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+ Georg Friedrich Haendel [ˈɡeːɔʁk ˈfʁiːdʁɪç ˈhɛndəl][a] Écouter ou Georg Friederich Händel[b] (en anglais : George Frideric ou Frederick Handel[c] [dʒɔː(ɹ)dʒ ˈfɹɛd(ə)ɹɪk ˈhændəl][d]) est un compositeur allemand, devenu sujet anglais, né le 23 février 1685 à Halle-sur-Saale et mort le 14 avril 1759 à Westminster.
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+ Haendel personnifie souvent de nos jours l'apogée de la musique baroque aux côtés de Jean-Sébastien Bach[1],[2], Antonio Vivaldi, Georg Philipp Telemann[3] et Jean-Philippe Rameau, et l'on peut considérer que l'ère de la musique baroque européenne prend fin avec l'achèvement de l’œuvre de Haendel[4]. Né et formé en Saxe[e], installé quelques mois à Hambourg avant un séjour initiatique et itinérant de trois ans en Italie, revenu brièvement à Hanovre avant de s'établir définitivement en Angleterre, il réalisa dans son œuvre une synthèse magistrale des traditions musicales de l'Allemagne, de l'Italie, de la France et de l'Angleterre[5],[6].
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+ Virtuose hors pair à l'orgue et au clavecin, Haendel dut à quelques-unes de ses œuvres très connues — notamment son oratorio Le Messie, ses concertos pour orgue et concerti grossi, ses suites pour clavecin (avec sa célèbre sarabande de Haendel), ses musiques de plein air (Water Music et Music for the Royal Fireworks) — de conserver une notoriété active pendant tout le XIXe siècle, période d'oubli pour la plupart de ses contemporains. Cependant, pendant plus de trente-cinq ans, il se consacra pour l'essentiel à l'opéra en italien (plus de 40 partitions d'opera seria[7]), avant d'inventer et promouvoir l'oratorio en anglais dont il est un des maîtres incontestés[8].
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+ Son nom peut se trouver sous plusieurs graphies : son extrait de baptême en allemand, utilise la forme Händel, son nom s'écrit également Haendel (le « e » remplaçant l'umlaut — traduit par le tréma), et cette forme a été adoptée en français à la suite de Romain Rolland[9]. Après son installation en Angleterre, lui-même l'écrivait Handel sans tréma, manière quasi homophone retenue par les anglophones, et signait George Frideric Handel[10].
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+ Au XVIIe siècle on est le plus souvent musicien de père en fils. Rien de tel pour Haendel, seul musicien d'une famille originaire de Silésie et de confession luthérienne : son grand-père, Valentin, est né à Breslau en 1583 ; venu s'installer à Halle en 1609, il y exerce la profession de chaudronnier[11]. Le nom de la famille est alors orthographié de multiples façons, dont cinq attestées dans les registres de la Liebfrauenkirche (Église Notre-Dame) de Halle, soit : Händel, Hendel, Handeler, Hendeler, Hendtler — la première étant la plus courante[12].
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+ Valentin Händel étant mort en 1636, ses deux premiers fils reprennent son affaire ; le troisième, Georg (1622-1697), père du futur musicien, n'a alors que quatorze ans : il entre comme apprenti chez un chirurgien-barbier qui va décéder six ans plus tard, sans enfants. Sa veuve, âgée de 31 ans, épouse l'apprenti qui n'en a que 21, et lui donne six enfants. Leur mariage durera 40 ans, au cours desquels la compétence de Georg Händel est largement reconnue au point qu'il réussit à entrer au service de la famille du duc Auguste de Saxe-Weissenfels, administrateur de Halle en usufruit jusqu'à sa mort en 1680. À cette date, la cité revient sous l'autorité effective de l'Électeur de Brandebourg, comme prévu lors de la signature des traités de Westphalie en 1648[13]. Georg Händel est une personnalité importante de la cité, bourgeois aisé et de caractère austère ; il prend soin de se recommander au nouveau maître de la ville et parvient à se faire nommer médecin officiel des Électeurs de Brandebourg[13].
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+ Devenu veuf en 1682, il se remarie l'année suivante (23 avril 1683) avec Dorothea Taust (1651-1730), fille d'un pasteur, de près de trente ans sa cadette[14].
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+ Après un premier fils mort quelques jours après sa naissance[13], Georg Friedrich est leur second enfant, né le 23 février 1685. Il faut donc remarquer que celui qu'on va pendant toute sa vie désigner comme « Saxon » voit le jour en tant que sujet du margrave-électeur (et futur roi "en" Prusse) Frédéric III de Brandebourg. Il est baptisé dans la confession luthérienne dès le lendemain à la Liebfrauenkirche[15].
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+ Plus tard le suivent deux sœurs, Dorothea Sophia, née en 1687 et Johanna Christiana, née en 1690[15].
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+ Les faits et anecdotes concernant l'enfance de Haendel ont presque tous pour source la première biographie du musicien rédigée vers 1760 par John Mainwaring : ils sont toutefois à considérer avec précaution car entachés d'incohérences quant à leur chronologie[14].
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+ Haendel montre très tôt de remarquables dispositions pour la musique. Sa mère y est sensible, mais son père s'y oppose avec fermeté[14]. Il veut faire de son fils un juriste, meilleur moyen selon lui de poursuivre l'ascension sociale qui a été la sienne. Considérant la musique comme une activité de peu de valeur, il tente d'en détourner son fils en lui interdisant de toucher un instrument[14]. Le garçon, entêté, parviendra cependant à dissimuler un clavicorde au grenier et à continuer à en jouer, lorsque la famille se repose[16].
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+ L'opposition du père diminue à la suite d'une visite rendue à son ancien maître, le duc Jean-Adolphe Ier de Saxe-Weissenfels, à laquelle s'est joint le jeune Georg Friedrich. Ayant entendu ce dernier jouer de l'orgue à la chapelle ducale, le duc conseille au père de ne pas s'opposer à l'inclination et au talent de son fils, mais de le confier à un bon professeur de musique[17]. De retour à Halle, celui-ci peut donc bénéficier de l'enseignement de l'organiste de la Liebfrauenkirche, Friedrich Wilhelm Zachow, sans que soit abandonnée pour autant l'idée d'une carrière juridique[18].
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+
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+ Zachow est un esprit curieux, musicien de talent et ouvert aux diverses influences du temps[19]. Il lui donne une éducation musicale complète ; il lui apprend à jouer de plusieurs instruments : clavecin, orgue, violon, hautbois … et lui enseigne les bases théoriques de la composition musicale : harmonie, contrepoint, fugue, variation, formes musicales. L'apprentissage se fonde aussi sur l'étude des œuvres des maîtres, que l'élève recopie sur un cahier ; il se familiarise ainsi avec les principaux compositeurs de son temps, outre Zachow lui-même, Froberger, Kerll, Krieger et d'autres[20].
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+ Le jeune garçon se met très tôt à composer des œuvres instrumentales et vocales : la plupart de celles remontant aux années 1696 ou 1697 sont perdues, mais certaines sont conservées, tels les Drei Deutsche Arien, quelques cantates ou sonates[20].
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+ Âgé d'environ douze ans, il fait un séjour à Berlin, ce qui lui permet d'entrer en contact avec la cour de l'Électeur Frédéric III de Brandebourg, le futur roi en [sic] Prusse Frédéric Ier. La date exacte ainsi que les circonstances en restent très imprécises. Selon certains[21],[22], ce serait vers 1696. Pour d'autres, s'appuyant sur Mainwaring dont le témoignage est sujet à caution[23], ce pourrait être en 1697 ou 1698, année indiquée par Johann Mattheson. Les avis divergent aussi quant à savoir s'il est accompagné de son père (mort le 11 février 1697) ou si celui-ci est resté à Halle, attendant son retour, ce qui ne permet pas de lever l'incertitude. Des circonstances rapportées aussi par Mainwaring achèvent d'embrouiller les hypothèses, car elles aboutissent à des incohérences par rapport à d'autres sources connues et plus fiables : Haendel y aurait rencontré Giovanni Bononcini et Attilio Ariosti dont les séjours attestés par ailleurs à Berlin sont plus tardifs[23].
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+ En fait, il semble que Haendel ait entrepris en 1702, à l'âge de 17 ans, un deuxième voyage à Berlin, ville depuis laquelle était gouvernée Halle. C'est lors de ce deuxième voyage qu'il aurait rencontré Ariosti et Bononcini et joué devant le roi en [sic] Prusse[24].
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+ Toujours est-il qu'il fait grande impression à la Cour que l'Électrice Sophie-Charlotte anime d'une vie musicale intense[25]. Frédéric III lui proposera de le prendre à son service, après l'avoir envoyé se perfectionner en Italie, offre qui est déclinée par Haendel ; mais on ne sait pas si c'est à la prière du père (mort en 1697) et réclamant le retour de son fils, ou du fait de celui-ci. Les tenants de la première hypothèse, à la suite de Romain Rolland[26] affirment même que le garçon revient dans sa ville natale le 15 février 1697 pour y trouver son père décédé depuis quatre jours[25].
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+ Cinq ans après la mort de son père, respectant sa volonté, il s'inscrit le 10 février 1702 à l'université de Halle, afin d'y suivre des études juridiques. Il ne se fait cependant immatriculer dans aucune faculté, et ne restera étudiant que peu de temps[27]. Le 13 mars suivant, il est nommé organiste de la cathédrale calviniste de Halle (bien qu'il soit lui-même luthérien) en remplacement du titulaire, pour une période probatoire d'une année. Il s'assure ainsi l'indépendance financière, dans une fonction qu'il ne va cependant pas occuper au-delà de la période d'essai[28]. C'est pendant cette période qu'il se lie durablement avec Georg Philipp Telemann qui se rend à Leipzig et fait étape à Halle[29].
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+ Il demeure donc peu de temps à ce poste, ne renouvelant ni son contrat ni son inscription à l'université : au printemps ou à l'été 1703, il quitte Halle de façon définitive pour aller s'installer à Hambourg[30].
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46
+ La cité hanséatique grande et très prospère est alors le principal centre culturel et musical de l'Allemagne du Nord ; l'activité artistique y est intense et attire depuis longtemps nombre de musiciens, instrumentistes et compositeurs ; c'est ici qu'a été fondé dès 1678 le premier théâtre d'opéra allemand, l’Oper am Gänsemarkt. L'opéra allemand, alors à ses débuts, est sous l'influence dominante de l'opéra italien, particulièrement vénitien, les textes des livrets combinant de façon improbable textes italiens et allemands sur une musique de caractère cosmopolite[29].
47
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48
+ À l'époque où Haendel arrive, l'opéra est dominé par Reinhard Keiser, à la direction du Gänsemarktoper depuis 1697[31]. Haendel peut y trouver un poste de second violon puis de claveciniste, peut-être par l'entremise de Johann Mattheson, rencontré dès le 9 juillet à l'orgue de l'église Sainte Marie-Madeleine[32]. Ce dernier a quatre ans de plus qu'Haendel, mais il est déjà un musicien célèbre, ayant été engagé à l'opéra de Hambourg comme chanteur à l'âge de quinze ans[33]. Ils se lient d'amitié et Mattheson, introduit dans tous les milieux qui comptent à Hambourg — il devient même en novembre, précepteur chez l'ambassadeur d'Angleterre — y fait connaître son nouvel ami, Haendel. C'est en tout cas ce qu'il affirmera plus tard dans ses écrits[34].
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+
50
+ Les deux musiciens se portent une admiration mutuelle, et échangent connaissances, idées, conseils : Haendel est très fort à l'orgue, en fugue et contrepoint, en improvisation ; quant à Mattheson, il a plus d'expérience de la séduction mélodique et des effets dramatiques. Le 17 août, ils partent ensemble pour Lübeck afin d'y entendre et rencontrer Dietrich Buxtehude, le plus fameux organiste du temps, peut-être dans l'espoir d'y recueillir sa succession à la prestigieuse tribune de la Marienkirche ; mais la condition comme de tradition – qui a été satisfaite en son temps par Buxtehude lui-même – d'épouser la fille de l'organiste titulaire, ce qui ne tente aucun des deux jeunes gens (semblable aventure se reproduira dans deux ans pour Jean-Sébastien Bach venu ici dans la même intention)[34].
51
+
52
+ Les deux amis retournent à Hambourg où Haendel se familiarise jour après jour avec le monde de l'opéra[35]. Grâce à Mattheson, il trouve à donner des leçons de clavecin. Nombre de pièces pour cet instrument remonteraient à cette période hambourgeoise, comme de très nombreuses sonates[36] et les concertos pour hautbois[37]. On lui a attribuera longtemps une Johannis Passion (Passion selon Saint Jean) représentée le 17 février 1704, qui aurait été sa première œuvre importante[35],[38]. En fait, selon Winton Dean, elle serait due à Mattheson ou à Georg Böhm[34].
53
+
54
+ En décembre 1704, un incident l'oppose à Mattheson, qui aurait pu lui coûter la vie : lors d'une représentation de l'opéra Cleopatra de Mattheson dans lequel ce dernier tient lui-même le rôle d'Antoine, Haendel refuse de lui céder la place au clavecin après la mort, sur scène, du héros : l'affaire se termine par un duel au cours duquel l'épée de Mattheson le manque de très peu. Les deux hommes se réconcilient peu de temps après. De fait, les relations ne sont plus aussi bonnes qu'auparavant, car Haendel supporte de moins en moins l'air important, le ton protecteur de son ami[39]. De même avec Keiser, les relations sont devenues tendues[34].
55
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56
+ Il aborde l'opéra pour la première fois avec Almira (titre complet : Der in Krohnen erlangte Glücks-Wechsel oder Almira, Königin von Castilien) sur un livret de Friedrich Christian Feustking, dont la première a lieu le 8 janvier 1705. C'est une œuvre hybride à l'exemple de ce qui se fait à Hambourg : ouverture à la française, récitatifs en allemand, arias en allemand ou en italien[40], machinerie, danses, présence d'un personnage bouffon[41] ; la musique de Haendel, qui a peut-être été aidé par Mattheson[34] et bien qu'elle « manque encore de maturité »[37] lui assure un succès considérable (plus de vingt représentations) et la jalousie de Keiser. Le succès ne se renouvelle pas pour le deuxième opéra, Nero, présenté le 25 février 1705 et honoré de deux ou trois représentations seulement (la musique en est perdue)[37]. Keiser réplique à Haendel par la composition de deux opéras sur les mêmes intrigues : Almira et Octavia[42].
57
+
58
+ Les relations conflictuelles avec Keiser, la situation difficile de l'opéra, due à sa direction désordonnée et l'échec de Nero jouent probablement un rôle important dans la décision que prend Haendel de partir pour l'Italie, sur les conseils de Gian Gastone de' Medici, futur grand-duc de Toscane rencontré à Hambourg[42] (à moins qu'il ne s'agisse de son frère aîné Ferdinando[43]). Il a auparavant composé un dernier opéra, Florindo, dont la musique est presque entièrement perdue[41], et qui est représenté en 1708 après son départ, d'ailleurs scindé en deux (Florindo et Daphne) pour cause d'une longueur excessive[42].
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60
+ Les conditions et le trajet du voyage qui le mène en Italie ne sont pas connues (Mattheson indique qu'il aurait accompagné un certain von Binitz[44]). Quant au séjour italien lui-même, qui doit durer trois ans et qui est décisif dans l'évolution de son style et de sa carrière, les informations dont on dispose sont imprécises et lacunaires ; elles prêtent à de nombreuses interprétations ou suppositions contradictoires.
61
+
62
+ Il est probable – c'est ce qu'affirme Mainwaring – que sa première étape soit Florence où il arrive à l'automne 1706[43]. Une certaine déception est peut-être au rendez-vous, car le prince régnant, Cosme III, est de caractère austère et ne s'intéresse ni à l'art en général, ni à la musique en particulier ; quant au soutien obtenu du prince héritier Ferdinand, il reste mesuré. Haendel y fait cependant des rencontres intéressantes, comme celle d'Alessandro Scarlatti, alors présent au service de Ferdinand, et, peut-être, de Giacomo Antonio Perti : il entend probablement des opéras de ces deux compositeurs représentés au théâtre privé de Pratolino, comme Il gran Tamerlano de Scarlatti, ou Dionisio re di Portogallo de Perti[43]. À Florence il fait aussi très certainement connaissance d'Antonio Salvi, médecin et poète à la cour grand-ducale, dont il utilisera plus tard plusieurs livrets d'opéras. Datant de 1707, Rodrigo est le premier opéra de Haendel écrit pour la scène italienne, représenté probablement en novembre 1707 au Teatro Cocomero à la suite d'une commande de Ferdinand de Médicis, qui récompense Haendel en lui donnant 100 sequins et un service de porcelaine.
63
+
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+ Ce dernier y aurait aussi gagné les faveurs de la prima donna Vittoria Tarquini — l'une des seules liaisons féminines de Haendel rapportées par la tradition[43]. Il fera, semble-t-il, chaque année qui suit, d'autres séjours assez prolongés à Florence[45].
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+
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+ C'est à Rome que, probablement il passe la plus grande partie de son séjour en Italie, entrecoupé de voyages attestés ou probables à Naples, Venise, Florence... Il arrive à Rome en janvier 1707 comme en témoigne le journal d'un bourgeois de cette ville, en date du 14 janvier :
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+
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+ « Un Allemand vient d'arriver dans la ville, qui est un excellent joueur de clavecin et un compositeur. Aujourd'hui, il a fait montre de son talent en jouant de l'orgue à Saint-Jean-de-Latran à l'admiration de chacun[46]. »
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+ Bien que luthérien, Haendel ne tarde pas à avoir ses entrées auprès de personnalités influentes de la cité papale, notamment le marquis Francesco Ruspoli et au moins trois cardinaux : Benedetto Pamphili, Carlo Colonna et Pietro Ottoboni, fastueux mécène[47]. Au palais de ce dernier, comme dans le milieu prestigieux des lettrés de l'Académie d'Arcadie dont font partie certains de ses protecteurs, il fréquente de nombreux artistes et musiciens, parmi lesquels Arcangelo Corelli, Antonio Caldara, Alessandro Scarlatti et son fils Domenico, Bernardo Pasquini, probablement Agostino Steffani[48] ; son talent est apprécié et lui ouvre toutes les portes.
71
+
72
+ C'est au palais d'Ottoboni, à une date indéterminée, qu'il participe à une joute musicale l'opposant à Domenico Scarlatti, claveciniste éblouissant, qui a le même âge que lui. Si les deux musiciens sont jugés, peut-être, égaux au clavecin, Scarlatti lui-même reconnaît la supériorité de Haendel à l'orgue. Mais les deux jeunes gens resteront liés par une amitié et une considération mutuelle indéfectibles[49]. Dès avant mai 1707, il compose son premier oratorio, sur un livret du cardinal Pamphili : Il trionfo del Tempo e del Disinganno. Il est accueilli et engagé, de façon intermittente et assez informelle, par le marquis Ruspoli, qui le loge, pour composer des cantates séculières interprétées dans ses résidences de campagne de Cerveteri et de Vignanello. Il y fait la connaissance de chanteurs et musiciens qu'il retrouvera plus tard à Londres, notamment la soprano Margherita Durastanti[47].
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74
+ Le séjour romain est extrêmement fécond. Haendel compose de la musique religieuse : les psaumes Dixit Dominus (avril 1707), son premier grand chef-d'œuvre[50], Laudate Pueri Dominum, et Nisi Dominus (juillet 1707). On lui suggère d'ailleurs de passer au catholicisme, invitation qu'il décline avec politesse et fermeté[51]. Pour Ruspoli, il compose un grand oratorio dramatique, également considéré comme un de ses premiers chefs-d'œuvre, La Resurrezione, sur un livret de Carlo Sigismondo Capece. L'œuvre représentée les 8 et 9 avril 1708 dans un théâtre spécialement aménagé dans le palais du commanditaire est interprétée sous la direction de Corelli avec la participation de la Durastanti ; le succès est exceptionnel. Pour ses protecteurs ou les séances de l'Académie d'Arcadie, il compose un nombre considérable de cantates profanes (150 au dire de Mainwaring, et il en subsiste près de 120) ainsi que des sonates et autres musiques[49]. Pas d'opéra, cependant : ce genre est en effet prohibé à Rome depuis des années, par décision du pape Innocent XII[52].
75
+
76
+ Les bruits de guerre qui se rapprochent de Rome[f] sont peut-être la cause d'un séjour prolongé[g] à Naples à partir de mai ou juin 1708[53]. L'aristocratie locale le reçoit avec empressement et lui prodigue une fastueuse hospitalité[54]. Il compose notamment, pour un mariage ducal, la serenata à caractère festif Aci, Galatea e Polifemo[55] ; il est aussi introduit auprès du vice-roi de Naples, le cardinal Vincenzo Grimani, prélat, lettré et diplomate issu d'une grande famille vénitienne propriétaire dans la Cité des Doges du Teatro San Giovanni Grisostomo : ce dernier va composer pour lui le livret d'un opéra qu'il pourra donc représenter à Venise[56]. À Naples se noue aussi, peut-être, une idylle avec une énigmatique « Donna Laura »[56].
77
+
78
+ Peut-être est-il venu plusieurs fois à Venise : ce serait là qu'il aurait fait la connaissance de Domenico Scarlatti ainsi que de plusieurs musiciens de renom animant la vie musicale exceptionnelle de la cité, notamment Antonio Lotti, Francesco Gasparini, Tomaso Albinoni, peut-être Antonio Vivaldi[49] et de plusieurs personnages influents tels le prince Ernest-Auguste de Hanovre et le baron von Kielmansegg qui joueront un rôle important dans sa carrière[57].
79
+
80
+ En tous les cas, c'est le 26 décembre 1709 qu'il assiste à la première de son opéra Agrippina sur le livret que lui a écrit le cardinal Grimani et dans le Teatro San Giovanni Grisostomo que celui-ci met à disposition[49]. L'œuvre, représentée dans une distribution éclatante, recueille un succès immédiat et phénoménal au cours de 27 soirées – chiffre considérable à cette époque[58].
81
+
82
+ Le public enthousiaste fait un triomphe au caro Sassone (« Cher Saxon ») qui s'apprête maintenant à quitter l'Italie.
83
+
84
+ En effet, la renommée qu'il a acquise dans la péninsule, et particulièrement à Venise, que visitent tant de princes ou souverains étrangers attirés par son exceptionnelle animation culturelle, lui a certainement apporté des propositions intéressantes d'engagement à des postes prestigieux et notamment de l'Électeur de Hanovre, sur la recommandation d'Agostino Steffani sans doute appuyée par le prince Ernst-August et le baron von Kielmansegg qui ont assisté au triomphe d’Agrippina[57] ; peut-être encore de l'Électeur Palatin et de son épouse (une sœur de Ferdinand de Medicis), tous deux grands amateurs de musique[59]. Probablement aussi le comte de Manchester, ambassadeur de Grande-Bretagne, lui a-t-il évoqué toutes les opportunités qui pourraient s'offrir à Londres, ville devenue alors la plus peuplée d'Europe[60]. Il quitte l'Italie en février 1710, passe par Innsbruck où il décline une offre du gouverneur du Tyrol et revient en Allemagne[57].
85
+
86
+ Le séjour en Italie est donc déterminant à de nombreux titres : il a pu s'imprégner, à la source, de la musique italienne, de son environnement et de sa pratique, côtoyer et se mesurer aux musiciens les plus célèbres, lier connaissance avec nombre de chanteurs et chanteuses qu'il retrouvera plus tard, se constituer un vaste répertoire (vocal particulièrement) dans lequel il ne manquera pas de puiser par la suite et se faire une renommée auprès de grands personnages, mécènes potentiels influents[61].
87
+
88
+ Arrivé à Hanovre, il est nommé le 16 juin, maître de chapelle de l'Électeur, poste jusque-là occupé par Agostino Steffani, sur la chaude recommandation de ce dernier. Son salaire est important (1 000 thalers[62]) et il obtient l'avantage de pouvoir prendre aussitôt un congé d'un an pour se rendre à Londres[57]. Son trajet le fait passer à Halle, où il revoit sa mère et son maître Zachow, puis à Düsseldorf, où il est reçu avec faveur par l'Électeur Palatin et son épouse ; il quitte Düsseldorf en septembre pour Londres via les Pays-Bas[57].
89
+
90
+ À Londres, il ne tarde pas à être présenté à la reine Anne, et à y rencontrer de nombreux artistes, chez le marchand de charbon mélomane Thomas Britton[63], et à faire la connaissance de deux personnages importants dans le monde de l'opéra : l'auteur dramatique et directeur de théâtre Aaron Hill et son assistant, suisse immigré, Johann Jacob Heidegger.
91
+
92
+ Depuis la mort de Purcell en 1695, il n'y a plus de compositeur de premier plan en Angleterre et l'opéra anglais disparaît, laissant la place vers 1705 à l'opéra italien de facture ou d'interprétation souvent médiocre[64].
93
+
94
+ Aaron Hill a l'idée de monter un opéra avec l'aide de Haendel. Il en écrit le livret, le fait traduire en italien par Giacomo Rossi et Haendel compose la musique ; selon Mainwaring, en deux semaines[h],[63] : ce sera Rinaldo, tout premier opéra italien spécifiquement créé pour la scène anglaise, dont la première a lieu le 24 février 1711 dans une mise en scène luxueuse et avec une distribution de choix. Le succès est impressionnant, pendant 15 représentations jusqu'en juin[65]. L'année de congé étant écoulée, Haendel quitte Londres vers le début de juin, y laissant sa réputation assurée, et retourne à Hanovre en passant par Düsseldorf[66].
95
+
96
+ Revenu à Hanovre, il reste en contact avec les nombreuses relations qu'il s'est faites à Londres, et perfectionne son anglais[67]. Il fait en novembre un voyage à Halle, pour le baptême de sa nièce et future héritière, Johanna Friderica, en tant que parrain[66]. Il n'y a pas d'opéra à Hanovre, mais un bon orchestre ; il compose des duos, de la musique instrumentale, et s'ennuie probablement : il ne pense qu'à l'Angleterre, aux succès remportés auprès du public, de l'aristocratie et de la Cour ; à l'automne 1712, il obtient à nouveau la permission d'un second voyage à Londres, à la condition de s'engager à revenir dans un délai raisonnable[66].
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+
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+ En fait, ce nouveau départ se révélera définitif.
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+ De retour en Angleterre, il vit pendant un an chez un certain Mr Andrews, mélomane fortuné, à Barn Elms (Barnes) dans le Surrey, avant d'être hébergé, de 1713 à 1716 chez le comte de Burlington à Picadilly. Richard Burlington est un riche mécène chez lequel il rencontre de nombreux lettrés et artistes parmi lesquels Pope, Gay, Arbuthnot[68]. Il fait aussi à cette époque la connaissance d'une amie et admiratrice indéfectible, Mary Granville, devenue plus tard Mrs Delany puis Mrs Pendarves, qui, par sa correspondance, est un témoin appréciable de l'activité musicale de Haendel. Chez Burlington, sa vie est tranquille et régulière : il compose le matin, déjeune avec l'entourage de son hôte et l'après-midi, joue pour la compagnie ou fréquente des concerts[69].
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102
+ Dès le 22 novembre 1712, son opéra Il pastor fido est représenté au Queen's Theatre ; mais l'œuvre, qui semble avoir été composée à la « va-vite » avec de nombreux réemplois d'œuvres antérieures, est un échec[70]. C'est ensuite Teseo, représenté le 10 janvier 1713, qui a plus de succès, avec 12 reprises dans la saison, mais sans égaler celui de Rinaldo ; son livret est une adaptation par Nicola Francesco Haym de celui de Philippe Quinault pour le Thésée de Lully créé en 1675 : Teseo restera le seul opéra de Haendel comportant cinq actes selon la tradition de la tragédie lyrique française[71]. Il sera suivi de Silla, représenté (en privé) une seule fois, le 2 juin 1713, probablement à Burlington House.
103
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104
+ Pour le 6 février 1713, Haendel prévoit de donner à la Cour l' Ode for the Birthday of Queen Anne pour l'anniversaire de la reine, représentation qui n'a finalement pas lieu. En revanche le 7 juillet suivant, l' Utrecht Te Deum and Jubilate saluant la paix d'Utrecht est interprété à la cathédrale Saint Paul : Haendel s'assure une position officieuse de compositeur de la Cour et reçoit une pension annuelle de 200 £, rendant sa position délicate vis-à-vis de l'Électeur de Hanovre au service duquel il semble de moins en moins envisager de revenir[72].
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106
+ Cette « désertion » aurait pu lui porter préjudice : la reine Anne décède le Ier août 1714 et son successeur désigné n'est autre que son cousin l'Électeur de Hanovre, arrière-petit-fils de Jacques Ier. Différentes versions existent, du retour en grâce de Haendel auprès du nouveau roi d'Angleterre arrivé à Saint James le 20 septembre. L'une d'elles (rapportée par Mainwaring) veut que Haendel compose une suite pour orchestre, sur la suggestion du baron Kielmansegg, afin d'accompagner une promenade de George Ier sur la Tamise. Une autre (selon Hawkins), que Geminiani exige d'être accompagné au clavecin par Haendel pour l'interprétation, à la Cour, de plusieurs de ses sonates. Enfin Winton Dean estime qu'il est « peu probable que le roi lui ait jamais retiré ses faveurs »[73]. De fait, George Ier double la pension que lui a attribuée la reine Anne et celle-ci sera encore augmentée quand Haendel prendra en charge l'instruction musicale des princesses royales, filles du Prince de Galles[74].
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108
+ Renouant avec la tradition française de Teseo et avec la veine « magique » qui a si bien réussi à Rinaldo, il compose en 1715 Amadigi sur un livret, adapté par Nicola Francesco Haym, de Antoine Houdar de La Motte : Amadis de Grèce et en réutilisant un matériel musical important repris de Silla. Malgré un succès honorable, et pour diverses raisons, Haendel délaissera l'opéra pendant près de cinq ans[75].
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110
+ En 1716, il accompagne le souverain qui se rend à Hanovre. Il s'arrête à Halle, y visite sa mère et porte assistance à la veuve de Zachow (son ancien maître), puis à Ansbach où il retrouve un ancien condisciple, Johann Christoph Schmidt, qu'il convainc de le suivre et qui deviendra son secrétaire en Angleterre, sous le nom anglicisé de John Christopher Smith[76]. Le fils de ce dernier, portant le même prénom les rejoint également quelque temps après.
111
+ Il n'est pas oublié dans son pays natal, où ses opéras sont et continueront d'être montés, éventuellement adaptés, à Hambourg, Wolfenbüttel, Brunswick[77]...
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+ Il compose peut-être[78] pendant ce séjour en Allemagne la « Passion selon Brockes » sur un texte en allemand, déjà mise en musique par Keiser (1712) et Telemann (1716) et qui le sera aussi par Mattheson en 1718 et Bach en 1723 (!)[76]. L'œuvre ne sera donnée à Hambourg qu'en 1719 après son retour en Angleterre[76].
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+ C'est après ce retour, le 17 juillet 1717, qu'a lieu la célèbre et presque légendaire navigation nocturne sur la Tamise, entre Whitehall et Chelsea, du roi accompagné de ses courtisans, au son de la Water Music composée à cet effet. Le roi apprécie l'œuvre au point qu'elle est interprétée trois fois de suite[73] ; elle reste aujourd'hui l'une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires.
116
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+ Au cours de l'été, il s'attache au comte de Carnavon, futur duc de Chandos, richissime aristocrate et mécène fastueux, en tant que compositeur résident composant pour ses chanteurs et son orchestre privé, logeant probablement dans sa somptueuse résidence de Cannons[79]. Il y compose les Chandos Anthems, le masque Acis and Galatea, une première version de l'oratorio Esther, un Te Deum, des concertos grossos… Il y noue aussi des amitiés durables parmi les lettrés et intellectuels qui fréquentent la résidence. Il apprend pendant cette période heureuse la mort à Halle de sa sœur Dorothea Sophia (juillet 1718) et se serait rendu en Allemagne, si un projet majeur ne le retenait à Londres : la création d'une Royal Academy of Music, entreprise dédiée au montage d'opéras au King's Theatre, financée par souscription, à laquelle il doit collaborer[80].
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119
+ La Royal Academy of Music, créée à l'initiative d'aristocrates proches du pouvoir royal, est dirigée par Heidegger. Paolo Rolli en est le librettiste officiel et Haendel, le directeur musical : Haendel est ainsi chargé de se rendre sur le continent pour y engager les meilleurs chanteurs[80] et en particulier, à tout prix, le castrat Senesino[81]. Il se rend tout d'abord en Allemagne, passe par Dusseldorf et y rend visite à l'Électeur, puis à Halle. Averti de sa présence, Jean-Sébastien Bach vient de Köthen à Halle pour y faire sa connaissance, mais le manque de peu : Haendel est reparti pour Dresde, où il passe plusieurs mois ; il y retrouve Antonio Lotti et prend contact avec plusieurs de ses chanteurs (notamment Senesino et Margherita Durastanti) qui viendront plus tard à Londres[82].
120
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+ L'Académie ouvre le 2 avril 1720 avec la représentation du Numitore de Giovanni Porta avant Radamisto, composé par Haendel sur un livret adapté avec l'aide de Nicola Haym de L'amor tirannico de Domenico Lalli[83]. Haendel le dédie au roi George Ier[84], et la première a lieu le 27 avril avec grand succès, malgré une distribution « de fortune » : tous les chanteurs ne sont pas encore arrivés, ni Giovanni Bononcini qui doit participer à l'entreprise et sera un rude concurrent[85].
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+ Pour l'heure, Haendel obtient un privilège royal pour l'édition de ses œuvres, afin de protéger ses droits, celles-ci circulant largement en copies et donnant même lieu à des publications « pirates », notamment à Amsterdam par les successeurs d'Estienne Roger[86]. La publication de ses compositions lui apporte d'ailleurs des revenus opportuns, alors que ses économies ont fondu lors du krach consécutif à la spéculation sur la Compagnie des mers du Sud[87]. C'est ainsi qu'il confie en novembre 1720 à John Christopher Smith la publication de Huit suites pour le clavecin, premier recueil publié sous son autorité et soigneusement gravé par John Cluer. Et il précise dans la préface[88] :
124
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+ « I have been obliged to publish Some of the following Lessons, because Surrepticious and incorrect Copies of them had got Abroad. I have added several new ones to make the Work more usefull, which if it meets with a favourable Reception; I will Still proceed to publish more, reckoning it my duty, with my Small Talent, to ſerve a Nation from which I have receiv'd so Generous a Protection. »
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+ « J'ai été obligé de publier quelques-unes de suites de ce recueil, parce que des copies non autorisées et incorrectes avaient été publiées à l'étranger. J'en ai ajouté plusieurs nouvelles, pour rendre le volume plus utile ; s'il rencontre un accueil favorable, je procéderai à d'autres publications, considérant qu'il est de mon devoir de mettre mon faible talent au service d'une nation dont j'ai reçu une protection aussi généreuse. »
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+ Le projet d'autres recueils de pièces pour le clavecin supervisés par Haendel lui-même n'aura, cependant, pas de suite[89].
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+ La seconde saison de l'Academy s'ouvre le 19 novembre 1720 avec Astarto de Bononcini qui remporte un succès encore plus extraordinaire que Haendel, continue avec une seconde version, profondément remaniée, de Radamisto dans laquelle Senesino fait ses débuts londoniens ; elle présente également un pasticcio (Muzio Scevola) dont la musique est confiée à trois compositeurs différents : Filippo Amadei pour l'acte I, Bononcini pour l'acte II et Haendel pour l'acte III : par son ovation, le public reconnaît ce dernier vainqueur de cette sorte de « Jugement de Pâris »[90]. Mais Bononcini se pose maintenant en rival redoutable, avec son style plus léger[91] lui assurant nettement plus de représentations que Haendel[92].
132
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133
+ Une prééminence certaine de Bononcini continue de prévaloir pendant la troisième saison (1721-1722), avec la présentation de Crispo et de Griselda pendant un total de 34 soirées, quand Haendel n'en assure que 15 avec Floridante. À partir de cette saison, son style va évoluer, pour mieux affronter les mélodies plus simples et de mémorisation plus facile de son compétiteur[92]. La rivalité des deux compositeurs trouve son parallèle dans celle des factions qui les soutiennent, que le caractère entier et arrogant de Haendel comme les intrigues de Rolli et de Senesino ne contribuent pas à apaiser[92].
134
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135
+ Haendel prend le pas sur Bononcini pendant la saison suivante, particulièrement marquée par le succès d’Ottone. Avec cet opéra, qui connaîtra le plus grand nombre total de représentations pendant toute la durée de la Royal Academy et dans une moindre mesure avec Flavio, Haendel dépasse pour la première fois Bononcini en nombre de soirées, même si l'arrivée d'Attilio Ariosti change la donne : Coriolano, son premier opéra pour la scène londonienne, y rencontre un succès presque aussi grand que celui d’Ottone. En fin d'année 1722 se situe l'arrivée à Londres de la célèbre Francesca Cuzzoni, et au début de 1723 une célèbre altercation avec Haendel : comme elle refuse d'interpréter l'aria Falsa imagine de son rôle dans Ottone, le compositeur manque de peu de la défenestrer ; cet air assurera pourtant la célébrité de la Cuzzoni à Londres, sinon sa sympathie pour Haendel.
136
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137
+ Pendant les deux saisons suivantes, Haendel éclipse ses compétiteurs. C'est à cette époque (à l'été 1723) qu'il acquiert une maison sur Brook Street, demeure qui restera la sienne jusqu'à sa mort[93]. C'est aussi pendant cette période qu'il devient compositeur de la Chapelle Royale[93] ; d'ailleurs, dès avant août 1724, il enseigne la musique aux princesses royales[94].
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+ Au « sommet de son art »[95], il compose coup sur coup trois de ses plus grands chefs-d'œuvre : Giulio Cesare in Egitto (créé le 20 février 1724), Tamerlano (31 octobre 1724) et Rodelinda (13 février 1725), tous sur des livrets adaptés par Haym[96] (ces adaptations consistent le plus souvent à raccourcir les récitatifs, qui lassent les amateurs ne comprenant pas l'Italien, à supprimer ou rajouter des airs selon l'inspiration du musicien, la distribution des chanteurs engagés et leurs desiderata).
140
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141
+ Selon Winton Dean, ces trois opéras « surpassent de beaucoup l'œuvre de tous ses contemporains »[97].
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143
+ Cette année 1725, les directeurs invitent la célèbre Faustina Bordoni, qui n'arrivera à Londres qu'au printemps 1726 et se posera en rivale de la Cuzzoni.
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+ Un nouvel opéra, Alessandro, doit permettre de rassembler les deux prime donne rivales et Senesino dans le même ouvrage, mais dans l'attente de la Bordoni, Haendel interrompt son travail et compose en trois semaines[98] Scipione, présenté le 12 mars 1726 ; Alessandro est ensuite créé le 5 mai.
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+ La rivalité des deux femmes et des factions qui les soutiennent dégradent l'ambiance et l'extravagance des cachets payés aux artistes commencent à causer des difficultés financières à l'Academy, dont les souscripteurs sont de plus en plus mis à contribution, préparant une fin prévisible. Le 31 janvier 1727, Admeto pour lequel Haendel a ménagé des rôles d'importance égale pour les deux cantatrices remporte un énorme succès avec 19 représentations, suivies de 9 autres pendant la saison suivante[99].
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149
+ Le 6 juin de cette même année voit les deux cantatrices rivales en venir aux mains sur scène en présence de la Princesse de Galles lors d'une représentation de l' Astianatte de Bononcini : énorme scandale, qui ne fait que précipiter la fin de l'entreprise ; malgré la présentation de trois nouveaux opéras de Haendel : Riccardo Primo (11 novembre 1727), Siroe (17 février 1728) et Tolomeo (30 avril 1728), la saison 1727-1728 est la dernière de l'Academy. Elle ferme ses portes le 1er juin sur une ultime représentation d' Admeto[94].
150
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151
+ Malgré la « débandade »[100] de la Royal Academy of Music et le succès sans précédent du Beggar's Opera, satire écrite en réaction à la prééminence de l'opéra italien[94], la position de Haendel et sa réputation sont dorénavant fermement établies.
152
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+ En février 1727, Haendel sollicite et obtient la nationalité anglaise[93]. Le roi George Ier meurt le 11 juin suivant lors d'un voyage en Allemagne : c'est Haendel qui compose les grandioses Coronation Anthems pour le couronnement de son successeur, George II (l'une de ces antiennes, Zadok the Priest, est interprétée depuis lors pour chaque couronnement). Ses compositions sont connues et suivies à l'étranger, ses opéras régulièrement montés à Hambourg, à Brunswick...
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+ Repartant sur de nouvelles bases financières et d'organisation, Haendel et Heidegger poursuivent leur activité pour une durée initialement prévue pour cinq ans. Les directeurs de l'Académie leur cèdent le King's Theatre et leur prêtent les décors, costumes et machines encore utilisables[101].
156
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+ Aucune représentation n'a lieu en 1728-1729, mais Heidegger puis Haendel font tour à tour un voyage en Italie pour y embaucher de nouveaux chanteurs. Farinelli, un temps pressenti, n'est finalement pas engagé[102]. Haendel se rend au moins à Venise et à Rome, où il est invité par des cardinaux d'ancienne connaissance, peut-être à Milan, Florence[103], Sienne ou Naples[102]. Pour le cardinal Carlo Colonna qui lui en propose le texte, il compose le motet pour soprano Silete venti[104].
158
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+ Repassant par l'Allemagne sur le chemin du retour, il revoit Halle en juin, et pour la dernière fois, sa mère devenue aveugle et qui mourra l'année suivante (le 27 décembre 1730) ; une invitation à Leipzig chez Jean-Sébastien Bach lui est transmise par le fils de celui-ci, Wilhelm Friedemann, invitation à laquelle il ne se rend pas[101]. Continuant par Hanovre et peut-être Hambourg (toutefois sans y visiter Mattheson[105]), il est de retour à Londres fin juin 1729[101].
160
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+ Le premier opéra présenté par la nouvelle troupe de chanteurs constituée est Lotario, créé le 2 décembre, mais qui n'a pas de succès. Une amie de longue date de Haendel, Mrs Pendarves, analyse ainsi les causes de cet insuccès, l'imputant au manque de goût des spectateurs :
162
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163
+ « The present opera is disliked because it is too much studied, and they love nothing but minuets and ballads, in short The Beggar's Opera and Hurlothrumbo are only worthy of applause[106]. »
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+ « On n'aime pas cet opéra parce qu'il est trop savant ; les gens n'apprécient que les menuets et ballades ; en bref, pour eux, seuls le Beggar's Opera et Hurlothrumbo valent d'être applaudis.. »
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167
+ En outre, les spectateurs n'apprécient pas certains chanteurs, que ce soit pour leur voix ou leur jeu de scène, notamment le remplaçant de Senesino, Antonio Bernacchi, ou la basse Riemschneider qui « prononce l'italien à la teutonne » et qui « joue comme un cochon de lait »[107].
168
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169
+ Partenope, nouvel opéra d'un caractère tout différent, dont la première a lieu le 27 février n'est pas mieux reçu. Haendel y tente pourtant de renouveler le genre de l'opera seria, introduisant des chœurs, un trio et même un quatuor dans cette œuvre, sortant résolument de la catégorie de l'« opéra héroïque » qui a fait les beaux jours de la première Academy[107].
170
+
171
+ Ces déboires et les difficultés financières qui s'ensuivent rendent tendues les relations avec Heidegger, et la saison lyrique est sauvée par la reprise de succès antérieurs, notamment Giulio Cesare, et grâce à une subvention royale. Des chanteurs quittent la troupe, Riemschneider et Bernacchi, que remplacera la saison suivante Senesino, revenu à Londres sur l'instigation de Francis Colman, un ami de Haendel consul à Florence, et Owen Swiney, l'indélicat impresario qui avait emporté la caisse après les premières représentations de Teseo en 1713[108].
172
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173
+ En 1731 la seule création à l'opéra est Poro présenté le 2 février.
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+ Après Siroe, c'est le second opéra de Haendel fondé sur un livret de Métastase. Un librettiste non identifié a adapté pour Haendel le texte de Métastase, à cette époque le principal pourvoyeur de livrets d' opera seria de toute l'Italie. Poro est un succès, avec seize représentations puis quatre autres à la fin de l'année. Cette même année voit le piteux départ de Londres de l'ancien rival Giovanni Bononcini, confondu et ridiculisé dans une affaire de plagiat. La saison, avec des reprises, appréciées par le public, de plusieurs opéras antérieurs, s'achève donc de façon favorable[109].
175
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176
+ 1732 commence beaucoup moins bien : Ezio, également tiré de Métastase, est un des plus cuisants échecs de toute sa carrière[110] : présenté le 15 janvier, il n'aura que 5 soirées et ne sera jamais repris par le compositeur[111]. Sosarme, terminé le 4 février et présenté le 15, fait au contraire salle comble, capitalisant sur une réduction importante des récitatifs qui lassent facilement le public anglais[109].
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+
178
+ Cette année 1732 est marquée, le 23 février (jour de ses 47 ans), par la reprise du drame biblique Esther dans sa version
179
+ initiale datant de 1718, pour trois représentations privées : le succès rencontré suscite une représentation pirate qui pousse Haendel à réviser en profondeur la partition pour en faire un véritable oratorio (HWV 50b), dont la première exécution a lieu au King's Theatre à Haymarket le 2 mai 1732 et qui devient le prototype de l'oratorio anglais tel qu'il va en composer pendant le reste de sa carrière[112].
180
+
181
+ Un scénario analogue se produit la même année, avec une reprise non autorisée d'une œuvre datant de l'époque de Cannons : Acis and Galatea. Haendel riposte en composant une seconde version qui incorpore des airs de sa cantate italienne Aci, Galatea e Polifemo mais reste sourd aux appels de plusieurs de ses amis et admirateurs, parmi lesquels Aaron Hill, qui le pressent de ressusciter l'opéra en anglais délaissé depuis Purcell, tâche à laquelle plusieurs compositeurs rivaux mais moins talentueux s'attachent alors[113].
182
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183
+ Pour l'heure, Haendel prépare ce qui sera la dernière saison de la seconde Academy, et compose un de ses chefs-d'œuvre dans le domaine de l'opéra italien : Orlando, créé le 27 janvier 1733. Orlando renoue avec la veine de l'opéra « magique » qui avait fait le succès de Haendel aux débuts de son séjour en Angleterre (avec Rinaldo, Teseo et Amadigi), veine délaissée depuis de nombreuses années. L'opéra reçoit tout d'abord un accueil favorable, avec dix représentations, mais celles-ci s'arrêtent du fait de l'indisposition d'un chanteur. Le 17 mars, Haendel présente l'oratorio Deborah, pasticcio qui établit une sorte de record en matière d'emprunts à des œuvres antérieures et qui reçoit cependant un bon accueil du public. À cette époque, Haendel devient la cible de critiques tant sur le plan artistique que sur le plan politique, liées aux dissensions entre le roi — qui soutient Haendel — et son fils le prince de Galles, qui patronne la constitution d'une troupe rivale de la sienne : l'Opera of the Nobility (Opéra de la Noblesse) sera l'instrument des opposants à l'hégémonie de Haendel dans le domaine de l'opéra et débauche nombre de ses collaborateurs. Le 7 juin, Haendel achève la composition d'un nouvel oratorio en anglais, Athalia. La situation devient difficile et Senesino est bientôt congédié par Haendel[114] : c'est la fin de la seconde Academy lorsque Senesino fait un discours d'adieu au public le 9 juin. L'« Opéra de la Noblesse » organisé par le prince de Galles et quelques gentilshommes de son bord s'active à créer sa propre troupe en engageant les chanteurs de Haendel et en envoyant chercher en Italie la Cuzzoni, le célèbre castrat Farinelli et le compositeur Nicola Porpora.
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+ Se retrouvant seul, Haendel se rend en juillet à Oxford ou il reçoit un accueil enthousiaste et d'opportunes rentrées financières en y dirigeant plusieurs de ses compositions, y compris, le 10 juillet, son nouvel oratorio, Athalia, en première audition.
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+ Après son retour à Londres vers la fin de 1733, et malgré le succès de la nouvelle forme musicale de l'oratorio en anglais initiée avec Esther, Deborah et Athalia, Haendel va continuer à promouvoir l’opéra seria dont le public commence pourtant à se détourner. Il reconstitue, seul, une troupe de chanteurs avec notamment le castrat Giovanni Carestini et son ancienne prima donna Margherita Durastanti. Une rude concurrence va s'établir avec l'Opera of the Nobility dont le directeur musical est Nicola Porpora qui sera rejoint en octobre 1734 par Johann Adolph Hasse (lequel s'est tout d'abord enquis si Haendel était mort[115]...). Ce dernier ne l'est pas et ouvre la nouvelle saison avec un pasticcio, Semiramide riconosciuta sur un livret de Métastase avec des airs essentiellement de Vivaldi et ses propres récitatifs. Suivent des reprises d'anciens opéras et la création de Caio Fabricio, autre pasticcio. La concurrence s'exerce même sur des thèmes identiques : quand Porpora présente Arianna in Nasso, Haendel répond par Arianna in Creta, déjà prête depuis octobre 1733, un mois plus tard (26 janvier 1734) — les deux œuvres ont des succès analogues, avec dix-sept représentations chacune[116].
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+ La saison s'interrompt en mars du fait du mariage de la princesse Anne de Hanovre, fille de George II, avec le prince d'Orange. Haendel meuble cette pause par la présentation de la sérénade Il Parnasso in festa avant la reprise où est notamment présentée une nouvelle version d’Il pastor fido, largement revue de celle de 1712.
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+ En juillet, son ancien associé Johann Jacob Heidegger ne renouvelle pas son bail mais l'offre à la compagnie rivale : Haendel peut cependant trouver un arrangement avec une autre ancienne connaissance, John Rich dans son théâtre de Covent Garden pour terminer la saison avant d'aller en cure de repos aux thermes de Tunbridge Wells. Il ouvre la nouvelle saison avec une reprise d'Il pastor fido, cette fois précédé d'un prologue à la française, Terpsichore, qui met en scène la célèbre danseuse Marie Sallé venue de Paris.Du 12 août au 14 octobre 1734, il compose Ariodante avant de retourner à Londres pour une nouvelle saison opératique.
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+ Cette nouvelle saison est ouverte par la compagnie rivale, avec l’Artaserse de Hasse arrivé à Londres depuis peu, qui est représenté devant la famille royale le 29 octobre ; Haendel répond dès le 9 novembre par Il pastor fido dans une version remaniée avec son nouveau prologue, le ballet à la française Terpsichore ou paraissent la célèbre danseuse Mlle Sallé et sa troupe. Les difficultés financières s'estompent grâce à une nouvelle et dernière subvention royale, et au succès des publications par John Walsh de plusieurs partitions de toutes natures et parfois anciennes, incluant entre autres les concerti grossi de l'Opus 3. Ce sera ensuite la représentation du pasticcio Oreste (en), rapidement adapté de Terpsichore puis, d'une toute autre envergure, Ariodante, l'un des chefs-d'œuvre du compositeur[117] qui ne connaît pourtant qu'un modeste succès avec onze représentations. Ariodante marque les débuts de deux chanteurs prometteurs : la soprano Cecilia Young (en) et le ténor John Beard. Quelques semaines plus tard, après la première représentation à Londres d'Athalia et le départ précipité d'Angleterre de Mlle Sallé (apparue un peu trop au naturel dans Oreste...) , Haendel termine un autre chef-d'œuvre, créé le 16 avril 1635 et, celui-là, couronné de succès : Alcina connaîtra dix-huit représentations.
194
+
195
+ Cependant, Carestini, brouillé avec Haendel, le quitte définitivement. La santé de ce dernier pâtit des épreuves et il retourne pendant l'été prendre les eaux à Tunbridge Wells. À son retour, la décision semble prise de ne pas rouvrir de saison lyrique. Après une pause prolongée, il compose l'ode Alexander's Feast, terminée en très peu de temps et donnée en première audition le 19 février 1736. L'interprétation inclut celle de concertos, formule qui deviendra habituelle dans la présentation des futurs oratorios en anglais : elle permet à Haendel d'exploiter sa virtuosité, à l'orgue ou au clavecin. Alexander's Feast (titre alternatif : The Power of Music), chanté en anglais majoritairement par des chanteurs anglais, remporte un très grand succès, et permet de restaurer la situation financière du compositeur : le Daily Post rapporte en effet : « On n'avait jamais vu une audience aussi nombreuse et splendide dans un théâtre de Londres »[118]. À l'occasion du mariage du prince de Galles Frédéric, le fils aîné de George II, Haendel compose l'opéra pastoral Atalanta, un des deux seuls dans ce genre avec Il pastor fido. La création a lieu le 12 mai 1736 au théâtre de Covent Garden, suivi d'un spectaculaire feu d'artifice, le tout très apprécié par le prince et les spectateurs londoniens.
196
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197
+ Pendant l'été 1736, Haendel apprend le mariage de sa nièce et filleule Johanna Friederika ; ses activités l'empêchent de se rendre à Halle pour assiter à la cérémonie mais, malgré une situation financière très délicate, il lui fait envoyer une bague de grand prix. De mi-août à fin octobre, il mène de front la composition simultanée de deux nouveaux opéras : Arminio et Giustino ; les deux sont généralement considérés comme parmi les moins bons de toute sa production, effets cumulés probables de livrets d'une grande vacuité et de la fatigue physique et mentale du compositeur.
198
+
199
+ Mais celui-ci a pu reconstituer une troupe lyrique propre à contrer la présence de Farinelli dans la troupe rivale. Dès l'automne l'activité reprend, fébrile, débordante, et Haendel multiplie reprises d'anciens opéras, création des deux nouveaux - qui remportent très peu de succès - tout en achevant la compositions de Berenice qui ne fait guère mieux, et en se produisant lui-même à l'orgue dans les concertos en intermèdes pendant les oratorios. Ce surmenage insensé se répercute sur sa santé, pourtant solide : le 13 avril 1737, il se trouve paralysé du bras droit, incapable de diriger la création d'un nouveau pasticcio (Didone abbandonata). Autant que le physique, le mental est atteint[i]. Les quatre représentations de Berenice se font sans doute en son absence : le 15 juin marque la quatrième et dernière, ainsi que la dispersion de la troupe lyrique, dont les membres se séparent.
200
+
201
+ Le 11 juin, l'Opera of the Nobility terminait aussi sa saison, dans d'aussi mauvaises conditions ; Farinelli et Porpora quittaient l'Angleterre pour être remplacés, à l'automne, par des musiciens beaucoup moins brillants. Quant à Haendel, après une période d'abattement, ses amis le persuadent d'aller prendre les eaux à Aix-la-Chapelle. Il y part début septembre et fait la cure avec détermination ; le voilà bientôt guéri de façon quasi-miraculeuse[j], surprenant les religieuses d'un couvent voisin par son jeu à l'orgue. Il est de retour à Londres dès la fin octobre.
202
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203
+ Dès son retour à Londres, Haendel se remet au travail ; ayant repris contact avec Heidegger, il commence à composer l'opéra Faramondo, travail bientôt interrompu : le 20 novembre, la reine Caroline meurt. Elle a connu Haendel enfant à Berlin et a été pour lui un soutien fidèle ; ce décès le touche profondément ; il compose un Funeral Anthem en son hommage, dont l'interprétation le 17 décembre 1737 lors des funérailles à l'abbaye de Westminster avec le concours de plus de cent instrumentistes et quatre-vingts chanteurs issus de plusieurs formations royales, est unanimement jugée admirable. Il termine Faramondo le 24 décembre et commence la composition de Serse deux jours après.
204
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205
+ La première de Faramondo eut lieu le 3 janvier 1738, avec de nouveaux chanteurs, parmi lesquels Élisabeth Duparc dite La Francesina et le fameux (et insupportable) castrat Gaetano Caffarelli qui vient d'arriver d'Italie. Le succès ne se fut pas au rendez-vous, avec seulement huit représentations. Il en fut de même, en février pour le pasticcio Alessandro Severo.
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207
+ Cependant, Haendel restait très populaire, l'assistance à ses concerts étaient nombreuse et un admirateur, Jonathan Tyers, fit réaliser une statue en marbre blanc du compositeur, par le sculpteur Roubillac, afin de la dresser dans le parc de Vauxhall Gardens (honneur sans précédent pour un artiste vivant).
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+ Le 15 avril eut lieu au Haymarket Theater la première de Serse, terminé depuis plus d'un mois. L'opéra, d'un genre hybride associant le sérieux et le comique, à l'ancienne manière vénitienne, décontenança le public et n'eut que cinq représentations, bien qu'aujourd'hui considéré comme « le dernier chef d'œuvre italien de Haendel »[120]. Employant une dernière fois Caffarelli qui allait regagner bientôt l'Italie, il terminait la dernière saison complète d'opéra du compositeur. Au mois de juillet, le projet d'une prochaine saison ayant été abandonné, il commençait la composition d'un nouvel oratorio à sujet biblique sur un livret de Charles Jennens, Saul. Il n'est pas encore question de renoncer à l'opéra italien : dès le mois de septembre, Haendel commença l'écriture d' Imeneo qu'il interrompit bientôt (il devait n'en reprendre l'écriture qu'après de nombreux mois). Mais le mois d'octobre tout entier fut occupé à la composition de l'oratorio Israel in Egypt, œuvre chorale monumentale sans exemple. Concommitamment, pour étayer sa situation financière, coup sur coup furent annoncées par John Walsh la future publication des six concertos pour orgue de l'Opus 4 et des sept sonates en trio de l'Opus 5.
210
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211
+ Le 16 janvier 1739 eut lieu au King's Theatre de Haymarket la première interprétation, en concert, de Saül, dont le succès est rapporté par plusieurs témoignages. Saül fut suivi par une reprise d’Alexander's feast puis par la présentation d’Israel in Egypt qui, en revanche, ne fut pas appréciée du public : on trouva inconvenant de mettre en musique les termes mêmes de l'Écriture Sainte, dans l'enceinte d'un théâtre qui plus est ... par ailleurs, l'excès de chœurs au détriment d'airs solistes a pu décontenancer les auditeurs. Déçu par la réception mitigée de son oratorio en anglais, Haendel fit produire un pasticcio en italien, Jupiter in Argos, aussi vite oublié qu'assemblé. La fin de l'année fut marquée par la composition de deux ouvrages beaucoup plus marquants : d'une part les douze concertos grossos de l'Opus 6, du 29 au 30 octobre, d'autre part l'Ode for St. Cecilia's Day composée en neuf jours[121] sur un texte de John Dryden dont la première représentation eut lieu le 22 novembre 1739, jour de la fête de Sainte Cécile au Theatre in Lincoln's Inn Fields de Londres.
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+ Pendant l'hiver 1740, Londres connut un froid intense au point que les théâtres durent fermer pendant quelque temps. Haendel devait pourtant présenter une nouvelle œuvre pour la nouvelle saison. Ce fut L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, ouvrage hybride d'un genre inédit, tenant de l'oratorio, de l'ode ou de la cantate dont le texte, tiré de deux poèmes de John Milton, L'Allegro et Il Penseroso, auxquels Charles Jennens ajouta, à la demande du compositeur, Il Moderato, le tout arrangé par James Harris, autre ancienne relation fréquentée depuis Cannons. La première interprétation eut lieu le 27 février 1740 au Theater in Lincoln's Inn Fields, les affiches annonçant ce concert précisaient bien que la salle serait chauffée ; cette première fut suivie de quatre autres.
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+ John Walsh le publia pendant cette année 1740, de même que les concertos grossos de l'opus 6 et un recueil de concertos pour orgue dit Second set comprenant les concertos en fa majeur (HWV 295 - The Cuckoo and the Nightingale) et en la majeur (HWV 296) ainsi que des transcriptions pour clavier de quatre concertos de l'opus 6.
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+ Il reprend cette année-là la composition d'Imeneo, travail interrompu deux ans auparavant ; l'opéra fut créé le 22 novembre au Theatre in Lincoln's Inn Fields de Londres mais ne fut donné que deux fois. Ce fut l'avant dernier essai de Haendel dans le domaine de l'opéra italien avant Deidamia terminé le 20 novembre 1740, créé le 10 janvier 1741, qui ne connut que trois représentations et qui marque l'abandon définitif de la scène lyrique par Haendel qui se consacra dès lors entièrement, sauf rare exception, à celui de l'oratorio en anglais.
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+ Après l'échec de son ultime opéra, Haendel se contenta pendant plusieurs mois de reprendre en concert des compositions antérieures, d'ailleurs non sans succès, mais le ressort semblait manquer. Pourtant, il allait composer du 22 août au 14 septembre son œuvre la plus emblématique et qui pourrait suffire à sa gloire : l'oratorio Messiah, suivi de peu par un autre chef d'œuvre, Samson, terminé le 29 octobre.
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+ Quelques jours plus tard, déférant à l'invitation de William Cavendish, 3e duc de Devonshire, alors Lord lieutenant d'Irlande, il partait de Londres pour se rendre à Dublin. Le voyage fut assez long, du fait de vents contraires au port de Holyhead et Haendel, après un séjour forcé à Chester parvint à Dublin le 18 novembre 1741, et y fut reçu avec tous les égards. Très vite, des concerts furent organisés - le tout premier au bénéfice d'une institution caritative, le Mercer's Hospital (en) - au cours desquels il put faire entendre plusieurs de ses œuvres : Te Deum d'Utrecht, L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, Acis and Galatea, l’Ode for St. Cecilia's Day, Esther, toujours fort appréciées par le public irlandais.
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+ Dorénavant, il consacra sa production lyrique à l'oratorio et écrivit coup sur coup Le Messie (en anglais Messiah, un de ses plus grands chefs-d'oeuvre), en août-septembre, et Samson en octobre[122], puis il se rendit, sur l'invitation du lord lieutenant d'Irlande, à Dublin où il séjourna pendant plusieurs mois, jusqu'en août 1742 et où ses œuvres eurent de très grands succès.
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227
+ De retour à Londres, il subit une seconde attaque de paralysie dont il se remit à nouveau. Il continua à composer de nombreux chefs-d'œuvre, dans le domaine de l'oratorio comme dans celui de la musique instrumentale. La Musique pour les feux d'artifice royaux (Music for the Royal Fireworks) est l'une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires. Composée en 1749 pour célébrer le traité de paix mettant fin à la guerre de Succession d'Autriche, cette musique fastueuse est emblématique de l'art de Haendel. Elle se situe dans la tradition de l'école versaillaise de Jean-Baptiste Lully, Delalande, Mouret, Philidor et en constitue comme le couronnement par son caractère grandiose et solennel particulièrement adapté à l'exécution en plein air. Les dernières œuvres furent, à nouveau, des oratorios comme Jephtha (1751), mais la santé du musicien déclinait malgré les cures thermales. Il subit de nouvelles attaques paralysantes et devint aveugle « malgré l'intervention manquée de deux célèbres praticiens de l'époque, dont John Taylor »[122]. Il continua malgré tout à s'intéresser à la vie musicale, et mourut le 14 avril 1759, jour du Samedi-Saint. Ses obsèques se déroulèrent devant 3 000 personnes. Il fut enterré à l'abbaye de Westminster, selon son désir.
228
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229
+ À la mort de Haendel, sa fortune était évaluée à 20 000 £, somme considérable pour l'époque. Ne s'étant jamais marié, n'ayant donc pas eu de descendance, c'est sa nièce demeurée en Allemagne qui hérita en grande partie de sa fortune. Néanmoins, il en légua une partie à des amis, ainsi qu'à des œuvres de bienfaisance.
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+ Sa production est très importante dans tous les genres pratiqués de son temps, et son catalogue (HWV pour Händel-Werke-Verzeichnis) comprend plus de 600 numéros, ce qui n'est pas très significatif, car :
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+ Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un ensemble considérable. Quelques œuvres particulièrement marquantes :
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+ ou 3 abril 1719[124]
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+ Entre Almira (1705) et Deidamia (1741), soit la plus grande partie de sa carrière, Haendel a composé plus de quarante opéras[k] : cette partie de son œuvre est donc prépondérante en volume et a constitué l'essentiel de son activité pendant plusieurs décennies, d'autant que nombre d'entre eux ont subi des remaniements parfois très profonds lors de reprises ultérieures. Il a également assemblé, particulièrement dans les années 1730, de nombreux pasticcios : toute cette production a été largement oubliée pendant plus de cent cinquante ans et progressivement exhumée à partir des années 1920. Au début de cette renaissance, l'esthétique du XVIIIe siècle était complètement à redécouvrir et les opéras remis en scène subissaient de nombreuses adaptations censées les mettre à la portée du spectateur : transposition des tessitures, traductions, coupures ou élimination de récitatifs. Aujourd'hui, tous les opéras de Haendel bénéficient d'une remise à l'honneur, par des représentations dans les grandes salles d'opéra et par de nombreux enregistrements dans des conditions de restitution qui cherchent plus d'authenticité. Une dizaine d'entre eux ont retrouvé leur place dans le grand répertoire, parmi lesquels il faut citer au moins Agrippina, Rinaldo, Giulio Cesare, Tamerlano, Rodelinda, Orlando, Ariodante, Alcina et Serse[125].
238
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239
+ Les opéras de Haendel se situent dans la tradition italienne du dramma per musica, mais le compositeur ne se laisse jamais enfermer dans une forme stricte, et tente maintes expériences sortant de l'alternance contraignante de recitativo secco et d’arie da capo qui caractérise si souvent l'opera seria. Il n'hésite pas, lorsque c'est nécessaire, à introduire duos, trios et même, une fois, quatuor. Il recherche la caractérisation dramatique et adapte la musique aux nécessités de celle-ci. C'est ainsi qu'il utilise, dans certains moments de particulière tension psychologique, le recitativo accompagnato : c'est par exemple César méditant devant les restes de Pompée sur les vanités de ce monde. Il innove aussi par l'introduction d'une séquence musicale qu'on a nommée « scena », succession presque rhapsodique d'aria, d'accompagnato, d'arioso, de musique instrumentale marquant souvent l'apogée dramatique de l'œuvre : ainsi des scènes de la mort de Bajazet (Tamerlano) ou de la folie de Roland (Orlando).
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241
+ Au cours du temps, son style évolua sans jamais rompre avec cette tradition. Ainsi, il introduisit un récitatif accompagné (par exemple dans Orlando) pour mieux renforcer l'expression d'un sentiment particulier. Parfois aussi, il terminait une aria sur la seconde partie sans reprendre au da capo mais en enchaînant immédiatement sur un récitatif.
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+ Rinaldo, premier drame lyrique italien expressément composé pour la scène londonienne en 1711 déploie une richesse et une inventivité exceptionnelles[126]. Le livret, adapté du Tasse par le directeur du théâtre, met en scène des furies, des sirènes, des parades et combats militaires sous forme de pantomimes, des dragons crachant du feu. La musique de Haendel enthousiasma tous les publics. Le chœur des sirènes du deuxième acte Il vostro maggio devint dès 1712 la marche des Life Guards. Le roi George Ier, partageant l'engouement de ses soldats, revint trois fois. Peu après, le guignol de Covent Garden donna des spectacles de marionnettes avec de nouvelles scènes imitées de l'opéra italien de Haendel[127].
244
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245
+ En dehors des airs de soliste, il composa aussi des duos, de rares trios et un seul quatuor. Au début, Haendel n'écrivit de parties chorales que pour la fin de l'opéra : elles y sont chantées par les protagonistes. C'est seulement en 1735 qu'il semble avoir composé un chœur autonome. La même année, il écrivit des ballets pour les opéras Alcina et Ariodante représentés à Covent Garden, car il avait alors à sa disposition un corps de ballet.
246
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247
+ Les ouvertures ont une structure « à la française » mise au point par Lully. Les livrets suivent très souvent la tradition vénitienne. En dépit de la grande popularité de son contemporain Pietro Metastasio — dont les livrets furent souvent mis en musique par plusieurs compositeurs successifs — il ne fit appel à cet auteur que trois fois pour ses propres opéras.
248
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249
+ Luthérien comme Jean-Sébastien Bach, Haendel a été en contact avec plusieurs traditions cultuelles chrétiennes : catholicisme en Italie, anglicanisme en Angleterre. Il s'y adaptait facilement, et son sentiment religieux ne se dément pas, pendant toute sa longue carrière.
250
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251
+ La musique religieuse de Haendel comprend quelques œuvres en allemand (Passion selon Brockes), des psaumes en latin, les pièces mises en musique sur des paroles en italien et les œuvres sur des textes en anglais.
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+ Parmi les compositions sur des textes en latin, on distingue tout particulièrement Dixit dominus, Laudate pueri, Nisi dominus et le motet Silete venti.
254
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+ Les premières pièces des débuts à Londres sont d'un caractère intimiste lié à la modestie des moyens d'interprétation dont disposait le compositeur : ainsi des Chandos Anthems. Les autres œuvres religieuses de la période londonienne ont été écrites en général pour la « Chapel Royal » pour des occasions particulières ou officielles. Le Te Deum et Jubilate d'Utrecht, composé pour célébrer la conclusion de la paix d'Utrecht est fortement influencé par le style de Purcell.
256
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257
+ Parmi les quatre Coronation Anthems de 1727, celui intitulé Zadok the Priest a toujours été joué, depuis le temps de Haendel, à l'occasion des cérémonies du couronnement royal, la dernière fois en 1953 pour la reine Élisabeth II.
258
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259
+ Haendel composa en 1737, à l'occasion des funérailles de la reine Caroline, qui avait été pour lui une amie proche, The ways of Zion do mourn. Il en réutilisa la musique, en la transformant complètement dans l'oratorio Israel in Egypt. Ce fut lui qui créa l'oratorio en anglais, forme musicale à laquelle il consacra toute la dernière partie de sa vie. Elle lui permit tout à la fois d'exprimer son sentiment religieux et de composer la musique qu'il aimait, si proche de celle de l'opéra. « Capable de se confronter à tous les genres : opéra, motet, anthem, cantate, concerto, il créa de toutes pièces l'oratorio anglais, enrichissant les modèles italiens de chœurs et de formes inédites nées d'une conception dramatique personnelle[128]. »
260
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261
+ Le Messie reste son œuvre la plus connue, interprétée de façon continue en Grande-Bretagne, depuis l'époque de Haendel : la tradition de se lever lorsque résonnent les premières notes du grand chœur Alléluia se perpétue depuis lors.
262
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263
+ « Il est paradoxal seulement en apparence que deux des trois oratorios [de Haendel] sur textes sacrés […] soient devenus célèbres au point de masquer le reste de son œuvre. Le texte biblique, en effet, induit un ton narratif, contemplatif ou épique, dévolu de préférence au personnage collectif du peuple de Dieu, fort différent de celui des trames dramatiques centrées sur de fortes individualités élaborées par les librettistes des autres oratorios. […]. Israël en Égypte et Le Messie étaient donc en leur temps tournés vers le futur, annonçant le goût du colossal qui prévaudra au siècle suivant ». Ce goût « si éloigné de la fusion baroque entre le religieux et le théâtral »[129].
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267
+ Haendel composa d'autres oratorios sur des thèmes religieux : Solomon (Salomon), Saül, Samson, Joshua (Josué), Belshazzar, Jephtha (Jephté), Judas Maccabæus (Judas Maccabée), Theodora, etc.
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269
+ La plupart des compositions orchestrales de Haendel font partie d'opéras et d'oratorios : il s'agit des ouvertures et des intermèdes.
270
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271
+ Parmi les œuvres indépendantes pour orchestre, on trouve les six concertos pour hautbois de l'opus 3, édités en 1734, mais d'une composition antérieure et écrits pour différentes occasions, ainsi que les douze concertos grossos de l'opus 6 de 1739, dans la tradition de Corelli, la structure étant celle de la sonate d'église, mais Haendel a son style personnel, particulièrement dans l'alternance du concertino et du tutti.
272
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273
+ Ses concertos pour orgue et orchestre n'ont pas d'exemple antérieur : il créa ce genre qui fit quelques émules (par exemple chez le français Michel Corrette). Ces concertos, avec les concertos pour un ou plusieurs clavecins de Bach, sont les premiers concertos de soliste écrits pour instruments à clavier(s). Haendel en jouait la partie soliste pendant les intermèdes de ses opéras, sur l'orgue positif dont il pouvait disposer au théâtre : il n'y a pas, en principe, de voix au pédalier (ils peuvent donc tout aussi bien être joués au clavecin).
274
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276
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+ Six sonates en trio (opus 2) furent publiées en 1733, cependant leur composition s'étend sur de nombreuses années, et les premières remontent peut-être à 1703. Mais il est difficile d'avancer une datation exacte de ces sonates. Selon Jean-François Labie, qui situe leur composition avant 1710, lors du séjour de Haendel à Rome[130], elles doivent beaucoup à la musique italienne de Corelli qu'Haendel aurait étudiée avec soin. Ce sont des sonate da chiesa de forme stricte, à quatre mouvements : lent, vif, lent, vif, les solos de violons s'ouvrant tous par un mouvement lent[131]. Il faut remarquer que les solos pour violons sont techniquement plus difficiles que ceux pour flûte et hautbois quoique leur style soit identique[131].
278
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279
+ Sept autres sonates (opus 5) furent publiées en 1739. Elles possèdent cinq ou six mouvements, parmi lesquels des danses telles que la sarabande ou la gavotte. Ce sont donc des œuvres hybrides entre sonate et suite. De même forme sont les dix sonates solistes de l'opus 1 qui furent écrites entre 1712 et 1726 et éditées en 1732.
280
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281
+ Les compositions de Haendel pour le clavecin sont extrêmement nombreuses et ont été écrites principalement comme pièces didactiques ou de circonstance. Les plus importantes, en ce qu'elles ont été publiées sous le contrôle du compositeur lui-même, sont les huit suites HWV 426-433 de 1720 ; ceci les différencie d'un second recueil publié en 1730 à Amsterdam, sans son agrément (HWV 434-438). Toutes ces pièces ont en commun, d'une part d'avoir été composées certainement pendant sa jeunesse — mais la datation en est conjecturale — et peut-être pour certaines d'entre elles, pendant son séjour à Hambourg, d'autre part de ne guère respecter la structure traditionnelle de la suite[132].
282
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283
+ Du temps de Haendel, la musique de chambre comprenait aussi bien des œuvres purement instrumentales que des œuvres vocales. Nombreuses sont les cantates profanes pour petit effectif qu'il a composées : plus de soixante cantates pour soliste avec basse continue qui consistent en airs et récitatifs alternés à la façon d'Alessandro Scarlatti. Il faut y ajouter plus de dix cantates avec instruments solistes. La plupart de ces cantates profanes datent du séjour romain de Haendel, lorsqu'il fréquentait Alessandro Scarlatti, Arcangelo Corelli, Bernardo Pasquini, à l'Académie d'Arcadie. Les neuf airs allemands pour voix soliste, instruments et basse continue datent de 1709.
284
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285
+ Haendel composa vingt-et-un duos avec basse continue. Deux d'entre eux datent probablement de 1722 ; les autres ont été composés par tiers en Italie, à Hanovre ou à Londres, dans les années 1740. Leur structure diffère profondément de celle des cantates en solo, car il n'y a ni récitatif, ni aria da capo : l'accent est mis sur l'aspect contrapuntique de l'arrangement des voix. Elles suivent l'exemple de compositions similaires par Agostino Steffani.
286
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287
+ Comme beaucoup de ses contemporains, Haendel fut un compositeur extrêmement fécond. Il produisit dans à peu près tous les genres pratiqués à son époque des œuvres d'importance majeure, que ce soit en musique instrumentale ou vocale. Dans ce dernier domaine, il produisit peu d'œuvres dans sa langue allemande maternelle, mais il rivalisa, en italien, avec les spécialistes italiens de la cantate et de l'opéra et il fut, en anglais, le premier successeur et rival digne de Henry Purcell.
288
+
289
+ Son style allie l'invention mélodique, la verve et la souplesse d'inspiration des Italiens, la majesté et l'amplitude des thèmes du Grand Siècle français, le sens de l'organisation et du contrepoint des Allemands.
290
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291
+ Un trait distinctif est le dynamisme qui émane de cette musique : « Haendel travaillait vite […] il composa Theodora en cinq semaines, le Messie en vingt quatre jours et Tamerlano en vingt jours »[122].
292
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293
+ L'importance de sa production va de pair, comme chez beaucoup de ses contemporains tels que Bach, Telemann, Rameau, avec une réutilisation fréquente de ses thèmes les plus réussis, qu'il n'est pas rare de retrouver parfois à l'identique dans plusieurs œuvres, éventuellement transcrits ou transposés[133]. Le même thème peut passer d'une sonate en trio à un concerto grosso, à un concerto pour orgue, à une cantate. Il n'hésitait pas, par ailleurs, à utiliser des thèmes d'autres compositeurs tels que François Couperin, Georg Muffat, Johann Kuhnau, Johann Kaspar Kerll entre autres. Cette pratique courante à cette époque était également utilisée par Bach.« Comme de coutume à son époque […] il ne fut pas créateur de formes ni de genres, mais il reprit ceux légués par ses prédécesseurs en les élargissant considérablement tant sur le plan structural qu'expressif, en les portant à un degré de perfection et d'universalité inconnu avant lui[134]. » Multiples versions des mêmes œuvres, sources contradictoires, pillage par d'autres musiciens, éditions pirates faites sans l'aval et la révision du compositeur, rendent difficile le travail du musicologue ; surtout lorsque la quantité des pièces qui ressortent d'une catégorie (cantates Italiennes, pièces isolées pour le clavecin…) est si importante. Seuls sept recueils de pièces instrumentales portent un numéro d'opus.
294
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295
+ Bien que maîtrisant parfaitement le contrepoint, ses avancées en ce domaine ne sont en rien comparables à celles de Johann Sebastian Bach. Usant de la langue de son temps, comme lui, Haendel se montre moins révolutionnaire qu'évolutionnaire[122].
296
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297
+ En fait, si les deux hommes, exacts contemporains issus de la même région d'Allemagne, représentent ensemble un apogée de la musique baroque européenne, ils divergent radicalement sur de nombreux points : Bach, marié deux fois, engendra plus de vingt enfants, dont quatre musiciens doués, quand Haendel vécut célibataire jusqu'à la mort ; le cantor de Leipzig ne quitta quasi jamais sa région d'origine, pendant qu'Haendel sillonnait l'Europe ; Bach était chez lui dans la musique religieuse (oratorios, messes, motets et cantates...), alors que Haendel composait surtout de la musique profane (ses très nombreux opéras même si lui aussi composa largement de la musique religieuse). Bach resta relativement ignoré de son vivant et presque oublié quelque temps (ses fils assurèrent malgré tout la survie de son œuvre et sa diffusion, au moins au niveau régional) : « Bach ne devait pas avoir d'héritier musical direct. Sa synthèse ne pouvait intervenir qu'entre 1700 et 1750. L'évolution de l'esthétique musicale la rendait impossible ultérieurement, et, déjà à la fin de sa vie, Bach se trouva incompris et « dépassé » aux yeux de ses contemporains[134] », alors que Haendel connut les plus grands succès, avant et après sa disparition, ce que l'on peut expliquer par le style, très différent, entre les deux génies. Bach conservant une grande métrique dans ses œuvres, tandis qu'Haendel accordait une plus grande part à l'imagination et à la mélodie. Parti pris qui survivra et dominera largement la période de la musique romantique, jusqu'à nos jours où, de manière générale, on considère que la plus grande part de l'écriture et de l'interprétation musicales doivent être consacrées à l'émotion.
298
+
299
+ Ces deux grands musiciens se connaissaient par leur musique et leur réputation respectives ; ils faisaient tous deux partie de la même société savante et avaient de nombreuses relations communes. Il faut certainement interpréter le fait que Haendel ne se soit jamais dérangé pour rencontrer Bach – alors qu'il hésitait si peu à voyager et à rencontrer tous ses collègues – soit par le sentiment de ne pas être à la hauteur, soit par celui de leur incommunicabilité réciproque.
300
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301
+ De son vivant, Haendel connut un important succès en Italie et en Grande-Bretagne, mais aussi en France, où certaines de ses œuvres instrumentales ont été entendues au Concert Spirituel.
302
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303
+ Après sa mort, ses opéras tombèrent dans l'oubli, tandis que sa musique sacrée continuait de rencontrer un certain succès, surtout en Grande-Bretagne. Cela s'est traduit notamment par la permanence du compositeur, formant ce que les musicologues appellent le développement du classicisme. Haendel faisait partie des compositeurs interprétés dans les Concerts of Ancient Music.
304
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305
+ Beethoven de son côté admirait Haendel : « C'est le plus grand compositeur qui ait jamais existé ; je voudrais m'agenouiller sur sa tombe[122]. » Il étudia Haendel durant sa dernière période créatrice et, quelque temps avant sa mort, se fit offrir une édition complète de ses œuvres et projetait d'écrire des oratorios dans le style de celui-ci. L'ouverture La Consécration de la maison (1822), contemporaine de la Neuvième symphonie, fut une tentative du genre.
306
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307
+ Brahms a composé 25 variations et une fugue sur un thème de Haendel.
308
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309
+ Au XIXe siècle, Haendel fut surtout apprécié pour son œuvre religieuse tant en France qu'en Grande-Bretagne. À Paris, Choron contribua pour beaucoup à le mettre à l'affiche des concerts[135]. L'œuvre de Haendel est particulièrement appréciée parce qu'elle met en valeur les chœurs professionnels et les chorales d'amateurs, d'où la célébrité de l’Alléluia du Messie. Ses compositions tels les concertos pour orgue, Music for the Royal Fireworks et Water Music sont souvent interprétés à l'occasion de concerts dans la Chapelle du château de Versailles[136].
310
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311
+ À partir des années 1960, le reste de son œuvre est redécouvert, en particulier ses opéras. Haendel bénéficia pleinement du renouveau récent de l'intérêt pour la musique baroque. Plusieurs de ses opéras sont à nouveau montés et enregistrés. Dès lors, la musique instrumentale (solistique et chambristique) et la musique vocale profane de Haendel sortent également de l'oubli et il devient l'un des compositeurs les plus joués au monde sur les scènes lyriques[l],[137].
312
+
313
+ Haendel a été représenté par de nombreux peintres et sculpteurs : Balthasar Denner, William Hogarth, Thomas Hudson, Louis François Roubillac, ainsi que par Joseph Goupy, qui fut l'un de ses peintres scénographes[138], Jules Salmson, Georges Gimel.
314
+
315
+ « Haendel est notre maître à tous. »
316
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317
+ — Joseph Haydn[122]
318
+
319
+ « Je suis en train de me faire une collection des fugues de Haendel. »
320
+
321
+ — Wolfgang Amadeus Mozart[122]
322
+
323
+ « Voici la Vérité ! »
324
+
325
+ — Ludwig van Beethoven, montrant l'édition complète des œuvres de Haendel qu'il venait de recevoir.
326
+
327
+ « Haendel est le plus grand, le plus solide compositeur ; de lui, je puis encore apprendre ! »
328
+
329
+ — Ludwig van Beethoven
330
+
331
+ « Je voudrais m'agenouiller sur sa tombe. »
332
+
333
+ — Ludwig van Beethoven[122]
334
+
335
+ « Les odes et autres poésies de circonstances plus médiocres les unes que les autres vont pleuvoir de partout dans les mois qui suivent la mort du musicien. Les recenser n'est guère utile. Elles n'ont d'intérêt que dans la mesure où elles permettent de sentir ce que le nom de Haendel avait fini par représenter pour les Anglais. Seul le silence convient quand se tait la grande voix qui a si souvent et si bien chanté Amen et Alléluia. »
336
+
337
+ — Jean-François Labie[139]
338
+
339
+ « Israël en Égypte est mon idéal de l'œuvre chorale. »
340
+
341
+ — Robert Schumann.
342
+
343
+ « Haendel est grand comme le monde. »
344
+
345
+ — Franz Liszt[122]
346
+
347
+ Le Hallelujah du Messie a été utilisé par Luis Buñuel dans son film Viridiana (1961), lors de la fameuse scène du banquet des mendiants, parodie de la cène. Il a aussi été utilisé dans une version jazz par Quincy Jones dans l'ouverture du film Bob and Carol and Ted and Alice (1969) du réalisateur Paul Mazursky.
348
+
349
+ La Sarabande de Haendel est largement utilisée comme thème principal de la musique du film de Stanley Kubrick, Barry Lyndon (1975), souvent comme accompagnatrice voire annonciatrice de malheurs sur le parcours du héros (Oscar de la meilleure musique de film 1976).
350
+
351
+ Hayao Miyazaki et Joe Hisaishi l'utilisèrent également lors d'un moment crucial de Nausicaä de la vallée du vent (1984), lorsque l'héroïne atteint un statut quasi-messianique.
352
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353
+ Dans Les Liaisons dangereuses (1988) de Stephen Frears, adaptation cinématographique du célèbre roman épistolaire éponyme de Pierre Choderlos de Laclos, on entend le « Ombra mai fù » de l'opéra Serse ainsi qu'un extrait du Concerto pour orgue no 13, HWV 295.
354
+
355
+ L'air « Lascia ch'io pianga » tiré de Rinaldo a été utilisé au moins trois fois dans le cinéma : dans Farinelli de Gérard Corbiau (1994) dans lequel Haendel est interprété par Jeroen Krabbé, Everything is fine de Bo Widerberg (1997) et Antichrist de Lars von Trier (2009).
356
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357
+ En astronomie, sont nommés en son honneur (3826) Handel, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes[140], et Handel, un cratère de la planète Mercure[141].
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+ La Géorgie (en anglais : Georgia, /ˈdʒɔɹ.dʒə/[2]) est un État du Sud des États-Unis, bordé à l'ouest par l'Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l'est par la Caroline du Sud et l'océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta[3].
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5
+ Selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2019, publiées en décembre), l'État compte 10 617 423 habitants (par rapport à 9 687 653 lors du recensement officiel de 2010). Environ 57 pour cent (6 millions d'habitants) vit dans la région métropolitaine d'Atlanta, neuvième aire urbaine du pays.
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+
7
+ Le nom Géorgie provient du nom du roi George II de Grande-Bretagne (George Auguste, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1683-1760)).
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9
+ La culture locale des Mound Builders, décrite par Hernando de Soto en 1540, a complètement disparu en 1560.
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11
+ Le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre commence en 1670, lorsque les Britanniques fondent la colonie de Caroline, dans la Caroline du Sud actuelle. À peu près un siècle plus tôt, les huguenots avaient essayé d'installer une colonie en Floride française, Charlesfort et fort Caroline, et les Espagnols avaient fondé les provinces missionnaires de Guale et Mocama sur la côte de la région. Après des décennies de combats, les habitants, aidés par les Amérindiens, détruisent le système des missions durant les invasions de 1702 et 1704. Après cette date, l'Espagne ne contrôle plus que Saint Augustine et Pensacola ; mais la Floride subit aussi des raids par la suite. La côte de Géorgie est donc occupée par les Amérindiens jusqu'à ce que la région soit dépeuplée au cours de la guerre des Yamasee, en 1715-1716, après laquelle on y vit la possibilité d'ouvrir une colonie britannique.
12
+
13
+ Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1733, la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride[4] ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette[5]. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne[6]. À cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749[6]. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants[6]. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations.
14
+
15
+ Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L'Espagne reconnaît finalement en 1750 l'implantation britannique dans la région.
16
+
17
+ Par la suite, la Géorgie devient l'une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d'indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l'Union le 2 janvier 1788.
18
+
19
+ La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
20
+
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+ En 1790, la colonie compte 29 264 esclaves et en 1793 l'assemblée fait passer une loi prohibant leur importation, mais il faut attendre 1798 pour qu'elle puisse prendre effet avec le vote d'une constitution de l'État. La loi est ignorée par les planteurs, et en 1800, l'État compte 59 699 esclaves. Leur nombre double à nouveau dans la décennie suivante pour atteindre 105 218 en 1810[7]. Près de 48 000 d'entre eux sont importés d'Afrique au cours de cette période, puis d'autres des plantations de la Chesapeake, en Virginie. Les esclaves sont 140 656 en 1820 et 280 944 en 1840 puis 462 000 en 1860.
22
+
23
+ La production de coton a été multipliée par 20 entre 1791 et 1801 en Géorgie[9], passant de 2 à 48 millions de livres[10], grâce à une nouvelle variété cultivée sur l'île de Sapelo, le Sea Island cotton et à l'invention de la machine à égrener le coton par Éli Whitney en 1793.
24
+
25
+ Whitney met au point une machine à trier les fibres de coton des semences, dans le comté de Chatham, le long du fleuve Savannah. Les planteurs de coton, d'abord installés sur l'île de Sapelo et dans l'archipel de Beaufort en Caroline du Sud vont migrer au cours des années 1790 et 1800 en remontant le fleuve Savannah vers la ville d'Augusta[9] et la rivière Ocmulgee vers le fort Benjamin Hawkins, du nom du colonel Benjamin Hawkins (1754-1816), construit en 1806 pour tenir en respect les Indiens creeks sur un site urbain qui devient en 1823 la ville de Macon, nommée d'après l'homme d'État de Caroline du Sud Nathaniel Macon.
26
+
27
+ Le fort a servi lors de la guerre de 1812 de frontière pour les colons combattants contre les Amérindiens et les Britanniques. Les Amérindiens creeks de la réserve s'étendant à l'ouest sont incités à se transformer en planteurs de coton et sont exposés aux pressions croissantes des planteurs de coton blancs qui souhaitent leur racheter leurs terres[11]. Plusieurs douzaines de familles blanches vivent dès cette époque autour du montfort[11]. En 1823, une loterie aboutit à la distribution de terres puis en dix ans à l'installation de 3 000 familles produisant 69 000 balles de coton, dans ce qui est devenu la ville de Macon[11].
28
+
29
+ Une loterie est ouverte dès 1805 dans le comté de Morgan, qui compte en 1820 une population de 13 000 habitants dont 6 000 Noirs[12].
30
+
31
+ Dès 1820, 80 % des esclaves de Géorgie vivent dans l'intérieur des terres, appelées aussi hautes terres, et huit des comtés ces hautes terres ont une population majoritairement noire[12], dans un vaste mouvement de population comparable à ce qui se passe à la même époque avec l'Alabama fever. Dès 1790, la part des Noirs dans la population passe d'un tiers à deux tiers.
32
+
33
+ Le 18 janvier 1861 l'État rejoint la Confédération sudiste et tient un rôle important durant la guerre de Sécession. En décembre 1864 le centre industriel et ferroviaire d'Atlanta est complètement détruit par l'armée nordiste du général William Tecumseh Sherman. Ses troupes saccagent la campagne entre Atlanta et la ville portuaire de Savannah ; elles prennent Savannah juste avant Noël 1864. Le 15 juillet 1870, la Géorgie est le dernier État de la Confédération sudiste à entrer à nouveau dans l'Union. Elle est occupée par les troupes fédérales jusqu'en 1877. Après la guerre, le Ku Klux Klan peut agir impunément dans la quasi-totalité des comtés de Géorgie. La structure économique de l’État, construite notamment sur le racisme, est maintenue[13].
34
+
35
+ D'une superficie de 152 577 km2, la Géorgie est peuplée de plus de 9,6 millions d'habitants selon le dernier recensement fédéral (2010). Le Nord de l'État est occupé par la chaîne des Appalaches, le Sud et l'Est, quant à eux, par la plaine côtière. L'État bénéficie d'un climat subtropical humide.
36
+
37
+ De nombreux cours d'eau traversent la Géorgie ; on trouve :
38
+
39
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Géorgie[14] :
40
+
41
+ L'État de Géorgie est divisé en 159 comtés[15].
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-trois aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Géorgie[16].
44
+
45
+ (564 873)
46
+
47
+ (580 270)
48
+
49
+ (2,7 %)
50
+
51
+ (294 865)
52
+
53
+ (316 554)
54
+
55
+ (7,4 %)
56
+
57
+ (528 143)
58
+
59
+ (541 744)
60
+
61
+ (2,6 %)
62
+
63
+ En 2010, 91,8 % des Géorgiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,7 % dans une aire métropolitaine et 10,1 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell regroupait à elle seule 54,6 % de la population de l'État.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini huit aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Géorgie.
66
+
67
+ (923 460)
68
+
69
+ (940 299)
70
+
71
+ (1,8 %)
72
+
73
+ (469 327)
74
+
75
+ (501 649)
76
+
77
+ (6,9 %)
78
+
79
+ (1 470 473)
80
+
81
+ (1 518 677)
82
+
83
+ (3,3 %)
84
+
85
+ (396 612)
86
+
87
+ (400 614)
88
+
89
+ (1,0 %)
90
+
91
+ En 2010, l'aire métropolitaine combinée d'Atlanta-Athens-Clarke County-Sandy Springs regroupait à elle seule 61,0 % de la population de l'État.
92
+
93
+ L'État de Géorgie compte 535 municipalités[17], dont 18 de plus de 40 000 habitants.
94
+
95
+ La municipalité d'Atlanta était la 40e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
96
+
97
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de Géorgie à 10 617 423 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 9% depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 9 687 653 habitants[18] Depuis 2010, l'État connaît la 16e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
98
+
99
+ Avec 9 687 653 habitants en 2010, la Géorgie était le 9e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 3,14 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le Nord-Est du comté de Butts[19].
100
+
101
+ Avec 65,03 hab./km2 en 2010, la Géorgie était le 18e État le plus dense des États-Unis.
102
+
103
+ Le taux d'urbains était de 75,1 % et celui de ruraux de 24,9 %[20].
104
+
105
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[21] (13,1 ‰ en 2012[22]) et le taux de mortalité à 7,4 ‰[23] (7,3 ‰ en 2012[24]). L'indice de fécondité était de 1,96 enfants par femme[21] (1,88 en 2012[22]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,4 ‰[23] (6,3 ‰ en 2012[24]). La population était composée de 25,72 % de personnes de moins de 18 ans, 10,01 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,21 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,40 % de personnes entre 45 et 64 ans et 10,65 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,3 ans[25].
106
+
107
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 304 504) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 197 541) avec un excédent des naissances (431 440) sur les décès (233 899), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 100 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 72 269) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 28 049)[26].
108
+
109
+ Selon des estimations de 2013, 89,0 % des Géorgiens étaient nés dans un État fédéré, dont 55,1 % dans l'État de Géorgie et 33,8 % dans un autre État (17,5 % dans le Sud, 6,7 % dans le Midwest, 6,5 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans l'Ouest), 1,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 9,7 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,8 % en Amérique latine, 28,2 % en Asie, 9,3 % en Europe, 8,7 % en Afrique, 1,8 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,7 % étaient naturalisés américain et 61,3 % étaient étrangers[27],[28].
110
+
111
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 400 000 immigrés illégaux, soit 3,9 % de la population. Cela représentait la 8e plus forte proportion du pays[29].
112
+
113
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 59,74 % de Blancs, 30,46 % de Noirs, 3,25 % d'Asiatiques (0,99 % d'Indiens, 0,54 % de Coréens, 0,47 % de Chinois, 0,47 % de Viêts), 2,14 % de Métis, 0,33 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,01 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
114
+
115
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,98 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,16 %).
116
+
117
+ Les non-hispaniques représentaient 91,19 % de la population avec 55,88 % de Blancs, 30,05 % de Noirs, 3,22 % d'Asiatiques, 1,57 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,20 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,81 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (5,36 %) et de Porto Rico (0,74 %)[25].
118
+
119
+ En 2010, l'État de Géorgie avait la 3e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %) et la Louisiane (32,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Blancs après Hawaï (24,74 %), la Californie (57,59 %), le Maryland (58,18 %) et le Mississippi (59,13 %) ainsi que la 7e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
120
+
121
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de Noirs (2 950 435) après l'État de New York (3 073 800), la Floride (2 999 862) et le Texas (2 979 598) ainsi que les 10e plus grands nombres de Blancs non hispaniques (5 413 920) et d'Hispaniques (853 689) des États-Unis.
122
+
123
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,9 %, dont 54,6 % de Blancs, 30,5 % de Noirs, 3,5 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,1 %[30].
124
+
125
+ En 2000, les Géorgiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (13,5 %), anglaise (8,1 %), irlandaise (7,8 %), allemande (7,0 %) et mexicaine (3,4 %)[31].
126
+
127
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
128
+
129
+ L'État abrite la 11e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 127 470 Juifs en 2013 (25 650 en 1971), soit 1,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans l'agglomération d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell (118 900). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Fulton (5,4 %), DeKalb (3,6 %) et Cobb (2,5 %).
130
+
131
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,3 %), Amérindiens du Mexique (8,0 %) et Creeks (3,0 %)[32].
132
+
133
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (60,9 %), de Porto Rico (8,4 %), du Guatemala (4,3 %), du Salvador (3,8 %), de la Colombie (3,0 %) et de Cuba (2,9 %)[33]. Composée à 43,8 % de Blancs, 6,5 % de Métis, 4,6 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 43,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 33,8 % des Amérindiens, 26,8 % des Métis, 24,2 % des Océaniens, 6,5 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 0,9 % des Asiatiques et 95,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
134
+
135
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,26 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,27 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,21 %).
136
+
137
+ L'État comptait également les 6e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (36 874), de la Colombie (26 013), de Cuba (25 048) et du Venezuela (6 289), le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Costa Rica (3 114), les 9e plus grands nombres de personnes originaires du Honduras (20 577), de la République dominicaine (14 941) et du Pérou (10 570) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires du Mexique (519 502), du Salvador (32 107) et du Nicaragua (4 787).
138
+
139
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (30,6 %), Coréens (16,7 %), Chinois (14,6 %), Viêts (14,4 %), Philippins (5,7 %) et Pakistanais (3,1 %)[34].
140
+
141
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Coréens (0,54 %) ainsi que les 10e plus fortes proportions d'Indiens (0,99 %), de Viêts (0,47 %) et de Pakistanais (0,10 %).
142
+
143
+ L'État comptait également le 6e plus grand nombre de Viêts (45 263), le 7e plus grand nombre de Hmongs (3 460), les 8e plus grands nombres de Coréens (52 431) et de Laotiens (5 560), les 9e plus grands nombres d'Indiens (96 116) et de Bangladais (3 466) ainsi que les 10e plus grands nombres de Pakistanais (9 868) et de Cambodgiens (4 528).
144
+
145
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,3 %), principalement blanche et noire (28,6 %), blanche et autre (15,2 %), blanche et asiatique (14,3 %), blanche et amérindienne (13,1 %), noire et amérindienne (5,4 %), noire et autre (4,9 %) et noire et asiatique (3,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,7 %)[35].
146
+
147
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 51 % des habitants de Géorgie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 19 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[37].
148
+
149
+ La Géorgie est actuellement le principal centre de communication de la région sud des États-Unis. Les principales routes goudronnées de l'État ont été inaugurées au début du XXe siècle et la grande majorité des petites routes nationales ont été pavées au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Atlanta est le principal centre routier de la Géorgie. En 2003, l'État comptait 187 543 kilomètres de routes publiques, dont 2 004 kilomètres d'autoroutes Interstate highway, considérées comme faisant partie du réseau routier fédéral des États-Unis.
150
+
151
+ L'État dispose d'un vaste réseau ferroviaire. Atlanta, en plus d'être le principal centre ferroviaire de l'État, est également le principal centre ferroviaire du sud des États-Unis. En 2002, la Géorgie possédait 7 530 kilomètres de voies ferrées. Le train Crescent (Amtrak) dessert les villes de Toccoa, Gainesville, et Atlanta de toute la côte est entre New York & La Nouvelle-Orléans.
152
+
153
+ Atlanta possède actuellement l'aéroport le plus achalandé au monde, en nombre de passagers, l'aéroport international Hartsfield-Jackson, fréquenté par environ 82 millions de passagers par an. L’aéroport international de Savannah/Hilton Head est le deuxième aéroport le plus achalandé de l’État, selon le nombre de passagers, et le seul aéroport international supplémentaire. Les autres aéroports commerciaux (classés par nombres de passagers) sont situés à Augusta, Columbus, Albany, Macon, Brunswick, Valdosta et Athens.
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+ Savannah est le principal centre portuaire de la Géorgie et l’un des ports les plus modernes en activité du pays.
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+ La Metropolitan Atlanta Rapid Transit Authority (MARTA) est le principal réseau de transport en commun rapide de la région métropolitaine d’Atlanta.
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+ Bastion du Parti démocrate pendant plus d'une centaine d'années, la Géorgie a commencé à voter nationalement pour les républicains à partir des années 1960 avant de devenir l'une de ses places fortes nationales et locales durant les années 2000.
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+ La Géorgie est aujourd'hui globalement dominée par le Parti républicain, qui est particulièrement puissant au nord et au sud de l'État. Les principales places fortes démocrates sont Atlanta, Athens et la Black Belt, qui s'étend de Columbus à Augusta. En raison de l'émergence d'une classe moyenne afro-américaine et hispanique, les banlieues conservatrices d'Atlanta deviennent quant à elles de plus en plus compétitives[42].
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+ De 1824 à la guerre de Sécession, la Géorgie est un État qui pratique l'alternance entre les démocrates et les Whigs. À partir de 1848, il s'ancre dans le camp démocrate et à l'élection présidentielle de 1860 apporte ses suffrages à John Breckinridge, le candidat démocrate pro-sudiste devant le candidat de l'union constitutionnelle, John Bell et devant le candidat démocrate pro-union, Stephen A. Douglas (la candidature du républicain Abraham Lincoln ne fut pas proposée aux électeurs de Géorgie). Jusqu'en 1960, la Géorgie est politiquement totalement acquis aux démocrates. Le Parti républicain, celui de Lincoln, est considéré comme le parti des vainqueurs de la guerre de Sécession et des Yankees.
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+ Lors des premières élections qui suivent la guerre, en 1868, le candidat démocrate Horatio Seymour remporte 64,27 % des voix contre le président Ulysses S. Grant alors que tous les confédérés n'ont pas encore recouvré leur droit de vote. Au début du XXe siècle, les démocrates écrasent les républicains obtenant 79,51 % des voix en 1916 (Woodrow Wilson) ou encore 91,60 % des voix en 1932 (Franklin Delano Roosevelt). Durant cette époque, la Géorgie est un État ségrégationniste où règnent le Ku Klux Klan et les Dixiecrats.
166
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+ Les lois sur les droits civiques dans les années 1960 commencent à entamer la prépondérance démocrate. En 1964, Barry Goldwater est le premier républicain à remporter la Géorgie (54,12 %) contre le président Lyndon B. Johnson (45,87 %) à qui les électeurs blancs font payer les lois sur les droits civiques votés au Congrès avec l'appoint pourtant décisif des républicains.
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+ En 1968, George Wallace, le candidat démocrate ségrégationniste remporte la Géorgie face au républicain Richard Nixon (30,40 %) et face au démocrate Hubert Humphrey (26,75 %). En 1972, Richard Nixon remporte la Géorgie (75,04 %) tandis qu'en 1976, Jimmy Carter, gouverneur démocrate de l'État, est élu président des États-Unis avec le soutien géorgien.
170
+
171
+ Depuis 1984, tous les candidats républicains ont remporté la Géorgie à l'exception de l'année 1992 où le démocrate Bill Clinton s'est imposé avec 43,47 % des voix face au président républicain George H. W. Bush (42,88 %) et face au candidat populiste Ross Perot (13,34 %).
172
+
173
+ Au niveau fédéral, lors du 116e congrès (législature de 2019 à 2021), la délégation de Géorgie au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains, Kelly Loeffler et David Perdue, de neuf représentants républicains et cinq démocrates.
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+ David Perdue, sénateur depuis 2015.
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+ Kelly Loeffler, sénatrice depuis 2020.
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+ De 1872 à 2002, pendant 130 ans, les électeurs de l'État de Géorgie n'ont élu que des gouverneurs démocrates et des majorités démocrates à l'assemblée de Géorgie. Comme beaucoup d'anciens États du sud, la Géorgie a vécu un régime de parti unique pendant une centaine d'années. Les électeurs blancs percevaient alors le Parti républicain comme le parti des Yankees, un parti étranger aux valeurs sudistes dont la victoire aux élections de 1860 avait conduit le pays à la guerre de Sécession, à l'abolition de l'esclavage et à la défaite du Sud.
180
+
181
+ Les démocrates du Sud, ségrégationnistes ou populistes étaient alors appelés « Southern Democrats » (ou encore Dixiecrats pour les plus conservateurs) et se différenciaient du Parti démocrate national au programme plus centriste.
182
+
183
+ Le gouverneur républicain Brian Kemp signe en mai 2019 une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Les femmes ayant recours illégalement à l'avortement s'exposeront à la prison à vie et à la peine de mort. La Cour suprême devrait cependant invalider cette loi[43].
184
+
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+ Le gouverneur de l'État, élu pour 4 ans, est aujourd'hui Brian Kemp, le troisième républicain à occuper ce poste depuis 1872.
186
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+ En janvier 2011, Sonny Perdue devient le premier gouverneur républicain de Géorgie en 130 ans.
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+ Le lieutenant-gouverneur, élu pour 4 ans, est le républicain Geoff Duncan (en).
190
+
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+ Les deux chambres de l'Assemblée générale de Géorgie sont dominées depuis 2002 par les républicains. Le sénat de 56 membres élus pour 2 ans est ainsi dominé par 35 républicains et la chambre des représentants de 180 membres élus pour 2 ans est dominée par 105 républicains lors de la législature 2019-2021.
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+
193
+ La justice géorgienne est composée :
194
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+ La Géorgie est un État favorable à la peine de mort. La méthode d'exécution actuelle est l'injection létale. La chaise électrique fut la seule méthode jusqu'en 2001 lorsque la Cour suprême de Géorgie déclara que cette méthode était cruelle et inusitée [44]. Sont considérés comme crimes capitaux, les meurtres, les enlèvements avec demande de rançon et blessures lorsque la victime meurt, les détournements d'avion, et les trahisons. L'âge minimum légal pour être condamné à la peine capitale est 17 ans. Avant 1976, 950 exécutions ont eu lieu. Entre 1976 et septembre 2011, 38 ont eu lieu. En septembre 2011, il y avait 113 détenus condamnés à mort. Avant septembre 2011, cinq personnes ont été innocentées, et six ont bénéficié d'une grâce.
196
+
197
+ La Géorgie compte1 380 autorités locales, dont 689 sont des entités de compétence générale réparties entre 152 comtés et 537 municipalités (il n'y a pas de townships ou cantons en Géorgie), et 691 sont des districts spéciaux, dont 180 districts scolaires, et 511 autres districts spéciaux, dédiés à l'administration de services particuliers (eaux, ordures ménagères, police, etc.)[45].
198
+
199
+ La Home rule est accordée par l'article IX de la Constitution de l’État de Géorgie aux comtés et municipalités de Géorgie, lesquelles sont donc libres de légiférer sur leur territoire à condition de respecter la constitution fédérale et celle de la Géorgie.
200
+
201
+ Le film à grand succès Autant en emporte le vent se déroule en Géorgie. Les protagonistes du film sont issus de la haute société sudiste et possèdent de grandes plantations de coton. La guerre de Sécession va profondément bouleverser cette société[46].
202
+
203
+ La Géorgie a vu na��tre un grand nombre de grands noms du cinéma comme Oliver Hardy (de « Laurel et Hardy »), Kim Basinger, Julia Roberts, Laurence Fishburne, Spike Lee, Steven Soderbergh, DeForest Kelley ou encore Dakota Fanning, mais aussi de la musique avec Little Richard, Ray Charles, R.E.M., Of Montreal, Neutral Milk Hotel, OutKast, Lil Jon, Jagged Edge, T.I., Ciara et Dirty South, ainsi que du divertissement comme les catcheurs Hulk Hogan ou Cody Rhodes.
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205
+ Dans les années 1960, Ray Charles refuse de revenir jouer en Géorgie, son État de naissance, du fait de la ségrégation qui y règne alors. Toutefois, en 1979, sa chanson Georgia on My Mind est adoptée comme hymne officiel de l'État (state song)[47].
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+ À la télévision, la Géorgie est le lieu principal de la série The Walking Dead, les personnages se retrouvant à la sortie d'Atlanta dans la première saison. Ils ne quittent cet État qu'à la fin de la saison 5, lorsque le groupe arrive à Washington. La série Vampire Diaries y est également tournée.
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+ La Géorgie (en anglais : Georgia, /ˈdʒɔɹ.dʒə/[2]) est un État du Sud des États-Unis, bordé à l'ouest par l'Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l'est par la Caroline du Sud et l'océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta[3].
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5
+ Selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2019, publiées en décembre), l'État compte 10 617 423 habitants (par rapport à 9 687 653 lors du recensement officiel de 2010). Environ 57 pour cent (6 millions d'habitants) vit dans la région métropolitaine d'Atlanta, neuvième aire urbaine du pays.
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+ Le nom Géorgie provient du nom du roi George II de Grande-Bretagne (George Auguste, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1683-1760)).
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+ La culture locale des Mound Builders, décrite par Hernando de Soto en 1540, a complètement disparu en 1560.
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+ Le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre commence en 1670, lorsque les Britanniques fondent la colonie de Caroline, dans la Caroline du Sud actuelle. À peu près un siècle plus tôt, les huguenots avaient essayé d'installer une colonie en Floride française, Charlesfort et fort Caroline, et les Espagnols avaient fondé les provinces missionnaires de Guale et Mocama sur la côte de la région. Après des décennies de combats, les habitants, aidés par les Amérindiens, détruisent le système des missions durant les invasions de 1702 et 1704. Après cette date, l'Espagne ne contrôle plus que Saint Augustine et Pensacola ; mais la Floride subit aussi des raids par la suite. La côte de Géorgie est donc occupée par les Amérindiens jusqu'à ce que la région soit dépeuplée au cours de la guerre des Yamasee, en 1715-1716, après laquelle on y vit la possibilité d'ouvrir une colonie britannique.
12
+
13
+ Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1733, la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride[4] ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette[5]. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne[6]. À cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749[6]. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants[6]. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations.
14
+
15
+ Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L'Espagne reconnaît finalement en 1750 l'implantation britannique dans la région.
16
+
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+ Par la suite, la Géorgie devient l'une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d'indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l'Union le 2 janvier 1788.
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+ La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
20
+
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+ En 1790, la colonie compte 29 264 esclaves et en 1793 l'assemblée fait passer une loi prohibant leur importation, mais il faut attendre 1798 pour qu'elle puisse prendre effet avec le vote d'une constitution de l'État. La loi est ignorée par les planteurs, et en 1800, l'État compte 59 699 esclaves. Leur nombre double à nouveau dans la décennie suivante pour atteindre 105 218 en 1810[7]. Près de 48 000 d'entre eux sont importés d'Afrique au cours de cette période, puis d'autres des plantations de la Chesapeake, en Virginie. Les esclaves sont 140 656 en 1820 et 280 944 en 1840 puis 462 000 en 1860.
22
+
23
+ La production de coton a été multipliée par 20 entre 1791 et 1801 en Géorgie[9], passant de 2 à 48 millions de livres[10], grâce à une nouvelle variété cultivée sur l'île de Sapelo, le Sea Island cotton et à l'invention de la machine à égrener le coton par Éli Whitney en 1793.
24
+
25
+ Whitney met au point une machine à trier les fibres de coton des semences, dans le comté de Chatham, le long du fleuve Savannah. Les planteurs de coton, d'abord installés sur l'île de Sapelo et dans l'archipel de Beaufort en Caroline du Sud vont migrer au cours des années 1790 et 1800 en remontant le fleuve Savannah vers la ville d'Augusta[9] et la rivière Ocmulgee vers le fort Benjamin Hawkins, du nom du colonel Benjamin Hawkins (1754-1816), construit en 1806 pour tenir en respect les Indiens creeks sur un site urbain qui devient en 1823 la ville de Macon, nommée d'après l'homme d'État de Caroline du Sud Nathaniel Macon.
26
+
27
+ Le fort a servi lors de la guerre de 1812 de frontière pour les colons combattants contre les Amérindiens et les Britanniques. Les Amérindiens creeks de la réserve s'étendant à l'ouest sont incités à se transformer en planteurs de coton et sont exposés aux pressions croissantes des planteurs de coton blancs qui souhaitent leur racheter leurs terres[11]. Plusieurs douzaines de familles blanches vivent dès cette époque autour du montfort[11]. En 1823, une loterie aboutit à la distribution de terres puis en dix ans à l'installation de 3 000 familles produisant 69 000 balles de coton, dans ce qui est devenu la ville de Macon[11].
28
+
29
+ Une loterie est ouverte dès 1805 dans le comté de Morgan, qui compte en 1820 une population de 13 000 habitants dont 6 000 Noirs[12].
30
+
31
+ Dès 1820, 80 % des esclaves de Géorgie vivent dans l'intérieur des terres, appelées aussi hautes terres, et huit des comtés ces hautes terres ont une population majoritairement noire[12], dans un vaste mouvement de population comparable à ce qui se passe à la même époque avec l'Alabama fever. Dès 1790, la part des Noirs dans la population passe d'un tiers à deux tiers.
32
+
33
+ Le 18 janvier 1861 l'État rejoint la Confédération sudiste et tient un rôle important durant la guerre de Sécession. En décembre 1864 le centre industriel et ferroviaire d'Atlanta est complètement détruit par l'armée nordiste du général William Tecumseh Sherman. Ses troupes saccagent la campagne entre Atlanta et la ville portuaire de Savannah ; elles prennent Savannah juste avant Noël 1864. Le 15 juillet 1870, la Géorgie est le dernier État de la Confédération sudiste à entrer à nouveau dans l'Union. Elle est occupée par les troupes fédérales jusqu'en 1877. Après la guerre, le Ku Klux Klan peut agir impunément dans la quasi-totalité des comtés de Géorgie. La structure économique de l’État, construite notamment sur le racisme, est maintenue[13].
34
+
35
+ D'une superficie de 152 577 km2, la Géorgie est peuplée de plus de 9,6 millions d'habitants selon le dernier recensement fédéral (2010). Le Nord de l'État est occupé par la chaîne des Appalaches, le Sud et l'Est, quant à eux, par la plaine côtière. L'État bénéficie d'un climat subtropical humide.
36
+
37
+ De nombreux cours d'eau traversent la Géorgie ; on trouve :
38
+
39
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Géorgie[14] :
40
+
41
+ L'État de Géorgie est divisé en 159 comtés[15].
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-trois aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Géorgie[16].
44
+
45
+ (564 873)
46
+
47
+ (580 270)
48
+
49
+ (2,7 %)
50
+
51
+ (294 865)
52
+
53
+ (316 554)
54
+
55
+ (7,4 %)
56
+
57
+ (528 143)
58
+
59
+ (541 744)
60
+
61
+ (2,6 %)
62
+
63
+ En 2010, 91,8 % des Géorgiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,7 % dans une aire métropolitaine et 10,1 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell regroupait à elle seule 54,6 % de la population de l'État.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini huit aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Géorgie.
66
+
67
+ (923 460)
68
+
69
+ (940 299)
70
+
71
+ (1,8 %)
72
+
73
+ (469 327)
74
+
75
+ (501 649)
76
+
77
+ (6,9 %)
78
+
79
+ (1 470 473)
80
+
81
+ (1 518 677)
82
+
83
+ (3,3 %)
84
+
85
+ (396 612)
86
+
87
+ (400 614)
88
+
89
+ (1,0 %)
90
+
91
+ En 2010, l'aire métropolitaine combinée d'Atlanta-Athens-Clarke County-Sandy Springs regroupait à elle seule 61,0 % de la population de l'État.
92
+
93
+ L'État de Géorgie compte 535 municipalités[17], dont 18 de plus de 40 000 habitants.
94
+
95
+ La municipalité d'Atlanta était la 40e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
96
+
97
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de Géorgie à 10 617 423 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 9% depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 9 687 653 habitants[18] Depuis 2010, l'État connaît la 16e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
98
+
99
+ Avec 9 687 653 habitants en 2010, la Géorgie était le 9e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 3,14 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le Nord-Est du comté de Butts[19].
100
+
101
+ Avec 65,03 hab./km2 en 2010, la Géorgie était le 18e État le plus dense des États-Unis.
102
+
103
+ Le taux d'urbains était de 75,1 % et celui de ruraux de 24,9 %[20].
104
+
105
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[21] (13,1 ‰ en 2012[22]) et le taux de mortalité à 7,4 ‰[23] (7,3 ‰ en 2012[24]). L'indice de fécondité était de 1,96 enfants par femme[21] (1,88 en 2012[22]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,4 ‰[23] (6,3 ‰ en 2012[24]). La population était composée de 25,72 % de personnes de moins de 18 ans, 10,01 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,21 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,40 % de personnes entre 45 et 64 ans et 10,65 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,3 ans[25].
106
+
107
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 304 504) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 197 541) avec un excédent des naissances (431 440) sur les décès (233 899), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 100 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 72 269) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 28 049)[26].
108
+
109
+ Selon des estimations de 2013, 89,0 % des Géorgiens étaient nés dans un État fédéré, dont 55,1 % dans l'État de Géorgie et 33,8 % dans un autre État (17,5 % dans le Sud, 6,7 % dans le Midwest, 6,5 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans l'Ouest), 1,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 9,7 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,8 % en Amérique latine, 28,2 % en Asie, 9,3 % en Europe, 8,7 % en Afrique, 1,8 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,7 % étaient naturalisés américain et 61,3 % étaient étrangers[27],[28].
110
+
111
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 400 000 immigrés illégaux, soit 3,9 % de la population. Cela représentait la 8e plus forte proportion du pays[29].
112
+
113
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 59,74 % de Blancs, 30,46 % de Noirs, 3,25 % d'Asiatiques (0,99 % d'Indiens, 0,54 % de Coréens, 0,47 % de Chinois, 0,47 % de Viêts), 2,14 % de Métis, 0,33 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,01 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
114
+
115
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,98 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,16 %).
116
+
117
+ Les non-hispaniques représentaient 91,19 % de la population avec 55,88 % de Blancs, 30,05 % de Noirs, 3,22 % d'Asiatiques, 1,57 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,20 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,81 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (5,36 %) et de Porto Rico (0,74 %)[25].
118
+
119
+ En 2010, l'État de Géorgie avait la 3e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %) et la Louisiane (32,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Blancs après Hawaï (24,74 %), la Californie (57,59 %), le Maryland (58,18 %) et le Mississippi (59,13 %) ainsi que la 7e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
120
+
121
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de Noirs (2 950 435) après l'État de New York (3 073 800), la Floride (2 999 862) et le Texas (2 979 598) ainsi que les 10e plus grands nombres de Blancs non hispaniques (5 413 920) et d'Hispaniques (853 689) des États-Unis.
122
+
123
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,9 %, dont 54,6 % de Blancs, 30,5 % de Noirs, 3,5 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,1 %[30].
124
+
125
+ En 2000, les Géorgiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (13,5 %), anglaise (8,1 %), irlandaise (7,8 %), allemande (7,0 %) et mexicaine (3,4 %)[31].
126
+
127
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
128
+
129
+ L'État abrite la 11e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 127 470 Juifs en 2013 (25 650 en 1971), soit 1,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans l'agglomération d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell (118 900). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Fulton (5,4 %), DeKalb (3,6 %) et Cobb (2,5 %).
130
+
131
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,3 %), Amérindiens du Mexique (8,0 %) et Creeks (3,0 %)[32].
132
+
133
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (60,9 %), de Porto Rico (8,4 %), du Guatemala (4,3 %), du Salvador (3,8 %), de la Colombie (3,0 %) et de Cuba (2,9 %)[33]. Composée à 43,8 % de Blancs, 6,5 % de Métis, 4,6 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 43,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 33,8 % des Amérindiens, 26,8 % des Métis, 24,2 % des Océaniens, 6,5 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 0,9 % des Asiatiques et 95,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
134
+
135
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,26 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,27 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,21 %).
136
+
137
+ L'État comptait également les 6e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (36 874), de la Colombie (26 013), de Cuba (25 048) et du Venezuela (6 289), le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Costa Rica (3 114), les 9e plus grands nombres de personnes originaires du Honduras (20 577), de la République dominicaine (14 941) et du Pérou (10 570) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires du Mexique (519 502), du Salvador (32 107) et du Nicaragua (4 787).
138
+
139
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (30,6 %), Coréens (16,7 %), Chinois (14,6 %), Viêts (14,4 %), Philippins (5,7 %) et Pakistanais (3,1 %)[34].
140
+
141
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Coréens (0,54 %) ainsi que les 10e plus fortes proportions d'Indiens (0,99 %), de Viêts (0,47 %) et de Pakistanais (0,10 %).
142
+
143
+ L'État comptait également le 6e plus grand nombre de Viêts (45 263), le 7e plus grand nombre de Hmongs (3 460), les 8e plus grands nombres de Coréens (52 431) et de Laotiens (5 560), les 9e plus grands nombres d'Indiens (96 116) et de Bangladais (3 466) ainsi que les 10e plus grands nombres de Pakistanais (9 868) et de Cambodgiens (4 528).
144
+
145
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,3 %), principalement blanche et noire (28,6 %), blanche et autre (15,2 %), blanche et asiatique (14,3 %), blanche et amérindienne (13,1 %), noire et amérindienne (5,4 %), noire et autre (4,9 %) et noire et asiatique (3,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,7 %)[35].
146
+
147
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 51 % des habitants de Géorgie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 19 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[37].
148
+
149
+ La Géorgie est actuellement le principal centre de communication de la région sud des États-Unis. Les principales routes goudronnées de l'État ont été inaugurées au début du XXe siècle et la grande majorité des petites routes nationales ont été pavées au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Atlanta est le principal centre routier de la Géorgie. En 2003, l'État comptait 187 543 kilomètres de routes publiques, dont 2 004 kilomètres d'autoroutes Interstate highway, considérées comme faisant partie du réseau routier fédéral des États-Unis.
150
+
151
+ L'État dispose d'un vaste réseau ferroviaire. Atlanta, en plus d'être le principal centre ferroviaire de l'État, est également le principal centre ferroviaire du sud des États-Unis. En 2002, la Géorgie possédait 7 530 kilomètres de voies ferrées. Le train Crescent (Amtrak) dessert les villes de Toccoa, Gainesville, et Atlanta de toute la côte est entre New York & La Nouvelle-Orléans.
152
+
153
+ Atlanta possède actuellement l'aéroport le plus achalandé au monde, en nombre de passagers, l'aéroport international Hartsfield-Jackson, fréquenté par environ 82 millions de passagers par an. L’aéroport international de Savannah/Hilton Head est le deuxième aéroport le plus achalandé de l’État, selon le nombre de passagers, et le seul aéroport international supplémentaire. Les autres aéroports commerciaux (classés par nombres de passagers) sont situés à Augusta, Columbus, Albany, Macon, Brunswick, Valdosta et Athens.
154
+
155
+ Savannah est le principal centre portuaire de la Géorgie et l’un des ports les plus modernes en activité du pays.
156
+
157
+ La Metropolitan Atlanta Rapid Transit Authority (MARTA) est le principal réseau de transport en commun rapide de la région métropolitaine d’Atlanta.
158
+
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+ Bastion du Parti démocrate pendant plus d'une centaine d'années, la Géorgie a commencé à voter nationalement pour les républicains à partir des années 1960 avant de devenir l'une de ses places fortes nationales et locales durant les années 2000.
160
+
161
+ La Géorgie est aujourd'hui globalement dominée par le Parti républicain, qui est particulièrement puissant au nord et au sud de l'État. Les principales places fortes démocrates sont Atlanta, Athens et la Black Belt, qui s'étend de Columbus à Augusta. En raison de l'émergence d'une classe moyenne afro-américaine et hispanique, les banlieues conservatrices d'Atlanta deviennent quant à elles de plus en plus compétitives[42].
162
+
163
+ De 1824 à la guerre de Sécession, la Géorgie est un État qui pratique l'alternance entre les démocrates et les Whigs. À partir de 1848, il s'ancre dans le camp démocrate et à l'élection présidentielle de 1860 apporte ses suffrages à John Breckinridge, le candidat démocrate pro-sudiste devant le candidat de l'union constitutionnelle, John Bell et devant le candidat démocrate pro-union, Stephen A. Douglas (la candidature du républicain Abraham Lincoln ne fut pas proposée aux électeurs de Géorgie). Jusqu'en 1960, la Géorgie est politiquement totalement acquis aux démocrates. Le Parti républicain, celui de Lincoln, est considéré comme le parti des vainqueurs de la guerre de Sécession et des Yankees.
164
+
165
+ Lors des premières élections qui suivent la guerre, en 1868, le candidat démocrate Horatio Seymour remporte 64,27 % des voix contre le président Ulysses S. Grant alors que tous les confédérés n'ont pas encore recouvré leur droit de vote. Au début du XXe siècle, les démocrates écrasent les républicains obtenant 79,51 % des voix en 1916 (Woodrow Wilson) ou encore 91,60 % des voix en 1932 (Franklin Delano Roosevelt). Durant cette époque, la Géorgie est un État ségrégationniste où règnent le Ku Klux Klan et les Dixiecrats.
166
+
167
+ Les lois sur les droits civiques dans les années 1960 commencent à entamer la prépondérance démocrate. En 1964, Barry Goldwater est le premier républicain à remporter la Géorgie (54,12 %) contre le président Lyndon B. Johnson (45,87 %) à qui les électeurs blancs font payer les lois sur les droits civiques votés au Congrès avec l'appoint pourtant décisif des républicains.
168
+
169
+ En 1968, George Wallace, le candidat démocrate ségrégationniste remporte la Géorgie face au républicain Richard Nixon (30,40 %) et face au démocrate Hubert Humphrey (26,75 %). En 1972, Richard Nixon remporte la Géorgie (75,04 %) tandis qu'en 1976, Jimmy Carter, gouverneur démocrate de l'État, est élu président des États-Unis avec le soutien géorgien.
170
+
171
+ Depuis 1984, tous les candidats républicains ont remporté la Géorgie à l'exception de l'année 1992 où le démocrate Bill Clinton s'est imposé avec 43,47 % des voix face au président républicain George H. W. Bush (42,88 %) et face au candidat populiste Ross Perot (13,34 %).
172
+
173
+ Au niveau fédéral, lors du 116e congrès (législature de 2019 à 2021), la délégation de Géorgie au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains, Kelly Loeffler et David Perdue, de neuf représentants républicains et cinq démocrates.
174
+
175
+ David Perdue, sénateur depuis 2015.
176
+
177
+ Kelly Loeffler, sénatrice depuis 2020.
178
+
179
+ De 1872 à 2002, pendant 130 ans, les électeurs de l'État de Géorgie n'ont élu que des gouverneurs démocrates et des majorités démocrates à l'assemblée de Géorgie. Comme beaucoup d'anciens États du sud, la Géorgie a vécu un régime de parti unique pendant une centaine d'années. Les électeurs blancs percevaient alors le Parti républicain comme le parti des Yankees, un parti étranger aux valeurs sudistes dont la victoire aux élections de 1860 avait conduit le pays à la guerre de Sécession, à l'abolition de l'esclavage et à la défaite du Sud.
180
+
181
+ Les démocrates du Sud, ségrégationnistes ou populistes étaient alors appelés « Southern Democrats » (ou encore Dixiecrats pour les plus conservateurs) et se différenciaient du Parti démocrate national au programme plus centriste.
182
+
183
+ Le gouverneur républicain Brian Kemp signe en mai 2019 une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Les femmes ayant recours illégalement à l'avortement s'exposeront à la prison à vie et à la peine de mort. La Cour suprême devrait cependant invalider cette loi[43].
184
+
185
+ Le gouverneur de l'État, élu pour 4 ans, est aujourd'hui Brian Kemp, le troisième républicain à occuper ce poste depuis 1872.
186
+
187
+ En janvier 2011, Sonny Perdue devient le premier gouverneur républicain de Géorgie en 130 ans.
188
+
189
+ Le lieutenant-gouverneur, élu pour 4 ans, est le républicain Geoff Duncan (en).
190
+
191
+ Les deux chambres de l'Assemblée générale de Géorgie sont dominées depuis 2002 par les républicains. Le sénat de 56 membres élus pour 2 ans est ainsi dominé par 35 républicains et la chambre des représentants de 180 membres élus pour 2 ans est dominée par 105 républicains lors de la législature 2019-2021.
192
+
193
+ La justice géorgienne est composée :
194
+
195
+ La Géorgie est un État favorable à la peine de mort. La méthode d'exécution actuelle est l'injection létale. La chaise électrique fut la seule méthode jusqu'en 2001 lorsque la Cour suprême de Géorgie déclara que cette méthode était cruelle et inusitée [44]. Sont considérés comme crimes capitaux, les meurtres, les enlèvements avec demande de rançon et blessures lorsque la victime meurt, les détournements d'avion, et les trahisons. L'âge minimum légal pour être condamné à la peine capitale est 17 ans. Avant 1976, 950 exécutions ont eu lieu. Entre 1976 et septembre 2011, 38 ont eu lieu. En septembre 2011, il y avait 113 détenus condamnés à mort. Avant septembre 2011, cinq personnes ont été innocentées, et six ont bénéficié d'une grâce.
196
+
197
+ La Géorgie compte1 380 autorités locales, dont 689 sont des entités de compétence générale réparties entre 152 comtés et 537 municipalités (il n'y a pas de townships ou cantons en Géorgie), et 691 sont des districts spéciaux, dont 180 districts scolaires, et 511 autres districts spéciaux, dédiés à l'administration de services particuliers (eaux, ordures ménagères, police, etc.)[45].
198
+
199
+ La Home rule est accordée par l'article IX de la Constitution de l’État de Géorgie aux comtés et municipalités de Géorgie, lesquelles sont donc libres de légiférer sur leur territoire à condition de respecter la constitution fédérale et celle de la Géorgie.
200
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201
+ Le film à grand succès Autant en emporte le vent se déroule en Géorgie. Les protagonistes du film sont issus de la haute société sudiste et possèdent de grandes plantations de coton. La guerre de Sécession va profondément bouleverser cette société[46].
202
+
203
+ La Géorgie a vu na��tre un grand nombre de grands noms du cinéma comme Oliver Hardy (de « Laurel et Hardy »), Kim Basinger, Julia Roberts, Laurence Fishburne, Spike Lee, Steven Soderbergh, DeForest Kelley ou encore Dakota Fanning, mais aussi de la musique avec Little Richard, Ray Charles, R.E.M., Of Montreal, Neutral Milk Hotel, OutKast, Lil Jon, Jagged Edge, T.I., Ciara et Dirty South, ainsi que du divertissement comme les catcheurs Hulk Hogan ou Cody Rhodes.
204
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205
+ Dans les années 1960, Ray Charles refuse de revenir jouer en Géorgie, son État de naissance, du fait de la ségrégation qui y règne alors. Toutefois, en 1979, sa chanson Georgia on My Mind est adoptée comme hymne officiel de l'État (state song)[47].
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207
+ À la télévision, la Géorgie est le lieu principal de la série The Walking Dead, les personnages se retrouvant à la sortie d'Atlanta dans la première saison. Ils ne quittent cet État qu'à la fin de la saison 5, lorsque le groupe arrive à Washington. La série Vampire Diaries y est également tournée.
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+ ~ -3150 – -30
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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13
+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
+
15
+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
18
+
19
+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
20
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21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
+
23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
24
+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
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27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
30
+
31
+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
+
37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
+
39
+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
40
+
41
+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
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+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
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+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
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+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
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+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
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+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
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+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
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+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
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+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
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+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
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+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
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+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
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+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
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+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
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+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
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+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
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+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
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+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
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+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
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+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
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+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
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+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
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+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
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+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
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+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
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+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
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+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
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+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
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+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
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+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
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+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
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+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
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+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
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+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
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+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
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+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
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+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
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195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
207
+
208
+
209
+
210
+
211
+ (
212
+
213
+
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+
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+
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+ 8
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+ 9
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+
219
+
220
+
221
+ D
222
+
223
+ )
224
+
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
244
+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
260
+
261
+
262
+
263
+ π
264
+
265
+ r
266
+
267
+ 2
268
+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
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+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
289
+
290
+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ La Géorgie (en anglais : Georgia, /ˈdʒɔɹ.dʒə/[2]) est un État du Sud des États-Unis, bordé à l'ouest par l'Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l'est par la Caroline du Sud et l'océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta[3].
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+
5
+ Selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2019, publiées en décembre), l'État compte 10 617 423 habitants (par rapport à 9 687 653 lors du recensement officiel de 2010). Environ 57 pour cent (6 millions d'habitants) vit dans la région métropolitaine d'Atlanta, neuvième aire urbaine du pays.
6
+
7
+ Le nom Géorgie provient du nom du roi George II de Grande-Bretagne (George Auguste, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1683-1760)).
8
+
9
+ La culture locale des Mound Builders, décrite par Hernando de Soto en 1540, a complètement disparu en 1560.
10
+
11
+ Le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre commence en 1670, lorsque les Britanniques fondent la colonie de Caroline, dans la Caroline du Sud actuelle. À peu près un siècle plus tôt, les huguenots avaient essayé d'installer une colonie en Floride française, Charlesfort et fort Caroline, et les Espagnols avaient fondé les provinces missionnaires de Guale et Mocama sur la côte de la région. Après des décennies de combats, les habitants, aidés par les Amérindiens, détruisent le système des missions durant les invasions de 1702 et 1704. Après cette date, l'Espagne ne contrôle plus que Saint Augustine et Pensacola ; mais la Floride subit aussi des raids par la suite. La côte de Géorgie est donc occupée par les Amérindiens jusqu'à ce que la région soit dépeuplée au cours de la guerre des Yamasee, en 1715-1716, après laquelle on y vit la possibilité d'ouvrir une colonie britannique.
12
+
13
+ Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1733, la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride[4] ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette[5]. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne[6]. À cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749[6]. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants[6]. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations.
14
+
15
+ Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L'Espagne reconnaît finalement en 1750 l'implantation britannique dans la région.
16
+
17
+ Par la suite, la Géorgie devient l'une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d'indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l'Union le 2 janvier 1788.
18
+
19
+ La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
20
+
21
+ En 1790, la colonie compte 29 264 esclaves et en 1793 l'assemblée fait passer une loi prohibant leur importation, mais il faut attendre 1798 pour qu'elle puisse prendre effet avec le vote d'une constitution de l'État. La loi est ignorée par les planteurs, et en 1800, l'État compte 59 699 esclaves. Leur nombre double à nouveau dans la décennie suivante pour atteindre 105 218 en 1810[7]. Près de 48 000 d'entre eux sont importés d'Afrique au cours de cette période, puis d'autres des plantations de la Chesapeake, en Virginie. Les esclaves sont 140 656 en 1820 et 280 944 en 1840 puis 462 000 en 1860.
22
+
23
+ La production de coton a été multipliée par 20 entre 1791 et 1801 en Géorgie[9], passant de 2 à 48 millions de livres[10], grâce à une nouvelle variété cultivée sur l'île de Sapelo, le Sea Island cotton et à l'invention de la machine à égrener le coton par Éli Whitney en 1793.
24
+
25
+ Whitney met au point une machine à trier les fibres de coton des semences, dans le comté de Chatham, le long du fleuve Savannah. Les planteurs de coton, d'abord installés sur l'île de Sapelo et dans l'archipel de Beaufort en Caroline du Sud vont migrer au cours des années 1790 et 1800 en remontant le fleuve Savannah vers la ville d'Augusta[9] et la rivière Ocmulgee vers le fort Benjamin Hawkins, du nom du colonel Benjamin Hawkins (1754-1816), construit en 1806 pour tenir en respect les Indiens creeks sur un site urbain qui devient en 1823 la ville de Macon, nommée d'après l'homme d'État de Caroline du Sud Nathaniel Macon.
26
+
27
+ Le fort a servi lors de la guerre de 1812 de frontière pour les colons combattants contre les Amérindiens et les Britanniques. Les Amérindiens creeks de la réserve s'étendant à l'ouest sont incités à se transformer en planteurs de coton et sont exposés aux pressions croissantes des planteurs de coton blancs qui souhaitent leur racheter leurs terres[11]. Plusieurs douzaines de familles blanches vivent dès cette époque autour du montfort[11]. En 1823, une loterie aboutit à la distribution de terres puis en dix ans à l'installation de 3 000 familles produisant 69 000 balles de coton, dans ce qui est devenu la ville de Macon[11].
28
+
29
+ Une loterie est ouverte dès 1805 dans le comté de Morgan, qui compte en 1820 une population de 13 000 habitants dont 6 000 Noirs[12].
30
+
31
+ Dès 1820, 80 % des esclaves de Géorgie vivent dans l'intérieur des terres, appelées aussi hautes terres, et huit des comtés ces hautes terres ont une population majoritairement noire[12], dans un vaste mouvement de population comparable à ce qui se passe à la même époque avec l'Alabama fever. Dès 1790, la part des Noirs dans la population passe d'un tiers à deux tiers.
32
+
33
+ Le 18 janvier 1861 l'État rejoint la Confédération sudiste et tient un rôle important durant la guerre de Sécession. En décembre 1864 le centre industriel et ferroviaire d'Atlanta est complètement détruit par l'armée nordiste du général William Tecumseh Sherman. Ses troupes saccagent la campagne entre Atlanta et la ville portuaire de Savannah ; elles prennent Savannah juste avant Noël 1864. Le 15 juillet 1870, la Géorgie est le dernier État de la Confédération sudiste à entrer à nouveau dans l'Union. Elle est occupée par les troupes fédérales jusqu'en 1877. Après la guerre, le Ku Klux Klan peut agir impunément dans la quasi-totalité des comtés de Géorgie. La structure économique de l’État, construite notamment sur le racisme, est maintenue[13].
34
+
35
+ D'une superficie de 152 577 km2, la Géorgie est peuplée de plus de 9,6 millions d'habitants selon le dernier recensement fédéral (2010). Le Nord de l'État est occupé par la chaîne des Appalaches, le Sud et l'Est, quant à eux, par la plaine côtière. L'État bénéficie d'un climat subtropical humide.
36
+
37
+ De nombreux cours d'eau traversent la Géorgie ; on trouve :
38
+
39
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Géorgie[14] :
40
+
41
+ L'État de Géorgie est divisé en 159 comtés[15].
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-trois aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Géorgie[16].
44
+
45
+ (564 873)
46
+
47
+ (580 270)
48
+
49
+ (2,7 %)
50
+
51
+ (294 865)
52
+
53
+ (316 554)
54
+
55
+ (7,4 %)
56
+
57
+ (528 143)
58
+
59
+ (541 744)
60
+
61
+ (2,6 %)
62
+
63
+ En 2010, 91,8 % des Géorgiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,7 % dans une aire métropolitaine et 10,1 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell regroupait à elle seule 54,6 % de la population de l'État.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini huit aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Géorgie.
66
+
67
+ (923 460)
68
+
69
+ (940 299)
70
+
71
+ (1,8 %)
72
+
73
+ (469 327)
74
+
75
+ (501 649)
76
+
77
+ (6,9 %)
78
+
79
+ (1 470 473)
80
+
81
+ (1 518 677)
82
+
83
+ (3,3 %)
84
+
85
+ (396 612)
86
+
87
+ (400 614)
88
+
89
+ (1,0 %)
90
+
91
+ En 2010, l'aire métropolitaine combinée d'Atlanta-Athens-Clarke County-Sandy Springs regroupait à elle seule 61,0 % de la population de l'État.
92
+
93
+ L'État de Géorgie compte 535 municipalités[17], dont 18 de plus de 40 000 habitants.
94
+
95
+ La municipalité d'Atlanta était la 40e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
96
+
97
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de Géorgie à 10 617 423 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 9% depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 9 687 653 habitants[18] Depuis 2010, l'État connaît la 16e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
98
+
99
+ Avec 9 687 653 habitants en 2010, la Géorgie était le 9e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 3,14 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le Nord-Est du comté de Butts[19].
100
+
101
+ Avec 65,03 hab./km2 en 2010, la Géorgie était le 18e État le plus dense des États-Unis.
102
+
103
+ Le taux d'urbains était de 75,1 % et celui de ruraux de 24,9 %[20].
104
+
105
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[21] (13,1 ‰ en 2012[22]) et le taux de mortalité à 7,4 ‰[23] (7,3 ‰ en 2012[24]). L'indice de fécondité était de 1,96 enfants par femme[21] (1,88 en 2012[22]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,4 ‰[23] (6,3 ‰ en 2012[24]). La population était composée de 25,72 % de personnes de moins de 18 ans, 10,01 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,21 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,40 % de personnes entre 45 et 64 ans et 10,65 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,3 ans[25].
106
+
107
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 304 504) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 197 541) avec un excédent des naissances (431 440) sur les décès (233 899), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 100 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 72 269) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 28 049)[26].
108
+
109
+ Selon des estimations de 2013, 89,0 % des Géorgiens étaient nés dans un État fédéré, dont 55,1 % dans l'État de Géorgie et 33,8 % dans un autre État (17,5 % dans le Sud, 6,7 % dans le Midwest, 6,5 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans l'Ouest), 1,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 9,7 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,8 % en Amérique latine, 28,2 % en Asie, 9,3 % en Europe, 8,7 % en Afrique, 1,8 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,7 % étaient naturalisés américain et 61,3 % étaient étrangers[27],[28].
110
+
111
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 400 000 immigrés illégaux, soit 3,9 % de la population. Cela représentait la 8e plus forte proportion du pays[29].
112
+
113
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 59,74 % de Blancs, 30,46 % de Noirs, 3,25 % d'Asiatiques (0,99 % d'Indiens, 0,54 % de Coréens, 0,47 % de Chinois, 0,47 % de Viêts), 2,14 % de Métis, 0,33 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,01 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
114
+
115
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,98 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,16 %).
116
+
117
+ Les non-hispaniques représentaient 91,19 % de la population avec 55,88 % de Blancs, 30,05 % de Noirs, 3,22 % d'Asiatiques, 1,57 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,20 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,81 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (5,36 %) et de Porto Rico (0,74 %)[25].
118
+
119
+ En 2010, l'État de Géorgie avait la 3e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %) et la Louisiane (32,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Blancs après Hawaï (24,74 %), la Californie (57,59 %), le Maryland (58,18 %) et le Mississippi (59,13 %) ainsi que la 7e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
120
+
121
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de Noirs (2 950 435) après l'État de New York (3 073 800), la Floride (2 999 862) et le Texas (2 979 598) ainsi que les 10e plus grands nombres de Blancs non hispaniques (5 413 920) et d'Hispaniques (853 689) des États-Unis.
122
+
123
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,9 %, dont 54,6 % de Blancs, 30,5 % de Noirs, 3,5 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,1 %[30].
124
+
125
+ En 2000, les Géorgiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (13,5 %), anglaise (8,1 %), irlandaise (7,8 %), allemande (7,0 %) et mexicaine (3,4 %)[31].
126
+
127
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
128
+
129
+ L'État abrite la 11e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 127 470 Juifs en 2013 (25 650 en 1971), soit 1,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans l'agglomération d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell (118 900). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Fulton (5,4 %), DeKalb (3,6 %) et Cobb (2,5 %).
130
+
131
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,3 %), Amérindiens du Mexique (8,0 %) et Creeks (3,0 %)[32].
132
+
133
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (60,9 %), de Porto Rico (8,4 %), du Guatemala (4,3 %), du Salvador (3,8 %), de la Colombie (3,0 %) et de Cuba (2,9 %)[33]. Composée à 43,8 % de Blancs, 6,5 % de Métis, 4,6 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 43,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 33,8 % des Amérindiens, 26,8 % des Métis, 24,2 % des Océaniens, 6,5 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 0,9 % des Asiatiques et 95,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
134
+
135
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,26 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,27 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,21 %).
136
+
137
+ L'État comptait également les 6e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (36 874), de la Colombie (26 013), de Cuba (25 048) et du Venezuela (6 289), le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Costa Rica (3 114), les 9e plus grands nombres de personnes originaires du Honduras (20 577), de la République dominicaine (14 941) et du Pérou (10 570) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires du Mexique (519 502), du Salvador (32 107) et du Nicaragua (4 787).
138
+
139
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (30,6 %), Coréens (16,7 %), Chinois (14,6 %), Viêts (14,4 %), Philippins (5,7 %) et Pakistanais (3,1 %)[34].
140
+
141
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Coréens (0,54 %) ainsi que les 10e plus fortes proportions d'Indiens (0,99 %), de Viêts (0,47 %) et de Pakistanais (0,10 %).
142
+
143
+ L'État comptait également le 6e plus grand nombre de Viêts (45 263), le 7e plus grand nombre de Hmongs (3 460), les 8e plus grands nombres de Coréens (52 431) et de Laotiens (5 560), les 9e plus grands nombres d'Indiens (96 116) et de Bangladais (3 466) ainsi que les 10e plus grands nombres de Pakistanais (9 868) et de Cambodgiens (4 528).
144
+
145
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,3 %), principalement blanche et noire (28,6 %), blanche et autre (15,2 %), blanche et asiatique (14,3 %), blanche et amérindienne (13,1 %), noire et amérindienne (5,4 %), noire et autre (4,9 %) et noire et asiatique (3,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,7 %)[35].
146
+
147
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 51 % des habitants de Géorgie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 19 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[37].
148
+
149
+ La Géorgie est actuellement le principal centre de communication de la région sud des États-Unis. Les principales routes goudronnées de l'État ont été inaugurées au début du XXe siècle et la grande majorité des petites routes nationales ont été pavées au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Atlanta est le principal centre routier de la Géorgie. En 2003, l'État comptait 187 543 kilomètres de routes publiques, dont 2 004 kilomètres d'autoroutes Interstate highway, considérées comme faisant partie du réseau routier fédéral des États-Unis.
150
+
151
+ L'État dispose d'un vaste réseau ferroviaire. Atlanta, en plus d'être le principal centre ferroviaire de l'État, est également le principal centre ferroviaire du sud des États-Unis. En 2002, la Géorgie possédait 7 530 kilomètres de voies ferrées. Le train Crescent (Amtrak) dessert les villes de Toccoa, Gainesville, et Atlanta de toute la côte est entre New York & La Nouvelle-Orléans.
152
+
153
+ Atlanta possède actuellement l'aéroport le plus achalandé au monde, en nombre de passagers, l'aéroport international Hartsfield-Jackson, fréquenté par environ 82 millions de passagers par an. L’aéroport international de Savannah/Hilton Head est le deuxième aéroport le plus achalandé de l’État, selon le nombre de passagers, et le seul aéroport international supplémentaire. Les autres aéroports commerciaux (classés par nombres de passagers) sont situés à Augusta, Columbus, Albany, Macon, Brunswick, Valdosta et Athens.
154
+
155
+ Savannah est le principal centre portuaire de la Géorgie et l’un des ports les plus modernes en activité du pays.
156
+
157
+ La Metropolitan Atlanta Rapid Transit Authority (MARTA) est le principal réseau de transport en commun rapide de la région métropolitaine d’Atlanta.
158
+
159
+ Bastion du Parti démocrate pendant plus d'une centaine d'années, la Géorgie a commencé à voter nationalement pour les républicains à partir des années 1960 avant de devenir l'une de ses places fortes nationales et locales durant les années 2000.
160
+
161
+ La Géorgie est aujourd'hui globalement dominée par le Parti républicain, qui est particulièrement puissant au nord et au sud de l'État. Les principales places fortes démocrates sont Atlanta, Athens et la Black Belt, qui s'étend de Columbus à Augusta. En raison de l'émergence d'une classe moyenne afro-américaine et hispanique, les banlieues conservatrices d'Atlanta deviennent quant à elles de plus en plus compétitives[42].
162
+
163
+ De 1824 à la guerre de Sécession, la Géorgie est un État qui pratique l'alternance entre les démocrates et les Whigs. À partir de 1848, il s'ancre dans le camp démocrate et à l'élection présidentielle de 1860 apporte ses suffrages à John Breckinridge, le candidat démocrate pro-sudiste devant le candidat de l'union constitutionnelle, John Bell et devant le candidat démocrate pro-union, Stephen A. Douglas (la candidature du républicain Abraham Lincoln ne fut pas proposée aux électeurs de Géorgie). Jusqu'en 1960, la Géorgie est politiquement totalement acquis aux démocrates. Le Parti républicain, celui de Lincoln, est considéré comme le parti des vainqueurs de la guerre de Sécession et des Yankees.
164
+
165
+ Lors des premières élections qui suivent la guerre, en 1868, le candidat démocrate Horatio Seymour remporte 64,27 % des voix contre le président Ulysses S. Grant alors que tous les confédérés n'ont pas encore recouvré leur droit de vote. Au début du XXe siècle, les démocrates écrasent les républicains obtenant 79,51 % des voix en 1916 (Woodrow Wilson) ou encore 91,60 % des voix en 1932 (Franklin Delano Roosevelt). Durant cette époque, la Géorgie est un État ségrégationniste où règnent le Ku Klux Klan et les Dixiecrats.
166
+
167
+ Les lois sur les droits civiques dans les années 1960 commencent à entamer la prépondérance démocrate. En 1964, Barry Goldwater est le premier républicain à remporter la Géorgie (54,12 %) contre le président Lyndon B. Johnson (45,87 %) à qui les électeurs blancs font payer les lois sur les droits civiques votés au Congrès avec l'appoint pourtant décisif des républicains.
168
+
169
+ En 1968, George Wallace, le candidat démocrate ségrégationniste remporte la Géorgie face au républicain Richard Nixon (30,40 %) et face au démocrate Hubert Humphrey (26,75 %). En 1972, Richard Nixon remporte la Géorgie (75,04 %) tandis qu'en 1976, Jimmy Carter, gouverneur démocrate de l'État, est élu président des États-Unis avec le soutien géorgien.
170
+
171
+ Depuis 1984, tous les candidats républicains ont remporté la Géorgie à l'exception de l'année 1992 où le démocrate Bill Clinton s'est imposé avec 43,47 % des voix face au président républicain George H. W. Bush (42,88 %) et face au candidat populiste Ross Perot (13,34 %).
172
+
173
+ Au niveau fédéral, lors du 116e congrès (législature de 2019 à 2021), la délégation de Géorgie au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains, Kelly Loeffler et David Perdue, de neuf représentants républicains et cinq démocrates.
174
+
175
+ David Perdue, sénateur depuis 2015.
176
+
177
+ Kelly Loeffler, sénatrice depuis 2020.
178
+
179
+ De 1872 à 2002, pendant 130 ans, les électeurs de l'État de Géorgie n'ont élu que des gouverneurs démocrates et des majorités démocrates à l'assemblée de Géorgie. Comme beaucoup d'anciens États du sud, la Géorgie a vécu un régime de parti unique pendant une centaine d'années. Les électeurs blancs percevaient alors le Parti républicain comme le parti des Yankees, un parti étranger aux valeurs sudistes dont la victoire aux élections de 1860 avait conduit le pays à la guerre de Sécession, à l'abolition de l'esclavage et à la défaite du Sud.
180
+
181
+ Les démocrates du Sud, ségrégationnistes ou populistes étaient alors appelés « Southern Democrats » (ou encore Dixiecrats pour les plus conservateurs) et se différenciaient du Parti démocrate national au programme plus centriste.
182
+
183
+ Le gouverneur républicain Brian Kemp signe en mai 2019 une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Les femmes ayant recours illégalement à l'avortement s'exposeront à la prison à vie et à la peine de mort. La Cour suprême devrait cependant invalider cette loi[43].
184
+
185
+ Le gouverneur de l'État, élu pour 4 ans, est aujourd'hui Brian Kemp, le troisième républicain à occuper ce poste depuis 1872.
186
+
187
+ En janvier 2011, Sonny Perdue devient le premier gouverneur républicain de Géorgie en 130 ans.
188
+
189
+ Le lieutenant-gouverneur, élu pour 4 ans, est le républicain Geoff Duncan (en).
190
+
191
+ Les deux chambres de l'Assemblée générale de Géorgie sont dominées depuis 2002 par les républicains. Le sénat de 56 membres élus pour 2 ans est ainsi dominé par 35 républicains et la chambre des représentants de 180 membres élus pour 2 ans est dominée par 105 républicains lors de la législature 2019-2021.
192
+
193
+ La justice géorgienne est composée :
194
+
195
+ La Géorgie est un État favorable à la peine de mort. La méthode d'exécution actuelle est l'injection létale. La chaise électrique fut la seule méthode jusqu'en 2001 lorsque la Cour suprême de Géorgie déclara que cette méthode était cruelle et inusitée [44]. Sont considérés comme crimes capitaux, les meurtres, les enlèvements avec demande de rançon et blessures lorsque la victime meurt, les détournements d'avion, et les trahisons. L'âge minimum légal pour être condamné à la peine capitale est 17 ans. Avant 1976, 950 exécutions ont eu lieu. Entre 1976 et septembre 2011, 38 ont eu lieu. En septembre 2011, il y avait 113 détenus condamnés à mort. Avant septembre 2011, cinq personnes ont été innocentées, et six ont bénéficié d'une grâce.
196
+
197
+ La Géorgie compte1 380 autorités locales, dont 689 sont des entités de compétence générale réparties entre 152 comtés et 537 municipalités (il n'y a pas de townships ou cantons en Géorgie), et 691 sont des districts spéciaux, dont 180 districts scolaires, et 511 autres districts spéciaux, dédiés à l'administration de services particuliers (eaux, ordures ménagères, police, etc.)[45].
198
+
199
+ La Home rule est accordée par l'article IX de la Constitution de l’État de Géorgie aux comtés et municipalités de Géorgie, lesquelles sont donc libres de légiférer sur leur territoire à condition de respecter la constitution fédérale et celle de la Géorgie.
200
+
201
+ Le film à grand succès Autant en emporte le vent se déroule en Géorgie. Les protagonistes du film sont issus de la haute société sudiste et possèdent de grandes plantations de coton. La guerre de Sécession va profondément bouleverser cette société[46].
202
+
203
+ La Géorgie a vu na��tre un grand nombre de grands noms du cinéma comme Oliver Hardy (de « Laurel et Hardy »), Kim Basinger, Julia Roberts, Laurence Fishburne, Spike Lee, Steven Soderbergh, DeForest Kelley ou encore Dakota Fanning, mais aussi de la musique avec Little Richard, Ray Charles, R.E.M., Of Montreal, Neutral Milk Hotel, OutKast, Lil Jon, Jagged Edge, T.I., Ciara et Dirty South, ainsi que du divertissement comme les catcheurs Hulk Hogan ou Cody Rhodes.
204
+
205
+ Dans les années 1960, Ray Charles refuse de revenir jouer en Géorgie, son État de naissance, du fait de la ségrégation qui y règne alors. Toutefois, en 1979, sa chanson Georgia on My Mind est adoptée comme hymne officiel de l'État (state song)[47].
206
+
207
+ À la télévision, la Géorgie est le lieu principal de la série The Walking Dead, les personnages se retrouvant à la sortie d'Atlanta dans la première saison. Ils ne quittent cet État qu'à la fin de la saison 5, lorsque le groupe arrive à Washington. La série Vampire Diaries y est également tournée.
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+ La Géorgie (en anglais : Georgia, /ˈdʒɔɹ.dʒə/[2]) est un État du Sud des États-Unis, bordé à l'ouest par l'Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l'est par la Caroline du Sud et l'océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta[3].
4
+
5
+ Selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2019, publiées en décembre), l'État compte 10 617 423 habitants (par rapport à 9 687 653 lors du recensement officiel de 2010). Environ 57 pour cent (6 millions d'habitants) vit dans la région métropolitaine d'Atlanta, neuvième aire urbaine du pays.
6
+
7
+ Le nom Géorgie provient du nom du roi George II de Grande-Bretagne (George Auguste, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1683-1760)).
8
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9
+ La culture locale des Mound Builders, décrite par Hernando de Soto en 1540, a complètement disparu en 1560.
10
+
11
+ Le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre commence en 1670, lorsque les Britanniques fondent la colonie de Caroline, dans la Caroline du Sud actuelle. À peu près un siècle plus tôt, les huguenots avaient essayé d'installer une colonie en Floride française, Charlesfort et fort Caroline, et les Espagnols avaient fondé les provinces missionnaires de Guale et Mocama sur la côte de la région. Après des décennies de combats, les habitants, aidés par les Amérindiens, détruisent le système des missions durant les invasions de 1702 et 1704. Après cette date, l'Espagne ne contrôle plus que Saint Augustine et Pensacola ; mais la Floride subit aussi des raids par la suite. La côte de Géorgie est donc occupée par les Amérindiens jusqu'à ce que la région soit dépeuplée au cours de la guerre des Yamasee, en 1715-1716, après laquelle on y vit la possibilité d'ouvrir une colonie britannique.
12
+
13
+ Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1733, la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride[4] ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette[5]. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne[6]. À cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749[6]. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants[6]. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations.
14
+
15
+ Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L'Espagne reconnaît finalement en 1750 l'implantation britannique dans la région.
16
+
17
+ Par la suite, la Géorgie devient l'une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d'indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l'Union le 2 janvier 1788.
18
+
19
+ La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
20
+
21
+ En 1790, la colonie compte 29 264 esclaves et en 1793 l'assemblée fait passer une loi prohibant leur importation, mais il faut attendre 1798 pour qu'elle puisse prendre effet avec le vote d'une constitution de l'État. La loi est ignorée par les planteurs, et en 1800, l'État compte 59 699 esclaves. Leur nombre double à nouveau dans la décennie suivante pour atteindre 105 218 en 1810[7]. Près de 48 000 d'entre eux sont importés d'Afrique au cours de cette période, puis d'autres des plantations de la Chesapeake, en Virginie. Les esclaves sont 140 656 en 1820 et 280 944 en 1840 puis 462 000 en 1860.
22
+
23
+ La production de coton a été multipliée par 20 entre 1791 et 1801 en Géorgie[9], passant de 2 à 48 millions de livres[10], grâce à une nouvelle variété cultivée sur l'île de Sapelo, le Sea Island cotton et à l'invention de la machine à égrener le coton par Éli Whitney en 1793.
24
+
25
+ Whitney met au point une machine à trier les fibres de coton des semences, dans le comté de Chatham, le long du fleuve Savannah. Les planteurs de coton, d'abord installés sur l'île de Sapelo et dans l'archipel de Beaufort en Caroline du Sud vont migrer au cours des années 1790 et 1800 en remontant le fleuve Savannah vers la ville d'Augusta[9] et la rivière Ocmulgee vers le fort Benjamin Hawkins, du nom du colonel Benjamin Hawkins (1754-1816), construit en 1806 pour tenir en respect les Indiens creeks sur un site urbain qui devient en 1823 la ville de Macon, nommée d'après l'homme d'État de Caroline du Sud Nathaniel Macon.
26
+
27
+ Le fort a servi lors de la guerre de 1812 de frontière pour les colons combattants contre les Amérindiens et les Britanniques. Les Amérindiens creeks de la réserve s'étendant à l'ouest sont incités à se transformer en planteurs de coton et sont exposés aux pressions croissantes des planteurs de coton blancs qui souhaitent leur racheter leurs terres[11]. Plusieurs douzaines de familles blanches vivent dès cette époque autour du montfort[11]. En 1823, une loterie aboutit à la distribution de terres puis en dix ans à l'installation de 3 000 familles produisant 69 000 balles de coton, dans ce qui est devenu la ville de Macon[11].
28
+
29
+ Une loterie est ouverte dès 1805 dans le comté de Morgan, qui compte en 1820 une population de 13 000 habitants dont 6 000 Noirs[12].
30
+
31
+ Dès 1820, 80 % des esclaves de Géorgie vivent dans l'intérieur des terres, appelées aussi hautes terres, et huit des comtés ces hautes terres ont une population majoritairement noire[12], dans un vaste mouvement de population comparable à ce qui se passe à la même époque avec l'Alabama fever. Dès 1790, la part des Noirs dans la population passe d'un tiers à deux tiers.
32
+
33
+ Le 18 janvier 1861 l'État rejoint la Confédération sudiste et tient un rôle important durant la guerre de Sécession. En décembre 1864 le centre industriel et ferroviaire d'Atlanta est complètement détruit par l'armée nordiste du général William Tecumseh Sherman. Ses troupes saccagent la campagne entre Atlanta et la ville portuaire de Savannah ; elles prennent Savannah juste avant Noël 1864. Le 15 juillet 1870, la Géorgie est le dernier État de la Confédération sudiste à entrer à nouveau dans l'Union. Elle est occupée par les troupes fédérales jusqu'en 1877. Après la guerre, le Ku Klux Klan peut agir impunément dans la quasi-totalité des comtés de Géorgie. La structure économique de l’État, construite notamment sur le racisme, est maintenue[13].
34
+
35
+ D'une superficie de 152 577 km2, la Géorgie est peuplée de plus de 9,6 millions d'habitants selon le dernier recensement fédéral (2010). Le Nord de l'État est occupé par la chaîne des Appalaches, le Sud et l'Est, quant à eux, par la plaine côtière. L'État bénéficie d'un climat subtropical humide.
36
+
37
+ De nombreux cours d'eau traversent la Géorgie ; on trouve :
38
+
39
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Géorgie[14] :
40
+
41
+ L'État de Géorgie est divisé en 159 comtés[15].
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-trois aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Géorgie[16].
44
+
45
+ (564 873)
46
+
47
+ (580 270)
48
+
49
+ (2,7 %)
50
+
51
+ (294 865)
52
+
53
+ (316 554)
54
+
55
+ (7,4 %)
56
+
57
+ (528 143)
58
+
59
+ (541 744)
60
+
61
+ (2,6 %)
62
+
63
+ En 2010, 91,8 % des Géorgiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,7 % dans une aire métropolitaine et 10,1 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell regroupait à elle seule 54,6 % de la population de l'État.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini huit aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Géorgie.
66
+
67
+ (923 460)
68
+
69
+ (940 299)
70
+
71
+ (1,8 %)
72
+
73
+ (469 327)
74
+
75
+ (501 649)
76
+
77
+ (6,9 %)
78
+
79
+ (1 470 473)
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+ (1 518 677)
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+ (396 612)
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+ (400 614)
88
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+ (1,0 %)
90
+
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+ En 2010, l'aire métropolitaine combinée d'Atlanta-Athens-Clarke County-Sandy Springs regroupait à elle seule 61,0 % de la population de l'État.
92
+
93
+ L'État de Géorgie compte 535 municipalités[17], dont 18 de plus de 40 000 habitants.
94
+
95
+ La municipalité d'Atlanta était la 40e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
96
+
97
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de Géorgie à 10 617 423 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 9% depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 9 687 653 habitants[18] Depuis 2010, l'État connaît la 16e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
98
+
99
+ Avec 9 687 653 habitants en 2010, la Géorgie était le 9e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 3,14 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le Nord-Est du comté de Butts[19].
100
+
101
+ Avec 65,03 hab./km2 en 2010, la Géorgie était le 18e État le plus dense des États-Unis.
102
+
103
+ Le taux d'urbains était de 75,1 % et celui de ruraux de 24,9 %[20].
104
+
105
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[21] (13,1 ‰ en 2012[22]) et le taux de mortalité à 7,4 ‰[23] (7,3 ‰ en 2012[24]). L'indice de fécondité était de 1,96 enfants par femme[21] (1,88 en 2012[22]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,4 ‰[23] (6,3 ‰ en 2012[24]). La population était composée de 25,72 % de personnes de moins de 18 ans, 10,01 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,21 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,40 % de personnes entre 45 et 64 ans et 10,65 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,3 ans[25].
106
+
107
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 304 504) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 197 541) avec un excédent des naissances (431 440) sur les décès (233 899), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 100 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 72 269) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 28 049)[26].
108
+
109
+ Selon des estimations de 2013, 89,0 % des Géorgiens étaient nés dans un État fédéré, dont 55,1 % dans l'État de Géorgie et 33,8 % dans un autre État (17,5 % dans le Sud, 6,7 % dans le Midwest, 6,5 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans l'Ouest), 1,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 9,7 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,8 % en Amérique latine, 28,2 % en Asie, 9,3 % en Europe, 8,7 % en Afrique, 1,8 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,7 % étaient naturalisés américain et 61,3 % étaient étrangers[27],[28].
110
+
111
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 400 000 immigrés illégaux, soit 3,9 % de la population. Cela représentait la 8e plus forte proportion du pays[29].
112
+
113
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 59,74 % de Blancs, 30,46 % de Noirs, 3,25 % d'Asiatiques (0,99 % d'Indiens, 0,54 % de Coréens, 0,47 % de Chinois, 0,47 % de Viêts), 2,14 % de Métis, 0,33 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,01 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
114
+
115
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,98 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,16 %).
116
+
117
+ Les non-hispaniques représentaient 91,19 % de la population avec 55,88 % de Blancs, 30,05 % de Noirs, 3,22 % d'Asiatiques, 1,57 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,20 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,81 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (5,36 %) et de Porto Rico (0,74 %)[25].
118
+
119
+ En 2010, l'État de Géorgie avait la 3e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %) et la Louisiane (32,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Blancs après Hawaï (24,74 %), la Californie (57,59 %), le Maryland (58,18 %) et le Mississippi (59,13 %) ainsi que la 7e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
120
+
121
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de Noirs (2 950 435) après l'État de New York (3 073 800), la Floride (2 999 862) et le Texas (2 979 598) ainsi que les 10e plus grands nombres de Blancs non hispaniques (5 413 920) et d'Hispaniques (853 689) des États-Unis.
122
+
123
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,9 %, dont 54,6 % de Blancs, 30,5 % de Noirs, 3,5 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,1 %[30].
124
+
125
+ En 2000, les Géorgiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (13,5 %), anglaise (8,1 %), irlandaise (7,8 %), allemande (7,0 %) et mexicaine (3,4 %)[31].
126
+
127
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
128
+
129
+ L'État abrite la 11e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 127 470 Juifs en 2013 (25 650 en 1971), soit 1,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans l'agglomération d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell (118 900). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Fulton (5,4 %), DeKalb (3,6 %) et Cobb (2,5 %).
130
+
131
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,3 %), Amérindiens du Mexique (8,0 %) et Creeks (3,0 %)[32].
132
+
133
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (60,9 %), de Porto Rico (8,4 %), du Guatemala (4,3 %), du Salvador (3,8 %), de la Colombie (3,0 %) et de Cuba (2,9 %)[33]. Composée à 43,8 % de Blancs, 6,5 % de Métis, 4,6 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 43,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 33,8 % des Amérindiens, 26,8 % des Métis, 24,2 % des Océaniens, 6,5 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 0,9 % des Asiatiques et 95,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
134
+
135
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,26 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,27 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,21 %).
136
+
137
+ L'État comptait également les 6e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (36 874), de la Colombie (26 013), de Cuba (25 048) et du Venezuela (6 289), le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Costa Rica (3 114), les 9e plus grands nombres de personnes originaires du Honduras (20 577), de la République dominicaine (14 941) et du Pérou (10 570) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires du Mexique (519 502), du Salvador (32 107) et du Nicaragua (4 787).
138
+
139
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (30,6 %), Coréens (16,7 %), Chinois (14,6 %), Viêts (14,4 %), Philippins (5,7 %) et Pakistanais (3,1 %)[34].
140
+
141
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Coréens (0,54 %) ainsi que les 10e plus fortes proportions d'Indiens (0,99 %), de Viêts (0,47 %) et de Pakistanais (0,10 %).
142
+
143
+ L'État comptait également le 6e plus grand nombre de Viêts (45 263), le 7e plus grand nombre de Hmongs (3 460), les 8e plus grands nombres de Coréens (52 431) et de Laotiens (5 560), les 9e plus grands nombres d'Indiens (96 116) et de Bangladais (3 466) ainsi que les 10e plus grands nombres de Pakistanais (9 868) et de Cambodgiens (4 528).
144
+
145
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,3 %), principalement blanche et noire (28,6 %), blanche et autre (15,2 %), blanche et asiatique (14,3 %), blanche et amérindienne (13,1 %), noire et amérindienne (5,4 %), noire et autre (4,9 %) et noire et asiatique (3,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,7 %)[35].
146
+
147
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 51 % des habitants de Géorgie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 19 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[37].
148
+
149
+ La Géorgie est actuellement le principal centre de communication de la région sud des États-Unis. Les principales routes goudronnées de l'État ont été inaugurées au début du XXe siècle et la grande majorité des petites routes nationales ont été pavées au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Atlanta est le principal centre routier de la Géorgie. En 2003, l'État comptait 187 543 kilomètres de routes publiques, dont 2 004 kilomètres d'autoroutes Interstate highway, considérées comme faisant partie du réseau routier fédéral des États-Unis.
150
+
151
+ L'État dispose d'un vaste réseau ferroviaire. Atlanta, en plus d'être le principal centre ferroviaire de l'État, est également le principal centre ferroviaire du sud des États-Unis. En 2002, la Géorgie possédait 7 530 kilomètres de voies ferrées. Le train Crescent (Amtrak) dessert les villes de Toccoa, Gainesville, et Atlanta de toute la côte est entre New York & La Nouvelle-Orléans.
152
+
153
+ Atlanta possède actuellement l'aéroport le plus achalandé au monde, en nombre de passagers, l'aéroport international Hartsfield-Jackson, fréquenté par environ 82 millions de passagers par an. L’aéroport international de Savannah/Hilton Head est le deuxième aéroport le plus achalandé de l’État, selon le nombre de passagers, et le seul aéroport international supplémentaire. Les autres aéroports commerciaux (classés par nombres de passagers) sont situés à Augusta, Columbus, Albany, Macon, Brunswick, Valdosta et Athens.
154
+
155
+ Savannah est le principal centre portuaire de la Géorgie et l’un des ports les plus modernes en activité du pays.
156
+
157
+ La Metropolitan Atlanta Rapid Transit Authority (MARTA) est le principal réseau de transport en commun rapide de la région métropolitaine d’Atlanta.
158
+
159
+ Bastion du Parti démocrate pendant plus d'une centaine d'années, la Géorgie a commencé à voter nationalement pour les républicains à partir des années 1960 avant de devenir l'une de ses places fortes nationales et locales durant les années 2000.
160
+
161
+ La Géorgie est aujourd'hui globalement dominée par le Parti républicain, qui est particulièrement puissant au nord et au sud de l'État. Les principales places fortes démocrates sont Atlanta, Athens et la Black Belt, qui s'étend de Columbus à Augusta. En raison de l'émergence d'une classe moyenne afro-américaine et hispanique, les banlieues conservatrices d'Atlanta deviennent quant à elles de plus en plus compétitives[42].
162
+
163
+ De 1824 à la guerre de Sécession, la Géorgie est un État qui pratique l'alternance entre les démocrates et les Whigs. À partir de 1848, il s'ancre dans le camp démocrate et à l'élection présidentielle de 1860 apporte ses suffrages à John Breckinridge, le candidat démocrate pro-sudiste devant le candidat de l'union constitutionnelle, John Bell et devant le candidat démocrate pro-union, Stephen A. Douglas (la candidature du républicain Abraham Lincoln ne fut pas proposée aux électeurs de Géorgie). Jusqu'en 1960, la Géorgie est politiquement totalement acquis aux démocrates. Le Parti républicain, celui de Lincoln, est considéré comme le parti des vainqueurs de la guerre de Sécession et des Yankees.
164
+
165
+ Lors des premières élections qui suivent la guerre, en 1868, le candidat démocrate Horatio Seymour remporte 64,27 % des voix contre le président Ulysses S. Grant alors que tous les confédérés n'ont pas encore recouvré leur droit de vote. Au début du XXe siècle, les démocrates écrasent les républicains obtenant 79,51 % des voix en 1916 (Woodrow Wilson) ou encore 91,60 % des voix en 1932 (Franklin Delano Roosevelt). Durant cette époque, la Géorgie est un État ségrégationniste où règnent le Ku Klux Klan et les Dixiecrats.
166
+
167
+ Les lois sur les droits civiques dans les années 1960 commencent à entamer la prépondérance démocrate. En 1964, Barry Goldwater est le premier républicain à remporter la Géorgie (54,12 %) contre le président Lyndon B. Johnson (45,87 %) à qui les électeurs blancs font payer les lois sur les droits civiques votés au Congrès avec l'appoint pourtant décisif des républicains.
168
+
169
+ En 1968, George Wallace, le candidat démocrate ségrégationniste remporte la Géorgie face au républicain Richard Nixon (30,40 %) et face au démocrate Hubert Humphrey (26,75 %). En 1972, Richard Nixon remporte la Géorgie (75,04 %) tandis qu'en 1976, Jimmy Carter, gouverneur démocrate de l'État, est élu président des États-Unis avec le soutien géorgien.
170
+
171
+ Depuis 1984, tous les candidats républicains ont remporté la Géorgie à l'exception de l'année 1992 où le démocrate Bill Clinton s'est imposé avec 43,47 % des voix face au président républicain George H. W. Bush (42,88 %) et face au candidat populiste Ross Perot (13,34 %).
172
+
173
+ Au niveau fédéral, lors du 116e congrès (législature de 2019 à 2021), la délégation de Géorgie au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains, Kelly Loeffler et David Perdue, de neuf représentants républicains et cinq démocrates.
174
+
175
+ David Perdue, sénateur depuis 2015.
176
+
177
+ Kelly Loeffler, sénatrice depuis 2020.
178
+
179
+ De 1872 à 2002, pendant 130 ans, les électeurs de l'État de Géorgie n'ont élu que des gouverneurs démocrates et des majorités démocrates à l'assemblée de Géorgie. Comme beaucoup d'anciens États du sud, la Géorgie a vécu un régime de parti unique pendant une centaine d'années. Les électeurs blancs percevaient alors le Parti républicain comme le parti des Yankees, un parti étranger aux valeurs sudistes dont la victoire aux élections de 1860 avait conduit le pays à la guerre de Sécession, à l'abolition de l'esclavage et à la défaite du Sud.
180
+
181
+ Les démocrates du Sud, ségrégationnistes ou populistes étaient alors appelés « Southern Democrats » (ou encore Dixiecrats pour les plus conservateurs) et se différenciaient du Parti démocrate national au programme plus centriste.
182
+
183
+ Le gouverneur républicain Brian Kemp signe en mai 2019 une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Les femmes ayant recours illégalement à l'avortement s'exposeront à la prison à vie et à la peine de mort. La Cour suprême devrait cependant invalider cette loi[43].
184
+
185
+ Le gouverneur de l'État, élu pour 4 ans, est aujourd'hui Brian Kemp, le troisième républicain à occuper ce poste depuis 1872.
186
+
187
+ En janvier 2011, Sonny Perdue devient le premier gouverneur républicain de Géorgie en 130 ans.
188
+
189
+ Le lieutenant-gouverneur, élu pour 4 ans, est le républicain Geoff Duncan (en).
190
+
191
+ Les deux chambres de l'Assemblée générale de Géorgie sont dominées depuis 2002 par les républicains. Le sénat de 56 membres élus pour 2 ans est ainsi dominé par 35 républicains et la chambre des représentants de 180 membres élus pour 2 ans est dominée par 105 républicains lors de la législature 2019-2021.
192
+
193
+ La justice géorgienne est composée :
194
+
195
+ La Géorgie est un État favorable à la peine de mort. La méthode d'exécution actuelle est l'injection létale. La chaise électrique fut la seule méthode jusqu'en 2001 lorsque la Cour suprême de Géorgie déclara que cette méthode était cruelle et inusitée [44]. Sont considérés comme crimes capitaux, les meurtres, les enlèvements avec demande de rançon et blessures lorsque la victime meurt, les détournements d'avion, et les trahisons. L'âge minimum légal pour être condamné à la peine capitale est 17 ans. Avant 1976, 950 exécutions ont eu lieu. Entre 1976 et septembre 2011, 38 ont eu lieu. En septembre 2011, il y avait 113 détenus condamnés à mort. Avant septembre 2011, cinq personnes ont été innocentées, et six ont bénéficié d'une grâce.
196
+
197
+ La Géorgie compte1 380 autorités locales, dont 689 sont des entités de compétence générale réparties entre 152 comtés et 537 municipalités (il n'y a pas de townships ou cantons en Géorgie), et 691 sont des districts spéciaux, dont 180 districts scolaires, et 511 autres districts spéciaux, dédiés à l'administration de services particuliers (eaux, ordures ménagères, police, etc.)[45].
198
+
199
+ La Home rule est accordée par l'article IX de la Constitution de l’État de Géorgie aux comtés et municipalités de Géorgie, lesquelles sont donc libres de légiférer sur leur territoire à condition de respecter la constitution fédérale et celle de la Géorgie.
200
+
201
+ Le film à grand succès Autant en emporte le vent se déroule en Géorgie. Les protagonistes du film sont issus de la haute société sudiste et possèdent de grandes plantations de coton. La guerre de Sécession va profondément bouleverser cette société[46].
202
+
203
+ La Géorgie a vu na��tre un grand nombre de grands noms du cinéma comme Oliver Hardy (de « Laurel et Hardy »), Kim Basinger, Julia Roberts, Laurence Fishburne, Spike Lee, Steven Soderbergh, DeForest Kelley ou encore Dakota Fanning, mais aussi de la musique avec Little Richard, Ray Charles, R.E.M., Of Montreal, Neutral Milk Hotel, OutKast, Lil Jon, Jagged Edge, T.I., Ciara et Dirty South, ainsi que du divertissement comme les catcheurs Hulk Hogan ou Cody Rhodes.
204
+
205
+ Dans les années 1960, Ray Charles refuse de revenir jouer en Géorgie, son État de naissance, du fait de la ségrégation qui y règne alors. Toutefois, en 1979, sa chanson Georgia on My Mind est adoptée comme hymne officiel de l'État (state song)[47].
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+ À la télévision, la Géorgie est le lieu principal de la série The Walking Dead, les personnages se retrouvant à la sortie d'Atlanta dans la première saison. Ils ne quittent cet État qu'à la fin de la saison 5, lorsque le groupe arrive à Washington. La série Vampire Diaries y est également tournée.
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+ République de Géorgie
2
+
3
+ (ka) საქართველო / Sakartvelo
4
+
5
+ 41° 42′ 35″ N, 44° 47′ 36″ E
6
+
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+ modifier
8
+
9
+ La Géorgie (en géorgien : საქართველო, translittéré en SakartveloÉcouter), en forme longue depuis 1995 la république de Géorgie, est un pays sur la côte est de la mer Noire dans le Caucase, situé à la fois en Europe de l'Est et en Asie[1],[4],[5]. Elle est considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l'Europe[6],[7],[8]. Le pays est membre du Conseil de l'Europe, de l'OSCE, de Eurocontrol, de la Coopération économique de la mer Noire et de l'Alliance GUAM. Elle espère devenir un jour membre de l'OTAN et de l'Union européenne avec laquelle un accord d'association a été conclu en 2014[9].
10
+
11
+ L'histoire de la Géorgie remonte aux royaumes antiques de Colchide et d'Ibérie, qui furent ensuite unifiés. La Géorgie est l'une des premières nations à avoir adopté la religion chrétienne comme religion officielle, au début du IVe siècle : elle a rejoint l'orthodoxie après le schisme de 1054. Elle connaît son âge d'or au XIIe siècle, sous le règne de Tamar Ire. Confrontée tour à tour aux Romains, Perses, Mongols, Byzantins, et Ottomans[10], la Géorgie est annexée au début du XIXe siècle par la Russie impériale sous Paul Ier, mais retrouve son indépendance de 1918 à 1921 et devient un protectorat allemand. Elle est ensuite intégrée en tant que république au sein de l'Union soviétique.
12
+
13
+ L'indépendance de la Géorgie est une nouvelle fois restaurée en 1991. Le pays accumule difficultés économiques et guerres de sécession ; l'Adjarie redevient totalement géorgienne en 2004, par contre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud proclament unilatéralement leur indépendance après les combats des années 1990 et la deuxième guerre d'Ossétie du Sud en 2008. La Révolution des Roses, en 2004, pacifique, et l'alternance démocratique, en 2012, non moins pacifique, ont conduit le pays sur le chemin de la démocratie.
14
+
15
+ Le pays couvre un territoire de 69 700 km2 dont 12 560 km2, soit environ 18 %[2], échappent à l’administration géorgienne. La Georgie possède des frontières avec la Russie au nord et nord-est, l'Arménie et la Turquie au sud, et l'Azerbaïdjan au sud-est. La population est de 3,7 millions d'habitants selon le recensement de novembre 2014.
16
+
17
+ Les Géorgiens nomment leur terre, la Géorgie, Sakartvelo, se nomment eux-mêmes Kartvelebi (ქართველები) et appellent leur langue, le géorgien, kartuli (ქართული).
18
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+ Plusieurs théories existent quant à l'origine de cette appellation :
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+ La dénomination française du pays, Géorgie est probablement dérivée du grec γεωργία (geōrgía), signifiant agriculture et non de Saint Georges — saint protecteur du pays — comme parfois avancé[13].
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+ Gorj, la dénomination persane des Géorgiens, est également la racine des mots turc Gürcü et russe Gruzin. La Géorgie est nommée گرجستان (Gordjestân) en persan, Gürcistan en turc, Грузия (Grouziia) en russe et גרוזיה (Grouzia) en hébreu. Le nom persan vient probablement de gorg (loup), qui est aussi l'origine du surnom du roi d'Ibérie Vakhtang Ier Gorgassali (Tête de loup), car les Anciens considéraient le Gourdjistan comme la Terre des loups.
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+ Dans l'Antiquité, les habitants de l'actuelle Géorgie étaient dénommés les Ibères, du nom du royaume dans lequel ils vivaient, l'Ibérie, sans lien apparent avec la péninsule Ibérique. Malgré le questionnement des géographes de l'Antiquité et l'hypothèse de certains savants géorgiens estimant que les Ibériens du Caucase étaient les ancêtres des Ibériens de la péninsule, le nom caucasien d'Ibérie viendrait de celui de la ville géorgienne Sper, aujourd'hui İspir en Turquie.
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+ Les dénominations arméniennes pour Géorgien et Géorgie, respectivement Vir et Virq, viennent d'Ibérie avec la perte du « i » initial et son remplacement par le « w » ou le « v » du « b » d'Ibérie.
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+ Lors de recherches paléontologiques effectuées à Dmanissi, dans le sud du pays, entre 1999 et 2001, des restes d'hominidés de l'espèce Homo georgicus ont été retrouvés datant d'environ 1,8 million d'années.
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+ De nombreuses cultures se disséminent à travers le Caucase, de Trialétie au Koura-Araxe. Le territoire géorgien, comme celui de tout le Caucase, se trouve dans une position de carrefour entre les puissances qui l'entourent. Les Scythes ravagent la région au VIe siècle av. J.-C., invasion suivie d'une annexion iranienne (dynastie achéménide, le premier Empire perse). Durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., le conquérant Alexandre le Grand atteint à son tour les frontières de la Géorgie actuelle. Son règne est une étape marquante vers une société géorgienne unifiée, unification qui ne se produira que plusieurs siècles plus tard.
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+ Au IIIe siècle av. J.-C., la Géorgie est divisée en deux : une partie occidentale, de culture grecque (la Colchide) et une partie orientale et indépendante (l'Ibérie). Alors que la Colchide tombe aux mains de ses puissants voisins (Royaume du Pont, puis Empire romain), l'Ibérie se développe au point de rivaliser avec l'Arménie pour le contrôle du Caucase. La République romaine la vassalise jusqu'à l'invasion des Arsacides au IIe siècle: l'Ibérie constitue dès lors une source de conflit, au même titre que l'Arménie, entre l'Empire romain et l'Empire iranien (les Parthes).
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+ La Géorgie orientale change considérablement au IVe siècle. L'Ibérie passe non seulement d'une vassalité parthe à une autre vassalité perse (sassanide), mais entre dans le monde romain. Durant la décennie 330, la Géorgie se convertit au christianisme apporté par sainte Nino de Cappadoce, une nonne de Jérusalem de la famille de Georges de Lydda qui convertit le roi Mirian III et son épouse. La culture géorgienne se développe à travers la chrétienté et atteint son apogée avec le règne de Vakhtang Ier Gorgassali, monarque vainqueur des Perses et des Byzantins, de ses proches vassaux et des lointains Indiens.
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+ À la fin du Ve siècle, l'Ibérie et la Colchide s'allient, et tentent une première unification. L'avènement de la puissance ibère est anéanti par la mort du roi Vakhtang Ier, dans les années 580 : la Perse annexe la Géorgie orientale qui devient une province. Une période trouble s'ensuit, la Géorgie est divisée à maintes reprises entre les Perses, les Byzantins, les Arabes et quelques princes locaux assez puissants pour reprendre provisoirement le titre de roi.
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+ À la fin du IXe siècle, après la décadence engendrée par les invasions arabes du VIIe siècle, le prince de Tao, Adarnassé IV, unifie la Géorgie orientale et prend le titre de « roi des Géorgiens », probablement aidé par son voisin arménien[15].
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+ Au début du XIe siècle, le prince Bagration (descendant du premier roi des Géorgiens, Adarnassé IV, Bagrat III, unifie pour la première fois de son histoire la nation géorgienne, du royaume d'Abkhazie à celui de Kakhétie, rassemblant dans un unique État tous les pays partageant la même religion et la même culture que l'Ibérie. En quelques années, Bagrat III réussit par ailleurs à soumettre bon nombre de ses voisins, dont l'émirat de Gandja. Dans un but politique, il se sépare de la tradition pro-byzantine de ses ancêtres et s'allie avec le Califat fatimide, musulman, contre Constantinople. Pour cette raison, la première moitié du XIe siècle est principalement illustrée par les nombreux conflits militaires entre le Royaume de Géorgie et l'Empire byzantin.
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+ À la fin des années 1040, le conflit cesse et laisse place à une autre inimitié, cette fois entre Géorgiens et Seldjoukides, eux aussi musulmans. La guerre éclate en 1048 : les forces alliées de la Géorgie et de Byzance triomphent d'abord de l'Empire seldjoukide à la bataille de Kapetrou, engagent une croisade géorgienne en raison du caractère religieux du conflit, mais battent finalement en retraite : de terribles dévastations sont perpétrées sur le territoire géorgien par les Seldjoukides jusqu'à la fin du XIe siècle.
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+ À peine monté sur le trône, le jeune roi David IV repousse les troupes de l'envahisseur et conquiert plusieurs régions jusqu'à former un empire géorgien : il unifie les terres situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, et réalise la conquête de l'Arménie et de l'Alanie. Ses successeurs achèvent au début du XIIIe siècle la prise de contrôle du sud transcaucasien : le règne de la reine Tamar Ire constitue l'apogée du Royaume de Géorgie.
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+ Plusieurs révoltes nobiliaires éclatent, et en 1223, les Mongols apparaissent aux frontières du pays : ils vainquent la monarchie géorgienne. Durant la décennie 1270, un royaume indépendant s'instaure en Géorgie occidentale. Le territoire géorgien sombre dans le déclin, les Timourides, puis les Turcomans succèdent aux Mongols. Devenue unique territoire chrétien de cette région après la chute de Trébizonde en 1461, la Géorgie se divise finalement en trois entités.
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+ En 1478, Constantin II accède au trône géorgien après une période de guerre civile et de chaos intérieur. Une dizaine d'années plus tard, en 1490, un conseil national proclame la division officielle du Royaume de Géorgie, qui laisse place à trois entités : l'Iméréthie (ouest), dirigée par Alexandre II, la Karthli (centre) qui reste aux mains de Constantin II, et la Kakhétie (est), qui revient au prince Alexandre Ier. À partir de cette période, les trois royaumes deviennent des vassaux des puissances musulmanes qui les entourent : les Empires perse et ottoman.
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+ Le XVIIIe siècle est une période d'éphémère renaissance pour la Géorgie. À l'ouest, les monarques d'Iméréthie ont réussi à regagner leur pouvoir héréditaire, tandis que la culture géorgienne se développe à l'est du pays, culture composée de tradition locale et d'influence persane. L'imprimerie est importée au début du siècle. Les premières relations avec le nouvel Empire russe (également chrétien orthodoxe) se développent: elles se renforcent et irritent la Perse séfévide, qui n'hésite pas à détrôner la dynastie de Moukhran pour placer des princes de Kakhétie sur le trône de Kartlie. Cela contribue notamment à la formation d'un nouveau royaume géorgien unifié dans les années 1760 dans l'est du pays.
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+ En 1762, la Géorgie orientale est unifiée sous le sceptre du roi Héraclius II, qui fonde le Royaume de Kartl-Kakhétie, dans l'espoir de reconquête de l'indépendance perdue vis-à-vis de la Perse impériale. En 1783, il signe à Gueorguievsk un traité de protection et de coopération militaire bilatérale avec l'Empire russe de Catherine II, qui se pose désormais en suzeraine de la Géorgie. Toutefois, ce traité n'empêche pas l'empire perse qadjar d'Agha Mohammad Chah de ravager le pays et de prendre la capitale, Tiflis, qui est complètement brûlée en 1795. Trois années plus tard, le roi Georges XII succède à son père et son court règne reconfirme le traité de Gueorguievsk ; à sa mort, en 1800, la Russie annexe le Royaume de Kartl-Kakhétie, qui devient une simple province de l'empire d'Alexandre Ier. La signature du Traité de Golestan (1828) fait perdre définitivement à l'Empire perse toutes les villes du territoire géorgien, y compris celles situées sur la côte de la mer Noire.
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+ Antérieurement au traité, l'Empire russe a déjà annexé l'émirat de Gandja en 1813 et le khanat d'Erevan en 1828, et sa conquête du Caucase se poursuit avec l'Iméréthie : après une courte guerre, le roi Salomon II est arrêté et extradé vers l'Empire ottoman. Toutes les principautés géorgiennes indépendantes (Abkhazie, Svanétie, Moukhran…), sont peu à peu annexées. Le pouvoir tsariste de Saint-Pétersbourg crée alors la vice-royauté du Caucase, subdivisée en gouvernat (dont celui de Géorgie-Iméréthie) avec pour capitale administrative Tiflis.
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+ La période d'annexion russe est d'abord une période de combat et de rébellion, mais aussi de développement de la société et de la culture géorgienne. Les églises sont restaurées, des écoles sont créées et la littérature géorgienne accède à son apogée, notamment grâce aux écrivains Ilia Tchavtchavadzé et Akaki Tsereteli dont les œuvres sont aujourd'hui des références.
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+ Durant le XIXe siècle, si la culture transcaucasienne se réoriente vers le christianisme orthodoxe (se séparant de la tradition persane qui a dominé le pays durant près de cinq siècles), le réveil des nationalités gagne la Géorgie comme les autres pays de l'Europe, les idées progressistes trouvent écho auprès des jeunes aristocrates géorgiens. Malgré l'émancipation des serfs appliquée en Géorgie en 1865, les révoltes paysannes se multiplient devant la difficulté de la vie. La mort controversée du prince Dimitri Kipiani en 1887 fait également éclater des manifestations antirusses.
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+ Au début du XXe siècle, deux mouvements de pensée se partagent l'opposition au régime tsariste, le mouvement social-fédéraliste géorgien tenant d'une autonomie géorgienne au sein de l'entité russe (il donnera naissance en 1918 au parti national-démocrate résolument indépendantiste) et le mouvement social-démocrate géorgien, marxiste, pour qui la démocratisation géorgienne ne pourra s'effectuer qu'en concert avec la démocratisation russe (il donne naissance en 1904 à la tendance bolchévique, minoritaire dans le Caucase et partisane de la dictature du prolétariat et à la tendance menchevique, majoritaire dans le Caucase, et partisane d'un régime parlementaire).
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+ En novembre 1917, après la Révolution russe d'octobre, les pays transcaucasiens refusent de reconnaître l'autorité du pouvoir bolchévique de Petrograd : la présidence du Haut commissariat à la Transcaucasie est confiée à Evguéni Guéguétchkori[16](ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe). Le 10 février 1918, une Assemblée parlementaire transcaucasienne, dite Sejm, présidée par Nicolas Tcheidze[17](ancien président menchevique du Comité exécutif du Soviet de Petrograd, de février à octobre 1917) confirme Evguéni Guéguétchkori dans ses fonctions. Le 9 avril, la Sejm proclame l'indépendance de la République démocratique fédérative de Transcaucasie et confie la responsabilité de son exécutif à Akaki Tchenkéli[18] (Akaki Tchkhenkéli), ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe. La cohabitation des trois peuples sud-caucasiens - arménien, azerbaïdjanais et géorgien - se heurte aux sentiments nationalistes : à peine un mois plus tard, (le 26 mai 1918), l'indépendance de la République démocratique de Géorgie est proclamée au nom de tous les partis par Noé Jordania[19] porte-parole du Conseil national géorgien (ancien président menchevique du Soviet de Tiflis et l'un des leaders du Parti ouvrier social-démocrate géorgien). Deux jours plus tard, l'Arménie et l'Azerbaïdjan proclament leur indépendance à leur tour.
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+ Nicolas Tcheidze devient président de l'Assemblée parlementaire provisoire de la République démocratique de Géorgie, Noé Ramichvili[20] premier président de gouvernement et Noé Jordania deviendra 2e et le 3e présidents de gouvernement. L'État géorgien peut renaître. En à peine trois années, une constitution moderne est créée, la reconstruction nationale est entreprise et de multiples réformes sont mises en œuvre afin d'acheminer la Géorgie vers la démocratie.
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+ La situation géopolitique de la Géorgie de l'époque, conflit potentiel avec la Turquie, lui font solliciter la protection des forces de la Triplice : les troupes allemandes débarquent à Batoumi, une des villes qui sera plus tard promise par le pouvoir bolchévique à l'empire ottoman.
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+ La fin de la Première Guerre mondiale change la situation : l'armée britannique prend le relais provisoirement de l'armée allemande. Entre 1918 et 1921, la Turquie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan entrent en conflit pour des questions frontalières, la Russie pour des questions plus existentielles. En mai 1920, le gouvernement bolchévique russe de Moscou signe un traité de paix avec le gouvernement social-démocrate géorgien de Tbilissi. En janvier 1921, les alliés de la Triple-Entente reconnaissent de jure la République démocratique de Géorgie. Malgré une coopération déclarée et une reconnaissance mutuelle de la part de la Russie soviétique, malgré la reconnaissance internationale, l'Armée rouge envahit le territoire géorgien en février 1921 et met fin à la République démocratique de Géorgie en mars 1921. La classe politique et la classe militaire émigrent, pensant pouvoir reconquérir le pays de l'extérieur.
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+ Après l'invasion soviétique, la République socialiste soviétique de Géorgie fut proclamée. Il y eut alors un bras de fer entre les différentes factions de Moscou dirigées par Lénine et Staline, durant l'Affaire géorgienne des années 1920, qui mènera également à la perte de près d'un tiers des territoires géorgiens au profit de ses différents voisins. En décembre 1922, l'URSS est proclamée et la RSG devint une des trois républiques de la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, dissoute à son tour en 1936.
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+ En 1927, Staline arriva à la tête de l'Union soviétique après avoir procédé à des éliminations politiques. À partir de cette époque, la destinée de la Géorgie changea. En effet, le dictateur soviétique était né sous le nom de Joseph Djoughachvili à Gori, en Géorgie et c'est notamment pour cette raison que le statut de la région changea considérablement. Dans les années 1930, après avoir supprimé toute opposition anticommuniste, le gouvernement de Moscou fit de la Géorgie un lieu de détente pour l'intelligentsia soviétique. Puis peu à peu, la contrée se développa et après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs dirigeants du monde (dont Georges Pompidou, Fidel Castro…) visitèrent le pays. À la mort de Staline en 1953, son successeur Nikita Khrouchtchev entama une politique qui consistait à supprimer le culte de la personne de l'ancien chef d'État. Pour cette raison, plusieurs manifestations et révoltes éclatèrent à Tbilissi, et chacune d'entre elles fut brutalement arrêtée. Bientôt, une opposition se développa et à partir des années 1970, un sentiment nationaliste fort se développa en Géorgie. Lors de la tragédie du 9 avril 1989, une manifestation anti-soviétique fut violemment dispersée par l'armée[21], menant à la démission du gouvernement[22]. En 1990, finalement, la RSS de Géorgie fut dissoute et remplacée par le Conseil suprême.
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+ La Géorgie proclama son indépendance le 9 avril 1991 et nomma comme chef d'État Zviad Gamsakhourdia. Or, quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir, une opposition se développa contre son régime, jugé trop autoritaire. Entretemps, le gouvernement avait profité de cette situation pour supprimer l'autonomie de l'oblast d'Ossétie du Sud qui fut intégrée à la région de Mtskheta-Mtianétie. Cette action poussa les autochtones ossètes à se rebeller contre le gouvernement et des affrontements militaires firent des dizaines de morts jusqu'à la fin de l'année. Finalement, les troupes nationales perdirent le contrôle du conflit quand les séparatistes, soutenus par la Russie, proclamèrent leur indépendance le 28 novembre.
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+ Plus tard dans l'année, les membres de l'opposition s'armèrent quand le commandant limogé de la Garde nationale Tenguiz Kitovani rejoignit le camp anti-Gamsakhourdia. À la fin du mois de décembre 1991, ils avaient commencé le siège du Parlement qui sera pris le 6 janvier 1992, date du coup d'État qui amena l'exil du Président Gamsakhourdia chez ses voisins caucasiens. À ce moment, un Conseil d'État fut formé et l'ancien chef du parti communiste géorgien Edouard Chevardnadze fut choisi pour chef du Conseil intérimaire. Celui-ci poursuivit la guerre en Ossétie du Sud et, au lieu d'atténuer les conflits séparatistes, envoya des troupes géorgiennes en Abkhazie pour réprimer les nationalistes qui viraient vers le sécessionnisme à leur tour. Mais Tbilissi se heurta à une opposition armée et soutenue logistiquement par la Russie. En un peu plus d'une année, la guerre fut achevée et les séparatistes, après avoir déclaré à leur tour leur indépendance, se livrèrent à un nettoyage ethnique des Géorgiens présents sur leur territoire. À la suite de cette défaite, Tbilissi tenta de se rapprocher politiquement de la Russie qui s'accorda à lui envoyer une aide militaire pour combattre les nouveaux opposants menés par Gamsakhourdia qui avait établi un gouvernement en-exil à Zougdidi. Cette ville fut par la suite prise par les autorités géorgiennes en novembre 1993 et un mois plus tard Zviad Gamsakhourdia fut retrouvé mort dans le village de Khiboula.
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+ La défaite du nouveau gouvernement géorgien face aux séparatistes fit monter leur impopularité chez le peuple dont une partie continua à se battre en l'honneur de Gamsakhourdia. En 1995, de nouvelles élections furent organisées et, à la suite de celles-ci, le Conseil d'État fut dissous et Édouard Chevardnadzé devint président de la République. Sa présidence fut notamment caractérisée par une longue crise économique qui attisa l'ire de plusieurs membres du gouvernement soutenus par les capitalistes occidentaux contre lui. En 2000, il fut réélu à la présidence de la République mais ne put empêcher plusieurs partis d'opposition de se former. Par une dernière tentative, il essaya d'orienter sa politique en direction de l'Occident, notamment en concluant une alliance militaire avec les États-Unis, mais en novembre 2003 le peuple se révolta et mena la Révolution des Roses qui aboutit à la destitution de Chevardnadzé. Un gouvernement intérimaire fut alors constitué et en janvier 2004, Mikheil Saakachvili fut élu à la présidence.
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+ Mikheil Saakachvili est Président de la Géorgie de janvier 2004 à octobre 2013, mais il doit céder la Primature en octobre 2012 à son opposant Bidzina Ivanichvili.
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+ Saakachvili entame une ouverture économique et conclut des alliances afin de redresser la situation financière. Il met en œuvre une politique pro-occidentale, considérant que la menace russe est forte, et demande adhésion à l'OTAN. Il parvient à reprendre le contrôle de la région d'Adjarie, en poussant son président Aslan Abachidze à l'exil en Russie. Il parvient à faire évacuer les bases militaires russes d'Akhalkalaki, de Batoumi et de Tbilissi. La situation des régions sécessionnistes, Abkhazie et Ossétie du Sud, reste inchangée, les déclarations unilatérales d'indépendance ne sont pas reconnues sur le plan international. Les échecs des tentatives de réunification du pays entraînent de nombreuses manifestations en novembre 2007: Mikheil Saakachvili démissionne un mois plus tard pour participer à l'élection présidentielle anticipée du 5 janvier 2008, qu'il remporte avec un score inférieur à celui de janvier 2004.
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+ À partir de cette date, les affrontements militaires entre les séparatistes abkhazes et sud-ossètes et les forces géorgiennes se multiplient. Dans la perspective de rétablir le contrôle sur les deux régions, Mikheil Saakachvili décide le 8 août 2008 d'un assaut sur Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, visant les points stratégiques défendus par un bataillon russe[23]. Six régiments, deux bataillons et des forces spéciales de la Fédération de Russie, massés au Nord Caucase pour des exercices, franchissent le tunnel de Roki et répliquent le 9 août -avec l'appui de forces aériennes : l'armée géorgienne est neutralisée et se replie sur Tbilissi, une partie du territoire géorgien est occupée à partir de l'Abkhazie (où d'autres forces russes ont débarqué) et de l'Ossétie du Sud[24]. Cette deuxième guerre d'Ossétie du Sud s'achève deux semaines plus tard, mais reste un sujet de forte tension: Moscou reconnaît fin août 2008 l'indépendance des deux régions sécessionnistes qui procèdent à des agrandissements de territoire. Elles sont également reconnues par le Nicaragua un mois plus tard, le Venezuela et Nauru un an plus tard, Tuvalu trois ans plus tard[25].
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+ Le 28 août 2008, le Parlement géorgien déclare l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud « territoires sous occupation russe ». Le 29 août 2008, la Géorgie rompt toute relation diplomatique avec la Fédération de Russie; le gouvernement suisse accepte de représenter les intérêts de la Géorgie à Moscou via une section particulière[26]. La frontière russo-géorgienne est fermée, un seul point sera rouvert en mars 2010, celui de Kazbegui-Zemo Larsi, sur la Route militaire géorgienne[27]. Le nombre de réfugiés intérieurs, évalué lors des conflits des années 1990 entre 200 et 300 000, est cette fois estimé entre 20 et 30 000.
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+ L'échec de cette tentative de reconquête, la dégradation de l'économie (due à la crise mondiale mais aussi à la situation nationale) et les entraves à la liberté d'expression (réelles ou supposées) conduisent l'opinion publique à se tourner vers l'opposition. Le 19 septembre 2012, durant la campagne des élections législatives, une vidéo rend publics les mauvais traitements infligés dans les prisons. Le 1er octobre 2012 le scrutin donne la majorité aux opposants coalisés dans un mouvement intitulé le Rêve géorgien et conduit par le milliardaire Bidzina Ivanichvili ; ce dernier devient Premier ministre avec des pouvoirs accrus comme le prévoient les amendements à la Constitution votés antérieurement : il assure une alternance pacifique (bien que beaucoup d'anciens ministres soient poursuivis, et parfois emprisonnés par une justice loin d'être indépendante) et prépare une nouvelle gouvernance du pays par la mise en place de nouvelles équipes : comme annoncé, il quittera ses fonctions officielles après une année d'exercice. Le 16 mai 2012 le Parlement de Géorgie avait déménagé de Tbilissi à Koutaïssi, la deuxième ville du pays, et la nouvelle majorité s'y installe. Le 27 octobre 2013 Guiorgui Margvelachvili, candidat du Rêve géorgien, remporte l'élection présidentielle, battant le candidat du Mouvement national uni, Davit Bakradze, soutenu par Mikheil Saakachvili.
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+ Irakli Garibachvili devient Premier ministre et engage une politique étrangère en continuité avec celle des gouvernements précédents (intégration euro-atlantique notamment) mais évitant toute agressivité vis-à-vis de la Fédération de Russie, et une politique économique moins libérale mais qui ne permet pas d'enrayer le chômage et l'émigration : la Turquie et l'Azerbaïdjan consolident leurs positions de premiers partenaires du pays. Le 24 juin 2014, la Géorgie signe un accord d'association avec l'Union européenne : cet accord prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange[28], mais retarde la libéralisation des visas. En novembre 2015, face aux attentats terroristes de Paris, la Géorgie exprime sa solidarité avec la France, plus particulièrement son Premier ministre, francophone et ayant étudié à la Sorbonne. Démissionnaire en décembre suivant, Garibachvili est remplacé par Giorgi Kvirikachvili puis par Mamouka Bakhtadze en 2018.
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+ La Géorgie est devenue pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie en novembre 2004 au sommet de Ouagadougou. Elle est observateur associé de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) en juillet 2014 lors du sommet de Dili[29].
93
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94
+ La Géorgie est située sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie, dans la région du Caucase. Bien que son territoire soit majoritairement au sud du Grand Caucase, elle est généralement considérée comme faisant partie culturellement et historiquement de l'Europe.
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96
+ La Géorgie est un pays montagneux et subtropical d'une superficie de 69 700 km2 (avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud). Le pays a des frontières communes terrestres avec quatre pays : la Russie au nord (723 km), l'Azerbaïdjan à l'est (322 km), l'Arménie au sud (164 km) et la Turquie au sud-ouest (252 km). À l'ouest, le pays est bordé par la mer Noire. Aujourd'hui, la Géorgie est en conflit au nord avec les indépendantistes dans les provinces d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, tandis qu'au sud-est, le gouvernement azerbaïdjanais réclame l'intégration à son territoire du complexe monastique de David Gardja depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.
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98
+ La Géorgie est, avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan, un des trois pays de la Transcaucasie, subdivision régionale du Caucase. Le pays est principalement montagneux, mais certaines contrées du pays sont dominées par d'autres paysages, tels que le Plateau de Djavakhétie, à la frontière arménienne. Au nord, le Grand Caucase est une importante chaîne de montagnes, véritable limite naturelle servant largement de frontière avec la Fédération de Russie, entaillée par la seule passe de Darial. Les troisième, cinquième et sixième plus hauts sommets du Caucase avec le mont Chkhara (5 193 m), le DjanghaDjangha, (5 059 m) et le Kazbek (5 047 m) se trouvent en Géorgie ou à la frontière avec la Russie. De façon bien moins marquée, le pays a pour limite, au sud, le Petit Caucase.
99
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100
+ Les villes, les villages et les communautés rurales sont généralement construites en hauteur, sauf quand elles sont situées au bord de la mer Noire, comme Soukhoumi, Poti et Batoumi. Ainsi, la capitale Tbilissi est située à une altitude moyenne de 572 mètres, tandis que certains villages sont situés dans les montagnes les plus hautes du Caucase, rendant difficile leur accès et conduisant à une autarcie et une culture différente de celle du reste du pays, héritière des temps anciens et des croyances païennes de l'Antiquité. D'un certain côté, cette situation était très profitable aux habitants du pays : en effet, la Géorgie ayant été une terre de pillages, de ravages et d'invasions durant toute son histoire, ceux qui habitaient dans ces montagnes étaient épargnés, d'où la conservation de certains édifices religieux datant du Haut-Moyen Âge.
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102
+ La Géorgie est traversée par de nombreux fleuves et cours d'eau. Le principal est le Mtkvari (ou Koura) qui a un cours de 1 515 km et qui prend sa source au nord-est de la Turquie, avant de traverser la capitale géorgienne Tbilissi et se jeter dans la mer Caspienne, en Azerbaïdjan. Il y a également d'autres rivières importantes telles l'Alazani et le Rioni. Toutefois, aucune d'elles n'est navigable. Depuis les années 1990 elles sont équipées d'usines hydroélectriques.
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104
+ Le gouffre de Krubera-Voronja, situé en Abkhazie, est le gouffre naturel le plus profond connu du monde. Il dépasse les 2 000 mètres de profondeur.
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+ Le climat de la Géorgie est subtropical à l'ouest et méditerranéen à l'est. La chaîne du Grand Caucase modère ses variations en servant de barrière contre l'air froid venant du nord. L'air chaud et humide de la mer Noire se déplace facilement dans les plaines côtières de l'ouest. Le climat varie en fonction de la distance à la mer Noire et de l'altitude. Le long de la côte de la mer Noire, de l'Abkhazie à la frontière turque, et dans la région dite Kolkhida (basses terres intérieures de la côte), les caractéristiques dominantes du climat subtropical sont une humidité élevée et de fortes précipitations (1 000 à 2 000 mm par an, le port de la mer Noire Batumi reçoit 2 500 mm par an). Plusieurs variétés de palmiers poussent dans ces régions, où la température moyenne passe de 5 °C en hiver à 22 °C en été. Les plaines de l'est de la Géorgie sont abritées des influences de la mer Noire par les montagnes qui offrent un climat plus continental. La température en été est en moyenne de 20 à 24 °C, les températures hivernales de 2 à 4 °C. L'humidité est plus faible, et la pluviométrie moyenne 500 à 800 mm par an. Un climat alpin est présent dans les montagnes de l'est et de l'ouest, entre 2 100 et 3 600 m, ainsi qu'une région semi-aride sur le plateau Iori dans le sud-est. À haute altitude, les précipitations sont parfois deux fois plus importantes que dans les plaines orientales et de la neige et de la glace sont présentes toute l'année.
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+ Les tremblements de terre et des glissements de terrain dans les zones montagneuses sont une menace importante pour la vie et les biens. L'une des plus anciennes traces historique d'activité sismique en Géorgie date de 1088, quand un tremblement de terre détruisit villes et forteresses sous le règne de Georges II ; cela servira, entre autres choses, de prétexte à sa destitution l'année suivante. Plus récemment, on peut citer le tremblement de terre de Gori de 1920 ou bien les glissements de terrain en Adjarie en 1989 qui ont déplacé des milliers de personnes dans le sud-ouest de la Géorgie. En 1991, deux tremblements de terre ont détruit plusieurs villages dans le centre-nord de la Géorgie et en Ossétie du Sud-Alanie.
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+ La Géorgie abritait autrefois une population de loups, d'ours bruns et de lynx particulièrement importante. Aujourd'hui, celle-ci a fortement diminué mais certaines espèces restent encore bien présentes sur le territoire. Écureuils, cerfs et renards cohabitent dans les forêts mixtes de feuillus. Chamois, bouquetins et mouflons peuplent le haut des alpages, tandis qu'un peu partout, vit une faune ornithologique particulièrement riche. On peut également, entre autres espèces, observer le faucon pèlerin, le vautour fauve, le busard mais aussi le vautour noir d'Eurasie ou l'aigle royal. Le littoral accueille quant à lui des colonies de pélicans et de cigognes. Par ailleurs, le célèbre faisan de Colchide a été nommé en raison de sa découverte dans l'ouest du pays.
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+ La Géorgie compte de nombreux parcs et réserves naturels abritant des espèces végétales d'une grande diversité. Parmi eux, Bordjomi (la réserve de l'Est), le parc national Kharagaouli, ou le site protégé d'Eroutchétie. Le climat et le relief étant différents d'une région à l'autre, la flore s'est adaptée et varie en fonction du milieu. C'est pourquoi on peut apercevoir, aussi bien des forêts de feuillus composées de châtaigniers, de chênes, de hêtres et d'érables, que des forêts mixtes et de conifères, en altitude. Sur le littoral de la mer Noire, on a l'occasion de voir essentiellement des plantes exotiques. La Géorgie est également la terre de plus de 6 330 variétés de champignons. Officiellement, la flore géorgienne comprend entre 4 200 et 4 500 espèces vasculaires, 675 types de mousses, 738 lichens et 1 763 algues.
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+ Malgré cette richesse sauvage, le domaine environnemental au sein de la société géorgienne n'est toutefois pas bien développé. À partir des années 1980, la pollution de la mer Noire a grandement nui à l'industrie touristique en Géorgie. Cette pollution est due en majorité au traitement insuffisant des eaux usées. À Batoumi, par exemple, 18 % des eaux usées sont traitées avant d'être rejetées dans la mer. On estime que 70 % de la surface de l'eau contient des bactéries nocives pour la santé auxquels le taux élevé des maladies intestinales est attribué. La guerre en Abkhazie du début des années 1990 a fait d'importants dégâts à l'habitat écologique propre à cette région. À d'autres égards, les experts ont considéré les problèmes d'environnement de la Géorgie moins graves que ceux des anciennes républiques soviétiques plus industrialisées. Résoudre les problèmes de la Géorgie en matière d'environnement n'était pas une priorité du gouvernement national de l'époque post-soviétique. Cependant, en 1993 le ministre de la Protection de l'environnement a démissionné pour protester contre cette inactivité. En janvier 1994, le Conseil des Ministres a annoncé un nouveau système de surveillance de l'environnement. Ce système inter-ministériel permet de centraliser des programmes distincts sous la direction du ministère de la Protection de l'environnement. Le système comprendrait un centre de l'environnement et de l'information et une agence de la recherche. Le petit contingent du Parti vert a poussé le Parlement à aborder ces questions.
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+ La Géorgie est subdivisée en neuf régions, nommées mkhare (მხარე), deux républiques autonomes (ავტონომიური რესპუბლიკა) et une Ville (k'alak'i) :
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+ Le statut administratif actuel de la République de Géorgie est issu de la série des décrets gouvernementaux des années 1994-1996, faits dans un cadre temporaire, en attendant la résolution définitive des conflits avec les indépendantistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Jusque-là, la Géorgie avait hérité de la division organisée au temps du Conseil suprême de la Géorgie de Zviad Gamsakhourdia (1990-1991) qui avait fait débuter le conflit osséto-géorgien en annulant le statut de l'Oblast autonome d'Ossétie du Sud le 10 décembre 1990. Par ailleurs, depuis que Mikheil Saakachvili est arrivé au pouvoir en 2004, de nouvelles tentatives de négociations ont été enclenchées. L'une des propositions de Tbilissi est actuellement de fournir un statut de république autonome à l'Ossétie du Sud, au sein d'une « Fédération de Géorgie ». Un processus pour la création d'une telle entité est mis en route le 13 juillet 2007 et une entité provisoire d'Ossétie du Sud prônant pour un tel statut entretient un « gouvernement alternatif » de la région depuis avril 2007.
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+ Les relations avec les autres régions autonomes ont également été très tendues. Avec la guerre civile géorgienne du début des années 1990, l'Adjarie décida de fermer ses frontières de facto avec la Géorgie et devint dans les faits une région indépendante, dirigée par un musulman, Aslan Abachidze. La situation perdure jusqu'à la Révolution des Roses et le bras de fer politique atteint son paroxysme en mai 2004, quand les derniers ponts reliant l'Adjarie à la Géorgie furent détruits. Finalement, à la suite de manifestations de masse à Batoumi, Abachidzé dut quitter la Géorgie et se réfugier à Moscou, d'où il fut condamné à 15 ans de prison in absentia.
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+ L'Abkhazie, quant à elle, est dirigée par des indépendantistes depuis la prise de Sokhoumi le 27 septembre 1993, qui fut suivie par un nettoyage ethnique des Géorgiens de la région, qui représentaient pourtant la majorité de la population abkhaze depuis le XIXe siècle[30]. Jusqu'à la Deuxième guerre d'Ossétie du Sud, le gouvernement de Tbilissi contrôlait toujours la vallée de Kodori, renommée la Haute-Abkhazie. Toutefois, à la suite de la bataille de la Vallée de Kodori (9 août - 12 août 2008), les séparatistes abkhazes aidés par les Russes finirent par reprendre possession de la région.
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+ Plus récemment, des problèmes réapparaissent en Samtskhé-Djavakhétie, dont la majorité ethnique des Arméniens demande une autonomie vis-à-vis de Tbilissi, accusant le gouvernement géorgien de vouloir « géorgianiser » la région. Cela entraîna notamment un refroidissement des relations avec l'Arménie où il y eut plusieurs manifestations pour une autonomie des Arméniens de Géorgie depuis le début de l'année 2009.
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+ La population de la Géorgie varia sans cesse avec le cours de l'histoire du pays, en fonction des frontières instables et généralement non-naturelles de la nation. Au Moyen Âge, le peuple géorgien dut probablement acquérir un pic relatif durant la période appelée Âge d'Or (XIIe – XIIIe siècles), mais les nombreuses invasions des Mongols, des Turcs, des Perses et les ravages causés par les raids des tribus caucasiennes des Ossètes et des Daghestanais causèrent une baisse de la population nationale durant toute la période comprise entre le XIIIe et le XIXe siècle. Le roi Héraclius II (1762-1798) dut même encourager la fondation de colonies grecques et arméniennes dans son royaume pour tenter de redresser la situation économique désastreuse causée par la double guerre contre les Ottomans et les Perses Afcharides.
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+ Quand la Géorgie fut annexée par la Russie impériale au début du XIXe siècle avec le reste du Caucase, de nombreux colons russes et étrangers vinrent s'installer dans la région et la fin des raids des Caucasiens au milieu du siècle garantit une stabilisation de la population qui commença petit à petit à s'augmenter. Finalement, en 1919, lors de l'indépendance de la République démocratique de Géorgie, la population s'élevait à 2 500 000 habitants, dont les Abkhazes et les Ossètes qui demandaient déjà leur autonomie, aidés par les Bolcheviks. Durant la période soviétique, le nombre d'habitants au sein de la République socialiste soviétique de Géorgie ne cessait de monter et une forte « géorgianisation » (ou plutôt « soviétisation ») chez certaines minorités ethniques du pays fut opérée par les autorités communistes de Tbilissi. Ainsi, durant toute la période socialiste (et peut-être avant), les Abkhazes étaient largement minoritaires dans leur propre Abkhazie, ne représentant que 30 % de la région en 1926, 15 % en 1959 et 17,8 % en 1989. Dans un cadre plus large, la population ethniquement géorgienne augmenta considérablement au niveau national, composant plus de 73 % de la population à la chute de l'Union soviétique (chiffre qui ne cesse d'augmenter depuis).
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+ Toutefois, la guerre civile, les nettoyages ethniques faits par les Abkhazes, et les nombreux conflits internes des années 1990 firent baisser la population du pays considérablement. C'est ainsi que du pic national de 5,5 millions d'habitants en 1992, le pays passe à 4,5 millions en 2002, les départs provenant à 90 % des minorités. Mais la Révolution des Roses apporta une certaine amélioration dans le domaine de la démographie de la Géorgie. En 2008, la population était de 4 630 841 habitants, avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. En 2015, selon le recensement géorgien de 2014, la population est encore en baisse, s'établissant à 3,73 millions, hors républiques séparatistes.
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+ La diaspora géorgienne est l'ensemble des communautés de Géorgiens vivant à l'étranger. Pour la plupart de ces communautés, une longue histoire est liée à leur fondation. D'après les récents recensement, la population géorgienne à l'étranger s'élevait à 3 937 200 personnes. Avec pas moins de 1 500 000 Géorgiens, la Turquie est aujourd'hui le pays qui possède la plus grande communauté géorgienne du monde. Presque la moitié de ces Géorgiens viennent d'Adjarie et durent se réfugier en Turquie en trois grandes vagues : 1829 (annexion de plusieurs territoires géorgiens par l'empire ottoman), 1878 (fin de la guerre russo-turque) et 1921 (fin des prétentions de la Turquie sur l'Adjarie et arrivée de la plupart des musulmans du sud-ouest géorgien dans le pays). Pour cette raison, la Turquie et la Géorgie ont toujours essayé d'entretenir des relations amicales depuis la fin de l'Union soviétique.
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+ Il existe aussi d'importantes communautés en Russie et en Iran, où se trouvent 1 000 000 Géorgiens dans chacun des deux pays. Mais alors que les Géorgiens d'Iran furent déportés de force par milliers au XVIIIe siècle lors des invasions du Shah Abbas Ier de Perse, ceux de Russie ont plutôt des origines politiques. Les premiers Géorgiens à arriver en Russie datent probablement de l'exil du roi Artchil Ier d'Iméréthie. Le fils de ce dernier, Alexandre d'Iméréthie (1674-1711) fonda par ailleurs une communauté géorgienne à Vsesviatskoï, avant de créer le premier centre d'imprimerie géorgienne de l'histoire, à Moscou. Une seconde vague arriva à Moscou avec le roi Vakhtang VI, quand celui-ci fut détrôné par les Perses en 1724. Il apporta avec lui plusieurs grands nobles qui fondèrent de nouvelles familles géorgiennes russifiées (Eristoff, Davidov, Yachvili…). Les Géorgiens d'Israël ont eux aussi une ancienne histoire. Ils seraient probablement arrivés en Terre sainte lors de la célèbre Âge d'Or de la Géorgie (1156-1242), quand les souverains chrétiens du Caucase parrainaient la fondation de monastères dans les terres des Croisades. D'un autre côté, les nombreux Juifs de Géorgie ont également leur histoire et d'après certaines légendes, les premiers Israélites qui arrivèrent dans le Caucase datent de la prise de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor II en -586.
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+ Les émigrations vers l'Europe sont contemporaines, singulièrement vers la France même si les Royaumes de Géorgie envoyèrent à François Ier et à Louis XIV des émissaires afin d'obtenir le soutien d'une nation chrétienne face à la pression musulmane. Après une première vague de fils de famille, d'artistes et d'hommes politiques qui fuient l'Empire russe tsariste au début du XXe siècle, une deuxième vague rejoint l'Europe (France, Pologne, Allemagne, Suisse...) à la suite de l'invasion du territoire géorgien par les armées de la Russie soviétique ; les présidents et vice-présidents du Parlement (Nicolas Tcheidze, Ekvtimé Takhaïchvili et Samson Pirtskhalava), le président du gouvernement Noé Jordania et ses ministres, ainsi que l'essentiel de la classe politique s'installent en exil à Leuville-sur-Orge[31] en Seine-et-Oise; les militaires s'installent plutôt en Pologne afin d'intégrer l'armée du général Pilsudski en lutte contre les bolcheviks. L'insurrection nationale de 1924, et son échec, déclenchent une troisième vague d'exil, composée de jeunes insurgés civils et de jeunes militaires ; au total 1200 réfugiés géorgiens sont recensés par la Préfecture de Police de Paris à la fin des années 1920. La Paroisse orthodoxe géorgienne Sainte-Nino de Paris est fondée en 1929 et rattachée au Patriarcat œcuménique de Constantinople. Une quatrième vague d'émigrés arrive en Europe occidentale avec la Seconde Guerre mondiale : enrôlés dans l'Armée rouge, faits prisonniers par la Wehrmacht, placés dans les camps allemands, contraints au travail forcé civil ou à l'engagement militaire pour survivre, certains Géorgiens parviennent à émigrer malgré les accords entre Staline et Roosevelt qui les destinaient à un retour en URSS. S'ensuivent, durant les années 1980 l'émigration de dissidents géorgiens opposés au régime soviétique et autorisés à quitter l'URSS sous la pression internationale, durant les années 1990 celle d'opposants politiques à Edouard Chevardnadze, et durant les années 2000 celle de migrants économiques. À la fin 2013, l'ensemble des communautés géorgiennes en France est évalué à près de 10 000 personnes en situation régulière (diplomates, professionnels, étudiants, réfugiés sous protection de l'OFPRA) par le Consulat de Géorgie à Paris. Ces différentes émigrations apportèrent à la France des diplomates, comme Claude de Kémoularia ou Salomé Zourabichvili, des militaires comme Dimitri Amilakvari, des artistes comme Véra Pagava, Maria Meriko ou Ethéry Pagava, des écrivains comme Hélène Carrère d'Encausse, des professeurs d'université comme Georges Charachidzé, des journalistes comme Guy Kédia, des championnes de France comme Nino Maisuradze pour les échecs ou Victoria Ravva pour le volley-ball, de nombreux joueurs de rugby dont le plus célèbre est Dimitri Yachvili.
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+ Un bilan comparatif pourrait être établi pour l'Amérique du Nord : il serait numériquement bien plus important. Certains Géorgiens seraient déjà arrivés en Amérique du Nord dans les années 1880 (une troupe de cavaliers caucasiens accompagnaient Buffalo Bill avant de gagner leur propre nom en organisant des spectacles devant la reine Victoria du Royaume-Uni et le Président Theodore Roosevelt). Durant les années 1980, 1990 et 2000, les États-Unis et le Canada ont accueilli eux aussi dissidents géorgiens, membres de la communauté juive de Géorgie, réfugiés à la suite de la guerre civile géorgienne, opposants politiques et immigrés économiques.
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+ Il existe également d'autres communautés en Asie et en Amérique. Ainsi, le Brésil, l'Azerbaïdjan, le Japon, Singapour, le Canada, l'Argentine et le Mexique ont tous des populations s'élevant à plus de 1 000 Géorgiens, tandis que certaines minces communautés se trouvent au Royaume-Uni et aux Philippines, communautés issus de marchands du XVIIIe siècle.
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+ L'identité nationale géorgienne a été la principale philosophie du peuple géorgien depuis que la nation existe. Toutefois, malgré une culture nationale unique, la Géorgie est une mosaïque de groupes ethniques, dont les Géorgiens ne sont qu'une partie. Depuis longtemps, les Grecs, les Arméniens, les Perses, les Turcs ou bien les Abkhazes et les Ossètes ont cohabité avec la principale ethnie de la Géorgie pour contribuer à la fondation de la nation géorgienne. Chaque région du pays reflète cet environnement social complexe. Ainsi, Jean Chardin, un voyageur français de la fin du XVIIe siècle qui visita le Caucase durant ses voyages en Perse, parla ainsi de Tiflis :
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+ « Les Géorgiens ont de la civilité et de l'humanité, et de plus ils sont graves et modérés… Chacun peut en Géorgie, vivre dans sa religion et dans ses coutumes, en discourir et la défendre. On y voit des Arméniens, des Grecs, des Juifs, des Turcs, des Persans, des Indiens, des Tatars, des Moscovites et des Européens[32]. »
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+ Toutefois, un véritable nationalisme géorgien naquit alors que la Russie (et le reste de l'Europe) découvrait le socialisme. Dès les années 1840, quand la Géorgie était englobée dans l'orbe impériale russe, de nombreuses révoltes du peuple géorgien contre la Russie impériale, qui empêchaient les rêves des peuples caucasiens (dont la fondation d'universités) de se réaliser, se produisirent et quand la révolution russe arriva en 1917, la Transcaucasie en profita pour déclarer son indépendance. Toutefois, le chauvinisme des militants nationalistes géorgiens ne permit pas l'existence de la jeune fédération transcaucasienne et la Géorgie devint à son tour indépendante. Ce nationalisme fut à nouveau supprimé par les autorités soviétiques quand l'Armée rouge envahit le pays en 1921, avant de l'intégrer dans la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie.
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+ Quand cette union fut dissoute en 1936, la Géorgie recouvrait son unité au sein d'une plus grande fédération (l'URSS) et les pouvoirs centraux de Tbilissi décidèrent d'organiser une politique de « géorgianisation » vis-à-vis des minorités ethniques nationales, notamment les Abkhazes sous Lavrenti Beria. Cela contribua également au développement d'une mentalité patriotique à la Géorgie et avec la perestroïka de Gorbatchev, les choses ne firent qu'empirer. En 1990, un ancien dissident soviétique, Zviad Gamsakhourdia, accéda à la présidence de la RSS géorgienne, le premier à être élu à un tel poste dans toute l'URSS sans avoir été nommé par le Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique. Celui-ci déclara l'indépendance du pays et vira bientôt à un ultra-nationalisme extrémiste et fasciste qui donna aux minorités un sentiment de détresse[33]. Pour cette raison, les ethnies abkhazes et ossètes entrèrent en sécession et les musulmans et les Arméniens commencèrent à se sentir en danger, suivis par les Grecs. De nos jours, le président Saakachvili tenta en vain d'organiser une politique de « réconciliation nationale », mais seuls les Adjares musulmans revinrent dans le giron de Tbilissi, alors que les Grecs et les Arméniens commencèrent petit à petit à rentrer dans leur patrie d'origine.
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+ Voici le tableau des principales minorités ethniques de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud non-comprises :
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+ La langue officielle de la Géorgie est le géorgien.
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+ Le russe se trouve présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; 50 % de la population du pays sait parler le russe, souvent les générations les plus anciennes. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. Globalement, tous les Georgiens scolarisés avant 1991 savent parler le russe car il était obligatoire. Après 1991, le russe devint facultatif.
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+ Le pays s'étant tourné vers l'Europe, les jeunes générations ont opté pour l'anglais : son enseignement a fait l'objet d'un plan national et il est devenu la première langue étrangère, ouvrant des emplois auprès des institutions et des entreprises étrangères présentes sur le territoire géorgien, et facilitant l'émigration.
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+ Les communautés arméniennes et azéries, moins de 5 % de la population, pratiquent leurs langues. Les communautés grecques et juives se sont très considérablement réduites : le grec et l'hébreu ont disparu. La langue allemande est pratiquée par un très petit nombre de Géorgiens, dont des Allemands de la Volga, dont les ancêtres furent déportés entre 1944 et 1947. L'allemand est la seconde langue étrangère choisie dans les études, derrière l'anglais, mais avant le russe.
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+ La langue française — devenue une langue culturelle — compterait 18 000 locuteurs sur le territoire géorgien selon l'Organisation internationale de la francophonie, institution que la Géorgie a rejointe en 2004 avec le statut de pays observateur.
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+ Les croyances païennes occupaient la vie spirituelle des Géorgiens durant la majeure partie de l'Antiquité.
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+ La première entité religieuse géorgienne (Ibérie) date du IIIe siècle av. J.-C., quand le roi Pharnabaze Ier -dans la vague de réformes engagées durant un règne de 60 ans- imposa un unique Panthéon à son peuple.
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+ De grands bouleversements se produisirent au IVe siècle de notre ère. À l'époque, le roi Mirian III d'Ibériese convertit au christianisme et abandonna les divinités païennes. Le peuple fut plus réservé : des éléments polythéistes de coutume furent introduits dans la religion chrétienne pour encourager à la conversion. Ainsi, Armazi disparut mais laissa place à Saint Georges de Lydda, saint protecteur de la Géorgie depuis le Moyen Âge (célébration encore accompagnée de sacrifices d'animaux dans certaines régions montagneuses du pays).
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+ Le christianisme est la principale religion de la Géorgie depuis des siècles : aujourd'hui, 88,6 % de la population géorgienne est chrétienne. La nation géorgienne est considérée comme la troisième à avoir adopté cette religion comme religion d'État, les deux premières étant l'Arménie et l'Éthiopie. Les chrétiens furent souvent persécutés par les différentes autorités dominatrices du Caucase. Durant les premiers siècles les Sassanides imposaient déjà les règles du zoroastrisme en Ibérie, persécutant ceux qui refusaient de se soumettre. Durant le Haut Moyen Âge, les Arabes firent de nombreux martyrs parmi la population et la noblesse du pays. Du XVIe au XVIIIe siècle, les Turcs et les Perses firent de même. Plus récemment, les Soviétiques ordonnèrent la fermeture de 1 500 églises pour les seules années 1920.
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+ 83,9 % de la population relèvent de l'Église de Géorgie, apostolique puisque fondée par l'apôtre André, autocéphale puisqu'indépendante depuis 486 et orthodoxe puisque séparée de l'Église catholique romaine depuis le schisme de 1054. De son vrai nom Catholicosat-Patriarcat de toute la Géorgie, elle est dirigée depuis le 25 décembre 1977 par le Catholicos-Patriarche Élie II, archevêque de Mtskheta et de Tbilissi.
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+ Depuis sa fondation, l'Église orthodoxe de Géorgie joue un rôle prépondérant dans l'histoire de la nation géorgienne, sur trois plans :
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+ La Constitution géorgienne, adoptée en août 1995, lui définit ce rôle particulier et garantit son indépendance. Un concordat signé en 2002, entre le président Edouard Chevardnadze et le Patriarche Ilia II, officialise les relations entre l'État et l'Église. Depuis la Révolution des Roses, son influence sur les gouvernements successifs n'a pas diminué. Au-delà du pouvoir spirituel, elle exerce un pouvoir temporel dont le financement est souvent considéré comme peu transparent[35].
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+ Il existe par ailleurs des fidèles de l'Église orthodoxe russe sur le territoire géorgien.
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+ Dans les provinces séparatistes de Géorgie, les populations sont également à majorité chrétienne. Toutefois, des entités religieuses « dissidentes » occupent les sièges spirituels des républiques autoproclamées. Ainsi, existent une Éparchie d'Abkhazie, non reconnue par Constantinople, de même qu'une Éparchie d'Alanie, dépendante de l'Église orthodoxe de Grèce - Saint-Synode en résistance, en Ossétie du Sud.
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+ Ses fidèles représentent 3,9 % de la population du territoire géorgien.
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+ L'Église catholique romaine du Caucase, regroupant les paroisses d'Arménie et de Géorgie, compte 35 000 fidèles. Depuis 2007, les Sœurs françaises de Sainte-Nino, appartenant à la congrégation de Sainte-Chrétienne, se sont installées à Akhaltsikhé[36]. Les catholiques romains représentent 0,8 % de la population, principalement situés dans le sud du pays.
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+ Il existe également de petites communautés protestantes, ainsi que des Témoins de Jéhovah, interdits en Abkhazie.
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+ Les musulmans représentent aujourd'hui 9,9 % de la population géorgienne, composant ainsi la seconde religion après les chrétiens orthodoxes. La répartition de l'islam en Géorgie est tout à fait inégale, la majorité de ses fidèles se situant dans la République autonome d'Adjarie, où ils représentent 30 % de la population, contre 64 % de chrétiens. L'Adjarie embrassa l'islam dès la mi-XVe siècle, quand elle fut intégrée dans l'Empire ottoman ; une mosquée délimite sur la côte de la mer Noire la frontière entre la République autonome d'Adjarie et la Turquie.
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+
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+ Il existe également des minorités de musulmans sunnites en Abkhazie séparatiste, dans la communauté meskhète (1 000 personnes aujourd'hui), et dans les Gorges de Pankissi où les Kistes - groupe ethniquement proche des Tchétchènes et des Ingouches - vivent.
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+
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+ Les autres musulmans de Géorgie se trouvent en Géorgie orientale, en Basse Kartlie où les Azéris, chiites pour la plupart, se sont islamisés depuis les invasions séfévides du XVIIe siècle.
191
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+ La communauté juive est aujourd'hui, avec 10 000 membres (dont 3 000 pratiquants), la plus faible des trois religions monothéistes présentes sur le sol de Géorgie (0,1 % de la population).
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194
+ Il est probable que la plus ancienne communauté judaïque géorgienne se soit établie dans le Caucase à la suite de la prise de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor II (586 av. J.-C.). Tout au long des siècles, la culture géorgienne observa une grande tolérance vis-à-vis du judaïsme, tolérance qui ne se démentit jamais et empêcha tout pogrom dans le pays.
195
+
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+ L'époque soviétique ne fut pas exempte de discrimination religieuses. Les Juifs géorgiens luttèrent, lorsqu'ils en eurent la possibilité, pour la liberté de leurs croyances et de leur culture. En 1969, un groupe d'entre eux écrivit aux Nations unies pour obtenir le droit de retour sur la terre de leurs ancêtres. En 1971, un autre groupe manifesta devant le bureau gouvernemental de Moscou. Cette détermination, aidée de la pression internationale, entraîna une certaine libéralisation et une émigration ponctuelle vers Israël, les États-Unis et l'Europe occidentale : entre 1979 et 1989, la population juive de la Géorgie baissa de 4 000 individus. Après l'ouverture des frontières, la guerre civile et les difficultés économiques, 125 000 judéo-géorgiens partirent à l'étranger (dont 100 000 en Israël).
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+ Les derniers pratiquants du pays sont désormais regroupés en communautés dans des villes comme Tbilissi, Koutaïssi, Akhaltsikhé et Oni. Chacune de ses villes possède des synagogues, toutes sous la juridiction du Rabbinat de Géorgie, dirigé par le Rabbin Ariel Levin depuis 1991. Celui-ci signa en 1994 un accord avec le président Edouard Chevardnadze pour la conservation de la culture, de l'histoire et de la langue judéo-géorgienne.
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200
+ En 1991, lors du retour à l'indépendance, la politique nationaliste du chef d'État géorgien Zviad Gamsakhourdia défavorise les minorités religieuses, malgré leur présence ancienne sur le territoire géorgien et malgré la tradition de tolérance observée tout au long de l'histoire : la citoyenneté géorgienne n'est pas garantie aux non-fidèles de l'Église orthodoxe géorgienne (principe de la « Géorgie aux Géorgiens »). Des vagues d'émigration se déclenchent, musulmane vers la Russie faisant baisser cette partie de la population de 12 % à moins de 10 % et juive vers Israël. Sous la présidence d'Edouard Chevardnadze (1992-2003), l'Église orthodoxe de Géorgie engage une politique de conversion encouragée par le gouvernement. À partir de 2004, le président Mikheil Saakachvili change les symboles nationaux comme le nouveau drapeau, « drapeau aux cinq croix » qui tire ses origines des Croisades et du règne du roi Vakhtang Ier Gorgassali (Ve siècle).
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+ Le pluralisme religieux a ainsi peu progressé dans la société géorgienne ces vingt-dernières années, même si l'amendement voté par le Parlement le 5 juillet 2011 a permis à certaines minorités religieuses un enregistrement administratif[37].
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204
+ Considérant que son statut privilégié vis-à-vis de l'État ne peut être remis en cause, l'Église orthodoxe de Géorgie s'oppose à toute évolution vers le pluralisme religieux[38],[39], elle suit ainsi de près la position de l'Église orthodoxe russe à laquelle elle est liée par des liens de proximité datant du XXe siècle.
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+ Devant les pressions internationales (Cour européenne des droits de l'homme en particulier), une agence gouvernementale des Affaires religieuses a été créée en février 2014, avec pour objectif la coordination de la politique gouvernementale en termes religieux (éducation, propriété des biens, financement...). Le rapport annuel de 2014 du Département d'État des États-Unis demeure néanmoins très critique[40].
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+ Les jours fériés et fêtes de la République de Géorgie sont définis par l'article 20 du Code de travail national.
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+ L'éducation est gratuite et obligatoire pour tous les élèves. La scolarité commence dès 6 ans et se termine vers 17−18 ans. En 1996, 88,2 % des enfants était scolarisés, dont 48,8 % de filles et 51,8 % de garçons. Aujourd'hui tous les enfants sont scolarisés.
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212
+ Indépendante depuis avril 1991 et membre du Conseil de l'Europe depuis le 27 août 1999, la Géorgie est une république présidentielle. Il s'agit d'un régime très particulier où le parlement détient des attributions spécifiques.Cependant, à l'automne 2007, le patriarche orthodoxe propose de restaurer la monarchie constitutionnelle, une idée qui rencontre un certain succès dans les rangs de l'opposition, agacée par les pouvoirs renforcés du président Saakachvili[41]. Ce dernier a indiqué qu'il est membre de la grande dynastie caucasienne, les Bagration, et a organisé sa prise de fonction sur la tombe du roi David IV[42]. Les événements d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont depuis relégué cette idée au second plan.
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+
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+ Le pouvoir exécutif est représenté par la présidente Salomé Zourabichvili depuis le 16 décembre 2018, élue pour 6 ans. Le Premier ministre, Mamouka Bakhtadze depuis le 20 juin 2018, est le chef du gouvernement.
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+
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+ Le pouvoir législatif est détenu par le Parlement de Géorgie (Sakartvelos Parlamenti), composé de 235 députés élus pour un mandat de 4 ans.
217
+
218
+ La Cour suprême constitue le sommet du pouvoir judiciaire. Elle est composée de juges élus sur recommandation. Il existe également une Cour constitutionnelle.
219
+
220
+ La Géorgie a des ressources en cuivre, en manganèse et, plus limitées, en charbon. La production d'hydroélectricité est importante. La viticulture en Géorgie joue un rôle clé dans l'économie de ce pays[43].
221
+ Son PIB par habitant est de 5 400 $ USD en 2011. La Géorgie a exporté pour 2,189 milliards USD en 2011. Ses principaux produits exportés sont: des véhicules, des engrais, des noix, de la ferraille, de l'or et des minerais de cuivre. Elle a importé pour 7,058 milliards USD en 2011. Les principaux produits importés sont : des combustibles, des véhicules, de la machinerie, des grains et autres produits agricoles, ainsi que des produits pharmaceutiques[2].
222
+
223
+ La langue officielle de la Géorgie est le géorgien.
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+
225
+ Le russe se trouve également très présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; au moins 50 % de la population du pays sait parler russe. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. De plus, la Géorgie souhaite se tourner vers l'Europe ; désormais les plus jeunes optent en grand nombre pour l'anglais, qui prend une importance grandissante.
226
+
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+ La Géorgie est aussi membre de l'Organisation internationale de la francophonie, et le français figure en relativement bonne place, tout comme l'allemand.
228
+ La Géorgie compte aussi d'importantes communautés arménienne et grecque qui n'ont cessé de pratiquer leurs langues d'origine.
229
+
230
+ La musique géorgienne se caractérise par des polyphonies anciennes aux échelles particulières. Un riche instrumentarium ponctue par ailleurs les autres formes folkloriques.
231
+
232
+ Le circuit automobile Roustavi se trouve à 20 km de Tbilissi. En 2011-2012 la piste est entièrement reconstruite conformément aux standards de catégorie 2 FIA et il devient le premier circuit professionnel construit dans la région de Transcaucasie.
233
+
234
+ La Géorgie a traditionnellement une grande culture sportive de la lutte. Le judo se développe également beaucoup et le rugby à XV donne lieu à de nombreux « exodes » de joueurs de haut niveau, en particulier vers la France. L'équipe nationale géorgienne participe régulièrement à la Coupe du monde de rugby à XV.
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
237
+
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+ L'Office national des statistiques de Géorgie publie régulièrement des documents concernant la population et la démographie ; ils contiennent parfois des chiffres légèrement différents pour les mêmes rubriques :
239
+
240
+ Asie centrale
241
+
242
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
243
+
244
+ Asie de l’Est
245
+
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+
248
+ Asie de l'Ouest
249
+
250
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
251
+
252
+ Asie du Sud-Est
253
+
254
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+
256
+ Asie du Sud
257
+
258
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+
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+ Asie du Nord
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+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/2194.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,262 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ République de Géorgie
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+
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+ (ka) საქართველო / Sakartvelo
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+
5
+ 41° 42′ 35″ N, 44° 47′ 36″ E
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+
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+ modifier
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+
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+ La Géorgie (en géorgien : საქართველო, translittéré en SakartveloÉcouter), en forme longue depuis 1995 la république de Géorgie, est un pays sur la côte est de la mer Noire dans le Caucase, situé à la fois en Europe de l'Est et en Asie[1],[4],[5]. Elle est considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l'Europe[6],[7],[8]. Le pays est membre du Conseil de l'Europe, de l'OSCE, de Eurocontrol, de la Coopération économique de la mer Noire et de l'Alliance GUAM. Elle espère devenir un jour membre de l'OTAN et de l'Union européenne avec laquelle un accord d'association a été conclu en 2014[9].
10
+
11
+ L'histoire de la Géorgie remonte aux royaumes antiques de Colchide et d'Ibérie, qui furent ensuite unifiés. La Géorgie est l'une des premières nations à avoir adopté la religion chrétienne comme religion officielle, au début du IVe siècle : elle a rejoint l'orthodoxie après le schisme de 1054. Elle connaît son âge d'or au XIIe siècle, sous le règne de Tamar Ire. Confrontée tour à tour aux Romains, Perses, Mongols, Byzantins, et Ottomans[10], la Géorgie est annexée au début du XIXe siècle par la Russie impériale sous Paul Ier, mais retrouve son indépendance de 1918 à 1921 et devient un protectorat allemand. Elle est ensuite intégrée en tant que république au sein de l'Union soviétique.
12
+
13
+ L'indépendance de la Géorgie est une nouvelle fois restaurée en 1991. Le pays accumule difficultés économiques et guerres de sécession ; l'Adjarie redevient totalement géorgienne en 2004, par contre l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud proclament unilatéralement leur indépendance après les combats des années 1990 et la deuxième guerre d'Ossétie du Sud en 2008. La Révolution des Roses, en 2004, pacifique, et l'alternance démocratique, en 2012, non moins pacifique, ont conduit le pays sur le chemin de la démocratie.
14
+
15
+ Le pays couvre un territoire de 69 700 km2 dont 12 560 km2, soit environ 18 %[2], échappent à l’administration géorgienne. La Georgie possède des frontières avec la Russie au nord et nord-est, l'Arménie et la Turquie au sud, et l'Azerbaïdjan au sud-est. La population est de 3,7 millions d'habitants selon le recensement de novembre 2014.
16
+
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+ Les Géorgiens nomment leur terre, la Géorgie, Sakartvelo, se nomment eux-mêmes Kartvelebi (ქართველები) et appellent leur langue, le géorgien, kartuli (ქართული).
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+ Plusieurs théories existent quant à l'origine de cette appellation :
20
+
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+ La dénomination française du pays, Géorgie est probablement dérivée du grec γεωργία (geōrgía), signifiant agriculture et non de Saint Georges — saint protecteur du pays — comme parfois avancé[13].
22
+
23
+ Gorj, la dénomination persane des Géorgiens, est également la racine des mots turc Gürcü et russe Gruzin. La Géorgie est nommée گرجستان (Gordjestân) en persan, Gürcistan en turc, Грузия (Grouziia) en russe et גרוזיה (Grouzia) en hébreu. Le nom persan vient probablement de gorg (loup), qui est aussi l'origine du surnom du roi d'Ibérie Vakhtang Ier Gorgassali (Tête de loup), car les Anciens considéraient le Gourdjistan comme la Terre des loups.
24
+
25
+ Dans l'Antiquité, les habitants de l'actuelle Géorgie étaient dénommés les Ibères, du nom du royaume dans lequel ils vivaient, l'Ibérie, sans lien apparent avec la péninsule Ibérique. Malgré le questionnement des géographes de l'Antiquité et l'hypothèse de certains savants géorgiens estimant que les Ibériens du Caucase étaient les ancêtres des Ibériens de la péninsule, le nom caucasien d'Ibérie viendrait de celui de la ville géorgienne Sper, aujourd'hui İspir en Turquie.
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+
27
+ Les dénominations arméniennes pour Géorgien et Géorgie, respectivement Vir et Virq, viennent d'Ibérie avec la perte du « i » initial et son remplacement par le « w » ou le « v » du « b » d'Ibérie.
28
+
29
+ Lors de recherches paléontologiques effectuées à Dmanissi, dans le sud du pays, entre 1999 et 2001, des restes d'hominidés de l'espèce Homo georgicus ont été retrouvés datant d'environ 1,8 million d'années.
30
+
31
+ De nombreuses cultures se disséminent à travers le Caucase, de Trialétie au Koura-Araxe. Le territoire géorgien, comme celui de tout le Caucase, se trouve dans une position de carrefour entre les puissances qui l'entourent. Les Scythes ravagent la région au VIe siècle av. J.-C., invasion suivie d'une annexion iranienne (dynastie achéménide, le premier Empire perse). Durant la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., le conquérant Alexandre le Grand atteint à son tour les frontières de la Géorgie actuelle. Son règne est une étape marquante vers une société géorgienne unifiée, unification qui ne se produira que plusieurs siècles plus tard.
32
+
33
+ Au IIIe siècle av. J.-C., la Géorgie est divisée en deux : une partie occidentale, de culture grecque (la Colchide) et une partie orientale et indépendante (l'Ibérie). Alors que la Colchide tombe aux mains de ses puissants voisins (Royaume du Pont, puis Empire romain), l'Ibérie se développe au point de rivaliser avec l'Arménie pour le contrôle du Caucase. La République romaine la vassalise jusqu'à l'invasion des Arsacides au IIe siècle: l'Ibérie constitue dès lors une source de conflit, au même titre que l'Arménie, entre l'Empire romain et l'Empire iranien (les Parthes).
34
+
35
+ La Géorgie orientale change considérablement au IVe siècle. L'Ibérie passe non seulement d'une vassalité parthe à une autre vassalité perse (sassanide), mais entre dans le monde romain. Durant la décennie 330, la Géorgie se convertit au christianisme apporté par sainte Nino de Cappadoce, une nonne de Jérusalem de la famille de Georges de Lydda qui convertit le roi Mirian III et son épouse. La culture géorgienne se développe à travers la chrétienté et atteint son apogée avec le règne de Vakhtang Ier Gorgassali, monarque vainqueur des Perses et des Byzantins, de ses proches vassaux et des lointains Indiens.
36
+
37
+ À la fin du Ve siècle, l'Ibérie et la Colchide s'allient, et tentent une première unification. L'avènement de la puissance ibère est anéanti par la mort du roi Vakhtang Ier, dans les années 580 : la Perse annexe la Géorgie orientale qui devient une province. Une période trouble s'ensuit, la Géorgie est divisée à maintes reprises entre les Perses, les Byzantins, les Arabes et quelques princes locaux assez puissants pour reprendre provisoirement le titre de roi.
38
+
39
+ À la fin du IXe siècle, après la décadence engendrée par les invasions arabes du VIIe siècle, le prince de Tao, Adarnassé IV, unifie la Géorgie orientale et prend le titre de « roi des Géorgiens », probablement aidé par son voisin arménien[15].
40
+
41
+ Au début du XIe siècle, le prince Bagration (descendant du premier roi des Géorgiens, Adarnassé IV, Bagrat III, unifie pour la première fois de son histoire la nation géorgienne, du royaume d'Abkhazie à celui de Kakhétie, rassemblant dans un unique État tous les pays partageant la même religion et la même culture que l'Ibérie. En quelques années, Bagrat III réussit par ailleurs à soumettre bon nombre de ses voisins, dont l'émirat de Gandja. Dans un but politique, il se sépare de la tradition pro-byzantine de ses ancêtres et s'allie avec le Califat fatimide, musulman, contre Constantinople. Pour cette raison, la première moitié du XIe siècle est principalement illustrée par les nombreux conflits militaires entre le Royaume de Géorgie et l'Empire byzantin.
42
+
43
+ À la fin des années 1040, le conflit cesse et laisse place à une autre inimitié, cette fois entre Géorgiens et Seldjoukides, eux aussi musulmans. La guerre éclate en 1048 : les forces alliées de la Géorgie et de Byzance triomphent d'abord de l'Empire seldjoukide à la bataille de Kapetrou, engagent une croisade géorgienne en raison du caractère religieux du conflit, mais battent finalement en retraite : de terribles dévastations sont perpétrées sur le territoire géorgien par les Seldjoukides jusqu'à la fin du XIe siècle.
44
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45
+ À peine monté sur le trône, le jeune roi David IV repousse les troupes de l'envahisseur et conquiert plusieurs régions jusqu'à former un empire géorgien : il unifie les terres situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, et réalise la conquête de l'Arménie et de l'Alanie. Ses successeurs achèvent au début du XIIIe siècle la prise de contrôle du sud transcaucasien : le règne de la reine Tamar Ire constitue l'apogée du Royaume de Géorgie.
46
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47
+ Plusieurs révoltes nobiliaires éclatent, et en 1223, les Mongols apparaissent aux frontières du pays : ils vainquent la monarchie géorgienne. Durant la décennie 1270, un royaume indépendant s'instaure en Géorgie occidentale. Le territoire géorgien sombre dans le déclin, les Timourides, puis les Turcomans succèdent aux Mongols. Devenue unique territoire chrétien de cette région après la chute de Trébizonde en 1461, la Géorgie se divise finalement en trois entités.
48
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49
+ En 1478, Constantin II accède au trône géorgien après une période de guerre civile et de chaos intérieur. Une dizaine d'années plus tard, en 1490, un conseil national proclame la division officielle du Royaume de Géorgie, qui laisse place à trois entités : l'Iméréthie (ouest), dirigée par Alexandre II, la Karthli (centre) qui reste aux mains de Constantin II, et la Kakhétie (est), qui revient au prince Alexandre Ier. À partir de cette période, les trois royaumes deviennent des vassaux des puissances musulmanes qui les entourent : les Empires perse et ottoman.
50
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51
+ Le XVIIIe siècle est une période d'éphémère renaissance pour la Géorgie. À l'ouest, les monarques d'Iméréthie ont réussi à regagner leur pouvoir héréditaire, tandis que la culture géorgienne se développe à l'est du pays, culture composée de tradition locale et d'influence persane. L'imprimerie est importée au début du siècle. Les premières relations avec le nouvel Empire russe (également chrétien orthodoxe) se développent: elles se renforcent et irritent la Perse séfévide, qui n'hésite pas à détrôner la dynastie de Moukhran pour placer des princes de Kakhétie sur le trône de Kartlie. Cela contribue notamment à la formation d'un nouveau royaume géorgien unifié dans les années 1760 dans l'est du pays.
52
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53
+ En 1762, la Géorgie orientale est unifiée sous le sceptre du roi Héraclius II, qui fonde le Royaume de Kartl-Kakhétie, dans l'espoir de reconquête de l'indépendance perdue vis-à-vis de la Perse impériale. En 1783, il signe à Gueorguievsk un traité de protection et de coopération militaire bilatérale avec l'Empire russe de Catherine II, qui se pose désormais en suzeraine de la Géorgie. Toutefois, ce traité n'empêche pas l'empire perse qadjar d'Agha Mohammad Chah de ravager le pays et de prendre la capitale, Tiflis, qui est complètement brûlée en 1795. Trois années plus tard, le roi Georges XII succède à son père et son court règne reconfirme le traité de Gueorguievsk ; à sa mort, en 1800, la Russie annexe le Royaume de Kartl-Kakhétie, qui devient une simple province de l'empire d'Alexandre Ier. La signature du Traité de Golestan (1828) fait perdre définitivement à l'Empire perse toutes les villes du territoire géorgien, y compris celles situées sur la côte de la mer Noire.
54
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55
+ Antérieurement au traité, l'Empire russe a déjà annexé l'émirat de Gandja en 1813 et le khanat d'Erevan en 1828, et sa conquête du Caucase se poursuit avec l'Iméréthie : après une courte guerre, le roi Salomon II est arrêté et extradé vers l'Empire ottoman. Toutes les principautés géorgiennes indépendantes (Abkhazie, Svanétie, Moukhran…), sont peu à peu annexées. Le pouvoir tsariste de Saint-Pétersbourg crée alors la vice-royauté du Caucase, subdivisée en gouvernat (dont celui de Géorgie-Iméréthie) avec pour capitale administrative Tiflis.
56
+
57
+ La période d'annexion russe est d'abord une période de combat et de rébellion, mais aussi de développement de la société et de la culture géorgienne. Les églises sont restaurées, des écoles sont créées et la littérature géorgienne accède à son apogée, notamment grâce aux écrivains Ilia Tchavtchavadzé et Akaki Tsereteli dont les œuvres sont aujourd'hui des références.
58
+
59
+ Durant le XIXe siècle, si la culture transcaucasienne se réoriente vers le christianisme orthodoxe (se séparant de la tradition persane qui a dominé le pays durant près de cinq siècles), le réveil des nationalités gagne la Géorgie comme les autres pays de l'Europe, les idées progressistes trouvent écho auprès des jeunes aristocrates géorgiens. Malgré l'émancipation des serfs appliquée en Géorgie en 1865, les révoltes paysannes se multiplient devant la difficulté de la vie. La mort controversée du prince Dimitri Kipiani en 1887 fait également éclater des manifestations antirusses.
60
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61
+ Au début du XXe siècle, deux mouvements de pensée se partagent l'opposition au régime tsariste, le mouvement social-fédéraliste géorgien tenant d'une autonomie géorgienne au sein de l'entité russe (il donnera naissance en 1918 au parti national-démocrate résolument indépendantiste) et le mouvement social-démocrate géorgien, marxiste, pour qui la démocratisation géorgienne ne pourra s'effectuer qu'en concert avec la démocratisation russe (il donne naissance en 1904 à la tendance bolchévique, minoritaire dans le Caucase et partisane de la dictature du prolétariat et à la tendance menchevique, majoritaire dans le Caucase, et partisane d'un régime parlementaire).
62
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63
+ En novembre 1917, après la Révolution russe d'octobre, les pays transcaucasiens refusent de reconnaître l'autorité du pouvoir bolchévique de Petrograd : la présidence du Haut commissariat à la Transcaucasie est confiée à Evguéni Guéguétchkori[16](ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe). Le 10 février 1918, une Assemblée parlementaire transcaucasienne, dite Sejm, présidée par Nicolas Tcheidze[17](ancien président menchevique du Comité exécutif du Soviet de Petrograd, de février à octobre 1917) confirme Evguéni Guéguétchkori dans ses fonctions. Le 9 avril, la Sejm proclame l'indépendance de la République démocratique fédérative de Transcaucasie et confie la responsabilité de son exécutif à Akaki Tchenkéli[18] (Akaki Tchkhenkéli), ancien député menchevique représentant la Géorgie à la Douma russe. La cohabitation des trois peuples sud-caucasiens - arménien, azerbaïdjanais et géorgien - se heurte aux sentiments nationalistes : à peine un mois plus tard, (le 26 mai 1918), l'indépendance de la République démocratique de Géorgie est proclamée au nom de tous les partis par Noé Jordania[19] porte-parole du Conseil national géorgien (ancien président menchevique du Soviet de Tiflis et l'un des leaders du Parti ouvrier social-démocrate géorgien). Deux jours plus tard, l'Arménie et l'Azerbaïdjan proclament leur indépendance à leur tour.
64
+
65
+ Nicolas Tcheidze devient président de l'Assemblée parlementaire provisoire de la République démocratique de Géorgie, Noé Ramichvili[20] premier président de gouvernement et Noé Jordania deviendra 2e et le 3e présidents de gouvernement. L'État géorgien peut renaître. En à peine trois années, une constitution moderne est créée, la reconstruction nationale est entreprise et de multiples réformes sont mises en œuvre afin d'acheminer la Géorgie vers la démocratie.
66
+ La situation géopolitique de la Géorgie de l'époque, conflit potentiel avec la Turquie, lui font solliciter la protection des forces de la Triplice : les troupes allemandes débarquent à Batoumi, une des villes qui sera plus tard promise par le pouvoir bolchévique à l'empire ottoman.
67
+
68
+ La fin de la Première Guerre mondiale change la situation : l'armée britannique prend le relais provisoirement de l'armée allemande. Entre 1918 et 1921, la Turquie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan entrent en conflit pour des questions frontalières, la Russie pour des questions plus existentielles. En mai 1920, le gouvernement bolchévique russe de Moscou signe un traité de paix avec le gouvernement social-démocrate géorgien de Tbilissi. En janvier 1921, les alliés de la Triple-Entente reconnaissent de jure la République démocratique de Géorgie. Malgré une coopération déclarée et une reconnaissance mutuelle de la part de la Russie soviétique, malgré la reconnaissance internationale, l'Armée rouge envahit le territoire géorgien en février 1921 et met fin à la République démocratique de Géorgie en mars 1921. La classe politique et la classe militaire émigrent, pensant pouvoir reconquérir le pays de l'extérieur.
69
+
70
+ Après l'invasion soviétique, la République socialiste soviétique de Géorgie fut proclamée. Il y eut alors un bras de fer entre les différentes factions de Moscou dirigées par Lénine et Staline, durant l'Affaire géorgienne des années 1920, qui mènera également à la perte de près d'un tiers des territoires géorgiens au profit de ses différents voisins. En décembre 1922, l'URSS est proclamée et la RSG devint une des trois républiques de la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, dissoute à son tour en 1936.
71
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+ En 1927, Staline arriva à la tête de l'Union soviétique après avoir procédé à des éliminations politiques. À partir de cette époque, la destinée de la Géorgie changea. En effet, le dictateur soviétique était né sous le nom de Joseph Djoughachvili à Gori, en Géorgie et c'est notamment pour cette raison que le statut de la région changea considérablement. Dans les années 1930, après avoir supprimé toute opposition anticommuniste, le gouvernement de Moscou fit de la Géorgie un lieu de détente pour l'intelligentsia soviétique. Puis peu à peu, la contrée se développa et après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs dirigeants du monde (dont Georges Pompidou, Fidel Castro…) visitèrent le pays. À la mort de Staline en 1953, son successeur Nikita Khrouchtchev entama une politique qui consistait à supprimer le culte de la personne de l'ancien chef d'État. Pour cette raison, plusieurs manifestations et révoltes éclatèrent à Tbilissi, et chacune d'entre elles fut brutalement arrêtée. Bientôt, une opposition se développa et à partir des années 1970, un sentiment nationaliste fort se développa en Géorgie. Lors de la tragédie du 9 avril 1989, une manifestation anti-soviétique fut violemment dispersée par l'armée[21], menant à la démission du gouvernement[22]. En 1990, finalement, la RSS de Géorgie fut dissoute et remplacée par le Conseil suprême.
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+ La Géorgie proclama son indépendance le 9 avril 1991 et nomma comme chef d'État Zviad Gamsakhourdia. Or, quelques mois seulement après son arrivée au pouvoir, une opposition se développa contre son régime, jugé trop autoritaire. Entretemps, le gouvernement avait profité de cette situation pour supprimer l'autonomie de l'oblast d'Ossétie du Sud qui fut intégrée à la région de Mtskheta-Mtianétie. Cette action poussa les autochtones ossètes à se rebeller contre le gouvernement et des affrontements militaires firent des dizaines de morts jusqu'à la fin de l'année. Finalement, les troupes nationales perdirent le contrôle du conflit quand les séparatistes, soutenus par la Russie, proclamèrent leur indépendance le 28 novembre.
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+ Plus tard dans l'année, les membres de l'opposition s'armèrent quand le commandant limogé de la Garde nationale Tenguiz Kitovani rejoignit le camp anti-Gamsakhourdia. À la fin du mois de décembre 1991, ils avaient commencé le siège du Parlement qui sera pris le 6 janvier 1992, date du coup d'État qui amena l'exil du Président Gamsakhourdia chez ses voisins caucasiens. À ce moment, un Conseil d'État fut formé et l'ancien chef du parti communiste géorgien Edouard Chevardnadze fut choisi pour chef du Conseil intérimaire. Celui-ci poursuivit la guerre en Ossétie du Sud et, au lieu d'atténuer les conflits séparatistes, envoya des troupes géorgiennes en Abkhazie pour réprimer les nationalistes qui viraient vers le sécessionnisme à leur tour. Mais Tbilissi se heurta à une opposition armée et soutenue logistiquement par la Russie. En un peu plus d'une année, la guerre fut achevée et les séparatistes, après avoir déclaré à leur tour leur indépendance, se livrèrent à un nettoyage ethnique des Géorgiens présents sur leur territoire. À la suite de cette défaite, Tbilissi tenta de se rapprocher politiquement de la Russie qui s'accorda à lui envoyer une aide militaire pour combattre les nouveaux opposants menés par Gamsakhourdia qui avait établi un gouvernement en-exil à Zougdidi. Cette ville fut par la suite prise par les autorités géorgiennes en novembre 1993 et un mois plus tard Zviad Gamsakhourdia fut retrouvé mort dans le village de Khiboula.
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+ La défaite du nouveau gouvernement géorgien face aux séparatistes fit monter leur impopularité chez le peuple dont une partie continua à se battre en l'honneur de Gamsakhourdia. En 1995, de nouvelles élections furent organisées et, à la suite de celles-ci, le Conseil d'État fut dissous et Édouard Chevardnadzé devint président de la République. Sa présidence fut notamment caractérisée par une longue crise économique qui attisa l'ire de plusieurs membres du gouvernement soutenus par les capitalistes occidentaux contre lui. En 2000, il fut réélu à la présidence de la République mais ne put empêcher plusieurs partis d'opposition de se former. Par une dernière tentative, il essaya d'orienter sa politique en direction de l'Occident, notamment en concluant une alliance militaire avec les États-Unis, mais en novembre 2003 le peuple se révolta et mena la Révolution des Roses qui aboutit à la destitution de Chevardnadzé. Un gouvernement intérimaire fut alors constitué et en janvier 2004, Mikheil Saakachvili fut élu à la présidence.
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+ Mikheil Saakachvili est Président de la Géorgie de janvier 2004 à octobre 2013, mais il doit céder la Primature en octobre 2012 à son opposant Bidzina Ivanichvili.
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+ Saakachvili entame une ouverture économique et conclut des alliances afin de redresser la situation financière. Il met en œuvre une politique pro-occidentale, considérant que la menace russe est forte, et demande adhésion à l'OTAN. Il parvient à reprendre le contrôle de la région d'Adjarie, en poussant son président Aslan Abachidze à l'exil en Russie. Il parvient à faire évacuer les bases militaires russes d'Akhalkalaki, de Batoumi et de Tbilissi. La situation des régions sécessionnistes, Abkhazie et Ossétie du Sud, reste inchangée, les déclarations unilatérales d'indépendance ne sont pas reconnues sur le plan international. Les échecs des tentatives de réunification du pays entraînent de nombreuses manifestations en novembre 2007: Mikheil Saakachvili démissionne un mois plus tard pour participer à l'élection présidentielle anticipée du 5 janvier 2008, qu'il remporte avec un score inférieur à celui de janvier 2004.
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+ À partir de cette date, les affrontements militaires entre les séparatistes abkhazes et sud-ossètes et les forces géorgiennes se multiplient. Dans la perspective de rétablir le contrôle sur les deux régions, Mikheil Saakachvili décide le 8 août 2008 d'un assaut sur Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, visant les points stratégiques défendus par un bataillon russe[23]. Six régiments, deux bataillons et des forces spéciales de la Fédération de Russie, massés au Nord Caucase pour des exercices, franchissent le tunnel de Roki et répliquent le 9 août -avec l'appui de forces aériennes : l'armée géorgienne est neutralisée et se replie sur Tbilissi, une partie du territoire géorgien est occupée à partir de l'Abkhazie (où d'autres forces russes ont débarqué) et de l'Ossétie du Sud[24]. Cette deuxième guerre d'Ossétie du Sud s'achève deux semaines plus tard, mais reste un sujet de forte tension: Moscou reconnaît fin août 2008 l'indépendance des deux régions sécessionnistes qui procèdent à des agrandissements de territoire. Elles sont également reconnues par le Nicaragua un mois plus tard, le Venezuela et Nauru un an plus tard, Tuvalu trois ans plus tard[25].
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+ Le 28 août 2008, le Parlement géorgien déclare l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud « territoires sous occupation russe ». Le 29 août 2008, la Géorgie rompt toute relation diplomatique avec la Fédération de Russie; le gouvernement suisse accepte de représenter les intérêts de la Géorgie à Moscou via une section particulière[26]. La frontière russo-géorgienne est fermée, un seul point sera rouvert en mars 2010, celui de Kazbegui-Zemo Larsi, sur la Route militaire géorgienne[27]. Le nombre de réfugiés intérieurs, évalué lors des conflits des années 1990 entre 200 et 300 000, est cette fois estimé entre 20 et 30 000.
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+ L'échec de cette tentative de reconquête, la dégradation de l'économie (due à la crise mondiale mais aussi à la situation nationale) et les entraves à la liberté d'expression (réelles ou supposées) conduisent l'opinion publique à se tourner vers l'opposition. Le 19 septembre 2012, durant la campagne des élections législatives, une vidéo rend publics les mauvais traitements infligés dans les prisons. Le 1er octobre 2012 le scrutin donne la majorité aux opposants coalisés dans un mouvement intitulé le Rêve géorgien et conduit par le milliardaire Bidzina Ivanichvili ; ce dernier devient Premier ministre avec des pouvoirs accrus comme le prévoient les amendements à la Constitution votés antérieurement : il assure une alternance pacifique (bien que beaucoup d'anciens ministres soient poursuivis, et parfois emprisonnés par une justice loin d'être indépendante) et prépare une nouvelle gouvernance du pays par la mise en place de nouvelles équipes : comme annoncé, il quittera ses fonctions officielles après une année d'exercice. Le 16 mai 2012 le Parlement de Géorgie avait déménagé de Tbilissi à Koutaïssi, la deuxième ville du pays, et la nouvelle majorité s'y installe. Le 27 octobre 2013 Guiorgui Margvelachvili, candidat du Rêve géorgien, remporte l'élection présidentielle, battant le candidat du Mouvement national uni, Davit Bakradze, soutenu par Mikheil Saakachvili.
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+ Irakli Garibachvili devient Premier ministre et engage une politique étrangère en continuité avec celle des gouvernements précédents (intégration euro-atlantique notamment) mais évitant toute agressivité vis-à-vis de la Fédération de Russie, et une politique économique moins libérale mais qui ne permet pas d'enrayer le chômage et l'émigration : la Turquie et l'Azerbaïdjan consolident leurs positions de premiers partenaires du pays. Le 24 juin 2014, la Géorgie signe un accord d'association avec l'Union européenne : cet accord prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange[28], mais retarde la libéralisation des visas. En novembre 2015, face aux attentats terroristes de Paris, la Géorgie exprime sa solidarité avec la France, plus particulièrement son Premier ministre, francophone et ayant étudié à la Sorbonne. Démissionnaire en décembre suivant, Garibachvili est remplacé par Giorgi Kvirikachvili puis par Mamouka Bakhtadze en 2018.
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+ La Géorgie est devenue pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie en novembre 2004 au sommet de Ouagadougou. Elle est observateur associé de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) en juillet 2014 lors du sommet de Dili[29].
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+ La Géorgie est située sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie, dans la région du Caucase. Bien que son territoire soit majoritairement au sud du Grand Caucase, elle est généralement considérée comme faisant partie culturellement et historiquement de l'Europe.
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+ La Géorgie est un pays montagneux et subtropical d'une superficie de 69 700 km2 (avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud). Le pays a des frontières communes terrestres avec quatre pays : la Russie au nord (723 km), l'Azerbaïdjan à l'est (322 km), l'Arménie au sud (164 km) et la Turquie au sud-ouest (252 km). À l'ouest, le pays est bordé par la mer Noire. Aujourd'hui, la Géorgie est en conflit au nord avec les indépendantistes dans les provinces d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, tandis qu'au sud-est, le gouvernement azerbaïdjanais réclame l'intégration à son territoire du complexe monastique de David Gardja depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.
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+ La Géorgie est, avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan, un des trois pays de la Transcaucasie, subdivision régionale du Caucase. Le pays est principalement montagneux, mais certaines contrées du pays sont dominées par d'autres paysages, tels que le Plateau de Djavakhétie, à la frontière arménienne. Au nord, le Grand Caucase est une importante chaîne de montagnes, véritable limite naturelle servant largement de frontière avec la Fédération de Russie, entaillée par la seule passe de Darial. Les troisième, cinquième et sixième plus hauts sommets du Caucase avec le mont Chkhara (5 193 m), le DjanghaDjangha, (5 059 m) et le Kazbek (5 047 m) se trouvent en Géorgie ou à la frontière avec la Russie. De façon bien moins marquée, le pays a pour limite, au sud, le Petit Caucase.
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+ Les villes, les villages et les communautés rurales sont généralement construites en hauteur, sauf quand elles sont situées au bord de la mer Noire, comme Soukhoumi, Poti et Batoumi. Ainsi, la capitale Tbilissi est située à une altitude moyenne de 572 mètres, tandis que certains villages sont situés dans les montagnes les plus hautes du Caucase, rendant difficile leur accès et conduisant à une autarcie et une culture différente de celle du reste du pays, héritière des temps anciens et des croyances païennes de l'Antiquité. D'un certain côté, cette situation était très profitable aux habitants du pays : en effet, la Géorgie ayant été une terre de pillages, de ravages et d'invasions durant toute son histoire, ceux qui habitaient dans ces montagnes étaient épargnés, d'où la conservation de certains édifices religieux datant du Haut-Moyen Âge.
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+ La Géorgie est traversée par de nombreux fleuves et cours d'eau. Le principal est le Mtkvari (ou Koura) qui a un cours de 1 515 km et qui prend sa source au nord-est de la Turquie, avant de traverser la capitale géorgienne Tbilissi et se jeter dans la mer Caspienne, en Azerbaïdjan. Il y a également d'autres rivières importantes telles l'Alazani et le Rioni. Toutefois, aucune d'elles n'est navigable. Depuis les années 1990 elles sont équipées d'usines hydroélectriques.
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+ Le gouffre de Krubera-Voronja, situé en Abkhazie, est le gouffre naturel le plus profond connu du monde. Il dépasse les 2 000 mètres de profondeur.
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+ Le climat de la Géorgie est subtropical à l'ouest et méditerranéen à l'est. La chaîne du Grand Caucase modère ses variations en servant de barrière contre l'air froid venant du nord. L'air chaud et humide de la mer Noire se déplace facilement dans les plaines côtières de l'ouest. Le climat varie en fonction de la distance à la mer Noire et de l'altitude. Le long de la côte de la mer Noire, de l'Abkhazie à la frontière turque, et dans la région dite Kolkhida (basses terres intérieures de la côte), les caractéristiques dominantes du climat subtropical sont une humidité élevée et de fortes précipitations (1 000 à 2 000 mm par an, le port de la mer Noire Batumi reçoit 2 500 mm par an). Plusieurs variétés de palmiers poussent dans ces régions, où la température moyenne passe de 5 °C en hiver à 22 °C en été. Les plaines de l'est de la Géorgie sont abritées des influences de la mer Noire par les montagnes qui offrent un climat plus continental. La température en été est en moyenne de 20 à 24 °C, les températures hivernales de 2 à 4 °C. L'humidité est plus faible, et la pluviométrie moyenne 500 à 800 mm par an. Un climat alpin est présent dans les montagnes de l'est et de l'ouest, entre 2 100 et 3 600 m, ainsi qu'une région semi-aride sur le plateau Iori dans le sud-est. À haute altitude, les précipitations sont parfois deux fois plus importantes que dans les plaines orientales et de la neige et de la glace sont présentes toute l'année.
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+ Les tremblements de terre et des glissements de terrain dans les zones montagneuses sont une menace importante pour la vie et les biens. L'une des plus anciennes traces historique d'activité sismique en Géorgie date de 1088, quand un tremblement de terre détruisit villes et forteresses sous le règne de Georges II ; cela servira, entre autres choses, de prétexte à sa destitution l'année suivante. Plus récemment, on peut citer le tremblement de terre de Gori de 1920 ou bien les glissements de terrain en Adjarie en 1989 qui ont déplacé des milliers de personnes dans le sud-ouest de la Géorgie. En 1991, deux tremblements de terre ont détruit plusieurs villages dans le centre-nord de la Géorgie et en Ossétie du Sud-Alanie.
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+ La Géorgie abritait autrefois une population de loups, d'ours bruns et de lynx particulièrement importante. Aujourd'hui, celle-ci a fortement diminué mais certaines espèces restent encore bien présentes sur le territoire. Écureuils, cerfs et renards cohabitent dans les forêts mixtes de feuillus. Chamois, bouquetins et mouflons peuplent le haut des alpages, tandis qu'un peu partout, vit une faune ornithologique particulièrement riche. On peut également, entre autres espèces, observer le faucon pèlerin, le vautour fauve, le busard mais aussi le vautour noir d'Eurasie ou l'aigle royal. Le littoral accueille quant à lui des colonies de pélicans et de cigognes. Par ailleurs, le célèbre faisan de Colchide a été nommé en raison de sa découverte dans l'ouest du pays.
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+ La Géorgie compte de nombreux parcs et réserves naturels abritant des espèces végétales d'une grande diversité. Parmi eux, Bordjomi (la réserve de l'Est), le parc national Kharagaouli, ou le site protégé d'Eroutchétie. Le climat et le relief étant différents d'une région à l'autre, la flore s'est adaptée et varie en fonction du milieu. C'est pourquoi on peut apercevoir, aussi bien des forêts de feuillus composées de châtaigniers, de chênes, de hêtres et d'érables, que des forêts mixtes et de conifères, en altitude. Sur le littoral de la mer Noire, on a l'occasion de voir essentiellement des plantes exotiques. La Géorgie est également la terre de plus de 6 330 variétés de champignons. Officiellement, la flore géorgienne comprend entre 4 200 et 4 500 espèces vasculaires, 675 types de mousses, 738 lichens et 1 763 algues.
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+ Malgré cette richesse sauvage, le domaine environnemental au sein de la société géorgienne n'est toutefois pas bien développé. À partir des années 1980, la pollution de la mer Noire a grandement nui à l'industrie touristique en Géorgie. Cette pollution est due en majorité au traitement insuffisant des eaux usées. À Batoumi, par exemple, 18 % des eaux usées sont traitées avant d'être rejetées dans la mer. On estime que 70 % de la surface de l'eau contient des bactéries nocives pour la santé auxquels le taux élevé des maladies intestinales est attribué. La guerre en Abkhazie du début des années 1990 a fait d'importants dégâts à l'habitat écologique propre à cette région. À d'autres égards, les experts ont considéré les problèmes d'environnement de la Géorgie moins graves que ceux des anciennes républiques soviétiques plus industrialisées. Résoudre les problèmes de la Géorgie en matière d'environnement n'était pas une priorité du gouvernement national de l'époque post-soviétique. Cependant, en 1993 le ministre de la Protection de l'environnement a démissionné pour protester contre cette inactivité. En janvier 1994, le Conseil des Ministres a annoncé un nouveau système de surveillance de l'environnement. Ce système inter-ministériel permet de centraliser des programmes distincts sous la direction du ministère de la Protection de l'environnement. Le système comprendrait un centre de l'environnement et de l'information et une agence de la recherche. Le petit contingent du Parti vert a poussé le Parlement à aborder ces questions.
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+ La Géorgie est subdivisée en neuf régions, nommées mkhare (მხარე), deux républiques autonomes (ავტონომიური რესპუბლიკა) et une Ville (k'alak'i) :
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+ Le statut administratif actuel de la République de Géorgie est issu de la série des décrets gouvernementaux des années 1994-1996, faits dans un cadre temporaire, en attendant la résolution définitive des conflits avec les indépendantistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Jusque-là, la Géorgie avait hérité de la division organisée au temps du Conseil suprême de la Géorgie de Zviad Gamsakhourdia (1990-1991) qui avait fait débuter le conflit osséto-géorgien en annulant le statut de l'Oblast autonome d'Ossétie du Sud le 10 décembre 1990. Par ailleurs, depuis que Mikheil Saakachvili est arrivé au pouvoir en 2004, de nouvelles tentatives de négociations ont été enclenchées. L'une des propositions de Tbilissi est actuellement de fournir un statut de république autonome à l'Ossétie du Sud, au sein d'une « Fédération de Géorgie ». Un processus pour la création d'une telle entité est mis en route le 13 juillet 2007 et une entité provisoire d'Ossétie du Sud prônant pour un tel statut entretient un « gouvernement alternatif » de la région depuis avril 2007.
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+ Les relations avec les autres régions autonomes ont également été très tendues. Avec la guerre civile géorgienne du début des années 1990, l'Adjarie décida de fermer ses frontières de facto avec la Géorgie et devint dans les faits une région indépendante, dirigée par un musulman, Aslan Abachidze. La situation perdure jusqu'à la Révolution des Roses et le bras de fer politique atteint son paroxysme en mai 2004, quand les derniers ponts reliant l'Adjarie à la Géorgie furent détruits. Finalement, à la suite de manifestations de masse à Batoumi, Abachidzé dut quitter la Géorgie et se réfugier à Moscou, d'où il fut condamné à 15 ans de prison in absentia.
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+ L'Abkhazie, quant à elle, est dirigée par des indépendantistes depuis la prise de Sokhoumi le 27 septembre 1993, qui fut suivie par un nettoyage ethnique des Géorgiens de la région, qui représentaient pourtant la majorité de la population abkhaze depuis le XIXe siècle[30]. Jusqu'à la Deuxième guerre d'Ossétie du Sud, le gouvernement de Tbilissi contrôlait toujours la vallée de Kodori, renommée la Haute-Abkhazie. Toutefois, à la suite de la bataille de la Vallée de Kodori (9 août - 12 août 2008), les séparatistes abkhazes aidés par les Russes finirent par reprendre possession de la région.
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+ Plus récemment, des problèmes réapparaissent en Samtskhé-Djavakhétie, dont la majorité ethnique des Arméniens demande une autonomie vis-à-vis de Tbilissi, accusant le gouvernement géorgien de vouloir « géorgianiser » la région. Cela entraîna notamment un refroidissement des relations avec l'Arménie où il y eut plusieurs manifestations pour une autonomie des Arméniens de Géorgie depuis le début de l'année 2009.
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+ La population de la Géorgie varia sans cesse avec le cours de l'histoire du pays, en fonction des frontières instables et généralement non-naturelles de la nation. Au Moyen Âge, le peuple géorgien dut probablement acquérir un pic relatif durant la période appelée Âge d'Or (XIIe – XIIIe siècles), mais les nombreuses invasions des Mongols, des Turcs, des Perses et les ravages causés par les raids des tribus caucasiennes des Ossètes et des Daghestanais causèrent une baisse de la population nationale durant toute la période comprise entre le XIIIe et le XIXe siècle. Le roi Héraclius II (1762-1798) dut même encourager la fondation de colonies grecques et arméniennes dans son royaume pour tenter de redresser la situation économique désastreuse causée par la double guerre contre les Ottomans et les Perses Afcharides.
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+ Quand la Géorgie fut annexée par la Russie impériale au début du XIXe siècle avec le reste du Caucase, de nombreux colons russes et étrangers vinrent s'installer dans la région et la fin des raids des Caucasiens au milieu du siècle garantit une stabilisation de la population qui commença petit à petit à s'augmenter. Finalement, en 1919, lors de l'indépendance de la République démocratique de Géorgie, la population s'élevait à 2 500 000 habitants, dont les Abkhazes et les Ossètes qui demandaient déjà leur autonomie, aidés par les Bolcheviks. Durant la période soviétique, le nombre d'habitants au sein de la République socialiste soviétique de Géorgie ne cessait de monter et une forte « géorgianisation » (ou plutôt « soviétisation ») chez certaines minorités ethniques du pays fut opérée par les autorités communistes de Tbilissi. Ainsi, durant toute la période socialiste (et peut-être avant), les Abkhazes étaient largement minoritaires dans leur propre Abkhazie, ne représentant que 30 % de la région en 1926, 15 % en 1959 et 17,8 % en 1989. Dans un cadre plus large, la population ethniquement géorgienne augmenta considérablement au niveau national, composant plus de 73 % de la population à la chute de l'Union soviétique (chiffre qui ne cesse d'augmenter depuis).
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+ Toutefois, la guerre civile, les nettoyages ethniques faits par les Abkhazes, et les nombreux conflits internes des années 1990 firent baisser la population du pays considérablement. C'est ainsi que du pic national de 5,5 millions d'habitants en 1992, le pays passe à 4,5 millions en 2002, les départs provenant à 90 % des minorités. Mais la Révolution des Roses apporta une certaine amélioration dans le domaine de la démographie de la Géorgie. En 2008, la population était de 4 630 841 habitants, avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. En 2015, selon le recensement géorgien de 2014, la population est encore en baisse, s'établissant à 3,73 millions, hors républiques séparatistes.
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+ La diaspora géorgienne est l'ensemble des communautés de Géorgiens vivant à l'étranger. Pour la plupart de ces communautés, une longue histoire est liée à leur fondation. D'après les récents recensement, la population géorgienne à l'étranger s'élevait à 3 937 200 personnes. Avec pas moins de 1 500 000 Géorgiens, la Turquie est aujourd'hui le pays qui possède la plus grande communauté géorgienne du monde. Presque la moitié de ces Géorgiens viennent d'Adjarie et durent se réfugier en Turquie en trois grandes vagues : 1829 (annexion de plusieurs territoires géorgiens par l'empire ottoman), 1878 (fin de la guerre russo-turque) et 1921 (fin des prétentions de la Turquie sur l'Adjarie et arrivée de la plupart des musulmans du sud-ouest géorgien dans le pays). Pour cette raison, la Turquie et la Géorgie ont toujours essayé d'entretenir des relations amicales depuis la fin de l'Union soviétique.
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+ Il existe aussi d'importantes communautés en Russie et en Iran, où se trouvent 1 000 000 Géorgiens dans chacun des deux pays. Mais alors que les Géorgiens d'Iran furent déportés de force par milliers au XVIIIe siècle lors des invasions du Shah Abbas Ier de Perse, ceux de Russie ont plutôt des origines politiques. Les premiers Géorgiens à arriver en Russie datent probablement de l'exil du roi Artchil Ier d'Iméréthie. Le fils de ce dernier, Alexandre d'Iméréthie (1674-1711) fonda par ailleurs une communauté géorgienne à Vsesviatskoï, avant de créer le premier centre d'imprimerie géorgienne de l'histoire, à Moscou. Une seconde vague arriva à Moscou avec le roi Vakhtang VI, quand celui-ci fut détrôné par les Perses en 1724. Il apporta avec lui plusieurs grands nobles qui fondèrent de nouvelles familles géorgiennes russifiées (Eristoff, Davidov, Yachvili…). Les Géorgiens d'Israël ont eux aussi une ancienne histoire. Ils seraient probablement arrivés en Terre sainte lors de la célèbre Âge d'Or de la Géorgie (1156-1242), quand les souverains chrétiens du Caucase parrainaient la fondation de monastères dans les terres des Croisades. D'un autre côté, les nombreux Juifs de Géorgie ont également leur histoire et d'après certaines légendes, les premiers Israélites qui arrivèrent dans le Caucase datent de la prise de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor II en -586.
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+ Les émigrations vers l'Europe sont contemporaines, singulièrement vers la France même si les Royaumes de Géorgie envoyèrent à François Ier et à Louis XIV des émissaires afin d'obtenir le soutien d'une nation chrétienne face à la pression musulmane. Après une première vague de fils de famille, d'artistes et d'hommes politiques qui fuient l'Empire russe tsariste au début du XXe siècle, une deuxième vague rejoint l'Europe (France, Pologne, Allemagne, Suisse...) à la suite de l'invasion du territoire géorgien par les armées de la Russie soviétique ; les présidents et vice-présidents du Parlement (Nicolas Tcheidze, Ekvtimé Takhaïchvili et Samson Pirtskhalava), le président du gouvernement Noé Jordania et ses ministres, ainsi que l'essentiel de la classe politique s'installent en exil à Leuville-sur-Orge[31] en Seine-et-Oise; les militaires s'installent plutôt en Pologne afin d'intégrer l'armée du général Pilsudski en lutte contre les bolcheviks. L'insurrection nationale de 1924, et son échec, déclenchent une troisième vague d'exil, composée de jeunes insurgés civils et de jeunes militaires ; au total 1200 réfugiés géorgiens sont recensés par la Préfecture de Police de Paris à la fin des années 1920. La Paroisse orthodoxe géorgienne Sainte-Nino de Paris est fondée en 1929 et rattachée au Patriarcat œcuménique de Constantinople. Une quatrième vague d'émigrés arrive en Europe occidentale avec la Seconde Guerre mondiale : enrôlés dans l'Armée rouge, faits prisonniers par la Wehrmacht, placés dans les camps allemands, contraints au travail forcé civil ou à l'engagement militaire pour survivre, certains Géorgiens parviennent à émigrer malgré les accords entre Staline et Roosevelt qui les destinaient à un retour en URSS. S'ensuivent, durant les années 1980 l'émigration de dissidents géorgiens opposés au régime soviétique et autorisés à quitter l'URSS sous la pression internationale, durant les années 1990 celle d'opposants politiques à Edouard Chevardnadze, et durant les années 2000 celle de migrants économiques. À la fin 2013, l'ensemble des communautés géorgiennes en France est évalué à près de 10 000 personnes en situation régulière (diplomates, professionnels, étudiants, réfugiés sous protection de l'OFPRA) par le Consulat de Géorgie à Paris. Ces différentes émigrations apportèrent à la France des diplomates, comme Claude de Kémoularia ou Salomé Zourabichvili, des militaires comme Dimitri Amilakvari, des artistes comme Véra Pagava, Maria Meriko ou Ethéry Pagava, des écrivains comme Hélène Carrère d'Encausse, des professeurs d'université comme Georges Charachidzé, des journalistes comme Guy Kédia, des championnes de France comme Nino Maisuradze pour les échecs ou Victoria Ravva pour le volley-ball, de nombreux joueurs de rugby dont le plus célèbre est Dimitri Yachvili.
137
+
138
+ Un bilan comparatif pourrait être établi pour l'Amérique du Nord : il serait numériquement bien plus important. Certains Géorgiens seraient déjà arrivés en Amérique du Nord dans les années 1880 (une troupe de cavaliers caucasiens accompagnaient Buffalo Bill avant de gagner leur propre nom en organisant des spectacles devant la reine Victoria du Royaume-Uni et le Président Theodore Roosevelt). Durant les années 1980, 1990 et 2000, les États-Unis et le Canada ont accueilli eux aussi dissidents géorgiens, membres de la communauté juive de Géorgie, réfugiés à la suite de la guerre civile géorgienne, opposants politiques et immigrés économiques.
139
+
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+ Il existe également d'autres communautés en Asie et en Amérique. Ainsi, le Brésil, l'Azerbaïdjan, le Japon, Singapour, le Canada, l'Argentine et le Mexique ont tous des populations s'élevant à plus de 1 000 Géorgiens, tandis que certaines minces communautés se trouvent au Royaume-Uni et aux Philippines, communautés issus de marchands du XVIIIe siècle.
141
+
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+ L'identité nationale géorgienne a été la principale philosophie du peuple géorgien depuis que la nation existe. Toutefois, malgré une culture nationale unique, la Géorgie est une mosaïque de groupes ethniques, dont les Géorgiens ne sont qu'une partie. Depuis longtemps, les Grecs, les Arméniens, les Perses, les Turcs ou bien les Abkhazes et les Ossètes ont cohabité avec la principale ethnie de la Géorgie pour contribuer à la fondation de la nation géorgienne. Chaque région du pays reflète cet environnement social complexe. Ainsi, Jean Chardin, un voyageur français de la fin du XVIIe siècle qui visita le Caucase durant ses voyages en Perse, parla ainsi de Tiflis :
143
+
144
+ « Les Géorgiens ont de la civilité et de l'humanité, et de plus ils sont graves et modérés… Chacun peut en Géorgie, vivre dans sa religion et dans ses coutumes, en discourir et la défendre. On y voit des Arméniens, des Grecs, des Juifs, des Turcs, des Persans, des Indiens, des Tatars, des Moscovites et des Européens[32]. »
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+ Toutefois, un véritable nationalisme géorgien naquit alors que la Russie (et le reste de l'Europe) découvrait le socialisme. Dès les années 1840, quand la Géorgie était englobée dans l'orbe impériale russe, de nombreuses révoltes du peuple géorgien contre la Russie impériale, qui empêchaient les rêves des peuples caucasiens (dont la fondation d'universités) de se réaliser, se produisirent et quand la révolution russe arriva en 1917, la Transcaucasie en profita pour déclarer son indépendance. Toutefois, le chauvinisme des militants nationalistes géorgiens ne permit pas l'existence de la jeune fédération transcaucasienne et la Géorgie devint à son tour indépendante. Ce nationalisme fut à nouveau supprimé par les autorités soviétiques quand l'Armée rouge envahit le pays en 1921, avant de l'intégrer dans la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie.
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+
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+ Quand cette union fut dissoute en 1936, la Géorgie recouvrait son unité au sein d'une plus grande fédération (l'URSS) et les pouvoirs centraux de Tbilissi décidèrent d'organiser une politique de « géorgianisation » vis-à-vis des minorités ethniques nationales, notamment les Abkhazes sous Lavrenti Beria. Cela contribua également au développement d'une mentalité patriotique à la Géorgie et avec la perestroïka de Gorbatchev, les choses ne firent qu'empirer. En 1990, un ancien dissident soviétique, Zviad Gamsakhourdia, accéda à la présidence de la RSS géorgienne, le premier à être élu à un tel poste dans toute l'URSS sans avoir été nommé par le Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique. Celui-ci déclara l'indépendance du pays et vira bientôt à un ultra-nationalisme extrémiste et fasciste qui donna aux minorités un sentiment de détresse[33]. Pour cette raison, les ethnies abkhazes et ossètes entrèrent en sécession et les musulmans et les Arméniens commencèrent à se sentir en danger, suivis par les Grecs. De nos jours, le président Saakachvili tenta en vain d'organiser une politique de « réconciliation nationale », mais seuls les Adjares musulmans revinrent dans le giron de Tbilissi, alors que les Grecs et les Arméniens commencèrent petit à petit à rentrer dans leur patrie d'origine.
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+
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+ Voici le tableau des principales minorités ethniques de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud non-comprises :
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+ La langue officielle de la Géorgie est le géorgien.
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+ Le russe se trouve présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; 50 % de la population du pays sait parler le russe, souvent les générations les plus anciennes. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. Globalement, tous les Georgiens scolarisés avant 1991 savent parler le russe car il était obligatoire. Après 1991, le russe devint facultatif.
155
+
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+ Le pays s'étant tourné vers l'Europe, les jeunes générations ont opté pour l'anglais : son enseignement a fait l'objet d'un plan national et il est devenu la première langue étrangère, ouvrant des emplois auprès des institutions et des entreprises étrangères présentes sur le territoire géorgien, et facilitant l'émigration.
157
+
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+ Les communautés arméniennes et azéries, moins de 5 % de la population, pratiquent leurs langues. Les communautés grecques et juives se sont très considérablement réduites : le grec et l'hébreu ont disparu. La langue allemande est pratiquée par un très petit nombre de Géorgiens, dont des Allemands de la Volga, dont les ancêtres furent déportés entre 1944 et 1947. L'allemand est la seconde langue étrangère choisie dans les études, derrière l'anglais, mais avant le russe.
159
+
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+ La langue française — devenue une langue culturelle — compterait 18 000 locuteurs sur le territoire géorgien selon l'Organisation internationale de la francophonie, institution que la Géorgie a rejointe en 2004 avec le statut de pays observateur.
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+
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+ Les croyances païennes occupaient la vie spirituelle des Géorgiens durant la majeure partie de l'Antiquité.
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+
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+ La première entité religieuse géorgienne (Ibérie) date du IIIe siècle av. J.-C., quand le roi Pharnabaze Ier -dans la vague de réformes engagées durant un règne de 60 ans- imposa un unique Panthéon à son peuple.
165
+
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+ De grands bouleversements se produisirent au IVe siècle de notre ère. À l'époque, le roi Mirian III d'Ibériese convertit au christianisme et abandonna les divinités païennes. Le peuple fut plus réservé : des éléments polythéistes de coutume furent introduits dans la religion chrétienne pour encourager à la conversion. Ainsi, Armazi disparut mais laissa place à Saint Georges de Lydda, saint protecteur de la Géorgie depuis le Moyen Âge (célébration encore accompagnée de sacrifices d'animaux dans certaines régions montagneuses du pays).
167
+
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+ Le christianisme est la principale religion de la Géorgie depuis des siècles : aujourd'hui, 88,6 % de la population géorgienne est chrétienne. La nation géorgienne est considérée comme la troisième à avoir adopté cette religion comme religion d'État, les deux premières étant l'Arménie et l'Éthiopie. Les chrétiens furent souvent persécutés par les différentes autorités dominatrices du Caucase. Durant les premiers siècles les Sassanides imposaient déjà les règles du zoroastrisme en Ibérie, persécutant ceux qui refusaient de se soumettre. Durant le Haut Moyen Âge, les Arabes firent de nombreux martyrs parmi la population et la noblesse du pays. Du XVIe au XVIIIe siècle, les Turcs et les Perses firent de même. Plus récemment, les Soviétiques ordonnèrent la fermeture de 1 500 églises pour les seules années 1920.
169
+
170
+ 83,9 % de la population relèvent de l'Église de Géorgie, apostolique puisque fondée par l'apôtre André, autocéphale puisqu'indépendante depuis 486 et orthodoxe puisque séparée de l'Église catholique romaine depuis le schisme de 1054. De son vrai nom Catholicosat-Patriarcat de toute la Géorgie, elle est dirigée depuis le 25 décembre 1977 par le Catholicos-Patriarche Élie II, archevêque de Mtskheta et de Tbilissi.
171
+
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+ Depuis sa fondation, l'Église orthodoxe de Géorgie joue un rôle prépondérant dans l'histoire de la nation géorgienne, sur trois plans :
173
+
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+ La Constitution géorgienne, adoptée en août 1995, lui définit ce rôle particulier et garantit son indépendance. Un concordat signé en 2002, entre le président Edouard Chevardnadze et le Patriarche Ilia II, officialise les relations entre l'État et l'Église. Depuis la Révolution des Roses, son influence sur les gouvernements successifs n'a pas diminué. Au-delà du pouvoir spirituel, elle exerce un pouvoir temporel dont le financement est souvent considéré comme peu transparent[35].
175
+
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+ Il existe par ailleurs des fidèles de l'Église orthodoxe russe sur le territoire géorgien.
177
+
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+ Dans les provinces séparatistes de Géorgie, les populations sont également à majorité chrétienne. Toutefois, des entités religieuses « dissidentes » occupent les sièges spirituels des républiques autoproclamées. Ainsi, existent une Éparchie d'Abkhazie, non reconnue par Constantinople, de même qu'une Éparchie d'Alanie, dépendante de l'Église orthodoxe de Grèce - Saint-Synode en résistance, en Ossétie du Sud.
179
+
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+ Ses fidèles représentent 3,9 % de la population du territoire géorgien.
181
+
182
+ L'Église catholique romaine du Caucase, regroupant les paroisses d'Arménie et de Géorgie, compte 35 000 fidèles. Depuis 2007, les Sœurs françaises de Sainte-Nino, appartenant à la congrégation de Sainte-Chrétienne, se sont installées à Akhaltsikhé[36]. Les catholiques romains représentent 0,8 % de la population, principalement situés dans le sud du pays.
183
+
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+ Il existe également de petites communautés protestantes, ainsi que des Témoins de Jéhovah, interdits en Abkhazie.
185
+
186
+ Les musulmans représentent aujourd'hui 9,9 % de la population géorgienne, composant ainsi la seconde religion après les chrétiens orthodoxes. La répartition de l'islam en Géorgie est tout à fait inégale, la majorité de ses fidèles se situant dans la République autonome d'Adjarie, où ils représentent 30 % de la population, contre 64 % de chrétiens. L'Adjarie embrassa l'islam dès la mi-XVe siècle, quand elle fut intégrée dans l'Empire ottoman ; une mosquée délimite sur la côte de la mer Noire la frontière entre la République autonome d'Adjarie et la Turquie.
187
+
188
+ Il existe également des minorités de musulmans sunnites en Abkhazie séparatiste, dans la communauté meskhète (1 000 personnes aujourd'hui), et dans les Gorges de Pankissi où les Kistes - groupe ethniquement proche des Tchétchènes et des Ingouches - vivent.
189
+
190
+ Les autres musulmans de Géorgie se trouvent en Géorgie orientale, en Basse Kartlie où les Azéris, chiites pour la plupart, se sont islamisés depuis les invasions séfévides du XVIIe siècle.
191
+
192
+ La communauté juive est aujourd'hui, avec 10 000 membres (dont 3 000 pratiquants), la plus faible des trois religions monothéistes présentes sur le sol de Géorgie (0,1 % de la population).
193
+
194
+ Il est probable que la plus ancienne communauté judaïque géorgienne se soit établie dans le Caucase à la suite de la prise de Jérusalem par le roi babylonien Nabuchodonosor II (586 av. J.-C.). Tout au long des siècles, la culture géorgienne observa une grande tolérance vis-à-vis du judaïsme, tolérance qui ne se démentit jamais et empêcha tout pogrom dans le pays.
195
+
196
+ L'époque soviétique ne fut pas exempte de discrimination religieuses. Les Juifs géorgiens luttèrent, lorsqu'ils en eurent la possibilité, pour la liberté de leurs croyances et de leur culture. En 1969, un groupe d'entre eux écrivit aux Nations unies pour obtenir le droit de retour sur la terre de leurs ancêtres. En 1971, un autre groupe manifesta devant le bureau gouvernemental de Moscou. Cette détermination, aidée de la pression internationale, entraîna une certaine libéralisation et une émigration ponctuelle vers Israël, les États-Unis et l'Europe occidentale : entre 1979 et 1989, la population juive de la Géorgie baissa de 4 000 individus. Après l'ouverture des frontières, la guerre civile et les difficultés économiques, 125 000 judéo-géorgiens partirent à l'étranger (dont 100 000 en Israël).
197
+
198
+ Les derniers pratiquants du pays sont désormais regroupés en communautés dans des villes comme Tbilissi, Koutaïssi, Akhaltsikhé et Oni. Chacune de ses villes possède des synagogues, toutes sous la juridiction du Rabbinat de Géorgie, dirigé par le Rabbin Ariel Levin depuis 1991. Celui-ci signa en 1994 un accord avec le président Edouard Chevardnadze pour la conservation de la culture, de l'histoire et de la langue judéo-géorgienne.
199
+
200
+ En 1991, lors du retour à l'indépendance, la politique nationaliste du chef d'État géorgien Zviad Gamsakhourdia défavorise les minorités religieuses, malgré leur présence ancienne sur le territoire géorgien et malgré la tradition de tolérance observée tout au long de l'histoire : la citoyenneté géorgienne n'est pas garantie aux non-fidèles de l'Église orthodoxe géorgienne (principe de la « Géorgie aux Géorgiens »). Des vagues d'émigration se déclenchent, musulmane vers la Russie faisant baisser cette partie de la population de 12 % à moins de 10 % et juive vers Israël. Sous la présidence d'Edouard Chevardnadze (1992-2003), l'Église orthodoxe de Géorgie engage une politique de conversion encouragée par le gouvernement. À partir de 2004, le président Mikheil Saakachvili change les symboles nationaux comme le nouveau drapeau, « drapeau aux cinq croix » qui tire ses origines des Croisades et du règne du roi Vakhtang Ier Gorgassali (Ve siècle).
201
+
202
+ Le pluralisme religieux a ainsi peu progressé dans la société géorgienne ces vingt-dernières années, même si l'amendement voté par le Parlement le 5 juillet 2011 a permis à certaines minorités religieuses un enregistrement administratif[37].
203
+
204
+ Considérant que son statut privilégié vis-à-vis de l'État ne peut être remis en cause, l'Église orthodoxe de Géorgie s'oppose à toute évolution vers le pluralisme religieux[38],[39], elle suit ainsi de près la position de l'Église orthodoxe russe à laquelle elle est liée par des liens de proximité datant du XXe siècle.
205
+
206
+ Devant les pressions internationales (Cour européenne des droits de l'homme en particulier), une agence gouvernementale des Affaires religieuses a été créée en février 2014, avec pour objectif la coordination de la politique gouvernementale en termes religieux (éducation, propriété des biens, financement...). Le rapport annuel de 2014 du Département d'État des États-Unis demeure néanmoins très critique[40].
207
+
208
+ Les jours fériés et fêtes de la République de Géorgie sont définis par l'article 20 du Code de travail national.
209
+
210
+ L'éducation est gratuite et obligatoire pour tous les élèves. La scolarité commence dès 6 ans et se termine vers 17−18 ans. En 1996, 88,2 % des enfants était scolarisés, dont 48,8 % de filles et 51,8 % de garçons. Aujourd'hui tous les enfants sont scolarisés.
211
+
212
+ Indépendante depuis avril 1991 et membre du Conseil de l'Europe depuis le 27 août 1999, la Géorgie est une république présidentielle. Il s'agit d'un régime très particulier où le parlement détient des attributions spécifiques.Cependant, à l'automne 2007, le patriarche orthodoxe propose de restaurer la monarchie constitutionnelle, une idée qui rencontre un certain succès dans les rangs de l'opposition, agacée par les pouvoirs renforcés du président Saakachvili[41]. Ce dernier a indiqué qu'il est membre de la grande dynastie caucasienne, les Bagration, et a organisé sa prise de fonction sur la tombe du roi David IV[42]. Les événements d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont depuis relégué cette idée au second plan.
213
+
214
+ Le pouvoir exécutif est représenté par la présidente Salomé Zourabichvili depuis le 16 décembre 2018, élue pour 6 ans. Le Premier ministre, Mamouka Bakhtadze depuis le 20 juin 2018, est le chef du gouvernement.
215
+
216
+ Le pouvoir législatif est détenu par le Parlement de Géorgie (Sakartvelos Parlamenti), composé de 235 députés élus pour un mandat de 4 ans.
217
+
218
+ La Cour suprême constitue le sommet du pouvoir judiciaire. Elle est composée de juges élus sur recommandation. Il existe également une Cour constitutionnelle.
219
+
220
+ La Géorgie a des ressources en cuivre, en manganèse et, plus limitées, en charbon. La production d'hydroélectricité est importante. La viticulture en Géorgie joue un rôle clé dans l'économie de ce pays[43].
221
+ Son PIB par habitant est de 5 400 $ USD en 2011. La Géorgie a exporté pour 2,189 milliards USD en 2011. Ses principaux produits exportés sont: des véhicules, des engrais, des noix, de la ferraille, de l'or et des minerais de cuivre. Elle a importé pour 7,058 milliards USD en 2011. Les principaux produits importés sont : des combustibles, des véhicules, de la machinerie, des grains et autres produits agricoles, ainsi que des produits pharmaceutiques[2].
222
+
223
+ La langue officielle de la Géorgie est le géorgien.
224
+
225
+ Le russe se trouve également très présent en raison de l'appartenance de la Géorgie à l'URSS jusqu'en 1991. Il fut obligatoire de l'école primaire au lycée durant la période soviétique ; au moins 50 % de la population du pays sait parler russe. Les rivalités entre les deux pays empêchent cependant d'obtenir des estimations fiables. De plus, la Géorgie souhaite se tourner vers l'Europe ; désormais les plus jeunes optent en grand nombre pour l'anglais, qui prend une importance grandissante.
226
+
227
+ La Géorgie est aussi membre de l'Organisation internationale de la francophonie, et le français figure en relativement bonne place, tout comme l'allemand.
228
+ La Géorgie compte aussi d'importantes communautés arménienne et grecque qui n'ont cessé de pratiquer leurs langues d'origine.
229
+
230
+ La musique géorgienne se caractérise par des polyphonies anciennes aux échelles particulières. Un riche instrumentarium ponctue par ailleurs les autres formes folkloriques.
231
+
232
+ Le circuit automobile Roustavi se trouve à 20 km de Tbilissi. En 2011-2012 la piste est entièrement reconstruite conformément aux standards de catégorie 2 FIA et il devient le premier circuit professionnel construit dans la région de Transcaucasie.
233
+
234
+ La Géorgie a traditionnellement une grande culture sportive de la lutte. Le judo se développe également beaucoup et le rugby à XV donne lieu à de nombreux « exodes » de joueurs de haut niveau, en particulier vers la France. L'équipe nationale géorgienne participe régulièrement à la Coupe du monde de rugby à XV.
235
+
236
+ Sur les autres projets Wikimedia :
237
+
238
+ L'Office national des statistiques de Géorgie publie régulièrement des documents concernant la population et la démographie ; ils contiennent parfois des chiffres légèrement différents pour les mêmes rubriques :
239
+
240
+ Asie centrale
241
+
242
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
243
+
244
+ Asie de l’Est
245
+
246
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
247
+
248
+ Asie de l'Ouest
249
+
250
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
251
+
252
+ Asie du Sud-Est
253
+
254
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
255
+
256
+ Asie du Sud
257
+
258
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
259
+
260
+ Asie du Nord
261
+
262
+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/2195.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,209 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ La Géorgie (en anglais : Georgia, /ˈdʒɔɹ.dʒə/[2]) est un État du Sud des États-Unis, bordé à l'ouest par l'Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l'est par la Caroline du Sud et l'océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta[3].
4
+
5
+ Selon les dernières estimations du Bureau du recensement des États-Unis (2019, publiées en décembre), l'État compte 10 617 423 habitants (par rapport à 9 687 653 lors du recensement officiel de 2010). Environ 57 pour cent (6 millions d'habitants) vit dans la région métropolitaine d'Atlanta, neuvième aire urbaine du pays.
6
+
7
+ Le nom Géorgie provient du nom du roi George II de Grande-Bretagne (George Auguste, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1683-1760)).
8
+
9
+ La culture locale des Mound Builders, décrite par Hernando de Soto en 1540, a complètement disparu en 1560.
10
+
11
+ Le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre commence en 1670, lorsque les Britanniques fondent la colonie de Caroline, dans la Caroline du Sud actuelle. À peu près un siècle plus tôt, les huguenots avaient essayé d'installer une colonie en Floride française, Charlesfort et fort Caroline, et les Espagnols avaient fondé les provinces missionnaires de Guale et Mocama sur la côte de la région. Après des décennies de combats, les habitants, aidés par les Amérindiens, détruisent le système des missions durant les invasions de 1702 et 1704. Après cette date, l'Espagne ne contrôle plus que Saint Augustine et Pensacola ; mais la Floride subit aussi des raids par la suite. La côte de Géorgie est donc occupée par les Amérindiens jusqu'à ce que la région soit dépeuplée au cours de la guerre des Yamasee, en 1715-1716, après laquelle on y vit la possibilité d'ouvrir une colonie britannique.
12
+
13
+ Avec l'établissement de la ville de Savannah en 1733, la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l'expansionnisme espagnol depuis la Floride[4] ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette[5]. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne[6]. À cette date, l'esclavage est interdit, jusqu'en 1749[6]. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants[6]. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations.
14
+
15
+ Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L'Espagne reconnaît finalement en 1750 l'implantation britannique dans la région.
16
+
17
+ Par la suite, la Géorgie devient l'une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d'indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l'Union le 2 janvier 1788.
18
+
19
+ La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
20
+
21
+ En 1790, la colonie compte 29 264 esclaves et en 1793 l'assemblée fait passer une loi prohibant leur importation, mais il faut attendre 1798 pour qu'elle puisse prendre effet avec le vote d'une constitution de l'État. La loi est ignorée par les planteurs, et en 1800, l'État compte 59 699 esclaves. Leur nombre double à nouveau dans la décennie suivante pour atteindre 105 218 en 1810[7]. Près de 48 000 d'entre eux sont importés d'Afrique au cours de cette période, puis d'autres des plantations de la Chesapeake, en Virginie. Les esclaves sont 140 656 en 1820 et 280 944 en 1840 puis 462 000 en 1860.
22
+
23
+ La production de coton a été multipliée par 20 entre 1791 et 1801 en Géorgie[9], passant de 2 à 48 millions de livres[10], grâce à une nouvelle variété cultivée sur l'île de Sapelo, le Sea Island cotton et à l'invention de la machine à égrener le coton par Éli Whitney en 1793.
24
+
25
+ Whitney met au point une machine à trier les fibres de coton des semences, dans le comté de Chatham, le long du fleuve Savannah. Les planteurs de coton, d'abord installés sur l'île de Sapelo et dans l'archipel de Beaufort en Caroline du Sud vont migrer au cours des années 1790 et 1800 en remontant le fleuve Savannah vers la ville d'Augusta[9] et la rivière Ocmulgee vers le fort Benjamin Hawkins, du nom du colonel Benjamin Hawkins (1754-1816), construit en 1806 pour tenir en respect les Indiens creeks sur un site urbain qui devient en 1823 la ville de Macon, nommée d'après l'homme d'État de Caroline du Sud Nathaniel Macon.
26
+
27
+ Le fort a servi lors de la guerre de 1812 de frontière pour les colons combattants contre les Amérindiens et les Britanniques. Les Amérindiens creeks de la réserve s'étendant à l'ouest sont incités à se transformer en planteurs de coton et sont exposés aux pressions croissantes des planteurs de coton blancs qui souhaitent leur racheter leurs terres[11]. Plusieurs douzaines de familles blanches vivent dès cette époque autour du montfort[11]. En 1823, une loterie aboutit à la distribution de terres puis en dix ans à l'installation de 3 000 familles produisant 69 000 balles de coton, dans ce qui est devenu la ville de Macon[11].
28
+
29
+ Une loterie est ouverte dès 1805 dans le comté de Morgan, qui compte en 1820 une population de 13 000 habitants dont 6 000 Noirs[12].
30
+
31
+ Dès 1820, 80 % des esclaves de Géorgie vivent dans l'intérieur des terres, appelées aussi hautes terres, et huit des comtés ces hautes terres ont une population majoritairement noire[12], dans un vaste mouvement de population comparable à ce qui se passe à la même époque avec l'Alabama fever. Dès 1790, la part des Noirs dans la population passe d'un tiers à deux tiers.
32
+
33
+ Le 18 janvier 1861 l'État rejoint la Confédération sudiste et tient un rôle important durant la guerre de Sécession. En décembre 1864 le centre industriel et ferroviaire d'Atlanta est complètement détruit par l'armée nordiste du général William Tecumseh Sherman. Ses troupes saccagent la campagne entre Atlanta et la ville portuaire de Savannah ; elles prennent Savannah juste avant Noël 1864. Le 15 juillet 1870, la Géorgie est le dernier État de la Confédération sudiste à entrer à nouveau dans l'Union. Elle est occupée par les troupes fédérales jusqu'en 1877. Après la guerre, le Ku Klux Klan peut agir impunément dans la quasi-totalité des comtés de Géorgie. La structure économique de l’État, construite notamment sur le racisme, est maintenue[13].
34
+
35
+ D'une superficie de 152 577 km2, la Géorgie est peuplée de plus de 9,6 millions d'habitants selon le dernier recensement fédéral (2010). Le Nord de l'État est occupé par la chaîne des Appalaches, le Sud et l'Est, quant à eux, par la plaine côtière. L'État bénéficie d'un climat subtropical humide.
36
+
37
+ De nombreux cours d'eau traversent la Géorgie ; on trouve :
38
+
39
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Géorgie[14] :
40
+
41
+ L'État de Géorgie est divisé en 159 comtés[15].
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini quinze aires métropolitaines et vingt-trois aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Géorgie[16].
44
+
45
+ (564 873)
46
+
47
+ (580 270)
48
+
49
+ (2,7 %)
50
+
51
+ (294 865)
52
+
53
+ (316 554)
54
+
55
+ (7,4 %)
56
+
57
+ (528 143)
58
+
59
+ (541 744)
60
+
61
+ (2,6 %)
62
+
63
+ En 2010, 91,8 % des Géorgiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 81,7 % dans une aire métropolitaine et 10,1 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell regroupait à elle seule 54,6 % de la population de l'État.
64
+
65
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini huit aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Géorgie.
66
+
67
+ (923 460)
68
+
69
+ (940 299)
70
+
71
+ (1,8 %)
72
+
73
+ (469 327)
74
+
75
+ (501 649)
76
+
77
+ (6,9 %)
78
+
79
+ (1 470 473)
80
+
81
+ (1 518 677)
82
+
83
+ (3,3 %)
84
+
85
+ (396 612)
86
+
87
+ (400 614)
88
+
89
+ (1,0 %)
90
+
91
+ En 2010, l'aire métropolitaine combinée d'Atlanta-Athens-Clarke County-Sandy Springs regroupait à elle seule 61,0 % de la population de l'État.
92
+
93
+ L'État de Géorgie compte 535 municipalités[17], dont 18 de plus de 40 000 habitants.
94
+
95
+ La municipalité d'Atlanta était la 40e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013.
96
+
97
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de Géorgie à 10 617 423 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 9% depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 9 687 653 habitants[18] Depuis 2010, l'État connaît la 16e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
98
+
99
+ Avec 9 687 653 habitants en 2010, la Géorgie était le 9e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 3,14 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le Nord-Est du comté de Butts[19].
100
+
101
+ Avec 65,03 hab./km2 en 2010, la Géorgie était le 18e État le plus dense des États-Unis.
102
+
103
+ Le taux d'urbains était de 75,1 % et celui de ruraux de 24,9 %[20].
104
+
105
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 13,8 ‰[21] (13,1 ‰ en 2012[22]) et le taux de mortalité à 7,4 ‰[23] (7,3 ‰ en 2012[24]). L'indice de fécondité était de 1,96 enfants par femme[21] (1,88 en 2012[22]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 6,4 ‰[23] (6,3 ‰ en 2012[24]). La population était composée de 25,72 % de personnes de moins de 18 ans, 10,01 % de personnes entre 18 et 24 ans, 28,21 % de personnes entre 25 et 44 ans, 25,40 % de personnes entre 45 et 64 ans et 10,65 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 35,3 ans[25].
106
+
107
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 304 504) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 197 541) avec un excédent des naissances (431 440) sur les décès (233 899), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 100 318) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 72 269) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 28 049)[26].
108
+
109
+ Selon des estimations de 2013, 89,0 % des Géorgiens étaient nés dans un État fédéré, dont 55,1 % dans l'État de Géorgie et 33,8 % dans un autre État (17,5 % dans le Sud, 6,7 % dans le Midwest, 6,5 % dans le Nord-Est, 3,1 % dans l'Ouest), 1,3 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 9,7 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,8 % en Amérique latine, 28,2 % en Asie, 9,3 % en Europe, 8,7 % en Afrique, 1,8 % en Amérique du Nord, 0,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 38,7 % étaient naturalisés américain et 61,3 % étaient étrangers[27],[28].
110
+
111
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 400 000 immigrés illégaux, soit 3,9 % de la population. Cela représentait la 8e plus forte proportion du pays[29].
112
+
113
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 59,74 % de Blancs, 30,46 % de Noirs, 3,25 % d'Asiatiques (0,99 % d'Indiens, 0,54 % de Coréens, 0,47 % de Chinois, 0,47 % de Viêts), 2,14 % de Métis, 0,33 % d'Amérindiens, 0,07 % d'Océaniens et 4,01 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
114
+
115
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,98 %), principalement blanche et noire (0,61 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,16 %).
116
+
117
+ Les non-hispaniques représentaient 91,19 % de la population avec 55,88 % de Blancs, 30,05 % de Noirs, 3,22 % d'Asiatiques, 1,57 % de Métis, 0,22 % d'Amérindiens, 0,05 % d'Océaniens et 0,20 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 8,81 % de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (5,36 %) et de Porto Rico (0,74 %)[25].
118
+
119
+ En 2010, l'État de Géorgie avait la 3e plus forte proportion de Noirs après le Mississippi (37,02 %) et la Louisiane (32,04 %). A contrario, l'État avait la 5e plus faible proportion de Blancs après Hawaï (24,74 %), la Californie (57,59 %), le Maryland (58,18 %) et le Mississippi (59,13 %) ainsi que la 7e plus faible proportion de Blancs non hispaniques des États-Unis.
120
+
121
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de Noirs (2 950 435) après l'État de New York (3 073 800), la Floride (2 999 862) et le Texas (2 979 598) ainsi que les 10e plus grands nombres de Blancs non hispaniques (5 413 920) et d'Hispaniques (853 689) des États-Unis.
122
+
123
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 90,9 %, dont 54,6 % de Blancs, 30,5 % de Noirs, 3,5 % d'Asiatiques et 1,8 % de Métis, et celle des Hispaniques à 9,1 %[30].
124
+
125
+ En 2000, les Géorgiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (13,5 %), anglaise (8,1 %), irlandaise (7,8 %), allemande (7,0 %) et mexicaine (3,4 %)[31].
126
+
127
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
128
+
129
+ L'État abrite la 11e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 127 470 Juifs en 2013 (25 650 en 1971), soit 1,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans l'agglomération d'Atlanta-Sandy Springs-Roswell (118 900). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Fulton (5,4 %), DeKalb (3,6 %) et Cobb (2,5 %).
130
+
131
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (16,3 %), Amérindiens du Mexique (8,0 %) et Creeks (3,0 %)[32].
132
+
133
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (60,9 %), de Porto Rico (8,4 %), du Guatemala (4,3 %), du Salvador (3,8 %), de la Colombie (3,0 %) et de Cuba (2,9 %)[33]. Composée à 43,8 % de Blancs, 6,5 % de Métis, 4,6 % de Noirs, 1,3 % d'Amérindiens, 0,3 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 43,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 33,8 % des Amérindiens, 26,8 % des Métis, 24,2 % des Océaniens, 6,5 % des Blancs, 1,3 % des Noirs, 0,9 % des Asiatiques et 95,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
134
+
135
+ L'État avait la 5e plus forte proportion de personnes originaires de Cuba (0,26 %), la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la Colombie (0,27 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires du Honduras (0,21 %).
136
+
137
+ L'État comptait également les 6e plus grands nombres de personnes originaires du Guatemala (36 874), de la Colombie (26 013), de Cuba (25 048) et du Venezuela (6 289), le 7e plus grand nombre de personnes originaires du Costa Rica (3 114), les 9e plus grands nombres de personnes originaires du Honduras (20 577), de la République dominicaine (14 941) et du Pérou (10 570) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires du Mexique (519 502), du Salvador (32 107) et du Nicaragua (4 787).
138
+
139
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (30,6 %), Coréens (16,7 %), Chinois (14,6 %), Viêts (14,4 %), Philippins (5,7 %) et Pakistanais (3,1 %)[34].
140
+
141
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de Coréens (0,54 %) ainsi que les 10e plus fortes proportions d'Indiens (0,99 %), de Viêts (0,47 %) et de Pakistanais (0,10 %).
142
+
143
+ L'État comptait également le 6e plus grand nombre de Viêts (45 263), le 7e plus grand nombre de Hmongs (3 460), les 8e plus grands nombres de Coréens (52 431) et de Laotiens (5 560), les 9e plus grands nombres d'Indiens (96 116) et de Bangladais (3 466) ainsi que les 10e plus grands nombres de Pakistanais (9 868) et de Cambodgiens (4 528).
144
+
145
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,3 %), principalement blanche et noire (28,6 %), blanche et autre (15,2 %), blanche et asiatique (14,3 %), blanche et amérindienne (13,1 %), noire et amérindienne (5,4 %), noire et autre (4,9 %) et noire et asiatique (3,8 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,7 %)[35].
146
+
147
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 51 % des habitants de Géorgie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 30 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 19 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[37].
148
+
149
+ La Géorgie est actuellement le principal centre de communication de la région sud des États-Unis. Les principales routes goudronnées de l'État ont été inaugurées au début du XXe siècle et la grande majorité des petites routes nationales ont été pavées au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Atlanta est le principal centre routier de la Géorgie. En 2003, l'État comptait 187 543 kilomètres de routes publiques, dont 2 004 kilomètres d'autoroutes Interstate highway, considérées comme faisant partie du réseau routier fédéral des États-Unis.
150
+
151
+ L'État dispose d'un vaste réseau ferroviaire. Atlanta, en plus d'être le principal centre ferroviaire de l'État, est également le principal centre ferroviaire du sud des États-Unis. En 2002, la Géorgie possédait 7 530 kilomètres de voies ferrées. Le train Crescent (Amtrak) dessert les villes de Toccoa, Gainesville, et Atlanta de toute la côte est entre New York & La Nouvelle-Orléans.
152
+
153
+ Atlanta possède actuellement l'aéroport le plus achalandé au monde, en nombre de passagers, l'aéroport international Hartsfield-Jackson, fréquenté par environ 82 millions de passagers par an. L’aéroport international de Savannah/Hilton Head est le deuxième aéroport le plus achalandé de l’État, selon le nombre de passagers, et le seul aéroport international supplémentaire. Les autres aéroports commerciaux (classés par nombres de passagers) sont situés à Augusta, Columbus, Albany, Macon, Brunswick, Valdosta et Athens.
154
+
155
+ Savannah est le principal centre portuaire de la Géorgie et l’un des ports les plus modernes en activité du pays.
156
+
157
+ La Metropolitan Atlanta Rapid Transit Authority (MARTA) est le principal réseau de transport en commun rapide de la région métropolitaine d’Atlanta.
158
+
159
+ Bastion du Parti démocrate pendant plus d'une centaine d'années, la Géorgie a commencé à voter nationalement pour les républicains à partir des années 1960 avant de devenir l'une de ses places fortes nationales et locales durant les années 2000.
160
+
161
+ La Géorgie est aujourd'hui globalement dominée par le Parti républicain, qui est particulièrement puissant au nord et au sud de l'État. Les principales places fortes démocrates sont Atlanta, Athens et la Black Belt, qui s'étend de Columbus à Augusta. En raison de l'émergence d'une classe moyenne afro-américaine et hispanique, les banlieues conservatrices d'Atlanta deviennent quant à elles de plus en plus compétitives[42].
162
+
163
+ De 1824 à la guerre de Sécession, la Géorgie est un État qui pratique l'alternance entre les démocrates et les Whigs. À partir de 1848, il s'ancre dans le camp démocrate et à l'élection présidentielle de 1860 apporte ses suffrages à John Breckinridge, le candidat démocrate pro-sudiste devant le candidat de l'union constitutionnelle, John Bell et devant le candidat démocrate pro-union, Stephen A. Douglas (la candidature du républicain Abraham Lincoln ne fut pas proposée aux électeurs de Géorgie). Jusqu'en 1960, la Géorgie est politiquement totalement acquis aux démocrates. Le Parti républicain, celui de Lincoln, est considéré comme le parti des vainqueurs de la guerre de Sécession et des Yankees.
164
+
165
+ Lors des premières élections qui suivent la guerre, en 1868, le candidat démocrate Horatio Seymour remporte 64,27 % des voix contre le président Ulysses S. Grant alors que tous les confédérés n'ont pas encore recouvré leur droit de vote. Au début du XXe siècle, les démocrates écrasent les républicains obtenant 79,51 % des voix en 1916 (Woodrow Wilson) ou encore 91,60 % des voix en 1932 (Franklin Delano Roosevelt). Durant cette époque, la Géorgie est un État ségrégationniste où règnent le Ku Klux Klan et les Dixiecrats.
166
+
167
+ Les lois sur les droits civiques dans les années 1960 commencent à entamer la prépondérance démocrate. En 1964, Barry Goldwater est le premier républicain à remporter la Géorgie (54,12 %) contre le président Lyndon B. Johnson (45,87 %) à qui les électeurs blancs font payer les lois sur les droits civiques votés au Congrès avec l'appoint pourtant décisif des républicains.
168
+
169
+ En 1968, George Wallace, le candidat démocrate ségrégationniste remporte la Géorgie face au républicain Richard Nixon (30,40 %) et face au démocrate Hubert Humphrey (26,75 %). En 1972, Richard Nixon remporte la Géorgie (75,04 %) tandis qu'en 1976, Jimmy Carter, gouverneur démocrate de l'État, est élu président des États-Unis avec le soutien géorgien.
170
+
171
+ Depuis 1984, tous les candidats républicains ont remporté la Géorgie à l'exception de l'année 1992 où le démocrate Bill Clinton s'est imposé avec 43,47 % des voix face au président républicain George H. W. Bush (42,88 %) et face au candidat populiste Ross Perot (13,34 %).
172
+
173
+ Au niveau fédéral, lors du 116e congrès (législature de 2019 à 2021), la délégation de Géorgie au Congrès des États-Unis est composée de deux sénateurs républicains, Kelly Loeffler et David Perdue, de neuf représentants républicains et cinq démocrates.
174
+
175
+ David Perdue, sénateur depuis 2015.
176
+
177
+ Kelly Loeffler, sénatrice depuis 2020.
178
+
179
+ De 1872 à 2002, pendant 130 ans, les électeurs de l'État de Géorgie n'ont élu que des gouverneurs démocrates et des majorités démocrates à l'assemblée de Géorgie. Comme beaucoup d'anciens États du sud, la Géorgie a vécu un régime de parti unique pendant une centaine d'années. Les électeurs blancs percevaient alors le Parti républicain comme le parti des Yankees, un parti étranger aux valeurs sudistes dont la victoire aux élections de 1860 avait conduit le pays à la guerre de Sécession, à l'abolition de l'esclavage et à la défaite du Sud.
180
+
181
+ Les démocrates du Sud, ségrégationnistes ou populistes étaient alors appelés « Southern Democrats » (ou encore Dixiecrats pour les plus conservateurs) et se différenciaient du Parti démocrate national au programme plus centriste.
182
+
183
+ Le gouverneur républicain Brian Kemp signe en mai 2019 une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Les femmes ayant recours illégalement à l'avortement s'exposeront à la prison à vie et à la peine de mort. La Cour suprême devrait cependant invalider cette loi[43].
184
+
185
+ Le gouverneur de l'État, élu pour 4 ans, est aujourd'hui Brian Kemp, le troisième républicain à occuper ce poste depuis 1872.
186
+
187
+ En janvier 2011, Sonny Perdue devient le premier gouverneur républicain de Géorgie en 130 ans.
188
+
189
+ Le lieutenant-gouverneur, élu pour 4 ans, est le républicain Geoff Duncan (en).
190
+
191
+ Les deux chambres de l'Assemblée générale de Géorgie sont dominées depuis 2002 par les républicains. Le sénat de 56 membres élus pour 2 ans est ainsi dominé par 35 républicains et la chambre des représentants de 180 membres élus pour 2 ans est dominée par 105 républicains lors de la législature 2019-2021.
192
+
193
+ La justice géorgienne est composée :
194
+
195
+ La Géorgie est un État favorable à la peine de mort. La méthode d'exécution actuelle est l'injection létale. La chaise électrique fut la seule méthode jusqu'en 2001 lorsque la Cour suprême de Géorgie déclara que cette méthode était cruelle et inusitée [44]. Sont considérés comme crimes capitaux, les meurtres, les enlèvements avec demande de rançon et blessures lorsque la victime meurt, les détournements d'avion, et les trahisons. L'âge minimum légal pour être condamné à la peine capitale est 17 ans. Avant 1976, 950 exécutions ont eu lieu. Entre 1976 et septembre 2011, 38 ont eu lieu. En septembre 2011, il y avait 113 détenus condamnés à mort. Avant septembre 2011, cinq personnes ont été innocentées, et six ont bénéficié d'une grâce.
196
+
197
+ La Géorgie compte1 380 autorités locales, dont 689 sont des entités de compétence générale réparties entre 152 comtés et 537 municipalités (il n'y a pas de townships ou cantons en Géorgie), et 691 sont des districts spéciaux, dont 180 districts scolaires, et 511 autres districts spéciaux, dédiés à l'administration de services particuliers (eaux, ordures ménagères, police, etc.)[45].
198
+
199
+ La Home rule est accordée par l'article IX de la Constitution de l’État de Géorgie aux comtés et municipalités de Géorgie, lesquelles sont donc libres de légiférer sur leur territoire à condition de respecter la constitution fédérale et celle de la Géorgie.
200
+
201
+ Le film à grand succès Autant en emporte le vent se déroule en Géorgie. Les protagonistes du film sont issus de la haute société sudiste et possèdent de grandes plantations de coton. La guerre de Sécession va profondément bouleverser cette société[46].
202
+
203
+ La Géorgie a vu na��tre un grand nombre de grands noms du cinéma comme Oliver Hardy (de « Laurel et Hardy »), Kim Basinger, Julia Roberts, Laurence Fishburne, Spike Lee, Steven Soderbergh, DeForest Kelley ou encore Dakota Fanning, mais aussi de la musique avec Little Richard, Ray Charles, R.E.M., Of Montreal, Neutral Milk Hotel, OutKast, Lil Jon, Jagged Edge, T.I., Ciara et Dirty South, ainsi que du divertissement comme les catcheurs Hulk Hogan ou Cody Rhodes.
204
+
205
+ Dans les années 1960, Ray Charles refuse de revenir jouer en Géorgie, son État de naissance, du fait de la ségrégation qui y règne alors. Toutefois, en 1979, sa chanson Georgia on My Mind est adoptée comme hymne officiel de l'État (state song)[47].
206
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207
+ À la télévision, la Géorgie est le lieu principal de la série The Walking Dead, les personnages se retrouvant à la sortie d'Atlanta dans la première saison. Ils ne quittent cet État qu'à la fin de la saison 5, lorsque le groupe arrive à Washington. La série Vampire Diaries y est également tournée.
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+ L’allemand (en allemand : Deutsch), /ˈdɔʏtʃ/ Écouter) est l'une des langues indo-européennes appartenant à la branche occidentale des langues germaniques. Du fait de ses nombreux dialectes, l'allemand constitue dans une certaine mesure une langue-toit (Dachsprache).
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+ Son histoire, en tant que langue distincte des autres langues germaniques occidentales, débute au haut Moyen Âge, lors de la seconde mutation consonantique.
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+ Au XXIe siècle, ses locuteurs, appelés « germanophones », se répartissent principalement, avec près de 100 millions de locuteurs, en Europe, ce qui fait de leur langue la plus parlée au sein de l'Union européenne (UE).
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+
11
+ Avec la première mutation consonantique (erste germanische Lautverschiebung) aux environs du Ve siècle av. J.-C., naissait le germanique commun à partir d'un dialecte indo-européen. Cette transformation explique des différences entre les langues germaniques (plus l'arménien) et les autres langues indo-européennes. On peut, pour simplifier, présenter les faits ainsi :
12
+
13
+ On commence à parler de langue allemande (ou, en linguistique « haut allemand ») lorsque les dialectes parlés dans le sud-ouest de l'Allemagne subirent la seconde mutation consonantique (zweite germanische Lautverschiebung ou hochdeutsche Lautverschiebung, que l'on situe autour du VIe siècle), période au cours de laquelle la langue commença à se différencier des dialectes du nord (Niederdeutsch, bas allemand).
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+ Cette modification phonétique explique un certain nombre de différences entre l'allemand actuel et, par exemple, le néerlandais ou l'anglais[6]:
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+ pour résumer, *k / *p / *t ➜ ch / pf (ou f) / ts (ou s)
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+
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+ Les dialectes du nord qui n'ont pas ou peu subi cette seconde mutation phonétique sont qualifiés de bas allemand. Cette appellation est jugée abusive par certains linguistes, notamment néerlandais (qui ne sont pas « allemands », du moins depuis les traités de Westphalie). Mais le terme « allemand » n'est ici qu'un terme linguistique, un peu comme « roman », « slave » ou « scandinave ».
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+
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+ Entre le Xe siècle et le XVe siècle eut lieu une diphtongaison dans les parlers du Sud-Ouest concernant l'articulation en deux phonèmes de ei, eu et au. Cela explique à nouveau certaines différences entre l'allemand standard et, par exemple, le néerlandais (les lettres dans les parenthèses expliquent la prononciation en utilisant la langue française):
22
+
23
+ Contrairement aux États voisins, les contrées germaniques sont restées morcelées (Kleinstaaterei) au cours de l'ensemble du Moyen Âge, ce qui contribua au développement de dialectes très différents et parfois mutuellement inintelligibles. Un premier pas vers une langue interrégionale correspond au Mittelhochdeutsch poétique des poètes de cour vers le XIIIe siècle, bien que l'influence sur la langue vulgaire fût quasiment nulle, en raison de la faible alphabétisation. Aussi les régions germaniques restèrent-elles longtemps coupées en deux régions linguistiques :
24
+
25
+ La période de « l'allemand moderne » « commence conventionnellement avec les écrits de Luther »[7].
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27
+ Martin Luther traduisit la Bible en « allemand » à l'adresse de « tous les hommes », alle mannen (étymologie germano-latine du mot « allemand »[8]), c'est-à-dire à l'adresse des « Allemands », afin que le peuple des chrétiens « laïcs » ait accès aux textes religieux, réservés jusque là aux clercs. Il peut être considéré en ce sens, historiquement celui de la Réforme, comme le créateur de la langue allemande moderne. L'allemand moderne est de ce fait une langue écrite, le Schriftdeutsch (« allemand écrit ») : ce sera « la langue de Goethe » — selon l'expression consacrée, dans laquelle écriront en particulier les poètes (Dichter), écrivains et philosophes du « temps de Goethe » (ainsi qu'on désigne habituellement la large période littéraire du romantisme allemand qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle).
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+ Luther traduisit le Nouveau Testament en 1521 et l'Ancien Testament en 1534. Bien qu'il ne fût pas pionnier dans l'établissement d'une langue interrégionale — en élaboration depuis le XIVe siècle — il n'en reste pas moins qu'avec la Réforme protestante, il contribua à implanter l'allemand standard dans les administrations et les écoles, y compris dans le nord de l'Allemagne, qui finit par l'adopter. En 1578, Johannes Clajus se fonda sur la traduction de Luther pour rédiger une grammaire allemande[9].
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+ Jusqu'au début du XIXe siècle, le Hochdeutsch resta une langue souvent écrite, que beaucoup d'Allemands, en particulier dans le sud, apprenaient à l'école un peu comme « une langue étrangère », à côté des dialectes demeurés vivaces jusqu'à aujourd'hui (notamment en Suisse alémanique).
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+ Au milieu du XVIIIe siècle, concernant la diction, les Allemands conviennent que c'est à Dresde et surtout à Leipzig que l’on parle le mieux allemand. À l'inverse, la Westphalie et la Basse-Saxe sont les deux régions dans lesquelles on parle « le plus mauvais allemand »[10].
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+ Avec la domination de l'Empire austro-hongrois en Europe centrale, l'allemand y devint la langue véhiculaire. En particulier, jusqu'au milieu du XIXe siècle, les marchands et, plus généralement, les citadins y parlaient l'allemand, indépendamment de leur nationalité : Prague, Budapest, Presbourg, Agram et Laibach constituaient des îlots germanophones au milieu des campagnes qui avaient conservé leur langue vernaculaire.
36
+
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+ Johann Christoph Adelung publia en 1781 le premier dictionnaire allemand exhaustif, initiative suivie par Jacob et Wilhelm Grimm en 1852. Le dictionnaire des frères Grimm, publié en seize tomes entre 1852 et 1860, reste le guide le plus complet du vocabulaire allemand. La normalisation progressive de l'orthographe fut achevée grâce au Dictionnaire orthographique de la langue allemande de Konrad Duden en 1880, qui fut, à des modifications mineures près, déclaré comme référence officielle dans la réforme de l'orthographe de 1901.
38
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+ Comme l'anglais, l'allemand fait partie des langues germaniques occidentales, proche, notamment, du néerlandais. Les autres branches sont la branche nord (dit scandinave) avec le suédois, le danois, le norvégien et l'islandais, et la branche est, éteinte aujourd'hui.
40
+
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+ L'allemand s'écrit avec les 26 lettres de l'alphabet latin, trois voyelles surmontées d'un Umlaut (sorte de tréma) ä, ö et ü, et un symbole graphique spécial ß, Eszett ou scharfes S (ligature de S long et de « s » ou « z »), utilisé en lieu et place de ss dans certains cas (principalement après une voyelle longue ou une diphtongue). La Suisse n'utilise plus le ß depuis les années 1930. Jusque dans les années 1940, l'allemand était imprimé en écriture gothique (Fraktur) et écrit en sütterlin, qui sont différentes versions de l'alphabet latin.
42
+
43
+ L'orthographe allemande se déduit en général de la prononciation et d'un minimum de connaissances. Mais les fortes disparités régionales dans la prononciation peuvent rendre la tâche ardue. Les principales difficultés orthographiques de l'allemand résident dans :
44
+
45
+ Afin de supprimer une partie des difficultés décrites ci-dessus, les représentants allemands, suisses et autrichiens convinrent d'une réforme de l'orthographe. Elle est entrée en vigueur en 1998 en Allemagne et est devenue obligatoire à partir de la mi-2005. La dernière réforme datait de 1901 et portait entre autres sur la suppression du h dans Thor et sur l'ajout du e pour les voyelles longues et accentuées dans la conjugaison des verbes, par exemple kritisirt ➜ kritisiert).
46
+
47
+ Les principaux changements concernent :
48
+
49
+ Cette réforme rencontre une forte critique en Allemagne. Le Land de Schleswig-Holstein a voté le retour à l'orthographe traditionnelle en 1998 (décision annulée pourtant par le parlement régional) et certains journaux et éditeurs ont depuis décidé de revenir à la graphie conventionnelle.
50
+
51
+ Contrairement à des langues telles que l'anglais, l'allemand standard (Hochdeutsch) se prononce de manière assez conforme au texte écrit et contient très peu d'exceptions (les sons se prononcent souvent de la même façon), hormis pour les mots d'emprunt. Presque toutes les voyelles se prononcent clairement, voire longuement, même sans être suivies de lettre muette servant à insister sur la lettre précédente.
52
+
53
+ Toutefois, les francophones qui apprennent l'allemand rencontrent généralement quelques difficultés, listées ci-dessous.
54
+
55
+ Tous les sons n'y figurant pas se prononcent toujours de la même manière qu'en français (a, b, d, f, i, k, l, m, n, o, p, ph, q, r, t, x).
56
+
57
+ Lettres à Umlaut (le tréma français)
58
+
59
+ Les umlauts indiquent également l'accentuation. Ils marquent souvent le pluriel ou le diminutif (avec « -chen » et « -lein ») des mots.
60
+
61
+ Lorsque les Umlauts ne sont pas accessibles (clavier étranger, Internet…), ils sont représentés par « e » : ae pour ä, oe pour ö, ue pour ü.
62
+
63
+ En Alsace-Moselle, on remplace habituellement les umlauts : Koenigshoffen, Haut-Koenigsbourg, Hœnheim (dans ces exemples, c'est le ö qui est remplacé), ou encore "Schweighaeuser".
64
+
65
+ Il faut bien veiller à ne prononcer qu'un son et pas deux sons distincts pour les combinaisons de deux voyelles : par exemple, pour la combinaison [ei], il faudra prononcer ail (ou le [i] du mot anglais knife) et non le [aï] de na|ïf. Le son français [oi] en est l'exemple même : il ne se prononce pas directement [ou|a].
66
+
67
+ * [ɔi] est parfois retranscrit en [ɔy].
68
+
69
+ Notes :
70
+
71
+
72
+
73
+ L'allemand est une langue flexionnelle comportant des conjugaisons et des déclinaisons.
74
+
75
+ Le principe de la conjugaison allemande est assez proche du principe de la conjugaison française. Les différences notables sont :
76
+
77
+ En ce qui concerne la morphologie, les trois principaux types de verbes sont :
78
+
79
+ Parmi les verbes irréguliers se rangent également les auxiliaires de mode (können, pouvoir ; dürfen, avoir le droit ;, etc..), qui sont employés dans un nombre important de contextes différents.
80
+
81
+ La déclinaison allemande comporte quatre cas, le nominatif, l'accusatif, le datif et le génitif, auxquels se combinent trois genres grammaticaux, le masculin, le féminin et le neutre ainsi que deux nombres, le singulier et le pluriel.
82
+
83
+ Le porteur essentiel de la marque de déclinaison est le déterminant, secondé par l'adjectif épithète si le déterminant est absent ou bien sans désinence (marque de déclinaison).
84
+
85
+ Le nom porte également la marque de déclinaison au datif pluriel à tous les genres, au génitif singulier masculin ou neutre.
86
+
87
+ Les déclinaisons sont employées :
88
+
89
+ L'allemand a pour particularité syntaxique principale de placer des éléments importants, soit en première position dans la phrase, soit en dernière position. L'inversion du verbe et du sujet a lieu quand un complément vient en tête de phrase ;
90
+ « heute geht es ihm gut == aujourd'hui il va bien » ; le rejet est le renvoi du verbe en fin de phrase dans les subordonnées « …, wenn er Wein trinkt = lorsqu'il boit du vin »
91
+
92
+ Autre exemple :
93
+
94
+ Er nahm gestern trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
95
+
96
+ Il a mis cette machine en service hier malgré toutes les difficultés.
97
+
98
+ Sont mis en valeur :
99
+
100
+ Avant l'action et l'objet sont énumérées les circonstances. L'ordre de la phrase peut être modifié pour insister sur un des éléments, que l'on place alors en tête de phrase :
101
+
102
+ Gestern nahm er trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
103
+
104
+ C'est hier qu'il a mis cette machine en service malgré toutes les difficultés.
105
+
106
+ Trotz aller Schwierigkeiten nahm er gestern diese Maschine in Betrieb.
107
+
108
+ Malgré toutes les difficultés, il a mis cette machine en service hier.
109
+
110
+ Diese Maschine nahm er gestern trotz aller Schwierigkeiten in Betrieb.
111
+
112
+ C'est cette machine qu'il a mise en service hier malgré toutes les difficultés.
113
+
114
+ La langue allemande peut se passer d'article au génitif en juxtaposant deux éléments (déterminants + déterminé) — ou même beaucoup plus. L'allemand est même connu pour sa capacité à former des surcomposés de grande longueur que les Allemands eux-mêmes appellent par dérision Bandwürmer « vers solitaires »…
115
+
116
+ Exemples :
117
+
118
+ Certains des exemples ci-dessus sont fictifs (ils sont morphologiquement corrects, mais n'ont pas été employés de façon réelle). D'autre part, quand un surcomposé est très long ou peu courant, on peut le diviser par un trait d'union : Mehrjahres-Programmvereinbarungen, « conventions-programmes pluriannuelles ».
119
+
120
+ La composition à multiples éléments ne se limite pas au couple objet possédé-possesseur (du type Kapitänsmütze « casquette de capitaine ») mais aussi à toutes sortes de relations :
121
+
122
+ En français, la possession marquée par « de » a plusieurs sens qui se rendent en allemand de trois manières distinctes :
123
+
124
+ Il faut savoir avant tout qu'en allemand, le premier mot dans un composé est, comme l'adjectif qui précède le sujet, moins mis en avant que s'il est placé après le sujet.
125
+
126
+ Prenons le titre du 3e tome de la bande dessinée Broussaille, La Nuit du chat. Dans le titre (et dans l'histoire), l'élément (et le sujet) important est le chat, connu et recherché. C'est la nuit du chat, qui « appartient » au chat.
127
+ On va donc préférer la traduction Die Nacht der Katze (La nuit du chat) à Die Katzenacht (La nuit à chats). Dans cette dernière formulation, c'est l'élément nuit (Nacht) qui est visé.
128
+
129
+ Autre exemple plus rapproché de la syntaxe française : Dans « Nuits dans les jardins d'Espagne », la traduction correcte est Nächte in den Gärten von Spanien et non Nächte in den spanischen Gärten. La traduction de Nächte in den spanischen Gärten est « Nuits dans les jardins espagnols ».
130
+
131
+ La langue allemande (ainsi que le peuple) a la particularité d'avoir des appellations très différentes d'une langue à l'autre (par exemple German, Deutsch, alemán, német, etc.). En effet, six racines différentes entrent en jeu :
132
+
133
+ En hébreu classique, les pays allemands sont connus sous l’appellation de ashkenaz (אשכנז), par généalogie populaire d'après Gen. 10:3. Pour l’hébreu moderne, voir plus haut.
134
+
135
+ Un nombre important de mots furent empruntés aux dialectes germaniques par le roman et l'ancien français (par ex. heaume, éperon, cible, fauteuil) ; seuls les mots d'origine plus récente sont encore discernables en tant qu'emprunts lexicaux (frichti, ersatz).
136
+
137
+ Exemples de phrases :
138
+
139
+ L'allemand a toujours la possibilité sémantique de former de nouveaux mots par les procédés de composition et de dérivation.
140
+
141
+ Tout comme le français a créé le verbe des pacsés/se pacser à partir d'une abréviation administrative de l'état civil (PACS), l'allemand peut adapter dans le langage courant des termes nouveaux adaptés à l'actualité.
142
+
143
+ Exemple :
144
+
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+ Le mot apprenti s'est dit pendant des siècles Lehrling du verbe lehren « enseigner » signifiant donc « celui à qui l'on enseigne quelque chose », suivi du diminutif -ling. Son maître était le Meister.
146
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+ La réforme administrative au début des années 1970 a remplacé le terme Meister par deux termes précisant que l'un enseigne effectivement (der Ausbildende, gérondif de ausbilden « former ») et que l'autre a le droit et la responsabilité de la formation (der Ausbilder « le formateur »). L'apprenti devint logiquement der Auszubildende (c'est-à-dire celui qui doit être formé), en abrégé AZUBI (prononcé ATSOUBI). Le génie de la langue ajouta pour la forme féminine la terminaison habituelle -in et l'on prononça le tout ATSOUBINE. Or, le terme Biene « abeille » désigne aussi une jolie fille ce qui transforma la sèche abréviation en un joli petit nom.
148
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+ Prononciation; certaines lettres se prononcent différemment en Autriche. Le « R » a tendance à être roulé, un peu comme dans le Sud de l'Allemagne (Bavière).
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+ D'une manière générale, dans la République démocratique allemande, la langue s'était enrichie de termes officiels, spécifiques au régime politique tout comme sous le régime national-socialiste. Dans le langage courant, de nombreux termes tournaient ces derniers en dérision. Par exemple, l'abréviation VEB (pour Volkseigener Betrieb, usine propriété du peuple) devenait Vaters ehemaliger Betrieb (l'ancienne usine de Papa)...
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+ De très nombreuses abréviations tirées de l'idéologie communiste avaient cours, les étudiants devaient tous suivre des cours de ML (marxisme-léninisme),
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+ On retrouve des néologismes ou de nouvelles expressions dans un nombre important de domaines, notamment :
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+ La licence de documentation libre GNU (en anglais : GNU Free Documentation License, abrégé en GFDL) est une licence relevant du droit d'auteur produite par la Free Software Foundation. Elle a pour but de protéger la diffusion de contenu libre et peut être utilisée par chacun afin de déterminer le mode de diffusion de son œuvre.
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+ L'objet de cette licence est de rendre tout support (manuel, livre ou autre document écrit) « libre » au sens de la liberté d'utilisation, à savoir : assurer à chacun la liberté effective de le copier ou de le redistribuer, avec ou sans modifications, commercialement ou non.
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+ Cette licence est fondée sur le même principe que copyleft et la licence publique générale GNU (GNU General Public License, abrégé en GNU GPL ou simplement GPL) utilisés par un grand nombre de logiciels libres. La GFDL a été notamment conçue pour couvrir la documentation accompagnant les logiciels libres.
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+ La GFDL, comme la GPL, autorise chacun à redistribuer une œuvre qu'elle protège à condition que cela soit fait sous ses termes identiques. La GFDL prévoit des possibilités de restrictions de la liberté de modification de l'œuvre couverte. Pour cette raison, les œuvres sous GFDL ne sont pas toutes considérées comme libres, notamment par les membres du projet Debian (importante distribution Linux se réclamant totalement libre).
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+ La GFDL est incompatible dans les deux sens avec la GPL, ce qui signifie que des documents distribués sous une GFDL ne peuvent pas être insérés dans un programme informatique placé sous une licence GPL, et que des programmes distribués sous une licence GPL ne peuvent pas être insérés dans des documents distribués sous GFDL. Pour surmonter cette incompatibilité, certains extraits de programmes informatiques sont distribués sous une double licence (GPL et GFDL, ou CeCILL et GFDL, ou LGPL et GFDL, car CeCILL et LGPL sont totalement compatibles avec la GPL), de telle sorte qu'ils puissent apparaître dans la documentation.
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+ Bien que les deux licences soient très proches, la GFDL n’est pas compatible avec CC-BY-SA (Creative Commons - paternité - partage à l'identique). Cependant, le paragraphe 11 de la version 1.3 de la GFDL a permis la migration depuis la GFDL 1.3 vers CC-BY-SA 3.0 sous certaines conditions :
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+ La GFDL a essuyé plusieurs critiques, notamment de la part du projet Debian. Elles portent, entre autres, sur l’invariant section, le fait de devoir imprimer le texte de la licence[2], etc.
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+ République du Ghana
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+ (en) Republic of Ghana
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+ 5° 33′ N, 0° 15′ O
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+ modifier
10
+
11
+ Le Ghana, en forme longue la république du Ghana, en anglais : Republic of Ghana, est un pays d'Afrique occidentale situé au bord du Golfe de Guinée. Les pays limitrophes du Ghana sont la Côte d'Ivoire à l'ouest, le Burkina Faso au nord et le Togo à l'est. Sa capitale est la ville d'Accra et ses habitants sont les Ghanéens. Le pays fait partie de la CEDEAO.
12
+
13
+ La langue officielle est l'anglais. La monnaie est le cedi. Le Ghana est membre associé de l’Organisation internationale de la francophonie depuis 2006[4] et accorde une place toujours plus importante au français[5].
14
+
15
+ Le Ghana moderne n'a pas de liens géographiques ou historiques directs avec l'Empire du Ghana. Le premier, ancienne Côte-de-l'Or, a été renommé en hommage au second par Kwame Nkrumah au moment de l'indépendance. Le nom colonial de Côte-de-l'Or vient des très nombreuses mines d'or du pays qui, avant d'être exploitées par les colons britanniques, allemands, hollandais et français, étaient abondamment utilisées par l'ethnie ashanti, qui garde la tradition de bijoux en or, tradition qui s'est propagée aussi chez l'ethnie voisine abron.
16
+
17
+ L'un des principaux hommes politiques du Ghana fut le panafricaniste Kwame Nkrumah (1909-1972). De 1966 à 1980, de nombreux coups d'État ont rendu le pays particulièrement instable, jusqu'à la prise du pouvoir par Jerry Rawlings qui fit voter une nouvelle constitution en 1992. Élu à deux reprises par la suite, il a pacifiquement cédé le pouvoir à son opposant John Kufuor en 2000. Depuis cette date, les alternances entre les deux principaux partis politiques, le NDC et le NPP, sont régulières et pacifiques, dont celle de 2016, qui voit la victoire de Nana Akufo-Addo contre le président sortant John Dramani Mahama[6].
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19
+ L'histoire de la partie de l'Afrique qui deviendra le Ghana d'aujourd'hui est relativement mal connue avant 1500. Les recherches archéologiques ont montré que l'occupation humaine y est très ancienne aussi bien sur la côte qu'à l'intérieur des terres. Des recherches récentes ont mis en évidence, dans la zone forestière, la présence de sites d'habitat entourés de profonds fossés datant d'entre le VIIe et le XIVe siècle. Ce type de site, que l'on connaît par ailleurs de la Côte d'Ivoire au Nigeria, témoigne de l'existence d'une civilisation sédentaire maîtrisant la métallurgie du fer, vivant probablement de la culture de l'igname et de l'exploitation du palmier à huile, et particulièrement bien adaptée à l'environnement forestier. Ces sites furent brutalement abandonnés au XIVe siècle. La peste noire et ses conséquences dévastatrices sur la démographie, bien connues en Europe et en Afrique du Nord à la même époque et dont l'étude en Afrique subsaharienne reste à réaliser, pourraient être à l'origine de ces bouleversements à grande échelle.
20
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21
+ Près d'un siècle et demi plus tard, c'est donc une société bien différente, et sans doute encore marquée par le chaos qui a frappé les générations précédentes, qui accueille les premiers navires portugais. Ceux-ci ont atteint cette partie de la côte pour la première fois en 1471. Ils y ont trouvé de l'or à échanger contre des biens manufacturés provenant d'Europe et ont donc baptisé cette portion de côte, Côte de l'Or (Costa do Ouro) ou Côte de la Mine (Costa da Mina). Pour protéger ce commerce de l'or des marchands interlopes venus d'autres nations européennes, ils construisent en 1482 une forteresse imposante, Saint-Georges-de-la-Mine (São Jorge da Mina) dans le village d'Edina (Elmina). Cette forteresse demeura le quartier général des Portugais jusqu'en 1637, date à laquelle les Hollandais les en délogèrent, s'affirmant ainsi comme la puissance européenne dominante sur la Côte. Ils le demeurèrent jusque dans les années 1870, lorsqu'ils cédèrent leurs possessions aux Anglais. Ces derniers se lancèrent alors dans la colonisation de territoires situés à l'intérieur des terres, et notamment de l'Ashanti (Asante).
22
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23
+ La présence de marchands puis de soldats et de missionnaires européens sur la Côte de l'Or ne doit pas masquer l'histoire complexe des entités politiques africaines, dont ils n'étaient que les hôtes. Du XVIe au XIXe siècle, de nombreuses entités se développent, négocient, s'allient et s'affrontent pour dominer les échanges et assurer leur domination politique. Cette histoire est marquée par une grande diversité et inventivité de constructions sociopolitiques. Le commerce de l'or, puis des esclaves, qui le dépasse en volume à partir du tournant du XVIIIe siècle, ont fait l'objet de nombreuses monographies, dont certaines en français.
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25
+ Le Ghana fut une colonie britannique sous le nom de Gold Coast (Côte de l'Or), avec un vicariat apostolique du même nom confié aux missionnaires de Lyon. Après la Première Guerre mondiale, la Gold Coast s'agrandit d'une partie du Togoland allemand. L'autre partie fut confi��e à la France déjà présente au Dahomey (Bénin), et formera le Togo contemporain.
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+
27
+ Kwame Nkrumah (1909-1972) fut l'homme politique qui mena le Ghana vers l'indépendance. Dans ce but, il appela au boycott et à la désobéissance civile, ce qui lui valut d'être emprisonné par les autorités britanniques de 1948 à 1951. Cette même année, les autorités britanniques organisèrent des élections législatives qui furent remportées par le CPP[7]. Nkrumah, libéré, fut alors nommé Premier ministre et collabora étroitement avec les autorités britanniques[8]. Se basant sur la politique d’« Africanisation de l’administration, de panafricanisme »[8], il décida de développer les infrastructures de son pays grâce aux excédents de l’Office de commercialisation du cacao[8]. Ainsi, le domaine de l’éducation[9] et celui de la santé enregistrèrent de véritables progrès.
28
+
29
+ Après les élections législatives de 1956, le CPP remporta les trois quarts des sièges. Nkrumah, fort de son succès, obligea alors le Royaume-Uni à concéder l’indépendance, qui fut proclamée le 6 mars 1957[7]. La Côte-de-l'Or devint ainsi la première colonie à obtenir son indépendance après le Soudan (1956). Le jour même de l’indépendance, Nkrumah décida d’abandonner le nom colonial du pays au profit de l'actuel, en référence à l'Empire du Ghana
30
+ [10]. En outre, contrairement à la Gold Coast (Côte de l'Or), ce nom n'est plus de nature à être traduit différemment en fonction des langues étrangères[11]. Tout en demeurant dans le Commonwealth, le Ghana devint, le 1er juillet 1960, une république[7].
31
+
32
+ Le pays tente après son indépendance de diversifier son économie et de réduire sa dépendance extérieure avec le développement d'une industrie lourde. Une série de grands projets est lancée, tels que le barrage de la Volta pour produire de l'électricité afin de soutenir les nouvelles industries. Un port en eau profonde est construit à Tema notamment afin de développer un programme d'exportation de l'aluminium. En politique extérieure, le Ghana est à l'initiative de conférences à visées panafricanistes, réunissant tant des délégations d’États indépendants que d'organisations anticolonialistes. Un premier pas vers une réalisation concrète du panafricanisme est tenté en formant à partir de mai 1959 une union avec la Guinée, rejointe en décembre 1960 par le Mali. Cette union restera toutefois plus théorique que fonctionnelle : si les trois États tendent à s’entraider économiquement, aucune unité politique n'est réalisée. Le Ghana tente par ailleurs d'envoyer une force militaire soutenir le premier ministre congolais Patrice Lumumba, alors confronté à des tentatives séparatistes soutenues par la Belgique, et qui sera finalement assassiné. Ces initiatives valent à Nkrumah l'hostilité des pays occidentaux (la CIA indique que « Nkrumah faisait plus pour saper nos intérêts qu'aucun autre Noir africain ») mais également de certains dirigeants africains qui l'accusent, à travers ses projets panafricanistes, de vouloir propager le communisme en Afrique[11]. Il est renversé le 24 février 1966, alors qu'il est en voyage en Chine, par un coup d’État militaire.
33
+
34
+ Élu en 2000 à la suite de Jerry Rawlings, John Kufuor, membre du Nouveau Parti patriotique avait été réélu pour un second mandat en décembre 2004. Le 28 décembre 2008, au terme d'une élection présidentielle très disputée et unanimement saluée pour son caractère démocratique rarissime sur le continent, le candidat du Congrès démocratique national (Ghana), John Atta Mills, devient le nouveau président du pays. La passation de pouvoir s'est déroulée le 7 janvier 2009. À la suite du décès du président en exercice le 24 juillet 2012, le vice-président John Dramani Mahama lui succède à la tête de l’État[6]. Depuis 2017, Nana Akufo-Addo est président de la République[12].
35
+
36
+ Le Ghana fait partie du Commonwealth.
37
+
38
+ Le Ghana est divisé en dix régions, elles-mêmes subdivisées en districts (216 au total). Les régions du Ghana sont (chef-lieux entre parenthèses) :
39
+
40
+ Le Ghana est situé sur le golfe de Guinée, juste au nord de l'équateur. Il partage des frontières avec la Côte d'Ivoire à l'ouest, le Togo à l'est et le Burkina Faso au nord.
41
+
42
+ Le pays est constitué de denses forêts tropicales au sud et de savane au nord. Le climat tropical est pluvieux, essentiellement en mai-juin (grande saison des pluies ou hivernage). La Volta noire, la Volta blanche ainsi que les rivières Oti et Daka se rencontrent au Ghana pour former le lac Volta.
43
+ Le Barrage d'Akosombo, situé au sud du lac, produit beaucoup d'énergie pour le pays.
44
+
45
+ Comme nombre de pays africains, le Ghana est riche en matières premières, notamment en minerais et en pétrole.
46
+ Son économie demeure cependant essentiellement basée sur l'agriculture. Le Ghana a longtemps été le premier producteur mondial de cacao (plus de 1,6 million d'hectares de plantations villageoises) avant d'être largement dépass�� par son voisin la Côte d'Ivoire, qui représente aujourd'hui une récolte de plus du double.
47
+
48
+ Au cours des six premières années de la décennie des années 2010, ce dernier s'est toujours maintenu comme le deuxième producteur mondial de cacao, devant la Côte d'Ivoire, le premier d'Afrique et du monde, tous deux restant les deux premiers exportateurs dans le monde.
49
+
50
+ L'industrie y est plus développée que dans le reste des pays de l'Afrique de l'Ouest.
51
+ Par ailleurs, après la découverte du vaste champ pétrolier du Jubilee, le Ghana s'est lancé en 2010 dans la production de pétrole, qui est devenu en 2012 son second poste d'exportation après l'or, avec une production totale de 110 000 barils par jour, attendue en hausse[13].
52
+
53
+ Environ 10 % de la population ghanéenne dépend de la pêche. Le secteur est cependant menacé : le nombre de poissons pêchés au large du pays a diminué de près de moitié en quinze ans, passant de 420 000 tonnes en 1999 à 202 000 tonnes en 2014. En cause, les pratiques des bateaux-usines étrangers, qui dévastent les fonds marins, et certaines techniques de pêche artisanale, telles qu’illuminer les eaux pendant la nuit pour attirer les poissons et les empoisonner avec des produits chimiques, ou les tuer avec de la dynamite. La réduction continuelle des stocks de poisson menace la sécurité alimentaire du pays et réduit le nombre d'emplois[14].
54
+
55
+ La monnaie officielle du Ghana est le cedi depuis 1965. Un cedi est lui-même décomposé en 100 pesewas.
56
+
57
+ Le 3 juillet 2007, le Ghana change de monnaie. Le nouveau cedi ghanéen vaut alors 10 000 anciens cedis. Juste après ce changement, 1,4 cedi équivalait à un euro.
58
+
59
+ En 2012, environ 2,4 cedis sont équivalents à un euro. En septembre 2015, il faut environ 4 cedis pour un euro, mais la monnaie n'est plus négociable.
60
+ En mai 2020 ce taux dépasse 6 contre 1.
61
+
62
+ L'éducation nationale ghanéenne est dispensée en langue anglaise[15]. Elle est obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de 15 ans. L'année scolaire dure généralement du mois d'août à celui de mai. Le cycle éducatif ghanéen est divisé en trois parties[16] : l'éducation de base, le cycle secondaire et le cycle tertiaire. L'éducation de base (scolarité obligatoire et gratuite) débute dès l'âge de 4 ans, et dure 11 ans. Elle est divisée en maternelle (2 ans), primaire (2 modules de 3 ans) et "Junior High school" équivalent du collège (3 ans). La fin de ce cycle est sanctionné par un examen : le "Basic Education Certificate Examination" (BECE - Examen de certification de l'éducation de base). Il permet d'accéder au cycle secondaire, qui peut être général au sein d'un "Senior High School" (équivalent du lycée) ou professionnel et technique au sein de lycées techniques ("technical Senior High School"), d'instituts de formation professionnelle et technique, ou d'établissements privés. Le cycle secondaire général est sanctionné par un examen : le "West African Secondary School Education Certificate Examination" (WASSECE - Examen ouest-africain de certification du cycle d'éducation secondaire). Le cycle tertiaire, ou enseignement supérieur, se divise entre études universitaires (cycle de 4 ans, sanctionné par un Bachelor, qui peut être suivi d'un master d'une à deux années, puis d'un doctorat) et enseignement Polytechnique, en ce qui concerne la formation professionnelle et technique (cycle de deux à trois ans).
63
+
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+ D'après le recensement de 2010, la population du Ghana est estimée à 24 658 823 habitants[17]. Environ 51 % de la population réside en milieu urbain[17].
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+ Les principaux groupes ethniques sont les Akans (47,5 %), les Mole-Dagbani (16,6 %), les Ewes (13,9 %) et les Ga-Dangme (7,4 %)[17].
67
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68
+ Selon le recensement ghanéen de 2010, le Ghana compte 67,1 % d’anglophones dans sa population[18]. Ce chiffre comprend les personnes sachant lire et écrire l'anglais, ce qui montre que la population du Ghana a globalement une bonne connaissance de cette langue occidentale. L'asante twi, l’une des principales langues nationales, est, quant à elle, parlée entre 16 et 47,5 % de la population[19]. Il existe par ailleurs neuf langues nationales ainsi que 81 langues africaines au Ghana selon SIL International.
69
+
70
+ Le Ghana est en outre un État anglophone « enclavé » entre des États francophones (Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Togo) et entretient de ce fait de nombreuses relations avec ceux-ci, d'où la volonté des autorités depuis ces dernières années de faire connaître le français aux Ghanéens.
71
+
72
+ Le Ghana est un État associé de l'Organisation internationale de la francophonie.
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+
74
+ D'après le recensement de 2010, les chrétiens représentent 71,2 % de la population tandis que les musulmans représentent 17,6 % et les religions traditionnelles africaines 5,2 %. Les personnes n'ayant pas de religion représentent 5,3 % de la population[17],[20].
75
+
76
+ Le 4 mars 2017, lors d’une cérémonie œcuménique et interreligieuse, le Ghana s'est consacré, pour la seconde fois, au Sacré-Cœur de Jésus[21]. Le Saint-Siège et le Ghana ont ainsi célébré les quarante ans de leurs relations.
77
+
78
+ Un consensus autour de la foi semble unir le pays, l’idée d’athéisme semble inacceptable et même inconcevable[22],[23].
79
+
80
+ L'une des contributions culturelles les plus visibles (et des plus commercialisables) du Ghana moderne est le kente, largement reconnu et apprécié pour ses couleurs et son symbolisme. Le kente est fait par les tisserands ghanéens consommés, et les centres de tissage importants à Kumasi et autour (Bonwire est connu comme l’endroit où l’on fabrique le vrai kente, bien que des secteurs de Région de la Volta prétendent aussi à l’appellation) abondent en tisserands qui lancent ici et là leurs navettes en fabriquant de longues bandes de kente. Ces bandes peuvent être alors cousues ensemble pour former de grandes pièces qui sont portées par quelques Ghanéens (les chefs surtout) et achetées par les touristes à Accra et à Kumasi. Les couleurs et les modèles du kente sont soigneusement choisis par le tisserand et celui qui le portera. Chaque symbole tissé dans le tissu a un sens spécial dans la culture ghanéenne.
81
+
82
+ Le kente est un des symboles du système hiérarchisé du Ghana, qui reste fort dans le sud et les régions centrales du pays, particulièrement dans les zones peuplées par les membres de la tribu Ashanti, culturellement et politiquement dominante. Son roi, l’Asantehene, est peut-être la personne la plus révérée dans la partie centrale du pays. Comme les autres chefs ghanéens, il porte un kente éclatant de couleurs, des bracelets en or, des anneaux et des gris-gris, et il se fait toujours accompagner de nombreux parapluies très ornés (qui sont également un symbole du titre de chef). Le symbole le plus sacré des gens de Ashanti est le trône royal Ashanti, le « tabouret doré », où résident les esprits des ancêtres selon les croyances animistes locales. Il est soigneusement gardé à Kumasi, capitale culturelle des gens d’Ashanti et siège du palais de l’Asantehene. Bien que le titre de chef à travers le Ghana ait été affaibli par des allégations de corruption et de coopération avec l'oppression coloniale, il reste une institution très vivante au Ghana.
83
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84
+ Les cercueils personnalisés, inventés dans les années 1950, sont également ambassadeurs de la culture ghanéenne contemporaine. Ataa Oko, Paa Joe, Kudjoe Affutu et Eric Adjetey Anang, qui dirige à Teshie l'atelier Kane Kwei (du nom de son grand-père qui le premier présenta ces œuvres en dehors du pays) font partie des artistes ghanéens les plus reconnus à l'étranger. Ils sont auteurs, par exemple, d'un cercueil poule, réalisé par Ataa Oko 2006 dans la Collection du Kunstmuseum Berne, ou d'un cercueil en forme de Centre Pompidou par Kudjoe Affutu 2010 dans la collection de Saâdane Afif, ou d'un autre en forme de réfrigérateur, pour l'exposition La carte d'après nature, NMNM de Monte Carlo dans la collection de Thomas Demand[24].
85
+
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+ Un cinéma ghanéen se développe après l'indépendance avec des réalisateurs comme Kwaw Ansah (dont le premier succès est Love Brewed in the African Pot, 1980) ou John Akomfrak[25].
87
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88
+ Dans le sud du pays, de nombreux habitants ont des noms d'origine portugaise, car le sud du pays eut de nombreux comptoirs portugais et a connu la colonisation. Cependant, avec l'évolution économique du pays, de nombreux habitants du sud se sont déplacés dans les autres régions du pays, où l'on retrouve donc ces noms. Les pays voisins connaissent la même situation, car ils eurent aussi une période de colonisation portugaise, surtout sur la côte du golfe de Guinée.
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+ En football le Ghana, lors de la Coupe du monde de football de 2010, atteint les quarts de finale ; il est opposé à l'Uruguay qui l'emporte aux tirs au but.
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+ La côte, dite la Côte de l'Or (en anglais Gold Coast), possède les plus anciens forts occidentaux du continent, bâtis à partir de la fin du XVe siècle par les Portugais.
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94
+ Le Fort de Cape Coast est devenu l’un des lieux de mémoire importants de la traite négrière, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.
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96
+ Le parc national de Mole, au nord, est la plus grande réserve naturelle du pays, pour les amateurs de safaris à pied ou en voiture.
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+ La culture ghanéenne est riche en festivals de toutes sortes, particulièrement au moment des Fêtes de l’Indépendance, le 6 mars, mais aussi tout au long de l’année.
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+ G (majuscule, italique) est un nom de variable ou de constante, couramment employé pour représenter :
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+ g (minuscule, italique) est le symbole de :
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+ L'accordéon est un instrument de musique à vent de la famille des bois. Le nom d'accordéon regroupe une famille d'instruments à clavier, polyphonique, utilisant des anches libres excitées par un vent variable fourni par le soufflet actionné par le musicien. Ces différents instruments peuvent être de factures très différentes.
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+ Une personne qui joue de l'accordéon est un accordéoniste.
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+ Le Sheng, instrument de musique polyphonique religieux utilisé dans les orchestres de cour et de théâtre en Chine ancienne, est le plus ancien instrument à anche libre connu : il est constitué d'une chambre à vent sur laquelle sont fixés des tuyaux de bambou où vibre l'anche. Cet orgue à bouche est présent dès 2700 à 2500 av. J.C.[1]. On le retrouve dans le reste de l'Asie sous d'autres noms : Sompoton sur l'île de Bornéo, Khène au Laos[2], Sho au Japon[3]. Marin Mersenne cite entre 1636 et 1644, un Khên du Laos.
8
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9
+ En 1674, un Khène fait partie de l'inventaire de la collection du royaume du Danemark. Johann Wilde (en) aurait ramené un Sheng à la cour de Saint-Pétersbourg en 1740. Le jésuite et missionnaire Joseph-Marie Amiot fait parvenir en 1777 deux paires de sheng à Monseigneur Bertin à Paris[4].
10
+
11
+ C'est durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle que le procédé sonore de l'anche libre est l'objet de toutes les attentions des inventeurs. S'il est souvent avancé que le Sheng fut à l'origine de l'accordéon, le lien entre l'instrument asiatique et les instruments occidentaux n'est cependant pas évident, d'autant que la guimbarde, autre instrument à anche libre, existe en Europe depuis au moins l'époque gallo-romaine.
12
+
13
+ En 1769 est organisé un concours à Saint-Pétersbourg, dont l'objet est l'invention d'un instrument qui imiterait la voix humaine. Le physicien danois Christian Gottlieb Kratzenstein (de) remporte le concours avec l'invention de sa « machine parlante ». Néanmoins, à la lecture de son travail publié à Bordeaux en français on peut constater qu'il ne fait aucune allusion aux instruments asiatiques. Et que la construction de sa machine est exclusivement née de l'étude anatomique du Larynx[5].
14
+
15
+ C'est dans ce bain obscur entouré de mystères et contradictions, que les brevets d'invention autour des instruments à anche libre vont naître, s'interpénétrer, s'influencer, se doter parfois de manière douteuse de paternité, mais permettant peu à peu l'émergence d'une nouvelle espèce d'instruments.
16
+
17
+ En 1810, on assiste à la naissance de l'« orgue expressif » de Gabriel-Joseph Grenié qui introduit le soufflet à pédalier, dont le système prendra plus tard le nom d'harmonium. Il réinvente l'anche libre, comme on peut le lire dans son mémoire de brevet.
18
+
19
+ En 1818, l'Autrichien Anton Haeckl invente le Physharmonica, premier instrument à anches libres clavier et à soufflet manuel. Un brevet lui a été accordé le 8 avril 1821. Dans le journal Allgemeine musikalische Zeitung du 14 avril 1821, la publicité du physharmonica dit entre autres : « Le maître fait aussi des versions très petites qui reposent confortablement sur le bras gauche, et dont on joue de la main droite. » Cet élément est primordial pour l'avenir.
20
+
21
+ En 1821, inspiré par la guimbarde, l'Allemand Christian Friedrich Ludwig Buschmann invente un instrument à anches métalliques : l'« aura ». Cet instrument, qui deviendra l'harmonica, inspirera des fabricants se copiant, améliorant, inventant tout une multitude d'instruments dérivés.
22
+
23
+ Anton Reinlein obtient en 1824 à Vienne un brevet pour son harmonica « à la manière chinoise », Christian Messner ouvrira l'une des premières usines à Trossingen en 1827 puis en 1832 lance la fabrication de ses « mundharmonika ».
24
+
25
+ En 1822, Buschmann monte un soufflet sur son « aura » qui devient « handaeoline », l'éoline à main.
26
+
27
+ En 1827, Marie Candide Buffet (1797-1859) fabrique des « harmonicas métalliques à bouche »[6].
28
+
29
+ En 1829, Cyrill Demian, facteur de piano et orgues à Vienne (Autriche), fabrique un instrument dans la veine de Buschmann et Haeckl, dont il veut déposer le brevet sous le nom d'« Aeolina »[réf. nécessaire]. Ce nom étant déjà pris par un modèle Buschmann et ce nouvel instrument étant, contrairement à ses prédécesseurs, voué à l'accompagnement et, en ce sens, n'émettant que des accords, Demian dépose son brevet le 23 mai 1829[réf. nécessaire] sous le nom d'« Accordion »[réf. nécessaire] ; cet instrument est muni d'un soufflet manié par la main gauche, la main droite se réserve à un clavier dont chacune des 5 touches émet un accord, différent en tirant ou en poussant.
30
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+ Le 23 juin 1829, la même année que le brevet de Demian, Charles Wheatstone invente le « symphonium », rebaptisé « concertina », dont le brevet sera déposé le 8 février 1844[réf. nécessaire]. Ce modèle est unisonore.
32
+
33
+ En France, en 1830, Marie Candide Buffet positionne un clavier mélodique en main droite à la place des accords[réf. nécessaire]. Demian invente, vers 1834, la combinaison d’un deuxième clavier pour les accords, et d’un premier pour la mélodie[réf. nécessaire].
34
+
35
+ En 1834, Carl Friedrich Uhlig crée le « konzertina » allemand, bisonore, après avoir rencontré Demian et ayant désiré créer un instrument mélodique[réf. nécessaire]. C’est ce modèle qui inspirera Heinrich Band (de) la même année, en faisant évoluer la forme des claviers[réf. nécessaire].
36
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37
+ En 1841, Louis Léon Douce dépose un brevet pour son « accordéon harmonieux », instrument unisonore[réf. nécessaire].
38
+
39
+ À partir de 1847 Carl Friedrich Zimmermann (de) développe le même type de concertinas que Band[réf. nécessaire]. Les termes de « bandonion » puis « bandonéon » arriveront en 1854 en hommage du fabricant à Henrich Band[réf. nécessaire].
40
+
41
+ En 1852, Philippe-Joseph Bouton conçoit l’instrument avec un clavier piano à la main droite. En Autriche, le « Schrammelharmonika » sera le premier instrument avec le clavier main droite moderne qui va inspirer les Italiens. En Italie, en 1863, Paolo Soprani fonde la première industrie du « fisarmonica » (nom italien de l'accordéon) à Castelfidardo[7], ville considérée comme l'un des berceaux de l'accordéon moderne[8]. Autre berceau, Stradella, dans la province de Pavie où Mariano Dallapé invente un nouvel instrument encore plus proche de l'accordéon moderne en 1871[9]. Le terme « fisarmonica » est très important car Soprani ne va pas fabriquer des accordéons, mais des « physharmonika ». Cette distinction n'est pas anodine car, en 1861, le Maître de chapelle de Loreto (à proximité de Castelfidardo) expose un instrument décrit comme « accordéon par la forme, mais véritable fisarmonica »[5]. À l'époque, fisarmonica et accordéon sont deux instruments différents en Italie. C'est l'origine de l'industrie italienne.
42
+
43
+ La première génération d'instruments encore usités apparaît à la fin du XIXe siècle. Jusqu'à aujourd'hui, les modèles n'ont cessé de se perfectionner, d'évoluer, de se spécialiser selon les styles, selon les coutumes, selon les traditions culturelles ayant accueilli l'une ou l'autre forme de l'instrument à anche libre et à soufflet manuel.
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45
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46
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47
+ Dans l'accordéon, deux anches sont montées sur une même plaquette, une de chaque côté de la plaquette. Une anche ne fonctionne que dans un seul sens, lorsque l'air la pousse vers la plaquette, donc une seule des deux anches fonctionnera pour un sens donné du soufflet. Une « peau musique » (en cuir, en vinyl ou en matériau composite souple) empêche la perte d'air par l'interstice entre l'anche qui ne parle pas et la plaquette (on dit de l'anche qui produit du son qu'elle « parle »).
48
+
49
+ La vibration est due à un phénomène dit « de relaxation » : elle n'est donc pas sinusoïdale et comporte de nombreux harmoniques responsables d'une famille typique de timbres. Les harmoniques sont utilisés pour faciliter l'accord des basses fréquences (< 100 Hz).
50
+
51
+ La fréquence de vibration est pratiquement indépendante de la puissance du souffle d'air, l'anche vibrante jouant d'ailleurs, à pleine puissance, le rôle de limiteur de débit. Cependant, lorsque des anches de fréquences extrêmement proches (différence inférieure à 1 Hz, tout au plus) sont alimentées en air par un système commun, il arrive que l'anche la moins stable en fréquence s'accorde à la fréquence de l'autre par effet de « couplage » ou de « pilotage », masquant leur « désaccord », voire interdisant un vibrato différentiel intentionnel de fréquence inférieure à 1 Hz.
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+ Dans l'accordéon, les anches donnant les sons les plus graves (< 50 Hz environ) ont une longueur de 5 à 10 centimètres et sont chargées, près de leur extrémité vibrante, par une masse de laiton (généralement — ou d'étain sur les anches anciennes ou modifiées par un accordeur). Les anches produisant les sons les plus aigus (plus de 6 kHz dans l'aigu du piccolo) ont une longueur inférieure à 6 millimètres.
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+ En raison de la très courte longueur d'onde des sons les plus aigus produits (de l'ordre de quelques cm), on constate souvent des phénomènes d'ondes stationnaires dus aux « obstacles » à leur propagation (cases exiguës du sommier qui supporte les plaquettes, soupapes…) qui peuvent affaiblir, voire neutraliser totalement, le son produit. Des solutions empiriques de facture permettent d'éliminer ce phénomène.
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+ L'accord se fait en jouant sur les paramètres raideur et masse : on augmente la fréquence en diminuant la masse par enlèvement de matière (limage d'épaisseur) à l'extrémité libre de l'anche (ou de sa charge rapportée). On diminue la fréquence en diminuant l'épaisseur (raideur) de l'anche (enlèvement par grattage : (grattoir) près de sa partie fixe, flexible (le « ressort »).
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+ Une anche vibrante de grandes dimensions et de fréquence infrasonique, destinée à produire un vibrato en amplitude, a été utilisée dans l'accordéon de concert Cavagnolo : cette anche est placée dans une paroi séparatrice (équivalente à une « plaque ») disposée entre le soufflet et la « caisse du chant ». Ce système générateur de vibrato semble être resté sans suite en raison, sans doute, de sa fréquence invariable, de son effet trop systématique (un accord, grave ou aigu, vibre « en bloc ») et de sa limitation du débit d'air (contradictoire avec l'expressivité naturelle de l'instrument), en dépit de la présence d'un moyen de neutralisation : une très large soupape.
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+
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+ Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier: une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (on parle de « tiré » ou de « poussé » du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte « au vent » : le réglage de cette courbure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
62
+
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+ Véritable homme-orchestre, l'accordéoniste peut exécuter le rythme aussi bien que la mélodie et l'harmonie, ce qui lui a valu une place importante dans les bals populaires français.
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+ Cet instrument aux accords tout faits et à la sonorité « désaccordée » ne suscita pas l'adhésion de tous d'où, dès les années trente, l'invention des basses chromatiques (clavier mélodique de main gauche similaire à celui de la main droite, remplaçant grâce à un convertisseur le clavier traditionnel basse-accord) et la présence possible de registres permettant de changer la sonorité de l'instrument en appuyant sur un bouton.
66
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+ Il existe plusieurs sortes d'accordéons qui se différencient d'une part par l'organisation des notes sur les claviers et d'autre part par la manière de produire des notes en actionnant le soufflet.
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+ L'accordéon chromatique possède les 12 demi-tons de la gamme chromatique. Une touche enfoncée produira la même note que l'on tire ou que l'on pousse le soufflet. Certains ont des boutons, d'autres des touches de piano. Suivant les modèles, la tessiture peut dépasser 4 ou 5 octaves.
70
+
71
+ Les accordéons diatoniques peuvent jouer des gammes diatoniques. Une touche enfoncée ne produira pas la même note selon que le musicien tire ou pousse le soufflet. On dit qu'il est bi-sonore.
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+ Ces deux descriptions correspondent aux deux familles d'accordéons les plus répandues. De nombreuses variantes ont été réalisées (chromatique bi-sonore, diatonique uni-sonore, systèmes mixtes).
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75
+ L'accordéon est utilisé en musique populaire, musique traditionnelle, musique folklorique, dans les musiques actuelles, ainsi qu'en musique classique et contemporaine. « On peut tout jouer avec l'accordéon » déclare Yvette Horner[10].
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+ La plus ancienne pièce de concert est Thème varié très brillant pour accordéon, écrit en 1836 par Mlle Louise Reisner de Paris. Le compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski inclut (de façon optionnelle) quatre accordéons diatoniques dans sa Suite pour orchestre no 2 en Do Majeur, op. 53 (1883), simplement pour ajouter une petite couleur au troisième mouvement (Scherzo burlesque). Le compositeur italien Umberto Giordano inclut l'accordéon diatonique dans son opéra Fedora (1898). L'accordéoniste apparait sur la scène, avec également un joueur de piccolo et un joueur de triangle, trois fois dans le troisième acte (qui se déroule en Suisse), pour accompagner une courte et simple chanson qui est chantée par un petit savoyard.
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+ En 1915, le compositeur américain Charles Ives inclut un chœur d'accordéons diatoniques (ou de concertinas) avec également, entre autres, deux pianos, un célesta, une harpe, un orgue, un zither et un thérémine optionnel dans son Orchestral Set no 2. La partie d'accordéon, écrite pour la main droite seulement, consiste en dix-huit mesures à la fin de l'œuvre. Le premier compositeur à avoir écrit spécifiquement pour l'accordéon chromatique est Paul Hindemith. En 1921 il inclut l'harmonium dans sa Kammermusik No. 1, une œuvre de musique de chambre en quatre mouvements pour douze musiciens, mais plus tard il récrit la partie d'harmonium pour l'accordéon. D'autres compositeurs allemands ont aussi écrits pour l'accordéon.
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+ En 1922, Alban Berg inclut un accordéon dans son opéra Wozzeck. L'instrument, marqué Ziehharmonika bzw. Akkordeon dans la partition, apparaît seulement durant la scène de la taverne, avec un ensemble sur scène (Bühnenmusik) consistant en deux violons, une clarinette, une guitare et un bombardon en fa (ou tuba basse).
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+ D'autres compositeurs du XXe siècle ont écrit pour l'accordéon comme Kurt Weill dans L'Opéra de Quat'sous (1928), Sergueï Prokofiev et sa Cantate pour le 20e anniversaire de la révolution d'octobre, op. 74 (1936), Dmitri Chostakovitch l'utilise dans la Jazz Suite No. 2 (1938), ainsi que Jean Françaix dans Apocalypse According to St. John (1939) ou Darius Milhaud dans Prélude et Postlude pour Lidoire (1946), ainsi que John Serry Sr. dans American Rhapsody (1955) et Concerto pour accordéon (1964) [11],[12],[13]. L'accordéon est présent aujourd'hui dans le répertoire de musique contemporaine. Principalement en musique de chambre, des compositeurs comme Henk Badings (Sonate pour accordéon seul, 1981), Luciano Berio (Sequenza XIII pour accordéon seul, 1995) ou Jean Françaix, Concerto pour accordéon 1997) ont écrit pour l'instrument.
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+ L'accordéon et ses variantes sont présents dans de très nombreuses musiques traditionnelles ou musique folkloriques. L'Écosse, l'Irlande ou la Grande-Bretagne furent ouverts à intégrer l'accordéon à leur folklore adaptant et composant dans leurs styles respectifs, soit des reels, des jigues ainsi que des valses. En Amérique on retrouve traditionnellement l'accordéon dans le folklore québécois composé principalement de reels et de riggodons ainsi que dans la musique cadienne, principalement des ballades. L'Autriche, la Suisse ou la Bavière sont parfois représentées par des valses, des marches) ou des polkas. Les ensembles de musiques tsiganes et klezmers ont aussi des formes d'accordéons spécifiques comme le Bayan que l'on retrouve dans la musique traditionnelle en Russie.
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+ En Amérique latine, de nombreux genres musicaux utilisent différentes sortes d'accordéons comme le norteña au nord-est du Mexique, le chamamé en Argentine, la cumbia et le vallenato en Colombie ou instrument musique brésilienne, le baião au nord-est.
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+ L'accordéon est présent dans la musique de jazz. Cela a commencé avec la collaboration de Django Reinhardt et Jo Privat à l'époque du jazz swing. L'accordéoniste Marcel Azzola a aussi réalisé des arrangements pour accordéon des plus grands standards de jazz comme All the Things You Are. Plus récemment, des accordéonistes se sont éloignés du musette traditionnel pour s'intéresser au jazz, comme les artistes Richard Galliano, ou Vincent Peirani.
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+ Avant la Seconde Guerre mondiale, des musiciens comme Gus Viseur ou Tony Murena font déjà le lien entre jazz et musette. Après la guerre, l'accordéon est utilisé par des auteurs-compositeurs-interprètes comme Léo Ferré ou Jacques Brel, et des virtuoses comme Aimable, qui promènera son instrument en tournées mondiales. Mais l'instrumentarium du jazz moderne (be-bop, free jazz), puis du rock dans les années 1960, tend à le ringardiser.
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+ Bien que créé en Europe, cet instrument se répand au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et est adopté par la musique populaire, puis s'introduit dans de nouvelles tendances musicales. Le chanteur de raï Cheb Khaled explique ainsi :
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+ « Mon instrument, c'est l'accordéon. Je l'ai appris à l'école de la rue. De naissance […] Dans le temps, quand les gens fêtaient les mariages, il y avait le violon, l'accordéon, la darbouka, mais pas de trucs électroniques. Et l'accordéon donnait un son typique, oriental. C'est original, c'est un beau son[14]. »
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+ L’accordéon chromatique, avec des touches piano, s’est ancré à partir des années 1960 dans divers types de chanson populaire en Algérie : la chanson oranaise, le chaâbi, et le raï. Il participe à une transition entre les instruments traditionnels et les claviers électroniques[15]. On le trouve également dans la musique populaire égyptienne, par exemple dans le style Baladi (en), avec des techniques et des modes d’interprétation spécifiques, notamment dans le jeu du bourdon ou le jeu en contretemps rythmique, qui se rapprochent des arrangements instrumentaux pratiqués par les joueurs d’instruments plus traditionnels tels que le mizmār ou zurna[16],[15]. Et en Égypte, une artiste des années 2010 comme Youssra el Hawary s'en empare[17],[18]. De façon générale, l'accordéon n'est pas réservé à une musique populaire et festive, mais il sait prendre place dans une musique dite savante. L'oudiste Anouar Brahem s'est ainsi associé pour des spectacles et albums, à l'accordéoniste de jazz franco-italien Richard Galliano dans les années 1990[19].
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+
99
+ Le « piano du pauvre », ou « piano à bretelles », est entré dans la littérature française dès 1833, grâce au vicomte François-René de Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe[20]. L'accordéon en France est lié à l'histoire du bal musette. Il reste cependant pointé du doigt par certains : Octave Mirbeau le destine « aux polkas pour les bals »[8].
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+ L'histoire de l'accordéon est liée également à celle du swing manouche, avec dès les débuts de ce mouvement des collaborations répétées entre Jo Privat et Django Reinhardt, des compositions très en avance sur leur temps de Gus Viseur et aujourd'hui de nombreux artistes swing tels que Ludovic Beier, … Dans les années 1950, l'accordéon devient l'instrument des bals populaires, Yvette Horner et André Verchuren étant alors les deux figures emblématiques de cet instrument[10].
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+ Dans les années 1970, l'accordéon redevient populaire grâce à l'attrait des musiques traditionnelles et folkloriques qui l'utilisent (musique bretonne, slave, musique cadienne…) ; par l'utilisation par des chanteurs français comme Renaud qui le remettent au goût du jour ; par l'apparition d'accordéonistes majeurs, se détournant du musette, comme Marc Perrone ou Richard Galliano ; et par son utilisation par des groupes de la scène alternative comme la Mano Negra ou Les Négresses vertes.
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+ L'accordéon a maintenant acquis ses lettres de noblesse en musique classique (même si cela reste méconnu du grand public). Il est enseigné dans les conservatoires de musique depuis les années 1970. L'accordéon est également présent dans la création contemporaine d'avant-garde. On peut citer Pascal Contet, qui contribue activement à développer le répertoire contemporain avec des compositeurs comme Bernard Cavanna, Vinko Globokar, Jacques Rebotier, Jean-Pierre Drouet, Bruno Giner, Jean Françaix… Côté traditionnel, l'accordéon fait partie des instruments de la musique bretonne qui revient à partir des années 1970.
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+ Aujourd'hui, l'accordéon est largement utilisé aussi bien par des artistes de variétés (Patrick Bruel, Yann Tiersen…) que par des groupes « alternatifs » (Les Ogres de Barback, Les Têtes Raides, Red Cardell, Les Hurlements d'Léo, La Rue Ketanou, N&SK, Sagapool), les groupes de rap (Java, le Ministère des affaires populaires), le duo féminin Délinquante qui utilise cet instrument de façon notable[21], des groupes régionaux qui arrangent ces morceaux et/ou en composent de nouveaux tel qu'Accordé à vent, groupe du Pas-de-Calais, le duo Kof a Kof avec Roland Becker au saxophone et Régis Huiban à l'accordéon chromatique, avec des musiciens de jazz tels que Richard Galliano, Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Jacques Bolognesi ou Marcel Loeffler, Lionel Suarez, René Sopa.
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+ En 2005, Serge Lama a effectué une tournée avec un seul musicien, l'accordéoniste Sergio Tomassi jouant sur un accordéon numérique. Claude Parle développe l'accordéon dans le domaine des musiques improvisées et en relation avec la musique contemporaine, la danse, notamment la danse Buto (Masaki Iwana, Toru Iwashita, Atsushi Takenutchi ) ou le jazz contemporain (depuis les années 1970).
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+ Depuis avril 1990, San Francisco a pour instrument officiel l'accordéon[22].
112
+
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+ Lyon avec la firme Cavagnolo, et Tulle avec la fabrique Maugein sont des villes importantes pour l'accordéon chromatique français. Historiquement, la ville de Brive, avec l'usine Dedenis, fut très longtemps le siège de la première industrie de l'accordéon en France[réf. nécessaire]. Outre ces petites fabriques, plusieurs artisans fabriquent en France des instruments sur mesure ou commandés à l'unité, principalement des accordéons diatoniques, mais aussi des accordéons chromatiques.
114
+
115
+ La ville de Castelfidardo est « la capitale mondiale de l’accordéon ». Une vingtaine d'entreprises familiales y sont regroupées dont Soprani et Bugari ; 90 % des pièces détachées européennes y sont fabriquées[8].
116
+
117
+ La manufacture d'accordéons la plus ancienne du monde[23],[24] serait la société Harmona Akkordeon GmbH à Klingenthal en Saxe.
118
+
119
+ Hohner, fabricant allemand d'harmonicas et d'accordéons situé à Trossingen, est présent en Europe et aux États-Unis.
120
+
121
+ Les premiers accordéons des États-Unis ont été fabriqués à San Francisco[22].
122
+
123
+ Il existe en France de nombreux festivals intégrant l'accordéon, ainsi qu'un certain nombre de festivals dédiés à l'instrument (qui peuvent être généralistes ou centrés sur un style de musique précis). Par exemple :
124
+
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+ Quelques exemples de surnoms de cet instrument (en France) : piano à bretelles, piano du pauvre, boîte à frisson, branle-poumons, boîte à chagrin, soufflet à punaises, dépliant, calculette prétentieuse, boîte à soufflets et boîte du diable (boest an diaoul, en Basse-Bretagne et boueze en Haute-Bretagne).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Œuvres principales
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+ Hans Christian Andersen (Odense, 2 avril 1805 - Copenhague, 4 août 1875) est un romancier, dramaturge, conteur et poète danois, célèbre pour ses nouvelles et ses « contes de fées ».
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+
7
+ Longtemps ignoré ou tourné en dérision dans son pays, où l'on a raillé son égocentrisme[1], il n'est reconnu tout d'abord qu'à l'étranger : en Angleterre où il rencontre Charles Dickens et où il devient « le dandy de la saison »[1], en Allemagne où il se lie avec Chamisso[1], en France où il se lie avec Heinrich Heine, Honoré de Balzac et Alphonse de Lamartine chez Virginie Ancelot[1].
8
+
9
+ Ses nombreux voyages (Turquie, Italie, Suisse, Espagne) lui inspirent des récits qui constituent la meilleure partie de son œuvre, après les contes[2]. Mais ses compatriotes lui reprochent justement de parcourir le monde uniquement pour y trouver la célébrité, et ses récits sont mieux accueillis en Allemagne, où le roi lui décerne l'ordre de l'Aigle rouge en 1846, et dans d'autres pays d'Europe. Andersen a un talent particulier pour se faire des amis à l'étranger, ce qu'aucun autre écrivain scandinave ne réussit à faire. Alexandre Dumas l'appelle « le bon, l'aimable poète danois »[3].
10
+
11
+ Bien que ses romans et pièces de théâtres n'aient pas connu le succès qu'il souhaitait, Andersen a tout de même été apprécié et reconnu de son vivant dans son pays grâce à ses contes pour enfants traduits et appréciés dans le monde entier, mais aussi grâce à sa personnalité étrange et attachante[4].
12
+
13
+ En décembre 1860, il est reçu par le roi Christian IX de Danemark à Copenhague comme un membre de la famille et devient le conteur de ses enfants. Il est alors le plus célèbre de tous les Danois vivants[5]. Andersen goûte avec délectation cette revanche sur sa vie d'enfant pauvre et méprisé. « Ma vie est un beau conte de fées, riche et heureux », ainsi commence sa dernière autobiographie (Mit Livs Eventyr) destinée à être lue du monde entier et dans laquelle il déclare voir sa vie sous un angle romanesque[6]. Le comportement anthropomorphique d'animaux dans certains de ses contes ramène à une parabole autobiographique, tel Le Vilain Petit Canard où l'on reconnaît les tribulations d'Andersen avant sa « transformation » en cygne[7].
14
+
15
+ La première publication complète de ses œuvres à Leipzig en 1848 comprend cinq volumes, à laquelle se sont rajoutés les 34 volumes de celle de 1868.
16
+
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+ Les diverses autobiographies de H.C. Andersen donnent peu de détails sur ses parents, mais beaucoup plus sur ses grands-parents, paysans soi-disant aisés, dont les revers de fortune auraient frappé son imagination. Mais il semble que ceci ne soit qu'affabulations de la grand-mère devenue folle[8]. Hans Christian est né dans le bas quartier d'Odense, principale ville de Fionie à une époque où plus de la moitié de la population vit dans la plus extrême pauvreté.
18
+
19
+ La toute première enfance de l'écrivain est heureuse du vivant de son père, car à ce moment-là, sa mère le choyait. Il n'en alla pas de même par la suite[9].
20
+
21
+ Son père, Hans Andersen, un ouvrier cordonnier « que le mirage des guerres napoléoniennes a entraîné loin de sa famille, est un libre-penseur et un songe-creux »[9]. Il appartient à la catégorie la plus humble des artisans, et entre de ce fait dans la catégorie des ouvriers agricoles[10]. Sa mère, Anne-Marie Andersdatter, a été domestique et fille-mère, devenue veuve, elle s'est remariée avec un gantier[9]. La tante de Hans Christian tient une maison de tolérance à Copenhague[11]. Les conditions de vie du futur écrivain sont sordides dans ce minuscule logement de Munkemøllestræde. Mais déjà Andersen idéalise tout dans ses autobiographies, et pour compenser le manque d'affection de sa demi-sœur Karen, il s'invente une sœur idéale qu'il mettra en scène à ses côtés dans La Reine des neiges (Gerda et Kay)[12]. Sa famille l'entoure pourtant de beaucoup d'affection, qu'il s'agisse de son père, sa mère, ou sa grand-mère.
22
+
23
+ Son père, qui s'est engagé dans l'armée de 1812 à 1814, revient malade et meurt en 1816. Sa mère se place comme blanchisseuse. Andersen, qui a été renvoyé de l'école gratuite pour avoir dessiné un curieux château, passe des journées solitaires. Il se construit un petit théâtre, taille des robes pour ses poupées et lit des œuvres dramatiques. Son intérêt pour le théâtre date de cette époque[13]. Il lit William Shakespeare et commence à composer des pièces dont il fait la lecture à sa mère qui le croit fou.
24
+
25
+ Après de brèves tentatives de travail, dans une fabrique de draps, puis une manufacture de tabac, le garçon qui a alors treize ans, une jolie voix, et une immense envie de devenir célèbre (il a lu toutes les biographies de personnages célèbres), est admis au cours d'éducation religieuse du doyen Tetens, avec des enfants d'une classe sociale très supérieure à la sienne[14]. Ses études terminées, il refuse d'entrer en apprentissage chez un tailleur. Seul le théâtre l'intéresse. En 1818, une troupe du Théâtre royal est venue à Odense, et l'année suivante, après avoir rencontré une comédienne, il part pour Copenhague avec ses maigres économies et une lettre d'introduction pour un membre du Théâtre royal. À son arrivée, le 4 septembre 1819, le garçon tombe en pleine émeute antisémite. Plusieurs troubles du même genre ont éclaté dans d'autres villes du Danemark et durent dix jours[15] : on s'en prend aux commerçants juifs. Ce sera le dernier pogrom qu'Andersen évoque dans son livre Rien qu'un violoneux[16].
26
+
27
+ Après plusieurs visites infructueuses au Théâtre royal, il se souvient qu'à Odense, on avait admiré sa voix, et il se rend chez le ténor italien Giuseppe Siboni qui accepte de lui donner des leçons de chant gratuites[17]. Andersen sera désormais très souvent pris en charge par des bienfaiteurs qui sont touchés par sa personnalité peu commune. Le musicien Christoph Weyse, le professeur Frederik Høegh Guldberg, le ténor Siboni, J.M.Thiele (antiquaire), lui offrent soit des leçons, soit de l'argent. Hans Christian a l'habitude d'aller remercier chacun d'eux en leur récitant un de ses textes[18]. Le garçon devient ainsi élève à l'école de danse de 1820 à 1821, l'acteur Ferdinand Lindgreen accepte également de lui donner des leçons d'art dramatique. En mai 1821, c'est au tour du maître de chant du Théâtre royal de le prendre comme élève. Andersen vit de subsides amicaux, et il a réussi à attendrir sa logeuse Madame Thorgeen en lui faisant la lecture. Lui-même commence à écrire sa première pièce : La Chapelle dans la forêt en 1822[19], année où il se produit comme comédien au théâtre pour la première fois de sa vie.
28
+
29
+ Parmi les personnages influents qui ont aidé Andersen à cette époque, on compte Jonas Collin, membre du comité directeur du Théâtre Royal auquel le jeune écrivain a envoyé un petit poème en 1821. En 1822, Collin sera inondé des pièces de théâtre d'Andersen et les refuse toutes. Notamment Les Voleurs de Vissemberg que le jeune homme lui présente le 16 juin 1822, dont une scène sera publiée dans le journal La Harpe le 9 août 1822[20]. Mais Monsieur Collin considère le garçon avec bienveillance. Il estime que son éducation est encore à faire et il demande pour lui une bourse d'études au roi Frédéric VI. Bourse qui est accordée. Andersen entre au collège de Slagelse le 26 octobre 1822 au moment où est nommé un nouveau directeur : Simon Meisling[21] qui sera terrible pour le jeune poète. Le plus terrible pour Andersen est sans doute qu'il a près de dix-huit ans quand il entre dans une petite classe du collège avec des enfants de douze ans[22].
30
+
31
+ À cette époque, la nièce de Jonas Collins, Eline Bredsdorff (sœur de l'arrière-grand-père du biographe d'Andersen référencé ci-dessous) dit de lui :
32
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+ « Il écrit des tragédies et des histoires que de temps en temps il vient nous lire à haute voix. Il y a de bons passages, mais en règle générale, c'est un tissu d'absurdités. Demain, il vient nous faire la lecture, j'attends ça avec impatience en espérant que je pourrai me retenir de rire, mais c'est presque impossible tellement il se comporte de façon grotesque[23] »
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+
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+ De 1822 à 1827, Andersen étudie au collège, écrit un nombre considérable de poèmes, pièces de théâtre, romans, nouvelles.
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+
37
+ Après ces études qui lui paraissent interminables, Andersen rencontre le poète et auteur dramatique Johan Ludvig Heiberg qui fait à l'époque la pluie et le beau temps dans les milieux littéraires[24]. Il s'intéresse au jeune homme et fait paraître quelques-uns de ses poèmes dans son journal Kjoebenhavns flyvende Post (Kjøbenhavnsposten) en 1827 et 1828. Andersen a aussi écrit le poème : L'Enfant mourant que le poète Ludolph Schley a traduit en allemand à Elseneur. Le texte paraît d'abord sans signature dans un journal allemand, puis avec le nom d'Andersen dans le journal d'Heiberg en 1828[25],[26].
38
+
39
+ Déjà très observateur[22], Andersen profite des trajets qu'il doit faire jusqu'à Christianshavn, dans l'île d'Amager, où il prend des cours chez le professeur Müller, pour écrire son premier récit de voyage : Voyage à pied à Amager publié dans le journal de Heiberg en 1828[27]. Ce voyage parfois intitulé « Voyage à pied du canal de Holmen à la pointe Est d'Amager » correspond approximativement à un voyage depuis la place Saint-Michel jusqu'au bois de Boulogne[22]. Le titre exact est « Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d'Amager » (Fodrejse fra Holmens Canal til Østpynten af Amager[9]) orthographié également Fodreise fra Holmens Canal til Østpynten af Amager.
40
+
41
+ Un éditeur lui offre l'année suivante de publier ce voyage, mais Andersen refuse, et il publie son texte à compte d'auteur. L'affaire se révèle un grand succès puisque les exemplaires se vendent aussitôt[28]. Récit baroque dans le style de E.T.A. Hoffmann qu'Andersen admire[29], il y met en scène un personnage monstrueux[30] dans lequel on reconnait le directeur de l'école de Slagelse qu'il avait détesté.
42
+
43
+ « Il y a aussi une allusion indirecte à Meisling, à un moment donné, le poète rencontre le diable sous l'apparence d'un maître d'école : il avait l'air horrible, ses cheveux hirsutes encadraient un visage violacé, ses yeux avaient un éclat verdâtre et toute sa personne attestait qu'il avait singulièrement besoin de prendre un bain[30]. »
44
+
45
+ Encouragé par ce succès, Andersen rédige un vaudeville : L'Amour dans la Tour Saint-Nicolas qui est sifflé et ne reste à l'affiche que trois jours. Le théâtre sera presque toujours un échec pour l'écrivain.
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47
+ En 1829 il obtient un succès considérable avec son premier récit d’Un voyage à pied depuis le canal Holmen jusqu'au point d'Amager, et malgré l'échec de sa farce il commence à avoir une certaine notoriété au moment où ses amis commençaient à désespérer de lui et de ses excentricités[31].
48
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49
+ Andersen publie encore un recueil de poèmes sous le titre Digte en 1830, et travaille en même temps à l'écriture de Le Nain de Christian II, roman historique. Mais tout d'un coup, il tombe amoureux d'une jeune fille, Riborg Voigt (1805-1883), qui apprécie les écrits du jeune auteur, mais qui malheureusement a déjà un fiancé[32],[33], et il laisse tomber son roman historique pour se lancer dans l'écriture de nouveaux poèmes un peu mélodramatiques. Il publie en 1831 Les Mélodies du cœur, puis encore Fantaisies et esquisses la même année.
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51
+ Selon Helge Topsøe-Jensen[34],[35], Andersen aurait exagéré les persécutions dont il était victime dans le monde littéraire. Dans la période 1830-1833, il est beaucoup plus estimé par le public qu'il ne le dit dans ses autobiographies, même s'il subit effectivement des attaques. Johannes Carsten Hauch le représente au théâtre sous les traits de Pierrot. Il subit aussi de vives attaques de la part du poète Jens Immanuel Baggesen[36].
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+ Mais il reconnaît lui-même qu'il est trop susceptible et qu'il a besoin de prendre du recul. Il se lance alors dans son premier grand voyage : Hambourg, Brunswick, les montagnes du Harz, Dresde, Leipzig et Berlin. Ce qui fournira le sujet d'un récit de voyage Skyggebilleder publié en 1831[37]. La production d'Andersen devient alors très abondante si l'on excepte le roman historique qu'il ne terminera jamais. En 1832, il publie un nouveau recueil de poésies Les Douze mois et l'année suivante Poésies complètes, (1833).
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55
+ À cette époque, Andersen est considéré comme membre de la famille Collin, Jonas Collin lui servant de père, son fils Edvard, tenant lieu de frère raisonnable. Il tomba amoureux du fils Collin, mais celui-ci fut dans l'incapacité de lui rendre son amour[38]. Alors graduellement Andersen tombe amoureux de la fille cadette de Collin, Louise, qui devient une jeune fille[39]. Heureusement, l'écrivain a pris le goût des voyages, ce qui le détourne de problèmes sentimentaux.
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+ En 1833, il passe douze jours en Allemagne. Il rend visite au compositeur Ludwig Spohr et à Francfort, il se rend au ghetto juif, dans la rue-même où vit la vieille mère des riches Rothschild. Elle refuse de quitter ces lieux par superstition, elle pense qu'il arrivera malheur à ses fils si elle abandonne sa demeure d'origine. L'un d'eux vit d'ailleurs non loin de là, dans une grande maison, avec valet de pied à l'entrée. Andersen utilise le thème des Rothschild pour son Livre d'images sans images[40],[41].
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+ Le 10 mai, l'écrivain danois est à Paris, ville décevante au premier abord, mais qui le séduit bientôt quand le soleil brille et que l'on fête le troisième anniversaire de la Révolution de Juillet. Il y rencontre le tout-Paris littéraire, mais aussi le compositeur Luigi Cherubini et Heinrich Heine qui aura tant d'influence sur ses écrits[42]. Il quitte bientôt Paris pour un périple en Suisse, dans le Jura (Le Locle) où il écrit un nouveau poème dramatique Agnès et le Triton, peu apprécié de Jonas et d'Edvard Collin qui lui en font la remarque. Andersen, très fâché, répond :« La critique d'Edvard de la première partie d’Agnès et la vôtre, au sujet de la forme négligée, sont les seuls mots que j'ai entendus si loin de chez moi sur une œuvre dans laquelle j'ai mis de grands espoirs et une grande joie, aussi vos propos m'ont affecté profondément[43]. »
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61
+ Mais déjà Andersen est reparti pour l'Italie. Il en revient ébloui et publie ses impressions sous forme d'un roman : L'Improvisateur (1834-1835), deux volumes écrits sous l'influence de Germaine de Staël[44]. Ce roman va lui apporter une gloire internationale, avec des traductions en français, anglais, russe, suédois, néerlandais etc.
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+ L'année suivante (1835) il donne la deuxième livraison de ses contes de fées, puis la troisième en 1837, et le Livre d'images sans images en 1839.
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+ La critique danoise est aussi agressive qu'anonyme pour les contes auxquels elle reproche tout et n'importe quoi. Des articles négatifs paraissent non signés :
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+ « Nul ne peut raisonnablement prétendre que le respect de la vie chez un enfant est encouragé par la lecture d'épisodes comme Grand Claus tuant sa grand-mère et Petit Claus le tuant. Cela est raconté comme s'il s'agissait d'un taureau frappé sur la tête. L'histoire de La Princesse au petit pois frappe la critique comme étant non seulement indélicate, mais parfaitement impardonnable[45]. »
68
+
69
+ On lui préfère les contes moralisateurs de Christian Frederik Molbech, très en vue[46]. Même son ami Johannes Carsten Hauch, quoique bienveillant sur La Princesse au petit pois, dénigre Le Briquet de façon incompréhensible[47]. Selon P.G. La Chesnais « Inspiré du conte des Mille et Une Nuits et du personnage d'Aladin, Andersen aurait ainsi exprimé son sentiment de triomphe après avoir achevé L'Improvisateur[48]. » Pourtant, malgré les réticences de ses compatriotes, ces contes allaient connaître, deux ans plus tard, le succès fulgurant que l'on sait, avec une première traduction illustrée en Allemagne, puis dans le monde entier.
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+
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+ Dans ces années-là, Andersen continue à voyager, à écrire des récits, et alimente encore la série des contes de fées régulièrement. En 1843, il est à Paris, fêté par les meilleures plumes françaises, les sculpteurs (David d'Angers), les artistes, les peintres. C'est d'ailleurs là qu'il fête son anniversaire, personne au pays n'a pensé à le lui souhaiter, ce qui le rend fou de rage[49].
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+ Pendant l'été 1844, Andersen est à Weimar dans la demeure de Freiherr von Beaulieu-Marconnay, grand chambellan du duc de Weimar, en 1846 il est chez le prince Radziwiłł. Mais ce qui le touche le plus, c'est qu'on lui remet cette année-là, dans son pays même, l'importante décoration du Dannebrog, ordre de chevalerie qui remonte au XIIe siècle.
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+ Toutefois, il lui semble que les Collins n'ont pas pris la mesure de sa célébrité et que nul dans son pays n'est fier de lui[50]. Ce qui est totalement injuste comme il va le vérifier par la suite. Après une visite inoubliable en Grande-Bretagne (1847) et un accueil merveilleux, notamment de Charles Dickens[51],[52], il est reçu au Danemark en héros. Malheureusement, le soulèvement du Schleswig-Holstein (qui aboutira à la guerre des Duchés en 1864) assombrit son bonheur. Lors de sa deuxième visite en Grande-Bretagne en 1857, il essaie d'attirer l'attention de ses amis anglais sur le sort de son pays attaqué. Mais il se voit répondre que le Danemark est fort capable de se défendre seul[53].
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+ Du coup, Andersen reprend ses pérégrinations, ses récits : d'abord en Suède, puis en Espagne, et de nouveau à Paris pour l'exposition universelle de 1867. Et il poursuit l'écriture de ses contes, jusqu'en 1872[54].
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+ Le 6 décembre 1867, il avait été nommé citoyen d'honneur de la ville d'Odense[55], ce qui dépasse de loin tous les honneurs dont il a été couvert à l'étranger. Il estime que cette récompense est la plus honorable et la plus diverse. Dans ses Mémoires, il écrit en 1875 :
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+ « J'ai été deux fois à Paris... J'ai été fait conseiller d'État et à Odense, j'ai reçu un hommage qui est parmi les plus rares que ce monde puisse offrir à quiconque[55]. »
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+ Les hommages dans son pays se succèdent ainsi jusqu'à sa mort. Dès 1868, le jeune critique littéraire Georg Brandes vient lui rendre visite et s'intéresse à ses travaux. Rasmus Nielsen (1809-1884), un des enseignants les plus importants de l'Université de Copenhague, commence une série de conférences sur ses contes de fées en 1869[55].
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+ Andersen est maintenant l'homme le plus fêté et le plus choyé du Danemark. Le 6 septembre 1869, qui correspond approximativement au cinquantième anniversaire de son arrivée dans la capitale, ses amis organisent un banquet de deux cent quarante quatre couverts en son honneur[56]. Les voyages lui conviennent moins car il se sent mieux chez lui. Au mois d'octobre de cette même année, il va jusqu'à Toulon, et Nice, mais il écrit qu'il ne s'embarquera plus jamais seul désormais[57]. Le globe-trotter est fatigué. En 1870, il écrit ce qui devrait être son dernier roman : Peer Le Chanceux. Il termine son manuscrit au moment où la Guerre franco-allemande (1870) éclate en France. Andersen écrit dans son journal :
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+ « 15 octobre,- La guerre en France me bouleverse, je souffre d'idées fixes qui me rendent fou ; les horreurs qui se déroulent en France sont perpétuellement devant mes yeux comme si je les vivais moi-même : je vois des baïonnettes qui me percent, des flammes sur la ville, mes amis qui meurent, ou bien je rêve qu'on m'emprisonne[58] ,[59]. »
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+ Le 31 décembre 1870 il écrit : « L'horrible année 1870, pleine de sang[60]. » Andersen se fait maintenant tirer l'oreille pour se déplacer. Il refuse d'abord un voyage en Norvège en 1871, puis il accepte à contrecœur.
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+ Heureux chez lui, Andersen ne vit pourtant pas dans l'aisance, malgré sa notoriété internationale. Les éditeurs étrangers ne lui versent pas d'argent puisqu'il n'y a pas d'accord international sur les droits d'auteur. Andersen n'est payé que s'il publie son manuscrit directement dans un pays, avant d'être édité au Danemark[61]. Ainsi en 1872, lorsque paraît un volume de treize nouveaux contes, huit d'entre eux sont déjà parus aux États-Unis. On y trouve notamment Le Grand serpent de mer, une fantaisie inspirée du câble télégraphique qui relie l'Europe à L'Amérique[62].
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+ En novembre de la même année, il publie ses quatre derniers contes : L'histoire de la vieille Jeanne (ou Ce que racontait la vieille Jeanne), La Clef de la porte (La Clef du portail), L'Infirme (ou l'Éclopé) et Tante Rage-de-dents (ou Tante Pal-de-dents)[63]. Andersen ne voyage plus seul désormais. Il refuse d'aller en Amérique. Mais il rend visite à Ibsen à Dresde, il va ensuite à Vienne, puis à Venise, et il tombe malade pendant l'hiver 1873 auquel il pense qu'il ne survivra pas[64].
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+ Pourtant en mai, il entreprend son dernier voyage en Allemagne et en Suisse en compagnie d'un jeune écrivain danois Nicolaj Boegh (Nicolaj Bøgh).
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+ Il en revient perclus de douleurs. Et malgré le cadeau d'anniversaire du roi qui lui décerne un titre honorifique : Conseiller privé (Konferenceraad), l'écrivain tombe dans un état de mélancolie. De plus, le poète anglais Edmund Gosse, qui souhaite traduire à Londres les derniers contes d'Andersen, se voit opposer un refus catégorique de la part des éditeurs britanniques qui perdent trop d'argent avec la pratique de la contrefaçon, précisément parce que l'auteur est très populaire[65] (à cette époque, plus un auteur était populaire plus grand était le nombre de contrefaçons).
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+ Alors qu'il séjourne au manoir de Bregentved, chez le comte Helmuth Karl Bernhard von Moltke, Andersen reçoit une lettre d'une petite Américaine. Le pli contient un dollar et une coupure de presse où on lance un appel aux enfants d'Amérique pour aider le vieil écrivain à vivre correctement. On y explique que les droits d'auteur qu'on lui verse sont insuffisants[66]. Andersen est très embarrassé, d'autant plus que l'Amérique est le seul pays qui le rémunère. Il cherche à arrêter cette collecte. Mais les lettres d'admiration pleuvent et c'est un véritable raz de marée qui est déclenché aux États-Unis en sa faveur. Andersen, très ému, en perd le sommeil[67] : il veut expliquer qu'il n'est pas dans le besoin, mais ses amis lui conseillent d'attendre. Une souscription nationale est lancée en sa faveur[67]. Finalement l'auteur des contes de fée envoie un message au rédacteur en chef du Philadelphia Evening News pour dissiper le malentendu, mais l'opération dette des enfants a pris une telle ampleur que rien ne l'arrête. L'épisode se termine par un envoi à Andersen d'une somme de deux cents dollars accompagnée d'un luxueux ouvrage en deux volumes illustrés : Picturesque America[68].
100
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+ En cette dernière année de sa vie, Andersen est contrarié par des tracasseries. Voulant imiter l'Amérique, le Danemark tente de lancer la même opération en faveur de l'écrivain. Mais ses ennemis s'empressent de tourner l'opération en dérision. Il y a aussi la collecte d'argent pour ériger sa statue, les ébauches du sculpteur August Saabye qui ne lui conviennent pas.
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+ Son seul plaisir est d'être invité régulièrement à la table de la famille royale avec les enfants du roi. Le vieil homme est épuisé, il tombe malade le 22 mai, et il ne se relèvera pas, victime "d'un cancer du foie"[69]. Le 4 août 1875, sa fidèle amie Madame Melchior, qui a continué à tenir son journal sous sa dictée, écrit :
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+ « À présent la lumière s'est éteinte. Quelle mort heureuse ! A 11h05, notre cher ami a rendu son dernier soupir[70]. »
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+ Andersen est enterré à Copenhague où il repose dans le cimetière Assistens.
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+ À partir de 1843, l'écrivain s'est défendu d'avoir écrit ses contes seulement pour les enfants. Pourtant les recueils publiés de 1832 à 1842 en six brochures, portent bien le titre : Contes pour enfants, titre qu'il ne reprendra pas, une fois la gloire venue, dans sa deuxième série de 1843-1848[44].
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+ « Andersen écarte pour commencer les modèles livresques en puisant son inspiration dans les contes qu'il a entendus dans son enfance, et s'adressant d'abord aux enfants (Il raconte lui-même, toute sa vie, des contes aux enfants, en les animant avec des papiers découpés). Il sait trouver un style parlé et vif, garder la saveur de la tradition populaire tout en l'affinant pour évoluer ensuite vers des créations originales[44]. »
112
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113
+ Tous ses biographes s'accordent à dire que la renommée d'Andersen repose entièrement sur ses histoires et contes de fées. « Ils ont été traduits dans plus de cent langues et on en republie encore des millions… Mais il importe de bien prendre conscience que lorsqu'on parle des contes de fées d'Andersen, tout le monde ne parle pas nécessairement des mêmes contes. Beaucoup restent encore peu connus au Danemark. Parmi les trente plus connus, on trouve les premiers contes publiés entre 1835 et 1850[71]. »
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+
115
+ Ce phénomène de conteur était très nouveau à l'époque en littérature, et si Andersen s'attira la sympathie des cercles intellectuels dans tous les pays, c'est parce qu'il venait d'inventer un genre qui se confondait avec la poésie[72].
116
+
117
+ Les cent cinquante-six contes d'Andersen ont tous été traduits en français, mais les titres varient d'une édition à l'autre. Ainsi
118
+ Le Stoïque Soldat de plomb, peut devenir L'Intrépide soldat de plomb ou L'Inébranlable soldat de plomb[73]. La Petite Sirène porte aussi le titre de La Petite ondine[74].
119
+
120
+ La Petite Fille aux allumettes a une histoire particulière. Le 18 novembre 1845, alors qu'Andersen est l'hôte du duc d'Augustenborg et vit dans une extrême abondance, il est prié d'écrire un conte dans une lettre où on lui envoie trois illustrations à choisir. Il prend une gravure sur bois représentant une petite fille tenant un paquet d'allumettes soufrées. La petite lui rappelle, par contraste avec la vie princière qu'il mène maintenant, la misérable vie de sa grand-mère enfant, qu'on avait envoyée mendier et qui avait passé toute une journée sous un pont sans manger. Il avait déjà traité ce sujet dans Le Sanglier de bronze, mais il le reprend en plus austère. Son biographe précise que la maison même qu'il habite à Odense forme un renfoncement avec la maison voisine et qu'une petite fille s'y abrite réellement[75],[76].
121
+
122
+ Le Vilain Petit Canard est sans doute le plus inconsciemment autobiographique de tous les contes d'Andersen. Conçu en juillet 1842, après l'échec de sa pièce de théâtre L'Oiseau dans le poirier, qui fut sifflée à la première du 4 juillet de la même année, le Petit Canard commencé fin juillet paraît en octobre de l'année suivante. Andersen y a passé en revue les principales périodes de sa vie, de son enfance à Odense, les années d'étude, l'intimité dans la famille Collin. La poule incarne Madame Drewsen, fille aînée de Jonas Collin[77].
123
+
124
+ L'Escargot et le rosier, (1862) fait aussi partie des contes autobiographiques, inspiration qu'Andersen lui-même revendique : « Ce conte fait partie des contes vécus[78] ». Hans Brix et Anker Jensen précisent : « Le point de départ de l'histoire est une dispute avec Jonas Collin qui accompagnait Andersen dans son voyage à Rome[79]. »
125
+
126
+ La Petite Sirène, paru en 1837, bien que non revendiqué comme tel, est considéré par la critique comme un conte autobiographique, qui illustre son amour impossible pour Édouard Collin, le renonçement aux relations sexuelles et l'homosexualité refoulée de l'auteur, quoique celle-ci est parfois remise en cause pour une bisexualité[38],[80],[81].
127
+
128
+ Andersen commence relativement tard (1835) à publier des contes si l'on considère le volume des pièces de théâtre, et autres récits qu'il a écrits auparavant. C'est parce qu'à cette époque-là, le conte n'est pas un genre littéraire. « Les seules affaires d'importance dans la société danoise, au moment des débuts d'Andersen, sont la littérature et la religion. Les grands évènements sont les livres nouveaux, les pièces nouvelles, et le monde littéraire danois est dominé par l'autorité croissante de Heiberg[82]. »
129
+
130
+ Andersen lui-même ne considère pas le conte comme un genre littéraire puisqu'il le déguise sous forme de poème dans un recueil paru en 1830. Sous le titre Le Revenant, il publie un texte qu'il remaniera plus tard et qui paraît en 1835 sous le titre Le Compagnon de voyage dans son premier recueil de contes[82]. Pourtant il a bel et bien créé un genre, car, contrairement à Jacob et Wilhelm Grimm, il n'est pas un compilateur de contes populaires[83], mais un créateur. Le conte est pour lui un mode naturel d'expression, un talent dont Georg Brandes pense « qu'il faut du courage pour l'exprimer librement et aisément[84]. »
131
+
132
+ Son inspiration provient de trois sources principales :
133
+
134
+ Des trois sources, il tire des éléments féériques ou fantastiques[89].
135
+
136
+ Jean-Michel Adam et Ute Heidmann dans leur étude des quatre premiers contes du Premier cahier de 1835 insistent sur la façon dont Andersen réinvente le genre du conte dans un dialogue avec les Grimm (exemples de La Princesse au petit pois et du Briquet), avec le genre du fabliau (pour Le petit Claus et le grand Claus) et, à la fois, le conte fantastique comme Casse-Noisette et le Roi des souris d'E.T.A. Hoffmann et le genres des contes étiologiques (pour Les fleurs de la petite Ida) (Adam & Heidmann 2009)[90]
137
+
138
+ Au théâtre, Andersen connaît de nombreux déboires dès son premier essai en 1828 avec un vaudeville intitulé : L'Amour dans la Tour Saint-Nicolas qui est sifflé et ne reste à l'affiche que trois jours. Autre échec retentissant : La Jeune mauresque qui n'est acceptée qu'après de longues tractations (30 octobre 1840) avec l'actrice, madame Heiberg, qui refuse le rôle principal. Les années 1839 et 1840 sont particulièrement éprouvantes pour lui. Il décrit ses tribulations dans ses Mémoires : « Pendant de nombreuses années, le théâtre a été la cause de beaucoup d'amertume dans ma vie[91]. »
139
+
140
+ Ses œuvres précédentes ont été pourtant assez bien accueillies : Séparation et retrouvailles (comprenant deux pièces distinctes : Les Espagnols à Odense et Vingt ans plus tard), (1836). Et plus tard son vaudeville l'Homme invisible de Sprögo, présenté au Théâtre royal en juin 1839 fait salle comble pendant assez longtemps[92].
141
+
142
+ Mais par la suite, il n'obtient qu'un succès éphémère dans Le Mulâtre, présentée le 3 février 1840, et dont le sujet lui a été fourni par une nouvelle de Fanny Reybaud : Les Épaves[92]. C'est d'abord un grand triomphe populaire. Mais, lorsqu'un journal de Copenhague publie la traduction danoise de la nouvelle française, la pièce n'est plus considérée comme un drame romantique original. La note dans laquelle Andersen reconnaissait sa dette envers l'auteur français a été omise par l'éditeur danois[92]. Cette même année, l'Album sans image pourtant considéré comme charmant ne retient pas davantage le public. Andersen ne persiste d'ailleurs pas longtemps dans la voie du théâtre.
143
+
144
+ Dans Mit Livs Eventyr, Andersen reconnaît qu'il s'est fourvoyé :
145
+
146
+ « Les torts sont peut-être miens, ou peut-être pas, peu importe : le public m'était hostile, j'étais sans cesse manipulé et mal traité. Je me sentais blessé... mal à l'aise chez moi. Je laissai la pièce suivre sa destinée et je me hâtai de partir en voyage[93]. »
147
+
148
+ . Et en effet, le 30 octobre 1840, il n'assiste pas à la première représentation de La Jeune mauresque, et il part le lendemain[94].
149
+
150
+ Il se consacre dès lors aux contes, récits de voyages, nouvelles, dessins et papiers découpés qui lui assurent une plus grande notoriété[95].
151
+
152
+ Andersen avait un don de dessinateur qui reste peu connu du grand public. Bien qu'il n'ait jamais pris de cours de dessins, il faisait de nombreux croquis au crayon ou à la plume. Surtout pendant ses voyages à l'étranger. Les esquisses tenaient lieu de souvenir et lui permettaient de se rappeler les paysages qu'il avait vus[96]. Son tout premier dessin date de 1831 et représente le château de Regenstein en Allemagne. Et d'autres esquisses encore plus nombreuses ont été réalisées en 1833-1834[96], lors de son voyage en Suisse dans les montagnes neuchâteloises au Locle, mais aussi à Rome, Naples.
153
+
154
+ De Rome il écrit à Edvard Collin : « A Rome, tous les artistes m'encouragent en raison de ma bonne perception; quoi qu'il en soit, mes nombreuses esquisses (déjà plus de cent) sont pour moi un trésor qui me donnera beaucoup de plaisir chez moi[96]. ». En tant qu'artiste, Andersen peut être, selon Kjeld Heltorf, rattaché aux naïfs[97]. Il reste 70 esquisses au crayon et 250 dessins à la plume sur l'ensemble de ses dessins.
155
+
156
+ Un autre talent d'Andersen, plus connu, est son habileté à produire des découpages en papier, notamment des silhouettes dont 1 500 ont été conservées par Sir Henry Dickens (1849-1933) qui avait huit ans en 1857, quand Andersen a séjourné chez son père Charles Dickens[97]. Pour Andersen on peut parler de contre-silhouette puisqu'il les réalisait le plus souvent de face et sur papier blanc[réf. nécessaire]. Les motifs extrêmement raffinés et fantaisistes sont souvent repris au Danemark. Rigmor Stampe[98] (qui sera la femme du compositeur danois Victor Bendix) écrit au sujet de ces découpages :
157
+
158
+ « Ils étaient très importants pour les enfants de la famille. Tout en parlant, Andersen pliait une feuille de papier, laissait les ciseaux aller et venir en faisant des courbes, puis il dépliait le papier, et il y avait des figures. C'était, si l'on peut dire, de petits contes de fées, non des illustrations pour ses contes écrits, mais des expressions de la même imagination. Il s'en tient à une série limitée de motifs qu'il ne cesse de répéter. Ses sujets sont principalement des châteaux, des cygnes, des lutins, des anges et autres personnages imaginaires[97]. »
159
+
160
+ Bien que la valeur des romans d'Andersen ait été occultée par l'énorme succès de ses contes, et diminuée par les critiques de ses contemporains, une relecture moderne permet de les éclairer sous un jour nouveau. Johan de Mylius considère que l'écrivain a fait « œuvre de pionnier » en introduisant au Danemark le genre moderne du roman contemporain contrairement aux jugements négatifs portés sur lui par Kierkegaard[99],[100].
161
+
162
+ Selon la compilation réalisée par P.G. La Chesnais, Andersen a écrit cent cinquante six contes[101]. Voir la liste
163
+ intégrale dans l'article détaillé :
164
+
165
+ En juillet 1869, Georg Brandes fait paraître un long essai sur Andersen intitulé : « H.C. Andersen, auteur de contes de fées » dans le journal Illustreret Tidende qui commence ainsi : « Il faut du courage pour avoir du talent. On doit oser se fier à sa propre inspiration, on doit accepter l'idée de votre cerveau est sain, on doit s'appuyer sur la forme qui vous vient naturellement, même si elle est nouvelle, elle a le droit d'exister. (…) Cela exprime de façon confiante le droit qu'a un homme de talent de choisir de nouveaux matériaux, d'établir de nouvelles formes, jusqu'à ce qu'il trouve pour sa construction un emplacement tel que, sans se mettre à la torture, il puisse utiliser toute sa force et s'exprimer librement et aisément. Un tel site pour ses constructions, H.C.Andersen l'a trouvé dans le conte de fées[102]».
166
+
167
+ Son contemporain et compatriote Søren Kierkegaard (1813-1855) se lance dans une critique dévastatrice du roman qu'Andersen a publié en 1838 au Danemark : Rien qu'un violoneux et qui est réédité avec O.T. en Angleterre en 1845. Dans Extraits des papiers d'une personne encore vivante, publiés contre sa volonté (1838), avec pour sous-titre : « Sur Andersen comme romancier avec un constant regard sur son œuvre la plus récente (Rien qu'un violoneux)[103] », seul ouvrage de Kierkegaard traduit en anglais, on trouve une critique considérée comme injuste de nos jours[103]. Il dit au sujet du personnage principal du livre :
168
+
169
+ « Ce qui périt dans le roman d'Andersen, ce n'est pas un génie qui lutte, mais un pleurnicheur à qui on a dit qu'il était un génie et qui partage seulement avec le génie le fait qu'il souffre. »
170
+
171
+ Cependant le livre de Kierkegaard a peu attiré l'attention, de même que celui d'Andersen et on disait à l'époque qu'ils étaient l'un et l'autre les seuls à les avoir lus[104].
172
+
173
+ En janvier 1848, Charles Dickens écrit à Andersen : « J'ai lu et relu cette histoire (la vieille maison) avec le plus indicible plaisir... Revenez bientôt en Angleterre ! Mais quoi que vous fassiez, ne cessez pas d'écrire, car nous ne pouvons nous payer le luxe de perdre aucune de vos pensées. Elles sont trop purement et simplement belles pour être gardées dans votre tête[105]. »
174
+
175
+ En 1882, August Strindberg dans une dédicace à sa fille Anne-Lise écrit :
176
+
177
+ « En Suède, nous ne disons pas Hans Christian, mais seulement Andersen, car nous ne connaissons qu'un seul Andersen. Il est l'Andersen de nos parents, de notre enfance, de notre âge adulte, de nos vieux ans... Dans les contes d'Andersen, j'ai découvert l'existence d'un autre monde, d'un âge d'or tout de justice et de compassion, dans lequel les parents n'avaient pour leurs enfants que des gestes de tendresse... une chose que je n'avais jamais connue jusque-là projetait une douce lumière sur la pauvreté même et la résignation : lumière qui est connue sous le nom bien désuet aujourd'hui d'AMOUR[106]. »
178
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179
+ Andersen a laissé à ses contemporains l'image d'un gaffeur qui est restée longtemps attachée à sa personnalité hypocondriaque[107], ou maladroite. Dans ses Mémoires sur Andersen, Jonas Collin rapporte qu'à Londres, Dickens avait conseillé à Andersen de noter le nom de la rue où il habitait sur un morceau de papier. Ainsi, s'il se perdait, il pourrait demander son chemin. (L'écrivain danois parlait très peu d'anglais). Andersen suivit le conseil de son ami, et au coin de la rue, il nota les mots suivants : « Ne rien afficher (Stick no bills) ». Évidemment, il perdit son chemin, montra ses notes à un agent qui le prit pour un fou, et l'emmena au commissariat de police. Il fallut que le consul du Danemark vienne le tirer de là en expliquant qu'il n'était pas fou[108].
180
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181
+ Simon Leys lui rend hommage dans son recueil Essais sur la Chine où il réunit un ensemble de textes dont le plus fameux est Les Habits neufs du président Mao. Il montre comment Mao, écarté du pouvoir après l'échec du grand bond, a repris les commandes avec la révolution culturelle, en manipulant la jeunesse. Le titre est issu de Les Habits neufs de l'empereur, Simon Leys place d'ailleurs en exergue la phrase-clé du conte d'Andersen en citant l'auteur : « -Mais papa, l'Empereur est tout nu ! s'écria l'enfant - Hans Cristian Andersen - Les Habits neufs de l'empereur[109] »
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+ L'empereur est nu, essai de William Olivier Desmond, Isabelle Chapman, Marie-Claude Elsen, et Jack Herer, publié en 1985 fait aussi référence au conte Les Habits neufs de l'empereur. L'ouvrage propose de la réhabilitation du chanvre puisqu'on ne peut arrêter sa production[110].
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+ Le Roi est nu est aussi le titre d'un livre de Laurent Joffrin[111] qui fait encore référence au conte d'Andersen les Habits neufs de l'Empereur, soulignant le peu de marge de manœuvre économique de Nicolas Sarkozy.
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+ D'une manière générale, la formule Le Roi est nu ou L'Empereur est nu est passée dans le langage courant pour souligner des apparences trompeuses ou un manque de pouvoir inavoué.
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+ La maison où il a passé son enfance dans sa ville natale d'Odense se visite, et à Copenhague on ne compte plus les statues à son effigie. Sur Rådhuspladsen, la place de l'Hôtel de ville, il a son musée : le « H.C. Andersen eventyrhuset » (H.C. Andersen la maison des contes de fées), où l'on peut déambuler dans les rues de l'Odense du XIXe siècle avant d'entendre conter ses histoires au travers de dioramas animés.
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+ Au sud des Pays-Bas, le parc d'attractions Efteling abrite (entre autres) le bois des contes dans lequel on peut voir les œuvres de H. C. Andersen s'animer.
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+ Les contes d'Andersen ont donné lieu à de nombreuses adaptations théâtrales, des dessins animés, des comédies musicales, des ballets.
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+ Notamment La Petite Sirène a été adaptée :
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+ Les adaptations des autres contes sont mentionnées sur la fiche de chaque titre.
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+ Les médias évoluent et les contes s’adaptent aux nouveaux moyens de communication et nouveaux supports. Désormais grand nombre de contes sont traités en version « Livre audio ».
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200
+ (Liste non exhaustive)
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202
+ Traduction de David Soldi, 49 contes traduits.
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204
+ Traduction d'Ernest Grégoire et Louis Moland, illustré par Yan' Dargent, 90 contes traduits.
205
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206
+ Traduction d'Étienne Avenard, 56 contes traduits.
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210
+ Le texte des contes est aujourd'hui dans le domaine public.
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+ Giacomo Leopardi, né le 29 juin 1798 à Recanati (États pontificaux) et mort le 14 juin 1837 à Naples (Royaume des Deux Siciles), est un écrivain, poète et philosophe italien, souvent considéré comme le deuxième plus célèbre et influent écrivain italien après Dante Alighieri.
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+ La qualité lyrique de sa poésie lui a donné une influence internationale sur les générations suivantes. Sa méditation métaphysique et lyrique sur le tragique de l'existence en fait un précurseur de Schopenhauer, de Nietzsche, de Freud, de Cioran.
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+ Le débat sur l'œuvre de Leopardi à partir du XXe siècle, notamment par rapport à la pensée existentialiste entre les années 1930 et 1950, a conduit les exégètes à approfondir leur analyse philosophique du contenu et de la signification de ses textes. Bien que rendus surtout dans les œuvres en prose, ils trouvent des correspondances précises au niveau lyrique dans une ligne unitaire d'attitude existentielle. La réflexion philosophique et l'empathie poétique font que Leopardi, comme Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche et plus tard Kafka, peut être considéré comme un existentialiste ou au moins un précurseur de l'existentialisme.
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+ Fils aîné du comte Monaldo Leopardi (en) et de la marquise Adélaïde Antici, Giacomo Leopardi est issu d'une famille noble de province. Son éducation est rigide et religieuse, sa santé très délicate (il est bossu) ; sa vie à Recanati est monotone. Le jeune Leopardi mène une vie solitaire dans la bibliothèque paternelle dont il dévore les ouvrages, tout en souhaitant constamment que la mort le délivre : « Je suis mûr pour la mort[1]. »
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+ Il est perçu dans le monde littéraire comme « poète du pessimisme », comme l'illustre le célèbre vers d'Alfred de Musset : « Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi ». Ses ouvrages en prose traduisent également cet état d’âme : Petites Œuvres morales (Operette morali, 1826-1827), Les Cent Onze Pensées (Cento undici pensieri, posthume, 1845) et son énorme journal philosophique, le Zibaldone, paru de façon posthume en 1900.
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+ Leopardi s'adonne à la philologie dès l'âge de quinze ans. À seize ans, il annote La Vie de Plotin par Porphyre de Tyr et écrit un essai sur Les erreurs populaires des anciens.
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+ À vingt ans, il écrit Premier Amour à la suite d'une désillusion amoureuse. Sa disgrâce physique et sa pauvreté affectent sa vie.
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+ Durant cette même période, il fait la connaissance de Pietro Giordani ; mais les espoirs déçus que cette amitié suscite précipitent sa rupture avec la foi religieuse. Giordani, moine émancipé, n'a pas perçu le besoin de Leopardi d'avoir un ami qui le sorte de sa solitude. La foi de Leopardi chavire, ses opinions philosophiques changent radicalement, ce qui l'oppose à son père, lui-même écrivain. La maison familiale, qu'il ne parvient pas à quitter, lui devient insupportable (« abborrito e inabitabile Recanati »).
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+ Dans une lettre du 6 mars 1820, Leopardi relate un rêve à Giordani : « Ces luttes de l'esprit et de l'âme, ce moment précis où la crise éclate dans toute son intensité et l'on s'aperçoit tout à coup que l'on vient de franchir la limite cruciale entre la foi et le doute… »
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+ C'est une conception identique de la vie qui émerge, au même moment, chez Leopardi confiné dans sa petite ville de Recanati et chez le philosophe allemand Schopenhauer. Ces deux hommes ne se sont jamais rencontrés ni écrit, et Leopardi n'a pas lu le livre de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. Leopardi résume sa philosophie du pessimisme dans le concept d'« infelicità ». Leopardi n'écrit pas pour propager ses idées ; il chante en poète son mal de vivre et en tire une vision de la condition humaine. Il ne veut pas adhérer à l'école des lyriques et des désespérés qui l'ont réclamé pour leur frère. Il ne veut pas du désespoir intellectuel et garde sa liberté de pensée.
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23
+ Il voyage beaucoup mais ses ressources financières sont faibles. Au mois d'octobre 1822, sur les instances de quelques amis, il quitte Recanati pour Rome. Il rencontre des amis — Barthold Georg Niebuhr, ministre de Prusse à la cour pontificale, Alessandro Manzoni, le baron Christian Cari Josias Bunsen (1791-1860), diplomate, archéologue et historien, successeur de Niebuhr comme ministre de Prusse, Johann Gothard Reinhold (1771-1838), ministre de Hollande, bibliothécaire d'Angelo Mai — et se fait des ennemis — le bibliothécaire Guglielmo Manzi. Il ne trouve pas de situation stable, refuse d'entrer en prélature et ne se résout pas à un emprunt qui aurait amélioré sa condition. Il ne demande rien à son père qui ne lui propose aucune aide financière. Tout juste Leopardi opte-t-il pour du travail d'édition et se voit-il chargé de dresser le catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque Barberine. Les quelques voyages hors de la maison familiale seront brefs, à Bologne, Pise ou Florence. Ses lectures sont impressionnantes, tant par l'étendue et la variété que par sa capacité de pénétration[2].
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+ Son patriotisme apparaît dans ses poèmes À l’Italie, Sur le monument de Dante (1818) ou À Angelo Mai (1822). Il est fasciné par la gloire passée de l'Italie mais, après Dante, Le Tasse et Alfieri, ne lui voit plus aucun avenir et condamne la France pour avoir envoyé à la mort les légions italiennes durant la campagne de Russie. Dante a préféré l'enfer à la Terre, et Leopardi lui-même, dans le poème Paralipomènes de la Batrachomyomachia, décrit de façon sarcastique sa propre descente aux enfers.
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+ Brutus le Jeune (1821) est une illustration du pessimisme de Leopardi ; Brutus était le dernier des anciens sages et il ne reste après lui aucune noble espérance. Leopardi s’oppose aux romantiques dans son Discours sur la poésie romantique (1818) et découvre un an plus tard la philosophie sensualiste du Siècle des Lumières qui influencera considérablement son œuvre. Il chante le néant de l’homme face à la nature avec Le Genêt ou la Fleur du désert, et son désespoir dans La Vie solitaire (1821), L'Infini (1819) et À Sylvie (1828) .
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+ Leopardi, dès son enfance, cherche à atteindre la « gloire des lettres ». Il se réfugie pour cela, dès l'âge de dix ans, dans la grande bibliothèque de son père, où il passe « sette anni di studio matto e disperatissimo » (sept années de études folles et désespérées) au cours desquelles il apprend seul le latin, le grec, l'hébreu et plusieurs langues modernes dont l'anglais et le français.
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+ Les premières œuvres sont des produits de pure érudition classique et des traductions philologiques que l’on appelle « puerilia ».
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+ C’est en 1816 que Leopardi traverse une première période de transformation poétique, appelée par les critiques « conversion littéraire », c'est-à-dire un passage de l’érudition au sentiment philosophique du beau.
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+ Une deuxième conversion se produit en 1819, celle-ci est la « conversion philosophique », marquée par le passage du beau au « vrai ». Leopardi se rend compte de la nullité des choses humaines ; il écrit dans le Zibaldone « nel nulla io stesso » (« dans le néant moi-même »).
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+ Il est atteint en 1819 par une ophtalmie qui l'empêche de lire et le conduit à une tentative de suicide.
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39
+ En 1822, Leopardi s’échappe du « natio borgo selvaggio » (« bourg sauvage natif », c'est-à-dire Recanati). Il se rend à Rome mais la ville le déçoit et il parcourt toute l’Italie : Milan, Florence, Pise, Naples.
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+ Cette première période, jusqu’en 1822, est caractérisée par une production littéraire constituée notamment par des chansons patriotiques (All’Italia) et des idylles (du nom des œuvres du grec Moschus, que Leopardi avait traduites en 1815).
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+ En 1824, il fait paraître à Bologne dix grandes Canzoni (Chansons) accompagnées de précieuses notes, où se dessine une poétique originale, appuyée sur sa réflexion approfondie de la langue italienne au tournant du XIXe siècle (et du premier Romantisme) ; une édition bilingue, procurée par Jean-Charles Vegliante, est éditée par Le Lavoir St. Martin, Paris, 2014.
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+ D'après Perle Abbrugiati, l'œuvre de Leopardi se déploie dans une tension entre « un matérialisme philosophique rigoureux et un désir de finalité permanent »[3]. Selon elle, peuvent être repérés trois principes dans cette écriture : tout d'abord un principe de dérision qui provient de la frustration du désir de sens — déjà Schopenhauer écrivait en 1840, dans la troisième édition du Monde comme volonté et comme représentation, « Leopardi peint à chaque page la dérision et la misère de notre existence » —, puis un principe de nostalgie selon lequel toute philosophie est nostalgie d'une illusion de sens, et enfin un principe de jeunesse en vertu duquel sont rejetées aussi bien l'immaturité que la résignation.
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+ Leopardi écrit : « Les œuvres de génie ont le pouvoir de représenter crûment le néant des choses, de montrer clairement et de faire ressentir l'inévitable malheur de la vie, d'exprimer les plus terribles désespoirs, et d'être néanmoins une consolation pour une âme supérieure accablée, privée d'illusions, en proie au néant, à l'ennui et au découragement ou exposée aux peines les plus amères et les plus mortifères. En effet, les œuvres de génie consolent toujours, raniment l'enthousiasme et, en évoquant et représentant la mort, elles rendent momentanément à l'âme cette vie qu'elle avait perdue. »
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+ Gibraltar (de l'arabe « جبل طارق », « Djebel Tariq », « le mont de Tariq » du nom de Tariq ibn Ziyad) est un territoire britannique d'outre-mer[3], situé au sud de la péninsule Ibérique, en bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l'océan Atlantique. Il correspond au rocher de Gibraltar et à ses environs immédiats et est séparé de l'Espagne par une frontière de 1,2 kilomètre.
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+ Gibraltar est possession du Royaume-Uni depuis 1704. Les forces armées britanniques y conservent une présence relativement importante.
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+ Gibraltar est revendiqué par l'Espagne et ce, bien que la majorité de sa population soit attachée à rester britannique[4],[5]. La question de Gibraltar est une cause majeure de dissension dans les relations hispano-britanniques.
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9
+ Jusqu'en janvier 2020, Gibraltar faisait partie de l'Union européenne (dans le cadre de laquelle il bénéficiait d'un statut spécial[6]) mais pas de l'espace Schengen[7]. Ce statut est modifié à la suite du Brexit, conséquence de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne qui a été déclenchée le 29 mars 2017 à la suite du référendum du 23 juin 2016 organisé sur l'ensemble du territoire britannique[8]. Les résultats locaux d'une consultation menée en octobre 2016 montrent que 96 % des Gibraltariens souhaitent obtenir un statut spécial leur permettant de rester au sein de l'UE[9].
10
+
11
+ Le territoire de Gibraltar comporte plusieurs sites ayant été occupés par les Néandertaliens. Le site de la carrière de Forbes a d'ailleurs livré, en 1848, le premier crâne correspondant à cette espèce, lequel n'a toutefois été reconnu comme tel qu'après la découverte du site de la vallée de Néander en Allemagne, vers 1856. Le site de la grotte de Gorham a également livré des industries moustériennes qui pourraient être parmi les plus récentes.
12
+
13
+ D'après la mythologie grecque, c'est Héraclès qui a érigé les colonnes d'Hercule composées des deux promontoires séparant l'Afrique de l'Europe : le mont Calpé en Europe et djebel Musa en Afrique. Dans l'Antiquité grecque, le rocher est aussi associé à Briarée, un des Hécatonchires.
14
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15
+ Avant la conquête musulmane, le rocher de Gibraltar était appelé mont Calpé. Au début du VIIIe siècle, dans le cadre de la conquête musulmane de l'Espagne wisigothique, le chef Tariq ibn Ziyad y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au rocher.
16
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17
+ Le site est conquis, en 1309, par le royaume de Castille, puis repris par le général mérinide Abd-el-Melek en 1333 expulsant les Castillans. En 1374, les Mérinides cèdent le rocher au royaume de Grenade. Gibraltar est définitivement reconquis par Ferdinand V en 1492.
18
+
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+ Ce territoire espagnol est pris par les forces anglo-néerlandaises de l'amiral George Rooke le 25 août 1704 et sa propriété (mais pas la souveraineté) est confirmée et reconnue par l'Espagne par le traité d'Utrecht en 1713. Une tentative espagnole pour reprendre Gibraltar a lieu de 1779 à 1783, lorsque l'Espagne déclare la guerre au Royaume-Uni dans le cadre de son alliance avec la France au cours de la guerre d'indépendance américaine. Cette période, connue sous le nom de « Grand siège », dura 3 ans.
20
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+ En 1805, une épidémie de fièvre jaune tue un tiers des Gibraltariens.
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23
+ Au début des années 1960, le gouvernement espagnol a soulevé la « question de Gibraltar » devant le Comité des Nations unies pour la décolonisation et l'Assemblée générale a adopté les résolutions 2353[10] de 1967, qui demandent le début des pourparlers entre l'Espagne et le Royaume-Uni pour mettre fin à la situation « coloniale » de Gibraltar tout en préservant les intérêts du peuple de Gibraltar. En réponse à ces résolutions, les autorités de Gibraltar ont fait appel du droit à l'autodétermination et le Royaume-Uni a organisé un référendum d'autodétermination le 10 septembre 1967 pour les Gibraltariens, dans lequel 99,64% des électeurs ont exprimé leur volonté de rester sous la souveraineté britannique. Quelques mois plus tard, en mai 1968, afin de protester contre ce référendum, le général Franco fait fermer la frontière entre l'Espagne et le rocher[11], qui ne rouvrira que le 1er janvier 1985 à minuit[12].
24
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25
+ Gibraltar fait partie de l'Union européenne de 1973 à janvier 2020, conformément au traité d'adhésion du Royaume-Uni, mais y bénéficie d'un statut spécial. Gibraltar n'est en effet pas soumis à l'obligation de prélever la TVA, et n'est pas non plus membre de l'union douanière. En outre, la politique commerciale de l'Union européenne, la politique agricole commune et la politique commune de la pêche ne sont pas applicables à Gibraltar.
26
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27
+ L'Espagne revendique aujourd'hui toujours la même position, à savoir qu'elle exige le départ des Britanniques, et que le territoire lui soit rendu, avec abrogation des accords datant du XVIIIe siècle. L'Espagne n'est pas contre un statut d'autonomie du territoire, allant jusqu'à s'inspirer du statut de Hong Kong, la colonie britannique restituée à la Chine en 1997.
28
+
29
+ Lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016, les Britanniques ont décidé par référendum de quitter l'Union européenne, l'Espagne en a profité pour relancer les pourparlers en vue de la récupération du territoire cédé aux Britanniques en 1713. Le chef de la diplomatie espagnole Alfonso Dastis propose de nouveau la souveraineté partagée du rocher (déjà rejetée en 2002). Il indique que cette offre n'est pas conditionnée aux accords entre l'Union européenne et le Royaume-Uni pouvant intervenir dans le cadre du Brexit[13].
30
+
31
+ Le territoire a une superficie de 6,8 km2. Il possède une frontière terrestre avec l'Espagne longue de 1 200 m (la deuxième plus courte frontière terrestre du monde[14]), et 12 km de côtes : il y a deux côtes, la côte est (East Side), où se trouvent deux baies, Sandy Bay (en) et Catalan Bay (en), et la côte ouest (West Side), où vit la majorité de la population.
32
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33
+ Le climat méditerranéen favorise une végétation résistante de garrigue, maquis et pinède.
34
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35
+ Le point culminant est le rocher de Gibraltar (rocher calcaire culminant à 426 m), réserve naturelle peuplée par des macaques berbères, les seuls singes sauvages d'Europe.
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37
+ Gibraltar n'a pas de ressources naturelles exploitées ; cependant, une usine de dessalement est aujourd'hui active à l'intérieur du Rocher.
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+ Gibraltar est un des territoires les plus densément peuplés au monde avec 4 290 hab./km2.
40
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+ Plus de 500 espèces de plantes à fleurs poussent sur le rocher de Gibraltar. Gibraltar est l’unique endroit où l’Iberis gibraltaricaIberis gibraltarica, une espèce de crucifères à fleurs blanches, pousse dans la nature en Europe. Cette plante originaire d’Afrique du Nord est le symbole de la réserve naturelle du rocher de Gibraltar. L'olivier et le pin sont parmi les espèces qui poussent le plus communément sur le Rocher.
42
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43
+ La majorité du Rocher est couverte par la réserve naturelle qui est l’habitat naturel de quelque 230 macaques de Barbarie, le singe le plus célèbre de Gibraltar. Néanmoins, les spécialistes insistent sur le caractère sauvage de ces singes. Ce sont les seuls singes sauvages d’Europe[15]. Cette espèce, dont le nom scientifique est Macaca sylvanus, est sur la liste des espèces en danger selon la liste rouge de l'UICN. Cependant, ils se sont bien acclimatés à l'Homme et il est fréquent qu'ils s'approchent des touristes. Il est même possible de faire des photos avec eux.
44
+
45
+ Les autres espèces de mammifères présents sur l’île incluent les lapins, les renards et les chauves-souris. De plus, dauphins et baleines sont régulièrement présents dans la baie de Gibraltar. Les oiseaux migrateurs sont très communs ; Gibraltar est terre d’accueil des seules perdrix gambra présentes sur le continent européen. Cette richesse de la nature est menacée par le développement urbain, le tourisme et les espèces de plantes invasives. Mais aussi par les espèces d’oiseaux et de chauves-souris[16] susceptibles de mettre en péril l’équilibre naturel de la presqu'île.
46
+
47
+ Comme pour tout territoire britannique d'outre-mer, la reine Élisabeth II est le chef de l'État ; elle est représentée par le gouverneur de Gibraltar. Le Royaume-Uni a gardé les responsabilités concernant la défense, la politique étrangère, la sécurité intérieure et les questions économiques. Le rôle du gouverneur est surtout symbolique : il nomme le gouvernement après les élections sans participer à l'administration du territoire. Il est néanmoins responsable de la défense et de la sécurité à l'intérieur de Gibraltar (la Royal Gibraltar Police).
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+ Le Parlement de Gibraltar est composé de 17 membres élus pour un mandat de quatre ans. Le gouvernement est responsable devant lui.
50
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51
+ Il y a trois partis représentés au parlement : les Sociaux-démocrates de Gibraltar, le Parti travailliste-socialiste de Gibraltar et le Parti libéral de Gibraltar.
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53
+ Le plus important problème est la demande permanente de l'Espagne concernant le transfert de ce territoire. Les partis politiques et une grande majorité des habitants y sont opposés.
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+ Gibraltar est toujours sur la liste officielle des territoires à décoloniser selon l'ONU[17].
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57
+ Avant le référendum britannique sur le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, le ministre des Affaires extérieures de l'Espagne a déclaré qu'en cas de Brexit, Gibraltar perdrait l'accès au marché commun à moins qu'une solution transitoire à base de souveraineté partagée avec l'Espagne ne soit mise en œuvre. De ce fait, le succès du Brexit a été compris comme un progrès facilitant la possibilité de faire flotter le drapeau espagnol à Gibraltar[18].
58
+
59
+ Après l'enclenchement du Brexit, le président du Conseil européen Donald Tusk évoque la question de la sortie de Gibraltar du Royaume-Uni. Le 2 avril 2017, la première ministre Theresa May affirme qu'elle ne céderait jamais cette enclave sans la volonté de la population[19].
60
+
61
+ Un texte présenté par Donald Tusk prévoit notamment qu' « aucun accord entre l’UE et le Royaume-Uni ne pourra s’appliquer au territoire de Gibraltar sans un accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume-Uni »[20].
62
+
63
+ Invité au Royaume-Uni en juillet 2017, le roi d'Espagne Philippe VI a appelé à une négociation et à une entente des deux royaumes sur la question de Gibraltar[21].
64
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65
+ Durant la période de transition, quatre memorandums sont maintenus:
66
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67
+ Les activités militaires ont traditionnellement dominé l'économie de Gibraltar, le chantier de construction et de maintenance navale fournissant la majeure partie de l'activité économique. Leur part dans l'économie locale a cependant diminué, passant de 60 % en 1984 à 7 % en 2004.
68
+
69
+ L'économie de Gibraltar repose sur le secteur des services, principalement ceux en lien avec la finance et le tourisme. Grâce à son taux d'imposition sur les sociétés très faible et à l'appartenance de Gibraltar à l'Union européenne, un certain nombre de banques britanniques et internationales sont installées ou ont des filiales à Gibraltar, qui est devenu un centre de finances international[23]. Cela a valu à l'enclave britannique de figurer jusqu'en 2009 sur la liste grise des paradis fiscaux de l'OCDE[24]. Encore aujourd'hui, l'Espagne considère Gibraltar comme un paradis fiscal[25].
70
+
71
+ En 2013, 18 000 entreprises étaient officiellement enregistrées à Gibraltar (sur un territoire d'à peine 30 000 habitants)[24].
72
+
73
+ Beaucoup de bookmakers et d'opérateurs de jeu en ligne ont également déplacé leur siège à Gibraltar.
74
+
75
+ En ce qui concerne le tourisme, Gibraltar est une escale privilégiée pour les bateaux de croisière. Le rocher de Gibraltar est une attraction populaire, en particulier parmi les touristes et les résidents britanniques installés sur la côte méridionale de l'Espagne. Toutes les marchandises et les services sont vendus sans taxe sur la valeur ajoutée, ce qui explique l'implantation de plusieurs grands magasins britanniques : Marks and Spencer, BHS, Dorothy Perkins, et la chaîne de supermarchés Morrisons.
76
+
77
+ Gibraltar a un PIB de plus de 432 millions de livres (769 millions de dollars) ; avec un PIB par personne de 15 700 £ (28 000 $).
78
+
79
+ La devise est la livre de Gibraltar, qui a une parité de un pour un avec la livre sterling, laquelle a aussi cours à Gibraltar. Par ailleurs la majorité des magasins et des restaurants acceptent aussi les euros, mais avec un taux de change défavorable. On notera toutefois que la livre de Gibraltar, elle, n'a pas cours en Grande-Bretagne.
80
+
81
+ En 2016, les autorités de Gibraltar ont fait part de leur inquiétude sur une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, estimant qu'une telle sortie menacerait le secteur financier local[23]. Lors du référendum du 23 juin 2016, 96 % des habitants de Gibraltar ont voté en faveur du maintien au sein de l'Union européenne, à l'inverse de la majorité du Royaume-Uni[26].
82
+
83
+ L'aéroport international de Gibraltar (code AITA : GIB • code OACI : LXGB) a la particularité d'avoir son unique piste traversée par la route reliant Gibraltar à l'Espagne. Il est donc possible, qu'en voulant accéder à Gibraltar, les passants doivent s'arrêter sur le côté de la piste afin qu'un avion atterrisse ou décolle. Des barrières se ferment afin que plus personne ne circule sur cette piste.
84
+
85
+ Contrairement au reste du Royaume-Uni, le sens de circulation routière s'effectue à droite de la chaussée comme en Espagne.
86
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87
+ D'après le recensement de juillet 2005, Gibraltar compte 27 884 habitants[réf. nécessaire].
88
+
89
+ Les origines des habitants de Gibraltar sont espagnoles, britanniques et méditerranéennes (principalement génoises et maltaises). On trouve également une grande communauté juive, une population musulmane marocaine et un certain nombre de personnes originaires du sous-continent indien[réf. nécessaire].
90
+
91
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 88,8 % des habitants de Gibraltar sont chrétiens, principalement catholiques (80 %) et dans une moindre mesure protestants anglicans (8,2 %), alors que 4 % de la population est musulmane, que 2,9 % n'est pas affiliée à une religion, que 2,1 % est juive, que 1,8 % est hindoue et que 0,4 % pratique une autre religion[27].
92
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93
+ La langue officielle est l'anglais, utilisée au gouvernement et dans les affaires. Beaucoup de gens sont bilingues et parlent aussi l'espagnol. Les habitants emploient également le llanito, un mélange d'espagnol et d'anglais avec notamment des éléments de portugais, de maltais, uniquement parlé à Gibraltar. L'arabe marocain, l'hindi et le maltais sont également parlés sur le « Rocher »[réf. nécessaire].
94
+
95
+ Le terme llanito (féminin : llanita) définit aussi une identité propre à Gibraltar et visible lors de la fête nationale de Gibraltar, en particulier sur les tee-shirts portés par les jeunes et arborant des slogans comme « 110 % llanita » ou « proud to be llanito »[réf. nécessaire].
96
+
97
+ Il existe également de nombreux autres établissements religieux, de différentes confessions et de nature plus récente, qui témoignent de la diversité culturelle de la population vivant à Gibraltar.
98
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99
+ Plusieurs autres sites militaires sont dignes de mention tels la Batterie O'Hara (en), la Batterie de Harding (en) et la Batterie de la Langue du Diable (en); les Bastions d'Orange (en) et de Jumper (en). Certains monuments ont été érigés à la gloire des militaires tels que le Monument à Rooke, le Monument du Général Eliott et celui dédié aux ingénieurs royaux. De nombreux sites mémoriels l'ont été également : le mémorial de la guerre de Gibraltar (en), le Mémorial américain de la guerre (en), le Mémorial des Royal Marines ainsi que ceux de Bedenham, des Blackwatch, de Lord Nelson et de celui de Duc de Wellington entre autres. Le site Nelson's Anchorage présente quant à lui, un canon de 100 tonnes.
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+ Certains accès à la ville ou certains endroits sont également significatifs : le Front de Wellington (en), la muraille de la Ligne (en) ainsi que les portes de Landport (en), du Prince Edward, de Southport et du référendum (en). Enfin, il y a également la Croix du sacrifice (en) et la statue aux forces de défense de Gibraltar. Le cimetière de Trafalgarcimetière de Trafalgar quant à lui, commémore la bataille de 1805 entre la flotte britannique et la flotte franco-espagnole.
102
+
103
+ Gibraltar célèbre sa fête nationale le 10 septembre, date choisie pour commémorer le référendum de 1967, premier acte d'autodétermination du peuple de Gibraltar (rejet de l'annexion par l'Espagne). C'est pour beaucoup de gens une occasion de fête, chacun s'habille en rouge et blanc, couleurs nationales. Le rassemblement politique culmine avec le lâcher de trente mille ballons rouges et blancs représentant le peuple de Gibraltar.
104
+
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+ En 2004, Gibraltar a fêté le tricentenaire de sa conquête par les Britanniques et, pour les honorer de leurs efforts et affirmer son attachement à la base navale, a attribué la liberté de la ville à la Royal Navy. Comme geste politique de solidarité, la quasi-totalité de la population est descendue dans la rue, habillée en rouge, blanc et bleu, se tenant par la main pour former une chaîne humaine encerclant le rocher.
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+ Les principales fêtes à Gibraltar sont :
108
+
109
+ La fédération de football de Gibraltar, membre à part entière de l'UEFA et de la FIFA, organise un championnat de football depuis 1896. Le vainqueur du championnat est qualifié pour les phases qualificatives de la Ligue des champions, tandis que le vainqueur de la coupe nationale intègre celles de la Ligue Europa. Les clubs les plus importants du territoire sont le Lincoln FC, Manchester 62, Glacis United et le College Europa.
110
+
111
+ En marge de cette fédération Gibraltar possède aussi depuis 118 ans une équipe nationale de football qui se limitait jusqu'en 2013 à des compétitions méconnues du grand public. Enfin en 2013 la chance lui apparaît pour un premier match officiel le temps d'une rencontre éliminatoire dans le cadre de l'Euro 2016 contre la Slovaquie[28].
112
+
113
+ Jusqu'en mars 2018 la plupart des matchs officiels FIFA à domicile se disputaient à Faro au Portugal. Le 27 mars 2018, elle remporte son premier match officiel au Victoria Stadium contre la Lettonie (1-0)[29].
114
+
115
+ Les British Forces Gibraltar sont chargées de la défense de ce site stratégique. La British Army est représentée par le Royal Gibraltar Regiment, à l'origine une force de réserve qui a été placée sur l'établissement permanent de l'armée britannique en 1990. Le régiment comprend des soldats à plein temps et à temps partiel recrutés sur place, ainsi que des militaires de carrière britanniques en provenance d'autres régiments.
116
+
117
+ La marine royale maintient un escadron. L'escadron est responsable de la sécurité et de l'intégrité des eaux territoriales britanniques de Gibraltar (BGTW). La base est appelée Rooke par les habitants de Gibraltar en l'honneur de George Rooke qui s'est emparé du rocher au détriment de l'archiduc Charles (prétendant au trône espagnol) en 1704. Elle est une base importante pour l'OTAN, les sous-marins nucléaires britanniques et des États-Unis s'y ravitaillant fréquemment. Les bateaux de la marine espagnole ne se ravitaillent cependant pas à cet endroit.
118
+
119
+ La base de la Royal Air Force (RAF) à Gibraltar fait partie du régiment royal de Gibraltar. Bien que les avions ne soient pas de manière permanente postés à Gibraltar, de nombreux avions de la RAF font des visites régulières.
120
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+ On pense que le rocher est une base d'écoute de ROEM pour les télécommunications en direction de l'Afrique du Nord, et en raison de son emplacement stratégique elle reste toujours une base principale pour la NSA et pour le Government Communications Headquarters.
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+ GIMP (GNU Image Manipulation Program), ou The GIMP (/gimp/), est un outil d'édition et de retouche d'image, diffusé sous la licence GPLv3 comme un logiciel gratuit et libre. Il en existe des versions pour la plupart des systèmes d'exploitation dont GNU/Linux, macOS et Microsoft Windows.
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+ Le logiciel est intégré à la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (SI).
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+ GIMP a des outils utilisés pour la retouche et l'édition d'image, le dessin à main levée, réajuster, rogner, photomontages, convertir entre différents formats d'image, et plus de tâches spécialisées. Les images animées comme les fichiers GIF et MPEG peuvent être créées en utilisant un plugin d'animation. En utilisant les calques et la transparence, le logiciel peut servir a tracer de la rotoscopie.
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+ Les développeurs et mainteneurs de GIMP souhaitent créer un logiciel d'infographie gratuit haut de gamme pour l'édition et la création d'images originales, de photos, d'icônes, d'éléments graphiques de pages web, et d'art pour les éléments de l'interface de l'utilisateur.
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13
+ Le projet a été lancé en 1995 par Spencer Kimball et Peter Mattis[4]. GIMP signifiait initialement General Image Manipulation Program[5]. Il était destiné en premier lieu aux systèmes UNIX et GNU/Linux ainsi que Darwin (la base de Mac OS X), mais fonctionne aussi sous Windows. Le nom de ce programme est un jeu de mots sur le terme « gimp », qui a plusieurs sens en anglais, notamment celui de boiteux. Sa mascotte officielle est Wilber.
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15
+ Les outils de manipulation de GIMP sont accessibles grâce à des boîtes à outils, des menus déroulants et des boîtes de dialogue (qui sont aussi connus sous le nom de palettes). Ces outils sont des brosses et des filtres, mais aussi des outils de transformation, de sélection et de calques.
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+
17
+ Par exemple, GIMP possède par défaut 48 brosses, mais il est possible d'en créer ou d'en télécharger puis installer de nouvelles ; de plus la compatibilité de GIMP avec les brosses Photoshop permet l'installation des brosses dans ce format qui est beaucoup plus répandu sur la toile. Les brosses peuvent être utilisées avec les outils crayon, pinceau, gomme, aérographe, clonage, correcteur et l'outil de clonage en perspective.
18
+
19
+ GIMP possède une palette de sélection des couleurs d'arrière et premier plan avec les formats de codage de couleur RGB, HSV, CMYK. En outre, il possède aussi un outil « pipette à couleur » qui permet de prélever des couleurs sur une image.
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21
+ GIMP traite aussi les dégradés, il les intègre même dans ses outils comme les brosses et l'outil de remplissage. Il possède par défaut une grande variété de dégradés de couleurs, et tout comme les brosses il est possible d'en créer ou d'en télécharger de nouveaux.
22
+
23
+ GIMP possède des outils de sélection rectangulaire, elliptique et à main levée. Il a aussi la fonctionnalité de pouvoir agir sur la taille et la position de la sélection grâce à des poignées sans transformer le contenu. Il est aussi possible de créer des chemins et de les convertir en sélection et vice versa.
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+ L'outil « extraction du premier plan » de GIMP permet de sélectionner un objet ou une personne sans utiliser l'outil de sélection à main levée peu précis et sans convertir un chemin prenant trop de temps.
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27
+ GIMP possède une gestion des calques, pouvant ainsi rendre des couches de l'image visibles, invisibles ou transparentes.
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29
+ Les chemins contiennent des segments et des courbes comparables à du dessin vectoriel. Ils peuvent être nommés, sauvegardés, agrandis sans perte de qualité, tracés d'un simple trait ou en utilisant des brosses, ou venir d'une sélection. Les chemins peuvent être aussi utilisés pour créer des sélections complexes. Ils peuvent aussi être courbés au moyen de poignées modulables.
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+ GIMP possède par défaut à peu près 150 effets et filtres, nommés script-fu, classés par types (flou, distorsion, artistique…).
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+ Il est aussi possible de créer ou télécharger des scripts. GIMP supporte comme langage de script Perl, Tcl ou Python. Le support du langage Ruby n'est pour l'instant qu'au stade expérimental.
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+ Il est possible de créer différents effets sur le texte ainsi que sur les images.
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37
+ GIMP est disponible pour une grande variété de systèmes d'exploitation et d'architectures de processeur. GIMP est inclus comme éditeur d'image par défaut dans beaucoup de distributions Linux, comme Debian, Ubuntu, Mandriva, Mageia, SUSE, et Fedora.
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+ GIMP sous Mac OS X.
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+ GIMP sous Ubuntu.
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+ GIMP sous Gentoo en allemand.
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+ GIMP sous Ubuntu Studio.
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+ GIMP sous Windows 10.
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+ GIMP fonctionne sans problème sous KDE, sa bibliothèque étant simplement chargée en doublon avec celle de KDE. Si la RAM est suffisante, les performances n'en souffrent pas de façon notable, hormis un peu de contention sur les caches de données et d'instructions. Il fonctionne également sous Windows, Mac OS X et Solaris.
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+ Les greffons (traduction française pour plugin) sont des modules complémentaires qui étendent les possibilités de GIMP. Placés dans le dossier "plug-ins" de Gimp, ce sont des exécutables binaires écrits en C ou C++ puis compilés (Windows PE avec extension .exe ou binaires ELF pour les systèmes à base UNIX), qui sont donc susceptibles de fonctionner plus vite ou d'effectuer des opérations plus complexes que les scripts.
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+ Citons parmi les plus connus[8] :
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+ La feuille de route est consultable sur le site officiel[11].
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+ GIMP (GNU Image Manipulation Program), ou The GIMP (/gimp/), est un outil d'édition et de retouche d'image, diffusé sous la licence GPLv3 comme un logiciel gratuit et libre. Il en existe des versions pour la plupart des systèmes d'exploitation dont GNU/Linux, macOS et Microsoft Windows.
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+ Le logiciel est intégré à la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (SI).
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+ GIMP a des outils utilisés pour la retouche et l'édition d'image, le dessin à main levée, réajuster, rogner, photomontages, convertir entre différents formats d'image, et plus de tâches spécialisées. Les images animées comme les fichiers GIF et MPEG peuvent être créées en utilisant un plugin d'animation. En utilisant les calques et la transparence, le logiciel peut servir a tracer de la rotoscopie.
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+ Les développeurs et mainteneurs de GIMP souhaitent créer un logiciel d'infographie gratuit haut de gamme pour l'édition et la création d'images originales, de photos, d'icônes, d'éléments graphiques de pages web, et d'art pour les éléments de l'interface de l'utilisateur.
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+ Le projet a été lancé en 1995 par Spencer Kimball et Peter Mattis[4]. GIMP signifiait initialement General Image Manipulation Program[5]. Il était destiné en premier lieu aux systèmes UNIX et GNU/Linux ainsi que Darwin (la base de Mac OS X), mais fonctionne aussi sous Windows. Le nom de ce programme est un jeu de mots sur le terme « gimp », qui a plusieurs sens en anglais, notamment celui de boiteux. Sa mascotte officielle est Wilber.
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+ Les outils de manipulation de GIMP sont accessibles grâce à des boîtes à outils, des menus déroulants et des boîtes de dialogue (qui sont aussi connus sous le nom de palettes). Ces outils sont des brosses et des filtres, mais aussi des outils de transformation, de sélection et de calques.
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+ Par exemple, GIMP possède par défaut 48 brosses, mais il est possible d'en créer ou d'en télécharger puis installer de nouvelles ; de plus la compatibilité de GIMP avec les brosses Photoshop permet l'installation des brosses dans ce format qui est beaucoup plus répandu sur la toile. Les brosses peuvent être utilisées avec les outils crayon, pinceau, gomme, aérographe, clonage, correcteur et l'outil de clonage en perspective.
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+ GIMP possède une palette de sélection des couleurs d'arrière et premier plan avec les formats de codage de couleur RGB, HSV, CMYK. En outre, il possède aussi un outil « pipette à couleur » qui permet de prélever des couleurs sur une image.
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+ GIMP traite aussi les dégradés, il les intègre même dans ses outils comme les brosses et l'outil de remplissage. Il possède par défaut une grande variété de dégradés de couleurs, et tout comme les brosses il est possible d'en créer ou d'en télécharger de nouveaux.
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+ GIMP possède des outils de sélection rectangulaire, elliptique et à main levée. Il a aussi la fonctionnalité de pouvoir agir sur la taille et la position de la sélection grâce à des poignées sans transformer le contenu. Il est aussi possible de créer des chemins et de les convertir en sélection et vice versa.
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+ Les chemins contiennent des segments et des courbes comparables à du dessin vectoriel. Ils peuvent être nommés, sauvegardés, agrandis sans perte de qualité, tracés d'un simple trait ou en utilisant des brosses, ou venir d'une sélection. Les chemins peuvent être aussi utilisés pour créer des sélections complexes. Ils peuvent aussi être courbés au moyen de poignées modulables.
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+ Il est possible de créer différents effets sur le texte ainsi que sur les images.
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+ GIMP est disponible pour une grande variété de systèmes d'exploitation et d'architectures de processeur. GIMP est inclus comme éditeur d'image par défaut dans beaucoup de distributions Linux, comme Debian, Ubuntu, Mandriva, Mageia, SUSE, et Fedora.
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+ GIMP sous Ubuntu.
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+ GIMP fonctionne sans problème sous KDE, sa bibliothèque étant simplement chargée en doublon avec celle de KDE. Si la RAM est suffisante, les performances n'en souffrent pas de façon notable, hormis un peu de contention sur les caches de données et d'instructions. Il fonctionne également sous Windows, Mac OS X et Solaris.
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51
+ Les greffons (traduction française pour plugin) sont des modules complémentaires qui étendent les possibilités de GIMP. Placés dans le dossier "plug-ins" de Gimp, ce sont des exécutables binaires écrits en C ou C++ puis compilés (Windows PE avec extension .exe ou binaires ELF pour les systèmes à base UNIX), qui sont donc susceptibles de fonctionner plus vite ou d'effectuer des opérations plus complexes que les scripts.
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+ Giraffa camelopardalis
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+ Genre
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU  : Vulnérable
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13
+ La Girafe (Giraffa camelopardalis) est une espèce de mammifères ongulés artiodactyles, du groupe des ruminants, vivant dans les savanes africaines et répandue du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Son nom commun vient de l'arabe زرافة, zarāfah, mais l'animal fut anciennement appelé camélopard, du latin camelopardus[1], contraction de camelus (chameau) en raison du long cou et de pardus (léopard) en raison des taches recouvrant son corps. Après des millions d'années d'évolution, la girafe a acquis une anatomie unique avec un cou particulièrement allongé qui lui permet notamment de brouter haut dans les arbres.
14
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15
+ Neuf populations, se différenciant par leurs robes et formes, ont été décrites par les naturalistes depuis le XIXe siècle parfois comme espèces à part entière, mais généralement considérées comme simples sous-espèces jusqu'au XXIe siècle. Cependant la taxonomie des girafes est actuellement débattue parmi les scientifiques.
16
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17
+ L’espèce est considérée comme vulnérable avec une diminution de 40 % du nombre d'individus entre 1985 et 2015[2].
18
+
19
+ Le substantif féminin[3],[4],[5],[6] « girafe » est un emprunt[3],[4],[5] à l'italien giraffa, lui-même emprunté à l'arabe zurāfa[4] pour l'arabe classique[4] zarāfa[3],[5].
20
+
21
+ Il s’agit de l’animal actuel le plus grand en hauteur, pouvant, grâce à la longueur de son cou, atteindre jusqu’à 5,50 m ou même 5,80 m. Les girafes femelles mesurent, à l'âge adulte, entre 4,00 et 4,60 mètres de hauteur, soit 4,30 m en moyenne. Cependant leur cou comporte le même nombre de vertèbres cervicales (7, d'environ 40 cm chacune) que la plupart des autres mammifères[7] (à l’exception des lamantins et des paresseux[8]) . Les girafes dorment très peu, moins de 2 heures par 24 heures, et plus volontiers le jour, car elles peuvent continuer à surveiller l'horizon. En réalité, elles somnolent debout, les yeux grands ouverts et sur des périodes allant de 1 à 30 minutes d'affilée[9]. Le poids d'une girafe varie entre 750 et 1 100 kg pour les femelles et peut aller jusqu’à 2 000 kg[10] pour les mâles. Son pelage à dominante rousse est réticulé ou tacheté de jaune ; son ventre est blanc. Sa queue, mince et longue, terminée par un pinceau de poils noirs, mesure de 70 à 100 cm.
22
+
23
+ La tête porte deux ossicônes, des appendices osseux recouverts de peau. Les ossicônes des femelles sont couverts d'une touffe de poils tandis que ceux des mâles en sont pratiquement dépourvus après quelques combats. Les mâles développent parfois en plus des dépôts de calcium sur leur crâne qui finissent par donner l'impression qu'un troisième ossicône est présent[11].
24
+ Ses caractéristiques physiques, notamment la longueur de ses membres et de son cou, font qu'elle est considérée par la NASA comme le modèle idéal pour étudier l'effet de la gravité sur la circulation sanguine. Les phlébologues de la NASA ont copié son réseau sanguin pour réaliser la combinaison anti-G des pilotes de chasse et astronautes[12].
25
+
26
+ Son cœur de 11 kg, au myocarde renforcé, pompe 60 litres de sang et bat à 170 pulsations par minute, ce qui donne une pression artérielle deux fois supérieure à la pression humaine. Dans les artères du cou, tout un réseau de muscles annulaires aide à hisser le sang jusqu'au cerveau. Dans les veines, des valvules orientent le sang vers le cœur. Lorsque l'animal baisse la tête au sol, les valvules de la jugulaire sont fonctionnelles et empêchent le sang de retomber vers le cerveau (ce qui conduirait à un « voile rouge »). La veine jugulaire de la girafe est la plus longue et la plus droite du monde animal et possède 9 valvules. En 1993, à Vincennes, son endoscopie confirma que les constituants anatomiques d'une veine sont orientés en fonction de son axe d'aplatissement et donc qu'une veine a bien deux faces et deux bords. En bas des jambes où la pression est énorme, un système de capillaires sanguins très résistants (le rete mirabile, ou merveilleux réseau), comparables à ceux de l'espèce humaine, empêche un œdème fatal.
27
+
28
+ Contrairement à une idée répandue, les girafes possèdent des cordes vocales mais elles n'émettent que très rarement des sons, se reposant davantage sur la vision que sur l'audition pour communiquer via par exemple des postures et des mouvements du cou et de la tête. Dans l'obscurité, les girafes ont tout de même recours à une communication orale, elles produisent un bruit sourd, une sorte de bourdonnement autour de 92 Hz, c'est-à-dire à la limite de la perception humaine[13]. Néanmoins, il est possible d'entendre les girafons en situation de stress pousser un genre de beuglement approchant celui des bovins[14]. La girafe est le seul mammifère terrestre qui ne bâille pas[9],[15].
29
+
30
+ Son espérance de vie serait de l'ordre de 10 à 15 ans[10] ou de 26 ans[16] en milieu sauvage (selon les sources), et de 27[10] à plus de 36 ans en captivité[16]. Un mâle girafe du Kordofan a vécu 30 ans au Bioparc de Doué-la-Fontaine, il était le doyen de la population captive européenne[17].
31
+
32
+ La girafe vit en Afrique, dans la savane. On la trouve du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Mais c'est principalement au Kenya, en Tanzanie, au Botswana et au Niger que l'on peut rencontrer des troupeaux de girafes. Elle était aussi présente en Afrique Australe (Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe). Les girafes ont disparu de la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. L'espèce a été réintroduite en Afrique du Sud pour les réserves de chasse.
33
+
34
+ Lorsqu'elle court, elle va à l'amble, à l'instar du chameau ou de l'ours, c'est-à-dire qu'elle lève ensemble les deux pattes du même côté. En vitesse de croisière, elle court à 15 km/h mais peut accélérer à 56 km/h[18] en prenant un curieux galop. Les pattes avant se lèvent ensemble mais largement écartées, ce qui évite que ses sabots s'entrechoquent.
35
+
36
+ Son galop particulier est facilité par son long cou qui balance et crée l'équilibre, grâce à un petit muscle spécial qui le tire en avant.
37
+
38
+ La girafe se nourrit de feuilles d'arbre très nutritives, essentiellement des légumineuses, riches en sels minéraux car la girafe a besoin de 20 g/jour de calcium[11]. Elle peut occasionnellement se nourrir de fleurs, fruits, graines ou cosses. Sa consommation quotidienne va de 7 kg (nourriture rare) à 70 kg (nourriture abondante). Elle ne se nourrit ou ne s'abreuve au sol qu'en écartant les pattes de devant ou en pliant les genoux, après avoir bien inspecté les alentours. Elle lève souvent la tête entre deux gorgées lorsqu'elle est dans cette posture périlleuse, mais elle trouve l'essentiel de ses besoins en eau dans la nourriture et ne va boire que tous les 1 à 2 jours.
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+ Les acacias de la savane ont atteint des tailles leur permettant d'échapper aux zèbres et aux antilopes, mais leurs feuilles les plus tendres poussent entre 2 et 6 mètres, ce qui constitue pour la girafe la hauteur idéale et sa niche alimentaire. Sa langue bleue et préhensile est la plus puissante, la plus coriace et la plus longue (55 cm) parmi les ongulés. Elle peut l'allonger pour atteindre les pousses les plus tendres entre les barrières d'épines d'acacias. La girafe n'a pas d'incisives à la mâchoire supérieure. Elle saisit donc les pousses d'acacias avec sa langue, puis les guide entre ses lèvres, referme la bouche et tire la tête en arrière pour racler les feuilles grâce à ses dents du bas.
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42
+ Certains acacias (Acacia drepanolobium) sont protégés parce qu'ils hébergent des galles de fourmis agressives du genre Crematogaster[19],[20], à la morsure cuisante pour la bouche et les lèvres des girafes. Les acacias broutés émettent plus de nectar servant de nourriture à ces fourmis[réf. nécessaire] ainsi qu'une hormone végétale de stress leur permettant d'augmenter leur production de tanin, ce qui rend les feuilles plus amères et moins appétissantes pour la girafe, laquelle s'éloigne alors pour aller brouter plus loin. Cette boucle de rétroaction expliquerait que les girafes et les éléphants n'ont jamais surexploité les acacias.
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44
+ Les girafes n'ont pas de saison de reproduction définie. Les femelles sont constamment sollicitées par les mâles. Cependant, la conception a généralement lieu à la saison des pluies et les naissances se produisent entre mai et août dans des périodes sèches.
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+ Tous les 15 jours, les femelles sont en rut pendant une journée. Les mâles doivent donc rapidement trouver une femelle apte à procréer. Si la femelle est réceptive, celle-ci tourne autour du mâle et prend une position d'accouplement. Tous les 20 à 30 mois les femelles se reproduisent.
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+ Le grand mâle parcourt les pâtures des femelles pour trouver une partenaire. Il tente de dominer ses rivaux en leur coupant le passage et en dressant sa tête le plus haut possible. Le combat éclate lorsqu'un rival refuse de baisser la tête, de laisser le passage, ou fronce la lèvre en sa présence.
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+ Dans les combats de girafes, les mâles utilisent leur tête comme une massue, qui est lourde, cornue et bosselée (comportement appelé « necking »). Ses ossicônes sont massifs et durs comme de l'ivoire et sur son front pousse une excroissance osseuse, la corne médiane.
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+ Les deux mâles se cognent jusqu'à ce que l'un d'eux abandonne. La tête d'un mâle de 15 ans pèse 10 kg de plus que celle d'un jeune adulte de 7 ans, ce qui lui permet de gagner à tous les coups, mais le perdant est rarement tué et ils ne se battent jamais à coups de sabots.
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+ Une fois qu'un mâle a conquis une femelle, ses amours sont caressantes et paisibles, avec beaucoup de coups de langue.
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+ La girafe peut commencer à mettre bas dès l'âge de cinq ans. La gestation dure environ 15 mois. La mise bas s'effectue debout et le girafon tombe de près de deux mètres de haut. Il y a des risques que le girafon meure à la naissance, car en tombant il peut se blesser, et notamment se briser la nuque, même si cela reste très rare. La girafe met au monde le plus souvent un seul petit à la fois, exceptionnellement deux.
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+ À la naissance, le girafon mesure deux mètres pour un poids variant de 40 à 80 kg. Les jambes sont plus longues que le cou et sortent les premières. Le cou est proportionnellement moins long que celui des adultes. Sur la tête, deux touffes de poils noirs recouvrent les cartilages des futurs ossicônes, qui se souderont avec les os du crâne. Il s'agit de l'un des rares animaux dont les appendices crâniens existent dès la naissance.
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+ La girafe n'adopte son petit que s'il est capable de se tenir rapidement debout (généralement au bout de 15 minutes) et de stimuler la lactation. Au bout d'une heure, il doit tenir sur ses pattes pour atteindre les mamelles de sa mère où il pourra se nourrir d'un lait très gras. Dans le cas contraire, elle l'abandonne ou même le tue.
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62
+ La mère se fait comprendre de son petit en le caressant avec le bout de son museau ou avec un langage sonore d'une fréquence trop élevée pour les humains. Elle l'incite ainsi à la suivre et à la téter, créant ainsi le lien maternel.
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+ Le girafon grandit de un mètre durant la première année de sa vie. À six mois, il approche les trois mètres et à sept ans, il aura sa taille d'adulte avec un minimum de cinq mètres.
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+ Le sevrage intervient au bout de 12 à 16 mois mais le girafon peut rester avec sa mère jusqu'à l'âge de deux ans et demi. Après cette période, il est gardé dans une « nurserie » qui permet à sa mère d'aller s'alimenter. La maturité sexuelle est acquise au bout de trois à quatre ans pour un girafon femelle, et quatre à cinq ans pour un mâle[11].
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68
+ Adulte et en bonne santé, la girafe n'a à craindre que le lion, bien qu'elle puisse le tuer d'un coup de patte. Par contre, les jeunes qui échappent à la surveillance de leur mère ou isolés du troupeau et les sujets affaiblis par la vieillesse, la maladie ou une blessure, peuvent être la proie de prédateurs comme les lions, les hyènes rayées, les hyènes tachetées, les léopards ou les lycaons. C'est ainsi que trois girafons sur quatre se font tuer avant l'âge de trois mois.[réf. nécessaire] Aux points d'eau, les girafons peuvent aussi être victimes des crocodiles[11]. La girafe se repose et dort debout. Ce n’est que si elle se sent parfaitement en sécurité qu’elle dormira et se reposera par terre ; sa stature la rend vulnérable aux prédateurs, car elle met un certain temps à se relever.
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+ Neuf sous-espèces sont généralement acceptées, avec notamment quelques variations de couleurs et de répartition géographique :
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+ Cependant, il existe des divergences entre scientifiques à ce sujet. Ainsi, en 2007, une étude moléculaire extensive de girafes confirme la différenciation génétique très nette d'au moins six populations[21]. En 2016, une étude propose d'élever au rang d'espèce quatre taxons[22]. En 2017, une réponse à l'étude de 2016 est publiée, relevant de nombreux points problématiques dans l'interprétation des résultats, et expliquant que les conclusions taxonomiques ne doivent pas être acceptées inconditionnellement[23].
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74
+ Les Grecs pensaient que la girafe résultait de l'union du chameau et du léopard, d'où le nom scientifique camelopardalis (en grec ancien καμηλοπάρδαλις / kamêlopárdalis).
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+ Selon Pline l'Ancien, le cortège ramenant Vercingétorix vaincu à Rome aurait comporté une girafe[11].
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+ En Asie de l'Est et notamment au Japon où elle porte ce nom, la girafe est associée au qilin (ou kirin), animal mythique proche de la licorne. En effet, une girafe fut ramenée d'Afrique en Chine dès 1414 par Zheng He et accueillie par l'empereur Ming Yongle comme un qilin, témoignage de son bon gouvernement.
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+ Elle a été décrite, pour la première fois en France, par Pierre Belon (1517-1564).
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+ En 1809, Lamarck pensait qu'à force d'allonger le cou, elle avait transmis ce trait à sa descendance. En 1872, Darwin pensait que son long cou était dû à une sélection liée aux périodes de famines, où un ou deux pouces en plus faisaient la différence et permettaient de survivre. L'hypothèse de la sélection sexuelle est aussi avancée, les mâles se battant à coup de cou ou au contraire se caressant (comportement appelé necking)[11].
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+ La girafe est chassée pour sa viande et sa peau. Elle fut tuée aussi pour sa queue, utilisée comme monnaie primitive ou symbole d'autorité. En plus de ce braconnage, elle est menacée par la destruction de son habitat, notamment dans le Sahel où la déforestation est répandue. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), on comptait 155 000 girafes vivant dans la nature en 1985 contre 97 500 en 2015, ce qui constitue une baisse des effectifs de l’espèce d’environ 40 % au cours des 30 dernières années[24]. La population des girafes d'Afrique occidentale a baissé fortement dans les décennies récentes. En revanche, les populations de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe sont stables, et dans certaines régions elles ont même augmenté. La girafe est une espèce protégée dans la plupart des pays correspondant à son aire de répartition.
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+ On a estimé que la population totale des girafes représente 110 000 à 150 000 animaux en 2010, contre un million au milieu des années 1990[25]. Les plus grandes populations nationales se trouvent au Kenya (45 000), en Tanzanie (30 000) et au Botswana (12 000). En 2019, leur nombre est estimé à 98 000[2]. En 30 ans, 40% des girafes ont disparu sur le continent africain selon une étude du National Geographic publiée en 2019[26].
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+ Le dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest se trouve au Niger dans les environs de Kouré, à environ une heure de la capitale Niamey. Il fait l'objet d'un suivi par l'Association pour la sauvegarde des girafes du Niger (ASGN), impliquant les populations des villages avoisinants, permettant un repeuplement du troupeau. Afin d'éviter les problèmes de consanguinité, des échanges sont pratiqués avec des zoos et réserves d'autres continents.
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+ La girafe de Rothschild, à cheval entre le Sud-Soudan et l'Ouganda, est menacée d'extinction, ne comptant plus que 650 individus et est inscrite sur la liste des espèces en danger de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
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+ Selon la zoologiste Anne Innis Dagg « Sur les neuf sous-espèces, nous allons probablement en perdre quelques-unes » (The Times).
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+ À ce jour il n'existe en Europe aucune association de protection et sauvegarde ni de la girafe de Rothschild ni des autres sous-espèces menacées.
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+ Le 22 août 2019, les délégués de la CITES ont reconnu que la survie des girafes était menacée. Par 106 voix contre 21 et 7 abstentions la CITES a reconnu pour la première fois que le commerce de peau, de cornes, de sabots et d'os de girafes notamment constituait une menace pour la survie de l'espèce[27].
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98
+ La première girafe à entrer vivante sur le sol français fut ramenée d'Égypte en 1827 par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire : elle parcourut près de 800 km (dont plus de la moitié à pied) entre Marseille et le Jardin des plantes à Paris. L'événement eut à l'époque une portée considérable. Il s'agit de celle qui est actuellement visible, naturalisée, au Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle[11]. Le film Zarafa, sorti en France en 2012, raconte cette histoire.
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100
+ Girafe figurant sur le Paradis de Jérôme Bosch.
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+ Représentation sur tapisserie. Verdure à la girafe, vers 1600, musée des Hospices civils de Lyon.
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+ Deux girafes, sculpture de Hans-Detlev Hennig (1979).
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+ Girafe Masaï (G. c. tippelskirchi) au Kenya.
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+ Girafe de Rothschild (G. c. rothschildi).
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+ Girafe d'Afrique du Sud (G. c. giraffa).
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+ Girafe réticulée.
113
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114
+ Girafes angolaises s'accouplant (G. c. angolensis).
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+
116
+ G. c. giraffa (Parc national Kruger, Afrique du Sud).
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118
+ Girafe du Zoo des Sables.
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+
120
+ Ossicônes de la Girafe.
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122
+ Girafes réticulées dans la Réserve nationale de Samburu.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2205.html.txt ADDED
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+ Giraffa camelopardalis
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+
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+ Genre
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+
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+ Espèce
6
+
7
+ Synonymes
8
+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU  : Vulnérable
12
+
13
+ La Girafe (Giraffa camelopardalis) est une espèce de mammifères ongulés artiodactyles, du groupe des ruminants, vivant dans les savanes africaines et répandue du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Son nom commun vient de l'arabe زرافة, zarāfah, mais l'animal fut anciennement appelé camélopard, du latin camelopardus[1], contraction de camelus (chameau) en raison du long cou et de pardus (léopard) en raison des taches recouvrant son corps. Après des millions d'années d'évolution, la girafe a acquis une anatomie unique avec un cou particulièrement allongé qui lui permet notamment de brouter haut dans les arbres.
14
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15
+ Neuf populations, se différenciant par leurs robes et formes, ont été décrites par les naturalistes depuis le XIXe siècle parfois comme espèces à part entière, mais généralement considérées comme simples sous-espèces jusqu'au XXIe siècle. Cependant la taxonomie des girafes est actuellement débattue parmi les scientifiques.
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+ L’espèce est considérée comme vulnérable avec une diminution de 40 % du nombre d'individus entre 1985 et 2015[2].
18
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19
+ Le substantif féminin[3],[4],[5],[6] « girafe » est un emprunt[3],[4],[5] à l'italien giraffa, lui-même emprunté à l'arabe zurāfa[4] pour l'arabe classique[4] zarāfa[3],[5].
20
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21
+ Il s’agit de l’animal actuel le plus grand en hauteur, pouvant, grâce à la longueur de son cou, atteindre jusqu’à 5,50 m ou même 5,80 m. Les girafes femelles mesurent, à l'âge adulte, entre 4,00 et 4,60 mètres de hauteur, soit 4,30 m en moyenne. Cependant leur cou comporte le même nombre de vertèbres cervicales (7, d'environ 40 cm chacune) que la plupart des autres mammifères[7] (à l’exception des lamantins et des paresseux[8]) . Les girafes dorment très peu, moins de 2 heures par 24 heures, et plus volontiers le jour, car elles peuvent continuer à surveiller l'horizon. En réalité, elles somnolent debout, les yeux grands ouverts et sur des périodes allant de 1 à 30 minutes d'affilée[9]. Le poids d'une girafe varie entre 750 et 1 100 kg pour les femelles et peut aller jusqu’à 2 000 kg[10] pour les mâles. Son pelage à dominante rousse est réticulé ou tacheté de jaune ; son ventre est blanc. Sa queue, mince et longue, terminée par un pinceau de poils noirs, mesure de 70 à 100 cm.
22
+
23
+ La tête porte deux ossicônes, des appendices osseux recouverts de peau. Les ossicônes des femelles sont couverts d'une touffe de poils tandis que ceux des mâles en sont pratiquement dépourvus après quelques combats. Les mâles développent parfois en plus des dépôts de calcium sur leur crâne qui finissent par donner l'impression qu'un troisième ossicône est présent[11].
24
+ Ses caractéristiques physiques, notamment la longueur de ses membres et de son cou, font qu'elle est considérée par la NASA comme le modèle idéal pour étudier l'effet de la gravité sur la circulation sanguine. Les phlébologues de la NASA ont copié son réseau sanguin pour réaliser la combinaison anti-G des pilotes de chasse et astronautes[12].
25
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26
+ Son cœur de 11 kg, au myocarde renforcé, pompe 60 litres de sang et bat à 170 pulsations par minute, ce qui donne une pression artérielle deux fois supérieure à la pression humaine. Dans les artères du cou, tout un réseau de muscles annulaires aide à hisser le sang jusqu'au cerveau. Dans les veines, des valvules orientent le sang vers le cœur. Lorsque l'animal baisse la tête au sol, les valvules de la jugulaire sont fonctionnelles et empêchent le sang de retomber vers le cerveau (ce qui conduirait à un « voile rouge »). La veine jugulaire de la girafe est la plus longue et la plus droite du monde animal et possède 9 valvules. En 1993, à Vincennes, son endoscopie confirma que les constituants anatomiques d'une veine sont orientés en fonction de son axe d'aplatissement et donc qu'une veine a bien deux faces et deux bords. En bas des jambes où la pression est énorme, un système de capillaires sanguins très résistants (le rete mirabile, ou merveilleux réseau), comparables à ceux de l'espèce humaine, empêche un œdème fatal.
27
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28
+ Contrairement à une idée répandue, les girafes possèdent des cordes vocales mais elles n'émettent que très rarement des sons, se reposant davantage sur la vision que sur l'audition pour communiquer via par exemple des postures et des mouvements du cou et de la tête. Dans l'obscurité, les girafes ont tout de même recours à une communication orale, elles produisent un bruit sourd, une sorte de bourdonnement autour de 92 Hz, c'est-à-dire à la limite de la perception humaine[13]. Néanmoins, il est possible d'entendre les girafons en situation de stress pousser un genre de beuglement approchant celui des bovins[14]. La girafe est le seul mammifère terrestre qui ne bâille pas[9],[15].
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+ Son espérance de vie serait de l'ordre de 10 à 15 ans[10] ou de 26 ans[16] en milieu sauvage (selon les sources), et de 27[10] à plus de 36 ans en captivité[16]. Un mâle girafe du Kordofan a vécu 30 ans au Bioparc de Doué-la-Fontaine, il était le doyen de la population captive européenne[17].
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32
+ La girafe vit en Afrique, dans la savane. On la trouve du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Mais c'est principalement au Kenya, en Tanzanie, au Botswana et au Niger que l'on peut rencontrer des troupeaux de girafes. Elle était aussi présente en Afrique Australe (Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe). Les girafes ont disparu de la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. L'espèce a été réintroduite en Afrique du Sud pour les réserves de chasse.
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+ Lorsqu'elle court, elle va à l'amble, à l'instar du chameau ou de l'ours, c'est-à-dire qu'elle lève ensemble les deux pattes du même côté. En vitesse de croisière, elle court à 15 km/h mais peut accélérer à 56 km/h[18] en prenant un curieux galop. Les pattes avant se lèvent ensemble mais largement écartées, ce qui évite que ses sabots s'entrechoquent.
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+ Son galop particulier est facilité par son long cou qui balance et crée l'équilibre, grâce à un petit muscle spécial qui le tire en avant.
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+ La girafe se nourrit de feuilles d'arbre très nutritives, essentiellement des légumineuses, riches en sels minéraux car la girafe a besoin de 20 g/jour de calcium[11]. Elle peut occasionnellement se nourrir de fleurs, fruits, graines ou cosses. Sa consommation quotidienne va de 7 kg (nourriture rare) à 70 kg (nourriture abondante). Elle ne se nourrit ou ne s'abreuve au sol qu'en écartant les pattes de devant ou en pliant les genoux, après avoir bien inspecté les alentours. Elle lève souvent la tête entre deux gorgées lorsqu'elle est dans cette posture périlleuse, mais elle trouve l'essentiel de ses besoins en eau dans la nourriture et ne va boire que tous les 1 à 2 jours.
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+ Les acacias de la savane ont atteint des tailles leur permettant d'échapper aux zèbres et aux antilopes, mais leurs feuilles les plus tendres poussent entre 2 et 6 mètres, ce qui constitue pour la girafe la hauteur idéale et sa niche alimentaire. Sa langue bleue et préhensile est la plus puissante, la plus coriace et la plus longue (55 cm) parmi les ongulés. Elle peut l'allonger pour atteindre les pousses les plus tendres entre les barrières d'épines d'acacias. La girafe n'a pas d'incisives à la mâchoire supérieure. Elle saisit donc les pousses d'acacias avec sa langue, puis les guide entre ses lèvres, referme la bouche et tire la tête en arrière pour racler les feuilles grâce à ses dents du bas.
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+ Certains acacias (Acacia drepanolobium) sont protégés parce qu'ils hébergent des galles de fourmis agressives du genre Crematogaster[19],[20], à la morsure cuisante pour la bouche et les lèvres des girafes. Les acacias broutés émettent plus de nectar servant de nourriture à ces fourmis[réf. nécessaire] ainsi qu'une hormone végétale de stress leur permettant d'augmenter leur production de tanin, ce qui rend les feuilles plus amères et moins appétissantes pour la girafe, laquelle s'éloigne alors pour aller brouter plus loin. Cette boucle de rétroaction expliquerait que les girafes et les éléphants n'ont jamais surexploité les acacias.
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+ Les girafes n'ont pas de saison de reproduction définie. Les femelles sont constamment sollicitées par les mâles. Cependant, la conception a généralement lieu à la saison des pluies et les naissances se produisent entre mai et août dans des périodes sèches.
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+ Tous les 15 jours, les femelles sont en rut pendant une journée. Les mâles doivent donc rapidement trouver une femelle apte à procréer. Si la femelle est réceptive, celle-ci tourne autour du mâle et prend une position d'accouplement. Tous les 20 à 30 mois les femelles se reproduisent.
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+ Le grand mâle parcourt les pâtures des femelles pour trouver une partenaire. Il tente de dominer ses rivaux en leur coupant le passage et en dressant sa tête le plus haut possible. Le combat éclate lorsqu'un rival refuse de baisser la tête, de laisser le passage, ou fronce la lèvre en sa présence.
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+ Dans les combats de girafes, les mâles utilisent leur tête comme une massue, qui est lourde, cornue et bosselée (comportement appelé « necking »). Ses ossicônes sont massifs et durs comme de l'ivoire et sur son front pousse une excroissance osseuse, la corne médiane.
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+ Les deux mâles se cognent jusqu'à ce que l'un d'eux abandonne. La tête d'un mâle de 15 ans pèse 10 kg de plus que celle d'un jeune adulte de 7 ans, ce qui lui permet de gagner à tous les coups, mais le perdant est rarement tué et ils ne se battent jamais à coups de sabots.
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+ Une fois qu'un mâle a conquis une femelle, ses amours sont caressantes et paisibles, avec beaucoup de coups de langue.
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+ La girafe peut commencer à mettre bas dès l'âge de cinq ans. La gestation dure environ 15 mois. La mise bas s'effectue debout et le girafon tombe de près de deux mètres de haut. Il y a des risques que le girafon meure à la naissance, car en tombant il peut se blesser, et notamment se briser la nuque, même si cela reste très rare. La girafe met au monde le plus souvent un seul petit à la fois, exceptionnellement deux.
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+ À la naissance, le girafon mesure deux mètres pour un poids variant de 40 à 80 kg. Les jambes sont plus longues que le cou et sortent les premières. Le cou est proportionnellement moins long que celui des adultes. Sur la tête, deux touffes de poils noirs recouvrent les cartilages des futurs ossicônes, qui se souderont avec les os du crâne. Il s'agit de l'un des rares animaux dont les appendices crâniens existent dès la naissance.
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+ La girafe n'adopte son petit que s'il est capable de se tenir rapidement debout (généralement au bout de 15 minutes) et de stimuler la lactation. Au bout d'une heure, il doit tenir sur ses pattes pour atteindre les mamelles de sa mère où il pourra se nourrir d'un lait très gras. Dans le cas contraire, elle l'abandonne ou même le tue.
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+ La mère se fait comprendre de son petit en le caressant avec le bout de son museau ou avec un langage sonore d'une fréquence trop élevée pour les humains. Elle l'incite ainsi à la suivre et à la téter, créant ainsi le lien maternel.
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+ Le girafon grandit de un mètre durant la première année de sa vie. À six mois, il approche les trois mètres et à sept ans, il aura sa taille d'adulte avec un minimum de cinq mètres.
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+ Le sevrage intervient au bout de 12 à 16 mois mais le girafon peut rester avec sa mère jusqu'à l'âge de deux ans et demi. Après cette période, il est gardé dans une « nurserie » qui permet à sa mère d'aller s'alimenter. La maturité sexuelle est acquise au bout de trois à quatre ans pour un girafon femelle, et quatre à cinq ans pour un mâle[11].
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+ Adulte et en bonne santé, la girafe n'a à craindre que le lion, bien qu'elle puisse le tuer d'un coup de patte. Par contre, les jeunes qui échappent à la surveillance de leur mère ou isolés du troupeau et les sujets affaiblis par la vieillesse, la maladie ou une blessure, peuvent être la proie de prédateurs comme les lions, les hyènes rayées, les hyènes tachetées, les léopards ou les lycaons. C'est ainsi que trois girafons sur quatre se font tuer avant l'âge de trois mois.[réf. nécessaire] Aux points d'eau, les girafons peuvent aussi être victimes des crocodiles[11]. La girafe se repose et dort debout. Ce n’est que si elle se sent parfaitement en sécurité qu’elle dormira et se reposera par terre ; sa stature la rend vulnérable aux prédateurs, car elle met un certain temps à se relever.
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+ Neuf sous-espèces sont généralement acceptées, avec notamment quelques variations de couleurs et de répartition géographique :
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+ Cependant, il existe des divergences entre scientifiques à ce sujet. Ainsi, en 2007, une étude moléculaire extensive de girafes confirme la différenciation génétique très nette d'au moins six populations[21]. En 2016, une étude propose d'élever au rang d'espèce quatre taxons[22]. En 2017, une réponse à l'étude de 2016 est publiée, relevant de nombreux points problématiques dans l'interprétation des résultats, et expliquant que les conclusions taxonomiques ne doivent pas être acceptées inconditionnellement[23].
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+ Les Grecs pensaient que la girafe résultait de l'union du chameau et du léopard, d'où le nom scientifique camelopardalis (en grec ancien καμηλοπάρδαλις / kamêlopárdalis).
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+ Selon Pline l'Ancien, le cortège ramenant Vercingétorix vaincu à Rome aurait comporté une girafe[11].
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+ En Asie de l'Est et notamment au Japon où elle porte ce nom, la girafe est associée au qilin (ou kirin), animal mythique proche de la licorne. En effet, une girafe fut ramenée d'Afrique en Chine dès 1414 par Zheng He et accueillie par l'empereur Ming Yongle comme un qilin, témoignage de son bon gouvernement.
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+ Elle a été décrite, pour la première fois en France, par Pierre Belon (1517-1564).
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+ En 1809, Lamarck pensait qu'à force d'allonger le cou, elle avait transmis ce trait à sa descendance. En 1872, Darwin pensait que son long cou était dû à une sélection liée aux périodes de famines, où un ou deux pouces en plus faisaient la différence et permettaient de survivre. L'hypothèse de la sélection sexuelle est aussi avancée, les mâles se battant à coup de cou ou au contraire se caressant (comportement appelé necking)[11].
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+ La girafe est chassée pour sa viande et sa peau. Elle fut tuée aussi pour sa queue, utilisée comme monnaie primitive ou symbole d'autorité. En plus de ce braconnage, elle est menacée par la destruction de son habitat, notamment dans le Sahel où la déforestation est répandue. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), on comptait 155 000 girafes vivant dans la nature en 1985 contre 97 500 en 2015, ce qui constitue une baisse des effectifs de l’espèce d’environ 40 % au cours des 30 dernières années[24]. La population des girafes d'Afrique occidentale a baissé fortement dans les décennies récentes. En revanche, les populations de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe sont stables, et dans certaines régions elles ont même augmenté. La girafe est une espèce protégée dans la plupart des pays correspondant à son aire de répartition.
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+ On a estimé que la population totale des girafes représente 110 000 à 150 000 animaux en 2010, contre un million au milieu des années 1990[25]. Les plus grandes populations nationales se trouvent au Kenya (45 000), en Tanzanie (30 000) et au Botswana (12 000). En 2019, leur nombre est estimé à 98 000[2]. En 30 ans, 40% des girafes ont disparu sur le continent africain selon une étude du National Geographic publiée en 2019[26].
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+ Le dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest se trouve au Niger dans les environs de Kouré, à environ une heure de la capitale Niamey. Il fait l'objet d'un suivi par l'Association pour la sauvegarde des girafes du Niger (ASGN), impliquant les populations des villages avoisinants, permettant un repeuplement du troupeau. Afin d'éviter les problèmes de consanguinité, des échanges sont pratiqués avec des zoos et réserves d'autres continents.
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+ La girafe de Rothschild, à cheval entre le Sud-Soudan et l'Ouganda, est menacée d'extinction, ne comptant plus que 650 individus et est inscrite sur la liste des espèces en danger de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
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+ Selon la zoologiste Anne Innis Dagg « Sur les neuf sous-espèces, nous allons probablement en perdre quelques-unes » (The Times).
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+ À ce jour il n'existe en Europe aucune association de protection et sauvegarde ni de la girafe de Rothschild ni des autres sous-espèces menacées.
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+ Le 22 août 2019, les délégués de la CITES ont reconnu que la survie des girafes était menacée. Par 106 voix contre 21 et 7 abstentions la CITES a reconnu pour la première fois que le commerce de peau, de cornes, de sabots et d'os de girafes notamment constituait une menace pour la survie de l'espèce[27].
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+ La première girafe à entrer vivante sur le sol français fut ramenée d'Égypte en 1827 par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire : elle parcourut près de 800 km (dont plus de la moitié à pied) entre Marseille et le Jardin des plantes à Paris. L'événement eut à l'époque une portée considérable. Il s'agit de celle qui est actuellement visible, naturalisée, au Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle[11]. Le film Zarafa, sorti en France en 2012, raconte cette histoire.
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+ Girafe figurant sur le Paradis de Jérôme Bosch.
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+ Représentation sur tapisserie. Verdure à la girafe, vers 1600, musée des Hospices civils de Lyon.
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+ Deux girafes, sculpture de Hans-Detlev Hennig (1979).
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+ Girafe Masaï (G. c. tippelskirchi) au Kenya.
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+ Girafe de Rothschild (G. c. rothschildi).
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+ Girafe d'Afrique du Sud (G. c. giraffa).
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+ Girafe réticulée.
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+ Girafes angolaises s'accouplant (G. c. angolensis).
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+ G. c. giraffa (Parc national Kruger, Afrique du Sud).
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+ Girafe du Zoo des Sables.
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+ Ossicônes de la Girafe.
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+ Girafes réticulées dans la Réserve nationale de Samburu.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Giraffa camelopardalis
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+ Genre
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+ Synonymes
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU  : Vulnérable
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+ La Girafe (Giraffa camelopardalis) est une espèce de mammifères ongulés artiodactyles, du groupe des ruminants, vivant dans les savanes africaines et répandue du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Son nom commun vient de l'arabe زرافة, zarāfah, mais l'animal fut anciennement appelé camélopard, du latin camelopardus[1], contraction de camelus (chameau) en raison du long cou et de pardus (léopard) en raison des taches recouvrant son corps. Après des millions d'années d'évolution, la girafe a acquis une anatomie unique avec un cou particulièrement allongé qui lui permet notamment de brouter haut dans les arbres.
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+ Neuf populations, se différenciant par leurs robes et formes, ont été décrites par les naturalistes depuis le XIXe siècle parfois comme espèces à part entière, mais généralement considérées comme simples sous-espèces jusqu'au XXIe siècle. Cependant la taxonomie des girafes est actuellement débattue parmi les scientifiques.
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+ L’espèce est considérée comme vulnérable avec une diminution de 40 % du nombre d'individus entre 1985 et 2015[2].
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+ Le substantif féminin[3],[4],[5],[6] « girafe » est un emprunt[3],[4],[5] à l'italien giraffa, lui-même emprunté à l'arabe zurāfa[4] pour l'arabe classique[4] zarāfa[3],[5].
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+ Il s’agit de l’animal actuel le plus grand en hauteur, pouvant, grâce à la longueur de son cou, atteindre jusqu’à 5,50 m ou même 5,80 m. Les girafes femelles mesurent, à l'âge adulte, entre 4,00 et 4,60 mètres de hauteur, soit 4,30 m en moyenne. Cependant leur cou comporte le même nombre de vertèbres cervicales (7, d'environ 40 cm chacune) que la plupart des autres mammifères[7] (à l’exception des lamantins et des paresseux[8]) . Les girafes dorment très peu, moins de 2 heures par 24 heures, et plus volontiers le jour, car elles peuvent continuer à surveiller l'horizon. En réalité, elles somnolent debout, les yeux grands ouverts et sur des périodes allant de 1 à 30 minutes d'affilée[9]. Le poids d'une girafe varie entre 750 et 1 100 kg pour les femelles et peut aller jusqu’à 2 000 kg[10] pour les mâles. Son pelage à dominante rousse est réticulé ou tacheté de jaune ; son ventre est blanc. Sa queue, mince et longue, terminée par un pinceau de poils noirs, mesure de 70 à 100 cm.
22
+
23
+ La tête porte deux ossicônes, des appendices osseux recouverts de peau. Les ossicônes des femelles sont couverts d'une touffe de poils tandis que ceux des mâles en sont pratiquement dépourvus après quelques combats. Les mâles développent parfois en plus des dépôts de calcium sur leur crâne qui finissent par donner l'impression qu'un troisième ossicône est présent[11].
24
+ Ses caractéristiques physiques, notamment la longueur de ses membres et de son cou, font qu'elle est considérée par la NASA comme le modèle idéal pour étudier l'effet de la gravité sur la circulation sanguine. Les phlébologues de la NASA ont copié son réseau sanguin pour réaliser la combinaison anti-G des pilotes de chasse et astronautes[12].
25
+
26
+ Son cœur de 11 kg, au myocarde renforcé, pompe 60 litres de sang et bat à 170 pulsations par minute, ce qui donne une pression artérielle deux fois supérieure à la pression humaine. Dans les artères du cou, tout un réseau de muscles annulaires aide à hisser le sang jusqu'au cerveau. Dans les veines, des valvules orientent le sang vers le cœur. Lorsque l'animal baisse la tête au sol, les valvules de la jugulaire sont fonctionnelles et empêchent le sang de retomber vers le cerveau (ce qui conduirait à un « voile rouge »). La veine jugulaire de la girafe est la plus longue et la plus droite du monde animal et possède 9 valvules. En 1993, à Vincennes, son endoscopie confirma que les constituants anatomiques d'une veine sont orientés en fonction de son axe d'aplatissement et donc qu'une veine a bien deux faces et deux bords. En bas des jambes où la pression est énorme, un système de capillaires sanguins très résistants (le rete mirabile, ou merveilleux réseau), comparables à ceux de l'espèce humaine, empêche un œdème fatal.
27
+
28
+ Contrairement à une idée répandue, les girafes possèdent des cordes vocales mais elles n'émettent que très rarement des sons, se reposant davantage sur la vision que sur l'audition pour communiquer via par exemple des postures et des mouvements du cou et de la tête. Dans l'obscurité, les girafes ont tout de même recours à une communication orale, elles produisent un bruit sourd, une sorte de bourdonnement autour de 92 Hz, c'est-à-dire à la limite de la perception humaine[13]. Néanmoins, il est possible d'entendre les girafons en situation de stress pousser un genre de beuglement approchant celui des bovins[14]. La girafe est le seul mammifère terrestre qui ne bâille pas[9],[15].
29
+
30
+ Son espérance de vie serait de l'ordre de 10 à 15 ans[10] ou de 26 ans[16] en milieu sauvage (selon les sources), et de 27[10] à plus de 36 ans en captivité[16]. Un mâle girafe du Kordofan a vécu 30 ans au Bioparc de Doué-la-Fontaine, il était le doyen de la population captive européenne[17].
31
+
32
+ La girafe vit en Afrique, dans la savane. On la trouve du Tchad jusqu'en Afrique du Sud. Mais c'est principalement au Kenya, en Tanzanie, au Botswana et au Niger que l'on peut rencontrer des troupeaux de girafes. Elle était aussi présente en Afrique Australe (Angola, Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe). Les girafes ont disparu de la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. L'espèce a été réintroduite en Afrique du Sud pour les réserves de chasse.
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+
34
+ Lorsqu'elle court, elle va à l'amble, à l'instar du chameau ou de l'ours, c'est-à-dire qu'elle lève ensemble les deux pattes du même côté. En vitesse de croisière, elle court à 15 km/h mais peut accélérer à 56 km/h[18] en prenant un curieux galop. Les pattes avant se lèvent ensemble mais largement écartées, ce qui évite que ses sabots s'entrechoquent.
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+
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+ Son galop particulier est facilité par son long cou qui balance et crée l'équilibre, grâce à un petit muscle spécial qui le tire en avant.
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+ La girafe se nourrit de feuilles d'arbre très nutritives, essentiellement des légumineuses, riches en sels minéraux car la girafe a besoin de 20 g/jour de calcium[11]. Elle peut occasionnellement se nourrir de fleurs, fruits, graines ou cosses. Sa consommation quotidienne va de 7 kg (nourriture rare) à 70 kg (nourriture abondante). Elle ne se nourrit ou ne s'abreuve au sol qu'en écartant les pattes de devant ou en pliant les genoux, après avoir bien inspecté les alentours. Elle lève souvent la tête entre deux gorgées lorsqu'elle est dans cette posture périlleuse, mais elle trouve l'essentiel de ses besoins en eau dans la nourriture et ne va boire que tous les 1 à 2 jours.
39
+
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+ Les acacias de la savane ont atteint des tailles leur permettant d'échapper aux zèbres et aux antilopes, mais leurs feuilles les plus tendres poussent entre 2 et 6 mètres, ce qui constitue pour la girafe la hauteur idéale et sa niche alimentaire. Sa langue bleue et préhensile est la plus puissante, la plus coriace et la plus longue (55 cm) parmi les ongulés. Elle peut l'allonger pour atteindre les pousses les plus tendres entre les barrières d'épines d'acacias. La girafe n'a pas d'incisives à la mâchoire supérieure. Elle saisit donc les pousses d'acacias avec sa langue, puis les guide entre ses lèvres, referme la bouche et tire la tête en arrière pour racler les feuilles grâce à ses dents du bas.
41
+
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+ Certains acacias (Acacia drepanolobium) sont protégés parce qu'ils hébergent des galles de fourmis agressives du genre Crematogaster[19],[20], à la morsure cuisante pour la bouche et les lèvres des girafes. Les acacias broutés émettent plus de nectar servant de nourriture à ces fourmis[réf. nécessaire] ainsi qu'une hormone végétale de stress leur permettant d'augmenter leur production de tanin, ce qui rend les feuilles plus amères et moins appétissantes pour la girafe, laquelle s'éloigne alors pour aller brouter plus loin. Cette boucle de rétroaction expliquerait que les girafes et les éléphants n'ont jamais surexploité les acacias.
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+
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+ Les girafes n'ont pas de saison de reproduction définie. Les femelles sont constamment sollicitées par les mâles. Cependant, la conception a généralement lieu à la saison des pluies et les naissances se produisent entre mai et août dans des périodes sèches.
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+
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+ Tous les 15 jours, les femelles sont en rut pendant une journée. Les mâles doivent donc rapidement trouver une femelle apte à procréer. Si la femelle est réceptive, celle-ci tourne autour du mâle et prend une position d'accouplement. Tous les 20 à 30 mois les femelles se reproduisent.
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+
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+ Le grand mâle parcourt les pâtures des femelles pour trouver une partenaire. Il tente de dominer ses rivaux en leur coupant le passage et en dressant sa tête le plus haut possible. Le combat éclate lorsqu'un rival refuse de baisser la tête, de laisser le passage, ou fronce la lèvre en sa présence.
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+
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+ Dans les combats de girafes, les mâles utilisent leur tête comme une massue, qui est lourde, cornue et bosselée (comportement appelé « necking »). Ses ossicônes sont massifs et durs comme de l'ivoire et sur son front pousse une excroissance osseuse, la corne médiane.
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+
52
+ Les deux mâles se cognent jusqu'à ce que l'un d'eux abandonne. La tête d'un mâle de 15 ans pèse 10 kg de plus que celle d'un jeune adulte de 7 ans, ce qui lui permet de gagner à tous les coups, mais le perdant est rarement tué et ils ne se battent jamais à coups de sabots.
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+
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+ Une fois qu'un mâle a conquis une femelle, ses amours sont caressantes et paisibles, avec beaucoup de coups de langue.
55
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56
+ La girafe peut commencer à mettre bas dès l'âge de cinq ans. La gestation dure environ 15 mois. La mise bas s'effectue debout et le girafon tombe de près de deux mètres de haut. Il y a des risques que le girafon meure à la naissance, car en tombant il peut se blesser, et notamment se briser la nuque, même si cela reste très rare. La girafe met au monde le plus souvent un seul petit à la fois, exceptionnellement deux.
57
+
58
+ À la naissance, le girafon mesure deux mètres pour un poids variant de 40 à 80 kg. Les jambes sont plus longues que le cou et sortent les premières. Le cou est proportionnellement moins long que celui des adultes. Sur la tête, deux touffes de poils noirs recouvrent les cartilages des futurs ossicônes, qui se souderont avec les os du crâne. Il s'agit de l'un des rares animaux dont les appendices crâniens existent dès la naissance.
59
+
60
+ La girafe n'adopte son petit que s'il est capable de se tenir rapidement debout (généralement au bout de 15 minutes) et de stimuler la lactation. Au bout d'une heure, il doit tenir sur ses pattes pour atteindre les mamelles de sa mère où il pourra se nourrir d'un lait très gras. Dans le cas contraire, elle l'abandonne ou même le tue.
61
+
62
+ La mère se fait comprendre de son petit en le caressant avec le bout de son museau ou avec un langage sonore d'une fréquence trop élevée pour les humains. Elle l'incite ainsi à la suivre et à la téter, créant ainsi le lien maternel.
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+
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+ Le girafon grandit de un mètre durant la première année de sa vie. À six mois, il approche les trois mètres et à sept ans, il aura sa taille d'adulte avec un minimum de cinq mètres.
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+
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+ Le sevrage intervient au bout de 12 à 16 mois mais le girafon peut rester avec sa mère jusqu'à l'âge de deux ans et demi. Après cette période, il est gardé dans une « nurserie » qui permet à sa mère d'aller s'alimenter. La maturité sexuelle est acquise au bout de trois à quatre ans pour un girafon femelle, et quatre à cinq ans pour un mâle[11].
67
+
68
+ Adulte et en bonne santé, la girafe n'a à craindre que le lion, bien qu'elle puisse le tuer d'un coup de patte. Par contre, les jeunes qui échappent à la surveillance de leur mère ou isolés du troupeau et les sujets affaiblis par la vieillesse, la maladie ou une blessure, peuvent être la proie de prédateurs comme les lions, les hyènes rayées, les hyènes tachetées, les léopards ou les lycaons. C'est ainsi que trois girafons sur quatre se font tuer avant l'âge de trois mois.[réf. nécessaire] Aux points d'eau, les girafons peuvent aussi être victimes des crocodiles[11]. La girafe se repose et dort debout. Ce n’est que si elle se sent parfaitement en sécurité qu’elle dormira et se reposera par terre ; sa stature la rend vulnérable aux prédateurs, car elle met un certain temps à se relever.
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+
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+ Neuf sous-espèces sont généralement acceptées, avec notamment quelques variations de couleurs et de répartition géographique :
71
+
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+ Cependant, il existe des divergences entre scientifiques à ce sujet. Ainsi, en 2007, une étude moléculaire extensive de girafes confirme la différenciation génétique très nette d'au moins six populations[21]. En 2016, une étude propose d'élever au rang d'espèce quatre taxons[22]. En 2017, une réponse à l'étude de 2016 est publiée, relevant de nombreux points problématiques dans l'interprétation des résultats, et expliquant que les conclusions taxonomiques ne doivent pas être acceptées inconditionnellement[23].
73
+
74
+ Les Grecs pensaient que la girafe résultait de l'union du chameau et du léopard, d'où le nom scientifique camelopardalis (en grec ancien καμηλοπάρδαλις / kamêlopárdalis).
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+
76
+ Selon Pline l'Ancien, le cortège ramenant Vercingétorix vaincu à Rome aurait comporté une girafe[11].
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+
78
+ En Asie de l'Est et notamment au Japon où elle porte ce nom, la girafe est associée au qilin (ou kirin), animal mythique proche de la licorne. En effet, une girafe fut ramenée d'Afrique en Chine dès 1414 par Zheng He et accueillie par l'empereur Ming Yongle comme un qilin, témoignage de son bon gouvernement.
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80
+ Elle a été décrite, pour la première fois en France, par Pierre Belon (1517-1564).
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+ En 1809, Lamarck pensait qu'à force d'allonger le cou, elle avait transmis ce trait à sa descendance. En 1872, Darwin pensait que son long cou était dû à une sélection liée aux périodes de famines, où un ou deux pouces en plus faisaient la différence et permettaient de survivre. L'hypothèse de la sélection sexuelle est aussi avancée, les mâles se battant à coup de cou ou au contraire se caressant (comportement appelé necking)[11].
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84
+ La girafe est chassée pour sa viande et sa peau. Elle fut tuée aussi pour sa queue, utilisée comme monnaie primitive ou symbole d'autorité. En plus de ce braconnage, elle est menacée par la destruction de son habitat, notamment dans le Sahel où la déforestation est répandue. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), on comptait 155 000 girafes vivant dans la nature en 1985 contre 97 500 en 2015, ce qui constitue une baisse des effectifs de l’espèce d’environ 40 % au cours des 30 dernières années[24]. La population des girafes d'Afrique occidentale a baissé fortement dans les décennies récentes. En revanche, les populations de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe sont stables, et dans certaines régions elles ont même augmenté. La girafe est une espèce protégée dans la plupart des pays correspondant à son aire de répartition.
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+ On a estimé que la population totale des girafes représente 110 000 à 150 000 animaux en 2010, contre un million au milieu des années 1990[25]. Les plus grandes populations nationales se trouvent au Kenya (45 000), en Tanzanie (30 000) et au Botswana (12 000). En 2019, leur nombre est estimé à 98 000[2]. En 30 ans, 40% des girafes ont disparu sur le continent africain selon une étude du National Geographic publiée en 2019[26].
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88
+ Le dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest se trouve au Niger dans les environs de Kouré, à environ une heure de la capitale Niamey. Il fait l'objet d'un suivi par l'Association pour la sauvegarde des girafes du Niger (ASGN), impliquant les populations des villages avoisinants, permettant un repeuplement du troupeau. Afin d'éviter les problèmes de consanguinité, des échanges sont pratiqués avec des zoos et réserves d'autres continents.
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+ La girafe de Rothschild, à cheval entre le Sud-Soudan et l'Ouganda, est menacée d'extinction, ne comptant plus que 650 individus et est inscrite sur la liste des espèces en danger de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
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92
+ Selon la zoologiste Anne Innis Dagg « Sur les neuf sous-espèces, nous allons probablement en perdre quelques-unes » (The Times).
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+ À ce jour il n'existe en Europe aucune association de protection et sauvegarde ni de la girafe de Rothschild ni des autres sous-espèces menacées.
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+ Le 22 août 2019, les délégués de la CITES ont reconnu que la survie des girafes était menacée. Par 106 voix contre 21 et 7 abstentions la CITES a reconnu pour la première fois que le commerce de peau, de cornes, de sabots et d'os de girafes notamment constituait une menace pour la survie de l'espèce[27].
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98
+ La première girafe à entrer vivante sur le sol français fut ramenée d'Égypte en 1827 par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire : elle parcourut près de 800 km (dont plus de la moitié à pied) entre Marseille et le Jardin des plantes à Paris. L'événement eut à l'époque une portée considérable. Il s'agit de celle qui est actuellement visible, naturalisée, au Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle[11]. Le film Zarafa, sorti en France en 2012, raconte cette histoire.
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+ Girafe figurant sur le Paradis de Jérôme Bosch.
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+ Représentation sur tapisserie. Verdure à la girafe, vers 1600, musée des Hospices civils de Lyon.
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+ Deux girafes, sculpture de Hans-Detlev Hennig (1979).
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+ Girafe Masaï (G. c. tippelskirchi) au Kenya.
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+ Girafe de Rothschild (G. c. rothschildi).
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+ Girafe d'Afrique du Sud (G. c. giraffa).
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+ Girafe réticulée.
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+ Girafes angolaises s'accouplant (G. c. angolensis).
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+ G. c. giraffa (Parc national Kruger, Afrique du Sud).
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+ Girafe du Zoo des Sables.
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+ Ossicônes de la Girafe.
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+ Girafes réticulées dans la Réserve nationale de Samburu.
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+ Une mine est un gisement exploité de matériaux (par exemple d'or, de charbon, de cuivre, de diamants, de fer, de sel, d'uranium, etc.).
2
+
3
+ Elle peut être à ciel ouvert ou souterraine. Dans les années 1980, environ 20 milliards de tonnes de matériaux étaient extraits annuellement des seules mines à ciel ouvert dans le monde dont plus de la moitié des minerais[1] alors que plus de six milliards de tonnes de charbon, 1,6 milliard de tonnes de minerai de fer, 190 millions de tonnes de minerai d'aluminium sont présumés extraits du sous-sol par des galeries et puits au début du XXIe siècle.
4
+
5
+ La distinction entre mine et carrière tient à la nature du matériau extrait (stratégique ou précieux pour la mine, de moindre valeur pour la carrière) ; en France, c'est le code minier qui définit cela.
6
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7
+ Des mines existent depuis la Préhistoire (puits creusés dans la craie pour l'extraction du silex, puits ou galeries d'extraction de différents minerais (fer et cuivre notamment).
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+ À partir du XIXe siècle, les progrès techniques et de la géologie ont permis d'exploiter plus rapidement des gisements de plus en plus profonds, jusque sous la mer à partir d'une plate-forme de forage, non sans impacts environnementaux, sociaux et sanitaires directs ou indirects. L'extraction minière est responsable d'un grand nombre de morts, dans les galeries, ou à la suite de la silicose, l'asbestose ou à des cancers dus à la radioactivité. Les déchets, poussières des « stériles minières » sont parfois à l'origine de pollutions graves différées dans l'espace ou le temps (à partir des métaux lourds notamment). Certaines mines ont engendré un phénomène d'acidification du milieu, auto-entretenu (ce phénomène est dit « drainage minier acide »). Des mines abandonnées sont aussi à l'origine d'effondrement du sol superficiel. Des séismes induits peuvent être produits par les grandes mines.
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+ En France, il y a eu de très nombreuses mines dans presque toutes les régions. Les gisements de charbon se trouvent dans le Nord-Pas-de-Calais (plus grand réseau de galeries souterraines au monde), en Lorraine (où l'on trouvait également des gisements très importants de minerai de fer), dans le Massif central, en Provence, dans le Sud-Ouest (exemple : Carmaux) mais aussi autour de Saint-Étienne. La Russie possède aussi de nombreux gisements de charbon (exemples : Donbass et Sibérie). Le Royaume-Uni possède quant à lui d'importants gisements de charbon au nord (Lowlands en Écosse), au Pays de Galles, autour de Manchester, dans le centre (Midlands) et dans le Yorkshire.
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+ L'exploitation du sous-sol date au moins de la fin du néolithique en Europe[2]. Les hommes creusaient déjà dans la roche des puits et des galeries parfois de plusieurs dizaines de mètres pour la recherche de minéraux variés (silex, ocre, variscite, etc.).
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+ La plupart des plus anciennes mines destinées à la métallurgie datent de la Protohistoire, mais certaines ont commencé à se développer dès le Néolithique, au moyen d'outils rustiques mais efficaces tels que des galets de roche dure utilisés comme broyeurs[3].
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+ Comme en témoignent certains restes préhistoriques de charbon de bois retrouvés dans d'anciennes petites mines de par le monde, l'homme préhistorique a précocement appris à aussi utiliser le feu et peut-être le feu et l'eau pour disloquer la roche et « ouvrir » des mines[4] (technique confirmée par l'expérimentation et l'archéométrie) ; et même le feu a-t-il été utilisé pour « l'abattage » dans les galeries, notamment dans le sud de la France[4]).
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+ Les archéologues ont ainsi retrouvé dans les années 1980 des traces de ces techniques minières préhistoriques[5], plus d'une dizaine de mines de cuivre (avec un peu d'antimoine et d'argent[6]). Ces mines ont été creusées dans la région de Cabrières dans l'Hérault il y a plusieurs milliers d'années (4310 ± 75 BP[7]), à la fin du Néolithique, et étaient considérées à l'époque de leur découverte comme le plus vieux site minier de France[8],[9].
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+ Les premières constructions en pierre ont été une origine probable aux premières (carrières, et l'agriculture aux marnières). Il fallait creuser le sol pour extraire de la pierre ayant une qualité suffisante pour bâtir et certaines pierres se taillent plus facilement aussitôt extraites, avant qu'elles ne durcissent[réf. souhaitée].
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+ En creusant en profondeur, on atteignait une couche de roche non dégradée par la microfaune et flore du sol, ou les racines d'arbres (une « veine »), puis on creusait horizontalement pour extraire la roche de cette couche (la couche suivant les plis géologiques). Ces puits et couloirs pouvaient ensuite servir à se protéger des agressions[réf. souhaitée].
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+ On trouve la trace dès la très haute antiquité de l'exploitation des mines d'argent du Laurion, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Athènes. À l'époque classique, les Athéniens déployèrent une énergie et une inventivité spectaculaires pour en tirer le maximum de minerai. Au XXIe siècle, de nombreux vestiges de ces mines (puits, galeries, ateliers de surface) marquent le paysage de la région.
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+ À l'époque romaine de nombreuses et importantes exploitations minières se développent dans certaines régions comme l'Hispanie ainsi que dans les Balkans en Dalmatie et en Mésie et plus tard en Dacie. L'exploitation minière romaine est connue par les textes des auteurs anciens comme Strabon ou Pline l'Ancien, ainsi que par des inscriptions, comme les tables de bronze de Vipasca, règlement d'un district minier situé près de l'actuelle ville d'Aljustrel au Portugal ou encore comme les inscriptions figurant sur les lingots de métal. Les fouilles archéologiques ont aussi révélé différentes techniques d'extraction et le matériel utilisés par les mineurs. Ceux-ci appartenaient à des catégories de population variées : si sous la République la main d'œuvre servile semble avoir dominé, sous l'Empire l'importance des travailleurs salariés locaux semble s'être considérablement accrue. Bien des sites miniers romains sont cependant encore mal connus[10].
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+ Le Moyen Âge a vu l'exploitation de mines dans presque tous les pays d'Europe, que ce soit des mines de fer ou de non ferreux. Très abondant à la surface de la planète, le minerai de fer est disponible dans de petits gisements à la surface du sol ou à faible profondeur. Les hommes du Moyen Âge ont surtout exploité les gîtes de ce type qui n'exigeaient pas d'équipements sophistiqués. La diffusion du procédé indirect de réduction du minerai, apparu au XVe, a considérablement transformé les conditions d'extraction. La demande de plus en plus importante, la possibilité de traiter des minerais moins fusibles, ont conduit à rechercher des gisements plus abondants même si leur qualité était moindre.
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+ Dans la majorité des cas, les métaux non-ferreux provenaient de mines ouvertes pour produire de l'argent presque à partir de minerais complexes tels que des sulfures de cuivre et de plomb. Pendant longtemps, le plomb argentifère, plus facile à traiter, a fait l'objet de l'extraction la plus intensive. À l'époque carolingienne, les mines de Melle, en Poitou, fournissent la part la plus importante de l'argent produit dans l'Empire. Au XIe siècle, d'autres centres d'extraction apparaissent dans le Harz, en Forêt-Noire et dans les Vosges.
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+ Le XIIe siècle, temps de croissance des échanges et d'instauration de pouvoirs nouveaux, connaît une intense activité minière en Italie, en Europe centrale et en France.
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+ Au cours du XIIIe siècle, l'Italie continue d'être un producteur important. Cependant, l'Europe centrale, en particulier la Bohême, prend la première place. Les mines françaises connaissent aussi un grand développement : le premier règlement minier français conservé, la charte d'Hierle en Languedoc, date de 1272. Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, s'attache à développer la production minière dans ses domaines du Midi[11].
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+ La crise européenne du milieu du XIVe siècle au milieu du XVe siècle conduit à un bouleversement de l'activité minière qui recule en France et en Italie, mais qui reste forte en Europe centrale.
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+ La seconde moitié du XVe voit un nouvel essor de la production dans laquelle s'impliquent les plus grandes fortunes. C'est le cas de Jacques Cœur ou encore de Jacob Fugger. Dans le même temps se met en place un nouveau système d'exploitation fondé sur le transport par roulage et par l'usage de plus en plus important de l'énergie hydraulique.
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+ Jacob Fugger, banquier d'Augsbourg, est le plus grand entrepreneur minier de la Renaissance. Il contribue à financer la politique de Charles Quint et prend le contrôle des mines de cuivre de Neusohl en Hongrie (en Slovaquie actuelle) mais doit les abandonner en 1546 en raison des complications nées des guerres austro-turques et des guerres de religion entre catholiques et protestant[12]. Il obtient des Habsbourg le monopole des mines d'argent et de cuivre du Tyrol[13]. Les mines d'argent d'Europe centrale sont la principale source du marché européen : le traité De re metallica ( « Sur les métaux ») publié en 1556 par l'humaniste allemand Georgius Agricola témoigne d'un cycle de production à son apogée au moment où le marché européen commence à sentir l'afflux des métaux précieux causé par la conquête espagnole de l'Amérique[11].
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+ Les mines d'argent du Potosi dans la Vice-royauté du Pérou (aujourd'hui en Bolivie) sont exploitées à partir de 1545, et celles de Zacatecas en Nouvelle-Espagne (actuel Mexique), à partir de 1548. Les techniques sont très rudimentaires comparées à celles en usage en Europe centrale et l'exploitation dépend du travail de milliers d'Indiens soumis à la corvée, la mita, au prix d'une forte mortalité[14].
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+ Au XVIIe siècle, l’exploitation du fer Oregrounds en Wallonie puis en Suède donne un grand essor à la production d'acier. L'exploitation du charbon de terre, longtemps confinée à quelques régions comme le pays de Liège, se développe au XVIIIe siècle et marque le début de la Révolution industrielle[15].
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+ L’ONU (UNCTAD[16]) distingue[17] trois types d'exploitation :
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+ Sur la planète au début du XXIe siècle, 15 millions d'artisans-mineurs environ se livreraient à cette activité. Ce nombre a doublé en dix ans. En Afrique, 4,5 à 6 millions de personnes creusent des mines durant toute ou une partie de l'année, dont 30 % à 40 % sont des femmes. De cette population dépendent environ 40 millions de personnes, soit 1 Africain sur 20[18]. Certains auteurs estiment que ce mouvement va encore s'amplifier dans les zones riches en ressources et que par exemple au Zimbabwe, le nombre d’artisans-mineurs pourrait tripler de 2000 à 2010[19].
50
+
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+ Les cinq principaux majors dominant la scène mondiale au début du XXIe siècle sont BHP Billiton, Rio Tinto, Vale, Xstrata et Anglo American, ces compagnies qui disposent de la maîtrise technologique et oligopolistique étant de plus en plus en compétition avec les compagnies des pays émergents[20].
52
+
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+ Plusieurs exploitations minières ou projets miniers font face à des contestations de la part des communautés locales. En plus des permis règlementaires à obtenir, les compagnies doivent aussi s'assurer d'avoir un "permis social d'opération" qui permet aux activités de se dérouler dans un cadre acceptable pour la population touchée[21],[22]
54
+
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+ L'exploitation des mines pose de nombreux problèmes, et fait donc intervenir de nombreux domaines des sciences. C'est la raison pour laquelle dans la plupart des pays se sont créées des écoles spécifiques d'ingénieurs, les écoles des mines.
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+ Les mines de charbon sont organisées par étages à partir desquels on exploite les couches. Chaque mineur creuse une couche pour en extraire le charbon que l'on charge ensuite dans des berlines. Ce travail est très difficile car il faut creuser de façon à ne pas faire effondrer la galerie, en plus de cela, il y règne une chaleur étouffante, car il n'y a quasiment pas d'air qui circule. Le seul moyen trouvé pour créer une ventilation a été de construire au minimum deux puits. Le premier sert à la montée et la descente des mineurs et la montée du charbon. L'autre sert seulement à la ventilation.
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+
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+ En remontant une tonne de charbon, on extrait sept tonnes de sous-produits (éventuellement susceptible de contenir des toxiques ou de poser problèmes via la poussière ou la turbidité des eaux de ruissellement) que l'on évacue sur les terrils ou des bassins (ex : bacs à schlams des exploitations de charbon).
60
+
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+ Elle s'appuie sur les données géologiques et historiques, la découvertes de gîtes minéraux bénéficiant aussi des progrès de la Géochimie, des techniques de sondages (sismiques notamment) et de la modélisation. Des SIGs miniers sont ainsi apparus qui aident les prospecteurs en leur donnant un accès combiné au MNT (Modèle numérique de terrain), à l'imagerie satellitale, aux cartes géologiques (métadonnées), aux données concernant le risque sismique, le volcanisme, aux ressources géothermales connues, aux gisements connus, aux données géochronologiques, flux de chaleur, gravimétrie, tomographie 3D, risques naturels, cadastres, données environnementales (trame verte, pollutions, pédologie...), etc.
62
+
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+ Il s'appuie sur la Géophysique et la Résistance des matériaux et sur les ressources locales disponibles, en prenant de plus en plus en compte, en amont les besoins de renaturation et restauration écopaysagère du site en fin de vie, voire durant les différentes phases de l'exploitation. Les grands projets font l'objet d'une étude d'impact approfondie, et de mesures compensatoires ou conservatoires.
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+ Il existe différents cas de figure pour atteindre le gisement à exploiter et permettre l'évacuation des produits. Si le gisement est relativement horizontal (en plateure) et si la couche de morts-terrains n'est pas trop épaisse, on pourra exploiter à ciel ouvert (voir ci-dessous).
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+ Si le gisement affleure dans une zone accidentée, par exemple des collines surplombant une vallée, on pourra atteindre et exploiter le gisement par des galeries horizontales (les fendues du bassin de la Loire) débouchant à flanc de coteau. C'est, par exemple le cas dans le bassin ferrifère de Lorraine pour les mines d'Hussigny-Godbrange, Charles Ferdinand ou Kraemer.
68
+
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+ Par contre, si le gisement n'affleure pas du tout ou n'affleure pas dans de bonnes conditions il faudra creuser (on dit foncer) des puits afin de l'atteindre. C'est la solution la plus coûteuse pour l'exploitation et la moins rentable, c'est aussi la majorité des cas. Les deux solutions peuvent aussi se combiner (cas des mines de La Mure ou de la mine de fer de Soumont).
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+ Le cas de la mine de fer de Saint-Rémy-sur-Orne, en Normandie, est intéressant puisqu'une partie du gisement est au-dessus du carreau de la mine. La majorité des produits sont toutefois descendus au-dessous du niveau du puits, roulée jusqu'au puits pour être remontée au niveau du carreau pour y être traitée, solution moins coûteuse qu'une sortie à flanc de coteau dans une zone pauvre en routes et moyens d'évacuation.
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+ Le puits dessert les différents étages d'exploitation, chaque niveau s'appelle une recette ou accrochage.
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+ On distingue les tailles des travers-bancs. Les tailles servent directement à l'exploitation du gisement. En général pour exploiter un gisement on creuse une galerie de tête la plus haute et une galerie de base la plus basse. Le gisement est découpé en panneaux entre ces deux galeries et délimités par des tailles transversales les joignant. Ces tailles permettent d'exploiter le massif mais aussi d'organiser l'aérage, c'est-à-dire la circulation de l'air dans les travaux. La galerie de base permet également l'évacuation des produits abattus (le déblocage) vers le roulage qui les emmènera ensuite vers le puits d'extraction. Les galeries peuvent être taillées dans le produit exploité (charbon, minerai) en général ou au rocher de part et d'autre de la couche. La galerie de roulage détermine le niveau de la recette du puits. L'ensemble des travaux qui permettent la délimitation d'un panneau s'appellent les travaux préparatoires (ou traçage). Ils sont bien sûr fondamentaux.
76
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+ Les travers-bancs sont presque toujours creusés au rocher ; ils permettent la liaison entre le ou les puits et le gisement exploité (galerie de roulage). En effet en général les puits sont foncés non dans le gisement mais à l'extérieur dans le rocher. Un puits creusé dans le charbon par exemple, entraîne une perte de l'exploitation puisqu'il faudra maintenir autour du puits une zone non exploitée dite stot de sécurité ou investison (de tels stots sont obligatoires sous les zones habitées, les routes, les chemins de fer...).
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+ Le même raisonnement vaut pour les mines exploitées à flanc de coteau. Dans ce cas les fendues débouchent directement au jour à flanc du coteau. Depuis la catastrophe de Courrières, il y obligation d'avoir au moins deux débouchés au jour (2 puits ou 1 puits et 1 débouché à flanc de coteau par exemple).
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+ Pour relier les différents niveaux d'exploitation entre eux (on parle aussi d'étage) la liaison peut se faire soit par le puits, soit par un bure (ou faux-puits ) soit encore par plan incliné. On appelle bure un puits intérieur ne débouchant pas au jour reliant deux niveaux. Le plan incliné est une galerie ou travers-bancs plus souvent incliné et généralement muni d'un treuil afin de hisser les berlines ou d'un convoyeur à bande.
82
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+ La technique du soutènement a pour objet l'ensemble des travaux utiles pour maintenir les excavations souterraines.
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+ Le chargement est l'opération qui consiste, juste après l'abattage, à charger manuellement ou mécaniquement le minerai extrait en vue de son évacuation par berlines ou par convoyeurs (voir roulage) vers le puits.
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+ Le chargement peut être manuel (pelletage) ou mécanisé (scraper, pelles à godets, chargeuses à pattes de homard)
88
+
89
+ Le roulage est le transport des produits (charbon, minerai mais aussi le stérile) depuis le front de taille (ou plus exactement depuis le point de chargement du système de déblocage des chantiers) jusqu'à la recette inférieure du puits d'extraction, puis éventuellement, depuis la recette supérieure du puits aux ateliers de traitement. Le transport des produits, dans les mines industrialisées, s'effectue dans des bennes (ou berlines) de contenance variée selon les exploitations (de 500 litres à 25 000 litres) traînées à bras dans les exploitations non mécanisées, par un cheval (ou âne ou mulet) puis par locotracteurs, électrique, air comprimé, essence ou diesel ou tout simplement par gravité. Il s'agit en général de voies étroites inférieures à 1 m de large. Le roulage est un facteur fondamental dans l'exploitation d'une mine, il conditionne en effet, avec le puits, la capacité d'extraction.
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91
+ Avant de passer à l'exploitation industrielle souterraine, les régions minières connaissaient souvent une exploitation artisanale de couches affleurantes. Il s'agissait d'exploitation à ciel ouvert connue sous le nom de cayat, cayauderie, perrières (dans le bassin houiller de la Loire). Il est à remarquer que bien que les anciennes régions minières ont toutes de nombreuses rues du cayat, le sens de l'expression s'est perdu.
92
+
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+ Chevalements 19 et 11 à Loos-en-Gohelle.
94
+
95
+ Terrils du 11-19 à Loos-en-Gohelle.
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97
+ Roue du châssis à molette.
98
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99
+ Câble tressé à plat pour manœuvrer les cages d'ascenseurs.
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101
+ Câble dans son logement dans la salle des machines.
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103
+ L'aérage ou la ventilation est l'alimentation en air frais d'une mine.
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+ Les mineurs emportaient autrefois un canari en cage, qui lorsqu'il s'agitait, ou même mourait, ou encore donnait des signes de suffocation était le signe qu'il fallait remonter[réf. nécessaire].
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109
+ L'étude de l'éclairage ne présente qu'un intérêt secondaire dans les mines exemptes de grisou ou de poussières.
110
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111
+ L'opération d'abattage consiste à détacher la roche à extraire du massif et �� la réduire en éléments plus petits[réf. nécessaire] pour la manutentionner et la transporter. Cette opération peut être faite de plusieurs manières :
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+
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+ S'il n'est pas un accident « violent », le feu de mine de charbon est un problème grandissant, notamment en Chine. On estime actuellement qu'environ 1 % de la production de gaz à effet de serre provient de ces feux de mine (20 millions de tonnes de charbon partiraient ainsi en fumée chaque année). A température ambiante, le charbon réagit naturellement et spontanément avec l'oxygène de l'air pour donner du gaz carbonique. Si la chaleur ainsi créée n'est pas évacuée (ex. par ventilation), cette dernière augmente la température du charbon jusqu'à atteindre le seuil de combustion. Le feu de mine est donc très fréquent dans les mines affleurantes ou à ciel ouvert.
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119
+ Une mine à ciel ouvert ou open pit[23] consiste à déplacer de grandes quantités de sol et de sous-sol pour ensuite extraire le minerai. On met en place une mine à ciel ouvert lorsque le minerai se trouve relativement proche de la surface. On creuse la roche par dynamitage et le minerai est ensuite chargé sur d’énormes engins pour traitement.
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+
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+ Mine de cuivre à ciel ouvert, Chino Copper Mine, Nouveau-Mexique, États-Unis.
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+ Mine de charbon à ciel ouvert (Cévennes, France).
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+ Mine de charbon à ciel ouvert (Wyoming, États-Unis).
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+ Dégradation de la forêt tropicale due à la mine de charbon de Siderópolis (Brésil).
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+ Mine à ciel ouvert : extraction de lignite à Garzweiler (Allemagne).
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+ Les mines à déplacement du sommet, ou mountain-top removal (MTR) en anglais, sont un type particulier de mine à ciel ouvert, utilisée presque exclusivement dans les montagnes des États-Unis[24]. La végétation est d’abord détruite, puis le sol arraché[24]. Les déblais sont simplement poussés dans les fonds de vallée, ce qui permet de niveler une région accidentée, mais provoque aussi une pollution importante[24].
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+ Dans les Appalaches, le colmatage des fonds de vallée fait disparaître 500 montagnes et 200 km de cours d’eau par an, augmentant ainsi le risque d'inondations[24]. Le paysage subsistant est généralement lunaire.
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+ L'après-mine est l'ensemble des conséquences de la cessation d'une activité minière.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le mot Roms (parfois écrit Rroms[3]) désigne en français un ensemble de populations établies dans divers pays du monde et ayant, à origine, une culture et des origines communes dans le sous-continent indien[4], également dénommées par les exonymes Tziganes / Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches ou Romanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire) ou encore « gens du voyage » par confusion ou par vision fantasmée (l'immense majorité étant sédentaire). Leurs langues initiales font partie du groupe, issu du sanskrit, parlé au nord-ouest du sous-continent indien, et qui comprend aussi le gujarati, le pendjabi, le rajasthani et le sindhi. Minoritaires sur une vaste aire géographique entre l'Inde et l'océan Atlantique, puis sur le continent américain, les élites lettrées de ces populations ont adopté comme endonyme unique le terme Rom, signifiant en langue romani « homme accompli et marié au sein de la communauté »[5]. Deux autres dénominations, les Sintis et les Kalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[6], tantôt comme inclus parmi ces derniers[7].
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+ Selon Ian Hancock, contrairement aux Kalés et aux Sintis, tous originaires du nord de l’Inde, les Roms seraient plus précisément issus de la ville de Cannouge (Uttar Pradesh)[8], d'où les armées de Mahmoud de Ghazni les auraient déportés en 1018. Quoi qu'il en soit, ils sont présents en Europe dès le XIe siècle[9], et au XXIe siècle, les roms de tous les pays formeraient ensemble, selon une étude faite en 1994 pour le Conseil de l'Europe, la minorité « la plus importante en termes numériques »[10].
10
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11
+ Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel, et a officialisé la dénomination « Rom »[11].
12
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13
+ Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les noms rom (masculin), romni (féminin), roma (masculin pluriel) et romnia (féminin pluriel) qui selon Bordigoni signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[12], par opposition à gadjo (masculin), gadji (féminin) et gadjé (masculin pluriel), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disent payo (masculin), paya (féminin), payos (masculin pluriel) à la place de gadjo, gadgi et gadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les mots paysan et paysanne[12].
14
+
15
+ Par ailleurs, des journalistes de The Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[13] de la Biennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches , etc.[14][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmes étymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et aux « Manouches ». Cette notion de Rom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet de Larousse[15].
16
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17
+ Une hypothèse propose que le mot Rom dériverait du nom du Dieu Rāma (nom d'un Avatâr de Vishnou)[16]. Une étymologie remontant au mot sanskrit Dom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[17], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distance génétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[17].
18
+
19
+ Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de la Bohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début du XIXe siècle, ils parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes » ; etc.
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+ D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment : Kalés (Gitans)[18], qui peuplent la péninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent le kaló, un mélange entre castillan ou catalan et romani ; Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident.
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+ La nouvelle appellation administrative française gens du voyage, qui a remplacé celle de nomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étant sédentaire[19],[20]. En outre l'appellation gens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
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+ À diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
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+ Jan Yoors (en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours des années 1930, décrit dans son ouvrage Tsiganes (paru en 1967) les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires en Serbie, en Macédoine, en Turquie et en Roumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus que roumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptisés tsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint : ce sont par exemple les Yénische en Allemagne, les Shelta en Irlande ou les Tatars de Scandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens du cirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush : ce sont souvent des musiciens et des luthiers et ils se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara étant marchands de chevaux et se déplacent donc en roulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sont chaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[48].
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+ Selon Jean-Pierre Liégeois, « les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[49].
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+ Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[50] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs des langues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades des Balkans (voir l'article Valaques). Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par les régions valaques.
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+ Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelés endaja en langue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
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+ Selon Marcel Courthiade, on peut répartir les endajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de la langue romani[50] :
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+ De nombreux contes poétiques de la tradition orale circulent sur l'origine des Roms et font partie de leurs traditions. Ils en font des descendants de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Cham fils de Noé, des mages de Chaldée, des Égyptiens de l’époque pharaonique, des manichéens de Phrygie, de la Marie-Madeleine biblique, d'une des tribus perdues d'Israël, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mamelouks, d’anciennes tribus celtes du temps des druides, voire des Mayas, des Aztèques, des Incas... La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Quant à la tradition écrite, un récit légendaire du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza al-Isfahani (en), reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi, fait état de migrations de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partant du Sind actuel vers la Perse[réf. souhaitée]. Plus récemment, les protochronistes ont fait remonter l'origine des Roms à Hérodote lequel mentionne une tribu du nom de Sigynnes (qui sont des Scythes pour les historiens[réf. nécessaire]).
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+ Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Roms. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[51].
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+ Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent de démontrer leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40 générations environ[52]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[53]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromsome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour les haplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[53]. D'après les études portant sur les marqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[53].
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+ Dans les recherches linguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[54], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[54].
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+ Dans les recherches sociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[55].
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+ Probablement pour échapper au rejet de la société brahmanique, ces groupes pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[56]. Avec la Horde d'or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[57]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms méridionaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms septentrionaux ou Zingares, mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti). Quoi qu'il en soit, au XIVe siècle, des Roms vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et il semble que ce faisant, ils aient été marqués dès l'origine (puisque cette origine les « constitue » en tant que peuple) par le nomadisme et la dispersion. Au XVIe siècle, ils sont attestés en Écosse et en Suède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. On ignore si des Roms ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent.
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+ Ils sont Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
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+ L'histoire des Roms en Europe commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent en Europe dès le XIIe siècle[58]).
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+ Au XIVe siècle, des récits attestent pour la première fois de leur présence à Constantinople, en Crète, en Serbie, en Bohême, en Roumanie... Au siècle suivant, ils continuent d'avancer vers l'ouest.
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+ L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (déformation de Egyptios = égyptien). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite ottoman) les Roms se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[59].
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+ En 1423, Sigismond Ier du Saint-Empire accorde à un certain Ladislav, chef d'une communauté tsigane, une lettre de protection qui permet à des familles d'émigrer depuis la Transylvanie vers la Hongrie[45],[60].
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+ Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive en Espagne, en Catalogne, et se dirige vers Barcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[61] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » de Petite Égypte à leur tête[61].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ D'après le Journal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerins pénitents recommandés par le Pape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner à La Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à la chiromancie qui leur est proposée. La rumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec un frère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sont excommuniés. Le groupe repart en direction de Pontoise début septembre[62].
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+ En Angleterre, les Roms arrivent en 1460[61] ; en Suède, en 1512[61] ; à la fin du XVIe siècle, en Finlande[61] ; et au début du XVIIe siècle, les premiers textes légiférant sur leur présence en Grande Russie sont réalisés[61]. En Russie méridionale, les Roms apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma soit « Roms des Tatars », « Roms Coraques » ou « Roms des Armées » qui témoignent de leur ancien statut d'artisans, éleveurs de chevaux, charrons, ferronniers, selliers ou éclaireurs auprès des Tatars, des caravaniers ou des Cosaques[63].
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+ À leur arrivée (historique) en Europe, au XVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[64] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupes hérétiques gyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection du pape[65].
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+ Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tsiganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle.
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+ Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelle Roumanie sont des actes de donation de familles de robs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés en Olténie dans l'ancienne Principauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slave robota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documents phanariotes en grec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares) eunuques africains attachés au service des cours princières[67]. L’entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés les Tatars au XIVe siècle. Les Khans tatars cèdent alors leurs Roms au voïvode roumain victorieux, qui les distribue soit aux monastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : les boyards. Ainsi en 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles de Roms au monastère de Bistriţa en Principauté de Moldavie.
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+ Le « rob » pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait racheter lui-même sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'un pope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » du voïvode ou hospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[68]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas de Ștefan VIII, devenu voïvode de Moldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[69].
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+ En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[70],[71].
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+ Les philosophes des Lumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être de Jean-Jacques Rousseau[72]. L'abbé Prévost ou Voltaire ont eu des mots assez durs, et Mallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pour Égyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ».
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+ Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-Pyrénées Boniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit les Bohémiens des arrondissements de Bayonne et Mauléon (environ 500 personnes[73]) dans l'intention de les déporter en Louisiane[74],[75]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[76]. Les femmes et les enfants furent répartis dans divers dépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements des Hautes-Alpes et du Mont-Blanc[77]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[78]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[74].
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+ Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour les sédentariser, d’autant que les Roms acquièrent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
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+ Au Siècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du mot gitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
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+ On rencontre, dans le nord des Vosges, dans le courant du XIXe siècle des familles manouches qui habitent des maisons dans les villages parfois depuis plusieurs générations, tout en maintenant leur spécificité culturelle. Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, leurs descendants se déplacent ensuite dans de nombreuses autres régions françaises, voire en Espagne ou en Amérique du Sud[79],[80].
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+ Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières et/ou en franc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schœlcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[81]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[53].
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+ L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Roms récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
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+ Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.
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+ C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (...) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[82],[83]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation[84], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[85]. Voir aussi ci-après la section « L'après-guerre ».
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+ La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Yéniches (Tsiganes de Suisse, en allemand Jenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[86].
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+ Le génocide contre les roms est officiellement reconnu par l'Allemagne, seulement en 1982. Si le génocide contre les juifs porte le nom de shoah, celui des roms reste flou et selon les courants il s'appelle Porajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[87]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[88].
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+ En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[89]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis assassinés dans des camps d'extermination.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, déportés à Auschwitz, à Jasenovac, à Buchenwald, entre 50 000 et 80 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies[90]. Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.
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+ D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, tandis que les tsiganes alsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés au camp de Crest, de 1915 à 1919[92].
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+ Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à la gendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[93] ». Le 22 octobre 1939, le général Vary (sl), commandant de la 9e Région militaire, ajoute une interdiction de séjour en Maine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, la Charente, la Dordogne et la Corrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[94].
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114
+ Un décret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d’espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[95]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous le régime de Vichy : seuls deux camps, le camp de Lannemezan et le camp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » en zone sud[96].
115
+ En zone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[97]. Selon la thèse de l'historien Denis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[98], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[99]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[100]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[101] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco[102].
116
+
117
+ L'ordonnance du Militärbefehlshaber in Frankreich du 4 octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français »[103]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[104],[105], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[106] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal à Rennes[107].
118
+ Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas de barbelés ni de mirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département des Deux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon à Boussais, ce qui n'est plus le cas au camp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[108].
119
+
120
+ Le règlement du camp de Coudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[109]. Dans son étude sur Arc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[110].
121
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122
+ Les conditions de vie au camp de Moisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », la gale et les poux ne manquant pas de faire leur apparition[111],[112]. En mai 1942, les instituteurs du camp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[113].
123
+
124
+ D'une part, 66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent le camp de Compiègne le 23 janvier 1943 pour être déportés à Oranienburg-Sachsenhausen[114], d'autre part, un second groupe de 25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année vers Buchenwald[114]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[115].
125
+
126
+ En 1995, le quotidien Centre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[116].
127
+
128
+ Par ailleurs, des personnes du Nord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp de Malines et déportées vers Auschwitz le 15 janvier 1944. Seules 12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[117]. Parmi les 351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de 16 ans[118].
129
+
130
+ Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant que résistants[119].
131
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132
+ Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[120]. Le dernier camp à fermer est le camp des Alliers à Angoulême, qui fonctionne jusqu'au 1er juin 1946[121]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[122]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires à Ma Campagne.
133
+
134
+ Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
135
+
136
+ En 1985, une stèle est érigée au camp de la route de Limoges à Poitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[123].
137
+
138
+ En 1988, une modeste stèle commémorative est érigée sur le site d'internement de Montreuil-Bellay[124]. Les vestiges de ce camp font l'objet d'une inscription aux Monuments historiques le 8 juillet 2010[125].
139
+
140
+ Des stèles furent également érigées au Camp de Jargeau en 1991, à Laval (mémoire des camps de Grez-en-Bouère et Montsûrs) en 1993, à Arc-et-Senans en 1999, au camp de Linas-Montlhéry en 2004, à Angoulême (camp des Alliers), et Lannemezan en 2006, à Avrillé-les-Ponceaux (camp de La Morellerie) et Barenton en 2008[123].
141
+
142
+ Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement du camp de Saliers le 2 février 2006[126].
143
+
144
+ L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction de Pierre Nora, et les principaux manuels d'histoire de classe de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[127] ».
145
+
146
+ Depuis 2004, une cérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le 2 août sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
147
+
148
+ Le film Liberté de Tony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
149
+
150
+ Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
151
+
152
+ Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de 14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[128].
153
+
154
+ Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (XXX) du 31 août 1977 de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population[129] ».
155
+
156
+ Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique[réf. nécessaire]. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est , comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou "profiteurs de guerre " (Marché noir, et vols de marchandises à des paysans) : on ignore l'ampleur de ces pogroms, et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge, et allaient basculer vers les démocraties populaires Communistes.
159
+
160
+ Avec de 10 à 12 millions de personnes, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe. Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) de Roumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
161
+
162
+ Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et 1 million[130].
163
+
164
+ Dans certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration en Union européenne, leur ont distribué dans les anciens kolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par la collectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé à Vienne, a été créé. En juin 2004, Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant : Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE : Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
165
+
166
+ Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiative Décennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En septembre 2008, les deux députées au Parlement européen d’origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[131].
167
+
168
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
169
+
170
+ L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[132]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[133],[134].
171
+
172
+ La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique le travail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment). Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer la mendicité ou la délinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
173
+
174
+ Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, bénéficiant à partir de ce moment des droits de liberté de circulation dont bénéficie tout citoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[135], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute des états communistes[136]. »
175
+
176
+ Si une partie de ces Roms pratique le travail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[137].
177
+
178
+ Dans cette situation, les expulsions de Roms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008[138]. Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, représentant environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires car ils sont assortis de primes de 300 € par adulte et 100 € par enfant et de la prise en charge du billet d'avion[139].
179
+
180
+ En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
181
+
182
+ 8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le 1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministre Éric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés[140] ».
183
+
184
+ En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements en 2014, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR)[141]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[142] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[141].
185
+
186
+ Certains « gens du voyage » français ne veulent pas être identifiés aux Roms en raison de la large utilisation du terme Rom en lien avec les problèmes de délinquance faite par des médias francophones et par des hommes politiques[réf. nécessaire] tels Nicolas Sarkozy[143], Manuel Valls[144], Christian Estrosi, Éric Ciotti[145] Lionnel Luca[146], ou de partis politiques comme le Front national.
187
+
188
+ Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à la Francophonie, l'emploi du mot Rom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[147]. Rom et Roumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d’Indirom à la place de Rom.
189
+
190
+ La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom « certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici[148] ». Toutefois, comme les Afro-Américains aux États-Unis ou les Dalits en Inde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[149].
191
+
192
+ Mais ces estimations ne concernent que les environ 600.000 Roms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[150], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 millions de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l’appellation de « Roms »
193
+
194
+ Les Roms restent discriminés en Hongrie[151]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales « des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[152].
195
+
196
+ En mai 2008, en Italie, près de Naples, des camps roms ont été brûlés[153]. En 2010, le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
197
+
198
+ D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaire Mafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[154].
199
+
200
+ Arrivée en Pologne au XIVe siècle, la population Rom est estimée au début du XXIe siècle entre 17 000 et 35 000 personnes. Ils y ont souffert des persécutions, notamment lors de l'occupation nazie au cours de laquelle un nombre très important (le chiffre exact n'est pas connu) d'entre eux a été exterminé. Ils subissent toujours les préjugés et les persécutions, qu'ils soient Roms polonais ou étrangers (de Roumanie ou de Macédoine du Nord) et ce malgré l'instauration d'une loi en 2011 destinée à les protéger[155].
201
+
202
+ Le terme Rom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il est phonétiquement proche du mot roumain român (roumain). Il n'y a pas de lien étymologique ou sémantique entre les deux termes : rom signifie simplement être humain en romani tandis que român vient du latin romanus.
203
+
204
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
205
+
206
+ Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[157]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 600 000 Roms mais plusieurs ONG estiment que ce nombre est sous-estimé et serait en réalité plus proche d'un million, soit autour de 6 % de la population roumaine, et Nicolae Paun du Partida le Romenge (parti Rom) fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[156].
207
+
208
+ Le romani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
209
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210
+ Au Royaume-Uni, les travellers (voyageurs, en référence à la fois aux Irish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantir le droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit les travellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
211
+
212
+ En Suisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d’une mendicité organisée de manière criminelle[158].
213
+
214
+ De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures en Roumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[159]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[160].
215
+
216
+ Confronté à un afflux de Roms du Kosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, la Suède, comme le Danemark et la Norvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et des malades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
217
+
218
+ D'après une enquête publiée en 2007 par le Centre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[161]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[162].
219
+
220
+ Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact des Roms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec des non-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d’entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
221
+
222
+ Des estimations laissent à penser qu'il y a approximativement 8 à 10 millions de Roms dans le monde en 2001[163] sans compter ceux qui résident en Inde. Les plus grandes concentrations de Roms se trouvent dans les Balkans, en Europe centrale et de l'Est, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. De plus petits groupes vivent dans l'Ouest et le Nord de l'Europe, au Moyen-Orient, et en Afrique du Nord.
223
+
224
+ Les pays où les populations roms dépassent le demi-million sont la Roumanie, les pays de l'ex-Yougoslavie, l'Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Turquie, le Brésil et l'Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Tchéquie et en Slovaquie.
225
+
226
+ En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta le drapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé le Chakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereur Ashoka ou Ashok, comme on le voit en tête d'article. Le Congrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer la journée internationale des Roms[164]. L'hymne, Djelem, djelem, a été écrit par Žarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[165].
227
+
228
+ Il y aurait actuellement en France entre 350 000[166] et 1 300 000[167] Roms.
229
+
230
+ La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origine romani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialectes hispaniques, comme le caló[172].
231
+
232
+ Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensemble romani avec le sanskrit est clairement établie, avec des influences avestiques et hébraïques[54].
233
+
234
+ Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms de Prizren au Kosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, le romani, le serbe et le turc. En Slovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, le slovaque et le hongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
235
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236
+ Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont les Roms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ou Manouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
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238
+ Quelques Roms ont développé des sabirs tels que l’ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaire espagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots en argot espagnol, l’angloromani (cant, ce mot désigne également la langue des Travellers irlandais, le shelta), l’arméno-romani (lomavren ou lovari) ; le gréco-romani (ellino-romani), le suédo-romani (tavringer romani), le norvégo-romani (nomad norsk), le serbo-romani (srpskoromani), le hungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que la boyash est un argot roumain avec des emprunts au hongrois et au romani.
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+ Dans les Balkans, on trouve cinq langues vernaculaires composés de romani, d'albanais, de grec et de langues slaves : l’arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
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+ Les Roms sont connus pour être d'excellents musiciens et danseurs. En Espagne, ils ont influencé le flamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appelle lăutari, en République tchèque et Slovaquie lavutari.
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+ En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme les Bouglione ou les Zavatta.
245
+ Le guitariste Django Reinhardt, quant à lui, influencera durablement le jazz en y mêlant la musique tzigane. Gus Viseur et Tony Murena, compositeurs de célèbres valses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
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247
+ Le théâtre était également une activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par le Djungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
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+ En Andalousie, le flamenco est la principale musique dans laquelle les artistes gitans se sont imposés depuis la fin du XVIIIe siècle, et ce, en concurrence et rivalité avec les artistes andalous non gitans. El Planeta est considéré comme le premier artiste gitan du flamenco, identifié comme tel par les auteurs du XIXe siècle. À la fois guitariste et chanteur, il crée certains styles de cette musique dont la seguiriya. Au début du XXe siècle le cante flamenco gitan est représenté par Manuel Torre de Jerez de la Frontera spécialisé dans les styles typiquement gitans du cante jondo, et à partir des années 1930, par Manolo Caracol. Entre 1930 et 1940, le flamenco fait place à l'opéra flamenca, décrié pour son caractère décadent et commercial. Après la seconde guerre mondiale, Antonio Mairena impose un retour aux sources d'un flamenco purement gitan, son approche d'une musique dont il revendique les origines exclusivement gitane, est contesté par les défenseur du répertoire payo (c'est-à-dire non gitan). Des années 1950 à 1970 plusieurs cantaors vont représenter le versant gitan du flamenco, les principaux étant El Chocolate, Terremoto de Jerez, El Agujetas. Camarón de la Isla fut la principale vedette du cante flamenco des années 1970 à 1990.
250
+
251
+ Dans la guitare, Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitan Paco de Lucía. Le guitariste Manitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de 93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de la danse flamenca, la figure prépondérante fut Carmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
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253
+ Le pianiste György Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
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255
+ On a suggéré que, lorsqu’ils étaient encore en Inde, les Roms étaient hindouistes ; le mot romani pour « croix », trushul, est le même mot que le sanskrit triṣula qui désigne le trident de Shiva.
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257
+ Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sont catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou aux États-Unis sont soit catholiques, soit protestants. En Amérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. En Turquie, en Égypte et dans le sud des Balkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de "religion rom", mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
258
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+ Dans les Balkans, Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellent Ederlezi qui marque le printemps.
260
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261
+ Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et la mythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée la fin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
262
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+ À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers le bouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvement Ambedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[173],[174].
264
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265
+ Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant , l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
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267
+ Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom de pomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelés mulo, auxquels une place est réservée[175]. Cette tradition est partagée avec les aroumains[176], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
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+ Sous l'Ancien Régime, des Tsiganes font des pèlerinages au Mont Saint-Michel et à Alise-Sainte-Reine[177].
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+ L'origine du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui de Frédéric Mistral publié en 1906 :
272
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+ « L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[178] »
274
+
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+ Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[179]. L'édition de 1861 de Mireille comporte au chant XII les vers suivants :
276
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+ « Dins la capello sousterradoI'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (...) »
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279
+ L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[180] ». Une image de L'Illustration de 1852 montre une Bohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[181].
280
+ Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
281
+
282
+ « Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (...) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[182]. »
283
+
284
+ La création en 1935 de la procession annuelle de Sara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguais Folco de Baroncelli au nouvel archevêque d'Aix, Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[183]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[184].
285
+
286
+ Le 26 septembre 1965, le pape Paul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins à Pomezia près de Rome[185],[186].
287
+
288
+ Le gitan espagnol Zéphyrin Giménez Malla est béatifié le 4 mai 1997 par Jean-Paul II[187].
289
+
290
+ Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l’évêque d’Évry Mgr Michel Dubosc, basée à Longpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
291
+
292
+ La 54e édition du « pèlerinage des gitans et gens du voyage » à Lourdes rassemble 6 000 personnes en août 2010[188].
293
+
294
+ Le pèlerinage de Lisieux est aussi très suivi par les familles de l'Île-de-France.
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+ Les orientations de la pastorale des Tsiganes sont définies par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
299
+
300
+ Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin des années 1950, en France d'abord, en Normandie, puis partout en Europe. Leur conversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé » Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appelées Filadelfia, dont déjà une centaine à Madrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent à Los Angeles, Houston, Buenos Aires et Mexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
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+ L'association Vie et Lumière anime un rassemblement communautaire à Chaumont-Semoutiers, Damblain, à Nevoy et dans la Haute-Saône.
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+ On trouve des Roms de confession musulmanes sunnite surtout en Albanie[189], en Bosnie-Herzégovine[190], au Monténégro[190], en Macédoine du Nord[190], au Kosovo[190], dans le sud de la Serbie[190] et dans le sud-est de la Bulgarie[190].
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306
+ D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurs haplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[53]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[53].
307
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308
+ Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrage Lutter contre les pauvres[191], ce qui différencie le discours sur l’identité « Rom » par rapport aux discours sur les identités nationales ou régionales, n’est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu’il n’est pas en lien avec un territoire. Le discours est d’ordre ethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l’entend l'historien des nationalismes Benedict Anderson (1983) : elle n’existe qu’en fonction des attributs qu’un groupe revendique ou que d’autres groupes lui prêtent.
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+ Des fictions célèbres ont contribué à modeler la représentation du monde rom dans l'imaginaire collectif, comme Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou Carmen de l'opéra Carmen de Georges Bizet.
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312
+ Mentionnons aussi : La Petite Gitane de Miguel de Cervantes, Noces de sang de Federico García Lorca, La Lyre d'Orphée de Robertson Davies, dont les personnages principaux perpétuent jusqu'à ce jour au Canada et ailleurs les traditions tziganes, comme le soin et la réparation des instruments de musique. Mulengro, roman de l'auteur canadien de fiction contemporaine Charles de Lint, présente un portrait du Rom et de ses mythes culturels.
313
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+ Citons également : The Experiment, roman de Stephen (Barbara) Kyle qui trace le portrait d'une Rom américaine, sœur d'une victime de l'expérimentation nazie, Fires in the Dark de Louise Doughty, fiction relatant une expérience rom en Europe centrale durant la Seconde Guerre mondiale, Zoli de Colum McCann, roman retraçant la destinée mouvementée d'une Rom en Europe des années 1930 à nos jours, et le roman de Gaston Leroux, Rouletabille chez les Bohémiens[192]. Dans la bande dessinée Les Bijoux de la Castafiore, en 1963, Hergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre, et victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart.
315
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+ En bande dessinée également, Modou la Tzigane, de Nadine Brass et Régine Pascale, est une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin du Moyen Âge.
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+ La Bohème est un thème littéraire et artistique dérivé des divers stéréotypes sur les Bohémiens.
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+ Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre des stéréotypes sur le monde rom, on peut citer les chansons. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, la chanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmes stéréotypes que dans le roman ou l'opéra sont utilisés[193].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Giuseppe Mazzini, né le 22 juin 1805 à Gênes et mort le 10 mars 1872 à Pise, est un révolutionnaire et patriote italien, fervent républicain et combattant pour la réalisation de l'unité italienne. Il est considéré avec Giuseppe Garibaldi, Victor-Emmanuel II et Camillo Cavour, comme l'un des « pères de la patrie ».
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+ Mazzini a participé et soutenu tous les mouvements insurrectionnels en Italie qui se sont avérés pour leur grande majorité des échecs mais son action a eu pour effet d'ébranler les petits États de la péninsule et d'inquiéter les plus grands comme le Royaume de Sardaigne, puis le Royaume d'Italie à partir de 1861, la France et l'Empire d'Autriche dont Metternich, Premier ministre autrichien, dit de lui : « J'ai dû lutter avec le plus grand des soldats, Napoléon. Je suis arrivé à mettre d'accord entre eux les empereurs, les rois et les papes. Personne ne m'a donné plus de tracas qu'un brigand italien : maigre, pâle, en haillons, mais éloquent comme la tempête, brûlant comme un apôtre, rusé comme un voleur, désinvolte comme un comédien, infatigable comme un amant, qui a pour nom : Giuseppe Mazzini. »[1].
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+ Ses idées et son action politique ont largement contribué à la naissance de l'État unitaire italien alors que les condamnations des différents tribunaux de l'Italie l'ont forcé à l'exil et la clandestinité jusqu'à sa mort. Les théories mazziniennes sont d'une grande importance dans la définition du mouvement moderne européen par l'affirmation de la démocratie à travers la forme républicaine de l'État. En politique italienne, il constitue une référence permanente, ce qui lui a valu d'être récupéré par toutes les tendances politiques : le fascisme, la résistance et sa famille républicaine.
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+ Giuseppe Mazzini, qui est appelé Pippo par ses parents et ses trois sœurs, est né à Gênes de Giacomo, médecin et professeur d'anatomie de l'université de Gênes, originaire de Chiavari et personnage marqué par le jansénisme, actif en politique au moment de la République ligure et au cours de la période napoléonienne et de Maria Drago, fervente janséniste [2],[3].
10
+ Très précoce, à l'âge de 14 ans, il s'inscrit à l'Université de Gênes en médecine, comme le veut son père, mais, selon un récit de sa mère, il renonce après s'être évanoui lors de sa première expérience d'autopsie. Il s'inscrit alors en droit, où il est signalé pour sa rébellion contre le règlement qui impose d'aller à la messe et en confession. À 15 ans, il est arrêté parce que, dans l'église, il refuse de laisser la place aux cadets du Collège Royal[2],[4]. En mars 1821, il participe à sa première manifestation qu'il n'évoque pas dans son autobiographie jugeant l'évènement mineur[5].
11
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12
+ Le passionné de littérature tombe amoureux de Goethe, Shakespeare, Byron et Foscolo, il est particulièrement impressionné par le roman Jacopo Ortis au point de ne vouloir s'habiller qu'en noir[2]. En 1821 il prend conscience de sa vocation, profondément marqué par le passage, à Gênes, des fédérés piémontais qui, après leur tentative insurrectionnelle, s’embarquent pour l’Espagne où la lutte continue. Chez le jeune Mazzini, apparaît pour la première fois la pensée « qu'on pouvait, donc qu'il fallait, lutter pour la liberté de la patrie. »[2],[6],[5].
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+ En 1826, il écrit son premier essai littéraire, Dell'amor patrio di Dante publié en 1837, où Dante est présenté comme le précurseur des aspirations à l'indépendance italienne[7].
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+ Le 16 avril 1827, il obtient son diplôme en droit civil et droit canon à (in utroque iure) et, la même année, une licence de philosophie. Mazzini commence à affirmer, contre le pouvoir en place, que la « patrie d’un Italien n’est ni Rome, ni Florence ou Milan, mais l’Italie tout entière »[8]. Il commence à exercer dans l'étude d'un avocat, mais l'activité qui l'occupe la plupart du temps est celle de rédacteur auprès de l'Indicatore genovese dans lequel Mazzini commence à publier des écrits politiques, la censure laisse faire avant de suspendre le journal (décembre 1828)[2],[9].
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+ C'est à cette époque que lui nait une nouvelle pensée, la doctrine du progrès, inspirée par François Guizot et Victor Cousin[9].
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+ Par le congrès de Vienne de 1815, qui accompagne la chute de Napoléon Ier, et qui est en grande partie orchestré par le Premier ministre autrichien, Metternich, la péninsule italienne se retrouve partagée en de multiples petits États le plus souvent sous domination autrichienne ; il en va ainsi des grandes villes du Nord, Milan, Venise rassemblées dans le Royaume lombard-vénitien, du duché de Parme, du duché de Modène et du grand-duché de Toscane. Le Royaume de Sardaigne, dont les monarques sont issus de la Maison de Savoie et ont choisi Turin pour capitale, dans le Piémont, conserve sa souveraineté.
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+ Le retour de monarchies absolues en Europe ravive le désir de liberté et, en 1820, la péninsule est confrontée aux premiers soulèvements organisés par l’association des Carbonari qui s’opposent à la présence autrichienne. Ces insurrections, auxquelles prennent part essentiellement des étudiants, des militaires et la jeune bourgeoisie en écartant les masses populaires, ne parviennent pas, à quelques exceptions près, à s’imposer[10] et elles sont durement réprimées.
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+ Ces événements forment le prélude au printemps des peuples et c’est dans ce climat de révolte que Mazzini va s'affirmer comme un leader des mouvements insurrectionnels s'opposant à la fois à ce qu'il considère, à l'occupation autrichienne et au pouvoir politique du Royaume de Sardaigne.
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+ En 1827, Mazzini est membre des carbonari dont il devient, en 1830, un véritable dirigeant[11]. Il est poursuivi par la police piémontaise pour ses idées et ses activités, ce qui lui vaut d'être emprisonné à Savone, la même année. N'étant pas en mesure de prouver sa culpabilité, la police de Savoie le contraint à choisir entre la résidence surveillée dans une petite ville du Piémont ou l'exil[12]. Mazzini préfère affronter l'exil[12] et en février 1831, il part en Suisse, puis à Lyon et enfin à Marseille où il entre en contact avec les groupes de Philippe Buonarroti et avec le mouvement saint-simonien alors diffus en France[13].
27
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28
+ Il commence une analyse de l'échec des émeutes dans les duchés et les légations pontificales de 1831 et pense que les groupes carbonari ont échoué surtout en raison de la contradiction de leurs programmes et l'hétérogénéité de la classe qui en fait partie et qu'il n'avait pas été possible de réaliser une amplification du mouvement insurrectionnel en raison de l'étroitesse des projets politiques des différentes provinces, il en avait été ainsi lors des émeutes de Turin de 1821 quand les tentatives de fraternisation avec les Lombards avaient échoué. Enfin il fallait renoncer, comme en 1821, à rechercher l'appui des princes et, comme dans les émeutes de 1830-1831, l'aide des Français[14].
29
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30
+ Mazzini organise en 1831 un mouvement politique appelé Giovine Italia[15] inspiré par le socialisme et qui s'appuie sur la jeunesse[16]. Il prend une orientation prophético-religieuse[17],[14], la devise de l'association est « Dieu et peuple ». Son but est l'union des États italiens[18] en une seule république avec un gouvernement central comme la seule condition possible pour la libération du peuple italien des envahisseurs étrangers. Le projet fédéraliste, selon Mazzini, parce que sans unité, manque de vigueur, aurait fait de l'Italie une nation faible, naturellement destinée à être soumise aux puissants États unitaires voisins : le fédéralisme de plus aurait rendu inefficace le projet du Risorgimento, faisant renaitre les rivalités municipales, encore vives, qui ont aux yeux des idéologies radicales et démocrates du XIXe siècle caractérisé « la pire histoire » de l'Italie médiévale[19]. L'objectif républicain et unitaire devait être atteint par un soulèvement populaire dirigé par une guerre en bande.
31
+
32
+ Avec la création de Giovane Italia en 1831 le mouvement insurrectionnel est organisé sur des objectifs politiques précis : l'indépendance, l'unité et la liberté. Il faut alors une grande mobilisation populaire car la libération italienne ne peut pas être atteinte par l'action de quelques-uns, mais avec la participation des masses. Renoncer, enfin, à toute aide extérieure pour la révolution « La Giovine Italia est déterminée à tirer parti des événements de l'étranger, mais à ne pas en faire dépendre l'heure et la nature de l'insurrection »[20].
33
+
34
+ Les moyens pour atteindre ces objectifs sont l'éducation et l'insurrection. Par conséquent il est nécessaire que la Giovane Italia perdent autant que possible son caractère secret, mais suffisamment pour se défendre de la police, et acquérir celle de société de propagande du message politique de l'indépendance, de l'unité et de la république, notamment au travers du journal La Giovine Italia fondé en 1832 et une « association tendant avant tout à un objectif d'insurrection, mais essentiellement éducatrice jusqu'à ce jour et après ce jour » [21],[22].
35
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36
+ À l'issue des années 1833 et 1834, l'association disparaît pendant quatre ans, pour ne reparaître qu'en 1838 en Angleterre. Dix ans plus tard, le 5 mai 1848, l'association sera définitivement dissoute par Mazzini, qui fonde, à sa place, l'Associazione Nazionale Italiana (Association nationale italienne).
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38
+ Le 27 avril 1831, Charles-Albert de Sardaigne accède au trône du Royaume de Sardaigne déclenchant de grands espoirs en raison de sa participation aux événements insurrectionnels de 1821 à Turin. Mazzini, bien que républicain, lui envoie une lettre publiée à Marseille l'invitant à devenir roi d'Italie et à se mettre à la tête du mouvement national italien et de renoncer aux choix. Charles-Albert ne répond pas à l'appel et s'engage dans une sévère répression contre les mouvements libéraux[23],[24].
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40
+ La même année, Mazzini rencontre une femme de la noblesse aux idées mazziniennes et républicaines Giuditta Bellerio Sidoli, veuve du patriote Giovanni Sidoli et exilée aussi à Marseille. En 1832, elle donne naissance à Joseph Adolphe Démosthène Aristide Bellerio Sidoli dit Adolphe, qui meurt à l'âge de trois ans, en 1835[15].
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+ Les adhésions enthousiastes au programme de la Giovane Italia se produisent surtout parmi les jeunes de Ligurie, du Piémont, de l'Émilie et de Toscane, qui se mettent immédiatement à l'épreuve en organisant au cours des années 1833-1834 une série d'insurrections qui se concluent par des arrestations, des emprisonnements et des condamnations à mort. Giuditta est l'administratrice et la comptable du journal politique la Giovine Italia. Apprenant l'arrestation imminente par les autorités françaises de Mazzini qui à cette époque est gravement malade, elle le suit dans son exil à Genève pour prendre soin de lui.
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+ Au début de 1833, Mazzini organise sa première insurrection qui a comme foyers révolutionnaires Chambéry, Turin, Alexandrie et Gênes. Il envisage l'assassinat de roi Charles-Albert et compte sur une vaste adhésion de l'armée. Mais avant même le début du soulèvement, la police des Savoie, en raison d'une rixe survenue entre les soldats de Savoie, découvre et arrête plusieurs des conjurés qui sont durement poursuivis car la loyauté de l'armée envers le Charles-Albert est le fondement de la sécurité de son pouvoir. Parmi les condamnés il y a les frères Giovanni et Jacopo Ruffini, amis personnels de Mazzini et à la tête de la Giovine Italia de Gênes, l'avocat Andrea Vochieri et l'abbé turinois Vincenzo Gioberti. Ils sont jugés par un tribunal militaire, et douze d'entre eux sont condamnés à mort, parmi lesquels Vochieri, tandis que Jacopo Ruffini, afin de ne pas trahir, se suicide en prison ce dont Mazzini se sent responsable[25]. Mazzini, qui entre-temps est expulsé de la France (août 1832), est condamné à mort par le tribunal militaire d'Alexandrie (26 octobre 1833) pour avoir « concerté, excité et promu » au moyen d'« écrits séditieux » une large conspiration afin de détruire l'ordre en place[26].
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+ L'échec du premier mouvement insurrectionnel n'arrête pas Mazzini, convaincu que c'est le moment opportun et que le peuple va suivre Il espère aussi que l'expédition provoque un conflit international notamment entre la France et l'Autriche ce qui provoque l'intérêt des démocrates européens particulièrement les républicains français[27]. Depuis Genève, avec d'autres Italiens et quelques Allemands et Polonais, au total 200 hommes, il organise à l'action militaire contre l’État des Savoie. À la tête de la révolte il y a le général Gerolamo Ramorino[28], plus mercenaire que général, qui a déjà pris part aux émeutes de 1831, ce choix s'avère être une erreur car Ramorino joue l'argent collecté pour l'insurrection et reporte sans cesse l'expédition[27], de sorte que lorsque le 2 février 1834, il décide de traverser la frontière de la Savoie avec ses hommes, quelques centaines, la police, alertée depuis longtemps, disperse très facilement les volontaires qui occupent un poste douanier[29].
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+ Au même moment, une révolte doit éclater à Gênes sous la direction de Giuseppe Garibaldi qui s'est enrôlé dans la marine de guerre sarde afin de faire de la propagande révolutionnaire parmi les équipages. Quand il arrive sur le lieu où le soulèvement aurait dû commencer, il ne trouve personne, et resté seul, il est contraint de fuir. Il réussit à échapper à une condamnation à mort en montant sur un bateau en partance pour l'Amérique du Sud, où il continue à se battre pour la liberté des peuples[30]. Ces faits sont mis en doute[31] et ne sont pas relatés par Garibaldi dans ses mémoires[32].
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+ Mazzini, parce qu'il a pris part personnellement à l'expédition avec Gerolamo Ramorino, est expulsé de la Suisse[33] et doit chercher refuge en Angleterre. Il y poursuit son action politique par des discours publics, des lettres et des écrits dans les journaux et revues, aidant à distance les Italiens à maintenir le désir d'unité et d'indépendance. Bien que l'échec des mouvements insurrectionnels soit total, après ces événements, la ligne politique de Charles-Albert change, craignant que ces réactions excessives puissent devenir dangereuses pour la monarchie.
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+ Il n'en reste pas moins que les actions donnent du crédit et une notoriété internationale à Mazzini[34] ce qui l'incite à poursuivre son objectif depuis l'exil avec une inflexible constance. D'autres tentatives sont des échecs, Palerme, dans les Abruzzes, en Lombardie occupée par les Autrichiens, en Toscane. L'échec de ces nombreux efforts et le prix très élevé du sang versé fait traverser à Mazzini ce qu'il appelle « la tempête du doute »[35] dont il sort religieusement convaincu encore une fois de la validité de ses idéaux politiques et moraux.
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+ Le 15 avril 1834, près de Berne, sept Italiens dont Mazzini, cinq Allemands et cinq Polonais fondent l'association Giovine Europa[36] par une alliance fraternelle[37],[38].
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+ La Giovine Europa est la plus grande réalisation de ses idées de la liberté des nations. Son but est de fédérer les nations européennes sur des bases républicaines[38]. Le mouvement a également un rôle important dans la promotion des droits des femmes, comme en témoigne l’œuvre de nombreuses mazziniennes, parmi lesquelles Giorgina Saffi, la femme d'Aurelio Saffi, l'un des plus proches collaborateurs de Mazzini et son héritier en matière de mazzinianisme politique.
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+ Mazzini pense que l'Italie doit prendre la tête du mouvement de régénération de l'Europe[39], alors en grande partie sous domination de souverains très autoritaires et particulièrement l'Autriche. Il proclame le principe de « l'égalité de tous les peuples ». Il fonde d'autres mouvements politiques pour la libération et l'unification des autres pays européens : la Giovine Germania, la Giovine Polonia, la Giovine Svizzera, la Giovine Belgio et la Giovine Spagna[38]. La Giovine Europa inspire également un groupe de jeunes cadets de l'armée turque et d'étudiants qui prendront le nom de Jeunes-Turcs.
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+ En 1835, il publie Foi et avenir rédigé en français et qui fournit une synthèse de ses idées[40], et en 1837, Devoirs de l’Homme.
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+ En 1837, il est expulsé de Suisse[38] et se fixe à Londres où il vit petitement de la rédaction d'articles de presse et du soutien financier de ses parents[41]. Il est abandonné par Giuditta Bellerio, qui retourne en Italie pour rejoindre ses enfants. Même après avoir mis fin à leur relation, Mazzini et Giuditta restent en contact : « Souris-moi! C'est le seul sourire qui me vient de la vie[N 1] ».
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+ Il fait la connaissance de Thomas Carlyle et de son épouse qui lui fait découvrir Londres et les conditions de vie misérables des émigrés italiens pour qui il crée une école (1841)[42]. Il tente de lancer des mouvements insurrectionnels à Bologne et à Imola en 1842, à Cosenza en 1844, à Rimini en 1845. Tous sont des échecs.
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+ L'émeute organisée à Bologne en 1843, attire deux jeunes officiers de la marine autrichienne, Attilio et Emilio Bandiera. Avec le soutien de Mazzini, ils débarquent près de Cosenza dans le Royaume de Naples, mais ils sont arrêtés et exécutés.
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+ Nobles, fils de l'amiral Francesco Bandiera et, à leur tour, officiers de la marine autrichienne, ils adhèrent aux idées de Mazzini et fondent une société secrète, l'Esperia[N 2] avec laquelle ils envisagent de provoquer un soulèvement populaire dans le sud de l'Italie[43].
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+ Ils apprennent le déclenchement d'une émeute à Cosenza, le 15 mars, qu'ils croient conduite au nom de Mazzini. Le 13 juin 1844, les frères Attilio et Emilio Bandiera rejoignent la Calabre, accompagnés de dix-sept camarades, du brigand calabrais Giuseppe Meluso et du corse Pietro Boccheciampe. Ils débarquent, le 16 juin 1844, à l'embouchure de la rivière Neto, près de Crotone où ils apprennent que l'insurrection a été réprimée dans le sang et qu'il n'y a plus aucune rébellion contre l'autorité du roi.
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+ Boccheciampe, apprenant qu'il n'y a plus d'insurrection disparaît et se rend au poste de police de Crotone pour dénoncer ses compagnons tandis que les deux frères veulent poursuivre l'entreprise et se rendent à la Sila.
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+ La recherche des rebelles par les gardes civiques des Bourbon débute, aidé par des citoyens ordinaires qui croient que les mazziniens sont des brigands. Rejoints, après quelques échanges de tir, ils sont capturés et conduits à Cosenza, où les frères Bandiera avec d'autres combattants sont fusillés dans le vallon de Rovito, le 25 juillet 1844[44].
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+ Le roi Ferdinand II remercie la population pour le grand attachement montré à la Couronne et les récompense en distribuant des médailles d'or, de l'argent et des généreuses pensions[45].
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+ Mazzini, de son côté, accuse le gouvernement britannique d'avoir transmis des informations sur les expéditions aux Napolitains, et la question est soulevée devant le Parlement britannique. Quand il est admis que sa correspondance privée a été ouverte, et que son contenu a été révélé par le ministère des Affaires étrangères au gouvernement napolitain, Mazzini gagne en popularité et le soutien des libéraux britanniques, qui sont scandalisés par l'intrusion du gouvernement dans sa correspondance privée. Des publications récentes, en particulier la biographie de Sir James Graham, ont tendance à disculper le gouvernement britannique.
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+ Le 28 avril 1847, il crée, avec William James Linton, la People's International League, la première association populaire anglaise à s'occuper d'affaires étrangères après l'annexion d'une partie de la Pologne par l'Autriche[46].
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+ Le 8 septembre 1847 il demande au pape Pie IX de prendre la tête d'un mouvement pour l'unité de l'Italie[47], celui-ci ne lui répond pas, Mazzini dira dans ses mémoires avoir agi par provocation[48] :
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+ Le 5 mars 1848, Mazzini est à Paris, où la Deuxième République vient de mettre en place un gouvernement provisoire républicain, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet. Il lance une nouvelle association politique, l'Associazione Nazionale Italiana (Association nationale italienne) qui remplace Giovine Italia[49].
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+ Au cours des années 1848-1849, Mazzini a la possibilité, pour la première fois, d'occuper le premier rôle dans les évènements italiens[50]. Le 7 avril, il se rend en Italie où il est acclamé à Milan qui s'est insurgée contre les Autrichiens. Là, il s'entretient avec les chefs républicains avec qui il s'oppose, notamment Carlo Cattaneo, privilégiant l'indépendance italienne à la démocratie et à la république[51]. Il quitte la ville après la défaite italienne de Custoza, celle-là même qui contraint Charles-Albert de Sardaigne accepter l'armistice signé par Salasco[52]. Il se joint à un groupe de volontaires garibaldiens avant de rejoindre la Suisse[52] puis la France.
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+ Après l'échec des insurrections de 1848, Mazzini est le chef de la courte expérience de la République romaine avec Aurelio Saffi et Carlo Armellini ce qui est, pour lui, un succès d'une énorme portée, il déclare : « Vingt ans d'exil me sont largement payés »[53]. Il en est chassé par les Français venus rétablir sur le trône le pape Pie IX.
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+ En 1849, il s'installe à Londres, où il reste jusqu'en 1868. Au cours de cette période, il entre en conflit avec les courants du mouvements démocratique européen leur reprochant de trop mettre en avant le principe des droits de l'homme, au détriment de celui de ses devoirs[54] et notamment avec la gauche française[55]. Ceux-ci lui reprochent d'avoir une activité trop orientée en faveur de l'Italie[56] et d'être un tyran en puissance[57]. George Sand, avec qui il s'est lié d'amitié depuis 1842 et qui préfaça et traduisit son ouvrage " République et Royauté en Italie" en 1850 se détache de lui[58]. Mazzini collabore avec Ledru-Rollin alors exilé à Londres en créant le Comité central démocratique européen[59] et noue des contacts avec Victor Hugo[57].
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+ La devise Dio e il Popolo, l'appel aux devoirs plutôt qu'aux droits, la critique de la Révolution française constituent, selon l'historien Simon Levis Sullam, les composants anti-démocratiques de sa pensée politique[60].
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+ Il tente sans succès de soulever Mantoue (1852), Milan (1853), Gênes et Livourne (1857) ce qui lui vaut une seconde condamnation à mort[26]. Concernant les évènements de Milan, Karl Marx, dans un article dans le New York Daily Tribune du 8 mars 1853, intitulé « Les mouvements de Milan », critique violemment Mazzini qu'il appelle ironiquement le « Théopompe », le «messager de Dieu», lui attribuant la culpabilité de l’échec des révolutions spontanées par manque d’organisation aboutissant au sacrifice des insurgés, il écrit : « L'insurrection de Milan est importante parce qu'elle est un symptôme de la crise révolutionnaire qui menace le continent européen tout entier. Et elle est admirable en raison de l'acte héroïque d'une poignée de prolétaires qui, armés seulement de couteaux, ont eu le courage d'attaquer une ville et une armée de 40 000 soldats parmi les meilleurs en Europe… Mais comme grand final de la conspiration éternelle de Mazzini, de ses proclamations ronflantes et ses tirades contre le peuple français, est un résultat très pauvre. La présomption est que, désormais, il faut mettre fin aux révolutions improvisées, comme disent les Français… En politique, comme cela se fait dans la poésie, les révolutions ne sont jamais faites sur ordre ». Avec cet échec, Mazzini dilapide une grande partie du prestige acquis en 1848-1849[61].
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+ En 1853, il dissout l'Associazione Nazionale Italiana et crée le partito d'azione (parti d'action) afin de relancer l'action révolutionnaire et en riposte aux critiques de sa stratégie qui se diffusent dans le camp démocratique[62]. Alors que certains comme Ferrari, Montanelli et Pisacane veulent un contenu plus social au mouvement démocratique[63] d'autres, les plus nombreux commencent à voir dans le roi du Royaume de Sardaigne et son Premier ministre Camillo Cavour les dirigeants du mouvement de réunification. Garibaldi a déjà pris ses distances en 1854[64]. En 1855, Daniele Manin, en particulier, appelle ses amis à soutenir l'action de la Maison de Savoie dans une déclaration retentissante : « Persuadé qu'il faut avant tout faire l'Italie, que c'est la question primordiale, je dis à la maison de Savoie : Faites l'Italie et je suis avec vous, sinon non... Moi républicain, je plante le premier l'étendard de l'unification : L'Italie avec le roi sarde[65] ». Il fonde, avec La Farina, un parti monarcho-unitaire opposé à celui de Mazzini, la Società nazionale italiana en 1857[64],[63] ce qui signifie séparer l'unification de l'Italie de la réforme sociale et politique préconisée par Mazzini.
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+ Cavour est habile à forger une alliance avec la France et à conduire une série de guerres qui conduisent à la naissance de l'État italien entre 1859 et 1861, mais la nature politique de la nouvelle équipe gouvernementale est bien loin de la république mazzinienne.
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+ Le plan initial, selon la méthode insurrectionnelle mazzinienne, prévoit d'activer un foyer de rébellion en Sicile où il y a un mécontentement généralisé contre les Bourbon, et de là, l'étendre à l'ensemble du sud de l'Italie. Plus la suite, un départ du port de Gênes pour débarquer à Ponza semble plus approprié afin de libérer les prisonniers politiques qui viendront renforcer les rangs de l'expédition avant d'atteindre Sapri, qui, à la frontière entre la Campanie et la Basilicate, est considérée comme une position stratégique idéale pour attendre des renforts et marcher sur Naples.
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+ Le 25 juin 1857, Pisacane s'embarque avec vingt-quatre compagnons, y compris Giovanni Nicotera et Giovan Battista Falcone, sur le bateau de ligne Cagliari, de la Société Rubattino. Le 26 juin, ils débarquent à Ponza où, en agitant le drapeau tricolore, ils réussissent facilement à libérer 323 prisonniers, quelques-uns pour des raisons politiques mais pour le reste, des criminels de droit commun, qui s'engagent pour la quasi-totalité dans l'expédition. Le 28 juin, le Cagliari repart accompagné de ses prisonniers de droit commun et des armes volées aux gardes de la prison. Dans la soirée, les conspirateurs débarquent à Sapri, où mais ils ne trouvent pas les rebelles qu'ils espéraient. Au contraire, ils doivent affronter les faux des paysans auxquels les autorités ont annoncé le débarquement d'une bande de bandits évadés de l'île de Ponza. Le 1er juillet, à Padula, ils sont encerclés et vingt-cinq d'entre eux sont massacrés par les paysans. Les autres, au total 150 hommes sont capturés et remis à la police.
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+ Pisacane, avec Nicotera, Falcone et les derniers survivants réussissent à fuir à Sanza où ils sont à nouveau agressés par la population, 83 autres rebelles sont tués. Pisacane et Falcone se suicident avec leurs armes, tandis que ceux qui ont échappé à la colère populaire sont jugés en janvier 1858. Condamnés à mort, ils sont graciés par le roi et condamnés à la prison à perpétuité.
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+ Bien qu'il s'agisse d'une entreprise typiquement mazzinienne, Pisacane avait pris ses distances avec le credo politiques du Maitre pour se rapprocher d'un socialisme libertaire exprimé par la formule « libertà e associazione » (liberté et association).
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+ Contrairement à Mazzini, qui en ce concerne les questions sociales, propose une solution sur les classes seulement après avoir résolu le problème unitaire, Pisacane pense que pour parvenir à une révolution patriotique unifiée et nationale, il faut d'abord résoudre la question paysanne, qui est celle de la réforme agraire. Comme il l'écrit dans son testament politique en l'annexe de Saggio sulla rivoluzione : « profonde est ma conviction d'être la propagande de l'idée une chimère et l'instruction populaire une absurdité. les idées découlent des faits et non le contraire, le peuple ne sera pas libre dès lors qu’il sera instruit, mais sera tôt instruit une fois libre[…] L’utilisation de la baïonnette à Milan a produit une propagande plus efficace qu’un millier de livres. ».
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+ Pisacane est proche des idées de Mazzini quand il ajoute que même si la rébellion est un échec « ma récompense, je la trouverais dans les profondeurs de ma conscience et l'âme de ces chers et généreux amis ... que si notre sacrifice n'apporte pas de bien à l'Italie, ce sera au moins une gloire pour elle d'avoir engendré des enfants qui voulait se sacrifier pour son avenir.»[66].
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+ L'expédition ratée a en effet le mérite de relancer auprès de l'opinion publique italienne la «question napolitaine», à savoir la libération du mezzogiorno italien de la mauvaise gouvernance des Bourbons italiens que le politicien britannique, William Ewart Gladstone, décrit comme « la négation de Dieu érigée en système de gouvernement »[66].
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+ En 1858, Mazzini condamne l'alliance franco-piémontaise (1858) et la cession de la Savoie et du comté de Nice à la France (1860) mais son influence est alors réduit à sa plus simple expression, l'union patriotique se faisant autour de la monarchie[67]. Le 20 mai 1860, il quitte Londres souhaitant rejoindre Giuseppe Garibaldi pour participer à l'expédition des Mille qu'il soutient voyant l'occasion de poursuivre l'action par la libération de Rome ce qui place Camillo Cavour dans une situation diplomatique difficile à l'égard de la France qui protège les États pontificaux. Il arrive le 7 mai à Gênes où il incite à porter la révolution dans les provinces de la papauté et sollicite une autre expédition en Ombrie et dans les Marches. Le gouvernement piémontais fait en sorte que les aides recueillies par le mouvement de solidarité national et centralisé par la Società Nazionale soient dirigées uniquement vers la Sicile[68].
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+ Le Royaume d'Italie institué en 1861 est repoussé par Mazzini, il juge que le gouvernement Cavour s'est opposé au Risorgimento pour finalement en recueillir les bénéfices sans jamais en prendre l'initiative, la guerre menée contre les Autrichiens l'a été sous les ordres de Napoléon III et l'invasion des Marches et de l'Ombrie avait pour objectif d’empêcher la prise de Rome[52].
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+ En 1860, le livre Dei doveri dell'uomo, synthèse de sa pensée morale, politique et sociale est édité à Lugano[69]. L'ouvrage adressé aux ouvriers italiens est probablement inspiré du livre du peuple de Lamennais[70] que Mazzini appelle le représentant du « catholicisme social »[71] et avec qui, il échange une longue correspondance[72].
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+ Mazzini crée ses deux dernières associations La Falange sacra (1864) et l’Alleanza repubblicana universale (1866)[73].
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+ Le 25 février 1866 Messine est appelée à voter pour élire ses députés au nouveau parlement de Florence. Mazzini est candidat dans le deuxième collège, mais il est incapable de faire campagne, car il est en exil à Londres. Il a, sur sa tête, deux condamnations à mort : celle infligée par un tribunal de Gênes pour les émeutes de 1857 (le 19 novembre 1857, en première instance et le 20 mars 1858 en appel) ; une condamnation à mort lui a été infligée par le tribunal de Paris pour complicité dans un attentat contre Napoléon III.
122
+ De façon inattendue, Mazzini gagne l'élection avec une large avance, 446 voix. Le 24 mars, après deux jours de débat, la Chambre annule l'élection en raison des condamnations.
123
+ Deux mois après, les électeurs du deuxième collège de Messine retournent aux urnes : Mazzini remporte de nouveau les élections. La Chambre, après un examen plus approfondi, annule de nouveau l'élection le 18 juin. Ce même jour le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté résidant à Palerme lui confère le 33ème et dernier degré du rite[74]. Le 18 novembre, Mazzini est réélu une troisième fois, la Chambre, cette fois, valide l'élection.
124
+ Mazzini, même amnistié ou gracié, refuse la charge pour éviter d'avoir à prêter serment au Statut albertin, la constitution de la monarchie de Savoie. En fait, il n'acceptera jamais la monarchie et continuera à se battre pour ses idéaux républicains.
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+ En 1868, il quitte Londres et s'installe en Suisse, à Lugano et tente de fonder une alliance républicaine universelle. En 1870, les deux condamnations à mort prononcées à l'époque du Royaume de Sardaigne sont amnistiées. Mazzini rentre en Italie et se consacre immédiatement à l'organisation des mouvements populaires en faveur de la conquête des États de l'Église. Le 11 août il part en bateau pour la Sicile dans le but de créer la république italienne alors que le roi Victor-Emmanuel II vient de terminer l'unification de l'Italie, mais le 14, à l'arrivée dans le port de Palerme, il est arrêté et emprisonné dans la prison militaire de Gaète. Il est contraint de nouveau à l'exil.
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+ De mars à juillet 1871, Mazzini lance dans son journal, La Roma del Popolo, de vigoureuses attaques contre le socialisme, contre la Commune de Paris et contre l'Internationale, qu'il dénonce aux ouvriers italiens comme une institution dangereuse[75] alors qu'il influence le mouvement socialiste naissant et que de nombreuses associations ouvrières sont organisées par les mazziniens. L'appel de la Commune à faire de la France une fédération de villes libres est particulièrement intolérable à ce nationaliste qui est l'artisan infatigable de l'unité italienne. Bakounine, qui connait bien l'Italie pour y avoir vécu, répond par un article paru dans le Gazzettino Rosa du 16 août : la Risposta d'un Internazionale a Giuseppe Mazzini. Il y prend le contre-pied complet des opinions de Mazzini, sur la religion notamment, et affirme hautement les valeurs de l'Internationale. Au cours de la polémique qui se développe ensuite entre Mazzini et Bakounine, ce dernier se lance dans la rédaction d'une longue brochure, La Théologie politique de Mazzini et l'Internationale, qui est publiée (en français) à Neuchâtel chez Guillaume.
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+ Mazzini suggère, dans ce même numéro de La Roma del Popolo qui a provoqué la Risposta de Bakounine, la tenue d'un congrès des associations ouvrières. Il espère ainsi reprendre le contrôle de ces organisations sur les bases idéalistes et nationales qui sont les siennes. Le congrès se tient à Rome du 1er au 3 novembre 1871. Bakounine, à partir du milieu du mois d'octobre, rédige en toute hâte un texte qui est publié en brochure et distribué aux délégués du congrès : Il socialismo e Mazzini. Lettera agli amici d'Italia[N 3]
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+ Si la stratégie suivie par Mazzini est dictée par la peur de voir le mouvement ouvrier échapper à son influence, il est clair que le débat n'a pas les résultats qu'il escompte. La brutale répression de la Commune de Paris a attiré en Italie la sympathie sur l'Internationale et les attaques de Mazzini ont accéléré le processus en faisant se détourner de lui nombre de travailleurs[N 4]. Bakounine dit de Mazzini : « Le célèbre révolutionnaire Giuseppe Mazzini, mieux connu en Russie comme un patriote italien, conspirateur et agitateur que métaphysiste déiste et fondateur de la nouvelle église en Italie, oui, Mazzini jugea utile et nécessaire en 1871, au lendemain de la défaite de la Commune de Paris, lorsque les féroces exécuteurs de Versailles fusillèrent par milliers les Communards désarmés, de soutenir l'anathème de l’Église catholique et les persécutions policières de l’État avec son propre anathème prétendument patriotique et révolutionnaire mais dans sa substance absolument bourgeoise et théologique[76] ». L'influence de Bakounine en Italie s'en trouve grandie et lorsque le conflit avec le Conseil général entre dans sa phase aigüe, les réseaux militants et les groupes de l'Internationale qui se sont constitués en Italie se placent majoritairement de son côté[77].
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+ Le 7 février 1872, Mazzini réussit à venir sous le faux nom de Giorgio Brown à Pise. Malade depuis quelque temps, il vit caché dans la maison de Pellegrino Rosselli[N 5],[78] jusqu'au jour de sa mort, le 10 mars alors que police du Royaume d'Italie est sur le point de l'arrêter à nouveau.
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136
+ La nouvelle de sa mort se répand rapidement, bouleversant l'Italie. Le lendemain de sa mort, le Parlement approuve à l'unanimité un ordre du jour de condoléances mais aucun parlementaire ne prend la parole dans la crainte de mettre Victor-Emmanuel II et le gouvernement dans l'embarras[79].
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138
+ Son corps est embaumé par le scientifique Paolo Gorini, accouru spécialement de Lodi. Une foule immense assiste aux funérailles qui se tiennent l'après-midi du 14 mars dans la ville toscane, et accompagne le cercueil vers le train à destination de Gênes[N 6], où il est enterré au cimetière de Staglieno.
139
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140
+ Sur le mausolée, de style néoclassique, n'est inscrit que son nom et dans la crypte sont présents de nombreux drapeaux tricolores et inscriptions laissées par les groupes mazziniens ou des personnalités comme Carducci. Sur la tombe il est écrit : « Giuseppe Mazzini. Un Italiano » [N 7] et l'épitaphe : « Le corps à Gênes, le nom aux siècles, l'âme de l'humanité ».
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142
+ Pour bien comprendre la doctrine politique de Mazzini, il faut se référer à la pensée religieuse qui inspire la période de la Restauration après la chute du Napoléon[80].
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+ Une nouvelle conception de l'histoire naît [N 8], qui contredit celle des Lumières fondées sur la capacité des hommes à construire et conduire l'histoire par la raison. Les événements de la Révolution française et la période napoléonienne ont montré que les hommes visent à atteindre de hauts et nobles objectifs qui se brisent devant la réalité historique. Le Siècle des Lumières a disparu dans les massacres de la Terreur et le rêve de la liberté dans la tyrannie napoléonienne qui, visant la création d'une Europe au-dessus de la simple nation, a donné naissance au contraire à la rébellion des peuples au nom de leur sentiment de nationalité[N 9].
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+ Selon ce point de vue romantique, donc, l'histoire n'est pas dirigée par les hommes mais par Dieu qui agit sur l'histoire, il y a donc une providence divine qui prend soin de poursuivre des objectifs au-delà de ceux que les hommes cherchent à atteindre avec leurs mesquines raisons [N 10]. De cette conception romantique de l'histoire, comprise comme une œuvre de la volonté divine émanent deux visions :
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+
148
+ La première voit dans l'intervention de Dieu dans l'histoire une sorte d'avent d'une apocalypse, qui met fin à l'histoire malheureuse de l'humanité. Napoléon a été, avec ses guerres incessantes, l'antéchrist de cette apocalypse, qui a en quelque sorte puni les hommes de leur orgueilleuse raison. Dieu terminera la fin de l'histoire mauvaise et faussement progressive et il ne restera alors aux hommes qu'à se retourner vers le passé. On cherchera, de toutes les manières possibles, à effacer tout ce qui s'est passé de la Révolution à Napoléon en restaurant le passé.
149
+ Une conception politico-religieux que nous trouvons dans la pensée de François-René de Chateaubriand qui dans le Génie du Christianisme attaque la doctrine de l'illuminisme en prenant la défense du christianisme, et surtout dans l'idéologie mystique théocratique de Joseph de Maistre, qui en arrive, dans l’œuvre Du pape (1819), au point de souhaiter avec impatience un retour de l'alliance entre le trône et l'autel, en proposant le modèle de la communauté médiévale protégée par la religion traditionnelle contre les ruses du libéralisme et du rationalisme[N 11].
150
+
151
+ « La patrie est la maison de l'homme, non de l'esclave »
152
+
153
+ — Giuseppe Mazzini, Ai giovani d'Italia
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+ La seconde vision qui, paradoxalement, naît de la même conception de l'histoire dirigée par Dieu, est celle qu'on pourrait définir de « libérale ». Elle voit dans l'action divine une volonté dirigée, malgré tout, vers le bien des hommes, excluant dans les temps nouveaux, qu'il y ait une sorte de vengeance de Dieu voulant faire expier aux hommes leur présomption de créateurs de l'histoire. Il s'agit d'une vision providentialiste et dynamique de l'histoire, telle que présente par exemple chez Saint-Simon, avec un essai de fondation d'un nouveau christianisme pour une nouvelle société, ou chez Lamennais qui voit dans le catholicisme une force régénératrice de la vie sociale. Cette conception progressiste de la providence est présente en Italie dans l’œuvre de Alessandro Manzoni et dans la pensée politique de Gioberti avec le projet néoguelfe, et dans l'idéologie mazzinienne.
156
+
157
+ « Construire […] l'Italie en une Nation Une, Indépendante, Libre, Républicaine »
158
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159
+ — G. Mazzini, Istruzione generale per gli affratellati nella Giovine Italia
160
+
161
+ « Nous, nous avons échoué comme parti politique. Nous devons nous relever en tant que parti religieux.
162
+ L'élément religieux est universel, immortel : il universalise et rassemble. Chaque grande révolution en garde l'empreinte et la révèle dans sa propre origine ou dans la fin qui se propose. Par ceci, se crée l'association. Initiateur d'un nouveau monde, nous devons établir l'unité morale, le catholicisme Humanitaire »
163
+
164
+ — G. Mazzini, Fede e avvenire, At the University Press, 1921, page 51
165
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166
+ La pensée politique mazzinienne doit donc être située dans ce climat de romantisme politico-religieux qui domina en Europe après la révolution de 1830, mais qui était déjà présente dans le désaccord du Congrès de Vienne entre les « idéologues » qui proposaient un pur et simple retour au passé prérévolutionnaire et les « politiciens » qui pensaient qu'il fallait un compromis avec le passé.
167
+
168
+ Certains historiens ont situé la conception religieuse de Mazzini à l'éducation religieuse reçu par sa mère, fervente janséniste, mais selon d'autres, la vision religieuse de Mazzini ne coïnciderait pas avec celle d'aucune religion révélée[N 12]. Le concept personnel de Dieu mazzinien, qui par certains traits est proche du déisme du XVIIIe siècle, exige une totale laïcité de l’État, et l'absence d'intermédiaires : pour cela et pour le rôle qu'il a eu dans l'histoire humaine et italienne, Mazzini définit la papauté « la base de toute autorité tyrannique »[81].
169
+ Il refuse l'athéisme matérialiste mais aussi la transcendance en faveur de l'immanence : il croit dans la réincarnation, afin d'améliorer continuellement le monde et de s'améliorer soi-même. Sa religion a été aussi définie comme une «religion civile» où la politique jouait le rôle de la foi[82] et où la divinité s'incarne de manière panthéiste dans l'Univers et dans l'Humanité même, qui met en œuvre la loi qui dans le progrès se révèle[83].
170
+
171
+ Il était convaincu qu’était désormais présent dans l'histoire un nouvel « ordonnancement divin » dans lequel la lutte pour rejoindre l'unité nationale assumait une signification providentielle. « Opérer dans le monde signifiait pour Mazzini collaborer à l'action que Dieu exerce, à reconnaître et accepter la mission que les hommes et les peuples reçoivent de Dieu.»[84]. Pour cela, il faut « mettre au centre de sa propre vie le devoir sans espoir de récompense, sans calcul utile.»[84]. Celui de Mazzini était un projet politique, mais mû par un impératif religieux qu'aucune défaite, aucune adversité aurait pu affaiblir. « Après avoir atteint cette tension de la foi, l'ordre logique et commun des événements serait inversé ; la défaite ne provoquait pas l'abattement, le succès des adversaires ne se consolidait pas dans un ordre stable»[84].
172
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+ L'histoire de l'humanité, donc, serait une révélation progressive de la Providence divine qui, d'étape en étape, se dirige vers l'objectif fixé par Dieu. Épuisé la tache du christianisme, fini l'ère de la Révolution française maintenant il faillait que les peuples prennent l'initiative pour «avancer de manière concordante vers le but fixé au progrès humain» [84]. Chaque individu, comme la collectivité, doivent mener à bien la mission que Dieu leur a confiée et qui, au travers de la formation et l'éducation du peuple même, se réalisera au travers de deux phases : la Patrie et l'Humanité.
174
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+ Sans une patrie libre, aucun peuple ne peut se réaliser ni accomplir la mission que Dieu lui a confié, le second objectif sera l'Humanité qui se réalisera dans l'association des peuples libres sur la base de la civilisation européenne commune à travers ce que Mazzini appelle le « banquet des Nations sœur ». Un objectif, donc, tout à fait différent de cette confédération européenne imaginée par Napoléon où la France aurait exercé sa primauté hégémonique de « Grande Nation ». La future unité européenne ne se réalisera pas au travers d'une course de nationalismes, mais par une noble émulation des peuples libres pour construire une nouvelle liberté.
176
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+ Le processus de construction européen, selon Mazzini, devait avoir lieu principalement par l'affirmation des nationalités opprimées, telles que celles appartenant à l'empire des Habsbourg, et aussi de celles qui n'avaient pas encore atteint leur unité nationale dans un État unique.
178
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+ Parmi celles-ci appartenaient à la fois le peuple italien, celui germanique et polonais. Pour obtenir la conscience révolutionnaire nécessaire à la poursuite de ce programme politique, Mazzini fonde la Giovine Europa, comme association révolutionnaire européenne qui avait comme objectif spécifique d'agir d'une manière ordinaire, à partir du bas et utilisant les instruments révolutionnaires et démocratiques pour réaliser dans les États une conscience nationale et révolutionnaire.
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+ Dans ce processus unitaire européen, l'Italie à une grande mission : celle de rouvrir, conquérant sa liberté, la voie au processus évolutif de l'Humanité. La rédemption nationale italienne ressemblera de manière imprévue à une création divine au-delà de toute inutile et inefficace méthode graduelle politico-diplomatique de type cavourien. L'initiative italienne qui sera basée sur la fraternité entre les peuples et ne revendiquant aucune hégémonie comme la France l’avait fait, consistera à donner l'exemple d'une lutte qui mènera à la défaite des deux piliers de la réaction, de cette politique de l'Empire des Habsbourg et de celle spirituelle de l'Église catholique romaine.
182
+
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+ Les objectifs primaires de l'unité et de la République atteints par l'éducation et le soulèvement du peuple, exprimée dans la formule de pensiero e azione (pensée et action), l'Italie donnera la voie à ce processus d'unification toujours plus grand pour la création d'une troisième civilisation formée par l'association des peuples libres.
184
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+ Mazzini est parmi les premiers défenseurs des « États-Unis d'Europe » environ un siècle avant que l’Union européenne commence à prendre forme. Pour lui, l'unification européenne est une suite logique de l'unification italienne.
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+ Le politique est le conflit entre la liberté et le despotisme et entre ces deux forces, il n'est pas possible de trouver un compromis : une guerre de principes se déroule qui n'admet pas de compromis, Mazzini exhorte la population à ne pas se satisfaire des réformes qui sont des accommodements gérés par le haut ce qui empêche l'enracinement de cette liberté et cette égalité dont le peuple a besoin.
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+ La logique de la politique et la logique de la démocratie et de la liberté, qui ne sont pas acceptables pour les forces réactionnaires, contre eux une nette rupture révolutionnaire est nécessaire : à la tête du peuple, il devra y avoir la classe instruite (qui ne peut plus supporter le joug de l'oppression) et les jeunes (qui ne peuvent plus accepter les antiquités de l'ancien régime). Cette révolution doit aboutir à la République, qui garantit l'instruction populaire.
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+ La révolution, qui est également pédagogique, outil de formation des vertus personnelles et collectives, doit commencer par vague, allumant des foyers de révolte qui incitent le peuple dans l’ignorance à prendre les armes. Après le déclenchement de la révolution il faudra construire un pouvoir dictatorial (compris comme le pouvoir extraordinaire à la manière de la Rome antique, non pas comme tyrannie) qui gère temporairement la phase post-révolutionnaire. Le gouvernement sera restitué au peuple dès que la fin de la révolution sera obtenue.
192
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+ La Giovane Italia doit éduquer à la gestion des affaires publiques, à être de bons citoyens, ce n'est pas, par conséquent, uniquement un instrument d'organisation révolutionnaire. Le peuple doit avoir des droits et des devoirs, tandis que la Révolution française a mis l'accent exclusivement sur les droits individuels : s'arrêtant aux droits de l'individu, elle avait donné vie à une société égoïste, l'utile pour une société n'est jamais considéré selon le bénéfice d'un seul sujet, mais selon le bien collectif[85].
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+
195
+ Mazzini ne croit pas en l'égalité prônée par le marxisme et au rêve de la propriété commune, il lui substitue le principe de l'association qui est un dépassement de l'égoïsme individuel.
196
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+ Mazzini rejette le marxisme convaincu que pour pousser le peuple à la révolution, il faut lui indiquer prioritairement l'objectif de l'unité, de la république et la démocratie. Mais Mazzini est parmi les premiers à considérer la grave question sociale qui est, surtout en Italie, la question paysanne, comme l'indique Carlo Pisacane [N 13], mais il pense qu'elle devrait être examinée et résolue qu'après la réalisation de l'unité nationale et non par l'affrontement des classes, mais avec leur coopération, en organisant l'association et le mutualisme entre les travailleurs.
198
+
199
+ Son programme de solidarité nationale, s'il ne prévoyait pas l'autonomie culturelle et politique du prolétariat, ne s'adressait pas seulement aux citoyens de la classe moyenne, aux intellectuels, aux étudiants, parmi lesquels il recueille le plus large consensus, mais aussi pour les artisans et les secteurs plus conscients de leurs droits parmi les travailleurs.
200
+
201
+ Au cours d’une interview menée par R. Landor en 1871, Marx dit que les idées de Mazzini ne représentent « rien de mieux que la vieille idée d'une république bourgeoise ». Marx croyait, surtout après les révolutions de 1848, que le prétendu point de vue de classes intermédiaires était devenu réactionnaire et que le prolétariat n'avait rien à voir avec elle[86].
202
+
203
+ Mazzini critiqua le marxisme et il fut critiqué par Marx pour les aspects de sa doctrine idéaliste, et les attitudes d'«envoyé de Dieu», pour l'attitude prophétique qu'il assumait dans son rôle d'éducateur religieux et de politicien du peuple.
204
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205
+ Mazzini critiquait les socialistes pour la proclamation internationaliste, teintée d'anarchisme et fort négationniste, pour l'attention prêtée aux intérêts d'une seule classe : le prolétariat ; de plus il définit comme arbitraire et impossible d'exiger la suppression de la propriété privée : cela aurait donné un coup mortel à l'économie, qui n'aurait plus récompensé les meilleurs. Mais la principale critique était dirigée contre le risque que les idéologies socialistes extrémistes conduisent à un nouveau totalitarisme.
206
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207
+ De cette critique, Mazzini porte un jugement négatif sur la révolte qui conduit à la Commune de Paris de 1871. Alors que pour Marx, la Commune était une première tentative de détruire l’État centralisateur bourgeois réalisant depuis le bas un nouveau type d’État, Mazzini critique la Commune y voyant la fin de la nation, la menace d'un démembrement de la France.
208
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209
+ Afin de préserver l'économie et en même temps protéger les plus pauvres, Mazzini propose une forme de travail coopératif : le travailleur doit regarder au-delà d'une lutte basée uniquement sur les salaires, mais promouvoir les espaces croissants d'économie sociale avec des éléments de la «pleine responsabilité et propriété sur l’entreprise.».
210
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211
+ Mazzini visait au dépassement du sens social et démocratique du capitalisme d'entreprise classique, anticipant par ceci aussi bien la théorie distributioniste que les théories qui exaltent la valeur de l'association entre les producteurs.
212
+
213
+ Son influence sur la première phase du mouvement ouvrier fut très important et même le fascisme, en particulier son courant «républicain» et« socialisateur », s'inspira de la pensée économique mazzinienne comme troisième voie entre le modèle capitaliste et le marxiste.
214
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215
+ Presque tous les personnages principaux du Risorgimento adhérèrent au mazzinisme, mais peu y restèrent. Le contenu religieux prophétique de la pensée du maître, d'une certaine manière révélatrice d'une nouvelle foi, bridait l'action politique. Mazzini en fait n'avait pas «la souplesse et la versatilité nécessaires pour dominer et emprisonner rationnellement les forces». Cela supposait une capacité de compromis politique de l'homme du gouvernement que fut Cavour.
216
+
217
+ Quand il semblait que le problème italien n'avait pas d'issue « voici que par son travail, la jeunesse italienne se sacrifiait dans une suprême protestation. Les sacrifices semblaient stériles » mais en fait elles réveillèrent l'opinion publique italienne et européenne.
218
+
219
+ « La tragédie de la Giovine Italia impose le problème italien à une toujours plus grande sphère d’Italiens : qui réagit soit avec un programme plus modéré, mais finalement entra en action ... » et les mêmes ex -mazziniens qui avaient renié le Maitre en adhérant aux réformistes modérés, à la fin durent renoncer à tout projet fédéraliste et consentir à l'enthousiasme populaire suscité par les idées mazziniennes d'une entité unitaire italienne[N 14].
220
+
221
+ L'historien anglais Denis Mack Smith, dont les travaux portent sur l'histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, porte un jugement positif sur l’œuvre de Mazzini en raison de l'impulsion démocratique donnée à la vie dix-neuvième siècle, avec une référence particulière aux campagnes en faveur de la sécurité sociale, du suffrage universel et du droits des femmes[87].
222
+
223
+ Quelques réactions sur la Giovine Italia :
224
+
225
+ « Je les trouvais tous convaincus que la Giovine Italia était une folie : folie les sectes, folie comploter, folies les petites révolutions faites jusqu'à ce jour, sans chef ni raison »
226
+
227
+ — Massimo d'Azeglio, Degli ultimi casi di Romagna
228
+
229
+ « au sujet de ces classes[...] si fortement intéressées au maintien de l'ordre social, les doctrines subversives de la Giovine Italia n'ont pas pris. C'est pour cela, à l'exception des jeunes auprès de qui l'expérience n'a pas encore changé la doctrine absorbée dans l'atmosphère excitante de l'école, nous pouvons dire qu'il n'existe pas en Italie, sinon un petit nombre de personnes sérieusement disposé à mettre en pratique les principes exaltés par une secte exacerbée par le destin. »
230
+
231
+ — Camillo Cavour[88]
232
+
233
+ Quelques avis sur les résultats de son action
234
+
235
+ « Tout près de nous, Mazzini a poursuivi ce que les hommes sages de son temps nommèrent une folle chimère; mais on ne peut plus douter aujourd'hui que sans Mazzini l'Italie ne serait jamais devenue une grande puissance et que celui-ci a beaucoup plus fait pour l'unité italienne que Cavour et tous les politiques de son école. »
236
+
237
+ — Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.IV, La grève prolétarienne, 1908, 2e éd., p.166
238
+
239
+ L'héritage politique et de l'idéal mazzinien a été un long objet de débats entre des interprétations opposées, en particulier au cours du fascisme et de la résistance.
240
+
241
+ Dans la période fasciste, Mazzini fut l'objet de nombreuses citations dans les livres, les articles, les discours, au point d'être considéré comme une sorte de précurseur du régime mussolien [89]. Des écrits et des discours politiques de Giovanni Gentile, le « philosophe du fascisme », le nom le plus cité après celui de Mussolini est celui de Mazzini, Pierre Milza jugeant importante la culture mazzinienne chez Mussolini[79].
242
+
243
+ La popularité de Mazzini pendant la période fasciste est due aussi aux nombreux républicains qui se réunirent au sein des Faisceaux italiens de combat, initiant leur rapprochement avec Mussolini pendant la bataille interventionniste, en particulier dans les zones où il y avait la plus grande présence du Parti républicain italien, à savoir en Romagne et dans les Marches. En 1917, sur les pages de L'Iniziativa, l'organe de presse du Parti républicain italien, on regardait Mussolini comme « le grand poète de notre intervention » [90].
244
+
245
+ Ce fut particulièrement le cas de Bologne, la ville où les républicains Pietro Nenni, Guido et Mario Bergamo prirent part activement en 1919 à la fondation du premier Faisceaux italiens de combat formé dans le chef-lieu émilien pour l'abandonner peu après devenant des adversaires irréductibles du fascisme.
246
+
247
+ Parmi les républicains les plus célèbres qui adhérèrent au fascisme, il y eut Italo Balbo (qui avait obtenu son diplôme avec une thèse sur La pensée sociale et économique de Mazzini) et dont l'historien Claudio Segrè écrivit : « Balbo, avant de rejoindre le fascisme en 1921, hésita à laisser les républicains jusqu'au dernier moment et considéra la possibilité de maintenir une double inscription »[91], Curzio Malaparte et Berto Ricci qui voyait dans le fascisme la parfaite synthèse entre «La Monarchie de Dante et le concile de Mazzini» [92].
248
+
249
+ Selon l'historien Robert Pertici, « le fascisme était considéré comme l'accomplissement de la révolution nationale commencé avec le Risorgimento, qui devait réussir là où le processus risorgimental et les cinquante années suivantes avait échoué : « dans l'insertion et l'intégration des masses dans l'État national » »[93].
250
+
251
+ Les fascistes, de plus, revendiquaient une continuité avec la pensée mazzinienne aussi en ce qui concerne l'idée de patrie, la conception spirituelle de la vie, l'importance de l'éducation de masse comme instrument pour créer un «homme nouveau» et une doctrine économique inspirée par la collaboration entre les classes sociales.
252
+
253
+ L'historien Massimo Baio écrit à propos de la célébration de 1932 du 50e anniversaire de la mort de Garibaldi et le dixième anniversaire de la marche sur Rome : « Les principales manifestations de 1932 semblaient confirmer le lien entre la nécessité de présenter le fascisme comme l'héritier des meilleures traditions nationales et la volonté non moins forte de mettre l'accent sur les composantes modernes qui auraient dû les distinguer comme une expérimentation politique et sociale originale. »[94].
254
+
255
+ Pendant les années de Résistance (1944-1945), la situation s'avère plus compliquée : le fascisme de la République sociale intensifie ses références à Mazzini (la date du serment de la Garde nationale républicaine est fixée au 9 février, anniversaire de la République romaine en 1849[95], mais les antifascistes aussi, notamment les partisans de Giustizia e Libertà de Carlo Rosselli, commencent à se réclamer toujours plus ouvertement du révolutionnaire génois. Rosselli écrit en 1931 à un universitaire anglais : « Nous agissons dans l'esprit de Mazzini, et nous sentons profondément la continuité des idées entre la lutte de nos ancêtres pour la liberté et celle d'aujourd'hui [96] ».
256
+
257
+ De nombreux hommes politiques italiens se réfèrent aux idées de Mazzini tels que le leader socialiste Pietro Nenni et le communiste Palmiro Togliatti[79].
258
+
259
+ La récupération se poursuit puisqu'on voit se former en 1954 une Giovane Italia, association estudiantine de droite proche du Mouvement social italien, en 2004, une Giovane Italia, association politique d’inspiration social-démocrate fondée par Stefania Craxi et en 2009, une Giovane Italia, mouvement de jeunesse auquel contribue Forza Italia.
260
+
261
+ En 2005, le Président de la république italienne, Carlo Azeglio Ciampi, lors d'un discours auprès du Conseil régional de Toscane afin de célébrer le deux centième anniversaire de la naissance de Mazzini évoque le rôle essentiel de l'homme au service des grands idéaux et son enseignement politique qui s'est poursuivi dans la conscience et les actions de nombre de patriotes du Risorgimenti et de la résistance. Ciampi appelle à ce que la jeunesse redécouvre la pensée mazzinienne[97].
262
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263
+ La commémoration du cent cinquantième anniversaire de l'Unité de l'Italie, en 2011, est l'occasion, pour l'Italie, de revisiter toute l'histoire du Risorgimento et des personnages qui l'entourent auquel Giuseppe Mazzini, bien sûr, n'échappe pas. Lors de l'ouverture des célébrations, le Président de la république Giorgio Napolitano souligne l'apport des personnalités majeures du Risorgimento dont Mazzini[98].
264
+
265
+ Antonio Gallenga, en 1872, évoquant de période d'exil à Marseille qu'il avait le visage pâle, ascétique, mais divine étincelante avec son langage inspiré, qu'il transmettait à tous ceux qui étaient autour de lui son enthousiasme irrésistible, quant à Harro Paul Harring qui fait sa connaissance à Genève en 1831 évoque la communication intellectuelle avec cet esprit élevé qui lui donna une nouvelle aurore de vie et d'espoir[99]. Mazzini marque l'esprit de tous ceux qu'il rencontre par son engagement mais face aux échecs des insurrections, il connait aussi des périodes de découragement intense et, le plus souvent, il vit reclus dans les logements qu'il occupe.
266
+
267
+ Sur le plan sentimental, on lui connait une relation avec Giuditta Bellerio Sidoli de 1831 à 1837 et la naissance d'un fils Joseph Démosthène Adolphe Aristide dit Adolphe (1832-1835) lors de sa période d'exil marseillaise. À la suite de la demande d'extradition du gouvernement piémontais, Mazzini doit fuir en Suisse et confie l'enfant à son ami Démosthène Ollivier. L'échec de cette relation le conduit à penser qu'il est destiné à renoncer à tout bonheur personnel[15]. Pendant sa période londonienne, Eliza Ashurt, une des filles de la famille Ashurt qu'il fréquente régulièrement à partir de 1847 épouse un Français afin de fuir Mazzini dont elle est amoureuse et sa sœur Caroline, femme de James Stansfeld, eut probablement une relation amoureuse avec Mazzini. On lui attribue une relation avec Jane Welsh Carlyle, la femme de Thomas Carlyle, et la jeune mère, Susan, qu'il accueille chez lui comme domestique[100]. Certains ont vu aussi dans les liens qu'il a avec Sara Nathan, resté veuve et étroite collaboratrice, quelque chose de plus que des consonances intellectuelles[101].
268
+
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+ La première statue de Mazzini n'est inaugurée à Gênes, Piazza Corvetto, que dix ans après sa mort, en 1882[79].
270
+
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+ En mars 1890, le nouveau roi, Humbert Ier d'Italie, signe la décision du parlement d'ériger à Mazzini un monument à Rome. En 1901, un autre Savoie, Victor-Emmanuel III, approuve la décision de la Chambre d'introduire dans les écoles élémentaires le livre de Mazzini Dei doveri dell' uomo expurgé de certains passages[79].
272
+
273
+ En juillet 1949, le gouvernement italien invite les membres du Grand Orient d'Italie à prendre part à la cérémonie rendant hommage à Mazzini à Rome. L'installation de la statue avait été retardée par le régime de Mussolini. Trois mille francs-maçons italiens furent présents[102].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La cordillère des Andes, en espagnol Cordillera de los Andes, est la plus longue chaîne de montagnes continentale du monde[2], orientée nord-sud tout le long de la côte occidentale de l'Amérique du Sud. Longue d'environ 7 100 kilomètres, large de 200 à 800 kilomètres (entre le 18 et le 20° de latitude Sud), la cordillère a une altitude moyenne de 4 000 mètres et culmine à 6 962 mètres. Elle débute au Venezuela au nord puis traverse la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili et l'Argentine, jusqu'à la pointe sud du continent.
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+ Les Andes sont la plus haute chaîne de montagnes d'Amérique. Le sommet le plus élevé est l'Aconcagua, avec ses 6 962 mètres d'altitude[1], situé en Argentine. Le faîte du volcan Chimborazo dans les Andes équatoriennes, est le point le plus éloigné du centre de la Terre, en raison du renflement du globe au niveau de l'équateur. Plusieurs volcans sont présents, figurant parmi les plus hautes montagnes sur Terre après celles d'Asie et dépassant 6 000 mètres d'altitude.
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7
+ L'origine du mot « Andes » vient du quechua anti qui désigne les habitants d'une zone montagneuse mais couverte de végétation tropicale au nord-est de Cuzco, au Pérou. Les Andes ont longtemps désigné en espagnol cette région spécifique avant de recevoir son sens actuel. Le terme cordillère vient de l'espagnol cordillera, signifiant « corde ».
8
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+ Cette chaîne de montagnes s'étend du Venezuela à l'Argentine en passant par la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et le Chili[1]. Elle divise le continent sud-américain en deux bassins versants très inégaux. Le versant occidental débouche directement sur l'océan Pacifique alors que le versant oriental donne naissance à des cours d'eau dont les confluences successives aboutissent à de grands fleuves comme le Paraná au Brésil et en Argentine, l'Orénoque au Venezuela et surtout l'Amazone qui prend sa source dans les Andes péruviennes sous le nom de Rio Apurimac.
10
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11
+ Elle constitue la frontière naturelle entre le Chili et l'Argentine. C'est d'ailleurs en Argentine que se situe l'Aconcagua, point culminant de cette chaîne montagneuse et du continent américain. C'est encore dans ce même pays que la cordillère prend fin sous la forme de petits chaînons côtiers situés dans le Sud-Est de la Grande île de la Terre de Feu, à l'est d'Ushuaïa.
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+ La cordillère des Andes est divisée en plusieurs massifs souvent nommés eux-mêmes « cordillère »[1]. Au nord, dans le nord-ouest du Venezuela, la cordillère de Mérida se raccorde au sud-ouest à la cordillère Orientale[3],[4]. Celle-ci traverse la Colombie et l'Équateur du nord au sud[4],[5]. Elle est accompagnée par la cordillère Centrale jusqu'au nœud de los Pastos ainsi que la cordillère Occidentale[4],[5]. Ces cordillères Occidentale et Orientale donnent naissance à trois nouvelles cordillères depuis le nord du Pérou jusqu'à l'extrême nord du Chili et de l'Argentine en passant par la Bolivie[6],[7]. Il s'agit de la cordillère Occidentale séparée des cordillères Centrale du Pérou, Centrale de Bolivie et Orientale par l'Altiplano, prolongé au sud par la Puna de Atacama[6],[7],[8]. Plus au sud, la cordillère des Andes qui s'étend dans le centre du Chili et le centre-ouest de l'Argentine ne porte pas de nom spécifique si ce n'est le cas de quelques chaînes locales[9]. Le sud du massif est quant à lui formé par la cordillère de Patagonie[10] qui se prolonge à son extrémité méridionale par les montagnes de la Terre de Feu[11]. D'autres chaînes et cordillères de taille restreintes et internes à ces grands ensembles sont aussi identifiées. Certains massifs sont parfois rattachés à la cordillère des Andes. Ce peut être le cas de la sierra Nevada de Santa Marta[12] en Colombie, de la cordillère de la Costa au Venezuela[13] ou encore de la chaîne Côtière du Chili[14].
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+ Les Andes font environ 200 kilomètres de largeur en moyenne, excepté au niveau de la « flexion bolivienne » où la cordillère atteint environ 800 kilomètres de largeur.
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+ La cordillère des Andes s'étendant à perte de vue.
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+ La cordillère Centrale.
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+ Les Andes, vues d'avion.
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+ Cordillère Huallanca, prise au-dessus du Rio Cuero, Huasta, Bolognesi, Ancash, Pérou.
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+ Si les Andes n'ont pas les plus hauts sommets de la planète, elles ont assurément la ville la plus haut perchée[15]. Certaines villes de la cordillère sont nichées à une altitude de plus que 3 000 mètres où commence en Europe un désert minéral inhabité, à l'instar de Potosi (4 070 mètres), Cerro de Pasco (4 380 mètres) et l'agglomération de La Paz-El Alto (3 250 à 4 200 mètres). Les cités andines s'inscrivent dans les décors les plus variés : si certaines sont directement posées sur le haut plateau de l'Altiplano, d'autres se blottissent au creux de vallées.
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+ Depuis 2000, les glaciers andins ont perdu 23 milliards de tonnes de glaces en moyenne annuelle, soit un total de plus de 400 milliards de tonnes de glace en 2019. Cette fonte massive se traduira à terme par l'assèchement des rivières et une hausse du niveau de la mer[16].
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+ Les Andes sont issues d'une orogenèse Mésozoïque-Tertiaire et font partie de la ceinture de feu du Pacifique, une zone d'intense activité volcanique et orogénétique, qui inclut la bordure pacifique des Amériques ainsi que la région Asie-Pacifique. Les Andes sont le résultat d'un processus de tectonique des plaques. Elles résultent de la subduction de plaques océaniques sous la plaque sud-américaine. La cause principale de l'élévation de la cordillère est la compression de la bordure occidentale de la plaque sud-américaine causée par la subduction des plaques de Nazca et Antarctique. En vingt millions d'années, les forces tectoniques ont élevé certaines régions des Andes de plus de 1 500 mètres. Vers l'est, la chaîne se termine par quelques bassins sédimentaires, tels que ceux de l'Orénoque, de l'Amazone, du Madre de Dios ainsi que du Gran Chaco qui séparent les Andes des anciens cratons dans l'est de l'Amérique du Sud. Au sud, les Andes partagent une longue frontière avec l'ancienne terre de Patagonie. À l'ouest, les Andes se terminent dans l'océan Pacifique, bien que l'on considère la fosse du Pérou-Chili, comme la véritable limite de l'extension occidentale de la chaîne.
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+
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+ Le climat des Andes varie grandement selon l'emplacement, l'altitude et la proximité de la mer. La partie méridionale est pluvieuse et fraîche, tandis que les Andes centrales sont arides. Le nord des Andes est généralement pluvieux et chaud, avec une température moyenne de 18 °C en Colombie. Le climat peut parfois changer radicalement sur des distances relativement faibles.
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+ Les montagnes jouent un effet important sur les températures des zones adjacentes. L’isotherme zéro est compris entre 4 500 mètres et 4 800 mètres dans les Andes tropicales équatorienne, colombienne, vénézuélienne et le Nord du Pérou. Il s'élève de 4 800 mètres à 5 200 mètres dans les montagnes arides du Sud et au nord du Sud du Pérou, puis descend progressivement en progressant vers le sud. Il n’est ainsi qu’à 300 mètres en Terre de Feu.
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+ Les Andes du Chili et l'Argentine peuvent être divisées en deux zones climatiques et glaciologiques, les Andes arides et les Andes humides. Les Andes arides s'étendent du désert d'Atacama jusqu’à la région du Maule, les précipitations sont plus sporadiques et l’amplitude thermique élevée. Les Andes humides jouissent d’un climat plus tempéré aux précipitations plus régulières.
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+ Selon l'étagement dans la cordillère et la latitude, une flore et une faune originales se sont acclimatées sur les versants et les hauts plateaux andins.
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+ Entre 1 200 et 2 400 mètres, sur les pentes des sierras très arrosées, la jungle se transforme en une luxuriante forêt des brouillards. Parmi les arbres : palmiers, bambous géants ou arborescents, podocarpus, cecropias. Parmi les fleurs : orchidées, broméliacées, bégonias, terrariums, impatientes, calcéolaires, fuchsia et passiflores. Tout autour évoluent des papillons multicolores et de minuscules colibris. À cette altitude, les animaux sont encore ceux de la jungle avec des pumas, des singes hurleurs, des pécaris, margays, fourmiliers et de nombreux oiseaux (perruches, perroquets, guácharos).
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+ Entre 2 400 et 3 800 mètres, sous l'action du froid et du vent, les arbres se ratatinent, se tordent et se couvrent de lichens. C'est la forêt naine, le domaine des buissons épineux de tola et des polylepis, arbustes appartenant à la famille des pommiers et des fraisiers.
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+ Entre 3 800 et 4 700 mètres, dans les Andes du Nord, la végétation se raréfie. On pénètre dans le paramo, toundra d'altitude, morne et froide, caractérisée par les grandes espeletias de la famille des astéracées dont les feuilles sont disposées en rosette autour de la tige et qui peuvent atteindre jusqu'à six mètres de haut. Beaucoup plus petites, les rouges vaccinium et les eryngium arrivent encore à pousser. Au-delà, le paramo cède la place aux neiges éternelles des sommets mais la démarcation décline jusqu'à 700 mètres tout au sud de la cordillère, là où les glaciers plongent vers l'Antarctique.
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+ Dans les Andes du Centre et du Sud (Pérou, Bolivie, nord du Chili et nord-ouest de l'Argentine), l'équivalent du paramo est la puna. Pas d'espeletias, mais quelques puyas apparentées à l'ananas dont les très hautes hampes florales atteignent neuf mètres et, partout, des touffes d'ichu, une herbe jaune qui pousse également sur l'Altiplano. Vaste plateau d'altitude, l'Altiplano s'étire à 4 000 mètres entre la cordillère Orientale et la cordillère Occidentale. Les Amérindiens y cultivent la pomme de terre, le blé et l'orge. Le maïs, lui, ne pousse plus à 3 500 mètres. Au bord du lac Titicaca, les Aymaras récoltent les totoras, sortes de roseaux avec lesquels ils construisent leurs villages flottants et leurs embarcations. Pour leur consommation de viande, les Amérindiens élèvent des cochons d'Inde, des moutons, des lamas et des alpagas.
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+ Parmi les animaux sauvages, on rencontre des troupeaux de vigognes et de guanacos (deux cousins du lama, désormais protégés), des rongeurs (chinchillas, viscaches), des lézards et de nombreux oiseaux : le condor, dont l'envergure dépasse trois mètres ; plusieurs variétés de flamants ; le nandou, qui ressemble à une petite autruche ; le coq de roche du Pérou ; la bernache des Andes ; le tinamou orné ; le pic coucou.
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+ En Bolivie et au Chili, dans la puna d'Atacama, l'Altiplano se couvre de déserts salés (comme la laguna Colorada) où fleurissent parfois, au raz du sol, des Hoffmannseggia, jolies fleurs rouges aux profondes racines. Parmi les autres paysages caractéristiques des Andes, remarquables sont les yungas (vallées chaudes de Bolivie et du Pérou), la pampa sèche du sud de l'Argentine (dominée par les polylepis, les cactus et les chardons) et la savane de Bogota (grand plateau verdoyant à 2 600 mètres couvert de prairies et de champs de fleurs). De la Colombie au Chili, quelques espèces se moquent de l'altitude et de la latitude : depuis le niveau de la mer jusqu'au paramo et à la puna, on rencontre ainsi de nombreux cactus et eucalyptus et aussi le cocotier du Chili, palmier monumental en voie de raréfaction. Importés d'Australie pour servir de poteaux dans les mines, ces arbres ont bien réussi leur acclimatation andine.
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+ Les hommes sont arrivés dans les Andes peu de temps après leur arrivée en Amérique du Sud. Les premières traces d'occupation datent de 12 000 ans. Néanmoins, l'occupation permanente de la région se situe plus probablement entre 9 500 et 9 000 ans.
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+ Le peuplement des hauts plateaux andins au-dessus de 2 500 m d'altitude a été un processus complexe qui a compris des adaptations culturelles, biologiques et génétiques. Une étude génétique a fait ressortir trois caractéristiques importantes : une répartition entre les populations de basse et de haute altitude qui s'est produite entre 9 200 et 8 200 ans AP ; un effondrement de la population après le contact avec les migrants européens qui est beaucoup plus accentué dans les plaines d'Amérique du Sud (environ 94 à 96 %) que dans les populations des hauts plateaux (environ 27 %) ; et des preuves d'une sélection positive aux loci génétiques liés à la digestion de l'amidon et à la résistance vraisemblable aux agents pathogènes après ce contact européen[17].
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+
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+ La région voit se succéder plusieurs grandes cultures archéologiques : la civilisation de Tiwanaku, culture pré-inca qui a dominé la moitié sud des Andes centrales entre le Ve siècle et le XIe siècle. La civilisation Huari qui prend naissance au VIe siècle de notre ère dans la région d'Ayacucho située dans les Andes du sud du Pérou actuel. La capitale du même nom est localisée près de la cité moderne d'Ayacucho au Pérou. L’expansion de cet antique royaume se fait d’abord en direction de la côte vers le très important centre religieux de Pachacamac, qui semble avoir gardé alors une forte autonomie. Plus tard, les Huari s’étendirent vers le nord sur les terres de l’ancienne culture Moche, où se développera par la suite la civilisation Chimú. À son apogée, la civilisation Huari s’étend sur toute la côte et les hauts plateaux du centre du Pérou. Enfin, la civilisation inca qui prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud.
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+ En 1735, les botanistes et explorateurs français Charles Marie de La Condamine et Pierre Bouguer, accompagnés des Espagnols Antonio de Ulloa et son ami Jorge Juan sont les premiers Européens à entamer une expédition pour explorer les montagnes de l'Équateur[18].
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+ Quelques exploits :
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+ La pratique du ski est possible dans la cordillère des Andes. Il existe 16 stations de ski en Argentine[19] et 18 au Chili[20]. Créée en 1961, la station de ski chilienne Portillo est la plus vieille station de ski d'Amérique du Sud. Par la présence de la lagune de l'Inca (Laguna del Inca en espagnol) au cœur des montagnes, Portillo fait partie des plus belles stations de ski du monde[21].
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+ Au pied de la cordillère des Andes, la province de Mendoza accueille la principale région viticole d'Argentine avec la présence de 1 221 propriétés viticoles, appelées bodegas, pour une production de près de dix millions d'hectolitres de vin par an. Les responsables du tourisme argentin ont mis en place des routes des vins dans le but à la fois d'améliorer les conditions d'accueil des touristes dans les caves à vin et de faire connaître la région par de nouveaux itinéraires routiers[22].
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+ La glace est l'eau (de formule chimique H2O) lorsqu'elle est à l'état solide. Cet élément est très étudié dans la nature et en laboratoire, par les scientifiques, à commencer par les glaciologues, les physiciens de la matière condensée et autres cryologues de spécialités différentes : il contient souvent beaucoup d'impuretés ou d'inclusions, d'origine diverse. Les météorologues suivent la formation des flocons à partir de vapeur d'eau entrant en atmosphère froide plus ou moins poussiéreuse, géologues et minéralogistes, rejoints par les spéléologues, ne le retrouvent pas seulement dans les endroits communément englacés, mais sous des formes insolites dans les déserts secs et arides, des lieux plus secs et abrités des montagnes comme au fond des grottes profondes et cavités glacées, où la glace subsiste longtemps.
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+ Le minéral glace abondant dans l'univers, minéral le plus abondant à la surface de la Terre[réf. nécessaire], surtout à haute altitude et à proximité des pôles, est décrit par plus d'une dizaine de variétés polymorphiques adaptées aux différentes gammes de pressions interstellaires et déterminées par diffraction X et spectroscopies, mais il n'existe en pratique qu'une seule forme naturelle terrestre, la glace cristalline ordinaire de symétrie hexagonale, notée en anglais scientifique Ih[a]. D'un point de vue cristallochimique, un atome d'oxygène est au centre d'un tétraèdre régulier formé par quatre autres atomes d'oxygène, placés à une distance de 0,276 7 nm, l'angle moléculaire HOH est fixé à 109° 47′ et la cohésion restante est assurée par des liaisons hydrogène. L'ensemble des zones de la surface terrestre où l'eau se trouve sous forme gelée est théoriquement la cryosphère[b].
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+ À la pression atmosphérique normale (101 325 Pa), l'état de l'eau pure est en principe la glace lorsque sa température est inférieure à sa température de fusion qui est, par convention, 0 °C (soit 273,15 K). Cependant, en l'absence de germes ou cristaux de glace, de l'eau calme peut être facilement refroidie à des températures inférieures à 0 °C sans se congeler, dans un état d'équilibre instable appelé surfusion, et atteindre ainsi des températures allant jusqu'à −48 °C[3]. La température de fusion de la glace a servi de point fixe pour la définition originelle de l'échelle Celsius de températures, à l'origine du degré Celsius noté °C.
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+ Les chimistes trouvent l'eau à la fois exceptionnelle et naturellement anormale, car la densité de la glace est inférieure à la densité du liquide eau[c]. En conséquence, les glaçons flottent sur l'eau, comme les icebergs voyagent sur la mer ou les revêtements glacés apparus lors du gel profond des plans d'eau ou des rivières sont charriés en surface lors de la débâcle et peuvent former des amas monstrueux lors de l'embâcle. Le minéral glace hexagonale désigne aussi bien la neige et ses flocons, le givre que les amas de neige ou névés[d].
10
+
11
+ La roche glace est un assemblage de cristaux de minéral glace, aux formes non régulières ni géométriques, dont les mécaniciens du solide connaissent bien les lois mécaniques de déformation[e]. La glace polycristalline, quels que soient ses impuretés ou inclusions, est pratiquement imperméable à l'eau liquide. Sa texture et ses caractéristiques sont extrêmement variées, selon ses origines ou sa formation, les métamorphoses et déformations qu'elle a subies, ou les milieux de conservation ou de préservation[f]. Un exemple de glace polycristalline est le produit de la congélation d'eau en masse au sein d'un nuage, dénommé grêle ou grêlon s'il parvient à chuter au sol sans fusion notable. La glace roche peut provenir en conséquence de la congélation d'eau en masse, c'est le cas de la glace de rivière, de lacs, de mer ou de la glace artificielle, elle est représentée aussi par les produits de congélation de l'eau sous diverses formes (vapeur d'eau dans l'air, eau fondue et refondue, eau insérée dans les sols ou les nappes), c'est le cas des champs de glace à l'aval des sources se reformant incessamment en cas d'apport d'eau et de température idoines, de la glace plaquée sur le sol par des courants d'air humide successifs, de la glace amoncelée dans les zones de glacières naturelles du fait du proche flux d'air frigorifiant sortant du sol, de la glace issue de la congélation de l'eau suintant des roches ou de revêtements fixateurs à l'origine des verglas, de tarines, de stalactites ou d'excroissances glacées diverses, mais aussi de la glace des sols gelés de manière éphémère ou permanente, comme le permafrost. La roche glace est encore représentée par la transformation des névés ou de vastes accumulations de neige en glaciers, eux-mêmes fracturés et dispersés dans la mer ou les lacs, en icebergs. Il existe encore la glace de la calotte polaire, formée, reformée et déformée très lentement à température basse, un type de roche glace encore mystérieux, car en pratique impossible à reproduire expérimentalement au laboratoire. La fusion de la roche glace permet l'apparition en général de vastes quantités liquides d'eaux douces. C'est l'objet d'étude de l'hydrologie glaciaire[g].
12
+
13
+ La glace représenterait, avec les silicates de magnésium et de fer, tels que l'olivine, le minéral le plus répandu dans le système solaire. Il occupe surtout les planètes géantes excentrées et leurs satellites. La zone proche du soleil naissant a sans doute été asséchée de manière précoce et l'eau n'a pu y revenir que portée par les comètes venues de la périphérie du système solaire. Ce serait le cas sur la Terre en position moyennement chaude. Lorsqu'une comète s'approche du soleil, une fraction croissante de sa glace devient cubique[h].
14
+
15
+ La glace présente plus de onze variétés polymorphiques dont la plupart des domaines d'existence sont représentés dans le diagramme de phase ci-dessous. Elle existe aussi sous forme amorphe.
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+ À la pression atmosphérique normale (et jusqu'à une pression d'environ 0,2 GPa ou 2 000 bars), les molécules d'eau de la glace ordinaire forment une structure cristalline suivant un réseau hexagonal (a = 4,52 Å, c = 7,37 Å), dont la stabilité est assurée par des liaisons hydrogène ; cette variété polymorphique est appelée « glace 1h » ou « glace Ih » (h pour hexagonal).
18
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19
+ Cette structure présente une faible compacité, et la masse volumique de la glace ordinaire est inférieure à celle de l'eau (917 kg/m3 pour de la glace pure à 0 °C, pression atmosphérique normale).
20
+
21
+ Ceci explique que la température du point de fusion de la glace ordinaire s'abaisse avec l'augmentation de la pression (il s'agit d'une anomalie : les températures de fusion croissent normalement avec la pression) jusqu'à un minimum de −22 °C (cf. diagramme de phase de la glace) pour une pression d'environ 0,2 GPa (ici commence le domaine de la glace III).
22
+
23
+ En fonction des conditions de température et de pression, la glace peut adopter d'autres structures cristallines, généralement plus compactes que la glace ordinaire ; certaines de ces variétés de glace peuvent se rencontrer dans les conditions extrêmes régnant à la surface d'autres planètes ou de satellites de grosses planètes, tels Europe, Ganymède ou encore Callisto dans le système solaire :
24
+
25
+ Thermodynamiquement instable dans des conditions expérimentales, bien que l'on ait réussi à la préserver à des températures cryogéniques. Au-dessus de 145–147 kelvins sous des pressions positives, la glace XVI se transforme en glace Ic, puis en glace ordinaire Ih. Des études théoriques prévoient que la glace XVI soit thermodynamiquement stable sous des pressions négatives (c'est-à-dire sous tension)[16].
26
+
27
+ Cette forme de glace est capable d'absorber, puis de relâcher de l'hydrogène à plusieurs reprises, jusqu'à 5 % de sa masse. Elle est aussi capable d'absorber efficacement d’autres gaz comme l'azote, ce qui permettrait peut-être de l'utiliser à l'avenir dans des applications de séparation industrielle des gaz[18].
28
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29
+ D'un point de vue strict, il faudrait réserver au domaine de la minéralogie la description de la glace naturelle et ses multiples formes et occurrences naturelles. Ainsi la glace ménagère, les glaces de synthèse ou les banales glaces artificielles, la glace projetée sur les pistes de ski et celle équipant les patinoires ou anneaux de glace, ne sont pas un minéral (naturel). Il n'empêche que pour un physicien ou un physico-chimiste, elles peuvent être décrites de manière similaire.
30
+
31
+ La neige, précipitations ou météores communes sous forme de flocons ou cristaux hexagonaux plats de glace de taille largement inférieure à 7 mm, contient en pratique 85 % à 95 % d'air.
32
+
33
+ La glace granuleuse peut encore comprendre 85 % à 30 % d'air. Le firn ou la glace de névé ne contient plus que 30 % d'air à 20 % d'air, alors qu'en deçà de cette teneur, la glace bleue polycristalline n'en contient plus qu'à l'état quasi-expurgé de bulles d'air. Dans un glacier, les agrégats polycristallins peuvent englober des monocristaux individualisés exceptionnels de plus de 45 m. Les gros cristaux de gelée blanche ne peuvent atteindre que 10 m de long, en particulier dans les crevasses de glaciers, les grottes et anciennes mines sèches et froides.
34
+
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+ La masse volumique de la glace est de 917 kg/m3 à 0 °C, et son coefficient de dilatation linéaire est d'environ 9 × 10−5 /K, toujours à 0 °C.
36
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37
+ Une des particularités de la glace est de présenter une masse volumique plus faible que celle de l'eau liquide qui est d'environ 1 000 kg/m3 à 0 °C et sous la pression atmosphérique. La glace flotte donc à la surface de l'eau liquide, phénomène inhabituel car pour la plupart des matériaux, c'est le phénomène inverse qui se produit.
38
+
39
+ L'augmentation de volume consécutive à la congélation de l'eau favorise la cryoclastie, c'est-à-dire le fractionnement des roches (préalablement fissurées) par les alternances de gel et de dégel[i]. Elle joue un rôle dans la cryoturbation, c'est-à-dire les déplacements des particules du sol et des sols, sous l'effet de ces mêmes alternances.
40
+
41
+ Le coefficient de dilatation linéaire de la glace est environ 9 × 10−5 /K à 0 °C.
42
+
43
+ La compressibilité de la glace est de l'ordre de 12 e−12/Pa.
44
+
45
+ La limite d'élasticité de la glace varie énormément suivant la qualité de la glace utilisée : 10 kPa pour la glace de glacier, 60 kPa pour de la glace artificielle.
46
+
47
+ Les valeurs admises pour le module de Young de la glace se situent environ à 9,33 GPa[21].
48
+
49
+ Sa limite de plasticité est de 3,5 MPa (en compression). Le rapport limite de plasticité / limite d'élasticité de la glace, de 60 à 350, se range parmi les plus grands de tous les solides connus (environ 2 pour l'acier, et jusqu'à 10 pour le fer doux).
50
+
51
+ Une formule empirique permet de déterminer la pression supportable par une couche de glace ; si l'on considère H l'épaisseur de glace en centimètres, alors 4·H2 donnera le nombre de kg/m2 que la couche pourra supporter sans se briser.
52
+
53
+ Les propriétés mécaniques expliquent autant les bonnes capacités de vibration et d'acoustique de certaines glaces suffisamment cohérentes que la facile capacité de sculpture à partir de blocs de glace. Il est par exemple possible de réaliser de multiples instruments de musique, aussi insolites que de formes conventionnelles.
54
+
55
+ La dureté varie fortement avec la température subie. La glace en haute montagne ou en Antarctique, placée à −44 °C acquiert une dureté de 4, équivalente à celle de la fluorite[réf. souhaitée].
56
+
57
+ La glace portée à −196 °C (77 K : la température de l'azote liquide bouillant) a la dureté du feldspath, soit 6 sur l'échelle de Mohs[réf. souhaitée].
58
+
59
+ À noter que des autres morphologies de « glaces extraterrestres » peuvent être encore plus dures.
60
+
61
+ À 0 °C, la chaleur latente de fusion de la glace est de 333 kJ kg−1 et sa capacité thermique massique est de 2,06 kJ kg−1 K−1 ; celle-ci n'est que la moitié de la capacité thermique massique de l'eau à 0 °C (4,217 kJ kg−1 K−1), et varie de façon quasi linéaire en fonction de la température (+0,17 %/K).
62
+
63
+ La conductivité thermique de la glace est de 2,1 W m−1 K−1 à 0 °C, et augmente avec l'abaissement de la température (pente de l'ordre de -0,57 %/K) ; elle est donc toujours bien supérieure à la conductivité thermique de l'eau à 0 °C, égale à 0,55 W m−1 K−1.
64
+
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+ L'igloo arrondi typique autrefois des Inuits du Grand Nord est fabriqué à partir d'éléments de formes préfabriqués en neige compacte à grains fins taillée en bloc. Il est remarquablement isolant car bien à l'abri sous la structure accessible par un couloir surcreusé la température positive atteint facilement quelques degrés si bien qu' un être humain se découvre parce qu'il fait chaud.
66
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+ Les effets lumineux du matériau polycristallin qu'est la roche glace paraissent innombrables suivant ces facettes transparentes et les jeux de lumière qui les traversent. Ils sont utilisés par les sculpteurs de glace et les éclairagistes experts des installations ou autres hôtels ou villes de glace éphémères.
68
+
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+ La couleur blanche de la glace commune est due aux inclusions gazeuses d'air. D'une manière générale, la glace compacte réfléchit le bleu et absorbe les autres couleurs du spectre visible.
70
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+ La glace roche a fait l'objet d'études pétrologiques prolifiques, il en résulte parfois une distinction entre la glace dite :
72
+
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+ Il est apparu évident que les carottes de glace, qui peuvent être vieilles de plus de 300 000 ans, recelaient par leurs impuretés des informations sur les paléoclimats. Des modèles permettent à partir des bulles d'air piégées de redécouvrir l'évolution de l'état de l'atmosphère, et surtout percevoir les fines particules ou poussières des éjectas volcaniques ayant perturbé durablement l'atmosphère à un niveau planétaire. Il est alors possible de proposer des températures modèles, d'analyser et de tenter de séparer les retombées volcaniques, terrestres, marines, cosmiques, voire humaines à partir des polluants atmosphériques fossiles ou chimiques récents.
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+
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+ En 2005, l'équipe coréenne de Heon Kang, de l'université de Séoul, a pu obtenir une glace d'eau à température ambiante (20 °C). Pour ce faire, un champ électrique est appliqué entre la pointe d'un microscope à effet tunnel et une surface d'or, où est disposé un film d'eau liquide, d'une épaisseur de l'ordre du nanomètre.
76
+
77
+ Dans cette expérience, l'eau se transforme en glace car les dipôles électrostatiques des molécules d'eau s'alignent sur le champ électrique. L'intensité du champ électrique à laquelle ce changement apparait (106 V m−1) est mille fois moins importante que ce que les modèles prédisaient.
78
+
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+ Malgré la très faible épaisseur de la couche d'eau utilisée, ce phénomène pourrait, d'après les auteurs, intervenir au sein de nuages d'orages ou de microfissures de roches, ainsi que dans des équipements nanotechnologiques.
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+
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+ En hiver, les routes sont salées afin de faire fondre la glace. Plus rigoureusement, ce n'est pas la glace qui fond, mais un mélange binaire glace-sel.
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+
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+ Lorsque le sel NaCl (Na+, Cl−) entre en contact avec la glace, les ions se dissocient et se réarrangent autour des molécules d'eau, car celles-ci sont polaires (H2δ+, Oδ−, ce qui permet de former un composé (H2O) (NaCl).
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+
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+ Ce réarrangement nécessite seulement de petits mouvements des atomes, et se fait donc en phase solide.
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+
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+ Lors du salage, le sel (solide) est en excès. Il va donc se réarranger avec l'eau afin de créer une solution eutectique (~23 % en masse). La température de fusion d'un tel mélange est d'environ −21,6 °C. Le sel va donc permettre de faire fondre toute glace en contact si celle-ci n'a pas une température inférieure à −21,6 °C. En Russie, par exemple, par grand froid, l'ajout de sel sur les routes est complètement inefficace. Il faut donc trouver un autre moyen pour permettre de rendre les voies praticables.
88
+
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+ Lorsque tout le sel solide s'est dilué dans la glace fondue, la phase liquide obtenue va continuer de faire fondre la glace en contact. La concentration en sel (limité à 23%m) va diminuer progressivement, jusqu'à atteindre un équilibre dicté par la température. Il est possible, à partir du diagramme de phase eau-sel, de déterminer cette concentration finale.
90
+
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+ Le diagramme de phase suivant représente la température de fusion du mélange en fonction de la proportion eau-sel.
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+
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+ Les civilisations anciennes, qui possédaient à l'instar des cultures paysannes un grand nombre de termes pour désigner la glace, n'ont apparemment légué qu'un nombre restreint de termes[réf. nécessaire][k]. Le mot féminin en latin classique était glacĭēs, ēī, signifiant « glace, glaçon » (mais aussi « dureté, rigidité typique de l'airain ») est bien corrélé au verbe glăciāre signifiant « changer en glace, geler, voire glacer d'effroi ou de peur », mais aussi « durcir, solidifier » ou encore en forme intransitive, « durcir, se congeler, se glacer, se caséifier… ». Mais c'est surtout le mot de latin populaire glacia qui a abouti à l'italien ghiaccio, à l'espagnol hielo, au catalan gel, au français glace et ses dérivés gel, glacier ou verglas. Les langues germaniques ont préservé une autre racine indo-européenne isa, commune au monde celte, ainsi le nordique[Quoi ?] îs, le suédois is, l'allemand Eis, l'anglais ice… alors que les langues slaves pérennisaient led, lo...
94
+
95
+ Le temps d'irruption probable de la glace, de la neige ou du gel puis de son maintien éventuel est aussi un temps d'hibernation autant pour les hommes que nombre d'animaux, à l'origine de la dénomination de la saison hiver. Mais la glace suffisamment lisse ou la neige porteuse est un support idéal pour la glisse ou le déplacement de charge en traîneau ou de char adapté par le charron en engin glissant. Paradoxalement, les cultures paysannes maîtrisant la traîne demeurent alors actives dans les forêts ou les hauteurs montagnardes, assurant le transport de multiples matériaux ou nourritures humaines ou animales. L'hibernation reste surtout une métaphore agricole ou des réserves engrangés en automne, ainsi qu'une assurance protectrice des plus faibles ou des moins équipés face aux intempéries dans la demeure, bien protégé ou isolé sous sa couche maîtrisée de neige ou de glace[l]. Un des matériaux collectés était parfois la glace ou la neige.
96
+
97
+ Les plus vieilles bâtisses ou constructions dénommées glacière ayant servi à conserver la glace datent d'il y a quatre mille ans et se trouvent en Mésopotamie. Ce sont des constructions en terre de forme conique inversée.
98
+
99
+ On retrouve des puits à neige ou puits à glace destinés au commerce de la glace et servant à la conservation de cette denrée partout à travers le monde : Chine depuis le VIIIe siècle av. J.-C., Corée, Méditerranée sans doute avant l'époque romaine, Espagne, Algérie, France, etc., et qui sont apparus dès le XVIe siècle en ce qui concerne l'Europe occidentale. Ces grands bâtiments, parfois sous gestion collective, pouvaient conserver de la glace toute l'année ou au moins jusqu'à la fin d'un été nullement caniculaire afin de fournir les villes et villages les plus proches. En effet, dès la Renaissance, grâce à une période prospère tant au niveau économique que politique, des échanges interculturels entre France, Italie et Espagne ont permis la redécouverte de ce produit. La glace servait à confectionner des crèmes glacées, rafraîchir boissons et aliments, et surtout à conserver les denrées ou aliments par congélation, tout en étant même prescrite par les médecins pour calmer douleurs, fièvres, anesthésier, etc.
100
+
101
+ En Angleterre ou en Amérique du Nord, les abris réfrigérants ou glacières, caractérisée par une fosse profonde et une rampe de chargement d'accès facile sont communes dès le XVIIe siècle. Pour renforcer l'isolation de la structure, outre la toiture très souvent en chaume, les gestionnaires des glacières utilisent abondamment la paille isolante, en sous-toit ou sous-enveloppe comme en séparateur de blocs. Pour un abri de capacité de bonne capacité, il n'est pas rare qu'il fallait collecter une centaine de tonnes de glace. La glace épaisse des mares aménagés ou des lac gelés était souvent préférée par commodité de récolte.
102
+
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+ Les « glacières » ont été exploitées jusqu'à la fin du XIXe siècle, c'est-à-dire jusqu'à l'apparition des usines de fabrication de glace permettant de produire la glace industriellement, au jour le jour, sans l'aléa des saisons.
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+
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+ Il existe des hôtels de glace en Suède à Jukkasjärvi, à Québec, en Alaska, en Groënland ou au Canada, voire des villes de glace éphémères en Chine. Elles engloutissent parfois communément jusqu'à 20000 tonnes de neige et 3000 tonnes de glace[réf. souhaitée].
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+ Quelques laboratoires étudient spécifiquement la glace :
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+ Lorsqu'on patine sur glace mince, la sécurité est associée à la vitesse. Traduction de la phrase In skating over thin ice, our safety is our speed, citée par le philosophe américain Ralph Waldo Emerson dans la première partie de ses Essays intitulée Prudence et éditée en 1841[24].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un glacier est une masse de glace plus ou moins étendue qui se forme par le tassement de couches de neige accumulées. Écrasée sous son propre poids, la neige expulse progressivement l'air qu'elle contient, se soude en une masse compacte et se transforme en glace.
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+
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+ Le domaine de plasticité de la glace étant particulièrement étendu, un glacier s'écoule lentement sous l'effet de la gravité le long d'une pente ou par fluage.
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+ « Glacier » est un terme francoprovençal que l'on rencontre dès le XIVe siècle en Valais et qui dérive du latin populaire *glaciariu(m), du latin tardif glacia, du latin classique glacies (« glace », « glaçon »). À partir du milieu du XVIIIe siècle, en France, on le préfère au terme « glacière » qui était alors utilisé.
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+ Les glaciers représentent 60 à 70 % des eaux douces de la planète, et constituent également une partie importante de la cryosphère terrestre.
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+ Tout comme chaque rivière est unique par ses caractéristiques, aucun glacier ne ressemble à un autre. Il est cependant possible de distinguer certaines caractéristiques récurrentes et s'appliquant de manière générale.
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+ On peut distinguer trois zones dans un glacier :
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+
13
+ La ligne d'équilibre d'un glacier est la limite qui sépare la zone du glacier où le bilan en masse est excédentaire et la zone du glacier où le bilan en masse est déficitaire. Cette ligne d'équilibre est matérialisée durant les mois chauds par la limite entre neige persistante (les neiges éternelles) et glace apparente. La ligne d'équilibre est utilisée pour marquer la fin de la zone d'accumulation d'un glacier.
14
+
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+ Ces trois secteurs d'un glacier sont très variables en taille, voire absents sur certains glaciers.
16
+
17
+ Les couches successives de neige qui forment le glacier emprisonnent durant leur passage dans l'atmosphère poussières, pollens, polluants et piègent des bulles d'air qui conservent la teneur des gaz composant l'atmosphère à l'époque de piégeage. Ces informations font d'un glacier un véritable livre relatant l'évolution de l'atmosphère durant des centaines de milliers d'années. Des forages (Vostok en Antarctique) permettent de remonter des carottes de glace et d'analyser la composition de l'atmosphère à l'époque de la formation des strates.
18
+
19
+ Un glacier possède d'autres caractéristiques qui sont révélatrices de la topographie, du climat, de son activité érosive, de son passé :
20
+
21
+ On peut définir un bilan hydrique (ou bilan de masse) saisonnier pour un glacier.
22
+
23
+ Ce bilan fait la différence entre perte et gain d'eau, qu'elle soit sous forme liquide, solide ou gazeuse. Durant les mois les plus chauds, les précipitations sous forme de neige sont au plus bas et la remontée des températures accélère la fonte du glacier en étendant sa zone d'ablation à plus haute altitude. Le bilan hydrique du glacier est alors négatif : sa masse diminue en perdant plus d'eau qu'il n'en reçoit. À l'inverse, les mois les plus froids voient les précipitations neigeuses augmenter et la fonte atteindre son minimum. Le bilan hydrique du glacier est positif : sa masse augmente en reconstituant ses stocks de glace qu'il a perdus l'été.
24
+
25
+ Le bilan hydrique saisonnier d'un glacier définit le débit du torrent émissaire dont le flot est composé des eaux de fonte. Le débit des eaux de fonte est à son maximum les mois les plus chauds et est à son minimum les mois les plus froids. Il faut préciser que ce débit des eaux de fonte, même s'il l'influence fortement, ne correspond pas au débit du torrent émissaire qui peut être grossi par les pluies ou atténué par l'évaporation, la recharge de la nappe phréatique, le prélèvement pour les activités humaines, etc. Le débit des eaux de fonte, s'il est directement lié aux précipitations neigeuses, est beaucoup plus affecté par d'autres facteurs météorologiques (l'intensité et la durée de l'ensoleillement, les températures qui sont des variables plus stables dans l'espace et dans le temps que les précipitations), cosmiques et anthropiques (telle la présence de cryoconite, poussière nivéo-éolienne qui fait passer l'albedo de la glace de glacier de 0,2 à 0,4[1], ce qui accélère la fonte[2]). Ainsi, on peut observer des fluctuations journalières du débit des eaux de fonte : le maximum est atteint dans l'après-midi tandis que le minimum l'est en fin de nuit.
26
+
27
+ Le glacier, en jouant le rôle de réservoir d'eau douce, régularise le débit des cours d'eau en aval tout au long de l'année. Il permet ainsi à la végétation en aval du glacier de disposer de réserves d'eau constantes et d'éviter ou d'atténuer d'éventuelles périodes de sécheresse.
28
+
29
+ Un glacier commence à se déformer et est donc capable d'avancer en acquérant une certaine plasticité lorsqu'il dépasse cinquante mètres d'épaisseur. C'est aussi pour cette raison que la surface des glaciers est couverte de séracs et de crevasses : la couche supérieure correspondant aux cinquante premiers mètres du glacier ne se déforme pas mais casse.
30
+
31
+ Un glacier avance, se déplace à cause de la gravité ou se déforme, flue à cause de son propre poids. La vitesse et la direction du déplacement sont fonction de la topographie, de la température du glacier, de sa teneur en air, de la quantité d'eau liquide qu'il contient, de la quantité et de la nature des matériaux rocheux qu'il transporte, de sa réaction face à la rencontre avec d'autres glaciers, etc.
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+
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+ En général, plus la pente est forte et régulière, le glacier lourd, ayant une température élevée et contenant de l'eau liquide, de l'air et peu de grosses roches, plus il ira vite et inversement.
34
+
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+ Le fait qu'un glacier soit recouvert ou non d'une couche de débris rocheux peut influencer sa vitesse d'écoulement par le biais des eaux de fonte. Ces eaux de fonte, en s'écoulant entre le glacier et les parois rocheuses, lubrifient la glace qui glisse mieux contre la roche. En comportant des débris rocheux à sa surface, un glacier s'isole des rayonnements solaires et des températures atmosphériques, diminuant par là-même la fonte de la glace à sa surface. Disposant de moins d'eau liquide, le glacier avance moins vite que si sa glace était découverte.
36
+
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+ La vitesse d'écoulement n'est pas la même en tout point d'un glacier. Elle varie selon la distance avec les parois et selon qu'on se trouve en zone d'accumulation, de transport ou d'ablation. Plus la glace est proche des parois latérales, plus sa vitesse est réduite. Dans la zone d'accumulation et de transport, la vitesse est généralement maximale dans les profondeurs du glacier, tandis qu'elle l'est à la surface du glacier dans la zone d'ablation. Cette vitesse différentielle fait que le litage des couches de neige est horizontal dans la zone d'accumulation, puis devient vertical dans la zone de transport pour redevenir horizontal dans la zone d'ablation.
38
+
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+ Les vitesses d'écoulement d'un glacier sont très variables. La vitesse moyenne pour un glacier classique est de l'ordre de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres par jour. Certains glaciers (glaciers suspendus ou glaciers dits « morts ») ont une vitesse d'écoulement proche de zéro. D'autres glaciers comme les courants glaciaires peuvent avancer de plusieurs dizaines de mètres par jour. Ainsi, un glacier de Groenland, le Kangerdlugssuaq (ou Kangerlussuaq situé au sud de Nuuk) a multiplié sa vitesse par trois entre 1996 et 2005 et atteint à cette date de plus de quatorze kilomètres par an soit une moyenne de quarante mètres par jour[3].
40
+
41
+ Le front d'un glacier peut être amené à avancer ou à reculer dans une vallée. Ces mouvements sont le résultat d'un déséquilibre entre apport de neige et fonte : lorsque le bilan hydrique annuel est négatif, le glacier entre dans une phase de recul et réciproquement.
42
+
43
+ Il faut rappeler que quand on parle d'un recul glaciaire, ce n'est pas le glacier qui recule, la glace continuant d'avancer vers le bas de la vallée, c'est la position du front glaciaire qui se déplace vers le haut de la vallée. La « délaissée glaciaire » (espace abandonné à la suite du recul du glacier) se nomme aussi « glarier »[4] ou « fond du glacier »[5].
44
+
45
+ Si l'apport de neige, et par conséquent de glace, est plus important que la fonte du front glaciaire, le glacier progressera dans la vallée. Ceci peut être provoqué par un refroidissement climatique et/ou une augmentation des précipitations. Les effets inverses seront à l'origine d'un retrait glaciaire. Entre 1850 et 1980, les glaciers des Alpes ont perdu presque le tiers de leur surface.
46
+
47
+ À noter que pour le cas de l'Antarctique : de pareils phénomènes existent, les élévations de la température dans ces secteurs très froids se révélant favorables à une augmentation des précipitations neigeuses donc à terme, à une augmentation des volumes de glace.
48
+
49
+ Les conséquences d'un retrait ou d'une avancée glaciaire dans la morphologie d'un glacier peuvent être spectaculaires et radicales :
50
+
51
+ Certaines progressions d'un glacier sont révélatrices d'une « mauvaise santé » du glacier et s'apparentent plus à un suicide qu'à une croissance. Il s'agit des surges glaciaires.
52
+
53
+ Attention aussi à ne pas confondre progression glaciaire et jökulhlaup qui sont des inondations provoquées par une vidange d'un lac subglaciaire formé au cours d'une éruption volcanique.
54
+
55
+ La plupart des glaciers alpins à travers le monde sont aujourd'hui dans une phase de retrait rapide[6] tels :
56
+
57
+ Des ingénieurs tentent depuis quelques années de mettre au point des techniques pour ralentir ou stopper la fonte des glaciers, voire de leur faire regagner de la masse. Ainsi, une technique expérimentale consistait, à l'aide de nombreux forages dans la glace, à injecter de l'eau dans un glacier suisse qui était utilisé pour le ski d'été. Cette eau devait permettre au glacier de regagner de la masse en descendant moins vite dans la vallée. La technique, trop chère et pas assez efficace, a été abandonnée. En 2005, la station de ski d'Andermatt en Suisse a emballé une partie d'un glacier dans des bandes de mousse en PVC. Selon les résultats obtenus, la surface recouverte sera étendue par la suite[12]. Bien qu'elles puissent produire des résultats encourageants, ces techniques ne résolvent pas la source du problème et ne font que retarder l'échéance d'une disparition de ces glaciers.
58
+
59
+ La fonte des glaciers représente de 25 à 30 % de l’augmentation du niveau de la mer à l’échelle mondiale[13].
60
+
61
+ Selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée en avril 2019, près de la moitié des sites du Patrimoine mondial pourraient perdre leurs glaciers d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent au rythme actuel[14].
62
+
63
+ Les glaciers peuvent provoquer de nombreuses catastrophes liées à leur nature (eau solide et liquide), leurs caractéristiques (présence de séracs, de crevasses, etc) et leur capacité (surge glaciaire, barrage, etc).
64
+
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+ Les glaciers peuvent provoquer :
66
+
67
+ Il existe une multitude de petits glaciers à travers le monde qui s'apparentent plus à de gros névés compactés qu'à de vrais glaciers.
68
+
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+ Le plus long glacier du monde est le glacier Lambert en Antarctique avec plus de 400 kilomètres de long et 100 de large.
70
+
71
+ Le plus grand inlandsis est celui de l'Antarctique avec 13 586 000 km2. C'est également le plus épais avec un maximum de 4 700 mètres d'épaisseur. Celui du Groenland fait quant à lui 1 700 000 km2 avec un maximum de 3 000 mètres d'épaisseur.
72
+
73
+ La plus grande calotte glaciaire est celle du Austfonna (Svalbard) avec 8 200 km2. Celle du Vatnajökull en Islande atteint 8 100 km2 et mille mètres d'épaisseur.
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+
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+ Le plus grand glacier de piémont est le glacier Malaspina en Alaska avec un lobe glaciaire de 3 900 km2.
76
+
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+ Le plus grand glacier de vallée des Alpes est le glacier d'Aletsch (Suisse) avec 23,6 kilomètres de long (2002).
78
+
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+ Le plus grand glacier français est le glacier Cook (îles Kerguelen).
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+ Le plus long glacier français de métropole est la Mer de Glace dans le massif du Mont-Blanc.
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+
83
+ Les premières explorations de glaciers recensées (des grecs Hérodote ou Anaximandre ou de l'italien Pétrarque) sont le fait d'érudits motivés par le souci de connaissance et de soi-même[15].
84
+
85
+ La géographie du Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle voit les auteurs simplement mentionner les glaciers comme des éléments difficiles pour la circulation humaine[16]. En effet, le glacier est vu avec effroi à cette époque : responsable de catastrophes (inondations des torrents glaciaires, percement de poches d'eau), il est considéré par l'Église chrétienne comme un lieu où l'on expie ses péchés (procession d'âmes en peine sur les glaciers, mythe du juif errant faisant progresser le glacier)[17].
86
+
87
+ L'histoire naturelle du XVIIIe siècle inaugure l'approche scientifique alors que les glaciers sont désormais vus avec bienveillance (l'eau du glacier purge des maladies, le froid du glacier protège contre les miasmes qui viennent de l'étranger, utilisation de leurs glacières). Divers auteurs de « théories de la Terre » écrivent à son sujet. Le naturaliste Jean-Louis Giraud-Soulavie décrit en 1780 les « appareils glaciaires » dans Histoire naturelle de la France méridionale. En 1868 Viollet-le-Duc publie une Étude sur la constitution géodésique et géologique, sur sa transformation, sur l'état ancien et moderne du glacier car la glaciologie développe un vocabulaire architectural typique (fronton, dôme, gothique)[18]
88
+
89
+ Les géographes des XIXe et XXe siècles, comme les auteurs de traités de géographie physique générale (De Martonne, 1909 ; Pierre Pech et Hervé Regnauld, 1994) et certains géographes de l'École française (Jules Blache, 1933 ; Pierre Deffontaines, 1947) décrivent désormais les processus physiques à l'œuvre dans les glaciers.
90
+
91
+ Il s'agit de glaciers dont la morphologie est dépendante du relief. Ils se trouvent en général en montagne et occupent le fond des talwegs.
92
+
93
+ Les glaciers de vallée sont la représentation classique que l'on se fait d'un glacier : un bassin d'alimentation en forme de cirque au pied de pics dépassant de la neige, une masse de glace allongée occupant toute la largeur d'une vallée et un front glaciaire donnant naissance à un torrent.
94
+
95
+ Un glacier de vallée peut se former à partir d'une seule zone d'accumulation ou de plusieurs. Il peut également recevoir des masses de glaces qui proviennent de glaciers adjacents et venant grossir le flot de glace.
96
+
97
+ Exemples de glacier de vallée :
98
+
99
+ Un glacier suspendu est généralement de petite taille et est perché sur les flancs d'une montagne. Il n'est composé que d'une zone d'accumulation, parfois une courte zone de transport mais très rarement d'une zone d'ablation. La glace est évacuée par sublimation ou par chute de séracs, séracs qui peuvent donner naissance à un glacier régénéré en contrebas.
100
+
101
+ Exemples de glaciers suspendus :
102
+
103
+ Il s'agit d'un glacier dont les apports en neige sont fournis par des chutes de séracs provenant d'un glacier suspendu. Un glacier suspendu étant en général de faible superficie, les apports en neige sont limités et les glaciers régénérés sont souvent petits et ne parviennent pas à former des glaciers de vallée. Leur glace s'évacue par la sublimation ou la fonte. Le glacier régénéré est en quelque sorte la zone d'ablation d'un glacier suspendu.
104
+
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+ Exemples de glaciers régénérés :
106
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+ Un glacier de cirque est un glacier qui occupe la totalité d'un cirque et ne le quittant pas ou très peu. Il s'agit en fait de la partie correspondant à la zone d'accumulation d'un glacier de vallée. Il possède une zone d'accumulation, une zone de transport réduite et une zone d'ablation.
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+
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+ Exemple de glaciers de cirque :
110
+
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+ Il s'agit d'un glacier de vallée qui atteint la plaine au pied de la chaîne de montagne. Il possède une zone d'accumulation et une zone de transport classique mais sa zone d'ablation s'étale dans la plaine soit en digitations, soit en un lobe glaciaire plus ou moins étendu. Devant le lobe glaciaire peut se former un sandur, lieu propice à l'installation de formations glaciaires et péri-glaciaires : drumlins, eskers, kames, kettles, blocs erratiques, moraines, etc.
112
+
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+ Exemple de glaciers de piémont :
114
+
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+ Un glacier dont l'une des langues rejoint la mer ou l'océan est généralement qualifié de côtier. Ces situations ne se rencontrent qu'en des latitudes élevées, un tel glacier requérant une température annuelle moyenne atmosphérique au niveau de la mer approchant la température de glaciation. On en rencontre en Norvège et en Alaska où ils se jettent dans des fjords.
116
+
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+ Exemple de glaciers côtiers :
118
+
119
+ Ce sont des glaciers qui possèdent certaines caractéristiques des inlandsis : une grande superficie, une forme aléatoire, une grande épaisseur, une pente relativement faible du substrat rocheux, une évacuation de la glace par de larges fronts glaciaires et/ou par des émissions de glaciers. Il s'agit en fait de mini-inlandsis souvent perchés au sommet de montagnes ou de volcans et en partie confinés par les sommets qui composent la montagne. Ce sont bien souvent des reliquats des grandes calottes polaires des anciennes glaciations.
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+
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+ Exemple de calottes locales :
122
+
123
+ Leur étendue et leur épaisseur sont tellement importantes que le relief a peu d'incidence sur leur morphologie. Ils se présentent sous la forme d'un immense amas de glace au sommet formant un plateau peu pentu percé de temps à autre par un nunatak, s'écoulant de toute part en produisant des lobes glaciaires, des digitations et des courants glaciaires.
124
+
125
+ Leur étendue est inférieure à 50 000 km2.
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+
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+ Exemples de calottes glaciaires :
128
+
129
+ Leur étendue est supérieure à 50 000 km2.
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+
131
+ Il n'existe que deux inlandsis au monde :
132
+
133
+ En plus de la morphologie, on peut classer les glaciers suivant leur température. Celle-ci est évidemment fonction de l'altitude et de la latitude du glacier mais aussi de la présence ou non d'activité volcanique sous le glacier.
134
+
135
+ Pour qu'un glacier se constitue ou se maintienne, il faut que l'apport de neige excède ou équilibre la perte de glace due à la fonte, à la sublimation et au glissement de la masse d'eau gelée vers l'aval. L'altitude minimale pour l'obtention des conditions nécessaires à la formation d'un glacier varie selon le climat et la latitude d'une région.
136
+
137
+ Si elle se situe quasiment au niveau de la mer aux pôles, elle se trouve en revanche entre 2 700 et 3 500 mètres d'altitude[19] dans les Alpes et au-delà sous les tropiques (l'altitude limite reste très difficile à déterminer actuellement en raison du réchauffement climatique).
138
+
139
+ Les glaciers laissent de nombreuses traces de leurs passages dans le paysage sous forme de dépôts de toute sorte :
140
+
141
+ Les glaciers, de par leur poids, les roches qu'ils contiennent, les eaux de fonte qu'ils produisent, la nature et la dureté du substrat sur lequel ils évoluent ainsi que de leur grande capacité de transport érodent et modèlent le paysage en laissant des formes caractéristiques de leur passage :
142
+
143
+ Les glaciers constituent un attrait touristique indéniable. De nombreuses personnes se déplacent vers les glaciers pour :
144
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+ En 2012, deux chercheurs de l'Université de Fribourg et de l'École polytechnique fédérale de Zurich ont estimé grâce à un modèle informatisé, le volume total des glaciers terrestres à près de 170 000 km3. Le calcul a pris en compte 200 000 glaciers en excluant cependant les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique[20].
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+ Il existe des glaciers sur d'autres planètes :
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+ La glaciologie est une science de la Terre qui étudie la nature physique et chimique des systèmes glaciaires et périglaciaires. Il s'agit donc de l'étude de la cryosphère, c'est-à-dire de tout ce qui a trait aux glaciers, à la glace et aux phénomènes liés à la glace comme le pergélisol, la transformation de la neige en névé puis en glace, les interactions air-neige, etc.
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+ Les glaciologues se préoccupent de déterminer les principales caractéristiques des surfaces englacées. D'un point de vue physique, le bilan de masse glaciaire et le comportement mécanique du « matériau glace » sont les points clés de la recherche actuelle. Sur le plan chimique, les interactions entre la glace, le sol et l'air sont étudiées en vue de mieux comprendre l'évolution de la glace. Une grande partie des échantillons de glace sont prélevés sur des carottes de glace. La glaciologie est également au centre de la paleoclimatologie, les glaces des inlandsis se comportant comme de véritables « archives » des conditions de température et d'atmosphère sur la période du Quaternaire. Les études glaciologiques ont été fondamentales dans la mise en évidence des liens entre température moyenne du globe et concentration atmosphérique en gaz à effet de serre. La glaciologie est donc une discipline majeure dans la compréhension du système climatique.
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+ Les précurseurs[1], sont nombreux.
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+ Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l'épée », ou « épéistes ») étaient, dans la Rome antique, des combattants professionnels qui s'affrontaient par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d'une panoplie et de techniques de combat spécifiques.
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+ L’origine des combats de gladiateurs se retrouve en Italie du sud, où le combat en armes entre membres de la même famille avait pour but d'honorer la mémoire d'un mort. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.
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+ À Rome, le plus ancien combat de gladiateurs mentionné dans les textes se déroule en 264 av. J.-C. avec trois paires d'esclaves, organisé lors des funérailles de son père par Decimus Junius Brutus sur le Forum Boarium, le marché aux bœufs de Rome, espace à caractère utilitaire et sans prestige situé près de l’extrémité nord du Circus Maximus[1]. Ce combat fut rapidement suivi par de nombreux autres. Ainsi, en 105 av. J.-C., les jeux devinrent publics.
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+ Le caractère funèbre de ces affrontements s'effaça progressivement à Rome, où les combattants devinrent des professionnels, qu'il s'agisse d'hommes libres engagés ou d'esclaves. Ces combats, qui se déroulaient dans le cadre d'un amphithéâtre, devinrent le spectacle favori de la foule romaine. Organisés selon des modalités précises, ils pouvaient se terminer par la mort d'un des deux adversaires.
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+ Au IVe siècle, ils firent l'objet de restrictions par l'empereur Constantin Ier, mesure sans effet réel avant la fin du IVe siècle. Plus que des interdictions, c'est la répugnance des élites à supporter le poids financier des munera à la suite de l’affaiblissement des villes et de la récession économique qui aurait entraîné la disparition des gladiateurs[2].
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+ Les sources pour la connaissance de la gladiature sont relativement abondantes, mais inégalement réparties dans le temps : elles ne manquent pas pour le Haut-empire, mais sont nettement plus rares pour les autres époques. Elles sont de nature diverse : sources littéraires, épigraphiques et iconographiques, mais également, quoique très rares, des artefacts.
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+ Les Romains ne nous ont pas laissé, et peut-être n'ont jamais rédigé, de « traité » de gladiature. En compensation, nous disposons de nombreuses sources littéraires, dont le sujet n'est pas la gladiature mais dans lesquelles on peut glaner des informations éparses.
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+ L'iconographie est abondante et les supports divers : mosaïques, bas-reliefs, statuettes, peintures, gobelets en verre moulé mais aussi des graffiti ainsi que de nombreux médaillons de lampes à huile. Elle nous renseigne sur la panoplie des gladiateurs ou encore sur leurs techniques de combat et leur évolution.
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+ C'est l'épigraphie qui nous permet de découvrir des destins individuels au travers d'inscriptions funéraires riches en renseignements sur l'âge, l'origine, la carrière, la famille d'un gladiateur ou même sa mentalité.
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+ Les artefacts sont rarissimes. La plupart des pièces d'équipement découvertes l'ont été dans un seul endroit : la caserne des gladiateurs de Pompéi.
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+ Il existe deux hypothèses sur l'origine des combats de gladiateurs. Les Anciens étaient unanimes à dire que l'origine des combats de gladiateurs se trouvait chez les Étrusques[3], qui avaient pour coutume de faire des victimes expiatoires parmi les ennemis vaincus, en les faisant s'entre-tuer pour honorer les mânes d'un défunt illustre. Nicolas de Damas affirme que « les Romains ont reçu des Tyrrhéniens l'usage d'organiser des combats singuliers non seulement à l'occasion des fêtes mais aussi en guise de divertissement »[4]. Les spécialistes modernes n'interprètent plus cette phrase pour appuyer l'hypothèse de l'origine étrusque, qui n'est pas corroborée par l'archéologie : pour la plupart d'entre eux, suivant en cela l'archéologue Georges Villes[5], c'est en Italie du sud, en Campanie et chez les Lucaniens, que ces combats sont nés. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.[6]. Le caractère funéraire de ces scènes ne fait aucun doute et les joutes de ces « prégladiateurs » sont représentées à côté d'autres jeux tels que des combats de boxe ou des courses de char. Elles ont lieu en présence d'un arbitre et on peut constater, sans autre précision, que le sang coule et qu'un des deux combattants s'est écroulé. Le mot latin munus (pluriel : munera) qui désigne le combat de gladiateurs signifie à l'origine « don » et s'inscrit parfaitement dans ce cadre funéraire.
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+ Quoi qu'il en soit, l'origine de la gladiature semble bien se trouver dans une forme adoucie de sacrifice humain accompagnant les funérailles d'un grand personnage, comme cela se passe dans le chant XXIII de l'Iliade, Homère y racontant qu'après l'incinération de Patrocle, Achille organise des jeux funéraires en son honneur qui comporte une hoplomachie (combat en armes), disputée par Diomède et Ajax[7].
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+ À Rome, les combats de gladiateurs (munera) perdirent progressivement le caractère funéraire et religieux et cette proto-gladiature devint ambivalente, comme les autres spectacles, le munus sacré devenant un jeu (ludus) profane. La désacralisation des munera conduisit à la professionnalisation de la gladiature : aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., on vit ainsi apparaître une gladiature ethnique, où s'affrontent des prisonniers de guerre portant leurs armes nationales (d'abord des Samnites, puis des Gaulois et enfin des Thraces) puis, à partir de 73 (date de la guerre de Spartacus à partir de laquelle les autorités romaines réalisent qu'il est trop dangereux de composer une gladiature avec des esclaves hyper-entraînés) une gladiature technique, où s'affrontent des volontaires constituant de nouvelles catégories de gladiateurs (armaturae) : secutor, rétiaire, mirmillon, etc.[8].
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27
+ On exerça un contrôle rigoureux pour le munus annuel que donnaient les préteurs afin de limiter le montant des sommes engagées. Il fut interdit d'organiser un munus sans autorisation préalable du sénat, d'en donner plus de deux fois par an, ou de faire paraître plus de 120 gladiateurs au cours d'un même spectacle. Les combats de gladiateurs privés passèrent sous le contrôle exclusif de l'État. Seul l'empereur put dépasser les limites fixées. Ainsi Auguste engagea-t-il sous son règne environ 10 000 gladiateurs, soit dix fois le maximum autorisé. Dès la fin du règne d'Auguste, le spectacle de chasse mettant en scène des animaux sauvages (venatio) se trouva associé aux combats de gladiateurs de façon très étroite, et l'on assista désormais à des spectacles complets, appelés munera legitima ou justa (combats réguliers) qui comprenaient des chasses et des combats d'animaux le matin, un intermède à la mi-journée et des combats de gladiateurs l'après-midi[9] : l’intermède de mi-journée, qui correspond au moment des repas, était le moment où des condamnés étaient forcés de combattre des fauves, dépourvus de toute arme ; certains condamnés devaient également s'entretuer. De midi aux heures les plus chaudes de la journée se déroulaient aussi les exécutions des condamnés à mort, le plus souvent accompagnées d'une mise en scène évoquant un mythe ; pour le mythe d’Icare par exemple, on collait au prisonnier des ailes avec de la cire et on le lâchait dans le vide depuis une construction prévue à cet effet.
28
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29
+ Les combattants deviennent très vite des professionnels. Cette professionnalisation pourrait déjà être effective à la fin du IIIe siècle av. J.-C., si l'on s'en tient à cette phrase de Tite-Live à propos du munus offert par Scipion l'Africain en 206 av. J.-C. : « Les gladiateurs de ce spectacle ne furent pas de ces hommes dont les entrepreneurs forment d'habitude leurs paires, esclaves descendant du plateau de vente, ou hommes libres qui mettent leur sang à prix[10]... », sans qu'on puisse cependant exclure qu'il s'agit d'un anachronisme de la part de l'auteur[11].
30
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31
+ Ces hommes libres signent un contrat, l'auctoratio. À la fin de la République, le personnage de « l'engagé », l’auctoratus (« celui qui se vend »), fait partie des personnages des atellanes (fables bouffonnes d'origine osque fort prisées à Rome), comme en témoigne une pièce appelée Bucco auctoratus écrite vers 100 av. J.-C. par Lucius Pomponius[11].
32
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33
+ Cet engagement est soumis par le législateur à une procédure dont l'origine pourrait remonter à la haute époque républicaine, au temps où les puissantes familles (gentes) qui dominaient Rome s'entouraient d'une armée privée[12].
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35
+ Le candidat-gladiateur fait une déclaration appelée professio devant un tribun de la plèbe, qui a sans doute pour but d'éviter que certains ne s'engagent inconsidérément.
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37
+ Ensuite, après avoir signé son contrat dans lequel est précisé la durée du contrat ou le nombre maximum de combats convenus avec le laniste, il prête le serment gladiatorien, dont la formule est conservée dans plusieurs textes[13] et en particulier dans un passage de Pétrone : « Nous lui prêtâmes serment de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer… Comme des gladiateurs régulièrement engagés, nous consacrons de la façon la plus totale à notre maître, et notre corps et notre vie[14]. » Le nouveau gladiateur reconnaît donc au laniste un droit de torture et d'emprisonnement, en cas de désobéissance ou de manque de combativité.
38
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39
+ Il reçoit la prime (pretium) prévue dans le contrat. Elle peut être extrêmement modeste, mais également devenir considérable si, par exemple, il s'agit d'un vétéran réputé qui rempile. Lors du munus qui suit l'auctoratio, on frappe le nouveau gladiateur — probablement symboliquement — de verges, manifestant ainsi publiquement qu'il abandonne son statut de citoyen pour celui, infâme, de gladiateur.
40
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41
+ Si les gladiateurs qui survivaient assez longtemps pour être dégagés des termes du contrat, avaient bien combattu et acquis une renommée suffisante, ils avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et quitter ainsi la pauvreté.
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+ La recherche du spectaculaire amena à l'organisation de combats de femmes, attestés par quelques auteurs comme Juvénal, qui se moqua des participantes[15], Suétone[16], Tacite[17] et Pétrone[18], et confirmés par une sculpture d'Halicarnasse représentant deux femmes gladiatrices[19], et une inscription d'Ostie[20]. Les combats de femmes furent interdit en 200 par Septime Sévère[21],[22].
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+
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+ Les combattants étaient entraînés dans des écoles de gladiateurs[23], les ludi (singulier : ludus). Ces écoles appartenaient à des lanistes, riches hommes libres propriétaires d'une école, ou à l'empereur via des écoles impériales. Elles étaient dispersées dans l'Empire : dans la péninsule Ibérique (en Bétique et en Tarraconaise), en Gaule narbonnaise (Nîmes, Narbonne, Draguignan, Die), en Europe centrale (Carnuntum, près de Vienne)… Celles d'Aquilée et de Capoue étaient renommées. Dans la moitié orientale de l'Empire, celle d'Ancyre, de Thessalonique, de Pergame et d'Alexandrie étaient également réputées.
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+ À côté des ludi privés, à Rome où la préparation des jeux était devenue un monopole de l'empereur, on construisit des écoles impériales. Quatre grandes écoles construites par Domitien[24] étaient implantées à proximité du Colisée : le ludus Magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Leur plan était identique, simple et fonctionnel : des cellules d'habitation et de service se déployaient autour d'une aire d'entraînement. La plus célèbre de ces écoles fut le ludus magnus, la grande caserne. Son directeur était un personnage important car, pour la plèbe romaine comme pour l'empereur, l'organisation des spectacles occupait une place de choix dans la vie quotidienne de la cité. Cette charge bien payée (200 000 sesterces) avait les faveurs de l'empereur.
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+ À Pompéi, deux casernes de gladiateurs se seraient succédé. La présence de quelque 120 graffitis, probablement gravés par des gladiateurs en souvenir de leurs victoires ou de leurs conquêtes amoureuses, a amené les spécialistes à identifier une demeure connue sous le nom de maison des gladiateurs (V, 5,3) avec une caserne. On estime que 5 à 20 gladiateurs auraient pu y loger[25]. Après que la ville eut été touchée par un tremblement de terre en 62 qui endommagea probablement cet édifice, le quadriportique, situé derrière le mur de scène du théâtre, fut transformé en caserne. On a déduit la fonction du bâtiment des quinze casques ainsi que d'autres pièces défensives, parmi lesquelles des jambières et des épaulières, découverts lors des premières fouilles en 1766. Tous les accès, sauf l'entrée principale, furent condamnés. Des cellules furent créées au rez-de-chaussée et à l'étage, ainsi qu'une immense cuisine, une salle de réunion et un appartement pour le laniste autour de l'aire centrale qui servait de terrain d'entraînement.
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+ En 2011, un ludus gladiatorius a été découvert à proximité du grand amphithéâtre de la ville antique de Carnuntum, près de Vienne (Autriche). Le complexe de bâtiments, détecté au radar par les archéologues, est d'une superficie de 2 800 m2, est composé de plusieurs bâtiments entourant une cour intérieure, comprenant une petite arène d'entrainement de 19 m de diamètre[12]. Les cellules des gladiateurs sont de petites pièces individuelles de 5 m2. L'agencement de l'ensemble rappelle le Ludus Magnus de Rome.
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+ Suivant le rythme des combats, les gladiateurs voyageaient fréquemment d'un bout à l'autre de l'Empire. Cette mobilité variait suivant les contrats négociés entre les munéraires et les lanistes. Pompéi attirait des gladiateurs venus de toute la Campanie et de Capoue notamment. Ce nomadisme affectait bien entendu le personnel du spectacle dans son ensemble. Les mouvements se faisaient aussi bien de l'Occident vers l'Orient que dans le sens inverse. Beaucoup de gladiateurs grecs ou orientaux furent ainsi engagés dans les combats de gladiateurs en Occident. Des troupes de combattants de l'arène suivaient aussi les empereurs en déplacement : Caligula, en visite à Lyon, donna un munus avec ses propres hommes.
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+ Des nombreux types de gladiateurs (armaturæ) sont énumérés dans les textes historiques. Cependant, seulement six composent l'énorme majorité du corpus iconographique connu actuellement :
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+ Provocator
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+ Thrace
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+ Deux Mirmillon
62
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+ Hoplomaque
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65
+ Secutor et Rétiaire.
66
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+ Certains auteurs pensent que le laniste tenait compte des besoins de l'école à un moment donné mais également des aptitudes physiques : les individus plus lourds étant orientés vers une armatura lourde, tandis que les plus légers devenaient rétiaires[26].
68
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69
+ Selon une théorie développée par des expérimentateurs modernes, suivant le contexte et les qualités du combattant, il aurait existé un cursus : le gladiateur, une fois formé et passé l'étape du provocator, serait dirigé vers une des deux familles, petits boucliers (parmati) ou grands boucliers (scutati). Cette décision serait prise par l'entraîneur (doctor) en accord avec le laniste, comme dans les clubs sportifs modernes. Ce cursus « gladiatorien » serait le suivant :
70
+
71
+ Ainsi, il ne serait par exemple pas possible de devenir rétiaire sans être passé au préalable provocator, puis thrace, puis hoplomaque. Cette hiérarchisation serait la conséquence de l'accroissement du degré technique nécessaire au maniement des panoplies. En effet, les techniques de combats changent suivant les couples de gladiateurs et deviennent de plus en plus complexes. C'est pourquoi un rétiaire serait obligatoirement un gladiateur bien plus expérimenté qu'un thrace.
72
+
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+ Cette théorie est loin de faire l'unanimité[27].
74
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75
+ L’onomastique latine traditionnelle (prénom, nom, surnom) sert rarement pour désigner les gladiateurs : ils sont nommés, le plus souvent, par un sobriquet familier à tous les amateurs de munera. Ces noms d'arène font référence aux divinités et aux héros de la mythologie — Hermès, Astyanax, Persée, Cupidon, Ajax, Patrocle, Bellérophon — ou mettent l'accent sur les qualités physiques du gladiateur, la force : Héracléa (« le Costaud »), Ursius (« Fort comme un ours »), la vivacité : Fulgur (« la Foudre »), Polydromos, Okus, Callidromos (« le Rapide »). D'autres évoquent la chance : Faustus (« Le Veinard »), Félix (« L'Heureux »), Victor ou Nicéphoros (« La Victoire »), ou le souvenir d'anciens gladiateurs vedettes, tel Columbus de Nîmes, qui portait le nom d'un héros de l'arène sous le règne de Caligula. D'autres, enfin, doivent leur sobriquet à leur prestance : Ametystus, Beryllus (« brillant », « d'un éclat précieux »), « Narcissos » ou « Callimorphos » (« Le Bien Bâti »).
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+ Le gladiateur surnommé Astyanax était un poursuivant (secutor). Il existe une mosaïque datant du IVe siècle qui le montre, entre autres scènes, combattant durant l'entraînement contre un rétiaire du nom de Kalendio. Le plus célèbre des gladiateurs, Spartacus, ne semble pas avoir porté de surnom : Spartacus est simplement la forme latinisée d'un nom thrace que l'on connaît sous plusieurs formes : Spartokos ou Spardokos.
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+ Après son entrée au ludus, de sa formation — dont on ignore la durée[28] — jusqu'à son premier combat, le nouveau gladiateur était un tiro (pluriel tirones) (littéralement : recrue, conscrit, novice, apprenti). Un nombre élevé de tirones laissaient leur vie dans ce premier combat : plus de 25 % des gladiateurs mentionnés sur une inscription de Venosa[29]. S'il survivait au premier combat, le gladiateur commençait à s'élever dans la hiérarchie à l'intérieur de chaque armatura. La première attestation de ce genre de grades date du Ier siècle.
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+ Au sommet se trouvait le primus (c'est-à-dire premier) palus (pluriel pali). L'origine du mot palus semble argotique, le palus désignant le poteau de bois de deux mètres fiché en terre au centre de la cour et contre lequel les gladiateurs s'entraînaient avec la rudis (it), l'épée de bois et le bouclier d'osier. Les chercheurs ont longtemps cru qu'il existait quatre de ces grades (primus, secundus, tertius, quartus)[30]. Une inscription découverte à Aphrodisias mentionne cependant un huitième palus. Contrairement à une idée répandue, les gladiateurs ne s'affrontent lors des munera que trois à cinq fois dans l'année, si bien que l'obtention de ces grades est lente mais son expérience lui épargne la mort. Il a été estimé que sous Auguste, chaque gladiateur risquait une fois sur dix d’être égorgé, ce qui explique que le citoyen pauvre choisisse cette carrière plutôt que celle de soldat : mieux payé (en cas de victoires), restant près de ses proches et assuré d'un combat loyal un contre un, le sort du gladiateur pouvait sembler enviable[31].
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+ Des inscriptions détaillent souvent le palmarès des meilleurs gladiateurs. Maximus, du ludus impérial de Capoue, dans la première moitié du Ier siècle, fut 40 fois vainqueur et obtint 36 couronnes[32]. Les combattants méritants pouvaient être récompensés par un affranchissement : les gladiateurs libérés étaient alors dégagés de leur obligation de combattre. Cette libération s'accompagnait de l'octroi symbolique d'une rudis, une baguette d'environ 1 m de long. Ils devenaient alors des rudiarii.
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+ Certains, devenus riches, se transformaient en notables, propriétaires d'une belle maison de campagne tandis que leurs fils cherchaient à occuper au théâtre les places des chevaliers[33]. Mais ces carrières au dénouement heureux étaient l'exception : d'après les épitaphes, l'âge moyen du décès des gladiateurs était situé entre 20 et 30 ans. Il existe quelques situations exceptionnelles : une stèle du musée archéologique d'Istanbul montre deux gladiateurs, Néôn et Philémôn, réformés sans doute pour des raisons de santé[34].
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+ Les gladiateurs les plus talentueux jouissaient d'une immense popularité : un thrace surnommé Suspirium Puellarum, « le soupir des jeunes filles » mettait en transe les femmes de Pompéi. Les nombreux graffitis qui mettent en scène les acteurs de l'arène témoignent aussi de cet engouement. Dans l'une de ses Satires, le poète Juvénal a raillé ces passions incontrôlées : Epia, une épouse de sénateur, abandonna son notable de mari pour suivre un aventurier, Sergiolus, un gladiateur charismatique, malgré son bras tailladé, son nez cassé et son œil poché et l'accompagna jusqu'en Égypte[35].
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+ Les gladiateurs commencent par saluer l'éditeur, qui exerce la présidence du munus, une fonction qui l'amène à prendre des décisions importantes. Les auteurs modernes pensent que l'éditeur procède à ce moment à l'examen préalable des armes. Des membres du personnel préparent le feu, les verges et les fouets, qui servent à rappeler à l'ordre un gladiateur qui manquerait d'ardeur au combat. L'arbitre, que l'on appelle rudis en latin d'après la baguette qui lui permet d'intervenir pendant le combat, donne quelques instructions aux combattants qui se livrent à un ultime échauffement.
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+ L'éditeur donne le signal (signum pugnæ) et les combats commencent. Ils sont accompagnés de musique. L'orchestre, qui joue de la trompette (tuba en latin) et du cor (cornu en latin), est installé dans l'arène. L'emploi d'un orgue hydraulique est mentionné pour la première fois sous Néron.
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+ Il est impossible de parler de phases d'un combat[36]. Des expériences menées en 2004 par le Dr Gauthier ont montré que le principal problème physiologique du gladiateur pendant le combat est d'ordre respiratoire. La durée moyenne d'un combat au cours de ces expérimentations était de 4 minutes et quarante secondes et le combat risque de s'arrêter par hypoxie[37]. Des pauses sont cependant ménagées au cours du combat, pour que les gladiateurs puissent se rafraîchir, recevoir des soins ou réajuster leur panoplie. Lors d'un combat fameux entre Priscus et Verus, l'empereur Titus leur fait apporter plusieurs fois des présents et des vivres[38].
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+ Dans la pratique, le combat se poursuit jusqu'à ce que l'un des deux adversaires ne soit plus capable de continuer, soit qu'il soit mort, soit qu'il soit gravement blessé, soit qu'il soit épuisé. Cette troisième possibilité est la plus fréquente. Le combat se déroule ad digitum, c'est-à-dire jusqu'à ce que le gladiateur épuisé lève le doigt pour signaler qu'il ne peut plus poursuivre le combat. Il demande alors sa missio, c'est-à-dire qu'il demande à être épargné bien qu'il soit vaincu. Il existe des combats où on décide dès le départ qu'ils sont sine missione, c'est-à-dire sans missio, où le vaincu n'a pas le droit de réclamer sa grâce. Auguste interdit ce type de combat[39], mais on ne sait pas dans quelle mesure cette interdiction est respectée. Dans certains cas, lorsque les deux combattants sont de force égale et que le combat se poursuit sans issue, on peut les renvoyer stantes missi, c'est-à-dire qu'au moment d'être renvoyés, ils sont encore debout tous les deux. Le dernier mot revient de toute façon à l'éditeur qui peut faire savoir aux gladiateurs qu'ils doivent continuer le combat en faisant exhiber une pancarte « Perserverate », c'est-à-dire « continuez ». Si le combat dure trop longtemps, l'éditeur peut exiger que les gladiateurs se battent sans bouclier[40].
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97
+ Dans les cas les plus fréquents le gladiateur demande sa missio en levant la main ou un doigt de cette main[41]. Il existe des cas où, par fierté professionnelle, des gladiateurs qui auraient sans doute obtenu leur grâce, s'y refusent et choisissent de combattre jusqu'au bout. Sénèque rapporte un cas de ce genre : celui d'un gladiateur blessé, se retournant vers la foule qui demandait sa grâce pour son courage, en faisant signe du bras qu'il n'avait rien fait et qu'il ne souhaitait pas qu'on intervienne en sa faveur[42].
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+ Les nombreuses inscriptions funéraires faisant référence aux gladiateurs permettent d'approcher leur entourage et le cadre de leur vie privée. Beaucoup de combattants vivaient avec une femme et des enfants, comme le sécutor Urbicus. Elles sont souvent à l'origine des épitaphes. Lorsque le nomadisme de la profession interdisait toute vie familiale, les amis rendaient parfois des honneurs funèbres au gladiateur mort au combat.
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+ Certaines confréries de chasseurs ou de gladiateurs étaient unies par un culte commun. Ces confréries (sodalitates) veillaient aux funérailles de chacun de leurs membres. Les liens de solidarité ainsi créés étaient plus forts que les rapports professionnels existant au sein des familiae. On connaît l'existence de collèges de ce type en Narbonnaise (près de Die), mais aussi à Rome : au Ier siècle, le rétiaire T. Claudius Firmus appartenait à une sodalité du Ludus Magnus[43]. Commode favorisa ces associations, notamment par ses rapports étroits avec le collège des Silvani Aureliani, qu'une inscription trouvée en 1755 près de Rome nous fait connaître[44]. Cette confrérie comprenait 32 gladiateurs divisés en trois décuries, et un groupe de deux. La première rassemblait des vétérans de condition servile ; la deuxième mêlait à des débutants (tirones), un armurier, un vétéran et un masseur ; la troisième réunissait exclusivement des tirones ; dans la quatrième, enfin, se trouvaient un paegniarius et un thrace.
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103
+ Ces sodalitates, auxquelles étaient attachés un emblème et un chiffre, se développèrent surtout parmi les venatores d'Afrique proconsulaire. Le croissant sur hampe et le chiffre III étaient les signes distinctifs des Telegenii, dont quatre membres sont représentés sur la mosaïque de Smirat. Depuis les recherches d'A. Beschaouch, on connaît plusieurs autres associations de venatores en Afrique romaine.
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+ À ses lointaines origines, le munus était lié au rituel funéraire et, bien que l'évolution se fût faite dans le sens d'une laïcisation, son caractère religieux n'a jamais disparu. Dans la mesure où ils exigeaient du sang versé, les munera sont restés, plus encore que les autres ludi, attachés au culte des divinités infernales.
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+ « Il faut maintenant dire en peu de mots pourquoi les généraux qui partaient pour une expédition avaient coutume de donner des combats de gladiateurs et le spectacle de grandes chasses. Suivant quelques auteurs, les anciens avaient imaginé cet usage pour détourner sur l'ennemi la colère céleste, convaincus que le sang de citoyens, versé, comme celui des victimes, dans ces luttes imitées de la guerre, suffirait pour en rassasier Némésis, c'est-à-dire la fortune des batailles[45]. »
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+ Dans plusieurs amphithéâtres, des petites chapelles qui communiquaient avec l'arène servaient aux dévotions précédant les combats. Très souvent, les sacella étaient consacrées à Némésis : c'est le cas à Mérida, à Tarragone, à Italica (Espagne), à Carnuntum (Autriche) où les deux amphithéâtres - civil et militaire - possédaient chacun une chapelle placée sous la protection de la déesse.
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+ Les stèles funéraires apportent aussi leur témoignage sur l'importance de ce culte parmi le monde de l’arène : le rétiaire Glaucus, mort à Vérone au cours de son huitième combat, reproche à la déesse de l'avoir trahi ; tandis que Lèotes, primus palus, à Halicarnasse, lui offre bijoux et vêtements.
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+ Hercule, dieu des combattants athlétiques et intrépides, était lui aussi souvent invoqué par les gladiateurs. Avant de se retirer à la campagne, le gladiateur libéré Veianus suspendit ses armes à un pilier du temple d'Hercule[46]. Nous savons par Tertullien que Mars et Diane présidaient également aux duels et aux chasses[47] : le dieu de la guerre veillait aussi sur les gladiateurs dont le métier était proche de celui des soldats, de même que Diane, déesse de la chasse, assurait sa protection aux chasseurs de l'amphithéâtre.
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+ Pour s'assurer la victoire, les gladiateurs n'hésitaient pas à recourir à la magie. Une pratique connue sous le nom de defixio consistait à graver des textes de malédiction sur des lamelles de plomb enroulées sur elles-mêmes puis à les enterrer[48]. Dans les sous-sols de l'arène de Carthage ont été découverts les documents les plus significatifs : 55 de ces lamelles étaient déposées auprès des cadavres pour mieux déchaîner les divinités maléfiques contre les gladiateurs en activité, contre Gallicus, par exemple :
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+ « Pour qu'il ne puisse tuer ni l'ours, ni le taureau, mais qu'il soit tué par eux… qu'il soit blessé, tué, exterminé ! ». Ou contre Marussus pour « qu'il succombe aux morsures des fauves, des taureaux, des sangliers et des lions ! » Ces rites de magie noire se déroulaient aussi à Trêves. Les démons étaient d'ailleurs particulièrement sensibles au sang de l’arène : Apulée rapporte que la magicienne Pamphile utilisait celui des écorchés et des gladiateurs pour la préparation de ses philtres[49].
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+ Lors d'une exécution, le gladiateur dirigeait la lame vers le centre de la cage thoracique, atteignant directement le cœur. Le professeur Groschmidt a noté que les blessures causées durant le combat (fractures et autres atteintes osseuses, plaies) étaient parfaitement soignées, ce qui indique que les gladiateurs jouissaient de soins d'excellente qualité.
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+ Plusieurs épigrammes du poète Luxorius, qui composa notamment au début du VIe siècle une épitaphe en l'honneur d'Olympius, un jeune bestiaire, prouvent la survie de la gladiature à Carthage[53],[54], alors sous domination vandale.
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+ La formule « Ave Caesar, morituri te salutant. » pouvant être traduite par « Avé César, ceux qui vont mourir te saluent » n'était pas prononcée de façon rituelle par les gladiateurs avant de combattre à mort. En réalité cette phrase, authentique, a été prononcée vers 52 par des soldats condamnés pour faute grave, devant se battre à mort lors d'une naumachie organisée par l'empereur Claude (-10 – 54) afin de fêter la fin des travaux d’assèchement du lac Fucin[56].
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125
+ Les combats se sont avérés être en réalité infiniment moins mortels et cruels que le montrent les films cinématographiques (péplums). Ballet, Bazin et Vranceanu (2012, 2013) démontrent que, in fine, des stratégies coopératives semblent émerger dans l'arène. Cette coopération correspondait aux situations de professionnalisation des gladiateurs issues d'écoles de gladiature, considérés comme des sportifs de haut niveau et comme un investissement de valeur, leur entraînement durant des années[57]. Certes, les combats étaient sanglants et violents, mais pas si éloignés que cela des pratiques sportives actuelles (catch), d'autant plus qu'il arrivait que les gladiateurs combattaient parfois avec des armes non tranchantes (glaives en plomb, armes mouchetées)[58],[59]. Les combats étaient ainsi très codifiés, et suivaient une règle avancée par l'arbitre du jeu (summa rudis) et son second (secunda rudis), ainsi que par la sentence édictée par le juge-arbitre (munerarius). La férocité des combats n'était souvent qu'apparente, car ces derniers respectaient une complexité. Il s'agissait avant tout de livrer un spectacle de qualité devant un public averti, empreint d’esthétisme, et non pas une mise à mort, la logique d'un combat étant de mettre en scène la « reddition » et le « sacrifice » du vaincu[60].
126
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+ Il en ressort que la motivation des combattants était la richesse et la gloire, mais à condition d'assurer un « beau » spectacle. La finalité des affrontements n'était pas de tuer, mais de provoquer des blessures conduisant à l'abandon. Il y a donc une réelle coopération au sein des gladiateurs (et les risques de décès restaient très limités). « Ces règles de coopération, tout en réduisant la probabilité de mort dans l'arène, permettaient de renforcer la qualité du spectacle, et de fait, délimitaient le champ de la concurrence pour qu'elle soit durable », c'est-à-dire en évitant « la disparition par mort de trop de concurrents. [...] L'issue coopérative peut ainsi être assimilée à un équilibre de Nash » (Ballet, Bazin et Vranceanu, 2013). De plus, il a existé des périodes où la mise à mort est interdite. Il a été ainsi estimé que sous l'empereur Auguste, un gladiateur meurt, en moyenne, à son dixième duel (le nombre de victimes lors d'un spectacle s'élevant ainsi à 10 %)[59].
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+ L'arrêt du combat se fait par le vaincu ou l'arbitre qui lève le bras[61]. Le signal de la mort est décidé par l'éditeur des jeux, suivant l'avis du public. Les gestes du pouce, rendus célèbres par le tableau de Gérôme, que le pouce soit tourné vers le bas pour demander la mort d'un gladiateur vaincu, ou vers le haut pour demander sa grâce, et que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur le sujet, font cependant l'objet d'interprétations différentes : les textes de l'Antiquité, ceux de Juvénal[62] et de l'auteur chrétien Prudence en particulier[63], évoquent bien le peuple en train d'ordonner la mort d'un gladiateur « en renversant le pouce » (en latin : verso pollice) ; mais certains latinistes interprètent plutôt ces deux mots comme « le pouce tendu », voire « le doigt pointé » vers le gladiateur qu'on voulait voir mourir et il est difficile d'imaginer l'éditeur des jeux dans de grandes arènes pouvant décompter les gens tournant le pouce vers le haut ou vers le bas[64]. Le signe de mort, bien plus visible de tous, était peut-être un ou plusieurs doigts tendus (symbole de la lame blanche, de la mort) vers le vaincu ou un geste différent selon les arènes tandis que le signe de grâce, selon un texte de Martial[65] interprété par Éric Teyssier, serait des tissus (mouchoir, foulard) agités par les spectateurs[66].
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+ Contrairement à certaines idées reçues, le régime alimentaire des gladiateurs était principalement végétarien[67] ; surnommés « mangeurs d'orge », leur repas était principalement composé de céréales, sans viande et de « boissons aux cendres »[68].
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+ Au cinéma, le genre du péplum désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et notamment celle de la Rome antique.
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+ De nombreux péplums ont mis en scène la vie quotidienne des gladiateurs et ont reconstitué leurs combats dans l'arène. Parmi les plus connus, on peut citer Spartacus (de Stanley Kubrick, sorti en 1960), Barabbas (de Richard Fleischer, sorti en 1961), Le Fils de Spartacus (de Sergio Corbucci, sorti en 1962), Gladiator (de Ridley Scott, sorti en 2000), ou encore la série télévisée Spartacus : Le Sang des gladiateurs (de Steven S. DeKnight, Robert Tapert et Sam Raimi, diffusée en 2010).
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+ Des documentaires ont également été consacrés au sujet, comme Gladiateurs, docufiction franco-britannique diffusé en 2004 et inspiré de la vie du gladiateur Verus.
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+ Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l'épée », ou « épéistes ») étaient, dans la Rome antique, des combattants professionnels qui s'affrontaient par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d'une panoplie et de techniques de combat spécifiques.
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+ L’origine des combats de gladiateurs se retrouve en Italie du sud, où le combat en armes entre membres de la même famille avait pour but d'honorer la mémoire d'un mort. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.
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5
+ À Rome, le plus ancien combat de gladiateurs mentionné dans les textes se déroule en 264 av. J.-C. avec trois paires d'esclaves, organisé lors des funérailles de son père par Decimus Junius Brutus sur le Forum Boarium, le marché aux bœufs de Rome, espace à caractère utilitaire et sans prestige situé près de l’extrémité nord du Circus Maximus[1]. Ce combat fut rapidement suivi par de nombreux autres. Ainsi, en 105 av. J.-C., les jeux devinrent publics.
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7
+ Le caractère funèbre de ces affrontements s'effaça progressivement à Rome, où les combattants devinrent des professionnels, qu'il s'agisse d'hommes libres engagés ou d'esclaves. Ces combats, qui se déroulaient dans le cadre d'un amphithéâtre, devinrent le spectacle favori de la foule romaine. Organisés selon des modalités précises, ils pouvaient se terminer par la mort d'un des deux adversaires.
8
+
9
+ Au IVe siècle, ils firent l'objet de restrictions par l'empereur Constantin Ier, mesure sans effet réel avant la fin du IVe siècle. Plus que des interdictions, c'est la répugnance des élites à supporter le poids financier des munera à la suite de l’affaiblissement des villes et de la récession économique qui aurait entraîné la disparition des gladiateurs[2].
10
+
11
+ Les sources pour la connaissance de la gladiature sont relativement abondantes, mais inégalement réparties dans le temps : elles ne manquent pas pour le Haut-empire, mais sont nettement plus rares pour les autres époques. Elles sont de nature diverse : sources littéraires, épigraphiques et iconographiques, mais également, quoique très rares, des artefacts.
12
+
13
+ Les Romains ne nous ont pas laissé, et peut-être n'ont jamais rédigé, de « traité » de gladiature. En compensation, nous disposons de nombreuses sources littéraires, dont le sujet n'est pas la gladiature mais dans lesquelles on peut glaner des informations éparses.
14
+
15
+ L'iconographie est abondante et les supports divers : mosaïques, bas-reliefs, statuettes, peintures, gobelets en verre moulé mais aussi des graffiti ainsi que de nombreux médaillons de lampes à huile. Elle nous renseigne sur la panoplie des gladiateurs ou encore sur leurs techniques de combat et leur évolution.
16
+
17
+ C'est l'épigraphie qui nous permet de découvrir des destins individuels au travers d'inscriptions funéraires riches en renseignements sur l'âge, l'origine, la carrière, la famille d'un gladiateur ou même sa mentalité.
18
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+ Les artefacts sont rarissimes. La plupart des pièces d'équipement découvertes l'ont été dans un seul endroit : la caserne des gladiateurs de Pompéi.
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+
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+ Il existe deux hypothèses sur l'origine des combats de gladiateurs. Les Anciens étaient unanimes à dire que l'origine des combats de gladiateurs se trouvait chez les Étrusques[3], qui avaient pour coutume de faire des victimes expiatoires parmi les ennemis vaincus, en les faisant s'entre-tuer pour honorer les mânes d'un défunt illustre. Nicolas de Damas affirme que « les Romains ont reçu des Tyrrhéniens l'usage d'organiser des combats singuliers non seulement à l'occasion des fêtes mais aussi en guise de divertissement »[4]. Les spécialistes modernes n'interprètent plus cette phrase pour appuyer l'hypothèse de l'origine étrusque, qui n'est pas corroborée par l'archéologie : pour la plupart d'entre eux, suivant en cela l'archéologue Georges Villes[5], c'est en Italie du sud, en Campanie et chez les Lucaniens, que ces combats sont nés. Les plus anciennes représentations de combats rituels en Italie ont été retrouvées en Campanie dans des tombes lucaniennes à Paestum, datées entre 380 et 320 av. J.-C.[6]. Le caractère funéraire de ces scènes ne fait aucun doute et les joutes de ces « prégladiateurs » sont représentées à côté d'autres jeux tels que des combats de boxe ou des courses de char. Elles ont lieu en présence d'un arbitre et on peut constater, sans autre précision, que le sang coule et qu'un des deux combattants s'est écroulé. Le mot latin munus (pluriel : munera) qui désigne le combat de gladiateurs signifie à l'origine « don » et s'inscrit parfaitement dans ce cadre funéraire.
22
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23
+ Quoi qu'il en soit, l'origine de la gladiature semble bien se trouver dans une forme adoucie de sacrifice humain accompagnant les funérailles d'un grand personnage, comme cela se passe dans le chant XXIII de l'Iliade, Homère y racontant qu'après l'incinération de Patrocle, Achille organise des jeux funéraires en son honneur qui comporte une hoplomachie (combat en armes), disputée par Diomède et Ajax[7].
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25
+ À Rome, les combats de gladiateurs (munera) perdirent progressivement le caractère funéraire et religieux et cette proto-gladiature devint ambivalente, comme les autres spectacles, le munus sacré devenant un jeu (ludus) profane. La désacralisation des munera conduisit à la professionnalisation de la gladiature : aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., on vit ainsi apparaître une gladiature ethnique, où s'affrontent des prisonniers de guerre portant leurs armes nationales (d'abord des Samnites, puis des Gaulois et enfin des Thraces) puis, à partir de 73 (date de la guerre de Spartacus à partir de laquelle les autorités romaines réalisent qu'il est trop dangereux de composer une gladiature avec des esclaves hyper-entraînés) une gladiature technique, où s'affrontent des volontaires constituant de nouvelles catégories de gladiateurs (armaturae) : secutor, rétiaire, mirmillon, etc.[8].
26
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27
+ On exerça un contrôle rigoureux pour le munus annuel que donnaient les préteurs afin de limiter le montant des sommes engagées. Il fut interdit d'organiser un munus sans autorisation préalable du sénat, d'en donner plus de deux fois par an, ou de faire paraître plus de 120 gladiateurs au cours d'un même spectacle. Les combats de gladiateurs privés passèrent sous le contrôle exclusif de l'État. Seul l'empereur put dépasser les limites fixées. Ainsi Auguste engagea-t-il sous son règne environ 10 000 gladiateurs, soit dix fois le maximum autorisé. Dès la fin du règne d'Auguste, le spectacle de chasse mettant en scène des animaux sauvages (venatio) se trouva associé aux combats de gladiateurs de façon très étroite, et l'on assista désormais à des spectacles complets, appelés munera legitima ou justa (combats réguliers) qui comprenaient des chasses et des combats d'animaux le matin, un intermède à la mi-journée et des combats de gladiateurs l'après-midi[9] : l’intermède de mi-journée, qui correspond au moment des repas, était le moment où des condamnés étaient forcés de combattre des fauves, dépourvus de toute arme ; certains condamnés devaient également s'entretuer. De midi aux heures les plus chaudes de la journée se déroulaient aussi les exécutions des condamnés à mort, le plus souvent accompagnées d'une mise en scène évoquant un mythe ; pour le mythe d’Icare par exemple, on collait au prisonnier des ailes avec de la cire et on le lâchait dans le vide depuis une construction prévue à cet effet.
28
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29
+ Les combattants deviennent très vite des professionnels. Cette professionnalisation pourrait déjà être effective à la fin du IIIe siècle av. J.-C., si l'on s'en tient à cette phrase de Tite-Live à propos du munus offert par Scipion l'Africain en 206 av. J.-C. : « Les gladiateurs de ce spectacle ne furent pas de ces hommes dont les entrepreneurs forment d'habitude leurs paires, esclaves descendant du plateau de vente, ou hommes libres qui mettent leur sang à prix[10]... », sans qu'on puisse cependant exclure qu'il s'agit d'un anachronisme de la part de l'auteur[11].
30
+
31
+ Ces hommes libres signent un contrat, l'auctoratio. À la fin de la République, le personnage de « l'engagé », l’auctoratus (« celui qui se vend »), fait partie des personnages des atellanes (fables bouffonnes d'origine osque fort prisées à Rome), comme en témoigne une pièce appelée Bucco auctoratus écrite vers 100 av. J.-C. par Lucius Pomponius[11].
32
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33
+ Cet engagement est soumis par le législateur à une procédure dont l'origine pourrait remonter à la haute époque républicaine, au temps où les puissantes familles (gentes) qui dominaient Rome s'entouraient d'une armée privée[12].
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35
+ Le candidat-gladiateur fait une déclaration appelée professio devant un tribun de la plèbe, qui a sans doute pour but d'éviter que certains ne s'engagent inconsidérément.
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37
+ Ensuite, après avoir signé son contrat dans lequel est précisé la durée du contrat ou le nombre maximum de combats convenus avec le laniste, il prête le serment gladiatorien, dont la formule est conservée dans plusieurs textes[13] et en particulier dans un passage de Pétrone : « Nous lui prêtâmes serment de supporter le feu, les chaînes, les coups, la mort par le fer… Comme des gladiateurs régulièrement engagés, nous consacrons de la façon la plus totale à notre maître, et notre corps et notre vie[14]. » Le nouveau gladiateur reconnaît donc au laniste un droit de torture et d'emprisonnement, en cas de désobéissance ou de manque de combativité.
38
+
39
+ Il reçoit la prime (pretium) prévue dans le contrat. Elle peut être extrêmement modeste, mais également devenir considérable si, par exemple, il s'agit d'un vétéran réputé qui rempile. Lors du munus qui suit l'auctoratio, on frappe le nouveau gladiateur — probablement symboliquement — de verges, manifestant ainsi publiquement qu'il abandonne son statut de citoyen pour celui, infâme, de gladiateur.
40
+
41
+ Si les gladiateurs qui survivaient assez longtemps pour être dégagés des termes du contrat, avaient bien combattu et acquis une renommée suffisante, ils avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et quitter ainsi la pauvreté.
42
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43
+ La recherche du spectaculaire amena à l'organisation de combats de femmes, attestés par quelques auteurs comme Juvénal, qui se moqua des participantes[15], Suétone[16], Tacite[17] et Pétrone[18], et confirmés par une sculpture d'Halicarnasse représentant deux femmes gladiatrices[19], et une inscription d'Ostie[20]. Les combats de femmes furent interdit en 200 par Septime Sévère[21],[22].
44
+
45
+ Les combattants étaient entraînés dans des écoles de gladiateurs[23], les ludi (singulier : ludus). Ces écoles appartenaient à des lanistes, riches hommes libres propriétaires d'une école, ou à l'empereur via des écoles impériales. Elles étaient dispersées dans l'Empire : dans la péninsule Ibérique (en Bétique et en Tarraconaise), en Gaule narbonnaise (Nîmes, Narbonne, Draguignan, Die), en Europe centrale (Carnuntum, près de Vienne)… Celles d'Aquilée et de Capoue étaient renommées. Dans la moitié orientale de l'Empire, celle d'Ancyre, de Thessalonique, de Pergame et d'Alexandrie étaient également réputées.
46
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+ À côté des ludi privés, à Rome où la préparation des jeux était devenue un monopole de l'empereur, on construisit des écoles impériales. Quatre grandes écoles construites par Domitien[24] étaient implantées à proximité du Colisée : le ludus Magnus, le ludus matutinus, le ludus dacicus et le ludus gallicus. Leur plan était identique, simple et fonctionnel : des cellules d'habitation et de service se déployaient autour d'une aire d'entraînement. La plus célèbre de ces écoles fut le ludus magnus, la grande caserne. Son directeur était un personnage important car, pour la plèbe romaine comme pour l'empereur, l'organisation des spectacles occupait une place de choix dans la vie quotidienne de la cité. Cette charge bien payée (200 000 sesterces) avait les faveurs de l'empereur.
48
+
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+ À Pompéi, deux casernes de gladiateurs se seraient succédé. La présence de quelque 120 graffitis, probablement gravés par des gladiateurs en souvenir de leurs victoires ou de leurs conquêtes amoureuses, a amené les spécialistes à identifier une demeure connue sous le nom de maison des gladiateurs (V, 5,3) avec une caserne. On estime que 5 à 20 gladiateurs auraient pu y loger[25]. Après que la ville eut été touchée par un tremblement de terre en 62 qui endommagea probablement cet édifice, le quadriportique, situé derrière le mur de scène du théâtre, fut transformé en caserne. On a déduit la fonction du bâtiment des quinze casques ainsi que d'autres pièces défensives, parmi lesquelles des jambières et des épaulières, découverts lors des premières fouilles en 1766. Tous les accès, sauf l'entrée principale, furent condamnés. Des cellules furent créées au rez-de-chaussée et à l'étage, ainsi qu'une immense cuisine, une salle de réunion et un appartement pour le laniste autour de l'aire centrale qui servait de terrain d'entraînement.
50
+
51
+ En 2011, un ludus gladiatorius a été découvert à proximité du grand amphithéâtre de la ville antique de Carnuntum, près de Vienne (Autriche). Le complexe de bâtiments, détecté au radar par les archéologues, est d'une superficie de 2 800 m2, est composé de plusieurs bâtiments entourant une cour intérieure, comprenant une petite arène d'entrainement de 19 m de diamètre[12]. Les cellules des gladiateurs sont de petites pièces individuelles de 5 m2. L'agencement de l'ensemble rappelle le Ludus Magnus de Rome.
52
+
53
+ Suivant le rythme des combats, les gladiateurs voyageaient fréquemment d'un bout à l'autre de l'Empire. Cette mobilité variait suivant les contrats négociés entre les munéraires et les lanistes. Pompéi attirait des gladiateurs venus de toute la Campanie et de Capoue notamment. Ce nomadisme affectait bien entendu le personnel du spectacle dans son ensemble. Les mouvements se faisaient aussi bien de l'Occident vers l'Orient que dans le sens inverse. Beaucoup de gladiateurs grecs ou orientaux furent ainsi engagés dans les combats de gladiateurs en Occident. Des troupes de combattants de l'arène suivaient aussi les empereurs en déplacement : Caligula, en visite à Lyon, donna un munus avec ses propres hommes.
54
+
55
+ Des nombreux types de gladiateurs (armaturæ) sont énumérés dans les textes historiques. Cependant, seulement six composent l'énorme majorité du corpus iconographique connu actuellement :
56
+
57
+ Provocator
58
+
59
+ Thrace
60
+
61
+ Deux Mirmillon
62
+
63
+ Hoplomaque
64
+
65
+ Secutor et Rétiaire.
66
+
67
+ Certains auteurs pensent que le laniste tenait compte des besoins de l'école à un moment donné mais également des aptitudes physiques : les individus plus lourds étant orientés vers une armatura lourde, tandis que les plus légers devenaient rétiaires[26].
68
+
69
+ Selon une théorie développée par des expérimentateurs modernes, suivant le contexte et les qualités du combattant, il aurait existé un cursus : le gladiateur, une fois formé et passé l'étape du provocator, serait dirigé vers une des deux familles, petits boucliers (parmati) ou grands boucliers (scutati). Cette décision serait prise par l'entraîneur (doctor) en accord avec le laniste, comme dans les clubs sportifs modernes. Ce cursus « gladiatorien » serait le suivant :
70
+
71
+ Ainsi, il ne serait par exemple pas possible de devenir rétiaire sans être passé au préalable provocator, puis thrace, puis hoplomaque. Cette hiérarchisation serait la conséquence de l'accroissement du degré technique nécessaire au maniement des panoplies. En effet, les techniques de combats changent suivant les couples de gladiateurs et deviennent de plus en plus complexes. C'est pourquoi un rétiaire serait obligatoirement un gladiateur bien plus expérimenté qu'un thrace.
72
+
73
+ Cette théorie est loin de faire l'unanimité[27].
74
+
75
+ L’onomastique latine traditionnelle (prénom, nom, surnom) sert rarement pour désigner les gladiateurs : ils sont nommés, le plus souvent, par un sobriquet familier à tous les amateurs de munera. Ces noms d'arène font référence aux divinités et aux héros de la mythologie — Hermès, Astyanax, Persée, Cupidon, Ajax, Patrocle, Bellérophon — ou mettent l'accent sur les qualités physiques du gladiateur, la force : Héracléa (« le Costaud »), Ursius (« Fort comme un ours »), la vivacité : Fulgur (« la Foudre »), Polydromos, Okus, Callidromos (« le Rapide »). D'autres évoquent la chance : Faustus (« Le Veinard »), Félix (« L'Heureux »), Victor ou Nicéphoros (« La Victoire »), ou le souvenir d'anciens gladiateurs vedettes, tel Columbus de Nîmes, qui portait le nom d'un héros de l'arène sous le règne de Caligula. D'autres, enfin, doivent leur sobriquet à leur prestance : Ametystus, Beryllus (« brillant », « d'un éclat précieux »), « Narcissos » ou « Callimorphos » (« Le Bien Bâti »).
76
+
77
+ Le gladiateur surnommé Astyanax était un poursuivant (secutor). Il existe une mosaïque datant du IVe siècle qui le montre, entre autres scènes, combattant durant l'entraînement contre un rétiaire du nom de Kalendio. Le plus célèbre des gladiateurs, Spartacus, ne semble pas avoir porté de surnom : Spartacus est simplement la forme latinisée d'un nom thrace que l'on connaît sous plusieurs formes : Spartokos ou Spardokos.
78
+
79
+ Après son entrée au ludus, de sa formation — dont on ignore la durée[28] — jusqu'à son premier combat, le nouveau gladiateur était un tiro (pluriel tirones) (littéralement : recrue, conscrit, novice, apprenti). Un nombre élevé de tirones laissaient leur vie dans ce premier combat : plus de 25 % des gladiateurs mentionnés sur une inscription de Venosa[29]. S'il survivait au premier combat, le gladiateur commençait à s'élever dans la hiérarchie à l'intérieur de chaque armatura. La première attestation de ce genre de grades date du Ier siècle.
80
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+ Au sommet se trouvait le primus (c'est-à-dire premier) palus (pluriel pali). L'origine du mot palus semble argotique, le palus désignant le poteau de bois de deux mètres fiché en terre au centre de la cour et contre lequel les gladiateurs s'entraînaient avec la rudis (it), l'épée de bois et le bouclier d'osier. Les chercheurs ont longtemps cru qu'il existait quatre de ces grades (primus, secundus, tertius, quartus)[30]. Une inscription découverte à Aphrodisias mentionne cependant un huitième palus. Contrairement à une idée répandue, les gladiateurs ne s'affrontent lors des munera que trois à cinq fois dans l'année, si bien que l'obtention de ces grades est lente mais son expérience lui épargne la mort. Il a été estimé que sous Auguste, chaque gladiateur risquait une fois sur dix d’être égorgé, ce qui explique que le citoyen pauvre choisisse cette carrière plutôt que celle de soldat : mieux payé (en cas de victoires), restant près de ses proches et assuré d'un combat loyal un contre un, le sort du gladiateur pouvait sembler enviable[31].
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+ Des inscriptions détaillent souvent le palmarès des meilleurs gladiateurs. Maximus, du ludus impérial de Capoue, dans la première moitié du Ier siècle, fut 40 fois vainqueur et obtint 36 couronnes[32]. Les combattants méritants pouvaient être récompensés par un affranchissement : les gladiateurs libérés étaient alors dégagés de leur obligation de combattre. Cette libération s'accompagnait de l'octroi symbolique d'une rudis, une baguette d'environ 1 m de long. Ils devenaient alors des rudiarii.
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+ Certains, devenus riches, se transformaient en notables, propriétaires d'une belle maison de campagne tandis que leurs fils cherchaient à occuper au théâtre les places des chevaliers[33]. Mais ces carrières au dénouement heureux étaient l'exception : d'après les épitaphes, l'âge moyen du décès des gladiateurs était situé entre 20 et 30 ans. Il existe quelques situations exceptionnelles : une stèle du musée archéologique d'Istanbul montre deux gladiateurs, Néôn et Philémôn, réformés sans doute pour des raisons de santé[34].
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+ Les gladiateurs les plus talentueux jouissaient d'une immense popularité : un thrace surnommé Suspirium Puellarum, « le soupir des jeunes filles » mettait en transe les femmes de Pompéi. Les nombreux graffitis qui mettent en scène les acteurs de l'arène témoignent aussi de cet engouement. Dans l'une de ses Satires, le poète Juvénal a raillé ces passions incontrôlées : Epia, une épouse de sénateur, abandonna son notable de mari pour suivre un aventurier, Sergiolus, un gladiateur charismatique, malgré son bras tailladé, son nez cassé et son œil poché et l'accompagna jusqu'en Égypte[35].
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+ Les gladiateurs commencent par saluer l'éditeur, qui exerce la présidence du munus, une fonction qui l'amène à prendre des décisions importantes. Les auteurs modernes pensent que l'éditeur procède à ce moment à l'examen préalable des armes. Des membres du personnel préparent le feu, les verges et les fouets, qui servent à rappeler à l'ordre un gladiateur qui manquerait d'ardeur au combat. L'arbitre, que l'on appelle rudis en latin d'après la baguette qui lui permet d'intervenir pendant le combat, donne quelques instructions aux combattants qui se livrent à un ultime échauffement.
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+ L'éditeur donne le signal (signum pugnæ) et les combats commencent. Ils sont accompagnés de musique. L'orchestre, qui joue de la trompette (tuba en latin) et du cor (cornu en latin), est installé dans l'arène. L'emploi d'un orgue hydraulique est mentionné pour la première fois sous Néron.
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+ Il est impossible de parler de phases d'un combat[36]. Des expériences menées en 2004 par le Dr Gauthier ont montré que le principal problème physiologique du gladiateur pendant le combat est d'ordre respiratoire. La durée moyenne d'un combat au cours de ces expérimentations était de 4 minutes et quarante secondes et le combat risque de s'arrêter par hypoxie[37]. Des pauses sont cependant ménagées au cours du combat, pour que les gladiateurs puissent se rafraîchir, recevoir des soins ou réajuster leur panoplie. Lors d'un combat fameux entre Priscus et Verus, l'empereur Titus leur fait apporter plusieurs fois des présents et des vivres[38].
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+ Dans la pratique, le combat se poursuit jusqu'à ce que l'un des deux adversaires ne soit plus capable de continuer, soit qu'il soit mort, soit qu'il soit gravement blessé, soit qu'il soit épuisé. Cette troisième possibilité est la plus fréquente. Le combat se déroule ad digitum, c'est-à-dire jusqu'à ce que le gladiateur épuisé lève le doigt pour signaler qu'il ne peut plus poursuivre le combat. Il demande alors sa missio, c'est-à-dire qu'il demande à être épargné bien qu'il soit vaincu. Il existe des combats où on décide dès le départ qu'ils sont sine missione, c'est-à-dire sans missio, où le vaincu n'a pas le droit de réclamer sa grâce. Auguste interdit ce type de combat[39], mais on ne sait pas dans quelle mesure cette interdiction est respectée. Dans certains cas, lorsque les deux combattants sont de force égale et que le combat se poursuit sans issue, on peut les renvoyer stantes missi, c'est-à-dire qu'au moment d'être renvoyés, ils sont encore debout tous les deux. Le dernier mot revient de toute façon à l'éditeur qui peut faire savoir aux gladiateurs qu'ils doivent continuer le combat en faisant exhiber une pancarte « Perserverate », c'est-à-dire « continuez ». Si le combat dure trop longtemps, l'éditeur peut exiger que les gladiateurs se battent sans bouclier[40].
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+ Dans les cas les plus fréquents le gladiateur demande sa missio en levant la main ou un doigt de cette main[41]. Il existe des cas où, par fierté professionnelle, des gladiateurs qui auraient sans doute obtenu leur grâce, s'y refusent et choisissent de combattre jusqu'au bout. Sénèque rapporte un cas de ce genre : celui d'un gladiateur blessé, se retournant vers la foule qui demandait sa grâce pour son courage, en faisant signe du bras qu'il n'avait rien fait et qu'il ne souhaitait pas qu'on intervienne en sa faveur[42].
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+ Les nombreuses inscriptions funéraires faisant référence aux gladiateurs permettent d'approcher leur entourage et le cadre de leur vie privée. Beaucoup de combattants vivaient avec une femme et des enfants, comme le sécutor Urbicus. Elles sont souvent à l'origine des épitaphes. Lorsque le nomadisme de la profession interdisait toute vie familiale, les amis rendaient parfois des honneurs funèbres au gladiateur mort au combat.
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+ Certaines confréries de chasseurs ou de gladiateurs étaient unies par un culte commun. Ces confréries (sodalitates) veillaient aux funérailles de chacun de leurs membres. Les liens de solidarité ainsi créés étaient plus forts que les rapports professionnels existant au sein des familiae. On connaît l'existence de collèges de ce type en Narbonnaise (près de Die), mais aussi à Rome : au Ier siècle, le rétiaire T. Claudius Firmus appartenait à une sodalité du Ludus Magnus[43]. Commode favorisa ces associations, notamment par ses rapports étroits avec le collège des Silvani Aureliani, qu'une inscription trouvée en 1755 près de Rome nous fait connaître[44]. Cette confrérie comprenait 32 gladiateurs divisés en trois décuries, et un groupe de deux. La première rassemblait des vétérans de condition servile ; la deuxième mêlait à des débutants (tirones), un armurier, un vétéran et un masseur ; la troisième réunissait exclusivement des tirones ; dans la quatrième, enfin, se trouvaient un paegniarius et un thrace.
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+ Ces sodalitates, auxquelles étaient attachés un emblème et un chiffre, se développèrent surtout parmi les venatores d'Afrique proconsulaire. Le croissant sur hampe et le chiffre III étaient les signes distinctifs des Telegenii, dont quatre membres sont représentés sur la mosaïque de Smirat. Depuis les recherches d'A. Beschaouch, on connaît plusieurs autres associations de venatores en Afrique romaine.
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+ À ses lointaines origines, le munus était lié au rituel funéraire et, bien que l'évolution se fût faite dans le sens d'une laïcisation, son caractère religieux n'a jamais disparu. Dans la mesure où ils exigeaient du sang versé, les munera sont restés, plus encore que les autres ludi, attachés au culte des divinités infernales.
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+ « Il faut maintenant dire en peu de mots pourquoi les généraux qui partaient pour une expédition avaient coutume de donner des combats de gladiateurs et le spectacle de grandes chasses. Suivant quelques auteurs, les anciens avaient imaginé cet usage pour détourner sur l'ennemi la colère céleste, convaincus que le sang de citoyens, versé, comme celui des victimes, dans ces luttes imitées de la guerre, suffirait pour en rassasier Némésis, c'est-à-dire la fortune des batailles[45]. »
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+ Dans plusieurs amphithéâtres, des petites chapelles qui communiquaient avec l'arène servaient aux dévotions précédant les combats. Très souvent, les sacella étaient consacrées à Némésis : c'est le cas à Mérida, à Tarragone, à Italica (Espagne), à Carnuntum (Autriche) où les deux amphithéâtres - civil et militaire - possédaient chacun une chapelle placée sous la protection de la déesse.
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+ Les stèles funéraires apportent aussi leur témoignage sur l'importance de ce culte parmi le monde de l’arène : le rétiaire Glaucus, mort à Vérone au cours de son huitième combat, reproche à la déesse de l'avoir trahi ; tandis que Lèotes, primus palus, à Halicarnasse, lui offre bijoux et vêtements.
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+ Hercule, dieu des combattants athlétiques et intrépides, était lui aussi souvent invoqué par les gladiateurs. Avant de se retirer à la campagne, le gladiateur libéré Veianus suspendit ses armes à un pilier du temple d'Hercule[46]. Nous savons par Tertullien que Mars et Diane présidaient également aux duels et aux chasses[47] : le dieu de la guerre veillait aussi sur les gladiateurs dont le métier était proche de celui des soldats, de même que Diane, déesse de la chasse, assurait sa protection aux chasseurs de l'amphithéâtre.
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+ Pour s'assurer la victoire, les gladiateurs n'hésitaient pas à recourir à la magie. Une pratique connue sous le nom de defixio consistait à graver des textes de malédiction sur des lamelles de plomb enroulées sur elles-mêmes puis à les enterrer[48]. Dans les sous-sols de l'arène de Carthage ont été découverts les documents les plus significatifs : 55 de ces lamelles étaient déposées auprès des cadavres pour mieux déchaîner les divinités maléfiques contre les gladiateurs en activité, contre Gallicus, par exemple :
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+ « Pour qu'il ne puisse tuer ni l'ours, ni le taureau, mais qu'il soit tué par eux… qu'il soit blessé, tué, exterminé ! ». Ou contre Marussus pour « qu'il succombe aux morsures des fauves, des taureaux, des sangliers et des lions ! » Ces rites de magie noire se déroulaient aussi à Trêves. Les démons étaient d'ailleurs particulièrement sensibles au sang de l’arène : Apulée rapporte que la magicienne Pamphile utilisait celui des écorchés et des gladiateurs pour la préparation de ses philtres[49].
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+ Lors d'une exécution, le gladiateur dirigeait la lame vers le centre de la cage thoracique, atteignant directement le cœur. Le professeur Groschmidt a noté que les blessures causées durant le combat (fractures et autres atteintes osseuses, plaies) étaient parfaitement soignées, ce qui indique que les gladiateurs jouissaient de soins d'excellente qualité.
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+ Plusieurs épigrammes du poète Luxorius, qui composa notamment au début du VIe siècle une épitaphe en l'honneur d'Olympius, un jeune bestiaire, prouvent la survie de la gladiature à Carthage[53],[54], alors sous domination vandale.
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+ La formule « Ave Caesar, morituri te salutant. » pouvant être traduite par « Avé César, ceux qui vont mourir te saluent » n'était pas prononcée de façon rituelle par les gladiateurs avant de combattre à mort. En réalité cette phrase, authentique, a été prononcée vers 52 par des soldats condamnés pour faute grave, devant se battre à mort lors d'une naumachie organisée par l'empereur Claude (-10 – 54) afin de fêter la fin des travaux d’assèchement du lac Fucin[56].
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125
+ Les combats se sont avérés être en réalité infiniment moins mortels et cruels que le montrent les films cinématographiques (péplums). Ballet, Bazin et Vranceanu (2012, 2013) démontrent que, in fine, des stratégies coopératives semblent émerger dans l'arène. Cette coopération correspondait aux situations de professionnalisation des gladiateurs issues d'écoles de gladiature, considérés comme des sportifs de haut niveau et comme un investissement de valeur, leur entraînement durant des années[57]. Certes, les combats étaient sanglants et violents, mais pas si éloignés que cela des pratiques sportives actuelles (catch), d'autant plus qu'il arrivait que les gladiateurs combattaient parfois avec des armes non tranchantes (glaives en plomb, armes mouchetées)[58],[59]. Les combats étaient ainsi très codifiés, et suivaient une règle avancée par l'arbitre du jeu (summa rudis) et son second (secunda rudis), ainsi que par la sentence édictée par le juge-arbitre (munerarius). La férocité des combats n'était souvent qu'apparente, car ces derniers respectaient une complexité. Il s'agissait avant tout de livrer un spectacle de qualité devant un public averti, empreint d’esthétisme, et non pas une mise à mort, la logique d'un combat étant de mettre en scène la « reddition » et le « sacrifice » du vaincu[60].
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+
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+ Il en ressort que la motivation des combattants était la richesse et la gloire, mais à condition d'assurer un « beau » spectacle. La finalité des affrontements n'était pas de tuer, mais de provoquer des blessures conduisant à l'abandon. Il y a donc une réelle coopération au sein des gladiateurs (et les risques de décès restaient très limités). « Ces règles de coopération, tout en réduisant la probabilité de mort dans l'arène, permettaient de renforcer la qualité du spectacle, et de fait, délimitaient le champ de la concurrence pour qu'elle soit durable », c'est-à-dire en évitant « la disparition par mort de trop de concurrents. [...] L'issue coopérative peut ainsi être assimilée à un équilibre de Nash » (Ballet, Bazin et Vranceanu, 2013). De plus, il a existé des périodes où la mise à mort est interdite. Il a été ainsi estimé que sous l'empereur Auguste, un gladiateur meurt, en moyenne, à son dixième duel (le nombre de victimes lors d'un spectacle s'élevant ainsi à 10 %)[59].
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+ L'arrêt du combat se fait par le vaincu ou l'arbitre qui lève le bras[61]. Le signal de la mort est décidé par l'éditeur des jeux, suivant l'avis du public. Les gestes du pouce, rendus célèbres par le tableau de Gérôme, que le pouce soit tourné vers le bas pour demander la mort d'un gladiateur vaincu, ou vers le haut pour demander sa grâce, et que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur le sujet, font cependant l'objet d'interprétations différentes : les textes de l'Antiquité, ceux de Juvénal[62] et de l'auteur chrétien Prudence en particulier[63], évoquent bien le peuple en train d'ordonner la mort d'un gladiateur « en renversant le pouce » (en latin : verso pollice) ; mais certains latinistes interprètent plutôt ces deux mots comme « le pouce tendu », voire « le doigt pointé » vers le gladiateur qu'on voulait voir mourir et il est difficile d'imaginer l'éditeur des jeux dans de grandes arènes pouvant décompter les gens tournant le pouce vers le haut ou vers le bas[64]. Le signe de mort, bien plus visible de tous, était peut-être un ou plusieurs doigts tendus (symbole de la lame blanche, de la mort) vers le vaincu ou un geste différent selon les arènes tandis que le signe de grâce, selon un texte de Martial[65] interprété par Éric Teyssier, serait des tissus (mouchoir, foulard) agités par les spectateurs[66].
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+ Contrairement à certaines idées reçues, le régime alimentaire des gladiateurs était principalement végétarien[67] ; surnommés « mangeurs d'orge », leur repas était principalement composé de céréales, sans viande et de « boissons aux cendres »[68].
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+ Au cinéma, le genre du péplum désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et notamment celle de la Rome antique.
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+ De nombreux péplums ont mis en scène la vie quotidienne des gladiateurs et ont reconstitué leurs combats dans l'arène. Parmi les plus connus, on peut citer Spartacus (de Stanley Kubrick, sorti en 1960), Barabbas (de Richard Fleischer, sorti en 1961), Le Fils de Spartacus (de Sergio Corbucci, sorti en 1962), Gladiator (de Ridley Scott, sorti en 2000), ou encore la série télévisée Spartacus : Le Sang des gladiateurs (de Steven S. DeKnight, Robert Tapert et Sam Raimi, diffusée en 2010).
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+ Des documentaires ont également été consacrés au sujet, comme Gladiateurs, docufiction franco-britannique diffusé en 2004 et inspiré de la vie du gladiateur Verus.
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+ Le gland est le fruit du chêne.
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+ Les jeunes chênes ne produisent pas de glands, et les productions annuelles dites « glandaies » sont chez le chêne particulièrement irrégulières, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé des populations de sangliers ou d'autres animaux se nourrissant de glands.
3
+ Fruits de loin les plus abondants des forêts de basse altitude en Europe occidentale, ils produisent à intervalles irréguliers des glandées d'une abondance parfois prodigieuse, ce qui explique qu'autrefois, on menait les cochons manger les glands en forêt, mais cette activité était réglementée ou taxée, plus ou moins selon les régions.
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5
+ La récolte des glands a lieu entre fin septembre et fin octobre[1]. La meilleure période étant entre le 10 octobre et le 1er novembre[2].
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+ Un animal qui se nourrit essentiellement de glands est appelé balanophage[3].
8
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9
+ « Gland » vient du latin glans, glandis à ne pas confondre avec glandula qui signifie glande, organe sécrétoire.
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11
+ Sur le plan botanique, le gland est un akène, c'est-à-dire un fruit sec indéhiscent ne contenant qu'une seule graine. Il est enveloppé partiellement à sa base par une cupule, qui est en fait un involucre modifié, formé de bractées soudées.
12
+
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+ Le gland est riche en amidon et fait partie de la nourriture habituelle des sangliers et des écureuils. Il peut en temps de famine se révéler une alimentation acceptable pour les hommes, mais la présence de tanins, substance astringente, en quantité appréciable, en limite naturellement l'absorption, de même que l'afflux d'anthocyane au printemps qui colore le gland en rouge ou orange. Cette coloration permet aussi de le camoufler aux yeux des herbivores qui confondent rouge et noir.
14
+
15
+ Les cupules de glands peuvent fournir d'excellentes teintures naturelles : beige, gris, noir pour le chêne velani, dont en particulier Quercus macrolepis, présent en Turquie et en Grèce, Albanie, Algérie, Chypre et Crète. Leurs cupules, de la taille d'une pomme, sont récoltées après deux ans de maturation.
16
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+ Dans les pays du Maghreb, le gland est connu sous le nom de belot ou baloute[4] (en arabe) et ablud (en kabyle, prononcé « avelodh »), peut-être en relation avec l'espagnol bellota ; le jambon ibérique issu de porcs nourris exclusivement aux glands porte ainsi l'appellation de jamón ibérico de bellota.
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+ Compte tenu de sa bonne résistance aux incendies, le chêne pubescent est avec le chêne vert une des principales espèces de chêne utilisées pour les reboisements artificiels.
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+ Pour le semis de reboisement, mieux vaut cueillir les glands plutôt que les récolter au sol. Commencer la cueillette des glands de teinte brune quinze jours après que les premiers glands (généralement tarés) sont tombés au sol. Ne pas conserver les glands en sacs ou autre contenant en plastique. Préférer des sacs de jute ou des contenants en bois ajouré (cagettes). Les glands se conservent au frais et à l'humidité dans du sable pendant deux mois. Pour une conservation plus longue, on peut placer un sac perforé (pas de sac fermé hermétiquement) empli de glands mélangés à du sable au réfrigérateur entre 1 et 4 °C.
22
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+ L'idéal est de planter dès la récolte dans un trou de 30 cm ameubli en tous sens. Pour la plantation en masse, on peut utiliser une canne à semer. Le gland est à semer entre 3 et 5 cm de profondeur. Pour protéger le semis des prédateurs (rats, sangliers), on peut placer par-dessus le gland un carré de grillage fin de 20 cm de côté à mailles de 1 cm. Celui-ci pourra être laissé en place et se dégradera avec le temps.
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+ Les glands typiques contiennent jusqu'à 8 % de tannins, ce qui leur donne leur astringence caractéristique. S'ils « tannent » la bouche et sont immangeables sans une cuisson soigneuse, ils auraient aussi, pour peu qu'on arrive à les consommer crus, des effets rapidement toxiques (constipation, lésions rénales, troubles neurologiques)[5].
28
+
29
+ Certains glands ont une teneur en tanins (qui les protège habituellement des prédateurs) plus faible que les autres, ce qui leur donne une saveur plus douce et les rend donc consommables. Mais le gland est toxique pour l'homme[6] et les ruminants (notamment celui du chêne rouvre et celui du chêne pédonculé) lorsqu'il est consommé en grandes quantités sans préparation spécifique pour ôter les tanins. Ainsi, en grandes quantités, les tanins sont toxiques chez l'homme perturbant l'ingestion des nutriments dans le tube digestif et pouvant endommager l'épithélium intestinal et les tissus du foie et du rein[6].
30
+
31
+ Pour débarrasser les glands de leurs tanins, il existe plusieurs méthodes : on peut effectuer une lixiviation (extraction par un solvant, souvent improprement appelée lessivage) des tanins à froid ou à chaud[7], et/ou utiliser l'argile[8],[9]. Concernant la lixiviation à froid, on peut faire tremper la farine de glands (glands sans "peau") dans de l'eau plusieurs jours en changeant l'eau chaque jour jusqu'à suppression de l'amertume. À chaud, les glands écorcés peuvent être bouillis 15 minutes dans une eau changée (en recueillant les glands dans un linge s'ils ont été écrasés) jusqu'à ce qu'elle soit claire[10].
32
+
33
+ La méthode utilisée par les Indiens Yosemite consiste dans un premier temps à enlever la coquille et la peau des glands. Ensuite les glands sont broyés en farine. Puis la méthode de lixiviation à froid est utilisée: elle consiste à étendre un linge (par exemple un drap) sur du sable puis à disposer la farine en une mince couche sur le linge. De l'eau est ensuite versée sur la farine jusqu'à ce que l'amertume de la farine ait disparu[11]. L'eau et les tanins s'écoulent à travers le linge.
34
+
35
+ Traditionnellement, la farine de glands était réalisée avec un pilon et un mortier en pierre; les méthodes modernes se font avec un moulin à café [12],[13],[14],[15],[16] avec meule plate ou conique, électrique ou manuel; ou un mixeur[12]. Pour passer dans le moulin à café, les glands doivent être bien secs. Un moulin à café électrique avec un couteau, et non une meule, donnera une mouture non homogène[17] avec des gros morceaux et des petits morceaux ce qui est problématique pour la lixiviation. Les meules permettent une mouture homogène[18] et une farine très fine.
36
+
37
+ L'urine a également été utilisée pour lessiver les tanins[19],[20], les glands après 4 à 5 mois étaient appelés des « Chinook olives » (en).
38
+
39
+ Les glands à faible teneur en tanins sont appelés des « glands doux ».
40
+
41
+ Isidore de Séville, au VIIe siècle de notre ère, dit de l'yeuse ou chêne vert que son nom latin, ilex, signifie « élu », « choisi » « parce que son fruit est le premier cueilli par l'homme pour sa nourriture »[21]
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+
43
+ Les hommes il y a 12000 à 15000 ans mangeaient des glands[22],[23] et avaient des caries dentaires.
44
+
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+ On recense aujourd'hui une vingtaine d'espèces de chênes à glands doux[24] dont notamment :
46
+
47
+ Les glands étaient parfois considérés meilleurs que le pain noir[25].
48
+
49
+ « Les glands, même ceux des chênes communs, peuvent offrir des ressources alimentaires quand la famine fait peser son fléau»[26].
50
+
51
+ Les glands des espèces suivantes ont été consommés :
52
+
53
+ quercus cerris[27] (chêne chevelu), quercus coccifera[27] (chêne kermes), quercus frainetto[27], quercus fruticosa (en) [27], quercus ilex[27] (chêne vert, yeuse), quercus infectoria[27], quercus macrolepsis[27] (aegilops), quercus petraea[27] (sessiliflora), quercus pubescent[27] (chêne pubescent), quercus pyrenaica[27] (toza, chêne angoumois), quercus robur[27] (pedunculata, chêne rouvre), quercus rotundifolia[27], quercus suber[27] (chêne liège), quercus trojana, quercus rubra[27](chêne rouge d'Amérique), quercus alba[28], quercus ellipsoidalis[28].
54
+
55
+ Les glands de certains chênes verts ont le goût de noisette[29].
56
+
57
+ Quelques entreprises vendent des produits à destination de l'alimentation humaine à base de glands (gâteaux, pâte à tartiner, pain, farine, restaurant, etc.)[30],[31],[32],[33],[34].
58
+
59
+ Le chêne rouge d'Amérique[35] et chêne pédonculé sont très riches en tanins. Le chêne blanc et le Quercus phellos contiennent moins de tanins[35].
60
+
61
+ Selon Hildegarde de Bingen, les fruits du chêne ne sont pas bon à manger pour l'homme[36], le chêne étant froid, dur et amer.
62
+
63
+ La farine de gland est l'ingrédient de base du racahout, poudre pour enfants commercialisée en France au début du XXe siècle ("Racahout des Arabes")[37],[38]. Un brevet avait été déposé à Paris concernant le racahout[39],[40].
64
+
65
+ En période de disette, on mangeait des glands non doux notamment en 1709[26],[29],[41].
66
+
67
+ Avant la domestication des céréales productives comme le blé, on consommait des glands, châtaignes et fruits des bois. La sédentarisation opposa forêt et civilisation. Autrefois, les personnes qui se nourrissaient des fruits de la forêt (châtaigne, glands) et non fruits du labeur par culture, étaient mal vues, jugées paresseuses. Ceux qui se nourrissaient de châtaignes en France, étaient aussi mal considérés que ceux qui se nourrissaient de glands au Maghreb[42]. Récolter c'était inciter au repli sur soi, à l'indépendance et à la rébellion[43],[44],[42], permettant à la population ainsi nourrie de se consacrer à autre chose[45]. Ainsi, les habitants des pays à châtaigne ne sont pas amis du travail, n'offrant que paresse[44],[46],[43],[47],[42], ignorance et misère[44]. La richesse naturelle entraine pauvreté et misère[48]. En Corse, dans plusieurs parties des montagnes, les habitants ne se nourrissaient que de farine de châtaigne et de laitages[48], une douzaine de châtaigniers et autant de chèvres suffisant à une famille corse pour ne pas mourir de faim[48]. Il était même conseillé aux humains de laisser les châtaignes aux cochons[49].
68
+
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+ Les habitants vivaient uniquement de glands plusieurs mois[26].
70
+
71
+ On y mangeait les glands également, notamment des glands de chêne vert[26]. Ces glands étaient vendus au marché[29]. Les espagnols mangaient des bellotas[50].
72
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73
+ Les glands du chêne-liège (Q. suber L.) sont traditionnellement commercialisés et consommés au Maroc et en Algérie[51].
74
+
75
+ La variété ballota du Q. ilex = Quercus rotundifolia, serait la seule de l'espèce à avoir de gros glands doux toujours très consommés comme des châtaignes notamment en Turquie.
76
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77
+ Une recette turque se nomme Racahout et consiste en un mélange de glands, sucre et aromates[26]. Le racahout aurait été utilisé pour donner de l'embonpoint aux sultanes[26].
78
+
79
+ « Séchés, décortiqués, puis finement moulus, ils fournissaient un pain très pâteux qui fut consommé en Europe jusqu'au XVIIIe lors des périodes de disette[52].»
80
+
81
+ En Europe, les glands ont été utilisés comme substitut du café jusqu’au milieu du XXe siècle[6].
82
+
83
+ Les Indiens d'Amérique (notamment en Californie) vivaient essentiellement d'un régime à base de glands de chêne (Quercus alba L, Quercus agrifolia Née, Quercus chrysolepis Liebm. et Quercus undulata Torr.) et de poissons[53].
84
+
85
+ Les Indiens d'Amérique préféraient les glands de chêne non doux aux glands de chêne doux car ils se conservent mieux. Néanmoins les glands non doux necessitent une lessivation/lixiviation des tanins avant consommation[11]. Les glands peuvent ainsi se conserver jusqu'à 12 ans grâce aux tanins[11].
86
+
87
+ Le Wiiwish (en) est une bouillie de gland qui constituait un aliment de base des Indiens de Californie[54].
88
+
89
+ Le shawii est la bouillie de gland qui était mangée quotidiennement par les Indiens Kumeyaay[55],[56]
90
+
91
+ Les Indiens de tribues kumeyaay[57], Pomo, Kahuia[58], Ohlone[59], et Yosemite[11] (Ahwahnechee) se nourrissaient de glands de chêne.
92
+
93
+ Les indiens Yosemite préfèrent les glands de chêne noir de Californie ou chêne de Kellogg pour leurs propriétés (couleur, goût, capacité de conservation, etc.)[11]. Les indiens Pomo et les indiens Hupa utilisaient les glands de chêne rouge d'Amérique[35](quercus rubra), ces glands étant très riches en tanin.
94
+
95
+ À Baunei, en Sardaigne, le pain de gland (confectionné avec de l'argile et des cendres) constituait une nourriture essentielle en 1834[60]
96
+
97
+ Les Corses consommaient des glands doux autrefois[61]
98
+
99
+ Les liapes (habitants de Liapourie-Albanie) consommaient des glands doux autrefois [61]
100
+
101
+ Les hommes vivaient des fruits du chêne[26]
102
+
103
+ On vendait des glands sur les marchés[26]
104
+
105
+ Les glands étaient comestibles et Pline l'Ancien enseignait comment faire du pain, il indique que c'est une source de richesse même en temps de paix[62],[26].
106
+
107
+ Galien écrit que les glands ont sauvé la population de son pays natal (Asie mineure) pendant les périodes de famine[26].
108
+
109
+ On vendait des glands sur les marchés[26]
110
+
111
+ On mange les glands des chênes communs sous forme de pain [26].
112
+
113
+ En période de disette à Mecklembourg les gens mangaient des glands[26].
114
+
115
+ On y mange des glands quand les récoltes sont mauvaises[26].
116
+
117
+ Ils se nourrissaient de glands de variété balotte pendant une partie de l'année[26].
118
+
119
+ Le Dotori-muk (en) est une gelée faite avec de la fécule de gland.
120
+
121
+ pain de gland
122
+
123
+ Dotorimuk
124
+
125
+
126
+
127
+ Un lien inattendu a été mis en évidence par une étude nord-américaine[63] récente (1996) entre la densité de chênes et le risque de maladie de Lyme ;
128
+
129
+ Une partie des glands subit une décomposition et participe à la formation de l'humus.
130
+
131
+ Dans L'Âge de glace et ses suites, l'écureuil Scrat est obsédé par les glands, qu'il tente, par tous les moyens, de cacher dans un endroit sûr, au prix de nombreuses péripéties, ce qui donne lieu à de longues suites de gags récurrents.
132
+
133
+ Dans Mon voisin Totoro, les Totoros récoltent des glands. La journée, pendant que le grand Totoro dort, les deux plus petits ramassent des glands et les stockent dans des pots qui se trouvent sous les racines d'un grand camphrier.
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135
+ Dans Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge, l'intrigue se déroule autour d'un gland sacré, une relique, un objet magique, un artefact que possède la magicienne Madeloun (interprété par Magali Semetys). Ce gland est transmis à l'ouvrier Gamoche (interprété par Remi Barrero) puis récupéré par le chevalier Artufeli (interprété par Laurent Artufel) qui va s'en servir pour s'attirer les faveurs de la reine (interprété par Karine Lima) épouse du roi Gandolfi . Plus tard, le gland va être utilisé par son possesseur pour envoyer ses adversaires en enfer (à la fin de la saison 2).
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+ Dans L'Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, Elzéard Bouffier plante 100 glands par jour.
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+ Glasgow (en français : [ɡlasɡo][a] ; en anglais : [ˈɡlazɡo][b] ou [ˈɡlæzɡəʊ][c] ; en scots : Glesga [ˈɡlezɡə] Écouter ; en gaélique écossais : Glaschu [ˈkl̪ˠas̪əxu] Écouter) est la métropole d’Écosse et la troisième ville du Royaume-Uni. Elle a aussi le statut de council area et de région de lieutenance, après avoir eu celui de district au sein de la région du Strathclyde (du 15 mai 1975 au 31 mars 1996) dont elle est le siège. Elle est située dans l'ouest de la partie centrale des lowlands écossaises. Le gentilé Glaswégien désigne aussi, au singulier, le dialecte local.
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5
+ La naissance de la ville est basée sur deux fondations médiévales, l'ancien archidiocèse de Glasgow et l’université de Glasgow en 1451. L'essor décisif surgit toutefois après les Lumières écossaises, imposant un précoce taux d'alphabétisation et une rapide transition de la maîtrise de l'outil au machinisme. À partir du XVIIIe siècle, Glasgow est un centre considérable du commerce transatlantique et pendant la Révolution industrielle qui est lancé au XIXe siècle, l’ingénierie et la construction navale prennent le relais moteur.
6
+
7
+ Appelée, après Londres, « la deuxième ville de l’Empire britannique » pendant les époques victoriennes et édouardiennes malgré sa triste réputation de ville de taudis[1],[2],[3],[4], Glasgow reste aujourd'hui encore l’un des centres financiers les plus importants d’Europe[5],[6] et accueille les quartiers généraux de grandes entreprises écossaises[7]. En 2012, Glasgow est classée 44e ville mondiale pour la qualité de ses infrastructures[8].
8
+
9
+ Glasgow se situe dans le centre-ouest de l'Écosse dans la vallée de la Clyde. La ville couvre une superficie de 175,5 km2 et se trouve à 79 km d'Édimbourg et à 599 km de Londres.
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+
11
+ Certaines villes notables à proximité de Glasgow sont :
12
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13
+ La ville est traversée par la Clyde, fleuve qui se jette dans le Firth of Clyde à l'ouest. Ce fleuve est très réputé pour le trafic naval qu'il a généré lors des deux siècles passés, malgré un déclin depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale[9]. En 1812 a été ouverte une ligne fluviale reliant Glasgow à Greenock par la Clyde. Le pont de Kingston, construit entre 1967 et 1970, voit passer aujourd'hui plus de 150 000 véhicules par jour[9].
14
+
15
+ D'autres rivières traversent la ville, principalement :
16
+
17
+ La ville de Glasgow se trouve dans une vallée de rift datant du Paléozoïque[10]. D'importants gisements de charbon et de fer datant du Carbonifère furent découverts dans les alentours permettant le fort développement industriel de la ville au XIXe siècle.
18
+
19
+ Au nord, Glasgow est bordée par les collines des Campsie Fells visibles depuis la plupart des quartiers de la ville. Le point culminant de Glasgow se trouve au sud du centre-ville, et atteint une altitude d'environ 200 m[11].
20
+
21
+ Glasgow se trouve également à proximité de la faille des Highlands qui marque la séparation entre les paysages relativement plats des Lowlands avec ceux montagneux des Highlands.
22
+
23
+ Glasgow possède un réseau routier de nationales dense communiquant avec les autres villes d'Écosse. La principale d'entre elles est l'autoroute M8. Elle traverse la ville et est traversée par les autoroutes M77, M73 et M80. La route A82 relie Glasgow à Argyll et l'ouest des Highlands. L'autoroute M74 rejoint, vers le sud, la ville de Carlisle.
24
+
25
+ La route nationale cyclable 75, reliant Leith à Portavadie, via Glasgow et Édimbourg[12], a été spécialement conçue pour permettre aux cyclistes de faire le trajet entre les deux plus grandes villes d'Écosse de manière sécurisée. Les bords de cette route sont agrémentés de décorations d'art moderne. En raison de nombreuses dégradations, de nombreux usagers se plaignent régulièrement de cette route[13],[14].
26
+
27
+ La ville de Glasgow possède l'un des plus anciens métros du monde, après ceux de Londres et Budapest. Ce métro comporte une seule ligne circulaire. Il est surnommé Clockwork Orange (Orange mécanique) en raison de la couleur des wagons. Elle dessert un total de 15 stations (8 au nord de la Clyde et 7 au sud).
28
+
29
+ Glasgow est dotée d’un réseau ferroviaire urbain très vaste, qui est le plus grand en Grande-Bretagne, hormis Londres. Le réseau ferroviaire urbain de Glasgow et sa région compte 13 lignes et 191 gares.
30
+
31
+ Les trains partent aussi vers le nord et l'est de l’Écosse depuis Queen Street Station, et vers le sud et l'Angleterre depuis Glasgow Central.
32
+
33
+ La Virgin Trains dessert la principale route de Glasgow à Londres (gare d'Euston) et la First Transpennine Express dessert la route à Manchester. La First ScotRail assure les liaisons en Écosse, aussi bien que la liaison nocturne en voitures-lits Caledonian Sleeper avec Londres.
34
+
35
+ La ville est desservie par deux aéroports internationaux :
36
+
37
+ Le climat de Glasgow est de type océanique, marqué par des hivers modérés et des étés frais. L'humidité est importante toute l'année.
38
+
39
+
40
+
41
+ Glasgow compte de nombreux immeubles pour lesquels la ville est réputée[16]. Il s'agissait du mode de logement le plus en vogue aux XIXe et XXe siècles et demeurent l'hébergement le plus commun à Glasgow aujourd'hui. Ils sont la propriété d'une large frange de types sociaux et sont appréciés pour leurs grandes pièces et la hauteur de leurs plafonds[17]. Le quartier de Hyndland est la seule zone du Royaume-Uni où tant d'immeubles d'époque ont été conservés[18]. Certains possèdent plus de six chambres.
42
+
43
+ Comme de nombreuses villes du Royaume-Uni, Glasgow a assisté à l'édification de nombreux gratte-ciel dans les années 1960[19]. Ceux-ci ont été élevés sur l'emplacement d'immeubles en décrépitude construits pour des travailleurs immigrés des Highlands ou du reste des îles britanniques, et notamment d'Irlande, afin de pourvoir à la demande d'ouvriers[20].
44
+
45
+ La population de Glasgow a connu une longue période de recul démographique sévère au cours du XXe siècle, ce qui se traduit aujourd'hui par la présence de nombreux bâtiments abandonnés et décatis.
46
+
47
+ On donne généralement au nom de Glasgow une origine cambrienne ou moyenne irlandaise Glas Cau qui signifie la vallée verdoyante . L’agglomération originelle a probablement eu un nom cambrien Cathures[réf. nécessaire]. Le nom moderne apparait pour la première fois en 1116 sous la forme Glasgu. Toutefois on sait par ailleurs que le roi de Strathclyde, Rhydderch Hael a accueilli saint Kentigern (aussi connu sous le nom de saint Mungo) et l’a reconnu évêque au VIe siècle. Ce dernier a prêché pendant treize ans dans la région et a construit son église près de la source de Molendinar. Autour de cette église, une communauté s’est développée sous le nom de Glasgu.
48
+
49
+ Le site actuel de Glasgow, le point le plus en aval de la Clyde proposant un passage à gué et servant de lieu de pêche au saumon, est occupé depuis la préhistoire. Les origines de Glasgow comme ville établie découlent en dernière analyse de sa position médiévale comme deuxième plus grand évêché d’Écosse. Glasgow s’est développée au cours des Xe et XIe siècles sous l’impulsion du roi David Ier d'Écosse et de l’évêque John Capellanus.
50
+
51
+ Auparavant le site était le lieu d’un ancien ensemble religieux établi par saint Mungo, aussi nommé saint Kentigern au cours du VIe siècle. Saint Mungo est supposé avoir converti les Écossais au christianisme. Il bâtit une église chrétienne sur les rives du Molendinar Burn où on lui attribue la réalisation de quatre miracles qui lui valent d'apparaître sur le blason de la ville[21]. Mais l'on ne peut parler d'Écosse ni d'Écossais pour le VIe siècle. Au nord de Glasgow se trouve le domaine des Pictes, qui n'ont rien de commun avec les Brittons anciens ou romanisés, n'étant pas à l'origine des populations celtes. Ce qui deviendra Glasgow constitue en tout cas la zone la plus au nord des terres gouvernées de façon éphémère par les peuples britanniques, mais commence à appartenir aux tribus Scots qui sont des Gaëls d'Irlande, formant sur les rivages de la côte ouest les premières installations durables qui, quelque trois siècles plus tard, peuvent annexer les terres voisines et fonder l'Écosse sous l'autorité chrétienne. L'Écosse est donc héritière, par son passé, de la civilisation celtique devenue romaine et chrétienne, celle de l'île de Bretagne, et la ville de Glasgow partage la même origine. Saint Gildas (Sant Weltaz) et saint Patrick (Sant Padrig), tous les deux Britto-Romains, sont originaires de cette contrée de l'estuaire de la Clyde. Entre la mort de saint Mungo, le 13 janvier 603, et la fondation de l'archevêché de Glasgow, en 1175, on connaît peu de détails sur l'histoire de la ville[21].
52
+
53
+ L'évêché devient l'un des plus grands et plus riches dans le Royaume d'Écosse. Entre 1175 et 1178 cette position est encore renforcée lorsque l'évêque Jocelin obtient du roi Guillaume Ier d'Écosse le statut de burgh pour la cité épiscopale. Cela permet à la ville de se développer en exploitant des monopoles économiques et autres garanties juridiques. Entre 1189 et 1195, ce statut est complété par la création d’une foire annuelle, foire qui perdure de nos jours sous le nom de foire de Glasgow.
54
+
55
+ La ville de Glasgow grandit au fil des siècles. La fondation de l’université de Glasgow en 1451 et l'élévation de l’évêché au rang d’archevêché en 1492 améliore encore le statut de la ville, tandis que l'université d'Édimbourg, autre pôle culturel prestigieux en Écosse, est déjà connue dans toute l'Europe.
56
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57
+ Daniel Defoe qui visite la ville au début du XVIIIe siècle écrit dans son livre A tour thro' the Whole Island of Great Britain que Glasgow est la plus propre et la plus belle ville de Grande-Bretagne, Londres excepté[22]. À cette époque la population de la ville s’élève à environ 12 000 habitants.
58
+
59
+ Après l’Acte d’Union de 1707, l’Écosse entre dans une grande phase de prospérité. Glasgow a accès aux échanges avec le vaste marché de l’Empire britannique et devient une place prépondérante dans le commerce international en étant une plaque tournante du commerce vers les Amériques, en particulier pour le commerce du tabac, du coton et du sucre. Un port en eau profonde est créé à Port Glasgow sur le Firth of Clyde, la Clyde étant à cette époque de faible profondeur au cœur de la ville[23]. À la fin du XVIIIe siècle, plus de la moitié du commerce du tabac britannique est concentré sur la Clyde à Glasgow[24].
60
+
61
+ Grâce à son développement industriel, Glasgow produit des textiles et des produits sidérurgiques qui sont exportés. L’ouverture du Monkland Canal et du bassin de Port Dundas en 1795 facilitent l’accès au minerai de fer et aux mines de charbon du Lanarkshire. Un vaste programme d’aménagement fluvial de la Clyde avec un dragage en profondeur jusqu’à Glasgow permettant l’accès de la ville aux navires de haute mer fait de la construction navale une industrie majeure sur les tronçons supérieurs de la Clyde. Dans le même temps la Clyde devient une importante source d’inspiration pour les artistes comme John Atkinson Grimshaw désireux de dépeindre la nouvelle ère industrielle et le monde moderne. La population de Glasgow dépasse celle d’Édimbourg en 1821. À la fin du XIXe siècle, la ville est devenue la deuxième ville de l’Empire. En 1870, elle produit plus de la moitié du tonnage des ports de Grande-Bretagne[25] et le quart des locomotives du monde[26].
62
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63
+ La physionomie historique de la ville date du XIXe siècle pour sa majeure partie. C’est à cette époque là que sont réalisés les plus beaux bâtiments et que la ville adopte son plan actuel. La cathédrale Saint-Mungo (achevée au milieu du XVe siècle) et la maison Provand's Lordship (1471) sont des bâtiments plus anciens, mais sont des exceptions. La ville est de plus dotée d’un approvisionnement en eau stable avec l’aqueduc de Milngavie, d’un métro, un réseau de tramway, d’une mairie monumentale et de quelques équipements culturels tels que la Mitchell Library et le Kelvingrove Art Gallery and Museum. La ville de Glasgow a accueilli une série d’expositions internationales à Kelvingrove Park, en 1888, 1901 et 1911. Celle qui eut lieu au Parc Bellahouston en 1938, connue sous le nom d'Empire Exhibition avait parmi ses principales attractions une tour en acier de 300 pieds (91,44 m) de haut, la Tait Tower, qui fut démontée l'année suivante.
64
+
65
+ Le XXe siècle a vu se succéder une période de déclin puis de renouveau pour la ville de Glasgow. Après la Première Guerre mondiale, la ville souffre de la récession et ensuite de la Grande dépression de la fin des années 1920. Cela se traduit par une hausse du socialisme radical qui se révèle au sein d’un mouvement glaswegian, le Red Clydeside. La ville retrouve un peu de forces grâce à l’économie de guerre organisée pendant la Seconde Guerre mondiale, même si elle doit faire face aux bombardements allemands. Elle bénéficie ensuite fortement du boom d’après guerre qui dure jusque dans les années 1950. Cependant la décennie suivante, Glasgow voit sa position dominante dans de nombreux secteurs s’affaiblir. La raison en est un manque d’investissements et d’innovation conjugué à la concurrence croissante de pays comme l’Allemagne et le Japon. Glasgow entre alors dans une longue période de déclin économique avec une désindustrialisation rapide conduisant à un chômage élevé, un déclin de l’urbanisme et une perte démographique très importante. La population dépend de plus en plus des aides sociales et le niveau sanitaire de la population est en baisse. On trouve néanmoins quelques tentatives de régénération de la ville comme celle proposée par le très controversé Rapport Bruce qui définissait un ensemble d’initiatives visant à stopper le déclin de la ville. On peut aussi noter que des accusations ont aussi frappé le Scottish Office, le ministère de l’Écosse au sein du gouvernement britannique. Il était accusé de vouloir limiter la puissance économique et politique de Glasgow de l’après guerre en détournant les investissements étrangers vers les nouvelles industries installées dans d’autres régions écossaises comme cela s’est fait dans la Silicon Glen et en créant plusieurs villes nouvelles à Cumbernauld, Glenrothes, Irvine, Livingston et East Kilbride[27].
66
+
67
+ Toutefois, à la fin des années 1980, Glasgow connaît un rebond de son économie. Des efforts sont réalisés pour diversifier l’économie[28] et la redynamiser en provoquant une renaissance culturelle de la ville. Le « Glasgow's miles better » est lancé en 1983 pour promouvoir Glasgow comme destination touristique et lieu d’accueil pour les industriels. Cela se traduit par l’ouverture la même année de la Collection Burrell puis du Scottish Exhibition and Conference Centre en 1985. Glasgow cherche à attirer les investissements étrangers[29]. Le potentiel culturel est affirmé avec la création du Glasgow Garden Festival en 1988, l’obtention du statut de capitale européenne de la culture en 1990. Le renouveau économique se traduit par la régénération des quartiers du centre ville, y compris le grand programme du Clyde Waterfront Regeneration. On assiste alors au retour des populations aisées dans ces quartiers anciennement défavorisés[30].
68
+
69
+ Glasgow se trouve aujourd’hui parmi les cinquante villes les plus sûres au monde d’après le classement du cabinet de consultants Mercer[31] et les guides touristiques Lonely Planet la place parmi le top 10 des villes touristiques[32].
70
+
71
+ En dépit de la renaissance économique de la ville, certains quartiers comme l’East End restent largement défavorisés. Un audit économique réalisé en 2007 rapporte que les inégalités entre quartiers défavorisés et quartiers prospères s’aggravent[33]. En 2006, 47 % de la population de Glasgow vivait dans les 15 % des zones les plus défavorisées d’Écosse. Les services sociaux de la ville rapportent que 24 % de la population active de la ville est sans emploi[34]. Bien que légèrement inférieur à la moyenne britannique, Glasgow a un taux d'emploi supérieur à d'autres métropoles industrielles équivalentes comme Birmingham, Liverpool et Manchester.
72
+
73
+ La maire de Glasgow, dont la fonction est dénommée Lord Provost, est, depuis 2017 Eva Bolander. Le dernier conservateur à avoir dirigé la ville de Glasgow fut sir Donald Liddle, de 1969 à 1972.
74
+
75
+ Les maires de Glasgow ces trente dernières années ont été :
76
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77
+ Le conseil communal siège à l'hôtel de ville de Glasgow, les Glasgow City Chambers.
78
+
79
+ La ville de Glasgow dispose d'un conseil de ville : le Conseil municipal de Glasgow, composé de 79 membres élus au suffrage universel dans des circonscriptions comptant trois ou quatre sièges[36]. Le conseil de ville actuel a été créé en 1995 en application de la Loi de gouvernement local de l'Écosse de 1994. Ce conseil de ville a repris les compétences du conseil de district (Glasgow district council) et du conseil régional de Strathclyde qui existaient depuis 1974.
80
+
81
+ Le tableau ci-dessous présente la composition du conseil de district de Glasgow (1974-1992) et du conseil de ville de Glasgow (1995 à 2017).
82
+
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+ a Un élu du parti Solidarité; b Un élu de Glasgow First.
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+ Glasgow est jumelée avec de nombreuses villes[37] :
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+ En 1900, la ville compte 1 000 000 habitants[38]. À partir des années soixante, de grands projets de rénovation poussant les Glaswégiens vers les banlieues et les « New Towns » ainsi que les changements successifs des limites administratives de la ville entraînent la diminution de la population jusqu'à 592 000 habitants alors que la population de l'agglomération atteint 1 200 000 habitants.
88
+
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+ Aujourd'hui, la population de la conurbation s'élève à environ 2,3 millions d'habitants, soit 41 % de la population de l’Écosse[39].
90
+
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+ La population de Glasgow est en net recul depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette période, la ville a perdu près de 47 % de ses habitants.
92
+
93
+ Glasgow est un important centre éducatif avec pas moins de quatre universités dans un rayon de seize kilomètres :
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+
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+ À cela s'ajoutent d'importantes institutions comme le Glasgow Royal Infirmary, le Royal Conservatoire of Scotland, le Glasgow School of Art, ainsi qu'une dizaine d'autres.
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+ Ainsi, la population étudiante dépasse les 168 000 personnes, ce qui fait de Glasgow la principale ville étudiante d'Écosse et la deuxième la plus importante du Royaume-Uni. La majorité des étudiants ne réside pas à Glasgow même mais en banlieue comme dans le district d'East Dunbartonshire.
98
+
99
+ Les soins à Glasgow sont principalement du ressort du National Health Service (NHS), sous la responsabilité de sa section du Greater Glasgow and Clyde. Les urgences pour adultes sont gérées à la Western Infirmary pour l'ouest de la ville, à la Glasgow Royal Infirmary pour l'est et au Southern general pour le sud. Le Royal Hospital for Sick Children s'occupe des enfants..
100
+
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+ On trouve des hôpitaux et des cliniques privées à Nuffield dans l'ouest et à Ross Hall au sud de la ville.
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103
+ Les habitants de Glagow ont, pour une raison inexpliquée, une santé globalement plus mauvaise et une faible espérance de vie par rapport au reste du Royaume-Uni et de l'Europe. Cette étrangeté est nommé l'effet Glasgow.
104
+
105
+ Glasgow a été désignée « capitale européenne du sport » pour l'année 2003[41].
106
+
107
+ Le tout premier match international de football s’est déroulé à Glasgow en 1872 sur le terrain du West of Scotland Cricket Club dans le quartier de Partick. Le match oppose l’Écosse et l’Angleterre et se solde par un résultat nul, 0 à 0.
108
+
109
+ La ville compte deux stades classés cinq étoiles par l'UEFA, Ibrox Stadium avec 51 082 places et Hampden Park avec 52 670 places, ce qui lui permet d'accueillir des finales de Ligue des Champions ou de Ligue Europa.
110
+
111
+ Hampden Park est le stade national écossais. Il détient le record du nombre de spectateurs pour un match de football en Europe avec 149 547 personnes[42] pour assister à la victoire de l'Écosse face à l'Angleterre par 3-1 en 1937, quelques jours avant que toutes les places ne deviennent assises.
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+ Glasgow compte sur son territoire trois clubs professionnels : le Celtic Football Club, le Rangers Football Club et le Partick Thistle Football Club. La rencontre entre les deux premiers donne lieu à un derby particulier surnommé l’« Old Firm ». Un quatrième club, le Queen's Park Football Club est un ancien club professionnel, redevenu amateur mais qui participe tout de même au championnat d’Écosse professionnel. Cinq autres clubs de la ville ont été à un moment donné professionnels et ont disputé la première division du championnat d'Écosse de football : Clyde Football Club qui a depuis déménagé à Cumbernauld, Third Lanark Athletic Club, Cambuslang Football Club, Cowlairs Football Club et Clydesdale Football Club qui eux ont tous fait faillite.
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+ Glasgow est l'une des trois seules villes à avoir eu deux équipes en finale d’une coupe d’Europe la même année (avec Liverpool en 1985, et Madrid en 1986, 2014 et 2016) : en 1967 le Celtic remporte la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions en battant l’Inter de Milan pour devenir le premier club britannique à remporter le trophée ; les Rangers eux ont disputé sans l’emporter la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe.
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+ Glasgow accueille aussi le siège de la Fédération d'Écosse de football.
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+ La ville de Glasgow est représentée dans le rugby à XV professionnel par une équipe, les Glasgow Warriors. Cette franchise dispute la Celtic League contre des équipes écossaises, galloises et irlandaises et la Coupe d'Europe de rugby à XV.
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+ Dans le championnat d'Écosse de rugby à XV, c’est l’équipe des Glasgow Hawks RFC qui porte les couleurs de la ville. Ce club s’est formé en 1997 avec la fusion de deux des plus vieux clubs de la grande ville écossaise, Glasgow Academicals RFC et Glasgow High Kelvinside RFC. Dans le quartier de Griffnock, dans le sud de la ville, est situé l’autre club de rugby, le Glasgow Hutchesons Aloysians RFC créé en 2002 de la fusion des Glasgow Southern RFC et Hutchesons' Aloysians RFC.
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+ Le 9 novembre 2007, Glasgow a été désignée pour accueillir les Jeux du Commonwealth de 2014[43]. Les différentes épreuves se dérouleront dans plusieurs sites déjà existants ou à construire dans toute l’agglomération. Il est ainsi prévu une rénovation d’Hampden Park, de Kelvingrove Park et de Kelvin Hall et la construction d’une nouvelle salle omnisport, la Scotland's National Arena sur le site du Scottish Exhibition and Conference Centre. Le village d’accueil des sportifs doit se tenir dans l’est de la ville. De nouveaux équipements comme un vélodrome et des logements sont prévus à Dalmarnock et Parkhead, et un centre aquatique près de Tollcross Park.
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+ Le 23 avril 2016, la ville est choisie pour organiser en mars 2019, les Championnats d'Europe d'athlétisme en salle 2019.
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+ Glasgow abrite les locaux des deux principales chaînes de télévision écossaises: BBC Scotland, la chaîne nationale basée aux Pacific Quay Studios; et STV, née de la fusion de Scottish Television (Écosse centrale) et de Grampian Television (Nord de l'Écosse).
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+ De nombreuses stations de radio sont également basées à Glasgow. Les stations Clyde 1 et Clyde 2 attirent respectivement 14,4 %[44] et 5,5 %[44] de part d'audience. La BBC Radio Scotland parvient à séduire 9,2 %[44] des auditeurs. Parmi les autres stations de radio on trouve Capital Scotland, Real Radio Scotland, 105.2 Smooth Radio, Radio Free Scotland ou encore Celtic Music Radio.
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+ La presse écossaise publie de nombreux journaux tels que le Evening Times, The Herald, The Sunday Herald, le Sunday Mail et le Daily Record.
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+ Glasgow est le plus grand pôle économique d'Écosse, en étant le centre de l'aire urbaine appelé West Central Scotland.
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+ Si historiquement l'économie de Glasgow a été très influencée par ces charbonnages, la sidérurgie et la construction navale pendant la révolution industrielle, elle s'est depuis largement tournée vers le tertiaire depuis les années 1980. Glasgow est ainsi devenu un centre financier important, la ville est aussi caractérisé par la présence importante de centres d'appel qui emploieraient environ 20 000 personnes. Mais la ville est aussi un centre touristique important, tout en ayant une influence régionale importante dans les fonctions médicale et éducative.
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+ Glasgow s'est dotée d'installations portuaires modernes. Située à proximité d'un vaste bassin houiller, elle est un important centre industriel, mais aux industries traditionnelles (construction navale et aciéries), aujourd'hui en déclin, ont succédé des industries liées à la production de pétrole (chimie et matériel de forage).
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+ La ville de Glasgow abrite de remarquables collections d'art, visibles dans plusieurs musées.
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+ La cathédrale de Glasgow est sans conteste le monument religieux le plus important en Écosse au XIIIe siècle[51]. Son origine remonte au temps du saint patron de la ville, saint Mungo, aussi nommé saint Kentigern (VIe siècle). Il construit une cathédrale sur l'emplacement d'un cimetière consacré un siècle auparavant par saint Ninian, qui y avait même été enterré (612). Cette légende autour de sa fondation lui a valu d'être considérée comme un lieu de pèlerinage en terre celtique durant le Moyen Âge. On pense que cette première cathédrale n'était pas faite essentiellement de pierres, mais plus de clayonnages et de poutres[51].
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+ Le premier bâtiment en pierres ne remonte qu'au Xe siècle ; il sera remplacé par un édifice puis par un autre encore au XIIe siècle. Le présent édifice, tel qu'on peut encore le voir, a été construit au cours du XIIIe siècle. Ce sont d'abord le chœur et l'église basse qui ont été érigés, puis la nef. Il faudra attendre le début du XVe siècle pour procéder à l'érection de la sacristie. Les dernières modifications monumentales ont été réalisées au temps de l'archevêque Blacader (1483–1508)[51] qui est l'auteur d'une aile située, dit-on, sur l'ancien cimetière de Ninian.
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+ La cathédrale de Glasgow est la seule cathédrale médiévale en Écosse à avoir survécu à la Réforme écossaise[51]. L'intérieur du bâtiment avait en effet été préalablement divisé en trois petites églises, Outer High Kirk, Inner High Kirk et The Barony, ce qui lui avait permis d'échapper au statut de cathédrale, mais pas aux dégradations.
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+ Des découvertes archéologiques ont permis de mettre au jour 77 corps inhumés dans l'église basse. Certains étaient antérieurs à la construction de la cathédrale au XIIe siècle[51].
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+ C'est du sommet de la nécropole toute proche qu'on voit le mieux cette cathédrale gothique, quatrième église édifiée sur le site du bâtiment d'origine.
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+ La ville possède trois autres cathédrales :
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+ Glasgow compte plus de 90 parcs[52], ce qui a amené la ville à recevoir le surnom de The Dear Green Place[53]. Une association, « Les Amis des parcs de Glasgow » s'est constituée pour promouvoir l'entretien et l'animation de ces espaces verts[53]. Parmi les parcs les plus remarquables, on peut citer :
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow Necropolis.
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+ Glasgow est le théâtre d'un véritable foisonnement musical. Il est le lieu de naissance de très nombreux groupes de rock : Simple Minds, groupe de rock new wave fondé en 1975, Belle and Sebastian, groupe de pop indie fondé en 1996, Jesus and Mary Chain, groupe de rock indé fondé vers 1984, Teenage Fanclub, groupe de rock indé fondé vers 1989, The Pastels, groupe pop-rock britannique fondé au début des années 1980, Travis, groupe de rock fondé vers 1990, The Silencers, groupe de rock celtique fondé en 1985, Texas, groupe de rock fondé en 1985, Mogwai, groupe phare de la scène post-rock fondé en 1995, Franz Ferdinand, groupe de rock fondé à Glasgow en 2001 et d'AC/DC, groupe de hard rock, son guitariste soliste est natif de Glasgow Angus Young. N'oublions pas non plus les frères Knopfler qui ont fondé le groupe britannique Dire Straits en 1977.
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+ En 2008, Glasgow est nommée ville UNESCO de musique.
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+ Glasgow possède un remarquable orchestre symphonique, autrefois dirigé par Walter Susskind et Bryden Thomson notamment. Est également basé aux City Halls, le BBC Scottish Symphony Orchestra.
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+ La Royal Scottish Academy of Music and Drama est un établissement d'enseignement réputé.
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+ Le Lord Lyon a accordé à Glasgow ses armoiries le 25 octobre 1866. Elles comportent des symboles et des emblèmes associés au patron de la ville, Mungo, auparavant déjà utilisés sur le sceau municipal. Mungo lui-même est le cimier, et les emblèmes sur l'écu représentent les miracles fait par le saint, énumérés dans un vers traditionnel :
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+ « Ici l’oiseau qui n’a jamais volé
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+ Ici l’arbre qui n’a jamais crû
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+ Ici la cloche que l’on n’a jamais sonnée
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+ Ici le poisson qui n’a jamais nagé »
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+ L'arbre, actuellement un chêne, était originellement un noisetier. Saint Mungo a mis quelques branches de noisetier pour ré-enflammer un feu sacré éteint. L'oiseau est un rouge-gorge familier, que le saint a ranimé. La cloche est l'originel de la cathédrale de ce saint ; l'objet réel est dans le Palais du Peuple dans la cité. Le poisson est un saumon avec un anneau d'or dans sa bouche. Trois sont présents sur les armoiries ; un sur l'écu, et un pair comme les supports. L'anneau était la propriété d'une reine de Strathclyde, qui l'a perdue. Saint Mungo a attrapé un saumon dans la rivière Clyde et il a trouvé l'anneau dans le corps du poisson[58].
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+ Les paroles du saint, « Seigneur, que Glasgow prospère en prêchant tes paroles et en louant ton nom », ont inspiré la devise de la ville : « Que Glasgow prospère ».
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+ La glasnost [ɡlasnɔst][a] (en russe : гласность [ˈɡɫasnəsʲtʲ][b] Écouter litt. « publicité [des débats] », traditionnellement traduit par « transparence ») est une politique de liberté d'expression et de la publication d'informations qui s'amorça par l'accident nucléaire de Tchernobyl[1] puis fut portée en URSS par Mikhaïl Gorbatchev à partir de 1986.
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+ Avec la glasnost, le but du Numéro 1 soviétique était notamment de mettre la pression sur les conservateurs du parti qui étaient opposés à sa politique de restructuration économique (la perestroïka). Cependant, cette dernière va échouer devant la résistance passive de l'administration et des décideurs qui avaient beaucoup à y perdre, accentuant la crise économique de l'URSS, ce qui va provoquer une montée des contestations.
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+ À travers cette politique, Gorbatchev approfondit la déstalinisation, politique mise en place en 1956 par Khrouchtchev au XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, et renoue avec les principes jadis défendus par Lénine avec sa nouvelle politique économique, par l'économiste soviétique Evseï Liberman et par le socialisme à visage humain. Gorbatchev dénonce également les crimes de Staline, mais cette fois-ci, ce n'est pas sous forme de rapport secret publié à l'intérieur du PCUS, mais bien publiquement que ses crimes sont reconnus au grand jour.
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+ La glasnost donna de nouvelles libertés au peuple, comme la liberté d'expression et d'association, ce qui signifiait un changement important dans la mesure où le contrôle des idées et des citoyens avait été la « colonne vertébrale » du système soviétique. Des milliers de prisonniers politiques et beaucoup de dissidents furent également libérés du goulag et de nombreux camps fermèrent.
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+ La glasnost va permettre ce qui était auparavant impensable : des manifestations massives ainsi que le début des grèves. Elle contribuera aussi au réveil des identités nationales des peuples non-russes de la fédération soviétique, jusque-là soumis à la russification.
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+ Cependant, le but essentiel de Gorbatchev, qui était de moderniser l'Union soviétique via la glasnost et la perestroïka, ne fut pas atteint, et l'Union, largement basée sur la contrainte étatique, s'effondra en hiver 1991, plus précisément le 25 décembre 1991 lors de la démission de Mikhaïl Gorbatchev.
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+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
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+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
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+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
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9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
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11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
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35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
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37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
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39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
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41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
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43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
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+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
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49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
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147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La cordillère des Andes, en espagnol Cordillera de los Andes, est la plus longue chaîne de montagnes continentale du monde[2], orientée nord-sud tout le long de la côte occidentale de l'Amérique du Sud. Longue d'environ 7 100 kilomètres, large de 200 à 800 kilomètres (entre le 18 et le 20° de latitude Sud), la cordillère a une altitude moyenne de 4 000 mètres et culmine à 6 962 mètres. Elle débute au Venezuela au nord puis traverse la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili et l'Argentine, jusqu'à la pointe sud du continent.
4
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5
+ Les Andes sont la plus haute chaîne de montagnes d'Amérique. Le sommet le plus élevé est l'Aconcagua, avec ses 6 962 mètres d'altitude[1], situé en Argentine. Le faîte du volcan Chimborazo dans les Andes équatoriennes, est le point le plus éloigné du centre de la Terre, en raison du renflement du globe au niveau de l'équateur. Plusieurs volcans sont présents, figurant parmi les plus hautes montagnes sur Terre après celles d'Asie et dépassant 6 000 mètres d'altitude.
6
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7
+ L'origine du mot « Andes » vient du quechua anti qui désigne les habitants d'une zone montagneuse mais couverte de végétation tropicale au nord-est de Cuzco, au Pérou. Les Andes ont longtemps désigné en espagnol cette région spécifique avant de recevoir son sens actuel. Le terme cordillère vient de l'espagnol cordillera, signifiant « corde ».
8
+
9
+ Cette chaîne de montagnes s'étend du Venezuela à l'Argentine en passant par la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et le Chili[1]. Elle divise le continent sud-américain en deux bassins versants très inégaux. Le versant occidental débouche directement sur l'océan Pacifique alors que le versant oriental donne naissance à des cours d'eau dont les confluences successives aboutissent à de grands fleuves comme le Paraná au Brésil et en Argentine, l'Orénoque au Venezuela et surtout l'Amazone qui prend sa source dans les Andes péruviennes sous le nom de Rio Apurimac.
10
+
11
+ Elle constitue la frontière naturelle entre le Chili et l'Argentine. C'est d'ailleurs en Argentine que se situe l'Aconcagua, point culminant de cette chaîne montagneuse et du continent américain. C'est encore dans ce même pays que la cordillère prend fin sous la forme de petits chaînons côtiers situés dans le Sud-Est de la Grande île de la Terre de Feu, à l'est d'Ushuaïa.
12
+
13
+ La cordillère des Andes est divisée en plusieurs massifs souvent nommés eux-mêmes « cordillère »[1]. Au nord, dans le nord-ouest du Venezuela, la cordillère de Mérida se raccorde au sud-ouest à la cordillère Orientale[3],[4]. Celle-ci traverse la Colombie et l'Équateur du nord au sud[4],[5]. Elle est accompagnée par la cordillère Centrale jusqu'au nœud de los Pastos ainsi que la cordillère Occidentale[4],[5]. Ces cordillères Occidentale et Orientale donnent naissance à trois nouvelles cordillères depuis le nord du Pérou jusqu'à l'extrême nord du Chili et de l'Argentine en passant par la Bolivie[6],[7]. Il s'agit de la cordillère Occidentale séparée des cordillères Centrale du Pérou, Centrale de Bolivie et Orientale par l'Altiplano, prolongé au sud par la Puna de Atacama[6],[7],[8]. Plus au sud, la cordillère des Andes qui s'étend dans le centre du Chili et le centre-ouest de l'Argentine ne porte pas de nom spécifique si ce n'est le cas de quelques chaînes locales[9]. Le sud du massif est quant à lui formé par la cordillère de Patagonie[10] qui se prolonge à son extrémité méridionale par les montagnes de la Terre de Feu[11]. D'autres chaînes et cordillères de taille restreintes et internes à ces grands ensembles sont aussi identifiées. Certains massifs sont parfois rattachés à la cordillère des Andes. Ce peut être le cas de la sierra Nevada de Santa Marta[12] en Colombie, de la cordillère de la Costa au Venezuela[13] ou encore de la chaîne Côtière du Chili[14].
14
+
15
+ Les Andes font environ 200 kilomètres de largeur en moyenne, excepté au niveau de la « flexion bolivienne » où la cordillère atteint environ 800 kilomètres de largeur.
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+
17
+ La cordillère des Andes s'étendant à perte de vue.
18
+
19
+ La cordillère Centrale.
20
+
21
+ Les Andes, vues d'avion.
22
+
23
+ Cordillère Huallanca, prise au-dessus du Rio Cuero, Huasta, Bolognesi, Ancash, Pérou.
24
+
25
+ Si les Andes n'ont pas les plus hauts sommets de la planète, elles ont assurément la ville la plus haut perchée[15]. Certaines villes de la cordillère sont nichées à une altitude de plus que 3 000 mètres où commence en Europe un désert minéral inhabité, à l'instar de Potosi (4 070 mètres), Cerro de Pasco (4 380 mètres) et l'agglomération de La Paz-El Alto (3 250 à 4 200 mètres). Les cités andines s'inscrivent dans les décors les plus variés : si certaines sont directement posées sur le haut plateau de l'Altiplano, d'autres se blottissent au creux de vallées.
26
+
27
+ Depuis 2000, les glaciers andins ont perdu 23 milliards de tonnes de glaces en moyenne annuelle, soit un total de plus de 400 milliards de tonnes de glace en 2019. Cette fonte massive se traduira à terme par l'assèchement des rivières et une hausse du niveau de la mer[16].
28
+
29
+ Les Andes sont issues d'une orogenèse Mésozoïque-Tertiaire et font partie de la ceinture de feu du Pacifique, une zone d'intense activité volcanique et orogénétique, qui inclut la bordure pacifique des Amériques ainsi que la région Asie-Pacifique. Les Andes sont le résultat d'un processus de tectonique des plaques. Elles résultent de la subduction de plaques océaniques sous la plaque sud-américaine. La cause principale de l'élévation de la cordillère est la compression de la bordure occidentale de la plaque sud-américaine causée par la subduction des plaques de Nazca et Antarctique. En vingt millions d'années, les forces tectoniques ont élevé certaines régions des Andes de plus de 1 500 mètres. Vers l'est, la chaîne se termine par quelques bassins sédimentaires, tels que ceux de l'Orénoque, de l'Amazone, du Madre de Dios ainsi que du Gran Chaco qui séparent les Andes des anciens cratons dans l'est de l'Amérique du Sud. Au sud, les Andes partagent une longue frontière avec l'ancienne terre de Patagonie. À l'ouest, les Andes se terminent dans l'océan Pacifique, bien que l'on considère la fosse du Pérou-Chili, comme la véritable limite de l'extension occidentale de la chaîne.
30
+
31
+ Le climat des Andes varie grandement selon l'emplacement, l'altitude et la proximité de la mer. La partie méridionale est pluvieuse et fraîche, tandis que les Andes centrales sont arides. Le nord des Andes est généralement pluvieux et chaud, avec une température moyenne de 18 °C en Colombie. Le climat peut parfois changer radicalement sur des distances relativement faibles.
32
+
33
+ Les montagnes jouent un effet important sur les températures des zones adjacentes. L’isotherme zéro est compris entre 4 500 mètres et 4 800 mètres dans les Andes tropicales équatorienne, colombienne, vénézuélienne et le Nord du Pérou. Il s'élève de 4 800 mètres à 5 200 mètres dans les montagnes arides du Sud et au nord du Sud du Pérou, puis descend progressivement en progressant vers le sud. Il n’est ainsi qu’à 300 mètres en Terre de Feu.
34
+
35
+ Les Andes du Chili et l'Argentine peuvent être divisées en deux zones climatiques et glaciologiques, les Andes arides et les Andes humides. Les Andes arides s'étendent du désert d'Atacama jusqu’à la région du Maule, les précipitations sont plus sporadiques et l’amplitude thermique élevée. Les Andes humides jouissent d’un climat plus tempéré aux précipitations plus régulières.
36
+
37
+ Selon l'étagement dans la cordillère et la latitude, une flore et une faune originales se sont acclimatées sur les versants et les hauts plateaux andins.
38
+
39
+ Entre 1 200 et 2 400 mètres, sur les pentes des sierras très arrosées, la jungle se transforme en une luxuriante forêt des brouillards. Parmi les arbres : palmiers, bambous géants ou arborescents, podocarpus, cecropias. Parmi les fleurs : orchidées, broméliacées, bégonias, terrariums, impatientes, calcéolaires, fuchsia et passiflores. Tout autour évoluent des papillons multicolores et de minuscules colibris. À cette altitude, les animaux sont encore ceux de la jungle avec des pumas, des singes hurleurs, des pécaris, margays, fourmiliers et de nombreux oiseaux (perruches, perroquets, guácharos).
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+ Entre 2 400 et 3 800 mètres, sous l'action du froid et du vent, les arbres se ratatinent, se tordent et se couvrent de lichens. C'est la forêt naine, le domaine des buissons épineux de tola et des polylepis, arbustes appartenant à la famille des pommiers et des fraisiers.
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+ Entre 3 800 et 4 700 mètres, dans les Andes du Nord, la végétation se raréfie. On pénètre dans le paramo, toundra d'altitude, morne et froide, caractérisée par les grandes espeletias de la famille des astéracées dont les feuilles sont disposées en rosette autour de la tige et qui peuvent atteindre jusqu'à six mètres de haut. Beaucoup plus petites, les rouges vaccinium et les eryngium arrivent encore à pousser. Au-delà, le paramo cède la place aux neiges éternelles des sommets mais la démarcation décline jusqu'à 700 mètres tout au sud de la cordillère, là où les glaciers plongent vers l'Antarctique.
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+ Dans les Andes du Centre et du Sud (Pérou, Bolivie, nord du Chili et nord-ouest de l'Argentine), l'équivalent du paramo est la puna. Pas d'espeletias, mais quelques puyas apparentées à l'ananas dont les très hautes hampes florales atteignent neuf mètres et, partout, des touffes d'ichu, une herbe jaune qui pousse également sur l'Altiplano. Vaste plateau d'altitude, l'Altiplano s'étire à 4 000 mètres entre la cordillère Orientale et la cordillère Occidentale. Les Amérindiens y cultivent la pomme de terre, le blé et l'orge. Le maïs, lui, ne pousse plus à 3 500 mètres. Au bord du lac Titicaca, les Aymaras récoltent les totoras, sortes de roseaux avec lesquels ils construisent leurs villages flottants et leurs embarcations. Pour leur consommation de viande, les Amérindiens élèvent des cochons d'Inde, des moutons, des lamas et des alpagas.
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+ Parmi les animaux sauvages, on rencontre des troupeaux de vigognes et de guanacos (deux cousins du lama, désormais protégés), des rongeurs (chinchillas, viscaches), des lézards et de nombreux oiseaux : le condor, dont l'envergure dépasse trois mètres ; plusieurs variétés de flamants ; le nandou, qui ressemble à une petite autruche ; le coq de roche du Pérou ; la bernache des Andes ; le tinamou orné ; le pic coucou.
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+ En Bolivie et au Chili, dans la puna d'Atacama, l'Altiplano se couvre de déserts salés (comme la laguna Colorada) où fleurissent parfois, au raz du sol, des Hoffmannseggia, jolies fleurs rouges aux profondes racines. Parmi les autres paysages caractéristiques des Andes, remarquables sont les yungas (vallées chaudes de Bolivie et du Pérou), la pampa sèche du sud de l'Argentine (dominée par les polylepis, les cactus et les chardons) et la savane de Bogota (grand plateau verdoyant à 2 600 mètres couvert de prairies et de champs de fleurs). De la Colombie au Chili, quelques espèces se moquent de l'altitude et de la latitude : depuis le niveau de la mer jusqu'au paramo et à la puna, on rencontre ainsi de nombreux cactus et eucalyptus et aussi le cocotier du Chili, palmier monumental en voie de raréfaction. Importés d'Australie pour servir de poteaux dans les mines, ces arbres ont bien réussi leur acclimatation andine.
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+ Les hommes sont arrivés dans les Andes peu de temps après leur arrivée en Amérique du Sud. Les premières traces d'occupation datent de 12 000 ans. Néanmoins, l'occupation permanente de la région se situe plus probablement entre 9 500 et 9 000 ans.
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+ Le peuplement des hauts plateaux andins au-dessus de 2 500 m d'altitude a été un processus complexe qui a compris des adaptations culturelles, biologiques et génétiques. Une étude génétique a fait ressortir trois caractéristiques importantes : une répartition entre les populations de basse et de haute altitude qui s'est produite entre 9 200 et 8 200 ans AP ; un effondrement de la population après le contact avec les migrants européens qui est beaucoup plus accentué dans les plaines d'Amérique du Sud (environ 94 à 96 %) que dans les populations des hauts plateaux (environ 27 %) ; et des preuves d'une sélection positive aux loci génétiques liés à la digestion de l'amidon et à la résistance vraisemblable aux agents pathogènes après ce contact européen[17].
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+
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+ La région voit se succéder plusieurs grandes cultures archéologiques : la civilisation de Tiwanaku, culture pré-inca qui a dominé la moitié sud des Andes centrales entre le Ve siècle et le XIe siècle. La civilisation Huari qui prend naissance au VIe siècle de notre ère dans la région d'Ayacucho située dans les Andes du sud du Pérou actuel. La capitale du même nom est localisée près de la cité moderne d'Ayacucho au Pérou. L’expansion de cet antique royaume se fait d’abord en direction de la côte vers le très important centre religieux de Pachacamac, qui semble avoir gardé alors une forte autonomie. Plus tard, les Huari s’étendirent vers le nord sur les terres de l’ancienne culture Moche, où se développera par la suite la civilisation Chimú. À son apogée, la civilisation Huari s’étend sur toute la côte et les hauts plateaux du centre du Pérou. Enfin, la civilisation inca qui prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud.
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+ En 1735, les botanistes et explorateurs français Charles Marie de La Condamine et Pierre Bouguer, accompagnés des Espagnols Antonio de Ulloa et son ami Jorge Juan sont les premiers Européens à entamer une expédition pour explorer les montagnes de l'Équateur[18].
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+ Quelques exploits :
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+ La pratique du ski est possible dans la cordillère des Andes. Il existe 16 stations de ski en Argentine[19] et 18 au Chili[20]. Créée en 1961, la station de ski chilienne Portillo est la plus vieille station de ski d'Amérique du Sud. Par la présence de la lagune de l'Inca (Laguna del Inca en espagnol) au cœur des montagnes, Portillo fait partie des plus belles stations de ski du monde[21].
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+ Au pied de la cordillère des Andes, la province de Mendoza accueille la principale région viticole d'Argentine avec la présence de 1 221 propriétés viticoles, appelées bodegas, pour une production de près de dix millions d'hectolitres de vin par an. Les responsables du tourisme argentin ont mis en place des routes des vins dans le but à la fois d'améliorer les conditions d'accueil des touristes dans les caves à vin et de faire connaître la région par de nouveaux itinéraires routiers[22].
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+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
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+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
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+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
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55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
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57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
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59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
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67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
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+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
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5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
+
45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
+
49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Une exoplanète[4],[5], ou planète extrasolaire, est une planète située en dehors du Système solaire.
4
+
5
+ L'existence de planètes situées en dehors du Système solaire est évoquée dès le XVIe siècle, mais ce n'est qu'au cours du XIXe siècle que les exoplanètes deviennent l'objet de recherches scientifiques. Beaucoup d'astronomes supposent qu'elles peuvent exister, mais aucun moyen technique d'observation ne permet de prouver leur existence. La distance, mais aussi le manque de luminosité de ces objets célestes si petits par rapport aux étoiles autour desquelles ils orbitent, rendaient leur détection impossible. Ce n'est que dans les années 1990 que les premières exoplanètes sont détectées, de manière indirecte, puis, depuis 2004, de manière directe. La plupart des exoplanètes découvertes à ce jour orbitent autour d'étoiles situées à moins de 400 années-lumière du Système solaire. Au 1er juillet 2020, 4 281 exoplanètes ont été confirmées dans 3 163 systèmes planétaires, dont 701 systèmes planétaires multiples[6],[7]. Plusieurs milliers d'exoplanètes supplémentaires découvertes au moyen de télescopes terrestres ou d'observatoires spatiaux, dont Kepler, sont en attente de confirmation. En extrapolant à partir des découvertes déjà effectuées, il existerait au moins 100 milliards de planètes rien que dans notre galaxie.
6
+
7
+ Les méthodes de détection utilisées sont principalement la méthode des vitesses radiales, qui déduit la présence d'une planète à travers l'incidence de son attraction gravitationnelle sur la vitesse radiale de son étoile, et la méthode du transit, qui identifie une planète lorsque celle-ci passe devant son étoile en mesurant l'affaiblissement de l'intensité lumineuse de l'astre. Un biais découlant de ces méthodes a abouti à la détection d'une majorité de planètes aux caractéristiques très différentes de celles présentes dans le Système solaire, en particulier l'abondance de Jupiter chaud, planètes gazeuses très proches de leur étoile hôte. Ces nouveaux types de planète ont néanmoins entraîné une remise en cause radicale des modèles de formation des systèmes planétaires qui avaient été élaborés en se basant sur le seul Système solaire. Depuis que les méthodes de détection se sont améliorées, les études[8] visent également à mettre en évidence des planètes aux caractéristiques proches de celles de la Terre orbitant dans la zone habitable de leur étoile.
8
+
9
+ Le terme exoplanète a été enregistré dans Le Petit Robert dès 1998[9] comme calque français de l'anglais exoplanet[9] dont l'emploi, dès 1992, est attesté par Antoine Labeyrie[10] et Bernard F. Burke[11].
10
+
11
+ D'après Christina Nicolae et Valérie Delavigne[9], le premier organisme scientifique à l'avoir employé serait le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse du 21 avril 2004[12]. Antérieurement[9], il avait fait son apparition dans des revues de vulgarisation scientifique telles que Science et Vie — première occurrence en janvier 2000[13] — et la Recherche — première occurrence en décembre 2002[14] — ainsi que des publications de sociétés savantes telles que Ciel et Terre — première occurrence en décembre 2001[15] — de la Société royale belge d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et L'Astronomie — première occurrence en 2003[16] — de la Société astronomique de France.
12
+
13
+ En France, depuis fin décembre 2007, son usage est recommandé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication[5] et il est recensé sur la base de données terminologiques FranceTerme[4].
14
+
15
+ Communément, on appelle « planète extrasolaire » toute planète orbitant autour d'une autre étoile que le Soleil. La définition officielle d'une planète adoptée en août 2006 par l'Union astronomique internationale (UAI) ne concerne que les objets du Système solaire et ne s'applique pas aux exoplanètes[17],[18]. À l'heure actuelle, la seule définition de l'UAI qui concerne les exoplanètes est une définition de travail donnée en 2002 et modifiée en 2003[19].
16
+ Cette définition, plus générale et qui concerne toutes les planètes, y compris celles du Système solaire, contient les critères suivants[note 1] :
17
+
18
+ De façon cohérente, les « planètes » du Système solaire au sens de la définition précédente sont les huit objets définis comme « planètes » au sens de la résolution du 24 août 2006. Et de la même façon, une « planète extrasolaire » est alors définissable comme une planète — toujours au sens de la définition générale juste au-dessus et uniquement celui-ci — située hors du Système solaire.
19
+
20
+ Cet article suit la définition précédente. Par conséquent ne sont traitées que les planètes qui orbitent autour d'étoiles ou de naines brunes. Plusieurs détections d'objets de masse planétaire qui ne sont en orbite autour d'aucun autre corps ont aussi été annoncées[20]. Certains de ces objets ont peut-être appartenu à un système planétaire autour d'une étoile avant d'en être éjectés.
21
+
22
+ Cependant, la définition de travail de l'UAI n'est pas acceptée par tout le monde. Une définition alternative considère que les planètes devraient être distinguées des naines brunes sur la base de leur formation. Il est largement admis que les planètes géantes se forment par accrétion à partir d'un noyau et que ce procédé peut parfois produire des planètes de masse supérieure au seuil de fusion du deutérium[21],[22] ; des planètes massives de cette sorte ont peut-être déjà été observées[23]. Ce point de vue admet également la possibilité des sous-naines brunes, qui ont des masses planétaires mais se forment à la manière des étoiles par effondrement direct d'un nuage de gaz.
23
+
24
+ De plus, la séparation à 13 masses joviennes n'a aucune signification physique précise. La fusion du deutérium peut se produire dans des objets de masse inférieure à cette limite. La quantité de deutérium fusionné dépend également de la composition de l'objet[24]. L'Encyclopédie des planètes extrasolaires incluait en 2011 les objets jusqu'à 25 fois la masse de Jupiter, considérant que « le fait qu'il n'y ait aucune particularité (special feature) autour de 13 MJup dans le spectre de masse observé renforce le choix d'oublier cette limite de masse »[25], puis tous les objets jusqu'à 60 fois la masse de Jupiter depuis 201X. L'Exoplanet Data Explorer inclut les objets allant jusqu'à 24 masses joviennes en précisant que « La distinction à 13 masses de Jupiter du Groupe de travail de l'UAI n'est pas physiquement motivée pour des planètes avec un cœur rocheux et observationnellement problématique à cause de l'ambiguïté du sin(i)[26]. »
25
+
26
+ Le nommage normalisé des exoplanètes est une extension de celui utilisé par le Washington Multiplicity Catalog (WMC) pour les systèmes d'étoiles multiples[27], norme qui a été adoptée par l'UAI[27].
27
+
28
+ Selon cette norme, le membre le plus brillant d'un système reçoit la lettre « A ».
29
+ Les composants distincts qui ne sont pas compris dans « A » sont nommés « B », « C », etc. Les sous-composants sont désignés par un ou plusieurs suffixes ajoutés à celui du sous-système, en commençant par des lettres minuscules pour le deuxième niveau hiérarchique puis des nombres pour le troisième[28]. Suivant une extension de la norme précédente, le nom d'une exoplanète est normalement formé en ajoutant une lettre minuscule au nom de l'étoile hôte de ladite planète. La première planète découverte se voit attribuer la désignation « b » (la lettre « a » étant réservée à l'étoile) puis les planètes suivantes sont nommées avec les lettres suivantes dans l'ordre alphabétique. Si plusieurs planètes du même système sont découvertes en même temps, la plus proche de l'étoile reçoit la première lettre suivante, et ainsi de suite en s'éloignant de l'étoile.
30
+
31
+ Si une planète orbite un membre d'un système binaire, la lettre capitale de l'étoile est alors suivie par une minuscule pour la planète. Plusieurs exemples sont aujourd'hui connus, tels 16 Cygni Bb[29] et HD 178911 Bb[30]. Les planètes en orbite autour de l'étoile primaire (étoile « A ») devraient avoir un « Ab » à la suite du nom du système, comme pour HD 41004 Ab[31]. Cependant, le « A » est parfois omis, en particulier lorsque la seconde étoile a été découverte après la (ou les) planète(s) ; par exemple la première planète découverte autour de l'étoile principale du système binaire Tau Bootis est habituellement appelée simplement Tau Bootis b[32].
32
+
33
+ Si l'étoile hôte est une étoile simple, on peut toujours considérer qu'elle possède un « A » dans sa désignation, bien qu'il ne soit habituellement pas écrit. La première exoplanète trouvée autour d'une telle étoile est alors considérée comme étant un sous-composant secondaire dudit système recevant la désignation « Ab ». Par exemple, 51 Peg Aa est l'étoile hôte du système 51 Peg et la première exoplanète est alors 51 Peg Ab. La plupart des exoplanètes se trouvant dans des systèmes unistellaires, la désignation implicite « A » est généralement absente, ne laissant simplement que la minuscule à la suite du nom du système : 51 Peg b. Le « a » pour l'étoile est également le plus souvent omis, nommant par un petit abus l'étoile du nom du système, ici par exemple 51 Peg.
34
+
35
+ Quelques exoplanètes se sont vu attribuer des noms qui ne se conforment pas à la norme précédente. Par exemple, les planètes qui orbitent le pulsar PSR 1257+12 furent à l'origine nommées avec des capitales, en commençant à A (laissant l'étoile sans suffixe), plutôt qu'avec des minuscules. Par ailleurs, le nom du système lui-même peut suivre plusieurs systèmes de nommage différents. Dans les faits, un certain nombre d'étoiles parmi lesquelles Kepler-11 n'ont reçu leur nom que grâce à leur inclusion dans un programme de recherche de planètes, n'étant jusque-là référencées que par leurs coordonnées célestes.
36
+
37
+ Cependant Hessman et al. fit la remarque que le système implicite utilisé pour les noms d'exoplanètes tombait totalement en échec avec la découverte de planètes circumbinaires[27]. Ils notent que les découvreurs des deux planètes autour de HW Virginis ont essayé de contourner le problème de nommage en les appelant « HW Vir 3 » et « HW Vir 4 », c'est-à-dire comme étant les troisième et quatrième objets – stellaires ou planétaires – découverts dans le système. Ils notent également que les découvreurs des deux planètes autour de NN Serpentis ont été confrontés à de multiples suggestions émanant de diverses sources officielles et choisirent finalement d'utiliser les désignations « NN Ser c » et « NN Ser d ». Hessman et al. ont alors proposé deux règles afin de remédier à ce problème. Ils notent que, en suivant ces deux règles, 99 % des noms actuels de planètes autour d'étoiles simples sont conservés comme des formes informelles de la forme provisoire sanctionnée par l'UAI. Ils renommeraient simplement Tau Bootis b officiellement en Tau Bootis Ab, en conservant la forme précédente pour un usage informel. Pour faire face aux difficultés liées aux planètes circumbinaire, la proposition contient deux règles supplémentaires, où l'utilisation de parenthèses autour du nom du couple d'étoiles centrales est à privilégier dans le cas de planètes dans cette situation. Ils indiquent que cela ne nécessite le changement de nom complet que de deux systèmes exoplanétaires : les planètes autour HW Virginis serait rebaptisé HW Vir (AB) b et (AB) c tandis que ceux autour NN Serpentis serait rebaptisé NN Ser (AB) b et (AB) c. En outre, les seules planètes circumbinaires connues antérieurement autour de PSR B1620-26 et DP Leonis peuvent presque conservent leurs noms (PSR B1620-26 b et DP Leonis b) comme des formes officieuses informelles de la forme « (AB) b » où la désignation « (AB) » est laissée de côté.
38
+
39
+ À la suite de la récente découverte de PH1b, de nouvelles difficultés sont apparues. En effet, cette planète tourne autour d'un système binaire faisant lui-même partie d'un système double double (système binaire de systèmes binaires) nommé KIC 4862625. Les auteurs de l'article annonçant sa découverte ont évité ce problème en la nommant de façon provisoire « PH1 » (Planet Hunters 1), du nom du programme l'ayant découverte. En effet, PH1 tourne autour de la paire KIC 4862625 A (aussi notée KIC 4862625 Aa+Ab ou encore KIC 4862625 Aab, normalement A(ab) de façon plus correcte, pour bien indiquer les deux composantes), composée des étoiles individuelles KIC 4862625 Aa et KIC 4862625 Ab, et l'autre paire est nommée KIC 4862625 B (aussi KIC 4862625 Ba+Bb ou KIC 4862625 Bab) et composée de KIC 4862625 Ba et KIC 4862625 Bb. La logique exposée ci-dessus plaide en la faveur d'un nommage de la forme KIC 4862625 A(ab)1 ou KIC 4862625 (Aa+Ab)1, les nombres en chiffres arabes étant l'étape suivante après les lettres minuscules. Cependant cela rompt avec le nom habituel des exoplanètes avec une lettre minuscule en plaçant la planète au même niveau que d'éventuels satellites d'autres planètes ne tournant autour que d'une seule étoile ou d'un système multiple « simple ». Quoi qu'il en soit, on peut remarquer que l'équipe de l'Encyclopédie des planètes extrasolaires l'a déjà nommée de façon systématique KIC 4862625 b[33], nom on ne peut plus ambigu (autour de quelle(s) composante(s) la planète tourne-t-elle exactement ?) mais évitant le problème sus-mentionné. L'UAI ayant le dernier mot, ce sera à elle de prendre la décision finale attribuant le nom officiel à la planète.
40
+
41
+ Une autre nomenclature, souvent vue dans les œuvres de science-fiction, utilise les chiffres romains dans l'ordre des positions des planètes de l'étoile. Cela a été inspiré par un ancien système pour nommer les lunes des planètes extérieures, telles que « Jupiter IV » pour Callisto. Mais un tel système n'est pas pratique pour un usage scientifique, puisque de nouvelles planètes peuvent être trouvées plus près de l'étoile, changeant alors tous les chiffres. Cependant, ces chiffres romains semblent être la forme qui sera utilisée pour désigner les satellites de planètes extrasolaires, mais en conservant l'ordre de la numérotation suivant l'ordre de découverte comme pour les planètes ou les lunes de notre propre Système solaire.
42
+
43
+ Enfin, plusieurs planètes ont reçu de façon non officielle de « vrais » noms à la façon de ce qui se fait dans notre Système solaire : on peut notamment citer Osiris (HD 209458 b), Bellérophon (51 Pegasi b), Zarmina (Gliese 581 g) et Mathusalem (PSR B1620-26 b). Vladimir Lyra, de l'Institut Max-Planck d'astronomie, a proposé des noms provenant pour la plupart de la mythologie gréco-romaine pour les 403 candidates planètes extrasolaires connues en octobre 2009[34]. Cependant l'Union astronomique internationale (UAI) avait annoncé qu'elle n'avait aucun projet d'assigner des noms de ce genre aux planètes extrasolaires, considérant que ce n'est pas pratique[35].
44
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45
+ L'Union astronomique internationale, seul arbitre dans le processus de nomenclature par sa commission 53[36], ne reconnaît pas les noms donnés aux planètes extrasolaires via des sites marchands[37]. Elle annonce cependant le 19 août 2013 sa décision de donner des noms populaires aux exoplanètes, en invitant le public à lui suggérer des noms[38]. En 2015, un vote dédié aux associations astronomiques, puis un vote grand public est mis en place par l'Union astronomique internationale afin de nommer les exoplanètes via le concours NameExoWorlds.
46
+
47
+ Les planètes de notre Système solaire, comme toute planète, peuvent parfaitement se voir appliquer les règles précédentes. Pour le détail, voir cette section.
48
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49
+ La question « Sommes-nous seuls dans l'Univers ? » est ancienne (ainsi, Fontenelle y a consacré ses Entretiens sur la pluralité des mondes). Elle entraîne la question de savoir s'il existe ou non d'autres planètes sur lesquelles pourraient se développer d'autres formes de vie. Au XVIe siècle, Giordano Bruno, partisan de la théorie de Nicolas Copernic selon laquelle la Terre et les autres planètes seraient en orbite autour du Soleil, a mis en avant une théorie selon laquelle les étoiles sont telles le Soleil et ainsi accompagnées de planètes[39]. Au XVIIIe siècle, Isaac Newton fait de même dans le General Scholium (en), la conclusion de ses Principia : « Et si les étoiles fixes sont les centres de systèmes semblables, ils seront alors tous construits selon le même concept et sujets à la domination de l'Un. » (« And if the fixed stars are the centers of similar systems, they will all be constructed according to a similar design and subject to the dominion of One. »)[40]
50
+
51
+ Christiaan Huygens est le premier astronome à envisager l'utilisation des instruments d'observation afin de détecter de telles planètes[réf. nécessaire].
52
+
53
+ Michel Mayor souligne que « pendant la première partie du XXe siècle, une théorie disait que, pour obtenir les disques de gaz et de poussières à partir desquels les planètes pouvaient se former, il fallait qu’une étoile soit passée à proximité d’une autre. Or, la probabilité que se produise un tel phénomène est quasiment nulle. Cela a mis les astronomes sur une fausse piste pendant longtemps : ils n’attendaient pas d’autres systèmes planétaires dans la Voie lactée[41] ». Au milieu du XXe siècle, cette théorie est abandonnée et le nombre estimé de systèmes planétaires s'élève à 100 milliards, valeur toujours retenue actuellement[41]. La recherche d'exoplanètes est cependant mal perçue au sein de la communauté scientifique en raison de nombreuses découvertes contestées ou annulées. Ainsi, dans les années 1980, seuls quatre groupes de deux astronomes recherchent des exoplanètes : deux au Canada, deux en Californie, deux au Texas, ainsi que les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz[41].
54
+
55
+ À la fin du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques des télescopes, tels que les détecteurs à couplage de charge (CCD), le traitement d'image, ainsi que le télescope spatial Hubble, qui permettent des mesures plus précises du mouvement des étoiles, beaucoup d'astronomes espérent détecter des planètes extrasolaires. Dans les années 1980 et au début des années 1990, quelques annonces sont faites, mais démenties après vérification. Il faut attendre l'année 1995 pour que la découverte de la première exoplanète soit confirmée.
56
+
57
+ Des découvertes d'exoplanètes sont revendiquées dès le XIXe siècle. Plusieurs annonces parmi les plus anciennes impliquent l'étoile binaire 70 Ophiuchi. En 1855, le capitaine W. S. Jacob, à l'observatoire de Madras de la British East India Company, relève des anomalies qui rendent la présence d'un « corps planétaire » dans ce système « hautement probable »[42]. Dans les années 1890, Thomas J. J. See, de l'université de Chicago et de l'Observatoire naval des États-Unis, énonce que les anomalies prouvent l'existence d'un corps sombre dans le système de 70 Ophiuchi, avec une période orbitale de 36 ans autour de l'une des étoiles[43]. Néanmoins, Forest Ray Moulton publie en 1899 un article prouvant qu'un système à trois corps avec de tels paramètres orbitaux serait hautement instable[44].
58
+
59
+ Durant les années 1950 et 1960, Peter van de Kamp du Swarthmore College fait une autre série de revendications de détection remarquée, cette fois pour des planètes en orbite autour de l'étoile de Barnard[45].
60
+
61
+ De nos jours, les astronomes considèrent généralement tous les anciens rapports de détection comme erronés[46].
62
+
63
+ En 1991, Andrew G. Lyne, M. Bailes et S.L. Shemar revendiquent la découverte d'une planète de pulsar en orbite autour de PSR B1829-10, en utilisant la mesure des infimes variations de la périodicité des pulsars, qui permettent de calculer les principaux paramètres orbitaux des corps responsables de ces perturbations (chronométrie de pulsar (en))[47]. L'annonce fait brièvement l'objet d'une attention intense, mais Lyne et son équipe la rétractent ensuite[48].
64
+
65
+ Le premier objet de masse planétaire confirmé est annoncé dans la revue Nature le 4 mai 1989 par David W. Latham, Robert P. Stefanik, Tsevi Mazeh, Michel Mayor et Gilbert Burki, orbitant autour de l'étoile de type solaire nommée HD 114762[49],[7] : il s'agit de HD 114762 b, un objet d'une masse minimale de onze fois la masse de Jupiter qui peut donc, selon l'inclinaison de son orbite et la définition adoptée, être une planète ou une naine brune.
66
+
67
+ En septembre 1990, Aleksander Wolszczan et Dale Frail (du radiotélescope d'Arecibo) découvrent plusieurs planètes autour du pulsar PSR B1257+12, qu'ils annoncent le 9 janvier 1992[50].
68
+
69
+ Le 6 octobre 1995 Michel Mayor et Didier Queloz (de l'observatoire de Genève) annoncent la découverte du premier objet dont la masse en fait sans nul doute une planète en orbite autour d'une étoile de type solaire : le Jupiter chaud nommé 51 Pegasi b, en orbite autour de l'étoile 51 Pegasi[51]. Cette découverte est faite grâce à des observations qu'ils ont réalisées à l'observatoire de Haute-Provence par la méthode des vitesses radiales. Ce système, situé dans la constellation de Pégase, se trouve à environ 40 années-lumière de la Terre[52]. Le 8 octobre 2019, l'annonce du prix Nobel de physique pour Michel Mayor et Didier Queloz (conjointement avec James Peebles) couronne le travail de ces chercheurs[53].
70
+
71
+ Exactement vingt ans après l'annonce de la première découverte, en octobre 2015, près de 2000 planètes ont été détectées et plus de 3000 candidats supplémentaires sont en attente de confirmation. Plus de la moitié ont été découvertes à l'université de Genève par des équipes internationales[réf. nécessaire].
72
+
73
+ Les chercheurs ont également découvert des systèmes multiples. Le premier système où plusieurs planètes ont été détectées est Upsilon Andromedae, dans la constellation d'Andromède, précédant 55 Cancri[54].
74
+
75
+ Au départ, la majorité des planètes détectées sont des géantes gazeuses ayant une orbite très excentrique, dont certaines se sont finalement révélées être des naines brunes. Le fait de découvrir essentiellement des géantes gazeuses proches de leur étoile est généralement interprété comme un biais de l'observation : il est beaucoup plus simple de découvrir une planète massive tournant rapidement autour de son étoile par la méthode de la vitesse radiale qui détecte la planète en interpolant sa présence par les fluctuations de la trajectoire de l'étoile.
76
+
77
+ Au premier semestre 2005, une polémique a agité le monde astronomique. Des équipes de la NASA et de l'ESO ont annoncé des découvertes grâce au VLT et au télescope spatial Spitzer. Finalement, il semble que l'Europe a bien obtenu les premières images directes de planètes extrasolaires. En l'occurrence, elles orbitent autour de la naine brune GPCC-2M1207 et de l’étoile GQ Lupi. Cela dit, le compagnon de GQ Lupi est probablement une naine brune.
78
+
79
+ En novembre 2009, le « mystère du lithium » est résolu grâce aux données compilées sur les exoplanètes et leurs étoiles[55]. Selon Garik Israelian, « Nous venons de découvrir que la quantité de lithium dans les étoiles semblables au Soleil dépend de la présence, ou non, de planètes. » Les étoiles à planètes contiennent moins de 1 % de la quantité de lithium des autres étoiles.
80
+
81
+ Par la suite, l'emballement médiatique concernant de prétendues découvertes d'exoplanètes habitables fait l'objet de critiques[56].
82
+
83
+ À la fin des années 2010, plus de 4 000 exoplanètes ont été découvertes et environ 3 000 astronomes en recherchent, contre huit au début des années 1990[41]. En 2019, on découvre en moyenne une exoplanète par jour[57].
84
+
85
+ Détecter une exoplanète de manière directe n'est pas une chose facile, pour plusieurs raisons :
86
+
87
+ Ainsi, jusqu'à la première photographie optique par imagerie infrarouge de l'exoplanète 2M1207 b en 2004 et la première découverte par coronographie publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science, les seules méthodes de détection qui fonctionnaient sont appelées « indirectes », car elles ne détectent pas directement les photons venant de la planète.
88
+
89
+ Il existe désormais différentes méthodes actuelles et futures pour détecter une exoplanète, la plupart depuis les observatoires au sol.
90
+
91
+ Cette méthode repose sur les interférences destructives de la lumière de l'étoile. En effet, la lumière de l'étoile étant cohérente dans les deux bras de l'interféromètre, il est possible d'annuler l'étoile dans le plan image permettant ainsi de détecter un éventuel compagnon. Cette méthode a permis de détecter et confirmer quelques exoplanètes. Cependant, la stabilité des interféromètres disponibles actuellement ne permet pas d'atteindre des contrastes suffisamment importants pour détecter des planètes de type Terre.
92
+
93
+ Cette méthode est basée sur l'étude du spectre lumineux de l'étoile. Les mouvements d'un astre sont influencés par la présence d'une planète orbitant autour de lui, ce qui provoque un décalage périodique de sa position. Cela permet de déterminer grâce à l'effet Doppler-Fizeau la vitesse radiale du spectre lumineux. De manière identique aux binaires spectroscopiques, ceci nous apporte des informations concernant la position de l'orbite de la planète ainsi que sur sa masse.
94
+
95
+ Cette méthode de détection est plus performante pour des vitesses radiales élevées : autrement dit, pour des planètes évoluant très près de leur étoile, et qui sont très massives. Ceci explique que de nombreuses exoplanètes découvertes jusqu'à aujourd'hui ont une orbite très proche de leur étoile.
96
+
97
+ Cette méthode de détection indirecte est basée sur l'étude de la luminosité de l'étoile. En effet, si celle-ci varie périodiquement cela peut provenir du fait qu'une planète passe devant.
98
+
99
+ Cette méthode a été proposée pour la première fois en 1951 par Otto Struve de l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago. Elle a été proposée à nouveau à deux reprises : en 1971 par Frank Rosenblatt de l'université Cornell, puis en 1980 par William Borucki du centre de recherche Ames de la NASA, en Californie. La méthode par transit consiste à détecter l’exo-planète lorsqu’elle passe devant son étoile. Elle bloque alors une petite quantité de lumière provenant de l’étoile. En mesurant le flux lumineux continument et en détectant la périodicité de cette diminution, on peut détecter indirectement la présence d’une planète tournant autour de son étoile. On peut ainsi en déduire la taille de la planète et par la suite émettre des hypothèses sur sa masse, sa composition rocheuse ou gazeuse et sur son atmosphère.
100
+
101
+ Bien que la variation de luminosité d'une étoile soit plus facilement repérable que la variation de sa vitesse radiale, cette méthode se révèle peu efficace en termes de quantité de planètes détectées par rapport à la somme des étoiles observées. En effet, on ne peut l'utiliser que dans le cas où nous observons le système stellaire quasiment par la tranche. On peut montrer que pour des orientations aléatoires de l'orbite, la probabilité géométrique de détection par cette méthode est inversement proportionnelle à la distance entre l'étoile et la planète. On estime à 5 % des étoiles avec une exoplanète la quantité détectable avec cette méthode.
102
+
103
+ Cependant, elle a l'avantage de ne nécessiter l'usage que de télescopes de dimensions raisonnables.
104
+
105
+ Dans notre propre Système solaire, on peut aussi observer des transits de planètes : les transits de Vénus et de Mercure ne peuvent cependant être observés tout au plus que quelques fois par siècle.
106
+
107
+ C'est par cette méthode que la plupart des planètes extrasolaires ont été détectées.
108
+
109
+ Le principe repose sur le transit secondaire, c’est-à-dire quand la planète passe derrière l'étoile. Dans ce cas on peut détecter les photons provenant de l'hémisphère éclairé de la planète, ce qui fait de cette méthode une méthode en semi-directe. En résumé, on étudie le signal lumineux provenant d'une planète éclipsée par son étoile et l'on retire ensuite le signal lumineux émis par l'étoile (que l'on a mesuré auparavant), on obtient alors la signature de la planète.
110
+
111
+ La première détection du transit secondaire a été faite avec le télescope spatial Hubble en 2003 sur l'étoile HD 209458 (voir ce lien pour plus de détails (en anglais)).
112
+
113
+ Récemment, des équipes d'astronomes ont réussi à détecter deux exoplanètes de manière directe, par l'utilisation du satellite Spitzer. Celles-ci, qui étaient déjà connues, ont été repérées grâce à la lumière infrarouge qu'elles émettaient.
114
+
115
+ Cela ouvre de nouvelles opportunités dans le domaine de l'observation. En effet, les chercheurs vont désormais pouvoir essayer de comparer certaines caractéristiques essentielles des exoplanètes repérées jusque là, telles que la couleur, la réflectivité et la température. Ceci permettra de mieux comprendre la manière dont celles-ci viennent à se former.
116
+
117
+ Elle repose sur la détection des perturbations angulaires de la trajectoire d'une étoile. Plus la masse de la planète, et la distance qui sépare l'étoile de la planète sont grandes, plus le système est proche de nous et donc visible.
118
+
119
+ Cette méthode, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, n'avait pas encore été utilisée en raison des infimes variations qu'elle devait repérer. Mais ce sera bientôt chose possible avec notamment la mise en place du mode double champ du Very Large Telescope Interferometer (VLTI) appelé PRIMA.
120
+
121
+ Cette méthode s'appuie sur la courbure de la lumière émise par une étoile distante ou un quasar, lorsqu'un objet massif s'aligne « suffisamment » avec cette source, phénomène appelé « lentille gravitationnelle ». La distorsion de la lumière est due au champ gravitationnel de l'objet lentille, une des conséquences de la relativité générale, comme l'a décrit Albert Einstein en 1915. Il en découle un effet de lentille, formation de deux images déformées de l'étoile distante, voire davantage.
122
+
123
+ Dans le cas de la recherche d'exoplanètes, la planète cible, en orbite autour de l'étoile lentille, fournit une information supplémentaire, permettant de déterminer sa masse et sa distance de l'étoile. On parle de microlentille car la planète n'émet pas ou très peu de lumière.
124
+
125
+ Cette technique permet d'observer des astres de masse même relativement faible, puisque les observations ne s'appuient pas sur la radiation reçue.
126
+
127
+ L'utilisation combinée de systèmes de correction en temps réel (optique adaptative) et de la coronographie permet maintenant d'observer directement la lumière parvenant de la planète.
128
+
129
+ La coronographie est une technique utilisée pour atténuer la lumière d'une étoile, ce qui permet ensuite d'observer des objets moins brillants gravitant autour. Utilisée en complément d'une optique adaptative, elle permet de découvrir des planètes qui orbitent autour d'étoiles pourtant des millions de fois plus lumineuses.
130
+
131
+ D'énormes efforts sont consacrés actuellement à l'amélioration de ces techniques d'optique adaptative, de coronographie stellaire, et de traitement d'image, afin de développer une imagerie astronomique à très haut contraste capable de détecter des exoplanètes de la taille de la Terre. En outre, cette technique permet d'analyser des photons parvenant directement de la planète, ce qui pourra donner des informations importantes sur les conditions atmosphériques et surfaciques de ces planètes.
132
+
133
+ La première photographie optique d'une exoplanète (2M1207 b) a lieu en 2004 à l'aide du VLT[58]. Cependant, elle orbite autour d'une étoile peu brillante (une naine brune), 2M1207 et est détectée non pas par coronographie, mais par imagerie infrarouge. La première découverte par coronographie est publiée le 13 novembre 2008 dans la revue Science. Prise par le télescope spatial Hubble et traitée par l'équipe de l'astronome Paul Kalas, la planète a une masse probablement proche de celle de Jupiter. Baptisée Fomalhaut b, elle est en orbite autour de l'étoile Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus) à environ 25 années-lumière. Fomalhaut b est distante d'environ dix fois la distance séparant Saturne du Soleil[59]. Cette découverte est annoncée en même temps et dans la même revue que celle de l'équipe de l'astronome canadien Christian Marois concernant la première observation directe, à 129 années lumière, d'un système stellaire entier composé de trois planètes géantes photographiées dans l'infrarouge autour de l'étoile HR 8799[60].
134
+
135
+ Les différents types de planètes sont soit avérés ou bien demeurent pour le moment hypothétiques. Il y a plusieurs classifications. D'abord, une classification structurelle range les planètes dans des catégories par rapport à leur composition, telles planète tellurique ou planète gazeuse, ou par rapport à leur masse, telles sous-Terre ou super-Jupiter. D'un autre côté, une autre classification range les planètes selon leur température : Jupiter chaud, Jupiter froid, etc. Une troisième classification est faite par rapport à la position, par exemple : planète Boucles d'or, objet libre de masse planétaire. Il existe aussi des catégories transverses, par exemple planète à période de révolution ultra-courte.
136
+
137
+ Dès l'an 2000, des classifications taxinomiques sont aussi suggérées. En 2000, la classification de Sudarsky établit cinq classes de planètes et ne concerne que les géantes gazeuses, sur la base de modèles numériques reposant sur les types d'atmosphères les plus probables pour ce genre de corps. En 2012, la taxonomie de Plávalová donne une description symbolique des principales caractéristiques d'une planète afin de pouvoir effectuer une comparaison rapide entre les diverses propriétés de ces objets.
138
+
139
+ La Voie lactée posséderait à elle seule plus de 100 milliards de planètes voire plus de 200[61]. Par ailleurs, même si aucun n'a encore été formellement identifié, nombre d'entre elles possèdent certainement des satellites.
140
+
141
+ Selon une étude publiée en novembre 2013 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, le nombre de planètes semblables à la Terre présentes dans notre galaxie est estimé à environ 8,8 milliards[62],[63].
142
+
143
+ Le 26 février 2014 la NASA annonce la confirmation de 715 nouvelles exoplanètes détectées grâce au télescope spatial Kepler. Ce faisant, le nombre d'exoplanètes confirmées passe la barre des 1 700.
144
+
145
+ Au printemps 2015, on recense 1 120 étoiles avec planètes, 463 systèmes multiples, 450 géantes gazeuses, 1 061 Jupiters chauds, 206 super-Terres et 92 planètes telluriques de la taille de la Terre.
146
+
147
+ Au 23 février 2019 on recense 3 989 exoplanètes dans 2 983 systèmes planétaires dont 654 multiples[1].
148
+
149
+ Sur les autres projets Wikimedia :
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Les leucocytes (du grec leukos : blanc et kutos : cellule) ou globules blancs sont des cellules produites dans la moelle osseuse et présentes dans le sang, la lymphe, les organes lymphoïdes (ganglions, rate, amygdale et végétations adénoïdes et plaques de Peyer) et de nombreux tissus conjonctifs de l'organisme. Il en existe plusieurs types, les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. Chaque type joue un rôle important au sein du système immunitaire en participant à la protection contre les agressions d'organismes extérieurs de manière coordonnée. De nombreuses pathologies peuvent atteindre ces cellules, par anomalie de production ou de fonctionnement.
2
+
3
+ Les leucocytes constituent les éléments cellulaires sanguins les moins nombreux, après les érythrocytes et les plaquettes. Ils sont caractérisés par une taille en général plus grande, et par la présence d'un noyau. Leur durée de vie dans le sang est de quelques jours en moyenne.
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+
5
+ D'un point de vue structurel, il existe trois grandes classes de leucocytes : les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. La classe des granulocytes regroupe elle-même plusieurs sous-types selon leur coloration : les granulocytes neutrophiles, les granulocytes éosinophiles et les granulocytes basophiles.
6
+
7
+ En plus de la classification morphologique, la classe des lymphocytes comporte plusieurs types de cellules regroupés selon l'existence de certaines protéines, les clusters de différenciation (CD) au niveau de leur membrane cellulaire : les lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK. Ainsi, les lymphocytes B sont caractérisés par la présence des protéines CD19, les lymphocytes T par CD3, et les lymphocytes NK par CD56 (plus ou moins CD16)[2]. La population lymphocytaire sanguine humaine comprend 8 à 12 % de lymphocytes B, 70 à 80 % de lymphocytes T et 5 à 15 % de lymphocytes NK. Les lymphocytes T sont eux-mêmes principalement divisés en deux groupes, les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques, caractérisés respectivement par la présence de CD4 et CD8[1].
8
+
9
+ Les leucocytes constituent un maillon important dans la protection contre les infections. En effet, en agissant de manière séquentielle, ils permettent l'élimination de nombreux agents étrangers parmi les virus, les bactéries, les champignons et les parasites. Il existe deux grandes catégories de cellules d'un point de vue fonctionnel, les leucocytes de l'immunité innée et les leucocytes de l'immunité adaptative, selon la spécificité de la reconnaissance du non-soi[3].
10
+
11
+ L'immunité innée désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière non spécifique. Cela signifie que des molécules étrangères sont reconnues selon des formes communes, non présentes en temps normal dans l'organisme. C'est la première réponse de l'organisme à une infection, ou réponse inflammatoire. Elle permet en principe l'éradication quasi totale d'un germe lors d'un premier contact[4].
12
+
13
+ L'ensemble des granulocytes, les monocytes et les lymphocytes NK peuvent y jouer un rôle. Les granulocytes neutrophiles sont des cellules phagocytaires qui jouent un rôle important dans la défense antimicrobienne et l'inflammation au cours des infections bactériennes. Les granulocytes éosinophiles ont un rôle important dans la défense antiparasitaire. Les granulocytes basophiles ont un rôle cytotoxique et inflammatoire. Les monocytes se transforment en macrophages lorsqu'ils atteignent les tissus, ce sont essentiellement des cellules phagocytaires. Les lymphocytes NK reconnaissent les cellules tumorales ou infectées[3].
14
+
15
+ L'immunité adaptative désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière ciblée. Cela signifie que des molécules étrangères spécifiques d'un unique germe sont reconnues de manière précise. Cette réponse se met en place dans un deuxième temps, à la suite de l'activation de l'immunité innée qu'elle complète. Elle aboutit surtout à la mise en place d'une mémoire immunitaire, ce qui permet une réponse secondaire plus efficace en cas de nouveau contact avec le même pathogène[4].
16
+
17
+ Les cellules qui peuvent y participer sont l'ensemble des leucocytes, mais plus particulièrement les lymphocytes T et les lymphocytes B. Les lymphocytes T auxiliaires peuvent activer les cellules de l'immunité innée ou les autres cellules de l'immunité adaptative. Les lymphocytes T cytotoxiques interviennent essentiellement dans les infections à germes intracellulaires, notamment les virus. Les lymphocytes B se transforment en plasmocytes et sécrètent des anticorps qui peuvent agir contre plusieurs types de germes, notamment les bactéries extracellulaires. Enfin, les lymphocytes T régulateurs interviennent pour limiter les dommages tissulaires causés par la réaction inflammatoire[5].
18
+
19
+ Les leucocytes sont riches en vitamine C, ils en contiennent 80 fois plus que le plasma sanguin[6],[7],[8].
20
+
21
+ Les leucocytes sont fabriqués dans la moelle osseuse à partir des cellules souches hématopoïètiques dont il existe deux lignées, myéloïde et lymphoïde. La lignée myéloïde est à l'origine des granulocytes et des monocytes ; elle assure également la synthèse des autres cellules du sang qui ne sont pas des leucocytes : les érythrocytes et les plaquettes. La lignée lymphoïde est à l'origine des lymphocytes ; parmi ceux-ci, seuls les lymphocytes T quittent la moelle avant maturité pour se rendre au niveau du thymus afin d'y terminer leur développement.
22
+
23
+ Les cellules matures des deux lignées circulent ensuite dans le sang et se rendent secondairement dans les tissus de l'organisme. Les monocytes et les lymphocytes circulent aussi dans la lymphe et participent à la formation des organes lymphatiques : ganglions, rate, thymus, amygdales, organes lymphatiques du tube digestif (plaques de Peyer) et ganglions lymphatiques.
24
+
25
+ Les leucocytes passent la majeure partie de leur temps hors du système circulatoire, et patrouillent dans les tissus où se déroulent la plupart des luttes contre les agents pathogènes.
26
+
27
+ Toutes les cellules sont éliminées au niveau de la rate où elles sont détruites. Le pus est constitué des débris cellulaire des granulocytes neutrophiles après leur mort au niveau de leur site d'action.
28
+
29
+ L'exploration médicale de l'ensemble de la lignée blanche est effectuée principalement avec deux examens complémentaires : l'hémogramme et le myélogramme.
30
+
31
+ Les adultes en bonne santé possèdent, normalement, entre 4 milliards et 10 milliards de globules blancs par litre de sang (soit 4 à 10 G/L).
32
+
33
+ Le nombre de leucocytes circulant augmente en cas d'infection ou de réaction inflammatoire : on parle alors d'hyperleucocytose. En cas de leucémie, les globules blancs sont produits de manière excessive et peuvent, au maximum, provoquer un syndrome de leucostase.
34
+
35
+ Les granulocytes éosinophiles peuvent augmenter en cas d'allergie, d'hémopathie (lymphome) ou de maladie auto-immune
36
+
37
+ Un déficit en nombre de globules blancs dans le sang est appelé leucopénie.
38
+
39
+ Le myélogramme permet d'étudier la production des leucocytes. Cet examen est indiqué dans certains cas de cytopénies.
40
+
41
+ Les granulocytes basophiles jouent un rôle majeur dans l'allergie en libérant de l’histamine.
42
+
43
+ Les lymphocytes B fabriquent des anticorps qui peuvent être dirigés contre un antigène du « soi » et ils sont alors à l'origine d'une maladie auto-immune (exemple : facteur antinucléaire et lupus).
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+
45
+ Les lymphocytes T auxiliaires deviennent déficients dans le cas d'une infection par le VIH.
46
+
47
+ Certaines hémopathies malignes affectent spécifiquement les leucocytes : leucémie aiguës et chroniques, lymphome, myélome, dysgammaglobulinémies malignes (maladie de Waldenström).
48
+
49
+ Il existe aussi des maladies génétiques : neutropénie congénitales sévères, syndrome de Shwachman, neutropénie cyclique, granulomatoses septiques...
50
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51
+ « kocytes, such as neutrophils and monocytes, actively accumulate vitamin C against a concentration gradient, resulting in values that are 50- to 100-fold higher than plasma concentrations. These cells accumulate maximal vitamin C concentrations at dietary intakes of ~100 mg/day »
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
5
+ L’érythrocyte (du grec erythros : rouge et kutos : cellule), aussi appelée hématie, ou plus communément globule rouge, fait partie des éléments figurés du sang. Chez les mammifères, c'est une cellule anucléée (dépourvue de noyau), tandis que chez les oiseaux c'est une cellule nucléée. Son cytoplasme est riche en hémoglobine, qui assure le transport du dioxygène (O2), mais très pauvre en organites qui n'existent qu'à l'état de trace.
6
+
7
+ Le terme d'anémie s'applique parfois (dans le langage courant en particulier) à une diminution du nombre de globules rouges, mais en réalité elle est définie par une diminution du taux d'hémoglobine (les deux étant souvent simultanées). Le volume relatif des globules rouges ou hématocrite est le volume occupé par les hématies dans un volume donné du sang total.
8
+
9
+ Un érythrocyte normal se présente de profil comme un disque biconcave, de face comme un disque à centre plus clair : c'est une sorte de poche contenant l'hémoglobine.
10
+ Cette forme lui confère une élasticité importante, qui permet le transport de dioxygène à travers certains capillaires étroits. Le diamètre normal des globules rouges de face varie de 6,7 à 7,7 micromètres (moyenne 7,2 micromètres).
11
+ Ils sont en forme de disques biconcaves (région centrale : 0,8 micromètre, région périphérique : 2,6 micromètres)[1] la plus apte à une fixation maximale.
12
+ Vus au microscope optique à l'état frais, ils sont de couleur rouge-orangé ; sur un frottis mince coloré au May-Grünwald Giemsa ou à la coloration de Wright, ils apparaissent plus rose. Leur forme est très bien visualisée au microscope électronique à balayage (MEB). Sur frottis épais, les globules rouges se disposent volontiers en rouleaux (particulièrement en présence d'un excès de fibrinogène ou d'une paraprotéine) et sont alors vus de profil.
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+
14
+ La biosynthèse des globules rouges commence au stade embryonnaire, à partir de la 3e semaine de développement, au niveau du sac vitellin. La synthèse d'érythrocytes par le sac vitellin diminue vers la 5e semaine pour disparaître complètement lors de la 9e semaine de développement. Le relai est pris au cours du 3e mois par le foie, puis par la moelle osseuse hématopoïétique à partir du 5e mois de développement[2]. Cette dernière restera le seul site de synthèse des érythrocytes chez l'adulte.
15
+
16
+ Chez l'adulte, les globules rouges sont élaborés dans la moelle osseuse dite moelle hématopoïétique, que l’on retrouve dans les os plats (côtes, sternum, calvaria, os coxaux, clavicules) et aux extrémités (épiphyses) des os longs. La fabrication d'hématies par la moelle osseuse est appelée érythropoïèse. Tout commence avec des cellules souches hématopoïétiques, qui sont dites pluripotentes (elles pourront donner naissance à plusieurs types cellulaires). Certaines vont ensuite commencer à se différencier, et vont former les progéniteurs (BFU-E, CFU-E). Les premières cellules de la lignée érythrocytaire morphologiquement identifiables sont appelées proérythroblastes (pronormoblastes). Par division cellulaire (mitose) on passe à l'érythroblaste (normoblaste) basophile (en référence à la coloration du cytoplasme après coloration de May-Grünwald-Giemsa), puis à l'érythroblaste (normoblaste) polychromatophile de type I, puis de type II (également appelé orthochromatique, car la couleur de son cytoplasme est quasi identique à celle de l'hématie) ; toutes ces cellules sont nucléées et -sauf circonstances pathologiques- sont exclusivement médullaires. À chaque étape, on observe une diminution de taille de la cellule (et de son noyau). Au fur et à mesure, les cellules vont se charger en hémoglobine, responsable de la couleur rouge de leur cytoplasme, et la concentration cytoplasmique en hémoglobine augmente. À la fin (« à l'entrée dans la circulation », pourrait-on dire), l'érythroblaste perd son noyau. Quelques mitochondries et des fragments de REG (réticulum endoplasmique granuleux) ou de Golgi persistent : c'est un réticulocyte qui a l'apparence d'un globule rouge en microscopie optique (une coloration spécifique est nécessaire pour le mettre en évidence, au bleu de crésyl brillant ou par fluorescence). Après quoi, l’expulsion de ces derniers résidus donnera naissance au globule rouge (érythrocyte ou hématie) mûr.
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18
+ L'érythropoïèse est régulée par différents facteurs de croissance. L'érythropoïétine (EPO) va agir en stimulant les progéniteurs, surtout les CFU-E, et ainsi favoriser in fine la production de globule rouge. L'érythropoïétine est majoritairement produite par le cortex rénal (environ 90 % de la production) mais peut aussi être produite par le foie, le cerveau, l'utérus et peut même être produite artificiellement. Elle est actuellement utilisée à titre thérapeutique pour stimuler la production de globules rouges dans le traitement de certaines anémies, insuffisance rénale, au cours de certains traitements aplasiants… et comme agent dopant chez certains athlètes.
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+ Chez l'humain, leur durée de vie atteint 120 jours, et près de 1 % des globules rouges d'un individu sont remplacés quotidiennement[3].
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22
+ La moelle osseuse, située à l'intérieur des os, assure le renouvellement des cellules du sang. On distingue la moelle jaune, constituée de tissu adipeux, de la moelle rouge qui produit les cellules souches capables de se différencier en cellules sanguines : c'est le processus d'hématopoïèse. Les érythrocytes, ou globules rouges, sont des cellules anuclées constituant 99 % des cellules circulant dans le sang. Il y a également d’autres cellules avec cette fois un noyau, ce sont les leucocytes, ou globules blancs, qui constituent 1 % des cellules du sang et servent à la défense de l'organisme. Les thrombocytes, ou plaquettes, sont des fragments de cytoplasme de plus grandes cellules, les mégacaryocytes.
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24
+ Les hématies peuvent faire l'objet d'anomalies quantitatives : anémie dans un cas, polyglobulie dans l'autre.
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26
+ Les hématies peuvent être malformées à la suite d'une déficience génétique ou beaucoup plus souvent, à une autre cause :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ L’érythrocyte (du grec erythros : rouge et kutos : cellule), aussi appelée hématie, ou plus communément globule rouge, fait partie des éléments figurés du sang. Chez les mammifères, c'est une cellule anucléée (dépourvue de noyau), tandis que chez les oiseaux c'est une cellule nucléée. Son cytoplasme est riche en hémoglobine, qui assure le transport du dioxygène (O2), mais très pauvre en organites qui n'existent qu'à l'état de trace.
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+ Le terme d'anémie s'applique parfois (dans le langage courant en particulier) à une diminution du nombre de globules rouges, mais en réalité elle est définie par une diminution du taux d'hémoglobine (les deux étant souvent simultanées). Le volume relatif des globules rouges ou hématocrite est le volume occupé par les hématies dans un volume donné du sang total.
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+ Un érythrocyte normal se présente de profil comme un disque biconcave, de face comme un disque à centre plus clair : c'est une sorte de poche contenant l'hémoglobine.
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+ Cette forme lui confère une élasticité importante, qui permet le transport de dioxygène à travers certains capillaires étroits. Le diamètre normal des globules rouges de face varie de 6,7 à 7,7 micromètres (moyenne 7,2 micromètres).
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+ Ils sont en forme de disques biconcaves (région centrale : 0,8 micromètre, région périphérique : 2,6 micromètres)[1] la plus apte à une fixation maximale.
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+ Vus au microscope optique à l'état frais, ils sont de couleur rouge-orangé ; sur un frottis mince coloré au May-Grünwald Giemsa ou à la coloration de Wright, ils apparaissent plus rose. Leur forme est très bien visualisée au microscope électronique à balayage (MEB). Sur frottis épais, les globules rouges se disposent volontiers en rouleaux (particulièrement en présence d'un excès de fibrinogène ou d'une paraprotéine) et sont alors vus de profil.
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+ La biosynthèse des globules rouges commence au stade embryonnaire, à partir de la 3e semaine de développement, au niveau du sac vitellin. La synthèse d'érythrocytes par le sac vitellin diminue vers la 5e semaine pour disparaître complètement lors de la 9e semaine de développement. Le relai est pris au cours du 3e mois par le foie, puis par la moelle osseuse hématopoïétique à partir du 5e mois de développement[2]. Cette dernière restera le seul site de synthèse des érythrocytes chez l'adulte.
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+ Chez l'adulte, les globules rouges sont élaborés dans la moelle osseuse dite moelle hématopoïétique, que l’on retrouve dans les os plats (côtes, sternum, calvaria, os coxaux, clavicules) et aux extrémités (épiphyses) des os longs. La fabrication d'hématies par la moelle osseuse est appelée érythropoïèse. Tout commence avec des cellules souches hématopoïétiques, qui sont dites pluripotentes (elles pourront donner naissance à plusieurs types cellulaires). Certaines vont ensuite commencer à se différencier, et vont former les progéniteurs (BFU-E, CFU-E). Les premières cellules de la lignée érythrocytaire morphologiquement identifiables sont appelées proérythroblastes (pronormoblastes). Par division cellulaire (mitose) on passe à l'érythroblaste (normoblaste) basophile (en référence à la coloration du cytoplasme après coloration de May-Grünwald-Giemsa), puis à l'érythroblaste (normoblaste) polychromatophile de type I, puis de type II (également appelé orthochromatique, car la couleur de son cytoplasme est quasi identique à celle de l'hématie) ; toutes ces cellules sont nucléées et -sauf circonstances pathologiques- sont exclusivement médullaires. À chaque étape, on observe une diminution de taille de la cellule (et de son noyau). Au fur et à mesure, les cellules vont se charger en hémoglobine, responsable de la couleur rouge de leur cytoplasme, et la concentration cytoplasmique en hémoglobine augmente. À la fin (« à l'entrée dans la circulation », pourrait-on dire), l'érythroblaste perd son noyau. Quelques mitochondries et des fragments de REG (réticulum endoplasmique granuleux) ou de Golgi persistent : c'est un réticulocyte qui a l'apparence d'un globule rouge en microscopie optique (une coloration spécifique est nécessaire pour le mettre en évidence, au bleu de crésyl brillant ou par fluorescence). Après quoi, l’expulsion de ces derniers résidus donnera naissance au globule rouge (érythrocyte ou hématie) mûr.
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+ L'érythropoïèse est régulée par différents facteurs de croissance. L'érythropoïétine (EPO) va agir en stimulant les progéniteurs, surtout les CFU-E, et ainsi favoriser in fine la production de globule rouge. L'érythropoïétine est majoritairement produite par le cortex rénal (environ 90 % de la production) mais peut aussi être produite par le foie, le cerveau, l'utérus et peut même être produite artificiellement. Elle est actuellement utilisée à titre thérapeutique pour stimuler la production de globules rouges dans le traitement de certaines anémies, insuffisance rénale, au cours de certains traitements aplasiants… et comme agent dopant chez certains athlètes.
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+ Chez l'humain, leur durée de vie atteint 120 jours, et près de 1 % des globules rouges d'un individu sont remplacés quotidiennement[3].
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+ Les leucocytes (du grec leukos : blanc et kutos : cellule) ou globules blancs sont des cellules produites dans la moelle osseuse et présentes dans le sang, la lymphe, les organes lymphoïdes (ganglions, rate, amygdale et végétations adénoïdes et plaques de Peyer) et de nombreux tissus conjonctifs de l'organisme. Il en existe plusieurs types, les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. Chaque type joue un rôle important au sein du système immunitaire en participant à la protection contre les agressions d'organismes extérieurs de manière coordonnée. De nombreuses pathologies peuvent atteindre ces cellules, par anomalie de production ou de fonctionnement.
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+ Les leucocytes constituent les éléments cellulaires sanguins les moins nombreux, après les érythrocytes et les plaquettes. Ils sont caractérisés par une taille en général plus grande, et par la présence d'un noyau. Leur durée de vie dans le sang est de quelques jours en moyenne.
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+ D'un point de vue structurel, il existe trois grandes classes de leucocytes : les granulocytes (ou polynucléaires), les lymphocytes et les monocytes. La classe des granulocytes regroupe elle-même plusieurs sous-types selon leur coloration : les granulocytes neutrophiles, les granulocytes éosinophiles et les granulocytes basophiles.
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+ En plus de la classification morphologique, la classe des lymphocytes comporte plusieurs types de cellules regroupés selon l'existence de certaines protéines, les clusters de différenciation (CD) au niveau de leur membrane cellulaire : les lymphocytes B, les lymphocytes T et les lymphocytes NK. Ainsi, les lymphocytes B sont caractérisés par la présence des protéines CD19, les lymphocytes T par CD3, et les lymphocytes NK par CD56 (plus ou moins CD16)[2]. La population lymphocytaire sanguine humaine comprend 8 à 12 % de lymphocytes B, 70 à 80 % de lymphocytes T et 5 à 15 % de lymphocytes NK. Les lymphocytes T sont eux-mêmes principalement divisés en deux groupes, les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques, caractérisés respectivement par la présence de CD4 et CD8[1].
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+ L'immunité innée désigne la protection de l'organisme vis-à-vis du non-soi de manière non spécifique. Cela signifie que des molécules étrangères sont reconnues selon des formes communes, non présentes en temps normal dans l'organisme. C'est la première réponse de l'organisme à une infection, ou réponse inflammatoire. Elle permet en principe l'éradication quasi totale d'un germe lors d'un premier contact[4].
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+ L'ensemble des granulocytes, les monocytes et les lymphocytes NK peuvent y jouer un rôle. Les granulocytes neutrophiles sont des cellules phagocytaires qui jouent un rôle important dans la défense antimicrobienne et l'inflammation au cours des infections bactériennes. Les granulocytes éosinophiles ont un rôle important dans la défense antiparasitaire. Les granulocytes basophiles ont un rôle cytotoxique et inflammatoire. Les monocytes se transforment en macrophages lorsqu'ils atteignent les tissus, ce sont essentiellement des cellules phagocytaires. Les lymphocytes NK reconnaissent les cellules tumorales ou infectées[3].
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+ Les leucocytes sont riches en vitamine C, ils en contiennent 80 fois plus que le plasma sanguin[6],[7],[8].
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+ Les leucocytes sont fabriqués dans la moelle osseuse à partir des cellules souches hématopoïètiques dont il existe deux lignées, myéloïde et lymphoïde. La lignée myéloïde est à l'origine des granulocytes et des monocytes ; elle assure également la synthèse des autres cellules du sang qui ne sont pas des leucocytes : les érythrocytes et les plaquettes. La lignée lymphoïde est à l'origine des lymphocytes ; parmi ceux-ci, seuls les lymphocytes T quittent la moelle avant maturité pour se rendre au niveau du thymus afin d'y terminer leur développement.
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+ Les cellules matures des deux lignées circulent ensuite dans le sang et se rendent secondairement dans les tissus de l'organisme. Les monocytes et les lymphocytes circulent aussi dans la lymphe et participent à la formation des organes lymphatiques : ganglions, rate, thymus, amygdales, organes lymphatiques du tube digestif (plaques de Peyer) et ganglions lymphatiques.
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+ Les leucocytes passent la majeure partie de leur temps hors du système circulatoire, et patrouillent dans les tissus où se déroulent la plupart des luttes contre les agents pathogènes.
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+ L'exploration médicale de l'ensemble de la lignée blanche est effectuée principalement avec deux examens complémentaires : l'hémogramme et le myélogramme.
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+ Les adultes en bonne santé possèdent, normalement, entre 4 milliards et 10 milliards de globules blancs par litre de sang (soit 4 à 10 G/L).
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+ Le nombre de leucocytes circulant augmente en cas d'infection ou de réaction inflammatoire : on parle alors d'hyperleucocytose. En cas de leucémie, les globules blancs sont produits de manière excessive et peuvent, au maximum, provoquer un syndrome de leucostase.
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+ Les granulocytes éosinophiles peuvent augmenter en cas d'allergie, d'hémopathie (lymphome) ou de maladie auto-immune
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+ Un déficit en nombre de globules blancs dans le sang est appelé leucopénie.
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+ Le myélogramme permet d'étudier la production des leucocytes. Cet examen est indiqué dans certains cas de cytopénies.
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+ Les granulocytes basophiles jouent un rôle majeur dans l'allergie en libérant de l’histamine.
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+ Les lymphocytes B fabriquent des anticorps qui peuvent être dirigés contre un antigène du « soi » et ils sont alors à l'origine d'une maladie auto-immune (exemple : facteur antinucléaire et lupus).
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+ Les lymphocytes T auxiliaires deviennent déficients dans le cas d'une infection par le VIH.
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+ Certaines hémopathies malignes affectent spécifiquement les leucocytes : leucémie aiguës et chroniques, lymphome, myélome, dysgammaglobulinémies malignes (maladie de Waldenström).
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+ Il existe aussi des maladies génétiques : neutropénie congénitales sévères, syndrome de Shwachman, neutropénie cyclique, granulomatoses septiques...
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+ « kocytes, such as neutrophils and monocytes, actively accumulate vitamin C against a concentration gradient, resulting in values that are 50- to 100-fold higher than plasma concentrations. These cells accumulate maximal vitamin C concentrations at dietary intakes of ~100 mg/day »
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ L’érythrocyte (du grec erythros : rouge et kutos : cellule), aussi appelée hématie, ou plus communément globule rouge, fait partie des éléments figurés du sang. Chez les mammifères, c'est une cellule anucléée (dépourvue de noyau), tandis que chez les oiseaux c'est une cellule nucléée. Son cytoplasme est riche en hémoglobine, qui assure le transport du dioxygène (O2), mais très pauvre en organites qui n'existent qu'à l'état de trace.
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+ Le terme d'anémie s'applique parfois (dans le langage courant en particulier) à une diminution du nombre de globules rouges, mais en réalité elle est définie par une diminution du taux d'hémoglobine (les deux étant souvent simultanées). Le volume relatif des globules rouges ou hématocrite est le volume occupé par les hématies dans un volume donné du sang total.
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+ Un érythrocyte normal se présente de profil comme un disque biconcave, de face comme un disque à centre plus clair : c'est une sorte de poche contenant l'hémoglobine.
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+ Cette forme lui confère une élasticité importante, qui permet le transport de dioxygène à travers certains capillaires étroits. Le diamètre normal des globules rouges de face varie de 6,7 à 7,7 micromètres (moyenne 7,2 micromètres).
11
+ Ils sont en forme de disques biconcaves (région centrale : 0,8 micromètre, région périphérique : 2,6 micromètres)[1] la plus apte à une fixation maximale.
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+ Vus au microscope optique à l'état frais, ils sont de couleur rouge-orangé ; sur un frottis mince coloré au May-Grünwald Giemsa ou à la coloration de Wright, ils apparaissent plus rose. Leur forme est très bien visualisée au microscope électronique à balayage (MEB). Sur frottis épais, les globules rouges se disposent volontiers en rouleaux (particulièrement en présence d'un excès de fibrinogène ou d'une paraprotéine) et sont alors vus de profil.
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+ La biosynthèse des globules rouges commence au stade embryonnaire, à partir de la 3e semaine de développement, au niveau du sac vitellin. La synthèse d'érythrocytes par le sac vitellin diminue vers la 5e semaine pour disparaître complètement lors de la 9e semaine de développement. Le relai est pris au cours du 3e mois par le foie, puis par la moelle osseuse hématopoïétique à partir du 5e mois de développement[2]. Cette dernière restera le seul site de synthèse des érythrocytes chez l'adulte.
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+ Chez l'adulte, les globules rouges sont élaborés dans la moelle osseuse dite moelle hématopoïétique, que l’on retrouve dans les os plats (côtes, sternum, calvaria, os coxaux, clavicules) et aux extrémités (épiphyses) des os longs. La fabrication d'hématies par la moelle osseuse est appelée érythropoïèse. Tout commence avec des cellules souches hématopoïétiques, qui sont dites pluripotentes (elles pourront donner naissance à plusieurs types cellulaires). Certaines vont ensuite commencer à se différencier, et vont former les progéniteurs (BFU-E, CFU-E). Les premières cellules de la lignée érythrocytaire morphologiquement identifiables sont appelées proérythroblastes (pronormoblastes). Par division cellulaire (mitose) on passe à l'érythroblaste (normoblaste) basophile (en référence à la coloration du cytoplasme après coloration de May-Grünwald-Giemsa), puis à l'érythroblaste (normoblaste) polychromatophile de type I, puis de type II (également appelé orthochromatique, car la couleur de son cytoplasme est quasi identique à celle de l'hématie) ; toutes ces cellules sont nucléées et -sauf circonstances pathologiques- sont exclusivement médullaires. À chaque étape, on observe une diminution de taille de la cellule (et de son noyau). Au fur et à mesure, les cellules vont se charger en hémoglobine, responsable de la couleur rouge de leur cytoplasme, et la concentration cytoplasmique en hémoglobine augmente. À la fin (« à l'entrée dans la circulation », pourrait-on dire), l'érythroblaste perd son noyau. Quelques mitochondries et des fragments de REG (réticulum endoplasmique granuleux) ou de Golgi persistent : c'est un réticulocyte qui a l'apparence d'un globule rouge en microscopie optique (une coloration spécifique est nécessaire pour le mettre en évidence, au bleu de crésyl brillant ou par fluorescence). Après quoi, l’expulsion de ces derniers résidus donnera naissance au globule rouge (érythrocyte ou hématie) mûr.
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+ L'érythropoïèse est régulée par différents facteurs de croissance. L'érythropoïétine (EPO) va agir en stimulant les progéniteurs, surtout les CFU-E, et ainsi favoriser in fine la production de globule rouge. L'érythropoïétine est majoritairement produite par le cortex rénal (environ 90 % de la production) mais peut aussi être produite par le foie, le cerveau, l'utérus et peut même être produite artificiellement. Elle est actuellement utilisée à titre thérapeutique pour stimuler la production de globules rouges dans le traitement de certaines anémies, insuffisance rénale, au cours de certains traitements aplasiants… et comme agent dopant chez certains athlètes.
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+ Chez l'humain, leur durée de vie atteint 120 jours, et près de 1 % des globules rouges d'un individu sont remplacés quotidiennement[3].
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+ La moelle osseuse, située à l'intérieur des os, assure le renouvellement des cellules du sang. On distingue la moelle jaune, constituée de tissu adipeux, de la moelle rouge qui produit les cellules souches capables de se différencier en cellules sanguines : c'est le processus d'hématopoïèse. Les érythrocytes, ou globules rouges, sont des cellules anuclées constituant 99 % des cellules circulant dans le sang. Il y a également d’autres cellules avec cette fois un noyau, ce sont les leucocytes, ou globules blancs, qui constituent 1 % des cellules du sang et servent à la défense de l'organisme. Les thrombocytes, ou plaquettes, sont des fragments de cytoplasme de plus grandes cellules, les mégacaryocytes.
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+ Les hématies peuvent faire l'objet d'anomalies quantitatives : anémie dans un cas, polyglobulie dans l'autre.
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+ Les hématies peuvent être malformées à la suite d'une déficience génétique ou beaucoup plus souvent, à une autre cause :
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+ L'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) définit les glucides comme une classe de composés organiques contenant un groupe carbonyle (aldéhyde ou cétone) et au moins deux groupes hydroxyle (-OH). On inclut dans cette classe les substances issues des monosaccharides par réduction du groupe carbonyle, par oxydation d'au moins un groupe fonctionnel à l'extrémité de la chaîne en acide carboxylique ou par remplacement d'un ou plusieurs groupes hydroxyle par un atome d'hydrogène, un groupe amino, un groupe thiol ou par tout atome similaire.
2
+
3
+ Les glucides étaient historiquement appelés hydrates de carbone (ou carbohydrates), car on considérait que leur formule chimique était basée sur le modèle Cn(H2O)p. À l'heure actuelle, la définition a évolué et ce terme est complètement obsolète en français, mais pas en anglais, langue dans laquelle on utilise très largement le terme « carbohydrates ».
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+
5
+ Ils se présentent généralement sous la forme de cristaux blancs, car ils n'absorbent pas les rayonnements du spectre UV, ni ceux du spectre visible.
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+ Les glucides font partie, avec les protéines et les lipides, des constituants essentiels des êtres vivants et de leur nutrition, car ils sont un des principaux intermédiaires biologiques de stockage et de consommation d'énergie. Chez les organismes autotrophes, comme les plantes, les sucres sont convertis en amidon pour le stockage. Chez les organismes hétérotrophes, comme les animaux, ils sont stockés sous forme de glycogène puis utilisés comme source d'énergie dans les réactions métaboliques, leur oxydation lors de la digestion des glucides apportant environ 17 kJ/g selon l'étude dans la bombe calorimétrique.
8
+
9
+ Les glucides sont habituellement répartis entre oses (monosaccharides tels le glucose, le galactose ou le fructose) et osides, qui sont des polymères d'oses (oligosaccharides et polysaccharides). Les disaccharides (diholosides), tels le saccharose, le lactose ou le maltose font partie de cette dernière catégorie. Mais seuls les monosaccharides et les disaccharides ont un pouvoir sucrant. Les polysaccharides, comme l'amidon, sont insipides.
10
+
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+ Les oses possèdent tous une fonction carbonyle mais celle-ci peut apparaître sous une forme « équivalente » ayant le même degré d'oxydation comme un acétal ou un hémiacétal, spécialement dans les formes cycliques. Les oses possédant une fonction aldéhyde, masquée ou non, sont nommés aldoses. Pour une fonction cétone, ils sont appelés cétoses.
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+
13
+ Ils sont caractérisés par leur nombre d'atomes de carbone, toujours supérieur à trois :
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+
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+ Les oses sont présents sous forme acyclique et cyclique (cycle de 5 ou 6 atomes), lesquelles sont détaillées ci-dessous.
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+ Tous les oses possèdent un pouvoir rotatoire du fait de la présence d'un carbone asymétrique, les oses sont dits chiraux sauf la dihydroxyacétone.
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+
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+ Deux énantiomères (antipodes optiques) ont les mêmes propriétés à l'exception d'une seule : leur pouvoir rotatoire opposé. La figure 1 représente les deux énantiomères du glucose, la forme D-glucose est la forme naturelle. Il est à noter que dans la représentation de Fischer, par convention, le carbone le plus oxydé est placé en haut, ce qui permet de définir sans ambiguïté le sens gauche/droite des substituants de la chaîne carbonée.
20
+
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+ Il existe aussi des stéréoisomères qui sont des isomères optiques. Tous les énantiomères sont des stéréoisomères.
22
+
23
+ Pour les sucres, selon qu'une fonction hydroxyle attaque le carbonyle d'un côté ou de l'autre (voir figure), on forme un carbone (généralement) asymétrique appelé centre anomère. Le cycle est constitué par cinq (furanose) ou six (pyranose) atomes. Dans une représentation plane avec le groupe -CH2OH au-dessus du plan formé par le cycle, l'anomère est dit « α » si la fonction hydroxyle se trouve derrière le plan, ou « β » si elle se trouve au-dessus du plan. Si la configuration n'est pas connue, on utilise la lettre grecque ξ (xi).
24
+
25
+ Quand on laisse du glucose préalablement cristallisé en solution dans de l'eau, le pouvoir rotatoire passe de +112° à +52,5°.
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+ Quand on laisse en solution dans l'eau du glucose préalablement cristallisé dans de l'acide acétique, le pouvoir rotatoire passe de +19° à +52,5°.
27
+
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+ Ceci s'explique par le fait que le glucose (linéaire) en solution aqueuse s'équilibre entre deux formes cycliques. Ceci est dû au fait que la fonction aldéhyde du glucose va réagir avec une des fonctions alcool (celle du carbone 5). Le glucose devient alors cyclique, et il dérive du pyrane (ci-contre) d'où il tire le nom « glucopyranose ». Dans cette cyclisation, telle que décrite dans le paragraphe ci-dessus, la fonction alcool peut s'additionner sur la fonction aldéhyde d'un côté ou de l'autre, ce qui provoque l'apparition de deux composés : les anomères α et β.
29
+
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+ Dans le modèle de Haworth, on considère que le cycle est plan avec l'oxygène endocyclique vers le haut et le carbone anomère à sa droite : si le groupe hydroxyle sur le carbone anomère est en dessous du plan du cycle, il est dit α, sinon il est dit β.
31
+
32
+ En solution aqueuse, le glucose est en équilibre tautomère : 65 % sous forme β-D-glucopyranose, 0,1 % sous forme D-glucose (linéaire) et 35 % d'α-D-glucopyranose. La cyclisation des sucres permet d'avoir deux fois plus d'isomères.
33
+
34
+ Certains sucres ont cependant tendance à cycliser non pas sous la forme « pyranique » (cycle à 6 atomes) mais plutôt sous la forme « furanique » (cycle à 5 atomes). Parmi ces sucres, un des plus importants est le ribose qui, dans sa forme D-β, fait partie intégrante des acides nucléiques comme l'acide désoxyribonucléique (ADN) et l'acide ribonucléique (ARN).
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+
36
+ Les oses se cyclisant sous forme furanique (furanose) sont :
37
+
38
+ Les oses se cyclisant sous forme pyranique (pyranose) sont :
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+
40
+ Les osides sont des polymères d'oses liés par une liaison osidique.
41
+ Ils sont hydrolysables, et aussi appelés glucides complexes.
42
+
43
+ Deux formes d'osides sont nommables. D'un côté, dans les oligosaccharides, on retrouve un nombre déterminé de monosaccharides (oses). Pour les nommer, on peut alors employer les termes : disaccharides (ex. : saccharose), trisaccharides (ex. : raffinose), etc. D'un autre côté, les polysaccharides sont composés d'un nombre indéterminé de monosaccharides. Pour les nommer, on emploie le terme polysaccharides (ex. : cellulose).
44
+
45
+ Une liaison osidique est une liaison covalente produit de la réaction entre la fonction alcool hémiacétalique (-OH formé par le carbone anomère) et une autre molécule (glucidique ou non).
46
+
47
+ Les diholosides ou dissacharides ou encore diosides sont des sucres composés de deux molécules d'ose (dimère).
48
+
49
+ On dit qu'un diholoside est non réducteur si le carbone portant le OH hémiacétalique est engagé dans une liaison (la fonction hémiacétalique n'est pas libre). Autrement dit, la liaison finale est du type « oside ».
50
+
51
+ C'est un diholoside non réducteur, son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→2)β-D-fructofuranoside.
52
+
53
+ Il est scindé en deux molécules : le D-glucopyranose et le D-fructofuranose par l'invertase qui est une α-glycosidase, c'est-à-dire une enzyme spécifique de cette liaison glycosidique.
54
+
55
+ On le trouve dans les champignons, les bactéries ou encore dans l'hémolymphe des insectes. De nombreux organismes l'accumulent en réponse à un choc thermique. Son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→1)α-D-glucopyranoside.
56
+
57
+ Il est scindé en deux molécules : deux molécules de D glucopyranose par l'invertine.
58
+
59
+ C'est un diholoside réducteur car sa fonction hémiacétalique est libre, c'est le glucide du lait, son nom systématique est le β-D-galactopyranosyl(1→4)-D-glucopyranose.
60
+
61
+ Il est hydrolysé en deux molécules : le D glucose et le D galactose par une β-galactosidase.
62
+
63
+ C'est un diholoside homogène réducteur, son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→4)D-glucopyranose.
64
+
65
+ Il provient de l'hydrolyse partielle de l'amidon. Il peut être à son tour hydrolysé par une α-glucosidase en deux molécules de D-glucose.
66
+
67
+ C'est un diholoside homogène réducteur, son nom systématique est le β-D-glucopyranosyl(1→4)D-glucopyranose.
68
+
69
+ Il provient de l'hydrolyse partielle de la cellulose et est hydrolysé lui-même par une β-glucosidase.
70
+
71
+ C'est un produit de dégradation de l'amidon et du glycogène. Son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→6)D-glucopyranose.
72
+
73
+ Il est constitué de deux oses liés par liaison osidique et peut être réducteur ou non.
74
+ Exemples : maltose, saccharose, lactose, cellobiose.
75
+
76
+ Présent dans la betterave, le raffinose est éliminé lors du raffinage du sucre. C'est un triholoside non réducteur, son nom systématique est l'α-D-galactopyranosyl(1→6)α-D-glucopyranosyl(1→2)β-D-fructofuranoside.
77
+
78
+ Le gentianose est présent dans la gentiane.
79
+
80
+ Association d'un très grand nombre de molécules liées par des liaisons O-glycosidiques.
81
+ Chaînes linéaires ou ramifiées.
82
+
83
+ C'est un polyholoside homogène non réducteur constitué de deux composés :
84
+
85
+ L'amidon est un polymère de glucose ; il peut être hydrolysé par une α-glucosidase. C'est la substance de réserve glucidique des végétaux. Les féculents sont une source majeure d'amidon dans l'alimentation humaine.
86
+
87
+ Il se colore, en présence du lugol (eau iodée), en bleu-violet caractéristique.
88
+
89
+ Au niveau de sa structure, il est pratiquement identique à l'amidon : il possède plus de ramifications que l'amidon (une ramification tous les dix résidus glucose), tout le reste de la structure est identique à l'amidon. Sa masse molaire est plus élevée (de l'ordre de 106 g·mol−1). C'est la substance de réserve glucidique des animaux. Contrairement à l'amidon, il est soluble dans l'eau froide.
90
+
91
+ Le glycogène a été extrait par Claude Bernard en 1856 dans le foie. C'est la forme de stockage du glucose excédentaire chez les animaux et les champignons. Il s'agit aussi d'un polymère de glucose ramifié (un branchement tous les six à huit unités glucose). Le glycogène est formé par la glycogénogenèse et décomposé par la glycogénolyse.
92
+
93
+ On le trouve en surplus dans le cas de la glycogénose de type II ; maladie dans laquelle l'absence de maltase acide des lysosomes, empêche sa dégradation.
94
+
95
+ Le glycogène est mis en évidence par le lugol (eau iodée) qui conduit à une coloration brun acajou.
96
+
97
+ C'est un polyholoside homogène de glucose liés par une liaison β(1→4).
98
+
99
+ La principale molécule structurelle des plantes est la cellulose. Le bois est en partie composé de cellulose, tandis que le papier et le coton sont de la cellulose presque pure. La cellulose est un polymère de glucose. C'est une molécule très longue et rigide, dont la structure lui confère ses propriétés mécaniques telles qu'observées chez les plantes.
100
+
101
+ Elle ne peut être assimilée par l'être humain mais sa présence dans l'alimentation favorise le transit intestinal et protège l'organisme contre le cancer du colon.
102
+
103
+ L'agar-agar est un polyholoside mixte constitué de D- et L-galactose estérifié par de l'acide sulfurique. Extrait d'algues, il est utilisé en bactériologie et dans l'industrie alimentaire comme gélifiant.
104
+
105
+ Les dextranes sont produits par certaines bactéries, telles la Leuconostoc mesenteroides, en présence de sucre. De poids moléculaire élevé, ils sont composés d’unités D-glucose reliées par un liaison osidique α(1→6).
106
+
107
+ L'acide hyaluronique est un mucopolysaccharide constitué d'acide-β-glucuronique et de N-acétylglucosamine reliés par une liaison β(1→3). C'est un des principaux constituants de la substance fondamentale du tissu conjonctif à laquelle il confère sa viscosité.
108
+
109
+ Les hétérosides sont des molécules complexes dont l'hydrolyse fournit au moins une molécule d'ose.
110
+
111
+ Les nucléotides sont constitués d'une base nucléique, d'un ose (ribose, 2-désoxyribose) et d'un groupe phosphate. Ce sont des N-hétérosides.
112
+
113
+ Citons l'adénosine monophosphate, et ses dérivés utilisés dans le transport de l'énergie intracellulaire, l'acide ribonucléique (ARN) chargé de guider la synthèse cellulaire des protéines, l'acide désoxyribonucléique (ADN) porteur de l'hérédité.
114
+
115
+ L'ortho-nitrophényl-β-galactoside (ONPG) est utilisé en bactériologie systématique, l'orthonitrophényl-β-D-galactopyranoside est hydrolysé par une β-galactosidase.
116
+
117
+ C'est un O-hétéroside.
118
+
119
+ Les oses n'absorbent ni dans l'UV, ni dans le visible.
120
+
121
+ Ils sont thermolabiles et caramélisent à haute température.
122
+
123
+ Les sucres présentent un équilibre céto-énolique, causée par l'acidité du proton α. Cette tautomérie est commune aux aldoses et aux cétoses, la forme cétone est nettement majoritaire.
124
+
125
+ Cette tautomérie génère l'interconversion des oses. Par exemple, en milieu fortement basique (une solution d'hydroxyde de sodium), le D-Glucose s'isomérise en D-Fructose ou s'épimérise en D-Mannose, moyennant une forme transitoire cis-ènediol.
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+
127
+
128
+
129
+ Les oses simples et les diholosides ayant un carbone hémiacétalique libre sont réducteurs de par leur fonction aldéhyde. La fonction aldéhyde est oxydée en fonction acide carboxylique. L'une des fonctions alcool primaire peut être oxydée en fonction acide carboxylique.
130
+
131
+ Les diholosides non réducteurs sont ceux dont aucun carbone hémiacétalique n'est libre, il est mis en jeu dans la liaison osidique.
132
+
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+ Réduction de l'ion cuivre(II) (Cu2+) en oxyde de cuivre(I) (Cu2O) (liqueur de Fehling). Cette propriété est utilisée dans la méthode de Bertrand pour le dosage des glucides.
134
+
135
+ Par exemple, le 3,5-dinitrosalicylate (DNS) est réduit en 3-amino-5-nitrosalicylate, composé rouge brun permettant de doser les oses réducteurs par colorimétrie.
136
+
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+ En présence de dioxygène, la glucose oxydase oxyde le glucose en gluconolactone (puis acide gluconique) avec libération d'eau oxygénée. L'oxydation du carbone 1 (portant la fonction pseudo-aldéhydique) conduit au gluconolactone (non réducteur), celle en C6 conduit à l'acide glucuronique (réducteur). Une double oxydation en C1 et C6 conduit à l'acide glucosaccharidique (non réducteur). La glucose oxydase est utilisée pour mesurer la glycémie.
138
+
139
+ L'hydrolyse chimique n'est pas spécifique, elle conduit à la plus petite sous-unité des glucides : les oses. Elle est réalisée en présence d'acide chlorhydrique
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+
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+ L'hydrolyse enzymatique, contrairement à l'hydrolyse chimique, est spécifique. Ces enzymes sont des hydrolases.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC) définit les glucides comme une classe de composés organiques contenant un groupe carbonyle (aldéhyde ou cétone) et au moins deux groupes hydroxyle (-OH). On inclut dans cette classe les substances issues des monosaccharides par réduction du groupe carbonyle, par oxydation d'au moins un groupe fonctionnel à l'extrémité de la chaîne en acide carboxylique ou par remplacement d'un ou plusieurs groupes hydroxyle par un atome d'hydrogène, un groupe amino, un groupe thiol ou par tout atome similaire.
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+ Les glucides étaient historiquement appelés hydrates de carbone (ou carbohydrates), car on considérait que leur formule chimique était basée sur le modèle Cn(H2O)p. À l'heure actuelle, la définition a évolué et ce terme est complètement obsolète en français, mais pas en anglais, langue dans laquelle on utilise très largement le terme « carbohydrates ».
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+ Ils se présentent généralement sous la forme de cristaux blancs, car ils n'absorbent pas les rayonnements du spectre UV, ni ceux du spectre visible.
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+
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+ Les glucides font partie, avec les protéines et les lipides, des constituants essentiels des êtres vivants et de leur nutrition, car ils sont un des principaux intermédiaires biologiques de stockage et de consommation d'énergie. Chez les organismes autotrophes, comme les plantes, les sucres sont convertis en amidon pour le stockage. Chez les organismes hétérotrophes, comme les animaux, ils sont stockés sous forme de glycogène puis utilisés comme source d'énergie dans les réactions métaboliques, leur oxydation lors de la digestion des glucides apportant environ 17 kJ/g selon l'étude dans la bombe calorimétrique.
8
+
9
+ Les glucides sont habituellement répartis entre oses (monosaccharides tels le glucose, le galactose ou le fructose) et osides, qui sont des polymères d'oses (oligosaccharides et polysaccharides). Les disaccharides (diholosides), tels le saccharose, le lactose ou le maltose font partie de cette dernière catégorie. Mais seuls les monosaccharides et les disaccharides ont un pouvoir sucrant. Les polysaccharides, comme l'amidon, sont insipides.
10
+
11
+ Les oses possèdent tous une fonction carbonyle mais celle-ci peut apparaître sous une forme « équivalente » ayant le même degré d'oxydation comme un acétal ou un hémiacétal, spécialement dans les formes cycliques. Les oses possédant une fonction aldéhyde, masquée ou non, sont nommés aldoses. Pour une fonction cétone, ils sont appelés cétoses.
12
+
13
+ Ils sont caractérisés par leur nombre d'atomes de carbone, toujours supérieur à trois :
14
+
15
+ Les oses sont présents sous forme acyclique et cyclique (cycle de 5 ou 6 atomes), lesquelles sont détaillées ci-dessous.
16
+
17
+ Tous les oses possèdent un pouvoir rotatoire du fait de la présence d'un carbone asymétrique, les oses sont dits chiraux sauf la dihydroxyacétone.
18
+
19
+ Deux énantiomères (antipodes optiques) ont les mêmes propriétés à l'exception d'une seule : leur pouvoir rotatoire opposé. La figure 1 représente les deux énantiomères du glucose, la forme D-glucose est la forme naturelle. Il est à noter que dans la représentation de Fischer, par convention, le carbone le plus oxydé est placé en haut, ce qui permet de définir sans ambiguïté le sens gauche/droite des substituants de la chaîne carbonée.
20
+
21
+ Il existe aussi des stéréoisomères qui sont des isomères optiques. Tous les énantiomères sont des stéréoisomères.
22
+
23
+ Pour les sucres, selon qu'une fonction hydroxyle attaque le carbonyle d'un côté ou de l'autre (voir figure), on forme un carbone (généralement) asymétrique appelé centre anomère. Le cycle est constitué par cinq (furanose) ou six (pyranose) atomes. Dans une représentation plane avec le groupe -CH2OH au-dessus du plan formé par le cycle, l'anomère est dit « α » si la fonction hydroxyle se trouve derrière le plan, ou « β » si elle se trouve au-dessus du plan. Si la configuration n'est pas connue, on utilise la lettre grecque ξ (xi).
24
+
25
+ Quand on laisse du glucose préalablement cristallisé en solution dans de l'eau, le pouvoir rotatoire passe de +112° à +52,5°.
26
+ Quand on laisse en solution dans l'eau du glucose préalablement cristallisé dans de l'acide acétique, le pouvoir rotatoire passe de +19° à +52,5°.
27
+
28
+ Ceci s'explique par le fait que le glucose (linéaire) en solution aqueuse s'équilibre entre deux formes cycliques. Ceci est dû au fait que la fonction aldéhyde du glucose va réagir avec une des fonctions alcool (celle du carbone 5). Le glucose devient alors cyclique, et il dérive du pyrane (ci-contre) d'où il tire le nom « glucopyranose ». Dans cette cyclisation, telle que décrite dans le paragraphe ci-dessus, la fonction alcool peut s'additionner sur la fonction aldéhyde d'un côté ou de l'autre, ce qui provoque l'apparition de deux composés : les anomères α et β.
29
+
30
+ Dans le modèle de Haworth, on considère que le cycle est plan avec l'oxygène endocyclique vers le haut et le carbone anomère à sa droite : si le groupe hydroxyle sur le carbone anomère est en dessous du plan du cycle, il est dit α, sinon il est dit β.
31
+
32
+ En solution aqueuse, le glucose est en équilibre tautomère : 65 % sous forme β-D-glucopyranose, 0,1 % sous forme D-glucose (linéaire) et 35 % d'α-D-glucopyranose. La cyclisation des sucres permet d'avoir deux fois plus d'isomères.
33
+
34
+ Certains sucres ont cependant tendance à cycliser non pas sous la forme « pyranique » (cycle à 6 atomes) mais plutôt sous la forme « furanique » (cycle à 5 atomes). Parmi ces sucres, un des plus importants est le ribose qui, dans sa forme D-β, fait partie intégrante des acides nucléiques comme l'acide désoxyribonucléique (ADN) et l'acide ribonucléique (ARN).
35
+
36
+ Les oses se cyclisant sous forme furanique (furanose) sont :
37
+
38
+ Les oses se cyclisant sous forme pyranique (pyranose) sont :
39
+
40
+ Les osides sont des polymères d'oses liés par une liaison osidique.
41
+ Ils sont hydrolysables, et aussi appelés glucides complexes.
42
+
43
+ Deux formes d'osides sont nommables. D'un côté, dans les oligosaccharides, on retrouve un nombre déterminé de monosaccharides (oses). Pour les nommer, on peut alors employer les termes : disaccharides (ex. : saccharose), trisaccharides (ex. : raffinose), etc. D'un autre côté, les polysaccharides sont composés d'un nombre indéterminé de monosaccharides. Pour les nommer, on emploie le terme polysaccharides (ex. : cellulose).
44
+
45
+ Une liaison osidique est une liaison covalente produit de la réaction entre la fonction alcool hémiacétalique (-OH formé par le carbone anomère) et une autre molécule (glucidique ou non).
46
+
47
+ Les diholosides ou dissacharides ou encore diosides sont des sucres composés de deux molécules d'ose (dimère).
48
+
49
+ On dit qu'un diholoside est non réducteur si le carbone portant le OH hémiacétalique est engagé dans une liaison (la fonction hémiacétalique n'est pas libre). Autrement dit, la liaison finale est du type « oside ».
50
+
51
+ C'est un diholoside non réducteur, son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→2)β-D-fructofuranoside.
52
+
53
+ Il est scindé en deux molécules : le D-glucopyranose et le D-fructofuranose par l'invertase qui est une α-glycosidase, c'est-à-dire une enzyme spécifique de cette liaison glycosidique.
54
+
55
+ On le trouve dans les champignons, les bactéries ou encore dans l'hémolymphe des insectes. De nombreux organismes l'accumulent en réponse à un choc thermique. Son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→1)α-D-glucopyranoside.
56
+
57
+ Il est scindé en deux molécules : deux molécules de D glucopyranose par l'invertine.
58
+
59
+ C'est un diholoside réducteur car sa fonction hémiacétalique est libre, c'est le glucide du lait, son nom systématique est le β-D-galactopyranosyl(1→4)-D-glucopyranose.
60
+
61
+ Il est hydrolysé en deux molécules : le D glucose et le D galactose par une β-galactosidase.
62
+
63
+ C'est un diholoside homogène réducteur, son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→4)D-glucopyranose.
64
+
65
+ Il provient de l'hydrolyse partielle de l'amidon. Il peut être à son tour hydrolysé par une α-glucosidase en deux molécules de D-glucose.
66
+
67
+ C'est un diholoside homogène réducteur, son nom systématique est le β-D-glucopyranosyl(1→4)D-glucopyranose.
68
+
69
+ Il provient de l'hydrolyse partielle de la cellulose et est hydrolysé lui-même par une β-glucosidase.
70
+
71
+ C'est un produit de dégradation de l'amidon et du glycogène. Son nom systématique est l'α-D-glucopyranosyl(1→6)D-glucopyranose.
72
+
73
+ Il est constitué de deux oses liés par liaison osidique et peut être réducteur ou non.
74
+ Exemples : maltose, saccharose, lactose, cellobiose.
75
+
76
+ Présent dans la betterave, le raffinose est éliminé lors du raffinage du sucre. C'est un triholoside non réducteur, son nom systématique est l'α-D-galactopyranosyl(1→6)α-D-glucopyranosyl(1→2)β-D-fructofuranoside.
77
+
78
+ Le gentianose est présent dans la gentiane.
79
+
80
+ Association d'un très grand nombre de molécules liées par des liaisons O-glycosidiques.
81
+ Chaînes linéaires ou ramifiées.
82
+
83
+ C'est un polyholoside homogène non réducteur constitué de deux composés :
84
+
85
+ L'amidon est un polymère de glucose ; il peut être hydrolysé par une α-glucosidase. C'est la substance de réserve glucidique des végétaux. Les féculents sont une source majeure d'amidon dans l'alimentation humaine.
86
+
87
+ Il se colore, en présence du lugol (eau iodée), en bleu-violet caractéristique.
88
+
89
+ Au niveau de sa structure, il est pratiquement identique à l'amidon : il possède plus de ramifications que l'amidon (une ramification tous les dix résidus glucose), tout le reste de la structure est identique à l'amidon. Sa masse molaire est plus élevée (de l'ordre de 106 g·mol−1). C'est la substance de réserve glucidique des animaux. Contrairement à l'amidon, il est soluble dans l'eau froide.
90
+
91
+ Le glycogène a été extrait par Claude Bernard en 1856 dans le foie. C'est la forme de stockage du glucose excédentaire chez les animaux et les champignons. Il s'agit aussi d'un polymère de glucose ramifié (un branchement tous les six à huit unités glucose). Le glycogène est formé par la glycogénogenèse et décomposé par la glycogénolyse.
92
+
93
+ On le trouve en surplus dans le cas de la glycogénose de type II ; maladie dans laquelle l'absence de maltase acide des lysosomes, empêche sa dégradation.
94
+
95
+ Le glycogène est mis en évidence par le lugol (eau iodée) qui conduit à une coloration brun acajou.
96
+
97
+ C'est un polyholoside homogène de glucose liés par une liaison β(1→4).
98
+
99
+ La principale molécule structurelle des plantes est la cellulose. Le bois est en partie composé de cellulose, tandis que le papier et le coton sont de la cellulose presque pure. La cellulose est un polymère de glucose. C'est une molécule très longue et rigide, dont la structure lui confère ses propriétés mécaniques telles qu'observées chez les plantes.
100
+
101
+ Elle ne peut être assimilée par l'être humain mais sa présence dans l'alimentation favorise le transit intestinal et protège l'organisme contre le cancer du colon.
102
+
103
+ L'agar-agar est un polyholoside mixte constitué de D- et L-galactose estérifié par de l'acide sulfurique. Extrait d'algues, il est utilisé en bactériologie et dans l'industrie alimentaire comme gélifiant.
104
+
105
+ Les dextranes sont produits par certaines bactéries, telles la Leuconostoc mesenteroides, en présence de sucre. De poids moléculaire élevé, ils sont composés d’unités D-glucose reliées par un liaison osidique α(1→6).
106
+
107
+ L'acide hyaluronique est un mucopolysaccharide constitué d'acide-β-glucuronique et de N-acétylglucosamine reliés par une liaison β(1→3). C'est un des principaux constituants de la substance fondamentale du tissu conjonctif à laquelle il confère sa viscosité.
108
+
109
+ Les hétérosides sont des molécules complexes dont l'hydrolyse fournit au moins une molécule d'ose.
110
+
111
+ Les nucléotides sont constitués d'une base nucléique, d'un ose (ribose, 2-désoxyribose) et d'un groupe phosphate. Ce sont des N-hétérosides.
112
+
113
+ Citons l'adénosine monophosphate, et ses dérivés utilisés dans le transport de l'énergie intracellulaire, l'acide ribonucléique (ARN) chargé de guider la synthèse cellulaire des protéines, l'acide désoxyribonucléique (ADN) porteur de l'hérédité.
114
+
115
+ L'ortho-nitrophényl-β-galactoside (ONPG) est utilisé en bactériologie systématique, l'orthonitrophényl-β-D-galactopyranoside est hydrolysé par une β-galactosidase.
116
+
117
+ C'est un O-hétéroside.
118
+
119
+ Les oses n'absorbent ni dans l'UV, ni dans le visible.
120
+
121
+ Ils sont thermolabiles et caramélisent à haute température.
122
+
123
+ Les sucres présentent un équilibre céto-énolique, causée par l'acidité du proton α. Cette tautomérie est commune aux aldoses et aux cétoses, la forme cétone est nettement majoritaire.
124
+
125
+ Cette tautomérie génère l'interconversion des oses. Par exemple, en milieu fortement basique (une solution d'hydroxyde de sodium), le D-Glucose s'isomérise en D-Fructose ou s'épimérise en D-Mannose, moyennant une forme transitoire cis-ènediol.
126
+
127
+
128
+
129
+ Les oses simples et les diholosides ayant un carbone hémiacétalique libre sont réducteurs de par leur fonction aldéhyde. La fonction aldéhyde est oxydée en fonction acide carboxylique. L'une des fonctions alcool primaire peut être oxydée en fonction acide carboxylique.
130
+
131
+ Les diholosides non réducteurs sont ceux dont aucun carbone hémiacétalique n'est libre, il est mis en jeu dans la liaison osidique.
132
+
133
+ Réduction de l'ion cuivre(II) (Cu2+) en oxyde de cuivre(I) (Cu2O) (liqueur de Fehling). Cette propriété est utilisée dans la méthode de Bertrand pour le dosage des glucides.
134
+
135
+ Par exemple, le 3,5-dinitrosalicylate (DNS) est réduit en 3-amino-5-nitrosalicylate, composé rouge brun permettant de doser les oses réducteurs par colorimétrie.
136
+
137
+ En présence de dioxygène, la glucose oxydase oxyde le glucose en gluconolactone (puis acide gluconique) avec libération d'eau oxygénée. L'oxydation du carbone 1 (portant la fonction pseudo-aldéhydique) conduit au gluconolactone (non réducteur), celle en C6 conduit à l'acide glucuronique (réducteur). Une double oxydation en C1 et C6 conduit à l'acide glucosaccharidique (non réducteur). La glucose oxydase est utilisée pour mesurer la glycémie.
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+
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+ L'hydrolyse chimique n'est pas spécifique, elle conduit à la plus petite sous-unité des glucides : les oses. Elle est réalisée en présence d'acide chlorhydrique
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+ L'hydrolyse enzymatique, contrairement à l'hydrolyse chimique, est spécifique. Ces enzymes sont des hydrolases.
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+ La cordillère des Andes, en espagnol Cordillera de los Andes, est la plus longue chaîne de montagnes continentale du monde[2], orientée nord-sud tout le long de la côte occidentale de l'Amérique du Sud. Longue d'environ 7 100 kilomètres, large de 200 à 800 kilomètres (entre le 18 et le 20° de latitude Sud), la cordillère a une altitude moyenne de 4 000 mètres et culmine à 6 962 mètres. Elle débute au Venezuela au nord puis traverse la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili et l'Argentine, jusqu'à la pointe sud du continent.
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5
+ Les Andes sont la plus haute chaîne de montagnes d'Amérique. Le sommet le plus élevé est l'Aconcagua, avec ses 6 962 mètres d'altitude[1], situé en Argentine. Le faîte du volcan Chimborazo dans les Andes équatoriennes, est le point le plus éloigné du centre de la Terre, en raison du renflement du globe au niveau de l'équateur. Plusieurs volcans sont présents, figurant parmi les plus hautes montagnes sur Terre après celles d'Asie et dépassant 6 000 mètres d'altitude.
6
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7
+ L'origine du mot « Andes » vient du quechua anti qui désigne les habitants d'une zone montagneuse mais couverte de végétation tropicale au nord-est de Cuzco, au Pérou. Les Andes ont longtemps désigné en espagnol cette région spécifique avant de recevoir son sens actuel. Le terme cordillère vient de l'espagnol cordillera, signifiant « corde ».
8
+
9
+ Cette chaîne de montagnes s'étend du Venezuela à l'Argentine en passant par la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et le Chili[1]. Elle divise le continent sud-américain en deux bassins versants très inégaux. Le versant occidental débouche directement sur l'océan Pacifique alors que le versant oriental donne naissance à des cours d'eau dont les confluences successives aboutissent à de grands fleuves comme le Paraná au Brésil et en Argentine, l'Orénoque au Venezuela et surtout l'Amazone qui prend sa source dans les Andes péruviennes sous le nom de Rio Apurimac.
10
+
11
+ Elle constitue la frontière naturelle entre le Chili et l'Argentine. C'est d'ailleurs en Argentine que se situe l'Aconcagua, point culminant de cette chaîne montagneuse et du continent américain. C'est encore dans ce même pays que la cordillère prend fin sous la forme de petits chaînons côtiers situés dans le Sud-Est de la Grande île de la Terre de Feu, à l'est d'Ushuaïa.
12
+
13
+ La cordillère des Andes est divisée en plusieurs massifs souvent nommés eux-mêmes « cordillère »[1]. Au nord, dans le nord-ouest du Venezuela, la cordillère de Mérida se raccorde au sud-ouest à la cordillère Orientale[3],[4]. Celle-ci traverse la Colombie et l'Équateur du nord au sud[4],[5]. Elle est accompagnée par la cordillère Centrale jusqu'au nœud de los Pastos ainsi que la cordillère Occidentale[4],[5]. Ces cordillères Occidentale et Orientale donnent naissance à trois nouvelles cordillères depuis le nord du Pérou jusqu'à l'extrême nord du Chili et de l'Argentine en passant par la Bolivie[6],[7]. Il s'agit de la cordillère Occidentale séparée des cordillères Centrale du Pérou, Centrale de Bolivie et Orientale par l'Altiplano, prolongé au sud par la Puna de Atacama[6],[7],[8]. Plus au sud, la cordillère des Andes qui s'étend dans le centre du Chili et le centre-ouest de l'Argentine ne porte pas de nom spécifique si ce n'est le cas de quelques chaînes locales[9]. Le sud du massif est quant à lui formé par la cordillère de Patagonie[10] qui se prolonge à son extrémité méridionale par les montagnes de la Terre de Feu[11]. D'autres chaînes et cordillères de taille restreintes et internes à ces grands ensembles sont aussi identifiées. Certains massifs sont parfois rattachés à la cordillère des Andes. Ce peut être le cas de la sierra Nevada de Santa Marta[12] en Colombie, de la cordillère de la Costa au Venezuela[13] ou encore de la chaîne Côtière du Chili[14].
14
+
15
+ Les Andes font environ 200 kilomètres de largeur en moyenne, excepté au niveau de la « flexion bolivienne » où la cordillère atteint environ 800 kilomètres de largeur.
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+ La cordillère des Andes s'étendant à perte de vue.
18
+
19
+ La cordillère Centrale.
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+
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+ Les Andes, vues d'avion.
22
+
23
+ Cordillère Huallanca, prise au-dessus du Rio Cuero, Huasta, Bolognesi, Ancash, Pérou.
24
+
25
+ Si les Andes n'ont pas les plus hauts sommets de la planète, elles ont assurément la ville la plus haut perchée[15]. Certaines villes de la cordillère sont nichées à une altitude de plus que 3 000 mètres où commence en Europe un désert minéral inhabité, à l'instar de Potosi (4 070 mètres), Cerro de Pasco (4 380 mètres) et l'agglomération de La Paz-El Alto (3 250 à 4 200 mètres). Les cités andines s'inscrivent dans les décors les plus variés : si certaines sont directement posées sur le haut plateau de l'Altiplano, d'autres se blottissent au creux de vallées.
26
+
27
+ Depuis 2000, les glaciers andins ont perdu 23 milliards de tonnes de glaces en moyenne annuelle, soit un total de plus de 400 milliards de tonnes de glace en 2019. Cette fonte massive se traduira à terme par l'assèchement des rivières et une hausse du niveau de la mer[16].
28
+
29
+ Les Andes sont issues d'une orogenèse Mésozoïque-Tertiaire et font partie de la ceinture de feu du Pacifique, une zone d'intense activité volcanique et orogénétique, qui inclut la bordure pacifique des Amériques ainsi que la région Asie-Pacifique. Les Andes sont le résultat d'un processus de tectonique des plaques. Elles résultent de la subduction de plaques océaniques sous la plaque sud-américaine. La cause principale de l'élévation de la cordillère est la compression de la bordure occidentale de la plaque sud-américaine causée par la subduction des plaques de Nazca et Antarctique. En vingt millions d'années, les forces tectoniques ont élevé certaines régions des Andes de plus de 1 500 mètres. Vers l'est, la chaîne se termine par quelques bassins sédimentaires, tels que ceux de l'Orénoque, de l'Amazone, du Madre de Dios ainsi que du Gran Chaco qui séparent les Andes des anciens cratons dans l'est de l'Amérique du Sud. Au sud, les Andes partagent une longue frontière avec l'ancienne terre de Patagonie. À l'ouest, les Andes se terminent dans l'océan Pacifique, bien que l'on considère la fosse du Pérou-Chili, comme la véritable limite de l'extension occidentale de la chaîne.
30
+
31
+ Le climat des Andes varie grandement selon l'emplacement, l'altitude et la proximité de la mer. La partie méridionale est pluvieuse et fraîche, tandis que les Andes centrales sont arides. Le nord des Andes est généralement pluvieux et chaud, avec une température moyenne de 18 °C en Colombie. Le climat peut parfois changer radicalement sur des distances relativement faibles.
32
+
33
+ Les montagnes jouent un effet important sur les températures des zones adjacentes. L’isotherme zéro est compris entre 4 500 mètres et 4 800 mètres dans les Andes tropicales équatorienne, colombienne, vénézuélienne et le Nord du Pérou. Il s'élève de 4 800 mètres à 5 200 mètres dans les montagnes arides du Sud et au nord du Sud du Pérou, puis descend progressivement en progressant vers le sud. Il n’est ainsi qu’à 300 mètres en Terre de Feu.
34
+
35
+ Les Andes du Chili et l'Argentine peuvent être divisées en deux zones climatiques et glaciologiques, les Andes arides et les Andes humides. Les Andes arides s'étendent du désert d'Atacama jusqu’à la région du Maule, les précipitations sont plus sporadiques et l’amplitude thermique élevée. Les Andes humides jouissent d’un climat plus tempéré aux précipitations plus régulières.
36
+
37
+ Selon l'étagement dans la cordillère et la latitude, une flore et une faune originales se sont acclimatées sur les versants et les hauts plateaux andins.
38
+
39
+ Entre 1 200 et 2 400 mètres, sur les pentes des sierras très arrosées, la jungle se transforme en une luxuriante forêt des brouillards. Parmi les arbres : palmiers, bambous géants ou arborescents, podocarpus, cecropias. Parmi les fleurs : orchidées, broméliacées, bégonias, terrariums, impatientes, calcéolaires, fuchsia et passiflores. Tout autour évoluent des papillons multicolores et de minuscules colibris. À cette altitude, les animaux sont encore ceux de la jungle avec des pumas, des singes hurleurs, des pécaris, margays, fourmiliers et de nombreux oiseaux (perruches, perroquets, guácharos).
40
+
41
+ Entre 2 400 et 3 800 mètres, sous l'action du froid et du vent, les arbres se ratatinent, se tordent et se couvrent de lichens. C'est la forêt naine, le domaine des buissons épineux de tola et des polylepis, arbustes appartenant à la famille des pommiers et des fraisiers.
42
+
43
+ Entre 3 800 et 4 700 mètres, dans les Andes du Nord, la végétation se raréfie. On pénètre dans le paramo, toundra d'altitude, morne et froide, caractérisée par les grandes espeletias de la famille des astéracées dont les feuilles sont disposées en rosette autour de la tige et qui peuvent atteindre jusqu'à six mètres de haut. Beaucoup plus petites, les rouges vaccinium et les eryngium arrivent encore à pousser. Au-delà, le paramo cède la place aux neiges éternelles des sommets mais la démarcation décline jusqu'à 700 mètres tout au sud de la cordillère, là où les glaciers plongent vers l'Antarctique.
44
+
45
+ Dans les Andes du Centre et du Sud (Pérou, Bolivie, nord du Chili et nord-ouest de l'Argentine), l'équivalent du paramo est la puna. Pas d'espeletias, mais quelques puyas apparentées à l'ananas dont les très hautes hampes florales atteignent neuf mètres et, partout, des touffes d'ichu, une herbe jaune qui pousse également sur l'Altiplano. Vaste plateau d'altitude, l'Altiplano s'étire à 4 000 mètres entre la cordillère Orientale et la cordillère Occidentale. Les Amérindiens y cultivent la pomme de terre, le blé et l'orge. Le maïs, lui, ne pousse plus à 3 500 mètres. Au bord du lac Titicaca, les Aymaras récoltent les totoras, sortes de roseaux avec lesquels ils construisent leurs villages flottants et leurs embarcations. Pour leur consommation de viande, les Amérindiens élèvent des cochons d'Inde, des moutons, des lamas et des alpagas.
46
+
47
+ Parmi les animaux sauvages, on rencontre des troupeaux de vigognes et de guanacos (deux cousins du lama, désormais protégés), des rongeurs (chinchillas, viscaches), des lézards et de nombreux oiseaux : le condor, dont l'envergure dépasse trois mètres ; plusieurs variétés de flamants ; le nandou, qui ressemble à une petite autruche ; le coq de roche du Pérou ; la bernache des Andes ; le tinamou orné ; le pic coucou.
48
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+ En Bolivie et au Chili, dans la puna d'Atacama, l'Altiplano se couvre de déserts salés (comme la laguna Colorada) où fleurissent parfois, au raz du sol, des Hoffmannseggia, jolies fleurs rouges aux profondes racines. Parmi les autres paysages caractéristiques des Andes, remarquables sont les yungas (vallées chaudes de Bolivie et du Pérou), la pampa sèche du sud de l'Argentine (dominée par les polylepis, les cactus et les chardons) et la savane de Bogota (grand plateau verdoyant à 2 600 mètres couvert de prairies et de champs de fleurs). De la Colombie au Chili, quelques espèces se moquent de l'altitude et de la latitude : depuis le niveau de la mer jusqu'au paramo et à la puna, on rencontre ainsi de nombreux cactus et eucalyptus et aussi le cocotier du Chili, palmier monumental en voie de raréfaction. Importés d'Australie pour servir de poteaux dans les mines, ces arbres ont bien réussi leur acclimatation andine.
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+ Les hommes sont arrivés dans les Andes peu de temps après leur arrivée en Amérique du Sud. Les premières traces d'occupation datent de 12 000 ans. Néanmoins, l'occupation permanente de la région se situe plus probablement entre 9 500 et 9 000 ans.
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+ Le peuplement des hauts plateaux andins au-dessus de 2 500 m d'altitude a été un processus complexe qui a compris des adaptations culturelles, biologiques et génétiques. Une étude génétique a fait ressortir trois caractéristiques importantes : une répartition entre les populations de basse et de haute altitude qui s'est produite entre 9 200 et 8 200 ans AP ; un effondrement de la population après le contact avec les migrants européens qui est beaucoup plus accentué dans les plaines d'Amérique du Sud (environ 94 à 96 %) que dans les populations des hauts plateaux (environ 27 %) ; et des preuves d'une sélection positive aux loci génétiques liés à la digestion de l'amidon et à la résistance vraisemblable aux agents pathogènes après ce contact européen[17].
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+ La région voit se succéder plusieurs grandes cultures archéologiques : la civilisation de Tiwanaku, culture pré-inca qui a dominé la moitié sud des Andes centrales entre le Ve siècle et le XIe siècle. La civilisation Huari qui prend naissance au VIe siècle de notre ère dans la région d'Ayacucho située dans les Andes du sud du Pérou actuel. La capitale du même nom est localisée près de la cité moderne d'Ayacucho au Pérou. L’expansion de cet antique royaume se fait d’abord en direction de la côte vers le très important centre religieux de Pachacamac, qui semble avoir gardé alors une forte autonomie. Plus tard, les Huari s’étendirent vers le nord sur les terres de l’ancienne culture Moche, où se développera par la suite la civilisation Chimú. À son apogée, la civilisation Huari s’étend sur toute la côte et les hauts plateaux du centre du Pérou. Enfin, la civilisation inca qui prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud.
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+ En 1735, les botanistes et explorateurs français Charles Marie de La Condamine et Pierre Bouguer, accompagnés des Espagnols Antonio de Ulloa et son ami Jorge Juan sont les premiers Européens à entamer une expédition pour explorer les montagnes de l'Équateur[18].
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+ Quelques exploits :
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+ La pratique du ski est possible dans la cordillère des Andes. Il existe 16 stations de ski en Argentine[19] et 18 au Chili[20]. Créée en 1961, la station de ski chilienne Portillo est la plus vieille station de ski d'Amérique du Sud. Par la présence de la lagune de l'Inca (Laguna del Inca en espagnol) au cœur des montagnes, Portillo fait partie des plus belles stations de ski du monde[21].
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+ Au pied de la cordillère des Andes, la province de Mendoza accueille la principale région viticole d'Argentine avec la présence de 1 221 propriétés viticoles, appelées bodegas, pour une production de près de dix millions d'hectolitres de vin par an. Les responsables du tourisme argentin ont mis en place des routes des vins dans le but à la fois d'améliorer les conditions d'accueil des touristes dans les caves à vin et de faire connaître la région par de nouveaux itinéraires routiers[22].
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+ Luigi's Mansion est une série de jeux vidéo de jeu d'aventure de la franchise Mario développée par Nintendo EAD et éditée par Nintendo. Elle a débuté en 2001 avec Luigi's Mansion sur GameCube. Son remake sort en 2018 sur Nintendo 3DS.