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+ Édimbourg /edɛ̃buʁ/[1] (Edinburgh /ˈɛdɪnb(ə)ɹə/[2],[3] Écouter en anglais britannique, Dùn Èideann /ˈt̪uːnˈeːtʲən̪ˠ/[4] en gaélique écossais, Embra, Edinburrie, Edinburra et Edimbra en scots) est une ville d'Écosse au Royaume-Uni.
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+ Elle est sa capitale depuis 1532, ainsi que le siège du Parlement écossais depuis le rétablissement de celui-ci en 1999. Sa population était de 457 830 habitants en 2005 (c’est la deuxième ville d’Écosse derrière Glasgow).
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+ Ses habitants s'appellent les Édimbourgeois. Depuis 1329, Édimbourg possède officiellement le statut de cité. Elle a aussi le statut de council area (depuis le 31 mars 1996) et de région de lieutenance, après avoir eu celui de district au sein de la région du Lothian (du 15 mai 1975 au 31 mars 1996) dont elle était le siège.
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+ Elle est dominée par son château dont les fondations remontent au VIIe siècle mais c’est à partir du XIe siècle que fut construite cette résidence royale avant de devenir une forteresse redoutable au XVIe siècle. Édimbourg fut affranchie en 1329 et s’entoura de murailles au XVe siècle. Après la défaite de Flodden (1513) contre les Anglais, les bourgeois de la ville décidèrent de construire à titre préventif une seconde enceinte baptisée le mur de Flodden. Après l’unification des Parlements d’Écosse et d’Angleterre (1707), la ville perdit de son importance politique mais resta un important centre économique et culturel. En plus du Château, Édimbourg compte de nombreux lieux intéressants comme le Royal Botanic Garden, les cathédrales Saint-Gilles (presbytérienne), Sainte-Marie (épiscopalienne) et Sainte-Marie (catholique), la National Gallery, Charlotte Square, le Scott Monument ou encore le National Museum of Scotland. Le palais de Holyrood (Holyrood Palace) est la résidence officielle de la reine lorsqu’elle séjourne dans la ville. Les districts de la vieille et de la nouvelle ville sont classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1995.
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+ Édimbourg est célèbre pour son festival, le plus grand du monde, qui dure trois semaines en août et propose de nombreux spectacles de qualité dans toutes les disciplines.
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+ C'est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni (après Londres) .et les attractions historiques et culturelles de la ville en ont fait la deuxième destination touristique la plus populaire du Royaume-Uni, attirant 1,75 million de visiteurs étrangers en 2016. La ville accueille l'une des plus prestigieuses universités d’Europe et du monde, l’université d’Édimbourg, pionnière dans l’informatique, la géologie, la chimie et la médecine. À Édimbourg se situe également la bibliothèque nationale d’Écosse (National Library of Scotland) qui est la plus importante bibliothèque d’Écosse (et l’une des plus grandes du Royaume-Uni).
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+ La ville est construite sur des collines volcaniques qui fournissent chacune un point de vue différent sur la ville. Alors que la cité s'est construite autour de l'imposant Castle Rock, on dit souvent que la ville moderne est construite sur sept collines, à savoir Calton Hill, Corstorphine Hill, Craiglockhart Hill, Braid Hill, Blackford Hill, Arthur's Seat et Castle Rock, donnant lieu à des allusions aux sept collines de Rome.
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+ La topographie de la ville offre plusieurs collines permettant d'avoir de larges panoramas sur Édimbourg et ses environs.
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+ Au sud-est du centre-ville, domine Arthur’s Seat (le siège d’Arthur ou parfois le siège de l’archer). Il surplombe le palais de Holyrood ainsi que la vieille ville (Old Town) toute proche. Ce crag, est un ensemble de cheminées volcaniques du principal volcan sur lequel Édimbourg est construite. Le volcan s’est effondré et a basculé sur le côté, laissant ces collines comme les sites les plus élevés à des kilomètres à la ronde. Arthur’s seat fait désormais partie du parc de Holyrood, à l’origine propriété du monarque en tant que partie du palais de Holyrood. Il fait partie des sites d’intérêt scientifique en matière de géologie du Royaume-Uni (Site of special scientific interest, ou SSSI en anglais). Arthur’s Seat et le parc de Holyrood offrent un panorama sur toute la région d'Édimbourg ainsi qu'un endroit de détente particulièrement apprécié des habitants de la ville.
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+ Au nord-est, surplombant le centre-ville, se trouve Calton Hill. À son sommet se dressent différents bâtiments, dont deux observatoires, une tour en la mémoire de Horatio Nelson, le Royal High School (qui aurait dû abriter le Parlement à une époque), et le Monument national d'Écosse, dont le modèle est le Parthénon d’Athènes, mais qui reste inachevé. Le surnom Athènes du Nord donné à Édimbourg vient entre autres de ce monument. Calton Hill accueille les festivités de Beltane chaque 1er mai.
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+ Blackford Hill est la troisième et la plus au sud des hauteurs de la ville.
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+ Le centre historique d'Édimbourg est divisé en deux parties par les Jardins de Princes Street. Au sud de ces jardins se trouve la vieille ville (quartier de Old Town), dominée par le château, perché au sommet d’un ancien crag volcanique. L’axe majeur de la vieille ville, le Royal Mile, suit l’arête du crag en descendant lentement vers le palais de Holyrood à l'est. Au nord des jardins, se trouve la Nouvelle ville (quartier de New Town). Ces jardins se trouvent à l’ancien emplacement de marécages et de la rivière Nor'Loch, qui servait autrefois de douves au château.
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+ À l’ouest du château se trouve le quartier financier, abritant de nombreuses banques et compagnies d'assurances. La construction qui attire sans doute le plus l’œil est le bâtiment circulaire construit en grès et qui abrite le Centre International de Conférence.
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+ La topographie de la ville est marquée par le « crag et sa queue », qui se sont formés pendant l'ère glaciaire lorsque les glaciers ont érodé le sol tendre autour d'un bloc de roches volcaniques plus dures. La colline qui en a résulté a été la plus ancienne partie de la ville à se développer, en étant tout d'abord fortifiée puis en devenant le château que l'on peut voir aujourd'hui. La ville s'est ensuite étendue en descendant le long de l'arête qui part du château. Cet emplacement était facile à défendre, entouré de marécages au sud et d'un lac, le Nor Loch au nord. L'accès à la voie principale était barré au moyen de murailles aujourd'hui quasiment disparues.
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+ La vieille ville a préservé sa physionomie médiévale ainsi que de nombreux bâtiments datant de la Réforme. Elle est délimitée sur un côté par le château, d'où l'artère principale (le Royal Mile) descend. Des ruelles appelées closes ou wynds comme Mary King's Close, et qui partent du Royal Mile descendent de part et d'autre de la colline. De larges places marquent l'emplacement des marchés ou entourent les principaux bâtiments publics, comme autour de la cathédrale Saint-Gilles ou le palais de justice par exemple. Les autres lieux dignes d'intérêt proches du Royal Mile sont le musée royal d'Écosse, le collège royal de chirurgie, l’université d’Édimbourg. La conception de la ville, typique de vieux quartiers de beaucoup de cités d’Europe du Nord, est particulièrement pittoresque à Édimbourg, du fait de son château perché au sommet du crag.
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+ Les restrictions imposées par le manque d'espace dû à l'étroitesse de l'arête sur laquelle est construite la vieille ville font d'Édimbourg l'une des premières cités à construire de véritables tours d'habitation. Les logements multi-étages sont la norme depuis le XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, il y avait environ 50 000 habitants dans Old Town, et comme la population a pendant longtemps été réticente à s'installer hors des murs de la ville, le besoin en logement s'est fait de plus en plus important et les bâtiments se sont agrandis. Cependant, beaucoup de ceux-ci furent détruits dans le grand incendie de 1824 et ensuite reconstruits sur les fondations d'origine. Mais cela a provoqué des changements au niveau du sol avec la création de nombreux passages sous la vieille ville.
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+ Depuis, la population de Old Town a considérablement diminué, n’atteignant plus que 2 000 à 4 000 personnes selon les sources[5]. Il y a actuellement 8 000 habitants dans la vieille ville[6],[7].
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+ La nouvelle ville est apparue au XVIIIe siècle comme solution aux problèmes de surpopulation dans la vieille ville. Jusqu'alors la ville s'était développée sur le flanc de la colline descendant du château. En 1766, un concours, lancé afin de tracer la nouvelle ville, fut remporté par James Craig, un architecte de 22 ans. Son idée était de créer un plan ordonné et rigide, ce qui correspondait aux idées de rationalité de l’époque des lumières. L’artère principale était George Street, qui suit la crête naturelle au nord de la vieille ville. De chaque côté de George Street on trouve deux autres artères importantes : Princes Street et Queen Street. Princes Street est devenue depuis la principale rue commerçante d'Édimbourg et quelques bâtiments d'architecture georgienne y subsistent. Reliant ces trois axes entre eux, toute une série de rues perpendiculaires ont été tracées. À l'est et à l'ouest de George Street, on trouve respectivement les places de St Andrew's Square et Charlotte Square. Cette dernière a été dessinée par Robert Adam et est considérée comme un des plus beaux exemples d'architecture georgienne de Grande-Bretagne. La résidence officielle du premier ministre d’Écosse, Bute House, est visible sur le côté nord de Charlotte square.
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+ Entre Old Town et New Town se trouvait le Nor'Loch qui servait autrefois, d'approvisionnement en eau et de décharge. Il fut drainé dans les années 1820. Certains plans montrent qu'un canal aurait été envisagé, mais on créa à la place les jardins de Princes Street.
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+ L'excès de terre issu de la construction des bâtiments combla une partie de la petite vallée formée par la rivière, créant ainsi The Mound, qui est l'esplanade où se trouvent désormais le National Gallery of Scotland et la Royal Scottish Academy. Les tunnels menant à la gare de Waverley toute proche, passent sous le Mound.
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+ Le succès de la nouvelle ville fut tel qu'elle s'est largement agrandie. Le plan très structuré ne s'est pourtant pas maintenu et une disposition des rues plus pittoresque s'est installée dans les quartiers créés par la suite.
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+ Leith qui est le port d'Édimbourg, est toujours considéré comme une entité séparée de la ville, et sa fusion avec celle-ci en 1920 a été à l’origine d’un fort ressentiment. Encore aujourd'hui le siège parlementaire est celui de la circonscription d'Édimbourg Nord et Leith. Avec le développement de Leith, Édimbourg a attiré de nombreuses compagnies maritimes qui offrent désormais des croisières vers la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Leith accueille l'ancien yacht de la reine, le Britannia désormais à la retraite, amarré derrière le grand centre commercial d'Ocean Terminal.
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+ L’aéroport d’Édimbourg (code AITA : EDI • code OACI : EGPH), situé dans le quartier de Turnhouse, à 8 km à l’ouest de la ville, est la principale porte d’entrée internationale de la ville. L’aéroport est géré par BAA plc, qui gère également les aéroports d’Heathrow, de Gatwick, de Stansted (tous les trois dans la région de Londres), de Glasgow, d’Aberdeen et de Southampton. L’aéroport dessert de nombreuses destinations nationales et internationales et voit passer plus de 8 millions de passagers par an. Les prévisions estiment que ce chiffre pourrait être de 26 millions d’ici 2030[8]. Un plan de développement pour accompagner la croissance du trafic a été publié en mai 2005 indiquant que le terminal d’Édimbourg devrait être agrandi. La possibilité de la création d’une troisième piste d’atterrissage est à l’étude.
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+ En 2006, il a été décidé de construire un réseau de tramway à Edimbourg.Les travaux ayant pris du retard, ce réseau n'a été inauguré qu'en 2014. Il compte pour le moment une seule ligne, mais 2 autres sont prévues qui relieront l’aéroport international se situant à l’ouest de la ville, Princes Street dans le centre, les quartiers de Leith, Granton et Western Harbour[9].
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+ Pourtant, comme beaucoup d’autres villes de Grande-Bretagne, Édimbourg possédait un tramway au début du XXe siècle, circulant jusque dans les quartiers de Leith et de Portobello, mais le service a été abandonné en 1956.
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+ Édimbourg possède un large réseau de bus, desservant tous les quartiers de la ville et ses banlieues. Afin de désengorger le centre-ville de la circulation, de nombreux stationnements à la périphérie de la ville sont mis à la disposition des automobilistes pour les inciter à prendre le bus.
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+ La Lothian Buses est la principale compagnie de bus d’Édimbourg[10]. Elle dessert également certaines parties de l’East Lothian et du Midlothian. La Lothian buses est la seule compagnie de bus publique d’Écosse, détenue à 91 % par la ville d’Édimbourg et les 9 % restant par les régions de l’East Lothian, du Midlothian, et du West Lothian.
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+ Une navette permet de relier l’aéroport international au centre-ville[11].
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+ La gare de Waverley est la principale gare d’Édimbourg. Située dans le centre-ville, tout près des jardins de Princes Street, elle est utilisée par 13 millions de voyageurs par an. Elle est la principale gare sur la East Coast Main Line, qui relie Londres et Aberdeen, et le point de départ ou le terminus de nombreuses lignes en Écosse. La East Coast et la Virgin Trains font la liaison d’Édimbourg à Londres, la principale destination au départ d'Édimbourg; la CrossCountry relie Aberdeen au sud-ouest de l'Angleterre et First Transpennine Express dessert Manchester. La First ScotRail assure les liaisons en Écosse, ainsi que le train de nuit en voitures-lits Caledonian Sleeper pour Londres.
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+ Édimbourg est dotée d’un réseau ferroviaire urbain assez limité. L’Edinburgh Cross-City Line parcourt la ville d’est en ouest reliant les gares d’Edinburgh Park à l’ouest à celles de Haymarket et de Wayverley dans le centre et de Brunstane et Newcraighall à l’est.
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+ L'A720, également appelée Edinburgh City Bypass, est une des plus importantes routes nationales d’Écosse. Servant de boulevard périphérique, elle n’entoure la ville que par le sud, Édimbourg étant située au bord de la mer. Partent de l’A720 :
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+ L'Edinburgh City Bypass est une 2 × 2 voies tout du long, et est équipée de bandes d'arrêt d’urgence.
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+ Édimbourg connaît un climat océanique, marqué par des hivers modérés et des étés frais. L'humidité est importante toute l'année (240 jours de pluie en moyenne), et le temps est souvent changeant (averses suivies d'éclaircies). Les brouillards sont fréquents.
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+ L'origine du nom de la ville viendrait du brittonique Din Eidyn (le fort d'Eydin, voir article dun), la ville n'étant alors qu'un fort au sommet d'une colline. Des sources romaines du Ier siècle, parlent des Votadini, comme la tribu bretonne régnant sur la région (la Bretagne étant le nom que les Romains donnent à la Grande-Bretagne). Cette origine est confirmée par le poème Y Gododdin, peut-être composé aux environs de 600 (manuscrit du XIIIe siècle), qui décrit des guerriers festoyant dans le grand fort d'Eidin.
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+ Après le siège des Angles de Bernicie, la ville devient Edin-burh, qui pourrait venir de l’anglo-saxon Edwin's fort (le fort d'Edwin). Ce fort tirerait lui-même son nom d'Edwin, roi de Northumbrie au VIIe siècle, mais l’apparition possible du nom avant l’existence même du roi aurait tendance à contredire cette thèse. La partie burgh signifie forteresse ou groupe de bâtiments, et donc par extension une ville. Ce mot est à rapprocher de l’allemand Burg, du latin parcus et du grec ancien πύργος ou púrgos. On peut faire remonter ce mot jusqu’au chaldéen perach signifiant croissance, une ville étant un groupe de bâtiments qui grandit depuis le sol.
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+ La preuve de l’existence d’une ville en tant qu'entité séparée du fort apparaît dans une charte du début du XIIe siècle, probablement en 1124. Le roi David Ier accorde alors des terres à l’église de Holyrood d'Édimbourg. Cela laisse penser que la ville commença réellement à se développer entre 1018 (quand le roi Malcolm II sécurisa la région des Lothians contre les attaques des Northumbriens) et 1124.
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+ Le bénéficiaire de la charte est l'Ecclisie Sancte Crucis Edwinesburgensi (Église Sainte-Croix d’Édimbourg en latin), ce qui pourrait signifier que ceux qui ont écrit cette charte pensaient qu'Edwin était la source originale du nom de la ville et auraient donc décidé de le latiniser. Mais une autre hypothèse est que le mot se serait modifié au cours des 600 années précédentes pour y intégrer un « w ». Dans tous les cas, cela allait changer rapidement de nouveau ; en 1170, le Roi Guillaume le Lion utilise Edenesburch dans une charte (en latin de nouveau) confirmant l’octroi de terre par David Ier.
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+ Des documents du XIVe siècle mentionnent la ville sous sa forme actuelle. Bien que l'on trouve parfois les orthographes Edynburgh et Edynburghe, elles ne sont que de simples variantes de l’orthographe actuelle.
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+ La ville est affectueusement surnommée la vieille enfumée en Scots, du fait des fumées noires qui s’échappaient des nombreuses cheminées, formant un nuage autour de la ville[12].
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+ Elle est également appelée l'Athènes du Nord pour différentes raisons.
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+ Le XVIIIe siècle, période des Lumières écossaises, a beaucoup joué dans l’attribution de ce surnom. Des figures phares telles que David Hume et Adam Smith faisaient rayonner la ville en ce temps-là. Ayant perdu de son importance politique, certains espéraient qu’Édimbourg pourrait un jour rivaliser avec des centres culturels tels que Londres, comme Athènes ou Rome auparavant. Un autre facteur de ressemblance est la présence d'architecture néoclassique, particulièrement celle des bâtiments de William Henry Playfair. Mais l’appellation Athènes du nord est discréditée depuis qu’un écrivain a facétieusement surnommé Édimbourg la Reykjavik du Sud[13].
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+ Édimbourg a également été connue sous le nom de Dunedin, dérivant de son nom gaélique Dùn Eideann. Dunedin, en Nouvelle-Zélande, était à l’origine nommée New-Edinburgh et est toujours surnommée l’Édimbourg du Sud.
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+ Les poètes Robert Burns et Robert Fergusson appellent parfois la ville Edina dans leurs œuvres. Ben Jonson la décrit comme « l’autre œil de Grande-Bretagne » (Britain’s other eye), et Sir Walter Scott l’appelle Impératrice du Nord.
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+ Certains Écossais appellent la ville de façon informelle Embra.
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+ Des Hommes se sont installés dans la région d’Édimbourg au moins depuis l'âge du bronze, en laissant des traces de constructions primitives en pierre sur Holyrood, la colline de Craiglockhart et les collines de Pentland par exemple. La culture locale fut influencée durant l'âge de fer par Hallstatt et la Tène, les cultures celtes de l'Europe centrale. Les Romains arrivèrent dans le Lothian au début du premier millénaire de notre ère. Ils découvrirent une tribu celte dont ils notèrent le nom Votadini, probablement la version latinisée du nom par lequel ils s'appelaient.
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+ Avant le VIIe siècle de notre ère, les Votadini ou les Gododdin qui étaient probablement leurs descendants, construisirent un château-fort connu sous le nom de Din Eidyn ou Etin, très certainement dans les limites de l'actuelle Édimbourg. Bien que l'emplacement du château-fort Eidyn ou Etin n'ait pas été repéré, les chercheurs admirent qu'il se trouva soit sur le rocher du château actuel, soit sur le trône d'Arthur ou la colline de Calton.
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+ Les Angles du royaume de Bernicia eurent une influence significative dans ce qui deviendrait successivement Bernicie, Northumbrie, l'Angleterre et finalement le sud-est de l'Écosse, notamment en 638 quand la forteresse des Gododdin fut assiégée par des forces loyales au roi Oswald de Northumbrie. Que cette bataille marquât ou non le passage du contrôle du bastion d'Etin des Celtes de Brythonic aux Northumbrians, c'est à ce moment que la région d’Édimbourg passa aux Northumbrians. Le chroniqueur anglais Siméon de Durham mentionna « qu'il existait une église à Edwineburch en 854 qui passa sous l'autorité de l'évêque de Lindisdane. Loin d'être exclusive, cette influence perdura plus de trois siècles. On n'était pas encore en 950 quand, pendant le règne d'Indulf, le fils de Constantine II, la ville, désignée à ce moment dans la chronique Pictish sous le nom du « oppidum Éden », tomba sous la dépendance des Écossais et finalement resta sous leur juridiction ». Durant ces temps de loi anglo-saxonne, dans ce qui est maintenant l’Écosse du sud-est, quand le nom de la ville acquit son suffixe germanique « burgh », les fondements de la langue que nous connaissons aujourd'hui comme l'écossais furent jetés.
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+ Au XIIe siècle, Édimbourg, bien établie sur le célèbre rocher du château façonné par deux millions d'années d'activité glaciaire, devint l'une des premières municipalités royales écossaises. Fondé au milieu du XIIe siècle, un Burgh de souveraineté distinct, connu comme Canongate et tenu par l'abbaye de Holyrood, s'est développé vers l'est. Au cours du Moyen Âge tardif, Édimbourg se développa rapidement et continua à s'épanouir économiquement et culturellement au cours de la Renaissance. Elle fut au cœur de la réforme en Écosse et des guerres de l'alliance une centaine d'années plus tard.
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+ En 1603, le roi Jacques VI d’Écosse hérita du trône d'Angleterre, unissant les deux royaumes en une union personnelle connue sous le nom d'Union des couronnes. L’Écosse est restée un royaume souverain avec le Parlement d'Écosse à Édimbourg. Le roi James VI investit Londres où il établit sa cour, maintenant sa juridiction en Écosse à travers son Conseil privé qui ne reçut que des instructions écrites et exécuta sa volonté. En dépit de la promesse de venir tous les trois ans, il ne revint à Édimbourg qu'une fois, en 1617.
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+ Les conflits entre les alliés presbytériens et les Épiscopaliens menèrent en 1639 aux guerres des évêques, conflit initial des guerres des trois royaumes. Pendant la troisième guerre civile anglaise, Édimbourg a été prise par les forces de Commonwealth d'Oliver Cromwell antérieurement à la défaite finale de Charles II à la bataille de Worcester.
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+ À Édimbourg, un mur défensif construit au XVIe siècle principalement comme protection contre une invasion anglaise à la suite de la défaite de James IV à la bataille de Flodden et de ce fait appelé le mur de Flodden, marque toujours les frontières de la ville au XVIIe siècle. Les terrains disponibles pour le développement étant restreints, les maisons montèrent plutôt en hauteur. Les bâtiments de 11 étages furent courants et il y eut des bâtiments records hauts de 14 ou même 15 étages, une version précoce du gratte-ciel d'aujourd'hui. Plusieurs des structures en pierre peuvent encore être vues aujourd'hui dans la vieille ville.
103
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+ En 1706 et 1707, les actes de l'union furent passés par les Parlements d'Angleterre et d’Écosse unissant les deux royaumes dans le royaume de Grande-Bretagne. Par conséquent, le Parlement d’Écosse a fusionné avec le Parlement d'Angleterre pour former le Parlement de Grande-Bretagne, qui s'établit à Westminster à Londres. Cette union fut combattue par beaucoup d’Écossais et ceci provoqua des émeutes dans la ville.
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106
+ Tôt, et certainement depuis le XIVe siècle, Édimbourg (comme d'autres municipalités royales d’Écosse) utilisa les armoiries de nombreuses manières, y compris dans les sceaux. En 1732, Lord Lyon, Roi des armoiries, accorda formellement l' « accomplissement » ou les « armoiries ». Ces armoiries furent utilisées par le conseil municipal d’Édimbourg jusqu'à la réorganisation de l'administration locale en Écosse en mai 1975, quand elle fut remplacée par le Conseil de District de la ville d’Édimbourg, et de nouvelles armoiries, basées sur d'antérieures, furent créées en 1996. D'autres réorganisations de l'administration locale intervinrent lors de la formation du Conseil de la Ville d’Édimbourg, et les armoiries furent encore modifiées.
107
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108
+ Pendant le soulèvement des Jacobites de 1745, Édimbourg a été brièvement occupée par des forces jacobites avant leur marche sur l'Angleterre. Après leur défaite finale à la bataille de Culloden, près d'Inverness, il y eut une période de représailles et de pacification, principalement dirigées contre les montagnards catholiques. À Édimbourg le monarque de Hanovre tenta de gagner la faveur en soutenant les nouvelles extensions au nord du château, nommant des rues en l'honneur du roi et de sa famille ; George Street, Frederick Street, Hannovre Street et Princes Street, nommées en l'honneur des deux fils de George III.
109
+
110
+ La ville fut au cœur des Lumières d'Écosse. Des célébrités du continent furent vues dans les rues de la ville, parmi elles de fameux écossais tels que David Hume, Walter Scott, Robert Adam, David Wilkie, Robert Burns, James Hutton et Adam Smith. Édimbourg est devenue un centre culturel important, lui valant le surnom d'Athènes du Nord à cause du style gréco-romain de l'architecture de la ville nouvelle, ainsi qu'à l'élévation de l'élite intellectuelle écossaise qui domina de plus en plus la pensée à la fois écossaise et européenne.
111
+
112
+ Au XIXe siècle, Édimbourg, comme beaucoup de villes, s'industrialisa, mais ne se développa pas aussi rapidement que la deuxième ville d’Écosse, Glasgow, qui la dépassa comme plus grande ville dans le pays, profitant considérablement de la prépondérance de l'Empire britannique.
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+
114
+ L'acte d’Écosse de 1998, entré en vigueur en 1999, établit un Parlement écossais délégué et un exécutif écossais, renommé Gouvernement écossais en 2012, tous deux basés à Édimbourg, responsables du gouvernement d’Écosse, avec des domaines réservés tels que la défense, la fiscalité et les affaires étrangères demeurant sous la responsabilité de Westminster.
115
+
116
+ Depuis la réforme de 1996, Édimbourg constitue l'une des 32 subdivisions de l'Écosse. En effet, la ville d'Édimbourg a un gouvernement sous forme d'autorité unitaire comme désigné par le Local Government, etc. (Scotland) Act 1994, donnant aux grandes villes écossaises plus d'autonomie que les grandes villes anglaises.
117
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118
+ La ville d'Édimbourg est administrée par 59 membres (58 conseillers et le Lord Provost) qui forment ensemble le Conseil de la ville d'Édimbourg (The City of Edinburgh Council). Ils sont responsables de la gestion des services publics tels que les logements, la planification urbaine, les transports urbains, l'entretien des parcs, la maintenance de la voirie, la propreté urbaine, le développement économique local et le renouvellement urbain. À ces fins, la ville d'Édimbourg est divisée en 17 districts. La ville d'Édimbourg est actuellement le deuxième plus grand employeur de la région avec un total de 18 617 employés[14].
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+ Au niveau municipal, le City Council (équivalent du conseil municipal en France) comprend 58 conseillers élus par les électeurs de la ville pour un mandat de cinq ans. Le conseil se réunit mensuellement à l'hôtel de ville pour prendre les décisions sur les questions importantes et la gestion de la ville. Ils préparent et votent le budget de la ville chaque année.
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+ Le conseil est présidé par le Lord Provost (équivalent du maire), Frank Ross du Scottish National Party depuis 2017.
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+ Depuis les élections locales du 4 mai 2017, la répartition des sièges est la suivante[15] :
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+ En tant que capitale de l’Écosse, Édimbourg abrite le siège du Parlement, du gouvernement écossais et les principaux bureaux du gouvernement écossais.
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+ Au Parlement écossais, la ville est représentée par six membres (Members of the scottish Parliament, MSPs) élus des circonscriptions d’Édimbourg centre, est et Musselburgh, nord et Leith, ouest, Pentlands et sud. En outre, la région des Lothians dont fait partie Édimbourg élit neuf représentants à la proportionnelle, dont sept pour la seule ville d’Édimbourg. Par conséquent, celle-ci est représentée par treize membres au total.
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+
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+ Au Parlement du Royaume-Uni, la ville est représentée par cinq députés à la Chambre des communes, élus dans les cinq circonscriptions d’Édimbourg est, nord et Leith, ouest, sud et sud-ouest. Avec la redéfinition des circonscriptions en 2005, le siège d’Édimbourg Pentlands est devenu plus largement celui d’Édimbourg sud-ouest. Édimbourg centre a été partagé entre les autres circonscriptions.
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+ Édimbourg est jumelée avec :
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+ L’Office Général des Registres (General Register Office for Scotland) estimait la population d'Édimbourg en 2005 à 457 830 habitants[16]. Une augmentation si l’on se réfère aux chiffres du recensement de 2001 qui établissait la population d’Édimbourg à 448 624 habitants. La population serait partagée entre 218 008 hommes et 235 662 femmes. Alors que la population d’Édimbourg vieillit, la large proportion de jeunes étudiants dans les universités de la ville permet en quelque sorte de pallier ce problème démographique. Le nombre d'habitants de la ville devrait croître dans les vingt prochaines années pour atteindre 500 000 habitants d'ici 2024[17]. Édimbourg possède aussi l'une des populations les plus qualifiées d’Europe, avec plus de diplômés d'université par habitant que n'importe quelle autre ville européenne.
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+
136
+ L’université d’Édimbourg a été fondée par une charte royale en 1583, et est ainsi la quatrième plus ancienne université d’Écosse. Le Old College bâti sur South Bridge, date des années 1820. Mais l’institution continuant à croître en nombre d’élèves, de nouveaux bâtiments furent construits autour de George Square où l’université demeure; ces expansions sont toujours en cours en 2006.
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138
+ Le Collège royal de chirurgie (Royal College of Surgeons) et le Collège Royal de médecine (Royal College of Physicians) ont également été créés par chartes royales, respectivement en 1506 et 1681. La Trustees Drawing Academy of Edinburgh fut fondée en 1760, avant de devenir en 1907 l'Edinburgh College of Art (école d'art). La Queen Margaret University, fondée en 1875 en tant qu'école pour filles est aujourd'hui spécialisée dans les soins médicaux, les médias et les affaires.
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+
140
+ Dans les années 1960, apparaissent l'université Heriot-Watt et le Napier Technical College. L'histoire de Heriot-Watt remonte à 1821, lorsque fut ouverte une école d'éducation technique pour la classe ouvrière. Heriot-Watt, situé à Riccarton à l'ouest de la ville, possède une solide réputation dans le domaine de l'ingénierie et fait partie des 4 meilleures universités mondiales en géosciences pétrolières. Le Napier College fut renommé Napier Polytechnic dans les années 1980, et obtint le statut d'université en 1992. L'université Napier (Napier University) possède désormais plusieurs campus dans les quartiers sud et ouest de la ville.
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+ On trouve d'autres écoles offrant un enseignement supérieur à Édimbourg. Celles-ci sont entre autres, le Telford College, ouvert en 1968, le Stevenson College, ouvert en 1970. L'École écossaise d'agriculture (Scottish Agricultural College) possède également un campus au sud de la ville.
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+ Édimbourg abrite des Lycées prestigieux, dont le Royal High School, considéré comme le plus vieux de la ville, et le Donaldson's College, destiné aux enfants sourds. Parmi les établissements privés, on peut signaler l'Edinburgh Academy, le Fettes College, George Heriot's (fondé en 1628), George Watson's College, Stewart's Melville College et Merchiston Castle School.
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+ Édimbourg possède deux clubs professionnels de football : Hibernians FC et Heart of Midlothian FC, communément appelés Hibs et Hearts, les deux équipes évoluent dans la Scottish Premier League. On trouve à Édimbourg d’autres clubs, semi-professionnels tels que Edinburgh University, Spartans (en) ou Edinburgh City. Bien qu’Édimbourg soit la capitale, l’équipe d’Écosse de football joue à Hampden Park à Glasgow. Deux anciens clubs professionnels, aujourd'hui disparus, étaient basés à Édimbourg : Leith Athletic et St Bernard's.
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+ L’équipe professionnelle de rugby des Edinburgh Gunners joue en Celtic League au stade de Murrayfield.
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+ L’équipe nationale de rugby à XV est basée à Murrayfield. Les matchs internationaux sont joués dans ce stade, propriété du Scottish Rugby Union (Murraylfield est aussi utilisé pour différents événements comme des concerts).
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+ Les Edinburgh Capitals sont une des plus grandes équipes de hockey sur glace du Royaume-Uni. Le club joue ses matchs à domicile à la patinoire de Murrayfield. Ils sont actuellement les seuls représentants écossais parmi l’élite.
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+ Rugby à XIII
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+ L'équipe possède une équipe de rugby à XIII, les Aigles d'Edimburg. Le club organise régulièrement des tournois de rugby à IX et reçoit des équipes étrangères en test-match, comme l'équipe italienne des Saluzzo Roosters en 2018[18].
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+ Édimbourg a accueilli différents événements sportifs internationaux, dont les Jeux du Commonwealth britannique en 1970 et les Jeux du Commonwealth en 1986. Pour les jeux de 1970, la ville fit construire des installations aux standards olympiques dont la piscine (Royal Commonwealth pool) et le stade de Meadowbank.
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+ Édimbourg a toujours été l'une des villes les plus prospères de Grande-Bretagne. Depuis 1999 et l'implantation du Parlement écossais dans la ville, Édimbourg possède une bonne santé économique grâce aux effets de cette décentralisation et à l'augmentation des embauches due à l'arrivée de services gouvernementaux[19] qui ont attiré un grand nombre d'entreprises. Les taux de chômage sont parmi les plus bas du Royaume-Uni (aux alentours de 2,4 %[20]) et les taux de création d'emploi parmi les plus hauts. La population d'Édimbourg croît rapidement, principalement grâce à l’immigration, principalement en provenance du reste du Royaume-Uni. Cette forte croissance apporte cependant une forte pression sur la ceinture verte, en particulier à l'ouest de la ville où le développement d'entreprises et des habitations est intense.
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+ Le budget de la ville pour 2006 est de 847,7 millions de livres sterling, tandis que les dépenses annuelles représentent environ un milliard de livres sterling. Le budget de la ville provient du gouvernement central à hauteur de 55 %, pour 25 % des impôts locaux (Council Tax) et pour 20 % des taxes sur les entreprises[21].
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+ L’économie d’Édimbourg est largement basée sur le secteur des services, principalement autour du tourisme, des services financiers, de l'éducation et de la recherche en haute technologie. La Bank of Scotland (Banque d’Écosse), fondée en 1695 par une loi du Parlement britannique et qui fait désormais partie du Lloyds Banking Group, a conservé son siège à Édimbourg. La Royal Bank of Scotland (Banque Royale d’Écosse) est elle fondée en 1747 et est désormais la 5e banque mondiale par capitalisation boursière. En 2005, elle a déménagé dans son nouveau siège à l'ouest de la ville. Édimbourg est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni après Londres et le cinquième en Europe. Même si la ville n'a pas de Bourse, elle a joué un rôle important dans l'Histoire des bourses de valeurs.
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+ La New Town et le centre-ville ont traditionnellement toujours abrité les sièges sociaux de nombreuses entreprises. Cependant, avec les besoins modernes, beaucoup ont déménagé. Immédiatement à l'ouest du centre-ville se situe le quartier de la bourse (Exchange business district), qui accueille désormais les sièges des sociétés employant un grand nombre de personnes dans la ville telles que Scottish Widows, Standard Life, Clydesdale Bank…
167
+ Edinburgh Park est un parc d’activité à l'ouest de la ville, près de l'aéroport. Avec l'ouverture du siège de la Royal Bank of Scotland, ce sont près de 20 000 personnes qui travaillent dans les faubourgs ouest d'Édimbourg.
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+ De nos jours les centres commerciaux sont importants. Le St James Centre et le Princes Mall ont ouvert la voie dans la partie est du centre ville dans les années 1970, puis le Cameron Toll dans les années 1980. Plus récemment, de grands centres commerciaux se sont développés à l'extérieur du centre ville et dans les banlieues de la ville, tels que Ocean Terminal à Leith ou Gyle près de Edinburgh Park.
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+
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+ Le brassage de la bière est une industrie traditionnelle de la ville. Avec la fermeture de la brasserie Fountainbridge en 2005, la Caledonian Brewery est désormais la plus grande brasserie d’Édimbourg.
172
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+ Le secteur du tourisme est un des principaux soutiens de l’économie de la ville. Édimbourg est la principale destination des touristes en Écosse et la seconde dans le Royaume-Uni après Londres, et son importance grandit un peu plus chaque année, soutenue par la croissance de l’aéroport d’Édimbourg et un réseau ferroviaire reliant bien la ville au reste du royaume. Le Festival international d’Édimbourg attire chaque année un nombre important de visiteurs ainsi que la fête de Hogmanay au Nouvel An. Les festivals d’Édimbourg du mois d’août doublent la population et génèrent à eux seuls un revenu de 135 millions de livres sterling dans l’économie de la ville[22].
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+ Un autre élément de l'industrie du tourisme est le tourisme d'affaires qui est un autre contributeur majeur à l'économie de la ville.
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+ Le 12 mars 2004, Édimbourg s'est vue attribuer le statut de Fairtrade City, pour son engagement dans la promotion du commerce équitable[23].
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+ Édimbourg est particulièrement renommée pour son festival international de théâtre, opéra, musique et danse qui a lieu tous les étés au mois d'août et qui rassemble près d'un million de personnes. Mais en réalité, un certain nombre d'autres festivals se tiennent en même temps et ne comptent pas pour peu dans l'affluence que connaît la ville. Il s'agit en particulier du Fringe, festival d'arts festifs qui attire désormais plus de monde que le festival originel, du festival du film, de celui du livre et du Edinburgh Military Tattoo, grande compétition de musique militaire.
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+ Édimbourg possède trois musées de grande importance :
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+ Le Festival d’Édimbourg est un ensemble de festivals ayant lieu en chaque année en août dans la ville. Ses différentes composantes sont :
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+ Hogmanay est la fête du Nouvel An à Édimbourg. Les célébrations liées au passage à la nouvelle année ont lieu du 31 décembre jusqu’au 2 janvier. Concerts celtiques ou pop-rock, jeux de lumière, danse traditionnelle, cornemuses et bars en plein air : la traditionnelle Hogmanay propose un marathon festif. En 2015, c'est le célèbre groupe écossais Biffy Clyro qui assurera le concert de clôture d'Hogmanay.
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+ Le festival de Beltane, tous les ans le 1er mai, sur la colline de Calton Hill.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Cathédrale et château de Durham (1986) · Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd (1986) · Gorge d'Ironbridge (1986) · Parc de Studley Royal avec les ruines de l'abbaye de Fountains (1986) · Stonehenge, Avebury et sites associés (1986) · Frontières de l’Empire romain (Mur d'Hadrien, Mur d'Antonin) (1987) (avec l'Allemagne) · Palais de Blenheim (1987) · Palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église Sainte-Marguerite (1987) · Ville de Bath (1987) · Cathédrale, abbaye Saint-Augustin et église Saint-Martin à Canterbury (1988) · Tour de Londres (1988) · Vieille ville et Nouvelle ville d'Edimbourg (1995) · Maritime Greenwich (1997) · Cœur néolithique des Orcades (1999) · Paysage industriel de Blaenavon (2000) · Ville historique de St George et les fortifications associées, aux Bermudes��(2000) · New Lanark (2001) · Saltaire (2001) · Usines de la vallée de la Derwent (2001) · Jardins botaniques royaux de Kew (2003) · Liverpool – Port marchand (2004) · Paysage minier des Cornouailles et de l'ouest du Devon (2006) · Pont-canal et canal de Pontcysyllte (2009) · Pont du Forth (2015) · Ensemble des grottes de Gorham (2016) · Le District des Lacs anglais (2017) · Observatoire de Jodrell Bank (2019)
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+
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+ Chaussée des Géants et sa côte (1986) · Île d'Henderson (1988) · Îles de Gough et Inaccessible (1995) · Littoral du Dorset et de l'est du Devon (2001)
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+ Île de St Kilda (1986)
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@@ -0,0 +1,195 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Édimbourg /edɛ̃buʁ/[1] (Edinburgh /ˈɛdɪnb(ə)ɹə/[2],[3] Écouter en anglais britannique, Dùn Èideann /ˈt̪uːnˈeːtʲən̪ˠ/[4] en gaélique écossais, Embra, Edinburrie, Edinburra et Edimbra en scots) est une ville d'Écosse au Royaume-Uni.
4
+
5
+ Elle est sa capitale depuis 1532, ainsi que le siège du Parlement écossais depuis le rétablissement de celui-ci en 1999. Sa population était de 457 830 habitants en 2005 (c’est la deuxième ville d’Écosse derrière Glasgow).
6
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7
+ Ses habitants s'appellent les Édimbourgeois. Depuis 1329, Édimbourg possède officiellement le statut de cité. Elle a aussi le statut de council area (depuis le 31 mars 1996) et de région de lieutenance, après avoir eu celui de district au sein de la région du Lothian (du 15 mai 1975 au 31 mars 1996) dont elle était le siège.
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9
+ Elle est dominée par son château dont les fondations remontent au VIIe siècle mais c’est à partir du XIe siècle que fut construite cette résidence royale avant de devenir une forteresse redoutable au XVIe siècle. Édimbourg fut affranchie en 1329 et s’entoura de murailles au XVe siècle. Après la défaite de Flodden (1513) contre les Anglais, les bourgeois de la ville décidèrent de construire à titre préventif une seconde enceinte baptisée le mur de Flodden. Après l’unification des Parlements d’Écosse et d’Angleterre (1707), la ville perdit de son importance politique mais resta un important centre économique et culturel. En plus du Château, Édimbourg compte de nombreux lieux intéressants comme le Royal Botanic Garden, les cathédrales Saint-Gilles (presbytérienne), Sainte-Marie (épiscopalienne) et Sainte-Marie (catholique), la National Gallery, Charlotte Square, le Scott Monument ou encore le National Museum of Scotland. Le palais de Holyrood (Holyrood Palace) est la résidence officielle de la reine lorsqu’elle séjourne dans la ville. Les districts de la vieille et de la nouvelle ville sont classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1995.
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+ Édimbourg est célèbre pour son festival, le plus grand du monde, qui dure trois semaines en août et propose de nombreux spectacles de qualité dans toutes les disciplines.
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+ C'est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni (après Londres) .et les attractions historiques et culturelles de la ville en ont fait la deuxième destination touristique la plus populaire du Royaume-Uni, attirant 1,75 million de visiteurs étrangers en 2016. La ville accueille l'une des plus prestigieuses universités d’Europe et du monde, l’université d’Édimbourg, pionnière dans l’informatique, la géologie, la chimie et la médecine. À Édimbourg se situe également la bibliothèque nationale d’Écosse (National Library of Scotland) qui est la plus importante bibliothèque d’Écosse (et l’une des plus grandes du Royaume-Uni).
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15
+ La ville est construite sur des collines volcaniques qui fournissent chacune un point de vue différent sur la ville. Alors que la cité s'est construite autour de l'imposant Castle Rock, on dit souvent que la ville moderne est construite sur sept collines, à savoir Calton Hill, Corstorphine Hill, Craiglockhart Hill, Braid Hill, Blackford Hill, Arthur's Seat et Castle Rock, donnant lieu à des allusions aux sept collines de Rome.
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+ La topographie de la ville offre plusieurs collines permettant d'avoir de larges panoramas sur Édimbourg et ses environs.
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+ Au sud-est du centre-ville, domine Arthur’s Seat (le siège d’Arthur ou parfois le siège de l’archer). Il surplombe le palais de Holyrood ainsi que la vieille ville (Old Town) toute proche. Ce crag, est un ensemble de cheminées volcaniques du principal volcan sur lequel Édimbourg est construite. Le volcan s’est effondré et a basculé sur le côté, laissant ces collines comme les sites les plus élevés à des kilomètres à la ronde. Arthur’s seat fait désormais partie du parc de Holyrood, à l’origine propriété du monarque en tant que partie du palais de Holyrood. Il fait partie des sites d’intérêt scientifique en matière de géologie du Royaume-Uni (Site of special scientific interest, ou SSSI en anglais). Arthur’s Seat et le parc de Holyrood offrent un panorama sur toute la région d'Édimbourg ainsi qu'un endroit de détente particulièrement apprécié des habitants de la ville.
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21
+ Au nord-est, surplombant le centre-ville, se trouve Calton Hill. À son sommet se dressent différents bâtiments, dont deux observatoires, une tour en la mémoire de Horatio Nelson, le Royal High School (qui aurait dû abriter le Parlement à une époque), et le Monument national d'Écosse, dont le modèle est le Parthénon d’Athènes, mais qui reste inachevé. Le surnom Athènes du Nord donné à Édimbourg vient entre autres de ce monument. Calton Hill accueille les festivités de Beltane chaque 1er mai.
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+ Blackford Hill est la troisième et la plus au sud des hauteurs de la ville.
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+ Le centre historique d'Édimbourg est divisé en deux parties par les Jardins de Princes Street. Au sud de ces jardins se trouve la vieille ville (quartier de Old Town), dominée par le château, perché au sommet d’un ancien crag volcanique. L’axe majeur de la vieille ville, le Royal Mile, suit l’arête du crag en descendant lentement vers le palais de Holyrood à l'est. Au nord des jardins, se trouve la Nouvelle ville (quartier de New Town). Ces jardins se trouvent à l’ancien emplacement de marécages et de la rivière Nor'Loch, qui servait autrefois de douves au château.
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27
+ À l’ouest du château se trouve le quartier financier, abritant de nombreuses banques et compagnies d'assurances. La construction qui attire sans doute le plus l’œil est le bâtiment circulaire construit en grès et qui abrite le Centre International de Conférence.
28
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29
+ La topographie de la ville est marquée par le « crag et sa queue », qui se sont formés pendant l'ère glaciaire lorsque les glaciers ont érodé le sol tendre autour d'un bloc de roches volcaniques plus dures. La colline qui en a résulté a été la plus ancienne partie de la ville à se développer, en étant tout d'abord fortifiée puis en devenant le château que l'on peut voir aujourd'hui. La ville s'est ensuite étendue en descendant le long de l'arête qui part du château. Cet emplacement était facile à défendre, entouré de marécages au sud et d'un lac, le Nor Loch au nord. L'accès à la voie principale était barré au moyen de murailles aujourd'hui quasiment disparues.
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31
+ La vieille ville a préservé sa physionomie médiévale ainsi que de nombreux bâtiments datant de la Réforme. Elle est délimitée sur un côté par le château, d'où l'artère principale (le Royal Mile) descend. Des ruelles appelées closes ou wynds comme Mary King's Close, et qui partent du Royal Mile descendent de part et d'autre de la colline. De larges places marquent l'emplacement des marchés ou entourent les principaux bâtiments publics, comme autour de la cathédrale Saint-Gilles ou le palais de justice par exemple. Les autres lieux dignes d'intérêt proches du Royal Mile sont le musée royal d'Écosse, le collège royal de chirurgie, l’université d’Édimbourg. La conception de la ville, typique de vieux quartiers de beaucoup de cités d’Europe du Nord, est particulièrement pittoresque à Édimbourg, du fait de son château perché au sommet du crag.
32
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33
+ Les restrictions imposées par le manque d'espace dû à l'étroitesse de l'arête sur laquelle est construite la vieille ville font d'Édimbourg l'une des premières cités à construire de véritables tours d'habitation. Les logements multi-étages sont la norme depuis le XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, il y avait environ 50 000 habitants dans Old Town, et comme la population a pendant longtemps été réticente à s'installer hors des murs de la ville, le besoin en logement s'est fait de plus en plus important et les bâtiments se sont agrandis. Cependant, beaucoup de ceux-ci furent détruits dans le grand incendie de 1824 et ensuite reconstruits sur les fondations d'origine. Mais cela a provoqué des changements au niveau du sol avec la création de nombreux passages sous la vieille ville.
34
+ Depuis, la population de Old Town a considérablement diminué, n’atteignant plus que 2 000 à 4 000 personnes selon les sources[5]. Il y a actuellement 8 000 habitants dans la vieille ville[6],[7].
35
+
36
+ La nouvelle ville est apparue au XVIIIe siècle comme solution aux problèmes de surpopulation dans la vieille ville. Jusqu'alors la ville s'était développée sur le flanc de la colline descendant du château. En 1766, un concours, lancé afin de tracer la nouvelle ville, fut remporté par James Craig, un architecte de 22 ans. Son idée était de créer un plan ordonné et rigide, ce qui correspondait aux idées de rationalité de l’époque des lumières. L’artère principale était George Street, qui suit la crête naturelle au nord de la vieille ville. De chaque côté de George Street on trouve deux autres artères importantes : Princes Street et Queen Street. Princes Street est devenue depuis la principale rue commerçante d'Édimbourg et quelques bâtiments d'architecture georgienne y subsistent. Reliant ces trois axes entre eux, toute une série de rues perpendiculaires ont été tracées. À l'est et à l'ouest de George Street, on trouve respectivement les places de St Andrew's Square et Charlotte Square. Cette dernière a été dessinée par Robert Adam et est considérée comme un des plus beaux exemples d'architecture georgienne de Grande-Bretagne. La résidence officielle du premier ministre d’Écosse, Bute House, est visible sur le côté nord de Charlotte square.
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38
+ Entre Old Town et New Town se trouvait le Nor'Loch qui servait autrefois, d'approvisionnement en eau et de décharge. Il fut drainé dans les années 1820. Certains plans montrent qu'un canal aurait été envisagé, mais on créa à la place les jardins de Princes Street.
39
+ L'excès de terre issu de la construction des bâtiments combla une partie de la petite vallée formée par la rivière, créant ainsi The Mound, qui est l'esplanade où se trouvent désormais le National Gallery of Scotland et la Royal Scottish Academy. Les tunnels menant à la gare de Waverley toute proche, passent sous le Mound.
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41
+ Le succès de la nouvelle ville fut tel qu'elle s'est largement agrandie. Le plan très structuré ne s'est pourtant pas maintenu et une disposition des rues plus pittoresque s'est installée dans les quartiers créés par la suite.
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43
+ Leith qui est le port d'Édimbourg, est toujours considéré comme une entité séparée de la ville, et sa fusion avec celle-ci en 1920 a été à l’origine d’un fort ressentiment. Encore aujourd'hui le siège parlementaire est celui de la circonscription d'Édimbourg Nord et Leith. Avec le développement de Leith, Édimbourg a attiré de nombreuses compagnies maritimes qui offrent désormais des croisières vers la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Leith accueille l'ancien yacht de la reine, le Britannia désormais à la retraite, amarré derrière le grand centre commercial d'Ocean Terminal.
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45
+ L’aéroport d’Édimbourg (code AITA : EDI • code OACI : EGPH), situé dans le quartier de Turnhouse, à 8 km à l’ouest de la ville, est la principale porte d’entrée internationale de la ville. L’aéroport est géré par BAA plc, qui gère également les aéroports d’Heathrow, de Gatwick, de Stansted (tous les trois dans la région de Londres), de Glasgow, d’Aberdeen et de Southampton. L’aéroport dessert de nombreuses destinations nationales et internationales et voit passer plus de 8 millions de passagers par an. Les prévisions estiment que ce chiffre pourrait être de 26 millions d’ici 2030[8]. Un plan de développement pour accompagner la croissance du trafic a été publié en mai 2005 indiquant que le terminal d’Édimbourg devrait être agrandi. La possibilité de la création d’une troisième piste d’atterrissage est à l’étude.
46
+
47
+ En 2006, il a été décidé de construire un réseau de tramway à Edimbourg.Les travaux ayant pris du retard, ce réseau n'a été inauguré qu'en 2014. Il compte pour le moment une seule ligne, mais 2 autres sont prévues qui relieront l’aéroport international se situant à l’ouest de la ville, Princes Street dans le centre, les quartiers de Leith, Granton et Western Harbour[9].
48
+
49
+ Pourtant, comme beaucoup d’autres villes de Grande-Bretagne, Édimbourg possédait un tramway au début du XXe siècle, circulant jusque dans les quartiers de Leith et de Portobello, mais le service a été abandonné en 1956.
50
+
51
+ Édimbourg possède un large réseau de bus, desservant tous les quartiers de la ville et ses banlieues. Afin de désengorger le centre-ville de la circulation, de nombreux stationnements à la périphérie de la ville sont mis à la disposition des automobilistes pour les inciter à prendre le bus.
52
+
53
+ La Lothian Buses est la principale compagnie de bus d’Édimbourg[10]. Elle dessert également certaines parties de l’East Lothian et du Midlothian. La Lothian buses est la seule compagnie de bus publique d’Écosse, détenue à 91 % par la ville d’Édimbourg et les 9 % restant par les régions de l’East Lothian, du Midlothian, et du West Lothian.
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55
+ Une navette permet de relier l’aéroport international au centre-ville[11].
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+ La gare de Waverley est la principale gare d’Édimbourg. Située dans le centre-ville, tout près des jardins de Princes Street, elle est utilisée par 13 millions de voyageurs par an. Elle est la principale gare sur la East Coast Main Line, qui relie Londres et Aberdeen, et le point de départ ou le terminus de nombreuses lignes en Écosse. La East Coast et la Virgin Trains font la liaison d’Édimbourg à Londres, la principale destination au départ d'Édimbourg; la CrossCountry relie Aberdeen au sud-ouest de l'Angleterre et First Transpennine Express dessert Manchester. La First ScotRail assure les liaisons en Écosse, ainsi que le train de nuit en voitures-lits Caledonian Sleeper pour Londres.
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+ Édimbourg est dotée d’un réseau ferroviaire urbain assez limité. L’Edinburgh Cross-City Line parcourt la ville d’est en ouest reliant les gares d’Edinburgh Park à l’ouest à celles de Haymarket et de Wayverley dans le centre et de Brunstane et Newcraighall à l’est.
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+ L'A720, également appelée Edinburgh City Bypass, est une des plus importantes routes nationales d’Écosse. Servant de boulevard périphérique, elle n’entoure la ville que par le sud, Édimbourg étant située au bord de la mer. Partent de l’A720 :
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+ L'Edinburgh City Bypass est une 2 × 2 voies tout du long, et est équipée de bandes d'arrêt d’urgence.
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+ Édimbourg connaît un climat océanique, marqué par des hivers modérés et des étés frais. L'humidité est importante toute l'année (240 jours de pluie en moyenne), et le temps est souvent changeant (averses suivies d'éclaircies). Les brouillards sont fréquents.
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+ L'origine du nom de la ville viendrait du brittonique Din Eidyn (le fort d'Eydin, voir article dun), la ville n'étant alors qu'un fort au sommet d'une colline. Des sources romaines du Ier siècle, parlent des Votadini, comme la tribu bretonne régnant sur la région (la Bretagne étant le nom que les Romains donnent à la Grande-Bretagne). Cette origine est confirmée par le poème Y Gododdin, peut-être composé aux environs de 600 (manuscrit du XIIIe siècle), qui décrit des guerriers festoyant dans le grand fort d'Eidin.
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+ Après le siège des Angles de Bernicie, la ville devient Edin-burh, qui pourrait venir de l’anglo-saxon Edwin's fort (le fort d'Edwin). Ce fort tirerait lui-même son nom d'Edwin, roi de Northumbrie au VIIe siècle, mais l’apparition possible du nom avant l’existence même du roi aurait tendance à contredire cette thèse. La partie burgh signifie forteresse ou groupe de bâtiments, et donc par extension une ville. Ce mot est à rapprocher de l’allemand Burg, du latin parcus et du grec ancien πύργος ou púrgos. On peut faire remonter ce mot jusqu’au chaldéen perach signifiant croissance, une ville étant un groupe de bâtiments qui grandit depuis le sol.
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+ La preuve de l’existence d’une ville en tant qu'entité séparée du fort apparaît dans une charte du début du XIIe siècle, probablement en 1124. Le roi David Ier accorde alors des terres à l’église de Holyrood d'Édimbourg. Cela laisse penser que la ville commença réellement à se développer entre 1018 (quand le roi Malcolm II sécurisa la région des Lothians contre les attaques des Northumbriens) et 1124.
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+ Le bénéficiaire de la charte est l'Ecclisie Sancte Crucis Edwinesburgensi (Église Sainte-Croix d’Édimbourg en latin), ce qui pourrait signifier que ceux qui ont écrit cette charte pensaient qu'Edwin était la source originale du nom de la ville et auraient donc décidé de le latiniser. Mais une autre hypothèse est que le mot se serait modifié au cours des 600 années précédentes pour y intégrer un « w ». Dans tous les cas, cela allait changer rapidement de nouveau ; en 1170, le Roi Guillaume le Lion utilise Edenesburch dans une charte (en latin de nouveau) confirmant l’octroi de terre par David Ier.
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+ Des documents du XIVe siècle mentionnent la ville sous sa forme actuelle. Bien que l'on trouve parfois les orthographes Edynburgh et Edynburghe, elles ne sont que de simples variantes de l’orthographe actuelle.
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+ La ville est affectueusement surnommée la vieille enfumée en Scots, du fait des fumées noires qui s’échappaient des nombreuses cheminées, formant un nuage autour de la ville[12].
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+ Elle est également appelée l'Athènes du Nord pour différentes raisons.
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+ Le XVIIIe siècle, période des Lumières écossaises, a beaucoup joué dans l’attribution de ce surnom. Des figures phares telles que David Hume et Adam Smith faisaient rayonner la ville en ce temps-là. Ayant perdu de son importance politique, certains espéraient qu’Édimbourg pourrait un jour rivaliser avec des centres culturels tels que Londres, comme Athènes ou Rome auparavant. Un autre facteur de ressemblance est la présence d'architecture néoclassique, particulièrement celle des bâtiments de William Henry Playfair. Mais l’appellation Athènes du nord est discréditée depuis qu’un écrivain a facétieusement surnommé Édimbourg la Reykjavik du Sud[13].
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+ Édimbourg a également été connue sous le nom de Dunedin, dérivant de son nom gaélique Dùn Eideann. Dunedin, en Nouvelle-Zélande, était à l’origine nommée New-Edinburgh et est toujours surnommée l’Édimbourg du Sud.
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+ Les poètes Robert Burns et Robert Fergusson appellent parfois la ville Edina dans leurs œuvres. Ben Jonson la décrit comme « l’autre œil de Grande-Bretagne » (Britain’s other eye), et Sir Walter Scott l’appelle Impératrice du Nord.
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+ Certains Écossais appellent la ville de façon informelle Embra.
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+ Des Hommes se sont installés dans la région d’Édimbourg au moins depuis l'âge du bronze, en laissant des traces de constructions primitives en pierre sur Holyrood, la colline de Craiglockhart et les collines de Pentland par exemple. La culture locale fut influencée durant l'âge de fer par Hallstatt et la Tène, les cultures celtes de l'Europe centrale. Les Romains arrivèrent dans le Lothian au début du premier millénaire de notre ère. Ils découvrirent une tribu celte dont ils notèrent le nom Votadini, probablement la version latinisée du nom par lequel ils s'appelaient.
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+ Avant le VIIe siècle de notre ère, les Votadini ou les Gododdin qui étaient probablement leurs descendants, construisirent un château-fort connu sous le nom de Din Eidyn ou Etin, très certainement dans les limites de l'actuelle Édimbourg. Bien que l'emplacement du château-fort Eidyn ou Etin n'ait pas été repéré, les chercheurs admirent qu'il se trouva soit sur le rocher du château actuel, soit sur le trône d'Arthur ou la colline de Calton.
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+ Les Angles du royaume de Bernicia eurent une influence significative dans ce qui deviendrait successivement Bernicie, Northumbrie, l'Angleterre et finalement le sud-est de l'Écosse, notamment en 638 quand la forteresse des Gododdin fut assiégée par des forces loyales au roi Oswald de Northumbrie. Que cette bataille marquât ou non le passage du contrôle du bastion d'Etin des Celtes de Brythonic aux Northumbrians, c'est à ce moment que la région d’Édimbourg passa aux Northumbrians. Le chroniqueur anglais Siméon de Durham mentionna « qu'il existait une église à Edwineburch en 854 qui passa sous l'autorité de l'évêque de Lindisdane. Loin d'être exclusive, cette influence perdura plus de trois siècles. On n'était pas encore en 950 quand, pendant le règne d'Indulf, le fils de Constantine II, la ville, désignée à ce moment dans la chronique Pictish sous le nom du « oppidum Éden », tomba sous la dépendance des Écossais et finalement resta sous leur juridiction ». Durant ces temps de loi anglo-saxonne, dans ce qui est maintenant l’Écosse du sud-est, quand le nom de la ville acquit son suffixe germanique « burgh », les fondements de la langue que nous connaissons aujourd'hui comme l'écossais furent jetés.
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+ Au XIIe siècle, Édimbourg, bien établie sur le célèbre rocher du château façonné par deux millions d'années d'activité glaciaire, devint l'une des premières municipalités royales écossaises. Fondé au milieu du XIIe siècle, un Burgh de souveraineté distinct, connu comme Canongate et tenu par l'abbaye de Holyrood, s'est développé vers l'est. Au cours du Moyen Âge tardif, Édimbourg se développa rapidement et continua à s'épanouir économiquement et culturellement au cours de la Renaissance. Elle fut au cœur de la réforme en Écosse et des guerres de l'alliance une centaine d'années plus tard.
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+ En 1603, le roi Jacques VI d’Écosse hérita du trône d'Angleterre, unissant les deux royaumes en une union personnelle connue sous le nom d'Union des couronnes. L’Écosse est restée un royaume souverain avec le Parlement d'Écosse à Édimbourg. Le roi James VI investit Londres où il établit sa cour, maintenant sa juridiction en Écosse à travers son Conseil privé qui ne reçut que des instructions écrites et exécuta sa volonté. En dépit de la promesse de venir tous les trois ans, il ne revint à Édimbourg qu'une fois, en 1617.
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+ Les conflits entre les alliés presbytériens et les Épiscopaliens menèrent en 1639 aux guerres des évêques, conflit initial des guerres des trois royaumes. Pendant la troisième guerre civile anglaise, Édimbourg a été prise par les forces de Commonwealth d'Oliver Cromwell antérieurement à la défaite finale de Charles II à la bataille de Worcester.
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+ À Édimbourg, un mur défensif construit au XVIe siècle principalement comme protection contre une invasion anglaise à la suite de la défaite de James IV à la bataille de Flodden et de ce fait appelé le mur de Flodden, marque toujours les frontières de la ville au XVIIe siècle. Les terrains disponibles pour le développement étant restreints, les maisons montèrent plutôt en hauteur. Les bâtiments de 11 étages furent courants et il y eut des bâtiments records hauts de 14 ou même 15 étages, une version précoce du gratte-ciel d'aujourd'hui. Plusieurs des structures en pierre peuvent encore être vues aujourd'hui dans la vieille ville.
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+ En 1706 et 1707, les actes de l'union furent passés par les Parlements d'Angleterre et d’Écosse unissant les deux royaumes dans le royaume de Grande-Bretagne. Par conséquent, le Parlement d’Écosse a fusionné avec le Parlement d'Angleterre pour former le Parlement de Grande-Bretagne, qui s'établit à Westminster à Londres. Cette union fut combattue par beaucoup d’Écossais et ceci provoqua des émeutes dans la ville.
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+ Tôt, et certainement depuis le XIVe siècle, Édimbourg (comme d'autres municipalités royales d’Écosse) utilisa les armoiries de nombreuses manières, y compris dans les sceaux. En 1732, Lord Lyon, Roi des armoiries, accorda formellement l' « accomplissement » ou les « armoiries ». Ces armoiries furent utilisées par le conseil municipal d’Édimbourg jusqu'à la réorganisation de l'administration locale en Écosse en mai 1975, quand elle fut remplacée par le Conseil de District de la ville d’Édimbourg, et de nouvelles armoiries, basées sur d'antérieures, furent créées en 1996. D'autres réorganisations de l'administration locale intervinrent lors de la formation du Conseil de la Ville d’Édimbourg, et les armoiries furent encore modifiées.
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+ Pendant le soulèvement des Jacobites de 1745, Édimbourg a été brièvement occupée par des forces jacobites avant leur marche sur l'Angleterre. Après leur défaite finale à la bataille de Culloden, près d'Inverness, il y eut une période de représailles et de pacification, principalement dirigées contre les montagnards catholiques. À Édimbourg le monarque de Hanovre tenta de gagner la faveur en soutenant les nouvelles extensions au nord du château, nommant des rues en l'honneur du roi et de sa famille ; George Street, Frederick Street, Hannovre Street et Princes Street, nommées en l'honneur des deux fils de George III.
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+ La ville fut au cœur des Lumières d'Écosse. Des célébrités du continent furent vues dans les rues de la ville, parmi elles de fameux écossais tels que David Hume, Walter Scott, Robert Adam, David Wilkie, Robert Burns, James Hutton et Adam Smith. Édimbourg est devenue un centre culturel important, lui valant le surnom d'Athènes du Nord à cause du style gréco-romain de l'architecture de la ville nouvelle, ainsi qu'à l'élévation de l'élite intellectuelle écossaise qui domina de plus en plus la pensée à la fois écossaise et européenne.
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+ Au XIXe siècle, Édimbourg, comme beaucoup de villes, s'industrialisa, mais ne se développa pas aussi rapidement que la deuxième ville d’Écosse, Glasgow, qui la dépassa comme plus grande ville dans le pays, profitant considérablement de la prépondérance de l'Empire britannique.
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+ L'acte d’Écosse de 1998, entré en vigueur en 1999, établit un Parlement écossais délégué et un exécutif écossais, renommé Gouvernement écossais en 2012, tous deux basés à Édimbourg, responsables du gouvernement d’Écosse, avec des domaines réservés tels que la défense, la fiscalité et les affaires étrangères demeurant sous la responsabilité de Westminster.
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+ Depuis la réforme de 1996, Édimbourg constitue l'une des 32 subdivisions de l'Écosse. En effet, la ville d'Édimbourg a un gouvernement sous forme d'autorité unitaire comme désigné par le Local Government, etc. (Scotland) Act 1994, donnant aux grandes villes écossaises plus d'autonomie que les grandes villes anglaises.
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+ La ville d'Édimbourg est administrée par 59 membres (58 conseillers et le Lord Provost) qui forment ensemble le Conseil de la ville d'Édimbourg (The City of Edinburgh Council). Ils sont responsables de la gestion des services publics tels que les logements, la planification urbaine, les transports urbains, l'entretien des parcs, la maintenance de la voirie, la propreté urbaine, le développement économique local et le renouvellement urbain. À ces fins, la ville d'Édimbourg est divisée en 17 districts. La ville d'Édimbourg est actuellement le deuxième plus grand employeur de la région avec un total de 18 617 employés[14].
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+ Au niveau municipal, le City Council (équivalent du conseil municipal en France) comprend 58 conseillers élus par les électeurs de la ville pour un mandat de cinq ans. Le conseil se réunit mensuellement à l'hôtel de ville pour prendre les décisions sur les questions importantes et la gestion de la ville. Ils préparent et votent le budget de la ville chaque année.
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+ Le conseil est présidé par le Lord Provost (équivalent du maire), Frank Ross du Scottish National Party depuis 2017.
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+ Depuis les élections locales du 4 mai 2017, la répartition des sièges est la suivante[15] :
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+ En tant que capitale de l’Écosse, Édimbourg abrite le siège du Parlement, du gouvernement écossais et les principaux bureaux du gouvernement écossais.
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+ Au Parlement écossais, la ville est représentée par six membres (Members of the scottish Parliament, MSPs) élus des circonscriptions d’Édimbourg centre, est et Musselburgh, nord et Leith, ouest, Pentlands et sud. En outre, la région des Lothians dont fait partie Édimbourg élit neuf représentants à la proportionnelle, dont sept pour la seule ville d’Édimbourg. Par conséquent, celle-ci est représentée par treize membres au total.
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+ Au Parlement du Royaume-Uni, la ville est représentée par cinq députés à la Chambre des communes, élus dans les cinq circonscriptions d’Édimbourg est, nord et Leith, ouest, sud et sud-ouest. Avec la redéfinition des circonscriptions en 2005, le siège d’Édimbourg Pentlands est devenu plus largement celui d’Édimbourg sud-ouest. Édimbourg centre a été partagé entre les autres circonscriptions.
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+ Édimbourg est jumelée avec :
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+ L’Office Général des Registres (General Register Office for Scotland) estimait la population d'Édimbourg en 2005 à 457 830 habitants[16]. Une augmentation si l’on se réfère aux chiffres du recensement de 2001 qui établissait la population d’Édimbourg à 448 624 habitants. La population serait partagée entre 218 008 hommes et 235 662 femmes. Alors que la population d’Édimbourg vieillit, la large proportion de jeunes étudiants dans les universités de la ville permet en quelque sorte de pallier ce problème démographique. Le nombre d'habitants de la ville devrait croître dans les vingt prochaines années pour atteindre 500 000 habitants d'ici 2024[17]. Édimbourg possède aussi l'une des populations les plus qualifiées d’Europe, avec plus de diplômés d'université par habitant que n'importe quelle autre ville européenne.
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136
+ L’université d’Édimbourg a été fondée par une charte royale en 1583, et est ainsi la quatrième plus ancienne université d’Écosse. Le Old College bâti sur South Bridge, date des années 1820. Mais l’institution continuant à croître en nombre d’élèves, de nouveaux bâtiments furent construits autour de George Square où l’université demeure; ces expansions sont toujours en cours en 2006.
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138
+ Le Collège royal de chirurgie (Royal College of Surgeons) et le Collège Royal de médecine (Royal College of Physicians) ont également été créés par chartes royales, respectivement en 1506 et 1681. La Trustees Drawing Academy of Edinburgh fut fondée en 1760, avant de devenir en 1907 l'Edinburgh College of Art (école d'art). La Queen Margaret University, fondée en 1875 en tant qu'école pour filles est aujourd'hui spécialisée dans les soins médicaux, les médias et les affaires.
139
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140
+ Dans les années 1960, apparaissent l'université Heriot-Watt et le Napier Technical College. L'histoire de Heriot-Watt remonte à 1821, lorsque fut ouverte une école d'éducation technique pour la classe ouvrière. Heriot-Watt, situé à Riccarton à l'ouest de la ville, possède une solide réputation dans le domaine de l'ingénierie et fait partie des 4 meilleures universités mondiales en géosciences pétrolières. Le Napier College fut renommé Napier Polytechnic dans les années 1980, et obtint le statut d'université en 1992. L'université Napier (Napier University) possède désormais plusieurs campus dans les quartiers sud et ouest de la ville.
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+ On trouve d'autres écoles offrant un enseignement supérieur à Édimbourg. Celles-ci sont entre autres, le Telford College, ouvert en 1968, le Stevenson College, ouvert en 1970. L'École écossaise d'agriculture (Scottish Agricultural College) possède également un campus au sud de la ville.
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144
+ Édimbourg abrite des Lycées prestigieux, dont le Royal High School, considéré comme le plus vieux de la ville, et le Donaldson's College, destiné aux enfants sourds. Parmi les établissements privés, on peut signaler l'Edinburgh Academy, le Fettes College, George Heriot's (fondé en 1628), George Watson's College, Stewart's Melville College et Merchiston Castle School.
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+ Édimbourg possède deux clubs professionnels de football : Hibernians FC et Heart of Midlothian FC, communément appelés Hibs et Hearts, les deux équipes évoluent dans la Scottish Premier League. On trouve à Édimbourg d’autres clubs, semi-professionnels tels que Edinburgh University, Spartans (en) ou Edinburgh City. Bien qu’Édimbourg soit la capitale, l’équipe d’Écosse de football joue à Hampden Park à Glasgow. Deux anciens clubs professionnels, aujourd'hui disparus, étaient basés à Édimbourg : Leith Athletic et St Bernard's.
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+ L’équipe professionnelle de rugby des Edinburgh Gunners joue en Celtic League au stade de Murrayfield.
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+ L’équipe nationale de rugby à XV est basée à Murrayfield. Les matchs internationaux sont joués dans ce stade, propriété du Scottish Rugby Union (Murraylfield est aussi utilisé pour différents événements comme des concerts).
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+ Les Edinburgh Capitals sont une des plus grandes équipes de hockey sur glace du Royaume-Uni. Le club joue ses matchs à domicile à la patinoire de Murrayfield. Ils sont actuellement les seuls représentants écossais parmi l’élite.
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+ Rugby à XIII
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+ L'équipe possède une équipe de rugby à XIII, les Aigles d'Edimburg. Le club organise régulièrement des tournois de rugby à IX et reçoit des équipes étrangères en test-match, comme l'équipe italienne des Saluzzo Roosters en 2018[18].
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+ Édimbourg a accueilli différents événements sportifs internationaux, dont les Jeux du Commonwealth britannique en 1970 et les Jeux du Commonwealth en 1986. Pour les jeux de 1970, la ville fit construire des installations aux standards olympiques dont la piscine (Royal Commonwealth pool) et le stade de Meadowbank.
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+ Édimbourg a toujours été l'une des villes les plus prospères de Grande-Bretagne. Depuis 1999 et l'implantation du Parlement écossais dans la ville, Édimbourg possède une bonne santé économique grâce aux effets de cette décentralisation et à l'augmentation des embauches due à l'arrivée de services gouvernementaux[19] qui ont attiré un grand nombre d'entreprises. Les taux de chômage sont parmi les plus bas du Royaume-Uni (aux alentours de 2,4 %[20]) et les taux de création d'emploi parmi les plus hauts. La population d'Édimbourg croît rapidement, principalement grâce à l’immigration, principalement en provenance du reste du Royaume-Uni. Cette forte croissance apporte cependant une forte pression sur la ceinture verte, en particulier à l'ouest de la ville où le développement d'entreprises et des habitations est intense.
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+ Le budget de la ville pour 2006 est de 847,7 millions de livres sterling, tandis que les dépenses annuelles représentent environ un milliard de livres sterling. Le budget de la ville provient du gouvernement central à hauteur de 55 %, pour 25 % des impôts locaux (Council Tax) et pour 20 % des taxes sur les entreprises[21].
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+ L’économie d’Édimbourg est largement basée sur le secteur des services, principalement autour du tourisme, des services financiers, de l'éducation et de la recherche en haute technologie. La Bank of Scotland (Banque d’Écosse), fondée en 1695 par une loi du Parlement britannique et qui fait désormais partie du Lloyds Banking Group, a conservé son siège à Édimbourg. La Royal Bank of Scotland (Banque Royale d’Écosse) est elle fondée en 1747 et est désormais la 5e banque mondiale par capitalisation boursière. En 2005, elle a déménagé dans son nouveau siège à l'ouest de la ville. Édimbourg est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni après Londres et le cinquième en Europe. Même si la ville n'a pas de Bourse, elle a joué un rôle important dans l'Histoire des bourses de valeurs.
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+ La New Town et le centre-ville ont traditionnellement toujours abrité les sièges sociaux de nombreuses entreprises. Cependant, avec les besoins modernes, beaucoup ont déménagé. Immédiatement à l'ouest du centre-ville se situe le quartier de la bourse (Exchange business district), qui accueille désormais les sièges des sociétés employant un grand nombre de personnes dans la ville telles que Scottish Widows, Standard Life, Clydesdale Bank…
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+ Edinburgh Park est un parc d’activité à l'ouest de la ville, près de l'aéroport. Avec l'ouverture du siège de la Royal Bank of Scotland, ce sont près de 20 000 personnes qui travaillent dans les faubourgs ouest d'Édimbourg.
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+ De nos jours les centres commerciaux sont importants. Le St James Centre et le Princes Mall ont ouvert la voie dans la partie est du centre ville dans les années 1970, puis le Cameron Toll dans les années 1980. Plus récemment, de grands centres commerciaux se sont développés à l'extérieur du centre ville et dans les banlieues de la ville, tels que Ocean Terminal à Leith ou Gyle près de Edinburgh Park.
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+ Le brassage de la bière est une industrie traditionnelle de la ville. Avec la fermeture de la brasserie Fountainbridge en 2005, la Caledonian Brewery est désormais la plus grande brasserie d’Édimbourg.
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+ Le secteur du tourisme est un des principaux soutiens de l’économie de la ville. Édimbourg est la principale destination des touristes en Écosse et la seconde dans le Royaume-Uni après Londres, et son importance grandit un peu plus chaque année, soutenue par la croissance de l’aéroport d’Édimbourg et un réseau ferroviaire reliant bien la ville au reste du royaume. Le Festival international d’Édimbourg attire chaque année un nombre important de visiteurs ainsi que la fête de Hogmanay au Nouvel An. Les festivals d’Édimbourg du mois d’août doublent la population et génèrent à eux seuls un revenu de 135 millions de livres sterling dans l’économie de la ville[22].
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+ Un autre élément de l'industrie du tourisme est le tourisme d'affaires qui est un autre contributeur majeur à l'économie de la ville.
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+ Le 12 mars 2004, Édimbourg s'est vue attribuer le statut de Fairtrade City, pour son engagement dans la promotion du commerce équitable[23].
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+ Édimbourg est particulièrement renommée pour son festival international de théâtre, opéra, musique et danse qui a lieu tous les étés au mois d'août et qui rassemble près d'un million de personnes. Mais en réalité, un certain nombre d'autres festivals se tiennent en même temps et ne comptent pas pour peu dans l'affluence que connaît la ville. Il s'agit en particulier du Fringe, festival d'arts festifs qui attire désormais plus de monde que le festival originel, du festival du film, de celui du livre et du Edinburgh Military Tattoo, grande compétition de musique militaire.
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+ Édimbourg possède trois musées de grande importance :
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+ Le Festival d’Édimbourg est un ensemble de festivals ayant lieu en chaque année en août dans la ville. Ses différentes composantes sont :
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+ Hogmanay est la fête du Nouvel An à Édimbourg. Les célébrations liées au passage à la nouvelle année ont lieu du 31 décembre jusqu’au 2 janvier. Concerts celtiques ou pop-rock, jeux de lumière, danse traditionnelle, cornemuses et bars en plein air : la traditionnelle Hogmanay propose un marathon festif. En 2015, c'est le célèbre groupe écossais Biffy Clyro qui assurera le concert de clôture d'Hogmanay.
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+ Le festival de Beltane, tous les ans le 1er mai, sur la colline de Calton Hill.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Cathédrale et château de Durham (1986) · Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd (1986) · Gorge d'Ironbridge (1986) · Parc de Studley Royal avec les ruines de l'abbaye de Fountains (1986) · Stonehenge, Avebury et sites associés (1986) · Frontières de l’Empire romain (Mur d'Hadrien, Mur d'Antonin) (1987) (avec l'Allemagne) · Palais de Blenheim (1987) · Palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église Sainte-Marguerite (1987) · Ville de Bath (1987) · Cathédrale, abbaye Saint-Augustin et église Saint-Martin à Canterbury (1988) · Tour de Londres (1988) · Vieille ville et Nouvelle ville d'Edimbourg (1995) · Maritime Greenwich (1997) · Cœur néolithique des Orcades (1999) · Paysage industriel de Blaenavon (2000) · Ville historique de St George et les fortifications associées, aux Bermudes��(2000) · New Lanark (2001) · Saltaire (2001) · Usines de la vallée de la Derwent (2001) · Jardins botaniques royaux de Kew (2003) · Liverpool – Port marchand (2004) · Paysage minier des Cornouailles et de l'ouest du Devon (2006) · Pont-canal et canal de Pontcysyllte (2009) · Pont du Forth (2015) · Ensemble des grottes de Gorham (2016) · Le District des Lacs anglais (2017) · Observatoire de Jodrell Bank (2019)
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+
193
+ Chaussée des Géants et sa côte (1986) · Île d'Henderson (1988) · Îles de Gough et Inaccessible (1995) · Littoral du Dorset et de l'est du Devon (2001)
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195
+ Île de St Kilda (1986)
fr/1649.html.txt ADDED
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+ Édimbourg /edɛ̃buʁ/[1] (Edinburgh /ˈɛdɪnb(ə)ɹə/[2],[3] Écouter en anglais britannique, Dùn Èideann /ˈt̪uːnˈeːtʲən̪ˠ/[4] en gaélique écossais, Embra, Edinburrie, Edinburra et Edimbra en scots) est une ville d'Écosse au Royaume-Uni.
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+ Elle est sa capitale depuis 1532, ainsi que le siège du Parlement écossais depuis le rétablissement de celui-ci en 1999. Sa population était de 457 830 habitants en 2005 (c’est la deuxième ville d’Écosse derrière Glasgow).
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+ Ses habitants s'appellent les Édimbourgeois. Depuis 1329, Édimbourg possède officiellement le statut de cité. Elle a aussi le statut de council area (depuis le 31 mars 1996) et de région de lieutenance, après avoir eu celui de district au sein de la région du Lothian (du 15 mai 1975 au 31 mars 1996) dont elle était le siège.
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+ Elle est dominée par son château dont les fondations remontent au VIIe siècle mais c’est à partir du XIe siècle que fut construite cette résidence royale avant de devenir une forteresse redoutable au XVIe siècle. Édimbourg fut affranchie en 1329 et s’entoura de murailles au XVe siècle. Après la défaite de Flodden (1513) contre les Anglais, les bourgeois de la ville décidèrent de construire à titre préventif une seconde enceinte baptisée le mur de Flodden. Après l’unification des Parlements d’Écosse et d’Angleterre (1707), la ville perdit de son importance politique mais resta un important centre économique et culturel. En plus du Château, Édimbourg compte de nombreux lieux intéressants comme le Royal Botanic Garden, les cathédrales Saint-Gilles (presbytérienne), Sainte-Marie (épiscopalienne) et Sainte-Marie (catholique), la National Gallery, Charlotte Square, le Scott Monument ou encore le National Museum of Scotland. Le palais de Holyrood (Holyrood Palace) est la résidence officielle de la reine lorsqu’elle séjourne dans la ville. Les districts de la vieille et de la nouvelle ville sont classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1995.
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+ Édimbourg est célèbre pour son festival, le plus grand du monde, qui dure trois semaines en août et propose de nombreux spectacles de qualité dans toutes les disciplines.
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+ C'est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni (après Londres) .et les attractions historiques et culturelles de la ville en ont fait la deuxième destination touristique la plus populaire du Royaume-Uni, attirant 1,75 million de visiteurs étrangers en 2016. La ville accueille l'une des plus prestigieuses universités d’Europe et du monde, l’université d’Édimbourg, pionnière dans l’informatique, la géologie, la chimie et la médecine. À Édimbourg se situe également la bibliothèque nationale d’Écosse (National Library of Scotland) qui est la plus importante bibliothèque d’Écosse (et l’une des plus grandes du Royaume-Uni).
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+ La ville est construite sur des collines volcaniques qui fournissent chacune un point de vue différent sur la ville. Alors que la cité s'est construite autour de l'imposant Castle Rock, on dit souvent que la ville moderne est construite sur sept collines, à savoir Calton Hill, Corstorphine Hill, Craiglockhart Hill, Braid Hill, Blackford Hill, Arthur's Seat et Castle Rock, donnant lieu à des allusions aux sept collines de Rome.
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+ La topographie de la ville offre plusieurs collines permettant d'avoir de larges panoramas sur Édimbourg et ses environs.
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+ Au sud-est du centre-ville, domine Arthur’s Seat (le siège d’Arthur ou parfois le siège de l’archer). Il surplombe le palais de Holyrood ainsi que la vieille ville (Old Town) toute proche. Ce crag, est un ensemble de cheminées volcaniques du principal volcan sur lequel Édimbourg est construite. Le volcan s’est effondré et a basculé sur le côté, laissant ces collines comme les sites les plus élevés à des kilomètres à la ronde. Arthur’s seat fait désormais partie du parc de Holyrood, à l’origine propriété du monarque en tant que partie du palais de Holyrood. Il fait partie des sites d’intérêt scientifique en matière de géologie du Royaume-Uni (Site of special scientific interest, ou SSSI en anglais). Arthur’s Seat et le parc de Holyrood offrent un panorama sur toute la région d'Édimbourg ainsi qu'un endroit de détente particulièrement apprécié des habitants de la ville.
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+ Au nord-est, surplombant le centre-ville, se trouve Calton Hill. À son sommet se dressent différents bâtiments, dont deux observatoires, une tour en la mémoire de Horatio Nelson, le Royal High School (qui aurait dû abriter le Parlement à une époque), et le Monument national d'Écosse, dont le modèle est le Parthénon d’Athènes, mais qui reste inachevé. Le surnom Athènes du Nord donné à Édimbourg vient entre autres de ce monument. Calton Hill accueille les festivités de Beltane chaque 1er mai.
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+ Blackford Hill est la troisième et la plus au sud des hauteurs de la ville.
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+ Le centre historique d'Édimbourg est divisé en deux parties par les Jardins de Princes Street. Au sud de ces jardins se trouve la vieille ville (quartier de Old Town), dominée par le château, perché au sommet d’un ancien crag volcanique. L’axe majeur de la vieille ville, le Royal Mile, suit l’arête du crag en descendant lentement vers le palais de Holyrood à l'est. Au nord des jardins, se trouve la Nouvelle ville (quartier de New Town). Ces jardins se trouvent à l’ancien emplacement de marécages et de la rivière Nor'Loch, qui servait autrefois de douves au château.
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+ À l’ouest du château se trouve le quartier financier, abritant de nombreuses banques et compagnies d'assurances. La construction qui attire sans doute le plus l’œil est le bâtiment circulaire construit en grès et qui abrite le Centre International de Conférence.
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+ La topographie de la ville est marquée par le « crag et sa queue », qui se sont formés pendant l'ère glaciaire lorsque les glaciers ont érodé le sol tendre autour d'un bloc de roches volcaniques plus dures. La colline qui en a résulté a été la plus ancienne partie de la ville à se développer, en étant tout d'abord fortifiée puis en devenant le château que l'on peut voir aujourd'hui. La ville s'est ensuite étendue en descendant le long de l'arête qui part du château. Cet emplacement était facile à défendre, entouré de marécages au sud et d'un lac, le Nor Loch au nord. L'accès à la voie principale était barré au moyen de murailles aujourd'hui quasiment disparues.
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+ La vieille ville a préservé sa physionomie médiévale ainsi que de nombreux bâtiments datant de la Réforme. Elle est délimitée sur un côté par le château, d'où l'artère principale (le Royal Mile) descend. Des ruelles appelées closes ou wynds comme Mary King's Close, et qui partent du Royal Mile descendent de part et d'autre de la colline. De larges places marquent l'emplacement des marchés ou entourent les principaux bâtiments publics, comme autour de la cathédrale Saint-Gilles ou le palais de justice par exemple. Les autres lieux dignes d'intérêt proches du Royal Mile sont le musée royal d'Écosse, le collège royal de chirurgie, l’université d’Édimbourg. La conception de la ville, typique de vieux quartiers de beaucoup de cités d’Europe du Nord, est particulièrement pittoresque à Édimbourg, du fait de son château perché au sommet du crag.
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+ Les restrictions imposées par le manque d'espace dû à l'étroitesse de l'arête sur laquelle est construite la vieille ville font d'Édimbourg l'une des premières cités à construire de véritables tours d'habitation. Les logements multi-étages sont la norme depuis le XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, il y avait environ 50 000 habitants dans Old Town, et comme la population a pendant longtemps été réticente à s'installer hors des murs de la ville, le besoin en logement s'est fait de plus en plus important et les bâtiments se sont agrandis. Cependant, beaucoup de ceux-ci furent détruits dans le grand incendie de 1824 et ensuite reconstruits sur les fondations d'origine. Mais cela a provoqué des changements au niveau du sol avec la création de nombreux passages sous la vieille ville.
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+ Depuis, la population de Old Town a considérablement diminué, n’atteignant plus que 2 000 à 4 000 personnes selon les sources[5]. Il y a actuellement 8 000 habitants dans la vieille ville[6],[7].
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+ La nouvelle ville est apparue au XVIIIe siècle comme solution aux problèmes de surpopulation dans la vieille ville. Jusqu'alors la ville s'était développée sur le flanc de la colline descendant du château. En 1766, un concours, lancé afin de tracer la nouvelle ville, fut remporté par James Craig, un architecte de 22 ans. Son idée était de créer un plan ordonné et rigide, ce qui correspondait aux idées de rationalité de l’époque des lumières. L’artère principale était George Street, qui suit la crête naturelle au nord de la vieille ville. De chaque côté de George Street on trouve deux autres artères importantes : Princes Street et Queen Street. Princes Street est devenue depuis la principale rue commerçante d'Édimbourg et quelques bâtiments d'architecture georgienne y subsistent. Reliant ces trois axes entre eux, toute une série de rues perpendiculaires ont été tracées. À l'est et à l'ouest de George Street, on trouve respectivement les places de St Andrew's Square et Charlotte Square. Cette dernière a été dessinée par Robert Adam et est considérée comme un des plus beaux exemples d'architecture georgienne de Grande-Bretagne. La résidence officielle du premier ministre d’Écosse, Bute House, est visible sur le côté nord de Charlotte square.
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+ Entre Old Town et New Town se trouvait le Nor'Loch qui servait autrefois, d'approvisionnement en eau et de décharge. Il fut drainé dans les années 1820. Certains plans montrent qu'un canal aurait été envisagé, mais on créa à la place les jardins de Princes Street.
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+ L'excès de terre issu de la construction des bâtiments combla une partie de la petite vallée formée par la rivière, créant ainsi The Mound, qui est l'esplanade où se trouvent désormais le National Gallery of Scotland et la Royal Scottish Academy. Les tunnels menant à la gare de Waverley toute proche, passent sous le Mound.
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+ Le succès de la nouvelle ville fut tel qu'elle s'est largement agrandie. Le plan très structuré ne s'est pourtant pas maintenu et une disposition des rues plus pittoresque s'est installée dans les quartiers créés par la suite.
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+ Leith qui est le port d'Édimbourg, est toujours considéré comme une entité séparée de la ville, et sa fusion avec celle-ci en 1920 a été à l’origine d’un fort ressentiment. Encore aujourd'hui le siège parlementaire est celui de la circonscription d'Édimbourg Nord et Leith. Avec le développement de Leith, Édimbourg a attiré de nombreuses compagnies maritimes qui offrent désormais des croisières vers la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Leith accueille l'ancien yacht de la reine, le Britannia désormais à la retraite, amarré derrière le grand centre commercial d'Ocean Terminal.
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+ L’aéroport d’Édimbourg (code AITA : EDI • code OACI : EGPH), situé dans le quartier de Turnhouse, à 8 km à l’ouest de la ville, est la principale porte d’entrée internationale de la ville. L’aéroport est géré par BAA plc, qui gère également les aéroports d’Heathrow, de Gatwick, de Stansted (tous les trois dans la région de Londres), de Glasgow, d’Aberdeen et de Southampton. L’aéroport dessert de nombreuses destinations nationales et internationales et voit passer plus de 8 millions de passagers par an. Les prévisions estiment que ce chiffre pourrait être de 26 millions d’ici 2030[8]. Un plan de développement pour accompagner la croissance du trafic a été publié en mai 2005 indiquant que le terminal d’Édimbourg devrait être agrandi. La possibilité de la création d’une troisième piste d’atterrissage est à l’étude.
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+ En 2006, il a été décidé de construire un réseau de tramway à Edimbourg.Les travaux ayant pris du retard, ce réseau n'a été inauguré qu'en 2014. Il compte pour le moment une seule ligne, mais 2 autres sont prévues qui relieront l’aéroport international se situant à l’ouest de la ville, Princes Street dans le centre, les quartiers de Leith, Granton et Western Harbour[9].
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+ Pourtant, comme beaucoup d’autres villes de Grande-Bretagne, Édimbourg possédait un tramway au début du XXe siècle, circulant jusque dans les quartiers de Leith et de Portobello, mais le service a été abandonné en 1956.
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+ Édimbourg possède un large réseau de bus, desservant tous les quartiers de la ville et ses banlieues. Afin de désengorger le centre-ville de la circulation, de nombreux stationnements à la périphérie de la ville sont mis à la disposition des automobilistes pour les inciter à prendre le bus.
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+ La Lothian Buses est la principale compagnie de bus d’Édimbourg[10]. Elle dessert également certaines parties de l’East Lothian et du Midlothian. La Lothian buses est la seule compagnie de bus publique d’Écosse, détenue à 91 % par la ville d’Édimbourg et les 9 % restant par les régions de l’East Lothian, du Midlothian, et du West Lothian.
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+ Une navette permet de relier l’aéroport international au centre-ville[11].
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+ La gare de Waverley est la principale gare d’Édimbourg. Située dans le centre-ville, tout près des jardins de Princes Street, elle est utilisée par 13 millions de voyageurs par an. Elle est la principale gare sur la East Coast Main Line, qui relie Londres et Aberdeen, et le point de départ ou le terminus de nombreuses lignes en Écosse. La East Coast et la Virgin Trains font la liaison d’Édimbourg à Londres, la principale destination au départ d'Édimbourg; la CrossCountry relie Aberdeen au sud-ouest de l'Angleterre et First Transpennine Express dessert Manchester. La First ScotRail assure les liaisons en Écosse, ainsi que le train de nuit en voitures-lits Caledonian Sleeper pour Londres.
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+ Édimbourg est dotée d’un réseau ferroviaire urbain assez limité. L’Edinburgh Cross-City Line parcourt la ville d’est en ouest reliant les gares d’Edinburgh Park à l’ouest à celles de Haymarket et de Wayverley dans le centre et de Brunstane et Newcraighall à l’est.
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+ L'A720, également appelée Edinburgh City Bypass, est une des plus importantes routes nationales d’Écosse. Servant de boulevard périphérique, elle n’entoure la ville que par le sud, Édimbourg étant située au bord de la mer. Partent de l’A720 :
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+ L'Edinburgh City Bypass est une 2 × 2 voies tout du long, et est équipée de bandes d'arrêt d’urgence.
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+ Édimbourg connaît un climat océanique, marqué par des hivers modérés et des étés frais. L'humidité est importante toute l'année (240 jours de pluie en moyenne), et le temps est souvent changeant (averses suivies d'éclaircies). Les brouillards sont fréquents.
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+ L'origine du nom de la ville viendrait du brittonique Din Eidyn (le fort d'Eydin, voir article dun), la ville n'étant alors qu'un fort au sommet d'une colline. Des sources romaines du Ier siècle, parlent des Votadini, comme la tribu bretonne régnant sur la région (la Bretagne étant le nom que les Romains donnent à la Grande-Bretagne). Cette origine est confirmée par le poème Y Gododdin, peut-être composé aux environs de 600 (manuscrit du XIIIe siècle), qui décrit des guerriers festoyant dans le grand fort d'Eidin.
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+ Après le siège des Angles de Bernicie, la ville devient Edin-burh, qui pourrait venir de l’anglo-saxon Edwin's fort (le fort d'Edwin). Ce fort tirerait lui-même son nom d'Edwin, roi de Northumbrie au VIIe siècle, mais l’apparition possible du nom avant l’existence même du roi aurait tendance à contredire cette thèse. La partie burgh signifie forteresse ou groupe de bâtiments, et donc par extension une ville. Ce mot est à rapprocher de l’allemand Burg, du latin parcus et du grec ancien πύργος ou púrgos. On peut faire remonter ce mot jusqu’au chaldéen perach signifiant croissance, une ville étant un groupe de bâtiments qui grandit depuis le sol.
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+ La preuve de l’existence d’une ville en tant qu'entité séparée du fort apparaît dans une charte du début du XIIe siècle, probablement en 1124. Le roi David Ier accorde alors des terres à l’église de Holyrood d'Édimbourg. Cela laisse penser que la ville commença réellement à se développer entre 1018 (quand le roi Malcolm II sécurisa la région des Lothians contre les attaques des Northumbriens) et 1124.
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+ Le bénéficiaire de la charte est l'Ecclisie Sancte Crucis Edwinesburgensi (Église Sainte-Croix d’Édimbourg en latin), ce qui pourrait signifier que ceux qui ont écrit cette charte pensaient qu'Edwin était la source originale du nom de la ville et auraient donc décidé de le latiniser. Mais une autre hypothèse est que le mot se serait modifié au cours des 600 années précédentes pour y intégrer un « w ». Dans tous les cas, cela allait changer rapidement de nouveau ; en 1170, le Roi Guillaume le Lion utilise Edenesburch dans une charte (en latin de nouveau) confirmant l’octroi de terre par David Ier.
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+ Des documents du XIVe siècle mentionnent la ville sous sa forme actuelle. Bien que l'on trouve parfois les orthographes Edynburgh et Edynburghe, elles ne sont que de simples variantes de l’orthographe actuelle.
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+ La ville est affectueusement surnommée la vieille enfumée en Scots, du fait des fumées noires qui s’échappaient des nombreuses cheminées, formant un nuage autour de la ville[12].
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+ Elle est également appelée l'Athènes du Nord pour différentes raisons.
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+ Le XVIIIe siècle, période des Lumières écossaises, a beaucoup joué dans l’attribution de ce surnom. Des figures phares telles que David Hume et Adam Smith faisaient rayonner la ville en ce temps-là. Ayant perdu de son importance politique, certains espéraient qu’Édimbourg pourrait un jour rivaliser avec des centres culturels tels que Londres, comme Athènes ou Rome auparavant. Un autre facteur de ressemblance est la présence d'architecture néoclassique, particulièrement celle des bâtiments de William Henry Playfair. Mais l’appellation Athènes du nord est discréditée depuis qu’un écrivain a facétieusement surnommé Édimbourg la Reykjavik du Sud[13].
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+ Édimbourg a également été connue sous le nom de Dunedin, dérivant de son nom gaélique Dùn Eideann. Dunedin, en Nouvelle-Zélande, était à l’origine nommée New-Edinburgh et est toujours surnommée l’Édimbourg du Sud.
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+ Les poètes Robert Burns et Robert Fergusson appellent parfois la ville Edina dans leurs œuvres. Ben Jonson la décrit comme « l’autre œil de Grande-Bretagne » (Britain’s other eye), et Sir Walter Scott l’appelle Impératrice du Nord.
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+ Certains Écossais appellent la ville de façon informelle Embra.
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+ Des Hommes se sont installés dans la région d’Édimbourg au moins depuis l'âge du bronze, en laissant des traces de constructions primitives en pierre sur Holyrood, la colline de Craiglockhart et les collines de Pentland par exemple. La culture locale fut influencée durant l'âge de fer par Hallstatt et la Tène, les cultures celtes de l'Europe centrale. Les Romains arrivèrent dans le Lothian au début du premier millénaire de notre ère. Ils découvrirent une tribu celte dont ils notèrent le nom Votadini, probablement la version latinisée du nom par lequel ils s'appelaient.
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+ Avant le VIIe siècle de notre ère, les Votadini ou les Gododdin qui étaient probablement leurs descendants, construisirent un château-fort connu sous le nom de Din Eidyn ou Etin, très certainement dans les limites de l'actuelle Édimbourg. Bien que l'emplacement du château-fort Eidyn ou Etin n'ait pas été repéré, les chercheurs admirent qu'il se trouva soit sur le rocher du château actuel, soit sur le trône d'Arthur ou la colline de Calton.
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+ Les Angles du royaume de Bernicia eurent une influence significative dans ce qui deviendrait successivement Bernicie, Northumbrie, l'Angleterre et finalement le sud-est de l'Écosse, notamment en 638 quand la forteresse des Gododdin fut assiégée par des forces loyales au roi Oswald de Northumbrie. Que cette bataille marquât ou non le passage du contrôle du bastion d'Etin des Celtes de Brythonic aux Northumbrians, c'est à ce moment que la région d’Édimbourg passa aux Northumbrians. Le chroniqueur anglais Siméon de Durham mentionna « qu'il existait une église à Edwineburch en 854 qui passa sous l'autorité de l'évêque de Lindisdane. Loin d'être exclusive, cette influence perdura plus de trois siècles. On n'était pas encore en 950 quand, pendant le règne d'Indulf, le fils de Constantine II, la ville, désignée à ce moment dans la chronique Pictish sous le nom du « oppidum Éden », tomba sous la dépendance des Écossais et finalement resta sous leur juridiction ». Durant ces temps de loi anglo-saxonne, dans ce qui est maintenant l’Écosse du sud-est, quand le nom de la ville acquit son suffixe germanique « burgh », les fondements de la langue que nous connaissons aujourd'hui comme l'écossais furent jetés.
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+ Au XIIe siècle, Édimbourg, bien établie sur le célèbre rocher du château façonné par deux millions d'années d'activité glaciaire, devint l'une des premières municipalités royales écossaises. Fondé au milieu du XIIe siècle, un Burgh de souveraineté distinct, connu comme Canongate et tenu par l'abbaye de Holyrood, s'est développé vers l'est. Au cours du Moyen Âge tardif, Édimbourg se développa rapidement et continua à s'épanouir économiquement et culturellement au cours de la Renaissance. Elle fut au cœur de la réforme en Écosse et des guerres de l'alliance une centaine d'années plus tard.
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+ En 1603, le roi Jacques VI d’Écosse hérita du trône d'Angleterre, unissant les deux royaumes en une union personnelle connue sous le nom d'Union des couronnes. L’Écosse est restée un royaume souverain avec le Parlement d'Écosse à Édimbourg. Le roi James VI investit Londres où il établit sa cour, maintenant sa juridiction en Écosse à travers son Conseil privé qui ne reçut que des instructions écrites et exécuta sa volonté. En dépit de la promesse de venir tous les trois ans, il ne revint à Édimbourg qu'une fois, en 1617.
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+ Les conflits entre les alliés presbytériens et les Épiscopaliens menèrent en 1639 aux guerres des évêques, conflit initial des guerres des trois royaumes. Pendant la troisième guerre civile anglaise, Édimbourg a été prise par les forces de Commonwealth d'Oliver Cromwell antérieurement à la défaite finale de Charles II à la bataille de Worcester.
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+ À Édimbourg, un mur défensif construit au XVIe siècle principalement comme protection contre une invasion anglaise à la suite de la défaite de James IV à la bataille de Flodden et de ce fait appelé le mur de Flodden, marque toujours les frontières de la ville au XVIIe siècle. Les terrains disponibles pour le développement étant restreints, les maisons montèrent plutôt en hauteur. Les bâtiments de 11 étages furent courants et il y eut des bâtiments records hauts de 14 ou même 15 étages, une version précoce du gratte-ciel d'aujourd'hui. Plusieurs des structures en pierre peuvent encore être vues aujourd'hui dans la vieille ville.
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+ En 1706 et 1707, les actes de l'union furent passés par les Parlements d'Angleterre et d’Écosse unissant les deux royaumes dans le royaume de Grande-Bretagne. Par conséquent, le Parlement d’Écosse a fusionné avec le Parlement d'Angleterre pour former le Parlement de Grande-Bretagne, qui s'établit à Westminster à Londres. Cette union fut combattue par beaucoup d’Écossais et ceci provoqua des émeutes dans la ville.
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+ Tôt, et certainement depuis le XIVe siècle, Édimbourg (comme d'autres municipalités royales d’Écosse) utilisa les armoiries de nombreuses manières, y compris dans les sceaux. En 1732, Lord Lyon, Roi des armoiries, accorda formellement l' « accomplissement » ou les « armoiries ». Ces armoiries furent utilisées par le conseil municipal d’Édimbourg jusqu'à la réorganisation de l'administration locale en Écosse en mai 1975, quand elle fut remplacée par le Conseil de District de la ville d’Édimbourg, et de nouvelles armoiries, basées sur d'antérieures, furent créées en 1996. D'autres réorganisations de l'administration locale intervinrent lors de la formation du Conseil de la Ville d’Édimbourg, et les armoiries furent encore modifiées.
107
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108
+ Pendant le soulèvement des Jacobites de 1745, Édimbourg a été brièvement occupée par des forces jacobites avant leur marche sur l'Angleterre. Après leur défaite finale à la bataille de Culloden, près d'Inverness, il y eut une période de représailles et de pacification, principalement dirigées contre les montagnards catholiques. À Édimbourg le monarque de Hanovre tenta de gagner la faveur en soutenant les nouvelles extensions au nord du château, nommant des rues en l'honneur du roi et de sa famille ; George Street, Frederick Street, Hannovre Street et Princes Street, nommées en l'honneur des deux fils de George III.
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110
+ La ville fut au cœur des Lumières d'Écosse. Des célébrités du continent furent vues dans les rues de la ville, parmi elles de fameux écossais tels que David Hume, Walter Scott, Robert Adam, David Wilkie, Robert Burns, James Hutton et Adam Smith. Édimbourg est devenue un centre culturel important, lui valant le surnom d'Athènes du Nord à cause du style gréco-romain de l'architecture de la ville nouvelle, ainsi qu'à l'élévation de l'élite intellectuelle écossaise qui domina de plus en plus la pensée à la fois écossaise et européenne.
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112
+ Au XIXe siècle, Édimbourg, comme beaucoup de villes, s'industrialisa, mais ne se développa pas aussi rapidement que la deuxième ville d’Écosse, Glasgow, qui la dépassa comme plus grande ville dans le pays, profitant considérablement de la prépondérance de l'Empire britannique.
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114
+ L'acte d’Écosse de 1998, entré en vigueur en 1999, établit un Parlement écossais délégué et un exécutif écossais, renommé Gouvernement écossais en 2012, tous deux basés à Édimbourg, responsables du gouvernement d’Écosse, avec des domaines réservés tels que la défense, la fiscalité et les affaires étrangères demeurant sous la responsabilité de Westminster.
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+ Depuis la réforme de 1996, Édimbourg constitue l'une des 32 subdivisions de l'Écosse. En effet, la ville d'Édimbourg a un gouvernement sous forme d'autorité unitaire comme désigné par le Local Government, etc. (Scotland) Act 1994, donnant aux grandes villes écossaises plus d'autonomie que les grandes villes anglaises.
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+ La ville d'Édimbourg est administrée par 59 membres (58 conseillers et le Lord Provost) qui forment ensemble le Conseil de la ville d'Édimbourg (The City of Edinburgh Council). Ils sont responsables de la gestion des services publics tels que les logements, la planification urbaine, les transports urbains, l'entretien des parcs, la maintenance de la voirie, la propreté urbaine, le développement économique local et le renouvellement urbain. À ces fins, la ville d'Édimbourg est divisée en 17 districts. La ville d'Édimbourg est actuellement le deuxième plus grand employeur de la région avec un total de 18 617 employés[14].
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+ Au niveau municipal, le City Council (équivalent du conseil municipal en France) comprend 58 conseillers élus par les électeurs de la ville pour un mandat de cinq ans. Le conseil se réunit mensuellement à l'hôtel de ville pour prendre les décisions sur les questions importantes et la gestion de la ville. Ils préparent et votent le budget de la ville chaque année.
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+ Le conseil est présidé par le Lord Provost (équivalent du maire), Frank Ross du Scottish National Party depuis 2017.
123
+
124
+ Depuis les élections locales du 4 mai 2017, la répartition des sièges est la suivante[15] :
125
+
126
+ En tant que capitale de l’Écosse, Édimbourg abrite le siège du Parlement, du gouvernement écossais et les principaux bureaux du gouvernement écossais.
127
+
128
+ Au Parlement écossais, la ville est représentée par six membres (Members of the scottish Parliament, MSPs) élus des circonscriptions d’Édimbourg centre, est et Musselburgh, nord et Leith, ouest, Pentlands et sud. En outre, la région des Lothians dont fait partie Édimbourg élit neuf représentants à la proportionnelle, dont sept pour la seule ville d’Édimbourg. Par conséquent, celle-ci est représentée par treize membres au total.
129
+
130
+ Au Parlement du Royaume-Uni, la ville est représentée par cinq députés à la Chambre des communes, élus dans les cinq circonscriptions d’Édimbourg est, nord et Leith, ouest, sud et sud-ouest. Avec la redéfinition des circonscriptions en 2005, le siège d’Édimbourg Pentlands est devenu plus largement celui d’Édimbourg sud-ouest. Édimbourg centre a été partagé entre les autres circonscriptions.
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+
132
+ Édimbourg est jumelée avec :
133
+
134
+ L’Office Général des Registres (General Register Office for Scotland) estimait la population d'Édimbourg en 2005 à 457 830 habitants[16]. Une augmentation si l’on se réfère aux chiffres du recensement de 2001 qui établissait la population d’Édimbourg à 448 624 habitants. La population serait partagée entre 218 008 hommes et 235 662 femmes. Alors que la population d’Édimbourg vieillit, la large proportion de jeunes étudiants dans les universités de la ville permet en quelque sorte de pallier ce problème démographique. Le nombre d'habitants de la ville devrait croître dans les vingt prochaines années pour atteindre 500 000 habitants d'ici 2024[17]. Édimbourg possède aussi l'une des populations les plus qualifiées d’Europe, avec plus de diplômés d'université par habitant que n'importe quelle autre ville européenne.
135
+
136
+ L’université d’Édimbourg a été fondée par une charte royale en 1583, et est ainsi la quatrième plus ancienne université d’Écosse. Le Old College bâti sur South Bridge, date des années 1820. Mais l’institution continuant à croître en nombre d’élèves, de nouveaux bâtiments furent construits autour de George Square où l’université demeure; ces expansions sont toujours en cours en 2006.
137
+
138
+ Le Collège royal de chirurgie (Royal College of Surgeons) et le Collège Royal de médecine (Royal College of Physicians) ont également été créés par chartes royales, respectivement en 1506 et 1681. La Trustees Drawing Academy of Edinburgh fut fondée en 1760, avant de devenir en 1907 l'Edinburgh College of Art (école d'art). La Queen Margaret University, fondée en 1875 en tant qu'école pour filles est aujourd'hui spécialisée dans les soins médicaux, les médias et les affaires.
139
+
140
+ Dans les années 1960, apparaissent l'université Heriot-Watt et le Napier Technical College. L'histoire de Heriot-Watt remonte à 1821, lorsque fut ouverte une école d'éducation technique pour la classe ouvrière. Heriot-Watt, situé à Riccarton à l'ouest de la ville, possède une solide réputation dans le domaine de l'ingénierie et fait partie des 4 meilleures universités mondiales en géosciences pétrolières. Le Napier College fut renommé Napier Polytechnic dans les années 1980, et obtint le statut d'université en 1992. L'université Napier (Napier University) possède désormais plusieurs campus dans les quartiers sud et ouest de la ville.
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+
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+ On trouve d'autres écoles offrant un enseignement supérieur à Édimbourg. Celles-ci sont entre autres, le Telford College, ouvert en 1968, le Stevenson College, ouvert en 1970. L'École écossaise d'agriculture (Scottish Agricultural College) possède également un campus au sud de la ville.
143
+
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+ Édimbourg abrite des Lycées prestigieux, dont le Royal High School, considéré comme le plus vieux de la ville, et le Donaldson's College, destiné aux enfants sourds. Parmi les établissements privés, on peut signaler l'Edinburgh Academy, le Fettes College, George Heriot's (fondé en 1628), George Watson's College, Stewart's Melville College et Merchiston Castle School.
145
+
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+ Édimbourg possède deux clubs professionnels de football : Hibernians FC et Heart of Midlothian FC, communément appelés Hibs et Hearts, les deux équipes évoluent dans la Scottish Premier League. On trouve à Édimbourg d’autres clubs, semi-professionnels tels que Edinburgh University, Spartans (en) ou Edinburgh City. Bien qu’Édimbourg soit la capitale, l’équipe d’Écosse de football joue à Hampden Park à Glasgow. Deux anciens clubs professionnels, aujourd'hui disparus, étaient basés à Édimbourg : Leith Athletic et St Bernard's.
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+
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+ L’équipe professionnelle de rugby des Edinburgh Gunners joue en Celtic League au stade de Murrayfield.
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+
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+ L’équipe nationale de rugby à XV est basée à Murrayfield. Les matchs internationaux sont joués dans ce stade, propriété du Scottish Rugby Union (Murraylfield est aussi utilisé pour différents événements comme des concerts).
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+
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+ Les Edinburgh Capitals sont une des plus grandes équipes de hockey sur glace du Royaume-Uni. Le club joue ses matchs à domicile à la patinoire de Murrayfield. Ils sont actuellement les seuls représentants écossais parmi l’élite.
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+ Rugby à XIII
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+
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+ L'équipe possède une équipe de rugby à XIII, les Aigles d'Edimburg. Le club organise régulièrement des tournois de rugby à IX et reçoit des équipes étrangères en test-match, comme l'équipe italienne des Saluzzo Roosters en 2018[18].
157
+
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+ Édimbourg a accueilli différents événements sportifs internationaux, dont les Jeux du Commonwealth britannique en 1970 et les Jeux du Commonwealth en 1986. Pour les jeux de 1970, la ville fit construire des installations aux standards olympiques dont la piscine (Royal Commonwealth pool) et le stade de Meadowbank.
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+
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+ Édimbourg a toujours été l'une des villes les plus prospères de Grande-Bretagne. Depuis 1999 et l'implantation du Parlement écossais dans la ville, Édimbourg possède une bonne santé économique grâce aux effets de cette décentralisation et à l'augmentation des embauches due à l'arrivée de services gouvernementaux[19] qui ont attiré un grand nombre d'entreprises. Les taux de chômage sont parmi les plus bas du Royaume-Uni (aux alentours de 2,4 %[20]) et les taux de création d'emploi parmi les plus hauts. La population d'Édimbourg croît rapidement, principalement grâce à l’immigration, principalement en provenance du reste du Royaume-Uni. Cette forte croissance apporte cependant une forte pression sur la ceinture verte, en particulier à l'ouest de la ville où le développement d'entreprises et des habitations est intense.
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+
162
+ Le budget de la ville pour 2006 est de 847,7 millions de livres sterling, tandis que les dépenses annuelles représentent environ un milliard de livres sterling. Le budget de la ville provient du gouvernement central à hauteur de 55 %, pour 25 % des impôts locaux (Council Tax) et pour 20 % des taxes sur les entreprises[21].
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+
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+ L’économie d’Édimbourg est largement basée sur le secteur des services, principalement autour du tourisme, des services financiers, de l'éducation et de la recherche en haute technologie. La Bank of Scotland (Banque d’Écosse), fondée en 1695 par une loi du Parlement britannique et qui fait désormais partie du Lloyds Banking Group, a conservé son siège à Édimbourg. La Royal Bank of Scotland (Banque Royale d’Écosse) est elle fondée en 1747 et est désormais la 5e banque mondiale par capitalisation boursière. En 2005, elle a déménagé dans son nouveau siège à l'ouest de la ville. Édimbourg est le deuxième plus grand centre financier du Royaume-Uni après Londres et le cinquième en Europe. Même si la ville n'a pas de Bourse, elle a joué un rôle important dans l'Histoire des bourses de valeurs.
165
+
166
+ La New Town et le centre-ville ont traditionnellement toujours abrité les sièges sociaux de nombreuses entreprises. Cependant, avec les besoins modernes, beaucoup ont déménagé. Immédiatement à l'ouest du centre-ville se situe le quartier de la bourse (Exchange business district), qui accueille désormais les sièges des sociétés employant un grand nombre de personnes dans la ville telles que Scottish Widows, Standard Life, Clydesdale Bank…
167
+ Edinburgh Park est un parc d’activité à l'ouest de la ville, près de l'aéroport. Avec l'ouverture du siège de la Royal Bank of Scotland, ce sont près de 20 000 personnes qui travaillent dans les faubourgs ouest d'Édimbourg.
168
+
169
+ De nos jours les centres commerciaux sont importants. Le St James Centre et le Princes Mall ont ouvert la voie dans la partie est du centre ville dans les années 1970, puis le Cameron Toll dans les années 1980. Plus récemment, de grands centres commerciaux se sont développés à l'extérieur du centre ville et dans les banlieues de la ville, tels que Ocean Terminal à Leith ou Gyle près de Edinburgh Park.
170
+
171
+ Le brassage de la bière est une industrie traditionnelle de la ville. Avec la fermeture de la brasserie Fountainbridge en 2005, la Caledonian Brewery est désormais la plus grande brasserie d’Édimbourg.
172
+
173
+ Le secteur du tourisme est un des principaux soutiens de l’économie de la ville. Édimbourg est la principale destination des touristes en Écosse et la seconde dans le Royaume-Uni après Londres, et son importance grandit un peu plus chaque année, soutenue par la croissance de l’aéroport d’Édimbourg et un réseau ferroviaire reliant bien la ville au reste du royaume. Le Festival international d’Édimbourg attire chaque année un nombre important de visiteurs ainsi que la fête de Hogmanay au Nouvel An. Les festivals d’Édimbourg du mois d’août doublent la population et génèrent à eux seuls un revenu de 135 millions de livres sterling dans l’économie de la ville[22].
174
+
175
+ Un autre élément de l'industrie du tourisme est le tourisme d'affaires qui est un autre contributeur majeur à l'économie de la ville.
176
+
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+ Le 12 mars 2004, Édimbourg s'est vue attribuer le statut de Fairtrade City, pour son engagement dans la promotion du commerce équitable[23].
178
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+ Édimbourg est particulièrement renommée pour son festival international de théâtre, opéra, musique et danse qui a lieu tous les étés au mois d'août et qui rassemble près d'un million de personnes. Mais en réalité, un certain nombre d'autres festivals se tiennent en même temps et ne comptent pas pour peu dans l'affluence que connaît la ville. Il s'agit en particulier du Fringe, festival d'arts festifs qui attire désormais plus de monde que le festival originel, du festival du film, de celui du livre et du Edinburgh Military Tattoo, grande compétition de musique militaire.
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+
181
+ Édimbourg possède trois musées de grande importance :
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+
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+ Le Festival d’Édimbourg est un ensemble de festivals ayant lieu en chaque année en août dans la ville. Ses différentes composantes sont :
184
+
185
+ Hogmanay est la fête du Nouvel An à Édimbourg. Les célébrations liées au passage à la nouvelle année ont lieu du 31 décembre jusqu’au 2 janvier. Concerts celtiques ou pop-rock, jeux de lumière, danse traditionnelle, cornemuses et bars en plein air : la traditionnelle Hogmanay propose un marathon festif. En 2015, c'est le célèbre groupe écossais Biffy Clyro qui assurera le concert de clôture d'Hogmanay.
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+ Le festival de Beltane, tous les ans le 1er mai, sur la colline de Calton Hill.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Cathédrale et château de Durham (1986) · Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd (1986) · Gorge d'Ironbridge (1986) · Parc de Studley Royal avec les ruines de l'abbaye de Fountains (1986) · Stonehenge, Avebury et sites associés (1986) · Frontières de l’Empire romain (Mur d'Hadrien, Mur d'Antonin) (1987) (avec l'Allemagne) · Palais de Blenheim (1987) · Palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église Sainte-Marguerite (1987) · Ville de Bath (1987) · Cathédrale, abbaye Saint-Augustin et église Saint-Martin à Canterbury (1988) · Tour de Londres (1988) · Vieille ville et Nouvelle ville d'Edimbourg (1995) · Maritime Greenwich (1997) · Cœur néolithique des Orcades (1999) · Paysage industriel de Blaenavon (2000) · Ville historique de St George et les fortifications associées, aux Bermudes��(2000) · New Lanark (2001) · Saltaire (2001) · Usines de la vallée de la Derwent (2001) · Jardins botaniques royaux de Kew (2003) · Liverpool – Port marchand (2004) · Paysage minier des Cornouailles et de l'ouest du Devon (2006) · Pont-canal et canal de Pontcysyllte (2009) · Pont du Forth (2015) · Ensemble des grottes de Gorham (2016) · Le District des Lacs anglais (2017) · Observatoire de Jodrell Bank (2019)
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+
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+ Chaussée des Géants et sa côte (1986) · Île d'Henderson (1988) · Îles de Gough et Inaccessible (1995) · Littoral du Dorset et de l'est du Devon (2001)
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+ Île de St Kilda (1986)
fr/165.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,198 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
2
+
3
+ Braille
4
+
5
+ Le braille (prononcé en français : [bʁaj]) est un système d’écriture tactile à points saillants, à l’usage des personnes aveugles ou fortement malvoyantes. Le système porte le nom de son inventeur, le Français Louis Braille (1809-1852) qui avait perdu la vue à la suite d'un accident. Élève à l’Institution royale des jeunes aveugles, il modifie et perfectionne le code Barbier. En 1829 paraît le premier exposé de sa méthode.
6
+
7
+ Un document qui n’est pas écrit en braille et qui n’est donc pas lisible par un aveugle est dit « en noir » ou « noir » (un livre en noir, par exemple).
8
+
9
+ Au XVIIe siècle, le jésuite italien Francesco Lana de Terzi imagina divers systèmes d’écriture codée pour aveugles. Il conçut notamment le système Lana, un procédé d’impression en relief sur du papier épais ainsi qu’un « système permettant aux aveugles d’écrire couramment en traçant seulement des lignes et en faisant des points ».
10
+
11
+ Au XIVe siècle, le juriste musulman irakien Zayn Ud Dîn Al Âmidî qui était lui-même aveugle, imagina également un système pour que les aveugles puissent avoir accès aux livres à travers un mode de lecture particulier basé sur les noyaux de fruits[2].
12
+
13
+ Valentin Haüy, homme de lettres pratiquant outre le latin, le grec et l’hébreu, une dizaine de langues vivantes, s’intéresse d’abord en curieux au sort des personnes aveugles et, à la suite de Diderot, à leur « psychologie ». En 1771, choqué à la vue d’un triste spectacle mettant en scène des aveugles à la Foire Saint-Ovide, il se passionne pour l’éducation des aveugles et ambitionne de leur apprendre à lire. Dans cette intention, il fait réaliser des caractères spéciaux en relief et mobiles et, en 1784, entreprend avec succès d’instruire un jeune homme aveugle. C’est cette méthode, appelée « relief linéaire » qu’il fera appliquer dans l’institution des enfants aveugles, première école destinée aux aveugles.
14
+
15
+ En 1808-1809, Charles Barbier de La Serre, ancien officier d’artillerie, invente un système appelé « écriture nocturne » destiné à permettre aux officiers de rédiger ou de lire, dans l’obscurité, des messages codés. Le principe de ce système connu également sous le nom de sonographie est de transcrire des sons (36) à l'aide de points en relief placés sur une grille de 2 × 6 points. Ce n’est qu’en 1819 que Barbier s’avise des avantages que les aveugles pourraient tirer de son système. Il conçoit alors un nouveau système à l’usage des aveugles qu’il présente en 1821 à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles. Les élèves, dont Louis Braille alors âgé de 12 ans, se montrent immédiatement très intéressés par le système. Cependant, Louis Braille relève aussitôt les limites du système, notamment son incapacité à prendre en compte l’orthographe compte tenu de sa nature phonétique, et propose à Barbier d’apporter des améliorations. Barbier ne donne pas suite à cette proposition venant d’un enfant de 12 ans.
16
+
17
+ Louis Braille n’est pas né aveugle, il l’est devenu à l’âge de trois ans. Après un début de scolarité dans son village de Coupvray, il est admis en 1819 à l’Institut Royal des Aveugles.
18
+ Deux ans plus tard, en 1821, il assiste à la présentation de la sonographie faite par Barbier. Barbier n’ayant pas suivi sa proposition d’améliorer son système, Louis Braille entreprend seul ce travail. Il garde les bases du système de Barbier, notamment le principe d’un codage et l’utilisation de points saillants. Les principales caractéristiques du système élaboré par Braille sont :
19
+
20
+ L’essentiel du système est élaboré en 1825 (Braille a alors 16 ans) et Braille publie son premier traité en 1829.
21
+
22
+ En braille standard, un caractère est représenté dans une matrice de six points sur deux colonnes, chaque caractère étant formé par un à six points en relief. Ces points sont conventionnellement numérotés de haut en bas et de gauche à droite, selon le schéma suivant :
23
+
24
+ Par exemple, la lettre c se représente par les deux points supérieurs, soit la combinaison 1,4. Ce système permet de représenter jusqu’à 63 caractères (26-1), une matrice sans aucun point représentant une espace.
25
+
26
+ La signification de chaque symbole dépend de la langue utilisée, ce qui explique pourquoi les braille japonais, coréen, cyrillique et autres diffèrent du braille français. Les langues utilisant l’alphabet latin emploient le plus souvent le même codage pour les lettres de base, mais les lettres accentuées, d’autres symboles et, parfois, les signes de ponctuation diffèrent.
27
+
28
+ Cette représentation se comprend en répartissant les lettres en lignes de dix lettres dans l'ordre alphabétique, sauf la lettre W qui n'était pas encore pleinement reconnue dans l'alphabet français à l'époque de Louis Braille :
29
+
30
+ Il existe deux systèmes pour représenter les chiffres en braille français : le système dit « Louis Braille », ou « littéraire », et le système « Antoine ».
31
+
32
+ C’est le système le plus ancien, et il est encore couramment utilisé dans les ouvrages de type littéraire (non mathématiques).
33
+
34
+ Un chiffre est représenté par deux symboles. Le premier est le préfixe numérique constitué des points 3-4-5-6 :
35
+
36
+ Le second est une lettre de a à j : a vaut 1, b vaut 2 et ainsi de suite ; i vaut 9 et j vaut 0.
37
+
38
+ Lorsqu’il y a plusieurs chiffres de suite, le préfixe numérique n’est indiqué qu’une fois : tous les symboles
39
+ qui suivent sont interprétés comme des chiffres, jusqu’à rencontrer une espace.
40
+
41
+ Ce système fut introduit par Louis Antoine dans le cadre de la notation braille mathématique. C’est maintenant le système recommandé, même en dehors des expressions mathématiques, pour tous les ouvrages scolaires ou techniques.
42
+
43
+ Un chiffre est représenté par deux symboles. Le premier est le préfixe numérique constitué du point 6 :
44
+
45
+ Le second est dérivé d’une lettre de a à i en y ajoutant le point 6 :
46
+ 1 est représenté par la lettre â (a avec le point 6 ajouté), 2, par la lettre ê (b avec le point 6 ajouté), 3, par la lettre î (c avec le point 6 ajouté), 4, par la lettre ô (d avec le point 6 ajouté), 5, par la lettre û (e avec le point 6 ajouté), 6, par la lettre ë (f avec le point 6 ajouté), 7, par la lettre ï (g avec le point 6 ajouté), 8, par la lettre ü (h avec le point 6 ajouté), 9, par la lettre œ (i avec le point 6 ajouté). 0 est écrit par le préfixe numérique Antoine suivi du préfixe numérique Louis Braille.
47
+
48
+ Lorsqu’il y a plusieurs chiffres de suite, le préfixe numérique n’est indiqué qu’une fois : tous les symboles
49
+ qui suivent sont interprétés comme des chiffres, jusqu’à rencontrer une espace.
50
+
51
+ L'alphabet braille français se comprend donc en répartissant les lettres en quatre lignes de dix lettres :
52
+
53
+ En utilisant les principes de codification à l’aide de la matrice à six points saillants, il est possible de représenter les lettres diacritées propres à chaque langue étrangère.
54
+
55
+ Onze signes de ponctuation sont obtenus en décalant d'un cran vers le bas les lettres A à J, sauf le I (utilisé pour l'astérisque, comme indiqué plus loin), et en décalant de deux crans vers le bas les lettres A et C.
56
+
57
+ Les symboles ci-dessous représentent des signes arithmétiques quand ils sont précédés par le préfixe numérique
58
+ (directement ou à l’intérieur d’une suite de chiffres),
59
+ comme pour les chiffres Antoine.
60
+
61
+ plus
62
+
63
+ moins
64
+
65
+ multiplié par
66
+
67
+ divisé par
68
+
69
+ égal
70
+
71
+ Il existe également de nombreux symboles composés, formés de deux symboles ou de plusieurs symboles à la suite.
72
+
73
+ Il existe plusieurs outils permettant d’écrire en braille. Chacun des outils qui sont mentionnés ci-dessous nécessitent l’utilisation d’un papier épais afin que les aspérités soient bien marquées et ne réduisent pas dès qu’elles sont soumises à des pressions extérieures (un livre en braille doit pouvoir être refermé et rangé dans un sac ou une étagère et rester lisible).
74
+
75
+ L’outil le plus simple est formé d’une tablette munie de guides normalisés (avec des lignes de six points) et d’un poinçon. Le poinçon permet de déformer le papier en s’aidant du guide. Cependant, cet outil nécessite une adaptation particulière. En effet, le poinçon creuse le papier alors que la personne aveugle lit les bosses formées. Il faut donc complètement inverser le sens d’écriture : commencer la ligne à droite et les signes (en miroir).
76
+
77
+ Ainsi, le mot « Braille » qui se lit :
78
+
79
+ Devra être écrit à l’envers :
80
+
81
+ (en
82
+ miroir)
83
+
84
+ Cet outil est le plus ancien et le meilleur marché. Des pics permettent de maintenir la feuille afin que celle-ci ne se déplace pas pendant l’écriture.
85
+
86
+ Une évolution temporelle et pratique a donné naissance à la machine à écrire Perkins, sorte de machine à écrire. Composée de sept touches (une pour chaque point de la matrice de six et une pour l’espace), elle a grandement facilité l’écriture puisqu’elle évite la transcription en miroir nécessaire à la tablette décrite précédemment.
87
+
88
+ Enfin, est apparue l’embosseuse ; c’est une imprimante qui transcrit le texte d’un fichier informatique en caractères braille sur papier. Elle imprime donc en volume et non pas avec de l’encre. Comme pour les imprimantes classiques, il existe divers modèles d’embosseuses se différenciant notamment par leurs performances. Toutefois à vitesse d’« impression » équivalente, une embosseuse est beaucoup plus encombrante, chère et bruyante qu’une imprimante « en noir ». Les réglages préalables doivent être effectués avec précision afin que le marquage du papier soit assez fort.
89
+
90
+ Le monostandard Unicode définit des caractères correspondant aux 256 combinaisons du braille informatique à 8 points, dans la plage 2800-28FF. Comme une combinaison de points peut représenter un symbole différent dans différentes langues, le nom et le code d’un caractère braille Unicode dérivent uniquement des points qui le composent et non de sa signification. Par exemple, le caractère comportant un seul point en haut à gauche s’appelle COMBINAISON BRAILLE POINTS-1 bien qu’il représente en braille français la lettre a.
91
+
92
+ Un caractère braille Unicode/UTF-16 possède un code sur deux octets. Le premier a la valeur constante 28 en hexadécimal. Les huit bits du second octet correspondent aux huit points du caractère braille, le point 1 étant le bit de poids faible et le point 8 le bit de poids fort.
93
+
94
+ Exemple : la lettre h est représentée en braille par les points 1-2-5. Le second octet du caractère Unicode correspondant est donc 0001 0011 en binaire, soit 13 en hexadécimal. Le caractère Unicode correspondant au h braille français, appelé COMBINAISON BRAILLE POINTS-125, a donc pour code U+2813 (⠓).
95
+
96
+ Autre exemple : un H majuscule s’écrit, en braille classique, en deux caractères : 4-6, 1-2-5 soit en Unicode U+2828 U+2813 (⠨⠓). En braille informatique, il est représenté par un seul caractère avec les points 1-2-5-7 (0101 0011 en binaire, 53 en hexadécimal) soit le caractère Unicode U+2853 (⡓).
97
+
98
+ Les caractères braille sont plus larges que leurs équivalents « noirs ». Cela a pour conséquence une augmentation importante du volume d’un document braille par rapport à un document « noir » lorsque ce document est transcrit en caractères braille. Aussi a-t-on créé une forme contractée : le braille abrégé.
99
+
100
+ C’est en 1880 que Maurice de La Sizeranne constitua l’Abrégé Orthographique Français, qui fut depuis complété par de nombreux partenaires.
101
+
102
+ La norme actuellement en vigueur est l’Abrégé orthographique étendu de 1955.
103
+
104
+ Dans un texte en braille abrégé, on trouve trois types de mots :
105
+
106
+ Par exemple, dans le mot « (re)(pr)és(en)té(es) » les lettres entre parenthèses sont abrégées par un sigle propre.
107
+
108
+ Dans le cas des symboles, les mots sont représentés comme une lettre isolée. Ainsi, quand la lettre « ê » est lue sans être intégrée à un mot, elle signifie « même ».
109
+
110
+ Un même caractère peut, suivant son contexte (employé dans un mot, en début, milieu ou fin, devant une voyelle ou une consonne ou encore seul), avoir plusieurs significations différentes.
111
+
112
+ Ainsi, le « î » peut être lu tel quel, mais peut aussi être :
113
+
114
+ Les mots écrits en braille intégral (dans un texte en braille abrégé) sont soit :
115
+
116
+ Le braille standard, avec ses six points, ne permet que 64 combinaisons pour coder les caractères, ce qui est relativement peu. Certains caractères, comme les majuscules ou les chiffres ont été codés sur deux caractères braille afin de contourner cette limitation. Malheureusement, ce type de codage s’avère mal adapté à l’informatisation. Aussi pour l’informatique utilise-t-on un braille à huit points au lieu de six.
117
+
118
+ Les deux points supplémentaires sont placés en dessous de la cellule braille classique. Le point 7 sous le point 3 et le point 8 sous le point 6.
119
+
120
+ Ainsi, le braille informatique permet 256 combinaisons (2 puissance 8), soit une correspondance exacte avec la table ASCII utilisée en informatique.
121
+ En particulier, les lettres minuscules et majuscules peuvent être différenciées grâce au point 7.
122
+
123
+ Cependant, il n’est pas toujours bien adapté à la lecture. Louis Braille avait en effet travaillé sur la taille de la cellule braille à six points afin qu’elle soit repérable tactilement par la pulpe de l’index sans avoir à le déplacer sur la feuille.
124
+ Or, avec deux points en plus, cette cellule devient trop haute pour une identification rapide par l’index. De plus, la lettre l minuscule (points 1-2-3) et la lettre L majuscule (points 1-2-3-7) provoquent des confusions car il devient difficile de repérer s’il y a trois ou quatre points en hauteur.
125
+
126
+ La notation mathématique utilise une représentation spatiale de l’information. En braille, l’information est toujours linéarisée, aussi a-t-on besoin d’une codification spécifique.
127
+
128
+ Ce code a varié dans le temps. Depuis le 1er septembre 2007, c’est la notation mathématique approuvée par la Commission pour l’Évolution du Braille Français lors de sa réunion plénière du 16 octobre 2006 qui est applicable.
129
+
130
+ De la même façon que sur une calculatrice scientifique standard, le braille mathématique codifie de façon linaire toutes formules mathématiques. Il arrive donc fréquemment qu’une formule visuellement simple devienne très complexe en braille.
131
+
132
+ Ainsi,
133
+
134
+ donne en notation linéaire :
135
+
136
+ Très vite, de nombreuses parenthèses apparaissent et compliquent fortement la formule. C’est pour cela que les parenthèses braille ont été mises en place: une parenthèse braille permet de lever les ambiguïtés dues à la linéarisation, et indique qu’un voyant n’aurait pas besoin de ces parenthèses pour comprendre l’expression.
137
+
138
+ Dans l’exemple précédent, la transcription en Braille serait donc:
139
+
140
+ Avec [ en parenthèse braille ouvrante (codée normalement p56 soit "⠰") et ] en parenthèse braille fermante (codée normalement p23 soit "⠆").
141
+
142
+ Comme spécifié plus haut, le braille ne compte que 63 symboles possibles. Il n’est donc pas possible de coder en braille tous les symboles mathématiques. Ces symboles, (opérateurs, ensembles, fonctions…) vont donc être traduits par des assemblages de caractères braille de façon à différencier chaque symbole tout en gardant les formules les plus courtes possible.
143
+ Les fonctions usuelles comme le sinus, ou la racine carrée sont traduites par un seul signe. Le cosinus ou encore le symbole inclus par deux signes…
144
+
145
+ Toutefois, il reste très difficile de manipuler des calculs complexes en braille. Dans le premier exemple, il n’est pas évident pour un aveugle de repérer la simplification par 2.
146
+
147
+ Pour les matrices et tableaux de variation de fonction, afin de faciliter la lecture et quand cela est compatible avec la longueur de la ligne braille, il est possible de représenter ces structures en deux dimensions.
148
+
149
+ Les opérations arithmétiques peuvent être manipulées à l'aide d'un cubarithme.
150
+
151
+ Comme pour les mathématiques, la notation musicale « noire » utilise une représentation spatiale de l’information.
152
+
153
+ Elles sont écrites en suivant l’alphabet, avec, pour équivalence, d = do.
154
+
155
+ Ainsi :
156
+
157
+ Sans signe de rythme spécifique, les notes seront considérées comme des croches.
158
+ Si l’on veut écrire une noire (qui dure deux croches) on doit ajouter le point 6 à la note :
159
+
160
+ Pour indiquer une blanche (quatre croches), on ajoute le point 3 :
161
+
162
+ Pour les rondes (huit croches), on ajoute les points 3 et 6 :
163
+
164
+ Cependant les nombreux autres rythmes demandent une notation particulière et difficile.
165
+
166
+ Les signes de clé n’ont pas autant d’importance sur une partition en braille qu’en « noir ». En revanche, on doit toujours faire précéder les notes d’un signe d’octave. Les octaves sont comptées à partir du bas et indiquées par les points 4, 5 et 6.
167
+
168
+ Ainsi :
169
+
170
+ Le signe d’octave n’est pas répété tant que cela ne prête pas à équivoque.
171
+
172
+ Les nouvelles technologies ont créé de nombreux outils qui permettent aux personnes malvoyantes ou non-voyantes de « lire » des textes en écriture romaine.
173
+
174
+ Ce sont des logiciels capables de transcrire automatiquement un document « noir » en texte braille.
175
+
176
+ Le texte produit peut ensuite être embossé, c’est-à-dire imprimé en braille à l’aide d’une imprimante spécifique, appelée embosseuse.
177
+
178
+ Les principaux transcripteurs braille sont DBT[3] (braille intégral et abrégé, très bonne qualité), NAT braille (libre, brailles intégral et abrégé, mathématique; musique en développement), winbraille[4] (gratuit, intégral et abrégé), dancing dots[5] (musique).
179
+
180
+ Le système brltty[6] (libre) permet également, outre l’affichage dynamique sur plage braille, de réaliser des affichages en intégral et abrégé.
181
+
182
+ D’autres projets ou réalisations informatiques permettent d’accéder à des documents transcrits en braille, comme la bibliothèque Hélène[7].
183
+
184
+ Les progrès technologiques se font aussi sentir dans le domaine de la synthèse vocale. Il y a encore quelques années, les personnes aveugles étaient les seules à comprendre les phrases prononcées. Actuellement celles-ci sont compréhensibles par tous. La ponctuation est bien ressentie pendant l’écoute[réf. souhaitée].
185
+
186
+ Les lecteurs d’écran sont des logiciels permettant de transformer un écran visuel en une page en braille ou en un texte parlé.
187
+
188
+ Restent encore les plages tactiles, plaque sur laquelle se trouve une bande de petits picots se levant ou s’abaissant afin de composer les caractères. Ainsi une ligne de texte apparaissant à l’écran est traduite sur la plage tactile en braille. La plage tactile est aussi appelée plage braille.
189
+
190
+ Lorsqu’une personne non-voyante souhaite lire le texte présent sur l’écran de l’ordinateur, elle a le choix entre deux possibilités de défilement du texte sur la plage tactile : soit elle appuie sur un bouton dès qu’elle a fini de lire chaque ligne pour avoir la suite du texte, soit le texte défile à un certain rythme et elle lit au fur et à mesure. Les personnes qui lisent le braille utilisent souvent la combinaison d’une plage braille et d’une synthèse vocale, afin de faciliter la restitution de l’information[8].
191
+
192
+ Une interface informatique dite Hyperbraille devrait bientôt permettre aux aveugles de consulter des graphiques.
193
+
194
+ La reconnaissance de caractères à partir d’un document scanné a permis à de nombreuses personnes mal ou non-voyantes de lire des textes auxquels elles n’avaient pas accès. Elles numérisent leurs documents et les lisent avec les deux moyens énoncés ci-dessus.
195
+
196
+ Les personnes aveugles peuvent maintenant naviguer sur Internet grâce aux plages tactiles et aux synthèses vocales.
197
+
198
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1650.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,123 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Édith Gassion (dite Édith Piaf), née le 19 décembre 1915 à Paris et morte le 10 octobre 1963 à Grasse, est une chanteuse, parolière, compositrice et actrice française.
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+ Surnommée à ses débuts « La Môme Piaf », elle est à l'origine de plusieurs succès devenus des classiques du répertoire, comme La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l'amour, Mon légionnaire, La Foule, Milord, Mon Dieu ou encore L'Accordéoniste.
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+ Chanteuse à l'interprétation et à la voix saisissantes, elle a inspiré de nombreux compositeurs et a été le mentor de jeunes artistes tels qu'Yves Montand, Charles Aznavour, Les Compagnons de la chanson, Georges Moustaki, Charles Dumont... Elle acquiert une renommée internationale, mais sa fin de carrière est rendue difficile par de graves problèmes de santé ; elle meurt à l’âge de 47 ans.
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+ La légende issue de l'imagination d'un journaliste, et entretenue par Piaf, la fait naître le 19 décembre 1915 à Paris, au 72, rue de Belleville, dans le 20e arrondissement, d'après la plaque apposée sur la maison sise à cette adresse[1] — certaines sources précisent même qu'elle serait née « sur les marches » de la porte d'entrée de l'immeuble, dans la pèlerine d'un agent de police qui aurait recueilli le bébé au sortir du ventre de sa mère[2]. Toutefois, selon son acte de naissance à l'état civil de Paris[3], Édith Giovanna Gassion est née au 4, rue de la Chine, adresse de l'hôpital Tenon[4], qui est effectivement l'un des établissements de santé les plus proches de la rue de Belleville.
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+ Née dans la misère, Édith Piaf est une enfant de la balle dont les ascendants appartenaient au monde du spectacle depuis deux générations[5].
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13
+ Louis Gassion, le père d'Édith Piaf, rejoint le 89e régiment d'infanterie, basé à la caserne Gémeau à Sens (Yonne), le 11 août 1914. Il aurait bénéficié d'une permission de trois jours pour se marier, le 4 septembre avec Annetta Maillard. De cette union scellée à l’hôtel de ville de Sens, peu d’informations ont été rendues publiques. L’acte de mariage conservé dans les archives municipales indique que la cérémonie s’est déroulée à 10 h 30, le 4 septembre, alors que les combats de la Première Guerre mondiale font rage dans l'Est de la France et que les Allemands menacent Paris. L’officier d’état-civil de permanence, ce jour-là, est Alphonse Dupêchez, adjoint au sénateur-maire de Sens, Lucien Cornet, et fils de Sylvain Dupêchez, illustre maire de la cité, de 1872 à 1879[6].
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+ La présence des parents d’Édith Piaf à Sens s’explique par l’incorporation de son père, le 11 août 1914 au sein du 89e régiment d’infanterie. Ce dernier est cantonné, à l’époque, dans la caserne Gémeau, site aujourd’hui occupé par l’École nationale de police. Dans son ouvrage Piaf, la vérité[7], le biographe Emmanuel Bonini confirme que la mobilisation du « seconde classe » Gassion est l’unique attache du couple avec Sens : « Ils s’y sont mariés au cours d’une permission de trois jours, alors qu’ils étaient domiciliés à Paris, rue du Château-des-Rentiers, dans le XIIIe arrondissement. » L’auteur ajoute que « les quatre témoins du mariage — un typographe de Vendôme, un ciseleur parisien, un cultivateur de Wissous et un employé de commerce de Savigny-sur-Orge — étaient certainement tous mobilisés à Sens, avant de rejoindre le front »[8].
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+ Louis Alphonse Gassion, né à Falaise, dans le Calvados, le 10 mai 1881 et mort à Paris le 3 mars 1944, est dans le civil un artiste de cirque (contorsionniste et antipodiste). Il est le fils de Victor Alphonse Gassion, un Normand de Falaise, écuyer de cirque, et de Léontine Louise Descamps, dite « Maman Tine », patronne d'une maison close à Bernay, en Normandie. Edith y habitera quelque temps chez ses grands parents. De nombreux témoignages photos de cette période sont immortalisés et conservés en quantité par sa cousine Cécile Bernier, décédée en 2014[9].
18
+
19
+ La mère d'Édith, Annetta Maillard, née à Livourne en Italie le 4 août 1895 et morte le 6 février 1945 à Paris, est une chanteuse de rue connue dont le nom d'artiste est Line Marsa, d'origine kabyle (Berbère de Kabylie, Algérie ; Kabyle d'après Arletty, qui la connut bien et affirma : « Elle partageait ses repas avec Line Marsa, la mère d’Édith Piaf, Anetta Maillard, de son vrai nom, était la fille d'un directeur de cirque et d'Aicha Ben Mohamed, une Kabyle algérienne, copine de La Goulue »[10], et aussi d'après Monique Lange[11] qui écrivit : « Elle venait de très loin. Elle venait de Kabylie. La grand-mère d’Édith était Kabyle et, sous le nom d’Aïcha, faisait dans des cirques ambulants un numéro de puces savantes »[12]. Celle-ci est aussi mentionnée par Claudine Boulanger, auteur d'une biographie intitulée Édith Piaf[13].
20
+
21
+ Albert Bensoussan quant à lui conteste l'origine kabyle d'Édith Piaf, déclarant : « Le bébé sera donc bercé, peut-être, par des chants berbères du Maroc, encore que, là aussi, le récit flirte avec la légende. Car on a souvent présenté cette femme comme une Kabyle, ce qu'elle n'était certainement pas, la Kabylie se trouvant en Algérie », estimant que sa famille maternelle renvoie plus sûrement aux berbères marocains via son grand-père, Saïd Ben Mohamed[14], né à Mogador[15].
22
+
23
+ Elle est la fille d'Auguste Eugène Maillard (1866-1912) et d'Emma Saïd Ben Mohamed, une artiste de cirque née à Soissons le 10 décembre 1876[16], morte à Paris en 1930, fille de Said Ben Mohammed, un acrobate de cirque marocain, né à Mogador en 1827, mort en 1890 à Montluçon[17], et de Marguerite Bracco, d'origine italienne, née à Murazzano en 1830, morte à Paris en 1898[18],[19]. Selon Arletty[20], sur La Danse mauresque[21], l'un des panneaux du Décor de la baraque de la Goulue de Toulouse-Lautrec, Emma Saïd pourrait être la danseuse mauresque assise à droite, derrière la Goulue.
24
+
25
+ Louis Gassion et Annetta Maillard prénomment leur fille Édith en hommage à Edith Cavell, une infirmière anglaise fusillée par les Allemands deux mois plus tôt[22].
26
+
27
+ Après Édith, ils ont un second enfant, Herbert Lucien Gassion, né le 31 août 1918 à Marseille et mort le 22 janvier 1997 à Clichy. À propos de sa mère, Herbert a dit : « Une grande artiste, mais qui n'a pas su forcer sa chance… Elle a chanté au Chat noir, au Mikado, au Monocle… », puis part à la dérive – « la dérive, le mot est gentil… »[4] –, et Arletty raconte : « C'était pas la mère qui avait la voix de la fille, c'était la fille qui avait la voix de la mère[23]. »
28
+
29
+ Sa mère, trop pauvre pour l'élever, la confie très petite à sa grand-mère maternelle, Emma Saïd Ben Mohamed qui habite rue Rébeval dans le XIXe arrondissement. Sa grand-mère ne se serait pas occupée d'elle, laissant la petite fille dans la saleté, ignorant l'eau et l'hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge. Elle reste 18 mois dans cette pauvre demeure avant que son père en permission de retour du front, ou peut-être sa tante Zéphora[24], la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d'une maison close à Bernay en Normandie. Édith est choyée par les prostituées de la maison, mangeant pour la première fois à sa faim, portant de jolies robes et buvant du lait de Normandie. Très jeune (un âge de 3 à 8 ans est évoqué selon ses biographies[25]), elle est atteinte d'une kératite des deux yeux due vraisemblablement au manque de soins et d'hygiène[26].
30
+
31
+ Selon des interviews, des articles dans les revues à grand tirage et des biographies successives[27], elle perd la vue, le médecin diagnostiquant une double kératite, jamais soignée. Sa grand-mère, ayant appris la guérison d'une gamine atteinte de la même maladie après qu'on avait prié pour elle sur la tombe de Thérèse de l'Enfant-Jésus à Lisieux (pas encore déclarée sainte, puisqu'elle est béatifiée en 1923 et canonisée en 1925), décide d'aller avec ses « filles » y demander la guérison de la petite, ou selon d'autres biographies, y emmène sa petite fille[26]. On prend le train, on prie sur la tombe de Thérèse, on ramène de la terre qu'on lui applique en bandeau sur les yeux tous les soirs. Après huit jours environ, Édith est guérie. À la suite de cela, elle conservera toute sa vie une dévotion particulière à la « petite Thérèse », dont elle gardera la médaille[28] autour du cou sa vie durant[29]. Sur sa table de nuit trônait un portrait de la sainte[30]. Il se trouve qu'Édith Piaf et Thérèse de Lisieux sont cousines au 14e degré[31]. À la suite de cet épisode de cette guérison, Édith devient pieuse et va régulièrement dans les églises en dehors des offices pendant ses tournées[32]. Elle portait une croix autour du cou et priait avant d'entrer en scène[réf. souhaitée]. Édith a commencé à chanter sur la scène du théâtre à Bernay en Normandie. Elle y est revenue en mai 1954, sous un chapiteau, après un spectacle de cirque, accompagnée de son mari Jacques Pills[33].[source insuffisante]
32
+
33
+ En 1922, son père la reprend avec lui, pour vivre la vie d'artiste de petits cirques itinérants, puis la vie d'artiste de rue indépendant et misérable. C'est, à l'image de sa mère, en chantant des airs populaires dans la rue avec son père qu'Édith révèle son talent et sa voix d'exception. Ils séjourneront à plusieurs reprises dans la petite ville de garnison de Mourmelon-le-Grand où se tenait le music-hall « l'Alcazar ». Selon la légende, elle l'accompagne en chantant d'abord La Marseillaise, la seule chanson qu'elle connaisse[34].
34
+
35
+ En 1930, elle quitte son père et chante en duo dans la rue avec Simone Berteaut, dite Momone, qui deviendra son amie, son alter ego et son « ange maudit »[35]. En 1932, elle rencontre son premier grand amour, Louis Dupont, garçon-livreur âgé de 18 ans. Tous les deux s'installent à Montmartre et ont une fille, Marcelle, née le 11 février 1933. Édith s'essaye à cette époque à des emplois « normaux », bonne à tout faire, apprentie-crémière, mais reprend vite la chanson avec Momone[36], aussi bien dans la rue que dans les casernes et les bars à prostituées[34]. Louis ne supportant pas qu'Édith chante dans la rue avec sa fille sous le bras ou fasse boire des clients dans des boîtes de Pigalle, il reprend Marcelle avec lui. Deux ans plus tard, l'enfant meurt, sans doute d'une méningite, le 7 juillet 1935. C'est à cette occasion que se situe le seul moment connu — ou avoué — par Édith de prostitution afin de pouvoir payer l'enterrement de sa fille[37].
36
+
37
+ À l'automne 1935, Édith Piaf est découverte au coin de l'avenue Mac-Mahon et de la rue Troyon par Louis Leplée, gérant du cabaret Le Gerny's, sur les Champs-Élysées. À cette époque, Piaf fredonne principalement des chansons du répertoire de Fréhel. C'est Leplée qui devient son mentor et son père adoptif et qui, en l'engageant dans son cabaret, lui choisit comme nom d'artiste « la môme Piaf » (un « piaf », familièrement, est un moineau, et « la môme Moineau » existait déjà) en raison de sa petite taille de 1,47 m héritée de son père et de sa silhouette gracile[38]. Leplée lui fait rencontrer Jacques Bourgeat, philosophe et littéraire qui devient son professeur, son confident voire son confesseur[39]. Elle rencontre également le tout jeune directeur artistique de Radio Cité, Jacques Canetti.
38
+
39
+ En 1936, Jacques Canetti lui propose de lui faire enregistrer son premier disque, Les Mômes de la cloche, chez Polydor, qui connaît un succès public et critique immédiat. Selon la mythologie[34], son premier succès a déjà eu lieu dans le cabaret de Leplée qui l'avait engagée initialement une semaine, mais où elle triompha pendant sept mois jusqu'à l'assassinat de Leplée dans son lit. Des petites frappes du milieu de Pigalle, connaissances ou amants de Piaf dont elle donne les noms au cours de sa garde à vue pendant 48 heures, sont évoquées comme les auteurs possibles mais l'affaire est classée faute de preuves[40]. Cet évènement sera à l'origine d'une vindicte médiatique contre la chanteuse qui risque de la renvoyer d'où elle vient : la rue et les petits cabarets de misère[34]. Du jour au lendemain, elle n'a plus d'engagements, mais le succès ne tarde pas à revenir[41]. Radio Cité, dirigée par Marcel Bleustein et Jacques Canetti, lui ouvre son antenne. Son talent et sa voix hors normes sont remarqués entre autres par le compositeur Raymond Asso, et par Marguerite Monnot, compositrice et pianiste virtuose, sa future et fidèle grande amie, qui l'accompagnera tout au long de sa carrière et composera les musiques de Mon légionnaire, Hymne à l'amour, Milord, Les Amants d'un jour. Elle passe ainsi à Bobino et à L'Européen à la fin du printemps.
40
+
41
+ Quelques disques et un peu de scène ne peuvent néanmoins nourrir une artiste débutante. À la fin de l'été, elle reprend contact avec Raymond Asso, auquel elle avait refusé Mon légionnaire (créé par celle à qui elle devait tant[42], Marie Dubas en 1935, titre que Piaf reprend début 1937, avec le Fanion de la légion). Après Leplée, Asso devient son nouveau mentor[43]. Il la prend en main et la fait travailler pour en faire une chanteuse professionnelle de music-hall, à l'instar de ses rivales Renée Lebas et Léo Marjane. À l'automne 1936, elle décroche l'Alhambra. Au printemps 1937, elle est à nouveau à Bobino. Elle continue à enregistrer d'autres disques… Mais, Édith veut plus : l'ABC, le plus prestigieux music-hall parisien.
42
+
43
+ En mars 1937, Édith Piaf entame sa carrière de music-hall à l'ABC à Paris avec l'appui de l'impresario Émile Audiffred, où elle devient immédiatement une immense vedette de la chanson française, aimée du public et ses chansons sont diffusées à la radio. C'est à cette époque qu'elle rencontre Danielle Bonel, cette dernière deviendra sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière[44].
44
+
45
+ Star de la fin des années 1930, Piaf triomphe à Bobino, ainsi qu'au théâtre en 1940, dans Le Bel Indifférent, une pièce spécialement écrite pour elle par Jean Cocteau et qu'elle interprète avec succès en compagnie de son compagnon du moment, l’acteur Paul Meurisse (rôle muet). Toujours avec Paul comme partenaire, elle joue dans le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe (1941). C’est lors du tournage de ce long métrage qu’elle fait la connaissance d'Henri Contet, qui deviendra, à l’instar de Marguerite Monnot, l’un de ses paroliers fétiches.
46
+
47
+ Pendant l’occupation allemande, Édith, qui a définitivement troqué « La Môme Piaf » contre « Édith Piaf », continue de donner des concerts. Elle se rend à Berlin en août 1943 avec quelques artistes français dont Loulou Gasté, Raymond Souplex, Viviane Romance, Albert Préjean, où elle pose devant la porte de Brandebourg à l'occasion d'un voyage censé promouvoir la chanson française[45]. En 1942, elle loge dans une maison close, « L'Étoile de Kléber », situé 5, rue Villejust, aujourd'hui rue Paul-Valéry. Elle en occupe tout le troisième étage[46], à deux pas du siège de la Gestapo, 92, rue Lauriston. Cette maison était un lupanar réservé à la clientèle du quartier le plus chic de Paris, notamment aux officiers allemands et aux collaborateurs[47]. Elle y croise souvent l'amant de son amie Annie Jean-Claude, Henri Lafont, chef de la Gestapo française, dont elle s’accommode de la présence, de même que des officiers allemands[48].
48
+
49
+ Un soir de 1942, à la fin d’un tour de chant à l’ABC, illuminée par le drapeau tricolore français, elle lance devant plusieurs rangées d’officiers allemands «Où sont-ils tous mes copains?». Le public français exulte[49].
50
+
51
+ Au printemps 1944, elle se produit au Moulin-Rouge où le tout jeune chanteur de music-hall Yves Montand, proposé par son producteur Émile Audiffred, passe en première partie de son spectacle. C'est le coup de foudre et Édith Piaf, déjà célèbre et adulée, entreprend de l'initier aux ficelles du métier et à la vie d'artiste[34]. Elle va propulser sa carrière en lui présentant des gens importants (et quelquefois de premier plan) dans le monde du spectacle de l'époque : Joseph Kosma, Henri Crolla, Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard, Bob Castella, Francis Lemarque, Henri Betti, etc.
52
+
53
+ C'est également cette année-là que le père d'Édith meurt. Elle perdra sa mère l'année suivante.
54
+
55
+ À la Libération, elle est blanchie par un comité d'épuration grâce au témoignage de sa secrétaire Andrée Bigard, membre de la Résistance qui, d'abord à son insu, l'aurait impliquée dans ses actions[50] et qui déclare que la chanteuse en tournée en Allemagne se serait laissé photographier avec des prisonniers français des stalags et que ces clichés auraient servi, de retour en France, à la fabrication de faux papiers pour faire passer ces prisonniers comme des membres de son orchestre et permettre à 118 d'entre eux de regagner la France en s'évadant[47]. Ce nombre important de prisonniers libérés sans passer par un réseau de résistants, et le fait qu'aucun témoignage n'a jamais confirmé cette histoire font douter les biographes sur sa véracité[51]. À cette époque, Piaf donne quelques récitals au cabaret le Club des Cinq. C'est là que Marcel Cerdan l'entend pour la première fois.
56
+
57
+ En 1945, elle écrit l’un de ses premiers titres, La Vie en rose (enregistré en 1946), sa chanson la plus célèbre, désormais devenue un classique. Elle joue également à la Comédie-Française.
58
+
59
+ Yves Montand devient à son tour une vedette du music-hall. Il débute au cinéma aux côtés de Piaf dans Étoile sans lumière, puis obtient son grand premier rôle dans Les Portes de la nuit, de Marcel Carné. Ils partent en tournée jusqu'en 1946, l'année où ils se séparent.
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61
+ C'est en 1946 que la chanteuse rencontre Les Compagnons de la chanson, avec lesquels elle interpréte le célèbre morceau Les Trois Cloches de Jean Villard (dit Gilles). Elle part ensuite avec ses protégés donner des concerts en Europe du Nord pendant l’année 1947.
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+ De 1946 à 1948, Piaf est la compagne de Jean-Louis Jaubert, le directeur des Compagnons. Mais, en 1948, alors qu'elle est en tournée triomphale à New York, elle vit la grande histoire d'amour de sa vie avec le boxeur Marcel Cerdan, français né à Sidi Bel Abbès en 1916 et qui devient champion du monde de boxe des poids moyens le 21 septembre 1948.
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+ Au début de l'année suivante, elle fait avec lui l'acquisition de sa première maison, un hôtel particulier au 5, rue Gambetta[52] à Boulogne-Billancourt acheté dix-neuf millions de francs à un milliardaire ruiné, Gilbert des Crances[53]. Là, installée avec Simone Berteaut[54], elle y compose Hymne à l'amour, chanté sur scène pour la première fois en septembre.
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+ Le 28 octobre 1949, Cerdan meurt dans un accident d'avion. Le vol Paris-New York d'Air France s'écrase aux Açores, alors qu'il venait la rejoindre sur sa demande. Parce qu'il n'y avait plus de place dans cet avion, un couple avait cédé, avec gentillesse, ses places au boxeur. Anéantie par la souffrance morale (ainsi que par un sentiment de culpabilité) et par une polyarthrite aiguë, Édith Piaf prend, pour calmer sa douleur, de fortes doses de morphine. Elle chantera son grand succès, Hymne à l'amour et également Mon Dieu, en sa mémoire. Elle installe dans son hôtel particulier les trois enfants de Marcel Cerdan et leur mère, Marinette[54]. Son état reste cependant si délabré qu'elle se voit contrainte de refuser des rôles au cinéma[55].
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+ En 1951, le jeune auteur-compositeur-interprète Charles Aznavour devient son homme à tout faire et secrétaire, chauffeur et confident. Il lui écrit certaines chansons particulièrement notables comme Plus bleu que tes yeux, ou encore Jezebel, dans cet hôtel particulier près du Bois de Boulogne, où elle tient table ouverte[55] mais qu'elle revend, avec ses tristes souvenirs, pour s'installer à Paris même, 67 boulevard Lannes[54]. En contrepartie, Édith Piaf dénicheuse de talents conseille Aznavour, lance sa carrière débutante, lui apprend les ficelles du métier. Lorsque le jeune chanteur lui soumet la chanson Je hais les dimanches qu'il avait composée, Piaf manifeste son désaccord, faisant valoir le fait qu'il y avait suffisamment de travailleurs obligés ce jour-là à une journée de labeur[56]. En septembre 1951, elle entame avec le cycliste Louis (Toto) Gérardin, qui est marié et habite également au Parc des Princes, à mille mètres de chez elle, une nouvelle relation amoureuse qui tourne court dès février 1952. Passionnément éprise, elle continue une correspondance enfiévrée, jusqu'au 18 septembre 1952[57] (correspondance qui sera vendue aux enchères en 2009).
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+ Deux jours plus tard, le 20 septembre 1952[58], elle épouse le chanteur français Jacques Pills en l'église Saint-Vincent-de-Paul de New York[59]. Son témoin est l'actrice Marlene Dietrich, qui a choisi la robe de mariée[60]. L'événement est couvert par plus de soixante magazines.
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+ En 1953, devenue dépendante de la morphine administrée par les médecins après un accident de voiture en juillet 1951[34], Édith Piaf entame une première cure de désintoxication.
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+ En 1955, après plusieurs cures de désintoxication, elle se sort de son addiction à la morphine mais soigne sa polyarthrite rhumatoïde à hautes doses de cortisone et se réfugie dans l'alcool, qui lui avait permis de noyer son chagrin après la mort de Marcel Cerdan[34].
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+ Elle devient à cette époque une immense vedette de music-hall en Occident, notamment aux États-Unis, où elle remporte un triomphe en 1956 au Carnegie Hall de New York, dont elle devient une habituée. Cette même année, elle divorce.
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+ De février 1958 à février 1959, elle connaît une histoire d'amour avec Georges Moustaki, qu'elle lance dans la chanson et avec qui elle a un grave accident de voiture le 6 septembre 1958 sur la nationale 10 à Coignières[61], ce qui fait empirer son mauvais état de santé et sa dépendance à la morphine. Elle enregistre la chanson Milord (sur une musique de Marguerite Monnot), dont il est l'auteur, l'un de ses plus grands succès[62], et lui inspire Sarah, qui est créée par Serge Reggiani en 1967[63].
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+ Le 13 décembre 1959, la chanteuse s'effondre sur scène durant une représentation à Dreux[64]. Elle subit de nombreuses opérations chirurgicales (ulcères, hémorragies digestives) et revient à Paris en piteux état et sans Moustaki, qui l'a quittée[65],[66]. Elle est cependant récompensée pour la chanson Milord au cours d'une émission de télévision du nom de TV Award.
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+ En 1960, l'auteur-compositeur-interprète québécois Claude Léveillée vient travailler avec elle à Paris. Édith interprétera quatre de ses chansons : Le Vieux Piano (nouvelle version de sa chanson Les Vieux Pianos), Boulevard du Crime, Ouragan et La Voix (ballet)[67].
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+ En 1961, à la demande de Bruno Coquatrix, Piaf donne à l'Olympia de Paris, menacé de disparition à cause de problèmes financiers, une série de concerts parmi les plus mémorables et émouvants de sa carrière. C'est dans sa salle de spectacle de prédilection qu'elle interprète Non, je ne regrette rien, une chanson qui lui colle à la peau et que Charles Dumont et Michel Vaucaire viennent d'écrire pour elle. Édith sauve l'Olympia de la faillite, mais a du mal à se tenir debout et à bouger du fait de sa polyarthrite très invalidante, et ne réussit à chanter que grâce à une importante perfusion de morphine.
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+ Le 9 octobre 1962, âgée de 46 ans, épuisée et malade, elle épouse Théo Sarapo (de son vrai nom, Théophánis Lamboukas), un jeune chanteur âgé de 26 ans. Ils chantent en duo À quoi ça sert l'amour ? écrit par Michel Emer, un de ses fidèles compositeurs.
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+ Début 1963, elle enregistre sa dernière chanson, L'Homme de Berlin, écrite par Francis Lai (un des compositeurs de la fin de sa carrière, la moitié du récital de Nimègue en 1962, par exemple, est composée de ses chansons) et Michèle Vendôme.
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+ Connue pour ses talents d'interprète, elle est également parolière : elle écrit au total 87 chansons, la première Y en a un de trop (1940) et la dernière Le Chant d’amour (1963)[68].
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+ Édith Piaf meurt le 10 octobre 1963 à 13 h 10 à Plascassier, un quartier excentré de Grasse, à 47 ans, d'une rupture d'anévrisme due à une insuffisance hépatique[4]. Elle est usée par les excès, l'alcool, la morphine, la polyarthrite rhumatoïde et les souffrances de toute une vie[69]. Elle s'éteint dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière[44].
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+ Le transport de sa dépouille jusqu'à son appartement du 67, boulevard Lannes, à Paris, est organisé clandestinement et dans l'illégalité. Sa mort est annoncée officiellement le 11 octobre 1963 à Paris grâce à un faux certificat de décès postdaté de son médecin, Claude Bernay de Laval[47]. Six heures après cette annonce, son ami Jean Cocteau, avec qui Édith entretenait une correspondance suivie, meurt à son tour. Apprenant la nouvelle, il avait déclaré :
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+ « C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette Terre[70]. » Et il ajoute : « Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres »[71]. »
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+ L'organisation des obsèques est encadrée par le préfet de la Seine Louis Amade. Le convoi funèbre du boulevard Lannes jusqu'au cimetière du Père-Lachaise est salué par un demi-million de personnes[72]. L'inhumation a lieu au Père-Lachaise (division 97). Comme l'artiste a vécu en contradiction avec les valeurs morales du catholicisme, divorcé et mené une vie sexuelle « tumultueuse », l'Église catholique refuse de lui accorder des obsèques religieuses. L'Osservatore Romano, le journal du Vatican, écrit qu'elle a vécu « en état de péché public » et qu'elle était une « idole du bonheur préfabriqué ». Cependant, à titre personnel, l'aumônier du théâtre et de la musique, le père Thouvenin de Villaret, lui accorde une dernière bénédiction au moment de l'enterrement. Au moins 40 000 personnes, dont Marlene Dietrich, viennent lui rendre un dernier hommage au cimetière[73]. La foule hystérique est telle que le service d'ordre est débordé : des jeunes se hissent sur les mausolées, Bruno Coquatrix, bousculé, tombe dans la fosse[74].
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+ Édith Piaf est embaumée avant d'être enterrée. Elle se trouve dans un caveau où reposent également son père, Louis-Alphonse Gassion, mort en 1944, son second mari, Théo Sarapo, tué dans un accident de voiture en 1970 à Panazol près de Limoges, et sa fille Marcelle, morte en 1935 d'une méningite foudroyante, à l'âge de 2 ans.
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+ Édith Piaf enregistra chez Polydor de 1935 à 1946, puis chez Columbia, label de Pathé-Marconi, de 1946 à 1963. Quelques disques furent également pressés pour Philips à partir de 1956. Dans ses compilations, Sonorama publia des titres de Piaf de 1958 à 1961.
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+ En 1993, des enregistrements de l'émission Neuf garçons et une fille chantaient, du 4 juin 1946 ainsi que 24 autres titres, sont publiés par Polydor[75]. Une chanson inédite du répertoire de Marie Dubas, mais aussi des chansons connues comme Va Danser et Miss Ottis Regrets sont interprétées par Piaf.[76]
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+ En 2003 ont été découvertes cinq chansons (Chanson d'amour, La Valse de Paris, La fille de joie est triste, Je ne veux plus laver la vaisselle et C'était si bon) et dix-sept versions inédites enregistrées par Edith Piaf. En effet, durant les années 1960, Polydor se sépare de certaines matrices d'enregistrements[77]. Mais un collectionneur de l'époque récupère et en donne près de 20 000 à la Bibliothèque nationale de France. Parmi ces bandes, on retrouve les enregistrements inédits et des prises alternatives de titres connues[78].
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+ Quinze ans plus tard, en 2018, un collectionneur, propriétaire d'une matrice de la chanson La Complainte du Roi Renaud, donne le 78 tours au directeur artistique de Marianne Mélodie, qu'il réédite et publie la même année[79].
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+ Plusieurs imprésarios (aujourd'hui appelés agents artistiques) se succédèrent dans la vie d'Édith Piaf :
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+ Hormis Louis Leplée qui la découvrit, Édith Piaf fut soutenue à la scène par Fernand Lumbroso alors directeur du théâtre Mogador puis par Bruno Coquatrix, célèbre patron de l'Olympia.
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+ Personnalité et voix de la chanson française hors du commun, elle reste l'une des chanteuses françaises les plus célèbres au monde et a lancé avec succès la carrière de nombreux chanteurs, comme Yves Montand, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Georges Moustaki. Son image est associée à son inséparable petite robe noire caractéristique de la chanteuse réaliste.
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+ Sont nommés en son honneur :
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+ Documentaires
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+ L’Association d’amitié Pologne-France en collaboration avec l’association parisienne Les Amis d’Édith Piaf organisent depuis 2009, à Cracovie en Pologne, le Festival international de la chanson française Grand Prix Édith Piaf (en polonais, Miedzynarodowy Festiwal Piosenki Francuskiej)[90]. Ce concours est ouvert à tous, la seule exigence étant de présenter deux chansons françaises, dont au moins une du répertoire d’Édith Piaf. Les participants peuvent remporter le Grand Prix Édith Piaf. En juin 2014, la sixième édition avait pour titre Chanter comme Piaf. Elle a permis d'entendre de jeunes musiciens français (Zaz, Shy’m, Tal, Indila, Christophe Maé, et Amel Bent)[91]. La Française Laurette Goubelle, sosie vocal d'Édith Piaf, a remporté le prix de la meilleure interprétation[92]. En juin 2015, la septième édition s'intitulait De Piaf à Zazie[93].
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+ Édith Gassion (dite Édith Piaf), née le 19 décembre 1915 à Paris et morte le 10 octobre 1963 à Grasse, est une chanteuse, parolière, compositrice et actrice française.
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+ Surnommée à ses débuts « La Môme Piaf », elle est à l'origine de plusieurs succès devenus des classiques du répertoire, comme La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l'amour, Mon légionnaire, La Foule, Milord, Mon Dieu ou encore L'Accordéoniste.
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+ Chanteuse à l'interprétation et à la voix saisissantes, elle a inspiré de nombreux compositeurs et a été le mentor de jeunes artistes tels qu'Yves Montand, Charles Aznavour, Les Compagnons de la chanson, Georges Moustaki, Charles Dumont... Elle acquiert une renommée internationale, mais sa fin de carrière est rendue difficile par de graves problèmes de santé ; elle meurt à l’âge de 47 ans.
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+ La légende issue de l'imagination d'un journaliste, et entretenue par Piaf, la fait naître le 19 décembre 1915 à Paris, au 72, rue de Belleville, dans le 20e arrondissement, d'après la plaque apposée sur la maison sise à cette adresse[1] — certaines sources précisent même qu'elle serait née « sur les marches » de la porte d'entrée de l'immeuble, dans la pèlerine d'un agent de police qui aurait recueilli le bébé au sortir du ventre de sa mère[2]. Toutefois, selon son acte de naissance à l'état civil de Paris[3], Édith Giovanna Gassion est née au 4, rue de la Chine, adresse de l'hôpital Tenon[4], qui est effectivement l'un des établissements de santé les plus proches de la rue de Belleville.
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+ Née dans la misère, Édith Piaf est une enfant de la balle dont les ascendants appartenaient au monde du spectacle depuis deux générations[5].
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+ Louis Gassion, le père d'Édith Piaf, rejoint le 89e régiment d'infanterie, basé à la caserne Gémeau à Sens (Yonne), le 11 août 1914. Il aurait bénéficié d'une permission de trois jours pour se marier, le 4 septembre avec Annetta Maillard. De cette union scellée à l’hôtel de ville de Sens, peu d’informations ont été rendues publiques. L’acte de mariage conservé dans les archives municipales indique que la cérémonie s’est déroulée à 10 h 30, le 4 septembre, alors que les combats de la Première Guerre mondiale font rage dans l'Est de la France et que les Allemands menacent Paris. L’officier d’état-civil de permanence, ce jour-là, est Alphonse Dupêchez, adjoint au sénateur-maire de Sens, Lucien Cornet, et fils de Sylvain Dupêchez, illustre maire de la cité, de 1872 à 1879[6].
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+ La présence des parents d’Édith Piaf à Sens s’explique par l’incorporation de son père, le 11 août 1914 au sein du 89e régiment d’infanterie. Ce dernier est cantonné, à l’époque, dans la caserne Gémeau, site aujourd’hui occupé par l’École nationale de police. Dans son ouvrage Piaf, la vérité[7], le biographe Emmanuel Bonini confirme que la mobilisation du « seconde classe » Gassion est l’unique attache du couple avec Sens : « Ils s’y sont mariés au cours d’une permission de trois jours, alors qu’ils étaient domiciliés à Paris, rue du Château-des-Rentiers, dans le XIIIe arrondissement. » L’auteur ajoute que « les quatre témoins du mariage — un typographe de Vendôme, un ciseleur parisien, un cultivateur de Wissous et un employé de commerce de Savigny-sur-Orge — étaient certainement tous mobilisés à Sens, avant de rejoindre le front »[8].
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+ Louis Alphonse Gassion, né à Falaise, dans le Calvados, le 10 mai 1881 et mort à Paris le 3 mars 1944, est dans le civil un artiste de cirque (contorsionniste et antipodiste). Il est le fils de Victor Alphonse Gassion, un Normand de Falaise, écuyer de cirque, et de Léontine Louise Descamps, dite « Maman Tine », patronne d'une maison close à Bernay, en Normandie. Edith y habitera quelque temps chez ses grands parents. De nombreux témoignages photos de cette période sont immortalisés et conservés en quantité par sa cousine Cécile Bernier, décédée en 2014[9].
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+ La mère d'Édith, Annetta Maillard, née à Livourne en Italie le 4 août 1895 et morte le 6 février 1945 à Paris, est une chanteuse de rue connue dont le nom d'artiste est Line Marsa, d'origine kabyle (Berbère de Kabylie, Algérie ; Kabyle d'après Arletty, qui la connut bien et affirma : « Elle partageait ses repas avec Line Marsa, la mère d’Édith Piaf, Anetta Maillard, de son vrai nom, était la fille d'un directeur de cirque et d'Aicha Ben Mohamed, une Kabyle algérienne, copine de La Goulue »[10], et aussi d'après Monique Lange[11] qui écrivit : « Elle venait de très loin. Elle venait de Kabylie. La grand-mère d’Édith était Kabyle et, sous le nom d’Aïcha, faisait dans des cirques ambulants un numéro de puces savantes »[12]. Celle-ci est aussi mentionnée par Claudine Boulanger, auteur d'une biographie intitulée Édith Piaf[13].
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+ Albert Bensoussan quant à lui conteste l'origine kabyle d'Édith Piaf, déclarant : « Le bébé sera donc bercé, peut-être, par des chants berbères du Maroc, encore que, là aussi, le récit flirte avec la légende. Car on a souvent présenté cette femme comme une Kabyle, ce qu'elle n'était certainement pas, la Kabylie se trouvant en Algérie », estimant que sa famille maternelle renvoie plus sûrement aux berbères marocains via son grand-père, Saïd Ben Mohamed[14], né à Mogador[15].
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+ Elle est la fille d'Auguste Eugène Maillard (1866-1912) et d'Emma Saïd Ben Mohamed, une artiste de cirque née à Soissons le 10 décembre 1876[16], morte à Paris en 1930, fille de Said Ben Mohammed, un acrobate de cirque marocain, né à Mogador en 1827, mort en 1890 à Montluçon[17], et de Marguerite Bracco, d'origine italienne, née à Murazzano en 1830, morte à Paris en 1898[18],[19]. Selon Arletty[20], sur La Danse mauresque[21], l'un des panneaux du Décor de la baraque de la Goulue de Toulouse-Lautrec, Emma Saïd pourrait être la danseuse mauresque assise à droite, derrière la Goulue.
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+ Louis Gassion et Annetta Maillard prénomment leur fille Édith en hommage à Edith Cavell, une infirmière anglaise fusillée par les Allemands deux mois plus tôt[22].
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+ Après Édith, ils ont un second enfant, Herbert Lucien Gassion, né le 31 août 1918 à Marseille et mort le 22 janvier 1997 à Clichy. À propos de sa mère, Herbert a dit : « Une grande artiste, mais qui n'a pas su forcer sa chance… Elle a chanté au Chat noir, au Mikado, au Monocle… », puis part à la dérive – « la dérive, le mot est gentil… »[4] –, et Arletty raconte : « C'était pas la mère qui avait la voix de la fille, c'était la fille qui avait la voix de la mère[23]. »
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+ Sa mère, trop pauvre pour l'élever, la confie très petite à sa grand-mère maternelle, Emma Saïd Ben Mohamed qui habite rue Rébeval dans le XIXe arrondissement. Sa grand-mère ne se serait pas occupée d'elle, laissant la petite fille dans la saleté, ignorant l'eau et l'hygiène. Ses biberons, selon la légende, se seraient faits au vin rouge. Elle reste 18 mois dans cette pauvre demeure avant que son père en permission de retour du front, ou peut-être sa tante Zéphora[24], la confie à sa grand-mère paternelle, patronne d'une maison close à Bernay en Normandie. Édith est choyée par les prostituées de la maison, mangeant pour la première fois à sa faim, portant de jolies robes et buvant du lait de Normandie. Très jeune (un âge de 3 à 8 ans est évoqué selon ses biographies[25]), elle est atteinte d'une kératite des deux yeux due vraisemblablement au manque de soins et d'hygiène[26].
30
+
31
+ Selon des interviews, des articles dans les revues à grand tirage et des biographies successives[27], elle perd la vue, le médecin diagnostiquant une double kératite, jamais soignée. Sa grand-mère, ayant appris la guérison d'une gamine atteinte de la même maladie après qu'on avait prié pour elle sur la tombe de Thérèse de l'Enfant-Jésus à Lisieux (pas encore déclarée sainte, puisqu'elle est béatifiée en 1923 et canonisée en 1925), décide d'aller avec ses « filles » y demander la guérison de la petite, ou selon d'autres biographies, y emmène sa petite fille[26]. On prend le train, on prie sur la tombe de Thérèse, on ramène de la terre qu'on lui applique en bandeau sur les yeux tous les soirs. Après huit jours environ, Édith est guérie. À la suite de cela, elle conservera toute sa vie une dévotion particulière à la « petite Thérèse », dont elle gardera la médaille[28] autour du cou sa vie durant[29]. Sur sa table de nuit trônait un portrait de la sainte[30]. Il se trouve qu'Édith Piaf et Thérèse de Lisieux sont cousines au 14e degré[31]. À la suite de cet épisode de cette guérison, Édith devient pieuse et va régulièrement dans les églises en dehors des offices pendant ses tournées[32]. Elle portait une croix autour du cou et priait avant d'entrer en scène[réf. souhaitée]. Édith a commencé à chanter sur la scène du théâtre à Bernay en Normandie. Elle y est revenue en mai 1954, sous un chapiteau, après un spectacle de cirque, accompagnée de son mari Jacques Pills[33].[source insuffisante]
32
+
33
+ En 1922, son père la reprend avec lui, pour vivre la vie d'artiste de petits cirques itinérants, puis la vie d'artiste de rue indépendant et misérable. C'est, à l'image de sa mère, en chantant des airs populaires dans la rue avec son père qu'Édith révèle son talent et sa voix d'exception. Ils séjourneront à plusieurs reprises dans la petite ville de garnison de Mourmelon-le-Grand où se tenait le music-hall « l'Alcazar ». Selon la légende, elle l'accompagne en chantant d'abord La Marseillaise, la seule chanson qu'elle connaisse[34].
34
+
35
+ En 1930, elle quitte son père et chante en duo dans la rue avec Simone Berteaut, dite Momone, qui deviendra son amie, son alter ego et son « ange maudit »[35]. En 1932, elle rencontre son premier grand amour, Louis Dupont, garçon-livreur âgé de 18 ans. Tous les deux s'installent à Montmartre et ont une fille, Marcelle, née le 11 février 1933. Édith s'essaye à cette époque à des emplois « normaux », bonne à tout faire, apprentie-crémière, mais reprend vite la chanson avec Momone[36], aussi bien dans la rue que dans les casernes et les bars à prostituées[34]. Louis ne supportant pas qu'Édith chante dans la rue avec sa fille sous le bras ou fasse boire des clients dans des boîtes de Pigalle, il reprend Marcelle avec lui. Deux ans plus tard, l'enfant meurt, sans doute d'une méningite, le 7 juillet 1935. C'est à cette occasion que se situe le seul moment connu — ou avoué — par Édith de prostitution afin de pouvoir payer l'enterrement de sa fille[37].
36
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37
+ À l'automne 1935, Édith Piaf est découverte au coin de l'avenue Mac-Mahon et de la rue Troyon par Louis Leplée, gérant du cabaret Le Gerny's, sur les Champs-Élysées. À cette époque, Piaf fredonne principalement des chansons du répertoire de Fréhel. C'est Leplée qui devient son mentor et son père adoptif et qui, en l'engageant dans son cabaret, lui choisit comme nom d'artiste « la môme Piaf » (un « piaf », familièrement, est un moineau, et « la môme Moineau » existait déjà) en raison de sa petite taille de 1,47 m héritée de son père et de sa silhouette gracile[38]. Leplée lui fait rencontrer Jacques Bourgeat, philosophe et littéraire qui devient son professeur, son confident voire son confesseur[39]. Elle rencontre également le tout jeune directeur artistique de Radio Cité, Jacques Canetti.
38
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39
+ En 1936, Jacques Canetti lui propose de lui faire enregistrer son premier disque, Les Mômes de la cloche, chez Polydor, qui connaît un succès public et critique immédiat. Selon la mythologie[34], son premier succès a déjà eu lieu dans le cabaret de Leplée qui l'avait engagée initialement une semaine, mais où elle triompha pendant sept mois jusqu'à l'assassinat de Leplée dans son lit. Des petites frappes du milieu de Pigalle, connaissances ou amants de Piaf dont elle donne les noms au cours de sa garde à vue pendant 48 heures, sont évoquées comme les auteurs possibles mais l'affaire est classée faute de preuves[40]. Cet évènement sera à l'origine d'une vindicte médiatique contre la chanteuse qui risque de la renvoyer d'où elle vient : la rue et les petits cabarets de misère[34]. Du jour au lendemain, elle n'a plus d'engagements, mais le succès ne tarde pas à revenir[41]. Radio Cité, dirigée par Marcel Bleustein et Jacques Canetti, lui ouvre son antenne. Son talent et sa voix hors normes sont remarqués entre autres par le compositeur Raymond Asso, et par Marguerite Monnot, compositrice et pianiste virtuose, sa future et fidèle grande amie, qui l'accompagnera tout au long de sa carrière et composera les musiques de Mon légionnaire, Hymne à l'amour, Milord, Les Amants d'un jour. Elle passe ainsi à Bobino et à L'Européen à la fin du printemps.
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41
+ Quelques disques et un peu de scène ne peuvent néanmoins nourrir une artiste débutante. À la fin de l'été, elle reprend contact avec Raymond Asso, auquel elle avait refusé Mon légionnaire (créé par celle à qui elle devait tant[42], Marie Dubas en 1935, titre que Piaf reprend début 1937, avec le Fanion de la légion). Après Leplée, Asso devient son nouveau mentor[43]. Il la prend en main et la fait travailler pour en faire une chanteuse professionnelle de music-hall, à l'instar de ses rivales Renée Lebas et Léo Marjane. À l'automne 1936, elle décroche l'Alhambra. Au printemps 1937, elle est à nouveau à Bobino. Elle continue à enregistrer d'autres disques… Mais, Édith veut plus : l'ABC, le plus prestigieux music-hall parisien.
42
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43
+ En mars 1937, Édith Piaf entame sa carrière de music-hall à l'ABC à Paris avec l'appui de l'impresario Émile Audiffred, où elle devient immédiatement une immense vedette de la chanson française, aimée du public et ses chansons sont diffusées à la radio. C'est à cette époque qu'elle rencontre Danielle Bonel, cette dernière deviendra sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière[44].
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+ Star de la fin des années 1930, Piaf triomphe à Bobino, ainsi qu'au théâtre en 1940, dans Le Bel Indifférent, une pièce spécialement écrite pour elle par Jean Cocteau et qu'elle interprète avec succès en compagnie de son compagnon du moment, l’acteur Paul Meurisse (rôle muet). Toujours avec Paul comme partenaire, elle joue dans le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe (1941). C’est lors du tournage de ce long métrage qu’elle fait la connaissance d'Henri Contet, qui deviendra, à l’instar de Marguerite Monnot, l’un de ses paroliers fétiches.
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+ Pendant l’occupation allemande, Édith, qui a définitivement troqué « La Môme Piaf » contre « Édith Piaf », continue de donner des concerts. Elle se rend à Berlin en août 1943 avec quelques artistes français dont Loulou Gasté, Raymond Souplex, Viviane Romance, Albert Préjean, où elle pose devant la porte de Brandebourg à l'occasion d'un voyage censé promouvoir la chanson française[45]. En 1942, elle loge dans une maison close, « L'Étoile de Kléber », situé 5, rue Villejust, aujourd'hui rue Paul-Valéry. Elle en occupe tout le troisième étage[46], à deux pas du siège de la Gestapo, 92, rue Lauriston. Cette maison était un lupanar réservé à la clientèle du quartier le plus chic de Paris, notamment aux officiers allemands et aux collaborateurs[47]. Elle y croise souvent l'amant de son amie Annie Jean-Claude, Henri Lafont, chef de la Gestapo française, dont elle s’accommode de la présence, de même que des officiers allemands[48].
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+ Un soir de 1942, à la fin d’un tour de chant à l’ABC, illuminée par le drapeau tricolore français, elle lance devant plusieurs rangées d’officiers allemands «Où sont-ils tous mes copains?». Le public français exulte[49].
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+ Au printemps 1944, elle se produit au Moulin-Rouge où le tout jeune chanteur de music-hall Yves Montand, proposé par son producteur Émile Audiffred, passe en première partie de son spectacle. C'est le coup de foudre et Édith Piaf, déjà célèbre et adulée, entreprend de l'initier aux ficelles du métier et à la vie d'artiste[34]. Elle va propulser sa carrière en lui présentant des gens importants (et quelquefois de premier plan) dans le monde du spectacle de l'époque : Joseph Kosma, Henri Crolla, Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Louiguy, Marguerite Monnot, Philippe-Gérard, Bob Castella, Francis Lemarque, Henri Betti, etc.
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+ C'est également cette année-là que le père d'Édith meurt. Elle perdra sa mère l'année suivante.
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+ À la Libération, elle est blanchie par un comité d'épuration grâce au témoignage de sa secrétaire Andrée Bigard, membre de la Résistance qui, d'abord à son insu, l'aurait impliquée dans ses actions[50] et qui déclare que la chanteuse en tournée en Allemagne se serait laissé photographier avec des prisonniers français des stalags et que ces clichés auraient servi, de retour en France, à la fabrication de faux papiers pour faire passer ces prisonniers comme des membres de son orchestre et permettre à 118 d'entre eux de regagner la France en s'évadant[47]. Ce nombre important de prisonniers libérés sans passer par un réseau de résistants, et le fait qu'aucun témoignage n'a jamais confirmé cette histoire font douter les biographes sur sa véracité[51]. À cette époque, Piaf donne quelques récitals au cabaret le Club des Cinq. C'est là que Marcel Cerdan l'entend pour la première fois.
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+ En 1945, elle écrit l’un de ses premiers titres, La Vie en rose (enregistré en 1946), sa chanson la plus célèbre, désormais devenue un classique. Elle joue également à la Comédie-Française.
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+ Yves Montand devient à son tour une vedette du music-hall. Il débute au cinéma aux côtés de Piaf dans Étoile sans lumière, puis obtient son grand premier rôle dans Les Portes de la nuit, de Marcel Carné. Ils partent en tournée jusqu'en 1946, l'année où ils se séparent.
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+ C'est en 1946 que la chanteuse rencontre Les Compagnons de la chanson, avec lesquels elle interpréte le célèbre morceau Les Trois Cloches de Jean Villard (dit Gilles). Elle part ensuite avec ses protégés donner des concerts en Europe du Nord pendant l’année 1947.
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+ De 1946 à 1948, Piaf est la compagne de Jean-Louis Jaubert, le directeur des Compagnons. Mais, en 1948, alors qu'elle est en tournée triomphale à New York, elle vit la grande histoire d'amour de sa vie avec le boxeur Marcel Cerdan, français né à Sidi Bel Abbès en 1916 et qui devient champion du monde de boxe des poids moyens le 21 septembre 1948.
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+ Au début de l'année suivante, elle fait avec lui l'acquisition de sa première maison, un hôtel particulier au 5, rue Gambetta[52] à Boulogne-Billancourt acheté dix-neuf millions de francs à un milliardaire ruiné, Gilbert des Crances[53]. Là, installée avec Simone Berteaut[54], elle y compose Hymne à l'amour, chanté sur scène pour la première fois en septembre.
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+ Le 28 octobre 1949, Cerdan meurt dans un accident d'avion. Le vol Paris-New York d'Air France s'écrase aux Açores, alors qu'il venait la rejoindre sur sa demande. Parce qu'il n'y avait plus de place dans cet avion, un couple avait cédé, avec gentillesse, ses places au boxeur. Anéantie par la souffrance morale (ainsi que par un sentiment de culpabilité) et par une polyarthrite aiguë, Édith Piaf prend, pour calmer sa douleur, de fortes doses de morphine. Elle chantera son grand succès, Hymne à l'amour et également Mon Dieu, en sa mémoire. Elle installe dans son hôtel particulier les trois enfants de Marcel Cerdan et leur mère, Marinette[54]. Son état reste cependant si délabré qu'elle se voit contrainte de refuser des rôles au cinéma[55].
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+ En 1951, le jeune auteur-compositeur-interprète Charles Aznavour devient son homme à tout faire et secrétaire, chauffeur et confident. Il lui écrit certaines chansons particulièrement notables comme Plus bleu que tes yeux, ou encore Jezebel, dans cet hôtel particulier près du Bois de Boulogne, où elle tient table ouverte[55] mais qu'elle revend, avec ses tristes souvenirs, pour s'installer à Paris même, 67 boulevard Lannes[54]. En contrepartie, Édith Piaf dénicheuse de talents conseille Aznavour, lance sa carrière débutante, lui apprend les ficelles du métier. Lorsque le jeune chanteur lui soumet la chanson Je hais les dimanches qu'il avait composée, Piaf manifeste son désaccord, faisant valoir le fait qu'il y avait suffisamment de travailleurs obligés ce jour-là à une journée de labeur[56]. En septembre 1951, elle entame avec le cycliste Louis (Toto) Gérardin, qui est marié et habite également au Parc des Princes, à mille mètres de chez elle, une nouvelle relation amoureuse qui tourne court dès février 1952. Passionnément éprise, elle continue une correspondance enfiévrée, jusqu'au 18 septembre 1952[57] (correspondance qui sera vendue aux enchères en 2009).
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+ Deux jours plus tard, le 20 septembre 1952[58], elle épouse le chanteur français Jacques Pills en l'église Saint-Vincent-de-Paul de New York[59]. Son témoin est l'actrice Marlene Dietrich, qui a choisi la robe de mariée[60]. L'événement est couvert par plus de soixante magazines.
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+ En 1953, devenue dépendante de la morphine administrée par les médecins après un accident de voiture en juillet 1951[34], Édith Piaf entame une première cure de désintoxication.
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+ En 1955, après plusieurs cures de désintoxication, elle se sort de son addiction à la morphine mais soigne sa polyarthrite rhumatoïde à hautes doses de cortisone et se réfugie dans l'alcool, qui lui avait permis de noyer son chagrin après la mort de Marcel Cerdan[34].
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+ Elle devient à cette époque une immense vedette de music-hall en Occident, notamment aux États-Unis, où elle remporte un triomphe en 1956 au Carnegie Hall de New York, dont elle devient une habituée. Cette même année, elle divorce.
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+ De février 1958 à février 1959, elle connaît une histoire d'amour avec Georges Moustaki, qu'elle lance dans la chanson et avec qui elle a un grave accident de voiture le 6 septembre 1958 sur la nationale 10 à Coignières[61], ce qui fait empirer son mauvais état de santé et sa dépendance à la morphine. Elle enregistre la chanson Milord (sur une musique de Marguerite Monnot), dont il est l'auteur, l'un de ses plus grands succès[62], et lui inspire Sarah, qui est créée par Serge Reggiani en 1967[63].
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+ Le 13 décembre 1959, la chanteuse s'effondre sur scène durant une représentation à Dreux[64]. Elle subit de nombreuses opérations chirurgicales (ulcères, hémorragies digestives) et revient à Paris en piteux état et sans Moustaki, qui l'a quittée[65],[66]. Elle est cependant récompensée pour la chanson Milord au cours d'une émission de télévision du nom de TV Award.
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+ En 1960, l'auteur-compositeur-interprète québécois Claude Léveillée vient travailler avec elle à Paris. Édith interprétera quatre de ses chansons : Le Vieux Piano (nouvelle version de sa chanson Les Vieux Pianos), Boulevard du Crime, Ouragan et La Voix (ballet)[67].
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+ En 1961, à la demande de Bruno Coquatrix, Piaf donne à l'Olympia de Paris, menacé de disparition à cause de problèmes financiers, une série de concerts parmi les plus mémorables et émouvants de sa carrière. C'est dans sa salle de spectacle de prédilection qu'elle interprète Non, je ne regrette rien, une chanson qui lui colle à la peau et que Charles Dumont et Michel Vaucaire viennent d'écrire pour elle. Édith sauve l'Olympia de la faillite, mais a du mal à se tenir debout et à bouger du fait de sa polyarthrite très invalidante, et ne réussit à chanter que grâce à une importante perfusion de morphine.
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+ Le 9 octobre 1962, âgée de 46 ans, épuisée et malade, elle épouse Théo Sarapo (de son vrai nom, Théophánis Lamboukas), un jeune chanteur âgé de 26 ans. Ils chantent en duo À quoi ça sert l'amour ? écrit par Michel Emer, un de ses fidèles compositeurs.
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+ Début 1963, elle enregistre sa dernière chanson, L'Homme de Berlin, écrite par Francis Lai (un des compositeurs de la fin de sa carrière, la moitié du récital de Nimègue en 1962, par exemple, est composée de ses chansons) et Michèle Vendôme.
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+ Connue pour ses talents d'interprète, elle est également parolière : elle écrit au total 87 chansons, la première Y en a un de trop (1940) et la dernière Le Chant d’amour (1963)[68].
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+ Édith Piaf meurt le 10 octobre 1963 à 13 h 10 à Plascassier, un quartier excentré de Grasse, à 47 ans, d'une rupture d'anévrisme due à une insuffisance hépatique[4]. Elle est usée par les excès, l'alcool, la morphine, la polyarthrite rhumatoïde et les souffrances de toute une vie[69]. Elle s'éteint dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière[44].
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+ Le transport de sa dépouille jusqu'à son appartement du 67, boulevard Lannes, à Paris, est organisé clandestinement et dans l'illégalité. Sa mort est annoncée officiellement le 11 octobre 1963 à Paris grâce à un faux certificat de décès postdaté de son médecin, Claude Bernay de Laval[47]. Six heures après cette annonce, son ami Jean Cocteau, avec qui Édith entretenait une correspondance suivie, meurt à son tour. Apprenant la nouvelle, il avait déclaré :
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+ « C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette Terre[70]. » Et il ajoute : « Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres »[71]. »
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+ L'organisation des obsèques est encadrée par le préfet de la Seine Louis Amade. Le convoi funèbre du boulevard Lannes jusqu'au cimetière du Père-Lachaise est salué par un demi-million de personnes[72]. L'inhumation a lieu au Père-Lachaise (division 97). Comme l'artiste a vécu en contradiction avec les valeurs morales du catholicisme, divorcé et mené une vie sexuelle « tumultueuse », l'Église catholique refuse de lui accorder des obsèques religieuses. L'Osservatore Romano, le journal du Vatican, écrit qu'elle a vécu « en état de péché public » et qu'elle était une « idole du bonheur préfabriqué ». Cependant, à titre personnel, l'aumônier du théâtre et de la musique, le père Thouvenin de Villaret, lui accorde une dernière bénédiction au moment de l'enterrement. Au moins 40 000 personnes, dont Marlene Dietrich, viennent lui rendre un dernier hommage au cimetière[73]. La foule hystérique est telle que le service d'ordre est débordé : des jeunes se hissent sur les mausolées, Bruno Coquatrix, bousculé, tombe dans la fosse[74].
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+ Édith Piaf est embaumée avant d'être enterrée. Elle se trouve dans un caveau où reposent également son père, Louis-Alphonse Gassion, mort en 1944, son second mari, Théo Sarapo, tué dans un accident de voiture en 1970 à Panazol près de Limoges, et sa fille Marcelle, morte en 1935 d'une méningite foudroyante, à l'âge de 2 ans.
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+ Édith Piaf enregistra chez Polydor de 1935 à 1946, puis chez Columbia, label de Pathé-Marconi, de 1946 à 1963. Quelques disques furent également pressés pour Philips à partir de 1956. Dans ses compilations, Sonorama publia des titres de Piaf de 1958 à 1961.
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+ En 1993, des enregistrements de l'émission Neuf garçons et une fille chantaient, du 4 juin 1946 ainsi que 24 autres titres, sont publiés par Polydor[75]. Une chanson inédite du répertoire de Marie Dubas, mais aussi des chansons connues comme Va Danser et Miss Ottis Regrets sont interprétées par Piaf.[76]
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+ En 2003 ont été découvertes cinq chansons (Chanson d'amour, La Valse de Paris, La fille de joie est triste, Je ne veux plus laver la vaisselle et C'était si bon) et dix-sept versions inédites enregistrées par Edith Piaf. En effet, durant les années 1960, Polydor se sépare de certaines matrices d'enregistrements[77]. Mais un collectionneur de l'époque récupère et en donne près de 20 000 à la Bibliothèque nationale de France. Parmi ces bandes, on retrouve les enregistrements inédits et des prises alternatives de titres connues[78].
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+ Quinze ans plus tard, en 2018, un collectionneur, propriétaire d'une matrice de la chanson La Complainte du Roi Renaud, donne le 78 tours au directeur artistique de Marianne Mélodie, qu'il réédite et publie la même année[79].
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+ Plusieurs imprésarios (aujourd'hui appelés agents artistiques) se succédèrent dans la vie d'Édith Piaf :
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+ Hormis Louis Leplée qui la découvrit, Édith Piaf fut soutenue à la scène par Fernand Lumbroso alors directeur du théâtre Mogador puis par Bruno Coquatrix, célèbre patron de l'Olympia.
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+ Personnalité et voix de la chanson française hors du commun, elle reste l'une des chanteuses françaises les plus célèbres au monde et a lancé avec succès la carrière de nombreux chanteurs, comme Yves Montand, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Georges Moustaki. Son image est associée à son inséparable petite robe noire caractéristique de la chanteuse réaliste.
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+ Sont nommés en son honneur :
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+ L’Association d’amitié Pologne-France en collaboration avec l’association parisienne Les Amis d’Édith Piaf organisent depuis 2009, à Cracovie en Pologne, le Festival international de la chanson française Grand Prix Édith Piaf (en polonais, Miedzynarodowy Festiwal Piosenki Francuskiej)[90]. Ce concours est ouvert à tous, la seule exigence étant de présenter deux chansons françaises, dont au moins une du répertoire d’Édith Piaf. Les participants peuvent remporter le Grand Prix Édith Piaf. En juin 2014, la sixième édition avait pour titre Chanter comme Piaf. Elle a permis d'entendre de jeunes musiciens français (Zaz, Shy’m, Tal, Indila, Christophe Maé, et Amel Bent)[91]. La Française Laurette Goubelle, sosie vocal d'Édith Piaf, a remporté le prix de la meilleure interprétation[92]. En juin 2015, la septième édition s'intitulait De Piaf à Zazie[93].
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+ Edmonton[1] (/ˈɛd.mən.tən/[2] écouter) est la capitale de la province canadienne de l'Alberta. Elle est le centre de la région d'Edmonton Capitale entourée par la région du centre de l'Alberta. Elle est située le long de la rivière Saskatchewan Nord dans l'une des régions les plus fertiles de l'Ouest canadien.
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+ Avec 812 201 habitants en 2011, Edmonton est la deuxième plus grande ville de l'Alberta après Calgary et la cinquième plus grande municipalité du Canada. La région métropolitaine d'Edmonton qui inclut les villes de Saint-Albert et de Sherwood Park est la cinquième plus grande agglomération du pays avec 1 159 869 habitants[3].
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+ Edmonton comprend une importante minorité francophone comptant autour de 16 000 Franco-Albertains. Près de 60 000 personnes apprennent le français à Edmonton, notamment par l'intermédiaire des classes d'immersion en langue française.
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+ Edmonton a été fondée en 1795 par la Compagnie de la Baie d'Hudson. Fort Edmonton, qui est devenu un centre marchand de fourrure locale, était le point d’arrêt principal pour des pionniers allant au nord ou à l’ouest du Canada.
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+ Le vice-gouverneur de la compagnie au temps, Sir James Winter Lake, avait une maison dans la ville d'Edmonton dans le Middlesex en Angleterre (aujourd'hui Londres), et donc ce nom fut choisi pour la nouvelle ville.
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+ En 1885, le premier maire de la ville d’Edmonton fut Matthew McCauley[4].
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+ Comme le gouvernement offrait à bas prix des terrains aux colons, la région autour de Fort Edmonton a commencé à se développer rapidement. Edmonton est officiellement devenue une ville en 1892 avec une population de 700 personnes.
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+ En 1904, Edmonton comptait 9 000 résidents et a été incorporée comme ville la même année. L'Alberta est devenue une province en 1905 et la ville a été officiellement déclarée capitale provinciale en 1906. Les autres compétitrices étaient Calgary, Red Deer et Banff.
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+ La recherche de l'or dans le nord du Canada a également aidé la ville à se développer.
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+ En 1938 est construite dans la ville la première mosquée du Canada, la mosquée Al-Rashid.
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+ Il s'agit de la seule ville en Alberta qui ait réussi à échapper à la culture country (ou presque)[réf. souhaitée].
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+ En 1987, une tornade de force F4 dans l'échelle de Fujita a frappé l'est de la ville. La tornade d'Edmonton a causé 27 morts ainsi que 300 blessés.
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27
+ Edmonton est divisée en de nombreux quartiers. Le centre-ville, qui est en redéveloppement depuis le lancement du Capital City Downtown Plan de 1997, contient le quartier d'affaires constitué de gratte-ciel n'excédant pas les 150 mètres de hauteur, et 4 000 habitants. On peut y trouver les quartiers suivants : Commercial Core, Arts District, Rice Howard Way Pedestrian Mall, MacKay Avenue, Jasper-West, Warehouse District et Government Precinct.
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29
+ Autour du centre se trouvent de nombreux quartiers comme Glenora, Westmount, Queen Mary Park, Central McDougall et McCauley sur la rive nord du fleuve, et Windsor Park, Garneau, Strathcona, Bonnie Doon et Strathearn sur la rive sud. Au-delà sont situées les banlieues. La plus connue d'entre elles est Mill Woods, quartier de 100 000 habitants. Si Mill Woods était une commune indépendante, ce serait la troisième plus grande ville de l'Alberta après Calgary et Edmonton. Plusieurs nouveaux quartiers font leur apparition au sud et au sud-ouest, dont ceux de MacEwan, Terwillegar et Rutherford.
30
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+ Le quartier de la paroisse Saint-Joachim[5] est le lieu historique de l'établissement de la première communauté francophone des Canadiens-français de l'Alberta au XIXe siècle, autour de la rue Jasper. Un très grand nombre d’associations francophones ont été créées grâce aux efforts des habitants franco-albertains de ce premier quartier francophone. Que ce soit la Société Saint-Jean-Baptiste (1894), la Société du parler français (1912), le Cercle Jeanne-d’Arc (1913), Les Bonnes Amies (1925), l’Association canadienne-française de l’Alberta (1926)[6].
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+ Au XXe siècle la communauté francophone s'est déplacée vers le quartier de Bonnie Doon sur l'autre rive de la rivière Saskatchewan, autour de la rue Marie-Anne-Gaboury. (En 1988, grâce aux efforts des Jeunes entrepreneurs francophones (JEF), la 91e rue devient la Rue Marie-Anne-Gaboury en l’honneur de Marie-Anne Gaboury, l’épouse de Jean-Baptiste Lagimodière et la grand-mère de Louis Riel. Le Centre culturel Marie-Anne-Gaboury et le Centre 82 se situent sur l’avenue Whyte. Plus loin dans le quartier, il y a les écoles francophones de Maurice-Lavallée, de Joseph Moreau, de Ste Jeanne-d’Arc et de Gabrielle-Roy. Il existe également des établissements scolaires tels que l'école J. H. Picard School qui offrent des programmes d'immersion en français.
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+ Il y a également une communauté franco-albertaine dans le quartier de la paroisse de Saint-Thomas-d’Aquin d'Edmonton.
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+ La ville est située près de la partie nord de la rivière Saskatchewan : les rives de la rivière, qui traverse la ville, font partie des attraits géographiques de la ville. L'altitude moyenne de Edmonton est de 645 mètres.
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+ De plus, il faut noter qu’Edmonton se situe stratégiquement au centre de l'Alberta. Cela situe la ville près des fermes très productives du centre de la province et de la région vaste et riche en ressources plus au nord.
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+ La superficie totale de la ville était, en 2011, de 684,4 km2[8],[9].
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+ La Base de soutien de la 3e Division du Canada Edmonton[10] appelée plus couramment Garnison Edmonton est une base de l'armée canadienne située dans le comté de Sturgeon[11],[12], à la frontière Nord‑Est de la ville d’Edmonton. La base couvre une superficie de 2 550 hectares. Le site principal porte le nom de Casernement Steele, nommé en l’honneur de Sir Samuel Steele[13], l’un des fondateurs de la Police à cheval du Nord‑Ouest.
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+ Le Conseil municipal (en) de la ville d'Edmonton est composé de 13 élus[14]:
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+ L'hôtel de ville se situe au 1 place Sir Winston Churchill. Plusieurs activités s'y déroulent. Il est aussi possible de faire une visite gratuite de l'édifice[16].
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+ La ville d’Edmonton est comprise dans 19 districts électoraux de la province de l'Alberta. 19 députés élus représentent donc la population à l'Assemblée législative de l'Alberta[17],[18]. Les 19 circonscriptions et les députés provinciaux pour ces circonscriptions sont :
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+ La ville d’Edmonton est intégrée à 10 districts électoraux fédéraux. 10 députés représentent en conséquence la ville au Parlement du Canada[39],[40]. Ces circonscriptions et les députés pour ces circonscriptions sont :
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+ L'économie d'Edmonton se base principalement sur les combustibles fossiles en raison de la grande quantité de pétrole au nord de l'Alberta. Il y a plusieurs autres grandes industries, à Edmonton, dans le domaine de la construction, de l'éducation et de la santé (hôpitaux). Il y a beaucoup d'opportunités d'emplois dans cette province et ceci même en mauvaise période économique. La dernière mauvaise période a eu lieu dans les années 1980 quand Pierre Eliott Trudeau a créé le programme énergétique national. Depuis, l'économie se porte mieux.
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+
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+ La Chambre de commerce d’Edmonton, pour sa part, est l'une des institutions commerciales la plus anciennes et influente au Canada. Âgée de plus de 128 ans, elle regroupe 2 300 membres et représente les entreprises de toutes tailles dans tous les secteurs de l'économie[43],[44].
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+ En 2016, 12,95 % de la population est originaire de la province de l'Alberta. 0,95 % de la population de la ville est originaire du Canada Atlantique. 3,41 % de la population d'Edmonton est d'origine ontarienne ou québécoise. Enfin 2,19 % de la population de la cité est originaire de Colombie-Britannique[45].
58
+
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+ 31 % des citoyens de la ville d'Edmonton sont des protestants tandis que 29 % sont catholiques. Enfin, 2,9 % de la population est de religion musulmane[48]. À ces chiffes s'ajoute 2,6 % de Chrétiens Orthodoxes, 2,1 % de Bouddhistes et 1,4 % de Sikh[48].
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+ L'Archidiocèse d'Edmonton encadre les catholiques d'Edmonton tandis que les anglicans (protestants) sont intégrés au Diocèse anglican d'Edmonton[49],[50].
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+ Enfin, la Basilique-cathédrale Saint-Joseph d'Edmonton est le siège de l'Archidiocèse d'Edmonton[51] tandis que l'église Cathédrale du diocèse anglican d'Edmonton est la All Saints’ Anglican Cathedral d'Edmonton[52].
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+ Au niveau chrétien évangélique, il y a par exemple l'Evangel Pentecostal Church, affiliée aux Assemblées de la Pentecôte du Canada.
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+ Edmonton a un climat tempéré froid (Dfb selon la classification de Köppen), c'est-à-dire un climat continental humide.
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+ Parlement de l'Alberta
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+ Hôtel de Ville d'Edmonton
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+ Église du Sacré-Cœur
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+ Institut de Nanotechnologie, Université de l'Alberta
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+ Ed Sheeran, né le 17 février 1991 à Halifax (Yorkshire de l'Ouest), est un auteur-compositeur-interprète et guitariste britannique. Sa carrière professionnelle commence en 2011 avec la maison de disques Atlantic Records, qui signe son premier album, +, écoulé à 4 millions de copies[1]. Suivent les albums x (2014) et ÷ (2017), qui rencontrent un succès international encore plus grand[2].
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+ Il écrit par ailleurs des chansons pour plusieurs autres artistes, tels que Justin Bieber, Taylor Swift, Robbie Williams, James Blunt ou encore les One Direction.
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+ Edward Christopher Sheeran naît le 17 février 1991 et grandit à Halifax, dans le lieu-dit de Maindreville, en Angleterre. Sa famille s'installe ensuite à Framlingham, petite ville du Suffolk[3],[4]. Il est d'origine irlandaise par sa famille paternelle[5]. Membre d'une chorale durant son enfance, il prend d'abord des cours de violoncelle puis s'initie à la musique populaire grâce à son oncle, qui lui offre une guitare « Little Martin LX1 ». Il prend ensuite des cours pour se perfectionner[4].
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+ À l'âge de 11 ans, il assiste à un concert de l'auteur-compositeur irlandais Damien Rice et réalise qu'il aimerait se lancer dans la chanson. Il sort ensuite à l'âge de 13 ans l'album The Orange Room. Il déménage à Londres, dans un appartement au-dessus du pub T-Bird dans le quartier de Finsbury Park[6]. Ed Sheeran quitte l'école à 16 ans pour se consacrer à la musique. Il commence à se produire sur scène, notamment lors de soirées scènes libres ouvertes aux amateurs[3].
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+ À partir de 2005 (à 14 ans), Ed Sheeran réalise une série de cinq EP auto-produits.
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+ Il signe un contrat avec le label Asylum Records, filiale d'Atlantic Records, au début de l'année 2011. Son premier album, +, sorti en septembre 2011, atteint la 1re place des ventes au Royaume-Uni[7], où il figure parmi les dix meilleures ventes de l'année 2011[8]. L'album connaît également le succès à l'international (n°1 en Australie, n°5 aux Etats-Unis et au Canada...), atteignant les 4 millions de copies vendues[9] grâce aux singles The A Team, You need me I don't need you, Lego House (qui se classent tous dans le Top 5 au Royaume-Uni), Drunk, Small Bump et Give me love.
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+ Après avoir joué dans plusieurs festivals britanniques durant l'été 2011, il est récompensé aux UK Festival Awards (en) dans la catégorie « jeune talent »[10]. Fin 2011, le chanteur fonde le label Paw Print Records afin de rééditer ses cinq EP autoproduits avant sa signature chez Asylum[11]. Le 25 novembre, il se produit au Hallenstadion à Zurich lorsque Gary Lightbody (le leader de Snow Patrol)[12] lui propose de participer à leur tournée aux États-Unis[13].
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+ Lors de l'édition 2012 des Brit Awards, Ed Sheeran remporte deux récompenses : Meilleur artiste solo masculin britannique et Révélation de l'année. Ses disques étaient également nommés dans les catégories Meilleur album et Meilleur single[14].
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+ Il collabore alors avec les One Direction et écrit des chansons pour leurs albums Up All Night et Take Me Home. En 2012, il compose Everything Has Changed pour l'album Red de Taylor Swift, et fait les premières parties de sa tournée 2013 Red Tour. Il se produit également lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques d'été de 2012 de Londres en interprétant Wish You Were Here de Pink Floyd, avec Mike Rutherford et Nick Mason[15]. Fin 2013, il signe la chanson I See Fire, générique de fin du film Le Hobbit : La Désolation de Smaug.
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+ En 2014, il publie l'album x, qui se classe n°1 dans la plupart des pays, et atteint les 14 millions d'exemplaires écoulés[16], porté par les tubes Sing, Don't, Thinking out loud et Photograph, qui atteignent les premières places des ventes aux quatre coins du monde. Il remporte à nouveau plusieurs récompenses prestigieuses (Album et Artiste de l'année aux Brit Awards, Meilleure performance pop et Chanson de l'année pour Thinking out loud aux Grammy Awards, Meilleur clip pour Sing aux MTV Video Music Awards, Artiste de l'année aux NRJ Music Awards, Meilleur artiste britannique aux World Music Awards...).
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+ La même année, il réalise la bande originale du film Nos étoiles contraires avec la chanson All of the stars, compose la chanson 18 pour le quatrième album des One Direction, et reprend In My Life des Beatles, puis Make it rain de Foy Vance pour la série Sons of Anarchy. En 2015, il donne plusieurs concerts à Wembley, et sort par la suite une réédition de X avec le DVD live du concert à Wembley (incluant un CD avec quelques nouveaux titres, dont un duo avec Nekfeu). Il compose également le tube mondial Love yourself de Justin Bieber.
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+ Le 13 décembre 2015, Ed Sheeran annonce sur Instagram qu'il prend une pause d'un an, loin des réseaux sociaux.
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+ En 2016, un an plus tard jour pour jour, il fait son retour sur les réseaux sociaux et dévoile deux nouveaux titres le 6 janvier 2017, Castle on the Hill et Shape of You, qui rencontrent un immense succès international. L'album ÷ sort le 3 mars et se classe n°1 des ventes dans tous les pays du monde, s'écoulant à 4 millions de copies en 10 jours[17].
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+ En 2015, il apparaît dans la série The Bastard Executioner.
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+ En 2016, il fait une apparition dans le film Bridget Jones Baby, dans lequel il interprète son propre rôle.
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+ En 2017, il fait une brève apparition dans l'épisode 1 de la saison 7 de Game of Thrones : les producteurs de la série souhaitaient faire plaisir à l'actrice Maisie Williams, fan du chanteur[18]. Sa prestation reçoit un accueil mitigé, plusieurs critiques considérant que son caméo n'apporte rien à l'épisode[19].
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+ En 2019, il interprète son propre rôle dans le film Yesterday.
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+ En mars 2017, la star admet s'être inspiré du tube de 1999 No Scrubs chanté par le groupe TLC pour écrire sa chanson Shape of You après que de nombreux commentateurs aient comparés les deux titres. Il ajoutera par la suite les auteurs de No Scrubs dans les crédits de son titre ce qui lui évite tout risque d'être poursuivi pour plagiat[20].
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+ En Avril 2017, il trouve un accord à l'amiable avec deux autres auteurs-compositeurs qui avaient lancé une procédure pour plagiat contre lui. Thomas Leonard et Martin Harrington accusaient alors la star d'avoir repris dans son titre "Photograph" la mélodie de leur composition "Amazing" chanté par Matt Cardle[21].
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+ En juillet 2018, le chanteur Ed Sheeran est accusé d'avoir plagié "Let's get it on" de Marvin Gaye avec son titre "Thinking out loud". Les plaignants soit d'Edward Townsend, co-auteur du morceau de Marvin Gaye, et la société Structured Asset Sales, détenteur d'un tiers des droits de la chanson originale réclament plus de 85 millions d'euros (soit 100 millions de dollars) de dédommagement. Selon leurs appréciations, le titre présente des fortes similitudes instrumentales notamment au niveau de "la mélodie, le rythme, les harmonies, la batterie, la ligne de basse, les chœurs, le tempo, le placement des syncope et les boucles"[22],[23].
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+ En Décembre 2018, le chanteur arrive à un accord à l'amiable avec les auteurs-compositeurs Sean Carey et Beau Golden qui avaient portés plainte contre lui pour avoir copié le succès australien When I found you qu'ils ont créés pour la chanteuse Jasmine Rae en 2015[24].
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+ En janvier 2019, la demande de non-lieu du chanteur dans l'affaire concernant le supposé plagiat de "Lets get it on" de Marvin Gaye est rejetée. Le juge décide alors de renvoyer l'affaire devant un jury. Dans son jugement rendu public, il justifie sa position en pointant « des similitudes substantielles entre plusieurs des éléments musicaux des deux œuvres », notamment la ligne de basse et les percussions[25].
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+ Son frère aîné Matthew est compositeur de musique classique[26].
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+ Ed Sheeran a entretenu une brève relation avec la chanteuse écossaise Nina Nesbitt (qui apparaît dans son clip Drunk) en 2012[27]. Ed Sheeran parle d'elle dans les chansons Nina et Photograph, tandis que l'album Peroxide de Nesbitt évoque Ed Sheeran[28].
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+ Après avoir fréquenté Ellie Goulding durant l'été 2013[29], il est désormais fiancé à Cherry Seaborn, avec qui il a fait le tour du monde en 2016[30].
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+ Ed Sheeran s'est fiancé avec sa compagne Cherry Seaborn à la fin de l'année 2017, il l'a annoncé sur son compte instagram le 20 janvier 2018.
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+ En 2018, il ouvre un compte Instagram pour ses chats[31].
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+ Sa musique est décrite comme un mélange de pop acoustique, de folk et de hip-hop[32]. Il allie ces trois styles musicaux pour donner un rendu artistique qui lui est propre.
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+ À 10 ans, Ed Sheeran connaissait l'album The Marshall Mathers LP d'Eminem par cœur, affirmant que cela lui a permis de ne plus bégayer[33].
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+ Jamie Lawson est le premier artiste à signer sur le label d'Ed Sheeran, Gingerbread Man Records[34].
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+ Il est fait membre de l'Ordre de l'Empire britannique (MBE) par la Reine Élisabeth II à l'occasion de la Queen's Birthday Honours List le 17 juin 2017.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L’effet de serre est un processus naturel résultant de l’influence de l'atmosphère sur les différents flux thermiques contribuant aux températures au sol d'une planète. La prise en compte de ce mécanisme est nécessaire pour expliquer les températures observées à la surface de la Terre et de Vénus. Dans le système solaire, l'essentiel de l'énergie thermique reçue par une planète provient du rayonnement solaire et, en l’absence d'atmosphère, une planète rayonne idéalement comme un corps noir, l'atmosphère d'une planète absorbe et réfléchit une partie de ces rayonnements modifiant ainsi l'équilibre thermique. Ainsi l'atmosphère isole la Terre du vide spatial comme une serre isole les plantes de l'air extérieur.
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+ L'usage de l'expression effet de serre s'est étendu dans le cadre de la vulgarisation du réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre qui bloquent et réfléchissent une partie du rayonnement thermique[1]. Or le bilan thermique d'une serre s'explique essentiellement par une analyse de la convection et non du rayonnement : la chaleur s'accumule à l'intérieur de la serre car les parois bloquent les échanges convectifs entre l'intérieur et l'extérieur. Aussi, le terme scientifique, utilisé par la communauté des climatologues pour décrire l’influence des gaz à effet de serre, composants de l'atmosphère bloquant le rayonnement infrarouge, sur le bilan thermique de la Terre, est forçage radiatif.
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+ Les températures terrestres résultent d'interactions complexes entre les apports solaires perturbés par les cycles de l'orbite terrestre, de l'effet albédo de l'atmosphère, des courants de convection dans l'atmosphère et les océans, du cycle de l'eau et le forçage radiatif de l'atmosphère notamment.
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+ Dans les années 1780, Horace-Bénédict de Saussure mesure les effets thermiques du rayonnement solaire à l'aide de boîtes transparentes qu'il dispose dans la vallée et au sommet d'une montagne[2].
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+ En 1824, Joseph Fourier publie Remarques générales sur les températures du globe terrestre et des espaces planétaires dans lesquelles il affine l'analyse des expériences de Horace-Bénédict de Saussure en concluant « la température du sol est augmentée par l'interposition de l'atmosphère, parce que la chaleur solaire trouve moins d'obstacles pour pénétrer l'air, étant à l'état de lumière, qu'elle n'en trouve pour repasser dans l'air lorsqu'elle est convertie en chaleur obscure »[3][source insuffisante].
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11
+ En 1861, John Tyndall identifie les principaux responsables de ce mécanisme : la vapeur d'eau et le dioxyde de carbone. Il suggère alors qu'une modification de la composition de l'atmosphère peut avoir une influence sur l'évolution du climat[4].
12
+
13
+ En 1896, Svante August Arrhenius propose la première estimation de l'impact du niveau de dioxyde de carbone sur les températures terrestres. Il estime qu'un doublement de la quantité de dioxyde de carbone devrait augmenter de 4 °C la température moyenne[5]. Il espère ainsi que l'exploitation du charbon permettra de surmonter la prochaine ère glaciaire due à l'orbite terrestre. Le géologue américain Thomas Chrowder Chamberlin arrivera indépendamment aux mêmes conclusions.
14
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+ En 1909, Robert Williams Wood montre que contrairement à une idée reçue le blocage du rayonnement infrarouge par le verre n'est pas le principal mécanisme qui explique le fonctionnement d'une serre[6]. Par conséquent le terme scientifique, adopté par le GIEC, utilisé pour décrire l’influence des composants de l'atmosphère bloquant le rayonnement infrarouge sur le bilan thermique de la Terre est forçage radiatif et non effet de serre.
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+
17
+ L'expression synthétique effet de serre provient de la vulgarisation au début des années 1980 des résultats alarmants des recherches climatologiques. Alors que les climatologues analysent l'impact du dioxyde de carbone sur le climat sans parler d'effet de serre[7], les premières alertes pour infléchir les décisions politiques sont lancées au début des années 1980 en utilisant cette expression[8], reprise par la suite dans des rapports de plus en plus médiatisés, comme le rapport Brundtland (1987). En France, Jean-Marc Jancovici et Hervé Le Treut ont vulgarisé les risques liés à l'effet de serre depuis les années 1980.
18
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19
+ Contrairement à une idée reçue, et comme le suggère ce nom, l'effet de serre, sous-entendu le mécanisme lié à l’absorption et à l'émission de radiations thermiques par le verre, n'est pas primordial dans le fonctionnement d'une serre. En 1909, Robert Williams Wood a réfuté par l'expérience cette explication[9],[10]. En remplaçant le verre qui recouvre une serre par du halite, un matériau totalement transparent aux infrarouges, Robert Wood mesure une augmentation similaire de température dans les deux cas. Aussi l'augmentation de température dans une serre ne s'explique pas par le fait que le verre réfléchit les infrarouges. L'expression « effet de serre » a néanmoins été conservée dans l'usage courant. Mais le terme scientifique, utilisé par la communauté scientifique pour décrire l’influence des composants de l'atmosphère bloquant le rayonnement infrarouge sur le bilan thermique de la Terre, est forçage radiatif.
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21
+ Le fonctionnement d'une serre s'explique essentiellement par une analyse de la convection et non du rayonnement : la chaleur s'accumule à l'intérieur de la serre car les parois bloquent les échanges convectifs entre l'intérieur et l'extérieur.
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23
+ Lorsque le rayonnement solaire atteint l'atmosphère terrestre, une partie (environ 30 %) est directement réfléchie, c'est-à-dire renvoyée vers l'espace, par l'air, les nuages blancs et la surface claire de la Terre (on pense évidemment aux régions blanches et glacées comme l'Arctique et l'Antarctique, mais il ne faut pas en surestimer le rôle : leur position aux pôles fait qu'elles reçoivent peu d'énergie solaire[réf. souhaitée]) ; l'albédo est la mesure de cet effet de miroir. Les rayons incidents qui n'ont pas été réfléchis vers l'espace sont absorbés par l'atmosphère (20,7 %) et la surface terrestre (51 %).
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+
25
+ Cette dernière partie du rayonnement absorbée par la surface du sol lui apporte de la chaleur qu'elle restitue à son tour, le jour comme la nuit, en direction de l'atmosphère. Le transfert de chaleur entre la Terre et l'atmosphère se fait, conformément au deuxième principe de la thermodynamique, du chaud (la terre) vers le froid (l'atmosphère) ; il se fait par convection (réchauffement et humidification de l'air au contact du sol puis ascension de cet air et libération de la chaleur latente de la vapeur d'eau lorsqu'elle se condense en nuages) et sous forme de rayonnements infrarouges lointains (dans la plage 8–13 μm principalement, correspondant au « rayonnement du corps noir » pour la température du sol). L'effet de serre ne s'intéresse qu'à ces rayonnements, qui seront absorbés en partie par les gaz à effet de serre, ce qui contribue à réchauffer l'atmosphère.
26
+ Puis dans un troisième temps, cette chaleur contenue par l'atmosphère est réémise dans toutes les directions ; une partie s'échappe vers l'espace, mais une autre partie retourne vers la Terre et vient en déduction de l'apport de chaleur de la surface vers l'atmosphère, donc s'oppose au refroidissement de la surface[11]. Il est à noter que l'excès de chaleur généré par les activités humaines, via l’effet de serre, est absorbé à 93 % par l'océan, qui atténue ainsi l'augmentation de la température dans l'atmosphère[12]. L'océan global joue donc un rôle de thermostat planétaire et de contrôle des grands équilibres naturels planétaires.
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28
+ Sans effet de serre (ce qui implique notamment : sans vapeur d'eau et sans nuages), et à albédo constant, la température moyenne sur Terre chuterait à −18 °C[13]. Mais à cette température la glace s'étendrait sur le globe, l'albédo terrestre augmenterait, et la température se stabiliserait vraisemblablement en dessous de −50 °C (voir glaciation Varanger).
29
+
30
+ Les gaz à effet de serre sont des composants gazeux de l'atmosphère qui contribuent à l'effet de serre (sans perdre de vue que l'atmosphère contient d'autres composants non gazeux qui contribuent à l'effet de serre, comme les gouttes d'eau des nuages sur Terre). Ces gaz ont pour caractéristique commune d'absorber une partie des infrarouges émis par la surface de la Terre.
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+
32
+ Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d'eau, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux (ou protoxyde d'azote, de formule N2O) et l'ozone (O3). Les gaz à effet de serre industriels incluent les halocarbones lourds (fluorocarbones chlorés incluant les CFC, les molécules de HCFC-22 comme le fréon et le perfluorométhane) et l'hexafluorure de soufre (SF6).
33
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34
+ Contributions approximatives à l'effet de serre des principaux gaz, d'après le GIEC[14] :
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+ La plupart des gaz à effet de serre (GES) sont d'origine naturelle. Mais certains d'entre eux sont uniquement dus à l'activité humaine ou bien leur concentration dans l'atmosphère augmente en raison de cette activité. C'est le cas en particulier de l'ozone (O3), du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4). La preuve que l'augmentation du CO2 atmosphérique est d'origine humaine se fait par analyse isotopique. Par contre, ce dernier gaz rejeté dans l'atmosphère ne participe que pour 40 % à l'effet de serre additionnel provenant de l'activité humaine[15].
37
+
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+ Répartition des gaz à effet de serre anthropiques (dus aux activités humaines)[16] :
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+ L'ozone est fourni en grande quantité par l'activité industrielle humaine, alors que les CFC encore largement utilisés détruisent, eux, l'ozone, ce qui fait que l'on peut constater un double phénomène :
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+ La combustion des carbones fossiles comme le charbon, le lignite, le pétrole ou le gaz naturel (méthane) rejette du CO2 en grande quantité dans l'atmosphère : la concentration atmosphérique de gaz carbonique a ainsi augmenté de 120 ppm, passant de la valeur pré-industrielle de 280 à 400 ppm aujourd'hui[17]. Un des secteurs d'activités qui dégagent le plus de gaz à effet de serre est l'énergie : à ce sujet, voir l'article énergie et effet de serre. Ces combustibles augmentent, de plus, la concentration de gaz à effet de serre, car ils étaient enfouis dans le sol depuis des milliers d'années ce qui a rompu l'équilibre. Il s'agit d'un ajout additionnel de gaz carbonique dans l'atmosphère qui n'est pas non plus complètement compensé par une assez grande absorption : seule la moitié serait recyclée par la nature ; l'autre moitié resterait dans l'atmosphère et augmenterait l'effet de serre[15].
43
+
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+ La seconde cause d'émission de gaz à effet de serre est la déforestation, qui est responsable à elle seule de 20 % des émissions mondiales[18][source insuffisante]. Les déboisements les plus importants concernent les trois grandes forêts tropicales que sont la forêt amazonienne, la forêt du bassin du Congo, et la forêt indonésienne. Il s'agit d'une des plus grandes causes, car tout le carbone absorbé par ces arbres est rediffusé dans l'air. S'il y avait replantation, cette quantité de dioxyde de carbone serait réabsorbée par un autre arbre, mais sans replantation, alors il n'y a qu'un ajout de la quantité de ce gaz dans l'air[15].
45
+
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+ Les activités humaines dégagent donc une abondance de GES : les scientifiques du GIEC qui étudient le climat estiment que l'augmentation des teneurs en gaz d'origine anthropique est à l'origine d'un réchauffement climatique.
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48
+ En France, selon le groupe Facteur 4, les émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports pour 26 %, suivis de l’industrie (22 %), de l’agriculture (19 %), des bâtiments et habitations (19 %), de la production et de la transformation de l’énergie (13 %), et du traitement des déchets (3 %). Depuis 1990, les émissions ont augmenté de plus de 20 % pour les transports et les bâtiments. En revanche, elles ont diminué de 22 % dans l’industrie, de 10 % dans le secteur agricole, de 9 % dans le secteur de l’énergie et de 8 % pour le traitement des déchets[19][source insuffisante].
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+ Dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre engendré par la circulation automobile, une étude[20] réalisée pour le PREDIT[21] a montré l'influence des politiques de stationnement sur les possibilités de limiter la génération de gaz à effet de serre. La démarche concerne les émissions liées à la construction de places de stationnement, à l'exploitation des parkings et surtout à la mobilité induite par l'offre de stationnement.
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+ On craint au pire le déclenchement d'un effet « boule de neige » (rétroaction positive), où le réchauffement conduirait à un réchauffement encore accru, via la disparition des glaces (réduction de l'albédo) et surtout la libération de stocks naturels de GES actuellement fixés par le pergélisol, les hydrates de méthane marins, ou encore la biomasse.
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+ Si cela se produit et les réactions ne se terminent qu'après avoir produit une grande augmentation de la température, cela s'appelle un emballement de l'effet de serre (runaway greenhouse effect en anglais).
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+ Selon l'hypothèse du fusil à clathrates (clathrate gun hypothesis en anglais), un emballement de l'effet de serre pourrait être causé par la libération de méthane à partir des clathrates (hydrates de méthane qui tapissent le fond des océans) à la suite du réchauffement climatique. On suppose que l'extinction massive d'espèces lors du Permien-Trias a été causée par un tel emballement[22]. Il est également estimé que de grandes quantités de méthane pourraient être libérées de la toundra sibérienne qui commence à dégeler[réf. nécessaire], le méthane étant 21 fois plus puissant comme gaz à effet de serre que le dioxyde de carbone.
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+ Une telle hypothèse reste toutefois hautement improbable : des études récentes ont en effet prouvé que l'hydrate de méthane du fond des océans était stable[23],[24], et que celui contenu dans le pergélisol n'avait que peu de chance de s'en échapper[25][source insuffisante].
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+ L'effet de serre n'est pas en soi nocif aux écosystèmes ; sans lui, la Terre ne serait qu'une boule de glace où la vie ne serait pas possible, car il n'y aurait pas d'eau liquide. Le danger pour les écosystèmes réside plutôt dans la variation trop rapide et trop importante des conditions climatiques pour que la plupart des espèces dites évoluées puissent s'adapter aux changements de température et de pluviométrie. Des écosystèmes marins et littoraux pourraient également être touchés par une hausse du niveau de la mer, par la modification des courants marins[26] et par les caractéristiques physico-chimiques de l'eau de mer (acidité, taux de gaz dissous…).
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+ Les populations humaines seraient évidemment touchées par le réchauffement climatique, la hausse du niveau de la mer entrainant la disparition d'importantes métropoles et de vastes portions de pays[27]. En outre, une hausse des températures aide à la prolifération des insectes propageant des maladies infectieuses, qui survivent mieux dans des milieux chauds et humides.
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+ Le GIEC envisage, selon les scénarios, des augmentations de 1,5 °C à 6 °C pour le siècle à venir en supposant que l'augmentation des rejets de GES continue au rythme des 20 dernières années. Au lieu d'un ralentissement global des émissions depuis la signature du protocole de Kyoto, celles-ci continuaient à augmenter à un rythme croissant en 2018[28]. Un arrêt total et immédiat des rejets de carbone n'empêcherait cependant pas la température moyenne de la planète de continuer à augmenter pendant plusieurs centaines d'années, car certains gaz à effet de serre ne disparaissent de l'atmosphère que très lentement.
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+ Sur Vénus l'effet de serre a porté la température à plus de 460 °C. Une étude affirme que cet effet ne serait pas dû au dioxyde de carbone qui constitue 96 % de l'atmosphère, mais à des constituants en très faibles quantités relatives tels que SO2 et H2O. En effet, dans le domaine infrarouge correspondant au maximum d'émission thermique pour un corps à la température de la surface et de la basse atmosphère de Vénus, le CO2 présente des fenêtres de transmission très larges qui ne peuvent piéger efficacement le rayonnement infrarouge. En revanche, SO2 et H2O absorbent les radiations dans ce domaine de longueurs d'onde, tout comme le font également les fines particules d'acide sulfurique qui constituent les nuages[29]. Vénus, plus proche (72,3 %) du Soleil que la Terre, reçoit ainsi près du double (191 %) de l'énergie solaire reçue par celle-ci.
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+ D'autres études contredisent cependant ce point et mettent en avant le rôle essentiel du CO2 dans l'effet de serre vénusien[30].
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+ L'atmosphère de Mars contient une grande proportion de CO2, néanmoins l'atmosphère de la planète est trop fine pour avoir un impact significatif sur la température (estimé à moins de 5,5 °C)[31]. Le CO2[30] constituant environ 96 % de l'atmosphère Martienne, sa pression partielle est approximativement égale à la pression totale atmosphérique de 600 Pa, tandis que celle sur Terre est d'environ 40 Pa. Sur Terre, la fraction molaire en CO2 dans l'air est seulement de 0,04 %, soit 400 parts par million (ppm).
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+ L'effet de serre et le réchauffement climatique qu'il induit sont assez souvent confondus avec l'altération de la couche d'ozone[32]. Il s'agit pourtant de deux phénomènes bien distincts, le premier concernant la rétention dans l'atmosphère des infrarouges (autrement dit de la chaleur) ; le second concernant l'augmentation de la transparence de l'atmosphère aux ultraviolets. Par ailleurs, si les principaux responsables de l'altération de la couche d'ozone, à savoir les CFC (chlorofluorocarbures, interdits dans les pays industriels dès 1989) sont aussi des gaz à effet de serre, l'inverse n'est pas vrai : les gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone et le méthane n'ont aucun effet sur la couche d'ozone.
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+ Le catholicisme est la religion des chrétiens reconnaissant l’autorité du pape et des évêques, notamment pour l’établissement de leur doctrine, sa transmission et l’organisation de leur culte. L’Église catholique considère que tout baptisé dans l’Église catholique est catholique, mais elle ne définit pas de critères d’appartenance comme pourrait le faire un sociologue voulant déterminer ce qui caractérise l’adhésion objective à une religion.
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+ Le catholicisme d’aujourd'hui, se souvenant que l’adjectif « catholique » renvoie aux origines mêmes du christianisme et du symbole de Nicée, entend « se situer dans la continuité d’une tradition bimillénaire de recherche d’unité et d’universalité »[2]. Dans le catholicisme ainsi défini, la vie chrétienne est marquée par les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et, pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination. Le catholicisme peut être vécu selon divers états de vie et dans une grande diversité de courants et d’organisations qui font tous partie de l’Église catholique. La grande majorité des catholiques font partie de l’Église latine, mais l’Église catholique comprend également 23 Églises catholiques orientales qui ont, entre autres particularités, le droit d’ordonner prêtres des hommes mariés, lesquels, dans ces Églises catholiques, ne sont pas pour autant considérés comme moins disponibles pour leur ministère[3].
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+ Historiquement, l’usage du terme « catholicisme » remonte au XVIe siècle pour marquer la différence avec les confessions protestantes au sein de l’Occident chrétien, mais par uchronie, l’historiographie catholique dont des auteurs fondamentaux comme Charles George Herbermann (Encyclopédie catholique) ou Michel Le Quien (Oriens Christianus) utilisent ce terme pour désigner le christianisme nicéen du premier millénaire organisé en pentarchie, ce qui, conformément à la doctrine de la foi catholique, fait apparaître l’Église de Rome (qui n’a jamais reconnu la pentarchie) comme seule continuatrice directe de l’église primitive. Mais d’autres auteurs comme Walter Bauer[4] ou Adolf von Harnack [5] considèrent que c’est le dogme qui crée le schisme, qu’hérésie et orthodoxie font système, et qu’aucune unité doctrinale n’existait dans le christianisme ancien.
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+ Selon l’Annuaire pontifical 2015, on dénombrait 1,254 milliard de baptisés dans l'Église catholique à la fin 2013[6], ce qui représente une augmentation de 26 millions de catholiques par rapport à fin 2012. En effet, fin 2012, il y avait 1,228 milliard de baptisés dans cette Église[7]. Entre fin 2012 et fin 2013, le nombre de catholiques a donc augmenté de 2,12 %. La croissance du nombre de catholiques a tendance à s'accélérer depuis environ 10 ans. Entre 2005 et 2013, la croissance des catholiques a été de 12 %, soit une augmentation de 139 millions[8]. Ces baptisés ont des pratiques, des convictions et des engagements religieux extrêmement variables : « un décalage croissant apparaît dans toutes les enquêtes d'opinion entre les croyances ou les prescriptions de l'Église et celles des populations qui se disent catholiques »[9].
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+ Le catholicisme est présent aujourd'hui dans presque tous les pays du monde, principalement en Europe, en Amérique et en Afrique subsaharienne, beaucoup moins en Asie et dans le monde arabo-musulman. Il enregistre un déclin dans les pays occidentaux et une forte progression en Afrique et en Asie. La croissance du nombre de catholiques dans le monde est légèrement supérieure à celle de la population mondiale. En 1978, le monde comptait environ 18 % de catholiques contre 17 % en 2004[10], 17,3 % en 2005, 17,5 % en 2012[11] et 17,7 % en 2013[12],[13].
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+ L'adjectif « catholique » vient du grec καθολικός (katholikos), qui signifie « universel »[14]. Dès les premiers siècles de notre ère, ce mot apparaît chez différents auteurs chrétiens, qui l'emploient pour clarifier ce qu'est une communauté locale en communion avec l’« Église universelle »[15] face à l'émergence de diverses sectes chrétiennes aux christologies spécifiques. Ainsi, au début du IIe siècle, Ignace d'Antioche dénonce les divisions entre chrétiens : « Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église universelle (katholikê ekklêsia) »[16]. Quelques décennies plus tard, Tertullien s'oppose aux dissidences des christianismes hétérodoxes de Marcion ou aux gnostiques, inaugurant la littérature chrétienne dans la langue latine, qui ne dispose cependant pas encore du vocabulaire ajusté pour rendre l'expression grecque de καθολικὴ ἐκκλησία (katholikê ekklêsia).
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+ Dans la littérature latine, le grec καθολικός n'est pas traduit par son équivalent latin, universalis, mais se trouve directement translittéré en catholicus. Le mot acquiert une extrême importance dès qu'il est intégré dans le symbole de Nicée, qui déclare : « Je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique ». En latin, la carrière sémantique du terme catholicus reste déterminée par le fait qu'il est créé pour qualifier spécifiquement l'Église.
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+ En français, le terme « catholique » apparaît sous la forme catoliche au XIIIe siècle puis sous la forme catolicque au début du XIVe siècle[17] chez des auteurs comme Philippe de Mézières[18].
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+ Lors de la Réforme protestante, le christianisme connaît des débats doctrinaux d'où émerge une pluralité confessionnelle[19]. Des traités polémiques publiés vers 1570, notamment ceux de Philippe de Marnix, font que l'adjectif « catholique » identifie désormais une confession chrétienne parmi d'autres. Le substantif « catholicisme », lui, apparaît à la fin du XVIe siècle dans un livre du polémiste catholique Pierre Charron publié en 1595[20]. Le Dictionnaire historique de la langue française[21] signale un emploi du terme remontant à 1598[22], à la suite de la naissance des confessions protestantes, pour désigner la religion des chrétiens en communion avec le pape et les évêques. C'est alors un synonyme rare de « catholicité », au sens de « conforme à la doctrine catholique ».
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+ Cependant, le terme « catholicité » renvoie aussi à l'universalité de l'Église et de la foi nonobstant la diversité des confessions chrétiennes ; en ce sens, la catholicité est a-confessionnelle. Au contraire, le terme « catholicisme » renvoie à la pluralité confessionnelle en désignant une de ces confessions. Le paradoxe est que « catholique » signifie « universel », tandis que ce terme et ses dérivés commencent à être appliqués à cette réalité lorsque son universalité commence à être contestée[23].
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+ Cet usage ne s'impose cependant pas sans difficulté parmi les catholiques. Le cardinal Jacques du Perron, qui répondait aux arguments du roi Jacques Ier d'Angleterre selon lequel l'Église anglicane était catholique tandis que celle de Rome ne l'était pas, estimait que le nom de « catholique » ne pouvait pas être celui d'une religion particulière : « Le nom de catholique n'est pas un nom de simple créance mais un nom de communion. » Selon Michel Despland, « le rejet romain de la théorie de la religion s'explique facilement. Parler de religion, c'est utiliser un mot qui accepte l'article indéfini : c'est commencer à voir l'Église catholique comme une religion. […] Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la théologie catholique officielle laisse donc entièrement de côté la problématique de la religion devenue si visible au cours du XVIe siècle. Les catholiques français commencent à s'y intéresser de nouveau à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle »[24]. Le mot « catholicisme » ne devient courant qu'à la suite de son usage durant la Révolution française pour désigner l'Église catholique[21]. Par la suite, les catholiques finiront par considérer assez largement qu'ils ont une religion parmi d'autres.
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+ Le terme de « catholicisme » est donc utilisé tant par les « catholiques » qui se sont construit une identité confessionnelle sous ce nom que par ceux qui ont besoin d'un mot pour les désigner de l'extérieur. Le catholicisme est donc paradoxalement la confession de ceux qui considèrent (ou devraient considérer) qu'être catholique implique de ne pas faire partie de la pluralité des confessions.
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+ Le mot « catholicisme » peut aussi désigner la façon que l'on a de comprendre la doctrine catholique ou l'exposé systématique de la foi catholique[25]. C'est en ce sens que le terme est employé comme titre d'un essai d'Henri de Lubac[26], ou bien comme titre du dictionnaire encyclopédique Catholicisme[27].
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+ L'usage commun est de considérer l'Église catholique ou le catholicisme comme une confession, mais les textes de l'institution concernée ne donnent guère d'éléments qui permettraient d'affirmer qu'elle a telle ou telle désignation officielle. Dans les textes des évêques ou du pape, le terme le plus courant est celui d'« Église », sans autre précision : le mot « Église » n'y vise pas seulement une institution mais aussi un objet de foi. Dans la « communication tous publics » (revues, sites internet des diocèses, livres…), lorsqu'il n'est pas tout simplement question de l'« Église », c'est l'expression « Église catholique » qui est généralement employée.
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+ Les textes officiels du Saint-Siège utilisent, selon le contexte, l'expression « Église catholique » ou bien parlent de « l'Église » tout court. Sur le rapport entre Église et Église catholique, la constitution conciliaire Lumen Gentium indique que : « l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité, cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur […]. Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique »[30].
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+ L'expression « Église catholique » apparaît aussi dans les documents liés au dialogue interreligieux, notamment dans Nostra Ætate, la déclaration du concile Vatican II sur les rapports du catholicisme avec les autres religions, ainsi que dans Unitatis Redintegratio, un décret de Paul VI sur l'œcuménisme. Il en va de même pour l'intitulé du Catéchisme de l'Église catholique. Dans le Code de droit canonique de 1983, 20 canons utilisent l'expression « Église catholique ».
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+ Enfin, l'expression « Église catholique romaine » n'est jamais employée dans les textes officiels de l'Église, mais elle apparaît dans des textes d'auteurs protestants, orthodoxes ou catholiques de rite grec adressés aux catholiques de rite romain dans le cadre du dialogue œcuménique et publiés sur le site du Vatican.
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+ L’Église catholique professe que Dieu se révèle par le témoignage donné par la personne de Jésus-Christ : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie »[31] et par l'inspiration du Saint-Esprit : « Quand deux ou trois se réunissent en mon nom, je suis au milieu d'eux ».
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+ L’accès à cette révélation dépend d'une double source : les Écritures et la Tradition : « l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect »[32]. L'ensemble que forment les Écritures et la Tradition se nomme le « dépôt de la foi ».
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+ Le concile Vatican II réaffirme que la Tradition explique les Écritures. Les deux aspects sont intimement liés :
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+ « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu, confié à l'Église ; […] Il est donc clair que la sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère de l'Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. »
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+ — Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine, §10, [2].
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+ Elles constituent la tradition première et comprennent les textes de deux livres.
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+ Le livre de la Première Alliance (l'Ancien Testament) réunit des textes religieux juifs antérieurs à Jésus de Nazareth ; soit la Bible hébraïque. Pour le catholicisme, les « Écritures » de la Bible, en tant que parole humaine inspirée divinement, expriment la « Parole de Dieu ».
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+ Le livre de la Nouvelle Alliance (le Nouveau Testament) réunit 27 textes : les quatre Évangiles, les Épîtres, les Actes des Apôtres et l'Apocalypse, rédigés postérieurement à la vie de Jésus-Christ.
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+ Ces deux livres ou testaments constituent la Bible chrétienne.
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+ La Tradition témoigne du questionnement ininterrompu sur la foi et de l’élaboration constante des définitions de foi à travers les siècles. Elle comprend :
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+ Les professions de foi ont un rôle non seulement doctrinal mais aussi mystique et liturgique. Par elles, les catholiques expriment leur confiance (foi) en Dieu et réaffirment les grands « mystères » de la foi chrétienne :
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+ L’adhésion à ces textes est une condition nécessaire pour faire partie de l’Église catholique. Non seulement ils sont étudiés (dans le Catéchisme de l'Église catholique) mais ils sont aussi repris par les catholiques lors de leur baptême et de leur confirmation et redits à chaque messe.
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+ Dans le catholicisme, la vie chrétienne est marquée par les sacrements, eux-mêmes indissociables de la liturgie : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination.
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+ Le catholicisme peut être vécu selon divers état de vie : laïc, consacré, ordonné, et dans une grande diversité de courants et d'organisations. Pour nombre de catholiques, le principal lieu de vie chrétienne est la paroisse ; celle-ci étant une portion du territoire d'un diocèse. Il existe au sein des paroisses de nombreuses associations ou mouvements établis de façon plus ou moins formelle. Certains de ces mouvements sont internationaux tels que Caritas Internationalis, les mouvements d'action catholique, les équipes Saint-Vincent, etc. Récemment, se sont développées les communautés nouvelles. Des centaines d'ordres religieux jouent un rôle important comptant de quelques dizaines de membres à plusieurs milliers.
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+ L'enseignement catholique, grâce à ses nombreuses écoles et universités tenues par des laïcs ou des religieux, fait partie des aspects les plus visibles du catholicisme actuel.
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+ Concernant ses relations avec le judaïsme, l'Église catholique est revenue sur certaines positions. Celles des premiers siècles liées au supersessionisme ne sont plus de mise. Rome a pensé qu'un renouvellement théologique était nécessaire dans ce domaine. Celui-ci est en cours depuis l'après-guerre et le concile Vatican II notamment avec la déclaration Nostra Ætate de 1965 sur les relations avec les autres religions.
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+ Entamée au cours des années 1990, la repentance de l'Église catholique a conduit à la publication de documents officiels comme cette réflexion sur l'antijudaïsme, voire l'antisémitisme, qui ont marqué une partie de son histoire :
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+ Au lendemain du concile Vatican II, deux courants de contestation opposés se mettent en place. Dès la fin des années 1960, le débat s'engage sur la notion de « crise de l'Église »[34].
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+ Alors qu'un courant traditionaliste refuse les conclusions du concile, un courant « réformateur » et « progressiste » estime au contraire que sa mise en œuvre reste insuffisante.
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+ L'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, société de vie apostolique en forme canoniale, célèbre la messe tridentine selon le motu proprio Summorum Pontificum).
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+ La Fraternité Saint-Pierre est un courant catholique traditionnel constitué par la branche ralliée de la Fraternité Saint-Pie-X.
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+ L'Institut du Bon-Pasteur a pour supérieur l'abbé Philippe Laguérie un ancien prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
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+ La Fraternité Saint-Pie-X fut créée par l'archevêque Marcel Lefebvre qui s'opposa à ce que celui-ci considérait comme les idées modernistes de l'Église et sacra des évêques pour perpétuer sa vision de la tradition, en désaccord avec le concile Vatican II. Il fut excommunié par Jean-Paul II en 1988 pour avoir procédé à ces ordinations illicites. La Fraternité célèbre la messe tridentine[35], et ne promeut pas la liberté religieuse, l'œcuménisme et le dialogue avec les autres religions. En 2009, le pape Benoît XVI a levé l'excommunication des évêques de cette communauté. Ce geste a été suivi par des conversations visant à régulariser la situation de la Fraternité. Un accord est envisagé entre Rome et la fraternité pour donner à cette dernière un statut canonique de prélature personnelle à l'image de ce que connaît l'opus Dei[36].
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+ Les catholiques interviennent en matière sociale. Cette question a fait l'objet d'une synthèse systématique et exhaustive en 2004, sous la forme d'un Compendium de la doctrine sociale de l'Église, rédigé par le cardinal Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix.
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+ Dans le mouvement de la Théologie de la libération, les catholiques progressistes s'éloignent d'un catholicisme conservateur, au profit d'une voie dans laquelle l’action politique apparaît comme une exigence de l'engagement religieux dans la lutte contre la pauvreté. Théorisé à partir de 1972 par Gustavo Gutiérrez, ce mouvement prône la libération des peuples et entend renouer avec la tradition chrétienne de la solidarité. Ce courant latino-américain, essentiellement composé de dominicains et de jésuites, est accusé par ses détracteurs d'être d'inspiration marxiste et ses théologiens sont souvent en délicatesse avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, à l'instar de Jon Sobrino.
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+ C'est en 1967 qu'apparaît aux États-Unis le Renouveau charismatique catholique, inspiré par les mouvements pentecôtistes américains[37]. Des communautés sont nées, appelées « charismatiques » parce qu'elles revendiquent « le don accordé par Dieu à une ou plusieurs personnes, comme un don de guérison, de « parler en langues ». Des familles, des célibataires, prêtres et laïcs consacrés en font partie. Jean-Paul II a reconnu ce mouvement nouveau au sein de l'Église notamment dans l'exhortation apostolique Christifideles Laïci[38].
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+ La nouvelle évangélisation est l'une des priorités de l'Église depuis le pontificat de Jean-Paul II, qui a instauré le concept de « nouvelle évangélisation » ou « réévangélisation ». Elle se différencie de l'évangélisation traditionnelle du fait de ses modalités mais également par le public qu'elle veut atteindre : les pays de vieille tradition chrétienne, c'est-à-dire principalement l'Europe et l'Amérique.
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+ Un Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation fut créé en 2010 par Benoît XVI.
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+ Graphique : estimations par continent, exprimées en millions de catholiques, de 1978 à 2004.
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+ Le catholicisme signifie aujourd'hui l'ensemble des chrétiens en communion avec le pape et les évêques, autrement dit une religion, ce qui, en sociologie, peut être appréhendé comme un « ensemble de pratiques et de croyances ». Cependant, les études sociologiques ou des sciences des religions sur le catholicisme restent très rares, pour ainsi dire inexistantes si l'on compare avec ce qui se fait pour d'autres religions[39].
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+ En 1974, alors qu'avec la déclaration Nostra Ætate l'Église catholique encourageait ses fidèles à porter un regard plus positif sur diverses religions, Jean Daniélou, Jean Honoré et Paul Poupard avaient intitulé Le Catholicisme un livre par lequel ils proposaient de décrire de façon objective « l'histoire, la pensée et la vie » de leur propre religion. Ils suivaient en cela le plan adopté dans la collection « Deux milliards de croyants » pour présenter les diverses « confessions, religions et croyances » principalement chrétiennes[40].
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+ En 2012, dans Catholicisme en tensions, Danièle Hervieu-Léger déplore que « trop peu de jeunes chercheurs, intéressés pourtant à la sociologie des faits religieux contemporains, s'engagent dans cet inépuisable champ de recherche ». Elle propose aussi un diagnostic de ce manque d'intérêt : « Le sentiment de bizarrerie qu'inspire l'objet catholicisme - banal, vaguement familier, peuplé éventuellement de quelques références et souvenirs lointains, et, en même temps, étranger, exotique, ou plutôt saugrenu - explique, sans doute pour une part, cette absence d'attrait »[39].
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+ Par contraste avec la sociologie, il existe de très nombreuses études historiques, littéraires, théologiques ou philosophiques sur le catholicisme ou l'Église catholique.
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+ Si, jusque dans les années 1980, il ne semblait guère douteux que l'on puisse décrire objectivement et scientifiquement une religion comme un objet qui s'offre tel quel à l'observation et aux mesures, il n'en va plus de même aujourd'hui. L'impossibilité qu'ont les chercheurs de s'accorder sur ce qu'est une religion[41], comme celle de décrire de façon exhaustive ce que serait le système de pensée d'une religion[42], ont été maintes fois relevées.
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+ Ces difficultés théoriques ont entraîné davantage de circonspection quant à la possibilité de définir ce que serait essentiellement le catholicisme. Des études mettent ainsi davantage l'accent sur la diversité du phénomène que l'on tente d'appréhender sous ce nom[43], tandis que pour ce qui est de la description du catholicisme comme d'une doctrine ou d'un système de pensée, on insiste sur le fait que l'on peut sans doute identifier des « accentuations »[44], caractéristiques ou « éléments constitutifs »[45] de la pensée catholique, mais sans décrire more geometrico un « système catholique » en sa totalité.
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+ Le catholicisme est la religion des chrétiens reconnaissant l’autorité du pape et des évêques, notamment pour l’établissement de leur doctrine, sa transmission et l’organisation de leur culte. L’Église catholique considère que tout baptisé dans l’Église catholique est catholique, mais elle ne définit pas de critères d’appartenance comme pourrait le faire un sociologue voulant déterminer ce qui caractérise l’adhésion objective à une religion.
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+ Le catholicisme d’aujourd'hui, se souvenant que l’adjectif « catholique » renvoie aux origines mêmes du christianisme et du symbole de Nicée, entend « se situer dans la continuité d’une tradition bimillénaire de recherche d’unité et d’universalité »[2]. Dans le catholicisme ainsi défini, la vie chrétienne est marquée par les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et, pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination. Le catholicisme peut être vécu selon divers états de vie et dans une grande diversité de courants et d’organisations qui font tous partie de l’Église catholique. La grande majorité des catholiques font partie de l’Église latine, mais l’Église catholique comprend également 23 Églises catholiques orientales qui ont, entre autres particularités, le droit d’ordonner prêtres des hommes mariés, lesquels, dans ces Églises catholiques, ne sont pas pour autant considérés comme moins disponibles pour leur ministère[3].
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+ Historiquement, l’usage du terme « catholicisme » remonte au XVIe siècle pour marquer la différence avec les confessions protestantes au sein de l’Occident chrétien, mais par uchronie, l’historiographie catholique dont des auteurs fondamentaux comme Charles George Herbermann (Encyclopédie catholique) ou Michel Le Quien (Oriens Christianus) utilisent ce terme pour désigner le christianisme nicéen du premier millénaire organisé en pentarchie, ce qui, conformément à la doctrine de la foi catholique, fait apparaître l’Église de Rome (qui n’a jamais reconnu la pentarchie) comme seule continuatrice directe de l’église primitive. Mais d’autres auteurs comme Walter Bauer[4] ou Adolf von Harnack [5] considèrent que c’est le dogme qui crée le schisme, qu’hérésie et orthodoxie font système, et qu’aucune unité doctrinale n’existait dans le christianisme ancien.
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+ Selon l’Annuaire pontifical 2015, on dénombrait 1,254 milliard de baptisés dans l'Église catholique à la fin 2013[6], ce qui représente une augmentation de 26 millions de catholiques par rapport à fin 2012. En effet, fin 2012, il y avait 1,228 milliard de baptisés dans cette Église[7]. Entre fin 2012 et fin 2013, le nombre de catholiques a donc augmenté de 2,12 %. La croissance du nombre de catholiques a tendance à s'accélérer depuis environ 10 ans. Entre 2005 et 2013, la croissance des catholiques a été de 12 %, soit une augmentation de 139 millions[8]. Ces baptisés ont des pratiques, des convictions et des engagements religieux extrêmement variables : « un décalage croissant apparaît dans toutes les enquêtes d'opinion entre les croyances ou les prescriptions de l'Église et celles des populations qui se disent catholiques »[9].
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+ Le catholicisme est présent aujourd'hui dans presque tous les pays du monde, principalement en Europe, en Amérique et en Afrique subsaharienne, beaucoup moins en Asie et dans le monde arabo-musulman. Il enregistre un déclin dans les pays occidentaux et une forte progression en Afrique et en Asie. La croissance du nombre de catholiques dans le monde est légèrement supérieure à celle de la population mondiale. En 1978, le monde comptait environ 18 % de catholiques contre 17 % en 2004[10], 17,3 % en 2005, 17,5 % en 2012[11] et 17,7 % en 2013[12],[13].
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+ L'adjectif « catholique » vient du grec καθολικός (katholikos), qui signifie « universel »[14]. Dès les premiers siècles de notre ère, ce mot apparaît chez différents auteurs chrétiens, qui l'emploient pour clarifier ce qu'est une communauté locale en communion avec l’« Église universelle »[15] face à l'émergence de diverses sectes chrétiennes aux christologies spécifiques. Ainsi, au début du IIe siècle, Ignace d'Antioche dénonce les divisions entre chrétiens : « Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église universelle (katholikê ekklêsia) »[16]. Quelques décennies plus tard, Tertullien s'oppose aux dissidences des christianismes hétérodoxes de Marcion ou aux gnostiques, inaugurant la littérature chrétienne dans la langue latine, qui ne dispose cependant pas encore du vocabulaire ajusté pour rendre l'expression grecque de καθολικὴ ἐκκλησία (katholikê ekklêsia).
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+ Dans la littérature latine, le grec καθολικός n'est pas traduit par son équivalent latin, universalis, mais se trouve directement translittéré en catholicus. Le mot acquiert une extrême importance dès qu'il est intégré dans le symbole de Nicée, qui déclare : « Je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique ». En latin, la carrière sémantique du terme catholicus reste déterminée par le fait qu'il est créé pour qualifier spécifiquement l'Église.
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+ En français, le terme « catholique » apparaît sous la forme catoliche au XIIIe siècle puis sous la forme catolicque au début du XIVe siècle[17] chez des auteurs comme Philippe de Mézières[18].
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+ Lors de la Réforme protestante, le christianisme connaît des débats doctrinaux d'où émerge une pluralité confessionnelle[19]. Des traités polémiques publiés vers 1570, notamment ceux de Philippe de Marnix, font que l'adjectif « catholique » identifie désormais une confession chrétienne parmi d'autres. Le substantif « catholicisme », lui, apparaît à la fin du XVIe siècle dans un livre du polémiste catholique Pierre Charron publié en 1595[20]. Le Dictionnaire historique de la langue française[21] signale un emploi du terme remontant à 1598[22], à la suite de la naissance des confessions protestantes, pour désigner la religion des chrétiens en communion avec le pape et les évêques. C'est alors un synonyme rare de « catholicité », au sens de « conforme à la doctrine catholique ».
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+ Cependant, le terme « catholicité » renvoie aussi à l'universalité de l'Église et de la foi nonobstant la diversité des confessions chrétiennes ; en ce sens, la catholicité est a-confessionnelle. Au contraire, le terme « catholicisme » renvoie à la pluralité confessionnelle en désignant une de ces confessions. Le paradoxe est que « catholique » signifie « universel », tandis que ce terme et ses dérivés commencent à être appliqués à cette réalité lorsque son universalité commence à être contestée[23].
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+ Cet usage ne s'impose cependant pas sans difficulté parmi les catholiques. Le cardinal Jacques du Perron, qui répondait aux arguments du roi Jacques Ier d'Angleterre selon lequel l'Église anglicane était catholique tandis que celle de Rome ne l'était pas, estimait que le nom de « catholique » ne pouvait pas être celui d'une religion particulière : « Le nom de catholique n'est pas un nom de simple créance mais un nom de communion. » Selon Michel Despland, « le rejet romain de la théorie de la religion s'explique facilement. Parler de religion, c'est utiliser un mot qui accepte l'article indéfini : c'est commencer à voir l'Église catholique comme une religion. […] Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la théologie catholique officielle laisse donc entièrement de côté la problématique de la religion devenue si visible au cours du XVIe siècle. Les catholiques français commencent à s'y intéresser de nouveau à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle »[24]. Le mot « catholicisme » ne devient courant qu'à la suite de son usage durant la Révolution française pour désigner l'Église catholique[21]. Par la suite, les catholiques finiront par considérer assez largement qu'ils ont une religion parmi d'autres.
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+ Le terme de « catholicisme » est donc utilisé tant par les « catholiques » qui se sont construit une identité confessionnelle sous ce nom que par ceux qui ont besoin d'un mot pour les désigner de l'extérieur. Le catholicisme est donc paradoxalement la confession de ceux qui considèrent (ou devraient considérer) qu'être catholique implique de ne pas faire partie de la pluralité des confessions.
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+ Le mot « catholicisme » peut aussi désigner la façon que l'on a de comprendre la doctrine catholique ou l'exposé systématique de la foi catholique[25]. C'est en ce sens que le terme est employé comme titre d'un essai d'Henri de Lubac[26], ou bien comme titre du dictionnaire encyclopédique Catholicisme[27].
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+ L'usage commun est de considérer l'Église catholique ou le catholicisme comme une confession, mais les textes de l'institution concernée ne donnent guère d'éléments qui permettraient d'affirmer qu'elle a telle ou telle désignation officielle. Dans les textes des évêques ou du pape, le terme le plus courant est celui d'« Église », sans autre précision : le mot « Église » n'y vise pas seulement une institution mais aussi un objet de foi. Dans la « communication tous publics » (revues, sites internet des diocèses, livres…), lorsqu'il n'est pas tout simplement question de l'« Église », c'est l'expression « Église catholique » qui est généralement employée.
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+ Les textes officiels du Saint-Siège utilisent, selon le contexte, l'expression « Église catholique » ou bien parlent de « l'Église » tout court. Sur le rapport entre Église et Église catholique, la constitution conciliaire Lumen Gentium indique que : « l’unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole l’unité, la sainteté, la catholicité et l’apostolicité, cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu’il en soit le pasteur […]. Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique »[30].
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33
+ L'expression « Église catholique » apparaît aussi dans les documents liés au dialogue interreligieux, notamment dans Nostra Ætate, la déclaration du concile Vatican II sur les rapports du catholicisme avec les autres religions, ainsi que dans Unitatis Redintegratio, un décret de Paul VI sur l'œcuménisme. Il en va de même pour l'intitulé du Catéchisme de l'Église catholique. Dans le Code de droit canonique de 1983, 20 canons utilisent l'expression « Église catholique ».
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35
+ Enfin, l'expression « Église catholique romaine » n'est jamais employée dans les textes officiels de l'Église, mais elle apparaît dans des textes d'auteurs protestants, orthodoxes ou catholiques de rite grec adressés aux catholiques de rite romain dans le cadre du dialogue œcuménique et publiés sur le site du Vatican.
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+
37
+ L’Église catholique professe que Dieu se révèle par le témoignage donné par la personne de Jésus-Christ : « Je suis le chemin, la Vérité et la Vie »[31] et par l'inspiration du Saint-Esprit : « Quand deux ou trois se réunissent en mon nom, je suis au milieu d'eux ».
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+
39
+ L’accès à cette révélation dépend d'une double source : les Écritures et la Tradition : « l'une et l'autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d'amour et de respect »[32]. L'ensemble que forment les Écritures et la Tradition se nomme le « dépôt de la foi ».
40
+
41
+ Le concile Vatican II réaffirme que la Tradition explique les Écritures. Les deux aspects sont intimement liés :
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+ « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu, confié à l'Église ; […] Il est donc clair que la sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère de l'Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. »
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+ — Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine, §10, [2].
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+ Elles constituent la tradition première et comprennent les textes de deux livres.
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+ Le livre de la Première Alliance (l'Ancien Testament) réunit des textes religieux juifs antérieurs à Jésus de Nazareth ; soit la Bible hébraïque. Pour le catholicisme, les « Écritures » de la Bible, en tant que parole humaine inspirée divinement, expriment la « Parole de Dieu ».
50
+
51
+ Le livre de la Nouvelle Alliance (le Nouveau Testament) réunit 27 textes : les quatre Évangiles, les Épîtres, les Actes des Apôtres et l'Apocalypse, rédigés postérieurement à la vie de Jésus-Christ.
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+
53
+ Ces deux livres ou testaments constituent la Bible chrétienne.
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+
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+ La Tradition témoigne du questionnement ininterrompu sur la foi et de l’élaboration constante des définitions de foi à travers les siècles. Elle comprend :
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+ Les professions de foi ont un rôle non seulement doctrinal mais aussi mystique et liturgique. Par elles, les catholiques expriment leur confiance (foi) en Dieu et réaffirment les grands « mystères » de la foi chrétienne :
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+
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+ L’adhésion à ces textes est une condition nécessaire pour faire partie de l’Église catholique. Non seulement ils sont étudiés (dans le Catéchisme de l'Église catholique) mais ils sont aussi repris par les catholiques lors de leur baptême et de leur confirmation et redits à chaque messe.
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+
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+ Dans le catholicisme, la vie chrétienne est marquée par les sacrements, eux-mêmes indissociables de la liturgie : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la réconciliation, le mariage, l'onction des malades, et pour les diacres, les prêtres et les évêques, l'ordination.
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+ Le catholicisme peut être vécu selon divers état de vie : laïc, consacré, ordonné, et dans une grande diversité de courants et d'organisations. Pour nombre de catholiques, le principal lieu de vie chrétienne est la paroisse ; celle-ci étant une portion du territoire d'un diocèse. Il existe au sein des paroisses de nombreuses associations ou mouvements établis de façon plus ou moins formelle. Certains de ces mouvements sont internationaux tels que Caritas Internationalis, les mouvements d'action catholique, les équipes Saint-Vincent, etc. Récemment, se sont développées les communautés nouvelles. Des centaines d'ordres religieux jouent un rôle important comptant de quelques dizaines de membres à plusieurs milliers.
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+ L'enseignement catholique, grâce à ses nombreuses écoles et universités tenues par des laïcs ou des religieux, fait partie des aspects les plus visibles du catholicisme actuel.
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+ Concernant ses relations avec le judaïsme, l'Église catholique est revenue sur certaines positions. Celles des premiers siècles liées au supersessionisme ne sont plus de mise. Rome a pensé qu'un renouvellement théologique était nécessaire dans ce domaine. Celui-ci est en cours depuis l'après-guerre et le concile Vatican II notamment avec la déclaration Nostra Ætate de 1965 sur les relations avec les autres religions.
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+
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+ Entamée au cours des années 1990, la repentance de l'Église catholique a conduit à la publication de documents officiels comme cette réflexion sur l'antijudaïsme, voire l'antisémitisme, qui ont marqué une partie de son histoire :
70
+
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+ Au lendemain du concile Vatican II, deux courants de contestation opposés se mettent en place. Dès la fin des années 1960, le débat s'engage sur la notion de « crise de l'Église »[34].
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+ Alors qu'un courant traditionaliste refuse les conclusions du concile, un courant « réformateur » et « progressiste » estime au contraire que sa mise en œuvre reste insuffisante.
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+ L'Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, société de vie apostolique en forme canoniale, célèbre la messe tridentine selon le motu proprio Summorum Pontificum).
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+ La Fraternité Saint-Pierre est un courant catholique traditionnel constitué par la branche ralliée de la Fraternité Saint-Pie-X.
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+ L'Institut du Bon-Pasteur a pour supérieur l'abbé Philippe Laguérie un ancien prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
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+ La Fraternité Saint-Pie-X fut créée par l'archevêque Marcel Lefebvre qui s'opposa à ce que celui-ci considérait comme les idées modernistes de l'Église et sacra des évêques pour perpétuer sa vision de la tradition, en désaccord avec le concile Vatican II. Il fut excommunié par Jean-Paul II en 1988 pour avoir procédé à ces ordinations illicites. La Fraternité célèbre la messe tridentine[35], et ne promeut pas la liberté religieuse, l'œcuménisme et le dialogue avec les autres religions. En 2009, le pape Benoît XVI a levé l'excommunication des évêques de cette communauté. Ce geste a été suivi par des conversations visant à régulariser la situation de la Fraternité. Un accord est envisagé entre Rome et la fraternité pour donner à cette dernière un statut canonique de prélature personnelle à l'image de ce que connaît l'opus Dei[36].
82
+
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+ Les catholiques interviennent en matière sociale. Cette question a fait l'objet d'une synthèse systématique et exhaustive en 2004, sous la forme d'un Compendium de la doctrine sociale de l'Église, rédigé par le cardinal Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix.
84
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+ Dans le mouvement de la Théologie de la libération, les catholiques progressistes s'éloignent d'un catholicisme conservateur, au profit d'une voie dans laquelle l’action politique apparaît comme une exigence de l'engagement religieux dans la lutte contre la pauvreté. Théorisé à partir de 1972 par Gustavo Gutiérrez, ce mouvement prône la libération des peuples et entend renouer avec la tradition chrétienne de la solidarité. Ce courant latino-américain, essentiellement composé de dominicains et de jésuites, est accusé par ses détracteurs d'être d'inspiration marxiste et ses théologiens sont souvent en délicatesse avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, à l'instar de Jon Sobrino.
86
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+ C'est en 1967 qu'apparaît aux États-Unis le Renouveau charismatique catholique, inspiré par les mouvements pentecôtistes américains[37]. Des communautés sont nées, appelées « charismatiques » parce qu'elles revendiquent « le don accordé par Dieu à une ou plusieurs personnes, comme un don de guérison, de « parler en langues ». Des familles, des célibataires, prêtres et laïcs consacrés en font partie. Jean-Paul II a reconnu ce mouvement nouveau au sein de l'Église notamment dans l'exhortation apostolique Christifideles Laïci[38].
88
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+ La nouvelle évangélisation est l'une des priorités de l'Église depuis le pontificat de Jean-Paul II, qui a instauré le concept de « nouvelle évangélisation » ou « réévangélisation ». Elle se différencie de l'évangélisation traditionnelle du fait de ses modalités mais également par le public qu'elle veut atteindre : les pays de vieille tradition chrétienne, c'est-à-dire principalement l'Europe et l'Amérique.
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+ Un Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation fut créé en 2010 par Benoît XVI.
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+ Graphique : estimations par continent, exprimées en millions de catholiques, de 1978 à 2004.
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+ Le catholicisme signifie aujourd'hui l'ensemble des chrétiens en communion avec le pape et les évêques, autrement dit une religion, ce qui, en sociologie, peut être appréhendé comme un « ensemble de pratiques et de croyances ». Cependant, les études sociologiques ou des sciences des religions sur le catholicisme restent très rares, pour ainsi dire inexistantes si l'on compare avec ce qui se fait pour d'autres religions[39].
96
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+ En 1974, alors qu'avec la déclaration Nostra Ætate l'Église catholique encourageait ses fidèles à porter un regard plus positif sur diverses religions, Jean Daniélou, Jean Honoré et Paul Poupard avaient intitulé Le Catholicisme un livre par lequel ils proposaient de décrire de façon objective « l'histoire, la pensée et la vie » de leur propre religion. Ils suivaient en cela le plan adopté dans la collection « Deux milliards de croyants » pour présenter les diverses « confessions, religions et croyances » principalement chrétiennes[40].
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+ En 2012, dans Catholicisme en tensions, Danièle Hervieu-Léger déplore que « trop peu de jeunes chercheurs, intéressés pourtant à la sociologie des faits religieux contemporains, s'engagent dans cet inépuisable champ de recherche ». Elle propose aussi un diagnostic de ce manque d'intérêt : « Le sentiment de bizarrerie qu'inspire l'objet catholicisme - banal, vaguement familier, peuplé éventuellement de quelques références et souvenirs lointains, et, en même temps, étranger, exotique, ou plutôt saugrenu - explique, sans doute pour une part, cette absence d'attrait »[39].
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+ Par contraste avec la sociologie, il existe de très nombreuses études historiques, littéraires, théologiques ou philosophiques sur le catholicisme ou l'Église catholique.
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+ Si, jusque dans les années 1980, il ne semblait guère douteux que l'on puisse décrire objectivement et scientifiquement une religion comme un objet qui s'offre tel quel à l'observation et aux mesures, il n'en va plus de même aujourd'hui. L'impossibilité qu'ont les chercheurs de s'accorder sur ce qu'est une religion[41], comme celle de décrire de façon exhaustive ce que serait le système de pensée d'une religion[42], ont été maintes fois relevées.
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+ Ces difficultés théoriques ont entraîné davantage de circonspection quant à la possibilité de définir ce que serait essentiellement le catholicisme. Des études mettent ainsi davantage l'accent sur la diversité du phénomène que l'on tente d'appréhender sous ce nom[43], tandis que pour ce qui est de la description du catholicisme comme d'une doctrine ou d'un système de pensée, on insiste sur le fait que l'on peut sans doute identifier des « accentuations »[44], caractéristiques ou « éléments constitutifs »[45] de la pensée catholique, mais sans décrire more geometrico un « système catholique » en sa totalité.
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
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+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
16
+
17
+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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19
+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
20
+
21
+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
22
+
23
+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
24
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25
+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
26
+
27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
28
+
29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
30
+
31
+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
32
+
33
+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
34
+
35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
36
+
37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
38
+
39
+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
40
+
41
+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
42
+
43
+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
44
+
45
+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
46
+
47
+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
48
+
49
+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
50
+
51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
52
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53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
54
+
55
+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
56
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57
+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
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59
+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
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+
62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
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+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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66
+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
67
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68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
69
+
70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
71
+
72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
+
74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
75
+
76
+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
77
+
78
+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
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+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
81
+
82
+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
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+
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+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
85
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86
+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
87
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+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
89
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90
+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
91
+
92
+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
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+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
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96
+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
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+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
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+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
101
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+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
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+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
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+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
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108
+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
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+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
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+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
113
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+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
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+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
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+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
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+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
121
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+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
123
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124
+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
125
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126
+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
127
+
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+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
129
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130
+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
131
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132
+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
133
+
134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
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+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
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138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
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+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
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+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
+
144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
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+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
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+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
+
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+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
+
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
153
+
154
+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
+
156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
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+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
+
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+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
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168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
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170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
171
+
172
+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
173
+
174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
+
230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
231
+
232
+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
233
+
234
+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
235
+
236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
237
+
238
+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
+
240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
241
+
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+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
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244
+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
245
+
246
+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
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+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
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+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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+ Langues slaves (russe, ukrainien, biélorusse, bulgare, macédonien, serbe, monténégrin, ruthène).
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+ Langues turques (kazakh, ouzbek, tatar, kirghize, bachkir, tchouvache).
6
+
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+ Langues ouraliennes (komi, mari, sami).
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+ Langues mongoles (mongol, bouriate, kalmouk).
10
+
11
+ Langues iraniennes (kurde, ossète, tadjik).
12
+
13
+ Langue romane (roumain de Transnistrie).
14
+
15
+ Langue sino-tibétaine (doungane).
16
+
17
+ Langues caucasiennes (tchétchène, tsez, adyguéen etc)
18
+
19
+ Phénicien
20
+   Grec
21
+    Glagolitique
22
+     Cyrillique
23
+
24
+ L’alphabet cyrillique (bulgare et macédonien : кирилица ; en russe : кириллица ; en ukrainien : кирилиця ; en biélorusse : кірыліца ; en ruthène/rusyn : кырилиця ; en serbe : ћирилица et ćirilica) est un alphabet bicaméral de trente lettres, créé vers la fin du IXe siècle en Macédoine du Nord à Ohrid[1], à partir du grec dans sa graphie onciale et de l’alphabet glagolitique.
25
+
26
+ Il est notable que la valeur phonétique des lettres empruntées correspond, mutatis mutandis, à celle qu’elles avaient dans le grec de l’époque. Par exemple, le Β bêta (prononcé [b] en grec classique, mais [v] en grec médiéval et moderne) est devenu le В (v) cyrillique ; il a donc fallu créer une lettre de façon à obtenir un graphème pour le phonème [b], en l’occurrence une modification du ve, soit Б.
27
+
28
+ Depuis l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne le 1er janvier 2007, le cyrillique en est devenu le troisième alphabet officiel après le latin et le grec.
29
+
30
+ L'alphabet cyrillique est principalement utilisé pour écrire plusieurs langues slaves (plus spécifiquement, les langues des peuples slaves orthodoxes, les peuples slaves catholiques (polonais, tchèques, slovaques, slovènes, croates, etc.) ayant adopté l'usage de l'alphabet latin) :
31
+
32
+ Il sert également à écrire de nombreuses langues non slaves ou non indo-européennes parlées sur le territoire de la Russie, comme l'oudmourte, le khanty, le nénètse ou l'ossète, ainsi que le mongol ou même le doungane, un dialecte du mandarin. Pour ces langues, il est souvent complété par des signes diacritiques ou des caractères spéciaux, destinés à noter des phonèmes qui n'existent pas en russe. On peut consulter à ce propos l'article Diacritiques de l'alphabet cyrillique. L'alphabet cyrillique est également utilisé pour écrire des langues turcophones d'anciens pays de l'URSS, comme le kazakh au Kazakhstan ou l'ouzbek en Ouzbékistan.
33
+
34
+ Jusqu'en 1857, une variété d'alphabet cyrillique[2] a également servi à transcrire le roumain ; son emploi a perduré ponctuellement jusqu'en 1918 en Bessarabie. En outre, de 1940 à 1989 (et jusqu'à nos jours en Transnistrie) les pouvoirs soviétique et post-soviétique ont imposé, pour le roumain parlé en URSS (sous le nom de « moldave »), l'usage de l'alphabet cyrillique russe moderne (légèrement adapté), translittéré en lettres latines en Moldavie.
35
+
36
+ Dans cet article, ne seront traités que les aspects de l'alphabet cyrillique servant à écrire le russe. En effet, dans les autres langues l'utilisant, les lettres peuvent avoir une tout autre valeur. Par exemple, en bulgare ъ (dit ер голям (èr goliam)) se prononce comme le ă roumain et le щ se prononce cht.
37
+
38
+ Le fait que Constantin Cyrille, dit le Philosophe, ait créé l'alphabet et les premières traductions en vieux-slave est incontestable. Mais une des questions les plus intéressantes, restée sans réponse univoque encore actuellement, porte sur la création au cours d'une période relativement brève de deux alphabets slaves, à savoir l'alphabet cyrillique et l'alphabet glagolitique. Les avis ne s'accordent pas tous pour affirmer lequel des deux a été créé par Constantin Cyrille.
39
+
40
+ Selon l'hypothèse la plus répandue sur la création des deux alphabets, le cyrillique ferait son apparition, chronologiquement, après le glagolitique. D'un point de vue acoustique et graphique, le cyrillique est basé sur l'onciale grecque. Ce serait Clément d'Ohrid, un des disciples de Constantin (Cyrille), qui l'aurait créé, lui donnant le nom de son professeur, en signe de respect. La plupart des scientifiques attribuent l'alphabet glagolitique à Constantin (Cyrille). Il correspond à la composition phonétique de l'ancien slave et possède une graphie originale; certains chercheurs indiquent que le dessin des lettres suit les règles de la section dorée (les rapports du petit et du grand côté à l'ensemble sont identiques). Si, entre l'alphabet glagolitique et l'alphabet cyrillique, il existe une certaine continuité, ils n'en comportent pas moins des différences significatives. L'alphabet cyrillique remplaça rapidement l'alphabet glagolitique, d'abord en Bulgarie orientale, et notamment dans la capitale de l'époque, Preslav. À l’école d'Ohrid l'alphabet glagolitique fut plus largement répandu, et employé plus longtemps. Il existe quelques monastères au bord de la mer Adriatique, en Croatie, où le glagolitique a été utilisé en cryptographie jusqu'au XIXe siècle.
41
+
42
+ Selon la seconde hypothèse, Constantin (Cyrille) serait l'auteur des deux alphabets, ce qui signifierait qu'il aurait traduit les principaux livres liturgiques deux fois. En 855, il aurait créé l'alphabet cyrillique dérivé de l'écriture grecque en l'adaptant au langage slave, pour traduire ensuite les livres liturgiques pour les besoins des slaves de la région du fleuve de Brégalnica (Macédoine du nord-ouest). Plus tard, en 862-863, il aurait créé l'alphabet glagolitique, recopiant les livres déjà traduits afin de donner à sa mission en Grande-Moravie une expression chrétienne universelle.
43
+
44
+ De nos jours l'alphabet cyrillique est employé non seulement par les Bulgares, mais également par les Serbes, les Monténégrins, les Macédoniens, les Russes, les Ukrainiens, les Biélorusses aussi bien que par beaucoup d'autres peuples non-slaves de l'ex-URSS, ainsi que par les Mongols : environ deux cents millions de personnes en tout.
45
+
46
+ L'œuvre de Cyrille et Méthode a été continuée par leurs disciples Clément, Naum, Anguélari (ru), Gorazd et Sava qui, à leur arrivée en Bulgarie, ont reçu le soutien du roi de Bulgarie Boris Ier.
47
+ Chacun des cinq étudiants a sa propre fête religieuse. Le 14 février on célèbre les deux saints, Cyrille et Méthode[3]. Saints Cyrille et Méthode ont été proclamés copatrons de l'Europe en décembre 1980 par saint Jean-Paul II.
48
+
49
+ Les ecclésiastiques vivant surtout dans la région de l'Adriatique du nord ont continué à utiliser l'écriture glagolitique jusqu'à la fin du XVIIe siècle, après quoi elle n'a été maintenue que dans la liturgie; et le dernier document en glagolitique date de la fin du XIXe siècle.
50
+
51
+ L'alphabet cyrillique doit, plus ou moins directement, plusieurs de ses caractéristiques innovantes par rapport au modèle grec, voire certaines de ses lettres, au glagolitique.
52
+
53
+ Dans la religion orthodoxe, le 24 mai, jour de l’alphabet slave et des Saints-Frères Cyrille et Méthode, est une fête qui n'a que peu d'analogues : jour de l'écriture, de l'éducation et de la culture. C'est la fête de l'éveil spirituel, de l'aspiration au perfectionnement à travers la science et la culture. Les lettres créées par Cyrille et Méthode, leurs traductions des livres liturgiques en vieux-slave, la défense du droit de chaque peuple à glorifier Dieu dans sa propre langue, ont une importance historique pour tous les peuples slaves. Leur œuvre est humanitaire et démocratique, commune à tous les Slaves et au service de la grande idée humaine d'égalité de tous dans le domaine spirituel.
54
+
55
+ Ce tableau présente :
56
+
57
+ L'alphabet cyrillique utilisé pour le russe compte 33 lettres depuis 1917. Avant cette date, l'alphabet dit « prérévolutionnaire » en comprenait quatre de plus. Celles-ci sont repérées dans le tableau par un fond grisé.
58
+
59
+ Cette écriture étant bicamérale, il existe deux variantes pour chaque lettre, capitale et minuscule. Le tableau suivant détaille l'alphabet actuel ; il se lit comme suit :
60
+
61
+ Le système bulgare officiel de translittération a été conçu en 1995 pour la Commission bulgare pour les toponymes antarctiques[5], et entériné par la Loi bulgare sur la translittération de 2009[6].
62
+
63
+ Pour une description des alphabets actuels basés sur le cyrillique, voir Position des lettres du cyrillique dans les alphabets (ru).
64
+
65
+ L'alphabet cyrillique se retrouve ainsi sous des déclinaisons plus ou moins anciennes : l'alphabet roumain remontant vraisemblablement au Moyen Âge, et l'alphabet cyrillique serbe inventé à partir du russe au XIXe siècle, lui-même tiré de l'alphabet bulgare.
66
+
67
+ La graphie manuscrite cursive des lettres cyrilliques diffère autant de la graphie imprimée que le font nos lettres latines. De plus, dans certaines éditions l'italique imprimée minuscule suit le tracé des lettres cursives (ce qui, typographiquement, montre la différence entre des obliques et des italiques). Certaines cursives ne sont cependant pas identiques selon qu'elles sont manuscrites ou imprimées (ces lettres sont repérées par la couleur bleue) :
68
+
69
+ LégendeRangée 1 : caractères d'imprimerie en romaine ; rangée 2 : caractères d'imprimerie en italique ; rangée 3 : caractères manuscrits cursifs.
70
+
71
+ Enfin, en serbe et en macédonien, les italiques cursives des minuscules бгдпт ont encore un autre œil, parfois plus proche encore de la graphie manuscrite :
72
+
73
+ De nombreux codages ont été inventés pour gérer l'alphabet cyrillique.
74
+
75
+ En Unicode 6.0, les différentes variantes de l'alphabet cyrillique sont représentées par quatre blocs:
76
+
77
+ Les caractères de la plage U+0400–U+045F sont simplement une transposition de la table ISO/CEI 8859-5. La plage U+0460-U+0489 correspond aux caractères historiques. La U+048A-U+052F contient les caractères spécifiques aux différentes langues se basant sur l'alphabet cyrillique.
78
+
79
+ L'Unicode n'inclut globalement pas les caractères cyrilliques accentués, à quelques exceptions près:
80
+
81
+ L'Unicode 5.1, publié le 4 avril 2008, introduit des changements majeurs, parmi lesquelles l'ajout des blocs Cyrillic Extended-A et Cyrillic Extended-B, et l'amélioration du support du cyrillique ancien, de l'Abkhaze, de l'Aléoute, du Tchouvache, du Kurde, et des Langues mordves[7].
82
+
83
+ Cependant, quelques langues comme le Slavon d'église ne sont pas encore entièrement supportées.
84
+
85
+ Les cursives imprimées ne sont pas distinguées des non-cursives en Unicode, elles sont donc dans les systèmes informatiques distinguées par la famille de fonte utilisée.
86
+
87
+ Par exemple le style (au sens CSS et HTML) permettant de les afficher peut être :
88
+
89
+ style="font-family:FreeSerif,Georgia,'Times New Roman','Nimbus Roman No9 L','Century Schoolbook L','Trebuchet MS','URW Bookman L','URW Chancery L','URW Palladio L',Teams,serif"
90
+
91
+ Cela donne sur la table des caractères cyrilliques :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Église est un nom commun qui peut se référer à :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Église est un nom commun qui peut se référer à :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Église est un nom commun qui peut se référer à :
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+ Une Église est une communauté locale et l'organisation qui regroupe les chrétiens.
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3
+ Le mot « église » vient du latin ecclesia, issu du grec ekklesia ( ἐκκλησία), qui signifie assemblée[1]. Lui-même issu du verbe ekkaleô, « convoquer, appeler au-dehors ». Les chrétiens latinophones ont adopté le terme sous la forme ecclesia[2].
4
+
5
+ Dans la Septante, version grecque de la Bible hébraïque datant du IIe siècle av. J.-C., le mot grec ekklesia (église) désigne une assemblée convoquée pour des raisons religieuses, souvent pour le culte.
6
+ Dans cette traduction, le grec ekklesia correspond toujours à l'hébreu qahal qui est cependant parfois aussi traduit par synagôgè (synagogue). Pour le judaïsme du premier siècle, ekklesia évoque immédiatement la synagogue, à comprendre comme l'assemblée de Dieu[3]. Les mots « église » et « synagogue » étaient ainsi deux termes synonymes. Ils ne prendront un sens différent que parce que les chrétiens s'approprieront le mot église, réservant celui de synagogue aux assemblées des juifs qui refusent le christianisme et dont ils se distinguent de plus en plus clairement[4].
7
+
8
+ Le mot Église s'écrit avec une majuscule y compris au pluriel quand il désigne une ou des organisations, contrairement à l'église, lieu de culte qui désigne à partir du IIIe siècle le bâtiment où une communauté se réunit.
9
+
10
+ Le terme Église n’est employé que deux fois dans les Évangiles, deux occurrences qui se trouvent en Matthieu[1]. Jésus dit à Simon-Pierre : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu 16:18). Dans un autre passage de Matthieu, l'Église est la communauté des croyants en Jésus-Christ à laquelle on appartient : « S'il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s'il refuse aussi d'écouter l’Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. » (Matthieu 18:17).
11
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12
+ Le terme église est beaucoup plus fréquent dans les autres textes du Nouveau Testament, où, de façon concordante avec l’usage qui en est fait dans l’Évangile de Matthieu, il désigne parfois les communautés locales, parfois l’Église dans son ensemble. Si le terme ekklesia est très fréquent dans les Actes, les épîtres et l'Apocalypse, son emploi ne s'y répartit pas régulièrement. Dans les sections dont il est absent, il peut néanmoins être question de l'Église avec d'autres mots. Par exemple le mot ekklesia est totalement absent des quatorze premiers chapitres de la Lettre aux Romains où il est toutefois beaucoup question des « appelés » (κλήτοι, klêtoï), les « bien-aimés de Dieu », idée qui renvoie à celle d'Église comme l'assemblée à laquelle on se rend parce qu'on y est convoqué[5]. Par ailleurs, toujours sans employer directement le terme ekklesia, il peut aussi être question de l'Église au moyen d'images traditionnellement employées dans la Bible pour désigner le peuple de Dieu, notamment celle de la vigne du Seigneur, particulièrement développée dans l'Évangile selon Jean[4].
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+ L'église, dans son sens premier, est dans le christianisme l'assemblée des croyants. Le Nouveau Testament l'emploie aussi bien pour désigner une communauté locale que l'ensemble des croyants dans le Christ.
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+ Le Nouveau Testament ne laisse pas identifier de façon unilatérale ce qui était, dans la foi des communautés où il a progressivement été rédigé, le moment de la naissance de l'Église. Telles que les choses se présentent dans le Nouveau Testament, il est très rarement question de l'Église dans les Évangiles, qui font plutôt le récit de la vie terrestre du Christ, tandis que le temps de l'Église commence avec les Actes des Apôtres, qui sont comme la seconde partie de l'Évangile selon Luc et commencent par les récits de l'Ascension et de la Pentecôte. Ainsi, certains théologiens situent son début à la résurrection de Jésus, à Pâques et d'autres à la Pentecôte [6].
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+ Il est possible de considérer que l'Église naît dans la Pâque du Christ, lorsqu'il passe de ce monde à son Père. Les Pères de l'Église diront en ce sens que l'Église est née du côté du Christ, dans le sommeil de la mort, comme Ève est née du côté d'Adam pendant son sommeil, tel que le raconte le Livre de la Genèse[4]. Avec l'Évangile selon Jean, il est aussi possible d'envisager que l'Église naît lorsque le sang et l'eau jaillissent du côté transpercé du Christ en croix : le sang est le sacrifice du Christ, tandis que l'eau symbolise le baptême ou le don de l'Esprit qui est la vie de l'Église[4]. Ce don de l'Esprit Saint est aussi figuré par le récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres (Ac 1,8), de sorte que la Pentecôte se présente dans la tradition chrétienne un peu comme la date de naissance officielle de l'Église[6]. Il s'agit du moins de sa confirmation : l'Église reçoit l'onction, la marque de l'Esprit qui scelle sa naissance dans la mort et la résurrection du Christ. C'est le moment où elle commence sa mission avec la première manifestation publique des apôtres[4].
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+ Au départ, l'organisation des communautés locales est surtout centrée sur les anciens (presbyteroi ou presbytres), les diacres, au service de la charité, et les épiscopes ou évêques (surveillants), même si les contours des différentes fonctions sont difficiles à tracer précisément [7].
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+ Puis l'Épître aux Éphésiens énumère la présence de cinq ministères: apôtre, prophète, évangéliste, pasteur et enseignant [8].
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+ Les fonctions se spécialisent, notamment le ministère de la prédication. L'épiscopat se constitue en Asie Mineure vers la fin du Ier ou au début du IIe siècle, comme en témoigne Ignace d'Antioche qui réclame aux communautés la soumission à l'épiscope « qui tient la place de Dieu lui-même », et supplante progressivement le modèle collégial. En 325, au Premier concile de Nicée, une structure hiérarchisée apparait avec un seul évêque dirigeant une province qui compte des presbytres, désormais apparentés à des prêtres ou pasteurs, et des diacres [9].
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+ Il n'y a pas « d'Église » au sens contemporain du terme avant l'institutionnalisation formelle à laquelle procède Constantin le Grand[10]; institutionnalisation cependant déjà amorcée par des évêques intéressés par la politisation des structures ecclésiales, en témoignent les résultats du Concile d'Elvire (305-306). En effet, le christianisme est d'abord constitué de communautés locales considérées comme plus ou moins hérétiques par le judaïsme à partir de la phase de Yavné. Quand elles s'organisent, il n'y a pas « l'Église » mais l'assemblée locale autour de ses anciens presbyteroi et de son episcopos. Ce sont des écoles de pensée imitant les écoles de philosophie grecques dont le nom propre est « aeresis » (voir l'étymologie dans hérésie)[11]
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+ L'idée de l'unité d'une Église primitive, avec des « hérésies » qui seraient venues après, reste une doctrine propre au centralisme catholique[12]. Walter Bauer affirme que les hérésies sont historiquement à la source même du christianisme[13],[14] mais cette thèse est contestée[15],[16].
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+ Au IVe siècle, au moment de la crise arienne, on trouve des organisations comprenant épiscopes et presbytres plus ou moins importantes en Orient (Nicomédie puis Constantinople, Césarée-Antioche, Tyr, Alexandrie, Rome, Cordoue). Chacune d'entre elles est indépendante des autres comme le montre la convocation de Constantin pour le concile de Nicée faite à toutes les Églises.
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32
+ À la suite du concile d'Éphèse de 431, qui condamne les thèses de Nestorius, l'Église de l'Orient se sépare de l'Église impériale. Les Églises d'Arménie, de Syrie Syriaque et d'Égypte Copte, les Églises des trois conciles, prennent la même décision à la suite des positions christologiques du concile de Chalcédoine de 451.
33
+
34
+ Jusqu'au schisme de 1054, le reste du monde chrétien est organisé autour de cinq Églises ou Patriarcats, d'origines apostoliques, qui constituent la Pentarchie. Il s'agit de :
35
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+ Jusqu'au VIIIe siècle[17], l'empereur décide[18] de la convocation des conciles et de l'application du droit ecclésiastique ou droit canonique tandis que les fidèles et les prêtres puis les prêtres seulement, puis les prêtres et les autres évêques élisent l'évêque.
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38
+ La situation change en Occident à partir de la dotation d'un pouvoir temporel à l'évêque de Rome par Charlemagne.
39
+
40
+ Dans le catholicisme, l’Église catholique de Rome avec une administration centralisée au Vatican est la représentation de l’Église[19]. La gestion de l’Église est assurée par sa hiérarchie, soit le pape, les évêques et le clergé séculier [20]. Elle est organisée en archidiocèses, diocèses et paroisses locales.
41
+
42
+ Dans le christianisme orthodoxe, l’Église orthodoxe rassemble les Églises autocéphales qui choisissent leur propre primat[21]. Du fait de son rayonnement ou de son importance historique, une Église autocéphale peut porter le titre de patriarcat ou d’archevêché et ainsi être dirigée par un patriarche ou un archevêque[22]. Les Églises autonomes ont un archevêque.
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+ Dans le protestantisme, l'Église universelle est représentée par les églises locales, paroisses et synodes, affilée aux églises nationales et aux organisations internationales, soit parmi les principales, la Communion anglicane, la Fédération luthérienne mondiale, la Communion mondiale d'Églises réformées et le Conseil méthodiste mondial [23]. La gestion de l’Église est assurée par les ministres, soit les évêques, les pasteurs, diacres [24].
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+ Dans le christianisme évangélique, l'Église évangélique locale est l'organisation qui représente l'Église universelle, et est vue par les évangéliques comme le corps de Jésus-Christ [25]. La gestion des Églises est assurée par les ministres, soit les évêques, les pasteurs, diacres, du conducteurs de louange et de l’évangélistes[26]. La gouvernance dans les églises évangéliques est majoritairement congrégationaliste et plus rarement de type épiscopalien dans certaines dénominations[27]. De nombreuses églises sont membres de dénominations chrétiennes évangéliques et adhèrent à une confession de foi commune et des règlements [28],[29]. Certaines dénominations sont membres d'une alliance nationale d'église de l’Alliance évangélique mondiale [30].
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+ Dans ses lettres, Paul présente l'Église comme un objet de foi : « un mystère, autrefois caché en Dieu mais aujourd'hui en partie réalisé[4]. » L'apôtre emploie fréquemment l'expression « Église de Dieu » qui indique que c'est Dieu lui-même qui la constitue[5]. Paul a développé une compréhension très christologique de l'Église. À sa suite, l'Église en son mystère se présente toujours en rapport avec celui du Christ. L'apôtre décrit les rapports entre le Christ et l'Église avec les termes « par », « selon », « avec » et « en ». Ainsi l'Église n'est pas seulement « avec le Christ », mais elle est aussi « par lui » et « en lui ». Le début de l'épître aux Éphésiens récapitule ce mystère de l'Église et du Christ :
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+ « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a béni de toutes bénédictions spirituelles, dans les régions célestes, en Christ. C'est ainsi qu'il nous a choisis en lui avant la fondation du monde, pour être saint et irréprochable dans l'amour, nous ayant prédestiné à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ selon le bon plaisir de sa volonté à la louange de gloire de sa grâce dont il nous a gratifié dans le Bien-aimé. C'est en lui que nous avons le rachat par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu'il a fait abonder pour nous en toute sagesse et prudence, nous faisant connaître le mystère de sa volonté que, selon son bon plaisir, il s'était proposé en lui pour le dispenser dans la plénitude des temps, à savoir : rassembler toutes choses dans le Christ, ce qui est aux cieux et ce qui est sur la terre. C'est en lui encore que nous avons été choisis comme son lot, prédestinés que nous étions, selon le dessein de Celui qui accomplit tout selon la décision de sa volonté, pour être, à la louange de sa gloire, ceux qui d'avance ont mis leur espérance dans le Christ. »
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+ Lorsqu'il parle du Christ comme la tête du corps que forme l'Église, Paul affirme que le chef suprême de l'Église est le Christ. Il le dit explicitement dans l'épître aux Éphésiens lorsqu'il évoque la glorification du Christ par Dieu : « Il a tout mis sous ses pieds, et il l'a donné pour Chef suprême à l'Église, laquelle est son corps, la Plénitude de celui qui remplit tout en tout. »
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+ Dans la perspective du Nouveau Testament, les Écritures attestent que l'Église fondée par Jésus-Christ a été préparée et préfigurée dans le peuple d'Israël[31]. De ce fait, les nombreuses images bibliques qui décrivent la relation de Dieu à son peuple dans l'Ancien Testament seront utilisées pour décrire l'Église comme nouvel Israël. Dans les Évangiles, l'appel de douze apôtres, qui seront à partir de la Pentecôte la toute première Église, est une référence explicite aux douze tribus d'Israël : c'est le peuple qui est appelé parce qu'il est le peuple de Dieu.
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+ Lorsque l'Église est dite en marche, (par exemple en Actes 9, 31[32]), il s'agit d'une référence à la marche du peuple d'Israël dans le désert (Exode). L'Église est aussi comparée à un « petit troupeau », qui représente Israël devenu le moins nombreux de tous les peuples. Cette image du troupeau est notamment suggérée lorsqu'il est question du Christ comme du « bon berger » dans les Évangiles.
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+ L'une des images que le corpus biblique a le plus développées pour parler du peuple d'Israël est celle de la vigne, notamment avec le Psaume 80 ou Isaïe 5. Cette vigne plantée par Dieu croît et est destinée à porter du fruit. C'est une vigne qu'il faut travailler et entretenir, mais aussi une vigne qui occupe et prospère en un espace délimité et précis avec une clôture qui la protège. Dans le psaume 80 le psalmiste qui s'adresse à Dieu demande : « Pourquoi as-tu donc fait des brèches à ses murs, pour que tous les passants la vendangent ? Le sanglier des forêts la ravage et la bête des champs la dévore. » En Isaïe le Chant de la vigne évoque une vigne qu'un ami a entouré de tous les soins et qui ne porte pas de bons fruits, l'ami déclare : « J'enlèverai sa haie et elle sera broutée, j'abattrai sa clôture et elle sera piétinée. J'en ferai une ruine [...] Car la vigne du Seigneur, c'est la maison d'Israël et les gens de Judas en sont le plan chéri ». L'image de la vigne est en particulier reprise dans l'Évangile selon Jean où Jésus dit : « Moi, je suis la vigne et mon Père est le vigneron. [...] Moi, je suis la vigne et vous les sarments. (Jn 15) », ou encore avec les paraboles sur la vigne et les vignerons homicides dans les synoptiques (Mt 21, etc.).
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+ Dans le registre des métaphores agricoles, il peut aussi être question pour les membres de l'Église de bon grain et d'ivraie, ce qui signifie que faire formellement partie de l'Église n'est pas la garantie de son salut. Selon cette parabole, il n'y a pas à tenter de faire le tri entre les bons et les mauvais à cause du risque que soit jeté du bon grain avec l'ivraie (Mt 13,24s.). C'est Dieu lui-même qui le fera[4].
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+ L'image de l'Église comme épouse du Christ est proposée dans l'Apocalypse, elle est aussi rappelée chez Paul (2Co 11,2 et Éph 5,25) et dans l'Évangile selon Jean (3,29). Cette image a divers fondements scripturaires, notamment avec le Livre d'Osée dans lequel Dieu parle de son peuple comme d'une épouse qui, après un temps d'amour idyllique, se comporte comme une épouse ingrate et infidèle, qui trompe et se prostitue avec des idoles. Dieu décide de la punir, mais il l'aime toujours et il veut que dans sa détresse son épouse se souvienne du temps où elle était heureuse avec lui : « Alors tout recommencera comme s'il ne s'était rien passé, ce seront de nouvelles fiançailles « dans la justice, le droit, la fidélité la miséricorde et la sincérité (2,21) »[33] ». L'image de la relation nuptiale entre Dieu et son peuple est un classique des écriture. Elle est aussi développée par Jérémie [34], Ézéchiel [35] et Isaïe [36]. Dans le nouveau Testament, le symbole du mariage entre Dieu et son peuple étant appliqué aux relations entre Jésus et L'Église, la tradition chrétienne développera ce symbole avec ferveur. La mystique chrétienne poussera l'image en avant, appliquant l'idée d'une relation d'amour conjugal non seulement entre le Christ et l'Église mais aussi au niveau individuel entre l'âme fidèle et son sauveur[33]. Les mystiques se référent aussi largement pour cela au livre du Cantique des Cantiques.
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+ En divers passages du Nouveau Testament, l'Église est quelque chose qui se bâtit ou se construit. La métaphore d'Église comme construction est en premier lieu ce qui justifie le nom donné à Simon par Jésus : « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » La métaphore de la construction a aussi été fréquemment employée dans les lettres de Paul. S'adressant à ceux de l'Église de Corinthe, il leur dit : « Nous sommes les communs ouvriers de Dieu, vous êtes le champ de Dieu, la bâtisse de Dieu (1 Co 3,9). » ; « Celui qui parle en langue se bâtit lui-même, celui qui prophétise bâtit l’Église. (1 Co 14,4) » ; et encore : « La science gonfle, alors que l'amour bâtit (1 Co 8,1). »
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+ Dans les épitres de l’apôtre Paul, l'Église est comparée à un corps, notamment dans la Lettres aux Éphésiens au chapitre 1 et la lettre aux Corinthiens chapitre 12[37]. Ce symbole représente l'unité organique des divers membres de l'Église : « De même en effet que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du corps du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs, Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit. (1 Co 12,12-13.) »
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+ D'autre thèmes présents dans l'Ancien Testament mais qui ne sont pas explicitement repris dans le Nouveau Testament pour parler de l'Église, l'ont été ensuite par les pères de l'Église et après. Notamment celui de l'Église comme « arche de salut » tiré de l'épisode du déluge et de la construction de l'arche dans le Livre de la Genèse.
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+ Selon la typologie webero-troeltschienne dévellopée au XIXe siècle, par les sociologues Max Weber et Ernst Troeltsch, il y aurait des modèles classifiant les mouvements chrétiens : ces idéaux types « Église » ou « Secte » sont schématiques et n'ont de sens que l'un par rapport à l'autre. Les points essentiels d'une Église dans cette typologie sont son caractère universaliste, l'existence d'un clergé ; ainsi que son attitude par rapport à la société[38].
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+ En France en 2008, les associations antisectes, les commissions parlementaires et les missions du gouvernement disent étudier le comportement d'un groupe vis-à-vis de ses membres au cas par cas plutôt que d'analyser les préceptes du groupe (ce qui équivaudrait à une évaluation objective des actes plutôt que des croyances). Divers critères sont employés pour cette étude [39]:
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+ Elle est l'alternative sociale de la religion qui prend sa place au milieu des institutions profanes. Pour Troeltsch, « L'Église est une organisation religieuse qui reconnaît la force de la société au sein de laquelle elle existe. C'est pourquoi elle envisage le monde comme nécessaire, car cette coexistence peut lui permettre de la gagner à la religion. D'une part elle ne renonce pas à faire des efforts pour influencer le monde. D'autre part elle ne perd pas sa position en s'opposant directement au pouvoir séculier existant »[40].
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+ À partir des XIXe et XXe siècles, les Églises surtout catholique et orthodoxes ont vu remettre en cause leur statut et leur rôle dans la société, dont la sécularisation s'exprime par le recul du religieux à travers la laïcisation et la déchristianisation.
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+ La laïcisation « s'est traduite par une par une perte de contrôle des Églises sur un certain nombre d'institutions politiques, éducatives ou d'assistance sociale et par la revendication de normes non religieuses dans les comportements, dans l'éthique sexuelle par exemple. Cette laïcisation s'exprime soit par le moyen d'une reconnaissance juridique, comme dans la séparation entre l'Église et l'État, soit le plus souvent par une simple régression de fait de l'influence du sacré sur la vie sociale : les grands moments de la vie collective (fêtes, rites de passage) ou privée (mariage, enterrement, etc.) se déroulent de plus en plus à l'écart de toute validation religieuse… La déchristianisation est attestée aussi bien par la baisse du taux de pratique religieuse que par l'érosion symbolique des sacrements. Les Églises, victimes souvent de crises de recrutement, se sont repliées dans un domaine réservé, privé, purement spirituel, et de plus en plus inopérant historiquement. La décléricalisation a entraîné un affaiblissement du pouvoir et du prestige de la classe sacerdotale, au profit de clercs chargés de la transmission et du contrôle d'une culture rationalisée et non plus sacrée (corps professoral, technocrates, journalistes). La déconfessionnalisation, surtout dans le christianisme, a atténué l'identité dogmatique et rituelle des différentes confessions (catholicisme, protestantisme, orthodoxie) sans pour autant que cet œcuménisme participe à une reviviscence des pratiques religieuses ». Ce mouvement ne doit pas masquer le fait que l'Église est marquée par une tension permanente et multiple entre les mouvements de désacralisation et de resacralisation, comme en atteste la multiplicité contemporaine des formes de recharge sacrale[41]....
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+ Dans le milieu du XXe siècle, certains exégètes ont remis en question la déclaration de Jésus à Pierre sur l’établissement de l’Église dans Matthieu 16:18 [42], comme l'enseignement et la pratique de ce dernier s'inscrivaient dans le cadre des synagogues locales et du Temple de Jérusalem. Selon eux, rien dans les Évangiles ne permettrait d'affirmer que Jésus a fondé ou voulu fonder sa propre communauté religieuse[42].
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+ Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία, Hagía Sophía, qui signifie « sagesse de Dieu », « sagesse divine », nom repris en turc sous la forme Ayasofya) est un grand lieu de culte à Istanbul. À l'origine une basilique chrétienne de Constantinople, elle construite dans un premier temps au IVe siècle, puis reconstruite bien plus grande au VIe siècle, sous l'empereur byzantin Justinien, où elle acquit sa forme actuelle. Ayant remplacé Sainte-Irène comme siège du patriarche de Constantinople, elle devint mosquée au XVe siècle sous Mehmet II. Elle est située sur le côté ouest du Bosphore. De 1934 à 2020, elle n'a plus été un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, « sagesse de Dieu », selon la tradition théologique chrétienne. La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.
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+ En 2018, c'était le deuxième musée le plus visité de Turquie avec 2 890 873 visiteurs[1].
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+ Le 10 juillet 2020, un décret du Conseil d'État turc décide de sa réouverture au culte musulman comme mosquée.
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+ Le 24 juillet 2020, jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, la première prière musulmane y est célébrée depuis sa reconversion en mosquée en présence du président Recep Tayyip Erdogan.[2]
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+ Sainte-Sophie est consacrée à la « Sagesse Divine » (Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía) identifiée à Jésus-Christ et non à une sainte humaine[3].
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+ Sur le site de Sainte-Sophie se trouvait une église commandée par l'empereur Constantin en 325[4]. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara[5]. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360[6]. C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία (Megálē Ekklēsíā, « la Grande Église »). On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois. Au début du Ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404[7].
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+ Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II. Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours. Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
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+ Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.
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+ Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la sagesse divine.
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+ Justinien choisit comme architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an. Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style qui connaît une certaine diversité de conceptions et de plans, est aujourd'hui qualifié de « byzantin ». Cette architecture byzantine a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments (Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis).
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25
+ L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Le roi mérovingien de Paris, Childebert Ier († 558), répondant à une ambassade envoyée par Justinien, fit expédier à Constantinople du marbre noir de Moulis (Couserans) pour la décoration de la Grande Église[8]. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
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27
+ La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé. Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier[9]. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II (565-578).
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+ Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, neveu d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m[10].
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31
+ Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du VIe siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
32
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33
+ Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
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+ En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période iconoclaste, durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée. Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile (829-842), très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
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+ En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe de Constantinople commémore tous les 26 octobre le « jour du grand et effrayant tremblement de terre »[11].
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39
+ L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
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+ Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme[12]. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
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+ Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae (Livre des Cérémonies), l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-919) donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.
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+ Au cours du sac de Constantinople, en 1204, durant la quatrième croisade, l'église fut pillée par les croisés. L'historien byzantin Nicétas Choniatès décrit ainsi la destruction de l'autel pour en récupérer les matières précieuses. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint le siège du patriarche latin de Constantinople. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, l'un des chefs de la croisade, fut enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
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+ L'église subit deux séismes en 1231 et 1237[13]. Selon certains auteurs, les arcs-boutants du côté ouest (et éventuellement d'autres aujourd'hui englobés dans d'autres structures) auraient été ajoutés au cours de la période latine[14]. Le premier patriarche latin, Thomas Morosini (en), orna l'autel de colonnes de marbres prélevées dans une autre église[15].
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+ Les Byzantins reprirent la ville en 1261. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astraes et Peralta.
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+ En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya[16], comme symbole de la conquête. Contrairement au sort d'une grande majorité d'édifices chrétiens, soumis aux pillages intensifs des troupes du sultan, Sainte-Sophie fut épargnée sur ordre de Mehmed II, qui lui attachait une grande importance[17]. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pedro Tafur[18] et le Florentin Cristoforo Buondelmonti[19]. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II[20]. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres[20]. Le sultan suivant, Bajazet II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.
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+ Au XVIe siècle, le sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II (1566-1577), le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577. Les mausolées de Mourad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
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+ D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar (estrade pour les sermons) décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Mourad III (1574-1595) plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame. Le sultan Mahmoud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa (une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée), une soupe populaire (pour la distribution aux pauvres), une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles (Şadirvan), transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
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+ La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati. Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées. Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Les Fossati ajoutèrent un minbar (chaire) et les huit panneaux circulaires de 7,5 mètres de diamètre qui furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi (en) (1801-1877)[21]. En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée. À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.
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+ En 1918, les Ottomans, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie[22]. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931[23]. En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour « l'offrir à l'humanité », il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée. Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation « incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental »[22].
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+ En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes[24] portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk[22].
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+ En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste. Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
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+ Sainte-Sophie a souffert de séismes en 553, 557, 558, 865, 869, 986, 1344, 1346, 1462, 1500, 1509, 1719, 1754, 1766, 1894 et 1999, aussi est-elle équipée de capteurs sismiques depuis 1991 dont les informations sont transmises en temps réel à des chercheurs de l'université du Bosphore. Elle fait également l'objet d'une simulation par ordinateur pour prédire son comportement en cas de séisme majeur[25].
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+ Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en matière de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour. Les restaurateurs tentent de conserver les deux expressions artistiques et religieuses.
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+ En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un parti islamiste et nationaliste font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine. En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée[22].
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+ En 2014, l’USCIRF (United States Commission on International Religious Freedom (en)) condamne les tentatives du Parlement turc de modifier le statut de Sainte-Sophie et de transformer ce musée en mosquée. Dans une déclaration rendue publique à l’époque, l’USCIRF écrit :
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+ « faire d’Hagia Sophia une mosquée serait clairement un geste provocateur et de division. Le message qui serait perçu est que le gouvernement actuel n’a que peu ou aucune considération pour la sensibilité des communautés religieuses minoritaires turques, en particulier son ancienne communauté chrétienne[26]. »
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+ Le ministère grec des Affaires étrangères réagit par une déclaration écrite : « l’obsession proche du sectarisme, de pratiquer des rites musulmans dans un monument du patrimoine culturel mondial est incompréhensible et révèle un manque de respect et de lien avec la réalité. » Le ministère a ajouté que de telles pratiques étaient en contradiction avec les valeurs des sociétés modernes, démocratiques et laïques[27].
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+ Durant la campagne des élections municipales turques de 2019, le 27 mars, le président Recep Tayyip Erdogan déclare que « le temps est venu » de faire de Sainte-Sophie une mosquée à la place du musée actuel. « Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine » commente Le Monde. Erdogan affirme que cela serait une demande du peuple turc et annonce attendre la fin des élections avant de prendre sa décision sur le statut de Sainte-Sophie après les élections[28].
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+ Le 2 juillet 2020, la Cour suprême de Turquie donne son feu vert au changement du statut de Sainte-Sophie[29].
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+ Le 10 juillet 2020, le décret de transformation de Sainte-Sophie en mosquée est publié[30], suscitant de nombreuses condamnations au niveau international. Ainsi, de nombreux États et organisations internationales font part de leurs protestations ou inquiétudes concernant le changement de statut, dont la France[31], la Grèce, les États-Unis[32], la Russie[33], l'Union européenne[34] ou encore l'UNESCO[35].
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+ Si les autorités turques transforment l'édifice en mosquée, cela constituera une menace pour toute « civilisation chrétienne », ainsi que pour la « spiritualité » et l'« histoire » de la Russie, s'alarme le patriarche de l'Église orthodoxe russe Cyrille. Il a ajouté que cela « blesserait profondément le peuple russe », qui, « aujourd'hui comme hier, accueille avec amertume et indignation toute tentative d'humilier ou de fouler aux pieds le patrimoine spirituel millénaire de l'Église constantinopolitaine »[36],[37].
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+ Sainte-Sophie est le monument le plus important de l'architecture byzantine. Sa somptueuse décoration intérieure de marbre couvrant tous les sols et les murs, ses mosaïques à fond d'or couvrant autrefois toutes les voûtes et coupoles (aujourd'hui en grande partie couvertes sous les enduits ou disparues), ses colonnes monumentales en diverses roches précieuses, son plan complexe et original mais cohérent, sa couverture en coupole et demi-couples qui semble suspendue dans les airs, ses nombreux étages de fenêtres distribuant abondamment la lumière dans tout l'édifice, et surtout l'immensité du volume intérieur qui a pu être dégagé, sont d'une immense valeur autant technique qu'artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
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+ La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales paléochrétiennes dérivées de l'Antiquité tardive romaine, et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine, qui marquera profondément tout le Moyen Âge qu'elle inaugure d'un point de vue architectural. Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais aussi tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman, et elle est restée un modèle insurpassé et admiré durant des siècles.
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+ Le bâtiment principal de la basilique (sans les annexes ni la galerie du narthex), forme un espace rectangulaire de 77 mètres de longueur sur 71 mètres de largeur au sol[38].
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+ Le plan et la structure interne sont complexes, mais ils répondent à une logique d'ensemble qui aboutit à une grande unité de l'espace. Il s'agit de la synthèse de deux sortes de plans traditionnels de l'architecture byzantine, très différents et a priori inconciliables: le plan basilical, en longueur avec une nef bordée de colonnades, éclairée latéralement par des fenêtres hautes, et menant à une abside, et le plan centré dominé par une grande coupole au milieu de l'édifice entourée d'absides et d'absidioles.
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+ Ici la « nef » principale, très large, est constituée par le carré central, qui mesure 100 pieds byzantins de côté (un peu plus de 32 mètres), couvert par la coupole sur pendentifs, auquel s'ajoutent deux très larges absides (de la même largeur que le carré central et la coupole) sur deux côtés opposés, couvertes par des demi-coupoles et mesurant 50 pieds byzantins de profondeur. Ces deux absides sont chacune élargies sur leurs côtés par deux grandes absidioles, également couvertes par des demi-coupoles plus petites.
94
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+ On obtient ainsi au total une nef environ deux fois plus longue que large. Les deux autres côtés du carré central sont bordés par les colonnades (ouvrant sur des bas-côtés très larges), surmontées par un second niveau de colonnades moins hautes (donnant sur les tribunes, qui sont tout aussi vastes), qui supportent elles-mêmes de hauts murs demi-circulaires qui ferment ces deux côtés vis-à-vis de l’extérieur et qui sont percés par deux étages de fenêtres hautes, le tout formant ainsi une très haute nef basilicale éclairée latéralement.
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+ Cela est permis parce que ces murs ne sont pas porteurs, la coupole repose en effet uniquement sur quatre gros piliers grâce à la technique des pendentifs qui permet de libérer entièrement les quatre côtés du carré central. Au-delà des quatre énormes piliers, ces colonnades se poursuivent dans les absidioles latérales des deux grandes absides, puisque ces absidioles sont chacune portées en leur centre par deux colonnes, en porphyre rouge afin qu'elles soient plus visibles. Les quatre gros piliers s’insèrent donc dans les longues colonnades latérales ainsi formées, ils sont décorés de fausses colonnes de porphyre ou de marbre vert selon les côtés, intégrées au décor de placage, pour simuler symboliquement la continuité des colonnades à travers ces piliers, ils se trouvent ainsi comme camouflés dans les lignes générales de la nef, leur aspect est du moins considérablement allégé.
98
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99
+ Les colonnes monumentales de la basilique, de diverses tailles et formes selon leur fonction, sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles auraient été transportées depuis les temples de Baalbek. Les chapiteaux en marbre blanc sont très délicatement sculptés de feuilles d'acanthe et donnent l'impression d'être creux, ils sont typiquement byzantins, dérivés des ordres corinthien et ionique.
100
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101
+ La coupole semble à première vue ne reposer sur aucun appui solide, et parait flotter en apesanteur au-dessus d'une galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres, qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m. Son diamètre maximal est un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome. À l'intérieur, elle culmine à 55,60 m au-dessus du sol. Elle reste de loin la plus grande coupole maçonnée d’Istanbul, et ses dimensions ne furent jamais dépassées pendant près d'un millénaire d'architecture byzantine dans le bassin méditerranéen, ni plus tard par l'architecture ottomane.
102
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103
+ La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, qui permettent de la suspendre sur quatre piliers au-dessus de l'espace central dont le plan au sol est carré, sans nécessiter de mur porteur sur les côtés du carré. Cette solution était déjà appliquée par les architectes romains pour des constructions de moindre ampleur. Elle est connue sous les noms de « rachat du plan carré » ou « rachat de l'octogone », et devient classique dans les constructions byzantines et postérieures.
104
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+ Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles. Ils sont contrebutés par deux immenses demi-coupoles, à l'est (abside qui donne sur la bêma) et à l'ouest (celle qui donne sur l'entrée du bâtiment), mais les côtés nord et sud ne sont pas contrebutés. Les grands arcs des pendentifs y sont seulement fermés par de hauts murs légers et ajourés qui reposent sur deux niveaux de colonnes. Il en résulte un déséquilibre des forces de poussée. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connu tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts et arches adossés sur les côtés nord et sud, qui ont fortement altéré son aspect extérieur.
106
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+ Les architectes byzantins puis ottomans ont montré que le contrebutement équilibré, soit par un plan octogonal supportant mieux les forces verticales (basilique Saint-Vital de Ravenne), soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye), soit encore par un plan centré assumé avec des demi-coupoles sur les quatre côtés (mosquée bleue) ou d'autres coupoles sur pendentifs (église des Saints-Apôtres de Constantinople), apporte à ce problème une solution simple et définitive. Mais les architectes de Sainte-Sophie ont fait un choix de hardiesse architecturale, ils tenaient visiblement à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, formant un volume principal intérieur plus unitaire et monumental, pour être visible d'un seul coup d’œil depuis l'entrée, avec des tribunes et des fenêtres latérales, chose qu'un plan centré cruciforme ne permet pas.
108
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109
+ Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie, et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
110
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111
+ Certains éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre et colonnes sont des réemplois provenant de ruines antiques.
112
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113
+ Les deux grandes jarres de marbre (ou d'onyx) appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Mourad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la « belle porte » (Güzel Kapı), provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.
114
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+ Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
116
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+ Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.
118
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119
+ La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.
120
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121
+ La loge de l'impératrice est située dans le centre d'une galerie supérieure au-dessus de la galerie de narthex. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies avec une vue d’ensemble sur l'intérieur de la basilique. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice.
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123
+ La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.
124
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+ À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles, c'est du moins l'état dans lequel le monument nous est parvenu, après de nombreuses réfections. Le revêtement externe actuel jaune et rouge a été ajouté par l'architecte suisse Gaspare Fossati au cours de sa restauration de la basilique au XIXe siècle.
126
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127
+ À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur comportait surtout des placages de marbre sur la plupart des murs, dont il subsiste une bonne partie, et des mosaïques à fond d'or sur toutes les voûtes, beaucoup moins préservées. Beaucoup de ces décorations représentaient des motifs abstraits ou végétaux, peuplés d'oiseaux et autres animaux. Mais on trouvait déjà en ce temps-là de nombreuses mosaïques figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
128
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+ Les écoinçons des arcades du premier niveau regardant vers le vaisseau central, sont décorés d'une dentelle de feuilles d'acanthe entrelacées, sculptées en relief dans le marbre blanc. C'est un motif assez similaire à ceux des chapiteaux typiquement byzantins des colonnes qui portent ces arcades. Au-dessus, les écoinçons des arcades de la galerie supérieure sont, quant à eux, revêtus de marqueteries de marbre (opus sectile), représentant des motifs végétaux en plaquettes de marbre blanc découpées avec précision, incluses dans un fond de marbre noir, avec quelques disques de porphyre qui ne manquent pas de rappeler les opus sectile de l'Antiquité romaine. Les intrados de ces arcades supérieures sont d��corés de mosaïques à fond d'or représentant des rinceaux de vigne. Ces décorations sont d'origine, de la période justinienne, et constituent un témoin de la richesse décorative de cette époque.
130
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+ Décoration des arcades inférieures regardant vers le vaisseau central : entrelacs de feuilles d'acanthe délicatement sculptées dans le marbre blanc, c'est un motif assorti à ceux des chapiteaux byzantins qui portent les arcades.
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+ Les arcades du niveau supérieur, du côté regardant vers le vaisseau central, ont conservé leur riche décor de marqueteries de marbre (opus sectile) et leurs mosaïques à rinceaux de vigne en dessous.
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135
+ Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique.
136
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+ Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques. La totalité des voûtes et coupoles, et certains murs, étaient couverts de mosaïques à fond d'or. Elles figuraient la Vierge Marie, Jésus, les saints, des anges, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs végétaux et géométriques dans un style purement décoratif.
138
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+ La crise iconoclaste dans les années 726 à 843, a vu la destruction de la quasi totalité des mosaïques de la période primitive dans les églises de Constantinople, dont Sainte-Sophie, ce sont surtout les mosaïques figuratives qui étaient les plus visées. Il est de nos jours très difficile d'imaginer la richesse décorative et picturale inouïe qu'elles pouvaient représenter. Pour observer des ensembles de mosaïques byzantines de la période primitive, il faut de nos jours se reporter dans les églises de la ville de Ravenne, comme à la basilique Saint-Vital, même si les mosaïques de Sainte-Sophie devaient être un peu différentes. Les mosaïques détruites ont été peu à peu remplacées par d'autres, mais le style évolua fortement au fil des siècles et ne retrouva pas la richesse ornementale des premiers temps.
140
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+ Après la période iconoclaste, une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries. Les plus anciennes mosaïques figuratives aujourd'hui visibles dans la basilique sont celles de l'abside (celle qui abritait l'autel), représentant la vierge à l'enfant (la Théotokos) sur la demi-coupole, et les archanges Gabriel et Michel sur l'arche de la bêma[40].
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+ En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés latins pillèrent les grands édifices byzantins de la ville, y compris Sainte-Sophie.
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+ À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le XVIIe siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
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+ En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux. Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice. Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
148
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149
+ Les archives des Fossati (conservées aux archives cantonales de Bellinzona en Suisse)[41] sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, recouvertes de plâtre ou peut-être détruites par le violent tremblement de terre de 1894. Parmi celles-ci figuraient une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une « porte des Pauvres » non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église. La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans.
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+ Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
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+ D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. L'empereur représenté avec un halo (ou nimbe) pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert[42]. On peut lire sur le livre : « EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY ». « La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde. » (Jean 20:19; 20:26; 8:12). Les deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'Annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.
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+ Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge Marie est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. À droite se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : « KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEYC », « Constantin, le grand basileus (roi) parmi les saints ». À gauche se tient l'empereur Justinien, offrant Sainte-Sophie avec, au-dessus de lui, l'inscription : « IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC », « Justinien, le basileus (roi) digne d'être chanté ». Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes « MP » et « ΘY », abréviation de « MHTHP ΘEOY », « Mère de Dieu ».
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+ La mosaïque de la Théotokos (la Vierge à l'Enfant) est la première mosaïque de la période post-iconoclaste. Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du VIe siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle. Les portraits des archanges Gabriel et Michel (en grande partie détruits), sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.
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+ La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage. Elle représente l'empereur Alexandre III (« AΛEΞANΔPOC »), dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe (ou globus cruciger) dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture[43].
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+ Cette mosaïque de la galerie sud date du XIe siècle. Le Christ pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes « IC » et « XC », pour « IHCOYC XPICTOC » (Iēsous Khristos). Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω ΠICTOC BACIΛEYC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu ». L'inscription du côté de l'empereur dit : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque ». L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : « ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Zoé, la très pieuse Auguste ». Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.
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+ La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie (« MP ΘY ») est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène (« IΩ(ANNHC) EN X(PICT)Ω TΩ Θ(E)Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAI(ΩN) O KOMNHNOC » « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène ») est représenté dans un costume brodé de pierreries.
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+ Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie (« EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Irène, la très pieuse Auguste ») se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène (« AΛEΞIOC EN X(PICT)Ω ΠI(CTOC) BACIΛEYC PΩMAI(ΩN) » « Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains ») est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.
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+ La mosaïque de la déisis (grec Δέησις : « supplication ») date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens de la fin des XIIIe – XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie (« MP ΘΥ ») et saint Jean le Baptiste (« O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC » : saint Jean Prodromos), tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator (« IC XC ») pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.
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+ Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome (« IΩANNHC O XPYCOCTOMOC ») et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune (« IΓNATIOC O NEOC ») debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.
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+ Mosaïque du tympan nord : saint Jean Chrysostome.
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+ Mosaïques du tympan nord, selon le relevé de Fossati.
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+ Mosaïque du tympan nord : le patriarche Ignace de Constantinople.
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+ Datation des mosaïques entre parenthèse.
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+ L'empereur Constantin IX (détail, vers 1020)
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+ La Vierge à l'Enfant, entre l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène (vers 1118)
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+ Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure.
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+ L'impératrice Irène (vers 1118)
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+ L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville de Constantinople en 330 (vers 1000, entrée sud-ouest)
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189
+ Portrait du coempereur Alexis Comnène, fils de Jean II Comnène et d'Irène (vers 1122)
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191
+ Christ pantocrator et l'empereur Léon VI (886-912) (fin du IXe siècle)
192
+
193
+ Christ pantocrator.
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195
+ Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, (IXe siècle)
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+ Jean le Baptiste (XIIe siècle)
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+ Petite photo montrant les caractéristiques ottomanes sur la façade qui ont été enlevées plus tard (1880).
200
+
201
+ Vue depuis le square Sultanahmet.
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+ Vue de l'abside par Sinan.
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+ Vue de nuit.
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+ Allah (الله, à droite)Mahomet (محمّد, à gauche)
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+ Abu Bakr (أبو بكر)
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+ Omar (عمر)
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+ Othman (عثمان)
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+ Ali (علي)
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+ Sainte-Sophie (du grec Ἁγία Σοφία, Hagía Sophía, qui signifie « sagesse de Dieu », « sagesse divine », nom repris en turc sous la forme Ayasofya) est un grand lieu de culte à Istanbul. À l'origine une basilique chrétienne de Constantinople, elle construite dans un premier temps au IVe siècle, puis reconstruite bien plus grande au VIe siècle, sous l'empereur byzantin Justinien, où elle acquit sa forme actuelle. Ayant remplacé Sainte-Irène comme siège du patriarche de Constantinople, elle devint mosquée au XVe siècle sous Mehmet II. Elle est située sur le côté ouest du Bosphore. De 1934 à 2020, elle n'a plus été un lieu de culte mais un musée. Son esplanade est à la mesure de la gloire de Byzance. Souvent surnommée la Grande Église, la basilique est dédiée au Christ, « sagesse de Dieu », selon la tradition théologique chrétienne. La dédicace du sanctuaire est célébrée le 25 décembre.
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+ En 2018, c'était le deuxième musée le plus visité de Turquie avec 2 890 873 visiteurs[1].
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+ Le 10 juillet 2020, un décret du Conseil d'État turc décide de sa réouverture au culte musulman comme mosquée.
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+ Le 24 juillet 2020, jour du 97e anniversaire du traité de Lausanne qui fixe les frontières de la Turquie moderne, la première prière musulmane y est célébrée depuis sa reconversion en mosquée en présence du président Recep Tayyip Erdogan.[2]
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+ Sainte-Sophie est consacrée à la « Sagesse Divine » (Ἁγία Σοφία / Hagía Sophía) identifiée à Jésus-Christ et non à une sainte humaine[3].
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+ Sur le site de Sainte-Sophie se trouvait une église commandée par l'empereur Constantin en 325[4]. Elle fut probablement érigée sur les ruines d'un ancien temple d'Apollon, sur une colline surplombant la mer de Marmara[5]. C'est l'empereur Constance II qui consacra ce premier édifice, le 15 février 360[6]. C'était alors la plus grande église de la ville, elle était communément appelée Μεγάλη Ἐκκλησία (Megálē Ekklēsíā, « la Grande Église »). On suppose qu'il s'agissait d'un bâtiment en pierre au toit de bois. Au début du Ve siècle, l'empereur Flavius Arcadius ratifia la déposition et l'exil de l'archevêque de Constantinople saint Jean Chrysostome, à la suite d'un bras de fer avec le patriarche Théophile d'Alexandrie que Jean avait été chargé de juger. L'édifice fut alors incendié lors d'une émeute en 404[7].
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+ Il fut reconstruit en 415 par l'empereur Théodose II. Le bâtiment retrouva un plan basilical classique sous la direction de l'architecte Roufinos. La basilique fut consacrée le 8 octobre 415. Un siècle plus tard, elle subit une nouvelle fois le même sort funeste, le 13 janvier 532 pendant la sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours. Des vestiges subsistent devant le mur ouest de l'édifice actuel depuis 1935. De ces ruines, on distingue un escalier de cinq marches accédant à un portique, et trois portes vers le narthex. Le bâtiment faisait 60 mètres de large.
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+ Après les émeutes de Nika en 532, l'empereur Justinien entreprend de refonder l'édifice dont il pose lui-même la première pierre.
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+ Le 23 février 532, à peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l'empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la sagesse divine.
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+ Justinien choisit comme architectes le physicien Isidore de Milet et le mathématicien Anthémius de Tralles, qui mourut au bout d'un an. Les architectes dessinèrent un bâtiment inspiré du Panthéon de Rome et de l'art chrétien primitif d'Occident. Ce style qui connaît une certaine diversité de conceptions et de plans, est aujourd'hui qualifié de « byzantin ». Cette architecture byzantine a inspiré, à son tour, des architectes arabes, vénitiens et ottomans. La construction de l'église est décrite par l'historien byzantin Procope de Césarée, dans son ouvrage Sur les monuments (Περὶ κτισμάτων, De Ædificiis).
24
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25
+ L'empereur avait fait venir des matériaux de tout l'Empire : des colonnes hellénistiques du temple d'Artémis à Éphèse, du porphyre d'Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d'autres de couleur jaune en provenance de Syrie. Le roi mérovingien de Paris, Childebert Ier († 558), répondant à une ambassade envoyée par Justinien, fit expédier à Constantinople du marbre noir de Moulis (Couserans) pour la décoration de la Grande Église[8]. Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction.
26
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27
+ La nouvelle église apparut immédiatement comme une œuvre majeure de l'architecture, le reflet des idées créatives des deux architectes. Il est possible que ceux-ci se soient inspirés des théories de Héron d'Alexandrie, dans la réalisation d'un dôme aussi considérable, couvrant un si large espace entièrement dégagé. Elle n'a plus alors son plan basilical pour un plan byzantin très sophistiqué et particulier[9]. L'empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537, avec le patriarche Mennas, avec faste et solennité. La construction ne prit que 5 années et 10 mois. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l'empereur Justin II (565-578).
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29
+ Des tremblements de terre, en août 553 et le 14 décembre 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l'abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s'écroula sur l'ambon, l'autel et le ciborium, les détruisant entièrement. L'empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, neveu d'Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l'édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m[10].
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31
+ Cette reconstruction donna à l'église sa forme définitive, qui remonte donc au milieu du VIe siècle. Pour cette nouvelle consécration, présidée par le patriarche de Constantinople Eutychius, le 23 décembre 562, le poète byzantin Paul le Silentiaire composa un long poème épique connu aujourd'hui sous le nom d'Ecphrasis.
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33
+ Sainte-Sophie était le siège du patriarche orthodoxe de Constantinople et le lieu d'accueil principal des cérémonies impériales byzantines, comme le couronnement des empereurs. L'église jouait aussi le rôle de lieu d'asile pour les malfaiteurs.
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+ En 726, l'empereur Léon l'Isaurien instaura un certain nombre d'édits contre la vénération des images. Il ordonna à l'armée de détruire les icônes, inaugurant ainsi la période iconoclaste, durant laquelle Sainte-Sophie fut vidée de toute représentation peinte ou sculptée. Après un bref répit sous l'impératrice Irène, le mouvement reprit de l'ampleur : l'empereur Théophile (829-842), très influencé par les conceptions de l'art islamique, interdit les images sculptées. Une double porte de bronze portant son monogramme fut installée à l'entrée sud de l'église.
36
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37
+ En 740, un nouveau séisme fit beaucoup de dégâts au point que l'Église orthodoxe de Constantinople commémore tous les 26 octobre le « jour du grand et effrayant tremblement de terre »[11].
38
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39
+ L'église souffrit fortement d'abord d'un incendie en 859, puis d'un nouveau séisme le 8 janvier 869, qui provoqua l'écroulement de la moitié de la coupole. L'empereur Basile Ier fit les réparations nécessaires.
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+ Le 25 octobre 989, une nouvelle secousse, très importante, détruisit encore la coupole. L'empereur Basile II chargea l'architecte arménien Trdat, créateur des grandes églises d'Ani et Agine, de restaurer le dôme[12]. Ces réparations de grande ampleur, qui touchèrent aussi bien l'arche occidentale que la moitié de la coupole, durèrent six ans. L'église rouvrit ses portes le 13 mai 994.
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43
+ Dans son livre De caerimoniis aulae Byzantinae (Livre des Cérémonies), l'empereur Constantin VII Porphyrogénète (913-919) donne tous les détails sur les cérémonies célébrées à Sainte-Sophie, tant par l'empereur que par le patriarche.
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+ Au cours du sac de Constantinople, en 1204, durant la quatrième croisade, l'église fut pillée par les croisés. L'historien byzantin Nicétas Choniatès décrit ainsi la destruction de l'autel pour en récupérer les matières précieuses. Durant l'occupation latine de Constantinople (1204–1261), la basilique devint le siège du patriarche latin de Constantinople. Baudouin VI de Hainaut fut couronné empereur le 16 mai 1204 à Sainte-Sophie, observant au plus près les rites byzantins en usage. Le doge de Venise Enrico Dandolo, l'un des chefs de la croisade, fut enterré dans la basilique. La plaque qui marque l'emplacement supposé de sa tombe ne date que du XIXe siècle.
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47
+ L'église subit deux séismes en 1231 et 1237[13]. Selon certains auteurs, les arcs-boutants du côté ouest (et éventuellement d'autres aujourd'hui englobés dans d'autres structures) auraient été ajoutés au cours de la période latine[14]. Le premier patriarche latin, Thomas Morosini (en), orna l'autel de colonnes de marbres prélevées dans une autre église[15].
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+ Les Byzantins reprirent la ville en 1261. En 1317, l'empereur Andronic II Paléologue fit construire quatre nouveaux arcs-boutants à l'est et au nord. Après de nouveaux dégâts causés dans le dôme par un nouveau séisme en octobre 1344, d'autres parties du bâtiment s'écroulèrent le 19 mai 1346. L'église ne put rouvrir ses portes qu'en 1354, une fois les réparations menées à bien par les architectes Astraes et Peralta.
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51
+ En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople par les Ottomans, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya[16], comme symbole de la conquête. Contrairement au sort d'une grande majorité d'édifices chrétiens, soumis aux pillages intensifs des troupes du sultan, Sainte-Sophie fut épargnée sur ordre de Mehmed II, qui lui attachait une grande importance[17]. À cette époque, le bâtiment était très délabré : plusieurs de ses portes ne tenaient plus. Cet état de la basilique a été décrit par plusieurs visiteurs occidentaux, comme le gentilhomme cordouan Pedro Tafur[18] et le Florentin Cristoforo Buondelmonti[19]. Le sultan Mehmed II ordonna le nettoyage immédiat de l'église et sa conversion en une mosquée. Contrairement aux autres mosaïques et peintures murales des églises de la ville, la mosaïque de Marie dans l'abside de Sainte-Sophie ne fut pas, pour des raisons obscures, recouverte de lait de chaux par ordre de Mehmed II[20]. Pendant cent ans, elle fut couverte d'un voile puis eut le même traitement que les autres[20]. Le sultan suivant, Bajazet II, fit ériger un nouveau minaret, en remplacement de celui construit par son père.
52
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53
+ Au XVIe siècle, le sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) rapporta deux chandeliers colossaux de sa conquête de la Hongrie. Ils furent placés de chaque côté du mihrab. Mais au cours du règne de Sélim II (1566-1577), le bâtiment commença à montrer des signes de fatigue et dut être stabilisé par l'ajout de contreforts externes massifs. Ces travaux d'envergure furent accomplis par le grand architecte ottoman Sinan, qui construisit les deux autres grands minarets de l'extrémité ouest du bâtiment, la loge originale du sultan et le mausolée de Sélim II, au sud-est, en 1577. Les mausolées de Mourad III et Mehmed III furent construits à ses côtés dans les années 1600.
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55
+ D'autres additions ont été réalisées plus récemment, comme le minbar (estrade pour les sermons) décoré de marbres, et la loggia pour le muezzin. Le sultan Mourad III (1574-1595) plaça des deux côtés de la nef les deux grandes urnes hellénistiques en albâtre, transportées depuis Pergame. Le sultan Mahmoud Ier ordonna la restauration de l'édifice en 1739 et ajouta une médersa (une école coranique, actuellement la bibliothèque du musée), une soupe populaire (pour la distribution aux pauvres), une bibliothèque et, en 1740, une fontaine d'ablutions rituelles (Şadirvan), transformant ainsi le bâtiment en un külliye, c'est-à-dire un vaste complexe social. Dans le même temps furent construits une nouvelle galerie pour le sultan, ainsi qu'un nouveau mihrab.
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+ La mieux connue des restaurations de Sainte-Sophie fut celle menée entre 1847 et 1849 par le sultan Abdülmecid, accomplie par plus de 800 ouvriers dirigés par deux architectes italo-suisses, les frères Gaspare et Giuseppe Fossati. Les travaux portèrent sur la consolidation de la coupole et des voûtes, le redressement des colonnes et la révision de la décoration intérieure et extérieure. Les mosaïques de la galerie furent nettoyées. Les anciens lustres furent remplacés par de nouvelles suspensions plus facilement accessibles. Les Fossati ajoutèrent un minbar (chaire) et les huit panneaux circulaires de 7,5 mètres de diamètre qui furent accrochés aux quatre piliers centraux, inscrits des noms d'Allah, du prophète Mahomet et des quatre premiers califes Abu Bakr, Omar, Uthman et Ali, ainsi que de ceux des deux petits-enfants de Mahomet : Hassan et Hussein, par le calligraphe Kazasker İzzed Effendi (en) (1801-1877)[21]. En 1850, les Fossati construisirent une nouvelle galerie du sultan dans le style néo-byzantin, reliée au pavillon royal situé derrière la mosquée. À l'extérieur du bâtiment furent érigés un nouveau bâtiment pour le gardien du temps et un nouveau medrese. Les minarets furent modifiés de manière à égaliser leurs hauteurs respectives. La restauration achevée, la mosquée fut rouverte dans de fastueuses cérémonies, le 13 juillet 1849.
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+ En 1918, les Ottomans, dont le pays est occupé par les puissances de l'Entente à l'issue de la Première Guerre mondiale, projettent de dynamiter Sainte-Sophie[22]. À son arrivée au pouvoir, Mustafa Kemal Atatürk décide de poursuivre la restauration de Sainte-Sophie. La direction des travaux est attribuée au Byzantine Institute of America en 1931[23]. En 1934, Atatürk désaffecte le lieu du culte pour « l'offrir à l'humanité », il fait décrocher les grands panneaux circulaires portant le nom d'Allah, de Mahomet et des califes : Sainte-Sophie devient un musée. Pour l'historien Edhem Eldem, cette transformation « incarne la laïcisation du pays et la promotion de l'universalisme occidental »[22].
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+ En 1951, le gouvernement Menderes fait remettre en place les grands panneaux aux caractères arabes[24] portant les noms d'Allah et de Mahomet, retirés par Atatürk[22].
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63
+ En 1993, une mission de l'UNESCO en Turquie constate plusieurs altérations : le plâtre s'effrite, la pollution a sali les parements de marbre, des fenêtres sont cassées, des peintures décoratives sont endommagées par l'humidité, le toit en plomb est vétuste. Les efforts de restauration de l'édifice sont renforcés et continuent à ce jour.
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65
+ Sainte-Sophie a souffert de séismes en 553, 557, 558, 865, 869, 986, 1344, 1346, 1462, 1500, 1509, 1719, 1754, 1766, 1894 et 1999, aussi est-elle équipée de capteurs sismiques depuis 1991 dont les informations sont transmises en temps réel à des chercheurs de l'université du Bosphore. Elle fait également l'objet d'une simulation par ordinateur pour prédire son comportement en cas de séisme majeur[25].
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+ Le long héritage de Sainte-Sophie, successivement basilique chrétienne, mosquée et musée très fréquenté, pose un défi délicat en matière de restauration. L'héritage iconographique de mosaïques chrétiennes est progressivement dévoilé mais des créations artistiques musulmanes doivent être détruites pour les mettre au jour. Les restaurateurs tentent de conserver les deux expressions artistiques et religieuses.
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+ En 2012, une centaine de militants issus du Parti de la grande unité, un parti islamiste et nationaliste font campagne pour que le musée redevienne une mosquée, notamment en organisant une prière musulmane sous la coupole byzantine. En 2013, Bülent Arınç, vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdoğan déclare envisager que cette transformation ait lieu. À cet effet, une commission parlementaire a été créée[22].
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+ En 2014, l’USCIRF (United States Commission on International Religious Freedom (en)) condamne les tentatives du Parlement turc de modifier le statut de Sainte-Sophie et de transformer ce musée en mosquée. Dans une déclaration rendue publique à l’époque, l’USCIRF écrit :
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+ « faire d’Hagia Sophia une mosquée serait clairement un geste provocateur et de division. Le message qui serait perçu est que le gouvernement actuel n’a que peu ou aucune considération pour la sensibilité des communautés religieuses minoritaires turques, en particulier son ancienne communauté chrétienne[26]. »
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+ Le ministère grec des Affaires étrangères réagit par une déclaration écrite : « l’obsession proche du sectarisme, de pratiquer des rites musulmans dans un monument du patrimoine culturel mondial est incompréhensible et révèle un manque de respect et de lien avec la réalité. » Le ministère a ajouté que de telles pratiques étaient en contradiction avec les valeurs des sociétés modernes, démocratiques et laïques[27].
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+ Durant la campagne des élections municipales turques de 2019, le 27 mars, le président Recep Tayyip Erdogan déclare que « le temps est venu » de faire de Sainte-Sophie une mosquée à la place du musée actuel. « Une telle décision serait susceptible de provoquer la colère des chrétiens et d’attiser les tensions avec la Grèce voisine » commente Le Monde. Erdogan affirme que cela serait une demande du peuple turc et annonce attendre la fin des élections avant de prendre sa décision sur le statut de Sainte-Sophie après les élections[28].
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+ Le 2 juillet 2020, la Cour suprême de Turquie donne son feu vert au changement du statut de Sainte-Sophie[29].
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+ Le 10 juillet 2020, le décret de transformation de Sainte-Sophie en mosquée est publié[30], suscitant de nombreuses condamnations au niveau international. Ainsi, de nombreux États et organisations internationales font part de leurs protestations ou inquiétudes concernant le changement de statut, dont la France[31], la Grèce, les États-Unis[32], la Russie[33], l'Union européenne[34] ou encore l'UNESCO[35].
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+ Si les autorités turques transforment l'édifice en mosquée, cela constituera une menace pour toute « civilisation chrétienne », ainsi que pour la « spiritualité » et l'« histoire » de la Russie, s'alarme le patriarche de l'Église orthodoxe russe Cyrille. Il a ajouté que cela « blesserait profondément le peuple russe », qui, « aujourd'hui comme hier, accueille avec amertume et indignation toute tentative d'humilier ou de fouler aux pieds le patrimoine spirituel millénaire de l'Église constantinopolitaine »[36],[37].
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+ Sainte-Sophie est le monument le plus important de l'architecture byzantine. Sa somptueuse décoration intérieure de marbre couvrant tous les sols et les murs, ses mosaïques à fond d'or couvrant autrefois toutes les voûtes et coupoles (aujourd'hui en grande partie couvertes sous les enduits ou disparues), ses colonnes monumentales en diverses roches précieuses, son plan complexe et original mais cohérent, sa couverture en coupole et demi-couples qui semble suspendue dans les airs, ses nombreux étages de fenêtres distribuant abondamment la lumière dans tout l'édifice, et surtout l'immensité du volume intérieur qui a pu être dégagé, sont d'une immense valeur autant technique qu'artistique. Justinien a lui-même supervisé l'achèvement de la basilique, la plus grande jamais construite à ce moment, qui devait rester la plus grande église du monde jusqu'à l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville.
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+ La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales paléochrétiennes dérivées de l'Antiquité tardive romaine, et le premier chef-d'œuvre de l'architecture byzantine, qui marquera profondément tout le Moyen Âge qu'elle inaugure d'un point de vue architectural. Son influence s'est exercée profondément et de manière durable, sur l'architecture orthodoxe orientale, mais aussi tout autant sur celles de l'Église catholique et du monde musulman, et elle est restée un modèle insurpassé et admiré durant des siècles.
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+ Le bâtiment principal de la basilique (sans les annexes ni la galerie du narthex), forme un espace rectangulaire de 77 mètres de longueur sur 71 mètres de largeur au sol[38].
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+ Le plan et la structure interne sont complexes, mais ils répondent à une logique d'ensemble qui aboutit à une grande unité de l'espace. Il s'agit de la synthèse de deux sortes de plans traditionnels de l'architecture byzantine, très différents et a priori inconciliables: le plan basilical, en longueur avec une nef bordée de colonnades, éclairée latéralement par des fenêtres hautes, et menant à une abside, et le plan centré dominé par une grande coupole au milieu de l'édifice entourée d'absides et d'absidioles.
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+ Ici la « nef » principale, très large, est constituée par le carré central, qui mesure 100 pieds byzantins de côté (un peu plus de 32 mètres), couvert par la coupole sur pendentifs, auquel s'ajoutent deux très larges absides (de la même largeur que le carré central et la coupole) sur deux côtés opposés, couvertes par des demi-coupoles et mesurant 50 pieds byzantins de profondeur. Ces deux absides sont chacune élargies sur leurs côtés par deux grandes absidioles, également couvertes par des demi-coupoles plus petites.
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+ On obtient ainsi au total une nef environ deux fois plus longue que large. Les deux autres côtés du carré central sont bordés par les colonnades (ouvrant sur des bas-côtés très larges), surmontées par un second niveau de colonnades moins hautes (donnant sur les tribunes, qui sont tout aussi vastes), qui supportent elles-mêmes de hauts murs demi-circulaires qui ferment ces deux côtés vis-à-vis de l’extérieur et qui sont percés par deux étages de fenêtres hautes, le tout formant ainsi une très haute nef basilicale éclairée latéralement.
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+ Cela est permis parce que ces murs ne sont pas porteurs, la coupole repose en effet uniquement sur quatre gros piliers grâce à la technique des pendentifs qui permet de libérer entièrement les quatre côtés du carré central. Au-delà des quatre énormes piliers, ces colonnades se poursuivent dans les absidioles latérales des deux grandes absides, puisque ces absidioles sont chacune portées en leur centre par deux colonnes, en porphyre rouge afin qu'elles soient plus visibles. Les quatre gros piliers s’insèrent donc dans les longues colonnades latérales ainsi formées, ils sont décorés de fausses colonnes de porphyre ou de marbre vert selon les côtés, intégrées au décor de placage, pour simuler symboliquement la continuité des colonnades à travers ces piliers, ils se trouvent ainsi comme camouflés dans les lignes générales de la nef, leur aspect est du moins considérablement allégé.
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+ Les colonnes monumentales de la basilique, de diverses tailles et formes selon leur fonction, sont constituées de différents granites, marbres, porphyres, et l'on peut calculer que les plus importantes pèsent au moins 70 tonnes. Huit d'entre elles auraient été transportées depuis les temples de Baalbek. Les chapiteaux en marbre blanc sont très délicatement sculptés de feuilles d'acanthe et donnent l'impression d'être creux, ils sont typiquement byzantins, dérivés des ordres corinthien et ionique.
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+ La coupole semble à première vue ne reposer sur aucun appui solide, et parait flotter en apesanteur au-dessus d'une galerie d'arcades ininterrompues de 40 fenêtres, qui contribuent largement à inonder de lumière l'intérieur polychrome de la basilique. Les réparations successives au cours de l'histoire ont fait perdre au dôme sa base circulaire parfaite : elle apparaît aujourd'hui comme quelque peu elliptique et irrégulière, d'un diamètre variant de 31,24 m à 30,86 m. Son diamètre maximal est un quart plus petit environ que la coupole du Panthéon de Rome. À l'intérieur, elle culmine à 55,60 m au-dessus du sol. Elle reste de loin la plus grande coupole maçonnée d’Istanbul, et ses dimensions ne furent jamais dépassées pendant près d'un millénaire d'architecture byzantine dans le bassin méditerranéen, ni plus tard par l'architecture ottomane.
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+ La coupole est assise sur quatre pendentifs triangulaires concaves, qui permettent de la suspendre sur quatre piliers au-dessus de l'espace central dont le plan au sol est carré, sans nécessiter de mur porteur sur les côtés du carré. Cette solution était déjà appliquée par les architectes romains pour des constructions de moindre ampleur. Elle est connue sous les noms de « rachat du plan carré » ou « rachat de l'octogone », et devient classique dans les constructions byzantines et postérieures.
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+ Dans le cas de Sainte-Sophie, les pendentifs reportent les forces exercées par la coupole sur quatre piliers massifs disposés aux quatre angles. Ils sont contrebutés par deux immenses demi-coupoles, à l'est (abside qui donne sur la bêma) et à l'ouest (celle qui donne sur l'entrée du bâtiment), mais les côtés nord et sud ne sont pas contrebutés. Les grands arcs des pendentifs y sont seulement fermés par de hauts murs légers et ajourés qui reposent sur deux niveaux de colonnes. Il en résulte un déséquilibre des forces de poussée. Cette disposition bilatérale est la cause directe de tous les désordres que la basilique a connu tout au long de son histoire, au point qu'il a fallu, à l'époque ottomane, doter le bâtiment d'énormes contreforts et arches adossés sur les côtés nord et sud, qui ont fortement altéré son aspect extérieur.
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+ Les architectes byzantins puis ottomans ont montré que le contrebutement équilibré, soit par un plan octogonal supportant mieux les forces verticales (basilique Saint-Vital de Ravenne), soit par des contreforts suffisamment robustes et écartés (mosquée Süleymaniye), soit encore par un plan centré assumé avec des demi-coupoles sur les quatre côtés (mosquée bleue) ou d'autres coupoles sur pendentifs (église des Saints-Apôtres de Constantinople), apporte à ce problème une solution simple et définitive. Mais les architectes de Sainte-Sophie ont fait un choix de hardiesse architecturale, ils tenaient visiblement à conserver un plan basilical en longueur partagé par un seul axe de symétrie, formant un volume principal intérieur plus unitaire et monumental, pour être visible d'un seul coup d’œil depuis l'entrée, avec des tribunes et des fenêtres latérales, chose qu'un plan centré cruciforme ne permet pas.
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+ Mehmet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, fit recouvrir l'image du Christ pantocrator qui ornait la coupole et la remplaça par une calligraphie, et cacha les visages des anges qui la soutiennent. Un seul a été restauré dans son état initial.
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+ Certains éléments d'architecture ou décoratifs comme certains panneaux de marbre et colonnes sont des réemplois provenant de ruines antiques.
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+ Les deux grandes jarres de marbre (ou d'onyx) appartiennent à la période hellénistique. Ces énormes vases monolithes furent rapportés de Pergame durant le règne du sultan Mourad III. La porte de bronze marquant l'entrée latérale dans le narthex au sud-ouest, dite la « belle porte » (Güzel Kapı), provient d'un temple grec, probablement de la ville de Tarsus.
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+ Réservée à l'empereur, la porte impériale était la porte principale d'entrée de la basilique, entre l'exonarthex et l'ésonarthex. Sa partie supérieure est ornée d'une mosaïque byzantine représentant le Christ et l'empereur Léon VI le Sage.
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+ Une longue rampe, à partir de la partie nord du narthex extérieur, mène à la galerie supérieure.
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+ La galerie supérieure, traditionnellement réservée à l'impératrice et à sa cour, présente la forme d'un fer à cheval qui entoure la nef jusqu'à l'abside. Les mosaïques les mieux conservées sont situées dans la partie sud de la galerie.
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+ La loge de l'impératrice est située dans le centre d'une galerie supérieure au-dessus de la galerie de narthex. De là, l'impératrice et les dames de la cour dominaient les cérémonies avec une vue d’ensemble sur l'intérieur de la basilique. Une pierre verte marque l'emplacement du trône de l'impératrice.
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+ La porte de marbre est située au sud de la galerie supérieure : elle était utilisée par les membres du synode.
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+ À l'extérieur, on eut recours au simple stucage des murs, qui révélait le dessin des voûtes et des coupoles, c'est du moins l'état dans lequel le monument nous est parvenu, après de nombreuses réfections. Le revêtement externe actuel jaune et rouge a été ajouté par l'architecte suisse Gaspare Fossati au cours de sa restauration de la basilique au XIXe siècle.
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+ À l'origine, du temps de Justinien, le décor intérieur comportait surtout des placages de marbre sur la plupart des murs, dont il subsiste une bonne partie, et des mosaïques à fond d'or sur toutes les voûtes, beaucoup moins préservées. Beaucoup de ces décorations représentaient des motifs abstraits ou végétaux, peuplés d'oiseaux et autres animaux. Mais on trouvait déjà en ce temps-là de nombreuses mosaïques figuratives, comme en témoigne l'éloge funèbre de Paul le Silentiaire.
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+ Les écoinçons des arcades du premier niveau regardant vers le vaisseau central, sont décorés d'une dentelle de feuilles d'acanthe entrelacées, sculptées en relief dans le marbre blanc. C'est un motif assez similaire à ceux des chapiteaux typiquement byzantins des colonnes qui portent ces arcades. Au-dessus, les écoinçons des arcades de la galerie supérieure sont, quant à eux, revêtus de marqueteries de marbre (opus sectile), représentant des motifs végétaux en plaquettes de marbre blanc découpées avec précision, incluses dans un fond de marbre noir, avec quelques disques de porphyre qui ne manquent pas de rappeler les opus sectile de l'Antiquité romaine. Les intrados de ces arcades supérieures sont d��corés de mosaïques à fond d'or représentant des rinceaux de vigne. Ces décorations sont d'origine, de la période justinienne, et constituent un témoin de la richesse décorative de cette époque.
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+ Décoration des arcades inférieures regardant vers le vaisseau central : entrelacs de feuilles d'acanthe délicatement sculptées dans le marbre blanc, c'est un motif assorti à ceux des chapiteaux byzantins qui portent les arcades.
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+ Les arcades du niveau supérieur, du côté regardant vers le vaisseau central, ont conservé leur riche décor de marqueteries de marbre (opus sectile) et leurs mosaïques à rinceaux de vigne en dessous.
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+ Nombre d'objets précieux ou miraculeux, reliques, icônes vinrent enrichir progressivement le fabuleux trésor de la basilique.
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+ Au cours des siècles, l'église fut décorée de riches mosaïques. La totalité des voûtes et coupoles, et certains murs, étaient couverts de mosaïques à fond d'or. Elles figuraient la Vierge Marie, Jésus, les saints, des anges, ou bien des empereurs et impératrices, ou encore de motifs végétaux et géométriques dans un style purement décoratif.
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+ La crise iconoclaste dans les années 726 à 843, a vu la destruction de la quasi totalité des mosaïques de la période primitive dans les églises de Constantinople, dont Sainte-Sophie, ce sont surtout les mosaïques figuratives qui étaient les plus visées. Il est de nos jours très difficile d'imaginer la richesse décorative et picturale inouïe qu'elles pouvaient représenter. Pour observer des ensembles de mosaïques byzantines de la période primitive, il faut de nos jours se reporter dans les églises de la ville de Ravenne, comme à la basilique Saint-Vital, même si les mosaïques de Sainte-Sophie devaient être un peu différentes. Les mosaïques détruites ont été peu à peu remplacées par d'autres, mais le style évolua fortement au fil des siècles et ne retrouva pas la richesse ornementale des premiers temps.
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+ Après la période iconoclaste, une quantité de mosaïques et autres décors figuratifs furent ajoutés dans la seconde moitié du IXe siècle, notamment une célèbre image du Christ dans la coupole centrale, d'autres de saints orthodoxes, de prophètes, de pères de l'Église et de figures historiques liées à l'Église orthodoxe, comme le patriarche Ignace de Constantinople ou encore des scènes de l'Évangile dans les galeries. Les plus anciennes mosaïques figuratives aujourd'hui visibles dans la basilique sont celles de l'abside (celle qui abritait l'autel), représentant la vierge à l'enfant (la Théotokos) sur la demi-coupole, et les archanges Gabriel et Michel sur l'arche de la bêma[40].
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+ En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés latins pillèrent les grands édifices byzantins de la ville, y compris Sainte-Sophie.
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+ À la suite de la conversion du bâtiment en mosquée, en 1453, bon nombre des mosaïques furent recouvertes de plâtre, en raison de l'interdiction dans islam de représenter des scènes figuratives. Ce processus ne fut pas accompli d'un seul coup, et des rapports existent depuis le XVIIe siècle dans lesquels des voyageurs déclarent avoir vu des images chrétiennes dans l'ancienne basilique.
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+ En 1847-1849, le bâtiment fut restauré par deux frères suisses, Gaspare et Giuseppe Fossati, qui obtinrent du sultan Abdülmecid la permission de relever toutes les mosaïques qu'ils seraient amenés à découvrir au cours des travaux. Toutefois, il n'était pas prévu de les restaurer, et même, les Fossati durent masquer à la peinture certaines figures qu'ils venaient de relever en détail : c'est le cas des visages de deux mosaïques de séraphins découvertes au cours des travaux sur les pendentifs, au centre de l'édifice. Les deux autres figures de séraphins symétriques des pendentifs n'ont pas été retrouvées par les Fossati, qui les ont entièrement recréées. Dans d'autres cas, les Fossati se sont efforcés de combler à la peinture les parties de mosaïques endommagées, au point de parfois les redessiner complètement.
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+ Les archives des Fossati (conservées aux archives cantonales de Bellinzona en Suisse)[41] sont parfois les uniques sources de mosaïques aujourd'hui disparues, recouvertes de plâtre ou peut-être détruites par le violent tremblement de terre de 1894. Parmi celles-ci figuraient une grande mosaïque du Christ pantocrator sur le dôme, une mosaïque au-dessus d'une « porte des Pauvres » non identifiée, une grande image d'une croix incrustée de pierres précieuses et un grand nombre d'images d'anges, de saints, de patriarches, et de pères de l'Église. La plupart des images manquantes se trouvaient sur les deux tympans.
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+ Les mosaïques de la Porte impériale ornent le tympan qui surmonte la porte réservée à l'empereur.
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+ D'après leur style, on peut les dater de la fin du IXe siècle ou du début du Xe siècle. L'empereur représenté avec un halo (ou nimbe) pourrait être Léon VI le Sage ou son fils Constantin VII Porphyrogénète : il s'incline devant le Christ pantocrator, assis sur un trône incrusté de pierres précieuses et donnant sa bénédiction, la main gauche sur un livre ouvert[42]. On peut lire sur le livre : « EIPHNH YMIN. EΓΩ EIMI TO ΦΩC TOY KOCMOY ». « La paix soit avec vous. Je suis la Lumière du monde. » (Jean 20:19; 20:26; 8:12). Les deux médaillons, de chaque côté des épaules du Christ, figurent, à sa gauche, l'archange Gabriel, tenant une houlette, et à sa droite, sa mère, Marie. L'ensemble forme ainsi la scène de l'Annonciation. Cette mosaïque exprime le pouvoir temporel conféré par le Christ aux empereurs byzantins.
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+ Les mosaïques du tympan de l'entrée sud-ouest datent de 944. Elles furent redécouvertes lors des restaurations de Fossati, en 1849. La Vierge Marie est assise sur un trône sans dossier décoré de pierres précieuses. L'Enfant Jésus est assis sur ses genoux, donnant sa bénédiction et tenant un rouleau dans sa main gauche. À droite se tient l'empereur Constantin, en costume de cérémonie, présentant à Marie un modèle de la ville. L'inscription à son côté dit : « KΩNCTANTINOC O EN AΓIOIC MEΓAC BACIΛEYC », « Constantin, le grand basileus (roi) parmi les saints ». À gauche se tient l'empereur Justinien, offrant Sainte-Sophie avec, au-dessus de lui, l'inscription : « IOYCTINIANOC O AOIΔIMOC BACIΛEYC », « Justinien, le basileus (roi) digne d'être chanté ». Les médaillons, des deux côtés de la tête de la Vierge, portent les monogrammes « MP » et « ΘY », abréviation de « MHTHP ΘEOY », « Mère de Dieu ».
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+ La mosaïque de la Théotokos (la Vierge à l'Enfant) est la première mosaïque de la période post-iconoclaste. Elle a été inaugurée le 29 mars 867 par le patriarche Photius et les empereurs Michel III et Basile Ier. Cette mosaïque est située très en hauteur, dans la demi-coupole de l'abside. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ses pieds reposent sur un piédestal. Tant le socle que le trône sont ornés de pierres précieuses. Ces mosaïques sont considérées comme une reconstruction des mosaïques du VIe siècle qui furent détruites au cours de la période iconoclaste. Les figures des mosaïques sont disposées sur le fond d'or original du VIe siècle. Les portraits des archanges Gabriel et Michel (en grande partie détruits), sur le bêma de l'arche, datent également du IXe siècle.
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+ La mosaïque de l'empereur Alexandre est assez difficile à trouver, cachée dans un coin très sombre du plafond du deuxième étage. Elle représente l'empereur Alexandre III (« AΛEΞANΔPOC »), dans son manteau impérial, tenant un rouleau dans sa main droite et un orbe (ou globus cruciger) dans la gauche. Un dessin de Fossati montre que la mosaïque a survécu jusqu'en 1849, et on pensait qu'elle avait été détruite dans le tremblement de terre de 1894. Elle fut redécouverte en 1958, sous une simple couche de peinture[43].
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+ Cette mosaïque de la galerie sud date du XIe siècle. Le Christ pantocrator, vêtu d'une robe bleu foncé (comme c'est l'usage dans l'art byzantin), est assis au milieu, sur fond d'or, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. De chaque côté de son visage sont disposés les monogrammes « IC » et « XC », pour « IHCOYC XPICTOC » (Iēsous Khristos). Il est flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l'impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. L'empereur présente une bourse qui rappelle le don qu'il a fait à l'église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation, portant ces mots : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω ΠICTOC BACIΛEYC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu ». L'inscription du côté de l'empereur dit : « KΩNCTANTINOC EN X(PICT)Ω TΩ Θ(Ε)Ω AYTOKPATΩP ΠICTOC BACIΛEYC PΩMAIΩN O MONOMAXOC » « Constantin, pieux empereur dans le Christ Dieu, roi des Romains, Monomaque ». L'inscription de l'impératrice se lit comme suit : « ZΩH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Zoé, la très pieuse Auguste ». Ni le visage, ni le nom de l'empereur ne sont ceux d'origine. Il est possible que la mosaïque ait d'abord représenté le premier mari de Zoé, Romain III Argyre, ou son fils adoptif, Michel IV le Paphlagonien.
162
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+ La mosaïque des Comnène est située, elle aussi, sur le mur oriental du côté sud de la galerie. Elle a été exécutée après 1122. La Vierge Marie (« MP ΘY ») est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l'art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l'empereur Jean II Comnène (« IΩ(ANNHC) EN X(PICT)Ω TΩ Θ(E)Ω ΠICTOC BACIΛEYC ΠOPΦYPOΓENHTOC, AYTOKPATΩP PΩMAI(ΩN) O KOMNHNOC » « Jean, pieux empereur dans le Christ Dieu, Porphyrogénète, roi des Romains, Comnène ») est représenté dans un costume brodé de pierreries.
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165
+ Il tient à la main une bourse, symbole d'une donation impériale à l'église. L'impératrice Irène de Hongrie (« EIPHNH H EYCEBECTATH AYΓOYCTA » « Irène, la très pieuse Auguste ») se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le coempereur Alexis Comnène (« AΛEΞIOC EN X(PICT)Ω ΠI(CTOC) BACIΛEYC PΩMAI(ΩN) » « Alexis, dans le Christ, pieux empereur des Romains ») est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose. On peut comparer ce groupe avec la mosaïque de l'impératrice Zoé, qui lui est antérieure d'un siècle, et voir l'évolution : l'expression des portraits se trouve maintenant plus réaliste, autrement dit, moins idéalisée. L'impératrice a des cheveux blonds tressés, des joues roses et des yeux gris, propres à montrer ses origines hongroises. L'empereur est représenté dans la dignité.
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+ La mosaïque de la déisis (grec Δέησις : « supplication ») date probablement de 1261. C'est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef-d'œuvre pour la douceur des traits et de l'expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l'art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens de la fin des XIIIe – XIVe siècles, comme Duccio. La Vierge Marie (« MP ΘΥ ») et saint Jean le Baptiste (« O AΓIOC IΩ. O ΠPOΔPOMOC » : saint Jean Prodromos), tous deux de trois-quarts, implorent l'intercession du Christ pantocrator (« IC XC ») pour les péchés de l'humanité lors du Jour du jugement. La partie inférieure de la mosaïque est très détériorée, probablement à cause de la pluie venant de la fenêtre voisine.
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+ Les mosaïques du tympan nord, situées très en hauteur, figurent quelques saints personnages, parmi lesquels on reconnaît saint Jean Chrysostome (« IΩANNHC O XPYCOCTOMOC ») et le patriarche Ignace de Constantinople, dit le Jeune (« IΓNATIOC O NEOC ») debout, vêtus de robes blanches brodées de croix et tenant des bibles richement ornées. Les autres ont disparu, probablement lors du tremblement de terre de 1894.
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+ Mosaïque du tympan nord : saint Jean Chrysostome.
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+ Mosaïques du tympan nord, selon le relevé de Fossati.
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+ Mosaïque du tympan nord : le patriarche Ignace de Constantinople.
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+ Datation des mosaïques entre parenthèse.
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+ L'empereur Constantin IX (détail, vers 1020)
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+ La Vierge à l'Enfant, entre l'empereur Jean II Comnène et l'impératrice Irène (vers 1118)
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+ Mosaïques à motifs géométriques, galerie supérieure.
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185
+ L'impératrice Irène (vers 1118)
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+ L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville de Constantinople en 330 (vers 1000, entrée sud-ouest)
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+ Portrait du coempereur Alexis Comnène, fils de Jean II Comnène et d'Irène (vers 1122)
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191
+ Christ pantocrator et l'empereur Léon VI (886-912) (fin du IXe siècle)
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193
+ Christ pantocrator.
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195
+ Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople, (IXe siècle)
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+
197
+ Jean le Baptiste (XIIe siècle)
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199
+ Petite photo montrant les caractéristiques ottomanes sur la façade qui ont été enlevées plus tard (1880).
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201
+ Vue depuis le square Sultanahmet.
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+ Vue de l'abside par Sinan.
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+ Vue de nuit.
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+ Allah (الله, à droite)Mahomet (محمّد, à gauche)
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+ Abu Bakr (أبو بكر)
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+ Omar (عمر)
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+ Othman (عثمان)
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
+
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+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
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+
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+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
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21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
+
23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
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+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
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+
27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
30
+
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+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
+
37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
+
39
+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
40
+
41
+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
42
+
43
+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
44
+
45
+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
46
+
47
+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
48
+
49
+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
50
+
51
+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
52
+
53
+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
54
+
55
+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
56
+
57
+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
58
+
59
+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
60
+
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
64
+
65
+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
66
+
67
+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
68
+
69
+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
70
+
71
+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
72
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73
+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
74
+
75
+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
76
+
77
+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
78
+
79
+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
80
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81
+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
82
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83
+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
84
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85
+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
86
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87
+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
88
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89
+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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91
+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
100
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101
+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
104
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105
+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
106
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107
+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
108
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
126
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127
+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
128
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129
+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
130
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131
+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
132
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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135
+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
160
+
161
+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
162
+
163
+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
164
+
165
+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
166
+
167
+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
168
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
170
+
171
+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
172
+
173
+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
174
+
175
+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
176
+
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
178
+
179
+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
180
+
181
+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
182
+
183
+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
184
+
185
+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
186
+
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
188
+
189
+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
190
+
191
+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
192
+
193
+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
194
+
195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
207
+
208
+
209
+
210
+
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+ (
212
+
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+
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+
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+
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+ 8
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+ 9
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+
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+
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+
221
+ D
222
+
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+ )
224
+
225
+
226
+ 2
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+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
244
+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
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+
261
+
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+
263
+ π
264
+
265
+ r
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+
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+ 2
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+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
288
+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
289
+
290
+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
291
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1667.html.txt ADDED
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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13
+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
+
15
+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
18
+
19
+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
20
+
21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
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23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
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+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
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+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
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+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
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+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
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+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
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35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
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+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
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+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
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+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
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+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
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+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
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+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
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+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
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+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
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+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
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+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
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+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
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+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
72
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73
+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
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+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
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+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
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+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
80
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81
+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
82
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+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
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+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
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+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
88
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89
+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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91
+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
94
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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97
+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
98
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99
+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
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+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
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+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
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+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
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+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
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+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
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+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
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+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
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+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
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+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
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+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
174
+
175
+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
176
+
177
+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
178
+
179
+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
180
+
181
+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
182
+
183
+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
184
+
185
+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
186
+
187
+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
188
+
189
+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
190
+
191
+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
192
+
193
+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
194
+
195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
207
+
208
+
209
+
210
+
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+ (
212
+
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+
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+
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+
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+ 8
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+ 9
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+
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+
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+
221
+ D
222
+
223
+ )
224
+
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
244
+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
260
+
261
+
262
+
263
+ π
264
+
265
+ r
266
+
267
+ 2
268
+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
288
+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
289
+
290
+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
291
+
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ ~ -3150 – -30
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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13
+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
+
15
+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
18
+
19
+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
20
+
21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
+
23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
24
+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
26
+
27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
30
+
31
+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
+
37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
+
39
+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
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+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
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+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
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+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
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+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
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+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
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+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
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+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
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+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
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+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
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+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
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+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
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+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
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+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
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+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
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+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
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+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
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+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
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+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
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+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
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+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
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+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
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+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
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+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
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+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
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+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
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+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
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+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
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+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
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+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
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+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
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+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
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+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
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+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
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+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
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+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
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+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
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+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
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+
195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
207
+
208
+
209
+
210
+
211
+ (
212
+
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+
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+
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+
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+ 8
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+ 9
218
+
219
+
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+
221
+ D
222
+
223
+ )
224
+
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
244
+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
260
+
261
+
262
+
263
+ π
264
+
265
+ r
266
+
267
+ 2
268
+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
288
+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
289
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290
+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ ~ -3150 – -30
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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+
13
+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
+
15
+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
18
+
19
+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
20
+
21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
+
23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
24
+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
26
+
27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
30
+
31
+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
+
37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
+
39
+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
40
+
41
+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
42
+
43
+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
44
+
45
+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
46
+
47
+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
48
+
49
+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
50
+
51
+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
52
+
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
54
+
55
+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
56
+
57
+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
58
+
59
+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
60
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61
+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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63
+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
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+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
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73
+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
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+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
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+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
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+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
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+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
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+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
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+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
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+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
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+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
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+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
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+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
126
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+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
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+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
130
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+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
136
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137
+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
160
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+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
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+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
164
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+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
166
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+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
172
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+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
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+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
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+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
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+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
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+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
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+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
188
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+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
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+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
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+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
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+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
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197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
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+
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+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
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201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
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+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
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+
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+
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+
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+
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+ D
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+ )
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+
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+
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+ 2
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+
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+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
234
+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
244
+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
260
+
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+
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+
263
+ π
264
+
265
+ r
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+
267
+ 2
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+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
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286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
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288
+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
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+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Alphabet phénicien
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+   Alphabet grec
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+ L'alphabet grec est un alphabet bicaméral de vingt-quatre lettres, principalement utilisé pour écrire la langue grecque depuis la fin du IXe ou le début du VIIIe siècle av. J.-C. C'est le premier et le plus ancien alphabet, dans l'acception la plus réduite de ce mot, car il note chaque voyelle et consonne avec un graphème séparé[1]. Aujourd'hui encore, le grec moderne utilise cet alphabet. Par le passé, les lettres ont servi également pour la numération grecque, depuis le IIe siècle av. J.-C., mais les chiffres arabes tendent à les remplacer en Grèce. D'abord uniquement écrit en capitales, l'alphabet grec s'est progressivement doté de minuscules et de diacritiques.
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+ L'alphabet grec descend de l'alphabet phénicien. Il n'a aucun lien avec le linéaire B ou le syllabaire chypriote, utilisés avant lui pour écrire ce qui était alors le grec. Cet alphabet en a engendré de nombreux autres en Europe et au Moyen-Orient, et notamment l'alphabet latin[1], via l'alphabet étrusque. En plus de servir à l'écriture du grec moderne, les lettres de l'alphabet grec sont utilisées comme symboles en sciences, noms de particules en physique, noms d'étoiles, noms de fraternités et sororités, noms de cyclones surnuméraires, etc.
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+ L'alphabet grec a émergé des siècles après la chute de la civilisation mycénienne (XVIe au XIIe siècle av. J.-C.), et l'abandon subséquent du linéaire B, son écriture. Le linéaire B descend du linéaire A, qui a été développé par la civilisation minoenne (XVIIIe au XIIIe siècle av. J.-C.) dont la langue n'avait probablement pas de relation avec le grec. Le syllabaire minoen a donc dû être modifié pour pouvoir transcrire correctement les sons de la langue proto-grecque. L'alphabet grec qui est connu maintenant apparaît après les « siècles obscurs » (XIIe au VIIIe siècle av. J.-C.), la période entre la chute des Mycéniens et le début de la civilisation grecque proprement dite (-776). Le plus important changement qu'apporte ce nouvel alphabet par rapport à l'ancien système vient du fait qu'il adapte l'alphabet phénicien : il introduit l'écriture des voyelles, sans lesquelles le grec serait illisible[1].
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+ Les voyelles n'étaient pas transcrites à l'origine dans les alphabets sémitiques : dans les premières familles d'écriture sémitiques occidentales (phénicien, hébreu, moabite, etc.), un graphème représente toujours une consonne, en association avec une voyelle non-spécifiée ou aucune voyelle : les langues sémitiques fonctionnent principalement avec des racines de trois consonnes, les voyelles se déduisent sans difficulté du contexte. Le grec, en revanche, est une langue indo-européenne et donc, les voyelles peuvent permettre de différencier deux mots.
13
+
14
+ L'alphabet grec a donc adapté l'alphabet phénicien et divisé ses lettres en deux catégories, les consonnes et les voyelles, et les consonnes doivent toujours être accompagnées d'une voyelle pour rendre possible de prononcer une syllabe.
15
+
16
+ Les voyelles d'origine sont « Α » (alpha), « Ε » (epsilon), « Ι » (iota), « Ο » (omicron) et « Υ » (upsilon), qui sont des adaptations des consonnes sémitiques, superflues en grec :
17
+
18
+ Dans les dialectes grecs du groupe oriental, qui n'utilisent pas l'aspiration, la lettre « Η » (êta), empruntée à la consonne sémitique « ח » (het), a été utilisée pour noter la voyelle longue [ɛ] ; plus tard, la lettre « Ω » (oméga) a été introduite pour le son [ɔ].
19
+
20
+ Le grec a également introduit trois nouvelles consonnes : « Φ » (phi), « Χ » (chi) et « Ψ » (psi), ajoutées à la fin de l'alphabet à mesure de leur développement. Ces consonnes ont compensé l'absence d'une aspiration comparable en phénicien. Dans le groupe occidental, le chi a été utilisé pour le son [ks][N 1], et le psi pour le son [kʰ]. L'origine de ces lettres est discutée.
21
+
22
+ La lettre san (Ϻ) a été utilisée en concurrence avec le sigma pour le son [s], et à l'époque classique le sigma a été préféré au san, qui a disparu. Le digamma (Ϝ), appelé à l'origine ϝαῦ / waũ, et le koppa (Ϙ) ont été également abandonnés par la suite. Le digamma en effet ne servait que pour les dialectes du groupe occidental, et le koppa n'avait pas une grande utilité. Ces caractères ont toutefois survécu en numération ionienne, chaque lettre correspondant à une valeur numérique. De la même manière, le sampi (Ϡ), qui est apparemment un glyphe rare d'Ionie, a été introduit dans la numération, avec pour valeur 900.
23
+
24
+ Au départ, il existe plusieurs variantes de « l'alphabet grec », les plus importantes étant l'alphabet grec occidental et l'alphabet oriental ionien. Ce dernier finira par s'imposer. L'alphabet occidental a donné naissance à l'ancien alphabet italique et donc à l'alphabet latin alors que l'oriental a donné l'alphabet grec actuel. Athènes a utilisé d'abord un alphabet attique dans ses documents officiels, qui comporte toutes les lettres d'alpha à upsilon, et qui utilise l'êta pour marquer l'aspiration plutôt que pour donner le [ɛ]. En 403, Athènes a adopté l'alphabet ionien, et peu après les différentes variantes ont disparu.
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26
+ À l'époque, le grec est écrit de gauche à droite, mais, à l'origine, il a été écrit de droite à gauche[N 2] ou même dans les deux sens alternativement, ce que l'on appelle un « boustrophédon » en français, avec une alternance de direction à chaque nouvelle ligne.
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+
28
+ Dans la période hellénistique, Aristophane de Byzance a commencé à accentuer les lettres grecques, pour en faciliter la prononciation. Durant le Moyen Âge, l'écriture de l'alphabet grec connaît des changements analogues à ceux qui affectent l'alphabet latin à la même époque : les anciens dessins sont conservés comme écriture monumentale, et l'onciale et la minuscule finissent par s'imposer. La lettre sigma (σ) est écrite « ς » à la fin des mots, de la même manière que l'alphabet latin utilise le « S long » (dessiné « ſ ») en début ou milieu de mot, et un S final (dessiné « s ») en fin de mot.
29
+
30
+ Chaque lettre de l'alphabet phénicien est nommée par un mot débutant par le son représenté par cette lettre. Ainsi, ʾaleph, qui signifie « taureau », donne son nom à la première lettre de l'alphabet, « 𐤀 », bet (« maison »), qui commence par 𐤁, donne son nom à cette lettre, et ainsi de suite. Les Grecs, en adoptant ces lettres, ont maintenu le nom phénicien des lettres, ou l'ont un peu modifié : ʾaleph est devenu álpha, bet, bễta, gimel, gámma, etc. Ces noms empruntés n'ont aucun sens en grec. En revanche, certains signes ajoutés ou modifiés par les Grecs ont un nom qui a du sens : ò mikrón veut dire « petit O », et ỗ méga veut dire « grand O ». De la même manière, è psilón veut dire « e pincé ».
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+
32
+ Ci-dessous se trouve un tableau donnant une liste des principales lettres grecques, augmentée de leur romanisation, des lettres phéniciennes dont les grecques sont dérivées. La transcription phonétique utilise l'alphabet phonétique international. La prononciation indiquée pour le grec ancien est une prononciation restituée, dite « érasmienne »[N 3]. Elle est partiellement fautive, et son usage est surtout scolaire. Elle s'efforce d'indiquer la prononciation de la lettre en attique à la fin du Ve et au début du IVe siècle av. J.-C..
33
+
34
+ Certaines lettres possèdent plusieurs graphies, la plupart héritées de l'écriture minuscule du Moyen Âge. Si leur utilisation est une question de goût, certaines de ces variantes ont toutefois reçu un codage séparé dans la norme Unicode.
35
+
36
+ À l'instar de ce qui s'est produit avec les caractères latins, une nouvelle écriture manuscrite a fait son apparition à côté des caractères imprimés. Certaines lettres y revêtent une forme sensiblement différente de la minuscule médiévale et donc de l'écriture typographique.
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+
38
+ Les lettres suivantes ne font pas partie de l'alphabet grec standard. Toutefois, elles ont été utilisées durant l'époque archaïque ou dans certains dialectes grecs. Une partie de ces lettres a survécu dans la numération grecque.
39
+
40
+ Le sampi a noté une consonne affriquée géminée, qui a ensuite évolué vers un double sigma (-σσ-), dont le son est [sː] dans la plupart des dialectes, et, en attique, [tː] (-ττ-). Sa valeur exacte est âprement discutée (on propose parfois [ts]). Son nom moderne vient probablement du grec σαν πι / san pi, « comme pi », à cause de sa ressemblance graphique avec la lettre pi (π). L'ordre des lettres entre Α et Τ suit celui de l'alphabet phénicien.
41
+
42
+ Le digamma a disparu de l'alphabet grec parce que le son qu'il notait, une consonne spirante labio-vélaire voisée ([w]), a disparu en ionien et dans la plupart des autres dialectes. Il est toutefois resté en usage pour le nombre six en numération grecque jusqu'à ce qu’au Moyen Âge le stigma (ϛ) le remplace dans cet usage.
43
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44
+ Les lettres additionnelles ont été utilisées par les chrétiens orthodoxes albanais au XIXe siècle et par les Bactriens au Ier et IIIe siècles.
45
+
46
+ Des ligatures se rencontrent déjà à date ancienne dans les inscriptions, joignant les lignes verticales de deux lettres successives (comme Η et Ν), afin de gagner de la place et de réduire le temps nécessaire à la gravure. D'autres, comme la ligature d'un omicron et d'un upsilon, Ȣ, ou l'abréviation en ϗ du mot καὶ (« et »), sont présentes dans les manuscrits médiévaux et continuent parfois à être utilisées dans les premiers textes imprimés, mais leur usage décroît aux XVIIe et XVIIIe siècles avant de devenir obsolète dans la typographie moderne.
47
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48
+ Dans la typographie polytonique utilisée traditionnellement pour le grec ancien, les voyelles peuvent être accompagnées de diacritiques, qui indiquent l'accentuation et l'aspiration.
49
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50
+ Il existe trois accents en grec ancien :
51
+
52
+ Ils indiquent non l'intensité mais la hauteur de la voix : on parle d'accent de hauteur. Par la suite, l'accent devint simplement d'intensité.
53
+
54
+ À l’initiale, accent et esprit peuvent donc se combiner sur la même voyelle : ἔστιν, ἅπαντας.
55
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56
+ En 1982, le système d'accentuation dit « polytonique » a été simplifié, et remplacé par le système « monotonique », où un seul accent, droit ou aigu suivant les polices, marque la voyelle accentuée (΄) : είναι. La notation des esprits a été également abandonnée à cette date.
57
+
58
+ Un digramme est une paire de lettres utilisées pour écrire un seul son ou une combinaison de sons qui ne correspondent pas à chacune des lettres de la séquence. L'orthographe du grec possède plusieurs digrammes, notamment plusieurs paires de voyelles, autrefois prononcées en diphtongues, qui aujourd'hui sont prononcées comme une seule lettre. Durant la période byzantine, l'usage a été pris d'écrire certains iota qu'on ne prononce pas sous la lettre précédente : ᾳ, ῃ, ῳ ; on parle « d'iota souscrit ».
59
+
60
+ L'alphabet grec a avant tout servi à écrire la langue grecque. Toutefois, d'autres langues au fil des siècles se sont servies de cet alphabet.
61
+
62
+ La plupart des alphabets d'Asie mineure, en utilisation entre 800 et 300 av. J.-C. pour écrire des langues comme le lydien ou le phrygien, sont des alphabets grecs modifiés de manière mineure.[2] Certaines langues paléo-balkaniques, dont le Thrace. Pour les langages voisins, comme l'ancien macédonien, des mots isolés en alphabet grec ont été retrouvés, mais aucun texte continu. Des inscriptions gauloises de Narbonnaise, datant des alentours de 300 av. J.-C., sont écrites en alphabet grec.
63
+
64
+ Le texte hébreu des Hexaples d'Origène a été écrit à l'aide de lettres grecques. Une inscription en vieil ossète, datant du Xe ou du XIIe siècle, trouvée à Arkhyz, utilise des caractères grecs : c'est la plus ancienne inscription connue en ossète.
65
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+ Plusieurs alphabets sont à la base des alphabets grecs auxquels des lettres supplémentaires ont été ajoutées :
67
+
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+ L'alphabet grec a donné naissance à plusieurs autres alphabets[1] :
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+ L'alphabet grec est aussi considéré comme un ancêtre possible de l'alphabet arménien, et il a également influencé l'alphabet géorgien.
71
+
72
+ Les caractères grecs sont souvent utilisés en sciences, tant en mathématiques, en logique, en physique et dans d'autres domaines : le sigma majuscule (
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+
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+
75
+
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+ Σ
77
+
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+
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+ {\displaystyle \Sigma }
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+
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+ ) sert par exemple à indiquer la somme en mathématiques et en physique.
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+
83
+ Pour l'utilisation sur des ordinateurs, plusieurs codages des caractères grecs ont été créés. Les deux principaux actuels sont ISO/CEI 8859-7 et Unicode. Le codage ISO prend uniquement en compte l'orthographe monotonique, alors qu'Unicode gère l'orthographe polytonique et monotonique.
84
+
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+ Le codage d'Unicode gère l'orthographe polytonique, la monotonique, et même plusieurs graphèmes archaïques, surtout trouvés dans l'épigraphie, voire des lettres archaïques. Grâce à l'utilisation de caractères combinés, Unicode peut également rendre les signes philologiques et dialectologiques du grec. Toutefois, le rendu graphique ne supporte pas toujours bien ces caractères combinés ; ainsi, si un alpha avec un macron et un accent aigu peut être représenté avec le codage U+03B1 U+0304 U+0301, cela ne rend pas très bien à l'écran : ᾱ́[N 7].
86
+
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+ Il existe deux principaux blocs de caractères grecs dans Unicode : le premier est « grec et copte » (U+0370 à U+03FF) — il est basé sur ISO/CEI 8859-7, et il est suffisant pour écrire le grec moderne, et certaines lettres archaïques et symboles techniques[N 8] ; le deuxième est le grec étendu, permettant d'écrire les diacritiques polytoniques (U+1F00 à U+1FFF).
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
14
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+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
16
+
17
+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
18
+
19
+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
20
+
21
+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
+
23
+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
24
+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
26
+
27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
30
+
31
+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
+
37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
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+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
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+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
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+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
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+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
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+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
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+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
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+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
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+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
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+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
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+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
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+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
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+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
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+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
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+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
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+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
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+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
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+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
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+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
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+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
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+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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97
+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
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+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
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+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
108
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109
+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
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+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
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+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
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+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
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+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
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+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
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+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
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+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
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+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
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+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
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+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
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+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
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+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
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+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
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+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
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+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
190
+
191
+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
192
+
193
+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
194
+
195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
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+
208
+
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+
210
+
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+ (
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+
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+
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+
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+ 8
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+ 9
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+
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+
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+
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+ D
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+
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+ )
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+
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+
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+ 2
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+
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+
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+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
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+
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+ qui vaut aussi
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+
235
+
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+
237
+
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+ (
239
+
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+
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+
242
+ 256
243
+ 81
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+
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+
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+
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+ )
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+
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+
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+ r
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+
252
+ 2
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+
254
+
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+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
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+
261
+
262
+
263
+ π
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+
265
+ r
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+
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+ 2
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+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
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+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
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+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
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+ En bande dessinée on peut citer :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République arabe d'Égypte
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+ جمهورية مصر العربية
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+ 30° 02′ 40″ nord, 31° 14′ 44″ est
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+ L'Égypte Écouter (en arabe : مصر / miṣr ; en arabe égyptien : مصر / maṣr [masˤɾ]), en forme longue la république arabe d'Égypte (en arabe : جمهورية مصر العربية?) / jumhuriyat misr al arabiya[3], est un pays se trouvant en Afrique du Nord-Est et, pour la péninsule du Sinaï, en Asie de l'Ouest. Située sur la côte sud de la Méditerranée orientale, le bassin Levantin, l'actuelle Égypte occupe l'espace géographique qui fut autrefois celui de l'Égypte antique.
12
+
13
+ Avec près de 105 millions d'habitants en 2020, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. En très forte croissance, sa population a été multipliée par quatre en soixante ans.
14
+
15
+ Sa capitale est Le Caire et sa monnaie la livre égyptienne. La langue officielle du pays est l'arabe, utilisé dans tous les documents et dans l'éducation. Par contre, la langue parlée est l'arabe égyptien (arabe dialectal). Le siwi — tamazight (berbère) de l'ouest du pays — est parlé à Siwa. Le copte n'est utilisé que comme langue liturgique des chrétiens d'Égypte. Le nubien est parlé par les habitants de Haute-Égypte, dans la province d'Assouan, une région communément appelée Nubie.
16
+
17
+ On distingue généralement quatre régions : la Basse-Égypte, la Moyenne-Égypte, la Haute-Égypte et la Nubie.
18
+
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+ L'Égypte multiplie les extrêmes : pays arabe le plus peuplé, 90 % de sa population habite dans une bande de terre fertile qui longe le Nil (24 km dans sa plus grande largeur près du Fayoum, en moyenne 10 km, mais elle peut ne faire qu’une centaine de mètres). Le reste du territoire est désertique.
20
+
21
+ Outre la capitale, Le Caire qui comprend également Gizeh, les grandes villes égyptiennes sont les suivantes :
22
+ Alexandrie, Saqqarah, Assouan, Assiout, Benha, Dahab, El-Arich, El-Mahalla el-Koubra, Hurghada, Mansourah, Marsa Matruh, Louxor, Karnak, Kôm Ombo, Port Safaga, Port-Saïd, Charm el-Cheikh, Suez, Tanta, Zagazig, etc.
23
+
24
+ En 2015, un projet de nouvelle capitale propose de déplacer la capitale politique d'Égypte à l'Est du Caire[4].
25
+
26
+ L’air y est particulièrement sec et salubre, et seul le Nil fait qu’on n’y retrouve pas totalement le climat saharien. En hiver, la température est douce et les gelées nocturnes sont exceptionnelles. Mis à part les mois de janvier, février et mars, parfois assez froids dans le nord, les températures moyennes avoisinent 20 °C sur la côte méditerranéenne (maximales 31 °C) et 28 °C à Assouan (maximales 50 °C). Dans le désert, les températures extrêmes sont de rigueur — incandescent le jour, glacial la nuit.
27
+
28
+ Devenue sensiblement plus humide depuis la construction du haut barrage, la Haute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
29
+
30
+ Le delta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
31
+
32
+ Au printemps, sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brûlant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l'air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d'où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth.
33
+
34
+ En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
35
+
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+ Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs des anciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraichissaient l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
37
+
38
+ C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés cachaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
39
+
40
+ Si l'Égypte est à 94 % désertique, elle n'en abrite pas moins diverses plantes qui se sont adaptées à des conditions particulièrement hostiles : lotus, papyrus, palmiers, tamaris, acacias, jacarandas, poincianas, mangroves, etc.
41
+
42
+ L'Égypte compte environ 430 espèces d'oiseaux et une centaine de mammifères, au nombre desquels les dromadaires[N 1], les ânes et les gazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards, oryx, hyènes, lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces de serpents, des scorpions et quelques crocodiles vivent près d'Assouan.
43
+
44
+ Durant près de trois millénaires, la vallée du Nil vit prospérer une des civilisations les plus brillantes de l'Histoire. L'invention d'une écriture originale sous forme d'idéogrammes syllabiques, les hiéroglyphes, peu de temps après l'apparition du cunéiforme en Mésopotamie vers -3300, contribue à sortir l'espèce humaine de la Préhistoire. L’Égypte des pharaons put ainsi largement s'épanouir pour atteindre son apogée au XIIIe siècle avant notre ère, laissant une œuvre monumentale au patrimoine mondial.
45
+
46
+ Après de nombreuses invasions et occupations diverses (essentiellement Perses, Grecs, Romains et Byzantins), au Ier siècle s'est formée la communauté chrétienne, convertie par saint Marc, les Coptes (déformation arabe du mot grec Aiguptios : Égyptien). Ils sont aujourd'hui plusieurs millions. Le pays passa ensuite sous domination arabe au VIIe siècle, puis ottomane.
47
+
48
+ Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848 apparaît comme un grand réformateur du pays dont il modernise les structures. Il utilise l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Les puissances européennes s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. La Grande-Bretagne envoie sa flotte pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur l'Égypte, bombardant les ports libanais contrôlés par Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1841, Méhémet Ali doit céder le contrôle de la Syrie par le traité de Londres. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques qui provoqua sa désindustrialisation. Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre [...] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons. »[5].
49
+
50
+ Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre de khédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après la révolte nationaliste du colonel Ahmed Urabi, l'Égypte est conquise par l'Empire britannique après une courte guerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de la guerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent les Mahdistes qui se sont emparés du Soudan : leur victoire fait naître un Soudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[6]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle[réf. nécessaire].
51
+
52
+ Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelle ottomane puis britannique, sa culture reste aujourd'hui encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le président Gamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers.
53
+ Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc)[7]
54
+
55
+ Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de 500 millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et des bidonvilles se développent autour de la capitale[8]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, le FMI demande la suppression de toutes les subventions aux produits de base ce qui provoque des émeutes en janvier 1977. Le gouvernement fait intervenir l'armée, générant un nombre de victimes inconnu. Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[9].
56
+
57
+ Après l'assassinat de Sadate (1981), Hosni Moubarak fut Président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Hosni Moubarak poursuivit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier en Haute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[10] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[11].
58
+
59
+ En janvier et février 2011, une série de manifestations d'ampleur inégalée se déroulent à travers le pays et mènent à la démission d'Hosni Moubarak le 11 février. Les nouvelles élections législatives et présidentielle ont été remportées par le Parti de la liberté et de la justice, le bras politique des Frères musulmans.
60
+ Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu, Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci l'ont destitué en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[12]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[13].il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique , et met sous contrôle les médias et la justice[14].
61
+
62
+ Outre ses ouvrages monumentaux tels que le canal de Suez ou le haut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richesses archéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
63
+
64
+ Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république. Depuis 1981, Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence fut pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée la Choura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le président Hosni Moubarak a démissionné de son poste le 11 février 2011 à la suite des protestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchal Al-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014.
65
+
66
+ Les chrétiens, qui représentent environ 15 % de la population, ne sont presque pas représentés dans l'administration ou la politique[réf. souhaitée].
67
+
68
+ Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. Sous Hosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives aux droits de l'Homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[15]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[16]. Sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans la prison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par les ONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[17],[18]. Des centaines d'atteintes à la liberté de la presse sont en outre recensées par l'ONG Egyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[19]. En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Aljazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[20]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïc Sherif Gaber ou le militant des droits de l'homme Wael Abbas en mai 2018[21].
69
+
70
+ L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[22]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[23].
71
+
72
+ Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[24].
73
+
74
+ Présidents de la République d’Égypte :
75
+
76
+ L'Égypte est divisée en vingt-sept gouvernorats :
77
+
78
+ De 2008 à 2011, il existait deux autres gouvernorats :
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+
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+ Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères est Sameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[25]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deux îles stratégiques de la Mer Rouge (Sanafir et Tiran) à l'Arabie saoudite[26]. L'Égypte commence la rétrocession le 11 juin 2017. Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[27]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie Saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[28].
81
+
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+ Les forces armées égyptiennes sont les plus importantes en nombre du continent africain avec plus d'un million de soldats. Elles se composent de l'armée égyptienne, de la marine égyptienne, de l'armée de l'air égyptienne et des Forces de la défense aérienne égyptienne.
83
+
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+ Le pays est en proie à de grandes difficultés économiques, malgré les ressources en pétrole et surtout en gaz naturel. La pauvreté y est croissante. Autrefois essentiellement agraire, l'économie égyptienne tente désormais de se diversifier vers des domaines comme le tourisme ou l'industrie. Les principaux partenaires économiques de l'Égypte étaient en 2004 les États-Unis, l'Union européenne, la Chine, l'Inde, le Pakistan et le Japon. Les principales ressources économiques de l'Égypte sont le pétrole et le gaz naturel, les revenus issus du canal de Suez, le tourisme, les métaux et l'agriculture (surtout le coton). Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010.
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+
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+ Première ressource en devises de l'Égypte et l'un de ses principaux secteurs d'activités, le tourisme qui représentait 11 % du PIB avant 2011 a fortement baissé avec les attentats djihadistes[29]. Le pays dépend également en grande partie de l'aide internationale. Parmi ses points faibles se trouve sa production agricole, il était ainsi deuxième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
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+
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+ Le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer une TVA et à augmenter le prix des billets du métro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[30]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de 3 millions suite à ces réformes.
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+ La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[30], et 38 % en 2018[31]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[31].
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+
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+ Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de 30 millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[24].
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+ Le film documentaire Zelal rends compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
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+
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+ La grande majorité des Égyptiens (environ 95 %[32]) se réclament de l'islam sunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est le sheikh de la mosquée Al-Azhar.
97
+
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+ Les chrétiens, essentiellement coptes, forment la principale minorité religieuse (environ 5 %). Les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute-Égypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l'arrivée de l'islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion prédominante dans le pays, l'un des premiers à avoir embrassé cette nouvelle foi. La majorité des chrétiens en Égypte est de rite copte-orthodoxe, une minorité est copte-catholique (issus d'une scission et d'un rattachement à Rome au XIXe siècle, patriarche actuel Antonios Naguib), quelques dizaines de milliers de coptes-protestants.
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+
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+ Enfin, il existe aussi encore quelques milliers de chrétiens levantins d'origine syrienne et libanaise, de rite grec-catholique, grec-orthodoxe ou maronite, appelés Shawam Masr/Syro-Libanais d'Égypte, ainsi qu'une minorité arménienne (orthodoxe et catholique). Ce sont en fait les restes de communautés levantines qui furent bien plus importantes en nombre. Installées aux XVIIIe et XIXe siècles en Égypte, elles ont joué un rôle économique et culturel important jusqu'à ce que leur nombre décroisse fortement après la révolution de 1952, et en particulier avec la mise en place du régime nassérien et les lois de nationalisation de 1961.
101
+
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+ Les Coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali) et une minorité économiquement puissante[réf. nécessaire]. Leur marginalisation en Égypte a poussé 1,5 million de chrétiens à émigrer aux États-Unis, en Europe et en Australie[33]. En effet, les coptes sont actuellement persécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de graves discriminations au quotidien allant jusqu'à des attentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église Copte d'Alexandrie le 1er janvier 2011, entre autres, qui a fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés. Les chiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions de misère très dures. En effet, depuis le massacre de leurs porcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de la pandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes des islamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie de grippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des Coptes se sont aggravés.
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+
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+ Une petite minorité chiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[34]. Les Chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents à Alexandrie.
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+
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+ Les baha'is égyptiens, dont le nombre est estimé à environ 10 000 personnes, ont obtenu définitivement le 19 mars 2009, après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisser libre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identités et leurs certificats de naissance[35].
107
+
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+ Les différentes communautés juives vivant dans ce pays à toutes les époques ont subi des persécutions plus ou moins importantes au cours du temps (sous Trajan à l'époque romaine) et préférèrent quitter l'Égypte entre 1956 et 1967 (au plus fort des tensions israélo-arabes). La communauté est alors passée de 80 000 personnes dans les années 1940 à quelques dizaines en 2010[36].
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+ Avec plus de 95 millions d'habitants en 2017, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. L'Égypte est également le pays le plus peuplé du monde arabe, du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen. Sa densité théorique est de 95 hab./km2, mais dans la seule vallée du Nil et son delta, avec la zone du canal (53 000 km2, soit 5 % de sa superficie, seule habitable, et largement urbanisée), elle est évaluée à 1 500 hab./km2.
111
+
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+ En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[37]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
113
+
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+ La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[37].
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+ Le 11 février 2020, le pays franchit le cap des 100 millions d'habitants c'est le pays arabe le plus peuplé et c'est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière l'Éthiopie et le Nigeria[38].
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+
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+ La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Le dialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le mot beau se prononce jamīl en Haute-Égypte et gamīl en Basse-Égypte, pour la deuxième le mot coupole se prononce gubba [ˈɡob.ba] en Haute-Égypte et ʔubba [ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
119
+
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+ Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais le français y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[39].
121
+
122
+ Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant le calendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Le ramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
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+
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+ Mosquée du Caire.
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+
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+ Bus décoré.
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+ Vente d'artisanat.
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+ Bijoux.
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+ Darbouka.
133
+
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+ Douceurs égyptiennes.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
137
+
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+ Les Mawlid[40], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'un saint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
139
+
140
+ Le football est le sport le plus populaire du pays. Le Al Ahly Sporting Club est le plus connu du pays et le plus titré du continent, avec huit Ligues des champions à son palmarès. Son grand rival est le Zamalek Sporting Club.
141
+
142
+ L'équipe nationale égyptienne a remporté sept fois la coupe d'Afrique des nations de football (un record), dont trois titres consécutifs, en 2006, 2008 et 2010[41].
143
+
144
+ Le squash, le tennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales de basket et handball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres de champion du monde pour Ramy Ashour et Nour El Sherbini et une domination sans partage au classement individuel.
145
+
146
+ L'Égypte participe aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 de Pyeong-Chang en Corée du Sud.
147
+
148
+ L'Égypte est membre de l'Organisation internationale de la francophonie.
149
+
150
+ De plus, les villes d'Alexandrie, du Caire et de Port-Saïd sont membres de l'Association internationale des maires francophones[réf. nécessaire].
151
+
152
+ Il y a 50 000 francophones réels (un grand nombre travaille dans le tourisme), et quelque 300 000 Égyptiens qui ont des notions de français. L'anglais est beaucoup plus important, et a détrôné le français dès les années 1950[42]. Il y a sans doute quelque deux millions d'Égyptiens anglophones complets, surtout chez les plus jeunes, ainsi qu'un nombre équivalent d'Égyptiens qui ont des notions d'anglais. L'italien est parlé par quelque 20 000 Égyptiens, ainsi que le grec, surtout à Alexandrie et sa région. Dans l'Antiquité, le grec antique cohabitait avec le démotique, la langue des anciens Égyptiens, à Alexandrie.
153
+
154
+ Depuis les campagnes napoléoniennes qui amenèrent, à côté de corps expéditionnaires, de nombreux ingénieurs, historiens, égyptologues, linguistes, juristes et médecins, l'Égypte accueillit une communauté française importante. D'autres communautés étrangères existèrent au même moment, italienne, grecque, israélite, etc. Toutes avaient en commun une « lingua franca » qui était le français. L'élite égyptienne, puis la classe moyenne, envoya ses enfants apprendre le français. Le code napoléonien servit de base aux institutions égyptiennes modernes. Jusqu'en 1956, année de la crise du canal de Suez, la langue française joua un rôle important en Égypte, y compris sous le protectorat britannique.
155
+
156
+ Avec le départ des communautés étrangères d'Égypte, le français ne disparut pas pour autant. Sur le plan international, l'Égypte fut un membre actif au sein de la communauté francophone. C'est l'Égypte qui imposa la langue française dans tous les traités internationaux concernant la crise du Proche-Orient, par l'action du haut-diplomate égyptien, Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, qui fut même Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie[43].
157
+
158
+ Pour favoriser l'ouverture d'un département de littérature francophone, la Bibliothèque nationale de France a de son côté, dans le cadre de ses actions de coopération internationale, effectué le don à la Bibliotheca Alexandrina de 500 000 ouvrages. Il s'agit de doubles d'ouvrages reçus au titre du dépôt légal, parus entre 1966 et 2006 et couvrant tous les domaines de l'édition française[44],[45].
159
+
160
+ La caractéristique essentielle du paysage bilingue égypto-français est sa diversité. Les types d’établissements sont de statuts différents (écoles expérimentales, lycées Al Horreya, écoles d’investissement, écoles confessionnelles).
161
+
162
+ Soixante-douze écoles dites « bilingues » enseignent le français renforcé (LV1) à 45 000 élèves. Les cours sont assurés par environ 2 000 enseignants, dont une cinquantaine de Français.
163
+
164
+ Élément phare d’un autre pan du bilinguisme en Égypte, le lycée français du Caire scolarise, quant à lui, plus de 1 600 élèves, parmi lesquels 47 % sont de nationalité française et 32,5 % de nationalité égyptienne. L'Institut français d'Égypte (antennes du Caire, d'Alexandrie et d'Héliopolis) participe également à l'enseignement du français en Égypte avec quelque 22 salles de classes donnant des cours 7 jours sur 7 rien que pour l'antenne principale du quartier Mounira du Caire.
165
+
166
+ Il faut y ajouter les 10 000 élèves supplémentaires répartis dans les cinq autres établissements cairotes, ainsi que dans le lycée d’Alexandrie, le lycée de Port Saïd, les petites écoles françaises de Charm el-Cheik, Hurghada et les nombreux instituts et écoles à cursus français qui poursuivent le même objectif. Néanmoins, il existe aujourd'hui des collèges privés catholiques, qui assurent un enseignement français, et cela dès la Seconde. Les élèves passent aussi le baccalauréat français tout comme le lycée français du Caire. Les collèges du sacré-cœur de Ghamra, de la mère de Dieu, de la sainte famille ainsi que le collège de la Salle en sont des exemples.
167
+
168
+ Enfin, comme composante non négligeable du paysage francophone éducatif égyptien, on évalue à quelque 1,7 million le nombre d’élèves, encadrés par environ 10 000 enseignants, qui étudient le français en deuxième langue vivante (LV2)[46].
169
+
170
+ En ce qui concerne les écoles privées chrétiennes d'enseignement francophone (dont certaines très anciennes et prestigieuses comme le Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire (CSF) ou bien le Collège Saint-Marc à Alexandrie), elles accueillent aujourd'hui une majorité de jeunes musulmans et en minorité seulement les élites chrétiennes traditionnelles (Coptes mais aussi des Égyptiens chrétiens d'origine syro-libanaise ou arménienne). Un contrat passé avec l'État égyptien assure en théorie un contrôle du contenu pédagogique[47].
171
+
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+ L'Égypte a pour codes :
173
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
177
+
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
179
+
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+ Asie de l’Est
181
+
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
183
+
184
+ Asie de l'Ouest
185
+
186
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
187
+
188
+ Asie du Sud-Est
189
+
190
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
191
+
192
+ Asie du Sud
193
+
194
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
195
+
196
+ Asie du Nord
197
+
198
+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/1672.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,198 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
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+
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+ République arabe d'Égypte
4
+
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+ جمهورية مصر العربية
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+
7
+ 30° 02′ 40″ nord, 31° 14′ 44″ est
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+
9
+ modifier
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+
11
+ L'Égypte Écouter (en arabe : مصر / miṣr ; en arabe égyptien : مصر / maṣr [masˤɾ]), en forme longue la république arabe d'Égypte (en arabe : جمهورية مصر العربية?) / jumhuriyat misr al arabiya[3], est un pays se trouvant en Afrique du Nord-Est et, pour la péninsule du Sinaï, en Asie de l'Ouest. Située sur la côte sud de la Méditerranée orientale, le bassin Levantin, l'actuelle Égypte occupe l'espace géographique qui fut autrefois celui de l'Égypte antique.
12
+
13
+ Avec près de 105 millions d'habitants en 2020, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. En très forte croissance, sa population a été multipliée par quatre en soixante ans.
14
+
15
+ Sa capitale est Le Caire et sa monnaie la livre égyptienne. La langue officielle du pays est l'arabe, utilisé dans tous les documents et dans l'éducation. Par contre, la langue parlée est l'arabe égyptien (arabe dialectal). Le siwi — tamazight (berbère) de l'ouest du pays — est parlé à Siwa. Le copte n'est utilisé que comme langue liturgique des chrétiens d'Égypte. Le nubien est parlé par les habitants de Haute-Égypte, dans la province d'Assouan, une région communément appelée Nubie.
16
+
17
+ On distingue généralement quatre régions : la Basse-Égypte, la Moyenne-Égypte, la Haute-Égypte et la Nubie.
18
+
19
+ L'Égypte multiplie les extrêmes : pays arabe le plus peuplé, 90 % de sa population habite dans une bande de terre fertile qui longe le Nil (24 km dans sa plus grande largeur près du Fayoum, en moyenne 10 km, mais elle peut ne faire qu’une centaine de mètres). Le reste du territoire est désertique.
20
+
21
+ Outre la capitale, Le Caire qui comprend également Gizeh, les grandes villes égyptiennes sont les suivantes :
22
+ Alexandrie, Saqqarah, Assouan, Assiout, Benha, Dahab, El-Arich, El-Mahalla el-Koubra, Hurghada, Mansourah, Marsa Matruh, Louxor, Karnak, Kôm Ombo, Port Safaga, Port-Saïd, Charm el-Cheikh, Suez, Tanta, Zagazig, etc.
23
+
24
+ En 2015, un projet de nouvelle capitale propose de déplacer la capitale politique d'Égypte à l'Est du Caire[4].
25
+
26
+ L’air y est particulièrement sec et salubre, et seul le Nil fait qu’on n’y retrouve pas totalement le climat saharien. En hiver, la température est douce et les gelées nocturnes sont exceptionnelles. Mis à part les mois de janvier, février et mars, parfois assez froids dans le nord, les températures moyennes avoisinent 20 °C sur la côte méditerranéenne (maximales 31 °C) et 28 °C à Assouan (maximales 50 °C). Dans le désert, les températures extrêmes sont de rigueur — incandescent le jour, glacial la nuit.
27
+
28
+ Devenue sensiblement plus humide depuis la construction du haut barrage, la Haute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
29
+
30
+ Le delta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
31
+
32
+ Au printemps, sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brûlant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l'air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d'où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth.
33
+
34
+ En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
35
+
36
+ Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs des anciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraichissaient l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
37
+
38
+ C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés cachaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
39
+
40
+ Si l'Égypte est à 94 % désertique, elle n'en abrite pas moins diverses plantes qui se sont adaptées à des conditions particulièrement hostiles : lotus, papyrus, palmiers, tamaris, acacias, jacarandas, poincianas, mangroves, etc.
41
+
42
+ L'Égypte compte environ 430 espèces d'oiseaux et une centaine de mammifères, au nombre desquels les dromadaires[N 1], les ânes et les gazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards, oryx, hyènes, lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces de serpents, des scorpions et quelques crocodiles vivent près d'Assouan.
43
+
44
+ Durant près de trois millénaires, la vallée du Nil vit prospérer une des civilisations les plus brillantes de l'Histoire. L'invention d'une écriture originale sous forme d'idéogrammes syllabiques, les hiéroglyphes, peu de temps après l'apparition du cunéiforme en Mésopotamie vers -3300, contribue à sortir l'espèce humaine de la Préhistoire. L’Égypte des pharaons put ainsi largement s'épanouir pour atteindre son apogée au XIIIe siècle avant notre ère, laissant une œuvre monumentale au patrimoine mondial.
45
+
46
+ Après de nombreuses invasions et occupations diverses (essentiellement Perses, Grecs, Romains et Byzantins), au Ier siècle s'est formée la communauté chrétienne, convertie par saint Marc, les Coptes (déformation arabe du mot grec Aiguptios : Égyptien). Ils sont aujourd'hui plusieurs millions. Le pays passa ensuite sous domination arabe au VIIe siècle, puis ottomane.
47
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48
+ Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848 apparaît comme un grand réformateur du pays dont il modernise les structures. Il utilise l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Les puissances européennes s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. La Grande-Bretagne envoie sa flotte pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur l'Égypte, bombardant les ports libanais contrôlés par Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1841, Méhémet Ali doit céder le contrôle de la Syrie par le traité de Londres. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques qui provoqua sa désindustrialisation. Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre [...] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons. »[5].
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+ Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre de khédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après la révolte nationaliste du colonel Ahmed Urabi, l'Égypte est conquise par l'Empire britannique après une courte guerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de la guerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent les Mahdistes qui se sont emparés du Soudan : leur victoire fait naître un Soudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[6]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle[réf. nécessaire].
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+ Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelle ottomane puis britannique, sa culture reste aujourd'hui encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le président Gamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers.
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+ Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc)[7]
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+ Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de 500 millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et des bidonvilles se développent autour de la capitale[8]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, le FMI demande la suppression de toutes les subventions aux produits de base ce qui provoque des émeutes en janvier 1977. Le gouvernement fait intervenir l'armée, générant un nombre de victimes inconnu. Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[9].
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+ Après l'assassinat de Sadate (1981), Hosni Moubarak fut Président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Hosni Moubarak poursuivit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier en Haute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[10] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[11].
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+ En janvier et février 2011, une série de manifestations d'ampleur inégalée se déroulent à travers le pays et mènent à la démission d'Hosni Moubarak le 11 février. Les nouvelles élections législatives et présidentielle ont été remportées par le Parti de la liberté et de la justice, le bras politique des Frères musulmans.
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+ Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu, Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci l'ont destitué en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[12]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[13].il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique , et met sous contrôle les médias et la justice[14].
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+ Outre ses ouvrages monumentaux tels que le canal de Suez ou le haut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richesses archéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
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+ Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république. Depuis 1981, Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence fut pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée la Choura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le président Hosni Moubarak a démissionné de son poste le 11 février 2011 à la suite des protestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchal Al-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014.
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+ Les chrétiens, qui représentent environ 15 % de la population, ne sont presque pas représentés dans l'administration ou la politique[réf. souhaitée].
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+ Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. Sous Hosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives aux droits de l'Homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[15]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[16]. Sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans la prison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par les ONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[17],[18]. Des centaines d'atteintes à la liberté de la presse sont en outre recensées par l'ONG Egyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[19]. En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Aljazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[20]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïc Sherif Gaber ou le militant des droits de l'homme Wael Abbas en mai 2018[21].
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+ L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[22]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[23].
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+ Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[24].
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+ Présidents de la République d’Égypte :
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+ L'Égypte est divisée en vingt-sept gouvernorats :
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+ De 2008 à 2011, il existait deux autres gouvernorats :
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+ Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères est Sameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[25]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deux îles stratégiques de la Mer Rouge (Sanafir et Tiran) à l'Arabie saoudite[26]. L'Égypte commence la rétrocession le 11 juin 2017. Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[27]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie Saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[28].
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+ Les forces armées égyptiennes sont les plus importantes en nombre du continent africain avec plus d'un million de soldats. Elles se composent de l'armée égyptienne, de la marine égyptienne, de l'armée de l'air égyptienne et des Forces de la défense aérienne égyptienne.
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+ Le pays est en proie à de grandes difficultés économiques, malgré les ressources en pétrole et surtout en gaz naturel. La pauvreté y est croissante. Autrefois essentiellement agraire, l'économie égyptienne tente désormais de se diversifier vers des domaines comme le tourisme ou l'industrie. Les principaux partenaires économiques de l'Égypte étaient en 2004 les États-Unis, l'Union européenne, la Chine, l'Inde, le Pakistan et le Japon. Les principales ressources économiques de l'Égypte sont le pétrole et le gaz naturel, les revenus issus du canal de Suez, le tourisme, les métaux et l'agriculture (surtout le coton). Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010.
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+ Première ressource en devises de l'Égypte et l'un de ses principaux secteurs d'activités, le tourisme qui représentait 11 % du PIB avant 2011 a fortement baissé avec les attentats djihadistes[29]. Le pays dépend également en grande partie de l'aide internationale. Parmi ses points faibles se trouve sa production agricole, il était ainsi deuxième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
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+ Le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer une TVA et à augmenter le prix des billets du métro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[30]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de 3 millions suite à ces réformes.
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+ La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[30], et 38 % en 2018[31]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[31].
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+ Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de 30 millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[24].
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+ Le film documentaire Zelal rends compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
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+ La grande majorité des Égyptiens (environ 95 %[32]) se réclament de l'islam sunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est le sheikh de la mosquée Al-Azhar.
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+ Les chrétiens, essentiellement coptes, forment la principale minorité religieuse (environ 5 %). Les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute-Égypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l'arrivée de l'islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion prédominante dans le pays, l'un des premiers à avoir embrassé cette nouvelle foi. La majorité des chrétiens en Égypte est de rite copte-orthodoxe, une minorité est copte-catholique (issus d'une scission et d'un rattachement à Rome au XIXe siècle, patriarche actuel Antonios Naguib), quelques dizaines de milliers de coptes-protestants.
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+ Enfin, il existe aussi encore quelques milliers de chrétiens levantins d'origine syrienne et libanaise, de rite grec-catholique, grec-orthodoxe ou maronite, appelés Shawam Masr/Syro-Libanais d'Égypte, ainsi qu'une minorité arménienne (orthodoxe et catholique). Ce sont en fait les restes de communautés levantines qui furent bien plus importantes en nombre. Installées aux XVIIIe et XIXe siècles en Égypte, elles ont joué un rôle économique et culturel important jusqu'à ce que leur nombre décroisse fortement après la révolution de 1952, et en particulier avec la mise en place du régime nassérien et les lois de nationalisation de 1961.
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+ Les Coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali) et une minorité économiquement puissante[réf. nécessaire]. Leur marginalisation en Égypte a poussé 1,5 million de chrétiens à émigrer aux États-Unis, en Europe et en Australie[33]. En effet, les coptes sont actuellement persécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de graves discriminations au quotidien allant jusqu'à des attentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église Copte d'Alexandrie le 1er janvier 2011, entre autres, qui a fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés. Les chiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions de misère très dures. En effet, depuis le massacre de leurs porcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de la pandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes des islamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie de grippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des Coptes se sont aggravés.
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+ Une petite minorité chiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[34]. Les Chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents à Alexandrie.
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+ Les baha'is égyptiens, dont le nombre est estimé à environ 10 000 personnes, ont obtenu définitivement le 19 mars 2009, après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisser libre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identités et leurs certificats de naissance[35].
107
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+ Les différentes communautés juives vivant dans ce pays à toutes les époques ont subi des persécutions plus ou moins importantes au cours du temps (sous Trajan à l'époque romaine) et préférèrent quitter l'Égypte entre 1956 et 1967 (au plus fort des tensions israélo-arabes). La communauté est alors passée de 80 000 personnes dans les années 1940 à quelques dizaines en 2010[36].
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+ Avec plus de 95 millions d'habitants en 2017, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. L'Égypte est également le pays le plus peuplé du monde arabe, du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen. Sa densité théorique est de 95 hab./km2, mais dans la seule vallée du Nil et son delta, avec la zone du canal (53 000 km2, soit 5 % de sa superficie, seule habitable, et largement urbanisée), elle est évaluée à 1 500 hab./km2.
111
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+ En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[37]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
113
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+ La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[37].
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+ Le 11 février 2020, le pays franchit le cap des 100 millions d'habitants c'est le pays arabe le plus peuplé et c'est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière l'Éthiopie et le Nigeria[38].
117
+
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+ La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Le dialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le mot beau se prononce jamīl en Haute-Égypte et gamīl en Basse-Égypte, pour la deuxième le mot coupole se prononce gubba [ˈɡob.ba] en Haute-Égypte et ʔubba [ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
119
+
120
+ Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais le français y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[39].
121
+
122
+ Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant le calendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Le ramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
123
+
124
+ Mosquée du Caire.
125
+
126
+ Bus décoré.
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+ Vente d'artisanat.
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+ Bijoux.
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+ Darbouka.
133
+
134
+ Douceurs égyptiennes.
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+
136
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
137
+
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+ Les Mawlid[40], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'un saint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
139
+
140
+ Le football est le sport le plus populaire du pays. Le Al Ahly Sporting Club est le plus connu du pays et le plus titré du continent, avec huit Ligues des champions à son palmarès. Son grand rival est le Zamalek Sporting Club.
141
+
142
+ L'équipe nationale égyptienne a remporté sept fois la coupe d'Afrique des nations de football (un record), dont trois titres consécutifs, en 2006, 2008 et 2010[41].
143
+
144
+ Le squash, le tennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales de basket et handball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres de champion du monde pour Ramy Ashour et Nour El Sherbini et une domination sans partage au classement individuel.
145
+
146
+ L'Égypte participe aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 de Pyeong-Chang en Corée du Sud.
147
+
148
+ L'Égypte est membre de l'Organisation internationale de la francophonie.
149
+
150
+ De plus, les villes d'Alexandrie, du Caire et de Port-Saïd sont membres de l'Association internationale des maires francophones[réf. nécessaire].
151
+
152
+ Il y a 50 000 francophones réels (un grand nombre travaille dans le tourisme), et quelque 300 000 Égyptiens qui ont des notions de français. L'anglais est beaucoup plus important, et a détrôné le français dès les années 1950[42]. Il y a sans doute quelque deux millions d'Égyptiens anglophones complets, surtout chez les plus jeunes, ainsi qu'un nombre équivalent d'Égyptiens qui ont des notions d'anglais. L'italien est parlé par quelque 20 000 Égyptiens, ainsi que le grec, surtout à Alexandrie et sa région. Dans l'Antiquité, le grec antique cohabitait avec le démotique, la langue des anciens Égyptiens, à Alexandrie.
153
+
154
+ Depuis les campagnes napoléoniennes qui amenèrent, à côté de corps expéditionnaires, de nombreux ingénieurs, historiens, égyptologues, linguistes, juristes et médecins, l'Égypte accueillit une communauté française importante. D'autres communautés étrangères existèrent au même moment, italienne, grecque, israélite, etc. Toutes avaient en commun une « lingua franca » qui était le français. L'élite égyptienne, puis la classe moyenne, envoya ses enfants apprendre le français. Le code napoléonien servit de base aux institutions égyptiennes modernes. Jusqu'en 1956, année de la crise du canal de Suez, la langue française joua un rôle important en Égypte, y compris sous le protectorat britannique.
155
+
156
+ Avec le départ des communautés étrangères d'Égypte, le français ne disparut pas pour autant. Sur le plan international, l'Égypte fut un membre actif au sein de la communauté francophone. C'est l'Égypte qui imposa la langue française dans tous les traités internationaux concernant la crise du Proche-Orient, par l'action du haut-diplomate égyptien, Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, qui fut même Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie[43].
157
+
158
+ Pour favoriser l'ouverture d'un département de littérature francophone, la Bibliothèque nationale de France a de son côté, dans le cadre de ses actions de coopération internationale, effectué le don à la Bibliotheca Alexandrina de 500 000 ouvrages. Il s'agit de doubles d'ouvrages reçus au titre du dépôt légal, parus entre 1966 et 2006 et couvrant tous les domaines de l'édition française[44],[45].
159
+
160
+ La caractéristique essentielle du paysage bilingue égypto-français est sa diversité. Les types d’établissements sont de statuts différents (écoles expérimentales, lycées Al Horreya, écoles d’investissement, écoles confessionnelles).
161
+
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+ Soixante-douze écoles dites « bilingues » enseignent le français renforcé (LV1) à 45 000 élèves. Les cours sont assurés par environ 2 000 enseignants, dont une cinquantaine de Français.
163
+
164
+ Élément phare d’un autre pan du bilinguisme en Égypte, le lycée français du Caire scolarise, quant à lui, plus de 1 600 élèves, parmi lesquels 47 % sont de nationalité française et 32,5 % de nationalité égyptienne. L'Institut français d'Égypte (antennes du Caire, d'Alexandrie et d'Héliopolis) participe également à l'enseignement du français en Égypte avec quelque 22 salles de classes donnant des cours 7 jours sur 7 rien que pour l'antenne principale du quartier Mounira du Caire.
165
+
166
+ Il faut y ajouter les 10 000 élèves supplémentaires répartis dans les cinq autres établissements cairotes, ainsi que dans le lycée d’Alexandrie, le lycée de Port Saïd, les petites écoles françaises de Charm el-Cheik, Hurghada et les nombreux instituts et écoles à cursus français qui poursuivent le même objectif. Néanmoins, il existe aujourd'hui des collèges privés catholiques, qui assurent un enseignement français, et cela dès la Seconde. Les élèves passent aussi le baccalauréat français tout comme le lycée français du Caire. Les collèges du sacré-cœur de Ghamra, de la mère de Dieu, de la sainte famille ainsi que le collège de la Salle en sont des exemples.
167
+
168
+ Enfin, comme composante non négligeable du paysage francophone éducatif égyptien, on évalue à quelque 1,7 million le nombre d’élèves, encadrés par environ 10 000 enseignants, qui étudient le français en deuxième langue vivante (LV2)[46].
169
+
170
+ En ce qui concerne les écoles privées chrétiennes d'enseignement francophone (dont certaines très anciennes et prestigieuses comme le Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire (CSF) ou bien le Collège Saint-Marc à Alexandrie), elles accueillent aujourd'hui une majorité de jeunes musulmans et en minorité seulement les élites chrétiennes traditionnelles (Coptes mais aussi des Égyptiens chrétiens d'origine syro-libanaise ou arménienne). Un contrat passé avec l'État égyptien assure en théorie un contrôle du contenu pédagogique[47].
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+
172
+ L'Égypte a pour codes :
173
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
175
+
176
+ Asie centrale
177
+
178
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
179
+
180
+ Asie de l’Est
181
+
182
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
183
+
184
+ Asie de l'Ouest
185
+
186
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ L'Égypte antique est une ancienne civilisation du nord-est de l'Afrique, concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd'hui l'Égypte.
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+ La civilisation de l'Égypte antique prend forme autour de -3150[1] avec l'unification politique de la Haute-Égypte au sud et de la Basse-Égypte au nord sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires[2]. Son histoire est parsemée d'une série de périodes stables politiquement, entrecoupées de plusieurs périodes intermédiaires, plus troublées. L'Égypte antique atteint son apogée sous le Nouvel Empire puis entre dans une période de lent déclin. Le pays subit les assauts répétés de puissances étrangères dans cette période tardive et le règne des pharaons prend officiellement fin en -30, lorsque l'Empire romain conquiert l'Égypte pour en faire une province[3].
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+
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+ Le succès de la civilisation égyptienne antique découle en partie de sa capacité à s'adapter aux conditions de la vallée du Nil. L'inondation prévisible du fleuve et le contrôle de l'irrigation de la vallée produit des récoltes excédentaires qui alimentent le développement social et culturel du pays. Ce surplus agricole donne à l'administration les moyens de financer l'exploitation minière de la vallée et des régions voisines du désert. Le développement rapide d'un système d'écriture indépendant, l'organisation de constructions collectives et de projets agricoles, les relations commerciales avec les pays voisins et une armée solide permettent à l'Égypte d'affirmer sa domination sur la région. Toutes ces activités sont organisées par une bureaucratie de scribes, de dirigeants religieux et d'administrateurs sous le contrôle du pharaon qui assure l'unité du peuple égyptien dans le cadre d'un système complexe de croyances religieuses[4],[5].
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+ Les nombreuses réalisations des Égyptiens de l'Antiquité comprennent l'extraction minière, l'arpentage et les techniques de construction qui facilitent la construction de pyramides monumentales, de temples et d'obélisques. On compte également à leur crédit le développement des mathématiques, de la médecine, de l'irrigation et de la production agricole, la construction des premiers navires connus, la faïence égyptienne, de nouvelles formes de littérature[6]. Du rassemblement des tribus primitives qui créent le premier royaume pharaonique jusqu'à son absorption au Ier siècle av. J.-C., l'Égypte antique est le théâtre d'évènements majeurs qui influencent assurément la culture et l'imaginaire des peuples lui ayant succédé. Son art et son architecture sont largement copiés et ses antiquités sont disséminées aux quatre coins du monde. Un regain d'intérêt pour la période antique au début de l'époque moderne conduit à de nombreuses investigations scientifiques de la civilisation égyptienne, notamment par des fouilles, et à une meilleure appréciation de son héritage culturel, pour l'Égypte et le monde[7].
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+ Les trois mille ans d'histoire de l'Égypte antique semblent receler autant de changements que de constantes. Les périodes fastes alternent régulièrement avec des périodes d'instabilité plus ou moins prononcées. Au fil du temps, la vie de l'État pharaonique paraît toutefois devenir plus chaotique. Aux cinq siècles de prospérité du Nouvel Empire succèdent sept siècles de troubles. Changements de maîtres et changements de frontières s'enchaînent jusqu'à l'avènement de la Pax Romana.
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+ Pourtant, le caractère le plus remarquable de l'Égypte ancienne est sa prodigieuse continuité. Car au-delà des mutations territoriales et des bouleversements politiques, cette civilisation a perduré pendant plus de trois millénaires, fait unique dans l'Histoire. Depuis leur mise en place aux débuts de l’histoire écrite jusqu'à leur bannissement au triomphe du christianisme, les grands principes de la culture égyptienne se sont maintenus et préservés. Durant cette période, le mode de vie au bord du fleuve Nil a très peu évolué, toujours rythmé par la crue, les impôts et les dieux.
22
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+ Selon l'historien grec Hérodote, « l'Égypte est un don du Nil ». Il avait observé à juste titre que le fleuve est indissociable de l'identité égyptienne antique, car sans lui l'Égypte n’existerait pas. Il était donc tout naturel que les habitants de la « Terre noire » en fassent un dieu important de leur panthéon. D’autant plus important que ce dieu pouvait se montrer capricieux : une mauvaise crue et les récoltes étaient perdues, entraînant la famine. Avant la construction du haut barrage d'Assouan, les paysans ont toujours vécu dans cette crainte.
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+
25
+ Afin de pallier cette éventualité, une administration compétente s’est mise en place dès les origines. Les surplus de grains étaient prélevés par l’impôt et stockés en prévision d’années moins favorables où le besoin se ferait sentir. Une armée de scribes et d’intendants s’occupait scrupuleusement du recouvrement. Ce corps de fonctionnaires a constitué de tous temps le principal pilier du pouvoir royal, le socle de la richesse et de la puissance du pays jusqu’aux débuts de l’industrialisation.
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27
+ Au sommet de la hiérarchie, dirigeant l’ensemble, coordonnant les services, une seule autorité : Pharaon. Le roi tire directement son pouvoir des dieux. Il est à la fois leur descendant et premier serviteur, donc son autorité ne saurait être mise en doute. L’institution pharaonique est surtout le symbole de l’unité nationale et une condition essentielle de la stabilité du pays (donc de son exploitation). Les envahisseurs successifs ne s’y sont pas trompés et ont constamment pris soin de sacrifier à la coutume. En se faisant couronner pharaons ils garantissaient la continuité de l’État tout en gagnant une certaine légitimité auprès du peuple.
28
+
29
+ Car le destin de celui qui exerce la fonction royale est intimement lié à celui de l’Égypte elle-même. Chaque affaiblissement du pouvoir central est potentiellement porteur de crise, alors que chaque fois qu’un homme fort occupe le trône, la paix du royaume est assurée. Ceci pourrait expliquer la facilité avec laquelle les Égyptiens ont accepté des rois étrangers, pourvu qu’ils respectent les traditions ancestrales.
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+
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+ Le système a prouvé sa force plus de temps que nécessaire. Les siècles ont finalement révélé ses limites et ses faiblesses. Sa trop lente évolution et son incapacité à s’adapter à un environnement en mutation l’ont conduit à se faire supplanter et dominer par ses voisins.
32
+
33
+ Dans la période prédynastique, le climat égyptien est beaucoup moins aride qu'il ne l'est aujourd'hui. De vastes régions de l'Égypte sont recouvertes de savane arborée et traversée par des troupeaux d'ongulés. La flore et la faune y sont alors beaucoup plus prolifiques et la région du Nil abrite d'importantes populations de gibiers d'eau. La chasse est une activité commune pour les Égyptiens et c'est aussi à cette période que de nombreux animaux sont domestiqués pour la première fois[8].
34
+
35
+ Vers -5700, de petites tribus vivant dans la vallée du Nil développent leur propre culture identifiable par leurs poteries et des objets personnels, tels que des peignes, des bracelets et des perles et démontrant d'importantes connaissances en agriculture et en élevage. En Haute Égypte, la plus importante de ces cultures primales est la culture de Badari, connue pour ses céramiques de haute qualité, ses outils en pierre et son utilisation du cuivre[9]. Dans le nord de l'Égypte, les cultures Nagada I (amratienne) et Nagada II (gerzienne) succèdent à la culture de Badari[10]. Celles-ci développent un certain nombre d'améliorations technologiques et établissent des contacts avec les peuples de Canaan et de la cité portuaire de Byblos[11].
36
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37
+ Dans le sud de l'Égypte, la culture Nagada, semblable à celle des Badari, commence à s'étendre le long du Nil à partir du quatrième millénaire avant notre ère environ. Dès la période de Nagada I, les Égyptiens prédynastiques importent de l'obsidienne d'Éthiopie pour façonner leurs lames et d'autres objets à partir d'éclats[12],[13]. Sur une période d'environ 1 000 ans, la culture Nagada se développe à partir de quelques petites communautés agricoles jusqu'à devenir une puissante civilisation où les dirigeants ont un contrôle total sur la population et les ressources de la vallée du Nil[14]. Le centre du pouvoir s'établit en premier lieu à Hiérakonpolis, puis plus tard à Abydos, élargissant ainsi son contrôle de l'Égypte vers le nord[15]. Ils établissent de nombreux échanges commerciaux avec la Nubie au sud, les oasis du désert occidental à l'ouest et les cultures de la Méditerranée orientale à l'est[15].
38
+
39
+ La culture Nagada fabrique une gamme très diversifiée de biens matériels, tels que de la céramique peinte, des vases en pierre de grande qualité, des palettes de maquillage, ainsi que des bijoux en or, en lapis-lazuli et en ivoire, reflétant la montée en puissance et la richesse de l'élite[16]. Ils mettent également au point un émail céramique connue sous le nom de faïence qui est utilisé jusque dans l'époque romaine pour décorer des tasses, des amulettes et des figurines. À la fin de la période prédynastique, la culture Nagada commence à utiliser des symboles écrits qui vont évoluer jusqu'à devenir le système hiéroglyphique complet utilisé pour l'écriture pendant l'Égypte antique[17].
40
+
41
+ D'après les écrits du prêtre égyptien Manéthon, datant du IIIe siècle avant notre ère, la lignée des pharaons de l'Égypte antique se divise suivant trente dynasties successives à partir du pharaon Ménès[18]. Le roi Meni (ou Ménès en grec) est supposé avoir procédé à l'unification des deux royaumes de Haute et Basse-Égypte vers -3200 lors d'une bataille de laquelle il sort vainqueur[19]. En réalité, la transition vers un État unifié se déroule certainement de manière plus progressive que ce que les anciens écrivains égyptiens voudraient faire croire, même s'il ne subsiste aucune trace datant de l'époque de Ménès. Néanmoins, certains chercheurs croient maintenant que le mythique Ménès pourrait en réalité être le pharaon Narmer. Celui-ci est représenté en costume de cérémonie royale sur la palette de Narmer dans un acte symbolique d'unification[20],[21]. Il y est représenté avec la couronne blanche de Haute-Égypte (hedjet), une massue dans la main droite et le roi de Basse-Égypte dans l'autre. La scène fait penser à une exécution ou un sacrifice. De l'autre côté de la palette, on peut le voir célébrer sa victoire avec son armée. Il arbore alors la couronne du roi vaincu, le « décheret » (couronne rouge de Basse-Égypte), symbole de sa victoire sur le roi du Nord.
42
+
43
+ Au début de la période thinite, vers -3150, les premiers pharaons dynastiques originaires du sud (Haute-Égypte) consolident leur contrôle sur la Basse-Égypte en établissant leur capitale à Memphis, à partir de laquelle ils peuvent contrôler la main d'œuvre et l'agriculture de la région fertile du delta, ainsi que les routes commerciales vers le Levant qui sont tout autant stratégiques que lucratives. La richesse et le pouvoir grandissant des pharaons au cours de la période thinite se reflètent dans leur mastaba ouvragé et la présence de structures de culte funéraire à Abydos qui servent à célébrer le pharaon divinisé après sa mort[22]. L'institution forte de la royauté développée par les pharaons sert à légitimer le contrôle de l'État sur la terre, le travail et les ressources qui sont indispensables à la survie et à la croissance de la civilisation égyptienne antique[23].
44
+
45
+ D'importantes avancées sont faites en architecture, en art et en technologie au cours de l'Ancien Empire grâce aux gains de productivité agricole gérée par une administration centrale bien développée[24]. Sous la direction du vizir, des fonctionnaires collectent les impôts, coordonnent des projets d'irrigation pour améliorer le rendement des cultures, détachent des paysans sur des projets de construction et établissent un système de justice pour maintenir la paix et l'ordre[25]. Avec l'excédent de ressources mises à disposition par une économie productive et stable, l'État est en mesure de financer la construction de monuments colossaux et de commander des œuvres d'art exceptionnelles aux ateliers royaux. Les pyramides construites par Djéser, Khéops et leurs descendants sont les symboles les plus mémorables de la civilisation égyptienne antique et du pouvoir que détiennent les pharaons.
46
+
47
+ Avec la montée en puissance de l'administration centrale émerge une nouvelle classe composée de scribes instruits et de fonctionnaires à qui le pharaon accorde des propriétés en guise de paiement pour leurs services. Les pharaons accordent également des terres pour leur culte mortuaire et les temples afin de s'assurer que ces institutions disposent de suffisamment de ressources pour assurer le culte du pharaon après sa mort. À la fin de l'Ancien Empire, cinq siècles de ces pratiques féodales ont lentement érodé le pouvoir économique du pharaon qui ne peut plus se permettre de soutenir une vaste administration centralisée[26]. Au fur et à mesure que le pouvoir du pharaon décroit, les gouverneurs régionaux, appelés nomarques, commencent à défier la suprématie du pharaon. Cette situation, combinée avec des sécheresses sévères entre -2200 et -2150 (événement climatique de 4200 BP)[27], cause finalement l'entrée du pays dans une période de 140 ans dominée par la famine et des troubles, connue comme la Première Période intermédiaire[28].
48
+
49
+ Après l'effondrement de l'administration centrale égyptienne à la fin de l'Ancien Empire, l'administration ne peut plus soutenir ou stabiliser l'économie du pays. En temps de crise, les gouverneurs des régions ne peuvent pas compter sur l'aide du roi et les pénuries alimentaires qui en découlent se transforment alors en famines et les différends politiques dégénèrent en petites guerres civiles. Pourtant, en dépit des difficultés, les dirigeants locaux qui ne doivent aucun tribut au pharaon usent de leur indépendance nouvellement acquise pour établir une culture florissante dans les provinces. Comme celles-ci contrôlent leurs propres ressources, les provinces s'enrichissent, comme en témoignent les sépultures plus vastes et de meilleure qualité dans toutes les classes sociales[29]. Dans un élan de créativité, les artisans provinciaux adoptent et adaptent les motifs culturels autrefois réservés à la royauté de l'Ancien Empire. Dans le même temps, les scribes développent des styles littéraires exprimant l'optimisme et l'originalité de l'époque[30].
50
+
51
+ Libérés de leur loyauté envers le pharaon, les dirigeants locaux commencent à rivaliser pour le contrôle du territoire et du pouvoir. En -2160, les dirigeants d'Hérakléopolis contrôlent la Basse-Égypte, tandis qu'un clan rival basé à Thèbes, la famille Antef, prend le contrôle de la Haute-Égypte. À mesure que la puissance des Antef grandit, leur contrôle s'étend de plus en plus vers le nord, jusqu'à ce qu'un affrontement entre les deux dynasties rivales devienne inévitable. Autour de -2055, les forces thébaines sous le règne de Nebhepetrê Montouhotep II défont finalement les dirigeants hérakléopolitains, réunissant à nouveau les deux royaumes et inaugurant ainsi une période de renaissance économique et culturelle appelée le Moyen Empire[31].
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+ Les pharaons du Moyen Empire restaurent la prospérité et la stabilité du pays, stimulant ainsi une résurgence de l'art, de la littérature et des projets de construction monumentale[32]. Montouhotep II et ses successeurs de la XIe dynastie règnent sur Thèbes jusqu'à ce que le vizir Amenemhat déplace la capitale à Licht (oasis du Fayoum) juste après son couronnement autour de -1985[33],[34]. À partir de la ville de Licht, les pharaons de la XIIe dynastie entreprennent un vaste projet de remise en état et d'irrigation des terres pour augmenter la production agricole dans la région. En outre, l'armée reconquiert la Nubie, région riche en carrières et en mines d'or, tandis que les ouvriers construisent une structure défensive dans l'est du delta, appelée les « Murs du Prince », pour se défendre contre une attaque étrangère[35].
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55
+ Avec la stabilisation du pouvoir politique et militaire, et l'opulence générée par l'exploitation des terres agricoles et des mines, la population du pays croît en même temps que les arts et la religion. Contrairement au comportement élitiste de l'Ancien Empire envers les dieux, le Moyen Empire connait une recrudescence de la piété (que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratisation) pour l'au-delà, dans lequel l'âme de tout homme est accueillie après la mort parmi les dieux[36]. De nouveaux sommets de perfection technique sont atteints au Moyen Empire à travers la littérature qui traite de sujets et de personnages sophistiqués avec un style éloquent[30] et la sculpture de reliefs qui saisissent les moindres détails de chaque chose[37].
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+ Le dernier grand souverain du Moyen Empire, Amenemhat III, permet aux colons asiatiques de s'installer dans la région du delta du Nil pour fournir de la main d'œuvre suffisante pour ses campagnes particulièrement ambitieuses. Ses campagnes d'extraction minière et de construction, combinées avec les crues du Nil plus tard dans son règne, mettent à rude épreuve l'économie et précipitent le pays dans un lent déclin lors de la Deuxième Période intermédiaire. Au cours de ce déclin, correspondant aux XIIIe et XIVe dynasties, les colons asiatiques prennent peu à peu le contrôle de la région du delta pour finalement monter sur le trône d'Égypte, sous le nom d'Hyksôs[38].
58
+
59
+ Vers -1650, au fur et à mesure que le pouvoir des pharaons du Moyen Empire s'affaiblit, les immigrants asiatiques vivant dans la ville d'Avaris, dans le delta oriental, prennent le contrôle de la région et contraignent le gouvernement central à se retirer à Thèbes, où le pharaon est traité comme un vassal qui doit rendre hommage[39]. Les Hyksôs (littéralement, les « souverains étrangers ») imitent le modèle de gouvernement égyptien et se désignent eux-mêmes comme des pharaons, intégrant ainsi les éléments égyptiens dans leur culture correspondant au milieu de l'âge du bronze[40].
60
+
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+ Après leur repli, les rois de Thèbes se retrouvent pris au piège entre les Hyksôs au nord et leurs alliés nubiens, les Koushites, au sud. Après une centaine d'années d'inaction, les forces thébaines se rassemblent vers -1555 et contestent le pouvoir des Hyksôs dans un conflit qui s'étend sur plus de trente ans[39]. Les pharaons Séqénenrê Taâ et Kamosé réussissent finalement à vaincre les Nubiens, mais ce n'est que le successeur de Kamosé, Ahmôsis Ier, qui mène avec succès une série de campagnes qui libère définitivement l'Égypte de la présence des Hyksôs. L'armée devient ainsi une priorité pour les pharaons du Nouvel Empire qui suit afin d'assurer l'extension des frontières et sa domination complète sur le Proche-Orient[41].
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+ Les pharaons du Nouvel Empire instaurent une période de prospérité sans précédent en sécurisant leurs frontières et en renforçant les liens diplomatiques avec leurs voisins. Les campagnes militaires menées sous Thoutmôsis Ier et son petit-fils, Thoutmôsis III, étendent l'influence des pharaons en Syrie et en Nubie. Elles renforcent également les loyautés et ouvrent l'accès aux importations essentielles telles que le bronze et le bois[42]. Les pharaons du Nouvel Empire commencent une campagne de grande envergure pour promouvoir le dieu Amon dont le culte est basé à Karnak. Ils construisent également des monuments à la gloire de leurs propres réalisations, tant réelles qu'imaginaires. La pharaonne Hatchepsout utilise ce type de propagande pour légitimer ses prétentions au trône[43]. Son règne a été marqué par le succès de ses expéditions commerciales vers Pount, un temple mortuaire élégant, une paire d'obélisques colossales et une chapelle à Karnak. Cependant, malgré ses réalisations, le neveu et beau-fils d'Hatchepsout, Thoutmôsis III cherche à effacer son héritage vers la fin de son règne, peut-être en guise de représailles pour avoir usurpé son trône[44].
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+
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+ Vers -1355, la stabilité du Nouvel Empire est menacée quand Amenhotep IV monte sur le trône et impulse une série de réformes radicales et chaotiques. Changeant son nom en Akhenaton, il promeut le précédemment obscur dieu soleil, Aton, comme divinité suprême et supprime le culte des autres divinités[45]. Il transfère la capitale à Akhetaton (Tell el-Amarna, de nos jours) et fait la sourde oreille aux affaires étrangères tout absorbé qu'il est par sa nouvelle religion et son style artistique. Après sa mort, le culte d'Aton est rapidement abandonné et les pharaons ultérieurs Toutânkhamon, Aÿ et Horemheb effacent toute référence à l'hérésie d'Akhenaton, maintenant connue comme l'époque amarnienne[46].
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+
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+ Vers -1279, Ramsès II monte sur le trône et continue à construire plus de temples, à ériger de nouvelles statues et obélisques et engendre plus d'enfants que tout autre pharaon dans l'histoire[47]. En chef militaire audacieux, Ramsès II conduit son armée contre les Hittites à la Bataille de Qadesh et, après que les combats atteignent l'impasse, accepte finalement le premier traité de paix enregistré vers -1258[48]. La richesse de l'Égypte en fait cependant une cible de choix pour l'invasion, en particulier par les Libyens et les Peuples de la mer. Au début, l'armée réussit à repousser ces invasions, mais l'Égypte perd finalement le contrôle de la Syrie et de la Palestine. L'impact des menaces extérieures est par ailleurs aggravé par des problèmes internes tels que la corruption, le vol des tombes et les troubles civils. Les grands prêtres du temple d'Amon à Thèbes accumulent de vastes étendues de terres et des richesses qui contribuent à l'accroissement de leur pouvoir durant la Troisième Période intermédiaire[49].
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+
69
+ Après la mort de Ramsès XI en -1078, Smendès prend le contrôle de la partie nord de l'Égypte, à partir de la ville de Tanis. Quant au sud du pays, il est alors contrôlé par les grands prêtres d'Amon à Thèbes, qui ne reconnaissent Smendès que de nom[50]. Pendant ce temps, les Libyens s'installent dans le delta occidental où leurs chefs prennent de plus en plus leur autonomie. Les princes libyens prennent le contrôle du delta sous Sheshonq Ier en -945, fondant ainsi la dynastie soi-disant libyenne ou bubastite qui règne pendant environ 200 ans. Sheshonq reprend également le contrôle du sud de l'Égypte en plaçant des membres de sa famille à des postes clés du clergé. Le pouvoir des bubastites s'amenuise à mesure qu'une dynastie rivale émerge dans le delta à Léontopolis et que les Koushites menacent le sud du pays. Autour de -727, le roi Koushite, Piânkhy, envahit le nord de l'Égypte et prend le contrôle de Thèbes, puis finalement du delta[51].
70
+
71
+ Le prestige de l'Égypte chute considérablement à la fin de la Troisième Période intermédiaire. Ses alliés étrangers tombent en effet sous la sphère d'influence de l'Assyrie et, à partir de -700, la guerre entre les deux États devient inévitable. Entre -671 et -667, les Assyriens entament les hostilités contre l'Égypte. Les règnes de Taharqa et de son successeur, Tanoutamon, sont marqués par le conflit permanent avec les Assyriens, contre lesquels les dirigeants nubiens accumulent plusieurs victoires[52]. Les Assyriens repoussent finalement les Koushites en Nubie, occupent la ville de Memphis et saccagent les temples de Thèbes[53].
72
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73
+ En l'absence de plans de conquête permanente, les Assyriens abandonnent le contrôle de l'Égypte à une série de vassaux, connus sous le nom de rois Saïtes de la XXVIe dynastie. Dès -653, le roi Psammétique Ier arrive à chasser les Assyriens avec l'aide de mercenaires grecs recrutés pour former la première armée navale d'Égypte. L'influence grecque s'accroît considérablement à mesure que la ville de Naucratis devient le foyer des Grecs dans le delta. Les rois Saïtes basés dans la nouvelle capitale de Saïs connaissent une brève mais vive résurgence dans l'économie et la culture, mais en -525, les puissants Perses, dirigés par Cambyse II, commencent leur conquête de l'Égypte et finissent par capturer le pharaon Psammétique III à la bataille de Péluse. Cambyse II prend alors le titre officiel de Pharaon, mais gouverne depuis sa ville natale de Suse en laissant l'Égypte sous le contrôle d'une satrapie. Même si quelques révoltes contre les Perses sont couronnées de succès au Ve siècle, l'Égypte n'est pas en mesure de renverser définitivement les Perses[54].
74
+
75
+ À la suite de son annexion par la Perse, l'Égypte est rejointe par Chypre et la Phénicie dans la sixième satrapie de l'empire perse achéménide. Cette première période de la domination perse sur l'Égypte, aussi connue comme la XXVIIe dynastie, prend fin en -402. De -380 à -343, la XXXe dynastie est la dernière maison royale indigène à régner sur l'Égypte avec Nectanébo II. Une brève restauration de la domination perse, parfois désignée sous le nom de XXXIe dynastie, commence en -343. Après onze ans seulement, en -332, le souverain perse Mazaces remet le trône d'Égypte sans se battre à Alexandre le Grand[55].
76
+
77
+ En -332, Alexandre le Grand conquiert l'Égypte avec peu de résistance de la part des Perses achéménides ; il est accueilli par les Égyptiens comme un « libérateur ». L'administration établie par les successeurs d'Alexandre, les Lagides ou Ptolémées, est basée sur un modèle égyptien dont la nouvelle capitale est Alexandrie. La ville sert à mettre en valeur la puissance et le prestige de la domination grecque et devient un siège d'apprentissage et de culture, autour de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie[56]. Le phare d'Alexandrie éclaire alors le chemin de nombreux bateaux de commerce sur lesquels les Ptolémées basent l'économie du pays, avec notamment l'exportation du papyrus[57].
78
+
79
+ Afin de s'assurer de la loyauté du peuple, les Ptolémées soutiennent les traditions garantissant ainsi que les traditions égyptiennes ne soient pas supplantées par la culture grecque. Ils construisent de nouveaux temples de style égyptien, avec l'appui des cultes traditionnels et se présentent eux-mêmes comme pharaons. Certaines traditions fusionnent comme le syncrétisme du panthéon divin à mi-chemin entre les divinités grecques et égyptiennes (tel que Sarapis) ou les motifs traditionnels égyptiens influencés par la sculpture grecque. Malgré leurs efforts pour apaiser les Égyptiens, les Ptolémées sont contestés par des rébellions de la population indigène, les rivalités familiales et la puissante foule d'Alexandrie qui devient un acteur politique à partir du règne de Ptolémée IV[58]. En outre, à mesure que Rome compte davantage sur ses importations de grain en provenance d'Égypte, les Romains s'intéressent fortement à la situation politique du pays. La poursuite des révoltes égyptiennes, l'ambition exacerbée des politiciens et les puissants opposants séleucides rendent cette situation instable, menant Rome à envoyer des forces pour sécuriser le pays pour en faire une province de son empire[59].
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81
+ En 2019, un temple datant du règne de Ptolémée IV est découvert près du village de Kom Ishqaw, où se situait Per-Ouadjet, ville du dixième nome de Haute-Égypte[60]. Cependant la ville pourrait être plus ancienne, remontant à la IVe dynastie selon les premières mentions relevées dans la ville.
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83
+ L'Égypte devient une province de l'Empire romain en -30, après la défaite de Marc Antoine et de Cléopâtre VII par Octave (le futur empereur Auguste) lors de la bataille d'Actium. Les Romains dépendent alors fortement des expéditions de grain en provenance d'Égypte, et la légion romaine, sous le contrôle d'un préfet nommé par l'Empereur, réprime les révoltes, applique strictement la collecte de lourdes taxes et empêche les attaques de bandits qui devenaient de plus en plus répandues[61]. Alexandrie devient un centre de plus en plus important sur la route commerciale vers l'Orient, au fur et à mesure qu'augmente la demande de Rome pour l'exotisme oriental[62].
84
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85
+ Bien que les Romains aient une attitude plus hostile que les Grecs à l'égard des Égyptiens, certaines traditions comme la momification et le culte des dieux traditionnels se poursuivent[63]. L'art du portrait de momies est florissant et quelques-uns des empereurs romains se font eux-mêmes dépeindre sous les traits de pharaons, mais dans une moindre mesure toutefois que les Ptolémées. L'administration locale adopte le style de l'administration romaine et reste fermée aux Égyptiens indigènes[63].
86
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87
+ Dès le milieu du Ier siècle de notre ère, le christianisme s'enracine à Alexandrie sous la forme d'un culte alternatif accepté. Il s'agit toutefois d'une religion sans compromis qui cherche à gagner des convertis issus du paganisme, menaçant ainsi les traditions religieuses populaires. Cela conduit à la persécution des convertis au christianisme dont le point culminant est atteint avec les grandes purges ordonnées par Dioclétien en 303[64]. En 391, l'empereur chrétien Théodose présente une loi qui interdit les rites païens et ferme les temples[65]. Alexandrie devient le théâtre de grandes émeutes anti-païennes au cours desquelles l'imagerie religieuse publique et privée est détruite[66]. Par conséquent, la culture païenne de l'Égypte décline progressivement. Alors que la population indigène continue à parler sa langue, l'aptitude à lire les hiéroglyphes disparait avec la diminution du rôle des prêtres et prêtresses des temples égyptiens. Les temples sont d'ailleurs parfois transformés en églises ou abandonnés dans le désert[67].
88
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89
+ C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au sud, et la Basse-Égypte au nord (le Nil coule du sud vers le nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
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91
+ Le découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties est hérité du prêtre-historien Manéthon qui vivait dans l'Égypte du IIIe siècle avant notre ère, alors sous domination macédonienne. Les anciens Égyptiens ne faisaient pas cette distinction : pour eux la monarchie était continuelle.
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+ La fin de l'histoire égyptienne antique varie en fonction du point de vue adopté. Elle s'achève :
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+ La géographie de l’Égypte antique, d’un point de vue environnemental, est assez proche de celle de l’Égypte contemporaine. L’Égypte est un pays au climat semi-désertique dont seules les bandes fertiles de part et d’autre du Nil, le delta et quelques oasis, sont propres à l’implantation humaine. Le reste est recouvert par le désert Libyque à l’ouest, le désert égyptien à l’est et le Sinaï au nord-est.
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+ Les frontières traditionnelles de l’Égypte antique sont assez semblables aux frontières de l’Égypte moderne. Ainsi, dans l’Ancien Empire, le pays est délimité au nord par la mer Méditerranée, au sud par la première des cataractes du Nil, à l’ouest par le désert Libyque et à l’est par la mer Rouge, le Sinaï et la région de Gaza.
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+ L'Égypte antique est une monarchie théocratique. Bien plus qu'un roi, le pharaon est à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte. En effet, Pharaon avait une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur Terre, c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité. Pour exercer son contrôle sur les terres et les ressources, le pharaon s'appuie sur une administration composée de fonctionnaires qui gère ses affaires au quotidien. Cette administration est dirigée par son homme de confiance, le vizir, qui agit comme représentant du roi et coordonne l'arpentage des terres, le trésor, les projets de construction, le système juridique et les archives[68].
100
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101
+ Le territoire égyptien est découpé en quarante-deux régions administratives, appelées nomes, qui sont chacune régie par un nomarque, responsable devant le vizir de sa compétence. Les temples constituent l'épine dorsale de l'économie égyptienne. Ainsi, les temples sont non seulement des lieux de culte mais ils sont également responsables de la collecte et du stockage des richesses de la nation dans un système administré de greniers et de trésoreries qui redistribuent les céréales et les biens[69].
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+ La société égyptienne est très stratifiée et le statut social de chaque individu est expressément affiché. Les agriculteurs constituent la grande majorité de la population bien qu'ils ne détiennent la propriété ni de leurs produits, ni de leurs terres. En effet, les produits agricoles sont détenus directement par l'État, un temple ou une famille noble qui possède la terre[70]. Les agriculteurs sont aussi soumis à un impôt sur le travail et sont obligés de travailler sur les projets d'irrigation ou de construction via un système de corvées[71]. Les artistes et les artisans ont un statut plus élevé que les agriculteurs même s'ils sont eux aussi sous le contrôle de l'État. Ils travaillent dans des boutiques attenant aux temples et sont payés directement par le Trésor public. Les scribes et les fonctionnaires forment la classe supérieure dans l'Égypte antique, désignée sous le nom de « classe au pagne blanc » en référence aux vêtements de lin blanc qu'ils portent pour indiquer leur rang[72]. Cette classe supérieure met en évidence son statut social dans l'art et la littérature. Juste en dessous de la noblesse se trouvent les prêtres, les médecins et les ingénieurs qui ont suivi une formation spécialisée dans leur domaine. Bien qu'aucune preuve n'indique que l'esclavage soit pratiqué à cette époque, s'il existait son éventuelle ampleur et sa prévalence restent inconnues[73].
104
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105
+ Les Égyptiens de l'Antiquité considèrent les hommes et les femmes comme égaux devant la loi, quelle que soit la classe sociale. Le plus humble des paysans a ainsi le droit de présenter une requête auprès du vizir et de sa cour pour obtenir réparation[74]. Les hommes et les femmes ont le droit de posséder et de vendre des biens, de conclure des contrats, de se marier et de divorcer, de recevoir un héritage et d'entamer des poursuites devant les tribunaux en cas de litige. Les couples mariés peuvent posséder des biens communs et se protéger du divorce en signant un contrat de mariage qui stipule les obligations financières du mari à sa femme et à ses enfants dans le cas où le mariage prendrait fin. Comparés à leurs homologues de la Grèce antique ou de Rome, les Égyptiennes bénéficient d'une grande liberté et de la possibilité de se réaliser sur le plan personnel. Plusieurs femmes dont Hatchepsout[75] et Cléopâtre accèdent même au pouvoir suprême, alors que d'autres exercent un pouvoir religieux en tant qu'épouses d'Amon. En dépit de ces libertés, les Égyptiennes ne peuvent toutefois pas exercer de postes officiels dans l'administration et restent cantonnées à des rôles secondaires dans les temples, en raison d'une inégalité par rapport aux hommes devant l'instruction[74].
106
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107
+ Au sommet du système judiciaire égyptien se trouve officiellement le pharaon qui est chargé de promulguer les lois, de rendre la justice et de maintenir l'ordre public, un concept que les anciens Égyptiens dénomment Maât[68]. Même si aucun code juridique n'a survécu, les documents judiciaires de l'époque montrent que la loi égyptienne est fondée sur le bon sens entre le bien et le mal qui se base avant tout sur la résolution de conflits et sur la conclusion d'accords plutôt que sur un ensemble complexe de lois[74]. Des conseils d'anciens, connus sous le nom de Kenbet dans le Nouvel Empire, sont chargés de statuer localement sur les affaires judiciaires impliquant des petites créances et des conflits mineurs[68]. Les cas les plus graves impliquant des meurtres, des opérations immobilières importantes et du pillage de tombeau sont renvoyés à la Grande Kenbet, présidée par le vizir ou le pharaon. Les demandeurs et les défendeurs se représentent eux-mêmes et prêtent serment d'avoir dit toute la vérité. Dans certains cas, l'État assume à la fois le rôle de procureur et de juge. Il n'est alors pas rare que l'accusé soit passé à tabac pour obtenir des aveux et les noms des conspirateurs. Cependant, que les accusations soient graves ou non, les scribes judiciaires prennent acte par écrit de la plainte, des témoignages et du verdict de l'affaire pour future référence[76].
108
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+ Suivant la gravité des actes incriminés, les sentences pour les crimes mineurs vont de la simple amende à la mutilation du visage, en passant par les coups ou l'exil. Les criminels les plus dangereux tels que les meurtriers ou les pilleurs de tombe sont condamnés à mort, soit par décapitation, par noyade ou par empalement. Dans les cas très graves, la sanction pouvait même être étendue à la famille du criminel[68]. À partir du Nouvel Empire, les oracles jouent un rôle majeur dans le système juridique en rendant la justice dans les affaires civiles et pénales. La procédure consiste à demander au dieu un « oui » ou un « non » à une question concernant le bienfondé d'une affaire. Avec le support d'un certain nombre de prêtres, le dieu rend son jugement en choisissant l'une ou l'autre des réponses, en se penchant en avant ou en arrière ou en pointant l'une des réponses écrites sur une feuille de Papyrus ou un ostracon[77].
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+ Une grande partie de l'économie est centralisée et strictement contrôlée. Bien que les Égyptiens ne frappent pas la monnaie jusqu'à la Basse Époque, ils utilisent un système monétaire basé sur le troc[78], avec des sacs de grain ou des deben d'or ou d'argent pesant environ 91 grammes[79]. Les salaires des travailleurs sont versés en grains : un simple ouvrier peut ainsi gagner cinq sacs et demi (soit 200 kg) de céréales par mois, alors qu'un contremaître peut gagner sept sacs et demi (soit 250 kg). Les prix des marchandises et des denrées sont fixés pour l'ensemble du territoire et sont consignés dans des listes pour faciliter les échanges. À titre d'exemple, une chemise coûte ainsi cinq deben de cuivre, tandis que le coût d'une vache est de 140 deben[79]. Le grain peut ainsi être échangé contre d'autres biens, selon la liste de prix fixes. À partir du -Ve siècle, la monnaie est introduite en Égypte depuis l'étranger. Au début, les pièces sont utilisées comme quantités normalisées de métaux précieux, plutôt que comme une vraie monnaie. Toutefois, après quelques siècles, les négociants internationaux commencent à se fonder sur la monnaie[80].
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+ Les Égyptiens établissent des relations commerciales avec leurs voisins pour obtenir des produits exotiques et rares qu'on ne peut pas trouver en Égypte. Dans la période prédynastique, ils mettent en place une route commerciale avec la Nubie pour obtenir de l'or et de l'encens et une colonie stationne également dans le sud de Canaan[81]. Ils établissent également des liens commerciaux avec la Palestine, comme en témoignent les cruches de pétrole de style palestinien trouvées dans les sépultures des pharaons de la première dynastie[82]. Narmer possède également des céramiques égyptiennes produites au pays de Canaan et exportées vers l'Égypte[83],[84].
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+ À partir de la deuxième dynastie, l'Égypte commerce avec Byblos pour s'approvisionner en bois de qualité. Sous la cinquième dynastie, le commerce avec le pays de Pount fournit des résines aromatiques, de l'or, de l'ébène, de l'ivoire et des animaux sauvages tels que des singes et des babouins[85]. L'Égypte se repose aussi sur le commerce avec l'Anatolie pour acheter de l'étain ainsi que des réserves supplémentaires de cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze. Les Égyptiens apprécient également le lapis-lazuli qui est importé du lointain Afghanistan. Parmi les autres partenaires commerciaux de l'Égypte en Méditerranée, on trouve également la Grèce et la Crète qui approvisionnent le pays en huile d'olive[86]. Pour équilibrer sa balance commerciale, l'Égypte exporte surtout des céréales, de l'or, du lin, du papyrus, ainsi que d'autres produits finis parmi lesquels du verre et des objets en pierre[87].
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+ Il existe un étonnant paradoxe entre l'image que les Égyptiens de l'Antiquité avaient de leur agriculture et l'image qu'en avaient les visiteurs étrangers. Ainsi, alors que les scribes dépeignent le métier d'agriculteur comme le plus harassant et ingrat des travaux manuels, les voyageurs grecs comme Hérodote et Diodore de Sicile s'extasiaient devant cette terre où les plantes semblaient pousser sans grand effort. Il est vrai que l'agriculture égyptienne connaît un grand succès pendant l'Antiquité en raison d'une combinaison de facteurs géographiques favorables, au premier rang desquels on peut citer la fertilité du sol résultant des inondations annuelles du Nil. Les Égyptiens sont donc en mesure de produire une nourriture abondante ce qui permet à la population de consacrer plus de temps et de ressources aux activités culturelles, technologiques et artistiques. Le rendement des terres est alors d'autant plus crucial que les taxes sont calculées sur la superficie des terres appartenant à un individu[88].
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+ L'agriculture de l'Égypte est largement tributaire du cycle du Nil. Selon les Égyptiens, l'année se divise suivant trois saisons : Akhet (la saison des inondations), Péret (la saison des plantations) et Chémou (la saison des récoltes). Lors de la saison des inondations, qui dure de juin à septembre, se dépose sur les rives du fleuve une couche de minéraux riches en limon, idéale pour la croissance des cultures. Après le retrait des eaux de la crue, les agriculteurs labourent et plantent les graines dans les champs. La végétation entame alors sa période de croissance qui s'étend d'octobre à février. En raison de la faiblesse des précipitations en Égypte, les champs sont irrigués par des fossés et des canaux communiquant avec le Nil[89]. De mars à mai, les agriculteurs utilisent des faucilles pour récolter leurs cultures qui sont ensuite battues avec un fléau pour séparer la paille du grain. À l'issue de cette opération de vannage, le grain est ensuite broyé en farine, brassé pour fabriquer la bière ou stocké pour un usage ultérieur[90].
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+ Les Égyptiens cultivent l'amidonnier, l'orge et plusieurs autres céréales qui sont toutes utilisées pour produire les deux denrées de base que sont le pain et la bière[91]. Arraché avant que la floraison ne commence, le lin est cultivé pour ses tiges fibreuses. Ces fibres sont séparées sur toute leur longueur, puis filées pour être ensuite utilisées pour tisser des vêtements et des draps en toile de lin. Le papyrus qui pousse sur les rives du Nil est utilisé dans la fabrication de papier. À proximité des habitations et sur des terrains plus élevés, des fruits et des légumes sont cultivés dans des parcelles de jardin qui sont arrosées manuellement. Parmi les fruits et légumes cultivés, on retrouve notamment des poireaux, de l'ail, des melons, des courges, des légumes secs, de la laitue, du raisin pour le vin[92].
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+ L'architecture égyptienne est riche en pierres décoratives, en cuivre, en or, en minerais de plomb et en pierres semi-précieuses. Ces ressources naturelles permettent aux Égyptiens de construire des monuments, de sculpter des statues, de fabriquer des outils et des bijoux de mode. Les embaumeurs utilisaient des sels du ouadi Natroun pour la momification, qui fournissent également le gypse nécessaire pour faire du plâtre[93]. Des formations rocheuses riches en minerais se trouvent dans les oueds inhospitaliers du désert d'Arabie et du Sinaï, ce qui nécessite l'organisation de grandes expéditions contrôlées par l'État afin d'y accéder sans encombre. Il y avait de nombreuses mines d'or en Nubie et l'une des premières cartes connues est celle d'une mine d'or de cette région. Le ouadi Hammamat est alors une source importante de granit, de grauwacke et d'or. Le silex est le premier minéral recueilli et utilisé pour fabriquer des outils. Par ailleurs, les bifaces en silex sont les plus anciennes preuves d'habitation de la vallée du Nil. Des nodules du minerai sont soigneusement taillés en flocons pour faire des lames et des pointes de flèches à dureté et à durabilité modérées, même après que le cuivre a été adopté pour les mêmes raisons[94].
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+ Les Égyptiens se servaient des dépôts de galène à Gebel Rosas pour lester leurs filets, pour leurs fils à plomb ou pour réaliser des figurines. Cependant, le cuivre est le métal le plus courant dans la fabrication d'outils dans l'Égypte antique. Le cuivre est fondu dans des fours à partir du minerai extrait de la malachite en provenance du Sinaï[95]. Les travailleurs recueillent l'or en lavant les sédiments alluvionnaires pour en extraire des pépites ou en broyant les minerais de quartzite aurifère. Les dépôts de fer trouvés en Haute-Égypte sont exploités durant la Basse Époque[96]. Les pierres de construction de haute qualité sont abondantes en Égypte : le calcaire est charrié le long de la vallée du Nil, le granit est extrait d'Assouan et tant le basalte que le grès proviennent des oueds du désert d'Arabie. Les gisements de pierres de décoration tels que le porphyre, grauwacke, l'albâtre ou la cornaline parsèment le désert d'Arabie et sont recueillis avant même l’avènement de la première dynastie. Durant les périodes ptolémaïque et romaine, les mineurs travaillent dans les gisements d'émeraudes du ouadi Sikait et d'améthyste du ouadi el-Hudi[97].
126
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127
+ L’égyptien ancien est une langue afro-asiatique étroitement liée aux langues berbères et sémitiques[98]. C’est la langue ayant eu la plus longue existence, écrite de -3200 au Moyen Âge. Cette langue connut plusieurs périodes : l’égyptien ancien, le moyen égyptien (ou égyptien classique), le néo-égyptien, le démotique et le copte[99]. Les modes d’écritures égyptiennes ne montrent pas de différences avant le copte, mais cette langue aurait connu des dialectes régionaux autour de Memphis et plus tard de Thèbes[100].
128
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129
+ L'égyptien ancien est une langue synthétique mais devenu plus tard une langue isolante. Le néo-égyptien créa des articles définis et indéfinis qui remplacent les anciens cas. Il y a un changement de l'ancien ordre des mots verbe-sujet-objet pour celui sujet-verbe-objet[101]. Les écritures hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques furent remplacées par l'alphabet copte plus phonétique. Le copte est encore utilisé dans la liturgie de l'Église copte orthodoxe, et des traces de celui-ci se retrouvent encore aujourd’hui dans l’arabe égyptien[102].
130
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131
+ L’ancien égyptien possède vingt-cinq consonnes similaires à celles des autres langues afro-asiatiques. Il s'agit notamment de consonnes pharyngales, emphatiques, fricatives et affriquées. Il a trois voyelles longues et trois courtes, mais leur nombre a augmenté dans les périodes tardives jusqu’à neuf[103]. Les mots de base de l’égyptien, comme le sémitique et le berbère, sont les trilitères ou des bilitères de consonnes et semi-consonnes. Des suffixes leur sont ajoutés pour former les mots. La conjugaison des verbes correspond à la personne. Par exemple, le squelette triconsonnantique S-Ḏ-M est le noyau sémantique du mot « entendre » ; sa conjugaison de base est sḏm=f (« il entend »). Si le sujet est un nom, le suffixe n’est pas ajouté au verbe[104] sḏm ḥmt (« la femme entend »).
132
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+ Les adjectifs sont des dérivés de noms à travers un processus que les égyptologues appellent nisbation en raison de sa similitude avec l’arabe[105]. L'ordre des mots est prédicat-sujet dans les phrases verbales et adjectivales, et sujet-prédicat dans les phrases nominales et adverbiales[106]. Le sujet peut être déplacé vers le début de la phrase si elle est longue, et il est suivi par un pronom résurgent[107]. Pour les verbes et les noms la négation est indiquée par la particule n, mais nn est utilisé pour les phrases adverbiales et adjectivales. L’accent tonique est placé sur la syllabe finale ou l’avant-dernière, qui peut être ouverte (CV) ou fermée (CVC)[108].
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135
+ L’apparition de l’écriture hiéroglyphique égyptienne date du XXXIIe siècle. C’est une écriture composée d’environ cinq-cents symboles pouvant représenter un mot, un son, ou un déterminant, le même symbole peut avoir plusieurs usages dans des contextes différents. Les hiéroglyphes étaient une écriture formelle, utilisée sur les monuments de pierre et dans les tombes, qui pouvaient être aussi détaillés que de simples œuvres d'art. Pour l’usage courant, les scribes utilisaient une forme d'écriture cursive, appelée hiératique, qui était plus rapide et plus facile à écrire. Alors que les hiéroglyphes pouvaient être écrits en lignes ou en colonnes dans les deux sens (de droite à gauche ou de gauche à droite), les hiératiques sont toujours écrit de droite à gauche, habituellement horizontalement. Une nouvelle forme d'écriture, le démotique, apparut et s'imposa, toujours avec les hiéroglyphes.
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+ Autour du Ier siècle, l'alphabet copte a commencé à être utilisé parallèlement à l’écriture démotique. Il est basé sur le grec avec l'ajout de certains signes démotiques[110]. Bien que les hiéroglyphes demeurent utilisés dans un rôle protocolaire jusqu'au IVe siècle, seuls quelques prêtres pouvaient encore les lire. La dissolution des centres religieux traditionnels fit perdre définitivement la connaissance de l'écriture hiéroglyphique. Les tentatives visant à les déchiffrer aux époques byzantines[111] et islamiques[112] furent vaines. Ce n’est qu’en 1822, après la découverte de la pierre de Rosette et des années de recherche de Thomas Young et de Jean-François Champollion que les hiéroglyphes furent presque entièrement déchiffrés[113].
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+ L'écriture est apparue avec la royauté sur les titulatures et les étiquettes des objets trouvés dans des tombes royales. Ce fut surtout l’occupation des scribes, qui travaillaient dans la Per Ânkh ou maison de vie. Celle-ci comprend des bureaux, une bibliothèque (maison des livres), des laboratoires et des observatoires[114]. Quelques-unes des plus célèbres œuvres de la littérature égyptienne antique, comme les textes des pyramides ou les textes des sarcophages, ont été écrites en égyptien classique, qui continue à être la langue de l'écriture jusqu’au XIVe siècle. L’égyptien parlé à partir du Nouvel Empire sert alors de langue d’écriture dans les documents administratifs ramessides, la poésie amoureuse et des contes, ainsi que dans le démotique et les textes coptes. Pendant cette période, la tradition de l'écriture a évolué dans les autobiographies des tombeaux comme ceux de Hirkhouf et d’Ouni. Le genre des Instructions a été développé pour communiquer les enseignements et les conseils de nobles célèbres ; le papyrus d'Ipou-Our, poème de lamentations décrivant les catastrophes naturelles et les bouleversements sociaux en est un exemple célèbre.
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+ Le Conte de Sinouhé, écrit en moyen égyptien, pourrait être l’œuvre la plus répandue de la littérature égyptienne[115]. Le papyrus Westcar, série d'histoires racontées à Khéops par ses fils à propos de merveilles réalisées par des prêtres, fut écrit dans la même période[116]. L’Enseignement d'Aménémopé est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature du Proche-Orient[117]. Vers la fin du Nouvel Empire, la langue vernaculaire était plus souvent employée pour écrire des œuvres populaires comme l’Histoire d'Ounamon ou l’Enseignement d'Ani. Le premier raconte l'histoire d'un noble qui part pour acheter des cèdres du Liban, se fait voler sur son chemin et lutte pour rentrer en Égypte. Depuis le XIIIe siècle, les récits des histoires et des instructions, telles que les populaires Instructions d'Onchsheshonqy ainsi que des documents personnels et professionnels furent écrits en écriture démotique. Beaucoup d'histoires écrites en démotique au cours de la période gréco-romaine ont été situées dans des époques historiques antérieures, lorsque l'Égypte était une nation indépendante gouvernée par de grands pharaons tel Ramsès II[118].
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+ La plupart des anciens Égyptiens étaient des paysans attachés à leurs terres. N’habitaient dans la même maison que les membres immédiats d’une famille. Ces maisons étaient construites en briques crues, conçues pour laisser la maison fraîche durant les chaudes journées. Chaque maison possédait une cuisine avec un toit ouvert, qui contenait une meule pour moudre la farine et un petit four pour cuire le pain[119]. Les murs étaient peints en blanc et pouvaient être couverts de tentures de lin teints. Les planchers étaient couverts de nattes de roseau, tandis que des tabourets en bois, des planches surélevées du plancher et des tables individuelles formaient le mobilier[120].
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+ Les anciens Égyptiens donnaient une grande importance à l’hygiène et à l’apparence. La plupart se baignaient dans le Nil et utilisaient un savon pâteux à base de graisse animale et de craie. Les hommes rasaient tout leur corps pour la propreté, et des parfums aromatiques et des onguents couvraient les mauvaises odeurs[121]. Les vêtements étaient fabriqués à partir de draps de lin blanc simple qui ont été blanchis, les hommes et les femmes riches ne portaient pas toujours des perruques contrairement aux croyances, mais des bijoux et cosmétiques. Les enfants vivaient sans vêtements jusqu'à la puberté, à environ douze ans. À cet âge, les garçons étaient circoncis et avaient la tête rasée. Les mères avaient la responsabilité de prendre soin des enfants tandis que le père assurait un revenu à la famille[122].
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+ L'alimentation de base se composait de pain et de bière, complétés avec des légumes comme les oignons et l'ail, et des fruits tels que les dattes et les figues. Le vin et la viande étaient appréciés les jours de fête tandis que les classes supérieures en consommaient plus régulièrement. Les poissons, la viande et la volaille pouvaient être salés ou séchés, étaient cuits en ragoût ou rôtis sur une grille[123]. La musique et la danse faisaient partie des fêtes pour ceux qui pouvaient se le permettre. Les instruments étaient la flûte et la harpe mais la trompette et le hautbois se sont répandus plus tard. Au Nouvel Empire, les Égyptiens utilisaient la cloche, les cymbales, le tambourin et le tambour et importèrent d’Asie le luth et la lyre[124]. Le sistre était particulièrement utilisé lors des cérémonies religieuses.
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+ Les anciens Égyptiens avaient une grande variété d'activités de loisirs, notamment les jeux et la musique. Le senet, jeu de société où l’on faisait avancer des pions au hasard, était particulièrement populaire depuis la plus haute époque, ainsi que le mehen qui possédait un plateau circulaire. Jongleries et jeu de balles étaient populaires auprès des enfants, et une scène de lutte est représentée dans une tombe de Beni Hassan[125]. Les membres les plus riches de la société égyptienne antique aimaient la chasse et la navigation de plaisance.
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+ La fouille du village des travailleurs de Deir el-Médineh a permis de mieux comprendre la vie quotidienne des Égyptiens sur près de quatre cents ans. On ne connait aucun site où l'organisation, les interactions sociales, le travail et les conditions de vie d'une communauté ont pu être mieux analysées[126].
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+ L’architecture de l'Égypte antique comprend certains des monuments les plus célèbres au monde comme les pyramides de Gizeh et les temples de Thèbes. Les projets de constructions étaient organisés et financés par l'État à des fins religieuses ou commémoratives, mais aussi pour renforcer le pouvoir du pharaon. Les anciens Égyptiens étaient des constructeurs qualifiés, utilisant des outils simples mais efficaces et des instruments d'observation. Les architectes pouvaient construire de grands bâtiments de pierre avec exactitude et précision[127].
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+ Les habitations des Égyptiens, de haute comme de basse condition, étaient construites avec des matériaux périssables comme des briques crues ou du bois et n'ont pas survécu. Les paysans vivaient dans des maisons simples, tandis que les palais des élites avaient une structure plus élaborée. Les restes de quelques palais du Nouvel Empire, comme ceux de Malqata et d'Amarna, montrent des murs et des plafonds richement décorés avec des scènes de personnages, d’oiseaux, de bassins, de divinités et de dessins géométriques[128]. D’importantes structures telles que les temples et les tombes qui étaient destinés à durer éternellement ont été construits en pierre et non en briques. Les éléments architecturaux utilisés dans le premier monument en pierre de grande ampleur bâti au monde, le complexe funéraire de Djéser, comprennent notamment des architraves décorées de motifs de papyrus et de lotus.
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+ Les plus anciens temples égyptiens conservés, tels que ceux de Gizeh, étaient composés de salles simples couvertes avec des dalles de pierre soutenues par des colonnes. Au Nouvel Empire, les architectes ont construit des pylônes devant des cours à ciel ouvert, et des salles hypostyles à l’entrée du sanctuaire du temple selon une coutume qui perdurera jusqu'à l'époque gréco-romaine[129]. La première forme de tombeau durant l'Ancien Empire était le mastaba, structure de plate-forme rectangulaire couverte de briques ou de pierre, construit au-dessus d’une chambre funéraire souterraine. La pyramide à degrés de Djéser est une série de mastabas en pierre empilés les uns sur les autres. Des pyramides ont été ensuite construites durant l'Ancien et du Moyen Empire, mais, plus tard, les dirigeants les ont abandonnées en faveur d’hypogées creusés dans le roc[130].
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+ Pendant plus de 3 500 ans, les artistes Égyptiens adhèrent aux différentes formes artistiques et à l'iconographie développées sous l'Ancien Empire. Celles-ci suivent un ensemble strict de principes qui ont résisté à l'influence étrangère et aux bouleversements internes[131]. L'art de l'Égypte antique est ainsi caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes pures et des aplats de couleur. Ignorant les perspectives, les artistes utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux, des projections planes sans aucune notion de profondeur spatiale. L'iconographie et les textes sont intimement imbriqués sur les tombes et sur les murs des temples, des cercueils, des stèles et même des statues. Par exemple, la palette de Narmer dépeint des visages qui peuvent également être lus comme des hiéroglyphes[132]. En raison de la rigidité des règles qui régissent son aspect hautement stylisé et symbolique, l'art égyptien antique servait son rôle politique et religieux avec précision et clarté[133]. En effet, l'iconographie reflète l'importance sociale, religieuse et politique des personnages représentés. La hauteur des personnages dépendait, par exemple, de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands. Ainsi, le pharaon est toujours représenté comme l'humain le plus grand et les dieux sont plus ou moins imposants selon la puissance qui leur est attribuée.
160
+
161
+ Les artisans égyptiens sculptent la pierre pour en faire des statues et des bas-reliefs. Ils utilisent aussi parfois le bois utilisé comme un substitut abordable et facile à tailler. Les peintures sont obtenues à partir de minéraux tels que les minerais de fer (ocres rouge et jaune), les minerais de cuivre (bleu et vert), de suie ou de charbon de bois (noir) et de calcaire (blanc). Afin de permettre une utilisation ultérieure, elle peut aussi être mélangée avec de la gomme arabique qui sert de liant pour presser les couleurs sous forme de gâteaux[134]. Les pharaons commandent la réalisation de bas-reliefs à l'occasion de victoires militaires, d'arrêtés royaux ou de fêtes religieuses. Les citoyens ordinaires ont le droit d'acquérir des pièces d'art funéraire, telles que des statues ouchebtis ou des livres des morts qui, selon eux, les protègeraient dans l'au-delà[135]. Au cours du Moyen Empire, l'ajout de modèles en bois ou en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne devient commun dans les tombes. Dans une tentative de dupliquer les activités des vivants dans l'au-delà, ces modèles montrent des ouvriers, des maisons, des bateaux et même des formations militaires qui sont des représentations à l'échelle de l'au-delà idéal chez les Égyptiens[136].
162
+
163
+ Malgré l'homogénéité de l'art égyptien antique, le style de certaines époques ou de certains lieux reflète parfois les changements culturels ou politiques. Ainsi, par exemple, après l'invasion des Hyksôs pendant la Deuxième Période intermédiaire, les fresques à Avaris, de style minoen, sont peintes. L'exemple le plus frappant d'un changement politique qui apparaît dans les formes artistiques provient de la période amarnienne où les visages sont radicalement changés afin de se conformer aux idées religieuses révolutionnaires d'Akhenaton. Ce style, connu sous le nom d'art amarnien, est rapidement et complètement effacé après la mort d'Akhénaton et remplacé par des formes traditionnelles.
164
+
165
+ La croyance en l'existence des dieux et de l'au-delà est profondément ancrée dans la civilisation égyptienne antique et ce, depuis le début, dans la mesure où le pharaon tient son pouvoir du droit divin. Le panthéon égyptien est ainsi peuplé de divinités aux pouvoirs surnaturels auxquels il était fait appel pour obtenir aide et protection. Pour autant, toutes les divinités égyptiennes n'étaient pas nécessairement bienveillantes et les Égyptiens croient donc qu'elles doivent être apaisées grâce à des offrandes et des prières. La structure de ce panthéon change continuellement à mesure que de nouvelles divinités sont promues dans la hiérarchie. Cependant, les prêtres ne font aucun effort pour organiser les différents mythes de la création, qui sont parfois contradictoires, au sein d'un système cohérent[137]. Ces diverses conceptions de la divinité ne sont pas considérées comme contradictoires, mais plutôt comme les multiples facettes de la réalité[138].
166
+
167
+ Les divinités sont vénérées dans des temples administrés par des prêtres agissant pour le compte du pharaon. Au centre du temple se trouve le sanctuaire dans lequel est placée la statue de la divinité. Les temples ne sont pas des lieux de culte ouvert au public et, à de très rares occasions, lors de jours de fête religieuse, la statue du dieu est portée à l'extérieur du temple pour permettre à la population de lui rendre hommage. En temps normal, le domaine divin est isolé du monde extérieur et uniquement accessible aux responsables du temple. Les citoyens ordinaires peuvent néanmoins vénérer des statues dans leurs maisons et offrir des amulettes de protection contre les forces du chaos[139]. Après le Nouvel Empire, le rôle du pharaon en tant qu'intermédiaire spirituel s'estompe au profit d'une adoration directe des dieux ce qui mène au développement d'un système d'oracles pour que la volonté des dieux soit directement communiquée au peuple[140].
168
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169
+ Les Égyptiens croient que chaque être humain est composé d'éléments physiques et spirituels. En plus de son corps, chaque personne possède ainsi une ombre (šwt), une personnalité ou une âme (ba), une force vitale (ka) et un nom[141]. Le cœur, plus que le cerveau, est considéré comme le siège des pensées et des émotions. Après la mort, les éléments spirituels de la personne sont libérés de l'enveloppe charnelle et peuvent alors se déplacer à volonté. Pour cela, ils ont cependant besoin que leurs restes funéraires, ou qu'un substitut comme une statue, soient préservés pour agir comme un foyer permanent. Le but de la personne décédée est de rejoindre son ka et son ba pour devenir un « mort bienheureux », qui survit sous la forme d'un akh. Pour que cela se produise, le défunt doit être jugé digne lors d'un procès où le cœur est mis en balance avec une « plume de vérité ». Si la personne est jugée digne, elle pourra alors continuer son existence sur terre sous une forme spirituelle[142].
170
+
171
+ Les Égyptiens de l'Antiquité cherchent par ailleurs à interpréter tous les phénomènes qu'ils peuvent observer par le prisme de leur croyance séculaire. La notion la plus importante pour eux est celle de cycle, que ce soit le cycle du jour avec le soleil renaissant chaque matin, le cycle des années avec l'inondation annuelle qui pouvait être source de joie comme de malheurs (en cas de trop faible ou trop forte crue du Nil), ou encore le cycle de la vie avec les naissances qui succèdent aux morts.
172
+
173
+ Les anciens Égyptiens avaient un ensemble complexe de coutumes funéraires qu’ils jugeaient nécessaires pour assurer l'immortalité après la mort. Ces coutumes avaient pour but de préserver les cadavres par la momification, d’accomplir les cérémonies d'inhumation et enterrer, avec le corps, les objets destinés à être utilisés par le défunt dans l'au-delà[135]. Avant l’Ancien Empire, les corps enterrés dans des fosses au désert ont été préservés naturellement par dessiccation. Les zones arides et désertiques ont continué d'être une aubaine durant toute l’Égypte antique pour les sépultures des pauvres, qui ne pouvaient pas se permettre les préparatifs funéraires élaborés à la disposition des élites. Les Égyptiens aisés ont commencé à enterrer leurs morts dans des tombes en pierre et, en conséquence, ils ont fait usage de la momification artificielle, qui consistait à enlever les organes internes, envelopper le corps de toile, et l'enterrer dans un sarcophage rectangulaire en pierre ou dans un cercueil en bois. Depuis la IVe dynastie, les organes furent conservés séparément dans les vases canopes[143].
174
+
175
+ Au Nouvel Empire, les Égyptiens avaient perfectionné l'art de la momification. Pour les meilleures momifications, ils enlevaient les organes internes dont le cerveau par le nez, et desséchaient le corps dans un mélange de sels appelés natron. Le corps était ensuite enveloppé de bandelettes de lin avec des amulettes protectrices insérées entre les couches et placé dans un cercueil anthropomorphe décoré. Les momies des époques tardives ont été munies d’un masque en cartonnage peint. L’usage de la momification a diminué au cours des époques ptolémaïque et romaine mais l'aspect extérieur fut privilégié[144].
176
+
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+ Les riches Égyptiens ont été enterrés avec de nombreux objets de luxe, mais tous les enterrements, quel que soit le statut social, incluaient des biens pour le défunt. Dès le Nouvel Empire, le livre des morts était placé dans la tombe avec des ouchebti, statues destinées à travailler pour le défunt dans l'au-delà[145]. Des rituels dans lesquels le défunt est ranimé par magie accompagnaient l'enterrement. Après celui-ci, les parents vivants étaient censés apporter occasionnellement des aliments au tombeau et réciter des prières au nom de la personne décédée[146].
178
+
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+ L'armée égyptienne antique avait pour but de défendre l'Égypte contre les invasions étrangères, et maintenir la domination égyptienne dans le Proche-Orient et la Nubie. L’armée protégeait les mines du Sinaï au cours de l'Ancien Empire et combattit lors des guerres civiles des première et deuxième périodes intermédiaires. Les militaires surveillaient les principales routes commerciales grâce à des fortifications comme celles qu'on trouve dans la ville de Bouhen sur le chemin de la Nubie. Ces forts servaient aussi de bases militaires, comme la forteresse de Sile, base d'opérations pour des expéditions vers le Levant. Au Nouvel Empire, les pharaons utilisèrent une armée de métier pour attaquer et conquérir Koush et le Levant[147].
180
+
181
+ L'équipement militaire comprenait des arcs et des flèches, un bouclier de cuir avec une armature en bois au sommet arrondi. Le Nouvel Empire vit l’introduction des chars utilisés précédemment par les envahisseurs Hyksôs. Armes et armures ont continué à s'améliorer après l'adoption du bronze : les boucliers furent désormais fabriqués en bois massif avec une boucle en bronze, les lances ont été équipées d’une pointe en bronze et la Khépesh a été adoptée par les soldats asiatiques[148]. Le pharaon était généralement représenté dans l'art et la littérature chevauchant à la tête de l'armée, et il est prouvé que quelques-uns le firent, tels Séqénenrê Taâ et Ahmôsis Ier[149]. Les soldats étaient généralement recrutés dans la population, mais le Nouvel Empire et les époques ultérieures ont vu des mercenaires nubiens, kouchites ou libyens[150].
182
+
183
+ En technologie, médecine et mathématique, les Égyptiens atteignirent un niveau relativement élevé de productivité et de sophistication. Le traditionnel empirisme, comme en témoignent les papyri Edwin Smith et Ebers (vers -1600), est d'abord crédité en Égypte, et les racines de la méthode scientifique peuvent aussi être retrouvées chez les anciens Égyptiens[réf. nécessaire]. Les Égyptiens ont créé leur propre alphabet et le système décimal[réf. nécessaire].
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185
+ Même avant l'Ancien Empire, les anciens Égyptiens avaient développé un matériau vitreux, connu sous le nom de faïence, qu'ils utilisaient comme une pierre précieuse semi-artificielle. La faïence est une céramique faite non d’argile mais de silice avec une petite quantité de chaux vive et de soude, ainsi qu’un colorant, généralement du cuivre[151]. Elle était utilisée pour faire des perles, des tuiles, des figurines et des articles de mercerie. Plusieurs méthodes pouvaient être utilisées pour fabriquer de la faïence, mais la plus courante était de mélanger les composants en poudre dans une pâte et de la glisser dans un moule d’argile ensuite retiré. Par une technique proche, les anciens Égyptiens produisirent un pigment appelé bleu égyptien ou fritte de bleu, qui est produit par la fusion (ou agglomération) de silice, de cuivre, de chaux et d'un alcalin tel le natron. Le produit peut être broyé et utilisé comme pigment[152].
186
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+ Les anciens Égyptiens pouvaient fabriquer une grande variété d'objets à partir de verre avec beaucoup d'habileté, mais on ne sait pas s'ils développèrent le système de manière indépendante[153]. Il est également difficile de savoir si les pièces ont été faites directement à partir de verre brut créé sur place ou de lingots importés. Toutefois, ils possèdent une expertise technique dans la fabrication d'objets, ainsi que l'ajout d'oligo-éléments pour contrôler la couleur du verre fini. Une gamme de couleurs, pouvaient être produites, dont le jaune, le rouge, le vert, le bleu, le pourpre et le blanc, et le verre peut-être soit transparent soit opaque[154].
188
+
189
+ Les problèmes médicaux des anciens Égyptiens découlaient directement de leur environnement. Vivre et travailler à proximité du Nil expose aux risques de maladies parasitaires telles que le paludisme et la bilharziose ainsi qu'aux animaux sauvages tels les crocodiles et les hippopotames. Les travaux agricoles et de construction usaient les colonnes vertébrales et les articulations, et les blessures liées aux constructions et à la guerre affectaient leurs organismes. Le gravier et le sable, contenus dans la farine moulue sous la pierre, usaient les dents, les laissant vulnérables aux abcès même si les caries étaient rares[155].
190
+
191
+ L'alimentation des riches était très sucrée, favorisant les parodontites[156]. Malgré le physique flatteur représenté sur les murs des tombes, les momies des personnages aisés montrent généralement un surpoids important lié à une vie d'excès[157]. L’espérance de vie des adultes était d'environ trente-cinq ans pour les hommes et de trente pour les femmes, mais il était difficile d'atteindre l'âge adulte, environ un tiers de la population mourant dans l'enfance[158].
192
+
193
+ Les médecins de l'Égypte antique étaient renommés dans le Proche-Orient ancien pour leurs capacités de guérison, et certains, comme Imhotep, sont restés célèbres longtemps après leur mort[159]. Hérodote a remarqué que les médecins égyptiens étaient très spécialisés, certains ne traitant uniquement que les maux de tête ou de ventre, tandis que d'autres étaient oculistes ou dentistes[160]. La formation des médecins était effectuée dans les Per Ânkh ou « maison de vie », les plus célèbres étant celles de Bubastis au Nouvel Empire et d'Abydos et Saïs durant la Basse époque. Les papyrus médicaux montrent des connaissances empiriques en anatomie, sur les blessures et les traitements pratiques.
194
+
195
+ Les plaies étaient traitées par des bandages pouvant utiliser de la viande crue, du linge blanc, des points de suture, des filets, des compresses ou des tampons imbibés de miel pour prévenir l'infection tandis que l'opium était utilisé pour soulager la douleur. L’ail et les oignons ont été régulièrement utilisés pour favoriser une bonne santé et pour soulager l’asthme. Les chirurgiens savaient recoudre les plaies, réparer les fractures, et amputer les malades, mais pour les blessures les plus graves ils ne pouvaient que soulager les patients jusqu'à leur mort[161].
196
+
197
+ Dès -3000, les Égyptiens savaient assembler des coques de navires en bois. L'égyptologue David O’Connor de l’Archaeological Institute of America découvrit un groupe de quatorze navires anciens à Abydos construits avec des planches en bois « cousues » ensemble[162] par des sangles tissées afin de les lier[162] ainsi que du papyrus et de l’herbe pour calfater les jointures des planches[162]. Ils furent découverts près du tombeau du pharaon Khâsekhemoui[162], ce qui laisse croire qu’ils lui auraient appartenu mais l’un a été daté de -3000[162] et des jarres de poterie enterrées avec les vaisseaux suggèrent une datation antérieure[162]. Ce navire mesure 33 mètres de long[162] et l'on pense maintenant qu'il a appartenu à un ancien pharaon[162], peut être Hor-Aha[162].
198
+
199
+ Les anciens Égyptiens savaient aussi comment assembler des planches de bois avec des chevilles pour les attacher ensemble, en utilisant de la poix pour le calfeutrage des coutures. La barque de Khéops, un navire de 43,6 mètres scellé dans une fosse du complexe funéraire de Khéops au pied de la grande pyramide de Gizeh lors de la IVe dynastie autour de -2500, est le seul exemple grandeur nature qui nous est resté d'une barque solaire symbolique. Les anciens Égyptiens savaient aussi comment attacher les planches de ce navire grâce à des tenons[162]. En dépit de leur capacité à construire des navires entièrement à voile pour naviguer sur le Nil, facilement navigable, ils n'étaient pas connus pour être bons marins et ne se livrèrent pas à une navigation entièrement à voile généralisée dans la Méditerranée ou la mer Rouge.
200
+
201
+ Les premiers exemples attestés de calculs mathématiques datent de l’époque prédynastique de Nagada, et possèdent un système de numération assez développé[163]. L'importance des mathématiques dans l’éducation égyptienne est suggérée par une fiction du Nouvel Empire dans laquelle l'auteur propose un concours scolaire entre lui et un autre scribe concernant des tâches de calcul de tous les jours tels que la comptabilité de la terre, du travail et du grain[164]. Des textes comme le papyrus Rhind et le papyrus de Moscou montrent que les anciens Égyptiens pouvaient effectuer les quatre opérations mathématiques de base (addition, soustraction, multiplication et division), utilisaient les fractions, calculaient les volumes des boîtes et des pyramides et la surface des rectangles, des triangles, des cercles et même des sphères. Ils ont compris les concepts de base de l’algèbre et de la géométrie, qui permettraient de résoudre des simples systèmes d'équations[165].
202
+
203
+ La numération était décimale et basée sur des signes hiéroglyphiques pour chaque puissance de dix jusqu’à un million. Chacun d'eux pouvait être écrit autant de fois que nécessaire pour les ajouter jusqu’à obtenir le nombre désiré. Ainsi pour écrire les nombres quatre-vingts ou huit cents, on écrivait huit fois les symboles de dix ou de cent[166]. Mais leur système d’écriture ne pouvait écrire les fractions avec un numérateur supérieur à un, elles ont donc dû être écrites comme la somme de plusieurs fractions. Par exemple, deux cinquièmes était écrit comme la somme de un tiers et un quinzième[167]. Quelques fractions simples ont été toutefois écrites avec un glyphe spécial comme les deux tiers affiché ci-dessus[168].
204
+
205
+ En géométrie, les mathématiciens égyptiens avaient une bonne connaissance des principes qui sous-tendent le théorème de Pythagore, sachant, par exemple, qu'un triangle a un angle droit en face de l'hypoténuse lorsque ses côtés se trouvaient dans un ratio 3-4-5[169]. Ils ont été en mesure d'estimer l’aire d'un cercle en mettant au carré le diamètre auquel on a retiré un neuvième soit
206
+
207
+
208
+
209
+
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+
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+ (
212
+
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+
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+
215
+
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+ 8
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+ 9
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+
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+
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+
221
+ D
222
+
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+ )
224
+
225
+
226
+ 2
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+
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+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle \left({\tfrac {8}{9}}D\right)^{2}}
232
+
233
+ qui vaut aussi
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+
235
+
236
+
237
+
238
+ (
239
+
240
+
241
+
242
+ 256
243
+ 81
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+
245
+
246
+
247
+ )
248
+
249
+
250
+ r
251
+
252
+ 2
253
+
254
+
255
+
256
+
257
+ {\displaystyle \left({\tfrac {256}{81}}\right)r^{2}}
258
+
259
+ soit une approximation de
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+
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+
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+
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+ π
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+
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+ r
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+
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+ 2
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+
269
+
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle \pi r^{2}}
273
+
274
+ [169],[170].
275
+
276
+ Le nombre d'or semble se retrouver dans de nombreuses constructions égyptiennes, y compris les pyramides, mais son utilisation n’a peut-être été qu’une conséquence involontaire de la pratique de combiner l'utilisation des cordes à nœuds avec un sens intuitif des proportions et de l'harmonie[171].
277
+
278
+ De nombreuses théories sur l'origine des anciens Égyptiens ont vu le jour depuis le début du XIXe siècle. On sait aujourd'hui que l'émergence de la civilisation égyptienne ne résulte pas de l'invasion d'un peuple nouveau, comme l'affirmaient la plupart de ces théories fondées sur une vision racialiste de l'humanité, mais fut le résultat de multiples apports autochtones[173].
279
+
280
+ En 1993, l'analyse craniométrique des fossiles d'Égyptiens prédynastiques de la période Nagada a montré qu'ils étaient étroitement apparentés à d'autres populations afro-asiatiques de la Corne de l'Afrique. L'analyse des fossiles d'Égyptiens de Haute-Égypte de la période prédynastique montre qu'ils sont plus apparentés aux actuels Somaliens qu'aux échantillons d'Égyptiens de Basse-Égypte des dernières dynasties[174].
281
+
282
+ En décembre 2012, une étude scientifique menée par Zahi Hawass et ses collègues, a révélé que Ramsès III et sa lignée patrilinéaire appartenaient à l'haplogroupe du chromosome Y E1b1a[175],[176].
283
+
284
+ Néanmoins, une étude publiée en 2017 portant sur l'ADN mitochondrial de 90 momies égyptiennes provenant du site d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte et datant d'environ 1400 avant notre ère à 400 après et sur l'ADN nucléaire de trois d'entre elles, révèle une relation étroite avec les peuples anciens du Proche-Orient. Les anciens Égyptiens partageaient plus d'ancêtres avec les Proche-Orientaux que les Égyptiens d'aujourd'hui[177], ce qui révèle que les Égyptiens modernes ont reçu des adjuvants subsahariens supplémentaires plus récemment. Ainsi, les Égyptiens antiques seraient plus étroitement liés aux échantillons néolithiques et de l'âge de bronze du Levant, aussi bien qu'aux populations néolithiques anatoliennes et européennes. Sur la période de 1 300 ans que représente les momies étudiées, la génétique de la population de l'Égypte antique est restée étonnamment stable, malgré les invasions étrangères[178].
285
+
286
+ De nombreuses peintures, surtout à partir du XIXe siècle, ont utilisé l'Égypte antique comme source d'inspiration.
287
+
288
+ Rencontre d'Antoine et de Cléopâtre
289
+
290
+ On ne compte plus le nombre impressionnant de romans dont le thème est l'Égypte antique ; citons simplement deux classiques :
291
+
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+ En bande dessinée on peut citer :
293
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1674.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,198 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ République arabe d'Égypte
4
+
5
+ جمهورية مصر العربية
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+
7
+ 30° 02′ 40″ nord, 31° 14′ 44″ est
8
+
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+ modifier
10
+
11
+ L'Égypte Écouter (en arabe : مصر / miṣr ; en arabe égyptien : مصر / maṣr [masˤɾ]), en forme longue la république arabe d'Égypte (en arabe : جمهورية مصر العربية?) / jumhuriyat misr al arabiya[3], est un pays se trouvant en Afrique du Nord-Est et, pour la péninsule du Sinaï, en Asie de l'Ouest. Située sur la côte sud de la Méditerranée orientale, le bassin Levantin, l'actuelle Égypte occupe l'espace géographique qui fut autrefois celui de l'Égypte antique.
12
+
13
+ Avec près de 105 millions d'habitants en 2020, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. En très forte croissance, sa population a été multipliée par quatre en soixante ans.
14
+
15
+ Sa capitale est Le Caire et sa monnaie la livre égyptienne. La langue officielle du pays est l'arabe, utilisé dans tous les documents et dans l'éducation. Par contre, la langue parlée est l'arabe égyptien (arabe dialectal). Le siwi — tamazight (berbère) de l'ouest du pays — est parlé à Siwa. Le copte n'est utilisé que comme langue liturgique des chrétiens d'Égypte. Le nubien est parlé par les habitants de Haute-Égypte, dans la province d'Assouan, une région communément appelée Nubie.
16
+
17
+ On distingue généralement quatre régions : la Basse-Égypte, la Moyenne-Égypte, la Haute-Égypte et la Nubie.
18
+
19
+ L'Égypte multiplie les extrêmes : pays arabe le plus peuplé, 90 % de sa population habite dans une bande de terre fertile qui longe le Nil (24 km dans sa plus grande largeur près du Fayoum, en moyenne 10 km, mais elle peut ne faire qu’une centaine de mètres). Le reste du territoire est désertique.
20
+
21
+ Outre la capitale, Le Caire qui comprend également Gizeh, les grandes villes égyptiennes sont les suivantes :
22
+ Alexandrie, Saqqarah, Assouan, Assiout, Benha, Dahab, El-Arich, El-Mahalla el-Koubra, Hurghada, Mansourah, Marsa Matruh, Louxor, Karnak, Kôm Ombo, Port Safaga, Port-Saïd, Charm el-Cheikh, Suez, Tanta, Zagazig, etc.
23
+
24
+ En 2015, un projet de nouvelle capitale propose de déplacer la capitale politique d'Égypte à l'Est du Caire[4].
25
+
26
+ L’air y est particulièrement sec et salubre, et seul le Nil fait qu’on n’y retrouve pas totalement le climat saharien. En hiver, la température est douce et les gelées nocturnes sont exceptionnelles. Mis à part les mois de janvier, février et mars, parfois assez froids dans le nord, les températures moyennes avoisinent 20 °C sur la côte méditerranéenne (maximales 31 °C) et 28 °C à Assouan (maximales 50 °C). Dans le désert, les températures extrêmes sont de rigueur — incandescent le jour, glacial la nuit.
27
+
28
+ Devenue sensiblement plus humide depuis la construction du haut barrage, la Haute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
29
+
30
+ Le delta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
31
+
32
+ Au printemps, sévit assez souvent le khamsin, un vent sec, chaud et très poussiéreux, souffle brûlant des déserts du sud-est. À la vitesse de 150 km/h, il arrache les feuilles des arbres et donne au ciel une teinte orange foncé ; l'air se charge de poussière ce qui rend la respiration oppressante. Pendant ces cinquante jours (d'où le nom de cette saison), l’Égypte connait quelques violents orages, autrefois symbolisés par le dieu Seth.
33
+
34
+ En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
35
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36
+ Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs des anciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraichissaient l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
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38
+ C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés cachaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
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40
+ Si l'Égypte est à 94 % désertique, elle n'en abrite pas moins diverses plantes qui se sont adaptées à des conditions particulièrement hostiles : lotus, papyrus, palmiers, tamaris, acacias, jacarandas, poincianas, mangroves, etc.
41
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42
+ L'Égypte compte environ 430 espèces d'oiseaux et une centaine de mammifères, au nombre desquels les dromadaires[N 1], les ânes et les gazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards, oryx, hyènes, lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces de serpents, des scorpions et quelques crocodiles vivent près d'Assouan.
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+ Durant près de trois millénaires, la vallée du Nil vit prospérer une des civilisations les plus brillantes de l'Histoire. L'invention d'une écriture originale sous forme d'idéogrammes syllabiques, les hiéroglyphes, peu de temps après l'apparition du cunéiforme en Mésopotamie vers -3300, contribue à sortir l'espèce humaine de la Préhistoire. L’Égypte des pharaons put ainsi largement s'épanouir pour atteindre son apogée au XIIIe siècle avant notre ère, laissant une œuvre monumentale au patrimoine mondial.
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46
+ Après de nombreuses invasions et occupations diverses (essentiellement Perses, Grecs, Romains et Byzantins), au Ier siècle s'est formée la communauté chrétienne, convertie par saint Marc, les Coptes (déformation arabe du mot grec Aiguptios : Égyptien). Ils sont aujourd'hui plusieurs millions. Le pays passa ensuite sous domination arabe au VIIe siècle, puis ottomane.
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+ Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848 apparaît comme un grand réformateur du pays dont il modernise les structures. Il utilise l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire des hauts fourneaux et des aciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Les puissances européennes s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. La Grande-Bretagne envoie sa flotte pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur l'Égypte, bombardant les ports libanais contrôlés par Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1841, Méhémet Ali doit céder le contrôle de la Syrie par le traité de Londres. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, démanteler ses monopoles et accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques qui provoqua sa désindustrialisation. Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme : « La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre [...] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons. »[5].
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+ Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre de khédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après la révolte nationaliste du colonel Ahmed Urabi, l'Égypte est conquise par l'Empire britannique après une courte guerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de la guerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent les Mahdistes qui se sont emparés du Soudan : leur victoire fait naître un Soudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[6]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle[réf. nécessaire].
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+ Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelle ottomane puis britannique, sa culture reste aujourd'hui encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le président Gamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers.
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+ Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc)[7]
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+ Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de 500 millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et des bidonvilles se développent autour de la capitale[8]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, le FMI demande la suppression de toutes les subventions aux produits de base ce qui provoque des émeutes en janvier 1977. Le gouvernement fait intervenir l'armée, générant un nombre de victimes inconnu. Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[9].
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+ Après l'assassinat de Sadate (1981), Hosni Moubarak fut Président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de la Révolution égyptienne de 2011. Hosni Moubarak poursuivit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier en Haute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[10] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[11].
58
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59
+ En janvier et février 2011, une série de manifestations d'ampleur inégalée se déroulent à travers le pays et mènent à la démission d'Hosni Moubarak le 11 février. Les nouvelles élections législatives et présidentielle ont été remportées par le Parti de la liberté et de la justice, le bras politique des Frères musulmans.
60
+ Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu, Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci l'ont destitué en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[12]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[13].il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique , et met sous contrôle les médias et la justice[14].
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+ Outre ses ouvrages monumentaux tels que le canal de Suez ou le haut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richesses archéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
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+ Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république. Depuis 1981, Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence fut pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans au suffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée la Choura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le président Hosni Moubarak a démissionné de son poste le 11 février 2011 à la suite des protestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchal Al-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014.
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+ Les chrétiens, qui représentent environ 15 % de la population, ne sont presque pas représentés dans l'administration ou la politique[réf. souhaitée].
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+ Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. Sous Hosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives aux droits de l'Homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[15]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[16]. Sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans la prison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par les ONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[17],[18]. Des centaines d'atteintes à la liberté de la presse sont en outre recensées par l'ONG Egyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[19]. En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Aljazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[20]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïc Sherif Gaber ou le militant des droits de l'homme Wael Abbas en mai 2018[21].
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+
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+ L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[22]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[23].
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+ Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[24].
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+ Présidents de la République d’Égypte :
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+ L'Égypte est divisée en vingt-sept gouvernorats :
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+ De 2008 à 2011, il existait deux autres gouvernorats :
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+ Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères est Sameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[25]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deux îles stratégiques de la Mer Rouge (Sanafir et Tiran) à l'Arabie saoudite[26]. L'Égypte commence la rétrocession le 11 juin 2017. Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[27]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie Saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[28].
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+ Les forces armées égyptiennes sont les plus importantes en nombre du continent africain avec plus d'un million de soldats. Elles se composent de l'armée égyptienne, de la marine égyptienne, de l'armée de l'air égyptienne et des Forces de la défense aérienne égyptienne.
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+ Le pays est en proie à de grandes difficultés économiques, malgré les ressources en pétrole et surtout en gaz naturel. La pauvreté y est croissante. Autrefois essentiellement agraire, l'économie égyptienne tente désormais de se diversifier vers des domaines comme le tourisme ou l'industrie. Les principaux partenaires économiques de l'Égypte étaient en 2004 les États-Unis, l'Union européenne, la Chine, l'Inde, le Pakistan et le Japon. Les principales ressources économiques de l'Égypte sont le pétrole et le gaz naturel, les revenus issus du canal de Suez, le tourisme, les métaux et l'agriculture (surtout le coton). Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010.
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+ Première ressource en devises de l'Égypte et l'un de ses principaux secteurs d'activités, le tourisme qui représentait 11 % du PIB avant 2011 a fortement baissé avec les attentats djihadistes[29]. Le pays dépend également en grande partie de l'aide internationale. Parmi ses points faibles se trouve sa production agricole, il était ainsi deuxième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
87
+
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+ Le régime du maréchal Abdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer une TVA et à augmenter le prix des billets du métro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[30]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de 3 millions suite à ces réformes.
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+ La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[30], et 38 % en 2018[31]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par la Banque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[31].
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92
+ Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de 30 millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[24].
93
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+ Le film documentaire Zelal rends compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
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+ La grande majorité des Égyptiens (environ 95 %[32]) se réclament de l'islam sunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est le sheikh de la mosquée Al-Azhar.
97
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+ Les chrétiens, essentiellement coptes, forment la principale minorité religieuse (environ 5 %). Les Coptes disent cependant représenter environ 20 % de la population, avec une forte représentation dans les régions de Haute-Égypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l'arrivée de l'islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion prédominante dans le pays, l'un des premiers à avoir embrassé cette nouvelle foi. La majorité des chrétiens en Égypte est de rite copte-orthodoxe, une minorité est copte-catholique (issus d'une scission et d'un rattachement à Rome au XIXe siècle, patriarche actuel Antonios Naguib), quelques dizaines de milliers de coptes-protestants.
99
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+ Enfin, il existe aussi encore quelques milliers de chrétiens levantins d'origine syrienne et libanaise, de rite grec-catholique, grec-orthodoxe ou maronite, appelés Shawam Masr/Syro-Libanais d'Égypte, ainsi qu'une minorité arménienne (orthodoxe et catholique). Ce sont en fait les restes de communautés levantines qui furent bien plus importantes en nombre. Installées aux XVIIIe et XIXe siècles en Égypte, elles ont joué un rôle économique et culturel important jusqu'à ce que leur nombre décroisse fortement après la révolution de 1952, et en particulier avec la mise en place du régime nassérien et les lois de nationalisation de 1961.
101
+
102
+ Les Coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali) et une minorité économiquement puissante[réf. nécessaire]. Leur marginalisation en Égypte a poussé 1,5 million de chrétiens à émigrer aux États-Unis, en Europe et en Australie[33]. En effet, les coptes sont actuellement persécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de graves discriminations au quotidien allant jusqu'à des attentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église Copte d'Alexandrie le 1er janvier 2011, entre autres, qui a fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés. Les chiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions de misère très dures. En effet, depuis le massacre de leurs porcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de la pandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes des islamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie de grippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des Coptes se sont aggravés.
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104
+ Une petite minorité chiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[34]. Les Chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents à Alexandrie.
105
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+ Les baha'is égyptiens, dont le nombre est estimé à environ 10 000 personnes, ont obtenu définitivement le 19 mars 2009, après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisser libre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identités et leurs certificats de naissance[35].
107
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108
+ Les différentes communautés juives vivant dans ce pays à toutes les époques ont subi des persécutions plus ou moins importantes au cours du temps (sous Trajan à l'époque romaine) et préférèrent quitter l'Égypte entre 1956 et 1967 (au plus fort des tensions israélo-arabes). La communauté est alors passée de 80 000 personnes dans les années 1940 à quelques dizaines en 2010[36].
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110
+ Avec plus de 95 millions d'habitants en 2017, l'Égypte est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière le Nigeria et l'Éthiopie. L'Égypte est également le pays le plus peuplé du monde arabe, du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen. Sa densité théorique est de 95 hab./km2, mais dans la seule vallée du Nil et son delta, avec la zone du canal (53 000 km2, soit 5 % de sa superficie, seule habitable, et largement urbanisée), elle est évaluée à 1 500 hab./km2.
111
+
112
+ En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[37]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
113
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+ La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[37].
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+ Le 11 février 2020, le pays franchit le cap des 100 millions d'habitants c'est le pays arabe le plus peuplé et c'est le troisième pays le plus peuplé d'Afrique derrière l'Éthiopie et le Nigeria[38].
117
+
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+ La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Le dialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le mot beau se prononce jamīl en Haute-Égypte et gamīl en Basse-Égypte, pour la deuxième le mot coupole se prononce gubba [ˈɡob.ba] en Haute-Égypte et ʔubba [ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
119
+
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+ Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais le français y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[39].
121
+
122
+ Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant le calendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Le ramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
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124
+ Mosquée du Caire.
125
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+ Bus décoré.
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+ Vente d'artisanat.
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+
130
+ Bijoux.
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+ Darbouka.
133
+
134
+ Douceurs égyptiennes.
135
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136
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
137
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+ Les Mawlid[40], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'un saint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
139
+
140
+ Le football est le sport le plus populaire du pays. Le Al Ahly Sporting Club est le plus connu du pays et le plus titré du continent, avec huit Ligues des champions à son palmarès. Son grand rival est le Zamalek Sporting Club.
141
+
142
+ L'équipe nationale égyptienne a remporté sept fois la coupe d'Afrique des nations de football (un record), dont trois titres consécutifs, en 2006, 2008 et 2010[41].
143
+
144
+ Le squash, le tennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales de basket et handball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres de champion du monde pour Ramy Ashour et Nour El Sherbini et une domination sans partage au classement individuel.
145
+
146
+ L'Égypte participe aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 de Pyeong-Chang en Corée du Sud.
147
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148
+ L'Égypte est membre de l'Organisation internationale de la francophonie.
149
+
150
+ De plus, les villes d'Alexandrie, du Caire et de Port-Saïd sont membres de l'Association internationale des maires francophones[réf. nécessaire].
151
+
152
+ Il y a 50 000 francophones réels (un grand nombre travaille dans le tourisme), et quelque 300 000 Égyptiens qui ont des notions de français. L'anglais est beaucoup plus important, et a détrôné le français dès les années 1950[42]. Il y a sans doute quelque deux millions d'Égyptiens anglophones complets, surtout chez les plus jeunes, ainsi qu'un nombre équivalent d'Égyptiens qui ont des notions d'anglais. L'italien est parlé par quelque 20 000 Égyptiens, ainsi que le grec, surtout à Alexandrie et sa région. Dans l'Antiquité, le grec antique cohabitait avec le démotique, la langue des anciens Égyptiens, à Alexandrie.
153
+
154
+ Depuis les campagnes napoléoniennes qui amenèrent, à côté de corps expéditionnaires, de nombreux ingénieurs, historiens, égyptologues, linguistes, juristes et médecins, l'Égypte accueillit une communauté française importante. D'autres communautés étrangères existèrent au même moment, italienne, grecque, israélite, etc. Toutes avaient en commun une « lingua franca » qui était le français. L'élite égyptienne, puis la classe moyenne, envoya ses enfants apprendre le français. Le code napoléonien servit de base aux institutions égyptiennes modernes. Jusqu'en 1956, année de la crise du canal de Suez, la langue française joua un rôle important en Égypte, y compris sous le protectorat britannique.
155
+
156
+ Avec le départ des communautés étrangères d'Égypte, le français ne disparut pas pour autant. Sur le plan international, l'Égypte fut un membre actif au sein de la communauté francophone. C'est l'Égypte qui imposa la langue française dans tous les traités internationaux concernant la crise du Proche-Orient, par l'action du haut-diplomate égyptien, Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, qui fut même Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie[43].
157
+
158
+ Pour favoriser l'ouverture d'un département de littérature francophone, la Bibliothèque nationale de France a de son côté, dans le cadre de ses actions de coopération internationale, effectué le don à la Bibliotheca Alexandrina de 500 000 ouvrages. Il s'agit de doubles d'ouvrages reçus au titre du dépôt légal, parus entre 1966 et 2006 et couvrant tous les domaines de l'édition française[44],[45].
159
+
160
+ La caractéristique essentielle du paysage bilingue égypto-français est sa diversité. Les types d’établissements sont de statuts différents (écoles expérimentales, lycées Al Horreya, écoles d’investissement, écoles confessionnelles).
161
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+ Soixante-douze écoles dites « bilingues » enseignent le français renforcé (LV1) à 45 000 élèves. Les cours sont assurés par environ 2 000 enseignants, dont une cinquantaine de Français.
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+ Élément phare d’un autre pan du bilinguisme en Égypte, le lycée français du Caire scolarise, quant à lui, plus de 1 600 élèves, parmi lesquels 47 % sont de nationalité française et 32,5 % de nationalité égyptienne. L'Institut français d'Égypte (antennes du Caire, d'Alexandrie et d'Héliopolis) participe également à l'enseignement du français en Égypte avec quelque 22 salles de classes donnant des cours 7 jours sur 7 rien que pour l'antenne principale du quartier Mounira du Caire.
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+ Il faut y ajouter les 10 000 élèves supplémentaires répartis dans les cinq autres établissements cairotes, ainsi que dans le lycée d’Alexandrie, le lycée de Port Saïd, les petites écoles françaises de Charm el-Cheik, Hurghada et les nombreux instituts et écoles à cursus français qui poursuivent le même objectif. Néanmoins, il existe aujourd'hui des collèges privés catholiques, qui assurent un enseignement français, et cela dès la Seconde. Les élèves passent aussi le baccalauréat français tout comme le lycée français du Caire. Les collèges du sacré-cœur de Ghamra, de la mère de Dieu, de la sainte famille ainsi que le collège de la Salle en sont des exemples.
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+ Enfin, comme composante non négligeable du paysage francophone éducatif égyptien, on évalue à quelque 1,7 million le nombre d’élèves, encadrés par environ 10 000 enseignants, qui étudient le français en deuxième langue vivante (LV2)[46].
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+ En ce qui concerne les écoles privées chrétiennes d'enseignement francophone (dont certaines très anciennes et prestigieuses comme le Collège jésuite de la Sainte Famille au Caire (CSF) ou bien le Collège Saint-Marc à Alexandrie), elles accueillent aujourd'hui une majorité de jeunes musulmans et en minorité seulement les élites chrétiennes traditionnelles (Coptes mais aussi des Égyptiens chrétiens d'origine syro-libanaise ou arménienne). Un contrat passé avec l'État égyptien assure en théorie un contrôle du contenu pédagogique[47].
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+ L'Égypte a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ La tour Eiffel Écouter est une tour de fer puddlé de 324 mètres de hauteur (avec antennes)[o 1] située à Paris, à l’extrémité nord-ouest du parc du Champ-de-Mars en bordure de la Seine dans le 7e arrondissement. Son adresse officielle est 5, avenue Anatole-France[2].
4
+
5
+ Construite en deux ans par Gustave Eiffel et ses collaborateurs pour l’Exposition universelle de Paris de 1889, et initialement nommée « tour de 300 mètres », elle est devenue le symbole de la capitale française et un site touristique de premier plan : il s’agit du troisième site culturel français payant le plus visité en 2015, avec 5,9 millions de visiteurs en 2016[3]. Depuis son ouverture au public, elle a accueilli plus de 300 millions de visiteurs[4].
6
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7
+ D’une hauteur de 312 mètres[o 1] à l’origine, la tour Eiffel est restée le monument le plus élevé du monde pendant quarante ans. Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 mètres, est la plus haute plateforme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la deuxième plus haute d'Europe, derrière la tour Ostankino à Moscou culminant à 337 mètres. La hauteur de la tour a été plusieurs fois augmentée par l’installation de nombreuses antennes. Utilisée dans le passé pour de nombreuses expériences scientifiques, elle sert aujourd’hui d’émetteur de programmes radiophoniques et télévisés.
8
+
9
+ Contestée par certains à l'origine, la tour Eiffel fut d'abord, à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, la vitrine du savoir-faire technique français. Plébiscitée par le public dès sa présentation à l'exposition, elle a accueilli plus de 200 millions de visiteurs depuis son inauguration[o 2]. Sa taille exceptionnelle et sa silhouette immédiatement reconnaissable en ont fait un emblème de Paris.
10
+
11
+ Imaginée par Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau des études et chef du bureau des méthodes d'Eiffel & Cie[5], la tour Eiffel est conçue pour être le « clou de l'Exposition de 1889 se tenant à Paris. ». Elle salue également le centenaire de la Révolution française. Le premier plan est réalisé en juin 1884 et amélioré par Stephen Sauvestre, l’architecte en chef des projets de l'entreprise, qui lui apporte plus d'esthétique.
12
+
13
+ Le 1er mai 1886, le ministre du Commerce et de l'Industrie Édouard Lockroy, fervent défenseur du projet, signe un arrêté qui déclare ouvert « un concours en vue de l’Exposition universelle de 1889 »[6]. Gustave Eiffel remporte ce concours et une convention du 8 janvier 1887 fixe les modalités d'exploitation de l'édifice. Construite en deux ans, deux mois et cinq jours, de 1887 à 1889, par 250 ouvriers, elle est inaugurée, à l'occasion d'une fête de fin de chantier organisée par Gustave Eiffel, le 31 mars 1889[o 3]. Sa fréquentation s'érode rapidement ; la tour Eiffel ne connaîtra véritablement un succès massif et constant qu'à partir des années 1960, avec l'essor du tourisme international. Elle accueille maintenant plus de six millions de visiteurs chaque année.
14
+
15
+ Sa hauteur lui a permis de porter le titre de « plus haute structure du monde » jusqu'à la construction en 1930 du Chrysler Building à New York. Située sur le Champ-de-Mars, près de la Seine, dans le 7e arrondissement de Paris, elle est actuellement exploitée par la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE). Le site, sur lequel travaillent plus de 500 personnes (dont plus de 250 directement employés par la SETE), est ouvert tous les jours de l'année[o 1].
16
+
17
+ La tour Eiffel est inscrite aux monuments historiques depuis le 24 juin 1964[7] et est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991, en compagnie d'autres monuments parisiens.
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+ Panorama à 360° de Paris depuis la tour Eiffel.
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+ Voici les principales dimensions de la tour Eiffel.
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+ Les informations ci-dessous décrivent les principales données techniques de chaque étage, ainsi que les principales curiosités qui s'offrent au visiteur, une fois sur place[8].
24
+
25
+ La tour s'inscrit dans un carré de 125 mètres de côté, selon les termes mêmes du concours de 1886. Haute de 324 mètres avec ses 116 antennes, elle est située à 33,5 mètres au-dessus du niveau de la mer.
26
+
27
+ Les deux piliers situés du côté de l'École militaire reposent sur une couche de béton de 2 mètres, qui elle-même repose sur un lit de gravier, la fosse faisant en tout 7 mètres de profondeur. Les deux piliers côté Seine sont situés en dessous du niveau du fleuve. Les ouvriers travaillèrent dans des caissons métalliques étanches dans lesquels était injecté de l'air comprimé (procédé Triger).
28
+
29
+ 16 massifs de fondation soutiennent 16 arbalétriers inclinés à 54 degrés par rapport au sol[a 1], qui forment les arêtes des quatre piliers. D'énormes boulons d'ancrage de 7,80 mètres de long fixent un sabot en fonte, qui contient un contre-sabot en acier moulé, lequel sert d'appui à l'arbalétrier. Durant les travaux, un vérin hydraulique amovible placé entre le sabot et le contre-sabot permettait de les faire coulisser de quelques centimètres l'un par rapport à l'autre, et éventuellement d'ajuster les cales en fer qui règlent leur espacement. Ce dispositif, ajouté aux boîtes à sable des pylônes provisoires soutenant les parties hautes des arbalétriers durant les travaux, permettait au contremaître de montage d'effectuer les réglages nécessaires, en particulier lors du raccordement des quatre piliers avec les poutres horizontales du premier étage, tout en parant à l'éventualité d'un tassement des maçonneries ou du sol[a 2].
30
+
31
+ Suivant les calculs des ingénieurs, la pression sur les sommiers en pierre de taille de Château-Landon placés directement sous les sabots est de 18,70 kg/cm2, compte tenu des efforts dus à la fois au poids de la tour et aux vents. La pression exercée sur les fondations de béton sur le sol, composé de sable et de gravier, n'est plus que de 4,9 à 5,3 kg/cm2 suivant les piliers[a 3].
32
+
33
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34
+
35
+ Le Champ de Mars étant orienté du sud-est au nord-ouest, chacun des quatre piliers est orienté en direction d'un point cardinal. Les bases des quatre piliers sont abritées dans des soubassements carrés de 25 mètres de côté et de 4 mètres de hauteur, composés d'une ossature en fer et de pierres factices en béton comprimé. Ils furent réalisés du 28 septembre 1888 au 4 janvier 1889[a 4].
36
+
37
+ De nos jours, les caisses pour l'achat des billets occupent les piliers nord et ouest, les ascenseurs sont accessibles depuis les piliers est et ouest. Les escaliers (ouverts au public jusqu'au deuxième étage, et comprenant au total 1 665 marches jusqu'au sommet) sont accessibles depuis le pilier est. Et enfin, le pilier sud comprend un ascenseur privé, réservé au personnel et aux clients du restaurant gastronomique Le Jules Verne, situé au deuxième étage.
38
+
39
+ Tendus entre chacun des quatre piliers, les arcs s'élèvent à 39 mètres au-dessus du sol et ont un diamètre de 74 mètres. Bien que très richement décorés sur les croquis initiaux de Harry Bellod, ils le sont beaucoup moins de nos jours. Leur rôle est « purement décoratif »[a 1].
40
+
41
+ Situé à 57 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 4 220 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 2 500 personnes.
42
+
43
+ Une galerie circulaire fait le tour du premier étage et permet d'embrasser une vue à 360° sur Paris. Cette galerie est ponctuée de plusieurs tables d'orientation et longues-vues permettant d'observer les monuments parisiens. Face à l'extérieur sont inscrits en lettres d'or les noms de soixante-douze personnalités du monde scientifique des XVIIIe et XIXe siècles (Français ayant vécu entre 1789 et 1889).
44
+
45
+ Ce premier étage abrite le restaurant 58 Tour Eiffel qui s'étend sur deux niveaux. Celui-ci offre d'un côté, une très belle vue panoramique sur Paris, et de l'autre, une vue sur l'intérieur de la tour.
46
+
47
+ On peut également voir certains vestiges liés à l'histoire de la tour Eiffel, notamment un tronçon de l'escalier en colimaçon qui, à l'origine du monument, montait jusqu'au sommet. Cet escalier a été démonté en 1986, lors des très importants travaux de rénovation de la tour. Il a été ensuite découpé en 22 tronçons dont 21 ont été vendus aux enchères, et achetés pour la plupart par des collectionneurs américains.
48
+
49
+ Enfin, un observatoire des mouvements du sommet permet de retracer les oscillations de la tour sous l'effet du vent et de la dilatation thermique. Gustave Eiffel avait exigé qu'elle puisse supporter une amplitude de 70 centimètres, ce qui ne fut jamais le cas puisque dans les faits, lors de la canicule de 1976, l'amplitude de l'oscillation a été de 18 cm et de 13 cm lors de la tempête de fin décembre 1999 (vent de 240 km/h). Pierre Affaticati et Simon Pierrat ont d'ailleurs su remédier à ce problème d'amplitude en 1982 en incorporant des matériaux composites à l'armature connexe. Une des particularités de la tour est qu'elle « fuit le Soleil ». En effet la chaleur étant plus importante du côté ensoleillé, le fer se dilate de ce côté et le sommet s'oriente légèrement à l'opposé.
50
+
51
+ Situé à 115 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 1 650 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 1 600 personnes.
52
+
53
+ C'est de cet étage que la vue est la meilleure, l'altitude étant optimale par rapport aux bâtiments en contrebas (au troisième étage, ils sont moins visibles) et à la perspective générale (nécessairement plus limitée au premier étage).
54
+
55
+ À travers le plancher, des hublots vitrés ont été installés afin de permettre une vue plongeante sur le sol en contrebas. Des grillages métalliques de protection sont présents afin d'empêcher toute tentative de saut dans le vide, qu'il s'agisse d'un suicide ou d'un exploit sportif.
56
+
57
+ Le restaurant Le Jules Verne est un restaurant gastronomique d'une capacité de 95 couverts, d'un 16/20 et trois toques au guide Gault et Millau, et référencé parmi les adresses de Relais & Châteaux. Le restaurant a été repris par Frédéric Anton et a rouvert ses portes en juillet 2019 après 10 mois de travaux, coordonnés par l'architecte d'intérieur Aline Asmar d'Amman. Un ascenseur « privé » (il sert aussi au personnel d'entretien de la tour), situé dans le pilier sud, mène directement à une plate-forme d'environ 500 m2, à exactement 123 mètres de hauteur.
58
+
59
+ Situé à 276,13 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 350 mètres carrés, il peut supporter la présence simultanée d'environ 400 personnes.
60
+
61
+ L'accès se fait obligatoirement par un ascenseur (l'escalier est interdit au public à partir du deuxième étage) et donne sur un espace fermé ponctué de tables d'orientation. En montant quelques marches, le visiteur arrive ensuite sur une plate-forme extérieure, parfois dénommée « quatrième étage » culminant à près de 279 m.
62
+
63
+ On peut apercevoir à cet étage une reconstitution du type « musée de cire » montrant Gustave Eiffel recevant Thomas Edison, qui renforce l'idée selon laquelle Gustave Eiffel aurait utilisé l'endroit comme bureau. La réalité historique est différente : l'endroit a d'abord été occupé par le laboratoire météorologique, puis dans les années 1910 par Gustave Ferrié pour ses expérimentations de TSF.
64
+
65
+ Tout en haut de la tour, un mât de télédiffusion a été installé en 1957, puis complété en 1959 pour couvrir environ 10 millions de foyers en programmes hertziens. Le 17 janvier 2005, le dispositif a été complété par le premier émetteur TNT français, portant à 116 le nombre d'antennes de télédiffusion et radiodiffusion de l'ensemble.
66
+
67
+ Dès la première exposition universelle (Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, Londres, 1851), les gouvernants s'aperçoivent que derrière l'enjeu technologique se profile une vitrine politique dont il serait dommage de ne pas profiter. En démontrant son savoir-faire industriel, le pays accueillant l'exposition signifie son avance et sa supériorité sur les autres puissances européennes qui règnent alors sur le monde.
68
+
69
+ Dans cette optique, la France accueille à plusieurs reprises l'Exposition universelle, comme en 1855, 1867 et 1878. Jules Ferry, président du conseil de 1883 à 1885, décide de relancer l'idée d'une nouvelle exposition universelle en France. Le 8 novembre 1884, il signe un décret instituant officiellement la tenue d'une exposition universelle à Paris, du 5 mai au 31 octobre 1889. L'année choisie n'est pas innocente, puisqu'elle symbolise le centenaire de la Révolution française.
70
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71
+ C'est aux États-Unis que naît l'idée d'une tour de 300 mètres : lors de l'exposition universelle de Philadelphie en 1876, les ingénieurs américains Clarke et Reeves imaginent un projet de pylône cylindrique de 9 mètres de diamètre maintenu par des haubans métalliques, ancrés sur une base circulaire de 45 mètres de diamètre, d'une hauteur totale de 1 000 pieds (environ 300 mètres)[9]. Faute de financement[10], ce projet ne voit pas le jour, mais il est décrit en France dans la revue Nature.
72
+
73
+ À partir d'une idée émise aux États-Unis de « tour-soleil » en fer éclairant Paris, l’ingénieur français Sébillot et l’architecte Jules Bourdais, qui a été à l’origine du Palais du Trocadéro pour l’exposition universelle de 1878, conçoivent un projet de « tour-phare » en granit, haute de 300 mètres. Cette tour, concurrente de celle de Gustave Eiffel, connaît plusieurs versions, mais ne sera jamais construite.
74
+ Parmi les projets examinés, celui de Clarke et Reeves était le plus réalisable. Il restait à Eiffel à construire la première tour à partir de ces proportions[11].
75
+
76
+ En juin 1884, deux ingénieurs des entreprises Eiffel, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau d’études et chef du bureau des méthodes, se penchent à leur tour sur un projet de tour métallique de 300 mètres. Ils espèrent pouvoir en faire le clou de l’Exposition de 1889.
77
+
78
+ Le 6 juin, Maurice Koechlin dessine le premier croquis de l’édifice. Le dessin représente un haut pylône de 300 mètres, où les quatre piles incurvées, se rejoignant au sommet, sont reliées par des plates-formes tous les 50 mètres. Gustave Eiffel voit cette esquisse, dit ne pas s’y intéresser, mais concède toutefois à ses concepteurs l’autorisation de poursuivre l’étude.
79
+
80
+ Stephen Sauvestre, architecte en chef des entreprises Eiffel, est sollicité et redessine complètement le projet pour lui donner une autre envergure : il rajoute de lourds pieds en maçonnerie et consolide la tour jusqu’au premier étage par le truchement d’arcs, réduit le nombre de plates-formes de cinq à deux, surplombe la tour d’une « coiffe » la faisant ressembler à un phare, etc.
81
+
82
+ Cette nouvelle mouture du projet est à nouveau présentée à Gustave Eiffel qui, cette fois-ci, se montre enthousiasmé. À tel point qu’il dépose, le 18 septembre 1884, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, un brevet « pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d’une hauteur pouvant dépasser 300 mètres ». Et bien vite, il rachètera les droits de Koechlin et Nouguier, pour détenir les droits exclusifs sur la future tour, qui, par voie de conséquence, portera son nom.
83
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84
+ Gustave Eiffel n'a donc pas conçu le monument, mais s'est appliqué à faire connaître son projet auprès des gouvernants, des décideurs et du grand public, pour pouvoir construire la tour, puis, une fois que cela fut fait, à en faire, aux yeux de tous, plus qu’un simple défi architectural et technique ou encore un objet purement esthétique (ou inesthétique selon certains). Il a aussi financé avec ses propres fonds quelques expériences scientifiques menées directement sur ou depuis la tour Eiffel, qui auront permis de la pérenniser.
85
+
86
+ En 1885, le projet est présenté à la Société des Ingénieurs Civils, pour un devis initial total de 3 155 000 francs incluant fondations, ascenseurs et leurs moteurs[12].
87
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88
+ Pour commencer, il va s’employer à convaincre Édouard Lockroy, le ministre de l’Industrie et du Commerce de l’époque, de lancer un concours ayant pour objet « d’étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur ». Les modalités de ce concours, qui a lieu en mai 1886, ressemblent beaucoup au projet défendu par Gustave Eiffel, même si ce dernier ne les a pas écrites. Grâce à cette similitude, son projet a de grandes chances d’être retenu pour figurer à l’Exposition universelle qui se tient trois ans plus tard[13]. Encore faut-il convaincre que l’objet n’est pas purement un bâtiment d’agrément et qu’il peut remplir d’autres fonctions. En mettant en avant l’intérêt scientifique qui peut être retiré de sa tour, Eiffel marque des points.
89
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90
+ L’issue du concours n’est pourtant pas acquise d’avance à Eiffel. La concurrence est rude avec 107 projets déposés. Gustave Eiffel gagne finalement ce concours, l’autorisant à construire sa tour pour l’Exposition universelle de 1889, juste devant Jules Bourdais qui avait entre-temps, troqué le granit pour le fer.
91
+
92
+ Deux problèmes se posent alors : le système d’ascenseurs qui ne satisfait pas le jury du concours, obligeant Eiffel à changer de fournisseur, et l’emplacement du monument. Au début, il est envisagé de lui faire enjamber la Seine ou de le coller à l'Ancien Palais du Trocadéro, situé à l'emplacement de l'actuel palais de Chaillot, avant finalement de décider de la placer directement sur le Champ-de-Mars, lieu de l’Exposition, et d’en faire une sorte de porte d’entrée monumentale.
93
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94
+ L’emplacement, mais aussi les modalités de construction et d’exploitation font l’objet d’une convention signée le 8 janvier 1887 entre Édouard Lockroy, ministre du Commerce, agissant au nom de l’État français, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, agissant ici au nom de la ville de Paris et Gustave Eiffel, agissant en son nom propre[14]. Cet acte officiel précise notamment le coût prévisionnel de la construction, soit 6,5 millions de francs de l’époque, au double du devis initial[15], payés à hauteur de 1,5 million de francs par des subventions (article 7) et pour le reste par une société anonyme ayant pour objet spécifique l’exploitation de la tour Eiffel, créée par Gustave Eiffel et financée par l’ingénieur et un consortium de trois banques. L’écrit précise aussi le prix des entrées qui devra être pratiqué durant l’Exposition universelle (article 7), et que, à chaque étage, une salle spéciale, devra être réservée, pour mener des expériences scientifiques et/ou militaires, restant gratuitement à disposition pour les personnes désignées par le Commissaire général (article 8), etc. Enfin, l’article 11 stipule qu'après l’Exposition, Paris deviendra propriétaire de la tour, mais que M. Eiffel, comme complément du prix des travaux, en conservera la jouissance pendant 20 ans — jusqu'au 31 décembre 1909 — délai au bout duquel elle appartiendra à la ville de Paris.
95
+
96
+ Aperçu des différentes étapes de la construction de la tour Eiffel :
97
+
98
+ 18 juillet 1887 : commencement du montage métallique de la pile no 4.
99
+
100
+ 7 décembre 1887 : montage de la partie inférieure sur les pylônes en charpente.
101
+
102
+ 20 mars 1888 : montage des poutres horizontales sur l'échafaudage du milieu.
103
+
104
+ 15 mai 1888 : montage des piliers au-dessus du premier étage.
105
+
106
+ 21 août 1888 : montage de la deuxième plate-forme.
107
+
108
+ 26 décembre 1888 : montage de la partie supérieure.
109
+
110
+ 15 mars 1889 : montage du campanile.
111
+
112
+ Fin mars 1889 : vue générale de l'ouvrage achevé.
113
+
114
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
115
+
116
+ Initialement, Gustave Eiffel (ingénieur passé maître dans l'architecture du fer) avait prévu douze mois de travaux ; en réalité, il faudra en compter le double. La phase de construction qui débute le 28 janvier 1887, s’achèvera finalement en mars 1889, juste avant l’ouverture officielle de l’Exposition universelle.
117
+
118
+ Sur le chantier, le nombre d’ouvriers ne dépassera jamais 250. C’est que, en fait, une grande partie du travail est fait en amont, dans les usines des entreprises Eiffel à Levallois-Perret. Ainsi, sur les 2 500 000 rivets que compte la tour, seulement 1 050 846 ont été posés sur le chantier, soit 42 % du total. La plupart des éléments sont assemblés dans les ateliers de Levallois-Perret, au sol, par tronçons de cinq mètres, avec des boulons provisoires, et ce n’est qu’après, sur le chantier, qu’ils sont définitivement remplacés par des rivets posés à chaud.
119
+
120
+ La construction des pièces et leur assemblage ne sont pas le fruit du hasard. Cinquante ingénieurs exécutent pendant deux ans 5 300 dessins d’ensemble ou de détails, et chacune des 18 038 pièces en fer possédait son schéma descriptif.
121
+
122
+ Sur le chantier, dans un premier temps, les ouvriers s’attaquent à la maçonnerie en réalisant notamment d’énormes socles en béton soutenant les quatre piliers de l’édifice. Cela permet de minimiser la pression au sol de l’ensemble qui n'exerce qu'une très faible poussée de 4,5 kg/cm2 au niveau de ses fondations.
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124
+ Le montage de la partie métallique proprement dite commence le 1er juillet 1887. Les hommes chargés de ce montage sont nommés les voltigeurs et sont dirigés par Jean Compagnon. Jusqu’à 30 mètres de hauteur, les pièces sont montées à l’aide de grues pivotantes fixées sur le chemin des ascenseurs. Entre 30 et 45 mètres de hauteur, 12 échafaudages en bois sont construits. Une fois passés les 45 mètres de hauteur, il fallut édifier de nouveaux échafaudages, adaptés aux poutres de 70 tonnes qui furent utilisées pour le premier étage. Est ensuite venue l’heure de la jonction de ces énormes poutres avec les quatre arêtes, au niveau du premier étage. Cette jonction a été réalisée sans encombre le 7 décembre 1887 et a rendu inutiles les échafaudages temporaires, remplacés dans un premier temps par la première plate-forme (57 mètres), puis, à partir d’août 1888, par la seconde plate-forme (115 mètres).
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+ En septembre 1888, alors que le chantier est déjà bien avancé et le deuxième étage construit, les ouvriers se mettent en grève. Ils contestent les horaires de travail (9 heures en hiver et 12 heures l’été), ainsi que leur salaire considéré insuffisant eu égard aux risques pris. Gustave Eiffel argue du fait que le risque n’est pas différent qu’ils travaillent à 200 mètres d’altitude ou à 50, et bien que les ouvriers soient déjà mieux rémunérés que la moyenne de ce qui se pratiquait dans ce secteur à l’époque, il leur concède une augmentation de salaire, tout en refusant de l’indexer sur le facteur « risque variable selon la hauteur » demandé par les ouvriers. Trois mois plus tard, une nouvelle grève éclate mais cette fois-ci, Eiffel tient tête et refuse toute négociation.
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+ En mars 1889, le monument est achevé à temps et aucun accident mortel n'a été déploré parmi les ouvriers (un ouvrier y trouve toutefois la mort un dimanche ; il ne travaillait pas et perd l'équilibre lors d'une démonstration à sa fiancée).
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+ La Tour Eiffel a coûté 7 799 401.31 francs[16] soit environ 1,5 million de francs de plus que prévu, et a pris le double du temps à être construit que ce qui était initialement prévu dans la convention de janvier 1887. Cela représente aussi plus du double du devis initial d'Eiffel présenté à la Société des Ingénieurs Civils, en 1885[15]
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+ L’édifice achevé ou presque, il reste à prévoir un moyen pour que le public monte à la troisième plate-forme. Les ascenseurs Backmann initialement prévus dans le projet présenté au concours de mai 1886, ont été rejetés par le jury, Gustave Eiffel fait appel à trois nouveaux fournisseurs : Roux-Combaluzier et Lepape (devenus Schindler), la société américaine Otis et enfin Léon Edoux qui a fait ses études dans la même promotion que Gustave Eiffel.
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134
+ Le fer puddlé de la tour Eiffel a été produit dans les forges et aciéries Dupont et Fould de Pompey, en Lorraine[17]. Gustave Eiffel l'a choisi notamment en raison de ses propriétés mécaniques[18].
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+ Le 6 mai 1889, l’Exposition universelle ouvre ses portes au public, qui peut grimper sur la Tour de 300 mètres (nom de la tour Eiffel à cette époque) à partir du 15 mai. Alors qu’elle avait été décriée pendant sa construction, elle connaît, pendant l’Exposition, un succès populaire immédiat. Dès la première semaine, alors que les ascenseurs ne sont même pas encore en service, ce sont 28 922 personnes qui grimpent à pied en haut de l’édifice. Finalement, sur les 32 millions d’entrées comptabilisées pour l’Exposition, ce sont environ 2 millions de curieux qui s’y presseront.
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+ Le monument, qui est alors le plus haut du monde (jusqu’en 1930 et l’édification du Chrysler Building à New York), attire aussi quelques personnalités, dont Thomas Edison.
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+ Mais, une fois l’Exposition finie, la curiosité retombe vite et le nombre de visiteurs avec elle. En 1899, seules 149 580 entrées sont comptabilisées. Afin de relancer l’exploitation commerciale de sa tour, Gustave Eiffel baisse le prix des billets d’entrée, sans que l’impact soit significatif. Il faut attendre l’Exposition universelle de 1900 à Paris, pour que remonte le nombre de curieux. À cette occasion, plus d’un million de tickets sont vendus, ce qui est largement supérieur aux dix années précédentes, mais bien inférieur à ce qui aurait pu être permis. En effet, non seulement les entrées sont deux fois moins nombreuses qu’en 1889, mais, en part absolue, la baisse est encore plus forte, compte tenu du fait que les visiteurs de l’Exposition universelle de 1900 sont encore plus nombreux qu’en 1889.
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+ La chute du nombre d’entrées reprend dès 1901, de sorte que l’avenir de la tour n’est pas assuré, passé le 31 décembre 1909, date de la fin de la concession d’origine. Certains avancent même l’idée qu’elle puisse être détruite.
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+ Le 15 juillet 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose près du pilier Est de la Tour Eiffel[20].
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+ Conscient du risque de destruction de la tour, Gustave Eiffel imagine, dès l'origine, qu'elle puisse rendre des services à la science. C’est pourquoi, il y multiplie les expériences, qu’il finance en partie, jusqu'à son retrait des affaires en 1893, après le scandale de Panama dans lequel il est impliqué.
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+ En 1889, il autorise Éleuthère Mascart, premier directeur du Bureau central météorologique de France (ancêtre de Météo-France créé en 1878) à installer une petite station d’observation en haut de la tour Eiffel.
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+ En 1909, une petite soufflerie est construite au pied de la tour. Elle est remplacée en 1912 par une soufflerie beaucoup plus vaste, rue Boileau, dans le XVIe arrondissement, où sera conçu le seul avion de Gustave Eiffel, le Breguet Laboratoire Eiffel.
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+ En octobre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la tour Eiffel et le Panthéon, distant de 4 kilomètres.
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+ En 1903, Gustave Eiffel soutient, à ses frais, le projet du capitaine Gustave Ferrié, qui cherche à établir un réseau télégraphique sans fil, sans le financement de l’Armée qui privilégie à cette époque les signaux optiques et les pigeons voyageurs, jugés plus fiables. Alors que la télégraphie sans fil n’en est qu’à ses balbutiements, il accepte l'installation d'une antenne au sommet de sa tour, l'expérience est couronnée de succès.
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+ La tour Eiffel a donc un potentiel scientifique qui mérite d’être exploité : les autorités décident, en 1910, de prolonger la concession et l’exploitation pour soixante-dix années supplémentaires. La tour apparaît d’autant plus utile qu’il s’agit du point le plus élevé de la région parisienne et que son émetteur de TSF aura été stratégique pendant la Première Guerre mondiale. Grâce à la tour Eiffel, plusieurs messages décisifs sont captés dont le « radiogramme de la victoire », permettant de déjouer l’attaque allemande sur la Marne, et ceux conduisant à l'arrestation de Mata Hari.
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+ À partir des années 1920, le réseau de TSF à usage strictement militaire dont fait partie l’émetteur de la tour Eiffel bascule vers un usage civil. À partir de 1921, des programmes radio sont régulièrement diffusés depuis la tour Eiffel et Radio Tour Eiffel est officiellement inaugurée le 6 février 1922.
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+ En 1925, la tour Eiffel sert de cadre aux débuts de la télévision en France. La technique s’améliore et des émissions, encore expérimentales, sont proposées entre 1935 et 1939.
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+ À la Libération, l'émetteur Telefunken du Fernsehsender Paris est utilisé pour les premières émissions en 441 lignes. Après son incendie, il est remplacé par un émetteur 819 lignes jusqu'à l'arrêt des émissions en noir et blanc de TF1. La télévision se répand ensuite dans les foyers, d’abord en noir et blanc, puis en couleur.
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+ En 1959, l’installation d’un nouveau mât de télédiffusion fait culminer la tour Eiffel à 320,75 mètres et arrose 10 millions de personnes. Un émetteur pour la télévision numérique terrestre est installé en 2005.
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+ La société d'exploitation change et la tour subit quelques transformations à l'occasion de l'Exposition spécialisée de 1937 : les décorations démodées du premier étage sont enlevées et un nouvel éclairage est installé.
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+ La tour est réquisitionnée par la Wehrmacht qui y installe également le seul émetteur de télévision fonctionnant en Europe pendant la guerre, le Fernsehsender Paris, pour communiquer avec les troupes. Les émissions, principalement en français, étaient destinées aux militaires allemands blessés se trouvant dans les hôpitaux de la région. Les Allemands placent un faisceau lumineux dans la tour pour guider les avions, dans la nuit. Après avoir échappé à la destruction prévue par Hitler en 1944, elle passe, à la Libération, sous contrôle allié et les Américains y installent un radar.
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+ En 1952, la tour Eiffel se voit aussi dotée d'un phare aéronautique de balisage, remplaçant celui du mont Valérien détruit pendant la guerre. De par sa hauteur et sa position, celui-ci pouvait balayer les quatre points cardinaux sans être interrompu par le relief. Les faisceaux pouvaient porter jusqu'à trois-cents kilomètres.
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+ À partir des années 1960, le tourisme international de masse commence à se développer, et le nombre de visiteurs de la tour augmente pour atteindre progressivement le cap des 6 millions d’entrées annuelles (cap passé pour la première fois en 1998). Une rénovation a lieu dans les années 1980, autour de trois axes :
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174
+ La tour Eiffel, ainsi allégée de 1 340 tonnes superflues, est repeinte et traitée contre la corrosion, les ascenseurs de la troisième plate-forme sont remplacés, le restaurant gastronomique Le Jules-Verne est installé, un dispositif d’éclairage composé de 352 projecteurs au sodium est mis en place. Les noms de savants du premier étage sont remis en valeur par de la dorure comme à l'origine.
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+ En 2002, le cap des 200 millions d’entrées cumulées est dépassé.
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+ Le 1er janvier 2006, s’ouvre une nouvelle période d’exploitation de dix ans, le concessionnaire étant la société d'économie mixte SETE (Société d'exploitation de la tour Eiffel), dont le capital est détenu à 60 % par la ville de Paris.
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+ En février 2015, le deuxième étage de la tour Eiffel est équipé de deux éoliennes capables de produire 10 MWh par an. En comparaison, la consommation électrique annuelle de la tour s'élève à 6,7 GWh[21].
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+
182
+ Fin 2017, appel à projets international est lancé par la maire de Paris Anne Hidalgo afin d'embellir les alentours du monument et de supprimer les files d'attentes[22].
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+ En raison du risque terroriste, la Société d'exploitation de la tour Eiffel fait fermer le parvis de la tour à la libre circulation en juin 2016 et sécurise le périmètre en mettant en place en 2018 sur deux côtés une enceinte en verre pare-balles épaisse de 6,5 cm complétée par des plots anti-voitures-béliers, sur les deux autres un grillage métallique haut de 3,24 m (le centième de la tour Eiffel) qui « reprend la forme et les courbes » de la tour[23],[24]. Des fouilles ont lieu.
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186
+ Des articles, souvent pamphlétaires, sont publiés tout au long de l'année 1886, avant le début des travaux.
187
+
188
+ Alors que les fondations de l'édifice n'avaient commencé que quelques jours plus tôt, le 28 janvier 1887 exactement, une lettre de protestation signée par une cinquantaine d'artistes (écrivains, peintres, compositeurs, architectes, etc.) paraissait dans le journal Le Temps le 14 février 1887[o 4]. Signée de grands noms de l'époque (Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Gounod, Leconte de Lisle, Charles Garnier, Sully Prudhomme, etc.) et restée célèbre sous le nom de Protestation des artistes contre la tour de M. Eiffel, elle se montrait très virulente à l'égard de la hauteur de la tour qui viendrait, selon eux, défigurer Paris[o 4] :
189
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190
+ « II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée. »
191
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+ — Collectif d’artistes, « Les artistes contre la tour Eiffel », Le Temps, 14 février 1887.
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+ Un débat houleux mêlant des personnalités de l'époque, des responsables politiques, des journalistes, des ingénieurs suit cette déclaration.
195
+
196
+ En juillet 1888, François Coppée fustige la tour Eiffel, qu’il traite de « mât de fer aux durs agrès / Inachevé, confus, difforme », de « symbole de force inutile », d’« œuvre monstrueuse et manquée » ou encore de « mât ridicule » (Sur la tour Eiffel, deuxième plateau, Poésies). En mai 1889, par poésie interposée, Raoul Bonnery lui répond : « Tu mis la fleur de ta science/ A m'appeler « Monstre hideux » / Un peu plus de reconnaissance / T'eût convenu peut-être mieux. », ou encore « Quel sang dans tes veines circule / Pour t'écrier avec mépris, / Que je suis un mât ridicule / Sur le navire de Paris. / Un mât ? J'accepte l'épithète, / Mais un mât fier, audacieux, / Qui saura, portant haut la tête, / Parler de progrès jusqu'aux cieux. » (La tour Eiffel à François Coppée, le jour de ses 300 mètres, in Le Franc journal). Au contraire des exemples précédents, Vicente Huidobro, Blaise Cendrars et Louis Aragon lui rendent hommage (respectivement dans Nord-Sud, no 6-7, 1917, La tour en 1910 in Dix-neuf poèmes élastiques, 1913 et La tour parle in La Tour Eiffel de Robert Delaunay). Pierre Bourgeade, dans une nouvelle intitulée La Suicidée, relate, via le témoignage d'un gardien, le suicide d'une inconnue ayant sauté du 3e étage de la tour (in Les Immortelles, Gallimard, 1966).
197
+
198
+ On a pu lire ailleurs :
199
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200
+ Gustave Eiffel répondit à la protestation des artistes, dans un entretien avec Paul Bourde qui fut reproduit dans le même numéro du journal Le Temps, à la suite de la protestation[o 4].
201
+
202
+ Le ministre Édouard Lockroy remit au directeur des travaux, Adolphe Alphand, une réponse qui pourrait avoir été rédigée par un obscur fonctionnaire nommé Georges Moineaux, qui deviendra célèbre sous le nom de Georges Courteline.
203
+
204
+ Gustave Eiffel écrivit plus tard :
205
+
206
+ « Cette page bien française a dû étonner quelque peu les expéditionnaires du ministère ; la correspondance administrative n'est malheureusement d'ordinaire ni si vive, ni si gaie, ni si spirituelle ; sa sévérité s'accommode mal à nos vieilles traditions gauloises. Si M. Lockroy pouvait faire école, l'exercice des fonctions publiques serait moins monotone et certainement mieux apprécié. Le ministre avait su mettre les rieurs de son côté. Son procès était gagné. »
207
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208
+ La tour Eiffel a attiré les foules après son inauguration, faisant, petit à petit, taire les réticences . Ainsi, deux ans après avoir signé la « protestation des artistes », Sully Prudhomme prononce un discours favorable à la tour.
209
+
210
+ Avant même la fin de la construction, Georges Seurat ou encore Paul-Louis Delance peignent la tour Eiffel. En 1889, le peintre Roux la représente à la Fête de nuit à l’Exposition universelle de 1889 et Jean Béraud la fait apparaître en arrière-plan de son Entrée de l’Exposition de 1889.
211
+
212
+ Puis plusieurs peintres viendront directement s'en inspirer : le Douanier Rousseau, Paul Signac, Pierre Bonnard, Maurice Utrillo, Marcel Gromaire, Édouard Vuillard, Albert Marquet, Raoul Dufy, Marc Chagall, Roger Lersy, Henri Rivière[o 5], Paolo Intini[25].
213
+
214
+ Mais le peintre le plus prolifique et inspiré vis-à-vis de la tour Eiffel reste Robert Delaunay, qui en fait le sujet central d'une trentaine de toiles, réalisées entre 1910 et 1925[26].
215
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216
+ Georges Seurat (1859-1891). La Tour Eiffel. 1889
217
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218
+ Paul-Louis Delance (1848-1924). La tour Eiffel vue de la Seine. 1889
219
+
220
+ Henri Rousseau (1844-1910). La tour Eiffel. 1898
221
+
222
+ Robert Delaunay (1885-1941) La Tour Eiffel. 1911
223
+
224
+ Au moment de son édification et au tout début de son exploitation, le monument a avant toutes choses fait l’objet d’analyses critiques personnelles, le plus souvent publiées dans des journaux de l’époque et le plus souvent négatives, les artistes abordant les thèmes récurrents du défi technique, industriel et commercial que la tour représentait à l’époque, de son influence sur le rayonnement de la France à l’étranger, l’aspect esthétique ou au contraire inesthétique de la tour ou encore de son intérêt scientifique potentiel ou au contraire de son inutilité.
225
+
226
+ Par la suite, devant le succès populaire qu’elle a remporté auprès du grand public, un grand nombre d’écrivains ont revu leurs considérations, balayant leurs dernières réserves.
227
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228
+ Roland Barthes décrit ce sentiment d'attrait/répulsion des artistes vis-à-vis de la tour Eiffel :
229
+
230
+ « Regard, objet, symbole, la tour est tout ce que l’homme met en elle, et ce tout est infini. Spectacle regardé et regardant, édifice inutile et irremplaçable, monde familier et symbole héroïque, témoin d’un siècle et monument toujours neuf, objet inimitable et sans cesse reproduit, elle est le signe pur, ouvert à tous les temps, à toutes les images et à tous les sens, la métaphore sans frein ; à travers la tour, les hommes exercent cette grande fonction de l’imaginaire, qui est leur liberté ; puisque aucune histoire, si sombre soit-elle, n’a jamais pu la leur enlever. »
231
+
232
+ — Roland Barthes, La Tour Eiffel, Delpire Éditeur, 1964.
233
+
234
+ Léon-Paul Fargue revient sur l’analyse critique de ses pairs, sur la tour à ses débuts (Le Piéton de Paris, 1932-1939), de même que Pierre Mac Orlan, qui tout en rappelant qu’au départ, pour les artistes, « vitupérer contre la tour […] était un brevet de sensibilité littéraire et artistique », souligne l’intérêt scientifique et militaire qui a ensuite été reconnu à la tour (La Tour, Javel et les Bélandres, Villes, in Œuvres complètes), enfin dernièrement, Pascal Lainé aborde l’histoire de la conception, de la construction et des premières années d’exploitation de la tour à travers une narration romancée (Le Mystère de la tour Eiffel, 2005). En cela, il se rapproche de Dino Buzzati, qui dans Le K., mettait en scène un ouvrier fictif qui aurait travaillé sur le chantier de la tour en 1887-1889. Néanmoins, Buzatti procède différemment de Lainé, son texte étant une nouvelle, pas un roman, et le ton utilisé étant fantastique et non réaliste comme pour Pascal Lainé.
235
+
236
+ En poésie, Guillaume Apollinaire en a fait un calligramme souvenir de guerre, dans 2e canonnier conducteur du recueil Calligrammes (1918), et l'évoque dans un vers de Zone en 1913, vers que René Étiemble considère, dans Essais de littérature (vraiment) générale, comme un exemple d’haïku occidental (« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »).
237
+
238
+ Le monument du Champ-de-Mars a également été traité sous des formes particulières : journal (Jules de Goncourt et Edmond de Goncourt, Journal, tome VIII, 6 mai et 2 juillet 1889), récit de voyage (Guy de Maupassant, La vie errante, 1890), où l’écrivain dit son dégoût de la tour Eiffel (Dès les premières lignes, le ton est donné : « J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour Eiffel finissait par m’ennuyer trop »), étude sémiologique (Roland Barthes, La Tour Eiffel, 1964), mais aussi préface de livres, discours à une conférence, article dans une revue, etc.
239
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240
+ La tour est également largement évoquée dans le roman d'Umberto Eco Le Pendule de Foucault, publié en 1988 ; le chapitre 116 lui est presque entièrement consacré.
241
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242
+ Dès que l'ingénierie cinématographique commença à se développer, la tour Eiffel fut filmée par les cinéastes les plus illustres. Ainsi, dès 1897, soit seulement 8 ans après son inauguration, Louis Lumière filme le premier l'édifice dans Panorama pendant l'ascension de la tour Eiffel pour le diffuser au public dans sa salle de projection parisienne. Un autre pionnier du cinéma, Georges Méliès, la montrera dans Images de l'exposition 1900.
243
+
244
+ La tour Eiffel trouve sa première consécration dans une œuvre de fiction avec les premiers Fantômas de Louis Feuillade, soit 5 films d'action réalisés durant les années 1913 et 1914 (Fantômas, Juve contre Fantômas, Le mort qui tue, Fantômas contre Fantômas et Le Faux Magistrat). René Navarre qui joue Fantômas est alors le maître de la tour Eiffel.
245
+
246
+ En 1923, avec Paris qui dort, René Clair réalise la première fiction ayant la tour Eiffel pour personnage principal. Dans ce court film (35 minutes), un scientifique plonge Paris dans le sommeil. Une poignée d'hommes et de femmes qui se réfugient dans les hauteurs de la tour Eiffel échappent au sort réservé aux autres habitants de la capitale. La tour Eiffel devient alors un lieu magique qui offre sa protection à ces heureux individus. Le réalisateur français récidivera en 1928, avec La Tour, mais cette fois-ci sous forme de documentaire. Pendant les 14 minutes que dure cette œuvre, il explore toutes les possibilités de la caméra et montre le monument sous toutes ses coutures. Par là même, il signe une sorte de déclaration d'amour à cet édifice qui l'inspire tant.
247
+
248
+ En 1930, avec La Fin du monde, Abel Gance pousse encore les recherches pour mettre en valeur l'esthétisme des structures de la tour.
249
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250
+ En 1939, le réalisateur Ernst Lubitsch connaît un des plus grands succès de sa carrière avec le film Ninotchka. La camarade russe Ninotchka, jouée par Greta Garbo, arrive en mission à Paris. En chemin vers la tour Eiffel, elle rencontre un Français (Melvyn Douglas) avec lequel elle vivra une aventure sentimentale qui prendra de plus en plus d'ampleur à chaque étage franchi de la tour. La plupart des vues de la tour Eiffel sont réalisées en studio et non sur place. La célèbre scène du cocktail associera à jamais l'image du champagne à celle de la tour Eiffel et comme l'explique le scénariste du film, Billy Wilder, à la suite de ce film, Hollywood aura tendance à adopter l'enchaînement d'une bouteille de champagne à la tour Eiffel pour chaque scène se déroulant à Paris.
251
+
252
+ Mais avant toutes choses, la tour Eiffel deviendra au fil du temps, le symbole visuel de Paris et de la France.
253
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254
+ Ainsi, dès 1942, le célèbre film de Michael Curtiz, Casablanca met furtivement en scène la tour Eiffel pendant l'histoire romantique se passant à Paris entre Rick Blaine (Humphrey Bogart) et Ilsa Lund Laszlo (Ingrid Bergman). Le cinéma américain sera également très friand d'apparitions de la tour, notamment pour l'effet pratique et symbolique. Elle permet en effet de signifier en un seul plan ou une seule séquence, même courte, que l'action se situe en France ou à Paris. Ainsi, dès 1953, Byron Haskin la montre détruite dans son adaptation de La Guerre des mondes. Ce genre d'images (la tour Eiffel détruite) sera par la suite souvent utilisée dans des films américains pour signifier un danger planétaire immédiat et grave, comme en 1996 dans Independence Day et Mars Attacks! ou encore Armageddon en 1998.
255
+
256
+ Recenser de manière exhaustive les évocations de la tour dans l'art ou la culture serait impossible. La construction de la tour a accompagné le développement de certaines formes d'art, comme la photographie ou la bande dessinée. La publicité et l'industrie des loisirs ont également largement utilisé la tour, de la silhouette aux détails structurels, afin d'évoquer l'art de vivre français.
257
+
258
+ Enfin, si les formes d'expression plus traditionnelles, comme le théâtre et à l'opéra, se sont librement emparées de la tour, son utilisation y est restée plus confidentielle que d'autres, plus modernes, comme les jeux vidéo ou la télévision.
259
+
260
+ À son inauguration, la tour Eiffel est la structure la plus haute au monde avec ses 300 mètres. Elle dépasse de 130 mètres la précédente plus haute structure au monde, l'obélisque de Washington, et conserve sa première place pendant environ 40 ans (la grande pyramide de Gizeh a détenu ce record pendant environ 4 000 ans), jusqu'en 1930, où elle est dépassée par le Chrysler Building, avec 319 mètres.
261
+
262
+ La pierre ne permet pas de dépasser une certaine hauteur. L'obélisque de Washington en est la preuve. Il était prévu à l'origine que le monument, fait de marbre, de grès et de granit, atteigne 180 mètres de hauteur. Achevé le 6 décembre 1884, et officiellement ouvert au public le 9 octobre 1888, il mesure 169 mètres, soit 10 de moins que prévu. C'est alors la plus haute structure du monde.
263
+
264
+ La technique du fer permet ensuite de dépasser cette limite. Que ce soit en Angleterre, en France ou aux États-Unis, les projets vont se multiplier pour atteindre l'objectif de 300 mètres. En 1833, Richard Trevithick, expert britannique des machines à vapeur, propose un projet de colonne en fonte ajourée, haute de 1 000 pieds (≈ 300 mètres).
265
+
266
+ En France, dans les années 1880, le principal concurrent de Gustave Eiffel est Jules Bourdais, qui a imaginé et construit, avec Gabriel Davioud, le palais du Trocadéro, dans le cadre de l'exposition universelle de 1878. Bourdais imagine d'abord une tour de 300 mètres en granit, mais le projet ne prenant pas assez en compte le problème de la résistance des matériaux, ce matériau sera finalement remplacé par le fer en 1886, lors du concours qui l'oppose à Gustave Eiffel pour construire une tour de 300 mètres pour l'Exposition universelle de 1889. Si Jules Bourdais est resté connu comme un concurrent sérieux d'Eiffel, c'est qu'il a su promouvoir, comme son adversaire, son projet de tour auprès des hommes politiques, des médias et du grand public. 107 projets sont déposés lors de ce concours. Même s'ils ne semblent pas tous réalistes, cela prouve que Gustave Eiffel est loin d'être le seul ingénieur à avoir planché sur ce projet de très haute tour.
267
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268
+ En 1889, avant que la tour Eiffel ne soit officiellement achevée, seules trois structures dépassaient 150 mètres, soit la moitié de sa hauteur : la cathédrale de Rouen (150 mètres), la cathédrale de Cologne (169 mètres) et l'obélisque de Washington (169 mètres). Avec ses 300 mètres, la tour Eiffel dépasse donc largement tous les autres grands bâtiments du monde existants à l'époque[27].
269
+
270
+ Après le succès populaire pendant l’Exposition universelle de Paris de 1889 et le demi-succès de l’Exposition universelle de 1900, le nombre de visiteurs ne décollera qu’une fois la Seconde Guerre mondiale terminée.
271
+
272
+ Ainsi, entre 1901 et 1914, entre 120 000 et 260 000 personnes en font l’ascension chaque année. De 1915 à 1918 inclus, elle est fermée du fait de la Première Guerre mondiale. Puis, de 1919 à 1939, la tour Eiffel attire en moyenne 480 000 visiteurs par an avec des pics à 800 000 entrées pendant l’Exposition coloniale de 1931 et l’Exposition spécialisée de 1937. Entre 1940 et 1945 inclus, elle est de nouveau fermée pour cause de Seconde Guerre mondiale.
273
+
274
+ Une fois cette période passée, le nombre de visiteurs annuels ne cessera d’augmenter : 1 300 000 en moyenne de 1946 à 1962 et ce n’est véritablement qu’à partir de 1963 que les entrées se développent, notamment grâce à l’essor du tourisme international. En effet, en 1963, la tour Eiffel repasse pour la première fois le cap des 2 millions de visiteurs, soit le même que pour son année inaugurale soixante-quatorze ans plus tôt, à la différence majeure que cette fois-ci, ce cap symbolique de 2 millions d’entrées sera amélioré chaque année. En 1972 le cap des 3 millions d’entrées est dépassé, en 1984 c’est celui des 4 millions, en 1989 celui des 5 millions, et enfin en 1998 celui des 6 millions.
275
+
276
+ À l’heure actuelle, ce sont donc plus de 300 millions de visiteurs qui ont foulé de leurs pieds la tour Eiffel (palier atteint le 28 septembre 2017)[4].
277
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278
+ D'après l'Observatoire régional du tourisme d'Île-de-France, la tour Eiffel est le cinquième monument le plus visité d'Île-de-France en 2004 avec 6 229 993 visiteurs, derrière Notre-Dame de Paris (12 800 000 visiteurs), Disneyland Paris (12 400 000), la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (8 millions) et le musée du Louvre (6 600 398)[28].
279
+
280
+ Propriété de l'État français pendant l'Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel est ensuite devenue propriété de la ville de Paris (Article 11 de la convention du 8 janvier 1887). Selon ce même article, Gustave Eiffel devient (en son nom propre) l'exploitant de la tour Eiffel. Il possède la jouissance commerciale de la tour pour une durée de vingt ans, du 1er janvier 1890 au 31 décembre 1909, après quoi, l'édifice est susceptible d'être détruit. Devant l'intérêt scientifique reconnu au monument, Gustave Eiffel obtient une prolongation de son autorisation d'exploiter commercialement la tour Eiffel, à partir du 1er janvier 1910 et pour une période de 70 ans supplémentaires.
281
+
282
+ La gestion du monument a ensuite été confiée, de 1980 à 2005, à la Société nouvelle d'exploitation de la tour Eiffel (SNTE), société d'économie mixte détenue à 30 % par Paris et à 70 % par la SAGI (Société anonyme de gestion immobilière), elle-même détenue à hauteur de 60 % par Perexia, une filiale du Crédit foncier de France (Groupe Caisse d'épargne) et à 40 % par Paris.
283
+
284
+ Le 13 décembre 2005, le conseil de Paris décide la création d'une nouvelle société d'économie mixte, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE), détenue à hauteur de 60 % par Paris et à 40 % par des partenaires privés (BTP Eiffage, Unibail, LVMH, Dexia Crédit local et EDF), pour prendre le relais de la SNTE dans la gestion du monument dans le cadre d'une délégation de service public[30]. Cette société doit être l'exploitant de la tour du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2015.
285
+
286
+ En 2011, l'exploitation de la tour Eiffel donne du travail à plus de 500 personnes, dont plus de 250 directement employés par la SETE[o 1]. De nos jours, l'exploitation de la tour Eiffel est rentable. Ainsi, l'édifice est un des rares monuments français, sinon le seul, à avoir une réalité économique puisqu'elle ne fait appel à aucune subvention.[réf. nécessaire]
287
+
288
+ La tour Eiffel a coûté 7,8 millions de francs-or. L'État français a versé 1,5 million de francs-or sous forme de subventions et une société anonyme a été spécialement créée à l'occasion de l'édification de la tour, avec un capital de 5,1 millions de francs-or. Cette société était détenue pour partie par Gustave Eiffel lui-même et pour partie par un consortium de trois banques. Les bénéfices obtenus à l'issue de l'Exposition universelle de 1889 ont permis de rembourser intégralement le capital aux actionnaires.
289
+
290
+ Selon une étude conduite par la Chambre de commerce italienne de Monza et Brianza en 2012, qui a évalué les monuments d'Europe les plus célèbres, la tour Eiffel aurait une image de marque d'une valeur virtuelle de 434 milliards d'euros, loin devant le Colisée de Rome (91 milliards d'euros) et la Sagrada Família de Barcelone (90 milliards d'euros)[31],[32].
291
+ Selon l'étude historico-immobilière "Que vaut Paris ?" publiée en 2013, la Tour Eiffel vaudrait 2,8 milliards d'euros comparés à 7,5 milliards pour Le Louvre et 525 milliards pour l'ensemble des logements parisiens[33].
292
+
293
+ Les textes désignant les exploitants de la tour Eiffel sont les suivants :
294
+
295
+ Dès 1889, la tour Eiffel fait l'objet de très nombreuses reproductions, on la retrouve par exemple sur des bouteilles, des bougies, des chromos, des pieds de lampe, etc.
296
+
297
+ Gustave Eiffel envisage alors d'exploiter commercialement l'image de sa tour. Jules Jaluzot, directeur du Printemps, lui propose même de lui racheter les droits exclusifs de reproduction pour fabriquer des copies en série et les vendre dans son magasin. Mais l'initiative provoque un tollé de nombreux artisans et Gustave Eiffel renonce à son idée initiale en abandonnant ses droits d'auteur dans le domaine public.
298
+
299
+ Ainsi, Gustave Eiffel s'est privé d'une source de revenus importante. L'exploitation commerciale de l'image sur les cartes postales représentant la tour Eiffel aurait pu lui rapporter beaucoup d'argent.[réf. nécessaire] Avec plus de 5 milliards d'unités, en cumulé depuis 1889, les cartes postales représentant le monument sont les plus vendues au monde[34]. Mais Gustave Eiffel a une importante fortune personnelle et la seule exploitation commerciale des entrées lui rapporte suffisamment.[réf. nécessaire]
300
+
301
+ La Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE) revendique des droits sur la publication de la tour illuminée, sans que cela soit confirmé par un jugement[35], en s'appuyant sur une décision de la Cour de cassation du 3 mars 1992 relative à des illuminations mises en place en 1989, pour le centenaire de la tour. Selon la Cour, le spectacle son-et-lumière La Mode en images, et notamment « la composition de jeux de lumière destinés à révéler et à souligner les lignes et les formes du monument constituait une « création visuelle » originale, et, partant, une œuvre de l'esprit[36]. »
302
+
303
+ De 2008 à 2014, l’ascenseur du pilier ouest est rénové pour un coût global estimé à 36 millions d'euros[37].
304
+
305
+ La 19e campagne de peinture de la tour a lieu de 2009 à 2010[38].
306
+
307
+ En 2010, un modèle numérique de la tour a été réalisé par le Centre technique des industries mécaniques en collaboration avec DEKRA, pour la Société d'exploitation de la tour Eiffel. Grâce à ce modèle, il est possible de simuler le comportement de la structure en fonction des efforts appliqués (vent, gel, neige, poids des visiteurs), ou d'anticiper les conséquences des modifications et de mieux planifier l'entretien[39].
308
+
309
+ En 2012 et 2013, le premier étage de la tour est rénové par l'agence Moatti-Rivière. À cette occasion, le bord intérieur de l'étage sera prolongé par des dalles transparentes bordées par un garde-corps vitré, afin de donner une vue sur le sol[40]. Cette opération, financée en totalité par la Société d'exploitation de la tour Eiffel, a pour but d'augmenter la fréquentation du 1er étage, les visiteurs ayant tendance à préférer les autres étages[40]. La salle de réception et de conférence Gustave-Eiffel sera détruite puis reconstruite, afin de la moderniser et d'améliorer la vue depuis l'intérieur[40]. Le pavillon Ferrié sera également détruit puis reconstruit[40].
310
+
311
+ En 2018, la tour Eiffel doit faire l'objet d'un lifting qui est compliqué par la présence de plomb[41].
312
+
313
+ La tour Eiffel est régulièrement animée par des jeux de lumière[o 6]. Dès 1888, avant même son achèvement, des feux d’artifices étaient tirés depuis le deuxième étage, et encore maintenant, il est le lieu de rendez-vous des Parisiens à chaque fête nationale française.
314
+
315
+ En 1889, et dans un premier temps, les éclairages de la tour se font à l'aide de 10 000 becs de gaz, mais dès l’Exposition universelle de 1900, qui se tient à Paris, ils se font à l’électricité.
316
+
317
+ En 1925, André Citroën fait installer par Fernand Jacopozzi une énorme publicité lumineuse pour sa marque, s’étendant en hauteur. Les illuminations par 250 000 ampoules en six couleurs figurent neuf tableaux, le dernier étant le nom « Citroën » avec un lettrage stylisé version Art déco. Elle reste en place jusqu'en 1933 bien que la commune ait multiplié par six sa taxe en 1926.
318
+
319
+ En 1937, pour l’Exposition internationale des arts appliqués, André Granet conçoit un nouvel éclairage mettant en valeur la structure en dentelle de la tour.
320
+
321
+ Pour le passage à l'an 2000, la tour a été équipée d'un faisceau lumineux tournant à la manière d’un phare rappelant ainsi le projet initial de Gustave Eiffel. En outre, sur toute la hauteur de la tour, un système de 20 000 flashes est venu compléter l'éclairage habituel. Ces 20 000 ampoules à baïonnettes crépitaient tous les jours pendant dix minutes à midi, et de la tombée de la nuit à une heure du matin, en plus de l’éclairage doré habituel, elles s’illuminaient pendant cinq minutes à chaque nouveau passage d’heure. Enfin, à une heure du matin, pour clore le spectacle, les ampoules brillaient pendant dix minutes, mais cette fois-ci seules, c’est-à-dire sans l’éclairage habituel de la tour.
322
+
323
+ Certaines illuminations célèbrent des événements d'une portée plus internationale. Par exemple, de nouvelles illuminations apparaissent le 22 janvier 2004 pour célébrer le nouvel an chinois à Paris. De juillet à décembre 2008, à l'occasion de la présidence française du conseil de l'Union européenne, la tour Eiffel fut éclairée en bleu et, entre le premier et le second étage, 12 lumières en forme d'étoiles furent installées pour évoquer le drapeau européen. Elle est illuminée en vert le 30 novembre 2015 à l'occasion de l'ouverture à Paris de la COP21.
324
+
325
+ Depuis peu, les illuminations s'accordent avec l'actualité : dans la nuit du 14 au 15 novembre 2015, les éclairages de la tour s'éteignent, en signe de deuil, après les attentats survenus la veille[42]. Puis, du 16 au 18 novembre, la face nord-ouest de la tour est éclairée des couleurs tricolores[43]. Ces illuminations sont, par la suite, prolongées jusqu'au 25 novembre[44]. Elle est également illuminée aux couleurs du drapeau belge le 22 mars 2016, après que des attentats ont frappé le pays.
326
+
327
+ Le soir du 26 septembre 2019, la tour Eiffel est éteinte après la mort de l'ancien président de la République Jacques Chirac[45].
328
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329
+ La tour pendant l'exposition universelle de 1900.
330
+
331
+ La tour arborant la publicité « Art déco » imaginée par André Citroën en 1925.
332
+
333
+ La tour illuminée par le feu d'artifice du 14 juillet 2005
334
+
335
+ Tour Eiffel aux couleurs de l'euro (€) en 2008.
336
+
337
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales en hommage aux attentats de Paris du 13 novembre 2015.
338
+
339
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales belges en hommage aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
340
+
341
+ La tour a servi de podium à quelques artistes : le 25 septembre 1962, pour le lancement du film Le Jour le plus long, Édith Piaf chante depuis le premier étage de la tour Eiffel[o 2] devant 25 000 Parisiens. En 1966, pour le lancement de la campagne mondiale contre la faim, Charles Aznavour et Georges Brassens y chantent.
342
+
343
+ Pour les événements plus spectaculaires, le monument ne peut pas accueillir les artistes : la tour ne sert que d'arrière-plan aux spectacles qui se déroulent sur le Champ de Mars . Le 14 juillet 1995, Jean-Michel Jarre donne ainsi un concert au pied de la tour Eiffel pour célébrer les 50 ans de l'UNESCO, devant plus d'un million de spectateurs[46]. Le 10 juin 2000, Johnny Hallyday y donne un concert et un spectacle pyrotechnique, devant 600 000 personnes, dont il tirera un disque : 100 % Johnny - Live à la tour Eiffel.
344
+
345
+ Parmi les nombreuses répliques de la tour Eiffel, on peut citer :
346
+
347
+ L'escalier hélicoïdal de 1889 reliant à l'origine le deuxième au troisième étage a été démonté en 1983 et découpé en 24 morceaux dont 20 ont été vendus aux enchères[47]. Certains de ces morceaux sont occasionnellement remis aux enchères comme en 2016, quand François Tajan a adjugé le tronçon numéro 13, d'une hauteur de 2,60 mètres et comptant 14 marches, pour la somme de 523 800 euros[48].
348
+
349
+ Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 m, est la plus haute plate-forme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la plus haute d'Europe, tant que celle de la Tour Ostankino à Moscou culminant à 360 m demeurera fermée au public, à la suite de l'incendie survenu en l'an 2000, l'observatoire du Shard de Londres se situant à 245 m et celui de la Fernsehturm de Berlin à 204 m.
350
+
351
+ Au sud-ouest du pilier ouest de la tour Eiffel, se trouve une cheminée en briques rouges, parmi des arbustes au sommet d'une fontaine et de grottes artificielles au bord d'un petit étang. Elle date de l'époque de la création de la tour en 1887. Elle servait à alimenter en énergie le chantier du pilier sud durant sa construction.
352
+
353
+ En 1925, l'escroc Victor Lustig vend la tour Eiffel pour pièces détachées et récupération, à un ferrailleur[49],[50]. Ayant lu dans la presse que celle-ci pourrait être bientôt démolie, il fabrique de faux documents à en-tête du ministère des Postes et Télégraphes, organisme alors responsable de la tour, et invite les cinq plus importantes compagnies récupératrices de métaux ferreux à l'hôtel de Crillon, place de la Concorde à Paris. Seuls sont censés être dans la confidence le président de la République, le ministre, le sous-ministre et son chef de cabinet. Se présentant comme étant ces deux derniers, Victor Lustig et son complice Dan Collins conduisent leurs invités en limousine à la tour Eiffel et la leur font visiter, puis annoncent au ferrailleur le plus crédule qu'il a remporté le marché. Celui-ci ayant payé par chèque une avance représentant le quart de la soumission, augmenté d'un pot-de-vin, les deux escrocs encaissent le chèque et s'enfuient en Autriche. Revenus à Paris retenter leur chance avec de nouveaux ferrailleurs, ils sont surveillés par la police et s'échappent en bateau à New York.
354
+
355
+ Cet exploit a été repris dans le livre (The Man Who Sold the Eiffel Tower) de James F. Johnson et Floyd Miller, paru en 1961 chez Doubleday[51], dont la traduction française (L'Homme qui vendit la tour Eiffel) a été publiée en 1963 par Calmann-Lévy[52]. En 1964, Claude Chabrol réalise un court-métrage inspiré de cette histoire, L'Homme qui vendit la tour Eiffel, dans le film à sketches Les Plus Belles Escroqueries du monde.
356
+
357
+ Comme les artistes, les sportifs ont utilisé la tour à la fois pour la publicité qu'elle permet, que pour le défi que peut représenter sa hauteur. Pour beaucoup, il s'agit d'un exploit réalisé sans l'accord préalable de la société exploitant la tour, comme les sauts à l'élastique de A. J. Hackett et Thierry Devaux, ou Taïg Khris qui établit le record du monde de saut dans le vide en roller en s'élançant d'une plate-forme située au niveau du premier étage de la tour Eiffel. D'autres sont moins risqués mais ont marqué par leur originalité, comme Sylvain Dornon qui, en 1905, monte sur des échasses les marches qui mènent au premier étage.
358
+
359
+ Des manifestations sportives ont aussi marqué l'histoire de la tour. Le 26 novembre 1905, le quotidien Les Sports organise le « championnat de l'escalier » regroupant 227 concurrents. Le vainqueur, un laitier du nom de Forestier, grimpe les 729 marches menant au deuxième étage en 3 min 12 s[53].
360
+
361
+ En avril 1900, Henry Deutsch de la Meurthe offre un prix de 100 000 francs à la première machine volante capable de réaliser, avant octobre 1904, le trajet aller-retour de Saint-Cloud à la tour Eiffel en moins de 30 minutes. 19 octobre 1901, Alberto Santos-Dumont parcourt ce trajet en 30 min 42 s, avec son ballon dirigeable no 6, et remporte le prix. En 1944, peu avant le débarquement en Normandie, un pilote américain du 357th Fighter Group, William Overstreet, Jr., aux commandes d'un P-51 Mustang passe sous les arches de la tour Eiffel pour abattre un Messerschmitt Bf 109. Ce dernier, touché à plusieurs reprises par le Mustang, tenta de survoler Paris pour le faire abattre par la Flak[54].
362
+
363
+ La tour Eiffel n’a connu qu'un seul accident mortel durant sa construction[55].
364
+
365
+ Le 4 février 1912, Franz Reichelt, un jeune tailleur parisien de 33 ans d’origine autrichienne, décide de sauter du premier étage de la tour Eiffel, soit à quelque cent mètres de hauteur, muni d’une voilure de son invention, une combinaison-parachute en toile caoutchoutée avec ailes d'une surface portante de douze mètres carrés, et de se filmer. Il s’écrase au sol, après avoir déjoué la vigilance des policiers qui s'attendaient à un essai avec un mannequin[56]. L’autopsie montre qu'il est mort d’une crise cardiaque, avant d’avoir touché le sol[57].
366
+
367
+ Le 24 février 1926, à la suite d'un pari avec un Américain, Léon Collot, jeune lieutenant de réserve de 32 ans du camp d’Orly, décide de faire passer son avion Breguet 19 entre les pieds ouest et nord de la tour Eiffel ; malheureusement, à la suite de son passage réussi, il se tue en heurtant une antenne TSF[58].
368
+
369
+ Le 20 mars 1928, un essai de parachute à la tour Eiffel, alors que cette pratique est totalement interdite depuis 1912, va mal tourner, provoquant la mort de Marcel Gayet, un bijoutier de 35 ans, qui va chuter de 80 mètres avant de s'écraser au sol, son parachute ne s'étant pas ouvert, alors qu'il a sauté du 1er étage de la tour. Le mauvais pliage de son parachute serait en cause[59].
370
+
371
+ En 2006, selon le Quid, il y avait eu 366 morts depuis l'inauguration de la tour, tous motifs confondus : défis sportifs ratés, accidents, suicides, etc.[34]. Depuis plusieurs décennies, la société exploitant le monument a mis en place un système de filets de sécurité empêchant les accidents et dissuadant les aventuriers. Malgré cela, certains arrivent encore à passer outre et à braver le danger. Ce fut le cas le 17 mai 2005, lorsqu’un Norvégien de 31 ans se tua vers 22 h en voulant sauter en parachute du deuxième étage. Malgré les protections, il réussit à s'élancer de la tour mais heurta peu après les structures du premier étage, mourant sur le coup[60],[61]. Le dernier en date, un Israélien, s'est suicidé le 24 juin 2012 en sautant dans le vide après avoir escaladé la tour jusqu'au-dessus du deuxième étage.
372
+
373
+ Seize tuyaux de fonte de 50 cm de diamètre courant le long des quatre piliers jusque dans la couche aquifère permettent d'écouler l'électricité lorsque la tour Eiffel est frappée par la foudre[62],[63].
374
+
375
+ La tour Eiffel est l'émetteur principal de diffusion hertzienne de la région parisienne, en particulier pour les programmes de radio FM, auparavant de télévision analogique et aujourd'hui télévision numérique. De nombreuses liaisons sont également réalisées depuis les antennes disposées à son sommet. Plus d'une centaine de faisceaux hertziens assurent la transmission des signaux entre la tour et les différents opérateurs (studios, régies…).
376
+
377
+ Une trentaine de programmes FM est diffusée depuis la tour, dont :
378
+
379
+ Depuis le 31 mars 2005, la Télévision numérique terrestre (TNT) est diffusée depuis la tour Eiffel. La diffusion depuis la tour est passée au tout numérique le 8 mars 2011.
380
+
381
+ Pendant l'Euro de football 2016.
382
+
383
+ La tour Eiffel vue du Trocadéro le 31 octobre 2017.
384
+
385
+ La tour Eiffel à l'automne 2017.
386
+
387
+ Les canons à eau du Trocadéro devant la tour Eiffel.
388
+
389
+ Tour Eiffel, 2011.
390
+
391
+ La tour Eiffel vue depuis le jardin des Tuileries en 2019.
392
+
393
+ Tour Eiffel et Seine.
394
+
395
+ Sur les autres projets Wikimedia :
396
+
397
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
398
+
399
+ Pour la partie bibliographie (ouvrages écrits et catalogues d'exposition, hors DVD, bandes dessinées et sites Internet) :
fr/1676.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,37 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Eindhoven ([ˈɛintɦoːvə(n)] Écouter) est une ville néerlandaise située en province de Brabant-Septentrional. Avec 231 642 habitants au 1er janvier 2019 pour une superficie de 88,92 km2, il s'agit de la cinquième ville au niveau national ainsi que la première au niveau provincial en termes de population, bien qu'elle ne soit pas le chef-lieu de la province, qui est Bois-le-Duc.
4
+
5
+ La barre des 200 000 est atteinte le 15 février 1999 et la ville continue de grandir[2]. Les communes voisines sont Son en Breugel, Nuenen, Gerwen en Nederwetten, Geldrop-Mierlo, Heeze-Leende, Valkenswaard, Waalre, Veldhoven, Oirschot et Best. Avec les communes alentour, l'agglomération d'Eindhoven compte près de 440 000 sur une superficie d'environ 540 km2. La région d'Eindhoven — comptant près de 700 000 — fait partie du réseau urbain BrabantStad.
6
+
7
+ Le nom « Eindhoven » pourrait être trivialement traduit par la laatste hoeve (« dernière ferme ») de Woensel[3]. Cette signification remonterait au XIe ou XIIe siècle. Mais la signification plausible est peut-être plus ancienne et complexe, remontant à l'époque batave, où le terme romanisé serait anteeimansus, le domaine (mansus) placé en avant (ante) des autres (domaines) ou devant les autres. Le toponyme partiellement germanisé entre le VIe siècle et le Xe siècle pourrait être anteedinghof ou antehoffen, entérinant la mutation d'exploitation servile en cour colongère (dinghof) ou simple cour de collecte seigneuriale (hof ou hoffen). La transposition paysanne néerlandophone serait cohérente, la forme primitive de "hoeven" désigne au Xe siècle une manse fiscale (concrètement un village) et l'assimilation spatiale/sociale du début à la fin n'est qu'une question de déplacement du regard.
8
+
9
+ L'élément Eind ('fin, extrémité, final') se retrouve beaucoup dans les indications de lieux en microtoponymie locale; la rue principale d'Eindhoven, qui fait partie de l'ancienne voie Den Bosch-Maastricht, s'appelle en effet Stratumseind, à l'endroit où elle croise la Dommel, tandis qu'au Moyen Âge, ce même chemin menait, au nord, au hameau Eindje, juste à l'extérieur des remparts de la ville.
10
+
11
+ Hof ('lopin de terre clôturé, jardin') et hoeve ('ferme') signifient à peu près la même chose dans le dialecte du sud des Pays-Bas ; le mot 'hova' désignerait à l'origine un morceau de terre d'environ 10 hectares, qui était prêté à des particuliers[3]. Cet élément apparaît très fréquemment dans les environs d'Eindhoven. À noter, entre autres, Boshoven, Geenhoven, Haspershoven, Meerhoven, Nijhoven, Riethoven, Urkhoven, Veldhoven, Vlokhoven, Westerhoven et Zonhoven. -Hoven n'est pas la forme du pluriel, mais celle d'une ancienne déclinaison du singulier, pour définir un lieu. D'ailleurs, cette inflexion -hofen/-hoven se retrouve aussi couramment dans les noms de lieux en Belgique et en Allemagne[4].
12
+
13
+ D'autres explications ont été avancées mais elles sont moins plausibles.
14
+
15
+ Eindhoven est desservie entre autres par des voies ferrées pour le transport des personnes et des marchandises, des lignes de bus et les autoroutes A2 (Amsterdam-Maastricht) A50 (Eindhoven-Emmeloord), A58 (Eindhoven-Flessingue) et A67 (Duisbourg-Anvers). La ville possède également son propre aéroport, l'aéroport d'Eindhoven.
16
+
17
+ Eindhoven compte l'une des dix stations météorologiques du KNMI (Koninklijk Nederlands Meteorologisch Instituut = Institut météorologique du Royaume des Pays-Bas). C'est la seule station météo présente dans le triangle formé par les villes de Rotterdam, (de Bilt), Twente et Maastricht et elle fournit les données climatologiques de la région.
18
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19
+
20
+
21
+ Les armoiries d'Eindhoven sont d'argent à lion de gueules, parti de gueules à trois cors d'argent. Elles combinent le lion des ducs de Brabant et les cors des armoiries des seigneurs de Cranendonk. Le plus ancien témoignage de l'existence de ces armoiries est un sceau de 1355. Les armoiries actuelles ont été officiellement fixées en 1923. Avant cette date, les mêmes armoiries étaient utilisées, mais avec les couleurs du royaume (azur et or)[7].
22
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+ Le drapeau d'Eindhoven a été créé par l'architecte Louis Kooken et mis en place par les membres du conseil municipal le 14 octobre 1927 avec les couleurs actuelles de la ville : rouge et blanc. La lettre « E » est reconnaissable sur le drapeau. Deux bandes d'égale largeur proviennent de la hampe, une rouge et une blanche, faisant allusion au blason. La bande blanche jouxte cinq bandes horizontales alternativement rouges et blanches, de largeur égale, qui représentent les anciennes communes de Woensel, Tongelre, Stratum, Gestel et Strijp. Ces communes font partie d'Eindhoven depuis 1920. Eindhoven a également produit un étendard à la même époque. Celui-ci ressemble au drapeau à la seule différence du coin en haut à gauche, dans lequel apparaissent les armoiries[7].
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+ Eindhoven naît sur un terrain surélevé entre les ruisseaux Dommel et Gender. La ville reçoit, en 1232, des libertés communales du comte Henri Ier de Brabant. La villa Ravensdonck se trouve aujourd'hui à l'endroit où était implanté le vieux château du XVe siècle, tout près du monastère des augustins de Mariënhage. Après le siège d'Eindhoven en 1583, les remparts sont à nouveau détruits. À l'intérieur de ces remparts se trouvait l'église Sainte-Catharine, datant du Moyen-Âge, et détruite en 1860. L'église néogothique qui la remplace à présent est achevée en 1867. Conçue par Pierre Cuypers, elle se fait remarquer par son chœur dirigé vers l'ouest. De 2004 à 2006, le chœur de l'ancienne église Sainte-Catherine est excavé avec les restes qui y étaient enterrés, sous la direction de l'archéologue du bâti Nico Arts, originaire d'Eindhoven.
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+ Aux alentours de 1900, à la suite de l'industrialisation, les usines d'Eindhoven attirent de plus en plus de travailleurs. Citons les usines textiles Elias, De Haes, Bara (abréviation de Baekers et Raymakers), les industries du tabac Mignot & De Block, van Abbe en Lurmans, la tannerie des Frères Keunen, l'usine royale d'allumettes Mennen & Keunen, le célèbre cigarettier Brüning et le fabricant d'ampoules, puis d'appareils électriques Philips à partir de 1891. La ville accueillait les usines et les fabricants, alors que les communes alentour avaient la charge du logement des ouvriers car il n'y avait plus de place à Eindhoven.
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+ En 1920 naquit la ville actuelle d'Eindhoven, à l'époque aussi appelée Groot-Eindhoven (« Grand-Eindhoven »), de la fusion de la petite ville d'Eindhoven limité à 14 000 (correspondant approximativement au centre-ville actuel) et des communes avoisinantes de Woensel, Strijp, Stratum (en), Tongelre et Gestel en Blaarthem. La population de cette ville ouvrière modèle en 1930, après la fusion, s'élevait à plus ou moins 45 000. Depuis, des rattachements plus petits ont été effectués. Une partie de l'ancienne commune de Geldrop, et à la fin des années 1990, une partie de la commune de Veldhoven, ont été ajoutées, cette dernière pour y bâtir une zone industrielle (FlightForum) et un quartier résidentiel (Meerhoven).
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+ Eindhoven fut libérée le 18 septembre 1944 par les hommes de la 101e airborne, durant l'opération Market Garden. La ville fut alors soumise aux bombardements et aux attaques terrestres des Allemands. La libération est encore célébrée chaque année avec la Lichtjesroute (« route des Lumières »).
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+ Bien plus tard, l'usine automobile DAF contribua à l'expansion, tout comme le groupe VDL, qui produit des autobus et autocars massivement exportés. En 2003 environ 9 500 employaient près de 130 000 dans la région.
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+ La ville est connue pour son célèbre complexe omnisports du PSV Eindhoven dont le club de football du même nom fait partie des trois meilleurs clubs néerlandais (avec l'Ajax Amsterdam et le Feyenoord Rotterdam).Le PSV est également un des rares clubs de football à avoir vu évoluer Ronaldo sous ses couleurs.
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+ Albert Einstein (prononcé en allemand [ˈalbɐt ˈaɪnʃtaɪn] Écouter) né le 14 mars 1879 à Ulm, dans le Wurtemberg (Empire allemand), et mort le 18 avril 1955 à Princeton, dans le New Jersey (États-Unis), est un physicien théoricien. Il fut successivement allemand, apatride (1896), suisse (1901) et de double nationalité helvético-américaine (1940)[N 1]. Il épousa Mileva Marić, puis sa cousine Elsa Einstein.
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+ Il publie sa théorie de la relativité restreinte en 1905 et sa théorie de la gravitation, dite relativité générale, en 1915. Il contribue largement au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie, et reçoit le prix Nobel de physique de 1921 pour son explication de l’effet photoélectrique[N 2]. Son travail est notamment connu du grand public pour l’équation E=mc2, qui établit une équivalence entre la masse et l’énergie d’un système.
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+ Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands scientifiques de l'histoire, et sa renommée dépasse largement le milieu scientifique. Il est la personnalité du XXe siècle selon l'hebdomadaire Time. Dans la culture populaire, son nom et sa personne sont directement liés aux notions d'intelligence, de savoir et de génie.
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+ Son père, Hermann Einstein, est né le 30 août 1847 à Buchau et est mort le 10 octobre 1902 à Milan. Il épouse Pauline Koch (1858-1920) le 8 août 1876. Trois ans plus tard, le 14 mars 1879[N 3], Albert Einstein naît dans leur appartement à Ulm en Allemagne ; c’est leur premier enfant.
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+ Les Einstein sont des Juifs non pratiquants, mais un parent enseigne à Albert les éléments du judaïsme. Il a vers onze ans une phase très religieuse : il ne mange pas de porc et compose des chants religieux qu'il chante sur le chemin de l'école. « Mais je lus mes premiers livres de science, et j'en terminai avec la foi d'Abraham[1]. » Il ne fait pas sa Bar Mitzvah et n'apprend pas l'hébreu.
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+ L'intérêt d'Albert pour la science est éveillé par une boussole alors qu'il est âgé de cinq ans : l'existence d'une action à distance lui paraît « miraculeuse » et l'étonne très vivement. À douze ans, un petit livre sur la géométrie euclidienne du plan[2], qu'il nommera plus tard le « livre sacré de la géométrie », le marque fortement (« la clarté et la certitude des démonstrations eurent sur moi un effet indescriptible »). Son oncle Jakob, ingénieur associé dans l'entreprise de matériel électrique de son père[3], lui pose des problèmes mathématiques. Max Talmey, un étudiant en médecine qui dîne souvent chez les Einstein, lui offre des livres de science et plus tard des œuvres de Kant, et ils ont souvent de longues discussions.
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+ De douze à seize ans, il apprend en autodidacte le calcul différentiel et intégral[4].
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+ Abraham et Helen Einstein, ses grands-parents.
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+ Pauline Kock, sa mère.
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+ Hermann Einstein, son père, v. 1890.
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+ Albert et sa soeur Maria (Maja).
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+ Albert Einstein en 1894.
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+ Einstein présente un parcours scolaire relativement atypique par rapport aux éminents scientifiques qui furent plus tard ses contemporains. Très tôt, le jeune homme s'insurge contre le pouvoir arbitraire exercé par les enseignants, et est donc souvent dépeint par ces derniers comme un mauvais élément, très étourdi. Il éprouve jusque tard dans son enfance des difficultés pour s'exprimer[N 4].
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31
+ Il commence sa scolarité au Luitpold Gymnasium de Munich et en est renvoyé à l’âge de 15 ans (son professeur de grec jugeant sa présence incompatible avec la stricte discipline y régnant à l’époque[N 5]). Il a d’excellents résultats en mathématiques. Il rejoint ses parents à Pavie, en Italie, en 1895 et renonce à sa nationalité allemande (cet abandon étant officialisé en 1896[7]). Dans sa demande de répudiation de la nationalité allemande, il déclare n'adhérer à aucune confession religieuse, signant sa rupture officielle d'avec la religion juive[8].
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+ À 16 ans, il décide d'intégrer l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) — à laquelle on peut alors accéder sans avoir de baccalauréat. Il rate cependant l'examen d'entrée. Les examinateurs, ayant découvert son potentiel, l'incitent à se présenter une deuxième fois. Il entre à l’École cantonale d'Aarau en Suisse, et y passe une année pour mieux se préparer au prochain examen. Il y trouve une atmosphère plus ouverte et favorable à son apprentissage, les étudiants étant davantage incités à penser par eux-mêmes qu'à réciter des leçons apprises[9]. En 1896, il réussit l'examen et intègre, à l'automne, l'EPFZ, où il se lie d’amitié avec le mathématicien Marcel Grossmann, qui l’aidera plus tard en géométrie non euclidienne. Il y rencontre aussi Mileva Marić, sa première épouse, une des toutes premières étudiantes de l'école, qui travaillera également avec lui sur la théorie de la relativité et mènera ses propres recherches. Il obtient de justesse son diplôme en 1900, s'avouant, dans son autobiographie, « incapable de suivre les cours, de prendre des notes et de les travailler de façon scolaire »[10].
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+ Au cours de cette période, il approfondit ses connaissances en autodidacte par la lecture de livres de référence comme ceux de Kirchhoff, de Hertz, de Helmholtz et de Maxwell[11]. Son ami Michele Besso l’initie aux idées de la Mécanique d'Ernst Mach. Il obtient la nationalité suisse en 1901, qu'il gardera jusqu'à la fin de sa vie[7]. Selon plusieurs biographies, cette période de 1900 à 1902 est marquée par la précarité de sa situation : il postule à de nombreux emplois sans être accepté. Sa misère préoccupe son père, qui tente en vain de lui trouver un poste. Albert se résigne alors à s’éloigner du milieu universitaire pour trouver un emploi dans l’administration.
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+ En 1901, il publie son premier article scientifique dans les Annalen der Physik, et cet article est consacré à ses recherches sur la capillarité.
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+ À la fin de l’année 1902, naît le premier des enfants d’Albert Einstein, Lieserl. Son existence a longtemps été ignorée des historiens, et il n’existe aucune information connue sur son devenir. Albert et Mileva se marient en 1903, son père lui ayant finalement donné sa permission sur son lit de mort[N 6]. En 1904, le couple donne naissance à Hans-Albert, puis en 1910 naît Eduard Einstein.
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+ En juin 1902, il trouve, grâce à Marcel Grossmann[12], un emploi à l’Office des Brevets[N 7] de Berne[13], ce qui lui permet de vivre correctement tout en poursuivant ses travaux. Il emménage entre 1903 et 1905 dans l'actuelle maison d'Einstein, 49 Kramgasse. Durant cette période, il fonde l’Académie Olympia avec Conrad Habicht et Maurice Solovine, qui traduira plus tard ses œuvres en français. Ce cercle de discussion se réunit à la maison d'Einstein, et organise des balades en montagne. Einstein partage le résultat de ses travaux avec Conrad Habicht et lui envoie les articles qu’il publie pendant l’année 1905 (souvent appelée son annus mirabilis) concernant les fondements de la relativité restreinte, l’hypothèse des quanta de lumière et la théorie du mouvement brownien, qui ouvrent de nouvelles voies dans la recherche en physique nucléaire, mécanique céleste, etc. L’article portant sur le mouvement brownien prend appui sur des travaux qu’Einstein développe plus tard, et qui aboutissent à sa thèse, intitulée Eine neue Bestimmung der Moleküldimensionen (« Une nouvelle détermination des dimensions moléculaires », en allemand), et à son diplôme de doctorat le 15 janvier 1906[10].
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+
43
+ En 1909, Albert Einstein est reconnu par ses pairs, en particulier Planck et Nernst, qui souhaitent l’inviter à l’université de Berlin. Le 9 juillet 1909, il est distingué docteur honoris causa par l’université de Genève[10], il devient la même année professeur associé à l'université de Zurich[7]. En 1911, il devient professeur à l'université allemande de Prague[7] (alors ville de l'Empire austro-hongrois), et il est invité au premier congrès Solvay, en Belgique, qui rassemble les scientifiques les plus connus. Il y rencontre entre autres Marie Curie, Max Planck et Paul Langevin. Revenu à Zurich en 1912, il devient en 1913 membre de l’Académie des sciences de Prusse[7].
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+ En 1914, il déménage en Allemagne et habite à Berlin de nombreuses années. Il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin. Son poste à Berlin lui permet de se consacrer tout entier à ses travaux de recherche. Mileva et Albert se séparent et elle rentre en Suisse avec leurs enfants (leur divorce sera prononcé en 1919, année au cours de laquelle il épousera sa cousine Elsa[7]). À l’ouverture du conflit de la Première Guerre mondiale, il déclare ses opinions pacifistes. La ville de Berlin s’était engagée à lui fournir une maison, mais Albert Einstein obtient finalement un terrain sur lequel il fait construire une maison à ses frais. Situé à Caputh, près du lac de Havelsee, l’endroit est calme et lui permet de faire fréquemment de la voile.
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47
+ En 1916, il publie un livre présentant sa théorie de la gravitation, connue aujourd’hui sous le nom de relativité générale. En 1919, Arthur Eddington réalise la mesure de la déviation que la lumière d’une étoile subit à proximité du Soleil, cette déviation étant une des prévisions découlant de cette théorie. Cet événement est médiatisé, et Einstein entreprend à partir de 1920 de nombreux voyages à travers le monde. En novembre 1922, il reçoit le prix Nobel de Physique 1921[16], qui n'avait pas été attribué, « pour ses contributions à la physique théorique et, spécialement, pour sa découverte de la loi de l'effet photo-électrique ». Comme il est loin de la Suède en 1922, il reçoit son prix et prononce sa conférence Nobel à Göteborg le 11 juillet 1923. En 1925, il est lauréat de la médaille Copley, et en 1928 il est nommé président de la Ligue allemande des droits de l'homme. Il participe en 1928 au premier cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. En 1935, il devient lauréat de la médaille Franklin.
48
+
49
+ La situation s’assombrit en Allemagne dans les années 1920, et il subit des attaques visant ses origines juives et ses opinions pacifistes. Sa sécurité est menacée par la montée des mouvements nationalistes, dont celle du parti nazi. Peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, au début de 1933, il apprend que sa maison de Caputh a été pillée par les nazis, et il décide de ne plus revenir en Allemagne. Après un court séjour sur la côte belge, il s’installe aux États-Unis, sur invitation d'Abraham Flexner, le fondateur et directeur de l’Institute for Advanced Study de Princeton où il commence alors à travailler. Ses recherches visent à élaborer une théorie globale des champs, expliquant les quatre interactions élémentaires : la gravitation, l'interaction électromagnétique, l'interaction faible et l'interaction forte. Cette théorie est aujourd'hui au cœur de la recherche fondamentale[17].
50
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51
+ Le 2 août 1939, sous la pression d'Eugene Wigner et de Leó Szilárd, physiciens venus d'Allemagne, il rédige une lettre à Roosevelt, qui contribue à enclencher le projet Manhattan - signature qu'il regrettera toute sa vie[18],[19].
52
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+ Son fils Eduard, atteint d’une possible schizophrénie, passe la majeure partie de sa vie dans une clinique en Suisse, et son autre fils Hans-Albert devient ingénieur en Californie.
54
+
55
+ Einstein meurt le 18 avril 1955 d’une rupture d’anévrisme. Une étude réalisée en 2013 sur son cerveau (qui a été subtilisé après sa mort sans son consentement) révèle tout au plus une hyperconnexion entre les deux hémisphères, ce qui est traditionnellement preuve d'une grande intelligence[20]. Ses cendres sont éparpillées dans un lieu tenu secret, conformément à ses dernières volontés. Mais, en dépit de son testament, son cerveau et ses yeux ont été prélevés, le premier par le médecin légiste ayant effectué l'autopsie, les seconds par son ophtalmologiste[21].
56
+
57
+ L'année 1905 est une année exceptionnellement fructueuse pour Einstein (elle est souvent désignée par l'expression latine annus mirabilis[N 9]), quatre de ses articles étant publiés dans la revue Annalen der Physik :
58
+
59
+ Albert Einstein et Chaim Weizmann, 1921.
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+ Paul Langevin et Albert Einstein, 1923.
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+ Einstein et Marie Curie, 1929.
64
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65
+ Albert Einstein et Niels Bohr au congrès Solvay de 1930.
66
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+ Einstein avec Charlie Chaplin, 1931.
68
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69
+ Albert Einstein et Édouard Herriot, reçus docteurs honoris causa de l'université de Glasgow, vers 1933.
70
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71
+ Son ancien condisciple Marcel Grossmann l’aide dans ses travaux en lui apportant ses connaissances en géométrie différentielle : ils publient un article sur les tenseurs de Ricci et de Riemann-Christoffel en 1913. En octobre 1914, Einstein publie un article sur la géométrie différentielle, et en juin 1915, il donne des conférences à l’université Göttingen devant Hilbert et Klein.
72
+
73
+ Le 25 novembre 1915, il soumet son manuscrit de la théorie de la relativité générale à la section de mathématique et de physique de l'Académie royale des sciences de Prusse, qui la publie le 2 décembre[22].
74
+ Les « équations du champ » sont la clé de voûte de cette théorie. Elles décrivent le comportement du champ de gravitation (la métrique de l’espace-temps) en fonction du contenu énergétique et matériel. La théorie de la relativité ainsi que ses ouvrages de 1905 et 1916 forment la base de la physique moderne.
75
+
76
+ La théorie de la relativité générale publiée, Einstein recommence à travailler sur la physique des quanta et introduit en 1916 la notion d'émission stimulée qui lui permet de retrouver la loi de Planck à partir d'hypothèses purement quantiques sur la façon dont les quanta de lumière (photons) sont absorbés et émis par les atomes[23]. Cette idée fructueuse est à la base du développement du maser et du laser. La même année, Einstein montre qu'il convient d'associer une quantité de mouvement au quantum de lumière ; cette hypothèse sera validée par l'expérience en 1923 grâce aux travaux d'Arthur Compton sur la diffusion des rayons X[23].
77
+
78
+ La relation d'Einstein avec la physique quantique alors naissante est remarquable : d’un côté, nombre de ses travaux sont à la base du développement de cette nouvelle physique, comme son explication de l’effet photoélectrique ; d’un autre côté, il critiquera beaucoup d’idées et d’interprétations de la mécanique quantique, son non-déterminisme en particulier. Le débat entre le groupe formé par Einstein et Erwin Schrödinger et celui de Niels Bohr et Werner Heisenberg se situait à la frontière de la physique et de la philosophie.
79
+
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+ En 1927, invité au cinquième congrès Solvay, il a de nombreuses conversations avec Niels Bohr à ce sujet. Il dit alors : « Gott würfelt nicht » (« Dieu ne joue pas aux dés ») pour marquer son opposition à l’interprétation probabiliste de la physique quantique, ce à quoi Niels Bohr répondit : « Qui êtes-vous, Albert Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? » Le paradoxe EPR qu’il précise en 1935 avec Boris Podolsky et Nathan Rosen à Princeton reste aujourd’hui un exemple important d'une tentative pour questionner les fondements de la mécanique quantique.
81
+
82
+ Pour vérifier la relativité générale, une mesure de la déviation des rayons lumineux aux alentours d’une masse lors d’une éclipse solaire est envisagée. La première expédition est prévue en 1915, mais est rendue impossible par la Première Guerre mondiale. En 1919, Arthur Eddington réalise cette mesure et annonce que les résultats sont conformes à la théorie d’Einstein. Grâce à cette expérience, Einstein devient célèbre du jour au lendemain. Le fait qu'une théorie allemande ait été vérifiée par un Anglais un an après la Première Guerre mondiale, fait office de symbole en faveur de la paix[24].
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+
84
+ Il apparaît bien plus tard qu’en raison du temps nuageux, la marge d’erreur était bien supérieure au phénomène à mesurer[25]. En 1980, les philosophes des sciences John Earman et Clark Glymour affirment qu'Eddington a biaisé la sélection des données qu'il a recueillies ; leur propos est repris en 1993 par Harry Collins et Trevor Pinch. En revanche, l'expérience est validée par le physicien Daniel Kennefick. Celui-ci souligne que l'analyse nuancée d'Earman et Glymour a été instrumentalisée pour répandre l'idée selon laquelle la théorie de la relativité n'a obtenu de succès que par la grâce de la diplomatie (Eddington souhaitant mettre fin à la mise au ban des scientifiques allemands), voire pour répandre la défiance à l'égard des scientifiques[26]. Le physicien Stephen Hawking commente en 1988 dans son ouvrage Une brève histoire du temps que ce genre de faux bon résultat est courant quand on sait à quoi s’attendre. Comme d’autres mesures avaient entre-temps confirmé la déviation de la lumière, la validité de la relativité générale n’en fut pas ébranlée.
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+ Les positions politiques prises par Einstein sont marquées par ses opinions socialistes et pacifistes, relativisant ces dernières parfois, par exemple en déconseillant l’objection de conscience à un jeune Européen lui ayant écrit pendant les années 1930, « pour la sauvegarde de son pays et de la civilisation ». Toutefois, il prône régulièrement l'objection de conscience. Par exemple, à propos de la lutte contre les armements et les comportements belliqueux, il écrit :
87
+
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+ « Je soutiens que le moyen violent du refus du service militaire reste le meilleur moyen. Il est préconisé par des organisations qui, dans divers pays, aident moralement et matériellement les courageux objecteurs de conscience[27]. »
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+ En 1913, il est cosignataire d’une pétition pour la paix que trois autres savants allemands acceptent de signer. Einstein éprouve une forte antipathie vis-à-vis des institutions militaires, publiant dès 1934 :
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+
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+ « La pire des institutions grégaires se prénomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation[28]. »
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+ Einstein est lié à de nombreuses causes pacifistes, car il se montre ouvert aux propositions multiples de soutien qu’il reçoit, et accepte souvent de s’engager pour les causes qu’il juge justes.
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+ Einstein apporte un soutien marqué aux mouvements sionistes. En 1920, il accompagne ainsi le chef de file sioniste Chaim Weizmann aux États-Unis au cours d’une campagne de récolte de fonds. Il se rend également en Palestine mandataire dans le cadre de l’inauguration de l’université hébraïque de Jérusalem à laquelle il lègue plus tard ses archives personnelles. Ses apparitions donnent un prestige politique à la cause sioniste. À la suite d'une invitation à s’établir à Jérusalem, il écrit dans son carnet de voyage que « le cœur dit oui […] mais la raison dit non ». Selon Tom Segev, Einstein apprécie son voyage en Palestine et les honneurs qui lui sont faits. Il marque néanmoins sa désapprobation en voyant des Juifs prier devant le mur des Lamentations ; Einstein commente qu’il s’agit de personnes collées au passé et faisant abstraction du présent[29]. Ben Gourion lui propose en 1952 la présidence de l’État d’Israël, qu’il refuse :
96
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+ « J'ai passé ma vie à étudier des problèmes objectifs et je manque à la fois de l'aptitude naturelle et de l'expérience nécessaires pour traiter des problèmes humains et exercer des fonctions officielles[30]. »
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+ Il a une vision clairvoyante de sa situation entre les deux guerres. Il écrit dans une remarque à la fin d'un article écrit pour le Times de Londres :
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+
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+ « Je passe actuellement en Allemagne pour un savant allemand et en Angleterre pour un juif suisse. Supposons que le sort fasse de moi une bête noire, je deviendrai au contraire un juif suisse en Allemagne, et un savant allemand en Angleterre[31]. »
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+
103
+ Il reçoit des menaces de mort dès 1922. De violentes attaques ont lieu contre sa théorie de la relativité en Allemagne et en Russie. Philipp Lenard, « chef de la physique aryenne ou allemande » attribue à Friedrich Hasenöhrl la formule E=mc2 pour en faire une création aryenne[32],[33]. Einstein démissionne de l’académie de Prusse en 1933, et il est exclu de celle de Bavière. En mars 1933, en tant que président d'honneur de la Ligue contre l'antisémitisme, il lance un appel aux peuples civilisés de l'univers, tâchant « d'éveiller la conscience de tous les pays qui restent fidèles à l'humanisme et aux libertés politiques » ; dans cet appel il s'élève contre « les actes de force brutale et d'oppression contre tous les gens d'esprit libre et contre les juifs, qui ont lieu en Allemagne[34] ». Cette année-là, Einstein est en voyage à l’étranger, et il choisit de ne pas revenir en Allemagne, où Hitler a pris le pouvoir en janvier. Après un séjour en Belgique, il décline une proposition de la France de l’accueillir comme professeur au Collège de France, et part pour les États-Unis, à Princeton[35].
104
+
105
+ Le 2 août 1939, il signe une lettre, rédigée par les physiciens Léo Szilard et Eugène Wigner, destinée à Roosevelt, qui aurait pu contribuer à enclencher le projet Manhattan[19], ceci étant à l'opposé de l'intention d'origine de la lettre, qui ne se voulait que préventive des risques potentiels que les récentes découvertes scientifiques pourraient causer (celles-ci permettraient en effet la réalisation de « bombes d'un nouveau type et extrêmement puissantes »).
106
+
107
+ Après la guerre, Einstein milite pour un désarmement atomique mondial, jusqu’au seuil de sa mort en 1955, où il confesse à Linus Pauling : « j’ai fait une grande erreur dans ma vie, quand j’ai signé cette lettre [de 1939]. »
108
+
109
+ Après la Seconde Guerre mondiale, son engagement vis-à-vis des communautés juives et Israël est nuancé par ses opinions pacifistes. Il préface le Livre noir, recueil de témoignages sur l’extermination des juifs en Russie par les nazis pendant la guerre[36]. Et en décembre 1948, il cosigne une lettre condamnant le massacre de Deir Yassin commis par des combattants israéliens de l’Irgoun et du Lehi pendant la guerre de Palestine de 1948[37].
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+
111
+ Pendant la guerre froide, il s’exprime contre la course aux armements et appelle, par exemple avec Bertrand Russell et Joseph Rotblat, les scientifiques à plus de responsabilités, les gouvernements à un renoncement commun à la prolifération des armes atomiques et à leur utilisation et les peuples à chercher d’autres moyens d’obtenir la paix (création du Comité d’urgence des scientifiques atomistes en 1946, manifeste Russell-Einstein en 1954).
112
+
113
+ Einstein s’est exprimé sur ses convictions socialistes en 1949, en pleine période du maccarthysme, dans un essai intitulé Pourquoi le Socialisme, publié dans la Monthly Review[38],[39]:
114
+
115
+ « Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’une façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle. »
116
+
117
+ Il lui semble que le principe du gouvernement des peuples par eux-mêmes, le fait de travailler pour eux-mêmes, est plus propice à l’épanouissement individuel que celui de l’exploitation du grand nombre par une minorité. Mais il est déçu par ce qu’il peut apprendre de l’Union soviétique et il considère que les peuples doivent s’engager d’abord dans le pacifisme afin de mettre en place des conditions favorables à une évolution vers le socialisme. Sa correspondance révèle qu’il voit un rapprochement entre le maccarthysme et les événements des années 1930 en Allemagne. Il écrit au juge chargé de l’affaire Rosenberg pour demander leur grâce, et il aide de nombreuses personnes qui souhaitent immigrer aux États-Unis. Contacté par William Frauenglass, un professeur d’anglais de lycée suspecté de sympathies communistes, il rédige un texte dénonçant ouvertement le maccarthysme et encourageant les intellectuels à résister à ce qu’il qualifie de « mal ». Le FBI ouvre un dossier sur lui, disponible aujourd’hui sur leur site internet[40]. Joseph McCarthy attaque Einstein au Congrès en le traitant d’« ennemi de l’Amérique ». Sa secrétaire, Helen Dukas, est soupçonnée d’espionnage au service de l’URSS. Les médias américains se montrent virulents dans leur traitement de l’affaire et seules quelques personnalités, comme Bertrand Russell, prennent sa défense. L’affaire est classée en 1954, aucune preuve concluante n’ayant été apportée pour étayer ces accusations.
118
+
119
+ À Cassel, en 1923, se tient sous la présidence d'honneur[41] d'Albert Einstein le IIIe congrès de l'Association mondiale anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée à Prague en 1921 et dont la langue de travail neutre est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que « chef d'œuvre de logique et de simplicité ».
120
+
121
+ Après avoir fui l'Allemagne nazie, Einstein découvre, pendant son exil américain, l'ampleur de la discrimination raciale aux États-Unis. Vivant au milieu de la communauté noire de Princeton, il observe de près la ségrégation et s'investit au quotidien pour que les enfants noirs aient accès à la connaissance.
122
+
123
+ Refusant d'intervenir dans les universités qui pratiquent la ségrégation raciale, Einstein accepte pourtant de donner une conférence à l'université Lincoln en 1946 où il déclare : « Je suis de passage dans cet établissement au nom d’une cause qui en vaut la peine. En effet, les gens de couleur continuent d'être séparés des Blancs aux États-Unis. Cette séparation ne résulte pas d’une maladie des gens de couleur mais d’une maladie des Blancs. Il est impensable que je me taise à ce sujet. »
124
+
125
+ Il se lie d'amitié avec le chanteur noir Paul Robeson et devient, à ses côtés, un militant des droits civiques et de la lutte contre le racisme. Avec Robeson, Einstein milite aussi en faveur du soutien des États-Unis aux républicains espagnols qui combattent le franquisme ; tous deux s'attirent rapidement les foudres et la haine du directeur du FBI, J. Edgar Hoover, qui les considère comme des « ennemis d'État ».
126
+
127
+ Alors qu'il est harcelé par le FBI pour ses positions politiques, l'intellectuel noir et fondateur de la NAACP (Association pour la défense et la promotion des Noirs), W. E. B. Du Bois, sollicite le soutien d'Einstein pour sa défense devant la cour fédérale, qui s'apprête à le condamner pour haute trahison. Einstein se porte aussitôt garant pour Du Bois, ce qui embarrasse les juges et empêche une condamnation arbitraire de ce dernier.
128
+
129
+ Cet aspect de sa vie est resté largement méconnu et ignoré par la plupart de ses biographes[42].
130
+
131
+ Bien qu'Einstein ait rencontré un grand nombre de personnalités majeures de son époque, dans les domaines scientifique, politique et artistique, laissant une correspondance très riche, il se décrivait lui-même comme un véritable solitaire : « Je me sens lié réellement à l'État, à la patrie, à mes amis, à ma famille au sens complet du terme ; mais mon cœur ressent face à ces liens un curieux sentiment d'étrangeté, d'éloignement, et l'âge accentue encore cette distance[43]. »
132
+
133
+ Parmi ses relations célèbres, on compte une amitié avec la reine Élisabeth de Belgique, avec qui il joua du violon, Arnold Berliner dont il témoigne de l'affection lors de son 70e anniversaire[44], George Bernard Shaw au sujet duquel il écrit « on trouve rarement des hommes assez indépendants pour s'apercevoir des faiblesses et des sottises de leurs contemporains, sans en être affectés eux-mêmes[45] » ou le mathématicien et philosophe Bertrand Russell[46].
134
+
135
+ Modeste et pensant quant à lui que « Chacun doit être respecté dans sa personne et nul ne doit être idolâtré », il ironisait au sujet de sa célébrité et de ses effets : « Cela pourrait bien provenir du désir irréalisable pour beaucoup, de comprendre quelques idées que j’ai trouvées, dans une lutte sans relâche, avec mes faibles forces[43] ».
136
+
137
+ Sa première épouse, Mileva Maric est atteinte de coccygodynie, ce qui la rend boiteuse. C’est aussi une jeune femme brillante, élève du Polytechnicum. Elle tombe enceinte alors qu’ils ne sont pas encore mariés, et elle accouche en janvier 1902 chez ses parents, en Serbie, d’une fille prénommée Lieserl (Élisabeth) et dont on perd la trace[47]. Einstein se montra très dur avec elle, ainsi qu'avec sa compagne suivante, Elsa (doublement sa cousine)[48].
138
+
139
+ Il voit peu son fils Hans-Albert (né en 1904) qui, à l’âge adulte, travaille en Californie. La santé mentale de son autre fils, Eduard, né en 1910, se détériore brutalement alors qu’il est âgé de vingt ans, et il doit être interné une première fois en 1930 à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich, où les médecins lui diagnostiquent une schizophrénie. Son père lui rend une dernière visite en 1933. Eduard meurt dans cette clinique en 1965[49]. D’abord critique envers la psychanalyse (« Il n'est peut-être pas toujours bon de fouiller dans l'inconscient. Croyez-vous que connaître le mouvement de tous les muscles qui composent nos jambes nous aiderait à marcher ? »[50]), il refuse que son fils Eduard suive un nouveau traitement psychanalytique[réf. nécessaire]. En 1933, il choisit cependant Sigmund Freud pour publier un échange de lettres intitulé Pourquoi la guerre ?.
140
+
141
+ Einstein écrit plusieurs textes traitant des relations entre science et religion. Dans son article paru en 1930[51], Einstein distingue trois formes de religion :
142
+
143
+ Lorsque, en 1929, le rabbin (en) Herbert S. Goldstein lui demande « Croyez-vous en Dieu ? », Einstein répond : « Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains. »[52].
144
+
145
+ Einstein se réclame également du panthéisme de Spinoza dans son ouvrage Comment je vois le monde. Il définit le sentiment religieux du scientifique comme la croyance en l'intelligibilité du monde, et en une « raison supérieure » qui se dévoile dans « le monde de l'expérience ». Selon lui, les religions traditionnelles relèvent de l'histoire et de la psychologie[53].
146
+
147
+ Einstein a souvent utilisé le mot Dieu, comme dans ses célèbres formules « Dieu est subtil, mais pas malicieux »[54] ou « Dieu ne joue pas aux dés », cependant le sens qu’il donnait à ce mot fait l’objet de diverses interprétations. Une partie du clergé a considéré que les vues d’Einstein étaient compatibles avec la foi. À l’inverse, le Vatican dénonce alors « un authentique athéisme même s'il est dissimulé derrière un panthéisme cosmique »[55]. Si Einstein rejette les croyances traditionnelles, il se distingue personnellement des athées et répète qu’il est « un non-croyant profondément religieux ».
148
+
149
+ Une lettre manuscrite écrite en allemand un an avant sa mort, et adressée au philosophe Eric Gutkind, a été vendue sur eBay en octobre 2012 pour la somme de 3 000 100 $US[56],[57]. Einstein y écrivait :
150
+
151
+ « Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle, ne peut selon moi changer cela[58]. »
152
+
153
+ Einstein répondra d’ailleurs à un journaliste lui demandant s’il croit en Dieu : « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois[59]. »
154
+
155
+ Un militant de l’athéisme comme Richard Dawkins considère également que la position d’Einstein était seulement de l’athéisme poétiquement embelli[60]. Lors de la campagne d’affichage de slogans en faveur de l’athéisme sur les bus de Londres en 2008 (soutenue par Dawkins), une citation d’Einstein fut utilisée. Cela provoqua des protestations, cette utilisation ayant tendance à assimiler Einstein à un athée[61].
156
+
157
+ Dans ses mémoires, le diplomate Harry Kessler mentionne le fait d'avoir assisté à un échange entre l'une de ses connaissances et Einstein. À la question : « Professeur, est-ce vrai que vous êtes profondément religieux ? », Albert Einstein aurait répondu :
158
+
159
+ « Certainement, ça dépend des points de vue. Quand j'essaie de pénétrer avec nos moyens limités les secrets de la nature, on découvre derrière tous les rapports qu'on peut connaître quelque chose de très subtil, d'insaisissable, d'inexplicable. Ma religion, c'est le profond respect de ce qu'il y a au-delà des domaines que nous pouvons explorer. C'est ainsi en effet que je suis croyant[62]. »
160
+
161
+ En 1929 le Saturday Evening Post publie une interview d'Einstein par George Sylvester Viereck (en)[N 10]. Interrogé sur la personne de Jésus-Christ, Albert Einstein qualifie le Jésus de l'écrivain Emil Ludwig de peu profond, ajoutant que personne ne peut exprimer le christianisme avec un bon mot. Il accepte en revanche sans hésitation l'existence du Jésus historique. Il déclare d'ailleurs, concernant les Évangiles, que personne ne peut les lire « sans ressentir la présence réelle de Jésus. Sa personnalité résonne dans chaque mot. Aucun mythe n'est rempli d'une telle vie… ». Il déclare quelques lignes plus loin : « Aucun homme ne peut nier le fait que Jésus ait existé ou que ses paroles soient magnifiques. Bien que certaines aient été dites auparavant, personne ne les a exprimées si divinement. »[50],[63],[64]
162
+ Plus tard, interrogé par Denis Brian pour sa biographie Einstein : a life sur l'authenticité de ces phrases, Einstein a répondu : « Oui, c'est ce que je crois. »[65]
163
+
164
+ Albert Einstein a lu les grandes œuvres de philosophie, notamment celle d'Ernst Mach, qui eut une influence philosophique dans sa jeunesse, amenant le physicien à réfuter la conception mécaniste qui est à la base de l'acceptation de la mécanique classique[66]. Albert Einstein marque son intérêt pour la vision de l’humanité que propose Friedrich Nietzsche[réf. nécessaire], et certaines idées présentes dans les réflexions de Spinoza[67]. Il propose une nouvelle vision du monde moderne par ses travaux scientifiques comme par ses ouvrages non scientifiques. Ainsi, dans son ouvrage Comment je vois le monde publié en 1934, un an après son installation aux États-Unis, Albert Einstein présente sa vision de l’humanité, et pose la question de la place de la science vis-à-vis de l’humanité.
165
+
166
+ En tout état de cause, les travaux d'Einstein ont fait abandonner en philosophie l'idée d'un temps absolu dans lequel baignerait un espace qui en serait séparé. Cette position novatrice[68] avait en son temps amené Bergson à le rencontrer.
167
+
168
+ Albert Einstein s'intéresse aux questions du sionisme et de l'antisémitisme durant l'entre-deux-guerres, surtout entre 1919 et 1930, période pendant laquelle Einstein a produit de nombreux écrits attestant de ses positions sur ces questions[69].
169
+
170
+ Durant l'entre-deux-guerres, il se rend en Palestine pour participer à la création de l'université hébraïque de Jérusalem ; il en sera gouverneur non-résident jusqu'à sa mort en 1955 et léguera tous ses écrits et son patrimoine intellectuel à cette université[70].
171
+
172
+ Albert Einstein étudia les mathématiques auprès de professeurs comme Adolf Hurwitz ou Hermann Minkowski, mais reconnaît dans ses Documents autobiographiques (Œuvres choisies) que son « intuition dans le domaine des mathématiques n'était pas assez forte pour distinguer avec sûreté ce qui est essentiel et fondamental du reste. (…) Mon intérêt pour la connaissance de la nature était réellement plus fort ; et du temps de mes études, il ne m'était pas évident que l'accès à une connaissance plus approfondie des principes de la physique passe obligatoirement par les méthodes mathématiques les plus raffinées ».
173
+
174
+ D'ailleurs, Albert Einstein, en 1921, lors de la conférence berlinoise intitulée la géométrie et l'expérience (conférence considérée comme le texte épistémologique le plus important d'Einstein, selon l'étude de Michel Paty, Einstein philosophe), déclara des propos confirmant la « destitution » de la géométrie euclidienne :
175
+
176
+ « Pour autant que les propositions de la mathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines, et pour autant qu'elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité. »
177
+
178
+ Cette prise de distance très significative chez Einstein, par rapport aux mathématiques, trouve sa description dans un ouvrage de 1917, La Théorie de la relativité restreinte et généralisée mise à la portée de tous : la configuration géométrique/mathématique du monde devient elle-même quelque chose de relatif, dépendant de la distribution des masses et de leur vitesse.
179
+
180
+ Contrairement à la citation qui lui est attachée par de nombreuses publications, en particulier celle de l’astrologue Élizabeth Teissier, Einstein ne croyait pas en l’astrologie.
181
+
182
+ La citation apocryphe qui lui est attribuée est : « L’astrologie est une science en soi, illuminatrice. J’ai beaucoup appris grâce à elle et je lui dois beaucoup. Les connaissances géophysiques mettent en relief le pouvoir des étoiles et des planètes sur le destin terrestre. À son tour, en un certain sens, l’astrologie le renforce. C’est pourquoi c’est une espèce d’élixir de vie pour l’humanité. ».
183
+
184
+ Ce faux a pour origine le Huters astrologischer Kalender de 1960, publié en 1959. La phrase a donc été forgée environ cinq ans après la mort d’Einstein[71].
185
+
186
+ Son opinion négative sur l’astrologie est exprimée dans une introduction écrite en 1951 pour l’ouvrage de Carola Baumgardt[72]. Einstein rappelle que Kepler avait su accepter l’idée que l’expérience seule pouvait décider de la validité d’une théorie mathématique, aussi belle soit-elle. Il cite alors l’astrologie comme illustration, dans la pensée képlérienne, d’un reste de manière de penser animiste et téléologiquement orientée[73] omniprésente dans les recherches « scientifiques » de l’époque[N 11].
187
+
188
+ Albert Einstein soutient la cause végétarienne. Il considère le végétarisme comme un idéal sans pourtant le pratiquer lui-même malgré quelques problèmes de conscience[74]. Ses arguments se basent principalement sur des raisons de santé, mais il croit également à l’effet bénéfique du régime végétarien sur le tempérament des hommes[75]. Un an avant sa mort, il décide de mettre en pratique ses idées et entame un régime végétarien[76],[77].
189
+
190
+ On peut trouver les raisons philosophiques de ce choix dans son livre Comment je vois le monde, concernant sa judaïté :
191
+
192
+ « Les points essentiels de la conception juive de la vie paraissent les suivants : affirmation du droit à la vie pour toutes les créatures ; la vie de l'individu n'a de sens qu'au service de l'embellissement et de l'ennoblissement de l'existence de tous les êtres vivants ; la vie est sacrée, c'est-à-dire qu'elle est la valeur suprême d'où dépendent toutes les évaluations. »
193
+
194
+ — Albert Einstein, Comment je vois le monde, « Les idéaux juifs ».
195
+
196
+ Einstein a aussi inventé des appareils et déposé de nombreux brevets en collaboration avec des amis :
197
+
198
+ De nombreuses citations célèbres sont erronément attribuées à Einstein de façon fréquente, par exemple, « Insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results » (« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à en attendre des résultats différents »). Le véritable auteur de cette citation est Rita Mae Brown, dans Sudden Death[81].
199
+
200
+ Il est fréquemment allégué qu'Einstein était gaucher[82]. Cependant, d'après son biographe Hans-Josef Küpper, Einstein était droitier[83]. Il écrivait de la main droite[84] et l'autopsie de son cerveau confirme une symétrie entre les hémisphères typique des droitiers[85].
201
+
202
+ Par ailleurs, une sélection des œuvres d’Einstein, notamment ses articles scientifiques originaux, sont disponibles en traduction française commentée sous le titre Œuvres choisies aux éditions du Seuil/CNRS éditions, dans la collection Sources du savoir (6 volumes parus depuis 1989).
203
+
204
+ L’Institut technique de Californie (Caltech) publie, avec l’aide de l’université hébraïque de Jérusalem, l’intégrale des écrits d’Einstein, The Einstein Papers Project. C’est une édition plutôt destinée aux bibliothèques[86].
205
+
206
+ Le physicien et philosophe des sciences Étienne Klein écrit :
207
+
208
+ « À cette sorte d'intellectuel total qui fut également un héros populaire on a consacré, de son vivant et après, plus de 2 000 livres, des millions d'articles, des centaines de documentaires[87] ».
209
+
210
+ En 1978, le journaliste Steven Levy apprend par son employeur, le journal New Jersey Monthly, que le cerveau du savant aurait été conservé. Son employeur lui demande alors de le trouver[88].
211
+
212
+ Levy est accompagné par un cameraman durant sa quête et le film est diffusé dans les années 1990 à la télévision en France. Après une longue enquête, il retrouve en effet le cerveau d'Einstein à Wichita (Kansas), chez le pathologiste qui avait procédé à son extraction, le Dr Thomas Harvey. Cette information souleva l’intérêt des médias.
213
+
214
+ Le Dr Harvey déclara qu’il n’avait rien trouvé de particulier dans la structure physique du cerveau d’Einstein pouvant expliquer son génie. Mais de plus récentes études, parues notamment dans Science et Vie, concluent que le cerveau d’Einstein possédait un nombre élevé d’astrocytes. Selon le premier médecin autorisé à autopsier le cerveau d'Albert Einstein dans les années 1980, Marian Diamond, certaines zones de son cerveau, réservées aux tâches les plus hautes, possédaient une proportion de cellules gliales extrêmement élevée : « tout indique que les cellules gliales occupent une place déterminante dans le développement de l'intelligence[89] ».
215
+
216
+ Dans Mythologies, Roland Barthes écrivit un texte au sujet du cerveau d'Einstein, en restituant les fantasmes que celui-ci anime : comment donc est le cerveau d'un génie ? Il s'avère, et c'est là tout l'intérêt de la situation à en croire la plume de Barthes, que le cerveau dudit « génie » n'avait rien d'atypique[90].
217
+
218
+ Une étude approfondie de la structure du cerveau révèle également que la scissure de Sylvius présente une inclinaison particulière, augmentant la taille de la zone du raisonnement abstrait au détriment de la zone du langage, ce qui pourrait expliquer qu’Einstein ait supposément été un parleur tardif.
219
+
220
+ En 2014, le neurologue américain Terence Hines publie une étude qui remet en cause la méthodologie et les conclusions qui ont été tirées avec trop d'enthousiasme[91], faisant suite à d'autres controverses[92].
221
+
222
+ kannur (Inde).
223
+
224
+ Washington (États-Unis).
225
+
226
+ Montevideo (Uruguay).
227
+
228
+ Szeged (Hongrie).
229
+
230
+ Valladolid (Espagne).
231
+
232
+ Los Angeles (États-Unis).
233
+
234
+ Jinshan (Taïwan).
235
+
236
+ Avec Carlos Vaz Ferreira (Uruguay).
237
+
238
+ De Haan (Belgique).
239
+
240
+ par Jacob Epstein au musée de Birmingham, 1933.
241
+
242
+ par (de) Horst Ankermann.
243
+
244
+ Umsa Middle School, Corée du Sud.
245
+
246
+ par Jacob Epstein au musée Fitzwilliam de Cambridge.
247
+
248
+ à Princeton.
249
+
250
+ par (de)Hermann Hubacher au musée de Zurich, 1957.
251
+
252
+ au Musée des Sciences de Jérusalem.
253
+
254
+ à Ankara (Turquie).
255
+
256
+ par (hu) Vetró András.
257
+
258
+ au quartier Moabit de Berlin.
259
+
260
+ à l'université de Tel Aviv.
261
+
262
+ Israël, 1956.
263
+
264
+ Etats-Unis, 1966.
265
+
266
+ RDA, 1978.
267
+
268
+ RFA, 1979.
269
+
270
+ URSS, 1979.
271
+
272
+ RDA, 1979.
273
+
274
+ Roumanie, 1998.
275
+
276
+ Allemagne, 2005.
277
+
278
+ Roumanie, 2005.
279
+
280
+ Roumanie, 2014.
281
+
282
+ It was, of course, a lie what you read about my religious convictions, a lie which is being systematically repeated. I do not believe in a personal God and I have never denied this but have expressed it clearly. If something is in me which can be called religious then it is the unbounded admiration for the structure of the world so far as our science can reveal.
283
+
284
+ « Now my editor wanted to know where the brain was. And he wanted me to find it. »
285
+
286
+ Sur les autres projets Wikimedia :
287
+
288
+ Cette bibliographie contient quelques ouvrages pour aborder le personnage d’Einstein et son œuvre. Pour des ouvrages plus techniques, le lecteur se reportera aux bibliographies des articles spécialisés citées ci-dessous.
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+ Irlande
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+
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+ (ga) Éire
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+
5
+ (en) Ireland
6
+
7
+ 53° 20′ 36″ N, 6° 16′ 03″ O
8
+
9
+ modifier
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+
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+ L'Irlande /iʁ.lɑ̃d/ Écouter (en irlandais : Éire /ˈeːɾʲə/ Écouter ; en anglais : Ireland /ˈaɪəɹ.lənd/ Écouter) est un pays insulaire d'Europe de l'Ouest occupant la majeure partie de l'île d'Irlande dans l'océan Atlantique nord. Elle regroupe 26 des 32 comtés traditionnels de l'île, les six autres formant l'Irlande du Nord, l'une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.
12
+
13
+ L'Irlande est une république parlementaire dont les deux langues officielles sont l'irlandais et l'anglais. Son hymne national est Amhrán na bhFiann et son drapeau est constitué de trois bandes verticales verte, blanche et orange. Le pays a pour capitale Dublin (en irlandais : Baile Átha Cliath) et a pour monnaie l'euro. L'Irlande est membre de l'Union européenne depuis 1973. Afin de la différencier de l'île d'Irlande, on la nomme parfois « République d'Irlande » (en irlandais : Poblacht na hÉireann et en anglais : Republic of Ireland) mais ce n'est pas son nom officiel[Note 4].
14
+
15
+ Le pays s'étend sur une superficie de 70 273 km2, et sa population s'élève en 2017 à 5 011 102 habitants. La plus grande ville est la capitale Dublin, les autres principales villes étant Cork, Limerick, Galway et Waterford. L'Irlande revendique son identité celtique, si bien que, sur le plan culturel, elle représente habituellement l'île d'Irlande considérée comme l'une des six « nations celtiques »[Note 5]. Le symbole officiel du pays est la harpe celtique (qui figure sur les pièces d'euro), mais le trèfle irlandais est souvent utilisé comme autre symbole, notamment par l'équipe irlandaise de rugby.
16
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+ Colonisée par les Celtes durant la Préhistoire qui constituent quatre royaumes qui donneront naissance aux provinces actuelles (Ulster, Connacht, Munster et Leinster), l'Irlande est christianisée au Ve siècle par saint Patrick. Au Moyen Âge, l'Irlande est envahie par les Anglo-Normands. Cette conquête aboutit à l'union de l'Irlande et de la Grande-Bretagne en 1800. Au XIXe siècle, l'Irlande est ravagée par la Grande famine et connaît une forte émigration vers le Nouveau Monde. Le nationalisme commence à se développer à la fin du siècle, et l'échec du projet de Home Rule aboutit à la guerre d'indépendance irlandaise et à la partition de l'Irlande. Avec le traité anglo-irlandais, l'Irlande accède à l'indépendance en 1922 mais l'Irlande du Nord quitte le nouvel État libre d'Irlande le lendemain de sa création. En 1937, la Constitution républicaine de l'Irlande est adoptée, en 1949, l'Irlande se déclare officiellement république.
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+ Adepte de la concurrence fiscale, de la déréglementation et considéré comme un paradis fiscal[3],[4], le pays a connu une forte croissance depuis le début des années 1990 avant de subir l'explosion de la bulle spéculative immobilière et d'être l'un des plus touchés[5] par la crise financière de 2008, ce qui entraîna une crise économique et politique majeure pour le pays jusqu'en 2011. À titre d'exemple, en 2010, son déficit public s'établissait à 32,4 % du PIB et en 2012 le taux de chômage y était supérieur à 15 % de la population active[6]. Le pays a depuis renoué avec la croissance et le PIB a connu une croissance de 7,8 % en 2015, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne[7], un chiffre depuis révisé à 26,3 %[8], soit la croissance la plus élevée au monde. En novembre 2019, le taux de chômage s'élève à 4,8 %[9].
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+ Selon la Constitution de 1937, le nom officiel de l'État est simplement « Irlande » (Éire en irlandais et Ireland en anglais)[10].
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+ Depuis l'entrée en vigueur du Republic of Ireland Act en 1949, la « description officielle » du pays est « République d'Irlande » (Poblacht na hÉireann en irlandais ou Republic of Ireland en anglais)[11], mais le nom de l'État reste « Irlande »[Note 6]. Ainsi, par exemple, le chef d'État est le président de l'Irlande et non pas président de la république d'Irlande[12]. En outre, les sources toponymiques francophones indiquent bien que la forme longue (ou officielle) du pays est « Irlande »[13],[14],[15], ce qui est confirmé par les versions françaises des traités européens dont l'Irlande fait partie.
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+ L'appellation anglaise Irish Republic (République irlandaise) n'est pas utilisée – c'est le nom de la république autoproclamée le 21 janvier 1919. Entre 1922 (sortie du Royaume-Uni) et 1937, l'État s'appelait État libre d'Irlande (Saorstát Éireann en irlandais, Irish Free State en anglais).[réf. nécessaire]
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+ Chaque État de l'Union européenne porte un nom propre dans chacune des langues officielles. Le nom de l'État est donc « Éire » en irlandais, « Ireland » en anglais et « Irlande » en français[16]. Mais les appellations « Poblacht na hÉireann », « Republic of Ireland » ou « République d’Irlande », n'ont aucun caractère officiel pour l'Union[16].
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+ L'Irlande est située sur l'île éponyme, au nord-ouest du continent européen dans l'océan Atlantique nord. Elle s'étend sur plus de 85 % de la superficie de cette île, soit 70 273 km2[1] (l'Irlande du Nord, au nord-est de l'île, est elle sous souveraineté britannique). Le pays est divisé en vingt-six comtés.
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+ La capitale de l'Irlande est Dublin, mais d'autres villes possèdent une certaine notoriété[évasif] : Galway, Cork, Waterford et Limerick.
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+ La morphologie de l'île comprend une plaine centrale entourée de montagnes et de collines, particulièrement dans le Donegal et le Wicklow. Mais les sommets les plus hauts se trouvent au sud-ouest avec les Macgillycuddy's Reeks qui comprend le point culminant du pays, le Carrauntuohil avec ses 1 038 mètres.
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+ Les paysages sont faits de tourbières, de lacs et de rivières. L'Irlande possède d'ailleurs dans la totalité de son cours, le plus long fleuve des îles Britanniques (appelées ici îles Anglo-Celtes) : le Shannon, qui parcourt 386 km du nord au sud-ouest avant de se jeter dans l'océan Atlantique. Deux autres cours d'eau sont également particulièrement importants : la Barrow et la Blackwater.
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+ Au sud-ouest, les falaises de Moher surplombent l'océan Atlantique. Non loin de là, les îles d'Aran font face à la baie de Galway. À l'est du pays, au nord de Dublin, le rivage est assez plat. Mais tout autour de l'île s'étendent de nombreuses plages de sable fin.
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+ Le climat est de type tempéré océanique, ou Cfb selon le système de classification de climat de Köppen. Les étés sont généralement doux, la température ne dépassant que très rarement les 25 °C.
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+ Les hivers sont frais et pluvieux. Les températures minimales ne descendent qu'exceptionnellement en dessous de 0 °C.
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+ Le Centre et l'Est de l'île connaissent des températures un peu plus basses en hiver que l'Ouest du pays, qui bénéficie énormément de l'effet du Gulf Stream. À Dublin, les mois les plus frais sont janvier et février des moyennes de 3 °C pour les minimales et de 8 °C pour les maximales ; en été, les températures moyennes oscillent entre 12 °C pour les minimales et 19 °C pour les maximales. Les précipitations sont assez importantes (733 mm de précipitations annuels en moyenne à Dublin). Elles tombent rarement sous forme de neige (quatre jours de neige par an en moyenne à Dublin).
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+ Les écarts de température dans une même journée sont faibles : il n'est pas rare que la température soit constante du matin au soir, ce qui contraste avec les brusques changements de temps durant les saisons intermédiaires (printemps et automne), au cours desquelles la rapidité d'évolution du temps est étonnante avec des épisodes de « giboulées » très fréquents.
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+ Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Irlande[Note 7] est en 2019 le 27 avril[17]. L'Irlande est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, l'Irlande comptait 604 sites dont :
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+ La superficie totale est de 19 486 km2, ce qui représente 13,1 % de la surface terrestre et marine du territoire de l'Irlande[18].
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+ Les premiers occupants de l'Irlande sont arrivés sur l'île environ au 9e millénaire av. J.-C.. Ensuite sont venues des peuplades mégalithiques, puis néolithiques, qui ont développé l'agriculture et l'élevage. Au VIe siècle av. J.-C., les Celtes vont imposer leur civilisation laténienne.
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+ C'est une société parfaitement organisée en clans, et parlant le gaélique dans lequel les premiers poètes composent des chants et légendes qui constituent le patrimoine autochtone.
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+ Les traces les plus anciennes du peuplement de l'île remontent au IXe millénaire av. J.‑C., elles ont été retrouvées dans le comté de Waterford. Une migration de populations mésolithiques est attestée vers le LXVIe siècle av. J.-C., il semble qu'il s'agisse de peuples venus d'Europe du Nord, passés par l'Écosse. Ils se sont installés dans la région de l'actuelle Ulster. Leur mode de vie est une économie de prédation (chasse et pêche) qui va progressivement évoluer vers l'agriculture et l'élevage. Ils connaissent l'usage d'outils en pierre polie, cultivent la terre et ont du bétail. C'est une civilisation mégalithique qui érige des dolmens à vocation funéraire. De nouveaux arrivants entre XXe et XVIIe siècle av. J.-C. apportent l'âge du bronze. C'est de cette époque que date l'exploitation de mines de cuivre dans les régions de Cork et Kerry et d'or dans le Wicklow.
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+ C'est vers - 500 que les Celtes font leur apparition en Irlande. Leur civilisation sur l'île va durer près de mille ans. Leur arrivée s'est faite par deux routes différentes : par l'actuelle Grande-Bretagne et par l'Espagne. La mythologie celtique a d’ailleurs conservé le souvenir de cette origine espagnole puisque, selon le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande), les Milesiens (c’est-à-dire les Gaëls) sont dits fils de Míl Espáine. Avant l'introduction de la civilisation de La Tène (second âge du fer), l’histoire d’Erin est largement mythique.
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+ La structure de la société celtique reprend le schéma de la structure sociale tripartite des Indo-européens au sommet de laquelle on trouve une classe sacerdotale composée des druides, des bardes et des vates. Les druides ont en charge la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la divination ; les bardes sont spécialisés dans la poésie orale et chantée et doivent faire la louange, la satire ou le blâme ; les vates sont des devins qui se consacrent plus particulièrement à la divination et à la médecine. En Irlande, les filid (bardes) vont devenir les membres les plus influents de cette classe sacerdotale, dont une des prérogatives est de conseiller le roi. Dans la civilisation celtique, le rôle du roi est non seulement de mener la guerre, mais surtout de redistribuer les richesses et de dire la justice, inspirée par les druides. Longtemps ces rois n’ont été que des chefs au pouvoir incertain et aux successions problématiques. La deuxième classe de la société est celle des guerriers et la troisième est celle des producteurs, artisans, agriculteurs et éleveurs.
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+ Ces clans vont progressivement fusionner pour constituer quatre royaumes (ou provinces) : l’Ulster, le Leinster, le Munster et le Connacht (Connaught). Au début du Ve siècle, un Ard rí Érenn (roi suprême d’Irlande) étend son pouvoir sur toute l’île, il siège à Tara capitale du Royaume de Mide. Les autres rois lui doivent le « boroma », tribut payable en bétail – son non-paiement entraîne des guerres dont la mythologie se fait l’écho, tout autant que les razzias.
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+ Les Romains, qui occupent la Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), n'occuperont jamais l'Irlande (qu'ils appellent Hibernia, « Hibernie »), peuplée de populations trop difficilement assimilables et loin du centre de l'Empire.
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+ La christianisation de l’Irlande marque la fin de la religion celtique, du moins en ce qui concerne sa mythologie, car la structure de la société s’est maintenue, avec une classe sacerdotale prédominante. Les circonstances exactes de l’introduction du christianisme dans l’île sont mal connues, d’autant que les textes relatifs à son initiateur, saint Patrick, sont largement hagiographiques.
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+ Padraig serait né en 390 en un lieu incertain de l’île de Bretagne. Il était le fils d’un fonctionnaire britto-romain. En 405, il aurait été victime d’une razzia de Gaëls et aurait été emmené comme esclave en Irlande, sous le règne du Ard rí Érenn, Niall Noigiallach. Pendant six années de captivité, passées à surveiller les troupeaux, sa foi en Dieu se serait affermie et une fois évadé, il aurait poursuivi ses études théologiques en Gaule. Les dates de son retour en Irlande sont incertaines (entre 432 et 490 selon les différentes thèses) mais la conversion de l’île, probablement commencée avant lui, aurait connu un moment décisif sous le règne du roi Lóegaire, fils de Niall. Patrick est souvent décrit conversant avec les druides pour tenter de les convaincre que le Dieu unique est plus puissant que la magie druidique. La légende rapporte aussi qu’il a chassé tous les serpents de l'île et qu'il avait l'habitude d'expliquer le principe de la Trinité en montrant les feuilles du trèfle. Le concept de triades était en effet très répandu dans la mythologie celtique. Patrick est mort vers 461.
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+ Dans ce contexte, la conversion du pays ne s’est faite que par celle des filid, qui sont devenus les porteurs de la nouvelle religion, de manière pacifique. Le rite celte est imprégné par les usages monastiques. Des moines des pays celtiques sont nombreux venus dans plusieurs pays d'Europe occidentale pour évangéliser et fonder des monastères. Les monastères de Clonard, de Clonmacnoise, ou de Glendalough sont des centres importants de culture et de spiritualité. L’église d’Armagh est fondée par saint Patrick vers 445.
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+ Au VIe siècle, fondation du monastère de Bangor (558) par Comgall.
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+ Ce n’est qu’au VIIe siècle que le synode de Whitby (664) préconise l'abandon des rites celtes au profit du rite romain mais certains usages celtiques se maintiennent jusqu'au XIIe siècle.
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+ Au VIIIe siècle, la croissance démographique et des guerres de succession entraînent, semble-t-il, des peuples scandinaves, Norvégiens et Danois, à sortir de leurs territoires. Les Varègues partent vers l’est et fondent en Russie des embryons d’États, les Vikings (du norrois fara í víkingu : partir en expédition et víkingar qui désigne ceux qui partent) déferlent sur les îles britanniques à l’ouest et le continent au sud.
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+ L’Irlande vit un âge d’or intellectuel par le dynamisme de ses institutions religieuses, mais sur le plan politique l’île est divisée entre cent à cent cinquante tuatha (les clans), à la tête de chacun desquels se trouve un rí (roi). Ces chefs sont eux-mêmes assujettis au roi d’une des cinq provinces (Ulster, Connacht, Munster, Leinster et Mide). Le Ard rí (roi suprême) porte un titre honorifique : son titulaire ne bénéficie pas d'une réelle autorité.
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+ C’est dans ce contexte d’instabilité que les Vikings arrivent dans l’île. Les premières expéditions attestées sont de 795, ils brûlent l’église de l’île Lambay ainsi que les monastères d’Inisbifin et d’Inismurray ; ce dernier subira un nouvel assaut en 807. Dès 812 les raids se concentrent sur la côte ouest, puis sur les rivages de la mer d'Irlande. Au début des années 820 le tour de l’île est accompli. Pendant une quarantaine d’années, les Vikings vont multiplier les raids et les razzias, privilégiant les monastères, non pour des raisons religieuses, mais parce que plus riches en trésors. Durant les années 830, ils remontent les fleuves et pénètrent à l’intérieur des terres qu’ils ravagent. En 836, ils empruntent la rivière Shannon et pillent le Connaught. L’année suivante, deux flottes d’une soixantaine de drakkars chacune, reconnaissent la Liffey et La Boyne, les territoires sont systématiquement ravagés, les habitants massacrés. Nombreux sont les exemples de leurs méfaits. L’hiver 840-841 marque une étape, puisque pour la première fois les Vikings passent la saison dans l’île et s’installent dans des places fortifiées qui deviennent aussi des lieux de commerce : Dublin, Annagassan, puis par la suite, Wexford, Cork, Limerick, pour ne citer que quelques établissements. Ce sont autant de bases retranchées qui permettent des expéditions vers l’intérieur, dont le point culminant semble être l’année 845, à tel point que l’on parle d’invasion. Le revers de la médaille est que les rois celtes peuvent parfois les contenir et les assiéger.
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+ Après la victoire de Brian Boru à la bataille de Clontarf, en 1014, l'Irlande connaît une brève période d'indépendance. Mais à la fin du XIIe siècle, l'Angleterre entreprend sa conquête. Après s'être limitée à l'ouest de l'île, en 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l'île (loi Poynings). En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d'Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors (cf. Plantations en Irlande).
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+ Une grande révolte éclate en 1641, brisée par Oliver Cromwell en 1649 (massacres de Drogheda et Wexford). Les Irlandais ont profité de la Première révolution anglaise pour tenter de retrouver leur indépendance. Cromwell débarque à Dublin (durant l'été 1649) avec ses soldats, les « Côtes de Fer », entreprend la reconquête de l'île et organise un véritable massacre. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population de l'île est massacrée. La sauvagerie de l'armée de Cromwell, très anti-catholique[19], contribuera à créer de profonds clivages entre catholiques et protestants en Irlande[19]. Après sa défaite, l'Irlande est soumise à l'autorité et aux lois de l'Angleterre et les terres du Nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d'Écosse et d'Angleterre.
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+ Les Irlandais sont par la suite soumis à une répression et à des discriminations très fortes de la part des autorités anglaises, qui continuent les décennies suivantes. Des lois leur interdisent notamment de pratiquer leur religion catholique[20]. À partir des années 1650, l'Angleterre renforce son emprise en installant des paysans protestants sur des terres confisquées aux catholiques locaux dans la province d'Ulster. Leurs descendant vivent dans la crainte d’être chassés des terres qu'ils cultivaient, ce qui les conduit à ressentir une communauté d’intérêts avec les grands propriétaires anglo-irlandais protestants. Ainsi, ils n'osent pas contester la politique imposée par les gouvernements britanniques, de peur que cela n'encourage les catholiques dépossédés[21].
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+ Jacques II, roi catholique chassé du trône de l'Angleterre protestante, tente de reprendre pied en Irlande et y est défait à la bataille de la Boyne (1690), le sort de l'Irlande s'aggrave encore. En 1695, Guillaume III d'Orange-Nassau promulgue des « lois pénales » anti-catholiques. Celles-ci interdisent notamment l'enseignement en langue irlandaise, excluent les catholiques de l'administration, de l'armée, de l'enseignement dans les écoles[22], les empêchent d'être propriétaires terriens[20], et leur interdisent d'exercer des professions libérales[23].
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+ Enthousiasmés par la Révolution françaises, des volontaires commencent à s’entraîner et à revendiquer des réformes. En 1792, la ville de Belfast célèbre par une grande procession et une fête l'anniversaire de la révolution. Des slogans attaquent le sectarisme religieux. En conséquence, des lois interdirent le port d'armes ainsi que l'association des Irlandais unis. Contrainte à la clandestinité, celle-ci devient de plus en plus révolutionnaire. Dès 1795, les autorités encouragent des groupes de protestants à organiser des campagnes contre les catholiques, ce qui conduit à la création de l'Ordre d'Orange. Un soulèvement révolutionnaire a lieu en 1798 (il est commémoré par la chanson The Wind That Shakes the Barley). Une éphémère République du Connaught est proclamée après la bataille de Castlebar et John Moore, chef de la Société des Irlandais unis, a été déclaré son président. La répression qui s'ensuit fait 30 000 morts parmi ceux soupçonnés d'avoir soutenu la révolte et le 1er août 1800 la Grande-Bretagne proclame un « acte d'union » unissant totalement l'Irlande au Royaume-Uni[21].
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+ Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l'Amérique, émigration accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 1848. Celle-ci a fait un million de morts, qui, cumulés à l'exode des habitants, ont provoqué une réduction de la population de l'île de 25 % en à peine dix ans[24].
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+ Cette famine est aggravée par le fait que le Royaume-Uni force les Irlandais à continuer leurs exportations de nourriture vers l'Angleterre, alors même que la population irlandaise meurt de faim[24].
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+ Mais à la fin du XIXe siècle, le mouvement pour l'indépendance reprend de la force, les élus irlandais au parlement britannique s'en font l'écho. Une suite de réformes agraires commence à restituer des terres aux Irlandais. En 1905, le Sinn Féin indépendantiste est fondé. De son côté, James Connolly fonde le premier journal socialiste irlandais : Workers' Republic. Des syndicats irlandais se développent.
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+ En 1914, le « Home Rule » est voté, donnant une autonomie relative à l'île. Néanmoins le pouvoir suspensif de la Chambre des lords puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale l'empêcheront d'être mis en œuvre.
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+ Durant la guerre, en 1916, sous la direction de l'Irish Republican Brotherhood du Sinn Féin et de l'Irish Citizen Army de James Connolly, éclate l'insurrection de Pâques 1916 à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Le centre de Dublin est bombardé par des navires de guerre et l'insurrection est écrasée au bout d'une semaine. James Conolly, Patrick Pearse et les autres meneurs sont exécutés. Mais le Sinn Féin en retira une popularité accrue : il remporta triomphalement les élections de décembre 1918, constitua un parlement irlandais (le Dáil Éireann) et proclama l'indépendance. Le pouvoir britannique interdit le parlement. Un nouveau soulèvement mené par l'IRA éclate, qui dura trois ans. Les rebelles parviennent à rendre l'Irlande ingouvernable (boycott des tribunaux et percepteurs anglais, grèves, actions armées contre les forces britanniques). Les autorités ripostèrent en emprisonnant des dirigeants irlandais élus, en pendant des rebelles capturés, et en recourant à des groupes paramilitaires pour exécuter des suspects républicains. Ces groupes constituèrent les Black and Tans, qui se rendirent extrêmement impopulaires suite à des atrocités perpétrées contre la population (ils ouvrirent le feu à la mitrailleuse sur le public venu assister à un match de football, incendièrent le centre de Cork et chassèrent les catholiques de leurs emplois et de leurs maisons dans le Nord-Est)[21].
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+ En 1921, le Premier ministre britannique David Lloyd George parvint à un accord. Lors de négociations avec une délégation irlandaise, il menaça de la terre brûlée et de répression totale si les nationalistes irlandais ne consentaient pas à laisser les six comtés d'Irlande du Nord sous administration britannique, à fournir à la Grande-Bretagne des bases dans certains ports et à faire serment d'allégeance à la couronne. Le chef de l'IRA Michael Collins accepta ces conditions lors du traité de Londres, qui fait de l'Irlande, amputée des deux tiers de l'Ulster, un dominion au sein de l'empire britannique, l'Irish free state, qui se dota d'une constitution en octobre 1922. En fait, la partition de l'île s'est faite sur des critères économiques. L'Est de l'Ulster était la région la plus développée à l'époque. C'est pourquoi six des neuf comtés de l'Ulster restèrent britanniques dont deux avec une faible majorité catholique. Ce traité fut ratifié de peu par le Dáil Éireann en décembre 1921, mais fut rejeté par une large majorité de la population. Cela entraîna la guerre civile d'Irlande qui dura jusqu'en 1923, opposant les adeptes d'une poursuite de la lutte pour obtenir l'indépendance complète de l'île et les partisans du compromis de 1921[21].
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+ Durant ses premières années, ce nouvel État fut gouverné par les vainqueurs de la guerre civile. Cependant, en 1932, Fianna Fáil, le parti des opposants au traité, dirigé par Éamon de Valera, remporta les élections (il resta au pouvoir jusqu'en 1948). En 1933, De Valera, devenu président du conseil, fit abolir le serment d’allégeance au souverain du Royaume-Uni[25].
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+ En 1937, il fait adopter une nouvelle constitution républicaine qui renomme l'État en Éire ou en anglais Ireland. Un traité conclu en 1938 avec le Royaume-Uni, lui laissait ses bases navales en Irlande, et entérinait cette indépendance. L'Irlande resta neutre durant la Seconde Guerre mondiale, interdisant même officiellement au Royaume-Uni l'usage militaire de ses ports et aéroports.
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+ En février 1948, c'est le parti Fine Gael qui remporte les élections. Le gouvernement est une coalition constituée avec le parti travailliste. En 1948, l'Oireachtas proclame le Republic of Ireland Act qui prend effet le 18 avril 1949. Il a déclaré que l’Irlande pouvait officiellement être décrite comme la République d'Irlande et que le président de l'Irlande avait le pouvoir exécutif de l'État dans ses relations extérieures. La loi n'a pas créé un nouvel État. La constitution de 1937 est restée en vigueur. La loi n'a pas non plus changé le nom du pays, qui est resté «Irlande». La loi a mis fin au rôle du roi britannique dans la signature des lettres de créance des diplomates irlandais. Depuis l'entrée en vigueur de la loi, le Commonwealth ne considérait plus l'Irlande comme membre.
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109
+ L'Irlande a rejoint la Communauté économique européenne en 1973, aux côtés du Royaume-Uni, pays dont elle restait très dépendante (90% des exportations à l'époque). Mais les problèmes économiques mondiaux des années 1970, aggravés par une mauvaise politique économique des gouvernements suivants, dont celui de Premier ministre Jack Lynch, entraînent une stagnation de l'économie.
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+ Toutefois, les réformes économiques des années 1980, aidées par les investissements de la Communauté européenne, conduisent à l'émergence de l'un des taux de croissance économique les plus élevés du monde avec une immigration massive (en particulier de personnes en provenance d'Asie et d'Europe orientale) comme caractéristique de la fin des années 1990. Cette période sera connue comme celle du « Tigre celtique ».
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113
+ Mais le pays est frappé peu après de plein fouet par la crise économique de 2008. En 2013, l'Irlande quitte la tutelle mise en place en 2010 par le FMI et l'UE à la suite de la bulle immobilière de 2007[26].
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+ Selon la loi irlandaise, depuis 1937, l'Irlande est une république parlementaire.
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+ Le président de l'Irlande (Uachtarán en irlandais, President en anglais) est élu pour sept ans au suffrage universel direct.
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+ Le Dáil Éireann est le nom irlandais de la chambre basse du Parlement (l'Oireachtas) de l'Irlande. Il est directement élu tous les cinq ans selon un système de représentation proportionnelle (selon la méthode du vote transférable). Il a le pouvoir de voter les lois, de nommer et de remplacer le Taoiseach (Premier ministre). La chambre haute s'appelle Seanad Éireann.
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+ Le paysage politique irlandais prend la forme d'un bipartisme opposant les partis héritiers des deux camps s'étant affrontés durant la guerre civile irlandaise : le Fianna Fáil (littéralement « Soldats de la destinée »), aussi appelé Parti républicain (Fianna Fáil - The Republican Party en anglais, Fianna Fáil - An Páirtí Poblachtánach en irlandais), issu des opposants au traité anglo-irlandais de 1921 menés par Éamon de Valera ; le Fine Gael (littéralement « le clan des Gaëls »), qui descend des partisans de ce traité dirigés par Arthur Griffith et Michael Collins. Aucun de ces deux partis principaux de la vie politique irlandaise ne s’identifie fermement comme étant un parti de droite ou de gauche, le premier se réclamant du républicanisme irlandais et étant souvent comparé, par sa volonté affichée de transcender le clivage gauche-droite et sa défense du particularisme culturel et d'une politique d'indépendance nationale, aux mouvements gaullistes français ou au Parti révolutionnaire institutionnel mexicain[27] et est membre depuis 2009 du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE, centriste, libéral et fédéraliste européen), tandis que le second se définit comme étant du « centre progressiste » (progressive centre ou Chorplár) inspiré de la démocratie chrétienne, il est généralement progressiste en matière sociale et sociétale, conservateur sur le plan du maintien de l'ordre et de la fiscalité et libéral concernant l'économie, et a contribué à fonder le Parti populaire européen (PPE, centre droit libéral-conservateur, démocrate chrétien et fédéraliste européen)[28].
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122
+ Parmi ces deux formations, le Fianna Fáil a longtemps eu une position dominante, étant le premier parti en nombre de voix à toutes les élections entre 1932 et 2009. Il a dirigé 26 exécutifs ou gouvernements de 1932 à 1948, de 1951 à 1954, de 1957 à 1973, de 1977 à 1981, en 1982, de 1987 à 1994 et de 1997 à 2011. Avant 1989, lorsqu'il a gouverné, il l'a toujours fait seul, en étant majoritaire de 1933 à 1948, de 1957 à 1961, de 1965 à 1973 et de 1977 à 1981, minoritaire les autres fois (avec le soutien sans participation du Parti travailliste de 1932 à 1933 puis d'indépendants de 1951 à 1954, de 1961 à 1965, en 1982 et de 1987 à 1989). Après 1989, il a en revanche toujours gouverné en coalition, d'abord avec les Démocrates progressistes (Progressive Democrats ou An Paírtí Daonlathach, fondé en 1985 suivant une plateforme libérale-conservatrice par des dissidents des deux grands partis, il a été la troisième puis quatrième force électorale d'Irlande jusqu'à sa dissolution en 2009) de 1989 à 1992 et de 1997 à 2009 (minoritaire de 1997 à 2002), avec le Parti travailliste (The Irish Labour Party ou Páirti an Lucht Oibre, principale force du centre gauche sociale-démocrate et généralement le troisième parti en nombre de voix) de 1992 à 1994 et avec le Parti vert (Green Party ou Comhaontas Glas, écologiste) de 2007 à 2011. Le reste du temps, le Fine Gael a toujours détenu la direction du gouvernement, généralement en coalition avec le Parti travailliste (mais aussi avec les Démocrates progressistes de 1994 à 1997) jusqu'en 2016, puis de façon minoritaire depuis 2016 (à la suite de l'effondrement électoral des travaillistes, le Fine Gael a passé un accord avec le Fianna Fáil pour pouvoir mettre en place un exécutif et assurer le vote des budgets). Le Fine Gael a devancé le Fianna Fáil en nombre de voix pour la première fois lors des élections européennes de 2009, et est resté le premier parti lors des élections générales de 2011 (lors desquelles le Fianna Fáil n'obtient que le troisième score, soit le plus mauvais résultat de toute son histoire, étant alors devancé également par le Parti travailliste) et celles de 2016.
123
+
124
+ Historiquement, le Fianna Fáil est tout particulièrement dominant dans les régions rurales du centre et de l'ouest de l'île tout en étant bien implanté dans les quartiers et banlieues populaires de Dublin, et plus contesté dans l'est, le sud et le nord-ouest, notamment dans les villes, où le Fine Gael et le Parti travailliste constituent une grande partie de leur base électorale[29],[30],[31],[32]. Cette géographie traditionnelle a toutefois été remise en question depuis les années 1990, le virage plus libéral et pro-européen du Fianna Fáil sous la présidence de Bertie Ahern, lui-même député de Dublin, ayant contribué à augmenter l'assise de ce parti dans la classe moyenne urbaine, tandis que le Fine Gael, de son côté, a fortement diminué le quasi-monopole exercé jusque-là par son adversaire sur les circonscriptions rurales[33]. De plus, le Fianna Fáil se voit être sérieusement concurrencé depuis 2011 par le Sinn Féin au sein de l'électorat attaché aux idées du républicanisme irlandais (plutôt implanté historiquement en Irlande du Nord, ce parti de la gauche républicaine et eurosceptique a fait un retour remarqué sur la scène politique de l'Irlande indépendante à partir de 2011).
125
+
126
+ L’île d'Irlande est divisée entre 32 comtés et 4 provinces : Ulster, Connacht, Munster et Leinster. Les provinces suivent approximativement les anciennes provinces d'Irlande, les six comtés d'Irlande du Nord, tous en Ulster, ne sont pas inclus. Les provinces ne sont pas utilisées par l'administration, elles sont utilisées seulement pour les sports, le rugby à XV ou les sports gaéliques.
127
+
128
+ Les comtés sont utilisés pour l'administration locale. Ils ont été créés par les Britanniques après la conquête de l'Irlande. Il y a 26 comtés traditionnels dans la république plus les comtés issus de la partition du Comté de Dublin (Dublin Sud, Fingal et Dún Laoghaire-Rathdown) — ainsi que, jusqu'à la réunification du comté de Tipperary, les comtés de Tipperary-Nord et Tipperary-Sud.
129
+
130
+ Certaines villes ont aussi un pouvoir de décision du même niveau que le comté au travers d'un conseil de Cité (Dublin, Cork, Galway, Limerick et Waterford).
131
+
132
+ En juin 2020, l'Irlande est élue membre non permanent du conseil de sécurité de l'ONU pour 2021 et 2022[34].
133
+
134
+ De 1995 à 2007, l'économie irlandaise croît en moyenne de 6 % par an[1], lui valant le surnom de « tigre celtique ».
135
+
136
+ Comme quinze autres pays européens, l'Irlande a abandonné sa monnaie nationale, la livre irlandaise, pour adopter l'euro le 1er janvier 1999 (les pièces et billets ayant été introduits le 1er janvier 2002).
137
+
138
+ Le taux de chômage est de 4,5 % en 2019[35] — contre 4,3 % en 2005. En juin 2012, 1 787 900 personnes travaillaient en république d'Irlande, soit 33 400 personnes de moins que début 2012. La plus forte baisse a eu lieu dans le secteur public, les industries de la finance, de l'assurance et de la construction[36].
139
+
140
+ En 2009, le PIB par habitant de l'Irlande est le second plus élevé de l'Union européenne, après celui du Luxembourg[37]. Il était de 64 % de la moyenne européenne lors de son adhésion en 1973[38].
141
+
142
+ Les salaires élevés ainsi que le plein emploi (le taux de chômage n'était que de 4 % en 2007) ont engendré une immigration importante au cours des années 2000. L'immigration en provenance des pays de l'Est (Pologne, Estonie…), de France (près de 9 000 Français vivent en Irlande à la fin de 2009[39]), et d'Asie (de très nombreux Chinois vivent à Dublin) entraîne une augmentation de la population de 2,5 % par an durant les années 2000. En raison de la crise économique, l’émigration a néanmoins fortement augmenté à partir de 2010[40].
143
+
144
+ Entre 2000 et 2017, l’emploi industriel en Irlande a chuté de 22,1 %. Le modèle économique irlandais est désormais basé en grande partie sur la concurrence fiscale[41].
145
+
146
+ Les loyers ont augmenté de 65 % depuis 2011 en conséquence de la pénurie de logements dans les villes[42],[43].
147
+
148
+ La crise de 2008-2009 a frappé de plein fouet l'économie celtique, les économistes parlant même pour l'Irlande d'une crise financière de 2007-2010.
149
+
150
+ La récession est particulièrement violente avec une contraction du PIB de 3 % en 2008, 7 % en 2009 et 0,4 % en 2010[44].
151
+ Ainsi le taux de chômage était de 14,8 % de la population active en 2012[36]. Les années 2011 et 2012 semblent ouvrir la porte à une légère embellie, avec une hausse du PIB de 0,7 % et 0,5 % (estimation) respectivement. Ce retour à la croissance peut s'expliquer en grande partie par la bonne tenue des exportations (multinationales installées en Irlande), la demande intérieure demeurant faible.
152
+
153
+ Le déficit budgétaire, à cause de l'effondrement des recettes fiscales et de la hausse des dépenses sociales, explose. Les plans de sauvetage des banques irlandaises coûtent une fortune à l'État. Le déficit public annoncé pour 2010 avoisinera 32 % du PIB, ce qui est tout à fait hors normes. La dette publique avoisine les 100 % du PIB.
154
+
155
+ Les prix à la consommation baissent fortement en 2009. Les prix de l'immobilier s'effondrent.
156
+ Les pancartes to let (à louer) et for sale (à vendre) fleurissent dans toutes les rues des villes du pays.
157
+ Nombre de ménages connaissent des défauts de paiements sur leurs crédits immobiliers.
158
+
159
+ Les activités bancaires et financières qui avaient connu un essor sans égal à Dublin sur les bords de la Liffey dans les années 2000 ont été particulièrement touchées par la crise financière d'octobre 2008, mettant en grandes difficultés les principales banques du pays et obligeant le gouvernement à intervenir en recapitalisant ou nationalisant les établissements financiers et éviter une faillite générale du système. Le coût de ces plans de sauvetage est énorme (près de 20 % du PIB en 2010), expliquant le niveau astronomique du déficit public à 32 % du PIB (à titre de comparaison, la France connait un déficit public de 7,8 % du PIB en 2010).
160
+
161
+ La délocalisation d'une partie des activités de l'informatique Dell de Limerick vers la Pologne, entraînant la perte de près de 2 000 emplois, ce qui est énorme à l'échelle irlandaise, est ressentie comme une catastrophe économique et sociale par l'Irlande tout entière pour cette région qui avait connu une renaissance économique dans les années 2000. L'ampleur de cette crise est inédite.
162
+
163
+ Les difficultés financières s'accumulant depuis plusieurs mois, le gouvernement de Brian Cowen s'est résigné, sous la pression des dirigeants européens, à accepter l'aide financière du FMI pilotée par l'Union Européenne.
164
+ Ce « plan de sauvetage » sous la forme d'un emprunt de 85 milliards d'euros au taux de 6,7 %, est largement décrié par la population du fait de son coût prohibitif et du plan d'austérité qui y est associé.
165
+
166
+ La dette continue néanmoins d'augmenter, passant de 91,2 % du PIB en 2010 à 124,8 % (204,696 milliards d’euros) fin 2013, avec un dernier trimestre de cette même année en récession de 2,3 %[45]. Proportionnellement au nombre d'habitants, l'Irlande est en 2016 le deuxième pays le plus endetté au monde après le Japon[46].
167
+
168
+ Tous les comtés du pays développent leurs infrastructures afin d'attirer les touristes du monde entier. Les points touristiques principaux sont :
169
+
170
+ L'Irlande comptait 4 757 976 habitants d'après le recensement de 2016. La densité reste assez faible : avec 67,7 hab./km2, elle est presque deux fois moindre que la moyenne de l'Union européenne, ensemble dont l'Irlande regroupe environ 1 % de la population.
171
+
172
+ Le dynamisme démographique est relativement nouveau dans le pays. Il est dû à la relative jeunesse de la population, à un taux de natalité élevé pour l'Europe et surtout à une forte immigration. Il s'agit d'un phénomène assez nouveau : la croissance démographique n'a commencé que dans les années 1960. Auparavant, la région s'était fortement dépeuplée. Elle comptait 6,5 millions d'habitants en 1841[47], et passe à 5,1 millions en 1850 du fait d'une grande famine accompagnée d'une émigration massive. L'émigration s'est poursuivie pendant le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, et a fait plus que contrebalancer l'excédent naturel. La population a donc globalement continué à décroître jusque dans les années 1960 : 3,2 millions d'habitants en 1901 et 2,8 millions en 1961.
173
+
174
+ À partir de cette date la population a crû de nouveau[48]. Dans les années 1990, et plus encore les années 2000, la population immigrée a fortement augmenté. En 2011, 544 357 non-nationaux vivaient en Irlande, soit une augmentation de 143 % par rapport au recensement de 2002[49]. La plupart viennent d'Europe, du Royaume-Uni pour plus de la moitié, d'Europe de l'Est pour une part importante et en rapide augmentation[50].
175
+
176
+ Villes principales en 2016 :
177
+
178
+ Il existe deux langues officielles en Irlande. La constitution dispose que la première langue nationale est l'irlandais, et que l'anglais est une langue annexe. Toutefois, l'anglais est fortement majoritaire, et l'irlandais, bien qu'enseigné obligatoirement à l'école, n'est plus pratiqué dans la vie courante que par peu de personnes (environ 1,8 million d'Irlandais ont une connaissance de la langue, et 538 283 la parlent tous les jours), essentiellement dans les Gaeltachtai [51],[52], qui sont surtout éparpillées le long de la côte occidentale.
179
+
180
+ D'après le recensement de 2016, 78,3 % des habitants se déclarent catholiques et 9,8 % n'ont pas de religion. Les 11,9 % restants sont protestants, musulmans, etc.[53].
181
+
182
+ L'Irlande est le pays occidental possédant la plus forte pratique religieuse (entre 35 et 50 % de pratiquants réguliers), même si ce taux a sensiblement baissé depuis vingt ans (près de 90 % de pratiquants jusque dans les années 1980). La religion catholique occupe de fait un rôle prédominant dans la culture et l'identité irlandaise, celle-ci ayant été utilisée pour se démarquer du Royaume-Uni où le protestantisme est majoritaire[54]. La religion est encore considérée comme un marqueur identitaire même si depuis le début du XXIe siècle le bi-confessionnalisme est moins présent[54].
183
+
184
+ L'Église catholique a longtemps conservé une influence sur les questions de société, comme pour le divorce, légalisé en 1995, l'homosexualité légalisée en 1993[55], ou pour l'avortement, interdit dans tous les cas jusqu'en 2018.
185
+
186
+ Mais cette influence est en perte de vitesse au XXIe siècle. En vue du référendum de 2015 sur le mariage homosexuel en Irlande, l’Église catholique mène une campagne pour le non. Le oui l'emporte finalement avec plus de 62 % des voix[55]. Le 25 mai 2018 un référendum sur le trente sixième amendement de la constitution est organisé quant au droit à l'avortement. Le oui l'emporte avec plus de 66 % des voix[56]. L'avortement est légal depuis le 1er janvier 2019[57].
187
+
188
+ La mafia irlandaise (The Irish Mob) est le nom donné au crime organisé irlandais ou d'origine irlandaise. C'est la plus ancienne pègre aux États-Unis, qui existe depuis le début du XIXe siècle.
189
+
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+ La saint Patrick est un événement que l'on fête le 17 mars.
191
+
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+ Parmi les écrivains irlandais, on compte Jonathan Swift, Oscar Wilde, James Joyce, George Bernard Shaw, Samuel Beckett, William Butler Yeats, Eoin Colfer, John Millington Synge.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Irlande
2
+
3
+ (ga) Éire
4
+
5
+ (en) Ireland
6
+
7
+ 53° 20′ 36″ N, 6° 16′ 03″ O
8
+
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+ modifier
10
+
11
+ L'Irlande /iʁ.lɑ̃d/ Écouter (en irlandais : Éire /ˈeːɾʲə/ Écouter ; en anglais : Ireland /ˈaɪəɹ.lənd/ Écouter) est un pays insulaire d'Europe de l'Ouest occupant la majeure partie de l'île d'Irlande dans l'océan Atlantique nord. Elle regroupe 26 des 32 comtés traditionnels de l'île, les six autres formant l'Irlande du Nord, l'une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.
12
+
13
+ L'Irlande est une république parlementaire dont les deux langues officielles sont l'irlandais et l'anglais. Son hymne national est Amhrán na bhFiann et son drapeau est constitué de trois bandes verticales verte, blanche et orange. Le pays a pour capitale Dublin (en irlandais : Baile Átha Cliath) et a pour monnaie l'euro. L'Irlande est membre de l'Union européenne depuis 1973. Afin de la différencier de l'île d'Irlande, on la nomme parfois « République d'Irlande » (en irlandais : Poblacht na hÉireann et en anglais : Republic of Ireland) mais ce n'est pas son nom officiel[Note 4].
14
+
15
+ Le pays s'étend sur une superficie de 70 273 km2, et sa population s'élève en 2017 à 5 011 102 habitants. La plus grande ville est la capitale Dublin, les autres principales villes étant Cork, Limerick, Galway et Waterford. L'Irlande revendique son identité celtique, si bien que, sur le plan culturel, elle représente habituellement l'île d'Irlande considérée comme l'une des six « nations celtiques »[Note 5]. Le symbole officiel du pays est la harpe celtique (qui figure sur les pièces d'euro), mais le trèfle irlandais est souvent utilisé comme autre symbole, notamment par l'équipe irlandaise de rugby.
16
+
17
+ Colonisée par les Celtes durant la Préhistoire qui constituent quatre royaumes qui donneront naissance aux provinces actuelles (Ulster, Connacht, Munster et Leinster), l'Irlande est christianisée au Ve siècle par saint Patrick. Au Moyen Âge, l'Irlande est envahie par les Anglo-Normands. Cette conquête aboutit à l'union de l'Irlande et de la Grande-Bretagne en 1800. Au XIXe siècle, l'Irlande est ravagée par la Grande famine et connaît une forte émigration vers le Nouveau Monde. Le nationalisme commence à se développer à la fin du siècle, et l'échec du projet de Home Rule aboutit à la guerre d'indépendance irlandaise et à la partition de l'Irlande. Avec le traité anglo-irlandais, l'Irlande accède à l'indépendance en 1922 mais l'Irlande du Nord quitte le nouvel État libre d'Irlande le lendemain de sa création. En 1937, la Constitution républicaine de l'Irlande est adoptée, en 1949, l'Irlande se déclare officiellement république.
18
+
19
+ Adepte de la concurrence fiscale, de la déréglementation et considéré comme un paradis fiscal[3],[4], le pays a connu une forte croissance depuis le début des années 1990 avant de subir l'explosion de la bulle spéculative immobilière et d'être l'un des plus touchés[5] par la crise financière de 2008, ce qui entraîna une crise économique et politique majeure pour le pays jusqu'en 2011. À titre d'exemple, en 2010, son déficit public s'établissait à 32,4 % du PIB et en 2012 le taux de chômage y était supérieur à 15 % de la population active[6]. Le pays a depuis renoué avec la croissance et le PIB a connu une croissance de 7,8 % en 2015, soit le niveau le plus élevé de l'Union européenne[7], un chiffre depuis révisé à 26,3 %[8], soit la croissance la plus élevée au monde. En novembre 2019, le taux de chômage s'élève à 4,8 %[9].
20
+
21
+ Selon la Constitution de 1937, le nom officiel de l'État est simplement « Irlande » (Éire en irlandais et Ireland en anglais)[10].
22
+
23
+ Depuis l'entrée en vigueur du Republic of Ireland Act en 1949, la « description officielle » du pays est « République d'Irlande » (Poblacht na hÉireann en irlandais ou Republic of Ireland en anglais)[11], mais le nom de l'État reste « Irlande »[Note 6]. Ainsi, par exemple, le chef d'État est le président de l'Irlande et non pas président de la république d'Irlande[12]. En outre, les sources toponymiques francophones indiquent bien que la forme longue (ou officielle) du pays est « Irlande »[13],[14],[15], ce qui est confirmé par les versions françaises des traités européens dont l'Irlande fait partie.
24
+
25
+ L'appellation anglaise Irish Republic (République irlandaise) n'est pas utilisée – c'est le nom de la république autoproclamée le 21 janvier 1919. Entre 1922 (sortie du Royaume-Uni) et 1937, l'État s'appelait État libre d'Irlande (Saorstát Éireann en irlandais, Irish Free State en anglais).[réf. nécessaire]
26
+
27
+ Chaque État de l'Union européenne porte un nom propre dans chacune des langues officielles. Le nom de l'État est donc « Éire » en irlandais, « Ireland » en anglais et « Irlande » en français[16]. Mais les appellations « Poblacht na hÉireann », « Republic of Ireland » ou « République d’Irlande », n'ont aucun caractère officiel pour l'Union[16].
28
+
29
+ L'Irlande est située sur l'île éponyme, au nord-ouest du continent européen dans l'océan Atlantique nord. Elle s'étend sur plus de 85 % de la superficie de cette île, soit 70 273 km2[1] (l'Irlande du Nord, au nord-est de l'île, est elle sous souveraineté britannique). Le pays est divisé en vingt-six comtés.
30
+
31
+ La capitale de l'Irlande est Dublin, mais d'autres villes possèdent une certaine notoriété[évasif] : Galway, Cork, Waterford et Limerick.
32
+
33
+ La morphologie de l'île comprend une plaine centrale entourée de montagnes et de collines, particulièrement dans le Donegal et le Wicklow. Mais les sommets les plus hauts se trouvent au sud-ouest avec les Macgillycuddy's Reeks qui comprend le point culminant du pays, le Carrauntuohil avec ses 1 038 mètres.
34
+
35
+ Les paysages sont faits de tourbières, de lacs et de rivières. L'Irlande possède d'ailleurs dans la totalité de son cours, le plus long fleuve des îles Britanniques (appelées ici îles Anglo-Celtes) : le Shannon, qui parcourt 386 km du nord au sud-ouest avant de se jeter dans l'océan Atlantique. Deux autres cours d'eau sont également particulièrement importants : la Barrow et la Blackwater.
36
+
37
+ Au sud-ouest, les falaises de Moher surplombent l'océan Atlantique. Non loin de là, les îles d'Aran font face à la baie de Galway. À l'est du pays, au nord de Dublin, le rivage est assez plat. Mais tout autour de l'île s'étendent de nombreuses plages de sable fin.
38
+
39
+ Le climat est de type tempéré océanique, ou Cfb selon le système de classification de climat de Köppen. Les étés sont généralement doux, la température ne dépassant que très rarement les 25 °C.
40
+ Les hivers sont frais et pluvieux. Les températures minimales ne descendent qu'exceptionnellement en dessous de 0 °C.
41
+
42
+ Le Centre et l'Est de l'île connaissent des températures un peu plus basses en hiver que l'Ouest du pays, qui bénéficie énormément de l'effet du Gulf Stream. À Dublin, les mois les plus frais sont janvier et février des moyennes de 3 °C pour les minimales et de 8 °C pour les maximales ; en été, les températures moyennes oscillent entre 12 °C pour les minimales et 19 °C pour les maximales. Les précipitations sont assez importantes (733 mm de précipitations annuels en moyenne à Dublin). Elles tombent rarement sous forme de neige (quatre jours de neige par an en moyenne à Dublin).
43
+
44
+ Les écarts de température dans une même journée sont faibles : il n'est pas rare que la température soit constante du matin au soir, ce qui contraste avec les brusques changements de temps durant les saisons intermédiaires (printemps et automne), au cours desquelles la rapidité d'évolution du temps est étonnante avec des épisodes de « giboulées » très fréquents.
45
+
46
+ Le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Irlande[Note 7] est en 2019 le 27 avril[17]. L'Irlande est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
47
+
48
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
49
+
50
+ En décembre 2018, l'Irlande comptait 604 sites dont :
51
+
52
+ La superficie totale est de 19 486 km2, ce qui représente 13,1 % de la surface terrestre et marine du territoire de l'Irlande[18].
53
+
54
+ Les premiers occupants de l'Irlande sont arrivés sur l'île environ au 9e millénaire av. J.-C.. Ensuite sont venues des peuplades mégalithiques, puis néolithiques, qui ont développé l'agriculture et l'élevage. Au VIe siècle av. J.-C., les Celtes vont imposer leur civilisation laténienne.
55
+ C'est une société parfaitement organisée en clans, et parlant le gaélique dans lequel les premiers poètes composent des chants et légendes qui constituent le patrimoine autochtone.
56
+
57
+ Les traces les plus anciennes du peuplement de l'île remontent au IXe millénaire av. J.‑C., elles ont été retrouvées dans le comté de Waterford. Une migration de populations mésolithiques est attestée vers le LXVIe siècle av. J.-C., il semble qu'il s'agisse de peuples venus d'Europe du Nord, passés par l'Écosse. Ils se sont installés dans la région de l'actuelle Ulster. Leur mode de vie est une économie de prédation (chasse et pêche) qui va progressivement évoluer vers l'agriculture et l'élevage. Ils connaissent l'usage d'outils en pierre polie, cultivent la terre et ont du bétail. C'est une civilisation mégalithique qui érige des dolmens à vocation funéraire. De nouveaux arrivants entre XXe et XVIIe siècle av. J.-C. apportent l'âge du bronze. C'est de cette époque que date l'exploitation de mines de cuivre dans les régions de Cork et Kerry et d'or dans le Wicklow.
58
+
59
+ C'est vers - 500 que les Celtes font leur apparition en Irlande. Leur civilisation sur l'île va durer près de mille ans. Leur arrivée s'est faite par deux routes différentes : par l'actuelle Grande-Bretagne et par l'Espagne. La mythologie celtique a d’ailleurs conservé le souvenir de cette origine espagnole puisque, selon le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d’Irlande), les Milesiens (c’est-à-dire les Gaëls) sont dits fils de Míl Espáine. Avant l'introduction de la civilisation de La Tène (second âge du fer), l’histoire d’Erin est largement mythique.
60
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61
+ La structure de la société celtique reprend le schéma de la structure sociale tripartite des Indo-européens au sommet de laquelle on trouve une classe sacerdotale composée des druides, des bardes et des vates. Les druides ont en charge la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la divination ; les bardes sont spécialisés dans la poésie orale et chantée et doivent faire la louange, la satire ou le blâme ; les vates sont des devins qui se consacrent plus particulièrement à la divination et à la médecine. En Irlande, les filid (bardes) vont devenir les membres les plus influents de cette classe sacerdotale, dont une des prérogatives est de conseiller le roi. Dans la civilisation celtique, le rôle du roi est non seulement de mener la guerre, mais surtout de redistribuer les richesses et de dire la justice, inspirée par les druides. Longtemps ces rois n’ont été que des chefs au pouvoir incertain et aux successions problématiques. La deuxième classe de la société est celle des guerriers et la troisième est celle des producteurs, artisans, agriculteurs et éleveurs.
62
+ Ces clans vont progressivement fusionner pour constituer quatre royaumes (ou provinces) : l’Ulster, le Leinster, le Munster et le Connacht (Connaught). Au début du Ve siècle, un Ard rí Érenn (roi suprême d’Irlande) étend son pouvoir sur toute l’île, il siège à Tara capitale du Royaume de Mide. Les autres rois lui doivent le « boroma », tribut payable en bétail – son non-paiement entraîne des guerres dont la mythologie se fait l’écho, tout autant que les razzias.
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+ Les Romains, qui occupent la Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), n'occuperont jamais l'Irlande (qu'ils appellent Hibernia, « Hibernie »), peuplée de populations trop difficilement assimilables et loin du centre de l'Empire.
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+ La christianisation de l’Irlande marque la fin de la religion celtique, du moins en ce qui concerne sa mythologie, car la structure de la société s’est maintenue, avec une classe sacerdotale prédominante. Les circonstances exactes de l’introduction du christianisme dans l’île sont mal connues, d’autant que les textes relatifs à son initiateur, saint Patrick, sont largement hagiographiques.
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+ Padraig serait né en 390 en un lieu incertain de l’île de Bretagne. Il était le fils d’un fonctionnaire britto-romain. En 405, il aurait été victime d’une razzia de Gaëls et aurait été emmené comme esclave en Irlande, sous le règne du Ard rí Érenn, Niall Noigiallach. Pendant six années de captivité, passées à surveiller les troupeaux, sa foi en Dieu se serait affermie et une fois évadé, il aurait poursuivi ses études théologiques en Gaule. Les dates de son retour en Irlande sont incertaines (entre 432 et 490 selon les différentes thèses) mais la conversion de l’île, probablement commencée avant lui, aurait connu un moment décisif sous le règne du roi Lóegaire, fils de Niall. Patrick est souvent décrit conversant avec les druides pour tenter de les convaincre que le Dieu unique est plus puissant que la magie druidique. La légende rapporte aussi qu’il a chassé tous les serpents de l'île et qu'il avait l'habitude d'expliquer le principe de la Trinité en montrant les feuilles du trèfle. Le concept de triades était en effet très répandu dans la mythologie celtique. Patrick est mort vers 461.
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+ Dans ce contexte, la conversion du pays ne s’est faite que par celle des filid, qui sont devenus les porteurs de la nouvelle religion, de manière pacifique. Le rite celte est imprégné par les usages monastiques. Des moines des pays celtiques sont nombreux venus dans plusieurs pays d'Europe occidentale pour évangéliser et fonder des monastères. Les monastères de Clonard, de Clonmacnoise, ou de Glendalough sont des centres importants de culture et de spiritualité. L’église d’Armagh est fondée par saint Patrick vers 445.
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+ Au VIe siècle, fondation du monastère de Bangor (558) par Comgall.
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+ Ce n’est qu’au VIIe siècle que le synode de Whitby (664) préconise l'abandon des rites celtes au profit du rite romain mais certains usages celtiques se maintiennent jusqu'au XIIe siècle.
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+ Au VIIIe siècle, la croissance démographique et des guerres de succession entraînent, semble-t-il, des peuples scandinaves, Norvégiens et Danois, à sortir de leurs territoires. Les Varègues partent vers l’est et fondent en Russie des embryons d’États, les Vikings (du norrois fara í víkingu : partir en expédition et víkingar qui désigne ceux qui partent) déferlent sur les îles britanniques à l’ouest et le continent au sud.
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+ L’Irlande vit un âge d’or intellectuel par le dynamisme de ses institutions religieuses, mais sur le plan politique l’île est divisée entre cent à cent cinquante tuatha (les clans), à la tête de chacun desquels se trouve un rí (roi). Ces chefs sont eux-mêmes assujettis au roi d’une des cinq provinces (Ulster, Connacht, Munster, Leinster et Mide). Le Ard rí (roi suprême) porte un titre honorifique : son titulaire ne bénéficie pas d'une réelle autorité.
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+ C’est dans ce contexte d’instabilité que les Vikings arrivent dans l’île. Les premières expéditions attestées sont de 795, ils brûlent l’église de l’île Lambay ainsi que les monastères d’Inisbifin et d’Inismurray ; ce dernier subira un nouvel assaut en 807. Dès 812 les raids se concentrent sur la côte ouest, puis sur les rivages de la mer d'Irlande. Au début des années 820 le tour de l’île est accompli. Pendant une quarantaine d’années, les Vikings vont multiplier les raids et les razzias, privilégiant les monastères, non pour des raisons religieuses, mais parce que plus riches en trésors. Durant les années 830, ils remontent les fleuves et pénètrent à l’intérieur des terres qu’ils ravagent. En 836, ils empruntent la rivière Shannon et pillent le Connaught. L’année suivante, deux flottes d’une soixantaine de drakkars chacune, reconnaissent la Liffey et La Boyne, les territoires sont systématiquement ravagés, les habitants massacrés. Nombreux sont les exemples de leurs méfaits. L’hiver 840-841 marque une étape, puisque pour la première fois les Vikings passent la saison dans l’île et s’installent dans des places fortifiées qui deviennent aussi des lieux de commerce : Dublin, Annagassan, puis par la suite, Wexford, Cork, Limerick, pour ne citer que quelques établissements. Ce sont autant de bases retranchées qui permettent des expéditions vers l’intérieur, dont le point culminant semble être l’année 845, à tel point que l’on parle d’invasion. Le revers de la médaille est que les rois celtes peuvent parfois les contenir et les assiéger.
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+ Après la victoire de Brian Boru à la bataille de Clontarf, en 1014, l'Irlande connaît une brève période d'indépendance. Mais à la fin du XIIe siècle, l'Angleterre entreprend sa conquête. Après s'être limitée à l'ouest de l'île, en 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l'île (loi Poynings). En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d'Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors (cf. Plantations en Irlande).
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+ Une grande révolte éclate en 1641, brisée par Oliver Cromwell en 1649 (massacres de Drogheda et Wexford). Les Irlandais ont profité de la Première révolution anglaise pour tenter de retrouver leur indépendance. Cromwell débarque à Dublin (durant l'été 1649) avec ses soldats, les « Côtes de Fer », entreprend la reconquête de l'île et organise un véritable massacre. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population de l'île est massacrée. La sauvagerie de l'armée de Cromwell, très anti-catholique[19], contribuera à créer de profonds clivages entre catholiques et protestants en Irlande[19]. Après sa défaite, l'Irlande est soumise à l'autorité et aux lois de l'Angleterre et les terres du Nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d'Écosse et d'Angleterre.
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+ Les Irlandais sont par la suite soumis à une répression et à des discriminations très fortes de la part des autorités anglaises, qui continuent les décennies suivantes. Des lois leur interdisent notamment de pratiquer leur religion catholique[20]. À partir des années 1650, l'Angleterre renforce son emprise en installant des paysans protestants sur des terres confisquées aux catholiques locaux dans la province d'Ulster. Leurs descendant vivent dans la crainte d’être chassés des terres qu'ils cultivaient, ce qui les conduit à ressentir une communauté d’intérêts avec les grands propriétaires anglo-irlandais protestants. Ainsi, ils n'osent pas contester la politique imposée par les gouvernements britanniques, de peur que cela n'encourage les catholiques dépossédés[21].
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+ Jacques II, roi catholique chassé du trône de l'Angleterre protestante, tente de reprendre pied en Irlande et y est défait à la bataille de la Boyne (1690), le sort de l'Irlande s'aggrave encore. En 1695, Guillaume III d'Orange-Nassau promulgue des « lois pénales » anti-catholiques. Celles-ci interdisent notamment l'enseignement en langue irlandaise, excluent les catholiques de l'administration, de l'armée, de l'enseignement dans les écoles[22], les empêchent d'être propriétaires terriens[20], et leur interdisent d'exercer des professions libérales[23].
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+ Enthousiasmés par la Révolution françaises, des volontaires commencent à s’entraîner et à revendiquer des réformes. En 1792, la ville de Belfast célèbre par une grande procession et une fête l'anniversaire de la révolution. Des slogans attaquent le sectarisme religieux. En conséquence, des lois interdirent le port d'armes ainsi que l'association des Irlandais unis. Contrainte à la clandestinité, celle-ci devient de plus en plus révolutionnaire. Dès 1795, les autorités encouragent des groupes de protestants à organiser des campagnes contre les catholiques, ce qui conduit à la création de l'Ordre d'Orange. Un soulèvement révolutionnaire a lieu en 1798 (il est commémoré par la chanson The Wind That Shakes the Barley). Une éphémère République du Connaught est proclamée après la bataille de Castlebar et John Moore, chef de la Société des Irlandais unis, a été déclaré son président. La répression qui s'ensuit fait 30 000 morts parmi ceux soupçonnés d'avoir soutenu la révolte et le 1er août 1800 la Grande-Bretagne proclame un « acte d'union » unissant totalement l'Irlande au Royaume-Uni[21].
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+ Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l'Amérique, émigration accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 1848. Celle-ci a fait un million de morts, qui, cumulés à l'exode des habitants, ont provoqué une réduction de la population de l'île de 25 % en à peine dix ans[24].
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+ Cette famine est aggravée par le fait que le Royaume-Uni force les Irlandais à continuer leurs exportations de nourriture vers l'Angleterre, alors même que la population irlandaise meurt de faim[24].
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+ Mais à la fin du XIXe siècle, le mouvement pour l'indépendance reprend de la force, les élus irlandais au parlement britannique s'en font l'écho. Une suite de réformes agraires commence à restituer des terres aux Irlandais. En 1905, le Sinn Féin indépendantiste est fondé. De son côté, James Connolly fonde le premier journal socialiste irlandais : Workers' Republic. Des syndicats irlandais se développent.
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+ En 1914, le « Home Rule » est voté, donnant une autonomie relative à l'île. Néanmoins le pouvoir suspensif de la Chambre des lords puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale l'empêcheront d'être mis en œuvre.
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+ Durant la guerre, en 1916, sous la direction de l'Irish Republican Brotherhood du Sinn Féin et de l'Irish Citizen Army de James Connolly, éclate l'insurrection de Pâques 1916 à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Le centre de Dublin est bombardé par des navires de guerre et l'insurrection est écrasée au bout d'une semaine. James Conolly, Patrick Pearse et les autres meneurs sont exécutés. Mais le Sinn Féin en retira une popularité accrue : il remporta triomphalement les élections de décembre 1918, constitua un parlement irlandais (le Dáil Éireann) et proclama l'indépendance. Le pouvoir britannique interdit le parlement. Un nouveau soulèvement mené par l'IRA éclate, qui dura trois ans. Les rebelles parviennent à rendre l'Irlande ingouvernable (boycott des tribunaux et percepteurs anglais, grèves, actions armées contre les forces britanniques). Les autorités ripostèrent en emprisonnant des dirigeants irlandais élus, en pendant des rebelles capturés, et en recourant à des groupes paramilitaires pour exécuter des suspects républicains. Ces groupes constituèrent les Black and Tans, qui se rendirent extrêmement impopulaires suite à des atrocités perpétrées contre la population (ils ouvrirent le feu à la mitrailleuse sur le public venu assister à un match de football, incendièrent le centre de Cork et chassèrent les catholiques de leurs emplois et de leurs maisons dans le Nord-Est)[21].
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+ En 1921, le Premier ministre britannique David Lloyd George parvint à un accord. Lors de négociations avec une délégation irlandaise, il menaça de la terre brûlée et de répression totale si les nationalistes irlandais ne consentaient pas à laisser les six comtés d'Irlande du Nord sous administration britannique, à fournir à la Grande-Bretagne des bases dans certains ports et à faire serment d'allégeance à la couronne. Le chef de l'IRA Michael Collins accepta ces conditions lors du traité de Londres, qui fait de l'Irlande, amputée des deux tiers de l'Ulster, un dominion au sein de l'empire britannique, l'Irish free state, qui se dota d'une constitution en octobre 1922. En fait, la partition de l'île s'est faite sur des critères économiques. L'Est de l'Ulster était la région la plus développée à l'époque. C'est pourquoi six des neuf comtés de l'Ulster restèrent britanniques dont deux avec une faible majorité catholique. Ce traité fut ratifié de peu par le Dáil Éireann en décembre 1921, mais fut rejeté par une large majorité de la population. Cela entraîna la guerre civile d'Irlande qui dura jusqu'en 1923, opposant les adeptes d'une poursuite de la lutte pour obtenir l'indépendance complète de l'île et les partisans du compromis de 1921[21].
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+ Durant ses premières années, ce nouvel État fut gouverné par les vainqueurs de la guerre civile. Cependant, en 1932, Fianna Fáil, le parti des opposants au traité, dirigé par Éamon de Valera, remporta les élections (il resta au pouvoir jusqu'en 1948). En 1933, De Valera, devenu président du conseil, fit abolir le serment d’allégeance au souverain du Royaume-Uni[25].
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+ En 1937, il fait adopter une nouvelle constitution républicaine qui renomme l'État en Éire ou en anglais Ireland. Un traité conclu en 1938 avec le Royaume-Uni, lui laissait ses bases navales en Irlande, et entérinait cette indépendance. L'Irlande resta neutre durant la Seconde Guerre mondiale, interdisant même officiellement au Royaume-Uni l'usage militaire de ses ports et aéroports.
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+ En février 1948, c'est le parti Fine Gael qui remporte les élections. Le gouvernement est une coalition constituée avec le parti travailliste. En 1948, l'Oireachtas proclame le Republic of Ireland Act qui prend effet le 18 avril 1949. Il a déclaré que l’Irlande pouvait officiellement être décrite comme la République d'Irlande et que le président de l'Irlande avait le pouvoir exécutif de l'État dans ses relations extérieures. La loi n'a pas créé un nouvel État. La constitution de 1937 est restée en vigueur. La loi n'a pas non plus changé le nom du pays, qui est resté «Irlande». La loi a mis fin au rôle du roi britannique dans la signature des lettres de créance des diplomates irlandais. Depuis l'entrée en vigueur de la loi, le Commonwealth ne considérait plus l'Irlande comme membre.
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+ L'Irlande a rejoint la Communauté économique européenne en 1973, aux côtés du Royaume-Uni, pays dont elle restait très dépendante (90% des exportations à l'époque). Mais les problèmes économiques mondiaux des années 1970, aggravés par une mauvaise politique économique des gouvernements suivants, dont celui de Premier ministre Jack Lynch, entraînent une stagnation de l'économie.
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+ Toutefois, les réformes économiques des années 1980, aidées par les investissements de la Communauté européenne, conduisent à l'émergence de l'un des taux de croissance économique les plus élevés du monde avec une immigration massive (en particulier de personnes en provenance d'Asie et d'Europe orientale) comme caractéristique de la fin des années 1990. Cette période sera connue comme celle du « Tigre celtique ».
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+ Mais le pays est frappé peu après de plein fouet par la crise économique de 2008. En 2013, l'Irlande quitte la tutelle mise en place en 2010 par le FMI et l'UE à la suite de la bulle immobilière de 2007[26].
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+ Selon la loi irlandaise, depuis 1937, l'Irlande est une république parlementaire.
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+ Le président de l'Irlande (Uachtarán en irlandais, President en anglais) est élu pour sept ans au suffrage universel direct.
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+ Le Dáil Éireann est le nom irlandais de la chambre basse du Parlement (l'Oireachtas) de l'Irlande. Il est directement élu tous les cinq ans selon un système de représentation proportionnelle (selon la méthode du vote transférable). Il a le pouvoir de voter les lois, de nommer et de remplacer le Taoiseach (Premier ministre). La chambre haute s'appelle Seanad Éireann.
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+ Le paysage politique irlandais prend la forme d'un bipartisme opposant les partis héritiers des deux camps s'étant affrontés durant la guerre civile irlandaise : le Fianna Fáil (littéralement « Soldats de la destinée »), aussi appelé Parti républicain (Fianna Fáil - The Republican Party en anglais, Fianna Fáil - An Páirtí Poblachtánach en irlandais), issu des opposants au traité anglo-irlandais de 1921 menés par Éamon de Valera ; le Fine Gael (littéralement « le clan des Gaëls »), qui descend des partisans de ce traité dirigés par Arthur Griffith et Michael Collins. Aucun de ces deux partis principaux de la vie politique irlandaise ne s’identifie fermement comme étant un parti de droite ou de gauche, le premier se réclamant du républicanisme irlandais et étant souvent comparé, par sa volonté affichée de transcender le clivage gauche-droite et sa défense du particularisme culturel et d'une politique d'indépendance nationale, aux mouvements gaullistes français ou au Parti révolutionnaire institutionnel mexicain[27] et est membre depuis 2009 du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE, centriste, libéral et fédéraliste européen), tandis que le second se définit comme étant du « centre progressiste » (progressive centre ou Chorplár) inspiré de la démocratie chrétienne, il est généralement progressiste en matière sociale et sociétale, conservateur sur le plan du maintien de l'ordre et de la fiscalité et libéral concernant l'économie, et a contribué à fonder le Parti populaire européen (PPE, centre droit libéral-conservateur, démocrate chrétien et fédéraliste européen)[28].
121
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+ Parmi ces deux formations, le Fianna Fáil a longtemps eu une position dominante, étant le premier parti en nombre de voix à toutes les élections entre 1932 et 2009. Il a dirigé 26 exécutifs ou gouvernements de 1932 à 1948, de 1951 à 1954, de 1957 à 1973, de 1977 à 1981, en 1982, de 1987 à 1994 et de 1997 à 2011. Avant 1989, lorsqu'il a gouverné, il l'a toujours fait seul, en étant majoritaire de 1933 à 1948, de 1957 à 1961, de 1965 à 1973 et de 1977 à 1981, minoritaire les autres fois (avec le soutien sans participation du Parti travailliste de 1932 à 1933 puis d'indépendants de 1951 à 1954, de 1961 à 1965, en 1982 et de 1987 à 1989). Après 1989, il a en revanche toujours gouverné en coalition, d'abord avec les Démocrates progressistes (Progressive Democrats ou An Paírtí Daonlathach, fondé en 1985 suivant une plateforme libérale-conservatrice par des dissidents des deux grands partis, il a été la troisième puis quatrième force électorale d'Irlande jusqu'à sa dissolution en 2009) de 1989 à 1992 et de 1997 à 2009 (minoritaire de 1997 à 2002), avec le Parti travailliste (The Irish Labour Party ou Páirti an Lucht Oibre, principale force du centre gauche sociale-démocrate et généralement le troisième parti en nombre de voix) de 1992 à 1994 et avec le Parti vert (Green Party ou Comhaontas Glas, écologiste) de 2007 à 2011. Le reste du temps, le Fine Gael a toujours détenu la direction du gouvernement, généralement en coalition avec le Parti travailliste (mais aussi avec les Démocrates progressistes de 1994 à 1997) jusqu'en 2016, puis de façon minoritaire depuis 2016 (à la suite de l'effondrement électoral des travaillistes, le Fine Gael a passé un accord avec le Fianna Fáil pour pouvoir mettre en place un exécutif et assurer le vote des budgets). Le Fine Gael a devancé le Fianna Fáil en nombre de voix pour la première fois lors des élections européennes de 2009, et est resté le premier parti lors des élections générales de 2011 (lors desquelles le Fianna Fáil n'obtient que le troisième score, soit le plus mauvais résultat de toute son histoire, étant alors devancé également par le Parti travailliste) et celles de 2016.
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+ Historiquement, le Fianna Fáil est tout particulièrement dominant dans les régions rurales du centre et de l'ouest de l'île tout en étant bien implanté dans les quartiers et banlieues populaires de Dublin, et plus contesté dans l'est, le sud et le nord-ouest, notamment dans les villes, où le Fine Gael et le Parti travailliste constituent une grande partie de leur base électorale[29],[30],[31],[32]. Cette géographie traditionnelle a toutefois été remise en question depuis les années 1990, le virage plus libéral et pro-européen du Fianna Fáil sous la présidence de Bertie Ahern, lui-même député de Dublin, ayant contribué à augmenter l'assise de ce parti dans la classe moyenne urbaine, tandis que le Fine Gael, de son côté, a fortement diminué le quasi-monopole exercé jusque-là par son adversaire sur les circonscriptions rurales[33]. De plus, le Fianna Fáil se voit être sérieusement concurrencé depuis 2011 par le Sinn Féin au sein de l'électorat attaché aux idées du républicanisme irlandais (plutôt implanté historiquement en Irlande du Nord, ce parti de la gauche républicaine et eurosceptique a fait un retour remarqué sur la scène politique de l'Irlande indépendante à partir de 2011).
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+ L’île d'Irlande est divisée entre 32 comtés et 4 provinces : Ulster, Connacht, Munster et Leinster. Les provinces suivent approximativement les anciennes provinces d'Irlande, les six comtés d'Irlande du Nord, tous en Ulster, ne sont pas inclus. Les provinces ne sont pas utilisées par l'administration, elles sont utilisées seulement pour les sports, le rugby à XV ou les sports gaéliques.
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+ Les comtés sont utilisés pour l'administration locale. Ils ont été créés par les Britanniques après la conquête de l'Irlande. Il y a 26 comtés traditionnels dans la république plus les comtés issus de la partition du Comté de Dublin (Dublin Sud, Fingal et Dún Laoghaire-Rathdown) — ainsi que, jusqu'à la réunification du comté de Tipperary, les comtés de Tipperary-Nord et Tipperary-Sud.
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+ Certaines villes ont aussi un pouvoir de décision du même niveau que le comté au travers d'un conseil de Cité (Dublin, Cork, Galway, Limerick et Waterford).
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+ En juin 2020, l'Irlande est élue membre non permanent du conseil de sécurité de l'ONU pour 2021 et 2022[34].
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+ De 1995 à 2007, l'économie irlandaise croît en moyenne de 6 % par an[1], lui valant le surnom de « tigre celtique ».
135
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136
+ Comme quinze autres pays européens, l'Irlande a abandonné sa monnaie nationale, la livre irlandaise, pour adopter l'euro le 1er janvier 1999 (les pièces et billets ayant été introduits le 1er janvier 2002).
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+ Le taux de chômage est de 4,5 % en 2019[35] — contre 4,3 % en 2005. En juin 2012, 1 787 900 personnes travaillaient en république d'Irlande, soit 33 400 personnes de moins que début 2012. La plus forte baisse a eu lieu dans le secteur public, les industries de la finance, de l'assurance et de la construction[36].
139
+
140
+ En 2009, le PIB par habitant de l'Irlande est le second plus élevé de l'Union européenne, après celui du Luxembourg[37]. Il était de 64 % de la moyenne européenne lors de son adhésion en 1973[38].
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+ Les salaires élevés ainsi que le plein emploi (le taux de chômage n'était que de 4 % en 2007) ont engendré une immigration importante au cours des années 2000. L'immigration en provenance des pays de l'Est (Pologne, Estonie…), de France (près de 9 000 Français vivent en Irlande à la fin de 2009[39]), et d'Asie (de très nombreux Chinois vivent à Dublin) entraîne une augmentation de la population de 2,5 % par an durant les années 2000. En raison de la crise économique, l’émigration a néanmoins fortement augmenté à partir de 2010[40].
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+
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+ Entre 2000 et 2017, l’emploi industriel en Irlande a chuté de 22,1 %. Le modèle économique irlandais est désormais basé en grande partie sur la concurrence fiscale[41].
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+ Les loyers ont augmenté de 65 % depuis 2011 en conséquence de la pénurie de logements dans les villes[42],[43].
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+ La crise de 2008-2009 a frappé de plein fouet l'économie celtique, les économistes parlant même pour l'Irlande d'une crise financière de 2007-2010.
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+ La récession est particulièrement violente avec une contraction du PIB de 3 % en 2008, 7 % en 2009 et 0,4 % en 2010[44].
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+ Ainsi le taux de chômage était de 14,8 % de la population active en 2012[36]. Les années 2011 et 2012 semblent ouvrir la porte à une légère embellie, avec une hausse du PIB de 0,7 % et 0,5 % (estimation) respectivement. Ce retour à la croissance peut s'expliquer en grande partie par la bonne tenue des exportations (multinationales installées en Irlande), la demande intérieure demeurant faible.
152
+
153
+ Le déficit budgétaire, à cause de l'effondrement des recettes fiscales et de la hausse des dépenses sociales, explose. Les plans de sauvetage des banques irlandaises coûtent une fortune à l'État. Le déficit public annoncé pour 2010 avoisinera 32 % du PIB, ce qui est tout à fait hors normes. La dette publique avoisine les 100 % du PIB.
154
+
155
+ Les prix à la consommation baissent fortement en 2009. Les prix de l'immobilier s'effondrent.
156
+ Les pancartes to let (à louer) et for sale (à vendre) fleurissent dans toutes les rues des villes du pays.
157
+ Nombre de ménages connaissent des défauts de paiements sur leurs crédits immobiliers.
158
+
159
+ Les activités bancaires et financières qui avaient connu un essor sans égal à Dublin sur les bords de la Liffey dans les années 2000 ont été particulièrement touchées par la crise financière d'octobre 2008, mettant en grandes difficultés les principales banques du pays et obligeant le gouvernement à intervenir en recapitalisant ou nationalisant les établissements financiers et éviter une faillite générale du système. Le coût de ces plans de sauvetage est énorme (près de 20 % du PIB en 2010), expliquant le niveau astronomique du déficit public à 32 % du PIB (à titre de comparaison, la France connait un déficit public de 7,8 % du PIB en 2010).
160
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161
+ La délocalisation d'une partie des activités de l'informatique Dell de Limerick vers la Pologne, entraînant la perte de près de 2 000 emplois, ce qui est énorme à l'échelle irlandaise, est ressentie comme une catastrophe économique et sociale par l'Irlande tout entière pour cette région qui avait connu une renaissance économique dans les années 2000. L'ampleur de cette crise est inédite.
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+
163
+ Les difficultés financières s'accumulant depuis plusieurs mois, le gouvernement de Brian Cowen s'est résigné, sous la pression des dirigeants européens, à accepter l'aide financière du FMI pilotée par l'Union Européenne.
164
+ Ce « plan de sauvetage » sous la forme d'un emprunt de 85 milliards d'euros au taux de 6,7 %, est largement décrié par la population du fait de son coût prohibitif et du plan d'austérité qui y est associé.
165
+
166
+ La dette continue néanmoins d'augmenter, passant de 91,2 % du PIB en 2010 à 124,8 % (204,696 milliards d’euros) fin 2013, avec un dernier trimestre de cette même année en récession de 2,3 %[45]. Proportionnellement au nombre d'habitants, l'Irlande est en 2016 le deuxième pays le plus endetté au monde après le Japon[46].
167
+
168
+ Tous les comtés du pays développent leurs infrastructures afin d'attirer les touristes du monde entier. Les points touristiques principaux sont :
169
+
170
+ L'Irlande comptait 4 757 976 habitants d'après le recensement de 2016. La densité reste assez faible : avec 67,7 hab./km2, elle est presque deux fois moindre que la moyenne de l'Union européenne, ensemble dont l'Irlande regroupe environ 1 % de la population.
171
+
172
+ Le dynamisme démographique est relativement nouveau dans le pays. Il est dû à la relative jeunesse de la population, à un taux de natalité élevé pour l'Europe et surtout à une forte immigration. Il s'agit d'un phénomène assez nouveau : la croissance démographique n'a commencé que dans les années 1960. Auparavant, la région s'était fortement dépeuplée. Elle comptait 6,5 millions d'habitants en 1841[47], et passe à 5,1 millions en 1850 du fait d'une grande famine accompagnée d'une émigration massive. L'émigration s'est poursuivie pendant le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, et a fait plus que contrebalancer l'excédent naturel. La population a donc globalement continué à décroître jusque dans les années 1960 : 3,2 millions d'habitants en 1901 et 2,8 millions en 1961.
173
+
174
+ À partir de cette date la population a crû de nouveau[48]. Dans les années 1990, et plus encore les années 2000, la population immigrée a fortement augmenté. En 2011, 544 357 non-nationaux vivaient en Irlande, soit une augmentation de 143 % par rapport au recensement de 2002[49]. La plupart viennent d'Europe, du Royaume-Uni pour plus de la moitié, d'Europe de l'Est pour une part importante et en rapide augmentation[50].
175
+
176
+ Villes principales en 2016 :
177
+
178
+ Il existe deux langues officielles en Irlande. La constitution dispose que la première langue nationale est l'irlandais, et que l'anglais est une langue annexe. Toutefois, l'anglais est fortement majoritaire, et l'irlandais, bien qu'enseigné obligatoirement à l'école, n'est plus pratiqué dans la vie courante que par peu de personnes (environ 1,8 million d'Irlandais ont une connaissance de la langue, et 538 283 la parlent tous les jours), essentiellement dans les Gaeltachtai [51],[52], qui sont surtout éparpillées le long de la côte occidentale.
179
+
180
+ D'après le recensement de 2016, 78,3 % des habitants se déclarent catholiques et 9,8 % n'ont pas de religion. Les 11,9 % restants sont protestants, musulmans, etc.[53].
181
+
182
+ L'Irlande est le pays occidental possédant la plus forte pratique religieuse (entre 35 et 50 % de pratiquants réguliers), même si ce taux a sensiblement baissé depuis vingt ans (près de 90 % de pratiquants jusque dans les années 1980). La religion catholique occupe de fait un rôle prédominant dans la culture et l'identité irlandaise, celle-ci ayant été utilisée pour se démarquer du Royaume-Uni où le protestantisme est majoritaire[54]. La religion est encore considérée comme un marqueur identitaire même si depuis le début du XXIe siècle le bi-confessionnalisme est moins présent[54].
183
+
184
+ L'Église catholique a longtemps conservé une influence sur les questions de société, comme pour le divorce, légalisé en 1995, l'homosexualité légalisée en 1993[55], ou pour l'avortement, interdit dans tous les cas jusqu'en 2018.
185
+
186
+ Mais cette influence est en perte de vitesse au XXIe siècle. En vue du référendum de 2015 sur le mariage homosexuel en Irlande, l’Église catholique mène une campagne pour le non. Le oui l'emporte finalement avec plus de 62 % des voix[55]. Le 25 mai 2018 un référendum sur le trente sixième amendement de la constitution est organisé quant au droit à l'avortement. Le oui l'emporte avec plus de 66 % des voix[56]. L'avortement est légal depuis le 1er janvier 2019[57].
187
+
188
+ La mafia irlandaise (The Irish Mob) est le nom donné au crime organisé irlandais ou d'origine irlandaise. C'est la plus ancienne pègre aux États-Unis, qui existe depuis le début du XIXe siècle.
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+ La saint Patrick est un événement que l'on fête le 17 mars.
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+ Parmi les écrivains irlandais, on compte Jonathan Swift, Oscar Wilde, James Joyce, George Bernard Shaw, Samuel Beckett, William Butler Yeats, Eoin Colfer, John Millington Synge.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un alphabet (de alpha et bêta, les deux premières lettres de l’alphabet grec) est un système d'écriture constitué d'un ensemble de symboles dont chacun représente, par exemple, un des phonèmes d’une langue.
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7
+ Chacun des symboles d'un alphabet ou graphèmes, est appelé « lettre ». Dans les cas les plus simples, chaque lettre correspond à un phonème de la langue et inversement. Certaines lettres peuvent recevoir un ou plusieurs diacritiques afin d’étendre le stock de graphèmes si celui-ci est insuffisant pour noter les sons de la langue ou permettre d’éviter les ambiguïtés. De la même manière, un alphabet peut être étendu par l’utilisation de digrammes ou encore de lettres supplémentaires.
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9
+ Les évolutions phonétiques d’une langue se produisant à un rythme différent de l’évolution écrite, l’écriture alphabétique ne garantit en aucune manière une correspondance biunivoque entre les phonèmes et les graphèmes. Ainsi en français, /s/ se note aussi bien c, ç, s, ss, sc, t ou x. A contrario, s peut se prononcer /s/, /z/ ou être muet. Le français comporte même des homographes non homophones comme dans les phrases « Le vent est à l’est » ou « les poules du couvent couvent ». Certaines langues, notamment les langues construites comme l’espéranto ou le pandunia, ont a contrario une écriture totalement phonétique. Dans la majorité des cas, avec quelques exceptions comme le hongrois, ce sont des langues écrites depuis peu dont la transcription au moyen de signes alphabétiques a fait l’objet d’une recherche planifiée[réf. nécessaire].
10
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11
+ Enfin, un alphabet n'est pas toujours relié à une forme d'écriture manuscrite mais demeure une collection de symboles comme dans les alphabets braille, sémaphore, morse.
12
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13
+ Les plus anciennes traces de l'ancêtre de tous les alphabets actuels se situent dans le désert du Sinaï aux alentours du XVe siècle av. J.-C. Cet alphabet est exclusivement consonantique (abjad). Les lettres sont initialement représentées par des pictogrammes apparentés aux hiéroglyphes égyptiens mais servent à noter une langue sémitique. Par exemple « A » figurait une tête de taureau avec ses cornes ; on a utilisé ce pictogramme pour noter le son initial du nom qui désignait la chose dans la langue (A=aleph, nom du taureau en Hébreu - ou bœuf)[1] ; enfin, on a donné à la lettre alphabétique nouvelle le nom de la chose que figurait le pictogramme originel (aleph est le nom de la lettre A).
14
+
15
+ Les premiers alphabets de l’histoire sont l’alphabet ougaritique et l’alphabet linéaire (ou alphabet protosinaïtique)[2], deux abjad d’ailleurs déjà classés dans l’ordre alphabétique levantin. Il est suivi par celui des Phéniciens, alphabet consonantique de 22 consonnes[3], dont les descendants sont nombreux[4], et parmi lesquels on trouve aussi bien l’alphabet araméen que l’alphabet latin.
16
+
17
+ Les deux premières lettres de l’alphabet grec, α (alpha) et β (bêta), ont pour origine les deux premières lettres phéniciennes : le coup de glotte et /b/, dont le nom signifiait vraisemblablement « taureau » et « maison ».
18
+
19
+ Françoise Briquel-Chatonnet a proposé en 2006 pour les écritures alphabétiques la chronologie suivante :
20
+
21
+ Notes :
22
+
23
+ Les langues dont la notation écrite est récente (nombre de langues africaines), celles dont l'écriture n'est pas latine voire alphabétique (mandarin, japonais) ou celles dont l'écriture est ambiguë et nécessite une explicitation phonétique dans le cadre de textes didactiques sont le plus souvent écrites ou transcrites au moyen de signes alphabétiques (latins pour l'essentiel). Ainsi, certaines langues africaines sont écrites au moyen de l'alphabet pan-nigérian, des langues purement orales le sont de plus en plus grâce à l'alphabet phonétique international (qui permet de noter plus ou moins bien toutes les langues), une langue à écriture non alphabétique comme le mandarin peut être transcrite en pinyin et l'on utilise en phonétique historique des langues romanes la transcription de Bourciez, toutes écritures alphabétiques.
24
+
25
+ On se reportera à la liste des méthodes de transcription pour plus de détails.
26
+
27
+ Certains auteurs de littérature fantastique et de science-fiction ont développé un alphabet imaginaire pour donner un relief supplémentaire aux peuples et aux cultures qu'ils ont créés :
28
+
29
+ « Avez-vous remarqué combien l'Y est une lettre pittoresque qui a des significations sans nombre ? – L'arbre est un Y ; l'embranchement de deux routes est un Y ; le confluent de deux rivières est un Y ; une tête d'âne ou de bœuf est un Y ; un verre sur son pied est un Y ; un lys sur sa tige est un Y ; un suppliant qui lève les bras au ciel est un Y. »
30
+
31
+ Alors qu'il venait d'acquérir vingt-quatre lettrines gravées, un éditeur demanda à Valéry d'y associer vingt-quatre poèmes en prose dont chacun commencerait par une lettre différente. L'écrivain se proposa aussitôt d'y évoquer les vingt-quatre heures du jour, composa le recueil sans tout à fait l'achever, mais ne le publia pas. À certaines lettres de l'alphabet correspondent plusieurs poèmes.
32
+
33
+ Le sonnet de Rimbaud associe les cinq voyelles de l'alphabet français.
34
+
35
+ Le terme alphabet est parfois utilisé pour désigner divers systèmes de codage :
36
+
37
+ Par extension, l’alphabet devient un concept mathématique abstrait en théorie mathématique des langages. Mathématiquement, un alphabet est un ensemble, dont les éléments sont appelés lettres, à partir duquel les mots sont engendrés, comme suites de lettres ; cela permet de développer des algorithmes s’appuyant sur cette théorie, avec des applications en informatique notamment (voir la théorie des automates).
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39
+ Une phrase contenant les 26 lettres de l’alphabet est nommée pangramme. Voici quelques exemples :
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+ Élan, orignal
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+
3
+ Genre
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+
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+ Répartition géographique
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+
7
+ Alces est un genre de mammifères ruminants de la famille des Cervidés, dont les représentants sont communément appelés élan (pour les individus de Sibérie et de Scandinavie) et orignal (pour les individus d'Amérique du Nord). Ces animaux, dont les bois sont aplatis en éventail, sont les plus grands des cervidés actuels.
8
+
9
+ Historiquement, le genre Alces était considéré comme monotypique, comprenant uniquement l'espèce Alces alces, elle-même divisée en plusieurs sous-espèces, mais certains spécialistes proposent aujourd'hui de considérer les populations d'Amérique du Nord et d'Eurasie comme des espèces distinctes, dont les noms scientifiques respectifs seraient Alces americanus et Alces alces[1].
10
+
11
+ L'animal est appelé élan en Europe et orignal en Amérique du Nord.
12
+
13
+ Le terme orignal est issu du mot basque oreinak, pluriel d’orein, qui se prononce /oɾejɲak/ et signifie « les cervidés », « les rennes » ou « les caribous ». Samuel de Champlain le nommait orignac[2] car aux premières années des colonies, les premiers colons français l’auraient appris des Basques qui venaient régulièrement pêcher la morue et la baleine sur les côtes du Labrador et les abords du fleuve Saint-Laurent. La finale -ac a fait place à -al plus commune dans les noms d'animaux : cheval, chacal, etc.
14
+
15
+ Le mot élan est connu par diverses attestations telles qu’hele à la fin du XIIIe siècle, qu’ellend, hellent au XVe siècle ou ellan en 1606. Il s'agit sans doute d'un emprunt ancien à une langue baltique comme en témoigne la forme la plus ancienne, alors que les formes avec la finale -end, -en(t) ont été réempruntées par l'intermédiaire du moyen haut allemand elen, elend[3] (> allemand Elen, Elentier, plus couramment appelé Elch), lui-même issu du lituanien élni(a)s « élan, cerf »[4]. L'ancien français devait avoir un terme issu du latin alces ou du vieux bas francique *elk dont on n'a pas conservé la trace, car l'animal a disparu de la partie occidentale de l'Europe.
16
+
17
+ Il convient de ne pas le confondre avec le wapiti (Cervus canadensis), qui est un cerf, proche parent du cerf élaphe. Cette confusion est liée à une mauvaise traduction de l'anglais américain, car aux États-Unis, on nomme elk le cerf wapiti, alors que le même mot signifie « élan » en anglais britannique, sens d'origine. Enfin, l’éland (Taurotragus oryx) est une grande antilope africaine.
18
+
19
+ Si l’élan est aujourd'hui le plus grand des cervidés, il a longtemps été dépassé en taille par le cerf Megaloceros giganteus, qui l’a côtoyé durant la Préhistoire. Tous deux furent chassés et localement exterminés par l’homme ; après avoir survécu à trois glaciations, le mégacéros a totalement disparu, tandis que l’orignal a peu à peu été confiné en zone circumpolaire.
20
+
21
+ Des preuves archéozoologiques montrent que l'élan a été présent dans pratiquement toute l'Europe de l'Ouest, après être arrivé de l'est, il y a environ 800 000 ans (au tout début de la glaciation de Mindel[5]), puis présent partout dont en France (en même temps que le renne, le cerf mégacéros et le cerf élaphe, comme le montrent les ossements trouvés[6] dans la grotte Tournal à Bize (Aude), ou encore dans les grottes Jean-Pierre 1 et 2[7] et jusqu'au-delà des Pyrénées), en Espagne[8] et au-delà des Alpes, en Italie (comme l'ont montré les fouilles de la grotte de Broion, Vicence, Italie)[9].
22
+
23
+ La domestication d'élans semble ancienne. Les Iakoutes de Sibérie l’ont utilisé comme animal de trait et comme monture. Ce dernier usage a plus tard été interdit en Russie, car des malfaiteurs montant des élans distançaient les chevaux de la police. L’élan a aussi servi à tirer de lourdes charges sur des terrains difficiles où le cheval s’enfonçait. Il a été domestiqué, mais non élevé en troupeau.
24
+
25
+ Comme pour l’aurochs, des populations relictuelles d’élans ont survécu jusqu'au Moyen Âge, au moins dans les plaines humides en France, en Belgique, mais aussi en Suisse et en Allemagne avant que la chasse (pour la viande et les trophées) ne les élimine de ces contrées. Il est attesté par des textes ou des fossiles récents en France à l’époque gauloise jusqu'à l’an 250. Il subsiste en Alsace au moins jusqu'au IXe siècle. Un texte mentionne un élan tué en 764 par deux seigneurs de la suite de Pépin le Bref à Nordlingen (Bavière). Il est signalé comme commun en Suisse jusque vers l’an mille. Dans le Comté de Flandre où les zones humides étaient encore nombreuses avant les grands drainages médiévaux, les derniers élans auraient été tués vers l’an 900, après une période d’invasion marine qui les a sans doute forcés à quitter le refuge des marais, roselières et forêts de l’actuelle Flandre maritime. On pense qu'il a pu survivre en Normandie jusqu'au Xe siècle dans le Marais-Vernier.
26
+
27
+ En Europe centrale, l’élan aurait survécu à la chasse jusqu'au XIVe siècle en Bohême, jusqu'au XVIe siècle en Mecklembourg, jusqu'en 1760 en Galicie et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle en Hongrie[10]. Un projet de réintroduction en France est porté par le Parc naturel régional de Brotonne[10].
28
+
29
+ L’ongle d’orignal entrait avec d’autres produits animaux (crâne humain, os, dents d’hippopotame) dans la composition de la poudre de guttete, remède réputé antiépileptique compris dans la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle[11].
30
+
31
+ Au Canada, en 1904, des orignaux ont été introduits avec succès sur l’île de Terre-Neuve. D'autres tentatives moins fructueuses ont été effectuées sur l’île d’Anticosti dans le golfe du Saint-Laurent. En 1910, dix élans furent introduits dans le Fiordland en Nouvelle-Zélande, mais ils se sont apparemment éteints. Cependant, on rapporte des contacts occasionnels, et il est possible que des orignaux demeurent en Nouvelle-Zélande.
32
+
33
+ En Europe, l’élan a failli disparaître alors qu’il était largement présent durant la Préhistoire[12],[13].
34
+
35
+ Depuis que sa chasse est mieux contrôlée, et que des programmes de réintroduction et de protection lui ont été consacrés, des populations se sont localement reconstituées dans certaines régions russes au cours du XXe siècle.
36
+
37
+ Des populations se sont récemment reconstituées en Sibérie à l’est de la Léna. Il n’en restait presque plus en 1974 ; on en compte 22 000 à 24 000 qui profitent des immenses zones humides.
38
+
39
+ Une population plus modeste se reconstitue en Tchécoslovaquie, à la même latitude que la Normandie.
40
+
41
+ En France, une réintroduction est envisagée, pour la gestion des zones humides[10].
42
+
43
+ Le projet polonais de réintroduction d’élans date de 1951. Il concerne la forêt de Kampinos où le dernier élan connu a été abattu au XVIIIe siècle. Les élans réintroduits proviennent de Biélorussie. Ils ont d’abord été élevés dans un enclos avant d’être libérés dans l’habitat forestier en 1958. De ce noyau de recolonisation renforcé de quelques autres spécimens réintroduits dans le nord-est du district de Rajgród, est née une population dispersée qui a réussi à essaimer dans d’autres secteurs de la Pologne où cette réintroduction est considérée comme un succès. De 1962 à 1965, la croissance démographique du groupe d’élans de la forêt de Kampinos a en effet été de + 20 %/an en moyenne. De 1961 à 1966, les gestionnaires du Parc Naturel National de Kampinos ont noté que 30 % des naissances étaient des jumeaux. La population des élans dans Kampinos est aujourd'hui estimée à 100-120 individus (3 à 4 par 1 000 hectares). Des lynx ont également été réintroduits dans cette région[14] pour contribuer à réguler la population d’élans (animaux malades ou atteint de problèmes congénitaux liés à une faible diversité génétique).
44
+
45
+ L’orignal nécessite un territoire assez vaste. Le maintien dans un enclos où il est nourri augmente le risque de parasitisme lié à la promiscuité (Cet animal est notamment parasité par un petit hyménoptère ectoparasite spécialisé de la famille des Hippoboscoidea Lipoptena cervi) [15] et cause une croissance anormale des sabots qui s’usent moins quand l'animal se déplace peu. Il apprécie les forêts très humides et ouvertes, riches en végétation arbustive.
46
+
47
+ L’élan est un animal indépendant et solitaire en été, qui ne vit en couple qu’au moment du rut (mi-septembre à mi-octobre). Les mâles ne forment pas de harems. Il peut toutefois former des groupes en hiver. Timide dans les zones où il est souvent dérangé ou chassé, il peut être curieux dans les zones de calme, tout en restant éloigné de l’humain. Certains individus n’hésitent pas à visiter quelques zones rurales (pâtures, champs de céréales) ou urbaines, voire des aéroports ou jardins périurbains.
48
+
49
+ Comme presque tous les animaux, il peut être agressif au moment du rut pour les mâles, et durant l’élevage des petits pour les femelles, qui ne laissent personne approcher leur petit à moins de 25-30 m, ou encore s’il est blessé ou acculé sans possibilité de fuite.
50
+
51
+ L’orignal peut parcourir des distances importantes et traverser des bras de fleuves à la nage. Souvent en été, agressé par les mouches et les taons, il s’immerge dans l’eau afin de se débarrasser de ses hôtes encombrants.
52
+
53
+ Il vivait aussi autrefois dans des zones plus tempérées. Il ne survit aujourd'hui que sous des climats plus nordiques, à la saisonnalité très marquée ; il y adapte ses choix alimentaire et d'habitats en fonction des saisons et de son environnement proche, au gré de la disponibilité en ressources alimentaires[16].
54
+
55
+ Il se nourrit principalement de jeunes branches, pousses et de feuilles de saule ou de bouleau qui composent 50 % de son alimentation en été et 80 % en hiver. Il apprécie aussi les plantes aquatiques (qu'il peut brouter sous l'eau), ainsi que d’écorces d’arbre et de cônes en hiver.
56
+
57
+ Il se nourrit essentiellement d’herbe, de plantes aquatiques qu’il peut brouter la tête entièrement immergée sous l’eau (il reste parfois une minute en plongée), de feuillage, de branches et d’écorce et d’autres végétaux. Il consomme accessoirement des champignons, des mousses et des lichens.
58
+
59
+ Il se nourrit plus facilement sur les buissons et jeunes arbres qu’en forêt où les arbres sont trop hauts pour que les feuilles lui soient accessibles. La présence de castors qui recèpent les arbres sur les berges lui est favorable.
60
+
61
+ Les élans ou orignaux vivent dans les forêts boréales et les forêts mixtes de feuillus de l’hémisphère Nord, sous des climats tempérés à subarctiques. Leurs choix d'habitats sont guidés par leurs besoins en nourriture : la forêt mélangée et les forêts de feuillus ainsi que les sites perturbés par les épidémies d'insectes (acolytes, papillons défoliateurs) ou les chablis plus éclairés et donc plus riches en herbacées sont préférés ; inversement, il n'apprécie pas les peuplements résineux purs ni les milieux ouverts et coupes à blanc[17].
62
+
63
+ L'été, les zones humides lui apportent fraîcheur et nourriture abondante, favorable à la lactation et à la croissance des bois. En début d'hiver des peuplements riches en brout qui offrent la nourriture adéquate. En fin d'hiver il recherche des lieux abrités lui permettant de limiter ses pertes énergétiques[17].
64
+
65
+ selon R Courtois, l'un des spécialistes canadiens de cet animal, la conservation de « couverts de fuite adéquats » serait nécessaire pour réduire la vulnérabilité de l'Orignal à la chasse comme cause de mortalité[17].Les femelles ont aussi besoin de lieux tranquilles et isolés pour vêler en sécurité, en limitant les risques de prédation[17].
66
+
67
+ Le réchauffement climatique et les hivers anormalement doux semblent aussi affecter l'orignal dans le Minnesota[18].
68
+
69
+ En Amérique du Nord, leur aire de répartition comprend tout le Canada[19] et l’Alaska, une grande partie de la Nouvelle-Angleterre, les états de Washington[20] et du nord du Minnesota[21], et le nord des Montagnes Rocheuses. Après leur introduction sur Terre-Neuve, au début du XXe siècle, ils sont maintenant l’ongulé dominant du territoire.
70
+
71
+ En Europe, ils vivent principalement dans la péninsule Scandinave, qui compte aujourd'hui 200 000 têtes environ, et en Russie. Des populations vestigiales demeurent dans plusieurs pays d’Europe où les élans étaient autrefois nombreux, dans les pays baltes, en Tchécoslovaquie, Pologne et Roumanie. Des élans erratiques ont été signalés en Allemagne du Nord jusqu'à la frontière des Pays-Bas, ainsi qu’en Hongrie.
72
+
73
+ En Asie, les élans se trouvent essentiellement en Sibérie, avec quelques groupes en Chine. De manière générale, l’aire de répartition des élans s’est rétrécie avec le temps.
74
+
75
+ Un projet de réintroduction est à l’étude en France, en Normandie, dans le Marais-Vernier[22].
76
+
77
+ Les mâles pèsent entre 500 kg et 700 kg pour 230 cm au garrot, et les femelles pèsent entre 350 kg et 580 kg pour 160 cm[23]. L’adulte perd 15 à 17 % de son poids vif chaque hiver, voire plus lors d’hivers difficiles. Les petits pèsent environ 15 kg à la naissance mais grandissent rapidement.
78
+
79
+ Seuls les mâles possèdent des bois, qui peuvent dépasser 1,60 m de largeur et 20 kg ; ils sont larges et plats avec de petites pointes. Ses bois sont larges et en partie plats. Au mois de novembre, le cervidé perd sa parure. Un élan découvert en Alaska en 1897 détient le record du plus grand cervidé connu : ce mâle atteignait 2,34 m à l’épaule, pour 816 kg. L’envergure de sa ramure était de 2 m.
80
+
81
+ La longueur inhabituelle de ses pattes donne à l’élan une démarche particulière et lui permettent de brouter les ligneux (comme une chèvre, il peut se dresser sur ses pattes postérieures et en tendant le cou, brouter dans les branches jusqu'à près de 3 mètres de hauteur.
82
+
83
+ Ses sabots élargis et palmés lui permettent de nager dans le courant et de ne pas s’enfoncer dans les sols mous (vase, neige, tourbières à sphaignes) ainsi que de se déplacer facilement dans l’eau et dans les mégaphorbiaies en enjambant troncs renversés et ronciers. On le rencontre souvent dans les zones humides et marécageuses près des rivières. L’allure habituelle de l’élan est un trot qui paraît mal assuré, mais il est capable de galoper et d’atteindre une vitesse de 55 km/h.
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+
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+ Le museau est long et poilu hormis une petite zone triangulaire sous les narines. Le mâle possède une poche poilue sous le cou, appelée « cloche ». Ce ruminant a un cou assez trapu (chez le mâle surtout) qui, relativement à la longueur de ses pattes l’empêche de paître facilement. Sa denture ressemble à celle d’autres ruminants tels que les chevreuils, les vaches, les moutons ou les chèvres. Des deux côtés de la mâchoire inférieure se trouvent trois molaires, trois prémolaires et quatre dents de devant, dont l’une est une canine transformée. La mâchoire supérieure ne contient pas de dents de devant, mais présente une plaque en corne contre laquelle l’élan mâche sa nourriture.
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+
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+ Comme d’autres cervidés, il apprécie et recherche les sels minéraux, peut-être pour compenser ses besoins lors de la croissance annuelle des bois (jusqu'à 15-20 kg pour les ramures les plus spectaculaires).
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+
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+ La période de reproduction va de mi-septembre à mi-octobre. La période de gestation dure environ 8 mois. La femelle fait une portée comprenant généralement un ou deux petits, rarement trois. Les faons pèsent de 11 à 15 kg à la naissance et sont capables de tenir debout quelques minutes après leur naissance. Les femelles se montrent très agressives durant la période d'élevage des petits et ne laissent personne s'en approcher à moins de 25 mètres.
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+
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+ L’élan est un mammifère artiodactyle, de la famille des Cervidés, et du groupe anatomique autrefois identifié par Brooks comme étant celui des télémétacarpiens (métacarpe éloigné du carpe).
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+ Traditionnellement, l’unique espèce Alces alces est subdivisée en 7 (ou 8 selon les auteurs) sous-espèces, dont quatre en Amérique du Nord :
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+ et une seule sous-espèce européenne :
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+ auxquelles sont ajoutées deux sous-espèces asiatiques :
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+ Les recherches faites au XXIe siècle tendent à distinguer deux espèces à part entière, l'une Alces americanus et l'autre Alces alces, dans lesquelles se répartissent les sous-espèces.
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+
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+ Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (9 oct. 2012)[24] :
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+
103
+ Selon ITIS (9 oct. 2012)[25] et Catalogue of Life (9 oct. 2012)[26] :
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+
105
+ Selon NCBI (9 oct. 2012)[27] :
106
+
107
+ Selon Paleobiology Database (9 oct. 2012)[28] :
108
+
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+ Cet animal, capable de traverser des lacs et fleuves importants à la nage en Amérique du Nord, est le seul mammifère cervidé capable de brouter des végétaux aquatiques, la tête sous l’eau. Il semble donc occuper une niche écologique particulière et il pourrait avoir joué pour cette raison un rôle important pour l’entretien de la biodiversité et de la végétation naturelle potentielle des zones humides froides et tempérées. Il consomme quotidiennement environ 5 % de son poids (soit plus ou moins 20 kg de biomasse végétale fraîche par adulte de 400 kg).
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+
111
+ Sa présence étant attestée jusqu’au Moyen Âge dans l’Europe moyenne (Allemagne, France), certains auteurs suggèrent de le réintroduire dans des zones humides protégées, en complément des ovins, chevaux ou bovins rustiques utilisés pour la gestion et la restauration de ces milieux[10]. En effet, comme celui des autres cervidés, son système digestif est mieux adapté à la digestion de matières ligneuses que ceux des animaux herbivores déjà présents dans les réserves et il est le seul qui pâture volontiers les ligneux parfois envahissants des écotones des zones humides, entretenant, comme le fait aussi le castor, des abords dégagés et ensoleillés. À la saison froide, il mange de 20 à 25 kg de branches, écorces et rameaux généralement de saules, aulnes et bouleaux, essences pionnières participant à la fermeture des zones humides et aux apports massifs de feuilles mortes qui contribuent à l’atterrissement anormalement rapide des mares, tourbières et zones humides peu profondes. Son pied est composé de 4 sabots par patte, reliés pour partie par une membrane interdigitaire qui lui permet de moins s’enfoncer dans les sédiments et sols mous que d’autres espèces (charge de 420 à 440 g/cm2, contre 750 pour un bovin et 800 pour un cheval)[10].
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+
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+ L’orignal est chassé en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Dans les pays nordiques, sa viande est réputée meilleure que celle du cerf élaphe (vendue dans les années 1990 quatre fois plus cher que la viande de bœuf). Dans les zones où le gibier d’eau est intensivement chassé, il semble pouvoir être victime de saturnisme en ingérant des grenailles de plomb toxique, avec la nourriture qu’il broute sous l’eau.Cette espèce contribue aussi (avec le castor, quand et là où celui-ci fait des barrages) à entretenir des milieux humides ouverts et ensoleillés ; sa capacité (unique chez les mammifères contemporains de l'hémisphère Nord) à faucarder les plantes sous l'eau le rend favorable à la présence d'oiseaux d'eau (dont gibier d'eau pour les chasseurs, dit « sauvagine » au Canada). En exportant une grande quantité de végétaux, il contribue sans doute aussi à déseutrophiser les étangs où il se nourrit, et à freiner leur « atterrissement » (phénomène de colmatage des zones humides par accumulation de feuilles mortes ou tourbe).
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+
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+ Cette espèce n'est pas considérée comme menacée, mais elle a disparu d'une partie importante de son aire naturelle de répartition. Hors des réserves naturelles non-chassables, la chasse est sa première cause de mortalité.
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+ Une préoccupation croissante existe cependant, née en Amérique du Nord depuis qu'on a montré qu'elle pouvait être victime d'une maladie émergente : la Chronic Wasting Disease (CWD, une maladie débilitante chronique) qui touche aussi les autres cervidés. Cette maladie semble en extension rapide depuis les années 1960.Jusqu'en 2015, la maladie n'était connue dans la faune sauvage qu'en Amérique du Nord (selon les données de surveillance disponibles pour ce qui concerne la faune sauvage).Mais en 2016 on a détecté en Norvège trois premiers cas de maladie débilitante chronique (ou CWD ou MDC) chez deux espèces différentes de cervidé sauvage. Le 1er cas (qui est aussi le 1er cas au monde) concernait un renne. Dans les mois qui ont suivi deux femelles de rennes ont aussi été trouvées malades, dans la municipalité de Selbu (à Sør-Trøndelag) près de la frontière suédoise, alors que le premier cas de maladie à prion avait été détecté peu avant chez un renne (Rangifer tarandus tarandus) bien plus au sud de la Norvège le 4 avril 2016[29].La situation inquiète les spécialistes car ce prion s'est montré comparable à celui qui cause l’encéphalopathie spongiforme des cervidés dénommée « Chronic wasting disease » ou CWD en Amérique du Nord où la maladie s'est montrée depuis 20 ans très contagieuse, inéluctablement mortelle et très difficile à freiner[30],[31].
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+ Il peut être perturbé par les coupes rases[32], les milieux cultivés, agroforestiers ou dans les emprises de lignes à haute-tension, plus encore si leurs emprises ont été traitées avec un phytocide[33]. Une étude (1984) a montré que dans un territoire traversé par une emprise de ligne électrique, il y est trois fois moins présent qu'en forêt adjacente. Les auteurs ont aussi noté que « les emprises de 90 m de large sont plus fréquemment traversées en hiver que celles de 140 m de large », ce qui montre qu'il est sensible à la fragmentation forestière[33]. En Amérique du Nord, l'influence des emprises de transmission électrique est jugée faible car la densité naturelle de la population d'orignaux est également faible dans ces régions[33].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
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+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
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+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
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+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
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+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
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+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
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+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
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+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
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+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
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+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
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+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
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+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
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+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
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+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
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+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
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+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
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+
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+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
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+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
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+
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+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
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+
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+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
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+
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+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
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+
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+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
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+
51
+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
52
+
53
+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
54
+
55
+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+
57
+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
58
+
59
+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
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+
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+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
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+
63
+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
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+
65
+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
66
+
67
+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
68
+
69
+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
70
+
71
+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
72
+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
73
+
74
+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
75
+
76
+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
77
+
78
+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
79
+
80
+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
81
+
82
+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
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+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
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+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
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+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
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+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
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+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
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+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
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+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
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+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
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+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
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+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
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+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
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+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
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+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
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+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
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+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
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+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
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29
+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
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31
+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
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33
+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+
37
+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
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+
39
+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
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+
41
+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
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+
43
+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
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45
+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
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+
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+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
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+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
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+
51
+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
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+
53
+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
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+
55
+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+
57
+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
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+
59
+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
60
+
61
+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
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+
63
+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
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+
65
+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
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+
67
+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
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+
69
+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
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+
71
+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
72
+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
73
+
74
+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
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+
76
+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
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+
78
+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
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+
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+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
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+
82
+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
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+
84
+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
85
+
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+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
87
+
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+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
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+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
2
+
3
+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
4
+
5
+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
6
+
7
+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
8
+
9
+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
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+
11
+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
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+
13
+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
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+
15
+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
16
+
17
+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
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+
19
+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
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+
21
+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+
23
+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
24
+
25
+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
26
+
27
+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
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+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
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+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
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+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
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+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
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+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
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+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
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+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
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+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
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+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
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+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
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+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
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+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
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+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
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+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
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+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
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+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
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+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
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+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
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+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
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+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
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+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
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+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
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+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
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+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
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+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
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+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
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+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
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+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
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+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
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+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
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+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
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+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
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+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
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+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
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+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
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+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
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+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
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+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
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+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
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+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
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+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
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+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
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+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
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+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
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+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
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+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
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+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
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+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
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+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
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+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
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+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
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53
+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
54
+
55
+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+
57
+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
58
+
59
+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
60
+
61
+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
62
+
63
+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
64
+
65
+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
66
+
67
+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
68
+
69
+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
70
+
71
+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
72
+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
73
+
74
+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
75
+
76
+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
77
+
78
+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
79
+
80
+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
81
+
82
+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
83
+
84
+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
85
+
86
+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
87
+
88
+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
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+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
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+ L'élection présidentielle française de 2017, onzième élection présidentielle de la Ve République et dixième au suffrage universel direct, est un scrutin permettant d'élire le président de la République pour un mandat de cinq ans, se déroulant les dimanches 23 avril et 7 mai — et par dérogation les 22 avril et 6 mai dans plusieurs territoires hors métropole. Le président sortant François Hollande a décidé de ne pas se présenter à sa propre succession, fait inédit pour un président de la Ve République en fin de premier mandat. Autre situation inédite : l'élection présidentielle a lieu sous état d'urgence, décrété après les attentats du 13 novembre 2015.
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+ Trois élections primaires se tiennent en amont de l’élection et sont ouvertes aux sympathisants et non pas seulement aux militants : la « primaire de l'écologie » pour Europe Écologie Les Verts, la « primaire ouverte de la droite et du centre » pour Les Républicains et leurs alliés et enfin la « primaire citoyenne » pour le Parti socialiste et ses alliés. La campagne électorale est notamment marquée par des affaires politiques et judiciaires visant François Fillon et sa famille, ainsi que Marine Le Pen et son parti, puis par un attentat survenu trois jours avant le premier tour.
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+ Le premier tour de scrutin voit s'affronter onze candidats. Emmanuel Macron arrive en tête devant Marine Le Pen et tous deux se qualifient pour le second tour. Néanmoins, avec François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, les scores des quatre candidats ayant recueilli le plus de voix sont serrés (4,43 points entre le 1er et le 4e).
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+ Pour la première fois, aucun des candidats des deux partis politiques traditionnels, pourvoyeurs jusque-là des présidents de la Ve République, n'est présent au second tour. Celui-ci se solde par la victoire d'Emmanuel Macron, avec 66,1 % des suffrages exprimés, face à la candidate du Front national, qui recueille 33,9 %. Le scrutin est marqué par une abstention de 25,4 %, un taux assez important pour un second tour d'élection présidentielle, et par un record de votes blancs ou nuls, à savoir plus de 4 millions.
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+ Lors de la passation de pouvoir, le 14 mai, Emmanuel Macron devient le plus jeune chef d'État républicain français après Napoléon Bonaparte (âgé de 30 ans en 1799), et le plus jeune de la Ve République. S'ensuivent, les 11 et 18 juin suivants, des élections législatives qui donnent une majorité au nouveau président de la République.
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+ Le président de la République est élu au suffrage universel direct. Il est élu pour un mandat de cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours[3].
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+
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+ Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin, un second tour a lieu quatorze jours plus tard où seuls peuvent se présenter les deux candidats arrivés en tête au premier tour après retrait éventuel de candidats mieux placés[4].
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+ Chaque candidat doit satisfaire plusieurs conditions :
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+ La Constitution prévoit que[4] :
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+ Le Conseil constitutionnel est, selon l'article 58 de la Constitution, garant de la régularité de l'élection, de l'examen des réclamations et de la proclamation des résultats.
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+ Le corps électoral annoncé début mars 2016 est 45,678 millions d'inscrits (en hausse de 824 000 unités, + 1,8 %), soit 88,6 % des Français majeurs résidant sur le territoire, et 1,3 million de Français établis hors de France inscrits sur les listes électorales consulaires. Comme tous les cinq ans, le nombre de nouveaux inscrits connaît un pic de 1,562 million de nouveaux électeurs[7]. Toutefois, un rapport parlementaire de 2016 portant sur l'élection de 2012 chiffrait le nombre de mal-inscrits (inscrits dans une autre ville que celle où ils résident), à 6,5 millions[8].
24
+
25
+ La campagne et la désignation des candidats rompent avec celles des élections présidentielles précédentes, lui revêtant un caractère d'imprévisibilité et annonçant une certaine recomposition du paysage politique français. Pour la première fois sous la Ve République, le président sortant, François Hollande, choisit de ne pas être candidat à sa succession à l'issue de son premier mandat. Le résultat des primaires ouvertes organisées par différents partis de gouvernement crée également la surprise : les favoris (Alain Juppé, et dans une moindre mesure Nicolas Sarkozy, pour Les Républicains ; Manuel Valls et Arnaud Montebourg pour le Parti socialiste ; Cécile Duflot pour Europe Écologie Les Verts) se voient éliminés au profit de candidats moins attendus (François Fillon, Benoît Hamon et Yannick Jadot). Marquée par plusieurs rebondissements ainsi que par des affaires présumées de favoritisme, de corruption et d'emplois fictifs (pour François Fillon et Marine Le Pen), la campagne voit une certaine fragilité, dans les intentions de vote, des candidats des deux grands partis de gouvernement, au profit de candidats dont les partis n'ont pas exercé le pouvoir (Emmanuel Macron pour En marche, Marine Le Pen pour le Front national et Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise). Plusieurs partis importants du paysage politique français, enfin, ne sont pas directement représentés à cette élection (Europe Écologie Les Verts, le MoDem, l'UDI ou encore le Parti communiste), ayant chacun privilégié un système d'alliances avec d'autres mouvements.
26
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27
+ L'élection de 2017 intervient dans un contexte agité : crise migratoire en Europe, questions de plus en plus vives sur la mondialisation, avec des montées protectionnistes[9],[10], des questions sur le devenir de l'Union européenne à la suite notamment du référendum britannique sur l'Europe, et de manière générale à une montée des incertitudes géopolitiques due notamment à des attentats terroristes islamistes, à la montée en puissance de la Chine et à la question des relations de l'Union européenne avec la Russie après la crise ukrainienne, ainsi que des incertitudes sur l'avenir avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche[11]. Ces inquiétudes favorisent le réarmement. En France, le chef d'État-major des armées, dans un article paru en décembre 2016, demande une augmentation des sommes allouées à la défense[12]. Sur le plan intérieur, la France est également confrontée à de nombreux défis : chômage, questions sur la pérennité des régimes de retraite et de la sécurité sociale, problèmes d'équilibre budgétaire et de dette publique, problèmes d'insécurité publique, de pollution, etc.
28
+
29
+ Dans un contexte de grande vigilance des forces de police, deux hommes soupçonnés de préparer des attentats en rapport avec l'élection présidentielle sont arrêtés le 18 avril 2017, quelques jours avant le premier tour[13].
30
+
31
+ Le sondeur Jérôme Fourquet relève que, comme il a été observé à l'occasion de scrutins étrangers en 2016 — référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, élection présidentielle autrichienne et élection présidentielle américaine —, « la variable du niveau de diplôme est une donnée de plus en plus centrale » et impose « une nouvelle segmentation des sociétés occidentales entre les gagnants et les perdants de la mondialisation » qui « concurrence, voire supplante désormais parfois la traditionnelle opposition gauche/droite ». Dans le scrutin français, cette ligne de fracture s'observe en particulier entre Marine Le Pen (nettement en tête chez les moins diplômés) et Emmanuel Macron (nettement en tête chez les plus diplômés), qui plaident d'ailleurs tous deux pour un remplacement du clivage gauche-droite par un nouveau (entre les « mondialistes » et les « patriotes » pour la première ; entre les « progressistes » et les « conservateurs » pour le second)[14].
32
+
33
+ Alors que la Russie est accusée d'ingérences dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et qu'En marche, parti du candidat Emmanuel Macron, l'accuse en février 2017 de tentatives de déstabilisation par le biais de cyberattaques, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault déclare que Paris « n'acceptera aucune ingérence que ce soit dans son processus électoral » et une séance exceptionnelle du conseil de Défense et de Sécurité nationale est organisée à la demande de François Hollande afin d'aborder le sujet[15]. En mars 2017, le chef de la commission du Renseignement du Sénat américain Richard Burr affirme à son tour que la Russie est « activement impliquée » dans l'élection présidentielle française[16],[17]. Les médias russes, en particulier Sputnik et RT, soutiennent la candidature de Marine Le Pen — reçue par Vladimir Poutine le 24 mars 2017 — et alimentent une campagne négative à l'encontre d'Emmanuel Macron[18],[19]. D'après une étude menée par la firme britannique Bakamo, publiée quatre jours avant le premier tour, un quart des liens Internet partagés par les utilisateurs français au sujet de la campagne électorale entre le 1er novembre et le 4 avril diffusait des contenus mensongers (« fake news ») et favorisait nettement les candidats eurosceptiques ; au sein de cette catégorie, un lien sur cinq était lié à un média russe d'État[19].
34
+
35
+ Le 1er décembre 2016 à 20 h, le président en exercice François Hollande annonce publiquement lors d'une allocution solennelle qu'il renonce à solliciter un second mandat présidentiel, ce qui constitue une première dans l'histoire de la Cinquième République[20],[21],[22]. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision : son niveau de popularité très bas dans les sondages et corrélativement la montée en puissance concurrente de son ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, l'effet préjudiciable à son image du livre de son ancienne compagne, Merci pour ce moment, ou celui plus récent de deux journalistes, intitulé Un président ne devrait pas dire ça…[23].
36
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37
+ Le politologue Eddy Fougier relève que dans l'histoire de la Cinquième République, les élections sans président sortant, « qui se sont produites en 1969, en 1974 et en 2007, ont été un peu différentes des autres. Elles ont contribué à un renouvellement du personnel politique avec des candidats qui se présentent pour la première fois à la présidentielle, qui appartiennent à une nouvelle génération et qui expriment une volonté manifeste de dépoussiérer la façon de faire de la politique (Giscard en 1974 ou Sarkozy en 2007). Ces élections ont aussi en grande partie favorisé le centre, en l'occurrence le centre droit avec Alain Poher présent au second tour en 1969, la victoire de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et le bon score réalisé par François Bayrou en 2007 (19 %) »[24]. Cette comparaison doit être toutefois tempérée car elle omet l'élection présidentielle de 1995.
38
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+ En amont de cette élection, plusieurs partis politiques organisent des primaires en vue de désigner le candidat pour leur parti pour l'élection présidentielle.
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41
+ Le parti Les Républicains organise une primaire ouverte pour la première fois pour une élection présidentielle, la Primaire française de la droite et du centre de 2016, tout comme l'avait fait Europe Écologie Les Verts en 2011, ainsi que le Parti socialiste et le Parti radical de gauche en 2011 ; elle est remportée par François Fillon. À gauche est organisée une « primaire citoyenne ».
42
+
43
+ Le politologue Pascal Perrineau observe une « gauche française [qui] vole en éclats à la fois sur le terrain des orientations économiques et sociales (loi Macron, loi El Khomri) mais aussi sur le terrain des valeurs (débat autour de la déchéance de nationalité). Face à ce processus qui ne cesse de s'accentuer et au-delà de la fracture entre droite de gouvernement et Front national, le fractionnement des droites, s'il est réel, peut paraître relativement modeste. Il est davantage le fruit d'un choc des hommes et des ambitions personnelles dont ils sont porteurs que d'un affrontement des idées ». Il constate plus globalement « un contexte de relatif épuisement des logiciels politiques tels qu'ils se sont reconstruits et mis en place après la Seconde Guerre mondiale », estimant qu'ils « sont entrés en crise et font l'objet de remises en question parfois profondes »[25].
44
+
45
+ Le journaliste Éric Dupin souligne que « l'électeur français n'a [...] jamais eu à choisir entre un candidat de la gauche libérale, de la gauche socialiste et de la gauche radicale » (à travers les candidatures respectives d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon)[26].
46
+
47
+ Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch relève la présence de deux candidats conspirationnistes avec Jacques Cheminade et François Asselineau[27].
48
+
49
+ Dans un sondage OpinionWay publié par Les Échos du 18 janvier 2017, 89 % des personnes interrogées pensent que les responsables politiques ne se préoccupent pas assez de ce que « pensent les gens comme nous », et 70 % pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien. Pourtant, 56 % déclarent s'intéresser à la politique, et 46 % estiment que le vote aux élections est le meilleur moyen de se faire entendre[28].
50
+
51
+ Selon les enquêtes d'opinion, les Français ont été globalement déçus par les présidents de la République Nicolas Sarkozy et surtout par François Hollande[29],[30]. Ce mécontentement se traduit par un taux d’abstention élevé aux différentes élections[31].
52
+
53
+ Le 18 mars 2017, le Conseil constitutionnel a publié les noms des 11 candidats (classement selon le tirage au sort effectué par le Conseil) dont les 500 parrainages ont été validés[32],[33]. Pour la première fois, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique rend publiques les déclarations de patrimoine des candidats à l'élection présidentielle[34].
54
+
55
+ Debout la France (DLF)
56
+
57
+ Front national (FN)
58
+
59
+ En marche (EM)
60
+
61
+ Parti socialiste (PS)
62
+
63
+ Lutte ouvrière (LO)
64
+
65
+ Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
66
+
67
+ Solidarité et progrès (SP)
68
+
69
+ Résistons
70
+
71
+ La France insoumise (LFI)
72
+
73
+ Union populaire républicaine (UPR)
74
+
75
+ Les Républicains (LR)
76
+
77
+ Ancienne personnalité de Greenpeace France, Yannick Jadot remporte la primaire.
78
+
79
+ Michèle Rivasi, militante anti-nucléaire et ancienne députée, se hisse au second tour.
80
+
81
+ Malgré son passage au ministère du Logement, Cécile Duflot échoue dès le premier tour.
82
+
83
+ La primaire écologiste a lieu les 19 octobre et 7 novembre 2016. Les militants à jour de cotisation et les citoyens d'au moins 16 ans ayant payé 5 € peuvent y participer.
84
+
85
+ Au premier tour, Yannick Jadot arrive en tête (avec 35,61 % des voix) devant Michèle Rivasi (30,16 %), Cécile Duflot (24,41 %) et Karima Delli (9,82 %).
86
+
87
+ Au second tour, Yannick Jadot confirme sa première place avec 54,25 % face à Michèle Rivasi (40,75 %).
88
+
89
+ Finalement, le 23 février 2017, Yannick Jadot se retire et le parti décide de soutenir la candidature de Benoit Hamon. Depuis 1969, c'est la première fois qu'il n'y a pas de candidat écologiste à une élection présidentielle.
90
+
91
+ Longtemps loin derrière ses concurrents, l'ancien Premier ministre François Fillon réalise une percée aussi écrasante qu'inattendue.
92
+
93
+ Favori de la primaire et de la présidentielle depuis deux ans, Alain Juppé finit très loin derrière François Fillon aux deux tours.
94
+
95
+ Nicolas Sarkozy, au pouvoir entre 2007 et 2012, réalise une contre-performance en ne se qualifiant pas pour le second tour.
96
+
97
+ La primaire de la droite et du centre a lieu les 20 (1er tour) et 27 novembre 2016 (2d tour).
98
+
99
+ Alors que les sondages prédisent durant longtemps une large avance pour le duo Juppé-Sarkozy au 1er tour, les sondages à partir du mois de novembre, et plus particulièrement à partir du 18 prédisent un second tour pour le duo Juppé-Fillon.
100
+
101
+ À l'issue du premier tour, François Fillon arrive largement en tête avec 44,08 % des voix, suivi d'Alain Juppé (28,56), Nicolas Sarkozy (20,67), Nathalie Kosciusko-Morizet (2,56), Bruno Le Maire (2,38), Jean-Frédéric Poisson (1,45) et Jean-François Copé (0,30).
102
+
103
+ Au second tour, François Fillon confirme son avance sur Alain Juppé avec respectivement 66,49 % et 33,51 % des voix.
104
+
105
+ Benoît Hamon, initialement promis à un rôle de second plan, créé la surprise avec une campagne dynamique.
106
+
107
+ Figure majeure du quinquennat finissant, Manuel Valls ne réussit pas à susciter l'enthousiasme.
108
+
109
+ Un temps favori de cette primaire, Arnaud Montebourg parvient tout juste à rééditer son score de 2011.
110
+
111
+ La précédente primaire à l'élection présidentielle de 2012 a proclamé François Hollande comme candidat de la gauche.
112
+
113
+ Au cours de l'année 2016, le Parti socialiste décide à nouveau d'organiser une primaire pour l'élection présidentielle de 2017. Dans le contexte de forte impopularité du président, la question se pose par la suite de maintenir ou non la primaire. À la suite de la décision de François Hollande de ne pas se représenter, la primaire a finalement lieu avec plusieurs candidats.
114
+
115
+ Alors que les sondages annoncent vainqueurs au premier tour Manuel Valls et Arnaud Montebourg, c'est finalement Benoît Hamon (36,51 %) et Manuel Valls (31,90 %) qui l'emportent face à Arnaud Montebourg (17,75 %), Vincent Peillon (6,90 %), François de Rugy (3,88 %), Sylvia Pinel (2,02 %) et Jean-Luc Bennahmias (1,03 %).
116
+
117
+ Benoît Hamon arrive en tête du second tour avec 58,69 % face à Manuel Valls avec 41,31 % des voix.
118
+
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+ Conseiller santé d'Emmanuel Macron, dont le projet préconisait de mieux rembourser les médicaments contre l’hypertension artérielle sévère qui est activité-clé du laboratoire pharmaceutique Servier, le médecin Jean-Jacques Mourad doit démissionner de l'équipe de campagne après la révélation de ses liens financiers personnels avec cette entreprise[76].
120
+
121
+ À partir du 24 janvier 2017, la campagne est perturbée par la sortie d'un premier article du Canard enchaîné concernant d'éventuels emplois fictifs du candidat François Fillon. Parallèlement, le FN doit faire face à l'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen et à l'affaire Jeanne. Les semaines suivantes plusieurs autres articles écornent un peu plus l'image publique de François Fillon et font dire à François Hollande « On parle de quoi dans cette campagne ? Des affaires, des mises en examen, des pseudo-cabinets noirs (…) mais où sont les comparaisons utiles ? », le 16 avril, dans l'émission « C Politique » sur France 5. Un avis partagé dans la plupart des camps. « Les affaires ont tout obscurci dans cette campagne. Derrière ce brouillard, chacun retourne sur ses fondamentaux », indique Jérôme Rivière, soutien de Marine Le Pen. Selon Le monde, ces fondamentaux étant « Immigration chez les uns, libéralisme chez les autres… »[77].
122
+
123
+ La propagation des différentes affaires et le contexte de ces élections engendrent un climat de doute et de suspicion[78]. Les programmes électoraux des candidats sont mis de côté. L’aspect médiatique et moral est privilégié par les différents médias français. D’après un sondage Odoxa réalisé en janvier 2017, 61 % des Français ont une opinion défavorable à l’égard de François Fillon[79]. Par rapport à novembre 2016, François Fillon a connu une baisse de 16 points par rapport à un sondage effectué par Ipsos-Fiducial effectué avant premier tour de la primaire de la droite.
124
+
125
+ Marine Le Pen et son parti font l’objet d’une accusation d’emplois présumés fictifs au Parlement européen. Mais contrairement au candidat des Républicains, Marine Le Pen ne subit pas une baisse drastique dans les sondages en raison de cette affaire[80]. Elle se retrouve néanmoins convoquée le 22 février 2017 par la justice, mais décide de ne pas s’y rendre[réf. nécessaire].
126
+
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+ Annoncé troisième dans les sondages avant la divulgation de l’affaire Fillon et de la mise en examen de ce dernier, Emmanuel Macron devient progressivement le nouveau favori de ces élections.
128
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129
+ Début mars, les autres candidats commencent à protester contre la trop grande couverture médiatique des affaires qui rendent inaudible le débat politique sur les projets[81],[82].
130
+
131
+ Analysant la couverture de la campagne par le Journal de 20 heures de TF1, l'universitaire Christophe Piar relève que les « affaires » représentent « 11 % de l'information électorale en 2017, contre 1,5 % en 1981, 4,5 % en 1988, 5 % en 2002 et 2 % en 2007. Seule la campagne de 1995 avait vu les JT insister autant sur les affaires, et même légèrement plus (13 %), en raison en particulier de l'affaire dite « Schuller-Maréchal » qui avait éclaté dans les médias au début du mois de février »[83].
132
+
133
+ Pour la première fois dans une élection présidentielle en France[84],[85], différents débats télévisés entre les candidats sont organisés avant le scrutin du premier tour, dans la lignée de ceux ayant eu lieu pour les primaires de la droite et de la gauche dans les mois précédents[84],[86].
134
+
135
+ Diffusé notamment sur TF1, le 20 mars 2017, le premier débat avec les cinq principaux candidats rassemble plus de 10 millions de téléspectateurs[88],[89]. Le second débat télévisé, mis en place par BFM TV et CNews le 4 avril et auquel participent les onze candidats[90],[91], est suivi par environ 6,3 millions de téléspectateurs[92].
136
+
137
+ Un troisième et dernier débat devait initialement avoir lieu le 20 avril 2017, organisé par France 2[93]. Cependant, le 28 mars, Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il refuse de participer à ce dernier débat, en raison notamment de la date tardive (trois jours avant le premier tour) et d'une absence de concertation[94], tout comme Emmanuel Macron[95]. Le groupe France Télévisions annonce le jour même qu'il maintient le débat prévu le 20 avril[96]. François Fillon, de son côté, déclare que ce troisième débat n'a « aucun intérêt » si tous les candidats ne sont pas présents[97]. Le CSA se montre, par ailleurs, « préoccupé » par cette date trop proche du scrutin, qui empêcherait les candidats de répondre à d'éventuelles polémiques, et propose un dialogue entre la chaîne et les candidats[98]. Le 5 avril 2017, France 2 annonce qu'elle renonce à organiser ce débat, préférant proposer à chacun des onze candidats une série d'entretiens de quinze minutes face à Léa Salamé et David Pujadas, qui sont diffusés à la même date du 20 avril[99],[100].
138
+
139
+ Le premier, animé par les journalistes Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau, s'est tenu le 20 mars 2017 à 21 h en direct sur TF1, LCI, ainsi que France 24 (en français et traduit en arabe et en anglais)[101], réunissant cinq des onze prétendants au poste de chef d'État — ceux ayant au moins 10 % d'intentions de vote dans les sondages — François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon[102]. Il a lieu sur le plateau du studio 217 de la Plaine Saint-Denis[103]. Après une introduction où les candidats ont défini le président qu'ils seront, le débat a été divisé en trois thématiques : le modèle de société (comprenant des questions, entre autres, sur les institutions, la sécurité, l'immigration, l'identité et l'écologie), le modèle économique (le travail, le commerce international, la protection sociale et la fiscalité) et enfin la place de la France dans le monde (la géopolitique, l'Europe, le terrorisme ou encore les frontières)[104],[105]. Les cinq candidats avaient deux minutes pour répondre à chaque question ; au bout de 1 min 30 s, les adversaires pouvaient toutefois les interpeller[106]. Ce premier débat a rassemblé plus de 10,1 millions de téléspectateurs sur TF1 et LCI[88], soit 49,6 % de part d'audience (dont 47,9 % pour la première chaîne[107]).
140
+
141
+ L'organisation de ce débat, avec une partie seulement des candidats, est critiquée par les candidats non invités[108],[109]. Ainsi, Nicolas Dupont-Aignan, qui en a été exclu, dénonce un « viol démocratique[110] » et appelle au boycott de ce débat[111], saisissant à cette occasion le CSA[112],[113] puis le Conseil d'État, mais se voit débouté ; François Asselineau, quant à lui, appelle au désistement des candidats[114],[115]. TF1 prévoit alors de recevoir les candidats qui ne participent pas au débat dans un module de dix minutes au sein de son Journal de 20 heures[113]. Lors de la séquence du 18 mars présentée par Audrey Crespo-Mara où le candidat de Debout la France est invité, celui-ci dénonce le manque de démocratie dont fait preuve la chaîne et, en geste de protestation, décide de quitter prématurément le plateau tout en donnant deux jours à TF1 pour inviter l'ensemble des candidats[116]. Le soir du débat, François Fillon, puis Emmanuel Macron et Marine Le Pen, commencent leur intervention par une critique de cette situation[117].
142
+
143
+ Le deuxième débat, animé par Ruth Elkrief et Laurence Ferrari[118], s'est tenu le 4 avril 2017 à 20 h 40 en direct sur BFM TV, CNews, RMC et Dailymotion[119]. Il a eu lieu dans les studios de la Plaine Saint-Denis. Les candidats disposent chacun d'une minute d'introduction et d'une minute de conclusion[120]. Ils débattent ensuite autour de trois thématiques : l'emploi, le modèle social français et la protection des Français[120]. Chaque prétendant a 1 minute 30 pour répondre à une question[120]. Les autres concurrents peuvent l'interpeller. Finalement, chaque candidat aura pu s'exprimer durant plus de 18 minutes[120], le débat ayant duré près de quatre heures.
144
+
145
+ Ce deuxième débat aura attiré plus de 6,3 millions de téléspectateurs sur BFM TV et CNews, soit 32 % de part d'audience[92]. BFM TV s'est classée première chaîne de la soirée pour la première fois de son histoire, réunissant 5,5 millions de personnes, établissant du même coup le record historique pour une chaîne de la TNT, depuis leur introduction en 2005.
146
+
147
+ France 2, n'ayant pu organiser un débat à onze, a finalement opté pour une série d'entretiens longs d'un quart d'heure[99], intitulée 15 minutes pour convaincre[121],[N 1], de façon analogue à ce que la chaîne avait proposé cinq ans auparavant dans le cadre de l'émission Des paroles et des actes (hormis le fait qu'en 2012, il y avait deux émissions avec cinq candidats). L'émission est retransmise à partir de 20 h sur France 2, la chaîne France Info et sur la radio France Inter, et est animée par David Pujadas et Léa Salamé, comme pour L'Émission politique.
148
+
149
+ Bien que certains candidats aient au départ refusé de participer, tous ont finalement accepté. Les thèmes initialement abordés sont le pouvoir d'achat, le chômage, l'international, et l'Europe. Chaque candidat a l'occasion d'apporter un objet qui représenterait sa campagne, et dispose d'une carte blanche en milieu d'entretien pour s'exprimer pendant plusieurs minutes sur un sujet de son choix. À l'issue des onze entretiens, les candidats se réunissent sur le plateau pour une conclusion longue de 2 minutes 30. Au total, l'émission a duré quatre heures et a été suivie en moyenne par 4,7 millions de téléspectateurs[122].
150
+
151
+ Cette émission est bouleversée par une fusillade sur les Champs-Élysées survenue aux alentours de 21 h. Alors que France Info a basculé son antenne pour couvrir l'événement, l'émission a été maintenue sur France 2 et France Inter, avec des points réguliers sur la situation au cours des entretiens (la première annonce ayant été faite durant le passage de Nicolas Dupont-Aignan). De ce fait, les sujets du terrorisme et de la sécurité intérieure ont dû être abordés plus longuement par les candidats passant après l'annonce de la fusillade, et chaque candidat a pu ensuite s'exprimer à ce sujet durant la conclusion. À la suite du débat, France 2 et France Inter ont proposé une édition spéciale[123].
152
+
153
+ À la suite de cet attentat, certains candidats bouleversent leur calendrier. Ainsi, François Fillon (qui l'a annoncé dès sa conclusion dans 15 minutes pour convaincre), Marine Le Pen et Emmanuel Macron annulent leurs déplacements du 21 avril[124],[125], dernier jour de la campagne officielle du premier tour, et font des allocutions dans la matinée[126].
154
+
155
+ C'est la première fois qu'une présidentielle se déroule sous état d'urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015. À la suite de l'attentat sur l'avenue des Champs-Élysées, le ministère français de l'Intérieur renforce le dispositif chargé d'assurer la sécurité des deux tours de l'élection[127]. Plus de 50 000 policiers et gendarmes (dont 12 000 dans l'agglomération parisienne), appuyés par 7 000 militaires de l'opération Sentinelle sont mobilisés pour sécuriser les 67 000 lieux de vote[127], ce qui correspond à un quart des effectifs totaux des forces de l'ordre en France[128]. Plusieurs maires prennent à leur charge le coût d'agents de sécurité privée et de vigiles supplémentaires déployés au niveau des lieux de vote[129].
156
+
157
+ Le vote débute le samedi 22 avril à 8 h du matin (12 h heure de Paris) à Saint-Pierre-et-Miquelon, suivi de la Guyane, des Antilles et des Amériques[130],[131]. Si la participation semble faible en Guyane, qui sort juste d'un long conflit social[132], l'affluence est importante au Canada, notamment à Montréal où l'attente devant les bureaux de vote dépasse deux heures[133].
158
+
159
+ Après les résultats du premier tour qualifiant Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les marchés réagissent positivement en France et à l'étranger[134].
160
+
161
+ Dès le soir du 23 avril 2017, François Fillon et Benoît Hamon appellent à voter pour Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen[135]. Les autres candidats éliminés ne donnent alors aucune consigne de vote.
162
+
163
+ Jean-Luc Mélenchon appelle les 450 000 personnes qui l'ont investi via une plateforme numérique comme candidat à la présidentielle à se prononcer pour décider de la position du mouvement au second tour[135]. Le 28 avril, il annonce qu'il ira voter et qu'il « ne voter[a] pas FN » mais ne donne pas de consigne de vote[136], certains analystes estimant que ses propos indiquaient qu'il voterait personnellement pour Macron[137]. Nathalie Arthaud annonce qu'elle votera blanc tandis que Jacques Cheminade indique qu'il refusait à titre personnel de voter en faveur de Marine Le Pen[135]. Le 28 avril, Nicolas Dupont-Aignan annonce qu'il soutient Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, précisant avoir signé un « accord de gouvernement élargi » avec la candidate du Front national[138]. Jean Lassalle indique quant à lui qu'il votera blanc au second tour[139].
164
+
165
+ La LICRA, SOS Racisme[140], le CRIF[141], le CFCM et l'UOIF ont appelé à voter en faveur d'Emmanuel Macron[142],[143].
166
+
167
+ Le 27 avril 2017 Emmanuel Macron a obtenu le soutien « exigeant » de 150 politiques « anti-Le Pen » d'horizons variés[144]. Le 30 avril, le centriste Jean-Louis Borloo, ancien ministre, déclare qu'il s'« engage à fond » en faveur de Macron[145].
168
+
169
+ Marine Le Pen reçoit le soutien de plusieurs mouvements et personnalités de droite parmi lesquels Nicolas Dupont-Aignan qui annonce le 28 avril qu'il soutient Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, précisant avoir signé un « accord de gouvernement élargi » avec la candidate du Front national[138]. Marine Le Pen annonce le lendemain qu'elle nommera Dupont-Aignan Premier ministre en cas de victoire[146]. D'autres comme Christine Boutin[147] (qui annonce que son « objectif c'est d'affaiblir Emmanuel Macron »[148]), Jacques Bompard[149], Marie-France Garaud[150], Bruno North (CNIP)[151], Françoise Hostalier[152], Christian Vanneste[153], Jean-Paul Brighelli[154] ou encore Henry de Lesquen[155] appellent à voter pour la candidate.
170
+
171
+ Au sein des Républicains, une division interne sur les consignes de vote de François Fillon a lieu. Même si la grande majorité des figures du parti annonce qu'elle va voter Macron, d'autres comme Laurent Wauquiez[156] ou Éric Ciotti[156] refusent de donner des consignes de vote. Il y a également ceux qui appellent à voter blanc et qui s'engagent contre Emmanuel Macron comme Lionnel Luca[157], Georges Fenech[158], Nadine Morano[156], Nicolas Dhuicq[159], Guillaume Larrivé[159], Brice Hortefeux[159], Jacques Myard[159], Yannick Moreau[160] ou encore Henri Guaino[161]. De même, Jean-Frédéric Poisson, responsable du Parti chrétien-démocrate, membre associé de LR, annonce qu'il refuse de soutenir Macron[156].
172
+
173
+ Traditionnellement (depuis 1974 et à l'exception notable de l'élection de 2002), un débat télévisé entre les deux finalistes a lieu quelques jours avant ce second tour. Contrairement à Jacques Chirac, qui avait refusé de débattre face au candidat du Front national en 2002, Emmanuel Macron accepte le débat face à Marine Le Pen[162]. Le débat se déroule le 3 mai 2017 à partir de 21 h pour une durée de 2 h 20, et est diffusé sur TF1, France 2 et les chaînes d'information en continu[163]. TF1 et France 2 ont proposé que le débat soit animé par Gilles Bouleau et David Pujadas mais, après la réserve du CSA sur la mise en place d'un duo qui ne soit pas mixte, les deux chaînes s'accordent finalement sur une paire composée de Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq[163].
174
+
175
+ Le 4 mai 2017, Emmanuel Macron obtient le soutien de Barack Obama[164]. Mais l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron commet une erreur en traduisant les « liberal values » évoquées par Barack Obama par « valeurs libérales », là où il aurait plutôt fallu lire « valeurs progressistes », le mot « libéral » n'ayant pas du tout le même sens des deux côtés de l'Atlantique[165].
176
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177
+ Plusieurs fausses informations se sont répandues pendant la campagne, notamment de la part du FN et de certains internautes[166]. Ainsi, expliquent notamment Samuel Laurent et Adrien Sénécat dans Le Monde : « À lui seul, Emmanuel Macron a été ciblé par toute une gamme d'attaques. On a ainsi tenté de lui trouver de prétendues « affaires » (une première rumeur de compte offshore juste avant le premier tour et un prétendu « cadeau fiscal » de 14 milliards d'euros à Patrick Drahi) ; des propositions impopulaires lui ont été imputées à tort (par exemple le souhait de faire entrer la Turquie dans l'Europe ou une supposée « taxe sur les loyers fictifs » pour les propriétaires) ; d'autres, enfin, ont été montées de toutes pièces pour écorner son image, tel son prétendu refus de serrer des mains d'ouvriers ou le financement de sa campagne par l'Arabie saoudite »[167].
178
+
179
+ Après le débat du 3 mai entre les deux adversaires du deuxième tour, plusieurs médias démontrent la façon dont une simple rumeur, totalement fabriquée, sur un compte bancaire caché que posséderait Emmanuel Macron aux Bahamas, est arrivée dans les propos de Marine Le Pen dans les derniers instants de ce débat[168],[169],[170],[171]. Le lendemain du débat Emmanuel Macron porte « plainte contre X » pour « propagation de fausse nouvelle »[172].
180
+
181
+ Quatre chercheurs, Oscar Barrera et Ekaterina Zhuravskaya de l'École d'économie de Paris et Sergei Guriev et Emeric Henry de Sciences Po Paris, établissent, à partir d'une étude menée auprès de 2 500 électeurs sur les fausses informations prononcées par Marine Le Pen sur l'immigration, que « le fact-checking échoue complètement à contrecarrer l'effet persuasif des arguments populistes fondés sur les faits alternatifs »[173].
182
+
183
+ Un rapport présenté le 25 avril 2017 par l'entreprise japonaise de cybersécurité Trend Micro affirme qu'En marche a été la cible de tentatives d'hameçonnage en mars[174]. Selon Trend Micro, le responsable de ces attaques informatiques est le groupe de hackers russes Pawn Storm, également connu sous le nom de Fancy Bears, Tsar Team ou APT28, déjà accusé d'avoir visé le Parti démocrate durant la campagne présidentielle d'Hillary Clinton aux États-Unis[174]. Ce groupe est soupçonné de liens avec les services de sécurité russes, ce qui serait le signe de la volonté de Moscou d'influencer les scrutins des pays occidentaux. Le porte-parole du Kremlin nie toute implication dans la campagne française[174].
184
+
185
+ Le 5 mai 2017, des milliers de documents internes à l'équipe d'Emmanuel Macron (e-mails, photos et documents comptables représentant 9 gigaoctets de données) sont postés sur Pastebin, un site qui permet le partage anonyme de documents[175],[176],[177]. Ces documents sont relayés à 20 h 35 par le forum 4chan, notamment fréquenté par l'extrême droite américaine et par des comptes Twitter pro-Trump (mais aussi fréquenté par des milliers d'autres personnes), avec la mention « #MacronLeaks », avant d'être relayés à 21 h 31 par WikiLeaks, qui leur donne une visibilité mondiale, et à 23 h 40 par Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen[175],[176]. Dans un communiqué de presse diffusé à 23 h 55, quelques minutes avant la clôture de la campagne officielle, l'équipe d'Emmanuel Macron annonce avoir été « victime d'une action de piratage massive et coordonnée donnant lieu ce soir à la diffusion sur les réseaux sociaux d'informations internes de nature diverse (mails, documents comptables, contrats...) »[175],[178],[176]. Elle prévient que « ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation »[178],[176]. Le 6 mai, la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale demande aux organes de presse « de ne pas rendre compte du contenu de ces données, en rappelant que la diffusion de fausses informations est susceptible de tomber sous le coup de la loi, notamment pénale »[178].
186
+
187
+ Le 2 juin 2017, par l'intermédiaire de son directeur, Guillaume Poupard, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) fait savoir que « l'attaque était si générique et simple qu’elle pourrait être quasiment l’œuvre de n'importe qui », affirmant n'avoir aucune certitude concernant l'origine de l'attaque[179],[180].
188
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189
+ De nombreux observateurs soulignent ou s'interrogent sur l'intérêt médiatique dont Emmanuel Macron ferait l'objet[24],[192],[193],[194],[195]. Mediapart relève que « presque une cinquantaine de couvertures de magazine » lui sont consacrées entre novembre 2016 et janvier 2017, contre « une poignée » pour Jean-Luc Mélenchon, généralement situé une position derrière lui dans les intentions de vote et qui rencontre un succès similaire dans les meetings et sur internet[196]. Emmanuel Macron est parfois présenté comme étant le « candidat des médias »[197],[198],[199],[200], parmi lesquels il bénéficie du soutien de Xavier Niel et Pierre Bergé, copropriétaires du groupe Le Monde[197], et de Claude Perdriel, ancien propriétaire du Nouvel Observateur[201]. Divers documents et articles d'analyse montrent comment sa stratégie de campagne électorale est développée selon des méthodes marketing, le candidat étant lancé comme un produit commercial[202]. Derrière la gestion de cette communication, est mis en avant le savoir-faire de Maurice Lévy, PDG de Publicis Groupe, qui compte parmi ses conseillers[203],[204]. Il recueille des soutiens y compris dans des titres de la presse américaine et britannique tels que le Financial Times ou Foreign Policy[205],[206]. Le magazine Marianne montre que BFM TV, dont l'un des actionnaires de référence est Patrick Drahi, diffuse au total autant de minutes de meetings du candidat Macron que de l'ensemble de ses quatre principaux concurrents réunis, ce qu'il qualifie de « véritable matraquage télévisuel »[207]. Le fait que Bernard Mourad, ancien dirigeant du groupe de médias de Patrick Drahi, ait rejoint en tant que conseiller l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, ainsi qu'une poignée de main échangée avec Ruth Elkrief renforcent les interrogations sur ses liens avec les journalistes et les médias[208],[209].
190
+
191
+ Beaucoup d’articles, d’émissions, de débats sont effectués/ont lieu lors de cette élection. Les audiences des médias traditionnels sont excellentes, TF1 et France 2 ayant réuni 15 millions de téléspectateurs lors du débat du second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron[210]. Le plus grand succès intervient sur les sites internet et cette élection marque une évolution des moyens de communication des politiques vers les électeurs : par exemple, Jean Luc Mélenchon créé une chaîne YouTube afin de se démarquer des autres candidats et de toucher un public plus jeune[211].
192
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193
+ À travers cette campagne, l’attitude des médias est remise en cause. L'impression que ceux-ci ont influencé les résultats de l’élection règne en France, particulièrement chez les partis politiques défaits. C’est notamment le cas chez les Républicains, qui remettent en cause l’objectivité de la presse, en particulier en raison de l’importance du traitement, du choix du temps et de la rapidité de la mise en examen du candidat LR dans l’affaire Fillon. Le 6 février 2017, François Fillon reproche aux journalistes de l’avoir « lynché et de l’« assassiner politiquement »[212]. Les électeurs de Marine Le Pen partagent en grande partie ce point de vue. Dans l’entre-deux-tours, Marine Le Pen critique également les médias, et plus précisément BFM TV, déclarant : « Les médias se déchaînent pour tenter de nous atteindre de leurs flèches venimeuses. Mais vous connaissez leurs méthodes : dès la fin de la diffusion de ce meeting d'ailleurs, certaines chaînes, BFMTV sûrement, le feront commenter par un plateau d'éditorialistes dont ils savent très bien qu'ils sont des militants de longue date contre nous, contre les électeurs patriotes »[213].
194
+
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+ En février 2017, le politologue Thomas Guénolé, à l'époque soutien de Jean-Luc Mélenchon, affirme à partir d'une analyse quantitative comparée du taux d'exposition médiatique d'Emmanuel Macron, qu'il a existé d'avril à septembre 2016 une « bulle médiatique » en faveur de ce dernier[214]. Il qualifie par la suite cette « bulle médiatique » de « matraquage publicitaire massif »[215].
196
+
197
+ Analysant trente semaines de couverture de la campagne par le Journal de 20 heures de TF1, l'universitaire Christophe Piar relève que celui-ci a consacré à Emmanuel Macron 1 644 minutes : « À titre de comparaison, sur des périodes équivalentes, le journal de 20 heures de la même chaîne avait consacré 1 122 minutes à la présidentielle de 1981, 1 021 minutes à celle de 1988, 1 553 minutes à celle de 1995, 1 017 minutes à celle de 2002 et 1 160 minutes à celle de 2007. Les données manquent pour l'élection de 2012, mais on peut avancer l'hypothèse que le traitement a été inférieur à celui de la campagne de 2017 du fait d'un suspense limité quant à l'issue du scrutin. Ainsi, marquée par l'organisation inédite d'une primaire « ouverte » par les Républicains et par celle du Parti socialiste et de ses alliés, la campagne de 2017 bénéficie très probablement du niveau de visibilité le plus élevé de toutes les présidentielles depuis 1981 »[216].
198
+
199
+ De février à avril 2017, les utilisations d'hologrammes par Jean-Luc Mélenchon et son équipe provoquent la surprise positive des professionnels de la communication, lui permettant un beau succès d'audience sur les réseaux sociaux et les sites de vidéo en ligne[217].
200
+
201
+ Lors du premier tour de l'élection, les estimations données à 20 h par les médias français, à partir d'estimations fournies par les instituts de sondages[226],[227], confirmées par les données communiquées par le ministère de l'Intérieur dans la nuit, donnent qualifiés pour le second tour[228] :
202
+
203
+ Emmanuel Macron
204
+
205
+ Marine Le Pen
206
+
207
+ Des estimations sensiblement différentes ont été publiées à 20 h concernant le score de la candidate du FN (23 % sur TF1, 21,7 % sur France 2, etc.). Le ministère de l'Intérieur annonçant à 20 h 23 une avance de la candidate du FN à 25,06 % mais sur la base de 6,7 millions de bulletins dépouillés. La tendance ne s'inverse qu'en soirée avec la prise en compte des bureaux de vote fermant à 20 h avec Macron à 23,11 % devançant pour la première fois Le Pen à 23,07 % à 23 h 35 sur la base de 76 % des inscrits[229].
208
+
209
+ Malgré une interdiction légale sur le territoire français, la RTBF diffuse des estimations de résultats sur Internet vers 18 h, sans indiquer de sources. Elle estime que « son rôle n'est pas de taire ces chiffres »[230]. Les entreprises de sondages françaises affirment pour leur part ne pas avoir communiqué de données[231].
210
+
211
+ Seuls les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, lors de la conférence de presse de son président Laurent Fabius le 10 mai (à 17 h 30), ont valeur officielle[232]. Ce jour-là, le Conseil constitutionnel proclame officiellement l'élection d'Emmanuel Macron sans modifier les résultats de l'élection[233].
212
+
213
+ Candidats arrivés en tête dans chaque département au 1er tour.
214
+
215
+ Candidats arrivés en deuxième position dans chaque département au 1er tour.
216
+
217
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
218
+
219
+ Candidats arrivés en tête dans chaque région métropolitaine au 1er tour.
220
+
221
+ Candidats arrivés en deuxième position dans chaque région m��tropolitaine au 1er tour.
222
+
223
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
224
+
225
+ Candidats arrivés en tête dans chaque circonscription législative au 1er tour.
226
+
227
+ Candidats arrivés en tête dans chaque commune au 1er tour.
228
+
229
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
230
+
231
+ Emmanuel Macron ;
232
+ Marine Le Pen ;
233
+ François Fillon ;
234
+ Jean-Luc Mélenchon.
235
+
236
+ Les grandes villes ont davantage voté pour Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon que pour Marine Le Pen et François Fillon. Emmanuel Macron est en tête à Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Nantes[237]. Bien que quatrième au plan national, Jean-Luc Mélenchon se classe premier à Marseille, Toulouse, Lille, Montpellier et Grenoble[238].
237
+
238
+ Candidats arrivés en tête dans chaque département au 2d tour.
239
+
240
+ Candidats arrivés en tête dans chaque région métropolitaine au 2d tour.
241
+
242
+ Candidats arrivés en tête dans chaque commune de France métropolitaine au 2d tour.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Emmanuel Macron ;
247
+ Marine Le Pen.
248
+
249
+ Les grandes métropoles votent massivement pour Emmanuel Macron : 89,7 % à Paris, 84,1 % à Lyon, 82,9 % à Toulouse, 85,9 % à Bordeaux, 86,5 % à Nantes, 88,4 % à Rennes. Le géographe Christophe Guilluy y voit une confirmation de l'opposition entre les métropoles — qui bénéficient de la mondialisation et où la présence populaire s'est extrêmement réduite —, qui vote pour Emmanuel Macron, et « la France périphérique », qui vote pour Marine Le Pen[239].
250
+
251
+ Le taux d'abstention du premier tour est de 22,2 % et celui du second tour de 25,4 %[240].
252
+
253
+ Les jeunes représentent la plus grande part des abstentionnistes : 29 % chez les 18-24 ans et 28 % des 25-34 ans) ne se sont pas déplacés au premier tour de la présidentielle selon l'Ipsos. Ce sont les retraités qui comptent la plus forte participation (87 %). La tendance est la même au second tour[241].
254
+
255
+ Les catégories socioprofessionnelles jouent un rôle sur l'abstention. Plus le statut social est élevé plus la participation aux élections est importante. Lorsque le niveau de revenu du foyer est inférieur à 1 250 € par mois, le taux d'abstention est de 30 %. De 26 % dans la tranche 1 250 €-2 000 €, 20 % dans la tranche de 2000 à 3 000 € et de 16 % au sein des foyers qui disposent d'un revenu mensuel supérieur à 3 000 €. En effet, le taux d'abstention est dégressif lorsque le revenu du foyer augmente. Ainsi l'Ipsos recense 29 % d'abstentionnistes chez les employés et les ouvriers, pour 21 % chez les cadres et 22 % chez les professions intermédiaires. De plus, n'ont pas voté 28 % de ceux qui disent « s'en sortir très difficilement avec les revenus du ménage » ; ce pourcentage est de 18 % parmi ceux qui disent s'en sortir « facilement »[242]. Ces chiffres sont similaires au second tour[241].
256
+
257
+ Selon Ipsos, le candidat d'En marche aurait réuni plus de 20 % des suffrages dans toutes les tranches d'âge à partir de 25 ans.
258
+
259
+ Du côté socioprofessionnel, il aurait séduit un cadre sur trois (jusqu’à 39 % selon BVA), un quart des « professionnels intermédiaires » et des retraités, un salarié sur quart (public comme privé) et un quart des électeurs « à leur compte ». Au second tour, 74 % des retraités auraient voté pour lui, dont 78 % pour les 70 ans et plus[243].
260
+
261
+ Il aurait récolté la majorité des suffrages chez les électeurs plus aisés, c'est-à-dire ceux dont le revenu mensuel du foyer est compris entre 2 000 € et 3 000 € (25 %) ou supérieur à 3 000 € (35 %), mais aussi un tiers de ceux qui déclarent « s'en sortir facilement » avec les revenus du ménage et 35 % de ceux de la « France optimiste » (vivent bien et pensent que la prochaine génération vivra mieux encore). Au second tour, il enregistre également ses meilleurs résultats auprès de ceux qui déclarent « s’en sortir facilement avec les revenus du ménage » (79 %)[244].
262
+
263
+ Selon l’institut Ipsos, Marine Le Pen obtient 21 % chez les 18-24 ans contre 30 % pour Jean-Luc Mélenchon. Cependant, d’après OpinionWay, elle arrive en tête chez les 18-34 ans avec 26 %, contre 25 % pour Jean-Luc Mélenchon[245]. Ipsos indique qu’elle arrive en tête chez les 35-49 ans, avec 29 %, et les 50-59 ans, avec 27 %.
264
+
265
+ D’après Ipsos, Marine Le Pen a séduit un tiers des employés (32 %), mais surtout la majorité des salariés privés (26 %) et des ouvriers (39 %)[242]. Selon BVA, les ouvriers ont voté pour elle à 45 %, largement devant Jean-Luc Mélenchon (21 %)[245]. Ipsos indique que 32 % des électeurs qui vivent dans un foyer possédant moins de 1 250 euros de revenus mensuels ont voté pour elle, devant Jean-Luc Mélenchon (25 %)[245].
266
+
267
+ François Fillon apparaît comme le candidat de l'électorat âgé selon Ipsos, 45 % des suffrages des plus de 70 ans et plus, et 36 % chez les retraités. Dans les autres catégories d'âge, il n'aurait pas obtenu plus de 25 %. Selon BVA et OpinionWay, il a obtenu 41 % du vote des 65��ans et plus, devant Emmanuel Macron[245].
268
+
269
+ Par rapport aux catégories socioprofessionnelles, il est devancé (24 %) par Emmanuel Macron (30 %). Les plus riches ont davantage voté en faveur d’Emmanuel Macron que pour lui[242],[245].
270
+
271
+ D’après Ipsos et BVA, Jean-Luc Mélenchon devance la candidate du FN chez les 18-24 ans, avec respectivement 30 % et 27 %[245]. Cependant, OpinionWay indique qu’il arrive derrière Marine Le Pen chez les 18-34 ans[245].
272
+
273
+ Ipsos indique qu'il arrive en tête chez les chômeurs (31 %), et qu’il dépasse les 20 % auprès des professionnels intermédiaires (22 %), des employés (22 %) et des ouvriers (24 %). Il est largement devancé par Marine Le Pen au sein de la classe ouvrière[245]. Toujours d’après Ipsos, Jean-Luc Mélenchon aurait remporté les voix d'un électeur sur quatre dans les deux tranches de revenus inférieures (revenus du foyer en dessous de 1 250 € ou compris entre 1 250 € et 2 000 €)[242].
274
+
275
+ Au second tour, Emmanuel Macron a bénéficié du report de 71 % des voix de Benoît Hamon, de 52 % de Jean-Luc Mélenchon et de 48 % de François Fillon. Ces reports ont encore été plus massifs dans les grandes villes bourgeoises[239].
276
+
277
+ Le Monde estime que « rarement le souverainisme n'aura été aussi présent dans une campagne présidentielle »[247]. Certains analystes considèrent que cette élection traduit une progression notable du souverainisme et du populisme[248],[249],[250]. Olivier Costa relève que « les enjeux européens ont émergé comme la toile de fond de la campagne, dans le contexte de la montée du populisme et de l'euroscepticisme sur le continent européen » : alors que cinq candidats appellent implicitement ou explicitement au retrait de la France de l'Union européenne (François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Philippe Poutou), seuls François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron ont adopté une « position modérée » sur l'Union européenne[251].
278
+
279
+ Pour le géographe Christophe Guilluy, l'élection présidentielle de 2017 achève la recomposition politique de l'électorat et la perte de signification de la dichotomie droite/gauche. Celle-ci est particulièrement visible au second tour : la bourgeoisie conservatrice (Fillon) et la bourgeoise progressiste (Hamon et partiellement Mélenchon) vote Emmanuel Macron[239]. Celui-ci parvient également à faire le plein de voix avec les catégories protégées de la mondialisation : les retraités (74 %) et les fonctionnaires (61 %), qui lui offrent la victoire[239]. En face, Marine Le Pen obtient ses meilleurs résultats chez les électeurs affirmant s'en sortir « très difficilement » (69 %), les ouvriers (56 %) et les employés (46 %)[239].
280
+
281
+ On relève plusieurs cas de violence policière à Paris et à Rennes la nuit du 24 avril[252],[253].
282
+
283
+ Dès l'annonce des résultats du premier tour, des groupes hétéroclites de casseurs, de militants antifascistes et de partisans de Jean-Luc Mélenchon se rassemblent dans l'Est parisien pour protester contre la présence de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron au second tour. Des dégradations de mobilier urbain, de magasins et de véhicules privés ont lieu en marge de ces manifestations, dans certains quartiers de Paris (Stalingrad, Belleville)[254].
284
+
285
+ Le lundi 24 avril, le CAC 40 gagne 4,1 % dès l'ouverture, poussé vers le haut par les valeurs bancaires prenant entre 7 et 9 % ; les marchés sont en effet rassurés par la victoire considérée comme probable d'Emmanuel Macron[255].
286
+
287
+ En novembre 2016, alors qu'Emmanuel Macron organise des collectes de fonds et récolte des dons de particuliers qui dépassent le budget de François Fillon ou Alain Juppé pour la primaire de la droite[265],[266],[267], Benoît Hamon presse le candidat d'En marche de révéler la liste de ses donateurs, mettant entre autres en avant les conflits d'intérêts possibles liés à son statut d'ancien associé de la banque Rothschild[268]. Ce dernier refuse cette transparence taxant la demande de « démagogique »[269].
288
+
289
+ Dans leur ouvrage intitulé Dans l'enfer de Bercy, les journalistes Marion L'Hour et Frédéric Says relèvent qu'Emmanuel Macron a utilisé à lui seul 80 % de l'enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère, soit plus de 120 000 € en huit mois en organisant de nombreux dîners[270],[271],[272]. Il est alors accusé par les députés Christian Jacob (LR) et Philippe Vigier (UDI) d'avoir utilisé cet argent pour mettre en avant En marche. Il affirme n'avoir rien à se reprocher et que les 120 000 euros dépensés lui ont servi à « recevoir [ses] homologues, des entrepreneurs, des femmes et des hommes de la vie française » dans le cadre de son rôle de ministre[273],[274]. Selon Le Monde, Macron aurait pu cibler « des interlocuteurs plus susceptibles de l'aider à préparer sa future campagne présidentielle qu'à alimenter ses activités de ministre » et dépensé 80 % du budget annuel de fonctionnement de son ministère en huit mois, mais il est peu probable qu'il soit poursuivi[274]. S'il confirme les dépenses, son successeur au ministère de l'Économie Michel Sapin n'y voit quant à lui rien d'illégal, considérant que Macron « n'a pas dépensé plus » d'argent qu'il n'en avait le droit. Il déplore en revanche son désengagement vis-à-vis de ses fonctions lors de ses derniers mois au ministère[275]. Emmanuel Macron répond qu'il s'agit de propos diffamatoires, qu'« aucun centime » de son budget ministériel n'a été dépensé pour soutenir son parti et qu'il s'est montré très actif « comme doit l'être un ministre », voyageant notamment beaucoup[271].
290
+
291
+ Les comptes de campagne sont publiés en août 2017. Ils sont validés tels que ci-dessous par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques en janvier 2018 :
292
+
293
+ Mediapart indique en avril 2018 que la société d'événementiel GL events a accordé à Emmanuel Macron des remises particulièrement élevées pour des locations de salle et du matériel destiné aux meetings[287]. Ces remises allaient parfois jusqu'à 100 %[287]. Cette société est dirigée par Olivier Ginon, « proche de Gérard Collomb et aujourd'hui très en cour à l'Élysée » selon Mediapart[287]. Les médias révèlent ensuite que d'autres prestataires lui ont accordé de telles remises, qui s'élèvent à un total de plus de 200 000 euros[288]. Dans un communiqué publié quelques jours plus tard, la CNCCFP affirme que les remises obtenues sont « acceptables » et ne constituent « pas des participations illicites au financement » de la campagne d'Emmanuel Macron[289].
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+
295
+ En mai 2019, une analyse plus détaillée des comptes du candidat Macron montre que la moitié (48 %) de sa campagne a été financée par des grands donateurs (environ 800). Il est notamment observé une surreprésentation de Paris dans le total, France Culture indiquant : « 6,3 millions d'euros ont été donnés au candidat par un peu plus de 15 000 habitants de la capitale. C'est quasiment la moitié des fonds collectés en France ». Cette prépondérance des grands donateurs contredit les déclarations du candidat qui affirmait qu'« une très grande majorité est constituée de petits dons autour de 40, 50 euros et il y a 5 % des dons qui dépassent 1 000 euros », voulant faire croire de cette manière que sa campagne était financée par le grand public[290].
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
2
+
3
+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
4
+
5
+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
6
+
7
+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
8
+
9
+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
10
+
11
+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
12
+
13
+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
14
+
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+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
16
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+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
18
+
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+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
20
+
21
+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+
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+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
24
+
25
+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
26
+
27
+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
28
+
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+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
30
+
31
+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
32
+
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+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+
35
+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+
37
+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
38
+
39
+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
40
+
41
+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
42
+
43
+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
44
+
45
+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
46
+
47
+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
48
+
49
+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
50
+
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+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
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53
+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
54
+
55
+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+
57
+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
58
+
59
+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
60
+
61
+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
62
+
63
+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
64
+
65
+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
66
+
67
+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
68
+
69
+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
70
+
71
+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
72
+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
73
+
74
+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
75
+
76
+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
77
+
78
+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
79
+
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+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
81
+
82
+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
83
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84
+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
85
+
86
+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
87
+
88
+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
91
+
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+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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96
+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
97
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
99
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
101
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+ L'élection présidentielle française de 2017, onzième élection présidentielle de la Ve République et dixième au suffrage universel direct, est un scrutin permettant d'élire le président de la République pour un mandat de cinq ans, se déroulant les dimanches 23 avril et 7 mai — et par dérogation les 22 avril et 6 mai dans plusieurs territoires hors métropole. Le président sortant François Hollande a décidé de ne pas se présenter à sa propre succession, fait inédit pour un président de la Ve République en fin de premier mandat. Autre situation inédite : l'élection présidentielle a lieu sous état d'urgence, décrété après les attentats du 13 novembre 2015.
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+ Trois élections primaires se tiennent en amont de l’élection et sont ouvertes aux sympathisants et non pas seulement aux militants : la « primaire de l'écologie » pour Europe Écologie Les Verts, la « primaire ouverte de la droite et du centre » pour Les Républicains et leurs alliés et enfin la « primaire citoyenne » pour le Parti socialiste et ses alliés. La campagne électorale est notamment marquée par des affaires politiques et judiciaires visant François Fillon et sa famille, ainsi que Marine Le Pen et son parti, puis par un attentat survenu trois jours avant le premier tour.
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+ Le premier tour de scrutin voit s'affronter onze candidats. Emmanuel Macron arrive en tête devant Marine Le Pen et tous deux se qualifient pour le second tour. Néanmoins, avec François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, les scores des quatre candidats ayant recueilli le plus de voix sont serrés (4,43 points entre le 1er et le 4e).
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+ Pour la première fois, aucun des candidats des deux partis politiques traditionnels, pourvoyeurs jusque-là des présidents de la Ve République, n'est présent au second tour. Celui-ci se solde par la victoire d'Emmanuel Macron, avec 66,1 % des suffrages exprimés, face à la candidate du Front national, qui recueille 33,9 %. Le scrutin est marqué par une abstention de 25,4 %, un taux assez important pour un second tour d'élection présidentielle, et par un record de votes blancs ou nuls, à savoir plus de 4 millions.
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+ Lors de la passation de pouvoir, le 14 mai, Emmanuel Macron devient le plus jeune chef d'État républicain français après Napoléon Bonaparte (âgé de 30 ans en 1799), et le plus jeune de la Ve République. S'ensuivent, les 11 et 18 juin suivants, des élections législatives qui donnent une majorité au nouveau président de la République.
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+ Le président de la République est élu au suffrage universel direct. Il est élu pour un mandat de cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours[3].
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+ Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin, un second tour a lieu quatorze jours plus tard où seuls peuvent se présenter les deux candidats arrivés en tête au premier tour après retrait éventuel de candidats mieux placés[4].
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+ Chaque candidat doit satisfaire plusieurs conditions :
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+ La Constitution prévoit que[4] :
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+ Le Conseil constitutionnel est, selon l'article 58 de la Constitution, garant de la régularité de l'élection, de l'examen des réclamations et de la proclamation des résultats.
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+ Le corps électoral annoncé début mars 2016 est 45,678 millions d'inscrits (en hausse de 824 000 unités, + 1,8 %), soit 88,6 % des Français majeurs résidant sur le territoire, et 1,3 million de Français établis hors de France inscrits sur les listes électorales consulaires. Comme tous les cinq ans, le nombre de nouveaux inscrits connaît un pic de 1,562 million de nouveaux électeurs[7]. Toutefois, un rapport parlementaire de 2016 portant sur l'élection de 2012 chiffrait le nombre de mal-inscrits (inscrits dans une autre ville que celle où ils résident), à 6,5 millions[8].
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+ La campagne et la désignation des candidats rompent avec celles des élections présidentielles précédentes, lui revêtant un caractère d'imprévisibilité et annonçant une certaine recomposition du paysage politique français. Pour la première fois sous la Ve République, le président sortant, François Hollande, choisit de ne pas être candidat à sa succession à l'issue de son premier mandat. Le résultat des primaires ouvertes organisées par différents partis de gouvernement crée également la surprise : les favoris (Alain Juppé, et dans une moindre mesure Nicolas Sarkozy, pour Les Républicains ; Manuel Valls et Arnaud Montebourg pour le Parti socialiste ; Cécile Duflot pour Europe Écologie Les Verts) se voient éliminés au profit de candidats moins attendus (François Fillon, Benoît Hamon et Yannick Jadot). Marquée par plusieurs rebondissements ainsi que par des affaires présumées de favoritisme, de corruption et d'emplois fictifs (pour François Fillon et Marine Le Pen), la campagne voit une certaine fragilité, dans les intentions de vote, des candidats des deux grands partis de gouvernement, au profit de candidats dont les partis n'ont pas exercé le pouvoir (Emmanuel Macron pour En marche, Marine Le Pen pour le Front national et Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise). Plusieurs partis importants du paysage politique français, enfin, ne sont pas directement représentés à cette élection (Europe Écologie Les Verts, le MoDem, l'UDI ou encore le Parti communiste), ayant chacun privilégié un système d'alliances avec d'autres mouvements.
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+ L'élection de 2017 intervient dans un contexte agité : crise migratoire en Europe, questions de plus en plus vives sur la mondialisation, avec des montées protectionnistes[9],[10], des questions sur le devenir de l'Union européenne à la suite notamment du référendum britannique sur l'Europe, et de manière générale à une montée des incertitudes géopolitiques due notamment à des attentats terroristes islamistes, à la montée en puissance de la Chine et à la question des relations de l'Union européenne avec la Russie après la crise ukrainienne, ainsi que des incertitudes sur l'avenir avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche[11]. Ces inquiétudes favorisent le réarmement. En France, le chef d'État-major des armées, dans un article paru en décembre 2016, demande une augmentation des sommes allouées à la défense[12]. Sur le plan intérieur, la France est également confrontée à de nombreux défis : chômage, questions sur la pérennité des régimes de retraite et de la sécurité sociale, problèmes d'équilibre budgétaire et de dette publique, problèmes d'insécurité publique, de pollution, etc.
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+ Dans un contexte de grande vigilance des forces de police, deux hommes soupçonnés de préparer des attentats en rapport avec l'élection présidentielle sont arrêtés le 18 avril 2017, quelques jours avant le premier tour[13].
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+ Le sondeur Jérôme Fourquet relève que, comme il a été observé à l'occasion de scrutins étrangers en 2016 — référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, élection présidentielle autrichienne et élection présidentielle américaine —, « la variable du niveau de diplôme est une donnée de plus en plus centrale » et impose « une nouvelle segmentation des sociétés occidentales entre les gagnants et les perdants de la mondialisation » qui « concurrence, voire supplante désormais parfois la traditionnelle opposition gauche/droite ». Dans le scrutin français, cette ligne de fracture s'observe en particulier entre Marine Le Pen (nettement en tête chez les moins diplômés) et Emmanuel Macron (nettement en tête chez les plus diplômés), qui plaident d'ailleurs tous deux pour un remplacement du clivage gauche-droite par un nouveau (entre les « mondialistes » et les « patriotes » pour la première ; entre les « progressistes » et les « conservateurs » pour le second)[14].
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+ Alors que la Russie est accusée d'ingérences dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et qu'En marche, parti du candidat Emmanuel Macron, l'accuse en février 2017 de tentatives de déstabilisation par le biais de cyberattaques, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault déclare que Paris « n'acceptera aucune ingérence que ce soit dans son processus électoral » et une séance exceptionnelle du conseil de Défense et de Sécurité nationale est organisée à la demande de François Hollande afin d'aborder le sujet[15]. En mars 2017, le chef de la commission du Renseignement du Sénat américain Richard Burr affirme à son tour que la Russie est « activement impliquée » dans l'élection présidentielle française[16],[17]. Les médias russes, en particulier Sputnik et RT, soutiennent la candidature de Marine Le Pen — reçue par Vladimir Poutine le 24 mars 2017 — et alimentent une campagne négative à l'encontre d'Emmanuel Macron[18],[19]. D'après une étude menée par la firme britannique Bakamo, publiée quatre jours avant le premier tour, un quart des liens Internet partagés par les utilisateurs français au sujet de la campagne électorale entre le 1er novembre et le 4 avril diffusait des contenus mensongers (« fake news ») et favorisait nettement les candidats eurosceptiques ; au sein de cette catégorie, un lien sur cinq était lié à un média russe d'État[19].
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+ Le 1er décembre 2016 à 20 h, le président en exercice François Hollande annonce publiquement lors d'une allocution solennelle qu'il renonce à solliciter un second mandat présidentiel, ce qui constitue une première dans l'histoire de la Cinquième République[20],[21],[22]. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision : son niveau de popularité très bas dans les sondages et corrélativement la montée en puissance concurrente de son ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, l'effet préjudiciable à son image du livre de son ancienne compagne, Merci pour ce moment, ou celui plus récent de deux journalistes, intitulé Un président ne devrait pas dire ça…[23].
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+ Le politologue Eddy Fougier relève que dans l'histoire de la Cinquième République, les élections sans président sortant, « qui se sont produites en 1969, en 1974 et en 2007, ont été un peu différentes des autres. Elles ont contribué à un renouvellement du personnel politique avec des candidats qui se présentent pour la première fois à la présidentielle, qui appartiennent à une nouvelle génération et qui expriment une volonté manifeste de dépoussiérer la façon de faire de la politique (Giscard en 1974 ou Sarkozy en 2007). Ces élections ont aussi en grande partie favorisé le centre, en l'occurrence le centre droit avec Alain Poher présent au second tour en 1969, la victoire de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et le bon score réalisé par François Bayrou en 2007 (19 %) »[24]. Cette comparaison doit être toutefois tempérée car elle omet l'élection présidentielle de 1995.
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+ En amont de cette élection, plusieurs partis politiques organisent des primaires en vue de désigner le candidat pour leur parti pour l'élection présidentielle.
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+ Le parti Les Républicains organise une primaire ouverte pour la première fois pour une élection présidentielle, la Primaire française de la droite et du centre de 2016, tout comme l'avait fait Europe Écologie Les Verts en 2011, ainsi que le Parti socialiste et le Parti radical de gauche en 2011 ; elle est remportée par François Fillon. À gauche est organisée une « primaire citoyenne ».
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+ Le politologue Pascal Perrineau observe une « gauche française [qui] vole en éclats à la fois sur le terrain des orientations économiques et sociales (loi Macron, loi El Khomri) mais aussi sur le terrain des valeurs (débat autour de la déchéance de nationalité). Face à ce processus qui ne cesse de s'accentuer et au-delà de la fracture entre droite de gouvernement et Front national, le fractionnement des droites, s'il est réel, peut paraître relativement modeste. Il est davantage le fruit d'un choc des hommes et des ambitions personnelles dont ils sont porteurs que d'un affrontement des idées ». Il constate plus globalement « un contexte de relatif épuisement des logiciels politiques tels qu'ils se sont reconstruits et mis en place après la Seconde Guerre mondiale », estimant qu'ils « sont entrés en crise et font l'objet de remises en question parfois profondes »[25].
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+ Le journaliste Éric Dupin souligne que « l'électeur français n'a [...] jamais eu à choisir entre un candidat de la gauche libérale, de la gauche socialiste et de la gauche radicale » (à travers les candidatures respectives d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon)[26].
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+ Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch relève la présence de deux candidats conspirationnistes avec Jacques Cheminade et François Asselineau[27].
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+ Dans un sondage OpinionWay publié par Les Échos du 18 janvier 2017, 89 % des personnes interrogées pensent que les responsables politiques ne se préoccupent pas assez de ce que « pensent les gens comme nous », et 70 % pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien. Pourtant, 56 % déclarent s'intéresser à la politique, et 46 % estiment que le vote aux élections est le meilleur moyen de se faire entendre[28].
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+ Selon les enquêtes d'opinion, les Français ont été globalement déçus par les présidents de la République Nicolas Sarkozy et surtout par François Hollande[29],[30]. Ce mécontentement se traduit par un taux d’abstention élevé aux différentes élections[31].
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+ Le 18 mars 2017, le Conseil constitutionnel a publié les noms des 11 candidats (classement selon le tirage au sort effectué par le Conseil) dont les 500 parrainages ont été validés[32],[33]. Pour la première fois, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique rend publiques les déclarations de patrimoine des candidats à l'élection présidentielle[34].
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+
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+ Debout la France (DLF)
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+ Front national (FN)
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+ En marche (EM)
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+ Parti socialiste (PS)
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+ Lutte ouvrière (LO)
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+ Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
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+
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+ Solidarité et progrès (SP)
68
+
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+ Résistons
70
+
71
+ La France insoumise (LFI)
72
+
73
+ Union populaire républicaine (UPR)
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+
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+ Les Républicains (LR)
76
+
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+ Ancienne personnalité de Greenpeace France, Yannick Jadot remporte la primaire.
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+ Michèle Rivasi, militante anti-nucléaire et ancienne députée, se hisse au second tour.
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+ Malgré son passage au ministère du Logement, Cécile Duflot échoue dès le premier tour.
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+ La primaire écologiste a lieu les 19 octobre et 7 novembre 2016. Les militants à jour de cotisation et les citoyens d'au moins 16 ans ayant payé 5 € peuvent y participer.
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+ Au premier tour, Yannick Jadot arrive en tête (avec 35,61 % des voix) devant Michèle Rivasi (30,16 %), Cécile Duflot (24,41 %) et Karima Delli (9,82 %).
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+ Au second tour, Yannick Jadot confirme sa première place avec 54,25 % face à Michèle Rivasi (40,75 %).
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+ Finalement, le 23 février 2017, Yannick Jadot se retire et le parti décide de soutenir la candidature de Benoit Hamon. Depuis 1969, c'est la première fois qu'il n'y a pas de candidat écologiste à une élection présidentielle.
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+ Longtemps loin derrière ses concurrents, l'ancien Premier ministre François Fillon réalise une percée aussi écrasante qu'inattendue.
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+ Favori de la primaire et de la présidentielle depuis deux ans, Alain Juppé finit très loin derrière François Fillon aux deux tours.
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+ Nicolas Sarkozy, au pouvoir entre 2007 et 2012, réalise une contre-performance en ne se qualifiant pas pour le second tour.
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+ La primaire de la droite et du centre a lieu les 20 (1er tour) et 27 novembre 2016 (2d tour).
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+ Alors que les sondages prédisent durant longtemps une large avance pour le duo Juppé-Sarkozy au 1er tour, les sondages à partir du mois de novembre, et plus particulièrement à partir du 18 prédisent un second tour pour le duo Juppé-Fillon.
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+ À l'issue du premier tour, François Fillon arrive largement en tête avec 44,08 % des voix, suivi d'Alain Juppé (28,56), Nicolas Sarkozy (20,67), Nathalie Kosciusko-Morizet (2,56), Bruno Le Maire (2,38), Jean-Frédéric Poisson (1,45) et Jean-François Copé (0,30).
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+ Au second tour, François Fillon confirme son avance sur Alain Juppé avec respectivement 66,49 % et 33,51 % des voix.
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+ Benoît Hamon, initialement promis à un rôle de second plan, créé la surprise avec une campagne dynamique.
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+ Figure majeure du quinquennat finissant, Manuel Valls ne réussit pas à susciter l'enthousiasme.
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+ Un temps favori de cette primaire, Arnaud Montebourg parvient tout juste à rééditer son score de 2011.
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+ La précédente primaire à l'élection présidentielle de 2012 a proclamé François Hollande comme candidat de la gauche.
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+ Au cours de l'année 2016, le Parti socialiste décide à nouveau d'organiser une primaire pour l'élection présidentielle de 2017. Dans le contexte de forte impopularité du président, la question se pose par la suite de maintenir ou non la primaire. À la suite de la décision de François Hollande de ne pas se représenter, la primaire a finalement lieu avec plusieurs candidats.
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+ Alors que les sondages annoncent vainqueurs au premier tour Manuel Valls et Arnaud Montebourg, c'est finalement Benoît Hamon (36,51 %) et Manuel Valls (31,90 %) qui l'emportent face à Arnaud Montebourg (17,75 %), Vincent Peillon (6,90 %), François de Rugy (3,88 %), Sylvia Pinel (2,02 %) et Jean-Luc Bennahmias (1,03 %).
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+ Benoît Hamon arrive en tête du second tour avec 58,69 % face à Manuel Valls avec 41,31 % des voix.
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+ Conseiller santé d'Emmanuel Macron, dont le projet préconisait de mieux rembourser les médicaments contre l’hypertension artérielle sévère qui est activité-clé du laboratoire pharmaceutique Servier, le médecin Jean-Jacques Mourad doit démissionner de l'équipe de campagne après la révélation de ses liens financiers personnels avec cette entreprise[76].
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+ À partir du 24 janvier 2017, la campagne est perturbée par la sortie d'un premier article du Canard enchaîné concernant d'éventuels emplois fictifs du candidat François Fillon. Parallèlement, le FN doit faire face à l'affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen et à l'affaire Jeanne. Les semaines suivantes plusieurs autres articles écornent un peu plus l'image publique de François Fillon et font dire à François Hollande « On parle de quoi dans cette campagne ? Des affaires, des mises en examen, des pseudo-cabinets noirs (…) mais où sont les comparaisons utiles ? », le 16 avril, dans l'émission « C Politique » sur France 5. Un avis partagé dans la plupart des camps. « Les affaires ont tout obscurci dans cette campagne. Derrière ce brouillard, chacun retourne sur ses fondamentaux », indique Jérôme Rivière, soutien de Marine Le Pen. Selon Le monde, ces fondamentaux étant « Immigration chez les uns, libéralisme chez les autres… »[77].
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+ La propagation des différentes affaires et le contexte de ces élections engendrent un climat de doute et de suspicion[78]. Les programmes électoraux des candidats sont mis de côté. L’aspect médiatique et moral est privilégié par les différents médias français. D’après un sondage Odoxa réalisé en janvier 2017, 61 % des Français ont une opinion défavorable à l’égard de François Fillon[79]. Par rapport à novembre 2016, François Fillon a connu une baisse de 16 points par rapport à un sondage effectué par Ipsos-Fiducial effectué avant premier tour de la primaire de la droite.
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+ Marine Le Pen et son parti font l’objet d’une accusation d’emplois présumés fictifs au Parlement européen. Mais contrairement au candidat des Républicains, Marine Le Pen ne subit pas une baisse drastique dans les sondages en raison de cette affaire[80]. Elle se retrouve néanmoins convoquée le 22 février 2017 par la justice, mais décide de ne pas s’y rendre[réf. nécessaire].
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+
127
+ Annoncé troisième dans les sondages avant la divulgation de l’affaire Fillon et de la mise en examen de ce dernier, Emmanuel Macron devient progressivement le nouveau favori de ces élections.
128
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+ Début mars, les autres candidats commencent à protester contre la trop grande couverture médiatique des affaires qui rendent inaudible le débat politique sur les projets[81],[82].
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+ Analysant la couverture de la campagne par le Journal de 20 heures de TF1, l'universitaire Christophe Piar relève que les « affaires » représentent « 11 % de l'information électorale en 2017, contre 1,5 % en 1981, 4,5 % en 1988, 5 % en 2002 et 2 % en 2007. Seule la campagne de 1995 avait vu les JT insister autant sur les affaires, et même légèrement plus (13 %), en raison en particulier de l'affaire dite « Schuller-Maréchal » qui avait éclaté dans les médias au début du mois de février »[83].
132
+
133
+ Pour la première fois dans une élection présidentielle en France[84],[85], différents débats télévisés entre les candidats sont organisés avant le scrutin du premier tour, dans la lignée de ceux ayant eu lieu pour les primaires de la droite et de la gauche dans les mois précédents[84],[86].
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+ Diffusé notamment sur TF1, le 20 mars 2017, le premier débat avec les cinq principaux candidats rassemble plus de 10 millions de téléspectateurs[88],[89]. Le second débat télévisé, mis en place par BFM TV et CNews le 4 avril et auquel participent les onze candidats[90],[91], est suivi par environ 6,3 millions de téléspectateurs[92].
136
+
137
+ Un troisième et dernier débat devait initialement avoir lieu le 20 avril 2017, organisé par France 2[93]. Cependant, le 28 mars, Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il refuse de participer à ce dernier débat, en raison notamment de la date tardive (trois jours avant le premier tour) et d'une absence de concertation[94], tout comme Emmanuel Macron[95]. Le groupe France Télévisions annonce le jour même qu'il maintient le débat prévu le 20 avril[96]. François Fillon, de son côté, déclare que ce troisième débat n'a « aucun intérêt » si tous les candidats ne sont pas présents[97]. Le CSA se montre, par ailleurs, « préoccupé » par cette date trop proche du scrutin, qui empêcherait les candidats de répondre à d'éventuelles polémiques, et propose un dialogue entre la chaîne et les candidats[98]. Le 5 avril 2017, France 2 annonce qu'elle renonce à organiser ce débat, préférant proposer à chacun des onze candidats une série d'entretiens de quinze minutes face à Léa Salamé et David Pujadas, qui sont diffusés à la même date du 20 avril[99],[100].
138
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+ Le premier, animé par les journalistes Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau, s'est tenu le 20 mars 2017 à 21 h en direct sur TF1, LCI, ainsi que France 24 (en français et traduit en arabe et en anglais)[101], réunissant cinq des onze prétendants au poste de chef d'État — ceux ayant au moins 10 % d'intentions de vote dans les sondages — François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon[102]. Il a lieu sur le plateau du studio 217 de la Plaine Saint-Denis[103]. Après une introduction où les candidats ont défini le président qu'ils seront, le débat a été divisé en trois thématiques : le modèle de société (comprenant des questions, entre autres, sur les institutions, la sécurité, l'immigration, l'identité et l'écologie), le modèle économique (le travail, le commerce international, la protection sociale et la fiscalité) et enfin la place de la France dans le monde (la géopolitique, l'Europe, le terrorisme ou encore les frontières)[104],[105]. Les cinq candidats avaient deux minutes pour répondre à chaque question ; au bout de 1 min 30 s, les adversaires pouvaient toutefois les interpeller[106]. Ce premier débat a rassemblé plus de 10,1 millions de téléspectateurs sur TF1 et LCI[88], soit 49,6 % de part d'audience (dont 47,9 % pour la première chaîne[107]).
140
+
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+ L'organisation de ce débat, avec une partie seulement des candidats, est critiquée par les candidats non invités[108],[109]. Ainsi, Nicolas Dupont-Aignan, qui en a été exclu, dénonce un « viol démocratique[110] » et appelle au boycott de ce débat[111], saisissant à cette occasion le CSA[112],[113] puis le Conseil d'État, mais se voit débouté ; François Asselineau, quant à lui, appelle au désistement des candidats[114],[115]. TF1 prévoit alors de recevoir les candidats qui ne participent pas au débat dans un module de dix minutes au sein de son Journal de 20 heures[113]. Lors de la séquence du 18 mars présentée par Audrey Crespo-Mara où le candidat de Debout la France est invité, celui-ci dénonce le manque de démocratie dont fait preuve la chaîne et, en geste de protestation, décide de quitter prématurément le plateau tout en donnant deux jours à TF1 pour inviter l'ensemble des candidats[116]. Le soir du débat, François Fillon, puis Emmanuel Macron et Marine Le Pen, commencent leur intervention par une critique de cette situation[117].
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+ Le deuxième débat, animé par Ruth Elkrief et Laurence Ferrari[118], s'est tenu le 4 avril 2017 à 20 h 40 en direct sur BFM TV, CNews, RMC et Dailymotion[119]. Il a eu lieu dans les studios de la Plaine Saint-Denis. Les candidats disposent chacun d'une minute d'introduction et d'une minute de conclusion[120]. Ils débattent ensuite autour de trois thématiques : l'emploi, le modèle social français et la protection des Français[120]. Chaque prétendant a 1 minute 30 pour répondre à une question[120]. Les autres concurrents peuvent l'interpeller. Finalement, chaque candidat aura pu s'exprimer durant plus de 18 minutes[120], le débat ayant duré près de quatre heures.
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+
145
+ Ce deuxième débat aura attiré plus de 6,3 millions de téléspectateurs sur BFM TV et CNews, soit 32 % de part d'audience[92]. BFM TV s'est classée première chaîne de la soirée pour la première fois de son histoire, réunissant 5,5 millions de personnes, établissant du même coup le record historique pour une chaîne de la TNT, depuis leur introduction en 2005.
146
+
147
+ France 2, n'ayant pu organiser un débat à onze, a finalement opté pour une série d'entretiens longs d'un quart d'heure[99], intitulée 15 minutes pour convaincre[121],[N 1], de façon analogue à ce que la chaîne avait proposé cinq ans auparavant dans le cadre de l'émission Des paroles et des actes (hormis le fait qu'en 2012, il y avait deux émissions avec cinq candidats). L'émission est retransmise à partir de 20 h sur France 2, la chaîne France Info et sur la radio France Inter, et est animée par David Pujadas et Léa Salamé, comme pour L'Émission politique.
148
+
149
+ Bien que certains candidats aient au départ refusé de participer, tous ont finalement accepté. Les thèmes initialement abordés sont le pouvoir d'achat, le chômage, l'international, et l'Europe. Chaque candidat a l'occasion d'apporter un objet qui représenterait sa campagne, et dispose d'une carte blanche en milieu d'entretien pour s'exprimer pendant plusieurs minutes sur un sujet de son choix. À l'issue des onze entretiens, les candidats se réunissent sur le plateau pour une conclusion longue de 2 minutes 30. Au total, l'émission a duré quatre heures et a été suivie en moyenne par 4,7 millions de téléspectateurs[122].
150
+
151
+ Cette émission est bouleversée par une fusillade sur les Champs-Élysées survenue aux alentours de 21 h. Alors que France Info a basculé son antenne pour couvrir l'événement, l'émission a été maintenue sur France 2 et France Inter, avec des points réguliers sur la situation au cours des entretiens (la première annonce ayant été faite durant le passage de Nicolas Dupont-Aignan). De ce fait, les sujets du terrorisme et de la sécurité intérieure ont dû être abordés plus longuement par les candidats passant après l'annonce de la fusillade, et chaque candidat a pu ensuite s'exprimer à ce sujet durant la conclusion. À la suite du débat, France 2 et France Inter ont proposé une édition spéciale[123].
152
+
153
+ À la suite de cet attentat, certains candidats bouleversent leur calendrier. Ainsi, François Fillon (qui l'a annoncé dès sa conclusion dans 15 minutes pour convaincre), Marine Le Pen et Emmanuel Macron annulent leurs déplacements du 21 avril[124],[125], dernier jour de la campagne officielle du premier tour, et font des allocutions dans la matinée[126].
154
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+ C'est la première fois qu'une présidentielle se déroule sous état d'urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre 2015. À la suite de l'attentat sur l'avenue des Champs-Élysées, le ministère français de l'Intérieur renforce le dispositif chargé d'assurer la sécurité des deux tours de l'élection[127]. Plus de 50 000 policiers et gendarmes (dont 12 000 dans l'agglomération parisienne), appuyés par 7 000 militaires de l'opération Sentinelle sont mobilisés pour sécuriser les 67 000 lieux de vote[127], ce qui correspond à un quart des effectifs totaux des forces de l'ordre en France[128]. Plusieurs maires prennent à leur charge le coût d'agents de sécurité privée et de vigiles supplémentaires déployés au niveau des lieux de vote[129].
156
+
157
+ Le vote débute le samedi 22 avril à 8 h du matin (12 h heure de Paris) à Saint-Pierre-et-Miquelon, suivi de la Guyane, des Antilles et des Amériques[130],[131]. Si la participation semble faible en Guyane, qui sort juste d'un long conflit social[132], l'affluence est importante au Canada, notamment à Montréal où l'attente devant les bureaux de vote dépasse deux heures[133].
158
+
159
+ Après les résultats du premier tour qualifiant Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les marchés réagissent positivement en France et à l'étranger[134].
160
+
161
+ Dès le soir du 23 avril 2017, François Fillon et Benoît Hamon appellent à voter pour Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen[135]. Les autres candidats éliminés ne donnent alors aucune consigne de vote.
162
+
163
+ Jean-Luc Mélenchon appelle les 450 000 personnes qui l'ont investi via une plateforme numérique comme candidat à la présidentielle à se prononcer pour décider de la position du mouvement au second tour[135]. Le 28 avril, il annonce qu'il ira voter et qu'il « ne voter[a] pas FN » mais ne donne pas de consigne de vote[136], certains analystes estimant que ses propos indiquaient qu'il voterait personnellement pour Macron[137]. Nathalie Arthaud annonce qu'elle votera blanc tandis que Jacques Cheminade indique qu'il refusait à titre personnel de voter en faveur de Marine Le Pen[135]. Le 28 avril, Nicolas Dupont-Aignan annonce qu'il soutient Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, précisant avoir signé un « accord de gouvernement élargi » avec la candidate du Front national[138]. Jean Lassalle indique quant à lui qu'il votera blanc au second tour[139].
164
+
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+ La LICRA, SOS Racisme[140], le CRIF[141], le CFCM et l'UOIF ont appelé à voter en faveur d'Emmanuel Macron[142],[143].
166
+
167
+ Le 27 avril 2017 Emmanuel Macron a obtenu le soutien « exigeant » de 150 politiques « anti-Le Pen » d'horizons variés[144]. Le 30 avril, le centriste Jean-Louis Borloo, ancien ministre, déclare qu'il s'« engage à fond » en faveur de Macron[145].
168
+
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+ Marine Le Pen reçoit le soutien de plusieurs mouvements et personnalités de droite parmi lesquels Nicolas Dupont-Aignan qui annonce le 28 avril qu'il soutient Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, précisant avoir signé un « accord de gouvernement élargi » avec la candidate du Front national[138]. Marine Le Pen annonce le lendemain qu'elle nommera Dupont-Aignan Premier ministre en cas de victoire[146]. D'autres comme Christine Boutin[147] (qui annonce que son « objectif c'est d'affaiblir Emmanuel Macron »[148]), Jacques Bompard[149], Marie-France Garaud[150], Bruno North (CNIP)[151], Françoise Hostalier[152], Christian Vanneste[153], Jean-Paul Brighelli[154] ou encore Henry de Lesquen[155] appellent à voter pour la candidate.
170
+
171
+ Au sein des Républicains, une division interne sur les consignes de vote de François Fillon a lieu. Même si la grande majorité des figures du parti annonce qu'elle va voter Macron, d'autres comme Laurent Wauquiez[156] ou Éric Ciotti[156] refusent de donner des consignes de vote. Il y a également ceux qui appellent à voter blanc et qui s'engagent contre Emmanuel Macron comme Lionnel Luca[157], Georges Fenech[158], Nadine Morano[156], Nicolas Dhuicq[159], Guillaume Larrivé[159], Brice Hortefeux[159], Jacques Myard[159], Yannick Moreau[160] ou encore Henri Guaino[161]. De même, Jean-Frédéric Poisson, responsable du Parti chrétien-démocrate, membre associé de LR, annonce qu'il refuse de soutenir Macron[156].
172
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173
+ Traditionnellement (depuis 1974 et à l'exception notable de l'élection de 2002), un débat télévisé entre les deux finalistes a lieu quelques jours avant ce second tour. Contrairement à Jacques Chirac, qui avait refusé de débattre face au candidat du Front national en 2002, Emmanuel Macron accepte le débat face à Marine Le Pen[162]. Le débat se déroule le 3 mai 2017 à partir de 21 h pour une durée de 2 h 20, et est diffusé sur TF1, France 2 et les chaînes d'information en continu[163]. TF1 et France 2 ont proposé que le débat soit animé par Gilles Bouleau et David Pujadas mais, après la réserve du CSA sur la mise en place d'un duo qui ne soit pas mixte, les deux chaînes s'accordent finalement sur une paire composée de Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq[163].
174
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175
+ Le 4 mai 2017, Emmanuel Macron obtient le soutien de Barack Obama[164]. Mais l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron commet une erreur en traduisant les « liberal values » évoquées par Barack Obama par « valeurs libérales », là où il aurait plutôt fallu lire « valeurs progressistes », le mot « libéral » n'ayant pas du tout le même sens des deux côtés de l'Atlantique[165].
176
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177
+ Plusieurs fausses informations se sont répandues pendant la campagne, notamment de la part du FN et de certains internautes[166]. Ainsi, expliquent notamment Samuel Laurent et Adrien Sénécat dans Le Monde : « À lui seul, Emmanuel Macron a été ciblé par toute une gamme d'attaques. On a ainsi tenté de lui trouver de prétendues « affaires » (une première rumeur de compte offshore juste avant le premier tour et un prétendu « cadeau fiscal » de 14 milliards d'euros à Patrick Drahi) ; des propositions impopulaires lui ont été imputées à tort (par exemple le souhait de faire entrer la Turquie dans l'Europe ou une supposée « taxe sur les loyers fictifs » pour les propriétaires) ; d'autres, enfin, ont été montées de toutes pièces pour écorner son image, tel son prétendu refus de serrer des mains d'ouvriers ou le financement de sa campagne par l'Arabie saoudite »[167].
178
+
179
+ Après le débat du 3 mai entre les deux adversaires du deuxième tour, plusieurs médias démontrent la façon dont une simple rumeur, totalement fabriquée, sur un compte bancaire caché que posséderait Emmanuel Macron aux Bahamas, est arrivée dans les propos de Marine Le Pen dans les derniers instants de ce débat[168],[169],[170],[171]. Le lendemain du débat Emmanuel Macron porte « plainte contre X » pour « propagation de fausse nouvelle »[172].
180
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181
+ Quatre chercheurs, Oscar Barrera et Ekaterina Zhuravskaya de l'École d'économie de Paris et Sergei Guriev et Emeric Henry de Sciences Po Paris, établissent, à partir d'une étude menée auprès de 2 500 électeurs sur les fausses informations prononcées par Marine Le Pen sur l'immigration, que « le fact-checking échoue complètement à contrecarrer l'effet persuasif des arguments populistes fondés sur les faits alternatifs »[173].
182
+
183
+ Un rapport présenté le 25 avril 2017 par l'entreprise japonaise de cybersécurité Trend Micro affirme qu'En marche a été la cible de tentatives d'hameçonnage en mars[174]. Selon Trend Micro, le responsable de ces attaques informatiques est le groupe de hackers russes Pawn Storm, également connu sous le nom de Fancy Bears, Tsar Team ou APT28, déjà accusé d'avoir visé le Parti démocrate durant la campagne présidentielle d'Hillary Clinton aux États-Unis[174]. Ce groupe est soupçonné de liens avec les services de sécurité russes, ce qui serait le signe de la volonté de Moscou d'influencer les scrutins des pays occidentaux. Le porte-parole du Kremlin nie toute implication dans la campagne française[174].
184
+
185
+ Le 5 mai 2017, des milliers de documents internes à l'équipe d'Emmanuel Macron (e-mails, photos et documents comptables représentant 9 gigaoctets de données) sont postés sur Pastebin, un site qui permet le partage anonyme de documents[175],[176],[177]. Ces documents sont relayés à 20 h 35 par le forum 4chan, notamment fréquenté par l'extrême droite américaine et par des comptes Twitter pro-Trump (mais aussi fréquenté par des milliers d'autres personnes), avec la mention « #MacronLeaks », avant d'être relayés à 21 h 31 par WikiLeaks, qui leur donne une visibilité mondiale, et à 23 h 40 par Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen[175],[176]. Dans un communiqué de presse diffusé à 23 h 55, quelques minutes avant la clôture de la campagne officielle, l'équipe d'Emmanuel Macron annonce avoir été « victime d'une action de piratage massive et coordonnée donnant lieu ce soir à la diffusion sur les réseaux sociaux d'informations internes de nature diverse (mails, documents comptables, contrats...) »[175],[178],[176]. Elle prévient que « ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation »[178],[176]. Le 6 mai, la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale demande aux organes de presse « de ne pas rendre compte du contenu de ces données, en rappelant que la diffusion de fausses informations est susceptible de tomber sous le coup de la loi, notamment pénale »[178].
186
+
187
+ Le 2 juin 2017, par l'intermédiaire de son directeur, Guillaume Poupard, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) fait savoir que « l'attaque était si générique et simple qu’elle pourrait être quasiment l’œuvre de n'importe qui », affirmant n'avoir aucune certitude concernant l'origine de l'attaque[179],[180].
188
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189
+ De nombreux observateurs soulignent ou s'interrogent sur l'intérêt médiatique dont Emmanuel Macron ferait l'objet[24],[192],[193],[194],[195]. Mediapart relève que « presque une cinquantaine de couvertures de magazine » lui sont consacrées entre novembre 2016 et janvier 2017, contre « une poignée » pour Jean-Luc Mélenchon, généralement situé une position derrière lui dans les intentions de vote et qui rencontre un succès similaire dans les meetings et sur internet[196]. Emmanuel Macron est parfois présenté comme étant le « candidat des médias »[197],[198],[199],[200], parmi lesquels il bénéficie du soutien de Xavier Niel et Pierre Bergé, copropriétaires du groupe Le Monde[197], et de Claude Perdriel, ancien propriétaire du Nouvel Observateur[201]. Divers documents et articles d'analyse montrent comment sa stratégie de campagne électorale est développée selon des méthodes marketing, le candidat étant lancé comme un produit commercial[202]. Derrière la gestion de cette communication, est mis en avant le savoir-faire de Maurice Lévy, PDG de Publicis Groupe, qui compte parmi ses conseillers[203],[204]. Il recueille des soutiens y compris dans des titres de la presse américaine et britannique tels que le Financial Times ou Foreign Policy[205],[206]. Le magazine Marianne montre que BFM TV, dont l'un des actionnaires de référence est Patrick Drahi, diffuse au total autant de minutes de meetings du candidat Macron que de l'ensemble de ses quatre principaux concurrents réunis, ce qu'il qualifie de « véritable matraquage télévisuel »[207]. Le fait que Bernard Mourad, ancien dirigeant du groupe de médias de Patrick Drahi, ait rejoint en tant que conseiller l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, ainsi qu'une poignée de main échangée avec Ruth Elkrief renforcent les interrogations sur ses liens avec les journalistes et les médias[208],[209].
190
+
191
+ Beaucoup d’articles, d’émissions, de débats sont effectués/ont lieu lors de cette élection. Les audiences des médias traditionnels sont excellentes, TF1 et France 2 ayant réuni 15 millions de téléspectateurs lors du débat du second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron[210]. Le plus grand succès intervient sur les sites internet et cette élection marque une évolution des moyens de communication des politiques vers les électeurs : par exemple, Jean Luc Mélenchon créé une chaîne YouTube afin de se démarquer des autres candidats et de toucher un public plus jeune[211].
192
+
193
+ À travers cette campagne, l’attitude des médias est remise en cause. L'impression que ceux-ci ont influencé les résultats de l’élection règne en France, particulièrement chez les partis politiques défaits. C’est notamment le cas chez les Républicains, qui remettent en cause l’objectivité de la presse, en particulier en raison de l’importance du traitement, du choix du temps et de la rapidité de la mise en examen du candidat LR dans l’affaire Fillon. Le 6 février 2017, François Fillon reproche aux journalistes de l’avoir « lynché et de l’« assassiner politiquement »[212]. Les électeurs de Marine Le Pen partagent en grande partie ce point de vue. Dans l’entre-deux-tours, Marine Le Pen critique également les médias, et plus précisément BFM TV, déclarant : « Les médias se déchaînent pour tenter de nous atteindre de leurs flèches venimeuses. Mais vous connaissez leurs méthodes : dès la fin de la diffusion de ce meeting d'ailleurs, certaines chaînes, BFMTV sûrement, le feront commenter par un plateau d'éditorialistes dont ils savent très bien qu'ils sont des militants de longue date contre nous, contre les électeurs patriotes »[213].
194
+
195
+ En février 2017, le politologue Thomas Guénolé, à l'époque soutien de Jean-Luc Mélenchon, affirme à partir d'une analyse quantitative comparée du taux d'exposition médiatique d'Emmanuel Macron, qu'il a existé d'avril à septembre 2016 une « bulle médiatique » en faveur de ce dernier[214]. Il qualifie par la suite cette « bulle médiatique » de « matraquage publicitaire massif »[215].
196
+
197
+ Analysant trente semaines de couverture de la campagne par le Journal de 20 heures de TF1, l'universitaire Christophe Piar relève que celui-ci a consacré à Emmanuel Macron 1 644 minutes : « À titre de comparaison, sur des périodes équivalentes, le journal de 20 heures de la même chaîne avait consacré 1 122 minutes à la présidentielle de 1981, 1 021 minutes à celle de 1988, 1 553 minutes à celle de 1995, 1 017 minutes à celle de 2002 et 1 160 minutes à celle de 2007. Les données manquent pour l'élection de 2012, mais on peut avancer l'hypothèse que le traitement a été inférieur à celui de la campagne de 2017 du fait d'un suspense limité quant à l'issue du scrutin. Ainsi, marquée par l'organisation inédite d'une primaire « ouverte » par les Républicains et par celle du Parti socialiste et de ses alliés, la campagne de 2017 bénéficie très probablement du niveau de visibilité le plus élevé de toutes les présidentielles depuis 1981 »[216].
198
+
199
+ De février à avril 2017, les utilisations d'hologrammes par Jean-Luc Mélenchon et son équipe provoquent la surprise positive des professionnels de la communication, lui permettant un beau succès d'audience sur les réseaux sociaux et les sites de vidéo en ligne[217].
200
+
201
+ Lors du premier tour de l'élection, les estimations données à 20 h par les médias français, à partir d'estimations fournies par les instituts de sondages[226],[227], confirmées par les données communiquées par le ministère de l'Intérieur dans la nuit, donnent qualifiés pour le second tour[228] :
202
+
203
+ Emmanuel Macron
204
+
205
+ Marine Le Pen
206
+
207
+ Des estimations sensiblement différentes ont été publiées à 20 h concernant le score de la candidate du FN (23 % sur TF1, 21,7 % sur France 2, etc.). Le ministère de l'Intérieur annonçant à 20 h 23 une avance de la candidate du FN à 25,06 % mais sur la base de 6,7 millions de bulletins dépouillés. La tendance ne s'inverse qu'en soirée avec la prise en compte des bureaux de vote fermant à 20 h avec Macron à 23,11 % devançant pour la première fois Le Pen à 23,07 % à 23 h 35 sur la base de 76 % des inscrits[229].
208
+
209
+ Malgré une interdiction légale sur le territoire français, la RTBF diffuse des estimations de résultats sur Internet vers 18 h, sans indiquer de sources. Elle estime que « son rôle n'est pas de taire ces chiffres »[230]. Les entreprises de sondages françaises affirment pour leur part ne pas avoir communiqué de données[231].
210
+
211
+ Seuls les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel, lors de la conférence de presse de son président Laurent Fabius le 10 mai (à 17 h 30), ont valeur officielle[232]. Ce jour-là, le Conseil constitutionnel proclame officiellement l'élection d'Emmanuel Macron sans modifier les résultats de l'élection[233].
212
+
213
+ Candidats arrivés en tête dans chaque département au 1er tour.
214
+
215
+ Candidats arrivés en deuxième position dans chaque département au 1er tour.
216
+
217
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
218
+
219
+ Candidats arrivés en tête dans chaque région métropolitaine au 1er tour.
220
+
221
+ Candidats arrivés en deuxième position dans chaque région m��tropolitaine au 1er tour.
222
+
223
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
224
+
225
+ Candidats arrivés en tête dans chaque circonscription législative au 1er tour.
226
+
227
+ Candidats arrivés en tête dans chaque commune au 1er tour.
228
+
229
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
230
+
231
+ Emmanuel Macron ;
232
+ Marine Le Pen ;
233
+ François Fillon ;
234
+ Jean-Luc Mélenchon.
235
+
236
+ Les grandes villes ont davantage voté pour Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon que pour Marine Le Pen et François Fillon. Emmanuel Macron est en tête à Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Nantes[237]. Bien que quatrième au plan national, Jean-Luc Mélenchon se classe premier à Marseille, Toulouse, Lille, Montpellier et Grenoble[238].
237
+
238
+ Candidats arrivés en tête dans chaque département au 2d tour.
239
+
240
+ Candidats arrivés en tête dans chaque région métropolitaine au 2d tour.
241
+
242
+ Candidats arrivés en tête dans chaque commune de France métropolitaine au 2d tour.
243
+
244
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
245
+
246
+ Emmanuel Macron ;
247
+ Marine Le Pen.
248
+
249
+ Les grandes métropoles votent massivement pour Emmanuel Macron : 89,7 % à Paris, 84,1 % à Lyon, 82,9 % à Toulouse, 85,9 % à Bordeaux, 86,5 % à Nantes, 88,4 % à Rennes. Le géographe Christophe Guilluy y voit une confirmation de l'opposition entre les métropoles — qui bénéficient de la mondialisation et où la présence populaire s'est extrêmement réduite —, qui vote pour Emmanuel Macron, et « la France périphérique », qui vote pour Marine Le Pen[239].
250
+
251
+ Le taux d'abstention du premier tour est de 22,2 % et celui du second tour de 25,4 %[240].
252
+
253
+ Les jeunes représentent la plus grande part des abstentionnistes : 29 % chez les 18-24 ans et 28 % des 25-34 ans) ne se sont pas déplacés au premier tour de la présidentielle selon l'Ipsos. Ce sont les retraités qui comptent la plus forte participation (87 %). La tendance est la même au second tour[241].
254
+
255
+ Les catégories socioprofessionnelles jouent un rôle sur l'abstention. Plus le statut social est élevé plus la participation aux élections est importante. Lorsque le niveau de revenu du foyer est inférieur à 1 250 € par mois, le taux d'abstention est de 30 %. De 26 % dans la tranche 1 250 €-2 000 €, 20 % dans la tranche de 2000 à 3 000 € et de 16 % au sein des foyers qui disposent d'un revenu mensuel supérieur à 3 000 €. En effet, le taux d'abstention est dégressif lorsque le revenu du foyer augmente. Ainsi l'Ipsos recense 29 % d'abstentionnistes chez les employés et les ouvriers, pour 21 % chez les cadres et 22 % chez les professions intermédiaires. De plus, n'ont pas voté 28 % de ceux qui disent « s'en sortir très difficilement avec les revenus du ménage » ; ce pourcentage est de 18 % parmi ceux qui disent s'en sortir « facilement »[242]. Ces chiffres sont similaires au second tour[241].
256
+
257
+ Selon Ipsos, le candidat d'En marche aurait réuni plus de 20 % des suffrages dans toutes les tranches d'âge à partir de 25 ans.
258
+
259
+ Du côté socioprofessionnel, il aurait séduit un cadre sur trois (jusqu’à 39 % selon BVA), un quart des « professionnels intermédiaires » et des retraités, un salarié sur quart (public comme privé) et un quart des électeurs « à leur compte ». Au second tour, 74 % des retraités auraient voté pour lui, dont 78 % pour les 70 ans et plus[243].
260
+
261
+ Il aurait récolté la majorité des suffrages chez les électeurs plus aisés, c'est-à-dire ceux dont le revenu mensuel du foyer est compris entre 2 000 € et 3 000 € (25 %) ou supérieur à 3 000 € (35 %), mais aussi un tiers de ceux qui déclarent « s'en sortir facilement » avec les revenus du ménage et 35 % de ceux de la « France optimiste » (vivent bien et pensent que la prochaine génération vivra mieux encore). Au second tour, il enregistre également ses meilleurs résultats auprès de ceux qui déclarent « s’en sortir facilement avec les revenus du ménage » (79 %)[244].
262
+
263
+ Selon l’institut Ipsos, Marine Le Pen obtient 21 % chez les 18-24 ans contre 30 % pour Jean-Luc Mélenchon. Cependant, d’après OpinionWay, elle arrive en tête chez les 18-34 ans avec 26 %, contre 25 % pour Jean-Luc Mélenchon[245]. Ipsos indique qu’elle arrive en tête chez les 35-49 ans, avec 29 %, et les 50-59 ans, avec 27 %.
264
+
265
+ D’après Ipsos, Marine Le Pen a séduit un tiers des employés (32 %), mais surtout la majorité des salariés privés (26 %) et des ouvriers (39 %)[242]. Selon BVA, les ouvriers ont voté pour elle à 45 %, largement devant Jean-Luc Mélenchon (21 %)[245]. Ipsos indique que 32 % des électeurs qui vivent dans un foyer possédant moins de 1 250 euros de revenus mensuels ont voté pour elle, devant Jean-Luc Mélenchon (25 %)[245].
266
+
267
+ François Fillon apparaît comme le candidat de l'électorat âgé selon Ipsos, 45 % des suffrages des plus de 70 ans et plus, et 36 % chez les retraités. Dans les autres catégories d'âge, il n'aurait pas obtenu plus de 25 %. Selon BVA et OpinionWay, il a obtenu 41 % du vote des 65��ans et plus, devant Emmanuel Macron[245].
268
+
269
+ Par rapport aux catégories socioprofessionnelles, il est devancé (24 %) par Emmanuel Macron (30 %). Les plus riches ont davantage voté en faveur d’Emmanuel Macron que pour lui[242],[245].
270
+
271
+ D’après Ipsos et BVA, Jean-Luc Mélenchon devance la candidate du FN chez les 18-24 ans, avec respectivement 30 % et 27 %[245]. Cependant, OpinionWay indique qu’il arrive derrière Marine Le Pen chez les 18-34 ans[245].
272
+
273
+ Ipsos indique qu'il arrive en tête chez les chômeurs (31 %), et qu’il dépasse les 20 % auprès des professionnels intermédiaires (22 %), des employés (22 %) et des ouvriers (24 %). Il est largement devancé par Marine Le Pen au sein de la classe ouvrière[245]. Toujours d’après Ipsos, Jean-Luc Mélenchon aurait remporté les voix d'un électeur sur quatre dans les deux tranches de revenus inférieures (revenus du foyer en dessous de 1 250 € ou compris entre 1 250 € et 2 000 €)[242].
274
+
275
+ Au second tour, Emmanuel Macron a bénéficié du report de 71 % des voix de Benoît Hamon, de 52 % de Jean-Luc Mélenchon et de 48 % de François Fillon. Ces reports ont encore été plus massifs dans les grandes villes bourgeoises[239].
276
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277
+ Le Monde estime que « rarement le souverainisme n'aura été aussi présent dans une campagne présidentielle »[247]. Certains analystes considèrent que cette élection traduit une progression notable du souverainisme et du populisme[248],[249],[250]. Olivier Costa relève que « les enjeux européens ont émergé comme la toile de fond de la campagne, dans le contexte de la montée du populisme et de l'euroscepticisme sur le continent européen » : alors que cinq candidats appellent implicitement ou explicitement au retrait de la France de l'Union européenne (François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Philippe Poutou), seuls François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron ont adopté une « position modérée » sur l'Union européenne[251].
278
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279
+ Pour le géographe Christophe Guilluy, l'élection présidentielle de 2017 achève la recomposition politique de l'électorat et la perte de signification de la dichotomie droite/gauche. Celle-ci est particulièrement visible au second tour : la bourgeoisie conservatrice (Fillon) et la bourgeoise progressiste (Hamon et partiellement Mélenchon) vote Emmanuel Macron[239]. Celui-ci parvient également à faire le plein de voix avec les catégories protégées de la mondialisation : les retraités (74 %) et les fonctionnaires (61 %), qui lui offrent la victoire[239]. En face, Marine Le Pen obtient ses meilleurs résultats chez les électeurs affirmant s'en sortir « très difficilement » (69 %), les ouvriers (56 %) et les employés (46 %)[239].
280
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281
+ On relève plusieurs cas de violence policière à Paris et à Rennes la nuit du 24 avril[252],[253].
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283
+ Dès l'annonce des résultats du premier tour, des groupes hétéroclites de casseurs, de militants antifascistes et de partisans de Jean-Luc Mélenchon se rassemblent dans l'Est parisien pour protester contre la présence de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron au second tour. Des dégradations de mobilier urbain, de magasins et de véhicules privés ont lieu en marge de ces manifestations, dans certains quartiers de Paris (Stalingrad, Belleville)[254].
284
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285
+ Le lundi 24 avril, le CAC 40 gagne 4,1 % dès l'ouverture, poussé vers le haut par les valeurs bancaires prenant entre 7 et 9 % ; les marchés sont en effet rassurés par la victoire considérée comme probable d'Emmanuel Macron[255].
286
+
287
+ En novembre 2016, alors qu'Emmanuel Macron organise des collectes de fonds et récolte des dons de particuliers qui dépassent le budget de François Fillon ou Alain Juppé pour la primaire de la droite[265],[266],[267], Benoît Hamon presse le candidat d'En marche de révéler la liste de ses donateurs, mettant entre autres en avant les conflits d'intérêts possibles liés à son statut d'ancien associé de la banque Rothschild[268]. Ce dernier refuse cette transparence taxant la demande de « démagogique »[269].
288
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289
+ Dans leur ouvrage intitulé Dans l'enfer de Bercy, les journalistes Marion L'Hour et Frédéric Says relèvent qu'Emmanuel Macron a utilisé à lui seul 80 % de l'enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère, soit plus de 120 000 € en huit mois en organisant de nombreux dîners[270],[271],[272]. Il est alors accusé par les députés Christian Jacob (LR) et Philippe Vigier (UDI) d'avoir utilisé cet argent pour mettre en avant En marche. Il affirme n'avoir rien à se reprocher et que les 120 000 euros dépensés lui ont servi à « recevoir [ses] homologues, des entrepreneurs, des femmes et des hommes de la vie française » dans le cadre de son rôle de ministre[273],[274]. Selon Le Monde, Macron aurait pu cibler « des interlocuteurs plus susceptibles de l'aider à préparer sa future campagne présidentielle qu'à alimenter ses activités de ministre » et dépensé 80 % du budget annuel de fonctionnement de son ministère en huit mois, mais il est peu probable qu'il soit poursuivi[274]. S'il confirme les dépenses, son successeur au ministère de l'Économie Michel Sapin n'y voit quant à lui rien d'illégal, considérant que Macron « n'a pas dépensé plus » d'argent qu'il n'en avait le droit. Il déplore en revanche son désengagement vis-à-vis de ses fonctions lors de ses derniers mois au ministère[275]. Emmanuel Macron répond qu'il s'agit de propos diffamatoires, qu'« aucun centime » de son budget ministériel n'a été dépensé pour soutenir son parti et qu'il s'est montré très actif « comme doit l'être un ministre », voyageant notamment beaucoup[271].
290
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291
+ Les comptes de campagne sont publiés en août 2017. Ils sont validés tels que ci-dessous par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques en janvier 2018 :
292
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293
+ Mediapart indique en avril 2018 que la société d'événementiel GL events a accordé à Emmanuel Macron des remises particulièrement élevées pour des locations de salle et du matériel destiné aux meetings[287]. Ces remises allaient parfois jusqu'à 100 %[287]. Cette société est dirigée par Olivier Ginon, « proche de Gérard Collomb et aujourd'hui très en cour à l'Élysée » selon Mediapart[287]. Les médias révèlent ensuite que d'autres prestataires lui ont accordé de telles remises, qui s'élèvent à un total de plus de 200 000 euros[288]. Dans un communiqué publié quelques jours plus tard, la CNCCFP affirme que les remises obtenues sont « acceptables » et ne constituent « pas des participations illicites au financement » de la campagne d'Emmanuel Macron[289].
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+ En mai 2019, une analyse plus détaillée des comptes du candidat Macron montre que la moitié (48 %) de sa campagne a été financée par des grands donateurs (environ 800). Il est notamment observé une surreprésentation de Paris dans le total, France Culture indiquant : « 6,3 millions d'euros ont été donnés au candidat par un peu plus de 15 000 habitants de la capitale. C'est quasiment la moitié des fonds collectés en France ». Cette prépondérance des grands donateurs contredit les déclarations du candidat qui affirmait qu'« une très grande majorité est constituée de petits dons autour de 40, 50 euros et il y a 5 % des dons qui dépassent 1 000 euros », voulant faire croire de cette manière que sa campagne était financée par le grand public[290].
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+ L'élection est la désignation, par le vote d'électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti politique) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom.
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+ La population concernée transfère par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué (fonction censée être par ailleurs définie et orientée par le biais d'un programme politique).
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+ Le terme « Élection » provient du verbe latin « eligere » (choisir) et du substantif « electio » (choix).
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+ Dans les cités de l’antiquité, l’élection est à l’origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix des membres du peuple pour l’exercice de la fonction de magistrat (de « commandeur ») s’effectue normalement par tirage au sort et non pas par vote ou élection.
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+ Contrairement à une idée reçue en France (liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en Occident tout au long du Moyen Âge[1] et, dans une moindre mesure, à l'époque moderne[2]. Elles ont une place très importante dans l'Église catholique, puisque les évêques sont traditionnellement élus « par le clergé et par le peuple » (en fait par les chanoines des églises cathédrales), les abbés par le chapitre monastique et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par les cardinaux[3]. Les institutions municipales, les corporations, les assemblées représentatives de toute sorte procèdent à des élections[4].
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+ Alors que la légitimité monarchique - repose sur le droit divin - a largement supplanté la conception aristocratique républicaine, l’élection du souverain perdure cependant pour la désignation de l’empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique.
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+ Avec la contestation de la légitimité monarchique et particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des Lumières et l’avènement du libéralisme sous ses multiples formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à réintroduire et à retravailler le concept d’élection. Néanmoins, à l'époque révolutionnaire, l'élection, en tant que modalité de désignation des dirigeants politiques, n'est pas considérée comme démocratique par excellence. Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux régimes démocratiques-libéraux actuels considéraient les structures institutionnelles prévalant aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur l'idée de représentation -et donc sur l'élection-. Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs, pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le mieux à même de discerner le véritable intérêt du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes susceptibles de sacrifier cet intérêt à des considérations éphémères et partiales[5] ». En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu célèbre pour ses discours enflammés contre la démocratie, et sa défense acharnée de la représentation, conçue comme un régime politique particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau, défendent a contrario « la » démocratie, conçue comme la participation la plus directe du peuple aux affaires publiques. En France, ces conceptions demeurent à peu près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une évolution importante des conceptions intellectuelles du terme « démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant extrêmement discutée. C'est la Troisième République qui, en ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la durée, finit par amener une synthèse entre la « Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les mêmes que sous la Révolution, et la démocratie, considérée comme assurée par le suffrage universel masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage, jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie représentative, plutôt que de démocratie tout court, lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe -l'expression étant discutée- correspond donc à la conception révolutionnaire du terme démocratie.
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+ En France, l'élection est un mode de détermination répandu dans nombre d'organisations de toutes tailles :
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+ Chaque fois que les choix offerts à un collectif de personnes reflètent une pluralité -sauf à admettre une préséance en vertu de la pensée unique ou de la loi du plus fort- la nécessité de trancher entre plusieurs options différentes voire divergentes pose la question des modalités de décision.
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+ D'ordinaire, dans les démocraties modernes, le processus électoral comprend un certain nombre de phases dont :
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+ L'installation de l'organisme de gestion des élections est une étape très importante vers l'organisation des élections dans le pays où les autorités ne peuvent pas organiser les élections.
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+ La plupart des pays qui sortent d'un conflit ont des organes de gestion des élections sous forme d'une commission électorale indépendante (CEI).
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+
25
+ Le cadre juridique comprend habituellement quatre niveaux, à savoir : la constitution, les lois applicables[6], des règlements et des codes d'éthique. Ce cadre comprend en particulier les règles qui définissent les paramètres majeurs que sont l'établissement du découpage électoral et celui des listes électorales.
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+
27
+ Il s'agit de déterminer la source de la « compétence » et/ou de la « représentativité » des votants. Face à une pluralité de choix possibles, deux questions surgissent :
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+
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+ Cette question de la compétence détermine directement le droit d'inscription sur les listes électorales.
30
+
31
+ Une disposition peut prévoir qu'en cas de partage des voix, la voix du président soit prépondérante : Pour éviter le blocage, le vote du président est réputé faire basculer la décision. D'autres méthodes d'organisation des élections existent mais sont peu utilisées : scrutin à vote unique transférable, vote alternatif, Jugement Majoritaire, méthode Condorcet, méthode Borda, méthode de Coombs, etc.
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+
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+ Il s'agit de choisir une personne parmi plusieurs : modalités de candidature, campagne électorale.
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+
35
+ L'inscription des électeurs consiste à recenser tous les citoyens qui ont la qualité d'électeur, afin de dresser les listes électorales qui seront utilisées dans les bureaux de vote, le jour du scrutin.
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+
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+ La deuxième grande étape du processus électoral est celle de l'inscription des candidats. Cette étape est le plus souvent réglementée, par une loi électorale, qui fixe les obligatoires nécessaires pour devenir candidats, la durée des élections, etc.
38
+
39
+ Le financement des partis politiques est le financement octroyé par l'État ou l'électorat pour soutenir la campagne électorale des partis politiques. Il peut permettre de mettre les candidats et les partis politiques sur un pied d'égalité. Son utilisation est le plus souvent soumis aux règles de la comptabilité publique et chaque candidat ou parti politique doit en justifier l'utilisation.
40
+
41
+ Les campagnes d'éducations civiques et électorales se définissent comme un ensemble d'activités éducatives, de sensibilisation et d'information pour le processus électoral.
42
+
43
+ Elle s'adresse à tous les électeurs sur toute l'étendue du territoire national. Elle vise à motiver, à préparer l'électorat d'aller voter et à faire valoir sa voix de façon éclairée.
44
+
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+ La campagne électorale est l'opération par laquelle les différents candidats présentent leurs programmes d'action afin de recueillir le plus grand nombre de voix et remporter éventuellement le scrutin.
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+
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+ La campagne électorale s'effectue principalement dans les médias.
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+
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+ La phase électorale soit la période durant laquelle se déroule le scrutin à savoir :
50
+
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+ C'est avec la publication des résultats, que se termine le processus électoral proprement dit. En France, celle-ci est effectuée par la Haute Cour de justice et dans le Journal officiel de la République française.
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+ Bien que peu de lois électorales les y obligent, les autorités électorales ont un avantage à publier un rapport complet de l'évènement électoral.
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+
55
+ Ce rapport comprend les détails des résultats obtenus par les candidats dans tous les bureaux de vote, ainsi que le taux de vote de participation exacte dans chaque section de vote.
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+ Le vote est un droit et un devoir qui consiste à donner son avis en affirmant son soutien à un candidat (généralement en secret) en déposant un bulletin de vote dans l'urne électorale.
58
+
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+ La question de la durée du mandat est régulièrement évoquée . D'un pays à l'autre les formules sont diverses : 4 ans , 5 ans (quinquennat), 7 ans (septennat)
60
+
61
+ Combien de mandats publics peut détenir un même élu ? La question reste controversée:
62
+
63
+ Les adversaires du cumul pointent l'impossibilité pratique pour une même personne de se consacrer totalement à un trop grand nombre d'engagements.
64
+
65
+ Ainsi les maires de grandes agglomération disposent-ils d'un temps résiduel suffisant pour s'engager dans d'autres services à la collectivité ?
66
+
67
+ Les partisans du cumul font valoir l'intérêt de la complémentarité entre certains mandats. Exemple sénateur et maire d'une petite agglomération.
68
+
69
+ Certains pays limitent le nombre de réélections de leurs présidents (États-Unis[7], Mexique, etc.).
70
+
71
+ Toute population est amenée à évoluer dans le temps et dans l'espace, ce qui n'est pas sans conséquence à terme sur la validité d'un découpage électoral.
72
+ Celui-ci peut perdre son caractère équitable :
73
+
74
+ Dans toute élection, le phénomène de l'abstention peut avoir un impact important dans la mesure où le vote exprimé peut apparaitre illégitime si le taux d'abstention est trop élevé : Dans cette hypothèse le vote n'est plus que l'expression d'une minorité.
75
+
76
+ En théorie la candidature est libre ou en tous cas se fait dans des conditions de stricte égalité pour tous. Sauf que certains candidats sont le représentant officiel d'un parti ou bénéficient de son soutien officieux. La procédure est souvent dénoncée comme étant le reflet de décisions prises à l'échelon central : Le phénomène des parachutages étant l'exemple caractéristique de telles décisions.
77
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78
+ Certains proposent donc que les candidatures puissent donner lieu à débat et fassent l'objet d'un désignation ouverte et publique peu avant l'ouverture de la campagne officielle : Ainsi en France, le Parti socialiste a organisé deux élections primaires pour désigner son candidat à l'élection présidentielle.
79
+
80
+ La nécessité pour le candidat de rassembler les suffrages conduit généralement celui-ci - en dehors de quelques mesures hautement symboliques - à confectionner un programme relativement consensuel.
81
+
82
+ L'autre argument mis souvent en avant serait que l'électeur vote non pas pour un programme mais vise à élire une personnalité.
83
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84
+ Certains partisans de la « realpolitik » font cyniquement remarquer que « les promesses n'engagent que ceux qui les croient » [8]
85
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86
+ D'autres pointent que le programme du candidat -souvent l'émanation d'une équipe centrale de campagne- n'est pas suffisamment proche de l'électeur de « base ». Et proposent que celui-ci puisse contribuer plus efficacement par le canal et les méthodes de la démocratie participative
87
+
88
+ Pour l'Américain Noam Chomsky : « les élections sont conduites par l'industrie des relations publiques qui vantent les candidats à la manière des spots télés. Le but du marketing est de créer des consommateurs non informés faisant des choix irrationnels, infirmant ainsi l'existence de marchés que nous avons appris à révérer, ceux dans lesquels des consommateurs informés font des choix rationnels. Les mêmes techniques sont utilisées pour saper la démocratie[9]. »
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+ L'usage fréquent des sondages peut perturber l'opinion et créer chez les électeurs les plus indécis des mouvements d'adhésion ou de rejet fondés sur l'idée -fausse- que l'élection est jouée.
91
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92
+ L'effet Band wagon - mot à mot « le wagon où se trouve l'orchestre » - laisse entendre qu'une fraction non négligeable des indécis est particulièrement sensible aux choix déjà effectués par d'autres et se décide en définitive en « volant au secours de la victoire »
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+ Certains codes électoraux réglementent plus ou moins strictement l'usage de sondages en période électorale, voire les interdisent dans la période précédant immédiatement le scrutin.
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+ L'économiste William D. Nordhaus soutient que les élections créent des périodes d'attentisme voire d'instabilité économique. Et qu'en conséquence leur périodicité et leur calendrier doivent être ajustés pour minimiser ces inconvénients.
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+ Le politologue Bernard Manin tient l'élection pour un concept aristocratique, puisqu'il vise à désigner le « meilleur » (aristos)[10] ;
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+ D'autres, comme Robert Alan Dahl, professeur émérite de science politique à l'Université Yale, considèrent que pour éviter des dérives comme le carriérisme politique, la démocratie peut (et même doit) fonctionner sans élection, uniquement ou en partie par sortition (tirage au sort des représentants) ou par décision du peuple entier (référenda...).
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ L’électricité est l'effet du déplacement de particules chargées à l’intérieur d'un conducteur, sous l'effet d'une différence de potentiel aux extrémités de celui-ci. Ce phénomène physique est présent dans de nombreux contextes : l'électricité constitue aussi bien l'influx nerveux des êtres vivants que les éclairs d'un orage. Les découvertes des lois naturelles de l'électricité ont conduit à l'inventions de tout un ensemble de technologies et de techniques regroupées dans l'électrotechnique. Cette dernière est largement utilisée dans les sociétés développées, par exemple pour transporter de grandes quantités d'énergie facilement utilisable.
6
+
7
+ Les propriétés de l'électricité ont été découvertes au cours du XVIIIe siècle. La maîtrise du courant électrique a permis l'avènement de la seconde révolution industrielle. Aujourd'hui, l'énergie électrique est omniprésente dans les pays industrialisés : produite à partir de différentes sources d'énergie, principalement thermique, nucléaire et hydraulique, l'électricité est un vecteur énergétique employé dans de très nombreux usages domestiques et industriels et indispensable dans les communications à distance.
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+
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+ Le mot « électricité » provient du grec ἤλεκτρον, êlektron, signifiant ambre jaune[1]. Les Grecs anciens avaient découvert qu’en frottant l’ambre jaune, ce matériau attire des objets légers et produit parfois des étincelles.
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+ Bien que les phénomènes électriques et les autres interactions de l'électricité avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la Terre et même de l'Univers, leur étude, et surtout leur compréhension, par les hommes sont relativement récentes.
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+ Les effets de l'électricité statique et du magnétisme sont décrits pour la première fois, en 600 av. J.-C., par Thales de Milet.
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+ On doit l'emploi moderne du terme « électricité » à l'Anglais William Gilbert, qui distingue corps électriques et magnétiques dans De Magnete en 1600[2]. Il note les lois de répulsion et d'attraction des aimants par leur pôle, assimile la Terre à l'un d'eux, puis établit une liste des corps électrisables par frottement, après avoir découvert l'influence de la température sur le magnétisme du fer. Les premiers générateurs de charges électriques sont ainsi des machines à frottement.
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+ En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg, construit une forme primitive de machine électrique, sous la forme d'un globe de soufre en rotation frotté à la main.
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+ Au XVIIIe siècle débute une période d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, du Fay découvre les charges positives et négatives et observe leurs interactions. Coulomb en énonce les premières lois physiques. En 1750, via des expériences sur la foudre, Benjamin Franklin identifie l'électricité naturelle, canalisée par le paratonnerre.
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+ En 1799, Alessandro Volta crée la pile électrique.
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+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
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+ En avril 1820, lors d'un cours sur l'électricité qu'il donnait à ses étudiants, le professeur Ørsted découvre une relation entre l'électricité et le magnétisme dans une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par un courant électrique est capable de faire dévier l'aiguille aimantée d'une boussole.
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27
+ En 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux d’Ørsterd, découvre et formule quelques lois sur les relations du magnétisme et de l'électrodynamique.
28
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+ En 1831, Michael Faraday découvre que, si un courant électrique produit un champ magnétique, l'inverse est vrai : on peut produire un courant électrique en mettant en mouvement un champ magnétique, selon la loi de Lenz-Faraday.
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+
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+ En 1868, la dynamo du Belge Zénobe Gramme met en application certaines de ces découvertes.
32
+
33
+ En 1879, la lampe à incandescence de Joseph Swan permet de produire de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (de 7 kW) voit le jour à Saint-Moritz (Suisse).
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+
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+ En 1883, Aristide Bergès développe le concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, en collaboration avec Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs.
36
+
37
+ Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse.
38
+
39
+ En 1891, la première ligne à haute tension (de) est construite par l'entreprise suisse Maschinenfabrik Oerlikon (en). Elle transporte l'énergie électrique sous 25 000 V à 40 Hz, sur 175 km entre Lauffen et Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Les pertes sont de seulement 4 %, ce qui a met fin à la controverse entre les défenseurs du système de transport en courant continu et ceux partisans du transport en courant alternatif, ces derniers sortant grands gagnants.
40
+
41
+ En 1892, Heilbronn, en Allemagne, est la première ville d'Europe à être équipée d'un réseau de distribution en courant alternatif[réf. nécessaire].
42
+
43
+ À la fin du XIXe siècle, la production industrielle d'électricité devient possible et les premières applications techniques apparaissent, comme le moteur électrique, l'éclairage électrique, le télégraphe et le téléphone[3].
44
+
45
+ Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes. L'électricité investit l'industrie, l'éclairage public et le chemin de fer, avant d'entrer dans les foyers.
46
+
47
+ La forte expansion électrique des années 1920 permet un maillage du territoire dans les grands pays industriels. La France bénéficie alors d'une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique grâce aux premiers barrages[4]. En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche.
48
+
49
+ Dans les années 1990-2000, les préoccupations environnementales croissantes font apparaître les termes d'électricité décarbonée, d'origine renouvelable, sûre, verte, etc.
50
+
51
+ En 2013, un communiqué de la Commission européenne mentionne : « La contribution de l'électricité d'origine renouvelable à l'objectif de durabilité consiste non seulement en réductions des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en réductions des émissions atmosphériques de substances polluantes et en une diminution des besoins en eau de refroidissement par rapport aux formes d'énergie conventionnelles. L'électricité d'origine renouvelable contribue en outre à l'objectif de diversification de l'approvisionnement et d'utilisation plus efficace des ressources. »[5].
52
+
53
+ C'est le mouvement des charges électriques de la matière qui est à l'origine de l'électricité. Comme la masse, la charge électrique permet d'expliquer l'origine de certains phénomènes. Si personne n'a jamais observé directement une charge électrique, les scientifiques remarquent des similitudes de comportement de certaines particules. Ils en déduisent que ces particules partagent des caractéristiques communes, dont les propriétés coïncident avec leurs observations.
54
+
55
+ Contrairement à la masse, deux types de charges électriques se comportent comme si elles étaient « opposées » l'une à l'autre : par convention, l'une est dite positive et l'autre négative. Un atome possède une charge positive lorsque le nombre de protons est supérieur au nombre d'électrons.
56
+
57
+ Des charges, égales, de natures opposées s'annulent : une particule qui possède autant de charges positives que négatives se comporte comme si elle n'en possédait aucune. On dit qu'elle est électriquement neutre.
58
+
59
+ Dans la nature, les électrons sont des porteurs de charges négatives et les protons des porteurs de charges positives. Les atomes qui composent la matière ordinaire comprennent des électrons qui se déplacent autour d'un noyau composé de protons et de neutrons, ces derniers étant électriquement neutres. Lorsque le nombre d'électrons est égal au nombre de protons, l'ensemble est électriquement neutre. Il est question d'électricité statique lorsqu'il n'y a pas de circulation des charges électriques. Expérimentalement, cela est généralement obtenu en utilisant des matériaux dans lesquels les charges sont « piégées », des matériaux isolants comme le plastique, le verre, le papier… qui résistent à la circulation des charges[a].
60
+
61
+ Quand on frotte certains matériaux entre eux, les électrons superficiels des atomes de l'un sont arrachés et récupérés par les atomes de l'autre. Par exemple :
62
+
63
+ Dans l'industrie, l’utilisation de sources de 241Am, émetteur alpha, sous forme de rubans placés en fin de machines de production (de papiers, plastiques, textiles synthétiques) à quelques millimètres du matériau permet, en rendant l’air avoisinant conducteur, de supprimer l’accumulation d’électricité statique.
64
+
65
+ Certains matériaux sont dits conducteurs de l’électricité (métaux, eau salée, corps humain, graphite, etc.), quand ils permettent aux charges électriques de se déplacer facilement.
66
+
67
+ Lorsqu'on marche sur une moquette, le frottement des pieds sur le sol arrache des électrons et le corps se charge d'électricité statique. Si l'on touche alors une poignée de porte métallique, on ressent une petite décharge électrostatique accompagnée potentiellement d'une étincelle, causée par le déplacement brutal des charges électriques qui s'écoulent du corps vers le sol à travers les matériaux conducteurs de la porte.
68
+
69
+ Cet écoulement, ou courant, est dû au fait qu'il existe à ce moment une différence de charges électrique entre le corps et le sol ; cette différence de charges est une différence de potentiel ; la sensation ressentie provient du courant électrique généré par la différence de potentiel existante entre la poignée et le corps humain. On en déduit que :
70
+
71
+ Pour créer un courant électrique, il faut donc, un circuit de matériaux conducteurs, qui permet aux charges électriques de se déplacer, et un système capable de créer une différence de potentiel entre les deux extrémités du circuit. Ce système est appelé générateur : ce peut être, par exemple, une pile, une dynamo ou un alternateur.
72
+
73
+ Dans un circuit électrique, on dit que le courant électrique, noté I, circule entre les électrodes depuis le pôle positif vers le pôle négatif du générateur. Ce sens est purement conventionnel, puisque le courant peut aussi bien être causé par des charges positives (manque d’électron), qui seront attirées par le pôle négatif du générateur, que par des charges négatives (les électrons) qui se déplaceront en sens inverse, vers le pôle positif. Cependant, on s’intéresse essentiellement au déplacement des électrons qui sont les seuls à pouvoir se déplacer (sauf dans des matériaux radioactifs en cours de désintégration).
74
+
75
+ Dans certains cas, des charges positives et négatives se déplacent en même temps et ce double déplacement est responsable du courant électrique global. C'est le cas dans les solutions ioniques, où les cations et les anions se déplacent dans des sens opposés, et dans les semi-conducteurs comme une diode, où électrons et « trous » font de même. Les charges ne peuvent pas toutes se déplacer sous l'action du champ électrique et c'est ainsi que dans un fil électrique, les charges positives (les noyaux des atomes) restent fixes dans la structure du métal et ne peuvent constituer aucun courant électrique ; le courant électrique dans un métal est créé uniquement par le déplacement des charges négatives (les électrons libres) vers le pôle positif du générateur : c'est un courant électronique, cependant, on utilise dans tous les cas le sens conventionnel « I » du courant, institué avant la découverte de la charge négative de l'électron.
76
+
77
+ On parle de courant continu quand le sens reste constant et, de courant alternatif quand il change périodiquement. La fréquence d'un courant alternatif est le nombre de périodes par seconde. Elle s'exprime en hertz (Hz), par exemple, le courant distribué dans les installations électriques est à une fréquence : de 50 Hz en Europe et, de 60 Hz aux États-Unis.
78
+
79
+ Pour comprendre certaines propriétés du courant électrique, il est intéressant de le comparer à de l'eau s'écoulant dans un circuit de tuyaux. Le générateur peut alors être vu comme une pompe chargée de mettre sous pression le liquide dans les tuyaux.
80
+
81
+ La différence de potentiel, ou tension, ressemble alors à la différence de pression entre deux points d'un circuit d'eau. Elle est notée « U », et est exprimée en volts (V).
82
+
83
+ L'intensité du courant électrique peut être assimilée au débit d'eau dans le tuyau. Elle rend compte du nombre de charges qui passent à chaque seconde dans un point du circuit ; elle est souvent notée « I », et mesurée en ampères (A). En d'autres termes la tension électrique serait la hauteur d'une chute d'eau et son intensité le diamètre de la chute d'eau.
84
+
85
+ La résistance d'un circuit électrique serait alors l'analogue du diamètre des tuyaux. Plus les tuyaux sont petits, plus il faut de pression pour obtenir un même débit ; de façon analogue, plus la résistance d'un circuit est élevée, plus il faut une différence de potentiel élevée pour avoir une même intensité. La résistance électrique rend compte de la faculté d'un matériau à s'opposer plus ou moins au passage du courant. Elle est notée « R » et, elle est exprimée en ohms (Ω).
86
+
87
+ Il est possible de pousser cette analogie beaucoup plus loin[b] mais elle a ses limites et certaines propriétés du courant électrique s'écartent sensiblement de ce modèle basé sur un fluide, des tuyaux, et des pompes.
88
+
89
+ Les échanges électriques sont omniprésents dans la nature. En général, il s’agit de phénomènes peu visibles, mais ils sont fondamentaux : les forces électromagnétiques et électrofaibles font partie des quatre interactions fondamentales qui structurent tout l’Univers.
90
+
91
+ La friction de nombreux matériaux naturels ou artificiels produit de la triboélectricité. La foudre est une énorme décharge électrique due à l'accumulation d'électricité statique dans les nuages. En temps normal l'air est un isolant, qui bloque le passage de l'électricité. Lorsque la charge électrique dans les nuages d'orage arrive à une valeur certaine, la différence de potentiel due aux très nombreuses charges accumulées, est telle qu'elle parvient à modifier localement la structure des gaz qui composent l'air, les transformant en un plasma ionisé, qui conduit lui parfaitement l'électricité. Des arcs électriques géants se forment alors, entre deux nuages ou, entre un nuage et la terre : les éclairs, permettant le rééquilibrage des charges électriques.
92
+
93
+ L'électrisation de l'air peut donner lieu à d'autres phénomènes, comme le feu de Saint-Elme.
94
+
95
+ La circulation des charges électriques intervient dans de nombreux phénomènes naturels, et notamment dans les réactions chimiques d’oxydo-réduction comme la combustion.
96
+
97
+ Le champ électromagnétique terrestre est lui aussi créé par des courants électriques circulant dans le noyau de notre planète.
98
+
99
+ Les poissons électriques sont capables de tirer parti du courant électrique pour s'orienter, pour se protéger ou bien pour communiquer. Il existe des espèces capables de produire de véritables décharges électriques : 620 V pour l'anguille électrique ; cela lui permet d'assommer ses proies avant de les consommer. Ils produisent de telles décharges électriques grâce à leurs organes électriques, qui ont une structure interne semblable aux muscles du corps humain.
100
+
101
+ Les animaux utilisent l'électricité pour animer les muscles ou pour transmettre de l’information par l'influx nerveux dans les nerfs. Ce phénomène a été mis en évidence par les expériences de Galvani. C'est pourquoi les médecins peuvent utiliser l'électrocardiographie et l'électro-encéphalographie pour diagnostiquer les pathologies du cœur ou du cerveau. La science qui étudie les phénomènes électriques chez les animaux est l'électrophysiologie.
102
+
103
+ L'électricité représente environ un tiers de l'énergie consommée dans le monde[6]. L'électrotechnique est la science des applications domestiques et industrielles (production, transformation, transport, distribution et utilisation) de l'électricité.
104
+
105
+ La méthode la plus courante pour produire de grandes quantités d'électricité consiste à utiliser un générateur convertissant une énergie mécanique en une tension alternative. Cette énergie d'origine mécanique est la plupart du temps obtenue à partir d'une source de chaleur, issue elle-même d'une énergie primaire. Ces énergies primaires peuvent être des énergies fossiles comme le pétrole, l'énergie nucléaire, ou une énergie renouvelable telle l'énergie solaire. L'énergie mécanique entraînant le générateur peut également être d'origine hydraulique ou l'éolienne.
106
+
107
+ L'électricité peut également être directement tirée du rayonnement solaire, converti par des panneaux solaires.
108
+
109
+ Le courant qui circule sur réseau électrique est le plus souvent alternatif et triphasé, car c'est le plus économique à produire et à transporter. Bien que le consommateur final ait besoin de courant à basse tension, moins dangereux à utiliser, il est plus économique pour le transport du courant sur de longues distances d'utiliser une haute tension.
110
+
111
+ En effet, à puissance constante, si l'on augmente la tension, on réduit l'intensité du courant (
112
+
113
+
114
+
115
+ P
116
+ =
117
+ U
118
+
119
+ I
120
+
121
+ cos
122
+
123
+ (
124
+ ϕ
125
+ )
126
+
127
+
128
+ {\displaystyle P=U\cdot I\cdot \cos(\phi )}
129
+
130
+ en monophasé) et donc, les pertes par effet Joule ou pertes thermiques (
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+ P
136
+
137
+ t
138
+ h
139
+
140
+
141
+ =
142
+ R
143
+
144
+
145
+ I
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+ {\displaystyle P_{th}=R\cdot I^{2}}
153
+
154
+ ), ainsi que l'effet de peau qui limite la circulation des forts courants à la surface extérieure des conducteurs : ceci obligerait d'utiliser des câbles de cuivre de plus grosse section mais dont le cœur serait moins bien refroidi. Pour réduire les pertes par effet Joule tout en limitant la section des câbles, on utilise des transformateurs élévateurs de tension, de manière à réduire l'intensité du courant pour le transport, et des transformateurs abaisseurs de tension pour la distribution (en basse tension) aux usagers.
155
+
156
+ En France, les principaux fournisseurs d'électricité sont EDF, Engie (ex. GDF Suez) et Direct Énergie[7], qui peuvent programmer leurs investissements en s'appuyant sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie.
157
+
158
+ Les tensions électriques peuvent être transformées et converties. En règle générale, pour les grosses puissances, les tensions sont alternatives. Elles passent par des transformateurs pour convertir le courant en flux magnétique, lui-même reconverti en courant dans des bobines. Ce principe permet d'abaisser le niveau de tension tout en conservant la fréquence et une isolation galvanique entre les circuits, primaire et secondaire, du transformateur de tension.
159
+
160
+ Pour les puissances le permettant technologiquement, on utilise des convertisseurs à semi-conducteurs (transistors, thyristors) :
161
+
162
+ La combinaison des deux systèmes précédents, avec éventuellement l'aide d'un transformateur de tension permet d’effectuer des élévations ou des abaissements de tensions continues avec un bon rendement.
163
+
164
+ Pour que l'électricité soit transportée et distribuée au moyen de conducteurs, il est nécessaire d'équilibrer à tout moment la production et la consommation. Les centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, sont généralement mises en service pour répondre à des pics de demande. On utilise aussi des stations de pompage-turbinage entre deux retenues d’eau situées à deux altitudes différentes : pendant les heures creuses, l'eau est pompée vers le bassin supérieur alors que pendant les heures de pointe, l'eau passe dans une turbine qui produit un appoint d'électricité sur le réseau.
165
+
166
+ Il est aussi possible de stocker l'électricité à petite échelle au moyen de batteries d'accumulateurs, de condensateurs ou de bobines d'inductances.
167
+
168
+ L'électrotechnique, ou génie électrique, est la science et l'application de l'électricité, qui peut être pratiquée par un ingénieur, un électrotechnicien, un dessinateur-projeteur, etc. Parmi ceux-ci, citons :
169
+
170
+ Une multitude de métiers sont également liés à l'industrie de l'électricité. Pour les plus courants : chimiste, calorifugeur[8], thermicien[9], robinetier, chaudronnier, mécanicien, etc.
171
+
172
+ Mème si l'électricité s'est largement diffusée dans le monde au cours du XXe siècle, en 2015, on estimait qu'environ 1,3 milliard de personnes (sur un total de 7,3 milliards de Terriens) n'avaient pas accès à cette énergie[10]. L'ONU a ainsi, intégré parmi les Objectifs de développement durable l'accès à l'énergie et l'extension des infrastructures existantes.
173
+
174
+ On distingue souvent deux types d'usages[11] :
175
+
176
+ Dans les pays riches, l'industrie n'est plus le premier consommateur d'électricité car elle en consomme moins d'un tiers[12]. En France, ce sont ainsi les secteurs résidentiel et tertiaire (via le chauffage, l'électroménager, l'éclairage et l'informatique) qui consomment en 2009 environ 67 % de l'électricité.
177
+
178
+ Depuis les années 2000, lors des pics de consommation accompagnant les vagues de froid, RTE craint un effondrement d'une partie du réseau. Il diffuse, notamment en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, des incitations à économiser l'électricité. En effet, l'électricité ne pouvant être massivement stockée en l'état actuel des technologies, c'est la « puissance appelée » qui devient le facteur dimensionnant du système de distribution électrique, c’est-à-dire l'énergie consommée à un instant donné, et non seulement la consommation cumulée sur la journée, la saison ou l'année. La répartition spatio-temporelle des usages électriques a un impact majeur sur le plan économique, mais aussi environnemental, car les ressources appelées en derniers recours lors des pics émettent le plus de CO2. Ainsi, le chauffage électrique « pèse » « 2,5 fois plus en puissance instantanée (36 % au moment du record de consommation sur le réseau français) qu’en consommation cumulée en moyenne sur l’année (14 %) »[11].
179
+
180
+ Le smart grid est censé aider les clients à moins consommer en période de pointe et permettre d'appeler l'électricité par le chemin le plus court, conduisant à moins de pertes lors du transport de l'électricité. Ceci serait encore plus vrai dans une perspective de troisième révolution industrielle, telle que définie par Jeremy Rifkin et dont le soutien de principe a été adopté par le Parlement européen en 2007[13], mais sans répondre au risque d'effet rebond[14].
181
+
182
+ L'efficacité énergétique a été poussée par une directive de l'Union européenne sur l'efficacité minimum des appareils électriques, après une directive sur l'étiquetage en 1992, suivie en 1997 d'une directive limitant les consommations de réfrigérateurs, congélateurs et combinés, en veillant à ne pas dépasser l'optimum pour le consommateur en termes de récupération rapide de l'investissement initial par les économies d'énergie. En huit ans, l'efficacité énergétique des appareils frigorifiques a ainsi, été améliorée de 30 %, puis, rien n'a été fait durant treize ans sur l'électroménager en Europe, alors que des normes d'efficience énergétique se développaient aux États-Unis, depuis 1989.
183
+
184
+ Malgré une notable amélioration de l'efficience énergétique de 1999 à 2004, la consommation finale continue à augmenter en Europe (UE-25) ; Un ménage moyen de l’UE-25 consommait 4 098 kWh en 2004, alors qu'il aurait pu n'en consommer que 800 kWh s'il était équipé d'appareils à basse consommation et en abandonnant les ampoules à incandescence (et encore moins avec les techniques les plus efficientes). Selon le Centre commun de recherche (CCR) de l’Union européenne, de 2005 à 2006, la consommation a augmenté dans l’UE-25 dans tous les secteurs ; dans le résidentiel, dans le tertiaire (+ 15,8 %) et dans l'industrie (+ 9,5 %), à un rythme calqué sur celui du PIB global (+ 10,8 %). Le rapport recommande d'encourager les chauffe-eau solaires et les économies d'énergie, par remplacement notamment des lampes à incandescence. En novembre 2006, la Commission européenne a engagé un plan d'action pour l'efficacité énergétique qui visant - 20 % la consommation d'électricité de l’UE-25 d'ici 2020[15]. Les appareils consomment plutôt moins, mais ils sont plus utilisés (explosion de l'utilisation de l'ordinateur et du téléphone portable). Le temps passé devant la télévision a augmenté de 13 % entre 1995 et 2005[15].
185
+
186
+ En Europe, dans le tertiaire, l'éclairage (de jour souvent) est devenu le premier poste de consommation électrique, avec 175 TWh consommés par an représentant 26 % de consommation électrique totale du secteur tertiaire[15]. Par ailleurs, l'éclairage nocturne (principale cause, avec la publicité lumineuse, du phénomène dit de pollution lumineuse) est en hausse constante depuis 50 ans.
187
+
188
+ En France, un arrêté limite l’allumage des vitrines de commerces, des bureaux et des façades extérieures des magasins et bâtiments depuis le 1er juillet 2013. Cette mesure vise des économies de 2 TWh par an selon l'ADEME[16]. Néanmoins, sans objectif de sobriété énergétique, un effet rebond (direct ou indirect et externe) peut faire que les sommes ainsi économisées seront dépensées dans d'autres usages énergivores.
189
+
190
+ À part les appareils à piles ou les batteries d'automobile, la majorité de l'électricité utilisée dans la vie quotidienne provient du réseau électrique. Chaque habitation est reliée au réseau par l'intermédiaire d'un tableau qui contient au moins un compteur destiné à la facturation, ainsi qu'un disjoncteur général servant d'interrupteur général et permettant de protéger l'installation en cas de surintensité. En général, de ce disjoncteur sortent deux conducteurs qui alimentent l'installation domestique : la phase et le neutre, dans les installations triphasées deux conducteurs de phase supplémentaires sont présents. Pour des impératifs de sécurité des personnes, les installations modernes et sécurisées comportent aussi un conducteur relié à la terre et un disjoncteur différentiel.
191
+
192
+ On trouve ensuite un tableau de fusibles ou de disjoncteurs, distribuant le courant dans les différents circuits de la maison. On prévoit généralement des circuits spécialisés pour les appareils qui ont besoin de beaucoup de puissance (four, cuisinière électrique, lave-linge, lave-vaisselle, chauffe-eau, etc.), et normalement, par pièce, un circuit pour l'éclairage et un pour les prises électriques.
193
+
194
+ On utilise des interrupteurs pour ouvrir ou fermer les circuits électriques. Il est possible d'utiliser des montages spéciaux comme un va-et-vient ou un télérupteur quand on souhaite disposer de plusieurs points de commande, par exemple, à chaque bout d'un couloir.
195
+
196
+ Selon une étude parue dans Nature en 2020, même à supposer que le contenu en carbone de l'électricité ne présente pas d'amélioration, il y aurait quand même intérêt à passer aux voitures électriques pour les transports, et aux pompes à chaleur pour les bâtiments[17].
197
+
198
+ L'électrisation est le passage de courant électrique dans le corps humain. Même avec un courant relativement faible l'électricité est dangereuse pour la santé des êtres vivants, ce qui justifie la nécessité de disjoncteurs différentiel calibrés à 30 mA pour garantir la protection des personnes[18].
199
+
200
+ Les normes de conception des matériels électriques, définissent qu'une tension de plus de 25 V alternatifs / 50 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu humide) présente un danger d’électrisation et qu'une tension supérieure à 50 V alternatifs / 120 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu immergé et 25 V alternatifs / 50 V continus en milieu humide)) présente un danger mortel : l'électrocution.
201
+
202
+ Les conséquences d'une électrisation dépendent de la nature de la tension (alternative ou continue), de la résistance du corps humain généralement admis comme étant à 5 000 ohms en TBT (très basse tension), 1 000 ohms sous 220 V alternatif et 400 ohms sous 500 V (la résistance est dégressive en fonction de la tension d'exposition), de l'amplitude du courant ayant circulé et du temps de passage de ce courant.
203
+
204
+ Il est couramment admis quelques seuils sur lesquels se basent les règles de sécurité :
205
+
206
+ Au-dessus de 20 mA et plus d'une seconde, il existe un risque de fibrillation cardiaque si le courant passe par le cœur. En TBT avec maximum 50 V en alternatif et 120 V en continu, le danger pour l'homme est considéré comme faible, mais non nul: (I=U/R) ; 50 V/5 000 ohms = 10 mA [19].
207
+
208
+ Au-dessus de 1 000 V, il y a danger, même sans contact direct avec un conducteur, car il se produit une ionisation de l'air, les distances d'approche minimales sont évaluées en fonction du niveau de tension. D'où l'interdiction d'entrer dans les enceintes des transformateurs électriques. Malgré la distance conséquente séparant les conducteurs des lignes haute tension, le bruit que l'on peut entendre en dessous de ces lignes est consécutif à des micro-amorçages par claquage de l'air.
209
+
210
+ L'absence visuelle de brûlure après une électrisation n'exclut pas des brûlures internes sur le chemin de passage du courant dans le corps, lesquelles peuvent engendrer des nécroses. En plus, des cas de chocs rénaux, dus à la décomposition du sang par le passage du courant, sont relevés après des électrisations sévères, ces événements ont lieu quelques dizaines de minutes après l'accident, il faut donc toujours aller à l'hôpital après un accident électrique conséquent.
211
+
212
+ Mais l'électricité sert aussi à soigner : elle peut être utilisée telle quelle, pour administrer des électrochocs ou stimuler des tissus nerveux ou musculaires, ou encore alimenter les appareils de pointe utilisés en médecine, permettant des techniques de soin telles que radiothérapie, électropuncture[20], stimulateur cardiaque, prothèse, et de diagnostic telles que radiographie, scanner, résonance magnétique, endoscopie.
213
+
214
+ La Programmation pluriannuelle de l'énergie cadre la programmation du secteur de l'électricité (et le mix énergétique)
215
+
216
+ Il existe en France trois normalisations en électricité :
217
+
218
+ La normalisation en France est réglementée par la loi du 24 mai 1941, qui a créé l’Association française de normalisation (AFNOR) et définit la procédure d’homologation des normes. Le décret d'application de cette loi est le décret no 2009-697 du 16 juin 2009.
219
+
220
+ Par ailleurs, une norme homologuée peut être rendue d’application obligatoire par arrêté, mais cette procédure n’a été jusqu’à présent que peu utilisée en électricité, sauf en ce qui concerne la sécurité : (NF C18-510, NF C15-100 et NF C13-200).
221
+
222
+ Il existe deux grandes familles de normes qui visent d’une part, la construction du matériel électrique et d’autre part, la réalisation des installations électriques.
223
+ Une loi du 30 décembre 2006 rend obligatoire un diagnostic immobilier pour le contrôle des installations domestiques existantes de plus de 15 ans, obligatoire depuis le 1er semestre 2008. Une nouvelle norme est sortie en août 2007 pour le contrôle de ces installations dans le cadre de ce diagnostic.
224
+
225
+ Les principales normes de réalisation sont :
226
+
227
+ Les principales normes de conception sont :
228
+
229
+ La norme expérimentale de contrôle des installations existantes :
230
+
231
+ En 1936-37, l'artiste Raoul Dufy réalise l'une des plus grandes fresques au monde (10 m x 64 m) sur le thème de La Fée Électricité (située au musée d'art moderne de la ville de Paris).
232
+
233
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/169.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,80 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Phénicien
4
+   Grec
5
+    Étrusque
6
+     Latin
7
+
8
+ L'alphabet latin est un alphabet bicaméral comportant vingt-six lettres de base, principalement utilisé pour écrire les langues d’Europe de l'Ouest, d'Europe du Nord et d'Europe centrale, ainsi que les langues de nombreux pays qui ont été exposés à une forte influence européenne, notamment à travers la colonisation européenne des Amériques, de l'Afrique et de l'Océanie.
9
+
10
+ Considéré comme système d'écriture par défaut dans le monde occidental, il a pour origine l'alphabet grec, premier alphabet utilisé en Europe et dont dérivent tous les alphabets européens, dont le cyrillique et l'étrusque. En 2002, les utilisateurs de l’alphabet latin représentent 39 % de la population mondiale, consomment 72 % de la production imprimée et écrite sur papier dans le monde, et profitent de 84 % de l’ensemble des connexions à Internet[1],[2]. En raison de cette importance démographique, économique et culturelle des pays l’utilisant (notamment ceux de l’Europe et de l’Amérique du Nord), il est devenu une écriture internationale : on peut trouver des mots écrits en lettres latines dans les rues du Japon comme dans celles d’Égypte.
11
+
12
+ On nomme cet alphabet ainsi car les lettres capitales qu’il utilise pour sa graphie sont d’origine romaine (via sa langue latine), dont l’alphabet était encore monocaméral. Les lettres minuscules sont en revanche issues des formes monocamérales développées lors de la mise à l'écrit des langues germaniques.
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+
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+ C’est sous le règne de Charlemagne, désireux d’unifier les différentes formes d’écriture de l'Empire carolingien, qu’Alcuin mélangea ces écritures en créant la minuscule caroline qui est à la base des différentes formes de l’alphabet latin moderne, devenu ensuite bicaméral car il distingue maintenant les majuscules des minuscules pour des raisons lexicales (les lettres minuscules prennent parfois aussi la forme de lettres capitales pour des raisons orthographiques ou grammaticales, et dans les autres cas existent aussi sous la forme de petites capitales, en revanche les majuscules sont normalement toujours transcrites en grandes capitales).
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+ Du fait de la grande variété des langues l'utilisant dans leur écriture, l'alphabet latin comporte de nombreuses extensions sous forme de signes diacritiques et de lettres supplémentaires. En effet, les vingt-six lettres fondamentales sont souvent insuffisantes pour exprimer toutes les distinctions entre phonèmes des langues considérées. Un autre moyen couramment employé pour créer des distinctions supplémentaires est le recours à des digrammes.
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+ L’alphabet latin de base (dans sa forme simplifiée à vingt-six lettres sans les diacritiques et lettres complémentaires) a également été le seul utilisé pour noter de façon sécurisée les adresses de sites web (URL) et de courriel, avant la création, en 2003, et l’adoption effective généralisée des noms de domaine internationalisés permettant l’utilisation d’Unicode.
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+ L'alphabet latin, comme la majorité de ceux issus de l'alphabet grec, est bicaméral : on utilise deux graphies pour chaque graphème (ou lettre), l'une dite bas de casse ou minuscule, l'autre capitale ou majuscule. Dans la majorité des cas, chaque lettre possède les deux variantes. Il existe cependant quelques exceptions, comme la lettre formée d’une ligature ß (appelée scharfes s ou eszett ; utilisée en allemand et autrefois dans d'autres langues, dont le français), qui, en capitales, est remplacée par SS (bien qu’une majuscule ẞ soit aussi officiellement acceptée en allemand).
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+ L'expansion – tant géographique que temporelle – de cet alphabet en fait l'un des plus riches en variantes nationales. Ainsi :
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+ Par exemple, les alphabets utilisés pour le français et pour l'espagnol ne sont pas identiques (ainsi, la lettre ç ne s'emploie pas en espagnol et à l'inverse le français ne se sert pas de ñ), bien que tous deux puissent être ramenés à l'alphabet latin. En sorte, il ne serait pas faux de parler d'un alphabet français et d'un alphabet castillan.
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+ On le voit, il n'existe rien de tel qu'un alphabet latin figé et constant ; il est cependant possible d'isoler les graphèmes fondamentaux utilisés dans une majorité de langues : ce sont ceux de l'alphabet des origines (voir plus bas, section « Histoire ») plus j et u ainsi que g et w, soit :
27
+
28
+ Parmi les innovations de l'alphabet latin par rapport à son modèle (indirect) grec, on peut compter le nom des lettres. En effet, alors que les lettres grecques portent des noms sans sens dans leur langue car hérités directement des langues sémitiques et, surtout polysyllabiques (alpha, bêta, gamma, delta), ce sont des monosyllabes en latin.
29
+
30
+ Les Romains, en effet, n'ont pas cherché à donner un nom réel à leurs lettres, ils les désignaient comme elles se prononçaient, ce qui ne pouvait bien fonctionner qu'avec les continues et les voyelles (qu'on prononçait vraisemblablement longues). On trouve donc deux groupes de lettres (on se bornera ici aux lettres purement latines n'offrant pas de difficultés d'interprétation) :
31
+
32
+ De là vient la manière qu'on a, en français mais aussi dans les autres langues à écriture latine ancienne, d'épeler les mots.
33
+
34
+ Les limites intrinsèques à cet alphabet, relativement limité en nombre de signes différents, ont dû rapidement être dépassées dès qu'il s'est agi de transcrire des langues autres que le latin, langues dont le système phonologique diffère nécessairement, comme le polonais. Par exemple, l'alphabet latin des origines ne permet pas de noter le son [ʃ] de chat.
35
+
36
+ Pour ce faire, les copistes médiévaux puis les imprimeurs de la Renaissance ont trouvé plusieurs solutions :
37
+
38
+ Voici quelques exemples parmi de nombreux autres :
39
+
40
+ On se reportera à Digramme, Diacritiques de l'alphabet latin, Abréviations, Ligature, Lettres supplémentaires de l'alphabet latin et Variante contextuelle pour plus de détails.
41
+
42
+ Enfin, il est de plus en plus fréquent que la transcription ou la translittération d'une écriture non latine se fasse au moyen des lettres latines (qui donnent une grande partie des caractères de l'alphabet phonétique international et d'autres méthodes de transcription). On parle dans ce cas d'une romanisation. Enfin, de nombreuses langues restées sans écriture ont adopté l'alphabet latin : c'est le cas de langues africaines, qui peuvent suivre l'alphabet pan-nigérian ou l'alphabet international de Niamey.
43
+
44
+ On utilise, en français, les vingt-six lettres fondamentales, dans deux casses, ainsi que des ligatures (comme æ et œ) et des lettres munies de diacritiques (comme dans é) qui ne sont cependant pas considérés comme des lettres indépendantes même si elles sont considérées comme distinctives et normatives dans l’orthographe. Enfin, les lettres diacritiques (comme u ou e après g pour en préciser la valeur), les digrammes (ch, ai, an/am, au, ei, en/em, eu, gn, in/im, ng, on/om, ou, un/um, ph, sh, ss…) et trigrammes (ain, eau, ein, oin, sch…), et diverses lettres muettes, sont particulièrement nombreux (dont certains importés de langues étrangères) et ne sont pas traités non plus comme des lettres indépendantes.
45
+
46
+ Bien qu’on les oppose à l’écriture latine, les formes allemandes dites « gothiques » (Fraktur ou Schwabacher pour la typographie, Kurrent ou Sütterlin pour les cursives) font partie des écritures latines. Elles se distinguent par leurs formes anguleuses, des ductus et des ligatures particuliers. Bien qu’encore utilisées, ces types d’écritures ont disparu de l’usage courant.
47
+
48
+ L'alphabet espagnol compte une lettre supplémentaire : le ñ qui indique la palatalisation du n, équivalent du son ‹ gn › en français, prononcé [ɲ].
49
+
50
+ L'alphabet latin était initialement utilisé pour écrire le latin, la langue parlée par les habitants de Rome et du Latium. Il est dérivé de l'alphabet étrusque, lui-même variante d'un alphabet grec différent de l'alphabet dit classique (celui qu'on utilise dans les éditions actuelles). L'alphabet étrusque comportait quelques lettres inutiles (B, C, D et O), qui n'étaient jamais utilisées dans les inscriptions car inutiles en raison du système phonologique de l'étrusque, dans lequel on ne trouve pas d'occlusives sonore ou de voyelle /o/. Elles seront en revanche utilisées par les Latins, chez qui elles trouvent une pleine utilité[3].
51
+
52
+ Les capitales (majuscules) sont la forme normale de cet alphabet, les minuscules étant d'invention tardive (minuscule caroline médiévale, IXe siècle de l'ère chrétienne) et, au départ, utilisée non pas en contraste avec des majuscules mais en tant que système graphique indépendant.
53
+
54
+ Les faits notables de cet alphabet sont les suivants :
55
+
56
+ En conclusion, le latin utilisait 20 lettres dans sa variante archaïque[4] :
57
+
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+ Il utilisait 23 lettres dans sa graphie classique[5] :
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60
+ Au cours des siècles, les lettres de l'alphabet latin ont été tracées de diverses manières. Ces types d'écritures ne constituent pas des alphabets en soi mais des versions différentes d'un même alphabet, ce qui deviendra après l'invention de l'imprimerie la police de caractères :
61
+
62
+ Jusqu'à la Renaissance, le manuscrit est le grand véhicule de l'écriture. L'imprimerie prend progressivement le relais, et le manuscrit devient peu à peu un objet d'art. C'est alors qu'apparaissent de grands maîtres qui signent des livres théoriques et pratiques sur « l'art de la belle écriture ». Les circonvolutions de l'écriture vont suivre leur cours, ponctué de noms comme Ludovico degli Arrighi, Giambattista Palatino, Tagliente Yciar, Lucas, Mercator[6]…
63
+
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+ Au XVe siècle, l'écriture est tracée majoritairement à la plume à bout carré. À cette époque, en France, on emploie une cursive de style gothique appelée « lettre de civilité », ainsi que la financière. Au XVIIe siècle, l'utilisation de plumes de plus en plus pointues apporte des modifications dans la silhouette : les traits sont plus fins, les angles plus arrondis, les arabesques naissantes dans la cancelaresca dansent comme des rubans sur le papier (Van de Velde, Periccioli, Barbedor…). Durant cette période, de nouvelles écritures apparaissent : la ronde, la bâtarde, la coulée.
65
+
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+ Enfin, au XVIIIe siècle, un nouveau style émerge à partir de la bâtarde italienne, plus « facile à tracer », plus « rapide à écrire » : l'anglaise. Elle doit son nom d'une part aux maîtres anglais (George Bickham (en), Champion…) qui ont largement contribué à sa maturation, mais aussi à la puissance économique britannique qui diffuse cette écriture commerciale et utilitaire. Jusqu'au XXe siècle, l'anglaise a servi de base à l'écriture scolaire. La structure des lettres est maintenant en pleine transformation. Les tags proposent une capitale métamorphosée, l'école réclame de nouveaux modèles, et la calligraphie se développe.
67
+
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+ L'alphabet latin a été le premier alphabet reconnu par les appareils informatiques. Dans ces appareils, à chaque glyphe correspond un nombre (code), et ce nombre est manipulé par l'appareil. La transformation d'un nombre en glyphe et inversement se fait conformément à des tables de correspondance normalisées.
69
+
70
+ La norme ASCII, créée en 1961 définit les correspondances entre 96 caractères d'imprimerie et leur nombre respectif. Parmi les caractères définis dans la norme, il y a les 26 lettres de l'écriture latine, en capitale et en bas-de-casse, les chiffres de 0 à 9, et les divers signes de ponctuation qui permettent d'écrire des textes en anglais. Cette norme ne définit pas de correspondance pour les lettres avec diacritiques (accents et autres signes comme la cédille).
71
+
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+ La table de correspondance ISO/CEI 8859-1, aussi appelée Latin-1 est une des tables de correspondance définies par la norme ISO/CEI 8859. Créée en 1991 sur la base de la norme ASCII, Cette norme définit la correspondance entre 191 caractères d'imprimerie et leur nombre respectif. Parmi les caractères il y a les 26 lettres de l'écriture latine, en majuscule et minuscule avec les diacritiques utilisées dans différentes langues (latines) de l'Europe de l'Ouest tels que le français (à l'exception notable des caractères 'œ', 'Œ' et 'Ÿ'), l'allemand, l'espagnol, le danois ou l'islandais.
73
+
74
+ Les 15 autres tables de la norme ISO/CEI 8859 définissent la correspondance entre les lettres avec des signes diacritiques inutilisés dans les langues de l'Europe de l'Ouest tels que le hatchek š, l'ogonek ę ou le S cédille ş, ainsi que des langues utilisant les alphabets cyrillique, grec, arabe, hébreu et thaï. Ces normes font partie de la famille de norme Unicode, qui définit les correspondances pour toutes les lettres dans presque tous les alphabets utilisés dans le monde.
75
+
76
+ Les caractères suivants sont dédiés aux langues utilisant l’alphabet latin et ses extensions ; ainsi qu’à certains systèmes de transcription phonétique :
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+ Voir l'article Classement alphabétique.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1690.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,233 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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5
+ L’électricité est l'effet du déplacement de particules chargées à l’intérieur d'un conducteur, sous l'effet d'une différence de potentiel aux extrémités de celui-ci. Ce phénomène physique est présent dans de nombreux contextes : l'électricité constitue aussi bien l'influx nerveux des êtres vivants que les éclairs d'un orage. Les découvertes des lois naturelles de l'électricité ont conduit à l'inventions de tout un ensemble de technologies et de techniques regroupées dans l'électrotechnique. Cette dernière est largement utilisée dans les sociétés développées, par exemple pour transporter de grandes quantités d'énergie facilement utilisable.
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+
7
+ Les propriétés de l'électricité ont été découvertes au cours du XVIIIe siècle. La maîtrise du courant électrique a permis l'avènement de la seconde révolution industrielle. Aujourd'hui, l'énergie électrique est omniprésente dans les pays industrialisés : produite à partir de différentes sources d'énergie, principalement thermique, nucléaire et hydraulique, l'électricité est un vecteur énergétique employé dans de très nombreux usages domestiques et industriels et indispensable dans les communications à distance.
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+
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+ Le mot « électricité » provient du grec ἤλεκτρον, êlektron, signifiant ambre jaune[1]. Les Grecs anciens avaient découvert qu’en frottant l’ambre jaune, ce matériau attire des objets légers et produit parfois des étincelles.
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+ Bien que les phénomènes électriques et les autres interactions de l'électricité avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la Terre et même de l'Univers, leur étude, et surtout leur compréhension, par les hommes sont relativement récentes.
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+ Les effets de l'électricité statique et du magnétisme sont décrits pour la première fois, en 600 av. J.-C., par Thales de Milet.
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+ On doit l'emploi moderne du terme « électricité » à l'Anglais William Gilbert, qui distingue corps électriques et magnétiques dans De Magnete en 1600[2]. Il note les lois de répulsion et d'attraction des aimants par leur pôle, assimile la Terre à l'un d'eux, puis établit une liste des corps électrisables par frottement, après avoir découvert l'influence de la température sur le magnétisme du fer. Les premiers générateurs de charges électriques sont ainsi des machines à frottement.
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+ En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg, construit une forme primitive de machine électrique, sous la forme d'un globe de soufre en rotation frotté à la main.
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19
+ Au XVIIIe siècle débute une période d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, du Fay découvre les charges positives et négatives et observe leurs interactions. Coulomb en énonce les premières lois physiques. En 1750, via des expériences sur la foudre, Benjamin Franklin identifie l'électricité naturelle, canalisée par le paratonnerre.
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21
+ En 1799, Alessandro Volta crée la pile électrique.
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23
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
24
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25
+ En avril 1820, lors d'un cours sur l'électricité qu'il donnait à ses étudiants, le professeur Ørsted découvre une relation entre l'électricité et le magnétisme dans une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par un courant électrique est capable de faire dévier l'aiguille aimantée d'une boussole.
26
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27
+ En 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux d’Ørsterd, découvre et formule quelques lois sur les relations du magnétisme et de l'électrodynamique.
28
+
29
+ En 1831, Michael Faraday découvre que, si un courant électrique produit un champ magnétique, l'inverse est vrai : on peut produire un courant électrique en mettant en mouvement un champ magnétique, selon la loi de Lenz-Faraday.
30
+
31
+ En 1868, la dynamo du Belge Zénobe Gramme met en application certaines de ces découvertes.
32
+
33
+ En 1879, la lampe à incandescence de Joseph Swan permet de produire de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (de 7 kW) voit le jour à Saint-Moritz (Suisse).
34
+
35
+ En 1883, Aristide Bergès développe le concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, en collaboration avec Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs.
36
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37
+ Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse.
38
+
39
+ En 1891, la première ligne à haute tension (de) est construite par l'entreprise suisse Maschinenfabrik Oerlikon (en). Elle transporte l'énergie électrique sous 25 000 V à 40 Hz, sur 175 km entre Lauffen et Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Les pertes sont de seulement 4 %, ce qui a met fin à la controverse entre les défenseurs du système de transport en courant continu et ceux partisans du transport en courant alternatif, ces derniers sortant grands gagnants.
40
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41
+ En 1892, Heilbronn, en Allemagne, est la première ville d'Europe à être équipée d'un réseau de distribution en courant alternatif[réf. nécessaire].
42
+
43
+ À la fin du XIXe siècle, la production industrielle d'électricité devient possible et les premières applications techniques apparaissent, comme le moteur électrique, l'éclairage électrique, le télégraphe et le téléphone[3].
44
+
45
+ Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes. L'électricité investit l'industrie, l'éclairage public et le chemin de fer, avant d'entrer dans les foyers.
46
+
47
+ La forte expansion électrique des années 1920 permet un maillage du territoire dans les grands pays industriels. La France bénéficie alors d'une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique grâce aux premiers barrages[4]. En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche.
48
+
49
+ Dans les années 1990-2000, les préoccupations environnementales croissantes font apparaître les termes d'électricité décarbonée, d'origine renouvelable, sûre, verte, etc.
50
+
51
+ En 2013, un communiqué de la Commission européenne mentionne : « La contribution de l'électricité d'origine renouvelable à l'objectif de durabilité consiste non seulement en réductions des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en réductions des émissions atmosphériques de substances polluantes et en une diminution des besoins en eau de refroidissement par rapport aux formes d'énergie conventionnelles. L'électricité d'origine renouvelable contribue en outre à l'objectif de diversification de l'approvisionnement et d'utilisation plus efficace des ressources. »[5].
52
+
53
+ C'est le mouvement des charges électriques de la matière qui est à l'origine de l'électricité. Comme la masse, la charge électrique permet d'expliquer l'origine de certains phénomènes. Si personne n'a jamais observé directement une charge électrique, les scientifiques remarquent des similitudes de comportement de certaines particules. Ils en déduisent que ces particules partagent des caractéristiques communes, dont les propriétés coïncident avec leurs observations.
54
+
55
+ Contrairement à la masse, deux types de charges électriques se comportent comme si elles étaient « opposées » l'une à l'autre : par convention, l'une est dite positive et l'autre négative. Un atome possède une charge positive lorsque le nombre de protons est supérieur au nombre d'électrons.
56
+
57
+ Des charges, égales, de natures opposées s'annulent : une particule qui possède autant de charges positives que négatives se comporte comme si elle n'en possédait aucune. On dit qu'elle est électriquement neutre.
58
+
59
+ Dans la nature, les électrons sont des porteurs de charges négatives et les protons des porteurs de charges positives. Les atomes qui composent la matière ordinaire comprennent des électrons qui se déplacent autour d'un noyau composé de protons et de neutrons, ces derniers étant électriquement neutres. Lorsque le nombre d'électrons est égal au nombre de protons, l'ensemble est électriquement neutre. Il est question d'électricité statique lorsqu'il n'y a pas de circulation des charges électriques. Expérimentalement, cela est généralement obtenu en utilisant des matériaux dans lesquels les charges sont « piégées », des matériaux isolants comme le plastique, le verre, le papier… qui résistent à la circulation des charges[a].
60
+
61
+ Quand on frotte certains matériaux entre eux, les électrons superficiels des atomes de l'un sont arrachés et récupérés par les atomes de l'autre. Par exemple :
62
+
63
+ Dans l'industrie, l’utilisation de sources de 241Am, émetteur alpha, sous forme de rubans placés en fin de machines de production (de papiers, plastiques, textiles synthétiques) à quelques millimètres du matériau permet, en rendant l’air avoisinant conducteur, de supprimer l’accumulation d’électricité statique.
64
+
65
+ Certains matériaux sont dits conducteurs de l’électricité (métaux, eau salée, corps humain, graphite, etc.), quand ils permettent aux charges électriques de se déplacer facilement.
66
+
67
+ Lorsqu'on marche sur une moquette, le frottement des pieds sur le sol arrache des électrons et le corps se charge d'électricité statique. Si l'on touche alors une poignée de porte métallique, on ressent une petite décharge électrostatique accompagnée potentiellement d'une étincelle, causée par le déplacement brutal des charges électriques qui s'écoulent du corps vers le sol à travers les matériaux conducteurs de la porte.
68
+
69
+ Cet écoulement, ou courant, est dû au fait qu'il existe à ce moment une différence de charges électrique entre le corps et le sol ; cette différence de charges est une différence de potentiel ; la sensation ressentie provient du courant électrique généré par la différence de potentiel existante entre la poignée et le corps humain. On en déduit que :
70
+
71
+ Pour créer un courant électrique, il faut donc, un circuit de matériaux conducteurs, qui permet aux charges électriques de se déplacer, et un système capable de créer une différence de potentiel entre les deux extrémités du circuit. Ce système est appelé générateur : ce peut être, par exemple, une pile, une dynamo ou un alternateur.
72
+
73
+ Dans un circuit électrique, on dit que le courant électrique, noté I, circule entre les électrodes depuis le pôle positif vers le pôle négatif du générateur. Ce sens est purement conventionnel, puisque le courant peut aussi bien être causé par des charges positives (manque d’électron), qui seront attirées par le pôle négatif du générateur, que par des charges négatives (les électrons) qui se déplaceront en sens inverse, vers le pôle positif. Cependant, on s’intéresse essentiellement au déplacement des électrons qui sont les seuls à pouvoir se déplacer (sauf dans des matériaux radioactifs en cours de désintégration).
74
+
75
+ Dans certains cas, des charges positives et négatives se déplacent en même temps et ce double déplacement est responsable du courant électrique global. C'est le cas dans les solutions ioniques, où les cations et les anions se déplacent dans des sens opposés, et dans les semi-conducteurs comme une diode, où électrons et « trous » font de même. Les charges ne peuvent pas toutes se déplacer sous l'action du champ électrique et c'est ainsi que dans un fil électrique, les charges positives (les noyaux des atomes) restent fixes dans la structure du métal et ne peuvent constituer aucun courant électrique ; le courant électrique dans un métal est créé uniquement par le déplacement des charges négatives (les électrons libres) vers le pôle positif du générateur : c'est un courant électronique, cependant, on utilise dans tous les cas le sens conventionnel « I » du courant, institué avant la découverte de la charge négative de l'électron.
76
+
77
+ On parle de courant continu quand le sens reste constant et, de courant alternatif quand il change périodiquement. La fréquence d'un courant alternatif est le nombre de périodes par seconde. Elle s'exprime en hertz (Hz), par exemple, le courant distribué dans les installations électriques est à une fréquence : de 50 Hz en Europe et, de 60 Hz aux États-Unis.
78
+
79
+ Pour comprendre certaines propriétés du courant électrique, il est intéressant de le comparer à de l'eau s'écoulant dans un circuit de tuyaux. Le générateur peut alors être vu comme une pompe chargée de mettre sous pression le liquide dans les tuyaux.
80
+
81
+ La différence de potentiel, ou tension, ressemble alors à la différence de pression entre deux points d'un circuit d'eau. Elle est notée « U », et est exprimée en volts (V).
82
+
83
+ L'intensité du courant électrique peut être assimilée au débit d'eau dans le tuyau. Elle rend compte du nombre de charges qui passent à chaque seconde dans un point du circuit ; elle est souvent notée « I », et mesurée en ampères (A). En d'autres termes la tension électrique serait la hauteur d'une chute d'eau et son intensité le diamètre de la chute d'eau.
84
+
85
+ La résistance d'un circuit électrique serait alors l'analogue du diamètre des tuyaux. Plus les tuyaux sont petits, plus il faut de pression pour obtenir un même débit ; de façon analogue, plus la résistance d'un circuit est élevée, plus il faut une différence de potentiel élevée pour avoir une même intensité. La résistance électrique rend compte de la faculté d'un matériau à s'opposer plus ou moins au passage du courant. Elle est notée « R » et, elle est exprimée en ohms (Ω).
86
+
87
+ Il est possible de pousser cette analogie beaucoup plus loin[b] mais elle a ses limites et certaines propriétés du courant électrique s'écartent sensiblement de ce modèle basé sur un fluide, des tuyaux, et des pompes.
88
+
89
+ Les échanges électriques sont omniprésents dans la nature. En général, il s’agit de phénomènes peu visibles, mais ils sont fondamentaux : les forces électromagnétiques et électrofaibles font partie des quatre interactions fondamentales qui structurent tout l’Univers.
90
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91
+ La friction de nombreux matériaux naturels ou artificiels produit de la triboélectricité. La foudre est une énorme décharge électrique due à l'accumulation d'électricité statique dans les nuages. En temps normal l'air est un isolant, qui bloque le passage de l'électricité. Lorsque la charge électrique dans les nuages d'orage arrive à une valeur certaine, la différence de potentiel due aux très nombreuses charges accumulées, est telle qu'elle parvient à modifier localement la structure des gaz qui composent l'air, les transformant en un plasma ionisé, qui conduit lui parfaitement l'électricité. Des arcs électriques géants se forment alors, entre deux nuages ou, entre un nuage et la terre : les éclairs, permettant le rééquilibrage des charges électriques.
92
+
93
+ L'électrisation de l'air peut donner lieu à d'autres phénomènes, comme le feu de Saint-Elme.
94
+
95
+ La circulation des charges électriques intervient dans de nombreux phénomènes naturels, et notamment dans les réactions chimiques d’oxydo-réduction comme la combustion.
96
+
97
+ Le champ électromagnétique terrestre est lui aussi créé par des courants électriques circulant dans le noyau de notre planète.
98
+
99
+ Les poissons électriques sont capables de tirer parti du courant électrique pour s'orienter, pour se protéger ou bien pour communiquer. Il existe des espèces capables de produire de véritables décharges électriques : 620 V pour l'anguille électrique ; cela lui permet d'assommer ses proies avant de les consommer. Ils produisent de telles décharges électriques grâce à leurs organes électriques, qui ont une structure interne semblable aux muscles du corps humain.
100
+
101
+ Les animaux utilisent l'électricité pour animer les muscles ou pour transmettre de l’information par l'influx nerveux dans les nerfs. Ce phénomène a été mis en évidence par les expériences de Galvani. C'est pourquoi les médecins peuvent utiliser l'électrocardiographie et l'électro-encéphalographie pour diagnostiquer les pathologies du cœur ou du cerveau. La science qui étudie les phénomènes électriques chez les animaux est l'électrophysiologie.
102
+
103
+ L'électricité représente environ un tiers de l'énergie consommée dans le monde[6]. L'électrotechnique est la science des applications domestiques et industrielles (production, transformation, transport, distribution et utilisation) de l'électricité.
104
+
105
+ La méthode la plus courante pour produire de grandes quantités d'électricité consiste à utiliser un générateur convertissant une énergie mécanique en une tension alternative. Cette énergie d'origine mécanique est la plupart du temps obtenue à partir d'une source de chaleur, issue elle-même d'une énergie primaire. Ces énergies primaires peuvent être des énergies fossiles comme le pétrole, l'énergie nucléaire, ou une énergie renouvelable telle l'énergie solaire. L'énergie mécanique entraînant le générateur peut également être d'origine hydraulique ou l'éolienne.
106
+
107
+ L'électricité peut également être directement tirée du rayonnement solaire, converti par des panneaux solaires.
108
+
109
+ Le courant qui circule sur réseau électrique est le plus souvent alternatif et triphasé, car c'est le plus économique à produire et à transporter. Bien que le consommateur final ait besoin de courant à basse tension, moins dangereux à utiliser, il est plus économique pour le transport du courant sur de longues distances d'utiliser une haute tension.
110
+
111
+ En effet, à puissance constante, si l'on augmente la tension, on réduit l'intensité du courant (
112
+
113
+
114
+
115
+ P
116
+ =
117
+ U
118
+
119
+ I
120
+
121
+ cos
122
+
123
+ (
124
+ ϕ
125
+ )
126
+
127
+
128
+ {\displaystyle P=U\cdot I\cdot \cos(\phi )}
129
+
130
+ en monophasé) et donc, les pertes par effet Joule ou pertes thermiques (
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+ P
136
+
137
+ t
138
+ h
139
+
140
+
141
+ =
142
+ R
143
+
144
+
145
+ I
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+ {\displaystyle P_{th}=R\cdot I^{2}}
153
+
154
+ ), ainsi que l'effet de peau qui limite la circulation des forts courants à la surface extérieure des conducteurs : ceci obligerait d'utiliser des câbles de cuivre de plus grosse section mais dont le cœur serait moins bien refroidi. Pour réduire les pertes par effet Joule tout en limitant la section des câbles, on utilise des transformateurs élévateurs de tension, de manière à réduire l'intensité du courant pour le transport, et des transformateurs abaisseurs de tension pour la distribution (en basse tension) aux usagers.
155
+
156
+ En France, les principaux fournisseurs d'électricité sont EDF, Engie (ex. GDF Suez) et Direct Énergie[7], qui peuvent programmer leurs investissements en s'appuyant sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie.
157
+
158
+ Les tensions électriques peuvent être transformées et converties. En règle générale, pour les grosses puissances, les tensions sont alternatives. Elles passent par des transformateurs pour convertir le courant en flux magnétique, lui-même reconverti en courant dans des bobines. Ce principe permet d'abaisser le niveau de tension tout en conservant la fréquence et une isolation galvanique entre les circuits, primaire et secondaire, du transformateur de tension.
159
+
160
+ Pour les puissances le permettant technologiquement, on utilise des convertisseurs à semi-conducteurs (transistors, thyristors) :
161
+
162
+ La combinaison des deux systèmes précédents, avec éventuellement l'aide d'un transformateur de tension permet d’effectuer des élévations ou des abaissements de tensions continues avec un bon rendement.
163
+
164
+ Pour que l'électricité soit transportée et distribuée au moyen de conducteurs, il est nécessaire d'équilibrer à tout moment la production et la consommation. Les centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, sont généralement mises en service pour répondre à des pics de demande. On utilise aussi des stations de pompage-turbinage entre deux retenues d’eau situées à deux altitudes différentes : pendant les heures creuses, l'eau est pompée vers le bassin supérieur alors que pendant les heures de pointe, l'eau passe dans une turbine qui produit un appoint d'électricité sur le réseau.
165
+
166
+ Il est aussi possible de stocker l'électricité à petite échelle au moyen de batteries d'accumulateurs, de condensateurs ou de bobines d'inductances.
167
+
168
+ L'électrotechnique, ou génie électrique, est la science et l'application de l'électricité, qui peut être pratiquée par un ingénieur, un électrotechnicien, un dessinateur-projeteur, etc. Parmi ceux-ci, citons :
169
+
170
+ Une multitude de métiers sont également liés à l'industrie de l'électricité. Pour les plus courants : chimiste, calorifugeur[8], thermicien[9], robinetier, chaudronnier, mécanicien, etc.
171
+
172
+ Mème si l'électricité s'est largement diffusée dans le monde au cours du XXe siècle, en 2015, on estimait qu'environ 1,3 milliard de personnes (sur un total de 7,3 milliards de Terriens) n'avaient pas accès à cette énergie[10]. L'ONU a ainsi, intégré parmi les Objectifs de développement durable l'accès à l'énergie et l'extension des infrastructures existantes.
173
+
174
+ On distingue souvent deux types d'usages[11] :
175
+
176
+ Dans les pays riches, l'industrie n'est plus le premier consommateur d'électricité car elle en consomme moins d'un tiers[12]. En France, ce sont ainsi les secteurs résidentiel et tertiaire (via le chauffage, l'électroménager, l'éclairage et l'informatique) qui consomment en 2009 environ 67 % de l'électricité.
177
+
178
+ Depuis les années 2000, lors des pics de consommation accompagnant les vagues de froid, RTE craint un effondrement d'une partie du réseau. Il diffuse, notamment en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, des incitations à économiser l'électricité. En effet, l'électricité ne pouvant être massivement stockée en l'état actuel des technologies, c'est la « puissance appelée » qui devient le facteur dimensionnant du système de distribution électrique, c’est-à-dire l'énergie consommée à un instant donné, et non seulement la consommation cumulée sur la journée, la saison ou l'année. La répartition spatio-temporelle des usages électriques a un impact majeur sur le plan économique, mais aussi environnemental, car les ressources appelées en derniers recours lors des pics émettent le plus de CO2. Ainsi, le chauffage électrique « pèse » « 2,5 fois plus en puissance instantanée (36 % au moment du record de consommation sur le réseau français) qu’en consommation cumulée en moyenne sur l’année (14 %) »[11].
179
+
180
+ Le smart grid est censé aider les clients à moins consommer en période de pointe et permettre d'appeler l'électricité par le chemin le plus court, conduisant à moins de pertes lors du transport de l'électricité. Ceci serait encore plus vrai dans une perspective de troisième révolution industrielle, telle que définie par Jeremy Rifkin et dont le soutien de principe a été adopté par le Parlement européen en 2007[13], mais sans répondre au risque d'effet rebond[14].
181
+
182
+ L'efficacité énergétique a été poussée par une directive de l'Union européenne sur l'efficacité minimum des appareils électriques, après une directive sur l'étiquetage en 1992, suivie en 1997 d'une directive limitant les consommations de réfrigérateurs, congélateurs et combinés, en veillant à ne pas dépasser l'optimum pour le consommateur en termes de récupération rapide de l'investissement initial par les économies d'énergie. En huit ans, l'efficacité énergétique des appareils frigorifiques a ainsi, été améliorée de 30 %, puis, rien n'a été fait durant treize ans sur l'électroménager en Europe, alors que des normes d'efficience énergétique se développaient aux États-Unis, depuis 1989.
183
+
184
+ Malgré une notable amélioration de l'efficience énergétique de 1999 à 2004, la consommation finale continue à augmenter en Europe (UE-25) ; Un ménage moyen de l’UE-25 consommait 4 098 kWh en 2004, alors qu'il aurait pu n'en consommer que 800 kWh s'il était équipé d'appareils à basse consommation et en abandonnant les ampoules à incandescence (et encore moins avec les techniques les plus efficientes). Selon le Centre commun de recherche (CCR) de l’Union européenne, de 2005 à 2006, la consommation a augmenté dans l’UE-25 dans tous les secteurs ; dans le résidentiel, dans le tertiaire (+ 15,8 %) et dans l'industrie (+ 9,5 %), à un rythme calqué sur celui du PIB global (+ 10,8 %). Le rapport recommande d'encourager les chauffe-eau solaires et les économies d'énergie, par remplacement notamment des lampes à incandescence. En novembre 2006, la Commission européenne a engagé un plan d'action pour l'efficacité énergétique qui visant - 20 % la consommation d'électricité de l’UE-25 d'ici 2020[15]. Les appareils consomment plutôt moins, mais ils sont plus utilisés (explosion de l'utilisation de l'ordinateur et du téléphone portable). Le temps passé devant la télévision a augmenté de 13 % entre 1995 et 2005[15].
185
+
186
+ En Europe, dans le tertiaire, l'éclairage (de jour souvent) est devenu le premier poste de consommation électrique, avec 175 TWh consommés par an représentant 26 % de consommation électrique totale du secteur tertiaire[15]. Par ailleurs, l'éclairage nocturne (principale cause, avec la publicité lumineuse, du phénomène dit de pollution lumineuse) est en hausse constante depuis 50 ans.
187
+
188
+ En France, un arrêté limite l’allumage des vitrines de commerces, des bureaux et des façades extérieures des magasins et bâtiments depuis le 1er juillet 2013. Cette mesure vise des économies de 2 TWh par an selon l'ADEME[16]. Néanmoins, sans objectif de sobriété énergétique, un effet rebond (direct ou indirect et externe) peut faire que les sommes ainsi économisées seront dépensées dans d'autres usages énergivores.
189
+
190
+ À part les appareils à piles ou les batteries d'automobile, la majorité de l'électricité utilisée dans la vie quotidienne provient du réseau électrique. Chaque habitation est reliée au réseau par l'intermédiaire d'un tableau qui contient au moins un compteur destiné à la facturation, ainsi qu'un disjoncteur général servant d'interrupteur général et permettant de protéger l'installation en cas de surintensité. En général, de ce disjoncteur sortent deux conducteurs qui alimentent l'installation domestique : la phase et le neutre, dans les installations triphasées deux conducteurs de phase supplémentaires sont présents. Pour des impératifs de sécurité des personnes, les installations modernes et sécurisées comportent aussi un conducteur relié à la terre et un disjoncteur différentiel.
191
+
192
+ On trouve ensuite un tableau de fusibles ou de disjoncteurs, distribuant le courant dans les différents circuits de la maison. On prévoit généralement des circuits spécialisés pour les appareils qui ont besoin de beaucoup de puissance (four, cuisinière électrique, lave-linge, lave-vaisselle, chauffe-eau, etc.), et normalement, par pièce, un circuit pour l'éclairage et un pour les prises électriques.
193
+
194
+ On utilise des interrupteurs pour ouvrir ou fermer les circuits électriques. Il est possible d'utiliser des montages spéciaux comme un va-et-vient ou un télérupteur quand on souhaite disposer de plusieurs points de commande, par exemple, à chaque bout d'un couloir.
195
+
196
+ Selon une étude parue dans Nature en 2020, même à supposer que le contenu en carbone de l'électricité ne présente pas d'amélioration, il y aurait quand même intérêt à passer aux voitures électriques pour les transports, et aux pompes à chaleur pour les bâtiments[17].
197
+
198
+ L'électrisation est le passage de courant électrique dans le corps humain. Même avec un courant relativement faible l'électricité est dangereuse pour la santé des êtres vivants, ce qui justifie la nécessité de disjoncteurs différentiel calibrés à 30 mA pour garantir la protection des personnes[18].
199
+
200
+ Les normes de conception des matériels électriques, définissent qu'une tension de plus de 25 V alternatifs / 50 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu humide) présente un danger d’électrisation et qu'une tension supérieure à 50 V alternatifs / 120 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu immergé et 25 V alternatifs / 50 V continus en milieu humide)) présente un danger mortel : l'électrocution.
201
+
202
+ Les conséquences d'une électrisation dépendent de la nature de la tension (alternative ou continue), de la résistance du corps humain généralement admis comme étant à 5 000 ohms en TBT (très basse tension), 1 000 ohms sous 220 V alternatif et 400 ohms sous 500 V (la résistance est dégressive en fonction de la tension d'exposition), de l'amplitude du courant ayant circulé et du temps de passage de ce courant.
203
+
204
+ Il est couramment admis quelques seuils sur lesquels se basent les règles de sécurité :
205
+
206
+ Au-dessus de 20 mA et plus d'une seconde, il existe un risque de fibrillation cardiaque si le courant passe par le cœur. En TBT avec maximum 50 V en alternatif et 120 V en continu, le danger pour l'homme est considéré comme faible, mais non nul: (I=U/R) ; 50 V/5 000 ohms = 10 mA [19].
207
+
208
+ Au-dessus de 1 000 V, il y a danger, même sans contact direct avec un conducteur, car il se produit une ionisation de l'air, les distances d'approche minimales sont évaluées en fonction du niveau de tension. D'où l'interdiction d'entrer dans les enceintes des transformateurs électriques. Malgré la distance conséquente séparant les conducteurs des lignes haute tension, le bruit que l'on peut entendre en dessous de ces lignes est consécutif à des micro-amorçages par claquage de l'air.
209
+
210
+ L'absence visuelle de brûlure après une électrisation n'exclut pas des brûlures internes sur le chemin de passage du courant dans le corps, lesquelles peuvent engendrer des nécroses. En plus, des cas de chocs rénaux, dus à la décomposition du sang par le passage du courant, sont relevés après des électrisations sévères, ces événements ont lieu quelques dizaines de minutes après l'accident, il faut donc toujours aller à l'hôpital après un accident électrique conséquent.
211
+
212
+ Mais l'électricité sert aussi à soigner : elle peut être utilisée telle quelle, pour administrer des électrochocs ou stimuler des tissus nerveux ou musculaires, ou encore alimenter les appareils de pointe utilisés en médecine, permettant des techniques de soin telles que radiothérapie, électropuncture[20], stimulateur cardiaque, prothèse, et de diagnostic telles que radiographie, scanner, résonance magnétique, endoscopie.
213
+
214
+ La Programmation pluriannuelle de l'énergie cadre la programmation du secteur de l'électricité (et le mix énergétique)
215
+
216
+ Il existe en France trois normalisations en électricité :
217
+
218
+ La normalisation en France est réglementée par la loi du 24 mai 1941, qui a créé l’Association française de normalisation (AFNOR) et définit la procédure d’homologation des normes. Le décret d'application de cette loi est le décret no 2009-697 du 16 juin 2009.
219
+
220
+ Par ailleurs, une norme homologuée peut être rendue d’application obligatoire par arrêté, mais cette procédure n’a été jusqu’à présent que peu utilisée en électricité, sauf en ce qui concerne la sécurité : (NF C18-510, NF C15-100 et NF C13-200).
221
+
222
+ Il existe deux grandes familles de normes qui visent d’une part, la construction du matériel électrique et d’autre part, la réalisation des installations électriques.
223
+ Une loi du 30 décembre 2006 rend obligatoire un diagnostic immobilier pour le contrôle des installations domestiques existantes de plus de 15 ans, obligatoire depuis le 1er semestre 2008. Une nouvelle norme est sortie en août 2007 pour le contrôle de ces installations dans le cadre de ce diagnostic.
224
+
225
+ Les principales normes de réalisation sont :
226
+
227
+ Les principales normes de conception sont :
228
+
229
+ La norme expérimentale de contrôle des installations existantes :
230
+
231
+ En 1936-37, l'artiste Raoul Dufy réalise l'une des plus grandes fresques au monde (10 m x 64 m) sur le thème de La Fée Électricité (située au musée d'art moderne de la ville de Paris).
232
+
233
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1691.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,233 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
5
+ L’électricité est l'effet du déplacement de particules chargées à l’intérieur d'un conducteur, sous l'effet d'une différence de potentiel aux extrémités de celui-ci. Ce phénomène physique est présent dans de nombreux contextes : l'électricité constitue aussi bien l'influx nerveux des êtres vivants que les éclairs d'un orage. Les découvertes des lois naturelles de l'électricité ont conduit à l'inventions de tout un ensemble de technologies et de techniques regroupées dans l'électrotechnique. Cette dernière est largement utilisée dans les sociétés développées, par exemple pour transporter de grandes quantités d'énergie facilement utilisable.
6
+
7
+ Les propriétés de l'électricité ont été découvertes au cours du XVIIIe siècle. La maîtrise du courant électrique a permis l'avènement de la seconde révolution industrielle. Aujourd'hui, l'énergie électrique est omniprésente dans les pays industrialisés : produite à partir de différentes sources d'énergie, principalement thermique, nucléaire et hydraulique, l'électricité est un vecteur énergétique employé dans de très nombreux usages domestiques et industriels et indispensable dans les communications à distance.
8
+
9
+ Le mot « électricité » provient du grec ἤλεκτρον, êlektron, signifiant ambre jaune[1]. Les Grecs anciens avaient découvert qu’en frottant l’ambre jaune, ce matériau attire des objets légers et produit parfois des étincelles.
10
+
11
+ Bien que les phénomènes électriques et les autres interactions de l'électricité avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la Terre et même de l'Univers, leur étude, et surtout leur compréhension, par les hommes sont relativement récentes.
12
+
13
+ Les effets de l'électricité statique et du magnétisme sont décrits pour la première fois, en 600 av. J.-C., par Thales de Milet.
14
+
15
+ On doit l'emploi moderne du terme « électricité » à l'Anglais William Gilbert, qui distingue corps électriques et magnétiques dans De Magnete en 1600[2]. Il note les lois de répulsion et d'attraction des aimants par leur pôle, assimile la Terre à l'un d'eux, puis établit une liste des corps électrisables par frottement, après avoir découvert l'influence de la température sur le magnétisme du fer. Les premiers générateurs de charges électriques sont ainsi des machines à frottement.
16
+
17
+ En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg, construit une forme primitive de machine électrique, sous la forme d'un globe de soufre en rotation frotté à la main.
18
+
19
+ Au XVIIIe siècle débute une période d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, du Fay découvre les charges positives et négatives et observe leurs interactions. Coulomb en énonce les premières lois physiques. En 1750, via des expériences sur la foudre, Benjamin Franklin identifie l'électricité naturelle, canalisée par le paratonnerre.
20
+
21
+ En 1799, Alessandro Volta crée la pile électrique.
22
+
23
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
24
+
25
+ En avril 1820, lors d'un cours sur l'électricité qu'il donnait à ses étudiants, le professeur Ørsted découvre une relation entre l'électricité et le magnétisme dans une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par un courant électrique est capable de faire dévier l'aiguille aimantée d'une boussole.
26
+
27
+ En 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux d’Ørsterd, découvre et formule quelques lois sur les relations du magnétisme et de l'électrodynamique.
28
+
29
+ En 1831, Michael Faraday découvre que, si un courant électrique produit un champ magnétique, l'inverse est vrai : on peut produire un courant électrique en mettant en mouvement un champ magnétique, selon la loi de Lenz-Faraday.
30
+
31
+ En 1868, la dynamo du Belge Zénobe Gramme met en application certaines de ces découvertes.
32
+
33
+ En 1879, la lampe à incandescence de Joseph Swan permet de produire de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (de 7 kW) voit le jour à Saint-Moritz (Suisse).
34
+
35
+ En 1883, Aristide Bergès développe le concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, en collaboration avec Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs.
36
+
37
+ Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse.
38
+
39
+ En 1891, la première ligne à haute tension (de) est construite par l'entreprise suisse Maschinenfabrik Oerlikon (en). Elle transporte l'énergie électrique sous 25 000 V à 40 Hz, sur 175 km entre Lauffen et Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Les pertes sont de seulement 4 %, ce qui a met fin à la controverse entre les défenseurs du système de transport en courant continu et ceux partisans du transport en courant alternatif, ces derniers sortant grands gagnants.
40
+
41
+ En 1892, Heilbronn, en Allemagne, est la première ville d'Europe à être équipée d'un réseau de distribution en courant alternatif[réf. nécessaire].
42
+
43
+ À la fin du XIXe siècle, la production industrielle d'électricité devient possible et les premières applications techniques apparaissent, comme le moteur électrique, l'éclairage électrique, le télégraphe et le téléphone[3].
44
+
45
+ Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes. L'électricité investit l'industrie, l'éclairage public et le chemin de fer, avant d'entrer dans les foyers.
46
+
47
+ La forte expansion électrique des années 1920 permet un maillage du territoire dans les grands pays industriels. La France bénéficie alors d'une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique grâce aux premiers barrages[4]. En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche.
48
+
49
+ Dans les années 1990-2000, les préoccupations environnementales croissantes font apparaître les termes d'électricité décarbonée, d'origine renouvelable, sûre, verte, etc.
50
+
51
+ En 2013, un communiqué de la Commission européenne mentionne : « La contribution de l'électricité d'origine renouvelable à l'objectif de durabilité consiste non seulement en réductions des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en réductions des émissions atmosphériques de substances polluantes et en une diminution des besoins en eau de refroidissement par rapport aux formes d'énergie conventionnelles. L'électricité d'origine renouvelable contribue en outre à l'objectif de diversification de l'approvisionnement et d'utilisation plus efficace des ressources. »[5].
52
+
53
+ C'est le mouvement des charges électriques de la matière qui est à l'origine de l'électricité. Comme la masse, la charge électrique permet d'expliquer l'origine de certains phénomènes. Si personne n'a jamais observé directement une charge électrique, les scientifiques remarquent des similitudes de comportement de certaines particules. Ils en déduisent que ces particules partagent des caractéristiques communes, dont les propriétés coïncident avec leurs observations.
54
+
55
+ Contrairement à la masse, deux types de charges électriques se comportent comme si elles étaient « opposées » l'une à l'autre : par convention, l'une est dite positive et l'autre négative. Un atome possède une charge positive lorsque le nombre de protons est supérieur au nombre d'électrons.
56
+
57
+ Des charges, égales, de natures opposées s'annulent : une particule qui possède autant de charges positives que négatives se comporte comme si elle n'en possédait aucune. On dit qu'elle est électriquement neutre.
58
+
59
+ Dans la nature, les électrons sont des porteurs de charges négatives et les protons des porteurs de charges positives. Les atomes qui composent la matière ordinaire comprennent des électrons qui se déplacent autour d'un noyau composé de protons et de neutrons, ces derniers étant électriquement neutres. Lorsque le nombre d'électrons est égal au nombre de protons, l'ensemble est électriquement neutre. Il est question d'électricité statique lorsqu'il n'y a pas de circulation des charges électriques. Expérimentalement, cela est généralement obtenu en utilisant des matériaux dans lesquels les charges sont « piégées », des matériaux isolants comme le plastique, le verre, le papier… qui résistent à la circulation des charges[a].
60
+
61
+ Quand on frotte certains matériaux entre eux, les électrons superficiels des atomes de l'un sont arrachés et récupérés par les atomes de l'autre. Par exemple :
62
+
63
+ Dans l'industrie, l’utilisation de sources de 241Am, émetteur alpha, sous forme de rubans placés en fin de machines de production (de papiers, plastiques, textiles synthétiques) à quelques millimètres du matériau permet, en rendant l’air avoisinant conducteur, de supprimer l’accumulation d’électricité statique.
64
+
65
+ Certains matériaux sont dits conducteurs de l’électricité (métaux, eau salée, corps humain, graphite, etc.), quand ils permettent aux charges électriques de se déplacer facilement.
66
+
67
+ Lorsqu'on marche sur une moquette, le frottement des pieds sur le sol arrache des électrons et le corps se charge d'électricité statique. Si l'on touche alors une poignée de porte métallique, on ressent une petite décharge électrostatique accompagnée potentiellement d'une étincelle, causée par le déplacement brutal des charges électriques qui s'écoulent du corps vers le sol à travers les matériaux conducteurs de la porte.
68
+
69
+ Cet écoulement, ou courant, est dû au fait qu'il existe à ce moment une différence de charges électrique entre le corps et le sol ; cette différence de charges est une différence de potentiel ; la sensation ressentie provient du courant électrique généré par la différence de potentiel existante entre la poignée et le corps humain. On en déduit que :
70
+
71
+ Pour créer un courant électrique, il faut donc, un circuit de matériaux conducteurs, qui permet aux charges électriques de se déplacer, et un système capable de créer une différence de potentiel entre les deux extrémités du circuit. Ce système est appelé générateur : ce peut être, par exemple, une pile, une dynamo ou un alternateur.
72
+
73
+ Dans un circuit électrique, on dit que le courant électrique, noté I, circule entre les électrodes depuis le pôle positif vers le pôle négatif du générateur. Ce sens est purement conventionnel, puisque le courant peut aussi bien être causé par des charges positives (manque d’électron), qui seront attirées par le pôle négatif du générateur, que par des charges négatives (les électrons) qui se déplaceront en sens inverse, vers le pôle positif. Cependant, on s’intéresse essentiellement au déplacement des électrons qui sont les seuls à pouvoir se déplacer (sauf dans des matériaux radioactifs en cours de désintégration).
74
+
75
+ Dans certains cas, des charges positives et négatives se déplacent en même temps et ce double déplacement est responsable du courant électrique global. C'est le cas dans les solutions ioniques, où les cations et les anions se déplacent dans des sens opposés, et dans les semi-conducteurs comme une diode, où électrons et « trous » font de même. Les charges ne peuvent pas toutes se déplacer sous l'action du champ électrique et c'est ainsi que dans un fil électrique, les charges positives (les noyaux des atomes) restent fixes dans la structure du métal et ne peuvent constituer aucun courant électrique ; le courant électrique dans un métal est créé uniquement par le déplacement des charges négatives (les électrons libres) vers le pôle positif du générateur : c'est un courant électronique, cependant, on utilise dans tous les cas le sens conventionnel « I » du courant, institué avant la découverte de la charge négative de l'électron.
76
+
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+ On parle de courant continu quand le sens reste constant et, de courant alternatif quand il change périodiquement. La fréquence d'un courant alternatif est le nombre de périodes par seconde. Elle s'exprime en hertz (Hz), par exemple, le courant distribué dans les installations électriques est à une fréquence : de 50 Hz en Europe et, de 60 Hz aux États-Unis.
78
+
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+ Pour comprendre certaines propriétés du courant électrique, il est intéressant de le comparer à de l'eau s'écoulant dans un circuit de tuyaux. Le générateur peut alors être vu comme une pompe chargée de mettre sous pression le liquide dans les tuyaux.
80
+
81
+ La différence de potentiel, ou tension, ressemble alors à la différence de pression entre deux points d'un circuit d'eau. Elle est notée « U », et est exprimée en volts (V).
82
+
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+ L'intensité du courant électrique peut être assimilée au débit d'eau dans le tuyau. Elle rend compte du nombre de charges qui passent à chaque seconde dans un point du circuit ; elle est souvent notée « I », et mesurée en ampères (A). En d'autres termes la tension électrique serait la hauteur d'une chute d'eau et son intensité le diamètre de la chute d'eau.
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+
85
+ La résistance d'un circuit électrique serait alors l'analogue du diamètre des tuyaux. Plus les tuyaux sont petits, plus il faut de pression pour obtenir un même débit ; de façon analogue, plus la résistance d'un circuit est élevée, plus il faut une différence de potentiel élevée pour avoir une même intensité. La résistance électrique rend compte de la faculté d'un matériau à s'opposer plus ou moins au passage du courant. Elle est notée « R » et, elle est exprimée en ohms (Ω).
86
+
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+ Il est possible de pousser cette analogie beaucoup plus loin[b] mais elle a ses limites et certaines propriétés du courant électrique s'écartent sensiblement de ce modèle basé sur un fluide, des tuyaux, et des pompes.
88
+
89
+ Les échanges électriques sont omniprésents dans la nature. En général, il s’agit de phénomènes peu visibles, mais ils sont fondamentaux : les forces électromagnétiques et électrofaibles font partie des quatre interactions fondamentales qui structurent tout l’Univers.
90
+
91
+ La friction de nombreux matériaux naturels ou artificiels produit de la triboélectricité. La foudre est une énorme décharge électrique due à l'accumulation d'électricité statique dans les nuages. En temps normal l'air est un isolant, qui bloque le passage de l'électricité. Lorsque la charge électrique dans les nuages d'orage arrive à une valeur certaine, la différence de potentiel due aux très nombreuses charges accumulées, est telle qu'elle parvient à modifier localement la structure des gaz qui composent l'air, les transformant en un plasma ionisé, qui conduit lui parfaitement l'électricité. Des arcs électriques géants se forment alors, entre deux nuages ou, entre un nuage et la terre : les éclairs, permettant le rééquilibrage des charges électriques.
92
+
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+ L'électrisation de l'air peut donner lieu à d'autres phénomènes, comme le feu de Saint-Elme.
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+
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+ La circulation des charges électriques intervient dans de nombreux phénomènes naturels, et notamment dans les réactions chimiques d’oxydo-réduction comme la combustion.
96
+
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+ Le champ électromagnétique terrestre est lui aussi créé par des courants électriques circulant dans le noyau de notre planète.
98
+
99
+ Les poissons électriques sont capables de tirer parti du courant électrique pour s'orienter, pour se protéger ou bien pour communiquer. Il existe des espèces capables de produire de véritables décharges électriques : 620 V pour l'anguille électrique ; cela lui permet d'assommer ses proies avant de les consommer. Ils produisent de telles décharges électriques grâce à leurs organes électriques, qui ont une structure interne semblable aux muscles du corps humain.
100
+
101
+ Les animaux utilisent l'électricité pour animer les muscles ou pour transmettre de l’information par l'influx nerveux dans les nerfs. Ce phénomène a été mis en évidence par les expériences de Galvani. C'est pourquoi les médecins peuvent utiliser l'électrocardiographie et l'électro-encéphalographie pour diagnostiquer les pathologies du cœur ou du cerveau. La science qui étudie les phénomènes électriques chez les animaux est l'électrophysiologie.
102
+
103
+ L'électricité représente environ un tiers de l'énergie consommée dans le monde[6]. L'électrotechnique est la science des applications domestiques et industrielles (production, transformation, transport, distribution et utilisation) de l'électricité.
104
+
105
+ La méthode la plus courante pour produire de grandes quantités d'électricité consiste à utiliser un générateur convertissant une énergie mécanique en une tension alternative. Cette énergie d'origine mécanique est la plupart du temps obtenue à partir d'une source de chaleur, issue elle-même d'une énergie primaire. Ces énergies primaires peuvent être des énergies fossiles comme le pétrole, l'énergie nucléaire, ou une énergie renouvelable telle l'énergie solaire. L'énergie mécanique entraînant le générateur peut également être d'origine hydraulique ou l'éolienne.
106
+
107
+ L'électricité peut également être directement tirée du rayonnement solaire, converti par des panneaux solaires.
108
+
109
+ Le courant qui circule sur réseau électrique est le plus souvent alternatif et triphasé, car c'est le plus économique à produire et à transporter. Bien que le consommateur final ait besoin de courant à basse tension, moins dangereux à utiliser, il est plus économique pour le transport du courant sur de longues distances d'utiliser une haute tension.
110
+
111
+ En effet, à puissance constante, si l'on augmente la tension, on réduit l'intensité du courant (
112
+
113
+
114
+
115
+ P
116
+ =
117
+ U
118
+
119
+ I
120
+
121
+ cos
122
+
123
+ (
124
+ ϕ
125
+ )
126
+
127
+
128
+ {\displaystyle P=U\cdot I\cdot \cos(\phi )}
129
+
130
+ en monophasé) et donc, les pertes par effet Joule ou pertes thermiques (
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+ P
136
+
137
+ t
138
+ h
139
+
140
+
141
+ =
142
+ R
143
+
144
+
145
+ I
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+ {\displaystyle P_{th}=R\cdot I^{2}}
153
+
154
+ ), ainsi que l'effet de peau qui limite la circulation des forts courants à la surface extérieure des conducteurs : ceci obligerait d'utiliser des câbles de cuivre de plus grosse section mais dont le cœur serait moins bien refroidi. Pour réduire les pertes par effet Joule tout en limitant la section des câbles, on utilise des transformateurs élévateurs de tension, de manière à réduire l'intensité du courant pour le transport, et des transformateurs abaisseurs de tension pour la distribution (en basse tension) aux usagers.
155
+
156
+ En France, les principaux fournisseurs d'électricité sont EDF, Engie (ex. GDF Suez) et Direct Énergie[7], qui peuvent programmer leurs investissements en s'appuyant sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie.
157
+
158
+ Les tensions électriques peuvent être transformées et converties. En règle générale, pour les grosses puissances, les tensions sont alternatives. Elles passent par des transformateurs pour convertir le courant en flux magnétique, lui-même reconverti en courant dans des bobines. Ce principe permet d'abaisser le niveau de tension tout en conservant la fréquence et une isolation galvanique entre les circuits, primaire et secondaire, du transformateur de tension.
159
+
160
+ Pour les puissances le permettant technologiquement, on utilise des convertisseurs à semi-conducteurs (transistors, thyristors) :
161
+
162
+ La combinaison des deux systèmes précédents, avec éventuellement l'aide d'un transformateur de tension permet d’effectuer des élévations ou des abaissements de tensions continues avec un bon rendement.
163
+
164
+ Pour que l'électricité soit transportée et distribuée au moyen de conducteurs, il est nécessaire d'équilibrer à tout moment la production et la consommation. Les centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, sont généralement mises en service pour répondre à des pics de demande. On utilise aussi des stations de pompage-turbinage entre deux retenues d’eau situées à deux altitudes différentes : pendant les heures creuses, l'eau est pompée vers le bassin supérieur alors que pendant les heures de pointe, l'eau passe dans une turbine qui produit un appoint d'électricité sur le réseau.
165
+
166
+ Il est aussi possible de stocker l'électricité à petite échelle au moyen de batteries d'accumulateurs, de condensateurs ou de bobines d'inductances.
167
+
168
+ L'électrotechnique, ou génie électrique, est la science et l'application de l'électricité, qui peut être pratiquée par un ingénieur, un électrotechnicien, un dessinateur-projeteur, etc. Parmi ceux-ci, citons :
169
+
170
+ Une multitude de métiers sont également liés à l'industrie de l'électricité. Pour les plus courants : chimiste, calorifugeur[8], thermicien[9], robinetier, chaudronnier, mécanicien, etc.
171
+
172
+ Mème si l'électricité s'est largement diffusée dans le monde au cours du XXe siècle, en 2015, on estimait qu'environ 1,3 milliard de personnes (sur un total de 7,3 milliards de Terriens) n'avaient pas accès à cette énergie[10]. L'ONU a ainsi, intégré parmi les Objectifs de développement durable l'accès à l'énergie et l'extension des infrastructures existantes.
173
+
174
+ On distingue souvent deux types d'usages[11] :
175
+
176
+ Dans les pays riches, l'industrie n'est plus le premier consommateur d'électricité car elle en consomme moins d'un tiers[12]. En France, ce sont ainsi les secteurs résidentiel et tertiaire (via le chauffage, l'électroménager, l'éclairage et l'informatique) qui consomment en 2009 environ 67 % de l'électricité.
177
+
178
+ Depuis les années 2000, lors des pics de consommation accompagnant les vagues de froid, RTE craint un effondrement d'une partie du réseau. Il diffuse, notamment en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, des incitations à économiser l'électricité. En effet, l'électricité ne pouvant être massivement stockée en l'état actuel des technologies, c'est la « puissance appelée » qui devient le facteur dimensionnant du système de distribution électrique, c’est-à-dire l'énergie consommée à un instant donné, et non seulement la consommation cumulée sur la journée, la saison ou l'année. La répartition spatio-temporelle des usages électriques a un impact majeur sur le plan économique, mais aussi environnemental, car les ressources appelées en derniers recours lors des pics émettent le plus de CO2. Ainsi, le chauffage électrique « pèse » « 2,5 fois plus en puissance instantanée (36 % au moment du record de consommation sur le réseau français) qu’en consommation cumulée en moyenne sur l’année (14 %) »[11].
179
+
180
+ Le smart grid est censé aider les clients à moins consommer en période de pointe et permettre d'appeler l'électricité par le chemin le plus court, conduisant à moins de pertes lors du transport de l'électricité. Ceci serait encore plus vrai dans une perspective de troisième révolution industrielle, telle que définie par Jeremy Rifkin et dont le soutien de principe a été adopté par le Parlement européen en 2007[13], mais sans répondre au risque d'effet rebond[14].
181
+
182
+ L'efficacité énergétique a été poussée par une directive de l'Union européenne sur l'efficacité minimum des appareils électriques, après une directive sur l'étiquetage en 1992, suivie en 1997 d'une directive limitant les consommations de réfrigérateurs, congélateurs et combinés, en veillant à ne pas dépasser l'optimum pour le consommateur en termes de récupération rapide de l'investissement initial par les économies d'énergie. En huit ans, l'efficacité énergétique des appareils frigorifiques a ainsi, été améliorée de 30 %, puis, rien n'a été fait durant treize ans sur l'électroménager en Europe, alors que des normes d'efficience énergétique se développaient aux États-Unis, depuis 1989.
183
+
184
+ Malgré une notable amélioration de l'efficience énergétique de 1999 à 2004, la consommation finale continue à augmenter en Europe (UE-25) ; Un ménage moyen de l’UE-25 consommait 4 098 kWh en 2004, alors qu'il aurait pu n'en consommer que 800 kWh s'il était équipé d'appareils à basse consommation et en abandonnant les ampoules à incandescence (et encore moins avec les techniques les plus efficientes). Selon le Centre commun de recherche (CCR) de l’Union européenne, de 2005 à 2006, la consommation a augmenté dans l’UE-25 dans tous les secteurs ; dans le résidentiel, dans le tertiaire (+ 15,8 %) et dans l'industrie (+ 9,5 %), à un rythme calqué sur celui du PIB global (+ 10,8 %). Le rapport recommande d'encourager les chauffe-eau solaires et les économies d'énergie, par remplacement notamment des lampes à incandescence. En novembre 2006, la Commission européenne a engagé un plan d'action pour l'efficacité énergétique qui visant - 20 % la consommation d'électricité de l’UE-25 d'ici 2020[15]. Les appareils consomment plutôt moins, mais ils sont plus utilisés (explosion de l'utilisation de l'ordinateur et du téléphone portable). Le temps passé devant la télévision a augmenté de 13 % entre 1995 et 2005[15].
185
+
186
+ En Europe, dans le tertiaire, l'éclairage (de jour souvent) est devenu le premier poste de consommation électrique, avec 175 TWh consommés par an représentant 26 % de consommation électrique totale du secteur tertiaire[15]. Par ailleurs, l'éclairage nocturne (principale cause, avec la publicité lumineuse, du phénomène dit de pollution lumineuse) est en hausse constante depuis 50 ans.
187
+
188
+ En France, un arrêté limite l’allumage des vitrines de commerces, des bureaux et des façades extérieures des magasins et bâtiments depuis le 1er juillet 2013. Cette mesure vise des économies de 2 TWh par an selon l'ADEME[16]. Néanmoins, sans objectif de sobriété énergétique, un effet rebond (direct ou indirect et externe) peut faire que les sommes ainsi économisées seront dépensées dans d'autres usages énergivores.
189
+
190
+ À part les appareils à piles ou les batteries d'automobile, la majorité de l'électricité utilisée dans la vie quotidienne provient du réseau électrique. Chaque habitation est reliée au réseau par l'intermédiaire d'un tableau qui contient au moins un compteur destiné à la facturation, ainsi qu'un disjoncteur général servant d'interrupteur général et permettant de protéger l'installation en cas de surintensité. En général, de ce disjoncteur sortent deux conducteurs qui alimentent l'installation domestique : la phase et le neutre, dans les installations triphasées deux conducteurs de phase supplémentaires sont présents. Pour des impératifs de sécurité des personnes, les installations modernes et sécurisées comportent aussi un conducteur relié à la terre et un disjoncteur différentiel.
191
+
192
+ On trouve ensuite un tableau de fusibles ou de disjoncteurs, distribuant le courant dans les différents circuits de la maison. On prévoit généralement des circuits spécialisés pour les appareils qui ont besoin de beaucoup de puissance (four, cuisinière électrique, lave-linge, lave-vaisselle, chauffe-eau, etc.), et normalement, par pièce, un circuit pour l'éclairage et un pour les prises électriques.
193
+
194
+ On utilise des interrupteurs pour ouvrir ou fermer les circuits électriques. Il est possible d'utiliser des montages spéciaux comme un va-et-vient ou un télérupteur quand on souhaite disposer de plusieurs points de commande, par exemple, à chaque bout d'un couloir.
195
+
196
+ Selon une étude parue dans Nature en 2020, même à supposer que le contenu en carbone de l'électricité ne présente pas d'amélioration, il y aurait quand même intérêt à passer aux voitures électriques pour les transports, et aux pompes à chaleur pour les bâtiments[17].
197
+
198
+ L'électrisation est le passage de courant électrique dans le corps humain. Même avec un courant relativement faible l'électricité est dangereuse pour la santé des êtres vivants, ce qui justifie la nécessité de disjoncteurs différentiel calibrés à 30 mA pour garantir la protection des personnes[18].
199
+
200
+ Les normes de conception des matériels électriques, définissent qu'une tension de plus de 25 V alternatifs / 50 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu humide) présente un danger d’électrisation et qu'une tension supérieure à 50 V alternatifs / 120 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu immergé et 25 V alternatifs / 50 V continus en milieu humide)) présente un danger mortel : l'électrocution.
201
+
202
+ Les conséquences d'une électrisation dépendent de la nature de la tension (alternative ou continue), de la résistance du corps humain généralement admis comme étant à 5 000 ohms en TBT (très basse tension), 1 000 ohms sous 220 V alternatif et 400 ohms sous 500 V (la résistance est dégressive en fonction de la tension d'exposition), de l'amplitude du courant ayant circulé et du temps de passage de ce courant.
203
+
204
+ Il est couramment admis quelques seuils sur lesquels se basent les règles de sécurité :
205
+
206
+ Au-dessus de 20 mA et plus d'une seconde, il existe un risque de fibrillation cardiaque si le courant passe par le cœur. En TBT avec maximum 50 V en alternatif et 120 V en continu, le danger pour l'homme est considéré comme faible, mais non nul: (I=U/R) ; 50 V/5 000 ohms = 10 mA [19].
207
+
208
+ Au-dessus de 1 000 V, il y a danger, même sans contact direct avec un conducteur, car il se produit une ionisation de l'air, les distances d'approche minimales sont évaluées en fonction du niveau de tension. D'où l'interdiction d'entrer dans les enceintes des transformateurs électriques. Malgré la distance conséquente séparant les conducteurs des lignes haute tension, le bruit que l'on peut entendre en dessous de ces lignes est consécutif à des micro-amorçages par claquage de l'air.
209
+
210
+ L'absence visuelle de brûlure après une électrisation n'exclut pas des brûlures internes sur le chemin de passage du courant dans le corps, lesquelles peuvent engendrer des nécroses. En plus, des cas de chocs rénaux, dus à la décomposition du sang par le passage du courant, sont relevés après des électrisations sévères, ces événements ont lieu quelques dizaines de minutes après l'accident, il faut donc toujours aller à l'hôpital après un accident électrique conséquent.
211
+
212
+ Mais l'électricité sert aussi à soigner : elle peut être utilisée telle quelle, pour administrer des électrochocs ou stimuler des tissus nerveux ou musculaires, ou encore alimenter les appareils de pointe utilisés en médecine, permettant des techniques de soin telles que radiothérapie, électropuncture[20], stimulateur cardiaque, prothèse, et de diagnostic telles que radiographie, scanner, résonance magnétique, endoscopie.
213
+
214
+ La Programmation pluriannuelle de l'énergie cadre la programmation du secteur de l'électricité (et le mix énergétique)
215
+
216
+ Il existe en France trois normalisations en électricité :
217
+
218
+ La normalisation en France est réglementée par la loi du 24 mai 1941, qui a créé l’Association française de normalisation (AFNOR) et définit la procédure d’homologation des normes. Le décret d'application de cette loi est le décret no 2009-697 du 16 juin 2009.
219
+
220
+ Par ailleurs, une norme homologuée peut être rendue d’application obligatoire par arrêté, mais cette procédure n’a été jusqu’à présent que peu utilisée en électricité, sauf en ce qui concerne la sécurité : (NF C18-510, NF C15-100 et NF C13-200).
221
+
222
+ Il existe deux grandes familles de normes qui visent d’une part, la construction du matériel électrique et d’autre part, la réalisation des installations électriques.
223
+ Une loi du 30 décembre 2006 rend obligatoire un diagnostic immobilier pour le contrôle des installations domestiques existantes de plus de 15 ans, obligatoire depuis le 1er semestre 2008. Une nouvelle norme est sortie en août 2007 pour le contrôle de ces installations dans le cadre de ce diagnostic.
224
+
225
+ Les principales normes de réalisation sont :
226
+
227
+ Les principales normes de conception sont :
228
+
229
+ La norme expérimentale de contrôle des installations existantes :
230
+
231
+ En 1936-37, l'artiste Raoul Dufy réalise l'une des plus grandes fresques au monde (10 m x 64 m) sur le thème de La Fée Électricité (située au musée d'art moderne de la ville de Paris).
232
+
233
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