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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une île (anciennement isle[1], ile depuis la réforme de 1990[2]) est une masse de terre entourée d'eau de manière permanente ou parfois de manière temporaire en fonction des marées. L'eau baignant les îles peut être celle d'un océan, d'une mer, d'un lac ou d'un cours d'eau. Les îles peuvent être temporaires (banc de sable, volcans, etc.) ou permanentes, isolées ou groupées avec d'autres îles et peuvent alors former un archipel. Une petite île est parfois désignée sous les termes d'îlet ou d'îlot.
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+ Les îles peuvent être reliées à d'autres îles ou à un continent par une chaussée, un pont ou un tunnel ; leur caractère insulaire ne disparaît pas pour autant à l'inverse d'une île reliée de manière naturelle ou non à une autre île ou à un continent par un isthme, un tombolo, une digue ou par isostasie.
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+ Une île peut être continentale lorsque c'est le niveau de la mer qui isole un point haut du reste des terres ou que la dérive continentale détache l'île du reste des terres, volcanique, sédimentaire (alluvions, coraux, précipitation chimique, etc), tectonique (émersion du plancher marin) ou artificielle. Elle peut prendre l'aspect d'un véritable continent comme l'Australie ou bien être réduite au simple aspect d'un écueil ou d'un récif.
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+ Voici la définition des îles que donne la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 : « Une île est une étendue naturelle de terre entourée d'eau qui reste découverte à marée haute »[3] qui reprenait la définition qu'en donnait, dans son article 10, la Convention sur la mer territoriale et la zone contiguë[4], signée à Genève en 1958. S'il existe une limite séparant une île d'un continent, généralement, elle est fixée à l'Australie. Mais la question de savoir si l'Australie est l'un ou l'autre reste ouverte.
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+ Une très petite île est un îlot[5]. Un simple rocher, impropre à l'activité humaine ou à une vie économique propre, n'a pas de zone économique exclusive ni de plateau continental[3].
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+ Plusieurs îles proches les unes des autres forment un archipel.
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+ Une presqu'île est reliée à une étendue de terre bien plus vaste par un isthme.
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+ Certaines îles et presqu'îles sont accessibles à marée basse et perdent alors leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière.
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+ Son étymologie latine, insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « îles » désigne couramment les îles des mers chaudes comme les Antilles ou des archipels d'Océanie. Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles[6], bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.
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+ Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, comme Lille en France, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal des Capétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».
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+ Les rectifications orthographiques de 1990 recommandent l'écriture sans accent circonflexe, soit « ile ».
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+ Les îles continentales sont appelées ainsi car elles sont situées sur le même plateau continental que le continent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de la Grande-Bretagne qui lors de la dernière glaciation n'était pas une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'à marée haute (le mont Saint-Michel ou l'île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible. (Voir à ce sujet l'article Île accessible à marée basse.)
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29
+ L'Australie était, il y a des centaines de millions d'années, rattachée à l'Antarctique. Madagascar était rattachée à l'Afrique. Dans ces deux cas, une plaque tectonique s'est déchirée pour en donner deux qui ont divergé progressivement sur la surface du globe à une vitesse de quelques centimètres par an (1 cm par an pendant 100 millions d'années = 1 000 km). C'est aussi le cas de la Corse et de la Sardaigne qui étaient liées au continent européen, il y a plusieurs millions d'années[7].
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+ Là, ce sont les laves accumulées par un ou plusieurs volcans qui émergent, par l'accumulation de produits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partie géologiquement d'aucun continent.
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+ Un atoll est une île formée à partir d'un récif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec un lagon central et peu profond. Des exemples sont les Maldives dans l'océan Indien et Rangiroa dans le Pacifique.
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+ Les îles fluviales apparaissent dans les deltas et dans les cours d'eau. Elles se forment par le dépôt de sédiments à des endroits où le courant perd une partie de son intensité. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.
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37
+ Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent des failles inverses et des plis se forment ce qui épaissit la croûte terrestre, et fait remonter le fond de la mer. Ainsi l'île de la Barbade dans les Antilles, est un prisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest de Sumatra : Simeulue, Nias… Pour l'île de Nias, le séisme du 28 mars 2005 a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.
38
+
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+ Au niveau de la mer Baltique et des fjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'un glacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère (rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles comme Bornholm.
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+
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+ Les îles artificielles sont construites par remblayage ou par construction de digues. Elles utilisent parfois un ou plusieurs îlots déjà existants.
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+
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+ Les lacs de retenue générés par des barrages contiennent parfois des îles.
44
+
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+ La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à la géographie physique ou humaine, à l'économie et aux transports, ou à la biologie ou à l'écologie.
46
+
47
+ Sous l'angle de la géographie physique, un auteur, François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :
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+
49
+ Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total de taxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémisme végétal et animal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.
50
+
51
+ L'indice d'isolement du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et la racine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pour Tahiti et de 23 pour la Corse.
52
+
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+ Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).
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+ On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur, François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires[8] dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.
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+
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+ Si on suppose que l'île d'Australie est un continent à lui seul, les trois plus grandes îles sont le Groenland (également plus grande île de l'Amérique du Nord), la Nouvelle-Guinée (plus grande île d'Océanie) et Bornéo (plus grande île d'Asie).
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+ Madagascar est la plus grande île de l’Afrique (4e du monde) ; la Grande-Bretagne est la plus grande de l’Europe (9e du monde) ; la plus grande île d'Amérique du Sud est la grande île de la Terre de Feu (29e du monde) ; celle d'Antarctique est l'île Alexandre-Ier (30e du monde).
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+ Le nombre d'îles dans le monde serait évalué à près de 300 000 (trois cent mille) en prenant en compte leur variabilité de taille allant de celle d'un continent, comme l'Australie, à quelques kilomètres carrés comme les îlots coralliens.
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+ L'étude des îles a influencé Charles Darwin et beaucoup d'écologues et a fondé certaines théories d'écologie du paysage, dont celle de l'insularisation écologique.
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+ Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites. À partir d'une certaine étendue, des facteurs importants de biodiversité, notamment par l'endémisme, peuvent permettre d'abriter une multitude d'espèces.
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+ Dans un réseau écologique, elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites - des éléphants nains vivaient par exemple en Corse et en Sardaigne jusqu'à ce que ces îles soient colonisées par l'Homme.
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+
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+ À titre d'exemple, dans le vaste domaine biogéographique qu'est le Bassin méditerranéen (trois millions de km2 environ[9]), les îles et îlots ne sont que 4 % (103 000 km2) environ des surfaces émergées[10], avec 4 000 îlots de moins de 10 km2 et 162 îles de 10 km2 et plus, répartis d'une manière non homogènes, où la biodiversité a particulièrement régressé mais constitue encore un réservoir remarquable.
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+ Le concept d'île est également utilisé pour métaphoriquement décrire tout « isolat biogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. Quand ce processus est en cours dans un contexte de fragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».
72
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+ Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de la convention mondiale sur la biodiversité (Rio, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ou GLISPA)[11].
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+
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+ Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques[12]. En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires[13] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. Höner et Greuter ont montré en 1988 que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles comme Madagascar[14], la Nouvelle-Zélande[15] ou l'Australie.
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+ De nombreuses îles étaient « désertes » (non habitées par l'homme) au moment de leur découverte par les Européens.
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+ C'est le cas de Madère, des Açores, de l'île Maurice, de La Réunion, des Seychelles, de Sainte-Hélène…
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+
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+ D'autres étaient habitées, mais leurs premiers occupants furent exterminés ou assimilés par les colonisateurs : c'est le cas des Guanches aux îles Canaries, des Indiens caraïbes dans les Antilles ou en Jamaïque, des Indiens Onas de la Terre de Feu, des aborigènes en Tasmanie.
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+ En Europe de l'Ouest, vers 3000 av. J.-C., des agriculteurs ont colonisé la plupart des petites îles du nord-ouest de l'Europe. Ils ont dû transporter par mer leurs graines, plants et animaux domestiques et l'ont parfois fait sur de longues distances. Ils ont adapté aux îles et à l'environnement marin certaines techniques d'élevage[16]. Au Mésolithique, beaucoup des îles européennes étaient déjà cultivées ou exploitées par des éleveurs, de manière très différente selon les cas[16]. Des analyses isotopiques zooarchéologiques laissent penser que l'alimentation humaine a d'abord été fortement tributaire d'aliments d'origine marine (poissons, fruits de mer (des amas coquillers le montrent), mammifères marins...), puis au Néolithique les cas sont plus contrastés (des amas de coquillages sont encore trouvés, de même que des restes de poissons, oiseaux et mammifères marins, mais des preuves isotopiques montrent qu'ils n'étaient plus qu'une contribution mineure à l'alimentation, soit que les progrès de l'agriculture aient permis des reports vers les fruits, légumes et viandes d'élevage, soit que les ressources marines les plus faciles à atteindre aient déjà été surexploitées[16]. Les bovins, ovins et porcins sont les plus présents parmi les animaux élevés. À la fin du Néolithique, même les îles les plus périphériques du nord-ouest de l'Europe ont été exploitées, et elles l'ont principalement été pour leurs ressources terrestres, plus que marines[16]. Ce document présente des données à partir de sites sélectionnés dans l'ouest de la France et dans les Orcades et tente ensuite de donner quelques explications possibles pour les modèles observés d'utilisation de petites îles à l'époque néolithique[16].
83
+
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+ L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italien isola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :
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+ Des établissements pénitentiaires ont été installés dans des îles pour limiter les possibilités d'évasion[17] :
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+ L'île paradisiaque est un concept très ancien. Dans les civilisations anciennes, comme chez les Grecs, si les dieux vivent dans une île, c'est bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié. L'île est ainsi devenue le support du Paradis. Au Moyen Âge, on situe le jardin d’Éden sur une île et on part à la recherche du Paradis sur Terre. Sa recherche est le cadre de nombreuses légendes et histoires. Au XVIe siècle, l'être humain se sert du cadre de l'île afin d'y décrire une société idéale, l'Utopie. Ultérieurement, les romanciers utiliseront l'île comme cadre de leurs romans pour que leur Robinson Crusoé y aborde et y vive en retrait de la société durant une certaine période. Ce concept des robinsonades a été repris de nos jours par le tourisme, pour en faire le lieu privilégié pour nos vacances qui font de nous de nouveaux Robinsons modernes. L'île support du rêve est ainsi devenue un des thèmes récurrents des publicités.
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+ Plans, profils, cartes manuscrites et imprimées sont conservés au département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.
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+ L'île Pitcairn, en anglais Pitcairn Island et en pitcairnais Pitkern, est une île de l'océan Pacifique, principale terre du territoire britannique des îles Pitcairn et abritant la capitale Adamstown. Pitcairn se situe à environ 5 000 km des côtes de la Nouvelle-Zélande et autour de 5 700 km de celles de l'Amérique du Sud et n'est accessible que par bateau depuis l'archipel des Gambier, qui possède la piste d'atterrissage la plus proche, situé à environ 540 km à l'ouest-nord-ouest.
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+ C'est la seule île habitée de cette partie de l'archipel qui comprend aussi les îles Henderson, Ducie et Oeno. Les habitants de Pitcairn sont pour la plupart des descendants des mutins du Bounty et de leurs femmes polynésiennes qui ont trouvé là une île vierge à (re)coloniser (car l'île avait été vidée de ses habitants, à la suite de sa déforestation « qui a rendu de plus en plus difficile la construction de pirogues à Mangareva et à Pitcairn »[1], comme dans l'île de Pâques, ce qui a isolé les habitants à partir d'une période comprise entre 1000 et 1450[1],[2],[3]).
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+ En tant que « Pays dépendant du Royaume-Uni », l'économie et certains travaux insulaires pouvaient bénéficier d'aides européennes avant le 31/01/2020[4].
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+ Les habitants de Pitcairn ont développé un créole dérivé de l'anglais, le pitcairnais.
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+ C'est - ensemble avec l'île Henderson - l'un des cinq cas étudiés par Jared Diamond dans son livre sur le risque de collapsus écologique chez les sociétés insulaires qui surexploitent leur environnement[1] (les autres cas sont l’île de Pâques, le peuple des Indiens Anasazi, et ceux des Mayas et des Vikings).
12
+
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+ À la différence des autres îles de la région qui sont des atolls coralliens (sauf Mangareva), l'île est ici entièrement d'origine volcanique. Elle est d'ailleurs située sur l'un des points chauds de l'hémisphère sud (dit le « point chaud de Pitcairn »[5]).
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+
15
+ La pétrologie de l'île et plus largement du socle océanien a notamment été étudiée par Alfred Lacroix[6].
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+ De vastes zones de Pitcairn sont façonnées par l'intervention humaine, maintenant couvertes de plantes non-natives de l'île (parmi les plantes cultivées sur l'île, on peut retrouver la noix de coco, l'ananas, les agrumes, la banane, la papaye, le melon, la goyave, la canne à sucre, l'igname, le taro et l'arbre à pain).
18
+
19
+ La végétation indigène ne couvre désormais environ que 30 % de la surface de l'île, généralement sur des pentes abruptes et des vallées reculées. L'île Pitcairn connait aussi un problème de déforestation. Il ne reste qu'une petite zone de la forêt originelle résultant des coupes pour le feu et pour dégager des zones d'habitat. La forêt était déjà fortement dégradée depuis le début du second millénaire jusqu'à la disparition des habitants autochtones, avant l'arrivée des mutins du Bounty.
20
+
21
+ La faune endémique sur terre se limite aux insectes, aux escargots et à certains petits reptiles. Tous les autres animaux de l'île ont été introduits par les Européens.
22
+
23
+ Autour des îles, l’environnement marin, en partie d'origine volcanique (tout comme les îles), est d'une grande richesse halieutique et en biodiversité.
24
+
25
+ Plus de 1 240 espèces de mammifères, poissons, coraux, algues y ont déjà été répertoriés (totalement nouvelles pour certaines, avec par exemple une algue marine capable de vivre à 382 mètres de profondeur, là où les plantes ne trouvent théoriquement plus assez de lumière pour survivre)[7].
26
+
27
+ Ce patrimoine naturel exceptionnel, et la faible pression anthropique locale[8] sont à l'origine d'un projet de création d'une très grande réserve naturelle marine et sous-marine (834 334 km2, soit plus de trois fois la taille du Royaume-Uni), dont le budget a été proposé le 18 mars 2015 par le ministre britannique des finances (pour l'année budgétaire 2015-2016)[7]. Ce statut de réserve devrait préserver le milieu de toute activité de pêche ou d'exploration minière, et ne sera effective qu'après la signature d'un règlement et d'un accord entre les ONG environnementales et les autorités locales, pour notamment cadrer la manière dont la surveillance et la lutte contre le braconnage maritime se feront, alors que moins de 2 % de l'océan mondial est officiellement protégé[7], cette réserve va faciliter la mise en œuvre des engagements du gouvernement britannique d'augmenter la surface d'aires marines protégées (c'était l'un des objectifs des dernières grandes conférences mondiales sur la biodiversité), mais toutefois à une grande distance des îles britanniques.
28
+
29
+ L'histoire des îles Pitcairn débute à la Préhistoire, lors du peuplement des îles par des Polynésiens. Interrompu au XVIe siècle, le peuplement de l'île ne recommence qu'à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les mutins de la Bounty débarquent et s'installent sur les îles.
30
+
31
+ L'affaire des îles Pitcairn est une affaire judiciaire concernant des accusations de crimes sexuels, survenue dans les années 2004-2006.
32
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+ Commonwealth des Bahamas
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+ (en) Commonwealth of Bahamas
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+ 25° 05′ N, 77° 21′ O
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+
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+ modifier
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+ Les Bahamas, en forme longue le Commonwealth des Bahamas (en anglais : The Bahamas et Commonwealth of The Bahamas), sont un pays anglophone et Royaume du Commonwealth situé au nord de la mer des Caraïbes. L'archipel des Bahamas occupe environ 700 îles et îlots des îles Lucayes situées dans l'océan Atlantique, à l'est-sud-est de la Floride, au nord-est de Cuba, au nord-ouest d'Hispaniola et des îles Turques-et-Caïques, ces dernières étant sous dépendance britannique. Sa capitale est Nassau, située sur l'île de New Providence. Ses habitants sont les Bahaméens. Son IDH et son PIB en font un des pays les plus développés des Caraïbes.
10
+
11
+ Les Bahamas comptent plus de 700 îles et îlots disséminés sur environ 260 000 km2 et faisant partie des îles Lucayes, le reste de cet archipel étant occupé par le territoire britannique d'outre-mer des îles Turques-et-Caïques. Seules une vingtaine de ces îles sont habitées en permanence. L'île la plus proche des États-Unis, Bimini Sud, n'est qu'à 83 km à l'est de Miami Beach, sur la côte sud-est de la Floride. L'île la plus au sud, Great Inagua, se situe pour sa part à 89 km au nord-est de la punta Azules, à l'extrémité orientale de Cuba.
12
+
13
+ La plus grande île des Bahamas est Andros, à l'ouest. L'île de New Providence, à l'est d'Andros, est le site de la capitale, Nassau et représente les deux tiers de la population totale. Les autres îles importantes sont Grand Bahama au nord et Inagua au sud.
14
+
15
+ La plupart des îles — des formations de corail — sont relativement plates, avec quelques collines basses, dont la plus haute est le Mont Alvernia, sur Cat Island, à 63 m. Le climat est tropical, modéré par les eaux chaudes du Gulf Stream, mais est régulièrement frappé par des ouragans ou des tempêtes tropicales.
16
+
17
+ Près de 260 000 hectares marins et terrestres sont aujourd'hui protégés par le Bahamas National Trust (en)[5].
18
+
19
+ Grand Bahama
20
+
21
+ Abaco
22
+
23
+ Andros
24
+
25
+ New Providence
26
+
27
+ Îles Exumas
28
+
29
+ Conception
30
+
31
+ Crooked Island
32
+
33
+ Little Inagua
34
+
35
+ Great Inagua
36
+
37
+ Depuis 1999, les Bahamas comprennent 32 districts.
38
+
39
+ Bahamas est un dérivé de l'espagnol « baja mar » (marée basse).
40
+
41
+ Les premiers pas de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde le 12 octobre 1492 ont été accomplis sur l'île de San Salvador, située aux Bahamas. Il la nomma ainsi pour remercier le Christ de l'avoir guidé jusque-là. Il y a rencontré des Arawaks, aussi connus comme Lucayens qui ont donné son premier nom à l'archipel (les îles Lucayes) avec lesquels il a échangé des présents. Ces Amérindiens vivaient aussi en Jamaïque.
42
+
43
+ Au XVIIe siècle, on comptait l'île de la Nouvelle-Providence ainsi que sa voisine Eleuthera, au centre de l'Archipel des Bahamas, parmi les repaires de corsaires, pirates et flibustiers, qui avaient auparavant aussi occupé l'île de la Providence, plus au sud, près du Nicaragua. Les deux îles avaient été habitées dès 1648 par des puritains anglais ayant fui l'archipel des Bermudes, parmi lesquels le futur fondateur de la banque d'Angleterre et du projet Darién, sir William Paterson.
44
+
45
+ Les Espagnols qui, depuis Colomb, estimaient avoir des droits sur l'archipel, y firent de fréquentes incursions et l'occupèrent par intermittence.
46
+
47
+ Les îles sont données à huit lords anglais qui avaient aidé Charles II Stuart lors de la Restauration. À la mort de ce dernier en 1685, l'accession au trône de son frère, le duc d'York, devenu Jacques II, allait changer le statut des Bahamas. Le nouveau roi exigea l'annulation de la charte de 1663 et de ses additifs. Les expulsés négocièrent avec profit la cession à la Couronne d'Angleterre de leurs droits sur des lieux qu'ils ne connaissaient que par récits et cartes.
48
+
49
+ Quand, en 1714, l'électeur de Hanovre, arrière-petit-fils de Jacques Ier d'Angleterre, accéda au trône d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande sous le nom de George Ier, son premier geste fut de remplacer le représentant des anciens propriétaires par un gouverneur royal des Bahamas. Il choisit le capitaine Woodes Rogers, dont la devise en latin de sacristie annonça aussitôt les intentions : « Expulsis piratis, restituta commercia ». Woodes Rogers, officier de marine, dont on connaissait les exploits pendant la guerre de Succession d'Espagne, était écrivain à ses heures.
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+ Woodes Rogers avait publié, en 1712, l'histoire d'un marin, Alexandre Selkirk, qu'il avait recueilli, en 1709, sur l'île déserte de Mas a Tierra dans l'archipel Juan Fernández, au large du Chili. Ce récit allait inspirer, en 1719, à Daniel Defoe un des romans les plus lus dans toutes les langues : « La Vie et les Aventures surprenantes de Robinson Crusoé ».
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+ Dans la seconde partie du siècle, le Coton Sea island, variété performante, commence son expansion dans l'Archipel avant d'être transplanté en Georgie, Floride et Caroline.
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+ Le nouveau gouverneur usa plus souvent de son épée que de sa plume. Il mit un terme au règne des pirates, fit pendre Jack Rackham et quelques douzaines d'autres. Les pirates pendus ou expulsés, la Grande-Bretagne dut, en effet, défendre sa colonie contre les Américains, engagés depuis 1775 dans la guerre d'Indépendance conduite par George Washington. G. Washington envoya, entre 1776 et 1781, plusieurs expéditions pour occuper New Providence, où trouvaient refuge et appui ceux que les fédéralistes qualifiaient de rebelles et que les Anglais tenaient pour loyalistes.
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+ Pourvue d'un gouvernement, d'assemblées législative et délibérative, de tribunaux, de services publics, les Bahamas devinrent accueillantes aux nouveaux colons. En 1782, les Espagnols — à qui Louis XV avait offert, vingt ans plus tôt, la Louisiane pour les dédommager de la perte de la Floride — attaquèrent New Providence. L'île capitale ne comptait alors que mille quatre cents défenseurs. Une flotte, commandée par le gouverneur de Cuba, Juan Manuel Cajigall (en), et appuyée par des vaisseaux américains, s'empara de Nassau. Il fallut l'intervention d'une petite armée, recrutée en Caroline par un loyaliste, le colonel Andrew Devaux (en), pour chasser les occupants et assurer à l'archipel une paix durable.
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+ En avril 1861, quand éclata aux États-Unis la guerre entre les États du nord et du sud de l'Union, les Bahamas devinrent, pour les Sudistes, un arsenal transitoire. La victoire du Nord, en 1865, et les pénitences imposées au Sud provoquèrent un nouvel afflux de réfugiés, planteurs ruinés par l'abolition de l'esclavage. Venus avec leurs esclaves, ils furent déçus d'apprendre que, depuis le 1er août 1833, tous les Noirs débarquant aux Bahamas devenaient libres, jouissant comme l'exigeait l'Emancipation Act, des mêmes droits que les Blancs. Malgré la loi subsista longtemps une ségrégation raciale ; ainsi, en 1885, à Harbour Island, cinq Noirs furent condamnés à vingt shillings d'amende pour avoir emprunté la porte réservée aux Blancs afin d'entrer dans l'église méthodiste qu'ils avaient contribué à construire.
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+ L'indépendance est accordée par la Grande-Bretagne le 10 juillet 1973. Le pays fait partie du Commonwealth.
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+ Début septembre 2019, les Îles Abacos et Grand Bahama au nord du pays sont dévastées par l'ouragan Dorian, le plus fort jamais observé sur le pays, détruisant plus de 13 000 logements et faisant au moins 44 morts[6],[7]
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+ Le ministre de la santé des Bahamas, Duane Sands, annonce un bilan final de l'ouragan Dorian probablement « ahurissant », du fait de milliers de disparus[8].
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+ Selon l'ONU, la population est estimée à 406 000 habitants en 2019 et devrait se stabiliser autour de 500 000 habitants vers 2050 [9],[10]. La population bahaméenne est à 85 % d'origine africaine, à 12 % d'origine européenne et environ 2 % de Chinois.
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+ Les villes principales sont la capitale, Nassau (256 000 habitants en 2012) et Freeport (46 000 habitants).
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+ La langue officielle des Bahamas est l'anglais[1].
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+ De nombreuses personnes y parlent un créole à base lexicale anglaise appelé « Bahamian dialect » (ou tout simplement « dialect »)[11].
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+ Le créole haïtien, un créole à base lexicale française est parlé par les immigrés haïtiens ainsi que leurs descendants, qui constituent environ 25 % de la population totale. Il est généralement désigné comme « creole »[1] pour le différencier de l'anglais des Bahamas[12].
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+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 96 % des habitants des Bahamas sont chrétiens. Les protestants représentent 80 % de la population et les catholiques 14,5 %[13].
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+ La Convention baptiste nationale missionnaire et éducative des Bahamas a été officiellement fondée en 1935 [14]. En 2017, elle comptait 400 églises et 78 000 membres [15].
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+ Pour l'heure, un seul établissement d'enseignement supérieur public existe aux Bahamas : il s'agit du collège des Bahamas. Il a été créé en 1974 en délivrant tout d'abord uniquement des diplômes de niveau bac+2, puis des diplômes de niveau bac+4. Il a trois campus répartis sur l'archipel des Bahamas. Cet établissement est amené à être transformé en université des Bahamas au cours des dix prochaines années. Il sera constitué de cinq facultés : faculté d’économie (Faculty of Business), faculté des sciences de l’éducation, faculté des sciences humaines et sociales, faculté de sciences fondamentales et appliquées (Faculty of Pure and Applied Sciences) et faculté d'arts culinaires et de l'hospitalité (Faculty of Culinary and hospitality management). Le collège des Bahamas compte actuellement environ 6 000 étudiants.
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+ L'économie dépend fortement du tourisme ainsi que des banques offshore. Le tourisme compte à lui seul pour 60 % du PIB et emploie directement ou indirectement la moitié des personnes en âge de travailler de l'archipel. Les Bahamas reçoivent surtout des visiteurs venus des États-Unis. La plus proche des 700 îles qui composent l'archipel n'est située qu'à 75 km à l'est de Miami. Une augmentation permanente de la capacité d'accueil et un décollage des constructions de nouveaux hôtels, de centres de vacances et de résidences ont permis l'augmentation du PIB. Les Bahamas font partie des pavillons de complaisance.
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+ L'industrie (peu développée) et l'agriculture réunies contribuent à un dixième du PIB et ne progressent que faiblement, malgré les incitations gouvernementales dans ces secteurs pour pallier la dépendance au tourisme provenant des États-Unis :
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+ En 1998, le PNB atteignait 13,3 milliards de dollars, soit 11 380 $ par habitant.
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+ L'économie des Bahamas est concentrée sur les services touristiques et financiers. Le tourisme représente 60 % du produit intérieur brut du pays. Les Bahamas ont un trafic annuel de 4 millions de visiteurs. En deuxième position, l'industrie bancaire et financière représente un cinquième du produit intérieur brut des Bahamas[16]. À noter que depuis 2014 la TVA a été introduite aux Bahamas, son taux est de 7,5 %[17]. Un rapport de l'OCDE paru en 2017[18] indique que la TVA bahamienne est la plus rentable pour l'économie du pays en comparaison aux autres économies de la zone caraïbe.
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+ La population haïtienne vivant aux Bahamas ne dispose que de très peu de ressources[19].
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+ Les Bahamas disposent de 1 620 km de routes. La conduite automobile s'y fait à gauche.
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+ Il existe 61 aéroports, dont les principaux sont l'Aéroport international Lynden Pindling, l'Aéroport de Marsh Harbour, et
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+ l'Aéroport international de Grand Bahama.
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+ Nombre de grandes banques internationales sont installées dans le paradis fiscal que sont les Bahamas. Depuis 2000, les 245 sociétés financières enregistrées dans le pays font l'objet d'une surveillance renforcée. Le blanchiment d'argent sale en est la cause. En 2018, le pays est retiré de la liste noire des paradis fiscaux de l'Union européenne[20].
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+ Le tourisme et ses activités induites représentent, selon les chiffres officiels bahaméens, 60 % des 7 milliards de dollars du PIB des Bahamas.
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+ Les Américains, représentent, selon le Ministère du tourisme de l'archipel, plus de 80 % des 4,6 millions de visiteurs annuels.[réf. nécessaire]
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+ Le gouvernement, dirigé depuis les élections de mai 2007 par le Premier ministre conservateur Hubert Ingraham, multiplie les efforts pour attirer des touristes venus d'Europe, de Russie ou d'Asie. Les avantages sont qu'ils séjournent plus longtemps que les croisiéristes américains, avec davantage de retombées pour l'économie locale. Ainsi, l'ouverture de la nouvelle ligne aérienne directe Paris-Nassau d'XL Airways France, en décembre 2008, vise à atténuer l'effet du reflux nord-américain.
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+ Le tourisme aux Bahamas s'adresse surtout à des touristes aisés, et les produits de consommations courantes sont surtout importées du continent, et ils coûtent le plus souvent le double plus cher (au moins) en comparaison des prix en Floride, car le sol des îles de l'archipel est le plus souvent aride du fait que ce sont des îles plates et coralliennes.[réf. nécessaire]
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+ Certaines de ces îles sont privées, parfois à louer ou à vendre[21]. Ainsi Hog Cay, une des Îles Exumas, est vendue à 35 millions de dollars. La minuscule Bonefish Cay (sv), près d'Andros, à 14,5 millions de dollars[réf. nécessaire]. Il s'agit de baux emphytéotiques de 99 ans.
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+ Le chef de l'État est la reine Élisabeth II, les Bahamas étant un Royaume du Commonwealth. Elle est représentée aux Bahamas par un gouverneur général, rémunéré par la reine elle-même. Le chef du gouvernement est le Premier ministre (Hubert Minnis depuis le 11 mai 2017), habituellement le chef du parti gagnant aux élections du parlement. Le parlement du Bahamas consiste en deux chambres élues, le Sénat (avec 16 membres) et l'Assemblée des Bahamas (41 membres). Les élections se tiennent tous les 5 ans.
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+ Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit dans sa liste du Patrimoine mondial (au 17 janvier 2016) :
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+ Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 17 janvier 2016) :
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+ Les Bahamas ont pour codes :
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+ Plusieurs informations de cet article proviennent de The World Factbook 2000 et du site de l'U.S. Department of State 2003.[Lesquels ?]
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+ Les îles Baléares (en catalan et officiellement : Illes Balears, en castillan : Islas Baleares) sont l'une des communautés autonomes d'Espagne.
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+ Il s'agit d'un archipel situé en mer des Baléares qui comprend cinq îles principales, dont quatre habitées, ainsi que de nombreux îlots, répartis en deux groupes géologiques :
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+ La population totale de l'archipel est de 1 113 114 habitants en 2012. La capitale, Palma, est située sur l'île la plus grande et la plus peuplée, c'est-à-dire Majorque. Sur le plan géolinguistique, les îles Baléares se situent dans l'aire catalane, avec la Catalogne et la Communauté valencienne.
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+ Les Baléares forment un groupe d'îles appartenant à la mer homonyme, à l’est-sud-est des côtes espagnoles, à la hauteur du golfe de Valence. Les côtes sud des îles de Formentera et Cabrera et les côtes est des îles del Aire et Minorque sont baignées par la mer Méditerranée. Ibiza, l'île la plus proche du continent, se situe à 88 km à l'est-nord-est du cap de la Nau, sur la péninsule Ibérique. Palma, la capitale de la communauté, se situe à 205 km au sud-sud-est de Barcelone, la grande ville catalane.
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+ « Sous le nom de Baléares, on comprend les îles de Majorque, Minorque et Cabrera.../...
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+ Par le nom de Pithiuses, on désigne les trois îles d'Iviça, Formentera et Conejera[3],[4]. »
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+ Au sens contemporain, les îles Baléares comportent donc deux groupes d'îles : un bloc oriental, avec Majorque et Minorque, principalement, ainsi que l'îlot de Cabrera ; et un bloc occidental, avec Ibiza et Formentera, principalement.
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+ De nombreux îlots de superficies moindres complètent cet archipel.Outre Cabrera, par exemple : La Dragonera, Conejera et Espalmador. Ceux-ci ne sont généralement pas habités et relèvent souvent de zones protégées.
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+ La seule île de Majorque, avec 3 640 km2, couvre presque 75 % de l'étendue de l'archipel, car Minorque ne compte que 695 km2, Ibiza 570 km2 et Formentera 81 km2.
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+ Les premières traces d'occupation humaine remontent à 5 000 ans av. J.-C.
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+ L'archipel des Baléares est contrôlé par les Carthaginois avant de passer sous la domination romaine. Les frondeurs des Baléares représentaient une unité militaire durant l'Antiquité romaine.
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+ Après la chute de l'Empire romain, les Baléares passent sous la domination des Vandales, jusqu'à ce que l'empereur Justinien en fasse la conquête en 534. Puis les Baléares passent sous la domination berbéro-musulmane et ce pour presque tout le Moyen Âge.
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+ Entre 1126 et 1203, les îles sont gouvernées par la dynastie des Almoravides.
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+ Au Moyen Âge, les Baléares sont rattachées à la couronne d'Aragon dans le cadre de la Reconquista entre 1229 (débarquement à Santa Ponsa du roi Jacques Ier, lors de la conquête de Majorque) et 1287 (prise de Minorque par le roi Pierre III d'Aragon). Il exista entre 1276 et 1344 un royaume de Majorque indépendant, aux mains d'une branche cadette des rois d'Aragon, qui fut annexé par la couronne d'Aragon.
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+ Au XIXe siècle, les recherches, publiées, de l'archiduc Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine font beaucoup pour la connaissance de ces îles.
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+ Depuis 1983, cet ensemble d’îles forme une communauté autonome, parmi les communautés autonomes d'Espagne.
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+ Les Îles Baléares constituent une communauté autonome, au sens de la Constitution espagnole de 1978. L'archipel a connu deux statuts d'autonomie : la loi organique de 1983, révisée à deux reprises, puis la loi organique de 2007.
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+ Le Parlement des îles Baléares (en catalan : Parlament de les Illes Balears) comprend 59 députés, élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel. Il exerce le pouvoir législatif, dans la limite des compétences attribuées par le statut d'autonomie, et le contrôle du gouvernement. À ce titre, il élit le président des îles Baléares (en catalan : President de les Illes Balears), qui dirige le gouvernement régional, détenteur du pouvoir exécutif et réglementaire.
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+ L'ensemble des institutions siègent à Palma, à Majorque, établie également comme la capitale de la communauté autonome. « Palma » seul est le nom de la ville[5].
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+ Le Parti populaire (PPIB), et l'Alliance populaire (APIB) avant lui, sont la première force politique dans l'archipel depuis l'accession à l'autonomie. Le conservateur Gabriel Cañellas détient le record de longévité à la présidence du gouvernement, avec un peu plus de douze ans, tandis que son successeur, Cristòfol Soler, n'y est resté que dix mois, ce qui constitue le record de brièveté.
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+ Aux élections de 2011, le PPIB a remporté 35 députés, soit la plus forte majorité absolue depuis 1983, permettant l'investiture de son président, José Ramón Bauzá, comme président des îles Baléares.
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+ À deux reprises, grâce à une alliance avec différents partis nationalistes insulaires, le socialiste Francesc Antich a dirigé la communauté, entre 1999 et 2003, puis de 2007 à 2011.
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+ Depuis 2015, la socialiste Francina Armengol est la première femme à présider l'archipel.
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+ Abel Matutes, commissaire européen de 1986 à 1994 et ministre des Affaires étrangères entre 1996 et 2000, Félix Pons, président du Congrès des députés entre 1986 et 1996, Jaume Matas, ministre de l'Environnement de 2000 à 2003, sont issus de l'archipel. Matas l'a même présidé deux fois, entre 1996 et 1999, puis entre 2003 et 2007, avant d'affronter des procédures judiciaires[6].
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+ Depuis la réforme statutaire de 2007, le gouvernement régional dispose de la capacité de créer une police régionale (policía autonómica), à l'image des Mossos d'Esquadra catalans ou de l'Ertzaintza basque.
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+ Après avoir évoqué la création d'une telle force de sécurité en 2007, le gouvernement régional de centre gauche au pouvoir a préparé un projet de loi en 2010, assurant la création d'une police dénommée « cos de guaita », dont la mise en place a été retardée à cause de la crise économique et des graves difficultés budgétaires des Baléares[7],[8],[9].
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54
+ L'archipel des Baléares a accueilli en 2017 environ seize millions trois cent trente mille touristes[10], dont 20 % d'Allemands[11]. Ces derniers investissent dans des résidences secondaires qui deviennent ensuite des lieux de retraite pour une partie d'entre eux.
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56
+ L'anglais est largement utilisé dans l'administration pour répondre aux demandes des touristes car un grand nombre d'entre eux n'utilise pas l'espagnol, et encore moins le catalan, les deux langues officielles. L'allemand est aussi pratiqué, mais dans une moindre mesure.
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58
+ La cuisine des îles Baléares comporte de nombreux points communs avec la cuisine catalane, valencienne et méditerranéenne. Les îles ont été conquises à plusieurs reprises par les Français et les Anglais au cours de leur histoire, ce qui a laissé des influences culinaires. Il convient de mentionner qu'il existe des différences marquées entre les cuisines majorquine et minorquine.
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+ Le porc et ses dérivés sont parmi les ingrédients les plus typiques. L'une des plus typiques est la soubressade (saucisse avec de la viande de porc, du bacon et du paprika), qui se consomme de différentes manières : cuite et rôtie à Majorque, frite (parfois servie avec du miel) à Minorque. Il existe d'autres saucisses, telles que la camaiot, la boutifarre (botifarró) et le xolís (d'origine paysanne).
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+ Le catalan et le castillan forment les deux langues officielles de la communauté autonome des Baléares, à laquelle appartient Majorque. La langue la plus ancienne encore pratiquée aux Baléares est le catalan, nommé localement « majorquin » ou « minorquin ». L’œuvre de l'apologiste majorquin chrétien Raymond Lulle contribue à la fixation du catalan écrit au XIIIe siècle[12]. Le statut des Baléares précise que les variétés insulaires du catalan font l'objet d'une protection spécifique[13]. Celle-ci est confiée à l'Université des Îles Baléares.
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+ En 2013, Ramón Bauzá a réformé le système éducatif au profit d'un système trilingue catalan-castillan-anglais supprimant par ailleurs l'obligation du catalan comme langue de l'administration. Aujourd'hui, 50 % des habitants des Baléares utilisent le castillan ; 37 % le catalan et 10 % les deux indistinctement[14],[15].
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+ Le club de football le plus titré de l'île est le Real Club Deportivo Majorque, qui évolue en championnat d'Espagne de football après sa promotion en 2019. Fondé en 1916, il est le plus ancien club des îles. Le club a remporté son seul titre de la coupe d'Espagne de football en 2003 et était le finaliste de la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe 1998-1999.
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+ Les joueurs de tennis Rafael Nadal, vainqueur de 19 titres en simple du Grand Chelem et ancien no 1 mondial, et Carlos Moyà sont originaires de Majorque. L'oncle de Rafael Nadal, Miguel Ángel Nadal, est un ancien footballeur international espagnol. Le basketteur Rudy Fernández et le coureur moto Jorge Lorenzo, vainqueur des Championnats du monde du Grand Prix moto de 2010, 2012 et 2015, font également partie des sportifs de renom.
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+ La production d’énergie sur les îles est essentiellement assurée par les cinq centrales thermiques installées à Majorque, Minorque et Ibiza :
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+ Serra de Tramuntana.
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+ Vue sur la chaîne de la Serra de Tramuntana, Majorque.
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+ Le Puig Major, sommet le plus haut de l'île.
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+ Le port de Sóller sur la côte nord-ouest de Majorque.
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+ Le palais royal de l'Almudaina était un palais royal des rois de Majorque, d'Aragon et d'Espagne.
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+ La chartreuse de Valldemossa était le palais royal du roi Sancho de Majorque.
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+ Culture talayotique.
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+ La population totale de l'archipel est de 1 113 114 habitants en 2012. La capitale, Palma, est située sur l'île la plus grande et la plus peuplée, c'est-à-dire Majorque. Sur le plan géolinguistique, les îles Baléares se situent dans l'aire catalane, avec la Catalogne et la Communauté valencienne.
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+ Par le nom de Pithiuses, on désigne les trois îles d'Iviça, Formentera et Conejera[3],[4]. »
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+ Au sens contemporain, les îles Baléares comportent donc deux groupes d'îles : un bloc oriental, avec Majorque et Minorque, principalement, ainsi que l'îlot de Cabrera ; et un bloc occidental, avec Ibiza et Formentera, principalement.
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+ De nombreux îlots de superficies moindres complètent cet archipel.Outre Cabrera, par exemple : La Dragonera, Conejera et Espalmador. Ceux-ci ne sont généralement pas habités et relèvent souvent de zones protégées.
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+ La seule île de Majorque, avec 3 640 km2, couvre presque 75 % de l'étendue de l'archipel, car Minorque ne compte que 695 km2, Ibiza 570 km2 et Formentera 81 km2.
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+ Les premières traces d'occupation humaine remontent à 5 000 ans av. J.-C.
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+ L'archipel des Baléares est contrôlé par les Carthaginois avant de passer sous la domination romaine. Les frondeurs des Baléares représentaient une unité militaire durant l'Antiquité romaine.
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+ Après la chute de l'Empire romain, les Baléares passent sous la domination des Vandales, jusqu'à ce que l'empereur Justinien en fasse la conquête en 534. Puis les Baléares passent sous la domination berbéro-musulmane et ce pour presque tout le Moyen Âge.
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+ Entre 1126 et 1203, les îles sont gouvernées par la dynastie des Almoravides.
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+ Au Moyen Âge, les Baléares sont rattachées à la couronne d'Aragon dans le cadre de la Reconquista entre 1229 (débarquement à Santa Ponsa du roi Jacques Ier, lors de la conquête de Majorque) et 1287 (prise de Minorque par le roi Pierre III d'Aragon). Il exista entre 1276 et 1344 un royaume de Majorque indépendant, aux mains d'une branche cadette des rois d'Aragon, qui fut annexé par la couronne d'Aragon.
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+ Au XIXe siècle, les recherches, publiées, de l'archiduc Louis-Salvador de Habsbourg-Lorraine font beaucoup pour la connaissance de ces îles.
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+ Le Parlement des îles Baléares (en catalan : Parlament de les Illes Balears) comprend 59 députés, élus pour un mandat de quatre ans au scrutin proportionnel. Il exerce le pouvoir législatif, dans la limite des compétences attribuées par le statut d'autonomie, et le contrôle du gouvernement. À ce titre, il élit le président des îles Baléares (en catalan : President de les Illes Balears), qui dirige le gouvernement régional, détenteur du pouvoir exécutif et réglementaire.
37
+
38
+ L'ensemble des institutions siègent à Palma, à Majorque, établie également comme la capitale de la communauté autonome. « Palma » seul est le nom de la ville[5].
39
+
40
+ Le Parti populaire (PPIB), et l'Alliance populaire (APIB) avant lui, sont la première force politique dans l'archipel depuis l'accession à l'autonomie. Le conservateur Gabriel Cañellas détient le record de longévité à la présidence du gouvernement, avec un peu plus de douze ans, tandis que son successeur, Cristòfol Soler, n'y est resté que dix mois, ce qui constitue le record de brièveté.
41
+
42
+ Aux élections de 2011, le PPIB a remporté 35 députés, soit la plus forte majorité absolue depuis 1983, permettant l'investiture de son président, José Ramón Bauzá, comme président des îles Baléares.
43
+
44
+ À deux reprises, grâce à une alliance avec différents partis nationalistes insulaires, le socialiste Francesc Antich a dirigé la communauté, entre 1999 et 2003, puis de 2007 à 2011.
45
+
46
+ Depuis 2015, la socialiste Francina Armengol est la première femme à présider l'archipel.
47
+
48
+ Abel Matutes, commissaire européen de 1986 à 1994 et ministre des Affaires étrangères entre 1996 et 2000, Félix Pons, président du Congrès des députés entre 1986 et 1996, Jaume Matas, ministre de l'Environnement de 2000 à 2003, sont issus de l'archipel. Matas l'a même présidé deux fois, entre 1996 et 1999, puis entre 2003 et 2007, avant d'affronter des procédures judiciaires[6].
49
+
50
+ Depuis la réforme statutaire de 2007, le gouvernement régional dispose de la capacité de créer une police régionale (policía autonómica), à l'image des Mossos d'Esquadra catalans ou de l'Ertzaintza basque.
51
+
52
+ Après avoir évoqué la création d'une telle force de sécurité en 2007, le gouvernement régional de centre gauche au pouvoir a préparé un projet de loi en 2010, assurant la création d'une police dénommée « cos de guaita », dont la mise en place a été retardée à cause de la crise économique et des graves difficultés budgétaires des Baléares[7],[8],[9].
53
+
54
+ L'archipel des Baléares a accueilli en 2017 environ seize millions trois cent trente mille touristes[10], dont 20 % d'Allemands[11]. Ces derniers investissent dans des résidences secondaires qui deviennent ensuite des lieux de retraite pour une partie d'entre eux.
55
+
56
+ L'anglais est largement utilisé dans l'administration pour répondre aux demandes des touristes car un grand nombre d'entre eux n'utilise pas l'espagnol, et encore moins le catalan, les deux langues officielles. L'allemand est aussi pratiqué, mais dans une moindre mesure.
57
+
58
+ La cuisine des îles Baléares comporte de nombreux points communs avec la cuisine catalane, valencienne et méditerranéenne. Les îles ont été conquises à plusieurs reprises par les Français et les Anglais au cours de leur histoire, ce qui a laissé des influences culinaires. Il convient de mentionner qu'il existe des différences marquées entre les cuisines majorquine et minorquine.
59
+
60
+ Le porc et ses dérivés sont parmi les ingrédients les plus typiques. L'une des plus typiques est la soubressade (saucisse avec de la viande de porc, du bacon et du paprika), qui se consomme de différentes manières : cuite et rôtie à Majorque, frite (parfois servie avec du miel) à Minorque. Il existe d'autres saucisses, telles que la camaiot, la boutifarre (botifarró) et le xolís (d'origine paysanne).
61
+
62
+ Le catalan et le castillan forment les deux langues officielles de la communauté autonome des Baléares, à laquelle appartient Majorque. La langue la plus ancienne encore pratiquée aux Baléares est le catalan, nommé localement « majorquin » ou « minorquin ». L’œuvre de l'apologiste majorquin chrétien Raymond Lulle contribue à la fixation du catalan écrit au XIIIe siècle[12]. Le statut des Baléares précise que les variétés insulaires du catalan font l'objet d'une protection spécifique[13]. Celle-ci est confiée à l'Université des Îles Baléares.
63
+
64
+ En 2013, Ramón Bauzá a réformé le système éducatif au profit d'un système trilingue catalan-castillan-anglais supprimant par ailleurs l'obligation du catalan comme langue de l'administration. Aujourd'hui, 50 % des habitants des Baléares utilisent le castillan ; 37 % le catalan et 10 % les deux indistinctement[14],[15].
65
+
66
+ Le club de football le plus titré de l'île est le Real Club Deportivo Majorque, qui évolue en championnat d'Espagne de football après sa promotion en 2019. Fondé en 1916, il est le plus ancien club des îles. Le club a remporté son seul titre de la coupe d'Espagne de football en 2003 et était le finaliste de la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe 1998-1999.
67
+
68
+ Les joueurs de tennis Rafael Nadal, vainqueur de 19 titres en simple du Grand Chelem et ancien no 1 mondial, et Carlos Moyà sont originaires de Majorque. L'oncle de Rafael Nadal, Miguel Ángel Nadal, est un ancien footballeur international espagnol. Le basketteur Rudy Fernández et le coureur moto Jorge Lorenzo, vainqueur des Championnats du monde du Grand Prix moto de 2010, 2012 et 2015, font également partie des sportifs de renom.
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+
70
+ La production d’énergie sur les îles est essentiellement assurée par les cinq centrales thermiques installées à Majorque, Minorque et Ibiza :
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+ Serra de Tramuntana.
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+ Vue sur la chaîne de la Serra de Tramuntana, Majorque.
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+ Le Puig Major, sommet le plus haut de l'île.
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+ Le port de Sóller sur la côte nord-ouest de Majorque.
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+ Le palais royal de l'Almudaina était un palais royal des rois de Majorque, d'Aragon et d'Espagne.
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+ La chartreuse de Valldemossa était le palais royal du roi Sancho de Majorque.
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+ Culture talayotique.
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+ République du Cap-Vert
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+ (pt) República de Cabo Verde
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+ 14° 55′ N, 23° 31′ O
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+ Le Cap-Vert, en forme longue la République du Cap-Vert, en portugais : Cabo Verde, ou República de Cabo Verde, est un État insulaire, composé d'un archipel de dix îles volcaniques. Situé dans l'océan Atlantique, au large des côtes du Sénégal, il couvre une superficie d'environ 4 000 km2. Praia, la capitale, se trouve à 644 km de la presqu'île du Cap-Vert, au Sénégal. L'archipel se divise en deux séries d'îles : au sud les îles de Sotavento (Brava, Fogo, Santiago et Maio) et au nord les îles de Barlavento (Boa Vista, Sal, São Nicolau, Santa Luzia, São Vicente et Santo Antão). Santiago comprend à elle seule plus de la moitié de la population du pays, dont la capitale Praia.
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+
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+ Les îles étaient inhabitées avant l'arrivée des premiers explorateurs portugais en 1456. Première colonie européenne dans les tropiques, des esclaves venant du (Senegal, Mali, Guinée etc) elle sert de tête de pont à la traite des esclaves et au commerce triangulaire. Le Cap-Vert attire alors de nombreux corsaires et pirates, parmi lesquels Francis Drake vers 1580. Le naturaliste Charles Darwin visite également l'archipel en 1832. La colonie continue de croître au XIXe siècle en devenant une escale sur les routes maritimes menant aux Indes orientales et à l'Australie. Au cours du XXe siècle, plusieurs famines déciment la population. Le pays accède à l'indépendance en 1975 et devient membre de la CEDEAO l'année suivante. À cette époque, de nombreux Cap-Verdiens émigrent à l'étranger, constituant une diaspora supérieure en nombre à la population résidente du pays[1]. La plupart des habitants se définissent aujourd'hui comme créoles.
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+
15
+ De nos jours, le Cap-Vert possède une économie centrée sur la production de services, notamment dans le tourisme. De langues portugaise et créole capverdien, sa culture se nourrit d'influences européennes et africaines. La musique capverdienne et ses différentes composantes (funaná, coladeira, morna, La kizomba ressemblant au zouk antillais mais en portugais), ont été popularisées dans le monde entier par la chanteuse Cesária Évora. Le catholicisme est la religion dominante (90 %) et le clergé a encore une forte influence sur la population, même si l'islam tend à se diffuser avec l'arrivée de migrants maliens et sénégalais.
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+
17
+ Le nom du pays est inspiré de la presqu'île du Cap-Vert (Sénégal). À la demande du gouvernement cap-verdien, le nom portugais Cabo Verde est désormais en usage officiel en français auprès de l'ONU. En revanche, aucune autorité francophone de toponymie ne le reconnaît et les noms Cap-Vert et République du Cap-Vert sont toujours ceux retenus par la Commission nationale de toponymie en France.
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+
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+ Les îles du Cap-Vert sont inhabitées jusqu'à l'arrivée des colons européens. L'archipel est découvert par des explorateurs génois et portugais vers 1456. Selon l'historiographie officielle du Portugal, la découverte est due au navigateur génois Antonio de Noli, que le roi Alphonse V nommera gouverneur du Cap-Vert. Des explorateurs ont également associé aux découvertes les noms de Diogo Gomes (lieutenant de Noli, qui prétend avoir été le premier à accoster et avoir nommé l'île de Santiago), Diogo Dias, Diogo Afonso et le vénitien Alvise Cadamosto. En 1462, les Portugais parviennent à Santiago et fondent une colonie, Ribeira Grande (aujourd'hui Cidade Velha), le premier établissement européen dans les tropiques[3].
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21
+ Au XVIe siècle, l'archipel prospère grâce aux bénéfices tirés de la traite négrière transatlantique[3]. Des pirates attaquent occasionnellement les bâtiments portugais. Francis Drake, un corsaire anglais mandaté par une lettre de marque de la couronne britannique, pille à deux reprises Ribeira Grande (alors capitale du Cap-Vert) en 1585[3]. Après une attaque de la France en 1712, le déclin de la ville s'amorce au profit de Praia, qui devient la nouvelle capitale en 1770[3].
22
+
23
+ Le déclin du commerce des esclaves au XIXe siècle provoque une crise économique qui rompt progressivement la prospérité de l'archipel. Cependant, en raison de sa position stratégique à la moitié de la traversée de l'Océan Atlantique depuis l'Europe, le Cap-Vert devient une escale privilégiée pour les lignes maritimes. Grâce à son port bien abrité, la ville de Mindelo (île de São Vicente) devient un important centre commercial de réapprovisionnement des navires[3]. Le diplomate américain Edmund Roberts y effectue ainsi une halte en 1832. Les sécheresses chroniques dues à la déforestation entrainent toutefois des famines régulières, accentuées par l'absence d'aide alimentaire. Entre 1941 et 1948, on compte ainsi 50 000 morts[4], soit plus du tiers de la population, dans l'indifférence des autorités portugaises[5].
24
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25
+ Le manque de ressources naturelles et d'investissements effectués par les Portugais provoquent le mécontentement de la population. Les colons refusent en outre toute velléité d'autonomie locale. Les revendications autonomistes croissent au cours du XXe siècle. Afin d'apaiser la situation politique et satisfaire le mouvement nationaliste émergent, le Portugal modifie le statut juridique du Cap-Vert en 1951 : de simple colonie, l'archipel devient une province ultramarine[3]. À partir de 1956, les indépendantistes du Cap-Vert, menés par Amílcar Cabral, et de la Guinée — autre possession portugaise en Afrique de l'Ouest —, s'allient pour former le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC)[3].
26
+
27
+ Le PAIGC exige alors des améliorations sur les plans économique, social et politique au Cap-Vert et en Guinée portugaise, posant ainsi les bases des mouvements indépendantistes de ces deux nations. En 1960, le parti installe son siège social à Conakry, en Guinée[3]. L'année suivante débute la rébellion armée du PAIGC contre les troupes portugaises : les actes de sabotage se transforment peu à peu en véritable guerre entre les 10 000 soldats du PAIGC, soutenus par l'Union soviétique, et les 35 000 soldats des troupes gouvernementales alliées à d'autres pays africains[3].
28
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29
+ En 1972, les troupes du PAIGC contrôlent la plus grande partie du territoire de la Guinée portugaise, malgré la présence de soldats portugais, mais l'organisation ne parvient pas à s'emparer des îles du Cap-Vert. La Guinée déclare son indépendance en 1973 et est reconnue indépendante de jure en septembre 1974 par le Portugal[3] : elle devient la Guinée-Bissau et a pour premier dirigeant Luís Cabral, le demi-frère du leader indépendantiste capverdien. Déstabilisé par des problèmes politiques internes (la Révolution des œillets d'avril 1974), le Portugal ne peut s'opposer au retour en force du PAIGC au Cap-Vert, soutenu depuis la Guinée-Bissau par Cabral. En décembre 1974, le PAIGC et le Portugal signent un accord prévoyant la constitution d'un gouvernement de transition composée de Portugais et de Capverdiens. Le 30 juin 1975, les Capverdiens élisent une Assemblée nationale à laquelle le Portugal reconnaît la souveraineté le 5 juillet[3]. Aristides Pereira, figure du mouvement anti-colonial et dirigeant du PAIGC, devient le premier président du pays.
30
+
31
+ Dès 1975 est envisagée la réunion du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau. Le coup d'État en Guinée de novembre 1980 provoque un refroidissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le projet d'union est ainsi enterré, et le PAIGC modifie son nom en PAICV (Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert). Il instaure un régime à parti unique d'inspiration marxiste (bien que non-aligné) qui perdure jusqu'en 1990, année où le Cap-Vert s'ouvre au multipartisme. Contraint par la pression populaire, qui réclame davantage de démocratie, le PAICV réunit un congrès extraordinaire en février 1990 pour effectuer des modifications de la Constitution. Plusieurs partis d'opposition s'unissent pour former le Mouvement pour la Démocratie (MPD) en avril 1990 à Praia, et contestent la légitimité de l'élection présidentielle prévue en décembre 1990.
32
+
33
+ Le système à parti unique est officiellement aboli le 28 septembre 1990, et les premières élections libres ont lieu en janvier 1991. Elles voient la large victoire (73,5 %) du candidat du Mouvement pour la Démocratie, António Mascarenhas Monteiro, qui défait Aristides Pereira, président en fonction depuis 1975. Les élections législatives de décembre 1995 accordent une large majorité à l'Assemblée nationale au MPD, avec 50 sièges sur 72. Monteiro est réélu en 1996 et ne se représente pas en 2001. Le candidat du PAICV, Pedro Pires, remporte l'élection de février 2001 et est lui aussi réélu pour un second mandat. Depuis 2011, le président est le dirigeant du MPD Jorge Carlos Fonseca.
34
+
35
+ En raison de sa stabilité politique et de la régularité des élections, le Cap-Vert est considéré comme l'un des pays africains les plus démocratiques. Le 23 juillet 2008, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) accueille le Cap-Vert qui devient le 153e pays membre[6]. Le pays bénéficie d'une altenance pacifique des deux principaux partis, le Mouvement pour la démocratie (MPD), et le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV, l'ancien parti unique), qui se succèdent au pouvoir, et quelquefois y cohabitent (avec un président de l'un et un premier ministre de l'autre). L'archipel souffre par contre du réchauffement climatique et de sécheresses, d'autant plus que l'eau douce y est rare[7]. Les gouvernements ont opté apour une politique de développement des énergies renouvelables[8], ainsi que de l'écotourisme[9].
36
+
37
+ L'archipel du Cap-Vert se trouve dans l'océan Atlantique, au large des côtes du Sénégal, plus précisément de la presqu'île du Cap-Vert. Cette dernière se trouve à 571 kilomètres de Boa Vista, l'île la plus proche, et à 838 km de Santo Antão, la plus éloignée.
38
+ Avec les Canaries, Madère et les Açores, ils forment la Macaronésie. Il se situe entre les 14e et 18e parallèles nord (latitude), et entre les 22e et 26e méridiens ouest (longitude).
39
+
40
+ L'archipel a une forme de sabot de cheval et se compose de dix îles[10] (dont une est inhabitée) et huit îlots[11], recouvrant une superficie totale de 4 033 km2[11]. Il se divise en deux séries d'îles :
41
+
42
+ L'île la plus grande et la plus peuplée est celle de Santiago, qui comprend la capitale et plus grande ville du Cap-Vert, Praia[11]. Trois îles (Sal, Boa Vista and Maio) présentent des paysages plats, sableux et secs. Les autres sont plus montagneuses et comportent davantage de végétation.
43
+
44
+ Le Cap-Vert bénéficie de quatre aéroports internationaux : l'aéroport Amílcar-Cabral sur l'île de Sal, l'aéroport Nelson-Mandela desservant Praia sur l'île de Santiago, l'aéroport Aristides-Pereira sur l'île de Boa Vista et enfin l'aéroport Cesária-Évora sur l'île de São Vicente.
45
+
46
+ La composition géologique des îles est en grande partie d'origine volcanique. Dominée par les roches magmatiques et plutoniques, elle présente des structures caractéristiques des reliefs volcaniques ainsi que des débris pyroclastiques. Sa succession pétrologique est comparable à celle des autres îles de la Macaronésie (Canaries, Madère et Açores). Des anomalies magnétiques identifiées à proximité de l'archipel montrent que sa structure géologique date d'il y a 125 à 150 millions d'années. Les îles elles-mêmes sont apparues il y a huit (à l'ouest) à vingt (à l'est) millions d'années[12]. Les roches les plus anciennes se trouvent à Maio et sur la péninsule du nord de Santiago : il s'agit de pillow lavas datant d'il y a 128 à 131 millions d'années. La première phase du volcanisme capverdien a lieu au début du Miocène et atteint son paroxysme à la fin de cette époque, lorsque les îles atteignent leur taille maximale. Depuis l'apparition de l'humanité, les épisodes volcaniques se sont limités à la seule île de Fogo.
47
+
48
+ L'activité volcanique de ces îles s'explique par la présence d'un point chaud associée à un phénomène de houle bathymétrique, qui aurait formé les îles[13]. Le Pico do Fogo (« Pic de feu ») est le plus grand volcan actif de la région : les dernières coulées de lave ne datent que de 1995 et 2014. Point culminant du Cap-Vert (2 829 m), il possède une caldeira en arc de cercle d'environ huit kilomètres de diamètre et de 1 600 m d'altitude. Formée après l'évacuation du magma lors d'une éruption, elle aurait subi un effondrement de près de 800 mètres il y a environ 250 000 ans. Elle récupère les eaux pluviales lors de la saison des pluies : absorbées par le sol très poreux, elles forment de nombreuses sources au bas de la montagne. En raison de leur formation d'origine volcanique, la plupart des îles ont un relief escarpé. Sur l'île Santiago se trouve un autre sommet remarquable. Il s'agit du Pico da Antónia, un ancien volcan dont l'altitude atteint 1 394 m.
49
+
50
+ Il existe également de vastes déserts de sel sur les îles de Sal et de Maio[11]. À Santiago, Santo Antão, et São Nicolau, des champs de canne à sucre ou des bananeraies se trouvent sur les pentes des volcans dominant l'île[11]. Quelques falaises ont été formées par de violents glissements de terrains[14]. D'après le président de Nauru, le Cap-Vert est le huitième pays le plus menacé par la montée du niveau de la mer engendrée par le réchauffement climatique[15] ; il est à ce titre membre de l'AOSIS.
51
+
52
+ Le climat y est chaud et sec, avec une moyenne des températures située entre 20 et 25 °C. Durant les mois de janvier et février l'archipel subit l'influence des tempêtes de sable venues du Sahara.
53
+
54
+ Bien qu'un bon nombre d'ouragans affectant l'Amérique du Nord et les Antilles, entre mai et novembre, provenant d'ondes tropicales sortant au large de la côte africaine passent par les îles du Cap-Vert, le pays a généralement peu à souffrir de ces systèmes. Ils sont seulement associés avec des zones orageuses désorganisées, étant dans leur stade très préliminaire de formation. Ainsi l'ouragan Fred de 2015 (catégorie 1) était le premier ouragan à toucher ce petit pays depuis 1892 selon le National Hurricane Center américain[16]. Ses vents en rafales à 140 km/h ont arraché des arbres dans certaines îles, les fortes houles ont détruit des équipements de la Marine sur une île, la compagnie aérienne cap-verdienne a annulé ses vols intérieurs et internationaux, les réseaux de télécommunications étaient affectés dans certaines zones mais aucun décès n'a été signalé, selon la Protection civile cap-verdienne et l'Institut national de la météorologie et géophysique (INMG, public)[17].
55
+
56
+ modifier
57
+
58
+ L'archipel constitue une écorégion terrestre dans la classification du Fonds mondial pour la nature sous le nom de « forêts sèches des îles du Cap-Vert ». Elle appartient au biome des forêts de feuillus sèches tropicales et subtropicales de l'écozone afrotropicale.
59
+
60
+ La végétation indigène est aujourd'hui gravement fragmentée et se limite essentiellement aux sommets des montagnes et autres zones inaccessibles. Ces vestiges sont cependant importants, car ils contiennent quelques-unes des rares zones de forêts sèches en Afrique et abritent un certain nombre d'espèces endémiques.
61
+
62
+ La flore du Cap-Vert est très diversifiée et caractérisée par un haut taux d'endémicité. Sur les 240 espèces d'Angiospermes indigènes, 85 sont endémiques[23]. Parmi elles on trouve notamment Aeonium gorgoneum, Campanula bravensis, Nauplius smithii, Artemisia gorgonum, Sideroxylon marginata, Lotus jacobaeus, Lavandula rotundifolia, Sarcostemma daltonii, Euphorbia tuckeyana et Erysimum caboverdeanum.
63
+
64
+ Le Cap-Vert ne possède aucune espèce de mammifère indigène[23], cependant de nombreuses espèces ont été introduites. Parmi elles, un primate, le grivet d'Éthiopie (Cercopithecus aethiops), plusieurs espèces de chauves-souris, l'oreillard gris (Plecotus austriacus), la vespère de Savi (Hypsugo savii), la pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) et une espèce de mangouste, la mangouste rouge (Galerella sanguinea). On trouve des chèvres marronnes sur l'île de Fogo, importées par les Portugais. Ils ont également introduit des rongeurs par accident.
65
+
66
+ Le territoire ne compte pas d'amphibien à l'état naturel, mais une espèce introduite Bufo regularis[23].
67
+
68
+ Le Cap-Vert abrite de nombreuses espèces d'oiseaux, on peut y observer 130 espèces migratrices dont 36 espèces qui nichent sur le territoire[24]. Il compte également des espèces non migratrices dont quatre sont endémiques : le Martinet du Cap-Vert (Apus alexandri), l'alouette de Razo (Alauda razae), la rousserolle du Cap-Vert (Acrocephalus brevipennis) et le moineau du Cap-Vert (Passer iagoensis)[24]. Bien que non endémiques, le flamant rose (Phoenicopterus roseus) et le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) sont très communs.
69
+
70
+ La faune du Cap-Vert est riche en arthropodes, elle compte 111 espèces d'araignées connues dont 41 % endémiques, 470 espèces de coléoptères dont 33 % endémiques, 251 espèces d'hyménoptères dont 33 % endémiques et 204 espèces de diptères dont 26 % endémiques[24].
71
+
72
+ La faune marine est constitué de coraux, de crustacés, de mollusques, de requins et d'autres poissons et de cétacés (dauphins, baleines). On y trouve plusieurs espèces de langoustes comme Panulirus regius, Palinurus charlestoni, Panulirus echinatus et Scyllarides latus[24]. Ces espèces ont été très exploitées en raison de leur valeur économique et sont maintenant en danger[24].
73
+
74
+ Les espèces de poissons les plus communes sont le thon jaune (Thunnus albacares), la bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), Decapterus macarellus, D. punctatus, Selar crumenophthalmus, Epinephelus guaza et Cephalopholis taeniops[24]. Les requins présents appartiennent majoritairement au genre Centrophorus, on peut également observer le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) et Mustelus mustelus[24].
75
+
76
+ L'archipel abrite 5 espèces de tortues marines : la tortue luth (Dermochelys coriacea), la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), la tortue verte (Chelonia mydas) et la tortue caouanne (Caretta caretta)[24]. Ces tortues viennent tous les ans de mai à septembre pour déposer leurs œufs. Les plages de l'île Boa Vista constituent le troisième site mondial de nidification des tortues caouannes[24].
77
+
78
+ En hiver, on peut observer la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) qui se reproduit probablement près de l'archipel durant cette période[24].
79
+
80
+ Le Cap-Vert est une démocratie représentative, ayant pour régime une république de type semi-présidentiel[25],[26]. La constitution, adoptée en 1980 et révisée en 1992, 1995 et 1999, définit les principes de base du gouvernement. Le président est le chef de l'État et est élu par les citoyens pour un mandat d'une durée de cinq ans[3]. Le Premier ministre est à la tête du gouvernement et nomme les ministres et secrétaires d'État. Il est désigné par l'Assemblée nationale, avec approbation du président.
81
+
82
+ Les membres de l'Assemblée nationale sont également élus pour un mandat de cinq ans. Deux partis dominent la vie politique capverdienne depuis l'indépendance[3] :
83
+
84
+ En raison de l'alternance régulière entre les partis depuis 1991 et de la liberté dont bénéficie la presse, le Cap-Vert est considéré comme l'un des pays les plus démocratiques au monde : il figure au 26e rang de l'Indice de démocratie en 2018.
85
+
86
+ Le système judiciaire se compose d'une cour suprême de justice, dont les membres sont nommés par le président, l'Assemblée nationale et le Comité judiciaire, ainsi que de tribunaux répartis sur le territoire. Il existe des chambres traitant les affaires civiles, pénales et administratives. L'appel est effectué auprès de la Cour suprême[3].
87
+
88
+ Sur le plan diplomatique, le Cap-Vert mène une politique de non-alignement tout en développant des relations de partenariat avec des États alliés[3]. Le Cap-Vert montre un intérêt particulier pour les affaires étrangères, notamment sur le continent africain[3]. Treize États disposent d'une ambassade dans la capitale Praia : l'Angola, le Brésil, la Chine, la Libye, Cuba, la France, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, le Sénégal, la Russie, le Luxembourg et les États-Unis[3].
89
+
90
+ En outre, le pays entretient des relations bilatérales avec plusieurs États lusophones et est membre de plusieurs organisations internationales, dont l'ONU et la CEDEAO[3]. En 2011, il ratifie le Statut de Rome et reconnaît ainsi l'autorité de la Cour pénale internationale[27]. Enfin, il envoie des représentants dans la plupart des conférences politiques et économiques internationales.
91
+
92
+ Le gouvernement du Cap-Vert a conclu avec la Commission européenne des accords permettant le versement de fonds de développement à l'archipel. Ces fonds substantiels ont pour objectif la réduction de la pauvreté dans l'archipel et le développement des infrastructures. L'accord réserve également une aide d'urgence en cas de catastrophe humanitaire[28]. Depuis 2007 et la signature de l'Accord de Cotonou, le Cap-Vert dispose d'un statut de partenaire spécial avec l'Union européenne, qui pourrait lui permettre de formuler une demande d'adhésion[29].
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+
94
+ L'agence Frontex, assurant la sécurité des frontières extérieures de l'Union, a conclu un accord bilatéral avec le Cap-Vert pour lutter contre l'immigration illégale en provenance du continent africain. Ce partenariat permet des opérations communes en mer et implique un alignement progressif des méthodes de gestion des frontières maritimes du Cap-Vert sur celles de l'Union Européenne[30].
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+
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+ Les États-Unis disposent d'une représentation diplomatique au Cap-Vert depuis 1818. Ils ont fourni de l'aide humanitaire d'urgence et un soutien financier au Cap-Vert durant les années qui suivent l'indépendance du pays, notamment après des catastrophes naturelles, dont l'ouragan qui ravagea l'île de Brava en 1982, ou l'éruption volcanique à Fogo en 1995. Le pays peut également bénéficier de tarifs douaniers spéciaux dans le cadre de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) et a signé un accord permettant la traversée de son espace aérien. Le 4 juillet 2005, le Cap-Vert devient le troisième pays à s'engager dans le programme bilatéral de développement financé par le gouvernement américain, le Millennium Challenge Account. 110 millions de dollars sont investis en cinq ans pour favoriser le développement économique en milieu rural, la construction d'infrastructures et encourager la multiplication des prêts bancaires[3].
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+ Les forces armées du Cap-Vert (« Forças Armadas Cabo Verdeanas », FACV) comptent 1 200 militaires.
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+ Lorsqu'il accède à l'indépendance en 1975, l'archipel du Cap-Vert hérite d'une situation économique difficile, issue de plusieurs années de sécheresse et de plusieurs siècles de stagnation économique sous la domination coloniale portugaise. L'agriculture de ce territoire ne peut couvrir qu'une faible partie des besoins alimentaires, moins de 10 %. La balance commerciale est profondément déficitaire, de l'ordre de 93 %, et les caisses de l'État sont vides[31].
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+ Les premiers dirigeants du nouvel État indépendant sont issus du mouvement indépendantiste et créateurs d'un parti, le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert (PAICV), qui est initialement promu comme parti unique, au pouvoir dans la deuxième moitié des années 1970 et dans les années 1980. Ces dirigeants cherchent à restaurer l'activité agricole, développer la pêche, l'exploitation du sel, le tourisme, et amorcer la création d'une industrie (conserveries, cimenteries, textiles). Un plan de reforestation est également initialisé[31]. La santé et l'éducation sont aussi parmi les priorités mises en avant..
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+ L'arrivée au pouvoir du Mouvement pour la démocratie (MPD, centre droit) en 1991 accélère le passage à l'économie de marché (commencé dès les années 1980). Le gouvernement lance alors un programme de privatisation et en appelle aux investisseurs étrangers (banques, centrales électriques, stations-service, etc.). Au XXIe siècle, le pays connaît une certaine stabilité politique marquée par une alternance démocratique entre le MPD et l'ancien parti unique, le PAICV. Il bénéficie d'un développement économique. Si le secteur agricole ne représente encore, avec la pêche, que 10 % environ du PIB dans les années 2010, il emploie 50 % de la population active. Les activités de services et de tourisme se développent[32].
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+ L'économie est orientée vers les services avec le commerce, les transports, le tourisme et les services publics. Ce qui représente trois quarts du PIB[33]. Le pays dépend aussi de l'aide au développement, des investissements étrangers et des transferts de fonds[33]. Ses ressources naturelles principales sont essentiellement le sel, la pouzzolane (quelques milliers de tonnes extraites du sol chaque année, utilisée dans la fabrication du ciment), et la pêche[32].
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+ La croissance annuelle moyenne se situe autour de 5% au début des années 2010, l'inflation est maîtrisée et le P.I.B. par habitant s'élève en 2010 à 3 000 dollars, une bonne performance comparée aux autres pays d'Afrique subsaharienne[32]. L'escudo cap-verdien était arrimé à parité fixe depuis le 5 juillet 1998 à l'escudo portugais avant de l'être à l'euro depuis 1999, au taux de change de 110,265 escudos pour un euro.
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+
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+ En 2020, la pandémie de Covid-19 contraint le gouvernement à prendre des mesures sanitaires visant à freiner la propagation du virus dans l'archipel, comme la suspension des transports aériens et maritimes vers les îles, entraînant ainsi un manque à gagner pour l'industrie du tourisme, qui représentait avant cette crise 20 % du PIB[34].
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+ Alors que l'électricité est produite à partir de fioul et diesel, le pays développe les énergies renouvelables (éolien et solaire) dans les années 2010, avec 25 % du mix énergétique (4 fermes éoliennes)[35].
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+ Le Cap-Vert est resté inhabité jusqu'à l'arrivée des colons portugais en 1456 et sa population est issue d'un métissage entre ces derniers (en particulier des Portugais des Açores et de Madère) et les esclaves en provenance du continent africain, surtout de l'ouest africain. Un certain nombre d'autres Européens s'installèrent également sur l'archipel, ainsi qu'une communauté de juifs espagnols et portugais fuyant l'Inquisition. Ils se sont tous rapidement assimilés.
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+ La population, descendant des esclaves transportés par les Portugais pour travailler dans les plantations ou être vendus au Brésil, est composée d'un fonds très métissé. Les Blancs n'étaient que 3 % à l'indépendance et les métis constituent plus de deux tiers des citadins. Jeune (45 % de moins de 15 ans), cette population encore très rurale (70 %) croît au rythme de 1,9 % l'an [estimation 1997], et la pauvreté du pays contraint de nombreux Cap-Verdiens à s'expatrier. De plus, sous l'influence d'un exode rural, près de 30 % de la population réside désormais dans les villes de Praia et de Mindelo (50 000 habitants).
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+ La diaspora – environ 700 000 ressortissants à l'étranger pour 500 000 personnes résidentes dans les pays suivants : États-Unis, Portugal, France, Luxembourg, Pays-Bas, Sénégal, Suisse, Angola, et Sao Tomé-et-Principe. Son rôle économique est capital pour les gains en devises, mais les migrations sont menacées en raison des contrôles renforcés aux frontières européennes. Le portugais est la langue officielle. Le créole crioulo est la langue nationale. Les Cap-Verdiens sont en majorité catholiques (93,2 %). À l'étroit sur une terre exiguë et peu fertile, la population capverdienne subit de très nombreuses famines jusqu'à l'indépendance du pays en 1975. Aujourd'hui, l'aide alimentaire a permis d'éradiquer les famines mais le Cap-Vert reste une terre d'émigration.
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120
+ Avec 523568 habitants en 2012, le Cap-Vert est l'un des pays les moins peuplés d'Afrique. Sa population en 2012 est composée à 32,6 % de personnes entre 0 et 14 ans, à 61,9 % de personnes entre 15 et 64 ans et de 5,5 % personnes de 65 ans ou plus. Sa densité humaine est de 129,8 hab./km2. Les hommes ont une espérance de vie de 66,78 ans alors que pour les femmes celle-ci est de 73,27 ans.
121
+
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+ Le pays connait en 2011 un taux de croissance de la population de 1,43 %, avec un taux de natalité de 21,21 ‰, un taux de mortalité de 6,28 ‰, un taux de mortalité infantile de 26,02 ‰, un taux de fécondité de 2,44 enfants par femme et un taux de migration négatif de -0,66 %.
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+ Les groupes ethniques sont les suivants : Créoles (mulâtre) : 71 %, Africains : 28 %, Européens : 1 %[36].
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+ Le christianisme (85-95 %), importé par les Portugais, est la première religion du pays.
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+ Le catholicisme (75-85 %) est très majoritaire. Le clergé a d’ailleurs une grande influence sur la vie sociale et politique du pays. Les églises sont présentes partout. À Cidade Velha, ancienne capitale sur l’île de Santiago, se trouvent les ruines de la première cathédrale africaine. Contrairement à Cuba ou au Brésil, par exemple, il n’y a a priori pas eu au Cap-Vert de fusion avec des rituels animistes. Les Cap-Verdiens pratiquent la même religion que les Portugais.
129
+
130
+ La deuxième religion du pays est le protestantisme (4-5 %). Presque chaque ville possède son temple. La principale dénomination protestante au Cap-vert est le méthodisme (Église du Nazaréen), puis viennent l’Église Adventiste du Septième Jour et les Pentecôtistes (Assemblées de Dieu).
131
+
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+ Le judaïsme s'est implanté dès les origines du peuplement des îles. Un hameau de la commune de Paul s'appelle d'ailleurs Sinagoga.
133
+
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+ L’islam (voir islam au Cap-Vert (<0,5 %)) commence à peine à faire son apparition avec l’arrivée des Sénégalais, Nigérians, entre autres immigrants de côte occidentale. De même, le bouddhisme et l'hindouisme sont la spiritualité de minorités récentes.
135
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+ Les agnostiques représenteraient 10 %, et les athées 1 %.
137
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+ La langue officielle du Cap-Vert est le portugais mais les habitants parlent majoritairement le créole capverdien (crioulo en portugais, criolo ou criol en créole capverdien). L'anglais et le français sont enseignés à l’école. Le Cap-Vert fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie et de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
139
+
140
+ Il existe des variations régionales du créole, propres à chacune des 9 îles habitées mais qui ne sont pas suffisamment importantes pour empêcher la compréhension entre les habitants. Les différents créoles du Cap-Vert peuvent être séparés en deux groupes : les créoles de Sotavento (Brava, Fogo, Santiago et Maio) et les créoles de Barlavento (Boa Vista, Sal, São Nicolau, São Vicente et Santo Antão).
141
+
142
+ Les régions de Ribeira Grande, de Santiago et de Santa Catarina do Fogo sont membres de l'Association internationale des régions francophones[37].
143
+
144
+ De plus, les municipalités de Praia et São Vicente sont membres de l'Association internationale des maires francophones[38].
145
+
146
+ La culture du Cap-Vert est d’origine africaine et portugaise. Il existe différents genres de musique comme le funaná, la coladeira, la morna (rendue célèbre dans le monde entier grâce à Cesária Évora), la mazurca ou encore le batuque.
147
+
148
+ La musique du Cap-vert se rapproche du zouk des Antilles françaises, soit sous sa forme originaire, soit sous des formes dérivées (le colá-zouk, mélange de zouk avec la coladeira et la kizomba, mélange de zouk avec du semba) est populaire chez les jeunes. Quelques-uns de ses meilleurs représentants sont, entre autres, Gil Semedo Moreira et Suzanna Lubrano (qui a gagné un Kora Awards en 2003) qui vivent aux Pays-Bas.
149
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+ Si Césaria Évora reste encore l'étendard du Cap-Vert, la jeune génération de chanteuses représentée par Mayra Andrade, Elida Almeida, Nancy Vieira, Lura ou Sara Tavares se fait connaître en Europe et dans le monde lusophone.
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+ Le Festival de musique de Baía das Gatas a acquis une notoriété internationale.
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+ Le Cap-Vert a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Føroyar (fo)Færøerne (da)
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+ Les Îles Féroé (en féroïen : Føroyar, /ˈføːɹjaɹ/ ; en danois : Færøerne, /ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə/) sont un pays constitutif du Royaume du Danemark, avec le Danemark et le Groenland. Ce territoire est composé de l'archipel subarctique du même nom situé dans l'océan Atlantique nord, non loin de la mer de Norvège que seule l'île de Fugloy baigne par son cap nord-est. Les pointes septentrionales des îles de Streymoy et Eysturoy sont à peu près équidistantes de l'Écosse et de l'Islande. L'archipel a une superficie de 1 400 km2 et compte 52 110 habitants en 2020, appelés Féroïens.
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7
+ Les Îles Féroé sont une province autonome du royaume du Danemark depuis 1948 ; elles possèdent un gouvernement qui leur est propre et qui a compétence dans toutes les affaires à l'exception de la Défense. Un ministre des Affaires étrangères est nommé en 2008.
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+ En danois, le nom de l'archipel est Færøerne (prononcé [ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə]). Le terme pourrait provenir du vieux norrois fær (« mouton »), øerne étant le pluriel défini d'ø (« île ») en danois. Færøerne signifierait selon cette hypothèse « les îles des moutons » [3]. En féroïen, son nom est Føroyar (prononcé [ˈføːɹjaɹ]). Oyar est le pluriel d'oy, terme désuet pour « île ».
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11
+ Le toponyme « îles Féroé » est donc redondant puisque les termes øerne et oyar signifient déjà « îles ».
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13
+ Les « îles Féroé » avec une minuscule à « îles » désignent l'archipel dans un sens géographique tandis que « Îles Féroé » avec une majuscule à « Îles » désignent le territoire dans un sens administratif.
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+ Le toponyme « îles Féroés » avec un pluriel à « Féroés » se rencontre parfois mais est erroné.
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17
+ L'histoire ancienne de l'archipel est mal connue. L'occupation humaine pourrait dater du IVe siècle[4]. Des moines hiberno-écossais pourraient s'y être installés au VIe siècle et y avoir introduit des moutons et des chèvres, mais ce point n'est pas confirmé.
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+ Vers 650, des Scandinaves s'installent sur l'archipel, y apportant le vieux norrois qui évolue par la suite pour donner le féroïen actuel. On suppose que ces colons ne viennent pas directement de Scandinavie mais plutôt de communautés scandinaves autour de la mer d'Irlande, des Shetland ou des Orcades et des Norvégiens-Gaëls. Selon la saga des Féroïens, le premier homme à poser pied sur les îles Féroé, Grímr Kamban, fuyait la tyrannie du roi de Norvège Harald Ier.
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21
+ Au XIe siècle, Sigmundur Brestisson, dont le clan a prospéré dans le Sud des îles mais a été quasiment exterminé par des envahisseurs venus du Nord de l'archipel, s'échappe en Norvège. Il est renvoyé aux îles Féroé afin d'en prendre possession au nom du jarl Håkon Sigurdsson. Il introduit le christianisme et, malgré son assassinat par la suite, les îles deviennent la possession du roi de Norvège Olaf Tryggvason. La domination norvégienne se maintient jusqu'en 1386, lorsque les îles sont intégrées à l'Union de Kalmar puis à la double monarchie Danemark-Norvège. Le Danemark prend progressivement le contrôle de l'archipel et, lorsque l'union avec la Norvège est dissoute en 1814 au traité de Kiel, conserve la possession des îles.
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+ Le monopole du commerce dans les îles Féroé est aboli en 1856. Vers la fin du XIXe siècle, l'archipel connait un éveil national, initialement centré sur le maintien du féroïen et donc d'abord culturellement orienté, puis politiquement après 1906, avec la création des premiers partis politiques.
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+ Le 12 avril 1940, trois jours après l'invasion du Danemark par l'Allemagne nazie, les troupes britanniques envahissent l'archipel pour éviter que les Allemands n'y établissent une base avancée et pour renforcer le contrôle britannique dans l'Atlantique Nord. En 1942–1943, les Britanniques construisent le seul aéroport des îles, l'aéroport de Vágar. Le contrôle de l'archipel est restitué au Danemark à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais une autonomie large est introduite en 1948. En 1973, les Îles Féroé ne rejoignent pas la Communauté européenne avec le Danemark. L'archipel connait de sérieuses difficultés économiques dans les années 1990, à la suite de l'effondrement de l'industrie de la pêche, et essaye dès lors de diversifier son économie. Le soutien à l'indépendance a grandi et est d'ailleurs l'un des objectifs du Tjóðveldi (Parti républicain).
26
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27
+ En mars 2000, le gouvernement féroïen présente au gouvernement danois un projet d'indépendance totale, à l'exception de la couronne danoise qui resterait la monnaie de l'archipel et du souverain du Danemark qui demeurerait le chef d'État de l'archipel. Dans ce projet, une coopération est prévue dans les domaines de la justice, de la santé et du transport aérien. Le gouvernement danois répond que cette indépendance se traduirait par un arrêt de l'aide financière (un milliard de couronnes par an) et exige aussi le remboursement de la dette (six milliards de couronnes). Devant cette menace et dans le contexte de la crise économique sur l'archipel à la suite de l'effondrement des cours du poisson, le référendum prévu pour le 26 mai 2001 est annulé. Les sondages locaux donnaient alors des avis partagés (environ 45 % pour l'indépendance, 45 % contre).
28
+
29
+ En avril 2004, un référendum est cette fois-ci organisé, et les partisans de l'indépendance l'emportent avec 50,72 % des voix (pour une participation de 91,1 %) ; le gouvernement féroëin annonce alors l'indépendance prochaine de l'archipel, mais le gouvernement danois la refuse et le statu quo est maintenu. Un nouveau référendum sur l'indépendance, accepté par le gouvernement danois, est cependant prévu pour le 25 avril 2018[5]. Finalement le référendum n’est pas organisé et repoussé sine die[6].
30
+
31
+ Timbre des îles Féroé reproduisant une carte des pays scandinaves en 1573 (l'archipel figure au centre de l'image).
32
+
33
+ Torshavn en 1839 par Barthélemy Lauvergne (1805-1871) « Atlas Pittoresque » de l'expédition de la Recherche[7]
34
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35
+ La péninsule de Tinganes à Tórshavn, abritant le siège du gouvernement des Îles Féroé.
36
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37
+ La vieille Christianskirkja (église de Christian) de Klaksvík. Dédiée à Christian X de Danemark, ce lieu de culte est consacré à la mémoire des marins qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les îles Féroé forment un archipel de dix-huit îles principales au large de l'Europe du Nord, situées dans l'océan Atlantique nord, à 291 km à l'ouest-nord-ouest des îles Shetland et non loin de la mer de Norvège. Elles sont centrées sur 62°N et 7°W.
44
+
45
+ La terre la plus proche est l'île écossaise de North Rona, à 256 km au sud. La côte d'Écosse est située à 322 km au sud-sud-est et Aberdeen ne se trouve qu'à 540 km. L'Islande est située à 431 km au nord-ouest et sa capitale, Reykjavik, à 762 km. Le Danemark est distant de 989 km au sud-est et sa capitale, Copenhague, de 1 283 km. La Norvège, avec la ville de Bergen, est distante de 656 km à l'est.
46
+
47
+ La superficie de l'archipel atteint 1 399 km2. Le tracé littoral est évalué à 1 117 km. Aucun lieu n’est à plus de 5 km du littoral. Le point culminant de l'archipel est le Slættaratindur, avec 882 m d'altitude. Il ne possède pas de lac ou de cours d'eau importants. Les profondeurs autour des îles sont comprises entre 150 et 200 m.
48
+
49
+ Les 18 îles principales sont Fugloy, Svínoy, Borðoy, Viðoy, Kunoy, Kalsoy, Eysturoy, Streymoy, Vágar, Mykines, Hestur, Koltur, Nólsoy, Sandoy, Skúvoy, Stóra Dímun, Lítla Dímun et Suðuroy[8].
50
+
51
+ Selon la classification de Köppen, le climat de ces îles est subarctique maritime. Le caractère océanique est déterminé par la dérive nord atlantique : les étés sont frais (températures moyennes : 9,5 à 11 °C) et les hivers sont doux (températures moyennes : 3 à 4 °C) ; les brouillards sont fréquents et les vents forts (la vitesse moyenne du vent est de 16 km/h à 22 km/h). On compte quelque 260 jours de pluie par an en moyenne. La moyenne des précipitations annuelles sur la capitale est de 1 280 mm et il tombe jusqu’à plus de 3 000 mm sur les sommets septentrionaux.
52
+
53
+ L'archipel ne fait donc pas partie de l'Arctique si on se réfère à la ligne de Köppen (c'est-à-dire l'isotherme de +10 °C pour la moyenne thermique du mois le moins froid).
54
+
55
+ Les deux courants dominants, tiède en surface (correspondant à la prolongation du Gulf Stream) et froid en profondeur (issu de la mer de Norvège), se mêlent de telle sorte que ces eaux sont riches en éléments nutritifs et attirent les poissons.
56
+
57
+ Dès le début du XVIIe siècle, les géologues se sont surtout intéressés aux minces couches de charbon intercalées entre les formations de basalte. À la fin du XVIIIe siècle, les basaltes des îles Féroé ont été au centre des débats entre neptunistes et plutoniens et la première prospection géologique des îles a commencé dans les années 1820 (Cf. travaux de James et Archibald Geikie qui ont ouvert la voie à Joannes Rasmussen, considéré comme le père de la géologie de ces îles).
58
+
59
+ Le géologue Joseph Marie Élisabeth Durocher consacra la thèse de son diplôme d'ingénieur géologue de l'École des Mines de Paris aux roches et minéraux des îles Féroé. Puis il parcourt le nord de l'Europe pour étudier les dépôts métallifères et contribue à des articles sur la géologie, la minéralogie, la métallurgie et la chimie, notamment dans l'ouvrage de Paul Gaimard Voyages de la commission scientifique du Nord de la Scandinavie, en Laponie, au Spitlberg et aux Féroé, pendant les années 1838-1840.
60
+
61
+ J. Rasmussen a publié la première carte géologique complète en 1969.
62
+
63
+ L'archipel présente une orientation des reliefs — fjords et crêtes — assez nette. La question de cette organisation peut être posée en fonction d’un système de fracturation profond indépendamment des tunnels sous-marins et des fractures plus superficielles.
64
+
65
+ Sur la carte géologique, trois grands ensembles basaltiques se partagent l'archipel qui fait partie de l'ensemble volcanique de l'Atlantique Nord avec Antrim, Jan Mayen, les Hébrides, l'Islande et une partie du Groenland (essentiellement au sud du Scoresby Sund). Sept formations sont reconnues par les géologues (dont la plus ancienne, Lopra, est constituée de diverses volcanoclastites : lapilli et tuffs). Les îles Féroé sont dominées par des laves basaltiques de type tholéite, formées au Paléogène sur une épaisseur de 6,6 km[9]. Le plateau Groenland-Féroé s'est vraisemblablement formé par déplacement du point chaud islandais (et peut-être par le déplacement du plateau Vøring), il y a environ 62−54 millions d'années (un contexte de marge passive volcanique liée avec le point chaud de l’Islande). Lorsque le point chaud du Groenland parvient à la marge orientale de celui-ci, il y a synergie avec la dorsale médio-atlantique et cette hyperactivité crée l'archipel volcanique. Un second plateau volcanique — le plateau océanique islandais actuel — se forme lorsque le plateau s'approche de la dorsale.
66
+
67
+ Contrairement à ce qui était proposé précédemment, les géologues pensent que de grands flux composés de laves pāhoehoe ont été charriés durant plusieurs mois à plusieurs années et pas des flux de laves de type ʻaʻā mises en place rapidement. Le Suðuroy, avec la formation Beinisvørð (la vaste étendue latérale sur 20 m d'épaisseur), montre des lobes caractéristiques de pāhoehoe gonflées. Ils sont bas et plans plutôt que scoriacés comme de la lave a'a. Ainsi les zones scoriacées supérieures sont réinterprétées comme des altérations dues à la pédogenèse (développement du sol).
68
+ Les dykes et sills sont nombreux.
69
+
70
+ Entre les éruptions du « groupe basaltique des îles Féroé » (FIGB) se sont développés des paléosols (sols fossiles) dont la formation est envisagée entre 10 000 et 50 000 ans même pour les plus épais et des grès d’origine volcanoclastique et fluviale (autrefois considérés comme des tufs pyroclastiques). Des prêles, espèces pionnières très résistantes, sont trouvées généralement sur ces formations fluviales. D’autres faciès entre les éruptions sont constitués de charbon (jusqu’à 9 m d’épaisseur à Suðuroy)[10],[11],[12].
71
+
72
+ L'érosion et l'altération puis le transport et le dépôt des sédiments ont largement participé à l’élaboration du modelé de ces paysages volcaniques actuels. Les côtes des îles sont accidentées et rocheuses : même si quelques crêtes basses sont présentes, la plupart des côtes sont à falaises.
73
+
74
+ modifier
75
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+ L'archipel constitue une écorégion terrestre dans la classification du Fonds mondial pour la nature sous le nom de « prairies boréales des îles Féroé ». Elle appartient au biome des prairies, savanes et brousses tempérées de l'écozone paléarctique.
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+ La flore de l’archipel est constituée par quelque 400 espèces dont plus de la moitié sont communes à l'Islande. Cette flore est peu diversifiée en raison d'une recolonisation postglaciaire récente. Une espèce endémique commune avec l'Islande s'est cependant développée : Alchemilla faeroensis (sv).
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+ Les formations végétales dominantes sont des prairies ou des landes (à Callune en particulier) où les espèces ligneuses sont peu représentées (Calluna vulgaris, Salix herbacea, S. lanata, saule arctique, S. phylicifolia et Juniperus communis). Il n’y a en effet pas (ou plus) de forêts natives mais l’analyse pollinique et de macrorestes révèle dans des sols datés d'environ 2 300 ans av. J.-C. la présence de bouleaux et de noisetiers (Betula pubescens, Corylus avelana) avant l’installation humaine.
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+ Beaucoup d’espèces ont été introduites notamment depuis les années 1970 en provenance de régions au climat océanique frais similaire et également soumis aux embruns.
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+ De l’hémisphère austral (Amérique latine, Nouvelle-Zélande, Tasmanie) viennent l’Araucaria (Araucariacée) d’Argentine et du Chili, Drimys winteri (Winteracée), Maytenus magellanica (Célestracée), Embothrium coccineum (Protéacée) et des hêtres austraux de Terre de Feu (Nothofagus antarctica, N. pumilio, N. betuloides). Les îles Féroé comptent la plus grande population de hêtres austraux en Europe.
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+ De l’hémisphère boréal, essentiellement d’Alaska, sont plantés des pins, épicéas, saules, peupliers et aulnes : Pin tordu, épinette de Sitka, Salix alaxensis, Populus trichocarpa, aulne vert, A. sinuata.
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+ Le gouvernement des Îles Féroé possède le pouvoir exécutif dans les affaires locales. Son chef appelé le Løgmaður (littéralement « personne de loi ») est l'équivalent d'un premier ministre. Les autres membres du gouvernement sont appelés landsstýrismaður (« personne du comité national »).
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+ Le Løgting est le parlement monocaméral des Îles Féroé. Il comprend 33 membres, élus au suffrage universel pour quatre ans.
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+ Les Îles Féroé sont sous le contrôle du Danemark depuis 1388. Depuis 1948, l'archipel est une province autonome et reçoit d'importantes subventions annuelles de la part du Danemark. En tant que territoire autonome, les Îles Féroé sont un membre du Conseil nordique. Les Îles Féroé ne sont pas reconnues par l'ONU en tant que nation indépendante.
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+ Les habitants des Îles Féroé sont partagés à peu près en parts égales entre les partisans de l'indépendance et ceux qui préfèrent rester dans le royaume du Danemark. Les opinions sont elles-mêmes très diverses à l'intérieur de ces deux camps. Pour les partisans de l'indépendance, elles vont d'une déclaration immédiate et unilatérale à une séparation progressive et consensuelle du Danemark. Parmi les unionistes, certains accueillent favorablement une autonomie accrue des Îles Féroé.
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+ Un référendum devait être organisé le 15 avril 2018 sur ce sujet, mais a été repoussé sine die par absence d'accord des partis politiques[18],[19].
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+ Comme explicitement spécifié dans les deux traités de Rome, les Îles Féroé ne font pas partie de l'Union européenne. Qui plus est, le traité d'accession du Danemark précise que les citoyens danois résidant dans les Îles Féroé ne sont pas citoyens de l'Union européenne. L'archipel n'est pas couvert par la convention de Schengen mais il n'existe aucun contrôle douanier lorsque l'on voyage entre les Îles Féroé et un pays membre de l'espace Schengen, les Îles Féroé étant membres de l'Union nordique des passeports depuis 1966[20].
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100
+ Après les crises économiques des années 1990, provoquées par les baisses des prix des produits issus de pêche, les Îles Féroé ont un taux de chômage inférieur à 5 % depuis la mi-1998. Cependant, l'économie est toujours fondée sur la pêche, elle reste donc très dépendante des fluctuations des prix du poisson. Les gisements de pétrole qui ont été trouvés dans les eaux territoriales pourraient permettre aux îles d'avoir une économie plus dynamique.
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102
+ En 2013, les Îles Féroé ont connu un important litige avec l'Union européenne sur leur politique de pêche. L'UE avait alors accusé l'archipel de pratiquer la surpêche et avait imposé une interdiction d'importation des harengs et des maquereaux féroïens sur le marché européen, finalement levée en août 2014 à la suite d'un accord politique entre l'UE et les Îles Féroé[21].
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+ Près de 60 % de l'électricité produite aux Îles Féroé provient d'énergies renouvelables[22].
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+ Au 1er janvier 2020, les Îles Féroé comptaient 52 110 habitants[1]. L'archipel connaît une baisse de la population, de nombreux jeunes restant au Danemark ou à l'étranger après leurs études[23], mais également un déséquilibre entre hommes et femmes. Ainsi en 2013, pour la tranche de 25-59 ans, la population était de 11 092 hommes contre 9 865 femmes[23], cet écart s'expliquant par un plus grand exode de ces dernières.
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+ La langue utilisée est le féroïen qui est beaucoup plus proche de l'islandais que du danois.
109
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+ L'anglais est aussi largement utilisé dans l'administration, et est parlé ou compris par 85 % de la population, surtout chez les jeunes, qui sont généralement bilingues (féroïen/anglais, féroïen/danois), ou trilingues (danois/anglais/féroïen).
111
+
112
+ Le grindadráp (aussi appelé grind) est une chasse aux cétacés (globicéphales noirs, dauphins à flancs blancs et grands dauphins) traditionnelle dont l'existence est relatée depuis 1584[24] mais remonte sans doute à bien plus longtemps quand le manque de ressources de l'archipel était avéré. Cette tradition très contestée en Europe continue à être pratiquée dans les îles[25],[26],[27].
113
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+ Le pays compte une bibliothèque nationale, la bibliothèque nationale des Féroé.
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+
116
+ Les Îles Féroé sont reconnues par la fédération internationale de football association (FIFA) comme pays membre. Ainsi la fédération des Îles Féroé de football (environ quatre mille licenciés dans les années 2000) organise le championnat des Îles Féroé de football et régit l'équipe des Îles Féroé de football pour les compétitions internationales.
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+ Les Îles Féroé ont pour code :
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+ Viðareiði
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+ Gásadalur
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+ Hvalba
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+ Vágar
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+ Lítla Dímun
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+ Lopra (en)
131
+
132
+ Porkeri, île de Suðuroy
133
+
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+ Vágur, île de Suðuroy
135
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136
+ L'église de Porkeri (1847), île de Suðuroy
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138
+ Le port de Klaksvík (seconde ville de l'archipel), île de Borðoy
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+ Sørvágur, île de Vágar et île de Mykines en arrière-plan
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+ Mykines
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+ Étudiantes en costume de promotion (2003)
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+ Chasse des globicéphales
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Føroyar (fo)Færøerne (da)
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+ Les Îles Féroé (en féroïen : Føroyar, /ˈføːɹjaɹ/ ; en danois : Færøerne, /ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə/) sont un pays constitutif du Royaume du Danemark, avec le Danemark et le Groenland. Ce territoire est composé de l'archipel subarctique du même nom situé dans l'océan Atlantique nord, non loin de la mer de Norvège que seule l'île de Fugloy baigne par son cap nord-est. Les pointes septentrionales des îles de Streymoy et Eysturoy sont à peu près équidistantes de l'Écosse et de l'Islande. L'archipel a une superficie de 1 400 km2 et compte 52 110 habitants en 2020, appelés Féroïens.
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+ Les Îles Féroé sont une province autonome du royaume du Danemark depuis 1948 ; elles possèdent un gouvernement qui leur est propre et qui a compétence dans toutes les affaires à l'exception de la Défense. Un ministre des Affaires étrangères est nommé en 2008.
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+ En danois, le nom de l'archipel est Færøerne (prononcé [ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə]). Le terme pourrait provenir du vieux norrois fær (« mouton »), øerne étant le pluriel défini d'ø (« île ») en danois. Færøerne signifierait selon cette hypothèse « les îles des moutons » [3]. En féroïen, son nom est Føroyar (prononcé [ˈføːɹjaɹ]). Oyar est le pluriel d'oy, terme désuet pour « île ».
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11
+ Le toponyme « îles Féroé » est donc redondant puisque les termes øerne et oyar signifient déjà « îles ».
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+ Les « îles Féroé » avec une minuscule à « îles » désignent l'archipel dans un sens géographique tandis que « Îles Féroé » avec une majuscule à « Îles » désignent le territoire dans un sens administratif.
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+ Le toponyme « îles Féroés » avec un pluriel à « Féroés » se rencontre parfois mais est erroné.
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+ L'histoire ancienne de l'archipel est mal connue. L'occupation humaine pourrait dater du IVe siècle[4]. Des moines hiberno-écossais pourraient s'y être installés au VIe siècle et y avoir introduit des moutons et des chèvres, mais ce point n'est pas confirmé.
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+ Vers 650, des Scandinaves s'installent sur l'archipel, y apportant le vieux norrois qui évolue par la suite pour donner le féroïen actuel. On suppose que ces colons ne viennent pas directement de Scandinavie mais plutôt de communautés scandinaves autour de la mer d'Irlande, des Shetland ou des Orcades et des Norvégiens-Gaëls. Selon la saga des Féroïens, le premier homme à poser pied sur les îles Féroé, Grímr Kamban, fuyait la tyrannie du roi de Norvège Harald Ier.
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21
+ Au XIe siècle, Sigmundur Brestisson, dont le clan a prospéré dans le Sud des îles mais a été quasiment exterminé par des envahisseurs venus du Nord de l'archipel, s'échappe en Norvège. Il est renvoyé aux îles Féroé afin d'en prendre possession au nom du jarl Håkon Sigurdsson. Il introduit le christianisme et, malgré son assassinat par la suite, les îles deviennent la possession du roi de Norvège Olaf Tryggvason. La domination norvégienne se maintient jusqu'en 1386, lorsque les îles sont intégrées à l'Union de Kalmar puis à la double monarchie Danemark-Norvège. Le Danemark prend progressivement le contrôle de l'archipel et, lorsque l'union avec la Norvège est dissoute en 1814 au traité de Kiel, conserve la possession des îles.
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+ Le monopole du commerce dans les îles Féroé est aboli en 1856. Vers la fin du XIXe siècle, l'archipel connait un éveil national, initialement centré sur le maintien du féroïen et donc d'abord culturellement orienté, puis politiquement après 1906, avec la création des premiers partis politiques.
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+ Le 12 avril 1940, trois jours après l'invasion du Danemark par l'Allemagne nazie, les troupes britanniques envahissent l'archipel pour éviter que les Allemands n'y établissent une base avancée et pour renforcer le contrôle britannique dans l'Atlantique Nord. En 1942–1943, les Britanniques construisent le seul aéroport des îles, l'aéroport de Vágar. Le contrôle de l'archipel est restitué au Danemark à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais une autonomie large est introduite en 1948. En 1973, les Îles Féroé ne rejoignent pas la Communauté européenne avec le Danemark. L'archipel connait de sérieuses difficultés économiques dans les années 1990, à la suite de l'effondrement de l'industrie de la pêche, et essaye dès lors de diversifier son économie. Le soutien à l'indépendance a grandi et est d'ailleurs l'un des objectifs du Tjóðveldi (Parti républicain).
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+ En mars 2000, le gouvernement féroïen présente au gouvernement danois un projet d'indépendance totale, à l'exception de la couronne danoise qui resterait la monnaie de l'archipel et du souverain du Danemark qui demeurerait le chef d'État de l'archipel. Dans ce projet, une coopération est prévue dans les domaines de la justice, de la santé et du transport aérien. Le gouvernement danois répond que cette indépendance se traduirait par un arrêt de l'aide financière (un milliard de couronnes par an) et exige aussi le remboursement de la dette (six milliards de couronnes). Devant cette menace et dans le contexte de la crise économique sur l'archipel à la suite de l'effondrement des cours du poisson, le référendum prévu pour le 26 mai 2001 est annulé. Les sondages locaux donnaient alors des avis partagés (environ 45 % pour l'indépendance, 45 % contre).
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+ En avril 2004, un référendum est cette fois-ci organisé, et les partisans de l'indépendance l'emportent avec 50,72 % des voix (pour une participation de 91,1 %) ; le gouvernement féroëin annonce alors l'indépendance prochaine de l'archipel, mais le gouvernement danois la refuse et le statu quo est maintenu. Un nouveau référendum sur l'indépendance, accepté par le gouvernement danois, est cependant prévu pour le 25 avril 2018[5]. Finalement le référendum n’est pas organisé et repoussé sine die[6].
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31
+ Timbre des îles Féroé reproduisant une carte des pays scandinaves en 1573 (l'archipel figure au centre de l'image).
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+ Torshavn en 1839 par Barthélemy Lauvergne (1805-1871) « Atlas Pittoresque » de l'expédition de la Recherche[7]
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+ La péninsule de Tinganes à Tórshavn, abritant le siège du gouvernement des Îles Féroé.
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+ La vieille Christianskirkja (église de Christian) de Klaksvík. Dédiée à Christian X de Danemark, ce lieu de culte est consacré à la mémoire des marins qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les îles Féroé forment un archipel de dix-huit îles principales au large de l'Europe du Nord, situées dans l'océan Atlantique nord, à 291 km à l'ouest-nord-ouest des îles Shetland et non loin de la mer de Norvège. Elles sont centrées sur 62°N et 7°W.
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+ La terre la plus proche est l'île écossaise de North Rona, à 256 km au sud. La côte d'Écosse est située à 322 km au sud-sud-est et Aberdeen ne se trouve qu'à 540 km. L'Islande est située à 431 km au nord-ouest et sa capitale, Reykjavik, à 762 km. Le Danemark est distant de 989 km au sud-est et sa capitale, Copenhague, de 1 283 km. La Norvège, avec la ville de Bergen, est distante de 656 km à l'est.
46
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47
+ La superficie de l'archipel atteint 1 399 km2. Le tracé littoral est évalué à 1 117 km. Aucun lieu n’est à plus de 5 km du littoral. Le point culminant de l'archipel est le Slættaratindur, avec 882 m d'altitude. Il ne possède pas de lac ou de cours d'eau importants. Les profondeurs autour des îles sont comprises entre 150 et 200 m.
48
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49
+ Les 18 îles principales sont Fugloy, Svínoy, Borðoy, Viðoy, Kunoy, Kalsoy, Eysturoy, Streymoy, Vágar, Mykines, Hestur, Koltur, Nólsoy, Sandoy, Skúvoy, Stóra Dímun, Lítla Dímun et Suðuroy[8].
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51
+ Selon la classification de Köppen, le climat de ces îles est subarctique maritime. Le caractère océanique est déterminé par la dérive nord atlantique : les étés sont frais (températures moyennes : 9,5 à 11 °C) et les hivers sont doux (températures moyennes : 3 à 4 °C) ; les brouillards sont fréquents et les vents forts (la vitesse moyenne du vent est de 16 km/h à 22 km/h). On compte quelque 260 jours de pluie par an en moyenne. La moyenne des précipitations annuelles sur la capitale est de 1 280 mm et il tombe jusqu’à plus de 3 000 mm sur les sommets septentrionaux.
52
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53
+ L'archipel ne fait donc pas partie de l'Arctique si on se réfère à la ligne de Köppen (c'est-à-dire l'isotherme de +10 °C pour la moyenne thermique du mois le moins froid).
54
+
55
+ Les deux courants dominants, tiède en surface (correspondant à la prolongation du Gulf Stream) et froid en profondeur (issu de la mer de Norvège), se mêlent de telle sorte que ces eaux sont riches en éléments nutritifs et attirent les poissons.
56
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57
+ Dès le début du XVIIe siècle, les géologues se sont surtout intéressés aux minces couches de charbon intercalées entre les formations de basalte. À la fin du XVIIIe siècle, les basaltes des îles Féroé ont été au centre des débats entre neptunistes et plutoniens et la première prospection géologique des îles a commencé dans les années 1820 (Cf. travaux de James et Archibald Geikie qui ont ouvert la voie à Joannes Rasmussen, considéré comme le père de la géologie de ces îles).
58
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59
+ Le géologue Joseph Marie Élisabeth Durocher consacra la thèse de son diplôme d'ingénieur géologue de l'École des Mines de Paris aux roches et minéraux des îles Féroé. Puis il parcourt le nord de l'Europe pour étudier les dépôts métallifères et contribue à des articles sur la géologie, la minéralogie, la métallurgie et la chimie, notamment dans l'ouvrage de Paul Gaimard Voyages de la commission scientifique du Nord de la Scandinavie, en Laponie, au Spitlberg et aux Féroé, pendant les années 1838-1840.
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61
+ J. Rasmussen a publié la première carte géologique complète en 1969.
62
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+ L'archipel présente une orientation des reliefs — fjords et crêtes — assez nette. La question de cette organisation peut être posée en fonction d’un système de fracturation profond indépendamment des tunnels sous-marins et des fractures plus superficielles.
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65
+ Sur la carte géologique, trois grands ensembles basaltiques se partagent l'archipel qui fait partie de l'ensemble volcanique de l'Atlantique Nord avec Antrim, Jan Mayen, les Hébrides, l'Islande et une partie du Groenland (essentiellement au sud du Scoresby Sund). Sept formations sont reconnues par les géologues (dont la plus ancienne, Lopra, est constituée de diverses volcanoclastites : lapilli et tuffs). Les îles Féroé sont dominées par des laves basaltiques de type tholéite, formées au Paléogène sur une épaisseur de 6,6 km[9]. Le plateau Groenland-Féroé s'est vraisemblablement formé par déplacement du point chaud islandais (et peut-être par le déplacement du plateau Vøring), il y a environ 62−54 millions d'années (un contexte de marge passive volcanique liée avec le point chaud de l’Islande). Lorsque le point chaud du Groenland parvient à la marge orientale de celui-ci, il y a synergie avec la dorsale médio-atlantique et cette hyperactivité crée l'archipel volcanique. Un second plateau volcanique — le plateau océanique islandais actuel — se forme lorsque le plateau s'approche de la dorsale.
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67
+ Contrairement à ce qui était proposé précédemment, les géologues pensent que de grands flux composés de laves pāhoehoe ont été charriés durant plusieurs mois à plusieurs années et pas des flux de laves de type ʻaʻā mises en place rapidement. Le Suðuroy, avec la formation Beinisvørð (la vaste étendue latérale sur 20 m d'épaisseur), montre des lobes caractéristiques de pāhoehoe gonflées. Ils sont bas et plans plutôt que scoriacés comme de la lave a'a. Ainsi les zones scoriacées supérieures sont réinterprétées comme des altérations dues à la pédogenèse (développement du sol).
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+ Les dykes et sills sont nombreux.
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+ Entre les éruptions du « groupe basaltique des îles Féroé » (FIGB) se sont développés des paléosols (sols fossiles) dont la formation est envisagée entre 10 000 et 50 000 ans même pour les plus épais et des grès d’origine volcanoclastique et fluviale (autrefois considérés comme des tufs pyroclastiques). Des prêles, espèces pionnières très résistantes, sont trouvées généralement sur ces formations fluviales. D’autres faciès entre les éruptions sont constitués de charbon (jusqu’à 9 m d’épaisseur à Suðuroy)[10],[11],[12].
71
+
72
+ L'érosion et l'altération puis le transport et le dépôt des sédiments ont largement participé à l’élaboration du modelé de ces paysages volcaniques actuels. Les côtes des îles sont accidentées et rocheuses : même si quelques crêtes basses sont présentes, la plupart des côtes sont à falaises.
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+ L'archipel constitue une écorégion terrestre dans la classification du Fonds mondial pour la nature sous le nom de « prairies boréales des îles Féroé ». Elle appartient au biome des prairies, savanes et brousses tempérées de l'écozone paléarctique.
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+ La flore de l’archipel est constituée par quelque 400 espèces dont plus de la moitié sont communes à l'Islande. Cette flore est peu diversifiée en raison d'une recolonisation postglaciaire récente. Une espèce endémique commune avec l'Islande s'est cependant développée : Alchemilla faeroensis (sv).
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+ Les formations végétales dominantes sont des prairies ou des landes (à Callune en particulier) où les espèces ligneuses sont peu représentées (Calluna vulgaris, Salix herbacea, S. lanata, saule arctique, S. phylicifolia et Juniperus communis). Il n’y a en effet pas (ou plus) de forêts natives mais l’analyse pollinique et de macrorestes révèle dans des sols datés d'environ 2 300 ans av. J.-C. la présence de bouleaux et de noisetiers (Betula pubescens, Corylus avelana) avant l’installation humaine.
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+ Beaucoup d’espèces ont été introduites notamment depuis les années 1970 en provenance de régions au climat océanique frais similaire et également soumis aux embruns.
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+ De l’hémisphère austral (Amérique latine, Nouvelle-Zélande, Tasmanie) viennent l’Araucaria (Araucariacée) d’Argentine et du Chili, Drimys winteri (Winteracée), Maytenus magellanica (Célestracée), Embothrium coccineum (Protéacée) et des hêtres austraux de Terre de Feu (Nothofagus antarctica, N. pumilio, N. betuloides). Les îles Féroé comptent la plus grande population de hêtres austraux en Europe.
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+ De l’hémisphère boréal, essentiellement d’Alaska, sont plantés des pins, épicéas, saules, peupliers et aulnes : Pin tordu, épinette de Sitka, Salix alaxensis, Populus trichocarpa, aulne vert, A. sinuata.
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+ Le gouvernement des Îles Féroé possède le pouvoir exécutif dans les affaires locales. Son chef appelé le Løgmaður (littéralement « personne de loi ») est l'équivalent d'un premier ministre. Les autres membres du gouvernement sont appelés landsstýrismaður (« personne du comité national »).
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+ Le Løgting est le parlement monocaméral des Îles Féroé. Il comprend 33 membres, élus au suffrage universel pour quatre ans.
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+ Les Îles Féroé sont sous le contrôle du Danemark depuis 1388. Depuis 1948, l'archipel est une province autonome et reçoit d'importantes subventions annuelles de la part du Danemark. En tant que territoire autonome, les Îles Féroé sont un membre du Conseil nordique. Les Îles Féroé ne sont pas reconnues par l'ONU en tant que nation indépendante.
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+ Les habitants des Îles Féroé sont partagés à peu près en parts égales entre les partisans de l'indépendance et ceux qui préfèrent rester dans le royaume du Danemark. Les opinions sont elles-mêmes très diverses à l'intérieur de ces deux camps. Pour les partisans de l'indépendance, elles vont d'une déclaration immédiate et unilatérale à une séparation progressive et consensuelle du Danemark. Parmi les unionistes, certains accueillent favorablement une autonomie accrue des Îles Féroé.
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+ Un référendum devait être organisé le 15 avril 2018 sur ce sujet, mais a été repoussé sine die par absence d'accord des partis politiques[18],[19].
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+ Comme explicitement spécifié dans les deux traités de Rome, les Îles Féroé ne font pas partie de l'Union européenne. Qui plus est, le traité d'accession du Danemark précise que les citoyens danois résidant dans les Îles Féroé ne sont pas citoyens de l'Union européenne. L'archipel n'est pas couvert par la convention de Schengen mais il n'existe aucun contrôle douanier lorsque l'on voyage entre les Îles Féroé et un pays membre de l'espace Schengen, les Îles Féroé étant membres de l'Union nordique des passeports depuis 1966[20].
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+ En 2013, les Îles Féroé ont connu un important litige avec l'Union européenne sur leur politique de pêche. L'UE avait alors accusé l'archipel de pratiquer la surpêche et avait imposé une interdiction d'importation des harengs et des maquereaux féroïens sur le marché européen, finalement levée en août 2014 à la suite d'un accord politique entre l'UE et les Îles Féroé[21].
103
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104
+ Près de 60 % de l'électricité produite aux Îles Féroé provient d'énergies renouvelables[22].
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+
106
+ Au 1er janvier 2020, les Îles Féroé comptaient 52 110 habitants[1]. L'archipel connaît une baisse de la population, de nombreux jeunes restant au Danemark ou à l'étranger après leurs études[23], mais également un déséquilibre entre hommes et femmes. Ainsi en 2013, pour la tranche de 25-59 ans, la population était de 11 092 hommes contre 9 865 femmes[23], cet écart s'expliquant par un plus grand exode de ces dernières.
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108
+ La langue utilisée est le féroïen qui est beaucoup plus proche de l'islandais que du danois.
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+ L'anglais est aussi largement utilisé dans l'administration, et est parlé ou compris par 85 % de la population, surtout chez les jeunes, qui sont généralement bilingues (féroïen/anglais, féroïen/danois), ou trilingues (danois/anglais/féroïen).
111
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+ Le grindadráp (aussi appelé grind) est une chasse aux cétacés (globicéphales noirs, dauphins à flancs blancs et grands dauphins) traditionnelle dont l'existence est relatée depuis 1584[24] mais remonte sans doute à bien plus longtemps quand le manque de ressources de l'archipel était avéré. Cette tradition très contestée en Europe continue à être pratiquée dans les îles[25],[26],[27].
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+ Le pays compte une bibliothèque nationale, la bibliothèque nationale des Féroé.
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+ Les Îles Féroé sont reconnues par la fédération internationale de football association (FIFA) comme pays membre. Ainsi la fédération des Îles Féroé de football (environ quatre mille licenciés dans les années 2000) organise le championnat des Îles Féroé de football et régit l'équipe des Îles Féroé de football pour les compétitions internationales.
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+ Les Îles Féroé ont pour code :
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+ Viðareiði
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+
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+ Gásadalur
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+ Hvalba
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+ Vágar
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+ Lítla Dímun
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+ Lopra (en)
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+ Porkeri, île de Suðuroy
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+ Vágur, île de Suðuroy
135
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+ L'église de Porkeri (1847), île de Suðuroy
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+ Le port de Klaksvík (seconde ville de l'archipel), île de Borðoy
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+ Sørvágur, île de Vágar et île de Mykines en arrière-plan
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+
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+ Mykines
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+ Étudiantes en costume de promotion (2003)
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+ Chasse des globicéphales
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+ Anura
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+ Ordre
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+ Sous-ordres de rang inférieur
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+ Les anoures, Anura, sont un ordre d'amphibiens. C'est un groupe, diversifié et principalement carnivore, d'amphibiens sans queue comportant notamment des grenouilles et des crapauds. Le plus ancien fossile de « proto-grenouille » a été daté du début du Trias à Madagascar, mais la datation moléculaire suggère que leur origine pourrait remonter au Permien, il y a 265 Ma. Les anoures sont largement distribués dans le monde, des tropiques jusqu'aux régions subarctiques, mais la plus grande concentration d'espèces se trouve dans les forêts tropicales. Il y a environ 4 800 espèces d'anoures recensées, représentant plus de 85 % des espèces d'amphibiens existantes. Il est l'un des cinq ordres de vertébrés les plus diversifiés.
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+ L'anoure adulte a communément un corps robuste et sans queue, des yeux exorbités, une langue bifide, des membres repliés sous le reste du corps, prêts pour des bonds à bonne distance. Vivant ordinairement en eau douce et sur le sol, certaines espèces vivent, au stade adulte, sous terre ou dans les arbres. La peau des grenouilles est glandulaire, avec des sécrétions lui donnant un mauvais goût ou la rendant toxique. Certaines espèces, appelées par convention crapauds, ont une peau dite verruqueuse dont les renflements contiennent des toxines glandulaires ; mais par la taxinomie et la phylogénie, certains crapauds sont plus proches des grenouilles que des autres crapauds. La couleur de la peau des grenouilles varie du marron tacheté, gris et vert, propices au mimétisme, à des motifs vifs de rouge ou jaune et noir signalant aux prédateurs leur toxicité.
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+ Les œufs que ces amphibiens pondent dans l'eau, donnent des larves aquatiques appelées têtards possédant des pièces buccales adaptées à un régime herbivore, omnivore ou planctonophage. Quelques espèces déposent leurs œufs sur terre ou n'ont pas de stade larvaire. Les grenouilles adultes ont généralement un régime carnivore à base de petits invertébrés, mais il existe des espèces omnivores et certaines mangent des fruits. Les grenouilles sont extrêmement efficaces pour convertir ce qu'elles mangent en biomasse formant une ressource alimentaire majeure pour des prédateurs secondaires, leur donnant ainsi le rôle de clé de voûte du réseau trophique d'un grand nombre d'écosystèmes de la planète.
15
+
16
+ Leur peau semi-perméable les rendant sensibles à la déshydratation, leur habitat est le plus souvent humide, mais certains ont connu une profonde adaptation à des habitats secs. Les grenouilles ont une riche gamme de cris et chants, en particulier à l'époque de la reproduction, ainsi qu'une large palette de comportements sophistiqués pour communiquer entre eux ou se débarrasser d'un prédateur.
17
+
18
+ Les populations de grenouilles ont considérablement diminué partout dans le monde depuis les années 1950. Plus d'un tiers des espèces sont considérées comme menacées d'extinction et plus de 120 sont soupçonnées d'avoir disparu depuis les années 1980. Le nombre de malformations chez les grenouilles est à la hausse et une maladie fongique émergente, la chytridiomycose, s'est propagée dans le monde entier. Les spécialistes de la conservation des espèces cherchent les causes de ces problèmes. Les grenouilles sont consommées par les humains et ont aussi une place notable dans la culture à travers la littérature, le symbolisme et la religion.
19
+
20
+ Le nom anoure vient du grec οὐρά (oura), signifiant « queue », et du préfixe privatif a signifiant « sans », soit « sans queue »[1],[2], car chez ces animaux la queue ne persiste pas après la métamorphose de passage à l'âge adulte, contrairement par exemple aux urodèles.
21
+
22
+ L'utilisation des termes « grenouilles » et « crapaud » n'a pas de justification taxonomique. Le terme « grenouille » se réfère généralement à des espèces aquatiques ou semi-aquatiques à la peau lisse et humide, tandis que l'on désigne par le terme « crapaud » des espèces terrestres à la peau sèche et verruqueuse[3],[4]. Cependant il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Ainsi, le Crapaud sonneur à ventre de feu (Bombina bombina) n'a une peau que très légèrement verruqueuse et préfère les habitats aquatiques[5], tandis que la Grenouille dorée (Atelopus zeteki) est placée dans la famille des Bufonidae, qui rassemble les « vrais crapauds », et a une peau lisse[6].
23
+
24
+ Les anoures n'ont pas de queue, excepté sous leur forme larvaire, et la plupart ont de longues pattes arrière, des os des chevilles allongés, des orteils palmés et démunis de griffes, de grands yeux et une peau lisse ou verruqueuse. Le crâne est élargi, et les
25
+ arcs de la mâchoire supérieure délimitent de grandes orbites sans plancher[7]. Ils ont une colonne vertébrale courte, avec pas plus de 10 vertèbres libres et se terminant par une vertèbre sacrée unique sur laquelle s'articule un urostyle issu de la fusion des vertèbres postérieures[8],[9]. Comme d'autres amphibiens, ils peuvent respirer à travers leur peau qui est perméable à l'oxygène. Cette caractéristique unique leur permet de rester dans l'eau, sans accès à l'air libre, en respirant par la peau[10]. Les côtes sont peu développées, généralement limitées à deux à trois paires[8], et les poumons sont remplis par pompe buccale. Il a été prouvé qu'une grenouille privée de ses poumons pouvait tout de même maintenir ses fonctions vitales[10]. Pour que la peau puisse servir d'organe de respiration, elle doit rester humide. Les anoures sont donc sensibles à diverses substances toxiques présentent dans l'environnement qui les entoure, qui peuvent se dissoudre dans le film d'eau qui recouvre leur peau et s'infiltrer dans leur sang. Ce pourrait être une des causes du déclin global de leurs populations[11],[12],[13],[14].
26
+
27
+ Les anoures peuvent varier en taille entre 7,7 mm pour la récemment découverte Paedophryne amauensis de Papouasie-Nouvelle-Guinée[15],[16] et 300 mm pour la Grenouille goliath (Conraua goliath) au Cameroun. Leur peau est lâche car démunie de tissu conjonctif. Les grenouilles ont trois paupières : une transparente qui protège les yeux sous l'eau, et deux autres qui sont translucides ou opaques. Ils présentent un tympan de chaque côté de la tête qui joue un rôle dans leur audition, et qui peut être couvert de peau chez certaines espèces. Les « vrais crapauds » sont totalement démunis de dents mais la plupart des grenouilles ont des dents pédicellées avec une couronne séparée de la racine par du tissu fibreux[7], placées dans les coins de la mâchoire supérieure. Elles ont également des dents vomériennes en haut de la bouche. Les anoures ne présentent en revanche jamais de dents sur la mâchoire inférieure, et avalent généralement leur nourriture entière. Les dents ont principalement comme fonction de maintenir leur proie le temps qu'ils l'avalent[17]. Les Pyxicephalus, qui se nourrissent de proies de grande taille comme les souris ou d'autres grenouilles, ont des processus osseux coniques appelés odontoïdes au niveau de la mâchoire inférieure, qui jouent le rôle de dents[18].
28
+
29
+ La structure des membres et des pattes varie fortement d'une espèce à l'autre, et dépend notamment de l'environnement dans lequel l'espèce évolue : sur le sol, dans l'eau, dans les arbres ou dans des terriers. Les anoures doivent être capables de se déplacer rapidement dans leur environnement pour échapper à leurs prédateurs et attraper leurs proies, et de nombreuses adaptations morphologiques les aident dans ce sens. La plupart des espèces sont bien adaptées au saut, ou du moins leurs ancêtres l'étaient, et leur morphologie y est bien adaptée. Ainsi, les différents segments du membre postérieur sont très allongés et disposés en Z, tel un ressort[19]. Le tibia, le fibula et le tarse sont fusionnés pour former un os solide, et il en est de même pour le radius et l'ulna au niveau des membres antérieurs, qui doivent absorber l'impact à la réception du saut. Le métatarse est allongé pour que les pattes postérieures soient plus longues et permettent à l'animal d'appuyer sur le sol plus longtemps. L'ilium est allongé et a une articulation mobile avec le sacrum qui, chez les sauteurs spécialisés comme les ranidés et les hylidés, participe à donner de la puissance à l'animal au moment du saut. Les vertèbres de la queue sont fusionnées pour former un urostyle qui est compris dans le pelvis. Cela permet à la force d'être transmise des pattes vers le corps durant un saut[9]. Les membres antérieurs constituent la ceinture scapulaire, rattachée à la colonne vertébrale par des muscles. Elle est également constituée de deux petits os dermiques, la clavicule et le cleithrum, ainsi que de constituants enchondraux plus importants, la scapula et le coracoïde[19].
30
+
31
+ Les adaptations au saut sont également visibles au niveau des muscles. Ainsi les pattes postérieures des grenouilles primitives présentaient une paire de muscles antagonistes (l'un permettait de plier le genou, l'autre de l'étendre), comme chez la plupart des animaux munis de membres. Toutefois, chez les grenouilles modernes, tous les muscles participent à l'action de sauter, et seuls quelques petits muscles ont la charge de ramener la patte dans sa position de départ et maintenir cette posture. Les muscles sont également beaucoup plus gros, et les principaux muscles des pattes postérieures représentent 17 % du poids total d'une grenouille[20].
32
+
33
+ De nombreux anoures ont des pieds palmés, et le degré de palmure dépend généralement de la proportion de temps passé par la grenouille dans l'eau[21]. Les Hymenochirus, complètement aquatiques, ont des orteils totalement palmés, tandis que ceux de Rainette de White (Litoria caerulea), une espèce arboricole, sont seulement palmés au quart ou à moitié de leur longueur[22].
34
+
35
+ Les grenouilles arboricoles ont des disques adhésifs situés à l'extrémité de leurs orteils pour les aider à se maintenir à des surfaces verticales. Il ne s'agit pas de ventouses, mais de disques pourvus de très nombreuses cellules au sommet plat et avec de petits interstices entre chacune, lubrifiées par des glandes à mucus. Quand la grenouille fait pression avec ses pattes, les cellules adhèrent aux irrégularités de la surface et l'animal se tient au support par capillarité. Cela lui permet de grimper sur des surfaces lisses, mais cette méthode fonctionne mal si les ventouses sont trop humides[23].
36
+
37
+ Chez plusieurs grenouilles arboricoles, une « structure intercalaire » sur chaque orteil augmente la surface adhérant au substrat. Par ailleurs, comme il est dangereux de sauter dans la canopée, certaines grenouilles arboricoles ont des articulations de la hanche leur permettant à la fois de sauter et de marcher. Certaines grenouilles qui vivent en haut des arbres possèdent également une importante palmure entre les orteils. Cela permet aux grenouilles de se « parachuter » ou de planer d'un point à l'autre à travers la canopée[24].
38
+
39
+ Les grenouilles vivant sous terre ne présentent généralement pas les adaptations des grenouilles aquatiques ou arboricoles. La plupart ont de plus petites ventouses, si elles en sont pourvues, et une très légère palmure. Certains de ces animaux comme Scaphiopus couchii ont un tubercule kératinisé à l'extrémité des orteils des pattes postérieures, qui les aide à creuser[25].
40
+
41
+ Parfois, durant le stade larvaire, un des membres en développement du têtard est mangé par un prédateur tel qu'une larve de libellule. Dans certains cas, le membre parvient à se développer complètement, mais ce n'est pas toujours le cas, et certains anoures vivent ensuite avec seulement trois membres. Occasionnellement un plathelminthe parasite (Ribeiroia ondatrae) s'installe dans le train arrière du têtard, ce qui provoque un réarrangement des cellules à l'origine des membres, et l'animal peut ensuite développer une ou deux pattes supplémentaires[26].
42
+
43
+ La peau des anoures, en plus de les protéger, joue un rôle dans leur respiration[27], peut absorber de l'eau et les aide à maîtriser leur température corporelle. Elle présente de nombreuses glandes, en particulier sur la tête et le dos, qui produisent généralement des substances désagréables et toxiques. La sécrétion de la peau est souvent poisseuse et contribue à garder la peau humide, protège l'animal des bactéries et le rend glissant et donc difficile à saisir pour les prédateurs[28]. La peau se régénère régulièrement, au bout de quelques semaines. L'ancienne peau se détache au milieu du dos et sous le ventre, et l'animal peut libérer ses membres de cette vieille enveloppe, qu'il consomme aussitôt[29].
44
+
45
+ Les anoures sont des animaux à sang froid, et doivent adopter un comportement adéquat pour réguler leur température. Pour se réchauffer, ils se placent au soleil ou sur une surface chaude, et s'ils ont trop chaud ils s'abritent à l'ombre ou adoptent une posture leur permettant d'exposer le moins de surface possible à l'air. Cette posture est également utilisée pour éviter de se déshydrater. L'animal est plaqué près du sol et les pattes sont rentrées sous son corps[30]. La coloration de la peau de l'anoure joue un rôle dans la thermorégulation, et l'animal peut légèrement la faire varier pour s'adapter à la température. Ainsi dans des conditions froides et humides la peau sera plus sombre que lors d'une journée chaude et sèche. Chiromantis xerampelina est même capable de devenir blanche pour limiter au maximum les risques de chaleur excessive[31].
46
+
47
+ Plusieurs grenouilles sont capables d'absorber de l'eau et de l'oxygène directement à travers leur peau, notamment au niveau de la région pelvique, mais la perméabilité de la peau des grenouilles accroît également les risques de déshydratation. Les glandes situées partout sur le corps sécrètent un mucus qui permet à la peau de rester constamment humide et de limiter l'évaporation. Certaines glandes sur les pattes avant et la poitrine des mâles sont spécialisées dans la production de substances poisseuses qui jouent un rôle au moment de l'amplexus. Des glandes similaires chez les grenouilles arboricoles produisent une substance collante au niveau des ventouses de leurs pattes. Certaines grenouilles arboricoles réduisent leurs pertes d'eau grâce à une couche de peau étanche, et plusieurs espèces sud-américaines ont la peau recouverte d'une sécrétion cireuse. D'autres grenouilles adaptent leur comportement pour ne pas se déshydrater : elles sont nocturnes et se reposent dans une posture limitant l'évapotranspiration. Certaines espèces se reposent en groupe comprenant un grand nombre d'individus qui se serrent les uns contre les autres. Cela limite la surface de peau exposée à l'air et donc la déshydratation[30]. Le Crapaud de Woodhouse (Bufo woodhousii), si on lui donne un accès à l'eau après qu'il a demeuré dans un endroit sec, s'assied dans l'eau peu profonde pour se réhydrater[32]. Le mâle Trichobatrachus robustus a une papille dermale proéminente à la base du dos et des cuisses, ce qui lui donne un aspect hérissé. Elle contient des vaisseaux sanguins et on pense qu'elle permet d'accroître la surface de peau disponible pour la respiration cutanée[33].
48
+
49
+ Le camouflage est une stratégie de défense commune chez les anoures. Les grenouilles les mieux camouflées sont nocturnes. Durant la journée, elles cherchent une position où elles peuvent se fondre dans le décor et y restent sans se faire repérer. Certaines grenouilles ont la capacité de changer de coloration, mais la palette de couleurs est alors restreinte. Par exemple, Litoria caerulea a une couleur qui varie entre le vert pâle et le chamoisé suivant la température, et la Rainette du Pacifique (Pseudacris regilla) peut aller du vert au brun, uni ou tacheté, suivant la période de l'année et la couleur de l'environnement proche[34]. Des caractéristiques comme des verrues ou des plis de peau sont fréquentes chez les anoures souterrains, où une peau lisse ne permet pas un camouflage efficace. Certaines grenouilles changent de couleur selon que l'on est le jour ou la nuit, la lumière et l'humidité stimulent les cellules pigmentaires et les font s'étendre ou se contracter[10].
50
+
51
+ La peau des anoures est perméable à l'oxygène et au dioxyde de carbone, ainsi qu'à l'eau. Ils possèdent des vaisseaux sanguins près de la surface de la peau et quand une grenouille est sous l'eau, l'oxygène passe directement dans le sang. À l'air libre, les anoures respirent par pompe buccale. Leurs poumons sont similaires à ceux des humains mais les muscles de la poitrine ne jouent aucun rôle dans la respiration, et ils n'ont pas de côtes ni de diaphragme pour participer à l'entrée et la sortie de l'air. Ils gonflent leur gorge et aspirent l'air par leurs narines. Chez certaines espèces les narines sont obturées par des valves[35]. Barbourula kalimantanensis a été découverte dans une zone isolée de l'Indonésie en 2007. Elle est entièrement aquatique et est la première espèce de grenouille connue à vivre sans poumons[36],[37].
52
+
53
+ Les anoures ont un cœur à trois chambres, caractéristique qu'ils partagent avec les lézards[38]. Le sang oxygéné des poumons et le sang désoxygéné revenant des tissus arrivent dans deux oreillettes différentes. Quand ces chambres se contractent, les deux afflux de sang arrivent dans le ventricule commun avant qu'il ne soit pompé via une valve spiralée vers le vaisseau approprié, l'aorte pour le sang oxygéné et l'artère pulmonaire pour le sang désoxygéné. Le ventricule est partiellement divisé en cavités étroites qui minimisent le mélange des deux types de sang[39]. Cette caractéristique permet aux anoures d'avoir un métabolisme plus élevé[38].
54
+
55
+ Certaines espèces de grenouilles disposent d'adaptations qui leur permettent de survivre dans des eaux pauvres en oxygène. La grenouille du lac Titicaca (Telmatobius culeus) fait partie de ces espèces, et elle a une peau ridée qui augmente sa surface de contact pour faire des échanges de gaz avec le milieu environnant. Elle n'utilise généralement pas ses poumons rudimentaires, mais il lui arrive de se lever et se coucher successivement au fond du lac pour accroître le flux d'eau autour d'elle[40].
56
+
57
+ Les anoures ont des dents maxillaires sur la mâchoire supérieure qui sont utilisées pour retenir la nourriture tandis qu'ils l'avalent. Ces dents sont fragiles et ne peuvent être utilisées pour mâcher ou attraper des proies rapides. C'est pourquoi les grenouilles utilisent plutôt leur longue langue gluante pour attraper les insectes et autres petites proies rapides. La langue est normalement enroulée dans la bouche, libre à l'arrière et fixée à la mandibule à l'avant. Elle peut être lancée et rétractée à grande vitesse[21]. Certaines grenouilles n'ont pas de langue et amènent les aliments dans leur bouche avec leurs mains[21]. Les yeux aident à avaler la nourriture car ils peuvent être escamotés par des trous dans le crâne et participent à pousser la nourriture dans la gorge[21]. La nourriture traverse ensuite l'œsophage pour arriver dans l'estomac où elle est mise en contact avec les enzymes digestives. Le tube digestif se poursuit avec l'intestin grêle qui comprend le duodénum et l'iléon où se passe en grande partie la digestion. Les enzymes produites par le pancréas, et la bile produite par le foie et stockée dans la vésicule biliaire, sont sécrétées dans l'intestin grêle, où les aliments sont digérés et les nutriments absorbés. Le résidu de nourriture passe dans le gros intestin où l'excès d'eau est réabsorbé et les déchets sont évacués à travers le cloaque[41].
58
+
59
+ Bien adaptées à la vie terrestre, les grenouilles ressemblent à des poissons d'eau douce dans leur incapacité à conserver l'eau du corps efficacement. Quand ils sont sur terre, beaucoup d'eau est perdue par évaporation à travers la peau. Le système excréteur est similaire à celui des mammifères et ils disposent de deux reins qui capturent et excrètent les déchets azotés contenus dans le sang. Les grenouilles produisent de grandes quantités d'urine diluée afin d'évacuer les produits toxiques des tubules rénaux[42]. L'azote est excrété sous forme d'ammoniaque par les têtards et les grenouilles aquatiques, mais principalement sous forme d'urée, un produit moins toxique, par la plupart des adultes terrestres. Quelques espèces de grenouille arboricoles ayant moins souvent accès à l'eau excrètent de l'acide urique, encore moins toxique[42]. L'urine passe le long des uretères jumelés pour se diriger vers la vessie à partir de laquelle elle est évacuée périodiquement dans le cloaque. Tous les déchets corporels quittent le corps par le cloaque[43].
60
+
61
+ Chez les anoures mâles, les deux testicules sont attachés aux reins et la semence passe dans les reins à travers de fins tubes appelés canaux efférents. Elle passe ensuite par les uretères, qui sont des conduits urogénitaux. Il n'y a pas de pénis et le sperme est éjecté via le cloaque directement sur les œufs quand la femelle les a pondus. Les ovaires de la femelle sont derrière les reins et les œufs passent à travers une paire d'oviductes puis par le cloaque[43].
62
+
63
+ Quand la grenouille copule, le mâle monte sur le dos de la femelle et la saisit avec ses pattes avant soit au niveau des pattes avant soit au niveau des pattes arrière, voire dans le cas de Epipedobates tricolor autour du cou. Cette position est appelée amplexus et les deux partenaires peuvent la conserver pendant plusieurs jours[44]. Le mâle présente un certain nombre de caractères sexuels secondaires comme la présence de callosités rugueuses sur ses pattes en période de reproduction, lui permettant d'avoir une prise ferme[45]. L'étreinte exercée par le mâle durant l'amplexus stimule la femelle à pondre ses œufs, généralement enveloppés de gel[43]. Chez plusieurs espèces, le mâle est plus petit que la femelle. Les mâles ont des cordes vocales et peuvent émettre une grande variété de croassement, notamment pendant la période de reproduction, et certaines espèces disposent d'un sac vocal pour amplifier le son[43].
64
+
65
+ Les anoures ont un système nerveux bien développé constitué d'un cerveau, d'une colonne vertébrale et de nerfs. Plusieurs parties du cerveau des grenouilles sont semblables à celles que l'on observe dans le cerveau humain. On rencontre en effet deux lobes olfactifs bien développés, deux hémisphères cérébraux, une glande pinéale, deux lobes optiques, un cervelet et une medulla oblongata. La coordination musculaire et les postures sont contrôlées par le cervelet, et la medulla oblongata contrôle la respiration, la digestion et d'autres fonctions automatiques[43]. Le cervelet des grenouilles est en proportion plus petit que celui de l'Homme. La moelle épinière est tubulaire et semblable à celle des autres vertébrés. Elle est courte et se prolonge dans l'urostyle uniquement par un phylum terminal[7]. Sa structure est fondamentalement tubulaireLes anoures ont dix paires de nerfs crâniens qui transmettent les informations recueillies dans le milieu extérieur directement au cerveau, et dix paires de nerfs spinaux qui transmettent les informations venues du cerveau au reste du corps en passant par la colonne vertébrale[43],[7]. Tous les autres amniotes (mammifères, oiseaux et reptiles) ont douze paires de nerfs crâniens[46].
66
+
67
+ Les yeux de la plupart des anoures sont situés de chaque côté de la tête près de son sommet et sont bien proéminents. Ils procurent à l'animal une vision binoculaire sur un champ de 100° devant et une vision totale à presque 360°[47]. Parfois ils constituent l'unique partie submergée d'une grenouille cachée dans l'eau. Chaque œil a des paupières situées au-dessus et au-dessous et une membrane nictitante qui procure une protection supplémentaire, notamment lorsque la grenouille est en train de nager[48]. Les membres de la famille des Pipidae, qui vivent majoritairement dans l'eau, ont les yeux situés au sommet de la tête, une position plus adaptée pour repérer les proies au-dessus d'eux quand ces animaux sont partiellement immergés[47]. L'iris peut prendre diverses colorations et la pupille adopte différentes formes. Ainsi, le Crapaud commun (Bufo bufo) a des iris dorés et des pupilles fines et horizontales, la Grenouille aux yeux rouges (Agalychnis callidryas) a des pupilles verticales, Phyllobates a des iris sombres, les Crapauds sonneurs (Bombina) ont des pupilles triangulaires et le Crapaud rouge de Madagascar (Dyscophus antongilii) en a des circulaires. Les iris d'Anaxyrus terrestris sont modelés de façon à se fondre avec la peau du reste du corps[48].
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69
+ La vision distante d'un anoure est meilleure que sa vision proche. Les grenouilles en train de chanter deviennent rapidement silencieuses quand elles voient un intrus, ou rien qu'une ombre, mais plus proche est l'intrus et moins bien il sera détecté[48]. Quand une grenouille lance sa langue pour attraper un insecte elle réagit au mouvement d'un petit objet qu'elle distingue mal et dont elle doit anticiper la trajectoire car elle ferme les yeux au moment où la langue est étendue[21]. La vision des couleurs par les anoures est sujet à débat, mais on a montré qu'ils réagissaient positivement à la lumière bleue, peut-être parce qu'ils l'associent aux points d'eau qui leur procurent un abri en cas de danger[49].
70
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71
+ Les anoures peuvent entendre à l'air libre comme dans l'eau. Ils n'ont pas d'oreilles externes, leurs tympans sont directement exposés ou simplement couverts d'une couche de peau. Ils sont visibles et forment une zone circulaire juste derrière les yeux. La taille et la distance séparant les tympans dépendent de la fréquence des cris de ces animaux. Chez certaines espèces comme les Ouaouarons, la taille des tympans permet de déterminer le sexe de l'animal, car les mâles ont des tympans plus grands que leurs yeux tandis que les yeux et les tympans des femelles sont à peu près de la même taille[50]. Les bruits font vibrer le tympan et le son est transmis à l'oreille interne. L'oreille interne comprend également des canaux semi-circulaires qui jouent un rôle dans l'équilibre et l'orientation de l'animal. Les cellules ciliées qui permettent l'audition sont localisées dans deux zones de la cochlée : la papille basilaire et la papille amphibienne. La première détecte les hautes fréquences et la seconde les basses fréquences[51]. Du fait de la cochlée très courte, la grenouille utilise l'electrical tuning pour étendre la gamme de fréquences qu'elle peut entendre et l'aider à différencier certains sons[52]. Cet arrangement rend possible la détection des appels territoriaux de leurs congénères. Chez certaines espèces qui vivent dans les régions arides, le son de la foudre ou d'une forte pluie peut sortir les animaux de leur état de dormance[51]. Une grenouille peut être effrayée par un bruit inattendu, mais elle ne va généralement pas réagir tant que la source du bruit n'est pas repérée par la vue[50].
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73
+ Pour l'odorat, les anoures disposent d'un sac nasal qui s'ouvre vers l'extérieur de chaque côté du nez par une narine externe, et s'ouvre sur la cavité buccale par un orifice en avant de la voûte buccale. Les anoures disposent également d'un organe de Jacobson, pour capter les odeurs venant de la qualité buccale[7]. Les capteurs sensoriels du goût se limitent à la face dorsale de la langue, et sont regroupés chez les anoures à l'extrémité distale de papilles fongiformes[7]. Les larves, ainsi que certains adultes aquatiques et primitifs comme les xénopes, possèdent une ligne latérale, organe sensoriel spécifique aux animaux aquatiques. Elle est constituée d'alignements céphaliques et troncaux, de neuromastes toujours superficiels, reliés à une paire de neurones bulbaires[7].
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75
+ Le cri ou coassement des anoures est spécifique à ces espèces. Les anoures créent ce son en faisant passer l'air à travers leur larynx. Chez la plupart des grenouilles qui coassent, ce cri est amplifié par un ou plusieurs sacs vocaux, des membranes de peau placées sous la gorge ou dans le coin de la bouche, qui se détendent au cours du cri. Certains coassements sont si bruyants qu'ils peuvent être entendus à plus d'un kilomètre[53].
76
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77
+ Les grenouilles des genres Heleioporus et Neobatrachus n'ont pas de sac vocal mais sont tout de même capables d'émettre un cri puissant. Leur bouche est élargie et à la forme d'un dôme, et agit comme une caisse de résonance qui amplifie le son. Les espèces de grenouilles qui n'ont pas de coassement bruyant sont généralement celles qui vivent dans les zones proches d'eau coulant en provoquant un bruit continu. Elles ont besoin d'utiliser d'autres stratégies pour communiquer. La Grenouille-à-queue côtière (Ascaphus truei) vit dans les ruisseaux de montagne en Amérique du Nord et n'émet pas de chant[54].
78
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79
+ Le but du coassement est d'attirer une partenaire pour les mâles. Ils peuvent chanter seuls ou en groupe lorsque de nombreux mâles ont convergé vers un même site de reproduction. Les femelles de plusieurs espèces de grenouilles, comme Polypedates leucomystax, répondent aux cris du mâle, ce qui renforce l'activité reproductive dans une colonie[55]. Les femelles grenouilles préfèrent les mâles qui produisent des sons de grande intensité et de basse fréquence, des caractéristiques qui les font sortir du lot dans un chœur[56].
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81
+ Un cri différent est émis par une grenouille mâle ou une femelle non réceptive lorsqu'un autre mâle tente de la chevaucher. Il s'agit d'un gazouillis caractéristique qui est accompagné d'une vibration du corps[57]. Les grenouilles arboricoles et certaines espèces non-aquatiques ont un chant particulier qu'elles entonnent avant une pluie, qu'elles anticipent sur la base de l'humidité de l'air ambiant[57]. Certaines espèces ont également un chant territorial qui permet de chasser les autres mâles. Les anoures émettent ces chants avec la bouche fermée[57]. Un appel de détresse, émis par certaines grenouilles quand elles sont en danger, est produit avec la gueule ouverte, ce qui permet un cri un peu plus fort. Il est généralement utilisé lorsque la grenouille est attrapée par un prédateur, et peut servir pour faire diversion et déconcerter le prédateur afin qu'il relâche sa proie[57].
82
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+ Plusieurs espèces de grenouilles ont un cri profond. Le coassement du ouaouaron (Lithobates catesbeianus) est parfois décrit comme un « jug o' rum »[58]. La Rainette du Pacifique (Pseudacris regilla) émet un onomatopéique « ribbit » que l'on écoute souvent dans les films[59]. D'autres chants sont décrits comme un « brekekekex koax koax », le cri de la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus) dans Les Grenouilles, un ancien drame comique grec d'Aristophane[60].
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+ Lors de conditions extrêmes, certaines grenouilles entrent dans un état de torpeur, et restent inactives pendant des mois. Dans les régions les plus froides, plusieurs espèces de grenouilles hibernent en hiver. Celles qui vivent sur terre comme le Crapaud d'Amérique (Bufo americanus) creusent un terrier et bâtissent un hibernaculum où elles peuvent entrer en dormance. D'autres, moins efficaces pour creuser, trouvent une crevasse ou s'enterrent dans les feuilles mortes. Des espèces aquatiques comme la Grenouille taureau (Rana catesbeiana) coulent au fond de la mare ou de l'étang dans lequel ils vivent, moitié ensevelis dans la vase mais toujours capables d'absorber l'oxygène dissout dans l'eau. Leur métabolisme se ralentit et ils vivent sur leurs réserves énergétiques. Certaines grenouilles peuvent même survivre à la congélation. Des cristaux de glace se forment sous leur peau et dans la cavité de leur corps mais les organes essentiels sont protégés des dégâts de la congélation par leur forte concentration en glucose. Une grenouille apparemment sans vie, congelée, peut reprendre sa respiration et voir son cœur repartir quand la température remonte[61].
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+ À l'autre extrême, Cyclorana alboguttata entre en estivation régulièrement durant la saison chaude et sèche en Australie, survivant dans un état de dormance sans accès à la nourriture et à l'eau pendant neuf à dix mois de l'année. Elle s'enterre sous le sol et s'enferme dans un cocon protecteur formé par sa mue. Les chercheurs de l'Université du Queensland ont établi que durant l'estivation, le métabolisme de la grenouille est modifié et l'efficacité opérationnelle des mitochondries est améliorée. Cela signifie que les quantités limitées d'énergie disponible pour la grenouille en torpeur sont utilisées de manière plus efficace. Ce mécanisme de survie est seulement utile aux animaux qui restent complètement inconscients pendant une très longue période de temps et dont les besoins en énergie sont faibles car ils sont à sang froid et n'ont pas besoin de générer de chaleur[62]. D'autres recherches ont montré que, pour pourvoir à ces besoins énergétiques, les muscles s'atrophiaient, mais que les muscles des pattes postérieures étaient souvent épargnés par ce phénomène[63].
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+ Les différentes espèces de grenouilles utilisent diverses méthodes de locomotion comme le saut, la course, la marche, la nage, et peuvent aussi creuser des tunnels, grimper et planer.
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+ Les grenouilles sont généralement reconnues comme étant bien adaptées au saut, et sont dans ce sens les vertébrés qui sautent le plus loin par rapport à leur taille[64]. Litoria nasuta peut sauter à plus de 2 m, une distance qui représente plus de 50 fois la longueur de son corps, qui est de 5,5 cm[65]. Il y a de grandes différences d'une espèce à l'autre quant à leurs aptitudes au saut. Au sein d'une même espèce, plus l'animal est grand et plus il saute loin, mais le rapport entre la distance sautée et la longueur diminue. Euphlyctis cyanophlyctis a la capacité de sauter en dehors de l'eau à partir d'une position flottante à la surface[66]. La toute petite Rainette grillon (Acris crepitans) peut traverser une mare avec une série de courts sauts rapides sur sa surface[67].
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+ Le visionnage de ce mouvement au ralenti montre que les muscles ont une certaine flexibilité. Ils sont d'abord étendus quand la grenouille est en position accroupie, puis ils sont contractés avant d'être étendus à nouveau pour permettre à la grenouille de se lancer dans l'air. Les pattes antérieures sont repliées contre la poitrine et les pattes postérieures restent dans la position étendue pendant le saut[20]. Chez certaines espèces particulièrement bien adaptées au saut, comme la Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) et la Grenouille léopard (Rana pipiens), la puissance produite durant un saut peut dépasser celle que le muscle peut théoriquement produire. Lorsque le muscle se contracte, l'énergie est tout d'abord transférée vers le tendon étiré qui entoure l'os de la cheville. Ensuite, les muscles s'étirent à nouveau tandis que dans le même temps le tendon libère son énergie telle une catapulte afin de produire une puissance d'accélération dépassant les limites du muscle[68]. Un mécanisme similaire est connu chez les locustes et les sauterelles[69].
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+ Les anoures de la famille des Bufonidae, des Rhinophrynidae et des Microhylidae ont de courtes pattes postérieures et sont plus enclins à marcher qu'à sauter[70]. Quand ils essaient de se déplacer plus rapidement, ils accélèrent la vitesse des mouvements de leurs membres ou adoptent une démarche sautillante. La démarche de Gastrophryne olivacea a été décrite comme une « combinaison entre de la course et de petits bonds de deux à cinq centimètres de long »[71]. Dans une expérimentation, un Bufo fowleri était placé sur un ergomètre tournant à différentes vitesses. En mesurant la quantité d'oxygène consommée par le crapaud on s'est rendu compte que ce sautillement utilisait de manière inefficace l'énergie lors de longs trajets, mais était une stratégie payante lors de courtes périodes d'activité intense[72].
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+ Kassina maculata a de courtes et frêles pattes postérieures mal adaptées au saut. Elle peut se déplacer rapidement en « courant » en utilisant ses deux pattes alternativement. Au ralenti, on s'en rend compte qu'à la différence d'un cheval qui peut trotter ou galoper, la démarche de cette grenouille est strictement identique quelle que soit sa vitesse d'avancement[73]. Cette espèce peut également grimper dans des arbres et des arbustes, ce qu'elle fait souvent la nuit à la recherche d'insectes[74]. Euphlyctis cyanophlyctis a de larges pattes et peut courir à la surface de l'eau sur quelques mètres[67].
98
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+ Les anoures qui vivent ou vont parfois dans l'eau disposent d'adaptations pour améliorer leur faculté à nager. Les pattes postérieures ont notamment une forte musculature, et les orteils sont intégralement palmés, ce qui augmente la surface des pattes et aide l'animal à se propulser dans l'eau. Les membres de la famille des Pipidae sont totalement aquatiques et sont les plus spécialisés dans ce domaine. Ils ont une colonne vertébrale très peu flexible, un corps aplati, un système de ligne latérale et de puissantes pattes postérieures aux orteils palmés[75]. Les têtards ont une grande nageoire caudale qui leur permet d'avancer en remuant la queue d'un côté à l'autre[76].
100
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101
+ Certains anoures se sont adaptés à la vie dans des galeries souterraines et peuvent creuser. Ils ont généralement un corps arrondi, de courts membres, une petite tête aux yeux renflés et des pattes de derrière adaptées pour creuser. Un exemple extrême est Nasikabatrachus sahyadrensis qui vit dans le sud de l'Inde et se nourrit de termites, et qui passe presque l'intégralité de sa vie sous la surface du sol. Elle en émerge brièvement durant la mousson pour se reproduire dans des mares temporaires. Elle a une minuscule tête avec un museau pointu et un corps globuleux. Du fait de son existence souterraine, elle a été décrite scientifiquement pour la première fois en 2003, et n'était connue auparavant que par la population locale[77].
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+ Les Scaphiopodidae d'Amérique du Nord sont également bien adaptés à la vie souterraine. Le Crapaud des Plaines (Spea bombifrons) en est un exemple typique avec un volet d'os kératinisé relié à l'un des métatarses qui est utilisé pour creuser en reculant. Quand il creuse, le crapaud tortille ses hanches d'un côté à l'autre pour s'enfoncer dans le sol. Il dispose ainsi d'un terrier peu profond en été duquel il émerge la nuit pour aller se nourrir. En hiver il creuse plus profondément et on l'a retrouvé jusqu'à 4,5 m de profond[78]. Le tunnel est rempli de terre et le crapaud hiverne dans une petite chambre située à son extrémité. Pendant ce temps, l'urée s'accumule dans les tissus et l'eau du sol est absorbée par le crapaud par osmose pour subvenir à ses besoins[78]. Les Scaphiopodidae se reproduisent en masse. Ils émergent tous de leurs terriers au même moment et se dirigent vers des mares temporaires, attirés par le chant du premier mâle à trouver une telle opportunité pour se reproduire[79].
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+ Les grenouilles australiennes vivant sous le sol ont un mode de vie semblable. Heleioporus albopunctatus creuse un terrier à côté d'une rivière ou dans le lit d'un ruisseau temporairement à sec, et en émerge régulièrement pour se nourrir. L'accouplement a lieu et les œufs sont pondus dans nid d'écume dans le terrier. Les œufs se développent partiellement ici mais n'éclosent pas tant qu'ils ne sont pas immergés par de fortes précipitations. Les têtards se dirigent alors vers l'étendue d'eau la plus proche et terminent rapidement leur développement[80]. Certaines espèces de Madagascar s'enterrent généralement simplement dans la litière de feuille. Parmi elle Scaphiophryne marmorata a une tête aplatie, un museau court et des tubercules bien développés au niveau du métatarse, en faisant un animal bien adapté pour creuser. Par ailleurs ses orteils des pattes antérieures se terminent par des disques qui lui permettent de grimper dans les buissons[81]. Elle se reproduit dans des points d'eau temporaires après la pluie[82].
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+ Les grenouilles arboricoles vivent haut dans la canopée, où elles naviguent entre les branches, les brindilles et les feuilles, parfois ne descendant jamais à terre. Les grenouilles de la famille des Hylidae sont un exemple typique de grenouilles arboricoles, mais certaines autres espèces ont développé un mode de vie similaire, comme les Centrolenidae, les Hyperoliidae, certaines Microhylidae et les Rhacophoridae[70]. La plupart des grenouilles arboricoles mesurent moins de 10 cm de long, avec de longues pattes arrière et de longs orteils équipés de ventouses à leur extrémité. La surface de ces ventouses est constituée d'une couche de cellules épidermiques à sommet plat hexagonales, très rapprochées et seulement séparées par des sillons au sein desquels des glandes sécrètent du mucus. Ces ventouses, maintenues humides par le mucus, permettent à ces animaux de s'agripper à des surfaces sèches comme mouillées, y compris du verre. Elles utilisent la force de tension superficielle et la viscosité[83]. Certaines grenouilles sont très acrobatiques et peuvent attraper des insectes tandis qu'elles se tiennent à une brindille par un orteil ou qu'elles serrent la tige d'un roseau balayé par le vent[84]. Certains membres de la sous-famille des Phyllomedusinae ont des orteils en position opposés. La Phyllomedusa ayeaye a un doigt opposé sur chacune de ces pattes avant et deux doigts opposés sur ses pattes arrière. Cela lui permet de saisir les tiges des plantes quand elle se déplace en grimpant dans la végétation en bord de rivière[85].
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+ Durant l'histoire évolutive de la grenouille, différents groupes ont développé un déplacement par la voie des airs[86]. Certaines grenouilles dans la forêt tropicale sont bien adaptées pour planer d'arbres en arbres ou pour retomber sur le sol de la forêt. La Grenouille volante de Wallace (Rhacophorus nigropalmatus) en est un exemple typique que l'on trouve en Malaisie et à Bornéo. Elle a de larges pattes avec l'extrémité des doigts formant de larges disques adhésifs et une palmure complète. Les membres sont bordés de bandes de peau libre. En écartant les doigts, étendant les membres et déployant ses bandes de peau, la grenouille peut planer sur des distances considérables[87]. Elle peut changer sa direction pendant qu'elle plane et naviguer ainsi entre les arbres sur des distances pouvant atteindre 15 m[88].
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+ Principalement deux types de reproduction sont utilisés par les anoures : la reproduction prolongée et la reproduction explosive. Dans le premier cas, les adultes se rassemblent certaines périodes de l'année dans les étangs, lacs ou ruisseaux pour se reproduire. La plupart des animaux retournent vers le lieu où ils sont nés et ont grandi. Il en résulte d'importantes migrations de centaines d'individus. Dans l'autre cas, les grenouilles adultes arrivent aux points de reproduction en réponse à certains facteurs, comme des averses dans les régions extrêmement arides. Chez les espèces concernées, la copulation et la ponte ont lieu très rapidement après l'arrivée des animaux sur le site de reproduction, et les têtards se développent très rapidement afin d'utiliser les points d'eau temporaires avant qu'ils ne s'assèchent à nouveau[89].
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+ Chez les espèces qui se rassemblent saisonnièrement, les mâles arrivent généralement les premiers sur les sites de reproduction, et y restent quelque temps avant l'arrivée des femelles, ces dernières quittant le site rapidement après la ponte. Cela implique que les mâles sont plus nombreux que les femelles à un instant donné, et ils défendent un territoire duquel ils excluent les autres mâles. Ils indiquent leur présence en coassant, alternant souvent leurs appels avec les coassements des animaux voisins. Les grenouilles les plus grosses et les plus fortes émettent les coassements les plus profonds, et elles peuvent garder les meilleurs territoires. Les femelles choisissent leur partenaire en partie sur la profondeur de leur chant[90]. Chez certaines espèces certains mâles n'ont pas de territoire et ne chantent pas. Ils interceptent des femelles qui se dirigent vers des mâles coassant ou prennent un territoire lorsqu'il devient vacant. Le chant est une activité qui demande beaucoup d'énergie. Parfois il y a des échanges de rôle, et un mâle disposant d'un territoire le laisse pour graviter librement autour de celui des autres[89].
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+ Chez les espèces adeptes d'une reproduction explosive, le premier mâle qui trouve un lieu approprié pour se reproduire appelle d'un coassement bruyant, attirant ses congénères des deux sexes. Les animaux chantent ensuite à l'unisson, formant un chœur que l'on peut entendre de très loin. Les Scaphiopus d'Amérique du Nord entrent dans cette catégorie. La sélection du partenaire et la cour n'ont que peu d'importance par rapport à la rapidité avec laquelle les animaux s'accouplent. Certaines ann��es, les conditions favorables ne se produisent pas et les animaux peuvent rester deux années ou plus sans se reproduire[89]. Certaines femelles Spea multiplicata pondent uniquement la moitié de leurs œufs à la fois, peut-être pour en conserver si une meilleure opportunité pour se reproduire se produisait ultérieurement[91].
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+ Sur le site de reproduction, le mâle monte sur la femelle et s'accroche solidement sur son corps. Typiquement, l'amplexus a lieu dans l'eau, la femelle relâchant ses œufs et le mâle les couvrant avec son sperme : la fécondation est donc externe. Chez certaines espèces comme le Crapaud des steppes (Bufo cognatus), le mâle retient les œufs avec ses pattes arrière, les gardant en place pendant environ trois minutes[89]. Les membres du genre Nimbaphrynoides que l'on trouve en Afrique de l'Ouest sont uniques parmi les anoures du fait de leur viviparité. Les membres du genre tanzanien Nectophrynoides sont les seuls anoures ovovivipares. Dans les deux cas, la fertilisation est interne et les femelles donnent naissance à de jeunes grenouilles complètement développées[92],[93].
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+ Comme d'autres amphibiens, le cycle de vie de la grenouille commence dans l'eau avec un œuf qui éclos pour donner une larve sans membres munie de branchies, que l'on appelle têtard. Après une période de croissance, durant laquelle le têtard développe des membres et des poumons, il se métamorphose et son aspect général et l'arrangement de ses organes internes sont modifiés. Il peut quitter l'eau sous la forme d'une grenouille miniature.
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+ Les embryons des anoures sont généralement entourés de plusieurs couches d'une substance gélatineuse. La gélatine protège l'œuf tout en permettant le passage de l'oxygène, du dioxyde de carbone et de l'ammoniac. Elle absorbe l'humidité et gonfle en contact avec l'eau. Après la fertilisation, la portion la plus interne se liquéfie pour permettre les libres mouvements de l'embryon en développement. Chez certaines espèces, comme la Grenouille à pattes rouges (Rana aurora) et la Grenouille des bois (Rana sylvatica), une algue verte unicellulaire symbiotique est présente dans la gélatine. On pense qu'elle est utile à l'embryon en développement en lui pourvoyant de l'oxygène supplémentaire à travers la photosynthèse[94]. Les œufs sont noirs ou marron foncé, et ont l'avantage d'absorber la chaleur du soleil qui est retenue par la capsule. L'intérieur des amas d'œufs de la Grenouille des bois (Rana sylvatica) est 6 °C plus chaud que l'eau environnante et cela accélère le développement de la larve[95].
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+ La forme et la taille des œufs sont caractéristiques de l'espèce concernée. Les ranidés produisent des amas d'œufs globulaires comprenant un grand nombre d'œufs, tandis que les bufonidés produisent des amas d'œufs formant de longues chaînes cylindriques. La minuscule Eleutherodactylus limbatus pond des œufs isolés, les enterrant dans le sol humide[96]. Leptodactylus pentadactylus fait un nid de mousse dans un arbre creux. Les œufs éclosent lorsque le nid est inondé, ou les têtards terminent leur développement dans la mousse s'il n'y a jamais d'arrivée d'eau[97]. La Grenouille aux yeux rouges (Agalychnis callidryas) dépose ses œufs sur une feuille au-dessus d'un point d'eau et quand elles éclosent les larves tombent dans l'eau en dessous[98]. Les larves en développement dans les œufs peuvent détecter les vibrations causées par des guêpes ou serpents prédateurs, et peuvent éclore plus précocement pour éviter d'être mangés[99]. En général, la longueur d'incubation dépend de l'espèce et des conditions environnementales. Les œufs aquatiques éclosent généralement au bout d'une semaine, quand la capsule se fend sous l'action d'une enzyme relâchée par la larve en développement[100].
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125
+ Les larves qui émergent des œufs, que l'on connaît sous le nom de têtards, ont généralement un corps ovale allongé, avec une queue aplatie verticalement. En règle générale, les têtards sont totalement aquatiques, mais au moins une espèce, Nannophrys ceylonensis, a des têtards semi-aquatiques qui peuvent vivre sur des rochers humides[101],[102]. Les têtards n'ont pas de paupière et ont des squelettes cartilagineux, une ligne latérale, des branchies pour assurer leur respiration (branchies externes dans un premier temps puis branchies internes) et une queue aplatie verticalement qu'ils utilisent pour nager[76].
126
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+ Au début de son développement, le têtard possède une poche branchiale qui recouvre ses branchies et ses pattes avant. Les poumons commencent rapidement à se développer et sont utilisés de manière complémentaire pour la respiration. Certaines espèces réalisent leur métamorphose dans l'œuf et éclosent directement sous la forme de grenouilles miniatures. Les têtards sont dépourvus de vraies dents, mais les mâchoires supérieures de certaines espèces présentent deux rangées parallèles de structures kératinisées. Les mâchoires inférieures portent généralement trois rangées de ces dents entourées d'un bec corné, mais le nombre de rangées peut varier et l'agencement exact de la bouche constitue un moyen d'identification des espèces[100]. Chez les Pipidae, à l'exception de Hymenochirus, les têtards ont une pare de barbillons antérieurs, qui les font ressembler à des poissons-chats[75]. Leurs queues sont raidies par une chorde, mais ne contiennent aucun élément osseux ou cartilagineux, excepté quelques vertèbres à la base qui forme l'urostyle durant la métamorphose. On pense qu'il s'agit d'une adaptation à leur mode de vie. Comme leur transformation en grenouilles arrive très rapidement, la queue est uniquement constituée de tissu mou, car l'os et le cartilage prennent plus de temps à être absorbés. La nageoire caudale et l'extrémité de la queue sont fragiles et se déchirent rapidement, ce qui est vu comme une adaptation pour échapper à des prédateurs qui tentent de les attraper par la queue[103].
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+ Les têtards sont principalement herbivores, se nourrissant majoritairement d'algues comme les diatomées qu'il filtre dans l'eau à travers ses branchies. Certaines espèces sont carnivores au stade têtard, mangeant des insectes, de plus petits têtards et des poissons. La Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) fait partie des espèces chez lesquelles les têtards peuvent être cannibales. Les têtards qui développent leurs membres le plus rapidement peuvent être mangés par les autres, et ce sont donc les animaux qui ont le développement le plus long qui sont avantagés[104].
130
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131
+ Les têtards sont très vulnérables aux poissons, aux tritons, aux dytiques et aux oiseaux tels que les martins-pêcheurs qui s'en nourrissent. Certains têtards, comme ceux du Crapaud buffle (Rhinella marina), sont poisons. Le stade têtard peut durer seulement une semaine chez des espèces à la reproduction rapide ou peut laisser l'animal passer un ou deux hivers avant qu'il ne se métamorphose au printemps[105].
132
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+ À la fin du stade têtard, la grenouille se métamorphose et son corps se transforme rapidement en celui d'un adulte. Cette métamorphose dure seulement 24 heures, et est initiée par la production d'une hormone, la thyroxine. Cela conduit différents tissus à se développer de différentes façons. Les principaux changements sont le développement de poumons et la disparition des branchies et des poches branchiales, laissant les pattes avant visibles. La mâchoire inférieure devient la grande mandibule de l'adulte carnivore, et le long intestin spiralé du têtard herbivore est remplacé par un intestin court typique d'un prédateur[100]. Le système nerveux devient bien adapté à l'audition et la vision stéréoscopique, et pour de nouvelles méthodes de locomotion et d'alimentation[100]. Les yeux sont repositionnés plus haut sur la tête et les paupières et glandes associées apparaissent. Le tympan, l'oreille moyenne et l'oreille interne se développent. La peau devient plus épaisse et plus dure, la ligne latérale disparaît et les glandes de la peau apparaissent[100]. La dernière étape est la disparition de la queue, mais elle a lieu plus tard, le tissu étant utilisé pour accélérer la croissance des membres[106]. C'est lors de leur métamorphose que les anoures sont les plus sensibles aux prédateurs. En effet, les grenouilles ont tout juste perdu leur queue et leurs membres commencent tout juste à être utilisés pour la locomotion[70].
134
+
135
+ Larve de Grenouille commune Rana temporaria un jour avant la métamorphose.
136
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137
+ Étape de la métamorphose avec la mâchoire déformée, de grands yeux et une relique de la poche branchiale.
138
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139
+ Jeune grenouille avec courte queue, dont la métamorphose est presque complète.
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141
+ Après la métamorphose, les jeunes adultes se dispersent dans leur nouvel habitat terrestre ou continuent à vivre dans l'eau. Presque tous les anoures sont carnivores au stade adulte, se nourrissant d'invertébrés, comme des arthropodes, des annélides, des gastéropodes, et des limaces[107]. Quelques-unes des plus grosses espèces peuvent manger d'autres grenouilles, des petits mammifères et des poissons. Certaines grenouilles utilisent leur langue gluante pour attraper des proies rapides[108], tandis que d'autres poussent la nourriture dans leur bouche avec leurs pattes. La grenouille arboricole Xenohyla truncata est une exception car en partie herbivore, son alimentation comprenant une grande proportion de fruit[109]. Les grenouilles adultes sont elles-mêmes les proies de différents prédateurs. La Grenouille léopard (Rana pipiens) est par exemple consommée par les hérons, les faucons, les poissons, les grandes salamandres, les serpents, les ratons laveurs, les moufettes, les visons, les grenouilles-taureaux et d'autres animaux[110].
142
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+ Les anoures sont des prédateurs primaires et un maillon important de la chaîne alimentaire. Étant hétérotherme, ils font une utilisation efficace de leur alimentation en dépensant peu d'énergie pour les processus métaboliques, tandis que le reste est transformé en biomasse. Ils sont eux-mêmes consommés par les prédateurs secondaires et sont les principaux consommateurs terrestres d'invertébrés, la plupart attrapés sur des plantes. En réduisant la population d'herbivore, ils jouent un rôle dans la croissance des plantes et participent à l'équilibre des écosystèmes[111].
144
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145
+ On sait peu de choses sur la longévité des anoures à l'état sauvage. La squelettochronologie est une méthode permettant d'évaluer l'âge des animaux à partir du squelette. Cette méthode a été utilisée pour étudier la Grenouille des montagnes à pattes jaunes (Rana muscosa), dont les phalanges des orteils présentaient des lignes de croissance saisonnière avec ralentissement de la croissance en hiver. La plus vieille grenouille avait dix lignes, et on estimait donc son âge à 14 ans, en comptant les quatre ans de stade têtard[112]. Certains animaux détenus en captivité ont vécu jusqu'à 40 ans, record obtenu pour un Crapaud commun (Bufo bufo). Le Crapaud buffle (Bufo marinus) peut vivre 24 ans en captivité, et la Grenouille-taureau (Rana catesbeiana) 14 ans[113]. Les grenouilles des climats tempérés hibernent durant l'hiver, et quatre espèces sont connues pour pouvoir supporter de geler durant cette période, dont la Grenouille des bois (Rana sylvatica)[114].
146
+
147
+ Bien que les soins apportés à la progéniture soient mal étudiés chez les grenouilles, près de 20 % pourrait s'occuper d'une manière ou d'une autre de l'avenir de leur progéniture[115]. L'évolution des soins parentaux chez les grenouilles est dirigée principalement par la taille de l'étendue d'eau dans lequel elles se reproduisent. Les espèces qui se reproduisent dans de petits points d'eau ont généralement des comportements parentaux plus complexes[116]. Du fait de la prédation importante des œufs et des larves dans les points d'eau de plus grande taille, un grand nombre d'espèces pondent leurs œufs sur la terre. Un des deux parents doit alors s'assurer que les œufs ne se dessèchent pas en maintenant une certaine humidité pour assurer leur survie[117]. Par ailleurs les parents doivent ensuite assurer le transport des têtards juste éclos vers un point d'eau[116].
148
+
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+ Dans les petits points d'eau, les prédateurs sont la plupart du temps absents et la compétition entre les têtards est la principale limite à leur survie. Certaines espèces de grenouilles évitent cette concurrence en utilisant de petits phytotelmes (axiles de feuilles remplis d'eau ou cavité dans du bois) comme sites pour déposer quelques têtards[118]. Si ces sites permettent aux têtards de ne pas être en compétition, ils manquent également de nutriments pour survivre sans aide de leurs parents. Les espèces ayant adopté cette stratégie laissent à leurs têtards des œufs remplis de substances nutritives mais non fécondés[116]. La femelle Grenouille des fraises (Oophaga pumilio) pond ses œufs sur le sol de la forêt tropical. Le mâle les protège des prédateurs et leur apporte de l'eau via son cloaque pour les garder humides. Quand ils éclosent, la femelle emmène les têtards sur son dos pour rejoindre une broméliacée remplie d'eau ou autre point d'eau similaire, en déposant seulement un œuf à chaque endroit. Elle les visite régulièrement et les nourrit en pondant un ou deux œufs non fertilisés dans le phytotelma, et ce jusqu'à ce que le têtard atteigne le stade de la métamorphose[119]. Oophaga granulifera s'occupe de ses têtards d'une manière similaire[120].
150
+
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+ Diverses autres formes de soins parentaux peuvent être observées chez les grenouilles. Le petit mâle Colostethus subpunctatus garde les œufs pondus par sa femelle, sous une pierre ou un morceau de bois. Quand les œufs éclosent, il transporte les têtards sur son dos jusqu'à une mare temporaire, où il s'immerge en partie pour laisser tomber un ou quelques têtards, avant de se diriger vers un autre point d'eau et recommencer l'opération[121]. Le mâle Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) porte les œufs avec lui, attachés sur ses pattes arrière. Il les conserve humide en s'immergeant régulièrement dans l'eau et leur évite de devenir trop humide en élevant ses quartiers arrière. Après trois à six semaines, il se dirige vers un point d'eau et les œufs éclosent[122]. Engystomops pustulosus construit un nid flottant fait de mousse pour protéger ses œufs de la prédation. Cette mousse est faite de protéines et de lectines et semble avoir des propriétés antimicrobiennes[123]. Plusieurs couples de grenouilles peuvent construire un nid de ce type en commun, à partir d'un radeau préexistant. Les œufs sont pondus au centre, suivis de couches alternatives de mousse et d'œufs, le tout recouvert de mousse[124].
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+ Certaines grenouilles protègent leur descendance dans leur propre corps. Les mâles et les femelles Assa darlingtoni gardent leurs œufs, qui sont pondus sur le sol. Une fois éclos, le mâle lubrifie son corps avec le gel les entourant, et s'immerge dans la masse d'œufs éclos. Les têtards se dirigent alors vers des poches de peau qu'il possède sur ses flancs, où ils vont se développer jusqu'à la métamorphose[125]. Les femelles du genre Rheobatrachus, présent en Australie et probablement éteinte aujourd'hui, avalent les œufs fertilisés, qui se développent dans leur estomac. Elles cessent alors de se nourrir et de sécréter des sucs gastriques. Les têtards utilisent le vitellus des œufs pour se nourrir. Après 6 ou 7 semaines, ils sont prêts à se métamorphoser. La mère régurgite les petites grenouilles, qui s'échappent de sa bouche[126]. La femelle Rhinoderma darwinii du Chili pond jusqu'à 40 œufs sur le sol, où ils sont gardés par le mâle. Quand les têtards sont prêts à éclore, ils sont gobés par le mâle, qui les garde dans son sac vocal particulièrement grand. Ils sont immergés dans un liquide visqueux et mousseux qui contient des matières nutritives supplémentaires à celle du vitellus. Ils y restent 7 à 10 semaines avant de se métamorphoser, après quoi ils sortent de la bouche du mâle[127].
154
+
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+ Les anoures ont de nombreux prédateurs potentiels (dont d'autres amphibiens tels que les salamandres) [128]. À première vue, les anoures semblent sans défense avec leur petite taille, leur peau fine et l'absence de défenses telles que des épines, des griffes ou des dents. Plusieurs utilisent le camouflage pour éviter d'être vue par certains prédateurs (Une peau tachetée ou rayée de couleurs identiques à celles de son environnement permettent à l'animal d'être difficile à percevoir, il existe des anoures qui ont la couleur, mais aussi la forme d'une feuille morte). Certaines espèces peuvent faire de grands bonds, généralement vers l'eau, pour échapper à leurs prédateurs, tandis que d'autres ont développé d'autres méthodes de défense[89].
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+ La peau de plusieurs anoures contient des substances toxiques appelées bufotoxines qui les rendent immangeables pour les prédateurs. La plupart des crapauds et certaines grenouilles ont de grandes glandes productrices de poison, les glandes parotoïdes, situées sur les côtés de leurs têtes derrière les yeux, ainsi que d'autres glandes un peu partout sur le corps. Des glandes sécrètent aussi un mucus et des substances rendant les animaux glissants et donc difficiles à saisir. Si les effets nocifs du poison ou de molécules répulsives sont immédiats, le prédateur stoppe son agression et l'anoure peut s'échapper. Si les effets sont plus tardifs, le prédateur va apprendre à éviter cette espèce à l'avenir[129]. Les grenouilles toxiques indiquent leur toxicité en se parant de couleurs vives, une stratégie adaptative connue comme l'aposématisme. C'est le cas notamment des grenouilles de la famille des Dendrobatidae. Elles sont généralement rouges, orange ou jaunes, souvent avec des marques noires qui font contraste. Allobates zaparo n'est pas toxique, mais mime l'apparence de deux espèces toxiques qui partagent son aire de répartition pour se prémunir des prédateurs[130]. D'autres espèces, comme le Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina), ont leurs couleurs dissuasives sous le corps. Elles les exhibent alors lorsqu'elles sont attaquées, adoptant une pose pour montrer leur ventre[5].
158
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+ Certaines grenouilles, comme les Dendrobatidae, sont particulièrement toxiques. Les indigènes d'Amérique du Sud extraient le poison de ces grenouilles pour en recouvrir leurs armes pour la chasse[131], bien que peu d'espèces soient suffisamment toxiques pour être utilisées de la sorte. Au moins deux espèces non toxiques d'Amérique tropicale (Pristimantis gaigei et Lithodytes lineatus) miment l'apparence des Dendrobatidae pour se protéger elles-mêmes[132],[133]. Certaines grenouilles obtiennent leur poison grâce aux fourmis et autres arthropodes qu'elles consomment[134]. D'autres, comme les Pseudophryne d'Australie (Pseudophryne corroboree et Pseudophryne pengilleyi), synthétisent leurs alcaloïdes elles-mêmes[135]. Les substances produites par les anoures peuvent être irritantes, hallucinogènes, neurotoxiques, vasoconstrictrices ou provoquer des convulsions. De nombreux prédateurs se sont adaptés et peuvent tolérer un degré d'empoisonnement fort avec ces substances, mais d'autres créatures, y compris les hommes qui attrapent les anoures, peuvent être fortement touchées[136].
160
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161
+ Certains anoures se défendent en intimidant leurs prédateurs. Le Crapaud commun (Bufo bufo) adopte une posture particulière lorsqu'on l'attaque, gonflant son corps et se tenant dressé sur ses pattes de devant avec la tête baissée[137]. La Grenouille-taureau (Rana catesbeiana) se tapit au sol avec ses yeux fermés et la tête penchée vers l'avant quand elle est menacée. De cette façon les glandes parotoïdes sont dans leur position la plus efficace, les autres glandes sur son dos commencent à suinter des sécrétions toxiques et les parties de son corps les plus vulnérables sont protégées[89]. Certaines grenouilles « crient » pour surprendre le prédateur. La Rainette versicolore (Hyla versicolor) produit un bruit lourd qui rappelle parfois la Grande musaraigne Blarina brevicauda[89]. Bien que les crapauds soient évités par de nombreux prédateurs, la Couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis) en consomme régulièrement. Les jeunes Crapauds d'Amérique (Bufo americanus) lorsqu'ils sont approchés par ce serpent font le mort : ils se couchent et restent immobiles, tactique souvent fructueuse, le serpent passant à côté du crapaud sans le détecter[138].
162
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163
+ Les anoures sont présents sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique, mais ne sont pas présents sur diverses îles, notamment sur celles qui sont éloignées des continents[139],[140]. De nombreuses espèces sont restreintes à des zones géographiques limitées du fait de changements de climat ou de territoires inhospitaliers comme les étendues de mer, les chaînes montagneuses, les déserts, les forêts coupées à blanc, les routes ou diverses autres constructions humaines qui constituent des barrières infranchissables pour ces animaux[141]. Généralement, on rencontre une plus grande diversité d'anoures dans les zones tropicales que dans les zones tempérées comme l'Europe[142]. Certaines grenouilles vivent dans des habitats arides, comme les déserts, grâce à des adaptations adéquates. Ainsi les membres du genre australien Cyclorana creusent eux-mêmes des galeries souterraines un cocon imperméable à l'eau dans lequel ils peuvent estiver durant les périodes sèches. Une fois qu'il pleut, les animaux émergent et se reproduisent dès qu'elles ont trouvé une mare temporaire. Le développement des œufs et des têtards est alors très rapide en comparaison des autres espèces, ceci afin que la reproduction puisse se terminer avant que la mare temporaire ne tarisse[143]. Certaines grenouilles sont adaptées aux environnements froids. La Grenouille des bois (Rana sylvatica), dont l'habitat s'étend dans le cercle Arctique, creuse dans le sol en hiver. Bien que la plupart de son corps gèle à ce moment, elle protège ses organes vitaux des dommages grâce à la très forte concentration de glucose en leur sein[21].
164
+
165
+ Environ 88 % des espèces d'amphibiens sont classées dans l'ordre des anoures[18]. Cet ordre comprend environ 4 810 espèces appartenant à 33 familles[144], parmi lesquelles les Leptodactylidae (1100 espèces), les Hylidae (800 espèces) et les Ranidae (750 espèces) sont les plus importantes[18]. Les anoures comprennent toutes les grenouilles modernes et diverses espèces fossiles. Les caractéristiques des anoures adultes comprennent neuf vertèbres présacrales ou moins, un long ilium incliné vers l'avant, la présence d'un urostyle, l'absence de queue, des membres avant plus courts que les membres arrière, le radius et l'ulna fusionnés, tout comme le tibia et le fibula, des os de la cheville allongés, l'absence d'un os préfrontal, la présence d'un os hyoïde, une mâchoire inférieure dépourvue de dents, une langue sans support, des espaces lymphatiques en dessous de la peau et un muscle, le protractor lentis, attaché au cristallin[145]. La larve des anoures, le têtard, a un unique stigmate pour respirer et sa bouche est pourvue d'un bec corné et de denticules[145]
166
+
167
+ Les grenouilles et les crapauds sont classés en trois sous-ordres : celui des Archaeobatrachia, qui inclut quatre familles de grenouilles "primitives" ; celui des Mesobatrachia, qui comprend cinq familles de grenouilles un peu plus ""évoluées"" ; et celui des Neobatrachia, de loin le plus répandu, qui contient les 24 autres familles d'anoures "modernes", dont les espèces les plus communes présentes à travers le monde. Le sous-ordre des Neobatrachia est lui-même divisé en deux superfamilles, les Hyloidea et les Ranoidea[146]. Cette classification s'appuie sur des caractéristiques morphologiques comme le nombre de vertèbres, la structure de la ceinture scapulaire et la morphologie des têtards. Alors que cette classification est largement acceptée, les liens entre les différentes familles d'anoures restent débattus[147].
168
+
169
+ Certaines espèces d'anoures s'hybrident communément. Par exemple, la Grenouille verte d'Europe (Pelophylax kl. esculentus) est un hybride entre la Petite grenouille verte (Pelophylax lessonae) et la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus)[148]. Le Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina) et le Sonneur à ventre jaune Bombina variegata sont également très proches et peuvent s'hybrider. Les hybrides sont moins fertiles que leurs parents, et on trouve une zone d'hybridation où ils sont très répandus[149].
170
+
171
+ Selon Amphibian Species of the World (17 septembre 2014)[150] :
172
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173
+ Les origines et les relations évolutives entre les trois principaux groupes d'amphibiens sont sujets à controverses. La phylogénie moléculaire s'appuyant sur l'analyse de l'ADN ribosomique réalisée en 2005 suggère que les salamandres et les cécilies sont plus proches entre eux qu'ils le sont des anoures, et que la divergence entre les trois groupes date du Paléozoïque ou du début du Mésozoïque, avant la séparation du supercontinent Pangée et peu après leur divergence d'avec les sarcoptérygiens[151]. Une autre analyse moléculaire phylogénétique a conclu que les lissamphibiens sont apparus pour la première fois il y a environ 330 millions d'années et que l'hypothèse selon laquelle les anoures dérivaient des Temnospondyli est la théorie la plus crédible. Les Neobatrachia semblent être originaires d'Afrique et d'Inde, les salamandres d'Asie de l'Est et les cécilies de la Pangée tropicale[152]. D'autres chercheurs, bien qu'ils acceptent les principaux points de cette théorie, pensent que la divergence des lissamphibiens a eu lieu au Permien, il y a moins de 300 millions d'années, une date qui est plus en rapport avec les découvertes paléontologiques[153]. Une étude complémentaire menée en 2011 sur des taxons éteints et existants étudiés du point de vue de leur morphologie et également de leur analyse moléculaire a conclu que Lissamphibia est un groupe monophylétique et qu'il devait être placé dans les Lepospondyli plutôt que parmi les Temnospondyli. L'étude postule que Lissamphibia n'est pas apparu avant la fin du Carbonifère, il y a entre 290 et 305 millions d'années. La séparation entre les anoures et les Caudata est estimée avoir eu lieu il y a 292 millions d'années, bien plus tard que la plupart des études moléculaires ne le suggèrent, et les cécilies auraient quant à eux divergé il y a 239 millions d'années[154].
174
+
175
+ En 2008, Gerobatrachus hottoni, un temnospondyle partageant à la fois des caractéristiques des grenouilles et des salamandres, est découvert au Texas. Il est daté de 290 millions d'années avant notre ère, et considéré comme un chaînon manquant, proche de l'ancêtre commun des grenouilles et des salamandres, ce qui est cohérent avec l'idée largement acceptée suivant laquelle les grenouilles et les salamandres sont plus fortement apparentées (formant un clade appelé Batrachia) qu'elles le sont avec les cécilies[155],[156]. Le premier Salientia connu (voir ci-dessous), plus proche des grenouilles existantes que des salamandres existantes, est Triadobatrachus massinoti, vivant au début du Trias à Madagascar (il y a environ 250 millions d'années), et des fragments de Czatkobatrachus polonicus vivant à la même période en Pologne[157]. Le crâne de Triadobatrachus ressemble à celui d'une grenouille, large avec de grandes orbites oculaires, mais les fossiles ont des caractéristiques qui divergent clairement des grenouilles actuelles, notamment un corps plus long avec plus de vertèbres. La queue a des vertèbres séparées qui diffèrent du coccyx fusionné des grenouilles actuelles. Le tibia et le fibula sont également séparés, et Triadobatrachus n'était donc vraisemblablement pas un bon sauteur[157].
176
+
177
+ Salientia (du latin (la) (salio), « sauter ») est un groupe comprenant les grenouilles modernes dans l'ordre des anoures et les fossiles qui leur sont fortement apparentés (comme Triadobatrachus et Czatkobatrachus). Les principales caractéristiques de ces « proto-grenouilles » de l'ordre des Salientia incluent les 14 vertèbres présacrées (les grenouilles modernes en ont 8 ou 9), un long ilium tourné vers l'avant au niveau du pelvis, la présence d'un os pariétal et d'une mâchoire inférieure dépourvue de dents. La première grenouille fossile que l'on place dans la lignée des anoures proprement dits est Prosalirus bitis, qui vivait au début du Jurassique[3],[158]. Elle a été découverte en 1995 dans la formation de Kayenta en Arizona, et date du début du Jurassique (entre 199,6 et 175 millions d'années avant notre ère), faisant de Prosalirus un groupe plus récent que Triadobatrachus[159]. Comme ces descendants, Prosalirus ne présente pas les pattes fortement agrandies mais possède la structure pelvique typique des grenouilles modernes. À la différence de Triadobatrachus, Prosalirus a déjà perdu presque toute sa queue[160] et était bien adapté au saut[161].
178
+
179
+ La première véritable grenouille connue est Vieraella herbstii, qui vivait au début du Jurassique. On connaît cet animal uniquement à partir des impressions fossilisées du dos et du ventre d'un animal unique, dont la taille était d'environ 33 mm. Notobatrachus degiustoi datant du milieu du Jurassique est plus jeune et date d'il y a entre 155 et 170 millions d'années. Les principales évolutions visibles sur cette espèce est le raccourcissement du corps et la perte de la queue. On pense que l'évolution des anoures modernes s'est achevée à la fin du Jurassique. Depuis, les évolutions au niveau du nombre de chromosomes ont été environ 20 fois plus rapides chez les mammifères que chez les grenouilles, indiquant que le phénomène de spéciation était plus rapide chez les mammifères[162].
180
+
181
+ Des fossiles de grenouilles ont été retrouvés sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique mais des preuves biogéographiques suggèrent qu'ils ont également vécu en Antarctique dans une ère précédente quand le climat y était plus chaud[163].
182
+
183
+ Phylogénie des ordres d'amphibiens modernes d'après Marjanovic & Laurin (2007)[164] :
184
+
185
+ Apoda (cécilies)
186
+
187
+ † Allocaudata
188
+
189
+ Urodela (salamandres...)
190
+
191
+ Anura (grenouilles et crapauds)
192
+
193
+ Phylogénie des familles basales de l'ordre Anura, d'après Pyron et Wiens (2011)[165] ainsi que Frost et al. (2006)[166] et Heinicke et al. (2009)[167] pour les noms de clades :
194
+
195
+ Ascaphidae
196
+
197
+ Leiopelmatidae
198
+
199
+ Alytidae
200
+
201
+ Bombinatoridae
202
+
203
+ Pipidae
204
+
205
+ Rhinophrynidae
206
+
207
+ Scaphiopodidae
208
+
209
+ Pelodytidae
210
+
211
+ Megophryidae
212
+
213
+ Pelobatidae
214
+
215
+ Neobatrachia
216
+
217
+
218
+
219
+ En 2006, parmi les 4 035 espèces d'amphibiens dépendant de l'eau au cours de leur cycle de vie, 1 356 (33,6 %) étaient considérés comme menacés. Il se pourrait même que ce chiffre soit sous-estimé car pour 1 427 on ne dispose pas de suffisamment d'éléments pour établir leur statut de sauvegarde[168]. Les populations d'anoures ont décliné fortement depuis les années 1950. Plus d'un tiers des espèces sont considérées comme menacées d'extinction, et plus de 120 espèces semblent s'être éteintes depuis les années 1980[169]. Parmi ces espèces disparues on compte notamment les Rheobatrachus d'Australie et le Crapaud doré du Costa Rica. La disparition de ce dernier a une importance particulière pour les scientifiques car il vivait dans la réserve de la forêt de nuages de Monteverde et a souffert d'un crash de sa population en 1987, comme 20 autres espèces d'anoures que l'on trouve dans cette région. Cet effondrement de la population, au-delà de la normale, ne peut pas être directement relié aux activités humaines telles que la déforestation[170]. Ailleurs, la disparition de leur habitat est la principale cause de déclin des populations d'anoures, avec la pollution, le changement climatique, l'accroissement des radiations UV et l'introduction d'espèces prédatrices ou entrant en compétition avec les espèces locales[171]. Une étude canadienne conduite en 2006 a estimé que l'augmentation du trafic routier était une cause de déclin plus importante que la disparition d'habitats[172]. Des maladies infectieuses émergentes, comme la chytridiomycose et le ranavirus, dévastent également certaines populations[173],[174].
220
+
221
+ Plusieurs spécialistes pensent que les amphibiens, dont les anoures, sont de très bons indicateurs de la bonne santé d'un écosystème du fait de leur position intermédiaire dans la chaîne alimentaire, leur peau perméable et leur vie à la fois aquatique et terrestre[175]. Il apparaît d'ailleurs que les espèces avec des œufs et des larves aquatiques sont plus sujettes au déclin que celles qui ont un développement direct sans stade larvaire[176].
222
+
223
+ Les mutations chez les grenouilles ont augmenté depuis les années 1990. Ces déformations comprennent notamment des pattes manquantes ou supplémentaires. Diverses causes sont identifiées ou considérées comme possibles, comme l'augmentation de la radiation ultraviolette qui pourrait affecter la ponte à la surface des mares, la contamination de l'eau par des pesticides et des engrais et la présence de parasites comme le trématode Ribeiroia ondatrae. Probablement que tous ces éléments contribuent d'une manière complexe à stresser les animaux, les rendant plus sensibles aux maladies et plus vulnérables aux attaques de parasites. Les malformations limitent la mobilité des animaux qui aurait donc du mal à atteindre l'âge adulte. L'augmentation du nombre de grenouilles capturées par des oiseaux risque au bout du compte d'augmenter la probabilité que les autres grenouilles soient parasitées, car le cycle des trématodes qui parasitent ces animaux est complexe et comprend des escargots de la famille des Planorbidae et les oiseaux comme hôtes intermédiaires[177],[178].
224
+
225
+ Dans quelques rares cas, des programmes d'élevage en captivité ont été menés avec succès[179],[180]. En 2007, l'application d'une bactérie probiotique s'est révélée pour enrayer la chytridiomycose[181]. Un projet mené actuellement, le Panama Amphibian Rescue and Conservation Project, a été développé à la suite de cette découverte pour secourir les espèces menacées par cette maladie à l'Est du Panama, et pour faire avancer la recherche sur la thérapie par les probiotiques[182],[183]. L'Association mondiale des zoos et des aquariums a déclaré 2008 l'« Année de la grenouille » pour attirer l'attention sur les problèmes de conservation qui menacent ces animaux[184].
226
+
227
+ Le Crapaud buffle (Bufo marinus) est une espèce originaire d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, et capable de s'adapter facilement à d'autres environnements. Dans les années 1930 il a été introduit à Porto Rico et dans diverses autres îles des Caraïbes pour réguler les insectes nuisibles dans les champs cultivés[185]. En 1935, 3000 Crapauds buffles sont relâchés dans les plantations de canne à sucre du Queensland, en Australie, pour lutter contre des insectes ravageurs tels que Dermolepida albohirtum, dont les larves font énormément de dégâts dans les cannes. Les premiers résultats sont positifs, mais il devient par la suite clair que le crapaud se développe et perturbe l'équilibre de l'écosystème local. Ils se reproduisent librement, se multiplient et entrent en compétition avec les grenouilles locales, mangent les abeilles et d'autres invertébrés non nuisibles. Ils ont peu de prédateurs dans ce nouvel habitat, et empoisonnent les animaux domestiques, les oiseaux carnivores et les mammifères qui cherchent à les consommer. Dans plusieurs de ces pays il est maintenant considéré comme une espèce invasive nuisible, et les scientifiques cherchent un moyen de contrôler sa population[186].
228
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229
+ Les cuisses de grenouilles sont consommées par l'Homme dans diverses parties du monde. Elles provenaient de petites populations sauvages, mais la surexploitation a conduit à la raréfaction de cette ressource. C'est pourquoi s'est développé l'élevage des grenouilles et un marché mondial en la matière[187]. Les principaux pays importateurs sont la France, la Belgique, le Luxembourg, et les États-Unis, tandis que les pays exportateurs sont l'Indonésie et la Chine[187]. Chaque année, entre 1 200 et 2 400 tonnes de Grenouille-taureau (Rana catesbeiana), principalement produites en Chine, sont vendues sur le marché mondial[188].
230
+
231
+ La consommation de grenouilles peut toutefois présenter des risques. Elles peuvent avoir bioaccumulé des toxines environnementales ou radionucléides (à la suite de la catastrophe de Tchernobyl par exemple). Certaines espèces ont une peau qui produit des toxines. La grenouille léopard du lac Saint-Pierre (Canada) s'est avérée contenir des PCB et du Mirex (mais en quantité à ce jour considérée comme non dangereuse pour les consommateurs). Les grenouilles peuvent transmettre divers pathogènes. Elles sont considérées avec d'autres animaux comme un des réservoirs de salmonelles (Sur la peau et les intestins), y compris des souches endémiques rares chez l'homme mais pouvant poser problème. Cette souche également trouvée dans les poulaillers et effluents d'élevages de bovins et de volailles et en aval de stations d'épuration. Ces effluents pourraient contaminer les zones humides et faire des amphibiens des réservoirs de telles souches[189].
232
+
233
+ Les grenouilles véhiculent aussi des bactéries comme Aeromonas hydrophila, responsable de la maladie des pattes rouges dont les symptômes sont des ulcères cutanés, un gonflement du ventre, une rougeur des pattes arrière et du bas-ventre. Cette bactérie est responsable de gastro-entérites et d'infections de plaies cutanées chez l'Homme[190].
234
+
235
+ Les grenouilles sont parfois utilisées pour réaliser des dissections en cours d'anatomie dans les lycées et les universités, souvent après qu'on leur eut injecté des substances colorées pour mieux voir certaines organes. Cette pratique tend à se réduire avec les préoccupations croissantes concernant le bien-être, et des « grenouilles virtuelles » sont aujourd'hui disponibles pour des dissections[191].
236
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237
+ Les grenouilles ont souvent servi pour des expérimentations animales au fil de l'histoire de la science. Le biologiste du XVIIIe siècle Luigi Galvani a découvert le lien entre l'électricité et le système nerveux via ses études sur des grenouilles[192]. En 1852, H. F. Stannius utilise un cœur de grenouille dans une procédure appelée ligature de Stannius pour démontrer que le ventricule et l'oreillette battent indépendamment l'un de l'autre et à des vitesses différentes[193]. La Xénope lisse (Xenopus laevis) était très utilisée dans les laboratoires dans la première moitié du XXe siècle pour réaliser des tests de grossesse. Un échantillon d'urine venant d'une femme enceinte injecté dans une grenouille femelle provoque en effet sa ponte, comme l'a observé le zoologiste anglais Lancelot Hogben. Ceci est du a une hormone, l'hormone gonadotrophine chorionique, présente en grande quantité dans l'urine d'une femme durant sa grossesse[194]. En 1952, Robert Briggs et Thomas J. King clonent une grenouille à partir de cellules somatiques. La même technique est plus tard utilisée pour créer la brebis Dolly, et leur expérience constitue la première transplantation nucléaire réussie pour un animal supérieur[195].
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+ Les grenouilles sont utilisées pour les recherches sur le clonage et d'autres branches de l'embryologie. Bien que d'autres méthodes soient aujourd'hui disponibles pour réaliser des tests de grossesse, les biologistes continuent à utiliser Xenopus comme un organisme modèle dans la biologie du développement car ses embryons sont gros et faciles à manipuler, elles peuvent être obtenues facilement et elles sont faciles à élever en laboratoire[196]. Xenopus laevis est tout de même de plus en plus souvent remplacée par une grenouille qui lui est apparentée, Xenopus tropicalis, plus petite et qui a l'avantage d'atteindre sa maturité sexuelle à cinq mois plutôt qu'un ou deux ans pour X. laevis[197], ce qui permet d'étudiant plus facilement les évolutions entre les générations. Le génome de X. tropicalis est séquencé[198].
240
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241
+ Comme les toxines produites par les anoures sont extraordinairement diverses, elles intéressent fortement les biochimistes qui y voient une « pharmacie naturelle ». L'alcaloïde épibatidine, un analgésique 200 fois plus puissant que la morphine, est par exemple rencontré chez une espèce de Dendrobatidae. D'autres substances isolées sur la peau des grenouilles pourraient apporter une résistance aux infections par le VIH[199]. Les Dendrobatidae sont l'objet de recherches pour évaluer leur potentiel thérapeutique[200].
242
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243
+ On a longtemps pensé que les Mésoaméricains pré-colombiens utilisaient les sécrétions toxiques du crapaud-buffle comme hallucinogène, mais ils utilisaient plus probablement les substances produites par Bufo alvarius. Celles-ci comprennent la bufoténine (5-MeO-DMT), un psychotrope utilisé aujourd'hui comme stupéfiant. Généralement, les sécrétions de la peau étaient séchées et fumées[201]. La prise illicite de drogue en léchant un crapaud a été rapportée par les médias mais il pourrait s'agir d'une légende urbaine[202].
244
+
245
+ Les exsudats provenant de la peau du Phyllobate terrible (Phyllobates terribilis) étaient traditionnellement utilisés par les indigènes pour empoisonner les flèches qu'ils utilisaient pour la chasse. L'extrémité du projectile était frottée sur le dos d'une grenouille et la flèche était ensuite lancée via une sarbacane. La combinaison des deux alcaloïdes toxiques que sont la batrachotoxine et la homobatrachotoxine est extrêmement puissante, et une grenouille peut fournir suffisamment de poison pour tuer 22 000 souris[203]. Deux autres espèces, le Phyllobate à bande dorée (Phyllobates aurotaenia) et le phyllobate bicolore (Phyllobates bicolor), étaient utilisées de la même manière. Elles sont toutefois moins toxiques et moins abondantes que le Phyllobate terrible. Ces grenouilles étaient empalées à la pointe d'un bâton et chauffée au-dessus d'un effet pour en extraire le maximum de poison pour recouvrir les flèches[203].
246
+
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+ Les grenouilles et crapauds tiennent une place importante dans le folklore, les contes de fées et la culture populaire. Ils tendent à être dépeints comme laids et maladroits, mais avec des talents cachés. Les exemples sont nombreux, parmi lesquels le personnage du Roi Grenouille ou Henri de Fer, Michigan J. Frog ou Kermit la grenouille. Le dessin animé One Froggy Evening de la Warner Brothers met en scène Michigan J. Frog, qui ne fera que danser et chanter pour le travailleur de démolition qui ouvre la capsule de temps, mais ne fait rien en public[204]. Le Roi grenouille est un conte de fées des frères Grimm sur une grenouille qui se transforme en un beau prince après avoir sauvé la balle d'or de la princesse, et l'avoir suivi dans son palais[205]. Kermit la grenouille est un personnage consciencieux et discipliné du Muppet Show et de 1, rue Sésame (Sesame Street), dans lequel il est ouvertement amical et très talentueux[206].
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+
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+ Les crapauds ont une réputation plus sinistre. Ils sont associés dans le folklore européen aux sorcières, et on pensait qu'ils avaient des pouvoirs magiques. Les sécrétions toxiques de leur peau étaient utilisées dans des potions maléfiques, mais ont également été mises à profit pour créer des remèdes magiques pour les maladies humaines et animales. Ils ont été associés au diable ; dans Le Paradis perdu de John Milton, Satan est ainsi représenté sous la forme d'un crapaud qui verse du poison dans l'oreille d'Eve[207]. Dans la Bible, la deuxième des dix plaies d'Égypte est l'invasion des terres par des milliers de ces batraciens. D'après les scientifiques qui se sont penchés sur cet évènement, le phénomène pourrait s'expliquer par une sécheresse ou par l'empoisonnement des eaux du Nil. En effet, dans des situations de stress, ces animaux sont capables d'accélérer leur développement pour fuir plus vite leur milieu, d'où une explosion de leur nombre.
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+ Les Moche, ancien peuple du Pérou, adoraient les animaux, et les grenouilles étaient souvent représentées dans leur art[208]. Au Panama, une légende locale raconte que la bonne fortune viendrait à la personne qui trouverait une grenouille dorée. Certains croyaient que lorsque l'une de ces grenouilles mourrait, elle se transformait en un talisman d'or connue sous le nom de Huaca. Aujourd'hui, en dépit de l'extinction de l'espèce à l'état sauvage, les grenouilles dorées du Panama demeure un symbole culturel important et sont représentées sur des molas en tissu décoratif faits par le peuple Kuna[209].
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+ Føroyar (fo)Færøerne (da)
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+ Les Îles Féroé (en féroïen : Føroyar, /ˈføːɹjaɹ/ ; en danois : Færøerne, /ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə/) sont un pays constitutif du Royaume du Danemark, avec le Danemark et le Groenland. Ce territoire est composé de l'archipel subarctique du même nom situé dans l'océan Atlantique nord, non loin de la mer de Norvège que seule l'île de Fugloy baigne par son cap nord-est. Les pointes septentrionales des îles de Streymoy et Eysturoy sont à peu près équidistantes de l'Écosse et de l'Islande. L'archipel a une superficie de 1 400 km2 et compte 52 110 habitants en 2020, appelés Féroïens.
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+ Les Îles Féroé sont une province autonome du royaume du Danemark depuis 1948 ; elles possèdent un gouvernement qui leur est propre et qui a compétence dans toutes les affaires à l'exception de la Défense. Un ministre des Affaires étrangères est nommé en 2008.
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+ En danois, le nom de l'archipel est Færøerne (prononcé [ˈfɛɐ̯ˌøːˀɐnə]). Le terme pourrait provenir du vieux norrois fær (« mouton »), øerne étant le pluriel défini d'ø (« île ») en danois. Færøerne signifierait selon cette hypothèse « les îles des moutons » [3]. En féroïen, son nom est Føroyar (prononcé [ˈføːɹjaɹ]). Oyar est le pluriel d'oy, terme désuet pour « île ».
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+ Le toponyme « îles Féroé » est donc redondant puisque les termes øerne et oyar signifient déjà « îles ».
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+ Les « îles Féroé » avec une minuscule à « îles » désignent l'archipel dans un sens géographique tandis que « Îles Féroé » avec une majuscule à « Îles » désignent le territoire dans un sens administratif.
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+ Le toponyme « îles Féroés » avec un pluriel à « Féroés » se rencontre parfois mais est erroné.
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+ L'histoire ancienne de l'archipel est mal connue. L'occupation humaine pourrait dater du IVe siècle[4]. Des moines hiberno-écossais pourraient s'y être installés au VIe siècle et y avoir introduit des moutons et des chèvres, mais ce point n'est pas confirmé.
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+ Vers 650, des Scandinaves s'installent sur l'archipel, y apportant le vieux norrois qui évolue par la suite pour donner le féroïen actuel. On suppose que ces colons ne viennent pas directement de Scandinavie mais plutôt de communautés scandinaves autour de la mer d'Irlande, des Shetland ou des Orcades et des Norvégiens-Gaëls. Selon la saga des Féroïens, le premier homme à poser pied sur les îles Féroé, Grímr Kamban, fuyait la tyrannie du roi de Norvège Harald Ier.
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+ Au XIe siècle, Sigmundur Brestisson, dont le clan a prospéré dans le Sud des îles mais a été quasiment exterminé par des envahisseurs venus du Nord de l'archipel, s'échappe en Norvège. Il est renvoyé aux îles Féroé afin d'en prendre possession au nom du jarl Håkon Sigurdsson. Il introduit le christianisme et, malgré son assassinat par la suite, les îles deviennent la possession du roi de Norvège Olaf Tryggvason. La domination norvégienne se maintient jusqu'en 1386, lorsque les îles sont intégrées à l'Union de Kalmar puis à la double monarchie Danemark-Norvège. Le Danemark prend progressivement le contrôle de l'archipel et, lorsque l'union avec la Norvège est dissoute en 1814 au traité de Kiel, conserve la possession des îles.
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+ Le monopole du commerce dans les îles Féroé est aboli en 1856. Vers la fin du XIXe siècle, l'archipel connait un éveil national, initialement centré sur le maintien du féroïen et donc d'abord culturellement orienté, puis politiquement après 1906, avec la création des premiers partis politiques.
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+ Le 12 avril 1940, trois jours après l'invasion du Danemark par l'Allemagne nazie, les troupes britanniques envahissent l'archipel pour éviter que les Allemands n'y établissent une base avancée et pour renforcer le contrôle britannique dans l'Atlantique Nord. En 1942–1943, les Britanniques construisent le seul aéroport des îles, l'aéroport de Vágar. Le contrôle de l'archipel est restitué au Danemark à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais une autonomie large est introduite en 1948. En 1973, les Îles Féroé ne rejoignent pas la Communauté européenne avec le Danemark. L'archipel connait de sérieuses difficultés économiques dans les années 1990, à la suite de l'effondrement de l'industrie de la pêche, et essaye dès lors de diversifier son économie. Le soutien à l'indépendance a grandi et est d'ailleurs l'un des objectifs du Tjóðveldi (Parti républicain).
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+ En mars 2000, le gouvernement féroïen présente au gouvernement danois un projet d'indépendance totale, à l'exception de la couronne danoise qui resterait la monnaie de l'archipel et du souverain du Danemark qui demeurerait le chef d'État de l'archipel. Dans ce projet, une coopération est prévue dans les domaines de la justice, de la santé et du transport aérien. Le gouvernement danois répond que cette indépendance se traduirait par un arrêt de l'aide financière (un milliard de couronnes par an) et exige aussi le remboursement de la dette (six milliards de couronnes). Devant cette menace et dans le contexte de la crise économique sur l'archipel à la suite de l'effondrement des cours du poisson, le référendum prévu pour le 26 mai 2001 est annulé. Les sondages locaux donnaient alors des avis partagés (environ 45 % pour l'indépendance, 45 % contre).
28
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+ En avril 2004, un référendum est cette fois-ci organisé, et les partisans de l'indépendance l'emportent avec 50,72 % des voix (pour une participation de 91,1 %) ; le gouvernement féroëin annonce alors l'indépendance prochaine de l'archipel, mais le gouvernement danois la refuse et le statu quo est maintenu. Un nouveau référendum sur l'indépendance, accepté par le gouvernement danois, est cependant prévu pour le 25 avril 2018[5]. Finalement le référendum n’est pas organisé et repoussé sine die[6].
30
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31
+ Timbre des îles Féroé reproduisant une carte des pays scandinaves en 1573 (l'archipel figure au centre de l'image).
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+ Torshavn en 1839 par Barthélemy Lauvergne (1805-1871) « Atlas Pittoresque » de l'expédition de la Recherche[7]
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+ La péninsule de Tinganes à Tórshavn, abritant le siège du gouvernement des Îles Féroé.
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+ La vieille Christianskirkja (église de Christian) de Klaksvík. Dédiée à Christian X de Danemark, ce lieu de culte est consacré à la mémoire des marins qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les îles Féroé forment un archipel de dix-huit îles principales au large de l'Europe du Nord, situées dans l'océan Atlantique nord, à 291 km à l'ouest-nord-ouest des îles Shetland et non loin de la mer de Norvège. Elles sont centrées sur 62°N et 7°W.
44
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45
+ La terre la plus proche est l'île écossaise de North Rona, à 256 km au sud. La côte d'Écosse est située à 322 km au sud-sud-est et Aberdeen ne se trouve qu'à 540 km. L'Islande est située à 431 km au nord-ouest et sa capitale, Reykjavik, à 762 km. Le Danemark est distant de 989 km au sud-est et sa capitale, Copenhague, de 1 283 km. La Norvège, avec la ville de Bergen, est distante de 656 km à l'est.
46
+
47
+ La superficie de l'archipel atteint 1 399 km2. Le tracé littoral est évalué à 1 117 km. Aucun lieu n’est à plus de 5 km du littoral. Le point culminant de l'archipel est le Slættaratindur, avec 882 m d'altitude. Il ne possède pas de lac ou de cours d'eau importants. Les profondeurs autour des îles sont comprises entre 150 et 200 m.
48
+
49
+ Les 18 îles principales sont Fugloy, Svínoy, Borðoy, Viðoy, Kunoy, Kalsoy, Eysturoy, Streymoy, Vágar, Mykines, Hestur, Koltur, Nólsoy, Sandoy, Skúvoy, Stóra Dímun, Lítla Dímun et Suðuroy[8].
50
+
51
+ Selon la classification de Köppen, le climat de ces îles est subarctique maritime. Le caractère océanique est déterminé par la dérive nord atlantique : les étés sont frais (températures moyennes : 9,5 à 11 °C) et les hivers sont doux (températures moyennes : 3 à 4 °C) ; les brouillards sont fréquents et les vents forts (la vitesse moyenne du vent est de 16 km/h à 22 km/h). On compte quelque 260 jours de pluie par an en moyenne. La moyenne des précipitations annuelles sur la capitale est de 1 280 mm et il tombe jusqu’à plus de 3 000 mm sur les sommets septentrionaux.
52
+
53
+ L'archipel ne fait donc pas partie de l'Arctique si on se réfère à la ligne de Köppen (c'est-à-dire l'isotherme de +10 °C pour la moyenne thermique du mois le moins froid).
54
+
55
+ Les deux courants dominants, tiède en surface (correspondant à la prolongation du Gulf Stream) et froid en profondeur (issu de la mer de Norvège), se mêlent de telle sorte que ces eaux sont riches en éléments nutritifs et attirent les poissons.
56
+
57
+ Dès le début du XVIIe siècle, les géologues se sont surtout intéressés aux minces couches de charbon intercalées entre les formations de basalte. À la fin du XVIIIe siècle, les basaltes des îles Féroé ont été au centre des débats entre neptunistes et plutoniens et la première prospection géologique des îles a commencé dans les années 1820 (Cf. travaux de James et Archibald Geikie qui ont ouvert la voie à Joannes Rasmussen, considéré comme le père de la géologie de ces îles).
58
+
59
+ Le géologue Joseph Marie Élisabeth Durocher consacra la thèse de son diplôme d'ingénieur géologue de l'École des Mines de Paris aux roches et minéraux des îles Féroé. Puis il parcourt le nord de l'Europe pour étudier les dépôts métallifères et contribue à des articles sur la géologie, la minéralogie, la métallurgie et la chimie, notamment dans l'ouvrage de Paul Gaimard Voyages de la commission scientifique du Nord de la Scandinavie, en Laponie, au Spitlberg et aux Féroé, pendant les années 1838-1840.
60
+
61
+ J. Rasmussen a publié la première carte géologique complète en 1969.
62
+
63
+ L'archipel présente une orientation des reliefs — fjords et crêtes — assez nette. La question de cette organisation peut être posée en fonction d’un système de fracturation profond indépendamment des tunnels sous-marins et des fractures plus superficielles.
64
+
65
+ Sur la carte géologique, trois grands ensembles basaltiques se partagent l'archipel qui fait partie de l'ensemble volcanique de l'Atlantique Nord avec Antrim, Jan Mayen, les Hébrides, l'Islande et une partie du Groenland (essentiellement au sud du Scoresby Sund). Sept formations sont reconnues par les géologues (dont la plus ancienne, Lopra, est constituée de diverses volcanoclastites : lapilli et tuffs). Les îles Féroé sont dominées par des laves basaltiques de type tholéite, formées au Paléogène sur une épaisseur de 6,6 km[9]. Le plateau Groenland-Féroé s'est vraisemblablement formé par déplacement du point chaud islandais (et peut-être par le déplacement du plateau Vøring), il y a environ 62−54 millions d'années (un contexte de marge passive volcanique liée avec le point chaud de l’Islande). Lorsque le point chaud du Groenland parvient à la marge orientale de celui-ci, il y a synergie avec la dorsale médio-atlantique et cette hyperactivité crée l'archipel volcanique. Un second plateau volcanique — le plateau océanique islandais actuel — se forme lorsque le plateau s'approche de la dorsale.
66
+
67
+ Contrairement à ce qui était proposé précédemment, les géologues pensent que de grands flux composés de laves pāhoehoe ont été charriés durant plusieurs mois à plusieurs années et pas des flux de laves de type ʻaʻā mises en place rapidement. Le Suðuroy, avec la formation Beinisvørð (la vaste étendue latérale sur 20 m d'épaisseur), montre des lobes caractéristiques de pāhoehoe gonflées. Ils sont bas et plans plutôt que scoriacés comme de la lave a'a. Ainsi les zones scoriacées supérieures sont réinterprétées comme des altérations dues à la pédogenèse (développement du sol).
68
+ Les dykes et sills sont nombreux.
69
+
70
+ Entre les éruptions du « groupe basaltique des îles Féroé » (FIGB) se sont développés des paléosols (sols fossiles) dont la formation est envisagée entre 10 000 et 50 000 ans même pour les plus épais et des grès d’origine volcanoclastique et fluviale (autrefois considérés comme des tufs pyroclastiques). Des prêles, espèces pionnières très résistantes, sont trouvées généralement sur ces formations fluviales. D’autres faciès entre les éruptions sont constitués de charbon (jusqu’à 9 m d’épaisseur à Suðuroy)[10],[11],[12].
71
+
72
+ L'érosion et l'altération puis le transport et le dépôt des sédiments ont largement participé à l’élaboration du modelé de ces paysages volcaniques actuels. Les côtes des îles sont accidentées et rocheuses : même si quelques crêtes basses sont présentes, la plupart des côtes sont à falaises.
73
+
74
+ modifier
75
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76
+ L'archipel constitue une écorégion terrestre dans la classification du Fonds mondial pour la nature sous le nom de « prairies boréales des îles Féroé ». Elle appartient au biome des prairies, savanes et brousses tempérées de l'écozone paléarctique.
77
+
78
+ La flore de l’archipel est constituée par quelque 400 espèces dont plus de la moitié sont communes à l'Islande. Cette flore est peu diversifiée en raison d'une recolonisation postglaciaire récente. Une espèce endémique commune avec l'Islande s'est cependant développée : Alchemilla faeroensis (sv).
79
+
80
+ Les formations végétales dominantes sont des prairies ou des landes (à Callune en particulier) où les espèces ligneuses sont peu représentées (Calluna vulgaris, Salix herbacea, S. lanata, saule arctique, S. phylicifolia et Juniperus communis). Il n’y a en effet pas (ou plus) de forêts natives mais l’analyse pollinique et de macrorestes révèle dans des sols datés d'environ 2 300 ans av. J.-C. la présence de bouleaux et de noisetiers (Betula pubescens, Corylus avelana) avant l’installation humaine.
81
+
82
+ Beaucoup d’espèces ont été introduites notamment depuis les années 1970 en provenance de régions au climat océanique frais similaire et également soumis aux embruns.
83
+
84
+ De l’hémisphère austral (Amérique latine, Nouvelle-Zélande, Tasmanie) viennent l’Araucaria (Araucariacée) d’Argentine et du Chili, Drimys winteri (Winteracée), Maytenus magellanica (Célestracée), Embothrium coccineum (Protéacée) et des hêtres austraux de Terre de Feu (Nothofagus antarctica, N. pumilio, N. betuloides). Les îles Féroé comptent la plus grande population de hêtres austraux en Europe.
85
+
86
+ De l’hémisphère boréal, essentiellement d’Alaska, sont plantés des pins, épicéas, saules, peupliers et aulnes : Pin tordu, épinette de Sitka, Salix alaxensis, Populus trichocarpa, aulne vert, A. sinuata.
87
+
88
+ Le gouvernement des Îles Féroé possède le pouvoir exécutif dans les affaires locales. Son chef appelé le Løgmaður (littéralement « personne de loi ») est l'équivalent d'un premier ministre. Les autres membres du gouvernement sont appelés landsstýrismaður (« personne du comité national »).
89
+
90
+ Le Løgting est le parlement monocaméral des Îles Féroé. Il comprend 33 membres, élus au suffrage universel pour quatre ans.
91
+
92
+ Les Îles Féroé sont sous le contrôle du Danemark depuis 1388. Depuis 1948, l'archipel est une province autonome et reçoit d'importantes subventions annuelles de la part du Danemark. En tant que territoire autonome, les Îles Féroé sont un membre du Conseil nordique. Les Îles Féroé ne sont pas reconnues par l'ONU en tant que nation indépendante.
93
+
94
+ Les habitants des Îles Féroé sont partagés à peu près en parts égales entre les partisans de l'indépendance et ceux qui préfèrent rester dans le royaume du Danemark. Les opinions sont elles-mêmes très diverses à l'intérieur de ces deux camps. Pour les partisans de l'indépendance, elles vont d'une déclaration immédiate et unilatérale à une séparation progressive et consensuelle du Danemark. Parmi les unionistes, certains accueillent favorablement une autonomie accrue des Îles Féroé.
95
+
96
+ Un référendum devait être organisé le 15 avril 2018 sur ce sujet, mais a été repoussé sine die par absence d'accord des partis politiques[18],[19].
97
+
98
+ Comme explicitement spécifié dans les deux traités de Rome, les Îles Féroé ne font pas partie de l'Union européenne. Qui plus est, le traité d'accession du Danemark précise que les citoyens danois résidant dans les Îles Féroé ne sont pas citoyens de l'Union européenne. L'archipel n'est pas couvert par la convention de Schengen mais il n'existe aucun contrôle douanier lorsque l'on voyage entre les Îles Féroé et un pays membre de l'espace Schengen, les Îles Féroé étant membres de l'Union nordique des passeports depuis 1966[20].
99
+
100
+ Après les crises économiques des années 1990, provoquées par les baisses des prix des produits issus de pêche, les Îles Féroé ont un taux de chômage inférieur à 5 % depuis la mi-1998. Cependant, l'économie est toujours fondée sur la pêche, elle reste donc très dépendante des fluctuations des prix du poisson. Les gisements de pétrole qui ont été trouvés dans les eaux territoriales pourraient permettre aux îles d'avoir une économie plus dynamique.
101
+
102
+ En 2013, les Îles Féroé ont connu un important litige avec l'Union européenne sur leur politique de pêche. L'UE avait alors accusé l'archipel de pratiquer la surpêche et avait imposé une interdiction d'importation des harengs et des maquereaux féroïens sur le marché européen, finalement levée en août 2014 à la suite d'un accord politique entre l'UE et les Îles Féroé[21].
103
+
104
+ Près de 60 % de l'électricité produite aux Îles Féroé provient d'énergies renouvelables[22].
105
+
106
+ Au 1er janvier 2020, les Îles Féroé comptaient 52 110 habitants[1]. L'archipel connaît une baisse de la population, de nombreux jeunes restant au Danemark ou à l'étranger après leurs études[23], mais également un déséquilibre entre hommes et femmes. Ainsi en 2013, pour la tranche de 25-59 ans, la population était de 11 092 hommes contre 9 865 femmes[23], cet écart s'expliquant par un plus grand exode de ces dernières.
107
+
108
+ La langue utilisée est le féroïen qui est beaucoup plus proche de l'islandais que du danois.
109
+
110
+ L'anglais est aussi largement utilisé dans l'administration, et est parlé ou compris par 85 % de la population, surtout chez les jeunes, qui sont généralement bilingues (féroïen/anglais, féroïen/danois), ou trilingues (danois/anglais/féroïen).
111
+
112
+ Le grindadráp (aussi appelé grind) est une chasse aux cétacés (globicéphales noirs, dauphins à flancs blancs et grands dauphins) traditionnelle dont l'existence est relatée depuis 1584[24] mais remonte sans doute à bien plus longtemps quand le manque de ressources de l'archipel était avéré. Cette tradition très contestée en Europe continue à être pratiquée dans les îles[25],[26],[27].
113
+
114
+ Le pays compte une bibliothèque nationale, la bibliothèque nationale des Féroé.
115
+
116
+ Les Îles Féroé sont reconnues par la fédération internationale de football association (FIFA) comme pays membre. Ainsi la fédération des Îles Féroé de football (environ quatre mille licenciés dans les années 2000) organise le championnat des Îles Féroé de football et régit l'équipe des Îles Féroé de football pour les compétitions internationales.
117
+
118
+ Les Îles Féroé ont pour code :
119
+
120
+ Viðareiði
121
+
122
+ Gásadalur
123
+
124
+ Hvalba
125
+
126
+ Vágar
127
+
128
+ Lítla Dímun
129
+
130
+ Lopra (en)
131
+
132
+ Porkeri, île de Suðuroy
133
+
134
+ Vágur, île de Suðuroy
135
+
136
+ L'église de Porkeri (1847), île de Suðuroy
137
+
138
+ Le port de Klaksvík (seconde ville de l'archipel), île de Borðoy
139
+
140
+ Sørvágur, île de Vágar et île de Mykines en arrière-plan
141
+
142
+ Mykines
143
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+ Étudiantes en costume de promotion (2003)
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+ Chasse des globicéphales
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+ Hawaï (/a.waj/[2] ; en hawaïen : Hawai‘i, prononcé /ha.ˈvaj.ʔi/[3] ; en anglais : Hawaii, prononcé /hə.ˈwaɪ.(j)i/[4]) est un État des États-Unis. Constitué d'un archipel de 137 îles[5], il s'agit du seul État américain situé en dehors du continent nord-américain, puisqu'il est situé en Océanie, et de l'un des deux États américains non contigus, avec l'Alaska. Les huit principales îles sont Niihau, Kauai, Molokai, Lanai, Kahoolawe, Maui, l'île d'Hawaï et Oahu, où se trouve la capitale Honolulu. L'archipel fait partie de la Polynésie et se situe dans le centre de l'océan Pacifique nord, à 3 718 kilomètres au sud de la péninsule d'Alaska, à 3 792 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Punta Gorda, sur la côte californienne, et à 5 713 kilomètres à l'est de l'île de Hokkaidō au Japon. En outre, il est le 50e et dernier État à avoir été admis dans l'Union, le 21 août 1959. La variété de ses paysages, marqués notamment par un volcanisme très actif (Hualālai, Kīlauea, Mauna Kea, Mauna Loa), un climat tropical humide et un patrimoine naturel endémique, en font une destination prisée aussi bien des touristes que des scientifiques[6].
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+ L'archipel était habité par des peuples polynésiens depuis plusieurs siècles à l'arrivée de l'explorateur britannique James Cook en 1778, qui le baptise Îles Sandwich. Les îles sont unifiées en un royaume vers 1810 par Kamehameha Ier, qui fonde une dynastie qui perdure jusqu'en 1893. Lui succèdent une éphémère République d'Hawaï (1894-1898) et le territoire d'Hawaï, créé lors de l'annexion de l'archipel par les États-Unis. En décembre 1941, l'île d'Oahu est le théâtre de l'attaque de Pearl Harbor. Le territoire est dissous en 1959 lorsque Hawaï devient le 50e État américain. Il compte environ 1 360 000 habitants en 2010, principalement dans l'aire urbaine de Honolulu. La population est composée de nombreux groupes ethniques, principalement d'origine asiatique (Philippins, Japonais). Les autochtones hawaïens comptent aujourd'hui pour 22 % de la population[7].
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+ Situé au cœur de l'océan Pacifique, Hawaï mêle de nombreuses influences culturelles, entre les apports nord-américains et asiatiques, et sa propre culture ancestrale. Proche des cultures polynésiennes et maories, elle demeure très active, notamment autour de traditions musicales. La musique hawaïenne, essentiellement jouée à la guitare hawaïenne et au ukulélé, fut popularisée dans le monde par Sol Hoopii et, plus tard, par le chanteur Iz. Le mode de vie hawaïen se diffuse également avec la pratique du surf et de la spiritualité locale, le Hoʻoponopono. Ses deux grands parcs nationaux (Parc national des volcans d'Hawaï, Parc national de Haleakalā) et ses nombreuses plages en font une destination touristique majeure. De tradition démocrate, Hawaii est le lieu de naissance du 44e président des États-Unis, Barack Obama.
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+
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+ Le nom Hawaii provient du mot hawaïen Owhyhee (lexicalisé en anglais). Les Espagnols sont les premiers Européens à visiter les îles. Le capitaine James Cook vole les cartes et se rend sur les îles en 1778 et les nomme les « îles Sandwich » (en l'honneur du comte de Sandwich). Ce nom a duré jusqu'à ce que le roi Kamehameha Ier, artisan de leur unité, fonde le royaume d'Hawaï en 1810.
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+ En Français, on rencontre indifféremment les orthographes Hawaii et Hawaï, la deuxième forme étant plus répandue comme dans le titre de série télévisée Hawaï police d'État. Le titre du roman de James A. Michener est, lui, orthographié Hawaii. De même pour l'adjectif hawaïen ou hawaiien (cette dernière forme étant nettement moins répandue). En hawaïen, un coup de glotte (okina), représenté par l'apostrophe inversée (‘), sépare les deux i.
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+ Kalaniʻōpuʻu (en), roi d'Hawaii apportant des présents au capitaine James Cook en 1781 (dessin de John Webber, artiste à bord du navire de Cook).
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+ Kamehameha Ier, unificateur d'Hawaï.
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+ Le fort d'Honolulu vers 1853, par Paul Emmert.
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+ La reine Liliʻuokalani.
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+ Marines de l'USS Boston, janvier 1893.
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+ USS Boston.
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+ David Kalākaua, dernier roi d'Hawaï.
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+ Les îles hawaïennes furent habitées initialement par des Polynésiens (probablement des voyageurs des îles Marquises) il y a environ 1 500 ou 2 000 ans. Malgré des contacts sporadiques avec les autres Polynésiens, cette société a vécu dans un important et long isolement. Pendant la majeure partie de leur histoire, les îles d'Hawaï furent gouvernées indépendamment par des monarques locaux, les ali‘i.
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+ Le premier contact avec les Européens dont on a gardé la trace date de 1778 avec James Cook lors de son troisième voyage, qui les baptisa îles Sandwich en l'honneur du 4e comte de Sandwich. Il est toutefois possible que ce ne fût pas le premier Européen ; en effet, durant tout le XVIe siècle des navigateurs espagnols, néerlandais et portugais sillonnent le Pacifique et les îles d'Hawaï. Certains pensent que les îles furent découvertes en 1527 par des Espagnols envoyés par Cortés sous le commandement d'Alvaro de Saavedra[8], puis explorées par Juan Gaetano en 1555, puis en 1567 par le navigateur espagnol Álvaro de Mendaña qui précisera la position des îles[9]. Enfin, des hommes du navire néerlandais Liefde désertent en 1599 dans des îles du Pacifique dont on pense aujourd'hui qu'il s'agit d'Hawaii. Les 28 et 29 mai 1786, l'expédition française de La Pérouse fait escale à Mauwee (Maui), une île que James Cook avait négligée lors de son passage.
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+
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+ Après une période de conflit qui débute en 1795, le souverain de l'île d'Hawaï, Kamehameha Ier, unifie en 1810 pour la première fois sous son sceptre tous les royaumes insulaires de l'archipel. Ce royaume unifié se développe et est internationalement reconnu, notamment grâce à la bienveillante protection britannique (d'où son drapeau actuel).
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+ En 1849, le contre-amiral Louis Legoarant de Tromelin dirige l'invasion française d'Honolulu.
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+ Ce royaume excite l’appétit des États-Unis qui signent un traité de réciprocité en 1875 avec l'archipel, ainsi que des puissances européennes dont trois d'entre elles en particulier : la Russie, la Grande-Bretagne et la France. Cette dernière ne s'y implante durablement qu'à partir de 1837 lorsque le capitaine Abel Aubert Du Petit-Thouars (1793-1864) nomme un agent consulaire dans la capitale. Les intérêts français aux îles Sandwich sont variés : politiques et stratégiques d'abord, dans la mesure où ces îles apparaissent très tôt comme la « clé du Pacifique nord » ; religieux aussi, puisque c'est une société missionnaire française, la congrégation de Picpus, qui y introduit le catholicisme ; économiques enfin, les deux ports de Lahaina et surtout d'Honolulu se trouvant pendant une vingtaine d'années, de 1845 à 1865, au centre de la pêche baleinière française.
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41
+ En 1881, une première tentative d’annexion d'Hawaï par les États-Unis échoue. Le secrétaire d’État James Gillepsie Blaine n’en voit pas l’utilité puisque les États-Unis contrôlent le territoire, de fait : « Bien que beaucoup plus éloigné de la côte californienne que Cuba ne l’est de la péninsule de Floride, Hawaï occupe dans la mer occidentale la même position que Cuba dans l’Atlantique. Il est la clé de la souveraineté maritime des États du Pacifique, comme Cuba est la clé du commerce du golfe. Les États-Unis ne désirent pas plus la possession matérielle de Hawaï que celle de Cuba mais en aucun cas ils ne peuvent permettre dans l’autorité territoriale de l’un ou de l’autre un changement susceptible de les couper du système américain, auquel ils appartiennent indispensablement[10]. »
42
+
43
+ Mais c’est finalement l'influence prépondérante des Américains, principalement le fruitier Dole Food Company (planteurs, commerçants), appuyée par le débarquement d'une compagnie de fusiliers-marins[11], qui conduit in fine à la déposition de la dernière reine par un coup d'État en 1893 et à l'instauration d'un Gouvernement provisoire. Ce coup d'État est fomenté par un groupe de planteurs et de missionnaires étrangers, en majorité américains, soutenu par l'USS Boston[12]. Le 17 janvier 1894, un comité de sécurité autoproclamé dirigé par Sandford B. Dole décrète la fin de la monarchie hawaïenne[12] et à la proclamation d'une République d'Hawaï, véritable république bananière. La reine Lili'uokalani quitte aussitôt Hawaï[12]. La « République d'Hawaï » finit par être annexée au territoire américain le 7 juillet 1898 avec le statut de Territoire d'Hawaï.
44
+
45
+ L'archipel est notamment impliqué dans la Seconde Guerre mondiale lors de l'attaque de la base navale de Pearl Harbor par l'aviation japonaise le 7 décembre 1941.
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+ Le pouvoir des planteurs prend fin en raison du droit de vote accordé aux nombreux immigrés qui dès le XIXe siècle ont radicalement transformé la démographie de l'archipel.
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+ Le 21 août 1959, Hawaï devient le 50e et dernier territoire de l'Union à avoir accédé au statut d'État des États-Unis : cette transformation étant due notamment à l'action des organisations syndicales (132 773 voix pour, 7 971 contre lors du référendum du 27 juin 1959).
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51
+ Hawaï présente la caractéristique rare de n'avoir jamais été rattachée à son actuelle puissance souveraine (les États-Unis) par un acte de droit international. La cession de l'archipel a en effet été le fait d'un gouvernement provisoire que les États-Unis ne reconnaissaient pas, le président Grover Cleveland ayant explicitement déclaré cette entité illégitime. Par peur des résultats, on ne procéda pas à un référendum auprès de la population hawaïenne. La résolution Newland, qui érige Hawaï en territoire organisé des États-Unis, votée par le Congrès américain n'est donc, en termes juridiques, qu'un acte unilatéral. Par l'Apology Resolution du 23 novembre 1993, le Congrès américain souligne ainsi ce point en reconnaissant que le peuple hawaïen n'avait jamais renoncé à sa souveraineté au profit des États-Unis.
52
+
53
+ Quand bien même le gouvernement hawaïen aurait été considéré comme légitime, le droit international prévoit qu'il aurait fallu un traité, dans la mesure où une loi votée dans un pays ne peut s'appliquer à un autre pays, traité qui n'a jamais été conclu. Le statut du territoire d'Hawaï est donc, au regard du droit international pur, non valide. Cette irrégularité dans l'annexion d'Hawaï nourrit aujourd'hui encore un mouvement indépendantiste chez une partie de la population autochtone, ainsi que des querelles récurrentes quant à la propriété des terres ancestrales hawaïennes[13],[14],
54
+ [15]. Ainsi, la loi publique 103-05 « présente solennellement, au nom du peuple et du gouvernement des États-Unis, ses excuses aux populations indigènes hawaïennes » pour le « renversement illégal du royaume d'Hawaï, le 17 janvier 1893, avec la participation d'agents et de citoyens américains, et la spoliation des indigènes hawaïens de leurs droits à l'autodétermination » et « exprime son engagement [celui des États-Unis] à assumer les conséquences du renversement du royaume d'Hawaï, afin de créer les conditions favorables à la réconciliation entre les États-Unis et le peuple indigène hawaïen »[12].
55
+
56
+ Lors de la campagne des présidentielles américaines de 2008, certains opposants à Barack Obama ont tenté d'utiliser ce fait pour affirmer qu'Hawaï n'étant pas de droit un État américain et Barack Obama y étant né, ce dernier n'était donc pas né sur le territoire des États-Unis, et qu'en conséquence, il ne pouvait pas en être élu président en vertu de l'Article II de la Constitution des États-Unis[16].
57
+
58
+ Dans la mesure où Hawaï a été constitué en État fédéré en 1959, sa séparation des États-Unis est aujourd'hui presque impossible, même au titre de la nullité en droit de son rattachement, car elle constituerait un cas de sécession[17].
59
+
60
+ D'une superficie totale de 16 760 km2, Hawaï est peuplé de 1 427 538 habitants (2017). La capitale et plus grande ville de l'État est Honolulu, située sur l'île d'Oahu. Hawaï est bordé par l'océan Pacifique nord.
61
+
62
+ Les 19 îles et atolls qui composent l'archipel se répartissent en deux groupes principaux :
63
+
64
+ Parmi les 50 États américains, Hawaï est :
65
+
66
+ L'archipel d'Hawaï.
67
+
68
+ Pali Gap, Windward Coast, île d'Oahu, Hawaï
69
+
70
+ Plage à Oahu
71
+
72
+ Nihoa
73
+
74
+ Image satellitale de l'archipel d'Hawaï.
75
+
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+ Oahu, côte Est d'Hawaï.
77
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
79
+
80
+ Hawaï a un climat tropical typique, bien que les températures soient moins extrêmes grâce aux alizés qui soufflent de l'est. En été, les températures maximales pendant la journée sont d'environ 31 °C, et les températures minimales sont d'environ 24 °C. En hiver, les températures maximales sont d'environ 28 °C, et les températures minimales ne descendent pas souvent plus bas que 18 °C.
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+
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+ Hawaï n'a généralement que deux saisons : la saison sèche (avec moins de pluie) entre mai et septembre, et la saison humide (plus de pluie) entre octobre et avril. Il neige parfois en hiver aux sommets de Mauna Kea et Mauna Loa, les deux volcans les plus hauts à Hawaï. Le Mont Waialeale, sur l'île de Kauai, avec 11 684 mm par an, a la deuxième plus grande hauteur de précipitations annuelle du monde.
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85
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+ La géographie d'Hawaï est très variée à cause de ses grands volcans.
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+ Avec Tahiti, les îles Marshall et Tuamotu, Hawaï est l’un des points chauds les plus étudiés par les géologues. Une instabilité de couche limite située à la base du manteau terrestre engendre un panache thermique (formé de matière solide comme le reste du manteau) qui en arrivant à proximité de la surface subit une décompression adiabatique qui produit du magma par fusion partielle ; comme les plaques de la croûte terrestre sont en mouvement, une série de volcans voient le jour puis s’éteignent au fur et à mesure que la plaque pacifique passe au-dessus du point chaud. Cela explique la forme de l'archipel hawaïen, en chapelet d’îles et de guyots. Les volcans d’Hawaï sont de type « volcans-boucliers ».
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+
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+ Les principaux volcans de l'archipel sont :
90
+
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+ Sea arch, Hawaï
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+
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+ Lave pāhoehoe entrant dans la mer.
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+
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+ Coulée de lave.
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+ Offrandes à Pele sur le bord du cratère (fire pit) Halem'uma'u, dans le cratère principal du Kīlauea.
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+
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+ Le patrimoine naturel hawaïen est d'une grande richesse, tant sur terre qu'en mer. Hawaï est cité comme un point chaud de biodiversité au sein d'un ensemble biogéographique qui inclut la plus grande partie de la Polynésie et de la Micronésie. Initialement la faune terrestre de l'archipel était dominée par les oiseaux. On ne trouve en effet que deux mammifères natifs sur ces îles, à savoir le phoque moine d'Hawaï (Monachus schauinslandi) et l'ʻōpeʻapeʻa (Aeorestes semotus), une espèce de chauve-souris parfois considérée comme une sous-espèce. On retrouve par contre 338 espèces d'oiseaux dont 130 sont migratrices ou occasionnelles et 53 furent introduites par l'homme. Sans oublier 64 espèces endémiques dont la moitié ont disparu avec l'arrivée des premiers Européens. En effet les espèces insulaires sont très vulnérables en raison de la pression anthropique, de l'insularisation écologique des milieux naturels relictuels et de l'introduction de nombreuses espèces devenues invasives ou susceptibles de le devenir[19]. Les chats, les chiens, les rats et les mangoustes constituent des prédateurs particulièrement dévastateurs dans les milieux insulaires fragiles.
100
+
101
+ La flore hawaïenne est également très riche. On retrouve environ 1 400 espèces de plantes vasculaires dont 90% sont endémiques. Une mise à jour 2016 de la liste rouge de l'UICN a confirmé un risque croissant d'extinction pour les espèces natives. Depuis le début du XXe siècle, 79 espèces de plantes ont disparu à Hawaï, principalement victimes de la déforestation[20]. Sans oublier la pression causée par la présence d'herbivores importés comme les chèvres, les cochons et les cerfs qui causent des ravages en consommant des espèces natives. En juin 2006, c'est après avoir visionné le film de Jean-Michel Cousteau (Voyage to Kure) que le président George W. Bush fait classer les îles du Nord-Ouest d'Hawaï comme monument national. Ces îles constitueront alors la plus grande zone marine protégée du monde à l'abri de la pêche commerciale. D'une superficie de plus de 350 000 km2, ce nouveau monument national s'étire sur près de 2 300 km, comprend une dizaine d'îles inhabitées ainsi qu'une centaine d'atolls et abrite également de nombreuses espèces en danger.
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+
103
+ Depuis quelques années, HawaÏ subit les impacts du changement climatique avec une prolifération des phénomènes naturels extrêmes. Le programme Hawaï durable vise ainsi à formuler des objectifs et des actions pour atteindre 100% d'énergie propre et renouvelable d'ici 2045, ainsi que des actions pour protéger les bassins versants. Ce programme est également significatif dans la lutte contre les espèces invasives afin de protéger et préserver l'écosystème unique de l'archipel[21]. Le 15 juin 2006 les États-Unis ont créé la plus vaste et longue aire marine protégée au large des îles du Nord-Ouest d’Hawaï. Le « Monument national marin des îles du Nord-Ouest d'Hawaï » recouvre environ 36 millions d’hectares marins, incluant 1,16 million d’hectares de récifs coralliens abritant plus de 7 000 espèces marines (endémiques à 25 % environ). 1 400 phoques hawaïens, les derniers de cette espèce menacée de disparition, ainsi qu'environ 90 % des tortues vertes d'Hawaï (également espèce menacée). Présence du palmier de Hawaï également endémique et en voie de disparition. Les embarcations non autorisées, l'extraction de matériaux marins, le déversement de déchets, et même la pêche commerciale devraient y disparaître en cinq ans, ainsi que les activités commerciales et touristiques, selon la Maison-Blanche[22].
104
+
105
+ À la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Hawaï fait partie des premières zones terrestres habitées et éloignées du Japon potentiellement touchées par les retombées aériennes radioactives de l'accident de mars 2011. Les autorités américaines et la presse[23] se sont rapidement montrées rassurantes, invitant la population à ne pas se précipiter vers les stocks de pilules d'Iode[24], certains spécialistes suggérant de rester néanmoins vigilant[24]. Des radionucléides ont été détectés dans le lait par le réseau national RadNet de l'EPA ; du Césium 134 (24 picocuries par litre) et du Césium 137 (19 picocuries par litre), ainsi que l'iode 131 (18 picocuries par litre) dans du lait local échantillonné le 4 avril 2011. À cette date, la radioactivité était très inférieure aux seuils d'action de l'EPA[25]. Une bioaccumulation par les champignons ou coquillages filtreurs (huitres, moules, coques...) est localement possible dans les mois ou années à venir. En juin 2011, le projet FLEXPART du NILU (Norwegian Institute for Air Research) a cessé de produire ses modélisations[26] du trajet du nuage dans l'hémisphère nord en raison d'un manque d'accès aux sources d'émissions[27].
106
+
107
+ Le National Park Service gère neuf sites à Hawaï[28] :
108
+
109
+ L'État d'Hawaï est divisé en 5 comtés[29].
110
+
111
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini deux aires métropolitaines et deux aires micropolitaines dans l'État d'Hawaï[30].
112
+
113
+ En 2010, tous les Hawaïens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,5 % dans une aire métropolitaine et 18,5 % dans une aire micropolitaine.
114
+
115
+ L'État d'Hawaï compte une municipalité[31].
116
+
117
+ Honolulu (Image NASA).
118
+
119
+ Kahului Bay, 2001.
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+
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+ Waiakea (lac), Hilo (2007).
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+ Oahu, Kailua, 2006.
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+
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+ Petite église de Kailua-Kona, 2007.
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+
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+ Eruption à Kupaianaha, Kalapana Gardens, 1990.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
130
+
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+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population d'Hawaï à 1 415 872 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 4,09 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 1 360 301 habitants[32]. Depuis 2010, l'État connaît la 15e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
132
+
133
+ Avec 1 360 301 habitants en 2010, Hawaï était le 40e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,44 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé entre les îles d'Oahu et de Molokai[33].
134
+
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+ Avec 81,78 hab./km2 en 2010, Hawaï était le 13e État le plus dense des États-Unis.
136
+
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+ Le taux d'urbains était de 91,9 % et celui de ruraux de 8,1 %. L'État comptait le 5e plus fort taux d'urbains du pays après la Californie (95,0 %), le New Jersey (94,7 %), le Nevada (94,2 %) et le Massachusetts (92,0 %).
138
+
139
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 14,0 ‰[34] (13,6 ‰ en 2012[35]) et le taux de mortalité à 7,1 ‰[36] (7,4 ‰ en 2012[37]). L'indice de fécondité était de 2,15 enfants par femme[34] (2,10 en 2012[35]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,2 ‰[36] (5,0 ‰ en 2012[37]). La population était composée de 22,33 % de personnes de moins de 18 ans, 9,58 % de personnes entre 18 et 24 ans, 26,59 % de personnes entre 25 et 44 ans, 27,15 % de personnes entre 45 et 64 ans et 14,35 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 38,6 ans[38].
140
+
141
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 43 753) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 26 544) avec un excédent des naissances (61 617) sur les décès (35 073), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 17 517) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 23 621) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 6 104)[39].
142
+
143
+ Selon des estimations de 2013, 79,6 % des Hawaïens étaient nés dans un État fédéré, dont 54,2 % dans l'État d'Hawaï et 25,4 % dans un autre État (10,3 % dans l'Ouest, 6,5 % dans le Sud, 4,9 % dans le Midwest, 3,8 % dans le Nord-Est), 2,8 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 17,6 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (79,2 % en Asie, 9,3 % en Océanie, 4,5 % en Europe, 4,1 % en Amérique latine, 2,1 % en Amérique du Nord, 0,8 % en Afrique). Parmi ces derniers, 56,7 % étaient naturalisés américain et 43,3 % étaient étrangers[40],[41].
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+
145
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 35 000 immigrés illégaux, soit 2,4 % de la population[42].
146
+
147
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 38,60 % d'Asiatiques (14,52 % de Philippins, 13,64 % de Japonais, 3,97 % de Chinois, 1,78 % de Coréens, 0,72 % de Viêts), 24,74 % de Blancs, 23,57 % de Métis, 9,96 % d'Océaniens (5,91 % d'Hawaïens, 1,34 % de Samoans), 1,57 % de Noirs, 0,31 % d'Amérindiens et 1,25 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
148
+
149
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (15,22 %), principalement asiatique et océanienne (5,33 %), blanche et asiatique (4,89 %), blanche et océanienne (2,79 %) et blanche et amérindienne (0,58 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (8,35 %).
150
+
151
+ Les non-hispaniques représentaient 91,12 % de la population avec 37,73 % d'Asiatiques, 22,74 % de Blancs, 19,41 % de Métis, 9,43 % d'Océaniens, 1,46 % de Noirs, 0,21 % d'Amérindiens et 0,14 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,88 % de la population, principalement des personnes originaires de Porto Rico (3,24 %), du Mexique (2,60 %) et d'Espagne (0,75 %)[38].
152
+
153
+ En 2010, l'État d'Hawaï avait les plus fortes proportions d'Asiatiques et d'Océaniens des États-Unis. A contrario, l'État avait les plus faibles proportions de Blancs et de Blancs non hispaniques ainsi que la 8e plus faible proportion d'Amérindiens et la 10e plus faible proportion de Noirs des États-Unis.
154
+
155
+ L'État comptait également le 2e plus grand nombre d'Océaniens (135 422) après la Californie (144 386) et le 6e plus grand nombre d'Asiatiques des États-Unis.
156
+
157
+ L'État regroupait à lui seul 25,1 % des Océaniens résidant aux États-Unis.
158
+
159
+ À l'instar du Texas (45,33 %), du Nouveau-Mexique (40,49 %) et de la Californie (40,15 %), Hawaï est un État aux minorités majoritaires, concept selon lequel la population blanche non hispanique représente moins de la moitié de la population, mais à la différence des trois autres, les Blancs non hispaniques n'ont jamais été majoritaires dans l'État.
160
+
161
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,2 %, dont 37,0 % d'Asiatiques, 23,0 % de Blancs, 19,1 % de Métis, 9,0 % d'Océaniens et 2,0 % de Noirs, et celle des Hispaniques à 9,8 %[45].
162
+
163
+ En 2000, les Hawaïens s'identifiaient principalement comme étant d'origine japonaise (24,5 %), philippine (22,8 %), hawaïenne (19,8 %), chinoise (14,0 %), allemande (5,8 %), irlandaise (4,4 %), anglaise (4,3 %), portugaise (4,0 %) et coréenne (3,4 %)[46].
164
+
165
+ L'État avait la 3e plus forte proportion de personnes d'origine portugaise.
166
+
167
+ L'État abrite la 36e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 7 280 Juifs en 2013 (1 500 en 1971), soit 0,5 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations d'Honolulu (5 200) et Kahului-Wailuku-Lahaina (1 500)[47].
168
+
169
+ En 2010, les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Philippins (37,6 %), Japonais (35,3 %), Chinois (10,5 %) et Coréens (4,6 %)[48].
170
+
171
+ L'État avait les plus fortes proportions de Philippins (14,52 %), de Japonais (13,64 %), de Chinois (4,04 %) et de Coréens (1,78 %), la 2e plus forte proportion de Thaïs (0,15 %), la 4e plus forte proportion de Viêts (0,72 %) ainsi que la 8e plus forte proportion de Laotiens (0,14 %).
172
+
173
+ L'État comptait également les 2e plus grands nombres de Philippins (197 497) et de Japonais (185 502).
174
+
175
+ L'État regroupait 24,3 % des Japonais et 7,7 % des Philippins résidant aux États-Unis.
176
+
177
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Hawaïens (59,3 %), Samoans (13,5 %), Marshallais (4,7 %) et Tongiens (3,6 %)[49].
178
+
179
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires de Porto Rico (36,5 %), du Mexique (29,3 %) et d'Espagne (8,5 %)[50]. Composée à 46,9 % de Métis, 22,6 % de Blancs, 9,8 % d'Asiatiques, 6,0 % d'Océaniens, 1,3 % de Noirs, 1,1 % d'Amérindiens et 12,5 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 32,2 % des Amérindiens, 17,7 % des Métis, 8,1 % des Blancs, 7,1 % des Noirs, 5,3 % des Océaniens, 2,2 % des Asiatiques et 88,9 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
180
+
181
+ L'État avait la 3e plus forte proportion de personnes originaires d'Espagne (0,75 %) et la 7e plus forte proportion de personnes originaires de Porto Rico (3,24 %).
182
+
183
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (64,6 %), principalement asiatique et océanienne (22,6 %), blanche et asiatique (20,7 %) et blanche et océanienne (11,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (35,4 %)[51].
184
+
185
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 30 % des habitants d'Hawaï se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 26 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 44 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[53].
186
+
187
+ D'après l'article XV de la Constitution de l'État d'Hawaï, les deux langues officielles depuis 1978 sont l'anglais et l'hawaïen. Il est donc un des deux États sur 50 ayant plus d'une langue officielle (en 2014 l'Alaska a officialisé ses vingt langues amérindiennes en plus de l'anglais)[58]. Bien que l'hawaïen soit menacé d'extinction, il est enseigné et des mesures de protection sont en place[59]. L'hawaïen, appelé ‘Ōlelo Hawai‘i (langue d'Hawaï), est la langue autochtone, une langue polynésienne de la famille austronésienne étroitement reliée au marquisien, proche du tahitien et du maori[60]. Au recensement de 1970, quelque 17 000 insulaires avaient indiqué que l'hawaïen était encore la langue parlée au foyer lorsqu'ils étaient enfants. En 1990, ils étaient moins de 1 000. Aujourd’hui, seules les personnes âgées de plus de 60 ans et les habitants de l’île Niihau (230 personnes) parlent encore l'hawaïen. L'île de Niihau est une propriété privée dont les propriétaires n'admettent que les habitants de l'île, les anciens résidents et les descendants des ancêtres hawaïens ; les insulaires y parlent une variante dialectale de l’hawaïen.
188
+
189
+ D'après le recensement des États-Unis de 2000, 73,4 % des Hawaïens de plus de 5 ans parlent l'anglais comme langue maternelle[61]. Ce sont, dans l'ordre, l'île d'Oahu, puis celle d'Hawaï, suivies des îles Molokai, Lanai, Kahoolawe et Maui, qui sont les plus anglicisées. Les îles situées au nord-ouest (Niihau, Kauai) comptent moins (ou pas) d'anglophones. L'île d'Oahu est celle qui compte aussi le plus grand nombre de langues immigrantes, notamment le chinois et le japonais.
190
+
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+ Les autres langues sont, outre les langues polynésiennes (7,9 %), le filipino (5,7 %), le japonais (4,9 %), le chinois (2,9 %), l'espagnol (1,6 %) et le coréen (1,6 %). Les Hawaïens qui utilisent encore ces langues immigrantes sont ceux de la première et de la deuxième génération ; ceux de la troisième génération ont généralement abandonné la langue de leurs ancêtres. Selon le contexte, les Kamaaina (ceux de n'importe quelle origine qui sont nés et élevés à Hawaï) parlent soit un anglais qui ressemble à celui des autres citoyens américains, soit le Hawaiian Pidgin, créole basé sur l'anglais et comportant des emprunts à l'hawaïen comme aux nombreuses langues parlées par des vagues successives d'immigrants.
192
+
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+ L'anglais et l'hawaïen sont les deux langues officielles de l'État depuis 1978.
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+
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+ La base navale de Pearl Harbor, près de Honolulu occupe le quart du territoire de l'île d'Oahu. Il s'agit de la plus importante base militaire américaine[62],[63].
196
+
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+ Hawaï est un État de tradition démocrate. Il participe aux élections présidentielles depuis 1960 mais seuls Richard Nixon en 1972 et Ronald Reagan en 1984 ont emporté l'État pour le compte des républicains. Lors de l’élection présidentielle de 2004, le candidat démocrate John Kerry l'emporte avec 54,01 % des voix contre 45,26 % au président sortant et candidat républicain George W. Bush.
198
+
199
+ Lors de l'élection de 2016, le républicain Donald Trump n'obtient que 30 % des voix à Hawaï face à son adversaire démocrate, Hillary Clinton, obtient 62,2 % des voix[64].
200
+
201
+ Au niveau fédéral, les deux sénateurs de l'Union sont les démocrates Brian Schatz et Mazie Hirono et à la Chambre des représentants l'État est représenté par deux élus démocrates Tulsi Gabbard et Colleen Hanabusa.
202
+
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+ Brian Schatz, sénateur depuis 2012.
204
+
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+ Mazie Hirono, sénatrice depuis 2013.
206
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
208
+
209
+ Au niveau local, le gouverneur de l'État est le démocrate David Ige depuis le 1er décembre 2014.
210
+
211
+ Pour la législature 2016-2018, la Chambre des représentants comprend 51 sièges dont 46 élus démocrates et 5 élus républicains et le Sénat, 25 membres, tous démocrates.
212
+
213
+ Au niveau fédéral, Hawaii devient le 8 mars 2017, le premier État américain à contester en justice le nouveau décret migratoire du président Donald Trump, qui interdit l’entrée des États-Unis aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans[65].
214
+
215
+ Le tourisme représente un des principaux revenus de l’archipel avec 10 milliards de dollars en termes de revenu de tourisme à chaque année[62],[63].
216
+
217
+ L'agriculture occupe aussi une place importante. En effet Hawaï est le premier producteur mondial d'ananas et de papaye[62],[63]. Hawaï est aussi le deuxième producteur mondial de sucre de canne[62],[63].
218
+
219
+ Il faut aussi noter la présence d'autres cultures comme celle du café et de l'élevage sur le territoire[62],[63].
220
+
221
+ La culture d'Hawaï est réputée pour la danse traditionnelle polynésienne nommée hula. Ce type de danse permet aux Hawaïens de partager et de préserver leur culture. Il est possible de voir ce type de danse un peu partout sur les îles. D'ailleurs, plusieurs hôtels proposent des forfaits souper-spectacle[66]. Un certain nombre de peintres sont originaires de l'archipel, à l'instar de Mabel Alvarez, George Miyasaki (en) ou John Chin Young (en), tandis que d'autres s'y sont installé : Jules Tavernier, Jean Charlot et Kosta Kulundzic, par exemple.
222
+
223
+ Hoʻoponopono est un procédé psycho-spirituel de réconciliation et de pardon mutuel des anciens Hawaïens : une voie de résolution des conflits et d'absolution, mais aussi une philosophie et un art de vivre. Traditionnellement Hoʻoponopono était fait par un(e) Kahuna lapaʻau (prêtre(sse) guérisseur(se)) et la plupart du temps avec des groupes familiaux pour guérir les maladies physiques et mentales. Les versions modernes sont conçues de façon que chacun puisse le faire seul, individuellement.
224
+
225
+ Le surf est une pratique traditionnelle d'Hawaï qui a connu un renouveau populaire à partir du milieu du XXe siècle. Ce sport s'est depuis répandu de par le monde, mais reste très pratiqué dans l'archipel.
226
+
227
+ À Peahi, île de Maui, dans le nord l'île, se produit en cas de forte houle la déferlante de Jaws (littéralement « les mâchoires » en anglais mais également le titre original du film Les Dents de la mer). Cette vague géante, une des plus grosses du globe, atteint parfois 25 mètres de haut. Elle a été popularisée par Laird Hamilton, Dave Kalama (en), Darrick Doerner (en), Gerry López et Basile Commarieu entre autres.
228
+
229
+ En janvier 1998, Laird Hamilton surfa la vague la plus haute jamais surfée (à l'époque), de 26 mètres de haut, déferlant à une vitesse impressionnante et formant un mur d'eau gigantesque, pour ensuite se transformer en tourbillon de mousse et d'écume géant. Jack Johnson, aujourd'hui connu pour ses chansons, est originaire de l'île d'Oahu et a commencé sa carrière dans le monde du surf. Il a été plusieurs fois récompensé pour ses films comme Thicker Than Water ou A Brokedawn Melody.
230
+
231
+ Surf-Riders, Honolulu, par Charles W. Bartlett, 1919, Honolulu Academy of Arts.
232
+
233
+ The Surf Rider (Hawaï) par Charles W. Bartlett, 1921, Honolulu Academy of Arts.
234
+
235
+ Hui Nalu, Club of the Waves, fondé en 1908 par les Hawaïens.
236
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237
+ Surfeur sur le spot de Banzai Pipeline, Oahu, 2007, Hawaï.
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239
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
240
+
241
+ De nombreuses influences culturelles font partie de la cuisine hawaïenne : coréenne, portugaise, chinoise, japonaise, philippine. Par contre, une gastronomie locale est présente dans l'État. Ainsi on retrouve par exemple le loco moco, le déjeuner local dans les mœurs alimentaires de l'État. Enfin on retrouve des particularités locales comme le jambon épicé appelé commercialement Spam[67].
242
+
243
+ Hawaï est connue pour être le lieu de tournage des séries Hawaï police d'État et son remake Hawaii 5-0, mais aussi Magnum et LOST.
244
+
245
+ Le nom du premier monarque du royaume unifié d’Hawaï, Kamehameha Ier, inspira notamment l'auteur de Dragon Ball.
246
+
247
+ Le film Battleship fut tourné sur la côte d'une des îles hawaïennes.
248
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249
+ L'action du film The Descendants, avec George Clooney, se déroule à Hawaï.
250
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251
+ Le film Pearl Harbor retrace l'attaque japonaise du 7 décembre 1941 du port militaire de l'île d'Oahu.
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+
253
+ Des segments du film Kong: Skull Island ont été tournés à Kulaoa Ranch. Il en va de même pour les scènes extérieures de Jurassic Park .
254
+
255
+ L'archipel d'Hawaï a également inspiré la région d'Alola (dont le nom dérive du mot aloha) où se déroulent les jeux vidéo Pokémon Soleil et Lune et Pokémon Ultra-Soleil et Ultra-Lune.
256
+
257
+ En 1977, la Team Hawaii, une équipe professionnelle de soccer au sein de la North American Soccer League joue sur l'île. Toutefois, du fait des coûts importants et de la distance avec le continent l'équipe s'arrête au bout d'une saison[68].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
260
+
261
+ Australasie
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+ Îles Ashmore-et-Cartier (Australie) · Australie · Île Christmas (Australie) · Îles Cocos (Australie) · Îles de la mer de Corail (Australie) · Île Norfolk (Australie) · Nouvelle-Zélande
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+ Mélanésie
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+ Fidji · Indonésie (Moluques, Nouvelle-Guinée occidentale) · Nouvelle-Calédonie (France) · Papouasie-Nouvelle-Guinée · Îles Salomon · Timor oriental · Vanuatu
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+ Micronésie
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+ Polynésie
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+ Archipel Juan Fernández (Chili) · Îles Cook · Hawaï (États-Unis) · Îles mineures éloignées des États-Unis (États-Unis) · Niue · Île de Pâques (Chili) · Îles Pitcairn (Royaume-Uni) · Polynésie française (France) · Samoa · Samoa américaines (États-Unis) · Tokelau (Nouvelle-Zélande) · Tonga · Tuvalu · Wallis-et-Futuna (France)
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une île (anciennement isle[1], ile depuis la réforme de 1990[2]) est une masse de terre entourée d'eau de manière permanente ou parfois de manière temporaire en fonction des marées. L'eau baignant les îles peut être celle d'un océan, d'une mer, d'un lac ou d'un cours d'eau. Les îles peuvent être temporaires (banc de sable, volcans, etc.) ou permanentes, isolées ou groupées avec d'autres îles et peuvent alors former un archipel. Une petite île est parfois désignée sous les termes d'îlet ou d'îlot.
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7
+ Les îles peuvent être reliées à d'autres îles ou à un continent par une chaussée, un pont ou un tunnel ; leur caractère insulaire ne disparaît pas pour autant à l'inverse d'une île reliée de manière naturelle ou non à une autre île ou à un continent par un isthme, un tombolo, une digue ou par isostasie.
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+ Une île peut être continentale lorsque c'est le niveau de la mer qui isole un point haut du reste des terres ou que la dérive continentale détache l'île du reste des terres, volcanique, sédimentaire (alluvions, coraux, précipitation chimique, etc), tectonique (émersion du plancher marin) ou artificielle. Elle peut prendre l'aspect d'un véritable continent comme l'Australie ou bien être réduite au simple aspect d'un écueil ou d'un récif.
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+ Voici la définition des îles que donne la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 : « Une île est une étendue naturelle de terre entourée d'eau qui reste découverte à marée haute »[3] qui reprenait la définition qu'en donnait, dans son article 10, la Convention sur la mer territoriale et la zone contiguë[4], signée à Genève en 1958. S'il existe une limite séparant une île d'un continent, généralement, elle est fixée à l'Australie. Mais la question de savoir si l'Australie est l'un ou l'autre reste ouverte.
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+ Une très petite île est un îlot[5]. Un simple rocher, impropre à l'activité humaine ou à une vie économique propre, n'a pas de zone économique exclusive ni de plateau continental[3].
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+ Plusieurs îles proches les unes des autres forment un archipel.
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17
+ Une presqu'île est reliée à une étendue de terre bien plus vaste par un isthme.
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19
+ Certaines îles et presqu'îles sont accessibles à marée basse et perdent alors leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière.
20
+
21
+ Son étymologie latine, insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « îles » désigne couramment les îles des mers chaudes comme les Antilles ou des archipels d'Océanie. Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles[6], bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.
22
+
23
+ Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, comme Lille en France, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal des Capétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».
24
+
25
+ Les rectifications orthographiques de 1990 recommandent l'écriture sans accent circonflexe, soit « ile ».
26
+
27
+ Les îles continentales sont appelées ainsi car elles sont situées sur le même plateau continental que le continent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de la Grande-Bretagne qui lors de la dernière glaciation n'était pas une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'à marée haute (le mont Saint-Michel ou l'île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible. (Voir à ce sujet l'article Île accessible à marée basse.)
28
+
29
+ L'Australie était, il y a des centaines de millions d'années, rattachée à l'Antarctique. Madagascar était rattachée à l'Afrique. Dans ces deux cas, une plaque tectonique s'est déchirée pour en donner deux qui ont divergé progressivement sur la surface du globe à une vitesse de quelques centimètres par an (1 cm par an pendant 100 millions d'années = 1 000 km). C'est aussi le cas de la Corse et de la Sardaigne qui étaient liées au continent européen, il y a plusieurs millions d'années[7].
30
+
31
+ Là, ce sont les laves accumulées par un ou plusieurs volcans qui émergent, par l'accumulation de produits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partie géologiquement d'aucun continent.
32
+
33
+ Un atoll est une île formée à partir d'un récif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec un lagon central et peu profond. Des exemples sont les Maldives dans l'océan Indien et Rangiroa dans le Pacifique.
34
+
35
+ Les îles fluviales apparaissent dans les deltas et dans les cours d'eau. Elles se forment par le dépôt de sédiments à des endroits où le courant perd une partie de son intensité. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.
36
+
37
+ Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent des failles inverses et des plis se forment ce qui épaissit la croûte terrestre, et fait remonter le fond de la mer. Ainsi l'île de la Barbade dans les Antilles, est un prisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest de Sumatra : Simeulue, Nias… Pour l'île de Nias, le séisme du 28 mars 2005 a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.
38
+
39
+ Au niveau de la mer Baltique et des fjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'un glacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère (rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles comme Bornholm.
40
+
41
+ Les îles artificielles sont construites par remblayage ou par construction de digues. Elles utilisent parfois un ou plusieurs îlots déjà existants.
42
+
43
+ Les lacs de retenue générés par des barrages contiennent parfois des îles.
44
+
45
+ La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à la géographie physique ou humaine, à l'économie et aux transports, ou à la biologie ou à l'écologie.
46
+
47
+ Sous l'angle de la géographie physique, un auteur, François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :
48
+
49
+ Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total de taxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémisme végétal et animal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.
50
+
51
+ L'indice d'isolement du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et la racine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pour Tahiti et de 23 pour la Corse.
52
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53
+ Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).
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+ On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur, François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires[8] dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.
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+
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+ Si on suppose que l'île d'Australie est un continent à lui seul, les trois plus grandes îles sont le Groenland (également plus grande île de l'Amérique du Nord), la Nouvelle-Guinée (plus grande île d'Océanie) et Bornéo (plus grande île d'Asie).
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+ Madagascar est la plus grande île de l’Afrique (4e du monde) ; la Grande-Bretagne est la plus grande de l’Europe (9e du monde) ; la plus grande île d'Amérique du Sud est la grande île de la Terre de Feu (29e du monde) ; celle d'Antarctique est l'île Alexandre-Ier (30e du monde).
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61
+ Le nombre d'îles dans le monde serait évalué à près de 300 000 (trois cent mille) en prenant en compte leur variabilité de taille allant de celle d'un continent, comme l'Australie, à quelques kilomètres carrés comme les îlots coralliens.
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+ L'étude des îles a influencé Charles Darwin et beaucoup d'écologues et a fondé certaines théories d'écologie du paysage, dont celle de l'insularisation écologique.
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+ Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites. À partir d'une certaine étendue, des facteurs importants de biodiversité, notamment par l'endémisme, peuvent permettre d'abriter une multitude d'espèces.
66
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67
+ Dans un réseau écologique, elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites - des éléphants nains vivaient par exemple en Corse et en Sardaigne jusqu'à ce que ces îles soient colonisées par l'Homme.
68
+
69
+ À titre d'exemple, dans le vaste domaine biogéographique qu'est le Bassin méditerranéen (trois millions de km2 environ[9]), les îles et îlots ne sont que 4 % (103 000 km2) environ des surfaces émergées[10], avec 4 000 îlots de moins de 10 km2 et 162 îles de 10 km2 et plus, répartis d'une manière non homogènes, où la biodiversité a particulièrement régressé mais constitue encore un réservoir remarquable.
70
+
71
+ Le concept d'île est également utilisé pour métaphoriquement décrire tout « isolat biogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. Quand ce processus est en cours dans un contexte de fragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».
72
+
73
+ Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de la convention mondiale sur la biodiversité (Rio, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ou GLISPA)[11].
74
+
75
+ Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques[12]. En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires[13] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. Höner et Greuter ont montré en 1988 que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles comme Madagascar[14], la Nouvelle-Zélande[15] ou l'Australie.
76
+
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+ De nombreuses îles étaient « désertes » (non habitées par l'homme) au moment de leur découverte par les Européens.
78
+ C'est le cas de Madère, des Açores, de l'île Maurice, de La Réunion, des Seychelles, de Sainte-Hélène…
79
+
80
+ D'autres étaient habitées, mais leurs premiers occupants furent exterminés ou assimilés par les colonisateurs : c'est le cas des Guanches aux îles Canaries, des Indiens caraïbes dans les Antilles ou en Jamaïque, des Indiens Onas de la Terre de Feu, des aborigènes en Tasmanie.
81
+
82
+ En Europe de l'Ouest, vers 3000 av. J.-C., des agriculteurs ont colonisé la plupart des petites îles du nord-ouest de l'Europe. Ils ont dû transporter par mer leurs graines, plants et animaux domestiques et l'ont parfois fait sur de longues distances. Ils ont adapté aux îles et à l'environnement marin certaines techniques d'élevage[16]. Au Mésolithique, beaucoup des îles européennes étaient déjà cultivées ou exploitées par des éleveurs, de manière très différente selon les cas[16]. Des analyses isotopiques zooarchéologiques laissent penser que l'alimentation humaine a d'abord été fortement tributaire d'aliments d'origine marine (poissons, fruits de mer (des amas coquillers le montrent), mammifères marins...), puis au Néolithique les cas sont plus contrastés (des amas de coquillages sont encore trouvés, de même que des restes de poissons, oiseaux et mammifères marins, mais des preuves isotopiques montrent qu'ils n'étaient plus qu'une contribution mineure à l'alimentation, soit que les progrès de l'agriculture aient permis des reports vers les fruits, légumes et viandes d'élevage, soit que les ressources marines les plus faciles à atteindre aient déjà été surexploitées[16]. Les bovins, ovins et porcins sont les plus présents parmi les animaux élevés. À la fin du Néolithique, même les îles les plus périphériques du nord-ouest de l'Europe ont été exploitées, et elles l'ont principalement été pour leurs ressources terrestres, plus que marines[16]. Ce document présente des données à partir de sites sélectionnés dans l'ouest de la France et dans les Orcades et tente ensuite de donner quelques explications possibles pour les modèles observés d'utilisation de petites îles à l'époque néolithique[16].
83
+
84
+ L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italien isola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :
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+ Des établissements pénitentiaires ont été installés dans des îles pour limiter les possibilités d'évasion[17] :
87
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+ L'île paradisiaque est un concept très ancien. Dans les civilisations anciennes, comme chez les Grecs, si les dieux vivent dans une île, c'est bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié. L'île est ainsi devenue le support du Paradis. Au Moyen Âge, on situe le jardin d’Éden sur une île et on part à la recherche du Paradis sur Terre. Sa recherche est le cadre de nombreuses légendes et histoires. Au XVIe siècle, l'être humain se sert du cadre de l'île afin d'y décrire une société idéale, l'Utopie. Ultérieurement, les romanciers utiliseront l'île comme cadre de leurs romans pour que leur Robinson Crusoé y aborde et y vive en retrait de la société durant une certaine période. Ce concept des robinsonades a été repris de nos jours par le tourisme, pour en faire le lieu privilégié pour nos vacances qui font de nous de nouveaux Robinsons modernes. L'île support du rêve est ainsi devenue un des thèmes récurrents des publicités.
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+ Plans, profils, cartes manuscrites et imprimées sont conservés au département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République des Maldives
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+ (dv) Dhivehi Raa'jeyge Jumhooriyya
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+ (dv) ދިވެހިރާއްޖޭގެ ޖުމްހޫރިއްޔާ
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+ 4° 10′ 28″ N, 73° 30′ 36″ E
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+ Les Maldives, en forme longue la république des Maldives (en maldivien : ދިވެހިރާއްޖޭގެ ޖުމްހޫރިއްޔާ, Dhivehi Raa'jeyge Jumhooriyya), est un pays d'Asie du Sud composé de 1 199 îles, dont 202 habitées, situé au sud-ouest du sous-continent indien. Une distance de 608 km sépare Malé, la capitale, de Thiruvananthapuram, en Inde. La superficie des terres émergées est de 298 km2 sur les 21 372,72 km2 de superficie totale du pays, lagons inclus[3].
12
+
13
+ Les îles sont regroupées en 26 atolls et trois îles isolées réparties en 20 subdivisions appelées elles aussi « atoll » et portant chacune le nom d'une lettre thâna.
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+ Ce pays très touristique, et où s'applique la charia, est néanmoins régulièrement critiqué pour son non-respect des droits de l'homme.
16
+
17
+ Les Maldives sont un État insulaire de la mer des Laquedives situé à 612 kilomètres (jusqu'à Malé) au sud-ouest de l'État du Kerala, en Inde, et à 755 kilomètres à l'ouest-sud-ouest du Sri Lanka. Le pays, constitué de 26 atolls et trois îles isolées divisés en 20 régions administratives soit 1 199 îles au total (dont à peine plus de 200 habitées en permanence), s'étire du nord au sud entre le Lakshadweep et le territoire britannique de l'océan Indien (Archipel des Chagos)[4]. Les atolls occidentaux ont leur côte ouest baignant la mer d'Arabie tandis que les atolls orientaux appartiennent en totalité à la mer des Laquedives.
18
+
19
+ Cette myriade d'îles et d'îlots est disséminée sur une superficie extrêmement vaste (presque 90 000 km2) s'étendant sur plus de 800 kilomètres dans le sens latitudinal et 130 kilomètres dans le sens longitudinal. Nombre de ces îles constituent des îles-hôtel[5]. Pour éviter de trop grandes conséquences pour l'environnement et limiter la construction d'établissements trop modernes et élitaires (clubs, résidences, etc.), le gouvernement impose de très sévères taxes sur leur réalisation dans les îles non habitées en permanence[4].
20
+
21
+ La capitale et plus grande ville du pays est Malé, sur l'atoll Malé du Nord.
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+ Les Maldives sont constituées de 1 190 îles ou îlots, habités ou non.
24
+
25
+ Les îles des Maldives sont constituées d'atolls , c'est-à-dire d'anciennes îles volcaniques dont les roches ont « disparu » par érosion et par enfoncement sous le niveau des océans en raison du refroidissement très lent de la lithosphère océanique (subsidence thermique). Cet alignement d'anciennes îles volcaniques provient du magmatisme de point chaud de la Réunion, et traduit le déplacement de la plaque tectonique indienne vers le Nord.
26
+
27
+ C'est la croissance du corail qui donne aux atolls leur forme presque circulaire.
28
+
29
+ À cause du changement climatique, les îles sont menacées de disparition. Le niveau des mers tend à s'élever et les îles Maldives disparaîtraient sous les eaux à la fin du XXIe siècle du fait de leur faible altitude : le point culminant naturel s'élève à 2,3 mètres[6], même si l'accumulation des déchets sur l'île-poubelle de Thilafushi en fait désormais la plus haute du pays[7].
30
+
31
+ Dès 1989, certaines prévisions annoncent que les Maldives pourraient avoir disparu en 1999 et récemment la date a été repoussée à 2100[8],[9],[10]. Pour l'instant, l'élévation du niveau de la mer est limitée à 3 mm par an[11].
32
+
33
+ Le 17 octobre 2009, le président des Maldives, Mohamed Nasheed, a organisé de manière symbolique un conseil des ministres sous-marin à 3 mètres sous l'eau, afin d'alerter l'opinion publique internationale sur le risque de disparition de son pays et des autres pays membres de l'Alliance of Small Island States (AOSIS :l'Alliance des petits États insulaires) aussi vulnérables à une future montée du niveau des océans[12].
34
+
35
+ Cependant, certaines études récentes suggèrent que les récifs de corail en bonne santé peuvent s'adapter à une montée des eaux, et que les îles pourraient suivre ce mouvement (moyennant d'éventuels changements de forme)[13]. Néanmoins, les récifs autour de Malé sont très loin d'être dans une santé suffisante (pollution, urbanisme hasardeux, surexploitation...), et l'érosion y est telle que l'île pourrait avoir disparu avant même que le niveau de l'eau ne monte de manière significative.
36
+
37
+ Dans l'ensemble on peut définir le climat des Maldives comme chaud et humide. Les températures oscillent en moyenne entre 26 °C et 28 °C la nuit et entre 30 °C et 32 °C le jour. La proximité avec l'équateur et l'océan maintiennent une humidité comprise entre 70 % et 90 %. La température ressentie, aussi nommée Indice Humidex, dépasse donc souvent les 40 °C, la chaleur est toutefois tempérée par la présence constante de légères brises marines qui rendent donc extrêmement agréables les séjours touristiques. On peut en dire autant de l'eau de mer qui, à ses qualités de transparence et de couleurs, joint une température qui ne descend jamais en dessous de 27 °C et permet donc l'existence d'une florissante vie sous-marine. La température de l'eau, généralement supérieure à celle de l'océan qui entoure l'archipel (grâce au fort ensoleillement des eaux basses des lagons), favorise la présence d'une flore et d'une faune sous-marines aussi nombreuses que luxuriantes.
38
+
39
+ L'origine du nom du territoire « Maldives » fait l'objet de controverses. Une des explications semble se référer précisément à la disposition géomorphologique de l'archipel ou au nombre extrêmement élevé d'îles qui le composent ; il viendrait du sanskrit malodheep (« guirlande ») ou mal dvipa (« mille îles »), dvipa (« île » en sanscrit).
40
+ Une autre explication aurait été donnée par le géographe et historien berbère Ibn Battûta qui y fut Cadi (juge) et s'y maria avec plusieurs filles de vizirs. Celui-ci affirmait que l'archipel était désigné selon le nom de l'île accueillant la résidence officielle du sultan, al-Mahal signifiant « le palais ». Ainsi, en arabe, Dhibat al-Mahal (« île du Palais ») désignait selon lui l'ensemble des Maldives au sens large (Dhibat étant un emprunt arabe du terme dvipa). Au sens restreint, celle-ci indiquait seulement l'île de Malé, la capitale de l'État (le toponyme de la ville étant lui-même directement issu du terme Mahal)[14].
41
+
42
+ Les atolls maldiviens sont souvent indiqués par deux noms, dont l'un correspond à la dénomination géographique traditionnelle tandis que l'autre indique la circonscription administrative dans laquelle se trouve l'atoll.
43
+
44
+ Le nom des localités se compose fréquemment de termes qui indiquent des caractéristiques géographiques particulières : par exemple, finolhu désigne une île sur laquelle se trouvent peu de cocotiers, fushi une grande île située près du récif extérieur et thila une barrière corallienne située à peu de mètres sous la surface de la mer.
45
+
46
+ L'histoire ancienne des Maldives est peu connue. Selon la légende maldivienne, un prince indien appelé Koimala (en) s'est échoué avec sa jeune épouse dans un lagon des Maldives et s'y est installé, devenant ainsi le premier sultan. On raconte aussi que des femmes venues du Sri Lanka s'y sont établies, d’où le nom de Mahiladipa signifiant îles des femmes, qui a donné le nom « Maldives ».
47
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48
+ Les Maldives apparaissent dans la géographie du grec Claude Ptolémée au premier siècle de notre ère : il dénombre 1 378 îles[15].
49
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50
+ Zheng He, dans son expédition de 1413-1415, visite la région.
51
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52
+ Des simulations sur ordinateur de la navigation entre l'Indonésie et Madagascar permettent de comprendre les itinéraires possibles qui ont amené à la colonisation de Madagascar par des Austronésiens à partir du début de notre ère. Les Maldives, et dans une moindre mesure les Chagos voisines, étaient une escale probable sur la route de Madagascar, aussi bien depuis Sumatra que depuis le sud de l'Inde et Sri Lanka, où des marins et marchands javanais et malais se rendaient pour le commerce[16].
53
+
54
+ Au cours des siècles, les îles ont été visitées et leur développement a été influencé par les marins des pays de la mer d'Arabie et du littoral de l'océan Indien. Les pirates Mopla de la côte de Malabar - actuellement l'État du Kerala en Inde - en firent un théâtre de leurs actions. L'archipel est abordé pour la première fois par un Européen en 1506 : l'explorateur portugais Lourenço de Almeida[15]. Au XVIe siècle, les Portugais s'emparent de l'archipel et les gouvernent pendant 15 années (1558-1573) avant d'être expulsés par le guerrier patriote et futur sultan, Muhammad Thakurufaanu Al Auzam (en).
55
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56
+ Sultanat islamique indépendant durant la majeure partie de son histoire, de 1153 à 1968, les Maldives sont cependant un protectorat britannique de 1887 jusqu'au 26 juillet 1965. Entre 1953 et 1954, une première république est instaurée, avant que le sultanat ne soit rétabli.
57
+
58
+ Après l'indépendance en 1965, le sultanat perdure pendant encore 3 années puis, le 11 novembre 1968, il est renversé et remplacé par une deuxième république[4]. Le pays prend alors son nom actuel.
59
+
60
+ En 1978, Maumoon Abdul Gayoom est élu président de la République.
61
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62
+ En 1988, un coup d'État est provoqué par un groupe de Maldiviens qui obtiennent l'appui des Tamouls sri-lankais de l'Organisation populaire de libération de l'Eelam Tamoul. L'intervention de 1 500 soldats indiens rétablit le gouvernement.
63
+
64
+ La constitution de 1997 a fait des Maldives une république, où l’islam est religion d’État. Sa législation est basée sur la charia. L'ensemble de l'identité nationale de la république des Maldives est forgé autour de trois principes :
65
+
66
+ Les Maldives sont une république présidentielle, dans laquelle le président, exerçant le pouvoir exécutif, est à la fois chef d'État, chef du gouvernement et commandant en chef des forces armées. Le pouvoir législatif est du ressort d'un parlement monocaméral, ou Majlis (conseil des citoyens), dont la législature est de cinq ans. Le Majlis du peuple des Maldives compte 77 membres (depuis 2009).
67
+
68
+ En janvier 2005, le Majlis renouvelé voit une montée sans précédent de l’opposition. Précédemment, une partie de la population s’était en effet fortement opposée à la rigidité du régime du président Gayoom (au pouvoir depuis 1978). Le président Maumoon Abdul Gayoom avait durement réprimé, en 2003 et 2004, de violentes manifestations populaires.
69
+
70
+ Le 2 juin 2005, le Parlement a voté à l'unanimité en faveur de l'introduction historique du multipartisme.
71
+
72
+ Le 18 août 2007, le président organise un référendum portant sur le choix du système de gouvernement.
73
+
74
+ En août 2008, la constitution est modifiée en vue d'un premier scrutin présidentiel multipartite. Le 29 octobre 2008, 208 000 électeurs désignent l’opposant Mohamed Anni Nasheed comme président des Maldives avec 54,2 % des voix contre 45,7 % au président sortant Maumoon Abdul Gayoom. Les premières élections législatives libres se déroulent le 9 mai 2009.
75
+
76
+ En 2010, une réforme des collectivités locales crée 3 niveaux de conseils élus (villes, îles et atolls).
77
+
78
+ En février 2012, le président des Maldives Mohamed Nasheed, élu démocratiquement en 2008, est renversé par son vice-président, Mohammed Waheed Hassan. Ce coup d'État fait suite à des manifestations et des mutineries dans la police et l’armée qui ont contraint le président Nasheed à la démission[19].
79
+
80
+ Le 16 novembre 2013, et après plusieurs reports du scrutin, les élections présidentielles se sont tenues. Elles ont porté au pouvoir Abdulla Yameen, le demi-frère de l’ancien président Maumoon Abdul Gayoom. Il devient le 6e président des Maldives[20].
81
+
82
+ Le 13 octobre 2016, les Maldives annonçaient leur retrait du Commonwealth en raison des considérations de l'organisme sur la position du territoire en regards des droits de l'homme[21].
83
+
84
+ Le 2 février 2018, considérant les condamnations de plusieurs prisonniers, dont Mohamed Nasheed et Ahmed Adeeb Abdul Ghafoor, au motif d'être « politiquement motivées », la Cour suprême décide de casser les jugements[22]. Le 5 février, Abdulla Yameen, refuse d'appliquer la décision, malgré la demande de l'ONU[23] et fait remarquer que selon lui, la Cour suprême « n'est pas au-dessus des lois »[24], puis assiège les bureaux de la Cour suprême, qu'il accuse de vouloir le destituer[25], suspend le parlement, au sein duquel il vient de perdre la majorité après une autre décision de la Cour suprême ordonnant la réintégration des députés récemment passés dans l'opposition, limoge le chef de la police, fait arrêter l'ancien président Maumoon Abdul Gayoom, qui avait rejoint l'opposition en 2017[26], et décrète l'état d'urgence[27]. Dans la soirée, il fait également arrêter deux juges de la Cour suprême, dont son président Abdulla Saeed, et Ali Hameed[28]. Il justifie cela par une « conspiration » et un « coup d'État »[29]. Nasheed appelle alors l'Inde et les États-Unis, à intervenir[30]. Finalement, les trois juges de la Cour suprême restés en liberté décident d'annuler la décision[31]. L'ONU dénonce alors une « attaque contre la démocratie »[32].
85
+
86
+ Le 29 juin 2018, Mohamed Nasheed renonce à se présenter à l'élection présidentielle maldivienne de 2018 après le refus de la commission électorale de valider sa candidature[33]. Ibrahim Mohamed Solih est choisi à sa place. Durant la campagne, les médias n'ont pas couvert la campagne électorale d'Ibrahim Mohamed Solih, de crainte de représailles[34]. Le soir du scrutin du 23 septembre, les estimations des résultats le donnent largement vainqueur[35],[36]. La commission électorale a ensuite confirmé ces résultats durant la nuit du 23 au 24 septembre[37]. Abdulla Yameen reconnaît publiquement sa défaite le 24 septembre[36].
87
+
88
+ Plusieurs ONG et les Nations unies demandent aux Maldives de retirer la peine de fouet pour les femmes ayant des relations sexuelles hors mariage. En septembre 2012, une jeune femme de 16 ans a été condamnée au fouet pour relations hors mariage, et son compagnon a écopé de dix ans de prison. En février 2013, la justice a condamné une jeune fille de 15 ans à 100 coups de fouet et 8 mois d'arrêts domiciliaires pour avoir eu des relations hors mariage. La condamnation était basée sur les aveux de la jeune fille peu après avoir été violée par son beau-père. En août 2013, la décision a été annulée par la Haute Cour des Maldives, alors que la peine n'avait pas été purgée (les coups de fouet devaient être administrés aux 18 ans de la jeune fille)[38].
89
+
90
+ Par ailleurs, les Maldives sont régulièrement critiquées pour leur faible liberté religieuse. Blogueurs et manifestants sont régulièrement arrêtés[39].
91
+
92
+ Le 27 avril 2014, le gouvernement des Maldives annonce que le pays met fin à soixante ans de moratoire sur la peine capitale. Les mineurs coupables de meurtre pourront être condamnés à mort, en contradiction avec la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant[40]. L'âge de la responsabilité criminelle aux Maldives est fixé à 10 ans de manière générale et à 7 ans pour certains crimes comme le viol, la fornication, la consommation d'alcool et l'apostasie[41].
93
+
94
+ Les Maldives sont aussi critiquées pour leur gestion des immigrants bangladais venus y travailler. Leurs passeports sont confisqués dès leur arrivée à l'aéroport par les entreprises qui les emploient, bien qu'ils soient en situation régulière. Endettés auprès d'agences de l'emploi, leur train de vie est parfois comparé à de l'esclavage. Le département d'État des États-Unis place ainsi les Maldives sur sa liste noire en matière de traite humaine, aux côtés notamment de l'Afghanistan[42].
95
+
96
+ En octobre 2019, l'ONG Réseau des Maldives pour la démocratie est fermée[43].
97
+
98
+ La capitale Malé, où vivent plus de 75 000 personnes, est surpeuplée[4]. L'intégralité de la surface de l'île est recouverte de bâtiments. Pour remédier à ce problème, le gouvernement a créé une île artificielle en pompant du sable au fond de la mer. Sur cette île prévue pour accueillir 100 000 habitants, les bâtiments sont en cours de construction. Elle a été élevée 2 mètres au-dessus de la mer pour pallier une éventuelle montée des eaux.
99
+
100
+ Les habitants des Maldives ne vivent habituellement pas sur les îles destinées au tourisme, qui sont entièrement occupées par de luxueux villages de vacances ; ils sont concentrés dans la capitale ou dans certaines îles des atolls[4].
101
+
102
+ Avant la période du tourisme de masse (qui amène annuellement un million de visiteurs environ), les seules ressources de l'archipel lui provenaient presque uniquement de la mer, surtout de la pêche : une abondance de poissons, favorisée par des eaux relativement chaudes, peu profondes et bien oxygénées par les courants, a été pendant des siècles exploitée au maximum par les habitants, qui ont axé leur économie et leur mode de vie sur la pêche. Aujourd'hui encore, un cinquième de la main-d'œuvre de l'archipel travaille dans le secteur de la pêche, et celle-ci fournit un sixième du produit national brut[4]. Les eaux poissonneuses de l'océan regorgent de thons et de maquereaux. Des variétés particulières sont le voilier et le dénommé « poisson des Maldives », une sorte de thon qui, séché et fumé, est principalement exporté au Sri Lanka.
103
+
104
+ Au moins jusqu'au XVIe siècle, l'océan entourant les Maldives a fourni une autre ressource fondamentale du point de vue économique, à savoir les splendides coquillages de l'espèce Cypraea moneta qui pendant des siècles, comme leur nom l'indique, ont constitué la principale monnaie d'échange le long des côtes asiatiques et africaines de l'océan Indien : depuis longtemps la monnaie officielle est devenue la roupie, mais les coquillages qui ont fait connaître les Maldives comme les anciennes « îles de l'argent » sont encore pêchés par les indigènes qui en font des colliers ou des souvenirs.
105
+
106
+ La douceur du climat, la beauté des paysages, des lagons, des fonds sous-marins qui possèdent une flore et une faune incomparables ont permis le développement important du tourisme depuis les années 1980. De grands hôtels réservés aux étrangers ont été bâtis sur des îles, dont ils sont souvent la seule construction, et dont sont éloignés les habitants du pays. Le gouvernement n'autorise la construction des hôtels que sur les îles désertes (il y en a environ un millier). Il faut souligner que la découverte et la mise en valeur des trésors naturels des Maldives a été dans une large mesure le fait des Italiens. Aujourd'hui encore, les touristes italiens représentent un cinquième du tourisme, précédés seulement par les Allemands qui en constituent presque un quart. Quoi qu'il en soit, les touristes européens sont de loin les plus nombreux. Outre un milieu naturel d'une exceptionnelle beauté et des établissements d'un niveau remarquable, ils peuvent compter sur un riche calendrier de manifestations culturelles et folkloriques, pour la plupart issues de la tradition islamique ou de croyances tribales de type animiste.
107
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108
+ Pour ce qui est des activités économiques, on remarquera que dans le secteur secondaire les industries de type moderne ont parfois remplacé d'anciens artisanats traditionnels, par exemple dans le domaine de la construction d'embarcations de plaisance en fibre de verre et dans celui de la conservation du poisson. Mais de nombreuses formes de travail artisanal subsistent, comme la production de cordages, d'objets et d'ustensiles en bois et en métal, de barques de pêche en bois de cocotier et même la construction des maisons, réalisées en bois de palmier sur des fondations de blocs de calcaire extraits à la hache des récifs coralliens. Au cours des siècles, certaines îles de l'archipel se sont spécialisées dans plusieurs sortes d'activités artisanales. L'île de Gadhdhoo par exemple dans l'atoll de Gaafu Dhaalu, est renommée pour sa production de « kunaa », de splendides nattes ornées de motifs géométriques abstraits et élégamment teintes de couleurs naturelles claires, utilisées en ameublement mais aussi lors des prières. La meilleure production de laques est l'apanage de Thuladhoo, dans l'atoll de Baa. Plusieurs sortes de bois y sont utilisées pour réaliser des vases, des boîtes et des bois de différentes formes et dimensions, ensuite peints de plusieurs couches de laques de couleur. Une fois sèche, la laque est gravée de manière à faire apparaître les différentes couches de couleurs, donnant lieu à des motifs ornementaux et floraux. Ces objets sont très beaux et hauts en couleur. L'atoll Nilandhe du Sud est en revanche célèbre pour sa fabrication de bijoux : les orfèvres travaillent sur l'île de Ribudhoo et les argentiers sur l'île d'Hulhudeli.
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110
+ Les années 1970 attirent les touristes avec l’attraction extraordinaire des fonds marins[4].
111
+ Aujourd'hui, 87 îles sont chacune un resort exclusif ou île-hôtel[4].
112
+ Le tourisme constitue une des principales ressources financières des Maldives. C'est l’introduction de la technique de dessalement de l'eau de mer qui a été un élément essentiel de l’implantation des îles-hôtel. Environ un million de touristes débarquent chaque année dans les hôtels de luxe[4].
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+ Malgré leur caractère insulaire exclusif, les Maldives n'ont presque jamais souffert d'un isolement excessif, car elles se trouvent sur les principales voies de communication entre l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient d'un côté, le sous-continent indien, l'Extrême-Orient et l'Australie de l'autre.
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+
116
+ La pression démographique et les nombreux aménagements réalisés ont dégradé l'environnement insulaire. S'y ajoute la montée du niveau des océans qui menace l'exploitation du tourisme à long terme mais le nombre de touristes s'accroît d'année en année, soit en 1986 : 114 000 ; 1996 : 338 000 ; 1998 : 396 000 et 1999 : 430 000.
117
+ Les touristes proviennent à 77 % d'Europe ; 19 % d'Asie ; 2 % d'Océanie ; 1,5 % d'Amérique et 0,5 % d'Afrique[44]. Il faut cependant noter que le pays, dont la religion d'État est un islam rigoureux, s'est organisé pour éviter au maximum tout contact entre les touristes apporteurs de devises et les habitants qui résident sur des îles interdites aux premiers (sauf à Malé, la capitale).
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119
+ La richesse du monde sous-marin des atolls maldiviens constitue une extraordinaire attraction pour les passionnés de plongée sous-marine, qui ont le choix entre un nombre élevé de sites dont certains comptent parmi les meilleurs du monde. De nombreuses zones de la barrière corallienne, où abonde une faune sous-marine incroyablement variée et multicolore, sont aisément accessibles depuis les îles. Mais les plongées plus en profondeur sont aussi faciles en raison de la température élevée de l'eau et d'une visibilité qui dans certains endroits atteint 50 mètres. Tous les villages touristiques des îles mettent à la disposition de leurs hôtes des écoles de plongée hautement professionnelles, dont les instructeurs offrent des cours adaptés à toutes les exigences, tant celles des débutants que celles des plongeurs les plus expérimentés.
120
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121
+ La population est obligatoirement musulmane, la religion d'État est l'islam[45] et la législation est basée sur la charia. Les autres croyances sont interdites aux citoyens[46] et les étrangers ne doivent pas les exhiber en public. Il est interdit d'y introduire :
122
+
123
+ Comme le pays ne peut se passer de l'apport économique du tourisme (essentiellement occidental) ces objets, lorsqu'ils sont détectés au passage de la douane à l'aéroport international situé sur l'île d'Hulhulé près de l'île-capitale de Malé, sont mis en consigne à l'arrivée de leur propriétaire et lui sont restitués lorsqu'il repart.
124
+
125
+ Par ailleurs, la consommation d’alcool sur l’archipel n’est tolérée que sur les îles hôtels, à l’aéroport et sur les bateaux de croisière possédant une licence. Les boissons alcoolisées y sont souvent servies par des étrangers puisque les Maldiviens ne doivent avoir aucun contact avec l’alcool. La consommation est interdite dans tous les autres lieux, y compris dans les hôtels et dans les restaurants de Malé[47].
126
+
127
+ Jusqu'en 2009, une ségrégation extrême entre touristes et autochtones fut pratiquée, et le seul endroit où le voyageur non musulman pouvait côtoyer la population (hormis le personnel des hôtels et moyens de transport) était la capitale, Malé. L'accès aux autres îles habitées y étaient fortement réglementé : seules les excursions organisées par un resort y étaient autorisées. De plus, ces îles ne possédaient pas d'infrastructures hôtelières, et sans autorisation, le logement chez l'habitant y était strictement interdit[48],[49].
128
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129
+ La langue parlée, le divehi, issu du sanskrit, a été fortement influencée par l'arabe, mais aussi de termes venant du cingalais (langue proche du divehi), malayalam, hindi, français, persan, portugais et anglais. La langue maldivienne et son vocabulaire sont donc aussi riches qu'expressifs. La langue écrite (thaana) fut introduite au XVIe siècle par Thakurifaan et comprend 24 lettres, graphiquement semblables à celles de l'alphabet arabe et persan mais somme toute plus simples. Son origine arabe transparaît également clairement dans le fait qu'elle se lit de droite à gauche.
130
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131
+ L'anglais est la seconde langue aux Maldives. Employée notamment par les Maldiviens qui travaillent dans le tourisme, ou par les élites du pays, elle est la seconde langue administrative avec le divehi. Souvent, les textes administratifs ne sont libellés qu'en anglais. À noter que les billets de banque sont écrits en divehi sur une face et en anglais sur l'autre[50].
132
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133
+ Jusqu'au XIIe siècle, la religion des îles était le bouddhisme[51], comme en témoignent plusieurs vestiges de temples et de pagodes, par exemple ceux de l'atoll Ari. C'est en 1153 que la population se convertit à l'islam au contact d'Abul Barakaat Yousuf Al Barbary, un de ces nombreux marchands musulmans qui parcouraient la route entre le Levant et l'Inde.
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+ Mais de nos jours encore, les habitants craignent beaucoup les démons et les monstres qu'ils font exorciser par des « hakeem » au moyen de rites, d'antidotes et de potions.
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+ Alors que les Maldives étaient traditionnellement un pays d'islam modéré, l'arrivée au pouvoir du président Abdulla Yameen soutenu par les islamistes en 2013, à la faveur d'une élection présidentielle au résultat contesté, change la donne. Influencé par des religieux wahhabites formés en Arabie saoudite et au Pakistan, le prosélytisme islamiste gagne du terrain, notamment dans les milieux carcéraux. De nombreux cheikhs occupent ainsi de plus en plus l'espace public (universités, télévision – leurs sermons étant retransmis une fois par mois sur les chaînes nationales –, etc.). Plusieurs ONG dénoncent une augmentation des mariages précoces dans les îles reculées ainsi que le refus grandissant de vacciner les enfants. Le docteur Mohamed Iyaz, un influent conseiller du gouvernement en jurisprudence coranique, fait d'ailleurs l'apologie de l'excision, en tant qu'« obligation religieuse ». En 2014, une centaine de Maldiviennes ont été fouettées en public pour « actes de fornication ». En 2015, on enregistre entre 50 et 200 départs de Maldiviens vers les territoires de l'État islamique. Si le gouvernement a officiellement condamné le djihad vers la Syrie, des activistes et des opposants critiquent son inaction sur le sujet, certains craignant même l'instauration d'un califat aux Maldives. Ces évolutions menacent le tourisme occidental sur l'archipel qui en tire la moitié de ses revenus ; il faut toutefois noter que les touristes séjournent généralement dans des hôtels situés à l'écart de la population et des interdits religieux qui les encadrent[42]. Lors de sa campagne électorale de l'élection présidentielle maldivienne de 2018 qu'il perd finalement face à Ibrahim Mohamed Solih, le président sortant Abdulla Yameen déclare être le candidat de l'islam face aux « infidèles »[52].
138
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+ La constitution elle-même définit la république des Maldives comme une république, où la religion musulmane joue un rôle fondamental puisqu'elle est religion d'État, la seule qui soit autorisée dans l'archipel. Tout autre culte est formellement interdit aux maldiviens, tandis qu'il est tout de même permis aux résidents étrangers de pratiquer leur religion s'ils le font à titre privé et n'encouragent pas les autochtones à y participer. Tout prosélytisme est sévèrement réprimé.
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+ D'ailleurs, sur le drapeau national figure clairement un croissant blanc sur champ vert bordé de rouge.
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+ Il y a environ 3 000 Chrétiens (0,6 % de la population), et il reste environ 1 000 Bouddhistes, principalement au sud (environ 0,2 % de la population). Les Hindous sont entre 20 et 30 individus[réf. nécessaire].
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+ Selon l’Index mondial de persécution des chrétiens en 2014, les Maldives sont le 7e pays où les Chrétiens, fort peu nombreux, sont le plus persécutés.
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+ Il est interdit de faire entrer dans le pays des livres d'autres religions que l'islam, ainsi que des objets tels que croix, statuettes de Bouddha ou dieux hindous, images pieuses, alcool, viande de porc, etc. même pour son usage personnel. Lorsque ces objets sont dans les bagages de touristes venant passer quelques jours aux Maldives, ils sont confisqués à l'aéroport, mis en consigne et restitués au propriétaire lors de son départ définitif.
148
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+ Sous un aspect strictement folklorique, les danses populaires en costume sont accompagnées de musique traditionnelle exécutée avec des instruments à percussion, comme le bodu beru ou « grand tambour », l'instrument national des Maldives, le thaara, le bandiyaa jehun ou le kadhaa maali. L'ensemble de musiciens compte généralement quatre ou cinq percussionnistes qui accompagnent les danseurs de rythmes nettement influencés par les musiques africaines. Les mouvements des danseurs, tout d'abord lents et doux, deviennent de plus en plus frénétiques au fur et à mesure que le rythme de la musique augmente. Les bodu beru, dont les meilleurs sont produits dans l'atoll de Felidhoo, sont réalisés dans les troncs creux des cocotiers et recouverts de peau de pastenague, un poisson de la famille des raies.
150
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151
+ Les ingrédients de base de la gastronomie maldivienne sont le poisson et le riz. Les plats les plus substantiels, qui se composent de riz et de « roshi » (un pain sans levain), sont dits « long eat » et sont à base, entre autres, de thon ou de sardines frites et de « valo mas », du poisson fumé. Le « hedhikaa », est dit « short eat », consiste en revanche en un assortiment d'amuse-gueule sucrés et salés, généralement servis au comptoir des bars.
152
+ Le jus de noix de coco encore verte, dit « kurumba », donne une boisson délicieuse et rafraîchissante, tandis que le « raa » est la lymphe du palmier, qui se boit à peine extraite.
153
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154
+ Les Maldives constituent une région extrêmement originale à la fois sur le plan géologique et écologique, qui a rapidement intrigué les scientifiques européens, dès le XIXe siècle. Elles furent notamment visitées par JS Gardiner en 1899 (son étude pour l'université d'Oxford constitue toujours la référence majeure sur la biodiversité des Maldives), Symour Sewell et la John Murray Expedition en 1933, H. Hass et la Xarifa Expedition en 1957, ou encore D.R. Stoddart en 1964[53]. Jacques-Yves Cousteau a également visité l'île plusieurs fois à bord de la Calypso.
155
+
156
+ De nos jours, des expéditions internationales continuent de s'intéresser aux spécificités de cette région, et l'année 2015 a par exemple vu passer deux expéditions scientifiques, l'une financée par l'organisation Caitlin Seaview et l'autre par l'IUCN[53].
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+ La capitale héberge par ailleurs la modeste Maldives National University[54] et le Maldives Marine Research Center, et l'atoll Faadhippolhu abrite un laboratoire de recherches en biologie marine, le Korallion Lab Marine Researching Center[55].
159
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+ Le terrain des îles maldiviennes, en grande partie constitué de sable et de résidus marins, n'est pas particulièrement favorable au développement de beaucoup d'espèces de plantes. Toutefois, de nombreuses îles sont recouvertes d'une riche végétation de plantes tropicales, parfaitement adaptées à des sols pauvres et à des climats chauds.
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+ Bien que les températures de l'air et de l'eau se maintiennent assez élevées toute l'année, les îles coralliennes qui composent l'archipel des Maldives ne présentent une végétation luxuriante qu'en certains endroits : la rareté du sol végétal et l'absence d'eau douce superficielle (lacs et fleuves) et souterraine (sources), jointe à la faible dimension des îles (dont la plupart mesurent moins d'un km²) et la nature même des bancs coralliens des îles, limitent fortement la croissance de plantes spectaculaires, si l'on fait exception des magnifiques cocotiers qui bordent les lagons, des mangroves et de quelques zones de forêt pluviale (qui produisent des bois précieux). Les surfaces cultivables ne sont elles non plus guère étendues, au point qu'elles ne parviennent pas à subvenir aux besoins alimentaires des habitants. Pour cette raison, et aussi pour satisfaire la forte demande de denrées liée aux activités touristiques, de grandes quantités de produits agricoles sont importées de l'étranger. Du point de vue des surfaces cultivables, l'île la plus fertile est Fuvammulah, dans la partie la plus au sud de l'archipel, dont les vastes plantations comptent des cultures de fruits tropicaux comme la mangue et l'ananas.
163
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+ Le cocotier figure dans l'emblème national des Maldives et il est explicitement nommé « dhivehi ruh », c'est-à-dire le palmier des Maldives.
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+ On ne trouve pas sur les îles une grande variété d'animaux terrestres. Parmi ceux-ci, signalons les roussettes, des chauves-souris visibles au crépuscule et les lézards multicolores. Parmi les oiseaux migrateurs, les plus intéressants sont les échassiers, tandis que les non-migrateurs comprennent les corbeaux, les poules d'eau et les perroquets d'Afrique. Dans les eaux peu profondes on peut voir des hérons et des mouettes.
167
+
168
+ La faune sous-marine des Maldives est très réputée, abritant notamment d'importantes populations de dauphins, de requins-baleines et de raies manta, qui font l'objet de suivis scientifiques de la part de certaines ONG comme le Manta Trust[56].
169
+ Les récifs coralliens de la région sont célèbres pour leur richesse et leur diversité, ce qui en fait l'un des principaux moteurs du tourisme. L'atoll de Baa a ainsi été désigné « réserve de biosphère » par l'UNESCO en 2011[57].
170
+
171
+ Des études scientifiques suggèrent que les différents atolls des Maldives, même très proches, connaissent d'importantes variations en termes d'assemblages faunistiques, sans doute en raison du différentiel de pression de pêche[58].
172
+
173
+ Depuis 1992, à quelques kilomètres de Malé, l'île de Thilafushi, aujourd'hui davantage connue sous le nom de « Rubbish Island », est la plus grande « île-poubelle » du monde. Longue de 7 kilomètres sur 200 mètres de largeur, elle accueille chaque jour 330 tonnes supplémentaires de déchets acheminés depuis tout l'archipel par bateau, la plupart proviennent de Malé : le plus grand pôle touristique[59],[60]. Selon les chiffres du gouvernement, chaque touriste produit 7,2 kg de déchets par jour, contre 2,8 kg par habitant à Malé. L’incinération des déchets se pratique également à ciel ouvert ce qui provoque plusieurs types de pollutions :
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+ D'après les autorités, elles vont cesser de brûler les déchets et un opérateur privé va commencer la construction d'un incinérateur.
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+ Les Maldives ont pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ L'île Pitcairn, en anglais Pitcairn Island et en pitcairnais Pitkern, est une île de l'océan Pacifique, principale terre du territoire britannique des îles Pitcairn et abritant la capitale Adamstown. Pitcairn se situe à environ 5 000 km des côtes de la Nouvelle-Zélande et autour de 5 700 km de celles de l'Amérique du Sud et n'est accessible que par bateau depuis l'archipel des Gambier, qui possède la piste d'atterrissage la plus proche, situé à environ 540 km à l'ouest-nord-ouest.
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+ C'est la seule île habitée de cette partie de l'archipel qui comprend aussi les îles Henderson, Ducie et Oeno. Les habitants de Pitcairn sont pour la plupart des descendants des mutins du Bounty et de leurs femmes polynésiennes qui ont trouvé là une île vierge à (re)coloniser (car l'île avait été vidée de ses habitants, à la suite de sa déforestation « qui a rendu de plus en plus difficile la construction de pirogues à Mangareva et à Pitcairn »[1], comme dans l'île de Pâques, ce qui a isolé les habitants à partir d'une période comprise entre 1000 et 1450[1],[2],[3]).
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+ En tant que « Pays dépendant du Royaume-Uni », l'économie et certains travaux insulaires pouvaient bénéficier d'aides européennes avant le 31/01/2020[4].
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+ Les habitants de Pitcairn ont développé un créole dérivé de l'anglais, le pitcairnais.
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+ C'est - ensemble avec l'île Henderson - l'un des cinq cas étudiés par Jared Diamond dans son livre sur le risque de collapsus écologique chez les sociétés insulaires qui surexploitent leur environnement[1] (les autres cas sont l’île de Pâques, le peuple des Indiens Anasazi, et ceux des Mayas et des Vikings).
12
+
13
+ À la différence des autres îles de la région qui sont des atolls coralliens (sauf Mangareva), l'île est ici entièrement d'origine volcanique. Elle est d'ailleurs située sur l'un des points chauds de l'hémisphère sud (dit le « point chaud de Pitcairn »[5]).
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15
+ La pétrologie de l'île et plus largement du socle océanien a notamment été étudiée par Alfred Lacroix[6].
16
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17
+ De vastes zones de Pitcairn sont façonnées par l'intervention humaine, maintenant couvertes de plantes non-natives de l'île (parmi les plantes cultivées sur l'île, on peut retrouver la noix de coco, l'ananas, les agrumes, la banane, la papaye, le melon, la goyave, la canne à sucre, l'igname, le taro et l'arbre à pain).
18
+
19
+ La végétation indigène ne couvre désormais environ que 30 % de la surface de l'île, généralement sur des pentes abruptes et des vallées reculées. L'île Pitcairn connait aussi un problème de déforestation. Il ne reste qu'une petite zone de la forêt originelle résultant des coupes pour le feu et pour dégager des zones d'habitat. La forêt était déjà fortement dégradée depuis le début du second millénaire jusqu'à la disparition des habitants autochtones, avant l'arrivée des mutins du Bounty.
20
+
21
+ La faune endémique sur terre se limite aux insectes, aux escargots et à certains petits reptiles. Tous les autres animaux de l'île ont été introduits par les Européens.
22
+
23
+ Autour des îles, l’environnement marin, en partie d'origine volcanique (tout comme les îles), est d'une grande richesse halieutique et en biodiversité.
24
+
25
+ Plus de 1 240 espèces de mammifères, poissons, coraux, algues y ont déjà été répertoriés (totalement nouvelles pour certaines, avec par exemple une algue marine capable de vivre à 382 mètres de profondeur, là où les plantes ne trouvent théoriquement plus assez de lumière pour survivre)[7].
26
+
27
+ Ce patrimoine naturel exceptionnel, et la faible pression anthropique locale[8] sont à l'origine d'un projet de création d'une très grande réserve naturelle marine et sous-marine (834 334 km2, soit plus de trois fois la taille du Royaume-Uni), dont le budget a été proposé le 18 mars 2015 par le ministre britannique des finances (pour l'année budgétaire 2015-2016)[7]. Ce statut de réserve devrait préserver le milieu de toute activité de pêche ou d'exploration minière, et ne sera effective qu'après la signature d'un règlement et d'un accord entre les ONG environnementales et les autorités locales, pour notamment cadrer la manière dont la surveillance et la lutte contre le braconnage maritime se feront, alors que moins de 2 % de l'océan mondial est officiellement protégé[7], cette réserve va faciliter la mise en œuvre des engagements du gouvernement britannique d'augmenter la surface d'aires marines protégées (c'était l'un des objectifs des dernières grandes conférences mondiales sur la biodiversité), mais toutefois à une grande distance des îles britanniques.
28
+
29
+ L'histoire des îles Pitcairn débute à la Préhistoire, lors du peuplement des îles par des Polynésiens. Interrompu au XVIe siècle, le peuplement de l'île ne recommence qu'à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les mutins de la Bounty débarquent et s'installent sur les îles.
30
+
31
+ L'affaire des îles Pitcairn est une affaire judiciaire concernant des accusations de crimes sexuels, survenue dans les années 2004-2006.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
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5
+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
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+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
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+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
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+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
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+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
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+
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
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+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
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+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
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+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
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+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
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97
+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
98
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99
+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
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101
+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
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103
+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
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105
+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
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107
+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
108
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109
+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
110
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111
+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
112
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113
+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
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+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
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+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
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+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
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+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ L’Iliade (en grec ancien Ἰλιάς / Iliás, en grec moderne Ιλιάδα / Iliádha) est une épopée de la Grèce antique attribuée à l'aède légendaire Homère. Ce nom provient de la périphrase « le poème d'Ilion » (ἡ Ἰλιὰς ποίησις / hê Iliàs poíêsis), Ilion (Ἴλιον / Ílion) étant l'autre nom de la ville de Troie.
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+ L’Iliade est composé de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en vingt-quatre chants. Le texte a probablement été composé entre -850 et -750, soit quatre siècles après la période à laquelle les historiens font correspondre la guerre mythique qu’il relate. Il n'a été fixé par écrit que sous Pisistrate, au VIe siècle av. J.-C. Dans l'Antiquité, l’Iliade faisait partie d'un cycle épique, le cycle troyen, mais seules l’Iliade et l’Odyssée en ont été conservées.
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+ L'épopée se déroule pendant la guerre de Troie dans laquelle s'affrontent les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par diverses divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. L’Iliade détaille les événements survenus pendant quelques semaines de la dixième et dernière année de la guerre. Après un siège de dix ans, le sort des armes hésite encore. Achille est le meilleur guerrier de l'armée achéenne. Mais une querelle avec le roi Agamemnon, chef des Achéens, met Achille en colère et il décide de se retirer du combat, ce qui menace de retourner le sort de la guerre en faveur des Troyens, galvanisés par Hector, le meilleur guerrier de Troie. Le récit culmine avec le retour d'Achille au combat et son duel contre Hector, puis les outrages infligés par Achille au corps de son ennemi vaincu. L’Iliade se termine avec les funérailles d'Hector. Le dénouement laisse entendre une victoire prochaine des Achéens.
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+ L’Iliade forme, avec l’Odyssée, l'une des deux grandes épopées fondatrices de la littérature grecque antique. Dès l'Antiquité, elle fait l'objet de nombreux commentaires et interprétations et engendre une postérité abondante, dont la principale épopée mythologique romaine, l’Énéide de Virgile, au Ier siècle av. J.-C. Connue au Moyen Âge par des réécritures latines, l’Iliade est redécouverte dans son texte grec à la Renaissance. À partir de la fin du XVIIIe siècle, la compréhension du texte et de ses origines est renouvelée peu à peu par la question homérique qui remet en cause l'existence d'Homère. L'épopée continue d'inspirer les artistes et de susciter l'intérêt des hellénistes et des historiens jusqu'à nos jours.
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+ Μῆνιν ἄειδε, θεὰ, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
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+ « Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille,
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+ « Déesse chante-nous la colère d'Achille, de ce fils de Pélée,
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+ Le premier terme, μῆνις / mễnis, qui veut dire « colère », est toujours employé pour qualifier une colère divine, funeste. Achille est le seul mortel dont la colère soit appelée μῆνις dans tout le corpus homérique. C’est bien cette colère inhumaine qui est le thème-clef de l’épopée.
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+ La guerre de Troie dure depuis bientôt dix ans. Elle oppose les Achéens venus de toute la Grèce, aux Troyens et à leurs alliés. Face à la cité fortifiée, les centaines de navires des assiégeants reposent sur la plage et leur servent de campement. L’Iliade relate, dans l'ordre chronologique, six journées et nuits de la guerre ; le chant XXIV se déroule douze jours après les événements du chant XXIII[4]. En aucune partie du texte n’est annoncée la prise de Troie grâce à la ruse du cheval de bois.[5]
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+ Agamemnon, le chef des Achéens, retient prisonnière Chryséis, la fille de Chrysès, un prêtre troyen d'Apollon. En représailles, le dieu Apollon a envoyé une peste meurtrière sur toute l'armée achéenne. Le devin Calchas révélant la cause du mal, Achille adjure Agamemnon de rendre la prisonnière. Le roi finit par y consentir, mais décide d'avoir en dédommagement Briséis, une belle Troyenne, en la prenant à Achille dont elle était la captive. Furieux et se sentant spolié, ce dernier décide de cesser de combattre avec ses Myrmidons aux côtés des Achéens. Il invoque sa mère, la Néréide Thétis, qui obtient de Zeus la promesse d'une victoire troyenne.
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+ Trompé dans son sommeil par un songe envoyé par Zeus, Agamemnon s'éveille certain de la victoire de ses troupes. Lors du conseil des chefs, il raconte précisément son rêve à quelques-uns de ses plus proches, puis, pour mettre à l'épreuve l'ensemble des troupes, feint de vouloir quitter le siège de Troie. Les guerriers préparent leur retour après neuf années de siège, mais Ulysse, roi d'Ithaque, parvient à les dissuader de partir. Les deux armées s'apprêtent à combattre et le narrateur détaille les forces en présence dans un passage traditionnellement appelé Catalogue des vaisseaux, qui est suivi du Catalogue des Troyens : les Achéens venus de toute la Grèce sur un grand nombre de vaisseaux feront face aux troupes des chefs troyens et de leurs alliés dardaniens, lyciens, phrygiens et thraces.
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+ Le troyen Pâris, fils du roi Priam, est saisi d'effroi à la vue de Ménélas, dont il a enlevé l'épouse, Hélène, événement qui est la cause du conflit. Suite aux durs reproches de son frère, le vaillant Hector, Pâris propose aux Achéens que Ménélas lui soit opposé en combat singulier, afin d'éviter une hécatombe à son peuple. Tandis que, du haut des remparts de Troie, Hélène énumère à Priam les chefs grecs, le pacte est conclu. Le duel s'engage et tourne rapidement à l'avantage de Ménélas, combattant expérimenté, au détriment du frêle et jeune Pâris. Mais celui-ci est sauvé d'une mort certaine par l'intervention divine d'Aphrodite, qui le soustrait au combat et le dépose dans Troie.
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+ Sur l’Olympe, Zeus souhaite faire reconnaître la victoire de Ménélas, afin qu'une paix soit conclue, épargnant ainsi la ville. Mais Héra, qui souhaite ardemment la victoire des Achéens, demande à Athéna de pousser les Troyens à violer leurs serments de paix. Athéna convainc alors Pandare de décocher une flèche à Ménélas afin de briser la trêve, ce qui survient effectivement.
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+ Pendant la revue de ses troupes, Agamemnon exhorte au combat les plus grands de ses chefs : Idoménée, les deux Ajax (Ajax fils de Télamon et Ajax fils d'Oïlée), Nestor, Ulysse et Diomède –, et les combats reprennent.
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+ Dans la furie de la bataille, les Achéens galvanisés massacrent un grand nombre de Troyens. Diomède s'illustre en particulier, soutenu par Athéna, au cours d'une aristie, en tuant, entre autres, Pandare, et en blessant Énée et sa mère, la déesse Aphrodite, venue le secourir. Les dieux s'impliquent alors dans les combats : Apollon sauve Énée en le soustrayant au champ de bataille et exhorte son frère Arès à s'engager aux côtés des Troyens. Ces derniers se ressaisissent et Hector, enflammé par les paroles de Sarpédon, mène ses troupes au combat avec le soutien d'Arès. Inquiètes de ce retournement de situation, Héra et Athéna s'arment et apportent leur secours aux Achéens défaits par le dieu de la guerre, qui est à son tour blessé par Diomède, seul mortel à pouvoir apercevoir les dieux. Enfin, dieux et déesses remontent à l'Olympe porter leur discorde devant Zeus.
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+ Le combat continue de faire rage, les meilleurs guerriers des deux camps s'affrontant mortellement. Cependant, après avoir évoqué les liens d'hospitalité qui unissaient naguère leurs ancêtres, Diomède et Glaucos le Lycien cessent leur duel et échangent des présents. Hector se retire du combat et regagne la ville. Là, il demande à Hécube, sa mère, de prier Athéna pour la victoire des Troyens. Les femmes rejoignent le temple de la déesse. Près des portes Scées, Hector fait ses adieux à son épouse, Andromaque, et à son tout jeune fils Astyanax. Il retrouve ensuite son frère Pâris et le convainc de rejoindre la bataille avec lui.
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+ Guidé par les plans d'Apollon et d'Athéna, Hector provoque les chefs grecs en duel. C'est Ajax, fils de Télamon, qui est tiré au sort pour l'affronter. À la faveur de la nuit, le duel doit cesser sans qu'un vainqueur puisse être désigné, bien qu'Hector soit blessé. Les deux hommes, en signe d'estime et de respect, s'offrent de nombreux présents. Une trêve temporaire est décidée par les deux camps. Elle est mise à profit pour honorer les nombreux morts qui jonchent le champ de bataille. Les Achéens décident et mettent en œuvre la construction d'un fossé et d'un mur devant leurs navires tirés sur la plage.
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+ Au petit jour, Zeus exige des dieux qu'ils restent neutres. Depuis les sommets du mont Ida surplombant le champ de bataille, il pèse sur sa balance d'or les destinées des deux armées. Celle-ci penche en faveur des Troyens et de fait, dès la reprise des combats, ils prennent l'avantage grâce à la fougue d'Hector, qui pousse ses troupes vers le rivage et les remparts des Achéens. Athéna et Héra ne peuvent rester sans agir face au repli des Grecs. Elles désobéissent à Zeus en secourant ces derniers, mais sont rapidement et vertement rappelées à l'ordre. Quand la nuit tombe, pour ne pas perdre leur avantage, cinquante mille Troyens campent dans la plaine.
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+ Dans le campement achéen, l'inquiétude est grande. Agamemnon évoque la possibilité d'abandonner le siège et de rentrer en Grèce, ce à quoi Ulysse et Nestor sont farouchement opposés. La solution serait de ramener Achille à la raison et de le convaincre de se joindre au combat. Agamemnon est prêt à s'excuser, à rendre Briséis et à couvrir Achille de présents, immédiatement et dans le futur par la promesse d'union avec l'une de ses filles et le don de plusieurs de ses cités en Argos. Il lui envoie Ulysse, Ajax et Phénix en ambassade afin de le convaincre. Achille reçoit dignement et écoute ses compagnons mais reste inflexible : il a l'intention de regagner sa patrie dès le lendemain — tout en évoquant la possibilité de demeurer sur place — et propose à Phénix de se joindre à lui. Ulysse et Ajax s'en retournent annoncer la mauvaise nouvelle à Agamemnon. Dans le Cratyle de Platon, Cratyle nous apprend que l’épisode de l’ambassade auprès d’Achille était appelé Les Prières (Λιταῖ)[6].
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+ Afin de connaître les intentions des Troyens, le chef des Achéens, sur les conseils du sage Nestor, décide d'envoyer Diomède et Ulysse espionner leurs ennemis. Dans le camp adverse, Hector envoie Dolon en reconnaissance près du campement des Grecs. Mais Dolon est capturé par les deux espions achéens puis exécuté par Diomède après avoir livré des renseignements stratégiques et malgré ses suppliques. Poussant leur avantage, Ulysse et Diomède massacrent les chefs thraces, alliés des Troyens, endormis près du feu et ramènent leurs chevaux auprès des navires. Cet exploit ravive l'espoir d'une victoire prochaine parmi les Achéens. Cet épisode est appelé la « Dolonie », d'après le nom de Dolon.
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+ Au matin, la bataille reprend, et sous la pression des exploits d'Agamemnon, les Troyens reculent jusqu'aux remparts de leur cité. Mais Zeus envoie sa messagère Iris assurer Hector de son soutien et lui indiquer de contre-attaquer dès qu'Agamemnon sera blessé, ce qui finit par survenir. Ulysse, Diomède, Machaon et Eurypyle sont touchés à leur tour et les Grecs se replient vers leurs tentes. Achille, inquiet de voir revenir tant de braves guerriers durement blessés, s'inquiète de la tournure que prennent les évènements et demande à Patrocle de s'en enquérir. Sur les conseils de son compagnon, il court s'informer auprès du vieux sage Nestor. Celui-ci l'incite à convaincre Achille de reprendre le combat. Mais Patrocle va porter secours à Eurypyle dans sa tente. Le moral des Achéens est de nouveau au plus bas.
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+ Ayant poursuivi les fuyards dans la plaine, ce sont désormais les Troyens et leurs alliés qui assiègent leurs ennemis avec une grande force. Sous les violents assauts d'Asios, de Sarpédon et de Glaucos, les remparts vacillent, malgré la résistance héroïque des meilleurs combattants achéens. Enfin, Zeus accorde à Hector de franchir le large fossé à la tête de ses troupes et de fracasser les lourdes portes du campement. Les combattants troyens se ruent dans cette brèche. À l'intérieur des remparts, Hector fait rage, selon les desseins de Zeus.
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+ Refusant la défaite imminente des Achéens et la mise à sac de leur camp et de leurs navires, Poséidon lui-même s'engage dans la bataille. Ainsi stimulés, Idoménée et Mérion, en furie, massacrent de nombreux Troyens, parmi lesquels Asios et son aurige Alcathoos. Les Troyens Énée, Pâris, Hélénos et Déiphobe s'illustrent également par leur bravoure et leurs ravages.
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+ Malgré ces actes valeureux, les combattants troyens se replient temporairement sous une contre-attaque des Grecs. Mais, épaulés par Zeus, ils reprennent le dessus et recommencent à ravager le campement achéen.
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+ La situation est désespérée et Agamemnon propose à nouveau de sonner la retraite, mais Poséidon exhorte les Grecs, leur redonnant confiance. Héra détourne Zeus de la bataille grâce à un ruban avec lequel elle le séduit et le laisse endormi sur les cimes du Gargare après l'amour : cette scène fait partie de la Dios apatè (traduit par « tromperie de Zeus » ou encore « Zeus berné »). Zeus ainsi neutralisé, Poséidon peut désormais secourir efficacement les Achéens, qui mènent une contre-attaque rageuse et victorieuse, tuant de nombreux Troyens. Hector lui-même est blessé et doit être évacué par ses compagnons auprès du fleuve Scamandre. Aristophane et Aristarque de Samothrace condamnent l'épisode du « Sortilège du ruban »[7], le jugeant inconvenant : Zeus y énumère ses infidélités passées, pour faire comprendre à son épouse qu'il est plus amoureux d'elle à ce moment-là que de ses amantes quand il les a aimées.
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+ À son réveil, Zeus, furieux d'avoir été trompé par sa femme Héra, intime à Poséidon l'ordre de se tenir à l'écart de la lutte. Préoccupé par le sort d'Hector, il envoie à son chevet Apollon, qui a tôt fait de le guérir et l'inspirer. Le valeureux Troyen peut alors à nouveau semer la mort et la panique dans les rangs des Grecs. Patrocle, effrayé, quitte son ami Eurypyle pour accourir vers Achille. Malgré une résistance héroïque d'Ajax auprès des navires, les Achéens épuisés cèdent et Hector arrive jusqu'aux premier rang de nefs pour commencer à y mettre le feu.
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+ Devant l'urgence de la situation, Achille autorise Patrocle à mener les Myrmidons au combat à condition qu'il se contente de repousser les assaillants sans chercher à prendre la cité de Troie. Ayant revêtu les armes divines qu'Achille lui a prêtées, Patrocle exhorte les Myrmidons. Il parvient à faire reculer les combattants troyens et tue Sarpédon que Zeus se résigne, attristé, à voir périr. Apollon est envoyé pour récupérer son corps sans vie et l'envoyer en Lycie, et pour donner à Hector de l'ardeur au combat. Grisé par ses succès, Patrocle désobéit à Achille et pousse sa contre-attaque jusqu'aux remparts de Troie tuant encore le conducteur du char d'Hector. Il est alors frappé dans le dos par Apollon, puis par Euphorbe, et achevé par le prince troyen.
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+ S'engage alors une âpre bataille autour du corps de Patrocle : Hector et Énée tentent de s'en emparer ainsi que des chevaux d'Achille. Mais les Achéens, Ménélas et Ajax en particulier, défendent héroïquement la dépouille de leur compagnon. Hector parvient cependant à en arracher les armes d'Achille, son casque et son armure, dont il se revêt. Inspiré par Zeus, il repousse les combattants achéens vers les nefs, qui, soutenus par Mérion et les deux Ajax, finissent par emporter le corps de Patrocle dans leur campement.
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+ C'est à Antiloque que revient la lourde tâche d'informer Achille de la mort de son compagnon. Accablé de douleur, couvert de cendres et prostré à terre, Achille jure de le venger au plus vite. Sa mère Thétis lui demande de patienter une nuit, afin de permettre à Héphaïstos de lui forger de nouvelles armes. Le dieu boiteux se met au travail. Achille quitte sa tente et bondit hors du camp pour crier sa douleur et sa rage, et ses hurlements épouvantent les Troyens. De leur côté, ceux-ci tiennent conseil, et le sage Polydamas prodigue à Hector des conseils de prudence que ce dernier ignore. Son labeur achevé, Héphaïstos remet à Thétis un bouclier étincelant et magnifiquement orné, une cuirasse, un casque et des cnémides splendides pour Achille.
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+ Devant l'armée achéenne, Achille se réconcilie avec Agamemnon. En échange de sa bonne volonté, il reçoit comme prévu un grand nombre de présents, dont la belle Briséis, qu'Agamemnon jure n'avoir jamais possédée. En préparation de la bataille à venir, les guerriers se restaurent, mais Achille, voulant se consacrer uniquement à la vengeance de son compagnon, refuse toute nourriture. Équipé de ses nouvelles armes, il souhaite partir au combat sur le champ, malgré les avertissements de son cheval Xanthos qui lui promet une mort prochaine.
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+ La discorde règne chez les dieux, que Zeus autorise à intervenir dans la bataille. Chacun choisit son camp et fourbit ses armes. Malgré l'épouvante des Troyens à la vue d'Achille, Énée s'élance vaillamment contre lui, inspiré par Apollon. Loin d'égaler Achille au combat, il est vaincu mais sauvé par Poséidon. Hector et Achille, parvenus à portée de voix, commencent à s'affronter, mais Apollon, inquiet pour la vie d'Hector, fait disparaître celui-ci du champ de bataille. Furieux, Achille fait un grand massacre parmi les Troyens affolés.
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+ Sous les coups d'Achille, de nombreux combattants de Troie se jettent et périssent dans le fleuve Scamandre, révolté d'être ainsi souillé du sang des guerriers. Aidé du fleuve Simoïs, le Scamandre combat farouchement Achille, manquant de le noyer. Héra envoie alors Héphaïstos, qui parvient à faire reculer le fleuve par un feu divin brûlant et évaporant ses eaux. Dans la bataille, Apollon dresse Agénor contre Achille, puis finit par prendre sa place, simule la fuite afin qu'Achille lui coure après, autorisant ainsi la retraite des Troyens qui s'engouffrent tous dans les portes de la cité.
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+ Hector, malgré les supplications de ses parents, Priam et Hécube, s'est résolu à combattre Achille et l'attend seul, devant les remparts de Troie. Mais à la vue de son ennemi, il est épouvanté et dans un premier temps prend la fuite. Tandis qu'Achille poursuit Hector sur trois tours des murs de la cité, Zeus pèse sur sa balance d'or les destinées des deux guerriers : Hector est condamné. Athéna, déguisée, ramène Hector à la raison et le convainc d'affronter son destin et Achille. Le combat ne dure guère mais avant de mourir — frappé par la pique d'Achille au cou, au seul endroit où la cuirasse, qui fut celle du Peléide prise sur la dépouille de Patrocle, ne le protège pas —, Hector révèle à Achille qu'il périra sous le trait de son jeune frère Pâris. Le vainqueur se saisit de la dépouille de son ennemi qu'il attache à son char par les tendons des chevilles et traîne jusqu'aux vaisseaux grecs sous les yeux éplorés des Troyennes, parmi lesquelles Andromaque, l'épouse d'Hector.
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+ Patrocle apparait en songe à son compagnon qui tente vainement de le saisir dans ses bras. Tous les Achéens se consacrent au deuil : de nombreux sacrifices sont consentis (bœufs, chevaux, servantes et douze jeunes Troyens sont immolés) et la dépouille du jeune homme est brûlée selon la tradition. Un tombeau est élevé, et les cendres et os de Patrocle sont recueillis en attendant d'être réunis avec ceux d'Achille. Ce dernier organise des jeux funèbres qu'il dote de nombreux prix. Ainsi les guerriers peuvent montrer leur valeur à la course de char, au pugilat, à la lutte, à la course à pied ou encore aux lancers.
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+ Achille ne peut trouver le sommeil. Pendant onze jours, il traîne chaque matin le corps d'Hector avec son char autour du tombeau de Patrocle. Mais les dieux, prenant en pitié la famille du Troyen, réprouvent son comportement et, par un procédé divin, conservent à la dépouille son bel aspect. Zeus exige de Thétis qu'elle aille convaincre son fils de rendre la dépouille à Priam. Ce dernier, protégé par Hermès, traverse en secret les lignes ennemies pour être reçu dans la tente d'Achille. Là, au nom de Pélée, il supplie le héros grec de lui rendre son fils en échange de présents. Achille y consent et propose à Priam le gîte et le couvert. Conciliant, Achille accepte également de retenir les troupes achéennes pendant douze jours, le temps pour les Troyens d'organiser des funérailles décentes à Hector. De retour à Troie, le corps du prince est présenté à la foule en larmes et de longues funérailles sont organisées.
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+ Dans son récit, Homère cite un grand nombre de héros de chaque camp, mais les Dieux et autres divinités sont également présents et influents.
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+ Tandis que 150 Troyens sont tués, seulement 44 Achéens meurent au cours de l’Iliade.
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+ Henri-Irénée Marrou explique dans son Histoire de l’éducation dans l’Antiquité[Où ?] (1948) que
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+ « Beaucoup plus que l’Ulysse du Retour, c’est la noble et pure figure d’Achille qui incarne l’idéal moral du parfait chevalier homérique ; il se définit d’un mot : une morale héroïque de l’honneur. C’est dans Homère que chaque génération antique a trouvé ce qui est l'axe fondamental de cette éthique aristocratique : l'amour de la gloire. »
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+ Deux types de gloires, d’honneurs (τιμή / timḗ) sont montrées dans l’Iliade :
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+ L’Iliade voit le triomphe de la gloire vantée par Achille, κλέος ἄφθιτον / kléos áphthiton, la « gloire impérissable »[8], qui s’acquiert par une « belle mort », jeune, sur le champ de bataille.
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+ Plus tard, cet amour de la gloire personnelle sera transformé. Tyrtée, le poète spartiate, chante ainsi la gloire immortelle qu'il y a à défendre sa patrie : pour le guerrier mort ainsi, « jamais sa noble gloire ne périt, ni son nom, mais bien qu’il demeure sous terre, il est immortel »[9]. Dans l’Iliade, Achille n’est pas un guerrier patriote. Quand il reprend les armes, ce n'est pas pour les Grecs qu’il combat. Son départ pour Troie, ses combats, sa colère et sa décision de reprendre les armes sont profondément individuels, voire égoïstes. Et quand il décide d’affronter Hector, sachant qu’il mourra ensuite s’il le fait, ce n’est pas pour les Grecs mais pour venger Patrocle.[réf. nécessaire]
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+ L’Iliade représente une lente décomposition des valeurs et des codes héroïques et chevaleresques, le cosmos (κόσμος, univers ordonné) pour basculer dans la sauvagerie, le chaos. Selon Jean-Pierre Vernant[10], les héros grecs comme troyens cessent progressivement de considérer l’adversaire comme le partenaire d’un combat loyal pour le transformer en proie — témoin la mutilation sauvage par Achille du corps d’Hector. Cette sauvagerie n’est rédimée qu’à la fin de l'épopée, quand Priam vient réclamer le corps de son fils et qu’Achille, selon Jean-Pierre Vernant, comprend les limites du monde héroïque dans lequel il se meut.
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+ Avec l’Odyssée, l’Iliade est le texte majeur de la littérature grecque. Dans l’Antiquité, il était considéré comme la base indispensable de la bonne éducation, principalement celle des jeunes gens de bonne famille, ce qui faisait d’Homère, selon le mot de Socrate (qui déplorait son influence dans La République de Platon), l’« éducateur de la Grèce »[11],[12]. Les enfants devaient par exemple faire des dictées tirées de ses épopées, ou en apprendre par cœur des passages, ou encore répondre à des questions à leur sujet (les restes d'un questionnaire de ce genre ont été retrouvés sur un fragment de papyrus égyptien d'époque ptolémaïque)[13]. De nombreux poètes et artistes prennent l’Iliade pour modèle ou s'en inspirent. Dès l'époque archaïque, la Batrachomyomachia, Combat des grenouilles et des rats, que les Anciens attribuaient aussi à Homère, compose une parodie héroïcomique des combats épiques comme ceux de l’Iliade. Au Ve siècle, un dramaturge anonyme reprend dans la tragédie Rhésos l'histoire de Dolon, rapportée au chant X de l’Iliade.
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+ À l'époque romaine, le poète latin Virgile prend Homère pour modèle dans la composition de son épopée, l’Énéide, qui relate le mythe des origines troyennes de Rome et glorifie indirectement Auguste. L'histoire prend la suite d'Homère sur plusieurs plans : sur le plan narratif, puisque le principal héros, Énée, est un prince troyen qui apparaît dans l’Iliade ; et sur le plan thématique, puisque la première moitié de l’Énéide relate un voyage en mer dans le style de l’Odyssée, tandis que la seconde moitié décrit les batailles menées par Énée pour s'établir dans le Latium, dans le style de l’Iliade[14].
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+ L’Iliade, comme l’Odyssée, acquiert le statut de classique dès l'Antiquité gréco-romaine et exerce une influence durable sur la littérature et les arts en général. L’œuvre est traduite du grec en vers latins en deux temps, d'abord par Livius Andronicus qui traduit l'Odyssée durant le IIIe siècle av. J.-C. (Odussia) puis par Cnaeus Matius et Publius Baebius Italicus qui traduisent l'Iliade vers le début du Ier siècle av. J.-C. (Ilias Latina). L'Iliade et son auteur étaient étudiés dans les écoles. Aujourd'hui encore, elle inspire de nombreux artistes.
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+ Au Moyen Âge, la guerre de Troie est connue par le biais de l’Iliade, notamment grâce aux traductions latines de l'original grec. Mais l’Iliade ne raconte que quelques jours de la dixième année de la guerre. Le reste des événements avait été relaté à l'origine par les épopées du cycle troyen, mais celles-ci se sont perdues pendant l'Antiquité. En revanche, d'autres récits composés plus tard dans l'Antiquité sont encore connus au Moyen Âge (et sont parvenus jusqu'à nous), comme l’Histoire de la destruction de Troie attribuée à Darès le Phrygien et l’Éphéméride de la guerre de Troie attribuée à Dictys de Crète[15]. Vers 1165, Benoît de Sainte-Maure compose Le Roman de Troie qui relate l'ensemble des événements de la guerre de Troie (et ne se limite donc pas aux événements relatés par l’Iliade)[15]. En 1450-1452, Jacques Millet compose une pièce intitulée Histoire de la destruction de Troie la grande, composée de 30 000 vers, qui connaît un grand succès jusqu'au XVIe siècle[16].
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+ L’Iliade continue à fournir de nombreux sujets aux poètes et aux dramaturges à la Renaissance. Certaines tragédies développent des sujets liés à la guerre de Troie mais qui décrivent les suites de la guerre, dans la lignée des tragiques antiques : c'est le cas par exemple de La Troade de Robert Garnier (1579). Mais d'autres s'inspirent directement de l’Iliade, comme Hector d'Antoine de Montchrestien (1604)[17].
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+ En 1716, Marivaux publie un Homère travesti ou l’Iliade en vers burlesques qui est une parodie burlesque des événements de l’Iliade, où les guerriers sont ridicules et les combats bouffons ; Marivaux, ignorant le grec, n'a pas lu Homère dans le texte, mais a travaillé à partir d'une traduction française en douze chants par Houdar de La Motte[18].
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+ En 1990, Derek Walcott publie Omeros, une réécriture de l’Iliade qui se déroule aux Caraïbes. En 2006, Alessandro Baricco en propose une réécriture intitulée Homère, Iliade : en supprimant les apparitions divines ainsi que les répétitions, en changeant de narrateur à chaque chapitre et en utilisant l'italien moderne, l'auteur veut débarrasser le récit de « tous les archaïsmes qui l'éloignent du cœur de son sujet »[19].
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+ L’Iliade inspire aussi les auteurs des littératures de l'imaginaire. Dans Ilium (2003) et Olympos (2006), l'auteur américain Dan Simmons réalise une libre transposition de l'épopée homérique dans un univers de science-fiction qui se réfère aussi à d'autres classiques de la littérature.
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+ Dès les débuts du cinéma, l’Iliade fait l'objet de nombreuses adaptations en péplums. En 2004, Troie, réalisé par Wolfgang Petersen, relate l'ensemble de la guerre de Troie en accordant une place importante aux événements relatés par l'épopée homérique, mais en s'écartant parfois beaucoup du mythe antique.
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+ Comme en témoignent les nombreux papyrus dont on dispose et qui reproduisent des fragments de texte, il existe plusieurs versions du poème iliadique. Celle qui fait aujourd'hui référence s'appelle la « vulgate alexandrine » parce qu'elle est établie et commentée en Égypte aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sans doute à partir d'un corpus grec datant du VIe siècle av. J.-C.[20].
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+ Le plus vieux manuscrit complet que l'on en connaisse est de ce fait l'un des plus célèbres du monde. On l'appelle « Venetus A », ou « Codex Marcianus Graecus Z. 454 (=822) »[21]. « Codex » signifie que l'ouvrage est un manuscrit relié sous forme de livre, et « Marcianus Graecus », qu'il appartient au fonds grec de la bibliothèque Marciana de Venise. La lettre Z indique le nom (Zanetti) de la personne qui l'a enregistré sous le numéro 454 de l'inventaire. La cote supplémentaire, « 822 », a été rajoutée au début du XXe siècle pour indiquer l'emplacement du manuscrit dans la bibliothèque.
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+ Il existe d'autres manuscrits, un peu plus récents, que l'on désigne soit par leur cote, soit par les classements établis par les chercheurs qui les ont étudiés : l'Escorialensis Ω.I.12, du monastère de l'Escurial en Espagne, est par exemple également appelé E4 par Allen[22] et F par Martin L. West[23].
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+ Le Venetus A (abrégé « VA » ou « VenA ») est une copie byzantine du Xe siècle. Il parvient en Italie, entre les mains du cardinal humaniste grec Bessarion, au milieu du XVe siècle, alors que la menace ottomane se précise sur Constantinople. Bessarion le lègue avec toute sa bibliothèque à la République de Venise. Sur le catalogue du legs qui est transféré à la Sérénissime en 1472, il est désigné par ces quelques mots : Homeri Ilias, in pergameno, pulchra (l’Iliade d'Homère, sur parchemin, magnifique). Le codex est plus ou moins oublié pendant des siècles avant d'être à nouveau repéré et publié à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison. Enfin, le manuscrit gagne Paris dans les malles de Bonaparte mais est finalement restitué en 1816.
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+ Le Venetus A compte 654 pages écrites par le même scribe sur des parchemins en peau de chèvre. Comme la plupart des manuscrits byzantins de la vulgate alexandrine, il accompagne le texte de nombreux commentaires linguistiques, critiques ou didactiques qu'on appelle scholies. Les scholies expliquent par exemple l'emploi de termes déjà devenus rares ou obsolètes à l'époque hellénistique. Elles nous renseignent aussi sur l'histoire du texte et de ses différentes versions. Le nombre et la qualité des scholies de VA témoignent d'une érudition et d'une documentation impressionnantes et confèrent à l'ouvrage un caractère exceptionnel[24].
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+ Le scribe introduit chaque chant par un court résumé en forme d'hexamètre dactylique et indique pour chacun les sources des scholies qu'il a sélectionnées. Il prend également soin de changer de calame et d'adopter une graphie différente pour le texte principal et chaque type de scholies. De forme végétale, la lettrine initiale des chants est enluminée de rouge carmin, d'or et de bleu cobalt. Le texte est écrit en encre brun-foncé à brun-rouille. Quelques indications sont données en rouge. Quelques illustrations sont rajoutées au XIIe siècle.
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+ Le codex a subi plusieurs opérations de reliure et de restauration : la première connue est faite par Bessarion lui-même qui remplace 19 pages manquantes en imitant remarquablement de sa main la graphie originelle. Enfin, il fait l'objet d'une reproduction photographique en 1901.
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+ La comparaison entre le texte de d'Ansse de Villoison, ces photographies et l'état actuel du document est assez préoccupante : l'encre s'efface et certains passages ont déjà disparu. À cet égard, la numérisation en haute résolution des papyrus et des manuscrits, les prises de vues sous ultra-violet rendant à nouveau lisibles les textes effacés par le temps, et leur publication sous licence Creative Commons ouvrent des perspectives diacritiques inédites et constituent l'un des enjeux majeurs des études homériques contemporaines. À titre d'exemple, VA, VB et U4 [Codex Marcianus Graecus Z. 453 (= 821) et Marcianus Graecus Z. 458 (= 841)] sont intégralement disponibles sur le site du Center for Hellenic Studies de l'université Harvard. L'université du Kentucky a procédé à la numérisation de l'Escorialensis Υ.I.1 et de l'Escorialensis Ω.I.12. Les images sont disponibles sur le site des études classiques de l'université de Houston[25]. Mais l'âge et la fragilité des manuscrits rendent ces campagnes d'acquisition de données particulièrement délicates. Elles nécessitent la mise en place de partenariats scientifiques et techniques internationaux[26].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'Illinois (/i.li.nwa/[2] Écouter ; en anglais : /ˌɪləˈnɔɪ/[3] Écouter ) est un État du Midwest des États-Unis. Sa capitale est Springfield, mais la plus grande ville est Chicago, troisième agglomération des États-Unis, qui concentre à elle seule plus du cinquième de la population totale de l'État (65 % avec l'agglomération). Il comporte 102 comtés. Avec 12 830 632 habitants en 2010 sur une superficie de 149 998 km2, il est le 6e du pays par sa population et le 25e par sa taille. Bordé au nord-est par le lac Michigan, ses États voisins sont le Wisconsin au nord, l'Iowa et le Missouri à l'ouest, le Kentucky au sud et l'Indiana à l'est[4]. Au cœur de la région des Grands Lacs, l'Illinois est un hub de transports : le port de Chicago est relié à l'Océan Atlantique par la voie maritime du Saint-Laurent, et au Mississippi par la rivière Illinois. L'aéroport international O'Hare de Chicago est en outre l'un des plus fréquentés au monde.
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+ Son nom vient de la tribu amérindienne des Illinois qui y vivait. Bien que la majeure partie de la population actuelle se concentre dans l'aire métropolitaine de Chicago, au nord de l'État, les premiers immigrants (français et britanniques) se sont d'abord installés à l'ouest. Après la guerre d'indépendance, des habitants venus du Kentucky commencent à peupler l'Illinois, qui devient un État en 1818. Chicago est fondée vers 1830 sur les bords de la rivière Chicago, dans une baie au sud du Lac Michigan. À partir de 1900, le développement de l'industrie et de l'agriculture productiviste attire des immigrants européens, notamment allemands et suédois. La Grande migration afro-américaine, de 1910 à 1930, voit s'établir de nombreuses communautés noires venues du Sud et provoque la création d'une scène artistique de jazz et de blues.
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+ Aujourd'hui, l'Illinois a une économie diversifiée et accueille le siège social de plusieurs grandes entreprises américaines, dont John Deere, Boeing, United Airlines ou McDonald's. Il comporte de nombreuses équipes sportives, essentiellement basées à Chicago, dont les plus importantes sont les Bulls (basket-ball), les Blackhawks (hockey sur glace), les Cubs et les White Sox (baseball), et les Bears (football américain). Bastion du Parti démocrate depuis les années 1990, l'Illinois était le lieu de résidence de trois présidents américains : Abraham Lincoln, Ulysses S. Grant et Barack Obama, qui en était le sénateur avant son élection à la présidence.
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+ Le nom de l'État vient du miami-illinois ileenweewa « guerriers, hommes courageux ». L'orthographe française du nom est due aux colons français.
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+ Cahokia fut le centre urbain de la culture du Mississippi et se trouvait sur le site actuel de Collinsville. Après la disparition de cette civilisation, les Amérindiens se sont rassemblées dans la confédération Illinois qui donna le nom de l'État. Les Illini ont souffert de l'expansion des Iroquois au XVIIe siècle.
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+ Occupé par les Illinois que rencontrent les explorateurs français Jolliet et Marquette en 1673, ce « pays » est dépeint comme une terre d'abondance. Il est situé au cœur de l'Empire colonial français d'Amérique du Nord, à la charnière entre les territoires du Canada et de la Louisiane[5]. Pendant plusieurs décennies, la présence française s'y limite à l'activité des coureurs de bois d'origine franco-canadienne, qui s'installent parmi les Amérindiens, et à celle des missionnaires. Ils installent des forts, dont Fort Crèvecœur. Les prêtres du séminaire des Missions étrangères créent ainsi à Cahokia, en 1699, la mission de la Sainte-Famille, et les jésuites, actifs depuis 1689, fondent une mission à Kaskaskia en 1703.
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+ Entre 1717 et 1720, au moment où la Compagnie d'Occident lance son mouvement de colonisation, le Pays des Illinois est officiellement rattaché à la Louisiane. L'espoir de trouver des mines d'or et d'argent contribue à l'engouement pour cette région. Le fort de Chartres est fondé en 1719 et dans les mois qui suivent naissent deux autres villages, Prairie du Rocher et Saint-Philippe. Un dernier établissement, Sainte-Geneviève, est créé autour de 1750. Le Pays des Illinois, où les colons, aidés d'esclaves noirs, cultivent le froment et le maïs, devient le grenier agricole de la Louisiane. Les envois de farine, mais aussi de lard, contribuent fortement à la subsistance des garnisons et des habitants de la basse vallée du Mississippi.
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+ Avec le traité de Paris de 1763, la France cède l'Illinois à la Grande-Bretagne, qui, en conflit avec les Amérindiens, réserve le territoire pour ces derniers avec la Proclamation royale de 1763. Le 22 juin 1774, le parlement anglais vota l'Acte de Québec qui joignit l'Illinois à la province de Québec, sans pour autant autoriser sa colonisation. Cette interdiction de colonisation vers l'ouest est l'une des causes du mécontentement des colons américains qui provoquera la guerre d'indépendance américaine.
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+ Après la guerre d'indépendance, les ��tats-Unis se tournent vers l'Ouest. Dans la région, le gouvernement choisit Chicago, en raison de sa position sur le lac Michigan, pour y établir une présence permanente. Fort Dearborn, sur la rive sud de la rivière Chicago, voit le jour en 1803 après la vente de la Louisiane par Napoléon Bonaparte, premier consul de la République française.
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21
+ Le 3 décembre 1818, l'Illinois devient le 21e État admis dans l'Union. Il appartenait auparavant au territoire de l'Illinois (le reste du territoire qui couvrait l'actuel Wisconsin, une partie du Minnesota et du Michigan fut alors rattaché au territoire du Michigan). Les délégués de l'Illinois négocièrent pour que la frontière septentrionale du nouvel état ouvre sur le lac Michigan ce que le projet original du Congrès américain ne prévoyait pas.
22
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23
+ En 1848, le canal Illinois et Michigan s'ouvre à la circulation. Il relie les Grands Lacs à la rivière Chicago et, de ce fait, au Mississippi et à La Nouvelle-Orléans. Le Chicago Board of Trade, l'une des grandes institutions financières de la ville, se charge du commerce des céréales, désormais acheminées vers les marchés de la côte est par le canal.
24
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25
+ Les ouvriers qui ont bâti le canal s'attellent à la construction du chemin de fer. En 1850, le premier tronçon relie Chicago et Galena, dans l'Ouest de l'Illinois. La ville devient bientôt la plaque tournante du trafic ferroviaire américain.
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+
27
+ La guerre de Sécession profite à la ville, comme aux autres villes du Nord. La production d'acier et de machines-outils se développe. En 1865, les Union Stock Yards, regroupant les différents abattoirs de la ville, ouvrent leurs portes. Le réseau ferroviaire dont dispose Chicago et la mise au point de wagons réfrigérés permettant l'expédition de la viande à New York assurent le développement de ce secteur. Au début du XXe siècle, la ville de Chicago compte 2,1 millions d'habitants.
28
+
29
+ La géologie de l'Illinois dépend en grande partie de la glaciation du Wisconsin : cette période qui a concerné l'Amérique du Nord entre 85000 et 7000 av. J.-C. [6] est marquée par l'extension de la calotte glaciaire au sud des Grands Lacs actuels. Avec la fin de cette période glaciaire, les Grands Lacs se sont formés, alimentés par la fonte de l'inlandsis. La région située au sud des Grands Lacs est aujourd'hui recouverte par une couche de lœss très fertile[7]. Ces fines particules sont le produit de l'érosion glaciaire.
30
+
31
+ L'Illinois peut être divisé en trois grandes régions principales. La première est l'aire métropolitaine de Chicago, communément appelé « Chicagoland », elle constitue la grande aire urbaine de Chicago, incluant la ville de Chicago, ses banlieues, ainsi que les zones périurbaines qui l'entourent. L'aire métropolitaine de Chicago comprend 252 municipalités réparties sur huit comtés (Cook, DuPage, Grundy, Kane, Kendall, Lake, McHenry, Will). Quelques comtés de l'Indiana et du Wisconsin s'y rattachent et s'étend du nord de l'Illinois vers la limite avec l'Iowa. Cette région est cosmopolite, densément peuplée et industrialisée. Elle compte 9 522 434 habitants et s'étend sur 28 163 km2. Au sud et à l'ouest, la seconde région est l'Illinois central, composé de plaines, où l'agriculture domine l'économie. Enfin, toute la région située au sud de la U.S. Route 50, bénéficie d'un climat plus chaud et est plus densément habitée que le centre. Little Egypt est une région du sud de l'Illinois. Metro-East est une autre région qui comprend onze comtés de l'État et qui est composée par des banlieues de Saint-Louis.
32
+
33
+ L'État de l'Illinois est divisé en 102 comtés[8].
34
+
35
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini treize aires métropolitaines et vingt aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de l'Illinois[9].
36
+
37
+ (9 461 105)
38
+
39
+ (9 537 289)
40
+
41
+ (0,8 %)
42
+
43
+ (2 787 701)
44
+
45
+ (2 810 056)
46
+
47
+ (0,8 %)
48
+
49
+ (379 690)
50
+
51
+ (383 681)
52
+
53
+ (1,1 %)
54
+
55
+ (96 275)
56
+
57
+ (97 439)
58
+
59
+ (1,2 %)
60
+
61
+ (77 314)
62
+
63
+ (77 282)
64
+
65
+ (-0,0 %)
66
+
67
+ (62 105)
68
+
69
+ (61 210)
70
+
71
+ (-1,4 %)
72
+
73
+ (98 762)
74
+
75
+ (98 137)
76
+
77
+ (-0,6 %)
78
+
79
+ (47 656)
80
+
81
+ (47 470)
82
+
83
+ (-0,4 %)
84
+
85
+ En 2010, 95,1 % des Illinoisais résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 88,1 % dans une aire métropolitaine et 7,1 % dans une aire micropolitaine.
86
+
87
+ L'aire métropolitaine de Chicago-Naperville-Elgin était la 3e aire métropolitaine la plus peuplée des États-Unis en 2013 après celles de New York-Newark-Jersey City (19 949 502 habitants) et Los Angeles-Long Beach-Anaheim (13 131 431 habitants). En 2010, elle regroupait à elle seule 66,9 % de la population de l'État.
88
+
89
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini onze aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Illinois.
90
+
91
+ (9 840 929)
92
+
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+ (9 912 730)
94
+
95
+ (0,7 %)
96
+
97
+ (2 892 497)
98
+
99
+ (2 905 893)
100
+
101
+ (0,5 %)
102
+
103
+ (471 551)
104
+
105
+ (474 937)
106
+
107
+ (0,7 %)
108
+
109
+ (116 262)
110
+
111
+ (116 378)
112
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113
+ (0,1 %)
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115
+ (135 883)
116
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117
+ (135 588)
118
+
119
+ (-0,2 %)
120
+
121
+ (135 466)
122
+
123
+ (136 729)
124
+
125
+ (0,9 %)
126
+
127
+ L'aire métropolitaine combinée de Chicago-Naperville était la 3e aire métropolitaine combinée la plus peuplée des États-Unis en 2013 après celles de New York-Newark (23 484 225 habitants) et Los Angeles-Long Beach (18 351 929 habitants). En 2010, elle regroupait à elle seule 69,0 % de la population de l'État.
128
+
129
+ L'État de l'Illinois compte 1 298 municipalités[10], dont 19 de plus de 60 000 habitants.
130
+
131
+ La municipalité de Chicago était la 3e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013 après celles de New York (8 405 837) et Los Angeles (3 884 307).
132
+
133
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Illinois à 12 671 821 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de -1,24 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 12 830 632 habitants[13]. Depuis 2010, l'État connaît la 7e croissance démographique la moins soutenue des États-Unis.
134
+
135
+ Avec 12 830 632 habitants en 2010, l'Illinois était le 5e État le plus peuplé des États-Unis après la Californie (37 253 956), le Texas (25 145 561), l'État de New York (19 378 102) et la Floride (18 801 310). Sa population comptait pour 4,16 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le centre du comté de Grundy[14].
136
+
137
+ Avec 89,23 hab./km2 en 2010, l'Illinois était le 12e État le plus dense des États-Unis.
138
+
139
+ Le taux d'urbains était de 88,5 % et celui de ruraux de 11,5 %[15].
140
+
141
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 12,9 ‰[16] (12,4 ‰ en 2012[17]) et le taux de mortalité à 7,8 ‰[18] (8,0 ‰ en 2012[19]). L'indice de fécondité était de 1,88 enfants par femme[16] (1,82 en 2012[17]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,8 ‰[18] (6,5 ‰ en 2012[19]). La population était composée de 24,39 % de personnes de moins de 18 ans, 9,71 % de personnes entre 18 et 24 ans, 27,29 % de personnes entre 25 et 44 ans, 26,06 % de personnes entre 45 et 64 ans et 12,54 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 36,6 ans[20].
142
+
143
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 51 503) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 193 378) avec un excédent des naissances (522 582) sur les décès (329 204), et d'autre part d'un solde migratoire négatif (- 137 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 87 386) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 224 704)[21].
144
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145
+ Selon des estimations de 2013, 85,0 % des Illinoisais étaient nés dans un État fédéré, dont 67,2 % dans l'Illinois et 17,8 % dans un autre État (8,4 % dans le Midwest, 5,2 % dans le Sud, 2,1 % dans l'Ouest, 2,1 % dans le Nord-Est), 1,0 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 14,0 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (45,3 % en Amérique latine, 28,3 % en Asie, 21,4 % en Europe, 3,6 % en Afrique, 1,2 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 47,2 % étaient naturalisés américain et 52,8 % étaient étrangers[22],[23].
146
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147
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 475 000 immigrés illégaux, soit 3,7 % de la population. Cela représentait la 10e proportion la plus importante du pays[24].
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+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 71,53 % de Blancs, 14,55 % de Noirs, 4,57 % d'Asiatiques (1,47 % d'Indiens, 0,89 % de Philippins, 0,81 % de Chinois, 0,48 % de Coréens), 2,26 % de Métis, 0,34 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 6,71 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
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+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,13 %), principalement blanche et noire (0,55 %) et blanche et autre (0,52 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,13 %).
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+
153
+ Les non-hispaniques représentaient 84,20 % de la population avec 63,66 % de Blancs, 14,29 % de Noirs, 4,52 % d'Asiatiques, 1,43 % de Métis, 0,15 % d'Amérindiens, 0,02 % d'Océaniens et 0,12 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 15,80 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (12,49 %) et de Porto Rico (1,43 %)[20].
154
+
155
+ En 2010, l'Illinois avait la 10e plus forte proportion d'Hispaniques des États-Unis. A contrario, l'État avait la 7e plus faible proportion d'Océaniens des États-Unis.
156
+
157
+ L'État comptait également le 5e plus grand nombre d'Hispaniques (2 027 578) après la Californie (14 013 719), le Texas (9 460 921), la Floride (4 223 806) et l'État de New York (3 416 922), le 5e plus grand nombre d'Asiatiques (586 934) après la Californie (4 861 007), l'État de New York (1 420 244), le Texas (964 596) et le New Jersey (725 726) ainsi que les 7e plus grands nombres de Blancs (9 177 877), de Blancs non hispaniques (8 167 753) et de Noirs (1 866 414) des États-Unis.
158
+
159
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 83,6 %, dont 62,7 % de Blancs, 14,0 % de Noirs, 4,9 % d'Asiatiques et 1,7 % de Métis, et celle des Hispaniques à 16,4 %[26].
160
+
161
+ En 2000, les Illinoisais s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (19,7 %), irlandaise (12,2 %), mexicaine (9,2 %), polonaise (7,5 %), anglaise (6,7 %), italienne (6,0 %) et américaine (4,6 %)[27].
162
+
163
+ L'État avait la 4e plus forte proportion de personnes d'origine polonaise et la 7e plus forte proportion de personnes d'origine tchèque (1,0 %).
164
+
165
+ L'État abrite la 5e communauté juive des États-Unis après l'État de New York, la Californie, la Floride et le New Jersey. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 297 985 Juifs en 2013 (284 285 en 1971), soit 2,3 % de la population. Ils se concentraient essentiellement dans l'agglomération de Chicago-Naperville-Elgin (292 000)[28]. Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Lake (7,3 %) et Cook (4,2 %).
166
+
167
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Amérindiens du Mexique (11,7 %), Cherokees (7,9 %) et Ojibwés (3,1 %)[29].
168
+
169
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (79,0 %) et de Porto Rico (9,0 %)[30]. Composée à 49,8 % de Blancs, 5,2 % de Métis, 1,7 % de Noirs, 1,2 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 41,7 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 57,1 % des Amérindiens, 36,6 % des Métis, 26,5 % des Océaniens, 11,0 % des Blancs, 1,8 % des Noirs, 1,1 % des Asiatiques et 98,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories[31].
170
+
171
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de l'Équateur (0,18 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires du Mexique (12,49 %) et la 10e plus forte proportion de personnes originaires de Porto Rico (1,43 %).
172
+
173
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de personnes originaires du Mexique (1 602 403), le 6e plus grand nombre de personnes originaires de l'Équateur (22 816), les 7e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (35 321), de Cuba (22 541) et d'Argentine (5 294), les 8e plus grands nombres de personnes originaires de Porto Rico (182 989) et de la Bolivie (2 304), le 9e plus grand nombre de personnes originaires de la Colombie (19 345) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires d'Espagne (11 666) et du Pérou (10 213).
174
+
175
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (32,1 %), Philippins (19,5 %), Chinois (17,7 %), Coréens (10,5 %), Pakistanais (5,1 %), Viêts (4,3 %) et Japonais (3,0 %)[32].
176
+
177
+ L'État avait la 3e plus forte proportion d'Indiens (1,47 %), la 5e plus forte proportion de Pakistanais (0,23 %), la 7e plus forte proportion de Philippins (0,89 %) et la 10e plus forte proportion de Chinois (0,81 %).
178
+
179
+ L'État comptait également le 3e plus grand nombre de Philippins (114 724), le 4e plus grand nombre de Pakistanais (29 646), les 5e plus grands nombres d'Indiens (188 328) et de Thaïs (7 430), les 6e plus grands nombres de Chinois (104 166), de Japonais (17 542) et de Laotiens (5 822) ainsi que le 7e plus grand nombre de Coréens (61 469).
180
+
181
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (94,1 %), principalement blanche et noire (24,4 %), blanche et autre (23,0 %), blanche et asiatique (19,4 %), blanche et amérindienne (11,3 %), asiatique et autre (3,6 %) et noire et autre (3,5 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (5,9 %)[33].
182
+
183
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 37 % des habitants de l'Illinois se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 31 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 32 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[35].
184
+
185
+ L'anglais (officiellement l'américain) est la langue officielle de l'Illinois depuis 1923[36].
186
+
187
+ Selon l'American Community Survey, en 2010 78,26 % de la population âgée de plus de 5 ans de l’Illinois déclare parler anglais à la maison, alors que 12,74 % déclare parler espagnol, 1,64 % polonais et 7,36 % une autre langue (tagalog, mandarin, allemand, coréen, arabe...)[37].
188
+
189
+ L'Illinois est un État politiquement modéré qui penche actuellement vers les démocrates. En effet, l'État est divisé entre le comté de Cook, où se trouve la ville de Chicago, fief démocrate où réside 40 % de la population, et le reste de l'État, rural, acquis aux républicains.
190
+
191
+ Selon le professeur Dick Simpson, chef du département de science politique de l'université d'Illinois, l'arrivée de larges populations immigrées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe avait poussé les hommes politiques locaux à « mobiliser le vote des communautés en échange d'avantages substantiels », donnant à Chicago, une réputation sulfureuse de ville où régnait la corruption. Dans les années 1930, le Parti démocrate a progressivement imposé sa domination grâce à cette politique communautaire et à l'octroi d'emplois d'État, de faveurs et de contrats, en échange de soutiens politiques et financiers[38].
192
+
193
+ Accusé d'avoir voulu vendre le siège de sénateur de Barack Obama, le gouverneur Rod Blagojevich a été destitué jeudi 29 janvier 2009 par le Sénat de l'Illinois par un vote unanime. Les élections de midterm de novembre 2010 semblent sanctionner cette dérive avec la perte par les démocrates de trois sièges de représentants et du poste de sénateur, laissé vacant par Barack Obama[39].
194
+
195
+ L'Illinois est le 43e État américain à abolir la peine de mort. L'abolition a été votée en janvier 2011 par le parlement et ratifiée par le gouverneur nouvellement élu Pat Quinn le mercredi 9 mars 2011.
196
+
197
+ L'Illinois est historiquement la terre d'élection du premier président républicain, Abraham Lincoln en 1860. Auparavant, l'État avait continuellement apporté ses voix aux candidats du parti démocrate. Les élections de 1860 sont les deuxièmes auxquelles participent le parti républicain (créé quelques années plus tôt). Abraham Lincoln, bien qu'élu de l'État, ne s'impose qu'avec 50,69 % des voix face au démocrate unioniste Stephen A. Douglas (47,17 %). Il faudra attendre l'élection présidentielle de 1892 pour qu'un candidat démocrate, Grover Cleveland, ne remporte de nouveau l'Illinois (avec 48,79 % des voix). En fait l'État est alors globalement acquis aux républicains. La victoire isolée du démocrate Woodrow Wilson en 1912 avec 35,34 % des voix intervient alors dans un contexte particulier, celui de la division des républicains entre deux candidats, Theodore Roosevelt (33,72 %) et William Howard Taft (22,13 %), tous les deux ayant déjà été élus présidents des États-Unis. Le prochain candidat démocrate à alors remporter l'élection présidentielle est Franklin Delano Roosevelt en 1932. À la suite d'une succession ininterrompue de victoires démocrates, les républicains doivent attendre 1952 et la candidature de Dwight D. Eisenhower (54,84 %) pour remporter de nouveau l'Illinois.
198
+
199
+ En 1960, l'élection de John Fitzgerald Kennedy dans cet État avec 49,98 % des voix contre 49,80 % à Richard Nixon suscita de nombreuses contestations d'abord dans la presse, puis lors des recomptes de bulletins. Bien que le résultat déclaré soit sujet à caution, une modification du résultat électoral dans ce seul État n'aurait pu permettre à Richard Nixon de remporter alors la Maison-Blanche en termes de grands électeurs[40]. En 1964, Lyndon B. Johnson remporte l'État avec 59,47 % des voix. Pendant 20 ans, les succès républicains vont ensuite s'enchainer. Il faudra attendre Bill Clinton en 1992 pour que les démocrates l'emportent de nouveau en Illinois, ces derniers entamant à leur tour une nouvelle série de succès électoraux. Lors de l'élection présidentielle de 2004, les électeurs de l'État ont ainsi voté à 54,82 % pour John Kerry contre 44,48 % au président républicain George W. Bush, pourtant élu au niveau national. En 2008, Barack Obama, sénateur de l'Illinois, est élu président des États-Unis avec 62 % des voix des électeurs de l'Illinois contre 37 % au républicain John McCain. Lors de l'élection présidentielle de 2012, Barack Obama a obtenu 57,60 % des voix contre 40,73 % pour le candidat républicain Mitt Romney.
200
+
201
+ En 2016, l'Illinois vote majoritairement pour la candidate démocrate, Hillary Clinton, avec 55,2% des suffrages face à 38,4% des voix pour le Donald Trump[41].
202
+
203
+ Comme les autres États américains, le gouvernement de l'Illinois se répartit entre :
204
+
205
+ Au niveau fédéral, la population de l'Illinois élit :
206
+
207
+ Dick Durbin, sénateur depuis 1997.
208
+
209
+ Tammy Duckworth, sénatrice depuis 2017.
210
+
211
+ On dénombre cinq aires protégées gérées par le National Park Service en Illinois[42] :
212
+
213
+ En 2004, le PNB de l'État s'élevait à 528 milliards de dollars, le 5e des États-Unis. Ainsi, l'économie de l'Illinois est très diversifiée.
214
+
215
+ Chicago, deuxième centre industriel des États-Unis, est le siège de nombreuses firmes américaines comme Boeing, McDonald's, Bank One Corporation, United Airlines ou Motorola. Le Nord de l'état fait partie de la Rust Belt. L'industrie des services y est très développée.
216
+
217
+ Toutefois, en dehors de Chicago et de son aire urbaine, l'État reste très agricole. Le reste de l'Illinois faisant partie de la Corn Belt, la culture des céréales est pratiquée de façon très intensive. L'élevage est axé sur le porc, les moutons et les exploitations laitières. Dans une moindre mesure, on y pratique la culture du maïs à pop-corn et des citrouilles, ainsi que la viticulture.
218
+
219
+ Dans les régions rurales, l'industrie s'est développée autour de l'agriculture. Pendant plusieurs décennies, l'Union Stock Yards (d'immenses parcs à bestiaux en attente d'être abattus), aujourd'hui fermé, en était la pièce maîtresse. Le centre de l'État est le siège de deux géants spécialisés dans la machinerie John Deere et Caterpillar.
220
+
221
+ Le Illinois State Board of Education ou ISBE, organisme autonome de la Législature et du gouverneur de l'Illinois, administre l'éducation publique dans l'État. Les institutions d'enseignement supérieur les plus célèbres de l'État incluent l'université de Chicago, l'université Northwestern et les différentes universités du système de l'université d'Illinois.
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+ Les équipes de sports les plus célèbres de l'État sont toutes originaires de la ville de Chicago :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ Une île (anciennement isle[1], ile depuis la réforme de 1990[2]) est une masse de terre entourée d'eau de manière permanente ou parfois de manière temporaire en fonction des marées. L'eau baignant les îles peut être celle d'un océan, d'une mer, d'un lac ou d'un cours d'eau. Les îles peuvent être temporaires (banc de sable, volcans, etc.) ou permanentes, isolées ou groupées avec d'autres îles et peuvent alors former un archipel. Une petite île est parfois désignée sous les termes d'îlet ou d'îlot.
6
+
7
+ Les îles peuvent être reliées à d'autres îles ou à un continent par une chaussée, un pont ou un tunnel ; leur caractère insulaire ne disparaît pas pour autant à l'inverse d'une île reliée de manière naturelle ou non à une autre île ou à un continent par un isthme, un tombolo, une digue ou par isostasie.
8
+
9
+ Une île peut être continentale lorsque c'est le niveau de la mer qui isole un point haut du reste des terres ou que la dérive continentale détache l'île du reste des terres, volcanique, sédimentaire (alluvions, coraux, précipitation chimique, etc), tectonique (émersion du plancher marin) ou artificielle. Elle peut prendre l'aspect d'un véritable continent comme l'Australie ou bien être réduite au simple aspect d'un écueil ou d'un récif.
10
+
11
+ Voici la définition des îles que donne la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 : « Une île est une étendue naturelle de terre entourée d'eau qui reste découverte à marée haute »[3] qui reprenait la définition qu'en donnait, dans son article 10, la Convention sur la mer territoriale et la zone contiguë[4], signée à Genève en 1958. S'il existe une limite séparant une île d'un continent, généralement, elle est fixée à l'Australie. Mais la question de savoir si l'Australie est l'un ou l'autre reste ouverte.
12
+
13
+ Une très petite île est un îlot[5]. Un simple rocher, impropre à l'activité humaine ou à une vie économique propre, n'a pas de zone économique exclusive ni de plateau continental[3].
14
+
15
+ Plusieurs îles proches les unes des autres forment un archipel.
16
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17
+ Une presqu'île est reliée à une étendue de terre bien plus vaste par un isthme.
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19
+ Certaines îles et presqu'îles sont accessibles à marée basse et perdent alors leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière.
20
+
21
+ Son étymologie latine, insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « îles » désigne couramment les îles des mers chaudes comme les Antilles ou des archipels d'Océanie. Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles[6], bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.
22
+
23
+ Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, comme Lille en France, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal des Capétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».
24
+
25
+ Les rectifications orthographiques de 1990 recommandent l'écriture sans accent circonflexe, soit « ile ».
26
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27
+ Les îles continentales sont appelées ainsi car elles sont situées sur le même plateau continental que le continent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de la Grande-Bretagne qui lors de la dernière glaciation n'était pas une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'à marée haute (le mont Saint-Michel ou l'île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible. (Voir à ce sujet l'article Île accessible à marée basse.)
28
+
29
+ L'Australie était, il y a des centaines de millions d'années, rattachée à l'Antarctique. Madagascar était rattachée à l'Afrique. Dans ces deux cas, une plaque tectonique s'est déchirée pour en donner deux qui ont divergé progressivement sur la surface du globe à une vitesse de quelques centimètres par an (1 cm par an pendant 100 millions d'années = 1 000 km). C'est aussi le cas de la Corse et de la Sardaigne qui étaient liées au continent européen, il y a plusieurs millions d'années[7].
30
+
31
+ Là, ce sont les laves accumulées par un ou plusieurs volcans qui émergent, par l'accumulation de produits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partie géologiquement d'aucun continent.
32
+
33
+ Un atoll est une île formée à partir d'un récif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec un lagon central et peu profond. Des exemples sont les Maldives dans l'océan Indien et Rangiroa dans le Pacifique.
34
+
35
+ Les îles fluviales apparaissent dans les deltas et dans les cours d'eau. Elles se forment par le dépôt de sédiments à des endroits où le courant perd une partie de son intensité. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.
36
+
37
+ Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent des failles inverses et des plis se forment ce qui épaissit la croûte terrestre, et fait remonter le fond de la mer. Ainsi l'île de la Barbade dans les Antilles, est un prisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest de Sumatra : Simeulue, Nias… Pour l'île de Nias, le séisme du 28 mars 2005 a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.
38
+
39
+ Au niveau de la mer Baltique et des fjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'un glacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère (rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles comme Bornholm.
40
+
41
+ Les îles artificielles sont construites par remblayage ou par construction de digues. Elles utilisent parfois un ou plusieurs îlots déjà existants.
42
+
43
+ Les lacs de retenue générés par des barrages contiennent parfois des îles.
44
+
45
+ La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à la géographie physique ou humaine, à l'économie et aux transports, ou à la biologie ou à l'écologie.
46
+
47
+ Sous l'angle de la géographie physique, un auteur, François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :
48
+
49
+ Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total de taxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémisme végétal et animal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.
50
+
51
+ L'indice d'isolement du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et la racine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pour Tahiti et de 23 pour la Corse.
52
+
53
+ Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).
54
+
55
+ On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur, François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires[8] dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.
56
+
57
+ Si on suppose que l'île d'Australie est un continent à lui seul, les trois plus grandes îles sont le Groenland (également plus grande île de l'Amérique du Nord), la Nouvelle-Guinée (plus grande île d'Océanie) et Bornéo (plus grande île d'Asie).
58
+
59
+ Madagascar est la plus grande île de l’Afrique (4e du monde) ; la Grande-Bretagne est la plus grande de l’Europe (9e du monde) ; la plus grande île d'Amérique du Sud est la grande île de la Terre de Feu (29e du monde) ; celle d'Antarctique est l'île Alexandre-Ier (30e du monde).
60
+
61
+ Le nombre d'îles dans le monde serait évalué à près de 300 000 (trois cent mille) en prenant en compte leur variabilité de taille allant de celle d'un continent, comme l'Australie, à quelques kilomètres carrés comme les îlots coralliens.
62
+
63
+ L'étude des îles a influencé Charles Darwin et beaucoup d'écologues et a fondé certaines théories d'écologie du paysage, dont celle de l'insularisation écologique.
64
+
65
+ Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites. À partir d'une certaine étendue, des facteurs importants de biodiversité, notamment par l'endémisme, peuvent permettre d'abriter une multitude d'espèces.
66
+
67
+ Dans un réseau écologique, elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites - des éléphants nains vivaient par exemple en Corse et en Sardaigne jusqu'à ce que ces îles soient colonisées par l'Homme.
68
+
69
+ À titre d'exemple, dans le vaste domaine biogéographique qu'est le Bassin méditerranéen (trois millions de km2 environ[9]), les îles et îlots ne sont que 4 % (103 000 km2) environ des surfaces émergées[10], avec 4 000 îlots de moins de 10 km2 et 162 îles de 10 km2 et plus, répartis d'une manière non homogènes, où la biodiversité a particulièrement régressé mais constitue encore un réservoir remarquable.
70
+
71
+ Le concept d'île est également utilisé pour métaphoriquement décrire tout « isolat biogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. Quand ce processus est en cours dans un contexte de fragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».
72
+
73
+ Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de la convention mondiale sur la biodiversité (Rio, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ou GLISPA)[11].
74
+
75
+ Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques[12]. En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires[13] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. Höner et Greuter ont montré en 1988 que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles comme Madagascar[14], la Nouvelle-Zélande[15] ou l'Australie.
76
+
77
+ De nombreuses îles étaient « désertes » (non habitées par l'homme) au moment de leur découverte par les Européens.
78
+ C'est le cas de Madère, des Açores, de l'île Maurice, de La Réunion, des Seychelles, de Sainte-Hélène…
79
+
80
+ D'autres étaient habitées, mais leurs premiers occupants furent exterminés ou assimilés par les colonisateurs : c'est le cas des Guanches aux îles Canaries, des Indiens caraïbes dans les Antilles ou en Jamaïque, des Indiens Onas de la Terre de Feu, des aborigènes en Tasmanie.
81
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+ En Europe de l'Ouest, vers 3000 av. J.-C., des agriculteurs ont colonisé la plupart des petites îles du nord-ouest de l'Europe. Ils ont dû transporter par mer leurs graines, plants et animaux domestiques et l'ont parfois fait sur de longues distances. Ils ont adapté aux îles et à l'environnement marin certaines techniques d'élevage[16]. Au Mésolithique, beaucoup des îles européennes étaient déjà cultivées ou exploitées par des éleveurs, de manière très différente selon les cas[16]. Des analyses isotopiques zooarchéologiques laissent penser que l'alimentation humaine a d'abord été fortement tributaire d'aliments d'origine marine (poissons, fruits de mer (des amas coquillers le montrent), mammifères marins...), puis au Néolithique les cas sont plus contrastés (des amas de coquillages sont encore trouvés, de même que des restes de poissons, oiseaux et mammifères marins, mais des preuves isotopiques montrent qu'ils n'étaient plus qu'une contribution mineure à l'alimentation, soit que les progrès de l'agriculture aient permis des reports vers les fruits, légumes et viandes d'élevage, soit que les ressources marines les plus faciles à atteindre aient déjà été surexploitées[16]. Les bovins, ovins et porcins sont les plus présents parmi les animaux élevés. À la fin du Néolithique, même les îles les plus périphériques du nord-ouest de l'Europe ont été exploitées, et elles l'ont principalement été pour leurs ressources terrestres, plus que marines[16]. Ce document présente des données à partir de sites sélectionnés dans l'ouest de la France et dans les Orcades et tente ensuite de donner quelques explications possibles pour les modèles observés d'utilisation de petites îles à l'époque néolithique[16].
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+ L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italien isola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :
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+ Des établissements pénitentiaires ont été installés dans des îles pour limiter les possibilités d'évasion[17] :
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+ L'île paradisiaque est un concept très ancien. Dans les civilisations anciennes, comme chez les Grecs, si les dieux vivent dans une île, c'est bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié. L'île est ainsi devenue le support du Paradis. Au Moyen Âge, on situe le jardin d’Éden sur une île et on part à la recherche du Paradis sur Terre. Sa recherche est le cadre de nombreuses légendes et histoires. Au XVIe siècle, l'être humain se sert du cadre de l'île afin d'y décrire une société idéale, l'Utopie. Ultérieurement, les romanciers utiliseront l'île comme cadre de leurs romans pour que leur Robinson Crusoé y aborde et y vive en retrait de la société durant une certaine période. Ce concept des robinsonades a été repris de nos jours par le tourisme, pour en faire le lieu privilégié pour nos vacances qui font de nous de nouveaux Robinsons modernes. L'île support du rêve est ainsi devenue un des thèmes récurrents des publicités.
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+ Plans, profils, cartes manuscrites et imprimées sont conservés au département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.
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+ Un cirque est une troupe d'artistes, traditionnellement itinérante, qui comporte le plus souvent des acrobates, propose des numéros de dressage et de domptage d’animaux et donne des spectacles de clowns et des tours de magie. Plus généralement au XXIe siècle, le cirque est un spectacle vivant populaire organisé autour d’une scène circulaire. Le terme cirque vient du latin circus, en référence à une enceinte circulaire.
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+ Ses caractéristiques ont eu beaucoup d’évolutions dans le temps. Aujourd'hui, le cirque existe sans sa scène circulaire, en salle ou dans des lieux particuliers, aux côtés de pièces de théâtre, de danse, etc. La dénomination cirque s'est « réduite » à la seule pratique d'une discipline de cirque (acrobatique, aérienne, équilibres, manipulation/jonglage, etc.). Avec l'apparition des écoles de cirque en France et à l'étranger à la fin du XXe siècle, les artistes de cirque se sont émancipés de la famille traditionnelle et très peu d'entre eux sont des enfants de la balle. La dénomination est d'ailleurs un sujet de discorde depuis les années 1970 entre les puristes du cirque traditionnel et les ceux qui utilisent le même mot pour exercer un art, finalement, très différent.
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+ La conception occidentale du cirque s’inspire d’une façon ou d'une autre des jeux antiques romains ainsi que des bateleurs et troubadours du Moyen Âge. Le terme cirque vient du mot latin circus, « cercle » relative à l'enceinte circulaire où se pratiquait les activités du cirque antique.
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+ La première représentation d’un cirque moderne à Londres date du 7 avril 1768[1] et est l'œuvre de Philip Astley. Vétéran de retour d’Amérique, il décide de représenter des spectacles équestres avec des démonstrations d'acrobatie dans la Philip Astley's riding school, école équestre dans laquelle est construite la première piste circulaire pour pouvoir tenir les chevaux depuis le centre, au bout de la chambrière (fouets à long manche utilisé par les dresseurs de chevaux) dont la longueur a déterminé la dimension internationale du diamètre de la piste, 13,50 m[2]. Le mariage du monde équestre militaire et du monde forain autour du cercle est établi lorsqu'Astley égaye son spectacle par des bateleurs, pantomimes et autres voltigeurs, ajoutant des sièges et un toit conique à son anneau en 1773[3]. Cette nouvelle forme de spectacle, fondée essentiellement sur des exercices équestres, est ensuite introduite en France en 1774 par Astley qui y ouvre le premier établissement circassien stable et fixe, l'Amphithéâtre Anglais, établissement repris en 1807 par Antonio Franconi et ses descendants[4]. C'est seulement au XIXe siècle lors des vagues de colonisation que sont introduits en France et en Allemagne les premiers animaux sauvages, le domptage étant créé selon la tradition en 1819 par l'écuyer Henri Martin qui soumet un tigre de la ménagerie Van Aken en Bavière et imagine une méthode alliant la violence et la douceur[5]. Déjà à l'époque Monsieur Loyal, maître du manège et présentateur du spectacle de cirque, véritable fil rouge et repère entre les numéros, était déjà présent[6].
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+ Le régime libéral de la Troisième République en France favorisa la démocratisation des loisirs. Si le théâtre restait le type de spectacle le plus légitime, le cirque fit alors l'objet d’un fort engouement car il touchait deux types de publics : les aristocrates qui se reconnaissaient dans les écuyers incarnant l'aristocratie du cirque et l'art équestre, élément central dans l’identité collective de la noblesse depuis le Moyen Âge, et le peuple attiré par le spectacle des troupes ambulantes qui sillonnaient la France[7]. Sous l’impulsion de Théodore Rancy, les cirques « en dur » se multiplièrent alors dans les grandes villes françaises[8].
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+ La famille Franconi fonda successivement, à Paris, trois théâtres de cirque portant le nom de « Cirque Olympique » :
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+ Dans leur premier, les Franconi présentaient, à l'époque napoléonienne, des animaux sauvages dans leur spectacle de cirque à l'ancienne constitué de numéros équestres et acrobatiques. Le cirque existe depuis toujours, mais des gladiateurs de jadis il ne reste plus que le souvenir, car acrobates, jongleurs, mimes et clowns les ont remplacés. Dans le troisième, la création en 1831 de la pantomime à grand spectacle « Les Lions de Mysore » marqua l'avènement du domptage au cirque. Le dompteur Henri Martin fut engagé, avec ses fauves, par les frères Franconi qui montèrent pour lui cette pantomime dans laquelle les félins du dompteur marseillais étaient présentés derrière un treillage placé sur le devant de la scène.
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+ En 1856, Théodore Rancy fonda son premier cirque (chapiteau ambulant) à Rouen, puis construisit les suivants en dur : à Genève (1875), Lyon (1882), Le Havre (1887), Boulogne-sur-Mer (1888), Amiens (1889), Rouen (1893), etc.
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+ À la fin du XIXe siècle, Paris connut plusieurs cirques sédentaires en activité :
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+ Le dernier cirque stable à ouvrir ses portes dans la capitale française fut le cirque Métropole (1906-1930) connu sous l'enseigne de cirque de Paris, lequel mit souvent des dompteurs en vedette.
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+ Le cirque-ménagerie succéda au cirque équestre du XIXe siècle.
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+ Fondé en 1854 par une famille anglaise, les Pinder, le Cirque Britania traverse la Manche dès 1868 et prend le nom de cirque-hippodrome des frères Pinder. Les convois étaient tirés par des chevaux.
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+ La fusion cirque-ménagerie fut popularisée par le cirque anglais de Lord George Sanger entre 1856 et 1870, à l'époque où sa collection d'animaux exotiques a été la plus importante parmi les ménageries ambulantes de Grande-Bretagne.
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+ À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Barnum et ses successeurs, aux États-Unis, donnèrent un nouvel essor au cirque.
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+ Le Cirque Carl Hagenbeck, fondé à Hambourg en 1887 sous le nom de « Cirque international et Caravane cingalaise », a voyagé dans le monde entier, avec une ménagerie importante, en complétant ses représentations par des exhibitions zoologiques et ethnologiques, et a existé jusqu'en 1953.
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+ Le Wild West Show de Buffalo Bill, créé en 1884, effectua une tournée en Europe en 1889 et en 1905. Le spectacle de l'Ouest américain marqua longtemps les esprits notamment en France où Sampion Bouglione père récupéra un stock d'affiches du véritable héros du Far West, acquit en 1926 un grand chapiteau d'occasion et lui donna le nom de « Stade du Capitaine Buffalo Bill ».
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+ Le Cirque Sarrasani, créé en 1902 à Dresde en Saxe, impressionna l'Allemagne et l'Amérique du Sud par le prestige de son directeur le « Maharadjah » Hans von Stosch-Sarrasani, Chevalier de l'Ordre Impérial Persan du Lion et du Soleil, par l'organisation de ses installations (caravanes, écuries, ménageries, tentes et chapiteaux) et par le faste de ses spectacles qui se déroulaient, à partir de 1918, sous l'un des plus beaux chapiteaux de structure ronde et sur une piste de 17,5 mètres de diamètre.
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+ En 1919, les frères (Friedrich, Rudolf, Karl et Eugen) Knie transformèrent l'arène familiale à ciel ouvert en un cirque sous chapiteau sous l’enseigne « Cirque Variété National Suisse Frères Knie ».
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+ Le cirque s’est transformé en spectacle exotique grâce à la présence d’animaux sauvages et en fait sa notoriété (ou sa publicité) par leur exposition lors d'une parade ou dans une ménagerie :
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+ Entre les deux guerres mondiales, les cirques français annexèrent à leur établissement une ménagerie, jusque-là spectacle forain. L'inverse se produisit également, les ménageries foraines ajoutant un spectacle de cirque à leur établissement. C'est aussi à cette époque que les cirques français motorisèrent leurs convois routiers. Ainsi s'imposèrent en France : le Zoo-Circus des frères Court (1921-1932), premier grand cirque voyageur français, le Cirque des 4 frères Amar (1924), celui des 4 frères Bouglione (1933), Pinder (1928-1972, direction Spiessert).
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+ Le cirque-ménagerie se caractérise par la présence de dompteurs ou de dresseurs d'animaux au sein des fratries ou des familles de circassiens.
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+ À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il circulait cinquante-quatre cirques, toutes catégories confondues, par les routes de France[11].
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, les cirques français s'associèrent à la radio et à la télévision, tels le Radio Circus puis Grand Cirque de France (période 1949-1965) des Grüss-Jeannet et Pinder ORTF (1961-1969) avec le label de La Piste aux étoiles.
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+ Pour corser leurs programmes, ils mêlèrent le spectacle de cirque avec des éléments étrangers à la piste : des présentateurs vedettes, des prestations d'artistes de music-hall, des exhibitions de champions sportifs et des jeux radiophoniques.
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+ Autour des années 1970, les cirques français les plus importants furent Amar (1973-1982, direction Firmin Bouglione junior), Bouglione (les Bouglione juniors : Sampion, Emilien et Joseph), Pinder (1972-1983, direction Jean Richard), Rancy (1962-1978, création Sabine Rancy), Jean Richard (1968-1983), Zavatta (1978-1991, création Achille Zavatta) ainsi que le cirque à l'ancienne de la famille Grüss (1974, direction Alexis Grüss junior).
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+ Le cirque italien American circus entama, avec son chapiteau à trois pistes, une tournée en France, à la fin de l'année 1979, qui fut suivie d'autres jusqu'en 1986. En 1981, le Cirque Bouglione prend le nom d'American Parade, puis d'American Circus pour contrecarrer son concurrent.
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+ Des faillites retentissantes (Amar[12] en 1973, Jean Richard en 1978 et en 1983, Rancy en 1978 et en 1987, Achille Zavatta en 1991) et l'affaire American circus[13] en 1979 marqueront la « fin » du cirque traditionnel en France et permettront son renouveau[14].
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+ Quelques cirques sédentaires (cirques fixes ou cirques d'hiver) subsistèrent[15], mais les établissements voyageurs furent très nombreux[16] :
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+ Dans les années 1970, le mouvement du nouveau cirque fait son apparition en France. Il est porté par la démocratisation du cirque avec l’ouverture d’écoles de cirque agréées par la Fédération française des écoles de cirque. Le cirque s’ouvre et se remet en question. Ce genre de spectacle qui s'est davantage théâtralisé (comme Archaos, Cirque Baroque, Cirque Plume, Zingaro, la Compagnie Mauvais Esprits, le cirque de Phare Ponleu Selpak, La Famille Morallès, Cirque ici - Johann Le guillerm, etc.) a remis en question les conventions du cirque, dit désormais cirque traditionnel, qui demeure cependant bien vivant, assimilant certaines des innovations du nouveau cirque. Les spectacles d'Arlette Gruss, par exemple, adoptent des costumes et des musiques proches de celles des québécois du Cirque du Soleil tout en continuant à présenter des numéros des disciplines traditionnelles, en particulier des exercices de dressage. De plus avec la création des écoles, des rencontres régionales et nationales sont instaurées, ce qui donne au cirque des touches sportives et artistiques.
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+ La nouvelle génération d'artistes des années 1990 revendique désormais davantage que le nouveau cirque, et s'appelle plus volontiers cirque contemporain ou "cirque de création" (dans les années 2000). Les frontières deviennent de plus en plus floues, et les spectacles s'inspirent de plus en plus du mouvement de la performance ou encore de danse contemporaine tout en s'éloignant du côté spectaculaire ou sensationnel caractéristique du cirque traditionnel ou même du nouveau cirque.
61
+
62
+ En janvier 2017, le cirque Barnum annonce qu'il va fermer ses portes au mois de mai de la même année, après 146 ans d'activité. Cette décision, due à la baisse des recettes, elle-même liée au fait que ce cirque ne montre plus de spectacle utilisant des animaux sauvages, est saluée par les défenseurs des animaux[17].
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+ Cirque d'État d'Ivanovo (ru).
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+ Cirque de Toula (ru).
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+ Cirque de Iaroslavl (ru).
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+ Cirque de Voronej (ru).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les formations les plus traditionnelles sont composées d'instruments à vent, tels que trompettes, trombones, saxophones et tuba, d'un xylophone et d'une batterie marquant notamment les roulements de tambour introduisant le suspense avant un exploit périlleux d'une prouesse acrobatique, suivi de chaque exploit réussi renforcé par un coup de cymbale.
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+
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+ L'orchestre est le plus souvent situé un peu en retrait au-dessus de l'entrée des artistes, permettant au chef et musiciens d'avoir une bonne vue d'ensemble sur la scène et l'évolution de ces derniers afin de faire concorder la musique et le rythme au fur et à mesure.
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+
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+ Le cirque a inspiré de nombreux artistes peintres : Rouault, Picasso, Chagall, Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec, Seurat, Matisse, Fernand Léger, Edmond Heuzé, Roger Guit, Alexis Kalaeff, Emmanuel Bellini, Frédéric Menguy, Paul Klee, Calder, Jacques de Sadeleer[19].
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+ Miss Lala au Cirque Fernando de Edgar Degas (1879).
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+ Les Jongleuses au Cirque Fernando de Pierre-Auguste Renoir (1879).
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+
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+ Au Cirque Fernando, l'Ecuyère de Henri de Toulouse-Lautrec (1888).
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+
88
+ Parade du Cirque de Georges Seurat (1888).
89
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+ Le Cirque de Georges Seurat (1891).
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+ Au Cirque : cheval et singe dressés de Henri de Toulouse-Lautrec (1899).
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+
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+ Ce secteur d'activité a été historiquement dominé en Europe par des entreprises familiales ne dépassant pas la taille moyenne. Elles ne se sont pas diversifiées restant centrées sur un cœur de métier dégageant peu d'excédent brut d'exploitation. De même que le théâtre , la danse, le concert et les spectacles lyrique, le cirque appartient aux arts du spectacle et connaît donc le même type de difficultés structurelles liées aux faibles gains de productivité et à la jauge des salles ou des chapiteaux. Dans son étude européenne sur le champ de la culture et des industries créatives, Mario d'Angelo note que « les cirques traditionnels ont conservé leur notoriété généralement nationale : Krone en Allemagne, Bouglione en France, Circo Darix Togni en Italie…[22]. Leur offre sous chapiteau allant de pair avec l’itinérance, leur a permis de toucher des publics géographiquement dispersés. Ils ont ainsi acquis leur notoriété dans tout le pays sur lequel ils rayonnent »[23].
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+ Dans la typologie des acteurs culturels, Mario d'Angelo range les entreprises traditionnelles de cirques ainsi que certaines compagnies de cirque contemporain dans le type « Suiveur » et plus particulièrement le sous-groupe « Suiveur-métier » : « ces AC (acteurs culturels) sont des entreprises de capitaux ou de personnes constituées pour produire et fournir des biens et services[24] dans une logique commerciale et lucrative et, donc, reposent sur le pari entrepreneurial que le marché est en mesure de financer l’entreprise. Sa création est d’abord liée à un métier et se caractérise souvent par une certaine proximité de l’entrepreneur aux créateurs de contenus (...) La passion du métier est privilégiée à un ROI attractif. De ce fait, il s'agit souvent d'entreprises avec peu de capitaux investis au départ, par les entrepreneurs eux-mêmes et leurs cercles rapprochés sollicités pour investir. Elles conservent par la suite cette caractéristique, pouvant alors présenter des risques élevés de défaillances de trésorerie. Les actionnaires ou les associés sont généralement les fondateurs et entrepreneurs ou, par la suite, leurs successeurs souvent héritiers directs. Finalement, les apporteurs de capitaux ne constituent pas des parties prenantes autonomes de la logique de fonctionnement de l’organisation. La coalition actionnariale porteuse évite des modifications déterminantes pouvant aboutir à la perte du contrôle de l’entreprise. Du fait de cette gouvernance, la recherche de diversification est faible soit par manque d’autofinancements sur le long terme, soit par évitement de recourir à des investisseurs nouveaux »[25].
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+ Le cirque contemporain qui a connu des développements importants à partir des années 1980 est constitué le plus souvent de compagnies de tournée, n'ayant pas la responsabilité de programmation d'un lieu qui leur est propre[26]. Une grande partie d'entre elles présentent les caractéristiques du type « Fragile » : « Sur le plan économique, l’EBE reste trop faible pour assurer une pérennité à l’AC, surtout si l’action de celui-ci ne peut bénéficier du soutien public direct stable d’une autorité publique et ce, malgré les dispositifs de soutien indirect dont il est par ailleurs bénéficiaire étant une organisation sans but lucratif. Seule la part d’engagement bénévole peut, et à condition d’une gestion efficace, compenser l’insuffisance de ressources financières stables. Cet acteur culturel reste fortement personnalisé autour des porteurs du projet entrepreneurial. Et celui-ci, souvent, ne peut que difficilement être pérennisé au-delà de l’engagement des entrepreneurs initiaux. L’engagement bénévole qui lui est sous-jacent peut certes compenser la faiblesse économique structurelle sans pour autant arriver à professionnaliser durablement certaines des ressources humaines indispensables. Or le ou les fondateurs et la coalition porteuse qui s’est constituée, ne peuvent pas le plus souvent s’ouvrir à des partenariats apportant des ressources de long terme : par exemple une autorité publique fournissant des locaux, des mécènes ou des donateurs stables, un client stratégique stable (un lieu culturel de type Institutionnel ou Conventionné). Ce n’est pas que la compagnie Fragile ne sollicite pas ces partenaires potentiels mais c’est que ceux-ci s’engagent le plus souvent peu durablement »[27],[28].
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+ Un acide aminé est un acide carboxylique qui possède également un groupe fonctionnel amine. De tels composés organiques ont donc à la fois un groupe carboxyle –COOH et un groupe amine, par exemple une amine primaire –NH2 ou une amine secondaire –NH–. Dans le monde vivant, on connaît environ 500 acides aminés, dont environ 149 sont présents dans les protéines[1]. Ces acides aminés peuvent être classés de nombreuses manières différentes[2] : on les classe ainsi souvent en fonction de la position du groupe amine par rapport au groupe carboxyle en distinguant par exemple les acides α-aminés, β-aminés, γ-aminés ou δ-aminés ; on peut également les classer en fonction de leur polarité, de leur point isoélectrique ou de leur nature aliphatique, aromatique, cyclique ou à chaîne ouverte, voire de la présence de groupes fonctionnels autres que le carboxyle et l'amine qui définissent cette classe de composés.
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+ En biochimie, les acides α-aminés jouent un rôle crucial dans la structure, le métabolisme et la physiologie des cellules de tous les êtres vivants connus, en tant que constituants des peptides et des protéines. Ils constituent à ce titre l'essentiel de la masse du corps humain après l'eau. Ils présentent, à de rares exceptions près[3], une structure générique du type H2N–HCR–COOH, où R est la chaîne latérale identifiant l'acide α-aminé. Toutes les protéines de tous les êtres vivants connus ne sont constituées — à quelques exceptions près — que de 22 acides aminés différents, parfois légèrement modifiés, dits acides aminés protéinogènes. Parmi ceux-ci, 19 acides aminés ne contiennent que quatre éléments chimiques : le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote ; deux acides aminés contiennent en plus un atome de soufre, et un acide aminé assez rare contient un atome de sélénium. Ces acides aminés forment de longs biopolymères linéaires, appelés polypeptides, dans lesquels les monomères sont unis entre eux par des liaisons peptidiques. Un acide aminé engagé dans une ou deux liaisons peptidiques au sein d'un polypeptide est un résidu d'acide aminé. L'ordre dans lequel ces résidus se succèdent dans les polypeptides est la séquence peptidique et est déterminé par les gènes à travers le code génétique, qui établit une relation entre les codons de trois bases nucléiques et chacun de ces résidus.
4
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+ Les acides aminés sont quasiment tous des molécules chirales, dont les représentants naturels sont essentiellement les énantiomères L ; il existe également des acides aminés D dans les parois bactériennes et certains antibiotiques, comme la gramicidine, qui est un peptide non ribosomique. Outre leur rôle dans les protéines, les acides aminés protéinogènes peuvent également être précurseurs de biosynthèses importantes. C'est par exemple le cas de la glycine, précurseur de la porphyrine, laquelle donne l'hème des globules rouges, ainsi que de l'acide inosinique, qui donne les bases puriques des acides nucléiques. En outre, plusieurs acides aminés, protéinogènes ou non, jouent également un rôle central dans la physiologie de l'organisme, indépendamment de leur contribution aux protéines. Ainsi, la carnitine, un acide aminé non protéinogène, intervient dans le transport des lipides. Le glutamate (protéinogène) et l'acide γ-aminobutyrique (GABA, non protéinogène) sont, dans le cerveau, respectivement le principal neurotransmetteur excitateur et le principal inhibiteur du système nerveux central[4]. Il existe par ailleurs de très nombreux autres acides α-aminés biologiques non protéinogènes, dont certains dérivent des acides aminés protéinogènes par modification post-traductionnelle sur les protéines — par exemple la citrulline, qui dérive de l'arginine, et l'acide pyroglutamique, par lactamisation de l'acide glutamique — ou n'entrent pas dans la constitution des protéines — par exemple la DOPA et l'ornithine. Certains acides α-aminés naturels peuvent également être toxiques, comme l'acide domoïque, qui est une phycotoxine.
6
+
7
+ Neuf des 22 acides aminés protéinogènes sont dits essentiels pour l'homme car ils ne peuvent pas être produits par le métabolisme humain et doivent par conséquent être apportés directement par l'alimentation. D'autres acides aminés peuvent également être essentiels selon l'âge ou l'état de santé. La liste des acides aminés essentiels diffère selon les espèces : les ruminants, par exemple, obtiennent plusieurs acides aminés, qu'ils ne synthétisent pas eux-mêmes, à partir des produits de digestion par les microorganismes dans leur réticulorumen. En raison de leur importance biologique, les acides aminés sont des éléments importants en nutrition et sont couramment utilisés dans les compléments alimentaires. Diverses technologies font également appel aux acides aminés, par exemple comme engrais, en technologie alimentaire dans l'industrie agroalimentaire, en pharmacie, en chimie fine et en synthèse organique (synthèse asymétrique par exemple).
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+
9
+ Les acides aminés naturels les plus abondants sont les acides α-aminés, dont font partie tous les acides aminés protéinogènes. Hormis la glycine, dont la chaîne latérale se réduit à un simple atome d'hydrogène et dont le carbone α n'est donc pas un centre stéréogène, tous ces acides aminés sont des composés chiraux présentant une stéréoisomérie D/L. Les acides aminés protéinogènes incorporés dans les protéines par les ribosomes sont tous des énantiomères L, mais des acides aminés D peuvent être présents dans des protéines à la suite de modifications post-traductionnelles, notamment dans le réticulum endoplasmique, comme c'est le cas chez certains organismes marins tels que les gastéropodes du genre Conus[5]. Des acides aminés D sont également des constituants importants du peptidoglycanne de la paroi bactérienne[6], et la D-sérine jouerait le rôle de neurotransmetteur dans le cerveau[7].
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+
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+ La désignation D/L provient de la position respectivement à droite ou à gauche du groupe –NH2 dans la projection de Fischer, le carboxyle se trouvant en haut dans cette représentation, avec comme ordre de priorité des groupes (selon les règles de Cahn, Ingold et Prelog) :
12
+
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+ Les acides aminés L naturels ont le plus souvent une configuration absolue S tandis que les acides aminés D ont une configuration R ; la L-cystéine et la L-sélénocystéine, acides α-aminés protéinogènes, présentent cependant une configuration absolue R en raison respectivement de l'atome de soufre et de sélénium liés au carbone β de leur chaîne latérale : les groupes –CH2SH et –CH2SeH prennent la deuxième place devant le groupe –COOH, ce qui inverse la configuration absolue par rapport aux autres acides aminés L.
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+
15
+ Ces énantiomères sont optiquement actifs : chaque isomère dévie la lumière plane polarisée et est dextrogyre (+) ou lévogyre (-) suivant que la rotation du plan de polarisation de la lumière suit un sens horaire ou antihoraire. Il n'y a pas de corrélation entre le sens de rotation du plan de polarisation (ou pouvoir rotatoire) et la configuration de l'acide aminé : ainsi la L-alanine est lévogyre et se note L(-)-alanine. Par convention, il y a correspondance entre la représentation des oses et celle des acides aminés.
16
+
17
+ Certains de ces acides aminés, comme la thréonine et l'isoleucine, possèdent un 2e carbone asymétrique. Dans ce cas, le composé naturel (2S, 3R) est appelé L, son énantiomère (2R, 3S) est appelé D, les deux autres stéréoisomères (2S, 3S et 2R, 3R) dont les positions relatives des substituants sont différentes sont appelés allo.
18
+
19
+ Les atomes de carbone des acides aminés qui ont une chaîne latérale liée au carbone α, par exemple la lysine représentée ci-contre, sont désignés successivement pas les lettres grecques β, γ, δ, etc. On parle ainsi d'acide α-aminé, β-aminé, γ-aminé, δ-aminé selon l'atome de carbone sur lequel se trouve le groupe amine.
20
+
21
+ On a l'habitude de classer les acides aminés en quatre groupes en fonction des propriétés de leur chaîne latérale :
22
+
23
+ On parle d'acides aminés ramifiés en référence aux acides aminés dont la chaîne latérale est aliphatique et n'est pas linéaire. Il s'agit de la leucine, de l'isoleucine et de la valine.
24
+
25
+ La proline est le seul acide aminé protéinogène ayant une amine secondaire. Elle a longtemps été qualifiée d'acide iminé pour cette raison, bien que cette qualification soit désormais obsolète dans la mesure où, en chimie, la fonction imine est distincte d'une amine secondaire.
26
+
27
+ Le groupe carboxyle –COOH est un acide faible, ce qui signifie qu'il tend à libérer un proton pour donner un carboxylate –COO– chargé négativement. La forme carboxylate est prédominante à pH supérieur au pKa de l'acide carboxylique, c'est-à-dire environ 2,2 pour les acides aminés protéinogènes. De façon symétrique, le groupe amine –NH2 est une base faible, ce qui signifie qu'il tend à recevoir un proton pour donner un ammonium –NH3+. La forme ammonium prédomine à pH inférieur au pKa de l'amine, c'est-à-dire environ 9,4 pour les acides aminés protéinogènes.
28
+
29
+ Dans la mesure où, par définition, les acides aminés ont à la fois un groupe carboxyle et un groupe amine, ce sont des molécules amphotères :
30
+
31
+ La présence de deux groupes fonctionnels portant des charges électriques opposées +1 et –1 sur des atomes non adjacents définit un zwitterion. La forme non ionisée des acides aminés est une espèce chimique extrêmement minoritaire en solution aqueuse — moins de 0,1 ppm — puisque généralement au moins l'un des deux groupes est ionisé. Les acides aminés sont également présents sous forme de zwitterions en phase solide et ils cristallisent en présentant des propriétés semblables aux cristaux de sel, contrairement à la plupart des acides et amines organiques.
32
+
33
+ Les différents types de courbes de titrage correspondant aux groupes d'acides aminés sont représentés ci-contre. La forme zwitterionique prédomine aux pH compris entre les deux pKa mais coexiste cependant avec de petites quantités de formes porteuses d'une charge électrique nette positive et de formes portant une charge nette négative. Au milieu exact entre les deux valeurs de pKa, les quantités de formes chargées positivement et de formes chargées négativement se compensent exactement, de sorte que la charge électrique résultante de toutes les espèces en solution est exactement nulle. C'est le point isoélectrique, défini par pI = ½ (pKa1 + pKa2), auquel les acides aminés ont une mobilité nulle par électrophorèse.
34
+
35
+ La solubilité des zwitterions est la plus faible à leur point isoélectrique et certains acides aminés, notamment ceux qui ont une chaîne latérale non polaire, peuvent être isolés d'une solution aqueuse par précipitation en ajustant le pH de la solution à la valeur de leur point isoélectrique.
36
+
37
+ Chaque acide aminé ayant des valeurs de pKa légèrement différentes les unes des autres, leurs points isoélectriques diffèrent également légèrement les uns des autres. Les acides aminés qui ont une chaîne latérale électriquement chargée font en plus intervenir le pKa de cette chaîne, noté pKR. Ainsi, l'aspartate, le glutamate mais aussi la cystéine ont une chaîne latérale chargée négativement — celle de la cystéine reste cependant faiblement chargée à pH neutre — de sorte que leur point isoélectrique vaut pI = ½ (pKa1 + pKR). Symétriquement, l'histidine, la lysine et l'arginine ont une chaîne latérale chargée positivement, de sorte que leur point isoélectrique s'exprime par pI = ½ (pKR + pKa2).
38
+
39
+ La plupart des acides aminés subissent facilement la solvatation par les solvants polaires tels que l'eau, ou l'alcool éthylique (particulièrement la proline et l'hydroxyproline) dans lesquels ils sont solubles. D'autre part, les acides α-aminés sont solubles, mais à un degré moindre, dans les solvants apolaires. Cette solubilité est largement dépendante des propriétés de la chaîne latérale : la solubilité diminue avec le nombre d'atomes de carbone du radical, mais augmente si ce radical est porteur de fonctions polaires (NH2, COOH) ou hydrophiles (OH). La tyrosine, en raison son noyau aromatique, est ainsi peu soluble dans l'eau, à raison de 0,38 g L−1 à 20 °C, tandis que la valine, aliphatique mais plus petite, l'est davantage, à raison de 24 g L−1 ; l'arginine, très basique et donc très polaire, est soluble à raison de 150 g L−1, tandis que la cystéine, avec une chaîne latérale courte terminée par une fonction thiol, est très soluble, à raison de 280 g L−1, et la sérine, analogue de la cystéine avec un hydroxyle à la place du sulfhydryle, est particulièrement soluble, à raison de 360 g L−1.
40
+
41
+ Les solutions d'acides aminés sont incolores. Les acides aminés aromatiques absorbent les rayonnements ultraviolets entre 260 et 280 nm. Au-dessus de 260 nm, la plus grande partie de l'absorption ultraviolette des protéines provient de leur teneur en tryptophane et parfois en tyrosine et en phénylalanine. Ces acides aminés ont une telle absorption à cause de leur nature aromatique due à la présence d'un cycle benzénique.
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+
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+ Les acides aminés protéinogènes sont les unités de base de construction des protéines. Ils polymérisent en formant des polypeptides linéaires dans lesquels les résidus d'acides aminés sont unis par des liaisons peptidiques. La biosynthèse des protéines se déroule sur les ribosomes[8], qui réalisent la traduction de l'ARN messager en protéines. L'ordre dans lequel les acides aminés sont liés à la chaîne polypeptidique est spécifié par la succession des codons portés par la séquence de l'ARN messager, lequel est une copie de l'ADN du noyau cellulaire ; ces codons, qui sont des triplets de nucléotides, sont traduits en acides aminés par des ARN de transfert selon le code génétique. Celui-ci spécifie directement 20 acides aminés, auxquels s'ajoutent deux autres acides aminés à travers un mécanisme plus complexe faisant intervenir, pour la sélénocystéine, un élément SECIS qui recode le codon-stop UGA[9] et, pour la pyrrolysine, un élément PYLIS[10] qui recode le codon-stop UAG[11]. La planche ci-dessous présente la structure chimique des 22 acides aminés protéinogènes :
44
+
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+ La page Acide aminé protéinogène donne davantage d'informations sur ces composés.
46
+
47
+ Outre les 22 acides aminés protéinogènes, il existe un grand nombre d'acides aminés dits non protéinogènes. Certains ne se rencontrent pas dans les protéines, comme la carnitine ou l'acide γ-aminobutyrique, d'autres peuvent être présents dans les protéines à la suite de modifications post-traductionnelles, comme le γ-carboxyglutamate et l'hydroxyproline, ou par substitution à la place d'un acide aminé analogue, comme la sélénométhionine. Les modifications post-traductionnelles sont souvent essentielles pour assurer la fonctionnalité ou la régulation de la protéine. Ainsi, la carboxylation du glutamate permet d'accroître la fixation des cations de calcium[12], et l'hydroxylation de la proline est essentielle à la cohésion des tissus conjonctifs[13]. Un autre exemple est la formation d'hypusine dans le facteur d'initiation eucaryote (en) EIF5A (en) à la suite de la modification d'un résidu de lysine[14]. De telles modifications déterminent également la localisation des protéines dans la cellule, dans la mesure où l'addition de groupes hydrophobes est susceptible de permettre à la protéine de se lier à une membrane phospholipidique[15].
48
+
49
+ La plupart des acides aminés non protéinogènes ne sont jamais naturellement présents dans les protéines. Ce sont par exemple la lanthionine, le 2-aminoisobutyrate, la déshydroalanine ou encore l'acide γ-aminobutyrique. Ce sont souvent des intermédiaires sur la voie métabolique de biosynthèse des acides aminés, comme l'ornithine et la citrulline, qui font partie du cycle de l'urée comme intermédiaires de dégradation des acides aminés[16]. Si les acides α-aminés sont de très loin les principaux acides aminés biologiques en tant que constituants des protéines, la β-alanine offre un exemple d'acide β-aminé biologiquement important, étant utilisée par les plantes et certains microorganismes pour la synthèse de l'acide pantothénique (vitamine B5), un constituant de la coenzyme A[17], laquelle est un groupe prosthétique très important dans le métabolisme.
50
+
51
+ Les 20 acides aminés protéinogènes encodés directement par le code génétique sont dits standard ; tous les autres acides aminés sont dits non standard. Deux acides aminés non standard, la pyrrolysine et la sélénocystéine, sont cependant des acides aminés protéinogènes : ils sont en effet encodés de façon indirecte par l'intermédiaire de séquences d'insertion qui recodent des codons-stop en codons de pyrrolysine ou de sélénocystéine. Ainsi, un élément PYLIS en aval d'un codon UAG recode ce dernier en pyrrolysine, tandis qu'un élément SECIS avec un codon UGA recode ce dernier en sélénocystéine. En 2003, on comptait 25 sélénoprotéines humaines[18], c'est-à-dire de protéines contenant au moins un résidu de sélénocystéine.
52
+
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+ Les autres acides aminés non standard sont non protéinogènes.
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+
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+ Les acides aminés qui possèdent un cycle aromatique présentent un certain nombre de propriétés particulières. On compte quatre acides aminés protéinogènes aromatiques : l'histidine, la phénylalanine, le tryptophane et la tyrosine.
56
+
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+ Il existe par ailleurs un grand nombre d'acides aminés non protéinogènes aromatiques, par exemple la thyroxine, la DOPA ou encore le 5-THP.
58
+
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+ On compte trois acides aminés protéinogènes ramifiés : l'isoleucine, la leucine et la valine. Ce sont tous les trois des acides aminés essentiels pour l'homme. Ils représentent 35 % des acides aminés essentiels des protéines musculaires et 40 % des acides aminés essentiels pour les mammifères[19].
60
+
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+ Il existe par ailleurs de nombreux acides aminés non protéinogènes ramifiés, par exemple la norvaline et l'acide 2-aminoisobutyrique.
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+
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+ Acides aminés essentiels chez l'homme :
64
+
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+ La digestion des protéines dans les intestins a pour effet de cliver, en les hydrolysant, les liaisons peptidiques qui unissent les résidus d'acides aminés dans les chaînes polypeptidiques. Cela se produit dans l'estomac et le duodénum sous l'effet d'enzymes digestives, notamment des peptidases, dont la pepsine du suc gastrique et la trypsine et la chymotrypsine du pancréas sont les principales. Les acides aminés libérés par la digestion des protéines peuvent traverser la paroi intestinale et atteindre la circulation sanguine. D'autres protéines sont dégradées à l'intérieur même des cellules, libérant également les acides aminés qui les constituent.
66
+
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+ Les acides aminés eux-mêmes sont dégradés au sein des cellules pour produire de l'énergie métabolique et divers métabolites susceptibles d'être utilisés à leur tour dans le foie pour biosynthétiser d'autres biomolécules, telles que des glucides pour les acides aminés glucoformateurs et des lipides pour les acides aminés lipoformateurs ; les acides aminés cétoformateurs, quant à eux, tendent à produire des corps cétoniques par cétogenèse[20]. La production de glucose à partir de métabolites cellulaires est la néoglucogenèse[21], celle d'acides gras est la lipogenèse. L'élimination du groupe amine –NH2 par une transaminase libère de l'ammoniac NH3, qui est détoxiqué en urée par le foie, tandis que la cétone résultante est oxydée à travers le cycle de Krebs[22] puis à travers la chaîne respiratoire jusqu'à formation de dioxyde de carbone CO2.
68
+
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+ Les acides aminés qui ne peuvent être synthétisés par l'organisme et doivent être apportés par l'alimentation sont dits essentiels. Chez l'homme, ils sont au nombre de neuf (voir encadré). Les douze autres sont produits in vivo par le métabolisme des cellules, l'un d'entre eux, contenant un atome de sélénium, étant finalisé alors qu'il est déjà sur son ARN de transfert. Certains régimes alimentaires ne permettent pas de synthétiser en quantité suffisante tous les acides aminés non essentiels, et certains d'entre eux doivent alors également être apportés par l'alimentation[23] : l'arginine[24], la cystéine, le glutamate et la tyrosine.
70
+
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+ Outre leur rôle de constituants des protéines, les acides aminés protéinogènes peuvent être des métabolites précurseurs de composés biochimiques variés. Par exemple :
72
+
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+ Certains acides aminés non standard peuvent être utilisés par les plantes contre les herbivores[30]. Ainsi la canavanine est un analogue structurel de l'arginine présent chez de nombreux légumes[31], et notamment chez Canavalia gladiata ou haricot sabre[32]. Cet acide aminé protège la plante de prédateurs tels que les insectes et peut rendre malade le consommateur humain s'il absorbe des légumes qui en contiennent sans les cuire[33]. La mimosine est un autre acide aminé présent chez d'autres légumes, notamment Leucaena leucocephala[34]. Cette molécule est analogue à la tyrosine et peut empoisonner les animaux qui broutent ses plantes.
74
+
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+ La fonction de tous les acides aminés non protéinogènes, qui peuvent être abondants dans les tissus biologiques, est encore loin d'être comprise pour chacun d'eux.
76
+
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+ Dans la mesure où les acides acides aminés sont des composés organiques qui possèdent à la fois une fonction acide carboxylique et une fonction amine, ils peuvent subir la plupart des réactions associées à ces groupes fonctionnels, comme l'addition nucléophile, la formation de liaisons amide et la formation d'imines pour le groupe amine, l'estérification et la décarboxylation pour le groupe carboxyle. La combinaison de ces groupes fonctionnels permet aux acides aminés d'être des ligands polydentates efficaces pour des chélates métal-acide aminé[35]. Par ailleurs, les différentes chaînes latérales des acides aminés peuvent elles aussi donner lieu à des réactions chimiques[36]. La nature de ces réactions dépend de la nature des groupes fonctionnels portés par ces chaînes latérales et varient donc significativement d'un acide aminé à l'autre.
78
+
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+ Le carboxyle peut former des amides avec les amines :
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+ Ra–COOH + RbNH2 → Ra–CO–NHRb + H2O
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+
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+ Asparagine et glutamine sont deux exemples de dérivés physiologiques formés suivant cette réaction.
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+ L'amidation peut être obtenue in vitro en utilisant des carbodiimides (Ra–N=C=N–Rb). Le groupe carboxyle est dans une première étape activé par la carbodiimide, puis le dérivé activé ainsi formé réagit avec l'amine.
84
+
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+ Chimique ou enzymatique par une décarboxylase. Décarboxylation sous forme de CO2. Les décarboxylases sont spécifiques de chaque acide aminé. La décarboxylation est importante en biochimie car elle aboutit aux « amines biologiques » correspondantes très actives :
86
+
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+ Exemples :
88
+
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+ Ce sont des propriétés générales d'amines primaires. Deux types de groupes aminos peuvent être distingués: les amines en alpha et l'amine en epsilon de la chaîne latérale de la lysine dont le pK est légèrement plus basique (>8). La différence des valeurs de pK peut être utilisée pour des modifications sélectives, en contrôlant le pH du milieu réactionnel.
90
+
91
+ L'acétylation des groupements aminos des acides aminés par l'anhydride acétique réduit leurs charges positives et change leurs interactions avec les composants de l'environnement.
92
+
93
+ Avec le méthanal : il se forme le dérivé hydroxyméthyl de l'acide aminé. Avec les aldéhydes aromatiques, on obtient des bases de Schiff (imine).
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+
95
+
96
+
97
+ Une réaction du même type peut se produire in vivo entre acides aminés et oligosaccharides (réaction de glycation des protéines avec les résidus d'acides aminés ayant une fonction amine libre). Dans les enchainements saccharidiques, le sucre réducteur terminal existe de façon prédominante sous forme cyclique, avec seulement des traces sous forme ouverte. Une base de Schiff (imine) peut se former avec cette forme minoritaire, consommant ainsi la forme cyclique.
98
+
99
+ In vitro, cette réaction avec les saccharides est généralement réalisée en présence de cyanoborohydrure de sodium (NaCNBH3). La base de Schiff (imine) formée est ainsi rapidement réduite par les anions cyanoborohydrure en amine secondaire plus stable.
100
+
101
+ La substitution d'un atome d'hydrogène de la fonction amine primaire –NH2 par un groupe aryle (aromatique) conduit à une fonction amine secondaire –NH–. Par exemple, avec le dinitrofluorobenzène (réactif de Sanger, ou DNFB) il se forme un dinitrophényl-acide aminé coloré, donc dosable. Il s'agit d'une substitution nucléophile aromatique d'ordre 2, le groupe partant étant l'ion fluorure F–.
102
+
103
+ Cette réaction peut également se produire avec un acide aminé incorporé dans une protéine. Les dinitrophényl-acides aminés formés correspondent aux acides aminés dont les groupes NH2 sont libres dans la protéine (extrémité N-terminale de la chaîne polypeptidique).
104
+
105
+ Cette réaction a permis en 1953 à Frederick Sanger d'établir la première structure primaire d'une hormone peptidique, l'insuline, ce pour quoi il a obtenu le prix Nobel de chimie en 1958.
106
+
107
+ Elle a lieu avec les isocyanates, en particulier le phénylisothiocyanate (PITC).
108
+
109
+ Le PITC est particulièrement utilisé pour déterminer l'enchaînement des acides aminés dans les chaînes peptidiques.
110
+ Le phénylthiocarbamyl-aminoacide (PTC-AA) (thiourée) résultant est un composé caractéristique de chaque acide aminé (nature du groupement R). Il est très stable et détectable dans l'ultraviolet (245 nm).
111
+
112
+ Exemple :
113
+ C6H5–N=C=S + H2N-CH2–COOH → C6H5–NH–CS–NH–CH2–COOH.
114
+
115
+ Ces réactions permettent de transformer l'amine de l'acide aminé en amide, protégeant l'amine ou y fixant un groupement acyle ayant des propriétés intéressantes (fluorescence...), avec élimination du groupement réactif: Il s'agit d'une transamidification (en)
116
+
117
+
118
+
119
+ Ces réactions sont utilisées pour la synthèse de dérivés d'acides aminés ou de protéines "marquées" sur leurs fonctions amines libres (dérivés fluorescents, biotinylation par la biotine-N-hydroxysuccinimide...); pour la synthèse de supports chromatographiques par greffage d'acides aminés ou de protéines...
120
+
121
+ Ces chélates stables sont utilisés pour effectuer des réactions chimiques au niveau de R, en synthèse.
122
+
123
+ Certains oxydants attaquent l'acide aminé et réalisent une désamination associée à une décarboxylation. Au cours de la réaction il y a production de CO2, de NH3 et d'un aldéhyde ayant un atome de carbone de moins que l'acide aminé dont il provient :
124
+ R–CH(NH2)–COOH → R–CHO + NH3 + CO2.
125
+
126
+ Les oxydants sont variés : eau oxygénée, hypochlorite etc. Pour rendre cette réaction quantitative, on peut doser CO2 par alcalimétrie ou NH3 par colorimétrie. L'oxydant le plus utilisé est la ninhydrine (voir la page correspondante).
127
+
128
+ Lorsqu'un acide aminé en solution est chauffé en présence de ninhydrine en excès, il conduit à un chromophore avec un maximum d'absorption à 570 nm (bleu-violet). L'intensité de la coloration est à la base d'une méthode quantitative pour doser les acides aminés. La réaction s'effectue en 3 étapes. La 1re correspond à l'action d'une première molécule de ninhydrine sur l'acide aminé conduisant à un iminoacide et à une molécule de ninhydrine réduite. La 2e correspond à l'action d'une 2e molécule de ninhydrine sur l'iminoacide pour donner un aldéhyde. Cette 2e molécule se condense finalement avec la molécule de ninhydrine réduite pour former le chromophore.
129
+
130
+ La coloration n'est pas spécifique des acides aminés. Elle se produit avec d'autres composés ayant des groupements aminos libres : glucosamine, peptides et protéines.
131
+ Cette méthode colorimétrique est une bonne technique pour le dosage d'un acide aminé pur, mais elle est moins valable pour un dosage global car les acides aminés réagissent en donnant des colorations d'intensité variable.
132
+ Les iminoacides donnent avec la ninhydrine, une coloration jaune.
133
+
134
+ Les premiers acides aminés protéinogènes ont été découverts au début du XIXe siècle. Au cours des années comprises entre 1805 et 1935, de nombreux chimistes de renom participèrent à l'isolement et à l'élucidation de la structure des acides aminés. Les chimistes français Louis-Nicolas Vauquelin et Pierre Jean Robiquet isolèrent l'asparagine en 1806 à partir d'asperges[37], ou Asparagus sativus, synonyme d’Asparagus officinalis, d'où son nom. Le chimiste britannique William Hyde Wollaston découvrit la cystine en 1810 dans un calcul rénal[38], mais il fallut attendre 1884 pour que le chimiste allemand Eugen Baumann isole la cystéine, qui en est le monomère. En 1819, les chimistes français Henri Braconnot et Joseph Louis Proust isolèrent respectivement la glycine[39] et la leucine. Justus von Liebig isola la tyrosine en 1846, tandis que la structure de cet acide aminé fut élucidée en 1869 par son élève Ludwig Barth zu Barthenau (en). Le chimiste germano-autrichien Eugen Freiherr von Gorup-Besanez (en) isola la valine en 1856. Le biochimiste allemand Karl Heinrich Ritthausen (en) isola l'acide glutamique à partir du gluten en 1866. La structure de la glutamine et de l'acide glutamique fut déterminée en 1872 par William Dittmar. Le chimiste allemand Ernst Schulze (en) isola la glutamine en 1877, la phénylalanine en 1881 et l'arginine en 1886, et participa à la découverte de quelques autres acides aminés. La lysine fut découverte en 1889 par le chimiste allemand Edmund Drechsel (de). Le médecin allemand Albrecht Kossel établit la structure de l'histidine en 1896, le chimiste allemand Richard Willstätter celle de la proline en 1900, et le chimiste britannique Frederick Gowland Hopkins celle du tryptophane en 1901 ; ils obtinrent tous trois un prix Nobel par la suite. Le chimiste allemand Emil Fischer établit la structure de la sérine en 1901, de la lysine en 1902, de la valine en 1906 et de la cystéine en 1908. La méthionine fut découverte en 1922 par John Howard Mueller et sa structure fut élucidée en 1928 par les chimistes britanniques George Barger (en) et Philip Coine. Le dernier acide aminé standard à avoir été découvert fut la thréonine en 1935 par William Cumming Rose (en)[40], qui identifia également les acides aminés essentiels pour l'homme ainsi que l'apport journalier minimum de chaque acide aminé pour assurer un développement optimal[41].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'Antarctique (prononcé /ɑ̃.taʁk.tik/, ou aussi /ɑ̃.taʁ.tik/ Écouter), parfois appelé « le Continent Austral » ou « le Continent Blanc »[a], est le continent le plus méridional de la Terre. Situé autour du pôle Sud, il est entouré des océans Atlantique, Indien et Pacifique et des mers de Ross et de Weddell. Il forme le cœur de la région antarctique qui inclut également les parties émergées du plateau des Kerguelen ainsi que d'autres territoires insulaires de la plaque antarctique plus ou moins proches. L'ensemble de ces territoires, qui partagent des caractéristiques écologiques communes, constitue l'écozone antarctique.
4
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5
+ Avec une superficie de 14 millions de kilomètres carrés, l'Antarctique est plus petit que l'Asie, l'Afrique ou l'Amérique ; seules l'Europe et l'Océanie sont plus petites que lui. Quelque 98 % de sa surface sont recouverts d'une couche de glace d'une épaisseur moyenne de 1,6 km. C'est pourquoi la morphologie du sous-sol antarctique reste encore peu connue voire inconnue, alors que petit à petit se dévoile la présence de lacs subglaciaires et de chaînes de montagnes subglaciaires comme celle de Gamburtsev.
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7
+ L'Antarctique est le continent le plus froid, le plus sec et le plus venteux. C'est également, de tous les continents, celui qui a l'altitude moyenne la plus élevée. Puisqu'il n'y tombe que peu de précipitations, excepté sur ses parties côtières où elles sont de l'ordre de 200 mm par an, l'intérieur du continent constitue le plus grand désert du monde. À part les bases scientifiques, il n'y a pas d'habitat humain permanent et l'Antarctique n'a pas de population indigène connue. Seuls des plantes et des animaux adaptés au froid, au manque de lumière et à l'aridité y survivent, comme des manchots, des phoques, des poissons, des crustacés, des mousses, des lichens et de nombreux types d'algues.
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+ Le nom « Antarctique » vient du grec ἀνταρκτικός (antarktikós), qui signifie « opposé à l'Arctique ». Bien que des mythes et des spéculations concernant une Terra Australis (« Terre Australe ») remontent à l'Antiquité, le continent n'est aperçu pour la première fois – de façon attestée – qu'en 1819 par le navigateur britannique William Smith[2]. Cette découverte suscita un vif intérêt de la part des chasseurs de phoques européens et américains qui affluèrent sur les côtes antarctiques dans les années qui suivirent et s'employèrent à décimer une population de plusieurs millions d'individus[3] au point de parvenir pratiquement à son extinction en 1830.
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+ À la suite du traité sur l'Antarctique signé en 1959 par douze États et suivi en 1991 par le protocole de Madrid, l'ensemble des territoires situés au sud du 60e parallèle sud acquiert un statut particulier : les activités militaires y sont interdites ainsi que l'exploitation des ressources minérales sauf celles qui sont menées à des fins scientifiques. Les signataires accordent la priorité aux activités de recherche scientifique. Les expériences en cours sont effectuées par plus de 4 000 scientifiques de diverses nationalités et ayant des intérêts différents. Considéré comme une réserve naturelle, le continent est protégé par la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) et divers accords internationaux sur la protection de la biodiversité et sur la restriction du tourisme. Modeste ressource jusque dans les années 1980, le tourisme attire de plus en plus de visiteurs : 10 000 en 2000, 37 000 en 2010, soit sept fois plus de personnes que le nombre de scientifiques présents. La majorité des touristes se concentre durant l'été à proximité de la péninsule Antarctique. Depuis 1991, des mesures de régulation et de protection ont été prises. L’Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO), qui regroupe 80 % des voyagistes opérant sur ce continent, a établi un code de conduite, prône un tourisme éducatif et coopère avec les scientifiques en mettant à leur service la logistique et les moyens de transport. Aussi les États se sont inspirés de ses travaux et données pour élaborer un code international très contraignant.
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+ L'histoire du continent antarctique est née avec les hypothèses concernant l'« équilibre » de la Terre, celui-ci expliquant sa forme. Durant l'Antiquité, les anciens Grecs dont le philosophe Aristote estiment que la Terre est une sphère symétrique ayant nécessairement un point d'équilibre appelé « pivot » (polos en grec) de part et d'autre de l'équateur. C'est ainsi que l'Arctique du grec ancien ἀρκτικός (Arktikos) se trouve un opposé et que l'Antarctique est pour la première fois évoqué. Emprunt du grec ancien ἀνταρκτικός (antarktikós), le mot « Antarctique » se forme à partir de deux termes : ant(i)- (ἀντί-) c'est-à-dire « ce qui est contraire, opposé » et arktos (ἀρκτικός dérivé de άρκτος) qui signifie « ours », en référence à la constellation indiquant le nord appelée « Petite Ourse »[4].
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+ Même si, au IIe siècle, l'astronome grec Ptolémée est persuadé que le continent existe, au point d'affirmer que ces terres sont reliées aux autres continents, habitées et cultivées[5], il faut attendre le XVe siècle, lorsque Bartolomeu Dias et Vasco de Gama parviennent à passer et à contourner le cap de Bonne-Espérance au sud de l'Afrique, pour réfuter l'hypothèse d'un continent étendu jusqu'aux plus hautes latitudes sud. Mais, lorsque Fernand de Magellan contourne le Sud du continent américain en 1520, il découvre un détroit difficile à franchir, et au-delà duquel un épais manteau neigeux apparaît sous un climat très froid[4]. Les géographes émettent donc l'hypothèse qu'un immense continent existe et qu'il serait continu de la Terre de Feu à l'Australie. Celui-ci est alors nommé « Continent Austral » sur les planisphères de l'époque[6].
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+ En décembre 1577, envoyé par le gouvernement anglais, Francis Drake quitte Plymouth avec une flotte de cinq navires pour explorer le Pacifique. Le 20 août 1578, il commence la traversée du détroit de Magellan qu'il effectuera en 16 jours. Commandant le Golden Hind, Drake et son équipage sont alors pris dans une violente tempête qui les entraîne au large de la Terre de feu. C'est alors qu'ils s'aperçoivent que l'hypothétique Terra Australis ne s'étend pas jusque dans cette région. La majorité des cartes de l'époque ne corrigera pourtant l'erreur que lorsque Jacob Le Maire et Willem Schouten contourneront le cap Horn en 1616[7].
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+ Le 1er janvier 1739, Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, missionné par la Compagnie des Indes pour découvrir des terres inconnues et y établir des comptoirs, découvre une île brumeuse qu'il prendra pour un continent : l'actuelle île Bouvet pourtant située à 1 700 km de l'Antarctique[8].
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+ En 1772, Nicolas Thomas Marion-Dufresne, secondé par le capitaine Julien Crozet à bord du Mascarin, découvre les « îles Froides » (aujourd'hui l'archipel du Prince-Édouard) et l'« île Aride » (l'actuelle île de l'Est des îles Crozet)[9].
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+ En juillet 1772 commence la deuxième expédition de James Cook comprenant les navires la Resolution et l'Adventure. L'amirauté lui donne l'ordre d'explorer les mers australes afin de découvrir le pôle Sud. Après avoir dépassé Le Cap, Cook se dirige au sud mais ne trouve aucune terre supposée par les cartes de Bouvet de Lozier. Néanmoins, il continue sa descente au sud et franchit pour la première fois le cercle polaire, le 17 janvier 1773. Par la suite, se trouvant dans un pack serré, les deux navires qu'il commande ne peuvent poursuivre leur descente au sud bien qu'ils se situent, sans le savoir, à 130 km du continent. Ils reprennent donc une route nord-est et naviguent vers la Nouvelle-Zélande en franchissant à deux reprises le cercle polaire et en rejoignant Wellington en janvier 1773. Le voyage se poursuit et, le 20 janvier 1773, Cook franchit de nouveau le cercle polaire par 148° de longitude ouest et aperçoit le premier iceberg. Il reprend la direction du nord mais décide bientôt de replonger au sud pour dépasser encore une fois le cercle polaire le 26 janvier 1774. Malgré le pack et le brouillard, le capitaine poursuit et s'avance, le 30 janvier 1774 jusqu'à 71° 10′ de latitude sud et 106° 54′ de longitude ouest. Il rencontre alors des champs de glace parsemés de montagnes de glace dont la majorité sont très hautes. Jugeant la poursuite du voyage dangereuse, Cook décide de rebrousser chemin mais lui et son équipage resteront pendant cinquante ans les hommes à avoir atteint la position la plus méridionale. Enfin, l'avancée de Cook signe la fin du mythe de la Terra Australia Incognita où les gens espéraient trouver un temps clément au sud[10].
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+ C'est en définitive au XIXe siècle que l'Antarctique a été officiellement découvert. En effet, le capitaine au long cours britannique William Smith, à bord de son navire le Williams of Blyth, révèlera au monde l'existence du continent austral le 19 février 1819, jour au cours duquel il rapporte avoir vu des terres au sud du 62e degré[11]. Il y retournera le 15 octobre 1819, nommant le chapelet d’îles qu’il côtoie « South Shetland » dont il prendra possession au nom du roi Georges III, le 17 octobre après avoir débarqué dans une de ses baies[12]. À cette occasion, cependant, il découvre les vestiges d’un navire de guerre espagnol, le San Telmo, qui avait disparu au cours d’une tempête à son passage du cap Horn, un mois et demi plus tôt. Ce fait est rapporté dans les mémoires du capitaine Robert Fildes, ami de William Smith[13].
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+ Selon la National Science Foundation (NSF)[14], la NASA[15], l'université de Californie à San Diego[16] et d'autres organisations[17],[18], le premier aperçu de l'Antarctique est effectué en 1820 par les équipages de navires dont les trois capitaines étaient : Fabian Gottlieb von Bellingshausen (un capitaine de la Marine impériale de Russie), Edward Bransfield (un capitaine de la Royal Navy, envoyé par le consul britannique Shirreff à la suite de la découverte de William Smith), et Nathaniel Palmer (un marin américain de Stonington dans le Connecticut). Von Bellingshausen voit l'Antarctique le 27 janvier 1820, trois jours avant que Bransfield aperçoive la terre, et dix mois avant que ne le fasse Palmer, en novembre 1820. Ce jour-là, l'expédition, comprenant deux navires et menée par Von Bellingshausen et Mikhaïl Lazarev, atteint un point situé à 32 km du continent et y aperçoit des champs de glace. Le premier débarquement attesté sur le continent est réalisé par le navigateur américain John Davis en Antarctique occidentale le 7 février 1821, bien que plusieurs historiens contestent cette affirmation[19],[20].
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+ Au XIXe siècle, de nombreux bateaux viennent chasser le phoque le long des rives du continent mais il faut attendre le 21 janvier 1840 pour que des explorateurs français, commandés par Dumont d'Urville plantent leur drapeau sur les terres antarctiques[6]. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la flotte américaine de Charles Wilkes d'y parvenir. Par la suite, en 1839, l'expédition Erebus et Terror est la principale expédition scientifique menée au XIXe siècle en Antarctique par les Britanniques, grâce à une association entre la British Association for the Advancement of Science et la Royal Society[21]. Elle comprend des médecins, des naturalistes et des botanistes. Au cours de cette expédition, en 1841, l'explorateur James Clark Ross traverse l'actuelle mer de Ross et découvre l'île de Ross[22]. Le mont Erebus et le mont Terror portent les noms de deux des bateaux de l'expédition : le HMS Erebus et le HMS Terror[23]. Mercator Cooper, quant à lui, accosta en Antarctique oriental le 26 janvier 1853[24].
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+ La période qui s'étend de 1895 à 1922 correspond à l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique, durant laquelle de nombreuses expéditions sont menées afin de parvenir au pôle Sud. Ainsi, de 1897 à 1898, l'expédition scientifique belge Belgica, commandée par Adrien de Gerlache de Gomery, passe quinze mois dans les glaces, dont un hivernage complet, le premier en Antarctique. C'est une mission internationale comprenant le norvégien Roald Amundsen et l'américain Frederick Cook qui en reviendront tous deux avec une vocation polaire qui en fera de futurs conquérants des pôles, et le polonais Henryk Arctowski, ainsi que le roumain Emil Racoviță qui, le premier, décrit en détail l'éthologie des cétacés, des pinnipèdes et des manchots. Jean-Baptiste Charcot monte la première expédition française en Antarctique qui hiverne sous le vent de l'île Wandel. Le 4 mars 1905, l'expédition quitte la péninsule antarctique après un hivernage sans encombre. Il s'agit du premier hivernage d'une expédition scientifique dans les pôles. Les objectifs scientifiques sont dépassés : 1 000 km de côtes découvertes et relevées, trois cartes marines détaillées, 75 caisses d'observations, de notes, de mesures et de collections destinées au Muséum national d'histoire naturelle. En août de 1908, Charcot part hiverner à l'île Petermann pour sa deuxième expédition polaire. De retour en juin 1910 après un deuxième hivernage, l'expédition est riche en expériences scientifiques : des mesures océanographiques (salinité, sondage), des relevés de météorologie, une étude des marées, une étude du magnétisme, des collections de zoologie et de botanique confiées au Muséum et à l'Institut océanographique de Monaco. Il rapporte aussi des découvertes géographiques comme le tracé de la terre Alexandre et une nouvelle terre, la terre de Charcot. Résultats de l'expédition considérables qui comprennent aussi le relevé cartographique de 2 000 km de côtes. Mais Charcot, victime du scorbut, revient considérablement affaibli. Roald Amundsen participera à la course au pôle Sud géographique, et sera le premier à y parvenir, le 14 décembre 1911, en un temps réduit grâce à l'usage de skis et de chiens de traîneau. Robert Falcon Scott, un Britannique, arrive un mois plus tard et meurt sur le chemin du retour[6].
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+ Lors de l'expédition Endurance en 1914, le navire britannique Endurance commandé par Sir Ernest Shackleton, part avec vingt-huit hommes pour traverser l'Antarctique. Mais le bateau est pris dans les glaces. Tout l'équipage réussit à revenir sain et sauf en traversant océan et montagnes sans vivres et matériel[25].
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+ Alors qu'en 1928, Sir George Hubert Wilkins et Carl Ben Eielson survolent le continent pour la première fois[24], la 3e expédition allemande menée par Alfred Ritscher a lieu en 1938 et 1939 et revendique un territoire de 600 000 km2 — la Nouvelle-Souabe — située dans la Terre de la Reine-Maud[26].
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+ En 1946, les États-Unis, sur l'initiative de l'amiral Richard Byrd, organisent l'opération Highjump qui est la plus importante expédition envoyée à ce jour en Antarctique, composée de 4 700 hommes, treize bateaux dont un porte-avions, vingt-cinq avions, dont deux hydravions Martin PBM Mariner[27]. Cette opération sera suivie durant l'été austral suivant (1947-1948) par l'opération Windmill.
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+ Du 24 novembre 1957 au 2 mars 1958, l'expédition Fuchs-Hillary traverse pour la première fois le continent par voie terrestre. Le déplacement s'effectue à l'aide d'autoneiges américaines Tucker Sno-cat Corporation[28]. Des relevés sismologiques, gravimétriques entre autres, sont effectués tout au long de l'expédition. Aussi, des mesures sont également prises pour mesurer l'épaisseur de glace au pôle Sud et vérifier la présence du continent sous celle-ci.
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+ Du novembre 1989 au février 1990 Arved Fuchs et Reinhold Messner ont effectué à pied et à l'aide de voiles la traversée; 2800 kilomètres en 92 jours.
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+ « Le pole se trouve brusquement devant nous: 90° sud. Nous ne le voyons qu'à toute la dernière heure »[29].
43
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+ En 1997, Laurence de la Ferrière est la première Française à atteindre le pôle sud en solitaire[30]. En 2000, elle réalise la première traversée jamais réalisée, du pôle sud à la Terre Adélie en passant par la base franco-italienne de Concordia[31]. Elle réalise des carottages, prélève des échantillons qui seront récupérés à la base de Concordia et effectue des mesures de températures et recherche des météorites[32]. Aujourd'hui, Laurence de la Ferrière est la seule femme au monde à avoir traversé l'intégralité du continent en solitaire[réf. nécessaire].
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+ L'Année polaire internationale (API) (1882-1883) et l'Année géophysique internationale (AGI) (1957-1958) vont soulever un certain nombre de questionnements politiques et économiques sur l'avenir de l'Antarctique. Ainsi va naître le traité sur l'Antarctique qui donne à ce continent son statut unique destiné à la science, aux actions pacifiques, à la préservation des ressources naturelles et à la protection de la biodiversité. Signé le 1er décembre 1959 à Washington par douze pays soit l'Afrique du Sud, l'Argentine, l'Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'URSS (actuelle Russie), le traité compte en 2010 quarante-cinq États signataires. La Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique[33] en 1982, le protocole de Madrid en 1991 et des programmes de recherche internationaux comme le recensement de la vie marine de l'océan Austral (2003-2010) ou bien l'ARENA (Antarctic Research, a European Network for Astrophysics) illustrent la volonté des États de poursuivre les objectifs établis en 1959.
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+ En 2003, alors que des chercheurs russes étaient parvenus à une trentaine de mètres de l'eau contenue dans le lac Vostok, la communauté scientifique internationale demanda l'interruption du forage. Jusqu'à ce qu'en novembre 2010, une étude d'impact environnemental garantisse la maîtrise du risque de contamination. Océanographie, biologie marine, glaciologie, géophysique, astronomie… dans l'Antarctique, la recherche est un débat technique, logistique et financier. L'activité se concentre notamment sur l'étude de la climatologie. C'est en Antarctique que l'on observait dans les années 1970 la diminution périodique de la couche d'ozone. C’est sur ce continent que l'alerte fut donnée en 1985 : le gaz intercepteur des UV se raréfiait avec une rapidité alarmante. C'est donc sur ce continent-témoin que l'on étudie l'origine du changement climatique. À lui seul, le lac Vostok recèle 400 000 ans de climatologie[34].
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+ Sur la soixantaine de bases scientifiques qui ont été construites en cinquante ans, la station belge Princesse-Élisabeth est la dernière en date (2009). Conçue par l'ingénieur et explorateur belge Alain Hubert selon le principe de l'énergie durable, elle est la première du genre en opposition (scientifiquement parlant) avec les bases scientifiques traditionnelles qui sont grosses consommatrices d'énergie.
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+ Centré de manière asymétrique autour du pôle Sud et situé en grande partie au sud du cercle antarctique, l'Antarctique est le continent le plus méridional de la Terre, baigné par les océans Atlantique sud, Indien et Pacifique sud. Alternativement, on peut considérer qu'il est entouré par l'océan Austral, ou par les eaux du Sud de l'océan mondial. Il est constitué d'une grande terre principale ainsi que d'un ensemble d'îles plus petites, dont le 60e parallèle sud marque la limite nord.
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+ L'Antarctique couvre une superficie de plus de 14 000 000 km2, ce qui en fait le quatrième plus grand continent avec une surface environ 1,3 fois plus grande que celle de l'Europe[35]. En hiver, le continent antarctique double sa superficie par une banquise qui le prolonge jusqu'à près de 800 km du rivage et des glaces flottantes allant jusqu'à 800 km des côtes[36].
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+ Le littoral mesure 17 968 km de long et est surtout caractérisé par des formations de glace comme le montre le tableau ci-dessous :
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+ L'Antarctique est divisé en deux par la chaîne Transantarctique située près de la péninsule Antarctique entre la mer de Ross et la mer de Weddell. La zone située entre l'Ouest de la mer de Weddell et l'Est de la mer de Ross est appelée l'Antarctique occidental tandis que l'autre zone est appelée l'Antarctique oriental car elles appartiennent approximativement aux hémisphères ouest et est par rapport au méridien de Greenwich.
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+ Environ 98 % de l'Antarctique est couvert par l'inlandsis de l'Antarctique d'une épaisseur moyenne de 1,6 km. Le continent regroupe environ 90 % de la glace terrestre (et donc 70 % de l'eau douce mondiale). Si toutes ces glaces fondaient, le niveau des mers et des océans monterait de 60 m[37]. Presque partout à l'intérieur du continent, les précipitations sont très faibles, moins de 20 mm par an. Dans quelques zones de « glace bleue » (glace ancienne fondue et regelée) les précipitations sont plus faibles que la quantité d'eau perdue par sublimation. Le bilan hydrique local est donc négatif. Dans les vallées sèches, le même effet hydrique se produit sur un sol rocheux, créant ainsi un paysage de type aride.
61
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+ L'Antarctique occidental est couvert par l'inlandsis Ouest-Antarctique. Ce dernier a fait l'objet de préoccupations récentes en raison du réel, mais faible, risque d'effondrement. Si cette couche de glace venait à s'effondrer, le niveau des mers s'élèverait de plusieurs mètres en une période géologique relativement courte, peut-être en quelques siècles. Plusieurs courants glaciaires en Antarctique, qui représentent environ 10 % de l'inlandsis, s'écoulent jusqu'à l'une des barrières de glace.
63
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+ L'Antarctique oriental s'étend du côté océan Indien de la chaîne Transantarctique et comprend la Terre de Coats, la Terre de la Reine-Maud, la Terre d'Enderby, la Terre de Mac Robertson, la Terre de Wilkes et la Terre Victoria. Toute cette région, sauf une petite partie, se trouve dans l'hémisphère est. L'Antarctique oriental est largement couvert par l'inlandsis Est-Antarctique.
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+ Le massif Vinson, point culminant de l'Antarctique avec 4 892 mètres d'altitude[38],[39], est situé dans les monts Ellsworth. L'Antarctique possède beaucoup d'autres montagnes, à la fois sur le continent lui-même mais aussi sur les îles environnantes. Situé sur l'île de Ross, le mont Erebus est le volcan actif le plus austral du monde[40]. Un autre volcan, qui se trouve sur l'île de la Déception, est devenu célèbre à la suite d'une gigantesque éruption en février 1969. Les éruptions mineures sont courantes et des coulées de lave ont été observées ces dernières années. D'autres volcans endormis peuvent être potentiellement actifs[41]. En 2004, un volcan sous-marin a été découvert dans la péninsule Antarctique par des chercheurs américains et canadiens. Des données récentes ont montré que ce « volcan sans nom » pourrait être actif[42].
67
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68
+ L'Antarctique abrite également plus de 70 lacs qui se trouvent à la base de la calotte glaciaire continentale. Le lac Vostok découvert sous la base antarctique Vostok en 1996, est le plus grand de ces lacs subglaciaires. On le croyait isolé depuis 500 000 à un million d'années, mais une étude récente suggère que ses eaux circulent épisodiquement d'un lac à l'autre[43].
69
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70
+ Certaines carottes de glaces forées à environ 400 m sous le niveau de la mer prouvent que les eaux du lac Vostok peuvent détenir la vie microbienne. La surface gelée du lac présente des similitudes avec Europe, un des satellites de Jupiter. Ainsi, si la vie est découverte dans le lac Vostok, cela pourrait renforcer l'hypothèse de l'existence de la vie sur le satellite Europe. Le 7 février 2008, une équipe de la NASA a entrepris une mission au lac Untersee afin d'y chercher l'existence d'extrêmophiles. Si le résultat de la recherche est positif, ces organismes résistants à des températures glacées pourraient également renforcer l'argument d'une vie extraterrestre dans un environnement extrêmement froid et riche en méthane[44].
71
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72
+ L'Antarctique est le lieu le plus froid sur Terre. C'est sur ce continent que la température naturelle la plus basse de la planète, −93,2 °C, a été estimée à Dôme Argus, le 10 août 2010, par des mesures météorologiques de télédétection par la NASA avec le satellite Landsat 8[45],[46]. Le record officiellement mesuré in situ est de −89,2 °C, le 21 juillet 1983 à Vostok (base de l’armée russe)[47],[48]. Pour comparaison, c'est 11 °C de moins que la température de sublimation du dioxyde de carbone. Le record de chaleur sur le continent est atteint le 9 février 2020 au niveau de la base argentine de Marambio avec 20,7 °C relevés[49].
73
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74
+ L'Antarctique est un désert glacé où les précipitations sont rares soit 200 mm en moyenne par an[50]. Le pôle Sud par exemple, en reçoit moins de 100 mm par an en moyenne. En hiver, les températures atteignent un minimum compris entre −80 °C et −90 °C à l'intérieur du territoire. Les températures maximales se situent entre 5 °C et 15 °C et sont atteintes près des côtes en été. Le soleil cause souvent des problèmes de santé, comme la photokératite, car la majorité des rayons ultraviolets qui frappent le sol sont réfléchis par la neige[51].
75
+
76
+ La partie orientale de l'Antarctique est plus froide que la partie occidentale à cause de son altitude plus élevée. Les fronts météorologiques peuvent rarement pénétrer l'intérieur du continent, ce qui contribue à le rendre froid et sec, bien que la glace s'y conserve sur des périodes prolongées. Les fortes chutes de neige sont courantes sur les côtes : des enregistrements montrent qu'elles peuvent atteindre 1,22 mètre en 48 heures.
77
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78
+ Sur les côtes, de forts vents catabatiques balaient violemment le plateau Antarctique. À l'intérieur des terres, la vitesse du vent est cependant modérée. Les beaux jours d'été, il y a plus de radiations solaires qui atteignent la surface du pôle Sud qu'à l'Équateur car l'ensoleillement y est alors de 24 heures par jour[52].
79
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80
+ L'Antarctique est plus froid que l'Arctique pour deux raisons. La première est qu'une grande partie du continent se situe à plus de 3 000 m au-dessus du niveau de la mer, or la température diminue avec l'altitude. La seconde raison est que la région polaire arctique est recouverte par un océan, l'océan Arctique, qui transmet sa chaleur relative à travers la banquise, permettant ainsi de maintenir des températures plus élevées qu'en Antarctique.
81
+
82
+ Compte tenu de la latitude, les longues périodes successives d'obscurité et d'ensoleillement créent un climat peu familier pour les êtres humains habitant le reste du monde.
83
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84
+ Les aurores polaires, courantes dans les zones australes, sont un phénomène lumineux visible dans le ciel nocturne près du pôle Sud qui résulte de l'interaction des vents solaires avec la haute atmosphère terrestre. Les cristaux de glace sont un autre spectacle unique. Ils se forment dans les nuages ou dans l'air clair par cristallisation de la vapeur d'eau. Un parhélie, un phénomène atmosphérique et optique fréquent, est caractérisé par un ou plusieurs points lumineux près du Soleil[51].
85
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+ En raison de sa position au pôle Sud, l'Antarctique reçoit relativement peu de radiations solaires. C'est donc un continent très froid où l'eau est principalement présente sous forme de glace. Les précipitations sont faibles (de 500 à 200 mm voire moins) et tombent presque systématiquement sous forme de neige qui s'accumule et forme un gigantesque inlandsis recouvrant le territoire. La plus grande partie de l'Antarctique est considérée comme un « véritable désert »[53]. Certaines parties de cet inlandsis sont formées de glaciers en mouvements appelés courants glaciaires qui progressent en direction des pourtours du continent. Près de la rive continentale se trouvent beaucoup de barrières de glace. Ces dernières sont des morceaux d'inlandsis flottants qui ne se sont pas détachés du continent. Près des côtes, les températures sont suffisamment basses pour que la glace se forme à partir d'eau de mer pendant la majeure partie de l'année. Il est important de comprendre les différences entre chaque type de glace présent en Antarctique pour interpréter les effets possibles sur le niveau de la mer et les conséquences sur le réchauffement de la planète.
87
+
88
+ La banquise s'agrandit tous les ans durant l'hiver austral mais la plus grande partie de la glace fond pendant l'été. Cette glace, formée à partir de l'eau des océans, flotte sur cette même eau et ne contribue donc pas à l'élévation du niveau de la mer. La surface de la banquise est restée approximativement constante durant les dernières décennies bien que les informations concernant ses changements d'épaisseur soient imprécises[54],[55].
89
+
90
+ La fonte des barrières de glace flottantes (dont la glace s'est formée sur le continent) contribue peu, en soi, à l'élévation du niveau de la mer car la glace qui fond est remplacée par la même masse d'eau. Mais l'écoulement de blocs de glace ou de glace fondue provenant du continent élève le niveau marin. Cet effet est en partie compensé par les chutes de neige sur le continent mais qui, selon les modèles récents (2012[56]), devraient diminuer en raison du réchauffement antarctique[57].
91
+
92
+ Ces dernières décennies, des effondrements importants de barrières de glace ont eu lieu près des côtes, particulièrement le long de la péninsule Antarctique. De 2002 à 2005, la perte de masse de glace était « significative » ; de 152 ± 80 kilomètres cubes de glace par an, soit de quoi faire monter le niveau marin moyen de 0,4 ± 0,2 mm/an[58]. Des inquiétudes ont été soulevées à propos du fait que l'altération des barrières de glace pourrait accélérer la fonte des glaciers de l'inlandsis[59].
93
+
94
+ La glace antarctique représente environ 70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire[37],[60]. L'inlandsis acquiert constamment de la glace provenant des chutes de neige et en perd par la fonte puis l'écoulement de celle-ci vers la mer. L'Antarctique occidental connaît actuellement une fonte des glaces. Une revue d'étude scientifique qui consultait des données recueillies de 1992 à 2006 a suggéré qu'une perte nette d'environ 50 gigatonnes de glace par an était une estimation raisonnable (cela représente une élévation d'environ 0,14 mm du niveau de la mer)[61]. L'accélération considérable de la fonte des glaces dans la mer d'Amundsen a peut-être fait doubler ce chiffre pour 2006[62].
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+ L'Antarctique oriental est une région froide située au-dessus du niveau de la mer et occupant la majorité du continent. Elle est dominée par de petites accumulations de neige qui se transforment ensuite en glace. Le bilan de masse général de l'inlandsis antarctique était au début du XXIe siècle probablement légèrement positif — ce qui conduit donc à l'abaissement du niveau de la mer — ou proche de l'équilibre[61],[62]. Cependant, l'accroissement de la fonte des glaces a été évoqué dans certaines régions[62],[63].
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+ La surface occupée par la banquise au 1er janvier 2019 est de 5,468 millions de km². Elle n’avait encore jamais été aussi peu étendue à cette période de l’année[64].
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100
+ La météorologie et la climatologie antarctiques sont compliquées par l'immensité et de la mauvaise accessibilité du terrain, qui ont fait que les stations météorologiques y sont souvent proches de la côte ; en outre les satellites ne peuvent correctement y mesurer la température au sol qu'en l'absence de nuage, car sous ceux-ci les températures sont parfois plus élevées[65]. Une fonte théorique de la totalité de la glace antarctique causerait une augmentation de près de 61 mètres (200 pieds) du niveau des océans[66].
101
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102
+ L'Antarctique est la zone la plus froide de la Terre, ce qui a fait croire un temps qu'il échapperait à la fonte des glaces. Cependant toutes les études faites depuis 2009 concluent qu'un réchauffement global de l'Antarctique occidental est en cours. Une étude de 2009 financée par la National Science Foundation a combiné des données historiques de températures locales au sol issues de stations météorologiques, à des données globales mais plus récentes provenant des satellites pour corriger les lacunes de l'histoire de 50 ans de températures de surface, dont en Antarctique oriental et central où les stations météorologiques sont rares : certaines zones continentales connaissent un redoux, notamment la péninsule Antarctique qui semble se réchauffer rapidement et où la glace fond de manière préoccupante. Eric Steig (Université de Seattle) montre en 2009 pour la première fois un réchauffement moyen en surface de 0,05 °C par décennie de 1957 à 2006 pour le continent, ajoutant que l'Antarctique occidental a gagné plus de 0,1 °C par décennie depuis 50 ans[67] (ce que confirme la NASA[65]) et que ce réchauffement est plus fort en hiver et au printemps. Ce réchauffement est en partie compensé par les chutes de neige en Antarctique oriental[68]. En conclusion, les données satellites combinées à celles des stations météorologiques au sol montrent qu'en moyenne, l'Antarctique s'est réchauffé d'environ 0,12 °C par décennie depuis 1957, pour une augmentation moyenne totale de 0,5 °C en 50 ans[65].
103
+
104
+ En 2008, une étude concluait à un réchauffement climatique antarctique induit par les émissions de dioxyde de carbone anthropique[69] mais il était estimé qu'au début des années 2000 la surface totale ainsi réchauffée en Antarctique occidental était encore trop faible pour affecter l'effet de l'inlandsis ouest-antarctique sur le niveau marin. De récentes accélérations de la fonte des glaciers plaident plutôt pour un afflux d'eau chaude près du plateau continental venant des profondeurs océaniques[70],[71],[72].
105
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106
+ L'Est-Antarctique serait lui, soumis à trois grands phénomènes complexes et parfois contradictoires, dont l'évolution est encore imprévisible[65]. Tout d'abord, la fonte de la glace modifie saisonnièrement la température de l'eau périphérique, mais aussi sa densité, en interférant de manière complexe avec les courants et la température de surface de l'eau[65]. De plus l'appauvrissement de la couche d'ozone modifie l'irradiation ultraviolette, qui contribue à l'énucléation de la vapeur d'eau et donc à la nébulosité, ce qui influence à grande échelle les fluctuations atmosphériques du continent [phénomène dit « Southern Annular Mode » (SAM) ou « Southern Hemisphere Annular Mode » (SHAM), plus particulièrement dans l'anneau climatique sud où la circulation du vent semble accélérée, ce qui tendrait à isoler et refroidir le continent]. Enfin, un phénomène opposé au précédent semble exister : des variations régionales de la circulation des vents apportent de l'air plus chaud et plus humide en matinée, augmentant les précipitations dans l'Ouest de l'Antarctique et donc l'épaisseur de neige se transformant peu à peu en glace[65]. Finalement, l'épaisseur et la surface de glace de la partie orientale de l'inlandsis semble stable voire localement en augmentation[73]. Ainsi, plus de 50 % de la surface en glace est restée très constante ou a subi une légère augmentation d'épaisseur, dans la partie orientale de la banquise où les températures peuvent descendre jusqu'à −80 °C. Inversement l'Ouest-Antarctique se montre vulnérable aux changements climatiques, notamment car la calotte de glace y repose en grande partie non sur un sol émergé, mais sous le niveau marin. Si ce seul inlandsis ouest-antarctique devait complètement fondre, il suffirait à faire monter le niveau global de la mer de 5 à 6 m[65].
107
+
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+ En 2002 le segment Larsen B de la barrière de Larsen dans la péninsule Antarctique se disloque[74]. Entre le 28 février et le 8 mars 2008, environ 570 km2 de glace provenant de la barrière de glace de Wilkins située dans la partie sud-ouest de la péninsule se désintègre, mettant en danger les 15 000 km2 de glace restant. Ils sont alors retenus par une étendue de glace de seulement 6 km de large environ[75], avant de se désintégrer le 5 avril 2009[76],[77]. D'après la NASA, la fonte de la plus grande surface de glace de ces trente dernières années a eu lieu en 2005, quand une zone comparable en taille à la Californie a brièvement fondu puis gelé de nouveau ; c'est peut-être le résultat de l'augmentation de la température qui atteignit alors jusqu'à 5 °C[78]. Dans le futur proche et plus lointain, cette fonte pourrait croître de façon non-linéaire, avec des instabilitées climatiques régionales importantes (le réchauffement d'ici 2100 pourrait être comparable à ce qu'il a été il y a 130 000 à 127 000 ans[79]. Il a alors été accompagné d'une élévation de l'océan à plusieurs mètres au-dessus des niveaux modernes, avec une montée de l'eau « plus rapide que ce que beaucoup pensent »[79]).
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+ Le glacier de l'île du Pin, dans l'Antarctique occidental, fond à une vitesse inquiétante, mais de manière invisible car ayant lieu à 1 km sous la surface de l'océan et sous une épaisse couche de glace flottante. En 2009, le sous-marin robotisé Autosub3[80] a exploré cet endroit difficile d'accès. Il a parcouru 50 km sous la barrière de glace de l'île du Pin, en utilisant un sonar pour cartographier le plancher océanique, en dessous, et le plafond gelé, au-dessus. Pendant la mission du submersible, le navire de recherche Nathaniel B. Palmer a mesuré un processus alarmant. En se renforçant, les courants marins apportent de plus en plus d'eau chaude des profondeurs au contact de la glace déjà en train de fondre. 79 km2 ont ainsi disparu au-dessous de la barrière rien qu'en 2009, accélérant le glissement du glacier dans l'océan. Depuis 1974, l'île du Pin a perdu 75 m d'épaisseur, et sa vitesse de fonte a augmenté de plus de 70 %. Des centaines de kilomètres du littoral antarctique sont désormais soumis à ces forces, qui devraient amplifier la disparition de la glace lors des prochaines décennies. Les informations collectées sous le pôle Sud sont cruciales pour prévoir avec précision la hausse du niveau des mers.
111
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+ En mai 2014 la NASA et l'Université de Californie à Irvine, ont montré dans les revues Science et Geophysical Research Letters qu'une partie de l'inlandsis Ouest-Antarctique fondent rapidement et semble-t-il irréversiblement, rien ne pouvant stopper les glaciers ; 40 ans d'observation du comportement des six plus grands glaciers de cette région de la mer d'Amundsen dans l'Antarctique occidental : Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler indiquent que ces glaciers « ont passé le point de non-retour » ; ils contribuent déjà de façon significative à l'élévation du niveau des mers, relâchant annuellement presque autant de glace dans l'océan que l'Inlandsis du Groenland entier ; ils contiennent assez de glace pour élever le niveau général des océans de 4 pieds (1,2 mètres) et fondent plus vite qu'attendu par la plupart des scientifiques ; Éric Rignot (auteur principal) juge que ces données impliquent de réviser à la hausse les prévisions actuelles d'élévation des mers[81]. En 2015, Gramline estimait que la mer pourrait ainsi rapidement gagner 3 mètres de hauteur[82] dans les siècles à venir[83].
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+ Mi-2018, une estimation consensuelle publiée dans Nature[84], conclue que depuis 25 ans 3 000 milliards de tonnes de glace ont été perdues sur le continent, contribuant à une élévation de 6 millimètres. Le taux de perte a triplé dans les parties les plus vulnérables (ce qui pourrait être le signe d'une catastrophe déjà enclenchée en Antarctique occidental (depuis 25 ans).
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+ Au même moment, dans la revue Science[85] des chercheurs rappellent que le processus de rebond eustatique pourrait peut-être ralentir cet effondrement : Le rebond de la roche sous-glaciaire de l'Antarctique occidental qui s'allège pourrait selon lui retarder l'effondrement catastrophique de la calotte glaciaire. En effet quand la glace fond elle allège la charge pesant sur la croûte faisant remonter le substrat rocheux sous l'Antarctique occidental (qui localement pourrait s'élever de 8 mètres dans le prochain siècle), protégeant potentiellement la glace de l'eau de mer chaude qui la fait fondre par le dessous, ce qui pourrait nous offrir quelques décennies de répit selon Rick Aster (sismologue à la Colorado State University à Fort Collins, auteur de la nouvelle étude)[83]. L'inlandsis antarctique occidental reste cependant vulnérable car son lit est profond et situé bien au-dessous du niveau marin ; le fond de cette rivière de glace s'accroche encore sur les crêtes du fond marin qui freine son écoulement et ralentit la fonte glaciaire, mais l'océan réchauffé érode le fond de la langue de glace par le dessous. Si la glace ne s'accroche plus au relief rocheux du fond marin, elle se déversera en mer avec un emballement de la fonte alerte Natalya Gomez, géophysicienne et modélisatrice à l'Université McGill à Montréal, Canada. Avec ses collègues elle a suivi de faibles changements d'élévation via six capteurs GPS fixés au substrat rocheux libre de glace autour de la mer d'Amundsen situé au centre de la zone de déglaciation oust-antarctique, où aboutissent les glaciers Thwaites et Pine Island. Ces capteurs en 2 ans (2010 à 2012) se sont rapidement élevés montrant le rebond en cours (plus de 4 cm/an, soit l'un des rebonds les plus rapides au monde, et bien plus qu'attendu par la plupart des géophysiciens).
117
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+ La calotte antarctique a déjà rétréci à la fin du dernier âge glaciaire il y a 12 000 ans, pour recommencer à croître avec l'effet de rebond qui participe à une dynamique géoplanétaire dont la rapidité pourrait avoir été sous-estimée : le manteau mou situé sous l'Antarctique occidental se réadapte rapidement à la glace perdue il y a des décennies ou siècles et milliers d'années. Le soulèvement va s'accélérer au fur et à mesure de l'allègement en glace et sa vitesse pourrait tripler d'ici là (+ 8 m en un siècle dans certains endroits)[83]. Avec quelles conséquences sismiques ?
119
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120
+ Une situation assez proche est survenue il y a 125 000 ans (Eémien), lors de la dernière brève période chaude interglaciaires avec un niveau marin alors de 6 à 9 mètres plus haut qu'aujourd'hui pour une température à peine plus élevée. L'inlandsis antarctique occidental a été l'origine de cette élévation marine et sa base, située au-dessous du niveau de la mer, risque à nouveau d'être minée par le réchauffement océanique[86]. L'Eémien n'est pas un analogue parfait, car le niveau marin était aussi déterminé par de légères modifications d'orbite et d'axe de spin de la Terre[87]. Mais la fonte récente de la calotte glaciaire pourrait aussi être le début d’un effondrement semblable (plutôt que d’une variation à court terme)[87] ; le rebond eustatique n'empêchera pas l'effondrement de la calotte glaciaire à long terme, car malgré les engagements pris depuis Rio (2012) l'humanité n'a pas réussi à freiner les émissions de carbone ni le réchauffement climatique[83].
121
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122
+ Chaque année, une zone à faible concentration d'ozone, ou « trou de la couche d'ozone », croît au-dessus de l'Antarctique. Ce dernier couvre l'ensemble du continent et atteint sa surface maximale en septembre. Le « trou » le plus durable est enregistré en 2008 et subsiste alors jusqu'à la fin du mois de décembre[88]. Le « trou de la couche d'ozone » est détecté par des scientifiques en 1985[89] et avait tendance à augmenter avec les années d'observation. La diminution de la quantité d'ozone est attribuée à l'émission de chlorofluorocarbures (CFC) dans l'atmosphère, qui décomposent l'ozone en d'autres gaz[90].
123
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124
+ Certains scientifiques suggèrent que la disparition de l'ozone peut avoir un rôle dominant dans les récents changements climatiques en Antarctique, voire dans une plus vaste partie de l'hémisphère sud[89]. L'ozone absorbe une grande quantité de rayonnements ultraviolets dans la stratosphère. En outre, le « trou d'ozone » peut causer un refroidissement local d'environ 6 °C dans celle-ci. Ce refroidissement a pour effet d'intensifier les vents d'ouest qui circulent près du continent (le vortex polaire) et donc d'éviter l'échappement de l'air froid près du pôle Sud. Ainsi, l'inlandsis Est-Antarctique est maintenu à de basses températures et les pourtours du continent, particulièrement la péninsule Antarctique, sont sujets à des températures plus élevées qui favorisent l'accélération de la fonte des glaces[89]. De récents modèles suggèrent cependant que le « trou de la couche d'ozone » améliore les effets du vortex polaire, ce qui explique la récente avancée de la banquise près de la côte continentale[91].
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126
+ L'Antarctique est l'une des huit écozones ou régions biogéographiques terrestres[92]. L'océan Austral contient une biomasse importante grâce à une remontée d'eau (upwelling en anglais) par de forts courants marins d'eau froide en cette zone, qui apporte énormément de nutriments (sels nutritifs) et d'oxygène[93]. Cette biomasse est d'autant plus riche par la présence de la convergence antarctique, véritable « frontière climatique » entre les autres océans et l'océan Austral aux eaux plus froides et moins salées[94]. La richesse de cette biodiversité marine dont sa faune et sa flore benthiques, s'oppose à celle terrestre, c'est-à-dire aux côtes, beaucoup plus pauvre voire inexistante à l'intérieur de l'inlandsis. En effet le climat de la région antarctique ne permet pas une végétation dense et une vie animale foisonnante. Les températures glaciales, la pauvre qualité du sol, le manque d'humidité et de luminosité empêchent les plantes de se développer et la faune de prospérer[95]. On n'y trouve ni arbre ni arbuste et seulement 1 % du continent est colonisé par les plantes. Les zones les plus favorables sont les parties côtières occidentales, la péninsule Antarctique et les îles sub-antarctiques[96].
127
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128
+ La faune en Antarctique est marquée par la faune australe du Crétacé, dont des fossiles de plusieurs espèces sont découverts au XIXe et XXe siècles[97]. Au début du Crétacé, sur l'est-Gondwana alors sans calotte glaciaire[97], plusieurs espèces sont recensées, comme des animaux endémiques. Des amphibiens et reptiles géants (Temnospondyli, Plesiosauroidea), dinosaures (Cryolophosaurus, Antarctopelta, Glacialisaurus) ou des mammifères y ont vécu, mais néanmoins, peu de fossiles de dinosaures ont été découverts en Antarctique en comparaison d'autres continents[97]. Le climat passant de tropical à polaire, semble avoir entraîné une évolution importante jusqu'à la disparition de pratiquement toutes les espèces vivantes.
129
+
130
+ Peu d'invertébrés terrestres sont présents en Antarctique. Toutefois on y trouve des acariens microscopiques comme Alaskozetes antarcticus mais aussi des poux, des nématodes, des tardigrades, des rotifères, du krill et des collemboles[98]. Récemment, des écosystèmes antédiluviens, constitués de plusieurs types de bactéries, ont été retrouvés vivants, emprisonnés sous des glaciers[99].
131
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+ L'espèce de mouche Belgica antarctica qui mesure seulement 12 mm est, à proprement parler, le plus grand animal terrestre d'Antarctique. On compte 40 espèces d'oiseaux pour une population totale estimée à 200 millions d'individus ; les plus représentés sont les sternes, les skuas, les pétrels et les manchots[100]. Le pétrel des neiges (Pagodroma nivea) est l'une des trois espèces d'oiseaux qui se reproduisent exclusivement sur ce continent[101]. Les cormorans et les fulmars fréquentent les côtes et les îles proches du continent. Les oiseaux charognards comme le chionis blanc (Chionis albus), le skua (Stercorarius skua), le pétrel géant (Macronectes giganteus) ou bien le pétrel de Hall (Macronectes halli) peuplent parmi les colonies de manchots à l'affût de nourriture. En Antarctique, la vie marine peuplée par 300 espèces de poissons[100], comprend également des manchots, des cétacés comme la baleine bleue (Balaenoptera musculus) ou la baleine franche australe (Eubalaena australis), l'orque (Orcinus orca), des dauphins, des cachalots, des pinnipèdes comme les otaries à fourrure (Arctocephalinae) et les éléphants de mer du sud (Mirounga leonina), et dans les eaux profondes on note la présence du calmar colossal (Mesonychoteuthis hamiltoni). Le manchot empereur (Aptenodytes forsteri) dont le nombre est estimé à 200 000 individus, est le seul manchot qui se reproduit en Antarctique pendant l'hiver austral[102]. De toutes les espèces de manchots, elle est celle qui se reproduit le plus au sud[103]. Avec le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae), ils sont les deux espèces dont l'aire de distribution se limite au continent[104]. D'autres comme le manchot royal (Aptenodytes patagonicus), le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus) ou le manchot papou (Pygoscelis papua) ne se reproduisent pas uniquement en Antarctique mais leurs colonies y sont importantes et denses[105]. Le gorfou doré (ou manchot à aigrettes) qui possède des plumes autour des yeux comme de longs sourcils, se reproduit quant à lui sur la péninsule antarctique et les îles sub-antarctiques telles la Géorgie du Sud. Bien que concentrée sur les parties côtières du continent et de ses îles environnantes, la population de manchots et de gorfous est estimée à 20 millions de couples[105].
133
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134
+ Une sterne couronnée (Sterna vittata) posée sur une épave à l'île Entreprise.
135
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+ Un manchot empereur (Aptenodytes forsteri) adulte en Terre Adélie.
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+ Un léopard des mers (Hydrurga leptonyx) se reposant sur un iceberg.
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+ Un « poisson des glaces » Trematomus bernacchii
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142
+ Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'otarie de Kerguelen a été décimée pour sa fourrure par des chasseurs originaires des États-Unis et du Royaume-Uni[106]. Le phoque crabier (Lobodon carcinophaga) avec 15 millions d'individus, est le plus représenté des phocidés[100]. Malgré le nom qu'il porte et comme le phoque de Weddell entre autres, sa principale ressource alimentaire est le krill antarctique (Euphausia superba). Ce krill, qui se rassemble en bancs de proportions importantes (500 km2)[100], est l'espèce clé de voûte de l'écosystème de l'océan Austral et compose une grande part de l'alimentation des baleines, des otaries, des léopards de mer, des phoques, des calmars, des poissons-antarctiques, des manchots, des albatros et de beaucoup d'autres oiseaux[107].
143
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144
+ Contrairement à certaines idées reçues, il n'existe pas de mammifères terrestres sur le continent. Il n'y a donc ni ours polaire ou ours blanc (Ursus maritimus) ni caribous (Rangifer tarandus)[108]. Seuls ces derniers, introduits par l'Homme, vivent en petits troupeaux sur les îles sub-antarctiques de la Géorgie du Sud et des Kerguelen[109]. De même le morse (Odobenus rosmarus), le narval (Monodon monoceros) ou bien le pingouin torda (Alca torda), unique représentant du genre Alca, ne vivent que dans l'hémisphère nord[110].
145
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146
+ L'adoption en 1978 de l'Antarctic Conservation Act apporte plusieurs restrictions à l'activité humaine sur le continent. Ainsi, l'importation de plantes ou d'animaux exotiques peut entraîner des sanctions pénales, tout comme l'extraction d'espèces indigènes[111]. La surpêche du krill, un animal qui joue un grand rôle dans l'écosystème de l'Antarctique, pousse les gouvernements à promulguer des réglementations sur la pêche dans ces régions. Un arrêté du 12 octobre 2001 interdit l’introduction de toute espèce animale ou végétale non indigène.
147
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148
+ La Convention sur la conservation des phoques en Antarctique de 1972 signée à Londres et qui entre en vigueur en 1978, assure une protection des phocidés par une gestion raisonnée des captures dans le respect des équilibres écologiques. Les espèces protégées sont l'éléphant de mer du sud (Mirounga leonina), le phoque de Ross (Ommatophoca rossi) et les otaries (Arctocephalus sp.). Le phoque de Weddell (Leptonychotes weddellii) âgé d’un an ou de plus d'un an sont également protégés[112]. Entrée en vigueur en 1980, la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) exige que les règles qui gèrent l'industrie de la pêche dans l'océan Austral prennent en compte les effets possibles de celle-ci sur l'écosystème antarctique[52]. Malgré cette nouvelle loi, la pêche non réglementée et illégale, particulièrement celle de la légine australe, reste un problème important et en augmentation, avec une estimation de 32 000 tonnes en 2000[113],[114].
149
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150
+ Démarré depuis l'Année polaire internationale, le recensement de la vie marine (Census of Marine Life), qui a impliqué plus de 300 chercheurs, présente quelques découvertes notables. Plus de 235 organismes marins vivent à la fois dans les deux régions polaires, reliant ainsi deux zones espacées de 12 000 km. Certains grands animaux comme des cétacés ou des oiseaux font l'aller-retour tous les ans. Plus surprenant, on a trouvé de plus petites formes de vie comme des vers de vase, des concombres de mer ou des mollusques sous-marins dans les deux océans polaires. Plusieurs facteurs peuvent aider cette diffusion : dans les profondeurs de l'océan, les températures sont plutôt uniformes aux pôles et à l'équateur où elles ne diffèrent que par moins de 5 °C. En outre, la circulation thermohaline transporte les œufs et les larves[115]. 15 nouvelles espèces d'amphipodes et également certaines nouvelles espèces de cnidaires ont été découvertes sous la barrière de Larsen[116]. Les résultats du recensement de la vie marine divulgués officiellement en octobre 2010 à Londres, prévoient encore de nouvelles et nombreuses découvertes[117].
151
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+ Les seuls autotrophes présents sur le continent sont essentiellement des protistes. La flore antarctique se limite principalement à des mousses, des algues, des mycètes et des hépatiques qui ne poussent généralement que quelques semaines en été.
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154
+ L'Antarctique compte plus de 200 espèces de lichens[118], 100 de mousses (Bryophyta) et 30 d'hépatiques (Hepaticophyta)[119]. On dénombre également 700 espèces d'algues dont la majorité est du phytoplancton[120]. En été, l'algue des neiges (Chlamydomonas nivalis) et des diatomées multicolores sont particulièrement abondantes sur les côtes. Seulement deux espèces de plantes vasculaires sont indigènes de l'Antarctique : la canche antarctique (Deschampsia antarctica) et la sagine antarctique (Colobanthus quitensis)[10]. Cette flore est particulièrement présente sur la partie occidentale du continent généralement plus chaud et humide. Les îles sub-antarctiques sont également davantage privilégiées comme le montre la présence de 26 espèces de plantes indigènes en Géorgie du Sud[96]. Cependant, on a observé certains lichens et mousses dans des biotopes absolument extrêmes comme leur présence dans les vallées sèches de McMurdo en Terre Victoria[96]. Aussi la sagine antarctique a été observée jusqu'à l'île Neny, soit 68° 12′ Sud, et la canche antarctique aux îles Refuge, soit 68° 21′ Sud. Enfin, ont été observées des mousses jusqu'au 84° 42′ Sud et des lichens au 86° 09′ Sud et ce jusqu'à 2 000 m d'altitude[121].
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+ Canche antarctique (Deschampsia antarctica).
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+ Plus de 200 espèces de lichens ont été répertoriées en Antarctique.
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+ Usnée antarctique (Usnea antarctica).
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+ Algue des neiges (Chlamydomonas nivalis) sur l'île Galindez.
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+ L'Antarctique fait partie du supercontinent appelé Pangée qui se morcèle il y a plus de 200 Ma, dérivant vers l'est et le sud. Il y a 175 Ma, l'Antarctique est une partie du Gondwana issue de la Pangée. Ce dernier se fragmente encore pour enfin former, il y a environ 25 Ma, l'Antarctique tel que nous le connaissons aujourd'hui.
165
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+ Durant le Cambrien, le Gondwana accuse un climat tempéré. L'Ouest de l'Antarctique se situe en partie dans l'hémisphère nord et, durant cette période, de grandes quantités de grès, de roches calcaires et de schiste s'accumulent. L'Est de l'Antarctique se trouve, quant à lui, au niveau de l'équateur où les fonds marins tropicaux fleurissent d'invertébrés et de trilobites. Au début du Dévonien (416 Ma), le Gondwana se situe dans des latitudes plus méridionales entraînant un climat plus frais, bien que des fossiles de plantes terrestres datant de cette époque aient été découverts. Du sable et du limon se déposent dans les régions qui correspondent aujourd'hui aux monts Ellsworth, à la chaîne Horlick et à la chaîne Pensacola. La glaciation commence à la fin du Dévonien (360 Ma) lorsque le Gondwana se centre autour du pôle Sud et que le climat se refroidit, ce qui, néanmoins, n'entraîne pas la disparition de la flore. Pendant le Permien, la vie végétale est dominée par les fougères comme Glossopteris qui pousse dans les marécages. Au fil du temps, ces marais se transforment en gisements de charbon dans la chaîne Transantarctique. Vers la fin du Permien, le réchauffement conduit à un climat chaud et sec dans une grande partie du Gondwana[122].
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168
+ À cause d'un réchauffement continu, la calotte glaciaire fond si bien qu'une grande partie du Gondwana devient un désert. Les fougères à graines colonisent l'Antarctique oriental et de grandes quantités de grès et de schiste se déposent sur le sol. Les synapsides sont communs en Antarctique entre la fin du Permien et le début du Trias et comprennent des espèces comme Lystrosaurus. Pendant le Jurassique (206-146 Ma), la péninsule Antarctique commence à se former et les îles émergent progressivement de l'océan. En outre, les ginkgos et les cycadophytas sont abondants. En Antarctique occidental, les conifères dominent les forêts du Crétacé (145-65 Ma), bien que les hêtres commencent à s'imposer à la fin de cette période. Au Jurassique et au Crétacé, les ammonites sont alors courantes dans les eaux et les dinosaures sont également présents bien que seulement quatre genres spécifiques au continent soient connus en 2013 : Cryolophosaurus, Antarctopelta, Glacialisaurus et Trinisaura[123],[124]. C'est également pendant cette période que le Gondwana commence à se disloquer.
169
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170
+ Il y a 160 Ma l'Afrique se sépare de l'Antarctique suivie par le sous-continent indien au début du Crétacé (approximativement 125 Ma). Aux environs de 65 Ma, l'Antarctique, alors reliée à l'Australie, a encore un climat tropical voire subtropical et est dotée d'une faune composée de mammifères placentaires et marsupiaux, de reptiles et de dinosaures, d'oiseaux. Vers 40 Ma, l'Australie et la Nouvelle-Guinée se séparent de l'Antarctique si bien que les courants sont susceptibles de l'isoler de l'Australie. Avant cette période, la Terre est plus chaude qu'aujourd'hui, mais le déplacement du continent vers le sud s'accompagne d'un refroidissement de la planète, autant que de la chute des températures sur le continent. Ainsi, la glace commence à y apparaître. Il y a environ 34 Ma, le niveau de CO2 est proche de 760 ppm[125] bien qu'il soit déjà en baisse par rapport aux précédents niveaux qui atteignaient alors des milliers de ppm. Vers 23 Ma, le passage de Drake s'ouvre entre l'Antarctique et l'Amérique du Sud, formant le courant circumpolaire antarctique qui finit d'isoler le continent. Diverses études suggèrent que le niveau de CO2 baisse, dès lors, plus rapidement[126]. Il semble que ce soit l'apparition du courant circumpolaire qui entraîne une baisse plus grande de la température. La glace commence à gagner du terrain et remplace les forêts. Depuis environ 15 Ma, ce dernier est en grande partie recouvert de glace[127] tandis que la calotte glaciaire atteint son extension actuelle vers 6 Ma.
171
+
172
+ L'étude géologique de l'Antarctique a été entravée par la couverture quasi totale du continent par une épaisse couche de glace. De nouvelles techniques comme la télédétection, le radar à pénétration de sol ou l'imagerie satellite commencent à fournir des informations sur le sol situé sous la glace.
173
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174
+ Géologiquement, l'Antarctique occidental ressemble étroitement à la cordillère des Andes située en Amérique du Sud[122]. La péninsule Antarctique s'est formée grâce au soulèvement et au métamorphisme du sédiment des fonds marins entre la fin du Paléozoïque et le début du Mésozoïque. Ce soulèvement sédimentaire fut accompagné par une intrusion de roches magmatiques et par le volcanisme. Les roches les plus communes en Antarctique occidental sont l'andésite et la rhyolite, roches volcaniques formées durant le Jurassique. Il existe des traces d'activité volcanique, même après que la couche de glace s'est formée, en Terre Marie Byrd et sur l'Île Alexandre-Ier. La seule zone qui présente des différences avec le reste de l'Antarctique occidental est la région des monts Ellsworth où la stratigraphie correspond plus à la partie orientale du continent.
175
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+ L'Antarctique oriental, datant du Précambrien avec quelques roches formées il y a plus de 3 milliards d'années, est géologiquement varié. Il est formé d'une plate-forme composée de roches métamorphiques et magmatiques qui forment la base du bouclier continental. Au sommet de cette base se trouvent différentes roches de périodes postérieures telles que du grès, du calcaire, de la houille et du schiste qui se sont déposées pendant le Dévonien et le Jurassique pour former la chaîne Transantarctique. Dans les zones côtières comme la chaîne Shackleton et la terre Victoria, des failles se sont formées.
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+ La principale ressource minérale connue sur le continent est le charbon[127]. Il a d'abord été localisé près du glacier Beardmore par Frank Wild durant l'expédition Nimrod. Il existe également du charbon de qualité inférieure à travers de nombreuses régions des montagnes Transantarctiques. En outre, le mont Prince-Charles renferme d'importants gisements de minerai de fer. Les ressources les plus précieuses de l'Antarctique, à savoir le pétrole et le gaz naturel, ont été trouvées au large, dans la mer de Ross en 1973. L'exploitation de toutes les ressources minérales est interdite en Antarctique jusqu'en 2048 par le Protocole de Madrid.
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180
+ L'Antarctique ne compte pas d'habitants permanents mais un certain nombre de gouvernements maintiennent en permanence des équipes dans les diverses stations de recherche présentes sur le continent. Le nombre de personnes qui gèrent et qui secondent la recherche scientifique et les autres travaux sur le continent et ses îles proches varie d'environ 1 000 personnes en hiver à environ 5 000 en été. Beaucoup de ces stations sont pourvues en personnel durant toute l'année mais la majorité des employés qui passent l'hiver en Antarctique arrivent de leur pays d'origine pour des missions d'un an. Une église orthodoxe, ayant ouvert en 2004 à la station russe Bellingshausen, est également occupée par un ou deux prêtres qui alternent tous les ans[128],[129].
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+ Les chasseurs de phoques anglais et américains furent les premiers résidents semi-permanents des régions proches de l'Antarctique (notamment des zones situées au sud de la convergence antarctique) dont ils se servirent, à partir de 1786, pour passer un an ou plus en Géorgie du Sud. Durant l'époque de la chasse à la baleine, qui dura jusqu'en 1966, la population de cette île variait de plus de 1 000 habitants en été (voire plus de 2 000 certaines années) à environ 200 en hiver. Les chasseurs de baleines étaient principalement norvégiens mais aussi britanniques et japonais. Les principales stations baleinières furent la baie des Baleiniers sur l'île de la Déception, Grytviken, Leith Harbour, King Edward Point, Stromness, Husvik, Prince Olav Harbour, Ocean Harbour et Godthul. Les chefs et les officiers supérieurs des stations baleinières y vivaient souvent avec leur famille. Citons par exemple le fondateur de Grytviken, le capitaine Carl Anton Larsen, un célèbre chasseur et explorateur norvégien qui acquit avec sa famille la nationalité britannique en 1910.
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+ Le premier enfant né au sud de la convergence antarctique est une Norvégienne du nom de Solveig Gunbjørg Jacobsen qui voit le jour à Grytviken le 8 octobre 1913 et dont la naissance est déclarée par le représentant de la magistrature anglaise en Géorgie du Sud. Elle est l'une des filles de Fridthjof Jacobsen, le directeur adjoint de la station baleinière, et de Klara Olette Jacobsen. M. Jacobsen arrive sur l'île en 1904 afin de devenir le directeur de Grytviken ; un poste qu'il assure de 1914 à 1921. Deux de ses enfants sont nés sur l'île[130].
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+ Emilio Marcos Palma est la première personne née au sud du 60e parallèle sud (la limite du continent selon le traité sur l'Antarctique[131]), et également la première née sur ledit continent, en 1978 à la base Esperanza à l'extrémité de la péninsule Antarctique[132],[133]. Ses parents ainsi que sept autres familles furent envoyées sur ce territoire par le gouvernement argentin qui cherchait à déterminer si la vie de famille y était possible. En 1984, Juan Pablo Camacho voit le jour à la base Presidente Eduardo Frei Montalva et devient le premier chilien né en Antarctique. Plusieurs bases sont aujourd'hui le domicile de familles avec des enfants qui fréquentent les écoles présentes à proximité[134]. Jusqu'en 2009, onze enfants étaient nés en Antarctique (au sud du 60e parallèle sud) : huit à la base antarctique argentine Esperanza[135] et trois à la base chilienne Presidente Eduardo Frei Montalva[136].
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+ Bien que de la houille, des hydrocarbures, du minerai de fer, du platine, du cuivre, du chrome, du nickel, de l'or et d'autres minéraux aient été découverts en Antarctique, ils ne sont pas présents en quantités suffisantes pour permettre une exploitation rentable. Le protocole de Madrid de 1991 limite par ailleurs une éventuelle activité liée aux ressources naturelles. En 1998, un accord aboutit à l'interdiction, pour une durée illimitée, d'exploiter les ressources minérales de l'Antarctique. Ce consensus, qui sera réétudié en 2048, limite davantage le développement et l'exploitation économique du continent. La principale activité économique repose sur la pêche et la vente du poisson. En 2000-2001, la quantité de poissons pêchée en Antarctique s'élevait à 112 934 tonnes.
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+ Dans une moindre mesure, les « expéditions touristiques » existent depuis 1957 et sont théoriquement encadrées par le protocole de Madrid. En réalité, elles sont régulées par l'Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO). Tous les navires liés au tourisme ne sont pas membres de l'IAATO mais les adhérents de cette association sont à l'origine de 95 % de l'activité touristique du continent. Les voyages, qui s'effectuent le plus souvent sur des navires de petite ou de moyenne taille, privilégient les sites typiques où la faune et la flore caractéristiques du continent sont facilement accessibles, c'est-à-dire les parties côtières des îles Shetland du Sud et de la péninsule Antarctique. En 1990, le continent a accueilli 3 000 touristes. Depuis 2004, environ 27 000 touristes, provenant presque tous de navires de croisière, visitent l'Antarctique chaque année, soit une augmentation de 500 % depuis dix ans[137]. Ce nombre a atteint 37 506 lors de l'été austral 2006-2007. Il pourrait croître jusqu'à 80 000 en 2010[138].
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+ Récemment, les possibles effets néfastes de l'afflux de visiteurs sur l'environnement et l'écosystème furent un sujet de préoccupations. Un appel à des réglementations plus strictes envers les navires et à la mise en place d'un quota de touristes fut émis par plusieurs écologistes et scientifiques[139]. La première réponse des signataires du traité sur l'Antarctique fut de mettre en place, à travers leur comité pour la protection de l'environnement et leur association avec l'IAATO, d'une part des directives concernant l'organisation des débarquements des touristes sur les sites visités, et d'autre part l'interdiction ou la restriction d'accès aux sites qui recevaient la plus forte abondance de visites. Les vols touristiques étaient assurés par l'Australie et la Nouvelle-Zélande jusqu'au crash du vol 901 Air New Zealand sur le mont Erebus qui tua les 257 passagers en 1979. Qantas reprend les vols commerciaux de l'Australie vers l'Antarctique au milieu des années 1990, on compte environ 3 000 « touristes aériens » par an[137].
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+ Les transports en Antarctique ont été améliorés par les technologies humaines : les zones isolées et reculées traversées par les premiers explorateurs sont aujourd'hui transformées en des régions plus accessibles au transport terrestre, mais surtout aérien et maritime, plus adapté et plus rapide notamment par l'utilisation de navires brise-glace. L'utilisation de chiens de traîneaux est maintenant interdite car les chiens sont une espèce exotique en Antarctique et par leur statut de superprédateurs sont une menace pour la faune locale.
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+ Chaque année, des scientifiques de 27 pays différents effectuent en Antarctique des expériences impossibles à réaliser ailleurs dans le monde. En été, plus de 4 000 scientifiques travaillent dans la cinquantaine de stations de recherche. Ce nombre décroît à environ 1 000 en hiver[52]. Certains États y maintiennent en effet une présence humaine permanente ou semi-permanente.
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+ Les chercheurs présents en Antarctique peuvent être des biologistes, des géologues, des océanographes, des physiciens, des astronomes, des glaciologues et des météorologues. Les géologues étudient notamment la tectonique des plaques, les météorites provenant de l'espace et les traces du morcellement du supercontinent Gondwana. Les glaciologues travaillent sur l'histoire et la dynamique des icebergs, de la neige saisonnière, des glaciers et de l'inlandsis. Les biologistes, en plus d'étudier la faune et la flore, s'intéressent à la façon dont les températures rigoureuses et la présence de l'être humain agissent sur l'adaptation et les techniques de survie d'un grand nombre d'organismes. Les médecins ont fait des découvertes concernant la propagation de virus et la réaction du corps aux températures extrêmes. Les astrophysiciens étudient la voûte céleste et le fond diffus cosmologique à la station d'Amundsen-Scott. Beaucoup d'observations astronomiques sont de meilleure qualité lorsqu'elles sont effectuées au sein du territoire Antarctique plutôt qu'à un autre endroit du Globe car l'altitude élevée offre une atmosphère raréfiée. En outre, les basses températures minimisent la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère et l'absence de pollution lumineuse permet une vision de l'espace plus nette que n'importe où sur Terre. La glace de l'Antarctique sert à la fois de protection et de milieu de détection pour le plus grand télescope à neutrinos du monde, l'IceCube, construit à 2 kilomètres en dessous de la station d'Amundsen-Scott[140].
199
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200
+ Depuis les années 1970, la couche d'ozone dans l'atmosphère au-dessus de l'Antarctique est un point important des différentes études menées sur le continent. En 1985, trois scientifiques britanniques qui travaillent sur les données qu'ils ont recueillies sur la barrière de Brunt, près de la base antarctique Halley, découvrent l'existence d'un « trou » dans cette couche. En 1998, les données satellites de la NASA montrent que le trou de la couche d'ozone présente une taille plus importante que jamais, couvrant 27 millions de km2. Il a finalement été montré que la destruction de l'ozone était causée par les chlorofluorocarbures émis par l'Homme. Avec l'interdiction des CFC dans le protocole de Montréal de 1989, on estime que le « trou de la couche d'ozone » sera refermé d'ici les cinquante prochaines années.
201
+
202
+ Financé par la CEE depuis 2006 pour 4 années, ARENA (Antarctic Research, a European Network for Astrophysics) est un programme européen de recherche en astrophysique situé en Antarctique[141],[142]. Soutenu par le CNRS en ce qui concerne la France, et par chaque organe de recherche national des États membres de l'Europe, les recherches s'effectuent principalement à la base antarctique Concordia.
203
+
204
+ En 2007, selon Mark Meier de l'université du Colorado à Boulder aux États-Unis, la fonte des glaces du Groenland et de l'Antarctique ne contribuerait, pour le siècle en cours, qu'à hauteurs respectives de 28 % et 12 % à l'élévation du niveau des mers. Ce serait plutôt les plus petits glaciers, qui, fondant désormais à une vitesse accélérée, contribueraient actuellement à des apports excédentaires de 417 milliards de mètres cubes en eau par an, et devraient rester les plus gros contributeurs jusqu'à la fin du siècle. Alors le niveau marin se sera élevé de 10 à 25 cm[143].
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+
206
+ Les bases ou stations de l'Antarctique sont les centres stratégiques et logistiques de la recherche scientifique internationale. À l'intérieur de ces infrastructures cohabitent les laboratoires, les lieux de vie (cuisine, chambres, salle médicalisée, etc.) et les locaux techniques (générateur, ateliers, salle de stockage, etc.). Pour des raisons d'accessibilité, elles se situent principalement au Shetland du Sud, en péninsule Antarctique et sur les parties côtières du continent. Seules les bases permanentes Amundsen-Scott (États-Unis), Concordia (France-Italie), Vostok (Russie) et celles estivales Dôme Fuji (Japon), Kunlun (Chine), Kohnen (Allemagne) où se situe le forage du projet EPICA, et Princesse Elisabeth (Belgique), sont installées sur l'inlandsis[144]. Ces bases sont ravitaillées par avions spécialement équipés pour atterrir sur des pistes gelées ou bien par bateaux pendant l'été austral lorsque le retrait ou la diminution de l'épaisseur de la banquise permet aux navires de s'approcher suffisamment des côtes et d'accoster grâce à des embarcadères de glace comme celui utilisé à la base antarctique McMurdo. Cette base américaine peut loger plus de 1 000 scientifiques, visiteurs et touristes. Construite en 1956, la base Dumont d'Urville est la seule française. « Véritable campus universitaire », une cinquantaine de bâtiments répartis sur 5 000 m2 est occupée par 30 personnes durant l'hiver austral. Un distillateur d'eau de mer est utilisé pour l'eau des sanitaires et les déchets sont soit traités sur place soit ramenés hors du continent[145]. C'est le navire polaire L'Astrolabe qui assure les rotations. Dans la station américaine Admundsen-Scott est installé un laboratoire de culture hydroponique. Des jeunes arbres, des plantes grimpantes, des légumes-feuilles (salades, choux, etc.) mais aussi des melons et des pastèques y poussent éclairés par des lampes à vapeur de sodium[146].
207
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208
+ Des nations qui avaient été absentes de l'exploration polaire y sont finalement venues, comme la Bulgarie qui a construit la base Saint-Clément-d'Ohrid sur l'île Livingston en 1988 et comme la Chinoise Zhongshan conçue en 1989 et, durant l'été 2009, la station allemande Neumayer 3 qui vient remplacer celle de 1992. Elle est conçue pour fonctionner pendant 30 ans et a coûté 40 millions d'euros. Elle peut accueillir 40 personnes dont les recherches portent sur l'état de la banquise et le niveau des eaux[147].
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+ Si c'est en 2009 que la station belge Princesse Élisabeth est érigée non loin de l'ancienne base belge Roi-Baudouin (1958-1968), c'est qu'elle prolonge la tradition polaire belge remontant à 1898. La réalisation belge se distingue de la technique habituelle des bases polaires. Patronnée par la Fondation polaire internationale, organisation scientifique basée en Belgique depuis le 6 septembre 2007, elle révèle le premier projet écologique en Antarctique, celui de la station Princesse Élisabeth, la première base « zéro-émission » du monde[148] qui a pour but d'étudier les changements climatiques. La station préfabriquée, construite lors de l'Année polaire internationale est expédiée par bateau de Belgique jusqu'au pôle Sud vers la fin de l'année 2008 afin de surveiller les conditions naturelles des régions polaires. La construction, le transport et l'équipement de la station auront coûté près de 22 millions d'euros[149]. L'explorateur polaire belge Alain Hubert a déclaré que cette base serait la première de la sorte à produire « zéro émission », faisant d'elle un modèle unique de la façon dont l'énergie devrait être utilisée en Antarctique[150]. L'équipe de conception de la station a été dirigée par le directeur du projet Johan Berte qui mène des recherches en glaciologie, en microbiologie et en climatologie[151]. Dans le prolongement des études climatologiques, se place l'observation des aurores australes qui ne peut avoir lieu que pendant la nuit polaire, ce qui implique d'affronter un hivernage en Antarctique. En effet ces réactions lumineuses issues d'éjections de matières coronales ne peuvent pas être vues en dehors du continent[152].
211
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212
+ Les météorites, disponibles en quantité sur le continent antarctique, sont une part importante de l'étude des matières qui se sont formées au début de la conception du système solaire. La plupart viennent probablement d'astéroïdes mais certaines proviendraient de planètes plus importantes. Les premières météorites sont découvertes en 1912. En 1969, une expédition japonaise en découvre neuf dont la majorité est tombée sur l'inlandsis de l'Antarctique au cours du dernier million d'années. Aujourd'hui, les expéditions scientifiques pour la recherche et la récolte de ces objets célestes sont notamment envoyées dans le cadre du programme ANSMET. Les déplacements de l'inlandsis ont tendance à rassembler les météorites, par exemple au niveau des chaînes montagneuses. Sous l'action de l'érosion, les météorites recouvertes depuis plusieurs siècles par l'accumulation des chutes de neige, sont alors entraînées vers la surface. Comparées à d'autres météorites recueillies en des régions plus tempérées du Globe, celles tombées en Antarctique sont mieux préservées[153].
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214
+ Le grand nombre de météorites recueillies permet de mieux comprendre leur diversité dans le système solaire ainsi que leurs liens avec les astéroïdes et les comètes. De nouveaux types de météorites et des météorites rares y ont été découverts. Certaines d'entre elles ont été éjectées de la Lune voire probablement de Mars à la suite de collisions. Ces spécimens et particulièrement ALH 84001 découvert par une expédition du programme ANSMET, sont au centre de la controverse sur l'éventuelle existence de vie microbienne sur Mars. Les météorites absorbant et réémettant des rayons cosmiques dans l'espace, le temps écoulé depuis leur entrée en collision avec la Terre peut être estimé grâce à des études en laboratoire. Le temps écoulé depuis la chute ou la durée du séjour sur Terre d'une météorite constituent encore des informations qui peuvent être utiles pour les études environnementales de l'inlandsis de l'Antarctique[153].
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216
+ En 2006, une équipe de chercheurs de l'université d'État de l'Ohio a utilisé des mesures de la pesanteur réalisées par les satellites GRACE de la NASA pour découvrir le cratère de la Terre de Wilkes de 480 kilomètres de diamètre qui s'est probablement formé il y a environ 250 millions d'années[154].
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218
+ Le continent possède des volcans actifs qui se situent dans sa partie occidentale, en mer de Ross, le long de la péninsule Antarctique, sur certaines îles sub-antarctiques comme l'île de la Déception et enfin on observe la présence de volcans sous-marins[155]. C'est au pied du mont Erebus, le volcan en activité le plus austral du monde, qu'est installé le MEVO (Mount Erebus Volcano Observatory), un observatoire volcanologique au sein de la base de recherche géophysique, Lower Erebus Hut[156]. Les chercheurs ont à leur disposition des données satellites fournies notamment par le spectromètre pour imagerie de résolution moyenne, le MODIS, embarqué sur les satellites Terra et Aqua du programme de la NASA, l'Earth Observing System (EOS) ou bien également par l'imagerie haute résolution de la mission de cartographie de l'Antarctique réalisée par RADARSAT[157]. L'activité volcanique du mont Belinda sur l'��le Montagu a pu ainsi être confirmée en 2001 grâce à des photographies prises par le MODIS[158].
219
+ En janvier 2008, les scientifiques du British Antarctic Survey (BAS) dirigés par Hugh Corr et David Vaughan, s'appuyant sur des images radar réalisées lors d'un relevé aérien, annoncent dans le journal Nature Geoscience qu'il y a 2 200 ans, un volcan est entré en éruption sous l'inlandsis de l'Antarctique. Il s'agit de la plus grosse éruption en Antarctique au cours des 10 000 dernières années : des cendres volcaniques ont été retrouvées sur la surface de glace de la chaîne Hudson près du glacier de l'île du Pin[159].
220
+
221
+ Dernière terra nullius de la planète, le continent antarctique fait l'objet d'un régime juridique défini par le traité sur l'Antarctique de 1959 (entrée en vigueur en 1961[160]) et n'a donc pas de gouvernement, c'est un territoire neutre. En raison de la contiguïté territoriale, de la paternité de leur découverte, de leur occupation ou par intérêt géostratégique ou économique (au vu des probables ressources naturelles que comporte son sous-sol et des droits de pêche et de chasse), des États ont revendiqué des portions du continent, matérialisées, pour la plupart, par des sortes de tranches partant du pôle Sud, allant jusqu'à l'océan Austral, et dont les bords sont des méridiens. Bien que quelques-uns de ces pays aient reconnu mutuellement la validité de leurs revendications[161], ces dernières ne sont généralement pas admises universellement[52]. Dans certains cas, un même secteur est revendiqué par plusieurs États. La péninsule Antarctique est ainsi revendiquée par l'Argentine, le Chili et le Royaume-Uni. Le traité offre cependant un cadre juridique international aux expéditions scientifiques[160].
222
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223
+ Le « gel » des prétentions territoriales est établi depuis 1959[162] et le continent est considéré comme « dépolitisé »[163]. C'est une différence importante avec l'Arctique qui ne bénéficie pas de ce cadre[162]. La neutralité signifie que la France, par exemple, peut continuer à affirmer que la Terre Adélie relève du droit français alors que d'autres États, au contraire, pourront considérer que l'Antarctique est un espace international. Ce statut est réglementé par le traité sur l'Antarctique qui date de 1959, conclu sous l'égide de Dwight David Eisenhower et de Nikita Khrouchtchev. Selon ce dernier, l'Antarctique est défini comme étant l'ensemble des terres et des banquises situées au sud du 60e parallèle Sud. À l'origine, le traité est signé par douze pays dont l'Union soviétique (et plus tard la Russie), le Royaume-Uni, la Belgique, l'Argentine, le Chili, l'Australie et les États-Unis[164]. En outre, le traité établit le continent comme une réserve naturelle, met en place la liberté de recherche scientifique, la protection de l'environnement et y interdit les activités militaires. Il s'agit de la première maîtrise des armements établie durant la Guerre froide, avec des mentions relatives aux armes nucléaires[163]. Néanmoins, dès 1947, les États-Unis avaient proposé l'« internationalisation » du territoire, proposition rejetée par de nombreux États qui y voyaient un moyen de défense des intérêts américains et qui, à la suite du coup de Prague et du blocus de Berlin, rendait impossible l'adhésion soviétique au projet[165].
224
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225
+ Le traité est sans durée limite et renouvelable par tacite reconduction. Aujourd'hui, 49 États ont apposé leur paraphe, 28 d'entre eux disposant d'un droit de vote. Deux moratoires renforcent la protection du continent : la convention pour la protection des phoques (1972) et celle sur la conservation de la flore et de la faune marines (1978). Enfin, le Protocole de Madrid (rédigé en 1991), relatif à la protection de l'environnement et imprescriptible avant cinquante ans, stipule : « seules les activités pacifiques sont autorisées dans l'Antarctique et toute activité relative aux ressources minérales, autre que la recherche scientifique, est interdite[166]. » Il désigne l'Antarctique comme « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». Entré en vigueur le 14 janvier 1998 (après dépôt des instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion par les États), ce protocole prohibe notamment toute activité minière pour cinquante ans. Interdiction tacitement reconductible, qui ne peut être levée qu'à l'unanimité des parties.
226
+
227
+ Unique dans l'histoire du droit international, le système de gouvernance que le traité a instauré est reconnu par la plupart des juristes comme le plus innovant du XXe siècle[166].
228
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229
+ En 1983, les signataires du traité sur l'Antarctique entament des négociations afin de réglementer l'exploitation minière du continent[167], celle-ci comme d'autres points (tourisme, pêche et chasse, navigation des sous-marins, protection de l'environnement) n'ayant pas été anticipée en 1959[168]. Cependant, une première tentative en ce sens portée par la Nouvelle-Zélande sous le nom de �� convention de Wellington » n'avait pas abouti[169]. Une campagne de pression publique ayant pour but d'empêcher toute exploitation des minéraux en Antarctique est alors menée dans les années 1980 par une coalition d'organisations internationales[170] et notamment par Greenpeace[171] qui établit sa propre base, la World Park Base, dans la région de la mer de Ross[172] et mène des expéditions annuelles afin de mesurer l'impact de l'Homme sur l'environnement[173]. En 1988, la Convention pour la réglementation des activités sur les ressources minérales antarctiques est adoptée[174]. Cependant, quelques années après, l'Australie et la France refusent de signer le traité, le faisant tomber en désuétude. Ces derniers proposent à la place qu'une réglementation complète de protection sur l'environnement de l'Antarctique soit négociée[175]. Soutenu par d'autres pays, le Protocole au traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique, ou protocole de Madrid, est alors négocié et entre en vigueur le 14 janvier 1998[176] : il interdit toute exploitation minière en Antarctique, désignant le continent comme une « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». Selon le traité, « seules les activités pacifiques sont autorisées ». Pas de militaires ni de nucléaire, liberté de recherche scientifique et coopération internationale.
230
+
231
+ Le traité sur l'Antarctique empêche toute activité militaire sur ce continent, y compris la construction de bases militaires et de fortifications, les manœuvres militaires et les essais d'armements. Le personnel ou l'équipement militaire n'est permis que pour la recherche scientifique ou pour d'autres fins pacifiques[177], sachant que la coopération scientifique fut un instrument pour éviter une militarisation du continent[160]. La seule action militaire effectuée sur le continent est l'Operación 90 lancée par l'armée argentine en 1965[178]. L'Antarctique est la seule zone démilitarisée acceptée par les États-Unis[163].
232
+
233
+ L'armée américaine remet la décoration Antarctica Service Medal aux militaires ou aux civils qui accomplissent le devoir de recherche en Antarctique. Cette médaille est enrichie d'une distinction supplémentaire pour ceux qui passent l'hiver sur le continent[179].
234
+
235
+ Sept États ont des prétentions territoriales en Antarctique. Seul le secteur de la Terre Marie Byrd n'a pas été revendiqué par un État reconnu internationalement, mais par deux micronations :
236
+
237
+ Grand-duché de Westarctica
238
+ Grand-duché de Flandrensis
239
+
240
+ Les territoires revendiqués par l'Argentine, le Royaume-Uni et le Chili se chevauchent et ont causé des tensions diplomatiques, voire des escarmouches[180]. Les régions qui sont revendiquées par l'Australie et la Nouvelle-Zélande étaient des territoires de l'Empire britannique avant que ces deux pays n'obtiennent leur indépendance[181]. L'Australie revendique la plus grande superficie. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, la France, la Norvège et le Royaume-Uni reconnaissent mutuellement la validité de leurs revendications[161].
241
+
242
+ Ces revendications territoriales peuvent s'interpréter sous forme de graphiques :
243
+
244
+ Westarctica
245
+ Flandrensis
246
+
247
+ Ce groupe de pays, signataire du traité sur l'Antarctique, s'intéresse au territoire antarctique mais n'est pas autorisé à faire valoir ses revendications tant que les dispositions du traité sont en vigueur[182],[183].
248
+
249
+ Sur les autres projets Wikimedia :
250
+
251
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
252
+
253
+ « D’où vient cette étrange attirance de ces régions polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu on oublie les fatigues morales et physiques pour ne songer qu’à retourner vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant désertes et terrifiantes ? Est-ce le plaisir de l’inconnu, la griserie de la lutte et de l’effort pour y parvenir et y vivre, l’orgueil de tenter et de faire ce que d’autres ne font pas, la douceur d’être loin des petitesses et des mesquineries ? Un peu de tout cela, mais autre chose aussi. J’ai pensé pendant longtemps que j’éprouverais plus vivement, dans cette désolation et cette mort, la volupté de ma propre vie. Mais je sens aujourd’hui que ces régions nous frappent, en quelque sorte, d’une religieuse empreinte. (...) L’homme qui a pu pénétrer dans ce lieu sent son âme qui s’élève. »
254
+
255
+ — Jean-Baptiste Charcot, Le Français au Pôle Sud, éd. Flammarion, 1906, 486 pages.
256
+
257
+ Romans
258
+
259
+ Nouvelles
260
+
261
+ Bandes-dessinées
262
+
263
+ Cinématographie
264
+
265
+ Séries télévisées
266
+
267
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+ Les œuvres artistiques sont difficilement réalisables in situ et in vivo sur le sol antarctique compte tenu des conditions climatiques extrêmes et de l'éloignement du continent des terres habitées. Toutefois grâce à des actions en faveur de l'art, certains artistes ont pu bénéficier de la logistique et des infrastructures destinés aux scientifiques travaillant en Antarctique. C'est ainsi que les plasticiens français Catherine Rannou et Laurent Duthion choisis par l'Institut polaire français Paul-Émile-Victor (IPEV) lors de la quatrième année polaire de mars 2007 à mars 2008, purent développer leur art à la base antarctique Dumont d'Urville[184]. Werner Herzog ou bien Kim Stanley Robinson ont été soutenus par un programme d'aide aux artistes et écrivains, l'Antarctic Artists and Writers Program[185]. L'artiste-peintre allemand Gerhard Riessbeck a réalisé des œuvres alors qu'il se trouvait sur le brise-glace Polarstern en 2000 et en 2005 lors d'expéditions en Antarctique[186]. Dans le cadre des commémorations du bicentenaire de l'indépendance de l'Argentine (1810-2010), la troupe de marionnettistes argentins « La Faranda » se produit pour la première fois en Antarctique dans la base Marambio[187]. Metallica joue un concert en Antarctique le 8 décembre 2013, ce qui est une première pour le continent (vidéo).
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+ Taxons concernés
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+ Et parmi des familles disputées :
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+ modifier
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+ Dauphin est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains mammifères marins et fluviaux appartenant à l'ordre des Cétacés.
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+ Le substantif masculin « dauphin » (/do.ˈfɛ̃/) est issu, par l'intermédiaire d'un latin vulgaire *dalphinus, du latin classique delphinus, lui-même issu du grec δελφίς / delphís[1],[2],[3], peut-être lui-même issu de δελφὐς / delphús, « utérus[4] » ou apparenté à delphax, le porc, qui partage une couche de graisse analogue[4],[N 1].
10
+
11
+ L'ancien français daufin est attesté au milieu[2] du XIIe siècle[1] : d'après le Trésor de la langue française informatisé, sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans un manuscrit du Roman d'Alexandre[2].
12
+
13
+ « Dauphin » désigne en français de nombreux cétacés à dents (odontocètes) de moins de cinq mètres généralement dotés d'un rostre long même si l'espèce la plus familière de dauphins, celle que l'on trouve en majorité dans les delphinariums, est le grand dauphin, dont le nom signifie en latin « à nez tronqué ». Les espèces concernées sont :
14
+
15
+ Sous le terme dauphin, on regroupe beaucoup d'espèces très différentes. Aussi bien au niveau comportemental qu'au niveau physique aussi les généralités propres à tous les dauphins sont communes à tous les odontocètes, appelés « dauphins » ou non.
16
+
17
+ Certains cétacés sont parfois appelés incorrectement « dauphins » par exemple ceux avec un rostre court ou à peine existant tels que le narval et le béluga, deux animaux plus grands que les dauphins classiques, mais surtout les marsouins qui sont, eux, beaucoup plus petits.
18
+
19
+ Liste alphabétique des noms vulgaires ou des noms vernaculaires attestés[5] de cétacés appelés « dauphin ».
20
+
21
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.
22
+
23
+ Les caractéristiques générales des dauphins sont celles des Cétacés, avec des différences pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations, notamment sur leur constitution physique et leur mode de vie respectifs.
24
+
25
+ Comme les autres cétacés, leur front bombé contient le « melon », une cavité remplie de diverticules du système respiratoire qui communiquent entre eux par des valves. C'est en envoyant de l'air d'un diverticule à l'autre qu'ils émettent des sons. Pour repérer leurs proies, les dauphins utilisent leur sonar. Ils dirigent les sons qu'ils émettent dans la direction de leurs futures victimes, le son ricoche et revient avec un son modifié jusqu'à l'oreille du dauphin.
26
+
27
+ Le dauphin se propulse hors de l'eau grâce à sa nageoire caudale.
28
+
29
+ Comme les baleines et les autres cétacés, les ancêtres des dauphins ont perdu leurs pattes arrières, il y a environ 35 millions d'années. Au début de la gestation, l'embryon dauphin a quatre pattes qui se développent puis les pattes arrières se rétractent et disparaissent[9].
30
+
31
+ Généralement, les dauphins chassent en groupes serrés. On parle de coopération. Ils peuvent vivre en moyenne une quarantaine d'années. Lorsqu'un dauphin marin repère un banc de poissons, il avertit le reste du groupe qui se rapproche alors jusqu'à encercler les proies tout en les contraignant à se rassembler vers la surface. Une fois les poissons pris au piège et affolés, les dauphins n'ont plus qu'à traverser le banc l'un après l'autre en ouvrant une large gueule. On sait aussi que certains dauphins poursuivent les bancs de sardines jusqu'à les faire échouer sur le sable pour les attraper ensuite en s'échouant eux-mêmes à demi. Dans quelques cas, les dauphins peuvent s'associer aux thons et même aux requins pour des séances de chasse commune. Le dauphin a une excellente vision et possède également un sonar.
32
+
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+ Chez les dauphins, la gestation dure 12 mois. Pour mettre bas, la femelle effectue des flexions de sa nageoire caudale puis s'étire au maximum. Le petit dauphin sort la nageoire caudale en premier. Un dauphin est sexuellement mature entre 5 et 7 ans pour les femelles et vers 10–12 ans pour les mâles. La sexualité de certaines espèces de dauphins est, comme pour d'autres espèces évoluées tels les bonobos, en relation avec leurs interactions sociales ; ils peuvent en particulier manifester des comportements bisexuels[10],[11].
34
+
35
+ Les dauphins présentent un caractère social, mais les individus de certaines espèces sont solitaires, hormis au moment de la reproduction et durant la période d'élevage des petits[12]. Au sein des grands dauphins (Tursiops truncatus), espèce sociale[13], les individus ont des personnalités marquées, certains étant plus grégaires, d'autres solitaires, ou recherchant parfois le contact avec les humains[14],[15].
36
+
37
+ Une femelle peut confier son petit aux autres femelles quand elle part chasser. Il semble que quand une femelle de grand dauphin veut appeler ses petits ou attirer leur attention, elle ne les appelle pas par l'équivalent d'un prénom individuel, mais par une vocalise qui la désigne elle-même[16].
38
+
39
+ Ces animaux sont populaires car certaines de ces espèces se laissent approcher par les humains et se montrent affectueuses. Certains dauphins sont connus pour avoir sauvé des humains[17], le mythe d'Arion de Méthymne conte une aventure de ce type. En 2013, au large de Kona, à Hawaï, un dauphin demande l'aide d'un plongeur pour libérer sa nageoire pectorale gauche coincée dans une ligne de pêche[18]. L'espèce est pour cette raison parfois utilisée pour des thérapies[19] et ces comportements ont probablement contribué au développement d'une véritable industrie des delphinariums et d'un tourisme de l'observation des mammifères marins sauvages[20].
40
+
41
+ Dans la nature, les dauphins peuvent vivre jusqu'à 50–60 ans pour les mâles (en moyenne 31 ans s'ils ont dépassé la petite enfance), et 70–80 ans (en moyenne 46 ans) pour les femelles. En captivité ils ne vivent généralement qu'une vingtaine d'années (quelques orques dépassent 30 ans, et l'on en connaît deux qui ont la quarantaine).[réf. nécessaire]
42
+
43
+ En septembre 2017, des chercheurs de l’université d’Oxford publient une étude rapportant la découverte de plaques et d’enchevêtrements de protéines, habituellement considérés comme les signes révélateurs de la maladie d’Alzheimer chez l’Homme, dans le cerveau de dauphins sauvages retrouvés morts[21]. C'est la première fois que la maladie est observée chez un animal sauvage[22].
44
+
45
+ Les dauphins sont présents dans l'iconographie de la Grèce antique. Une des plus anciennes fresques grecques connues, datée du XVe siècle av. J.-C., se trouve dans la salle de bain de la reine à Knossos. L'Odyssée fait également référence aux dauphins et les représente joviaux et bouffons. Les Grecs semblent beaucoup s'être intéressés à ces animaux : les dauphins sont représentés également sur des mosaïques, des pièces de monnaie, des bijoux, des vases et sous forme de statues. Souvent, les dauphins sont représentés en bande.
46
+
47
+ Les dauphins apparaissent fréquemment dans la mythologie grecque et sont réputés être l'animal favori de Poséidon et incarnation du dieu solaire Apollon qui, paré d'une vertu pacifique et joviale, est alors un guide pour un autre monde. D'après Hérodote, Poséidon convainc Amphitrite de l’épouser en lui envoyant un dauphin. Lorsque Minos met au défi Thésée de prouver qu’il est bien le fils de Poséidon, il est escorté jusqu’au palais des Néréides par des dauphins. Arion de Méthymne est un autre fils de Poséidon. Apollon aurait pris la forme de cet animal pour sauver les marins crétois dirigés par Icarios[Lequel ?] et chargés d'instaurer son culte sur les pentes du mont Parnasse, à l'oracle de Delphes. Aulu-Gelle, dans ses Nuits attiques[23] évoque l'attachement d'un dauphin pour un enfant : « Les dauphins sont voluptueux et enclins à l'amour, ainsi que l'attestent des exemples anciens et même récents. En effet, sous les premiers Césars, dans la mer de Pouzzoles, selon le récit d'Apion, et plusieurs siècles auparavant, près de Naupacte, comme le rapporte Théophraste, on a vu, de manière à n'en pouvoir douter, plusieurs de ces animaux donnant des marques évidentes de l'amour le plus passionné. »
48
+
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+ Le même Aulu-Gelle rapporte l'anecdote suivante à propos d'Arion de Méthymne[24] :
50
+
51
+ « Ce musicien fameux, qui vivait dans les premiers âges du monde, naquit à Méthymne, et passa les premières années de sa vie, dans l'île de Lesbos. Périandre, roi de Corinthe, plein d'admiration pour son talent, lui témoigna de la bienveillance et même de l'affection. Toutefois le célèbre artiste s'éloigna de sa personne, dans le dessein de visiter la Sicile et l'Italie, pays de tous temps renommés. Dans ces contrées, il enchanta tous les habitants des villes qu'il parcourut, par la beauté de ses vers et la douceur de ses accords. Après être devenu les délices et l'amour de ces charmants pays, et y avoir amassé d'immenses richesses, Arion forma le dessein de retourner à Corinthe. Il choisit donc un vaisseau dont les matelots étaient de cette ville, croyant pouvoir leur confier avec plus de sûreté sa fortune. Mais les Corinthiens, après l'avoir pris à bord, et avoir gagné la pleine mer, forment le dessein de se défaire de lui, pour s'emparer de ses trésors. Arion s'étant aperçu du danger qui le menaçait, offre aux matelots de leur distribuer tout ce qu'il possède, et les prie de lui laisser seulement la vie. Tout l'effet que ses supplications et de ses larmes produisirent sur le cœur de ces barbares, fut d’obtenir qu'ils ne tremperaient pas leurs mains dans son sang, à condition que, sur l'heure, il se précipiterait lui-même dans les flots. Consterné de ce qu'il entend, et perdant toute espérance de sauver ses jours, Arion sollicita une dernière grâce : qu'on lui permette de se revêtir de ses habits les plus précieux, de prendre sa lyre, et de mourir en chantant son malheur. Ces marins féroces et insensibles eurent cependant la curiosité de l'entendre, et lui accordèrent sa demande. Aussitôt, s'étant paré, comme il avait coutume de le faire dans des jours bien différents de celui-ci, de ce qu'il avait de plus élégant et de plus brillant dans ses habillements, il se place au haut de la poupe, entonne une chanson d'un son de voix éclatant et militaire ; et en finissant, se précipite dans la mer avec ses ornements et sa lyre. Les matelots, bien persuadés qu'il a péri, poursuivent tranquillement leur route. Mais un incident, non moins singulier que digne d'admiration, sauva Arion d'une manière vraiment surprenante. Pendant qu'il luttait contre les vagues, un dauphin vient, le reçoit sur son dos, le tient élevé au-dessus des eaux, et le porte en nageant jusqu'au promontoire de Ténare, dans la Laconie, où il le dépose sain et sauf avec tous ses ornements. Arion se rendit de là droit à Corinthe, et alla aussitôt se présenter au roi Périandre, tel qu'il avait été laissé sur le rivage par le dauphin. Il raconta au prince son aventure ; mais celui-ci, la regardant comme une fable, le fit mettre en prison. Cependant, ayant soin de tenir l'arrivée d'Arion secrète, il fait venir les matelots aussitôt après leur débarquement, et leur demande ce qu'on disait de lui dans le pays qu'ils venaient de quitter ? Ils répondent qu'ils l'ont laissé en Italie, jouissant d'une bonne santé, admiré et chéri de toutes les villes, comblé d'honneur et nageant dans l'opulence. À peine ont-ils achevé ces mots, qu'on voit paraître Arion jouant sa lyre et revêtu des mêmes habits avec lesquels il s'était précipité dans la mer. Alors les matelots, interdits et convaincus, sont obligés d'avouer leur crime. Cette histoire se répandit dans Corinthe, dans toute l'île de Lesbos ; elle fournit le sujet d'un groupe d'airain qu'on voyait au promontoire de Ténare et qui représentait un dauphin nageant et portant un homme sur son dos. »
52
+
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+ Comme beaucoup d'autres figures de la mythologie grecque, le Dauphin est une constellation du ciel nocturne, située près du Triangle d'été.
54
+
55
+ Les Romains utilisent souvent une figure plus stylistique pour représenter les dauphins, souvent plus proches d'une représentation de poisson.
56
+
57
+ Dans la mythologie hindoue, les dauphins d'eau douce sont des avatars de Gangâ, le dieu du Gange. Les dauphins roses de l'Amazone, une autre espèce de dauphin d'eau douce, sont, dans les mythologies locales, capables de se transformer en hommes, de séduire les jeunes femmes, voire les enlever.
58
+
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+ Dans l'Antiquité, les peuples marins leur prêtaient de multiples exploits comme de guider les bateaux égarés dans la tempête ou de sauver les naufragés… Ils sont d'ailleurs très souvent cités dans la littérature grecque et étaient l'emblème de la ville de Corinthe (Grèce).
60
+
61
+ Comme l'ensemble du règne animal, les enlumineurs du Moyen Âge ont représenté le dauphin comme un monstre marin. Il est alors utilisé dans certaines armoiries, notamment celle des Dauphins de France et des Dauphins de Viennois, et représenté comme un poisson, le dauphin, tout comme la baleine, étant héraldiquement un poisson.
62
+
63
+ Le Dauphin est un symbole mythique de l'élément « eau ». Il est associé aux dieux antiques autour de la Méditerranée, on le trouve sur des représentations picturales et des sculptures plus des objets tels que des agrafes et broches. Il figure ainsi aussi bien dans l'art classique que dans l'art visuel contemporain. Il fait partie des éléments d'architecture recensés[25] (comme le triton la naïade ou la sirène). Il fait partie des éléments d'exportation de culture sur tous les continents par les biais des circuits commerciaux dans l'Histoire avant le XXe siècle, autant que par le tourisme exotique nouveau…
64
+
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+ Civilisation mycénienne restes de mosaïque murale d'origine, figure reconstituée
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+
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+ Akrotiri (Santorin) pot XVIe siècle av. J.-C.
68
+
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+ Akrotiri (Santorin) table d'offrandes XVIIe siècle av. J.-C.
70
+
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+ Rhodes sculpture gréco-romaine
72
+
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+ Les restes de broches romaines
74
+
75
+ Neptune avec son trident sur un dauphin, monnaie du Ier siècle av. J.-C.
76
+
77
+ Pompéi Dragon des mers suivi d'un dauphin Ier siècle
78
+
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+ Caldarium en Catalogne Espagne, détail de mosaïque
80
+
81
+ Sousse tunisie, Cupidon chevauche un dauphin IIIe siècle
82
+
83
+ Bague du XIIe siècle (Guigues VIII du Dauphiné, nom de province venant du titre du fils du Roi de France)
84
+
85
+ Héraldique, blason avant Renaissance
86
+
87
+ Palais des Doges Venise XIVe siècle, joueur de vielle chevauchant un dauphin (...monstre?)
88
+
89
+ Arion le poëte chevauche un dauphin, Dürer vers 1514
90
+
91
+ Château de Nagoya (Aichi) 1518 Japon, le faîte qui doit se prolonger vers le ciel est terminé par deux Dauphins (restauration 2009)
92
+
93
+ Fontaine des Quatre Dauphins, Aix-en-Provence, 1667
94
+
95
+ Dauphin[25] de rejet des eaux pluviales, fonte, après XVIIIe siècle
96
+
97
+ Beaulieu sur mer, élément d'architecture intérieure d'une reconstitution par l'« esprit » de l'Antiquité: Palais de Théodore Reinach; c'est un mouvement présent dans tout l'occident.
98
+
99
+ Illustration de 1900
100
+
101
+ Italie, billet 1965
102
+
103
+ Union Soviétique, timbre 1971
104
+
105
+ Knossos, mural reconstitué actuellement
106
+
107
+ sculpture de parc actuelle
108
+
109
+ Street art actuel
110
+
111
+ Costume de scène actuel
112
+
113
+ Le dauphin est l'emblème de la province du Dauphiné (d'or sur fond d'azur), en France. Le gouvernement de cette province ayant été confié au XIVe siècle au fils ainé du roi de France, celui-ci a pris le titre de dauphin. Il est aussi porté sur le blason du Forez et par élargissement sur les armes des Comtes de Forez (d'or sur fond de gueules).
114
+
115
+ Le dauphin (ainsi que les autres cétacés) est héraldiquement considéré comme un poisson.
116
+
117
+ Les Japonais consomment du dauphin. Le documentaire The Cove, la baie de la honte, récompensé par un Oscar en 2010, dénonce la chasse annuelle aux dauphins dans la baie de Taiji pour la consommation humaine[26].
118
+
119
+ Certains dauphins peuvent tenter d'avoir des relations sexuelles avec des humains, et devenir alors extrêmement dangereux pour eux, car ils sont capables de les entraîner à de grandes profondeurs. Le dauphin est un animal très fort, qui peut se montrer agressif[27].
120
+
121
+ Examinant des dauphins dans l'objectif de concevoir des missiles plus efficaces, l'armée américaine s'aperçoit que ces animaux peuvent être apprivoisés à des fins militaires et lance en 1960 le Programme de mammifères marins de l’U.S. Navy (U.S. Navy Marine Mammal Program, NMMP), basé à San Diego[28]. Ce programme concerne également l'emploi de l’otarie de Californie[réf. nécessaire]. L'armée américaine a déployé ses dauphins lors d'un combat de la guerre du Vietnam, pendant la guerre Iran-Irak et à l'occasion de la Convention nationale républicaine de 1996 à San Diego[28]. Le programme compte, en 2016, 85 grands dauphins, contre plus de 150 dauphins et bélugas entraînés et près de 50 lions de mer en 1995[28]. Elle se sert des dauphins pour trouver des mines sous-marines et repérer la présence de plongeurs ennemis, la qualité de leur sonar dépassant amplement celle des sonars fabriqués par l'Homme[28]. Si les États-Unis ont toujours démenti entraîner des dauphins à tuer, certains anciens dresseurs de la Marine ont affirmé le contraire[28]. Avant d'apprivoiser le dauphin, l'armée américaine avait utilisé des orques, des baleines blanches et des bélugas, qui s'avèrent moins précis[28]. Des activistes des droits des animaux ont intenté un procès en 1989 à la Marine pour avoir fait travailler des dauphins, habitués aux courants chauds, dans une eau quasi gelée à Puget Sound, causant ainsi la mort d’un des cétacés. La Marine a réglé le litige à l’amiable en s’engageant à suspendre le projet et à ne plus capturer de dauphins sauvages[28]. Le programme de mammifères marins de l’U.S. Navy a été supprimé en 2017[29].
122
+
123
+ Après avoir espionné l'armée américaine, l'Union Soviétique a lancé en 1965 un programme de formation de mammifères aquatiques, dont des dauphins pour des missions de combat à partir de 1973[28],[30][réf. non conforme]. D'après un colonel retraité de l'armée soviétique, celle-ci utilisait des dauphins pour accomplir des missions telles que détecter des sous-marins, repérer des mines ou encore protéger des bateaux et des ports[28]. La marine soviétique avait 70 grands dauphins. Le centre d'entraînement basé en Crimée a par la suite été géré par la marine ukrainienne, lequel disposait d'environ 25 dauphins en 2000[31], puis a été récupéré par la Russie lors de l'annexion de la Crimée en mars 2014[32]. En mars 2016, le gouvernement russe a annoncé qu’il cherchait à acquérir cinq dauphins de combat[28].
124
+
125
+ Aristote leur a consacré plusieurs pages dans Histoire des animaux et a également consigné ses méthodes d'observation, ce qui marque la naissance de la cétologie. Il a observé notamment le dauphin commun et le grand dauphin, mais aussi les grands cachalots. De nos jours plusieurs études sont réalisées sur les dauphins en liberté ou en captivité[33],[34].
126
+
127
+ Les delphinariums sont des aquariums artificiels présentant notamment des dauphins. Le plus souvent, les spécimens vivent dans un ensemble de bassins permettant leur élevage, leur dressage, leur entraînement, des performances publiques et, parfois, des activités de recherche. Le plus souvent, ils prennent place à l'intérieur de parcs zoologiques ou de parcs d'attraction.
128
+
129
+ L’élevage des dauphins au sein de delphinariums a plusieurs finalités : les faire découvrir au public, générer des revenus et, dans une moindre mesure, favoriser la recherche scientifique.
130
+
131
+ Le samedi 30 août 2014, les membres de l’association Réseau-Cétacé se sont mobilisés à la journée mondiale pour la protection des dauphins. Cette organisation défend les mammifères marins qui souffrent d'atrocité par les chasseurs. Cette journée s'est passée à Paris et à Nice, où ils menaient des actions publiques. Ils dénoncent le port de Taiji (Japon) et les îles Féroé (Danemark), où les dauphins sont harponnés en masse[35].
132
+
133
+ Le but principal et très lucratif de cette chasse de Taiji est de capturer des nourrissons pour les dresser et les vendre à des delphinariums, le prix d'un dauphin entrainé peut se négocier en centaines de milliers de dollars. Pour pouvoir capturer quelques nourrissons, un groupe entier de plusieurs dizaines de dauphins est attiré au fond d'une baie et massacré au harpon. Les cétacés adultes et ceux qui sont trop vieux pour être dressés sont tués pour vendre leur chair, malgré des concentrations très dangereuses de mercure[36].
134
+
135
+ L'association Réseau-Cétacé proposait à Paris, des stands, des boutiques, projection du documentaire The Cove dans le but d'informer et sensibiliser le public[37].
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+ Par analogie, quelques poissons sont aussi qualifiés de dauphins :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ L'immigration désigne l'entrée, dans un pays ou une aire géographique donnée, de personnes étrangères qui y viennent pour un long séjour ou pour s'y installer. Le mot immigration vient du latin in-migrare qui signifie « rentrer dans un lieu ». Elle correspond, vue du côté du pays de départ, à l'émigration. En marge de ce phénomène existe celui de la double nationalité et du nomadisme[1]. La notion d’immigré repose sur les déclarations de lieu de naissance et de nationalité.
2
+
3
+ Dans le cas des frontaliers, les migrations peuvent être quotidiennes (forme internationale de migration pendulaire).
4
+
5
+ Les études contemporaines d'archéopaléontologie, fondées sur la génétique, confirment que de grand mouvements migratoires existent depuis la préhistoire, de l'Afrique vers l'Europe par exemple, qu'il se sont poursuivis durant l'antiquité et après la Renaissance avec notamment la conquête de l'Amérique par les États européens.
6
+
7
+ Les preuves génétiques montrent par exemple qu'il n'existe pas de population moderne « purement » nationale ou européenne ; l'ADN et les isotopes conservés dans les dents et ossements anciens montrent au contraire que chaque individu résulte de migrations anciennes répétées et que les racines des peuples du monde sont très enchevêtrées[2]. Peu de personnes descendent réellement directement des squelettes préhistoriques ou anciens trouvés près de leurs lieux de résidence. Presque tous les Européens dits indigènes présentent des gènes provenant au moins de trois vagues migratoires majeures survenues dans les 15 000 dernières années, dont deux venant du Moyen-Orient[2].
8
+
9
+ Dans le monde seule une poignée de groupes (par exemple les aborigènes australiens) ont des lignées anciennes pas ou peu mélangées avec celles d'immigrants[2].
10
+
11
+ On a longtemps pensé que les hommes préhistoriques, de l'antiquité et de la période médiévale, étaient peu mobiles, mais les études génétiques et isotopiques de leurs restes montrent qu'outre quelques grandes vagues migratoires à échelle continentale (voire intercontinentales), bien avant l'apparition des moyens de locomotion mécaniques modernes (train, voiture, avion, etc.), des mouvements migratoires nombreux et diffus existaient à des échelles régionales et locales.
12
+
13
+ Une part de la population (religieux, marchants, enseignants, militaires, agents de l'État, certains artisans, bateliers et marins...) était plus mobile et souvent source de mélanges de population par exogamie ou enfants dits « illégitimes ».
14
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15
+ En Occident, avec la Révolution industrielle et l'apparition de nouveaux États (États-Unis, Allemagne, Italie), l'immigration fait plus référence aux nationalité et aux diasporas, comme la Polonia qui émigre dans les mines de charbon de la Ruhr allemande. Elle est parfois organisée à grande échelle comme en France au début des années 1920, quand la pénurie de main-d'œuvre touche des secteurs aussi divers que l'acier, le charbon, l'automobile et l'armement, avec des lois l'encourageant et la création, en 1924, de la Société générale d’immigration.
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+ Pour le migrant, l'émigration peut avoir une ou plusieurs motivations :
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+ Pour certains États, régions ou localités, l'immigration est un moyen de compenser un déficit des naissances ou encore d'assurer une quantité ou qualité de main-d'œuvre suffisante. Toutefois, l'immigration illégale va au-delà des souhaits des pays d’arrivée.
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+ Aujourd'hui, les flux de migrations sont orientés aussi bien des pays en développement vers les pays développés que d'un pays développé vers un autre[3] et d'un pays en développement vers un autre pays en développement (Sud-Sud). Les plus forts taux de travailleurs immigrés dans la population active se retrouvent dans les pays du Golfe Persique : 90 % aux Émirats arabes unis, 86 % au Qatar, 82 % au Koweït.
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+ Un migrant peut ne pas être en règle au regard de la législation sur l'immigration en vigueur dans le pays de destination.
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+ Des communes victime d'exode rural, comme Riace depuis 1998, en Italie ont une politique volontariste d'accueil de l'immigration afin notamment d'entretenir leur démographie et la vie économique locale[4]. En 2011, l'Osservatore Romano (le quotidien du Vatican) a cité cette bourgade comme un exemple à suivre vis-à-vis des immigrés[4].
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+ D'après l'historien Benoît Bréville, citant notamment l'exemple de l'ALENA nord-américaine, les accords de libre-échange favorisent généralement les mouvements de population[5].
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+ D'après le rapport du Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur les migrations internationales et le développement, remis en 2006[3], le monde compterait près de 200 millions de migrants. Un tiers environ se sont rendus d'un pays en développement vers un autre et un autre tiers d'un pays en développement vers un pays développé. Chaque pays adopte ses propres normes pour identifier les immigrés et les compter. Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés. Ainsi en France, on réserve la dénomination d’immigré aux seules personnes « nées étrangères à l’étranger », en excluant les personnes nées françaises (cas des Harkis, rapatriés d'Algérie, etc.). Par contre, selon la définition des Nations unies, est immigrée toute « personne née dans un autre pays que celui où elle réside ». Elle peut avoir la nationalité de son pays de naissance ou avoir une autre nationalité, notamment celle du pays dans lequel elle réside. Dans le premier cas, elle est étrangère, et dans le dernier, elle ne l’est pas, ayant la nationalité du pays où elle habite.
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+ Selon la définition des Nations unies précisée ci-dessus, la proportion des immigrés dans plusieurs pays en 2010 était la suivante[6],[7] :
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+ Les dix pays dans le monde qui comptent le plus d'immigrés en 2013 sont :
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+ Liste des 10 principaux pays d'origine des immigrés annuels en Australie, au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. Les pourcentages correspondent à la part de chaque pays dans le nombre total d'immigrés légaux au cours d'une année donnée. Les données les plus récentes disponibles sont utilisées.
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+
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+ Note : pour la France et le Royaume-Uni, les pays membres de l'Espace économique européen en dehors de la Roumanie sont exclus.
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+ Le rapport 2014 de l'OCDE sur les migrations internationales estime les entrées de migrants en 2013 dans l'OCDE à 3,8 millions, dont 990 000 aux États-Unis, 465 000 en Allemagne, 291 000 au Royaume-Uni, 258 900 en France[12], 258 400 en Italie[12], 253 500 en Australie et 209 800 en Espagne[12]. L’OCDE relève que les migrations de travail ont diminué de façon continue depuis la crise économique, reculant de 12 % en 2012. Cette baisse a été particulièrement notable dans l’Espace économique européen, où les migrations de travail ont reflué de presque 40 % entre 2007 et 2012. À l'inverse, le conflit en Syrie a contribué à l’augmentation de 20 % du nombre de demandes d’asile en 2013. Au total, plus de 550 000 personnes ont déposé une demande dans un pays de l’OCDE[13].
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+ Après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a commencé à accueillir des réfugiés venant d'autres pays africains (notamment des pays immédiatement voisins), souvent clandestins[14]. Le gouvernement a mis en place une politique stricte vis-à-vis de l'immigration illégale : un million de personnes ont été reconduites à la frontière dans les années 1990[15].
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+ En 2010, un total de 1 805 957 immigrés a été enregistré en Argentine.
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+ Tout comme les États-Unis et le Canada, l'Australie accueille un nombre important d'immigrés chaque année en particulier d’origine asiatique et européenne.
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+ Le Canada est un pays bien connu pour son bilinguisme (francophone et anglophone), sa stabilité politique ainsi que sa prospérité. Le statut de résident permanent peut être accordé à tout demandeur étranger après examen d'un dossier. Plusieurs programmes sont proposés dont le plus important est celui des travailleurs qualifiés qui a sélectionné 186 913 nouveaux immigrants économiques en 2010[16]. Dans le cadre de ce programme, la sélection dépend de l'attribution de points suivant la formation, la profession, l'âge, les langues maîtrisées, etc., mais aussi d'un examen médical et d'une enquête de sécurité. À travers ses différents programmes, le Canada a accueilli 280 681 nouveaux résidents permanents en 2010.
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+ Près de huit millions de personnes se sont installées aux États-Unis entre 2001 et 2005, légalement ou illégalement, selon le Centre d'étude de l'immigration. C'est un rythme de 2,5 supérieur à celui de la grande vague d'Européens arrivés autour de 1910 sur le Nouveau Continent.
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+ Les États-Unis accordent environ 675 000 visas aux immigrants chaque année, mais ceux-ci sont limités à 20 000 par pays. La règle est celle de l'ordre chronologique des demandes ; il existe deux grandes causes principales d'immigration : le regroupement familial et la recherche d'un travail. Depuis 1990, l'organisation passe aussi par l'attribution ou non de carte verte donnée à l'issue d'une loterie due à une forte demande. La carte verte n'est cependant utile que pour devenir salarié aux États-Unis, pas pour y créer une entreprise ! C'est parce qu'il ne pouvait pas obtenir de carte verte que Philippe Kahn, qui désirait rester aux États-Unis, a créé la société Borland International (avec succès). En raison d'une tradition de droit du sol, tout enfant né sur le territoire des États-Unis peut être déclaré citoyen américain. Le mariage avec une personne de nationalité américaine ne confère pas en revanche par ce seul fait la nationalité de ce pays.
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+ En 2006, 1,2 million de clandestins ont été arrêtés en tentant d'entrer aux États-Unis via le Texas, l'Arizona, le Nouveau-Mexique et la Californie.
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+ La crise migratoire en Europe ou crise des réfugiés en Europe fait référence à l'augmentation dans les années 2010 du nombre de migrants — principalement des réfugiés — arrivant dans l'Union européenne via la mer Méditerranée et les Balkans, depuis l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud.
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+ Cette crise est notamment provoquée par les réfugiés syriens et érythréens.
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+ L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a relevé cinq routes de voyages privilégiées par les migrants et les réfugiés : la route de l'Afrique de l'Ouest, la route de l'Ouest méditerranéen, la route des Balkans, la route de l'Est méditerranéen et enfin la route centrale qui mène de la Tunisie et de la Libye vers l’Italie. Frontex a publié une carte des trajets migratoires et schématise les trajets suivants :
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+ D'après Frontex, les trois principaux pays d'origine des migrants au cours de l'année 2014 sont : la Syrie (27,9 %), l'Érythrée (12,2 %) et l'Afghanistan (7,8 %)[22].
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+ Si la plupart des pays européens sont aujourd'hui des terres d'immigration, la situation est très différente d'un pays à un autre. Dans les pays d'Europe du Sud, l'immigration, plus récente, concerne surtout l'agriculture, le bâtiment et les services alors qu'elle est plus diversifiée dans les pays d’Europe du Nord, où le regroupement familial favorise par ailleurs la constitution de communautés.
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+ Les droits des immigrés dépendent du pays d'accueil et de celui d'origine ; les pays de l’Union accordent (sous conditions minimales, la plus courante étant la réciprocité) un droit de vote et d'éligibilité aux résidents étrangers pour les élections locales aux citoyens des autres pays de l'Union ; certains pays l'accordent aussi à des citoyens d'autres pays.
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+ L'importance de la nationalité et la façon dont elle s'acquiert est un autre paramètre très variable et très important, avec grosso modo trois approches. Celles-ci incluent : droit « du sol » (ex., tradition française bien antérieure à la Révolution), droit « du sang » (ex., tradition germanique) et manifestation de volonté et décision des autorités (ex., tradition britannique basé sur le passeport accordé de façon très libérale). Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés, chaque pays adoptant ses propres normes pour les identifier et les compter.
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+ Il y avait en 2010, selon Eurostat, 47,3 millions de personnes nés à l'étranger qui vivaient dans l'UE27, dont 16,0 millions (3,2 %) nés dans un autre État membre de l'UE27 et 31,4 millions (6,3 %) nés dans un pays hors de l'UE27. Au total, la population née à l'étranger comptait pour 9,4 % de la population totale de l'UE27. Les pays avec le plus grand nombre de personnes nées hors de l'UE27 sont l'Allemagne (6,4 millions), la France (5,1 millions), le Royaume-Uni (4,8 millions), l'Espagne (4,1 millions), l'Italie (3,2 millions) et les Pays-Bas (1,4 million)[23].
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+ Alors que la dernière édition du « micro-recensement » (mikrozensus) de 2005 avait montré que 15,3 millions de personnes vivant en Allemagne sont d’origine étrangère ou issus de l’immigration sur une population totale de 82,2 millions d'habitants, l’édition 2010 porte ce nombre à plus de 16 millions, dont 3,3 millions de « rapatriés » (voir ci-dessous), sur une population totale de 81,8 millions d'habitants en 2009, soit 19,6 % de la population. Cette hausse s’explique d’un côté par un recul de 1,3 million de la population de souche allemande (mortalité), de l’autre par une hausse de 715 000 de la population étrangère ou issue de l’immigration (naissances et regroupement familial)[24]. Ceci inclut toutes les personnes « ayant un antécédent migratoire » (migrationshintergrund). Sur les 16 millions d'habitants ayant une migrationshintergrund en Allemagne, on compte ainsi des enfants pourvu d'un parent de souche allemande. Si cette population d'origine immigrée ou étrangère correspond à 19,6 % de la population totale du pays en 2009, ce taux est de plus de 33 % pour la population de 0 à 5 ans.
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+ En Allemagne, c'est le concept de migrationshintergrund qui prévaut dans les statistiques, expression que l'on pourrait traduire par « ayant un antécédent migratoire ». La population est ainsi, en quelque sorte, comptabilisée entre population de pure souche allemande et population mélangée et d'origine étrangère. L'année 1950 est l'année de référence avant laquelle toute origine étrangère ou toute migration est ignorée. Cela s'explique facilement par l'extrême homogénéité de la population allemande après la Seconde Guerre mondiale, résultat de l'eugénisme nazi. Est ainsi désigné comme personne ayant une « migrationshintergrund » toute personne :
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+ Ceci implique que seront comptabilisées, dans la population mit migrationshintergrund à la fois un individu ayant un parent autrichien et un parent allemand, un individu dont tous les grands-parents sont d'origine turque, ou encore un individu d'origine allemande lointaine revenu en tant que spätaussiedler. Contrairement aux Pays-Bas, par exemple, où la différence entre « autochtone » et « allochtone » n'est valide que sur les 1re et 2e générations, les statistiques allemandes prévoient, a priori, de chiffrer l'ensemble des descendants (nachkommen), y compris les mélanges. De 1985 à 1990 inclus, l'Allemagne a reçu non moins de 2 300 000 immigrés supplémentaires, en grande partie originaires des pays de l'Europe de l'Est, mais cet important apport n'a pas réussi à empêcher la baisse de la natalité allemande en 1991-92 (chute de 905 675 naissances en 1990 à 809 114 en 1992 soit une perte de 10 %), et le mouvement ne s'arrêta pas à ce niveau. De nouveaux plus bas furent enregistrés, en 94-95 d'abord, puis au cours des premières années du XXIe siècle (766 999 naissances en 2000 contre 673 675 en 2006, soit une perte de 12,6 %).
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+ Cependant, dans cette population issue des flux migratoires, il faut noter que les gens issus du rapatriement des populations allemandes installées depuis des générations en Europe de l'Est et en particulier en Russie sont comptabilisés dans la population « issue des flux migratoires », avec migrationshintergrund. Le nombre de ces aussiedler ou spätaussiedler s'élèverait à au moins 3,3 millions de personnes. Les Allemands de Russie (Russlanddeutsche) forment la grande majorité de ce groupe. Cette population est venue en Russie appelés par Catherine de Russie pour développer les terres de la Volga et d'Ukraine. Cette minorité ethnique, à laquelle les tsars avaient accordé la liberté de culte et d'autres privilèges, en particulier financiers, s'intégra peu et se mélangea encore moins à la population russe. Persécutés sous Staline, déportés vers l'Asie centrale et la Sibérie par myriades en 1941, ces « Allemands de Russie » se sont précipités en grand nombre vers leur lointaine mère patrie dans les années 1990, dès la chute du rideau de fer[25].
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+ Longtemps pays d'émigration vers l'Europe et l'Amérique latine, l'Espagne est devenue une terre d'accueil dans les années 1980. Il y avait officiellement 100 000 immigrés en 2005[26]. Les principaux pays d'origine des immigrants sont le Maroc, l'Équateur et la Roumanie. En 2010, la proportion d'immigrés était de 14 %[6].
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+ L'Espagne est un lieu de destination de transit pour les immigrés clandestins en provenance d'Afrique. Elle doit faire face à une arrivée massive de clandestins africains sur les îles Canaries. Au cours des cinq premiers mois de 2006, plus de 7500 immigrés clandestins ont débarqué sur les côtes de cet archipel espagnol[27]. Le Premier ministre a dû répondre aux attaques de l'opposition sur cette question et a demandé le soutien de l'Union européenne. Celle-ci a promis l'envoi de patrouilles aéronavales afin de surveiller la région. D'autre part, le gouvernement espagnol a renforcé sa collaboration diplomatique avec les pays d'Afrique de l'Ouest. Le journal La Razon a révélé que sur les quatre premiers mois de 2006, 60 000 Roumains et Bulgares étaient arrivés en Espagne. Il a rappelé que l'immigration la plus importante venait d'Amérique latine et d'Europe centrale.
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+ L'Espagne a procédé à plusieurs opérations de régularisation d'immigrés clandestins depuis les années 1980. La dernière opération en date, lancée par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, a abouti à la régularisation de 700 000 personnes entre février et mai 2005. Certains pays membres de l'espace de Schengen, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, ont critiqué cette mesure car les immigrés munis de papiers attribués par l'Espagne peuvent ensuite circuler librement dans les autres pays[28].
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+ Selon Cris Beauchemin, chercheur à l'INED, on peut estimer en 2018 que deux personnes sur cinq (soit 40 % de la population vivant en France) sont issues de l’immigration sur trois générations[29].
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+ Les mobilités locales semblent en France au XVIIIe siècle, au vu des registres paroissiaux et d'état-civil, souvent limitées. Ainsi, les nouveaux conjoints de quelques villages étudiés dans les Pyrénées venaient généralement d'un rayon d'une quinzaine de kilomètres[30]. Ces registres peuvent cependant cacher l'origine de nombreux enfants illégitimes et la mobilité de certains couples, ce qui rend difficile la reconstitution des généalogies réelles[30],[31] et même sans tenir compte de ces marges d'erreur, et sans analyse génétique à l'appui, des villages français isolés montrent une exogamie « non négligeable » et qui va souvent croître avec de le développement des voies de communication. Cette part d'exogamie est l'un des indicateurs de mobilité géographique des personnes[32],[33], et même si elle est réduite (au sein du village comme « unité d'engogamie territoriale ») « suffit à assurer un renouvellement assez rapide du patrimoine génétique dans le village »[30]. Une grande partie de la population était supposée sédentaire, vivant essentiellement dans un rayon de 7 km, et jusqu'au début du XIXe siècle ayant pour seul mode de transport la marche, la vie se déroulait presque entièrement dans cet espace. Les échanges de produits se faisaient essentiellement de proche en proche, 90 % des biens disponibles étant produits dans un rayon de 7 km.
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+ À la fin du XVIIIe siècle, le découpage du territoire français en communes tient compte de la distance parcourue à pied en une journée. À l'époque, on parlait même parfois d'immigré quand une personne venait du village voisin le plus proche, les mariages inter-villages étant alors mal vus[réf. nécessaire]. L'exode rural est à certaines époques important[30], de même que le phénomène d'attraction des grandes villes.
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+ En France l'INSEE définit actuellement comme immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France » ; « après son arrivée en France, il peut devenir français par acquisition (immigré français) ou garder sa nationalité (immigré étranger) […] Des personnes nées françaises à l’étranger sont donc exclues de cette définition ».
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+ Selon l'INED et le recensement de 1999, environ 13,5 millions des personnes vivant en France en 1999 avaient une origine étrangère totale ou partielle sur trois générations, soit 23 % de la population[34]. Gérard Noiriel estime en 2002 cette part à environ 33 % si l'on remonte jusqu'aux arrière-grands parents[35]. En 2014 l'historien Pascal Blanchard conclue que les Français sont quasi majoritairement issus de l'immigration récente puisqu'« un quart des Français ont une origine extra-européenne (le plus souvent coloniale, y compris pour les « rapatriés » dont les parents étaient souvent étrangers) sur trois ou quatre générations et un autre quart ont un grand-parent au moins issu des immigrations intra-européennes »[36].
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+ En 2013, la France accueille, selon la définition internationale des Nations unies (« personne née dans un autre pays que celui où elle réside »), 7,4 millions de personnes, soit 11,6 % de sa population, dont environ 5,5 millions (8,3 %) nées hors de l'Union européenne. Elle serait ainsi au septième rang mondial pour le nombre d'immigrés, derrière les États-Unis (45,8 millions), la Russie (11), l'Allemagne (9,8), l'Arabie saoudite (9,1), les États Arabes Unies (7,8), le Royaume-Uni(7,8). Comparée aux pays européens la France (11,6 %) serait derrière le Luxembourg (43,3 %), la Suède (15,9 %), l'Irlande (15,9 %), l'Autriche (15,7 %), l'Espagne (13,8 %), le Royaume-Uni (12,4 %), l'Allemagne (11,9 %), mais devant l'Italie (9,4 %)[37]. Dans l'Union européenne la France compte proportionnellement plus de personnes issues de l'immigration (1re et 2e générations) chez les personnes âgées de 25 à 54 ans (avec 13,1 % d'immigrés et 13,5 % d'enfants d'au moins un immigré, soit un total de 26,6 %), devant le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,9 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %)[38].
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+ En 2012, 5,7 millions d’immigrés (au sens « personne née étrangère dans un pays étranger ») vivaient en France, soit 8,7 % de sa population globale[39]. 40 % d’entre eux avaient la nationalité française (acquise par naturalisation ou mariage)[40],[41]. Les enfants d'immigrés, descendants directs d'un ou de deux immigrés étaient en 2008 6,5 millions de personnes (11 % de la population). Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés[42].
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+ Les immigrés sont principalement européens (34 %) et du Maghreb (30 %), puis d'Asie (14 %, dont le tiers de la Turquie) et d'Afrique subsaharienne (11 %)[41]. Immigrés et leurs enfants (seconde génération) étaient 11,8 millions en 2008 (dont un peu plus de 5 millions d'origine européenne et 4 millions d'origine maghrébine), soit 19 % de la population[43].
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+ En 2004, l'immigration vers la France était principalement d'origine africaine (Maghreb et Afrique subsaharienne). Sur les 210 075 personnes étrangères (immigrés et demandeurs d'asile), 100 567 venaient d’Afrique[44].
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+ 40 % des immigrés résident en Île-de-France (un habitant sur trois y est immigré ou descendant direct d'immigré), 11 % en Rhône-Alpes et 9 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur[45].
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+ De 1977 à 2013, 7,8 millions de personnes nées en métropole sur un total de 28,3 millions de naissances (27,6 %), soit les personnes âgées de moins de 37 ans au 1er janvier 2014, ont au moins un parent né à l'étranger (21,5 % au moins un parent né hors de l'Europe). En 2013, 28,2 % des enfants nés en métropole ont au moins un de leurs parents né à l'étranger (24,7 % un parent né hors de l'Union européenne), contre 24,3 % en 2003. Pour la seule Métropole, cette proportion avait diminué, passant de 31,5 %, son point le plus haut en 1988, à 22,4 % en 2000 ; mais depuis 2001 elle augmente régulièrement[46],[47],[48]. Si l'on remonte jusqu'aux grands-parents, près de 40 % des nouveau-nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent immigré (16 % au moins un grand-parent né au Maghreb, 11 % au moins un grand-parent né dans l'Union européenne et 13 % au moins un grand-parent né dans une autre région du monde)[49],[50].
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+ Les phénomènes d'immigration, d'expatriation et d'assimilation font partie des phénomènes démographiques suivis, en France, par l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Economiques) ; ils demandent des statistiques suivies sur le temps long :
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+ « Pour étudier l'assimilation des populations étrangères, il est fondamental de prendre en compte le temps. L'enquête rétrospective, qui recueille les histoires de vie des enquêtes, permet d'introduire une dimension temporelle. En choisissant de mettre l'accent sur les informations de nature rétrospective, nous étions amenés à préférer, par voie de conséquence, les faits aux opinions et attitudes, car la remémoration des événements est plus facile et moins entachée de réinterprétation. »
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+ — Michèle Tribalat, Patrick Simon, Benoît Riandey[51]
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+ Flux inverse de l’immigration, l'émigration est un phénomène en croissance en France avec, au 30 avril 2013, plus de 1 610 000 français inscrits au Registre mondial des Français établis hors de France, non-compris environ 500 000 Français « non-inscrits » mais signalés par les postes consulaires, alors que 12 ans plus tôt, fin 2001, ces émigrés n'étaient qu'environ un million ; l’augmentation récente des sorties de personnes nées en France vient gonfler la présence française à l’étranger. Selon l'INSEE en 2013, « un peu moins de 3 millions et demi de personnes nées en France vivraient à l’étranger »[54].
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+ Pays d'émigration jusqu'aux années 1960, l'Italie est devenue progressivement une terre d'immigration. Depuis les années 1990, l'Italie a ainsi accueilli de nombreux réfugiés en provenance de l'ex-Yougoslavie, ainsi que de Somalie. Le nombre officiel d'immigrés était de 3 millions fin 2005[26]. L'Italie fait aussi face à des vagues d'immigration clandestine, en particulier par voie de mer : Albanais sur la côte des Pouilles, Africains sur l'île de Lampedusa au sud du pays. Le gouvernement Berlusconi (2001-2006) a mis en place des vols charters vers les pays d'origine et a tenté de lutter contre l'arrivée d'immigrés clandestins par bateau. En 2005, 207 bateaux ont été arraisonnés par les autorités italiennes à proximité du littoral, sur un total estimé de 22 000 immigrés clandestins[55]. Par ailleurs, le gouvernement a régularisé 690 000 clandestins en 2003.
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+ En 2002, la loi Bossi-Fini crée un fichier d'empreintes génétiques pour les demandeurs de visas, et des quotas annuels d'immigrés pouvant être accueillis pour les besoins du marché du travail et selon les capacités d'intégration économique du pays. En 2006, 170 000 immigrés pourraient ainsi entrer légalement en Italie[56]. Le gouvernement Prodi, entré en fonction au printemps 2006, a annoncé sa volonté de revenir sur la plupart des dispositions de la loi Fini-Bossi et de faciliter l'obtention de la citoyenneté italienne. Il n'y est pas parvenu et après les élections du 13 et 14 avril 2008, le quatrième gouvernement Berlusconi est entré en fonction le 9 mai 2008. Ce gouvernement considère l'introduction du crime d'immigration clandestine et d'autres mesures facilitant les expulsions des immigrés irréguliers
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+ En 2011, à la suite de la révolution tunisienne, l'île de Lampedusa a connu des arrivées massives de personnes en provenance de Tunisie, qui ont profité de l'absence de surveillance sur les côtes tunisiennes. Presque cinq mille personnes sont ainsi entrées en un seul weekend; au total, les autorités italiennes ont arrêté environ quinze mille personnes. Un grand nombre des arrivants ont ensuite quitté l'Italie[réf. nécessaire].
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+ Aux Pays-Bas, les candidats à l'immigration doivent passer un test d'aptitude sur la culture et la langue néerlandaises, et suivre des cours de langue (obligatoires mais gratuits) et un projet de loi prévoit de faire passer ce test à des immigrés présents depuis longtemps sur le sol des Pays-Bas. La municipalité de droite de Rotterdam a édicté en janvier 2006 un code de bonne conduite aux étrangers qui leur impose d'utiliser le néerlandais dans les lieux publics[56]. Depuis le changement de majorité, l'application en est suspendue.
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+ Le Royaume-Uni après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la fin de l'Empire britannique a connu une immigration importante issue de ses anciennes colonies. Les membres du Commonwealth gardaient le titre de « citoyen britannique » leur permettant de venir et travailler librement au Royaume-Uni. À la fin des années 1950, de premières tensions naissent entre immigrés et Britanniques de souche dans certains quartiers comme Notting Hill à Londres. Les problèmes économiques rencontrés par le Royaume-Uni au cours de la décennie suivante la poussent à mettre en place les premières mesures de restriction de l'immigration. Les habitants du Commonwealth ne peuvent plus venir s'installer librement sur le sol britannique. À la fin des années 1960, l'immigration nouvelle diminue, au profit du regroupement familial, alors que le gouvernement mène une politique de lutte contre les discriminations qui, contrairement aux politiques françaises, se base sur la reconnaissance des catégories ethniques qui figurent dans les recensements. Une Commission for Racial Equality (CRE) lutte contre les discriminations et pour l'intégration des personnes de toutes races. Indépendante du gouvernement, cette commission favorise la représentation des minorités ethniques dans la vie publique. Elle décerne un prix annuel de la personnalité médiatique (par exemple remis en 2005 au footballeur Thierry Henry).
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+ Dans les années 2000, ce modèle multiculturaliste est débattu ; on lui reproche de limiter l'intégration des communautés ethniques dans la société, critique renforcée après les attentats de juillet 2005 à Londres dont plusieurs des principaux suspects étaient des citoyens du Royaume-Uni. Le gouvernement de Tony Blair envisage ainsi de modifier le statut des demandeurs d'asile en limitant leur droit de séjour (non permanent, limité à 5 ans) tout en favorisant une immigration d'élites via des permis de séjour et de travail attribués en fonction de l'âge des postulants, de leur qualification et expérience professionnelles, et de leur connaissance de l'anglais...
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127
+ En 2007, la Russie veut faire passer le nombre de ressortissants des pays de la CEI travaillant sur son territoire de onze à six millions[57] alors qu'une loi sur l'immigration permet notamment de limiter le travail des ONG, notamment lorsqu'il s'agit d'étrangers militants des droits de l'homme[58]. Fin 2008, la Russie comptait quelque 10 millions d’immigrés[59].
128
+
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+ D'après la définition de l'Office fédéral de la statistique (OFS), la population immigrée se compose de « toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui ne sont pas nées en Suisse et qui y ont donc immigré », incluant donc les Suisses de l'étranger venus s'établir en Suisse, d'une part, excluant les personnes étrangères nées en Suisse. Selon l'OFS, la population descendante d'immigrés comprend « toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui sont nées en Suisse et dont au moins un parent est né à l'étranger ».
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+ En 2001, 2,1 millions d’immigrés et de descendants d’immigrés de 15 ans ou plus vivaient en Suisse. En y ajoutant les 300 000 enfants de moins de 15 ans, il y aurait environ 2,4 millions de personnes (33 % de la population résidente permanente, chiffre composé aux deux tiers par les immigrés et pour un tiers par leurs descendants[60].
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+ Selon l'OCDE, en 2012, la Confédération a accueilli le plus grand nombre d'immigrés proportionnellement à sa population soit 1,6 %, soit 125 600 migrants. La Suisse devance ainsi la Norvège (1,2 %) et l'Australie (1,1 %). La moyenne des pays de l'OCDE est 0,6 %. L'Autriche est à 0,6 %, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni sont à 0,5 % et l'Italie et la France sont à 0,4 %[61]. En 2012, la Suisse a donc accueilli en proportion quatre fois plus de migrants que la France (258 900 migrants) pour un territoire 15 fois plus petit. L'augmentation du nombre d'immigrés s'est poursuivie en 2013, avec 136 200 nouvelles arrivées. Les principaux pays de provenance sont l'Allemagne (18 % du total), le Portugal, l'Italie, la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Pologne, l'Autriche et l'Inde[62].
134
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+ Avec 20 000 demandeurs en 2013 et Modèle:26000 en 2012, la Suisse est en huitième position en ce qui concerne les demandes d'asile.
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+ L'immigration illégale concerne les habitants de pays plus pauvres qui cherchent un meilleur niveau de vie dans les pays plus riches.
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+ Cela se fait illégalement, et les clandestins prennent fréquemment des risques importants pouvant mettre leur propre vie en péril afin de rejoindre des pays présentant des conditions de vie qu'ils espèrent meilleures. Ils n'hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l'aventure souvent « aidés » dans cette entreprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, montagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.
140
+
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+ La plupart des études effectuées concluent que l'immigration n'a pas d'incidence sur le salaire ou l'emploi moyens des natifs. L'immigration n’induirait qu'un changement d'échelle : une augmentation proportionnelle de la population, de l'emploi et de la production sans incidence sur le niveau du salaire moyen. Ces résultats ne sont toutefois pas généralisables à l’ensemble des contextes migratoires « car ils portent majoritairement sur des épisodes d’immigration traditionnelle où les flux sont plutôt modestes, stables et parfaitement anticipés »[63].
142
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143
+ En revanche, une série d'études analysant les réactions des salaires et de l'emploi à des épisodes d'immigration exceptionnelle, montre que « lorsque l’arrivée de migrants est massive, soudaine et imprévue », les effets de l'immigration sur le marché du travail peuvent créer des effets de plus long terme. C'est ce qu'indique l'étude du rapatriement des 600 000 Français d’Algérie en 1962 ou encore celle du rapatriement des 500 000 Portugais d'Angola et du Mozambique en 1974-75[63]. C'est également le cas en Allemagne après l'entrée imprévue de travailleurs tchèques dans le sud-est du pays en 1992 ou en Turquie après l'arrivée des réfugiés syriens en 2012[63]. Ces études montrent que ces afflux de population ont eu tendance à réduire les salaires et/ou les opportunités d’emploi des natifs dans les premières années suivant le choc migratoire[63].
144
+
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+ L'étude qui porte sur les rapatriés d'Algérie montre que ces effets dépressifs n'ont disparu qu'à l'horizon de 10 à 15 ans[63]. De la même façon, l'économiste américain George J. Borjas avait montré que l'afflux de plus de 125 000 réfugiés cubains dans la ville de Miami en 1980, 60 % de ces réfugiés étant sans diplôme, avait eu pour conséquence de réduire le salaire des travailleurs natifs non qualifiés par rapport à celui des qualifiés[63]. Borjas a publié un certain nombre d'études qui concluent que l'immigration peu qualifiée affecte négativement les natifs peu qualifiés (tout en affectant positivement les natifs moyennement et hautement qualifiés), une proposition qui est débattue parmi les économistes[64].
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+ D'autres études menées au Canada et en France (respectivement en 2007 et 2015) suggèrent, elles, que l'immigration[65]. des dernières décennies dans ces pays a surtout augmenté le nombre relatif de travailleurs qualifiés, réduisant le salaire des travailleurs qualifiés et augmentant celui des faiblement qualifiés[63].
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+ D'après l'enquête PISA, la moitié des élèves des Émirats arabes unis, du Luxembourg, de Macao (Chine) et du Qatar sont issus de l’immigration. Seulement un élève sur trois est issu de l'immigration au Canada, à Hong Kong (Chine) et en Suisse[66].
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+ L'immigration désigne l'entrée, dans un pays ou une aire géographique donnée, de personnes étrangères qui y viennent pour un long séjour ou pour s'y installer. Le mot immigration vient du latin in-migrare qui signifie « rentrer dans un lieu ». Elle correspond, vue du côté du pays de départ, à l'émigration. En marge de ce phénomène existe celui de la double nationalité et du nomadisme[1]. La notion d’immigré repose sur les déclarations de lieu de naissance et de nationalité.
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+ Dans le cas des frontaliers, les migrations peuvent être quotidiennes (forme internationale de migration pendulaire).
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+ Les études contemporaines d'archéopaléontologie, fondées sur la génétique, confirment que de grand mouvements migratoires existent depuis la préhistoire, de l'Afrique vers l'Europe par exemple, qu'il se sont poursuivis durant l'antiquité et après la Renaissance avec notamment la conquête de l'Amérique par les États européens.
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+ Les preuves génétiques montrent par exemple qu'il n'existe pas de population moderne « purement » nationale ou européenne ; l'ADN et les isotopes conservés dans les dents et ossements anciens montrent au contraire que chaque individu résulte de migrations anciennes répétées et que les racines des peuples du monde sont très enchevêtrées[2]. Peu de personnes descendent réellement directement des squelettes préhistoriques ou anciens trouvés près de leurs lieux de résidence. Presque tous les Européens dits indigènes présentent des gènes provenant au moins de trois vagues migratoires majeures survenues dans les 15 000 dernières années, dont deux venant du Moyen-Orient[2].
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+
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+ Dans le monde seule une poignée de groupes (par exemple les aborigènes australiens) ont des lignées anciennes pas ou peu mélangées avec celles d'immigrants[2].
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+ On a longtemps pensé que les hommes préhistoriques, de l'antiquité et de la période médiévale, étaient peu mobiles, mais les études génétiques et isotopiques de leurs restes montrent qu'outre quelques grandes vagues migratoires à échelle continentale (voire intercontinentales), bien avant l'apparition des moyens de locomotion mécaniques modernes (train, voiture, avion, etc.), des mouvements migratoires nombreux et diffus existaient à des échelles régionales et locales.
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+
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+ Une part de la population (religieux, marchants, enseignants, militaires, agents de l'État, certains artisans, bateliers et marins...) était plus mobile et souvent source de mélanges de population par exogamie ou enfants dits « illégitimes ».
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+
15
+ En Occident, avec la Révolution industrielle et l'apparition de nouveaux États (États-Unis, Allemagne, Italie), l'immigration fait plus référence aux nationalité et aux diasporas, comme la Polonia qui émigre dans les mines de charbon de la Ruhr allemande. Elle est parfois organisée à grande échelle comme en France au début des années 1920, quand la pénurie de main-d'œuvre touche des secteurs aussi divers que l'acier, le charbon, l'automobile et l'armement, avec des lois l'encourageant et la création, en 1924, de la Société générale d’immigration.
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+ Pour le migrant, l'émigration peut avoir une ou plusieurs motivations :
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+ Pour certains États, régions ou localités, l'immigration est un moyen de compenser un déficit des naissances ou encore d'assurer une quantité ou qualité de main-d'œuvre suffisante. Toutefois, l'immigration illégale va au-delà des souhaits des pays d’arrivée.
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+
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+ Aujourd'hui, les flux de migrations sont orientés aussi bien des pays en développement vers les pays développés que d'un pays développé vers un autre[3] et d'un pays en développement vers un autre pays en développement (Sud-Sud). Les plus forts taux de travailleurs immigrés dans la population active se retrouvent dans les pays du Golfe Persique : 90 % aux Émirats arabes unis, 86 % au Qatar, 82 % au Koweït.
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+ Un migrant peut ne pas être en règle au regard de la législation sur l'immigration en vigueur dans le pays de destination.
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25
+ Des communes victime d'exode rural, comme Riace depuis 1998, en Italie ont une politique volontariste d'accueil de l'immigration afin notamment d'entretenir leur démographie et la vie économique locale[4]. En 2011, l'Osservatore Romano (le quotidien du Vatican) a cité cette bourgade comme un exemple à suivre vis-à-vis des immigrés[4].
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27
+ D'après l'historien Benoît Bréville, citant notamment l'exemple de l'ALENA nord-américaine, les accords de libre-échange favorisent généralement les mouvements de population[5].
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+ D'après le rapport du Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur les migrations internationales et le développement, remis en 2006[3], le monde compterait près de 200 millions de migrants. Un tiers environ se sont rendus d'un pays en développement vers un autre et un autre tiers d'un pays en développement vers un pays développé. Chaque pays adopte ses propres normes pour identifier les immigrés et les compter. Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés. Ainsi en France, on réserve la dénomination d’immigré aux seules personnes « nées étrangères à l’étranger », en excluant les personnes nées françaises (cas des Harkis, rapatriés d'Algérie, etc.). Par contre, selon la définition des Nations unies, est immigrée toute « personne née dans un autre pays que celui où elle réside ». Elle peut avoir la nationalité de son pays de naissance ou avoir une autre nationalité, notamment celle du pays dans lequel elle réside. Dans le premier cas, elle est étrangère, et dans le dernier, elle ne l’est pas, ayant la nationalité du pays où elle habite.
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+ Selon la définition des Nations unies précisée ci-dessus, la proportion des immigrés dans plusieurs pays en 2010 était la suivante[6],[7] :
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+ Les dix pays dans le monde qui comptent le plus d'immigrés en 2013 sont :
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+ Liste des 10 principaux pays d'origine des immigrés annuels en Australie, au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. Les pourcentages correspondent à la part de chaque pays dans le nombre total d'immigrés légaux au cours d'une année donnée. Les données les plus récentes disponibles sont utilisées.
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+
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+ Note : pour la France et le Royaume-Uni, les pays membres de l'Espace économique européen en dehors de la Roumanie sont exclus.
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+ Le rapport 2014 de l'OCDE sur les migrations internationales estime les entrées de migrants en 2013 dans l'OCDE à 3,8 millions, dont 990 000 aux États-Unis, 465 000 en Allemagne, 291 000 au Royaume-Uni, 258 900 en France[12], 258 400 en Italie[12], 253 500 en Australie et 209 800 en Espagne[12]. L’OCDE relève que les migrations de travail ont diminué de façon continue depuis la crise économique, reculant de 12 % en 2012. Cette baisse a été particulièrement notable dans l’Espace économique européen, où les migrations de travail ont reflué de presque 40 % entre 2007 et 2012. À l'inverse, le conflit en Syrie a contribué à l’augmentation de 20 % du nombre de demandes d’asile en 2013. Au total, plus de 550 000 personnes ont déposé une demande dans un pays de l’OCDE[13].
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+
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+ Après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a commencé à accueillir des réfugiés venant d'autres pays africains (notamment des pays immédiatement voisins), souvent clandestins[14]. Le gouvernement a mis en place une politique stricte vis-à-vis de l'immigration illégale : un million de personnes ont été reconduites à la frontière dans les années 1990[15].
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+ En 2010, un total de 1 805 957 immigrés a été enregistré en Argentine.
44
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+ Tout comme les États-Unis et le Canada, l'Australie accueille un nombre important d'immigrés chaque année en particulier d’origine asiatique et européenne.
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+ Le Canada est un pays bien connu pour son bilinguisme (francophone et anglophone), sa stabilité politique ainsi que sa prospérité. Le statut de résident permanent peut être accordé à tout demandeur étranger après examen d'un dossier. Plusieurs programmes sont proposés dont le plus important est celui des travailleurs qualifiés qui a sélectionné 186 913 nouveaux immigrants économiques en 2010[16]. Dans le cadre de ce programme, la sélection dépend de l'attribution de points suivant la formation, la profession, l'âge, les langues maîtrisées, etc., mais aussi d'un examen médical et d'une enquête de sécurité. À travers ses différents programmes, le Canada a accueilli 280 681 nouveaux résidents permanents en 2010.
48
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+ Près de huit millions de personnes se sont installées aux États-Unis entre 2001 et 2005, légalement ou illégalement, selon le Centre d'étude de l'immigration. C'est un rythme de 2,5 supérieur à celui de la grande vague d'Européens arrivés autour de 1910 sur le Nouveau Continent.
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+ Les États-Unis accordent environ 675 000 visas aux immigrants chaque année, mais ceux-ci sont limités à 20 000 par pays. La règle est celle de l'ordre chronologique des demandes ; il existe deux grandes causes principales d'immigration : le regroupement familial et la recherche d'un travail. Depuis 1990, l'organisation passe aussi par l'attribution ou non de carte verte donnée à l'issue d'une loterie due à une forte demande. La carte verte n'est cependant utile que pour devenir salarié aux États-Unis, pas pour y créer une entreprise ! C'est parce qu'il ne pouvait pas obtenir de carte verte que Philippe Kahn, qui désirait rester aux États-Unis, a créé la société Borland International (avec succès). En raison d'une tradition de droit du sol, tout enfant né sur le territoire des États-Unis peut être déclaré citoyen américain. Le mariage avec une personne de nationalité américaine ne confère pas en revanche par ce seul fait la nationalité de ce pays.
52
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+ En 2006, 1,2 million de clandestins ont été arrêtés en tentant d'entrer aux États-Unis via le Texas, l'Arizona, le Nouveau-Mexique et la Californie.
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+ La crise migratoire en Europe ou crise des réfugiés en Europe fait référence à l'augmentation dans les années 2010 du nombre de migrants — principalement des réfugiés — arrivant dans l'Union européenne via la mer Méditerranée et les Balkans, depuis l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud.
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+ Cette crise est notamment provoquée par les réfugiés syriens et érythréens.
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+ L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a relevé cinq routes de voyages privilégiées par les migrants et les réfugiés : la route de l'Afrique de l'Ouest, la route de l'Ouest méditerranéen, la route des Balkans, la route de l'Est méditerranéen et enfin la route centrale qui mène de la Tunisie et de la Libye vers l’Italie. Frontex a publié une carte des trajets migratoires et schématise les trajets suivants :
60
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61
+ D'après Frontex, les trois principaux pays d'origine des migrants au cours de l'année 2014 sont : la Syrie (27,9 %), l'Érythrée (12,2 %) et l'Afghanistan (7,8 %)[22].
62
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+ Si la plupart des pays européens sont aujourd'hui des terres d'immigration, la situation est très différente d'un pays à un autre. Dans les pays d'Europe du Sud, l'immigration, plus récente, concerne surtout l'agriculture, le bâtiment et les services alors qu'elle est plus diversifiée dans les pays d’Europe du Nord, où le regroupement familial favorise par ailleurs la constitution de communautés.
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+ Les droits des immigrés dépendent du pays d'accueil et de celui d'origine ; les pays de l’Union accordent (sous conditions minimales, la plus courante étant la réciprocité) un droit de vote et d'éligibilité aux résidents étrangers pour les élections locales aux citoyens des autres pays de l'Union ; certains pays l'accordent aussi à des citoyens d'autres pays.
66
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+ L'importance de la nationalité et la façon dont elle s'acquiert est un autre paramètre très variable et très important, avec grosso modo trois approches. Celles-ci incluent : droit « du sol » (ex., tradition française bien antérieure à la Révolution), droit « du sang » (ex., tradition germanique) et manifestation de volonté et décision des autorités (ex., tradition britannique basé sur le passeport accordé de façon très libérale). Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés, chaque pays adoptant ses propres normes pour les identifier et les compter.
68
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+ Il y avait en 2010, selon Eurostat, 47,3 millions de personnes nés à l'étranger qui vivaient dans l'UE27, dont 16,0 millions (3,2 %) nés dans un autre État membre de l'UE27 et 31,4 millions (6,3 %) nés dans un pays hors de l'UE27. Au total, la population née à l'étranger comptait pour 9,4 % de la population totale de l'UE27. Les pays avec le plus grand nombre de personnes nées hors de l'UE27 sont l'Allemagne (6,4 millions), la France (5,1 millions), le Royaume-Uni (4,8 millions), l'Espagne (4,1 millions), l'Italie (3,2 millions) et les Pays-Bas (1,4 million)[23].
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71
+ Alors que la dernière édition du « micro-recensement » (mikrozensus) de 2005 avait montré que 15,3 millions de personnes vivant en Allemagne sont d’origine étrangère ou issus de l’immigration sur une population totale de 82,2 millions d'habitants, l’édition 2010 porte ce nombre à plus de 16 millions, dont 3,3 millions de « rapatriés » (voir ci-dessous), sur une population totale de 81,8 millions d'habitants en 2009, soit 19,6 % de la population. Cette hausse s’explique d’un côté par un recul de 1,3 million de la population de souche allemande (mortalité), de l’autre par une hausse de 715 000 de la population étrangère ou issue de l’immigration (naissances et regroupement familial)[24]. Ceci inclut toutes les personnes « ayant un antécédent migratoire » (migrationshintergrund). Sur les 16 millions d'habitants ayant une migrationshintergrund en Allemagne, on compte ainsi des enfants pourvu d'un parent de souche allemande. Si cette population d'origine immigrée ou étrangère correspond à 19,6 % de la population totale du pays en 2009, ce taux est de plus de 33 % pour la population de 0 à 5 ans.
72
+
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+ En Allemagne, c'est le concept de migrationshintergrund qui prévaut dans les statistiques, expression que l'on pourrait traduire par « ayant un antécédent migratoire ». La population est ainsi, en quelque sorte, comptabilisée entre population de pure souche allemande et population mélangée et d'origine étrangère. L'année 1950 est l'année de référence avant laquelle toute origine étrangère ou toute migration est ignorée. Cela s'explique facilement par l'extrême homogénéité de la population allemande après la Seconde Guerre mondiale, résultat de l'eugénisme nazi. Est ainsi désigné comme personne ayant une « migrationshintergrund » toute personne :
74
+
75
+ Ceci implique que seront comptabilisées, dans la population mit migrationshintergrund à la fois un individu ayant un parent autrichien et un parent allemand, un individu dont tous les grands-parents sont d'origine turque, ou encore un individu d'origine allemande lointaine revenu en tant que spätaussiedler. Contrairement aux Pays-Bas, par exemple, où la différence entre « autochtone » et « allochtone » n'est valide que sur les 1re et 2e générations, les statistiques allemandes prévoient, a priori, de chiffrer l'ensemble des descendants (nachkommen), y compris les mélanges. De 1985 à 1990 inclus, l'Allemagne a reçu non moins de 2 300 000 immigrés supplémentaires, en grande partie originaires des pays de l'Europe de l'Est, mais cet important apport n'a pas réussi à empêcher la baisse de la natalité allemande en 1991-92 (chute de 905 675 naissances en 1990 à 809 114 en 1992 soit une perte de 10 %), et le mouvement ne s'arrêta pas à ce niveau. De nouveaux plus bas furent enregistrés, en 94-95 d'abord, puis au cours des premières années du XXIe siècle (766 999 naissances en 2000 contre 673 675 en 2006, soit une perte de 12,6 %).
76
+
77
+ Cependant, dans cette population issue des flux migratoires, il faut noter que les gens issus du rapatriement des populations allemandes installées depuis des générations en Europe de l'Est et en particulier en Russie sont comptabilisés dans la population « issue des flux migratoires », avec migrationshintergrund. Le nombre de ces aussiedler ou spätaussiedler s'élèverait à au moins 3,3 millions de personnes. Les Allemands de Russie (Russlanddeutsche) forment la grande majorité de ce groupe. Cette population est venue en Russie appelés par Catherine de Russie pour développer les terres de la Volga et d'Ukraine. Cette minorité ethnique, à laquelle les tsars avaient accordé la liberté de culte et d'autres privilèges, en particulier financiers, s'intégra peu et se mélangea encore moins à la population russe. Persécutés sous Staline, déportés vers l'Asie centrale et la Sibérie par myriades en 1941, ces « Allemands de Russie » se sont précipités en grand nombre vers leur lointaine mère patrie dans les années 1990, dès la chute du rideau de fer[25].
78
+
79
+ Longtemps pays d'émigration vers l'Europe et l'Amérique latine, l'Espagne est devenue une terre d'accueil dans les années 1980. Il y avait officiellement 100 000 immigrés en 2005[26]. Les principaux pays d'origine des immigrants sont le Maroc, l'Équateur et la Roumanie. En 2010, la proportion d'immigrés était de 14 %[6].
80
+
81
+ L'Espagne est un lieu de destination de transit pour les immigrés clandestins en provenance d'Afrique. Elle doit faire face à une arrivée massive de clandestins africains sur les îles Canaries. Au cours des cinq premiers mois de 2006, plus de 7500 immigrés clandestins ont débarqué sur les côtes de cet archipel espagnol[27]. Le Premier ministre a dû répondre aux attaques de l'opposition sur cette question et a demandé le soutien de l'Union européenne. Celle-ci a promis l'envoi de patrouilles aéronavales afin de surveiller la région. D'autre part, le gouvernement espagnol a renforcé sa collaboration diplomatique avec les pays d'Afrique de l'Ouest. Le journal La Razon a révélé que sur les quatre premiers mois de 2006, 60 000 Roumains et Bulgares étaient arrivés en Espagne. Il a rappelé que l'immigration la plus importante venait d'Amérique latine et d'Europe centrale.
82
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83
+ L'Espagne a procédé à plusieurs opérations de régularisation d'immigrés clandestins depuis les années 1980. La dernière opération en date, lancée par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, a abouti à la régularisation de 700 000 personnes entre février et mai 2005. Certains pays membres de l'espace de Schengen, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, ont critiqué cette mesure car les immigrés munis de papiers attribués par l'Espagne peuvent ensuite circuler librement dans les autres pays[28].
84
+
85
+ Selon Cris Beauchemin, chercheur à l'INED, on peut estimer en 2018 que deux personnes sur cinq (soit 40 % de la population vivant en France) sont issues de l’immigration sur trois générations[29].
86
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87
+ Les mobilités locales semblent en France au XVIIIe siècle, au vu des registres paroissiaux et d'état-civil, souvent limitées. Ainsi, les nouveaux conjoints de quelques villages étudiés dans les Pyrénées venaient généralement d'un rayon d'une quinzaine de kilomètres[30]. Ces registres peuvent cependant cacher l'origine de nombreux enfants illégitimes et la mobilité de certains couples, ce qui rend difficile la reconstitution des généalogies réelles[30],[31] et même sans tenir compte de ces marges d'erreur, et sans analyse génétique à l'appui, des villages français isolés montrent une exogamie « non négligeable » et qui va souvent croître avec de le développement des voies de communication. Cette part d'exogamie est l'un des indicateurs de mobilité géographique des personnes[32],[33], et même si elle est réduite (au sein du village comme « unité d'engogamie territoriale ») « suffit à assurer un renouvellement assez rapide du patrimoine génétique dans le village »[30]. Une grande partie de la population était supposée sédentaire, vivant essentiellement dans un rayon de 7 km, et jusqu'au début du XIXe siècle ayant pour seul mode de transport la marche, la vie se déroulait presque entièrement dans cet espace. Les échanges de produits se faisaient essentiellement de proche en proche, 90 % des biens disponibles étant produits dans un rayon de 7 km.
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+ À la fin du XVIIIe siècle, le découpage du territoire français en communes tient compte de la distance parcourue à pied en une journée. À l'époque, on parlait même parfois d'immigré quand une personne venait du village voisin le plus proche, les mariages inter-villages étant alors mal vus[réf. nécessaire]. L'exode rural est à certaines époques important[30], de même que le phénomène d'attraction des grandes villes.
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+ En France l'INSEE définit actuellement comme immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France » ; « après son arrivée en France, il peut devenir français par acquisition (immigré français) ou garder sa nationalité (immigré étranger) […] Des personnes nées françaises à l’étranger sont donc exclues de cette définition ».
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+ Selon l'INED et le recensement de 1999, environ 13,5 millions des personnes vivant en France en 1999 avaient une origine étrangère totale ou partielle sur trois générations, soit 23 % de la population[34]. Gérard Noiriel estime en 2002 cette part à environ 33 % si l'on remonte jusqu'aux arrière-grands parents[35]. En 2014 l'historien Pascal Blanchard conclue que les Français sont quasi majoritairement issus de l'immigration récente puisqu'« un quart des Français ont une origine extra-européenne (le plus souvent coloniale, y compris pour les « rapatriés » dont les parents étaient souvent étrangers) sur trois ou quatre générations et un autre quart ont un grand-parent au moins issu des immigrations intra-européennes »[36].
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+ En 2013, la France accueille, selon la définition internationale des Nations unies (« personne née dans un autre pays que celui où elle réside »), 7,4 millions de personnes, soit 11,6 % de sa population, dont environ 5,5 millions (8,3 %) nées hors de l'Union européenne. Elle serait ainsi au septième rang mondial pour le nombre d'immigrés, derrière les États-Unis (45,8 millions), la Russie (11), l'Allemagne (9,8), l'Arabie saoudite (9,1), les États Arabes Unies (7,8), le Royaume-Uni(7,8). Comparée aux pays européens la France (11,6 %) serait derrière le Luxembourg (43,3 %), la Suède (15,9 %), l'Irlande (15,9 %), l'Autriche (15,7 %), l'Espagne (13,8 %), le Royaume-Uni (12,4 %), l'Allemagne (11,9 %), mais devant l'Italie (9,4 %)[37]. Dans l'Union européenne la France compte proportionnellement plus de personnes issues de l'immigration (1re et 2e générations) chez les personnes âgées de 25 à 54 ans (avec 13,1 % d'immigrés et 13,5 % d'enfants d'au moins un immigré, soit un total de 26,6 %), devant le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,9 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %)[38].
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+ En 2012, 5,7 millions d’immigrés (au sens « personne née étrangère dans un pays étranger ») vivaient en France, soit 8,7 % de sa population globale[39]. 40 % d’entre eux avaient la nationalité française (acquise par naturalisation ou mariage)[40],[41]. Les enfants d'immigrés, descendants directs d'un ou de deux immigrés étaient en 2008 6,5 millions de personnes (11 % de la population). Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés[42].
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+ Les immigrés sont principalement européens (34 %) et du Maghreb (30 %), puis d'Asie (14 %, dont le tiers de la Turquie) et d'Afrique subsaharienne (11 %)[41]. Immigrés et leurs enfants (seconde génération) étaient 11,8 millions en 2008 (dont un peu plus de 5 millions d'origine européenne et 4 millions d'origine maghrébine), soit 19 % de la population[43].
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+ En 2004, l'immigration vers la France était principalement d'origine africaine (Maghreb et Afrique subsaharienne). Sur les 210 075 personnes étrangères (immigrés et demandeurs d'asile), 100 567 venaient d’Afrique[44].
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+ 40 % des immigrés résident en Île-de-France (un habitant sur trois y est immigré ou descendant direct d'immigré), 11 % en Rhône-Alpes et 9 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur[45].
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+ De 1977 à 2013, 7,8 millions de personnes nées en métropole sur un total de 28,3 millions de naissances (27,6 %), soit les personnes âgées de moins de 37 ans au 1er janvier 2014, ont au moins un parent né à l'étranger (21,5 % au moins un parent né hors de l'Europe). En 2013, 28,2 % des enfants nés en métropole ont au moins un de leurs parents né à l'étranger (24,7 % un parent né hors de l'Union européenne), contre 24,3 % en 2003. Pour la seule Métropole, cette proportion avait diminué, passant de 31,5 %, son point le plus haut en 1988, à 22,4 % en 2000 ; mais depuis 2001 elle augmente régulièrement[46],[47],[48]. Si l'on remonte jusqu'aux grands-parents, près de 40 % des nouveau-nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent immigré (16 % au moins un grand-parent né au Maghreb, 11 % au moins un grand-parent né dans l'Union européenne et 13 % au moins un grand-parent né dans une autre région du monde)[49],[50].
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+ Les phénomènes d'immigration, d'expatriation et d'assimilation font partie des phénomènes démographiques suivis, en France, par l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Economiques) ; ils demandent des statistiques suivies sur le temps long :
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+ « Pour étudier l'assimilation des populations étrangères, il est fondamental de prendre en compte le temps. L'enquête rétrospective, qui recueille les histoires de vie des enquêtes, permet d'introduire une dimension temporelle. En choisissant de mettre l'accent sur les informations de nature rétrospective, nous étions amenés à préférer, par voie de conséquence, les faits aux opinions et attitudes, car la remémoration des événements est plus facile et moins entachée de réinterprétation. »
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+ — Michèle Tribalat, Patrick Simon, Benoît Riandey[51]
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+ Flux inverse de l’immigration, l'émigration est un phénomène en croissance en France avec, au 30 avril 2013, plus de 1 610 000 français inscrits au Registre mondial des Français établis hors de France, non-compris environ 500 000 Français « non-inscrits » mais signalés par les postes consulaires, alors que 12 ans plus tôt, fin 2001, ces émigrés n'étaient qu'environ un million ; l’augmentation récente des sorties de personnes nées en France vient gonfler la présence française à l’étranger. Selon l'INSEE en 2013, « un peu moins de 3 millions et demi de personnes nées en France vivraient à l’étranger »[54].
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+ Pays d'émigration jusqu'aux années 1960, l'Italie est devenue progressivement une terre d'immigration. Depuis les années 1990, l'Italie a ainsi accueilli de nombreux réfugiés en provenance de l'ex-Yougoslavie, ainsi que de Somalie. Le nombre officiel d'immigrés était de 3 millions fin 2005[26]. L'Italie fait aussi face à des vagues d'immigration clandestine, en particulier par voie de mer : Albanais sur la côte des Pouilles, Africains sur l'île de Lampedusa au sud du pays. Le gouvernement Berlusconi (2001-2006) a mis en place des vols charters vers les pays d'origine et a tenté de lutter contre l'arrivée d'immigrés clandestins par bateau. En 2005, 207 bateaux ont été arraisonnés par les autorités italiennes à proximité du littoral, sur un total estimé de 22 000 immigrés clandestins[55]. Par ailleurs, le gouvernement a régularisé 690 000 clandestins en 2003.
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+ En 2002, la loi Bossi-Fini crée un fichier d'empreintes génétiques pour les demandeurs de visas, et des quotas annuels d'immigrés pouvant être accueillis pour les besoins du marché du travail et selon les capacités d'intégration économique du pays. En 2006, 170 000 immigrés pourraient ainsi entrer légalement en Italie[56]. Le gouvernement Prodi, entré en fonction au printemps 2006, a annoncé sa volonté de revenir sur la plupart des dispositions de la loi Fini-Bossi et de faciliter l'obtention de la citoyenneté italienne. Il n'y est pas parvenu et après les élections du 13 et 14 avril 2008, le quatrième gouvernement Berlusconi est entré en fonction le 9 mai 2008. Ce gouvernement considère l'introduction du crime d'immigration clandestine et d'autres mesures facilitant les expulsions des immigrés irréguliers
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+ En 2011, à la suite de la révolution tunisienne, l'île de Lampedusa a connu des arrivées massives de personnes en provenance de Tunisie, qui ont profité de l'absence de surveillance sur les côtes tunisiennes. Presque cinq mille personnes sont ainsi entrées en un seul weekend; au total, les autorités italiennes ont arrêté environ quinze mille personnes. Un grand nombre des arrivants ont ensuite quitté l'Italie[réf. nécessaire].
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+ Aux Pays-Bas, les candidats à l'immigration doivent passer un test d'aptitude sur la culture et la langue néerlandaises, et suivre des cours de langue (obligatoires mais gratuits) et un projet de loi prévoit de faire passer ce test à des immigrés présents depuis longtemps sur le sol des Pays-Bas. La municipalité de droite de Rotterdam a édicté en janvier 2006 un code de bonne conduite aux étrangers qui leur impose d'utiliser le néerlandais dans les lieux publics[56]. Depuis le changement de majorité, l'application en est suspendue.
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+ Le Royaume-Uni après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la fin de l'Empire britannique a connu une immigration importante issue de ses anciennes colonies. Les membres du Commonwealth gardaient le titre de « citoyen britannique » leur permettant de venir et travailler librement au Royaume-Uni. À la fin des années 1950, de premières tensions naissent entre immigrés et Britanniques de souche dans certains quartiers comme Notting Hill à Londres. Les problèmes économiques rencontrés par le Royaume-Uni au cours de la décennie suivante la poussent à mettre en place les premières mesures de restriction de l'immigration. Les habitants du Commonwealth ne peuvent plus venir s'installer librement sur le sol britannique. À la fin des années 1960, l'immigration nouvelle diminue, au profit du regroupement familial, alors que le gouvernement mène une politique de lutte contre les discriminations qui, contrairement aux politiques françaises, se base sur la reconnaissance des catégories ethniques qui figurent dans les recensements. Une Commission for Racial Equality (CRE) lutte contre les discriminations et pour l'intégration des personnes de toutes races. Indépendante du gouvernement, cette commission favorise la représentation des minorités ethniques dans la vie publique. Elle décerne un prix annuel de la personnalité médiatique (par exemple remis en 2005 au footballeur Thierry Henry).
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+ Dans les années 2000, ce modèle multiculturaliste est débattu ; on lui reproche de limiter l'intégration des communautés ethniques dans la société, critique renforcée après les attentats de juillet 2005 à Londres dont plusieurs des principaux suspects étaient des citoyens du Royaume-Uni. Le gouvernement de Tony Blair envisage ainsi de modifier le statut des demandeurs d'asile en limitant leur droit de séjour (non permanent, limité à 5 ans) tout en favorisant une immigration d'élites via des permis de séjour et de travail attribués en fonction de l'âge des postulants, de leur qualification et expérience professionnelles, et de leur connaissance de l'anglais...
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+ En 2007, la Russie veut faire passer le nombre de ressortissants des pays de la CEI travaillant sur son territoire de onze à six millions[57] alors qu'une loi sur l'immigration permet notamment de limiter le travail des ONG, notamment lorsqu'il s'agit d'étrangers militants des droits de l'homme[58]. Fin 2008, la Russie comptait quelque 10 millions d’immigrés[59].
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+ D'après la définition de l'Office fédéral de la statistique (OFS), la population immigrée se compose de « toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui ne sont pas nées en Suisse et qui y ont donc immigré », incluant donc les Suisses de l'étranger venus s'établir en Suisse, d'une part, excluant les personnes étrangères nées en Suisse. Selon l'OFS, la population descendante d'immigrés comprend « toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui sont nées en Suisse et dont au moins un parent est né à l'étranger ».
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+ En 2001, 2,1 millions d’immigrés et de descendants d’immigrés de 15 ans ou plus vivaient en Suisse. En y ajoutant les 300 000 enfants de moins de 15 ans, il y aurait environ 2,4 millions de personnes (33 % de la population résidente permanente, chiffre composé aux deux tiers par les immigrés et pour un tiers par leurs descendants[60].
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+ Selon l'OCDE, en 2012, la Confédération a accueilli le plus grand nombre d'immigrés proportionnellement à sa population soit 1,6 %, soit 125 600 migrants. La Suisse devance ainsi la Norvège (1,2 %) et l'Australie (1,1 %). La moyenne des pays de l'OCDE est 0,6 %. L'Autriche est à 0,6 %, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni sont à 0,5 % et l'Italie et la France sont à 0,4 %[61]. En 2012, la Suisse a donc accueilli en proportion quatre fois plus de migrants que la France (258 900 migrants) pour un territoire 15 fois plus petit. L'augmentation du nombre d'immigrés s'est poursuivie en 2013, avec 136 200 nouvelles arrivées. Les principaux pays de provenance sont l'Allemagne (18 % du total), le Portugal, l'Italie, la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Pologne, l'Autriche et l'Inde[62].
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+ Avec 20 000 demandeurs en 2013 et Modèle:26000 en 2012, la Suisse est en huitième position en ce qui concerne les demandes d'asile.
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+ L'immigration illégale concerne les habitants de pays plus pauvres qui cherchent un meilleur niveau de vie dans les pays plus riches.
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+ Cela se fait illégalement, et les clandestins prennent fréquemment des risques importants pouvant mettre leur propre vie en péril afin de rejoindre des pays présentant des conditions de vie qu'ils espèrent meilleures. Ils n'hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l'aventure souvent « aidés » dans cette entreprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, montagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.
140
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+ La plupart des études effectuées concluent que l'immigration n'a pas d'incidence sur le salaire ou l'emploi moyens des natifs. L'immigration n’induirait qu'un changement d'échelle : une augmentation proportionnelle de la population, de l'emploi et de la production sans incidence sur le niveau du salaire moyen. Ces résultats ne sont toutefois pas généralisables à l’ensemble des contextes migratoires « car ils portent majoritairement sur des épisodes d’immigration traditionnelle où les flux sont plutôt modestes, stables et parfaitement anticipés »[63].
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+ En revanche, une série d'études analysant les réactions des salaires et de l'emploi à des épisodes d'immigration exceptionnelle, montre que « lorsque l’arrivée de migrants est massive, soudaine et imprévue », les effets de l'immigration sur le marché du travail peuvent créer des effets de plus long terme. C'est ce qu'indique l'étude du rapatriement des 600 000 Français d’Algérie en 1962 ou encore celle du rapatriement des 500 000 Portugais d'Angola et du Mozambique en 1974-75[63]. C'est également le cas en Allemagne après l'entrée imprévue de travailleurs tchèques dans le sud-est du pays en 1992 ou en Turquie après l'arrivée des réfugiés syriens en 2012[63]. Ces études montrent que ces afflux de population ont eu tendance à réduire les salaires et/ou les opportunités d’emploi des natifs dans les premières années suivant le choc migratoire[63].
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+ L'étude qui porte sur les rapatriés d'Algérie montre que ces effets dépressifs n'ont disparu qu'à l'horizon de 10 à 15 ans[63]. De la même façon, l'économiste américain George J. Borjas avait montré que l'afflux de plus de 125 000 réfugiés cubains dans la ville de Miami en 1980, 60 % de ces réfugiés étant sans diplôme, avait eu pour conséquence de réduire le salaire des travailleurs natifs non qualifiés par rapport à celui des qualifiés[63]. Borjas a publié un certain nombre d'études qui concluent que l'immigration peu qualifiée affecte négativement les natifs peu qualifiés (tout en affectant positivement les natifs moyennement et hautement qualifiés), une proposition qui est débattue parmi les économistes[64].
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+ D'autres études menées au Canada et en France (respectivement en 2007 et 2015) suggèrent, elles, que l'immigration[65]. des dernières décennies dans ces pays a surtout augmenté le nombre relatif de travailleurs qualifiés, réduisant le salaire des travailleurs qualifiés et augmentant celui des faiblement qualifiés[63].
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+ D'après l'enquête PISA, la moitié des élèves des Émirats arabes unis, du Luxembourg, de Macao (Chine) et du Qatar sont issus de l’immigration. Seulement un élève sur trois est issu de l'immigration au Canada, à Hong Kong (Chine) et en Suisse[66].
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+ Empereur est un titre monarchique, parfois héréditaire, porté par le souverain d'un empire.
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+ Du latin imperare qui signifie « commander en maître, ordonner », du préfixe in et du verbe parare, préparer, apprêter[1]. Il a donné le mot imperium, « commandement » d’où découle « impérieux ».
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+ « Empereur » est une déformation du titre d’imperator que portaient les généraux romains victorieux acclamés par leurs troupes. À l'origine de la République romaine, l’imperator était celui qui commandait la mobilisation des citoyens. Par glissement de sens, il désignera les actes qui en découlent puis, vers la fin de la République, il désigna celui qui commandait l’armée. Pour Scipion l'Africain, c’était un titre que l’armée accordait au vainqueur avec l’ovation, dans le cadre du culte à Jupiter[2]. Le titre d’imperator n'est pas une magistrature et n’a alors aucune valeur institutionnelle pour le Sénat romain.
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+ Son sens actuel va apparaître avec Octavien lorsque celui-ci prit Imperator pour prénom, afin de conserver le souvenir perpétuel de ses victoires et de sa gloire. Après l’assassinat de Jules César, qui avait fait de lui son héritier, Octavien recevra l’imperium du Sénat le 3 janvier 43 av. J.-C. puis le 1er janvier 42, alors que César était élevé au rang des dieux, Octavien reçut le nom de divi filius. Enfin, le 16 janvier 27, après avoir remis tous ses pouvoirs au Sénat trois jours plus tôt, ce dernier les refusa et lui attribua le nom d’Auguste, terme d’origine religieuse dérivant du latin « augere » qui fait référence à l’auctoritas.[réf. souhaitée]
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+ C’est ce titre d’Auguste qui correspond à ce que l’on entend actuellement par empereur, c’est-à-dire dirigeant de l’Empire. Plus largement, l’empereur à Rome est celui qui porte les titres suivant : Imperator[N 1], Augustus, Cæsar et dans un premier temps Princeps. L’équivalent en grec de ces termes, à savoir autocrate, sébastocrate et basileus a, par la suite, été utilisé dans l’Empire byzantin. Plus largement, la plupart des titres impériaux occidentaux renvoient aux termes latins, Kaiser et Imperator (Император, également tsar) étant ainsi des déformations du titre de César.
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+
11
+ Le féminin d'empereur est impératrice et l'adjectif correspondant est impérial (impériale au féminin).
12
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+ La taille du territoire gouverné et la diversité religieuse et ethnique des peuples gouvernés peuvent être pris en considération. Ainsi, un roi peut porter deux titres telle la reine Victoria, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (1837-1901) et impératrice des Indes (1876-1901), sa fille la princesse Victoria qui fut également brièvement en 1888 à la fois reine de Prusse et impératrice allemande, ou encore l'empereur d'Autriche, également roi de Hongrie. Parfois, l'empereur est assimilé à une divinité, tel le « dieu vivant » au Japon.
14
+
15
+ En Europe, le titre impérial fut porté par les monarques qui se réclamaient de l'héritage impérial romano-byzantin. Ainsi, Charlemagne fut empereur d'Occident et Charles Quint le tout-puissant souverain du Saint-Empire romain germanique. En fait, jusqu'au milieu du XIIe siècle, l'empereur affirmait sa prééminence théorique sur les rois (de France, d'Angleterre, etc.) dans toute l'étendue de la romanitas. Il en resta ensuite quelque chose, ainsi Philippe le Bel — et ses successeurs — s'affirmait « empereur en son royaume » ; en effet refusant la souveraineté de l'empereur, théoriquement situé au-dessus des rois, le roi de France prétendait avoir à l'intérieur de ses frontières les mêmes droits que l'empereur sur les autres rois, remettant ainsi en cause toute subordination à l'hégémonie impériale (en effet les rois de Bohême par exemple étaient bien plus influencés par l'empereur que le roi de France, qui prétendait traiter d'égal à égal avec ce dernier).
16
+
17
+ Les rois comme les empereurs sont des monarques. Il n'y a a priori pas de règle établie pour les distinguer. Tout juste notera-t-on que le rang d'empereur peut être supérieur à celui de roi, notamment s'il a autorité sur d'autres rois, alors que l'inverse semblerait étrange. Ainsi au sein de l'Empire allemand, entre 1870 et 1918 où l'empereur régnait sur des États organisés sous forme de royaumes tel le royaume de Bavière. De même en France sous l'Empire, Napoléon Ier régnait au-dessus des rois qu'il avait placés dans les États satellites de l'empire (royaumes d'Italie, d'Espagne, etc.).
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+
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+ Actuellement, seul le Japon est sous le règne d'un tel souverain, l’empereur du Japon[3].
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+ Toutefois, plusieurs autres pays furent autrefois dirigés par des empereurs pour des périodes plus ou moins longues :
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+ L'impôt constitue un des prélèvements obligatoires effectué par voie d’autorité par la puissance publique (l'État et les collectivités territoriales) sur les ressources des personnes vivant sur son territoire ou y possédant des intérêts. Sans contrepartie directe pour le contribuable, ce prélèvement est destiné à être affecté par l'intermédiaire des budgets publics aux services d'utilité générale. Dans les États démocratiques, le pouvoir de fixer, de lever et d'affecter l'impôt est de la compétence exclusive du pouvoir législatif. Trois paramètres essentiels permettent de caractériser un impôt : l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement[1].
2
+
3
+ Historiquement, l'impôt est un élément important qui n'a cessé de conditionner l'existence, la gestion et la puissance des États : constituant généralement une part importante, pour ne pas dire la plupart du temps essentielle, des recettes publiques avec les cotisations sociales, les impôts alimentent le budget de l'État ou d'une subdivision nationale ou fédérale (comme une province, une subdivision territoriale, un territoire, un département, un district, etc.), et dans une moindre mesure des organismes à compétence spécialisée (par exemple en France, les chambres de commerce).
4
+
5
+ Dans la mesure où l'impôt est un prélèvement obligatoire, récurrent, et sans contrepartie, sur une quantité de biens, il a toujours existé, sous une forme ou une autre, dans une société dirigée par un État.
6
+
7
+ On oublie souvent de considérer le fait que la création monétaire est un prélèvement de fait sur la production (biens et services) des habitants d'un pays. A ce titre, la création monétaire est un impôt discret.
8
+
9
+ On a longtemps considéré que les sociétés primitives étaient des sociétés de disette. Les hommes parvenant tout juste à assurer leur subsistance, ils ne pourraient produire l'excédent nécessaire au paiement d'un impôt.
10
+
11
+ Mais Marshall Sahlins a montré que d'une part ces sociétés produisaient du surplus, utilisé sous forme d'offrandes aux divinités ou pour des transactions du type don et contre-don, et que d'autre part elles limitaient volontairement leur production[2].
12
+
13
+ L'absence d'impôt n'est donc pas due à des contraintes économiques mais au mode d'organisation sociale de ces populations[citation nécessaire].
14
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15
+ On présente traditionnellement deux origines possibles à l'impôt[3].
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17
+ La première est politique. L'impôt serait né avec la sédentarisation et le développement de l'agriculture. L'existence de surplus de production aurait permis à certains groupes sociaux de se livrer au pillage, d'abord de façon épisodique puis de plus en plus régulièrement. L'impôt serait donc à l'origine un tribut, versé à une classe de guerriers qui en défendait le monopole, moins destructeur pour l'activité des paysans et des artisans que les razzias qui l'avaient précédé[réf. souhaitée].
18
+
19
+ La seconde est religieuse. La pratique du sacrifice, des offrandes faites au dieu, est extrêmement répandue. Quand les clercs, puis les souverains, se sont présentés comme les intermédiaires entre le dieu et les hommes, ils sont devenus tout naturellement les récipiendaires de ces dons.
20
+
21
+ L'impôt coexiste longtemps avec des pratiques proche du pillage : réquisition, corvées, esclavage… Il repose surtout sur l'impôt foncier et la capitation, c'est également l'apparition des droits de douane.
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+ La fiscalité dans l'Égypte antique touchait lourdement les paysans.
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+ La fiscalité de la Grèce antique est principalement indirecte. Elle introduit le système de la ferme dans certaines cités. Les plus riches devaient s'acquitter de la liturgie, c'est-à-dire de l'entretien d'un service public. Cypsélos introduit la dîme à Corinthe et Pisistrate à Athènes[4].
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27
+ Dans la Rome antique, l'impôt est utilisé pour financer l'effort de guerre et notamment la solde de l'armée de métier. Elle connaîtra plusieurs réformes fiscales par exemple sous Auguste ou sous Maximien Hercule en 297.
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+ Le système n'était pas unifié et les impôts n'étaient pas les mêmes partout. Parmi les plus connus on peut citer : la corvée, un impôt en nature correspondant à l'échange d'un temps de travail contre la protection du seigneur (de ce point de vue, la corvée se situe à la limite de la notion d'impôt) ; la taille qui se payait en espèce et tend à remplacer la corvée à partir du XIe siècle ; la dîme, autre impôt en nature qu'on devait à l'Église ou au seigneur ; la gabelle, impôt indirect payé sur un certain nombre de denrées comme les draps, le vin ou sel ; les droits d'octroi de péage ou de douane ; les banalités…
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+
31
+ La plupart des levées d'impôts étaient exceptionnelles, pour répondre à un emprunt contracté par le roi, qui délivrait alors à son créancier le droit de lever l'impôt. Si le créancier était efficace dans sa levée, il était remboursé, sinon, les rois estimaient que ce n'était plus de leur ressort.
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+
33
+ En droit féodal français, le roi ne pouvait lever l'impôt qu'après convocation des états généraux, et uniquement pour payer une rançon, financer une guerre ou un mariage. Au XIVe siècle, sous le règne de Charles V apparaît l'impôt permanent, avec la gabelle et le fouage[5]. L'obligation de convoquer les états généraux pour lever l'impôt est abolie le 2 novembre 1439 par Charles VII[6].
34
+
35
+ Dans le même temps, celui-ci met en place la taille de façon permanente mais non uniforme dans le royaume. En effet, elle se paie uniquement par la roture dans le Nord du Royaume mais se paie sur les biens roturiers (ferme, moulin...) dans le Sud, ce qui fait que certains nobles possédant ce genre de biens sont appelés a payer la taille.
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+
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+ La mise en place de l'impôt royal entraîne des insurrections comme la révolte des Maillotins en France ou la révolte des paysans en Angleterre.
38
+
39
+ Les taxes et impôts seront au cœur de l'affirmation de la monarchie et la centralisation que les rois de France essaient de mettre en place à partir de François Ier. Les monarques tenteront d'uniformiser le système fiscal à l'échelle de tout le pays et de le rendre permanent.
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+
41
+ Le Trésor de l’Épargne, fondé en 1523 (sous François Ier), dessine les Généralités, les provinces fiscales. Il se chargera d'augmenter toujours plus les impôts. Ainsi, les levées d'impôts rapporteront 2 millions de livres tournois en 1515, le double en 1530 et 12 millions en 1560. Sur quarante-cinq ans, les recettes fiscales ont été multipliées par six.
42
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+ La taxe « des aisés », mise en place en 1542 vise particulièrement les riches.
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+ Mais la fiscalité reste encore variable selon les régions. Ainsi, la Bretagne dispose d'une fiscalité avantageuse, qui étaient une des conditions de rattachement au Royaume.
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+
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+ En Angleterre, Charles Ier est obligé de lever des impôts pour financer la guerre et par conséquent de convoquer son Parlement avec lequel il était en opposition (pour des raisons religieuses et de clientèle). Cette convocation permettra aux parlementaires de s'affirmer face au pouvoir royal, lever une armée et déclencher la guerre civile.
48
+
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+ Le développement de l'impôt sur le revenu entraîne un renforcement des contributions directes. La taxe sur la valeur ajoutée est introduite en 1954.
50
+
51
+ Selon la doctrine fiscale (Ibn Khaldûn, 1378 ; A. Smith, 1776 ; R. Stourm, 1905 ; G. Jèze, 1936 ; E. Allix, 1936 ; G. Ardant, 1965 ; P. Amselek, 1967 ; P.-M. Gaudemet, 1969 ; M. Duverger, 1976 ; P. Beltrame, 1987 ; A. Barilari, 1992 ; M. Bouvier, 2004 ; J. Chabih, 2007 ; etc.) l’impôt est un prélèvement financier obligatoire, généralement pécuniaire, exigé des personnes (physiques ou morales, publiques ou privées, locales ou internationales), en fonction de leurs capacités contributives, par la puissance publique (État, collectivités locales, établissements publics), autoritairement, d’après une procédure et des règles fixes, à titre définitif, et sans contrepartie immédiate, en vue de la couverture des charges publiques, et de la poursuite de politique économique et sociale.
52
+
53
+ Gaston Jèze a défini dans la première moitié du XXe siècle l’impôt de la manière suivante[7] :
54
+
55
+ « L’impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques. »
56
+
57
+ Sauf quelques exceptions comme la dation en paiement, cette charge est acquittée sous forme monétaire, ce qui en exclut les contributions comme le service national.
58
+
59
+ Elle est obligatoire, contrairement à une souscription, et sans contrepartie directe donc non commerciale. Enfin, il ne s'agit pas d'un emprunt, mais d'un prélèvement définitif. Les impôts ont aussi un caractère récurrent qui les différencient des expropriations et des réquisitions.
60
+
61
+ Il faut donc distinguer les impôts des recettes non fiscales d’un État moderne telles que :
62
+
63
+ Quelques contributions se trouvent à la marge de ce genre de définition et peuvent être, selon les points de vue, considérées ou non comme des impôts[9].
64
+
65
+ L'État peut par ailleurs rendre obligatoires des services qui, bien que coûteux, ne sont pas des prélèvements obligatoires, ni a fortiori des impôts (assurances automobiles, participations aux frais des copropriétés, cotisation ordinale, etc.).
66
+
67
+ Avec le développement de l'État-providence, les prélèvements obligatoires concourent au financement de nombreuses missions ou activités. Il devient plus difficile de distinguer les prélèvements concourant au financement des missions de l'État de ceux institués au profit d'un autre service d'intérêt général.
68
+
69
+ Dans la tradition de l'assurance bismarckienne les cotisations sociales ne sont pas des impôts car elles comportent une contrepartie directe : les prestations sociales. À la suite de la multiplication des dispositifs sociaux, par exemple en France la CMU et le RMI ou le minimum vieillesse, et donc la progression de leurs coûts, le modèle de Beveridge qui intègre les prestations sociales au budget général de l'État tend à rendre de moins en moins évidente la distinction entre cotisation sociale et impôt.
70
+
71
+ Ce problème s'est posé par exemple au sujet de la CSG, second impôt en valeur en France. Si le Conseil constitutionnel considère la CSG comme un impôt[10], la Cour de cassation a émis un avis contraire[11] dans un arrêt du 18 octobre 2001, reprenant la position de la Cour de justice des communautés européennes qui avait considéré la CSG comme une cotisation sociale[12].
72
+
73
+ En raison de contraintes légales ou administratives, l'impôt peut avoir une définition différente d'un pays à l'autre voire d'une administration à l'autre dans un pays donné.
74
+
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+ Par exemple en France, les taxes font partie des impôts, mais pas les cotisations sociales. Cette distinction est juridiquement importante car l'impôt fait l'objet d'une loi votée par le Parlement alors que les cotisations sociales sont fixées par décret du gouvernement. Les impôts, avec les cotisations sociales effectives, forment les « prélèvements obligatoires »[13]. Les prélèvements obligatoires, avec les autres recettes fiscales et non-fiscales, forment les recettes publiques[14].
76
+
77
+ Le premier objectif est de nature budgétaire. Il s'agit de financer les institutions qui en perçoivent le produit. Les impôts en sont souvent la principale source de revenu, sauf en cas de ressources géologiques exceptionnelles par rapport à la taille de l'État. L'usage qui en sera fait est à la discrétion du pouvoir politique, avec des conséquences sur le consentement à l'impôt.
78
+
79
+ Le second objectif est de nature politique. Il peut notamment s'agir de modifier l'attractivité de certaines opérations (par exemple des fiscalités différentes selon le type d'investissement) ou situations (par exemple des règles de liquidation de l'impôt dû par un foyer fiscal) en instaurant une fiscalité différenciée. L'imposition spécifique des métèques dans la Grèce Antique permettait d'exempter partiellement les citoyens à iso-budget au détriment de personnes n'ayant pas le droit de vote.
80
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81
+ Une externalité est une situation où le comportement d'un agent économique influe positivement ou négativement sur l'utilité d'un autre agent, sans que cette influence se traduise par une compensation entre agents.
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+ L'impôt autorise le financement des biens publics en évitant le phénomène du passager clandestin. Il permet aussi de compenser les externalités négatives, c'est l'objectif des taxes pigouviennes comme le principe du pollueur-payeur.
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+ La théorie des biens sous tutelle (merit good) introduite par Richard Musgrave en 1957[15] justifie l'intervention de l'État pour un certain nombre de secteurs, par exemple la santé et la culture, parce que les consommateurs ne sont pas considérés comme suffisamment rationnels ou compétents pour faire un choix optimal.
86
+
87
+ Selon le néokeynésianisme, la fiscalité est un des outils permettant de limiter l’ampleur des cycles économiques. En phase de récession, les rentrées fiscales diminuant automatiquement, l'État peut maintenir inchangées ses dépenses et recourir à la dette publique pour les financer[16] ; en phase haute de cycle, l’État rembourse ce surplus de dette en augmentant les impôts. La synthèse néoclassique conteste l’efficacité de ce mécanisme, en raison du phénomène d’équivalence ricardienne.
88
+
89
+ Pour les libéraux, l'État est le siège de la recherche de rentes financées par l'impôt, réminiscence des offices de l'Ancien Régime. Il permet donc aux personnes qui ont le pouvoir de lever l'impôt de se constituer et d'entretenir un réseau d'influence.
90
+
91
+ Les impôts sont aussi un outil de la communication politique, pour acquérir ou conserver des soutiens qui accordent une importance à tel ou tel impôt auquel on prête différentes vertus (justice sociale, efficacité écologique, efficacité économique, financement d'une action particulière, etc.). C'est ainsi qu'un impôt au rendement médiocre pourra par exemple être maintenu s'il véhicule l’image d’une certaine solidarité entre contribuables, et à l’inverse un autre, bien que rémunérateur, pourra être réduit voire supprimé en raison de sa perception injuste, liée à son mode de prélèvement. Par exemple, l'Institut Montaigne avance que l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en France coûte à l’État plus qu’il ne rapporte mais qu'il est maintenu pour des raisons idéologiques[17].
92
+
93
+ Il reste ainsi fréquent, notamment lorsqu'il s'agit de lever un nouvel impôt, que l'autorité prétende affecter un impôt à un but précis (louable ou reconnu comme nécessaire), mais, compte tenu des possibilités pratiques de substitution d'une ressource à une autre, il ne s'agit que d'un artifice de présentation politique. Cette pratique est permise par la règle de non affectation de l'impôt, apparue en France à la Restauration, qui lors du vote du budget de l'État interdit d'affecter une ressource à une dépense[18].
94
+
95
+ Les impôts peuvent être classés de différentes manières (nb : les exemples d’impôts donnés sont des noms d’impôts français).
96
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97
+ En Suède et aux Pays-Bas, les cotisations sociales doivent être payées à l'administration de la même façon que les impôts[19].
98
+
99
+ En France, les cotisations sont recouvrées par les URSSAF et les impôts par les deux réseaux comptables de l'État :
100
+
101
+ On distingue deux types de classification économique :
102
+
103
+ Selon le type d’agent économique :
104
+
105
+ Certains impôts qui pèsent sur plusieurs des agents, donc dont la classification n’est pas aisée car l’on ne peut savoir précisément sur qui pèse l’impôt, par exemple la TVA ou les droits indirects.
106
+
107
+ Cela ouvre une série de plusieurs choix de classification.
108
+
109
+ On distingue impôts réels et personnels, selon que l'administration module ou non l'impôt selon la situation apparente du contribuable.
110
+
111
+ Les impôts réels (qui frappent ratione materiæ), sont assis sur un objet (ou une transaction, etc.). Ce sont les impôts les plus importants, en nombre et en valeur, et notamment : les impôts sur la dépense, les impôts sur le patrimoine, l’impôt sur les opérations de bourse, etc. Dans ce cas, pour éviter de trop taxer le contribuable, le fisc laisse le choix au contribuable de posséder ou non l'objet taxé (réaliser ou non la transaction, etc.) et, éventuellement, applique un taux modulé selon le type d'objet (taux réduit de TVA pour les biens de première nécessité, taux majoré pour les produits de luxe).
112
+
113
+ Les impôts personnels sont au contraire ceux qui prennent en compte la situation et la capacité contributive du contribuable pour évaluer l’impôt dû. L’exemple le plus représentatif est l’IRPP.
114
+
115
+ On distingue impôt direct et impôt indirect selon que le payeur de l'impôt est le contribuable effectif ou qu'il répercute le montant de l'impôt sur un tiers, généralement un client.
116
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117
+ Les impôts directs touchent le contribuable nommément, et sont assis sur une assiette constante (revenu, capital...). Il en est ainsi de l’IRPP, la CSG, l’ISF, etc. La théorie de l'incidence fiscale montre qu'il peut cependant exister, même pour ce type d'impôt, des mécanismes de reports de la charge fiscale sur des tiers qui ne sont pas prévus par le législateur.
118
+
119
+ Les impôts indirects sont ceux qui touchent une matière imposable quel que soit le contribuable. Ils reposent sur une assiette irrégulière, intermittente, tout au long de l'année. Les impôts indirects tels que la TVA sont souvent qualifiés d'impôts indolores car le redevable réel tend à percevoir les taxes comme une part du prix normal des biens.
120
+
121
+ La progressivité fiscale mesure l'évolution du montant de l'impôt en fonction de la valeur de l'élément taxé, appelée base d'imposition ou assiette. Le montant des impôts personnels est fixe quel que soit le montant de l'assiette. Aujourd'hui très rare, c'était le cas par exemple pour la capitation ou le fouage.
122
+
123
+ Pour les impôts dont la valeur change avec l'assiette, il est d'usage de considérer le taux d'imposition c'est-à-dire le rapport montant de l'impôt/valeur de l'assiette.
124
+
125
+ Les impôts progressifs sont en général mis en œuvre selon un système de « tranches » : la première tranche n'est pas taxée, la deuxième est taxée à un taux faible (par exemple 10 %), la suivante un peu plus (20 % par exemple), etc. Noter que, contrairement à la croyance naïve, le taux le plus élevé ne s'applique pas à l'ensemble de l'assiette, mais seulement à la tranche qui le concerne, il n'y a donc pas de saut de l'impôt total payé lors du changement de tranche. Une variante plus récente et plus rare rajoute une tranche avant la première, qui non seulement n'est pas taxée, mais donne même droit à un crédit d'impôt : c'est le système de l'impôt négatif sur le revenu.
126
+
127
+ On dit qu'un impôt est synthétique ou analytique selon qu'il prend en compte un élément isolé ou plusieurs éléments et qu’il les taxe globalement.
128
+
129
+ Un impôt cédulaire est l'agrégat de plusieurs impôts analytiques auxquels sont appliqués des taux différents selon leurs natures. Par exemple la contribution sociale généralisée est un impôt cédulaire sur les revenus, appliquant des taux différents pour les salaires, les retraites, les revenus du patrimoine...
130
+
131
+ Les impôts de répartition sont les impôts pour lesquels le taux est fixé en fonction de la somme à percevoir (typiquement, le montant imposé par le souverain ou le suzerain, éventuellement le montant nécessaire pour un projet collectif tel qu'un nouveau pont). En effet pour ce type d’impôts l’important était de savoir combien l’on voulait récolter, ce montant étant ensuite réparti sur l’ensemble des contribuables. Ces impôts ont disparu du système fiscal français, comme de pratiquement tous les systèmes fiscaux modernes.
132
+
133
+ Les impôts de quotité sont ceux dont le taux est déterminé à l’avance, quel que soit le budget dont aurait besoin la collectivité qui le perçoit. L’ensemble des impôts du système fiscal français actuel est de ce type.
134
+
135
+ Les impôts spécifiques s'obtiennent en appliquant un montant fixe par unité de produit. Par exemple la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (anciennement nommée « TIPP ») valait 0,606 9 euro pour un litre de super sans plomb en 2007 ou la taxe sur les emplacements publicitaires fixes qui est calculée selon la superficie de l'emplacement, sans considération du prix de location final.
136
+
137
+ Les impôts ad valorem, plus répandus, sont calculés en appliquant un taux au montant de l'élément taxé. C'est par exemple le cas de la taxe sur la valeur ajoutée.
138
+
139
+ Un certain nombre de grands principes guident les politiques fiscales.
140
+
141
+ Le principe d'équité demande un effort équivalent à tous les contribuables. Il peut prendre deux formes :
142
+
143
+ A contrario des considérations comme celles du pollueur-payeur ou de l'usager payeur, cherchent à moduler les contributions financières selon la jouissance d'un service ou la production d'une nuisance. La taxe à l'essieu des années 1960 a ainsi longtemps été citée comme modèle de vérité des prix : un camion usant les routes proportionnellement à la cinquième puissance de son poids par essieu, la taxe était proportionnelle aussi à cette cinquième puissance. Pour des raisons d’uniformisation européenne, ce n’est plus le cas aujourd’hui et la taxe n’est donc plus proportionnelle à cette usure.
144
+
145
+ L'impôt doit influer a minima sur le comportement des acteurs économiques. Par exemple le mécanisme de la TVA, qui taxe la valeur ajoutée et non la production, permet de ne pas favoriser les entreprises intégrées.
146
+
147
+ Cette considération était très importante à l'époque classique, où l'impôt n'était pas considéré comme un sujet économique[20]. Elle est aujourd'hui largement remise en cause et au contraire, la politique fiscale est souvent utilisée pour agir sur les comportements des consommateurs (taxes sur le tabac très élevées, justifiées par la lutte contre le tabagisme) ou pour influencer le marché lorsque le pouvoir estime qu'il y a un dysfonctionnement.
148
+
149
+ L'État tire sa légitimité de son aptitude à lever l'impôt sur toutes les catégories de citoyens[21]. En régime démocratique le contribuable-citoyen étant censé consentir librement à l'impôt, deux grandes doctrines théorisent l'acceptation de l'impôt et la légitimité du pouvoir fiscal.
150
+
151
+ Proche des théories du contrat social et portée notamment par le courant libéral, la thèse de l'impôt-prix ou de l'impôt-échange présente l'impôt comme le prix payé par le contribuable pour les services rendus par l'État.
152
+
153
+ Cette idée que l'impôt est légitime si l'utilité des services rendus par l'État est supérieure au sacrifice de la pression fiscale, a été par exemple défendue en France par Émile de Girardin[22] :
154
+
155
+ « Tout impôt qui n’est pas la garantie d’un risque, le prix d’une marchandise ou l’équivalent d’un service est un impôt qui doit être abandonné. »
156
+
157
+ Issu notamment des travaux socialistes réformistes, la thèse de l'impôt solidaire présente le prélèvement fiscal comme un sacrifice nécessaire à l'entretien du lien social[23]. Elle repose sur la promotion d'une identité collective, l'impôt servant au financement des charges communes mais aussi, par la redistribution, à la cohésion du corps social.
158
+
159
+ De nombreux auteurs ont tenté de construire un impôt unique qui présenterait les avantages d'être simple à percevoir, équitable, et transparent.
160
+
161
+ Les physiocrates prônaient ainsi un impôt universel sur le foncier. Émile-Justin Menier ou Émile de Girardin ont créé des impôts uniques sur le capital. Plus récemment le prix Nobel James Meade a proposé en 1978 un impôt sur la dépense. Aux États-Unis, des économistes défendent le principe d’une fair tax unique.
162
+
163
+ L'hypothèse d'un impôt unique est récusée par d'autres, avec l'idée que la multiplication des sources de prélèvement permettrait de limiter les inégalités, en répartissant et diluant les opportunités de fraude entre les contribuables. Selon l'adage attribuée à Voltaire, « impôt unique, impôt inique », chaque impôt compense les défauts des autres.
164
+
165
+ Le secret fiscal est le fait que les déclarations d'impôts individuelles ne soient une information publique. Certains pays ou régions divulguent néanmoins certaines informations privées.
166
+
167
+ En Suisse, « le secret fiscal est un secret de fonction qualifié qui oblige toutes les personnes chargées de l’application de la législation fiscale à garder le secret »[24]. Dans certaines conditions, des informations peuvent être transmises aux autorités, en particulier à la justice pénale. Le Canton de Vaud permet à tout contribuable vaudois de demander « le revenu net et la fortune nette imposables » et « le bénéfice net et le capital imposables » d'autres contribuables de la région[25].
168
+
169
+ Randall G. Holcombe (en) a proposé de définir l'État comme le seul acteur économique qui a le potentiel d'opérer régulièrement un prélèvement contraint sur les biens de l'ensemble des individus présents sur un territoire donné[26].
170
+
171
+ Pour faciliter la perception des impôts, l'État doit avoir une légitimité à lever l'impôt. Les États respectueux des droits individuels peuvent ainsi se permettre d'imposer lourdement leur citoyens alors que les États despotiques doivent modérer la pression fiscale pour éviter les insurrections. C'est la thèse défendu par Montesquieu : « Il y a, dans les États modérés, un dédommagement pour la pesanteur des tributs : c’est la liberté. Il y a dans les États despotiques un équivalent pour la liberté : c’est la modicité des tributs. »[27]
172
+
173
+ La collecte et le contrôle de l'impôt permettent l'affirmation du pouvoir de l'appareil d'État. Ainsi l'impôt révolutionnaire peut être vu, selon que l'on se place du point de vue du pouvoir en place ou de celui des contestataires, comme le racket d'un groupe criminel ou une contribution légitime aux institutions qui concourent à un nouveau modèle de société.
174
+
175
+ L'impôt négatif est un autre exemple, en creux cette fois, du lien entre État et impôt. Consistant, comme d'autres formes d'aide sociale à exercer la solidarité par l'attribution d'un pouvoir d'achat plutôt que la fourniture de services publics, il conduit à confier à des institutions privées des prestations qui auraient été gérées par l'administration[28].
176
+
177
+ La mondialisation économique, qui consiste en partie en une libéralisation des mouvements de capitaux, renforce la concurrence fiscale qui existe entre États.
178
+
179
+ L'impôt marque la frontière entre l'économie planifiée et économie de marché. L'acceptation ou le rejet de l'impôt reflète donc une préférence pour l'action collective pilotée par les instances politiques ou pour l'initiative privée. Pour les uns comme pour les autres, moduler les ressources des collectivités politiques est aussi une façon d'ajuster leur place relative dans la société par rapport aux autres agents : individus, associations, entreprises…
180
+
181
+ On présente souvent le paiement de l'impôt comme un devoir civique[29]. Il existe pourtant des citoyens non taxés, les expatriés par exemple, et des contribuables non citoyens comme les immigrés.
182
+
183
+ Dans les systèmes de suffrage censitaire, le droit de vote est conditionné au paiement de l'impôt.
184
+
185
+ On attribue à Colbert le bon mot selon lequel :
186
+
187
+ « l'art de lever l'impôt consiste à plumer les oies sans trop les faire crier. »
188
+
189
+ Le pouvoir politique a en effet toujours eu pour préoccupation de s'assurer que ses prérogatives fiscales n'étaient pas contestées. Cela l'a conduit à multiplier impôts indirects et taxes de toutes natures qui tendent à rendre l'impôt invisible car totalement intégré aux prix des biens et services.
190
+
191
+ Mais en démocratie, le contribuable est avant tout un citoyen. Invité à prendre part à la gestion des affaires publiques, il est en droit d'exiger la transparence fiscale conformément à l'article 14 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789[30] :
192
+
193
+ « Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. »
194
+
195
+ L’existence, la répartition et le type des prélèvements sont spécifiques à chaque pays. Une des caractéristiques des pays démocratiques est que ce sont les organes politiques qui, au nom du peuple, doivent « consentir librement [à l’impôt] [...], en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée »[30]. Ces organes sont, pour les impôts nationaux, le parlement, et pour les impôts levés au niveau local, les conseils municipaux, les cantons… Ceux-ci fixent le montant global des ressources fiscales de l'État, les assiettes fiscales qui seront taxées, et le montant qu'elles supporteront. Ces organes politiques, assistés d'institutions chargées du contrôle des comptes publics comme la Cour des comptes en France, sont par ailleurs garants de l'utilisation des fonds levés.
196
+
197
+ Le contribuable est l'individu, le ménage ou toute personne morale (entreprise, associations) qui est assujetti à un impôt et paie de ce fait une contribution au fonctionnement de l'État et de ses services.
198
+
199
+ Le nombre de contribuables ne dépend donc pas que de ceux qui paient l'impôt sur le revenu. Environ 50 % des citoyens français ne paient pas d'impôt sur le revenu (IR), alors que tous paient des taxes indirectes (taxe intérieure sur les produits pétroliers et taxe sur la valeur ajoutée, notamment, qui représentent environ 50 % des recettes fiscales en France).
200
+
201
+ Des mouvements de défense des contribuables ont vu le jour dans les dernières décennies, d'abord dans les pays anglo-saxons puis repris en France. On peut citer Contribuables associés en France et contribuables d'Aubagne en France ou le Rassemblement des contribuables français de Nicolas Miguet.
202
+
203
+ Par ailleurs, il peut être mis en place un impôt volontaire, qui permet à certains contribuables de soutenir financièrement par l'impôt un projet seulement s'ils le souhaitent.
204
+
205
+ Déterminer l’assiette de l’impôt c'est évaluer la quantité de matière fiscale sur laquelle va porter l'impôt. Il existe trois grandes méthodes[31] :
206
+
207
+ La liquidation est le calcul de l'impôt dû par les contribuables. Elle dépend de l'assiette mais aussi de la situation du contribuable, par exemple le nombre de personnes composant un foyer pour l'IRPP.
208
+
209
+ Un plafond ou bouclier fiscal est une limite maximale d'imposition, en valeur absolue ou en taux. En France, le bouclier fiscal limitait les impôts directs de chaque contribuable à 50 % maximum de ses revenus.
210
+
211
+ Un plancher est un seuil minimal. En France un projet d'impôt minimum a été évoqué lors de l'examen de la loi sur le bouclier fiscal[32]. Aux États-Unis l'alternative minimum tax a été introduite en 1969.
212
+
213
+ Une niche fiscale, ou dérogation fiscale, ou abri fiscal, peut être, soit une disposition fiscale qui permet de payer moins d'impôts lorsque certaines conditions sont réunies, soit une lacune ou un vide législatif permettant d'échapper à l'impôt sans être en infraction. Elle peut concerner :
214
+
215
+ En France le SNUI estime entre 32 et 35 milliards d'euros (60 % des recettes de l'impôt sur le revenu) le coût budgétaire de ces différentes niches fiscales pour 2007[32].
216
+
217
+ Au Canada, le régime enregistré d'épargne-retraite (REER), le régime enregistré d'épargne étude (REEE), le régime de pension agréé (RPA) et le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) sont des abris fiscaux.
218
+
219
+ Le recouvrement est la perception de l'impôt. Souvent présentée comme une fonction régalienne, la collecte des prélèvements obligatoires peut aussi être prise en charge par des institutions privées bénéficiant de prérogatives de puissance publique.
220
+
221
+ Le système de la régie est aujourd'hui le plus courant. Il affecte à des comptables du ministère des Finances la responsabilité du recouvrement.
222
+
223
+ Il a remplacé celui de la ferme, où la collecte était une concession. Elle était ainsi confiée aux publicains dans la Rome antique ou aux fermier généraux et aux décimateurs sous l'Ancien Régime. Il existe aujourd'hui encore un certain nombre de missions de recouvrement confiées à des institutions privées de sécurité sociale. L'inspection avant expédition consiste à recourir à des sociétés privées pour vérifier, pour le compte des douanes, la quantité et la valeur des marchandises exportées. Aux États-Unis, l'Internal Revenue Service sous-traite certaines de ses activités de recouvrement à des sociétés comme Linebarger Goggan Blair & Sampson, LLP ou Pioneer Credit Recovery Inc.. On peut aussi citer la société Capita Group en Grande-Bretagne.
224
+
225
+ La retenue à la source permet également à l'administration de réduire ses coûts de collecte, au détriment certes des opérateurs privés.
226
+
227
+ La doctrine, en France, repose toujours sur le principe de séparation des ordonnateurs et des comptables. Mais cette doctrine est en pratique attaquée en ses bases par les outils informatiques intégrés qui se développent.
228
+
229
+ Le coût de l'assiette et du recouvrement de l'impôt (dit « taux d'intervention ») est très variable d'un pays à l'autre. Pour les pays industrialisés, il s'échelonnait en 1997 de 0,5 % aux États-Unis et en Suède jusqu'à 1,6 % en Allemagne[33]. Le coût en France est actuellement de 1,20 %[34]. Cette variation s'explique principalement par les différences de mode d'imposition. Le coût de gestion est en effet très variable d'un impôt à l'autre, allant par exemple en France pour l'année 2005 de 5,38 % pour la vignette automobile à 0,06 % pour la taxe sur les conventions d'assurances[35].
230
+
231
+ Dans les systèmes d'évaluation directe de l'assiette, la déclaration des revenus est réalisée par le contribuable lui-même. Il est alors nécessaire, pour s'assurer de la véracité des déclarations, que l'administration exerce, de façon aléatoire ou en fonction d'indices de fraudes fiscales, un contrôle des déclarations de situation du contribuable.
232
+
233
+ C'est cette crainte de l'« inquisition fiscale » ou aussi « secret des coffres-forts violés » selon les paroles de Thiers, droit de regard discrétionnaire de l'administration sur les finances des citoyens, qui aurait fait rejeter le principe de l'évaluation directe, dans de nombreux pays et cela jusqu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
234
+
235
+ En France, quand la Direction générale des Finances publiques suspecte une fraude, elle peut procéder à une rectification, c'est-à-dire signifier l'obligation de payer une somme due supplémentaire correspondant au moins perçu assortie d'intérêts de retard et/ou de pénalités. En France les droits rappelés et les pénalités appliquées en 2009 se sont élevés à 14,7 milliards d'euros. Cependant, compte tenu du recouvrement particulièrement faible des créances issues du contrôle fiscal (« objectif DGFIP, 43 % au bout de deux ans ») et du coût du contrôle (1,3 milliard d'euros environ), le rendement budgétaire est de l'ordre de 5 milliards. Certains redressements par ailleurs n'entraînent souvent qu'une imposition plus rapide et un gain de trésorerie ponctuel pour l'État. Ils sont toutefois comptabilisés pour leur valeur brute dans les statistiques du contrôle[36].
236
+
237
+ En France, le contribuable a la possibilité de présenter un recours à l'administration fiscale, puis si elle est rejetée, devant les tribunaux pour obtenir la restitution d'un impôt payé en trop. Un contentieux présenté directement devant les tribunaux sera rejeté.
238
+
239
+ Les caractéristiques et les impacts des impôts sont étudiés en détail par les sciences économiques, en particulier l’économie publique. Les économistes étudient l'effet du niveau relatif d'imposition, et des politiques fiscales, sur la croissance économique. Plus largement, la théorie économique étudie la manière dont le système fiscal s'intègre au sein de l’activité économique, les distorsions économiques dont il est la cause ou l'effet, et sa façon d'influencer les agents dans leur comportement à l'égard du revenu et de l’épargne.
240
+
241
+ Les systèmes fiscaux génèrent des « comportements d’évitement » de la part des contribuables, particuliers et entreprises (fraude fiscale, travail au noir, évasion fiscale ou simple désincitation au travail)[37].
242
+
243
+ Il reste cependant difficile de prévoir les conséquences d'une augmentation des impôts sur l'activité. Les contribuables ont en effet deux options antagonistes[38] :
244
+
245
+ Les économistes ont étudié l’ampleur à différentes échéances de l’impact récessif d’une hausse des impôts sur la croissance économique. Les économistes ne sont pas unanimes sur l'importance de cet impact négatif, qui dépend du type d’impôt considéré. Par exemple, Christina D. Romer et David H. Romer ont estimé cet impact sur des données américaines, et montrent qu’une hausse des impôts de 1 dollar provoque une diminution du PIB de 3 dollars, essentiellement du fait d'une diminution de l'investissement[39].
246
+
247
+ Les deux auteurs tentent de séparer l’impact purement fiscal des autres impacts économiques, pour mieux isoler son effet, ce qui leur donne une latitude importante, pour « retraiter » la corrélation historique entre le taux d’imposition et la croissance. Ce retraitement vise aussi à neutraliser les variations fiscales liées à des contraintes macro-économiques (augmentation des dépenses ou relance de la conjoncture) pour se concentrer sur celles qui visent à promouvoir la croissance à long terme. Pour y parvenir, ils ont analysé les discours politiques. Leur travail montre qu'une hausse d’impôts accompagnant un discours de réduction du déficit budgétaire ont un impact économique meilleur que les autres.
248
+
249
+ Il n’existe pas de relation simple entre niveau d’imposition et niveau du PIB ; en revanche un niveau d’imposition élevé tend à réduire la croissance du PIB, et donc le PIB futur. De manière plus globale, le niveau d'imposition dépend des politiques sociales mises en œuvre et de l’efficacité du secteur public ; dans tous les cas, le secteur public doit être efficient, c’est-à-dire accroître l’utilité de ses citoyens pour un coût minimal. Les évolutions au sein des pays développés à partir des années 1980 visaient à répartir la charge fiscale de manière optimale entre les différents modes de prélèvement (rôle de la politique fiscale).
250
+
251
+ Par ailleurs, moduler l’imposition en fonction de la conjoncture économique par la politique conjoncturelle est recommandé par une partie des économistes, si les incertitudes sur les prévisions et les impacts de long-terme sont correctement pris en compte. Alberto Alesina et Roberto Perotti ont étudié ces ajustements dans une étude sur tous les pays de l’OCDE[40].
252
+
253
+ L'incidence fiscale mesure la différence entre le redevable et le payeur réel. C'est-à-dire la possibilité de reporter la charge de l'impôt sur un tiers: client, fournisseur, locataire, salarié...
254
+
255
+ Par exemple en France les restaurateurs ont milité au début des années 2000 pour bénéficier d'une TVA à taux réduit. Or l'objectif affiché n'était pas de baisser le montant des additions payées par les convives mais d'augmenter les marges du restaurant, pour pouvoir par exemple proposer des salaires d'embauche plus élevés[41]. Pourtant la TVA est traditionnellement présentée comme un impôt indirect sur la consommation. Elle est censée être payée par le consommateur final, le commerçant ne servant que d'intermédiaire lors de l'opération d'encaissement. Alors que la logique aurait voulu que ce soit le prix payé par le client qui baisse, tout le monde raisonnait donc comme si la TVA était en réalité un impôt sur les revenus du restaurateur.
256
+
257
+ Ce phénomène est connu depuis très longtemps, déjà à l'époque classique Adam Smith et les physiocrates croyaient que tout impôt était équivalent à une taxe sur la propriété foncière. On considère aujourd'hui que le problème est plus complexe et que la possibilité de transférer la charge de l'impôt dépend beaucoup de l'élasticité de l'offre et de la demande.
258
+
259
+ C'est un problème politiquement très important, car mal maîtrisé il peut pervertir radicalement les initiatives de justice fiscale. Par exemple une hausse de l'impôt sur le revenu est beaucoup plus facile à transférer pour une profession libérale que pour un salarié, du fait de la rigidité des salaires. C'est pourquoi certains considèrent qu'au final la TVA est peut-être plus juste que l'IRPP[42].
260
+
261
+ La sensibilité est la façon dont le montant d'un impôt suit les fluctuations économiques. Les impôts spécifiques, qui s'appliquent sur les montants, sont plus sensibles que les impôts ad valorem qui ont des montants fixes. Les impôts prélevés à la source sont eux aussi plus sensibles que les impôts calculés en fonction de revenus passés.
262
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263
+ L'élasticité d'un impôt détermine la possibilité pour le pouvoir politique de moduler son rendement. Bien utilisés, les impôts les plus élastiques permettent au politique de lisser les fluctuation économiques[20]. Ils peuvent aussi provoquer un effet désincitatif pour l'investissement dans certains secteurs économiques devant l'incertitude de les voir plus lourdement taxés à l'avenir. Selon l'adage « tout vieil impôt est bon, tout nouvel impôt est mauvais »[43] : la réforme fiscale a un coût, non seulement pour l'administration qui doit construire de nouveaux mécanismes de perception et de contrôle, mais pour tous les agents économiques du fait des perturbations qu'entraîne le nouvel impôt sur les équilibres commerciaux.
264
+
265
+ Un adage courant énonce que : « Trop d’impôts tue l’impôt ».
266
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+ Cette formule a été théorisée par Arthur Laffer, économiste américain de l'école de l’offre. Cet auteur de la courbe de Laffer qui modélise les rentrées fiscales en fonction du taux d’imposition et qui estime qu'au-delà d'un certain niveau d'imposition, l'optimum, les recettes fiscales diminuent car la baisse d'activité ne compense plus l'augmentation d'imposition (ces recettes étant nulles pour les taux d’imposition 0 ou 100 %).
268
+
269
+ Lorsque la pression fiscale augmente trop, les acteurs économiques cherchent des moyens de la compenser :
270
+
271
+ Florin Aftalion en donne une illustration au début des années 2000 aux États-Unis : la réduction des taux d'imposition des plus-values et des dividendes appliquée en 2003 est allée de pair avec une hausse des recettes fiscales de 8 % en 2004 puis 9 % en 2005[44].
272
+
273
+ L'Institut Montaigne adopte également une position utilitariste et estime que la suppression de l'ISF permettrait de « faire payer les riches en France ». Devant les effets pervers de l'imposition excessive comme l'expatriation fiscale, il convient selon l'Institut de baisser les taux d'impôts pour augmenter à terme les recettes fiscales. Ainsi, dans le cas de l'ISF, pour des recettes de 3,6 milliards d'euros, il chiffre à 15,9 milliards le total des pertes fiscales[17].
274
+
275
+ La contestation de la pression fiscale est probablement aussi vieille que l'impôt lui-même. Mais, alors qu'on a assisté au cours du XXe siècle à une progression régulière du poids de l'impôt dans les économies, la contestation s'est progressivement structurée dans un certain nombre de doctrines politiques. Cette théorisation a accompagné l'effacement des utopies sociales et l'avènement d'une société considérée comme plus individualiste.
276
+
277
+ L'impôt ou certaines de ses modalités sont critiqués sur le plan moral par des philosophes ou économistes.
278
+
279
+ La « révolution conservatrice » a fait de la réduction d'impôt le moyen de provoquer la diminution de l'emprise de l'appareil d'État sur la société. C'est Ronald Reagan qui a popularisé cette politique consistant à « affamer la bête » (starving the beast) lors d'un débat avec John Anderson durant les élections présidentielle américaine de 1980[45].
280
+
281
+ La position libertarienne et plus particulièrement anarcho-capitaliste considère que « l'impôt, c'est le vol » puisqu'il va à l'encontre du principe de non-agression défini par Murray Rothbard. Ce dernier a ainsi écrit : « L'impôt est un vol, purement et simplement, même si ce vol est commis à un niveau colossal, auquel les criminels ordinaires n’oseraient prétendre ». Avant lui, Lysander Spooner écrivait par exemple que « le fait est que, tel un voleur de grand chemin, le gouvernement vous dit : la bourse ou la vie ! Il est vrai qu'il ne vous attaque pas dans un lieu désert, au bord de la route, vous braquant un pistolet sur la tête pour vous vider les poches. Mais le vol n'en est pas moins un vol, et il n'en est que plus lâche et honteux »[46].
282
+
283
+ S'opposant à tout impôt « exagéré », des économistes comme Adam Smith, Jean-Baptiste Say ou Frédéric Bastiat en ont dénoncé les effets pervers et ont défendu le droit de résistance du citoyen contribuable. Ainsi, Bastiat d'écrire que « la Spoliation est un principe de haine et de désordre, et si elle revêt une forme plus particulièrement odieuse, c'est surtout la forme légale. »[47] Dans ses Leçons de jurisprudence, Smith défendait pour sa part que « il ne fait pas doute qu'un impôt exorbitant, équivalant par exemple, en temps de paix comme en temps de guerre, à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifierait, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple. »
284
+
285
+ L'administration rompt tout lien entre le contribuable et le bénéficiaire. Reposant sur des normes et des procédures préétablies, elle est incapable, voire combat cette idée au nom de l'égalité des droits, de prendre en compte les différences et les subjectivités individuelles des personnes impliquées dans cet échange. En les concurrençant, les mécanismes de redistribution par l'impôt détruisent donc les liens sociaux de nature communautaires ou familiaux, fondés sur les échanges de type don et contre-don[48].
286
+
287
+ La progressivité ou la proportionnalité de l'impôt ont été également sévèrement critiquées par des auteurs comme Proudhon ou Ludwig von Mises. Proudhon a écrit dans Qu'est-ce que la propriété ?[49] que « la taxe n'est pas répartie en raison de la force, de la taille, ni du talent : elle ne peut l'être davantage en raison de la propriété. Si donc l'État me prend plus, qu'il me rende plus, ou qu'il cesse de me parler d'égalité des droits ; car autrement la société n'est plus instituée pour défendre la propriété, mais pour en organiser la destruction. L'État, par l'impôt proportionnel, se fait chef de bande ; c'est lui qui donne l'exemple du pillage en coupes réglées ; c'est lui qu'il faut traîner sur le banc des cours d'assises, en tête de ces hideux brigands, de cette canaille exécrée qu'il fait assassiner par jalousie de métier. » L'économiste de l'école autrichienne Ludwig von Mises a avancé pour sa part dans L'Action humaine, traité d'économie que « l'impôt progressif est un mode exagéré d'expropriation. » Friedrich Hayek, autre représentant de l'école autrichienne et « prix Nobel » d'économie, a souligné par ailleurs que la progressivité et plus généralement un système fiscal fondé sur les exceptions ne faisaient que permettre aux puissants de favoriser arbitrairement certains. Et Hayek de dire que « la progressivité n'est rien de plus qu'une invitation ouverte à la discrimination »[réf. souhaitée]. À un impôt progressif, les critiques proposent de substituer un impôt à taux unique (flat tax) ou la capitation (même montant payé par tous).
288
+
289
+ Les manifestations de l'antifiscalisme peuvent prendre des aspects politiques et sociaux ou plus individuels.
290
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291
+ En France le XVIIe siècle voit éclater de nombreuses jacqueries antifiscales : guerre des sabotiers en Sologne, révolte des va-nu-pieds en Normandie, Jacquerie des croquants dans le Sud-Ouest, Révolte de Roure dans le sud-est...
292
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293
+ La guerre d'indépendance des États-Unis a des causes fiscales, symbolisées par le Stamp Act (loi sur le timbre) de 1765. Les états généraux de 1789 qui entraîneront la Révolution française avait également été réunis pour des problèmes fiscaux.
294
+
295
+ En France, la contestation fiscale a été régulièrement portée par des groupes politiques plus ou moins influents. On peut citer la Fédération des contribuables de Jacques Lemaigre Dubreuil dans les années 1930, puis après guerre l'UDCA de Pierre Poujade, la CIDUNATI de Gérard Nicoud, la ligue des contribuables dans les années 1980, le rassemblement des contribuables français de Nicolas Miguet...
296
+
297
+ Les États-Unis ont connu une importante mobilisation dans les années 1970. Des groupes comme American Tax Reduction Movement ont promu des initiatives qui ont abouti, par exemple, à la proposition 13 dans l'État de Californie.
298
+
299
+ Les manifestations antifiscales sont le plus souvent des mouvements catégoriels visant à défendre des intérêts sectoriels. Ils ont plus de chance d'aboutir puisque la perte de recettes peut être répercutée sur l'ensemble des autres contribuables. Par exemple en France les journalistes se sont mobilisés avec succès entre 1995 et 1997 pour défendre leurs abattements d'impôts[50].
300
+
301
+ La grève fiscale est assez rare et souvent partielles, revenant à ne payer que ce qui est considéré comme légitime. L'extrême gauche italienne des années 1970 à ainsi prôné une « auto-réduction de l'impôt ». En France, où l'incitation à la grève fiscale est illégale[51], une grève a été proposée par l'Action française lors des commémorations de 1989 et plus récemment par des mouvements antinucléaires et antimilitariste, sans grand succès[52].
302
+
303
+ La fraude fiscale est une infraction à la loi, commise intentionnellement, dans le but d'échapper totalement ou partiellement à l'impôt. La fraude est parfois prise en compte par l'administration, par exemple il existait dans l'IRPP français un abattement de 20 % pour les salariés destiné à compenser leur moindre possibilité de fraude. L'amélioration des contrôles, quand elle n'est pas accompagnée d'une suppression des surtaxations, peut entraîner des situations conflictuelles comme le poujadisme dans les années 1950[53].
304
+
305
+ L'économie souterraine regroupe toutes les activées dont les revenus ne sont pas déclarés à l'administration fiscale. Il s'agit donc d'un continuum qui va de l'échange de bons procédés entre voisins au réseau mafieux. On peut néanmoins spécifier que l'économie informelle cesse lorsque la non déclaration n'est pas due à la seule volonté d'échapper à l'impôt mais aussi à la nécessité de cacher des activités délictuelles. L'économie grise représente donc des activités comme le travail clandestin, la vente à la sauvette, la sous location... Traditionnellement considérée comme contraire à l'éthique sociale, elle a cependant été présentée comme un exemple de liberté de marché par des économistes comme Milton Friedman[54].
306
+
307
+ Dans un pays comme la France, le montant de l'ensemble des fraudes pourrait représenter de 15 à 20 % de montant des recettes fiscales[52].
308
+
309
+ L'ingénierie fiscale consiste à optimiser son activité économique ou financière (placements, rémunération des collaborateurs...) pour minimiser le poids de l'impôt. Elle repose sur l'exploitation de failles législatives ou de régimes dérogatoires. L'évasion fiscale consiste à transférer des capitaux, des activités économiques ou des foyers fiscaux dans des lieux où la fiscalité est plus avantageuse. L'anachorèse fiscale était déjà connue en Égypte antique, à Rome le code Théodosien punissait ceux qui se retirent de la cité et gagnent le désert pour échapper à l'impôt.
310
+
311
+ Le renoncement à l'activité économique est une dernière forme d'échappatoire à l'impôt. Elle consiste à effectuer un arbitrage quand la pression fiscale est trop démotivante. La France a ainsi connu dans les années 1960-1980 une vague de renoncement de la part des professions libérales qui changèrent de mode de vie car elles considéraient que leur revenu après impôt ne correspondait plus à leurs efforts[54].
312
+
313
+ Le recours à l'emprunt permet de déplacer et étaler un besoin de financement dans le temps, ce qui se justifie bien pour un investissement nouveau. Mais il augmente la dette publique, vient en concurrence de l'endettement privé, et n'est pas gratuit (il faudra rembourser et payer les intérêts). Comme les revenus du domaine public, cette ressource n'est pas extensible à l'infinie.
314
+
315
+ La manipulation monétaire (création monétaire, dévaluation, etc.) se paye également par des perturbations économiques (inflation) et une destruction de confiance. C'est une forme d'impôt qui touche la monnaie thésaurisée et les revenus les plus rigides. Les montants des prélèvements fiscaux étant eux-mêmes assez rigides, votés par la loi et s'appliquant souvent sur des revenus de l'année précédente, cette politique peut aboutir à une baisse du rendement de la fiscalité. Paradoxalement, les impôts progressifs peuvent voir eux leur rendement augmenter, les seuils réel des tranches fiscales diminuant avec la valeur de la monnaie: c'est ce qu'on appelle l'effet multiplicateur de l'inflation[55].
316
+
317
+ Les revenus du domaine public (ressources minières par exemple) ne sont pas illimités, il est difficile de compter sur leur augmentation pour venir en remplacement d'un impôt.
318
+
319
+ L'impôt est une réponse au financement des biens publics, c'est-à-dire de biens soumis au paradoxe du passager clandestin (individu qui profite du bien sans y contribuer). La technique évoluant, il devient parfois possible de rendre ces services excluables, et donc de facturer leur usage. Par exemple, on peut passer de la télévision publique à une télévision cryptée, regardable seulement par ceux qui la financent. Un autre exemple est le système « pay as you drive » de la société Norwich Union, cette boîte noire intégrant un GPS pourrait être utilisée pour répartir précisément les coûts d'entretien des routes sur leurs usagers réels. Dans ces conditions, l'impôt n'est plus nécessaire : on peut avoir recours à la taxe, c'est-à-dire une contribution fondée sur l'usage constaté et qui équilibre le coût du service. Dès lors, en ayant recours au service alors qu'il en connaît le prix l'usager manifeste à la fois son consentement à l'impôt et la reconnaissance du fait que le prix en est juste, tandis qu'il paye la contribution avec la facture. On peut même privatiser le bien : si on n'est plus en présence d'un bien public, on peut laisser le secteur privé réunir le financement et percevoir le prix du service.
320
+
321
+ La souscription publique, le parrainage (sponsoring), les dons, etc. permettent de rendre facultatif la contribution. Ils nécessitent cependant que l'action ainsi financée soit assez attirante, et d'autre part qu'elle ne soit pas trop dépendante de l'humeur du public : ce type de financement peut convenir à une aide d'urgence à la suite d'une catastrophe naturelle suscitant l'émotion, pas à une dépense militaire stable dans le temps. De plus, les financeurs revendiquent un droit de regard et de contrôle sur le projet, avec les contraintes que ça implique pour ses promoteurs. Le don du sang ou d'organes est un exemple de prélèvement non contraint, reposant uniquement sur l'altruisme en début de chaîne puis généré par des structures administratives ou commerciales[56]. Accessoirement, si l'État laisse les « bonnes causes » au financement privé et ne conserve le financement que d'actions impopulaires, son image et le consentement à l'impôt pourront en souffrir.
322
+
323
+ Pour toutes ces raisons, en pratique, plutôt que de demander une contribution volontaire à une action qu'il souhaite mener, l'État préférera offrir une contribution (sous forme de subvention, de défiscalisation, etc.) à des actions menées par le secteur privé auxquelles il reconnaît « utilité publique », en exigeant au passage un droit de regard et de contrôle.
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+ Le financement peut enfin être intégré au système de prise de décision. On a donc un système de marché, ou plusieurs propositions sont en concurrence, chacun indiquant le prix qu'il est prêt à payer pour la voir adoptée. La Clarke Tax est exemple de mécanisme de ce type.
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1
+ L'impôt constitue un des prélèvements obligatoires effectué par voie d’autorité par la puissance publique (l'État et les collectivités territoriales) sur les ressources des personnes vivant sur son territoire ou y possédant des intérêts. Sans contrepartie directe pour le contribuable, ce prélèvement est destiné à être affecté par l'intermédiaire des budgets publics aux services d'utilité générale. Dans les États démocratiques, le pouvoir de fixer, de lever et d'affecter l'impôt est de la compétence exclusive du pouvoir législatif. Trois paramètres essentiels permettent de caractériser un impôt : l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement[1].
2
+
3
+ Historiquement, l'impôt est un élément important qui n'a cessé de conditionner l'existence, la gestion et la puissance des États : constituant généralement une part importante, pour ne pas dire la plupart du temps essentielle, des recettes publiques avec les cotisations sociales, les impôts alimentent le budget de l'État ou d'une subdivision nationale ou fédérale (comme une province, une subdivision territoriale, un territoire, un département, un district, etc.), et dans une moindre mesure des organismes à compétence spécialisée (par exemple en France, les chambres de commerce).
4
+
5
+ Dans la mesure où l'impôt est un prélèvement obligatoire, récurrent, et sans contrepartie, sur une quantité de biens, il a toujours existé, sous une forme ou une autre, dans une société dirigée par un État.
6
+
7
+ On oublie souvent de considérer le fait que la création monétaire est un prélèvement de fait sur la production (biens et services) des habitants d'un pays. A ce titre, la création monétaire est un impôt discret.
8
+
9
+ On a longtemps considéré que les sociétés primitives étaient des sociétés de disette. Les hommes parvenant tout juste à assurer leur subsistance, ils ne pourraient produire l'excédent nécessaire au paiement d'un impôt.
10
+
11
+ Mais Marshall Sahlins a montré que d'une part ces sociétés produisaient du surplus, utilisé sous forme d'offrandes aux divinités ou pour des transactions du type don et contre-don, et que d'autre part elles limitaient volontairement leur production[2].
12
+
13
+ L'absence d'impôt n'est donc pas due à des contraintes économiques mais au mode d'organisation sociale de ces populations[citation nécessaire].
14
+
15
+ On présente traditionnellement deux origines possibles à l'impôt[3].
16
+
17
+ La première est politique. L'impôt serait né avec la sédentarisation et le développement de l'agriculture. L'existence de surplus de production aurait permis à certains groupes sociaux de se livrer au pillage, d'abord de façon épisodique puis de plus en plus régulièrement. L'impôt serait donc à l'origine un tribut, versé à une classe de guerriers qui en défendait le monopole, moins destructeur pour l'activité des paysans et des artisans que les razzias qui l'avaient précédé[réf. souhaitée].
18
+
19
+ La seconde est religieuse. La pratique du sacrifice, des offrandes faites au dieu, est extrêmement répandue. Quand les clercs, puis les souverains, se sont présentés comme les intermédiaires entre le dieu et les hommes, ils sont devenus tout naturellement les récipiendaires de ces dons.
20
+
21
+ L'impôt coexiste longtemps avec des pratiques proche du pillage : réquisition, corvées, esclavage… Il repose surtout sur l'impôt foncier et la capitation, c'est également l'apparition des droits de douane.
22
+
23
+ La fiscalité dans l'Égypte antique touchait lourdement les paysans.
24
+
25
+ La fiscalité de la Grèce antique est principalement indirecte. Elle introduit le système de la ferme dans certaines cités. Les plus riches devaient s'acquitter de la liturgie, c'est-à-dire de l'entretien d'un service public. Cypsélos introduit la dîme à Corinthe et Pisistrate à Athènes[4].
26
+
27
+ Dans la Rome antique, l'impôt est utilisé pour financer l'effort de guerre et notamment la solde de l'armée de métier. Elle connaîtra plusieurs réformes fiscales par exemple sous Auguste ou sous Maximien Hercule en 297.
28
+
29
+ Le système n'était pas unifié et les impôts n'étaient pas les mêmes partout. Parmi les plus connus on peut citer : la corvée, un impôt en nature correspondant à l'échange d'un temps de travail contre la protection du seigneur (de ce point de vue, la corvée se situe à la limite de la notion d'impôt) ; la taille qui se payait en espèce et tend à remplacer la corvée à partir du XIe siècle ; la dîme, autre impôt en nature qu'on devait à l'Église ou au seigneur ; la gabelle, impôt indirect payé sur un certain nombre de denrées comme les draps, le vin ou sel ; les droits d'octroi de péage ou de douane ; les banalités…
30
+
31
+ La plupart des levées d'impôts étaient exceptionnelles, pour répondre à un emprunt contracté par le roi, qui délivrait alors à son créancier le droit de lever l'impôt. Si le créancier était efficace dans sa levée, il était remboursé, sinon, les rois estimaient que ce n'était plus de leur ressort.
32
+
33
+ En droit féodal français, le roi ne pouvait lever l'impôt qu'après convocation des états généraux, et uniquement pour payer une rançon, financer une guerre ou un mariage. Au XIVe siècle, sous le règne de Charles V apparaît l'impôt permanent, avec la gabelle et le fouage[5]. L'obligation de convoquer les états généraux pour lever l'impôt est abolie le 2 novembre 1439 par Charles VII[6].
34
+
35
+ Dans le même temps, celui-ci met en place la taille de façon permanente mais non uniforme dans le royaume. En effet, elle se paie uniquement par la roture dans le Nord du Royaume mais se paie sur les biens roturiers (ferme, moulin...) dans le Sud, ce qui fait que certains nobles possédant ce genre de biens sont appelés a payer la taille.
36
+
37
+ La mise en place de l'impôt royal entraîne des insurrections comme la révolte des Maillotins en France ou la révolte des paysans en Angleterre.
38
+
39
+ Les taxes et impôts seront au cœur de l'affirmation de la monarchie et la centralisation que les rois de France essaient de mettre en place à partir de François Ier. Les monarques tenteront d'uniformiser le système fiscal à l'échelle de tout le pays et de le rendre permanent.
40
+
41
+ Le Trésor de l’Épargne, fondé en 1523 (sous François Ier), dessine les Généralités, les provinces fiscales. Il se chargera d'augmenter toujours plus les impôts. Ainsi, les levées d'impôts rapporteront 2 millions de livres tournois en 1515, le double en 1530 et 12 millions en 1560. Sur quarante-cinq ans, les recettes fiscales ont été multipliées par six.
42
+
43
+ La taxe « des aisés », mise en place en 1542 vise particulièrement les riches.
44
+
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+ Mais la fiscalité reste encore variable selon les régions. Ainsi, la Bretagne dispose d'une fiscalité avantageuse, qui étaient une des conditions de rattachement au Royaume.
46
+
47
+ En Angleterre, Charles Ier est obligé de lever des impôts pour financer la guerre et par conséquent de convoquer son Parlement avec lequel il était en opposition (pour des raisons religieuses et de clientèle). Cette convocation permettra aux parlementaires de s'affirmer face au pouvoir royal, lever une armée et déclencher la guerre civile.
48
+
49
+ Le développement de l'impôt sur le revenu entraîne un renforcement des contributions directes. La taxe sur la valeur ajoutée est introduite en 1954.
50
+
51
+ Selon la doctrine fiscale (Ibn Khaldûn, 1378 ; A. Smith, 1776 ; R. Stourm, 1905 ; G. Jèze, 1936 ; E. Allix, 1936 ; G. Ardant, 1965 ; P. Amselek, 1967 ; P.-M. Gaudemet, 1969 ; M. Duverger, 1976 ; P. Beltrame, 1987 ; A. Barilari, 1992 ; M. Bouvier, 2004 ; J. Chabih, 2007 ; etc.) l’impôt est un prélèvement financier obligatoire, généralement pécuniaire, exigé des personnes (physiques ou morales, publiques ou privées, locales ou internationales), en fonction de leurs capacités contributives, par la puissance publique (État, collectivités locales, établissements publics), autoritairement, d’après une procédure et des règles fixes, à titre définitif, et sans contrepartie immédiate, en vue de la couverture des charges publiques, et de la poursuite de politique économique et sociale.
52
+
53
+ Gaston Jèze a défini dans la première moitié du XXe siècle l’impôt de la manière suivante[7] :
54
+
55
+ « L’impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques. »
56
+
57
+ Sauf quelques exceptions comme la dation en paiement, cette charge est acquittée sous forme monétaire, ce qui en exclut les contributions comme le service national.
58
+
59
+ Elle est obligatoire, contrairement à une souscription, et sans contrepartie directe donc non commerciale. Enfin, il ne s'agit pas d'un emprunt, mais d'un prélèvement définitif. Les impôts ont aussi un caractère récurrent qui les différencient des expropriations et des réquisitions.
60
+
61
+ Il faut donc distinguer les impôts des recettes non fiscales d’un État moderne telles que :
62
+
63
+ Quelques contributions se trouvent à la marge de ce genre de définition et peuvent être, selon les points de vue, considérées ou non comme des impôts[9].
64
+
65
+ L'État peut par ailleurs rendre obligatoires des services qui, bien que coûteux, ne sont pas des prélèvements obligatoires, ni a fortiori des impôts (assurances automobiles, participations aux frais des copropriétés, cotisation ordinale, etc.).
66
+
67
+ Avec le développement de l'État-providence, les prélèvements obligatoires concourent au financement de nombreuses missions ou activités. Il devient plus difficile de distinguer les prélèvements concourant au financement des missions de l'État de ceux institués au profit d'un autre service d'intérêt général.
68
+
69
+ Dans la tradition de l'assurance bismarckienne les cotisations sociales ne sont pas des impôts car elles comportent une contrepartie directe : les prestations sociales. À la suite de la multiplication des dispositifs sociaux, par exemple en France la CMU et le RMI ou le minimum vieillesse, et donc la progression de leurs coûts, le modèle de Beveridge qui intègre les prestations sociales au budget général de l'État tend à rendre de moins en moins évidente la distinction entre cotisation sociale et impôt.
70
+
71
+ Ce problème s'est posé par exemple au sujet de la CSG, second impôt en valeur en France. Si le Conseil constitutionnel considère la CSG comme un impôt[10], la Cour de cassation a émis un avis contraire[11] dans un arrêt du 18 octobre 2001, reprenant la position de la Cour de justice des communautés européennes qui avait considéré la CSG comme une cotisation sociale[12].
72
+
73
+ En raison de contraintes légales ou administratives, l'impôt peut avoir une définition différente d'un pays à l'autre voire d'une administration à l'autre dans un pays donné.
74
+
75
+ Par exemple en France, les taxes font partie des impôts, mais pas les cotisations sociales. Cette distinction est juridiquement importante car l'impôt fait l'objet d'une loi votée par le Parlement alors que les cotisations sociales sont fixées par décret du gouvernement. Les impôts, avec les cotisations sociales effectives, forment les « prélèvements obligatoires »[13]. Les prélèvements obligatoires, avec les autres recettes fiscales et non-fiscales, forment les recettes publiques[14].
76
+
77
+ Le premier objectif est de nature budgétaire. Il s'agit de financer les institutions qui en perçoivent le produit. Les impôts en sont souvent la principale source de revenu, sauf en cas de ressources géologiques exceptionnelles par rapport à la taille de l'État. L'usage qui en sera fait est à la discrétion du pouvoir politique, avec des conséquences sur le consentement à l'impôt.
78
+
79
+ Le second objectif est de nature politique. Il peut notamment s'agir de modifier l'attractivité de certaines opérations (par exemple des fiscalités différentes selon le type d'investissement) ou situations (par exemple des règles de liquidation de l'impôt dû par un foyer fiscal) en instaurant une fiscalité différenciée. L'imposition spécifique des métèques dans la Grèce Antique permettait d'exempter partiellement les citoyens à iso-budget au détriment de personnes n'ayant pas le droit de vote.
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+ Une externalité est une situation où le comportement d'un agent économique influe positivement ou négativement sur l'utilité d'un autre agent, sans que cette influence se traduise par une compensation entre agents.
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+ L'impôt autorise le financement des biens publics en évitant le phénomène du passager clandestin. Il permet aussi de compenser les externalités négatives, c'est l'objectif des taxes pigouviennes comme le principe du pollueur-payeur.
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+ La théorie des biens sous tutelle (merit good) introduite par Richard Musgrave en 1957[15] justifie l'intervention de l'État pour un certain nombre de secteurs, par exemple la santé et la culture, parce que les consommateurs ne sont pas considérés comme suffisamment rationnels ou compétents pour faire un choix optimal.
86
+
87
+ Selon le néokeynésianisme, la fiscalité est un des outils permettant de limiter l’ampleur des cycles économiques. En phase de récession, les rentrées fiscales diminuant automatiquement, l'État peut maintenir inchangées ses dépenses et recourir à la dette publique pour les financer[16] ; en phase haute de cycle, l’État rembourse ce surplus de dette en augmentant les impôts. La synthèse néoclassique conteste l’efficacité de ce mécanisme, en raison du phénomène d’équivalence ricardienne.
88
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89
+ Pour les libéraux, l'État est le siège de la recherche de rentes financées par l'impôt, réminiscence des offices de l'Ancien Régime. Il permet donc aux personnes qui ont le pouvoir de lever l'impôt de se constituer et d'entretenir un réseau d'influence.
90
+
91
+ Les impôts sont aussi un outil de la communication politique, pour acquérir ou conserver des soutiens qui accordent une importance à tel ou tel impôt auquel on prête différentes vertus (justice sociale, efficacité écologique, efficacité économique, financement d'une action particulière, etc.). C'est ainsi qu'un impôt au rendement médiocre pourra par exemple être maintenu s'il véhicule l’image d’une certaine solidarité entre contribuables, et à l’inverse un autre, bien que rémunérateur, pourra être réduit voire supprimé en raison de sa perception injuste, liée à son mode de prélèvement. Par exemple, l'Institut Montaigne avance que l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en France coûte à l’État plus qu’il ne rapporte mais qu'il est maintenu pour des raisons idéologiques[17].
92
+
93
+ Il reste ainsi fréquent, notamment lorsqu'il s'agit de lever un nouvel impôt, que l'autorité prétende affecter un impôt à un but précis (louable ou reconnu comme nécessaire), mais, compte tenu des possibilités pratiques de substitution d'une ressource à une autre, il ne s'agit que d'un artifice de présentation politique. Cette pratique est permise par la règle de non affectation de l'impôt, apparue en France à la Restauration, qui lors du vote du budget de l'État interdit d'affecter une ressource à une dépense[18].
94
+
95
+ Les impôts peuvent être classés de différentes manières (nb : les exemples d’impôts donnés sont des noms d’impôts français).
96
+
97
+ En Suède et aux Pays-Bas, les cotisations sociales doivent être payées à l'administration de la même façon que les impôts[19].
98
+
99
+ En France, les cotisations sont recouvrées par les URSSAF et les impôts par les deux réseaux comptables de l'État :
100
+
101
+ On distingue deux types de classification économique :
102
+
103
+ Selon le type d’agent économique :
104
+
105
+ Certains impôts qui pèsent sur plusieurs des agents, donc dont la classification n’est pas aisée car l’on ne peut savoir précisément sur qui pèse l’impôt, par exemple la TVA ou les droits indirects.
106
+
107
+ Cela ouvre une série de plusieurs choix de classification.
108
+
109
+ On distingue impôts réels et personnels, selon que l'administration module ou non l'impôt selon la situation apparente du contribuable.
110
+
111
+ Les impôts réels (qui frappent ratione materiæ), sont assis sur un objet (ou une transaction, etc.). Ce sont les impôts les plus importants, en nombre et en valeur, et notamment : les impôts sur la dépense, les impôts sur le patrimoine, l’impôt sur les opérations de bourse, etc. Dans ce cas, pour éviter de trop taxer le contribuable, le fisc laisse le choix au contribuable de posséder ou non l'objet taxé (réaliser ou non la transaction, etc.) et, éventuellement, applique un taux modulé selon le type d'objet (taux réduit de TVA pour les biens de première nécessité, taux majoré pour les produits de luxe).
112
+
113
+ Les impôts personnels sont au contraire ceux qui prennent en compte la situation et la capacité contributive du contribuable pour évaluer l’impôt dû. L’exemple le plus représentatif est l’IRPP.
114
+
115
+ On distingue impôt direct et impôt indirect selon que le payeur de l'impôt est le contribuable effectif ou qu'il répercute le montant de l'impôt sur un tiers, généralement un client.
116
+
117
+ Les impôts directs touchent le contribuable nommément, et sont assis sur une assiette constante (revenu, capital...). Il en est ainsi de l’IRPP, la CSG, l’ISF, etc. La théorie de l'incidence fiscale montre qu'il peut cependant exister, même pour ce type d'impôt, des mécanismes de reports de la charge fiscale sur des tiers qui ne sont pas prévus par le législateur.
118
+
119
+ Les impôts indirects sont ceux qui touchent une matière imposable quel que soit le contribuable. Ils reposent sur une assiette irrégulière, intermittente, tout au long de l'année. Les impôts indirects tels que la TVA sont souvent qualifiés d'impôts indolores car le redevable réel tend à percevoir les taxes comme une part du prix normal des biens.
120
+
121
+ La progressivité fiscale mesure l'évolution du montant de l'impôt en fonction de la valeur de l'élément taxé, appelée base d'imposition ou assiette. Le montant des impôts personnels est fixe quel que soit le montant de l'assiette. Aujourd'hui très rare, c'était le cas par exemple pour la capitation ou le fouage.
122
+
123
+ Pour les impôts dont la valeur change avec l'assiette, il est d'usage de considérer le taux d'imposition c'est-à-dire le rapport montant de l'impôt/valeur de l'assiette.
124
+
125
+ Les impôts progressifs sont en général mis en œuvre selon un système de « tranches » : la première tranche n'est pas taxée, la deuxième est taxée à un taux faible (par exemple 10 %), la suivante un peu plus (20 % par exemple), etc. Noter que, contrairement à la croyance naïve, le taux le plus élevé ne s'applique pas à l'ensemble de l'assiette, mais seulement à la tranche qui le concerne, il n'y a donc pas de saut de l'impôt total payé lors du changement de tranche. Une variante plus récente et plus rare rajoute une tranche avant la première, qui non seulement n'est pas taxée, mais donne même droit à un crédit d'impôt : c'est le système de l'impôt négatif sur le revenu.
126
+
127
+ On dit qu'un impôt est synthétique ou analytique selon qu'il prend en compte un élément isolé ou plusieurs éléments et qu’il les taxe globalement.
128
+
129
+ Un impôt cédulaire est l'agrégat de plusieurs impôts analytiques auxquels sont appliqués des taux différents selon leurs natures. Par exemple la contribution sociale généralisée est un impôt cédulaire sur les revenus, appliquant des taux différents pour les salaires, les retraites, les revenus du patrimoine...
130
+
131
+ Les impôts de répartition sont les impôts pour lesquels le taux est fixé en fonction de la somme à percevoir (typiquement, le montant imposé par le souverain ou le suzerain, éventuellement le montant nécessaire pour un projet collectif tel qu'un nouveau pont). En effet pour ce type d’impôts l’important était de savoir combien l’on voulait récolter, ce montant étant ensuite réparti sur l’ensemble des contribuables. Ces impôts ont disparu du système fiscal français, comme de pratiquement tous les systèmes fiscaux modernes.
132
+
133
+ Les impôts de quotité sont ceux dont le taux est déterminé à l’avance, quel que soit le budget dont aurait besoin la collectivité qui le perçoit. L’ensemble des impôts du système fiscal français actuel est de ce type.
134
+
135
+ Les impôts spécifiques s'obtiennent en appliquant un montant fixe par unité de produit. Par exemple la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (anciennement nommée « TIPP ») valait 0,606 9 euro pour un litre de super sans plomb en 2007 ou la taxe sur les emplacements publicitaires fixes qui est calculée selon la superficie de l'emplacement, sans considération du prix de location final.
136
+
137
+ Les impôts ad valorem, plus répandus, sont calculés en appliquant un taux au montant de l'élément taxé. C'est par exemple le cas de la taxe sur la valeur ajoutée.
138
+
139
+ Un certain nombre de grands principes guident les politiques fiscales.
140
+
141
+ Le principe d'équité demande un effort équivalent à tous les contribuables. Il peut prendre deux formes :
142
+
143
+ A contrario des considérations comme celles du pollueur-payeur ou de l'usager payeur, cherchent à moduler les contributions financières selon la jouissance d'un service ou la production d'une nuisance. La taxe à l'essieu des années 1960 a ainsi longtemps été citée comme modèle de vérité des prix : un camion usant les routes proportionnellement à la cinquième puissance de son poids par essieu, la taxe était proportionnelle aussi à cette cinquième puissance. Pour des raisons d’uniformisation européenne, ce n’est plus le cas aujourd’hui et la taxe n’est donc plus proportionnelle à cette usure.
144
+
145
+ L'impôt doit influer a minima sur le comportement des acteurs économiques. Par exemple le mécanisme de la TVA, qui taxe la valeur ajoutée et non la production, permet de ne pas favoriser les entreprises intégrées.
146
+
147
+ Cette considération était très importante à l'époque classique, où l'impôt n'était pas considéré comme un sujet économique[20]. Elle est aujourd'hui largement remise en cause et au contraire, la politique fiscale est souvent utilisée pour agir sur les comportements des consommateurs (taxes sur le tabac très élevées, justifiées par la lutte contre le tabagisme) ou pour influencer le marché lorsque le pouvoir estime qu'il y a un dysfonctionnement.
148
+
149
+ L'État tire sa légitimité de son aptitude à lever l'impôt sur toutes les catégories de citoyens[21]. En régime démocratique le contribuable-citoyen étant censé consentir librement à l'impôt, deux grandes doctrines théorisent l'acceptation de l'impôt et la légitimité du pouvoir fiscal.
150
+
151
+ Proche des théories du contrat social et portée notamment par le courant libéral, la thèse de l'impôt-prix ou de l'impôt-échange présente l'impôt comme le prix payé par le contribuable pour les services rendus par l'État.
152
+
153
+ Cette idée que l'impôt est légitime si l'utilité des services rendus par l'État est supérieure au sacrifice de la pression fiscale, a été par exemple défendue en France par Émile de Girardin[22] :
154
+
155
+ « Tout impôt qui n’est pas la garantie d’un risque, le prix d’une marchandise ou l’équivalent d’un service est un impôt qui doit être abandonné. »
156
+
157
+ Issu notamment des travaux socialistes réformistes, la thèse de l'impôt solidaire présente le prélèvement fiscal comme un sacrifice nécessaire à l'entretien du lien social[23]. Elle repose sur la promotion d'une identité collective, l'impôt servant au financement des charges communes mais aussi, par la redistribution, à la cohésion du corps social.
158
+
159
+ De nombreux auteurs ont tenté de construire un impôt unique qui présenterait les avantages d'être simple à percevoir, équitable, et transparent.
160
+
161
+ Les physiocrates prônaient ainsi un impôt universel sur le foncier. Émile-Justin Menier ou Émile de Girardin ont créé des impôts uniques sur le capital. Plus récemment le prix Nobel James Meade a proposé en 1978 un impôt sur la dépense. Aux États-Unis, des économistes défendent le principe d’une fair tax unique.
162
+
163
+ L'hypothèse d'un impôt unique est récusée par d'autres, avec l'idée que la multiplication des sources de prélèvement permettrait de limiter les inégalités, en répartissant et diluant les opportunités de fraude entre les contribuables. Selon l'adage attribuée à Voltaire, « impôt unique, impôt inique », chaque impôt compense les défauts des autres.
164
+
165
+ Le secret fiscal est le fait que les déclarations d'impôts individuelles ne soient une information publique. Certains pays ou régions divulguent néanmoins certaines informations privées.
166
+
167
+ En Suisse, « le secret fiscal est un secret de fonction qualifié qui oblige toutes les personnes chargées de l’application de la législation fiscale à garder le secret »[24]. Dans certaines conditions, des informations peuvent être transmises aux autorités, en particulier à la justice pénale. Le Canton de Vaud permet à tout contribuable vaudois de demander « le revenu net et la fortune nette imposables » et « le bénéfice net et le capital imposables » d'autres contribuables de la région[25].
168
+
169
+ Randall G. Holcombe (en) a proposé de définir l'État comme le seul acteur économique qui a le potentiel d'opérer régulièrement un prélèvement contraint sur les biens de l'ensemble des individus présents sur un territoire donné[26].
170
+
171
+ Pour faciliter la perception des impôts, l'État doit avoir une légitimité à lever l'impôt. Les États respectueux des droits individuels peuvent ainsi se permettre d'imposer lourdement leur citoyens alors que les États despotiques doivent modérer la pression fiscale pour éviter les insurrections. C'est la thèse défendu par Montesquieu : « Il y a, dans les États modérés, un dédommagement pour la pesanteur des tributs : c’est la liberté. Il y a dans les États despotiques un équivalent pour la liberté : c’est la modicité des tributs. »[27]
172
+
173
+ La collecte et le contrôle de l'impôt permettent l'affirmation du pouvoir de l'appareil d'État. Ainsi l'impôt révolutionnaire peut être vu, selon que l'on se place du point de vue du pouvoir en place ou de celui des contestataires, comme le racket d'un groupe criminel ou une contribution légitime aux institutions qui concourent à un nouveau modèle de société.
174
+
175
+ L'impôt négatif est un autre exemple, en creux cette fois, du lien entre État et impôt. Consistant, comme d'autres formes d'aide sociale à exercer la solidarité par l'attribution d'un pouvoir d'achat plutôt que la fourniture de services publics, il conduit à confier à des institutions privées des prestations qui auraient été gérées par l'administration[28].
176
+
177
+ La mondialisation économique, qui consiste en partie en une libéralisation des mouvements de capitaux, renforce la concurrence fiscale qui existe entre États.
178
+
179
+ L'impôt marque la frontière entre l'économie planifiée et économie de marché. L'acceptation ou le rejet de l'impôt reflète donc une préférence pour l'action collective pilotée par les instances politiques ou pour l'initiative privée. Pour les uns comme pour les autres, moduler les ressources des collectivités politiques est aussi une façon d'ajuster leur place relative dans la société par rapport aux autres agents : individus, associations, entreprises…
180
+
181
+ On présente souvent le paiement de l'impôt comme un devoir civique[29]. Il existe pourtant des citoyens non taxés, les expatriés par exemple, et des contribuables non citoyens comme les immigrés.
182
+
183
+ Dans les systèmes de suffrage censitaire, le droit de vote est conditionné au paiement de l'impôt.
184
+
185
+ On attribue à Colbert le bon mot selon lequel :
186
+
187
+ « l'art de lever l'impôt consiste à plumer les oies sans trop les faire crier. »
188
+
189
+ Le pouvoir politique a en effet toujours eu pour préoccupation de s'assurer que ses prérogatives fiscales n'étaient pas contestées. Cela l'a conduit à multiplier impôts indirects et taxes de toutes natures qui tendent à rendre l'impôt invisible car totalement intégré aux prix des biens et services.
190
+
191
+ Mais en démocratie, le contribuable est avant tout un citoyen. Invité à prendre part à la gestion des affaires publiques, il est en droit d'exiger la transparence fiscale conformément à l'article 14 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789[30] :
192
+
193
+ « Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. »
194
+
195
+ L’existence, la répartition et le type des prélèvements sont spécifiques à chaque pays. Une des caractéristiques des pays démocratiques est que ce sont les organes politiques qui, au nom du peuple, doivent « consentir librement [à l’impôt] [...], en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée »[30]. Ces organes sont, pour les impôts nationaux, le parlement, et pour les impôts levés au niveau local, les conseils municipaux, les cantons… Ceux-ci fixent le montant global des ressources fiscales de l'État, les assiettes fiscales qui seront taxées, et le montant qu'elles supporteront. Ces organes politiques, assistés d'institutions chargées du contrôle des comptes publics comme la Cour des comptes en France, sont par ailleurs garants de l'utilisation des fonds levés.
196
+
197
+ Le contribuable est l'individu, le ménage ou toute personne morale (entreprise, associations) qui est assujetti à un impôt et paie de ce fait une contribution au fonctionnement de l'État et de ses services.
198
+
199
+ Le nombre de contribuables ne dépend donc pas que de ceux qui paient l'impôt sur le revenu. Environ 50 % des citoyens français ne paient pas d'impôt sur le revenu (IR), alors que tous paient des taxes indirectes (taxe intérieure sur les produits pétroliers et taxe sur la valeur ajoutée, notamment, qui représentent environ 50 % des recettes fiscales en France).
200
+
201
+ Des mouvements de défense des contribuables ont vu le jour dans les dernières décennies, d'abord dans les pays anglo-saxons puis repris en France. On peut citer Contribuables associés en France et contribuables d'Aubagne en France ou le Rassemblement des contribuables français de Nicolas Miguet.
202
+
203
+ Par ailleurs, il peut être mis en place un impôt volontaire, qui permet à certains contribuables de soutenir financièrement par l'impôt un projet seulement s'ils le souhaitent.
204
+
205
+ Déterminer l’assiette de l’impôt c'est évaluer la quantité de matière fiscale sur laquelle va porter l'impôt. Il existe trois grandes méthodes[31] :
206
+
207
+ La liquidation est le calcul de l'impôt dû par les contribuables. Elle dépend de l'assiette mais aussi de la situation du contribuable, par exemple le nombre de personnes composant un foyer pour l'IRPP.
208
+
209
+ Un plafond ou bouclier fiscal est une limite maximale d'imposition, en valeur absolue ou en taux. En France, le bouclier fiscal limitait les impôts directs de chaque contribuable à 50 % maximum de ses revenus.
210
+
211
+ Un plancher est un seuil minimal. En France un projet d'impôt minimum a été évoqué lors de l'examen de la loi sur le bouclier fiscal[32]. Aux États-Unis l'alternative minimum tax a été introduite en 1969.
212
+
213
+ Une niche fiscale, ou dérogation fiscale, ou abri fiscal, peut être, soit une disposition fiscale qui permet de payer moins d'impôts lorsque certaines conditions sont réunies, soit une lacune ou un vide législatif permettant d'échapper à l'impôt sans être en infraction. Elle peut concerner :
214
+
215
+ En France le SNUI estime entre 32 et 35 milliards d'euros (60 % des recettes de l'impôt sur le revenu) le coût budgétaire de ces différentes niches fiscales pour 2007[32].
216
+
217
+ Au Canada, le régime enregistré d'épargne-retraite (REER), le régime enregistré d'épargne étude (REEE), le régime de pension agréé (RPA) et le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) sont des abris fiscaux.
218
+
219
+ Le recouvrement est la perception de l'impôt. Souvent présentée comme une fonction régalienne, la collecte des prélèvements obligatoires peut aussi être prise en charge par des institutions privées bénéficiant de prérogatives de puissance publique.
220
+
221
+ Le système de la régie est aujourd'hui le plus courant. Il affecte à des comptables du ministère des Finances la responsabilité du recouvrement.
222
+
223
+ Il a remplacé celui de la ferme, où la collecte était une concession. Elle était ainsi confiée aux publicains dans la Rome antique ou aux fermier généraux et aux décimateurs sous l'Ancien Régime. Il existe aujourd'hui encore un certain nombre de missions de recouvrement confiées à des institutions privées de sécurité sociale. L'inspection avant expédition consiste à recourir à des sociétés privées pour vérifier, pour le compte des douanes, la quantité et la valeur des marchandises exportées. Aux États-Unis, l'Internal Revenue Service sous-traite certaines de ses activités de recouvrement à des sociétés comme Linebarger Goggan Blair & Sampson, LLP ou Pioneer Credit Recovery Inc.. On peut aussi citer la société Capita Group en Grande-Bretagne.
224
+
225
+ La retenue à la source permet également à l'administration de réduire ses coûts de collecte, au détriment certes des opérateurs privés.
226
+
227
+ La doctrine, en France, repose toujours sur le principe de séparation des ordonnateurs et des comptables. Mais cette doctrine est en pratique attaquée en ses bases par les outils informatiques intégrés qui se développent.
228
+
229
+ Le coût de l'assiette et du recouvrement de l'impôt (dit « taux d'intervention ») est très variable d'un pays à l'autre. Pour les pays industrialisés, il s'échelonnait en 1997 de 0,5 % aux États-Unis et en Suède jusqu'à 1,6 % en Allemagne[33]. Le coût en France est actuellement de 1,20 %[34]. Cette variation s'explique principalement par les différences de mode d'imposition. Le coût de gestion est en effet très variable d'un impôt à l'autre, allant par exemple en France pour l'année 2005 de 5,38 % pour la vignette automobile à 0,06 % pour la taxe sur les conventions d'assurances[35].
230
+
231
+ Dans les systèmes d'évaluation directe de l'assiette, la déclaration des revenus est réalisée par le contribuable lui-même. Il est alors nécessaire, pour s'assurer de la véracité des déclarations, que l'administration exerce, de façon aléatoire ou en fonction d'indices de fraudes fiscales, un contrôle des déclarations de situation du contribuable.
232
+
233
+ C'est cette crainte de l'« inquisition fiscale » ou aussi « secret des coffres-forts violés » selon les paroles de Thiers, droit de regard discrétionnaire de l'administration sur les finances des citoyens, qui aurait fait rejeter le principe de l'évaluation directe, dans de nombreux pays et cela jusqu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale.
234
+
235
+ En France, quand la Direction générale des Finances publiques suspecte une fraude, elle peut procéder à une rectification, c'est-à-dire signifier l'obligation de payer une somme due supplémentaire correspondant au moins perçu assortie d'intérêts de retard et/ou de pénalités. En France les droits rappelés et les pénalités appliquées en 2009 se sont élevés à 14,7 milliards d'euros. Cependant, compte tenu du recouvrement particulièrement faible des créances issues du contrôle fiscal (« objectif DGFIP, 43 % au bout de deux ans ») et du coût du contrôle (1,3 milliard d'euros environ), le rendement budgétaire est de l'ordre de 5 milliards. Certains redressements par ailleurs n'entraînent souvent qu'une imposition plus rapide et un gain de trésorerie ponctuel pour l'État. Ils sont toutefois comptabilisés pour leur valeur brute dans les statistiques du contrôle[36].
236
+
237
+ En France, le contribuable a la possibilité de présenter un recours à l'administration fiscale, puis si elle est rejetée, devant les tribunaux pour obtenir la restitution d'un impôt payé en trop. Un contentieux présenté directement devant les tribunaux sera rejeté.
238
+
239
+ Les caractéristiques et les impacts des impôts sont étudiés en détail par les sciences économiques, en particulier l’économie publique. Les économistes étudient l'effet du niveau relatif d'imposition, et des politiques fiscales, sur la croissance économique. Plus largement, la théorie économique étudie la manière dont le système fiscal s'intègre au sein de l’activité économique, les distorsions économiques dont il est la cause ou l'effet, et sa façon d'influencer les agents dans leur comportement à l'égard du revenu et de l’épargne.
240
+
241
+ Les systèmes fiscaux génèrent des « comportements d’évitement » de la part des contribuables, particuliers et entreprises (fraude fiscale, travail au noir, évasion fiscale ou simple désincitation au travail)[37].
242
+
243
+ Il reste cependant difficile de prévoir les conséquences d'une augmentation des impôts sur l'activité. Les contribuables ont en effet deux options antagonistes[38] :
244
+
245
+ Les économistes ont étudié l’ampleur à différentes échéances de l’impact récessif d’une hausse des impôts sur la croissance économique. Les économistes ne sont pas unanimes sur l'importance de cet impact négatif, qui dépend du type d’impôt considéré. Par exemple, Christina D. Romer et David H. Romer ont estimé cet impact sur des données américaines, et montrent qu’une hausse des impôts de 1 dollar provoque une diminution du PIB de 3 dollars, essentiellement du fait d'une diminution de l'investissement[39].
246
+
247
+ Les deux auteurs tentent de séparer l’impact purement fiscal des autres impacts économiques, pour mieux isoler son effet, ce qui leur donne une latitude importante, pour « retraiter » la corrélation historique entre le taux d’imposition et la croissance. Ce retraitement vise aussi à neutraliser les variations fiscales liées à des contraintes macro-économiques (augmentation des dépenses ou relance de la conjoncture) pour se concentrer sur celles qui visent à promouvoir la croissance à long terme. Pour y parvenir, ils ont analysé les discours politiques. Leur travail montre qu'une hausse d’impôts accompagnant un discours de réduction du déficit budgétaire ont un impact économique meilleur que les autres.
248
+
249
+ Il n’existe pas de relation simple entre niveau d’imposition et niveau du PIB ; en revanche un niveau d’imposition élevé tend à réduire la croissance du PIB, et donc le PIB futur. De manière plus globale, le niveau d'imposition dépend des politiques sociales mises en œuvre et de l’efficacité du secteur public ; dans tous les cas, le secteur public doit être efficient, c’est-à-dire accroître l’utilité de ses citoyens pour un coût minimal. Les évolutions au sein des pays développés à partir des années 1980 visaient à répartir la charge fiscale de manière optimale entre les différents modes de prélèvement (rôle de la politique fiscale).
250
+
251
+ Par ailleurs, moduler l’imposition en fonction de la conjoncture économique par la politique conjoncturelle est recommandé par une partie des économistes, si les incertitudes sur les prévisions et les impacts de long-terme sont correctement pris en compte. Alberto Alesina et Roberto Perotti ont étudié ces ajustements dans une étude sur tous les pays de l’OCDE[40].
252
+
253
+ L'incidence fiscale mesure la différence entre le redevable et le payeur réel. C'est-à-dire la possibilité de reporter la charge de l'impôt sur un tiers: client, fournisseur, locataire, salarié...
254
+
255
+ Par exemple en France les restaurateurs ont milité au début des années 2000 pour bénéficier d'une TVA à taux réduit. Or l'objectif affiché n'était pas de baisser le montant des additions payées par les convives mais d'augmenter les marges du restaurant, pour pouvoir par exemple proposer des salaires d'embauche plus élevés[41]. Pourtant la TVA est traditionnellement présentée comme un impôt indirect sur la consommation. Elle est censée être payée par le consommateur final, le commerçant ne servant que d'intermédiaire lors de l'opération d'encaissement. Alors que la logique aurait voulu que ce soit le prix payé par le client qui baisse, tout le monde raisonnait donc comme si la TVA était en réalité un impôt sur les revenus du restaurateur.
256
+
257
+ Ce phénomène est connu depuis très longtemps, déjà à l'époque classique Adam Smith et les physiocrates croyaient que tout impôt était équivalent à une taxe sur la propriété foncière. On considère aujourd'hui que le problème est plus complexe et que la possibilité de transférer la charge de l'impôt dépend beaucoup de l'élasticité de l'offre et de la demande.
258
+
259
+ C'est un problème politiquement très important, car mal maîtrisé il peut pervertir radicalement les initiatives de justice fiscale. Par exemple une hausse de l'impôt sur le revenu est beaucoup plus facile à transférer pour une profession libérale que pour un salarié, du fait de la rigidité des salaires. C'est pourquoi certains considèrent qu'au final la TVA est peut-être plus juste que l'IRPP[42].
260
+
261
+ La sensibilité est la façon dont le montant d'un impôt suit les fluctuations économiques. Les impôts spécifiques, qui s'appliquent sur les montants, sont plus sensibles que les impôts ad valorem qui ont des montants fixes. Les impôts prélevés à la source sont eux aussi plus sensibles que les impôts calculés en fonction de revenus passés.
262
+
263
+ L'élasticité d'un impôt détermine la possibilité pour le pouvoir politique de moduler son rendement. Bien utilisés, les impôts les plus élastiques permettent au politique de lisser les fluctuation économiques[20]. Ils peuvent aussi provoquer un effet désincitatif pour l'investissement dans certains secteurs économiques devant l'incertitude de les voir plus lourdement taxés à l'avenir. Selon l'adage « tout vieil impôt est bon, tout nouvel impôt est mauvais »[43] : la réforme fiscale a un coût, non seulement pour l'administration qui doit construire de nouveaux mécanismes de perception et de contrôle, mais pour tous les agents économiques du fait des perturbations qu'entraîne le nouvel impôt sur les équilibres commerciaux.
264
+
265
+ Un adage courant énonce que : « Trop d’impôts tue l’impôt ».
266
+
267
+ Cette formule a été théorisée par Arthur Laffer, économiste américain de l'école de l’offre. Cet auteur de la courbe de Laffer qui modélise les rentrées fiscales en fonction du taux d’imposition et qui estime qu'au-delà d'un certain niveau d'imposition, l'optimum, les recettes fiscales diminuent car la baisse d'activité ne compense plus l'augmentation d'imposition (ces recettes étant nulles pour les taux d’imposition 0 ou 100 %).
268
+
269
+ Lorsque la pression fiscale augmente trop, les acteurs économiques cherchent des moyens de la compenser :
270
+
271
+ Florin Aftalion en donne une illustration au début des années 2000 aux États-Unis : la réduction des taux d'imposition des plus-values et des dividendes appliquée en 2003 est allée de pair avec une hausse des recettes fiscales de 8 % en 2004 puis 9 % en 2005[44].
272
+
273
+ L'Institut Montaigne adopte également une position utilitariste et estime que la suppression de l'ISF permettrait de « faire payer les riches en France ». Devant les effets pervers de l'imposition excessive comme l'expatriation fiscale, il convient selon l'Institut de baisser les taux d'impôts pour augmenter à terme les recettes fiscales. Ainsi, dans le cas de l'ISF, pour des recettes de 3,6 milliards d'euros, il chiffre à 15,9 milliards le total des pertes fiscales[17].
274
+
275
+ La contestation de la pression fiscale est probablement aussi vieille que l'impôt lui-même. Mais, alors qu'on a assisté au cours du XXe siècle à une progression régulière du poids de l'impôt dans les économies, la contestation s'est progressivement structurée dans un certain nombre de doctrines politiques. Cette théorisation a accompagné l'effacement des utopies sociales et l'avènement d'une société considérée comme plus individualiste.
276
+
277
+ L'impôt ou certaines de ses modalités sont critiqués sur le plan moral par des philosophes ou économistes.
278
+
279
+ La « révolution conservatrice » a fait de la réduction d'impôt le moyen de provoquer la diminution de l'emprise de l'appareil d'État sur la société. C'est Ronald Reagan qui a popularisé cette politique consistant à « affamer la bête » (starving the beast) lors d'un débat avec John Anderson durant les élections présidentielle américaine de 1980[45].
280
+
281
+ La position libertarienne et plus particulièrement anarcho-capitaliste considère que « l'impôt, c'est le vol » puisqu'il va à l'encontre du principe de non-agression défini par Murray Rothbard. Ce dernier a ainsi écrit : « L'impôt est un vol, purement et simplement, même si ce vol est commis à un niveau colossal, auquel les criminels ordinaires n’oseraient prétendre ». Avant lui, Lysander Spooner écrivait par exemple que « le fait est que, tel un voleur de grand chemin, le gouvernement vous dit : la bourse ou la vie ! Il est vrai qu'il ne vous attaque pas dans un lieu désert, au bord de la route, vous braquant un pistolet sur la tête pour vous vider les poches. Mais le vol n'en est pas moins un vol, et il n'en est que plus lâche et honteux »[46].
282
+
283
+ S'opposant à tout impôt « exagéré », des économistes comme Adam Smith, Jean-Baptiste Say ou Frédéric Bastiat en ont dénoncé les effets pervers et ont défendu le droit de résistance du citoyen contribuable. Ainsi, Bastiat d'écrire que « la Spoliation est un principe de haine et de désordre, et si elle revêt une forme plus particulièrement odieuse, c'est surtout la forme légale. »[47] Dans ses Leçons de jurisprudence, Smith défendait pour sa part que « il ne fait pas doute qu'un impôt exorbitant, équivalant par exemple, en temps de paix comme en temps de guerre, à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifierait, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple. »
284
+
285
+ L'administration rompt tout lien entre le contribuable et le bénéficiaire. Reposant sur des normes et des procédures préétablies, elle est incapable, voire combat cette idée au nom de l'égalité des droits, de prendre en compte les différences et les subjectivités individuelles des personnes impliquées dans cet échange. En les concurrençant, les mécanismes de redistribution par l'impôt détruisent donc les liens sociaux de nature communautaires ou familiaux, fondés sur les échanges de type don et contre-don[48].
286
+
287
+ La progressivité ou la proportionnalité de l'impôt ont été également sévèrement critiquées par des auteurs comme Proudhon ou Ludwig von Mises. Proudhon a écrit dans Qu'est-ce que la propriété ?[49] que « la taxe n'est pas répartie en raison de la force, de la taille, ni du talent : elle ne peut l'être davantage en raison de la propriété. Si donc l'État me prend plus, qu'il me rende plus, ou qu'il cesse de me parler d'égalité des droits ; car autrement la société n'est plus instituée pour défendre la propriété, mais pour en organiser la destruction. L'État, par l'impôt proportionnel, se fait chef de bande ; c'est lui qui donne l'exemple du pillage en coupes réglées ; c'est lui qu'il faut traîner sur le banc des cours d'assises, en tête de ces hideux brigands, de cette canaille exécrée qu'il fait assassiner par jalousie de métier. » L'économiste de l'école autrichienne Ludwig von Mises a avancé pour sa part dans L'Action humaine, traité d'économie que « l'impôt progressif est un mode exagéré d'expropriation. » Friedrich Hayek, autre représentant de l'école autrichienne et « prix Nobel » d'économie, a souligné par ailleurs que la progressivité et plus généralement un système fiscal fondé sur les exceptions ne faisaient que permettre aux puissants de favoriser arbitrairement certains. Et Hayek de dire que « la progressivité n'est rien de plus qu'une invitation ouverte à la discrimination »[réf. souhaitée]. À un impôt progressif, les critiques proposent de substituer un impôt à taux unique (flat tax) ou la capitation (même montant payé par tous).
288
+
289
+ Les manifestations de l'antifiscalisme peuvent prendre des aspects politiques et sociaux ou plus individuels.
290
+
291
+ En France le XVIIe siècle voit éclater de nombreuses jacqueries antifiscales : guerre des sabotiers en Sologne, révolte des va-nu-pieds en Normandie, Jacquerie des croquants dans le Sud-Ouest, Révolte de Roure dans le sud-est...
292
+
293
+ La guerre d'indépendance des États-Unis a des causes fiscales, symbolisées par le Stamp Act (loi sur le timbre) de 1765. Les états généraux de 1789 qui entraîneront la Révolution française avait également été réunis pour des problèmes fiscaux.
294
+
295
+ En France, la contestation fiscale a été régulièrement portée par des groupes politiques plus ou moins influents. On peut citer la Fédération des contribuables de Jacques Lemaigre Dubreuil dans les années 1930, puis après guerre l'UDCA de Pierre Poujade, la CIDUNATI de Gérard Nicoud, la ligue des contribuables dans les années 1980, le rassemblement des contribuables français de Nicolas Miguet...
296
+
297
+ Les États-Unis ont connu une importante mobilisation dans les années 1970. Des groupes comme American Tax Reduction Movement ont promu des initiatives qui ont abouti, par exemple, à la proposition 13 dans l'État de Californie.
298
+
299
+ Les manifestations antifiscales sont le plus souvent des mouvements catégoriels visant à défendre des intérêts sectoriels. Ils ont plus de chance d'aboutir puisque la perte de recettes peut être répercutée sur l'ensemble des autres contribuables. Par exemple en France les journalistes se sont mobilisés avec succès entre 1995 et 1997 pour défendre leurs abattements d'impôts[50].
300
+
301
+ La grève fiscale est assez rare et souvent partielles, revenant à ne payer que ce qui est considéré comme légitime. L'extrême gauche italienne des années 1970 à ainsi prôné une « auto-réduction de l'impôt ». En France, où l'incitation à la grève fiscale est illégale[51], une grève a été proposée par l'Action française lors des commémorations de 1989 et plus récemment par des mouvements antinucléaires et antimilitariste, sans grand succès[52].
302
+
303
+ La fraude fiscale est une infraction à la loi, commise intentionnellement, dans le but d'échapper totalement ou partiellement à l'impôt. La fraude est parfois prise en compte par l'administration, par exemple il existait dans l'IRPP français un abattement de 20 % pour les salariés destiné à compenser leur moindre possibilité de fraude. L'amélioration des contrôles, quand elle n'est pas accompagnée d'une suppression des surtaxations, peut entraîner des situations conflictuelles comme le poujadisme dans les années 1950[53].
304
+
305
+ L'économie souterraine regroupe toutes les activées dont les revenus ne sont pas déclarés à l'administration fiscale. Il s'agit donc d'un continuum qui va de l'échange de bons procédés entre voisins au réseau mafieux. On peut néanmoins spécifier que l'économie informelle cesse lorsque la non déclaration n'est pas due à la seule volonté d'échapper à l'impôt mais aussi à la nécessité de cacher des activités délictuelles. L'économie grise représente donc des activités comme le travail clandestin, la vente à la sauvette, la sous location... Traditionnellement considérée comme contraire à l'éthique sociale, elle a cependant été présentée comme un exemple de liberté de marché par des économistes comme Milton Friedman[54].
306
+
307
+ Dans un pays comme la France, le montant de l'ensemble des fraudes pourrait représenter de 15 à 20 % de montant des recettes fiscales[52].
308
+
309
+ L'ingénierie fiscale consiste à optimiser son activité économique ou financière (placements, rémunération des collaborateurs...) pour minimiser le poids de l'impôt. Elle repose sur l'exploitation de failles législatives ou de régimes dérogatoires. L'évasion fiscale consiste à transférer des capitaux, des activités économiques ou des foyers fiscaux dans des lieux où la fiscalité est plus avantageuse. L'anachorèse fiscale était déjà connue en Égypte antique, à Rome le code Théodosien punissait ceux qui se retirent de la cité et gagnent le désert pour échapper à l'impôt.
310
+
311
+ Le renoncement à l'activité économique est une dernière forme d'échappatoire à l'impôt. Elle consiste à effectuer un arbitrage quand la pression fiscale est trop démotivante. La France a ainsi connu dans les années 1960-1980 une vague de renoncement de la part des professions libérales qui changèrent de mode de vie car elles considéraient que leur revenu après impôt ne correspondait plus à leurs efforts[54].
312
+
313
+ Le recours à l'emprunt permet de déplacer et étaler un besoin de financement dans le temps, ce qui se justifie bien pour un investissement nouveau. Mais il augmente la dette publique, vient en concurrence de l'endettement privé, et n'est pas gratuit (il faudra rembourser et payer les intérêts). Comme les revenus du domaine public, cette ressource n'est pas extensible à l'infinie.
314
+
315
+ La manipulation monétaire (création monétaire, dévaluation, etc.) se paye également par des perturbations économiques (inflation) et une destruction de confiance. C'est une forme d'impôt qui touche la monnaie thésaurisée et les revenus les plus rigides. Les montants des prélèvements fiscaux étant eux-mêmes assez rigides, votés par la loi et s'appliquant souvent sur des revenus de l'année précédente, cette politique peut aboutir à une baisse du rendement de la fiscalité. Paradoxalement, les impôts progressifs peuvent voir eux leur rendement augmenter, les seuils réel des tranches fiscales diminuant avec la valeur de la monnaie: c'est ce qu'on appelle l'effet multiplicateur de l'inflation[55].
316
+
317
+ Les revenus du domaine public (ressources minières par exemple) ne sont pas illimités, il est difficile de compter sur leur augmentation pour venir en remplacement d'un impôt.
318
+
319
+ L'impôt est une réponse au financement des biens publics, c'est-à-dire de biens soumis au paradoxe du passager clandestin (individu qui profite du bien sans y contribuer). La technique évoluant, il devient parfois possible de rendre ces services excluables, et donc de facturer leur usage. Par exemple, on peut passer de la télévision publique à une télévision cryptée, regardable seulement par ceux qui la financent. Un autre exemple est le système « pay as you drive » de la société Norwich Union, cette boîte noire intégrant un GPS pourrait être utilisée pour répartir précisément les coûts d'entretien des routes sur leurs usagers réels. Dans ces conditions, l'impôt n'est plus nécessaire : on peut avoir recours à la taxe, c'est-à-dire une contribution fondée sur l'usage constaté et qui équilibre le coût du service. Dès lors, en ayant recours au service alors qu'il en connaît le prix l'usager manifeste à la fois son consentement à l'impôt et la reconnaissance du fait que le prix en est juste, tandis qu'il paye la contribution avec la facture. On peut même privatiser le bien : si on n'est plus en présence d'un bien public, on peut laisser le secteur privé réunir le financement et percevoir le prix du service.
320
+
321
+ La souscription publique, le parrainage (sponsoring), les dons, etc. permettent de rendre facultatif la contribution. Ils nécessitent cependant que l'action ainsi financée soit assez attirante, et d'autre part qu'elle ne soit pas trop dépendante de l'humeur du public : ce type de financement peut convenir à une aide d'urgence à la suite d'une catastrophe naturelle suscitant l'émotion, pas à une dépense militaire stable dans le temps. De plus, les financeurs revendiquent un droit de regard et de contrôle sur le projet, avec les contraintes que ça implique pour ses promoteurs. Le don du sang ou d'organes est un exemple de prélèvement non contraint, reposant uniquement sur l'altruisme en début de chaîne puis généré par des structures administratives ou commerciales[56]. Accessoirement, si l'État laisse les « bonnes causes » au financement privé et ne conserve le financement que d'actions impopulaires, son image et le consentement à l'impôt pourront en souffrir.
322
+
323
+ Pour toutes ces raisons, en pratique, plutôt que de demander une contribution volontaire à une action qu'il souhaite mener, l'État préférera offrir une contribution (sous forme de subvention, de défiscalisation, etc.) à des actions menées par le secteur privé auxquelles il reconnaît « utilité publique », en exigeant au passage un droit de regard et de contrôle.
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+ Le financement peut enfin être intégré au système de prise de décision. On a donc un système de marché, ou plusieurs propositions sont en concurrence, chacun indiquant le prix qu'il est prêt à payer pour la voir adoptée. La Clarke Tax est exemple de mécanisme de ce type.
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+ L’impressionnisme est un mouvement pictural né de l'association d'artistes de la seconde moitié du XIXe siècle vivant en France. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifeste notamment de 1874 à 1886 par des expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec la peinture académique, qui était très en vogue à l'époque.
2
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3
+ Ce mouvement pictural est principalement caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile. L'impressionnisme eut une grande influence sur l'art de cette époque, la peinture bien sûr, mais aussi les arts visuels (sculpture[1], photographie impressionniste dont le pictorialisme est le relais, cinéma impressionniste), la littérature[2] et la musique[3].
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5
+ Jusqu'au début du XIXe siècle, l'art pictural officiel en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe, depuis sa création sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. L’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.
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+ Cependant le XVIIIe siècle avait déjà marqué une évolution significative. La couleur était déjà à la mode, même à l'Académie ; François Boucher, pourtant l'un de ses membres, en est un exemple. Dans les œuvres d'Antoine Watteau également académicien, des critiques avertis voient des signes avant-coureurs de l'impressionnisme. Même si le début du XIXe siècle vit le retour du néo-classicisme, un vent de liberté avait soufflé sur la peinture dans le choix de thèmes ou dans la manière de traiter le dessin avec par exemple Johann Heinrich Füssli ou George Romney. Au début du XIXe siècle, William Blake, William Turner ou Francisco de Goya et même Eugène Delacroix avaient déjà posé les bases d'une nouvelle façon de peindre.
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+ Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir du milieu du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l'instant, la lumière. Le développement de la technique photographique à la même époque remet en cause ce qui jusqu'alors avait été l'une des fonctions principales de l'art, la représentation fidèle de la réalité, amenant les impressionnistes à explorer d’autres sujets et d’autres façons de peindre qui privilégient la vision de l'artiste, son impression face au réel et non sa description du réel[5]. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
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+ En sortant de l'atelier de Charles Gleyre à l'École des beaux-arts de Paris qu'ils fréquentèrent de l'automne 1862 au printemps 1863, Bazille, Renoir, Monet et Sisley se réunissaient au café de La Closerie des Lilas, formant un groupe dénommé les « intransigeants », bientôt rejoint par Pissarro[6].
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+ En 1863, l'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. C'est là qu'est présenté le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui fait scandale, car il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins mythologiques ou allégoriques sont légion dans la peinture de l'époque). Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplace uniquement pour se moquer des œuvres exposées. Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année-là que ceux du Salon officiel. Voyant leurs tableaux refusés par le jury du Salon de 1867, Renoir, Bazille, Monet, Sisley et Pissarro signent une pétition pour le rétablissement du Salon des refusés[7], en vain. Ils commencèrent à discuter de tenir leur propre exposition. En 1868, Charles Daubigny, alors membre du jury fut leur allié. Son plaidoyer obstiné permit aux futurs impressionnistes d'être acceptés au Salon de 1868[8].
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+ La technique de peinture impressionniste fut inventée au cours de l'été 1869 quand Renoir et Monet peignirent respectivement La Grenouillère et Bain à la Grenouillère sur l'île de Croissy[9].
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+ Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition, dans l'atelier du photographe Nadar. Regroupant les œuvres de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre « sur le motif » en plein air[10], l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.
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+ Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, crée le terme d'« impressionniste » qui donne au mouvement son nom : « L'Impressionnisme ». Le terme est repris dans un sens positif par Jules-Antoine Castagnary, par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Le terme supplante progressivement ceux de plein-airisme et de tachisme utilisé dès 1889 par le critique Félix Fénéon[11].
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+ Pour ces raisons, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air. Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : « Ah ! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature ! ». Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : « Renoir, ce n'est pas la même chose ; il peut faire tout ce qu'il veut. » Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant. Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Édouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.
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+ Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Frédéric Bazille lors de la guerre franco-allemande de 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes au sujet du statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Paul Signac et Georges Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent aux huit Expositions Impressionnistes. La vente des toiles à cette époque montre le désintérêt de l'État et des marchands pour les œuvres impressionnistes, puisque les rares collectionneurs intéressés (Georges de Bellio, Gustave Caillebotte, Jean-Baptiste Faure, Ernest Hoschedé, Théodore Duret, Henri Rouart, Victor Chocquet, Charles Ephrussi, Paul Bérard, etc.) achètent initialement plusieurs chefs-d'œuvre à des prix dérisoires[12].
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25
+ Malgré tous ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu les faveurs du public et de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et surtout à New York dont l'exposition en 1886 marque le premier grand succès des impressionnistes[13]. Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté. Dans les années 1880, reprenant l'héritage du mouvement impressionniste (peinture de la vie moderne, usage des couleurs), les néo-impressionnistes s'avancent alors selon l'expression du critique d'art Félix Fénéon « à l'avant-garde de l'impressionnisme » pour mieux le dépasser, voire rejeter ce que Pissarro appelait « l'impressionnisme romantique » des Renoir et Degas au profit de « l'impressionnisme scientifique »[14].
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27
+ Alors que le mouvement impressionniste n'a duré qu'une dizaine d'années et a fait éclater le marché de l'art, il s'oriente dans les années 1890 vers de nouvelles attitudes picturales, traditionnellement considérées comme postimpressionnistes mais paradoxalement la cote des impressionnistes ne cesse de grimper à cette époque, amenant leurs tableaux à dominer le marché en termes de records de prix, et ce jusque dans les années 1990[15].
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29
+ Les peintres impressionnistes, qui se veulent - avant tout - peintres du concret et du vivant, choisissent leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d'eux. Pour la première fois, ils ne prendront pas uniquement des esquisses du paysage pour ensuite terminer leur œuvre dans leur atelier[16],[17]. Travaillant sur place et « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière et de ses jeux l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres et les nuances élaborées pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie simple et tranquille saisie dans la particularité et la vérité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques, de l'idéal du beau et de l'essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Édouard Manet, Mary Cassatt, Gustave Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.
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+ Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien », selon Claude Monet en 1897 ; « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé… », Edgar Degas, 1897.
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+ L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent van Gogh, ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France (notamment L. Boiseaubert, qui a peint le Port du Havre sous le brouillard en 1887) et à l'étranger, comme Jean Peské.
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+ Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes : Maurice Ravel, Paul Dukas, Erik Satie, Albert Roussel... Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.
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37
+ L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est fondé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Les sujets sont ainsi puisés dans la nature. Par ailleurs, quand le sujet met en scène des individus, ce sont des contemporains. Citons, en exemple, le tableau Olympia de Manet qui explore le thème traditionnel du nu, mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine du XIXe siècle, et le peintre travaille surtout la peinture (couleurs). Cette vision, encore réaliste par le sujet, est également une étude sur la lumière et donne ainsi naissance à l'art moderne qui s'intéresse aux effets de lumière et aux combinaisons des couleurs, une recherche qui est au cœur de l'impressionnisme.
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+ Avant l'apparition de l'impressionnisme, d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets courants, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan[18].
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41
+ « Ce que l'on nomme « Impressionnisme » est le résultat d'une longue évolution qui place la peinture du XIXe siècle sous le signe du paysage [...]. Mais les véritables précurseurs de cette nouvelle peinture sont d'une part Honoré Daumier avec ses recherches de rythmes, et d'autre part Jean-François Millet, les peintres de Barbizon et enfin les peintres de la mer et de l'eau (Boudin, Jongkind). Deux grandes découvertes réalisées au XIXe siècle sont venus libérer la perception et les canons traditionnels : la photographie, et les lois de la couleur de Chevreul »
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43
+ Une autre influence importante est celle des estampes japonaises (japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribue de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir un mouvement impressionniste.[réf. nécessaire]
44
+ Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.[réf. nécessaire]
45
+ Comme le réalisme, l’impressionnisme montre des réalités quotidiennes, mais elles sont plus légères, plus claires, plus lumineuses. Les impressionnistes s’intéressent à la perception des choses : jeux de lumière, les reflets sur l’eau, mouvements… La nature est donc un domaine privilégié. - De ce fait, ils ont été accusés de ne pas savoir peindre, de négliger les contours, de diluer la vision[19].[réf. nécessaire]
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+ Les impressionnistes (naissance et mort des artistes)
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+ La première exposition impressionniste se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien atelier-studio du photographe Nadar, 35, boulevard des Capucines dans le 9e arrondissements de Paris.
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+
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+ Voir les listes des 30 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La deuxième exposition impressionniste se tient du 30 mars au 30 avril 1876 dans la galerie Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 19 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La troisième exposition impressionniste se tient du 20 au 30 avril 1876 dans un appartement du 6, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris[20].
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+ Voir les listes des 18 artistes participants.
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+ La quatrième exposition des impressionnistes eut lieu du 10 avril au 11 mai 1879 au 28, Avenue de l'Opéra, la cinquième en 1880 au 10, rue des Pyramides, la sixième en avril 1881 chez Nadar, rue des Capucines, la septième débuta le 1er mars 1882 dans des salles louées au 251, rue Saint-Honoré. La huitième et exposition des impressionnistes, organisée en 1886 fut la dernière[21].
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+ L’impressionnisme est un mouvement pictural né de l'association d'artistes de la seconde moitié du XIXe siècle vivant en France. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifeste notamment de 1874 à 1886 par des expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec la peinture académique, qui était très en vogue à l'époque.
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+ Ce mouvement pictural est principalement caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile. L'impressionnisme eut une grande influence sur l'art de cette époque, la peinture bien sûr, mais aussi les arts visuels (sculpture[1], photographie impressionniste dont le pictorialisme est le relais, cinéma impressionniste), la littérature[2] et la musique[3].
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+ Jusqu'au début du XIXe siècle, l'art pictural officiel en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe, depuis sa création sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. L’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.
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+ Cependant le XVIIIe siècle avait déjà marqué une évolution significative. La couleur était déjà à la mode, même à l'Académie ; François Boucher, pourtant l'un de ses membres, en est un exemple. Dans les œuvres d'Antoine Watteau également académicien, des critiques avertis voient des signes avant-coureurs de l'impressionnisme. Même si le début du XIXe siècle vit le retour du néo-classicisme, un vent de liberté avait soufflé sur la peinture dans le choix de thèmes ou dans la manière de traiter le dessin avec par exemple Johann Heinrich Füssli ou George Romney. Au début du XIXe siècle, William Blake, William Turner ou Francisco de Goya et même Eugène Delacroix avaient déjà posé les bases d'une nouvelle façon de peindre.
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+ Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir du milieu du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l'instant, la lumière. Le développement de la technique photographique à la même époque remet en cause ce qui jusqu'alors avait été l'une des fonctions principales de l'art, la représentation fidèle de la réalité, amenant les impressionnistes à explorer d’autres sujets et d’autres façons de peindre qui privilégient la vision de l'artiste, son impression face au réel et non sa description du réel[5]. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
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+ En sortant de l'atelier de Charles Gleyre à l'École des beaux-arts de Paris qu'ils fréquentèrent de l'automne 1862 au printemps 1863, Bazille, Renoir, Monet et Sisley se réunissaient au café de La Closerie des Lilas, formant un groupe dénommé les « intransigeants », bientôt rejoint par Pissarro[6].
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+ En 1863, l'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. C'est là qu'est présenté le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui fait scandale, car il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins mythologiques ou allégoriques sont légion dans la peinture de l'époque). Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplace uniquement pour se moquer des œuvres exposées. Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année-là que ceux du Salon officiel. Voyant leurs tableaux refusés par le jury du Salon de 1867, Renoir, Bazille, Monet, Sisley et Pissarro signent une pétition pour le rétablissement du Salon des refusés[7], en vain. Ils commencèrent à discuter de tenir leur propre exposition. En 1868, Charles Daubigny, alors membre du jury fut leur allié. Son plaidoyer obstiné permit aux futurs impressionnistes d'être acceptés au Salon de 1868[8].
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+ La technique de peinture impressionniste fut inventée au cours de l'été 1869 quand Renoir et Monet peignirent respectivement La Grenouillère et Bain à la Grenouillère sur l'île de Croissy[9].
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+ Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition, dans l'atelier du photographe Nadar. Regroupant les œuvres de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre « sur le motif » en plein air[10], l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.
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+ Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, crée le terme d'« impressionniste » qui donne au mouvement son nom : « L'Impressionnisme ». Le terme est repris dans un sens positif par Jules-Antoine Castagnary, par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Le terme supplante progressivement ceux de plein-airisme et de tachisme utilisé dès 1889 par le critique Félix Fénéon[11].
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+ Pour ces raisons, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air. Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : « Ah ! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature ! ». Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : « Renoir, ce n'est pas la même chose ; il peut faire tout ce qu'il veut. » Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant. Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Édouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.
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+ Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Frédéric Bazille lors de la guerre franco-allemande de 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes au sujet du statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Paul Signac et Georges Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent aux huit Expositions Impressionnistes. La vente des toiles à cette époque montre le désintérêt de l'État et des marchands pour les œuvres impressionnistes, puisque les rares collectionneurs intéressés (Georges de Bellio, Gustave Caillebotte, Jean-Baptiste Faure, Ernest Hoschedé, Théodore Duret, Henri Rouart, Victor Chocquet, Charles Ephrussi, Paul Bérard, etc.) achètent initialement plusieurs chefs-d'œuvre à des prix dérisoires[12].
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+ Malgré tous ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu les faveurs du public et de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et surtout à New York dont l'exposition en 1886 marque le premier grand succès des impressionnistes[13]. Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté. Dans les années 1880, reprenant l'héritage du mouvement impressionniste (peinture de la vie moderne, usage des couleurs), les néo-impressionnistes s'avancent alors selon l'expression du critique d'art Félix Fénéon « à l'avant-garde de l'impressionnisme » pour mieux le dépasser, voire rejeter ce que Pissarro appelait « l'impressionnisme romantique » des Renoir et Degas au profit de « l'impressionnisme scientifique »[14].
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+ Alors que le mouvement impressionniste n'a duré qu'une dizaine d'années et a fait éclater le marché de l'art, il s'oriente dans les années 1890 vers de nouvelles attitudes picturales, traditionnellement considérées comme postimpressionnistes mais paradoxalement la cote des impressionnistes ne cesse de grimper à cette époque, amenant leurs tableaux à dominer le marché en termes de records de prix, et ce jusque dans les années 1990[15].
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+ Les peintres impressionnistes, qui se veulent - avant tout - peintres du concret et du vivant, choisissent leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d'eux. Pour la première fois, ils ne prendront pas uniquement des esquisses du paysage pour ensuite terminer leur œuvre dans leur atelier[16],[17]. Travaillant sur place et « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière et de ses jeux l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres et les nuances élaborées pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie simple et tranquille saisie dans la particularité et la vérité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques, de l'idéal du beau et de l'essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Édouard Manet, Mary Cassatt, Gustave Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.
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+ Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien », selon Claude Monet en 1897 ; « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé… », Edgar Degas, 1897.
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+ L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent van Gogh, ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France (notamment L. Boiseaubert, qui a peint le Port du Havre sous le brouillard en 1887) et à l'étranger, comme Jean Peské.
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+ Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes : Maurice Ravel, Paul Dukas, Erik Satie, Albert Roussel... Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.
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+ L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est fondé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Les sujets sont ainsi puisés dans la nature. Par ailleurs, quand le sujet met en scène des individus, ce sont des contemporains. Citons, en exemple, le tableau Olympia de Manet qui explore le thème traditionnel du nu, mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine du XIXe siècle, et le peintre travaille surtout la peinture (couleurs). Cette vision, encore réaliste par le sujet, est également une étude sur la lumière et donne ainsi naissance à l'art moderne qui s'intéresse aux effets de lumière et aux combinaisons des couleurs, une recherche qui est au cœur de l'impressionnisme.
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+ Avant l'apparition de l'impressionnisme, d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets courants, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan[18].
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+ « Ce que l'on nomme « Impressionnisme » est le résultat d'une longue évolution qui place la peinture du XIXe siècle sous le signe du paysage [...]. Mais les véritables précurseurs de cette nouvelle peinture sont d'une part Honoré Daumier avec ses recherches de rythmes, et d'autre part Jean-François Millet, les peintres de Barbizon et enfin les peintres de la mer et de l'eau (Boudin, Jongkind). Deux grandes découvertes réalisées au XIXe siècle sont venus libérer la perception et les canons traditionnels : la photographie, et les lois de la couleur de Chevreul »
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+ Une autre influence importante est celle des estampes japonaises (japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribue de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir un mouvement impressionniste.[réf. nécessaire]
44
+ Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.[réf. nécessaire]
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+ Comme le réalisme, l’impressionnisme montre des réalités quotidiennes, mais elles sont plus légères, plus claires, plus lumineuses. Les impressionnistes s’intéressent à la perception des choses : jeux de lumière, les reflets sur l’eau, mouvements… La nature est donc un domaine privilégié. - De ce fait, ils ont été accusés de ne pas savoir peindre, de négliger les contours, de diluer la vision[19].[réf. nécessaire]
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+ Les impressionnistes (naissance et mort des artistes)
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+ La première exposition impressionniste se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien atelier-studio du photographe Nadar, 35, boulevard des Capucines dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 30 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La deuxième exposition impressionniste se tient du 30 mars au 30 avril 1876 dans la galerie Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 19 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La troisième exposition impressionniste se tient du 20 au 30 avril 1876 dans un appartement du 6, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris[20].
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+ Voir les listes des 18 artistes participants.
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+ La quatrième exposition des impressionnistes eut lieu du 10 avril au 11 mai 1879 au 28, Avenue de l'Opéra, la cinquième en 1880 au 10, rue des Pyramides, la sixième en avril 1881 chez Nadar, rue des Capucines, la septième débuta le 1er mars 1882 dans des salles louées au 251, rue Saint-Honoré. La huitième et exposition des impressionnistes, organisée en 1886 fut la dernière[21].
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+ L’impressionnisme est un mouvement pictural né de l'association d'artistes de la seconde moitié du XIXe siècle vivant en France. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifeste notamment de 1874 à 1886 par des expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec la peinture académique, qui était très en vogue à l'époque.
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+ Ce mouvement pictural est principalement caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile. L'impressionnisme eut une grande influence sur l'art de cette époque, la peinture bien sûr, mais aussi les arts visuels (sculpture[1], photographie impressionniste dont le pictorialisme est le relais, cinéma impressionniste), la littérature[2] et la musique[3].
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+ Jusqu'au début du XIXe siècle, l'art pictural officiel en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe, depuis sa création sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. L’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.
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+ Cependant le XVIIIe siècle avait déjà marqué une évolution significative. La couleur était déjà à la mode, même à l'Académie ; François Boucher, pourtant l'un de ses membres, en est un exemple. Dans les œuvres d'Antoine Watteau également académicien, des critiques avertis voient des signes avant-coureurs de l'impressionnisme. Même si le début du XIXe siècle vit le retour du néo-classicisme, un vent de liberté avait soufflé sur la peinture dans le choix de thèmes ou dans la manière de traiter le dessin avec par exemple Johann Heinrich Füssli ou George Romney. Au début du XIXe siècle, William Blake, William Turner ou Francisco de Goya et même Eugène Delacroix avaient déjà posé les bases d'une nouvelle façon de peindre.
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+ Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir du milieu du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l'instant, la lumière. Le développement de la technique photographique à la même époque remet en cause ce qui jusqu'alors avait été l'une des fonctions principales de l'art, la représentation fidèle de la réalité, amenant les impressionnistes à explorer d’autres sujets et d’autres façons de peindre qui privilégient la vision de l'artiste, son impression face au réel et non sa description du réel[5]. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
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+ En sortant de l'atelier de Charles Gleyre à l'École des beaux-arts de Paris qu'ils fréquentèrent de l'automne 1862 au printemps 1863, Bazille, Renoir, Monet et Sisley se réunissaient au café de La Closerie des Lilas, formant un groupe dénommé les « intransigeants », bientôt rejoint par Pissarro[6].
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+ En 1863, l'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. C'est là qu'est présenté le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui fait scandale, car il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins mythologiques ou allégoriques sont légion dans la peinture de l'époque). Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplace uniquement pour se moquer des œuvres exposées. Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année-là que ceux du Salon officiel. Voyant leurs tableaux refusés par le jury du Salon de 1867, Renoir, Bazille, Monet, Sisley et Pissarro signent une pétition pour le rétablissement du Salon des refusés[7], en vain. Ils commencèrent à discuter de tenir leur propre exposition. En 1868, Charles Daubigny, alors membre du jury fut leur allié. Son plaidoyer obstiné permit aux futurs impressionnistes d'être acceptés au Salon de 1868[8].
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+ La technique de peinture impressionniste fut inventée au cours de l'été 1869 quand Renoir et Monet peignirent respectivement La Grenouillère et Bain à la Grenouillère sur l'île de Croissy[9].
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+ Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition, dans l'atelier du photographe Nadar. Regroupant les œuvres de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre « sur le motif » en plein air[10], l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.
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19
+ Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, crée le terme d'« impressionniste » qui donne au mouvement son nom : « L'Impressionnisme ». Le terme est repris dans un sens positif par Jules-Antoine Castagnary, par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Le terme supplante progressivement ceux de plein-airisme et de tachisme utilisé dès 1889 par le critique Félix Fénéon[11].
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+ Pour ces raisons, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air. Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : « Ah ! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature ! ». Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : « Renoir, ce n'est pas la même chose ; il peut faire tout ce qu'il veut. » Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant. Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Édouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.
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+ Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Frédéric Bazille lors de la guerre franco-allemande de 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes au sujet du statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Paul Signac et Georges Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent aux huit Expositions Impressionnistes. La vente des toiles à cette époque montre le désintérêt de l'État et des marchands pour les œuvres impressionnistes, puisque les rares collectionneurs intéressés (Georges de Bellio, Gustave Caillebotte, Jean-Baptiste Faure, Ernest Hoschedé, Théodore Duret, Henri Rouart, Victor Chocquet, Charles Ephrussi, Paul Bérard, etc.) achètent initialement plusieurs chefs-d'œuvre à des prix dérisoires[12].
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+ Malgré tous ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu les faveurs du public et de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et surtout à New York dont l'exposition en 1886 marque le premier grand succès des impressionnistes[13]. Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté. Dans les années 1880, reprenant l'héritage du mouvement impressionniste (peinture de la vie moderne, usage des couleurs), les néo-impressionnistes s'avancent alors selon l'expression du critique d'art Félix Fénéon « à l'avant-garde de l'impressionnisme » pour mieux le dépasser, voire rejeter ce que Pissarro appelait « l'impressionnisme romantique » des Renoir et Degas au profit de « l'impressionnisme scientifique »[14].
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+ Alors que le mouvement impressionniste n'a duré qu'une dizaine d'années et a fait éclater le marché de l'art, il s'oriente dans les années 1890 vers de nouvelles attitudes picturales, traditionnellement considérées comme postimpressionnistes mais paradoxalement la cote des impressionnistes ne cesse de grimper à cette époque, amenant leurs tableaux à dominer le marché en termes de records de prix, et ce jusque dans les années 1990[15].
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+ Les peintres impressionnistes, qui se veulent - avant tout - peintres du concret et du vivant, choisissent leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d'eux. Pour la première fois, ils ne prendront pas uniquement des esquisses du paysage pour ensuite terminer leur œuvre dans leur atelier[16],[17]. Travaillant sur place et « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière et de ses jeux l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres et les nuances élaborées pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie simple et tranquille saisie dans la particularité et la vérité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques, de l'idéal du beau et de l'essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Édouard Manet, Mary Cassatt, Gustave Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.
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+ Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien », selon Claude Monet en 1897 ; « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé… », Edgar Degas, 1897.
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+ L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent van Gogh, ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France (notamment L. Boiseaubert, qui a peint le Port du Havre sous le brouillard en 1887) et à l'étranger, comme Jean Peské.
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+ Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes : Maurice Ravel, Paul Dukas, Erik Satie, Albert Roussel... Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.
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+ L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est fondé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Les sujets sont ainsi puisés dans la nature. Par ailleurs, quand le sujet met en scène des individus, ce sont des contemporains. Citons, en exemple, le tableau Olympia de Manet qui explore le thème traditionnel du nu, mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine du XIXe siècle, et le peintre travaille surtout la peinture (couleurs). Cette vision, encore réaliste par le sujet, est également une étude sur la lumière et donne ainsi naissance à l'art moderne qui s'intéresse aux effets de lumière et aux combinaisons des couleurs, une recherche qui est au cœur de l'impressionnisme.
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+ Avant l'apparition de l'impressionnisme, d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets courants, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan[18].
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+ « Ce que l'on nomme « Impressionnisme » est le résultat d'une longue évolution qui place la peinture du XIXe siècle sous le signe du paysage [...]. Mais les véritables précurseurs de cette nouvelle peinture sont d'une part Honoré Daumier avec ses recherches de rythmes, et d'autre part Jean-François Millet, les peintres de Barbizon et enfin les peintres de la mer et de l'eau (Boudin, Jongkind). Deux grandes découvertes réalisées au XIXe siècle sont venus libérer la perception et les canons traditionnels : la photographie, et les lois de la couleur de Chevreul »
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+ Une autre influence importante est celle des estampes japonaises (japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribue de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir un mouvement impressionniste.[réf. nécessaire]
44
+ Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.[réf. nécessaire]
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+ Comme le réalisme, l’impressionnisme montre des réalités quotidiennes, mais elles sont plus légères, plus claires, plus lumineuses. Les impressionnistes s’intéressent à la perception des choses : jeux de lumière, les reflets sur l’eau, mouvements… La nature est donc un domaine privilégié. - De ce fait, ils ont été accusés de ne pas savoir peindre, de négliger les contours, de diluer la vision[19].[réf. nécessaire]
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+ Les impressionnistes (naissance et mort des artistes)
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+ La première exposition impressionniste se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien atelier-studio du photographe Nadar, 35, boulevard des Capucines dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 30 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La deuxième exposition impressionniste se tient du 30 mars au 30 avril 1876 dans la galerie Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 19 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La troisième exposition impressionniste se tient du 20 au 30 avril 1876 dans un appartement du 6, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris[20].
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+ Voir les listes des 18 artistes participants.
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+ La quatrième exposition des impressionnistes eut lieu du 10 avril au 11 mai 1879 au 28, Avenue de l'Opéra, la cinquième en 1880 au 10, rue des Pyramides, la sixième en avril 1881 chez Nadar, rue des Capucines, la septième débuta le 1er mars 1882 dans des salles louées au 251, rue Saint-Honoré. La huitième et exposition des impressionnistes, organisée en 1886 fut la dernière[21].
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+ L’impressionnisme est un mouvement pictural né de l'association d'artistes de la seconde moitié du XIXe siècle vivant en France. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifeste notamment de 1874 à 1886 par des expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec la peinture académique, qui était très en vogue à l'époque.
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+ Ce mouvement pictural est principalement caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile. L'impressionnisme eut une grande influence sur l'art de cette époque, la peinture bien sûr, mais aussi les arts visuels (sculpture[1], photographie impressionniste dont le pictorialisme est le relais, cinéma impressionniste), la littérature[2] et la musique[3].
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+ Jusqu'au début du XIXe siècle, l'art pictural officiel en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe, depuis sa création sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. L’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.
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+ Cependant le XVIIIe siècle avait déjà marqué une évolution significative. La couleur était déjà à la mode, même à l'Académie ; François Boucher, pourtant l'un de ses membres, en est un exemple. Dans les œuvres d'Antoine Watteau également académicien, des critiques avertis voient des signes avant-coureurs de l'impressionnisme. Même si le début du XIXe siècle vit le retour du néo-classicisme, un vent de liberté avait soufflé sur la peinture dans le choix de thèmes ou dans la manière de traiter le dessin avec par exemple Johann Heinrich Füssli ou George Romney. Au début du XIXe siècle, William Blake, William Turner ou Francisco de Goya et même Eugène Delacroix avaient déjà posé les bases d'une nouvelle façon de peindre.
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+ Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir du milieu du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l'instant, la lumière. Le développement de la technique photographique à la même époque remet en cause ce qui jusqu'alors avait été l'une des fonctions principales de l'art, la représentation fidèle de la réalité, amenant les impressionnistes à explorer d’autres sujets et d’autres façons de peindre qui privilégient la vision de l'artiste, son impression face au réel et non sa description du réel[5]. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
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+ En sortant de l'atelier de Charles Gleyre à l'École des beaux-arts de Paris qu'ils fréquentèrent de l'automne 1862 au printemps 1863, Bazille, Renoir, Monet et Sisley se réunissaient au café de La Closerie des Lilas, formant un groupe dénommé les « intransigeants », bientôt rejoint par Pissarro[6].
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+ En 1863, l'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. C'est là qu'est présenté le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui fait scandale, car il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins mythologiques ou allégoriques sont légion dans la peinture de l'époque). Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplace uniquement pour se moquer des œuvres exposées. Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année-là que ceux du Salon officiel. Voyant leurs tableaux refusés par le jury du Salon de 1867, Renoir, Bazille, Monet, Sisley et Pissarro signent une pétition pour le rétablissement du Salon des refusés[7], en vain. Ils commencèrent à discuter de tenir leur propre exposition. En 1868, Charles Daubigny, alors membre du jury fut leur allié. Son plaidoyer obstiné permit aux futurs impressionnistes d'être acceptés au Salon de 1868[8].
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+ La technique de peinture impressionniste fut inventée au cours de l'été 1869 quand Renoir et Monet peignirent respectivement La Grenouillère et Bain à la Grenouillère sur l'île de Croissy[9].
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+ Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition, dans l'atelier du photographe Nadar. Regroupant les œuvres de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre « sur le motif » en plein air[10], l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.
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+ Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, crée le terme d'« impressionniste » qui donne au mouvement son nom : « L'Impressionnisme ». Le terme est repris dans un sens positif par Jules-Antoine Castagnary, par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Le terme supplante progressivement ceux de plein-airisme et de tachisme utilisé dès 1889 par le critique Félix Fénéon[11].
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+ Pour ces raisons, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air. Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : « Ah ! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature ! ». Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : « Renoir, ce n'est pas la même chose ; il peut faire tout ce qu'il veut. » Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant. Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Édouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.
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+ Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Frédéric Bazille lors de la guerre franco-allemande de 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes au sujet du statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Paul Signac et Georges Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent aux huit Expositions Impressionnistes. La vente des toiles à cette époque montre le désintérêt de l'État et des marchands pour les œuvres impressionnistes, puisque les rares collectionneurs intéressés (Georges de Bellio, Gustave Caillebotte, Jean-Baptiste Faure, Ernest Hoschedé, Théodore Duret, Henri Rouart, Victor Chocquet, Charles Ephrussi, Paul Bérard, etc.) achètent initialement plusieurs chefs-d'œuvre à des prix dérisoires[12].
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+ Malgré tous ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu les faveurs du public et de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et surtout à New York dont l'exposition en 1886 marque le premier grand succès des impressionnistes[13]. Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté. Dans les années 1880, reprenant l'héritage du mouvement impressionniste (peinture de la vie moderne, usage des couleurs), les néo-impressionnistes s'avancent alors selon l'expression du critique d'art Félix Fénéon « à l'avant-garde de l'impressionnisme » pour mieux le dépasser, voire rejeter ce que Pissarro appelait « l'impressionnisme romantique » des Renoir et Degas au profit de « l'impressionnisme scientifique »[14].
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+ Alors que le mouvement impressionniste n'a duré qu'une dizaine d'années et a fait éclater le marché de l'art, il s'oriente dans les années 1890 vers de nouvelles attitudes picturales, traditionnellement considérées comme postimpressionnistes mais paradoxalement la cote des impressionnistes ne cesse de grimper à cette époque, amenant leurs tableaux à dominer le marché en termes de records de prix, et ce jusque dans les années 1990[15].
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+ Les peintres impressionnistes, qui se veulent - avant tout - peintres du concret et du vivant, choisissent leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d'eux. Pour la première fois, ils ne prendront pas uniquement des esquisses du paysage pour ensuite terminer leur œuvre dans leur atelier[16],[17]. Travaillant sur place et « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière et de ses jeux l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres et les nuances élaborées pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie simple et tranquille saisie dans la particularité et la vérité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques, de l'idéal du beau et de l'essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Édouard Manet, Mary Cassatt, Gustave Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.
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+ Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien », selon Claude Monet en 1897 ; « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé… », Edgar Degas, 1897.
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+ L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent van Gogh, ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France (notamment L. Boiseaubert, qui a peint le Port du Havre sous le brouillard en 1887) et à l'étranger, comme Jean Peské.
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+ Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes : Maurice Ravel, Paul Dukas, Erik Satie, Albert Roussel... Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.
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+ L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est fondé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Les sujets sont ainsi puisés dans la nature. Par ailleurs, quand le sujet met en scène des individus, ce sont des contemporains. Citons, en exemple, le tableau Olympia de Manet qui explore le thème traditionnel du nu, mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine du XIXe siècle, et le peintre travaille surtout la peinture (couleurs). Cette vision, encore réaliste par le sujet, est également une étude sur la lumière et donne ainsi naissance à l'art moderne qui s'intéresse aux effets de lumière et aux combinaisons des couleurs, une recherche qui est au cœur de l'impressionnisme.
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+ Avant l'apparition de l'impressionnisme, d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets courants, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan[18].
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+ « Ce que l'on nomme « Impressionnisme » est le résultat d'une longue évolution qui place la peinture du XIXe siècle sous le signe du paysage [...]. Mais les véritables précurseurs de cette nouvelle peinture sont d'une part Honoré Daumier avec ses recherches de rythmes, et d'autre part Jean-François Millet, les peintres de Barbizon et enfin les peintres de la mer et de l'eau (Boudin, Jongkind). Deux grandes découvertes réalisées au XIXe siècle sont venus libérer la perception et les canons traditionnels : la photographie, et les lois de la couleur de Chevreul »
42
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43
+ Une autre influence importante est celle des estampes japonaises (japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribue de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir un mouvement impressionniste.[réf. nécessaire]
44
+ Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.[réf. nécessaire]
45
+ Comme le réalisme, l’impressionnisme montre des réalités quotidiennes, mais elles sont plus légères, plus claires, plus lumineuses. Les impressionnistes s’intéressent à la perception des choses : jeux de lumière, les reflets sur l’eau, mouvements… La nature est donc un domaine privilégié. - De ce fait, ils ont été accusés de ne pas savoir peindre, de négliger les contours, de diluer la vision[19].[réf. nécessaire]
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+ Les impressionnistes (naissance et mort des artistes)
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+ La première exposition impressionniste se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien atelier-studio du photographe Nadar, 35, boulevard des Capucines dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 30 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La deuxième exposition impressionniste se tient du 30 mars au 30 avril 1876 dans la galerie Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris.
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+ Voir les listes des 19 artistes participants et des œuvres présentées.
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+ La troisième exposition impressionniste se tient du 20 au 30 avril 1876 dans un appartement du 6, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris[20].
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+ Voir les listes des 18 artistes participants.
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+ La quatrième exposition des impressionnistes eut lieu du 10 avril au 11 mai 1879 au 28, Avenue de l'Opéra, la cinquième en 1880 au 10, rue des Pyramides, la sixième en avril 1881 chez Nadar, rue des Capucines, la septième débuta le 1er mars 1882 dans des salles louées au 251, rue Saint-Honoré. La huitième et exposition des impressionnistes, organisée en 1886 fut la dernière[21].
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+ L'Antarctique (prononcé /ɑ̃.taʁk.tik/, ou aussi /ɑ̃.taʁ.tik/ Écouter), parfois appelé « le Continent Austral » ou « le Continent Blanc »[a], est le continent le plus méridional de la Terre. Situé autour du pôle Sud, il est entouré des océans Atlantique, Indien et Pacifique et des mers de Ross et de Weddell. Il forme le cœur de la région antarctique qui inclut également les parties émergées du plateau des Kerguelen ainsi que d'autres territoires insulaires de la plaque antarctique plus ou moins proches. L'ensemble de ces territoires, qui partagent des caractéristiques écologiques communes, constitue l'écozone antarctique.
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+ Avec une superficie de 14 millions de kilomètres carrés, l'Antarctique est plus petit que l'Asie, l'Afrique ou l'Amérique ; seules l'Europe et l'Océanie sont plus petites que lui. Quelque 98 % de sa surface sont recouverts d'une couche de glace d'une épaisseur moyenne de 1,6 km. C'est pourquoi la morphologie du sous-sol antarctique reste encore peu connue voire inconnue, alors que petit à petit se dévoile la présence de lacs subglaciaires et de chaînes de montagnes subglaciaires comme celle de Gamburtsev.
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+ L'Antarctique est le continent le plus froid, le plus sec et le plus venteux. C'est également, de tous les continents, celui qui a l'altitude moyenne la plus élevée. Puisqu'il n'y tombe que peu de précipitations, excepté sur ses parties côtières où elles sont de l'ordre de 200 mm par an, l'intérieur du continent constitue le plus grand désert du monde. À part les bases scientifiques, il n'y a pas d'habitat humain permanent et l'Antarctique n'a pas de population indigène connue. Seuls des plantes et des animaux adaptés au froid, au manque de lumière et à l'aridité y survivent, comme des manchots, des phoques, des poissons, des crustacés, des mousses, des lichens et de nombreux types d'algues.
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+ Le nom « Antarctique » vient du grec ἀνταρκτικός (antarktikós), qui signifie « opposé à l'Arctique ». Bien que des mythes et des spéculations concernant une Terra Australis (« Terre Australe ») remontent à l'Antiquité, le continent n'est aperçu pour la première fois – de façon attestée – qu'en 1819 par le navigateur britannique William Smith[2]. Cette découverte suscita un vif intérêt de la part des chasseurs de phoques européens et américains qui affluèrent sur les côtes antarctiques dans les années qui suivirent et s'employèrent à décimer une population de plusieurs millions d'individus[3] au point de parvenir pratiquement à son extinction en 1830.
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+ À la suite du traité sur l'Antarctique signé en 1959 par douze États et suivi en 1991 par le protocole de Madrid, l'ensemble des territoires situés au sud du 60e parallèle sud acquiert un statut particulier : les activités militaires y sont interdites ainsi que l'exploitation des ressources minérales sauf celles qui sont menées à des fins scientifiques. Les signataires accordent la priorité aux activités de recherche scientifique. Les expériences en cours sont effectuées par plus de 4 000 scientifiques de diverses nationalités et ayant des intérêts différents. Considéré comme une réserve naturelle, le continent est protégé par la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) et divers accords internationaux sur la protection de la biodiversité et sur la restriction du tourisme. Modeste ressource jusque dans les années 1980, le tourisme attire de plus en plus de visiteurs : 10 000 en 2000, 37 000 en 2010, soit sept fois plus de personnes que le nombre de scientifiques présents. La majorité des touristes se concentre durant l'été à proximité de la péninsule Antarctique. Depuis 1991, des mesures de régulation et de protection ont été prises. L’Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO), qui regroupe 80 % des voyagistes opérant sur ce continent, a établi un code de conduite, prône un tourisme éducatif et coopère avec les scientifiques en mettant à leur service la logistique et les moyens de transport. Aussi les États se sont inspirés de ses travaux et données pour élaborer un code international très contraignant.
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+ L'histoire du continent antarctique est née avec les hypothèses concernant l'« équilibre » de la Terre, celui-ci expliquant sa forme. Durant l'Antiquité, les anciens Grecs dont le philosophe Aristote estiment que la Terre est une sphère symétrique ayant nécessairement un point d'équilibre appelé « pivot » (polos en grec) de part et d'autre de l'équateur. C'est ainsi que l'Arctique du grec ancien ἀρκτικός (Arktikos) se trouve un opposé et que l'Antarctique est pour la première fois évoqué. Emprunt du grec ancien ἀνταρκτικός (antarktikós), le mot « Antarctique » se forme à partir de deux termes : ant(i)- (ἀντί-) c'est-à-dire « ce qui est contraire, opposé » et arktos (ἀρκτικός dérivé de άρκτος) qui signifie « ours », en référence à la constellation indiquant le nord appelée « Petite Ourse »[4].
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+ Même si, au IIe siècle, l'astronome grec Ptolémée est persuadé que le continent existe, au point d'affirmer que ces terres sont reliées aux autres continents, habitées et cultivées[5], il faut attendre le XVe siècle, lorsque Bartolomeu Dias et Vasco de Gama parviennent à passer et à contourner le cap de Bonne-Espérance au sud de l'Afrique, pour réfuter l'hypothèse d'un continent étendu jusqu'aux plus hautes latitudes sud. Mais, lorsque Fernand de Magellan contourne le Sud du continent américain en 1520, il découvre un détroit difficile à franchir, et au-delà duquel un épais manteau neigeux apparaît sous un climat très froid[4]. Les géographes émettent donc l'hypothèse qu'un immense continent existe et qu'il serait continu de la Terre de Feu à l'Australie. Celui-ci est alors nommé « Continent Austral » sur les planisphères de l'époque[6].
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+ En décembre 1577, envoyé par le gouvernement anglais, Francis Drake quitte Plymouth avec une flotte de cinq navires pour explorer le Pacifique. Le 20 août 1578, il commence la traversée du détroit de Magellan qu'il effectuera en 16 jours. Commandant le Golden Hind, Drake et son équipage sont alors pris dans une violente tempête qui les entraîne au large de la Terre de feu. C'est alors qu'ils s'aperçoivent que l'hypothétique Terra Australis ne s'étend pas jusque dans cette région. La majorité des cartes de l'époque ne corrigera pourtant l'erreur que lorsque Jacob Le Maire et Willem Schouten contourneront le cap Horn en 1616[7].
18
+
19
+ Le 1er janvier 1739, Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, missionné par la Compagnie des Indes pour découvrir des terres inconnues et y établir des comptoirs, découvre une île brumeuse qu'il prendra pour un continent : l'actuelle île Bouvet pourtant située à 1 700 km de l'Antarctique[8].
20
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21
+ En 1772, Nicolas Thomas Marion-Dufresne, secondé par le capitaine Julien Crozet à bord du Mascarin, découvre les « îles Froides » (aujourd'hui l'archipel du Prince-Édouard) et l'« île Aride » (l'actuelle île de l'Est des îles Crozet)[9].
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+ En juillet 1772 commence la deuxième expédition de James Cook comprenant les navires la Resolution et l'Adventure. L'amirauté lui donne l'ordre d'explorer les mers australes afin de découvrir le pôle Sud. Après avoir dépassé Le Cap, Cook se dirige au sud mais ne trouve aucune terre supposée par les cartes de Bouvet de Lozier. Néanmoins, il continue sa descente au sud et franchit pour la première fois le cercle polaire, le 17 janvier 1773. Par la suite, se trouvant dans un pack serré, les deux navires qu'il commande ne peuvent poursuivre leur descente au sud bien qu'ils se situent, sans le savoir, à 130 km du continent. Ils reprennent donc une route nord-est et naviguent vers la Nouvelle-Zélande en franchissant à deux reprises le cercle polaire et en rejoignant Wellington en janvier 1773. Le voyage se poursuit et, le 20 janvier 1773, Cook franchit de nouveau le cercle polaire par 148° de longitude ouest et aperçoit le premier iceberg. Il reprend la direction du nord mais décide bientôt de replonger au sud pour dépasser encore une fois le cercle polaire le 26 janvier 1774. Malgré le pack et le brouillard, le capitaine poursuit et s'avance, le 30 janvier 1774 jusqu'à 71° 10′ de latitude sud et 106° 54′ de longitude ouest. Il rencontre alors des champs de glace parsemés de montagnes de glace dont la majorité sont très hautes. Jugeant la poursuite du voyage dangereuse, Cook décide de rebrousser chemin mais lui et son équipage resteront pendant cinquante ans les hommes à avoir atteint la position la plus méridionale. Enfin, l'avancée de Cook signe la fin du mythe de la Terra Australia Incognita où les gens espéraient trouver un temps clément au sud[10].
24
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25
+ C'est en définitive au XIXe siècle que l'Antarctique a été officiellement découvert. En effet, le capitaine au long cours britannique William Smith, à bord de son navire le Williams of Blyth, révèlera au monde l'existence du continent austral le 19 février 1819, jour au cours duquel il rapporte avoir vu des terres au sud du 62e degré[11]. Il y retournera le 15 octobre 1819, nommant le chapelet d’îles qu’il côtoie « South Shetland » dont il prendra possession au nom du roi Georges III, le 17 octobre après avoir débarqué dans une de ses baies[12]. À cette occasion, cependant, il découvre les vestiges d’un navire de guerre espagnol, le San Telmo, qui avait disparu au cours d’une tempête à son passage du cap Horn, un mois et demi plus tôt. Ce fait est rapporté dans les mémoires du capitaine Robert Fildes, ami de William Smith[13].
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27
+ Selon la National Science Foundation (NSF)[14], la NASA[15], l'université de Californie à San Diego[16] et d'autres organisations[17],[18], le premier aperçu de l'Antarctique est effectué en 1820 par les équipages de navires dont les trois capitaines étaient : Fabian Gottlieb von Bellingshausen (un capitaine de la Marine impériale de Russie), Edward Bransfield (un capitaine de la Royal Navy, envoyé par le consul britannique Shirreff à la suite de la découverte de William Smith), et Nathaniel Palmer (un marin américain de Stonington dans le Connecticut). Von Bellingshausen voit l'Antarctique le 27 janvier 1820, trois jours avant que Bransfield aperçoive la terre, et dix mois avant que ne le fasse Palmer, en novembre 1820. Ce jour-là, l'expédition, comprenant deux navires et menée par Von Bellingshausen et Mikhaïl Lazarev, atteint un point situé à 32 km du continent et y aperçoit des champs de glace. Le premier débarquement attesté sur le continent est réalisé par le navigateur américain John Davis en Antarctique occidentale le 7 février 1821, bien que plusieurs historiens contestent cette affirmation[19],[20].
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+ Au XIXe siècle, de nombreux bateaux viennent chasser le phoque le long des rives du continent mais il faut attendre le 21 janvier 1840 pour que des explorateurs français, commandés par Dumont d'Urville plantent leur drapeau sur les terres antarctiques[6]. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la flotte américaine de Charles Wilkes d'y parvenir. Par la suite, en 1839, l'expédition Erebus et Terror est la principale expédition scientifique menée au XIXe siècle en Antarctique par les Britanniques, grâce à une association entre la British Association for the Advancement of Science et la Royal Society[21]. Elle comprend des médecins, des naturalistes et des botanistes. Au cours de cette expédition, en 1841, l'explorateur James Clark Ross traverse l'actuelle mer de Ross et découvre l'île de Ross[22]. Le mont Erebus et le mont Terror portent les noms de deux des bateaux de l'expédition : le HMS Erebus et le HMS Terror[23]. Mercator Cooper, quant à lui, accosta en Antarctique oriental le 26 janvier 1853[24].
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+ La période qui s'étend de 1895 à 1922 correspond à l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique, durant laquelle de nombreuses expéditions sont menées afin de parvenir au pôle Sud. Ainsi, de 1897 à 1898, l'expédition scientifique belge Belgica, commandée par Adrien de Gerlache de Gomery, passe quinze mois dans les glaces, dont un hivernage complet, le premier en Antarctique. C'est une mission internationale comprenant le norvégien Roald Amundsen et l'américain Frederick Cook qui en reviendront tous deux avec une vocation polaire qui en fera de futurs conquérants des pôles, et le polonais Henryk Arctowski, ainsi que le roumain Emil Racoviță qui, le premier, décrit en détail l'éthologie des cétacés, des pinnipèdes et des manchots. Jean-Baptiste Charcot monte la première expédition française en Antarctique qui hiverne sous le vent de l'île Wandel. Le 4 mars 1905, l'expédition quitte la péninsule antarctique après un hivernage sans encombre. Il s'agit du premier hivernage d'une expédition scientifique dans les pôles. Les objectifs scientifiques sont dépassés : 1 000 km de côtes découvertes et relevées, trois cartes marines détaillées, 75 caisses d'observations, de notes, de mesures et de collections destinées au Muséum national d'histoire naturelle. En août de 1908, Charcot part hiverner à l'île Petermann pour sa deuxième expédition polaire. De retour en juin 1910 après un deuxième hivernage, l'expédition est riche en expériences scientifiques : des mesures océanographiques (salinité, sondage), des relevés de météorologie, une étude des marées, une étude du magnétisme, des collections de zoologie et de botanique confiées au Muséum et à l'Institut océanographique de Monaco. Il rapporte aussi des découvertes géographiques comme le tracé de la terre Alexandre et une nouvelle terre, la terre de Charcot. Résultats de l'expédition considérables qui comprennent aussi le relevé cartographique de 2 000 km de côtes. Mais Charcot, victime du scorbut, revient considérablement affaibli. Roald Amundsen participera à la course au pôle Sud géographique, et sera le premier à y parvenir, le 14 décembre 1911, en un temps réduit grâce à l'usage de skis et de chiens de traîneau. Robert Falcon Scott, un Britannique, arrive un mois plus tard et meurt sur le chemin du retour[6].
32
+
33
+ Lors de l'expédition Endurance en 1914, le navire britannique Endurance commandé par Sir Ernest Shackleton, part avec vingt-huit hommes pour traverser l'Antarctique. Mais le bateau est pris dans les glaces. Tout l'équipage réussit à revenir sain et sauf en traversant océan et montagnes sans vivres et matériel[25].
34
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35
+ Alors qu'en 1928, Sir George Hubert Wilkins et Carl Ben Eielson survolent le continent pour la première fois[24], la 3e expédition allemande menée par Alfred Ritscher a lieu en 1938 et 1939 et revendique un territoire de 600 000 km2 — la Nouvelle-Souabe — située dans la Terre de la Reine-Maud[26].
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37
+ En 1946, les États-Unis, sur l'initiative de l'amiral Richard Byrd, organisent l'opération Highjump qui est la plus importante expédition envoyée à ce jour en Antarctique, composée de 4 700 hommes, treize bateaux dont un porte-avions, vingt-cinq avions, dont deux hydravions Martin PBM Mariner[27]. Cette opération sera suivie durant l'été austral suivant (1947-1948) par l'opération Windmill.
38
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39
+ Du 24 novembre 1957 au 2 mars 1958, l'expédition Fuchs-Hillary traverse pour la première fois le continent par voie terrestre. Le déplacement s'effectue à l'aide d'autoneiges américaines Tucker Sno-cat Corporation[28]. Des relevés sismologiques, gravimétriques entre autres, sont effectués tout au long de l'expédition. Aussi, des mesures sont également prises pour mesurer l'épaisseur de glace au pôle Sud et vérifier la présence du continent sous celle-ci.
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+ Du novembre 1989 au février 1990 Arved Fuchs et Reinhold Messner ont effectué à pied et à l'aide de voiles la traversée; 2800 kilomètres en 92 jours.
42
+ « Le pole se trouve brusquement devant nous: 90° sud. Nous ne le voyons qu'à toute la dernière heure »[29].
43
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44
+ En 1997, Laurence de la Ferrière est la première Française à atteindre le pôle sud en solitaire[30]. En 2000, elle réalise la première traversée jamais réalisée, du pôle sud à la Terre Adélie en passant par la base franco-italienne de Concordia[31]. Elle réalise des carottages, prélève des échantillons qui seront récupérés à la base de Concordia et effectue des mesures de températures et recherche des météorites[32]. Aujourd'hui, Laurence de la Ferrière est la seule femme au monde à avoir traversé l'intégralité du continent en solitaire[réf. nécessaire].
45
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46
+ L'Année polaire internationale (API) (1882-1883) et l'Année géophysique internationale (AGI) (1957-1958) vont soulever un certain nombre de questionnements politiques et économiques sur l'avenir de l'Antarctique. Ainsi va naître le traité sur l'Antarctique qui donne à ce continent son statut unique destiné à la science, aux actions pacifiques, à la préservation des ressources naturelles et à la protection de la biodiversité. Signé le 1er décembre 1959 à Washington par douze pays soit l'Afrique du Sud, l'Argentine, l'Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'URSS (actuelle Russie), le traité compte en 2010 quarante-cinq États signataires. La Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique[33] en 1982, le protocole de Madrid en 1991 et des programmes de recherche internationaux comme le recensement de la vie marine de l'océan Austral (2003-2010) ou bien l'ARENA (Antarctic Research, a European Network for Astrophysics) illustrent la volonté des États de poursuivre les objectifs établis en 1959.
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+ En 2003, alors que des chercheurs russes étaient parvenus à une trentaine de mètres de l'eau contenue dans le lac Vostok, la communauté scientifique internationale demanda l'interruption du forage. Jusqu'à ce qu'en novembre 2010, une étude d'impact environnemental garantisse la maîtrise du risque de contamination. Océanographie, biologie marine, glaciologie, géophysique, astronomie… dans l'Antarctique, la recherche est un débat technique, logistique et financier. L'activité se concentre notamment sur l'étude de la climatologie. C'est en Antarctique que l'on observait dans les années 1970 la diminution périodique de la couche d'ozone. C’est sur ce continent que l'alerte fut donnée en 1985 : le gaz intercepteur des UV se raréfiait avec une rapidité alarmante. C'est donc sur ce continent-témoin que l'on étudie l'origine du changement climatique. À lui seul, le lac Vostok recèle 400 000 ans de climatologie[34].
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50
+ Sur la soixantaine de bases scientifiques qui ont été construites en cinquante ans, la station belge Princesse-Élisabeth est la dernière en date (2009). Conçue par l'ingénieur et explorateur belge Alain Hubert selon le principe de l'énergie durable, elle est la première du genre en opposition (scientifiquement parlant) avec les bases scientifiques traditionnelles qui sont grosses consommatrices d'énergie.
51
+
52
+ Centré de manière asymétrique autour du pôle Sud et situé en grande partie au sud du cercle antarctique, l'Antarctique est le continent le plus méridional de la Terre, baigné par les océans Atlantique sud, Indien et Pacifique sud. Alternativement, on peut considérer qu'il est entouré par l'océan Austral, ou par les eaux du Sud de l'océan mondial. Il est constitué d'une grande terre principale ainsi que d'un ensemble d'îles plus petites, dont le 60e parallèle sud marque la limite nord.
53
+
54
+ L'Antarctique couvre une superficie de plus de 14 000 000 km2, ce qui en fait le quatrième plus grand continent avec une surface environ 1,3 fois plus grande que celle de l'Europe[35]. En hiver, le continent antarctique double sa superficie par une banquise qui le prolonge jusqu'à près de 800 km du rivage et des glaces flottantes allant jusqu'à 800 km des côtes[36].
55
+
56
+ Le littoral mesure 17 968 km de long et est surtout caractérisé par des formations de glace comme le montre le tableau ci-dessous :
57
+
58
+ L'Antarctique est divisé en deux par la chaîne Transantarctique située près de la péninsule Antarctique entre la mer de Ross et la mer de Weddell. La zone située entre l'Ouest de la mer de Weddell et l'Est de la mer de Ross est appelée l'Antarctique occidental tandis que l'autre zone est appelée l'Antarctique oriental car elles appartiennent approximativement aux hémisphères ouest et est par rapport au méridien de Greenwich.
59
+
60
+ Environ 98 % de l'Antarctique est couvert par l'inlandsis de l'Antarctique d'une épaisseur moyenne de 1,6 km. Le continent regroupe environ 90 % de la glace terrestre (et donc 70 % de l'eau douce mondiale). Si toutes ces glaces fondaient, le niveau des mers et des océans monterait de 60 m[37]. Presque partout à l'intérieur du continent, les précipitations sont très faibles, moins de 20 mm par an. Dans quelques zones de « glace bleue » (glace ancienne fondue et regelée) les précipitations sont plus faibles que la quantité d'eau perdue par sublimation. Le bilan hydrique local est donc négatif. Dans les vallées sèches, le même effet hydrique se produit sur un sol rocheux, créant ainsi un paysage de type aride.
61
+
62
+ L'Antarctique occidental est couvert par l'inlandsis Ouest-Antarctique. Ce dernier a fait l'objet de préoccupations récentes en raison du réel, mais faible, risque d'effondrement. Si cette couche de glace venait à s'effondrer, le niveau des mers s'élèverait de plusieurs mètres en une période géologique relativement courte, peut-être en quelques siècles. Plusieurs courants glaciaires en Antarctique, qui représentent environ 10 % de l'inlandsis, s'écoulent jusqu'à l'une des barrières de glace.
63
+
64
+ L'Antarctique oriental s'étend du côté océan Indien de la chaîne Transantarctique et comprend la Terre de Coats, la Terre de la Reine-Maud, la Terre d'Enderby, la Terre de Mac Robertson, la Terre de Wilkes et la Terre Victoria. Toute cette région, sauf une petite partie, se trouve dans l'hémisphère est. L'Antarctique oriental est largement couvert par l'inlandsis Est-Antarctique.
65
+
66
+ Le massif Vinson, point culminant de l'Antarctique avec 4 892 mètres d'altitude[38],[39], est situé dans les monts Ellsworth. L'Antarctique possède beaucoup d'autres montagnes, à la fois sur le continent lui-même mais aussi sur les îles environnantes. Situé sur l'île de Ross, le mont Erebus est le volcan actif le plus austral du monde[40]. Un autre volcan, qui se trouve sur l'île de la Déception, est devenu célèbre à la suite d'une gigantesque éruption en février 1969. Les éruptions mineures sont courantes et des coulées de lave ont été observées ces dernières années. D'autres volcans endormis peuvent être potentiellement actifs[41]. En 2004, un volcan sous-marin a été découvert dans la péninsule Antarctique par des chercheurs américains et canadiens. Des données récentes ont montré que ce « volcan sans nom » pourrait être actif[42].
67
+
68
+ L'Antarctique abrite également plus de 70 lacs qui se trouvent à la base de la calotte glaciaire continentale. Le lac Vostok découvert sous la base antarctique Vostok en 1996, est le plus grand de ces lacs subglaciaires. On le croyait isolé depuis 500 000 à un million d'années, mais une étude récente suggère que ses eaux circulent épisodiquement d'un lac à l'autre[43].
69
+
70
+ Certaines carottes de glaces forées à environ 400 m sous le niveau de la mer prouvent que les eaux du lac Vostok peuvent détenir la vie microbienne. La surface gelée du lac présente des similitudes avec Europe, un des satellites de Jupiter. Ainsi, si la vie est découverte dans le lac Vostok, cela pourrait renforcer l'hypothèse de l'existence de la vie sur le satellite Europe. Le 7 février 2008, une équipe de la NASA a entrepris une mission au lac Untersee afin d'y chercher l'existence d'extrêmophiles. Si le résultat de la recherche est positif, ces organismes résistants à des températures glacées pourraient également renforcer l'argument d'une vie extraterrestre dans un environnement extrêmement froid et riche en méthane[44].
71
+
72
+ L'Antarctique est le lieu le plus froid sur Terre. C'est sur ce continent que la température naturelle la plus basse de la planète, −93,2 °C, a été estimée à Dôme Argus, le 10 août 2010, par des mesures météorologiques de télédétection par la NASA avec le satellite Landsat 8[45],[46]. Le record officiellement mesuré in situ est de −89,2 °C, le 21 juillet 1983 à Vostok (base de l’armée russe)[47],[48]. Pour comparaison, c'est 11 °C de moins que la température de sublimation du dioxyde de carbone. Le record de chaleur sur le continent est atteint le 9 février 2020 au niveau de la base argentine de Marambio avec 20,7 °C relevés[49].
73
+
74
+ L'Antarctique est un désert glacé où les précipitations sont rares soit 200 mm en moyenne par an[50]. Le pôle Sud par exemple, en reçoit moins de 100 mm par an en moyenne. En hiver, les températures atteignent un minimum compris entre −80 °C et −90 °C à l'intérieur du territoire. Les températures maximales se situent entre 5 °C et 15 °C et sont atteintes près des côtes en été. Le soleil cause souvent des problèmes de santé, comme la photokératite, car la majorité des rayons ultraviolets qui frappent le sol sont réfléchis par la neige[51].
75
+
76
+ La partie orientale de l'Antarctique est plus froide que la partie occidentale à cause de son altitude plus élevée. Les fronts météorologiques peuvent rarement pénétrer l'intérieur du continent, ce qui contribue à le rendre froid et sec, bien que la glace s'y conserve sur des périodes prolongées. Les fortes chutes de neige sont courantes sur les côtes : des enregistrements montrent qu'elles peuvent atteindre 1,22 mètre en 48 heures.
77
+
78
+ Sur les côtes, de forts vents catabatiques balaient violemment le plateau Antarctique. À l'intérieur des terres, la vitesse du vent est cependant modérée. Les beaux jours d'été, il y a plus de radiations solaires qui atteignent la surface du pôle Sud qu'à l'Équateur car l'ensoleillement y est alors de 24 heures par jour[52].
79
+
80
+ L'Antarctique est plus froid que l'Arctique pour deux raisons. La première est qu'une grande partie du continent se situe à plus de 3 000 m au-dessus du niveau de la mer, or la température diminue avec l'altitude. La seconde raison est que la région polaire arctique est recouverte par un océan, l'océan Arctique, qui transmet sa chaleur relative à travers la banquise, permettant ainsi de maintenir des températures plus élevées qu'en Antarctique.
81
+
82
+ Compte tenu de la latitude, les longues périodes successives d'obscurité et d'ensoleillement créent un climat peu familier pour les êtres humains habitant le reste du monde.
83
+
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+ Les aurores polaires, courantes dans les zones australes, sont un phénomène lumineux visible dans le ciel nocturne près du pôle Sud qui résulte de l'interaction des vents solaires avec la haute atmosphère terrestre. Les cristaux de glace sont un autre spectacle unique. Ils se forment dans les nuages ou dans l'air clair par cristallisation de la vapeur d'eau. Un parhélie, un phénomène atmosphérique et optique fréquent, est caractérisé par un ou plusieurs points lumineux près du Soleil[51].
85
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+ En raison de sa position au pôle Sud, l'Antarctique reçoit relativement peu de radiations solaires. C'est donc un continent très froid où l'eau est principalement présente sous forme de glace. Les précipitations sont faibles (de 500 à 200 mm voire moins) et tombent presque systématiquement sous forme de neige qui s'accumule et forme un gigantesque inlandsis recouvrant le territoire. La plus grande partie de l'Antarctique est considérée comme un « véritable désert »[53]. Certaines parties de cet inlandsis sont formées de glaciers en mouvements appelés courants glaciaires qui progressent en direction des pourtours du continent. Près de la rive continentale se trouvent beaucoup de barrières de glace. Ces dernières sont des morceaux d'inlandsis flottants qui ne se sont pas détachés du continent. Près des côtes, les températures sont suffisamment basses pour que la glace se forme à partir d'eau de mer pendant la majeure partie de l'année. Il est important de comprendre les différences entre chaque type de glace présent en Antarctique pour interpréter les effets possibles sur le niveau de la mer et les conséquences sur le réchauffement de la planète.
87
+
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+ La banquise s'agrandit tous les ans durant l'hiver austral mais la plus grande partie de la glace fond pendant l'été. Cette glace, formée à partir de l'eau des océans, flotte sur cette même eau et ne contribue donc pas à l'élévation du niveau de la mer. La surface de la banquise est restée approximativement constante durant les dernières décennies bien que les informations concernant ses changements d'épaisseur soient imprécises[54],[55].
89
+
90
+ La fonte des barrières de glace flottantes (dont la glace s'est formée sur le continent) contribue peu, en soi, à l'élévation du niveau de la mer car la glace qui fond est remplacée par la même masse d'eau. Mais l'écoulement de blocs de glace ou de glace fondue provenant du continent élève le niveau marin. Cet effet est en partie compensé par les chutes de neige sur le continent mais qui, selon les modèles récents (2012[56]), devraient diminuer en raison du réchauffement antarctique[57].
91
+
92
+ Ces dernières décennies, des effondrements importants de barrières de glace ont eu lieu près des côtes, particulièrement le long de la péninsule Antarctique. De 2002 à 2005, la perte de masse de glace était « significative » ; de 152 ± 80 kilomètres cubes de glace par an, soit de quoi faire monter le niveau marin moyen de 0,4 ± 0,2 mm/an[58]. Des inquiétudes ont été soulevées à propos du fait que l'altération des barrières de glace pourrait accélérer la fonte des glaciers de l'inlandsis[59].
93
+
94
+ La glace antarctique représente environ 70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire[37],[60]. L'inlandsis acquiert constamment de la glace provenant des chutes de neige et en perd par la fonte puis l'écoulement de celle-ci vers la mer. L'Antarctique occidental connaît actuellement une fonte des glaces. Une revue d'étude scientifique qui consultait des données recueillies de 1992 à 2006 a suggéré qu'une perte nette d'environ 50 gigatonnes de glace par an était une estimation raisonnable (cela représente une élévation d'environ 0,14 mm du niveau de la mer)[61]. L'accélération considérable de la fonte des glaces dans la mer d'Amundsen a peut-être fait doubler ce chiffre pour 2006[62].
95
+
96
+ L'Antarctique oriental est une région froide située au-dessus du niveau de la mer et occupant la majorité du continent. Elle est dominée par de petites accumulations de neige qui se transforment ensuite en glace. Le bilan de masse général de l'inlandsis antarctique était au début du XXIe siècle probablement légèrement positif — ce qui conduit donc à l'abaissement du niveau de la mer — ou proche de l'équilibre[61],[62]. Cependant, l'accroissement de la fonte des glaces a été évoqué dans certaines régions[62],[63].
97
+
98
+ La surface occupée par la banquise au 1er janvier 2019 est de 5,468 millions de km². Elle n’avait encore jamais été aussi peu étendue à cette période de l’année[64].
99
+
100
+ La météorologie et la climatologie antarctiques sont compliquées par l'immensité et de la mauvaise accessibilité du terrain, qui ont fait que les stations météorologiques y sont souvent proches de la côte ; en outre les satellites ne peuvent correctement y mesurer la température au sol qu'en l'absence de nuage, car sous ceux-ci les températures sont parfois plus élevées[65]. Une fonte théorique de la totalité de la glace antarctique causerait une augmentation de près de 61 mètres (200 pieds) du niveau des océans[66].
101
+
102
+ L'Antarctique est la zone la plus froide de la Terre, ce qui a fait croire un temps qu'il échapperait à la fonte des glaces. Cependant toutes les études faites depuis 2009 concluent qu'un réchauffement global de l'Antarctique occidental est en cours. Une étude de 2009 financée par la National Science Foundation a combiné des données historiques de températures locales au sol issues de stations météorologiques, à des données globales mais plus récentes provenant des satellites pour corriger les lacunes de l'histoire de 50 ans de températures de surface, dont en Antarctique oriental et central où les stations météorologiques sont rares : certaines zones continentales connaissent un redoux, notamment la péninsule Antarctique qui semble se réchauffer rapidement et où la glace fond de manière préoccupante. Eric Steig (Université de Seattle) montre en 2009 pour la première fois un réchauffement moyen en surface de 0,05 °C par décennie de 1957 à 2006 pour le continent, ajoutant que l'Antarctique occidental a gagné plus de 0,1 °C par décennie depuis 50 ans[67] (ce que confirme la NASA[65]) et que ce réchauffement est plus fort en hiver et au printemps. Ce réchauffement est en partie compensé par les chutes de neige en Antarctique oriental[68]. En conclusion, les données satellites combinées à celles des stations météorologiques au sol montrent qu'en moyenne, l'Antarctique s'est réchauffé d'environ 0,12 °C par décennie depuis 1957, pour une augmentation moyenne totale de 0,5 °C en 50 ans[65].
103
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104
+ En 2008, une étude concluait à un réchauffement climatique antarctique induit par les émissions de dioxyde de carbone anthropique[69] mais il était estimé qu'au début des années 2000 la surface totale ainsi réchauffée en Antarctique occidental était encore trop faible pour affecter l'effet de l'inlandsis ouest-antarctique sur le niveau marin. De récentes accélérations de la fonte des glaciers plaident plutôt pour un afflux d'eau chaude près du plateau continental venant des profondeurs océaniques[70],[71],[72].
105
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106
+ L'Est-Antarctique serait lui, soumis à trois grands phénomènes complexes et parfois contradictoires, dont l'évolution est encore imprévisible[65]. Tout d'abord, la fonte de la glace modifie saisonnièrement la température de l'eau périphérique, mais aussi sa densité, en interférant de manière complexe avec les courants et la température de surface de l'eau[65]. De plus l'appauvrissement de la couche d'ozone modifie l'irradiation ultraviolette, qui contribue à l'énucléation de la vapeur d'eau et donc à la nébulosité, ce qui influence à grande échelle les fluctuations atmosphériques du continent [phénomène dit « Southern Annular Mode » (SAM) ou « Southern Hemisphere Annular Mode » (SHAM), plus particulièrement dans l'anneau climatique sud où la circulation du vent semble accélérée, ce qui tendrait à isoler et refroidir le continent]. Enfin, un phénomène opposé au précédent semble exister : des variations régionales de la circulation des vents apportent de l'air plus chaud et plus humide en matinée, augmentant les précipitations dans l'Ouest de l'Antarctique et donc l'épaisseur de neige se transformant peu à peu en glace[65]. Finalement, l'épaisseur et la surface de glace de la partie orientale de l'inlandsis semble stable voire localement en augmentation[73]. Ainsi, plus de 50 % de la surface en glace est restée très constante ou a subi une légère augmentation d'épaisseur, dans la partie orientale de la banquise où les températures peuvent descendre jusqu'à −80 °C. Inversement l'Ouest-Antarctique se montre vulnérable aux changements climatiques, notamment car la calotte de glace y repose en grande partie non sur un sol émergé, mais sous le niveau marin. Si ce seul inlandsis ouest-antarctique devait complètement fondre, il suffirait à faire monter le niveau global de la mer de 5 à 6 m[65].
107
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108
+ En 2002 le segment Larsen B de la barrière de Larsen dans la péninsule Antarctique se disloque[74]. Entre le 28 février et le 8 mars 2008, environ 570 km2 de glace provenant de la barrière de glace de Wilkins située dans la partie sud-ouest de la péninsule se désintègre, mettant en danger les 15 000 km2 de glace restant. Ils sont alors retenus par une étendue de glace de seulement 6 km de large environ[75], avant de se désintégrer le 5 avril 2009[76],[77]. D'après la NASA, la fonte de la plus grande surface de glace de ces trente dernières années a eu lieu en 2005, quand une zone comparable en taille à la Californie a brièvement fondu puis gelé de nouveau ; c'est peut-être le résultat de l'augmentation de la température qui atteignit alors jusqu'à 5 °C[78]. Dans le futur proche et plus lointain, cette fonte pourrait croître de façon non-linéaire, avec des instabilitées climatiques régionales importantes (le réchauffement d'ici 2100 pourrait être comparable à ce qu'il a été il y a 130 000 à 127 000 ans[79]. Il a alors été accompagné d'une élévation de l'océan à plusieurs mètres au-dessus des niveaux modernes, avec une montée de l'eau « plus rapide que ce que beaucoup pensent »[79]).
109
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+ Le glacier de l'île du Pin, dans l'Antarctique occidental, fond à une vitesse inquiétante, mais de manière invisible car ayant lieu à 1 km sous la surface de l'océan et sous une épaisse couche de glace flottante. En 2009, le sous-marin robotisé Autosub3[80] a exploré cet endroit difficile d'accès. Il a parcouru 50 km sous la barrière de glace de l'île du Pin, en utilisant un sonar pour cartographier le plancher océanique, en dessous, et le plafond gelé, au-dessus. Pendant la mission du submersible, le navire de recherche Nathaniel B. Palmer a mesuré un processus alarmant. En se renforçant, les courants marins apportent de plus en plus d'eau chaude des profondeurs au contact de la glace déjà en train de fondre. 79 km2 ont ainsi disparu au-dessous de la barrière rien qu'en 2009, accélérant le glissement du glacier dans l'océan. Depuis 1974, l'île du Pin a perdu 75 m d'épaisseur, et sa vitesse de fonte a augmenté de plus de 70 %. Des centaines de kilomètres du littoral antarctique sont désormais soumis à ces forces, qui devraient amplifier la disparition de la glace lors des prochaines décennies. Les informations collectées sous le pôle Sud sont cruciales pour prévoir avec précision la hausse du niveau des mers.
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+ En mai 2014 la NASA et l'Université de Californie à Irvine, ont montré dans les revues Science et Geophysical Research Letters qu'une partie de l'inlandsis Ouest-Antarctique fondent rapidement et semble-t-il irréversiblement, rien ne pouvant stopper les glaciers ; 40 ans d'observation du comportement des six plus grands glaciers de cette région de la mer d'Amundsen dans l'Antarctique occidental : Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler indiquent que ces glaciers « ont passé le point de non-retour » ; ils contribuent déjà de façon significative à l'élévation du niveau des mers, relâchant annuellement presque autant de glace dans l'océan que l'Inlandsis du Groenland entier ; ils contiennent assez de glace pour élever le niveau général des océans de 4 pieds (1,2 mètres) et fondent plus vite qu'attendu par la plupart des scientifiques ; Éric Rignot (auteur principal) juge que ces données impliquent de réviser à la hausse les prévisions actuelles d'élévation des mers[81]. En 2015, Gramline estimait que la mer pourrait ainsi rapidement gagner 3 mètres de hauteur[82] dans les siècles à venir[83].
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114
+ Mi-2018, une estimation consensuelle publiée dans Nature[84], conclue que depuis 25 ans 3 000 milliards de tonnes de glace ont été perdues sur le continent, contribuant à une élévation de 6 millimètres. Le taux de perte a triplé dans les parties les plus vulnérables (ce qui pourrait être le signe d'une catastrophe déjà enclenchée en Antarctique occidental (depuis 25 ans).
115
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+ Au même moment, dans la revue Science[85] des chercheurs rappellent que le processus de rebond eustatique pourrait peut-être ralentir cet effondrement : Le rebond de la roche sous-glaciaire de l'Antarctique occidental qui s'allège pourrait selon lui retarder l'effondrement catastrophique de la calotte glaciaire. En effet quand la glace fond elle allège la charge pesant sur la croûte faisant remonter le substrat rocheux sous l'Antarctique occidental (qui localement pourrait s'élever de 8 mètres dans le prochain siècle), protégeant potentiellement la glace de l'eau de mer chaude qui la fait fondre par le dessous, ce qui pourrait nous offrir quelques décennies de répit selon Rick Aster (sismologue à la Colorado State University à Fort Collins, auteur de la nouvelle étude)[83]. L'inlandsis antarctique occidental reste cependant vulnérable car son lit est profond et situé bien au-dessous du niveau marin ; le fond de cette rivière de glace s'accroche encore sur les crêtes du fond marin qui freine son écoulement et ralentit la fonte glaciaire, mais l'océan réchauffé érode le fond de la langue de glace par le dessous. Si la glace ne s'accroche plus au relief rocheux du fond marin, elle se déversera en mer avec un emballement de la fonte alerte Natalya Gomez, géophysicienne et modélisatrice à l'Université McGill à Montréal, Canada. Avec ses collègues elle a suivi de faibles changements d'élévation via six capteurs GPS fixés au substrat rocheux libre de glace autour de la mer d'Amundsen situé au centre de la zone de déglaciation oust-antarctique, où aboutissent les glaciers Thwaites et Pine Island. Ces capteurs en 2 ans (2010 à 2012) se sont rapidement élevés montrant le rebond en cours (plus de 4 cm/an, soit l'un des rebonds les plus rapides au monde, et bien plus qu'attendu par la plupart des géophysiciens).
117
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118
+ La calotte antarctique a déjà rétréci à la fin du dernier âge glaciaire il y a 12 000 ans, pour recommencer à croître avec l'effet de rebond qui participe à une dynamique géoplanétaire dont la rapidité pourrait avoir été sous-estimée : le manteau mou situé sous l'Antarctique occidental se réadapte rapidement à la glace perdue il y a des décennies ou siècles et milliers d'années. Le soulèvement va s'accélérer au fur et à mesure de l'allègement en glace et sa vitesse pourrait tripler d'ici là (+ 8 m en un siècle dans certains endroits)[83]. Avec quelles conséquences sismiques ?
119
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+ Une situation assez proche est survenue il y a 125 000 ans (Eémien), lors de la dernière brève période chaude interglaciaires avec un niveau marin alors de 6 à 9 mètres plus haut qu'aujourd'hui pour une température à peine plus élevée. L'inlandsis antarctique occidental a été l'origine de cette élévation marine et sa base, située au-dessous du niveau de la mer, risque à nouveau d'être minée par le réchauffement océanique[86]. L'Eémien n'est pas un analogue parfait, car le niveau marin était aussi déterminé par de légères modifications d'orbite et d'axe de spin de la Terre[87]. Mais la fonte récente de la calotte glaciaire pourrait aussi être le début d’un effondrement semblable (plutôt que d’une variation à court terme)[87] ; le rebond eustatique n'empêchera pas l'effondrement de la calotte glaciaire à long terme, car malgré les engagements pris depuis Rio (2012) l'humanité n'a pas réussi à freiner les émissions de carbone ni le réchauffement climatique[83].
121
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122
+ Chaque année, une zone à faible concentration d'ozone, ou « trou de la couche d'ozone », croît au-dessus de l'Antarctique. Ce dernier couvre l'ensemble du continent et atteint sa surface maximale en septembre. Le « trou » le plus durable est enregistré en 2008 et subsiste alors jusqu'à la fin du mois de décembre[88]. Le « trou de la couche d'ozone » est détecté par des scientifiques en 1985[89] et avait tendance à augmenter avec les années d'observation. La diminution de la quantité d'ozone est attribuée à l'émission de chlorofluorocarbures (CFC) dans l'atmosphère, qui décomposent l'ozone en d'autres gaz[90].
123
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124
+ Certains scientifiques suggèrent que la disparition de l'ozone peut avoir un rôle dominant dans les récents changements climatiques en Antarctique, voire dans une plus vaste partie de l'hémisphère sud[89]. L'ozone absorbe une grande quantité de rayonnements ultraviolets dans la stratosphère. En outre, le « trou d'ozone » peut causer un refroidissement local d'environ 6 °C dans celle-ci. Ce refroidissement a pour effet d'intensifier les vents d'ouest qui circulent près du continent (le vortex polaire) et donc d'éviter l'échappement de l'air froid près du pôle Sud. Ainsi, l'inlandsis Est-Antarctique est maintenu à de basses températures et les pourtours du continent, particulièrement la péninsule Antarctique, sont sujets à des températures plus élevées qui favorisent l'accélération de la fonte des glaces[89]. De récents modèles suggèrent cependant que le « trou de la couche d'ozone » améliore les effets du vortex polaire, ce qui explique la récente avancée de la banquise près de la côte continentale[91].
125
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126
+ L'Antarctique est l'une des huit écozones ou régions biogéographiques terrestres[92]. L'océan Austral contient une biomasse importante grâce à une remontée d'eau (upwelling en anglais) par de forts courants marins d'eau froide en cette zone, qui apporte énormément de nutriments (sels nutritifs) et d'oxygène[93]. Cette biomasse est d'autant plus riche par la présence de la convergence antarctique, véritable « frontière climatique » entre les autres océans et l'océan Austral aux eaux plus froides et moins salées[94]. La richesse de cette biodiversité marine dont sa faune et sa flore benthiques, s'oppose à celle terrestre, c'est-à-dire aux côtes, beaucoup plus pauvre voire inexistante à l'intérieur de l'inlandsis. En effet le climat de la région antarctique ne permet pas une végétation dense et une vie animale foisonnante. Les températures glaciales, la pauvre qualité du sol, le manque d'humidité et de luminosité empêchent les plantes de se développer et la faune de prospérer[95]. On n'y trouve ni arbre ni arbuste et seulement 1 % du continent est colonisé par les plantes. Les zones les plus favorables sont les parties côtières occidentales, la péninsule Antarctique et les îles sub-antarctiques[96].
127
+
128
+ La faune en Antarctique est marquée par la faune australe du Crétacé, dont des fossiles de plusieurs espèces sont découverts au XIXe et XXe siècles[97]. Au début du Crétacé, sur l'est-Gondwana alors sans calotte glaciaire[97], plusieurs espèces sont recensées, comme des animaux endémiques. Des amphibiens et reptiles géants (Temnospondyli, Plesiosauroidea), dinosaures (Cryolophosaurus, Antarctopelta, Glacialisaurus) ou des mammifères y ont vécu, mais néanmoins, peu de fossiles de dinosaures ont été découverts en Antarctique en comparaison d'autres continents[97]. Le climat passant de tropical à polaire, semble avoir entraîné une évolution importante jusqu'à la disparition de pratiquement toutes les espèces vivantes.
129
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+ Peu d'invertébrés terrestres sont présents en Antarctique. Toutefois on y trouve des acariens microscopiques comme Alaskozetes antarcticus mais aussi des poux, des nématodes, des tardigrades, des rotifères, du krill et des collemboles[98]. Récemment, des écosystèmes antédiluviens, constitués de plusieurs types de bactéries, ont été retrouvés vivants, emprisonnés sous des glaciers[99].
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132
+ L'espèce de mouche Belgica antarctica qui mesure seulement 12 mm est, à proprement parler, le plus grand animal terrestre d'Antarctique. On compte 40 espèces d'oiseaux pour une population totale estimée à 200 millions d'individus ; les plus représentés sont les sternes, les skuas, les pétrels et les manchots[100]. Le pétrel des neiges (Pagodroma nivea) est l'une des trois espèces d'oiseaux qui se reproduisent exclusivement sur ce continent[101]. Les cormorans et les fulmars fréquentent les côtes et les îles proches du continent. Les oiseaux charognards comme le chionis blanc (Chionis albus), le skua (Stercorarius skua), le pétrel géant (Macronectes giganteus) ou bien le pétrel de Hall (Macronectes halli) peuplent parmi les colonies de manchots à l'affût de nourriture. En Antarctique, la vie marine peuplée par 300 espèces de poissons[100], comprend également des manchots, des cétacés comme la baleine bleue (Balaenoptera musculus) ou la baleine franche australe (Eubalaena australis), l'orque (Orcinus orca), des dauphins, des cachalots, des pinnipèdes comme les otaries à fourrure (Arctocephalinae) et les éléphants de mer du sud (Mirounga leonina), et dans les eaux profondes on note la présence du calmar colossal (Mesonychoteuthis hamiltoni). Le manchot empereur (Aptenodytes forsteri) dont le nombre est estimé à 200 000 individus, est le seul manchot qui se reproduit en Antarctique pendant l'hiver austral[102]. De toutes les espèces de manchots, elle est celle qui se reproduit le plus au sud[103]. Avec le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae), ils sont les deux espèces dont l'aire de distribution se limite au continent[104]. D'autres comme le manchot royal (Aptenodytes patagonicus), le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus) ou le manchot papou (Pygoscelis papua) ne se reproduisent pas uniquement en Antarctique mais leurs colonies y sont importantes et denses[105]. Le gorfou doré (ou manchot à aigrettes) qui possède des plumes autour des yeux comme de longs sourcils, se reproduit quant à lui sur la péninsule antarctique et les îles sub-antarctiques telles la Géorgie du Sud. Bien que concentrée sur les parties côtières du continent et de ses îles environnantes, la population de manchots et de gorfous est estimée à 20 millions de couples[105].
133
+
134
+ Une sterne couronnée (Sterna vittata) posée sur une épave à l'île Entreprise.
135
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+ Un manchot empereur (Aptenodytes forsteri) adulte en Terre Adélie.
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+ Un léopard des mers (Hydrurga leptonyx) se reposant sur un iceberg.
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+ Un « poisson des glaces » Trematomus bernacchii
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142
+ Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'otarie de Kerguelen a été décimée pour sa fourrure par des chasseurs originaires des États-Unis et du Royaume-Uni[106]. Le phoque crabier (Lobodon carcinophaga) avec 15 millions d'individus, est le plus représenté des phocidés[100]. Malgré le nom qu'il porte et comme le phoque de Weddell entre autres, sa principale ressource alimentaire est le krill antarctique (Euphausia superba). Ce krill, qui se rassemble en bancs de proportions importantes (500 km2)[100], est l'espèce clé de voûte de l'écosystème de l'océan Austral et compose une grande part de l'alimentation des baleines, des otaries, des léopards de mer, des phoques, des calmars, des poissons-antarctiques, des manchots, des albatros et de beaucoup d'autres oiseaux[107].
143
+
144
+ Contrairement à certaines idées reçues, il n'existe pas de mammifères terrestres sur le continent. Il n'y a donc ni ours polaire ou ours blanc (Ursus maritimus) ni caribous (Rangifer tarandus)[108]. Seuls ces derniers, introduits par l'Homme, vivent en petits troupeaux sur les îles sub-antarctiques de la Géorgie du Sud et des Kerguelen[109]. De même le morse (Odobenus rosmarus), le narval (Monodon monoceros) ou bien le pingouin torda (Alca torda), unique représentant du genre Alca, ne vivent que dans l'hémisphère nord[110].
145
+
146
+ L'adoption en 1978 de l'Antarctic Conservation Act apporte plusieurs restrictions à l'activité humaine sur le continent. Ainsi, l'importation de plantes ou d'animaux exotiques peut entraîner des sanctions pénales, tout comme l'extraction d'espèces indigènes[111]. La surpêche du krill, un animal qui joue un grand rôle dans l'écosystème de l'Antarctique, pousse les gouvernements à promulguer des réglementations sur la pêche dans ces régions. Un arrêté du 12 octobre 2001 interdit l’introduction de toute espèce animale ou végétale non indigène.
147
+
148
+ La Convention sur la conservation des phoques en Antarctique de 1972 signée à Londres et qui entre en vigueur en 1978, assure une protection des phocidés par une gestion raisonnée des captures dans le respect des équilibres écologiques. Les espèces protégées sont l'éléphant de mer du sud (Mirounga leonina), le phoque de Ross (Ommatophoca rossi) et les otaries (Arctocephalus sp.). Le phoque de Weddell (Leptonychotes weddellii) âgé d’un an ou de plus d'un an sont également protégés[112]. Entrée en vigueur en 1980, la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) exige que les règles qui gèrent l'industrie de la pêche dans l'océan Austral prennent en compte les effets possibles de celle-ci sur l'écosystème antarctique[52]. Malgré cette nouvelle loi, la pêche non réglementée et illégale, particulièrement celle de la légine australe, reste un problème important et en augmentation, avec une estimation de 32 000 tonnes en 2000[113],[114].
149
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150
+ Démarré depuis l'Année polaire internationale, le recensement de la vie marine (Census of Marine Life), qui a impliqué plus de 300 chercheurs, présente quelques découvertes notables. Plus de 235 organismes marins vivent à la fois dans les deux régions polaires, reliant ainsi deux zones espacées de 12 000 km. Certains grands animaux comme des cétacés ou des oiseaux font l'aller-retour tous les ans. Plus surprenant, on a trouvé de plus petites formes de vie comme des vers de vase, des concombres de mer ou des mollusques sous-marins dans les deux océans polaires. Plusieurs facteurs peuvent aider cette diffusion : dans les profondeurs de l'océan, les températures sont plutôt uniformes aux pôles et à l'équateur où elles ne diffèrent que par moins de 5 °C. En outre, la circulation thermohaline transporte les œufs et les larves[115]. 15 nouvelles espèces d'amphipodes et également certaines nouvelles espèces de cnidaires ont été découvertes sous la barrière de Larsen[116]. Les résultats du recensement de la vie marine divulgués officiellement en octobre 2010 à Londres, prévoient encore de nouvelles et nombreuses découvertes[117].
151
+
152
+ Les seuls autotrophes présents sur le continent sont essentiellement des protistes. La flore antarctique se limite principalement à des mousses, des algues, des mycètes et des hépatiques qui ne poussent généralement que quelques semaines en été.
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154
+ L'Antarctique compte plus de 200 espèces de lichens[118], 100 de mousses (Bryophyta) et 30 d'hépatiques (Hepaticophyta)[119]. On dénombre également 700 espèces d'algues dont la majorité est du phytoplancton[120]. En été, l'algue des neiges (Chlamydomonas nivalis) et des diatomées multicolores sont particulièrement abondantes sur les côtes. Seulement deux espèces de plantes vasculaires sont indigènes de l'Antarctique : la canche antarctique (Deschampsia antarctica) et la sagine antarctique (Colobanthus quitensis)[10]. Cette flore est particulièrement présente sur la partie occidentale du continent généralement plus chaud et humide. Les îles sub-antarctiques sont également davantage privilégiées comme le montre la présence de 26 espèces de plantes indigènes en Géorgie du Sud[96]. Cependant, on a observé certains lichens et mousses dans des biotopes absolument extrêmes comme leur présence dans les vallées sèches de McMurdo en Terre Victoria[96]. Aussi la sagine antarctique a été observée jusqu'à l'île Neny, soit 68° 12′ Sud, et la canche antarctique aux îles Refuge, soit 68° 21′ Sud. Enfin, ont été observées des mousses jusqu'au 84° 42′ Sud et des lichens au 86° 09′ Sud et ce jusqu'à 2 000 m d'altitude[121].
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+ Canche antarctique (Deschampsia antarctica).
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+ Plus de 200 espèces de lichens ont été répertoriées en Antarctique.
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+ Usnée antarctique (Usnea antarctica).
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+ Algue des neiges (Chlamydomonas nivalis) sur l'île Galindez.
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+ L'Antarctique fait partie du supercontinent appelé Pangée qui se morcèle il y a plus de 200 Ma, dérivant vers l'est et le sud. Il y a 175 Ma, l'Antarctique est une partie du Gondwana issue de la Pangée. Ce dernier se fragmente encore pour enfin former, il y a environ 25 Ma, l'Antarctique tel que nous le connaissons aujourd'hui.
165
+
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+ Durant le Cambrien, le Gondwana accuse un climat tempéré. L'Ouest de l'Antarctique se situe en partie dans l'hémisphère nord et, durant cette période, de grandes quantités de grès, de roches calcaires et de schiste s'accumulent. L'Est de l'Antarctique se trouve, quant à lui, au niveau de l'équateur où les fonds marins tropicaux fleurissent d'invertébrés et de trilobites. Au début du Dévonien (416 Ma), le Gondwana se situe dans des latitudes plus méridionales entraînant un climat plus frais, bien que des fossiles de plantes terrestres datant de cette époque aient été découverts. Du sable et du limon se déposent dans les régions qui correspondent aujourd'hui aux monts Ellsworth, à la chaîne Horlick et à la chaîne Pensacola. La glaciation commence à la fin du Dévonien (360 Ma) lorsque le Gondwana se centre autour du pôle Sud et que le climat se refroidit, ce qui, néanmoins, n'entraîne pas la disparition de la flore. Pendant le Permien, la vie végétale est dominée par les fougères comme Glossopteris qui pousse dans les marécages. Au fil du temps, ces marais se transforment en gisements de charbon dans la chaîne Transantarctique. Vers la fin du Permien, le réchauffement conduit à un climat chaud et sec dans une grande partie du Gondwana[122].
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+ À cause d'un réchauffement continu, la calotte glaciaire fond si bien qu'une grande partie du Gondwana devient un désert. Les fougères à graines colonisent l'Antarctique oriental et de grandes quantités de grès et de schiste se déposent sur le sol. Les synapsides sont communs en Antarctique entre la fin du Permien et le début du Trias et comprennent des espèces comme Lystrosaurus. Pendant le Jurassique (206-146 Ma), la péninsule Antarctique commence à se former et les îles émergent progressivement de l'océan. En outre, les ginkgos et les cycadophytas sont abondants. En Antarctique occidental, les conifères dominent les forêts du Crétacé (145-65 Ma), bien que les hêtres commencent à s'imposer à la fin de cette période. Au Jurassique et au Crétacé, les ammonites sont alors courantes dans les eaux et les dinosaures sont également présents bien que seulement quatre genres spécifiques au continent soient connus en 2013 : Cryolophosaurus, Antarctopelta, Glacialisaurus et Trinisaura[123],[124]. C'est également pendant cette période que le Gondwana commence à se disloquer.
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170
+ Il y a 160 Ma l'Afrique se sépare de l'Antarctique suivie par le sous-continent indien au début du Crétacé (approximativement 125 Ma). Aux environs de 65 Ma, l'Antarctique, alors reliée à l'Australie, a encore un climat tropical voire subtropical et est dotée d'une faune composée de mammifères placentaires et marsupiaux, de reptiles et de dinosaures, d'oiseaux. Vers 40 Ma, l'Australie et la Nouvelle-Guinée se séparent de l'Antarctique si bien que les courants sont susceptibles de l'isoler de l'Australie. Avant cette période, la Terre est plus chaude qu'aujourd'hui, mais le déplacement du continent vers le sud s'accompagne d'un refroidissement de la planète, autant que de la chute des températures sur le continent. Ainsi, la glace commence à y apparaître. Il y a environ 34 Ma, le niveau de CO2 est proche de 760 ppm[125] bien qu'il soit déjà en baisse par rapport aux précédents niveaux qui atteignaient alors des milliers de ppm. Vers 23 Ma, le passage de Drake s'ouvre entre l'Antarctique et l'Amérique du Sud, formant le courant circumpolaire antarctique qui finit d'isoler le continent. Diverses études suggèrent que le niveau de CO2 baisse, dès lors, plus rapidement[126]. Il semble que ce soit l'apparition du courant circumpolaire qui entraîne une baisse plus grande de la température. La glace commence à gagner du terrain et remplace les forêts. Depuis environ 15 Ma, ce dernier est en grande partie recouvert de glace[127] tandis que la calotte glaciaire atteint son extension actuelle vers 6 Ma.
171
+
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+ L'étude géologique de l'Antarctique a été entravée par la couverture quasi totale du continent par une épaisse couche de glace. De nouvelles techniques comme la télédétection, le radar à pénétration de sol ou l'imagerie satellite commencent à fournir des informations sur le sol situé sous la glace.
173
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+ Géologiquement, l'Antarctique occidental ressemble étroitement à la cordillère des Andes située en Amérique du Sud[122]. La péninsule Antarctique s'est formée grâce au soulèvement et au métamorphisme du sédiment des fonds marins entre la fin du Paléozoïque et le début du Mésozoïque. Ce soulèvement sédimentaire fut accompagné par une intrusion de roches magmatiques et par le volcanisme. Les roches les plus communes en Antarctique occidental sont l'andésite et la rhyolite, roches volcaniques formées durant le Jurassique. Il existe des traces d'activité volcanique, même après que la couche de glace s'est formée, en Terre Marie Byrd et sur l'Île Alexandre-Ier. La seule zone qui présente des différences avec le reste de l'Antarctique occidental est la région des monts Ellsworth où la stratigraphie correspond plus à la partie orientale du continent.
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+ L'Antarctique oriental, datant du Précambrien avec quelques roches formées il y a plus de 3 milliards d'années, est géologiquement varié. Il est formé d'une plate-forme composée de roches métamorphiques et magmatiques qui forment la base du bouclier continental. Au sommet de cette base se trouvent différentes roches de périodes postérieures telles que du grès, du calcaire, de la houille et du schiste qui se sont déposées pendant le Dévonien et le Jurassique pour former la chaîne Transantarctique. Dans les zones côtières comme la chaîne Shackleton et la terre Victoria, des failles se sont formées.
177
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+ La principale ressource minérale connue sur le continent est le charbon[127]. Il a d'abord été localisé près du glacier Beardmore par Frank Wild durant l'expédition Nimrod. Il existe également du charbon de qualité inférieure à travers de nombreuses régions des montagnes Transantarctiques. En outre, le mont Prince-Charles renferme d'importants gisements de minerai de fer. Les ressources les plus précieuses de l'Antarctique, à savoir le pétrole et le gaz naturel, ont été trouvées au large, dans la mer de Ross en 1973. L'exploitation de toutes les ressources minérales est interdite en Antarctique jusqu'en 2048 par le Protocole de Madrid.
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180
+ L'Antarctique ne compte pas d'habitants permanents mais un certain nombre de gouvernements maintiennent en permanence des équipes dans les diverses stations de recherche présentes sur le continent. Le nombre de personnes qui gèrent et qui secondent la recherche scientifique et les autres travaux sur le continent et ses îles proches varie d'environ 1 000 personnes en hiver à environ 5 000 en été. Beaucoup de ces stations sont pourvues en personnel durant toute l'année mais la majorité des employés qui passent l'hiver en Antarctique arrivent de leur pays d'origine pour des missions d'un an. Une église orthodoxe, ayant ouvert en 2004 à la station russe Bellingshausen, est également occupée par un ou deux prêtres qui alternent tous les ans[128],[129].
181
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182
+ Les chasseurs de phoques anglais et américains furent les premiers résidents semi-permanents des régions proches de l'Antarctique (notamment des zones situées au sud de la convergence antarctique) dont ils se servirent, à partir de 1786, pour passer un an ou plus en Géorgie du Sud. Durant l'époque de la chasse à la baleine, qui dura jusqu'en 1966, la population de cette île variait de plus de 1 000 habitants en été (voire plus de 2 000 certaines années) à environ 200 en hiver. Les chasseurs de baleines étaient principalement norvégiens mais aussi britanniques et japonais. Les principales stations baleinières furent la baie des Baleiniers sur l'île de la Déception, Grytviken, Leith Harbour, King Edward Point, Stromness, Husvik, Prince Olav Harbour, Ocean Harbour et Godthul. Les chefs et les officiers supérieurs des stations baleinières y vivaient souvent avec leur famille. Citons par exemple le fondateur de Grytviken, le capitaine Carl Anton Larsen, un célèbre chasseur et explorateur norvégien qui acquit avec sa famille la nationalité britannique en 1910.
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+ Le premier enfant né au sud de la convergence antarctique est une Norvégienne du nom de Solveig Gunbjørg Jacobsen qui voit le jour à Grytviken le 8 octobre 1913 et dont la naissance est déclarée par le représentant de la magistrature anglaise en Géorgie du Sud. Elle est l'une des filles de Fridthjof Jacobsen, le directeur adjoint de la station baleinière, et de Klara Olette Jacobsen. M. Jacobsen arrive sur l'île en 1904 afin de devenir le directeur de Grytviken ; un poste qu'il assure de 1914 à 1921. Deux de ses enfants sont nés sur l'île[130].
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+ Emilio Marcos Palma est la première personne née au sud du 60e parallèle sud (la limite du continent selon le traité sur l'Antarctique[131]), et également la première née sur ledit continent, en 1978 à la base Esperanza à l'extrémité de la péninsule Antarctique[132],[133]. Ses parents ainsi que sept autres familles furent envoyées sur ce territoire par le gouvernement argentin qui cherchait à déterminer si la vie de famille y était possible. En 1984, Juan Pablo Camacho voit le jour à la base Presidente Eduardo Frei Montalva et devient le premier chilien né en Antarctique. Plusieurs bases sont aujourd'hui le domicile de familles avec des enfants qui fréquentent les écoles présentes à proximité[134]. Jusqu'en 2009, onze enfants étaient nés en Antarctique (au sud du 60e parallèle sud) : huit à la base antarctique argentine Esperanza[135] et trois à la base chilienne Presidente Eduardo Frei Montalva[136].
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+ Bien que de la houille, des hydrocarbures, du minerai de fer, du platine, du cuivre, du chrome, du nickel, de l'or et d'autres minéraux aient été découverts en Antarctique, ils ne sont pas présents en quantités suffisantes pour permettre une exploitation rentable. Le protocole de Madrid de 1991 limite par ailleurs une éventuelle activité liée aux ressources naturelles. En 1998, un accord aboutit à l'interdiction, pour une durée illimitée, d'exploiter les ressources minérales de l'Antarctique. Ce consensus, qui sera réétudié en 2048, limite davantage le développement et l'exploitation économique du continent. La principale activité économique repose sur la pêche et la vente du poisson. En 2000-2001, la quantité de poissons pêchée en Antarctique s'élevait à 112 934 tonnes.
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190
+ Dans une moindre mesure, les « expéditions touristiques » existent depuis 1957 et sont théoriquement encadrées par le protocole de Madrid. En réalité, elles sont régulées par l'Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO). Tous les navires liés au tourisme ne sont pas membres de l'IAATO mais les adhérents de cette association sont à l'origine de 95 % de l'activité touristique du continent. Les voyages, qui s'effectuent le plus souvent sur des navires de petite ou de moyenne taille, privilégient les sites typiques où la faune et la flore caractéristiques du continent sont facilement accessibles, c'est-à-dire les parties côtières des îles Shetland du Sud et de la péninsule Antarctique. En 1990, le continent a accueilli 3 000 touristes. Depuis 2004, environ 27 000 touristes, provenant presque tous de navires de croisière, visitent l'Antarctique chaque année, soit une augmentation de 500 % depuis dix ans[137]. Ce nombre a atteint 37 506 lors de l'été austral 2006-2007. Il pourrait croître jusqu'à 80 000 en 2010[138].
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+ Récemment, les possibles effets néfastes de l'afflux de visiteurs sur l'environnement et l'écosystème furent un sujet de préoccupations. Un appel à des réglementations plus strictes envers les navires et à la mise en place d'un quota de touristes fut émis par plusieurs écologistes et scientifiques[139]. La première réponse des signataires du traité sur l'Antarctique fut de mettre en place, à travers leur comité pour la protection de l'environnement et leur association avec l'IAATO, d'une part des directives concernant l'organisation des débarquements des touristes sur les sites visités, et d'autre part l'interdiction ou la restriction d'accès aux sites qui recevaient la plus forte abondance de visites. Les vols touristiques étaient assurés par l'Australie et la Nouvelle-Zélande jusqu'au crash du vol 901 Air New Zealand sur le mont Erebus qui tua les 257 passagers en 1979. Qantas reprend les vols commerciaux de l'Australie vers l'Antarctique au milieu des années 1990, on compte environ 3 000 « touristes aériens » par an[137].
193
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+ Les transports en Antarctique ont été améliorés par les technologies humaines : les zones isolées et reculées traversées par les premiers explorateurs sont aujourd'hui transformées en des régions plus accessibles au transport terrestre, mais surtout aérien et maritime, plus adapté et plus rapide notamment par l'utilisation de navires brise-glace. L'utilisation de chiens de traîneaux est maintenant interdite car les chiens sont une espèce exotique en Antarctique et par leur statut de superprédateurs sont une menace pour la faune locale.
195
+
196
+ Chaque année, des scientifiques de 27 pays différents effectuent en Antarctique des expériences impossibles à réaliser ailleurs dans le monde. En été, plus de 4 000 scientifiques travaillent dans la cinquantaine de stations de recherche. Ce nombre décroît à environ 1 000 en hiver[52]. Certains États y maintiennent en effet une présence humaine permanente ou semi-permanente.
197
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198
+ Les chercheurs présents en Antarctique peuvent être des biologistes, des géologues, des océanographes, des physiciens, des astronomes, des glaciologues et des météorologues. Les géologues étudient notamment la tectonique des plaques, les météorites provenant de l'espace et les traces du morcellement du supercontinent Gondwana. Les glaciologues travaillent sur l'histoire et la dynamique des icebergs, de la neige saisonnière, des glaciers et de l'inlandsis. Les biologistes, en plus d'étudier la faune et la flore, s'intéressent à la façon dont les températures rigoureuses et la présence de l'être humain agissent sur l'adaptation et les techniques de survie d'un grand nombre d'organismes. Les médecins ont fait des découvertes concernant la propagation de virus et la réaction du corps aux températures extrêmes. Les astrophysiciens étudient la voûte céleste et le fond diffus cosmologique à la station d'Amundsen-Scott. Beaucoup d'observations astronomiques sont de meilleure qualité lorsqu'elles sont effectuées au sein du territoire Antarctique plutôt qu'à un autre endroit du Globe car l'altitude élevée offre une atmosphère raréfiée. En outre, les basses températures minimisent la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère et l'absence de pollution lumineuse permet une vision de l'espace plus nette que n'importe où sur Terre. La glace de l'Antarctique sert à la fois de protection et de milieu de détection pour le plus grand télescope à neutrinos du monde, l'IceCube, construit à 2 kilomètres en dessous de la station d'Amundsen-Scott[140].
199
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200
+ Depuis les années 1970, la couche d'ozone dans l'atmosphère au-dessus de l'Antarctique est un point important des différentes études menées sur le continent. En 1985, trois scientifiques britanniques qui travaillent sur les données qu'ils ont recueillies sur la barrière de Brunt, près de la base antarctique Halley, découvrent l'existence d'un « trou » dans cette couche. En 1998, les données satellites de la NASA montrent que le trou de la couche d'ozone présente une taille plus importante que jamais, couvrant 27 millions de km2. Il a finalement été montré que la destruction de l'ozone était causée par les chlorofluorocarbures émis par l'Homme. Avec l'interdiction des CFC dans le protocole de Montréal de 1989, on estime que le « trou de la couche d'ozone » sera refermé d'ici les cinquante prochaines années.
201
+
202
+ Financé par la CEE depuis 2006 pour 4 années, ARENA (Antarctic Research, a European Network for Astrophysics) est un programme européen de recherche en astrophysique situé en Antarctique[141],[142]. Soutenu par le CNRS en ce qui concerne la France, et par chaque organe de recherche national des États membres de l'Europe, les recherches s'effectuent principalement à la base antarctique Concordia.
203
+
204
+ En 2007, selon Mark Meier de l'université du Colorado à Boulder aux États-Unis, la fonte des glaces du Groenland et de l'Antarctique ne contribuerait, pour le siècle en cours, qu'à hauteurs respectives de 28 % et 12 % à l'élévation du niveau des mers. Ce serait plutôt les plus petits glaciers, qui, fondant désormais à une vitesse accélérée, contribueraient actuellement à des apports excédentaires de 417 milliards de mètres cubes en eau par an, et devraient rester les plus gros contributeurs jusqu'à la fin du siècle. Alors le niveau marin se sera élevé de 10 à 25 cm[143].
205
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206
+ Les bases ou stations de l'Antarctique sont les centres stratégiques et logistiques de la recherche scientifique internationale. À l'intérieur de ces infrastructures cohabitent les laboratoires, les lieux de vie (cuisine, chambres, salle médicalisée, etc.) et les locaux techniques (générateur, ateliers, salle de stockage, etc.). Pour des raisons d'accessibilité, elles se situent principalement au Shetland du Sud, en péninsule Antarctique et sur les parties côtières du continent. Seules les bases permanentes Amundsen-Scott (États-Unis), Concordia (France-Italie), Vostok (Russie) et celles estivales Dôme Fuji (Japon), Kunlun (Chine), Kohnen (Allemagne) où se situe le forage du projet EPICA, et Princesse Elisabeth (Belgique), sont installées sur l'inlandsis[144]. Ces bases sont ravitaillées par avions spécialement équipés pour atterrir sur des pistes gelées ou bien par bateaux pendant l'été austral lorsque le retrait ou la diminution de l'épaisseur de la banquise permet aux navires de s'approcher suffisamment des côtes et d'accoster grâce à des embarcadères de glace comme celui utilisé à la base antarctique McMurdo. Cette base américaine peut loger plus de 1 000 scientifiques, visiteurs et touristes. Construite en 1956, la base Dumont d'Urville est la seule française. « Véritable campus universitaire », une cinquantaine de bâtiments répartis sur 5 000 m2 est occupée par 30 personnes durant l'hiver austral. Un distillateur d'eau de mer est utilisé pour l'eau des sanitaires et les déchets sont soit traités sur place soit ramenés hors du continent[145]. C'est le navire polaire L'Astrolabe qui assure les rotations. Dans la station américaine Admundsen-Scott est installé un laboratoire de culture hydroponique. Des jeunes arbres, des plantes grimpantes, des légumes-feuilles (salades, choux, etc.) mais aussi des melons et des pastèques y poussent éclairés par des lampes à vapeur de sodium[146].
207
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208
+ Des nations qui avaient été absentes de l'exploration polaire y sont finalement venues, comme la Bulgarie qui a construit la base Saint-Clément-d'Ohrid sur l'île Livingston en 1988 et comme la Chinoise Zhongshan conçue en 1989 et, durant l'été 2009, la station allemande Neumayer 3 qui vient remplacer celle de 1992. Elle est conçue pour fonctionner pendant 30 ans et a coûté 40 millions d'euros. Elle peut accueillir 40 personnes dont les recherches portent sur l'état de la banquise et le niveau des eaux[147].
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+ Si c'est en 2009 que la station belge Princesse Élisabeth est érigée non loin de l'ancienne base belge Roi-Baudouin (1958-1968), c'est qu'elle prolonge la tradition polaire belge remontant à 1898. La réalisation belge se distingue de la technique habituelle des bases polaires. Patronnée par la Fondation polaire internationale, organisation scientifique basée en Belgique depuis le 6 septembre 2007, elle révèle le premier projet écologique en Antarctique, celui de la station Princesse Élisabeth, la première base « zéro-émission » du monde[148] qui a pour but d'étudier les changements climatiques. La station préfabriquée, construite lors de l'Année polaire internationale est expédiée par bateau de Belgique jusqu'au pôle Sud vers la fin de l'année 2008 afin de surveiller les conditions naturelles des régions polaires. La construction, le transport et l'équipement de la station auront coûté près de 22 millions d'euros[149]. L'explorateur polaire belge Alain Hubert a déclaré que cette base serait la première de la sorte à produire « zéro émission », faisant d'elle un modèle unique de la façon dont l'énergie devrait être utilisée en Antarctique[150]. L'équipe de conception de la station a été dirigée par le directeur du projet Johan Berte qui mène des recherches en glaciologie, en microbiologie et en climatologie[151]. Dans le prolongement des études climatologiques, se place l'observation des aurores australes qui ne peut avoir lieu que pendant la nuit polaire, ce qui implique d'affronter un hivernage en Antarctique. En effet ces réactions lumineuses issues d'éjections de matières coronales ne peuvent pas être vues en dehors du continent[152].
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+ Les météorites, disponibles en quantité sur le continent antarctique, sont une part importante de l'étude des matières qui se sont formées au début de la conception du système solaire. La plupart viennent probablement d'astéroïdes mais certaines proviendraient de planètes plus importantes. Les premières météorites sont découvertes en 1912. En 1969, une expédition japonaise en découvre neuf dont la majorité est tombée sur l'inlandsis de l'Antarctique au cours du dernier million d'années. Aujourd'hui, les expéditions scientifiques pour la recherche et la récolte de ces objets célestes sont notamment envoyées dans le cadre du programme ANSMET. Les déplacements de l'inlandsis ont tendance à rassembler les météorites, par exemple au niveau des chaînes montagneuses. Sous l'action de l'érosion, les météorites recouvertes depuis plusieurs siècles par l'accumulation des chutes de neige, sont alors entraînées vers la surface. Comparées à d'autres météorites recueillies en des régions plus tempérées du Globe, celles tombées en Antarctique sont mieux préservées[153].
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+ Le grand nombre de météorites recueillies permet de mieux comprendre leur diversité dans le système solaire ainsi que leurs liens avec les astéroïdes et les comètes. De nouveaux types de météorites et des météorites rares y ont été découverts. Certaines d'entre elles ont été éjectées de la Lune voire probablement de Mars à la suite de collisions. Ces spécimens et particulièrement ALH 84001 découvert par une expédition du programme ANSMET, sont au centre de la controverse sur l'éventuelle existence de vie microbienne sur Mars. Les météorites absorbant et réémettant des rayons cosmiques dans l'espace, le temps écoulé depuis leur entrée en collision avec la Terre peut être estimé grâce à des études en laboratoire. Le temps écoulé depuis la chute ou la durée du séjour sur Terre d'une météorite constituent encore des informations qui peuvent être utiles pour les études environnementales de l'inlandsis de l'Antarctique[153].
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+ En 2006, une équipe de chercheurs de l'université d'État de l'Ohio a utilisé des mesures de la pesanteur réalisées par les satellites GRACE de la NASA pour découvrir le cratère de la Terre de Wilkes de 480 kilomètres de diamètre qui s'est probablement formé il y a environ 250 millions d'années[154].
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+ Le continent possède des volcans actifs qui se situent dans sa partie occidentale, en mer de Ross, le long de la péninsule Antarctique, sur certaines îles sub-antarctiques comme l'île de la Déception et enfin on observe la présence de volcans sous-marins[155]. C'est au pied du mont Erebus, le volcan en activité le plus austral du monde, qu'est installé le MEVO (Mount Erebus Volcano Observatory), un observatoire volcanologique au sein de la base de recherche géophysique, Lower Erebus Hut[156]. Les chercheurs ont à leur disposition des données satellites fournies notamment par le spectromètre pour imagerie de résolution moyenne, le MODIS, embarqué sur les satellites Terra et Aqua du programme de la NASA, l'Earth Observing System (EOS) ou bien également par l'imagerie haute résolution de la mission de cartographie de l'Antarctique réalisée par RADARSAT[157]. L'activité volcanique du mont Belinda sur l'��le Montagu a pu ainsi être confirmée en 2001 grâce à des photographies prises par le MODIS[158].
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+ En janvier 2008, les scientifiques du British Antarctic Survey (BAS) dirigés par Hugh Corr et David Vaughan, s'appuyant sur des images radar réalisées lors d'un relevé aérien, annoncent dans le journal Nature Geoscience qu'il y a 2 200 ans, un volcan est entré en éruption sous l'inlandsis de l'Antarctique. Il s'agit de la plus grosse éruption en Antarctique au cours des 10 000 dernières années : des cendres volcaniques ont été retrouvées sur la surface de glace de la chaîne Hudson près du glacier de l'île du Pin[159].
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+ Dernière terra nullius de la planète, le continent antarctique fait l'objet d'un régime juridique défini par le traité sur l'Antarctique de 1959 (entrée en vigueur en 1961[160]) et n'a donc pas de gouvernement, c'est un territoire neutre. En raison de la contiguïté territoriale, de la paternité de leur découverte, de leur occupation ou par intérêt géostratégique ou économique (au vu des probables ressources naturelles que comporte son sous-sol et des droits de pêche et de chasse), des États ont revendiqué des portions du continent, matérialisées, pour la plupart, par des sortes de tranches partant du pôle Sud, allant jusqu'à l'océan Austral, et dont les bords sont des méridiens. Bien que quelques-uns de ces pays aient reconnu mutuellement la validité de leurs revendications[161], ces dernières ne sont généralement pas admises universellement[52]. Dans certains cas, un même secteur est revendiqué par plusieurs États. La péninsule Antarctique est ainsi revendiquée par l'Argentine, le Chili et le Royaume-Uni. Le traité offre cependant un cadre juridique international aux expéditions scientifiques[160].
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+ Le « gel » des prétentions territoriales est établi depuis 1959[162] et le continent est considéré comme « dépolitisé »[163]. C'est une différence importante avec l'Arctique qui ne bénéficie pas de ce cadre[162]. La neutralité signifie que la France, par exemple, peut continuer à affirmer que la Terre Adélie relève du droit français alors que d'autres États, au contraire, pourront considérer que l'Antarctique est un espace international. Ce statut est réglementé par le traité sur l'Antarctique qui date de 1959, conclu sous l'égide de Dwight David Eisenhower et de Nikita Khrouchtchev. Selon ce dernier, l'Antarctique est défini comme étant l'ensemble des terres et des banquises situées au sud du 60e parallèle Sud. À l'origine, le traité est signé par douze pays dont l'Union soviétique (et plus tard la Russie), le Royaume-Uni, la Belgique, l'Argentine, le Chili, l'Australie et les États-Unis[164]. En outre, le traité établit le continent comme une réserve naturelle, met en place la liberté de recherche scientifique, la protection de l'environnement et y interdit les activités militaires. Il s'agit de la première maîtrise des armements établie durant la Guerre froide, avec des mentions relatives aux armes nucléaires[163]. Néanmoins, dès 1947, les États-Unis avaient proposé l'« internationalisation » du territoire, proposition rejetée par de nombreux États qui y voyaient un moyen de défense des intérêts américains et qui, à la suite du coup de Prague et du blocus de Berlin, rendait impossible l'adhésion soviétique au projet[165].
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+ Le traité est sans durée limite et renouvelable par tacite reconduction. Aujourd'hui, 49 États ont apposé leur paraphe, 28 d'entre eux disposant d'un droit de vote. Deux moratoires renforcent la protection du continent : la convention pour la protection des phoques (1972) et celle sur la conservation de la flore et de la faune marines (1978). Enfin, le Protocole de Madrid (rédigé en 1991), relatif à la protection de l'environnement et imprescriptible avant cinquante ans, stipule : « seules les activités pacifiques sont autorisées dans l'Antarctique et toute activité relative aux ressources minérales, autre que la recherche scientifique, est interdite[166]. » Il désigne l'Antarctique comme « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». Entré en vigueur le 14 janvier 1998 (après dépôt des instruments de ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion par les États), ce protocole prohibe notamment toute activité minière pour cinquante ans. Interdiction tacitement reconductible, qui ne peut être levée qu'à l'unanimité des parties.
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+ Unique dans l'histoire du droit international, le système de gouvernance que le traité a instauré est reconnu par la plupart des juristes comme le plus innovant du XXe siècle[166].
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+ En 1983, les signataires du traité sur l'Antarctique entament des négociations afin de réglementer l'exploitation minière du continent[167], celle-ci comme d'autres points (tourisme, pêche et chasse, navigation des sous-marins, protection de l'environnement) n'ayant pas été anticipée en 1959[168]. Cependant, une première tentative en ce sens portée par la Nouvelle-Zélande sous le nom de �� convention de Wellington » n'avait pas abouti[169]. Une campagne de pression publique ayant pour but d'empêcher toute exploitation des minéraux en Antarctique est alors menée dans les années 1980 par une coalition d'organisations internationales[170] et notamment par Greenpeace[171] qui établit sa propre base, la World Park Base, dans la région de la mer de Ross[172] et mène des expéditions annuelles afin de mesurer l'impact de l'Homme sur l'environnement[173]. En 1988, la Convention pour la réglementation des activités sur les ressources minérales antarctiques est adoptée[174]. Cependant, quelques années après, l'Australie et la France refusent de signer le traité, le faisant tomber en désuétude. Ces derniers proposent à la place qu'une réglementation complète de protection sur l'environnement de l'Antarctique soit négociée[175]. Soutenu par d'autres pays, le Protocole au traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique, ou protocole de Madrid, est alors négocié et entre en vigueur le 14 janvier 1998[176] : il interdit toute exploitation minière en Antarctique, désignant le continent comme une « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». Selon le traité, « seules les activités pacifiques sont autorisées ». Pas de militaires ni de nucléaire, liberté de recherche scientifique et coopération internationale.
230
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+ Le traité sur l'Antarctique empêche toute activité militaire sur ce continent, y compris la construction de bases militaires et de fortifications, les manœuvres militaires et les essais d'armements. Le personnel ou l'équipement militaire n'est permis que pour la recherche scientifique ou pour d'autres fins pacifiques[177], sachant que la coopération scientifique fut un instrument pour éviter une militarisation du continent[160]. La seule action militaire effectuée sur le continent est l'Operación 90 lancée par l'armée argentine en 1965[178]. L'Antarctique est la seule zone démilitarisée acceptée par les États-Unis[163].
232
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+ L'armée américaine remet la décoration Antarctica Service Medal aux militaires ou aux civils qui accomplissent le devoir de recherche en Antarctique. Cette médaille est enrichie d'une distinction supplémentaire pour ceux qui passent l'hiver sur le continent[179].
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+ Sept États ont des prétentions territoriales en Antarctique. Seul le secteur de la Terre Marie Byrd n'a pas été revendiqué par un État reconnu internationalement, mais par deux micronations :
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+ Grand-duché de Westarctica
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+ Grand-duché de Flandrensis
239
+
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+ Les territoires revendiqués par l'Argentine, le Royaume-Uni et le Chili se chevauchent et ont causé des tensions diplomatiques, voire des escarmouches[180]. Les régions qui sont revendiquées par l'Australie et la Nouvelle-Zélande étaient des territoires de l'Empire britannique avant que ces deux pays n'obtiennent leur indépendance[181]. L'Australie revendique la plus grande superficie. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, la France, la Norvège et le Royaume-Uni reconnaissent mutuellement la validité de leurs revendications[161].
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+
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+ Ces revendications territoriales peuvent s'interpréter sous forme de graphiques :
243
+
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+ Westarctica
245
+ Flandrensis
246
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247
+ Ce groupe de pays, signataire du traité sur l'Antarctique, s'intéresse au territoire antarctique mais n'est pas autorisé à faire valoir ses revendications tant que les dispositions du traité sont en vigueur[182],[183].
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
250
+
251
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ « D’où vient cette étrange attirance de ces régions polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu on oublie les fatigues morales et physiques pour ne songer qu’à retourner vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant désertes et terrifiantes ? Est-ce le plaisir de l’inconnu, la griserie de la lutte et de l’effort pour y parvenir et y vivre, l’orgueil de tenter et de faire ce que d’autres ne font pas, la douceur d’être loin des petitesses et des mesquineries ? Un peu de tout cela, mais autre chose aussi. J’ai pensé pendant longtemps que j’éprouverais plus vivement, dans cette désolation et cette mort, la volupté de ma propre vie. Mais je sens aujourd’hui que ces régions nous frappent, en quelque sorte, d’une religieuse empreinte. (...) L’homme qui a pu pénétrer dans ce lieu sent son âme qui s’élève. »
254
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255
+ — Jean-Baptiste Charcot, Le Français au Pôle Sud, éd. Flammarion, 1906, 486 pages.
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+ Romans
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+ Nouvelles
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+ Bandes-dessinées
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+ Cinématographie
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+ Séries télévisées
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+ Les œuvres artistiques sont difficilement réalisables in situ et in vivo sur le sol antarctique compte tenu des conditions climatiques extrêmes et de l'éloignement du continent des terres habitées. Toutefois grâce à des actions en faveur de l'art, certains artistes ont pu bénéficier de la logistique et des infrastructures destinés aux scientifiques travaillant en Antarctique. C'est ainsi que les plasticiens français Catherine Rannou et Laurent Duthion choisis par l'Institut polaire français Paul-Émile-Victor (IPEV) lors de la quatrième année polaire de mars 2007 à mars 2008, purent développer leur art à la base antarctique Dumont d'Urville[184]. Werner Herzog ou bien Kim Stanley Robinson ont été soutenus par un programme d'aide aux artistes et écrivains, l'Antarctic Artists and Writers Program[185]. L'artiste-peintre allemand Gerhard Riessbeck a réalisé des œuvres alors qu'il se trouvait sur le brise-glace Polarstern en 2000 et en 2005 lors d'expéditions en Antarctique[186]. Dans le cadre des commémorations du bicentenaire de l'indépendance de l'Argentine (1810-2010), la troupe de marionnettistes argentins « La Faranda » se produit pour la première fois en Antarctique dans la base Marambio[187]. Metallica joue un concert en Antarctique le 8 décembre 2013, ce qui est une première pour le continent (vidéo).
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+ L’impressionnisme est un mouvement pictural né de l'association d'artistes de la seconde moitié du XIXe siècle vivant en France. Fortement critiqué à ses débuts, ce mouvement se manifeste notamment de 1874 à 1886 par des expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec la peinture académique, qui était très en vogue à l'époque.
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+ Ce mouvement pictural est principalement caractérisé par des tableaux de petit format, des traits de pinceau visibles, la composition ouverte, l'utilisation d'angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux, plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses, et à les reporter directement sur la toile. L'impressionnisme eut une grande influence sur l'art de cette époque, la peinture bien sûr, mais aussi les arts visuels (sculpture[1], photographie impressionniste dont le pictorialisme est le relais, cinéma impressionniste), la littérature[2] et la musique[3].
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+ Jusqu'au début du XIXe siècle, l'art pictural officiel en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe, depuis sa création sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que pour les techniques employées. L’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.
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+ Cependant le XVIIIe siècle avait déjà marqué une évolution significative. La couleur était déjà à la mode, même à l'Académie ; François Boucher, pourtant l'un de ses membres, en est un exemple. Dans les œuvres d'Antoine Watteau également académicien, des critiques avertis voient des signes avant-coureurs de l'impressionnisme. Même si le début du XIXe siècle vit le retour du néo-classicisme, un vent de liberté avait soufflé sur la peinture dans le choix de thèmes ou dans la manière de traiter le dessin avec par exemple Johann Heinrich Füssli ou George Romney. Au début du XIXe siècle, William Blake, William Turner ou Francisco de Goya et même Eugène Delacroix avaient déjà posé les bases d'une nouvelle façon de peindre.
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+ Avec l'invention du tube de peinture souple par l'industrie à partir du milieu du XIXe siècle, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l'instant, la lumière. Le développement de la technique photographique à la même époque remet en cause ce qui jusqu'alors avait été l'une des fonctions principales de l'art, la représentation fidèle de la réalité, amenant les impressionnistes à explorer d’autres sujets et d’autres façons de peindre qui privilégient la vision de l'artiste, son impression face au réel et non sa description du réel[5]. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de l'époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
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+ En sortant de l'atelier de Charles Gleyre à l'École des beaux-arts de Paris qu'ils fréquentèrent de l'automne 1862 au printemps 1863, Bazille, Renoir, Monet et Sisley se réunissaient au café de La Closerie des Lilas, formant un groupe dénommé les « intransigeants », bientôt rejoint par Pissarro[6].
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+ En 1863, l'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. C'est là qu'est présenté le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui fait scandale, car il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins mythologiques ou allégoriques sont légion dans la peinture de l'époque). Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplace uniquement pour se moquer des œuvres exposées. Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année-là que ceux du Salon officiel. Voyant leurs tableaux refusés par le jury du Salon de 1867, Renoir, Bazille, Monet, Sisley et Pissarro signent une pétition pour le rétablissement du Salon des refusés[7], en vain. Ils commencèrent à discuter de tenir leur propre exposition. En 1868, Charles Daubigny, alors membre du jury fut leur allié. Son plaidoyer obstiné permit aux futurs impressionnistes d'être acceptés au Salon de 1868[8].
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+ La technique de peinture impressionniste fut inventée au cours de l'été 1869 quand Renoir et Monet peignirent respectivement La Grenouillère et Bain à la Grenouillère sur l'île de Croissy[9].
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+ Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Edgar Degas décident de constituer la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs en avril 1874 pour organiser leur propre exposition, dans l'atelier du photographe Nadar. Regroupant les œuvres de trente-neuf artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre « sur le motif » en plein air[10], l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.
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+ Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, dans lequel il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression, soleil levant, crée le terme d'« impressionniste » qui donne au mouvement son nom : « L'Impressionnisme ». Le terme est repris dans un sens positif par Jules-Antoine Castagnary, par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art. Le terme supplante progressivement ceux de plein-airisme et de tachisme utilisé dès 1889 par le critique Félix Fénéon[11].
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+ Pour ces raisons, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air. Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : « Ah ! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature ! ». Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : « Renoir, ce n'est pas la même chose ; il peut faire tout ce qu'il veut. » Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant. Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Édouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.
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+ Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Frédéric Bazille lors de la guerre franco-allemande de 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes au sujet du statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Paul Signac et Georges Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent aux huit Expositions Impressionnistes. La vente des toiles à cette époque montre le désintérêt de l'État et des marchands pour les œuvres impressionnistes, puisque les rares collectionneurs intéressés (Georges de Bellio, Gustave Caillebotte, Jean-Baptiste Faure, Ernest Hoschedé, Théodore Duret, Henri Rouart, Victor Chocquet, Charles Ephrussi, Paul Bérard, etc.) achètent initialement plusieurs chefs-d'œuvre à des prix dérisoires[12].
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+ Malgré tous ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu les faveurs du public et de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et surtout à New York dont l'exposition en 1886 marque le premier grand succès des impressionnistes[13]. Mais cette réussite ne profite pas à tous : si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissarro dans les années 1890, Sisley meurt en 1899 dans la pauvreté. Dans les années 1880, reprenant l'héritage du mouvement impressionniste (peinture de la vie moderne, usage des couleurs), les néo-impressionnistes s'avancent alors selon l'expression du critique d'art Félix Fénéon « à l'avant-garde de l'impressionnisme » pour mieux le dépasser, voire rejeter ce que Pissarro appelait « l'impressionnisme romantique » des Renoir et Degas au profit de « l'impressionnisme scientifique »[14].
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+ Alors que le mouvement impressionniste n'a duré qu'une dizaine d'années et a fait éclater le marché de l'art, il s'oriente dans les années 1890 vers de nouvelles attitudes picturales, traditionnellement considérées comme postimpressionnistes mais paradoxalement la cote des impressionnistes ne cesse de grimper à cette époque, amenant leurs tableaux à dominer le marché en termes de records de prix, et ce jusque dans les années 1990[15].
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+ Les peintres impressionnistes, qui se veulent - avant tout - peintres du concret et du vivant, choisissent leurs sujets dans les paysages ou les scènes quotidiennes de la vie contemporaine librement interprétés et recréés selon la vision et la sensibilité personnelle de chacun d'eux. Pour la première fois, ils ne prendront pas uniquement des esquisses du paysage pour ensuite terminer leur œuvre dans leur atelier[16],[17]. Travaillant sur place et « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Eugène Boudin ou Johan Barthold Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière et de ses jeux l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres et les nuances élaborées pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie simple et tranquille saisie dans la particularité et la vérité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques, de l'idéal du beau et de l'essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Claude Monet, Camille Pissarro et Alfred Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Édouard Manet, Mary Cassatt, Gustave Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.
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+ Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien », selon Claude Monet en 1897 ; « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé… », Edgar Degas, 1897.
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+ L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent van Gogh, ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France (notamment L. Boiseaubert, qui a peint le Port du Havre sous le brouillard en 1887) et à l'étranger, comme Jean Peské.
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+ Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes : Maurice Ravel, Paul Dukas, Erik Satie, Albert Roussel... Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.
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+ L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est fondé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Les sujets sont ainsi puisés dans la nature. Par ailleurs, quand le sujet met en scène des individus, ce sont des contemporains. Citons, en exemple, le tableau Olympia de Manet qui explore le thème traditionnel du nu, mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine du XIXe siècle, et le peintre travaille surtout la peinture (couleurs). Cette vision, encore réaliste par le sujet, est également une étude sur la lumière et donne ainsi naissance à l'art moderne qui s'intéresse aux effets de lumière et aux combinaisons des couleurs, une recherche qui est au cœur de l'impressionnisme.
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+ Avant l'apparition de l'impressionnisme, d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets courants, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan[18].
40
+
41
+ « Ce que l'on nomme « Impressionnisme » est le résultat d'une longue évolution qui place la peinture du XIXe siècle sous le signe du paysage [...]. Mais les véritables précurseurs de cette nouvelle peinture sont d'une part Honoré Daumier avec ses recherches de rythmes, et d'autre part Jean-François Millet, les peintres de Barbizon et enfin les peintres de la mer et de l'eau (Boudin, Jongkind). Deux grandes découvertes réalisées au XIXe siècle sont venus libérer la perception et les canons traditionnels : la photographie, et les lois de la couleur de Chevreul »
42
+
43
+ Une autre influence importante est celle des estampes japonaises (japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribue de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir un mouvement impressionniste.[réf. nécessaire]
44
+ Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.[réf. nécessaire]
45
+ Comme le réalisme, l’impressionnisme montre des réalités quotidiennes, mais elles sont plus légères, plus claires, plus lumineuses. Les impressionnistes s’intéressent à la perception des choses : jeux de lumière, les reflets sur l’eau, mouvements… La nature est donc un domaine privilégié. - De ce fait, ils ont été accusés de ne pas savoir peindre, de négliger les contours, de diluer la vision[19].[réf. nécessaire]
46
+
47
+ Les impressionnistes (naissance et mort des artistes)
48
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49
+ La première exposition impressionniste se tient du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien atelier-studio du photographe Nadar, 35, boulevard des Capucines dans le 9e arrondissements de Paris.
50
+
51
+ Voir les listes des 30 artistes participants et des œuvres présentées.
52
+
53
+ La deuxième exposition impressionniste se tient du 30 mars au 30 avril 1876 dans la galerie Durand-Ruel, 11, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris.
54
+
55
+ Voir les listes des 19 artistes participants et des œuvres présentées.
56
+
57
+ La troisième exposition impressionniste se tient du 20 au 30 avril 1876 dans un appartement du 6, rue Le Peletier dans le 9e arrondissements de Paris[20].
58
+
59
+ Voir les listes des 18 artistes participants.
60
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61
+ La quatrième exposition des impressionnistes eut lieu du 10 avril au 11 mai 1879 au 28, Avenue de l'Opéra, la cinquième en 1880 au 10, rue des Pyramides, la sixième en avril 1881 chez Nadar, rue des Capucines, la septième débuta le 1er mars 1882 dans des salles louées au 251, rue Saint-Honoré. La huitième et exposition des impressionnistes, organisée en 1886 fut la dernière[21].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Une imprimante est un engin permettant d'obtenir un document sur papier à partir d'un modèle informatique du document. Par exemple, un texte écrit via un logiciel de traitement de texte sur ordinateur pourra être imprimé pour en obtenir une version papier (c'est un changement du support d'information).
4
+ Les imprimantes ont été conçues dès l’apparition des premiers ordinateurs, pour permettre la consultation et la conservation sur support papier des résultats produits par les programmes informatiques. En effet, à l’époque des premiers calculateurs, les écrans n’existaient pas encore et les méthodes de stockage de l’information étaient très rudimentaires et très coûteuses.
5
+
6
+ Avec le temps, les imprimantes ont énormément évolué dans leur méthode d’impression et de traction du papier, mais également dans leur qualité d’impression, leur encombrement et leur coût.
7
+
8
+ L’informatisation massive des entreprises, les projets de « dématérialisation », et les économies escomptées par le « zéro papier » n’ont pas supprimé les imprimantes et l’usage du papier comme support d’information.
9
+
10
+ Les imprimantes d'avant la mécanographie (Xylographie par exemple) n'étaient pas automatisées et chaque page devait être préparée manuellement, avant d'imprimer à la chaine ce qu'on a spécialement préparé.
11
+
12
+ Dans le monde de la mécanographie qui a précédé l’informatique, la fonction d’impression était assurée par l’imprimante incluse dans la tabulatrice. Les premières imprimantes sont inventées par Powers en 1914, et par Hollerith en 1921[1]. Il s’agissait d’imprimantes impact à barres porte-caractères permettant d’imprimer au départ uniquement des chiffres. L’introduction d’imprimantes à roues, à tambour ou à chaîne va permettre d’accroître la vitesse d’impression (150 lignes/minute pour l’AN7 de CMB, record qui tient de 1934 à 1951) et surtout d’imprimer des caractères alphanumériques (uniquement des majuscules ) à partir de 1931[2].
13
+
14
+ La synchronisation correcte entre l’imprimante et l’avancement du papier est assurée à partir de 1933 par les « bandes Caroll », bandes perforées situées de part et d'autre de la liasse d'impression, entraînées par des roues à picots.
15
+
16
+ Dans les années 1950 et 1960, les ancêtres des imprimantes étaient appelées en français des « tireuses ».
17
+
18
+ L'impression en couleur apparaît dans les années 1960[3].
19
+
20
+ Ce n’est qu’avec l’émergence de l’informatique au début des années 1970 que les imprimantes deviennent des machines périphériques autonomes découplées de la fonction tabulatrice. En 1971, Xerox, un laboratoire, invente l’imprimante laser.
21
+
22
+ L'imposition, terme désigne la manière dont les pages composées sont placées sur le papier.
23
+
24
+ La désignation « mode simplex » est parfois utilisé pour le fait d'imprimer sur une seule face.
25
+
26
+ Le mode recto-verso, appelé aussi mode duplex, permet d’imprimer sur les deux côtés d’une feuille. Il existe le mode recto-verso manuel et le mode recto-verso automatique. Le mode manuel consiste à repositionner le papier de la manière indiquée pour imprimer sur le second côté. Le mode automatique n’a besoin d’aucune manipulation mais dépend des capacités de l’imprimante, il n’est donc pas valable sur toutes les imprimantes. Il existe également les dénominations Tumble et NoTumble, elles correspondent respectivement, à imprimer en recto-verso de manière à obtenir une lecture en tournant les pages comme un bloc-notes, et comme un livre normal.
27
+
28
+ Il permet d’imprimer en recto-verso et de manière que chaque côté d’une feuille contienne deux pages
29
+
30
+ Le type de papier dominant pour les imprimantes jusque dans les années 1980 était le papier listing ou papier continu. Ce support est une longue bande de papier bordée de chaque côté de marges perforées à intervalles serrés appelées bandes Caroll. C'est par ces perforations que l'imprimante entraîne le papier, à l'aide de roues à picots. Le papier listing se présente replié en accordéon, et ces plis sont prédécoupés pour permettre de détacher manuellement le papier après impression. Les bandes Caroll sont également prédécoupées.
31
+
32
+ Le papier continu a l'avantage de donner la capacité d'imprimer des volumes considérables de données à des imprimantes non dotées d'un chargeur de feuilles (et donc plus simples et moins chères surtout à l'usage car facilitant la manutention des gros volumes). C'est pourquoi il est encore utilisé dans des applications d'enregistrement de données. Il est encore utilisé pour les envois de courrier en nombre comme les relevés bancaires et factures, le système utilisé permettant aussi de superposer les feuilles y compris celle de l'enveloppe, et faire la mise sous pli avec des bandes latérales préencollées (et prédécoupées pour l'ouverture manuelle du pli par son destinataire).
33
+
34
+ En revanche, il a l'inconvénient de nécessiter des manipulations pour obtenir des feuilles individuelles prêtes à être classées, reliées ou envoyées par courrier. Il faut en effet détacher les feuilles successives et retirer les bandes Caroll, ce qui en outre laisse les traces du prédécoupage sur les bords des feuilles obtenues. Certaines imprimantes incluaient un système de découpage des feuillets entre deux listings, et parfois d'un massicot pour retirer les bandes latérales (qui n'ont alors pas besoin d'être prédécoupées) et d'un système de tri par destinataire dans les services produisant de nombreux listings. C'est pourquoi, comme les avancées de la micro-informatique popularisaient l'infographie et les logiciels de bureautique WYSIWYG, le papier listing a progressivement été abandonné au profit de l'utilisation de feuilles individuelles, avec une impression localisée poste par poste et non plus centralisée, ou par l'archivage numérique direct (sans impression) (dans des bases de données ou systèmes de fichiers numériques) pour les volumes de données importants (le tirage éventuel est alors différé et se fait poste par poste sur l'imprimante locale de l'utilisateur final s'il ne souhaite pas seulement la consultation sur écran). Le développement de l'internet a également évité la mise sous pli de tirages en rendant cette consultation de plus en plus locale, par l'utilisateur final à sa demande en évitant aussi la mise sous pli et les envois par courrier.
35
+
36
+ Depuis l’apparition des premières imprimantes à laser, le papier à bandes Caroll a petit à petit disparu : la traction du papier se fait dorénavant par des rouleaux qui enserrent et guident le papier tout au long de son chemin dans l’imprimante. Néanmoins, si cette méthode permet l’utilisation de papier normal, elle ne garantit pas toujours un cadrage parfait du papier, et est davantage sujette aux bourrages.
37
+
38
+ Une part des imprimantes industrielles n'utilisent pas le feuille à feuille mais le mode continu. Ce sont des bobines de papier, qui se présentent comme de gros rouleaux, qui alimentent ces machines. Ce mode est plus rapide et plus sûr que le feuille à feuille. Comme il provoque une gâche importante en début et en fin d'impression et qu'il exige un massicotage en sortie, ce mode convient à de grosses productions avec beaucoup de tirages (comme les journaux, magazines, supports publicitaires, emballages et étiquettes, livres, cahiers, carnets, agendas, etc.) et sur différents supports plats (papier, carton fin, films plastiques, etc.). Il ne convient pas pour les supports non flexibles (comme le carton ondulé ou les emballages plastiques, qui seront plutôt imprimés ou sérigraphiés par transfert).
39
+
40
+ Les imprimantes peuvent être classées en deux catégories distinctes selon qu’elles utilisent une frappe mécanique (imprimante impact) ou non (imprimante non-impact ou NIP).
41
+
42
+ Les imprimantes à impact marchent en « tamponnant » le papier avec le caractère et un ruban encreur, comme une machine à écrire.
43
+
44
+ Cette technologie permet d’imprimer sur des liasses carbonées permettant d’avoir un double immédiat du document. Elle reste donc utilisée à cette fin dans certaines entreprises, particulièrement celles du transport.
45
+
46
+ Utilisé surtout sur les gros ordinateurs centraux, leur mécanisme d’impression consistait en une chaîne sur laquelle étaient fixés tous les caractères imprimables. Cette chaîne, entraînée par deux axes - telle une chaîne de vélo - était constamment en mouvement rapide au-dessus de la ligne à imprimer. Le long du parcours de la chaîne étaient disposés des marteaux (autant que de caractères par ligne - par exemple 132). Au passage du caractère à imprimer, le marteau de la colonne concernée le frappait pour l’imprimer sur la page. Ce système d’impression était assez rapide (il existait d’ailleurs des imprimantes qui contenaient toute une série de chaînes les unes au-dessous des autres, ce qui permettait d’imprimer une page entière d’un seul coup). Mais le jeu de caractères était limité, et bien entendu, il n’était pas question de changer de police rapidement, ou d’imprimer des graphiques. Par ailleurs ces imprimantes étaient extrêmement bruyantes (elles existent encore à l’heure actuelle par exemple pour les remises de chèques).
47
+
48
+ Sur les imprimantes à aiguilles, la tête d’impression est constituée d’une série d’aiguilles, alignées verticalement de façon à couvrir la hauteur d’une ligne de texte et propulsée par des électroaimants. Le nombre d’aiguilles peut varier d’une imprimante à l’autre (de 9 à 32 en général, 9 et 24 étant les valeurs les plus courantes), la qualité d’impression est proportionnelle au nombre d’aiguilles. Cette tête se déplace le long de la ligne à imprimer.
49
+
50
+ L’encre est fournie par un ruban encreur, similaire aux rubans de machines à écrire (tissu imprégné d’encre), qui circule en boucle entre la tête d’impression et la feuille de papier. Chaque aiguille permet d’imprimer un minuscule point sur la feuille ; chaque caractère est donc constitué de multiples points.
51
+
52
+ L'imprimante dans son intégralité avec le capot fermé.
53
+
54
+ Vue de dessus avec le capot ouvert permet de voir les rouleaux et le ruban.
55
+
56
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
57
+
58
+ À l'origine, IBM International Business Machines Corporation crée pour ses machines à écrire une solution avec une sphère comportant un seul jeu de caractères, qui nécessitait le changement de sphère pour changer de police. Cette solution a aussi été utilisée quelques années sur ses imprimantes.
59
+
60
+ Inspirée des machines à écrire, la tête d’impression dite à marguerite est constituée d’une rosace de pétales, à la périphérie desquelles sont fixés les différents caractères imprimables, tels les pétales d’une marguerite… Cette rosace tourne sur un axe motorisé. Le système se déplace le long de la ligne à imprimer.
61
+
62
+ Pour chaque caractère à imprimer, la rosace effectue une rotation pour présenter le caractère demandé devant un marteau, lequel frappe le caractère sur la page, au travers d’un ruban encreur. Ce système est assez lent et ne présente qu’un jeu de caractères restreint. Il est cependant possible de changer la police en changeant la marguerite.
63
+
64
+ Dérivée de l’imprimante à marguerite, l’imprimante à tulipe utilise une roue dont les « pétales » sont pliés à 90°. Il s’ensuit une plus grande compacité de l’ensemble et la possibilité de mettre 2 caractères au bout de chaque pétale (un seul sur une marguerite), le passage de l’un à l’autre des caractères d’un même pétale se faisant par montée et descente de la tête d’impression. Comparativement à la marguerite, l’impression avec une tulipe est plus rapide et le nombre de caractères par roue est plus important. Comme pour la marguerite, il est possible de remplacer la tulipe en cas de casse ou simplement pour changer de type de caractère.
65
+
66
+ Ce système marque la fin de l’évolution des imprimantes à impact qui seront supplantées à partir des années 1990 par l’arrivée des imprimantes sans impact.
67
+
68
+ Ce mode d’impression nécessite un papier sensible à la chaleur. Le texte et les graphiques sont transférés sur le papier qui se déplace devant une rangée (la largeur du papier) de minuscules résistances électriques chauffantes. Ce procédé présente plusieurs inconvénients :
69
+
70
+ A contrario, le fait de ne pas utiliser de réservoir d’encre ou de film d’encrage fait que le système est simple à mettre en œuvre (la seule maintenance nécessaire étant le remplacement des rouleaux de papier vides). Ce type d’impression a longtemps été très présent dans les télécopieurs mais aussi sur les distributeurs de billets, les balances des supermarchés, la billetterie informatisée, etc.
71
+
72
+ Ce mode de thermo-impression nécessite un film sensible à la chaleur. Les graphiques venant du RIP (Raster Image Processor : système transformant les données brutes en mode « raster/point ») sont transférés sur le film qui se déplace devant une rangée (la laize du film) de minuscules résistances électriques chauffantes. L’avantage de ce type de flashage thermique équivalent au flashage CTF (Computer To Film) « argentique » est d’éviter toutes les chimies et leurs éliminations.
73
+
74
+ Comme pour le thermique direct, on retrouve une tête d’impression constituée d’une série de petites résistances chauffantes. Ici, ce n’est pas un papier spécial qui est utilisé mais un film d’encrage sensible à la chaleur. Au moment de l’impression l’encre passe intégralement sur le support et le ruban n’est donc utilisable qu’une seule fois (voir toutefois l’application ticket qui utilisait un ruban spécial multipasse). Le film d’impression est habituellement noir mais peut être décliné en une multitude de teintes. Il existe même des rubans bicolores (impression en rouge et noir) et une technique, désormais abandonnée, utilisait des rubans tri ou quadrichromie.
75
+
76
+ La gamme des supports imprimables est grande puisque l’on peut imprimer sur des papiers mats ou brillants, des films d’emballage, des textiles, etc.
77
+
78
+ Les diverses applications sont les suivantes :
79
+
80
+ À l’exception des impressions de tickets, ce type d’impression est de grande qualité, au prix d’un coût de revient assez élevé et d’une vitesse assez faible, mais dans un grand silence. Elle est réservée à des applications industrielles et n’est pas proposée au grand public à l’exception de quelques télécopieurs. Cependant la nouvelle gamme de petites imprimantes portatives d'étiquettes utilise cette technique.
81
+
82
+ Les têtes d’impression des imprimantes à jet d’encre utilisent de l’encre liquide contenue dans un réservoir dite cartouche d’encre. La tête proprement dite est percée de fins canaux remplis d’encre, et un système piézo-électrique ou de chauffage électrique produit des variations de pression qui expulsent des gouttelettes sur la feuille, formant des points.
83
+
84
+ Comme avec les têtes à aiguilles, les caractères sont formés par des concentrations de points, et l’impression se fait donc ligne par ligne. Néanmoins, la finesse de ces gouttelettes est contrôlable, et la technologie permet un mélange des couleurs, si bien que les imprimantes jet d’encre permettent des impressions de qualité photo.
85
+
86
+ La technologie du jet d'encre est utilisée pour les particuliers comme pour les professionnels. Il existe des imprimantes grand format avec une laize (largeur d'impression) de 5 mètres. Une imprimante grand format sur bâche est utilisée pour la publicité, pour l'affichage, la décoration, les stands expositions et pour les musées.
87
+ Il existe deux types de cartouches d'encre, les cartouches avec têtes d'impression intégrées et les cartouches sans têtes d'impression (dans ce cas, les têtes d'impression sont fixées à l'imprimante). Les premières sont plus chères mais permettent de limiter les conséquences de têtes d'impression bouchées (un problème affectant parfois certaines imprimantes restées inactives plusieurs mois).
88
+
89
+ La sublimation est le passage direct d'un corps de l'état solide à l'état gazeux sans passer par l'état liquide. Dans une imprimante à sublimation thermique, la cire pigmentée, qui remplace l'encre, est chauffée à près de 200 °C par des microrésistances réparties sur la tête d'impression, puis passe ainsi instantanément de l'état solide à l'état gazeux. Enfin, projetée sur la feuille, elle refroidit à son contact et redevient solide.
90
+
91
+ Ce procédé exploite les propriétés de transparence de la cire. Ainsi, pour imprimer un point d'une couleur donnée, l'imprimante superpose trois couches de cire de densités variables (jaune, magenta et cyan), qui ensemble composent la teinte recherchée, dans une palette de 16,7 millions de couleurs.
92
+
93
+ Avec la sublimation thermique, un point de couleur sur l'image numérique correspond à un point de couleur sur la photo imprimée. Contrairement aux impressions à jet d’encre ne dépassant pas 300 dpi, les imprimantes à sublimation thermique affichent des résolutions qui peuvent atteindre 9600 x 2400 ppp (points par pouce). En effet, la technologie jet d’encre ne fait que reproduire par effet optique un point de la couleur recherchée alors que, dans l’impression par sublimation, un point de couleur à imprimer égale un point de couleur imprimé. L'image numérique correspond alors à une nuée de points de couleur sur la photo imprimée. Cette tricherie optique, utilisée par les imprimantes à jet d'encre ou laser, est parfois visible à l'œil nu, sous forme de trame ou de points apparents ; un défaut absent des impressions par sublimation thermique.
94
+
95
+ Par ailleurs, les photos obtenues par sublimation ne souffrent d’aucune bavure, le passage direct de la cire de l'état solide à l'état gazeux puis, inversement, du gaz au solide, permettant d'éviter ce problème. Seul inconvénient de cette technologie : l'impossibilité d’obtenir un noir net, la couleur noire étant obtenue par superposition des trois couleurs en densité maximale. Ce type d'impression est donc inadapté aux impressions en noir et blanc.
96
+
97
+ Ces imprimantes utilisent de l’encre noire magnétique. Elles impriment uniquement en noir et blanc. Les informations sont enregistrées sur un tambour magnétique (un gros cylindre métallique). Chaque point est placé magnétiquement sur le tambour grâce à des têtes d’écriture. À ce stade, il n’y a rien sur le substrat. Ensuite, l’encre à particule magnétique est attirée sur le substrat par le tambour. Le substrat passe donc à proximité du tambour et du toner. Ensuite, l’encre est fixée au substrat par un flash qui la fond à 50 °C. L’encre est définitivement fixée sur le substrat.
98
+
99
+ La caractéristique de ce système d’impression est la diversité des substrats utilisables. Ces imprimantes impriment sur du papier (couché ou non), du plastique, du carton plastifié, et elles peuvent également imprimer sur plusieurs couches de papier, sans utiliser la technique classique du carbone. Une substance chimique permet de reporter le motif d’impression sur des couches inférieures. La qualité d’impression peut monter jusqu’à 600 ppp. La vitesse peut atteindre 150 m/min..
100
+
101
+ Avec un système adapté, deux machines peuvent imprimer recto-verso, l’un à la suite de l’autre. On peut alors doubler la capacité d’impression en pages imprimées par minute (soit plus de 2 000 pages A4/min.).
102
+
103
+ BULL développa ce procédé dans les années 1960 avec sa gamme d’imprimantes Matilde (6060, 6080…) et c’est Nipson qui poursuit ses avancées.
104
+
105
+ Sur ce système, l’encre se présente sous la forme d’une poudre extrêmement fine, le toner. Lors de l’impression, un laser dessine sur un tambour photo-sensible rotatif la page à imprimer, un dispositif électrique polarisant en fait une image magnétique. Sur ce tambour, l’encre en poudre polarisée inversement vient alors se répartir, n’adhérant qu’aux zones marquées par le laser. Une feuille vierge, passe entre le tambour et une grille elle-même chargée électriquement, est appliquée au tambour encré, récupérant l’encre. La fixation de l’encre sur la feuille se fait ensuite par chauffage et compression de la feuille encrée dans un four thermique.
106
+
107
+ Cette technique, bien que sophistiquée, permet une impression rapide (non plus ligne par ligne, mais page par page) très fine et très souple (impression de tous types de textes, de graphismes, de photos…) avec une qualité irréprochable pour le noir et blanc. Cependant, elle est peu adaptée aux niveaux de gris, et de ce fait, à l’impression en couleur. Les évolutions technologiques et des techniques du début du XXIe siècle ont permis d’adapter la couleur à ce système d’impression.
108
+
109
+ L’imprimante laser permet d’obtenir des tirages papier de qualité, à faible coût et avec une vitesse d’impression élevée. Le coût d’acquisition d’une imprimante laser est en chute libre depuis quelques années.
110
+
111
+ Cette technologie d’impression est directement dérivée de celle utilisée autrefois dans les photocopieurs. À cela près qu’auparavant, c’est la lumière réfléchie par la page à dupliquer qui déchargeait le tambour.
112
+ Depuis 2000, la grande majorité des photocopieurs sont en fait des imprimantes laser surmontées d’un scanner et sont utilisés comme imprimante.
113
+
114
+ Le système employé pour charger les différents éléments d'électricité statique était avant 1992 constitué par un fil conducteur placé à un potentiel de plusieurs milliers de volts, ce système était nommé « corona » en référence à l'effet corona. Son principal inconvénient était un dégagement d'ozone au cours de l’impression. Le corona faisait réagir l’oxygène en le transformant en ozone. Les imprimantes étaient alors dotées d’un filtre piège à ozone, pas toujours remplacé, n’ayant pas d’incidence sur la qualité des impressions. Ce défaut de maintenance pouvait poser problème surtout dans les locaux mal ventilés, l’ozone s’y accumulant, ce qui donnait à ces locaux leur odeur caractéristique (l'exposition prolongée à l'ozone pose également un problème sanitaire sérieux du fait de son caractère très oxydant, mais il est accru par le fait du dégagement gazeux des solvants toxiques présents dans l'encre et parfois aussi dans le papier soumis même de façon brève à des températures élevées).
115
+ À partir de 1992, le fil corona a été remplacé par un rouleau souple et conducteur nommé rouleau de transfert, directement en contact avec le papier. Dès lors il n'y a plus de production d'ozone significative, le filtre à ozone n'est plus requis[5].
116
+
117
+ On distingue en fait deux technologies pour les imprimantes laser en couleurs : « carrousel » (quatre passages) ou « tandem » (monopasse).
118
+
119
+ Sous la pression du gouvernement américain, la grande majorité des modèles[6] impriment systématiquement leur numéro de série sous forme de points colorés invisibles à l’œil nu et permettant ainsi de retrouver l’origine d’une reproduction et d’éviter les contrefaçons[7].
120
+
121
+ D’une technologie similaire aux imprimantes laser, les imprimantes à DEL (diodes électroluminescente ou LED en anglais), utilisaient une barrette de DEL pour insoler le tambour photo-sensible. Comparativement aux imprimantes laser, le coût de mise en œuvre était plus faible, a contrario, la finesse ne dépassait pas les 300 points par pouce (ppp) ce qui, à terme, a fait que cette technologie a été abandonnée par la plupart des marques[réf. nécessaire].
122
+
123
+ Une imprimante en réseau est une imprimante accessible à travers un réseau informatique sur lequel est connecté un client d'impression.
124
+
125
+ Pour baisser les coûts d'impression ou tester la fonction d'impression d'un logiciel, il est possible d'utiliser des imprimantes virtuelles telles que PDFCreator. Dans ce cas, au lieu d'imprimer sur un support physique (par exemple, le papier), l'impression est dirigée sur un support virtuel (par exemple, un fichier PDF).
126
+
127
+ Ces dernières années ont vu la démocratisation de l'Impression 3D qui permet de passer d'une modélisation virtuelle en 3D à un objet réel construit par superposition de couches de matières. Bien que le résultat d'impression ajoute une dimension supplémentaire, les techniques restent globalement similaires.
128
+
129
+ Chaque fabricant d'imprimante utilise un langage pour permettre à l’ordinateur de communiquer avec celle-ci. Les imprimantes à aiguilles ont longtemps utilisé un langage codant en réalité une succession de pixels binaires sur une matrice rectangulaire 8×8 ou 8×16.
130
+
131
+ Au cours des années 1970, la société Hewlett-Packard a mis au point un langage interprété structuré en commandes, le Hewlett-Packard Graphics Language, ou HP-GL. Avec ce langage, un fichier dessin était pour la première fois un fichier formaté[8], qu’un utilisateur averti pouvait modifier avec un éditeur, sans passer par un programme de dessin ou un langage graphique avec un pilote spécifique. Ce langage était encore utilisé pour les imprimantes laser de ce fabricant à la fin des années 1980[9].
132
+
133
+ Au milieu des années 1980, IBM a également spécifié son langage de mise en forme de document : Le langage AFP permet un excellent rendement en termes de vitesse d'impression, il est majoritairement utilisé dans un contexte où le nombre de pages à imprimer est important.
134
+
135
+ À partir de 1989, ce langage fut rapidement amélioré, compte tenu de l’émergence et bientôt de la quasi-suprématie, de PostScript : cette amélioration déboucha sur HP-GL II. Ce dernier langage comportait la possibilité, comme son rival d’Adobe Systems, de créer des sous-programmes, et intégrait l’algorithme du peintre pour la détermination des surfaces cachées, mais il était bridé en termes d’évolution car trop lié à un fabricant. En particulier, il n’intégrait que les polices disponibles sur les imprimantes Hewlett-Packard. Pour rompre avec cette limitation Hewlett-Packard a créé le langage PCL-5.
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+ Le langage PostScript de la société Adobe (1987) s’était trouvé d’emblée adapté aux possibilités des imprimantes laser, et, quoique langage propriétaire[10] il s’imposa comme un standard du marché de l'impression.
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+ Postscript, PCL et AFP sont aujourd’hui les trois langages standard de l'industrie.
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+ L'imprimerie est un ensemble de techniques permettant la reproduction en grande quantité, sur support matériel, d'écrits et d'illustrations, cela afin d'en permettre une distribution de masse. Généralement, on utilise des supports plans et la matière la plus utilisée est le papier ou le textile.
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+ Ces techniques forment ce que l'on appelle communément la chaîne graphique. Elles vont de la composition des textes au façonnage (reliure, pliure, brochure…) en passant par le traitement des illustrations (photogravure), l'impression et la relecture. L'expression « industries graphiques » est apparue après la Seconde Guerre mondiale pour remplacer le terme « imprimerie », trop général.
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+ L'histoire de l'imprimerie est étroitement liée au développement de l’humanité et de la culture. Depuis que l'homme a développé ses moyens d'expression (représentations artistiques, théâtre…), il a cherché à pérenniser ses œuvres et à les diffuser.
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+ Des scribes dans l'Égypte antique, qui gravaient sur la pierre et écrivaient sur papyrus aux moines copistes médiévaux, qui passaient leurs journées à reproduire des œuvres — religieuses pour la plupart — en les recopiant à la main, l'homme a régulièrement essayé d'automatiser ces moyens de copie. L’imprimerie permet ainsi une diffusion rapide et à moindre coût du savoir. Elle permit à ses premiers inventeurs, les Chinois, de diffuser le bouddhisme, l'écriture et l'essentiel de la culture chinoise (musique, peinture, calligraphie, architecture, textile, etc.), en Corée, puis au Japon.
8
+
9
+ On a retrouvé dans la tombe de Mawangdui, IIe siècle av. J.-C., dynastie Han, à Changsha, un tissu avec des motifs répétés par impression, auxquels sont ajoutés manuellement des dessins en peinture.
10
+
11
+ La xylographie a été pratiquée dès le VIIe siècle en Chine. Les plus anciens xylographes ont été découverts :
12
+
13
+ Impression polychrome, Xe siècle (Chine).
14
+
15
+ Billet de banque, dynastie Song (Chine).
16
+
17
+ Matrice d'impression de billet de banque de la dynastie Song du Nord (960-1127).
18
+
19
+ Matrice en bronze d'une publicité, dynastie Song du Nord (Chine).
20
+
21
+ Matrice en bronze d'un billet de banque, dynastie Jin (Chine).
22
+
23
+ Jikji, 1377 (Corée).
24
+
25
+ Carte à jouer imprimée, dynastie Ming (Chine).
26
+
27
+ Les presses mécaniques n'étaient pas utilisées avant l'importation de presses européennes : l'impression se fait manuellement, la matrice gravée est enduite d'encre à l'aide d'une brosse ressemblant à un gros blaireau, en Chine. La page est ensuite imprimée manuellement, en frottant le verso de chaque feuille avec l'outil approprié :
28
+
29
+ Les Chinois ont été les premiers à utiliser les caractères mobiles, au XIe siècle. Cette technique leur permit de conserver fidèlement les traditions culturelles en accélérant les procédés de mise en page des textes par la réutilisation des caractères, plutôt que de graver toute une planche à chaque page. L'inventeur chinois, Bi Sheng, employa dès 1040 des caractères mobiles en terre cuite[7].
30
+
31
+ On a retrouvé, sur le Xiang de Xinhua (新华乡), municipalité de Wuwei dans la province du Gansu, un document de la dynastie des Xia occidentaux, imprimé en caractères mobiles en argile datant du milieu du XIIe siècle[8].
32
+
33
+ On a retrouvé dans les grottes de Mogao, également dans le Gansu, des caractères mobiles en bois utilisés pour l'alphabet ouïghour datant du XIIe au XIIIe siècle. Ce sont à ce jour les plus anciens exemplaires de caractères mobiles jamais découverts[8].
34
+
35
+ Les caractères mobiles en métal auraient vu le jour en Corée vers 1234, inventés par Choe Yun-ui[9]. Le plus ancien exemplaire encore existant de livre imprimé à partir de caractères mobiles métalliques date de 1377 (donnée dans le colophon. Il s’agit du Jikji, traité sur le bouddhisme dont le second volume (le premier volume a été perdu) est conservé à la Bibliothèque nationale de France[10].
36
+
37
+ En 1467, la technique commence à devenir plus usuelle, on l'utilise pour éditer un roman, 剪燈餘話/剪灯余话 (Jian Deng Yu Hua), écrit quelques années plus tôt par Li Changqi (李昌祺, 1376-1452)[11]. Elle reste cependant trop coûteuse en raison du nombre d'idéogrammes, les imprimeurs privilégiant les tablettes xylographiques[12].
38
+
39
+ Suite à leur tentative d'invasion de la Corée, les Japonais découvrent les techniques d'impression par caractères mobiles. Plusieurs entreprises d'édition voient alors le jour dans l'archipel nippon[13]. Dans le même temps, les missionnaires jésuites impriment eux aussi divers livres en japonais et les diffusent depuis Nagasaki et Amakusa, principalement à caractère religieux mais aussi quelques œuvres littéraires comme les fables d'Ésope[13]. Les Japonais reviennent cependant à la xylographie, abandonnant ainsi les caractères mobiles, vers le milieu du XVIIe siècle et ce pendant deux siècles[13].
40
+
41
+ Reconstitution de la création de Bi Sheng du XIe siècle au Musée de l'imprimerie de Chine.
42
+
43
+ Impression en caractères mobiles en argile, dynastie des Xia occidentaux (milieu du XIIe siècle).
44
+
45
+ Caractères mobiles en bois en alphabet ouïghour datant du XIIe siècle au XIIIe siècle, les plus anciens exemplaires de caractères mobiles jamais découverts.
46
+
47
+ Système de caractères mobiles du Livre d'agriculture de Wang Zhen (1313).
48
+
49
+ Cheon gang ji gok, caractères mobiles en bronze (1447).
50
+
51
+ En 1207, les Mongols, dirigés par Gengis Khan, transportent et utilisent du matériel d'imprimerie xylographique lors de leurs conquêtes[14].
52
+
53
+ En 1269, en Chine, sous le règne de Kubilai Khan de la dynastie Yuan (mongole), celui-ci demande au gouverneur du Tibet, Drogön Chögyal Phagpa, qu'il a mis en place, de lui créer l'écriture phags-pa carrée, s'inspirant de l'écriture tibétaine elle-même dérivée de l'écriture indienne brahmi. Jusque-là, les Mongols utilisaient une écriture dérivée de l'alphabet syriaque, introduite par l'écriture ouïghoure, ligaturée. Cette nouvelle écriture permet alors de diviser en blocs carrés la langue mongole et de l'adapter aux caractères mobiles. Les Coréens suivront peu de temps après en passant des caractères han à une version simplifiée des caractères phags-pa, l'écriture hangeul.
54
+
55
+ Entre 1274 et 1291, le voyageur italien Marco Polo séjourne pendant dix-sept ans à la cour de Kubilai Khan. Il y apprend la culture et les techniques chinoises et mongoles.
56
+
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+ En 1294, Mahmud Ghazan Khan, gouverneur mongol en Perse, fait imprimer en xylographie, à Tabriz, des sortes de billets de banque où figure en haut le caractère chinois 钞 (chāo, signifiant « billet »)[15].
58
+
59
+ Les Mongols utilisaient la xylographie notamment pour des édits, mais les traces de ces documents sont rares. Ils utilisent notamment l'écriture phags-pa carrée, reprenant en cela les principes de l'écriture chinoise[16].
60
+
61
+ En 1313, en Chine, Wang Zhen décrit dans son Livre de l'agriculture un système de caractères mobiles en bois, utilisant une roue.
62
+
63
+ Au Tibet, alors sous administration de l'Empire mongol, une des plus anciennes impressions xylographiques connues est le « Theg mchog mdzod » de Longchen Rabjampa Wylie : Klong-chen Rab-ʼbyams-pa, 1308 - 1363)[17].
64
+
65
+ Des impressions datant de 900 à 1350 ont été découvertes par des archéologues en 1880, au Médinet el-Fayoum, en Égypte[18],[19].
66
+
67
+ Les impressions arabes du Xe siècle sont appelées ṭarsh. Ce sont des extraits du Coran, des noms de Dieu et qui servent majoritairement d'amulettes. Il existe deux pages de texte, l'une conservée à la bibliothèque de l'Université Columbia et l'autre dans la Medina Collection de New York[20].
68
+
69
+ Dans l'Empire ottoman, dès 1485, le sultan Bajazed II interdit l'usage de la presse à imprimer[21]. En 1515, un second décret du sultan Selim Ier punit de mort toute personne utilisant une presse[22]. L'imprimerie sera réintroduite en 1727 par le chrétien converti Ibrahim Müteferrika, d'origine hongroise[23], mais sera de nouveau interdite en 1745 jusqu'en 1795[21],[24]. Le premier journal ne sera publié qu'en 1824[21]. Le Coran restera toutefois interdit d'impression durant encore plusieurs dizaines d'années, ce qui contribuera à maintenir vivant un artisanat du manuscrit jusqu'au XXe siècle[24].
70
+
71
+ Toutefois, l'imprimerie en caractères arabes, longtemps interdite dans le monde musulman au motif que ces caractères sont sacrés[25], est pratiquée en Europe dès le XVIIe siècle[26]. Le sultan Murad III permet l'importation et la vente de ces livres non religieux en caractères arabes.
72
+
73
+ Le développement de l'imprimerie n'a pu se faire qu'à la faveur de deux conditions préalables. La première est le remplacement du volumen par le codex pour la fabrication des livres, transformation majeure qui s'est faite entre le Ier et le IVe siècle. La seconde est le remplacement du parchemin par le papier, beaucoup plus souple et plus économique. Le procédé de fabrication du papier se répand en Europe en empruntant le chemin de la route de la soie, de l’Extrême-orient en passant par le Bassin méditerranéen et se retrouve en production dès 1056, à Xàtiva, dans la région de Valence, en Espagne. C'est un facteur essentiel dans le développement de l'imprimerie.
74
+
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+ La plus ancienne xylographie occidentale connue est la matrice dite bois Protat, du nom de son premier propriétaire, l'imprimeur mâconnais Jules Protat, qui en fit l'acquisition après sa découverte, en 1899, près de l'abbaye de La Ferté (Saône-et-Loire). Il est conservé depuis 2001 au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France. Il s'agit d'un bois gravé datant d'environ 1370 à 1450[28].
76
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+ Dès 1444, Procopius Waldvogel, un orfèvre originaire de Prague installé à Avignon, connaissait l'art d'écrire artificiellement et il s'était associé à cinq personnages pour le leur apprendre, il disposait d'un matériel métallographique, comparable a celui utilisé en typographie. En 1446, Davin de Caderousse, un juif d’Avignon demandait à Waldfogel des caractères hébraïques et c'est avec des impressions hébraïques que la typographie apparut en 1475 et 1496 dans plusieurs villes italiennes, portugaises, espagnoles, et au xvi° siècle, au Maroc, en Palestine et en Turquie.
78
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+ À partir de 1448, Johannes Gensfleisch, né à Mayence qui a ajouté à son nom Zum (de) Gutenberg, travaille à mettre au point son procédé de l'impression[29]. Financé par Johann Fust, il devra lui abandonner son invention en 1455, lorsqu'il sera incapable de lui rembourser son prêt. Fust s'associera à Peter Schoeffer pour faire fonctionner l'imprimerie. Gutenberg a mis au point un procédé qui fait usage de caractères mobiles en métal, donnant ainsi naissance à la typographie moderne, qui se distingue des procédés orientaux par la rationalisation et l'harmonisation des diverses techniques. Il introduit la presse à imprimer qui permet une impression uniforme et rapide.
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+ Pour la fonte des caractères mobiles dans un moule, il met au point le plomb typographique, un alliage de plomb, d'étain et d'antimoine qui restera en usage jusqu'au XXe siècle. Il travaille aussi à la composition de l'encre typographique, une encre servant à l'impression, qu'il rend plus épaisse et mieux adaptée à la presse que l'encre de Chine, utilisée jusqu'alors en Extrême-Orient et au Moyen-Orient.
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+ Le premier livre européen imprimé avec des caractères mobiles est la grammaire latine de Donatus, en 1451, par Gutenberg. La première édition latine de la Bible est celle dite de la « Bible à quarante-deux lignes » en 1453, aussi par Gutenberg. Victor Hugo élabore à son sujet une des premières analyses médiatiques de l'histoire, avec le chapitre « Ceci tuera cela », dans son roman, Notre-Dame de Paris[30].
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+ Des presses s'installent rapidement dans les grandes villes d'Europe : Cologne (1464), Bâle (1466), Rome (1467), Venise (1469), Paris (1470), Lyon (1473), Bruges (1474), Genève (1478), Londres (1480), Anvers (1481) et des centaines d'autres[31]. En 1500, on comptait plus de 200 ateliers d'imprimerie dans la seule Allemagne. Les historiens estiment qu'il s'est imprimé vingt millions de livres en Europe dans les cinquante premières années qui ont suivi l'invention de Gutenberg, alors que la population était alors d'environ cent millions d'habitants[32]. Les incunables et les incunables xylographiques sont les livres du début de l'ère Gutenberg, édités entre 1450 et 1500.
86
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87
+ En France, le premier livre est imprimé en 1470, à Paris, au collège de la Sorbonne, grâce à Jean Heynlin et Guillaume Fichet. Le premier livre imprimé en langue française est La Légende dorée de Jacques de Voragine, par Barthélemy Buyer à Lyon, en 1476.
88
+
89
+ L'innovation de Gutenberg réduit considérablement le nombre d'heures et d'hommes nécessaires à la production du livre (donc le coût), ce qui permet d'en élargir la diffusion.
90
+
91
+ Le patron des imprimeurs en Europe de l'Ouest est saint Jean Porte Latine. L'imprimerie s'est longtemps enorgueillie de certaines traditions très colorées, telles que l'article IV et un chant l'accompagnant, intitulé À la[33]…
92
+
93
+ L'activité d'imprimeur reste longtemps au stade du petit artisanat mais de grands ateliers se développent depuis le 16e siècle (l'imprimeur-éditeur Plantin dispose de 16 presses, 33 imprimeurs et 22 typographes en 1576)[34]. Le travail des ouvriers imprimeurs est dur et les salaires sont faibles[32]. Pourtant les compagnons imprimeurs forment une véritable caste et portent l'épée, fiers de leur métier et de leur savoir[32]. Les maîtres imprimeurs sont de bons typographes et doivent bien savoir le latin. Ce sont souvent d'anciens compagnons pour les petits ateliers ; pour les plus grands l'activité se transmet de père en fils ou de mari à veuve[32].
94
+
95
+ Un atelier emploie, en plus du maître qui s'occupe des corrections, quelques compositeurs qui assemblent les caractères et quelques pressiers. L'apprenti est l'homme à tout faire : il doit savoir lire et écrire le latin et le grec, et fait son apprentissage durant deux à cinq ans au service du maître. Après son apprentissage, devenu compagnon, il fera son tour de France, pour parfaire son métier avant de s'établir, comme c'est le cas dans tous les compagnonnages depuis le Moyen Âge.
96
+
97
+ Les imprimeurs signent leurs œuvres et l'on retrouve leur nom sur les livres qu'ils ont imprimés. La marque d'un maître peut être blasonnée et constituer ainsi une sorte d'héraldique de métier, comme ce fut le cas pour les compagnons passants tailleurs de pierre. Les marques d'imprimeur comportent des lettres : la lettre X (qui évoque le chrisme), V, S, ainsi que l'alpha et l'omega. Elle peut faire figurer des symboles comme le globe et la croix. Elle utilise aussi massivement le fameux quatre de chiffre, marque mystérieuse et profondément christique, qui n'a pas encore livré tous ses secrets.
98
+
99
+ La typographie occupe la scène de la communication du XVIe siècle jusqu'au troisième quart du XXe siècle.
100
+
101
+ Les conséquences de l'invention de l'imprimerie sur la culture et la société occidentale ont longtemps été ignorées par les historiens. Avec son livre, La Galaxie Gutenberg, Marshall McLuhan est le premier à attirer l'attention sur cette question, mais c'est l'historienne américaine, Elizabeth Eisenstein, qui produit le premier bilan solidement documenté sur les effets de l'imprimerie, The Printing Press as an Agent of Change (1979).
102
+
103
+ Une estimation du nombre total de livres imprimés donne les chiffres de deux cents millions pour le XVIe siècle, cinq cents millions au XVIIe siècle et un milliard au XVIIIe siècle[35]. Cette omniprésence de l'imprimé étend et renforce les effets de l'écriture sur la pensée et l’expression, modifiant la place relative de l'oralité dans l'ensemble de la culture[36].
104
+
105
+ L'imprimerie permet la diffusion du savoir à un niveau jamais atteint, ce qui produit la Renaissance, une période où une plus grande part de la population redécouvre le savoir de l'Antiquité. Cela entraîne aussi à porter un nouveau regard sur le monde, ce qui débouchera sur la révolution scientifique et la naissance de la science moderne. Enfin, l'imprimerie entraîne un idéal d'alphabétisation généralisée qui se traduira par l'expansion de l'école publique[37].
106
+
107
+ La multiplication rapide des livres cesse d'en faire une denrée rare et réservée à une élite : désormais, il est possible à une large fraction de la population de se constituer une bibliothèque privée. La pratique individuelle de la lecture renforce chez chacun la conscience de sa propre intériorité. En permettant à tout individu de se procurer un exemplaire de la Bible et de la lire par lui-même, sans une interprétation officielle venant de l'Église, l'imprimerie encourage la pratique du libre examen. Elle permet aux idées de Luther de se répandre dès 1520[38], entraînant la Réforme protestante et la réorientation des pratiques catholiques. Alors que pendant tout le Moyen Âge, on lisait la Bible, notamment dans les monastères, selon une interprétation codifiée (quatre sens de l'Écriture), la plus grande diffusion du livre saint dans la population à partir de la Renaissance entraîne, sous l'influence de la Réforme, un retour à la littéralité qui aura des conséquences considérables par la suite[39].
108
+
109
+ L'imprimerie est l'un des facteurs qui a permis le développement de l'individualisme dans la société occidentale à partir de la Renaissance, en favorisant cette activité individuelle entre toutes qu'est la lecture[40].
110
+
111
+ L’imprimerie donne aussi naissance au roman, qui va devenir en quelques siècles le genre littéraire par excellence.
112
+
113
+ De Gutenberg au XIXe siècle, les innovations techniques sont des modifications de détail, visant à améliorer le rendement. L'alliage utilisé pour les caractères reste sensiblement le même. Au XVIIIe siècle, le Britannique Stanhope réalise la première presse entièrement métallique.
114
+
115
+ L'imprimerie a été révolutionnée dans les années 1880 par l'invention de la Linotype (Ottmar Mergenthaler, 1884). Cette machine accélérait la composition en substituant au registrage manuel des caractères mobiles une saisie au clavier de chaque ligne de texte : non seulement l'opération était-elle accélérée, mais aussi plus sûre. La saisie du texte au clavier se traduit par la composition « mécanique » d'une matrice, qui sert ensuite de moule pour une coulée d'un alliage de plomb, d'étain et d'antimoine, formant une « ligne-bloc » d'un seul tenant. C'est cette ligne-bloc qui était encrée et qui réalisait l'impression proprement dite. La Linotype servait surtout en presse.
116
+
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+ L'ingénieur américain Tolbert Lanston inventa, en 1887, la Monotype, une machine de composition d'imprimerie. Les étapes de composition et de fonte sont séparées, contrairement à la Linotype. De même, ce ne sont pas des lignes-blocs mais des lignes composées de caractères indépendants. Le typographe chargé de la composition saisit le texte sur un clavier, qui le convertit en un enregistrement par bande perforée. C'est aussi à ce niveau que la justification est résolue par l'opérateur. Le typographe peut choisir une grande variété de tailles de caractères. La Monotype était plutôt réservée à l'édition.
118
+
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+ La société Monotype Corporation créa, au fil des années, ses propres polices de caractères, inspirées des fontes historiques, et la plupart sont encore protégées par copyright aujourd'hui.
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+
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+ Pour les livres et la presse écrite, la composition par machines Linotype ou Monotype se substitua à l'imprimerie traditionnelle à partir de 1900 et régna sans partage jusqu'au début des années 1970.
122
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123
+ Dans les années 1940, on imagina de substituer aux lignes-blocs une plaque qui pourrait indifféremment comporter du texte ou une image. Cette plaque imprimante fixait l'encre aux endroits voulus par charge électrostatique (plaque dite « électrographique ») ou par insolation (« cliché »). Cette technique donna naissance aux premiers photocopieurs et ouvrait la voie à la conception des plaques offset.
124
+
125
+ Parallèlement, la composition s'est informatisée. On a vu apparaître, à la fin des années 1960, début des années 1970, les premiers procédés de photocomposition. Un système de miroirs, dans lesquels les caractères étaient ajourés, servait de « pochoir » à la lumière qui allait impressionner une surface sensible, le bromure, lequel était ensuite révélé et fixé comme un papier photographique ordinaire. Les textes ainsi composés au kilomètre allaient ensuite être montés sur les supports (ou gabarits) et la mise en page se faisait manuellement, à l'aide de colle, de ciseaux, de couteau à lame rétractable et de caractères transfert.
126
+
127
+ Le montage achevé, on réalisait un cliché du tout puis on insolait la plaque qui allait servir à l'impression. La photocomposition et le tirage offset allaient perdurer presque vingt ans, les procédés évoluant avec l'apparition du laser qui allait insoler directement les films, faisant disparaître les systèmes à miroirs. Dès cette époque, les livres n'étaient plus « imprimés » comme c'était encore le cas avec la Linotype : on ne voit plus la pression des caractères sur le papier, l'encre est simplement absorbée sur le papier à l'endroit où elle est fixée par la plaque offset.
128
+
129
+ Le grand tournant de cette fin de siècle fut l'apparition des premiers ordinateurs personnels, à partir de 1981, qui ont vu la démocratisation de la publication assistée par ordinateur (PAO), auparavant réservée aux mainframes et à la mini-informatique. Le micro-ordinateur a permis, avec un budget artisanal, de tout faire sur le même poste : acquisition d'images numérisées, retouche d'images, création de dessins vectoriels, mise en pages avec des logiciels dédiés, permettant d'amalgamer textes et images. Ces opérations étaient déjà possibles sur des systèmes dédiés mais au coût prohibitif. La micro-informatique, a permis de rendre ce métier accessible, tout en provoquant certains dérapages : en effet, la démocratisation d'une technique ne démocratisait pas pour autant le savoir-faire associé (connaissance par exemple des règles typographiques, incontournables dans le domaine professionnel).
130
+
131
+ Parallèlement à l'évolution de la composition, toute la chaîne graphique se met à connaître de profonds bouleversements. Ainsi, à partir du poste de composition, photogravure et mise en page sont venus s'adjoindre divers périphériques d'écriture tels que les computer to film (CTF, ordinateur vers film), appelés aussi flasheuses, qui permettent d'insoler les films de chacune des couleurs d'impression (quatre dans le cas de la quadrichromie) à partir du fichier informatique, afin de produire les plaques par transfert optique. Ce progrès permet de se passer du montage manuel des mises en page. Le transfert optique fait cependant perdre de la définition dans les points de trame et ne dispense pas de retouches sur plaques, car il peut y avoir des pétouilles, dépôts parasites dus à des poussières.
132
+
133
+ L'évolution suivante a été le computer to plate (CTP, ordinateur vers plaque) où le film a été remplacé par la plaque (en aluminium en général, parfois en polyester) qui sera alors insolée ou gravée directement à partir du fichier informatique. Ensuite, l'opérateur n'a plus qu'à caler ses plaques directement sur la presse.
134
+
135
+ La dernière évolution en date, concernant la presse offset classique, est l'embarquement du système CTP sur la presse. C'est ce que l'on appelle le direct imaging (DI). Il n'y a alors plus d'opération intermédiaire entre le poste de mise en pages et la presse, la gravure se faisant directement sur le cylindre porte-plaque de la presse offset. Cela présente plusieurs avantages : un repérage exceptionnel des différents groupes et une économie de temps de calage.
136
+
137
+ Un autre créneau naît de l'évolution des photocopieurs : les presses dites numériques, où tout le système classique a été remplacé par des systèmes de transfert d'image du type photocopieur, permettant alors des tirages instantanés et fidèles du document d'entrée (fichier, épreuve, etc.), avec un coût largement supérieur qui le réserve dans un premier temps aux courts tirages (thèses, autoédition, etc.).
138
+
139
+ Connectés à des bases de données, ces procédés d'impression numérique permettent également de produire des documents contenant des textes et des images variables : annuaires, horaires, tarifs, catalogues simples, etc.
140
+
141
+ C'est l'un des procédés qui produit le plus gros volume d'imprimés (timbres, magazines, journaux, emballage, livres…) et possédant une technique d'impression « à plat » : il n'y a en effet ni relief ni creux sur la forme imprimante. Il est basé sur la répulsion de deux produits antagonistes : l'eau et l'encre grasse. Ce procédé, selon les machines utilisées, permet d'imprimer des feuilles une à une, c'est l'impression dite « à plat » ou « feuille à feuille » ou une bande continue dite « bobine ».
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+
143
+ Dans ce procédé, l'image « copiée��» sur la forme imprimante (plaque de métal) sera après traitement représentée par la « couche sensible », grasse par nature, tandis que la partie sans image sera représentée par le métal nu dépouillé de sa couche (aluminium traité) qui lui est hydrophile.
144
+
145
+ La plaque sera ensuite humidifiée, les parties « blanches » fixeront l'eau, tandis que l'image « grasse » repoussera l'eau et pourra accepter l'encre (grasse).
146
+
147
+ Le procédé offset se distingue des autres procédés par la technique du décalquage (off set, en anglais) ; l'impression s'effectue par décalque de l'image sur un cylindre en caoutchouc appelé blanchet, puis du blanchet au papier sous l'action du cylindre de pression. Cette opération se fait à partir de plaques en aluminium.
148
+
149
+ C'est un procédé dans lequel la forme imprimante est en creux. Le cylindre d'impression est en cuivre, ou en inox, et est gravé par un diamant, chimiquement ou au laser.
150
+
151
+ C'est la profondeur des « alvéoles » qui détermine la tonalité de la couleur et permet de reproduire la gradation de l'image.
152
+
153
+ L'encre utilisée doit être très liquide pour bien remplir les alvéoles.
154
+
155
+ Le tirage peut aller de quelques centaines de milliers à plusieurs millions d'exemplaires.
156
+
157
+ Ce procédé permet l'utilisation de papiers couchés de faible grammage (light weight coated, ou LWC : moins de 50 g/m2) avec une bonne puissance de couleurs.
158
+
159
+ C'est un procédé en relief reprenant le principe de la typographie. La forme imprimante utilisée est le plus souvent un polymère. L'image est obtenue par photo-polymérisation (modification physico-chimique par l'action des UV).
160
+
161
+ La flexographie permet l'impression sur des supports très variés, essentiellement les emballages alimentaires. La flexographie permet d'utiliser des encres à séchage ultra rapide ou par ultra-violets.
162
+
163
+ La qualité obtenue est moyenne car le procédé ne permet pas l'utilisation de trames fines, mais des progrès sont en cours.
164
+
165
+ La sérigraphie (screen printing en anglais) tire son nom de la soie avec laquelle étaient fabriqués les « écrans » (sorte de pochoirs) qui sont utilisés avec cette technique. Une partie de cet écran est masquée (par utilisation d'un procédé photographique) et l'encre ne traverse que les parties nues de l'écran qui s'interpose entre le support et l'encre.
166
+
167
+ Cette technique présente l'avantage de pouvoir s'appliquer à des supports variés et pas nécessairement plats (bouteilles, boîtes, textiles, machines, bois, etc.) et sur de grandes surfaces.
168
+
169
+ Procédé d'impression basé sur le principe du timbre en caoutchouc, la tampographie est une technique consistant à transférer l'encre contenue dans le creux d'un cliché, obtenu par photogravure chimique, sur un objet au moyen d'un tampon transfert en caoutchouc silicone. Parfaitement adapté à tous types de formes, de graphisme et de pièces, ce procédé garantit un marquage précis et rapide quels que soient les volumes à réaliser.
170
+
171
+ Il s'agit d'un procédé employant un cliché sur celluloïd composé à la machine à écrire, qui est reproduit à l'aide d'une solution à base d'alcool sur une presse rotative (le cyclostyle) appelée aussi « machine à alcool ».
172
+
173
+ Les procédés d’impression numérique ont trois caractéristiques principales :
174
+
175
+ Une surpression est créée dans un réservoir d'encre et entraîne l'éjection d'une goutte d'encre. Cette surpression peut-être créée thermiquement ou mécaniquement (à l'aide d'un cristal piézoélectrique).
176
+
177
+ Le cylindre d'impression est recouvert d'un polymère spécial qui est éclairé au laser, ce qui induit un changement dans ses propriétés. Il va alors attirer de fines particules contenues dans un toner liquide ou solide (les toners liquides donnent une meilleure qualité car ils permettent de transférer plus de particules pour une même masse).
178
+
179
+ L'encre va, par la suite, être transférée sur le papier puis chauffée (cuisson) afin d'assurer sa cohésion.
180
+
181
+ Un ruban Jimmy contenant de l'encre est chauffé et piqué là où un point de trame est voulu. On reprend ainsi le principe de la dorure à chaud. La dorure à chaud imprimerie est d’ailleurs le seul procédé permettant de restituer l’aspect métallique de l’argent ou l’or[41]. Il existe aussi une autre forme d'impression thermique lorsque le papier lui-même est thermodynamique. Une résistance va chauffer certains points du papier ce qui, couplé au déplacement du-dit papier ou de l'étiquette, va former une image, des lettres ou des chiffres. Exemples : ticket de caisse et impression de bon de transports sur colis.
182
+
183
+ L'impression 3D consiste à imprimer un projet en relief à l'aide d'une imprimante 3D en superposant des couches de matières.
184
+
185
+ La fabrication d'un imprimé traditionnel (par opposition à une impression numérique), passe par différentes étapes rassemblant des savoir-faire et des matériaux différents et complémentaires. En règle générale, elles sont regroupées sous un seul nom : la chaîne graphique.
186
+
187
+ La préparation d'un travail destiné à l'impression passe par les phases de réflexion sur le produit, l'écriture de son contenu, le rassemblement des matériaux illustratifs (photographies, dessins, tableaux, graphes, etc.), puis sur l'ébauche de ce que devrait être le produit fini. Pour ce faire, on réalisera un rough (dans l'univers de la presse écrite, on parle aussi de la réalisation d'un « monstre ») sur papier ou sur écran, dans lequel on mettra le plus souvent du faux-texte. Une fois l'ébauche validée, on fournira à l'étape suivante le matériel nécessaire pour travailler le produit.
188
+
189
+ Le maquettiste va exécuter une ou plusieurs versions de mise en pages avec les matériaux fournis (textes, images, rough…) et l'on passera à l'étape de la composition. Dans l'édition de luxe, la maquette est un moyen de créativité artistique où les disciplines typographiques, le graphisme, la conception de la reliure sont parfois confiés au même professionnel dont le nom sera cité dans le livre.
190
+
191
+ La composition est l'étape qui consiste à mettre en forme un texte ou une page de texte afin d'être exploitable pour l'impression. Initialement, elle était dite « typographique » et réalisée manuellement par assemblage de caractères en plomb, puis plus tard automatisée par des machines du genre Linotype ou Monotype.
192
+
193
+ Par la suite apparut la photocomposition qui générait le texte par projection d'un faisceau lumineux au travers d'une matrice (sorte d'écran négatif), produisant le résultat par insolation en continu sur du film en rouleau. Ces machines étaient souvent reliées directement à une développeuse pour un traitement automatique en continu.
194
+
195
+ Plus tard, l'avènement de l'informatique a permis la saisie du texte (composition) directement sur ordinateur avec l'aide d'un logiciel de traitement de texte. Le résultat était obtenu sur fichier informatique facilement exportable. Ainsi souvent le texte sera directement saisi et fourni par le client.
196
+
197
+ Dans certains cas, on utilise une technique permettant de récupérer du texte déjà imprimé à l'aide d'un scanner et d'un logiciel de reconnaissance optique de caractères (OCR).
198
+
199
+ La mise en pages consiste à réunir et assembler tous les éléments (textes, images, illustrations, fonds de couleurs) qui constituent la page finalisée.
200
+
201
+ C'est le travail de la publication assistée par ordinateur (PAO). Il s'inspire de la maquette fournie pour faire la mise en pages et suit sur son écran d'ordinateur le chemin de fer qui définit l'ordre des pages et les emplacements des rubriques, publicités, hors-texte, etc.
202
+
203
+ Le photograveur entre alors dans la ronde. C'est lui qui va, grâce au scanneur, numériser les images et les divers éléments qui composeront la page finalisée. Il est chargé de la retouche des images avec un logiciel dédié : ajustement de la colorimétrie et du contraste des images, élimination des poussières, des défauts, et mise à l'échelle…
204
+
205
+ Il se charge également de l'assemblage et de la mise en place des éléments qui composent la page (souvent seront incorporés plusieurs images, du texte et des fonds de couleurs). Il substituera alors à la « maquette de placement » une image finalisée en « haute définition » et fournira à l'imprimeur, soit des films obtenus par « flashage », soit un fichier numérique contrôlable par l'intermédiaire d'un système OPI.
206
+
207
+ Cette opération réalisée par le photograveur, ou une entreprise spécialisée, consiste à produire les films nécessaires à la fabrication de la forme imprimante (plaques en zinc ou aluminium). L'équipement utilisé (flasheuse) transpose les informations du fichier numérique finalisé en éléments concrets et exploitables par l'imprimeur : les films tramés des quatre couleurs qui composent la quadrichromie, dite CMJN (cyan, magenta, jaune, noir).
208
+
209
+ Ces films (ou le fichier numérique) servent également à réaliser l'épreuve contractuelle soumise au client pour approbation. Après d'éventuelles corrections, une dernière épreuve définitive appelée « BAT » (bon à tirer) est fournie à l'imprimeur qui pourra alors réaliser les plaques d'impression et s'efforcer au cours du tirage de respecter ce BAT.
210
+
211
+ Le document numérique achevé, on va produire l'épreuve contractuelle (appelée abusivement Cromalin ou Iris, qui sont des marques de systèmes d'épreuves) qui anticipera l'aspect définitif et la conformité du travail (la typographie, l'emplacement des illustrations, le respect des couleurs). Ce document devenu « bon à tirer » servira de référence à l'imprimeur qui devra en respecter l'aspect. L'épreuve est dite contractuelle car elle sert de référence en cas de litige.
212
+
213
+ L'épreuve peut être produite à partir des films, elle est « analogique » (Cromalin, MatchPrint) ou à partir du fichier numérique finalisé et dite alors « numérique » (Iris, Cromalin Digital).
214
+
215
+ Par le passé, les épreuves étaient réalisées en photogravure sur des presses à contre-épreuves donnant un résultat assez flatteur mais difficile à reproduire par l'imprimeur. Cependant, beaucoup d'imprimeries étant équipées de presses imprimant deux couleurs à la fois, elles demandaient au photograveur des épreuves accompagnées de « gammes progressives », déclinaison des assemblages de couleurs utilisés par la machine de l'imprimeur (gamme verte pour certains, violette pour d'autres). L'évolution du nombre de presses 4-couleurs est telle, ainsi que le coût démesuré de l'investissement et la complexité pour le photograveur, que ce genre d'épreuves a été totalement abandonné.
216
+
217
+ Le « bon à graver » doit être distingué du « bon à tirer ». Ce premier terme n'est pratiquement plus utilisé de nos jours ou employé à tort. Il était employé jadis quand la photogravure était encore un art et non une industrie. Il faut rappeler (ou dire) qu'à cette époque le délai moyen habituel pour finaliser un travail en photogravure variait de quelques jours à plusieurs semaines. Le photograveur était alors tenu de présenter à son client un « état » provisoire de son travail. L'épreuve alors appelée « essai » entraînait presque toujours des retouches et des corrections inévitables. Une fois le client satisfait du travail, les corrections exécutées, les images retouchées, il donnait alors le « bon à graver » (BAG) dûment daté et signé. Ce document donnait le feu vert pour la fabrication (donc la gravure) des éléments à fournir à l'imprimeur.
218
+
219
+ Le BAG dégageait le photograveur de toute responsabilité à propos d'éventuelles erreurs (mise en page, fautes de frappe, d'orthographe ou de syntaxe, taille ou police de caractères…) qui auraient pu être constatées a posteriori. Le terme « BAG » ne devrait plus être employé de nos jours.
220
+
221
+ Lorsque l'imprimeur reçoit les films ou les fichiers numériques de toutes les pages qui constituent l'ensemble de sa commande, son rôle consiste à en prévoir l'imposition, c'est-à-dire de disposer les pages par « cahiers ». Cette disposition est particulière à son système en fonction de sa presse, du format, du nombre de pages, du pliage et du façonnage. Souvent, l'imprimeur réalise une épreuve de contrôle appelée aussi Ozalid, afin de s'assurer de la bonne séquence des pages et du pliage correct. Ce document sera plié et découpé afin d'en faire une morasse.
222
+
223
+ L'imposition peut également se contrôler à l'aide d'un polichinelle : petit papier au format A4, plié autant de fois qu'il y a de poses dans le cahier, comme un petit livret dont les pages sont numérotées. Une fois déplié, le polichinelle donnera le plan d'imposition.
224
+
225
+ Les plaques d'impression qui constituent la forme imprimante d'un travail peuvent être réalisées de deux façons :
226
+
227
+ Dans la méthode traditionnelle, les films sont « copiés » par « insolation » sur la plaque offset métallique (zinc, aluminium, cuivre…), qui est ensuite développée par un processus chimique (ou à l'eau), identique à celui du développement des anciens papiers photographiques.
228
+
229
+ À la fin du travail de photogravure ou de PAO, lorsque la page complète est assemblée, les images et les textes mis en place et les couleurs ajustées, un contrôle est effectué au moyen d'une épreuve sur papier, d'abord dans un but interne pour vérifier le travail accompli et pour soumettre également celui-ci à l'approbation du client. Celui-ci peut alors demander des corrections ou des modifications et une nouvelle épreuve devra lui être soumise.
230
+
231
+ Lorsque le client est satisfait et accepte le résultat, il signe et date cette épreuve qui devient le « bon à tirer » (« BAT »). Ce document déclenche alors le travail de l'imprimeur, la réalisation de la forme imprimante et sera son référentiel (l'étalon en quelque sorte).
232
+
233
+ Il guidera l'imprimeur qui devra se conformer à l'« image » de ce BAT tout au long du tirage.
234
+
235
+ En principe, cette épreuve doit être fournie par le studio de création au client, puis confiée à l'imprimeur une fois signée. Parfois, on demande à l'imprimeur de la fournir, mais cela ne doit pas être la règle, la création étant propriété (et responsabilité) de celui qui la réalise.
236
+
237
+ On commence par procéder au « calage » : mise en place des plaques sur les cylindres de la presse offset : machine à feuilles ou rotative, puis le conducteur procède au réglage des encriers (estimation du débit d'encre en fonction des consommations, selon les parties claires ou sombres de l'image qui sera imprimée).
238
+
239
+ Vient ensuite le « pré-encrage », qui consiste à débuter l'impression lentement pour laisser l'encre se répartir sur les rouleaux, « nourrir » le blanchet et vérifier que l'image s'imprime correctement. Cette partie du tirage qui est une phase de réglage est détruite ou réutilisée ; elle est appelée la « gâche papier » ou « macules ». Le conducteur doit également vérifier et ajuster le repérage de l'impression des quatre couleurs, selon que la presse a un ou deux ou quatre cylindres d'impression simultané. Selon le souhait du chef d'atelier ou (et) du conducteur, l'ordre de passage des couleurs peut varier. Pour une presse une couleur (rare en Occident au XXIe siècle) si l'atelier n'est pas sous contrôle hygrométrique, on risque que le papier « travaille » (souvent en éventail) entre l'impression des couleurs, le choix sera dès lors de commencer par l'impression du jaune. Mais cette technique a son revers, car il est difficile de maintenir tout au long du tirage la régularité de l'encrage (par manque de contraste). Pour une meilleure visualisation de l'intensité de l'encrage, le choix se portera par commencer le tirage par le magenta, ensuite le jaune, le cyan et, en dernier lieu, le noir afin de « contraster » à la demande le tirage.
240
+
241
+ Dès que l'encrage est correct et après vérification de la « barre de contrôle » (élément de mesure et de contrôle de la qualité appelée « gamme »), on affine le résultat pour être en conformité avec le BAT. Si le client est présent au tirage, il signe alors le « bon à rouler », ou il peut déléguer cette fonction à un BaTman : professionnel des arts graphiques, bien souvent ancien conducteur, qui est là pour régler les « compromis ». Il vérifie également l'ozalid (tierce), le repérage, le registre et souvent il contrôle aussi le façonnage (en son absence, le chef d'atelier ou le conducteur assument cette fonction).
242
+
243
+ Le tirage proprement dit peut commencer ; c'est le « suivi du tirage ». L'opérateur a une tâche bien précise pendant l'impression, celle de vérifier la stabilité de celle-ci : équilibre entre l'eau et l'encre, correspondance de la couleur vis-à-vis du modèle ou de la référence couleur qui lui est fournie. Au cours du tirage, il effectue différents relevés afin de contrôler ses réglages (à l'aide de la gamme de contrôle, visuellement ou à l'aide d'un densitomètre, manuel ou automatique par balayage) et être attentif aux défauts d'impression pouvant nuire à la qualité de son travail.
244
+
245
+ Tout au long de l'impression, il doit également s'assurer de la quantité suffisante d'encre se trouvant dans les encriers et vérifier la qualité de sa solution de mouillage. Il a une obligation finale, celle de livrer au département de la finition ou du façonnage la quantité nécessaire à la transformation du papier (ou du support d'impression).
246
+
247
+ Le travail des opérateurs ou de ses assistants se termine par l'entretien de la presse (nettoyage si nécessaire des différents organes de celle-ci) en vue d'une nouvelle impression.
248
+
249
+ Une fois le travail d'impression terminé, les travaux complexes comprenant plusieurs cahiers assemblés et disposés selon l'imposition choisie se présentent soit sur une feuille à plat et en « pile » (c'est le cas des machines à feuilles) ou en bande continue (c'est le cas des rotatives).
250
+
251
+ Il est alors nécessaire de récupérer individuellement chaque feuillet ou chaque cahier et de finaliser le produit.
252
+
253
+ C'est le travail de finition, appelé « façonnage », qui comporte plusieurs opérations : pliage du cahier (pour retrouver les pages dans l'ordre normal de lecture après la pliure), massicotage (pour couper le document au format définitif), assemblage des cahiers (par piqûre, collage ou agrafage), reliure (dans le cas de livres ou revues de luxe) et distribution.
254
+
255
+ Dans le cas des rotatives, les opérations de pliage, massicotage et même l'assemblage sont souvent automatisées et réalisées en continu sur la même machine.
256
+
257
+ Les techniques diffèrent quelque peu s'il s'agit de magazines, de livres, d'étiquettes ou des journaux :
258
+
259
+ Les techniques dans le domaine de l'impression permettent aujourd'hui deux stratégies :
260
+
261
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2713.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,251 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, en couvrant la plus grande partie des territoires actuels de l'Équateur, du Pérou et près de la moitié Ouest de la Bolivie.
2
+
3
+ Elle est à l'origine de l'Empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. Cet empire avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'Empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.
4
+
5
+ L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.
6
+
7
+ Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent au moins du trentième millénaire avant notre ère[1]. Cette présence humaine est attestée sur le site archéologique de Pedra Furada (« pierre percée » en portugais), situé dans le parc national de la Serra da Capivara (Piauí) au nord-est du Brésil, qui représente probablement le site humain connu le plus ancien en Amérique. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressaient progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho[Favre 1], permettaient d'accroître son importance[Favre 2].
8
+
9
+ Le développement de l'agriculture entraîna des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se crée[Favre 2]. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar[Favre 2].
10
+
11
+ Entre le Ier et le VIIIe siècle, l'unité créée par la civilisation Chavín disparut au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku)[Favre 3]. Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le sud jusqu'au nord du Chili et Huari vers le nord[Favre 4].
12
+
13
+ Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu[Favre 5]. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique[Favre 6]. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'Empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal[Favre 7].
14
+
15
+ Voir notamment la section La fondation du Cuzco et l'origine des Incas.
16
+
17
+ Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions[2] de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo[3]) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
18
+
19
+ Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir[4]. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua[5]. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.
20
+
21
+ À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.
22
+
23
+ D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria (en) par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena, en compagnie du péruvien Goyo Tolédo. L'analyse d'un morceau de charbon trouvé à Mameria[6], effectuée par Grégory Deyermenjian, donne une datation de 1345 après JC, avec une plage d'erreur allant de 1240 à 1500 après JC. Cette datation laisse donc les deux hypothèses ouvertes d'une occupation Inca, ou Huari tardif (empire pré-Inca de culture Quechua). Toute la question est donc de savoir si cette cité de Mameria est antérieure ou postérieure à l'arrivée des Incas dans la vallée du Cuzco.
24
+
25
+ En parallèle, les ruines récemment trouvées par l'équipe franco-péruvienne Inka LLacta / P.E.P[7] en 2015 montrent une occupation probablement Huari à proximité de Mameria (cordillère du Toporake), dans la vallée Nord-Lacco et dans le parc du Megantoni.
26
+
27
+ D'autres sources argumentent l'hypothèse amazonienne de l'origine des Incas à partir de certaines parentés linguistiques :
28
+
29
+ « [...] certains traits, notamment la langue, laissent penser que les Incas seraient originaires de la forêt amazonienne, et que le groupe conduit par Manco Cápac aurait été composé de plusieurs lignages, unis par des liens de parenté[8]. »
30
+
31
+ Quoi qu'il en soit, la question demeure donc ouverte de l'origine des incas, ou plutôt de la localisation de l'ethnie Taipicala de Manco Cápac (dont les Incas sont la filiation directe) avant son arrivée dans la "Vallée sacrée".
32
+
33
+ À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné[Favre 8]. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération[Favre 9].
34
+
35
+ Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco[Favre 9]. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire[Favre 10].
36
+
37
+ Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée[Favre 11].
38
+
39
+ En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide[Favre 12]. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons : la guerre de succession consécutive à la mort de Huayna Capac en 1527, la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa, la supériorité militaire des Espagnols, tant par leur armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que par leur stratégie, leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.
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+ La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'ensuit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons[Itier 1].
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+ Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit malgré cet accord exécuter l'empereur le 29 août 1533.
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+ Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572[Favre 13]. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.
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+ La liste des empereurs incas s'appelle la capaccuna[9] (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains).
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+ Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi-légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.
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+ Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur emprise territoriale reste localisée aux alentours de ce centre de résistance.
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+ Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoiqu'en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.
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+ Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquêtes[Itier 2].
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+ Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvues par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites locales[Itier 3].
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+ Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent importants, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus[Itier 4]. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées[Favre 14].
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+
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+ La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.
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+ D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.
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+ Cette société était donc fondée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante à la suite d'un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.
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+ Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison[Favre 15]. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté[Favre 16].
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+ Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habitent un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l'ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L'ayllu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif[Favre 17].
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+ Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres[Favre 18].
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+ Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire[Favre 19].
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+ Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac[Favre 20].
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+ À la différence des Mayas, les Incas ne disposaient pas de système d'écriture proprement dit. Mais les quipus (voir ci-dessous la section consacrée à La question de l'« écriture » inca) constituaient une mémoire complexe d'informations de natures diverses dans l'Empire, et leur maîtrise nécessitait plusieurs années d'étude, se poursuivant toute la vie, un peu comme chez les scribes de l'Égypte antique :
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+
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+ « Le même manuscrit nous informe que l'interprétation des quipus [juridiques, indiquant "les peines prescrites pour chaque crime"] était une véritable science, nécessitant des études prolongées : [lors des séances du "Conseil des douze membres", le tribunal suprême de l'Empire], "pour savoir ce que disaient les lois, deux Indiens étaient choisis, ils ne quittaient jamais les quipus et ne cessaient de les étudier. Ils explicaient la signification de toutes choses et les études de ce genre se poursuivaient sans arrêt. La connaissance de ces questions pouvait se transmettre de génération en génération, car on sélectionnait de très jeunes garçons pour leur inculquer la science de toutes ces choses[10]". Rafaël Karsten[11]. »
80
+
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+ La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement[Itier 5].
82
+
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+ La deuxième constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne[Itier 6].
84
+
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+ La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives[Itier 7].
86
+
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+ Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà[Itier 8].
88
+
89
+ Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis[Itier 9].
90
+
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+ Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume[Itier 9].
92
+
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+ Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé[Itier 10].
94
+
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+ Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre[Itier 11].
96
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97
+ Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaga séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservée aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés[Itier 12].
98
+
99
+ Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliments de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcoolisée[Itier 13].
100
+
101
+ Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »[Itier 14].
102
+
103
+ Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatiques ou cérémonielles l'exigent[Itier 15].
104
+
105
+ Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulé autour d'elles et maintenu par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil[Itier 15].
106
+
107
+ Les vêtements sont généralement noirs ou marron dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blancs sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps faits d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux[Itier 15].
108
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109
+ Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court[Itier 15].
110
+
111
+ Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d'orejones ("oreillards") que leur donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules[Itier 15].
112
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113
+ Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux derniers cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans[12] ; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique[Itier 16].
114
+
115
+ Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua)[13]. Le dé pyramidal à cinq faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divination[Itier 16].
116
+
117
+ La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation[Itier 17].
118
+
119
+ En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents[Itier 17].
120
+
121
+ Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca[Itier 18].
122
+
123
+ Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies[Itier 18].
124
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125
+ (Voir notamment la section : Culte rendu aux Huacas)
126
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127
+ Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes[Métraux 1]. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas)[Métraux 2]. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle[Métraux 2].
128
+
129
+ Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cents leur nombre à Cuzco et ses environs[Métraux 2]. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec[14]). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua)[15]. L'inca roi donnait la loi d'une manière absolue, car il la recevait du Soleil, son père, et ne se trompait jamais; il résidait à Cuzco et transmettait directement ses ordres aux quatre incas, vice-rois des quatre parties de l'empire. Dans chacune de ces parties se trouvaient trois conseils: un pour la guerre, un pour la justice, un pour l'administration économique[16]. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État[Métraux 1].
132
+
133
+ Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco[Métraux 1].
134
+
135
+ Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andins[Itier 19]. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables[Itier 19]. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre[Métraux 3].
136
+
137
+ L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 apr. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée[réf. nécessaire].
138
+
139
+ La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices[Métraux 4]. La divination était utilisée aussi bien pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime[Métraux 4].
140
+
141
+ Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate[Métraux 4]. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas[Métraux 4].
142
+
143
+ Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier[Métraux 5].
144
+
145
+ Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière[Métraux 5]. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiées[Métraux 5]. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.
146
+
147
+ Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacas.
148
+
149
+ À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure[Métraux 5].
150
+
151
+ Les sacrifices humains étaient relativement rares (à la différence des civilisations mésoaméricaines comme chez les mayas et les aztèques), et ne se faisaient que lors de périodes de grands changements ou de grands troubles, comme lors de l'avènement d'un nouvel Inca, ou lorsque l'Inca était malade, par exemple, et encore s'il mourait, ou encore lors de catastrophes naturelles (tremblement de terre, éruption volcanique...), risques de calamités (famine, épidémie, guerre[19]) ou éclipses de lune, de soleil[Métraux 5]. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux irrités, dans une démarche rituelle d'expiation, ou dans une logique substitutive (une jeune victime est offerte pour régénérer les forces du Sapa Inca malade[20]). Ou bien il s'agissait « d'accroître le pouvoir surnaturel de divinités essentiellement propices et bienfaitrices de l'humanité[21] », ou encore « d'assurer des récoltes abondantes[22] ».
152
+
153
+ Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution[Métraux 5]. À la différence des civilisations maya et aztèque, où les sacrifiés étaient le plus souvent des esclaves ou des prisonniers de guerre, chez les incas ils appartenaient à la bonne société cuzquénienne, ou à la noblesse des provinces conquises ; sélectionnés pour leur perfection physique parmi les classes dominantes, ceux-ci étaient amenés jusqu’à Cuzco et reçus par l’Inca, puis acheminés jusqu’au lieu du sacrifice[17] : « les enfants que les provinces livraient aux sanctuaires impériaux pour y être immolés faisaient partie du tribut auquel elles étaient astreintes[23] ». De même, parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies (aclla-cuna), une partie était destinée à être sacrifiée[Métraux 5]. Comme le précise l’anthropologue Gabriela Recagno[17] :
154
+
155
+ « N’oublions pas qu’il s’agissait d’un système politique de domination. Dans les régions assujetties se déplaçait un représentant de l’Inca avec un enfant qui allait se transformer en un dieu : pour eux, il ne mourrait pas et allait pouvoir surveiller tout ce territoire du haut de la montagne. Il devenait un gardien du territoire, un être divinisé. Un système très bien rodé pour, à travers la religion et la peur, exercer une politique de domination par les sacrifices[17]. »
156
+
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+ Pendant le voyage, et en attendant le sacrifice, les futures victimes étaient donc très bien traités[Métraux 5], comme des dieux vivants. Avant la mise à mort, durant une période plus ou moins longue, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool de maïs parfois très fort) pour atténuer la perception de ses sens[Métraux 5]. Après avoir été profondément sédaté, dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant[Métraux 5]. Pour Gabriela Recagno, dans d'autres cas, au sommet, les enfants (par ailleurs épuisés par une marche de 1 600 kilomètres, engourdis par le froid, l'alcool ou d'autres drogues) s’endormaient sous l’effet de la basse pression jusqu’à mourir d’hypothermie[17]. Dans le cas de Juanita, il semble que la jeune fille, affaiblie par la montée, et elle aussi anesthésiée par le froid, la chicha et les feuilles de coca, ait été achevée par un violent coup sur la tête[24]. Pour honorer la jeune victime, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre.
158
+
159
+ C'est en effet ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : cette jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos [sanctuaires andins] d'Arequipa[25],[24].
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+ Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes d'Amérique du Sud, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.
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+ La principale fête de l'empire était l'Inti Raymi ou (fête du soleil en quechua). Elle se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud.
164
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+ Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge et enterrés vivants. Le corps de l'Inca, embaumé, était placé face au temple du soleil à Cuzco. Les obsèques duraient une année, pendant laquelle la population revêtait les insignes de l'Inca et chantait ses louanges, de façon continue le premier mois, puis tous les quinze jours, à chaque pleine et nouvelle lune[26].
166
+
167
+ En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.
168
+
169
+ Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.
170
+
171
+ Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.
172
+
173
+ L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.
174
+
175
+ Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.
176
+
177
+ Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.
178
+
179
+ Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :
180
+
181
+ Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.
182
+
183
+ Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.
184
+
185
+ La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs...
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+
187
+ [Voir aussi les sections : Irrigation, Cultures en terrasses, et Étagement de l'agriculture et implications sociales de l'article consacré à l'Empire inca].
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+
189
+ À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.
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+
191
+ D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies.
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+
193
+ En ce qui concerne l'élevage, la viande et la laine provenaient essentiellement des lamas et des alpagas.
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+
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+ La monnaie et l'impôt n'existaient pas. Le troc est le seul système d'échange.
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+ Les lamas servent pour le transport mais surtout pour le lait, la viande, la laine, le cuir et les occrements[Quoi ?].
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+
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+ Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leurs bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.
199
+
200
+ Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.
201
+
202
+ Les Incas ont découvert le vermeil [réf. nécessaire]. Ce n'est pas un alliage, mais de l'argent recouvert d'or.
203
+
204
+ Voir notamment sur ce sujet les sections : La musique, La légende du « Manchay Puitu » et La « musique Inca » et ses survivances sous le « palimpseste » du thème d’El Cóndor pasa, dans l'article El Cóndor pasa consacré à la pièce et à la musique éponyme.
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206
+ Les Incas étaient capables de voir les solstices ou équinoxes et leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer les cycles agricoles.
207
+
208
+ Les mathématiques des Incas sont omniprésentes dans l'art inca, tel le tissage. Leur développement est expliqué par plusieurs facteurs, tels la géographie.
209
+
210
+ La civilisation inca (1400-1530), s'étendait sur les actuels Pérou, Équateur, Bolivie, Chili, Argentine et au sud de la Colombie, avec une population d'environ 12 millions, dont plusieurs groupes ethniques et une vingtaine de langues[27]. Ne connaissant pas l'écriture au sens strict du terme[note 1], ils utilisaient des quipus pour « écrire » les statistiques de l'État. Un quipu est un encordage dont les cordes présentent trois types de nœuds symbolisant respectivement l'unité, la dizaine et la centaine[28].
211
+ Les Incas ont donc développé un système de numération positionnel en base 10, similaire à celui utilisé aujourd'hui.
212
+
213
+ L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 micro-idiomes différents furent parlés sur son territoire[29]; les Incas auraient cependant imposé le quechua comme langue véhiculaire.
214
+
215
+ L’aymara (ou parfois écrit : "aimara") est une langue vernaculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'uru ou l'uchhumataqu de Bolivie.
216
+
217
+ Selon Rodolfo Cerrón-Palomino (linguiste péruvien), un des principaux spécialistes de ces deux langues, ce n'est pas le quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle et aussi la langue sacrée (voire langue liturgique) de l'empire inca. Le quechua quant à lui sera la lingua franca (ou langue véhiculaire) de l'empire, et la plus répandue.
218
+
219
+ Les variétés d'aymara forment une sous-famille linguistique avec les variétés de quechua. Aujourd’hui, l'aymara compte environ deux millions de locuteurs, essentiellement en Bolivie.
220
+
221
+ Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé, tout au moins sous la forme de glyphes comme chez les Mayas et dans la plupart des civilisations mésoaméricaines précolombiennes[30].
222
+
223
+ En revanche, un système de quipus a été mis en place. Le quipu est un message codé qui se présente sous la forme d'un écheveau de cordelettes nouées, rassemblées sur un seul cordon porteur horizontal; ces cordelettes présentent des nœuds de différentes sortes et diverses positions sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs, le tout selon un code précis et complexe, nécessitant à l'époque un long apprentissage, qui est seulement en partie déchiffré aujourd'hui.
224
+
225
+ Les quipus relevaient donc d'abord d'une interprétation numérique (en base 10, comme on l'a vu). Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs[31].
226
+
227
+ Mais les quipus revêtaient aussi probablement un sens narratif et qualitatif[32], voire langagier, qui les rapprochent des fonctions actuelles de l'écriture (peut-être comme une sorte de système idéographique singulier, puisque n'utilisant pas de signes écrits ou gravés)[33]. Cette thèse a déjà été affirmée, et sourcée chez les témoins oculaires de l'Empire inca au moment de la Conquista par l'ethno-anthropologue et archéologue finlandais Rafaël Karsten (es) (de l'Université d'Helsinki), dans les années 1950[34]. Elle a été reprise récemment par le grand spécialiste américain des quipus qu’est Gary Urton[35], ainsi que par l'ethnographe et anthropologue anglaise à la St Andrews University (Royaume-Uni) Sabine Hyland[36]. Il semblerait donc que les quipus, au-delà de leur valeur comptable[note 2], aient donné lieu à des sens divers : chronique historique et calendaire, recueil juridique de textes réglementaires et de lois[note 3], récits plus ou moins légendaires...
228
+
229
+ Pour Rafaël Karsten, l'étymologie du mot quipu indique qu'ils servaient aussi en tant que calendriers : le mot serait de la même famille lexicale que le terme quilca ou quila qui signifie "mois". « Huaman Poma, il faut le remarquer, appelle les spécialistes des cordes nouées quilcacamayoc ou quila huata quipoc, ce qui signifie "ceux qui tiennent le compte des années lunaires". Quila huata, c'est l'année lunaire et quipoc (d'où dérive le substantif quipu) est un participe, tiré d'un verbe dont l'infinitif devait être quipuy (quipuna)[note 4] » [nouer et aussi compter]. On sait en tout cas que ce système de quipus était aussi utilisé par les dirigeants des provinces pour transmettre les nouvelles importantes à l'Inca[37]. Guamán Poma, cité par Karsten, n'entre pas dans les détails en ce qui concerne le système des quipus lui-même, mais souligne qu'on y enregistrait de telles connaissances, si précises et si détaillées, qu'ils lui donnaient l'impression de constituer une véritable écriture. « Du papier et de l'encre eussent été préférables, c'est vrai », ajoute-t-il. Mais il affirme en conclusion que « c'est par les quipus que tout l'empire était gouverné[note 5] ».
230
+
231
+ Enfin, pour l'archéologue suédois Erland Nordenskiöld, cité par Karsten, les quipus trouvés dans les tombes précolombiennes avaient une valeur magique associée au rituels funéraires incas :
232
+
233
+ « Selon la théorie de Nordenskiöld, les quipus contenaient des nombres astronomiques de caractère magique et, à son avis, ils auraient été conçus comme "des énigmes pour les esprits". "Le mort recevait un quipu pour l’occuper et pour l’empêcher, peut-être par le moyen de nombres magiques, de sortir de sa tombe[38]." Rafaël Karsten[39]. »
234
+
235
+ Les quipus auraient donc aussi servi à conserver la mémoire des grandes dates de l'Histoire de l'Empire, et à consigner certains récits, secrets religieux ou textes de loi. Mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours, même si certains chercheurs tablent encore sur la possibilité de découvrir une sorte de "pierre de Rosette" hypothétique des quipus[note 6] permettant de révéler leur sens narratif caché[32],[33],[40]; quipus langagiers toujours mystérieux donc, contrairement aux quipus de statistiques dont les valeurs numériques sont aujourd'hui bien connues[note 7].
236
+
237
+ Les récentes découvertes de Ruth Shady sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans[41].
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241
+ En 1954, l'expédition Marquette, avec à sa tête Jean Raspail et Guy Morance.
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+ Il est à noter un point important concernant la dénomination Inca. En effet, si ce terme est communément admis comme se rapportant à la civilisation inca, il ne faut pas oublier qu'à la base l'Inca représente le chef du gouvernement et du clergé, c'est-à-dire la personne la plus importante dans cette société après les dieux. L'ethnie dominante était celle des Quechuas, et leur chef était l'Inca. C'est un peu comme si l'on nommait les russes, les tsars. Le tsar était le titre du souverain, pas celui du peuple[réf. nécessaire].
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1
+ La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, en couvrant la plus grande partie des territoires actuels de l'Équateur, du Pérou et près de la moitié Ouest de la Bolivie.
2
+
3
+ Elle est à l'origine de l'Empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. Cet empire avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'Empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.
4
+
5
+ L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.
6
+
7
+ Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent au moins du trentième millénaire avant notre ère[1]. Cette présence humaine est attestée sur le site archéologique de Pedra Furada (« pierre percée » en portugais), situé dans le parc national de la Serra da Capivara (Piauí) au nord-est du Brésil, qui représente probablement le site humain connu le plus ancien en Amérique. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressaient progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho[Favre 1], permettaient d'accroître son importance[Favre 2].
8
+
9
+ Le développement de l'agriculture entraîna des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se crée[Favre 2]. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar[Favre 2].
10
+
11
+ Entre le Ier et le VIIIe siècle, l'unité créée par la civilisation Chavín disparut au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku)[Favre 3]. Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le sud jusqu'au nord du Chili et Huari vers le nord[Favre 4].
12
+
13
+ Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu[Favre 5]. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique[Favre 6]. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'Empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal[Favre 7].
14
+
15
+ Voir notamment la section La fondation du Cuzco et l'origine des Incas.
16
+
17
+ Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions[2] de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo[3]) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
18
+
19
+ Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir[4]. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua[5]. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.
20
+
21
+ À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.
22
+
23
+ D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria (en) par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena, en compagnie du péruvien Goyo Tolédo. L'analyse d'un morceau de charbon trouvé à Mameria[6], effectuée par Grégory Deyermenjian, donne une datation de 1345 après JC, avec une plage d'erreur allant de 1240 à 1500 après JC. Cette datation laisse donc les deux hypothèses ouvertes d'une occupation Inca, ou Huari tardif (empire pré-Inca de culture Quechua). Toute la question est donc de savoir si cette cité de Mameria est antérieure ou postérieure à l'arrivée des Incas dans la vallée du Cuzco.
24
+
25
+ En parallèle, les ruines récemment trouvées par l'équipe franco-péruvienne Inka LLacta / P.E.P[7] en 2015 montrent une occupation probablement Huari à proximité de Mameria (cordillère du Toporake), dans la vallée Nord-Lacco et dans le parc du Megantoni.
26
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27
+ D'autres sources argumentent l'hypothèse amazonienne de l'origine des Incas à partir de certaines parentés linguistiques :
28
+
29
+ « [...] certains traits, notamment la langue, laissent penser que les Incas seraient originaires de la forêt amazonienne, et que le groupe conduit par Manco Cápac aurait été composé de plusieurs lignages, unis par des liens de parenté[8]. »
30
+
31
+ Quoi qu'il en soit, la question demeure donc ouverte de l'origine des incas, ou plutôt de la localisation de l'ethnie Taipicala de Manco Cápac (dont les Incas sont la filiation directe) avant son arrivée dans la "Vallée sacrée".
32
+
33
+ À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné[Favre 8]. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération[Favre 9].
34
+
35
+ Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco[Favre 9]. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire[Favre 10].
36
+
37
+ Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée[Favre 11].
38
+
39
+ En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide[Favre 12]. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons : la guerre de succession consécutive à la mort de Huayna Capac en 1527, la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa, la supériorité militaire des Espagnols, tant par leur armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que par leur stratégie, leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.
40
+
41
+ La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'ensuit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons[Itier 1].
42
+
43
+ Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit malgré cet accord exécuter l'empereur le 29 août 1533.
44
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+ Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572[Favre 13]. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.
46
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47
+ La liste des empereurs incas s'appelle la capaccuna[9] (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains).
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49
+ Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi-légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.
50
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+ Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur emprise territoriale reste localisée aux alentours de ce centre de résistance.
52
+
53
+ Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoiqu'en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.
54
+
55
+ Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquêtes[Itier 2].
56
+
57
+ Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvues par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites locales[Itier 3].
58
+
59
+ Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent importants, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus[Itier 4]. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées[Favre 14].
60
+
61
+ La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.
62
+
63
+ D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.
64
+
65
+ Cette société était donc fondée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante à la suite d'un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.
66
+
67
+ Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison[Favre 15]. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté[Favre 16].
68
+
69
+ Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habitent un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l'ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L'ayllu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif[Favre 17].
70
+
71
+ Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres[Favre 18].
72
+
73
+ Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire[Favre 19].
74
+
75
+ Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac[Favre 20].
76
+
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+ À la différence des Mayas, les Incas ne disposaient pas de système d'écriture proprement dit. Mais les quipus (voir ci-dessous la section consacrée à La question de l'« écriture » inca) constituaient une mémoire complexe d'informations de natures diverses dans l'Empire, et leur maîtrise nécessitait plusieurs années d'étude, se poursuivant toute la vie, un peu comme chez les scribes de l'Égypte antique :
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+
79
+ « Le même manuscrit nous informe que l'interprétation des quipus [juridiques, indiquant "les peines prescrites pour chaque crime"] était une véritable science, nécessitant des études prolongées : [lors des séances du "Conseil des douze membres", le tribunal suprême de l'Empire], "pour savoir ce que disaient les lois, deux Indiens étaient choisis, ils ne quittaient jamais les quipus et ne cessaient de les étudier. Ils explicaient la signification de toutes choses et les études de ce genre se poursuivaient sans arrêt. La connaissance de ces questions pouvait se transmettre de génération en génération, car on sélectionnait de très jeunes garçons pour leur inculquer la science de toutes ces choses[10]". Rafaël Karsten[11]. »
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+
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+ La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement[Itier 5].
82
+
83
+ La deuxième constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne[Itier 6].
84
+
85
+ La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives[Itier 7].
86
+
87
+ Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà[Itier 8].
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+
89
+ Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis[Itier 9].
90
+
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+ Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume[Itier 9].
92
+
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+ Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé[Itier 10].
94
+
95
+ Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre[Itier 11].
96
+
97
+ Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaga séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservée aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés[Itier 12].
98
+
99
+ Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliments de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcoolisée[Itier 13].
100
+
101
+ Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »[Itier 14].
102
+
103
+ Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatiques ou cérémonielles l'exigent[Itier 15].
104
+
105
+ Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulé autour d'elles et maintenu par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil[Itier 15].
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+
107
+ Les vêtements sont généralement noirs ou marron dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blancs sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps faits d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux[Itier 15].
108
+
109
+ Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court[Itier 15].
110
+
111
+ Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d'orejones ("oreillards") que leur donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules[Itier 15].
112
+
113
+ Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux derniers cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans[12] ; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique[Itier 16].
114
+
115
+ Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua)[13]. Le dé pyramidal à cinq faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divination[Itier 16].
116
+
117
+ La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation[Itier 17].
118
+
119
+ En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents[Itier 17].
120
+
121
+ Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca[Itier 18].
122
+
123
+ Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies[Itier 18].
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+
125
+ (Voir notamment la section : Culte rendu aux Huacas)
126
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127
+ Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes[Métraux 1]. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas)[Métraux 2]. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle[Métraux 2].
128
+
129
+ Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cents leur nombre à Cuzco et ses environs[Métraux 2]. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec[14]). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua)[15]. L'inca roi donnait la loi d'une manière absolue, car il la recevait du Soleil, son père, et ne se trompait jamais; il résidait à Cuzco et transmettait directement ses ordres aux quatre incas, vice-rois des quatre parties de l'empire. Dans chacune de ces parties se trouvaient trois conseils: un pour la guerre, un pour la justice, un pour l'administration économique[16]. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État[Métraux 1].
132
+
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+ Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco[Métraux 1].
134
+
135
+ Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andins[Itier 19]. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables[Itier 19]. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre[Métraux 3].
136
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137
+ L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 apr. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée[réf. nécessaire].
138
+
139
+ La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices[Métraux 4]. La divination était utilisée aussi bien pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime[Métraux 4].
140
+
141
+ Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate[Métraux 4]. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas[Métraux 4].
142
+
143
+ Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier[Métraux 5].
144
+
145
+ Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière[Métraux 5]. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiées[Métraux 5]. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.
146
+
147
+ Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacas.
148
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+ À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure[Métraux 5].
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+
151
+ Les sacrifices humains étaient relativement rares (à la différence des civilisations mésoaméricaines comme chez les mayas et les aztèques), et ne se faisaient que lors de périodes de grands changements ou de grands troubles, comme lors de l'avènement d'un nouvel Inca, ou lorsque l'Inca était malade, par exemple, et encore s'il mourait, ou encore lors de catastrophes naturelles (tremblement de terre, éruption volcanique...), risques de calamités (famine, épidémie, guerre[19]) ou éclipses de lune, de soleil[Métraux 5]. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux irrités, dans une démarche rituelle d'expiation, ou dans une logique substitutive (une jeune victime est offerte pour régénérer les forces du Sapa Inca malade[20]). Ou bien il s'agissait « d'accroître le pouvoir surnaturel de divinités essentiellement propices et bienfaitrices de l'humanité[21] », ou encore « d'assurer des récoltes abondantes[22] ».
152
+
153
+ Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution[Métraux 5]. À la différence des civilisations maya et aztèque, où les sacrifiés étaient le plus souvent des esclaves ou des prisonniers de guerre, chez les incas ils appartenaient à la bonne société cuzquénienne, ou à la noblesse des provinces conquises ; sélectionnés pour leur perfection physique parmi les classes dominantes, ceux-ci étaient amenés jusqu’à Cuzco et reçus par l’Inca, puis acheminés jusqu’au lieu du sacrifice[17] : « les enfants que les provinces livraient aux sanctuaires impériaux pour y être immolés faisaient partie du tribut auquel elles étaient astreintes[23] ». De même, parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies (aclla-cuna), une partie était destinée à être sacrifiée[Métraux 5]. Comme le précise l’anthropologue Gabriela Recagno[17] :
154
+
155
+ « N’oublions pas qu’il s’agissait d’un système politique de domination. Dans les régions assujetties se déplaçait un représentant de l’Inca avec un enfant qui allait se transformer en un dieu : pour eux, il ne mourrait pas et allait pouvoir surveiller tout ce territoire du haut de la montagne. Il devenait un gardien du territoire, un être divinisé. Un système très bien rodé pour, à travers la religion et la peur, exercer une politique de domination par les sacrifices[17]. »
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+
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+ Pendant le voyage, et en attendant le sacrifice, les futures victimes étaient donc très bien traités[Métraux 5], comme des dieux vivants. Avant la mise à mort, durant une période plus ou moins longue, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool de maïs parfois très fort) pour atténuer la perception de ses sens[Métraux 5]. Après avoir été profondément sédaté, dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant[Métraux 5]. Pour Gabriela Recagno, dans d'autres cas, au sommet, les enfants (par ailleurs épuisés par une marche de 1 600 kilomètres, engourdis par le froid, l'alcool ou d'autres drogues) s’endormaient sous l’effet de la basse pression jusqu’à mourir d’hypothermie[17]. Dans le cas de Juanita, il semble que la jeune fille, affaiblie par la montée, et elle aussi anesthésiée par le froid, la chicha et les feuilles de coca, ait été achevée par un violent coup sur la tête[24]. Pour honorer la jeune victime, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre.
158
+
159
+ C'est en effet ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : cette jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos [sanctuaires andins] d'Arequipa[25],[24].
160
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161
+ Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes d'Amérique du Sud, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.
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+ La principale fête de l'empire était l'Inti Raymi ou (fête du soleil en quechua). Elle se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud.
164
+
165
+ Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge et enterrés vivants. Le corps de l'Inca, embaumé, était placé face au temple du soleil à Cuzco. Les obsèques duraient une année, pendant laquelle la population revêtait les insignes de l'Inca et chantait ses louanges, de façon continue le premier mois, puis tous les quinze jours, à chaque pleine et nouvelle lune[26].
166
+
167
+ En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.
168
+
169
+ Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.
170
+
171
+ Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.
172
+
173
+ L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.
174
+
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+ Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.
176
+
177
+ Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.
178
+
179
+ Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :
180
+
181
+ Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.
182
+
183
+ Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.
184
+
185
+ La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs...
186
+
187
+ [Voir aussi les sections : Irrigation, Cultures en terrasses, et Étagement de l'agriculture et implications sociales de l'article consacré à l'Empire inca].
188
+
189
+ À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.
190
+
191
+ D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies.
192
+
193
+ En ce qui concerne l'élevage, la viande et la laine provenaient essentiellement des lamas et des alpagas.
194
+
195
+ La monnaie et l'impôt n'existaient pas. Le troc est le seul système d'échange.
196
+ Les lamas servent pour le transport mais surtout pour le lait, la viande, la laine, le cuir et les occrements[Quoi ?].
197
+
198
+ Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leurs bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.
199
+
200
+ Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.
201
+
202
+ Les Incas ont découvert le vermeil [réf. nécessaire]. Ce n'est pas un alliage, mais de l'argent recouvert d'or.
203
+
204
+ Voir notamment sur ce sujet les sections : La musique, La légende du « Manchay Puitu » et La « musique Inca » et ses survivances sous le « palimpseste » du thème d’El Cóndor pasa, dans l'article El Cóndor pasa consacré à la pièce et à la musique éponyme.
205
+
206
+ Les Incas étaient capables de voir les solstices ou équinoxes et leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer les cycles agricoles.
207
+
208
+ Les mathématiques des Incas sont omniprésentes dans l'art inca, tel le tissage. Leur développement est expliqué par plusieurs facteurs, tels la géographie.
209
+
210
+ La civilisation inca (1400-1530), s'étendait sur les actuels Pérou, Équateur, Bolivie, Chili, Argentine et au sud de la Colombie, avec une population d'environ 12 millions, dont plusieurs groupes ethniques et une vingtaine de langues[27]. Ne connaissant pas l'écriture au sens strict du terme[note 1], ils utilisaient des quipus pour « écrire » les statistiques de l'État. Un quipu est un encordage dont les cordes présentent trois types de nœuds symbolisant respectivement l'unité, la dizaine et la centaine[28].
211
+ Les Incas ont donc développé un système de numération positionnel en base 10, similaire à celui utilisé aujourd'hui.
212
+
213
+ L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 micro-idiomes différents furent parlés sur son territoire[29]; les Incas auraient cependant imposé le quechua comme langue véhiculaire.
214
+
215
+ L’aymara (ou parfois écrit : "aimara") est une langue vernaculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'uru ou l'uchhumataqu de Bolivie.
216
+
217
+ Selon Rodolfo Cerrón-Palomino (linguiste péruvien), un des principaux spécialistes de ces deux langues, ce n'est pas le quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle et aussi la langue sacrée (voire langue liturgique) de l'empire inca. Le quechua quant à lui sera la lingua franca (ou langue véhiculaire) de l'empire, et la plus répandue.
218
+
219
+ Les variétés d'aymara forment une sous-famille linguistique avec les variétés de quechua. Aujourd’hui, l'aymara compte environ deux millions de locuteurs, essentiellement en Bolivie.
220
+
221
+ Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé, tout au moins sous la forme de glyphes comme chez les Mayas et dans la plupart des civilisations mésoaméricaines précolombiennes[30].
222
+
223
+ En revanche, un système de quipus a été mis en place. Le quipu est un message codé qui se présente sous la forme d'un écheveau de cordelettes nouées, rassemblées sur un seul cordon porteur horizontal; ces cordelettes présentent des nœuds de différentes sortes et diverses positions sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs, le tout selon un code précis et complexe, nécessitant à l'époque un long apprentissage, qui est seulement en partie déchiffré aujourd'hui.
224
+
225
+ Les quipus relevaient donc d'abord d'une interprétation numérique (en base 10, comme on l'a vu). Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs[31].
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+ Mais les quipus revêtaient aussi probablement un sens narratif et qualitatif[32], voire langagier, qui les rapprochent des fonctions actuelles de l'écriture (peut-être comme une sorte de système idéographique singulier, puisque n'utilisant pas de signes écrits ou gravés)[33]. Cette thèse a déjà été affirmée, et sourcée chez les témoins oculaires de l'Empire inca au moment de la Conquista par l'ethno-anthropologue et archéologue finlandais Rafaël Karsten (es) (de l'Université d'Helsinki), dans les années 1950[34]. Elle a été reprise récemment par le grand spécialiste américain des quipus qu’est Gary Urton[35], ainsi que par l'ethnographe et anthropologue anglaise à la St Andrews University (Royaume-Uni) Sabine Hyland[36]. Il semblerait donc que les quipus, au-delà de leur valeur comptable[note 2], aient donné lieu à des sens divers : chronique historique et calendaire, recueil juridique de textes réglementaires et de lois[note 3], récits plus ou moins légendaires...
228
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+ Pour Rafaël Karsten, l'étymologie du mot quipu indique qu'ils servaient aussi en tant que calendriers : le mot serait de la même famille lexicale que le terme quilca ou quila qui signifie "mois". « Huaman Poma, il faut le remarquer, appelle les spécialistes des cordes nouées quilcacamayoc ou quila huata quipoc, ce qui signifie "ceux qui tiennent le compte des années lunaires". Quila huata, c'est l'année lunaire et quipoc (d'où dérive le substantif quipu) est un participe, tiré d'un verbe dont l'infinitif devait être quipuy (quipuna)[note 4] » [nouer et aussi compter]. On sait en tout cas que ce système de quipus était aussi utilisé par les dirigeants des provinces pour transmettre les nouvelles importantes à l'Inca[37]. Guamán Poma, cité par Karsten, n'entre pas dans les détails en ce qui concerne le système des quipus lui-même, mais souligne qu'on y enregistrait de telles connaissances, si précises et si détaillées, qu'ils lui donnaient l'impression de constituer une véritable écriture. « Du papier et de l'encre eussent été préférables, c'est vrai », ajoute-t-il. Mais il affirme en conclusion que « c'est par les quipus que tout l'empire était gouverné[note 5] ».
230
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+ Enfin, pour l'archéologue suédois Erland Nordenskiöld, cité par Karsten, les quipus trouvés dans les tombes précolombiennes avaient une valeur magique associée au rituels funéraires incas :
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+ « Selon la théorie de Nordenskiöld, les quipus contenaient des nombres astronomiques de caractère magique et, à son avis, ils auraient été conçus comme "des énigmes pour les esprits". "Le mort recevait un quipu pour l’occuper et pour l’empêcher, peut-être par le moyen de nombres magiques, de sortir de sa tombe[38]." Rafaël Karsten[39]. »
234
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+ Les quipus auraient donc aussi servi à conserver la mémoire des grandes dates de l'Histoire de l'Empire, et à consigner certains récits, secrets religieux ou textes de loi. Mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours, même si certains chercheurs tablent encore sur la possibilité de découvrir une sorte de "pierre de Rosette" hypothétique des quipus[note 6] permettant de révéler leur sens narratif caché[32],[33],[40]; quipus langagiers toujours mystérieux donc, contrairement aux quipus de statistiques dont les valeurs numériques sont aujourd'hui bien connues[note 7].
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+ Les récentes découvertes de Ruth Shady sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans[41].
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+ En 1954, l'expédition Marquette, avec à sa tête Jean Raspail et Guy Morance.
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+ Il est à noter un point important concernant la dénomination Inca. En effet, si ce terme est communément admis comme se rapportant à la civilisation inca, il ne faut pas oublier qu'à la base l'Inca représente le chef du gouvernement et du clergé, c'est-à-dire la personne la plus importante dans cette société après les dieux. L'ethnie dominante était celle des Quechuas, et leur chef était l'Inca. C'est un peu comme si l'on nommait les russes, les tsars. Le tsar était le titre du souverain, pas celui du peuple[réf. nécessaire].
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+ La dent est un organe dur et fortement minéralisé implanté dans le palais des raies, la gencive des requins ou les os des mâchoires supérieure et inférieure des autres vertébrés, et dont les fonctions principales sont de saisir, retenir, déchirer et broyer les aliments, mais aussi la défense contre les prédateurs ou les rivaux.
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+ Les dents sont souvent caractérisées par le régime alimentaire de l'espèce qui conditionne leur forme, leur nombre, leur implantation ou leur pérennité. Par exemple, les félins ont des dents carnassières très développées afin de déchiqueter leur proies, alors que les dents des humains sont adaptées à leur régime omnivore. On trouve des dents chez trois classes de vertébrés : poissons, reptiles et mammifères, mais certains groupes de ces classes n'en sont pas pourvues, tandis que d'autres voient leurs dents renouvelées tout au long de leur vie.
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+ La dent est un organe minéralisé des vertébrés composé de structures organiques parmi les plus dures connues. Elle est constituée d'une partie implantée dans une structure osseuse, la racine, et d'une partie libre, la couronne. Le tissu constamment présent est la dentine, mais d'autres peuvent également être associés : pulpe dentaire, émail dentaire, cément et émailloïde[1].
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+ La dent, qui a une structure homologue à celle de l'écaille placoïde chez le requin, est parfois considérée comme étant un phanère[2]. Cependant, un phanère est habituellement défini comme étant une production de l'épiderme[3].
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9
+ Chez les mammifères, l'émail, constituant l'épithélium dentaire, dérive de l'ectoderme de la cavité buccale, tandis que chez les vertébrés inférieurs, c'est l'endoderme qui participe à la formation des dents pharyngiennes. Les autres tissus (pulpe dentaire, dentine et parodonte), constituant le mésenchyme dentaire, dérivent de la crête neurale[4].
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+ Issu du latin dens de même sens, provenant d'une racine indoeuropéenne (reconstruite) °d-, °ed, °denk ou °dent (mordre, mâcher)[5], d'où sont aussi issus, entre autres, les mots odontos (grec ancien), tand (néerlandais).
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13
+ La denture d'un animal est l'ensemble de ses dents. Le nombre, la nature et la disposition des dents varient selon les espèces, et parfois selon les individus. Elle est en général caractéristique de leur régime alimentaire de l'espèce animale.
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+
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+ On utilise couramment le mot dentition à la place de denture, alors que, stricto sensu, la dentition est le processus de mise en place de la denture. La dentition permet d'estimer, dans la plupart des cas, l'âge d'un animal tant qu'il n'est pas encore hors âge.
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+
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+ On parle de dents palatines quand elles s'enchâssent dans le palais, des dents linguales sur la langue, et de dents vomériennes lorsqu'elles sont enchâssées dans le vomer tandis que des dents portés sur la mâchoire, comme pour les mammifères sont des dents maxillaires.
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+
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+ La morphologie et l'organisation des dents sont souvent utilisées pour caractériser les taxons animaux, et il existe tout un vocabulaire particulier caractérisant la dentition :
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+ Par extension, le terme de dent est employé en zoologie pour désigner un organe présentant une analogie de forme ou d'implantation :
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+ Par dérivation, le mot dent désigne des éléments pointus ou découpés :
24
+
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+ En effet, le régime alimentaire influe beaucoup sur les caractéristiques des dents. Selon les proies qu'ils mangent, chaque groupe d'animal a une dentition spécifique qui leur permet de capturer, manger et mâcher leur proie qu'elle soit animale ou végétale. Cette bonne corrélation entre le régime alimentaire et la morphologie des dents, jugales surtout, est notamment mise en évidence chez les mammifères[6].
26
+
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+ Par contre, certains groupes d'animaux ne sont pas pourvus de dents :
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+
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+ Au contraire, certains animaux ont des dents qui sont renouvelées tout au long de la vie :
30
+
31
+ Les carnassiers sont caractérisés par des canines (crocs) proéminentes et fortes. Ils ont une dentition complète soit composée d'incisives, de canines, de prémolaires et de molaires. Leur dentition fait souvent place à des dents carnassière pour déchirer la viande de leur proie.
32
+
33
+ Les dents des herbivores leur servent à mastiquer les fibres ligneuses des plantes.
34
+
35
+ Cet organe hautement différencié d'origine ectodermique et mésodermique a une fonction initiale de protection dans l'évolution (organe exosquelettique). La dent haplodonte (du grec απλοος, haploos « simple » et ὀδούς, odoús « dent ») des reptiles et des poissons a pour fonction principale la préhension et la rétention des proies, la dent plexodonte (du grec πλέγοος, plegoos « complexe ») des mammifères voit sa fonction se spécialiser dans la mastication.
36
+
37
+ Sous-ordre des caniformes (Caniformia) :
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+
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+ Sous-ordre des féloidés ou féliformes (Feliformia) :
40
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41
+ Les insectivores ont une dentition complète caractérisée par des dents jugales pointues et des dents colorées (souvent rouges à la pointe).
42
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43
+ Les Chiroptères (chauve-souris) ont aussi une dentition complète, mais qui est caractérisée par des canines proéminentes et des espaces significatifs entre les incisives.
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45
+ Les lagomorphes (lièvres, lapins...) sont caractérisés par deux paires d'incisives rainurées et la présence d'un diastème, ce qui les distingue des rongeurs.
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47
+ Les rongeurs ont des incisives proéminentes et colorées (souvent jaunâtres) qui poussent continuellement durant toute leur vie, ce qui leur permet de ronger activement sans crainte d'usure prématurée, mais pose de graves problèmes en cas de malocclusion dentaire. Il y a aussi présence de dents jugales après le diastème.
48
+
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+ Les artiodactyles n'ont pas d'incisives supérieures et possèdent un diastème.
50
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+ Les Proboscidiens (éléphants...) sont caractérisés par des incisives qui leur servent de défenses. Chez les éléphantoïdes, la formule dentaire n'est jamais complète (2 prémolaires et 3 molaires). Le jeune possède des prémolaires de lait qui tombent quand les molaires apparaissent, il n'y a pas de prémolaires définitives. Quand la troisième molaire apparait, c'est au tour de la première de tomber.
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+
53
+ Les reptiles sont parfois caractérisés par des crochets à venin de certains serpents.
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55
+ Les balistes ou les tétraodons ont des dents antérieures élargies et soudées ainsi que des dents pharyngiennes.
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+ Enseigne d'un dentiste
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+ Coque peinte d'un bateau
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+ Détail d'un totem canadien
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+ Dent de requin montée en pendentif
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ République de l'Inde
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+ (hi) भारत गणराज्य Écouter
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+ (en) Republic of India
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+ 28° 34′ N, 77° 07′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ L'Inde (en hindi : भारत / Bhārat), officiellement la République de l'Inde[4] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan , le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais officiels.
14
+
15
+ L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
16
+
17
+ Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
18
+
19
+ En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considéré comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[5]. L'Inde est passé de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[6].
20
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21
+ Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit[7].
22
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23
+ La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata)[7].
24
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25
+ Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.
26
+
27
+ En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.
28
+
29
+ L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[8]. Il y a quatre saisons en Inde[9] :
30
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31
+ Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des décennies à venir[11].
32
+
33
+ Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[12]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[13]. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[12] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[13]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[12].
34
+
35
+ De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer[12]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[12], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[12]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[12]. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies[12]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[12].
36
+
37
+ À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[12]. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[12]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[12] et toutes deux établissent des monastères[12]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire maurya[12]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[12].
38
+
39
+ La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[12]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[12]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[12]. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture[12]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[12].
40
+
41
+ La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
42
+
43
+ Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
44
+
45
+ Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[14],[15]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[14]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[14]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[15] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[14].
46
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47
+ Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[14] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[15], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[14]. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
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+ Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin[15]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[14] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[14]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[14] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[14]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[15]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[15].
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+ Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[14].
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+ Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[14],[15]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[14],[15].
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+ En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[16], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[17].
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+ Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[15]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[14]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[14].
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+ La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[15]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[18], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
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+ Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[15]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[15]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[15]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
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+ Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[19].
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+ Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[15]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[15], réduit les coûts des transports de biens[15] et aide à la naissance d'une industrie indienne[15].
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+ Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[20]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[20].
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+ Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[15]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[15]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
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+ Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[15]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[21].
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+ Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[15]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[15]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[15]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[15], par des conflits et violences religieuses ou de caste[15], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[15]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[15].
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+ Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[22], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[23] ».
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+ De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
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+ Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
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+ Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
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+ L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
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+ La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
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+ Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.
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+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
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+ Les gouverneurs sont nommés pour 5 ans par le Président à la tête des 29 États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[24].
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+ Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
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+ Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[25]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant de par la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[26].
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+ Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
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+ En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
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+ Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
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+ Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
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+ Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019 qui voit le BJP accroitre sa majorité.
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+ Depuis 2017, le président de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Ram Nath Kovind, issu du BJP.
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+ Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)[27], la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
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+ Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.
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+ L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2018 d'un effectif de 1 362 500 militaires[28] et 2 844 750 réservistes[29].
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+
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+ Le budget pour la défense s'élève à 66,5 milliards de dollars (2018), soit 2,42 % du produit national brut (PNB)[30].
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+ Elles disposent 4 426 tanks, 3 147 autres véhicules blindés, 590 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 1 porte-aéronef (l'INS Vikramaditya) et 11 destroyers[31]. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21[32].
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+ L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974, date de l'explosion d'une bombe atomique au plutonium dans le désert du Rajasthan[33]. Ces armes sont réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.
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+ Le 9 décembre 2009, l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes[34].
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+ Le 19 avril 2012, elle teste avec succès son premier Missile balistique intercontinental, l' Agni V, d'une portée de 5 000 km[35], puis la génération suivante d'une portée de 12 000 km, l'Agni-VI (en)[36].
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124
+ La corruption constitue encore un défi majeur pour les institutions du pays. Parmi les parlementaires élus en 2019, 43 % ont des dossiers judiciaires en cours[37].
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+ Les partis politiques se tournent de plus en plus vers les grandes fortunes et les entreprises pour se financer. Sur l'année fiscale 2017-2018, les entreprises et les personnes fortunées avaient contribué 12 fois plus au financement du BJP qu'à celui de six autres partis nationaux, y compris le Congrès[38].
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+ Alors que les milieux d'affaires sont mis en cause dans de nombreux dossiers spectaculaires, des hommes d’affaires compromis ont dû fuir le pays et les liens entre milieu politique et financements obscurs nourrissent l’« empire des milliardaires », selon la formule du journaliste James Crabtree. Les médias sont également secoués par des affaires de trafics d'influence, certains d'entre eux couvrant les activités de personnalités politiques en échange de paiements[37].
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+ L’Inde est le pays de la région Asie-Pacifique où dessous-de-table et pots-de-vin sont le plus pratiqués. Les plus pauvres en sont fortement victimes : 73 % d'entre eux sont contraints d'y recourir au moins une fois par an, contre 55 % des plus favorisés, selon Transparency International. Cette corruption facilite l’accès à des services qui devraient être publics : documents administratifs, affaires de police, raccordement à l’électricité, voire soins hospitaliers[37].
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+ L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.
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+
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+ De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat de l'Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.
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+ Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindou Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.
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+ La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.
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+ Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.
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+ L'Inde est une zone en déficit hydrique[Note 3]. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde[39].
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+ La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an[40]. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 2034[41].
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+
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+ Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures[41].
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+ L'eau souterraine, source de 40 % des besoins en eau de l'Inde, s'épuise rapidement selon un rapport publié en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt et une villes indiennes - dont Delhi, Bangalore, Chennai et Hyderabad - devraient manquer d'eau souterraine dès 2021, et 40 % de la population indienne n'aura pas un accès suffisant à l'eau potable en 2030[42].
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+ Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.
151
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+ Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux[43]. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.
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+ Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.
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+ Dès la fin du XIXe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les Britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.
157
+
158
+ Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act (en) en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages[44]. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, dispose qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.
159
+
160
+ La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act, 1986 (en), a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets[45]. La loi de 2006 sur les tribus répertoriées et autres habitants traditionnels des forêts (reconnaissance des droits forestiers) est un texte clé de la législation forestière adoptée en Inde le 18 décembre 2006 (The Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers (Recognition of Forest Rights) Act, 2006). En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées[46].
161
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162
+ Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.
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+ La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le ministère de l'Environnement et des Forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.
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166
+ Face à la forte pollution présente dans le pays, le gouvernement indien a lancé en 2016 l'objectif d'électrifier à 100 % le parc automobile d'ici 2030[47].
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168
+ Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le Centre for Science and Environment, la plus grande ONG environnementale de l'Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois […] Les partis n’ont pas l’intelligence ni la vision à long terme pour prendre les mesures nécessaires. À la place, ils répondent à chaque sécheresse, à chaque inondation, par de la gestion de crise. Il n’y a aucun plan d’ensemble pour agir à l’échelle nationale pour la prévention et l’adaptation[48].
169
+
170
+ La pollution de l'air provoque la mort de 100 000 enfants de moins de cinq ans chaque année selon le Centre pour la science et l'environnement de New Delhi. Elle est responsable de 12,5 % des morts en Inde[49].
171
+
172
+ L'Inde génère actuellement, en 2019, 62 millions de tonnes de poubelles par an, mais cette production pourrait s'élever d'ici 2030 à 165 millions de tonnes annuellement selon les estimations du gouvernement[50].
173
+
174
+ La tectonique des plaques montre qu'au Permo-Trias (250-200 Ma), Madagascar, l’Inde (le craton indien était alors une grande île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique et dont la côte sud-ouest actuelle était reliée à Madagascar, la côte sud-est à l'Australie[51]), l’Afrique, l’Australie, l’Antarctique et l’Amérique du Sud étaient réunis en un supercontinent appelé Gondwana et qui commençait à se démanteler. Il y a 250 millions d’années, le Gondwana s'est disloqué pour former les cinq continents : à une première phase de rifting qui a commencé au Permo-Trias, suit une phase d’ouverture océanique du Jurassique moyen au Crétacé supérieur (180-70 Ma) avec la formation des bassins de Somalie au nord et de Mozambique au sud, relié par la ride de Davie entraînant la plaque Indo-Malgache vers le sud[52]. L’extension de la dorsale centrale indienne il y a 150 Ma sépare l’Inde de Madagascar avec un épisode de compression le long de la ride de Davie alors exhumée. Au cours de cette océanisation, se forment un épaulement de rift (l'actuelle chaîne de montagne occidentale indienne, les Ghats occidentaux) et l'Inde opère une remontée du sud au nord vers l'Asie, il y a entre 150 et 50 millions d'années, à une vitesse estimée d'environ 15 cm/an. Au cours de cette migration, la plaque indienne dérive sur le point chaud de La Réunion, une zone à forte activité volcanique. Les terres de l'Inde actuelle subissent alors d'intenses éruptions volcaniques il y a environ 65 millions d'années qui forment les trapps du Deccan, constitués d'un empilement successifs de laves basaltiques. Aujourd'hui, cette zone couvre une bonne partie du centre-ouest de l'Inde. La dérive vers le nord aboutit à une collision avec l'ancienne plaque eurasienne (l'ancien Tibet), provoquant la surrection de l'Himalaya et l'expulsion du bloc indochinois vers le sud-est[53].
175
+
176
+ Carte des terres émergées au Trias, montrant deux supercontinents, la Laurasia et le Gondwana.
177
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+ Mouvements continentaux dans le cadre de la tectonique des plaques.
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+ Collision de la plaque indienne et de la plaque eurasiatique.
181
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+ Carte terrestre illustrant les principales plaques tectoniques actuelles.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).
187
+
188
+ C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans[54]. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.
189
+
190
+ On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025[55].
191
+
192
+ Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).
193
+
194
+ Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.
195
+
196
+ Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.
197
+
198
+ En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.
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200
+ La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.
201
+
202
+ En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.
203
+
204
+ En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes[57], soit près de 6 800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.
205
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206
+ L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars[60].
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+
208
+ L'Inde s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.
209
+
210
+ La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution[61]. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.
211
+
212
+ Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10 % du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-2025[62].
213
+
214
+ La question de l'accès à l'emploi devient cependant un problème majeur. Le nombre d'emplois dans le pays a diminué de 9 millions entre 2012 et 2019, alors que plus d'un million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. En conséquence, le nombre de chômeurs chez les moins de 29 ans a bondi de 9 millions en 2012 à 25 millions en 2018. D'autre part, 90 % des emplois en Inde relèvent encore du secteur informel, caractérisé par l’absence de contrat de travail, d’assurance et de cotisation retraite[63].
215
+
216
+ La situation des paysans est également préoccupante. Chaque jour, des agriculteurs se suicident, criblés de dettes ; d’autres sont obligés de mettre fin à leur activité et de quitter leur lopin de terre pour rejoindre les bidonvilles.
217
+
218
+ Chaque année, des millions d’Indiens, parmi les plus défavorisés, quittent leur village pour travailler dans les mégalopoles.Le nombre de ces « travailleurs migrants » se situerait entre 50 millions et 100 millions. Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws[64].
219
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+ Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles.
221
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222
+ Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Un autre indice du développement économique est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).
223
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224
+ L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.
225
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226
+ Le journal indien Economic Times[65] annonce ainsi une croissance de 7,6 % pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5 % affichés par la Chine.
227
+
228
+ De son côté, la Chambre de commerce indienne est le principal organe de commerce et d'industrie de l'Est et du Nord-Est de l'Inde. Fondé en 1925, la Chambre est composées de plusieurs des plus grands groupes d'entreprises du pays. La Chambre a été créée par un groupe d'industriels pionniers dirigé par G. D. Birla (en). Enfin, historiquement la Chambre indienne était étroitement associée à la liberté indienne[66],[67].
229
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230
+ Le mode de calcul du PIB a été modifié en 2014, permettant de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance. Le taux de chômage est si considérable que le ministère du travail ne communique plus de statistiques depuis 2016. Les secteurs bancaire et ferroviaire ont commencé à être privatisés. Ces dernières années les budgets de la santé et de l'éducation, déjà très faibles (respectivement 1,2 % et 0,6 % du PIB), ont été réduits, de mème que d'autres dépenses sociales : aides à l'emploi, allocations aux cantines scolaires, plans pour l'accès à l'eau potable. Sur la question du droit du travail, des amendements votés en 2018 restreignent davantage les activités syndicales et tendraient à faciliter les licenciements et à allonger la durée de travail hebdomadaire des salariés[68],[69].
231
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232
+ La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 2011[70]. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.
233
+
234
+ La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le Ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du XVIe siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens de l'Inde du Nord-Est sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectuée par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.
235
+
236
+ Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya, etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.
237
+
238
+ Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.
239
+
240
+ La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 à la suite des invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au XIXe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.
241
+
242
+ Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts[71]. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5 000 à 50 000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'Ayodhya[Note 4] par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.
243
+
244
+ En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)[72]. Le 13 décembre 2001, le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes[72].
245
+
246
+ En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat[73]. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.
247
+
248
+ En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi[74].
249
+
250
+ Le 7 mars 2006, la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[72]. Le 8 septembre 2006, l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts[72].
251
+
252
+ Le 25 août 2007, deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes[75]. Le 23 novembre 2007, les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés[76]. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le 13 mai 2008, plusieurs attentats dans la ville de Jaipur font au moins 80 morts et 200 blessés[77]. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et 26 juillet 2008, les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes[74].
253
+
254
+ À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Odisha, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées[78]. Le 13 septembre 2008, plusieurs explosions touchent Delhi[74]. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le 26 novembre 2008, c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés[79]. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.
255
+
256
+ Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.
257
+
258
+ Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi entreprend à partir de 2018 de déchoir de la nationalité indienne les personnes qui ne peuvent prouver que leurs ancêtres étaient présents en Inde avant le 24 mars 1971. Dans l’État de l'Assam, quatre millions de personnes sont subitement devenues apatrides en 2018, et deux millions d'autres en 2019[80]. La forte proportion d'hindous (environ les deux tiers) parmi les personnes déchues de leur nationalité a été une surprise pour le gouvernement indien. Ce dernier, qui conduit une politique antimusulmane et nationaliste hindou, a réagi en adoptant la loi sur la nationalité visant à permettre aux hindous de retrouver leur nationalité indienne. La construction de plus d'une dizaine de camps de détentions est en projet pour rassembler les personnes devenues apatrides. Le Bangladesh voisin, d'où les personnes ayant perdu leur nationalité sont censées être originaires, a indiqué qu'il n'accepterait de recevoir ces « migrants » que si la preuve de leur nationalité bangladaise était apportée. En attendant, les exclus — hommes, femmes et enfants — seront placés en détention provisoire. Pourtant, cette preuve semble dans la plupart des cas impossible à fournir, et les détentions pourraient donc être définitives[81].
259
+
260
+ Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.
261
+
262
+ Aujourd'hui encore la plupart[Combien ?] des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.
263
+
264
+ L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants[82]. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’Unicef, 11,8 % des enfants travaillent en Inde (chiffres 2002-2012)[83]. Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.
265
+
266
+ Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables[84]. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchaînés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés[85].
267
+
268
+ Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude[86]. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies[87].
269
+
270
+ Le 1er avril 2010, l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans[88]. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies[89].
271
+
272
+ Depuis le 1er avril, l'éducation est devenue un « droit fondamental » pour des millions de petits Indiens. La nouvelle loi qui vient d'être adoptée par le Parlement de New Delhi ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pour autant, elle est historique. Elle vise à garantir un enseignement gratuit et obligatoire à tous les enfants âgés de 6 à 14 ans, dans un pays où au moins 10 millions d'entre eux n'ont jamais vu une salle de classe. La nouvelle loi a été portée sur les fonts baptismaux par le premier ministre, Manmohan Singh, lui-même issu d'un milieu très modeste[90].
273
+
274
+ L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 ‰, alors que le taux de mortalité est de 7,48 ‰, créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année[92].
275
+
276
+ Une nouvelle estimation nationale du nombre de personnes vivant avec le virus VIH en Inde, réalisée avec le soutien du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), révèle que la prévalence du virus chez les adultes s'établit à 0,36 % de la population du pays, ce qui correspond à un chiffre compris entre 2 et 3,1 millions d'individus[93].
277
+
278
+ Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.
279
+
280
+ Alors que les foyers pauvres consacrent 60 % de leurs revenus à l’alimentation, 38 % des enfants souffrent toujours de malnutrition[94].
281
+
282
+ L’Inde ne compte que 0,5 lit d’hôpitaux pour 1 000 habitants (contre 4,3 lits pour 1 000 habitants en Chine)[95].
283
+
284
+ La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.
285
+
286
+ L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes ainsi que plusieurs milliers de dialectes[96]. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlée du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population[97]), 20 % une langue dravidienne[98]. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats[99].
287
+
288
+ La langue officielle du gouvernement central est l'hindi. Depuis plusieurs années, le gouvernement central tente de renforcer l'usage d'un hindi standardisé à travers tout le pays. Cependant, une certaine partie de la population juge cet hindi comme trop complexe, perçu même comme « nouveau symbole de l’oppression et du pouvoir d’État » envers les intérêts locaux[100].
289
+
290
+ L'anglais, langue de l'ancien colonisateur britannique, a le statut de seconde langue officielle. L'anglais n'est cependant utilisé que par une faible partie de la population, notamment par l'élite indienne dans les affaires, le tourisme, l'administration, le milieu universitaire ou encore diplomatique. Si de nombreux intellectuels depuis Gandhi voient dans l’anglais une langue de l'aliénation, créant de surcroît un schisme entre l'élite indienne et le peuple, l'anglais a néanmoins le mérite de transcender en certaines occasions les particularismes linguistiques régionaux, très présents et parfois opposés, comme le prouve notamment le conflit en Inde entre États dravidophones et États hindiphones.
291
+
292
+ En outre, une vingtaine de langues sont officielles dans les différents États et territoires, dont le français (bien que peu parlé) dans le territoire de Pondichéry, en raison de l'histoire coloniale de ce territoire.
293
+
294
+ La musique indienne est très diversifiée[101]'[102]. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.
295
+
296
+ La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A. R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.
297
+
298
+ Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés[103]. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.
299
+
300
+ La tradition littéraire la plus ancienne, le Veda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du Xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées.
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+ Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.
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+ À partir du XXe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R. K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R. K. Narayan[104]. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri[105] occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru[106] a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles[107].
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+ Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.
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+ L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Calcutta, de Chennai, et au Kerala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran et Amma, acteurs tamouls populaires devenus ministre en chef du Tamil Nadu[108].
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+ En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.
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+ Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.
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+ La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton[109]. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.
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+ Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.
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+ Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Calcutta — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur The Great Khali.
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+ Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.
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+ Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées[110]. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala[111],[112].
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+ Joueurs et public d'un jeu de rue à Pushkar (Rajasthan).
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+ Atoll de l'archipel des Laquedives.
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+ Façade est du Palais des vents à Jaipur.
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+ Plage sur la côte de Malabar au Kerala.
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+ Forêt tropicale de la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
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+ Mausolée du Tombeau d'Humâyûn, New Delhi.
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+ Monastère de Thiksey, Ladakh.
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+ Mumbai (Bombay), la capitale économique
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+ Le Taj Mahal à Agra.
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+ Shikara (gondoles cachemiri) sur le lac Dal à Srinagar, Cachemire.
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+ Backwaters du Kerala.
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+
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+ Parc national de Bandhavgarh, Madhya Pradesh.
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+ Célébration de Bihu par des femmes Mishing dans la Vallée de l'Assam.
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+ Vallée de Pahalgam, Cachemire.
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+ Ghats à Varanasi.
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+ Puits à degrés du Rani ki Vav à Patan au Gujarat.
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+ Le Kuchipudi d'Andhra Pradesh.
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+ Femmes de Jodhpur.
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+ Le Kangchenjunga (Himalaya), est le plus haut sommet d'Inde culminant à 8 586 m.
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+ Tigre du Bengale.
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+
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+ Chutes de Jog, Karnataka.
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+ Centrale thermique au Gujarat.
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+ Célébration de Holi dans la ville sainte de Barsana, non loin de Vrindavan (Uttar Pradesh).
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+ Temple de Baijnath, Himachal Pradesh. L'hindouisme est la religion majoritaire (près de 80 %) en Inde.
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+ Danseuse de Sattriya, une danse classique d'Assam.
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+ Bharatanatyam danse traditionnel du Tamil Nadu.
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+ L'Inde a pour codes :
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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@@ -0,0 +1,401 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ République de l'Inde
4
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+ (hi) भारत गणराज्य Écouter
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+ (en) Republic of India
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+
9
+ 28° 34′ N, 77° 07′ E
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+
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+ modifier
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+ L'Inde (en hindi : भारत / Bhārat), officiellement la République de l'Inde[4] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan , le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais officiels.
14
+
15
+ L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
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17
+ Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
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19
+ En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considéré comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[5]. L'Inde est passé de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[6].
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+
21
+ Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit[7].
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23
+ La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata)[7].
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25
+ Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.
26
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27
+ En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.
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29
+ L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[8]. Il y a quatre saisons en Inde[9] :
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31
+ Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des décennies à venir[11].
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+ Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[12]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[13]. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[12] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[13]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[12].
34
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+ De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer[12]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[12], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[12]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[12]. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies[12]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[12].
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+ À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[12]. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[12]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[12] et toutes deux établissent des monastères[12]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire maurya[12]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[12].
38
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+ La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[12]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[12]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[12]. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture[12]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[12].
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+ La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
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+ Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
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+
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+ Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[14],[15]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[14]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[14]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[15] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[14].
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+ Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[14] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[15], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[14]. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
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+ Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin[15]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[14] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[14]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[14] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[14]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[15]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[15].
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+ Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[14].
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+ Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[14],[15]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[14],[15].
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+ En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[16], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[17].
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+ Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[15]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[14]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[14].
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+ La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[15]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[18], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
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+ Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[15]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[15]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[15]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
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+ Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[19].
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+ Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[15]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[15], réduit les coûts des transports de biens[15] et aide à la naissance d'une industrie indienne[15].
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+ Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[20]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[20].
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+ Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[15]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[15]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
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+ Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[15]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[21].
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+ Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[15]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[15]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[15]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[15], par des conflits et violences religieuses ou de caste[15], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[15]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[15].
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+ Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[22], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[23] ».
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+ De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
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+ Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
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+ Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
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+ L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
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+ La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
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+ Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.
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+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
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+ Les gouverneurs sont nommés pour 5 ans par le Président à la tête des 29 États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[24].
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+ Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
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+ Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[25]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant de par la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[26].
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+ Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
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+ En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
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+ Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
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+ Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
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+ Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019 qui voit le BJP accroitre sa majorité.
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+ Depuis 2017, le président de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Ram Nath Kovind, issu du BJP.
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+ Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)[27], la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
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+ Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.
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+ L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2018 d'un effectif de 1 362 500 militaires[28] et 2 844 750 réservistes[29].
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+
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+ Le budget pour la défense s'élève à 66,5 milliards de dollars (2018), soit 2,42 % du produit national brut (PNB)[30].
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+ Elles disposent 4 426 tanks, 3 147 autres véhicules blindés, 590 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 1 porte-aéronef (l'INS Vikramaditya) et 11 destroyers[31]. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21[32].
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+ L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974, date de l'explosion d'une bombe atomique au plutonium dans le désert du Rajasthan[33]. Ces armes sont réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.
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+ Le 9 décembre 2009, l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes[34].
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+ Le 19 avril 2012, elle teste avec succès son premier Missile balistique intercontinental, l' Agni V, d'une portée de 5 000 km[35], puis la génération suivante d'une portée de 12 000 km, l'Agni-VI (en)[36].
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124
+ La corruption constitue encore un défi majeur pour les institutions du pays. Parmi les parlementaires élus en 2019, 43 % ont des dossiers judiciaires en cours[37].
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+ Les partis politiques se tournent de plus en plus vers les grandes fortunes et les entreprises pour se financer. Sur l'année fiscale 2017-2018, les entreprises et les personnes fortunées avaient contribué 12 fois plus au financement du BJP qu'à celui de six autres partis nationaux, y compris le Congrès[38].
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+ Alors que les milieux d'affaires sont mis en cause dans de nombreux dossiers spectaculaires, des hommes d’affaires compromis ont dû fuir le pays et les liens entre milieu politique et financements obscurs nourrissent l’« empire des milliardaires », selon la formule du journaliste James Crabtree. Les médias sont également secoués par des affaires de trafics d'influence, certains d'entre eux couvrant les activités de personnalités politiques en échange de paiements[37].
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+ L’Inde est le pays de la région Asie-Pacifique où dessous-de-table et pots-de-vin sont le plus pratiqués. Les plus pauvres en sont fortement victimes : 73 % d'entre eux sont contraints d'y recourir au moins une fois par an, contre 55 % des plus favorisés, selon Transparency International. Cette corruption facilite l’accès à des services qui devraient être publics : documents administratifs, affaires de police, raccordement à l’électricité, voire soins hospitaliers[37].
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+ L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.
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+
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+ De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat de l'Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.
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+ Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindou Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.
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+ La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.
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+ Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.
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+ L'Inde est une zone en déficit hydrique[Note 3]. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde[39].
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+ La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an[40]. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 2034[41].
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+
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+ Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures[41].
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+ L'eau souterraine, source de 40 % des besoins en eau de l'Inde, s'épuise rapidement selon un rapport publié en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt et une villes indiennes - dont Delhi, Bangalore, Chennai et Hyderabad - devraient manquer d'eau souterraine dès 2021, et 40 % de la population indienne n'aura pas un accès suffisant à l'eau potable en 2030[42].
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+ Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.
151
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+ Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux[43]. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.
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+ Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.
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+ Dès la fin du XIXe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les Britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.
157
+
158
+ Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act (en) en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages[44]. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, dispose qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.
159
+
160
+ La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act, 1986 (en), a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets[45]. La loi de 2006 sur les tribus répertoriées et autres habitants traditionnels des forêts (reconnaissance des droits forestiers) est un texte clé de la législation forestière adoptée en Inde le 18 décembre 2006 (The Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers (Recognition of Forest Rights) Act, 2006). En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées[46].
161
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162
+ Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.
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+ La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le ministère de l'Environnement et des Forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.
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166
+ Face à la forte pollution présente dans le pays, le gouvernement indien a lancé en 2016 l'objectif d'électrifier à 100 % le parc automobile d'ici 2030[47].
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168
+ Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le Centre for Science and Environment, la plus grande ONG environnementale de l'Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois […] Les partis n’ont pas l’intelligence ni la vision à long terme pour prendre les mesures nécessaires. À la place, ils répondent à chaque sécheresse, à chaque inondation, par de la gestion de crise. Il n’y a aucun plan d’ensemble pour agir à l’échelle nationale pour la prévention et l’adaptation[48].
169
+
170
+ La pollution de l'air provoque la mort de 100 000 enfants de moins de cinq ans chaque année selon le Centre pour la science et l'environnement de New Delhi. Elle est responsable de 12,5 % des morts en Inde[49].
171
+
172
+ L'Inde génère actuellement, en 2019, 62 millions de tonnes de poubelles par an, mais cette production pourrait s'élever d'ici 2030 à 165 millions de tonnes annuellement selon les estimations du gouvernement[50].
173
+
174
+ La tectonique des plaques montre qu'au Permo-Trias (250-200 Ma), Madagascar, l’Inde (le craton indien était alors une grande île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique et dont la côte sud-ouest actuelle était reliée à Madagascar, la côte sud-est à l'Australie[51]), l’Afrique, l’Australie, l’Antarctique et l’Amérique du Sud étaient réunis en un supercontinent appelé Gondwana et qui commençait à se démanteler. Il y a 250 millions d’années, le Gondwana s'est disloqué pour former les cinq continents : à une première phase de rifting qui a commencé au Permo-Trias, suit une phase d’ouverture océanique du Jurassique moyen au Crétacé supérieur (180-70 Ma) avec la formation des bassins de Somalie au nord et de Mozambique au sud, relié par la ride de Davie entraînant la plaque Indo-Malgache vers le sud[52]. L’extension de la dorsale centrale indienne il y a 150 Ma sépare l’Inde de Madagascar avec un épisode de compression le long de la ride de Davie alors exhumée. Au cours de cette océanisation, se forment un épaulement de rift (l'actuelle chaîne de montagne occidentale indienne, les Ghats occidentaux) et l'Inde opère une remontée du sud au nord vers l'Asie, il y a entre 150 et 50 millions d'années, à une vitesse estimée d'environ 15 cm/an. Au cours de cette migration, la plaque indienne dérive sur le point chaud de La Réunion, une zone à forte activité volcanique. Les terres de l'Inde actuelle subissent alors d'intenses éruptions volcaniques il y a environ 65 millions d'années qui forment les trapps du Deccan, constitués d'un empilement successifs de laves basaltiques. Aujourd'hui, cette zone couvre une bonne partie du centre-ouest de l'Inde. La dérive vers le nord aboutit à une collision avec l'ancienne plaque eurasienne (l'ancien Tibet), provoquant la surrection de l'Himalaya et l'expulsion du bloc indochinois vers le sud-est[53].
175
+
176
+ Carte des terres émergées au Trias, montrant deux supercontinents, la Laurasia et le Gondwana.
177
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+ Mouvements continentaux dans le cadre de la tectonique des plaques.
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+ Collision de la plaque indienne et de la plaque eurasiatique.
181
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+ Carte terrestre illustrant les principales plaques tectoniques actuelles.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).
187
+
188
+ C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans[54]. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.
189
+
190
+ On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025[55].
191
+
192
+ Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).
193
+
194
+ Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.
195
+
196
+ Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.
197
+
198
+ En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.
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200
+ La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.
201
+
202
+ En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.
203
+
204
+ En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes[57], soit près de 6 800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.
205
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206
+ L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars[60].
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+
208
+ L'Inde s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.
209
+
210
+ La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution[61]. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.
211
+
212
+ Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10 % du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-2025[62].
213
+
214
+ La question de l'accès à l'emploi devient cependant un problème majeur. Le nombre d'emplois dans le pays a diminué de 9 millions entre 2012 et 2019, alors que plus d'un million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. En conséquence, le nombre de chômeurs chez les moins de 29 ans a bondi de 9 millions en 2012 à 25 millions en 2018. D'autre part, 90 % des emplois en Inde relèvent encore du secteur informel, caractérisé par l’absence de contrat de travail, d’assurance et de cotisation retraite[63].
215
+
216
+ La situation des paysans est également préoccupante. Chaque jour, des agriculteurs se suicident, criblés de dettes ; d’autres sont obligés de mettre fin à leur activité et de quitter leur lopin de terre pour rejoindre les bidonvilles.
217
+
218
+ Chaque année, des millions d’Indiens, parmi les plus défavorisés, quittent leur village pour travailler dans les mégalopoles.Le nombre de ces « travailleurs migrants » se situerait entre 50 millions et 100 millions. Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws[64].
219
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+ Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles.
221
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222
+ Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Un autre indice du développement économique est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).
223
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224
+ L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.
225
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226
+ Le journal indien Economic Times[65] annonce ainsi une croissance de 7,6 % pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5 % affichés par la Chine.
227
+
228
+ De son côté, la Chambre de commerce indienne est le principal organe de commerce et d'industrie de l'Est et du Nord-Est de l'Inde. Fondé en 1925, la Chambre est composées de plusieurs des plus grands groupes d'entreprises du pays. La Chambre a été créée par un groupe d'industriels pionniers dirigé par G. D. Birla (en). Enfin, historiquement la Chambre indienne était étroitement associée à la liberté indienne[66],[67].
229
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230
+ Le mode de calcul du PIB a été modifié en 2014, permettant de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance. Le taux de chômage est si considérable que le ministère du travail ne communique plus de statistiques depuis 2016. Les secteurs bancaire et ferroviaire ont commencé à être privatisés. Ces dernières années les budgets de la santé et de l'éducation, déjà très faibles (respectivement 1,2 % et 0,6 % du PIB), ont été réduits, de mème que d'autres dépenses sociales : aides à l'emploi, allocations aux cantines scolaires, plans pour l'accès à l'eau potable. Sur la question du droit du travail, des amendements votés en 2018 restreignent davantage les activités syndicales et tendraient à faciliter les licenciements et à allonger la durée de travail hebdomadaire des salariés[68],[69].
231
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232
+ La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 2011[70]. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.
233
+
234
+ La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le Ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du XVIe siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens de l'Inde du Nord-Est sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectuée par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.
235
+
236
+ Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya, etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.
237
+
238
+ Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.
239
+
240
+ La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 à la suite des invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au XIXe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.
241
+
242
+ Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts[71]. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5 000 à 50 000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'Ayodhya[Note 4] par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.
243
+
244
+ En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)[72]. Le 13 décembre 2001, le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes[72].
245
+
246
+ En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat[73]. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.
247
+
248
+ En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi[74].
249
+
250
+ Le 7 mars 2006, la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[72]. Le 8 septembre 2006, l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts[72].
251
+
252
+ Le 25 août 2007, deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes[75]. Le 23 novembre 2007, les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés[76]. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le 13 mai 2008, plusieurs attentats dans la ville de Jaipur font au moins 80 morts et 200 blessés[77]. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et 26 juillet 2008, les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes[74].
253
+
254
+ À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Odisha, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées[78]. Le 13 septembre 2008, plusieurs explosions touchent Delhi[74]. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le 26 novembre 2008, c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés[79]. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.
255
+
256
+ Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.
257
+
258
+ Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi entreprend à partir de 2018 de déchoir de la nationalité indienne les personnes qui ne peuvent prouver que leurs ancêtres étaient présents en Inde avant le 24 mars 1971. Dans l’État de l'Assam, quatre millions de personnes sont subitement devenues apatrides en 2018, et deux millions d'autres en 2019[80]. La forte proportion d'hindous (environ les deux tiers) parmi les personnes déchues de leur nationalité a été une surprise pour le gouvernement indien. Ce dernier, qui conduit une politique antimusulmane et nationaliste hindou, a réagi en adoptant la loi sur la nationalité visant à permettre aux hindous de retrouver leur nationalité indienne. La construction de plus d'une dizaine de camps de détentions est en projet pour rassembler les personnes devenues apatrides. Le Bangladesh voisin, d'où les personnes ayant perdu leur nationalité sont censées être originaires, a indiqué qu'il n'accepterait de recevoir ces « migrants » que si la preuve de leur nationalité bangladaise était apportée. En attendant, les exclus — hommes, femmes et enfants — seront placés en détention provisoire. Pourtant, cette preuve semble dans la plupart des cas impossible à fournir, et les détentions pourraient donc être définitives[81].
259
+
260
+ Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.
261
+
262
+ Aujourd'hui encore la plupart[Combien ?] des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.
263
+
264
+ L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants[82]. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’Unicef, 11,8 % des enfants travaillent en Inde (chiffres 2002-2012)[83]. Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.
265
+
266
+ Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables[84]. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchaînés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés[85].
267
+
268
+ Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude[86]. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies[87].
269
+
270
+ Le 1er avril 2010, l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans[88]. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies[89].
271
+
272
+ Depuis le 1er avril, l'éducation est devenue un « droit fondamental » pour des millions de petits Indiens. La nouvelle loi qui vient d'être adoptée par le Parlement de New Delhi ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pour autant, elle est historique. Elle vise à garantir un enseignement gratuit et obligatoire à tous les enfants âgés de 6 à 14 ans, dans un pays où au moins 10 millions d'entre eux n'ont jamais vu une salle de classe. La nouvelle loi a été portée sur les fonts baptismaux par le premier ministre, Manmohan Singh, lui-même issu d'un milieu très modeste[90].
273
+
274
+ L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 ‰, alors que le taux de mortalité est de 7,48 ‰, créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année[92].
275
+
276
+ Une nouvelle estimation nationale du nombre de personnes vivant avec le virus VIH en Inde, réalisée avec le soutien du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), révèle que la prévalence du virus chez les adultes s'établit à 0,36 % de la population du pays, ce qui correspond à un chiffre compris entre 2 et 3,1 millions d'individus[93].
277
+
278
+ Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.
279
+
280
+ Alors que les foyers pauvres consacrent 60 % de leurs revenus à l’alimentation, 38 % des enfants souffrent toujours de malnutrition[94].
281
+
282
+ L’Inde ne compte que 0,5 lit d’hôpitaux pour 1 000 habitants (contre 4,3 lits pour 1 000 habitants en Chine)[95].
283
+
284
+ La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.
285
+
286
+ L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes ainsi que plusieurs milliers de dialectes[96]. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlée du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population[97]), 20 % une langue dravidienne[98]. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats[99].
287
+
288
+ La langue officielle du gouvernement central est l'hindi. Depuis plusieurs années, le gouvernement central tente de renforcer l'usage d'un hindi standardisé à travers tout le pays. Cependant, une certaine partie de la population juge cet hindi comme trop complexe, perçu même comme « nouveau symbole de l’oppression et du pouvoir d’État » envers les intérêts locaux[100].
289
+
290
+ L'anglais, langue de l'ancien colonisateur britannique, a le statut de seconde langue officielle. L'anglais n'est cependant utilisé que par une faible partie de la population, notamment par l'élite indienne dans les affaires, le tourisme, l'administration, le milieu universitaire ou encore diplomatique. Si de nombreux intellectuels depuis Gandhi voient dans l’anglais une langue de l'aliénation, créant de surcroît un schisme entre l'élite indienne et le peuple, l'anglais a néanmoins le mérite de transcender en certaines occasions les particularismes linguistiques régionaux, très présents et parfois opposés, comme le prouve notamment le conflit en Inde entre États dravidophones et États hindiphones.
291
+
292
+ En outre, une vingtaine de langues sont officielles dans les différents États et territoires, dont le français (bien que peu parlé) dans le territoire de Pondichéry, en raison de l'histoire coloniale de ce territoire.
293
+
294
+ La musique indienne est très diversifiée[101]'[102]. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.
295
+
296
+ La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A. R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.
297
+
298
+ Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés[103]. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.
299
+
300
+ La tradition littéraire la plus ancienne, le Veda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du Xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées.
301
+ Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.
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+ À partir du XXe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R. K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R. K. Narayan[104]. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri[105] occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru[106] a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles[107].
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+ Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.
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+ L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Calcutta, de Chennai, et au Kerala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran et Amma, acteurs tamouls populaires devenus ministre en chef du Tamil Nadu[108].
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+ En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.
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+ Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.
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+ La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton[109]. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.
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+ Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.
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+ Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Calcutta — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur The Great Khali.
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+ Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.
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+ Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées[110]. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala[111],[112].
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+ Joueurs et public d'un jeu de rue à Pushkar (Rajasthan).
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+ Atoll de l'archipel des Laquedives.
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+ Façade est du Palais des vents à Jaipur.
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+ Plage sur la côte de Malabar au Kerala.
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+ Forêt tropicale de la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
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+ Mausolée du Tombeau d'Humâyûn, New Delhi.
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+ Monastère de Thiksey, Ladakh.
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+ Mumbai (Bombay), la capitale économique
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+ Le Taj Mahal à Agra.
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+ Shikara (gondoles cachemiri) sur le lac Dal à Srinagar, Cachemire.
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+ Backwaters du Kerala.
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+ Parc national de Bandhavgarh, Madhya Pradesh.
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+ Célébration de Bihu par des femmes Mishing dans la Vallée de l'Assam.
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+ Vallée de Pahalgam, Cachemire.
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+ Ghats à Varanasi.
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+ Puits à degrés du Rani ki Vav à Patan au Gujarat.
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+ Le Kuchipudi d'Andhra Pradesh.
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+ Femmes de Jodhpur.
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+ Le Kangchenjunga (Himalaya), est le plus haut sommet d'Inde culminant à 8 586 m.
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+ Tigre du Bengale.
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+ Chutes de Jog, Karnataka.
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+ Centrale thermique au Gujarat.
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+ Célébration de Holi dans la ville sainte de Barsana, non loin de Vrindavan (Uttar Pradesh).
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+ Temple de Baijnath, Himachal Pradesh. L'hindouisme est la religion majoritaire (près de 80 %) en Inde.
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+ Danseuse de Sattriya, une danse classique d'Assam.
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+ Bharatanatyam danse traditionnel du Tamil Nadu.
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+ L'Inde a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ L'encyclopédie libre que chacun peut améliorer
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+ Ressources Investment est une société française d'investissement dans le foncier agricole qui a été créée en 2016 sous le contrôle du Chinois Keqin Hu. Au cours des années 2010, l'entreprise s'est fait connaître dans les médias par l'acquisition en France de centaines d'hectares de terre agricole.
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+ Keqin Hu, président de Ressources Investment, est également à la tête de Reward Group (connu sous Luowa en Chine), une société chinoise fondée en 1995 qui s'est progressivement diversifiée en trois branches d'activité : les produits ménagers, l'immobilier et l'alimentaire avec notamment la commercialisation du lait en poudre. À la suite d'un scandale alimentaire concernant le lait en Chine, le groupe pour se diversifier et redonner confiance aux consommateurs dans la qualité de ses produits, décide de s'approvisionner dans des pays dont les normes appliquées sont reconnues. La qualité de la production française et l'attrait de son foncier conduisent le milliardaire Keqin Hu à investir dans des exploitations céréalières en France. Le but est d'expédier la farine produite pour permettre d'alimenter une future chaine composée de 1 500 boulangeries.
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+ Bien que le projet échoue avec la faillite en 2019 de Reward Group, et la disparition médiatique de Keqin Hu, alors que seules trois boulangeries furent créées, les acquisitions d'exploitations par Reward Group durant les années 2010 ont eu d'importantes répercussions politiques. Elles ont mis en exergue les défaillances des organismes français de contrôle du foncier, et ravivé la crainte d'une perte de la souveraineté alimentaire en raison de l'accaparement des terres par une puissance étrangère.
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+ Événements en cours : Protestations consécutives à la mort de George Floyd · Pandémie de Covid-19 · Invasion de criquets · Épidémie de dengue · Crise présidentielle au Venezuela · Guerre civile yéménite · Guerre civile libyenne · Guerre civile syrienne
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+ Wikipédia est un projet d’encyclopédie collective en ligne, universelle, multilingue et fonctionnant sur le principe du wiki. Ce projet vise à offrir un contenu librement réutilisable, objectif et vérifiable, que chacun peut modifier et améliorer.
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+ Les rédacteurs des articles de Wikipédia sont bénévoles. Ils coordonnent leurs efforts au sein d'une communauté collaborative, sans dirigeant.
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+ Chacun peut publier immédiatement du contenu en ligne, à condition de respecter les règles essentielles établies par la Fondation Wikimedia et par la communauté ; par exemple, la vérifiabilité du contenu, l'admissibilité des articles et garder une attitude cordiale.
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+ De nombreuses pages d’aide sont à votre disposition, notamment pour créer un article, modifier un article ou insérer une image. N’hésitez pas à poser une question pour être aidé dans vos premiers pas, notamment dans un des projets thématiques ou dans divers espaces de discussion.
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+ Les pages de discussion servent à centraliser les réflexions et les remarques permettant d’améliorer les articles.
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+ Images de qualité sur Wikimédia Commons
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+ Dieu (hérité du latin deus, lui-même issu d'une racine indo-européenne *deiwos, « une divinité », de la base*dei-, « lueur, briller » ; prononciation : Écouter) désigne un être ou force suprême structurant l'univers ; il s'agit selon les croyances soit d'une personne, soit d'un concept philosophique ou religieux. Principe fondateur dans les religions monothéistes, Dieu est l'être suprême, unique, transcendant, universel, créateur de toutes choses, doté d'une perfection absolue, constituant le principe de salut pour l'humanité et qui se révèle dans le déroulement de l'histoire[2]. Comme entité philosophique, Dieu est le principe d'explication et d'unité de l'univers[3].
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+ L'existence réelle d'un être suprême et les implications politiques, philosophiques, scientifiques, sociales et psychologiques qui en découlent font l'objet de nombreux débats à travers l'Histoire, les croyants monothéistes appelant à la foi, tandis qu'elle est contestée sur les terrains philosophique et religieux par les libres-penseurs, agnostiques, athées ou croyants sans Dieu.
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+ La notion de Dieu revêt un considérable impact culturel, notamment dans la musique, la littérature, le cinéma, la peinture, et plus généralement dans les arts. La représentation de Dieu et la façon de nommer Dieu varient en fonction des époques et systèmes de croyances.
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+ Le mot « dieu » vient du latin deus, lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller » qui, élargie en deiwo- et en dyew-, sert à désigner le ciel lumineux en tant que divinité ainsi que les êtres célestes par opposition aux êtres terrestres, les hommes[4]. Étroitement liée à cette notion de lumière, c'est la plus ancienne dénomination indo-européenne de la divinité qui se retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif est Dios. De la même racine est issue la désignation de la lumière du jour (diurne) et du jour, lui-même (dies en latin)[5].
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+ Dans la langue française, le mot est attesté dès le tout premier texte français[4], les Serments de Strasbourg, en 842 sous les formes Deo au cas régime et Deus au cas sujet[6],[7]. Dans ce texte, le terme désigne avec une majuscule la divinité du monothéisme chrétien. On trouve ensuite Deu et Dieu aux XIe et XIIe siècles[4]. Il indique également une divinité du polythéisme à partir du XIIe siècle[4]. Considéré comme un nom propre, le nom « Dieu » prend alors une majuscule[8] ainsi que les métonymies ou les pronoms qui s'y substituent[9].
12
+
13
+ Les termes qui désignent Dieu dans les langues germaniques (𐌲𐌿𐌸 Guþ en gotique, Gott en allemand, God en anglais et en néerlandais, Gud dans les langues scandinaves, Guð en islandais) ont une autre origine, elle aussi indo-européenne, liée à la notion d'« appel » ou d'« invocation »[10]. Sa plus ancienne mention écrite se trouve dans le Codex Argenteus, au VIe siècle. Ce Codex est une copie de la traduction de la Bible effectuée selon l'alphabet inventé par l'évêque Wulfila deux siècles plus tôt.
14
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15
+ Les termes qui désignent Dieu dans les langues slaves (Бог en biélorusse, bulgare, macédonien, russe, serbe, ukrainien ; Bog en croate ; Bóg en polonais ; Bůh en tchèque) sont issus du proto-slave bogъ lui-même issu de l'indo-européen bhag-[11].
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+
17
+ Dans le Tanakh (la Bible hébraïque), le Nom sacré par excellence s'écrit YHWH et ne se prononce pas[note 1].
18
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19
+ Le nom de « Dieu » en arabe est « Allah » (الله) issu de l'arabe préislamique ʾilāh-[12].
20
+
21
+ Dans le calendrier, le nom dimanche[13] vient du titre « Seigneur » donné dans la plupart des religions chrétiennes aussi bien à Dieu qu'à Jésus. Il est aussi donné indirectement, dans plusieurs langues romanes, au jeudi, jadis consacré à Jupiter[14].
22
+
23
+ Le concept de Dieu possède des aspects religieux et métaphysiques très divers, ce qui rend particulièrement difficile sa définition[15]. Certains auteurs estiment même que Dieu est si grand qu'il échappe à toute tentative de définition par des mots humains[16]. C'est en particulier le cas de ceux qui s'inscrivent dans une approche apophatique. Ainsi, par exemple, Jean Scot Erigène a pu écrire :
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+
25
+ « Nous ne savons pas ce qu'est Dieu. Dieu lui-même ignore ce qu'il est parce qu'il n'est pas quelque chose. Littéralement Dieu n'est pas, parce qu'il transcende l'être. »
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+ Et le Pseudo-Denys l'Aréopagite :
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29
+ « Là, dans la théologie affirmative, notre discours descendait du supérieur à l'inférieur puis il allait s'élargissant au fur et à mesure de sa descente; mais maintenant que nous remontons de l'inférieur jusqu'au Transcendant, notre discours se réduit à proportion de notre montée. Arrivés au terme nous serons totalement muets et entièrement unis à l'Indicible. »
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31
+ — Pseudo-Denys l'Aréopagite, De la théologie mystique.
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+ Abordée au XIXe siècle, l'étude de l'évolution religieuse de l'humanité est un champ de recherches longtemps délaissé, victime d'une part de conceptions souvent « évolutionnistes » sous-tendant la démarche — présupposant un « sens » de l'histoire jalonné d'étapes précises, ou fondé sur l'idée de l'accomplissement d’une rationalité immanente — et, paradoxalement, victime de la spécialisation de la recherche au fil de l'accroissement de la connaissance des religions elles-mêmes. Certains grands noms de la sociologie des religions, parmi lesquels Émile Durkheim, Marcel Mauss, Georg Simmel et Max Weber[17], ont cependant jeté les bases de cette étude. Le sociologue des religions Yves Lambert, développant une grille d'analyse avancée par Karl Jaspers, a proposé la poursuite de cette approche par la sociologie historique et comparée des religions afin de présenter des clefs d'analyse pour l'appréhension du « fait » religieux, sans éluder la singularité de chacun des grands ensembles religieux. Jaspers a souligné la contemporanéité de changements radicaux intervenus à travers de grandes aires civilisationnelles — en Iran, en Palestine, en Grèce, en Inde ou en Chine — entre le VIIIe et le IIIe siècle av. J.-C. — particulièrement au VIe siècle av. J.-C. —, permettant l'apparition d'innovations culturelles fondamentales — parmi lesquelles l'unicité et l'universalité de Dieu — dans un processus qualifié par Jaspers de « période axiale »[18].
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+ Suivant Yves Lambert[19], une religion est à considérer comme une « organisation supposant l'existence d'une réalité supra-empirique avec laquelle il est possible de communiquer par des moyens symboliques (prière, rites, méditations, etc.) afin de procurer une maîtrise et un accomplissement dépassant les limites de la réalité objective »[20]. Cinq types de religions peuvent être distingués, qui correspondent à autant de moments « nouveaux » de l'histoire humaine, sans qu'il faille y voir pour autant une forme « évolutive », les modèles émergents n'étant pas exclusifs des précédents : aux premières religions connues — celles des peuples de chasseurs-cueilleurs — succèdent les religions orales agraires corrélatives à la sédentarisation, au développement de l'agriculture et de l'élevage. L'apparition des grandes civilisations antiques s'accompagne de l'émergence des polythéismes après lesquels apparaissent les religions du salut et enfin la transformation de celles-ci à partir de l'époque moderne, au XVIe siècle. L'apparition du concept de « Dieu » s'opère à l'époque de l'« âge axial » qui, suivant Jaspers correspond à « la naissance spirituelle de l'homme »[21].
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+ La religion mésopotamienne se distingue des religions orales agraires par différentes caractéristiques telles que l'apparition d'un panthéon, d'épopées, d'une caste sacerdotale nombreuse et hiérarchisée, de grands édifices religieux, de théodicée, etc. La plus ancienne liste de dieux connue figure sur des tablettes datant du XXVIIe siècle av. J.-C. et compte les noms de 560 dieux[22].
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+ Les dieux locaux perdent peu à peu de leur prestige au fil de la domination étrangère pour constituer progressivement un « polythéisme au seuil du monothéisme »[21]. C'est à cette époque, vers le VIe siècle av. J.-C. qu'apparaît au sein du peuple hébreu la mutation d'une monolâtrie — caractérisée par un aniconisme inédit — au monothéisme[23] et qu'émergent « l'Unicité et la Transcendance absolues de Dieu »[24].
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+ Dès le XIVe siècle av. J.-C., le règne d'Akhenaton est le cadre d'une brève révolution monothéiste fondée sur le culte d'Aton dont la portée réelle est discutée. L'archéologue Alain Zivie souligne que les changements radicaux n'ont peut-être atteint que les élites, la cour royale et les grands temples, « avec de nettes limites géographiques aussi bien que thématiques et conceptuelles »[25]. Ce culte s'effondre dès la disparition de ce pharaon[26]. On a longtemps voulu y puiser l'origine du monothéisme biblique, ce qui est contesté par les historiens actuels[27] : le monothéisme juif n'apparaît que huit siècles plus tard et ne revêt sa forme « exclusive » actuelle qu'au cours du VIe siècle av. J.-C.[28], au retour du peuple juif de l'exil de Babylone[29],[27].
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+ Pour Mireille Hadas-Lebel, l'idée du Dieu unique, à la fois créateur, miséricordieux et tout-puissant, s'est faite au terme d'une lente évolution dans le cas du monothéisme juif, qui était au contact de cultures et d'empires polythéistes[30]. Citant à ce propos Marcel Gauchet, l'historienne souligne la nécessité d'une « extraterritorialité » religieuse pour le peuple juif : celui-ci peut alors s'affranchir du pouvoir impérial et du « culte de souverains puissants aisément divinisés par leurs sujets ».
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+ Le monothéisme judaïque s'élabore dans un contexte plus propice à de telles idées : le roi babylonien Nabonide tente de faire du dieu lunaire Sîn le dieu unique de son empire, en Grèce, les présocratiques défendent l'unicité de la divinité contre le panthéon et les successeurs achéménides de Cyrus II le Grand — considéré lui-même comme un messie de YHWH — influencent le monothéisme judéen en faisant d'Ahura Mazda le dieu officiel de l'empire[31].
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+ Le zoroastrisme est la première religion attestée proposant un salut éternel[32]. Également appelé « mazdéisme », elle doit son nom à Zoroastre ou Zarathustra, apparaissant probablement à une époque que les spécialistes contemporains situent — malgré le silence des textes sacrés à ce sujet[33] — vers le IXe siècle av. J.-C., avant qu'elle devienne la religion officielle du royaume de Darius Ier, vers 520 av. J.-C.[32]. La minceur des sources conservées, composées à peine d'une vingtaine de Gathâs[34], des hymnes en vieil-avestique longtemps transmis oralement[35], pose des problèmes d'interprétations considérables qui partagent les chercheurs entre deux types d'interprétations[36].
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+ La première[32] fait du zoroastrisme la première religion monothéiste faisant état d'un salut dans un autre monde[37]. Ce point de vue se fonde sur deux observations, d'une part le rejet des daivas[38], les dieux traditionnels, et d'autre part l'omniprésence d'un seul dieu dans ces textes, une divinité unique dûment nommée, Ahura Mazda, le Maître attentif[39]. Celui-ci, dont dérive le terme mazdéisme, est le dieu unique et créateur qui se révèle à Zoroastre et dont le règne doit s'établir à l'issue de la lutte dualiste entre le Bien et le Mal, personnifiés par deux agents divins jumeaux créés par Ahura Mazda qui est assisté par six « Immortels bienfaisants », six Entités[40] qu'il a suscitées pour aider l'homme à faire le bien[32].
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+ La seconde[36] y voit le fruit de l'évolution religieuse d'un culte assez proche du védisme, en réformant les dérives ritualistes et sacrificielles mais conservant sa nature polythéiste[41] ; toutefois, cette dernière position peut admettre un processus de monothéisation allant de pair avec un processus de théogenèse qui continue de peupler le panthéon de divinités nouvelles[39].
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+ Si Zoroastre a pu être monothéiste — ou monolâtre[42] —, il apparaît que ses héritiers inclinent vers une re-polythéisation, divinisant les Entités et réintroduisant des divinités antérieures dans une évolution qui peut faire penser à l'Égypte et diverge radicalement de celle du yahwisme judaïque. Cette tendance s'accentue au sein de l'empire perse[43], dans un processus de re-mythologisation qui conserve et accentue le dualisme[44]. L'influence du zoroastrisme est débattue mais il est possible qu'elle ait existé dans une certaine mesure sur le judaïsme à partir de la libération des Israélites de Babylone par Cyrus II en 539 av. J.-C., à une époque où apparaissent les notions de résurrection, de jugement et de royaume de Dieu, sans qu'on puisse toutefois prouver formellement ces possibles emprunts[45].
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+ Quand un monothéisme accepte la coexistence avec le polythéisme ou conçoit sa divinité « nationale »[27],[46] comme simplement « supérieure » à d'autres, on parle plutôt de « monolâtrie » ou d'« hénothéisme »[47], termes de création récente[27].
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+ Dans le judaïsme antique, si un premier yahvisme monôlatrique remonte probablement à la sortie d'Égypte, on ignore comment le dieu Yahvé devient précisément le dieu national des deux royaumes de Juda et d'Israël[48]. Yahvé revêt alors de multiples formes, fonctions et attributs : il est vénéré comme une divinité de l'orage à travers une statue bovine dans les temples de Béthel et de Samarie[49] alors qu'à Jérusalem, il est plutôt vénéré comme un dieu de type solaire[48].
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+ Le Deutéronome — proposant toujours une formulation monolâtrique qui ne nie pas encore les autres dieux[50] — semble avoir été écrit vers 622 av. J.-C. quand le roi Josias entend faire de YHWH le seul Dieu de Juda et empêcher qu'il ne soit vénéré sous différentes manifestations comme cela semble être le cas à Samarie ou à Teman[51], dans l'idée de faire de Jérusalem le seul lieu saint légitime de la divinité nationale[52].
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+ L'émergence du monothéisme judaïque « exclusif » est liée à la crise de l'Exil. En 597 av. J.-C., l'armée babylonienne défait le royaume de Juda, l'occupe et déporte en exil à Babylone la famille royale et les classes supérieures. Dix ans plus tard, les Babyloniens ruinent Jérusalem et détruisent son Temple ; s'ensuit alors une deuxième déportation. C'est au sein de cette élite déportée et de sa descendance que l'on trouve la plupart des rédacteurs des textes vétérotestamentaires qui vont apporter la réponse du monothéisme au terrible choc et la profonde remise en question de la religion officielle engendrés par cette succession de catastrophes[53].
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+ Non seulement la défaite n'est pas due à l'abandon par YHWH, mais c'est au contraire l'occasion de le présenter comme seul et unique Dieu : dans les récits que les intellectuels judéens écrivent alors, la destruction de Jérusalem, loin d'être un signe de faiblesse de YHWH, montre la puissance de celui qui a instrumentalisé les Babyloniens pour punir ses rois et son peuple qui n'ont pas respecté ses commandements. YHWH devient dès lors, au-delà de son peuple, le maître des ennemis de Juda[54].
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+ Ainsi les rédacteurs du Deutéronome articulent leur réflexion théologique sur le thème de l'« élection » qui permet de répondre à la question que pose la conception d'un dieu unique de l'univers entier et de sa relation spéciale avec le peuple d'Israël : c'est alors tout le peuple — se substituant au roi — qui devient l'élu de Dieu sur un mode d'exclusion, interdisant parfois le contact avec les peuples idolâtres[55]. Le concept de « communauté d'Israël » apparaît alors et le culte de YHWH devient le ciment de l'identité judéenne[56].
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+ Suivant Wilfred Monod, « le Dieu des philosophes grecs ne prétend pas rendre raison de l'origine de l'Univers, mais seulement de l'ordre et de la hiérarchie qui s'y découvrent, au-dessus des choses soumises à la génération et à la corruption »[57].
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+ La philosophie antique, si elle a largement influencé les réflexions classiques et modernes sur Dieu, ne s'est paradoxalement qu'assez peu intéressée aux questions divines, considérant que le nombre important de dieux — les Grecs nourrissent le sentiment d'un monde tout entier habité par le divin[58] — ne méritait pas un chapitre singulier de la philosophie[59]. Par exemple, dans l'œuvre d'Aristote, qui alimente de manière considérable les réflexions théologiques tant juives que chrétiennes ou musulmanes[60], seule une portion ténue est consacrée à la question du divin[61]. Ainsi, contrairement à la plupart des lectures rétrospectives qui en seront faites, lorsque Aristote évoque le divin (to théon), il s'agit d'un « universel abstrait », un être primordial, autosuffisant mais qui n'est nullement un « Dieu » unique et transcendant au monde[58].
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+ Ce n'est qu'au IIIe siècle, avec le néoplatonisme, lorsqu'une concurrence intellectuelle et morale se produit avec le christianisme émergent, que des philosophes comme Plotin, Porphyre ou Proclus font des questions théologiques l'objet principal de leur réflexion intellectuelle. Plotin (207-270) promeut l'idée du « Un » (en grec : to en), un principe premier transcendant qui domine la réalité[58] et qui n'est connaissable qu'au travers de ses attributs.
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+ Les religions abrahamiques[note 2] voient Dieu comme le principe créateur, selon l'analyse de Mireille Hadas-Lebel : « Chez les Grecs, l’idée d’un principe unique qui anime le monde relevait de la philosophie. Chez les Juifs, il n’y avait peut-être pas de philosophes, mais cette idée de principe unique, cette intuition que l’on appelle monothéisme, était commune à tous, du plus grand au plus humble, et s’accompagnait de l’interdit de la représentation de la divinité, ce qui, dans un environnement idolâtre, paraissait la chose la plus étrange du monde.Ce Dieu n’était cependant pas un principe abstrait, mais une force tutélaire : roi, père, juge qui veillait sur les Hommes et exigeait d’eux un comportement moral dont aucune divinité de l’Olympe ni de l’Orient antique ne pouvait donner l’exemple. Tel est le Dieu que prient encore aujourd’hui les Juifs »[62].
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+ Il se peut que le culte de YHWH ait été prédominant parmi les Hébreux dès le Xe siècle av. J.-C.[63], opposé à un polythéisme dès lors minoritaire. Cette hypothèse se fonde notamment sur l'étude statistique des occurrences des noms yahvistes[64]. Toutefois, suivant une partie de l'exégèse moderne du début du XXIe siècle, l'idée de YHWH comme étant le Dieu unique apparaît pendant la période perse à la suite d'une réflexion monothéiste qui aboutit à l'affirmation — dans une polémique anti-idolâtrique — de cette unicité que l'on retrouve dans le Livre d'Isaïe[65] rédigé dans une période comprise entre la moitié du VIe et le début du Ve siècle av. J.-C.[66], le seul parmi les livres prophétiques bibliques à affirmer cette unicité[67]. Probablement influencée par les conceptions religieuses des Achéménides[68], cette conception devrait également beaucoup à l'approfondissement de la tradition aniconique, le rejet des images étant un trait fondamental du judaïsme qui semble remonter aux origines de celui-ci[69].
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+ Les religions abrahamiques sont monothéistes, elles affirment l'existence d'un Dieu unique et transcendant.
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+ Au Moyen Âge, sous l'impulsion de la pensée arabe et grecque, la pensée juive élabore une théologie d'où ressort, entre autres, un principe énoncé par Saadia Gaon : « la pensée humaine, don de Dieu, est valide et source de vérité à l'égal de la Révélation ». Dès lors, la rationalité pour appréhender Dieu est légitimée comme devoir religieux, ce qui trouve un meilleur accueil, à l'époque, que la seule foi. Toutefois des désaccords apparaissent sur la question de savoir si la réflexion rationnelle concernant Dieu constitue ou non une forme suprême d'expérience religieuse. Juda Halevi apporte une réponse négative, affirmant que les preuves logiques ne permettent pas d'aboutir au Dieu d'Abraham, seule une « communication immédiate », une « Révélation divine » le permet[70].
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+ Dans la Bible, Dieu est décrit en termes psychologiques : coléreux, content, triste, déçu, ayant de la pitié, aimant ou haïssant. Depuis Maimonïde, la tradition théologique hébraïque insiste sur la distinction entre le sens littéral des expressions parlant de Dieu et ses qualités : une manière d'en parler convenablement serait de lui attribuer des œuvres et des actions, et non des intentions ou des émotions car l'essence de Dieu est inconnaissable et dépasse l'entendement humain. Toutefois il parait assuré que Dieu et ses « attributs essentiels » ne forment qu'un[70].
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+ La théologie judaïque s'attache à « fonder la croyance qu'il [Dieu] agit dans la nature et dans l'histoire, ce qui le met en relation avec l'homme de telle sorte que celui-ci se sente tenu de répondre »[70].
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+ La Kabbale distingue le « Dieu en soi, caché dans la profondeur de son être » et le Dieu révélé qui se manifeste à travers sa création et de qui, seulement, on peut dire quelque chose, tout en mettant l'accent sur l'unité de ces deux aspects. Dans cette tradition, on insiste sur la présence de Dieu dans l'ensemble de sa création, disant que la Torah est l'incarnation vivante de la sagesse divine. La question « comment le monde peut-il exister si Dieu est partout ? » s'est alors posée. Pour y répondre, Isaac Louria a développé la doctrine du tsimtsoum[70].
88
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89
+ À la suite des œuvres de David Hume et de Kant, les théologies judaïques se sont tournées vers la raison pratique et l'idéalisme moral pour parler de Dieu. Au XXe siècle, ont été développées des problématiques déistes modernes : Samson Raphaël Hirsch, Mordecai Kaplan, Franz Rosenzweig, Abraham Joshua Heschel, etc.[70].
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+ La conception chrétienne de Dieu s'élabore dans les premiers siècles du christianisme par une hybridation entre la pensée biblique et la pensée grecque notamment le néoplatonisme[71]. Elle est l'œuvre des Pères de l'Église, notamment Augustin d'Hippone. À la différence du Dieu impersonnel des néo-platoniciens, le Dieu chrétien est incarné[72], c'est un Dieu lumière intérieure qui « travaille » les humains au plus intime de leur être. Augustin d'Hippone insiste sur ce point dans Les Confessions III.6, 11 : « Tu autem eras interior intimo meo et superior sumno meo (Mais Toi, tu étais plus profond que le tréfonds de moi et plus haut que le tréhaut de moi) »[73]. Dans le christianisme deux conceptions de Dieu, celle de la religion et celle de la philosophie, tantôt cohabitent comme c'est le cas chez Augustin d'Hippone, tantôt sont séparées. Pour Goulven Madec, Blaise Pascal dans son Mémorial instaure une césure quasi définitive entre le Dieu des philosophes et le Dieu de la Bible en opposant nettement les deux: « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants »[74]. La conception de Dieu dans le christianisme doit faire face à un certain nombre de questionnements.
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+ Le christianisme va devoir faire face à des questions soulevées par le fait que Jésus-Christ, fils de Dieu s'est fait homme. Au IIe et au IIIe siècle, plusieurs conceptions vont s'affronter : certains considèrent que Jésus est un homme adopté par Dieu, d'autres que Jésus n'a pas réellement souffert, les ariens considèrent que seul le Père est vraiment ancré et que Jésus ne lui est que subordonné, enfin d'autres, les nicéens, considèrent comme cela sera affirmé dans le Credo adopté lors du concile de Nicée de 325 que « Jésus Christ est le Fils unique de Dieu », « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, engendrée et non pas créée, consubstantiel au Père » (ce terme consubstantiel vient d'un mot grec qui veut dire essence ou substance)[82]. Néanmoins la querelle continue ce qui amène les pères cappadociens Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze à élaborer la théologie de la Trinité qui veut qu'il y ait un Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit pour reprendre la traduction qu'Augustin d'Hippone a fait du grec[83]. Cette théologie sera adoptée par le concile de Constantinople en 381[84] Actuellement le Credo de Nicée-Constantinople est considéré par les catholiques, une majorité de protestants et les orthodoxes (avec des réserves sur le Saint-Esprit) comme un des fondements du christianisme[84].
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+ Quelques années plus tard, entre 400 et 418, Augustin d'Hippone écrit un livre intitulé De la Trinité qui marque le christianisme latin et qui insiste sur l'unité de la trinité « Unitas Trinitas, Deus Trinitas, Deus Trinitatis »[83]. Par ailleurs, pour Augustin, le mystère de la Trinité est au-delà de ce qu'on peut en dire. Malgré tout la position nicéenne a du mal à s'imposer. Vers 500, à la suite notamment des invasions menées par des peuples professant l'arianisme, seul le royaume franc de Clovis et de Clotilde (465-545) professe le christianisme nicéen[85]. C'est à partir de cette base que le Credo de Nicée-Constantinople gagne l'Europe occidentale au Moyen Âge.
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+ Dans l'iconographie chrétienne ou la peinture d'inspiration chrétienne, il arrive qu'une Colombe représentant le Saint-Esprit fasse le pont entre le Dieu le Père et Dieu le Fils[86]. D'une façon générale, François Bœspflug[87] distingue « six grandes périodes dans l'histoire iconique de Dieu et de la Trinité dans l'art ». La première période, celle du christianisme des deux premiers siècles semble se refuser à la représentation de Dieu[87]. Durant la seconde qui court jusqu'à à la fin du VIIIe siècle, le mystère trinitaire est peu représenté. La troisième période (du IXe siècle au XIe siècle est dominée par l'image « d'un Dieu-Christ siégeant en majesté »[87]. La quatrième période voit l'apparition à côté du Dieu-Christ de gloire d'un « Christ de pitié »[87]. Durant la cinquième période, des motifs nouveaux apparaissent tels que la « compassion du Père ou [le] couronnement de la Vierge »[87] La sixième période voit le déclin de la représentation trinitaire qui disparait pratiquement au XXe siècle[88] au profit du Christ seul.
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+ À partir des années 1930, Robert Eisler développe la thèse selon laquelle « Jésus aurait été un révolutionnaire politique d'empreinte apocalyptique »[89]. Cette thèse sera complétée en 1967 par celle de Samuel Brandon qui voit Jésus comme un zélote, c'est-à-dire comme un membre d'un mouvement à la fois opposé à la culture hellénistique (grecque) et recourant à la violence politique[89]. Ces thèses seront reprises à la fin des années 1960 et au début des années 1970 par des mouvements que le théologien Joseph Ratzinger qualifie de théologies de la révolution, peut-être pense-t-il à la théologie de la libération[90]. Pour Joseph Ratzinger (théologien, cardinal, puis pape émérite), cette thèse est erronée. En effet, pour lui, Jésus n'était pas un zélote car d'une part, il ne prêchait pas la violence et « a transformé en zèle de la Croix le « zèle » qui voulait servir Dieu par la violence »[91] et d'autre part, sa pensée universaliste ne s'opposait pas à la culture gréco-latine[92].
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101
+ Dans l'islam, Dieu porte le nom d'Allah et constitue le cœur de la foi et de la pratique des croyants musulmans dont chaque aspect de la vie lui est ainsi relié à travers la religion[93]. Traditionnellement dépourvu de genre, c'est un créateur omnipotent, omniscient et omniprésent qui transcende toute sa création. Divinité centrale d'un monothéisme intégral et intransigeant, un et unique, maître des mondes et des destinées, juge du Jugement dernier, il s'est révélé à chaque prophète depuis Adam jusqu'à Mahomet. La sourate 112 — al-ikhlas — rassemble l'essentiel de la conception musulmane de Dieu : « Lui est Allah un, Allah l'impénétrable, Il n'engendre pas, il n'est pas engendré, et nul n'est égal à Lui »[94]. Le Coran affirme également le caractère absolument transcendant de Dieu qui est pourtant tout à la fois d'une grande proximité avec l'homme[95] et sa création dans et par laquelle il se manifeste[93].
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103
+ De nature indivisible, insécable, irréductible à une interprétation en termes de trinité à l'instar du christianisme trinitaire, Allah constitue une monade, seule vérité et seule réalité. L'islam insiste très fortement sur la foi en l'unicité d'Allah[96] — le tawhid — et condamne vivement toute atteinte à cette unicité en lui adjoignant des associés. Ainsi, dans l'islam, l'associationnisme (shirk) est la seule faute catégoriquement impardonnable[97].
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105
+ Allah mène les hommes dans une destinée dont ils ignorent et le sens et l'issue ; il peut à la fois les guider et les égarer, les punir et les pardonner. Connaissant leurs moindres pensées, c'est le juge du Jugement dernier qui châtie les pécheurs et les incrédules et récompense les fidèles. Si sa fureur est régulièrement affirmée — il est parfois surnommé « le Terrible »[98] ou « le Redoutable »[99] — sa dimension la plus importante est la miséricorde dont il fait preuve, un trait caractéristique d'une grande intensité et universelle qui est rappelée au début de chaque sourate du Coran[93].
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+ Le texte coranique donne 99 noms différents à Dieu[100] qui sont parfois répartis en deux catégories par la tradition entre ceux qui décrivent un Dieu proche de l'homme ou de la création et, d'autre part, ceux qui soulignent sa transcendance et son incompatibilité avec cette création[101].
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+ Le Coran rapporte en outre des descriptions ou attributs anthropomorphiques de Dieu dont la portée sera disputée dès le début de l'islam[101] : le Coran mentionne sa face[102], ses yeux[103], ses mains[104] ou encore le trône sur lequel il siège[105]. Pour la révélation du texte sacré de l'islam, Dieu s'exprime à travers l'ange Gabriel et le prophète Mahomet qui entend la parole divine mais pas sa voix. Dès le Xe siècle, le théologien sunnite Al Ash'ari considère qu'avec la puissance, la science, la vie, la volonté, la vue, l'ouïe et la durée, cette parole fait partie des éléments anthropomorphiques attributs de l'essence divine là où les premiers mutazilites ne voyaient que des métaphores[106]. À la fois proche et lointain, humain et impénétrable, Dieu tel qu'il est décrit dans l'islam est — suivant le texte coranique — essentiellement un « mystère » (« ghayb »[107]) qui ne saurait être ramené ou comparé à rien de semblable dans la création. C'est la « matrice exclusive de tous les univers »[101] qui enjoint aux croyants, à travers Mahomet, de concentrer sur l'unicité de Dieu dans une affirmation qui devient le dogme fondamental de l’islam[101].
110
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111
+ Gautama Bouddha a rejeté l'existence d'un dieu créateur[108], a refusé d'approuver de nombreux points de vue sur la création[109], et a déclaré que les questions sur l'origine du monde ne sont pas en fin de compte utiles pour mettre fin à la souffrance.
112
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113
+ Inspirée entre autres des traditions religieuses hindoue et islamique, le sikhisme connaît lui aussi un Dieu « strictement monothéiste »[110]. Pour cette religion, le Dieu unique est créateur du monde[111], tout puissant[112], transcendant et immanent[111], infini et éternel[112], sans forme[111],[112], juste et plein d'amour[111]. Être personnel, il est inconnaissable dans son essence[111].
114
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115
+ La Mul Mantra, qui débute le Livre saint du sikhisme, le Guru Granth Sahib, énumère en une formule les attributs de la Divinité[112]. Cette prière commence ainsi : « Une, Énergie créatrice, Manifestée, Vérité est son nom[113]… »
116
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117
+ Le mysticisme — qui dérive du grec mystikos signifiant « caché »[114] — postule que l'on peut acquérir une connaissance de réalités qui ne sont pas accessibles à la perception sensorielle ou à la pensée rationnelle. C'est un phénomène que l'on retrouve dans de nombreuses cultures, généralement associé à une tradition religieuse[115], caractérisé par une recherche de l'invisible et le témoignage de la présence de l'Absolu — Dieu ou divinité —, dont la révélation finale se fait au terme de dévoilements successifs[116]. L'expérience mystique — caractérisée par le profond impact émotionnel éprouvé par celui qui l'expérimente[117] — est généralement le résultat d'un entraînement spirituel impliquant une combinaison de prières, de méditation, de jeûne, de discipline corporelle et de renoncement aux préoccupations terrestres.
118
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119
+ Dans les monothéismes abrahamistes - à la différence du bouddhisme et certaines variétés de l'hindouisme où il n'y a pas à proprement parler de figure divine personnifiée - les mystiques décrivent l'expérience mystique comme accordée par Dieu lui-même dont ils affirment souvent ressentir la proximité au cours de celle-ci. Mais l'extase peut également révéler des éléments théologiques plus précis, comme chez certains mystiques chrétiens, une vision de la Trinité[117]. La mystique propose une lecture intériorisée de l'indicible et exprime souvent Dieu en termes de négation : Dieu n'est pas dans le sens où les créatures sont et le seul moyen de s'approcher de son infinie transcendance est, dans un premier temps, d'éprouver ce qu'il n'est pas[118]. La révélation du Dieu invisible nécessite le recours aux images, à un langage métaphorique souvent proche de la poésie, éloigné des spéculations théologiques, et dont la lumière est un élément récurrent. On la retrouve par exemple dans le Sefer HaBahir – le Livre de la Clarté – un texte de la Kabbale du XIIe siècle mais aussi, vers la même époque, chez le grand maître du soufisme Ibn Arabi, dans Tardjumân al-ashwâq - L’interprète des désirs ardents[119].
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+ Le déisme — forgé sur le terme latin deus — désigne l'affirmation rationnelle de l'existence de Dieu, proposant une forme religieuse conforme à la raison, exclusive des religions révélées[121], proposant d'arriver à Dieu par des voies exclusivement humaines[122], sans pour autant pouvoir en déterminer les attributs[123]. C'est un Dieu du raisonnement plutôt qu'un Dieu de foi ou de culte, bien que Kant ait proposé « culte de Dieu » ramené à la pratique morale « en esprit et en vérité »[124]. Le concept se développe essentiellement en Angleterre et en France à partir du XVIIe siècle, mais est difficile d'accès et ambigu, car il réfère à plusieurs systèmes distincts[121]. On ne l'utilise plus guère en dehors de ses applications historiques[123].
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123
+ À l'instar du terme « théisme » dont il est assez proche, le mot apparaît en France dans les violentes luttes théologiques et religieuses du XVIe siècle dans un usage péjoratif cherchant à discréditer l'adversaire. Il apparait en relation avec les antitrinitaires sociniens[125] et est attesté pour la première fois sous la plume du pasteur Pierre Viret en 1534 qui y voit des blasphémateurs, des « athéistes » qui s'ignorent. À partir du XVIIe siècle, lorsque, sous l'influence de la science nouvelle et de l'émergence de nouvelles manières de penser, la perception du concept de nature — fondamentale en théologie et en philosophie — se modifie, le déisme évolue vers une forme de religion naturelle[121].
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+ Pour leurs critiques apologètes chrétiens, les déistes, prétendant arriver à Dieu sans l'aide de Dieu, en se passant de la Révélation, sont impies et pécheurs. Les déistes ne forment cependant pas un groupe homogène et il existe une grande variété de positions, suivant les auteurs déistes, par rapport à ce qui a trait tant à la nature de Dieu, qu'à la providence ou encore à l'immortalité de l'âme. John Locke développe ainsi un « christianisme raisonnable », tandis que Spinoza est classé ou non, selon les époques, dans leurs rangs. La question centrale est, plutôt que celle de l'existence de Dieu, celle de sa Révélation que les déistes rejettent avec l'immortalité de l'âme, à la différence des théistes[121].
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+ Le XVIIIe siècle voit l'apparition d'une nouvelle logique des questions philosophiques, qui amène à l'effacement de Dieu comme le personnage central autour duquel s'articule la métaphysique : la question de son existence et de sa nature est désormais disputée, passant du stade de vérité première à celui d'hypothèse bientôt dispensable[126]. Rousseau, suivant lequel la nature est plus éloquente sur Dieu que les subtilités scolastiques, propose le Dieu de la foi déiste comme volontaire et intelligent, mouvant l'univers et animant la nature, tandis que l'homme est libre dans ses actions et doté d'une âme immatérielle. À la différence de Kant, il associe la nature à l'ordre divin, tandis que ce dernier établit une différence ontologique entre les deux. Pour Kant, le déisme envisage Dieu comme la « cause du monde », un principe régulateur qui ne peut satisfaire complètement les attentes de l'homme ; pour le philosophe, le déisme « recourt à Dieu pour penser la science en tant qu'elle progresse »[127]. Plus tôt, Voltaire, admirateur de Newton et de sa mécanique rationnelle du monde, voit en Dieu l'« horloger de l'Univers » et tourne la providence en dérision[128].
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+ La difficulté de donner des contours clairs au concept de Dieu et la fragilité et l’ambiguïté de celui-ci dans le déisme ont empêché ce dernier d'avoir une postérité réellement significative en tant que courant religieux. « Effort pour penser sans préjugé et sans dogmatisme le concept de Dieu », des éléments du déisme peuvent cependant être reconnus dans le cadre du renouveau de la théologie naturelle depuis la fin du XXe siècle[128]. Certaines enquêtes montrent d'ailleurs qu'en France, la religion naturelle est une option philosophique — souvent inconsciente — de certains croyants non pratiquants qui envisagent Dieu comme le créateur et le gouverneur du monde, jugeant les individus sur leur conduite morale et rétribuant les mérites, dans une attitude assez proche du déisme[121].
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+ En grec ancien, l’adjectif atheos (ἄθεος) composé du mot θεός (dieu) précédé d'un « ἀ- » privatif, signifie « sans-dieu ». La constitution étymologique des mots « athéisme » et « athée » n'est pas sans poser de problème chez les auteurs qui traitent de ce sujet : le « a- » privatif peut être compris de différentes manières, exprimant parfois la négation — l'affirmation que Dieu n'existe pas — parfois la privation — l'accusation de méconnaitre la divinité ou les divinités comme il le faudrait, ainsi que dans l'antiquité gréco-romaine, les Romains en faisaient le reproche aux chrétiens, puis, au Moyen Âge, les courants orthodoxes contre les christianismes hétérodoxes[129]. Ainsi, cette terminologie relativement pauvre pour définir un phénomène complexe est restée longtemps négative, les termes même enfermant les athées « dans la catégorie négative des négatifs négateurs »[130]. Il existe ainsi différents athéismes, variés « dans leurs expressions et dans leurs fondements »[129].
132
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133
+ Dans l'antiquité grecque, le préfixe « a » indique une absence de dieu revendiquée dès le Ve siècle av. J.-C. et prend le sens de « rompre la relation avec les dieux » ou « nier les dieux » à la place de l’ancien sens asebēs (en grec : ἀσεβής), « impie ». Cette notion — qui suppose l'idée de divinité donc probablement postérieure aux religions[131], mais antérieure aux trois monothéismes — est présente chez les atomistes grecs — au rang desquels on compte Démocrite et Épicure — mais aussi chez les Indiens dès le VIe siècle av. J.-C. avec les Charvakas[132]. Mais il s'agit souvent davantage d'un type d'agnosticisme, voire de laïcité dont la portée est débattue par les chercheurs[131]. On peut identifier un penseur réellement irréligieux avec le poète et philosophe romain Lucrèce qui, prolongeant Épicure, explique au Ier siècle av. J.-C. que l'homme invente des dieux pour expliquer ce qu'il ne comprend pas[133].
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+ On peut distinguer l’« athéisme pratique » consistant à vivre comme s'il n'y avait pas de dieu — ce qui n'empêche pas par ailleurs de se déclarer croyant, indifférent ou incroyant — et l'« athéisme théorique » qui se fonde sur des spéculations philosophiques, morales ou scientifiques[132].
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137
+ Ce dernier processus a pris du temps et les bases de l'athéisme moderne puis contemporain se posent au cours des XVIe et XVIIe siècles[132]. On trouve notamment chez Baruch Spinoza (1632-1677) — qui ne se dit pas athée — une résurgence de l'inspiration critique et rationaliste de l'Antiquité : celui-ci identifie Dieu et la nature (Deus sive natura, « Dieu ou la nature ») ce d'où découle un naturalisme (la nature est tout, le surnaturel n'existant pas) ou un panthéisme (Dieu est tout)[133], qui sera d'ailleurs longtemps confondu avec l'athéisme[132]. À partir du XVIIIe siècle, l'athéisme — même très minoritaire[134] — se structure autour du refus radical de toute transcendance, de tout surnaturel et même de toute foi. D'Holbach (1723-1789) est ainsi l'auteur d'une œuvre philosophique profondément anticléricale et athée que précède une œuvre radicale mais longtemps peu connue, celle du curé Jean Meslier (1664-1729)[133]. Les arguments relèvent essentiellement de la notion de nature — qui n'obéirait qu'à ses propres lois et non à un créateur imaginaire — et à celle de matière, présentée comme éternelle dotée de son énergie propre. La réflexion porte également sur la notion de mal qui contredit l'existence d'un Dieu bon et omnipotent, un Dieu dont par ailleurs l'adoration et le service s'opposent à la liberté et à la dignité humaines[132].
138
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139
+ Cette base humaniste de l'athéisme s'épanouit au cours du XIXe siècle — essentiellement dans le monde germanique — et celui-ci cesse d'être une exception philosophique, dans le sillage du philosophe hégélien Ludwig Feuerbach (1804-1872) qui publie en 1841 l’Essence du christianisme. Selon lui, le divin n'est que l'essence de l'homme objectivée et hypostasiée ; « l'homme a créé Dieu à son image » et en toute religion, c'est donc l'homme qu'on adore. L'athéisme devient une « religion de l'homme », postulant Homo homini deus (« L'homme est un dieu pour l'homme »)[135]. Karl Marx poursuit la démarche humaniste de Feuerbach mais en conteste bientôt la dimension religieuse en soulignant sa dimension politique, arguant que « l'essence humaine […] dans sa réalité effective, […] est l'ensemble des rapports sociaux » et non « une abstraction inhérente à l'individu isolé », ajoutant que tout élément poussant au mysticisme devrait trouver « [sa] solution rationnelle dans la pratique humaine ». Chez Marx, pour lequel critique de la religion et critique de la société vont de pair, il ne convient plus d'interpréter différemment le monde mais de le changer[132].
140
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141
+ Un peu plus tard, Friedrich Nietzsche (1844-1900) — qui déteste le socialisme dont il considère qu'il prolonge le christianisme[135] — confère une radicalité nouvelle à l'athéisme en développant le thème de la « mort de Dieu »[132]. Il explique que l'homme cherche un principe au nom duquel mépriser l'homme, et s'invente un monde imaginaire qui lui permet de calomnier ce monde-ci, ne saisissant qu'un néant dont il fait un Dieu, dans lequel la religion projette toutes les valeurs, dévalorisant de ce fait le monde réel[136].
142
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+ L'athéisme trouve une dimension supplémentaire avec les travaux de Sigmund Freud (1856-1939), notamment dans son ouvrage L'avenir d'une illusion, publié en 1927[132]. Celui qui considère la foi comme un symptôme exprimant la détresse, voit en Dieu un « père transfiguré » — meilleur et plus puissant que l'autre — et en la religion une « névrose obsessionnelle universelle », qui, si elle est souvent utile tant pour l'humanité que pour l'individu, n'en demeure pas moins une illusion : croire en Dieu, c'est prendre ses désirs pour des réalités[136].
144
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145
+ Un trait commun aux divers courants du New Age est le rejet du dualisme au profit d'une recherche de l'harmonie. Ainsi les adeptes n'opposent pas la matière à l'esprit ou le visible à l'invisible et considèrent que l'ensemble de l'univers est constitué de la même essence divine. Selon ce mouvement, il n'y a pas de véritable séparation entre la Création et son Créateur, dans une approche qui ne correspond pas à celle du Dieu personnel et transcendant des monothéismes : au contraire, cette vision immanente de la divinité se rapproche des conceptions panthéistes. Ainsi, pour certaines franges du New Age « Dieu est en tout et tout est en Dieu » ; Dieu s'apparente alors à un « Grand Être universel » qui n'appartient à aucune religion et qui vibre au plus profond des êtres, le salut passant essentiellement par la transformation de soi[137].
146
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147
+ Les représentations des dieux, sinon leur existence, ont été très tôt critiquées par les philosophes : « Les Éthiopiens disent que leurs dieux ont le nez camus et le teint foncé, les Thraces voient leurs dieux avec des yeux clairs et une chevelure rousse »[138] ; « C'est d'abord sur terre la crainte qui a créé les dieux »[139]. Les thèses chrétiennes pour critiquer les « faux dieux » païens (sont-ils des personnifications de phénomènes naturels, des grands hommes divinisés, ont-ils des origines linguistiques, etc. ?) se sont appliquées au monothéisme à partir du XVIIIe siècle[140].
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149
+ Les philosophes ont conçu la divinité de manières très diverses. Chez certains, le polythéisme n'exclut pas un principe divin suprême à l'instar du logos ou « raison immanente de l'univers » chez les stoïciens, mais il s'agit davantage de principe premier plutôt que de principe unique[58] dans un monde pour lequel, comme le rappelle Platon, « tout est plein de dieux »[141]. Platon voyait une divinité « bonne » et unique comme une cause première[58], créatrice ou démiurge[142] assistée de dieux subalternes, ordonnateur d'une matière qu'il n'a pas créée, et Aristote comme la fin de toutes choses. Descartes le voit comme transcendant infiniment le monde qu'il a créé, Spinoza le pense immanent (Deus sive Natura), une tradition néo-platonicienne avance que Dieu n'est pas car il est au-delà de l’Être (théologie négative), etc.[140].
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+ Dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie[143], sous la direction d'André Lalande, Dieu est analysé suivant deux axes principaux :
152
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153
+ Kant est alors un exemple d'une vision de Dieu principalement comme principe explicatif : Dieu existe comme « Idéal de la Raison pure ». La définition de Dieu par Descartes, « Dieu est l'être parfait », malgré son équivoque peut être comprise comme une identification de l'ordre ontologique et de l'ordre moral. La monadologie de Leibniz est un effort de synthèse de toutes ces facettes[144].
154
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+ Au cours de l'histoire de la philosophie de nombreux arguments ont été fournis en faveur et en défaveur de l'existence de Dieu ou de la croyance en cette existence. Les arguments sur l'existence même de Dieu peuvent être des arguments métaphysiques ou empiriques, ceux portant sur la croyance en Dieu sont dits arguments épistémiques.
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+
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+ De nombreuses positions existent aussi bien chez les défenseurs de l'existence de Dieu que chez leurs adversaires. On peut les regrouper et distinguer schématiquement les grandes positions suivantes :
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+ Une discussion détaillée des arguments soutenant ces différentes positions se trouve dans l'article arguments sur l'existence de Dieu. Voici une présentation volontairement limitée des principaux arguments en faveur de l'existence de Dieu et de leur réfutation par Emmanuel Kant.
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+ Trois arguments classiques sont a posteriori : partant de l'expérience prise comme conséquence pour remonter à son principe[147].
162
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163
+ Ces trois arguments sont, comme tous les autres, l'objet d'une vive controverse depuis leur premier énoncé, et de l'avis de la majeure partie des commentateurs aucun ne peut emporter l'adhésion à lui seul. Pascal qui n'acceptait comme arguments en faveur de l'existence de Dieu que les prophéties et les miracles (le pari pascalien n'étant pas présenté comme une preuve)[140], en parle en ces termes : « Les preuves de Dieu métaphysiques sont si éloignées du raisonnement des hommes et si compliquées, qu’elles frappent peu, et quand cela servirait à quelques-uns, cela ne servirait que pendant l’instant qu’ils voient cette démonstration, mais une heure après, ils craignent de s’être trompés »[153].
164
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165
+ Anselme de Cantorbéry, le premier[147] proposa un argument a priori : l'idée de Dieu, et ses conséquences, rend nécessaire l'existence de Dieu sans qui il ne saurait y avoir d'idée de Dieu. Cet argument se retrouve aussi chez Descartes et Leibniz[147].
166
+
167
+ Kant (dans Critique de la raison pratique) et Nédoncelle ont développé des preuves, dites morales, où l'existence de Dieu est seule capable d'expliquer la conscience morale, chez le premier, ou l'ordre des personnes humaines, chez le second[147].
168
+
169
+ L'Église catholique depuis l'encyclique Æterni Patris (1879) réaffirme la validité des Quinque viae, les cinq preuves de Thomas d'Aquin qui utilisent l'argument cosmologique et l'appel au dessein. Ce point de doctrine a été rappelé par le pape Jean-Paul II dans l'encyclique Fides et Ratio et plusieurs déclarations[154]. Lors de son audience du 10 juillet 1985, Jean-Paul II dira que "quand on parle de preuves de l’existence de Dieu, il faut souligner qu’il ne s’agit pas de preuves scientifico-expérimentales." Mais plutôt d'une façon pour l'intelligence humaine de ne pas abdiquer face à la complexité du monde et une stimulation pour la réflexion. Elles sont d'abord un soutien de l'intelligence à la foi des croyants, et non destinée à la conversion des sceptiques.[155]
170
+
171
+ Dans le judaïsme, la question ne se pose pas, non par tabou mais du fait même de la conception de la transcendance : Dieu dépasse totalement l'entendement humain. Vouloir cerner son concept de manière analytique est voué à l'échec par sa nature même. Certains auteurs juifs n'hésitent pas à nier toute possibilité de « parler » de Dieu[156].
172
+
173
+ Au livre II de la Critique de la raison pure, Emmanuel Kant montre que l'argument cosmologique et l'argument téléologique (qu'il nomme argument physico-théologique) se fondent sur l'argument ontologique. En effet, après avoir observé la contingence du monde, l'argument cosmologique doit poser l'existence d'un être nécessaire ; il est alors obligé de recourir à l'argument ontologique, qui déduit du concept de Dieu qu'il existe. Quant à l'argument physico-théologique, à partir de l'observation de fins dans la nature, il en conclut qu'il a fallu un créateur pour que le monde existe (argument cosmologique), et que ce créateur doit exister nécessairement (argument ontologique).
174
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175
+ Si l'argument ontologique est réfuté, l'argument cosmologique et l'argument téléologique tombent avec d'après Kant. Kant propose donc une réfutation de l'argument ontologique dans l'espoir de ruiner toutes preuves de l'existence de Dieu. Pour Kant, l'existence n'est pas une propriété intrinsèque, on ne peut pas légitimement dire que l'existence appartienne au concept de Dieu : c'est confondre le contenu conceptuel et le prédicat existentiel d'une chose. Ainsi, pour Kant, le concept de Dieu demeure le même, qu'il existe ou pas : ce « concept de Dieu » ne prouve rien, n'indiquant qu'une possibilité[157],[158]. Afin de l'illustrer, Kant prend l'exemple suivant : « Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles. Car, comme les thalers possibles expriment le concept et les thalers réels, l'objet et sa position en lui-même, au cas où celui-ci contiendrait plus que celui-là, mon concept n'en serait pas le concept adéquat. Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec leur simple concept (c'est-à-dire avec leur possibilité). »
176
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+ En bref : la conséquence du raisonnement ontologique est que l'« idée de Dieu » existe, mais l'existence elle-même de Dieu n'est pas une idée[147].
178
+
179
+ La philosophie des religions, et la question des preuves de l'existence de Dieu, ont connu un grand renouveau dans le sillage de la tradition analytique. Des auteurs tels que Peter Geach, Richard Swinburne[159], Alvin Plantinga, Antony Flew, John Leslie Mackie[160], et Jordan Howard Sobel se demandent quelles raisons nous avons d'affirmer ou de contester l'existence d'un être surnaturel dont dépendrait l'existence du monde.
180
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181
+ Tandis que les autres philosophes sont soit catholiques, soit protestants, soit anglicans, la caractéristique d'Antony Flew, qui lui a assuré un surcroit de notoriété ces cinq dernières années, consiste à avoir été, des années durant, un éminent philosophe des religions et d'avoir revendiqué son athéisme. Il a fini par considérer, autour de sa 81e année, que non seulement la question de l'existence de Dieu était importante mais encore que l'existence de Dieu[161] était possible selon une variante de l'argument téléologique, que les Anglo-Saxons nomment fine tuning[note 3], en quelque sorte, l'argument du meilleur des mondes possibles[162]. Il considère que, plus la complexité du monde apparaît dans les connaissances humaines, plus cet argument est puissant pour fonder le théisme[note 4],[163]. Quelques militants de la cause de l'athéisme s'en sont trouvés gênés et ont déclaré pour les uns, que cette conversion était un vœu pieux des croyants, en dépit de la lettre de Flew à Philosophy Now et pour les autres que l'auteur était déjà âgé[réf. nécessaire].
182
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183
+ Depuis Paul Ricœur[164], on nomme habituellement « maîtres du soupçon »[165] les penseurs Marx, Nietzsche et Freud[166].
184
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185
+ En Occident, à partir de René Descartes, Blaise Pascal et Grotius notamment, l'existence de Dieu est devenue sujette à la démonstration, et de plus en plus exposée à la critique, concomitante à la crise de la religion chrétienne et l'apparition du protestantisme. Les philosophes du XVIIIe siècle sont critiques mais pas athées[note 5].
186
+
187
+ On doit à Friedrich Nietzsche la formule célèbre « Dieu est mort », mais c'est Feuerbach qui ouvre le feu. La théologie de la mort de Dieu le prendra au mot[167]. Ce courant de pensée n'est, d'ailleurs, étranger ni à l'islam[168] ni au judaïsme[169].
188
+
189
+ Ludwig Feuerbach fait écho aux mutations de la société occidentale moderne que sont le scientisme, la théorie de l'évolution de Darwin, le socialisme, partageant, entre autres, une critique des dogmes religieux[note 6], qui ouvre la voie à l'athéisme en considérant la notion de Dieu comme un construct social étranger à la réalité.
190
+ Le concept principalement développé dans l'Essence du christianisme[170] peut se résumer en deux points, à savoir, d'une part, Dieu comme aliénation et, d'autre part, l'athéisme comme religion de l'homme.
191
+
192
+ Ce n'est plus l'homme qui dépend du divin mais le divin qui dépend de l'homme[171] : « le progrès historique des religions consiste en ceci : ce qui dans la religion plus ancienne valait comme objectif, est reconnu comme subjectif, c'est-à-dire, ce qui était contemplé et adoré comme Dieu, est à présent reconnu comme humain […]. Ce que l'homme affirme de Dieu, il l'affirme en vérité de lui-même »[172]. Feuerbach voit ainsi la théologie comme une anthropologie renversée et Dieu comme une sorte de surmoi social, relevant de la sociologie des religions ou de la psychologie individuelle ou collective, en aucun cas de la philosophie[173].
193
+
194
+ « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »
195
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196
+ — Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir[174]
197
+
198
+ La théologie du process est le nom sous lequel on rassemble les œuvres de cette métaphysique sur la nature de Dieu[175]. Cette métaphysique, au contraire des précédentes, transcende les frontières des dénominations religieuses. Même si les penseurs chrétiens (protestants avec John B. Cobb ou catholiques avec, d'une certaine façon, Pierre Teilhard de Chardin et Jean-Luc Marion[176], ou encore laïcs avec Henri Bergson) ont publié plus d'ouvrages, on trouve aussi des penseurs du Process dans le judaïsme[177], dans l'hindouisme et dans une moindre mesure dans l'islam. Elle s'est développée autour de deux pôles :
199
+
200
+ Toutefois, le chef de file de cette théologie est le mathématicien Alfred North Whitehead dont le livre Procès et réalité[note 7],[182] semble constituer la théologie systématique qui demeure peu connue en Europe[183] faute de traduction de son œuvre théologique alors que, aux États-Unis, ses textes sont au programme des études secondaires.
201
+
202
+ Si la théologie du process est plus particulièrement développée aux États-Unis, elle trouve néanmoins un certain écho en Europe grâce aux travaux d’André Gounelle qui a donné une introduction aux diverses théologies du process sous le titre Le Dynamisme créateur de Dieu[184].
203
+
204
+ Whitehead ne donne aucune définition[note 8] de Dieu. Il en décrit les trois fonctionnalités[184] :
205
+
206
+ Pour le philosophe chrétien Michel Henry, Dieu n’est rien d’autre que la vie phénoménologique absolue qui donne en permanence chaque ego à lui-même et qui se révèle à nous dans la souffrance comme dans la jouissance de soi[186],[187] :
207
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208
+ « Dieu est Vie, il est l’essence de la Vie, ou, si l’on préfère, l’essence de la vie est Dieu. Disant cela, nous savons déjà ce qu’est Dieu, nous ne le savons pas par l’effet d’un savoir ou d’une connaissance quelconque, nous ne le savons pas par la pensée, sur le fond de la vérité du monde ; nous le savons et ne pouvons le savoir que dans et par la Vie elle-même. Nous ne pouvons le savoir qu’en Dieu[188]. »
209
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210
+ Freud considère que la foi est un symptôme qui exprime un besoin d'être protégé et la détresse qui prolonge celle de l'enfant : Dieu représente un père transfiguré, supérieur au vrai père et meilleur que lui[189] : Dieu a été inventé par l'homme comme « substitut psychotique de la protection parentale que l'homme perçoit comme défaillante », inventant un Dieu bon ainsi que la croyance en la vie éternelle[190]. Même s'il considère que la religion a rendu de grands services à la civilisation[191], Freud ne pense pas qu'il faille croire à ce qu'il estime être une « névrose obsessionnelle universelle », croire en Dieu revenant par ailleurs à prendre ses désirs pour des réalités[189]. En 1927, dans L'Avenir d'une illusion, Freud écrit : « Il serait certes très beau qu'il y eût un Dieu créateur du monde et une providence pleine de bonté, un ordre moral de l'univers et une vie après la mort; mais il est cependant très curieux que tout cela soit exactement ce que nous pourrions nous souhaiter à nous-même »[192].
211
+
212
+ Carl Gustav Jung, pour qui un symbole est quelque chose qui « renvoie toujours à un contenu plus vaste que son sens immédiat et évident »[193], dit de Dieu qu'il est « le symbole des symboles »[194]. C'est une expression qui ne se veut pas révolutionnaire, mais au contraire dans la continuité des diverses expressions du divin. Les recherches de Jung, dans l'alchimie ou la philosophie chinoise, tentent de relier ce qui est universel dans le ressenti de Dieu[195]. Ces archétypes communs (qui constituent l'inconscient collectif), seraient exprimés par chaque religion de façon différente, mais toujours pour exprimer cette même symbolisation.
213
+
214
+ L'impossibilité d'associer Dieu et la science est développée par l'agnostique Stephen Jay Gould dans son concept de non-recouvrement des magistères[196]. Des théologiens, tels qu'Alister Edgar McGrath, font également valoir que l'existence de Dieu ne peut être statuée sur le pour ou le contre à l'aide de la méthode scientifique[197].
215
+
216
+ Selon le biologiste athée Richard Dawkins, un scientifique peut porter un regard scientifique sur l'éventuelle gouvernance d'un dieu sur la nature en ce sens qu'un astronome est plus qualifié qu'un théologien à propos des questions cosmologiques[198]. À l'argument qu'on lui oppose de n'être pas suffisamment formé dans les matières qu'il critique, il explique qu'il n'est pas besoin d'étudier la théologie pastafarienne pour ne pas croire au Monstre en Spaghettis volant ni d'être dépositaire d'une particulière érudition pour désavouer les contes de fée ou l'astrologie[199]. Son ouvrage a suscité une controverse nourrissant des critiques souvent issues de milieux confessionnels chrétiens[200] tandis que certains estiment que les publications de Dawkins ouvrent l'ère d'un fondamentalisme athée[201].
217
+
218
+ Exposant son approche de l'argument cosmologique au cours d'un débat sur la science et Dieu avec John Lennox au Musée d'histoire naturelle de l'université d'Oxford en octobre 2008[202], Dawkins explique que, selon lui, il existe un aspect « inconnaissable » à la création de l'univers que l'on pourrait attribuer à un dieu si on entend par là une « singularité qui aurait donné naissance à son existence ». Selon lui, s'opposant à la vision théiste des miracles auxquels croit John Lennox, un plaidoyer sérieux pourrait être élaboré en faveur d’une explication déiste de l'univers, auquel lui-même ne souscrirait cependant pas[203]. Explicitant Stephen Hawking et la notion d'« esprit de Dieu » qu'il rapproche de la conception d'Albert Einstein, Dawkins voit le terme comme une métaphore, une manière poétique d'exprimer un état ou un moment où les physiciens auraient unifié leurs théories et auraient l'explication et la compréhension de tout. Dieu est ainsi une manière de désigner « ce que nous ne comprenons pas »[204]. Néanmoins, pas plus Hawking qu'Einstein n'ont foi en un Dieu personnel : suivant Dawkins qui partage le même point de vue, ce qu'Einstein appelle « Dieu » correspond aux lois de la nature dont le mystère inspire un sentiment de révérence, que Dawkins se refuse pour sa part à nommer de la sorte[205].
219
+
220
+ À côté du renouveau de la philosophie thomiste (le néothomisme) il s'est développé au tout début du XXe siècle une métaphysique contemporaine qui tient compte du progrès scientifique tel que le représentent la physique quantique, les théories de l'évolution, la psychanalyse[réf. nécessaire].
221
+
222
+ Sur les attributs féminins du Dieu judaïque, voir Thomas Römer, Dieu obscur : le sexe, la cruauté et la violence dans l'Ancien Testament[206].
223
+
224
+ Si Dieu est souvent représenté comme un homme, cette question est objet de débats, notamment chez les philosophes, voir, par exemple, sous la direction de Jacques Maître, Religion et sexualité[207].
225
+
226
+ C'est une difficulté si le Dieu dont on parle relève de la transcendance et si l'on souhaite dépasser le cadre confessionnel.
227
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228
+ Selon John Hick : « Au premier cercle, nous rencontrons un problème de terminologie auquel aucune solution satisfaisante ne peut être proposée. Comment devons-nous nommer cette réalité transcendante à laquelle nous supposons que la religion constitue la réponse humaine ? On peut pencher initialement pour le rejet de « Dieu », parce que trop théiste - si l'on retient que l'éventail des religions inclut les plus grandes traditions non-théistes comme les théistes - et considérer des alternatives telles que « Le Transcendant », « Le Divin », « Le Dharma », « l'Absolu », « Le Tao », « L'Être en soi-même », « Brahman », « L'ultime réalité divine ». Le fait est que nous ne disposons pas d'un terme parfaitement libre vis-à-vis d'une quelconque tradition ou susceptible de les transcender. C'est pourquoi on en vient à utiliser le terme fourni par l'une de ces traditions, toutefois l'utilisant (ou ayant conscience de mal l'utiliser) d'une façon qui force ses frontières. Comme chrétien, je serais assez d'accord pour utiliser « Dieu » mais je ne l'utiliserais pas dans son sens absolument théiste. C'est donc un danger pour l'auteur comme pour le lecteur de passer sans l'avoir remarqué et de régresser au sens strict et standard de ce terme ; tous deux doivent demeurer vigilants contre cela. Je parlerai donc de Dieu dans ce qui suit, avec cette restriction importante que c'est une question ouverte de savoir, à ce moment du propos, si Dieu est personnel. Nous serons conduits, je le présume, à distinguer Dieu de « Dieu comme il est conçu et perçu par les hommes ». Dieu n'est ni une personne ni un objet mais la réalité transcendante telle qu'elle est conçue et expérimentée par diverses mentalités humaines, notamment soit de façon personnelle, soit de façon non-personnelle »[208]. Dieu peut avoir un nom défini, comme YHWH[note 10] ou Allah, nom que les croyants énoncent souvent avec réserve et déférence, préférant l'usage de ses surnoms ou attributs, qui tendent à approximer son ineffabilité foncière. Certaines religions demandent ou édictent qu'on ne prononce jamais son nom hors d'un contexte rituel et sacré[note 1].
229
+
230
+ André Chouraqui décrit Moïse au Buisson Ardent en face à face avec « Celui qui n’a pas de nom », également appelé El ou Allah[209].
231
+
232
+ Lors de la mutation du monolâtrisme — ou de l'hénotéisme — yahviste vers le début du VIe siècle, le Dieu unique, transcendant, devient « un souverain invisible plus puissant encore » et par là frôle l'idolâtrie[pas clair][210]. On en vient donc à ne pas le représenter, même au moyen d'un objet ou d'un symbole.
233
+
234
+ Ainsi, les trois monothéismes dits abrahamiques s'accordent pour déclarer Dieu irreprésentable[211], qu'il ne peut exister aucune représentation qui lui ressemble, de par sa nature transcendante. Cependant, la foi en l'Incarnation du Verbe de Dieu en Jésus de Nazareth a singularisé sur ce plan le christianisme : croire que Jésus est Dieu fait homme permet d'affirmer la représentativité de Dieu en Jésus-Christ[212]. Le christianisme, particulièrement latin - est ainsi le seul des trois monothéismes abrahamiques « qui ait toléré, puis accepté, légitimé, suscité et pratiqué une formidable galerie de portraits du Dieu unique »[213].
235
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+ « Un mot ou une image sont symboliques lorsqu'ils impliquent quelque chose de plus que leur sens évident et immédiat. Ce mot ou cette image ont un aspect "inconscient" plus vaste, qui n'est jamais défini avec précision, ni pleinement expliqué. Personne d'ailleurs ne peut espérer le faire. Lorsque l'esprit entreprend l'exploration d'un symbole, il est amené à des idées qui se situent au-delà de ce que notre raison peut saisir. »
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+ Œuvres principales
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+ Anthony Horowitz, né le 5 avril 1955[1] à Stanmore dans le nord de Londres, est un écrivain de romans policiers pour la jeunesse, de fantastique et scénariste de feuilletons télévisés anglais, en particulier des adaptations de romans policiers d'Agatha Christie.
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+ Anthony Horowitz est né le 5 avril 1955 à Stanmore, un quartier du nord de Londres, dans le Middlesex au Royaume-Uni.
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+ Il a écrit de nombreux romans pour la jeunesse, dans le genre policier comme dans celui du fantastique. Il a été récompensé par de nombreux prix : le Prix Polar-Jeunes en 1988, pour Le Faucon malté, le prix européen du roman pour enfants en 1993 pour L'Île du Crâne et le grand prix des lecteurs du magazine Je bouquine en 1994 pour Devine qui vient tuer. Certains de ses livres ont été adaptés au cinéma comme le premier tome de la série Alex Rider. En effet, le 25 octobre 2006, le film Stormbreaker sort au cinéma[2].
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+ Les romans de sa série Alex Rider se sont vendus à plus de 13.5 millions d'exemplaires dans le monde[2].
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+ Il est auteur de scripts pour la télévision et le cinéma. Il a adapté l'un de ses romans, Just Ask for Diamond, au cinéma, pour un film réalisé par Stephen Bayly, et The Devil and His Boy en scénario.
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+ Il a également écrit des livres pour adultes. En 2011 et 2014, les ayants droit de Conan Doyle lui demandent d'écrire un nouveau volume de la série Sherlock Holmes, intitulé La Maison de soie et Moriarty[3],[4],[5].
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+ En 2014, la maison Ian Fleming Publications le choisit pour écrire la suite des aventures de James Bond, un roman intitulé Trigger Mortis[6].
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+ Il est également scénariste ou adaptateur :
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+ République de l'Inde
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+ (hi) भारत गणराज्य Écouter
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+ (en) Republic of India
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+ 28° 34′ N, 77° 07′ E
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+ L'Inde (en hindi : भारत / Bhārat), officiellement la République de l'Inde[4] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan , le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais officiels.
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+ L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
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+ Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
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+ En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considéré comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[5]. L'Inde est passé de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[6].
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+ Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit[7].
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+ La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata)[7].
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+ Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.
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+ En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.
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+ L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[8]. Il y a quatre saisons en Inde[9] :
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+ Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des décennies à venir[11].
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+ Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[12]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[13]. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[12] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[13]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[12].
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+ De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer[12]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[12], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[12]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[12]. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies[12]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[12].
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+ À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[12]. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[12]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[12] et toutes deux établissent des monastères[12]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire maurya[12]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[12].
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+ La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[12]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[12]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[12]. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture[12]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[12].
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+ La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
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+ Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
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+ Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[14],[15]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[14]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[14]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[15] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[14].
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+ Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[14] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[15], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[14]. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
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+ Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin[15]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[14] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[14]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[14] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[14]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[15]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[15].
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+ Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[14].
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+ Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[14],[15]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[14],[15].
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+ En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[16], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[17].
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+ Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[15]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[14]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[14].
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+ La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[15]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[18], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
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60
+ Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[15]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[15]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[15]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
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62
+ Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[19].
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+ Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[15]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[15], réduit les coûts des transports de biens[15] et aide à la naissance d'une industrie indienne[15].
65
+
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+ Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[20]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[20].
67
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+ Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[15]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[15]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
69
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70
+ Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[15]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[21].
71
+
72
+ Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[15]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[15]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[15]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[15], par des conflits et violences religieuses ou de caste[15], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[15]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[15].
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+ Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[22], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[23] ».
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+ De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
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+ Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
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80
+ Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
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82
+ L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
83
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84
+ La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
85
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86
+ Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.
87
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88
+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
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90
+ Les gouverneurs sont nommés pour 5 ans par le Président à la tête des 29 États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[24].
91
+
92
+ Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
93
+
94
+ Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[25]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant de par la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[26].
95
+
96
+ Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
97
+
98
+ En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
99
+
100
+ Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
101
+
102
+ Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
103
+
104
+ Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019 qui voit le BJP accroitre sa majorité.
105
+
106
+ Depuis 2017, le président de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Ram Nath Kovind, issu du BJP.
107
+
108
+ Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)[27], la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
109
+
110
+ Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.
111
+
112
+ L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2018 d'un effectif de 1 362 500 militaires[28] et 2 844 750 réservistes[29].
113
+
114
+ Le budget pour la défense s'élève à 66,5 milliards de dollars (2018), soit 2,42 % du produit national brut (PNB)[30].
115
+
116
+ Elles disposent 4 426 tanks, 3 147 autres véhicules blindés, 590 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 1 porte-aéronef (l'INS Vikramaditya) et 11 destroyers[31]. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21[32].
117
+
118
+ L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974, date de l'explosion d'une bombe atomique au plutonium dans le désert du Rajasthan[33]. Ces armes sont réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.
119
+
120
+ Le 9 décembre 2009, l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes[34].
121
+
122
+ Le 19 avril 2012, elle teste avec succès son premier Missile balistique intercontinental, l' Agni V, d'une portée de 5 000 km[35], puis la génération suivante d'une portée de 12 000 km, l'Agni-VI (en)[36].
123
+
124
+ La corruption constitue encore un défi majeur pour les institutions du pays. Parmi les parlementaires élus en 2019, 43 % ont des dossiers judiciaires en cours[37].
125
+
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+ Les partis politiques se tournent de plus en plus vers les grandes fortunes et les entreprises pour se financer. Sur l'année fiscale 2017-2018, les entreprises et les personnes fortunées avaient contribué 12 fois plus au financement du BJP qu'à celui de six autres partis nationaux, y compris le Congrès[38].
127
+
128
+ Alors que les milieux d'affaires sont mis en cause dans de nombreux dossiers spectaculaires, des hommes d’affaires compromis ont dû fuir le pays et les liens entre milieu politique et financements obscurs nourrissent l’« empire des milliardaires », selon la formule du journaliste James Crabtree. Les médias sont également secoués par des affaires de trafics d'influence, certains d'entre eux couvrant les activités de personnalités politiques en échange de paiements[37].
129
+
130
+ L’Inde est le pays de la région Asie-Pacifique où dessous-de-table et pots-de-vin sont le plus pratiqués. Les plus pauvres en sont fortement victimes : 73 % d'entre eux sont contraints d'y recourir au moins une fois par an, contre 55 % des plus favorisés, selon Transparency International. Cette corruption facilite l’accès à des services qui devraient être publics : documents administratifs, affaires de police, raccordement à l’électricité, voire soins hospitaliers[37].
131
+
132
+ L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.
133
+
134
+ De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat de l'Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.
135
+
136
+ Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindou Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.
137
+
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+ La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.
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+ Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.
141
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+ L'Inde est une zone en déficit hydrique[Note 3]. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde[39].
143
+
144
+ La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an[40]. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 2034[41].
145
+
146
+ Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures[41].
147
+
148
+ L'eau souterraine, source de 40 % des besoins en eau de l'Inde, s'épuise rapidement selon un rapport publié en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt et une villes indiennes - dont Delhi, Bangalore, Chennai et Hyderabad - devraient manquer d'eau souterraine dès 2021, et 40 % de la population indienne n'aura pas un accès suffisant à l'eau potable en 2030[42].
149
+
150
+ Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.
151
+
152
+ Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux[43]. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.
153
+
154
+ Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.
155
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156
+ Dès la fin du XIXe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les Britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.
157
+
158
+ Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act (en) en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages[44]. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, dispose qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.
159
+
160
+ La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act, 1986 (en), a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets[45]. La loi de 2006 sur les tribus répertoriées et autres habitants traditionnels des forêts (reconnaissance des droits forestiers) est un texte clé de la législation forestière adoptée en Inde le 18 décembre 2006 (The Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers (Recognition of Forest Rights) Act, 2006). En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées[46].
161
+
162
+ Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.
163
+
164
+ La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le ministère de l'Environnement et des Forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.
165
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166
+ Face à la forte pollution présente dans le pays, le gouvernement indien a lancé en 2016 l'objectif d'électrifier à 100 % le parc automobile d'ici 2030[47].
167
+
168
+ Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le Centre for Science and Environment, la plus grande ONG environnementale de l'Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois […] Les partis n’ont pas l’intelligence ni la vision à long terme pour prendre les mesures nécessaires. À la place, ils répondent à chaque sécheresse, à chaque inondation, par de la gestion de crise. Il n’y a aucun plan d’ensemble pour agir à l’échelle nationale pour la prévention et l’adaptation[48].
169
+
170
+ La pollution de l'air provoque la mort de 100 000 enfants de moins de cinq ans chaque année selon le Centre pour la science et l'environnement de New Delhi. Elle est responsable de 12,5 % des morts en Inde[49].
171
+
172
+ L'Inde génère actuellement, en 2019, 62 millions de tonnes de poubelles par an, mais cette production pourrait s'élever d'ici 2030 à 165 millions de tonnes annuellement selon les estimations du gouvernement[50].
173
+
174
+ La tectonique des plaques montre qu'au Permo-Trias (250-200 Ma), Madagascar, l’Inde (le craton indien était alors une grande île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique et dont la côte sud-ouest actuelle était reliée à Madagascar, la côte sud-est à l'Australie[51]), l’Afrique, l’Australie, l’Antarctique et l’Amérique du Sud étaient réunis en un supercontinent appelé Gondwana et qui commençait à se démanteler. Il y a 250 millions d’années, le Gondwana s'est disloqué pour former les cinq continents : à une première phase de rifting qui a commencé au Permo-Trias, suit une phase d’ouverture océanique du Jurassique moyen au Crétacé supérieur (180-70 Ma) avec la formation des bassins de Somalie au nord et de Mozambique au sud, relié par la ride de Davie entraînant la plaque Indo-Malgache vers le sud[52]. L’extension de la dorsale centrale indienne il y a 150 Ma sépare l’Inde de Madagascar avec un épisode de compression le long de la ride de Davie alors exhumée. Au cours de cette océanisation, se forment un épaulement de rift (l'actuelle chaîne de montagne occidentale indienne, les Ghats occidentaux) et l'Inde opère une remontée du sud au nord vers l'Asie, il y a entre 150 et 50 millions d'années, à une vitesse estimée d'environ 15 cm/an. Au cours de cette migration, la plaque indienne dérive sur le point chaud de La Réunion, une zone à forte activité volcanique. Les terres de l'Inde actuelle subissent alors d'intenses éruptions volcaniques il y a environ 65 millions d'années qui forment les trapps du Deccan, constitués d'un empilement successifs de laves basaltiques. Aujourd'hui, cette zone couvre une bonne partie du centre-ouest de l'Inde. La dérive vers le nord aboutit à une collision avec l'ancienne plaque eurasienne (l'ancien Tibet), provoquant la surrection de l'Himalaya et l'expulsion du bloc indochinois vers le sud-est[53].
175
+
176
+ Carte des terres émergées au Trias, montrant deux supercontinents, la Laurasia et le Gondwana.
177
+
178
+ Mouvements continentaux dans le cadre de la tectonique des plaques.
179
+
180
+ Collision de la plaque indienne et de la plaque eurasiatique.
181
+
182
+ Carte terrestre illustrant les principales plaques tectoniques actuelles.
183
+
184
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
185
+
186
+ L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).
187
+
188
+ C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans[54]. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.
189
+
190
+ On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025[55].
191
+
192
+ Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).
193
+
194
+ Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.
195
+
196
+ Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.
197
+
198
+ En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.
199
+
200
+ La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.
201
+
202
+ En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.
203
+
204
+ En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes[57], soit près de 6 800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.
205
+
206
+ L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars[60].
207
+
208
+ L'Inde s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.
209
+
210
+ La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution[61]. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.
211
+
212
+ Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10 % du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-2025[62].
213
+
214
+ La question de l'accès à l'emploi devient cependant un problème majeur. Le nombre d'emplois dans le pays a diminué de 9 millions entre 2012 et 2019, alors que plus d'un million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. En conséquence, le nombre de chômeurs chez les moins de 29 ans a bondi de 9 millions en 2012 à 25 millions en 2018. D'autre part, 90 % des emplois en Inde relèvent encore du secteur informel, caractérisé par l’absence de contrat de travail, d’assurance et de cotisation retraite[63].
215
+
216
+ La situation des paysans est également préoccupante. Chaque jour, des agriculteurs se suicident, criblés de dettes ; d’autres sont obligés de mettre fin à leur activité et de quitter leur lopin de terre pour rejoindre les bidonvilles.
217
+
218
+ Chaque année, des millions d’Indiens, parmi les plus défavorisés, quittent leur village pour travailler dans les mégalopoles.Le nombre de ces « travailleurs migrants » se situerait entre 50 millions et 100 millions. Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws[64].
219
+
220
+ Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles.
221
+
222
+ Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Un autre indice du développement économique est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).
223
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224
+ L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.
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226
+ Le journal indien Economic Times[65] annonce ainsi une croissance de 7,6 % pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5 % affichés par la Chine.
227
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228
+ De son côté, la Chambre de commerce indienne est le principal organe de commerce et d'industrie de l'Est et du Nord-Est de l'Inde. Fondé en 1925, la Chambre est composées de plusieurs des plus grands groupes d'entreprises du pays. La Chambre a été créée par un groupe d'industriels pionniers dirigé par G. D. Birla (en). Enfin, historiquement la Chambre indienne était étroitement associée à la liberté indienne[66],[67].
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230
+ Le mode de calcul du PIB a été modifié en 2014, permettant de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance. Le taux de chômage est si considérable que le ministère du travail ne communique plus de statistiques depuis 2016. Les secteurs bancaire et ferroviaire ont commencé à être privatisés. Ces dernières années les budgets de la santé et de l'éducation, déjà très faibles (respectivement 1,2 % et 0,6 % du PIB), ont été réduits, de mème que d'autres dépenses sociales : aides à l'emploi, allocations aux cantines scolaires, plans pour l'accès à l'eau potable. Sur la question du droit du travail, des amendements votés en 2018 restreignent davantage les activités syndicales et tendraient à faciliter les licenciements et à allonger la durée de travail hebdomadaire des salariés[68],[69].
231
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232
+ La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 2011[70]. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.
233
+
234
+ La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le Ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du XVIe siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens de l'Inde du Nord-Est sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectuée par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.
235
+
236
+ Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya, etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.
237
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+ Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.
239
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240
+ La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 à la suite des invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au XIXe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.
241
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242
+ Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts[71]. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5 000 à 50 000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'Ayodhya[Note 4] par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.
243
+
244
+ En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)[72]. Le 13 décembre 2001, le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes[72].
245
+
246
+ En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat[73]. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.
247
+
248
+ En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi[74].
249
+
250
+ Le 7 mars 2006, la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[72]. Le 8 septembre 2006, l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts[72].
251
+
252
+ Le 25 août 2007, deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes[75]. Le 23 novembre 2007, les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés[76]. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le 13 mai 2008, plusieurs attentats dans la ville de Jaipur font au moins 80 morts et 200 blessés[77]. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et 26 juillet 2008, les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes[74].
253
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254
+ À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Odisha, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées[78]. Le 13 septembre 2008, plusieurs explosions touchent Delhi[74]. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le 26 novembre 2008, c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés[79]. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.
255
+
256
+ Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.
257
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258
+ Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi entreprend à partir de 2018 de déchoir de la nationalité indienne les personnes qui ne peuvent prouver que leurs ancêtres étaient présents en Inde avant le 24 mars 1971. Dans l’État de l'Assam, quatre millions de personnes sont subitement devenues apatrides en 2018, et deux millions d'autres en 2019[80]. La forte proportion d'hindous (environ les deux tiers) parmi les personnes déchues de leur nationalité a été une surprise pour le gouvernement indien. Ce dernier, qui conduit une politique antimusulmane et nationaliste hindou, a réagi en adoptant la loi sur la nationalité visant à permettre aux hindous de retrouver leur nationalité indienne. La construction de plus d'une dizaine de camps de détentions est en projet pour rassembler les personnes devenues apatrides. Le Bangladesh voisin, d'où les personnes ayant perdu leur nationalité sont censées être originaires, a indiqué qu'il n'accepterait de recevoir ces « migrants » que si la preuve de leur nationalité bangladaise était apportée. En attendant, les exclus — hommes, femmes et enfants — seront placés en détention provisoire. Pourtant, cette preuve semble dans la plupart des cas impossible à fournir, et les détentions pourraient donc être définitives[81].
259
+
260
+ Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.
261
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262
+ Aujourd'hui encore la plupart[Combien ?] des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.
263
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264
+ L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants[82]. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’Unicef, 11,8 % des enfants travaillent en Inde (chiffres 2002-2012)[83]. Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.
265
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266
+ Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables[84]. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchaînés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés[85].
267
+
268
+ Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude[86]. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies[87].
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+ Le 1er avril 2010, l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans[88]. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies[89].
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+ Depuis le 1er avril, l'éducation est devenue un « droit fondamental » pour des millions de petits Indiens. La nouvelle loi qui vient d'être adoptée par le Parlement de New Delhi ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pour autant, elle est historique. Elle vise à garantir un enseignement gratuit et obligatoire à tous les enfants âgés de 6 à 14 ans, dans un pays où au moins 10 millions d'entre eux n'ont jamais vu une salle de classe. La nouvelle loi a été portée sur les fonts baptismaux par le premier ministre, Manmohan Singh, lui-même issu d'un milieu très modeste[90].
273
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274
+ L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 ‰, alors que le taux de mortalité est de 7,48 ‰, créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année[92].
275
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276
+ Une nouvelle estimation nationale du nombre de personnes vivant avec le virus VIH en Inde, réalisée avec le soutien du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), révèle que la prévalence du virus chez les adultes s'établit à 0,36 % de la population du pays, ce qui correspond à un chiffre compris entre 2 et 3,1 millions d'individus[93].
277
+
278
+ Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.
279
+
280
+ Alors que les foyers pauvres consacrent 60 % de leurs revenus à l’alimentation, 38 % des enfants souffrent toujours de malnutrition[94].
281
+
282
+ L’Inde ne compte que 0,5 lit d’hôpitaux pour 1 000 habitants (contre 4,3 lits pour 1 000 habitants en Chine)[95].
283
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284
+ La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.
285
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+ L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes ainsi que plusieurs milliers de dialectes[96]. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlée du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population[97]), 20 % une langue dravidienne[98]. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats[99].
287
+
288
+ La langue officielle du gouvernement central est l'hindi. Depuis plusieurs années, le gouvernement central tente de renforcer l'usage d'un hindi standardisé à travers tout le pays. Cependant, une certaine partie de la population juge cet hindi comme trop complexe, perçu même comme « nouveau symbole de l’oppression et du pouvoir d’État » envers les intérêts locaux[100].
289
+
290
+ L'anglais, langue de l'ancien colonisateur britannique, a le statut de seconde langue officielle. L'anglais n'est cependant utilisé que par une faible partie de la population, notamment par l'élite indienne dans les affaires, le tourisme, l'administration, le milieu universitaire ou encore diplomatique. Si de nombreux intellectuels depuis Gandhi voient dans l’anglais une langue de l'aliénation, créant de surcroît un schisme entre l'élite indienne et le peuple, l'anglais a néanmoins le mérite de transcender en certaines occasions les particularismes linguistiques régionaux, très présents et parfois opposés, comme le prouve notamment le conflit en Inde entre États dravidophones et États hindiphones.
291
+
292
+ En outre, une vingtaine de langues sont officielles dans les différents États et territoires, dont le français (bien que peu parlé) dans le territoire de Pondichéry, en raison de l'histoire coloniale de ce territoire.
293
+
294
+ La musique indienne est très diversifiée[101]'[102]. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.
295
+
296
+ La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A. R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.
297
+
298
+ Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés[103]. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.
299
+
300
+ La tradition littéraire la plus ancienne, le Veda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du Xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées.
301
+ Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.
302
+
303
+ À partir du XXe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R. K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R. K. Narayan[104]. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri[105] occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru[106] a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles[107].
304
+
305
+ Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.
306
+
307
+ L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Calcutta, de Chennai, et au Kerala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran et Amma, acteurs tamouls populaires devenus ministre en chef du Tamil Nadu[108].
308
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309
+ En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.
310
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311
+ Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.
312
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313
+ La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton[109]. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.
314
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+ Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.
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+ Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Calcutta — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur The Great Khali.
318
+
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+ Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.
320
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321
+ Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées[110]. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala[111],[112].
322
+
323
+ Joueurs et public d'un jeu de rue à Pushkar (Rajasthan).
324
+
325
+ Atoll de l'archipel des Laquedives.
326
+
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+ Façade est du Palais des vents à Jaipur.
328
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329
+ Plage sur la côte de Malabar au Kerala.
330
+
331
+ Forêt tropicale de la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
332
+
333
+ Mausolée du Tombeau d'Humâyûn, New Delhi.
334
+
335
+ Monastère de Thiksey, Ladakh.
336
+
337
+ Mumbai (Bombay), la capitale économique
338
+
339
+ Le Taj Mahal à Agra.
340
+
341
+ Shikara (gondoles cachemiri) sur le lac Dal à Srinagar, Cachemire.
342
+
343
+ Backwaters du Kerala.
344
+
345
+ Parc national de Bandhavgarh, Madhya Pradesh.
346
+
347
+ Célébration de Bihu par des femmes Mishing dans la Vallée de l'Assam.
348
+
349
+ Vallée de Pahalgam, Cachemire.
350
+
351
+ Ghats à Varanasi.
352
+
353
+ Puits à degrés du Rani ki Vav à Patan au Gujarat.
354
+
355
+ Le Kuchipudi d'Andhra Pradesh.
356
+
357
+ Femmes de Jodhpur.
358
+
359
+ Le Kangchenjunga (Himalaya), est le plus haut sommet d'Inde culminant à 8 586 m.
360
+
361
+ Tigre du Bengale.
362
+
363
+ Chutes de Jog, Karnataka.
364
+
365
+ Centrale thermique au Gujarat.
366
+
367
+ Célébration de Holi dans la ville sainte de Barsana, non loin de Vrindavan (Uttar Pradesh).
368
+
369
+ Temple de Baijnath, Himachal Pradesh. L'hindouisme est la religion majoritaire (près de 80 %) en Inde.
370
+
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+ Danseuse de Sattriya, une danse classique d'Assam.
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+ Bharatanatyam danse traditionnel du Tamil Nadu.
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+ L'Inde a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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1
+
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+
3
+ L'Indiana (/in.dja.na/[2] Écouter ; en anglais : /ˌɪndiˈænə/[3] Écouter) est un État du Midwest des États-Unis. Il est bordé au nord par le lac Michigan et par le Michigan, à l'est par l'Ohio, au sud par le Kentucky et à l'ouest par l'Illinois.
4
+
5
+ Indiana signifie en latin « Terre des Indiens ». Plusieurs tribus indiennes d'Amérique font partie de l'histoire de l'Indiana (les Miamis, Chippewa, Delawares, Ériés, Chaouanons, Iroquois, Kickapoo, Potéouatamis, Mohicans, Nanticoke, Hurons et Mohegans).
6
+
7
+ Les habitants de l'Indiana sont surnommés « hoosier », mais l'origine de ce mot est incertaine ; au XVIIIe siècle, le mot était utilisé dans le Sud-Est des États-Unis dans le sens « cul-terreux » ou « péquenaud[4] ». Ce surnom, encore présent à travers l'équipe universitaire des Hoosiers de l'Indiana, pourrait dériver de l'expression anglaise « Who's here ? » prononcée fortement et avec un gros accent quand les habitants entendaient frapper à leur porte.
8
+
9
+ La région était peuplée d’Indiens — Potéouatamis et Chaouanons — lorsqu’elle a été explorée pour la première fois au XVIIe siècle par des colons français venus de la Nouvelle-France (vallée du Saint-Laurent au Canada). La première colonie permanente, Vincennes, fut fondée en 1732 par des Français. À cette époque, la région de l'Indiana était englobée dans la Vallée de l'Ohio, une région agricole et commerciale, quoique peu peuplée, située entre la colonie du Canada et celle de la Louisiane[5].
10
+
11
+ Avec le traité de Paris de 1763, la France cède l'Indiana à la Grande-Bretagne, qui, en conflit avec les Amérindiens, réserve le territoire pour ces derniers avec la Proclamation royale de 1763. Le 22 juin 1774, le parlement anglais vota l'Acte de Québec qui joint l'Indiana à la province de Québec, sans pour autant autoriser sa colonisation. Cette interdiction de colonisation vers l'ouest est l'une des causes du mécontentement des colons américains qui provoquera la Guerre d'indépendance des États-Unis.
12
+
13
+ En 1783, le traité de Paris donne le territoire aux jeunes États-Unis qui devient une partie du territoire du Nord-Ouest. L'Indiana est le 19e État à entrer dans l'Union, dans laquelle il a été admis le 11 décembre 1816.
14
+
15
+ La géologie de l'Indiana dépend en grande partie de la glaciation du Wisconsin : cette période qui a concerné l'Amérique du Nord entre 85000 et 7000 av. J.-C.[6] est marquée par l'extension de la calotte glaciaire au sud des Grands Lacs actuels. Avec la fin de cette période glaciaire, les Grands Lacs se sont formés, alimentés par la fonte de l'inlandsis. La région située au sud des Grands Lacs est aujourd'hui recouverte par une couche de lœss très fertile[7]. Ces fines particules sont le produit de l'érosion glaciaire et ont été transportées par le vent vers le sud.
16
+
17
+ Le National Park Service gère les sites suivant en Indiana[8] :
18
+
19
+ Carte régionale de l'Indiana.
20
+
21
+ Carte de l'Indiana.
22
+
23
+ Lake of the Woods (en), en bas à droite, avec la ville de Bremen au centre du cliché.
24
+
25
+ Parc national des Indiana Dunes.
26
+
27
+ L'État de l'Indiana est divisé en 92 comtés[9].
28
+
29
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-quatre aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de l'Indiana[10].
30
+
31
+ (9 461 105)
32
+
33
+ (9 537 289)
34
+
35
+ (0,8 %)
36
+
37
+ (1 235 708)
38
+
39
+ (1 262 261)
40
+
41
+ (2,2 %)
42
+
43
+ (311 552)
44
+
45
+ (314 280)
46
+
47
+ (0,9 %)
48
+
49
+ (319 224)
50
+
51
+ (318 619)
52
+
53
+ (-0,2 %)
54
+
55
+ (2 114 580)
56
+
57
+ (2 137 406)
58
+
59
+ (1,1 %)
60
+
61
+ En 2010, 92,7 % des Indianiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 77,1 % dans une aire métropolitaine et 15,6 % dans une aire micropolitaine.
62
+
63
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini dix aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Indiana.
64
+
65
+ (9 840 929)
66
+
67
+ (9 912 730)
68
+
69
+ (0,7 %)
70
+
71
+ (720 647)
72
+
73
+ (721 543)
74
+
75
+ (0,1 %)
76
+
77
+ (1 459 911)
78
+
79
+ (1 490 724)
80
+
81
+ (2,1 %)
82
+
83
+ (2 174 110)
84
+
85
+ (2 196 629)
86
+
87
+ (1,0 %)
88
+
89
+ L'État de l'Indiana compte 569 municipalités[11], dont 17 de plus de 50 000 habitants.
90
+
91
+ La municipalité d'Indianapolis était la 12e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
92
+
93
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Indiana à 6 732 219 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 3,83 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 6 483 802 habitants[12]. Depuis 2010, l'État connaît la 33e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
94
+
95
+ Avec 6 483 802 habitants en 2010, l'Indiana était le 15e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 2,10 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord-est du comté de Boone[13].
96
+
97
+ Avec 69,88 hab./km2 en 2010, l'Indiana était le 16e État le plus dense des États-Unis.
98
+
99
+ Le taux d'urbains était de 72,4 % et celui de ruraux de 27,6 %[14].
100
+
101
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 12,9 ‰[15] (12,7 ‰ en 2012[16]) et le taux de mortalité à 8,8 ‰[17] (9,1 ‰ en 2012[18]). L'indice de fécondité était de 1,97 enfants par femme[15] (1,93 en 2012[16]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 7,6 ‰[17] (6,7 ‰ en 2012[18]). La population était composée de 24,80 % de personnes de moins de 18 ans, 10,03 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,73 % de personnes entre 25 et 44 ans, 26,46 % de personnes entre 45 et 64 ans et 12,97 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 37 ans[19].
102
+
103
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 87 105) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 85 115) avec un excédent des naissances (270 980) sur les décès (185 865), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 3 642) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 30 010) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 26 368)[20].
104
+
105
+ Selon des estimations de 2013, 94,5 % des Indianiens étaient nés dans un État fédéré, dont 68,5 % dans l'État de l'Indiana et 26,0 % dans un autre État (12,7 % dans le Midwest, 8,5 % dans le Sud, 2,4 % dans le Nord-Est, 2,3 % dans l'Ouest), 0,7 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 4,8 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (44,8 % en Amérique latine, 32,2 % en Asie, 13,5 % en Europe, 6,9 % en Afrique, 2,0 % en Amérique du Nord, 0,6 % en Océanie). Parmi ces derniers, 35,2 % étaient naturalisés américain et 64,8 % étaient étrangers[21],[22].
106
+
107
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 85 000 immigrés illégaux, soit 1,3 % de la population[23].
108
+
109
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 84,33 % de Blancs, 9,12 % de Noirs, 1,97 % de Métis, 1,58 % d'Asiatiques, 0,28 % d'Amérindiens, 0,04 % d'Océaniens et 2,67 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
110
+
111
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,86 %), principalement blanche et noire (0,75 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,12 %).
112
+
113
+ Les non-Hispaniques représentaient 93,99 % de la population avec 81,53 % de Blancs, 8,98 % de Noirs, 1,56 % d'Asiatiques, 1,53 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 0,13 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 6,01 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (4,56 %) et de Porto Rico (0,47 %)[19].
114
+
115
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 93,6 %, dont 80,6 % de Blancs, 9,0 % de Noirs, 1,8 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 6,4 %[25].
116
+
117
+ En 2000, les Indianiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (22,7 %), américaine (12,0 %), irlandaise (10,8 %), anglaise (8,9 %) et polonaise (3,0 %)[26].
118
+
119
+ L'État avait la 10e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
120
+
121
+ L'État abrite la 27e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 17 470 Juifs en 2013 (24 275 en 1971), soit 0,3 % de la population de l'État. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations d'Indianapolis-Carmel-Anderson (10 000), Chicago-Naperville-Elgin (2 000), South Bend-Mishawaka (1 500), Bloomington (1 000) et Fort Wayne (900)[27].
122
+
123
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,4 %), Amérindiens du Mexique (5,1 %) et Ojibwés (3,3 %)[28].
124
+
125
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (75,8 %) et de Porto Rico (7,8 %)[29]. Composée à 46,6 % de Blancs, 7,3 % de Métis, 2,4 % de Noirs, 1,1 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 42,2 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 23,3 % des Amérindiens, 22,3 % des Métis, 21,1 % des Océaniens, 3,3 % des Blancs, 1,6 % des Noirs, 1,0 % des Asiatiques et 95,0 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
126
+
127
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (26,9 %), Chinois (22,0 %), Philippins (10,4 %), Coréens (10,1 %), Viêts (6,7 %) et Japonais (4,8 %)[30].
128
+
129
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (94,1 %), principalement blanche et noire (38,1 %), blanche et amérindienne (17,3 %), blanche et autre (14,4 %), blanche et asiatique (13,7 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (6,9 %)[31].
130
+
131
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 43 % des habitants de l'Indiana se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 29 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 28 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[33].
132
+
133
+ Selon l'American Community Survey, en 2010 92,23 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 4,39 % déclare parler l'espagnol, 0,59 % l'allemand et 2,79 % une autre langue[34].
134
+
135
+ L'Indiana est considéré comme un état conservateur, de tendance républicaine.
136
+
137
+ Le président Benjamin Harrison fut le seul élu de l'Indiana à accéder à la présidence des États-Unis (1889-1893). L'État a cependant donné plusieurs vice-présidents (Thomas Hendricks en 1885, Charles W. Fairbanks de 1905 à 1913, Thomas R. Marshall de 1913 à 1921, Dan Quayle de 1989 à 1993 et Mike Pence depuis 2017.)
138
+
139
+ L'Indiana a longtemps été considéré comme un bastion républicain. Après avoir pratiqué l'alternance entre le parti démocrate et le Parti Whig durant la première moitié du XIXe siècle, il s'ancre dans le camp des républicains à partir de l'élection présidentielle de 1860. En 1876, il opte pour le démocrate Samuel Jones Tilden et pratique systématiquement l'alternance tous les 4 ans jusqu'à la victoire du républicain William McKinley en 1896.
140
+ Au XXe siècle, il affirme son ancrage républicain en ne votant que très épisodiquement pour des candidats démocrates (Woodrow Wilson en 1912, Franklin Delano Roosevelt en 1932 et 1936). L'Indiana est d'ailleurs l'un des 10 États à soutenir en 1940 la candidature du républicain Wendell Willkie contre Roosevelt.
141
+
142
+ Depuis 1940, les électeurs de l'Indiana n'ont ensuite voté que deux fois pour un candidat du parti démocrate : Lyndon B. Johnson (en 1964 contre Barry Goldwater) et Barack Obama (en 2008 contre John McCain).
143
+
144
+ Historiquement, les républicains disposent de bastions électoraux dans l'est et le centre de l'État tandis que les démocrates sont plus forts dans le nord-ouest. Le comté de Marion qui présente la plus forte densité de l'État a été un bastion républicain de 1968 à 2000 tandis que celui de Lake est acquis aux démocrates depuis 1972[36].
145
+
146
+ En 2016, le candidat républicain Donald Trump remporte l'État avec 56,5 % des votes face à 37,5 % pour son adversaire démocrate Hillary Clinton[37].
147
+
148
+ Lors de la 116e législature du Congrès (2019-2021), l'Indiana est représenté à la Chambre des représentants par sept républicains et deux démocrates, ainsi que par les républicains Todd Young et Mike Braun au Sénat.
149
+
150
+ Le sénateur Mike Braun.
151
+
152
+ Le sénateur Todd Young.
153
+
154
+ Alors que depuis 1896 les démocrates n'ont réussi à remporter que cinq fois l'Indiana lors d'une élection présidentielle, pas moins de onze démocrates sont parvenus à se faire élire gouverneur.
155
+
156
+ L'Assemblée générale de l'Indiana est composée d'un Sénat de 50 membres et d'une Chambre des représentants de 100 membres.
157
+
158
+ Le capitole de l'Indiana.
159
+
160
+ Le gouverneur de l'Indiana, Eric Holcomb.
161
+
162
+ Aujourd'hui diversifiée, l'économie de l'Indiana reposait autrefois principalement sur l'agriculture, l'État faisant partie de la Corn Belt.
163
+
164
+
165
+
166
+ Musiciens de l'Indiana : La famille Jackson (The Jackson Five, Michael Jackson, Janet Jackson, etc.), Axl Rose, Shannon Hoon, Tobin Matthews, The Ready Set, John Mellencamp. L'État d'Indiana est une des patries de la trompette puisque c'est dans la ville d'Elkhart que se situe l'une des plus grandes fabriques de trompettes (classiques et de jazz).
167
+
168
+ L'Indiana, comme la plupart des États du Midwest, a un lien historique avec la France. On dénombre plusieurs centaines de Français inscrits en Indiana et un nombre important de ressortissants non inscrits. De plus, une délégation régionale de l'Alliance française de même qu'une politique de coopération en matière d'éducation composent le paysage des liens entre la France et l'Indiana[38].
169
+
170
+ Plusieurs séries télévisées se déroulent dans des villes fictives de l'Indiana, comme Parks and Recreation à Pawnee, The Middle à Orson, Stranger Things à Hawkins.
171
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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3
+ Indiana Jones est un personnage de fiction créé par le réalisateur, scénariste et producteur américain George Lucas, qui se serait inspiré du personnage d'Hiram Bingham, archéologue américain découvreur du Macchu Picchu au Pérou[2]. Aventurier et professeur d'archéologie, Indiana Jones est apparu pour la première fois dans le film Les Aventuriers de l'arche perdue, réalisé par Steven Spielberg en 1981, où il est interprété par Harrison Ford.
4
+
5
+ Par la suite, il a été le héros de plusieurs suites au cinéma, toujours avec Harrison Ford, mais aussi d'une série télévisée, de téléfilms, d'une série de romans et de bandes dessinées ainsi que de jeux vidéo, jeux de rôle, jouets et attractions.
6
+
7
+ Indiana Jones est un personnage emblématique de la culture populaire. En 2003, il fut notamment classé à la deuxième place du classement des plus grands héros et méchants du cinéma de l'American Film Institute, seulement devancé par le personnage d'Atticus Finch, interprété par Gregory Peck dans le film Du silence et des ombres (1962).
8
+
9
+ Ses aventures se déroulent principalement dans la première moitié du XXe siècle avec comme toile de fond la Première et la Seconde Guerre mondiale, avec une incursion pendant la guerre froide pour le quatrième film de la saga.
10
+
11
+ Le récit de ses premières aventures mêle fiction et réalité, "Indy" rencontrant des personnages ayant réellement existé. Dans ses aventures en tant qu'adulte, sa vie est rythmée par la recherche et découverte de reliques légendaires tout en étant confronté à des mythes et croyances diverses.
12
+
13
+ Indiana Jones, fils d'Anna Mary Jones[3] et Henry Jones[4], naît le 1er juillet 1899[5] dans le New Jersey[6] sous le nom de Henry Walton Jones Junior[6]. Son père est professeur de littérature médiévale diplômé de l'université d'Oxford[4]. Encore dans le berceau, ses parents lui présentent son premier compagnon, un jeune Malamute de l’Alaska baptisé Indiana[6]. En 1905, il décide d'adopter le nom de son chien[7] pour se différencier de son père avec qui il partage la même identité[8]. Celui-ci continuera malgré tout de l'appeler « Junior » jusqu'à l'âge adulte[4]. À partir de 1908[8], Indiana suit son père qui donne des conférences à travers le monde. Ces voyages incessants ne lui permettent pas d'être inscrit à l'école et il est donc suivi par une préceptrice[8].
14
+
15
+ C'est en Égypte qu'Indiana Jones découvre l'archéologie. Pendant que son père donne une conférence à l'université du Caire, lui et sa préceptrice visitent les pyramides. Estimant ne pas être assez bien payé, le guide qui les accompagne vole leurs chameaux et les abandonne sur place[6]. Esseulés et ne sachant que faire, un visage familier de la préceptrice apparaît alors, c'est T. E. Lawrence[6]. Pendant que les trois campent aux pieds d'une pyramide, Ned (c'est ainsi qu'Indiana appellera Lawrence[9]) fait part au jeune garçon qu'il a l'intention de découvrir et ouvrir une tombe. Après ces paroles, Indiana veut devenir archéologue[6]. Indiana et son accompagnatrice sont invités par Ned à se joindre à lui et à rallier un secteur proche de la Vallée des Rois où un de ses amis archéologue mène des fouilles. Ils partent le jour suivant[6]. Arrivés sur place, Rasheed Sallam, l'ami de Ned, annonce que les fouilles sur le site sont au point mort à cause de la levée d'une malédiction depuis l'ouverture d'un tombeau par Howard Carter. Les recherches arrêtées, Indiana attire l'attention de tous sur des objets proches de la tombe en question[6]. Howard Carter décide d'explorer le tombeau et laisse Indy être le premier à y pénétrer. Après moult péripéties, le groupe découvre une chambre secrète et constate que la tombe a été récemment profanée. Dans cette pièce, une inscription mentionne un casque représentant un chacal incrusté de pierres précieuses. Il s'avère que le « chacal » a été volé par un membre de l'équipe de Howard Carter et qui a pris la fuite[6].
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+ Cette expérience est la source de la vocation d'Indiana Jones qui jure de retrouver un jour l'objet[10].
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+ En 1912, Indiana emménage avec son père dans l'Utah[11]. Cette même année sa mère meurt de la scarlatine[12] et, avec le temps, le jeune garçon s'habitue au peu de communication avec son père[13]. À son arrivée dans ce nouvel État, Indy intègre une troupe de scouts avec laquelle il part pour un bivouac au parc national des Arches[13]. Sur place, il entreprend une excursion et surprend une bande de pilleurs prenant possession de la croix de Coronado[4]. Estimant sa place dans un musée, il s'empare de l'objet et réussit à prendre la fuite. Les voleurs à ses trousses, Indiana réussit à prendre un train en marche. Les hommes le rejoignent sur ce train, qui se trouve être celui d'un cirque, et le traquent. C'est lors de cette poursuite qu'Indiana voit naître en lui sa peur des serpents quand il tombe dans une fosse remplie de serpents[4]. Après s'être échappé du piège des reptiles, il se retrouve face à un lion menaçant. S'emparant d'un fouet à proximité, il s'inflige une blessure au menton (l'origine de sa cicatrice) et réussit à garder l'animal à distance[4]. Il s'échappe de nouveau et arrive chez lui mais il est contraint de rendre la croix au commanditaire de la bande des voleurs qui l'a retrouvé. Le chef des voleurs lui offre son fédora en lui glissant des mots d'encouragement[4].
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+ En mars 1916, Indiana Jones et son père rendent visite à des membres de leur famille au Nouveau-Mexique[14]. Indy retrouve son cousin Frank qui l'emmène en virée pour voir des jeunes filles. Sur le chemin, ils se retrouvent au milieu d'un règlement de comptes entre révolutionnaires mexicains[15]. Après avoir écarté des bandits d'une femme en détresse, Indiana est capturé puis sur le point d'être exécuté par les révolutionnaires. C'est finalement à Pancho Villa qu'il doit son salut pour l'avoir libéré au dernier moment[15]. À la suite de cela, l'adolescent rejoint les troupes de ce dernier et prend part à la révolution[16]. Il fait la rencontre d'un belge s'appelant Rémy Baudouin avec qui il se lie d'amitié[15]. Après avoir pris connaissance des raisons de cette révolution[15], Indiana décide de se joindre à Rémy qui va retourner en Europe pour se battre à la Grande Guerre[16]. Avant son départ, Indy retrouve la trace du « chacal » dans la région[16]. Il fait ce qui lui semble être son devoir en le récupérant, puis s'envole pour le « vieux continent » avec son ami[15].
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+ Après une courte étape en Irlande pendant l'insurrection de Pâques, les deux amis se rendent à Londres où se situe le bureau de recrutement de l'Armée belge[17]. Indiana est enrôlé sous le pseudonyme de Henri Defense et part avec Rémy pour la base du Havre[17].
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+ À la suite de leur entraînement militaire, ils partent combattre en Flandre où les officiers de leur escadron sont tués[18]. Indiana et Rémy sont alors envoyés dans la Somme pour se battre aux côtés des troupes françaises[18]. Ils sont confrontés aux pires horreurs de la guerre. Ils sont la cible de tirs, ils sont gazés et exposés au feu des lance-flammes allemands[18]. Après que son escadron a accompli sa mission, elle est anéantie par une troupe allemande venue riposter. Indiana est capturé après avoir perdu de vue son ami Rémy[19]. Indy est amené dans un camp de prisonniers et s'intègre à un groupe emmené par un certain Charles de Gaulle et préparant une évasion[19]. Après l'échec d'une tentative, ils sont tous les deux transférés dans une prison de haute sécurité mais finissent par s'échapper[19]. Indiana Jones rejoint la base de son unité où il retrouve Rémy[19]. Désirant quitter les tranchées, Indiana devient coursier pour le haut commandement français. Mais à la suite d'ordres ordonnant le sacrifice de soldats, il sabote sa propre moto pour éviter ce massacre[20]. Il est réexpédié aussitôt dans les tranchées[20].
26
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27
+ La bataille de Verdun terminée, Indiana Jones s'installe à Paris et s'engage dans une relation passionnelle avec Mata Hari[20]. Celle-ci conseille à son jeune amant d'aller se battre en Afrique de l'Est, où les combats sont moins sanglants. En novembre 1916, il part pour l'Afrique avec Rémy[21].
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+ Indiana Jones est promu lieutenant dans une unité postée à proximité du lac Victoria[22]. Indy devient rapidement un meneur d'hommes et un combattant sans états d'âme. Pendant une charge, il désobéit délibérément à un ordre de retraite et continue l'offensive. Son initiative permet de remporter la bataille et il est nommé capitaine au grand désarroi de son supérieur hiérarchique[22]. Après plusieurs mois dans cet enfer africain, Indiana perd quasiment toute son unité tombée gravement malade. Tous ces morts lui ouvrent les yeux et il se rend compte que lui et tous les soldats qui se battent sur ce continent sont comme des pantins assouvissant la soif de conquête des hommes blancs. Malade et extrêmement épuisé, Indy décide de rebrousser chemin avec sa poignée d'hommes encore vivants et regagner la côte occidentale[22]. Indiana Jones et ses hommes souffrent de plus en plus de la fièvre au milieu du Congo. Ils doivent leur salut à un médecin alsacien, Albert Schweitzer, qui dirige un hôpital de campagne en pleine jungle[22]. Au contact du médecin, Indy retrouve foi en l'humanité et décide de se retirer de cette guerre[22].
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+ Indiana et Rémy font leur retour en Europe et intègrent les services secrets français[23]. Les deux amis sont séparés par leurs missions respectives. Rémy retourne en Belgique pour devenir le contact français de la résistance belge, tandis qu'Indy devient éclaireur pour l'escadrille La Fayette[23]. Après plusieurs mois à effectuer toutes sortes de missions et qui l'ont mené en Europe de l'Est[24], Indiana retourne à l'ouest avant de partir pour Le Caire. Plus tard, il aide son vieil ami T.E. Lawrence à libérer Beersheba de l'invasion turque[25]. Il enchaîne plusieurs missions mettant à profits ses talents d'espion jusqu'à ce que l'armistice soit signé le 11 novembre 1918.
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+ Après la guerre, Indiana trouve en rase campagne le corps d'un soldat avec une carte qui semble indiquer l'endroit où se situe un paon en or aux yeux de diamants ayant appartenu à Alexandre le Grand[26]. Cette chasse au trésor le mène de Londres à l'Inde en passant par Alexandrie. Dans les mers du Sud chinoises, il fait face à des pirates chinois et se retrouve abandonné sur une île[27]. Capturé par des indigènes, Indiana est sauvé par l'anthropologue polonais Bronisław Malinowski[27]. Estimant cette quête sans issue, Indiana décide de rentrer aux États-Unis pour commencer ses études d'archéologie[28].
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+ Admis à l'université de Chicago en 1920, Indiana Jones suit les cours d'archéologie du professeur Abner Ravenwood et travaille en tant que serveur dans un restaurant. Pendant son temps libre, il fréquente les clubs de jazz[28]. En 1922, Indiana obtient son diplôme et part étudier la linguistique à la Sorbonne[29]. Dans le courant de cette même année, Indiana est invité par son nouveau professeur d'archéologie à se rendre à Delphes en tant que spécialiste de grec ancien[30]. Malgré lui, Indy se retrouve impliqué dans un complot visant à assassiner Constantin Ier de Grèce et l'oracle de Delphes[29]. Cette aventure marque un tournant dans la vie de l'aventurier qui décide de dédier son existence à l'archéologie[29].
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+ Indiana termine son cursus en 1925 et trouve son premier poste à l'université de Londres en tant que professeur d'un programme d'été[31]. Il entame une idylle avec une de ses élèves, Deirdre Campbell[31] avec qui il part à la recherche du masque funéraire de Camazotz[32]. Indiana épouse Deirdre en avril 1926, mais celle-ci meurt lors d'un crash aérien peu de temps après[33].
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+ Plus tard dans l'année, Indiana rejoint le professeur Ravenwood sur une fouille à Jérusalem[34]. Une profonde amitié se crée entre les deux hommes qui finissent par découvrir le bâton de Ra[34]. Toujours tourmenté par la mort de sa femme, Indiana se laisse emporter dans une romance avec la fille de son ami, Marion[34]. Cette liaison n'est pas du goût du vieux professeur, ce qui pousse Indy à quitter les Ravenwood[34].
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+ Indiana Jones parcourt le monde et vit un grand nombre d'aventures. En 1927, il retrouve la trace de l'arche de Noé au mont Ararat avant de la voir succomber à une avalanche et être pris au piège de tonnes de neige et de glace[35]. Ses quêtes successives le mènent, entre autres, aux ruines anasazies de l'Utah où est découverte la dernière corne de licorne[36], puis sur l'île de Pâques où il découvre la « porte d'entrée » d'un monde parallèle[37]. Au début des années 1930, Indiana est confronté à des OVNI[38], se lance à la recherche de la pierre philosophale[39], fait face à des géants[40] et des dinosaures[41].
42
+
43
+ Après cela il part en Inde sur le chemin des pierres de Sankara avec Demi-Lune et Willie Scott et y affronte des adeptes du rituel thug.
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+ Indiana se met à la recherche de l'arche perdue en espérant la prendre avant les nazis et René Belloq pour sauver le pays. Il retrouve Marion mais ils se séparent un an après sans savoir que Marion attend un enfant. Elle épouse Colin Williams, pilote de la RAF, qui élève le fils d'Indy, Henry "Mutt" Williams, comme le sien.
45
+ Quelques années après, Henry Jones Senior s'est fait kidnapper par les nazis lors de sa quête du Graal, Indiana vole à son secours. Il réussit à libérer son père et à retrouver le Graal après un affrontement contre un Templier mais la relique tombe ensuite dans une fosse à cause de tremblements de terre.
46
+
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+ Cette fois, dans les années 1950, il est poursuivi par les Soviétiques et Irina Spalko à la recherche des crânes de cristal et de leur origine mystérieuse. Il découvre lors de cette aventure son fils Mutt et retrouve l'amour de sa vie Marion Ravenwood. Ayant finalement gagné contre les Russes (et découvert des êtres inter-dimensionnels et leur soucoupe volante), il se marie avec Marion.
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+ Lors de ses nombreuses aventures à travers le monde, Indiana Jones à fait la rencontre de beaucoup de célébrités. Dans sa jeunesse, il a notamment rencontré Norman Rockwell, Pablo Picasso, Franklin Roosevelt, Sigmund Freud, Charles de Gaulle, Albert Schweitzer, Dracula, Eliot Ness, Ernest Hemingway, Al Capone, John Ford ou encore Adolf Hitler.
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+ Il a vécu le naufrage du Titanic, la Révolution mexicaine, la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide.
51
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+ Dans ses aventures, il est en général vêtu d'une veste de cuir, d'un chapeau Fedora brun, d'une chemise kaki, d'un pantalon beige, et de grosses chaussures brunes et porte à sa ceinture un fouet. On le voit aussi souvent avec un sac de toile en bandoulière[42].
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+ Lorsqu'il n'est pas en voyage, il porte un costume de ville, avec des lunettes rondes.
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+ Henry Jones Jr., dit « Indiana » (Indiana étant le nom du chien familial) ou « Indy » pour les intimes, est professeur d'archéologie, à la suite de son père le professeur Henry Jones (dont le domaine est la littérature médiévale, comme l'indique Indy dans le troisième épisode).
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+ Contrairement à ce dernier, qui serait plutôt « rat de bibliothèque », il est plutôt « homme de terrain », et n'hésite pas à faire parler les poings et les armes si cela se révèle nécessaire.
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+ D'un naturel plutôt macho, il a un certain succès auprès des femmes ; bon nombre de gens prétendent que sa cicatrice au menton y est pour beaucoup.
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+ Son plus grand point faible (excepté les femmes) est une ophiophobie due vraisemblablement à sa chute dans un bac de serpents dans sa jeunesse, décrite dans le troisième opus.
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+ Bien que de nombreuses sources affirment que Roy Chapman Andrews, Hiram Bingham ou Percy Fawcett[43] aient été l'inspiration pour Indiana Jones, ni George Lucas, ni les autres créateurs de ces films ne l'ont jamais confirmé. La transcription des conférences de l'histoire du film ne fait pas mention d'eux.
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+ C'est avant la création de Star Wars que George Lucas imagine l'histoire d'un aventurier dont le récit serait inspiré des serials de son enfance[44]. Ce héros serait un archéologue dont les aventures le mèneraient à la recherche de reliques aux pouvoirs surnaturels[44]. George Lucas choisit finalement de se concentrer sur son film « galactique » et met de côté son histoire d'aventurier[44]. Il propose tout de même le projet à Philip Kaufman, un scénariste et réalisateur, qui est aussitôt enthousiaste[44]. Ils travaillent ensemble sur une ébauche du scénario et c'est Philip Kaufman qui propose l'Arche d'alliance comme centre d'intérêt du film[44]. Au bout d'un mois de travail sur l'histoire, le scénariste est engagé par Clint Eastwood pour son film Josey Wales hors-la-loi et ne peut donc plus travailler sur le film de George Lucas[44]. L'archéologue est de nouveau mis au placard par son créateur qui retourne s'occuper de son space opera[44].
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+ Peu de temps après la sortie de Star Wars, George Lucas et Steven Spielberg attendent les résultats du box office sur une plage hawaïenne[44]. C'est après avoir appris le succès du film que Steven Spielberg fait part à son ami de son désir de réaliser un film de James Bond, tendant ainsi une perche à George Lucas qui lui rétorque « j'ai mieux ! Les Aventuriers de l'arche perdue »[44]. Le projet est relancé pour de bon.
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+ Pour créer le personnage d'Indiana Jones, Spielberg s'est en partie inspiré de l'œuvre d'Hergé : « une partie d'Indiana Jones provient des livres (de Hergé) », a-t-il commenté.
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+ Le sérial (films à épisodes) des années trente-quarante est également une source manifeste de références. Beaucoup de cascades d'Indy sont directement inspirées de celle de Yakima Canutt, entre autres dans Le Retour de Zorro. Steven Spielberg cite aussi, parmi ses influences, L'Homme de Rio de Philippe de Broca, ainsi que les aventures de Picsou dessinées par Carl Barks.
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73
+ George Lucas choisit le nom de Indiana Smith pour son nouveau personnage[44]. Comme pour Chewbacca, c'est son chien qui l'inspire et pour cause, il s'appelle lui-même Indiana[44]. Cette référence sera d'ailleurs reprise dans Indiana Jones et la Dernière Croisade. Cependant le nom de famille ne convient pas à Steven Spielberg, son compère lui propose alors dans la foulée Indiana Jones[44].
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+ Steven Spielberg pense immédiatement à Harrison Ford pour jouer ce héros digne de Allan Quatermain, mais George Lucas est contre[45]. En effet, en plus de ne pas être favorable à l'idée de reprendre un acteur qu'il a déjà fait jouer[44], il craint qu'une confusion soit faite entre ce nouveau personnage et Han Solo de Star Wars. Plusieurs acteurs sont alors approchés pour le rôle, dont Nick Nolte et Peter Coyote[46]. Finalement, après un casting plus que concluant, c'est Tom Selleck qui est choisi pour incarner l'aventurier[44]. Mais il doit finalement refuser le rôle à cause de son contrat qui le lie à la série Magnum[45]. Après ce faux-bond, Steven Spielberg persuade George Lucas qu'Indy est taillé pour Harrison Ford. L'acteur et le réalisateur sont mis en relation par George Lucas et malgré l'hésitation de signer pour trois films, l'acteur accepte l'offre[44]. Indiana Jones est né.
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+ Dans le prologue de Indiana Jones et la Dernière Croisade, River Phoenix incarne Indiana Jones à 13 ans. Plusieurs acteurs prêtent ensuite leur traits à l'archéologue à différents âge dans la série télévisée Les Aventures du jeune Indiana Jones, les principaux étant Corey Carrier (9-11 ans), Sean Patrick Flanery (17-21 ans) et George Hall (93 ans).
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+ Bien qu'Harrison Ford ait conservé le même rôle dans les quatre films, les doublages réalisés en France ont fait appel à trois personnes différentes.
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+ Le personnage a connu plusieurs adaptations au fil du temps, dont certaines développées par la société LucasArts :
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+ Cette série de romans pour la jeunesse est une adaptation roman de la série télévisée. Les histoires sont de George Lucas :
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+ Les trois titres d'Indiana Jones Jr suivants sont des créations originales, non des novélisations. Écrits en français par Richard Beugné pour Hachette jeunesse, ils ont été soumis à "Lucas productions" qui les a validés au stade du synopsis. Il n'en existe pas de version en langue anglaise.
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87
+ Il existe une bande dessinée aux États-Unis, très difficile à trouver, édité par Black Horse. Cette bande dessinée est à l'origine du scénario de Fate of Atlantis, l'épisode 4 adapté en jeu vidéo après The Last Crusade. On retrouve Indy et Henry dans le volume Spare of destiny, aventure située dans la bande dessinée juste après la dernière croisade. Ci-dessous la liste des albums parus en français.
88
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89
+ Les figurines articulées et les jouets sous licence Indiana Jones ont été produits au cours de quatre périodes successives : Kenner, LJN/Star Toys, ToysMcCoy/Disneyland et Hasbro[51].
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91
+ Lego produit une série de sets sur le thème depuis le quatrième film, sorti en 2008[52], jusqu’en 2009.
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93
+ Indiana Jones et le Temple maudit :
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+
95
+ Indiana Jones et la Dernière Croisade :
96
+
97
+ Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal :
98
+
99
+ Disney a développé plusieurs attractions sur le monde d'Indiana Jones pour ses parcs, regroupées sous le nom de Indiana Jones Adventure
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101
+ Disneyland Paris possède aussi :
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+ Copié, parodié et autres influences dans la culture populaire. Bien que le personnage fut lui-même créé sous diverses inspirations, il a inspiré bien d'autres aventuriers fictifs.
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+ la ville d’Indianapolis (en anglais [ˌɪndiəˈnæpəlɪs]) est la capitale de l’État de l’Indiana, aux États-Unis. Cette ville de la région agricole du Midwest se situe à environ 240 km au sud des Grands Lacs et Chicago. Avec 848 788 habitants pour une agglomération de 1 756 241 habitants (2010), c’est la 12e ville et la 34e aire urbaine du pays. En 2016, sa population est estimée à 855 164 habitants.
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5
+ En 1821, de nombreuses suggestions sont faites. Tecumseh est suggéré par Marston Clark du comté de Washington, ou encore Suwarrow, et Tuwarrow. Le juge Jeremiah Sullivan, du comté de Madison propose d’associer le nom de l’État, Indiana, avec le mot grec polis, signifiant ville, l'association signifiant ainsi « ville de l'Indiana ». Bien que le nom soit largement critiqué, il est adopté pour la nouvelle capitale de l'État[A 1].
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7
+ Comme toute ville américaine, Indianapolis possède son propre drapeau et ses armoiries qui témoignent de l'histoire de la ville et de sa relation avec son environnement.
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+ Le site de la nouvelle capitale de l'État de l'Indiana est choisi en 1820 pour remplacer Corydon à partir de 1825. Indianapolis est positionnée au centre géographique exact de l'État. Pour la construction de la capitale, les Amérindiens des tribus Miamis et Lenapes, qui vivaient en lieu et place, ont été déplacés des années 1820 aux années 1840[A 2],[B 1],[A 3].
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11
+ En 1825, un peu moins de 1 000 habitants commencent à vivre dans la nouvelle capitale dont les habitations étaient principalement des cabanons en rondins de bois. L'économie est, à cette époque, peu développée avec principalement une économie agricole. Le premier chemin de fer arriva en 1847, et la première gare fut ouverte en 1853[A 3].
12
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13
+ Le début du XXe siècle marqua l’arrivée de la construction automobile dans la ville, dont la production rivalisait avec Détroit. De plus, les connexions routières avec les autres villes de la région firent de la ville un carrefour important et lui valurent le surnom de « Crossroads of America »[Note 1].
14
+
15
+ Durant la première moitié du XXe siècle, la population augmenta rapidement. Les tensions entre Noirs et Blancs s’installèrent, mais la ville fut la seule à ne pas connaître d’émeute le 4 avril 1968 au cours de la nuit où Martin Luther King fut assassiné. La présence de Robert Francis Kennedy pour sa campagne présidentielle en est peut-être la raison. Durant les années 1970, certains quartiers connurent un exode, allant même jusqu'à tomber en ruine, jusque dans les années 1990 où un plan de revitalisation fut lancé.
16
+
17
+ Indianapolis possède un climat tempéré de type continental humide selon la classification de Köppen[1],[2].
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+
19
+ La température moyenne journalière à Indianapolis est d'environ 11,3 °C alors que la hauteur annuelle de précipitations est de 1 013 mm. Il y a en moyenne 116 jours de gel par an. Les premières neiges dans la région arrivent en moyenne le 19 novembre et les dernières neiges tombent le 30 mars[3]. Selon le National Oceanic and Atmospheric Administration, 55 % des jours de l'année sont ensoleillés[4].
20
+
21
+ Les étés sont chauds, humides et orageux avec une moyenne de 24,2 °C au mois de juillet et des températures pouvant souvent dépasser les 32 °C et pouvant parfois dépasser les 35 °C avec un taux d'humidité important. Des orages ont tendance à éclater durant cette saison, déversant parfois de grandes quantités de pluie chaude. Le printemps et l'automne sont souvent agréables mais peuvent aussi être imprévisibles avec des températures pouvant descendre en dessous de 5 °C mais aussi pouvant monter au-dessus de 20 °C. Ainsi n'est-il pas rare de voir des journées où le mercure atteint 27 °C, suivies de chutes de neige 36 heures après. Les hivers sont froids avec une moyenne en janvier de −2,2 °C, les températures tombent en dessous de −17,8 °C 4,7 jours en moyenne. Les saisons les plus pluvieuses mais aussi paradoxalement les plus ensoleillées (en raison de la brève durée des averses) sont le printemps et l'été, mai est le mois le plus pluvieux avec 128,3 mm de pluie en moyenne. La plupart des pluies sont dues aux orages, il n’y a aucune saison sèche distincte. La quantité annuelle de précipitations est de 1 077,0 mm avec des chutes de neige atteignant 64,8 cm en moyenne. Le record de chaleur est de 41,1 °C, observé le 14 juillet 1936 et le record de froid est de −32,8 °C observé le 19 janvier 1994.
22
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23
+ Faits météorologiques :
24
+
25
+ Alexander Ralston, qui était l'assistant de Pierre Charles L'Enfant lors de l'élaboration des plans de la ville de Washington DC, s'en inspire pour les plans de la nouvelle capitale[6]. Ralston place au centre de la ville le Soldiers' and Sailors' Monument[7] qui forme un cercle où s'entrecroisent quatre routes formant ainsi les prémices d'un plan hippodamien[6].
26
+
27
+ Jusqu'en 1970, année où s'est terminée la construction de l'Indianapolis City–County Building, le bâtiment le plus grand de la ville était le Soldiers' and Sailors' Monument dont la construction fut finie en 1901[8]. Cependant dans les années 1980, la ville a connu un boom dans la construction de gratte-ciels jusqu'aux années 1990. C'est à cette époque que sept des dix plus hauts immeubles ont été construits dont la Chase Tower avec ses 49 étages fut finie en 1990, la OneAmerica Tower construite de 1982 à 1990 et la Market Tower située à l'ouest du Soldiers' and Sailors' Monument[9],[10],[11]. En juillet 2008, on dénombrait pas moins de 91 gratte-ciels dans la skyline d'Indianapolis[12]. Le gratte-ciel le plus haut de la ville est actuellement la Chase Tower avec ses 253 mètres de haut depuis 1990, c'est le 34e gratte-ciel le plus haut des États-Unis.
28
+
29
+ Indianapolis compte six grands parcs, sur les 206 parcs présents dans la ville. Ils sont composés de vues panoramiques, lacs, étangs, et équipements culturels[13]. Le parc d'Eagle Creek est le plus grand.
30
+
31
+ Selon le recensement des États-Unis de 2000, on comptait 320 107 foyers à Indianapolis pour une densité de population de 837 hab./km2[14].
32
+
33
+ Sur les foyers 22,7 %, ont des enfants de moins de 18 ans, 41,2 % composés des couples mariés vivant ensemble, 10,8 % constitués d'une famille monoparentale, et 39,4 % de célibataires. 39,3 % des foyers étaient composés de célibataires et 9,4 % d'une personne vivant seule et qui était âgée de 65 ans ou plus. La taille moyenne des ménages était de 2,39 personnes alors que celle des familles était 3,03 personnes.
34
+
35
+ La population de la ville était composée à hauteur de 28,4 % d'individus de moins de 19 ans, de 7,3 % de personnes âgées de 20 à 24 ans, de 33,0 % âgés de 25 à 44 ans, de 20,3 % situés entre 45 et 64 ans, et de 11,0 % de personnes âgées d'au moins 65 ans. L'âge médian est de 33,6 ans (35,3 ans pour l'ensemble des États-Unis[15]) et pour 100 femmes, on comptait 102,1 hommes. Le revenu médian pour un foyer est de 40 051 $[16] (contre 42 100 $ pour l'ensemble des États-Unis[17]).
36
+
37
+ Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 87,39 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 8,31 % déclare parler l'espagnol, 0,68 % une langue africaine, 0,50 % une langue chinoise et 3,12 % une autre langue[20].
38
+
39
+ Gregory A. Ballard est depuis 2008 le maire d'Indianapolis.
40
+
41
+ Le réseau des bibliothèques de la ville d'Indianapolis comprend[21] :
42
+
43
+ Les bibliothèques de la ville propose également une plateforme numérique permettant de consulter archives et documents patrimoniaux, baptisée Digital Indy[27].
44
+
45
+ Indianapolis comporte quelques musées dont le Indiana State Museum, l'Eiteljorg Museum-American Art et le NCAA Hall of Champions.
46
+
47
+ Indianapolis est desservie par de nombreux médias, dans la presse, la radio, la télévision et d'internet. La ville est ainsi desservie par plus de 30 stations de radio diffusant en FM et AM couvrant une large variété de styles musicaux. Indianapolis est classé 39e marché pour la radio aux États-Unis avec près de 1 388 800 auditeurs[28].
48
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+ The Indianapolis Star est le journal le plus vendu dans la ville. Le journal est possédé par la Gannett Company, qui publie également un hebdomadaire, The Topics qui se centralise sur le nord d'Indianapolis faisant partie de la zone métropolitaine d'Indianapolis. Nuvo Newsweekly, Indy Men's Magazine s'étant arrêté en 2007[29], Indianapolis Women's Magazine, et Indianapolis Monthly sont des publications locales sur les arts, le divertissement, les sorties et les modes de vies. L'Indianapolis Recorder est un hebdomadaire sur la communauté afro-américaine. La Voz De Indiana est un magazine bilingue. L'Indianapolis Business Journal et Inside Indiana Business sont des publications économiques pour la région d'Indianapolis.
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+ Indianapolis possède une école internationale privée, nommée International School of Indiana, les étudiants ont de 6 à 18 ans (Grade 1 à 12). Il y a environ deux classes par année scolaire, composées d'environ quinze élèves chacune. Cette école offre la possibilité d'apprendre le chinois (mandarin), l'espagnol et le français. Elle permet d'obtenir son diplôme d'étude secondaire (graduation) à 18 ans (Grade 12). L'année scolaire coûte environ 8 000 dollars l'année.
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+ Indianapolis est le siège de l'archidiocèse d'Indianapolis.
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+ Indianapolis possède de nombreuses équipes sportives dont certaines jouent un rôle de premier plan dans deux sports majeurs. L'équipe de football américain des Colts d'Indianapolis, franchise qui a déménagé dans les années 1980 de Baltimore pour s'implanter à Indianapolis, qui appartient à la ligue nationale NFL et dispose de nombreux supporters qui se rendent dans l'important stade Lucas Oil Stadium construit dans les années 2000. L'équipe a participé au Super Bowl à deux reprises après son déménagement, et a remporté le Super Bowl XLI en 2006.
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+ Son stade, le Bankers Life Fieldhouse, abrite également l'équipe de basketball NBA des Pacers de l'Indiana.
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+ Chaque année ont lieu de nombreuses courses automobiles sur le fameux anneau de vitesse d'Indianapolis. La plus ancienne (depuis 1911), et la plus fameuse, est l'épreuve des 500 miles d'Indianapolis, une course d'Indycar comptant aujourd'hui pour la série IndyCar Series. On peut aussi citer le Brickyard 400, une course de NASCAR ayant lieu chaque année depuis 1994.
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+ De 2000 à 2007, le circuit a accueilli le Grand Prix des États-Unis de Formule 1, sur un circuit spécialement aménagé, qui reprend une partie seulement de l'anneau de vitesse. Depuis 2008, le Grand Prix moto d'Indianapolis, une manche du championnat du monde de MotoGP s'y déroule.
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+ Il est à noter que le circuit ne se situe pas dans la ville d'Indianapolis, mais dans la ville de Speedway, entièrement enclavée dans Indianapolis.
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+ L'aéroport international d'Indianapolis (IND) a ouvert ses portes le 11 novembre 2008, il s'agit du premier aéroport à ouvrir après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis[30],[31]. L'aéroport se situe à moins de 20 minutes du centre-ville par l'I-70. 11 compagnies sont présentes dans l'aéroport pour desservir 37 destinations.
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+ L'aéroport d'Eagle Creek sert d'aéroport de complément pour l'aéroport international[32]. Il se situe à l'est du lac d'Eagle Creek et au nord de l'aéroport international et à l'ouest du Soldiers' and Sailors' Monument. L'aéroport est desservi par l'I-465.
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+ Au total sur la ville d'Indianapolis, neuf infrastructures aéroporturaires publiques sont présentes[33].
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+ La ville d'Indianapolis possède 11 milles (17,7 km) de piste cyclable, le long de la New York Streets ou de la Michigan Street traversant toutes deux d'ouest en est la ville[34].
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+ Indianapolis est entourée par six Interstate highway. L'Interstate 465 forme une rocade autour du comté de Marion. L'Interstate 65 coupe la ville du nord-ouest en provenance Gary éventuellement de Chicago en direction de Louisville dans le Kentucky. L'Interstate 69 arrive du nord-est de Fort Wayne, pour se terminer à la jonction avec l'I-465. L'Interstate 70 suit l'ancienne National Road, qui relie l'est de Colombus dans l'Ohio à l'ouest Saint-Louis. L'Interstate 74 part du nord-ouest de Danville, vers le sud-est à Cincinnati. Depuis 2002, un segment de l'interstate reliant la I-465 à la I-65, côté nord-ouest de la ville est appelé I-865 pour réduire les confusions possible.
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+ Indianapolis est aussi parcouru par six U.S. Route, les US 31, US 36, US 40, US 52, US 136 et US 421.
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+ Les Amérindiens, Indiens d'Amérique, Indiens, Autochtones ou encore membres des Premières Nations, aborigènes, natifs américains ou Autochtones américains, sont les habitants de l'Amérique avant la colonisation européenne et leurs descendants. La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique. En 1492, ils occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.
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+ La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour les différents peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent également tragiquement confrontés à la disparition de leur organisation sociale traditionnelle et de leur mode de vie, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale dont ils étaient les concepteurs et qui traduisaient le génie propre des civilisations précolombiennes. Les effectifs de leur population ne cessèrent de diminuer depuis le XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent entièrement, et avec eux leur langue et leur culture.
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+ Depuis les années 1960, les Amérindiens revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…), et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête.
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+ L'ethnonyme « Amérindien » dérive d'« Indien d'Amérique ». Le mot a été formé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint les rivages des Indes orientales, nom sous lequel on désignait alors l'Asie du sud et du sud-est, alors qu’il débarquait en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens ont nommé ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles dites orientales (qui donnèrent aussi leur nom à différentes entités coloniales européennes nommées Compagnie des Indes orientales). À cause de cette confusion, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations d'un Nouveau Monde (le mot pouvait naguère être utilisé pour les aborigènes d'Australie). Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en mémoire du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants sont alors désignés sous le nom d'« Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations asiatiques, sans modifier complètement l'usage de les désigner comme des Indiens.
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+ En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes », ou plus précisément, « Premières Nations » ou « Premiers peuples » (traductions littérales de l'anglais). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[5],[6] —, mais péjorative et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique du Nord.
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+ On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Américains d'origine »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples d'origine »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.
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+ Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[7] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[8], et les Métis reconnus[9].
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+ En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.
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+ Au Mexique, on préfère dire « indígena » (« indigène ») qu’« indio » (« indien »), qui prête à confusion avec les citoyens de l'Inde et qui est ressenti comme une insulte.
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+ La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, ont suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.
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+ Entre le Sud de l'Amérique du Nord et le Nord de l'Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).
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+ Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples Patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[10].
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+ Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[11] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer la colonisation du nouveau continent[12].
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+ D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique (théorie exprimée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford confirmée aujourd'hui par une analyse d'ADN[13]). On estime en effet qu'une peuplade serait venue d'Europe entre 12 000 et 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones que sont les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux, et les Yakamas.
38
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+ Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[14]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.
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+ On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :
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+ L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :
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+ Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[16],[17].
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+ Les Amérindiens d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[18].
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+ L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[19] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plut��t cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique[Quoi ?].
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+ L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.
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+ L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. La population indienne en Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[20].
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+ Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.
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+ Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu.
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+ La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.
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+ Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.
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+ En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).
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+ Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[21].
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+ La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.
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+ Le bilan de ces épidémies est cependant difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[22], les historiens ont favorisé les estimations hautes[23], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[24],[25].
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+ Certains[Qui ?] avancent un bilan de 10 millions de victimes indigènes sur l'ensemble du continent américain ; d'autres[Qui ?] pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui le recensement de 2005 donne une population d'Amérindiens de 2 821 311 habitants répartis sur les 50 États, l'Arizona venant en tête avec 300 288 Amérindiens. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.
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+ Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :
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+ Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.
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+ Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, trois ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
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+ Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[26].
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+ Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des Etats-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[26].
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+ Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[26]. »
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+ Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :
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+ Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.
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+ Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Les Indiens des Plaines avaient développé une langue des signes auxiliaire pour communiquer par-delà la variété de leurs langues maternelles. Beaucoup de langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées de disparition.
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+ Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.
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+ La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.
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+ Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[30]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[31].
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+ Vie quotidienne des Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
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+ Fabrication du sirop d'érable par les Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
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+ Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.
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+ Les Amérindiens, Indiens d'Amérique, Indiens, Autochtones ou encore membres des Premières Nations, aborigènes, natifs américains ou Autochtones américains, sont les habitants de l'Amérique avant la colonisation européenne et leurs descendants. La présence humaine dans cette partie du monde remonte au Paléolithique. En 1492, ils occupent la totalité des Amériques : Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, ainsi que les Caraïbes.
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+ La colonisation européenne a été un événement central et dramatique pour les différents peuples amérindiens. Souvent réduits en servitude ou esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d'épidémies apportées par les colons, ces peuples furent également tragiquement confrontés à la disparition de leur organisation sociale traditionnelle et de leur mode de vie, et à la transformation par les colons des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale dont ils étaient les concepteurs et qui traduisaient le génie propre des civilisations précolombiennes. Les effectifs de leur population ne cessèrent de diminuer depuis le XVe siècle, et de nombreux peuples disparurent entièrement, et avec eux leur langue et leur culture.
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+ Depuis les années 1960, les Amérindiens revendiquent leur identité (politique, culturelle, linguistique…), et interviennent de plus en plus souvent pour défendre l'environnement des petits territoires qui leur ont été laissés au terme de la conquête.
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+ L'ethnonyme « Amérindien » dérive d'« Indien d'Amérique ». Le mot a été formé à la suite de l'erreur de l’explorateur Christophe Colomb qui, en 1492, pensait avoir atteint les rivages des Indes orientales, nom sous lequel on désignait alors l'Asie du sud et du sud-est, alors qu’il débarquait en Amérique. C'est dans ce contexte que les Européens ont nommé ce territoire les Indes occidentales, pour les différencier de celles dites orientales (qui donnèrent aussi leur nom à différentes entités coloniales européennes nommées Compagnie des Indes orientales). À cause de cette confusion, on continue d’utiliser le mot « Indiens » pour parler des populations d'un Nouveau Monde (le mot pouvait naguère être utilisé pour les aborigènes d'Australie). Avec les travaux du cartographe Martin Waldseemüller au début du XVIe siècle, on commence à parler de « continent américain », en mémoire du navigateur italien Amerigo Vespucci ; ses habitants sont alors désignés sous le nom d'« Indiens d’Amérique » pour les distinguer des populations asiatiques, sans modifier complètement l'usage de les désigner comme des Indiens.
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+ En l’absence d’appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « peuples autochtones » ou « aborigènes », ou plus précisément, « Premières Nations » ou « Premiers peuples » (traductions littérales de l'anglais). L'expression « Peaux Rouges » est ancienne — le géographe grec Pausanias le Périégète aurait décrit une terre située au-delà de l'océan Atlantique, qu'il nomme terre d'outre-océan, peuplée par des « hommes à peau rouge, à chevelure noire et raide comme le crin d'un cheval »[5],[6] —, mais péjorative et n'est plus beaucoup utilisée en Amérique du Nord.
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+ On parle aussi de « peuples précolombiens » pour les territoires américains de l'Empire colonial espagnol, qui incluent la Mésoamérique et la cordillère des Andes. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions « Native Americans » (« Américains d'origine »), « American Indians », « Native peoples » (« peuples d'origine »), « First Nations », « First Peoples », « Aboriginal Peoples ». Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les intéressés qui préfèrent être appelés en fonction des noms originels de leurs peuples.
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+ Au Québec, le terme « autochtone » est de loin le plus courant, à côté de « Premiers peuples », et « Premières Nations »[7] quand cela concerne des revendications territoriales ou spécifiques. Dans le contexte québécois le terme englobe également les Inuits, qui ne sont pas des Amérindiens[8], et les Métis reconnus[9].
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+ En Guyane, on parle d'« Amérindiens » répartis en six ethnies.
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+ Au Mexique, on préfère dire « indígena » (« indigène ») qu’« indio » (« indien »), qui prête à confusion avec les citoyens de l'Inde et qui est ressenti comme une insulte.
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+ La concurrence nationaliste entre les pays d'Amérique du Nord, et plus particulièrement entre le Mexique et les États-Unis, qui se sont disputé la suprématie sur le continent américain jusqu'à la guerre américano-mexicaine, ont suscité des traditions historiques différentes et une distinction devenue commune entre les groupes amérindiens établis en Mésoamérique (y compris parfois certains d'Oasisamérique et d'Aridamérique) avec les groupes établis plus au nord. Les recherches archéologiques, historiques et anthropologiques ont pourtant établi qu'il existait des échanges culturels entre ces différentes aires culturelles qui, de ce fait, s'influençaient mutuellement et partageaient certains traits culturels.
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+ Entre le Sud de l'Amérique du Nord et le Nord de l'Amérique centrale, les Mésoaméricains ont développé de véritables civilisations, tant dans la construction des villes que par l'écriture ou la connaissance astronomique. Parmi les principales ethnies, on peut citer en particulier les Olmèques, les Mayas, les Purépechas, les Mixtèques, les Zapotèques, les Huaxtèques, les Totonaques et les Nahuas (dont les Aztèques).
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+ Les Chibchas (aux confins de l'Amérique centrale et du Sud), les nations Quechuas, la nation aymara, les Mapuches, peuples d'Amazonie, peuples Patagons. Les derniers Amérindiens contactés hors du bassin amazonien (en 2004 dans le Paraguay occidental) sont les Totobiegosodes (ou Ayoreo-Totobiegosode) dont le territoire forestier est illégalement et rapidement détruit par deux compagnies forestières brésiliennes (Yaguarete Porá SA et River Plate SA) au moins depuis mai 2008 selon Survival International qui a alerté l'opinion internationale sur ce fait en novembre 2008. Les Totobiegosodes avaient déjà perdu 6 000 hectares de leur forêt au profit des éleveurs de bétail en 2007[10].
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+ Les spécialistes ont dans un premier temps pensé[11] que l’arrivée des premiers humains en Amérique remontait à 12 000 ans environ, mais des découvertes archéologiques récentes feraient remonter les premières migrations à plus de 40 000 ans. Venant de Sibérie, ils auraient traversé le détroit de Béring, alors au-dessus de la ligne de rivage maritime en période glaciaire (voir Béringie). Après une période d'habitation en Béringie, et après la disparition des masses glaciaires d’Amérique du Nord, ils auraient pu continuer la colonisation du nouveau continent[12].
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+ D’autres théories parlent de peuples océaniens ayant traversé l'océan Pacifique (théorie exprimée par Paul Rivet), ou encore de peuples européens (hypothèse de l'archéologue Dennis Stanford confirmée aujourd'hui par une analyse d'ADN[13]). On estime en effet qu'une peuplade serait venue d'Europe entre 12 000 et 36 000 ans ; elle correspondrait aujourd'hui à un groupe très restreint d'autochtones que sont les Ojibwés, les Nuu-Chah-Nulth, les Sioux, et les Yakamas.
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+ Les Amérindiens, s'appuyant sur leur tradition orale, soutiennent que leurs ancêtres ont toujours habité là[14]. Quoi qu'il en soit, la diversité des milieux naturels du continent a engendré des cultures très différentes.
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+ On notera cependant des découvertes qui remettent en cause le schéma général de la colonisation de l'Amérique par les Amérindiens. Certains spécialistes pensent que le peuplement du continent américain n'a pas une seule origine :
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+ L'autre question problématique est celle de la date du peuplement. Là encore, le travail des archéologues semble repousser l'origine du peuplement à des époques plus anciennes qu'on ne l'a longtemps cru :
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+ Les Algonquins seraient apparus il y a 4 500 ans. Des traces de maisons en rondins iroquoises sont attestées pour le Xe siècle av. J.-C.. En 2019, des charbons de bois et des ossements de grands mammifères accompagnés de lames de pierre et de pointes de lance, provenant du site de Cooper's Ferry (sur les rives d'une rivière de l'ouest de l'Idaho), sont datés à environ 16 000 ans, plus d'un millénaire avant que la fonte des glaciers n'ait ouvert un corridor sans glace à travers le Canada il y a environ 14 800 ans. Les premiers Paléoaméricains ont donc dû venir par voie maritime, en parcourant rapidement la côte du Pacifique et en remontant les rivières[16],[17].
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+ Les Amérindiens d'aujourd'hui sont étroitement liés aux Asiatiques de l'Est. Néanmoins, les chercheurs estiment que 14 à 38 % de l'ascendance amérindienne provient d'une population semblable à celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans. L'étude de l'ADN d'un garçon sibérien du Paléolithique supérieur découvert près du village de Mal'ta, le long de la rivière Belaya en Sibérie a montré que certaines parties de son génome se retrouvent aujourd'hui chez les Eurasiens occidentaux, d'autres se retrouvent chez les Amérindiens et sont uniques aux Amérindiens aujourd'hui. L'ADN du garçon est rare ou absent en Asie centrale et en Asie de l'Est. Le scénario le plus probable est celui d'une population telle que celle qui vivait en Sibérie il y a 24 000 ans qui s'est mélangée aux ancêtres des Asiatiques de l'Est. Ainsi, les Amérindiens sont formés par la réunion de deux populations - un groupe est-asiatique et des populations ouest-eurasiennes - sans que l'on sache où ce mélange a eu lieu[18].
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+ L'utilisation de l'écriture, par opposition à la tradition orale, est habituellement la ligne de démarcation entre l'histoire et la préhistoire[19] et les années 1500, époque des premiers contacts, représentent plut��t cette ligne séparatrice. Il faut donc adapter constamment le concept de « vérité historique », car les autochtones contemporains fondent une bonne partie de leurs revendications sur cette antériorité historique, sur la période que l'on qualifie habituellement de préhistorique[Quoi ?].
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+ L'histoire, chez les peuples indigènes des Amériques, se transmettait le plus souvent oralement, même si l'usage de supports mnémotechniques plus ou moins semblables à des systèmes d'écriture furent développés en Mésoamérique (codex) et dans les Andes (quipu). Légendes, contes, aventures de chasse et faits historiques ont voyagé à travers le temps et se sont transformés dans la bouche des conteurs. Contrairement aux historiens contemporains, les Inuits et les Amérindiens accordent à la valeur mythique et symbolique des événements, dans le cadre de leur conception cyclique du temps, une place plus importante que l'exactitude des lieux, des dates et des acteurs. Ces différences perceptuelles de l'histoire n'ont pas toujours facilité les relations passées et présentes entre les Amérindiens et les allochtones.
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+ L'arrivée des Européens au XVe siècle a bouleversé la vie des peuples d'Amérique. Parmi les centaines de nations qui peuplaient le continent, beaucoup ont disparu, déculturées ou exterminées. Le désastre démographique est dû aux épidémies principalement, mais aussi aux guerres, au travail forcé, aux déplacements de tribus entières. La population indienne en Amérique latine est passée, selon les estimations, de 30 à 80 millions d'habitants lors de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique à 4,5 millions un siècle et demi plus tard[2], pour remonter à 44 millions à l'aube du XXIe siècle[20].
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+ Au Mexique, Hernán Cortés débarque à proximité de Veracruz en 1519 ; il est tout d'abord bien accueilli par Moctezuma, empereur aztèque. Les Espagnols entrent dans Tenochtitlan le 8 novembre 1519. Mais le 30 juin 1520, ils sont chassés par une révolte de la population. Cortez, soutenu par les autres peuples amérindiens, remporte la bataille d'Otumba le 7 juillet 1520 et vient assiéger la capitale qui finit par tomber le 13 août 1521. Le dernier empereur, Cuauhtémoc, fait prisonnier pour éviter une nouvelle révolte, est exécuté vers 1524-1526, tandis que Tenochtitlan est rasée pour laisser la place à Mexico.
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+ Lorsque Pizarro arrive au Pérou en 1532, il est perçu comme un dieu. Il enlève l'empereur Atahualpa et encourage la révolte des peuples soumis aux Incas. L'empire se morcelle et l'empereur est finalement exécuté par les Espagnols en 1533. Les conquistadors contrôlent le territoire inca au milieu du XVIe siècle, même si des résistances ont encore lieu.
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+ La formation de l'Empire colonial espagnol s'accompagne de pillages, de maladies nouvelles qui font des ravages, de la famine, de l'asservissement des Amérindiens dans les encomiendas et de l'évangélisation de la population.
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+ Le 16 avril 1550, Charles Quint ordonne d'interrompre les conquêtes du Nouveau Monde pour des raisons morales. Le débat qui s'ensuit, confié aux théologiens, sera l'objet des fameuses joutes de Bartolomé de las Casas et Sepulveda lors de la controverse de Valladolid. À son issue, l'Église catholique romaine réaffirme l'opposition à l'esclavage des Indiens qu'elle avait déjà exprimée par les bulles Veritas ipsa (2 juin 1537) et Sublimis Deus (le 9 juin 1537) dans lesquelles Rome condamnant l'esclavage des Indiens avait affirmé leur droit, en tant qu'êtres humains, à la liberté et à la propriété mais l'Église ne condamna pas, dans le même temps, l’esclavage des Africains.
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+ En 1556, la terminologie change, « Conquista » est officiellement remplacé par « descubrimiento » (« découverte »), et « conquistador » par « poblador » (« colon »).
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+ Les Amérindiens étaient utilisés pour exploiter les ressources en Amérique du Sud (sucre, rhum, café, etc.). Les Espagnols récoltaient ces ressources, qu'ils exportaient en Europe. Les Espagnols partaient d'Europe avec des marchandises (armes, tissus, métaux en lingots, etc.), qu'ils échangeaient en Afrique contre des esclaves qu'ils transportaient en Amérique pour exploiter les ressources. Ce système se nomme le « commerce triangulaire »[21].
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+ La démographie historique estime qu'une majorité d'Amérindiens sont morts à la suite des maladies infectieuses introduites par les Espagnols, contre lesquelles les Amérindiens n'étaient pas immunisés. Le processus a commencé dès les années 1500 et les épidémies de variole (1525, 1558, 1589), de typhus (1546), de grippe (1558), de diphtérie (1614), de rougeole (1618) ou encore de peste bubonique (1617-1619, en Nouvelle-Angleterre) ont décimé des millions d'indigènes.
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+ Le bilan de ces épidémies est cependant difficile à donner avec exactitude. Les sources sont insuffisantes et les historiens ne sont pas d'accord sur les estimations. À la fin du XXe siècle, notamment à la suite de recherches publiées en 1966[22], les historiens ont favorisé les estimations hautes[23], qui calculent un taux de mortalité, selon les régions, compris entre 50 % et plus de 95 % de la population amérindienne[24],[25].
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+ Certains[Qui ?] avancent un bilan de 10 millions de victimes indigènes sur l'ensemble du continent américain ; d'autres[Qui ?] pensent plutôt à 90 millions, dont 10 pour l'Amérique du Nord. Si l'on prend les données d'Anne Garrait-Bourrier et Monique Venuat (voir la bibliographie), le continent américain entier (de l'Alaska au cap Horn) abritait environ 50 millions d'habitants en 1492 ; pour comparaison, il y avait 20 millions de Français au XVIIe siècle. Pour le territoire des États-Unis d'aujourd'hui le recensement de 2005 donne une population d'Amérindiens de 2 821 311 habitants répartis sur les 50 États, l'Arizona venant en tête avec 300 288 Amérindiens. Environ 500 000 Amérindiens peuplaient la côte est de cet espace. Ils ne sont plus que 100 000 au début du XVIIIe siècle. Dans l'Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu'ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d'œuvre en Amérique du Sud.
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+ Exemples parmi d'autres des ravages causés par ces pandémies :
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+ Les Timicuas, en Floride, qui en 1650 étaient 13 000 répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de petite vérole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau.
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+ Les Wampanoag qui occupaient le territoire de l'actuel Massachusetts furent emportés jusqu'au dernier en 1617, trois ans avant l'arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
77
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+ Au début du XXe siècle, les Amérindiens sont presque toujours des prolétaires ; leur statut social leur est assigné par leur appartenance ethno-culturelle et les voies de la mobilité sociale leur sont fermées. Les communautés amérindiennes ont été dépossédées de leurs terres, notamment sous les régimes inspirés par le positivisme de Porfirio Diaz au Mexique, Rafael Reyes Prieto en Colombie et Manuel Estrada Cabrera au Guatemala. Ils sont employés le plus souvent comme ouvriers agricoles dans les plantations ou comme mineurs. Leurs salaires sont très bas et, étant généralement analphabètes, le droit de vote leur est refusé[26].
79
+
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+ Des soulèvements collectifs d'indigènes ont lieu en Amérique latine entre 1915 et 1917, dont les plus importants au Mexique pendant la période révolutionnaire. La révolution mexicaine exerce ainsi une influence considérable sur la question indigène. Dans une certaine mesure, elle a tenté de réaliser un renversement de valeurs, en réaction à la suprématie raciale imposée par le régime de Porfirio Díaz. Les élites mexicaines ne sont pas seules à éprouver une violente répulsion pour ce changement : l'ambassadeur américain appelle au retour à la suprématie blanche grâce à l'aide des Etats-Unis aux « réels gouvernants du Mexique »[26].
81
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+ Outre le Mexique, c'est aussi au Pérou que l'indigénisme apparaît, notamment en raison du débat culturel à la recherche de l'identité latino-américaine par rapport à l'Europe, et à la diffusion d'idées socialisantes parmi les intellectuelles qui les conduit à poser la question du statut des Amérindiens. Les écrits de Manuel González Prada, considéré comme l'un des pères de l'indigénisme moderne, exercent une importante influence sur le mouvement de la réforme universitaire et sur l'APRA (parti politique nationaliste latino-américain et indigéniste). Pour José Carlos Mariátegui, penseur indigéniste et fondateur du Parti communiste péruvien, socialisme et indigénisme sont indissociables au Pérou : « les masses — la classe des travailleurs — sont pour quatre cinquième indigènes. Notre socialisme ne sera pas péruvien, ni même socialiste, s'il ne se solidarise pas avec les revendications indigènes[26]. »
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+ Depuis 1968, il y a un réveil politique et culturel des Amérindiens et des métis :
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+ Les langues amérindiennes sont les langues indigènes d'Amérique, parlées par les différents peuples amérindiens depuis l'Alaska et le Groenland jusqu'à la Terre de Feu. Les linguistes qui en sont spécialistes sont appelés américanistes.
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+ Les langues amérindiennes ne forment pas une famille de langues unique, mais comprennent de nombreuses familles de tailles très variables, ainsi que des langues isolées. Diverses hypothèses rassemblant ces divers groupes en un plus petit nombre de superfamilles ont été formulées, avec un niveau d'acceptation très variable parmi les américanistes. Les Indiens des Plaines avaient développé une langue des signes auxiliaire pour communiquer par-delà la variété de leurs langues maternelles. Beaucoup de langues amérindiennes sont aujourd'hui menacées de disparition.
89
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+ Les Amérindiens utilisent des tambours, qui permettent de communiquer à distance à l'instar des appareils modernes. Ainsi, en frappant sur un tambour, un chaman peut échanger des informations avec un autre chaman ou localiser le gibier.
91
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+ La musique amérindienne comprend la musique précolombienne, mais aussi celle que les Amérindiens ont continué de pratiquer après et malgré les premiers contacts, ou en marge de ceux-ci. Elle se caractérise par une grande variété d'aérophones, de membranophones et d'idiophones, et de lorophone avec de très rares cordophones. On ne connaît aucun traité ou système musical amérindien ; la musique est aussi variée que le nombre de peuples l'est et a justement une fonction sociale, identitaire voire culturelle essentielle. Elle est souvent associée à des interdits ou des tabous, étant réservée parfois aux hommes, aux célibataires, etc. Si elle est en général très simple et monophonique, il existe néanmoins des exemples de musique polyphonique ou orchestrale. L'instrumentarium est très riche du fait des variations linguistiques, culturelles et naturelles (grande variété de végétaux utilisés), mais les cordes sont très rares du fait de l'absence de métal.
93
+
94
+ Le softball, variante « allégée » du baseball est l'un des loisirs typiquement nord-américains pratiqué par les Amérindiens[30]. Parmi les rares sportifs d'origine amérindienne, la joueuse WNBA de basket-ball Shoni Schimmel connaît une forte popularité aux États-Unis[31].
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+ Vie quotidienne des Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
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+ Fabrication du sirop d'érable par les Amérindiens en Nouvelle-France (XVIIIe siècle) par Joseph-François Lafitau.
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+ Album des principaux outils, amulettes et autres objets d'origine caraïbe faisant partie d'une collection ethnographique recueillie à la Guadeloupe par le docteur F. L'Herminier et Math. Guesde (lire l'ouvrage en ligne), 1860, Collectivité territoriale de Martinique. Bibliothèque Schoelcher.
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+ République d'Indonésie
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+
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+ Republik Indonesia
4
+
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+ 6° 10′ 05″ S, 106° 49′ 07″ E
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+
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+ modifier
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+
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+ L’Indonésie, en forme longue la république d'Indonésie (en indonésien Indonesia et Republik Indonesia) est un pays transcontinental principalement situé en Asie du Sud-Est[4]. Avec, comptabilisées à ce jour, 13 466 îles, dont 922 habitées[1], il s'agit du plus grand archipel au monde. Avec une population estimée à 265 millions de personnes, c'est le quatrième pays le plus peuplé au monde et le premier pays à majorité musulmane pour le nombre de croyants. L'Indonésie est une république dont la capitale est Jakarta, et qui doit être transférée dans une nouvelle ville sur l'île de Bornéo à partir de 2024.
10
+
11
+ Dans les premiers siècles av. J.-C., l'archipel indonésien est une importante région d'échanges avec l'Inde et la Chine au cœur d'un réseau centré sur le Fou-nan. Les chefs de ces cités portuaires indonésiennes adoptent des modèles culturels, religieux et politiques indiens. À partir du VIIe siècle, le centre des échanges se déplace vers le royaume de Sriwijaya dans le sud de Sumatra. Le VIIIe siècle voit se développer dans le centre de Java une riziculture prospère qui permet à différents royaumes de bâtir de grands monuments religieux. C'est le début de la période classique indonésienne.
12
+
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+ Avec le déclin de la route de la soie, le détroit de Malacca devient un carrefour maritime majeur pour le commerce entre l'Indonésie et la Chine d'une part et l'Inde et le Moyen-Orient d'autre part. L'archipel indonésien est intégré à un réseau commercial international bientôt dominé par des marchands musulmans. Les princes des ports se convertissent progressivement à l'islam.
14
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15
+ Au XVIe siècle, l'âge des Grandes découvertes, les puissances européennes cherchent à accéder directement aux Moluques, région productrice d'épices. En 1511, les Portugais de Goa conquièrent Malacca et s'y établissent. Les Néerlandais les chassent en 1605. Au XVIIe siècle, ils éliminent leur rival dans l'Est de l'archipel, dans ce qui deviendra le royaume de Gowa, et s'établissent à Java. L'île est minée par les guerres de succession du royaume de Mataram qui cède peu à peu une partie de ses territoires aux Néerlandais. Au XIXe siècle, les colonisateurs peuvent commencer l'exploitation économique de l'île et imposer leur loi au reste de l'archipel. Un mouvement national naît au début du XXe siècle. En 1945, Soekarno et Mohammad Hatta proclament l'indépendance de l'Indonésie. Les années 1950 sont marquées par de nombreux mouvements séparatistes. À la suite des événements de 1965-66, le général Soeharto prend le pouvoir. Il démissionne en 1998, ce qui permet au pays d'entamer le début d'un processus de démocratisation.
16
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+ À travers ses nombreuses îles, l'Indonésie comprend de nombreux groupes distincts culturellement, linguistiquement et religieusement. Les Javanais forment la population la plus représentée sur le plan du nombre et de l'influence politique. En tant qu'État unitaire et que nation, l'Indonésie a développé une identité commune en définissant une langue nationale appelée « indonésien » (qui est une des formes du malais), et en respectant sa diversité et le pluralisme religieux au sein de sa majorité musulmane.
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+ Malgré sa forte population et ses régions densément peuplées, l'Indonésie comporte de vastes zones sauvages, ce qui donne au pays une grande biodiversité même si ce patrimoine régresse à cause d'activités humaines en forte augmentation.
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+ Le nom « Indonésie » est un néologisme tiré des mots grecs Indos, signifiant « Indien », et nêsos, signifiant « île »[5]. Ce nom date du XIXe siècle, bien avant la formation de l'Indonésie indépendante[6]. En 1850, l'ethnologue anglais George Earl crée le terme « Indu-nesians » pour désigner les habitants des archipels indonésien et philippin ainsi que ceux de la péninsule de Malacca. Un de ses étudiants, James Richardson Logan, utilise le nom « Indonésie » comme synonyme d'« archipel indien »[7],[8]. Néanmoins, les universitaires néerlandais écrivant sur les Indes orientales néerlandaises n'étaient pas très enclins à utiliser le nom « Indonésie ». Ils utilisent plus volontiers les termes d'« Archipel malais » (Maleische Archipel), « Indes orientales néerlandaises » (Nederlandsch Oost Indië raccourci par Indië), de Oost (« l'Est ») ou encore Insulinde (terme introduit en 1860 dans le roman Max Havelaar de Multatuli où le colonialisme néerlandais est critiqué)[9].
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+ À partir de 1900, le nom « Indonésie » est utilisé de manière commune par les universitaires aussi bien étrangers que néerlandais et également par les groupes nationalistes indonésiens[9]. Adolf Bastian, de l'université de Berlin, popularisa le nom dans les milieux universitaires néerlandais à travers son livre Indonesien oder die Inseln des Malayischen Archipels, 1884-1894. Le premier indonésien à utiliser le nom « Indonésie » est le journaliste Ki Hajar Dewantara lorsqu'il établit un bureau de presse aux Pays-Bas sous le nom d'Indonesisch Pers-bureau en 1913[6].
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+ Selon le CIA World Factbook, l'Indonésie est constituée de 13 466 îles[1]. D'après des estimations du gouvernement indonésien en 2008, 922 d'entre elles sont habitées[10]. Elle s'étend des deux côtés de l'équateur. Les quatre plus grandes îles sont Célèbes, Sumatra, Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo) et la Nouvelle-Guinée (partagée avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée)[11]. L'Indonésie a des frontières terrestres communes avec la Malaisie sur les îles de Bornéo et Sebatik, la Papouasie-Nouvelle-Guinée en Nouvelle-Guinée et avec le Timor oriental sur l'île de Timor. L'Indonésie a des frontières maritimes avec Singapour, la Thaïlande, Palaos, la Malaisie, les Philippines et l'Australie au sud. La capitale du pays est Jakarta, sur l'île de Java. C'est la plus grande ville du pays suivie par Surabaya, Bandung, Medan, et Semarang[12]. Le gouvernement a annoncé en 2019 qu'il comptait installer la capitale dans une nouvelle ville qui sera construite sur l'île de Bornéo. Les raisons invoquées sont la position plus centrale et le peu de risques naturels du nouvel emplacement, ainsi que la surpopulation et l'enfoncement dans les eaux de Jakarta. Le transfert devrait commencer en 2019[13].
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+ Avec ses 1 919 440 kilomètres carrés, l'Indonésie est le 16e plus grand pays du monde en superficie[14]. Sa densité de population est de 134 habitants par kilomètre carré, la 79e mondiale[15], Java étant l'île la plus peuplée du monde[16] et a une densité de population de 940 habitants par kilomètre carré. Avec 4 884 mètres d'altitude, le Puncak Jaya en Papouasie est le point culminant de l'Indonésie. Le lac Toba, à Sumatra, est le plus large lac volcanique avec une étendue de 1 145 kilomètres carrés. Les fleuves les plus longs du pays sont à Kalimantan, le Mahakam et le Barito, qui servent de moyen de communication et de transport entre les différentes installations sur les rives des fleuves[17]. L'archipel est bordé à l'ouest par l'océan Indien et à l'est par l'océan Pacifique et comprend en son sein des mers comme la mer de Java, la mer de Banda, la mer de Célèbes ou encore la mer des Moluques.
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+ L'Indonésie est située à la convergence de la plaque pacifique, la plaque eurasiatique et de la plaque australienne. Il en résulte une très forte activité volcanique et des tremblements de terre fréquents. Le pays compte au moins 150 volcans actifs[18], dont le Krakatoa et le Tambora, tous les deux célèbres pour leurs éruptions dévastatrices au XIXe siècle. L'éruption du supervolcan Toba il y a 70 000 ans a été l'une des plus grandes éruptions de la préhistoire humaine et une catastrophe planétaire. Le pays a également dû faire récemment face à des catastrophes naturelles importantes comme le tsunami de 2004 dont on estime les victimes à Sumatra à 167 736 personnes[19] et le tremblement de terre de Yogyakarta de 2006. D'autre part, les cendres volcaniques ont beaucoup contribué à la fertilité des sols, ce qui permit à l'agriculture de se développer et de maintenir possible l'alimentation des îles densément peuplées comme Java et Bali[20].
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+ Par sa situation, l'Indonésie présente soit un climat tropical, avec alternance de saison humide et de saison sèche, soit un climat équatorial, sans variation ni de température, ni de pluviométrie, humide toute l'année. Les précipitations annuelles moyennes varient, à basse altitude, entre 1 780 et 3 175 millimètres jusqu'à, dans les régions montagneuses, 6 100 millimètres. Les régions montagneuses sont situées en particulier sur la côte ouest de Sumatra, l'ouest de Java, Kalimantan, Sulawesi et la Papouasie, et sont très arrosées. Le taux d'humidité est souvent très haut, avoisinant 80 %. La température moyenne varie peu au fil de l'année ; la température moyenne quotidienne à Jakarta varie entre 26 et 30 °C[21].
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+ L’Indonésie sera le pays le plus affecté par les inondations provoquées par le réchauffement climatique. La Banque asiatique de développement estime qu'avant l’an 2050, 42 millions de maisons indonésiennes seront envahies par les eaux et 2 000 îles seront submergées par la montée du niveau de l’océan. Ce processus est déjà en cours et force de nombreux Indonésiens à l’exil[22].
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+ L'Indonésie est divisée en une succession de quatre niveaux d'unités de gouvernement territoriales qui sont, en allant de la plus grande à la plus petite unité :
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+ Espace très étendu et aux populations très variées, l'Indonésie est un État unitaire qui, en 1999, a accordé une certaine autonomie aux kabupaten (départements), qui sont par ailleurs des subdivisions des provinces. Ces dernières sont au nombre de 33 en 2007, 7 ayant été créées depuis 2000, généralement sur la base de spécificités culturelles et historiques. Les provinces d'Aceh, de Papouasie et de Papouasie occidentale ont reçu un statut d'autonomie spéciale qui leur donne une plus grande autonomie législative vis-à-vis du gouvernement central, par rapport aux autres provinces.
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+ Jakarta étant fortement menacée par la montée du niveau de la mer sous l'effet du réchauffement climatique et par le pompage excessif des eaux souterraines, le gouvernement annonce en 2019 sa décision de transférer la capitale dans une autre ville[23].
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+ Nom indonésien entre parenthèses si différent du nom français
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+ (1) Statut spécial. - (2) Province créée depuis 2000. - (3) Le Daerah Khusus Ibukota (DKI) est le territoire spécial de la capitale. - (4) Le territoire spécial de Yogyakarta est le territoire de l'ancien sultanat du même nom, qui doit son statut spécial au rôle joué par son sultan, Hamengkubuwono IX, lors du conflit qui a opposé de 1945 à 1949 la République d'Indonésie à l'ancienne puissance coloniale néerlandaise - (5) Statut spécial.
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+ D'après l’Agence française de développement (AFD) : « l’Indonésie est très exposée aux conséquences du changement climatique, qui sont déjà présentes : hausse des températures, des précipitations, des inondations, élévation du niveau de la mer, glissements de terrain et sécheresse »[23].
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+ La taille de l'Indonésie, son climat tropical, et le fait que ce soit un archipel, donnent au pays le statut de seconde zone de biodiversité du monde (après le Brésil)[24]. Sa faune et sa flore mêlent espèces asiatiques et australasiatiques[25]. Anciennement reliées à l'Asie, les îles de plaque continentale de Sunda (Sumatra, Java, Bornéo et Bali) possèdent une riche faune asiatique. De grandes espèces comme les tigres, les rhinocéros, les orangs-outans, les éléphants ou les léopards étaient abondantes jusqu'à Bali à l'est du pays, mais le nombre et la répartition de ces espèces se sont fortement réduits. Les forêts couvrent environ 60 % du pays[26].
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+ À Sumatra et Kalimantan, les espèces prédominantes y sont asiatiques. Néanmoins, les forêts des plus petites îles ou de celles plus densément peuplées comme Java, ont été largement remplacées par des zones d'habitation et d'agriculture. Sulawesi, Nusa Tenggara et les Moluques, ayant été séparées depuis plus longtemps des continents, ont développé une faune et une flore uniques[27],[28]. La Papouasie, ancienne partie de l'Australie, est le lieu d'une faune et d'une flore uniques proches de celles de l'Australie, incluant par exemple plus de 600 espèces d'oiseaux[29].
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+ L'Indonésie est seconde après l'Australie en ce qui concerne le degré d'endémisme, avec par exemple 26 % des 1 531 espèces d'oiseaux ou 39 % des 515 espèces de mammifères étant endémiques[30]. Les 50 000 kilomètres de côtes de mers tropicales de l'Indonésie contribuent également au haut niveau de biodiversité du pays.
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+ L'Indonésie abrite 47 grands écosystèmes naturels distincts où sont répertoriées environ 17 % des espèces de la planète ;
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+ probablement 11 % des plantes à fleurs, 12 % des mammifères et 37 % des poissons[31]. Parmi ces écosystèmes, figure une grande variété d'écosystèmes maritimes et côtiers comme des plages, des dunes, des estuaires, des mangroves, des récifs coralliens ou des vasières[32]. Le naturaliste anglais Alfred Russel Wallace, décrivit une ligne de division entre la distribution des espèces asiatiques et australasiennes[33]. À l'ouest de cette ligne, connue sous le nom de ligne Wallace, les espèces sont asiatiques, et à l'est, elles sont de plus en plus australiennes. Dans son livre de 1869, The Malay Archipelago, Wallace décrit de nombreuses espèces uniques à cette région[34]. La région des îles se trouvant entre la ligne et la Nouvelle-Guinée est aujourd'hui appelée Wallacea[33].
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+ La forte population et l'industrialisation rapide de l'Indonésie créent de nombreux problèmes environnementaux auxquels la priorité n'est pas donnée en raison de l'instabilité politique et du niveau de pauvreté du pays[35]. Les problèmes concernent entre autres la déforestation massive (souvent illégale) et les feux de forêt causant l'apparition de brume sèche au-dessus de l'ouest de l'Indonésie, de la Malaisie et de Singapour. Ils concernent également la surexploitation des ressources marines et les problèmes ayant trait à l'urbanisation et le développement économique rapides causant des problèmes de pollution de l'air, d'embouteillages, de gestion des déchets et de retraitement des eaux usées[35]. La perturbation écologique menace de nombreuses espèces indigènes dont 140 espèces de mammifères répertoriées par l'UICN parmi lesquelles 15 sont en danger critique[36]. L'Indonésie compte aujourd'hui 51 parcs nationaux[37].
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+ Six millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2000 et 2012. D'après les ONG, la perte nette représente près d’un tiers de la forêt tropicale de Sumatra. Les multinationales emploient essentiellement la méthode du brûlis après avoir abattu les arbres. Cette technique sert à fertiliser rapidement de nouvelles terres. Seulement, cette méthode, pratiquée à l’échelle industrielle, génère une très grande pollution. En 2015, deux millions d’hectares sont ainsi partis en fumée, principalement sur Kalimantan (île de Bornéo), et Sumatra. Ce feu de forêt gigantesque a dégagé dans l’atmosphère 1,6 millions de tonnes de CO2[38].
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+ En comparaison de la période 2000-2013, l'Indonésie a perdu en moyenne 62 % de forêts de plus chaque année entre 2014 et 2016[39] Après la décision de la Chine de cesser d’être la « poubelle du monde » en important les déchets plastiques des pays occidentaux, les importations de déchets plastiques en Indonésie ont augmenté de 56 % en 2018[40]
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+ Le 17 août 1945, Soekarno et Hatta, proclament l’indépendance de l'Indonésie, jusqu'alors appelée Indes orientales néerlandaises. Après quatre années de conflit armé et diplomatique que les Indonésiens appellent Revolusi, les Pays-Bas reconnaissent l'indépendance de l'Indonésie le 27 décembre 1949, à l'exception de la Nouvelle-Guinée occidentale, dont le statut sera discuté ultérieurement.
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+ Des restes fossilisés d’Homo erectus, connus sous le nom d'homme de Java, suggèrent que l'archipel indonésien était peuplé il y a 2 millions d'années[41],[42],[43]. Sur l'île de Florès fut retrouvée une espèce supposée d'hominidés aujourd'hui disparus : l'Homme de Florès (Homo floresiensis).
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+ À l'époque de la glaciation de Würm, le niveau des mers est plus bas qu'aujourd'hui et la partie occidentale de l'archipel indonésien, qui fait partie du plateau continental appelé "Sunda", est à cette époque reliée au continent asiatique. L'Indonésie est alors le lieu de passage des migrations qui, de 70 000 à 40 000 ans avant le présent, vont de l'Asie vers l'Australie. Plus tard, d'autres migrations ont lieu d'Australie vers ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Guinée, car les deux forment un plateau continental appelé "Sahul".
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+ Les migrations de population de langues austronésiennes, qui forment la majorité de la population moderne, commencent vers 2000 av. J.-C. depuis Taïwan vers les Philippines. Vers 1500 av. J.-C., d'autres migrations austronésiennes commencent vers l'Indonésie et le Pacifique[44].
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+ La position stratégique de l'Indonésie comme carrefour maritime favorise les liens entre les îles et le commerce avec l'Inde et la Chine[45]. Au Ier siècle de notre ère, l'ouest de l'Indonésie fait partie d'un réseau d'états portuaires qui commercent entre eux et avec l'Inde et la Chine. C'est ainsi que le clou de girofle, apporté en Inde par des commerçants de l'archipel indonésien et de là, acheminé au Moyen-Orient, est connu dès l'Antiquité. Le centre de réseau est alors le royaume du Fou-nan, situé dans le sud de l'actuel Viêt Nam. Le déclin du Fou-nan déplace le centre de ce réseau vers le sud de Sumatra. Au VIIe siècle, la cité de Sriwijaya connaît un essor important grâce à son contrôle du commerce maritime dans le détroit de Malacca[46],[47]. Le commerce a depuis cette époque fondamentalement façonné l'histoire indonésienne[48],[49].
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+ Dans le centre de Java, des conditions idéales pour l'agriculture et la maîtrise de la technique des rizières dès le VIIIe siècle permettent le développement d'une riziculture prospère[50]. Entre les VIIIe et Xe siècles, les souverains du centre de Java, dont les plus connus sont les dynasties Sailendra, bouddhiste, et Sanjaya, hindouiste, parviennent à la fois à respecter l'autonomie des villages et à construire de grands monuments religieux comme le temple bouddhiste de Borobudur et le complexe religieux hindouiste de Prambanan. On est dans ce que l'on appelle la « période classique indonésienne ».
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+ À la fin du Xe siècle, le centre du pouvoir s'est déplacé du centre à l'est de Java. Là aussi, une agriculture prospère fait de l'île le grenier à riz de l'archipel, assurant la puissance des royaumes successifs de Kediri, Singasari et finalement Majapahit, fondé à la fin du XIIIe siècle. Sous le règne de Hayam Wuruk (règne 1350-89), ce dernier est la puissance dominante de l'archipel. Cette période est souvent mentionnée comme étant « l'âge d'or » de Java[51].
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+ Les marchands musulmans de Perse, d'Inde et de Chine abordent dans les ports de l'archipel indonésien. Sans doute au XIIIe siècle, des princes du nord de Sumatra se convertissent à l'islam, désireux de s'intégrer dans ce réseau commercial[52],[52]. Majapahit commerçait avec des royaumes musulmans indiens, comme celui de Gaur. Des tombes musulmanes datées du XIVe siècle, situées dans un cimetière sur le site de Trowulan et portant un symbole du royaume hindou-bouddhique de Majapahit surnommé "Soleil de Mahapahit", suggèrent que des personnages importants du royaume, sans doute membres de la famille royale, se convertissent à l'islam. L'essor du commerce à l'intérieur même de l'archipel se traduit par la diffusion de l'islam[53]. Les XVe et XVIe siècles voient ainsi l'essor des États côtiers musulmans, dont le plus prospère est Malacca sur la péninsule Malaise, qui devient le plus grand port d'Asie du Sud-Est. À Java, les principautés de la côte nord, le Pasisir, certaines fondées par des Chinois musulmans, s'affranchissent peu à peu de leurs suzerains hindou-bouddhiques de Majapahit. Le plus puissant d'entre eux est Demak.
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+ À la fin du XVIe siècle, une nouvelle puissance du centre de Java, le royaume de Mataram, entreprend la conquête de ces cités portuaires musulmanes. Il oblige les cités côtières à détruire leur flotte et interdit le commerce maritime. Ce royaume se proclame l'héritier de Majapahit[53]. Sous Mataram s'épanouit une culture de cour dont les références continuent d'être les modèles représentés par les grandes épopées indiennes du Mahabharata et du Ramayana. Dans la partie orientale de Java, la principauté de Blambangan échappe au contrôle de Mataram et est vassale de Bali. Ces princes, hindouistes, seront contraints en 1770 de se convertir à l'islam par les Hollandais, soucieux de soustraire l'est de Java à l'influence balinaise[54]. Au XVIIe siècle, dans le nord de Sumatra, sous le règne d'Iskandar Muda, le sultanat d'Aceh entreprend la conquête des régions côtières de l'île, aussi bien de l'est sur le détroit de Malacca, que de l'ouest sur l'océan Indien. Dans l'est de l'archipel, sous le sultan Hasanuddin, le royaume de Gowa, dont les souverains se sont convertis à l'islam en 1605, soumet l'une après l'autre chaque principauté du sud de Sulawesi.
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+ Les Portugais, qui ont pris Goa en Inde en 1510, conquièrent Malacca en 1511. Ils sont dirigés par Francisco Serrão et cherchent à monopoliser les sources de noix de muscade, de clou de girofle et de cubèbe dans les Moluques[55]. Ils signent dans le port de Kalapa un traité de paix avec le royaume sundanais de Pajajaran[56],[57]. S'appuyant sur leur base de Malacca, ils passent des alliances avec les princes moluquois et établissent des postes de commerce, des forts et des missions dans les Moluques, principalement sur Ambon, Ternate et les îles Solor. En 1575, ils sont expulsés du sultanat de Ternate.
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+ En 1596, l'explorateur néerlandais Cornelis de Houtman parvient avec une flottille à Sumatra et Banten. Alors que les chroniques orangistes font d'emblée de cette expédition le début de l'aventure hollandaise en Indonésie, les sources malaise et javanaise ne font pratiquement pas mention de cette rencontre qui offre peu d'intérêt de leur côté, ce qui souligne la vision européocentriste de ces expéditions[58]. En 1602, le parlement néerlandais donne à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) le monopole des activités commerciales et coloniales en Indonésie, prenant ainsi à revers le pouvoir hispanique de Philippe II d'Espagne sur son côté asiatique. À partir de 1605, ils expulsent les Portugais d'Ambon, des Moluques du Nord et des îles Banda[59]. Les Portugais restent établis au Timor oriental mais laissent aux Moluques une certaine influence culturelle (langue, arts). En 1619, la VOC conquiert la ville de Jakarta, à l'ouest de Java, où ils fondent la ville de Batavia (aujourd'hui Jakarta). La Compagnie prend le contrôle de la politique javanaise et combat le sultanat de Mataram et le sultanat de Banten. Elle parvient, contrairement aux Portugais, à contrôler le commerce d'épices dans l'archipel. Elle utilisa la division des petits royaumes javanais pour s'établir de manière permanente dans ce qui devint l'une des plus riches possessions coloniales du monde[60].
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+ Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, après la mort du Sultan Agung, Mataram est miné par les guerres de succession et doit céder petit à petit des territoires aux Hollandais. Ceux-ci défont Gowa en 1664 et contrôlent désormais l'est de l'archipel. À la fin du XVIIIe siècle, la VOC contrôle également toute la côte nord de Java.
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+ En 1800, la VOC est dissoute pour banqueroute. De 1808 à 1811, Herman Willem Daendels devient gouverneur-général des Indes orientales néerlandaises, nommé par Louis Bonaparte, roi des Pays-Bas, et réforme l'administration coloniale. Le britannique Thomas Stamford Raffles devient lieutenant-gouverneur de Java de 1811 à 1814. En 1824, par le traité de Londres entre les Britanniques et les Néerlandais, le contrôle des territoires revendiqué au sud de Singapour revient aux Néerlandais. Le monde malais se retrouve divisé en deux.
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+ Entre 1825 et 1830, la guerre de Java met aux prises le gouvernement colonial avec une partie de l'aristocratie javanaise, dirigée par le prince Diponegoro. Celle-ci prend fin grâce à l'arrestation de Diponegoro. Les Hollandais peuvent alors mettre en place le cultuurstelsel, un système d'agriculture forcée orienté vers les cultures commerciales. Ce système enrichit considérablement les Pays-Bas. Les paysans indonésiens sont alors obligés, 60 jours par an, de travailler pour le gouvernement. Le système sera aboli en 1870. En 1901, les Néerlandais lancent ce qu'ils nomment la politique éthique. Elle inclut des réformes politiques mineures et l'éducation des populations indigènes.
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+ La paix à Java permet également aux Hollandais de soumettre progressivement les différents États princiers du reste de l'archipel, à Sumatra, dont notamment le sultanat d'Aceh, mais aussi à Bornéo et dans les Petites îles de la Sonde. En 1908, la fin de la conquête de Bali et de la guerre d'Aceh parachève la formation des Indes néerlandaises.
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+ Contrairement aux autres puissances coloniales, les Néerlandais ont peu laissé d'héritage linguistique dans leur colonie, au point qu'actuellement pas un Indonésien sur dix mille ne pratique le néerlandais. Cependant certains mots néerlandais sont passés dans la langue indonésienne (comme « wortel » : carotte, du néerlandais wortel, ou « koran » : journal, du néerlandais krant).
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+ On considère que la création, cette même année, du Budi Utomo par de jeunes nobles javanais marque le début du mouvement national indonésien. Un « Serment de la Jeunesse » est prononcé en 1928, émettant le vœu de créer une patrie indonésienne. Le débarquement en 1942 des Japonais dans les Indes orientales néerlandaises en pleine Seconde Guerre mondiale est accueilli par la majorité du mouvement nationaliste avec l'espoir d'obtenir l'indépendance.
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+ Durant la plus grande partie de la période coloniale, le contrôle néerlandais était réduit. C'est seulement au début du XXe siècle que la domination néerlandaise s'étendit dans les frontières actuelles de l'Indonésie. L'invasion du territoire puis son occupation par les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale, dont les pertes humaines sont estimées à quatre millions de morts, mit fin à cette domination et encouragea le mouvement pour l'indépendance de l'Indonésie autrefois étouffé[61],[62]. Deux jours après la capitulation du Japon, le 17 août 1945, Soekarno et Mohammad Hatta proclament l'indépendance du pays et deviennent respectivement le premier président et le premier vice-président du pays. Les Pays-Bas tentent alors de rétablir leur pouvoir provoquant une lutte diplomatique, un conflit armé et une révolution sociale appelée Revolusi. Cette période s'achève le 27 décembre 1949 avec la création de la république des États-Unis d'Indonésie, les Pays-Bas reconnaissent l'indépendance partielle du pays. Le 17 août 1950, le gouvernement proclame le retour à l'état unitaire. La Nouvelle-Guinée occidentale ne sera incorporée à la nouvelle république d'Indonésie qu'en 1962 à la signature de l'accord de New York[63],[64].
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+ Les années 1950 sont marquées par de nombreuses rébellions séparatistes : Darul Islam pour la création d'un état islamique en Indonésie, la constitution de la République des Moluques du Sud, les mouvements de la Permesta à Sulawesi du Nord et du PRRI à Sumatra occidental. En 1955 se tiennent les premières élections parlementaires. En 1957, Soekarno dissout l'assemblée constituante issue des élections de 1955 et établit la « démocratie dirigée ». En 1955 se tient également la conférence de Bandung. L'Indonésie est un des plus fervents défenseurs du principe de non-alignement et d'indépendance du tiers monde. Soekarno est obligé de composer avec deux formations importantes dans les pays : les forces militaires et le parti communiste indonésien (PKI)[65]. Au cours des années 1960 Soekarno infléchit sa politique vers le communisme en instituant le principe du Nasakom.
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+ Dans les années 1960, les tensions montent dans la population, et plus encore dans l'armée entre conservateurs et procommunistes. Le 1er octobre au matin, un officier de la garde présidentielle, le lieutenant-colonel Oentoeng, annonce qu'un complot fomenté par l'armée contre Soekarno a été déjoué. La nuit précédente, six des principaux généraux de l'armée de terre indonésienne ont été tués sur la base aérienne de Halim. Le général Soeharto, qui commande le corps du Kostrad (en), organise la répression contre ce que l'armée de terre va s'empresser d'appeler GErakan September TigAPUluh, c'est-à-dire le « Mouvement du 30 septembre 1965 » (sur lequel est créé l'acronyme évocateur de Gestapu). Soeharto ordonne la dissolution du PKI, que l'armée accuse d'avoir organisé la tentative de coup d'État[66],[67],[68]. Rapidement le parti communiste est interdit et les militants et sympathisants communistes massacrés de façon systématique. Le nombre de victimes des massacres qui s'ensuivent est estimé entre 500 000 et 3 millions de personnes[69],[70]. Il existe 2 documentaires réalisés par Joshua Oppenheimer exposant, au-delà des atrocités commises, comment les assassins d'hier sont encore présents aujourd'hui dans les sphères politiques de l'Indonésie; The Act of Killing (2012) et The look of Silence (2014).
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+ En mars 1966, Soeharto force Soekarno, dont la force politique est affaiblie à lui transférer le pouvoir. Celui-ci est nommé officiellement président en mars 1968 avec le soutien du gouvernement américain[71],[72],[73]. Pendant les trente années suivantes, Soeharto exerce un pouvoir dictatorial. En décembre 1975, l'Indonésie envahit et annexe l'ancienne colonie portugaise du Timor oriental, soumettant la population locale à une terrible répression.
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103
+ En 1997 et en 1998, l'Indonésie est le pays le plus touché par la crise économique asiatique[74]. Comme les autres pays asiatiques, l'Indonésie fait face à un afflux massif de capitaux étrangers[75] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[76].
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105
+ La dévaluation de la roupie indonésienne, est alors suivie de celle du ringgit malais puis du peso philippin et des monnaies de Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong, avec la fin au système de change fixe ou quasi-fixe qui régnait depuis des décennies dans ces pays.
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107
+ Le mécontentement populaire s'amplifie et mène aux émeutes de Jakarta de mai 1998[77],[78]. Soeharto démissionne et son vice-président, Bacharuddin Jusuf Habibie, devient président.
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+ En août 1999 se tient à Timor oriental un référendum proposant à la population du territoire une autonomie régionale dans le cadre d'un maintien dans la République d'Indonésie. Près de 80 % des votes refusent la proposition. Après 25 ans d'occupation militaire par l'Indonésie qui fut marquée par la condamnation par la communauté internationale de la répression brutale qui y sévissait[79],[80], les Timorais de l'Est expriment leur souhait d'un détachement de l'Indonésie. Cette même année se tiennent les premières élections démocratiques d'Indonésie depuis 1955. Celles-ci voient la victoire d'Abdurrahman Wahid, destitué en 2001. Sa vice-présidente, Megawati Sukarnoputri, la fille de Soekarno, prend alors la présidence.
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111
+ Depuis 2000, l'Indonésie fait face à une vague d'attentats terroristes islamistes dont l'attentat de la Bourse de Jakarta en 2000 et celui de Bali en 2002. En 2004, grâce à un amendement de la constitution, se tient la première élection présidentielle au suffrage direct. Susilo Bambang Yudhoyono est élu président.
112
+
113
+ La population de l'Indonésie est estimée à plus de 258 millions d'habitants en 2016[1]. L'Indonésie est le quatrième pays le plus peuplé du monde après la Chine, l'Inde et les États-Unis[81]. Il s'agit de la 3e démocratie en nombre d'habitants[82]. En 2012, 141 millions de personnes vivaient sur Java, l'île la plus peuplée du monde[16],[83]. En 2016, 25,42 % de la population était âgée de moins de 15 ans[84].
114
+
115
+ Sur la base de l'auto-déclaration, le recensement de 2010 dénombre plus de 1 100 groupes ethniques en Indonésie[85]. Les linguistes dénombrent plus de 700 langues[86]. Le groupe le plus nombreux sont les Javanais, qui représente 40 % de la population totale. Certains auteurs les décrivent comme politiquement et culturellement dominants[1],[87]. Viennent ensuite les Sundanais (16 %), les Malais (4 %) et les Batak (4 %). Il existe un sentiment national indonésien qui cohabite avec des identités régionales[88]. Les dernières années du régime Soeharto et les premières années qui ont suivi sa démission en 1998 ont été marquées par des violences inter-religieuses et inter-ethniques. Ces dernières sont dues à l'installation dans certaines régions de populations originaires d'autres régions, soit de manière individuelles (comme les "BBM", Bugis, Buton et Makassar originaires de Sulawesi et établis aux Moluques), soit dans le cadre du programme de transmigrasi du gouvernement, dans le cas des Madurais de Kalimantan occidental[89],[90],[91]. Les Chinois sont souvent décrits comme une minorité très influente[92]. Ils passent pour contrôler la majorité des commerces privés et de la richesse du pays[93],[94]. Cette perception provoque un fort ressentiment envers eux et même des violences anti-chinoises[95],[96],[97],[98]. L'économiste indonésien George Aditjondro a démonté ce mythe[99].
116
+
117
+ Le naturaliste britannique Alfred Russel Wallace avait noté la présence de « deux races très fortement contrastées [habitant] l’Archipel - les Malais [dans] la moitié occidentale […] et les Papous [en] Nouvelle-Guinée [dans] les îles adjacentes. Entre [les deux], on trouve des tribus qui sont aussi intermédiaires dans leurs caractéristiques principales »[100]. Aujourd’hui dans le monde scientifique, on ne parle plus de « race » à propos des humains mais de « phénotype ». Ainsi, des généticiens peuvent écrire que « phénotypiquement, les groupes dans l’ouest sont similaires à leurs voisins d’Asie du Sud-Est continentale, que les groupes orientaux près de la Nouvelle-Guinée sont similaires aux Mélanésiens et que les populations entre les deux ont une apparence intermédiaire »[101]. Ces mêmes généticiens, associés à d'autres, proposent un modèle de peuplement de l’archipel indonésien par Homo sapiens en quatre phases [102]. La première est l’arrivée d’H. sapiens il y a au moins quarante-six mille ans. La deuxième est constituée de migrations de chasseurs-cueilleurs depuis l’Asie continentale au début de l’Holocène il y a moins de onze mille ans, qui ont laissé des témoignages d’une culture du Hoabinhien à Sumatra. La troisième est l’arrivée d’agriculteurs de langue austronésienne venus du nord il y a environ trois mille ans. Enfin, la dernière phase concerne les mouvements liés aux échanges commerciaux, qui commencent sans doute dès le IVe siècle avant notre ̠ère avec l'Inde, et plus tard avec la Chine.
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+ Javanais vêtus de sarongs
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+ Femme Minangkabau en costume traditionnel
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+ Jeunes filles torajas en tenue de fête
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+ Cérémonie papoue dans la vallée de Baliem
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+ Scène traditionnelle chinoise à Kalimantan
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+ La liberté de religion est énoncée dans la constitution indonésienne[103]. L'État reconnaît officiellement six religions : l'islam, le protestantisme, le catholicisme, l'hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme[104]. En 2010, 87,2 % de la population se déclarait musulmane[1], ce qui fait de l'Indonésie le pays du monde comptant le plus de musulmans[105]. Cette même année, 7 % de la population se déclare protestante, 2,9 % catholique, 1,7 % hindouiste, 0,9 % autre (dont bouddhiste et confucianiste) et 0,4 % sans religion[1]. L'hindouisme est particulièrement présent sur l'île de Bali[106]. La plupart des bouddhistes d'aujourd'hui sont des Indonésiens d'origine chinoise[107],[108]. Si l'hindouisme et le bouddhisme sont aujourd'hui deux religions minoritaires en Indonésie, elles ont eu beaucoup d'influence dans le passé et ont défini des aspects de la culture du pays[108]. L'islam est arrivé en Indonésie avec des marchands musulmans d'origine arabe, indienne et chinoise[109]. Il s'est lentement diffusé en suivant les routes commerciales[110]. Au terme de trois siècles, il était devenu la religion dominante dans l'archipel[110]. La religion catholique romaine a été importée par les premiers colons et les missionnaires portugais[111]. Le protestantisme a lui été apporté par les missionnaires luthériens et calvinistes néerlandais lors de la période coloniale[112],[113],[114]. En Indonésie, la religion est souvent pratiquée de manière syncrétique, influencée par les coutumes et les croyances locales, citons par exemple l'islam chez les Minangkabaus[115], le christianisme chez les Bataks[116], l'hindou-bouddhisme aux abords du mont Bromo[117].
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+
131
+ La mosquée Istiqlal à Jakarta
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+ L'église Blenduk de Semarang
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+ La cathédrale Sainte-Marie de l'Assomption de Jakarta
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+ Temple hindouiste traditionnel au nord de Denpasar (Bali)
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+ Vihara Dharma Bhakti, temple bouddhiste de Jakarta
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141
+ Temple confucianiste chinois dans le kabupaten de Bojonegoro (Java)
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143
+ La langue officielle de l'Indonésie est l'indonésien (bahasa indonesia)[118]. Elle est enseignée dans les écoles et parlée par presque tous les Indonésiens. C'est la langue utilisée dans le commerce, la politique, les médias nationaux, l'école et les universités. C'est une forme du malais, un groupe de langues très proches les unes des autres au point de permettre une certaine intercompréhension. La norme officielle pour l'indonésien est le malais de Riau. En réalité, l'indonésien a adopté de nombreux mots de différentes langues régionales, notamment du javanais mais aussi du soundanais.
144
+
145
+ Le malais était la lingua franca dans l'archipel indonésien, comme en témoignent les Européens qui arrivent dans la région au début du XVIe siècle, notamment l'Italien Antonio Pigafetta, qui accompagnait Magellan dans son périple. Le malais était la langue que les Hollandais utilisaient pour s'adresser aux indigènes. C'était aussi une des langues de l'administration. L'indonésien est toutefois distinct de ce malais véhiculaire. Il a été promu par les nationalistes dans les années 1920 et a été déclaré langue officielle en 1945.
146
+
147
+ L'indonésien se caractérise en fait par une diglossie dans laquelle on peut distinguer un niveau formel, que certains linguistes appellent « élevé », et un niveau informel, qualifié de « bas »[119]. Dans les situations de la vie courante, c'est le niveau informel qui est utilisé, mais il est déconseillé aux étrangers d'y recourir s'ils ne maîtrisent pas les deux niveaux de langues, car des impairs peuvent être commis. En outre, socialement, la difficulté est de comprendre à partir de quel moment on peut passer du registre formel à l'informel.
148
+
149
+ Par ailleurs, la plupart des Indonésiens parlent également l'une des langues parmi les plusieurs centaines de langues locales (bahasa daerah) existantes, souvent comme langue maternelle. Parmi ces langues, la plus parlée est le javanais, suivie par le sundanais[1]. En Nouvelle-Guinée, il existe, en plus de ces langues, 500 langues papoues ou austronésiennes parlées. Après la période coloniale, des Indonésiens parlent encore aujourd'hui le néerlandais (30 000 locuteurs en 2007, souvent très partiels, et qui ne connaissent que quelques mots, souvent âgés de plus de 65 ans). Deux créoles néerlandais presque éteints se sont également formés sur l'archipel : le petjo (ou pecok) et le javindo.
150
+
151
+ En tout, il existe 742 langues différentes en Indonésie dont certaines sont éteintes ou en voie de disparition[120].
152
+
153
+ Les jours fériés en Indonésie, en dehors de la fête de l'Indépendance, reflètent la diversité religieuse et culturelle du pays et le respect des coutumes de celles-ci, indépendamment de la taille de la population concernée.
154
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155
+ Il n'y a pas de crèches publiques en Indonésie. Divers systèmes d'éducation publique des jeunes enfants existent en Indonésie dont des écoles maternelles (taman kanak-kanak) qui accueillent les enfants qui ont entre 4 et 6 ans[121]. L'école primaire (sekolah dasar) commence à l'âge de 7 ans et dure 6 ans. Les cours ont généralement lieu le matin. À l'école primaire succède un premier cycle secondaire de 3 ans dans les sekolah menengah pertama. L'instruction est obligatoire jusqu'à la fin de ce premier cycle[122]. Le deuxième cycle en sekolah menengah atas, également d'une durée de 3 ans, s'atteint après le passage d'un examen. Les élèves peuvent y suivre différents cursus : cours préparatoires pour l'université, formation professionnelle ou formation d'instituteur.
156
+
157
+ Avant le début de la crise économique asiatique, le taux de scolarisation dans les écoles primaires était de 90 % mais il a chuté depuis[123]. L'école a beau être obligatoire, elle engendre des frais pour les familles (l'uniforme entre autres), ce qui empêche les plus pauvres d'y accéder[124]. Moins de la moitié des jeunes Indonésiens accèdent au cycle secondaire[124]. L'accès à l'université, publique ou privé, nécessite le passage d'un examen difficile[123]. Peu d'Indonésiens y accèdent. Les femmes représentent environ la moitié de la population universitaire[123]. Les frais de scolarité étant très élevés, celles-ci sont globalement concentrées sur Java[124].
158
+
159
+ Les cours de religion (agama) sont obligatoires dès l'école primaire. Ils correspondent à la religion de chacun, les musulmans étudiant par exemple l'islam et la langue arabe[123]. Les écoles privées, dépendant généralement de mosquées ou d'églises, sont très prisées bien que chères, car le niveau d'enseignement y est plus élevé[124].
160
+
161
+ En 2006, 17,2 % du budget de l'état était considéré à l'éducation, ce qui est moins que ce qui est stipulé par la Constitution (20 %)[122],[125]. Le taux d'alphabétisation du pays est de 87,9 %[1]. Si l'école est obligatoire en Indonésie, le travail des enfants existe encore dans le pays (avec près de 700 000 enfants domestiques à Jakarta)[126].
162
+
163
+ Dans les grandes villes indonésiennes, il y a généralement des hôpitaux et des centres de soin publics ainsi que des cliniques privées. Dans les endroits reculés, ce sont les puskesmas (de Pusat Kesehatan Masyarakat, ou Centre de Santé Populaire), qui accueillent les patients. L'accès aux soins est gratuit dans les centres publics mais pas les médicaments ou la nourriture durant la période des soins.
164
+
165
+ La qualité des soins dans le pays est dépendante de l'aide internationale. L’Organisation mondiale de la santé et le gouvernement ont mis en place une campagne de vaccination contre la tuberculose qui tue 175 000 personnes par an[127]. L'Indonésie est le deuxième pays d'Asie ayant le plus grand nombre de nouveaux cas de lèpre par an[128]. La propagation du SIDA y est actuellement très rapide[129]. Les problèmes d'eau potable et de qualité de l'air ont un effet très néfaste sur la santé[130]. Entre 2004 et 2007, des mesures importantes ont été mises en place contre la grippe aviaire.
166
+
167
+ Le tabagisme est très répandu en Indonésie et pèse commercialement pour 1,2 % du produit intérieur brut[131]. Les Indonésiens consacrent en moyenne 3,2 fois plus d'argent au tabac qu'aux dépenses de santé[131], entre autres pour l'achat des cigarettes locales : les kreteks aromatisés au clou de girofle.
168
+
169
+ La médecine traditionnelle a encore une place prépondérante dans la société indonésienne. La mortalité infantile est élevée dans l'archipel (39/1000) même si une politique de formation de sages-femmes a été mise en place[127]. L'espérance de vie en Indonésie est de 63 ans[127].
170
+
171
+ L'homosexualité est passible de prison[132].
172
+
173
+ Les différents groupes ethniques d'Indonésie possèdent chacun une riche tradition. Le régime de Soeharto s'est efforcé de construire des « cultures régionales » (kebudayaan daerah) sur la base des provinces[133]. Cette action créait des artifices comme la « culture du Java oriental », la « culture du Kalimantan oriental » ou la « culture du Sulawesi du Nord », sans tenir compte d'une réalité culturelle plus complexe. En effet, une même province peut abriter différentes cultures traditionnelles, comme au Java oriental, où on peut au moins distinguer, si l'on se limite au critère linguistique, une culture de Banten, une culture betawi (Jakartanais « autochtones »), une culture sundanaise et une culture de Cirebon. Inversement, une même culture peut couvrir plus d'une province, comme la culture malaise, qu'on trouve dans les provinces de Sumatra du Nord, Riau et Jambi à Sumatra ainsi qu'à Kalimantan occidental et du Sud à Bornéo.
174
+
175
+ Depuis la démission de Soeharto en 1998, diverses régions d'Indonésie essaient de promouvoir leur culture traditionnelle, en ne prenant plus comme référence le cadre administratif mais tout simplement le nom de la suku (« ethnie »). Il existe ainsi maintenant des organisations comme l'Institut de la culture minahasa, nom dans lequel se reconnaît un groupe de populations de la province de Sulawesi du Nord.
176
+
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+ L'architecture indonésienne, à l'instar des autres aspects de la culture indonésienne, a emprunté à de nombreuses sources : indienne puis chinoise et arabe et enfin européenne, tout en gardant ses caractéristiques propres. À Java, l'architecture religieuse s'est développée dès le VIIIe siècle, laissant des monuments, imposants témoignages du passé, comme Borobudur (temple bouddhiste) ou Prambanan (complexe de temples hindouistes)[134].
178
+
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+ C'est à partir du XVe siècle que les mosquées sont apparues et se sont répandues dans le pays[135]. Il existe également en Indonésie, et particulièrement sur Java, de nombreux palais royaux (kraton) ou princiers (puro ou dalem)[136]. L'architecture coloniale se développe à partir du XVIe siècle[137].
180
+
181
+ Certaines architectures sont néanmoins traditionnelles et n'ont été que peu influencées par l'extérieur : chez les Bataks, les Minangkabaus, les Dayaks, les Torajas ou encore les Danis.
182
+
183
+ Aujourd'hui, le modernisme architectural a fait son entrée en Indonésie. Il fut introduit par Soekarno, ingénieur civil de formation, qui approuva et lança de grands projets architecturaux comme la mosquée Istiqlal, le stade Gelora-Bung-Karno ou le Monumen Nasional[138].
184
+
185
+ Maison batak
186
+
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+ Allée de maisons torajas
188
+
189
+ La Grande mosquée de Sungai Penuh à Sumatra
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+
191
+ Pavillon du palais Kasepuhan à Cirebon
192
+
193
+ L'artisanat, à l'instar de l'art indonésien, reflète la diversité du pays. Certains auteurs distinguent les trois catégories suivantes[139] :
194
+
195
+ Il est plus simple de parler d'un artisanat traditionnel dans lequel les gens produisent les objets nécessaires à leur vie quotidienne, matérielle et spirituelle.
196
+
197
+ La plupart des œuvres ont aujourd'hui perdu leur dimension spirituelle au profit d'une dimension économique et touristique[139].
198
+
199
+ La forme artisanale la plus répandue d'Indonésie est celle du textile : l’ikat (tissage d'étoffes avec des motifs originaire de Nusa Tenggara mais répandu dans tout l'archipel), le songket (étoffe de soie entremêlées de fils d'or et d'argent), le tapis de Lampung ou encore le fameux batik (dessin avec de la cire et de la teinture sur les étoffes) javanais. La poterie indonésienne est brute et naïve sur Lombok, très influencée par la céramique chinoise dans la région de Singkawang. Elle très influencée par l'Occident et vernie sur Bali. La vannerie est très développée sur Lombok et chez les Dayaks avec des techniques de tissage du rotin traditionnelles. Les Torajas pratiquent le travail des perles alors que chez les Dayaks et sur Lombok, on travaille les cauris, petits coquillages de grande valeur.
200
+
201
+ La sculpture sur bois est également très répandue en Indonésie[139]. Ces sculptures avaient originellement pour but de protéger les maisons contre les mauvais esprits. Cette fonction est toujours présente. À Java par exemple, il existe un couple de figurines en bois, les loro blonyo, qu'on expose lors d'un mariage à l'écart des mariés pour attirer sur eux les esprits malfaisants, ou à l'entrée d'une maison pour accueillir les visiteurs. À Nias, Sumba, dans le pays toraja et dans les villages ngaju et dusun à Kalimantan, les statues de bois représentant les ancêtres participent encore pleinement à la vie religieuse des communautés[139]. Sur de nombreuses îles, des objets utilitaires sont sculptés en bois : des récipients en bambou à Sulawesi ou des bols en bois laqué à Sumatra par exemple. À Bali et Java en particulier, la fabrication de meubles ornés est très développée, notamment les meubles en teck (jati), très recherchés. Les masques en bois sculptés sont très fréquemment utilisés lors de rites communautaires ou dans le théâtre.
202
+
203
+ Le travail du bronze en Indonésie a été introduit par la culture Dong Son (VIIIe-IIIe siècle av. J.-C.])[139]. L'apparition du travail du fer est plus tardif, en partie en raison de la rareté du minerai local, essentiellement d'origine météorique. À Java et dans les autres îles de l'ouest de l'archipel, on fabrique des kriss, dagues d'apparat à la lame droite ou sinueuse richement travaillées. La région d'Aceh est spécialisée dans la bijouterie, surtout dans le travail de l'or. À Bali, les bijoux sont davantage en argent. Le quartier de Kotagede à Yogyakarta, à Java, est spécialisé dans la création d'argenterie et principalement, d'argenterie de table.
204
+
205
+ Le premier film réalisé en Indonésie était un film muet, Loetoeng Kasaroeng, réalisé en 1926 par les réalisateurs néerlandais G. Kruger et L. Heuveldorp[140]. Il fut tourné à Bandung avec des acteurs locaux. Depuis lors, des centaines de films ont été produits par l'Indonésie[141]. Durant l'occupation japonaise, l'industrie cinématographique indonésienne a été réquisitionné comme outil de propagande. Le gouvernement de Soekarno, le cinéma était utilisé pour diffuser des messages nationalistes et anti-Occident. L'importation de films étrangers était illégale. Durant l'ère Soeharto, la censure régissait la diffusion d'œuvres cinématographiques[142].
206
+
207
+ Dans les années 1980, le cinéma indonésien connaît son âge d'or avec entre autres le succès des comédies de la Warkop. Le début de l'import de films étrangers dans les années 1990 fit perdre une partie de leur succès aux films locaux. Le nombre de films locaux produits passa de 115 en 1990 à 37 en 1993[143]. L'essor de la contrefaçon et de la télévision contribua également à ce déclin. Les films alors produits sont surtout des séries B pour adultes, des vidéofilms et des téléfilms.
208
+
209
+ Dans l'Indonésie post-Soeharto, le cinéma indépendant connaît un nouveau départ. Le premier vidéofilm d'animation indonésien, Beauty and Warrior, sort en 2002. En 1998, le festival international du film de Jakarta (JiFFest) voit le jour.
210
+
211
+ Il existe quelques complexes cinématographiques en Indonésie ainsi que de nombreuses salles indépendantes. Le film étranger le plus célèbre se passant en Indonésie est le film australien L'Année de tous les dangers de Peter Weir sorti en 1982.
212
+
213
+ Quand on parle de « danse indonésienne », il faut distinguer deux choses : les danses traditionnelles (religieuses, protocolaires, rituelles ou de cérémonies), qui sont propres à un groupe donné, et la danse au sens moderne, qui concerne l'ensemble de l'Indonésie.
214
+
215
+ Parmi les danses modernes, on trouve le dangdut et le poco-poco. À Bali comme à Java, les danses traditionnelles peuvent avoir une fonction religieuse mais aussi cérémonielle. Ainsi, le pendet balinais ou le bedhaya javanais ont une fonction spirituelle[144],[145], alors que le legong balinais ou le serimpi javanais ont un rôle cérémoniel[146],[147]. Les Minahasa du nord de Sulawesi pratiquent des danses en partie d'origine européenne comme le katrili ou quadrille et la polineis ou polonaise, résultat d'une influence qui remonte à l'époque de la colonisation de l'archipel[148].
216
+
217
+ À Java, on reconnaît quatre écoles de danses de cour : celles du kraton de Surakarta, du kraton de Yogyakarta, du Puro Mangkunegaran (cour princière « mineure » de Surakarta) et du Puro Pakualaman (cour mineure de Yogyakarta).
218
+
219
+ La danse est souvent mêlée au théâtre de marionnettes et à la musique dans les spectacles indonésiens[149].
220
+
221
+ La gastronomie indonésienne n'existe pas en tant que telle, il s'agit plutôt d'un ensemble de gastronomies régionales. L'influence des cuisines étrangères a fait changer la cuisine indonésienne au fil du temps. C'est tout d'abord la cuisine indienne qui l'a influencée, puis la cuisine chinoise. Enfin, ce sont les cuisines espagnole et portugaise puis finalement néerlandaise qui l'ont influencée. Elle est assez proche de la cuisine malaisienne[150],[151].
222
+
223
+ Le riz compose la base de la cuisine indonésienne[152]. Parmi les préparations indonésiennes les plus connues, on trouve le saté, le rendang, le bakso ou encore les krupuk. De nombreux ingrédients locaux agrémentent la cuisine indonésienne : le lait de coco, le piment (sambal), la cacahuète (sauce saté), le soja (tofu et tempeh). Les fruits locaux y sont consommés tels quels ou préparés : le mangoustan, le ramboutan, le fruit du jacquier, le durian et la banane.
224
+
225
+ Les Indonésiens consomment peu de porc (babi) étant donné la prédominance de la religion musulmane dans le pays. Les plats avec du poulet (ayam), du canard (bebek), du bœuf (sapi) ou du poisson (ikan) sont, eux, très communs.
226
+
227
+ Le théâtre indonésien traditionnel englobe les spectacles de danse scénarisée, le théâtre masqué balinais et plus généralement le wayang.
228
+
229
+ Le wayang est un spectacle de marionnettes traditionnelles. Le wayang kulit est un théâtre d'ombre avec des marionnettes plates en cuir. Il a un aspect rituel et dure plusieurs heures (initialement toute une nuit) lors d'évènements importants : fête du village, mariages[153],[154]… Il est surtout présent sur Java. Le wayang golek est un spectacle de marionnettes en bois vraisemblablement apparu vers le XVIIe siècle dans les royaumes musulmans certainement sous l'influence chinoise[155].
230
+
231
+ À la suite du processus de démocratisation, un théâtre à l'occidentale commence à se développer dans le pays.
232
+
233
+ De nombreux peuples d'Indonésie ont une littérature relativement ancienne.
234
+
235
+ Les Balinais et les Javanais ont une tradition commune au moins jusqu'au XVIe siècle[156]. Avant le XVe siècle, cette littérature est écrite dans une langue qu'on appelle vieux-javanais. Le texte le plus important de cette période est le Nagarakertagama, une épopée écrite par Mpu Prapanca en 1365 qui fait l'éloge du roi Hayam Wuruk de Majapahit. Au XVIe siècle, cette littérature s'écrit dans une langue qu'on appelle moyen-javanais[157]. Le principal texte de l'époque est le Pararaton, une chronique qui décline la généalogie des rois de Singasari et Majapahit[158].
236
+
237
+ À la fin du XVIIIe siècle, la conversion à l'islam du dernier prince hindou de Blambangan sous la pression des Hollandais sépare Bali de Java[159]. À cette époque, la langue javanaise a déjà sa forme moderne. Les quelque 70 années de paix relative qui sépare la fin des guerres de successions javanaises de la guerre de Java (1825-30) vont voir éclore dans les cours royales et princières un renouveau littéraire. Le monument littéraire de cette époque est la Serat Centhini, épopée mystique et paillarde de 200 000 vers écrite aux alentours de 1814 à la demande d'un prince de Surakarta[160].
238
+
239
+ Dans l'ouest de Java, les Sundanais possèdent une littérature dans leur propre langue[161]. Les Bugis et les Makassar du sud de Sulawesi ont une tradition littéraire surtout faite d'épopées, dont le célèbre La Galigo (littérature Bugis) mis en scène par Bob Wilson en 2004.
240
+
241
+ Dans l'ouest de l'archipel indonésien, l'essor de l'islam au XVe et au XVIe siècle se traduit par la floraison d'une littérature en malais d'inspiration religieuse, mais aussi héroïque. La poésie en malais s'est constituée autour de la forme du pantun[162].
242
+
243
+ L'auteur contemporain le plus connu d'Indonésie est certainement Pramoedya Ananta Toer qui a reçu en 1995 un prix Ramon-Magsaysay[163]. Parmi les écrivains indonésiens modernes connus internationalement, on peut citer Chairil Anwar (poète de l’Angkatan '45 ou « Génération 45 »), Taufiq Ismail (poète de l’Angkatan '66 ou « Génération 66 »), Mochtar Lubis (auteur de Twilight in Jakarta), Ayu Utami (auteur de Saman et lauréate d'un prix du Prince Claus), Dewi Lestari et Eka Kurniawan (journaliste et nouvelliste).
244
+
245
+ Il existe des centaines de formes différentes de musique en Indonésie. Celle-ci est souvent utilisée pour accompagner le théâtre et la danse. La forme de musique la plus emblématique d'Indonésie est le gamelan, un ensemble d'instruments de percussion métalliques, surtout présent sur Java[164].
246
+
247
+ L'arrivée des portugais au XVIe siècle en Indonésie fut marquée par la diffusion de la musique keroncong[165]. Au milieu du XXe siècle, sous l'occupation néerlandaise, le tembang et le kacapi suling apparaissent en pays Sunda.
248
+
249
+ À Surakarta, dans les années 1920, le kroncong et le gamelan ont fusionné pour former le langgam Jawa[165]. Dans les années 1960, la culture musicale occidentale n'entre pas dans le pays et les cultures locales sont remises sur le devant de la scène. Gugum Gumbira modernise et popularise une musique locale, le jaipongan[166]. Dans les années 1970, influencé par la musique filmi apparaît le dangdut dont Elvy Sukaesih et Rhoma Irama sont les célèbres représentants[167].
250
+
251
+ Avec la démocratisation, les genres musicaux occidentaux se développent dans le pays et se mêlent avec la musique locale, on voit ainsi apparaître le hip-hop indonésien — Iwa K étant le premier et plus célèbre rappeur du pays — ou encore le jazz indonésien dans lequel le groupe Krakatau a inséré du gamelan[168]. Anggun est une des chanteuses les plus populaires du pays, la plupart de ses albums se classant régulièrement numéro 1 des ventes.
252
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253
+ Les loisirs indonésiens, à la suite de l'ouverture du pays, sont comparables aux loisirs occidentaux : loisirs culturels, sport, jeux vidéo ou encore la musique.
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+ Les jeux de société y ont néanmoins une part très importante. Hormis les échecs, le backgammon ou le mah-jong, l'Indonésie possèdent des jeux locaux dont le plus célèbre est le congklak, un jeu mancala. Il y a également en Indonésie une grande tradition de cerfs-volants (layang-layang).
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+ L'industrie des paris est également très développée par exemple, lors des combats de coqs, même si ceux-ci sont bien souvent illégaux.
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+ Les sports sont populaires en Indonésie aussi bien au niveau de la participation que du nombre de spectateurs. Les deux sports les plus populaires en Indonésie sont le football et le badminton[169].
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+ Les équipes de football sont financés par des entreprises et les sportifs y jouant travaillent dans les dites entreprises pour compléter leurs salaires[169]. La Fédération d'Indonésie de football a été fondée en 1930, pendant l'époque coloniale néerlandaise. Le football australien y est également pratiqué.
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+ En badminton, les Indonésiens ont remporté de nombreux titres comme 13 Thomas Cups sur 24[169]. L'un des joueurs de badminton le plus célèbre du pays, Rudy Hartono, a remporté sept fois de suite le championnat All England. Le joueur indonésien Taufik Hidayat a remporté une médaille d'or aux JO en 2004, en simple monsieur. Il est considéré comme une légende en Indonésie.
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+ D'autres sports classiques sont pratiqués en Indonésie, principalement le tennis (plusieurs trophées d'Asie remportés), le polo (pratiqué depuis l'époque coloniale) ou encore la course à pied[169]. Bali possède des spots de surf très prisés des surfeurs du monde entier.
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+ Il y a de nombreux sports traditionnels encore pratiqués en Indonésie : l'art martial du Pencak-Silat, le sepak takraw, les courses de taureaux (les pacu jawi dans le Sumatra occidental ; les karapan sapi sur l'île de Madura) ou de canards volants (les pacu itiak dans le Sumatra occidental), les courses de bateau ou encore les concours de cerfs-volants[169].
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+ Les événements sportifs en Indonésie sont organisés par le comité national des sports appelé Comité national des sports d'Indonésie (ou KONI). Le comité a décidé, avec l'appui du gouvernement une Journée nationale des sports le 9 septembre[169]. Des jeux nationaux, les Pekan Olahraga Nasional ont lieu tous les quatre ans. Le pays a organisé à deux reprises les Jeux asiatiques : la 4eédition, en 1962 à Jakarta, et le 18e édition, en 2018, à Jakarta et à Palembang.
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+ La liberté de la presse dans le pays s'est considérablement améliorée avec la démocratisation du pays. Depuis 1998, le nombre de publications a augmenté considérablement. Des centaines de nouveaux magazines, journaux et tabloids sont apparus.
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+ Il existe également dix chaînes de télévision nationales qui concurrencent la chaîne d'État TVRI. Elles sont complétées par des chaînes régionales à travers tout le pays. Il en va de même pour la radio dont le service public est Radio Republik Indonesia. Des stations de diffusion pirates fleurissent également dans tout le pays.
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+ Comme dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est, le nombre de lignes fixes dans le pays est assez faible (environ 10 millions) et le téléphone mobile est très répandu (environ 84 millions).
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+ Internet est relativement répandu en Indonésie par 24 fournisseurs d'accès car c'est un moyen de communication efficace pour un archipel si morcelé.
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+ L'Indonésie est une république avec un régime présidentiel. En tant qu'État unitaire, le pouvoir est concentré au niveau du gouvernement national. À la suite de la chute de Soeharto en 1998, les structures politiques et gouvernementales indonésiennes ont été largement réformées. Quatre amendements à la constitution de 1945 ont redéfini le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire[170].
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+ Depuis le coup d’État militaire de 1965 toute propagation des idées communistes ou de leur représentation politique est interdit. Afficher des symboles comme la faucille et le marteau ou des images du révolutionnaire argentin Che Guevara peut conduire en prison. Des raids sont menés contre les librairies ou bibliothèques suspectées de contenir des ouvrages d'auteurs communistes[171].
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+ Le président de l'Indonésie est le chef d'État, le commandant en chef de l'armée indonésienne, le responsable du gouvernement, des prises de décisions et des affaires étrangères. Le président nomme le conseil des ministres, ministres qui ne sont pas nécessairement des membres élus de la législature. L'élection présidentielle de 2004 fut la première fois où le peuple a élu au suffrage universel direct le président et le vice-président[172]. Le président peut enchaîner au maximum deux mandats consécutifs de cinq ans.
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+ Les gouverneurs de province, élus jusqu'en 2005 par les parlements provinciaux, sont désormais au fur et à mesure élus au suffrage direct.
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+ Les préfets (bupati) sont élus par les assemblées départementales et les maires (walikota) par les assemblées municipales.
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+ La plus haute structure représentative au niveau national est le Majelis Permusyawaratan Rakyat (Assemblée délibérative du peuple ou MPR). Son rôle principal est d'appuyer et d'amender la constitution, d'introniser le président et de formaliser les grandes lignes de la politique nationale[173]. Le MPR comprend deux chambres[170] :
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+ Les réformes menées depuis 1998 ont augmenté le rôle national du DPR au niveau gouvernemental. Le DPD s'occupe des questions régionales[174].
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+ Au niveau des provinces, des kabupaten (départements) et des kota (municipalités), il existe également des assemblées régionales (Dewan Perwakilan Rakyat Daerah) dont les membres sont également élus au suffrage direct pour cinq ans dans un système proportionnel.
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+ La plupart des conflits civils sont résolus à la Cour d'État et les appels sont entendus à la Haute Cour. La plus haute autorité judiciaire est la Cour Suprême (Mahkamah Agung). Elle s'occupe des cassations et des révisions de cas. Parmi les autres cours, on peut citer la Cour de Commerce, qui s'occupe des problèmes de faillite et d'insolvabilité ; la Cour Administrative, qui s'occupe des cas légaux mettant en cause le gouvernement ; la Cour constitutionnelle qui débat de la légalité de la loi, des élections, des dissolutions de partis politiques et de l'envergure de l'autorité des institutions d'état ; et la Cour religieuse qui traite les cas religieux spécifiques[175].
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+ Contrastant avec l'anti-impérialisme de Soekarno et la confrontation indonésio-malaisienne (Konfrontasi), la politique étrangère de l'Indonésie s'est axée, depuis l'ère Soeharto, sur la coopération économique et politique avec les nations occidentales[176]. L'Indonésie maintient des relations de proximité avec ses voisins asiatiques et est membre fondateur de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et du Sommet de l'Asie orientale[177]. L'Indonésie a renoué des liens avec la Chine en 1990, relations jusqu'alors gelées à la suite des purges anti-communistes des débuts de l'ère Soeharto[175]. Elle est membre de l'Organisation des Nations unies depuis 1950 et fonda Mouvement des non-alignés (soutenu lors de la conférence de Bandung en 1955) et l'Organisation de la coopération islamique[177]. Elle fait partie du Groupe de Cairns, de l'Organisation mondiale du commerce mais s'est retiré en 2008 de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. L'Indonésie reçoit de l'aide humanitaire et de l'aide au développement depuis 1966 en particulier en provenance des États-Unis, de l'Europe occidentale, de l'Australie et du Japon[177]. L'Indonésie est le seul pays d'Asie du Sud-Est à être membre du G20.
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+ Les forces armées indonésiennes (Tentara Nasional Indonesia ou TNI) ont un effectif total d'un peu plus de 432 000 personnes. Elles comprennent l'armée de terre (TNI Angkatan Darat), la marine (TNI Angkatan Laut) et l'armée de l'air (TNI Angkatan Udara).
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+ Global Fire Power classe les forces armées indonésiennes 13e mondial quant à la puissance et 5e en Asie derrière la Chine, l'Inde, le Japon et la Corée du Sud[178]. Les femmes peuvent intégrer l'armée dans un corps spécial séparé des hommes. Le budget de l'armée en 2008 était de 4,74 milliards de dollars américains soit 0,8 % du produit intérieur brut environ. L'armée a eu et a toujours un rôle très important dans la politique intérieure du pays.
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+ La police nationale indonésienne (Kepolisian Republik Indonesia) dépend directement du Président de la République. Jusqu'en 1999, elle faisait partie des forces armées. Ses effectifs sont de 150 000 hommes dont un corps de 12 000 hommes, la Brigade Mobil (ou Brimob), organisé comme une unité militaire.
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+ La petite délinquance est assez répandue en Indonésie malgré une loi qui autorise la peine de mort à partir de faits tels que le trafic de drogue. L'administration pénitentiaire dispose de 527 prisons d’une capacité maximale théorique d’environ 90 000 détenus mais en accueille, début 2010, 132 000[179]. Le spectre du terrorisme plane sur le pays depuis le très médiatisé attentat de Bali de 2002.
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+ Le produit intérieur brut (PIB) était de 1 011 milliards de dollars américains en 2017, ce qui fait de l'Indonésie la 16e économie mondiale[1]. Le secteur tertiaire est le plus important et pèse pour 45,4 % du PIB (en 2017)[1]. Il est suivi par le secteur secondaire (41 %) et l'agriculture (13,7 %)[1]. Les principales industries sont celles du pétrole et du gaz naturel, des textiles et de l'habillement ainsi que des mines[180]. Les produits agricoles principaux sont l'huile de palme, le riz, le thé, le café (même si sa production a stagné au cours de la décennie des années 2010, l'Indonésie est toujours quatrième au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café[181]), les épices (qui ont été exploitées dès la colonisation hollandaise[182]) et le caoutchouc, au succès plus récent[183]. Sur les six premières années de la décennie des années 2010, l'Indonésie est aussi resté quatrième au palmarès des producteurs mondiaux de cacao, mais loin derrière ses rivaux ivoirien et ghanéen d'Afrique de l'Ouest[181].
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+ En 2016, les principaux marchés d'exportation de l'Indonésie étaient les États-Unis (19,5 milliards de dollars), la Chine (18,6 milliards), le Japon (17,5 milliards), Singapour (13,3 milliards) et l'Inde (11,3 milliards)[184]. L'Indonésie importe principalement depuis la Chine (31 milliards), Singapour (15,1 milliards), le Japon (12,1 milliards), la Thaïlande (8,46 milliards) et la Malaisie (7,17 milliards)[184]. En 2016, la balance commerciale de l'Indonésie était excédentaire de 29 milliards de dollars américains avec 165 milliards à l'export et 136 milliards à l'import[184]. Le pays possède d'importantes ressources naturelles de pétrole brut, gaz naturel, d'étain, de cuivre et d'or. L'Indonésie importe principalement de l'équipement et des machines, des produits chimiques, de l'essence et des denrées alimentaires[1].
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+ Dans les années 1960, l'économie se détériora à cause de l'instabilité politique et d'un gouvernement encore inexpérimenté fraîchement mis en place, ce qui provoqua pauvreté et famine[185]. Après la chute de Soekarno au milieu des années 1960, l'administration qui fut mise en place par Soeharto, composées d'Indonésiens instruits aux États-Unis, remit le pays sur les rails de la croissance économique. Le taux d'inflation diminua fortement et la roupie indonésienne (rupiah) se stabilisa. Les règlements de la dette extérieure furent redéfinis. Grâce à cela, l'investissement et les aides étrangères devinrent plus importants[185]. Grâce à la hausse des prix du pétrole dans les années 1970 permit au pays d'atteindre des taux de croissance très élevées (variant autour de 7 % de 1968 à 1981)[185]. À la suite des réformes entreprises pour accroître la compétitivité économique du pays vers la fin des années 1980, l'investissement étranger en Indonésie augmenta énormément dans le secteur de l'industrie et ainsi, entre 1989 et 1997, l'économie indonésienne s'améliora de 7 %[185],[186].
312
+ En 1997 et 1998, l'Indonésie fut le pays le plus touché par la crise économique asiatique. Le dollar américain passa de l'équivalent de 2 000 rupiah a 18 000 et l'économie s'effondra de 13,7 %[186]. La monnaie se stabilisa et un dollar s'échangea finalement contre 10 000 rupiah, ce qui était la marque lente mais significative d'une relance économique. L'instabilité politique qui s'ensuivit ainsi que la corruption de masse contribuèrent à la sporadicité des signes de relance[187],[188]. Transparency International plaça l'Indonésie 143e sur 180 pays dans son indice de perception de la corruption[189]. Cependant, la croissance du PIB dépassa 5 % en 2004 et 2005 et les prévisions attendent l'augmentation de chiffre[190]. Le chômage reste néanmoins élevé et la croissance a peu d'impact sur celui-ci[188],[191]. Les bas salaires stagnants et l'augmentation des prix du pétrole et du riz ont augmenté les niveaux de pauvreté du pays[188]. En 2006, il fut estimé que 17,8 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté et 49 % vivait avec moins de 2 $ par jour[192]. Le taux de chômage atteignait en 2008, 9,75 % de la population active[193].
313
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+ L'oligarchie née sous le régime de l'Ordre nouveau s'approprie l'essentiel des fruits de la solide croissance économique indonésienne. En 2017, un rapport d'Oxfam situe l'Indonésie au sixième rang des pays les plus inégalitaires ; les 1 % les plus fortunés détiennent 49 % des richesses. À travers le contrôle des médias et le financement des partis, ces oligarques exercent une influence considérable sur la vie politique[194].
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+ La plupart des voyageurs arrivent en Indonésie en avion[195]. Outre l'aéroport international Soekarno-Hatta de Jakarta, les principales portes d'entrées aériennes internationales d'Indonésie sont l'aéroport international Ngurah-Rai de Denpasar à Bali, l'aéroport international Juanda de Surabaya dans l'est de Java et l'aéroport international Sultan-Hasanuddin de Makassar dans le nord de Sumatra[196]. Les compagnies aériennes indonésiennes les plus importantes la compagnie nationale Garuda Indonesia et sa filiale à bas coût Citilink et les compagnies privées Lion Air et Sriwijaya Air[197].
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318
+ En 2002, le réseau routier de l'Indonésie faisait au total 368 360 kilomètres, dont 213 649 kilomètres avec un revêtement[1].
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+ Le transport ferroviaire en Indonésie est concentré sur l'île de Java qui possède deux lignes principales qui traversent l'île d'ouest en est et plusieurs lignes secondaires[198],[199].
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+ Quant au transport maritime, l'entreprise d'état Pelni (Pelayaran Nasional Indonesia ou Compagnie de Navigation Nationale d'Indonésie) exploite vingt-six qui desservent des routes et des destinations dans l'archipel[200].
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+ Le tourisme est une activité économique importante pour l'Indonésie. En 2014, il représentait 3,2 % du PIB du pays et soutenait directement environ 3 326 000 emplois (2,9 % de l'emploi total)[202].
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+ Les campagnes touristiques internationales ont été concentrées largement sur l'aspect « destination paradisiaque » avec pour vitrine le sable blanc des plages et le ciel toujours bleu et magnifique[203],[204]. Les stations balnéaires et hôtelières se sont développées dans quelques îles indonésiennes avec Bali comme destination principale[205]. Riche en diversité biologique, l'Indonésie offre un gros potentiel naturel qui comble notamment les plongeurs[206].
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+ Le tourisme culturel représente aussi une partie importante de l'industrie touristique du pays[207],[208]. Le pays toraja et le pays minangkabau attirent les amateurs de dépaysement culturel[209],[210] tandis que les temples de Borobudur et Prambanan sur Java par exemple attirent les passionnés d'histoire ou de spiritualité[211].
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+ Le tourisme commercial est également en expansion : de grands centres commerciaux ont vu le jour pour accueillir des touristes recherchant des lieux de shopping à prix raisonnables[212].
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332
+ En 2010, 7 millions de touristes étrangers ont visité l'Indonésie[213]. Ces chiffres sont à comparer à ceux des touristes indonésiens qui visitent l'étranger, dont le nombre était de 5,3 millions et qui ont dépensé 5,7 milliards de dollars en 2008[214].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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336
+ L'Indonésie est référencée par différents codes :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+
344
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
345
+
346
+ Asie de l'Ouest
347
+
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
349
+
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+ Asie du Sud-Est
351
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352
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
353
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+ Asie du Sud
355
+
356
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
357
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
361
+
362
+ Australasie
363
+
364
+ Îles Ashmore-et-Cartier (Australie) · Australie · Île Christmas (Australie) · Îles Cocos (Australie) · Îles de la mer de Corail (Australie) · Île Norfolk (Australie) · Nouvelle-Zélande
365
+
366
+ Mélanésie
367
+
368
+ Fidji · Indonésie (Moluques, Nouvelle-Guinée occidentale) · Nouvelle-Calédonie (France) · Papouasie-Nouvelle-Guinée · Îles Salomon · Timor oriental · Vanuatu
369
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+ Micronésie
371
+
372
+ Guam (États-Unis) · Kiribati · Îles Mariannes du Nord (États-Unis) · Îles Marshall · États fédérés de Micronésie · Nauru · Ogasawara (Japon) · Palaos · Wake (États-Unis)
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+ Polynésie
375
+
376
+ Archipel Juan Fernández (Chili) · Îles Cook · Hawaï (États-Unis) · Îles mineures éloignées des États-Unis (États-Unis) · Niue · Île de Pâques (Chili) · Îles Pitcairn (Royaume-Uni) · Polynésie française (France) · Samoa · Samoa américaines (États-Unis) · Tokelau (Nouvelle-Zélande) · Tonga · Tuvalu · Wallis-et-Futuna (France)