuis 1999[93].
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L'espace est limité à Hong Kong. Les densités sont fortes et de nombreux espaces ont été conquis sur la mer. Hong Kong est connu pour le nombre important de ses gratte-ciel. Certains, situés sur l'île de Hong Kong, sont particulièrement célèbres, comme la Bank of China Tower, dessiné par Ieoh Ming Pei et le Two International Finance Centre dû à César Pelli. Le ICC (International Commerce Center) est devenu début 2010 le plus haut gratte-ciel de la ville, avec 484 m.
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D'après le classement du groupe immobilier Knight Frank et de Citi Private Bank, Hong Kong est la troisième ville la plus chère du monde (derrière Londres et Monaco) en ce qui concerne les prix de l'immobilier (19 700 euros par mètre carré dans les quartiers les plus chics)[94].
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C'est ici que se concentrent les gratte-ciel les plus hauts et les plus célèbres. Les plus hauts côté Hong Kong sont Two International Finance Centre, sur la droite, achevé en 2003, et Central Plaza, plus vers la gauche achevé 11 ans plus tôt.
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Ils ont été détrônés début 2010 par le ICC (Kohn Pedersen Fox Architects), situé à l'extrémité de la péninsule de Kowloon.
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Pour ne pas faire baisser la valeur des logements et appauvrir les riches, le gouvernement chinois a renoncé à son programme de constructions de logements sociaux prévu pour la période 1997-2004, ce qui permet le maintien de 100 000 maisons-cages exiguës où vivent autant de déclassés, et considérées comme un « affront à la dignité humaine » par le Conseil économique et social des Nations unies[95].
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Dans les années 2000, la ville devient célèbre pour la pratique de la toiturophilie. De nombreux adeptes se rendent chaque année dans la ville pour grimper les toits les plus hauts de la ville[96].
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Vue de l'île de Hong Kong depuis Victoria Peak. En arrière-plan, le port Victoria et Kowloon.
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Vue nocturne de l'île de Hong Kong depuis Victoria Peak. En arrière-plan, le port Victoria et Kowloon.
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St John's Cathedral, l'église la plus ancienne à Hong Kong.
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Le couvent de Chi Lin, un couvent bouddhiste à Hong Kong.
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La statue du Grand Bouddha sur l'île de Lantau.
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La mosquée de Kowloon à Hong Kong.
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Wong Tai Sin, un temple taoïste.
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50 % des Hongkongais sont irréligieux, 35,3 % des Hongkongais sont taoïstes, confucianistes ou bouddhistes et 11,6 % chrétiens[97],[98]. Selon le gouvernement régional, il y a aussi des musulmans (50 000), dont des Huis originaires du Guandong, des hindous (35 000), des sikhs (5 000) et des juifs (quelques milliers) à Hong Kong[99].
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Les trois grandes religions prédominant dans la population chinoise s'interpénètrent plus ou moins étroitement au point de se confondre dans les pratiques populaires. Il est fréquent que ces cultes cohabitent dans un même espace architectural (temples séparés mais enclos dans une même enceinte comme au Sik Sik Temple, ou autels occupant un même temple comme dans celui d'Hollywood road).
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Hong Kong possède deux cathédrales : la cathédrale Saint-John de Hong Kong, anglicane, et la cathédrale de l'Immaculée-Conception, catholique.
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La Convention baptiste de Hong Kong a été officiellement fondée en 1938 [100]. En 2017, elle comptait 164 églises et 114 016 membres[101].
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La région administrative de Hong Kong couvre un territoire de 1 104 km2, frontalier de la province chinoise du Guangdong. L'île de Hong Kong se trouve à 133 km au sud-est de Guangzhou, à 814 km à l'ouest-sud-ouest de Taipei, à 1 229 km au sud-ouest de Shanghaï, à 1 972 km au sud de Pékin, à 2 588 km au nord-nord-est de Singapour et à 9 633 km à l'est-nord-est de Paris. Située non loin du tropique du Cancer, la région est largement ouverte sur la mer de Chine méridionale. Hong Kong est une région assez montagneuse et se situe à l'extrémité sud-est du delta de la rivière des Perles, un des plus importants fleuves chinois. La région du delta, qui comprend Guangzhou (Canton) et Shenzhen, est une des plus peuplées et des plus riches de Chine. Hong Kong joue un rôle structurant dans l'économie régionale[102]. Ainsi, la ville de Shenzhen créée face à la frontière de Hong Kong est devenue la deuxième ville la plus peuplée de Chine du Sud après Canton.
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On distingue souvent trois grandes parties de Hong Kong. L'île de Hong Kong, dans le sud, a été la première région colonisée par les Anglais. C'est le cœur politique et économique de la région, mais elle couvre moins de 10 % du territoire. Kowloon est la zone qui fait face à l'île. En grande partie passée sous contrôle britannique en 1860, c'est aujourd'hui une zone densément peuplée, où le niveau de vie moyen est bien moins élevé que sur l'île. Le terme Nouveaux Territoires désigne de manière générale les régions prises en bail par les Britanniques en 1898. En surface, ils couvrent près des neuf dixièmes de la région administrative. En population, ils dépassent la moitié depuis les années 2000.
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Le relief est prononcé à Hong Kong, ce qui contribue à donner au territoire sa structure urbaine assez particulière. Sur l'île de Hong Kong, le pic Victoria s'élève à 554 mètres. Au centre des Nouveaux Territoires, le point culminant, le Tai Mo Shan atteint les 958 mètres. D'une manière générale, les collines sont assez peu construites, souvent couvertes de forêt et protégées afin notamment de prévenir les glissements de terrain vers les zones habitées en contrebas. Hong Kong et les hauteurs de Kowloon connurent d'ailleurs de nombreux glissements de terrain destructeurs au XXe siècle, causés par les fréquents typhons, au point de servir de modèle mondial dans la prévention et l'évacuation des habitants lors de ces cataclysmes. La population se concentre surtout sur une bande littorale. À l'inverse, la plus grande plaine, qui se trouve excentrée dans le Nord des Nouveaux territoires, reste elle aussi moins peuplée que le centre historique.
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En vert, l'île de Hong Kong, le cœur historique de la colonie anglaise resté le centre économique et politique
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En vert, Kowloon, rattaché à Hong Kong en 1860 (1898 pour New Kowloon). C'est là que les densités résidentielles sont les plus élevées.
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En vert, les Nouveaux Territoires, passés sous bail anglais de 99 ans en 1898. Les densités urbaines sont variables, et la région est en expansion démographique.
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L'île de Hong Kong fut la première région habitée par les colons anglais. Elle est assez montagneuse et la population se concentre dans sa partie nord. Aujourd'hui encore, les quartiers de Central et Wan Chai forment le cœur politique et économique de la RAS. C'est aussi sur l'île que les habitants ont les revenus les plus élevés.
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La péninsule de Kowloon fait face à la côte nord de l'île. Ce fut la deuxième région à être urbanisée et les densités résidentielles y sont particulièrement fortes, dépassant les 30 000 habitants au kilomètre carré. Mong Kok, l'un des quartiers de Kowloon, serait l'un des quartiers les plus denses au monde, avec des chiffres allant de 150 000 à 200 000 habitants au km2. Kowloon était initialement un quartier populaire, abritant des immigrants de Chine continentale. À partir de la fin des années 1990, de nombreux gratte-ciel relativement luxueux y ont été construits, notamment du complexe d'Union Square. Beaucoup de ces gratte-ciel sont résidentiels, mais le plus haut d'entre eux, l'International Commerce Center (484 mètres), abrite un hôtel, le Ritz-Carlton, et des bureaux. Une plateforme panoramique est ouverte aux visiteurs au centième étage.
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Les Nouveaux Territoires correspondent aux terres passées sous contrôle britannique en 1898, à l'exception de New Kowloon, que l'on intègre aujourd'hui à Kowloon. Les Nouveaux territoires représentent plus de 80 % de la surface de Hong Kong. Depuis les années 2000, ils regroupent également plus de la moitié des habitants. Les densités y sont globalement moins élevées, mais augmentent plus rapidement.
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Tant par sa surface que sa population, la partie la plus importante des Nouveaux territoires est la masse de terre située au nord de Kowloon. Depuis les années 1970-1980, différentes villes nouvelles y abritent chacune plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce sont par exemple Tsuen Wan, Sha Tin, Tin Shui Wai ou Tseung Kwan O.
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Les Nouveaux Territoires comprennent également de nombreuses îles. La plus vaste est de loin celle de Lantau, située à l'ouest de l'île de Hong Kong, et sur laquelle se trouve notamment le nouvel aéroport international. Parmi les îles secondaires, on peut citer Lamma, Po Toi, Cheung Chau ou Peng Chau. Ces petites îles, peuplées de pêcheurs, offrent encore la vision de communautés côtières traditionnelles.
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Au centre des Nouveaux Territoires, les monts Wo Yang Shan et Tai Mo Shan culminent respectivement à 771 m et 957 m. Enfin, la partie orientale est principalement occupée par le Hong Kong Unesco Global Geopark.
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Le climat de Hong Kong est un climat subtropical à hiver sec (Cwa selon la classification de Köppen).
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L'hiver (janvier et février) est nuageux mais la pluie y est très rare ; les températures oscillent généralement entre 13 °C et 22 °C. Le minimum annuel moyen est de 8,4 °C.
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Le printemps et l'été (mars à octobre) sont chauds, humides et pluvieux ; les températures moyennes vont de 17−21 °C (mars) à 26−32 °C (juillet).
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De juin à septembre la température dépasse 30 °C presque tous les jours et la pluie est abondante. Le maximum annuel moyen est de 33,8 °C.
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L'automne (octobre à décembre) est considéré comme la période la plus agréable : le temps est ensoleillé et les températures sont douces (15−30 °C). Hong Kong subit souvent des typhons. Le 18 septembre 1906, un typhon ou grand (Tai) vent (Foun) et un tsunami ont fait 10 000 victimes.
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La pollution atmosphérique est en augmentation à Hong Kong. En 2011, l'indice de pollution atmosphérique (API) mis au point par les autorités, a dépassé le niveau 100 ("très haut") plus de 20 % de l'année, soit dix fois plus qu'en 2005. L'indice est "haut" 70 % du temps et "moyen" moins de 10 % du temps. D'après le journal Le Monde : « Encore faut-il ajouter que l'API est incroyablement tolérant. Calculé en fonction de la concentration de cinq principaux polluants, l'indice hongkongais fait systématiquement passer pour acceptables auprès du grand public des seuils d'exposition jugés dangereux par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[103]. »
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L'université de Hong Kong estime que 3 200 morts par an sont attribuables à la pollution atmosphérique. Toutefois, selon l'un des auteurs de l'étude, « ces chiffres sont a minima et ne tiennent compte que des effets à court terme de la pollution sur la santé de la population. L'impact total sera bien supérieur quand les résultats des études de cohorte sur le long terme seront intégrés. » La pollution entraîne également chaque année 160 000 jours d'hospitalisation et plus de 7 millions de visites chez le médecin ; elle représente un cout de 40 milliards de dollars hongkongais au gouvernement[103].
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Hong Kong doit faire face à des quantités de déchets électroniques toujours plus importantes. Plus de 70 000 tonnes de matériaux électroniques y sont produites chaque année, et Hong Kong est considéré comme la « poubelle électronique d'Asie » du fait des importations de déchets, dont la plupart proviennent des États-Unis. Des centaines de décharges se sont implantées ces dernières années[104].
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Hong Kong a pour codes :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2618.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,302 @@
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Hong Kong Special Administrative Region of the People's Republic of China (en)中華人民共和國香港特別行政區 (zh)
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香港特别行政区
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香港特別行政區
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Région administrative spéciale de Hong Kong
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Xiānggǎng Tèbié Xíngzhèngqū
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Hoeng1gong2 Dak6bit6 Hang4zing3keoi1
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modifier
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Hong Kong (chinois : 香港 ; pinyin : Xiānggǎng ; Wade : Hsiang¹-kang³ ; cantonais Jyutping : Hoeng¹gong² ; cantonais Yale : Hēunggóng ; litt. « port aux parfums » ou « port parfumé »), officiellement la région administrative spéciale de Hong Kong de la république populaire de Chine, est la plus grande et la plus peuplée des deux régions administratives spéciales (RAS) de la république populaire de Chine, l'autre étant Macao. Elle compte environ sept millions d'habitants que l'on appelle Hongkongais (en anglais : Hongkongers) dont l'espérance de vie, de 84,2 ans, est la plus longue au monde en 2017[2],[3],[4].
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Hong Kong est située dans le Sud-Est de la Chine, sur la rive orientale de la Rivière des Perles. Cette région administrative, qui occupe une péninsule sur la côte sud ainsi que quelques îles, est baignée par la mer de Chine méridionale. Elle jouxte la province du Guangdong au nord. Hong Kong est la huitième entité commerciale[5] et la 3e place financière au monde[6]. Son économie est considérée comme la plus libérale au monde depuis 1995 selon la fondation américaine « Heritage Foundation »[7],[8]. Hong Kong se place ainsi dans le rang des grands centres financiers du monde avec entre autres New York et Londres, cette trilogie est d'ailleurs appelée par certains médias anglophones « Nylonkong »[9].
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Colonie britannique à partir du traité de Nankin (1842), rétrocédée à la Chine en 1997 soit 155 ans plus tard, Hong Kong demeure radicalement différente du reste de la république populaire de Chine. Une loi fondamentale particulière détermine son régime politique. Elle obéit au principe « un pays, deux systèmes », qui permet à Hong Kong de conserver son système légal (common law), sa monnaie (dollar de Hong Kong), son système politique (multipartisme), ses équipes sportives internationales, ses lois sur l'immigration, son domaine internet (.hk), son indicatif téléphonique (+852) et son code de la route (conduite à gauche). Selon les termes de la déclaration sino-britannique commune, la République populaire de Chine a promis que Hong Kong garderait une relative autonomie jusqu'à au moins 2047, soit 50 ans après le transfert de la souveraineté. Cependant avec la promulgation de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, Hong-Kong bascule de fait, vers le régime juridique de la république populaire chinoise dès le 1er juillet 2020, date anniversaire de la rétrocession[10],[11]. Hong Kong adopte toujours le système de common law. Le système juridique de Hong Kong est différent de celui de la Chine[12],[13]
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En tant que ville mondiale, Hong Kong compte environ 34 000 résidents de citoyenneté britannique (ils étaient 25 500 en 1996, juste avant la rétrocession)[14] en plus des millions de personnes jouissant d'une nationalité britannique sans citoyenneté (British Nationals (Overseas)), environ 22 000 résidents de nationalité japonaise[15], environ 60 000 résidents de nationalité américaine[16], environ 300 000 résidents de nationalité canadienne[17] et entre 18 000 et 20 000 résidents de nationalité française[18], majoritairement employés par des multinationales ou des entrepreneurs et y vivant avec leurs familles. Le chinois (cantonais)[19] et l'anglais sont les deux langues officielles de la ville[20].
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La dynastie Qin a incorporé la région de Hong Kong en Chine pour la première fois en 214 avant notre ère, après avoir conquis le Baiyue indigène. La région a été consolidée sous le royaume de Nanyue (un État prédécesseur du Vietnam) à la suite de l'effondrement des Qin [42], mais reprise par la Chine après la conquête des Han. Pendant la conquête mongole de l'empire des Song, la cour de la dynastie des Song du Sud a été brièvement stationnée dans la ville moderne de Kowloon (site de Sung Wong Toi) avant sa défaite finale à la bataille de Yamen en 1279. À la fin de la dynastie Yuan, sept grandes familles s'étaient installées dans la région et possédaient la plupart des terres. Les colons des provinces voisines ont migré vers Kowloon pendant toute la dynastie Ming. Le premier visiteur européen était l'explorateur portugais Jorge Álvares, arrivé en 1513. Les marchands portugais ont établi un comptoir appelé "Tamão" dans les eaux de Hong Kong et ont commencé à commercer régulièrement dans le sud de la Chine. Bien que ces commerçants aient été expulsés après des affrontements militaires dans les années 1520 [48], les relations commerciales luso-chinoises ont été rétablies en 1549.
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Bien qu'occupé depuis le néolithique au moins, le territoire de ce qui constitue aujourd'hui Hong Kong est resté hors de la plupart des événements majeurs de la Chine impériale pendant toute son histoire. À la suite de la guerre de l'opium, et des trois traités inégaux que sont le Traité de Nankin (29 août 1842), la Convention de Pékin (24 octobre 1860), et la Convention pour l'extension du territoire de Hong Kong (9 juin 1898), l'Empire chinois cède ce territoire à l'Empire britannique pour 99 ans, chaque traité repoussant la limite des 99 ans du bail. Il commença alors à devenir un point d'attraction mondiale, au cours des années 1840. Macao, situé sur la rive opposée du delta de la Rivière des Perles, devint pendant la même période un territoire de l'Empire portugais, ces deux enclaves constituant des avant-postes des colonies européennes en Extrême-Orient. Possession anglaise à partir de 1842, Hong Kong est rétrocédée à la Chine en 1997. Les premières élections législatives par la population (en) ont lieu en 1991, élisant 60 membres, cinq ans après la Déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong, signée le 19 décembre 1984. Le gouverneur de Hong Kong, chef de l’exécutif restant choisi par la couronne britannique pendant les 150 ans de colonisation.
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Dans les années 1830, l'île de Hong Kong ne compte qu'environ 7 500 habitants, pêcheurs Tankas surtout, et producteurs de charbon de bois Hakkas[21]. Toutefois, elle occupe une position stratégique. Elle est située devant le delta de la rivière des Perles, donc à la sortie de Canton, seule ville de Chine alors autorisée au commerce avec les étrangers. Le site permet aussi d'établir un port en eaux profondes, capable d'accueillir des navires à fort tirant d'eau, conformes au fret en gros volume. Pour cette raison, les Britanniques occupent l'île lors de la Première guerre de l'opium, entre 1839 et 1842. Par le traité de Nankin, la Chine la cède officiellement, et pour toujours, au Royaume-Uni qui en fait une base stratégique pour le commerce en Extrême-Orient. Dix ans plus tard, l'île compte 33 000 habitants. À partir des années 1850, la Révolte des Taiping entraîne l'arrivée de nombreux réfugiés.
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À l'issue de la Seconde guerre de l'opium (1856-1860), le territoire de Hong Kong s'agrandit : la Chine donne la péninsule de Kowloon, située au nord de l'île (convention de Pékin, 1860)[21]. Le recensement de 1865 compte 125 504 résidents, dont 2 000 Européens ou Américains.
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En 1898, l'Allemagne, la France et la Russie acquièrent des droits sur différents territoires chinois. Par réaction, le Royaume-Uni cherche à agrandir sa colonie de Hong Kong. Il signe avec la Chine la Convention pour l'extension du territoire de Hong Kong, qui lui attribue un bail emphytéotique de 99 ans sur des zones adjacentes à Kowloon et sur les îles adjacentes. Ces espaces, connus sous le nom de Nouveaux Territoires, restent longtemps peu utilisés. Les projets de développement importants ne datent que des années 1970.
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Après 18 jours de combats acharnés, Hong Kong est prise par l'Armée impériale japonaise le 25 décembre 1941 et son gouverneur, le britannique Mark Aitchison Young, est fait prisonnier. Hong Kong sera libérée en août 1945 et le gouverneur Young rétabli à son poste dès 1946.
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La croissance démographique se poursuit, et différentes activités économiques se développent. La population reste pourtant assez pauvre en moyenne. Hong Kong compte 1,6 million d'habitants en 1941[22]. Le territoire souffre très fortement lors de l'occupation japonaise après l'attaque de Hong Kong par le Japon, et la population redescend à 600 000. Avec l'arrivée au pouvoir des communistes en Chine (1949) se produit un afflux de réfugiés. Le sinologue Jean-Luc Domenach indique que lors de la grande famine consécutive au Grand Bond en avant, 140 000 à 200 000 personnes seraient entrées illégalement à Hong Kong en 1961-1962[23].
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Hong Kong connaît à partir des années 1960 un essor économique. Celui-ci est d'abord fondé surtout sur le textile, puis, à partir des années 1970, la finance prend une place prépondérante.
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À partir de 1979, le président chinois Deng Xiaoping entreprend d'ouvrir économiquement la Chine avec l'étranger. L'expérience se limite d'abord à des zones économiques spéciales. Parmi les premières zones à bénéficier de ces investissements, l'une d'entre elle connaît un développement spectaculaire, c'est Shenzhen, située aux portes de Hong Kong. Hong Kong devient alors un point stratégique pour les échanges avec la Chine : presque tous viennent de la colonie anglaise, ou tout au moins transitent par elle.
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Après les manifestations de la place Tian'anmen en 1989, l'opération Yellow Bird, organisée à partir de Hong Kong, permet d'exfiltrer 400 dissidents chinois qui trouveront refuge en Occident[24].
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Les Nouveaux Territoires ayant été loués pour 99 ans, sont revenus à la République populaire de Chine au terme du bail en 1997. L'île de Hong Kong et la presqu'île de Kowloon, cédées à perpétuité au Royaume-Uni, auraient théoriquement pu rester britanniques. Toutefois, l'aménagement du territoire de Hong Kong, qui avait intégré les Nouveaux Territoires dans un même ensemble urbain, rendait impossible une séparation qui impliquait l'établissement d'une frontière (les lignes de métro passaient d'une zone à l'autre, le futur nouvel aéroport était dans les nouveaux territoires, etc.). C'est pourquoi, il serait apparu incontournable de restituer à la Chine la totalité du territoire de Hong Kong. Ce qui fut annoncé par la déclaration commune sino-britannique, signée le 19 décembre 1984, par laquelle le Royaume-Uni s'engageait à remettre à la Chine l'ensemble de la colonie en 1997. La République populaire, quant à elle, s'engageait à maintenir les systèmes économique et législatif et le mode de vie hongkongais pendant 50 ans. C'est la politique dite « un pays, deux systèmes ». Le 1er juillet 1997, Hong Kong devient la première région administrative spéciale chinoise. L'événement donne lieu à une cérémonie retransmise dans le monde entier en présence du prince Charles, héritier de la couronne britannique.
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À la fin de la même année, Hong Kong fut touchée par la crise asiatique de 1997[25]. Comme les autres pays asiatiques, elle fait face à un afflux massif de capitaux étrangers[26] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[27].
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Six ans plus tard, en 2003, l'épidémie de SRAS, née en Chine fin 2002, y fit 293 morts[28].
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Chaque année le 1er juillet, des manifestations pour défendre la démocratie sont organisées[29]. Le 1er juillet 2014, 500 000 personnes défilent pour défendre la démocratie[30].
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Le 9 juin 2019, un projet de loi sur l'extradition des opposants politiques en Chine provoque une manifestation massive regroupant plus d'un million de personnes[31]. Le 16 juin 2019 toujours suite au projet de loi, c'est 2 millions de personnes qui défilent et obtiennent des excuses officielles[32]. Le 1er juillet, les manifestants entrent de force dans le bâtiment du Conseil législatif. Le 8 juillet, le gouvernement de Carrie Lam annonce que le projet de loi est « mort »[33] mais les protestations continuent malgré tout, revendiquant plus largement une plus grande autonomie et la non-ingérence de Pékin dans le processus démocratique. Le 24 novembre 2019, le camp pro-démocrate gagne une victoire écrasante aux élections locales hongkongaises de 2019.
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En mai 2020, le gouvernement Chinois annonce soumettre au vote du parlement Chinois (mais pas celui de Hong Kong) une "loi sur la sécurité" interdisant "la subversion, la sédition et la sécession", ce qui a eu pour effet de relancer les manifestations pro-démocratie, mises en pause en raison de la pandémie de Covid-19. Les manifestants craignent que cette loi ne mène directement à la fin de l'autonomie de Hong Kong sans attendre la date de 2047[34]. Selon Le Monde, le nouveau texte met brutalement fin à une exception démocratique et limite considérablement, voire annihile, les libertés civiles et politiques de n’importe quel citoyen en désaccord avec le système chinois ou avec le gouvernement de Pékin[35].
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À la suite du vote de la loi sur la sécurité par le parlement de la république populaire de Chine le 28 mai 2020[36], le Royaume-Uni considère que la république populaire de Chine porte atteinte, sans attendre la date butée de 2047, au principe d’un pays, deux systèmes et « viole l’autonomie et les libertés du peuple de Hong kong » tels que prévus dans les modalités de la rétrocession[37],[38]. Avec l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi sécuritaire à Hong-Kong le 30 juin 2020, le gouvernement britannique décide de donner à tous les hongkongais qui peuvent prétendre au statut britannique d'outre-mer (BNO British National Overseas), soit 3 millions de personnes, « la possibilité de vivre et de travailler, puis par la suite de demander la citoyenneté » au Royaume-Uni[39].
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D'un point de vue juridique, Hong Kong se distinguait nettement de la Chine continentale lors de la rétrocession, la région appliquant le système de common law et le respect de libertés fondamentales tels qu’hérités des britanniques. Cependant, la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong en application depuis la rétrocession prévoit que ces dispositions puissent être interprétées et/ou évoluer suivant certaines conditions ; cette loi précisant néanmoins que le système socialiste de la république populaire de Chine ne sera pas appliqué à Hong Kong (cf article 5 de cette loi en version anglaise)[40].
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La nouvelle loi de sécurité nationale votée par le parlement de la république populaire de Chine, et promulguée le 30 juin 2020 par la chef de l’exécutif de Hong-Kong, met fin, de fait, à ce régime spécial[41].
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Le document faisant office de constitution est la loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong. Rédigée à la fin des années 1980 en prévision de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, elle est le fruit d'une négociation entre représentants de la colonie et chinois continentaux. Elle a été votée par l'Assemblée nationale populaire en 1990 et est entrée en application en 1997.
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Le conseil législatif, communément appelé LEGCO[42], constitue le parlement de Hong Kong. Ses 60 membres sont élus tous les quatre ans, mais pas en même temps que le chef de l'exécutif. La loi fondamentale dispose que :
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Pour les élections ultérieures, la procédure pourrait être modifiée, cependant, les élections de 2008 ont été faites dans un cadre institutionnel similaire. Le 29 décembre 2007 le gouvernement chinois a annoncé que le suffrage universel, présenté par la loi fondamentale de Hong Kong comme objectif ultime pourrait être mis en place en 2017[44].
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Hong Kong est dirigée par un chef de l'exécutif, placé à la tête du gouvernement pour cinq ans[45]. Selon l'article 45 de la loi fondamentale, celui-ci est « choisi par une élection ou des consultations tenues localement » et nommé par le président chinois. Une annexe[46] précise qu'il doit être élu par une assemblée de huit cents personnes représentant différents corps de métiers et organisations. La façon exacte par laquelle on détermine la composition n'est pas précisée dans la constitution. Celle-ci indique seulement qu'elle doit être fixée par une loi et « en accord avec les principes de démocratie et de transparence ». Il nomme les autres membres de l'exécutif[47]. Le chef de l'exécutif est actuellement Carrie Lam.
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En vertu de la loi fondamentale de Hong Kong et de la déclaration commune sino-britannique, Hong Kong a un système légal et judiciaire distinct de celui de la Chine continentale. D'ailleurs, le système juridique est considéré comme le meilleur en Asie[48],[49] selon le think-tank américain « Political and Economic Risk Consultancy (PERC) », devant ceux de Singapour, du Japon et de Corée du Sud.
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Hong Kong a ainsi gardé la tradition de common law établie lors de la colonisation britannique alors que la Chine continentale obéit à un système de droit civil. De plus, les règles de common law et les lois en vigueur avant la rétrocession restent valables sauf si elles contredisent la loi fondamentale. Hong Kong n'obéit pas aux lois nationales de la République populaire de Chine sauf exceptions (défense, affaires étrangères).
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L'article 84 de la loi fondamentale autorise les tribunaux hongkongais à se référer à la jurisprudence des autres tribunaux de common law, selon le principe du précédent. Les articles 82 et 92 autorisent l'invitation de juges d'autres juridictions de common law à participer à la procédure de la cour d'appel finale de Hong Kong et à siéger comme juge de Hong Kong.
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Le système judiciaire hongkongais consiste principalement en une Cour d'Appel finale qui remplace le Comité judiciaire du Conseil privé, la Haute Cour, composée de la cour d'appel et de la Cour de première instance et la District Court qui inclut la Cour familiale.
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Les juges de la cour d'appel finale sont nommés par le chef de l'exécutif hongkongais. La loi fondamentale de Hong Kong peut être interprétée par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire. Ce pouvoir a été invoqué trois fois.
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Comme au Royaume-Uni, les avocats hongkongais peuvent être des barristers ou des solicitors mais ne peuvent cumuler les deux fonctions. La grande majorité sont des solicitors qui sont diplômés et régis par la Law Society of Hong Kong, alors que les barristers le sont par la Hong Kong Bar Association.
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Cependant, à la suite de l’entrée en vigueur (sans passer par le parlement de Hong-Kong) de la nouvelle loi sécuritaire le 30 juin 2020, la justice de la république populaire de Chine peut directement juger certaines actions considérées comme étant des infractions, telles qu’afficher son soutien à l’indépendance de Taïwan, ou du Tibet, ou de la région Xinjiang ou de Hong Kong. En effet cette nouvelle loi « permet de réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l’Etat : subversion, séparatisme, terrorisme et collusion avec l’étranger »[50], en accord avec les dispositions de la loi qu’aurait dû prendre Hong Kong selon l’article 23[51] de la basic law[52].
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Hong Kong est divisé depuis les années 1980 en 18 districts. Chaque district dispose d'un conseil, dont une partie des membres sont élus au suffrage universel. Cependant, les conseils de district n'ont pas de pouvoir politique réel.
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Un véhicule de la Police de Hong Kong
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Un motard de la Police de Hong Kong
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Un motard de la Police de la Securité routière de Hong Kong
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Un véhicule de la Police de la Securité Routière de Hong Kong
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Hong Kong dispose de sa propre police, née en 1844 sous le nom de Royal Hong Kong Police sous le règne britannique avant de prendre le nom de Hong Kong Police Force en 1997. Elle compte plus de 30 000 hommes.
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Hong Kong Peak Tram
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Tramway hongkongais
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Train MTR (West Rail Line)
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Train MTR (East Rail Line)
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Airport Express de Hong Kong
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Le réseau de tramways de Hong Kong dessert l'Île de Hong Kong, sur différentes voies de tramway à impériale, reliant d'est en ouest l'extrémité nord de l'île de Hong Kong dans les quartiers les plus développés.
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Il existe également un funiculaire, construit en 1888, le Peak Tram, qui relie le quartier de Central au sommet du pic Victoria. Moyen de transport touristique incontournable, il permet aussi aux habitants de Victoria Peak de rejoindre leurs habitations, grâce à plusieurs stations intermédiaires.
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Le métro de Hong Kong MTR dessert tout le territoire avec 212 km de voies et 163 stations. Avec 1670 millions de personnes transportées par an[53] (chiffres 2018), il se classe dans les 10 premiers mondiaux. Les lignes relient les différents quartiers du cœur de Hong Kong (Central, Kowloon) à l'aéroport, Hong Kong Disneyland jusqu'aux frontières avec Shenzhen, en Chine continentale.
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Les communications avec le continent sont en effet de plus en plus développées. Shenzhen est accessible par métro via les ports de Lok Ma Chau et Lo Wu desservis par la MTR East Rail Line, où elle est en correspondance avec le métro de Shenzhen.
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Depuis 2002, des trains directs relient la gare de Kowloon aux gares de Pékin-Ouest, Shanghai-Sud et Canton-Est via la ligne Kowloon-Canton. Un contrôle frontalier est alors effectué dans ces gares au départ et à l'arrivée.
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L'extension de la ligne à grande vitesse LGV Pékin - Canton - Shenzhen - Hong Kong inaugurée fin 2018 permet à Hong Kong (Kowloon) d'être accessible par TGV depuis la Chine continentale. Hong Kong est connecté au reste du réseau CRH (China Railway High-speed) par la nouvelle gare de Hong Kong West Kowloon, dédiée aux lignes à grande vitesse. Cette ligne réduit considérablement les temps de parcours avec plus de 50 grandes villes chinoises[54]desservies par les trains vers Hong Kong (juillet 2019).
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Les billets de trains sont commercialisés par internet pour Hong Kong et sur la plateforme 12306 ou sur application mobile pour la Chine continentale[55].
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D'après la China Railway Corporation, 127 trains circulent quotidiennement entre la partie continentale et Hong Kong, dont 114 trains aller-retour entre West Kowloon et la gare de Futian[55] à Shenzhen.
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Kowloon Motor Bus
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Citybus de Hong Kong
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Tous les taxis de Hong Kong roulent au GPL
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Le "Cross-Harbour Tunnel" à Hong Kong
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Le pont "Tsing-Ma" à Hong Kong
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On conduit toujours à gauche à Hong Kong, même après la rétrocession
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On conduit à droite sur le nouveau pont HKZM
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L'infrastructure routière de Hong Kong, d'excellente qualité, est parcourue par une myriade de taxis et de très nombreuses lignes de bus. À lʼinverse de la Chine continentale, les véhicules y roulent à gauche.
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Trois tunnels routiers traversant le port relient l'Île de Hong-Kong au continent (Kowlon/New Kowloon).
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L’île de Hong-Kong est reliée à Macao et Zhuhai par un pont routier marin de plusieurs dizaines de kilomètres (Hong Kong – Zhuhai – Macao Bridge (HZMB)) à travers l'estuaire de la rivière des Perles, inauguré le 23 octobre 2018[56], [57].
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Depuis les débarcadères de Central et de Kowloon, de nombreux services de ferry assurent des liaisons quotidiennes pour les autres îles de Hong-Kong, notamment les îles de Lantau, Cheung Chau, Peng Chau et Lamma, mais aussi vers les Nouveaux Territoires, Macao et quelques villes de la République populaire de Chine (Guangzhou, Shenzhen, Zhuhai)[58],[59].
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Star Ferry
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Star Cruises "Star Pisces" à Hong Kong
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Le ferry entre Hong Kong et Macao
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Le Star Ferry est l'une des icônes de Hong Kong depuis sa création à la fin du XIXe siècle. Il dessert quatre lignes à travers le Victoria Harbour en transportant près de 53 000 passagers par jour entre l’île de Hong Kong et la péninsule de Kowloon[60].
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L'aéroport international de Hong Kong Chek Lap Kok est l'un des plus importants aéroports du monde et constitue l'un des principaux points d'entrée et de sortie de l'Asie pour les passagers et le fret. Il a remplacé l'ancien aéroport Kai Tak de Kowloon en 1998. Consacré par les passagers et Skytrax comme un des 5 meilleurs aéroports du monde[61] (et élu le meilleur aéroport du monde 8 fois, en 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2007, 2008, 2011)[62] ; il accueille plus de 85 compagnies aériennes et est le principal hub des compagnies locales Cathay Pacific, Dragonair, Hong Kong Express Airways et Hong Kong Airlines. Parmi ces compagnies aériennes hongkongaises, la plus connue est Cathay Pacific, qui est une des sept compagnies classées 5 étoiles Skytrax dans le monde et qui a été élue la meilleure compagnie aérienne du monde 4 fois (en 2003, 2005, 2009 et 2014[63],[64]).
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Le Hong Kong Government Flying Service est une unité gouvernementale équipée d'hélicoptères et avions utilitaires.
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Hong Kong est de loin la ville la plus riche de la république populaire de Chine avec pour 2015 un produit intérieur brut par habitant de 42 422,9 US$[65]. En parité de pouvoir d'achat, il était de 56 701 US$ en 2015 contre 41 181 US$ en France et 55 805 US$ aux États-Unis[66].
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Hong Kong est devenu un centre essentiellement tertiaire. Elle est la huitième entité commerciale[5] et la 3e place financière au monde[6]. Son économie est depuis 1995 la plus libérale du monde[67]. Les taux de prélèvements obligatoires sont bas et les législations peu contraignantes. En outre, l'activité économique permet au port de Hong Kong d'être le cinquième du monde (année 2015) pour le tonnage cargo avec 256,6 millions de tonnes métriques et le cinquième pour le trafic conteneurs avec 19,8 millions de TEUs en 2016[68] soit une baisse de 1,3 % par rapport aux 20,073 millions de TEUs traitées en 2015[69].
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L'objectif de la politique monétaire hongkongaise est de maintenir la stabilité monétaire. Étant donné son ouverture vers l’extérieur, il s’agit en pratique de maintenir le taux de change à 7,80 dollars hongkongais pour 1 dollar américain. Depuis 2005, le change se fait entre 7,75 HK$ et 7,85 HK$.
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La ville compte en 2019 soixante-sept milliardaires et quelque dix-mille millionnaires mais les inégalités sont criantes. En 2006, les ménages appartenant aux 10 % les plus pauvres devaient travailler pendant deux ans et dix mois pour gagner ce que les 10 % plus riches gagnaient en un mois. En 2016, il leur fallait trois ans et huit mois[70]. Plus de 20 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Régulièrement, des associations ou médias s'indignent devant les « logements-cages », de moins de cinq mètres carrés, destinés aux personnes âgées dépourvues de retraite ou aux travailleurs précaires[71]. Le coefficient de Gini s’élève en 2017 à 0,53 (0,33 pour la France), situant Hong Kong au 12e rang du classement des pays les plus inégalitaires. Ainsi 1,2 % de la population possède 53 % du patrimoine, et les dix-huit personnes les plus riches détiennent 140 milliards d’euros, soit un peu plus que les réserves financières gouvernementales. Les droits sociaux sont généralement réduits au minimum[72].
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Hong Kong ne produit que 2 % de la nourriture qu’il consomme[73].
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Hong Kong s'est d'abord développé en tant que port commercial. À partir des années 1950, l'industrie, et particulièrement le textile prend une place majeure. Hong Kong bénéficie alors de l'afflux de main d'œuvre bon marché. Cependant, la hausse du niveau économique entraîne le développement des services à partir des années 1970. Elles prennent bientôt le pas sur les activités industrielles.
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Hong Kong, territoire petit et spécialisé économiquement dépend beaucoup des échanges avec l'extérieur. La valeur des importations et des exportations est supérieure au PIB[74]. La ville est de plus en plus intégrée fonctionnellement à la République populaire de Chine, avec laquelle elle réalise 47 % de ses échanges[74]. Les investissements hongkongais en Chine, notamment dans le Guangdong, sont également très importants. Ses liens étroits avec la Chine et son statut autonome offrent à Hong Kong le rôle d’intermédiaire entre la Chine continentale et Taïwan
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Selon le journaliste économique Wladimir Garcin-Berson, « Hongkong reste extrêmement dépendant de la conjoncture internationale: en d’autres termes, quand l’économie mondiale ralentit, ses habitants le ressentent de plein fouet. La somme des exportations et importations de biens et services qui y transitent représente 376% de son PIB, la seconde valeur la plus importante sur la planète, selon la Banque mondiale, et ses services financiers reconnus mondialement sont à la merci des décisions des entreprises, qui peuvent s’avérer frileuses en temps de ralentissement économique. Hongkong est un hub des réexportations, quand Fitch qualifiait la ville de «vulnérable aux chocs de la demande extérieure», en juillet[75]. »
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En octobre 2019, le gouvernement américain menace de suspendre le statut économique spécial accordé à Hongkong et qui a favorisé l’expansion de la ville. Avec l'adoption du projet de loi « Hongkong human rights and democracy », les administrations américaines devront dorénavant faire un rapport annuel au congrès sur « l’état de la démocratie et du milieu des affaires », destiné à vérifier si la ville mérite le « traitement unique » dont elle bénéficie, afin d'accentuer les pressions sur l'exécutif hongkongais[76].
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Hong Kong compte parmi les villes qui sont en concurrence en tant que centres financiers mondiaux. Hong Kong est directement concurrencée par Singapour, et dans une moindre mesure, par Shanghai[réf. nécessaire].
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Selon la banque d'affaires Merrill Lynch, la pollution atmosphérique à Hong Kong diminue fortement sa compétitivité en particulier face à Singapour, les travailleurs hongkongais et leurs familles préférant quitter Hong Kong pour préserver leur santé[77]. Toutefois, l'indice de la qualité de l'air de Singapour atteint de temps en temps le niveau « très malsain » ou même « dangereux » à cause des incendies récurrents dans les forêts en Indonésie[78],[79].
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L'impôt sur les sociétés exerçant hors de Hong Kong est de 0 %[80], il n'y a donc aucun impôt sur les sociétés dans ce cas. Seules les entreprises exerçant à Hong Kong sont soumises à l'impôt société en vigueur de 16,5 %.
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Quatre grandes familles en situation d’oligopole dominent le marché immobilier : celle de Li Ka-shing — l’homme le plus riche d’Asie —,; celle de Lee Shau-kee, les frères Thomas et Raymond Kwok et Cheng Yu-tung. À eux cinq, ils représentent 74 % de la production du parc immobilier privé[72].
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Les pénuries de logements et la spéculation immobilière ont conduit à une augmentation de 430 % des prix depuis 2003. En 2018, le prix du m2 s’élève à 22 000 euros, soit deux fois plus cher qu'à Paris[81]. Paradoxalement, il existe de nombreux logements inoccupés, en raison de la spéculation immobilière. Ces prix sont bien souvent prohibitifs, y compris pour les classes moyennes. Le seul recours reste les logements sociaux, construits par le gouvernement, et dont les prix sont de 40 % inférieur à ceux du privé[72]. Les logements publics sont trop peu nombreux en comparaison de la demande. L’attente pour y devenir locataire est de 4,6 ans pour les candidats prioritaires et de 10 ans pour les autres[82].
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Hong Kong est la cinquième aire urbaine de Chine (Liste des villes de Chine par nombre d'habitants). Hong Kong est un des territoires les plus densément peuplés avec 6 357 habitants/km2 (la ville abrite le lieu le plus habité la planète : Mong Kok). Près de sept millions d'habitants s'entassent sur 1 092 kilomètres carrés. Si l'on tient compte que, du fait des reliefs, seulement un cinquième du territoire est constructible, la concentration urbaine atteint donc en moyenne plus de 30 000 habitants/km2.
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La population de la ville subit un vieillissement commun à l'ensemble du pays : en 2033, 27 % de la population aura plus de 65 ans selon le South China Morning Post. Le taux de natalité est l'un des plus faibles du monde (9,3 pour mille habitants[83]). Beaucoup de Hongkongais sont partis devant l'afflux des paysans de l'intérieur et pour fuir la pollution atmosphérique[83]. La métropole du Sud de la Chine subit les effets de l'exode rural et de la fuite des cerveaux : beaucoup de jeunes quittent Hong Kong pour étudier aux États-Unis.
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Depuis la rétrocession de 1997, ce sont pas moins d'un million de ressortissants de la République populaire de Chine qui sont venus s'installer à Hong Kong soit 1/7e de la population totale[84]. Mais la ville compte encore environ 34 000 ressortissants britanniques.
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Le taux de chômage est très bas à Hong Kong, avec seulement 3,4 % en août 2016[85], l'un des plus bas dans le monde.
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Destination touristique et commerciale internationale, Hong Kong vend simultanément la dernière mode européenne et des vêtements chinois traditionnels. Le contraste est saisissant entre les centres commerciaux ultramodernes et les marchés typiques de Stanley ou Jade. On trouve dans chaque quartier des boutiques vendant des herbes médicinales chinoises, notamment le long de Bonham Strand à Sheung Wan. L'effervescence de la ville se retrouve la nuit dans les quartiers de Lan Kwai Fong et Wanchai.
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L'industrie du divertissement est centrée autour du cinéma hongkongais et de la cantopop. Ces deux industries sont étroitement liées, par les capitaux mais surtout par les stars qui passent presque systématiquement d'un milieu à l'autre. Ces stars ont d'ailleurs souvent émergé à la télévision, très populaire depuis 1967. Télévision, cinéma et musique connaissent un succès local et international considérable, exportant notamment dans les communautés chinoises émigrées. Du fait d'une liberté d'expression plus grande qu'en Chine continentale, le cinéma hongkongais présente un grand intérêt. Des réalisateurs comme Yu Lik-wai, Fruit Chan ou Lawrence Ah Mon dépeignent à travers leurs films la société hongkongaise contemporaine, notamment ses aspects négatifs souvent éludés[86].
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Le théâtre occidental et l'opéra cantonais coexistent sur les scènes.
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Le cantonais est devenu une des deux langues officielles de Hong Kong en 1974[87], l'autre étant l'anglais. Il est parlé et enseigné dans les écoles. Son utilisation est généralisée aussi bien dans la vie familiale que dans la vie sociale.
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L'influence des médias et la culture musicale de la cantopop assurent une place importante au cantonais autant à Hong Kong qu'au Guangdong voisin et que dans les communautés chinoises d'outre-mer (San Francisco, Vancouver, Toronto, New York, Los Angeles et la Malaisie).
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L'anglais est assez répandu. Il était la seule langue officielle de Hong Kong de 1883 à 1974[87]. Il est parlé surtout dans les rapports commerciaux et avec tous les étrangers en général. Le gouvernement hongkongais prône une politique de bilinguisme dans l'affichage (signalisation routière bilingue, sous-titres des films projetés en salle ou à la télévision, etc.). Il est enseigné dans toutes les écoles dès la maternelle et utilisé dans 112 sur 524 écoles (soit 21,37 %) comme langue d'instruction[88]. La fraction d'anglophones natifs est infime mais on estime qu'un tiers de la population est capable de communiquer dans la langue de Shakespeare avec l'aisance d'un natif[89]. De plus, l'anglais est toujours la langue d'instruction utilisée dans toutes les universités à Hong Kong.
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En outre, le retour de Hong Kong à la Chine a provoqué un regain d'intérêt pour le mandarin. Le mandarin n'est cependant pas parlé par tous les Hongkongais. On trouve facilement des méthodes de langues pour apprendre l'anglais, le cantonais et le mandarin. Des dialectes sont parlés à Hong Kong par des populations comme les Tanka, les Hakka, les Hoklos, langues de la province du Fujian parlées également à Taïwan, Hong Kong ayant été de nombreuses années un passage obligé pour les continentaux travaillant à Taïwan et réciproquement. Certains de ces dialectes sont tirés du cantonais comme le Po on.
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Joseph Kessel, Hong Kong et Macao, Gallimard, 1957, 284 p. (ISBN 2-07-029245-2)
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James Clavell, Taï-Pan, 1966, (ISBN 225304167X)
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Christophe Masson, L'Empereur de Macao, Revoir, 2016 (ISBN 978-2352650973)
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Il y a huit universités et de nombreux centres d'enseignement supérieur :
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Ancienne colonie sous concession britannique et zone administrative spéciale au sein de la Chine, Hong Kong participe généralement aux manifestations sportives internationales sous sa propre bannière « Hong Kong, Chine ».
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Deux médailles olympiques pour Hong Kong :
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Une médaille d'or à Atlanta en 1996 en planche à voile Mistral féminin (Lee Lai Shan) et une médaille d'argent pour les doubles messieurs en tennis de table en 2004 à Athènes (Ko Lai Chak et Li Ching).
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Le territoire a accueilli les épreuves d'équitation dans le cadre des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin.
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Déjà pressentie pour organiser une manche du championnat du monde de Formule 1 dans les années 1990, Wesley Wan, président de la Fédération hongkongaise de l'automobile, a fait part, en 2011, de sa volonté de voir Hong Kong accueillir un Grand Prix à l'avenir[92]. Hong Kong sera la première ville à accueillir la troisième édition de l'ePrix (Championnat de Formule E) en octobre 2016.
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Le tournoi du rugby à sept le plus réputé au monde est le Hong Kong Sevens, organisé chaque année à Hong Kong depuis 1976 et une étape des IRB Sevens World Series depuis 1999[93].
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L'espace est limité à Hong Kong. Les densités sont fortes et de nombreux espaces ont été conquis sur la mer. Hong Kong est connu pour le nombre important de ses gratte-ciel. Certains, situés sur l'île de Hong Kong, sont particulièrement célèbres, comme la Bank of China Tower, dessiné par Ieoh Ming Pei et le Two International Finance Centre dû à César Pelli. Le ICC (International Commerce Center) est devenu début 2010 le plus haut gratte-ciel de la ville, avec 484 m.
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D'après le classement du groupe immobilier Knight Frank et de Citi Private Bank, Hong Kong est la troisième ville la plus chère du monde (derrière Londres et Monaco) en ce qui concerne les prix de l'immobilier (19 700 euros par mètre carré dans les quartiers les plus chics)[94].
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C'est ici que se concentrent les gratte-ciel les plus hauts et les plus célèbres. Les plus hauts côté Hong Kong sont Two International Finance Centre, sur la droite, achevé en 2003, et Central Plaza, plus vers la gauche achevé 11 ans plus tôt.
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Ils ont été détrônés début 2010 par le ICC (Kohn Pedersen Fox Architects), situé à l'extrémité de la péninsule de Kowloon.
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Pour ne pas faire baisser la valeur des logements et appauvrir les riches, le gouvernement chinois a renoncé à son programme de constructions de logements sociaux prévu pour la période 1997-2004, ce qui permet le maintien de 100 000 maisons-cages exiguës où vivent autant de déclassés, et considérées comme un « affront à la dignité humaine » par le Conseil économique et social des Nations unies[95].
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Dans les années 2000, la ville devient célèbre pour la pratique de la toiturophilie. De nombreux adeptes se rendent chaque année dans la ville pour grimper les toits les plus hauts de la ville[96].
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Vue de l'île de Hong Kong depuis Victoria Peak. En arrière-plan, le port Victoria et Kowloon.
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Vue nocturne de l'île de Hong Kong depuis Victoria Peak. En arrière-plan, le port Victoria et Kowloon.
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St John's Cathedral, l'église la plus ancienne à Hong Kong.
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Le couvent de Chi Lin, un couvent bouddhiste à Hong Kong.
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La statue du Grand Bouddha sur l'île de Lantau.
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La mosquée de Kowloon à Hong Kong.
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Wong Tai Sin, un temple taoïste.
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50 % des Hongkongais sont irréligieux, 35,3 % des Hongkongais sont taoïstes, confucianistes ou bouddhistes et 11,6 % chrétiens[97],[98]. Selon le gouvernement régional, il y a aussi des musulmans (50 000), dont des Huis originaires du Guandong, des hindous (35 000), des sikhs (5 000) et des juifs (quelques milliers) à Hong Kong[99].
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Les trois grandes religions prédominant dans la population chinoise s'interpénètrent plus ou moins étroitement au point de se confondre dans les pratiques populaires. Il est fréquent que ces cultes cohabitent dans un même espace architectural (temples séparés mais enclos dans une même enceinte comme au Sik Sik Temple, ou autels occupant un même temple comme dans celui d'Hollywood road).
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Hong Kong possède deux cathédrales : la cathédrale Saint-John de Hong Kong, anglicane, et la cathédrale de l'Immaculée-Conception, catholique.
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La Convention baptiste de Hong Kong a été officiellement fondée en 1938 [100]. En 2017, elle comptait 164 églises et 114 016 membres[101].
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La région administrative de Hong Kong couvre un territoire de 1 104 km2, frontalier de la province chinoise du Guangdong. L'île de Hong Kong se trouve à 133 km au sud-est de Guangzhou, à 814 km à l'ouest-sud-ouest de Taipei, à 1 229 km au sud-ouest de Shanghaï, à 1 972 km au sud de Pékin, à 2 588 km au nord-nord-est de Singapour et à 9 633 km à l'est-nord-est de Paris. Située non loin du tropique du Cancer, la région est largement ouverte sur la mer de Chine méridionale. Hong Kong est une région assez montagneuse et se situe à l'extrémité sud-est du delta de la rivière des Perles, un des plus importants fleuves chinois. La région du delta, qui comprend Guangzhou (Canton) et Shenzhen, est une des plus peuplées et des plus riches de Chine. Hong Kong joue un rôle structurant dans l'économie régionale[102]. Ainsi, la ville de Shenzhen créée face à la frontière de Hong Kong est devenue la deuxième ville la plus peuplée de Chine du Sud après Canton.
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On distingue souvent trois grandes parties de Hong Kong. L'île de Hong Kong, dans le sud, a été la première région colonisée par les Anglais. C'est le cœur politique et économique de la région, mais elle couvre moins de 10 % du territoire. Kowloon est la zone qui fait face à l'île. En grande partie passée sous contrôle britannique en 1860, c'est aujourd'hui une zone densément peuplée, où le niveau de vie moyen est bien moins élevé que sur l'île. Le terme Nouveaux Territoires désigne de manière générale les régions prises en bail par les Britanniques en 1898. En surface, ils couvrent près des neuf dixièmes de la région administrative. En population, ils dépassent la moitié depuis les années 2000.
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Le relief est prononcé à Hong Kong, ce qui contribue à donner au territoire sa structure urbaine assez particulière. Sur l'île de Hong Kong, le pic Victoria s'élève à 554 mètres. Au centre des Nouveaux Territoires, le point culminant, le Tai Mo Shan atteint les 958 mètres. D'une manière générale, les collines sont assez peu construites, souvent couvertes de forêt et protégées afin notamment de prévenir les glissements de terrain vers les zones habitées en contrebas. Hong Kong et les hauteurs de Kowloon connurent d'ailleurs de nombreux glissements de terrain destructeurs au XXe siècle, causés par les fréquents typhons, au point de servir de modèle mondial dans la prévention et l'évacuation des habitants lors de ces cataclysmes. La population se concentre surtout sur une bande littorale. À l'inverse, la plus grande plaine, qui se trouve excentrée dans le Nord des Nouveaux territoires, reste elle aussi moins peuplée que le centre historique.
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En vert, l'île de Hong Kong, le cœur historique de la colonie anglaise resté le centre économique et politique
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En vert, Kowloon, rattaché à Hong Kong en 1860 (1898 pour New Kowloon). C'est là que les densités résidentielles sont les plus élevées.
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En vert, les Nouveaux Territoires, passés sous bail anglais de 99 ans en 1898. Les densités urbaines sont variables, et la région est en expansion démographique.
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L'île de Hong Kong fut la première région habitée par les colons anglais. Elle est assez montagneuse et la population se concentre dans sa partie nord. Aujourd'hui encore, les quartiers de Central et Wan Chai forment le cœur politique et économique de la RAS. C'est aussi sur l'île que les habitants ont les revenus les plus élevés.
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La péninsule de Kowloon fait face à la côte nord de l'île. Ce fut la deuxième région à être urbanisée et les densités résidentielles y sont particulièrement fortes, dépassant les 30 000 habitants au kilomètre carré. Mong Kok, l'un des quartiers de Kowloon, serait l'un des quartiers les plus denses au monde, avec des chiffres allant de 150 000 à 200 000 habitants au km2. Kowloon était initialement un quartier populaire, abritant des immigrants de Chine continentale. À partir de la fin des années 1990, de nombreux gratte-ciel relativement luxueux y ont été construits, notamment du complexe d'Union Square. Beaucoup de ces gratte-ciel sont résidentiels, mais le plus haut d'entre eux, l'International Commerce Center (484 mètres), abrite un hôtel, le Ritz-Carlton, et des bureaux. Une plateforme panoramique est ouverte aux visiteurs au centième étage.
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Les Nouveaux Territoires correspondent aux terres passées sous contrôle britannique en 1898, à l'exception de New Kowloon, que l'on intègre aujourd'hui à Kowloon. Les Nouveaux territoires représentent plus de 80 % de la surface de Hong Kong. Depuis les années 2000, ils regroupent également plus de la moitié des habitants. Les densités y sont globalement moins élevées, mais augmentent plus rapidement.
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Tant par sa surface que sa population, la partie la plus importante des Nouveaux territoires est la masse de terre située au nord de Kowloon. Depuis les années 1970-1980, différentes villes nouvelles y abritent chacune plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce sont par exemple Tsuen Wan, Sha Tin, Tin Shui Wai ou Tseung Kwan O.
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Les Nouveaux Territoires comprennent également de nombreuses îles. La plus vaste est de loin celle de Lantau, située à l'ouest de l'île de Hong Kong, et sur laquelle se trouve notamment le nouvel aéroport international. Parmi les îles secondaires, on peut citer Lamma, Po Toi, Cheung Chau ou Peng Chau. Ces petites îles, peuplées de pêcheurs, offrent encore la vision de communautés côtières traditionnelles.
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Au centre des Nouveaux Territoires, les monts Wo Yang Shan et Tai Mo Shan culminent respectivement à 771 m et 957 m. Enfin, la partie orientale est principalement occupée par le Hong Kong Unesco Global Geopark.
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Le climat de Hong Kong est un climat subtropical à hiver sec (Cwa selon la classification de Köppen).
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L'hiver (janvier et février) est nuageux mais la pluie y est très rare ; les températures oscillent généralement entre 13 °C et 22 °C. Le minimum annuel moyen est de 8,4 °C.
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Le printemps et l'été (mars à octobre) sont chauds, humides et pluvieux ; les températures moyennes vont de 17−21 °C (mars) à 26−32 °C (juillet).
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De juin à septembre la température dépasse 30 °C presque tous les jours et la pluie est abondante. Le maximum annuel moyen est de 33,8 °C.
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L'automne (octobre à décembre) est considéré comme la période la plus agréable : le temps est ensoleillé et les températures sont douces (15−30 °C). Hong Kong subit souvent des typhons. Le 18 septembre 1906, un typhon ou grand (Tai) vent (Foun) et un tsunami ont fait 10 000 victimes.
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La pollution atmosphérique est en augmentation à Hong Kong. En 2011, l'indice de pollution atmosphérique (API) mis au point par les autorités, a dépassé le niveau 100 ("très haut") plus de 20 % de l'année, soit dix fois plus qu'en 2005. L'indice est "haut" 70 % du temps et "moyen" moins de 10 % du temps. D'après le journal Le Monde : « Encore faut-il ajouter que l'API est incroyablement tolérant. Calculé en fonction de la concentration de cinq principaux polluants, l'indice hongkongais fait systématiquement passer pour acceptables auprès du grand public des seuils d'exposition jugés dangereux par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[103]. »
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L'université de Hong Kong estime que 3 200 morts par an sont attribuables à la pollution atmosphérique. Toutefois, selon l'un des auteurs de l'étude, « ces chiffres sont a minima et ne tiennent compte que des effets à court terme de la pollution sur la santé de la population. L'impact total sera bien supérieur quand les résultats des études de cohorte sur le long terme seront intégrés. » La pollution entraîne également chaque année 160 000 jours d'hospitalisation et plus de 7 millions de visites chez le médecin ; elle représente un cout de 40 milliards de dollars hongkongais au gouvernement[103].
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Hong Kong doit faire face à des quantités de déchets électroniques toujours plus importantes. Plus de 70 000 tonnes de matériaux électroniques y sont produites chaque année, et Hong Kong est considéré comme la « poubelle électronique d'Asie » du fait des importations de déchets, dont la plupart proviennent des États-Unis. Des centaines de décharges se sont implantées ces dernières années[104].
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Hong Kong a pour codes :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2619.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,328 @@
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La Hongrie (en hongrois : Magyarország, /ˈmɒɟɒɾoɾsaːg/Écouter) est une république constitutionnelle unitaire située en Europe centrale. Elle a pour capitale Budapest, pour langue officielle le hongrois et pour monnaie le forint. Son drapeau est constitué de trois bandes horizontales, rouge, blanche et verte et son hymne national est le Himnusz. D'une superficie de 93 030 km2, elle s'étend sur 250 km du nord au sud et 524 km d'est en ouest. Elle a 2 009 km de frontières avec l'Autriche à l'ouest, la Slovénie et la Croatie au sud-ouest, la Serbie au sud, la Roumanie au sud-est, l'Ukraine au nord-est et la Slovaquie au nord.
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Après des siècles où le territoire actuel de la Hongrie était habité par les Celtes, les Romains, les Huns, les Slaves, les Gépides et les Avars, la Hongrie fut fondée à la fin du IXe siècle par le prince et commandant militaire Árpád après la conquête du territoire (honfoglalás). Son arrière-petit-fils Étienne Ier de Hongrie, en l'an 1000, convertit le pays au catholicisme. En 1526, après la bataille de Mohács, la Hongrie perdit sa souveraineté au profit de l'Empire ottoman (1541-1699). Elle fut sous la tutelle des Habsbourg et, plus tard, elle fit partie de l'Empire austro-hongrois (1867-1918).
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La Hongrie partage des frontières avec sept pays (dont cinq sont, comme elle, membres de l'Union européenne) pour un total de 2 189 km[2]. Elles ont toutes été tracées pour délimiter la deuxième république de Hongrie, fin 1918 et début 1919, à la suite de la dislocation de l'Autriche-Hongrie et de la première république hongroise. À deux exceptions près (environs de Sopron en 1922, et de Bratislava en 1946), la délimitation fut effectuée par la commission internationale Lord où des géographes comme Robert Seton-Watson (en), Emmanuel de Martonne ou encore l'historien Ernest Denis jouèrent un rôle important. Ces frontières ont été officialisées par les traités de Trianon (1920) et de Paris (1947)[5]. Pour l'opinion hongroise, le traité de Trianon est une tragédie nationale (que le gouvernement envisage de commémorer solennellement en 2020[6]) car, par rapport à son territoire antérieur, le pays perdit 71 % de sa superficie et 32 % des magyarophones, devenus citoyens autrichiens (dans le Burgenland), tchécoslovaques (aujourd'hui slovaques ou ukrainiens), roumains ou yougoslaves (aujourd'hui slovènes, croates ou serbes).
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La situation de ces populations hongroises, se retrouvant hors des nouvelles frontières du pays, motive de la part de la Hongrie une politique explicitement irrédentiste et explique ainsi le ralliement du pays à l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. L'ancienne domination hongroise dans le bassin des Carpates ainsi que le sort des minorités hongroises sont toujours au cœur des relations que la Hongrie entretient avec ses pays voisins. Pendant les quatre décennies de communisme (1947-1989), le pays attira l'attention internationale avec la révolution de 1956 et l'ouverture de la frontière du rideau de fer avec l'Autriche en 1989, qui accéléra la chute du bloc soviétique.
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Peuplée d'environ 10 millions d'habitants, la Hongrie est une puissance moyenne à l'échelle de l'Europe. Elle est dotée d'une économie de type capitaliste mais garde un secteur public encore important. Comme de nombreux pays anciennement communistes, son modèle productif a longtemps été dominé par l'industrie (fabrication de camions, d'autobus, de matériel ferroviaire et de moteurs dans le cadre du Comecon). Sa capacité agricole est très élevée mais le secteur s'est délesté d'une part importante de sa main-d'œuvre au bénéfice de sa modernisation. La viticulture est bien développée, la Hongrie est un pays vinicole réputé. Comme de nombreux pays européens, l'économie de la Hongrie s'est considérablement tertiarisée ces dernières années. La Hongrie se distingue enfin dans le secteur de la recherche et de l'innovation technologique. Elle compte quatre prix Nobel (John Harsanyi, George de Hevesy, Imre Kertész, Philipp Lenard) et ses échanges scientifiques sont de haut niveau.
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La Hongrie est membre du groupe de Visegrád, de l'Union européenne, de l'OTAN, de l'OMC et de l'ONU.
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Le royaume de Hongrie fondé en 1001 et disparu en 1946 portait en hongrois le nom de Magyar Királyság dont est issue l'appellation de la Hongrie contemporaine : Magyarország : « le pays des Magyars ». En hongrois, magyar désigne à la fois l'État et le nom du groupe ethnique issu de l'Oural et leurs descendants supposés. Du mot magyar est issu l'adjectif et le substantif « magyar » en français ou encore magyarisch et Magyar en allemand. Dans la plupart des langues du monde, c'est pourtant la racine latine Hungaria qui est utilisée pour désigner l'État, qu'il s'agisse du royaume ou de la république. C'est le cas de l'anglais notamment : Kingdom of Hungary, Republic of Hungary, Hungary.
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En slovaque, en slovène et en croate et serbe, le terme magyar et la racine latine hungaria coexistent et permettent justement de différencier le sens politique (la nation hongroise comme construction politique, ainsi que sa matérialisation géopolitique : l'État hongrois) du sens ethno-culturel (les minorités magyares). Dans ces langues, avant la partition du traité de Trianon en 1920, la « Hongrie » était désignée sur la base latine : Uhorsko (slovaque), Ogrska (slovène) et Ugarska/Угарска (croate et serbe) tandis que depuis 1920, on lui préfère l'adjectif ethnique substantivé : Maďarsko (slovaque), Madžarska (slovène) et Mađarska/Мађарска (croate et serbe). Cette évolution de la désignation du territoire hongrois ne se retrouve pas chez les Autrichiens, les Roumains et les Ukrainiens : respectivement Ungarn, Ungaria et Угорщина (Uhorščyna). Pourtant, les racines latine et hongroise de l'ethnonyme sont bien présentes en roumain pour différencier l'habitant de la Hongrie (ungur) du « Hongrois ethnique », minorité officielle de Roumanie : maghiar.
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Quant au nom de Hongrie, hongrois, il semble qu'il soit issu d'une confusion chez certains peuples (dont les Occidentaux) entre les Magyars et des peuples turcs dont certains s'étaient joints à eux durant les migrations, notamment les Onoghours (en latin Hungari, ou « Hunnougour issus des hordes hunniques » chez Théophylacte Simocatta).
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Les éléments des armoiries de la Hongrie datent du Moyen Âge. Le blason actuel est utilisé pour la première fois sous le règne de Louis Ier (1342 – 1382). La couronne surplombant le blason apparaît sous le règne de Ladislas Ier Jagellon (1440 – 1444). Il s'agit à l'origine d'un diadème classique, mais sur le sceau de Matthias Corvin de 1464, elle commence à ressembler davantage à la couronne d'Étienne Ier de Hongrie. La version finale des armoiries est élaborée sous le règne de Matthias II, au début du XVIIe siècle. Son usage devient régulier sous le règne de Marie-Thérèse d'Autriche.
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Le drapeau de la Hongrie est composé de trois bandes horizontales rouge (dessus), blanche et verte. Sa forme tricolore est inspirée du drapeau français et des idées de la Révolution de 1789 alors que ses couleurs sont une reprise des armoiries historiques de la Hongrie. Le drapeau fait sa première apparition lors de Révolution hongroise de 1848 mais ne s'impose au sein de l'Autriche-Hongrie bicéphale qu'en 1867. Jusqu'en 1945, le drapeau est frappé d'une couronne royale en son centre. La loi fondamentale de la Hongrie entrée en vigueur en 2012 donne une interprétation officielle des couleurs : le rouge pour la force, le blanc pour la fidélité, le vert pour l'espoir.
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La figuration d'un blason sur sa partie centrale a été l'objet de forts enjeux symboliques durant tout le XXe siècle. Lors de l'insurrection de Budapest en 1956, les insurgés découpent les armes du régime communiste et leur préfère un trou symbole de la liberté retrouvée. La forme actuelle du drapeau est ainsi adoptée en 1957. Depuis 1990, la version blasonnée est tolérée et parfois utilisée par les pouvoirs publics.
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Il existe trois fêtes officielles en Hongrie. Le 15 mars, le Nemzeti ünnep (« fête nationale ») commémore la Révolution hongroise de 1848. Le 20 août, le Szent István ünnepe (« fête de saint Étienne », fête de l'État) célèbre la fondation de l'État hongrois en 1000. Enfin, le 23 octobre, le Forradalom ünnepe est organisé en l'honneur de l'insurrection de Budapest de 1956. Selon l'article J de la nouvelle loi fondamentale, le 20 août occupe désormais le premier rang puisque c'est la seule « fête d'État officielle » (hivatalos állami ünnep).
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Les regalia sont les symboles de la souveraineté hongroise. Elles sont constituées de plusieurs pièces : la couronne de saint Étienne (Szent István Korona), le sceptre (jogar), l'orbe (országalma), le manteau du couronnement (palást) et l'épée (kard).
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La couronne des rois de Hongrie était utilisée depuis le XIIIe siècle. Chaque couronnement fait référence à celui d’Étienne Ier, couronné roi de Hongrie le 25 décembre 1000 avec une couronne envoyée par le pape Sylvestre II. La couronne avait été apportée par le légat Astéric (ou Anastase), futur archevêque d’Esztergom. La couronne que l’on peut voir aujourd’hui est différente de l’original. Étienne Ier perdit son fils unique et renvoya avant de mourir sa couronne au Vatican, en signe de soumission. Depuis, elle a été volée et on perd sa trace au XVIe siècle.
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Les spécialistes considèrent que la couronne actuelle se compose d’une partie byzantine (corona græca), datant des années 1070. Cette dernière a été offerte par le basileus Michel VII à la princesse Synadene, qui était l’épouse du roi Géza Ier. L’autre partie est plus récente et a probablement été ajoutée au XIIIe siècle, sous le règne de Béla III de Hongrie.
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La légende veut que la croix surmontant la couronne du roi de Hongrie soit penchée en raison d'un voyage mouvementé entre Rome et la Hongrie, le pape Sylvestre II ayant fait envoyer ladite couronne par une escorte à cheval. Abîmée au cours de ce voyage, la couronne aurait été apportée ainsi au roi Étienne Ier (István Ier). Il pourrait s'agir aussi du fait que lorsque les Turcs ont envahi le pays, elle aurait été enterrée pour être cachée, mais déformée.
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Cas unique en Europe, les regalia médiévales de Hongrie sont toutes parvenues jusqu’à nos jours, mis à part les chausses qui ont brûlé pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis le 1er janvier 2000, elles sont conservées au Parlement hongrois, sauf le manteau du couronnement qui est visible au musée national hongrois. Le sceptre du Xe siècle est surmonté d’une boule de cristal gravée de lions. L’épée est une production italienne du XIVe siècle. L’épée du couronnement d’Étienne Ier est gardée dans la cathédrale Saint-Vitus depuis 1368.
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La Hongrie est d'une altitude moyenne de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Bien qu'il existe quelques sommets montagneux, seul 2 % du territoire national dépasse les 300 m d'altitude. Le point culminant de la Hongrie est le Kékes dans les monts Mátra qui culmine à 1 014 mètres. Le point le plus bas est situé à Csongrád-Csanád près de la rivière Tisza à 77,6 m de hauteur. Les principales rivières du pays sont le Danube et la Tisza, dont 444 km sont navigables. Les affluents mineurs du Danube se trouvent aux abords de la frontière croate : il s'agit de la Drave, du Raab, du Someș, du Sió et de la frontière slovaque : l'Ipeľ.
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Situé dans la moitié ouest du pays, le lac Balaton est le lac le plus vaste d'Europe centrale (592 km2) devançant le lac Léman (581 km2) et le lac de Constance (536 km2). Vient ensuite le Lac Fertő cogéré avec l'Autriche (82 km2 se trouvent en Hongrie). Parmi les autres lacs importants figurent le lac de Velence (« lac de Venise ») et le lac Tisza.
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Bien que l'altitude de la plus grande partie du pays n'excède pas 300 mètres, on trouve plusieurs chaînes de montagnes moyennes en Hongrie. Il existe quatre régions géographiques montagneuses, d'ouest en est : Alpokalja, massif de Transdanubie, Mecsek, massif du Nord. L'Alpokalja (en allemand : Alpenenstrand, les « contreforts des Alpes ») est situé le long de la frontière avec l'Autriche. Son point culminant est le Kékes, ou Kékestető (1 014 m). Le massif de Transdanubie s'étend du lac Balaton jusqu'au Danube près de Budapest où elles rencontrent le massif du Nord et culminent à 757 m (Pilis). Mecsek est la chaîne montagneuse la plus méridionale, située au nord de Pécs. Son point culminant est le Zengő (682 m). Le massif du Nord s'étend au nord de Budapest et se déploie vers le nord-est en direction du sud de la frontière avec la Slovaquie. Ses hautes crêtes très boisées sont riches en minerai de charbon et de fer. L'extraction de minerai est une ressource importante de la région et fut d'ailleurs la base de l'industrie des cités avoisinantes. La viticulture est aussi importante avec la culture du fameux Tokay. Son point culminant est le Kékes, situé dans la chaîne du Mátra.
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La Hongrie se situe au carrefour de quatre influences climatiques. D'une part l'influence continentale de l'Europe de l'Est produit des saisons marquées avec des températures fortement négatives en hiver et élevées en été, mais tempérées par les masses d'air de la façade atlantique. D'autre part, c'est dans le bassin des Carpates que se rencontrent les influences sibériques du nord et l'influence méditerranéenne des Balkans.
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La température moyenne annuelle est de 8−12 °C, ce qui est relativement élevé, avec des amplitudes de 20−25 °C. En janvier, la température varie entre −4 °C et 7 °C. Le nombre d'heures d'ensoleillement par an oscille entre 1700 et 2100 heures, avec les périodes les plus importantes dans l'Alföld et les plus courtes dans les régions montagneuses du nord. La pluviométrie annuelle moyenne est de 500-1 000 mm (500-600 mm dans l'Alföld et de 800 à 1 000 mm dans les montagnes). Les vents dominants viennent du nord-ouest. La température la plus basse jamais enregistrée en Hongrie a été −35 °C le 16 février 1940 à Görömbölytapolca près de Miskolc. La plus haute température jamais enregistrée a été 41,9 °C le 20 juillet 2007 à Kiskunhalas.
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Les terres arables sont une importante ressource naturelle pour la Hongrie. Elles couvrent 49,58 % de la superficie du pays, c'est-à-dire une partie très importante comparée aux autres pays du monde[7]. La plus grande partie de ces terres est de bonne qualité.
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La Hongrie compte une dizaine de parcs nationaux, 145 réserves naturelles et 35 aires protégées. Les parcs nationaux de Aggtelek et de Hortobágy sont également inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de patrimoine naturel.
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La population de loutres de Hongrie est la plus grosse d'Europe avec plus de 10 000 individus.
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Puits à balancier (gémeskút) dans le parc national de Hortobágy.
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La forêt de Gemenc (hu), dans le parc national Duna-Dráva.
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Le Badacsony dans le parc national du haut Balaton.
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Parc national de Bükk.
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, la Hongrie comptait 525 sites dont :
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La superficie totale est de 19 949 km2, ce qui représente 21,4 % de la surface terrestre du territoire de la Hongrie[8].
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Vers 350 av. J.-C., aux Illyriens (en Pannonie), aux Agathyrses (dans la plaine danubienne) et aux Thraces (dans le bassin de la Tisza) vivant dans le bassin hydrographique du moyen-Danube s'ajoutent des Scythes et des Celtes puis, au Ier siècle, les Romains qui occupent la rive occidentale du Danube et transforment la Pannonie en province romaine. Au IVe siècle celle-ci subit les invasions des Ostrogoths, eux-mêmes contraints de quitter la région en 409 par la poussée des Gépides, Huns et Avars à l'est. Au VIe siècle arrivent les Slaves puis, au IXe siècle, des tribus magyares chassées par les Petchénègues de l'Etelköz (où subsistent néanmoins les Csángó). Menées par Árpád, elles franchissent le col de Verecke (hu) et s'installent dans la grande plaine.
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Cette installation (Honfoglalás) permet d'offrir aux tribus une base arrière pour les nombreux raids entrepris vers l'Europe occidentale. Ceux-ci sont interrompus lors de la bataille du Lechfeld qui signe leur défaite devant l'empereur germanique Otton Ier du Saint-Empire. Dès lors, les tribus organisent leur domination militaire dans la plaine danubienne, y assimilent les populations déjà sédentarisées (comme les Slaves) et forment ainsi l'embryon du territoire et de la nation hongroise.
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À la fin du Xe siècle, le prince Géza, descendant d'Árpád, impose sa domination sur toutes les tribus et se fait baptiser avec toute sa famille. Lors de sa succession, le jeune Vajk, futur Étienne Ier de Hongrie, défend l'alliance avec l'Europe occidentale et l'église de Rome contre Koppány qui, lui, s'était allié à Byzance. Ainsi, le couronnement d'Étienne Ier de Hongrie en l'an 1000, avec la bénédiction du pape Sylvestre II, signe à la fois la naissance formelle du royaume de Hongrie et l'inscription du nouvel État dans le giron occidental.
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L'organisation d'un clergé hongrois est le signe de la reconnaissance de l'indépendance du royaume, notamment face au Saint-Empire romain germanique. Assuré de sa légitimité, le roi Étienne renforce son pouvoir sur la noblesse naissante et occupe la Transylvanie. Le système tribal est alors remplacé par une organisation du royaume en comitats (vármegye), banats (bánság) et un voïvodat transylvain (vajdaség) à laquelle s'ajoute sous le règne de Ladislas Ier de Hongrie le royaume de Croatie en union personnelle (Horvát királyság). La mort du roi Étienne en 1038 ouvre une longue période de conflits autour de sa succession, menant à une vassalisation du royaume envers l'Empereur germanique. Le règne d'André Ier de Hongrie entre 1047 et 1060 marque un retour à l'indépendance. La politique d'expansion est poursuivie par Coloman jusque dans les Balkans et vers le bas-Danube (vassalisation de la Serbie, Valachie, Moldavie)[9], mais est contrariée par la puissance byzantine sous Basile II. Le règne de Béla III de Hongrie entre 1172 et 1196 inaugure le premier apogée du royaume.
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Progressivement, la noblesse hongroise tente de faire valoir son pouvoir au sein du royaume qui compte alors 2 000 000 d'habitants. En 1222, André II de Hongrie proclame la bulle d'or qui exonère la petite noblesse de l'impôt et limite les privilèges royaux. Le pouvoir royal est davantage affaibli par l'invasion mongole et tatare en 1241 qui dépeuple considérablement le pays. Dans le sillage des Mongols et des Tatars sont signalés les premiers Roms[10]. Le royaume se dote alors d'un réseau de châteaux forts afin d'assurer sa sécurité et des villes se peuplent alors au bénéfice d'une bourgeoise de plus en plus active. En 1301, la mort d'André III de Hongrie signe la fin de la maison Árpád et le début de la domination angevine.
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C'est sous la dynastie Anjou-Luxembourg que la Hongrie connaît son deuxième apogée avec le renforcement du pouvoir royal par Charles Ier Robert et l'extension du territoire sous le règne de Louis Ier le Grand. Le royaume de Hongrie intègre alors la Bosnie et compte sur ses flancs Sud et Est une douzaine de bánság et de vajdaség vassaux, peuplés de slaves (tótok) et de valaques (oláhok) bénéficiant de franchises nommées vlach jog. Successeur de Charles Ier Robert, Sigismond Ier du Saint-Empire cumule la couronne impériale, celle de Hongrie et celle de Bohême mais perd la Dalmatie au profit de Venise. Sur le plan intérieur, il doit faire face à la montée en puissance du pouvoir urbain. De 1437 à 1440, sa succession ouvre une énième période de troubles durant laquelle les Jagellons prennent le pouvoir.
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Après la mort de Ladislas III Jagellon à Varna lors d'une offensive hongroise, serbe et roumaine contre l'Empire ottoman en 1444, la régence du royaume revient à Jean Hunyadi, voïvode (vajda) de Transylvanie. Celui-ci contient l'avancée ottomane devant Belgrade en 1456 mais meurt peu après. La Hongrie est alors un pays peuplé de 4 000 000 d'habitants, prospère malgré le contrôle commercial exercé par les Allemands. L'accès au trône de Mathias Ier Corvin de Hongrie - le Juste signe le début de la Renaissance en Hongrie. Sous son règne, l'administration est réorganisée et centralisée et le pouvoir bourgeois favorisé face à l'aristocratie. Il conquiert la Bohême, la Moravie et la Silésie tout en développant dans sa capitale Buda une cour florissante, foyer centre-européen de l'humanisme. Son règne laisse un souvenir amer à la noblesse, qui choisit pour lui succéder un prince plus faible : Vladislas IV de Bohême. Les magnats reprennent le pouvoir et entraînent l'affaiblissement du royaume. La défaite hongroise, lors de la bataille de Mohács en 1526, face à l'Empire ottoman, signe la partition du pays entre les territoires occupés et les lambeaux de la Hongrie royale.
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En 1526, le royaume de Hongrie est divisé en deux, puis en trois parties. Ferdinand Ier du Saint-Empire s'empare de la Haute-Hongrie (actuelle Slovaquie) et de l'Ouest du royaume tandis que le voïvode de Transylvanie, Jean Zápolya, conserve le Centre et l'Est. À sa mort en 1540, Soliman le Magnifique, sultan ottoman, occupe la plaine danubienne et prend Buda. La principauté de Transylvanie (agrandie du Nord-Est de la Hongrie royale, le partium) a le choix entre deux vassalités : envers les Autrichiens ou envers les Turcs : les voïvodes choisissent la seconde option, qui leur laisse plus d'indépendance, tant politique que religieuse (pacte de tolérance). Entre 1591 et 1606, les Habsbourgs utilisent leur armée pour faire pression sur la Haute-Hongrie et la Transylvanie. Étienne II Bocskai mène alors un soulèvement qui pousse l'Empire autrichien à reconnaître les privilèges de la Hongrie royale et la souveraineté de la Transylvanie. Alors que Buda est occupée, la capitale hongroise devient Pressburg (actuelle Bratislava).
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En Transylvanie, le prince Georges Ier Rákóczi (1630 – 1648) mène une politique de liberté et de tolérance politique et religieuse. Mais la politique belliqueuse de Georges II Rákóczi envers l'Empire ottoman provoque une réaction des Turcs qui alourdissent la vassalité de la Transylvanie, en réduisent le territoire et affaiblissent ainsi les ressources stratégiques de la Hongrie royale qui tombe sous la coupe des Habsbourg. Sous Léopold Ier d'Autriche, la Hongrie royale est le théâtre d'une révolte opposant la noblesse et la paysannerie au nouveau pouvoir central autrichien. L'insurrection est contenue lorsque les armées autrichiennes reconquièrent la plaine danubienne contre les Ottomans (paix de Karlowitz en 1699). Cette avancée autrichienne (et catholique) est suivie par un vaste soulèvement nobiliaire (surtout protestant) mené par le prince transylvain François II Rákóczi, proclamé prince souverain en 1704. La répression de ce soulèvement s'achève par la restauration du territoire royal et par un changement de vassalité en Transylvanie, qui échappe aux sultans pour devenir un grand-duché autrichien. Les révoltes nobiliaires ne cessent pas pour autant : en 1707, la Diète de Hongrie proclame (vainement) la déchéance des Habsbourg et l'indépendance de la Hongrie.
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Les magnats hongrois négocient alors un compromis avec la maison autrichienne et favorisent l'arrivée au pouvoir de Charles VI d'Autriche. En 1715, celui-ci proclame ainsi l'indivisibilité de la Hongrie et des provinces héréditaires des Habsbourg. Ceux-ci organisent l'installation de colons allemands dans toute la plaine danubienne, spécifiquement sur les rives du fleuve (Allemands du Banat). Après plusieurs tentatives des souverains autrichiens de réformer l'administration et imposer l'allemand comme langue de la Cour, Léopold II d'Autriche reconnaît en 1792 la spécificité des lois et des coutumes hongroises. La Révolution française de 1789 crée une union sacrée de la noblesse hongroise autour de la maison impériale, mais les idées libérales et nationales se diffusent malgré tout en Hongrie et donnent naissance à un courant réformiste important, revendiquant l'égalité devant la loi et devant l'impôt et la fin des privilèges.
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Ce courant est incarné par Ferenc Kölcsey, Ferenc Deák et Lajos Kossuth, révolutionnaires qui proclament en 1848 l'unification de la Hongrie, comprenant la Hongrie royale, la Croatie et la Transylvanie, et revendiquent l'indépendance face à l'empire d'Autriche. Mais, en Croatie et Transylvanie, les révolutionnaires locaux réclamaient leur propre indépendance, que Kossuth leur refusait. Les Autrichiens en profitèrent pour rallier à leur cause l'avocat transylvain Jankó Ávrám qui lève des troupes contre Kossuth, et le général croate Josip Jelačić, qui prend la tête d'une armée et envahit la Hongrie. Pour y faire face, Kossuth constitue un Comité national de défense qui parvient à refouler les troupes croates et réprime le soulèvement transylvain. Alors que l'indépendance de la Hongrie est proclamée, l'Autriche fait appel au tsar Nicolas Ier de Russie pour mater le gouvernement révolutionnaire. Les Habsbourg organisent alors la répression et imposent leur pouvoir par la force. En 1866, l'affaiblissement de l'empire sur le front italien et surtout la défaite contre la Prusse les incitent à apaiser les tensions internes. C'est ce long processus qui aboutit au Compromis austro-hongrois de 1867 et à la naissance de l'Autriche-Hongrie.
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L'Empire des Habsbourg est alors partagé entre l'empire autrichien et le royaume hongrois. Ce dernier se dote d'un système bicaméral : une Chambre des magnats et une Chambre des représentants, mais elle reste liée à l'Autriche par la dynastie Habsbourg et la concentration des affaires étrangères, des finances et de la guerre au sein d'un ministère d'Empire. Les privilèges des magnats et le système électoral laissent les minorités non-magyares, soit 55 % de la population de la Grande Hongrie, sans représentation parlementaire, et, de plus, la politique de magyarisation forcée des minorités dresse les Croates, les Slovaques, les Ruthènes, les Roumains, les Serbes et même les Allemands contre les Hongrois. L'Autriche-Hongrie, ayant perdu la Première Guerre mondiale, est le premier État visé par les « 14 points » du président américain Woodrow Wilson, visant à démembrer cet empire multiculturel, que Lénine avait qualifié de « prison des peuples ». Après des émeutes à Budapest en 1918, un Conseil national, composé d'indépendantistes, de sociaux-démocrates et de radicaux, mené par Mihály Károlyi refuse le pouvoir à Charles IV et proclame la République démocratique hongroise le 16 novembre 1918.
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L'effondrement de l'Autriche-Hongrie à l'issue de la Première Guerre mondiale entraîne son éclatement selon le principe des États-nations. Les indépendantistes hongrois prennent le pouvoir à Budapest le 30 octobre et, le 16 novembre, la République démocratique hongroise est proclamée, mais le gouvernement de Mihály Károlyi ne parvient pas à empêcher les minorités de l'ancien royaume de Hongrie de proclamer leurs propres indépendances ou unions avec des pays voisins. En décembre 1918, la Grande Hongrie est démembrée de facto. En avril 1919, les communistes de Béla Kun, alliés aux sociaux-démocrates, prennent le pouvoir et proclament la République des conseils de Hongrie, deuxième régime communiste de l'histoire après la Russie soviétique. Le régime ne dure que trois mois : une attaque contre la Tchécoslovaquie et la Roumanie, visant à récupérer les territoires perdus, tourne à la débâcle et les communistes sont chassés du pouvoir.
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L'après-guerre ouvre une période paradoxale pour le pays. D'une part, elle signe l'émancipation de la Hongrie de sa voisine autrichienne et le recouvrement de sa souveraineté. D'autre part, l'ancienne Hongrie royale se voit amputée de 32 % de magyarophones et des deux tiers de son territoire, dont son accès à la mer, la totalité de ses mines d'or, d'argent, de mercure, de cuivre et de sel, cinq de ses dix villes les plus peuplées et entre 55 % et 65 % des forêts, ses voies ferrés, ses usines, ses canaux, ses minerais de fer, ses institutions bancaires et ses terres cultivables[11], en vertu de l'application du traité de Trianon en 1920. Cette partition se fait au nom de deux principes : celui d'État-nation cher aux États-Unis et celui de la permanence des frontières cher aux géographes français. C'est ce dernier principe qui motive les congressistes à céder ainsi à la Tchécoslovaquie les rives septentrionales du Danube pourtant majoritairement peuplées de Hongrois, entre Bratislava et Košice. À la tête d'un royaume sans roi et d'un pays sans accès à la mer, l'amiral Miklós Horthy instaure une période de régence aux orientations très conservatrices. Sa politique irrédentiste le pousse dans les bras de l'Allemagne nazie en 1940. La Hongrie récupère d'abord le Nord de la Transylvanie au détriment de la Roumanie en août 1940, puis participe en 1941 à l'invasion de la Yougoslavie, récupérant ainsi la Voïvodine et s'engage ensuite sur le front de l'Est lors de l'invasion de l'URSS.
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En 1944, Miklós Horthy proclame la neutralité de son pays alors que les armées soviétiques et roumaines franchissent les frontières hongroises. La Hongrie est alors envahie à l'ouest par l'Allemagne, qui renverse Horthy et le remplace par le dirigeant hungariste Ferenc Szálasi, chef du parti fasciste hongrois des Croix fléchées. Les Soviétiques et les Roumains chassent les Allemands de Hongrie en avril 1945. Occupée par l'URSS, la République hongroise est soumise à une prise de pouvoir progressive par les communistes hongrois dont les Soviétiques imposent la présence au sein du gouvernement de coalition de l'après-guerre. Mátyás Rákosi, secrétaire général du Parti des travailleurs hongrois, devient le principal dirigeant de la République populaire de Hongrie, nouveau régime communiste officiellement proclamé le 20 août 1949.
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Le 23 octobre 1956, la Hongrie se soulève contre l'URSS. Initiée en faveur du soutien au Premier ministre réformateur Imre Nagy, l'insurrection de Budapest est écrasée entre le 4 et le 11 novembre par l'armée soviétique, tuant 3 000 personnes et entraînant le départ de plus de 200 000 Hongrois. János Kádár devient Premier ministre et premier secrétaire du Parti socialiste ouvrier hongrois, nouveau nom du parti unique. Imre Nagy et ses compagnons sont arrêtés et exécutés deux ans plus tard. En 1968, Kádár introduit le « nouveau mécanisme économique », ouvrant l'économie administrée à un petit secteur privé. Il s'agit du « socialisme du goulash » tenu pour responsable de la relative prospérité de l'économie hongroise en comparaison des autres États satellites de l'URSS en Europe. En 1988, János Kádár, malade, doit quitter le pouvoir. Le communiste réformateur Miklós Németh prend sa succession.
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Le 2 mai 1989, la Hongrie autorise le démantèlement du rideau de fer à la frontière autrichienne. Exécuté par le régime, Imre Nagy est également réhabilité lors d'une grande cérémonie nationale. Le 7 octobre 1989, le Parti socialiste ouvrier hongrois est dissous et remplacé par le Parti socialiste hongrois. Le 23 octobre 1989, le président de la République Mátyás Szűrös met fin à la République populaire de Hongrie et proclame solennellement la nouvelle république de Hongrie. Après la chute de l'Union soviétique en 1991, la Hongrie rejoint le giron de l'Europe occidentale et adhère à l'OTAN en 1999 et à l'Union européenne le 1er mai 2004. Avec la Pologne, la Slovaquie et la Tchéquie, elle forme le groupe de Visegrád.
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Alors que les deux décennies de la transition sont marquées par un jeu politique équilibré entre la gauche et la droite à la tête du pays, le parti conservateur Fidesz remporte les élections parlementaires à une écrasante majorité au printemps 2010. Marginalisés, les partis progressistes MSzP et LMP ne parviennent pas à empêcher le Premier ministre Viktor Orbán de faire adopter le 18 avril 2011 par l'Országgyűlés une nouvelle loi fondamentale. Entrée en vigueur le 1er janvier 2012, elle inscrit dans le marbre de nombreuses dispositions très conservatrices. Ce changement constitutionnel s'accompagne d'un activisme législatif très important permettant un remodelage profond de l'organisation institutionnelle et politico-administrative du pays et laissant entrevoir le retour d'un État fort.
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Le président de la République est élu au suffrage indirect par l'Assemblée nationale (Országgyűlés) tous les cinq ans. Il est le chef de l'État et le garant des institutions. Il nomme le Premier ministre qui compose son gouvernement et à qui il appartient seul le droit de révoquer les ministres. Chaque nomination ministérielle doit faire l'objet d'auditions consultatives devant des commissions parlementaires et être formellement approuvée par le président.
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L'Assemblée nationale est la chambre unique du Parlement hongrois. Il comprend 199 membres (386 jusqu'aux dernières élections) et exerce le pouvoir législatif en votant des lois d'initiative gouvernementale ou parlementaire. Un parti doit gagner au moins 5 % au niveau national pour former une faction parlementaire. Les élections législatives ont lieu tous les quatre ans.
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La Cour constitutionnelle, composée de 15 membres, juge de la constitutionnalité des lois.
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La loi LXV de 1990 sur les collectivités territoriales (helyi önkormányzat) est considérée comme l'un des actes juridiques les plus importants de la transition post-communiste car elle redéfinit profondément le maillage administratif de la Hongrie avec comme objectif la création d'un système de démocratie locale en rupture totale avec le système communiste. Il s'agit alors de redistribuer les différentes compétences administratives de façon à réduire substantiellement le pouvoir des comitats, considérés alors comme les pivots de l'ancienne nomenclature administrative socialiste. Le modèle privilégié est alors le contenu de la Charte du Conseil de l'Europe sur les collectivités locales.
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La localité (település) correspond au découpage politique ultime du territoire hongrois. On y distingue trois catégories : les communes (község), les villes (város) et les villes de droit comital (megyei jogú város). La localité est une collectivité locale (települési önkormányzat) dirigée par un conseil local et un bourgmestre (polgármester) élus tous les quatre ans au suffrage universel ainsi qu'un organe administratif de l'État, opérateur de l'administration publique et de services obligatoires définis par la loi. La Hongrie compte 3 152 localités pour presque dix millions d'habitants. La localité correspond au niveau LAU 2 de la nomenclature d'unités territoriales statistiques européenne.
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Le comitat (megye) est la subdivision politique intermédiaire entre l'État et les localités. Au nombre de 19, on y ajoute traditionnellement Budapest, qui bénéficie cependant d'un statut particulier. Les comitats maillent le territoire hongrois de manière contigu. En raison de la centralisation politico-administrative de la Hongrie, les compétences des collectivités comitales (megyei önkormányzat) restent très limitées. Celles-ci concernent les services qui s'appliquent sur l'ensemble du territoire comital, les établissements scolaires secondaires (collèges), les établissements médicaux spécialisés ainsi qu'un rôle de coordination de l'aménagement du territoire. De plus, elles ne s'appliquent pas aux villes de droit comital qui disposent de leur propre conseil comital (megyei közgyűlés) superposée au conseil local. Le comitat correspond au niveau NUTS 3 de la nomenclature d'unités territoriales statistiques européenne.
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Chaque chef-lieu de comitat est une ville de droit comital. S'y ajoutent cinq autres villes de plus de 50 000 habitants :
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Il existe treize minorités nationales, ethniques et religieuses reconnues officiellement par la loi en Hongrie : les Bulgares, les Roms, les Grecs, les Croates, les Polonais, les Allemands, les Arméniens, les Roumains, les Ruthènes, les Serbes, les Slovaques, les Slovènes et les Ukrainiens.
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La loi de 1993 leur donne le droit de voter à l'échelle nationale ainsi qu'à l'échelon de chaque collectivité territoriale (comitats et localités) pour leurs propres représentants. Ces derniers forment des collectivités des minorités (kisebbségi önkormányzat) qui disposent de compétences particulières pour fixer le calendrier de leurs fêtes et célébrations, contribuer à la préservation de leurs traditions et participer à l'éducation publique. Ces collectivités particulières peuvent ainsi gérer des théâtres publics, des bibliothèques, des institutions scientifiques et artistiques, attribuer des bourses d'étude et dispenser de services en direction de leur communauté (aides juridiques notamment).
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Il faut au moins cinquante membres d'une minorité dans les villes de moins de 10 000 habitants pour former une collectivité communautaire et cent membres pour les villes plus peuplées. Dans les faits, ces collectivités sont plus faciles à former dans les grandes villes que dans les petites localités. Les conditions de leur création dépendent également du taux de concentration des minorités sur le territoire hongrois.
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Outre les treize minorités officielles, les Juifs ainsi que les Bunjevci revendiquent régulièrement une reconnaissance publique. De manière plus anecdotique, des Hongrois clamant leur ascendance hunnique ont aussi déposé une demande officielle allant dans ce sens.
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Les Magyars d'outre-frontières (határon túli magyarok) désignent les populations magyares autochtones vivant sous le statut de minorité nationale ou de communauté ethnique dans les pays frontaliers de la Hongrie. Ils bénéficient d'un traitement spécifique de la part de la loi hongroise qui leur permet d'accéder à la citoyenneté hongroise (magyar állampolgárság), de bénéficier de bourses d'enseignements, de recevoir des aides financières en faveur du maintien et du développement de leur culture et de leur langue et de disposer d'organisations représentatives reconnues par le gouvernement hongrois. L'activisme législatif de la Hongrie à l'égard de ces populations est souvent perçu par les pays voisins comme autant d'intrusion dans leurs affaires politiques nationales. Depuis deux ans, sous le gouvernement de Viktor Orbán, les Magyars d'outre-frontières peuvent désormais bénéficier du droit de vote, même s'ils ne vivent pas sur le territoire hongrois.
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La diaspora hongroise (magyar diaspora) désigne les citoyens hongrois (magyar állampolgárok) ayant émigré de Hongrie vers des pays du monde entier. Elle s'est surtout structurée par les différentes vagues d'émigrations de la Hongrie au cours du XXe siècle. On peut ainsi distinguer des premiers départs au début du siècle pour des raisons essentiellement économiques, en grande partie vers l'Europe occidentale et les Amériques, une émigration juive pendant et après la Seconde Guerre mondiale, une émigration politique lors de l'insurrection de Budapest en 1956 puis de manière plus sporadique quelques départs après la chute du communisme, mais davantage sous la forme d'expatriation que d'émigration définitive. Contrairement aux Magyars d'outre-frontières, la diaspora hongroise ne bénéficie pas de la même reconnaissance de la part du gouvernement hongrois. Ils n'ont par exemple pas le droit de vote s'ils ne disposent pas d'une résidence permanente en Hongrie.
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Le système éducatif hongrois est un système décentralisé. Le Secrétariat d'État à l'Éducation fixe les conditions de scolarité ainsi que les exigences des épreuves nationales sanctionnant le parcours scolaire. Les collectivités locales sont propriétaires des établissements pré-élémentaires, élémentaires et secondaires. Chaque établissement jouit d'une grande autonomie budgétaire et de fonctionnement. Certains établissements sont directement gérés par les collectivités des minorités et peuvent ainsi dispenser des cours dans les langues minoritaires, en plus du hongrois.
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Le système éducatif est divisé en plusieurs niveaux : pré-élémentaire (óvoda) de 3 à 6 ans, élémentaire (általános iskola) de 6 à 14 ans, secondaire (gimnázium) jusqu'à 18 ans, professionnel (szakmunkásképző iskola) jusqu'à 17 ans, technique (szakközépiskola) jusqu'à 18–19 ans et supérieur. Il faut prendre également en compte les écoles de rattrapages (szakiskola).
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En décembre 2018 deux nouvelles lois sur le droit du travail provoquent un mouvement de protestation soutenu par l’ensemble des partis politiques en dehors de celui de l’exécutif [12]. Organisée à l’appel des partis d’opposition, des syndicats et de mouvements issus de la société civile, la manifestation se poursuit en janvier 2019 pour dénoncer la nouvelle loi sur les heures supplémentaires qualifiée d’« esclavagiste » – les chefs d’entreprise peuvent exiger de leurs employés jusqu’à 400 heures supplémentaires par an, soit l’équivalent de deux mois de travail, payables trois ans plus tard [13].
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Depuis le milieu des années 1990, la politique étrangère hongroise s'inscrit dans une démarche de convergence avec les objectifs de l'Union européenne. Après avoir déposé son adhésion le 31 mars 1994 et ouvert les négociations le 31 mars 1998, la Hongrie devient membre de l'Union le 1er mai 2004 et intègre l'espace Schengen le 21 décembre 2007.
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De par sa taille, la Hongrie ambitionne de devenir un acteur régional au sein d'une Europe centrale élargie, bien au-delà de ses pays frontaliers. Au nord, elle s'implique avec la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie à la construction du groupe de Visegrád, afin de renforcer les politiques de coopération régionale, notamment sur le plan économique et énergétique. Cet espace privilégié est cependant régulièrement soumis à de nombreuses perturbations liées à l'activisme politique de la Hongrie à l'égard des Magyars d'outre-frontières particulièrement nombreux en Slovaquie.
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Au sud, la Hongrie est un soutien actif de l'intégration des pays balkaniques à l'Union européenne. Lors de la présidence hongroise du Conseil de l'Union européenne en 2011, le gouvernement œuvre à faire progresser les dossier de candidature de la Croatie et de la Macédoine[14]. La Hongrie est aussi à l’origine du processus de Szeged pour le soutien à la démocratisation de la Serbie, du Monténégro, de l’Albanie, de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine et du processus de Nyíregyháza, à destination de l’Ukraine. À l'ouest et à l'est, la Hongrie est un des principaux acteurs de la Stratégie européenne du Danube (en), dont l'objectif est de valoriser le potentiel économique du fleuve et de favoriser l'intégration politique des pays riverains.
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Sur le plan de la géopolitique énergétique, la Hongrie est particulièrement active pour accueillir les projets South Stream et Nabucco afin de devenir une plaque tournante de l'énergie au sein de l'Union européenne. Dans le même esprit, le gouvernement hongrois poursuit une forte politique de coopération avec la Russie et la Chine en termes de construction de liaisons routières et ferroviaires de façon à devenir la porte d'entrée de l'Asie en Europe[réf. nécessaire].
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La participation de la Hongrie à la communauté internationale passe surtout par son activité militaire au sein de l'OTAN et son alignement stratégique aux côtés des États-Unis. La Hongrie est engagée militairement sur plusieurs théâtres extérieurs, dans le cadre de la PSDC ou de l’OTAN : en Afghanistan (433 soldats), au Kosovo (223), à Chypre (77), en Macédoine et en Bosnie[réf. nécessaire].
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Entre 1990 et 2010, la démocratie parlementaire a surtout été rythmée par les alternances successives entre le centre-droit représenté par le Forum démocrate hongrois (Magyar Demokrata Forúm, MDF) puis par le Fidesz (Fidesz-Magyar Polgári Szövetség) et le centre-gauche, représenté par le Parti socialiste hongrois (Magyar Szocialista Párt, MSzP) et Alliance des démocrates libres (Szabad Demokraták Szövetsége, SzDSz). Ces alternances reflètent alors un certain équilibre des forces politiques proche de celui des démocraties occidentales. La gauche hongroise est l'héritière à la fois des anciens réformateurs du Parti socialiste ouvrier hongrois (MSzMP devenu MSzP) et de ses opposants libéraux (SzDSz). Sa composante sociale-démocrate majoritaire prône le libéralisme politique et économique ainsi qu'une politique pro-européenne volontaire. L'extrême gauche est scindée entre le Parti communiste ouvrier hongrois (Magyar Kommunista Munkáspárt, MKM) stalinien et la Gauche verte (Zöld Baloldal Párt, ZB) altermondialiste. Depuis les dernières élections, un nouveau venu, La politique peut être différente (Lehet más a politika, LMP) de sensibilité écologiste a fait son apparition et en même temps son entrée dans l'Országgyűlés. Enfin, la défaite de la gauche en 2010 est en train d'amener une profonde reconfiguration de l'échiquier politique comme l'illustre la fondation de la Coalition démocratique (Demokratikus Koalíció, DK) ou encore d'Ensemble 2014 (Együtt 2014), respectivement par les anciens Premiers ministres socialistes Ferenc Gyurcsány et Gordon Bajnai.
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La droite hongroise est quant à elle issue d'anciens courants chrétiens-démocrates, conservateurs et agrariens clandestins pendant le communisme (notamment le Parti civique indépendant des petits propriétaires et des travailleurs agraires, Független Kisgazda-, Földmunkás- és Polgári Párt, FKgP). Si son premier objectif est la décollectivisation rapide du pays dès le début des années 1990 ainsi que le développement des institutions démocratiques, elle endosse à la fin des années 2000 des accents plus nationalistes et souverainistes. Cette évolution est principalement le fait de Viktor Orbán, chef du Fidesz et autrefois proche du SzDSz. Elle se caractérise par une attitude revancharde sur le plan de la politique intérieure en votant des lois destinées à poursuivre devant les tribunaux les principaux protagonistes du régime communiste, mais aussi sur le plan de la politique étrangère en cherchant à reconstituer la communauté nationale hongroise au-dessus de la partition territoriale du traité de Trianon.
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L'extrême droite hongroise a ses racines dans l'hungarisme, alimenté par la nostalgie de la Grande Hongrie. Autrefois incarnée par le Parti hongrois de la justice et de la vie (Magyar Igazság és Élet Pártja, MIÉP, aujourd'hui soutien du Fidesz-MPSz), elle est désormais assimilée au Jobbik. Après des années de discrétion, l'extrême droite hongroise s'est illustrée ces dernières années par de nombreuses démonstrations de force, notamment par l'intermédiaire des défilés de la Garde hongroise, milice fasciste ouvertement anti-Roms, dans des villages du Nord-Est.
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Le retour au pouvoir de Viktor Orbán après huit ans de gouvernement socialiste, alors que ses soutiens représentent les deux tiers de l'Országgyűlés, s'inscrit ainsi dans le prolongement du tournant nationaliste du Fidesz.
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Il existe six confédérations syndicales en Hongrie membres du Conseil national de conciliation (Országos Érdekegyeztető Tanács) aux côtés des organisations des employeurs et des représentants de l'État. La Confédération des syndicats autonomes (Autonóm Szakszervezetek Szövetsége) regroupe essentiellement les syndicats des secteurs de transport, de l'énergie et de l'industrie ; le Bloc des syndicats professionnels défend les intérêts des ingénieurs, chercheurs et diplômés de l'enseignement supérieur (Értelmiségi Szakszervezeti Tömörülés) ; la Ligue démocratique des syndicats indépendants (Független Szakszervezetek Demokratikus Ligája) est historiquement composée d'employés du secteur de l'énergie électrique ; la Confédération nationale des syndicats hongrois (Magyar Szakszervezetek Országos Szövetsége) revendique son ancrage à gauche ; la Fédération nationale des conseils de travailleurs (Munkástanácsok Országos Szövetsége) est affiliée au syndicalisme chrétien ; enfin, le Forum pour la coopération des syndicats (Szakszervezetek Együttműködési Fóruma) est proche du Parti socialiste hongrois[réf. nécessaire].
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Après son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán reprend en main la télévision publique pour l'instrumentaliser à des fins de propagande. Les médias privés sont progressivement rachètés par des oligarques proches du pouvoir. Désormais, le Premier ministre est à la tête d’un empire médiatique : une grande chaîne commerciale, toute la presse quotidienne régionale, des sites Internet ; près de 500 médias au total. Ce conglomérat couvrirait près de 80% du paysage médiatique[15].
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Depuis 2010, la liberté de la presse est encadrée par un Conseil des médias (Media Tanács) chargé de vérifier, selon les termes de la loi, le traitement équitable de l'actualité et le respect de la dignité humaine[16]. La presse quotidienne représente bien les différentes tendances politiques dominantes, de la gauche vers la droite. Ancien organe officiel du Parti socialiste ouvrier hongrois, Népszabadság est resté dans le giron du MSzP tandis que Népszava est toujours explicitement l'expression du Parti social-démocrate de Hongrie. Créé par le Conseil national de la République populaire de Hongrie, Magyar Hírlap est devenu dans les années 1990 proche de l'Alliance des démocrates libres (centre-gauche) puis au cours des années 2000 un journal de centre-droit proche de l'Église catholique en Hongrie et du Fidesz. Fondé en 1938, Magyar Nemzet est le journal historique des opposants au régime communiste ; il s'agit du grand journal des intellectuels conservateurs. Világgazdaság et Napi Gazdaság sont deux quotidiens économiques de centre-gauche. Metropol est enfin le quotidien gratuit, surtout diffusé à Budapest.
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Les principaux hebdomadaires sont Heti Világgazdaság, journal économique de centre gauche ; Heti Válasz, qui rassemble les plumes d'intellectuels de droite ; Demokrata, d'extrême droite, 168 Óra proche du parti MSzP ; Magyar Narancs, le grand journal d'actualité culturelle et politique de la jeunesse urbaine progressiste, centre gauche ; Élet és Irodalom, journal de critique littéraire orienté à gauche ; Magyar Fórum proche du MIÉP ; Figyelő d'obédience néolibérale ; Új Ember, journal catholique ; Új Élet, expression de la communauté juive progressiste ; Szombat, expression des Juifs conservateurs ; Magyar Jelen (en), proche du parti Jobbik et Hetek, néo-évangélique et néoconservateur.
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Il existe également de nombreux portails d'information de type pure player : Index, Stop et Origo (gauche), Hirszerzo et Gondola (conservateurs), Kitekinto (indépendant), Barikad et Kuruc (extrême-droite).
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Les revues les plus importantes sont Beszélő (centre-gauche et écologiste), Magyar Szemle (conservateur), Kommentár (néoconservateur), Múlt és Jövő (communauté juive), Erec (sioniste), Polgári Szemle (conservateur), Mozgó Világ (social-démocrate, proche du parti MSzP) et Eszmélet (extrême gauche).
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Le pays compte sur de nombreuses chaînes de télévision publiques et privées. Deux sociétés distinctes assurent le service public : Magyar Televízió, héritière de la télévision d'État communiste, qui produit à destination du marché intérieur les chaînes M1 (généraliste), M2 (jeunesse), M3 (histoire), M4 (hu) (sport) et M5 (hu) (culture) et Duna Médiaszolgáltató qui produit et diffuse les chaînes Duna Televízió et Duna World, à destination tant du marché intérieur que de la diaspora hongroise. Ces deux chaînes généralistes proposent une grille généraliste et plusieurs journaux télévisés chaque jour. Les principales chaînes privées sont RTL Klub, RTL II, TV2 et ATV. Toutes diffusent des émissions variées (information, divertissement, séries, dessins animés, films). Hír TV et Echo TV sont des chaînes d'information en continu.
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La radio publique est représentée par Magyar Rádió et ses sept stations thématiques : MR1 (hu) « Kossuth Rádió » (généraliste, informations), MR2 (hu) « Petőfi Rádió » (jeunesse), MR3 (hu) « Bartók Rádió » (musique classique), MR4 (hu) « Nemzetiségi Adások » (minorités ethniques), MR5 (hu) « Parlamenti Adások » (informations parlementaires et politiques), MR6 (hu) « Régió Rádió » (programmes régionaux) et MR7 (hu) « Dalok és dallamok » (folklore). Duna World Rádió (en) émet par satellite et internet une programmation à destination de la diaspora. Enfin, de très nombreuses stations privées émettent au niveau national ou régional.
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Les Hongrois passent en moyenne plus de 4 heures par jour (4,7 heures) devant la télévision. La Hongrie est le deuxième pays d’Europe centrale où l’on regarde le plus la télévision[15].
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La religion la plus importante en Hongrie est le christianisme (54,2 %) répartie entre l'Église catholique (39,0 %), les Églises protestantes (14,6 %) et les Églises orthodoxes (0,1 %). Les religions non chrétiennes sont très minoritaires (0,2 %). Le reste de la population se divise entre les sans religion (18,2 %) et ceux qui n'ont pas souhaité répondre (27,2 %).
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La Loi sur la liberté de conscience et le statut juridique des Églises (loi CCVI de 2011) est une loi organique hongroise portant sur la liberté de culte et de conscience, établissant par ailleurs la liste des Églises, communautés et mouvements religieux reconnus officiellement par l'État hongrois.
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La liste des quatorze Églises ou confessions religieuses officiellement reconnues et qui ont désormais seules le droit de revendiquer l'appellation d'Église figure en annexe de la loi. Les critères retenus pour établir cette liste sont éminemment liés à la promotion des Églises nationales hongroises d'une part et à la préservation des cultes des treize minorités nationales et ethniques officiellement reconnues par la loi hongroise. En voici la liste :
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La population décroît depuis le début des années 1980. Il est estimé qu'elle comptera huit (variante basse) à dix (variante haute) millions d'habitants vers 2050[18].
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La stratification sociale de la société hongroise est marquée par l'héritage du collectivisme et les conditions de la décollectivisation. Au début des années 1950, le pouvoir communiste restreint considérablement la propriété privée, notamment foncière, ce qui aboutit à une forte diminution des inégalités sociales héritées de la Hongrie d'avant-guerre. Parallèlement à cette diminution, la nouvelle division du travail entraîne malgré cela l'émergence d'une nouvelle forme de hiérarchisation sociale selon la forme suivante, de haut en bas :
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Les inégalités sociales se concrétisent par une inégalité en termes de revenus et de conditions de logements. L'intensification de l'industrialisation participe dans les années 1960 à une amélioration des conditions de vie des plus pauvres, sans pour autant résorber les écarts de conditions de vie. Les modalités de distinction sociale, marquées par la position des individus au sein de la division du travail, s'appuient entre autres sur des privilèges quant à l'accès au logement et sur le système scolaire quant à la reproduction des élites.
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Dans les années 1970, le déclin des anciennes élites bourgeoises est avéré et l'on constate la montée en puissance d'une nouvelle élite d'entrepreneurs. Celle-ci s'appuie notamment sur le développement d'un petit secteur privé en marge de l'économie planifiée. L'autonomie de petites entreprises privées et l'affaiblissement de l'État au profit des collectivités locales font se prospérer la constitution de nouveaux groupes s'appuyant à la fois sur leur position économique et politique. Parallèlement à cela, le pouvoir laisse se développer une forte économie parallèle (« seconde économie ») qui devient un vivier d'emplois pour la population hongroise. De nombreuses personnes cumulent alors un emploi partiel privé en complément de leur emploi principal. Ce recours est particulièrement répandu dans l'agriculture, mais aussi dans le secteur de la construction, du bâtiment, de la manutention, de l'artisanat, etc. Cette économie parallèle permet ainsi à 75 % des familles hongroises de compléter leurs revenus.
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Il se développe alors une nouvelle structure sociale, fondée à la fois sur la position issue de la division administrative du travail et sur le cumul de cette position avec la capacité à tirer des revenus complémentaires au sein de l'économie parallèle. On peut alors distinguer trois grands groupes :
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La décollectivisation amorcée dans les années 1980 et surtout le changement de régime politique en 1990 s'accompagnent de la restructuration profonde de l'économie hongroise et du retour de la propriété privée comme régime prévalent. L'instauration de l'économie de marché signe une amélioration notable du niveau de vie, mais l'arrivée de la crise dès 1993 achève l'embellie. La réorganisation de la division du travail entraîne ainsi une nouvelle matrice de production des inégalités, fondée à la fois sur le capital économique et culturel accumulé durant la période communiste, mais également sur les nouvelles opportunités d'emploi et d'enrichissement. Les « gagnants » de la transition sont ainsi les entrepreneurs privés des années 1980, les membres de l'élite politique et économique locale (anciens directeurs et cadres des coopératives agricoles par exemple ou d'entreprises d'État) ainsi que les intellectuels. Les « perdants » étant les ouvriers non qualifiés, les travailleurs agricoles et les petits paysans privés.
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La nouvelle structure sociale hongroise tend ainsi à converger avec celle des pays d'Europe occidentale, avec une dégradation très forte de la position sociale des ouvriers et paysans et une perte importante du pouvoir d'achat des retraités. L'instauration de l'économie de marché signifie également la baisse du taux d'employabilité et l'augmentation conséquente du chômage. En 1993, ce taux atteint 24 % des personnes scolarisées pendant huit ans, 17 % des personnes ayant une formation d'ouvrier qualifié, 11 % des diplômés de l'enseignement secondaire et 4 % des diplômés de l'enseignement supérieur. Les indicateurs relatifs aux biens de consommation et au logement montrent des disparités encore plus importantes.
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Si la petite production agricole (orientée essentiellement vers l'auto-production de subsistance) caractéristique de la Hongrie a longtemps permis d'amortir les inégalités de développement entre les zones urbaines et la campagne, l'arrivée d'investissements étrangers massifs dans l'agglomération budapestoise ainsi qu'à l'Ouest du pays génère de nouvelles inégalités territoriales. Par ailleurs, la perte de vitesse de l'industrie lourde concentrée au nord-est et à l'est achève de plonger ces régions dans une crise économique et sociale de longue durée.
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L'existence d'une économie parallèle permettant à une majorité de Hongrois de s'assurer des revenus complémentaires dès la fin des années 1970, les effets de la transition se mesurent donc à la fois en termes de montée des inégalités mais également de dégradation substantielle du niveau de vie. La combinaison de l'augmentation des inégalités et la baisse du niveau de vie génèrent alors l'émergence d'une nouvelle pauvreté essentiellement rurale ou périurbaine[21].
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Il y a plusieurs minorités ethniques, comme les Roms (3 %), les Allemands (1,3 %), les Slovaques (0,30 %), les Croates (0,24 %), les Roumains (0,27 %), les Slovènes (0,02 %).
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Ce tableau comporte les données statistiques sur les minorités ethniques (nemzetiségek) en Hongrie.
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La langue officielle en Hongrie est le hongrois[1]. La Constitution reconnaît également les langues des minorités ethniques et la langue des signes hongroise.
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Selon le recensement du pays de 2011, 99,6 % de la population parle le hongrois dont 98,9 % en tant que langue maternelle[23], une langue finno-ougrienne complètement différente des langues des pays voisins.
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Plus de 600 000 personnes, sur une population de moins de 10 millions d'habitants, ont quitté la Hongrie depuis le début des années 2010. Le pays est dès lors confronté à une pénurie de main-d'œuvre. Le pouvoir adopte en janvier 2019 une loi de « flexibilisation », que l'opposition qualifie de « loi esclavagiste » : les employeurs ont désormais la possibilité d'exiger de leurs salariés d'effectuer jusqu'à 400 heures supplémentaires par an (contre 250 jusqu'alors et 144 au début des années 1990) et de ne les rémunerer que trois plus tard. La Confédération des syndicats hongrois dénonce un dispositif qui « conduira à une détérioration significative des conditions de travail et à un niveau élevé d’exploitation des travailleurs »[24].
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Les plus importantes zones agricoles se situent dans le Petit Alföld (qui bénéficie des terres les plus fertiles), la Transdanubie et l'Alföld. Cette dernière zone couvre plus de la moitié du pays (52 000 km2) et a des qualités de sol extrêmement variables. On y trouve même une petite région herbeuse semi-désertique appelée puszta (steppe) utilisée pour l'élevage ovin et bovin.
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Les principales productions agricoles hongroises sont le maïs, le blé, l'orge, l'avoine, le tournesol, le pavot, la pomme de terre, le millet, la betterave, le lin et bien d'autres plantes. On cultive aussi d'autres espèces implantées plus tardivement comme l'amarante. La consommation de pavot fait partie de la cuisine hongroise traditionnelle. Le pays est renommé pour la qualité très élevée de son piment appelé paprika. La production fruitière comprend beaucoup de variétés de pommes, poires, pêches, raisins, abricots, pastèques, melons, etc.
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Dans le secteur industriel et de la métallurgie, en raison de ressources en bauxite, l'industrie de l'aluminium s'est bien développée.
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La dette publique brute de la Hongrie était de 72 milliards d'euros à fin 2013, à hauteur de 79,2 % du PIB[25].
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Le réseau routier national est géré par l'État. Il se déploie en un réseau de routes principales (főút) doublé d'autoroutes (autópálya) sur l'ensemble du pays, avec pour nœud de réseau principal Budapest.
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Haut débit disponible depuis mai 2004.
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Depuis la fin du communisme, les besoins énergétiques de l'industrie et de la population hongroises augmentent de façon continue. Les installations peinent à suivre la demande et le pays est ainsi obligé d'importer 62 % de sa consommation d’énergies fossiles, dont 82 % du gaz naturel en provenance de Russie. Cette dépendance s'explique par la vétusté des équipements de production thermique et l'obsolescence des installations existantes. Par ailleurs, la part des énergies renouvelables est particulièrement faible (7,3 %).
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Depuis juillet 2011, une stratégie gouvernementale fixant à l'horizon des vingt prochaines années l'indépendance énergétique a délimité trois grands principes de mise en œuvre de cette stratégie : la durabilité, la compétitivité économique et la sécurité de l’approvisionnement. La Hongrie participe également au déploiement d'un réseau énergétique européen, notamment au sein du Groupe de Visegrád. Elle est également sensible à d'autres initiatives de coopération internationale, notamment le projet South Stream avec la Russie[26].
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La Hongrie est relativement dépendante du secteur nucléaire dans sa production électrique. La part d'électricité d'origine nucléaire s'élève à 46 % contre 54 % pour la Slovaquie et 35 % pour la Tchéquie[27]. L’objectif du gouvernement est de passer de 2000 à 4 400 MW d’ici 2030 en adjoignant deux nouveaux réacteurs de troisième génération à la centrale de Paks, de manière à augmenter la part du nucléaire dans la génération d’électricité de 46 à 50 %, compte tenu de l'accroissement prévisible des besoins en électricité. Pour maintenir le niveau de production nucléaire au-delà de 2037, la construction d'une nouvelle centrale, la deuxième après la centrale nucléaire de Paks, composée de deux réacteurs à eau pressurisée de troisième génération est envisagée[28].
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Le peintre hongrois le plus connu du XVe siècle est Michele Ongaro (dit Pannonio). Il travaillait à la cour de Ferrare en Italie. Les peintres hongrois des XVIIe et XVIIIe siècle travaillaient également surtout à l'étranger. Au XIXe siècle la peinture de scènes d'histoire a pris de l'importance (Gyula Benczúr, Bertalan Székely, Mór Than). Miklós Barabás, portraitiste, est le premier à avoir acquis une certaine reconnaissance dans son pays. Les tableaux de Mihály Zichy et de Géza Mészöly (hu) sont influencés par le romantisme. Mihály Munkácsy a relié dans plusieurs compositions des éléments réalistes de la vie paysanne à la peinture impressionniste de plein air. Il en est de même pour Pál Szinyei Merse.
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Au début du XXe siècle, des colonies d'artistes comme celle de Nagybánya, menée par Károly Ferenczy, ont pris de l'ampleur le plus souvent dans une peinture romantique d'après nature aux couleurs réalistes. Le style du réalisme socialiste et de la peinture historique était privilégié dans les années 1950 et 1960. Victor Vasarely, Zsigmond Kemény et László Moholy-Nagy sont les peintres hongrois les plus connus du XXe siècle, travaillant à l'étranger. Aujourd'hui on connaît surtout István Szőnyi, Jenő Barcsay, László Lakner (hu) et Aurél Bernáth (hu).
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La musique hongroise occupe une place particulière en Europe. Si elle est encore souvent assimilée à la musique tzigane, il s'agit bien de traditions assez différentes. Le destin politique de la Hongrie ayant marqué de nombreux coups d'arrêt au développement d'une musique nationale, c'est finalement sous l'influence non plus de traditions orales issues de l'Asie et des Turcs, mais grâce à l'importation de la musique classique occidentale qu'elle prend un véritable essor (Franz Liszt, Béla Bartók).
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Les chœurs et le quatuor à cordes classique y sont très présents, mais on y trouve aussi des instruments moins connus, comme le piano tsigane (le cymbalum) et des percussions comme le tambour à friction köcsögduda. De même un instrument tel le tárogató qui est aujourd'hui utilisé par les Roms est à l'origine un symbole de la résistance anti-impériale.
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Contrairement aux autres pays d'Europe centrale, le régime communiste n'a pas favorisé l'émergence d'une musique faklorique, préférant développer la connaissance et la pratique de la musique classique ou semi-classique. Si la musique traditionnelle a été préservée, c'est surtout grâce au mouvement culturel des táncház pendant les années 1980 et un véritable engouement populaire en faveur de groupes traditionnels, tels Csík zenekar.
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Le compositeur György Ligeti est l'un des compositeurs les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle.
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En 1896 à Budapest eut lieu la première séance de cinéma à la suite de l’initiative d’un marchand de chapeaux nommé Arnold Sziklaï qui a assisté à une projection des films à Paris. Il a alors décidé de ramener chez lui l’appareil de projection et quelques petits films ont été tournés et projetés. En 1898, Mor Ungerleilern le directeur du Velence, et Jozsef Neumann, un homme d'affaires ont fondé « Projectograph » la 1re société de production cinématographique Hongroise. Ces productions connues : Un maniaque des échecs (1898) et des copies de films : La danse de Béla Zsitkovski (1901), Les sœurs d'Ödön Uher (1905) et Aujourd'hui et demain de Mihaly Kertész (1912). Les scénarios du cinéma hongrois en 1910 étaient principalement des adaptations de romans ou de pièces de théâtre, et à partir de 1919, le cinéma dépendait des régimes politiques qui jouaient un rôle primordial sur la créativité des cinéastes. Début 1919 fut une période faste où furent produits 31 films, mais sous le règne fasciste jusqu’à 1931, plusieurs acteurs (Peter Lorre, Béla Lugosi), metteurs en scène (Kertesz, Alexander Korda, Benedek, André de Toth, George Pal, Paul Fejos), et auteurs Emeric Pressburger) quittèrent le pays, en 1944, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la production locale avait repris un peu. On accordait une grande importance au cinéma sous le régime marxiste et en 1960 l'École supérieure de Théâtre et de cinéma fut créée. Pendant une période de libéralisme, et dans les festivals européens quelques cinéastes de grand talent ont été connus, citons Zoltán Fábri, qui tournera Quatorze vies en danger (1954), Un petit carrousel de Fête et Professeur Hannibal (1956), Károly Makk pour Liliomfi (1955) ou Félix Máriássy qui réalise Printemps à Budapest (1955). Mais en 1956, l'Armée rouge soviétique a mis fin à ce régime libéral.
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En 1959, une nouvelle génération de cinéastes a émergé grâce au studio Bela Balazs utilisant des moyens techniques nouveaux venus de l’Ouest ce qui leur a permis une grande liberté de création.
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Les présentations des films hongrois dans les festivals vont contribuer à faire connaître de véritables auteurs tels que Remous d'Istvan Gall en 1963, Les Intraitables d'András Kovács en 1964, Les Sans-Espoir de Jancso et Jours glacés de Kovacs en 1966, Les Dix mille soleils de Ferenc Kósa en 1967, Silence et Cri de Miklós Jancsó en 1968, Les Faucons d'Istvan Gall en 1970, Jeunesse dorée (1974) de Janos Rosza, Adoption de Márta Mészáros. En 1989 à la fin de la période communiste, de nouveaux cinéastes apparaissent : Béla Tarr : Le Tango de Satan (Satantango) de 1994 et Les Harmonies Werckmeister de 2000, La dernière frontière de Péter Gothár (1995), Ombres sur la neige d'Attila Jamish (1991) et Longs Crépuscules de 1997 ou Georges Feher : Twilling de 1990 et Passion de 1998[29].
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La Hongrie est particulièrement bien dotée en universités et laboratoires de recherche. L'université Loránd Eötvös (Eötvös Loránd Tudományegyetem) est l'héritière de l'Universitas de Nagyszombat fondée par Péter Pázmány en 1635, de l'université de Pest et de l'université de Budapest. L'université Corvinus de Budapest (Budapesti Corvinus Egyetem) dispense une formation en sciences de l'économie depuis 1948. L'université polytechnique et économique de Budapest (Budapesti Műszaki és Gazdaságtudományi Egyetem) est réputée pour avoir formé des ingénieurs illustres au nombre desquels on compte Ernő Rubik, Dennis Gabor ou encore Leó Szilárd. En dehors de Budapest, les plus grandes villes du pays disposent également d'universités importantes, à l'instar de Debrecen : (université de Debrecen), Gödöllő (université Szent István), Győr (université István Széchenyi), Kaposvár (université de Kaposvár), Miskolc (Université de Miskolc), Pécs (université de Pécs), Sopron (université de Hongrie occidentale), Szeged (université de Szeged) et Veszprém (université de Pannonie).
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Après la réforme des universités de 2000, de nombreux établissements d'enseignement supérieur sont devenus des universités à part entière. Parmi celles-ci, de nombreuses écoles réputées dans les domaines artistiques ont vu leur statut évoluer, à l'instar de l'université hongroise des beaux-arts (Magyar Képzőművészeti Egyetem), l'université de musique Franz-Liszt (Liszt Ferenc Zeneművészeti Egyetem), l'université d'art appliqué Moholy-Nagy (Moholy-Nagy Művészeti Egyetem) et l'université d'art dramatique et cinématographique (Színház- és Filmművészeti Egyetem).
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Parmi les universités privées généralistes, la plus visible sur le plan international reste l'université d'Europe centrale (Közép-Európai Egyetem) fondée par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros afin de promouvoir le libéralisme politique et économique dans les anciens pays communistes. Financée par des länder allemands, l'Autriche et la Suisse, l'Université germanophone Gyula Andrássy de Budapest (Andrássy Gyula Budapesti Német Nyelvű Egyetem) est une université de langue allemande au statut privé.
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L'Académie hongroise des sciences joue un rôle de premier plan dans la structuration de la recherche en Hongrie. En sciences sociales, la Hongrie se distingue par la qualité de ses sociologues marxistes ou post-marxistes (Iván Szelényi, István Kemény et Georg Lukács), de ses linguistes, de ses historiens (François Fejtő), de ses psychologues et psychanalystes (Mihály Csíkszentmihályi et surtout Sándor Ferenczi) et de ses économistes (Karl Polanyi, Béla Balassa, John Harsanyi).
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Mais la Hongrie est surtout connue pour la qualité de ses physiciens, chimistes et mathématiciens, souvent à l'origine d'innovations technologiques de grande importance. Il en va ainsi de Ányos Jedlik, inventeur du moteur électrique et de la dynamo, d'Ernő Rubik, inventeur du Rubik's Cube, de John von Neumann (architecture de von Neumann), de László Biró (stylo à bille), d'Albert Szent-Györgyi (vitamine C), de János Irinyi (hu) (allumettes), de Tivadar Puskás (téléphone central), de Dennis Gabor (holographie), de Gábor Domokos (hu) et Péter Várkonyi (Gömböc) ou encore de Charles Simonyi, maître d'œuvre des logiciels Word et Excel chez Microsoft. Par ailleurs, sur les quelques physiciens associés à l'élaboration du projet Manhattan, trois étaient des immigrés hongrois : Leó Szilárd, Edward Teller et Eugene Wigner.
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La cuisine hongroise (magyar konyha) classique est, pour simplifier les choses, un mélange de cuisine française adaptée par l’intermédiaire de l’Autriche et de plats rustiques typiquement hongrois dont de nombreux proviennent d’Asie. La cuisine hongroise fait référence à une tradition gastronomique originaire de Hongrie, partagée par les habitants du pays et les minorités magyares vivant en Slovaquie, Ukraine, Roumanie et Serbie. Utilisant les mêmes ingrédients que la plupart des cuisines d'Europe centrale (chou et de nombreuses variétés de racines et tubercules, bœuf, porc, volaille), elle se distingue par une forte influence orientale (turque et balkanique) et l'utilisation privilégiée du poivron, sous forme de légume ou de poudre de paprika. Elle est également inspiratrice de nombreux plats de la cuisine juive ashkénaze.
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De ces ingrédients sont préparés de nombreux plats de viande épicés (pörkölt, paprikás, fasírt), des spécialités de saucisses (saucisses de Debrecen, de Gyula), des soupes paysannes (goulasch, bableves) ou de pêcheurs (halászlé), des légumes marinés, farcis (töltött káposzta (hu)) ou macérés (salades de chou, cornichons lacto-fermentés, etc.). Outre le paprika, la spécificité de la cuisine hongroise est due à la qualité des bêtes à viande disponibles dans la plaine hongroise tel que le bœuf gris de Hongrie ou le porc laineux mangalitsa. Les variétés de blé donnent également au pays une vraie tradition de pâtes aux œufs de type souabe (nokedli, tarhonya, etc).
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Si la pâtisserie hongroise bénéficie de l'influence autrichienne (Dobostorta), les desserts sont moins réputés. On trouve néanmoins en Hongrie de nombreuses variétés de crêpes de type Palatchinten (crêpes épaisses) comme le palacsinta de Hortobágy ou le Gundel palacsinta.
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La charcuterie à base de porc est variée (téliszalámi, petits salés, saucissons au paprika) tandis qu'il existe peu de spécialités de fromage (camemberts et fromages à pâte molle).
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Le petit-déjeuner hongrois est à dominante salée : de la charcuterie est dégustée avec tomate et poivron dans des petits pains (zsemle et kifli), avec des fruits et une boisson chaude. Le déjeuner commence avec une soupe, se poursuit sur un plat en viande accompagné de pâtes et une salade de chou ou de cornichon macéré et s'achève sur un produit sucré. Le dîner peut ressembler au petit-déjeuner ou se limiter à une simple soupe. Les déjeuners sont arrosés de vin rouge produit dans la région du Balaton ou dans les massifs autour d'Eger ; les apéritifs de vins blancs liquoreux de type Tokay.
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Depuis le Moyen Âge, la Hongrie possède un rôle influent dans l’histoire artistique, culturelle, intellectuelle et politique de nombreux pays d'Europe centrale. En particulier, les anciennes possessions du royaume de Hongrie (Slovaquie, Transylvanie et Croatie notamment) perpétuent encore des traditions administratives et juridiques héritées de l'État hongrois (le système de comitat notamment). Le renouveau linguistique (Nyelvújítás) initié à la fin du XVIIIe siècle puis le mouvement nationaliste hongrois du XIXe siècle participent à une offensive culturelle contre l'allemand, alors langue de l'élite politique hongroise et de la Cour impériale. Cette offensive s'accompagne d'une politique de magyarisation très forte auprès des Slovaques, Roumains et Croates vivant dans le royaume. Celle-ci échoue définitivement lorsque l'ancien royaume de Hongrie est disloqué à la suite du traité de Trianon en 1920.
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Par la suite, la diffusion du hongrois hors des frontières nationales est assurée par la diaspora hongroise et l'appui financier et logistique de l'État hongrois en direction des Magyars d'outre-frontières. La diplomatie culturelle et linguistique hongroise est mise en œuvre par le biais de l'Institut Balassi et l'ensemble du réseau des instituts culturels hongrois présents partout dans le monde. Dans la région du bassin des Carpates, de nombreuses associations participent à la scolarisation en hongrois des minorités magyarophones, spécifiquement les Csángós, dont la langue hongroise archaïque est menacée par la progression du roumain comme langue de socialisation. La chaîne Duna Televízió est la tête de pont internationale de la magyarophonie dans le monde.
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La langue hongroise est également le prétexte pour de nombreuses formes de coopérations interculturelles avec des pays ou des collectivités territoriales de pays de langues finno-ougriennes. Ainsi, la Hongrie entretient des relations privilégiées avec la Finlande, l'Estonie et le district autonome des Khantys-Mansis, notamment grâce à l'action scientifique de l'Académie hongroise des sciences, membre fondatrice du Congrès international finno-ougrien.
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La Hongrie est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
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Mathias Corvin.
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Élisabeth Báthory.
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Lajos Kossuth.
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Franz Liszt (Ferenc Liszt en hongrois).
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Harry Houdini (de son vrai nom Ehrich Weiss).
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Joseph Pulitzer.
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Judit Polgár.
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La Hongrie a pour codes :
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Le lac Balaton avec à gauche le mont Badacsony.
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Des bœufs gris de Hongrie.
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Un mouton Racka.
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Le Kékes.
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Le lac Balaton.
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Ruines de la forteresse de Diósgyőr.
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L'abbaye de Tihany.
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La ville de Buda.
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Bassin de Tapolca et anciens volcans près du lac Balaton.
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Le Börzsöny vu depuis les ruines du château de Nógrád.
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Le village de Hollókő.
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Une maison de campagne hongroise.
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Le palais Festetics, situé à Keszthely.
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Des costumes folkloriques hongrois.
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Le Turul est l'oiseau imaginaire du mythe fondateur des Magyars.
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Le palais Esterházy.
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Une année bissextile (ou un an bissextil) est une année comportant 366 jours au lieu de 365 jours pour une année régulière. Le jour supplémentaire, le 29 février, est placé après le dernier jour de ce mois qui compte habituellement 28 jours dans le calendrier grégorien. Sauf cas particuliers précisés ci-après, les années sont bissextiles tous les quatre ans. L'année 2020 est bissextile et les années 2024 et 2028 le seront aussi.
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Ce genre d'année existe pour compenser la différence de temps entre l'année calendaire (365 jours) et l'année solaire, c'est-à-dire le temps pris par la Terre pour effectuer une révolution complète autour du Soleil, qui est 365,2422 jours. Un jour surnuméraire est donc ajouté régulièrement pour que la moyenne de la durée des années calendaires soit la plus proche possible de l'année solaire. Sans cette correction, la date des saisons se décalerait progressivement dans le calendrier.
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Depuis l'ajustement du calendrier grégorien, l'année n’est bissextile (elle aura 366 jours)[1] que dans l’un des deux cas suivants :
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Dans un autre cas, l'année n'est pas bissextile : elle a la durée habituelle de 365 jours.
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(« divisible » signifie que la division donne un nombre entier, sans reste).
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Ainsi, 2020 est bissextile. L'an 2008 était bissextil suivant la première règle (divisible par 4 et non divisible par 100). L'an 1900 n'était pas bissextil car divisible par 4, mais aussi par 100 (première règle non respectée) et non divisible par 400 (seconde règle non respectée). L'an 2000 était bissextil car divisible par 400.
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Le calendrier julien, qui avait cours avant le calendrier actuel, ne distinguait pas les fins de siècles (années divisibles par 100). Une année était bissextile tous les quatre ans, sans autre exception. Le calendrier julien avait ainsi une année moyenne de 365,25 jours, au lieu des 365,242 2 jours de l'année tropique. Ce qui a engendré l'accumulation d'une dizaine de jours de retard en quinze siècles.
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L'instauration du calendrier grégorien a permis d'une part de rattraper le retard en supprimant des jours, et d'autre part de ralentir le rythme en supprimant trois années bissextiles tous les 400 ans. Ce calendrier grégorien offre selon les règles énoncées une année moyenne de 365,242 5 jours, ce qui est encore un peu trop long, mais n'engendre qu'un retard de trois jours en 10 000 ans.
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L'habitude d'ajouter une journée intercalaire afin de rattraper le retard pris par l'année civile sur l'année solaire remonte aux Romains. Ceux-ci, avant le calendrier julien, utilisaient l'année dite « de Numa » de 355 jours, soit douze mois lunaires. Le retard avec le calendrier solaire était compensé par des mois intercalaires d'une durée variable fixée par le grand pontife. Ce système s'était cependant déréglé au moment des guerres civiles.
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Les calendriers luni-solaires de type chinois, encore utilisés dans nombre de pays de l'Asie du Sud-Est pour fixer les fêtes traditionnelles, adoptent aussi ce principe : ajout d'un mois intercalaire 7 fois en 19 ans, selon un cycle dit « de Méton ».
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En 45, avant l'ère chrétienne, Jules César, alors dictateur (au sens latin du terme) et grand pontife de la République romaine, fit appel à l'astronome grec Sosigène d'Alexandrie, afin de régler le décalage trop important que l'on constatait entre les années solaires et civiles depuis les guerres civiles. Sosigène d'Alexandrie n'eut qu'à puiser dans le calendrier égyptien et se remémorer le décret de Canope pour proposer une solution.
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Ainsi, Jules César fixa notre année de 365 jours, plus une journée intercalaire tous les quatre ans.
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Ce jour « additionnel » se plaçait juste avant le 24 février[1]. Il s'agissait donc d'un « 23 février bis ». On nommait le 24 février a. d. VI Kal. Mart., soit ante diem sextum Kalendas Martias, ce qui signifie « le sixième jour avant les calendes de mars » (les Romains comptaient les jours à rebours, bornes incluses, à partir de trois dates de référence présentes dans chaque mois, à savoir les calendes, le 1er du mois, les ides, le 13 ou 15 selon les mois, et les nones, neuf jours bornes incluses avant les ides, comme leur nom l'indique, c'est-à-dire le 5 ou 7) ; le « 23 février bis » se disait donc tout naturellement a. d. bis VI Kal. Mart., soit ante diem bis sextum Kalendas Martias : « le sixième jour bis avant les calendes (le premier jour) de mars ». Une année bissextile comprend deux fois le sixième jour avant le premier mars ; « deux fois [le] sixième » se dit bis sextus en latin ; par l'ajout du suffixe -ilis, est dérivé l'adjectif bissextilis, d'où « bissextile » en français.
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Plus tard, le jour intercalaire fut positionné le 29 du mois de février, à partir du moment où la méthode latine de décompte des jours fut remplacée par celle que nous employons toujours aujourd'hui.
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Les personnes étant nées un 29 février fêtent habituellement leur anniversaire le 28 février les années non bissextiles comme 2011 ou 2013.
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Dans certains pays, par exemple à Taïwan, une personne née un 29 février l'est légalement le 28. Par exemple, une personne née le 29 février 1980 aurait eu 18 ans le 28 février 1998.
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Depuis 1980 en France, un petit groupe de personnes édite un journal qui paraît seulement les 29 février, appelé La Bougie du sapeur. En 2020, il publie son numéro 11.
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En 1700, la Suède tenta d'utiliser un calendrier julien modifié pour passer graduellement du calendrier julien au calendrier grégorien. Le processus devait réduire graduellement un jour par an, pendant 11 ans.
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Seule l'année 1700 fut ainsi modifiée et en 1712 pour rattraper le calendrier julien, il fallut rajouter un jour supplémentaire en février qui devint ainsi doublement bissextile et possédait un 30 février.
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En 1929, l'Union soviétique introduisit un calendrier révolutionnaire dans lequel chaque mois avait 30 jours, et les cinq ou six jours en excès étaient des jours de congé ne faisant partie d'aucun mois, à la manière des sans-culottides du calendrier républicain français. Les années 1930 et 1931 eurent donc un « 30 février » (un 2e mois de 30 jours), mais en 1932 ce calendrier fut partiellement abandonné et les mois retrouvèrent leur longueur antérieure.
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Il reste une différence minime entre le calendrier grégorien dont l’année vaut 365,2425 jours et la réalité ~365,2422 jours.
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La formule actuelle permet de gérer l'écart de 0,2425 jour sur un cycle de 400 ans :
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Une formule plus précise permettrait de gérer l'écart de 0,242 2 jour (sur un cycle de 20 000 ans) mais le décalage actuel d’un jour tous les 4 000 ans ne justifie pas une telle correction.
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Honolulu (en anglais : /ˌhɒnəˈluːluː/ ou /ˌhoʊnoʊˈluːluː/, en hawaïen : /honoˈlulu/) est la capitale et la plus grande ville de l'État d'Hawaï, aux États-Unis. Elle est aussi le siège du comté d'Honolulu, sur la côte sud-est de l'île d'Oahu. En hawaïen, honolulu signifie « baie abritée » ou « lieu d'abri ».
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Lors du recensement de 2010, Honolulu comptait 337 256 habitants, soit près du tiers de la population de l'ensemble du comté qui comprend toute l’île d'Oahu, ainsi que les îlots au nord-ouest de l'île de Niihau. Cette aire urbaine comptait 953 207 habitants en 2010. Rapportée à la population totale de son État, Honolulu est la capitale d'État proportionnellement la plus peuplée, parmi les 50 capitales d'État des États-Unis.
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Honolulu est connue pour son quartier touristique sur la plage de Waikiki, et pour le cratère volcanique Diamond Head. Honolulu est aussi le siège du campus principal de l'université d'Hawaï, située à Manoa, le quartier universitaire de la ville.
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La base navale de Pearl Harbor, connue comme étant le lieu de l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 qui provoqua l'entrée en guerre des États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale, se trouve à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de la ville.
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Honolulu est aussi la ville natale de Barack Obama, le 44e président des États-Unis.
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L'histoire orale et des artefacts archéologiques démontrent qu'une colonie polynésienne était installée sur le site de l'actuelle Honolulu au XIe siècle[1].
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En 1794, le capitaine britannique William Brown fut le premier étranger à jeter l'ancre dans ce qui deviendra l'actuel port d'Honolulu. Celui-ci devient dès lors une escale pour les navires voyageant entre l'Amérique du Nord et l'Asie.
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Après que Kamehameha Ier a conquis l'île d'O`ahu après la bataille de Nu`uanu, il a déplacé sa cour royale depuis l'île d'Hawaï à Waikiki en 1804, pour l'installer en 1809 dans l'actuel centre-ville d'Honolulu, qui perdra cependant son statut de capitale en 1812 lorsque Kamehameha Ier retournera à Kailua-Kona.
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En 1845, sur décision du roi Kamehameha III, Honolulu devint la capitale du Royaume d'Hawaï, au détriment de la ville de Lahaina, située sur l'île de Maui (qui était capitale depuis 1820). Lui et les rois qui l'ont suivi ont transformé Honolulu en une capitale moderne.
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Honolulu restera siège du gouvernement provisoire d'Hawaï après la chute de la monarchie en 1893, et deviendra capitale, d'abord de la République d'Hawaï en 1894, puis du Territoire d'Hawaï après l'annexion de l'archipel par les États-Unis en 1898 et enfin de l'État d'Hawaï à la suite du référendum du 21 août 1959.
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Des épisodes tragiques ont émaillé l'histoire d'Honolulu, notamment l'incendie (volontaire) de Chinatown en 1900 à la suite de rumeurs de peste et l'attaque de l'Empire japonais sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941.
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Le climat de la ville est tropical et parfois humide en été mais reste très agréable (As dans la classification de Köppen). En hiver, la température moyenne haute est de 27 °C et la température moyenne basse est de 18 °C. En été, la température moyenne haute est de 31 °C et la température moyenne basse est de 23 °C. À Honolulu, le climat est chaud et doux avec peu de différences entre l'été et l'hiver. La température la plus basse a été de 11 °C en 1969 et la plus haute de 35 °C en 1994. La douceur de son climat est due aux alizés.
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La température en surface de l'océan Pacifique varie peu, de 25 °C en hiver à 27 °C en été.
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Selon l'American Community Survey pour la période 2011-2015, 65,73 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 7,89 % une langue polynésienne, 6,76 % une langue chinoise, 6,61 % le japonais, 4,22 % le tagalog, 3,17 % le coréen, 1,78 % le vietnamien, 1,38 % l'espagnol et 2,46 % une autre langue[6].
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Le conseil municipal et le maire d'Honolulu ont autorité sur l'ensemble des villes de l'île Oahu, qui ensemble forment le comté d'Honolulu.
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Le conseil municipal d'Honolulu est composé de neuf membres élus pour un mandat de quatre dans neuf circonscriptions. Bien qu'officiellement non partisans, huit conseillers municipaux sont démocrates et une est républicaine[7].
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2006 a marqué le centième anniversaire de la ville. La Centennial Fair a été organisée en son honneur. Le début en a été retardé car 42 jours de pluies incessantes ont entraîné inondations, glissements de terrain, pollution des côtes, etc.
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Du 3 au 14 août 2015, Honolulu héberge la 29e assemblée générale de l'Union astronomique internationale.
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Honolulu est desservie par l'aéroport international d'Honolulu.
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La capitale hawaïenne est desservie par une compagnie d'autobus, TheBus, qui assure également le service insulaire sur l'ensemble de l'île d'Oahu avec ses 107 lignes.
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Un métro aérien, le Honolulu High-Capacity Transit Corridor Project, est actuellement en cours de construction. Il consiste en une ligne de 32 km reliant Kapolei au Ala Moana Center et comptant 21 stations.
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Les services de police d'Honolulu sont le Honolulu Police Department. Les services d'incendie et de secours sont eux assurés par le Honolulu Fire Department.
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Vue satellite d'Honolulu.
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Vue sur le centre-ville d'Honolulu.
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Plage de Waikiki.
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Cathédrale de Notre-Dame de la Paix d'Honolulu.
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Palais ʻIolani.
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Diamond Head.
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Le cône volcanique Diamond Head surplombant Waikiki.
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Memorial du USS Arizona.
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National Memorial Cemetery of the Pacific.
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Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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[1]Un hôpital est un établissement de soins où un personnel soignant peut prendre en charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour être traités à domicile ou dans le cabinet de médecin.
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Dans la plupart des pays développés, par rapport au domicile et au cabinet du médecin, le centre hospitalier présente l'avantage d'avoir :
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En revanche, la présence et le passage de patients porteurs de nombreuses pathologies, et l'usage chronique de médicaments et biocides expose à un risque d'infection nosocomiale.
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Certains hôpitaux ont un service des urgences, voire un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR).
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Le nom vient du latin hospes (« hôte »), qui est aussi la racine de « hospitalité ».
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Dans le monde, les hôpitaux sont généralement financés par l'État, par des organismes de santé (à but lucratif ou à but non lucratif), par l'assurance maladie quand elle existe ou avec l'aide d'organismes de bienfaisance, y compris par des dons de bienfaisance.
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+
Depuis quelques années, un « système de tarification à l'activité » (dit T2A) a été mis en place dans une vingtaine de pays (dont la France depuis 2005) pour financer les courts séjours en établissements de santé (sur des bases plus ou moins similaires)[3]. Cette approche T2A Elle consiste à « payer les établissements en fonction de leur activité mesurée par groupe homogène de malades », pour « améliorer l’efficience et la transparence dans le financement des soins », mais les retour d'expérience d'autres pays montrent que ce système peut avoir des effets pervers (par exemple, la T2A « incite les établissements à augmenter leur activité en induisant la demande de soins et à transférer une partie de leurs coûts vers les soins de suite ou à domicile ». Elle implique donc des réajustements périodiques et une régulation[3] ; par ailleurs « assurer la cohérence à la fois clinique et économique du classement de l'activité hospitalière et établir le niveau des tarifs correspondant sont deux défis difficiles » et enfin ; « payer un prix fixe qui soit directement indexé sur les coûts moyens observés et qui reste commun à tous les types d’établissements est de plus en plus contesté »[3].
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+
La T2A concerne le financement des séjours dits de MCOO (Médecine Chirurgie Obstétrique Odontologie). Les séjours sont généralement courts ( anciennement nommés : "court séjour par opposition au moyen séjour qui est actuellement dénommé Soins de suite et de rééducation et de réadaptation (SSR). Le codage de l'activité en SSR relevant également du PMSI, au même titre que le MCOO.
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Cependant, en France, les consultations et actes externes peuvent faire l'objet de dépassements d'honoraires[4].
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La plupart des patients viennent à l'hôpital pour le diagnostic et / ou la thérapie, puis le quittent. Certains (généralement atteints de pathologies graves) sont « admis » et y passent la nuit ou plusieurs semaines ou mois selon l'état de leur santé.Il existe des hospitalisations dites programmées, organisées à l'avance par le médecin suivant le patient. Il existe également des admissions non programmées avec admission après un passage aux urgences où la décision d'hospitaliser est prise. Il existe également des admissions par la voie de mutation d'un service hospitalier à un autre (appartenant ou pas au même établissement de santé).
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Types d'hospitalisation :
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Actuellement sous l'impulsion des politiques de santé visant à une diminution des coûts, les séjours en hôpital peuvent se faire en hospitalisation complète, en ambulatoire ( soins réalisés au cours de la journée), en Hôpital de jour, plus rarement en hôpital de nuit (par ex pour réaliser des enregistrements du sommeil), ou hôpital de semaine.
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Le type le plus connu d'hôpital est l'hôpital général. Il traite de plusieurs types de maladies et traumatismes et dispose généralement d'un service d'urgence pour faire face à des menaces immédiates pour la santé et la capacité d'envoyer des services médicaux d'urgence. Un hôpital général est souvent le principal établissement de soins de santé dans sa région, avec des lits pour soins intensifs et de soins de longue durée, et des installations spécialisées pour la chirurgie, la cardiologie et la neurologie.
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S'il combine l'aide aux patients à l'enseignement aux étudiants et internes en médecine et en pharmacie, c'est un hôpital d'enseignement (ou hôpital universitaire) et qui est souvent lié à une faculté de médecine et de pharmacie.
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En France, les CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) sont les centres hospitaliers régionaux ayant une convention avec une faculté de médecine[5] contrairement aux CH (Centres Hospitaliers). De manière générale, les hôpitaux généraux sont regroupés selon leur taille et le volume de leur activité codée via le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) :
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Les hôpitaux spécialisés sont des centres qui ont pour objectifs de faire face aux besoins médicaux spécifiques tels que la traumatologie, la réhabilitation des hôpitaux, la gériatrie ou les troubles mentaux etc.
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Par exemple : les hôpitaux psychiatriques gèrent les hospitalisations en santé mentale tandis que les sanatoriums sont spécialisés dans les cas de tuberculose.
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L'hospitalisation à domicile n'est pas une hospitalisation à proprement parler : elle est un mode d'organisation des soins permettant au patient, souvent atteint de pathologie chronique ou de longue durée, de rester chez lui. Les patients résident donc à leur domicile et bénéficient de soins avec visites de soignants dépendant d'un organisme privé ou public, qui coordonne les soins (toilette à domicile, actes infirmiers, traitement, évaluation clinique du patient) et assure le suivi.
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En France, Les règles d'hospitalisation sont les mêmes que les autres types d'établissement hospitaliers. L'activité de HAD est un des "champs" du PMSI et est codé de façon particulière par le service DIM de la structure HAD. Elle renseigne notamment les diagnostics médicaux selon la classification de la CIM 10, la dépendance et les actes de soins réalisés[7].
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Dans les pays où le secteur privé est autorisé, un centre hospitalier peut être appelé clinique s'il n'est pas public.
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Un hôpital militaire une structure de santé sous la responsabilité de l'armée. En France, c'est le Service de santé des armées qui gère ce genre d'établissement.
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Un hôpital de campagne est un établissement de soins provisoirement érigé en cas de catastrophe, de conflit armé ou de grandes manifestations.
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Un dispensaire est un centre qui délivre des soins à titre gratuit.
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Outre les services administratifs, on retrouve des services de spécialité selon les spécificités de centre :
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Le centre hospitalier peut aussi avoir des services spécifiques :
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[1]Un hôpital est un établissement de soins où un personnel soignant peut prendre en charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour être traités à domicile ou dans le cabinet de médecin.
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Dans la plupart des pays développés, par rapport au domicile et au cabinet du médecin, le centre hospitalier présente l'avantage d'avoir :
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En revanche, la présence et le passage de patients porteurs de nombreuses pathologies, et l'usage chronique de médicaments et biocides expose à un risque d'infection nosocomiale.
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Certains hôpitaux ont un service des urgences, voire un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR).
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Le nom vient du latin hospes (« hôte »), qui est aussi la racine de « hospitalité ».
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Dans le monde, les hôpitaux sont généralement financés par l'État, par des organismes de santé (à but lucratif ou à but non lucratif), par l'assurance maladie quand elle existe ou avec l'aide d'organismes de bienfaisance, y compris par des dons de bienfaisance.
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Depuis quelques années, un « système de tarification à l'activité » (dit T2A) a été mis en place dans une vingtaine de pays (dont la France depuis 2005) pour financer les courts séjours en établissements de santé (sur des bases plus ou moins similaires)[3]. Cette approche T2A Elle consiste à « payer les établissements en fonction de leur activité mesurée par groupe homogène de malades », pour « améliorer l’efficience et la transparence dans le financement des soins », mais les retour d'expérience d'autres pays montrent que ce système peut avoir des effets pervers (par exemple, la T2A « incite les établissements à augmenter leur activité en induisant la demande de soins et à transférer une partie de leurs coûts vers les soins de suite ou à domicile ». Elle implique donc des réajustements périodiques et une régulation[3] ; par ailleurs « assurer la cohérence à la fois clinique et économique du classement de l'activité hospitalière et établir le niveau des tarifs correspondant sont deux défis difficiles » et enfin ; « payer un prix fixe qui soit directement indexé sur les coûts moyens observés et qui reste commun à tous les types d’établissements est de plus en plus contesté »[3].
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La T2A concerne le financement des séjours dits de MCOO (Médecine Chirurgie Obstétrique Odontologie). Les séjours sont généralement courts ( anciennement nommés : "court séjour par opposition au moyen séjour qui est actuellement dénommé Soins de suite et de rééducation et de réadaptation (SSR). Le codage de l'activité en SSR relevant également du PMSI, au même titre que le MCOO.
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Cependant, en France, les consultations et actes externes peuvent faire l'objet de dépassements d'honoraires[4].
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La plupart des patients viennent à l'hôpital pour le diagnostic et / ou la thérapie, puis le quittent. Certains (généralement atteints de pathologies graves) sont « admis » et y passent la nuit ou plusieurs semaines ou mois selon l'état de leur santé.Il existe des hospitalisations dites programmées, organisées à l'avance par le médecin suivant le patient. Il existe également des admissions non programmées avec admission après un passage aux urgences où la décision d'hospitaliser est prise. Il existe également des admissions par la voie de mutation d'un service hospitalier à un autre (appartenant ou pas au même établissement de santé).
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Types d'hospitalisation :
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Actuellement sous l'impulsion des politiques de santé visant à une diminution des coûts, les séjours en hôpital peuvent se faire en hospitalisation complète, en ambulatoire ( soins réalisés au cours de la journée), en Hôpital de jour, plus rarement en hôpital de nuit (par ex pour réaliser des enregistrements du sommeil), ou hôpital de semaine.
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Le type le plus connu d'hôpital est l'hôpital général. Il traite de plusieurs types de maladies et traumatismes et dispose généralement d'un service d'urgence pour faire face à des menaces immédiates pour la santé et la capacité d'envoyer des services médicaux d'urgence. Un hôpital général est souvent le principal établissement de soins de santé dans sa région, avec des lits pour soins intensifs et de soins de longue durée, et des installations spécialisées pour la chirurgie, la cardiologie et la neurologie.
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S'il combine l'aide aux patients à l'enseignement aux étudiants et internes en médecine et en pharmacie, c'est un hôpital d'enseignement (ou hôpital universitaire) et qui est souvent lié à une faculté de médecine et de pharmacie.
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En France, les CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) sont les centres hospitaliers régionaux ayant une convention avec une faculté de médecine[5] contrairement aux CH (Centres Hospitaliers). De manière générale, les hôpitaux généraux sont regroupés selon leur taille et le volume de leur activité codée via le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) :
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Les hôpitaux spécialisés sont des centres qui ont pour objectifs de faire face aux besoins médicaux spécifiques tels que la traumatologie, la réhabilitation des hôpitaux, la gériatrie ou les troubles mentaux etc.
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Par exemple : les hôpitaux psychiatriques gèrent les hospitalisations en santé mentale tandis que les sanatoriums sont spécialisés dans les cas de tuberculose.
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L'hospitalisation à domicile n'est pas une hospitalisation à proprement parler : elle est un mode d'organisation des soins permettant au patient, souvent atteint de pathologie chronique ou de longue durée, de rester chez lui. Les patients résident donc à leur domicile et bénéficient de soins avec visites de soignants dépendant d'un organisme privé ou public, qui coordonne les soins (toilette à domicile, actes infirmiers, traitement, évaluation clinique du patient) et assure le suivi.
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En France, Les règles d'hospitalisation sont les mêmes que les autres types d'établissement hospitaliers. L'activité de HAD est un des "champs" du PMSI et est codé de façon particulière par le service DIM de la structure HAD. Elle renseigne notamment les diagnostics médicaux selon la classification de la CIM 10, la dépendance et les actes de soins réalisés[7].
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Dans les pays où le secteur privé est autorisé, un centre hospitalier peut être appelé clinique s'il n'est pas public.
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Un hôpital de campagne est un établissement de soins provisoirement érigé en cas de catastrophe, de conflit armé ou de grandes manifestations.
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Un dispensaire est un centre qui délivre des soins à titre gratuit.
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Outre les services administratifs, on retrouve des services de spécialité selon les spécificités de centre :
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Depuis quelques années, un « système de tarification à l'activité » (dit T2A) a été mis en place dans une vingtaine de pays (dont la France depuis 2005) pour financer les courts séjours en établissements de santé (sur des bases plus ou moins similaires)[3]. Cette approche T2A Elle consiste à « payer les établissements en fonction de leur activité mesurée par groupe homogène de malades », pour « améliorer l’efficience et la transparence dans le financement des soins », mais les retour d'expérience d'autres pays montrent que ce système peut avoir des effets pervers (par exemple, la T2A « incite les établissements à augmenter leur activité en induisant la demande de soins et à transférer une partie de leurs coûts vers les soins de suite ou à domicile ». Elle implique donc des réajustements périodiques et une régulation[3] ; par ailleurs « assurer la cohérence à la fois clinique et économique du classement de l'activité hospitalière et établir le niveau des tarifs correspondant sont deux défis difficiles » et enfin ; « payer un prix fixe qui soit directement indexé sur les coûts moyens observés et qui reste commun à tous les types d’établissements est de plus en plus contesté »[3].
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La T2A concerne le financement des séjours dits de MCOO (Médecine Chirurgie Obstétrique Odontologie). Les séjours sont généralement courts ( anciennement nommés : "court séjour par opposition au moyen séjour qui est actuellement dénommé Soins de suite et de rééducation et de réadaptation (SSR). Le codage de l'activité en SSR relevant également du PMSI, au même titre que le MCOO.
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Le type le plus connu d'hôpital est l'hôpital général. Il traite de plusieurs types de maladies et traumatismes et dispose généralement d'un service d'urgence pour faire face à des menaces immédiates pour la santé et la capacité d'envoyer des services médicaux d'urgence. Un hôpital général est souvent le principal établissement de soins de santé dans sa région, avec des lits pour soins intensifs et de soins de longue durée, et des installations spécialisées pour la chirurgie, la cardiologie et la neurologie.
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En France, les CHU (Centres Hospitaliers Universitaires) sont les centres hospitaliers régionaux ayant une convention avec une faculté de médecine[5] contrairement aux CH (Centres Hospitaliers). De manière générale, les hôpitaux généraux sont regroupés selon leur taille et le volume de leur activité codée via le Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) :
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Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l'épée », ou « épéistes ») étaient, dans la Rome antique, des combattants professionnels qui s'affrontaient par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d'une panoplie et de techniques de combat spécifiques.
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L’origine des combats de gladiateurs se retrouve en Italie du sud, où le combat en armes entre membres de la même famille avait pour but d'honorer la mémoire d'un mort. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.
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À Rome, le plus ancien combat de gladiateurs mentionné dans les textes se déroule en 264 av. J.-C. avec trois paires d'esclaves, organisé lors des funérailles de son père par Decimus Junius Brutus sur le Forum Boarium, le marché aux bœufs de Rome, espace à caractère utilitaire et sans prestige situé près de l’extrémité nord du Circus Maximus[1]. Ce combat fut rapidement suivi par de nombreux autres. Ainsi, en 105 av. J.-C., les jeux devinrent publics.
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Le caractère funèbre de ces affrontements s'effaça progressivement à Rome, où les combattants devinrent des professionnels, qu'il s'agisse d'hommes libres engagés ou d'esclaves. Ces combats, qui se déroulaient dans le cadre d'un amphithéâtre, devinrent le spectacle favori de la foule romaine. Organisés selon des modalités précises, ils pouvaient se terminer par la mort d'un des deux adversaires.
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Au IVe siècle, ils firent l'objet de restrictions par l'empereur Constantin Ier, mesure sans effet réel avant la fin du IVe siècle. Plus que des interdictions, c'est la répugnance des élites à supporter le poids financier des munera à la suite de l’affaiblissement des villes et de la récession économique qui aurait entraîné la disparition des gladiateurs[2].
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Les sources pour la connaissance de la gladiature sont relativement abondantes, mais inégalement réparties dans le temps : elles ne manquent pas pour le Haut-empire, mais sont nettement plus rares pour les autres époques. Elles sont de nature diverse : sources littéraires, épigraphiques et iconographiques, mais également, quoique très rares, des artefacts.
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Les Romains ne nous ont pas laissé, et peut-être n'ont jamais rédigé, de « traité » de gladiature. En compensation, nous disposons de nombreuses sources littéraires, dont le sujet n'est pas la gladiature mais dans lesquelles on peut glaner des informations éparses.
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L'iconographie est abondante et les supports divers : mosaïques, bas-reliefs, statuettes, peintures, gobelets en verre moulé mais aussi des graffiti ainsi que de nombreux médaillons de lampes à huile. Elle nous renseigne sur la panoplie des gladiateurs ou encore sur leurs techniques de combat et leur évolution.
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C'est l'épigraphie qui nous permet de découvrir des destins individuels au travers d'inscriptions funéraires riches en renseignements sur l'âge, l'origine, la carrière, la famille d'un gladiateur ou même sa mentalité.
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Les artefacts sont rarissimes. La plupart des pièces d'équipement découvertes l'ont été dans un seul endroit : la caserne des gladiateurs de Pompéi.
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Il existe deux hypothèses sur l'origine des combats de gladiateurs. Les Anciens étaient unanimes à dire que l'origine des combats de gladiateurs se trouvait chez les Étrusques[3], qui avaient pour coutume de faire des victimes expiatoires parmi les ennemis vaincus, en les faisant s'entre-tuer pour honorer les mânes d'un défunt illustre. Nicolas de Damas affirme que « les Romains ont reçu des Tyrrhéniens l'usage d'organiser des combats singuliers non seulement à l'occasion des fêtes mais aussi en guise de divertissement »[4]. Les spécialistes modernes n'interprètent plus cette phrase pour appuyer l'hypothèse de l'origine étrusque, qui n'est pas corroborée par l'archéologie : pour la plupart d'entre eux, suivant en cela l'archéologue Georges Villes[5], c'est en Italie du sud, en Campanie et chez les Lucaniens, que ces combats sont nés. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.[6]. Le caractère funéraire de ces scènes ne fait aucun doute et les joutes de ces « prégladiateurs » sont représentées à côté d'autres jeux tels que des combats de boxe ou des courses de char. Elles ont lieu en présence d'un arbitre et on peut constater, sans autre précision, que le sang coule et qu'un des deux combattants s'est écroulé. Le mot latin munus (pluriel : munera) qui désigne le combat de gladiateurs signifie à l'origine « don » et s'inscrit parfaitement dans ce cadre funéraire.
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Quoi qu'il en soit, l'origine de la gladiature semble bien se trouver dans une forme adoucie de sacrifice humain accompagnant les funérailles d'un grand personnage, comme cela se passe dans le chant XXIII de l'Iliade, Homère y racontant qu'après l'incinération de Patrocle, Achille organise des jeux funéraires en son honneur qui comporte une hoplomachie (combat en armes), disputée par Diomède et Ajax[7].
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À Rome, les combats de gladiateurs (munera) perdirent progressivement le caractère funéraire et religieux et cette proto-gladiature devint ambivalente, comme les autres spectacles, le munus sacré devenant un jeu (ludus) profane. La désacralisation des munera conduisit à la professionnalisation de la gladiature : aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., on vit ainsi apparaître une gladiature ethnique, où s'affrontent des prisonniers de guerre portant leurs armes nationales (d'abord des Samnites, puis des Gaulois et enfin des Thraces) puis, à partir de 73 (date de la guerre de Spartacus à partir de laquelle les autorités romaines réalisent qu'il est trop dangereux de composer une gladiature avec des esclaves hyper-entraînés) une gladiature technique, où s'affrontent des volontaires constituant de nouvelles catégories de gladiateurs (armaturae) : secutor, rétiaire, mirmillon, etc.[8].
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On exerça un contrôle rigoureux pour le munus annuel que donnaient les préteurs afin de limiter le montant des sommes engagées. Il fut interdit d'organiser un munus sans autorisation préalable du sénat, d'en donner plus de deux fois par an, ou de faire paraître plus de 120 gladiateurs au cours d'un même spectacle. Les combats de gladiateurs privés passèrent sous le contrôle exclusif de l'État. Seul l'empereur put dépasser les limites fixées. Ainsi Auguste engagea-t-il sous son règne environ 10 000 gladiateurs, soit dix fois le maximum autorisé. Dès la fin du règne d'Auguste, le spectacle de chasse mettant en scène des animaux sauvages (venatio) se trouva associé aux combats de gladiateurs de façon très étroite, et l'on assista désormais à des spectacles complets, appelés munera legitima ou justa (combats réguliers) qui comprenaient des chasses et des combats d'animaux le matin, un intermède à la mi-journée et des combats de gladiateurs l'après-midi[9] : l’intermède de mi-journée, qui correspond au moment des repas, était le moment où des condamnés étaient forcés de combattre des fauves, dépourvus de toute arme ; certains condamnés devaient également s'entretuer. De midi aux heures les plus chaudes de la journée se déroulaient aussi les exécutions des condamnés à mort, le plus souvent accompagnées d'une mise en scène évoquant un mythe ; pour le mythe d’Icare par exemple, on collait au prisonnier des ailes avec de la cire et on le lâchait dans le vide depuis une construction prévue à cet effet.
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Les combattants deviennent très vite des professionnels. Cette professionnalisation pourrait déjà être effective à la fin du IIIe siècle av. J.-C., si l'on s'en tient à cette phrase de Tite-Live à propos du munus offert par Scipion l'Africain en 206 av. J.-C. : « Les gladiateurs de ce spectacle ne furent pas de ces hommes dont les entrepreneurs forment d'habitude leurs paires, esclaves descendant du plateau de vente, ou hommes libres qui mettent leur sang à prix[10]... », sans qu'on puisse cependant exclure qu'il s'agit d'un anachronisme de la part de l'auteur[11].
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Ces hommes libres signent un contrat, l'auctoratio. À la fin de la République, le personnage de « l'engagé », l’auctoratus (« celui qui se vend »), fait partie des personnages des atellanes (fables bouffonnes d'origine osque fort prisées à Rome), comme en témoigne une pièce appelée Bucco auctoratus écrite vers 100 av. J.-C. par Lucius Pomponius[11].
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Cet engagement est soumis par le législateur à une procédure dont l'origine pourrait remonter à la haute époque républicaine, au temps où les puissantes familles (gentes) qui dominaient Rome s'entouraient d'une armée privée[12].
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Le candidat-gladiateur fait une déclaration appelée professio devant un tribun de la plèbe, qui a sans doute pour but d'éviter que certains ne s'engagent inconsidérément.
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Ensuite, après avoir signé son contrat dans lequel est précisé la durée du contrat ou le nombre maximum de combats convenus avec le laniste, il prête le serment gladiatorien, dont la formule est conservée dans plusieurs textes[13] et en particulier dans un passage de Pétrone : « Nous lui prêtâmes serment de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer… Comme des gladiateurs régulièrement engagés, nous consacrons de la façon la plus totale à notre maître, et notre corps et notre vie[14]. » Le nouveau gladiateur reconnaît donc au laniste un droit de torture et d'emprisonnement, en cas de désobéissance ou de manque de combativité.
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Il reçoit la prime (pretium) prévue dans le contrat. Elle peut être extrêmement modeste, mais également devenir considérable si, par exemple, il s'agit d'un vétéran réputé qui rempile. Lors du munus qui suit l'auctoratio, on frappe le nouveau gladiateur — probablement symboliquement — de verges, manifestant ainsi publiquement qu'il abandonne son statut de citoyen pour celui, infâme, de gladiateur.
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Si les gladiateurs qui survivaient assez longtemps pour être dégagés des termes du contrat, avaient bien combattu et acquis une renommée suffisante, ils avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et quitter ainsi la pauvreté.
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La recherche du spectaculaire amena à l'organisation de combats de femmes, attestés par quelques auteurs comme Juvénal, qui se moqua des participantes[15], Suétone[16], Tacite[17] et Pétrone[18], et confirmés par une sculpture d'Halicarnasse représentant deux femmes gladiatrices[19], et une inscription d'Ostie[20]. Les combats de femmes furent interdit en 200 par Septime Sévère[21],[22].
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Les combattants étaient entraînés dans des écoles de gladiateurs[23], les ludi (singulier : ludus). Ces écoles appartenaient à des lanistes, riches hommes libres propriétaires d'une école, ou à l'empereur via des écoles impériales. Elles étaient dispersées dans l'Empire : dans la péninsule Ibérique (en Bétique et en Tarraconaise), en Gaule narbonnaise (Nîmes, Narbonne, Draguignan, Die), en Europe centrale (Carnuntum, près de Vienne)… Celles d'Aquilée et de Capoue étaient renommées. Dans la moitié orientale de l'Empire, celle d'Ancyre, de Thessalonique, de Pergame et d'Alexandrie étaient également réputées.
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À côté des ludi privés, à Rome où la préparation des jeux était devenue un monopole de l'empereur, on construisit des écoles impériales. Quatre grandes écoles construites par Domitien[24] étaient implantées à proximité du Colisée : le ludus Magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Leur plan était identique, simple et fonctionnel : des cellules d'habitation et de service se déployaient autour d'une aire d'entraînement. La plus célèbre de ces écoles fut le ludus magnus, la grande caserne. Son directeur était un personnage important car, pour la plèbe romaine comme pour l'empereur, l'organisation des spectacles occupait une place de choix dans la vie quotidienne de la cité. Cette charge bien payée (200 000 sesterces) avait les faveurs de l'empereur.
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À Pompéi, deux casernes de gladiateurs se seraient succédé. La présence de quelque 120 graffitis, probablement gravés par des gladiateurs en souvenir de leurs victoires ou de leurs conquêtes amoureuses, a amené les spécialistes à identifier une demeure connue sous le nom de maison des gladiateurs (V, 5,3) avec une caserne. On estime que 5 à 20 gladiateurs auraient pu y loger[25]. Après que la ville eut été touchée par un tremblement de terre en 62 qui endommagea probablement cet édifice, le quadriportique, situé derrière le mur de scène du théâtre, fut transformé en caserne. On a déduit la fonction du bâtiment des quinze casques ainsi que d'autres pièces défensives, parmi lesquelles des jambières et des épaulières, découverts lors des premières fouilles en 1766. Tous les accès, sauf l'entrée principale, furent condamnés. Des cellules furent créées au rez-de-chaussée et à l'étage, ainsi qu'une immense cuisine, une salle de réunion et un appartement pour le laniste autour de l'aire centrale qui servait de terrain d'entraînement.
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En 2011, un ludus gladiatorius a été découvert à proximité du grand amphithéâtre de la ville antique de Carnuntum, près de Vienne (Autriche). Le complexe de bâtiments, détecté au radar par les archéologues, est d'une superficie de 2 800 m2, est composé de plusieurs bâtiments entourant une cour intérieure, comprenant une petite arène d'entrainement de 19 m de diamètre[12]. Les cellules des gladiateurs sont de petites pièces individuelles de 5 m2. L'agencement de l'ensemble rappelle le Ludus Magnus de Rome.
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Suivant le rythme des combats, les gladiateurs voyageaient fréquemment d'un bout à l'autre de l'Empire. Cette mobilité variait suivant les contrats négociés entre les munéraires et les lanistes. Pompéi attirait des gladiateurs venus de toute la Campanie et de Capoue notamment. Ce nomadisme affectait bien entendu le personnel du spectacle dans son ensemble. Les mouvements se faisaient aussi bien de l'Occident vers l'Orient que dans le sens inverse. Beaucoup de gladiateurs grecs ou orientaux furent ainsi engagés dans les combats de gladiateurs en Occident. Des troupes de combattants de l'arène suivaient aussi les empereurs en déplacement : Caligula, en visite à Lyon, donna un munus avec ses propres hommes.
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Des nombreux types de gladiateurs (armaturæ) sont énumérés dans les textes historiques. Cependant, seulement six composent l'énorme majorité du corpus iconographique connu actuellement :
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Deux Mirmillon
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Secutor et Rétiaire.
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Certains auteurs pensent que le laniste tenait compte des besoins de l'école à un moment donné mais également des aptitudes physiques : les individus plus lourds étant orientés vers une armatura lourde, tandis que les plus légers devenaient rétiaires[26].
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Selon une théorie développée par des expérimentateurs modernes, suivant le contexte et les qualités du combattant, il aurait existé un cursus : le gladiateur, une fois formé et passé l'étape du provocator, serait dirigé vers une des deux familles, petits boucliers (parmati) ou grands boucliers (scutati). Cette décision serait prise par l'entraîneur (doctor) en accord avec le laniste, comme dans les clubs sportifs modernes. Ce cursus « gladiatorien » serait le suivant :
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Ainsi, il ne serait par exemple pas possible de devenir rétiaire sans être passé au préalable provocator, puis thrace, puis hoplomaque. Cette hiérarchisation serait la conséquence de l'accroissement du degré technique nécessaire au maniement des panoplies. En effet, les techniques de combats changent suivant les couples de gladiateurs et deviennent de plus en plus complexes. C'est pourquoi un rétiaire serait obligatoirement un gladiateur bien plus expérimenté qu'un thrace.
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Cette théorie est loin de faire l'unanimité[27].
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L’onomastique latine traditionnelle (prénom, nom, surnom) sert rarement pour désigner les gladiateurs : ils sont nommés, le plus souvent, par un sobriquet familier à tous les amateurs de munera. Ces noms d'arène font référence aux divinités et aux héros de la mythologie — Hermès, Astyanax, Persée, Cupidon, Ajax, Patrocle, Bellérophon — ou mettent l'accent sur les qualités physiques du gladiateur, la force : Héracléa (« le Costaud »), Ursius (« Fort comme un ours »), la vivacité : Fulgur (« la Foudre »), Polydromos, Okus, Callidromos (« le Rapide »). D'autres évoquent la chance : Faustus (« Le Veinard »), Félix (« L'Heureux »), Victor ou Nicéphoros (« La Victoire »), ou le souvenir d'anciens gladiateurs vedettes, tel Columbus de Nîmes, qui portait le nom d'un héros de l'arène sous le règne de Caligula. D'autres, enfin, doivent leur sobriquet à leur prestance : Ametystus, Beryllus (« brillant », « d'un éclat précieux »), « Narcissos » ou « Callimorphos » (« Le Bien Bâti »).
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Le gladiateur surnommé Astyanax était un poursuivant (secutor). Il existe une mosaïque datant du IVe siècle qui le montre, entre autres scènes, combattant durant l'entraînement contre un rétiaire du nom de Kalendio. Le plus célèbre des gladiateurs, Spartacus, ne semble pas avoir porté de surnom : Spartacus est simplement la forme latinisée d'un nom thrace que l'on connaît sous plusieurs formes : Spartokos ou Spardokos.
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Après son entrée au ludus, de sa formation — dont on ignore la durée[28] — jusqu'à son premier combat, le nouveau gladiateur était un tiro (pluriel tirones) (littéralement : recrue, conscrit, novice, apprenti). Un nombre élevé de tirones laissaient leur vie dans ce premier combat : plus de 25 % des gladiateurs mentionnés sur une inscription de Venosa[29]. S'il survivait au premier combat, le gladiateur commençait à s'élever dans la hiérarchie à l'intérieur de chaque armatura. La première attestation de ce genre de grades date du Ier siècle.
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Au sommet se trouvait le primus (c'est-à-dire premier) palus (pluriel pali). L'origine du mot palus semble argotique, le palus désignant le poteau de bois de deux mètres fiché en terre au centre de la cour et contre lequel les gladiateurs s'entraînaient avec la rudis (it), l'épée de bois et le bouclier d'osier. Les chercheurs ont longtemps cru qu'il existait quatre de ces grades (primus, secundus, tertius, quartus)[30]. Une inscription découverte à Aphrodisias mentionne cependant un huitième palus. Contrairement à une idée répandue, les gladiateurs ne s'affrontent lors des munera que trois à cinq fois dans l'année, si bien que l'obtention de ces grades est lente mais son expérience lui épargne la mort. Il a été estimé que sous Auguste, chaque gladiateur risquait une fois sur dix d’être égorgé, ce qui explique que le citoyen pauvre choisisse cette carrière plutôt que celle de soldat : mieux payé (en cas de victoires), restant près de ses proches et assuré d'un combat loyal un contre un, le sort du gladiateur pouvait sembler enviable[31].
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Des inscriptions détaillent souvent le palmarès des meilleurs gladiateurs. Maximus, du ludus impérial de Capoue, dans la première moitié du Ier siècle, fut 40 fois vainqueur et obtint 36 couronnes[32]. Les combattants méritants pouvaient être récompensés par un affranchissement : les gladiateurs libérés étaient alors dégagés de leur obligation de combattre. Cette libération s'accompagnait de l'octroi symbolique d'une rudis, une baguette d'environ 1 m de long. Ils devenaient alors des rudiarii.
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Certains, devenus riches, se transformaient en notables, propriétaires d'une belle maison de campagne tandis que leurs fils cherchaient à occuper au théâtre les places des chevaliers[33]. Mais ces carrières au dénouement heureux étaient l'exception : d'après les épitaphes, l'âge moyen du décès des gladiateurs était situé entre 20 et 30 ans. Il existe quelques situations exceptionnelles : une stèle du musée archéologique d'Istanbul montre deux gladiateurs, Néôn et Philémôn, réformés sans doute pour des raisons de santé[34].
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Les gladiateurs les plus talentueux jouissaient d'une immense popularité : un thrace surnommé Suspirium Puellarum, « le soupir des jeunes filles » mettait en transe les femmes de Pompéi. Les nombreux graffitis qui mettent en scène les acteurs de l'arène témoignent aussi de cet engouement. Dans l'une de ses Satires, le poète Juvénal a raillé ces passions incontrôlées : Epia, une épouse de sénateur, abandonna son notable de mari pour suivre un aventurier, Sergiolus, un gladiateur charismatique, malgré son bras tailladé, son nez cassé et son œil poché et l'accompagna jusqu'en Égypte[35].
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Les gladiateurs commencent par saluer l'éditeur, qui exerce la présidence du munus, une fonction qui l'amène à prendre des décisions importantes. Les auteurs modernes pensent que l'éditeur procède à ce moment à l'examen préalable des armes. Des membres du personnel préparent le feu, les verges et les fouets, qui servent à rappeler à l'ordre un gladiateur qui manquerait d'ardeur au combat. L'arbitre, que l'on appelle rudis en latin d'après la baguette qui lui permet d'intervenir pendant le combat, donne quelques instructions aux combattants qui se livrent à un ultime échauffement.
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L'éditeur donne le signal (signum pugnæ) et les combats commencent. Ils sont accompagnés de musique. L'orchestre, qui joue de la trompette (tuba en latin) et du cor (cornu en latin), est installé dans l'arène. L'emploi d'un orgue hydraulique est mentionné pour la première fois sous Néron.
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Il est impossible de parler de phases d'un combat[36]. Des expériences menées en 2004 par le Dr Gauthier ont montré que le principal problème physiologique du gladiateur pendant le combat est d'ordre respiratoire. La durée moyenne d'un combat au cours de ces expérimentations était de 4 minutes et quarante secondes et le combat risque de s'arrêter par hypoxie[37]. Des pauses sont cependant ménagées au cours du combat, pour que les gladiateurs puissent se rafraîchir, recevoir des soins ou réajuster leur panoplie. Lors d'un combat fameux entre Priscus et Verus, l'empereur Titus leur fait apporter plusieurs fois des présents et des vivres[38].
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Dans la pratique, le combat se poursuit jusqu'à ce que l'un des deux adversaires ne soit plus capable de continuer, soit qu'il soit mort, soit qu'il soit gravement blessé, soit qu'il soit épuisé. Cette troisième possibilité est la plus fréquente. Le combat se déroule ad digitum, c'est-à-dire jusqu'à ce que le gladiateur épuisé lève le doigt pour signaler qu'il ne peut plus poursuivre le combat. Il demande alors sa missio, c'est-à-dire qu'il demande à être épargné bien qu'il soit vaincu. Il existe des combats où on décide dès le départ qu'ils sont sine missione, c'est-à-dire sans missio, où le vaincu n'a pas le droit de réclamer sa grâce. Auguste interdit ce type de combat[39], mais on ne sait pas dans quelle mesure cette interdiction est respectée. Dans certains cas, lorsque les deux combattants sont de force égale et que le combat se poursuit sans issue, on peut les renvoyer stantes missi, c'est-à-dire qu'au moment d'être renvoyés, ils sont encore debout tous les deux. Le dernier mot revient de toute façon à l'éditeur qui peut faire savoir aux gladiateurs qu'ils doivent continuer le combat en faisant exhiber une pancarte « Perserverate », c'est-à-dire « continuez ». Si le combat dure trop longtemps, l'éditeur peut exiger que les gladiateurs se battent sans bouclier[40].
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Dans les cas les plus fréquents le gladiateur demande sa missio en levant la main ou un doigt de cette main[41]. Il existe des cas où, par fierté professionnelle, des gladiateurs qui auraient sans doute obtenu leur grâce, s'y refusent et choisissent de combattre jusqu'au bout. Sénèque rapporte un cas de ce genre : celui d'un gladiateur blessé, se retournant vers la foule qui demandait sa grâce pour son courage, en faisant signe du bras qu'il n'avait rien fait et qu'il ne souhaitait pas qu'on intervienne en sa faveur[42].
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Les nombreuses inscriptions funéraires faisant référence aux gladiateurs permettent d'approcher leur entourage et le cadre de leur vie privée. Beaucoup de combattants vivaient avec une femme et des enfants, comme le sécutor Urbicus. Elles sont souvent à l'origine des épitaphes. Lorsque le nomadisme de la profession interdisait toute vie familiale, les amis rendaient parfois des honneurs funèbres au gladiateur mort au combat.
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Certaines confréries de chasseurs ou de gladiateurs étaient unies par un culte commun. Ces confréries (sodalitates) veillaient aux funérailles de chacun de leurs membres. Les liens de solidarité ainsi créés étaient plus forts que les rapports professionnels existant au sein des familiae. On connaît l'existence de collèges de ce type en Narbonnaise (près de Die), mais aussi à Rome : au Ier siècle, le rétiaire T. Claudius Firmus appartenait à une sodalité du Ludus Magnus[43]. Commode favorisa ces associations, notamment par ses rapports étroits avec le collège des Silvani Aureliani, qu'une inscription trouvée en 1755 près de Rome nous fait connaître[44]. Cette confrérie comprenait 32 gladiateurs divisés en trois décuries, et un groupe de deux. La première rassemblait des vétérans de condition servile ; la deuxième mêlait à des débutants (tirones), un armurier, un vétéran et un masseur ; la troisième réunissait exclusivement des tirones ; dans la quatrième, enfin, se trouvaient un paegniarius et un thrace.
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Ces sodalitates, auxquelles étaient attachés un emblème et un chiffre, se développèrent surtout parmi les venatores d'Afrique proconsulaire. Le croissant sur hampe et le chiffre III étaient les signes distinctifs des Telegenii, dont quatre membres sont représentés sur la mosaïque de Smirat. Depuis les recherches d'A. Beschaouch, on connaît plusieurs autres associations de venatores en Afrique romaine.
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À ses lointaines origines, le munus était lié au rituel funéraire et, bien que l'évolution se fût faite dans le sens d'une laïcisation, son caractère religieux n'a jamais disparu. Dans la mesure où ils exigeaient du sang versé, les munera sont restés, plus encore que les autres ludi, attachés au culte des divinités infernales.
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« Il faut maintenant dire en peu de mots pourquoi les généraux qui partaient pour une expédition avaient coutume de donner des combats de gladiateurs et le spectacle de grandes chasses. Suivant quelques auteurs, les anciens avaient imaginé cet usage pour détourner sur l'ennemi la colère céleste, convaincus que le sang de citoyens, versé, comme celui des victimes, dans ces luttes imitées de la guerre, suffirait pour en rassasier Némésis, c'est-à-dire la fortune des batailles[45]. »
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Dans plusieurs amphithéâtres, des petites chapelles qui communiquaient avec l'arène servaient aux dévotions précédant les combats. Très souvent, les sacella étaient consacrées à Némésis : c'est le cas à Mérida, à Tarragone, à Italica (Espagne), à Carnuntum (Autriche) où les deux amphithéâtres - civil et militaire - possédaient chacun une chapelle placée sous la protection de la déesse.
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Les stèles funéraires apportent aussi leur témoignage sur l'importance de ce culte parmi le monde de l’arène : le rétiaire Glaucus, mort à Vérone au cours de son huitième combat, reproche à la déesse de l'avoir trahi ; tandis que Lèotes, primus palus, à Halicarnasse, lui offre bijoux et vêtements.
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Hercule, dieu des combattants athlétiques et intrépides, était lui aussi souvent invoqué par les gladiateurs. Avant de se retirer à la campagne, le gladiateur libéré Veianus suspendit ses armes à un pilier du temple d'Hercule[46]. Nous savons par Tertullien que Mars et Diane présidaient également aux duels et aux chasses[47] : le dieu de la guerre veillait aussi sur les gladiateurs dont le métier était proche de celui des soldats, de même que Diane, déesse de la chasse, assurait sa protection aux chasseurs de l'amphithéâtre.
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Pour s'assurer la victoire, les gladiateurs n'hésitaient pas à recourir à la magie. Une pratique connue sous le nom de defixio consistait à graver des textes de malédiction sur des lamelles de plomb enroulées sur elles-mêmes puis à les enterrer[48]. Dans les sous-sols de l'arène de Carthage ont été découverts les documents les plus significatifs : 55 de ces lamelles étaient déposées auprès des cadavres pour mieux déchaîner les divinités maléfiques contre les gladiateurs en activité, contre Gallicus, par exemple :
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« Pour qu'il ne puisse tuer ni l'ours, ni le taureau, mais qu'il soit tué par eux… qu'il soit blessé, tué, exterminé ! ». Ou contre Marussus pour « qu'il succombe aux morsures des fauves, des taureaux, des sangliers et des lions ! » Ces rites de magie noire se déroulaient aussi à Trêves. Les démons étaient d'ailleurs particulièrement sensibles au sang de l’arène : Apulée rapporte que la magicienne Pamphile utilisait celui des écorchés et des gladiateurs pour la préparation de ses philtres[49].
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Lors d'une exécution, le gladiateur dirigeait la lame vers le centre de la cage thoracique, atteignant directement le cœur. Le professeur Groschmidt a noté que les blessures causées durant le combat (fractures et autres atteintes osseuses, plaies) étaient parfaitement soignées, ce qui indique que les gladiateurs jouissaient de soins d'excellente qualité.
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Plusieurs épigrammes du poète Luxorius, qui composa notamment au début du VIe siècle une épitaphe en l'honneur d'Olympius, un jeune bestiaire, prouvent la survie de la gladiature à Carthage[53],[54], alors sous domination vandale.
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La formule « Ave Caesar, morituri te salutant. » pouvant être traduite par « Avé César, ceux qui vont mourir te saluent » n'était pas prononcée de façon rituelle par les gladiateurs avant de combattre à mort. En réalité cette phrase, authentique, a été prononcée vers 52 par des soldats condamnés pour faute grave, devant se battre à mort lors d'une naumachie organisée par l'empereur Claude (-10 – 54) afin de fêter la fin des travaux d’assèchement du lac Fucin[56].
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Les combats se sont avérés être en réalité infiniment moins mortels et cruels que le montrent les films cinématographiques (péplums). Ballet, Bazin et Vranceanu (2012, 2013) démontrent que, in fine, des stratégies coopératives semblent émerger dans l'arène. Cette coopération correspondait aux situations de professionnalisation des gladiateurs issues d'écoles de gladiature, considérés comme des sportifs de haut niveau et comme un investissement de valeur, leur entraînement durant des années[57]. Certes, les combats étaient sanglants et violents, mais pas si éloignés que cela des pratiques sportives actuelles (catch), d'autant plus qu'il arrivait que les gladiateurs combattaient parfois avec des armes non tranchantes (glaives en plomb, armes mouchetées)[58],[59]. Les combats étaient ainsi très codifiés, et suivaient une règle avancée par l'arbitre du jeu (summa rudis) et son second (secunda rudis), ainsi que par la sentence édictée par le juge-arbitre (munerarius). La férocité des combats n'était souvent qu'apparente, car ces derniers respectaient une complexité. Il s'agissait avant tout de livrer un spectacle de qualité devant un public averti, empreint d’esthétisme, et non pas une mise à mort, la logique d'un combat étant de mettre en scène la « reddition » et le « sacrifice » du vaincu[60].
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Il en ressort que la motivation des combattants était la richesse et la gloire, mais à condition d'assurer un « beau » spectacle. La finalité des affrontements n'était pas de tuer, mais de provoquer des blessures conduisant à l'abandon. Il y a donc une réelle coopération au sein des gladiateurs (et les risques de décès restaient très limités). « Ces règles de coopération, tout en réduisant la probabilité de mort dans l'arène, permettaient de renforcer la qualité du spectacle, et de fait, délimitaient le champ de la concurrence pour qu'elle soit durable », c'est-à-dire en évitant « la disparition par mort de trop de concurrents. [...] L'issue coopérative peut ainsi être assimilée à un équilibre de Nash » (Ballet, Bazin et Vranceanu, 2013). De plus, il a existé des périodes où la mise à mort est interdite. Il a été ainsi estimé que sous l'empereur Auguste, un gladiateur meurt, en moyenne, à son dixième duel (le nombre de victimes lors d'un spectacle s'élevant ainsi à 10 %)[59].
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L'arrêt du combat se fait par le vaincu ou l'arbitre qui lève le bras[61]. Le signal de la mort est décidé par l'éditeur des jeux, suivant l'avis du public. Les gestes du pouce, rendus célèbres par le tableau de Gérôme, que le pouce soit tourné vers le bas pour demander la mort d'un gladiateur vaincu, ou vers le haut pour demander sa grâce, et que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur le sujet, font cependant l'objet d'interprétations différentes : les textes de l'Antiquité, ceux de Juvénal[62] et de l'auteur chrétien Prudence en particulier[63], évoquent bien le peuple en train d'ordonner la mort d'un gladiateur « en renversant le pouce » (en latin : verso pollice) ; mais certains latinistes interprètent plutôt ces deux mots comme « le pouce tendu », voire « le doigt pointé » vers le gladiateur qu'on voulait voir mourir et il est difficile d'imaginer l'éditeur des jeux dans de grandes arènes pouvant décompter les gens tournant le pouce vers le haut ou vers le bas[64]. Le signe de mort, bien plus visible de tous, était peut-être un ou plusieurs doigts tendus (symbole de la lame blanche, de la mort) vers le vaincu ou un geste différent selon les arènes tandis que le signe de grâce, selon un texte de Martial[65] interprété par Éric Teyssier, serait des tissus (mouchoir, foulard) agités par les spectateurs[66].
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Contrairement à certaines idées reçues, le régime alimentaire des gladiateurs était principalement végétarien[67] ; surnommés « mangeurs d'orge », leur repas était principalement composé de céréales, sans viande et de « boissons aux cendres »[68].
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Au cinéma, le genre du péplum désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et notamment celle de la Rome antique.
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De nombreux péplums ont mis en scène la vie quotidienne des gladiateurs et ont reconstitué leurs combats dans l'arène. Parmi les plus connus, on peut citer Spartacus (de Stanley Kubrick, sorti en 1960), Barabbas (de Richard Fleischer, sorti en 1961), Le Fils de Spartacus (de Sergio Corbucci, sorti en 1962), Gladiator (de Ridley Scott, sorti en 2000), ou encore la série télévisée Spartacus : Le Sang des gladiateurs (de Steven S. DeKnight, Robert Tapert et Sam Raimi, diffusée en 2010).
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Des documentaires ont également été consacrés au sujet, comme Gladiateurs, docufiction franco-britannique diffusé en 2004 et inspiré de la vie du gladiateur Verus.
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En physiologie, le hoquet (/ʔɔkɛ/) ou la myoclonie phrénoglottique est un réflexe ventilatoire caractérisé par une succession de contractions inspiratoires spasmodiques, incontrôlables et involontaires des muscles inspiratoires (diaphragme, muscle intercostal externe, muscles scalènes et parfois les muscles intercostaux parasternaux et les muscles sterno-cléido-mastoïdiens) concomitante d'une inhibition des muscles expiratoires, suivies 35 ms plus tard d'une constriction (resserrement circulaire) de la glotte. L'arrivée d'air est alors freinée et a du mal à pénétrer dans la trachée et les poumons, ce qui provoque une incommodité et une vibration des cordes vocales, au niveau de l'épiglotte : le bruit glottal caractéristique du hoquet s'échappe[1](Écoutez).
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Le plus souvent, le hoquet est momentané, banal et complètement inoffensif. Il touche l'ensemble de la population humaine, y compris le fœtus, et d'autres mammifères. Ce hoquet est le plus souvent lié à une dilatation de l'estomac, situé près du diaphragme, après un repas trop copieux ou ingurgité trop rapidement.
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Mais il peut, dans certains cas pathologiques, se prolonger et devenir nocif pour la santé. Le hoquet « chronique » peut ainsi s'étendre pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, voire plusieurs années, comme en témoigne le record de Charles Osborne, qui a hoqueté pendant 68 ans. Toutefois, ces situations sont très rares (une personne sur 100 000 est ou a été touchée par le hoquet « chronique »[2],[3]) et sont, la plupart du temps, les conséquences d'une affection abdominale ou nerveuse.
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Les médecins distinguent ainsi trois types de hoquets :
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Le mot « hoquet » est apparu au début du XIVe siècle, d'après l'onomatopée hok, exprimant un bruit de coup. Cette même étymologie se retrouve dans la plupart des pays du monde : le mot est souvent construit à partir de la traduction écrite du bruit du hoquet, qui diffère selon la prononciation de la langue (hic pour hiccup en anglais, schluck pour schluckauf en allemand, ou encore nâc pour cái nâc en vietnamien). Le terme signifiait d'abord un choc ou un heurt, puis il prit sa définition courante au XVe siècle[4],[5],[6].
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L'expression « myoclonie phrénoglottique » est un synonyme (plutôt désuet) de hoquet dans le langage médical[7],[8]. Il est composé de plusieurs parties étymologiques. Le terme myoclonie est issu du grec mus, muscle et klonos, agitation. Le second terme est issu du grec phren, diaphragme et glottis, glotte. Ceci signifie littéralement « secousse musculaire brève et involontaire du diaphragme et de la glotte ».
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Dans Le Banquet de Platon, Aristophane ne peut discourir à cause d'un hoquet pour des raisons digestives, Éryximaque (littéralement : « celui qui combat le hoquet ») lui donne alors des remèdes pour l'arrêter[9],[10],[11].
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Galien, un médecin grec de l'Antiquité, affirma que le hoquet était provoqué par de violentes émotions de l'estomac, situé près du diaphragme. Au XVIe siècle, le médecin français Jean Fernel affirmait que le hoquet provenait d'un mouvement convulsif de l'estomac. En Angleterre, au XVIIe siècle, un médecin affirma que le hoquet était dû à une manifestation d'hystérie[12], bien que les explications physiologiques n'aient jamais été remises en question.
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Au XXe siècle, la connaissance du hoquet a progressé notamment grâce aux découvertes en neurophysiologie, permettant ainsi de mettre en évidence que le diaphragme n'est pas le seul muscle à intervenir dans le phénomène. La première étude physiologique rigoureuse chez l'homme date de 1970[13]. Le phénomène n'est cependant pas entièrement expliqué de nos jours. Le record du hoquet le plus long connu à ce jour est détenu par Charles Osborne, qui hoqueta sans interruption pendant 68 années, de 1922 à 1990[14].
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En 2006, Francis M. Fesmire (en), de l'université du Tennessee, a reçu, en médecine, le prix Ig Nobel pour son rapport d'étude clinique sur l'arrêt des hoquets chroniques par toucher rectal[15] (« calmant » ainsi le nerf vague)[16].
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La survenue imprévisible du hoquet et la rareté des formes chroniques rendent son étude difficile. Le système d'organes humains « touché » par le hoquet est principalement le système respiratoire[17],[11],[18].
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Le hoquet est une décharge brusque (contraction imprévue) des muscles inspiratoires, isolée ou en salves. Les muscles concernés sont principalement le diaphragme (parfois un seul hémi-diaphragme), les muscles intercostaux et d'autres muscles ventilatoires inspiratoires accessoires. La partie supérieure de la cage thoracique subit un mouvement ascendant, tandis que le diaphragme s'abaisse provoquant une voussure abdominale.
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La décharge inspiratoire peut durer jusqu'à 0,5 seconde, toutefois la glotte se ferme très rapidement, environ 35 millisecondes après la contraction du diaphragme, et environ 60 millisecondes avant le pic de contraction. La fermeture de la glotte peut être plus ou moins complète, causant le « hic » du hoquet[19]. L'air ne passe plus dans la trachée et fait vibrer les cordes vocales, provoquant ainsi le bruit guttural caractéristique.
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Avec cette fermeture glottique, le hoquet représente un cas particulier de mise en jeu musculaire, dans un ordre et une hiérarchie de contractions différentes de l'inspiration normale. La contraction des intercostaux est synchrone de celle du diaphragme, mais celle des interchondraux (portion interne des premiers intercostaux) est déphasée de 50 à 100 millisecondes plus tard. On ne retrouve pas de lien temporel systématique avec d'autres muscles accessoires[19].
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La fréquence du hoquet est très variable, entre 15 et 60 par minute. Il semble que l'amplitude soit en rapport inverse avec la fréquence[19] (les hoquets les plus sonores seraient les plus lents).
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Ces contractions sont liées à l'irritation du diaphragme. Celui-ci reçoit deux nerfs, provenant du plexus nerveux cervical, appelés nerfs phréniques (nerf phrénique droit et nerf phrénique gauche), et responsables des contractions et des relâchements du diaphragme.
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Il existe également deux nerfs crâniens qui passent près du diaphragme, appelés nerfs vagues (ou nerfs pneumogastriques). Ils sont responsables de la digestion, de la phonation et de la fréquence cardiaque. Ce sont les nerfs crâniens les plus étendus. C'est précisément quand un de ces nerfs s'irrite que le hoquet se produit. Les origines de la stimulation de ces nerfs sont très nombreuses, suivant le type du hoquet.
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Le hoquet se superpose à la ventilation pulmonaire normale. C'est un réflexe involontaire mettant en jeu le tronc cérébral, à la contraction inspiratoire, il associe une inhibition transitoire des muscles expiratoires, ainsi qu'une inhibition de la motricité de l'œsophage durant le hoquet. Ce serait un réflexe plus digestif que ventilatoire, même si son expression est surtout thoracique. Il est fréquent à la naissance et disparait progressivement ensuite.
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Le hoquet n'a pas de fonction protectrice ou utilité connues, contrairement à l'éternuement, au vomissement, ou au gaz par exemple. Tout au plus, sur le plan pratique, il pourrait servir de signal lors de la plénitude gastrique[19].
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Le hoquet bénin est le plus courant des types de hoquet. Il est banal, bref et intermittent : il ne dure que quelques minutes, parfois même que quelques secondes.
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Il existe des causes nombreuses et diverses au hoquet[11]. Ainsi, il est difficile d'identifier quelle est l'origine exacte de chaque hoquet.
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Les causes sont souvent liées au mode de vie, la majorité sont d'ordre digestif :
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Le hoquet bénin est complètement inoffensif. Toutefois, il est préférable de consulter un médecin s'il est trop fréquent.
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Le hoquet bénin provoque parfois une petite douleur au niveau de l'épiglotte et une sensation d'inconfort. Il peut être handicapant pour manger, boire ou communiquer.
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Le hoquet chronique, persistant ou réfractaire, sont les deux types de hoquet les plus rares (un individu atteint sur 100 000[20]). Ce sont des hoquets chroniques (ou des hoquets rebelles). Ils sont délétères et considérés comme des maladies (non contagieuses).
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La consultation d'un médecin est nécessaire.
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On distingue :
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Les personnes âgées (plus de 50 ans) sont la tranche d'âge la plus atteinte par le hoquet chronique[21].
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Le hoquet persistant ou le hoquet réfractaire sont dans 90 % des cas[11] dus à des causes pathologiques ou digestives : ils sont généralement liés à certaines maladies qui peuvent provoquer l'irritation du nerf phrénique ou du nerf vague.
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Le hoquet peut donc devenir un signe. Lorsqu'une personne est atteinte d'un hoquet chronique, des tests sanguins et toutes sortes d'autres examens doivent être effectués pour permettre de déceler, par exemple, un diabète ou une insuffisance rénale.
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Il existe une multitude de causes, du fait que le nerf pneumogastrique et le nerf phrénique, les responsables du hoquet, passent à de nombreux endroits dans le corps. On trouve ainsi des situations étonnantes : d'après l'expérience d'un médecin, un de ses patients, un homme âgé de 27 ans, avait été atteint de hoquet persistant à cause de poils qui frottaient le tympan : une fois ces poils enlevés, le hoquet avait disparu[11],[22],[23].
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Voici les cas les plus courants :
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Le hoquet peut avoir plusieurs conséquences[11],[26],[27].
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Le hoquet chronique est considéré comme une maladie grave.
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Il est très handicapant pour dormir, respirer, boire et manger et pour toutes les activités impliquant la bouche ou la ventilation (se brosser les dents, jouer d'un instrument à vent, etc.).
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Il entraîne à long terme des insomnies, des troubles ventilatoires, des troubles alimentaires et une déshydratation qui provoquent un épuisement et un affaiblissement considérable. De plus, il peut avoir des répercussions sur la communication et la vie sociale. Le hoquet peut vite agacer l'entourage du malade et venir à bout de certaines relations, pouvant entraîner une dépression du malade…
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Il peut dans le pire des cas, si aucune mesure n'est prise (ou trop tardivement) entraîner un décès.
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Divers traitement ont été proposés[11],[28],[29].
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La plupart des hoquets chroniques résultent de maladies. Le meilleur moyen de stopper promptement le hoquet est alors d'entreprendre un traitement pour guérir la maladie responsable du hoquet.
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Pour le reste des cas (ou pour diminuer la fréquence du hoquet), il existe deux groupes de méthodes : physiques et médicamenteuses. Les méthodes physiques sont les plus répandues. La majorité des recettes populaires efficaces reposent sur l'observation que les hoquets sont rares en inspiration forcée, d'où le principe de l'apnée en inspiration forcée maximum (fermer la bouche et se boucher le nez, boire un grand verre d'eau, etc.).
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Il existe aussi un grand nombre de recettes empiriques prétendant agir sur l'arc réflexe du hoquet. Après l'enthousiasme initial qui accompagne toute nouveauté, aucune n'a fait l'objet d'une évaluation rigoureuse[19]. En 2013, les données de qualité restent insuffisantes pour émettre des recommandations sur le traitement physique ou médicamenteux du hoquet persistant[30]
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Plus un hoquet est ancien, plus il est difficile à traiter et plus il a tendance à récidiver après guérison.
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Anecdotiquement, le Massage rectal digital peut faire cesser un hoquet[réf. nécessaire]
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Le hoquet est un phénomène banal qui touche l'ensemble de la population, y compris le fœtus dans le ventre de sa mère, et certains animaux. Les bébés et les hommes sont plus atteints que les adultes et les femmes[33].
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Des ultrasons ont permis de démontrer que les fœtus commencent à hoqueter deux mois après le début de la grossesse, dans l'utérus, avant que tous les mouvements ventilatoires apparaissent[34],[35].
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Des hypothèses prétendent que les mouvements du hoquet chez le fœtus prépareraient les muscles ventilatoires du bébé pour respirer après sa naissance. D'autres avancent que les mouvements empêcheraient le liquide amniotique d'entrer dans les poumons, mais ces derniers sont étanches. De plus, les fœtus présentent aussi des mouvements d'allure ventilatoire normale, distincts des hoquets[36].
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La persistance ex utero serait (hoquet chez l'enfant ou l'adulte), en quelque sorte, une relique de ces réflexes primitifs mais on n'explique pas alors que le fœtus présente des mouvements d'allure ventilatoire normale[37].
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Le hoquet peut être très fréquent chez un bébé[38],[39],[40] et peut durer jusqu'à une demi-heure. Mais comme l'enfant ou l'adulte, le hoquet passager n'est ni dangereux, ni douloureux. Il n'est pas non plus le symptôme ou le signe d'une maladie.
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Le hoquet arrive plus fréquemment chez un bébé que chez un adulte car un bébé mange ou boit en général trop vite, avec avidité, provoquant ainsi la dilatation de l'estomac, puis l'irritation du nerf phrénique.
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Pour empêcher le hoquet, il faut alors éviter que le bébé prenne trop vite sa tétée ou son repas, en faisant des petites interruptions et en mangeant dans une atmosphère détendue et calme.
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Contrairement à l'idée reçue, même s'il arrive plus fréquemment chez l'enfant, le hoquet ne fait pas grandir, et la croissance n'est pas une cause du hoquet.
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Des scientifiques ont observé le hoquet chez le rat, le lapin, les furets ou encore le chat. Il semblerait néanmoins que seuls les mammifères en fassent l'expérience[41].
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La fréquence du hoquet est très variable. Le nombre de « hics » peut ainsi varier de deux à soixante par minute[42].
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Ordinairement, pour un hoquet bénin, la fréquence se trouve autour de 6 hics à la minute.
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Une équipe de chercheurs français, de l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, a suggéré en 2003 que le hoquet puisse avoir une origine évolutive, en particulier parce qu'on suppose l'existence d'un ancêtre aquatique commun aux animaux terrestres. Cet ancêtre hypothétique aurait possédé des branchies et une glotte, et aurait été capable de respirer à la fois sous l'eau et hors de l'eau à l'instar des amphibiens actuels. Pour respirer dans l'eau, ces derniers poussent l'eau à travers leurs branchies tout en fermant la glotte pour empêcher l'eau d'entrer dans leurs poumons, la respiration branchiale du têtard ayant ainsi une homologie avec le hoquet et une analogie avec la tétée des nouveau-nés. D'après les chercheurs, le hoquet serait alors apparu en même temps que la disparition des branchies chez les animaux terrestres, étant la rançon d'un processus évolutif qui permet au mammifère nouveau-né de s'alimenter[10],[41].
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Cette hypothèse n'a toutefois pas été prouvée.
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Schéma montrant la position du diaphragme par rapport à l'estomac.
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Illustration (Gray's Anatomy) de l'appareil respiratoire.
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Illustration (Gray’s Anatomy) du trajet du nerf vague dans le corps humain.
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Illustration (Gray’s Anatomy) représentant une coupe du médiastin.
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Une horloge mécanique dite communément et simplement horloge est un instrument de mesure du temps ou indicateur (terme employé en métrologie) qui donne l'heure par une solution à l'origine entièrement mécanique. Succédant aux différentes horologia, elle apparait à la fin du XIIIe siècle en Europe occidentale. À l'origine, à poids moteur et à foliot, elle connaîtra une longue évolution et une diversification importante au cours des siècles.
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Aucune horloge mécanique antérieure au XIVe siècle ne nous est parvenue, mais plusieurs mentions dans des sources manuscrites révèlent quelques-uns des premiers temps de l'horloge.
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Le mot latin horologium, horologia, dérivé du grec [ὡρα, l'heure et λέγειν, dire], a été employé depuis l'Antiquité romaine pour décrire tous les dispositifs indiquant l'heure, mais l'utilisation de ce mot pour tous les instruments de mesure du temps nous cache la vraie nature de leurs mécanismes.
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« Les meilleurs historiens de la mesure du temps s'accordent aujourd'hui à situer la naissance de l'horlogerie mécanique à la fin du XIIIe siècle. »[3]
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C’est au XIVe siècle qu’on retrouve la mention des plus anciennes horloges à roue et à balancier, dont celles de Richard Wallingford (abbé de Saint-Alban), de Charles V et du duc de Bourgogne[5].
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À cette époque, les horloges hydrauliques sont assez fréquentes dans les monastères et cathédrales. Elles permettent de signaler une heure canoniale spécifique aux communautés. Ces machines, de plus en plus sophistiquées, se voient adjoindre des systèmes de réveil automatiques dont nous ne savons pas grand-chose aujourd'hui.
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Horloge à eau et système de sonnerie, ca. 1250.
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Carillon entraîné hydrauliquement, ca. 1300.
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Néanmoins, dans l'ouvrage de Gerhard Dohrn-van Rossum, on peut lire qu'en Europe, entre 1280 et 1320, il y a une augmentation du nombre de mentions de l'existence d'« horloges » et d'« horologes » dans les registres paroissiaux, ce qui tend à prouver qu'un nouveau type de mécanisme d'horloge avait été conçu[6]. Cette piste sur l'origine des horloges mécaniques est confortée par des évènements qui jalonnent la première jeunesse du nouveau média.
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En 1941, Lynn Thorndike a publié un texte de la plus haute importance pour l'histoire des horloges mécaniques[7]. Ce texte - probablement le plus ancien témoignage sur les horloges, daté du 13 avril 1271 - concerne un commentaire de Robert l'Anglais dit Robertus Anglicus sur La sphère de Sacrobosco, où il est dit sommairement[d] :
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Ce qui veut dire qu'à cette date l'horloge mécanique n'en est qu'au stade de la recherche. On peut considérer pour simplifier que 1270 est la date « au plus tôt » pour cette invention, ce qui, en termes érudits, se note « terminus ante quem non ».
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« Le passage à l'heure mécanique ne s'est pas traduit dans le langage. »[8]
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Comme il est souligné dans l'introduction, les mentions de plus en plus fréquentes de présence d'« horologia » dans les registres paroissiaux incitent à penser qu'une nouvelle technologie est apparue à cette époque[e], mais la difficulté d'interprétation est récurrente : s'agit-il d'« horologia » hydrauliques ou mécaniques ?
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On trouve plus de trente témoignages pour toute l'Europe référencés pour cette période. Dans ces textes, on constate l'achat de fer et de poids ainsi que l'acquisition d'horloges de prix dans les monastères, les cathédrales et les demeures princières. Ces prix sont souvent considérables : six marks pour l'horloge du couvent de Colmar en 1278, trente livres pour celle de Canterbury en 1292, cinquante livres pour une simple réparation [ou transformation ?] de l'horloge de la cathédrale de Sens en 1319[f],[9].
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Petit à petit, l'horloge mécanique, dont le mouvement est constamment entretenu par un poids moteur, va se substituer à la fastidieuse horloge à eau qu'il faut sans cesse nettoyer et remplir ou vider. Il semble que ces premières horloges - comme les horloges à eau - aient eu pour première fonction de sonner une heure particulière (réveil par exemple) et un peu plus tard sonner plusieurs heures de la journée[10] ; ces horloges étaient « aveugles » : elles ne possédaient pas de cadran ! Le déclenchement de la sonnerie devait s'effectuer à partir de cheville(s) situées sur une roue du mécanisme.
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Description élémentaire du mécanisme[g] :
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Ce transfert de technologie, de l'énergie hydraulique vers l'énergie mécanique conserve sa finalité première : sonner une heure particulière ; aussi cette invention est-elle restée pratiquement anonyme. Ce n'est qu'un peu plus tard, en 1336, qu'une innovation considérable bouleversera l'histoire de l'horlogerie.
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C'est à Milan, en 1336, qu'une horloge particulière est installée sur un clocher de la ville. Sa particularité, sonner les vingt-quatre heures du jour avec un nombre de coups correspondant à l'heure du moment :
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Cette façon admirable de sonner automatiquement les heures, utile pour toutes les catégories de la population, est une véritable innovation. C'est ce nouveau principe de sonnerie, fascinant, qui sera le déclencheur de la diffusion des horloges « sonnantes ».
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1386, l'horloge de la cathédrale de Salisbury,
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et sa cloche des heures.
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Fortes de leur succès auprès des populations, les horloges sonnantes vont rapidement se propager ; les villes italiennes seront leur seul berceau dans la première moitié du XIVe siècle[12], puis elles essaimeront dans toute l'Europe au cours des cinquante années suivantes.
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Avec le temps, les nouveaux besoins et le progrès technique elles vont aussi s'exposer, se complexifier, se miniaturiser[13] :
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Roue des 24 heures de l'Astrarium de Dondi : il est 22 heures à l'index (1348-1364).
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Horloge 24 heures du Duomo de Florence à chiffraison antihoraire (1443).
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Horloge 24 heures de la place Saint-Marc, Venise (fin du XVe siècle).
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Horloge 2 fois 12 heures de la cathédrale de Chartres (1528).
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Horloge 12 heures du Gros-Horloge de Rouen (cadran 1527).
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L'horloge de Richard de Wallingford (ca. 1340).
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L'astrarium de Dondi (ca. 1360).
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L'horloge astronomique de Prague (ca. 1500).
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Horloge murale à poids moteur (XVe siècle).
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Horloge domestique (XVIe siècle).
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Horloge de table de Noêl Dauville (1548).
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Montre sur habit d'apparat (1567).
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montre de table de Peter Grundel (1576).
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Différentes sources, non exhaustives, nous informent sur les premières horloges trouvées à travers la lecture des archives. Cet inventaire concerne - fin 2016 - plus de 400 horloges. Leur recensement permet de suivre leur distribution dans le courant des premiers siècles de leur existence : voir ci-dessous une représentation partielle de cette distribution pour la période 1278-1400[15].
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Depuis leur origine, elles se sont considérablement complexifiées ; on peut les aborder dans un ordre qui suit grossièrement leur évolution :
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Ce sont des horloges de grande taille. À l'origine à poids et à foliot, elles ont suivi l'évolution et leur rénovation en a fait bien souvent des horloges à pendule puis des horloges électriques. Elles se trouvent souvent sur des bâtiments officiels comme des bâtiments gouvernementaux, des églises ou des gares.
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Voir une liste non exhaustive des horloges monumentales : Horloge monumentale
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Horloge du clocher de la mairie de Mutzig avec un automate.
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Horloge de la cathédrale Notre-Dame d'Anvers.
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L'horloge de Big Ben.
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Horloge « du doigt de Dieu » à Toruń en Pologne.
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Horloge mondiale de Berlin.
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Horloge fleurie de Genève.
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Place de l'Horloge à Cergy-Pontoise.
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Une horloge astronomique est une horloge qui affiche l'heure ainsi que des informations relatives à l'astronomie. De façon générale, le terme fait référence à toute horloge qui affiche, en plus de l'heure, des informations astronomiques comme : les positions relatives du Soleil, de la Lune, des constellations du Zodiaque, les planètes les plus brillantes, ainsi que toutes sortes d'informations cycliques comme la durée du jour et de la nuit, l'âge et la phase de la lune, la date des éclipses (par l'indication des nœuds lunaires), de Pâques et d'autres fêtes religieuses, la date et l'heure des marées, l'heure solaire, l'heure inégale ou temporaire, le temps sidéral, la date des solstices, une carte du ciel, etc.
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En Europe, les horloges astronomiques apparaissent au XIVe siècle. Les horloges astronomiques de Richard de Wallingford à St Albans dans les années 1330 et de Giovanni Dondi à Padoue entre 1348 et 1364 sont des chefs-d'œuvre du genre.
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Les horloges astronomiques sont construites comme pièces de démonstration ou d'exposition, aussi bien pour impressionner que pour informer. Du fait de leur complexité, les horlogers continuent à en produire afin de mettre en avant leurs compétences techniques ainsi que la richesse de leurs mécènes. Leur message philosophique sous-jacent, un univers ordonné par la volonté divine, est en accord avec la vision du monde de l'époque, ce qui peut expliquer leur popularité[réf. nécessaire].
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En France, on peut citer comme principales horloges astronomiques :
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Horloge lunaire de l'hôtel de ville de Bad Windsheim.
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Horloge astronomique de Beauvais.
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Horloge astronomique de Besançon.
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Horloge de l'église abbatiale de Fécamp.
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Lierre, horloge astronomique de la tour Zimmer.
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Horloge astronomique de Lund.
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L'horloge astronomique de la primatiale Saint-Jean de Lyon.
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Au XVIe siècle, Galilée étudia le mouvement du pendule oscillant. Un pendule associé à un ressort et à un mécanisme de régulation permet la conservation d'un rythme. Le pendule d’horloge, composé d’une tige pouvant osciller autour d’un axe de rotation horizontal permet de régulariser le mouvement des horloges. Il est synonyme de balancier.
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En 1656, le physicien Christian Huygens (1629-1695), découvrit la théorie du pendule. Il eut l'idée de l'utiliser comme organe régulateur pour les horloges. En 1657, Salomon Coster fabriqua un mouvement d'horlogerie qui fonctionnait d'après ce principe. Les premiers modèles fabriqués avaient une durée de marche de huit jours ; le mouvement et le carillon étaient actionnés par un seul ressort.
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Christian Huygens perfectionna le ressort spiral en 1675[17] qui permit de supprimer le balancier pendulaire et de réduire la taille des horloges. Les horloges devinrent alors d'un prix plus abordables et se répandirent dans les maisons, sous la forme d'abord d'horloges de parquet puis de pendules de cheminée.
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Horloge à pendule.
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Horloge avec balancier (1912), des manufactures "Lussault" de Tiffauges, dans l'église Saint-Pierre, à Talmont-Saint-Hilaire.
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Horloge comtoise.
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Horloge vedette 1950.
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Pendule à coucou.
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Horloge à pendule C.1904, Ansonia Clock Co.
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Premier système d'horloge électrique avec pour balancier un pendule à barre aimantée passant dans une bobine.
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Une des 300 horloges à pendule visibles au musée François Duesberg à Mons (Belgique).
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Une pendule est une horloge en général murale, fonctionnant avec un pendule. On distingue :
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Certaines horloges sont munies d'un carillon de type « carillon de Westminster » qui sonne tous les quarts d'heure la mélodie du carillon du Palais de Westminster (Westminster Quarters).
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En 1571, le comte de Leicester offrit un bracelet muni d'une petite montre à la reine Élisabeth Ire[18].
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Les premières montres furent portées dans une poche de gilet, veste ou veston ; poche qui portait le nom de gousset, d'où le nom de montre-gousset.
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En 1811, Abraham-Louis Breguet, horloger parisien, remit une montre-bracelet à complications, à la reine consort de Naples, Caroline Bonaparte. La première production en série semble remonter à 1880 : la firme Girard-Perregaux à La Chaux-de-Fonds livre une commande de 2 000 montres-bracelets (munies d'une grille de protection) à l'armée impériale allemande.
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Ce sont bien souvent des horloges pilotées par un signal venant l'extérieur (horloges électriques, radio-pilotées…), ou transmis en interne (horloge à quartz).
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On peut citer parmi les horloges qui transmettent un horodatage extérieur, sans calcul direct, différentes technologies : l'horloge radio-pilotée (comme la DCF77 en Europe), le protocole NTP, la fréquence du réseau électrique, ou le signal GPS/Galiléo. Certaines de ces horloges transmettent une horo-datation initialement établie par une horloge atomique.
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L'industrialisation de l'horloge au XIXe siècle s'inscrivit dans la foulée de la nécessité de contrôler le temps de manière de plus en plus précise.
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Les quartz et l'atome remplacèrent graduellement les mécanismes d'horlogerie dans la seconde moitié du XXe siècle.
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Une horloge à quartz utilise un oscillateur à quartz pour définir le temps. Le premier oscillateur électronique stabilisé par un cristal de quartz fut réalisé en 1918
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Le quartz a la propriété d'osciller à une fréquence précise lorsqu'il est stimulé électriquement. La première horloge fut mise au point en 1928 par Warren Morrison et J.W. Horton aux Bell Telephone Laboratories[19].
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La précision obtenue grâce au quartz est dix fois plus grande que celle de la meilleure des montres mécaniques inventée précédemment (en 1675 par Isaac Thuret) : une seconde de retard en six ans.
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Pour dépasser cette précision, les scientifiques utilisent des horloges atomiques. Une horloge atomique est une horloge qui utilise la fréquence du rayonnement électromagnétique émis par un électron lors du passage d'un niveau d'énergie à un autre pour assurer l'exactitude et la stabilité du signal oscillant qu'elle produit.
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Un de ses principaux usages est le maintien du Temps atomique international (TAI) et la distribution du Temps universel coordonné (UTC) qui sont les échelles de temps de référence.
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Le temps atomique international est la référence mondiale fondée sur la définition de la seconde atomique, calculée au Bureau international des poids et mesures à Sèvres[20].
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Horloge Charvet à Lyon, rue de la Poulaillerie.
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Toulouse, rue Alsace-Lorraine, horloge murale avec un cadran de 24 heures.
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Horloge enseigne à Tübingen en Allemagne.
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Cadran d'horloge républicaine.
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Horloge Rock Around the Clock.
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Horloge à foliot, faite entièrement en bois dans l'Engadine en Suisse.
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Horloge L'Épée faite à Sainte-Suzanne (Doubs) et siglée Air France Concorde de 1987.
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Mécanisme de l'horloge du clocher de l'église de Dulmen, Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Photo février 2019.
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Une hormone est une substance chimique biologiquement active, synthétisée par une cellule glandulaire et sécrétée dans le milieu intérieur où elle circule, agissant à distance et par voie sanguine sur des récepteurs spécifiques d'une cellule cible. Elle transmet un message sous forme chimique et joue donc un rôle de messager dans l'organisme. Le terme « hormone » (du grec ὁρμάω, mettre en mouvement) a été adopté par Starling en 1905 pour désigner les substances qui assurent la liaison entre les divers organes.
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Une hormone est une molécule messagère produite par le système endocrinien (une glande endocrine ou un tissu endocrinien) en réponse à une stimulation et capable d'agir à très faible dose.
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Elle est ensuite diffusée dans l'ensemble de l'organisme. Les hormones animales sont sécrétées par des glandes spécialisées et diffusées par le sang ou la lymphe. Les hormones, comme les autres molécules circulantes, sont excrétées dans les excréments et l'urine, parfois après conjugaison et/ou dégradation. Des molécules apparentées, les phéromones, sont produites par des glandes externes, qui servent par exemple chez l'animal à marquer le territoire, la dominance dans le groupe ou les dispositions sexuelles.
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Chez les végétaux, les hormones sont soit véhiculées par la sève, soit transportées activement par les cellules, soit diffusées entre les cellules dans la paroi ou vers l'extérieur, avec émission éventuelle dans l'atmosphère sous forme gazeuse (éthylène par exemple) ou dans la rhizosphère dans le sol.
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L'organe émetteur agit ainsi à distance sur l'ensemble des organes cibles de l'organisme ou d'organismes voisins de la même espèce, voire d'organismes symbiotes dont les récepteurs sont activés au contact des hormones spécifiques (interactions durables).
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Les hormones ont une fonction de communication qui, en comparaison avec celle du système nerveux, peut être qualifiée de lente, continue et diffuse. Les concentrations hormonales, étudiées en endocrinologie, contiennent donc des informations représentatives de différents états. Elles régulent ainsi l'activité d'un ou plusieurs organes ou organismes dont elles modifient le comportement et les interactions.
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La régulation de la sécrétion hormonale se fait par l'intermédiaire de rétrocontrôle, dit « positif » en cas d'augmentation de sécrétion de l'hormone, et « négatif » s'il induit une diminution de la sécrétion hormonale. Cette régulation est également influencée par de nombreux cycles hormonaux ou systèmes en cascade où la concentration en une première hormone commande la libération de la (ou des) suivante(s), ou au contraire l'inhibition de leur sécrétion.
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Les hormones interviennent dans de nombreux processus, dont la reproduction, la différenciation cellulaire, l'homéostasie, ou encore la régulation des rythmes chronobiologiques…
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Le rôle des hormones sexuelles externes est encore très discuté chez l'Homme qui a, par rapport aux autres mammifères, un odorat faible et une sexualité plus complexe, mais certaines études laissent penser qu'il existe. Les poils des aisselles et de la zone pubienne, du scrotum et du périnée pourraient ainsi jouer un rôle de « diffuseur hormonal », par exemple d'androstadienone (dérivé de la testostérone présent dans la sueur et d'autres sécrétions masculines, qui influe sur l'humeur des femmes et affecte la sécrétion de l'hormone lutéinisante stimulant l'ovulation).
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Il a été montré que des extraits de sueur féminine placés sur la lèvre supérieure, sous les narines d'autres femmes pouvaient modifier leurs taux d'hormones et synchroniser leurs cycles menstruels avec le cycle de la femme ayant fourni l'échantillon de sueur. On a aussi montré que des extraits de sueur masculine, déposé sur la lèvre supérieure d'une femme élèvent le taux de cortisol de cette femme dans les 15 minutes qui suivent, avec des effets persistants une heure (on ignore encore si c'est le taux de cortisol qui affecte l'humeur des femmes ou l'inverse)[1].
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Les endocrinologues sont amenés à travailler sur de nouvelles questions[2] telles que :
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Chez les vertébrés, on distingue les classes chimiques suivantes :
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Les hormones végétales sont plus rigoureusement appelées phytohormones ou facteurs de croissance) car ce ne sont pas à proprement parler des hormones[4]. Elles ont souvent comme fonction d'assurer la croissance de la plante ou sa morphogenèse.
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C'est le cas notamment de l'auxine qui contribue à la formation des organes de la plante (les racines par exemple) et à sa croissance mais intervient aussi dans les phénomènes de tropisme.
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Elles se distinguent des hormones animales en plusieurs points :
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Certaines substances ont des effets chez les êtres humains et les animaux qui sont similaires à ceux des hormones naturelles. Parmi les androgènes naturellement présents dans certaines huiles, on trouve le campestérol et le stigmastérol. Ces substances sont appelées phyto-androgènes. Les phyto-androgènes sont beaucoup plus communs. On les retrouve dans des aliments de base comme le soja.
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Plusieurs substances chimiques entraînent également des effets hormonaux chez les mammifères et perturbent l'action des hormones naturelles. Ces substances sont classées dans la catégorie des perturbateurs endocriniens. Le terme perturbateur endocrinien est souvent utilisé comme synonyme de xénohormone (xéno-androgène s'il entraîne des effets androgéniques et xénoestrogène pour les effets œstrogéniques) même si ce dernier terme peut désigner tout composé naturel ou de synthèse présentant des propriétés similaires à celles des hormones (se liant généralement à certains récepteurs hormonaux).
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La mairie, est l'appareil administratif d'une ville ou commune qui est logée dans le bâtiment qu'on appelle hôtel de ville, aussi maison communale, maison commune ou bureau communal. Par extension, dans les plus petite ville on appelle souvent ce bâtiment mairie.
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Le terme équivalent à mairie est maison communale, mais quand la commune concernée a le titre de ville le bâtiment s'appelle hôtel de ville.
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Au Canada (et plus particulièrement au Québec), on dit le plus souvent hôtel de ville quand la municipalité possède le statut de ville, mais les sièges des arrondissements de Montréal s'appellent mairies d'arrondissement.
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En France, la mairie est l'appareil administratif de la ville ou de la commune qui est abritée dans le bâtiment surnommé hôtel de ville. Celui-ci comprend aussi la salle de délibération du conseil municipal, le lieu où l'on célèbre les mariages, ainsi que divers services comme l'état-civil, le dépôt du cadastre, l'urbanisme, la police municipale, etc. Le terme désigne dans le code général des collectivités territoriales le siège de la municipalité. En pratique, les communes de taille importante utilisent souvent l'appellation « hôtel de ville », le terme « mairie » désignant plutôt l'administration municipale rattachée au maire.
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Le terme d'usage en Belgique « maison communale » le fut en France au XIXe siècle. Ainsi, les archives historiques parlent pour le village de Béthencourt-sur-Mer de la construction de la maison communale en 1833.
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En plus de la mairie principale ou de l'hôtel de ville, les communes peuvent établir une ou plusieurs mairies annexes afin de faciliter les démarches des habitants. Les communes associées ou déléguées disposent également de mairies dans lesquelles se réunit le conseil de la commune déléguée[1]. Les communes divisées en arrondissements (Paris, Lyon) ou de secteurs (Marseille) disposent de mairies d'arrondissement ou de secteur.
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Traditionnellement, des symboles républicains sont présents dans la mairie, tel le portrait officiel du président de la République française en exercice ou le buste de Marianne.
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Chaque commune doit posséder un hôtel de ville ou louer un local qui en tient lieu[2] depuis 1884 (loi du 5 avril 1884, article 136[3]).
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Dans quelques rares exceptions, la mairie ne se trouve pas sur le territoire de la commune ; c’est le cas par exemple des communes de:
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Certaines communes utilisent l'appellation maire et mairie, d'autres bourgmestre et hôtel de ville.
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La mairie en République démocratique du Congo (RDC) est l'institution chargée de la direction d'une ville (terme ayant une définition légale). Chaque mairie regroupe des communes, ayant chacune à leur tête un bourgmestre. Une vingtaine de localités ont actuellement le statut de ville en RDC, telles Mbuji-Mayi, Lubumbashi ou Matadi, avec un maire comme responsable de l'entité. Parmi les grandes villes, la capitale Kinshasa a le statut de province ; elle est cependant divisée en communes.
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En Suisse, les institutions communales des villes sont hébergées dans un hôtel de ville, expression la plus proche de l'allemand Stadthaus. Les villages ont recours à l'expression « maison communale » ou « bâtiment administratif » pour désigner le siège de l'administration de la commune[4].
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Dans la région autonome Vallée d'Aoste, le siège de l'administration communale est défini officiellement Maison communale, alors que dans certains cas sur les édifices paraît la dénomination Mairie, qui n'appartient pas d'ailleurs au lexique officiel.
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Pour la ville d'Aoste, la dénomination est Hôtel de ville.
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Le terme équivalent à mairie est maison communale, mais quand la commune concernée a le titre de ville le bâtiment s'appelle hôtel de ville.
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Au Canada (et plus particulièrement au Québec), on dit le plus souvent hôtel de ville quand la municipalité possède le statut de ville, mais les sièges des arrondissements de Montréal s'appellent mairies d'arrondissement.
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En France, la mairie est l'appareil administratif de la ville ou de la commune qui est abritée dans le bâtiment surnommé hôtel de ville. Celui-ci comprend aussi la salle de délibération du conseil municipal, le lieu où l'on célèbre les mariages, ainsi que divers services comme l'état-civil, le dépôt du cadastre, l'urbanisme, la police municipale, etc. Le terme désigne dans le code général des collectivités territoriales le siège de la municipalité. En pratique, les communes de taille importante utilisent souvent l'appellation « hôtel de ville », le terme « mairie » désignant plutôt l'administration municipale rattachée au maire.
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Le terme d'usage en Belgique « maison communale » le fut en France au XIXe siècle. Ainsi, les archives historiques parlent pour le village de Béthencourt-sur-Mer de la construction de la maison communale en 1833.
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En plus de la mairie principale ou de l'hôtel de ville, les communes peuvent établir une ou plusieurs mairies annexes afin de faciliter les démarches des habitants. Les communes associées ou déléguées disposent également de mairies dans lesquelles se réunit le conseil de la commune déléguée[1]. Les communes divisées en arrondissements (Paris, Lyon) ou de secteurs (Marseille) disposent de mairies d'arrondissement ou de secteur.
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En Suisse, les institutions communales des villes sont hébergées dans un hôtel de ville, expression la plus proche de l'allemand Stadthaus. Les villages ont recours à l'expression « maison communale » ou « bâtiment administratif » pour désigner le siège de l'administration de la commune[4].
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Dans la région autonome Vallée d'Aoste, le siège de l'administration communale est défini officiellement Maison communale, alors que dans certains cas sur les édifices paraît la dénomination Mairie, qui n'appartient pas d'ailleurs au lexique officiel.
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Annelies Marie Frank, plus connue sous le nom d’Anne Frank, née le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, sous la République de Weimar, et morte en février 1945 ou mars 1945 à Bergen-Belsen en Allemagne nazie, est une adolescente allemande, connue pour avoir écrit un journal intime. Celui-ci est rapporté dans le livre Le Journal d'Anne Frank, écrit pendant les deux années où elle se cachait avec sa famille à Amsterdam, aux Pays-Bas, alors sous occupation allemande, afin d'éviter la Shoah.
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La famille quitte Francfort pour Amsterdam à la fin de l’année 1933, afin d'échapper aux persécutions nazies à l'encontre des Juifs qui se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier. Alors que les dangers s'intensifient à Amsterdam occupée par les Allemands depuis mai 1940, les Frank se cachent en juillet 1942 dans un appartement secret aménagé dans l’Annexe de l'entreprise Opekta d'Otto Frank, le père. Anne a alors treize ans. Après deux ans passés dans ce refuge, où ils sont rejoints par quatre autres personnes, le groupe, sans doute trahi, est arrêté le 4 août 1944 puis déporté le 2 septembre 1944 vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, quelques jours après sa sœur Margot Frank. Le camp est libéré par des troupes britanniques le 15 avril 1945, Amsterdam est libérée le 5 mai 1945.
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Son père Otto, l'unique survivant du groupe, revient à Amsterdam à la fin de la guerre et apprend que le journal d'Anne, dans lequel elle relate sa vision des événements du 12 juin 1942 jusqu'au 1er août 1944, a été préservé. Convaincu du caractère unique de l'œuvre, Otto décide de la faire éditer : le texte original en néerlandais est publié en 1947 sous le titre Het Achterhuis: Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (La maison annexe : notes du journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944 en français). Décrit comme le travail d'un esprit mûr et perspicace, l'œuvre donne un point de vue intime et particulier sur la vie quotidienne pendant l'occupation nazie. Ce journal d'une adolescente au destin tragique a fait d'Anne Frank l'une des victimes emblématiques de la Shoah. Il a en effet été traduit du néerlandais dans de nombreuses langues et serait le livre le plus traduit et le plus lu dans le monde après la Bible[1]. Plusieurs films, téléfilms, pièces de théâtre et opéras en ont été tirés.
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Anne Frank, seconde fille d'Otto Heinrich Frank (12 mai 1889 – 19 août 1980) et d'Edith Frank-Holländer (16 janvier 1900 – 6 janvier 1945), naît le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Elle a une sœur prénommée Margot (16 février 1926 – mars 1945). Son nom de naissance est Annelies Marie, mais pour sa famille et ses amis, elle est simplement « Anne ». Son père l'appelle parfois « Annelein » (« petite Anne »). La famille vit dans une communauté mixte de citoyens juifs et non-juifs, et les enfants grandissent en côtoyant des amis de confession catholique, protestante et juive. Les Frank sont juifs réformistes, pratiquant beaucoup des traditions de la foi juive, sans observer l'ensemble des coutumes. Dans la famille, Edith est la plus dévouée à sa foi. Otto Frank, ancien officier allemand décoré pendant la Première Guerre mondiale, veut poursuivre ses études et possède une importante bibliothèque ; les deux parents encouragent leurs filles à lire. En mars 1933, les élections pour renouveler le conseil municipal de Francfort voit le parti nazi d'Adolf Hitler l'emporter. Des manifestations antisémites ont immédiatement lieu, et les Frank commencent à craindre pour leur sécurité s'ils restent en Allemagne. Plus tard la même année, Edith et les enfants se rendent à Aix-la-Chapelle pour habiter avec Rosa Holländer, la mère d'Edith. Otto Frank reste à Francfort, mais après avoir reçu une offre pour démarrer une affaire à Amsterdam, il s'y rend pour organiser la société et préparer la venue de sa famille.
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Otto commence à travailler chez Opekta Works, une société qui vend la pectine extraite des fruits, et trouve un appartement à Merwedeplein dans la banlieue d'Amsterdam. En février 1934, Edith et les enfants arrivent à Amsterdam et les deux filles sont inscrites à l'école ; Margot dans une école publique et Anne dans une école montessorienne. Margot montre ses facultés en arithmétique et Anne découvre ses aptitudes à la lecture et l'écriture. Son amie Hannah Goslar se rappellera plus tard que pendant sa tendre enfance, Anne écrivait régulièrement, cachant ses écrits avec sa main et refusant de discuter du contenu de ceux-ci. Ces écrits précoces n'ont pas traversé l'histoire et ont été égarés. Anne et Margot ont deux personnalités bien distinctes ; Margot est maniérée, réservée et studieuse tandis qu'Anne est expressive, énergique et extravertie. En 1938, Otto Frank démarre une seconde affaire en partenariat avec Hermann Van Pels, un boucher qui avait fui Osnabrück en Allemagne avec sa famille. En 1939, la mère d'Edith vient vivre avec les Frank et reste avec eux jusqu'à sa mort en janvier 1942. En mai 1940, l'Allemagne envahit les Pays-Bas. Le gouvernement d'occupation commence à persécuter les Juifs en instaurant des lois répressives et discriminatoires, l'inscription obligatoire et la ségrégation des Juifs s'ensuivent rapidement. Margot et Anne excellent alors dans leurs études et ont de nombreux amis, mais l'application d'un décret statuant que les enfants juifs ne peuvent suivre des cours que dans des écoles juives, elles sont contraintes de s'inscrire au lycée juif.
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Pour son treizième anniversaire le 12 juin 1942, Anne reçoit un carnet qu'elle avait montré à son père dans un magasin quelques jours plus tôt. Lorsqu'elle écrit, elle s'adresse à « Kitty », une amie imaginaire. Bien que ce soit un livre d'autographe, relié avec un morceau de tissu rouge et blanc et muni d'une petite fermeture à l'avant, Anne décide de l'utiliser comme journal. Elle commence à y écrire presque immédiatement, se décrivant personnellement, décrivant sa famille et ses amis, sa vie à l'école, ses « admirateurs » et les endroits du voisinage qu'elle aime visiter. Si ces premiers écrits montrent que sa vie est celle d'une écolière typique, ils abordent également les changements dont Anne est témoin depuis le début de l'occupation allemande. Quelques références sont apparemment occasionnelles et non soulignées. Néanmoins en quelques passages, Anne fournit plus de détails sur l'oppression grandissante. Par exemple, elle écrit à propos de l'étoile jaune que les Juifs sont obligés de porter en public, et liste quelques restrictions et persécutions qui bouleversèrent la vie de la population juive d'Amsterdam.
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Le 5 juillet 1942, Margot reçoit un avis de mobilisation du Bureau central de l’immigration juive (Zentralstelle für jüdische Auswanderung) lui ordonnant de se présenter pour être relogée dans un camp de travail. On explique alors à Anne le plan qu'Otto a préparé avec ses employés les plus fidèles et dont Margot avait eu connaissance depuis quelque temps : la famille va se cacher dans des pièces au-dessus et à l'arrière des bureaux de la société Opekta sur le Prinsengracht, une rue le long d'un des canaux d'Amsterdam.
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Le matin du 6 juillet 1942[2], la famille va s'installer dans la cachette. Leur appartement est laissé dans un désordre apparent pour donner l'impression qu'ils étaient partis soudainement, et Otto laisse une note indiquant qu'ils s'en étaient allés en Suisse. La nécessité du secret de l'opération les contraint d'abandonner le chat d'Anne, Moortje. Comme les Juifs n'ont pas le droit d'utiliser les transports publics, ils doivent marcher pendant plusieurs kilomètres depuis leur appartement, chacun revêtant plusieurs couches de vêtements pour qu'on ne s'aperçoive pas qu'ils transportent des valises. L'Annexe (Achterhuis) est un espace à trois niveaux à l'arrière du bâtiment auquel on accède par un palier situé au-dessus des bureaux de la société Opekta. Au premier niveau se trouvent deux petites pièces avec une salle de bains et des toilettes adjacentes. Au-dessus il y a un vaste espace ouvert avec une petite pièce adjacente. Depuis cette petite pièce une échelle donne sur le grenier. La porte de l’Annexe fut par la suite cachée par une bibliothèque pour éviter qu'elle ne soit découverte. L'immeuble principal, situé à un bloc de Westerkerk est un vieil immeuble typique des quartiers ouest d'Amsterdam.
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Victor Kugler, Johannes Kleiman, Miep Gies et Bep Voskuijl sont les seuls employés qui savent que la famille Frank se cache. Eux quatre, ainsi que Jan Gies, mari de Miep, et Johannes Hendrik Voskuijl, père de Bep, aident les clandestins pendant la durée de leur confinement. Ils sont le seul contact entre les occupants de l'Annexe et le monde extérieur ; ils les tiennent au courant des nouvelles de la guerre et des événements politiques. Ils subviennent à tous leurs besoins, assurent leur sécurité et les ravitaillent en nourriture, une tâche de plus en plus difficile à mesure que le temps passe. Anne évoque dans son journal leur dévouement et leurs efforts pour garder le moral des occupants de l'Annexe pendant les moments les plus dangereux. Ils sont tous conscients du fait qu'ils encourent la peine de mort s’ils sont pris à cacher des Juifs. Dans la journée, les clandestins doivent se montrer très prudents et rester silencieux afin que le personnel des bureaux ne les entende pas. À midi, lorsque les employés rentrent chez eux, les protecteurs se rendent souvent à l’Annexe pour y prendre leur repas. Les clandestins attendent toujours leur visite avec impatience.
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Le 13 juillet 1942, la famille Frank est rejointe par la famille Van Pels (rebaptisée « Van Daan » dans le livre — la plupart des noms ayant été modifiés, hormis la famille Frank) : Hermann, Augusta ou Auguste[4] (rebaptisée Petronella), et leur fils Peter âgé de 16 ans, puis en novembre par Fritz Pfeffer, un dentiste et ami de la famille. Anne écrit son plaisir d'avoir de nouvelles personnes à qui parler, mais des tensions surviennent rapidement dans le groupe, forcé de vivre dans un environnement restreint. Après avoir partagé sa chambre avec Pfeffer, elle le trouve insupportable, et elle se dispute avec Augusta, qu'elle considère comme une idiote. Ses relations avec sa mère sont également tendues et Anne écrit qu'elles ont peu de choses en commun, sa mère étant trop distante. Bien qu'elle ait parfois eu des disputes avec Margot, elle écrit à propos du lien inattendu qui se développa entre elles, bien qu'elle reste émotionnellement plus proche de son père. Quelque temps plus tard, après avoir d'abord écarté les avances du timide et maladroit Peter van Pels, elle s'aperçoit de ses sentiments naissants pour lui et ils ont peut-être une liaison[5].
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Anne passe l'essentiel de son temps à lire et étudier, tout en continuant à écrire son journal. En plus de fournir une description des événements dans leur ordre chronologique, elle écrit également à propos de ses sentiments, sa peur de vivre cachée, ses croyances, ses ambitions parmi lesquelles celle de devenir journaliste et écrivain, des thèmes qu'elle ne pense pouvoir partager avec personne. À mesure que sa confiance dans son style d'écriture grandit et qu'elle devient plus mûre, les sujets qu'elle aborde deviennent plus abstraits, comme sa croyance en Dieu et la manière dont elle définit la nature humaine. Elle développa sa vision de l'avenir du peuple juif[5].
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Jusqu'au printemps 1944, Anne écrit ses lettres pour elle seule, jusqu'au moment où elle entend, à la radio de Londres, le ministre de l'Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire qu'après la guerre il faudrait rassembler et publier tout ce qui avait trait aux souffrances du peuple néerlandais pendant l'occupation allemande. Il cite à titre d'exemple, entre autres, les journaux intimes. Frappée par ce discours, Anne décide de publier un livre après la guerre, son journal devant servir de base. Elle entame alors un travail de réécriture, corrigeant ou supprimant les passages qu'elle juge peu intéressants, et en ajoutant d'autres en puisant dans sa mémoire[6]. Parallèlement, elle continue à écrire régulièrement son journal original jusqu'à sa dernière lettre qui date du 1er août 1944.
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Le 4 août 1944, entre 10 h et 10 h 30, l'Annexe est découverte par les services de sécurité de la police allemande (Grüne Polizei) soit sur l’indication d'un informateur qui n'a jamais pu être identifié formellement[7],[8], soit suite à une descente de police visant d'autres activités « illicites »[9]. Mené par le Schutzstaffel Oberscharführer Karl Silberbauer du Sicherheitsdienst, le groupe comprend au moins trois membres hollandais au service de la police allemande, en civil mais armés. Lorsque Silberbauer entre dans la maison, il semble savoir précisément où il doit se rendre. Il se dirige droit vers la « porte-bibliothèque » pivotante qui cache la porte d'accès à l'Annexe et exige qu'on l'ouvre. Silberbauer poste quelques hommes dans l'Annexe en attendant l'arrivée d'un véhicule pour emmener les clandestins. Alors qu'il interroge Otto Frank, Silberbauer voit une sacoche en cuir dont il vide le contenu, sans doute avec l'idée d'y trouver des bijoux. Elle ne contient que des feuilles de papier et divers livres. Parmi eux se trouve le journal d'Anne. Le SS demande alors à Otto, s'il se trouve dans la cachette quelques bijoux ou de la monnaie. Otto lui indique alors de la main les meubles contenant les quelques bijoux et monnaies en leur possession. Silberbauer poursuit son interrogatoire en demandant ensuite depuis quand ils vivaient reclus dans leur cachette. « Deux ans » lui répondit-on. Devant l'incrédulité du nazi face à une telle durée, Otto fait remarquer alors, sur le mur à côté de l'officier, de nombreux traits horizontaux marqués à l'encre violette. Ces diverses lignes étaient datées depuis le début de leur cachette en 1942 et représentaient les poussées de croissance de Margot et d'Anne. Alors que le sous-officier indique à voix haute qu'il octroie cinq minutes aux clandestins pour réunir leurs affaires, il continue de parler avec Otto et fut particulièrement surpris d'apprendre que ce dernier est vétéran de la Grande Guerre, avec le grade d'officier dans l'armée de terre allemande au moment de l'armistice de 1918.
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Toutefois, selon une étude publiée en 2016 par la Maison d'Anne Frank, il se pourrait que les personnes dénoncées à la police ne fussent pas les Frank. Il y avait dans l'immeuble des trafiquants de coupons illégaux d'alimentation, qui, d'ailleurs, en fournissaient aux Frank. De plus, la compagnie employait du personnel non déclaré. « Une compagnie où des gens travaillaient illégalement et où deux représentants de commerce avaient été arrêtés pour trafic de coupons d'alimentation courait évidemment le risque d'attirer l'attention des autorités », lit-on dans cette étude, qui relève encore que les policiers qui découvrirent la famille Frank n'étaient pas occupés en général à la traque des Juifs, mais à des enquêtes sur des affaires de monnaie, de garanties financières et de bijouterie[10].
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Les occupants de l'Annexe sont embarqués dans des camions et emmenés pour être interrogés. Victor Kugler et Johannes Kleiman sont emmenés puis emprisonnés, tandis que Miep Gies et Bep Voskuijl ne sont pas interpellées. Plus tard, elles reviennent à l'Annexe où elles trouvent le journal et les écrits d'Anne, plus de 300 pages manuscrites, éparpillées sur le sol. Elles les récupèrent ainsi que plusieurs albums de famille et Miep cache le tout dans le tiroir de son bureau, projetant de les rendre à Anne après la guerre. Les clandestins sont transportés au quartier général de la Gestapo où ils sont interrogés et détenus toute la nuit. Le 5 août, ils sont transférés à la Huis van Bewaring (maison de détention), une prison surpeuplée sur le Weteringschans[11]. Deux jours plus tard les huit prisonniers sont transportés à Westerbork (camp de regroupement et de transit), situé aux Pays-Bas. À l'époque, plus de 100 000 Juifs y transitent. Ayant été arrêtés alors qu'ils se cachaient, ils sont considérés comme criminels et sont donc envoyés aux baraquements disciplinaires pour y réaliser de lourds travaux[12]. Dans la journée, ils doivent ouvrir des piles et en retirer le métal. C’est un travail salissant et le métal est nocif, mais les prisonniers ont le droit de se parler et Anne et Peter restent la plupart du temps ensemble dès qu'ils en ont la possibilité.
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Le 3 septembre 1944, le groupe est déporté avec ce qui fut le dernier convoi de Westerbork pour le camp d'extermination d'Auschwitz, où ils arrivent dans la nuit du 5 au 6 septembre 1944 après un voyage de trois jours. Les prisonniers reçoivent l’ordre de laisser leurs bagages dans le train. Sur place, tous sont séparés selon leur sexe, de sorte que les femmes et les hommes ainsi séparés ne se revirent jamais. Otto Frank est alors séparé de sa femme et de ses filles : « Jamais je n'oublierai le regard de Margot », dira-t-il plus tard. Sur les 1 019 passagers du convoi, 549 personnes dont la totalité des enfants âgés de moins de quinze ans, sont envoyés directement dans les chambres à gaz où ils trouvent la mort. Anne qui a fêté ses quinze ans trois mois plus tôt est épargnée et bien que tous les membres de l'Annexe aient survécu à cette sélection, Anne crut alors que son père avait été tué. Avec d'autres femmes non sélectionnées pour une mort immédiate, Anne est forcée de se dévêtir pour être désinfectée, avoir sa tête rasée au plus court et enfin être tatouée avec un numéro d'identification sur son bras. Edith, Margot et Anne sont ensemble dans la même baraque, tandis qu'Augusta se trouve sans doute dans une autre partie du camp. Bloeme Evers-Emden parle parfois avec elles, qu’elles connaissaient du lycée juif d’Amsterdam. Après la guerre, elle déclare : « Il m’est arrivé de leur parler. Elles étaient toujours ensemble, la mère et ses deux filles. Les irritations que l’on devine dans le Journal avaient complètement disparu par les circonstances. Il fallait survivre. Elles étaient toujours toutes les trois et elles se sont sûrement beaucoup soutenues mutuellement. » Le jour, les femmes sont utilisées comme travailleuses esclaves ; la nuit, elles sont enfermées dans des baraquements bondés et glaciaux. Les maladies foisonnent et Anne devient sérieusement infectée par la gale. Otto, Fritz, Hermann et Peter restent ensemble. Peter a de la chance, il obtient une place au bureau de poste du camp. Les gardes et les prisonniers non-juifs ont le droit de recevoir du courrier. Ce poste lui permet de se procurer un peu de nourriture supplémentaire de temps en temps.
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Le 28 octobre 1944, devant l'avancée de l'Armée rouge, les SS décident d'évacuer une partie du camp afin de diriger vers l’Allemagne les prisonniers qui sont encore capables de travailler. De nouvelles sélections commencent alors parmi les femmes pour être relogées à Bergen-Belsen. Plus de 8 000 d'entre elles, dont Anne et Margot, sont ainsi déplacées. Edith reste seule à Auschwitz. Après un voyage en train de trois jours, Margot et Anne arrivent exténuées à Bergen-Belsen. Le nombre de prisonniers venant d’autres camps ne cesse d’augmenter. Le camp est déjà surpeuplé lorsqu’elles arrivent. Elles sont tout d’abord abritées par des tentes dressées pour parer à l'afflux des prisonnières, mais lorsque quelques jours après leur arrivée une tempête éclate, toutes les tentes sont détruites. Elles rejoignent alors les baraques où s’entassent trop de détenues. On les fait travailler au recyclage des vieilles chaussures qui affluent de toute l'Allemagne[13]. À mesure que la population s'accroît, le taux de mortalité dû aux nombreuses maladies augmente rapidement.
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Fin novembre, un nouveau transport arrive d’Auschwitz. Parmi les prisonnières se trouve Augusta. Elle retrouve Margot et Anne. Mais après quelques mois, elle doit quitter le camp pour Raguhn, qui fait partie du camp de concentration de Buchenwald. Puis de Raguhn, elle est transférée à Theresienstadt. Elle meurt quelque part en route, entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie, entre le 9 avril et le 8 mai 1945. À Bergen-Belsen, Anne est brièvement réunie avec deux amies, Hanneli Goslar (surnommée « Lies » dans le journal) et Nanette Blitz, qui survivent toutes deux à la guerre. Blitz décrivit par la suite Anne comme étant chauve, tremblante, les traits émaciés. Goslar dit que bien qu'Anne ait été malade, elle lui dit qu'elle était plus inquiète pour Margot, dont la maladie semblait plus sérieuse et qui restait allongée sur sa couchette, trop faible pour marcher. Anne leur dit également qu'elle pensait que leurs parents étaient morts. Hanneli a déjà passé un an à Bergen-Belsen, mais elle se trouve dans une autre partie du camp. Lorsque Augusta lui apprend qu'Anne est là, elle est étonnée car elle la croyait en Suisse avec sa famille. Elle souhaite vivement rencontrer son amie, mais pour cela elle doit ruser, les différentes parties du camp étant séparées par des bottes de paille, des grilles et des fils barbelés. Les deux amies parviennent finalement à se parler à travers les barrières, mais elles ne peuvent se voir. Elles pleurent beaucoup lors de leur première rencontre. Anne raconte qu'elle est rasée et qu'elle a beaucoup maigri. Elle craint que ses parents ne soient morts. Lorsqu'elles se rencontrent de nouveau, Hanneli a apporté un paquet pour Anne, contenant des vêtements et de la nourriture. Elle le jette par-dessus la grille. Elle entend Anne hurler. Anne lui dit en pleurant qu'une autre détenue s'est emparée du paquet. Hanneli lui promet de lui apporter un autre paquet le lendemain. C'est ce qu'elle fait et cette fois, Anne l'attrape. Elles se rencontrent encore quelques fois, mais vers la fin du mois de février 1945, Anne change de baraque et dès lors elles ne se voient plus.
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Durant les premiers mois de 1945, il neige souvent à Bergen-Belsen et Anne et Margot souffrent du froid. Il arrive qu'elles soient privées de nourriture pendant de longues périodes. Dans leur baraque, elles se trouvent près de la porte et sont exposées aux courants d'air. Elles n'ont plus de vêtements chauds et régulièrement, on les entend demander que l'on ferme la porte, étant trop faibles pour se lever. En mars 1945, une épidémie de typhus, une maladie contagieuse propagée par les poux, se propage dans le camp, tuant environ 17 000 prisonniers. La nourriture est insuffisante et les conditions d’hygiène sont dramatiques. Des témoins certifièrent que Margot tomba de sa couchette dans son état de faiblesse extrême et succomba au choc, et que quelques jours plus tard Anne mourut à son tour. Ils estiment que ceci se passa quelques semaines avant que le camp ne soit libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945, et bien que les dates exactes n'aient pas été conservées, il est généralement reconnu que cela eut lieu entre la fin février et le milieu du mois de mars. Lors de ses derniers jours, c'est Gena Turgel, une autre déportée, qui prit soin d'elle[14]. Les corps des deux jeunes filles se trouvent sûrement dans la fosse commune de Bergen-Belsen.
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Après la guerre, il fut estimé que sur les 110 000 Juifs déportés des Pays-Bas pendant l'occupation nazie, seuls 5 000 ont survécu.
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Une étude réalisée en 2015 par des historiens travaillant pour l'institution Maison Anne Frank avancent d'au moins un mois la date de la mort des deux sœurs. Cette institution déclare que « le jour de leur mort a plus probablement eu lieu en février ». Elles souffraient du typhus dès la fin du mois de janvier. Or la « plupart des décès dus au typhus ont lieu douze jours après l'apparition des premiers symptômes », d'après l'Institut néerlandais pour la santé publique. « Il est donc improbable qu'elles aient survécu jusqu'à la fin du mois de mars », comme on le pensait jusque-là[18].
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Otto Frank survit au camp d'Auschwitz et est libéré par l'Armée rouge le 27 janvier 1945. Il revient à Amsterdam et cherche à savoir ce que sont devenues sa femme et ses filles. Il garde espoir de les retrouver. Il est informé que sa femme est morte à Auschwitz et que ses filles avaient été transférées à Bergen-Belsen. Finalement, la Croix-Rouge lui apprend en juin 1945 les décès d'Anne et Margot. C'est seulement à ce moment que Miep lui donne le journal d'Anne qu'elle avait réussi à sauver. Otto le lit et expliquera plus tard qu'il ne s'était pas rendu compte qu'Anne avait conservé une trace aussi précise et bien écrite du temps qu'ils avaient passé ensemble. Sachant qu'Anne désirait devenir écrivain, il commence à envisager de le publier. Quand on lui demanda plusieurs années plus tard quelle avait été sa première réaction, il dit simplement : « Je ne savais pas que ma petite Anne était aussi profonde[19]. »
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Le journal d'Anne débute avec l'expression privée de ses pensées et elle y écrit plusieurs fois qu'elle n'autoriserait jamais personne à le lire. Il décrit sa vie de manière candide, ses familles et ses compagnons, leur situation, tout en commençant à reconnaître les ambitions de son auteure d'écrire et publier des œuvres de fiction. Au printemps 1944, à la suite de l'émission de Radio Londres au cours de laquelle elle entendit le ministre de l'Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire que lorsque la guerre serait terminée, il rendrait publics les témoignages de l'oppression du peuple néerlandais sous l'occupation allemande, elle commença à corriger ses écrits, supprimant des sections, en réécrivant d'autres, dans le but de les publier. Son journal original fut agrémenté de plusieurs autres carnets de notes et feuilles volantes. Elle créa des pseudonymes pour les membres de l'Annexe et les personnes qui les avaient aidés. La famille van Pels devint Hermann, Petronella, et Peter van Daan, et Fritz Pfeffer devint Albert Düssell. Otto utilisa son journal original, connu sous le nom de « version A », et la version corrigée, connue sous le nom de « version B », pour produire la première publication du journal. Il supprime certains passages, principalement ceux parlant de sa femme dans des termes peu flatteurs, ainsi que des sections décrivant la puberté d'Anne. Bien qu'il ait restauré les identités véritables des membres de sa famille, il ne modifie pas les autres pseudonymes.
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Otto donne le journal à l'historienne Annie Romein-Verschoor, qui essaye sans succès de le publier. Elle le donne alors à son mari Jan Romein, qui écrivit un article au sujet du journal intitulé « Kinderstem » (« La Voix d'un Enfant »), publié dans le quotidien Het Parool le 3 avril 1946. Il écrit que le journal « bégayé par la voix d'un enfant, incarne toute la cruauté du fascisme, plus que toutes les preuves que le procès de Nuremberg ait pu réunir[20]. » Son article attire l'attention d'éditeurs, et le journal est publié en 1947, suivi d'une seconde publication en 1950. La première version américaine est publiée en 1952 sous le titre Anne Frank: The Diary of a Young Girl (Anne Frank : Le Journal d'une jeune fille). Une pièce basée sur le journal, par Frances Goodrich et Albert Hackett, est présentée en première à New York le 5 octobre 1955 avant de gagner plus tard le prix Pulitzer dans la catégorie Drames. Elle est suivie en 1959 par le film The Diary of Anne Frank (Le Journal d'Anne Frank), qui est un succès critique et commercial. Au fil des années la popularité du journal grandit et dans plusieurs écoles, en particulier aux États-Unis, il est intégré dans le programme scolaire, faisant ainsi découvrir Anne Frank à de nouvelles générations de lecteurs.
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En 1986, l'Institut national des documents de guerre des Pays-Bas publia une édition critique du journal. Elle incluait des comparaisons de toutes les versions connues, publiées. Il incluait aussi des commentaires certifiant l'authenticité du journal ainsi que des informations historiques supplémentaires sur la famille Frank et le journal lui-même.
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En 1999, Cornelis Suijk, un ancien directeur de la fondation Anne-Frank et président du centre américain pour l'éducation sur la Shoah, annonça qu'il était en possession de cinq pages qui avaient été enlevées du journal par M. Frank avant sa publication ; Suijk déclara qu'Otto Frank lui avait donné ces pages avant sa mort en 1980. Les passages manquants du journal contenaient des remarques critiques d'Anne par rapport aux tensions entre ses parents, et montrent le peu d'affection d'Anne envers sa mère[21].
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Une controverse apparut quand Suijk réclama ses droits de publication sur les cinq pages et voulut les vendre pour collecter de l'argent pour sa fondation américaine. L'Institut National des Documents de Guerre des Pays-Bas, le précédent propriétaire du manuscrit, réclama la restitution des pages en question. En 2000, le ministre hollandais de l'Éducation, de la Culture et des Sciences conclut un accord avec la fondation de Suijk en lui versant 300 000 USD et les pages furent rendues en 2001. Depuis lors, elles ont été incluses dans les nouvelles éditions du journal.
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Dans son introduction de la première publication américaine du journal, Eleanor Roosevelt le décrivit comme « un des plus sages et bouleversants témoignages sur la guerre et son impact sur les êtres humains que j'aie jamais lu ». L'écrivain russe Ilya Ehrenbourg dit plus tard : « une voix parle pour six millions d'autres – la voix non pas d'un sage ou d'un poète mais d'une petite fille ordinaire. » À mesure que la stature d'Anne Frank en tant qu'écrivain et humaniste s'affirmait, on parla d'elle de manière spécifique comme de l'un des symboles de la Shoah et plus gén��ralement comme le symbole de la persécution. Hillary Clinton, dans le discours qu'elle prononça lorsqu'elle reçut le prix humanitaire Elie-Wiesel en 1994, lut Le Journal d'Anne Frank et parla d'elle comme « nous éveillant à la folie de l'indifférence et au terrible prix qu'elle faisait peser sur notre jeunesse », que Clinton reliait aux événements alors en cours à Sarajevo en Somalie et au Rwanda[22].
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Après avoir reçu un prix humanitaire de la Fondation Anne-Frank en 1994, Nelson Mandela, s'adressant à la foule à Johannesbourg, déclara qu'il avait lu Le Journal d'Anne Frank pendant son emprisonnement et que celui-ci lui avait donné beaucoup de courage. Il compara la lutte d'Anne Frank contre le nazisme avec sa lutte contre l'Apartheid, décrivant un parallélisme entre les deux philosophies avec le commentaire « parce que ces croyances sont évidemment fausses, et parce qu'elles étaient, et seront toujours, défiées par des personnes semblables à Anne Frank, elles sont vouées à l'échec[23] ».
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Le journal a aussi été reconnu pour ses qualités littéraires. Commentant le style d'écriture d'Anne Frank, le dramaturge Meyer Levin, qui travailla avec Otto Frank sur la mise au point d'un drame basé sur le journal peu de temps après sa publication[24], loua sa capacité à « entretenir la tension d'une nouvelle bien construite », tandis que le poète John Berryman écrivit qu'il s'agissait d'une description unique, non seulement de l'adolescence mais aussi « du processus mystérieux et fondamental d'un enfant devenant adulte comme si cela était en train de se dérouler ». Sa biographe Melissa Müller dit qu'elle écrivait « dans un style précis, économique et confiant époustouflant d'honnêteté ». Son écriture est principalement une étude de caractères et elle examine chaque personne de son cercle avec un regard judicieux et intransigeant. Elle est parfois cruelle et souvent biaisée, en particulier dans sa description de Fritz Pfeffer et de sa propre mère. Müller explique qu'elle canalisa les sautes d'humeur normales de l'adolescence par ses écrits. Son examen personnel et celui de son entourage est soutenu pendant une longue période de manière très critique, analytique et introspective, et dans des moments de frustration elle dépeint la bataille intérieure dont elle fait l'objet entre la « bonne Anne » qu'elle voudrait être, et la « mauvaise Anne » qu'elle pense incarner. Otto Frank rappela plus tard son éditeur pour lui expliquer la raison pour laquelle il pensait que le journal avait été lu par tant de monde ; selon lui « le journal aborde tant d'étapes de la vie que chaque lecteur peut y trouver quelque chose qui l'émouvra personnellement ».
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En juin 1999, Time Magazine publia une édition spéciale intitulée TIME 100 : Heroes & Icons of the 20th century ; une liste des politiciens, artistes, innovateurs, scientifiques et personnalités les plus influentes du XXe siècle. Anne Frank fut choisie pour en faire partie. L'écrivain Roger Rosenblatt, auteur de Children of War, écrivit le passage consacré à Anne Frank[25] dans lequel il décrit son héritage : « Les passions déchaînées par ce livre suggèrent qu'Anne Frank appartient à tous, qu'elle s'est élevée au-dessus de la Shoah, du judaïsme, de la féminité et du bien, pour devenir une icône du monde moderne — la moralité individuelle assaillie par le mécanisme de la destruction, insistant sur le droit de vivre, questionnant et espérant pour le futur de la condition humaine. »
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Son authenticité ayant été contestée par l'historien Pierre Vidal-Naquet et l'anthropologue Claude Karnoouh[26] (ils n’en contestent pas l’existence, mais affirment que son père l’a réécrit, supprimant les passages intimes et en rajoutant d’autres), le Journal d’Anne Frank est devenu un enjeu politique entre les défenseurs du devoir de mémoire envers la Shoah et les négationnistes, qui incitèrent Teresien da Silva à déclarer en 1999 : « Pour beaucoup de mouvements politiques d’extrême droite, Anne s’avère être un obstacle. Son témoignage personnel de la persécution des Juifs et sa mort dans un camp de concentration empêchent la réhabilitation du national socialisme. »
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Depuis les années 1970, la négation de la Shoah constitue un crime dans plusieurs pays d’Europe, dont l’Allemagne, et la loi a été utilisée pour prévenir une recrudescence des activités néo-nazies.
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Mais les contestations des négationnistes n'ont pas attendu les doutes des historiens sur l'authenticité du texte : dès 1958, Simon Wiesenthal fut défié par un groupe de manifestants lors de la représentation théâtrale du Journal d'Anne Frank à Vienne, de prouver qu'Anne a bien existé, en retrouvant l’homme qui l’avait arrêtée. Wiesenthal commença à chercher Karl Silberbauer et le trouva en 1963. Lors de son interview, Silberbauer admit directement son rôle, et identifia Anne Frank à partir d’une photographie comme étant l’une des personnes arrêt��es. Il fournit un compte rendu complet des événements et se rappela qu’il avait vidé une valisette pleine de papiers sur le sol. Ses déclarations corroborèrent la version des événements qui avait précédemment été présentée par des témoins oculaires comme Otto Frank. Aucune charge ne put être retenue contre Silberbauer, qui n'avait fait que suivre les ordres. Les informations qu’il donna ne permirent pas à Wiesenthal de trouver le dénonciateur de la famille Frank, qui reste une énigme pour les historiens[8].
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À Lübeck en 1959, Otto Frank attaqua en justice Lothar Stielau, un professeur d'école, ancien membre des Jeunesses hitlériennes, qui avait publié un prospectus scolaire décrivant le journal comme une contrefaçon. La Cour de justice examina le journal et, en 1960, le déclara comme étant authentique. Stielau rétracta ses précédentes déclarations et Otto Frank arrêta la procédure judiciaire.
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Depuis les années 1970, le négationniste David Irving a affirmé de manière régulière que le journal n'était pas authentique[27].
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En 1976, M. Frank engagea une autre procédure contre Heinz Roth de Francfort, qui avait également publié des pamphlets proclamant que le journal était une contrefaçon. Le juge statua que s'il publiait de nouveaux écrits de ce type, il serait passible de 500 000 Deutsche Mark d'amende et d'une peine de six mois de prison. Deux autres plaintes furent rejetées par des tribunaux allemands en 1978 et 1979 sur base de la liberté d'expression, car la plainte n'avait pas été déposée par une des parties visées par les écrits. La cour statua dans les deux cas que si la plainte avait été déposée par une partie concernée, comme Otto Frank, une charge pour calomnie aurait pu être retenue.
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La controverse atteignit son sommet avec, à la suite d'une nouvelle plainte d'Otto Frank, l'arrestation et le jugement de deux néo-nazis, Ernst Römer et Edgar Geiss, qui furent jugés coupables de produire et de distribuer de la littérature dénonçant Le Journal d'Anne Frank comme étant une contrefaçon. Quand ils firent appel de leur condamnation, une équipe d'historiens étudia les documents en collaboration avec Otto Frank, et conclut qu'ils étaient authentiques. En 1978, durant la procédure d'appel des jugements Römer et Geiss, le laboratoire du tribunal criminel allemand (Bundeskriminalamt, BKA) eut pour tâche d'examiner le type de papier et les types d'encres utilisées dans le manuscrit du journal. Bien que ses conclusions aient indiqué que l'encre avec laquelle le journal avait été écrit était utilisée pendant la guerre, le BKA conclut que « les corrections subséquentes appliquées sur les pages volantes ont été écrites avec des stylos à bille noirs, verts et bleus ». Bien que le BKA n'ait pas donné plus de précisions à propos de ces supposées corrections au stylo à billes, les négationnistes dénonçant l'authenticité du journal se sont focalisés sur cette phrase, car les stylos à bille ne sont devenus populaires qu'après la Seconde Guerre mondiale.
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Le BKA publia en juillet 2006 un communiqué de presse dans lequel il déclara que les recherches effectuées en 1980 ne peuvent en aucune manière être utilisées pour remettre en cause l'authenticité du Journal d'Anne Frank[28].
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En 1986, le Laboratoire national de sciences légales néerlandais de Rijswijk exécuta une autre expertise technique exhaustive du manuscrit. Bien que le BKA fût invité par ce laboratoire à indiquer sur quelles pages volantes il avait détecté des corrections au stylo à bille, celui-ci fut incapable de présenter un seul exemple. Le laboratoire lui-même trouva seulement deux pages de manuscrits rédigées avec de l'encre de stylo à bille, qui avaient été ajoutées dans les pages volantes du manuscrit. L'édition critique révisée du Journal d'Anne Frank (publiée en 2003) fournit des images (pages 167-171) de ces deux pages du manuscrit et dans le chapitre résumant les découvertes faites par le Laboratoire national de sciences légales hollandais, H.J.J. Hardy écrit à ce sujet :
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« Le seul passage au stylo à bille fut découvert sur deux morceaux de papier inclus parmi les feuilles volantes. Les figures VI-I-I et 3 montrent la manière dont ces morceaux de papier avaient été insérés dans le dossier plastique concerné. En tout état de cause, ces écrits au stylo à bille n'ont aucune influence sur le contenu factuel du journal. De plus, l'écriture observée sur ces morceaux de papier diffère de façon saisissante de celle du journal. »
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— page 167
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Une note de bas de page ajoute : « Le psychologue et expert en graphologie d'Hambourg Hans Ockleman déclare dans une lettre à la Fondation Anne Frank datée du 27 septembre 1987 que sa mère, Dorothea Ockleman, est l'auteur de ces morceaux de papier écrits au stylo à bille. Elle les écrivit quand elle collabora à l'étude des journaux avec Minna Becker. »
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Avec la mort d'Otto en 1980, le manuscrit original du Journal, ainsi que les lettres et les feuilles volantes, furent réclamés par l'Institut national des documents de guerre des Pays-Bas, qui demanda une étude légale au ministère de la Justice des Pays-Bas en 1986. Ils comparèrent le manuscrit et plusieurs exemplaires connus. Ils conclurent qu'ils concordaient mais aussi que le papier, la colle et l'encre utilisés étaient disponibles à l'époque à laquelle le journal est supposé avoir été écrit. Leur conclusion finale confirma l'authenticité du journal comme le fit également la Cour régionale de Hambourg le 23 mars 1990.
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Néanmoins, certains négationnistes ont persisté dans leurs affirmations selon lesquelles le journal est une contrefaçon. En 1991, Robert Faurisson et Siegfried Verbeke produisent un livret intitulé : Le Journal d'Anne Frank : une approche critique. Ils déclarent qu'Otto Frank était l'auteur du journal, basé sur le fait que le journal contient plusieurs contradictions, que se cacher dans l'annexe aurait été impossible et que le style et l'écriture d'Anne Frank ne seraient pas ceux d'une adolescente[29].
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En décembre 1993, la Maison Anne Frank à Amsterdam et la Fondation Anne-Frank de Bâle déclenchèrent une action au civil de manière à interdire la poursuite de la distribution du livret Le Journal d'Anne Frank : une approche critique aux Pays-Bas. Le 9 décembre 1998, la Cour du District d'Amsterdam statua en faveur des plaignants, rendant hors la loi tout déni concernant l'authenticité du journal, toute distribution des publications de même nature et imposa une amende de 25 000 florins par contravention constatée[30].
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Le 3 mai 1957, un groupe de citoyens, parmi lesquels Otto Frank, créa la fondation de la Maison d'Anne Frank dans le but initial de sauvegarder l'immeuble Prinsengracht menacé de démolition et de le rendre accessible au public[31]. Otto Frank insista sur le fait que l'objectif de la fondation serait de promouvoir les contacts et la communication entre les jeunes de différentes origines, cultures et religions, mais aussi de lutter contre l'intolérance et la discrimination raciale[32]. La Maison d'Anne Frank ouvrit ses portes le 3 mai 1960. La même année, Shelley Winters fait don de son premier Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, obtenu pour Le Journal d'Anne Frank, à la Fondation Anne-Frank. On peut à présent admirer la mythique statuette dorée au musée jouxtant l'immeuble. Elle comprend l'entrepôt et les bureaux de la société Opekta ainsi que l'Annexe, le tout non meublé de manière que les visiteurs puissent circuler librement dans les pièces. Certains effets personnels des précédents occupants sont restés, comme une affiche d'une star de cinéma collée au mur par Anne, un morceau de papier peint sur lequel Otto Frank marquait la taille de ses filles à mesure qu'elles grandissaient et une carte sur le mur où il notait l'avance des forces alliées, le tout étant protégé par du papier Perspex (Plexiglas). Depuis la petite pièce qui fut celle de Peter van Pels, une allée relie l'immeuble aux bâtiments voisins, également rachetés par la Fondation. Ces autres immeubles sont utilisés pour héberger le journal mais aussi des expositions qui présentent différents aspects de la Shoah et des études plus contemporaines sur l'intolérance raciale dans différentes parties du globe. La Maison d'Anne Frank est devenue l'attraction touristique la plus fréquentée d'Amsterdam avec plus d'un million et demi de visiteurs chaque année.
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En 1963, Otto Frank et sa seconde femme Elfriede Geiringer-Markovits établissent la Fondation Anne-Frank en tant qu'organisation caritative, basée à Bâle en Suisse. La Fondation collecte l'argent pour le donner à des causes qui lui semblent louables. Jusqu'à sa mort, Otto légua ses droits sur le journal à la Fondation, à la condition que les premiers 80 000 francs suisses de revenus annuels soient distribués à ses héritiers, le reste étant crédité à la Fondation à destination des projets que ses administrateurs jugent valables. Cela a permis de soutenir tous les ans le traitement médical des Justes parmi les nations, d'éduquer les jeunes contre le racisme et de prêter certains écrits d'Anne Frank au musée américain dédié au mémorial de l'Holocauste de Washington pour une exposition en 2003. Le rapport annuel de la même année permet de se faire une idée des efforts réalisés pour contribuer à un niveau plus global, avec le support de l'Allemagne, d'Israël, de l'Inde, de la Suisse, de l'Angleterre et des États-Unis[33].
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Des dizaines d'écoles à travers le monde ont été baptisées « Anne Frank », en souvenir de la jeune fille[34]. Son nom a également été donné à un astéroïde, peu après la Seconde Guerre mondiale ((5535) Annefrank). La vie et les écrits d'Anne Frank ont inspiré divers groupes d'artistes et commentateurs populaires, faisant référence à elle en littérature, musiques populaires, télévision, et d'autres formes de média. En 1959, son journal a été adapté pour le cinéma par George Stevens ; il a fait l'objet ensuite de plusieurs téléfilms et d'une adaptation japonaise en dessin animé (Anne no nikki, 1995).
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Le 30 juillet 2009, le journal est ajouté avec d'autres documents au Registre de la Mémoire du monde de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)[35]. Le 30 septembre 2009, le musée Anne Frank annonce la publication des vidéos[36] montrant des images de la jeune fille[37].
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En 2007, le châtaignier situé devant la maison où Anne Frank se cachait, et dont elle parle plusieurs fois dans son fameux journal, est sauvé provisoirement de l'abattage. L'arbre, âgé de 150 ans, était malade et jugé dangereux, mais le conseil municipal décida de surseoir à la décision[38]. Le châtaignier est finalement renversé par une tempête[39] le 23 août 2010 ; les volontaires d'une fondation protégeant l'arbre tenteront de le faire repousser, grâce à l'accord du propriétaire du terrain[40].
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En France, en 2015, 95 établissements scolaires portent son nom, fait rare pour une personnalité étrangère[41].
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La houille est une roche carbonée sédimentaire correspondant à une qualité spécifique de charbon, intermédiaire entre le lignite et l'anthracite (soit 80 à 90 % de carbone). De couleur noirâtre, elle provient de la carbonisation d'organismes végétaux et peut donc servir de combustible fossile.
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Ce combustible est utilisé depuis le XIe siècle et son extraction dans les mines a rendu possible la révolution industrielle au XIXe siècle. Depuis, la houille constitue une des principales sources d'énergie des pays industrialisés.
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L'appellation courante de charbon désigne généralement la houille.
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Le terme « houille » serait l'équivalent francisé du wallon hoye ou hougne. Dans la Province de Liège, le mot remonterait au XIe siècle, où on le retrouve dans des actes du Chapitre de Saint-Lambert en 1278 et 1299, ainsi que dans ceux de l'abbaye du Val Benoît en 1281. D'après Jean Haust, le mot « hoye » existait avant la découverte de la houille et signifie « fragment, éclat, motte » en wallon liégeois. Avec la découverte du charbon, « hoye » fut utilisé pour désigner la houille en morceaux et le mot se répandit à partir de 1200 à l'ouest et au sud de la Wallonie dialectale[1].
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D'après Bormans, « hoye » viendrait des dérivés du verbe « schillen » (peler), « scho, schael », et signifierait « écaille, motte de terre, schiste ». Une autre origine possible du mot serait « Hullos » ou « Hollius »[2], un forgeron légendaire de Plainevaux qui aurait découvert la houille en Publémont[1].
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L'élaboration naturelle de la houille s'est opérée à partir de matière organique, celle produite par les forêts tropicales du Carbonifère — en passant notamment par la production de kérogène. On parle ainsi communément de « forêt houillère »[3],[4] : c'est l'enfouissement et la transformation de ces paléoforêts marécageuses qui est à l'origine des gisements de houille.
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Indépendamment de leur intérêt économique, les bassins houillers fournissent ainsi de précieuses informations sur les anciennes flores et les anciens paysages terrestres[5].
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La houille est une qualité spécifique de charbon, terme générique qui recouvre trois catégories de combustibles solides de même origine (kérogène), mais dont les gisements sont à différents stades de transformation : la tourbe, le lignite et enfin la houille, dont l'anthracite est une variété de qualité supérieure.
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Pour les besoins industriels et domestiques, un charbon se caractérise par :
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Des analyseurs de charbon existent maintenant, fonctionnant en continu.
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La houille est utilisée depuis le XIe siècle comme combustible pour le chauffage et même la cuisson.
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Ainsi dans l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers : « Le charbon de terre est d'une grande utilité dans les usages de la vie. Dans les pays où le bois n'est pas commun, comme en Angleterre & en Écosse, on s'en sert pour le chauffage & pour cuire les aliments ; & même bien des gens prétendent que les Viandes rôties à un pareil feu, sont meilleures ; il est certain qu'elles sont plus succulentes, parce que le jus y est plus concentré. (…) Pour le ménager, les pauvres gens le réduisent en une poudre grossière qu'ils mêlent avec de la terre glaise ; ils travaillent ce mélange, comme on feroit du mortier ; ils en forment ensuite des boules ou des espèces de gâteaux, qu'on fait sécher au soleil pendant l'été. On brûle ces boules avec du charbon de terre ordinaire ; & quand elles sont rougies, elles donnent pendant fort long-temps une chaleur douce & moins âpre que celle du charbon de terre tout seul. (…) Plusieurs Arts & Métiers font, outre cela, un très grand usage du charbon de terre. Les Maréchaux & Serruriers, & tous ceux qui travaillent en fer, lui donnent la préférence sur le charbon de bois ; parce qu'il échauffe plus vivement que ce dernier, & conserve la chaleur plus long-tems. En Angleterre, on s'en sert dans les Verreries de verre ordinaire, & même de crystal ; on en vante sur-tout l'usage pour cuire les briques & les tuiles ; & dans beaucoup d'endroits on s'en sert avec succès pour chauffer les fours à chaux[6]. »
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En Angleterre, le risque de pénurie de charbon de bois, initialement utilisé dans les fonderies oblige l’industrie métallurgique anglaise à rechercher une autre matière première pour son industrie : le charbon de terre, la houille. À l’état brut, celui-ci est impropre aux utilisations de cette industrie et nécessite une « distillation » dans des cornues, regroupées en batteries, dans une usine appelée cokerie. Le produit obtenu est le coke.
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La date de l’invention du coke n’est pas réellement connue. Le métallurgiste allemand du XIXe siècle, Ledebur (Adolf Ledebur), mentionne un dépôt de brevet par l’anglais Dudd Dudley en 1619. Le développement réel de la production de coke aura lieu à la fin du XVIIIe siècle. C’est notamment le remplacement du charbon de bois par le coke par Abraham Darby qui lança son utilisation industrielle.
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La « distillation » (en fait une pyrolyse) de la houille permettra par la suite d'obtenir le gaz de houille à des fins d'éclairage. Le gaz de houille contient 50 % de dihydrogène, 32 % de méthane et 8 % de monoxyde de carbone. La propriété de la découverte du gaz d'hydrogène carburé (Lebon) ou gas light (Murdoch), ou gaz de houille, (mais aussi gaz d'éclairage, gaz manufacturé, gaz de ville, etc.) aux alentours de 1800 a fait débat à l'époque. Elle se trouve partagée entre le français Philippe Lebon, l'anglais William Murdoch, l'allemand Frédéric-Albert Winsor, le limbourgeois Jan Pieter Minckelers qui est le seul à ne pas lui avoir donné de suites industrielles[7]. À partir de 1812, la diffusion du gaz de houille comme gaz d'éclairage se fait à Londres d'abord, à Paris ensuite, sous l'impulsion de Frédéric-Albert Winsor à une époque où l'on s'éclaire encore à l'huile. Dans la foulée, diverses sociétés sont fondées dans le but d'équiper les grandes villes européennes, parmi lesquelles la société anglaise Imperial Continental Gas Association, qui seront à l'origine des grands groupes énergétiques modernes.
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Dans un premier temps des usines à gaz sont construites pour produire le gaz de houille (d'où son nom de gaz manufacturé) ; la revente du coke, sous-produit de la fabrication du gaz, est suffisant à payer la houille. Dans un second temps, l'approvisionnement en gaz se fait auprès des cokeries. Le gaz devient sous-produit de la fabrication du coke. Ce développement des cokeries est favorisé par l'essor de la carbochimie à partir de 1920 et la valorisation de nouveaux sous-produits du coke : benzol, hydrogène, éthylène[8], etc.
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D'autres sources d'approvisionnement en énergie apparaissent en concurrence de la houille. On les désigne à l'aune de la houille qui est à ce moment omniprésente, un peu comme à notre époque, on désigne le pétrole brut sous le terme d'« or noir ». La formule « houille blanche » par exemple, développée à Grenoble à partir de 1878 au cours de réunions locales, puis à la foire de Lyon en 1887 par Aristide Bergès, est définitivement popularisée lors de l’Exposition universelle de Paris de 1889, où il en fait l’expression populaire pour caractériser la puissance hydraulique sous toutes ses formes. On distingue[9] :
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Les gaz manufacturés sont remplacés, pour l'éclairage urbain par l'électricité à partir de 1880, et pour ses différents usages domestiques et industriels, notamment le chauffage et la cuisson, par le gaz naturel, surtout à partir de la crise de 1929, plus largement à partir de la fin de Seconde Guerre mondiale.
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La transformation du charbon en gaz suscite un regain d'intérêt avec la découverte en 1926 du procédé Fischer-Tropsch (permettant de générer un carburant liquide synthétique appelé synfuel). À l'occasion l’appellation gaz de synthèse ou syngas (abréviation de synthetic gas) fait son apparition qui englobe les gaz manufacturés ainsi que les expériences modernes pour créer des gaz synthétiques. Puis l'utilisation du charbon devient marginale : au milieu des années 1980, les hydrocarbures (gaz naturel ou coupes pétrolières) sont la source principale des gaz de synthèse[10].
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La houille est surtout utilisée actuellement :
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L'utilisation du charbon dans les centrales thermiques est très importante ; ces centrales fournissent 40 % de la production mondiale d'électricité, la moitié aux États-Unis et en Allemagne. Longtemps considéré comme dépassé, l'intérêt du charbon revient quand les besoins énergétiques atteignent les capacités maximales de production de pétrole ou de gaz naturel, renchérissant leur coût. L'utilisation du charbon, notamment dans les centrales électriques, a fait et continue à faire des progrès énormes en matière de réduction des émissions de polluants tels que le soufre, les oxydes d'azote et les particules fines. Par contre rien ou presque n'a changé en matière d'émission de gaz à effet de serre. Une centrale au charbon actuelle émet sensiblement moins de CO2 par kilowatt-heure produit qu'une ancienne (du fait du meilleur rendement) mais deux fois plus qu'une centrale au gaz. Le retour du charbon sera donc (et est déjà) un désastre en matière de réchauffement climatique. La séquestration du CO2 apparaît comme une solution intéressante, mais elle ne sera pas disponible à grande échelle avant de nombreuses années.
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Au cours des années 1990, les compagnies électriques préférant construire des centrales à gaz, peu de nouvelles centrales électriques au charbon avaient vu le jour aux États-Unis. Maintenant que le prix du gaz augmente et devient extrêmement instable, du fait du déclin de la production américaine, une centaine de nouvelles centrales à charbon sont en projet, pour un total de quelque 60 gigawatts, sur la période 2005-2013. Mais ils se heurtent le plus souvent aux refus des populations proches et des autorités locales. La recherche s'oriente vers une utilisation plus écologique du charbon et vers une production de carburants de synthèse fabriqués à partir du charbon. En 2003, le Département américain de l'énergie a en outre lancé le programme de recherche FutureGen, afin de répondre aux exigences environnementales[11].
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En 2003, la République populaire de Chine produit 79 % de son électricité à partir du charbon[12]. Pékin prévoit d'ajouter environ 70 nouvelles centrales à charbon par an ; en 2006, cinq centrales à charbon étaient construites par semaine[13]. Ce pays devrait devenir le plus gros émetteur de dioxyde de carbone d'ici à 2009[14]. En effet, la plupart des centrales électriques thermiques sont vétustes et très polluantes, car elles fonctionnent grâce à la technique de pulvérisation du charbon. En 2007, la Chine possède 13 % des réserves mondiales de charbon soit 118 milliards de tonnes[11]. Les plus importantes entreprises charbonnières sont Shenhua Group et Yankuang. En 2008, avec 25 000 mines, le pays est le premier producteur (2,5 milliards de tonnes par an), consommateur et exportateur mondial.
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Dans le Brandebourg se trouve l'une des premières centrales pilotes, dites à « charbon propre ». Ce projet utilise l'oxydoréduction, l'une des manières de piéger et séquestrer le dioxyde de carbone dégagé par le combustible. Les centrales de ce type devraient se banaliser d'ici à 2020.
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Cinquième producteur mondial, la nation arc-en-ciel a montré en janvier 2008 les failles de sa politique du tout-charbon. Par manque de centrales thermiques, elle n'a pu faire face à la demande en électricité, d'où un terrible black-out.
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Dans quelques cas, on récupère le gaz naturel minier (dit « grisou ») dégazant naturellement des veines d'exploitations souterraines abandonnées. Dans le Nord de la France, les installations de la société Gazonor récupèrent ce grisou (sauf dans les extrémités est et ouest du bassin minier) et le réinjectent dans le réseau de Gaz de France. C'est aussi un moyen d'éviter que des quantités importantes de méthane (gaz à effet de serre important) ne rejoignent l'atmosphère sous forme de CO2. La société European Gas Limited, en Lorraine, est la seule en France à mener des recherches sur la récupération du grisou dans les couches de charbon non exploitées.
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Des procédés permettent de convertir le charbon en gaz ou en hydrocarbures liquides.
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La gazéification du charbon consiste, avec un apport d’oxygène, à transformer le charbon en gaz composé de monoxyde de carbone et d’hydrogène, appelé gaz de synthèse ou « syngas ». Ce mélange est en général brûlé pour produire de l’électricité comme dans les centrales de type IGCC. Il peut également être converti en hydrocarbures liquides comme indiqué dans la suite.
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La liquéfaction du charbon, plus connue sous le terme anglo-saxon « Coal-To-Liquids » ou « CTL », consiste en la conversion du charbon en hydrocarbures liquides proches des carburants issus de la pétrochimie.
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Deux familles de procédés existent :
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Ces deux voies ont été inventées en Allemagne : la voie directe par Friedrich Bergius en 1913, la voie indirecte par Franz Fischer et Hans Tropsch en 1923. Les deux procédés ont été appliqués industriellement en Allemagne, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Le pétrole, alors bon marché, et produisant des carburants de manière un peu moins polluante que le charbon, a ensuite remplacé la houille comme matière première.
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Après les chocs pétroliers des années 1970, le CTL a connu un regain d’intérêt, qui a conduit à la création d'unités pilotes notamment aux États-Unis et au Japon. Le niveau du prix du pétrole dans les années 1990 a de nouveau provoqué un ralentissement de ces efforts. De nouvelles méthodes permettant d'exploiter le gaz de schiste emprisonné dans les roches profondes ont dans les années 2000 fait baisser le prix du gaz, rendant ces alternatives encore moins attractives.
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L’Afrique du Sud, pour des raisons d'indépendance énergétique, a cependant développé plusieurs unités. Sasol y produit aujourd'hui à partir du charbon environ 30 % de la consommation en hydrocarbures liquides du pays, par la voie indirecte et la synthèse Fischer-Tropsch.
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Fin 2008, le Chinois Shenhua a fait démarrer sa première unité de liquéfaction du charbon, avec un procédé direct, en Mongolie intérieure. Ces premiers essais, qui ont duré treize jours, ont été suivis d'une seconde campagne de test (commencée en octobre 2009).
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Les enjeux économiques du CTL sont considérables. Le coût d’une unité industrielle est de plusieurs milliards d’euros. L’indicateur économique du coût de revient d'une unité est le « prix équivalent de pétrole brut », dont les valeurs communiquées par les industriels et dans la littérature sont extrêmement variables : de 35 à 90 dollars par baril.
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L’enjeu essentiel du CTL est l'indépendance énergétique. Nombreux en effet sont les pays riches en charbon et relativement pauvres en pétrole, comme les trois géants que sont les États-Unis, la Chine et l’Inde. C’est dans ces pays que l’on trouve l’essentiel de la trentaine de projets à l’étude en 2008. L'exploitation du gaz de schiste est cependant en pleine croissance aux États-Unis, rendant cette alternative moins attractive. En outre, les choix politiques au sujet du dioxyde de carbone (gaz à effet de serre, protocole de Kyoto, etc.) peuvent constituer des obstacles au développement du CTL.
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Le prix international de la liquéfaction du charbon a été décerné, pour l’année 2010, à M. Zhang Jiming[15], vice-président de China Shenhua Coal to Liquid & Chemical (Chine). Le prix 2011 a été remis à Paris le 3 mars 2011 à M. Rudi Heydenrich[15], gérant exécutif de Sasol Technology, en conclusion de la World CTL 2001 Conference[16].
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Jusque vers l'an 2000, la production mondiale de houille était globalement relativement stable, en augmentation dans les pays en développement, mais en diminution dans les pays occidentaux riches en raison de son caractère polluant et moins pratique que les carburants gazeux ou liquides, ou en raison de l'épuisement des ressources. Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais a exploité, de 1850 à 1990, la partie occidentale d'un filon charbonnier s'étirant de la France à la Belgique (où l'exploitation a cessé aussi il y a une quinzaine d'années) et à l'Allemagne (où l'exploitation devrait durer jusqu'en 2018). Néanmoins, ces dernières années, la production a fortement augmenté, principalement sous l'impulsion de la Chine, qui représentait 45 % de la production en 2005, contre 19 % en 1990.
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Production :
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Voici les huit premiers pays producteurs de charbon en 2005, selon l'Agence Internationale de l'Énergie, la production incluant charbon « noir » et lignite :
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Contrairement au pétrole, le charbon est majoritairement consommé dans les pays qui le produisent ; quelque 15 % de la production mondiale, seulement, sont exportés. Les premiers sont l'Australie (231 Mt), l'Indonésie, la Russie et l'Afrique du Sud. Les exportations chinoises ont diminué ces dernières années, la production, malgré une hausse de 50 % en trois ans, ne parvenant pas à maintenir le rythme de la gigantesque demande des centrales électriques chinoises.
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Le charbon a posé et pose encore de nombreux problèmes pour l'environnement et la santé environnementale.
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En amont de la filière :
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En aval de la filière, l'industrie houillère laisse de nombreuses séquelles :
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En France, le ministre de l'Écologie a en 2009 demandé[19] aux préfets de mettre en place des mesures de surveillance autour des sites de déchets radioactifs, incluant les dépôts de déchets à « radioactivité naturelle renforcée » (cendres, phosphogypse…). Ce premier état des lieux pourra orienter la stratégie de l'État concernant les risques liés aux cendres de charbon, qui en 2009 étaient encore produites par centaines de milliers de tonnes annuelles, par 19 centrales au charbon (15 pour EDF et 4 pour la SNET) qui en France compensent les besoins que le nucléaire ne peut fournir en période de pointe. Une grande partie des dépôts français a été vendue ou offerte pour le BTP, (terrassement/remblais de tranchées ou d'aménagements routiers, inclusion dans le ciment ou béton, ou comme matériau de remblais pour diverses infrastructures routières ou ferroviaires (TGV Est par exemple). J. Bonnemains, auteur d'une étude faite pour l'ASN[17] estime nécessaire un meilleur contrôle des cendres de charbon, qui nécessite selon lui par « la création d'une structure extérieure aux producteurs pour assurer un suivi longitudinal et contradictoire ».
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Houston /ˈhjus.tən/[1] Écouter est une ville de l'État du Texas dans le Sud des États-Unis. Avec une population de 2 303 482 habitants dans la municipalité et 6 313 158 dans l'agglomération (estimations du Bureau du recensement des États-Unis, 2016[2]), c'est la plus grande ville du Sud des États-Unis et, après Dallas, la deuxième aire urbaine de la région. Ses habitants s'appellent les Houstoniens. La ville s'étale sur trois comtés dont le principal est le comté de Harris. C'est la quatrième ville des États-Unis après New York, Los Angeles et Chicago.
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Houston a une grande industrie pétrochimique ainsi qu'un port maritime ouvert sur le golfe du Mexique. La National Aeronautics and Space Administration (NASA) y a installé l'un de ses centres destiné aux astronautes. L'agglomération est dotée de la plus forte concentration de laboratoires de recherche sur la santé (Texas Medical Center).
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Houston est une ville dont la croissance démographique est la seconde des États-Unis après Las Vegas. En 1900, sa population était d'environ 45 000 habitants. Selon les dernières estimations en 2016, l'agglomération comprend plus de 6,3 millions de personnes sur neuf comtés, ce qui en fait la 5e du pays.
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D'après l'organisme chargé des statistiques aux États-Unis (le bureau du recensement des États-Unis), Houston occupe une superficie de 1 558,4 km2, dont 1 500,7 km2 de terre et 57,7 km2 de lacs ou rivières (soit 3,7 % de la superficie).
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Quatre principaux bayous traversent la ville : le bayou Buffalo qui traverse le centre-ville, le bayou Brays qui longe le Texas Medical Center, le bayou White Oak qui traverse le quartier Heights au nord-est et le bayou Sims qui traverse le centre-ville et le sud de Houston pour aller se jeter dans le canal. Ce canal traverse Galveston et permet de rejoindre le golfe du Mexique.
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Houston est une ville bâtie en terrain relativement plat. Les inondations y sont donc un problème récurrent. La ville se trouve à environ 15 mètres au-dessus du niveau de la mer, le point le plus haut étant Houston Heights.
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Pour s'approvisionner en eau, la ville puisait dans les nappes phréatiques mais est maintenant obligée d'utiliser les eaux de surface, comme le lac Houston.
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Houston connaît un climat subtropical humide avec des étés très chauds voire torrides et humides et des hivers doux. La ville est située sur la plaine côtière du golfe du Mexique et sa végétation est classée dans les prairies tempérées. La plus grande partie de la ville fut construite sur des zones forestières, des marais ou des prairies, que l'on peut encore voir dans les environs. La hauteur des précipitations annuelle moyenne oscille entre 914 et 1 263,9 mm. Les vents dominants viennent du sud et du sud-est et apportent la chaleur des déserts du Mexique et l'humidité du golfe du Mexique.
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En été, la température diurne peut atteindre 38 °C pendant plusieurs jours. Il n'y a pas beaucoup de vent et l'humidité (souvent entre 90 et 100 % d'humidité relative) donne l'impression qu'il fait plus chaud qu'en réalité. Pour combattre la chaleur, les voitures et les bâtiments construits après la Seconde Guerre mondiale disposent de l'air climatisé. Les orages d'été amènent parfois le développement de tornades. Les pluies ne sont pas rares dans l'après-midi et tous les jours les météorologues prévoient un risque d'averse. Les pluies estivales s’abattent sous forme de forte et courte averses chaudes. La température la plus élevée connu à Houston est de 43 °C le 4 septembre 2000 et le 28 août 2011 enregistrée à l’aéroport international George Bush Intercontinental[3].
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L'hiver est frais et tempéré. Les températures oscillent entre 7 °C et 16 °C. La période la plus froide est le mois de janvier lorsque les vents du nord provoquent des averses hivernales.
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La neige est rare et ne tient jamais au sol. Une tempête de neige a tout de même frappé Houston la veille de Noël en 2004. Quelques centimètres sont tombés mais tout avait disparu le lendemain après-midi. La température la plus froide jamais enregistrée fut −15 °C le 23 janvier 1940.
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Le climat de Houston est souvent comparé à celui de Dallas, les deux villes connaissant des températures supérieures à 35 °C en été. Cependant, le climat de Dallas est sec tandis que celui de Houston est humide. Dallas connaît également des températures plus élevées mais le haut taux d'humidité de Houston lui donne un indice humidex plus important. En hiver, les températures sont régulièrement négatives à Dallas, rarement à Houston.
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Comme beaucoup de zones du Texas, Houston est souvent envahi par les fourmis rouges.
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Houston bénéficie d'un ensoleillement très élevé avec 2 577,6 heures en moyennes par an.
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De nombreux ouragans se sont abattus sur la côte texane. Plusieurs ont frappé Houston, entraînant souvent morts et destructions. Lors de l'ouragan de 1900, Galveston fut très touché et perdit son statut de port majeur et de puissance économique du sud-est du Texas. Par la suite, le développement du canal de Houston ainsi que du port pétrolier ont donné son statut majeur à Houston. Les derniers ouragans ayant frappé Houston furent Alicia en 1983 et Rita mais la tempête tropicale Allison en 2001 a causé des milliards de dollars de dégâts et fait 43 morts. Allison a créé les pires inondations qu'ait connu Houston. Beaucoup de quartiers se sont transformés depuis la tempête et les plus anciennes maisons dans les quartiers ravagés ont été détruites puis remplacées par des habitations plus grandes et plus résistantes. Lors de l’ouragan Rita, Houston fut évacué mais n'a subi que des dégâts mineurs. En 2008, l'ouragan Ike a causé de nombreux dégâts à Galveston et a gravement endommagé Houston : les fenêtres de la JPMorgan Chase Tower (305 mètres de hauteur) ont volé en éclats.
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Fin août 2017 la ville est frappé par l'ouragan Harvey dont l'impact est décrit comme le pire « jamais vu » et qui provoque de graves inondations dans la ville[4].
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Quand la ville de Houston fut fondée en 1837, elle fut divisée en circonscriptions appelées wards. Ces wards ont par la suite donné naissance aux 9 districts qui composent la ville d'aujourd'hui.
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L'autoroute Interstate 610 sert de boulevard périphérique à la ville et forme une sorte de boucle autour de celle-ci. On la surnomme la loop 610 (la boucle 610) ou tout simple the loop (la boucle) et on classe souvent les endroits comme étant soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de cette boucle. À l'intérieur du loop se situe le centre-ville (Central business district) et ses gratte-ciel tandis que le reste de la ville, les aéroports et les banlieues se situent en dehors.
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L'autoroute 610 est plus qu'une simple autoroute, elle définit presque un style de vie et un état d'esprit. Celui qui habite à l'intérieur de la boucle ressemble plutôt au citadin typique, qui aime être près des musées, des universités, des événements, des parcs et des loisirs.
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Une autre autoroute périphérique, la Texas State Highway Beltway 8 (appelée Beltway) ceinture la ville 8 km plus loin. Encore un autre périphérique, le Texas State Highway 99, appelé le Grand Parkway est actuellement en construction.
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Houston s'est agrandi de manière assez désordonnée. La ville n'a pas un unique centre-ville ; cinq autres centres se sont développés dans l'agglomération. S'ils avaient été tous réunis, ils auraient alors formé le troisième centre-ville des États-Unis.
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Houston comprend de nombreux édifices religieux dont la Cocathédrale du Sacré-Cœur de Houston inauguré en 2008.
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Aujourd'hui, le quartier d'affaires de Houston est l'un des plus importants des États-Unis, avec un grand nombre de gratte-ciel parmi lesquels le One Shell Plaza en 1971 (218 mètres, 50 étages) et le JPMorgan Chase Tower en 1982 (305 mètres, 75 étages), le plus haut immeuble du Texas et qui possède un belvédère au 60e étage. Malgré cette croissance urbaine, le centre a conservé quelques bâtiments du XIXe siècle autour d’old Market Square et dans le Sam Houston Park. Le Long Row reconstitue une rue commerçante du XIXe siècle. Le quartier culturel (Theatre District) abrite le Wortham Theater Center où se produisent le ballet et l'opéra de Houston. Le Jones Hall for Performing Arts et l’Alley Theater complètent l'offre culturelle de la ville.
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Après la construction en 1987 de la tour Heritage Plaza (232,3 mètres, 52 étages), aucun gratte-ciel n'a été bâti dans la ville au cours des années 1990, hormis The O'Quinn Medical Tower at St. Luke's en 1990 (145,4 mètres, 25 étages). Il faudra attendre 2002, avec l'achèvement de la tour 1500 Louisiana Street (182,9 mètres, 40 étages) pour voir le mouvement repartir[5].
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Second Ward est un quartier historique de l'East End de Houston, à l'est de la ville. Il est l'un des quatre quartiers originaux de la ville au XIXe siècle. La municipalité est aujourd'hui délimitée par Buffalo Bayou au nord, Lockwood Avenue à l'est, et les voies de chemin de fer au sud et à l'ouest. Sur son territoire se trouvent la Our Lady of Guadalupe School, l'école catholique la plus ancienne de la ville[6], ainsi que sa paroisse, fondée en 1912.
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Le quartier du Galleria, ainsi que le reste de la ville, a subi une forte expansion dans les années 1970 et au début des années 1980. Une série d'immeubles de bureaux a été créée le long de la branche ouest de l'autoroute Interstate 610 (le West Loop) qui constitue le deuxième centre d'affaires de la ville. La plus grande réussite de son développement a été la construction de la Williams Tower (1986, Ex Transco tower), gratte-ciel historique de 274 m de haut. La Williams Tower était le fruit d'une époque unique à Houston, une période pendant laquelle les sociétés pétrolières étaient en plein essor et cherchaient d'immenses structures monumentales pour symboliser leur puissance.
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À Uptown Houston se situent également d'autres édifices importants, dessinés notamment par des architectes renommés comme César Pelli et Philip Johnson. Pourtant, la construction massive d'immeubles de bureaux à Uptown s'est arrêtée quand l'économie de la ville s'est effondrée, lors de l'écroulement des prix de l'énergie dans les années 1980. Uptown comptait 2 380 000 m2 de bureaux en 2001, tandis que Downtown Houston en avait à peu près 4 000 000 m2. Vers la fin des années 1990, la ville a connu une croissance considérable dans la construction d'immeubles résidentiels de taille moyenne, généralement de 30 étages.
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Le Medical Center forme le troisième centre de la ville. Avec sa concentration de bâtiments hospitaliers, il constitue le plus grand centre médical du monde. Petite ville en soi, le Medical Center a aussi son lot de gratte-ciels, le plus reconnaissable d'entre eux est probablement le St Luke Hospital de l'architecte César Pelli qui fait penser, toutes proportions gardées (celui-ci ne mesure que 96 mètres de haut), aux fameuses Tours Petronas de Kuala Lumpur en Malaisie du même architecte. Le Medical Center est relié à Downtown par la seule ligne de tram de Houston.
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Greenway Plaza est un petit centre d'affaires et résidentiel, dont les immeubles concentrés se détachent de l'horizon. Principalement composé de bureaux et de cabinets médicaux ou d'avocats, ce petit centre abrite aussi l'ancien Compaq Center, un ancien stade couvert pour basketball et concerts rock, racheté par Joel Osteen pour y établir une megachurch, la Lakewood Church.
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Plus une communauté suburbaine qui s'est développée qu'un vrai centre de Houston, Sugar Land reste néanmoins satellitaire de cette dernière. Ville-dortoir par excellence, elle représente le rêve américain pour beaucoup de Houstoniens qui y trouvent des avenues boisées, des lacs artificiels avec jeux d'eau et des grandes villas.
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Il s'agit d'une autre communauté suburbaine de Houston qui s'est énormément développée ces dernières années, mais qui reste néanmoins satellitaire de Houston. Similaire en architecture et stade de développement à Sugarland, The Woodlands est aussi un mini-centre de congrès et tente de développer, avec assez de succès, un centre-ville indépendant. On trouve aux Woodlands le Cynthia Woods Mitchell Pavilion, une scène en plein-air de concerts très populaire.
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Le nom de Houston vient de Samuel Houston, chef de la révolution texane qui contribua au rattachement du Texas et plus particulièrement de la ville de Houston aux États-Unis.
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En juillet 1836, John Kirby Allen et Augustus Chapman Allen, deux entrepreneurs de New York, ont acheté 27 km2 de terrain le long du Buffalo Bayou avec l'intention de fonder une ville[7]. Les frères Allen ont décidé d'appeler la ville d'après Samuel Houston, le général qui remporta la bataille de San Jacinto contre les Mexicains[7] et qui fut élu président de la République du Texas en septembre 1836.
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Houston a été incorporé le 5 juin 1837 à l'État du Texas, avec pour premier maire James S. Holman[8]. La même année, Houston est devenu la capitale du comté de Harrisburg (qui est maintenant le comté de Harris) ainsi que la capitale temporaire de la République du Texas, jusqu'à ce que le deuxième Président texan Mirabeau Bonaparte Lamar la fasse déménager à Austin le 14 janvier 1839[9]. En 1840, une chambre de commerce a été mise en place en raison du transport fluvial sur le Bayou et des entreprises nouvellement installées sur le port de Buffalo Bayou[10].
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Dans les années 1860, Houston s'est développée grâce au commerce et à l'exportation du coton[9]. Pendant la guerre de Sécession, la ville a servi de quartier général au Général John B. Magruder, entre autres pour l'organisation de la bataille de Galveston[11].
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En 1900, Galveston a été détruite par un ouragan, et les efforts pour construire un port en eau profonde à Houston ont été accélérés[12]. L'année suivante, du pétrole fut découvert à Spindletop près de Beaumont, qui devint un champ pétrolier, cette découverte a incité le développement de l'industrie pétrolière au Texas[13]. En 1902, le président Theodore Roosevelt approuve un prêt de un million de dollars pour le projet d'amélioration du Houston Ship Channel. En 1910, la population de Houston a atteint 78 800 habitants, soit une augmentation de près de 100 % en une décennie[14], dont environ 24 000 habitants afro-américains.
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Houston est le siège du comté de Harris. Une portion sud-ouest de la ville fait partie du comté de Fort Bend et une partie du nord-est de celui de Montgomery.
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Houston est une ville-comté qui fonctionne selon le système de la dévolution du pouvoir. Comme partout au Texas, les élections municipales sont apolitiques[15].
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La ville est administrée par un maire, un contrôleur aux comptes et un conseil de seize membres, tous élus au suffrage universel pour un mandat de quatre ans et rééligibles une fois. Onze membres du conseil sont élus chacun dans un des onze districts, les cinq autres sont élus sur la totalité de la ville, qu'ils représentent tous de façon non partisane[16].
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Comme toute ville américaine, Houston possède son propre drapeau et son sceau.
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Houston est considérée comme la capitale mondiale de l’énergie. L’économie de la ville repose en effet en grande partie sur les industries de transformation du pétrole. Cependant, depuis la Seconde Guerre mondiale, la métropole diversifie ses activités économiques en développant la recherche biomédicale, l’aéronautique, les finances et les activités portuaires.
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Les performances économiques de la ville reflètent son dynamisme. En 2006, le PIB de la MSA de Houston–Sugar Land–Baytown s’élevait à quelque 325 milliards de dollars[17] : il était alors sensiblement supérieur au PNB de pays comme l’Autriche, la Pologne ou l’Arabie saoudite. Le taux de chômage dans la ville de Houston était de 3,8 % en avril 2008, soit le taux le plus bas depuis huit années[18].
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Si Houston est une métropole de premier plan aux États-Unis, elle l’est aussi au niveau mondial : 40 États possèdent des représentations et des bureaux de commerce international et 23 chambres ou associations de commerce étrangères sont implantées à Houston[19]. 20 banques étrangères représentant les intérêts de dix pays sont en activité à Houston.
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Les atouts de la métropole ne manquent pas : une position stratégique près des gisements de pétrole du golfe du Mexique, une ouverture maritime vers le monde, des universités et des centres de recherche réputés, un coût de la vie relativement faible par rapport à d’autres villes d’envergure semblable.
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La ville constitue la plus grande zone de manufacture pétrochimique du monde, y compris dans les domaines de caoutchouc synthétique, insecticides et produits fertilisants. La région est aussi le centre principal du monde pour la fabrication des équipements pétroliers.
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L’industrie pétrolière génère des centaines d’emplois annexes qui vont du forage en eau profonde jusqu'au nettoyage des cuves. La réussite de Houston en tant que centre pétrochimique résulte en grande partie de son canal maritime, le Port de Houston, lequel se trouve parmi les ports les plus importants des États-Unis et occupe la deuxième place au monde en tonnage étranger. Grâce au commerce, de nombreux habitants sont arrivés d'autres États américains, ainsi que de beaucoup de pays à travers le monde. Contrairement à la plupart des régions, où les hauts prix du pétrole sont considérés comme étant nuisibles pour l'économie, ces prix sont généralement bien vus à Houston puisque tant de personnes gagnent leur vie dans le secteur énergétique. Cependant, la concentration d’industries chimiques explique que l’air de Houston soit le plus pollué du pays.
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La bonne santé économique de Houston a longtemps dépendu de l’industrie pétrolière. Ainsi, la découverte du pétrole près de Houston en 1901 a déclenché une première période de croissance économique qui provoqua d’importants flux migratoires : dès les années 1920, Houston comptait déjà presque 140 000 habitants. Avec la crise pétrolière de 1973, les cours du pétrole ont fortement augmenté, ce qui bénéficia à Houston et au Texas dans son ensemble. La demande du pétrole texan a augmenté, et beaucoup de personnes du nord-est du pays sont venus s’installer à Houston pour profiter de la croissance économique.
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Cinq des six principales entreprises pétrolières ont implanté des bureaux à Houston : Total, ConocoPhillips, ExxonMobil, Shell Oil (installée dans l’immeuble One Shell Plaza), British Petroleum et Chevron. À côté de ses supermajors se trouvent des firmes moins importantes telles que Marathon Oil Corporation, Apache Corporation et Citgo. Le Grand Houston occupe la première place américaine pour la construction d’équipements pétroliers[20].
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Une zone industrialo-portuaire, dominée par la pétrochimie s’est développée grâce au canal et au port de Houston, entre la ville et le golfe du Mexique[21]. La prospection et la production d’hydrocarbures entrent pour 11 % des richesses produite par Houston : il était de 21 % en 1985. D’autres secteurs économiques se sont développés comme les services liés à l’ingénierie, à la santé et aux industries[22].
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Parmi les industries traditionnelles présentes à Houston, la métallurgie est l’une des plus importantes avec près de 2 100 usines et ateliers employant un total de 67 000 salariés dans la région[23]. Houston se pose en rivale de l’agglomération de Dallas pour les hautes technologies. Les 250 établissements de l’industrie électronique emploient quelque 20 000 personnes : la firme Hewlett-Packard est l’un grands employeurs de ce secteur[24]. Houston est l’un des premiers pôles de l’aérospatiale américaine : le Centre spatial Lyndon B. Johnson est le plus grand centre de la NASA avec plusieurs milliers d’employés. Mais le secteur dépend fortement de l’engagement fédéral et de la politique spatiale américaine. C’est également à Houston que se trouve United Space Alliance, qui fait travailler plus de 10 000 personnes. L’agglomération a également développé les biotechnologies en liaison avec le Texas Medical Center. Le University of Texas Research Park s’étendra à terme sur 180 000 m2 et proposera des laboratoires et des bureaux pour les entreprises et les organisations. L’un des cinq centres de séquencement du génome humain des États-Unis se trouve au Baylor College of Medicine.
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Avec 201 millions de tonnes de marchandises échangées en 2006[25], le port de Houston-Galveston est le 14e du monde, et le deuxième des États-Unis. Les activités industrialo-portuaires se sont développées le long du canal de Houston (Houston Ship Channel) et de la baie de Galveston.
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Avec Dallas, Houston est le centre des finances du Texas. Les bureaux des grandes firmes et des banques se trouvent dans les CBD, mais aussi dans les edge cities de la banlieue. Les sociétés pétrolières sont particulièrement bien représentées. Le nombre de sociétés classées par Fortune 500 dont le siège se trouve à Houston est dépassé seulement par New York. La ville a tenté de développer une industrie financière, mais les sociétés qui avaient débuté à Houston ont fini par fusionner avec d'autres firmes à travers le pays. L'activité financière est encore essentielle dans la région, mais la plupart des banques de Houston n'y ont pas leurs sièges centraux. Pourtant, Houston est devenu plus récemment un grand centre de finance avec de nombreuses banques, dont beaucoup étrangères. Le secteur immobilier a également une importance considérable dans la région de Houston. Les centres de conférence de Houston attirent de nombreux visiteurs.
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Houston est la quatrième plus grande ville des États-Unis[26] et la neuvième agglomération des États-Unis[26]. Les résidents de la ville de Houston sont appelés les houstonniens. Le bureau du recensement des États-Unis estimait en 2010, que la population de la ville était composée de 2 099 451 habitants, la classant ainsi 4e ville la plus peuplée des États-Unis[27]. La même année, sa communauté d'agglomération était composée de 4 715 407 personnes, ce qui la classait 9e agglomération du pays[28].
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Si la ville de Houston était un État américain, elle se positionnerait en 36e place des États au niveau de la population, ses 2,01 millions d'habitants en 2004 la placerait derrière le Nevada et avant le Nouveau-Mexique[29],[30]. En 2005, la zone de Houston comptait un peu plus de 5,5 millions d'habitants[31].
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Houston a une large population d'immigrants d'Asie, dont une bonne partie de Viêtnamo-Américains, qui représentent 1,7 % de la population de la ville et 16,5 % de la population vietnamienne du Texas en 2010[32].
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Lors du recensement de 2010, la ville compte 783 134 ménages, dont[33] :
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La population de la ville s'élève en 2010 à 396 815 habitants, dont[33] :
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Houston a une large communauté homosexuelle concentré dans le Montrose, Neartown et le Houston Heights. Il est estimé que la zone métropolitaine de Houston est la 12e métropole comptant le plus de personnes lesbiennes, gays et bisexuelles aux États-Unis[34].
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Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 22,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (15,5 % au niveau national)[35]. Ce taux masque des inégalités importantes, puisqu'il est de 28,6 % pour les Latinos et de 27,9 % pour les Afro-Américains contre 8,9 % pour les Blancs non hispaniques[35]. De plus 35,1 % des personnes de moins de 18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté, alors que 18,7 % des 18 à 64 ans et 14,1 % des plus de 65 ans vivent en dessous de ce taux[35].
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Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 52,90 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 37,88 % déclare parler l'espagnol, 1,56 % le vietnamien, 1,56 % une langue chinoise, 0,71 % le japonais, 0,59 % l'arabe, 0,56 % le français et 4,47 % une autre langue[36].
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Dans la catégorie des arts figuratifs, Houston compte un nombre impressionnant de galeries d'art, de musées et de lieux culturels.
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Parmi les musées, il faut citer le Museum of Fine Arts qui compte une collection importante de maîtres européens. Un des bâtiments du musée est signé Ludwig Mies van der Rohe. Le musée abrite aussi un tunnel de lumière qui relie ses deux annexes, une œuvre de James Turrell.
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La Menil Collection, abritée dans un bâtiment dessiné par Renzo Piano, possède un ensemble d'œuvres-clé de la période du Surréalisme, de René Magritte à André Breton en passant par Max Ernst. Elle inclut aussi une collection importante d'œuvres de pop-art et d'art premier. Liés à la Menil, et dans le même quartier, se trouvent la Rothko Chapel (une chapelle multiconfessionnelle dont les murs sont recouverts d'œuvres de très grande dimension de l'artiste), la Byzantine Fresco Chapel (une chapelle contemporaine qui a été créée spécialement pour abriter des fresques byzantines de Chypre menacées de disparition), l'annexe Cy Twombly qui est consacrée uniquement aux œuvres de cet artiste et enfin une exposition permanente de trois œuvres de lumière de l'artiste Dan Flavin dans un supermarché évidé et reconverti.
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Houston compte aussi, entre autres, un Musée d'Art Contemporain, un musée de l'Holocauste et un important musée d'Histoire Naturelle ainsi que des lieux culturels uniques moins connus, comme le Isamu Noguchi Sculpture garden, un Skyspace de James Turrell, le Orange show et l'Art car museum.
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Du côté des arts de scène, Houston est une des rares villes aux États-Unis à bénéficier de sa propre compagnie de danse, son orchestre et sa troupe d'opéra. De plus, la majorité des shows de Broadway y sont présentés en tournée. Houston est aussi fameuse pour son rodéo qui combine chaque soir pendant trois semaines en février-mars des vrais concours de rodéo à des concerts rock, country ou pop.
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Le 13 janvier 1974,Houston accueillit au Rice Stadium pour la 1re fois de son histoire le Super Bowl VIII qui est la finale du championnat de football américain.
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Le 1er février 2004, Houston accueillit au Reliant Stadium pour la 2e fois de son histoire le Super Bowl XXXVIII qui est la finale du championnat de football américain.
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Le 5 avril 2009, Houston accueillit au Reliant Stadium pour la 2e fois de son histoire WrestleMania XXV qui est le plus gros show de l'année a la WWE.
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Space Center Houston est le seul site de la NASA visitable par le public, il est dans le Centre spatial Lyndon B. Johnson. On peut y trouver de nombreuses activités interactives, ainsi qu'un historique autour de la conquête de l'espace[37].
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On recense 337 parcs à Houston dont le Hermann Park, qui rassemble le zoo de Houston et le musée des sciences naturelles de Houston. Il y a aussi le lac de Houston Park, le Memorial Park de Houston, Tranquility Park, Sesquicentennial Park, Discovery Green (en) et le Sam Houston Park qui contient des maisons construites en 1823 et 1905[38]. Comparée aux autres dix villes les plus peuplées des États-Unis, Houston a la plus grande superficie de parc et d'espace vert avec 228 km2[39]. La ville a plus de 200 espaces verts, ce qui représente 79 km2, ils sont entretenus par la ville dont le Houston Arboretum and Nature Center. Le Houston Civic Center a été remplacé par le George R. Brown Convention Center, et le Jesse H. Jones Hall for the Performing Arts, lieu de l'orchestre symphonique de Houston et de la Society for the Performing Arts. Le Sam Houston Coliseum et le Music Hall ont été remplacés par le Hobby Center for the Performing Arts.
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De plus il y a des attractions touristiques telles que le Houston Galleria, Old Market Square, le Downtown Aquarium, SplashTown et le Sam Houston Race Park. Le San Jacinto Battleground State Historic Site où une bataille de la révolution texane a eu lieu, se situe sur le tunnel du Houston Ship ; le parc héberge également un cuirassé : l’USS Texas (BB-35).
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Le principal journal quotidien de Houston est le Houston Chronicle dont la société Hearst Corporation est propriétaire. Elle a également acheté le Houston post, qui fut pendant longtemps son principal concurrent, jusqu'à ce qu'il cesse d'être publié, en 1995. Le Houston Post était détenu par la famille du gouverneur de Houston, le Lieutenant Bill Hobby. Le seul autre journal présent dans la ville est l'hebdomadaire gratuit, le Houston Press dont le nombre de lecteur est de plus de 300 000 personnes[40].
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Le Houston Community Newspapers est une source d'information pour les communautés dans et autour de la ville. Le Houston Community Newspapers publie 35 journaux locaux différents dont deux quotidiens et trente-trois hebdomadaires, depuis 1995[41].
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Houston héberge dès 1986 le journal Arab Times de Osama Fawzi, distribué dans cinq états américains et l'Europe.
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Houston a plusieurs surnoms : Gamma World City et Space City car elle accueille le centre spatial Lyndon B. Johnson, qui héberge le centre de contrôle des missions (appelé plus familièrement "Houston" durant les missions spatiales). La ville offre un grand nombre de possibilités pour les affaires, un peu moins pour les loisirs et la culture, dont un quartier de théâtre renommé. À moins d'une heure du Golfe du Mexique, Houston est proche de plages ensoleillées et d'une des plus larges concentrations de bateaux de plaisance et d'attractions touristiques comme Kemah Boardwalk et Galveston Island.
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C'est une ville très diversifiée et internationale pour ses secteurs comme le biomédical, l'énergie, l'industrie manufacturière et aérospatiale. En tant que ville portuaire, Houston a aussi une population très hétérogène d'immigrants venus de Chine, d'Indonésie, des Philippines, de Taïwan, de Corée du Sud, du Japon, du Viêt Nam, etc. Cet apport de population est en partie responsable de la jeunesse de la ville.
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Houston a deux chinatown, ainsi que la 3e communauté Vietnamienne des États-Unis. La rénovation du centre ville et de ses abords a poussé une partie de sa population dans d'autres quartiers de la ville. Environ 90 langues sont parlées dans l'agglomération. Plus de 100 000 Nigérians ont immigré ainsi que de nombreux hispaniques qui forment la 3e communauté des États-Unis, comme en témoigne le théâtre bilingue Talento Bilingüe de Houston.
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Houston est l'une des cinq villes américaines à avoir des compagnies permanentes dans les différentes disciplines artistiques, le Grand Opera, l'Orchestre Symphonique, le Ballet et le Grand Théâtre. C'est aussi l'une des rares à avoir une activité culturelle sur l'année et un centre majeur de l'art contemporain.
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Il y a plusieurs musées dont Le Menil Collection qui a été créé par la Française Dominique de Ménil qui a vécu dans la ville à partir des années 1940. Un autre musée retrace l'histoire du Texas : The Heritage Society Museum.
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Le Centre Spatial est la vitrine officielle de la NASA avec le Centre spatial Lyndon B. Johnson. Le Centre Spatial est un endroit ludique où les visiteurs peuvent comprendre l'espace à travers différentes animations. C'est aussi le seul endroit où l'on peut voir des astronautes s'entraîner, toucher de la roche lunaire, poser une navette et visiter les coulisses de la Nasa.
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Houston est le siège de la prestigieuse université Rice, une institution privée classée à la 17e position parmi les universités des États-Unis[42].
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Il existe un système d'enseignement supérieur comprenant quatre universités dont l'Université de Houston, la plus grande avec plus de 35 000 étudiants. Cette université est le siège de plus de 40 instituts de recherches dont le plus prestigieux est spécialisé dans le droit.
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Houston est le siège du Texas Medical Center (Centre Médical du Texas), qui regroupe de nombreux centres de recherche et d'institutions de soins comprenant le Baylor College of Medicine, University of Texas Health Science Center at Houston et le M. D. Anderson Cancer Center. Ce dernier est considéré comme l'un des meilleurs centres de lutte contre le cancer dans le monde, aussi bien pour le traitement, l'éducation et la recherche que pour l'accueil des malades.
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La Texas Southern University est historiquement l'université noire de Houston.
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Houston possède aussi deux universités religieuses, la catholique St. Thomas University et la protestante Houston Baptist University.
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Houston abrite le Texas Medical Center dont la réputation est internationale, et fait de la ville une référence dans le domaine de la santé.
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La police de Houston est appelée Département de Police de Houston). Houston est la 11e ville des États-Unis pour le nombre de meurtre en 2005[43]. Alors que les crimes sans violence ont diminué de 2 % en 2005 par rapport à 2004, le nombre d'homicide a augmenté de 23,5 % en 2005 comparé à 2004[44] Depuis 2005, Houston a connu une hausse de la criminalité, due en partie à un afflux de personnes de La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina[45]. Après Katrina, le nombre de meurtre sur la ville de Houston a augmenté de 70 % entre novembre et décembre 2005 par rapport au niveau de l'année précédente sur la même période. Il y a 336 meurtres en 2005, c'était le record de la ville[44], en 2004 il y en avait eu 272[46]. Le ratio d'homicide pour 100 000 habitants est de 16,33 en 2005 et de 17,24 en 2006[47]. Le nombre de meurtres en 2006 a encore augmenté de 9 % pour atteindre 379[44]. En 1996, il y avait environ 380 gangs et un peu plus de 8 000 membres ; dont environ 2 500 mineurs[48].
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Les autoroutes de Houston comptent un peu moins de 927 km de voie dans les dix comté de la zone métropolitaine[49].
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La Metropolitan Transit Authority of Harris County, ou METRO, gère le réseau des transports en commun (réseau de bus) de la ville.
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Houston possède un réseau de métros légers, géré par METRORail (filiale de METRO), qui comporte actuellement trois lignes.
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Houston est desservi par deux aéroports principaux : l'aéroport intercontinental George Bush pour le trafic national et international et l'aéroport William P. Hobby pour les liaisons nationales (jusqu'en 1963, cet aéroport s'appelait Houston International Airport). L'aéroport Bush est une des plates-formes de correspondance de la compagnie United Airlines (après la fusion de Continental Airlines avec cette dernière) dont le siège social se situe à Chicago.
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Le District Scolaire Indépendant de Houston (HISD) gère les établissements scolaires se trouvant sur son périmètre de compétence.
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Awty International School est un établissement scolaire affilié au réseau des établissements d'enseignement français à l'étranger.
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Le Hattie Mae White Educational Support Center (HMWESC), le siège du District Scolaire Indépendant de Houston.
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L'école Awty International School.
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Houston est jumelée avec 18 villes :
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La hryvnia (code ISO UAH - en ukrainien, гривня, prononcé [ˈɦrɪu̯nʲɑ] en API) est la devise monétaire de l’Ukraine depuis le 2 septembre 1996, date à laquelle elle a remplacé le karbovanets ukrainien au taux d'une hryvnia pour 100 000 karbovantsiv. La hryvnia se subdivise en 100 kopecks (singulier : копійка kopiyka ; pluriel : копійок kopiyok).
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Historiquement, la hryvnia est une pièce de cuivre de 2,5 kopiyka (kopecks), et la hryvenyk une pièce d'argent de 10 kopiyka utilisées au XIe siècle dans la Rus' de Kiev. A Novgorod en Russie, le mot désignait une barre en argent de 200g environ, qui, étant donné sa valeur fut divisée (roublenny) en deux moitiés, qui reçurent le nom de "roubles".
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Le mot désigne encore le torque, collier d'une seule pièce porté par les Slaves comme par les Celtes.
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À la fin de la Première Guerre mondiale et après la Révolution russe, les Ukrainiens proclament leur indépendance et créent, dès le 18 juin 1917, la République populaire d'Ukraine. Le karbovanets ukrainien fut d'abord choisi comme nouvelle unité monétaire nationale. Un premier billet de 100 karbovantsiv (pluriel), dessiné par l'artiste ukrainien Gueorgui Narbout est émis dès le 19 décembre 1917.
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La République populaire ukrainienne (UNR) sera reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et déclare son indépendance le 22 janvier 1918. Pour des motifs politiques, la loi d'introduction de la nouvelle unité monétaire émise par la Verkhovna Rada, le 1er mars 1918, instaura la hryvnia à une parité d'1/2 karbovanets. La hryvnia est divisée en 100 chahs (singulier : шаг; pluriel : шагiв)
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Des billets de 2, 5, 10, 100, 500, 1 000 et 2 000 hryvnia furent mis en circulation dès le 17 octobre 1918. Des billets de 10, 20, 30, 40 et 50 chahs furent mis en circulation dès le 18 avril 1918.
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La prise de Kiev par les bolchéviques dès leur victoire entraîna une période fort mouvementée avec le maintien en circulation du karbovanets bolchévique voulu par les autorités soviétiques dans le pays occupé.
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La République socialiste soviétique d'Ukraine adhéra finalement à l'Union soviétique en 1922 et a adopté le rouble soviétique comme unité monétaire.
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Le 24 août 1991, l'Ukraine déclara à nouveau son indépendance et adhéra à la CEI. Le 1er décembre 1991, un référendum sur l'indépendance est organisé et est approuvé avec plus de 90 %. Le karbovanets ukrainien, coupon d'échange, remplaça d'abord le rouble dès 1992. Mais cette devise subit une forte inflation, à la suite de la période de crise économique qui suivit.
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En 1996, grâce à l'évolution favorable de l'économie nationale, le karbovanets ukrainien se stabilisa par rapport aux principales devises internationales. Les conditions devenaient favorables à l'introduction de la nouvelle unité monétaire en accord avec la constitution nationale.
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Le décret présidentiel sur la réforme monétaire en Ukraine fut publié le 25 août 1996 (articles 99 et 102) et la transition eut lieu entre le 2 et le 16 septembre : le taux de change mis en place était de 100 000 karbovanets ukrainiens pour une hryvnia. Dès lors, la hryvnia devenait le seul moyen de paiement légal en Ukraine
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Cette réforme monétaire a été capitale pour l'Ukraine et fut le point de départ de la stabilité de l'économie ukrainienne.
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En fonction de l'article 99 de la constitution de 1996, la banque centrale est la Banque nationale d'Ukraine (Національний банк України) et sa mission principale est de garantir la stabilité de la monnaie.
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Son code ISO 4217 est UAH. Son code numérique est le 980, son abréviation officielle hrn (en cyrillique : грн). Néanmoins, en 2004, la Banque nationale a obtenu la normalisation d'un nouveau symbole, basé sur la lettre cyrillique « gë » minuscule « г » (qui dans l’alphabet ukrainien vaut [h] et non [g] et est appelée « hë »), l’initiale du nom ukrainien de la monnaie en italique гривня et agrandie (elle ressemble alors à un S inversé), avec deux barres horizontales (synonymes de stabilité) semblables à celles de l’euro (€).
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Billets : 1, 2, 5, 10, 20, 50, 100, 200 et 500 hryvnias.
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Son nom est très ancien puisque ce fut déjà le nom de la monnaie nationale de la Rus' de Kiev au XIe siècle. Il ne doit pas être confondu avec hrivna, nom d'une parure féminine - identique à la traduction russe du nom de cette devise.
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Le copyright, souvent indiqué par le symbole ©, est, dans les pays de common law, l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose une personne physique ou morale sur une œuvre de l’esprit originale. Il désigne donc un ensemble de lois en application, notamment, dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis ; et qui diffère du droit d'auteur appliqué dans les pays de droit civil (tels que la France ou la Belgique) même si le terme est usité dans le langage courant [1].
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Bien que les deux corpus de lois tendent à se rejoindre sur la forme grâce à l'harmonisation internationale opérée par la convention de Berne[2], ils diffèrent notablement sur le fond[3]. Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit d'auteur assure un droit moral fort en s'appuyant sur le lien entre l'auteur et son œuvre.
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L'histoire du copyright commence aux États-Unis[4],[5] avec la préparation dans les années 1780 d'une clause mixant brevet et copyright inscrite dans le droit aux États-Unis par le Patent Act of 1790[6] (que d'autres nomment « Copyright Act of 1790 »[7])
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Les origines de cette première loi américaine sur les brevets (10 avril 1790) semble pouvoir être trouvées dans une Résolution qui a provoqué un débat sur la constitutionnalité d'éventuelles autorisations d'importer des brevets de l'étranger (qui explique d'ailleurs pourquoi la Loi sur les brevets de 1790 ne prévoyait pas de brevets d'importation quand elle a finalement été adoptée[8].).
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L'invention doit être très précisément décrite, de manière assez exacte pour « distinguer l'invention ou la découverte d'autres choses déjà connues et utilisées », mais également pour permettre à un ouvrier ou à d'autres personnes versées dans l'art de la fabrication du domaine, « de confectionner, construire, ou utiliser » cette invention afin que le public « puisse bénéficier de tous ses avantages après expiration de la durée du brevet »
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Un Conseil des brevets s'est alors mis en place, dont les membres se faisaient appeler « Commissioners for the Promotion of Useful Arts » (Commissaires pour la promotion des arts utiles) ont reçu le pouvoir d'accorder ou refuser tout brevet après avoir décidé si l'invention ou la découverte était « sufficiently useful and important » (suffisamment utile et importante) pour mériter un brevet[9]. Les premiers membres du conseil incluaient Thomas Jefferson, Henry Knox, et Edmund Randolph (qui auraient donc pu parfois se trouver en situation de conflit d'intérêts)
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L'obtention d'un brevet nécessitait alors l'acquittement d'une taxe globale d'environ quatre à cinq dollars (dix cents par cent mots de spécifications)[10].
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La durée de chaque brevet était déterminée par le Conseil des brevets, mais ne pouvait en aucun cas dépasser quatorze années, au-delà desquelles l'invention ou le texte pouvait être réutilisé par tous[10].
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Ce droit sera ensuite régulièrement remanié, avec une tendance - à chaque réforme - à rallonger la durée de protection: en 1831, la durée de protection du brevet passa à 42 ans, en 1909 à 56 ans, en 1976, ce fut la durée de vie de l’auteur en plus de 50 années et en 1998 jusqu’à nos jours, la durée de vie de l’auteur en plus de 70 années.
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Le droit moral de l'auteur est reconnu par tous les pays de common law qui ont adhéré à la Convention de Berne[2] tels le Canada ou le Royaume-Uni. Malgré leur adhésion à cette convention, les États-Unis n'appliquent le droit moral qu'au niveau national mais pour certains types d'œuvres seulement. Le droit moral comporte :
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Le droit moral est :
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Les droits patrimoniaux confèrent le droit exclusif d'exercer et d'autoriser des tiers à exercer les actes suivants :
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Le concept de fair use aux États-Unis et celui d'utilisation équitable dans les autres pays de common law constituent des exceptions plus larges que celles qui sont appliquées dans les pays de droit civil. Alors que les exceptions au droit d'auteur sont limitativement énumérées dans la loi, et sont d'interprétation stricte, le fair use donne aux tribunaux le pouvoir d'apprécier au cas par cas si l'usage d'une œuvre est loyal. Cette appréciation se fait en fonction du caractère commercial ou désintéressé de l'usage, de la nature de l'œuvre, de l'ampleur de la reproduction effectuée, et de ses conséquences sur la valeur de l'œuvre[12],[13].
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Au niveau international le Droit de l'Auteur est reconnu par les 177 pays[14] signataires de la convention de Berne[2].
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Au sein de l'Union européenne, la majorité des vingt-sept États-Membres applique le droit d'auteur. Seuls Chypre, l'Irlande, Malte et le Royaume-Uni font application du copyright.
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Au XIXe siècle, Proudhon a dénoncé l’assimilation artificielle de la propriété intellectuelle à la propriété sur les biens corporels, ainsi que les conséquences néfastes de l’appropriation des œuvres sur la libre circulation des connaissances[20]. Au XXe siècle, Richard Stallman et les défenseurs de la culture libre ont repris ces thèses[21].
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Certains théoriciens, comme David K. Levine, présentent le droit d'auteur comme un concept obsolète[22], notamment dans le cadre de la société de l'information. D'autres, sans remettre en cause le principe du droit d'auteur, dénoncent ses excès[23], notamment l’extension continue de la durée de protection des œuvres et l’utilisation de gestion des droits numériques. Rares sont cependant ceux qui sont prêts à le remettre radicalement en cause comme Joost Smiers (en)[24].
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Dans la continuité de ces critiques, certains proposent de recourir aux licences Creative Commons comme principe alternatif au copyright[25]. Mais d'autres (Smiers et Schijndel, 2009) vont plus loin en critiquant le modèle Creative Commons pour ce qu'il n'assure pas de modèle alternatif à la propriété intellectuelle telle que construite par l'industrie depuis le XIXe siècle. Par exemple, dans le monde des Arts, ces critiques prônent un marché dans le domaine public, ingouvernable par un monopole ou intérêt particulier, ni aucun groupe industriel, ni aucun pays en particulier. C'est l'expérience fructueuse qui est déjà mise en place depuis 2001 par certains groupes, tels Framasoft (Framalang, Framabook, etc).
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le dollar ($, Unicode U+0024) est le nom de la monnaie de plusieurs pays, dont l'Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, certains États des Caraibes, d'Asie et d'Amérique du Sud.
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(Aux côtés du Dollar de Singapour)
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(SGD)
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Cette pièce d'argent, et ses nombreuses copies nationales, devint ainsi dès la fin du XVIe siècle, la monnaie d'échanges commerciaux par excellence. C'est ce qui explique que lorsque l'Espagne colonisa une partie de l' actuel États-Unis, l'actuel Mexique et une partie de l'Amérique du Sud, et mit la main sur ses immenses richesses minières au XVIe siècle et au XVIIe siècle, elle continua de frapper cette monnaie universellement reconnue et appréciée. Le lien entre la Bohême, alors dans le Saint-Empire romain germanique, et l'Espagne, s'explique par le règne d'une dynastie commune, les Habsbourg : dans la première moitié du XVIe siècle le roi de Bohême et de Hongrie, Ferdinand de Habsbourg (futur empereur Ferdinand Ier), avait pour frère aîné l'empereur germanique Charles Quint, également « roi des Espagnes et des Amériques ». Leur mère Jeanne la Folle avait épousé en 1496 Philippe le Beau, fils de l'empereur germanique Maximilien de Habsbourg ; dès 1497 est introduite la pièce de huit réaux d'argent (« de plate », de plata) ou thaler espagnol, calquée en fait sur le thaler germanique, et que les Français appelleront piastre.
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On peut rappeler l'immense succès international du thaler germanique sous le nom de thaler de l'impératrice Marie-Thérèse (morte en 1780), du XVIIIe siècle au XXe siècle, jusqu'en Afrique de l'Est et au Proche Orient. En Amérique du Nord, le « thaler », déformé en « daalder » puis en « dollar », est introduit au XVIIe siècle par les Hollandais sur la côte nord-est, et donc dans les colonies britanniques (se rappeler que La Nouvelle-Amsterdam est l'ancêtre de New York) ; il en est donc venu à désigner une puissante monnaie mondialisée. Mais en Amérique latine (soumise donc à la même dynastie que le monde germanique, les Habsbourg), circulait une autre monnaie dominante de l'époque moderne : le réal espagnol (pièce de huit de plate) évoqué plus haut, sorte de thaler ou dollar hispano-américain dont la zone de diffusion mordait sur le sud de l'Amérique anglo-saxonne, concurrençant ainsi les premiers dollars. Les deux monnaies ont donc été souvent assimilées, la pièce de 8 réaux de plate (d'argent : de plata) étant aussi appelée « thaler ou dollar espagnol » (Spanish dollar), ou piastre dans les colonies françaises d'Amérique du Nord (Québec, Acadie, Louisiane, Antilles). Cette confusion des termes s'explique d'autant plus qu'à sa création à la fin du XVe siècle, la pièce de 8 reales s'inspirait du thaler.
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La base du système monétaire espagnol était en effet le réal (real), depuis le XIVe siècle : furent donc frappées des pièces d'un réal et d'énormes quantités de pièces à valeur plus élevée de 2, 4 et surtout de 8 reales, la très fameuse « pièce de huit » ou real de a ocho, ou « huit de plate » (« plate », plata, signifie l'argent), ou plus tard peso de plata (« poids d'argent » en espagnol) et encore « piastre » (« jeton, plaque d'argent », de l'italien piastra passé en français). L’Espagne par le biais de ses colonies américaines devint rapidement le monnayeur du monde, ancien et nouveau, aussi bien en monnaie d'argent (pièces de huit et sous-multiples) qu'en monnaie d'or (écus, escudos ou de deux pièces de huit, et surtout du doublon valant 2 écus soit 4 pièces de 8). À la fin du XVIIe siècle, le stock de pièces en métal précieux fut multiplié par huit dans le monde et les monnaies hispaniques étaient massivement absorbées aux Indes, en Chine et en Afrique, avec le développement fulgurant du commerce lointain par les Compagnies des Indes orientales créées aussi bien par les Pays-Bas que par l'Angleterre ou la France.[réf. nécessaire]
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Les deux colonnes figuraient les anciennes colonnes d'Hercule qui, dans l'Antiquité, symbolisaient les falaises du détroit de Gibraltar, et donc le passage de Mare nostrum (la Méditerranée) vers l'inconnu atlantique. Chacune des colonnes est entourée d'une banderole (ou phylactère) en forme de « S » où on lit « PLUS » sur l'une et « ULTRA » sur l'autre (« au-delà ») pour montrer qu'eux, les Espagnols, avaient pu franchir ces colonnes du Nec plus ultra (ou « rien au-delà »), et avaient conquis le nouveau monde. Pour l'Espagne, première puissance coloniale et du monde d'alors, ces deux colonnes ouvraient sur l'empire espagnol qui s'étendait sur les deux mondes (symbolisés par les deux planisphères). Par ailleurs, « Plus Oultre », c'est-à-dire Plus Ultra, était la devise personnelle, en français, de l'empereur Charles Quint (dont on sait que « sur son empire, le soleil ne se couchait jamais »).
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C'est ce dessin spectaculaire de la pièce de 8 qui va frapper les esprits, non seulement en Europe, dans l'Empire ottoman, en Asie, mais bientôt en Amérique, hispanique d'abord, anglo-saxonne ensuite. En effet le réal espagnol a cohabité avec d'autres monnaies dont le dollar (thaler anglo-américain), dans les treize colonies britanniques jusqu'à l'unification monétaire de 1792 aux États-Unis[2] (Coinage Act), le dollar américain devenant alors la monnaie commune légale de la jeune fédération, au moins officiellement ; mais jusque vers 1857-1860, le 8 reales y circulait encore. Ce dessin constituait en quelque sorte la signature des monnaies les plus répandues pour les échanges commerciaux à travers le monde. Les colonnes et leur banderole en S étaient le graphisme constant et très visuel de l'envers – côté pile – de la pièce de huit, de la piastre, marquant puissamment l'esprit des commerçants (au contraire de l'effigie de l'avers – côté face – qui, elle, changeait avec le monarque espagnol régnant). Ceci est tellement vrai que ce graphisme perdura sur certaines pièces espagnoles jusqu'à nos jours.
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C'est ce graphisme caractéristique du revers (côté pile) des piastres qui va être à l'origine du symbole actuel du peso, et bien sûr du dollar américain qui joue dans notre monde contemporain le rôle que joua la pièce espagnole du XVIe au XVIIIe siècle, et même jusqu'au XIXe siècle
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Le symbole du dollar américain (qui se représentait avec deux barres verticales jusqu'à une époque très récente)[réf. nécessaire] est une notation « iconique » de la pièce de huit où on retrouve, simplifiées et stylisées pour être facilement écrites à la plume, les deux colonnes d'Hercule (devenues les deux barres du « $ ») et le bandeau d'entourage de chaque colonne, en forme de « S ». Le symbole du dollar américain dérive directement du revers de la pièce de huit reals et ces deux piliers sont tellement essentiels à ce symbole que les pièces de huit de plate fabriquées aux Amériques furent souvent désignées par le terme « Pillar dollars », les colonnes d'Hercule étant ainsi décrites outre-Atlantique : « crowned pillar of Hercules ». Lorsque les colonnes d'Hercule s'ouvraient sur les vagues de l'océan, comme sur certaines pièces frappées à Potosi (Bolivie, grandes mines d'argent), ces dollars espagnols (Spanish dollars) étaient alors nommés « pillar waves ». Mais le successeur mexicain de la pièce de huit, au graphisme très proche, n'utilise qu'une colonne, le « S » banderole de cette colonne n'étant donc barré qu'une fois pour désigner le peso.
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Cette dérive graphique entre le revers de la pièce de huit espagnole et le symbole du dollar américain est l'équivalent graphique de la dérive phonétique entre thaler et dollar.[Information douteuse]
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Il existe d'autres explications à l'usage du « S » doublement barré comme symbole de la monnaie des États-Unis :
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Le premier dollar nord-américain a été imprimé en 1690 par la colonie du Massachusetts, mais son aspect était très différent de ceux d'aujourd'hui. Quand les États-Unis acquirent leur indépendance (1776-1783), ils prirent pour monnaie le dollar, avec le graphisme de la pièce de 8 réaux de plata (aussi appelée « dollar espagnol », c'est-à-dire « thaler espagnol », ou Spanish dollar), comme le Peso le fit à peu près aussi[3]. Depuis, leur puissance économique et financière autant que politique et militaire, a contribué à la propagation du nom dollar dans bien d'autres régions du monde.
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Au Canada, dans les régions francophones, le dollar est appelé populairement « loonie »[4] ou « piastre » (habituellement prononcé piasse). La piastre était une unité monétaire qui avait cours au Canada avant l'arrivée des Britanniques. Il s'agissait de pièces équivalentes au dollar, mais qui provenaient d'autres régions du monde, comme l'Empire ottoman et la République de Venise. Dans l'Amérique du Nord britannique, l'usage a été de considérer piastre comme la traduction française de dollar. C'est au début du XXe siècle que le mot dollar a commencé à remplacer piastre en français canadien, sur les billets de banque bilingues et unilingues français. Par exemple, durant les années 1910, certaines banques émettaient des « dix piastres » alors que d'autres émettaient des « dix dollars ».
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Si vous connaissez bien la langue suggérée, vous pouvez faire cette traduction. Découvrez comment.
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Espace unique de paiement en euros147 x 82 mm
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L'euro (€) est la monnaie unique de l'union économique et monétaire[3], formée au sein de l'Union européenne ; elle est commune à dix-neuf États membres de l'Union européenne qui forment ainsi la zone euro.
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Quatre micro-États (Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican) sont également autorisés à utiliser l'euro, ainsi que deux pays européens non-membres, le Monténégro et le Kosovo qui l'utilisent de facto.
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D'autres pays ont leurs monnaies nationales liées à l'euro en raison d'accords préalables avec le franc français et l'escudo portugais : Bénin, Bosnie-Herzégovine, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo (Brazzaville), Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Tchad, Togo.
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En usage sous sa forme scripturale le 1er janvier 1999, il est mis en circulation le 1er janvier 2002 à minuit sous sa forme fiduciaire. Il succède à l'ECU, « l'unité de compte européenne » mise en service en 1979.
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L'euro est la deuxième monnaie au monde pour le montant des transactions[4], derrière le dollar américain et devant le yuan chinois.
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Depuis octobre 2006, elle est la première monnaie au monde pour la quantité de billets en circulation[5].
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Au 1er janvier 2020, il y avait 24 057 232 839 billets en circulation dans le monde, pour une valeur totale de 1 292 742 470 730 €, ainsi que 135 067 560 396 pièces de monnaie pour une valeur totale de 29 987 926 311 €, l'ensemble représentant la somme de 1 322 730 397 041 €
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L'euro est géré par la Banque centrale européenne (BCE) qui siège à Francfort et par l'Eurosystème, composé des banques centrales des États de la zone euro. En tant que banque centrale indépendante, la BCE est l'unique instance ayant le pouvoir de fixer une politique monétaire pour l'ensemble de la zone euro. L'Eurosystème participe à l'impression, la frappe et la distribution des billets et pièces dans tous les États membres ; il veille également au bon fonctionnement des systèmes de paiements au sein de la zone euro.
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Le traité de Maastricht, signé en 1992, oblige la plupart des États de l'UE à adopter l'euro dès qu'ils respectent certains critères monétaires et budgétaires, dits de convergence. Le Royaume-Uni et le Danemark ont cependant obtenu des options de retrait[7], tandis que la Suède (qui rejoint l'UE en 1995, soit après la signature du traité de Maastricht) refuse d'introduire l'euro, après un référendum négatif en 2003, et contourne au surplus l'obligation d'adopter l'euro en ne respectant pas un des critères de convergence. Néanmoins, tous les pays qui adhérent à l'UE depuis 1993 se sont engagés à adopter l'euro en temps voulu.
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La gestion de l'euro dépend du contrôle de la Banque centrale européenne qui en mesure les flux, la masse monétaire, ainsi que les dettes des États membres[8].
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Toutes les pièces en euro possèdent une face européenne commune (1, 2 et 5 centimes : l'Europe dans le monde ; 10, 20 et 50 centimes : l'Europe comme une alliance d'États ; 1 et 2 euros : l'Europe sans frontière) et une face spécifique au pays émetteur (y compris Monaco, Saint-Marin, le Vatican et Andorre, États en union monétaire avec leurs voisins immédiats qui sont autorisés à frapper leurs propres pièces).
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Une nouvelle série de pièces est frappée depuis fin 2007 avec un décalage d'un an pour la monnaie italienne (qui frappe aussi les pièces du Vatican et de Saint-Marin). Se calquant sur la pratique décidée pour les billets de banque, elle représente désormais l'ensemble du continent européen (membre ou non de l'Union), afin d'éviter de devoir frapper de nouvelles séries à chaque élargissement. Les frontières n'y apparaissent donc plus.
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Toutes les pièces sont utilisables dans tous les États membres, à l'exception des pièces de collection, qu'elles soient ou non en métal précieux, qui n'ont cours que dans le pays d'émission. Des problèmes de compatibilité sont cependant relevés sur certains automates (distributeurs automatiques, péages…).
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Il existe également des pièces de collection, souvent en métal précieux, qui n'ont cours légal que dans leur pays d'émission[9]. Par exemple, gravée par Joaquin Jimenez (qui est également l'auteur de l’Arbre Étoilé des pièces de 1 et 2 euros), une pièce de 5 euros en argent est frappée à deux millions d'exemplaires en 2008. Des pièces de 10 à 5 000 euros, en argent et en or, sont mises en circulation de 2008 à 2010.
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Les billets, quant à eux, ont une maquette commune à toute la zone euro. Les ponts, portes et fenêtres des billets symbolisent l'ouverture de l'Europe sur le reste du monde et les liens entre les peuples.
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Le choix du graphisme des billets est de la compétence de la Banque centrale européenne alors que celui des pièces est de la compétence des États membres de l'Eurogroupe. La prochaine face commune a ainsi été décidée lors d'une réunion de l'Eurogroupe. Cette décision provoque une petite polémique de la part de quelques députés par l'absence, selon eux volontaire, de la Turquie sur le dessin retenu, au contraire de celui des billets[Note 1].
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Le 2 mai 2013, un nouveau billet de 5 € est mis en circulation ; il est le premier d'une nouvelle série de billets baptisée Europe[10].
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Le 24 septembre 2014, c'est un nouveau billet de 10 euros qui fait son apparition. Puis, le 25 novembre 2015, c'est le nouveau billet de 20 € qui est mis en circulation. Le billet de 50 € est mis en circulation le 4 avril 2017[11]. Enfin, les nouveaux billets de 100 et 200 € sont introduits le 28 mai 2019.
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L'euro n'est pas la première monnaie à vocation européenne (et internationale). En effet, l'Union latine, née en 1865 à l'initiative de Napoléon III, marque une union monétaire, ou supranationale, signée et partagée par la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, la Grèce et, plus tard, l'Espagne et le Portugal, puis la Russie et certains pays d'Amérique latine. La Première Guerre mondiale (1914-1918) met fin à ce projet d'unification monétaire.
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Le projet de créer une monnaie commune naît dans les années 1970 avec les turbulences du régime agrimonétaire, depuis la mise en œuvre de la Politique agricole commune, en 1962, et l'impossibilité de mettre en place un système de taux de change contrôlable[13].
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La décision de créer l'euro est officialisée lors du traité de Maastricht. Lorsque les négociations sont engagées, les responsables savent qu'économiquement la constitution de la zone euro est un défi. En effet, les économistes savent, depuis les travaux de Robert Mundell (dans les années 1950) que, pour que des pays aient intérêt à avoir une même monnaie, ils doivent[14] :
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Pour Jean Pisani-Ferry, les responsables politiques des pays décident de passer outre, pour trois raisons :
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Deux visions s'opposent :
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L'euro est créé par les dispositions du traité de Maastricht, en 1992. Pour participer à la monnaie commune, les États membres sont censés répondre à des critères stricts tels qu'un déficit budgétaire de moins de 3 % de leur PIB, un endettement inférieur à 60 % du PIB (deux critères qui sont régulièrement bafoués après l'introduction de l'euro[25]), une faible inflation et des taux d'intérêt proches de la moyenne de l'UE. Lors de la signature du traité de Maastricht, le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent des options de retrait pour ne pas participer à l'union monétaire qui se traduirait par l'introduction de l'euro.
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De nombreux économistes tels que Fred Arditti, Neil Dowling, Wim Duisenberg, Robert Mundell, Tommaso Padoa-Schioppa et Robert Tollison participent à la création de la monnaie commune.
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L'appellation « euro » est officiellement adoptée à Madrid, le 16 décembre 1995[26]. L'espérantiste belge, Germain Pirlot[27], ancien professeur de français et d'histoire, est désigné pour dénommer la nouvelle monnaie ; il envoie une lettre au président de la Commission européenne, Jacques Santer, et suggère la dénomination « euro », le 4 août 1995[28].
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Les taux de conversion sont déterminés par le Conseil de l'Union européenne[Note 2], sur la base d'une recommandation de la Commission européenne, établie sur les taux du marché au 31 décembre 1998. Ils sont créés de sorte qu'une unité de compte européenne (ECU) serait égale à un euro. L'unité monétaire européenne était une unité de compte utilisée par l'UE et calculée sur la base des monnaies des États membres. Ce n'était pas une monnaie à part entière. Les taux n'ont pas pu être fixés plus tôt car la valeur d'un ECU dépendait des taux de change des monnaies ne participant pas à l'euro (comme la livre sterling), à la clôture, ce jour-là.
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La procédure utilisée pour fixer le taux de change irrévocable entre la drachme grecque et l'euro est différente : alors que les taux de change pour les onze monnaies initiales sont déterminés quelques heures seulement avant que l'euro n'ait été introduit, le taux de conversion de la drachme grecque est fixé plusieurs mois à l'avance[Note 3].
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La monnaie est introduite sous forme immatérielle (chèques de voyage, transferts électroniques, services bancaires…), le 1er janvier 1999, à minuit, dans les onze pays formant la toute nouvelle zone euro: l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. Les monnaies nationales des pays participants cessent dès lors d'exister indépendamment. Les taux de change sont alors bloqués à taux fixes, les uns envers les autres. L'euro devient ainsi le successeur de l'unité de compte européenne (ECU). Les billets et pièces des anciennes monnaies continuent cependant à avoir cours légal jusqu'à ce que les billets et pièces en euro soient introduits, le 1er janvier 2002.
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La période de transition au cours de laquelle les anciens billets et les anciennes pièces sont échangés contre billets et pièces en euro dure environ deux mois, jusqu'au 28 février 2002. La date officielle à laquelle les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal varie d'un état membre à l'autre ; la période la plus courte est en Allemagne, où le Deutsche Mark cesse officiellement d'avoir cours légal le 31 décembre 2001, bien que la période de transition y dure également deux mois. Même après que les monnaies nationales cessent d'avoir cours légal, elles continuent à être acceptées par les banques centrales nationales, pour des périodes plus ou moins longues, allant de plusieurs années à tout jamais (voir ici). Les premières pièces cessant d'avoir cours légal sont les pièces portugaises en escudo, qui cessent d'avoir cours légal le 31 décembre 2002, bien que les billets restent échangeables jusqu'en 2022[29].
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En 2002, l'euro est lauréat du Prix International Charlemagne.
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L'adhésion à l'euro est obligatoire pour les nouveaux membres de l'UE, mais chaque pays en fixe la date et doit respecter les conditions économiques nécessaires.
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La zone euro s'étend progressivement :
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Des trois membres de l'UE (à quinze) non participants, seuls le Royaume-Uni et le Danemark obtiennent une clause dite d’opting-out, leur permettant de rester en dehors de la monnaie commune, même s'ils venaient à remplir les conditions d'adhésion, clause confirmée par le traité de Rome de 2004. Cette clause ne leur interdit toutefois pas d'adhérer ultérieurement.
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Aussi le Royaume-Uni, contrairement au Danemark, ne fait pas partie du mécanisme de change européen II (MCE II), bien que remplissant les conditions du traité de Maastricht car il ne souhaite pas lier le taux de change de la livre sterling à l'euro ; depuis que la livre sterling a quitté le défunt SME (fondé sur l'ancienne unité de compte européenne, ou ECU), son cours par rapport à l'euro connaît des variations plus importantes que les autres monnaies des pays membres non adhérents, notamment durant les deux premières années de l'introduction de l'euro, qui s'est temporairement fortement déprécié par rapport au dollar américain, à la livre sterling et au franc suisse. Cette instabilité initiale est, semble-t-il, résolue et, depuis, la livre sterling suit de façon assez proche les évolutions du cours de l'euro (le franc suisse s'est aussi stabilisé par rapport à l'euro et il remplirait les conditions d'entrée dans le MCE II si la Suisse et le Liechtenstein décidaient de rejoindre l'Union européenne).
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En revanche, la Suède s'est engagée à rejoindre à terme la monnaie commune et ce, dès qu'elle remplira les conditions du traité de Maastricht. Cependant, en raison d'une opinion publique qui reste favorable au maintien de la couronne suédoise, comme le montre le dernier référendum organisé sur ce sujet, le 14 septembre 2003, la Suède ne remplit pas techniquement les conditions d'entrée dans le MCE II afin de ne pas être contrainte d'adopter automatiquement la monnaie commune.
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Les états membres qui ont rejoint l'UE après la mise en place de l'euro sont tenus d'intégrer, à terme, la zone euro. Ceci suppose qu'ils intègrent d'abord le MCE II puis qu'ils remplissent les autres conditions d'adoption de l'euro. Ainsi, pour la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie et la Roumanie, tout nouvel élargissement n'est pas à prévoir « dans les prochaines années »[Quand ?], selon Valdis Dombrovskis, commissaire européen chargé de l'euro[37].
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Les motifs de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Pologne commencent à être proposés[Quand ?].
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En septembre 2012, le ministre des Finances bulgare, Simeon Djankov, annonce que son pays renonce à abandonner sa monnaie nationale pour l'euro, du fait de l'incertitude entourant la pérennité de la monnaie commune[38]. Notons cependant que la Bulgarie est juridiquement obligée d'adopter l'euro à terme, ayant ratifié son traité d'adhésion à l'UE sans bénéficier d’opting-out.
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Au 1er janvier 2017, 19 pays de l'Union européenne utilisent l'euro comme monnaie nationale.
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À ceux-ci s'ajoutent quatre états hors UE ayant des accords officiels et utilisant donc l'euro de façon officielle, ainsi que deux autres états l'ayant adopté unilatéralement. Le cas des bases britanniques à Chypre est particulier : le traité d'indépendance de Chypre y prévoyait l'utilisation exclusive de la monnaie locale, ce qui a imposé un basculement vers l'euro ; cette particularité est prévue par le traité d'adhésion de Chypre et par le droit britannique.
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L'euro est également de facto utilisé dans plusieurs pays hors d'Europe, comme au Zimbabwe où il circule aux côtés du dollar américain, du rand sud-africain, du pula botswannais et de la livre sterling.
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En 2018, au sein de l'Union européenne et des pays candidats à l'entrée dans l'Union, se trouvent les monnaies suivantes qui ont toutes intégré le MCE II :
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Toutefois, les phases préparatoires avant l'introduction de l'euro sont actuellement considérablement raccourcies, tous ces pays négociant déjà l'euro sur les marchés internationaux et disposant même de stocks de pièces et billets pour le marché des changes aux particuliers (notamment dans les zones touristiques). Dans certains de ces pays, de nombreux commerces acceptent les paiements en euro (parfois même aussi en pièces et billets), certains pratiquant même le double affichage sur un taux voisin du cours central défini dans le MCE II (qui autorise une variation de 15 % du cours, mais qui, en pratique, varie dans des marges très inférieures, le marché des changes étant déjà très stabilisé, ce qui permet même à certains pays de garantir unilatéralement leur taux de change par l'intervention de leur banque centrale), ou autorisant l'ouverture de comptes en euro pour les entreprises et les administrations, afin de limiter les frais relatifs aux opérations de change.
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Dans les derniers jours précédant l'évaluation par la Commission européenne d'une devise MCE II après deux années de stabilité, il apparaît une instabilité temporaire du cours de cette devise liée à une anticipation du marché sur une prochaine convertibilité totale de cette devise, ce qui limite l'intérêt de conserver des fonds de garantie dans cette devise. Mais la BCE et les BCN veillent à limiter cette instabilité et assistent la BCN, candidate pour limiter cet impact temporaire, en achetant ou vendant massivement les surplus de change sur les marchés financiers. Une stabilisation forte en dernière minute est donc constatée autour du taux central défini dans le MCE II, sauf si les engagements financiers pris par la BCE sont trop importants et nécessitent un ajustement pour éviter d'imposer à la BCN candidate des dettes dès son entrée dans l'UME, qui ne lui permettraient plus de remplir les objectifs de stabilité de Maastricht. Aussi, le cours central, défini dans le MCE II, ne préfigure pas forcément le taux de conversion définitif qui sera appliqué (mais qui devrait rester tout de même dans la bande de fluctuation de 15 % autour du taux central).
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Un certain nombre de devises, hors Union européenne, sont déjà liées à travers un taux de change, fixe ou variable, à l'euro :
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Les monnaies suivantes des pays membres de l'Union européenne, ou candidats à l'adhésion, ne sont pas liées à l'euro.
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Quatre micro-États enclavés dans l'Union européenne, sans en être membres, ont obtenu le droit d'utiliser l'euro : Andorre, Monaco, Saint-Marin et le Vatican ; ces États sont également autorisés à frapper un certain nombre de pièces de monnaie (officiellement depuis le 1er juillet 2013 pour Andorre, effectif à compter du 1er janvier 2014).
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Deux autres États, ou entités européennes, non membres de l'Union, utilisent également l'euro de facto : le Monténégro et le Kosovo, sans dépendre de la BCE, sans pouvoir émettre de pièces ni de billets.
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L'euro est également utilisé de facto dans certains territoires d'outre-mer, non intégrés à l'Union, dont les habitants sont citoyens d'un pays de l'Union ; c'est le cas de Saint-Pierre-et-Miquelon et, dans une mesure plus infime, des TAAF.
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Enfin, l'euro est accepté comme quasi seconde monnaie dans des régions d'États non-membres frontalières de la zone euro (Genève) ou pour des raisons touristiques (Polynésie).
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La valeur de l'euro, exprimée dans les anciennes monnaies de ces pays, est la suivante :
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L'ECU, qui était un panier, contenait des monnaies comme la livre sterling, qui n'ont pas été intégrées dans l'euro. Les deux devises européennes ne coïncident donc que brièvement, pendant les heures de fermeture des marchés entre la fin de 1998 et le début de 1999 et, si l'ECU existait encore, il aurait maintenant une valeur tout autre que celle de l'euro.
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Afin de reconstituer la valeur qu'aurait eue l'euro par rapport au dollar américain avant sa cristallisation du 31 décembre 1998, il convient d'utiliser les taux de change face au dollar d'une monnaie nationale, et de lui appliquer son taux de conversion en euro. Par exemple, 6,559 57 sera divisé par la valeur du dollar en francs français. Le résultat du calcul figure sur le graphique ci-contre pour le franc français (en rouge) et le deutschemark (en bleu) pour toute la période qui va de l'introduction du régime des changes flottants par Richard Nixon à celle de l'euro.
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Pendant les dix années précédant son introduction, l'euro aurait ainsi eu une valeur moyenne de l'ordre de 1,182 5 dollar US, calculée avec le franc français, et 1,20 dollar, calculée avec le deutschemark.
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Le marché des changes le plus actif de l'euro est bien évidemment celui comparé au dollar US ; la parité euro/dollar est l'instrument financier le plus traité dans le monde , c'est un indicateur phare, suivi quotidiennement par tous les milieux économiques et financiers.
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À partir de l'introduction de l'euro, l'inflation perçue en France a été nettement plus élevée que l'inflation réelle[Note 4].
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Pourtant, l'inflation dans la zone euro n'a pas augmenté à partir de 2002, date d'introduction. Entre 2000 et 2006, elle a fluctué entre 1,9 et 2,3 %[42]. En 2003, l'augmentation moyenne des prix à la consommation due au basculement à l'euro ne représente qu'environ 0,1 à 0,3 % du taux normal d'inflation de 2,3 % pour l'année en question[43]. Ainsi, l'indice des prix au sein de la zone euro est resté inférieur à celui des pays européens qui n'ont pas introduit la monnaie commune.
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La Banque de France a montré[44] que l'introduction de l'euro s'est produite simultanément à une hausse importante des prix de l'immobilier et des produits pétroliers. Par ailleurs, certains secteurs (hôtellerie, tabac par exemple) ont connu de fortes hausses de prix depuis l'introduction de l'euro[44].
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Le niveau faible de l'inflation globale s'explique également par les fortes baisses de prix observées depuis le début des années 2000 pour les biens d'équipement (ordinateurs, machines à laver, automobiles, téléphones mobiles, etc.), qui n'ont pas été ressenties par les consommateurs (phénomène de biais cognitif qui s'explique du fait qu'il ne s'agit pas de biens de première nécessité et dont la périodicité d'acquisition moyenne est supérieure à l'année). Pour cela, il est intéressant d'observer le taux d'inflation pour les ménages modestes, qui est calculé en tenant compte de leurs achats (la baguette de pain a un poids plus fort…).
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Face à la polémique[45],[46], le ministre des Finances français, Thierry Breton, propose, ultérieurement, un indice spécial lié au coût du panier d'achat au supermarché pour répondre aux critiques des associations de consommateurs. L'INSEE introduit un indicateur d'inflation personnalisé[Note 5],[47].
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En mai 2017, l'Insee publie une étude dans laquelle affirmant qu'il n'y a pas eu « d'inflation particulière » depuis l'introduction de l'euro[48].
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Si la Banque centrale européenne a un objectif d'inflation de 2 %, il s'agit d'une moyenne : sur les 12 premières années, l'inflation est, en moyenne, de 1,5 % en Allemagne, de 1,8 % aux Pays-Bas mais de 3,3 % en Grèce, de 2,8 % en Espagne et de 2,5 % au Portugal[49]. La perte de compétitivité qui a suivi le différentiel d'inflation est un des éléments clés d'explication de la crise de la zone euro. Ce problème est difficile à régler lorsque les pays ne peuvent pas dévaluer. En effet, seules deux solutions sont alors possibles : une dévaluation interne (baisse des salaires) dans les pays qui ont connu trop d'inflation ou une politique de relance dans les pays affectés par une inflation trop faible[50].
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Depuis la crise de 2007, la zone euro est confrontée à un problème de déflation dans la plupart des pays qui la compose ce qui a amené la BCE à agir et à utiliser les outils de politique monétaire dont elle dispose pour tenter de faire remonter l'inflation. Certains sont habituels, comme la baisse du taux directeur (ce qui permet en théorie de relancer le crédit), d'autres exceptionnels comme l'achat d'actifs par le biais de l'assouplissement quantitatif (QE)[51]. Les résultats de cette politique sont, en 2017, insuffisants, et certains analystes plaident pour joindre à la politique anti-déflation de la BCE une politique de relance budgétaire de la part des États qui compose la zone euro, mais cette option suscite de vives controverses au sein de l'Eurogroupe[52], en particulier une opposition de l'Allemagne, qui plaide pour l'orthodoxie budgétaire partout dans la zone Euro.
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La politique monétaire menée ces dernières années[Lesquelles ?] (au moins jusqu'au QE) conduit à un « euro fort », ou qualifiée par ses détracteurs d'« euro cher ». À terme, selon le centre de recherche économique CEE Council, le maintien de l'orthodoxie financière, prôné par le gouvernement allemand et la BCE, et la politique de rigueur généralisée qui en découle, nécessiteront une révision du traité de Lisbonne, car ils pourraient avoir pour conséquence de réduire les prérogatives budgétaires et fiscales des états-membres, au-delà des dispositions du traité dans sa forme actuelle[53].
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Le CEPII soulignait en 2012 que, par construction, l'euro empêche les taux de change de s'ajuster pour compenser les déséquilibres des balances commerciales des pays membres. En l'absence de ce canal, l'ajustement doit se faire par des taux d'inflation différenciés entre pays, ce qui suppose des dévaluations internes (baisse des salaires) pour les pays les moins compétitifs, ou par une montée en gamme des produits[54]. Paul Krugman souligne à ce propos que l'Allemagne bénéficie d'un Euro légèrement sous-évalué par rapport au DM (si celui-ci était toujours en circulation), contrairement aux autres pays d'Europe, en particulier au sud, qui ont une monnaie sur-évaluée[55]. Cette analyse a été confirmée par une étude du FMI datant de 2017[56]. Ce déséquilibre a sa part de responsabilité dans l'excédent commercial très élevé de l'Allemagne, qui est en partie responsable, selon nombre d’économistes, dont ceux du FMI, de l’anémie de la croissance européenne[57] (cet excédent se fait au détriment des autres pays de la zone, certains économistes parlant à ce sujet de mercantilisme[58]). De plus, l'épargne résultant de cet excédent s'investirait peu dans la zone euro et profiterait peu aux voisins de l'Allemagne[59]. A ce sujet, Patrick Artus souligne que les excédents allemands servent essentiellement à financer le déficit américain.
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Faute de pouvoir rééquilibrer leur compétitivité par la dévaluation, certains pays ont connu, selon une étude allemande du CEP (Centrum für europäische Politik), une moindre hausse de leur PIB. L'Euro a ainsi freiné leur croissance économique par rapport à la croissance qui aurait été la leur s'ils avaient gardé leur monnaie. Ainsi, chaque français aurait perdu 56 000 euros sur la période 1999-2017 et les italiens 73 000[60]. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Grèce auraient au contraire bénéficié de l'euro[61]. Cette étude a été critiquée par le Groupe d'Etudes Géopolitiques (GEG), un groupe de réflexion de l'ENS Ulm[62]. Selon le GEG, les chiffres de l'étude sont faux car elle est constituée « de grossières erreurs méthodologiques qui disqualifient la démarche du CEP et laissent planer le doute sur sa bonne foi ». Le GEG ajoute que « les auteurs ne semblent pas conscients des biais possibles de la méthode d’évaluation dite de contrôle synthétique et ne font rien qui puisse les éliminer »[62]. Une étude publiée en décembre 2018 dans la European Economic Review et employant la même méthode statistique que le CEP trouve des résultats également sensiblement différents[63]. Le quotidien allemand Die Welt a aussi livré une critique acerbe de l'étude du CEP[64], en France Le Point qualifie l'étude de « bidon »[65] et Libération estime que la méthodologie employée est particulièrement « critiquable »[66].
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Un sondage est effectué à la demande du German Marshall Fund, durant l'été 2010. À la question « L'usage de l'euro est-il une bonne chose pour l'économie ? », si une majorité de Néerlandais a répondu oui, 53 % des Allemands et des Espagnols ont répondu non, ainsi que 60 % des Français[67]. Pourtant, à cette même date, un autre sondage indiquait que seuls 38 % des Français étaient en faveur d'un retour au franc[68].
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En 2015, dans un sondage Eurobaromètre, 61 % des citoyens des pays du zone euro ont répondu, à la question « En général, pensez-vous que l'euro est une bonne chose ou une mauvaise chose pour votre pays ? », que l'euro était une bonne chose pour leur pays, alors que 30 % ont dit que c'était une mauvaise chose le niveau de soutien le plus élevé enregistré par Eurobaromètre depuis qu'il a commencé à poser cette question en 2002, et une importante augmentation depuis le plus bas niveau de soutien (moins de 50 %) enregistré par ce sondage, en 2007. Les pays les moins favorables à l'euro était l'Italie et la Chypre, les deux pays où moins de la majorité absolue ne se sont prononcés favorables à l'euro (en Italie, 49 % en faveur et 41 % contre ; en Chypre 50 % et 40 % respectivement) et la Lettonie (54 % en faveur, 29 % contre), pendant que les pays les plus favorables étaient le Luxembourg (79 % en faveur, 14 % contre), l'Irlande (75 % et 18 %), et l'Allemagne (70 % et 22 %)[69].
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En 2017, un sondage Ifop indique que 72 % des Français sont en faveur d'un maintien dans la zone euro. Seuls 28 % se sont déclarés en faveur d'une sortie dont une majorité est électrice du Front national[68].
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Nombre d'économistes[70],[71] pointent le fait que les pays de la zone euro ne constituaient pas, en 2002, une zone monétaire optimale, et qu'un défaut de convergence des politiques économiques, et l'absence d'outils de gestion commune (trésor, budget fédéral) ne les rapprochent pas de cette configuration. Les économistes Milton Friedman et Martin Feldstein ont également exprimé leur doute à ce sujet[72]. L'absence de trésor et de budget fédéral entraîne l'absence de transferts (en particulier fiscaux) entre pays en excédent et pays en déficit, ce qui pose un problème qui peut menacer à terme la viabilité de la zone Euro. Conscients du problème, un certain nombre de responsables européens, dont Emmanuel Macron, plaident pour une Europe budgétaire, tentant d'infléchir la position de l'Allemagne sur ce sujet[73]. Ce problème est également souligné à la tête de la BCE par Christine Lagarde qui déplore le manque de solidarité dans la zone Euro sur le plan budgétaire[74].
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L'euro est la deuxième monnaie de réserve dans le monde, loin derrière le dollar américain ; cependant, petit à petit, l'euro commence à augmenter comme monnaie de réserve dans le monde, passant de 17,9 %, en 1999, à 27,3 %, en 2009[75].
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Ceci vient confirmer les propos d'Alan Greenspan, ancien président de la banque centrale des États-Unis, selon lesquels « il est concevable que l'euro remplace le dollar comme monnaie de réserve ou devienne d'une importance égale »[76].
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Toutefois, en 2017, la part de l'euro est redescendue à 20 %.
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Une étude montre que l'introduction de l'euro a eu un effet positif sur le tourisme en Europe, avec une augmentation de 6,5 % du nombre de touristes au sein de la zone euro[79].
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L'euro est actuellement présent dans les documents électroniques et les bases de données de nombreux pays, non seulement de l'Union économique et monétaire, mais aussi de nombreux pays du monde. Il faut signaler que cette devise, comme toutes les autres, ne fait pas encore partie d'une norme internationale de métadonnées (voir Dublin Core), en raison de la variabilité des monnaies et des prix soumis aux lois d'évolution des marchés ; cependant, la norme ISO 4 217 est abondamment utilisée dans les bases de données et les échanges informatiques, et attribue le code EUR à l'euro, norme à caractère quasi obligatoire pour les transferts interbancaires de devises et la tenue des comptes à la place des symboles monétaires souvent ambigus (même si l'euro a un symbole bien défini, la présence de devises dérivées non régulées par la BCE est source de nouvelles ambiguïtés).
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Du fait d'alphabets différents les noms et divisions nationales de l'euro ne s'orthographient et ne se prononcent pas de la même façon dans tous les pays de la zone.
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Du fait de la diversité des règles grammaticales au sein de la zone euro, le mot « euro » sur les pièces et billets est invariable et ne prend donc pas de « s »[Note 6]. Toutefois, dans la langue française, selon la règle, le pluriel se forme par l'ajout d'un « s » en fin de mot[80]. L'Académie française s'est prononcée en ce sens dans une note publiée au Journal officiel du 2 décembre 1997[81].
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En revanche, en France, le terme « cent », prêtant à confusion, n'est généralement pas utilisé en français ; on parle de centime ou, dans une forme plus rare et déconseillée, d'eurocent (pour ne pas confondre avec les centimes de franc pendant la phase transitoire[81]). Pour des raisons similaires, il est dit centimo en espagnol, centesimo en italien, lepton (pluriel lepta) en grec, alors que ce problème ne se pose pas en anglais, par exemple, langue dans laquelle il est adopté tel quel[Note 7].
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La liaison avec le mot antéposé et l'élision du « e » (des articles « de » et « le » ainsi que de la préposition « de ») suivent les règles habituelles du français : on prononce donc un(n)euro, dix(z)euros, vingt(t)euros, quatre-vingts(z)euros, cent(t)euros, etc., de même qu'on dit « l'euro » et « d'euro(s) »[82].
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En France, deux imprimeries fabriquent des billets de 5, 10 et 20 euros : l'imprimerie de la Banque de France, à Chamalières (Puy-de-Dôme) et l'imprimerie de François-Charles Oberthur Fiduciaire, à Chantepie (Ille-et-Vilaine). Ces billets sont destinés à remplacer ceux qui sont trop usés, en France et dans toute l'Europe.
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Les autres coupures sont fabriquées dans d'autres pays européens puis envoyées en France selon une sorte de contrat d'échange établi par la BCE. En revanche, les pièces françaises en euro sont toutes frappées à Pessac (Gironde), par la direction des Monnaies et médailles.
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1 |
+
L'addition[1] est une opération élémentaire, permettant notamment de décrire la réunion de quantités ou l'adjonction de grandeurs extensives de même nature, comme les longueurs, les aires, ou les volumes. En particulier en physique, l'addition de deux grandeurs ne peut s'effectuer numériquement que si ces grandeurs sont exprimées avec la même unité de mesure. Le résultat d'une addition est appelé une somme, et les nombres que l'on additionne, les termes.
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2 |
+
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3 |
+
En mathématiques, l'addition est développée sur les ensembles de nombres usuels mais se définit aussi pour d'autres objets mathématiques comme les vecteurs et les fonctions.
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4 |
+
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5 |
+
Par analogie, on appelle addition la loi de composition interne des espaces vectoriels et de certains groupes abéliens. D'autres structures mathématiques sont également munies d'opérations binaires appelées additions, mais qui ne satisfont pas toujours les propriétés de l'addition usuelle.
|
6 |
+
|
7 |
+
L'addition se conçoit d'abord comme le dénombrement d'une réunion de collections d'objets, à trois conditions :
|
8 |
+
|
9 |
+
Le résultat de l'addition est la quantité totale d'objets, qui peut se dénombrer soit par un comptage, soit par un calcul mathématique sur les nombres décrivant les quantités de départ.
|
10 |
+
|
11 |
+
De même, pour que l'addition puisse décrire la réunion d'objets fractionnaires, comme des portions de cercle ou des figures géométriques tracées sur un quadrillage, il faut que tous les objets soient évalués à partir d'une sous-division commune, une brique élémentaire. Mathématiquement, cette condition s'interprète comme la recherche d'un dénominateur commun à plusieurs fractions.
|
12 |
+
|
13 |
+
Certaines grandeurs physiques, mais aussi géométriques ou économiques[4], peuvent également s'additionner par la réunion des objets sur lesquels elles sont mesurées. Mais ces grandeurs doivent alors être évaluées relativement à une unité de mesure commune.
|
14 |
+
|
15 |
+
L'addition peut mettre en jeu des nombres négatifs en apparaissant comme le bilan des variations ou des déplacements successifs le long d'un axe orienté. Chaque terme est alors muni d'un signe indiquant son sens : positif pour un gain, une augmentation ou un déplacement dans le sens de l'axe ; négatif pour une perte, une diminution ou un déplacement dans le sens contraire à celui de l'axe. Le résultat de l'opération est alors appelé une « somme algébrique ».
|
16 |
+
|
17 |
+
Les variations peuvent là encore concerner des quantités entières ou fractionnaires, ou n'importe quelle grandeur mesurée.
|
18 |
+
|
19 |
+
Par exemple, l'addition de
|
20 |
+
|
21 |
+
|
22 |
+
|
23 |
+
−
|
24 |
+
5
|
25 |
+
|
26 |
+
|
27 |
+
{\displaystyle -5}
|
28 |
+
|
29 |
+
et
|
30 |
+
|
31 |
+
|
32 |
+
|
33 |
+
+
|
34 |
+
2
|
35 |
+
|
36 |
+
|
37 |
+
{\displaystyle +2}
|
38 |
+
|
39 |
+
traduit une perte de cinq unités et le gain de deux unités. Le résultat de l'addition,
|
40 |
+
|
41 |
+
|
42 |
+
|
43 |
+
−
|
44 |
+
3
|
45 |
+
|
46 |
+
|
47 |
+
{\displaystyle -3}
|
48 |
+
|
49 |
+
, correspond à la variation globale du nombre d'unités : trois unités ont été perdues.
|
50 |
+
|
51 |
+
Cette conception peut être étendue pour définir l'addition des vecteurs par juxtaposition de déplacements ou translations, en n'imposant plus qu'ils se fassent le long d'un même axe.
|
52 |
+
|
53 |
+
La formalisation mathématique des nombres entiers naturels privilégie cependant une définition ordinale de l'addition, par récurrence.
|
54 |
+
Ainsi, partant de la seule opération « ajouter un », l'addition des nombres 3 et 2 se conçoit sous la forme « 3 auquel on ajoute un par deux fois » (3+1+1).
|
55 |
+
Dans ce contexte, les propriétés de commutativité et d'associativité ne sont alors plus du tout évidentes et doivent être démontrées.
|
56 |
+
|
57 |
+
À partir de l'addition des entiers naturels, sont construites successivement les additions des entiers relatifs, des rationnels, des réels et des complexes. (Cet ordre ne reflète pas l'ordre chronologique selon lequel sont apparus ces ensembles de nombres.)
|
58 |
+
|
59 |
+
L'addition de deux termes
|
60 |
+
|
61 |
+
|
62 |
+
|
63 |
+
a
|
64 |
+
|
65 |
+
|
66 |
+
{\displaystyle a}
|
67 |
+
|
68 |
+
et
|
69 |
+
|
70 |
+
|
71 |
+
|
72 |
+
b
|
73 |
+
|
74 |
+
|
75 |
+
{\displaystyle b}
|
76 |
+
|
77 |
+
se note habituellement
|
78 |
+
|
79 |
+
|
80 |
+
|
81 |
+
a
|
82 |
+
+
|
83 |
+
b
|
84 |
+
|
85 |
+
|
86 |
+
{\displaystyle a+b}
|
87 |
+
|
88 |
+
et se lit «
|
89 |
+
|
90 |
+
|
91 |
+
|
92 |
+
a
|
93 |
+
|
94 |
+
|
95 |
+
{\displaystyle a}
|
96 |
+
|
97 |
+
plus
|
98 |
+
|
99 |
+
|
100 |
+
|
101 |
+
b
|
102 |
+
|
103 |
+
|
104 |
+
{\displaystyle b}
|
105 |
+
|
106 |
+
», parfois «
|
107 |
+
|
108 |
+
|
109 |
+
|
110 |
+
a
|
111 |
+
|
112 |
+
|
113 |
+
{\displaystyle a}
|
114 |
+
|
115 |
+
et
|
116 |
+
|
117 |
+
|
118 |
+
|
119 |
+
b
|
120 |
+
|
121 |
+
|
122 |
+
{\displaystyle b}
|
123 |
+
|
124 |
+
» ou «
|
125 |
+
|
126 |
+
|
127 |
+
|
128 |
+
b
|
129 |
+
|
130 |
+
|
131 |
+
{\displaystyle b}
|
132 |
+
|
133 |
+
ajouté à
|
134 |
+
|
135 |
+
|
136 |
+
|
137 |
+
a
|
138 |
+
|
139 |
+
|
140 |
+
{\displaystyle a}
|
141 |
+
|
142 |
+
». Le signe « + » remplace depuis la fin du XVe siècle le symbole p pour « plus ».
|
143 |
+
|
144 |
+
Cette notation infixe peut être remplacée dans certains contextes par une notation fonctionnelle
|
145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
|
148 |
+
+
|
149 |
+
(
|
150 |
+
a
|
151 |
+
,
|
152 |
+
b
|
153 |
+
)
|
154 |
+
|
155 |
+
|
156 |
+
{\displaystyle +(a,b)}
|
157 |
+
|
158 |
+
ou par une notation postfixée
|
159 |
+
|
160 |
+
|
161 |
+
|
162 |
+
(
|
163 |
+
a
|
164 |
+
)
|
165 |
+
(
|
166 |
+
b
|
167 |
+
)
|
168 |
+
+
|
169 |
+
|
170 |
+
|
171 |
+
{\displaystyle (a)(b)+}
|
172 |
+
|
173 |
+
. Dans la décomposition arborescente d'une expression algébrique, l'addition est représentée par un nœud trivalent avec deux entrées et une sortie.
|
174 |
+
|
175 |
+
Dans un système de notation additive tel que le système unaire ou la numération égyptienne, le signe « + » n'a pas besoin d'être indiqué puisque l'écriture des nombres consiste déjà à décomposer les nombres en une somme de valeurs numériques fixées.
|
176 |
+
|
177 |
+
Dans un système de notation positionnelle telle la notation moderne, l'addition de plusieurs nombres est parfois représentée par la superposition des écritures de nombres, tous les chiffres d'une même position étant alignés verticalement. Cette disposition facilite le calcul manuel de la somme de plusieurs nombres.
|
178 |
+
|
179 |
+
L'addition de nombres possède certaines propriétés valables dans tous les ensembles de nombres usuels :
|
180 |
+
|
181 |
+
a
|
182 |
+
+
|
183 |
+
b
|
184 |
+
=
|
185 |
+
b
|
186 |
+
+
|
187 |
+
a
|
188 |
+
|
189 |
+
|
190 |
+
{\displaystyle a+b=b+a}
|
191 |
+
|
192 |
+
;
|
193 |
+
|
194 |
+
(
|
195 |
+
a
|
196 |
+
+
|
197 |
+
b
|
198 |
+
)
|
199 |
+
+
|
200 |
+
c
|
201 |
+
=
|
202 |
+
a
|
203 |
+
+
|
204 |
+
(
|
205 |
+
b
|
206 |
+
+
|
207 |
+
c
|
208 |
+
)
|
209 |
+
|
210 |
+
|
211 |
+
{\displaystyle (a+b)+c=a+(b+c)}
|
212 |
+
|
213 |
+
, d'où la notation sans parenthèses
|
214 |
+
|
215 |
+
|
216 |
+
|
217 |
+
a
|
218 |
+
+
|
219 |
+
b
|
220 |
+
+
|
221 |
+
c
|
222 |
+
|
223 |
+
|
224 |
+
{\displaystyle a+b+c}
|
225 |
+
|
226 |
+
;
|
227 |
+
|
228 |
+
si
|
229 |
+
|
230 |
+
|
231 |
+
|
232 |
+
x
|
233 |
+
+
|
234 |
+
a
|
235 |
+
=
|
236 |
+
y
|
237 |
+
+
|
238 |
+
a
|
239 |
+
|
240 |
+
|
241 |
+
{\displaystyle x+a=y+a}
|
242 |
+
|
243 |
+
alors
|
244 |
+
|
245 |
+
|
246 |
+
|
247 |
+
x
|
248 |
+
=
|
249 |
+
y
|
250 |
+
|
251 |
+
|
252 |
+
{\displaystyle x=y}
|
253 |
+
|
254 |
+
;
|
255 |
+
|
256 |
+
a
|
257 |
+
+
|
258 |
+
0
|
259 |
+
=
|
260 |
+
a
|
261 |
+
|
262 |
+
|
263 |
+
{\displaystyle a+0=a}
|
264 |
+
|
265 |
+
.
|
266 |
+
|
267 |
+
Chaque nombre
|
268 |
+
|
269 |
+
|
270 |
+
|
271 |
+
x
|
272 |
+
|
273 |
+
|
274 |
+
{\displaystyle x}
|
275 |
+
|
276 |
+
possède un symétrique pour l'addition, appelé « opposé » et noté
|
277 |
+
|
278 |
+
|
279 |
+
|
280 |
+
−
|
281 |
+
x
|
282 |
+
|
283 |
+
|
284 |
+
{\displaystyle -x}
|
285 |
+
|
286 |
+
, c'est-à-dire tel que
|
287 |
+
|
288 |
+
|
289 |
+
|
290 |
+
x
|
291 |
+
+
|
292 |
+
(
|
293 |
+
−
|
294 |
+
x
|
295 |
+
)
|
296 |
+
=
|
297 |
+
−
|
298 |
+
x
|
299 |
+
+
|
300 |
+
x
|
301 |
+
=
|
302 |
+
0
|
303 |
+
|
304 |
+
|
305 |
+
{\displaystyle x+(-x)=-x+x=0}
|
306 |
+
|
307 |
+
.
|
308 |
+
Les ensembles de nombres
|
309 |
+
|
310 |
+
|
311 |
+
|
312 |
+
|
313 |
+
Z
|
314 |
+
|
315 |
+
|
316 |
+
|
317 |
+
{\displaystyle \mathbb {Z} }
|
318 |
+
|
319 |
+
,
|
320 |
+
|
321 |
+
|
322 |
+
|
323 |
+
|
324 |
+
D
|
325 |
+
|
326 |
+
|
327 |
+
|
328 |
+
{\displaystyle \mathbb {D} }
|
329 |
+
|
330 |
+
,
|
331 |
+
|
332 |
+
|
333 |
+
|
334 |
+
|
335 |
+
Q
|
336 |
+
|
337 |
+
|
338 |
+
|
339 |
+
{\displaystyle \mathbb {Q} }
|
340 |
+
|
341 |
+
et
|
342 |
+
|
343 |
+
|
344 |
+
|
345 |
+
|
346 |
+
R
|
347 |
+
|
348 |
+
|
349 |
+
|
350 |
+
{\displaystyle \mathbb {R} }
|
351 |
+
|
352 |
+
possèdent tous les opposés de leurs nombres, mais l'ensemble
|
353 |
+
|
354 |
+
|
355 |
+
|
356 |
+
|
357 |
+
N
|
358 |
+
|
359 |
+
|
360 |
+
|
361 |
+
{\displaystyle \mathbb {N} }
|
362 |
+
|
363 |
+
ne possède pas les opposés des nombres entiers strictement positifs.
|
364 |
+
|
365 |
+
L'addition avec un symétrique permet de définir la soustraction par
|
366 |
+
|
367 |
+
|
368 |
+
|
369 |
+
x
|
370 |
+
−
|
371 |
+
y
|
372 |
+
=
|
373 |
+
x
|
374 |
+
+
|
375 |
+
(
|
376 |
+
−
|
377 |
+
y
|
378 |
+
)
|
379 |
+
|
380 |
+
|
381 |
+
{\displaystyle x-y=x+(-y)}
|
382 |
+
|
383 |
+
.
|
384 |
+
|
385 |
+
L'évaluation du résultat d'une addition dépend du système de numération employé, c'est-à-dire de la manière de représenter les nombres.
|
386 |
+
|
387 |
+
Dans un système additif, il suffit de juxtaposer les écritures puis de simplifier l'expression en regroupant les symboles de même valeur pour en remplacer une partie par des symboles de valeur plus élevée lorsque c'est possible. De manière générale, les systèmes de numération non chiffrés ont pu développer une technique d'addition par la pratique de l'abaque.
|
388 |
+
|
389 |
+
Dans un système de numération positionnelle chiffrée, le calcul d'une somme d'entiers passe par l'utilisation d'une table d'addition. Celle-ci permet de trouver la somme des chiffres sur chaque position.
|
390 |
+
|
391 |
+
L'écriture du résultat se fait de la position la plus basse à la position la plus haute (de droite à gauche en notation moderne[5]). Pour chaque position, on inscrit le chiffre des unités de la somme des chiffres et on reporte une retenue sur la position suivante si cette somme est plus grande que la base. Chaque chiffre du résultat est ensuite incrémenté de l'éventuelle retenue.
|
392 |
+
|
393 |
+
Pour clarifier visuellement le procédé, on peut commencer par poser l'addition, c'est-à-dire, en notation moderne, écrire l'un en dessous de l'autre les nombres à additionner en alignant verticalement les positions correspondantes.
|
394 |
+
|
395 |
+
Cette méthode se généralise pour les nombres décimaux en alignant verticalement les virgules.
|
396 |
+
|
397 |
+
L'addition de fractions d'entiers passe par une mise au même dénominateur, puis une addition des numérateurs et enfin par une éventuelle simplification de la fraction obtenue.
|
398 |
+
|
399 |
+
Quant à l'addition des fractions égyptiennes de numérateur unitaire et de dénominateurs tous distincts, elle fait appel à un processus itératif de simplification des fractions apparaissant en double.
|
400 |
+
|
401 |
+
Les sommes d'entiers, de décimaux et de rationnels peuvent toujours se ramener à une forme où ne figure plus le signe « + ». En revanche, une somme de réels n'admet pas toujours une telle forme : on ne peut pas simplifier l'écriture de 1 + √2.
|
402 |
+
|
403 |
+
En choisissant un terme constant
|
404 |
+
|
405 |
+
|
406 |
+
|
407 |
+
r
|
408 |
+
|
409 |
+
|
410 |
+
{\displaystyle r}
|
411 |
+
|
412 |
+
, l'addition permet de définir une fonction
|
413 |
+
|
414 |
+
|
415 |
+
|
416 |
+
x
|
417 |
+
→
|
418 |
+
x
|
419 |
+
+
|
420 |
+
r
|
421 |
+
|
422 |
+
|
423 |
+
{\displaystyle x\to x+r}
|
424 |
+
|
425 |
+
que l'on peut itérer pour construire des suites arithmétiques de raison
|
426 |
+
|
427 |
+
|
428 |
+
|
429 |
+
r
|
430 |
+
|
431 |
+
|
432 |
+
{\displaystyle r}
|
433 |
+
|
434 |
+
. De telles suites
|
435 |
+
|
436 |
+
|
437 |
+
|
438 |
+
(
|
439 |
+
|
440 |
+
u
|
441 |
+
|
442 |
+
n
|
443 |
+
|
444 |
+
|
445 |
+
)
|
446 |
+
|
447 |
+
|
448 |
+
{\displaystyle (u_{n})}
|
449 |
+
|
450 |
+
vérifient pour tout entier positif
|
451 |
+
|
452 |
+
|
453 |
+
|
454 |
+
n
|
455 |
+
|
456 |
+
|
457 |
+
{\displaystyle n}
|
458 |
+
|
459 |
+
la relation
|
460 |
+
|
461 |
+
|
462 |
+
|
463 |
+
|
464 |
+
u
|
465 |
+
|
466 |
+
n
|
467 |
+
+
|
468 |
+
1
|
469 |
+
|
470 |
+
|
471 |
+
=
|
472 |
+
|
473 |
+
u
|
474 |
+
|
475 |
+
n
|
476 |
+
|
477 |
+
|
478 |
+
+
|
479 |
+
r
|
480 |
+
|
481 |
+
|
482 |
+
{\displaystyle u_{n+1}=u_{n}+r}
|
483 |
+
|
484 |
+
. Elles s'écrivent alors sous la forme :
|
485 |
+
|
486 |
+
|
487 |
+
|
488 |
+
|
489 |
+
(
|
490 |
+
|
491 |
+
u
|
492 |
+
|
493 |
+
0
|
494 |
+
|
495 |
+
|
496 |
+
,
|
497 |
+
|
498 |
+
u
|
499 |
+
|
500 |
+
0
|
501 |
+
|
502 |
+
|
503 |
+
+
|
504 |
+
r
|
505 |
+
,
|
506 |
+
|
507 |
+
u
|
508 |
+
|
509 |
+
0
|
510 |
+
|
511 |
+
|
512 |
+
+
|
513 |
+
r
|
514 |
+
+
|
515 |
+
r
|
516 |
+
,
|
517 |
+
|
518 |
+
u
|
519 |
+
|
520 |
+
0
|
521 |
+
|
522 |
+
|
523 |
+
+
|
524 |
+
r
|
525 |
+
+
|
526 |
+
r
|
527 |
+
+
|
528 |
+
r
|
529 |
+
,
|
530 |
+
…
|
531 |
+
)
|
532 |
+
|
533 |
+
|
534 |
+
{\displaystyle (u_{0},u_{0}+r,u_{0}+r+r,u_{0}+r+r+r,\dots )}
|
535 |
+
|
536 |
+
.
|
537 |
+
|
538 |
+
Ces répétitions d'addition permettent de définir la multiplication par un nombre entier :
|
539 |
+
|
540 |
+
|
541 |
+
|
542 |
+
p
|
543 |
+
×
|
544 |
+
r
|
545 |
+
=
|
546 |
+
|
547 |
+
|
548 |
+
|
549 |
+
|
550 |
+
r
|
551 |
+
+
|
552 |
+
⋯
|
553 |
+
+
|
554 |
+
r
|
555 |
+
|
556 |
+
⏟
|
557 |
+
|
558 |
+
|
559 |
+
|
560 |
+
|
561 |
+
p
|
562 |
+
|
563 |
+
|
564 |
+
|
565 |
+
fois
|
566 |
+
|
567 |
+
|
568 |
+
|
569 |
+
|
570 |
+
|
571 |
+
|
572 |
+
|
573 |
+
{\displaystyle p\times r=\underbrace {r+\dots +r} _{\textstyle p\ {\mbox{fois}}}}
|
574 |
+
|
575 |
+
.
|
576 |
+
|
577 |
+
L'addition d'une suite finie de nombres définie par une formule générale (par exemple, l'addition des entiers impairs de 1 à 99) utilise des procédés spécifiques qui quittent le domaine opératoire de l'addition. L'étude des suites et séries associées fournit des méthodes plus efficaces pour le calcul de telles sommes.
|
578 |
+
|
579 |
+
L'addition donne aussi lieu à certains jeux. La mourre, par exemple, consiste à deviner la somme de deux petits nombres, que les deux adversaires donnent simultanément avec leurs doigts.
|
580 |
+
|
581 |
+
En poésie, elle est évoquée par la Page d'écriture de Jacques Prévert.
|
582 |
+
|
583 |
+
Les nombres intervenant dans une addition représentent parfois des grandeurs géométriques : longueur d'un segment, mesure d'un angle (orienté ou non), aire d'une surface carrée. Dans chacun de ces cas, le calcul de la somme peut être illustré par une construction géométrique à la règle et au compas. Il existe aussi dans chaque cas une construction de la soustraction qui permet à partir de la grandeur somme et d'une des grandeurs de départ de trouver l'autre grandeur de départ.
|
584 |
+
|
585 |
+
Pour représenter la somme des longueurs de deux segments, il suffit de prolonger à la règle l'une de ces deux segments au-delà de l'une de ses extrémités, puis de tracer un cercle centré en cette extrémité et ayant pour rayon l'autre longueur. L'intersection du cercle avec le prolongement définit la nouvelle extrémité de la longueur prolongée.
|
586 |
+
|
587 |
+
Ce principe est fondamental pour définir ce qu'est un nombre constructible.
|
588 |
+
|
589 |
+
Étant donnés deux secteurs angulaires tracés dans le plan, il est possible de construire un secteur angulaire dont la mesure de l'angle soit la somme des mesures des angles donnés. Il suffit pour cela de tracer d'abord un triangle isocèle dont le sommet principal et ses côtés adjacents constituent l'un des secteurs angulaires, puis de construire un triangle isométrique de sommet principal à la pointe de l'autre secteur angulaire avec un côté adjacent en commun et l'autre côté à l'extérieur du secteur angulaire. Les deux côtés extérieurs délimitent alors l'angle somme.
|
590 |
+
|
591 |
+
En cas d'addition d'angles avec des mesures importantes, l'angle somme peut avoir une mesure de plus de 360°.
|
592 |
+
|
593 |
+
Cette procédure, appliquée aux angles d'un triangle, permet de vérifier que la somme des mesures de ces angles vaut bien 180°.
|
594 |
+
|
595 |
+
L'addition d'angles orientés se fait de manière analogue à celle des angles géométriques, à la différence que le premier côté du deuxième angle doit être superposé au deuxième côté du premier angle.
|
596 |
+
|
597 |
+
La construction peut alors se décrire en termes de transformations du plan. Si le premier angle orienté est déterminé par un couple de vecteurs représentés à partir de la même origine
|
598 |
+
|
599 |
+
|
600 |
+
|
601 |
+
O
|
602 |
+
|
603 |
+
|
604 |
+
{\displaystyle O}
|
605 |
+
|
606 |
+
et d'extrémités respectives
|
607 |
+
|
608 |
+
|
609 |
+
|
610 |
+
A
|
611 |
+
|
612 |
+
|
613 |
+
{\displaystyle A}
|
614 |
+
|
615 |
+
et
|
616 |
+
|
617 |
+
|
618 |
+
|
619 |
+
B
|
620 |
+
|
621 |
+
|
622 |
+
{\displaystyle B}
|
623 |
+
|
624 |
+
, il suffit de construire l'image
|
625 |
+
|
626 |
+
|
627 |
+
|
628 |
+
|
629 |
+
B
|
630 |
+
′
|
631 |
+
|
632 |
+
|
633 |
+
|
634 |
+
{\displaystyle B'}
|
635 |
+
|
636 |
+
de
|
637 |
+
|
638 |
+
|
639 |
+
|
640 |
+
B
|
641 |
+
|
642 |
+
|
643 |
+
{\displaystyle B}
|
644 |
+
|
645 |
+
par la rotation de centre
|
646 |
+
|
647 |
+
|
648 |
+
|
649 |
+
O
|
650 |
+
|
651 |
+
|
652 |
+
{\displaystyle O}
|
653 |
+
|
654 |
+
et d'angle le second angle orienté. Les vecteurs de même origine
|
655 |
+
|
656 |
+
|
657 |
+
|
658 |
+
O
|
659 |
+
|
660 |
+
|
661 |
+
{\displaystyle O}
|
662 |
+
|
663 |
+
et d'extrémités
|
664 |
+
|
665 |
+
|
666 |
+
|
667 |
+
A
|
668 |
+
|
669 |
+
|
670 |
+
{\displaystyle A}
|
671 |
+
|
672 |
+
et
|
673 |
+
|
674 |
+
|
675 |
+
|
676 |
+
|
677 |
+
B
|
678 |
+
′
|
679 |
+
|
680 |
+
|
681 |
+
|
682 |
+
{\displaystyle B'}
|
683 |
+
|
684 |
+
définissent alors l'angle orienté somme.
|
685 |
+
|
686 |
+
En appliquant cette opération aux angles de vecteurs de la forme
|
687 |
+
|
688 |
+
|
689 |
+
|
690 |
+
(
|
691 |
+
|
692 |
+
|
693 |
+
|
694 |
+
ı
|
695 |
+
→
|
696 |
+
|
697 |
+
|
698 |
+
|
699 |
+
;
|
700 |
+
|
701 |
+
|
702 |
+
|
703 |
+
O
|
704 |
+
M
|
705 |
+
|
706 |
+
→
|
707 |
+
|
708 |
+
|
709 |
+
)
|
710 |
+
|
711 |
+
|
712 |
+
{\displaystyle ({\vec {\imath }};{\overrightarrow {OM}})}
|
713 |
+
|
714 |
+
, où
|
715 |
+
|
716 |
+
|
717 |
+
|
718 |
+
M
|
719 |
+
|
720 |
+
|
721 |
+
{\displaystyle M}
|
722 |
+
|
723 |
+
est un point du cercle trigonométrique, l'addition angulaire définit une opération sur les points du cercle qui correspond à la multiplication des nombres complexes de module 1.
|
724 |
+
|
725 |
+
Étant donné deux carrés tracés dans le plan, il est possible de construire un carré dont l'aire est la somme des aires des carrés initiaux. En effet, si les deux carrés initiaux peuvent être tracés de façon à avoir un sommet en commun et deux côtés perpendiculaires, le triangle formé par ces deux côtés est alors un triangle rectangle. Le théorème de Pythagore permet alors de montrer que le carré formé sur le troisième côté du triangle a pour aire la somme des aires des carrés initiaux.
|
726 |
+
|
727 |
+
L'opération ainsi définie sur les longueurs des côtés des carrés est l'addition pythagoricienne qui s'exprime (sur les couples de réels positifs) par :
|
728 |
+
|
729 |
+
Ce problème de construction généralise celui de la duplication du carré, où les carrés initiaux ont la même dimension.
|
730 |
+
|
731 |
+
En théorie des catégories, les entiers naturels forment un squelette de la catégorie des ensembles finis et l’addition et la somme, parce que l’addition est équivalente à la réunion disjointe. Dit informellement, la somme de deux entiers est l’objet minimal qui peut contenir toutes les deux indépendamment. Dans divers domaines des mathématiques, cette somme est un concept important, par exemple la somme directe en algèbre linéaire.
|
732 |
+
|
733 |
+
D'autres structures mathématiques étendent certains ensembles de nombres et sont munis d'une opération binaire qui prolonge l'addition usuelle, mais qui ne possède pas toujours toutes ses propriétés.
|
734 |
+
|
735 |
+
Si les applications définies sur un ensemble donné commun et à valeur numérique peuvent s'additionner simplement composante par composante comme des vecteurs, il n'en est pas de même pour les fonctions qui ont un domaine de définition propre.
|
736 |
+
|
737 |
+
Étant donné deux fonctions
|
738 |
+
|
739 |
+
|
740 |
+
|
741 |
+
f
|
742 |
+
|
743 |
+
|
744 |
+
{\displaystyle f}
|
745 |
+
|
746 |
+
et
|
747 |
+
|
748 |
+
|
749 |
+
|
750 |
+
g
|
751 |
+
|
752 |
+
|
753 |
+
{\displaystyle g}
|
754 |
+
|
755 |
+
définies sur les domaines respectifs
|
756 |
+
|
757 |
+
|
758 |
+
|
759 |
+
|
760 |
+
D
|
761 |
+
|
762 |
+
f
|
763 |
+
|
764 |
+
|
765 |
+
|
766 |
+
|
767 |
+
{\displaystyle D_{f}}
|
768 |
+
|
769 |
+
et
|
770 |
+
|
771 |
+
|
772 |
+
|
773 |
+
|
774 |
+
D
|
775 |
+
|
776 |
+
g
|
777 |
+
|
778 |
+
|
779 |
+
|
780 |
+
|
781 |
+
{\displaystyle D_{g}}
|
782 |
+
|
783 |
+
(par exemple des intervalles réels), la fonction
|
784 |
+
|
785 |
+
|
786 |
+
|
787 |
+
f
|
788 |
+
+
|
789 |
+
g
|
790 |
+
|
791 |
+
|
792 |
+
{\displaystyle f+g}
|
793 |
+
|
794 |
+
a pour domaine l'intersection
|
795 |
+
|
796 |
+
|
797 |
+
|
798 |
+
|
799 |
+
D
|
800 |
+
|
801 |
+
f
|
802 |
+
+
|
803 |
+
g
|
804 |
+
|
805 |
+
|
806 |
+
=
|
807 |
+
|
808 |
+
D
|
809 |
+
|
810 |
+
f
|
811 |
+
|
812 |
+
|
813 |
+
∩
|
814 |
+
|
815 |
+
D
|
816 |
+
|
817 |
+
g
|
818 |
+
|
819 |
+
|
820 |
+
|
821 |
+
|
822 |
+
{\displaystyle D_{f+g}=D_{f}\cap D_{g}}
|
823 |
+
|
824 |
+
et pour expression l'addition usuelle
|
825 |
+
|
826 |
+
|
827 |
+
|
828 |
+
(
|
829 |
+
f
|
830 |
+
+
|
831 |
+
g
|
832 |
+
)
|
833 |
+
(
|
834 |
+
x
|
835 |
+
)
|
836 |
+
=
|
837 |
+
f
|
838 |
+
(
|
839 |
+
x
|
840 |
+
)
|
841 |
+
+
|
842 |
+
g
|
843 |
+
(
|
844 |
+
x
|
845 |
+
)
|
846 |
+
|
847 |
+
|
848 |
+
{\displaystyle (f+g)(x)=f(x)+g(x)}
|
849 |
+
|
850 |
+
.
|
851 |
+
|
852 |
+
Cette addition est associative et commutative. Son neutre est la fonction définie partout et constamment nulle, mais l'addition d'une « fonction opposée » ne permet pas d'étendre le domaine de définition. Par exemple, la somme des fonctions
|
853 |
+
|
854 |
+
|
855 |
+
|
856 |
+
x
|
857 |
+
↦
|
858 |
+
|
859 |
+
|
860 |
+
x
|
861 |
+
|
862 |
+
|
863 |
+
|
864 |
+
|
865 |
+
{\displaystyle x\mapsto {\sqrt {x}}}
|
866 |
+
|
867 |
+
et
|
868 |
+
|
869 |
+
|
870 |
+
|
871 |
+
x
|
872 |
+
↦
|
873 |
+
−
|
874 |
+
|
875 |
+
|
876 |
+
x
|
877 |
+
|
878 |
+
|
879 |
+
|
880 |
+
|
881 |
+
{\displaystyle x\mapsto -{\sqrt {x}}}
|
882 |
+
|
883 |
+
est la fonction nulle définie seulement sur les réels positifs.
|
884 |
+
|
885 |
+
Dans certains contextes, comme dans l'addition des fonctions méromorphes, l'effacement des singularités permet cependant d'évacuer le problème du domaine de définition de la somme.
|
886 |
+
|
887 |
+
En probabilités élémentaires, étant données deux variables aléatoires indépendantes ne pouvant prendre qu'un nombre fini de valeurs, l'addition se calcule en construisant un tableau avec une ligne par valeur de la première variable et une colonne par valeur de la seconde variable.
|
888 |
+
|
889 |
+
Chaque case du tableau est remplie avec d'une part la somme des valeurs de la ligne et de la colonne correspondante, d'autre part le produit des probabilités correspondantes.
|
890 |
+
Ensuite, il suffit pour chaque valeur apparaissant dans le tableau de faire la somme des probabilités des cases qui la contiennent.
|
891 |
+
|
892 |
+
En probabilités continues, la densité de probabilité d'une somme de deux variables aléatoires indépendantes est donnée par le produit de convolution des densités de probabilités initiales.
|
893 |
+
|
894 |
+
|
895 |
+
|
896 |
+
|
897 |
+
|
898 |
+
f
|
899 |
+
|
900 |
+
X
|
901 |
+
+
|
902 |
+
Y
|
903 |
+
|
904 |
+
|
905 |
+
=
|
906 |
+
|
907 |
+
f
|
908 |
+
|
909 |
+
X
|
910 |
+
|
911 |
+
|
912 |
+
∗
|
913 |
+
|
914 |
+
f
|
915 |
+
|
916 |
+
Y
|
917 |
+
|
918 |
+
|
919 |
+
:
|
920 |
+
x
|
921 |
+
↦
|
922 |
+
∫
|
923 |
+
|
924 |
+
f
|
925 |
+
|
926 |
+
X
|
927 |
+
|
928 |
+
|
929 |
+
(
|
930 |
+
t
|
931 |
+
)
|
932 |
+
|
933 |
+
f
|
934 |
+
|
935 |
+
Y
|
936 |
+
|
937 |
+
|
938 |
+
(
|
939 |
+
x
|
940 |
+
−
|
941 |
+
t
|
942 |
+
)
|
943 |
+
|
944 |
+
d
|
945 |
+
|
946 |
+
t
|
947 |
+
|
948 |
+
|
949 |
+
{\displaystyle f_{X+Y}=f_{X}*f_{Y}\colon x\mapsto \int f_{X}(t)f_{Y}(x-t)\mathrm {d} t}
|
950 |
+
|
951 |
+
.
|
952 |
+
|
953 |
+
Cette présentation s'étend aux variables aléatoires dont la fonction de densité est une distribution.
|
954 |
+
|
955 |
+
Cette opération est associative et commutative. Le neutre est la variable aléatoire toujours nulle, mais seuls les nombres, représentés par les variables aléatoires constantes admettent des opposés. Il n'existe pas d'opposé aux variables aléatoires non constantes : elles sont d'étendue strictement positive, or l'étendue d'une somme est la somme des étendues.
|
956 |
+
|
957 |
+
Les limites de suites ou de fonctions à valeur réelle peuvent être prises dans la droite continuée
|
958 |
+
|
959 |
+
|
960 |
+
|
961 |
+
|
962 |
+
|
963 |
+
|
964 |
+
R
|
965 |
+
|
966 |
+
¯
|
967 |
+
|
968 |
+
|
969 |
+
=
|
970 |
+
|
971 |
+
R
|
972 |
+
|
973 |
+
∪
|
974 |
+
|
975 |
+
{
|
976 |
+
|
977 |
+
−
|
978 |
+
∞
|
979 |
+
,
|
980 |
+
+
|
981 |
+
∞
|
982 |
+
|
983 |
+
}
|
984 |
+
|
985 |
+
|
986 |
+
|
987 |
+
{\displaystyle {\overline {\mathbb {R} }}=\mathbb {R} \cup \left\{-\infty ,+\infty \right\}}
|
988 |
+
|
989 |
+
. L'addition des nombres peut alors s'étendre partiellement aux termes infinis. Pour tout
|
990 |
+
|
991 |
+
|
992 |
+
|
993 |
+
x
|
994 |
+
|
995 |
+
|
996 |
+
{\displaystyle x}
|
997 |
+
|
998 |
+
réel :
|
999 |
+
|
1000 |
+
Cette opération garde des propriétés de commutativité et d'associativité mais n'est pas définie pour les couples
|
1001 |
+
|
1002 |
+
|
1003 |
+
|
1004 |
+
(
|
1005 |
+
−
|
1006 |
+
∞
|
1007 |
+
;
|
1008 |
+
+
|
1009 |
+
∞
|
1010 |
+
)
|
1011 |
+
|
1012 |
+
|
1013 |
+
{\displaystyle (-\infty ;+\infty )}
|
1014 |
+
|
1015 |
+
et
|
1016 |
+
|
1017 |
+
|
1018 |
+
|
1019 |
+
(
|
1020 |
+
+
|
1021 |
+
∞
|
1022 |
+
;
|
1023 |
+
−
|
1024 |
+
∞
|
1025 |
+
)
|
1026 |
+
|
1027 |
+
|
1028 |
+
{\displaystyle (+\infty ;-\infty )}
|
1029 |
+
|
1030 |
+
.
|
1031 |
+
|
1032 |
+
Selon les cas, la somme de deux suites ou fonctions admettant des limites infinies opposées peut avoir une limite finie, infinie ou pas de limite du tout.
|
1033 |
+
|
1034 |
+
Cette extension de l'addition est utilisée notamment en théorie de la mesure pour satisfaire l'additivité de la mesure sur des espaces de mesure infinie.
|
1035 |
+
|
1036 |
+
La classe des ordinaux étend l'ensemble des entiers naturels par les nombres transfinis. L'addition s'étend ainsi en une opération sur les nombres ordinaux qui est associative mais non commutative. Par exemple, le premier ordinal infini, noté
|
1037 |
+
|
1038 |
+
|
1039 |
+
|
1040 |
+
ω
|
1041 |
+
|
1042 |
+
|
1043 |
+
{\displaystyle \omega }
|
1044 |
+
|
1045 |
+
, vérifie la relation
|
1046 |
+
|
1047 |
+
|
1048 |
+
|
1049 |
+
1
|
1050 |
+
+
|
1051 |
+
ω
|
1052 |
+
=
|
1053 |
+
ω
|
1054 |
+
|
1055 |
+
|
1056 |
+
{\displaystyle 1+\omega =\omega }
|
1057 |
+
|
1058 |
+
mais
|
1059 |
+
|
1060 |
+
|
1061 |
+
|
1062 |
+
ω
|
1063 |
+
<
|
1064 |
+
ω
|
1065 |
+
+
|
1066 |
+
1
|
1067 |
+
|
1068 |
+
|
1069 |
+
{\displaystyle \omega <\omega +1}
|
1070 |
+
|
1071 |
+
.
|
1072 |
+
|
1073 |
+
L'élément 0 reste neutre pour l'addition mais il n'y a pas d'ordinal négatif, bien que l'on puisse définir une différence entre deux ordinaux.
|
1074 |
+
|
1075 |
+
Cette opération s'étend aux ensembles ordonnés en général, l'addition de deux ensembles ordonnés
|
1076 |
+
|
1077 |
+
|
1078 |
+
|
1079 |
+
(
|
1080 |
+
E
|
1081 |
+
,
|
1082 |
+
≤
|
1083 |
+
)
|
1084 |
+
|
1085 |
+
|
1086 |
+
{\displaystyle (E,\leq )}
|
1087 |
+
|
1088 |
+
et
|
1089 |
+
|
1090 |
+
|
1091 |
+
|
1092 |
+
(
|
1093 |
+
F
|
1094 |
+
,
|
1095 |
+
≤
|
1096 |
+
)
|
1097 |
+
|
1098 |
+
|
1099 |
+
{\displaystyle (F,\leq )}
|
1100 |
+
|
1101 |
+
ayant pour résultat l'union disjointe
|
1102 |
+
|
1103 |
+
|
1104 |
+
|
1105 |
+
E
|
1106 |
+
⊔
|
1107 |
+
F
|
1108 |
+
|
1109 |
+
|
1110 |
+
{\displaystyle E\sqcup F}
|
1111 |
+
|
1112 |
+
dans lequel l'ordre des éléments est préservé à l'intérieur de chaque ensemble de départ et tous les éléments de
|
1113 |
+
|
1114 |
+
|
1115 |
+
|
1116 |
+
E
|
1117 |
+
|
1118 |
+
|
1119 |
+
{\displaystyle E}
|
1120 |
+
|
1121 |
+
sont inférieurs à tous les éléments de
|
1122 |
+
|
1123 |
+
|
1124 |
+
|
1125 |
+
F
|
1126 |
+
|
1127 |
+
|
1128 |
+
{\displaystyle F}
|
1129 |
+
|
1130 |
+
.
|
1131 |
+
|
1132 |
+
Un nombre surréel est une généralisation du concept de nombre sous la forme d'un couple d'ensembles s'écrivant
|
1133 |
+
|
1134 |
+
|
1135 |
+
|
1136 |
+
X
|
1137 |
+
=
|
1138 |
+
|
1139 |
+
{
|
1140 |
+
|
1141 |
+
|
1142 |
+
X
|
1143 |
+
|
1144 |
+
L
|
1145 |
+
|
1146 |
+
|
1147 |
+
|
1148 |
+
|
|
1149 |
+
|
1150 |
+
|
1151 |
+
X
|
1152 |
+
|
1153 |
+
R
|
1154 |
+
|
1155 |
+
|
1156 |
+
|
1157 |
+
}
|
1158 |
+
|
1159 |
+
|
1160 |
+
|
1161 |
+
{\displaystyle X=\left\{X_{L}|X_{R}\right\}}
|
1162 |
+
|
1163 |
+
, dans lequel chaque élément de l'ensemble de gauche est plus petit que tout élément de l'ensemble de droite.
|
1164 |
+
|
1165 |
+
L'addition se formule alors de manière récursive par
|
1166 |
+
|
1167 |
+
avec
|
1168 |
+
|
1169 |
+
|
1170 |
+
|
1171 |
+
A
|
1172 |
+
+
|
1173 |
+
Y
|
1174 |
+
=
|
1175 |
+
|
1176 |
+
{
|
1177 |
+
|
1178 |
+
a
|
1179 |
+
+
|
1180 |
+
Y
|
1181 |
+
|
1182 |
+
/
|
1183 |
+
|
1184 |
+
a
|
1185 |
+
∈
|
1186 |
+
A
|
1187 |
+
|
1188 |
+
}
|
1189 |
+
|
1190 |
+
|
1191 |
+
|
1192 |
+
{\displaystyle A+Y=\left\{a+Y/a\in A\right\}}
|
1193 |
+
|
1194 |
+
et
|
1195 |
+
|
1196 |
+
|
1197 |
+
|
1198 |
+
X
|
1199 |
+
+
|
1200 |
+
B
|
1201 |
+
=
|
1202 |
+
|
1203 |
+
{
|
1204 |
+
|
1205 |
+
X
|
1206 |
+
+
|
1207 |
+
b
|
1208 |
+
|
1209 |
+
/
|
1210 |
+
|
1211 |
+
b
|
1212 |
+
∈
|
1213 |
+
B
|
1214 |
+
|
1215 |
+
}
|
1216 |
+
|
1217 |
+
|
1218 |
+
|
1219 |
+
{\displaystyle X+B=\left\{X+b/b\in B\right\}}
|
1220 |
+
|
1221 |
+
.
|
1222 |
+
|
1223 |
+
Étant donnés quatre points
|
1224 |
+
|
1225 |
+
|
1226 |
+
|
1227 |
+
A
|
1228 |
+
|
1229 |
+
|
1230 |
+
{\displaystyle A}
|
1231 |
+
|
1232 |
+
,
|
1233 |
+
|
1234 |
+
|
1235 |
+
|
1236 |
+
B
|
1237 |
+
|
1238 |
+
|
1239 |
+
{\displaystyle B}
|
1240 |
+
|
1241 |
+
,
|
1242 |
+
|
1243 |
+
|
1244 |
+
|
1245 |
+
C
|
1246 |
+
|
1247 |
+
|
1248 |
+
{\displaystyle C}
|
1249 |
+
|
1250 |
+
,
|
1251 |
+
|
1252 |
+
|
1253 |
+
|
1254 |
+
D
|
1255 |
+
|
1256 |
+
|
1257 |
+
{\displaystyle D}
|
1258 |
+
|
1259 |
+
d'un espace affine tel que le plan ou l'espace euclidien, l'addition des deux vecteurs
|
1260 |
+
|
1261 |
+
|
1262 |
+
|
1263 |
+
|
1264 |
+
|
1265 |
+
|
1266 |
+
A
|
1267 |
+
B
|
1268 |
+
|
1269 |
+
→
|
1270 |
+
|
1271 |
+
|
1272 |
+
|
1273 |
+
|
1274 |
+
{\displaystyle {\overrightarrow {AB}}}
|
1275 |
+
|
1276 |
+
et
|
1277 |
+
|
1278 |
+
|
1279 |
+
|
1280 |
+
|
1281 |
+
|
1282 |
+
|
1283 |
+
C
|
1284 |
+
D
|
1285 |
+
|
1286 |
+
→
|
1287 |
+
|
1288 |
+
|
1289 |
+
|
1290 |
+
|
1291 |
+
{\displaystyle {\overrightarrow {CD}}}
|
1292 |
+
|
1293 |
+
se construit en définissant un point
|
1294 |
+
|
1295 |
+
|
1296 |
+
|
1297 |
+
E
|
1298 |
+
|
1299 |
+
|
1300 |
+
{\displaystyle E}
|
1301 |
+
|
1302 |
+
tel que
|
1303 |
+
|
1304 |
+
|
1305 |
+
|
1306 |
+
|
1307 |
+
|
1308 |
+
|
1309 |
+
B
|
1310 |
+
E
|
1311 |
+
|
1312 |
+
→
|
1313 |
+
|
1314 |
+
|
1315 |
+
=
|
1316 |
+
|
1317 |
+
|
1318 |
+
|
1319 |
+
C
|
1320 |
+
D
|
1321 |
+
|
1322 |
+
→
|
1323 |
+
|
1324 |
+
|
1325 |
+
|
1326 |
+
|
1327 |
+
{\displaystyle {\overrightarrow {BE}}={\overrightarrow {CD}}}
|
1328 |
+
|
1329 |
+
(en traçant le parallélogramme
|
1330 |
+
|
1331 |
+
|
1332 |
+
|
1333 |
+
B
|
1334 |
+
C
|
1335 |
+
D
|
1336 |
+
E
|
1337 |
+
|
1338 |
+
|
1339 |
+
{\displaystyle BCDE}
|
1340 |
+
|
1341 |
+
).
|
1342 |
+
|
1343 |
+
Le vecteur somme
|
1344 |
+
|
1345 |
+
|
1346 |
+
|
1347 |
+
|
1348 |
+
|
1349 |
+
|
1350 |
+
A
|
1351 |
+
B
|
1352 |
+
|
1353 |
+
→
|
1354 |
+
|
1355 |
+
|
1356 |
+
+
|
1357 |
+
|
1358 |
+
|
1359 |
+
|
1360 |
+
C
|
1361 |
+
D
|
1362 |
+
|
1363 |
+
→
|
1364 |
+
|
1365 |
+
|
1366 |
+
|
1367 |
+
|
1368 |
+
{\displaystyle {\overrightarrow {AB}}+{\overrightarrow {CD}}}
|
1369 |
+
|
1370 |
+
s'identifie alors au vecteur
|
1371 |
+
|
1372 |
+
|
1373 |
+
|
1374 |
+
|
1375 |
+
|
1376 |
+
|
1377 |
+
A
|
1378 |
+
E
|
1379 |
+
|
1380 |
+
→
|
1381 |
+
|
1382 |
+
|
1383 |
+
|
1384 |
+
|
1385 |
+
{\displaystyle {\overrightarrow {AE}}}
|
1386 |
+
|
1387 |
+
.
|
1388 |
+
|
1389 |
+
L'addition de vecteurs satisfait toutes les propriétés de l'addition numérique. Son neutre est le vecteur nul et l'opposé d'un vecteur est un vecteur de même direction et même norme mais de sens opposé.
|
1390 |
+
|
1391 |
+
Lorsque les vecteurs sont définis sur une même droite munie d'un repère, l'addition des vecteurs s'identifie à celle des mesures algébriques.
|
1392 |
+
|
1393 |
+
Les coordonnées des vecteurs dans un repère cartésien permettent de traduire l'addition vectorielle en une succession d'additions de nombres. En effet, si deux vecteurs du plan ont pour coordonnées respectives
|
1394 |
+
|
1395 |
+
|
1396 |
+
|
1397 |
+
(
|
1398 |
+
x
|
1399 |
+
;
|
1400 |
+
y
|
1401 |
+
)
|
1402 |
+
|
1403 |
+
|
1404 |
+
{\displaystyle (x;y)}
|
1405 |
+
|
1406 |
+
et
|
1407 |
+
|
1408 |
+
|
1409 |
+
|
1410 |
+
(
|
1411 |
+
|
1412 |
+
x
|
1413 |
+
′
|
1414 |
+
|
1415 |
+
;
|
1416 |
+
|
1417 |
+
y
|
1418 |
+
′
|
1419 |
+
|
1420 |
+
)
|
1421 |
+
|
1422 |
+
|
1423 |
+
{\displaystyle (x';y')}
|
1424 |
+
|
1425 |
+
, le vecteur somme aura pour coordonnées
|
1426 |
+
|
1427 |
+
|
1428 |
+
|
1429 |
+
(
|
1430 |
+
x
|
1431 |
+
+
|
1432 |
+
|
1433 |
+
x
|
1434 |
+
′
|
1435 |
+
|
1436 |
+
;
|
1437 |
+
y
|
1438 |
+
+
|
1439 |
+
|
1440 |
+
y
|
1441 |
+
′
|
1442 |
+
|
1443 |
+
)
|
1444 |
+
|
1445 |
+
|
1446 |
+
{\displaystyle (x+x';y+y')}
|
1447 |
+
|
1448 |
+
.
|
1449 |
+
|
1450 |
+
Dans l'espace usuel, l'addition est représentée par l'opération sur les triplets de coordonnées
|
1451 |
+
|
1452 |
+
|
1453 |
+
|
1454 |
+
|
1455 |
+
(
|
1456 |
+
x
|
1457 |
+
;
|
1458 |
+
y
|
1459 |
+
;
|
1460 |
+
z
|
1461 |
+
)
|
1462 |
+
+
|
1463 |
+
(
|
1464 |
+
|
1465 |
+
x
|
1466 |
+
′
|
1467 |
+
|
1468 |
+
;
|
1469 |
+
|
1470 |
+
y
|
1471 |
+
′
|
1472 |
+
|
1473 |
+
;
|
1474 |
+
|
1475 |
+
z
|
1476 |
+
′
|
1477 |
+
|
1478 |
+
)
|
1479 |
+
=
|
1480 |
+
(
|
1481 |
+
x
|
1482 |
+
+
|
1483 |
+
|
1484 |
+
x
|
1485 |
+
′
|
1486 |
+
|
1487 |
+
;
|
1488 |
+
y
|
1489 |
+
+
|
1490 |
+
|
1491 |
+
y
|
1492 |
+
′
|
1493 |
+
|
1494 |
+
;
|
1495 |
+
z
|
1496 |
+
+
|
1497 |
+
|
1498 |
+
z
|
1499 |
+
′
|
1500 |
+
|
1501 |
+
)
|
1502 |
+
|
1503 |
+
|
1504 |
+
{\displaystyle (x;y;z)+(x';y';z')=(x+x';y+y';z+z')}
|
1505 |
+
|
1506 |
+
.
|
1507 |
+
|
1508 |
+
Le principe de l'addition terme à terme est repris pour d'autres structures mathématiques telles que l'ensemble des
|
1509 |
+
|
1510 |
+
|
1511 |
+
|
1512 |
+
n
|
1513 |
+
|
1514 |
+
|
1515 |
+
{\displaystyle n}
|
1516 |
+
|
1517 |
+
-uplets de nombres et les suites :
|
1518 |
+
|
1519 |
+
|
1520 |
+
|
1521 |
+
(
|
1522 |
+
|
1523 |
+
x
|
1524 |
+
|
1525 |
+
1
|
1526 |
+
|
1527 |
+
|
1528 |
+
,
|
1529 |
+
|
1530 |
+
x
|
1531 |
+
|
1532 |
+
2
|
1533 |
+
|
1534 |
+
|
1535 |
+
,
|
1536 |
+
|
1537 |
+
x
|
1538 |
+
|
1539 |
+
3
|
1540 |
+
|
1541 |
+
|
1542 |
+
,
|
1543 |
+
…
|
1544 |
+
)
|
1545 |
+
+
|
1546 |
+
(
|
1547 |
+
|
1548 |
+
y
|
1549 |
+
|
1550 |
+
1
|
1551 |
+
|
1552 |
+
|
1553 |
+
,
|
1554 |
+
|
1555 |
+
y
|
1556 |
+
|
1557 |
+
2
|
1558 |
+
|
1559 |
+
|
1560 |
+
,
|
1561 |
+
|
1562 |
+
y
|
1563 |
+
|
1564 |
+
3
|
1565 |
+
|
1566 |
+
|
1567 |
+
,
|
1568 |
+
…
|
1569 |
+
)
|
1570 |
+
=
|
1571 |
+
(
|
1572 |
+
|
1573 |
+
x
|
1574 |
+
|
1575 |
+
1
|
1576 |
+
|
1577 |
+
|
1578 |
+
+
|
1579 |
+
|
1580 |
+
y
|
1581 |
+
|
1582 |
+
1
|
1583 |
+
|
1584 |
+
|
1585 |
+
,
|
1586 |
+
|
1587 |
+
x
|
1588 |
+
|
1589 |
+
2
|
1590 |
+
|
1591 |
+
|
1592 |
+
+
|
1593 |
+
|
1594 |
+
y
|
1595 |
+
|
1596 |
+
2
|
1597 |
+
|
1598 |
+
|
1599 |
+
,
|
1600 |
+
|
1601 |
+
x
|
1602 |
+
|
1603 |
+
3
|
1604 |
+
|
1605 |
+
|
1606 |
+
+
|
1607 |
+
|
1608 |
+
y
|
1609 |
+
|
1610 |
+
3
|
1611 |
+
|
1612 |
+
|
1613 |
+
,
|
1614 |
+
…
|
1615 |
+
)
|
1616 |
+
|
1617 |
+
|
1618 |
+
{\displaystyle (x_{1},x_{2},x_{3},\dots )+(y_{1},y_{2},y_{3},\dots )=(x_{1}+y_{1},x_{2}+y_{2},x_{3}+y_{3},\dots )}
|
1619 |
+
|
1620 |
+
.
|
1621 |
+
|
1622 |
+
Les matrices de même taille et les applications à valeur numérique s'additionnent également de cette manière.
|
1623 |
+
|
1624 |
+
Puisque la parité d'une somme ne dépend que de la parité des opérandes, il peut être défini une addition sur les parités.
|
1625 |
+
|
1626 |
+
Cette opération se généralise pour tout entier strictement positif
|
1627 |
+
|
1628 |
+
|
1629 |
+
|
1630 |
+
m
|
1631 |
+
|
1632 |
+
|
1633 |
+
{\displaystyle m}
|
1634 |
+
|
1635 |
+
en une addition modulo
|
1636 |
+
|
1637 |
+
|
1638 |
+
|
1639 |
+
m
|
1640 |
+
|
1641 |
+
|
1642 |
+
{\displaystyle m}
|
1643 |
+
|
1644 |
+
sur les chiffres de 0 à
|
1645 |
+
|
1646 |
+
|
1647 |
+
|
1648 |
+
m
|
1649 |
+
−
|
1650 |
+
1
|
1651 |
+
|
1652 |
+
|
1653 |
+
{\displaystyle m-1}
|
1654 |
+
|
1655 |
+
, dans laquelle chaque nombre est remplacé par le reste de sa division euclidienne par
|
1656 |
+
|
1657 |
+
|
1658 |
+
|
1659 |
+
m
|
1660 |
+
|
1661 |
+
|
1662 |
+
{\displaystyle m}
|
1663 |
+
|
1664 |
+
. L'addition sur les parités est alors représentée par l'addition modulo 2, où les nombres pairs sont remplacés par 0 et les nombres impairs par 1.
|
1665 |
+
|
1666 |
+
L'addition booléenne est l'écriture du connecteur logique « OU » avec les chiffres 0 pour FAUX et 1 pour VRAI. Elle est donc donnée par la table d'addition suivante :
|
1667 |
+
|
1668 |
+
L'opération est associative et commutative, l'élément 0 est neutre mais l'élément 1 n'a pas d'opposé.
|
1669 |
+
|
1670 |
+
Sur certaines courbes, on peut définir une addition géométriquement. C'est possible en particulier sur des courbes cubiques, c'est-à-dire des courbes planes définies par une équation du 3e degré. Plus précisément, en appelant
|
1671 |
+
|
1672 |
+
|
1673 |
+
|
1674 |
+
x
|
1675 |
+
|
1676 |
+
|
1677 |
+
{\displaystyle x}
|
1678 |
+
|
1679 |
+
et
|
1680 |
+
|
1681 |
+
|
1682 |
+
|
1683 |
+
y
|
1684 |
+
|
1685 |
+
|
1686 |
+
{\displaystyle y}
|
1687 |
+
|
1688 |
+
les coordonnées dans le plan réel, les points de la courbe sont les points
|
1689 |
+
|
1690 |
+
|
1691 |
+
|
1692 |
+
P
|
1693 |
+
|
1694 |
+
|
1695 |
+
{\displaystyle P}
|
1696 |
+
|
1697 |
+
dont les coordonnées
|
1698 |
+
|
1699 |
+
|
1700 |
+
|
1701 |
+
x
|
1702 |
+
,
|
1703 |
+
y
|
1704 |
+
|
1705 |
+
|
1706 |
+
{\displaystyle x,y}
|
1707 |
+
|
1708 |
+
vérifient une équation
|
1709 |
+
|
1710 |
+
|
1711 |
+
|
1712 |
+
F
|
1713 |
+
(
|
1714 |
+
x
|
1715 |
+
,
|
1716 |
+
y
|
1717 |
+
)
|
1718 |
+
=
|
1719 |
+
0
|
1720 |
+
|
1721 |
+
|
1722 |
+
{\displaystyle F(x,y)=0}
|
1723 |
+
|
1724 |
+
, pour un polynôme
|
1725 |
+
|
1726 |
+
|
1727 |
+
|
1728 |
+
F
|
1729 |
+
|
1730 |
+
|
1731 |
+
{\displaystyle F}
|
1732 |
+
|
1733 |
+
du troisième degré à coefficients réels donné. On suppose aussi que la courbe n'a pas de points singuliers, c'est-à-dire ici de points de rebroussement ou de points doubles ; la tangente est donc bien définie en chaque point. Pour uniformiser les constructions, on rajoute aussi un point à l'infini.
|
1734 |
+
|
1735 |
+
Soient maintenant deux points quelconques de la courbe,
|
1736 |
+
|
1737 |
+
|
1738 |
+
|
1739 |
+
P
|
1740 |
+
|
1741 |
+
|
1742 |
+
{\displaystyle P}
|
1743 |
+
|
1744 |
+
et
|
1745 |
+
|
1746 |
+
|
1747 |
+
|
1748 |
+
Q
|
1749 |
+
|
1750 |
+
|
1751 |
+
{\displaystyle Q}
|
1752 |
+
|
1753 |
+
. La droite qui les joint recoupe la courbe en un troisième point
|
1754 |
+
|
1755 |
+
|
1756 |
+
|
1757 |
+
R
|
1758 |
+
|
1759 |
+
|
1760 |
+
{\displaystyle R}
|
1761 |
+
|
1762 |
+
(si
|
1763 |
+
|
1764 |
+
|
1765 |
+
|
1766 |
+
P
|
1767 |
+
=
|
1768 |
+
Q
|
1769 |
+
|
1770 |
+
|
1771 |
+
{\displaystyle P=Q}
|
1772 |
+
|
1773 |
+
, on prend comme droite les joignant la tangente en
|
1774 |
+
|
1775 |
+
|
1776 |
+
|
1777 |
+
P
|
1778 |
+
|
1779 |
+
|
1780 |
+
{\displaystyle P}
|
1781 |
+
|
1782 |
+
). Ce procédé définit bien une opération binaire sur la courbe. Elle n'a pas encore les propriétés attendues d'une addition : par exemple, il n'y a pas d'élément neutre. Pour y remédier, on fixe un point au choix sur la courbe, qu'on note
|
1783 |
+
|
1784 |
+
|
1785 |
+
|
1786 |
+
|
1787 |
+
P
|
1788 |
+
|
1789 |
+
0
|
1790 |
+
|
1791 |
+
|
1792 |
+
|
1793 |
+
|
1794 |
+
{\displaystyle P_{0}}
|
1795 |
+
|
1796 |
+
, et l'on considère la droite passant par
|
1797 |
+
|
1798 |
+
|
1799 |
+
|
1800 |
+
|
1801 |
+
P
|
1802 |
+
|
1803 |
+
0
|
1804 |
+
|
1805 |
+
|
1806 |
+
|
1807 |
+
|
1808 |
+
{\displaystyle P_{0}}
|
1809 |
+
|
1810 |
+
et
|
1811 |
+
|
1812 |
+
|
1813 |
+
|
1814 |
+
R
|
1815 |
+
|
1816 |
+
|
1817 |
+
{\displaystyle R}
|
1818 |
+
|
1819 |
+
: elle coupe encore la cubique en un troisième point. C'est ce point qu'on appelle « somme de
|
1820 |
+
|
1821 |
+
|
1822 |
+
|
1823 |
+
P
|
1824 |
+
|
1825 |
+
|
1826 |
+
{\displaystyle P}
|
1827 |
+
|
1828 |
+
et
|
1829 |
+
|
1830 |
+
|
1831 |
+
|
1832 |
+
Q
|
1833 |
+
|
1834 |
+
|
1835 |
+
{\displaystyle Q}
|
1836 |
+
|
1837 |
+
» (et que l'on note
|
1838 |
+
|
1839 |
+
|
1840 |
+
|
1841 |
+
P
|
1842 |
+
+
|
1843 |
+
Q
|
1844 |
+
|
1845 |
+
|
1846 |
+
{\displaystyle P+Q}
|
1847 |
+
|
1848 |
+
).
|
1849 |
+
|
1850 |
+
Le point choisi
|
1851 |
+
|
1852 |
+
|
1853 |
+
|
1854 |
+
|
1855 |
+
P
|
1856 |
+
|
1857 |
+
0
|
1858 |
+
|
1859 |
+
|
1860 |
+
|
1861 |
+
|
1862 |
+
{\displaystyle P_{0}}
|
1863 |
+
|
1864 |
+
est l'élément neutre (le « zéro ») pour cette opération.
|
1865 |
+
Quant à l'« opposé » d'un point
|
1866 |
+
|
1867 |
+
|
1868 |
+
|
1869 |
+
P
|
1870 |
+
|
1871 |
+
|
1872 |
+
{\displaystyle P}
|
1873 |
+
|
1874 |
+
, c'est le troisième point d'intersection avec la courbe de la droite passant par
|
1875 |
+
|
1876 |
+
|
1877 |
+
|
1878 |
+
P
|
1879 |
+
|
1880 |
+
|
1881 |
+
{\displaystyle P}
|
1882 |
+
|
1883 |
+
et
|
1884 |
+
|
1885 |
+
|
1886 |
+
|
1887 |
+
|
1888 |
+
P
|
1889 |
+
|
1890 |
+
0
|
1891 |
+
|
1892 |
+
′
|
1893 |
+
|
1894 |
+
|
1895 |
+
|
1896 |
+
{\displaystyle P'_{0}}
|
1897 |
+
|
1898 |
+
, où
|
1899 |
+
|
1900 |
+
|
1901 |
+
|
1902 |
+
|
1903 |
+
P
|
1904 |
+
|
1905 |
+
0
|
1906 |
+
|
1907 |
+
′
|
1908 |
+
|
1909 |
+
|
1910 |
+
|
1911 |
+
{\displaystyle P'_{0}}
|
1912 |
+
|
1913 |
+
est le troisième point d'intersection avec la courbe de la tangente à la courbe en
|
1914 |
+
|
1915 |
+
|
1916 |
+
|
1917 |
+
|
1918 |
+
P
|
1919 |
+
|
1920 |
+
0
|
1921 |
+
|
1922 |
+
|
1923 |
+
|
1924 |
+
|
1925 |
+
{\displaystyle P_{0}}
|
1926 |
+
|
1927 |
+
.
|
1928 |
+
|
1929 |
+
Sur les autres projets Wikimedia :
|
1930 |
+
|
1931 |
+
Élémentaires
|
1932 |
+
|
1933 |
+
|
1934 |
+
|
1935 |
+
+
|
1936 |
+
|
1937 |
+
|
1938 |
+
{\displaystyle +}
|
1939 |
+
|
1940 |
+
Addition
|
1941 |
+
|
1942 |
+
|
1943 |
+
|
1944 |
+
−
|
1945 |
+
|
1946 |
+
|
1947 |
+
{\displaystyle -}
|
1948 |
+
|
1949 |
+
Soustraction
|
1950 |
+
|
1951 |
+
|
1952 |
+
|
1953 |
+
×
|
1954 |
+
|
1955 |
+
|
1956 |
+
{\displaystyle \times }
|
1957 |
+
|
1958 |
+
Multiplication
|
1959 |
+
|
1960 |
+
|
1961 |
+
|
1962 |
+
÷
|
1963 |
+
|
1964 |
+
|
1965 |
+
{\displaystyle \div }
|
1966 |
+
|
1967 |
+
Division
|
1968 |
+
|
1969 |
+
|
1970 |
+
|
1971 |
+
|
1972 |
+
|
1973 |
+
|
1974 |
+
|
1975 |
+
^
|
1976 |
+
|
1977 |
+
|
1978 |
+
|
1979 |
+
|
1980 |
+
|
1981 |
+
{\displaystyle {\hat {}}}
|
1982 |
+
|
1983 |
+
Puissance
|
1984 |
+
|
1985 |
+
Arithmétiques
|
1986 |
+
|
1987 |
+
|
1988 |
+
|
1989 |
+
|
1990 |
+
d
|
1991 |
+
i
|
1992 |
+
v
|
1993 |
+
|
1994 |
+
|
1995 |
+
|
1996 |
+
{\displaystyle \mathrm {div} }
|
1997 |
+
|
1998 |
+
Quotient euclidien
|
1999 |
+
|
2000 |
+
|
2001 |
+
|
2002 |
+
|
2003 |
+
m
|
2004 |
+
o
|
2005 |
+
d
|
2006 |
+
|
2007 |
+
|
2008 |
+
|
2009 |
+
{\displaystyle \mathrm {mod} }
|
2010 |
+
|
2011 |
+
Reste euclidien
|
2012 |
+
|
2013 |
+
|
2014 |
+
|
2015 |
+
|
2016 |
+
p
|
2017 |
+
g
|
2018 |
+
c
|
2019 |
+
d
|
2020 |
+
|
2021 |
+
|
2022 |
+
|
2023 |
+
{\displaystyle \mathrm {pgcd} }
|
2024 |
+
|
2025 |
+
PGCD
|
2026 |
+
|
2027 |
+
|
2028 |
+
|
2029 |
+
|
2030 |
+
p
|
2031 |
+
p
|
2032 |
+
c
|
2033 |
+
m
|
2034 |
+
|
2035 |
+
|
2036 |
+
|
2037 |
+
{\displaystyle \mathrm {ppcm} }
|
2038 |
+
|
2039 |
+
PPCM
|
2040 |
+
|
2041 |
+
Combinatoires
|
2042 |
+
|
2043 |
+
|
2044 |
+
|
2045 |
+
(
|
2046 |
+
)
|
2047 |
+
|
2048 |
+
|
2049 |
+
{\displaystyle ()}
|
2050 |
+
|
2051 |
+
Coefficient binomial
|
2052 |
+
|
2053 |
+
|
2054 |
+
|
2055 |
+
A
|
2056 |
+
|
2057 |
+
|
2058 |
+
{\displaystyle A}
|
2059 |
+
|
2060 |
+
Arrangement
|
2061 |
+
|
2062 |
+
Ensembles de parties
|
2063 |
+
|
2064 |
+
|
2065 |
+
|
2066 |
+
∪
|
2067 |
+
|
2068 |
+
|
2069 |
+
{\displaystyle \cup }
|
2070 |
+
|
2071 |
+
Union
|
2072 |
+
|
2073 |
+
|
2074 |
+
|
2075 |
+
∖
|
2076 |
+
|
2077 |
+
|
2078 |
+
{\displaystyle \backslash }
|
2079 |
+
|
2080 |
+
Différence
|
2081 |
+
|
2082 |
+
|
2083 |
+
|
2084 |
+
∩
|
2085 |
+
|
2086 |
+
|
2087 |
+
{\displaystyle \cap }
|
2088 |
+
|
2089 |
+
Intersection
|
2090 |
+
|
2091 |
+
|
2092 |
+
|
2093 |
+
Δ
|
2094 |
+
|
2095 |
+
|
2096 |
+
{\displaystyle \Delta }
|
2097 |
+
|
2098 |
+
Différence symétrique
|
2099 |
+
|
2100 |
+
Ordre total
|
2101 |
+
|
2102 |
+
|
2103 |
+
|
2104 |
+
min
|
2105 |
+
|
2106 |
+
|
2107 |
+
{\displaystyle \min }
|
2108 |
+
|
2109 |
+
Minimum
|
2110 |
+
|
2111 |
+
|
2112 |
+
|
2113 |
+
max
|
2114 |
+
|
2115 |
+
|
2116 |
+
{\displaystyle \max }
|
2117 |
+
|
2118 |
+
Maximum
|
2119 |
+
|
2120 |
+
Treillis
|
2121 |
+
|
2122 |
+
|
2123 |
+
|
2124 |
+
∧
|
2125 |
+
|
2126 |
+
|
2127 |
+
{\displaystyle \wedge }
|
2128 |
+
|
2129 |
+
Borne inférieure
|
2130 |
+
|
2131 |
+
|
2132 |
+
|
2133 |
+
∨
|
2134 |
+
|
2135 |
+
|
2136 |
+
{\displaystyle \vee }
|
2137 |
+
|
2138 |
+
Borne supérieure
|
2139 |
+
|
2140 |
+
Ensembles
|
2141 |
+
|
2142 |
+
|
2143 |
+
|
2144 |
+
×
|
2145 |
+
|
2146 |
+
|
2147 |
+
{\displaystyle \times }
|
2148 |
+
|
2149 |
+
Produit cartésien
|
2150 |
+
|
2151 |
+
|
2152 |
+
|
2153 |
+
|
2154 |
+
|
2155 |
+
|
2156 |
+
∪
|
2157 |
+
˙
|
2158 |
+
|
2159 |
+
|
2160 |
+
|
2161 |
+
|
2162 |
+
|
2163 |
+
{\displaystyle {\dot {\cup }}}
|
2164 |
+
|
2165 |
+
Somme disjointe
|
2166 |
+
|
2167 |
+
|
2168 |
+
|
2169 |
+
|
2170 |
+
|
2171 |
+
|
2172 |
+
|
2173 |
+
^
|
2174 |
+
|
2175 |
+
|
2176 |
+
|
2177 |
+
|
2178 |
+
|
2179 |
+
{\displaystyle {\hat {}}}
|
2180 |
+
|
2181 |
+
Puissance ensembliste
|
2182 |
+
|
2183 |
+
Groupes
|
2184 |
+
|
2185 |
+
|
2186 |
+
|
2187 |
+
⊕
|
2188 |
+
|
2189 |
+
|
2190 |
+
{\displaystyle \oplus }
|
2191 |
+
|
2192 |
+
Somme directe
|
2193 |
+
|
2194 |
+
|
2195 |
+
|
2196 |
+
∗
|
2197 |
+
|
2198 |
+
|
2199 |
+
{\displaystyle \ast }
|
2200 |
+
|
2201 |
+
Produit libre
|
2202 |
+
|
2203 |
+
|
2204 |
+
|
2205 |
+
≀
|
2206 |
+
|
2207 |
+
|
2208 |
+
{\displaystyle \wr }
|
2209 |
+
|
2210 |
+
Produit en couronne
|
2211 |
+
|
2212 |
+
Modules
|
2213 |
+
|
2214 |
+
|
2215 |
+
|
2216 |
+
⊗
|
2217 |
+
|
2218 |
+
|
2219 |
+
{\displaystyle \otimes }
|
2220 |
+
|
2221 |
+
Produit tensoriel
|
2222 |
+
|
2223 |
+
|
2224 |
+
|
2225 |
+
|
2226 |
+
H
|
2227 |
+
o
|
2228 |
+
m
|
2229 |
+
|
2230 |
+
|
2231 |
+
|
2232 |
+
{\displaystyle \mathrm {Hom} }
|
2233 |
+
|
2234 |
+
Homomorphisme
|
2235 |
+
|
2236 |
+
|
2237 |
+
|
2238 |
+
|
2239 |
+
T
|
2240 |
+
o
|
2241 |
+
r
|
2242 |
+
|
2243 |
+
|
2244 |
+
|
2245 |
+
{\displaystyle \mathrm {Tor} }
|
2246 |
+
|
2247 |
+
Torsion
|
2248 |
+
|
2249 |
+
|
2250 |
+
|
2251 |
+
|
2252 |
+
E
|
2253 |
+
x
|
2254 |
+
t
|
2255 |
+
|
2256 |
+
|
2257 |
+
|
2258 |
+
{\displaystyle \mathrm {Ext} }
|
2259 |
+
|
2260 |
+
Extension
|
2261 |
+
|
2262 |
+
Arbres
|
2263 |
+
|
2264 |
+
|
2265 |
+
|
2266 |
+
∨
|
2267 |
+
|
2268 |
+
|
2269 |
+
{\displaystyle \vee }
|
2270 |
+
|
2271 |
+
Enracinement
|
2272 |
+
|
2273 |
+
Variétés connexes
|
2274 |
+
|
2275 |
+
|
2276 |
+
|
2277 |
+
#
|
2278 |
+
|
2279 |
+
|
2280 |
+
{\displaystyle \#}
|
2281 |
+
|
2282 |
+
Somme connexe
|
2283 |
+
|
2284 |
+
Espaces pointés
|
2285 |
+
|
2286 |
+
|
2287 |
+
|
2288 |
+
∨
|
2289 |
+
|
2290 |
+
|
2291 |
+
{\displaystyle \vee }
|
2292 |
+
|
2293 |
+
Bouquet
|
2294 |
+
|
2295 |
+
|
2296 |
+
|
2297 |
+
∧
|
2298 |
+
|
2299 |
+
|
2300 |
+
{\displaystyle \wedge }
|
2301 |
+
|
2302 |
+
Smash-produit
|
2303 |
+
|
2304 |
+
|
2305 |
+
|
2306 |
+
∗
|
2307 |
+
|
2308 |
+
|
2309 |
+
{\displaystyle \ast }
|
2310 |
+
|
2311 |
+
Joint
|
2312 |
+
|
2313 |
+
Fonctionnelles
|
2314 |
+
|
2315 |
+
|
2316 |
+
|
2317 |
+
∘
|
2318 |
+
|
2319 |
+
|
2320 |
+
{\displaystyle \circ }
|
2321 |
+
|
2322 |
+
Composition de fonctions
|
2323 |
+
|
2324 |
+
|
2325 |
+
|
2326 |
+
∗
|
2327 |
+
|
2328 |
+
|
2329 |
+
{\displaystyle \ast }
|
2330 |
+
|
2331 |
+
Produit de convolution
|
2332 |
+
|
2333 |
+
Vectorielles
|
2334 |
+
|
2335 |
+
|
2336 |
+
|
2337 |
+
⋅
|
2338 |
+
|
2339 |
+
|
2340 |
+
{\displaystyle \cdot }
|
2341 |
+
|
2342 |
+
Produit scalaire
|
2343 |
+
|
2344 |
+
|
2345 |
+
|
2346 |
+
∧
|
2347 |
+
|
2348 |
+
|
2349 |
+
{\displaystyle \wedge }
|
2350 |
+
|
2351 |
+
Produit vectoriel
|
2352 |
+
|
2353 |
+
|
2354 |
+
|
2355 |
+
×
|
2356 |
+
|
2357 |
+
|
2358 |
+
|
2359 |
+
{\displaystyle \times \,}
|
2360 |
+
|
2361 |
+
Produit vectoriel généralisé
|
2362 |
+
|
2363 |
+
Algébriques
|
2364 |
+
|
2365 |
+
|
2366 |
+
|
2367 |
+
[
|
2368 |
+
,
|
2369 |
+
]
|
2370 |
+
|
2371 |
+
|
2372 |
+
{\displaystyle [,]}
|
2373 |
+
|
2374 |
+
Crochet de Lie
|
2375 |
+
|
2376 |
+
|
2377 |
+
|
2378 |
+
{
|
2379 |
+
,
|
2380 |
+
}
|
2381 |
+
|
2382 |
+
|
2383 |
+
{\displaystyle \{,\}}
|
2384 |
+
|
2385 |
+
Crochet de Poisson
|
2386 |
+
|
2387 |
+
|
2388 |
+
|
2389 |
+
∧
|
2390 |
+
|
2391 |
+
|
2392 |
+
{\displaystyle \wedge }
|
2393 |
+
|
2394 |
+
Produit extérieur
|
2395 |
+
|
2396 |
+
Homologiques
|
2397 |
+
|
2398 |
+
|
2399 |
+
|
2400 |
+
⌣
|
2401 |
+
|
2402 |
+
|
2403 |
+
{\displaystyle \smile }
|
2404 |
+
|
2405 |
+
Cup-produit
|
2406 |
+
|
2407 |
+
|
2408 |
+
|
2409 |
+
⋅
|
2410 |
+
|
2411 |
+
|
2412 |
+
{\displaystyle \cdot }
|
2413 |
+
|
2414 |
+
Produit d'intersection
|
2415 |
+
|
2416 |
+
Séquentielles
|
2417 |
+
|
2418 |
+
|
2419 |
+
|
2420 |
+
+
|
2421 |
+
|
2422 |
+
|
2423 |
+
{\displaystyle +}
|
2424 |
+
|
2425 |
+
Concaténation
|