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Un frein est un système permettant de ralentir, voire d'immobiliser, les pièces d'une machine ou d'un véhicule. Dans le cas de mouvements la plupart des types de freins transforment l’énergie cinétique en énergie thermique par friction de pièces mobiles sur des pièces fixes, éléments qu'il faut refroidir. D'autres systèmes convertissent l’énergie cinétique en une autre énergie (par exemple électrique ou pneumatique), appelé freinage régénératif sur véhicule électrique. Enfin les freins à courant de Foucault servent à ralentir des pièces métalliques sans aucune friction.
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Depuis l'invention de la roue, la problématique de l'immobilisation de celle-ci, dans certaines circonstances, s'est posé. Sur les véhicules à traction animale le frein consistait en un patin ou sabot actionné par un levier, frottant sur la circonférence de la roue. Système efficace seulement lorsque la roue était propre et sèche. Pour l'immobilisation on plaçait une cale devant la roue.
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Les premières automobiles utilisaient toujours ce système de sabot, avec une commande par levier ou pédale à transmission directe ou par câble. Il présentait l’inconvénient de ne pas pouvoir être très puissant, même en appuyant très fort sur la pédale et d'être très sensible à l'encrassement, poussières, boue, graviers[a].
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Les freins à tambours furent inventés dans les années 1900, améliorant notoirement le freinage des automobiles de l'époque dont la commande se faisait par câbles.
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Le premier frein à commande hydraulique est inventé par l'Américain Malcolm Lockheed (frère d'Allan, tous deux cofondateurs de Lockheed) en 1919, ce dernier fonde la Lockheed Hydraulic Brake Company à Detroit et les véhicules Chrysler seront les premiers équipés en 1924[1]. La Lockheed Hydraulic Brake Company deviendra Bendix en 1932[1]. Avec le passage à une liaison hydraulique, la force appliquée a pu être beaucoup plus importante, rendant les freins plus efficaces, mais aussi plus sollicités.
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Dans les années 1950, les freins à disque commencent à remplacer les tambours sur des véhicules de série[2].
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En 1978, l'Allemand Bosch commercialise son ABS électronique, un système anti-blocage des roues sur lequel la firme avait commencé à travailler dès 1936[3]. Il équipe désormais toutes les automobiles en Europe depuis 2004[4].
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Depuis le début des années 2000, sur certaines voitures de sport « haut de gamme », les disques en acier ont été remplacés par de la céramique[5], voire du carbone sur certaines voitures de course comme les Formule 1[6] (ces derniers nécessitant une température de 250 à 300 °C minimum pour fonctionner[7]). Le carbone est aussi utilisé en freinage aéronautique[8]
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Pour freiner un véhicule, le conducteur exerce un effort sur une commande, (pédale dans une automobile, levier sur les deux roues et dans les anciennes voitures, etc.), cet effort est transmis aux freins.
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Cette transmission peut se faire de différentes manières :
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Dans le cas d'un circuit pneumatique, pour des raisons de sécurité, on « inverse » la logique d'effort : sans pression de l'air comprimé dans le circuit, le frein est serré (par un puissant ressort), et la pression sert à écarter les freins. Ainsi, la moindre défaillance du circuit (fuite) provoque un freinage. C'est le principe adopté dans les remorques tractée, les camions et les trains de nombreux pays : le déclenchement du signal d'alarme provoque une ouverture du circuit ce qui génère un freinage immédiat de l'ensemble de la rame.
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Son principe repose sur la conversion de l'énergie cinétique du véhicule ou des pièces à freiner (liée à la vitesse et à la masse) en énergie thermique. L’énergie à évacuer répond à l'équation :
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Le frottement de pièces mobiles (rotors) sur des pièces fixes (stators) est généralement utilisé. L'efficacité des freins à friction est liée à la capacité de ses constituants d'assurer un frottement suffisamment important, tout en dissipant rapidement la chaleur afin d’éviter la surchauffe de l'ensemble du mécanisme, surchauffe rendant inopérant le freinage. (cf.les accidents de la « rampe de Laffrey »).
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Les freins constituent un organe de sécurité indispensable:
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L'assistance anti blocage de roue, souvent appelé « ABS » de l'allemand « AntiblockiersystemAntiblockiersystem ». Le principe de fonctionnement consiste à contrôler en permanence la vitesse de rotation de chaque roue du véhicule. Un calculateur électronique gère un bloc d'électrovannes sur le circuit de freinage et surveille individuellement la rotation de chacune des roues à l'aide d'un capteur implanté sur chacune d'elles. Si le calculateur détecte le blocage (ralentissement significatif par rapport aux autres roues) d'une roue, le frein de celle-ci est relâché immédiatement (sans que le conducteur n'ait à modifier son action sur la pédale de frein). Le calculateur va permettre la pression de freinage la plus forte possible tout en évitant un blocage des roues. Le fonctionnement du système se traduit par une vibration dans la pédale de frein.
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Le but principal de l'ABS est de permettre de garder le véhicule manœuvrable lors d'un freinage d'urgence et non de réduire la distance de freinage.
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Le freinage électrique utilise la faculté qu'ont les machines électriques à se transformer en générateurs d'électricité, quand ils sont en mouvement. L'énergie cinétique ou potentielle, liée à la masse en déplacement, est convertie en électricité que l'on envoie, soit vers des résistances qui la dissipent sous forme de chaleur (frein rhéostatique), soit réinjectée dans la source d'alimentation — par exemple caténaire dans le cas des moteurs de traction d'un train — (freinage par récupération).
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Sur les automobiles hybrides électriques et automobiles électriques le freinage régénératif permet de recharger la batterie de traction lors des ralentissements. L'énergie récupérée est utilisée par la suite pour la traction, ce qui permet de substantielles économies d'énergie et de soulager les freins à friction, améliorant ainsi nettement le bilan pollution.
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Type de frein utilisé notamment sur les camions et autocars, appelé aussi ralentisseur. Ce système n'est pas considéré comme un frein à proprement parler car il est d'autant plus efficace que la vitesse est élevée; il ne permet pas l’arrêt complet rapidement. Il utilise les courants de Foucault générés dans une masse métallique conductrice de l'électricité qui convertissent l’énergie mécanique en chaleur, (comme un générateur électrique en court-circuit). Ces freins ont donc besoin d’être soigneusement refroidis pour éviter tout problème de déformation du métal lié à la chaleur.
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Le frein électro-magnétique est employé dans la technologie ferroviaire pour accroître l'effort de freinage. Il est utilisé en complément du freinage pneumatique par sabot et, dans certains cas, en complément du freinage dit « électrique » comme sur les MI 2N (matériel RATP de la ligne A et SNCF sur la ligne E du RER).
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Ce système n'est utilisé que pour les freinages dits « d'urgence » (en cas d'incident et non pas pour un arrêt normal comme l'arrêt en gare), quand il est nécessaire d'arrêter le train sur la distance la plus courte possible. À titre d'exemple, pour une rame de banlieue Z 20500 circulant à 140 km/h, il faut environ 800 mètres pour obtenir l'arrêt complet, contre environ 500 m pour une rame MI2N circulant à la même vitesse.
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Le système de frein électro- magnétique est apparu en France à partir de 1969 sur les voitures « grand confort », premières voitures à circuler à 200 km/h sur le Capitole puis sur les rames à turbine à gaz en 1972. Ce système fut ensuite abandonné jusque dans les années 1990, où il est réapparu sur les rames MI2N, X 73500, etc. Il devrait aussi être utilisé sur les rames POS du TGV Est Européen qui feront la liaison France/Allemagne, car il est obligatoire dans ce dernier pays — alors qu'il est jugé trop agressif pour le rail sur le réseau ferré national français, sauf pour le matériel commun avec la RATP[pourquoi ?]. Il est aussi utilisé, là encore comme frein d'urgence, sur les rame de tramway de certains constructeurs comme Alstom.
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Les freins électro-magnétiques se composent d'un ensemble (vérins plus patins) fixé sur le châssis du bogie entre les deux essieux. Lors d'un freinage d'urgence, les patins descendent et appuient contre le rail grâce à des vérins. Un champ magnétique est ensuite créé pour plaquer fortement les patins en contact avec le rail, ce qui crée un effort de freinage supplémentaire, en complément des freins à disque, à sabot, voire électrique sur certaines rames.
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Le principal avantage de ce système est d'offrir un effort de freinage constant : dans le cas d'un freinage par disque, si l'effort de pression exercé sur ceux-ci est trop important il y a risque d'enrayage (blocage des roues de l'essieu qui glisseront sur le rail) et donc un risque d'allongement significatif de la distance d'arrêt avec endommagement de la surface de contact des roues. Ce risque est important en cas de pluie ou de feuilles mortes tombées sur le rail, ce qui est préjudiciable pour la sécurité des circulations qui est la base des règlements ferroviaires.
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Le freinage des aéronefs est assez similaire à celui des automobiles mais avec la nécessité d’arrêter une masse importante le plus rapidement possible, ce qui explique que l'aviation a été le premier utilisateur des « nouvelles technologies » (freins à disque, frein carbone[8] , etc.).
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En plus du freinage conventionnel à l'atterrissage au moyen des freins des roues (généralement avec multi-disques), un aéronef peut également être freiné à l'aide de différents dispositifs permettant, soit de raccourcir la distance d'arrêt, soit de moins solliciter (et donc user) les freins de roues :
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Dans le cas des avions militaires, un dispositif de secours permet d'arrêter en bout de piste un avion qui n'aurait pas pu freiner à temps par ses propres moyens. Deux possibilités existent :
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Lorsqu'un avion se pose sur un porte-avions, il est le plus souvent freiné par l'utilisation combinée d'une crosse d'appontage et de brins d'arrêt :
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Au cas où la crosse aurait raté tous les brins, l'avion n'a d'autre solution que de redécoller aussitôt sur sa lancée et de refaire une nouvelle tentative. Pour cette raison, la puissance moteur maximale est enclenchée dès le toucher des roues. Enfin un grand filet peut aussi être déployé en travers du pont, afin de permettre à l'avion d'apponter même si l'avion n'est plus en mesure d'attraper un brin d'arrêt (crosse cassée, panne, etc.). Cette méthode est cependant utilisée en dernier recours, en effet le filet risque d'endommager certaines parties de la structure de l'avion lors de son arrêt du fait des forces qui vont s'exercer sur le fuselage et les ailes.
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Lors d'un appontage sur le porte-avions Charles de Gaulle, le pilote d'un Rafale dispose de 90 mètres pour passer de 220 km/h à zéro, soit une décélération dans une manœuvre qui dure environ 1,5 seconde. Cela représente en gros une décélération de 40 m/s2, soit environ 4 g.
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Freyja est une déesse majeure dans le paganisme germanique et nordique, où de nombreux contes l’impliquent ou la représentent. Néanmoins les meilleures sources documentées de cette tradition religieuse, la mythologie nordique, sont à prendre avec prudence car elles ont pu subir l'influence des représentations chrétiennes ou classiques. En effet, elles nous ont été transmises, en grande partie, par l'intermédiaire d'historiens médiévaux islandais, alors que l'île était convertie au christianisme depuis plus de deux siècles[1],[2],[3]. La majorité de ces textes, issus de la tradition orale scandinave, ont été mis à l'écrit en Islande au XIIe siècle et XIIIe siècle par Snorri Sturluson sous l'influence chrétienne . Le culte et les pratiques rituelles associées à cette déesse sont de ce fait mal connus.
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Dans les croyances pré-chrétiennes, Freyja représenterait un des trois visages de la Grande Déesse Mère, avec les déesses Frigg et Skadi[4].
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Dans la mythologie nordique, Freyja est de la famille des dieux Vanes, elle est la fille de Njörd le dieu des océans, de la pêche et des poissons et de Skadi la déesse des montagnes, de la chasse et de l'hiver. Freyja est aussi la sœur jumelle de Freyr le dieu agricole avec lequel elle partage les attributs de fertilités en lien avec la vie. Ses filles s'appellent Hnoss et Gersimi.
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Le nom Freyja est issu d'un terme germanique signifiant « dame » (cf. fru ou Frau en scandinave ou en allemand).
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En vieux norrois comme en islandais moderne, Frú a pour sens « maîtresse, dame, femme ». Dans les autres langues modernes, le vocable est devenu Frue (danois), Fru (suédois), Frau (allemand), Vrouw (néerlandais).
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On pourrait la considérer comme l'équivalent de Vénus pour sa symbolique de la beauté, mais aussi de Minerve du fait de ses attributs guerriers. Il est probable qu'elle soit la descendante mythologique la plus directe de Nerthus.
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Le nom de son animal symbolique, la truie (syr en vieux norrois), pourrait être à l'origine du nom des Suédois, Sviar (« adorateurs de la truie »)[5].
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Le compagnon de Freyja est Ód, celui de Frigg est Odin.
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D'après l'Edda en prose de Snorri Sturluson, Freyja était également connue sous les noms suivants :
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Dans la Saga de Njáll le Brûlé, Freyja est également appelée Valfreyja, soit « maîtresse des élus », « maîtresse des tués », à rapprocher du nom d'Odin Valfadir (Valfaðir) (« père des tués ») et de celui des valkyries, valkyrja (« qui choisit les tués »).
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Un kenning est une figure de style propre à la poésie scandinave, qui consiste à remplacer un mot par une périphrase à valeur métaphorique. Si aucun kenning n'est communément utilisé pour désigner Freyja, le nom de la déesse a été source de nombreux kenningar, principalement dans le registre des matières précieuses. L'or est ainsi appelé « larmes de Freyja », « larmes de Mardöll », ou encore « larmes de l'épouse d'Ód ». Les belles choses en général sont appelées « filles de Freyja ».
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C'est un personnage, sous la graphie Freia, de L'Or du Rhin de Richard Wagner.
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Les parents de Freyja sont Njörd et Nerthus ou Skadi selon si le mythe est celui de Scandinavie ou d'Allemagne.
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Elle a pour frère jumeau Freyr, chef de file des Vanes, et pourrait n'être que la face féminine du concept incarné par Freyr.
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Il est probable qu'il y ait un lien fort entre Nerthus et Freyja ou Frigg "Frija".
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De son époux Ód, « un homme qui voyage loin », Freyja eut deux filles, Hnoss et Gersimi. Ód est probablement une hypostase d'Odin voire Odin lui-même, car celui-ci disparaît peu après leur mariage. Après la disparition de Ód, Freyja pleura des larmes d'or rouge qui se transformaient en ambre quand elles tombaient dans la mer. On la confond parfois avec Frigg qui serait l'hypostase de Freyja, l'épouse d'Odin, déesse du mariage.
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Le collier des Brísingar est un célèbre collier fait d'or et d'ambre, qui apparaît dans les sagas légendaires ainsi que dans Beowulf. Certaines versions de son mythe l'attribuent à Frigg et non à Freyja.
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Lorsque Freyja portait le collier, nul ne pouvait résister à son charme. Le bijou avait en outre la propriété de soutenir l'armée que la déesse souhaitait favoriser sur le champ de bataille. Mais pour l'obtenir, elle dut se marier un jour chacun avec les quatre nains fabriquant de ce collier.
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Freyja possède un manteau de plumes de faucon, appelé Valshamr (« peau (ou plumage) de faucon » ou « cape aux plumes de faucon » selon les traductions). Il permet à celui qui le porte de se changer en oiseau et de voler d'un monde à l'autre. De même que le collier des Brísingar, ce manteau magique est parfois attribué à Frigg.
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Le char de Freyja est tiré par deux chats bleus. Suivant les sources, ils se nomment parfois Thófnir (Þófnir) et Högni, ou parfois Brundr et Kælinn. Le plus souvent ils ne sont pas nommés. De taille imposante, ils laissent à penser être des chats de forêts norvégiennes ou des lynx. Comme les loups pour Odin, les chats sont sacrés pour Freyja.
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Contrairement à beaucoup d'autres dieux, elle est appréciée des géants et plusieurs d'entre eux la convoitent.
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À l'aube, Freyja est réveillée d'un sommeil enchanteur par des bruits tempétueux provenant de l'extérieur. À la porte d'entrée, il y a Thor dans un char tiré par deux boucs. Freyja l'interpelle et lui fait un sermon pour avoir fait tant de bruit pendant qu'elle essayait de dormir. Thor lui dit qu'il a l'intention d'aller à la pêche et sera bientôt parti.
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Comme promis, Thor part à la rivière afin d'y pêcher un dragon d'eau. Alors qu'il attend, il entend un son agaçant, suivi d'une chanson charmante et apaisante. La chanson calme Thor qui s'endort. Tout d'un coup, le son agaçant recommence et tire Thor de son sommeil. Il est en colère d'être ainsi réveillé et il part enquêter.
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Après un bout de marche, Thor trouve deux chatons géants dormant dans un arbre en compagnie d'un autre chat qui leur chante une douce mélodie. Thor interpelle le chat chanteur lui demandant s'il essayait intentionnellement de l'empêcher de dormir pour l'embêter. Le chat répond que les deux chatons sont ses enfants, et il chantait simplement pour les endormir. Il explique qu'il est un père célibataire et qu'il est difficile d'élever des enfants seul.
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Thor pense à Freyja et quel beau cadeau les chats feraient pour se faire pardonner. Le père chat insiste sur le fait qu'ils sont des chats spéciaux et ont besoin d'une très bonne maison, Thor se sent insulté et se met en colère. Alors que Thor s'élance vers le père chat, le félin montre les dents et sort ses griffes. Avant que Thor puisse atteindre l'animal, le chat se transforme en oiseau et s'envole.
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Thor prend les deux chatons géants dans son char et les présente à Freyja. Elle aime tellement ces chats, que la déesse les emploie pour tirer son char servant à traverser les cieux chaque jour.
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Freyja est considérée comme une déesse de l'amour, de la beauté, de la terre et de la fertilité. Freyja est belle, parfois rousse ou blonde, et on l'invoque pour être heureux en amour, mais aussi lors des accouchements. On la sollicite de même pour obtenir de bonnes saisons. Elle était la déesse de l'intimité, de l'attirance entre personnes, de la richesse, de la magie, des prophéties et l'origine du Seid a été attribué à Freyja[6],[7].
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Freyja est liée par de nombreux aspects à la guerre.
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Parcourant les champs de bataille, elle reçoit notamment la moitié des guerriers morts au combat dans Sessrumnir (« Pièce aux sièges nombreux »), la salle principale de sa demeure Fólkvangr (« Champs du peuple/ de l'armée »), tandis qu'Odin reçoit l'autre moitié dans sa halle, la Valhöll (Valhalla)[8].
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Pour expliquer ce partage des Einherjar (« guerriers combattant seuls ») entre Odin et Freyja, certains courants néo-païens expliquent que les guerriers dévolus à Odin sont ceux d’entre eux qui vouent leur existence à la guerre et aux batailles que l’on nomme les offensifs. Les guerriers dévolus à Freyja sont ceux d’entre eux qui mènent des combats pour protéger leurs familles leurs clans et leurs biens que l’on nomme les défensifs.
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Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
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Dans la Saga du Roi Olaf Tryggvason Interprétation abusive ?, d’après les ordres de ce dernier, afin de prouver leur piété, les gens doivent insulter et ridiculiser les déités majeures des païens quand ils sont nouvellement convertis au christianisme. Les déités nordiques telle Freyja sont finalement rendues démoniaques conformément aux enseignements de l'autorité chrétienne[9],[10].
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Les Vikings avaient l’obligation d’abandonner leurs anciennes croyances. « L’Église n’autorise pas d’autres dieux, qu’elle considère comme des démons et des forces du Mal. Freyja, la grande Déesse des Vikings, symbole de la fécondité, fut pour l’Église un objet de ridicule et de mépris. » [11]
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Écrite par deux prêtres chrétiens au XVe siècle, la nouvelle islandaise Sörla þáttr est une tentative d'humilier des déités païennes, louer le christianisme et immortaliser le roi chrétien Olaf Tryggvason. L'histoire emprunte les parties de Heimskringla (où les déités des païens sont raillées), les parties de la poésie Lokasenna (de Gefjun dormant avec un garçon pour un collier, collier des Brísingar) adaptée pour humilier la déesse Freyja. Les parties de la Húsdrápa la poésie (de Loki volant Brisingar) et la bataille éternelle Hjadningavíg. À la fin de l'histoire, l'arrivée du christianisme dissout la vieille malédiction qui devait traditionnellement attendre le Ragnarök[12].
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Freyja a des attributs parallèles à Frigg, la déesse souveraine des Germains et des anciens Scandinaves, patronnant notamment le mariage et la maternité. L'époux de Freyja est Ód, celui de Frigg est Odin. La racine germanique Frijō serait à l'origine du nom des deux déesses en vieux-norrois.
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Freya est la fille du dieu de la mer, et elle porte une cape de plume qui rappelle le Tugen une cape ou un manteau que portaient autrefois les bardes, mais également les femmes oiseaux dans les récits grecs, en effet la sirène est originaire à la fois de l'Europe du Nord chez les Peuples Celtes et Scandinaves, mais aussi en Europe du Sud chez les Grecques. Les Sirènes sont toujours décrites comme de très belles femmes de la taille jusqu'à la tête et avec le bas de leur corps recouvert d'une queue de poisson écailleuse. Ce sont des créatures reflétant ce qu'il y a de plus beau chez l'humain, l'art, la beauté, la littérature, l'art du chant, elles sont les muses et les accortes demoiselles des eaux aux charmes parfait.
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Il existe deux “types” de sirènes : la sirène de mer d'Europe du Nord et la sirène oiseau de la Méditerranée.
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Pour revenir à la source de la sirène il nous faut faire notre petite enquête et aller a la source comme des saumons de la sagesse qui remontent la rivière et les eaux tumultueuses du temps. De pistes en pistes, de traces en traces on arrive à y voir plus clairement.
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la sirène oiseaux semble bien être plus antérieure à la légende que la sirène poisson qui ne serait qu'un avatar inventé/repris par les gréco-romains assez tardivement.
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Étymologie de sirène:
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Les Cyrènes (Kurénès) sont des nymphes chasseresse pré-Celtes ou des Celtes Goïdels (Éburons) peuplant l’Afrique du Nord.(Libye)
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Cyrène, était une ville antique très importante de Cyrénaïque; elle faisait partie des cinq colonies grecques de la région, où étaient établis les Libyens.
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Aujourd'hui elle se trouve encore en Libye. À l'époque des échanges commerciaux avec la Cyrène, qu'il y a eu une sorte de syncrétisme, de la part des Grecs.
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Une statère (monnaie) d'or, de Cyrène en Grèce antique, a été retrouvée sur la côte nord Finistère. Cet objet a été trouvé sur une plage par un jardinier qui venait chercher du goémon.
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Remarquons la parenté phonique avec Schérie et skira, (mythe à caractère érotique, utilisé dans les textes oniriques de la Grèce antique) skiron-chiron .. planète mystérieuse...et très controversé...
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Le mot grec seirênès vient de seira “chaîne, corde, lasso”, d’où le sens de “celles qui attrapent, qui attachent” dans le mythe des dangereuses sirènes voulant retenir auprès d’elles Ulysse et les siens.
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Remarquer que nos modernes sirènes de mer ne ressemblent plus du tout à celles d’Ulysse telles qu’on les voit sur les céramiques grecques...des femmes oiseaux....
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En effet les sirènes des récits grecs, sont des femmes oiseaux, qui veillent sur l'océan, en ce plaçant sur les hauteurs, sur des monts.
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Dans les récits Celtes les Loireagh sont des femmes féeriques lier a l'amour et a la fertilité, elles habitent les cours d'eau, les sources et les cascades.
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Les attributs de Freyja en lien avec la féminité sacrée, la mer et les oiseaux peuvent avoir été attribués aux sirènes des eaux, dans certains pays et avec du temps. Nous pouvons retrouver cette idée de lien avec la mer dans son nom "Mardöll".
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Nos sirènes, qui ont perdu de leur origine, se fond désormais dans un décor européen moderne, datant environs du Moyen Âge.
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Freyja est l'une des 1 038 femmes dont le nom figure sur le socle de l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago. Elle y est associée à la Déesse de la fertilité, deuxième convive de l'aile I de la table[13].
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Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón[1] ou Frida Kahlo, née le 6 juillet 1907 dans une démarcation territoriale de l'actuelle entité fédérative de Mexico, la délégation de Coyoacán, et morte le 13 juillet 1954 au même endroit, est une artiste peintre mexicaine.
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Tout au long de sa vie, elle garde une santé fragile, souffrant de poliomyélite depuis l'âge de six ans puis victime d'un grave accident de bus. Elle devra subir de nombreuses interventions chirurgicales.
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Après son accident, elle se forme elle-même à la peinture.
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En 1922, elle falsifie sa date de naissance en 7 juillet 1910, année du début de la révolution mexicaine[2].
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En 1929, elle épouse l’artiste Diego Rivera, mondialement connu pour ses peintures murales.
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La mère de Frida Kahlo, Matilde Calderón y González (1876-1932), est née à Mexico. Elle est la troisième fille d’Isabel González y González, issue d'une famille de généraux d'origine espagnole, et du photographe Antonio Calderón, de Morelia.
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Son père, Guillermo Kahlo (1871-1941), né Carl Wilhelm Kahlo à Pforzheim dans le Grand-duché de Bade en Allemagne, n'était pas, comme le voudrait une légende répandue, juif d'origine germano-austro-hongroise, mais un Allemand de confession luthérienne, fils du bijoutier et orfèvre Jakob Kahlo et de Henriette Kaufmann, issu de la bourgeoisie badoise[3]. C'est à son arrivée au Mexique en 1891 à l'âge de 19 ans qu'il modifia son nom.
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Frida Kahlo peint en 1936 Mes grands-parents, mes parents et moi où elle raconte l’histoire de ses origines, tel un arbre généalogique. Elle a symbolisé ses grands-parents maternels mexicains par la terre, et ses grands-parents paternels allemands au moyen de l’océan. Elle est la petite fille du jardin de la « Maison bleue » où elle est née et décédée. Au-dessus figurent ses parents dans la pose de leur photo de mariage, puis ses grands-parents paternels et maternels.
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Magdalena Frida Carmen naît dans la « Maison bleue » (la « Casa azul »), actuel musée Frida Kahlo, au milieu d’un quartier où habite la petite bourgeoisie, à Coyoacán, au sud de Mexico. C’est la troisième des quatre filles de Matilde et Guillermo Kahlo.
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À l'âge de six ans, Frida est victime d'une poliomyélite. La conséquence est que sa jambe droite s’atrophie et son pied ne grandit plus. Elle n'atteindra jamais la taille qu'elle devrait avoir. C'est ce qui lui vaudra le surnom de « Frida la coja » (Frida la boiteuse) par ses camarades de classe. Il a été supposé qu'elle souffrait de spina bifida, une malformation congénitale de la colonne vertébrale, qui pourrait également avoir affecté le développement de la jambe[4].
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En 1922, alors âgée de 16 ans, elle quitte le cours supérieur du Colegio Alemán à Mexico et intègre la Escuela Nacional Preparatoria, considérée comme le meilleur établissement scolaire du Mexique. Frida Kahlo est l'une des trente-cinq premières filles admises sur un total de 2 000 élèves. Elle s'intéresse beaucoup aux sciences naturelles et souhaite alors devenir médecin. Malgré l’intérêt qu’elle porte aux beaux-arts, qu'elle doit à son père, excellent photographe et accessoirement peintre d'aquarelles, elle n’envisage pas de se lancer dans une carrière artistique.
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Le 17 septembre 1925, Frida prend le bus pour rentrer chez elle après ses cours. Soudain, l’autobus sort de la route et percute un tramway. Plusieurs personnes trouvent la mort lors de l’accident. Frida, elle, est grièvement blessée. Son abdomen et sa cavité pelvienne sont transpercés par une barre de métal : ce traumatisme est responsable d'un syndrome d'Asherman, et sera la cause des fausses couches de Frida Kahlo. Il explique également le thème de nombre de ses œuvres[5]. Sa jambe droite subit un grand nombre de fractures, onze au total. Son pied droit est également cassé. Le bassin, les côtes et la colonne vertébrale sont eux aussi brisés. L'épaule n'est que démise. Elle reste alitée pendant trois mois, dont un mois à l’hôpital. Mais environ un an après l’accident, elle doit retourner à l’hôpital, car on remarque qu’une de ses vertèbres lombaires est fracturée. Frida sera contrainte de porter durant neuf longs mois des corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre. Pour l'aider, ses proches placent un baldaquin au-dessus de son lit avec un miroir pour ciel. Elle peut ainsi se servir de son reflet comme modèle, ce qui est probablement l'élément déclencheur de la longue série d'autoportraits qu'elle réalisera. En effet sur 143 tableaux, 55 relèvent de ce genre. L'artiste doit subir de nombreuses interventions chirurgicales qui l'obligent à rester couchée sur un lit d'hôpital.
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En 1928, son amie la photographe Tina Modotti l'incite à s’inscrire au Parti communiste mexicain. Elle s’intéresse particulièrement à l’émancipation des femmes dans la société mexicaine qui est encore très machiste.[réf. nécessaire] Elle décide dès son jeune âge qu'elle ne veut pas suivre le même parcours que la plupart des femmes mexicaines. Elle a un désir de voyages, d'études. Elle veut la liberté et le plaisir.
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Cette même année, Frida rencontre pour la première fois Diego Rivera (1886-1957) dans l'auditorium de son école (celui-ci y faisait une peinture murale)[6].
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Elle admire beaucoup ce peintre et lui demande son avis au sujet de ses propres tableaux, le fond de sa pensée. Le muraliste est impressionné par les réalisations de la jeune Mexicaine :
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« Les toiles révélaient une extraordinaire force d’expression, une description précise des caractères et un réel sérieux. Elles possédaient une sincérité plastique fondamentale et une personnalité artistique propre. Elles véhiculaient une sensualité vitale encore enrichie par une faculté d’observation impitoyable, quoique sensible. Pour moi, il était manifeste que cette jeune fille était une véritable artiste[réf. nécessaire]. »
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Frida Kahlo épouse Diego Rivera, de 21 ans son aîné, le 21 août 1929. Ils s’installent à Mexico dans un atelier, mais Diego ne tarde pas à la tromper. Elle-même s'engage dans de nombreuses relations extra-conjugales ; bisexuelle, elle séduit de nombreux hommes et femmes[7],[8]. Bien que compliquée, leur relation est véritablement passionnée[9].
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En novembre 1930, ils emménagent à San Francisco car Rivera a été chargé de réaliser des peintures murales pour le San Francisco Stock Exchange et pour la California School of Fine Art, l’actuel San Francisco Art Institute. Frida y fait la connaissance d’artistes, de commanditaires et de mécènes, dont Albert Bender (en). Celui-ci est parvenu à obtenir une autorisation d’entrée aux États-Unis pour Diego Rivera. En remerciement, Frida réalise en 1931 le portrait double Frida Kahlo y Diego Rivera inspiré de leur photo de mariage.
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En 1930, elle subit sa première fausse couche. Après l’accident, on lui avait pourtant dit qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfant à cause de son bassin, fracturé à trois endroits, qui empêcherait une position normale pour l’enfant et un accouchement sans problème. Lors de leur séjour à Détroit, elle est de nouveau enceinte. Au début de cette deuxième grossesse, Frida voit un médecin au Henry Ford Hospital qui lui conseille de garder l'enfant au lieu d'interrompre sa grossesse. Elle pourrait accoucher par césarienne[10]. Malgré les prévisions du docteur, elle fait une autre fausse couche le 4 juillet 1932. Elle reflète ses sentiments, son impression de solitude et d’abandon après la perte de l’enfant dans le tableau Henry Ford Hospital ou Le Lit volant, dans lequel elle peint un fœtus masculin surdimensionné en position embryonnaire, l’enfant perdu lors de la fausse couche, le « petit Diego » qu’elle avait tant espéré porter jusqu’à terme.
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Après ce pénible épisode, Frida Kahlo peint des tableaux qui traduisent sa lassitude et son dégoût des États-Unis et des Américains alors que son mari, lui, reste fasciné par ce pays et ne veut pas le quitter. Elle exprime son point de vue sur le pays des « gringos » dans Autoportrait à la frontière entre le Mexique et les États-Unis et dans Ma robe est suspendue là-bas. Malgré son admiration pour le progrès industriel des États-Unis, la nationaliste mexicaine se sent mal à l’aise de l'autre côté du Río Bravo. Entre-temps, la mère de Frida meurt le 15 septembre 1932[11].
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Dans les années 1930, après l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, Frida écrit son nom « Frieda », de Frieden, la paix en allemand.
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En décembre 1933, Diego Rivera consent à rentrer au Mexique. Ils s’installent dans une maison à San Ángel, construite par un ami architecte et peintre, Juan O’Gorman. Des difficultés de santé obligent Frida à retourner à l’hôpital où elle doit subir un nouveau curetage.
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En 1935, elle ne réalise que deux tableaux dont Quelques petites piqûres, qui évoque un meurtre par jalousie perpétré sur une femme. Frida Kahlo découvre que son mari a une liaison avec sa sœur, Cristina. Profondément blessée, elle quitte le foyer pour un appartement au centre de Mexico. Pendant cette période, elle a plusieurs relations extraconjugales, notamment avec des femmes. Au milieu de 1935, elle part avec deux amies pour New York. Elle ne revient au Mexique qu'après la fin de la liaison entre sa sœur et son mari, à la fin de l'année.
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Le 9 janvier 1937, le président Lázaro Cárdenas del Río accorde, conformément à ses pouvoirs constitutionnels, l'asile politique à Léon Trotski. Lui et sa femme sont accueillis par Frida et Diego, à la Casa azul (la Maison bleue). Une brève liaison que l'on dit passionnée se développe entre Trotski et Frida. À la fin de cette aventure, l'artiste lui offre « affectueusement » pour son anniversaire, le 7 novembre 1937, Autoportrait dédié à Léon Trotski ou Entre les rideaux[12] où elle se montre sous son meilleur jour avec une dédicace :
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« Pour Léon Trotski, je dédicace cette peinture avec tout mon amour… »
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En septembre 1938, André Breton est envoyé à Mexico par le ministère des Affaires étrangères français pour y prononcer une série de conférences sur l'état de la poésie et de la peinture en Europe. Avec sa femme Jacqueline Lamba, il est accueilli à Mexico par le couple Kahlo-Rivera. Frida Kahlo se défend d'être surréaliste :
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« On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que j’ai représenté était ma réalité[10]. »
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Breton, subjugué par Frida, écrit : « l'art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d'une bombe[13] », tandis qu'une véritable et profonde amitié se noue entre Frida et Jacqueline :
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« Le bateau et le quai et le départ qui peu à peu te rendaient minuscule à mes yeux, prisonniers de ce hublot rond, que tu regardais pour me garder dans ton cœur. Tout cela est intact. Après, sont venus les jours vierges de toi. Aujourd'hui, j'aimerais que mon soleil te touche. Je te dis que ta petite fille est ma petite fille, les personnages marionnettes rangés dans leur grande chambre vitrée sont à nous deux…[14] »
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Au début du mois d’octobre 1938, Frida Kahlo présente ses œuvres dans la galerie de Julien Levy à New York. La moitié des vingt-cinq œuvres présentées y sont vendues. Pendant son séjour, elle a une liaison avec le photographe Nickolas Muray (en).
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En 1939, Frida se rend à Paris à la grande exposition sur le Mexique organisée par le gouvernement Lázaro Cárdenas à la galerie Renou et Pierre Colle. Elle loge chez André Breton et rencontre les peintres Yves Tanguy, Picasso et Vassili Kandinsky.
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Elle n'aime pas Paris, qu'elle trouve sale, et la nourriture ne lui convient pas ; elle attrape une colibacillose. L'exposition lui déplaît : son avis est qu'elle « est envahie par cette bande de fils de putes lunatiques que sont les surréalistes », elle trouve superflue « toute cette saloperie » exposée autour du Mexique[15]. Par-dessus le marché, l'associé de Pierre Colle refuse d'exposer toutes les œuvres de Frida dans sa galerie, il n'en retient que 6 sur 27, choqué par la crudité des tableaux[16]. Elle n'apprécie guère plus le regard qu'A. Breton (« prétentieux ») porte sur son art, qu'elle perçoit comme teinté de mépris et d'incompréhension. Elle s'en console auprès de Jacqueline, avec qui elle a une liaison[17].
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Dans une lettre à Nickolas Murray, elle fait part de son profond dégoût pour les intellectuels parisiens :
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« Ils ont tellement de foutus intellectuels pourris que je ne peux plus les supporter. Ils sont vraiment trop pour moi.
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J'aimerais mieux m'asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards artistiques de Paris… Je n'ai jamais vu Diego ni toi perdre leur temps à ces bavardages stupides et à ces discussions intellectuelles. C'est pour ça que vous êtes de vrais hommes et non des artistes minables — Bon sang ! ça valait la peine de venir jusqu'ici juste pour comprendre pourquoi l'Europe est en train de pourrir, pourquoi tous ces incapables sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini[18]. »
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En décembre 1938, Frida et Diego divorcent. Elle ressent de grandes douleurs dans la colonne vertébrale et contracte une mycose aiguë à la main droite. En septembre 1940, elle se rend à San Francisco pour être soignée par le docteur Eloesser. Pour le remercier de ses soins, elle peint pour lui Autoportrait dédié au Dr Eloesser. Le tableau porte en dédicace :
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« J’ai peint mon portrait en 1940 pour le Dr. Eloesser, mon médecin et meilleur ami. Avec toute mon affection, Frida Kahlo[10]. »
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Diego Rivera est également à San Francisco à la même époque, et propose à Frida de l’épouser de nouveau. Elle accepte, et le second mariage a lieu à San Francisco le 8 décembre 1940, jour de l’anniversaire de Diego. Ils s’installent dans la Casa azul à Coyoacán après la mort du père de Frida.
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En 1942, l’artiste commence son journal où elle commente son enfance, sa jeunesse et sa vie. La même année, elle est élue membre du Seminario de Cultura Mexicana, organisation créée par le ministre des Affaires culturelles et composée de vingt-cinq artistes et intellectuels. Elle a pour mission d'encourager la diffusion de la culture mexicaine en organisant des expositions, des conférences et la publication d'ouvrages.
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En 1943, Frida dirige une classe de peinture à l’académie des Beaux-Arts. Mais sa mauvaise santé l'oblige à enseigner chez elle. Des douleurs permanentes dans le pied droit et dans le dos l’empêchent de marcher correctement. Elle doit porter un corset de fer (que l’on retrouve dans La Colonne brisée). En juin 1946, elle subit une opération de la colonne vertébrale qui lui laisse deux immenses cicatrices dans le bas du dos.
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À la fin des années 1940, l’état de santé de Frida Kahlo s'aggrave et, en 1950, elle doit entrer à l’hôpital ABC de Mexico. Elle y reste neuf mois. Sa nouvelle opération de la colonne vertébrale se complique d'une inflammation qui impose une troisième opération. Ce n'est qu'au bout de la sixième intervention (sur un total de sept) qu’elle peut se remettre à peindre, tout en restant couchée. Au printemps 1953, la photographe Lola Álvarez Bravo organise la première exposition monographique de Frida Kahlo au Mexique. Son médecin lui interdisant de se lever, c'est sur son lit d'hôpital qu'elle est transportée jusqu'à la galerie pour participer au vernissage.
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En 1954, elle peint l'un de ses derniers tableaux : Autorretrato con Stalin (Autoportrait avec Staline)[19].
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En août 1953, on l'ampute de la jambe droite jusqu’au genou à cause d'une gangrène. Cette opération apaise ses souffrances, mais la plonge dans une profonde dépression :
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« On m’a amputé la jambe il y a six mois qui me paraissent une torture séculaire et quelques fois, j’ai presque perdu la tête. J’ai toujours envie de me suicider. Seul Diego m’en empêche, car je m’imagine que je pourrais lui manquer. Il me l’a dit, et je le crois. Mais jamais de toute ma vie je n’ai souffert davantage. J’attendrai encore un peu… »
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— Journal, février 1954[10]
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Affaiblie par une grave pneumonie, Frida Kahlo meurt dans la nuit du 13 juillet 1954, sept jours après son quarante-septième anniversaire, officiellement d'une embolie pulmonaire. Cependant, selon Hayden Herrera, les derniers mots de son journal (« J'espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir — Frida »[20]) et son dernier dessin suggèrent qu'elle se serait suicidée[21] ; il affirme d'ailleurs que certains de ses amis ont cru que sa mort était due à une overdose de médicaments, qui n'était peut-être pas accidentelle[22]. Toutefois, au cœur même de son dernier tableau, peint juste avant de mourir, elle a écrit : « Viva la Vida » (« Vive la Vie »).
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Elle est incinérée le 14 juillet, comme elle le désirait : elle avait expliqué qu'elle ne souhaitait pas être enterrée couchée, ayant trop souffert dans cette position au cours de ses nombreux séjours à l'hôpital[23]. Ses cendres reposent dans la Casa azul à Coyoacán, sur son lit, dans une urne qui a la forme de son visage.
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Son œuvre comporte 143 tableaux[24], très souvent de petit format, un certain nombre ayant été peints alors qu'elle était alitée[25], dont 55 autoportraits[24], témoignant souvent de sa souffrance physique et morale (Hôpital Henry-Ford, 1932, Sans espoir, 1945), seule ou en compagnie d'animaux (Autoportrait au collier d'épines et colibri (1940), Moi et mes perroquets (1941)…), parfois des portraits de famille. Ses toiles sont empreintes de culture mexicaine : tenue traditionnelle, bijoux locaux, portraits d'indigènes[26].
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Frida est devenue, de son vivant, un symbole du Mexique à l’étranger, car son originalité artistique, basée sur des éléments spécifiques et clairement identifiables de la culture mexicaine, correspondait à l'affirmation de l'identité mexicaine par le nationalisme qui s'est développé après la révolution de 1910[34].
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La fille, la petite-fille et l'arrière-petite-fille de Cristina Kahlo, la sœur de Frida Kahlo, ont fondé en 2007 la compagnie Frida Kahlo Corporation qui gère les droits d'auteur hérités de Frida Kahlo et la promotion de l'image de l'artiste. Cette entreprise délivre des licences d'exploitation commerciale de la marque déposée Frida Kahlo au tarif de 2 à 5 pour cent du prix de vente[35].
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Un accident vasculaire cérébral (AVC), anciennement accident cérébrovasculaire (ACV) et populairement appelé attaque cérébrale, infarctus cérébral ou congestion cérébrale, est un déficit neurologique soudain d'origine vasculaire causé par un infarctus ou une hémorragie au niveau du cerveau[1]. Le terme « accident » souligne l'aspect soudain ou brutal des symptômes, mais dans la plupart des cas les causes de cette affection sont internes (liées à l'âge, l'alimentation ou l'hygiène de vie, notamment).
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Les symptômes varient beaucoup d'un cas à l'autre selon la nature de l'AVC (ischémique ou hémorragique), l'endroit et la taille de la lésion cérébrale : aucun signe remarquable, perte de la motricité, perte de la sensibilité, trouble du langage, perte de la vue, perte de connaissance, décès.
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Les symptômes sont brutaux : ils apparaissent en quelques secondes. Ils peuvent disparaître assez rapidement ; s'ils disparaissent dans l'heure on parle d'AIT[2], s'ils perdurent plus d'une heure on parle d'AIC[3]. En cas de survie, le processus de récupération (encore mal compris) passe par une phase de récupération spontanée durant de quelques semaines à quelques mois, suivie d'une période d'évolution plus lente, de plusieurs années.
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Dans les pays occidentaux — Europe, États-Unis, etc. — un individu sur 200 est atteint d'un accident vasculaire cérébral chaque année. En France en 2019, on dénombre chaque année plus de 140 000 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux, soit un toutes les quatre minutes selon l'INSERM[4]. 80 % de ces cas sont des ischémies et 20 % des hémorragies.
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La probabilité d'AVC ischémique augmente avec l'âge, tandis que la probabilité de faire un AVC hémorragique est indépendante de l'âge[réf. nécessaire].
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L'AVC est la première cause de handicap physique de l'adulte et la deuxième cause de décès dans la plupart des pays occidentaux[5].
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Au Canada, il était appelé Accident cérébrovasculaire (ACV) mais le sigle AVC est actuellement employé.
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L'apoplexie ou attaque d'apoplexie est un terme ancien et plus général, désignant en fait l'effet visible de l'accident vasculaire cérébral, incluant une perte de connaissance, avec arrêt partiel ou complet des fonctions cérébrales, ou une attaque provoquant la perte de conscience ou la mort soudaine du patient (apoplexie foudroyante). Dans certains ouvrages médicaux, l'appellation « ictus apoplectique » est utilisée[6].
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L'accident vasculaire cérébral peut être
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Il existe deux types d'AVC[7] :
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Les AVC sont donc classés en accidents ischémiques et en accidents hémorragiques.
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Les accidents ischémiques sont dus à l'occlusion d'une artère cérébrale ou à destination cérébrale (carotides internes ou vertébrales). Le cerveau est donc partiellement privé d'oxygène et de glucose. Cette occlusion entraîne un infarctus cérébral (appelé également ramollissement cérébral). Le mécanisme de cette occlusion est le plus souvent soit un athérome obstructif, soit un caillot (de formation locale ou par embolie, dans ce cas, le plus souvent d'origine cardiaque); L'embolie cérébrale représente environ 30 % des cas[8]. Cependant d'autres causes peuvent exister : déchirure de la paroi de l'artère (dissection), compression par une tumeur. Le déficit concerne un territoire bien défini du cerveau : il est dit systématisé.
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Le ramollissement cérébral d'origine ischémique peut se compliquer secondairement d'un saignement au niveau de la lésion : il est alors question de ramollissement hémorragique. La thrombophlébite cérébrale est une occlusion d'une veine cérébrale (et non pas d'une artère). Elle est beaucoup plus rare. La lacune cérébrale est une complication de l'hypertension artérielle et se caractérise par de multiples petites zones concernées par un infarctus cérébral.
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Les accidents hémorragiques sont causés par la rupture d'un vaisseau sanguin, souvent endommagé, ou en mauvais état à l'origine et soumis à une pression sanguine excessive. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'hypertension artérielle est présente et en présence d'anomalie de la vascularisation du cerveau du type malformation artério-veineuse ou encore des anévrismes. Le tabagisme et l'alcoolisme sont des facteurs particulièrement fragilisants des vaisseaux sanguins.
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Suivant la localisation du vaisseau, l'hémorragie peut être méningée par rupture d'un anévrisme artériel au sein des espaces sous-arachnoïdiens, intracérébral (dit aussi intraparenchymateux) et peut être associée à une inondation ventriculaire. L'hématome se forme rapidement, donnant des signes neurologiques focaux d'apparition brutale en rapport avec les structures détruites ou comprimées par la lésion. Par ailleurs il se constitue un œdème autour de l'hématome, qui aggrave la compression du cerveau dans la boîte crânienne, entraînant ou aggravant une hypertension intracrânienne (HTIC). L'hématome peut se rompre dans un ventricule cérébral.
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Parfois lors d'accidents hémorragiques il y a aussi une libération d'ions calcium qui induisent un vasospasme brutal à l'origine d'accidents ischémiques. L'hémorragie cérébrale représente environ 20 % des cas[8].
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L'accident vasculaire cérébral est causé par une diminution voire un arrêt brutal du débit sanguin dans les branches du réseau vasculaire en liaison avec le vaisseau (en général une artère) subissant une rupture de sa paroi (cas d'une hémorragie cérébrale) ou un blocage partiel ou total par un caillot (cas d'un infarctus cérébral). Ainsi, les cellules nerveuses alimentées par ces branches sont privées soudainement d'oxygène et de sucres, ce qui provoque en quelques minutes leur détérioration ou leur mort. Chaque minute qui passe voit la destruction de deux millions de neurones[7] en moyenne.
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Dans le cas hémorragique, la diminution est surtout due aussi à une compression des cellules nerveuses par l'hématome résultant du saignement. Il en résulte que des axones de neurones peuvent être sectionnés par déplacement en masse du tissu nerveux[réf. nécessaire]. Les natures ischémique ou hémorragique étant différentes, il en découle que les causes sous-jacentes sont différentes ainsi que les traitements.
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L'accident vasculaire cérébral reste une maladie grave, aux conséquences toujours dramatiques avec un risque de décès de 20 à 30 % au premier mois et la nécessité de placement en institution en raison du handicap chez plus de 10 % des survivants[9]. Le pronostic à moyen et à long terme dépend essentiellement du degré de l'atteinte[10]. Le risque vital se prolonge bien au-delà de la période aiguë puisque la mortalité à un an atteint près de 40 %[11].
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Dans l'ensemble, ces statistiques sont valables pour les pays stables et développés. Parmi les individus faisant un AVC, 80 % avec une origine ischémique et 20 % avec une origine hémorragique (15 % comme hématome intraparenchymateux, 5 % comme hémorragie méningée) sont recensés[1]. L'accident vasculaire cérébral est la seconde cause de mortalité au niveau mondial (la première dans les pays en voie de développement, la seconde dans les pays développés)[12] et la sixième cause, en termes d'années de handicap[13]. Dans le monde, 10,1 millions de personnes étaient victimes d'un AVC en 1990 et 4,7 millions en mourraient chaque année ; en 2010 les chiffres sont passés à 16,8 millions de victimes et 5,9 millions de morts ; les projections en 2030 donnent 23 millions d'AVC, 12 millions de morts et 200 millions de personnes avec des séquelles. 75 % des victimes ont plus de 65 ans et les hommes sont plus exposés que les femmes mais les AVC progressent chez les moins de 65 ans en raison des modes de vie (sédentarité, malnutrition, le facteur du stress est également évoqué)[7]. L'AVC est qualifié de pandémie par l'OMS[réf. nécessaire] dont la projection est la suivante : augmentation de l’incidence des AVC passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030 ; augmentation de la mortalité de 5,7 à 12 millions durant la même période[14].
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En France, les AVC sont la troisième cause de décès (après l'infarctus du myocarde et les cancers), responsables d'un décès par an pour 1 000 habitants[1],[3]. Chaque année, ils touchent 150 000 individus, dont 25 % âgées de moins de 65 ans et font environ 30 000 décès[15].
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Selon une étude publiée en 2018, la France serait le pays connaissant la plus faible mortalité liée aux AVC en Europe, avec une moyenne de 30 000 décès annuels pour 150 000 AVC[16].
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L'accident vasculaire cérébral est la première cause de handicap acquis[1] et la seconde cause de démence[17]. 25 % des individus actifs frappés d'un AVC pourront un jour travailler à nouveau[1]. L'âge moyen de survenue est de 68 à 70 ans, mais un AVC peut se produire à tout âge[1] et les jeunes sujets (moins de 45 ans) constituent 10 % des infarctus cérébraux (AVC ischémique seulement)[1]. Ils représentent la majorité des causes d'hémiplégie (paralysie d'un côté) récente. 25 % des victimes d'AVC ont moins de 55 ans ; et après 55 ans, le taux d'incidence est multiplié par deux tous les dix ans[18].
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Le coût correspond à plus de 4 % des dépenses de santé dans les pays développés[19].
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Le taux de létalité (pourcentage de personnes atteintes d'un AVC qui décèdent quelque temps après) est évalué à[1] :
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Ces données ont été actualisées (Luego Fernandez R et al., 2013; Stroke).
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Les facteurs de risque sont classés en trois catégories[20] : majeurs, moyens et faibles ou discutés, en fonction de leur risque relatif (risque de faire un AVC si l'on possède le facteur de risque par rapport au risque en l'absence du facteur de risque) :
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Un état dépressif semble être corrélé avec un risque plus important de survenue d'un accident vasculaire cérébral[24].
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Une étude récente (2018), basée sur l'analyse de plus de 2 millions d'hospitalisations pour AVC ischémique dans 172 villes de Chine, a montré qu'une augmentation transitoire des niveaux de pollution de l'air (PM2.5, SO2, NO2, et CO) augmente le risque d'AVC ischémique, surtout chez les personnes âgées[25]
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Théoriquement, n'importe quel symptôme neurologique peut révéler un AVC. La symptomatologie a un début brutal, focal (c'est-à-dire spécifique d'une région cérébrale) et engendre généralement un déficit.
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La caisse nationale de l'Assurance Maladie aide les personnes à reconnaître un AVC par les signes suivants :
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On peut fréquemment aussi retrouver :
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La symptomatologie dépend de l'artère atteinte et de son territoire de vascularisation.
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Dans le cadre d'une communication au grand public, l'American Stroke Association (ASA) mène une campagne de sensibilisation « « stroke heroes act FAST » (litt. « les héros de l'AVC agissent vite »), FAST étant l'acronyme de « face, arm, speech, time »[28] :
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Au Québec, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC ont traduit l'outil pour « VITE »[29] :
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Les AVC peuvent aussi se traduire, beaucoup plus rarement, par une crise convulsive ou un état de confusion mentale, apparemment isolés.
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Ces signes peuvent avoir une autre cause, par exemple une tumeur au cerveau, une intoxication, un œdème cérébral ou un traumatisme crânien. Une des caractéristiques des AVC est que ces signes apparaissent de manière soudaine. Ils sont parfois négligés, minimisés lorsqu'ils sont brefs ; dans certains cas, on peut avoir l'impression que la personne est saoule. Dans les cas les plus graves, la victime perd conscience (coma). Quelle que soit la cause de ces signes (AVC ou autre), il s'agit d'une urgence vitale qui doit être traitée le plus rapidement possible. Il importe donc d'avoir une prise en charge médicale immédiate lorsqu'un de ces signes survient, en appelant les urgences médicales. Tout retard dans le traitement peut conduire à des séquelles importantes (paralysie) voire au décès.
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Selon la durée des symptômes, il est défini comme :
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Ils ont un double but :
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Elle permet de voir l'accident vasculaire, de le dater en partie, d'en connaître le mécanisme, d'éliminer d'autres maladies pouvant être responsable de l'accident déficitaire.
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Le scanner crânien est fait, sauf contre-indication, avec injection d'un produit de contraste iodé. Si l'accident est ischémique, il permet de visualiser la topographie, l'étendue et le nombre de lésions. S'il est hémorragique, il en fait le diagnostic.
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L'imagerie par résonance magnétique crânienne, fait également après injection d'un produit de contraste, donne le même type de renseignements mais est plus sensible si l'accident est très récent. Il peut être complété dans la même séance par une angio-IRM permettant de visualiser les grands axes vasculaires extra et intracrâniens.
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En cas d'accident ischémique, plusieurs examens sont faits à la recherche d'une cause !
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Chez le sujet jeune, sans cause évidente, la recherche d'une thrombophilie (état hypercoagulable du sang d'origine congénitale ou acquise) peut être faite.
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Une hospitalisation est nécessaire, idéalement en milieu spécialisé (« Unités de soins intensifs neurologiques » ou Unités Neuro-Vasculaires dont des expériences pilotes dès les années 1950 ont finalement montré dans les années 1980, grâce à des essais thérapeutiques randomisés, des bénéfices réels par rapport à une prise en charge conventionnelle avec un risque de mortalité et de séquelles réduit de 20 % chacun[30]).
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L'oxygénation par masque facial dès le transport en ambulance permettrait de réduire les lésions cérébrales[31].
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Les médicaments thrombolytiques comme l'altéplase, l'urokinase et la streptokinase (ils permettent la dissolution d'un caillot par thrombolyse ou fibrinolyse par voie intraveineuse[32]) sont utilisés en cas d'accident vasculaire cérébral d'origine ischémique qui doit être pris en charge idéalement dans les 90 minutes et au grand maximum moins de 4h30 après les premiers symptômes (notion de « fenêtre d'opportunité thérapeutique ») selon les recommandations des sociétés savantes neurovasculaires[30]. Il permet une récupération complète plus fréquente et diminue la mortalité (augmentation de 30 % de patients guéris ou avec des séquelles minimes)[33]. Cependant, étant donné ses effets indésirables potentiels (notamment les hémorragies intracrâniennes), la marge de manœuvre entre les bénéfices de ce traitement et ses risques est très étroite. De plus le faible délai disponible nécessite une prise en charge spéciale (avec entre autres un neurologue d'astreinte 24h/24 et la possibilité de réaliser une imagerie cérébrale, scanner ou IRM, en urgence pour éliminer un accident hémorragique) (recommandations selon l'échelle de l'AVC du NIH[34]). Dans les cas où l'imagerie démontre une viabilité du tissu cérébral, il peut exister un intérêt à une fibrinolyse tardive, jusqu'à neuf heures après le début des symptômes[35]. La thrombectomie, lorsqu'elle est possible (visualisation d'un thrombus dans un vaisseau à destinée cérébrale) peut constituer une alternative à la fibrinolyse[36] ou compléter cette dernière[37]. Le délai avant thrombectomie a pu être augmenté sur certains patients jusqu'à 24 heures après l'AVC[38],[39],[40].
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Des traitements endovasculaires complémentaires (injection directe du fibrinolytique au niveau du caillot ou dispositifs de retrait de ce dernier) permettent d'avoir un taux de reperfusion meilleur mais sans bénéfice prouvé pour le patient, probablement en raison du délai plus important imposé par la mise en route de ce type d'intervention[41].
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Après un bilan hospitalier, le traitement se confond avec celui de la cause. En aigu, on propose :
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La cérébrolysine est un mélange qui aurait un potentiel protecteur et nourricier pour le cerveau[42]. Il est essentiellement utilisé en Russie, Chine, Europe de l'Est et dans des pays post-soviétiques dans le traitement de l'AVC ischémique aiguë[42] mais son efficacité n'est pas démontré[42].
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Dans tous les cas, un régime plus équilibré[43] ainsi que l'exercice physique[44] permet de réduire le risque de récidive. Une supplémentation en oméga 3 et en acide folique peut être utile[45].
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Le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire sont impératifs dans la prévention primaire ou secondaire. Le traitement d'une hypertension artérielle s'avère être le point le plus important[46]. Certains médicaments antihypertenseurs, comme le périndopril, ont prouvé une diminution significative du risque de récidive[47]. L'arrêt du tabac, l'équilibration d'un diabète ou d'une hypercholestérolémie par le régime ou par des médicaments, sont également nécessaires en prévention secondaire. Toutefois, la prise en charge d'un diabète semble plus efficace sur la réduction des accidents cardiaques que sur la récidive d'un accident vasculaire cérébral[48]. La mise sous statines réduit le risque d'accident cardiaque mais pas celui de la récidive d'accident vasculaire cérébral[49].
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L'aspirine, à petites doses, réduit de près d'un cinquième le risque de survenue d'un nouvel accident[50]. Le dipyridamole (en association avec l'aspirine) et le clopidogrel[51] ont également prouvé une certaine efficacité. La prise d'un antidépresseur de la classe des IRS, du type fluoxetine (Prozac), pourrait apporter une récupération plus rapide et intense[52],[53]
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En cas de fibrillation auriculaire, la prescription de médicaments anti-coagulants de type anti-vitamine K reste indispensable. En plus du dépistage de complications neurologiques (notamment l'œdème cérébral), sont recherchées des infections possibles (poumon, rein).
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À distance de l'épisode aigu, doit être discutée une chirurgie carotidienne s'il existe une sténose carotidienne (endartériectomie).
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La rééducation après un AVC fait partie intégrante du traitement : selon les cas, kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie, régime alimentaire, activités physiques adaptées.
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Cette prise en charge des patients peut se faire par le biais de serious games. Ces jeux thérapeutiques visent à rééduquer le patient de manière plus ludique et motivante que les séances classiques, tout en effectuant les mêmes mouvements[54] :
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L'accompagnement médico-social en cas de séquelles est également une part importante du projet de vie après un accident vasculaire cérébral[59].
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En cas de déficit peu important à modéré, une technique de rééducation très utilisée dans les pays anglo-saxons semble être particulièrement adaptée : la thérapie par contrainte induite[60],[61].
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Chez les patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), la corrélation anatomo-clinique est très fréquente et observable de manière diverse. Dans les AVC de type ischémiques (80 % des AVC), on estime que les troubles persistants pendant plus de 6 mois deviendront définitifs et irréversibles alors que dans les AVC de type hémorragique (20 %) (OMS) une amélioration reste plausible même plusieurs mois, voire plusieurs années après l’atteinte cérébrale.[réf. nécessaire] Les affections cérébrovasculaires vont s’exprimer via divers troubles comportementaux et cognitifs chez le sujet atteint. Ces troubles et leurs manifestations dépendent de la région cérébrale touchée/atteinte et de la gravité de l’atteinte en elle-même. On remarque que les troubles comportementaux sont causés par des atteintes hémisphériques situées à droite.
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Le syndrome frontal (aussi appelé « démence fronto-temporale » (DFT) est une complication fréquente des AVC. Il est défini comme « trouble de la personnalité et du comportement dû à une affection, une lésion ou un dysfonctionnement cérébral » dans les troubles organiques de la personnalité (CIM 10, Chapitre V). Ce syndrome peut être de deux types, inhibé provoquant une hypoactivité générale ou désinhibé, provoquant au contraire une hyperactivité généralisée notamment caractérisée par de l'impulsivité marquée.
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La démence vasculaire est la 2e cause de démence après la maladie d'Alzheimer et représente un risque de 40 % dans le cas de récidive d’AVC. Elle est qualifiée « d’immédiate à l’AVC » (atteinte à la suite de la lésion) autant dans l’apparition même de la démence que dans son expression. Au contraire de la DFT, c’est une démence non soumise à une dégénérescence, souvent causée par une hypertension artérielle cérébrale découlant de l’AVC. Son expression comportementale la plus fréquente et la plus marquée est thymique avec ce que l’on nomme « syndrome athymhormique » impactant majoritairement le plan motivationnel. Les autres symptômes associés sont essentiellement dépressifs. En termes d’imagerie, sur une IRM, on pourra observer une destruction des zones lacunaires (contrairement à la maladie d'Alzheimer).
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De façon récurrente, une lésion hémisphérique droite laisse place à des troubles de types thymiques tels qu’impulsifs, colériques, ou encore le manque de contrôle (en lien avec un trouble de l'inhibition) des émotions (hyper ou hypoémotivité). On parle souvent « d’émoussement affectif ». On peut également retrouver un manque de tolérance et de patience. Des sautes d'humeur sont très récurrents et pathologiques parce que disproportionnés (en termes d’expression)[réf. nécessaire].
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L'amnésie est considérée comme trouble dissociatif de conversion. C’est un trouble de la mémoire pathologique provoqué par un facteur physique comme une rupture d'anévrisme, souvent à la suite d'une atteinte hémisphérique droite. L’amnésie peut être partielle ou totale et de 2 types, antérograde (incapacité à encoder et enregistrer de nouveaux souvenirs) ou rétrograde (incapacité à récupérer des informations en mémoire). Dans le cas des AVC, elle est souvent réversible[réf. nécessaire].
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Les troubles du langage sont dominés par l'aphasie, la dysphasie et la dysarthrie. On retrouve ce genre de troubles surtout dans les cas de lésions de l’hémisphère gauche et ils peuvent toucher autant l’expression (Lésion de l’aire de Broca) que la compréhension langagière (Lésion de l’aire de Wernicke). Ces troubles peuvent provoquer un handicap plus ou moins marqué.
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Les troubles de l’attention et de la concentration sont présents chez 80 % à 90 % des personnes ayant subi un AVC. Ils sont caractérisés par une difficulté à focaliser son attention de manière fixe et durable. Ils entraînent donc à la fois un « effet de déficit » par difficulté de l'encodage de la mémoire et une fatigabilité cognitive et physique[réf. nécessaire].
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Roald Engelbregt Gravning Amundsen (prononciation : /ˈɾuːɑl ˈɑmʉnsən/)Écouter, né le 16 juillet 1872 à Borge en Norvège et mort le 18 juin 1928 vers l'île aux Ours, est un marin et explorateur polaire norvégien.
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En 1898, il participe à l'expédition polaire belge d'Adrien de Gerlache de Gomery qui réalise le premier hivernage en Antarctique. Il s'y lie avec le médecin du bord, le docteur Frederick Cook qui lui révèle le parti que l'on peut tirer des chiens huskys dans les expéditions polaires. En 1905, il est le premier à franchir le passage du Nord-Ouest qui relie l'océan Atlantique au Pacifique dans le Grand Nord canadien. Il commande plus tard l'expédition qui, la première, atteint le pôle Sud, le 14 décembre 1911, après être arrivé dans la baie des Baleines le 14 janvier de la même année.
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Préparée avec méticulosité, cette entreprise hardie est aussi une coïncidence . Deux ans auparavant, Amundsen a échafaudé des plans pour étendre son exploration de l'océan Arctique et se laisser dériver jusqu'au pôle Nord. Mais il a reçu la nouvelle que Robert Peary a annoncé l'avoir déjà atteint en 1909 (ce qui fut ensuite contesté). « À cet instant, racontera plus tard Amundsen, je décidai de modifier mon objectif, de changer du tout au tout, et d'aller vers le Sud ». Amundsen escompte que la conquête du pôle Sud lui assure la gloire aussi bien que le financement des explorations suivantes. Faisant semblant de se préparer pour le Nord, il organise secrètement son départ pour le Sud. Mais parvenir le premier au pôle Sud ne va pas de soi. Commandée par le capitaine Robert Falcon Scott et entourée d'une abondante publicité, une expédition britannique s'y destine également.
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Amundsen n'ignore rien des ambitions de son rival. La note du 12 décembre 1911 dans son journal de bord en témoigne : tenaillé par l'idée que Scott peut le prendre de vitesse, il se met en route avant l'arrivée du printemps polaire, et, malgré une météo défavorable, il devient le premier à atteindre le pôle Sud le 14 décembre 1911. En 1926, après avoir survolé le pôle Nord en ballon dirigeable, Amundsen devient le premier à avoir atteint les deux pôles.
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Il disparaît en juin 1928 en participant à une mission de recherche et sauvetage de l'ingénieur aéronautique et explorateur italien Umberto Nobile. Il est, avec Douglas Mawson, Robert Falcon Scott et Ernest Shackleton, l'un des chefs de file de l'exploration polaire et de l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique entre 1900 et 1912.
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Né le 16 juillet 1872 à Borge, près de Christiania (aujourd'hui Oslo), entre les villes de Fredrikstad et Sarpsborg, il est le quatrième fils d'un capitaine de marine devenu armateur, Jens Amundsen. Sa mère fait pression sur lui pour l'éloigner de l'activité maritime et souhaite qu'il devienne médecin. Lors du retour triomphal de Fridtjof Nansen après sa traversée du Groenland en ski en 1889, Amundsen, alors âgé de 18 ans, décide de devenir explorateur polaire mais cache ce rêve à ses parents. En 1890, il entame cependant des études de médecine pour sa mère. Après le décès de celle-ci, en 1893, et des examens ratés[1],[2], il quitte l'université pour une vie de marin. Il est alors âgé de 21 ans et s'engage pour une campagne de six mois sur le phoquier Magdalena[2]. Il poursuit ensuite son apprentissage de marin à bord des navires de la flotte de son père.
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En 1896 un Belge, le commandant Adrien de Gerlache de Gomery, qui prépare une expédition d'exploration scientifique en Antarctique, achète un phoquier en Norvège, qu'il rebaptise Belgica. Il compose un équipage international et intègre comme second lieutenant Roald Amundsen.
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La Belgica appareille en octobre 1897 et atteint la Terre de Graham en janvier 1898. Là, Amundsen participe à plusieurs raids à l'intérieur des terres équipé de ses skis ; il est le premier à en utiliser en Antarctique. En mars, le navire est pris dans la banquise de la mer de Bellingshausen[2] au large de la Terre Alexandre, à l'ouest de la péninsule Antarctique, à 70°30'S et hiverne pendant six mois avant de rentrer en Belgique. C'est le premier hivernage en Antarctique[3].
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Lors de cette première expédition majeure, Roald Amundsen noue une solide amitié avec le médecin du bord, l'Américain Frederick Cook, qui joue un rôle prépondérant dans la réussite de l'hivernage. Selon Amundsen, Cook a sauvé l'équipage des ravages du scorbut en lui donnant à manger de la viande de manchot[2]. Cook, qui venait de parcourir avec Robert Peary le nord du Groenland, lui fournit de nombreuses informations sur les Inuit, leurs techniques de protection au froid ainsi que leurs déplacements avec des chiens d'attelage. Amundsen restera fidèle à cette amitié même au plus fort de la polémique qui opposera Peary à Cook pour la revendication de la conquête du pôle Nord.
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Après son retour en Norvège et l'obtention de son brevet de capitaine, Amundsen prépare sa première expédition personnelle. L'ouverture du passage du Nord-Ouest (passage, fermé par les glaces, qui relie l'Atlantique au Pacifique par le grand nord canadien jusqu'au détroit de Béring), découvert par voie terrestre en 1822. Il n'avait jamais encore été ouvert par voie maritime. Nombreux sont les explorateurs qui ont tenté de forcer ce passage maritime : Jean Cabot, Jacques Cartier ou encore Henry Hudson, sans oublier la tragique expédition de John Franklin au milieu du XIXe siècle.
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Pour son expédition, Amundsen rencontre, en décembre 1900, l'explorateur Fridtjof Nansen, qui encourage et appuie le projet. Il le complète même par une recherche plus scientifique : le pôle Nord magnétique.
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Amundsen vend ses parts de l'entreprise familiale et prend le large avec six compagnons sur un navire de pêche de 47 tonnes, le Gjøa, qu'il munit d'un petit moteur[4]. Il appareille le 16 juin 1903, criblé de dettes. Ils naviguent par la mer de Baffin, les détroits de Lancaster et de Peel, puis les détroits de Ross et de Rae.
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Au lieu d'aller à l'ouest de l'île du Roi-Guillaume comme l'avait fait John Franklin, il décide de longer sa côte est[2]. Le 9 septembre, il ancre le Gjøa sur la côte sud de l'île du Roi-Guillaume et hiverne deux ans dans une baie qu'il nomme Gjoa Haven (aujourd'hui au Nunavut, Canada)[3],[4].
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Pendant cette longue période, occupée par des mesures magnétiques, il se rapproche du campement des Inuits Netsilik et continue patiemment à apprendre les techniques des Inuits auxquelles Frederick Cook l'avait initié, ainsi que leur langue. Il apprend à mener les chiens d'attelage et à porter des vêtements en fourrures du Grand Nord à la place des lourdes parkas en laine. Après son troisième hiver dans les glaces, il arrive à se frayer un passage dans la mer de Beaufort, et, continuant au sud de l'île Victoria, il quitte l'archipel arctique canadien le 17 août 1905, devenant ainsi celui qui ouvre le passage du Nord-Ouest[1]. Avant de pouvoir poursuivre jusqu'à Nome, sur la côte pacifique de l'Alaska, il doit s'arrêter pour l'hivernage. Le poste de télégraphe le plus proche étant à Eagle City, à 800 km, Amundsen fait un aller-retour par la terre pour annoncer au monde par message le succès son expédition. Message envoyé en PCV le 5 décembre 1905. Il arrive finalement à Nome en 1906. Il n'aurait jamais pu accomplir son exploit sur un navire plus grand car il y avait des hauts-fonds. Il a mesuré parfois un seul mètre de profondeur.
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En Alaska, Roald Amundsen apprend que la Norvège est devenue indépendante de la Suède et a son roi. Il envoie à Haakon VII un message lui disant que « c'est un grand exploit pour la Norvège ». Il lui dit qu'il espérait faire davantage pour son pays et signe « Votre sujet loyal, Roald Amundsen ».
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Le passage du Nord-Ouest est franchi mais il est rapidement délaissé en raison des difficultés de navigation. Ce n'est qu'en 1940-1942 que le passage du Nord-Ouest sera de nouveau franchi, cette fois d'Ouest en Est, puis en 1944 d'Est en Ouest en une seule saison, par la goélette St. Roch de la police montée canadienne commandée par Henry Larsen[5],[6].
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Il est temps maintenant pour Amundsen de s'attaquer au rêve de toute sa vie : être le premier homme à atteindre le pôle Nord. Nansen lui prête le Fram et Amundsen se prépare pour une répétition de la dérive de ce dernier à travers l'océan Arctique, un projet prévu pour durer entre quatre et cinq ans[2]. À cette époque les expéditions polaires sont en plein essor et dans un esprit de compétition entre les nations et entre les hommes, aussi bien pour le Nord (Peary, Cook, Amundsen), que pour le Sud (Scott, Shackleton). Cette rivalité va faire basculer le destin d'Amundsen : le 1er septembre 1909, Frederick Cook annonce qu'il a atteint le pôle Nord le 21 avril. Six jours plus tard, Peary annonce qu'il a atteint le pôle Nord, lui, le 6 avril. La grande controverse du pôle Nord commence.
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Robert Falcon Scott prépare une expédition, l'expédition Terra Nova, d'après les notes et les cartes d'une route ouverte en fin 1908-début 1909 par Ernest Shackleton, son ex-lieutenant de sa précédente expédition Discovery (1901-1904) étant devenu à son tour chef d'expédition, l'expédition Nimrod. Shackleton a été contraint de faire demi-tour le 9 janvier 1909 à 180 km du pôle sud. Scott donc, hâte ses préparatifs pour aller, lui, jusqu'au pôle. Amundsen apprenant en peu de temps les nouvelles du Nord comme celles du Sud, de cette année 1909 chargée, prend immédiatement la décision de changer ses plans et de mettre cap au Grand Sud pour tourner définitivement la page de la conquête du pôle sud[7]. Il tient cette nouvelle rigoureusement secrète y compris vis-à-vis de son équipage (seuls son frère et son second seront au courant du changement de destination)[7].
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Le 3 juin 1910, il appareille officiellement de Christiania — aujourd'hui Oslo[7],[8]. Une fois à Madère, Amundsen informe son équipage du changement de destination et envoie un télégramme à Scott « BEG TO INFORM YOU FRAM PROCEEDING ANTARCTIC--AMUNDSEN »[7] (« Prends liberté vous informer Fram fait route vers l'Antarctique »). Tous les membres de l'équipage décident de rester avec leur capitaine.
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Le 14 janvier 1911, il installe son camp de base, qu'il nomme Framheim, sur le glacier flottant dans la baie des Baleines à l'est de la barrière de Ross dans l'Antarctique. Amundsen croyait (faussement) que le glacier restait sur terra firma et donc serait sûr[9]. Lorsque le Terra Nova, le navire de Scott, pénètre dans la baie des Baleines où l'équipage découvre le Fram, les Britanniques sont frappés par la qualité de l'expédition norvégienne, l'expérience des hommes et surtout par le nombre de chiens (130). C'est sur cette impression forte que Scott établira son camp à 700 km à l'ouest du camp d'Amundsen au cap Evans.
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Utilisant des skis et des chiens d'attelage, Amundsen et son équipage créent des dépôts de ravitaillement aux 80°, 81° et 82° degrés Sud en ligne droite vers le pôle[1]. Après une tentative avortée le 8 septembre 1911, le 19 octobre Amundsen, Olav Bjaaland, Helmer Hanssen, Sverre Hassel et Oscar Wisting prennent le départ avec quatre traîneaux et 52 chiens (il prévoyait de tuer quelques chiens au retour pour se nourrir ainsi que ses hommes et les chiens restants). Ouvrant une voie jusqu'alors inconnue, sur le glacier Axel Heiberg ils arrivent sur le plateau polaire le 21 novembre après une ascension de quatre jours. Le 14 décembre à quinze heures ils atteignent le pôle Sud. Scott en est encore distant de 572 km, qu'il mettra plus de trente-trois jours à parcourir.
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Amundsen nomme leur camp du pôle Sud Polheim, « maison au pôle ». Il renomme le plateau Antarctique le « plateau de Haakon VII ». Lui et son équipe laissent une petite tente et une lettre adressée au roi Haakon où il raconte leur exploit au cas où ils périraient au cours de leur retour à Framheim. Ils survivent et y rentrent le 25 janvier 1912 avec 11 chiens d'attelage après avoir parcouru 2 824 km en 94 jours (56 à l'aller, 38 au retour) soit une moyenne de 30 km par jour.
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Le succès de l'expédition d'Amundsen tient à une préparation soignée, des équipements de qualité, des vêtements appropriés (en peau animale), des tâches matérielles simples (Amundsen ne fait pas de relevés pendant le voyage au pôle et ne prend que deux photos), une bonne connaissance des chiens d'attelage, et l'usage des skis. En contraste avec l'expédition de Scott, celle d'Amundsen est sans surprise et bien planifiée.
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Le Fram devenant vieux, Amundsen équipe un nouveau navire, la Maud. En 1918, à bord de ce dernier, il franchit le passage du Nord-Est ouvert en 1879 par le suédois Nils Gustaf Nordenskiöld, devenant le premier homme à franchir les deux passages mythiques de l'Arctique. Il veut figer la Maud dans la glace de la banquise pour dériver avec (comme Nansen avait fait avec le Fram), mais il ne réussit pas. Toutefois, les études scientifiques menées à bord, principalement par Harald Sverdrup, sont d'une grande valeur.
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L'aviation attire Amundsen. Il obtient son brevet de pilote en 1918. En 1923, il projette de tenter un vol au-dessus du pôle Nord mais son avion s'écrase quelques jours avant le départ. Un millionnaire américain, Lincoln Ellsworth lui propose alors de financer le projet à condition d'en faire partie. En mai 1925, Amundsen, Ellsworth et le pilote Hjalmar Riiser-Larsen (ainsi que trois autres membres d’équipage) décollent du Spitzberg à bord de deux hydravions, le N-24 et le N-25, et réalisent un vol avant de se poser en catastrophe à 87°44' de latitude Nord[10]. Les avions se posent sur la glace à quelques kilomètres de distance l'un de l'autre, mais les équipages arrivent à se réunir. Le N-24 étant trop endommagé, ils travaillent trois semaines pour créer une piste de décollage. L'accueil est triomphal, le public pensant qu'ils étaient perdus à jamais.
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L'année suivante, en 1926, Amundsen, Ellsworth, Riiser-Larsen, Wisting et l'ingénieur en aéronautique Umberto Nobile décident une tentative en dirigeable (l'Italie propose un navire à la condition que Nobile fasse partie de l'équipage). Le Norge, conçu par Nobile, quitte le Svalbard le 11 mai 1926, survole le pôle Nord à 1 h 30 et arrive à Teller en Alaska deux jours plus tard.
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Les trois revendications du premier voyage au pôle Nord (Cook en 1908, Peary en 1909, et Byrd en 1926 — ce dernier quelques jours avant le Norge), étant disputées, soit par inexactitude géographique ou accusations de mensonge, le voyage du Norge est considéré par certains comme le premier à avoir réellement survolé le point mythique 90° N. Ainsi, Amundsen et Wisting seraient les premières personnes à avoir atteint les deux pôles.
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Amundsen annonce sa retraite après le voyage du Norge. Malgré son énorme gloire, particulièrement dans son pays natal, il est toujours lourdement endetté. Ses relations avec Umberto Nobile se sont dégradées. Il accepte toutefois de prendre part à une mission de recherche et sauvetage de Nobile et son équipage du dirigeable Italia, écrasé au nord du Spitzberg en revenant du pôle Nord.
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Amundsen s'envole donc le 18 juin 1928 à bord d'un hydravion Latham 47 de la marine nationale française avec son compatriote, le pilote Leif Dietrichson. L'équipage est composé du capitaine de corvette René Guilbaud, du capitaine de corvette Albert Cavelier de Cuverville, du maître mécanicien pilote Gilbert Brazy et du second maître radiotélégraphiste Emile Valette. Aucun d'entre eux ne reviendra. Seul un flotteur et un réservoir de l'hydravion ainsi qu'un radeau de fortune sont retrouvés près de la côte de Tromsø. Il est probable que l'hydravion s'est écrasé, désorienté dans un brouillard, quelque part dans la mer de Barents, et qu'Amundsen est mort lors de l'accident ou peu après. Son corps n’a jamais été retrouvé. Le gouvernement norvégien n’a stoppé les opérations de recherche d’Amundsen qu'en septembre de la même année.
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En 2003 on suppose que l'hydravion se serait écrasé au nord-ouest de l'île aux Ours. Le 24 février 2009, la marine norvégienne annonce une expédition pour le mois d'août 2009 afin de rechercher les restes de l'épave. À l'aide d'un sous-marin automatisé, baptisé Hugin, l'exploration d'une centaine de km2 au nord-ouest de l'île aux Ours tente sans succès de retrouver les débris du Latham 47 disparu 81 ans auparavant[11]. En 2010, le documentaire Roald Amundsen, sur les traces du grand explorateur polaire de l'Allemand Rudolph Herzog, relate ces recherches restées infructueuses.
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Aujourd'hui plusieurs lieux polaires sont nommés en l'honneur d'Amundsen, dont la base Amundsen-Scott au pôle Sud, la mer d'Amundsen, le mont Amundsen (un nunatak) et le glacier Amundsen en Antarctique, et le bassin d'Amundsen et le golfe d'Amundsen dans l'océan Arctique. Le cairn d'Amundsen, érigé en 1912 dans la chaîne de la Reine-Maud, est classé comme monument historique de l'Antarctique.
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Il existe également le cratère Amundsen, près du pôle Sud de la Lune. (1065) Amundsenia, un astéroïde de la ceinture principale aréocroiseur découvert le 4 août 1926 par l'astronome russo-soviétique Sergueï Beljawsky, tire son nom de Roald Amundsen.
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La marine royale norvégienne dénomme sa deuxième frégate de la classe Nansen, KNM Roald Amundsen (2007). Au Canada, un navire de recherche de la Garde côtière canadienne, le NGCC Amundsen prend son nom. En Norvège, le nouveau navire de la Compagnie Express Côtier Hurtigruten, le MS Roald Amundsen, sera bientôt baptisé en son honneur.
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L'écrivain Roald Dahl a reçu son prénom en hommage à Amundsen.
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En 1906, il est élu membre de l'American Antiquarian Society[12].
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Friedrich Wilhelm Nietzsche [ˈfʁiːdʁɪç ˈvɪlhɛlm ˈniːt͡sʃə][1] Écouter (souvent francisé en [nit͡ʃ ]) est un philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur allemand, né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Saxe-Weimar-Eisenach.
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Friedrich Wilhelm Nietzsche naît à Röcken, en Prusse, le 15 octobre 1844, dans une famille pastorale luthérienne. Son père, Karl-Ludwig, né en 1813, pasteur évangélique[2] et son grand-père ont enseigné la théologie. Le père de Nietzsche, qui éduque un membre de la famille royale de Prusse, est un protégé de Frédéric-Guillaume IV. Mais la maladie (de violents maux de tête) le contraint à demander une paroisse dans la région de sa famille, vers Naumburg. Karl-Ludwig et sa femme, Franziska (1826 – 1897), s'installent à Röcken. Ils ont deux fils, Friedrich Wilhelm et Ludwig Joseph (27 février 1848 – 4 janvier 1850), et une fille, Elisabeth Nietzsche (18 juillet 1846).
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En août 1848, le père de Nietzsche fait une chute, sa tête heurte les marches de pierre d'un perron. Il meurt un an plus tard, l'esprit égaré, le 30 juillet 1849. Quelque temps plus tard, en janvier 1850, le frère de Nietzsche meurt à son tour :
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La famille vient s’installer à Naumburg. Nietzsche ressent ce départ comme un abandon du village natal :
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« l'abandon du village natal ; l'entrée dans l'agitation urbaine, tout cela agit sur moi avec une telle force que chaque jour je la ressens en moi »
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— Note d'octobre 1862.
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Il souhaite à cette époque être pasteur comme son père. Il développe une conscience scrupuleuse, particulièrement portée à l'analyse et à la critique de soi, et fière, croyant à la noblesse de la famille Nietzsche (selon une tradition familiale transmise par sa grand-mère, les ancêtres des Nietzsche venaient de Pologne et s'appelaient alors Nietzki). Son caractère est bien résumé par cette remarque qu'il fit à sa mère : « Un comte Nietzki ne doit pas mentir. »
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Vers l'âge de neuf ans il se met au piano, compose des fantaisies et des mazurkas et écrit de la poésie. Il s'intéresse à l'architecture et même, pendant le siège de Sébastopol, en 1854, à la balistique. Il crée également un théâtre des Arts, où il joue avec ses amis des tragédies qu'il écrit (Les dieux de l'Olympe, Orkadal).
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Il entre au collège de Naumburg à l'âge de dix ans. Élève brillant, sa supériorité fait que sa mère reçoit le conseil de l'envoyer à Pforta. Elle accepte et obtient une bourse du roi Frédéric-Guillaume. En 1858, avant de partir pour Pforta, le jeune Nietzsche s'interroge sur la nature de Dieu :
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« À douze ans, j'ai vu Dieu dans sa toute-puissance. »
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— Note de 1858.
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Cherchant à expliquer le mal, il l'intègre à la Trinité : le Père, le Fils et le Diable. Nietzsche rédige alors un cahier où il consigne l'histoire de son enfance, et conclut :
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« Il est si beau de faire repasser devant sa vue le cours de ses premières années et d'y suivre le développement de l'âme. J'ai raconté sincèrement toute la vérité, sans poésie, sans ornement littéraire… Puissé-je écrire encore beaucoup d'autres cahiers pareils à celui-ci ! »
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Il entre au collège de Pforta en 1858, collège où passèrent Novalis, les frères Schlegel, Fichte. Il y fait ses humanités, y rencontre Gersdorff (1844 – 1904) et Paul Deussen (1845 – 1919), le futur sanskritiste. Cette époque est marquée par les premières questions angoissées sur son avenir, par de profonds troubles religieux et philosophiques, et par les premiers symptômes violents de la maladie.
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L'unique document dont nous disposons sur les premiers mois de la vie de Nietzsche dans ce collège relate une anecdote qui exprime sa personnalité : il y avait une discussion à propos de l'histoire de Mucius Scaevola. Les camarades de Nietzsche la tenaient pour une légende, personne ne pouvant avoir le courage de plonger sa main dans le feu. Nietzsche, alors, se saisit d'un charbon brûlant dans un poêle allumé et le tint devant les yeux de ses camarades[3].
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Dans le Crépuscule des idoles (« Ce que je dois aux Anciens ») Friedrich Nietzsche rend hommage à Corssen pour la formation de son style littéraire :
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« Mon sens du style, de l'épigramme comme un style, a été éveillé presque instantanément lorsque je suis entré en contact avec Salluste. Je n'ai pas oublié la surprise de mon honoré professeur Corssen, quand il eut à donner, à son plus mauvais élève de latin, la meilleure note – j'en avais fini avec un seul coup. »
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— Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles
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Pendant les vacances d'été 1859, il visite Iéna et Weimar, écrit quelques récits philosophiques :
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À partir de la rentrée d'août 1859, il rédige un journal, projette des plans d'études en géologie, astronomie, latin, hébreu, sciences militaires et enfin en religion. Dévoré d'un appétit de connaissances sans borne, il éprouve de grandes difficultés à se décider pour un domaine d'étude bien délimité :
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« Je devrai détruire plusieurs de mes goûts, cela est clair, et, pareillement, en acquérir de nouveaux. Quels seront les malheureux que je jetterai par-dessus bord ? Peut-être mes plus chers enfants ! »
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Les années passent dans la discipline sévère de Pforta et, à dix-sept ans, il lit Schiller, Hölderlin (Hypérion et Empédocle), Lord Byron où il trouve son inspiration. Il se passionne pour Manfred :
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« Le savoir est triste : ceux qui savent le plus Plus profondément pleurent la vérité fatale, L'arbre du savoir n'est pas l'arbre de la vie. »
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Nietzsche aime improviser au piano, provoquant l'admiration de Gersdorff et de Deussen :
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« De sept heures à sept heures et demie, nous nous rendions ensemble à la salle de musique. Je ne crois pas que les improvisations de Beethoven aient été plus poignantes que celles de Nietzsche, surtout lorsque l'orage couvait au ciel. »
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— Lettre de Gersdorff à Peter Gast, 14 septembre 1900.
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Il souhaite alors abandonner la théologie pour devenir musicien, mais sa mère l'en dissuade : il doit continuer ses études. Sa foi est néanmoins de plus en plus faible ; les écrits de cette époque témoignent d'une inquiétude profonde face aux problèmes religieux et philosophiques qu'il rencontre. Il hésite à délaisser l'autorité de la tradition pour les enseignements positifs des sciences naturelles :
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« Qu'est-ce que l'humanité ? Nous le savons à peine : un degré dans un ensemble, une période dans un devenir, une production arbitraire de Dieu ? L'homme est-il autre chose qu'une pierre évoluée à travers les modes intermédiaires des flores et des faunes ? Est-il dès à présent un être achevé ? que lui réserve l'histoire ? ce devenir éternel n'aura-t-il pas de fin ? […] Se risquer, sans guide ni compas, dans l'océan du doute, c'est perte et folie pour un jeune cerveau ; la plupart sont brisés par l'orage, petit est le nombre de ceux qui découvrent des régions nouvelles… »
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Il commence alors à souffrir de violents maux de tête et de troubles visuels.
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Il passe enfin les derniers examens et les réussit de justesse, à cause des mathématiques[4]. Il choisit comme sujet de mémoire de fin d'étude Théognis de Mégare[5]. Malgré ses résultats en mathématiques, ses professeurs lui donnent son diplôme au vu de l'excellence dont Nietzsche fait preuve dans les autres matières. En octobre 1864, il quitte Naumburg en compagnie de Paul Deussen et d'un cousin de ce dernier, et se rend à l'université de Bonn.
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En 1864, il entre à l'université de Bonn. Il participe à la vie étudiante, malgré son caractère réservé : promenades sur le fleuve, auberges et un duel qu'il fait avec un bon camarade, n'ayant pas d'ennemi. Il reçoit un coup d'épée au visage et en garde une cicatrice. Mais Nietzsche se sent mal à son aise dans ce milieu, et il passe seul, dans la tristesse, les fêtes de fin d'année. C'est le début d'une longue série de Noëls solitaires, passés à examiner sa vie, à se reprocher le temps perdu. Cherchant à remédier à la situation, il propose de réformer l'association d'étudiants mais il est mis à l'écart.
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Il y étudie la philologie, une discipline qui ne l'intéresse pas. Mais sa passion de la connaissance rend difficile un choix qui lui soit véritablement agréable. Il travaille avec intensité, pour oublier sa solitude, et aussi grâce au soutien vigoureux de Friedrich Wilhelm Ritschl (1806 – 1876), un professeur latiniste auteur d'ouvrages importants sur Plaute. Nietzsche écrit alors quelques mémoires. Il ne trouve aucun intérêt aux modes matérialistes et démocratiques de pensée de bien des étudiants de son âge, et se sent toujours tourmenté par la recherche de la vérité :
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« Pour un véritable chercheur, le résultat de la recherche n'est-il pas indifférent ? Dans notre effort que cherchons-nous ? le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, tout effrayante et mauvaise qu'elle puisse être. »
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— Lettre à sa sœur.
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Nietzsche suit Ritschl à Leipzig où ce dernier est nommé professeur. Il y découvre Diogène Laërce et Schopenhauer, et fait la connaissance d'Erwin Rohde.
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Au cours de ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémices de sa vocation philosophique. Toutefois, l'importance de cette lecture, qui sera au fondement de sa relation avec Wagner, est contestée, car Nietzsche, à cette même époque, s'intéresse à des penseurs rationalistes, en particulier Démocrite[6]. En outre, il lit bien d'autres penseurs et scientifiques : Lange, von Hartmann, Emerson notamment. C'est à cette époque qu'il s'enthousiasme pour la musique de Wagner, en 1868, à Leipzig[7].
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Une anecdote bien connue, datant de février 1865, rapporte que Nietzsche qui s'est rendu à Cologne pour assister à un festival de musique, est conduit dans une maison de tolérance où il se retrouve au milieu de femmes en tenue très légère : « J'allai droit à ce piano [dans le salon] comme au seul être qui, dans cette pièce, eût une âme. » Il fait une improvisation, se lève et s'enfuit.
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Élève brillant, doué d'une solide éducation classique (milieu dominé par les femmes et imprégné de piétisme protestant), Nietzsche est nommé à 24 ans professeur de philologie à l'université de Bâle, puis professeur honoraire l'année suivante[8]. Il développe pendant dix ans son acuité philosophique au contact de la pensée de l'Antiquité grecque dans laquelle il voit dès cette époque la possibilité d'une renaissance de la culture allemande[9] — avec une prédilection pour les Présocratiques, en particulier pour Héraclite et Empédocle, mais il s'intéresse également aux débats philosophiques et scientifiques de son temps. Pendant ses années d'enseignement, il se lie d'amitié avec Jacob Burckhardt et Richard Wagner (qu'il revoit à partir de 1869) dont il serait un parent éloigné[10]. En 1870, il s'engage comme infirmier volontaire dans la guerre franco-allemande, mais l'expérience est de courte durée, car Nietzsche contracte la diphtérie. Bien qu'il soit à cette époque patriote, Nietzsche commence à formuler quelques doutes à propos des conséquences de la victoire prussienne.
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En 1872 paraît La Naissance de la tragédie, qui obtient un certain succès, mais qui le discrédite comme philologue et fait l'objet d'une vive querelle avec le philologue Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff[11]. Erwin Rohde, philologue et ami de Nietzsche, et Wagner qui considère ce texte comme l'expression de sa pensée, prennent sa défense. Nietzsche formera ensuite le projet d'écrire une dizaine d'essais, les Considérations Inactuelles, mais il n'en paraîtra finalement que quatre, et, mis à part Richard Wagner à Bayreuth, ces œuvres eurent très peu de succès.
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Au premier semestre de l'été 1872, il donne des cours sur Eschyle, Les Choéphores, et sur les philosophes présocratiques. Il fait également un séminaire sur Théognis. Erwin Rohde publie un compte rendu de La Naissance de la tragédie le 26 mai et, à la fin du mois, parait le pamphlet de Willamowitz-Moellendorff contre ce premier ouvrage :
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Sa sœur vient s'installer à Bâle le 1er juin.
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Le 23 juin, Wagner publie une lettre ouverte à Nietzsche dans la Norddeutsche Allgemeine Zeitung pour prendre sa défense. Dans une lettre du 25, Wagner lui écrit :
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Nietzsche se rend à Munich, où se trouve également l'intellectuelle Malwida von Meysenbug, du 28 au 30 juin pour assister à une représentation de Tristan et Isolde dirigée par Hans von Bülow. Le 20 juillet, Nietzsche envoie à ce dernier sa Manfred-Meditation qui est qualifiée d'épouvantable et de nuisible par le chef d'orchestre, et de « viol d'Euterpe. » Franz Liszt jugera bien moins sévèrement une autre œuvre de Nietzsche.
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Il prépare une étude, La Joute chez Homère. En septembre et octobre, il se promène en Suisse. Au semestre d'hiver 1872-73, il donne un cours sur la rhétorique grecque et romaine. Les étudiants se font rares, il n'a que deux auditeurs. Rohde se retrouve également isolé et dans une situation difficile. Wagner fait lui-même l'objet d'attaques assez basses (il est jugé cliniquement fou par un professeur de l'université de Munich).
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Nietzsche passe Noël 1872 avec sa mère et sa sœur ; il offre à Cosima Wagner, pour son anniversaire, Cinq préfaces à cinq livres qui n'ont pas été écrits. Le 26 décembre, il est à Weimar pour assister à une représentation de Lohengrin. Il rencontre Ritschl à Leipzig qui le blâme de son manque de réussite en tant que professeur. L'incompréhension, ou peut-être l'amertume, du maître est extrême ; dans une lettre à Wilhelm Vischer datée du 2 février 1873, il fait de Nietzsche ce portrait instructif :
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Du 6 au 12 avril, Rohde et Nietzsche sont à Bayreuth. Nietzsche lit à Cosima et à Wagner le manuscrit de La Philosophie à l'époque tragique des Grecs. Il revient à Bâle le 15 avril, où il commence sa première Considération inactuelle sur David Strauss.
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Vers 1875, Nietzsche tombe gravement malade, et, à la suite de plusieurs malaises, ses proches le croient à l'agonie. Presque aveugle, subissant des crises de paralysie, de violentes nausées, l'état d'esprit de Nietzsche se dégrade au point d'effrayer ses amis par un cynisme et une noirceur qu'ils ne lui connaissaient pas. Nietzsche commence à se détacher de Wagner qui le déçoit de plus en plus, et il considère le milieu wagnérien comme un rassemblement d'imbéciles n'entendant rien à l'art wagnérien[12]. Alors que Nietzsche rédige Richard Wagner à Bayreuth, il écrit dans ses carnets une première critique de son ami. Non seulement il ne se sent plus lié avec ce dernier par la philosophie de Schopenhauer, mais Wagner se révèle un ami indiscret, ce qui conduira Nietzsche à ressentir certains propos de Wagner comme des offenses mortelles. Wagner soupçonne en effet Nietzsche de quelques penchants « contre nature » censés expliquer son état maladif : « un effet de penchants contre nature préfigurant la pédérastie[13] ».
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Nietzsche abandonne alors ses idées sur l'Allemagne dans lesquelles il ne voit plus que grossièreté et illusions. Il discute longuement avec Paul Rée, avec qui il partage ses idées et son cynisme sur l'hypocrisie de la morale[14], et commence à écrire un livre, d'abord intitulé Le soc, puis Humain, trop humain. Quand Wagner reçoit ce dernier livre (envoi auquel il ne répondra pas), Cosima Wagner, l'épouse de Richard, écrit dans son journal : « Je sais qu'ici le mal a vaincu. » L'antisémitisme de Cosima semble également avoir joué un rôle dans la rupture entre son mari et Nietzsche[15].
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En 1877, Marie Baumgartner traduit en français Richard Wagner à Bayreuth.
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En 1878, il rompt avec Wagner.
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En 1879, Nietzsche obtient une pension car son état de santé l'oblige à quitter son poste de professeur[16]. Il commence alors une vie errante à la recherche d'un climat favorable aussi bien à sa santé qu'à sa pensée, à Venise, Gênes, Turin, Nice[17], Sils-Maria… :
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« Nous ne sommes pas de ceux qui n'arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres — notre habitude à nous est de penser en plein air, marchant, sautant, grimpant, dansant… »
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À la fin du mois d'avril 1881, Nietzsche, à Gênes, travaille à la correction des épreuves d'Aurore avec Peter Gast. Le travail est achevé à la mi-juin. En juillet, il est à Sils-Maria et lit Hellwald (Histoire de la civilisation, La Terre et ses habitants) et le livre de Kuno Fischer sur Spinoza. Il voit en ce dernier l'un de ses précurseurs.
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C'est au mois d'août que lui viennent ses pensées sur l'éternel retour. Nietzsche est alors dépressif.
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En septembre, il étudie les sciences de la nature, il écrit à Overbeck (18 septembre) :
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Sum in puncto desperationis. Dolor vincit vitam voluntatemque.
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— Je suis désespéré. La douleur a vaincu la vie et la volonté.
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Il retourne à Gênes à la fin du mois où, toujours en mauvaise santé, Nietzsche entend la Sémiramide de Rossini, Giulietta e Romeo et Sonnambula de Bellini. Il entend également Carmen, l'opéra de Bizet, qui le marquera à vie. À la mi-décembre, Nietzsche projette d'écrire une suite à Aurore.
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Invité à Rome par Malwida von Meysenbug, en avril 1882, Nietzsche fait la connaissance de Lou Andreas Salomé dont il tombe éperdument amoureux. Puis Lou, Rée et Nietzsche se rendent en Suisse. Nietzsche corrige les épreuves des Idylles de Messine et met au propre une copie du Gai Savoir.
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Nietzsche passe les mois de novembre et décembre 1882, à Rapallo. Ses relations avec Lou Andreas-Salomé et Paul Rée se dégradent. À la fin du mois de janvier 1883, il écrit au propre la première partie d'Ainsi parlait Zarathoustra.
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Le 13 février, Wagner meurt. Nietzsche l'apprend le lendemain et écrit à Cosima.
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Nietzsche est ensuite de nouveau à Gênes à partir du 23 février 1883. Il lit le livre de son ami Paul Deussen sur la doctrine des Védanta. Il rompt ses relations avec Rée et Lou, et déprime gravement :
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« Je ne comprends plus du tout « à quoi bon » je devrais vivre, ne fût-ce que six mois de plus »
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— Lettre à Overbeck, 24 mars.
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Le jugement de Gast à propos de Zarathoustra lui remonte le moral : « À ce livre il faut souhaiter la diffusion de la Bible, son prestige canonique, la série de ses commentaires, sur laquelle repose en partie ce prestige. » (Lettre à Nietzsche, 2 avril 1883). Vers la fin du mois, il renoue avec sa mère et se décide à rencontrer sa sœur à Rome, où il loge chez le peintre Max Müller. Avec sa sœur, il voyage en Suisse et séjourne de nouveau à Sils-Maria. Il écrit la deuxième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra au mois de juillet. Il se brouille définitivement avec Lou :
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« Elle me manque, même avec ses défauts. […] Maintenant c'est comme si j'étais condamné au silence ou à une sorte d'hypocrisie humanitaire dans mes rapports avec tous les hommes. »
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— Lettre à Overbeck, fin août.
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Fin août 1883, il retrouve Overbeck à Schuls, et envisage de donner des cours à Leipzig. Le recteur de l'université, qui est un ami de Nietzsche, lui explique que sa candidature serait un échec à cause de ses idées sur le christianisme. Il part alors pour Naumburg le 5 septembre. Sa sœur se fiance avec Bernard Förster, l'antisémite soi-disant admirateur de Nietzsche.
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Il passe à Bâle début octobre, chez les Overbeck, puis à Gênes. Il tombe malade, ressent la solitude de plus en plus durement, et fait le bilan accablant des dernières années qu'il vient de passer. À la fin novembre, il passe à Villefranche, puis s'installe à Nice pour l'hiver. Il rencontre Joseph Paneth, l'ami de Freud. Il est de plus en plus malade : Malade, malade, malade ! (Lettre à Overbeck, 26 décembre 1883). Il écrit néanmoins la troisième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra en janvier 1884, après notamment des promenades le long du chemin qui portera son nom à Èze. Enthousiasmé par Peter Gast, Nietzsche s'interroge avec inquiétude sur la portée de sa philosophie :
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« Est-elle « vraie » ou plutôt sera-t-elle crue vraie — c'est ainsi que « tout » changera et se renversera et que « toutes » les valeurs traditionnelles seront dévaluées »
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— Lettre à Overbeck, 10 mars 1884).
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Il rompt de nouveau avec sa sœur : « Ce maudit antisémitisme est la cause d'une rupture radicale entre ma sœur et moi. » (Lettre à Overbeck, 2 avril).
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À la fin du mois d'avril, il se rend à Venise avec Peter Gast :
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« je frémis à la pensée de tout l'injuste et l'inadéquat qui un jour ou l'autre se réclamera de mon autorité »
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— Lettre à Mawilda von Meysenburg, juin 1884).
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Puis il est de nouveau chez les Overbeck, à Bâle, de la mi-juin au 2 juillet. Il fait la connaissance de la militante Meta von Salis à Zürich vers la mi-juillet : le philosophe est « fasciné par cette aristocrate éloquente, avec qui il passe beaucoup de temps[18] ».
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Il séjourne pour la troisième fois à Sils-Maria de juillet à septembre. Du 26 au 28 août, il reçoit Heinrich von Stein.
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À Nice, en janvier 1885, il écrit la quatrième partie d'Ainsi parlait Zarathoustra et la fait paraître à ses frais, vers la fin mars, en tirage limité à 40 exemplaires.
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Le 22 octobre 1887, Nietzsche, venant de Venise, arrive à Turin. Il s'installe à la Pension de Genève :
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« Dix ans de maladie, plus de dix ans ; et pas simplement une maladie pour laquelle il existe des médecins et des remèdes. Quelqu'un sait-il seulement ce qui m'a rendu malade ? Ce qui, des années durant m'a tenu au seuil de la mort, et appelant la mort ? Je n'en ai pas l'impression. […] Ces dix dernières années que j'ai derrière moi m'ont fait amplement apprécier ce que cela signifie d'être seul, isolé à ce point. […] Pour n'en retenir que le meilleur, cela m'a rendu plus indépendant ; mais aussi plus dur, et plus contempteur des hommes que je ne le souhaiterais moi-même. »
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— Lettre à Overbeck, 12 novembre.
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Il écrit beaucoup, avec le sentiment de la tâche accomplie ou sur le point de l'être :
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« je sais ce qui est fait, et ce qui est définitivement réglé : c'est un trait qui est tiré sous toute mon existence jusqu'alors : — voilà le sens des dernières années. Sans doute, par cela même, l'existence que j'ai menée jusqu'ici a révélé ce qu'elle était réellement — une simple promesse. »
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— Lettre à Peter Gast, 20 décembre.
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Il lit Montaigne, Galiani, le Journal des Goncourt. Le 26 novembre, il reçoit une lettre de Georg Brandes :
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« Vous faites partie du petit nombre d'hommes avec qui j'aimerais causer. »
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Vers la fin de l'année, Nietzsche retombe dans la dépression :
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« le poids de mon existence pèse à nouveau plus lourd sur mes épaules ; presque pas un jour entièrement bon ; »
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— Lettre à Overbeck, 28 décembre.
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Néanmoins, dans les mois suivant, qu'il passe à Nice, il travaille beaucoup et annonce à Gast, dans une lettre du 13 février 1888, qu'il a terminé la mise au propre du premier livre de l'Essai d'une inversion des valeurs. (cf. Cahiers WII 1, WII 2, WII 3). Il lit Plutarque, Baudelaire, Dostoïevski, Tolstoï, Renan, Benjamin Constant. Sa célébrité s'accroît : Carl Spitteler fait des comptes rendus des livres de Nietzsche dans le canton de Berne, et Georg Brandes fait des conférences sur la pensée de Nietzsche à Copenhague.
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Il quitte Nice le 2 avril, et se rend en pèlerinage à Gênes le 4, avant de parvenir à Turin, ville « pour les pieds comme pour les yeux, un lieu classique ! » (Lettre à Gast, 7 avril). Il rédige le Cas Wagner et travaille toujours autant (cf. Cahiers WII 5, WII 6). Son humeur est particulièrement joyeuse :
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« il souffle ici un air délicieux, léger, espiègle, qui donne des ailes aux pensées trop lourdes… »
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— Lettre à Gast, 1er mai.
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À Sils-Maria depuis le début du mois de juin, sa santé se dégrade de nouveau. Il se diagnostique un épuisement nerveux général incurable en partie héréditaire (Lettre à Overbeck, 4 juillet). Il s'occupe de l'impression du Cas Wagner et élabore un dernier plan de la Volonté de puissance. Essai d'une inversion de toutes les valeurs, daté du 29 août. Il lit la Vie de Richard Wagner par Ludwig Nohl, et Rome, Naples et Florence de Stendhal qu'il admire. Il passe quelques semaines avec son amie Meta von Salis. Richard Meyer, un étudiant d'origine juive, lui offre anonymement 2 000 marks. Nietzsche emploie alors toutes les ressources dont il dispose pour faire imprimer ses livres et se plaint des pratiques douteuses de certains éditeurs :
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« Mais je suis en guerre : je comprends que l'on soit en guerre avec moi. »
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— Lettre à Spitteler, 25 juillet.
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Il reste à Sils-Maria jusqu'au 20 septembre.
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Après un voyage difficile, Nietzsche arrive de nuit à Turin. Le Cas Wagner paraît alors, tandis qu'il travaille avec Gast à l'impression du Crépuscule des Idoles et que le manuscrit de L'Antéchrist est prêt pour l'impression, le 30 septembre.
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Nietzsche s'effondre, le 3 janvier 1889, à Turin. Croisant une voiture dont le cocher fouette violemment le cheval, il s'approche de l'animal, enlace son encolure, éclate en sanglots, et interdit à quiconque d'approcher le cheval. Comme le racontera Derrida : « [I]l fut assez fou pour pleurer auprès d'un animal, sous le regard ou contre la joue d'un cheval. Parfois je crois le voir prendre ce cheval pour témoin, et d'abord, pour le prendre à témoin de sa compassion, prendre sa tête dans ses mains[19]. »
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Son ami Franz Overbeck, alerté par des lettres délirantes de Nietzsche, accourt le 8 janvier, à Turin. Nietzsche chante et hurle sans cesse depuis plusieurs jours, prétendant être le successeur de Napoléon pour refonder l'Europe, créer la « grande politique ». Vu l'état d'agitation extrême de Nietzsche, Overbeck se fait aider par un dentiste bâlois de passage à Turin, qui, pour le calmer, lui fait croire qu'à Bâle on prépare des festivités et des cérémonies en son honneur. Au départ de la gare de Turin, Nietzsche veut haranguer la foule ; on lui fait comprendre que ce n'est pas digne d'un homme de son rang.
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Arrivé à Bâle, on le conduit dans une clinique d'aliénés dont le directeur s'est entretenu avec Nietzsche sept ans plus tôt. Nietzsche se rappelle en détail cette rencontre, mais ne se rend pas compte qu'il est dans un asile d'aliénés — il remercie pour le bon accueil qui lui est fait[20].
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Au début de cette folie, Nietzsche semble s'identifier aux figures mythiques et mystiques de Dionysos et du Christ, pour lui symboles de la souffrance et de ses deux expressions les plus opposées. Il parle constamment et chante beaucoup, se rappelant encore ses compositions musicales et ses poèmes. Selon le témoignage de son ami Overbeck, il est alors encore capable d'improviser au piano de bouleversantes mélodies ; pendant quelque temps, il sera encore capable de tenir des conversations, mais celles-ci, selon son ami Overbeck, sont stéréotypées et Nietzsche ne semble capable que d'évoquer certains souvenirs. Il prononce encore quelques phrases, comme ce jour où, sur une terrasse ensoleillée, il s'adresse à sa sœur : « N'ai-je pas écrit de beaux livres ? » ; il note encore quelques phrases plus ou moins cohérentes comme celle-ci : « Maman, je n'ai pas tué Jésus, c'était déjà fait. » Sa mère est en effet très pieuse, et les différends de Nietzsche avec elle en matière de religion remontent à l'adolescence.
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Il reçoit plusieurs visiteurs, certains tentent de le récupérer pour leur propre cause[réf. nécessaire]. Puis, au bout de quelques années, il sombre dans un silence presque complet, jusqu'à sa mort. Quand Overbeck le revoit pour la dernière fois, en 1892, il trouve Nietzsche dans un état végétatif.
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Sa mère, puis sa sœur revenue d'Amérique du Sud, le soignent jusqu'à sa mort, le 25 août 1900.
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D'emblée, il convient d'aborder les informations que l'on possède sur l'éventuelle syphilis de Nietzsche : cette maladie pourrait être une légende inventée par le critique Lange-Eichbaum, après la Seconde Guerre mondiale.
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On s'est beaucoup interrogé sur les causes de sa maladie et l'image même d'un penseur devenu fou a conduit à diverses appropriations, du vivant même de Nietzsche[21]. Certaines théories à ce sujet ont eu pour but de réduire la pensée de Nietzsche à sa folie. Une explication qui fut couramment acceptée, est relative à la syphilis que Nietzsche aurait contractée, comme nombre d'artistes et écrivains célèbres de son temps, et qui dans sa phase tertiaire, dite de « neurosyphilis » (touchant 25 à 30 % des cas avant l'apparition des premiers traitements contre la syphilis) peut mimer toutes sortes de pathologies psychiatriques. Nietzsche, au début de sa folie (« folie » qui ne l'empêchait pas dans les premiers temps de discuter presque normalement), déclara avoir été infecté en 1866. Il semble, d'après les travaux d'Otto Binswanger, qui s'est occupé de lui lors de son internement, que Nietzsche ait présenté une démence vasculaire : maladie de Binswanger comparable à la leucoaraiose, ce qui va dans le sens des propos de Franz Overbeck, qui, quand il le revoit pour la dernière fois, en 1892, trouve Nietzsche dans un état végétatif.
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Récemment, un médecin, le docteur Leonard Sax, directeur du Montgomery Centre for Research in Child Development, a montré que Nietzsche avait en réalité une tumeur cérébrale. L'autopsie du père de Nietzsche avait déjà montré la présence d'une tumeur au cerveau. Les témoignages rassemblés par Janz montrent que plusieurs proches de Nietzsche étaient des « originaux », et quelques-uns malades des nerfs. On peut donc également évoquer une affection psychiatrique ou une pathologie neurologique au travers de ces antécédents. Nietzsche a également rapporté le témoignage de sa tante Rosalie, selon laquelle le père de Nietzsche fut soudain atteint de troubles mentaux, qu'il devint incapable de parler, avant de mourir quelques mois plus tard. Ces faits sont compatibles avec des hypothèses récentes évoquant une Dégénérescence lobaire fronto-temporale de type comportementale [22], ou maladie de CADASIL qui indirectement rejoint l'idée d'une leucoaraiose[23].
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Certains évoquent le fait que les proches de Nietzsche lui ont fourni des drogues dangereuses pour soigner ses maux de tête ; il apparaîtrait que ces drogues non seulement provoquent une dépendance très forte, mais présentent des risques de psychose toxico-induite.
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Cette dernière explication est cependant une invention de la sœur du philosophe. Elle cacha également le fait que Nietzsche avait sans doute contracté la syphilis, et falsifia le témoignage de Nietzsche sur son père afin de dissimuler la possibilité d'une maladie héréditaire (elle prétendit que leur père avait fait une chute, ce qui est formellement contredit par les lettres de leur mère datant de l'année d'agonie de son mari).
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Nietzsche devenu aliéné, c'est sa sœur, Elisabeth, qui gère la publication des œuvres et des carnets de son frère. Elle fonde dans ce but le Nietzsche-Archiv et met toute son énergie à faire connaître les œuvres de son frère[24]. Sœur dévouée que Nietzsche aimait profondément jusqu'à ce qu'elle se marie avec un antisémite virulent, Bernhard Förster[25], elle a été une fervente admiratrice de Guillaume II et adhèrera ensuite à certaines idées nazies[26], rencontrant Hitler (qu'elle soutiendra comme elle soutiendra également Mussolini). Elle fait publier les dernières œuvres de Nietzsche, mais manipule certains textes de son frère. Elle compose ainsi La Volonté de puissance, livre dont Nietzsche a élaboré plusieurs plans sans jamais l'achever, préférant en tirer plusieurs livres distincts. Elle écrit également plusieurs livres sur son frère, qui ont été remis en cause en raison de leur caractère hagiographique. La critique historique a même établi qu'Elisabeth avait falsifié des œuvres de jeunesse, des lettres et des fragments posthumes de son frère[27].
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Malgré les opinions nazies et les manipulations avérées de la sœur de Nietzsche, ces falsifications et l'enrôlement par le nazisme sont deux aspects de la réception du texte nietzschéen qui restent nettement distincts[28],[29]. Si Elisabeth a cherché activement à associer le nom de Nietzsche à ceux d'Hitler et de Mussolini[30], elle a eu également l'occasion d'écrire à plusieurs reprises combien son frère était opposé à l'antisémitisme, et a expliqué les propos anti-juifs de Nietzsche dans les années 1870 par une influence du milieu wagnérien dont il s'était par la suite libéré. Il est donc difficile de voir dans la sœur de Nietzsche une instigatrice de la récupération des textes nietzschéens[31].
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un réfrigérateur est un meuble ou une armoire fermée et calorifugée dont la température est régulée par réfrigération indépendamment de la température extérieure (cuisine, chambre froide, pharmacie, laboratoire, etc.).
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Dans un réfrigérateur, un compartiment principal maintient une température inférieure à 5 °C[1]. Un deuxième compartiment peut avoir une température plus basse, soit un freezer à glaçons, soit un compartiment à −18 °C appelé congélateur.
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Le nom frigidaire couramment employé comme synonyme de réfrigérateur, est un onomastisme formé sur la marque Frigidaire du groupe Electrolux. En revanche, le terme frigo du langage familier, abréviation de frigorifié ou frigorifique[2], n'est pas lié à une marque.
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La réfrigération (du latin frigus, froid) est généralement le refroidissement d'un corps par le transfert d'une partie de sa chaleur. Les applications sont la conservation des aliments, l'abaissement de la température de boissons pour les rendre plus agréables à la consommation, etc.
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La fonction d'une machine de réfrigération est de prendre de la chaleur du côté basse température en produisant une évaporation du fluide frigorigène qui se condense par la suite sur la paroi du fond de l'appareil et de la rejeter à l'extérieur grâce à la grille située derrière l'appareil, en utilisant une énergie externe pour entretenir le processus. Un réfrigérateur est une pompe à chaleur généralement animée par un moteur électrique, mais il est également possible d'employer les sels eutectiques, ou des procédés sans aucun moteur tel que l'absorption ou l'effet Peltier.
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Les réfrigérateurs sont des pompes à chaleur dont la plupart (comme ceux qui équipent maisons et voitures) utilisent un cycle de changement de phase. Ce procédé fait tourner un cycle de Carnot pour transférer de la chaleur de la partie à refroidir vers la partie qui sera réchauffée. Le compresseur est la pompe du circuit, qui permet de faire circuler le fluide réfrigérant. Ce cycle se déroule en quatre temps :
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Il existe aussi un procédé plus complexe, à deux fluides, où le compresseur est remplacé par une source de chaleur : par exemple le réfrigérateur à absorption de gaz. Ce procédé est exploité lorsque l'électricité ou la force mécanique manquent, alors qu'une source de chaleur est disponible (caravanes, frigos solaires...) ou lorsque le bruit doit être le plus faible possible (chambre d’hôtel par exemple).
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Avant l'invention des réfrigérateurs, on conservait les denrées périssables dans une pièce spéciale, le cellier, généralement orientée vers le Nord. L'usage se développa aussi, particulièrement à la Renaissance, de stocker la glace découpée l'hiver sur les étangs, dans une glacière. Il s'agissait d'un trou fermé par un couvercle isolant dans lequel on alternait des couches de paille, ou de sciure de bois, et de glace. Comme « l'air froid » descend et que « l'air chaud » monte, l'orifice de remplissage se situant en haut, la température basse se maintenait et une partie de la glace, ainsi stockée, se conservait jusqu'à l'été[3].
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Il existait aussi le leytès[4], également appelé cabenère[5], niche à lait[4], frigo à lait[5] qui était un frigo servant à conserver le lait au frais après la traite et avant la descente au lieu de vente[6].
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Des inventeurs tentèrent de fabriquer de la glace artificielle à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. En 1755, l’Écossais William Cullen obtient un peu de glace par vapeur d’eau sous « cloche à vide » et en fit la première démonstration publique en 1756 [7].
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En 1834, Jacob Perkins un Américain, invente la première machine frigorifique fonctionnelle. Puis un peu plus tard, Perkins est crédité du premier brevet de réfrigération utilisant le cycle de compression de vapeur[8], attribué le 14 août 1835. Le système de la machine était l'utilisation de l'éther dans un cycle de compression de vapeur. Cette idée serait venue en premier d'un autre inventeur américain, Oliver Evans, qui avait conçu ce système en 1805, mais qui n'a jamais fait construire son projet[N 1].
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En 1850, Ferdinand Carré invente une machine frigorifique à l'eau et à l'ammoniac[N 2].
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Mais la première utilisation industrielle d'une machine frigorifique est celle de James Harrison en 1851[9], lorsqu'il a fabriqué un système de réfrigération à compression de vapeur (vapor compression refrigeration system). James Harrison[10],[11] était un imprimeur écossais, émigré en Australie, qui avait acheté une entreprise de presse. Alors qu'il nettoyait des caractères à l'éther, il remarqua que le liquide refroidissait fortement le métal en s'évaporant[12],[N 3]. Harrison eut l'idée de comprimer l'éther gazeux avec une pompe pour le transformer en liquide, puis de laisser l'éther liquide revenir à l'état gazeux en provoquant un refroidissement[13]. Harrison mit ce système en œuvre dans une brasserie australienne, où le gaz froid d'éther était pompé dans des tuyaux qui circulaient dans le bâtiment. Il utilisa le même principe pour fabriquer de la glace en faisant passer dans de l'eau les tuyaux refroidis par l'éther gazeux. Mais il fit faillite en 1860 car la glace naturelle qu'on importait par bateau d'Amérique restait moins chère.
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En 1858 le Français Charles Tellier crée la première machine frigorifique à circulation de gaz ammoniac liquéfié, permettant la production de froid à usage aussi bien domestique qu'industriel. En 1865, il construit une machine à compression mécanique à gaz liquéfié. Ces inventions permettent la réfrigération industrielle (dès 1865) et le transport réfrigéré, notamment par bateau (navire frigorifique) : le premier navire équipé de systèmes de réfrigération à l'éther méthylique selon les principes de Tellier a été le Frigorifique, entré en fonction en 1876.
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Cette même année en 1876, c'est l'allemand Carl von Linde qui invente le réfrigérateur domestique tel que nous le connaissons aujourd'hui. Une des premières utilisations de la réfrigération domestique a eu lieu au domaine de Biltmore à Asheville (Caroline du Nord), aux États-Unis, autour de 1895. Le principe de l'invention de Linde permet de fabriquer industriellement en 1913, le tout premier réfrigérateur domestique le « Domelre » par Fred W. Wolf de Chicago[14]. En France, les premiers réfrigérateurs firent leur apparition en 1952, les « Domelre » en provenance de Chicago.
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Le réfrigérateur à absorption de gaz, qui se refroidit par l'utilisation d'une source de chaleur, a été inventé en Suède par Baltzar von Platen et Carl Munters en 1922, alors qu'ils étaient tous deux étudiants à l'Institut royal de technologie de Stockholm. Leur invention permet de produire du froid à partir d'une source d'énergie telle que le propane, l'électricité ou le kérosène. En 1923, la production de leur réfrigérateur à usage domestique commence par l'intermédiaire de la société AB Arctic. En 1925, AB Arctic est achetée par Servel (unité d'Electrolux), qui commercialise ses produits dans le monde entier, notamment aux États-Unis où elle dépose le brevet d'invention le 7 décembre 1926. Servel est pendant de nombreuses années le seul producteur de ce réfrigérateur aux États-Unis. Aujourd'hui, il est utilisé dans les maisons non reliées au réseau électrique, dans des camping-cars, ou les chambres d'hôtels, car il ne produit aucun bruit.
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Albert Einstein et son élève et collègue Léo Szilard brevettent en 1930 un réfrigérateur utilisant du butane, de l'eau et de l'ammoniac[15].
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Ceux-ci se composent généralement de compartiments de refroidissement et de congélation et peuvent avoir quatre zones de température : −18 °C (0 °F) (congélateur), 0 °C (viandes), 4 °C (40 °F) (réfrigérateur) et 10 °C (50 °F) (légumes), pour le stockage des différents types de nourriture. Le volume d'un réfrigérateur se mesure en litres ou en pieds cubes[réf. souhaitée]. Seul le « volume utile » (dit aussi « volume net ») indique la capacité de stockage, par opposition au « volume brut ».
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La température adéquate pour un réfrigérateur est de 5 °C à l'étage du milieu.
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Le point le plus froid est l'étage inférieur (2 °C) situé au-dessus du bac à légumes. C'est l'endroit où mettre la viande et le poisson frais.
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Les œufs, les produits laitiers, la charcuterie, les restes, les gâteaux et les produits portant la mention « à conserver au froid après ouverture » sont à positionner sur les étages du milieu (4 à 5 °C) et sur l'étagère du haut (8 °C).
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Les bacs en bas (jusqu'à 10 °C) sont destinés aux fruits et légumes susceptibles d'être endommagés par de trop basses températures.
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Les compartiments ou les étagères à l'intérieur de la porte sont les parties les plus chaudes du réfrigérateur (10 à 15 °C), elles sont destinées à recevoir les produits qui se satisfont d'une réfrigération légère : les boissons, la moutarde et le beurre.
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Depuis la fin des années 1950, plusieurs modèles de réfrigérateurs sont de type « sans givre » et possèdent un système réfrigération/congélation par circulation d'air avec un évaporateur situé dans un compartiment isolé des autres compartiments pour la nourriture et un système de dégivrage automatique utilisant des éléments chauffants. Ce système no frost a pour conséquence une uniformisation de la température, un refroidissement plus rapide de l'air après ouverture de la porte, un assèchement accéléré des aliments non couverts et une augmentation de la consommation par rapport au système classique de dégivrage automatique[16].
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Dans les modèles récents, un affichage à cristaux liquides suggère la température à utiliser pour les divers types de nourriture à conserver et montre la date limite de consommation (DLC) des produits[réf. souhaitée].
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Quelques modèles incluent un système pour avertir d'une panne de courant, avec une fonction de mémoire qui alerte l'utilisateur de la coupure en faisant clignoter l'affichage de la température. En appuyant sur une touche d'information, l'utilisateur est informé de la température maximale atteinte pendant la panne de courant, et sait si les aliments surgelés ont été décongelés ou s'ils risquent d'avoir développé des bactéries dangereuses.
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Les anciens réfrigérateurs utilisaient le Fréon comme réfrigérant qui fait partie de la famille des CFC qui détruisent la couche d'ozone. Après la ratification du protocole de Montréal, ces fluides ont été remplacés par le R134a ou autres (HCFC). Aujourd'hui, la majorité des fabricants européens d'électroménager ont opté pour l'isobutane (R600a).
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En 2019, plus de la moitié de la production mondiale est situé dans à Foshan en Chine[17].
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Le réfrigérateur à compression (domestique) fonctionne selon un principe qui consiste à évaporer un fluide frigorigène (tel que les CFC : R12, R22 ou actuellement R134a et R600a) qui se trouve généralement à basse pression dans un circuit fermé. Cette évaporation provoque le refroidissement du fluide frigorigène car il s'agit d'un processus endothermique. Le fluide frigorigène est ensuite à nouveau compressé pour redevenir liquide dans le condenseur ; il s'agit d'un processus exothermique, la chaleur générée est évacuée à l'arrière du réfrigérateur. Le fluide frigorigène décrit un cycle perpétuel fermé, le fluide est recyclé indéfiniment.
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Les réfrigérateurs domestiques se déclinent en plusieurs catégories :
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La plage de température ambiante idéale de fonctionnement d'un réfrigérateur dépend des classes climatiques :
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Si la température est très en dessous de la plage de fonctionnement, le moteur peut stopper et si la température est au-dessus, on observe une inefficacité[19].
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La technologie des réfrigérateurs à fait énormément de progrès en quelques décennies. Aux États-Unis, leur consommation unitaire est passée de 1 800 kWh par an en 1974 à 450 kWh par an en 2001. Lorsque les 150 millions de réfrigérateurs américains seront aux normes d'efficacité énergétique, l'économie d'électricité sera de 200 GWh, soit l'équivalent de 32 centrales nucléaires[20].
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Les portes et parois latérales des réfrigérateurs offrent une surface vierge d'au moins un demi-mètre carré, propice à la personnalisation : aimants, souvenirs, carte postales, dessins d'enfant, rappels...
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Il existe des réfrigérateurs plus respectueux de l'environnement destinés aux pays en voie de développement. Un tel réfrigérateur repose sur le fonctionnement du réfrigérateur à absorption mais utilise le Soleil comme générateur. Il est intéressant car il n'utilise que le Soleil comme source d'énergie, ce qui fait de lui un réfrigérateur idéal pour le tiers monde.
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Des camions frigorifiques sont utilisés pour transporter les denrées périssables, comme les aliments surgelés, les fruits et les légumes, et les produits chimiques sensibles à la température.
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La plupart des camions frigorifiques modernes maintiennent des températures de −40 à +20 °C et ont une charge utile maximum d'environ 24 tonnes (en Europe). Les camions frigorifiques sont plus utilisés en hiver, quand il y a une demande significative pour transporter des produits chimiques à des températures relativement élevées (10 à 20 °C)[réf. nécessaire].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un réfrigérateur est un meuble ou une armoire fermée et calorifugée dont la température est régulée par réfrigération indépendamment de la température extérieure (cuisine, chambre froide, pharmacie, laboratoire, etc.).
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Dans un réfrigérateur, un compartiment principal maintient une température inférieure à 5 °C[1]. Un deuxième compartiment peut avoir une température plus basse, soit un freezer à glaçons, soit un compartiment à −18 °C appelé congélateur.
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Le nom frigidaire couramment employé comme synonyme de réfrigérateur, est un onomastisme formé sur la marque Frigidaire du groupe Electrolux. En revanche, le terme frigo du langage familier, abréviation de frigorifié ou frigorifique[2], n'est pas lié à une marque.
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La réfrigération (du latin frigus, froid) est généralement le refroidissement d'un corps par le transfert d'une partie de sa chaleur. Les applications sont la conservation des aliments, l'abaissement de la température de boissons pour les rendre plus agréables à la consommation, etc.
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La fonction d'une machine de réfrigération est de prendre de la chaleur du côté basse température en produisant une évaporation du fluide frigorigène qui se condense par la suite sur la paroi du fond de l'appareil et de la rejeter à l'extérieur grâce à la grille située derrière l'appareil, en utilisant une énergie externe pour entretenir le processus. Un réfrigérateur est une pompe à chaleur généralement animée par un moteur électrique, mais il est également possible d'employer les sels eutectiques, ou des procédés sans aucun moteur tel que l'absorption ou l'effet Peltier.
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Les réfrigérateurs sont des pompes à chaleur dont la plupart (comme ceux qui équipent maisons et voitures) utilisent un cycle de changement de phase. Ce procédé fait tourner un cycle de Carnot pour transférer de la chaleur de la partie à refroidir vers la partie qui sera réchauffée. Le compresseur est la pompe du circuit, qui permet de faire circuler le fluide réfrigérant. Ce cycle se déroule en quatre temps :
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Il existe aussi un procédé plus complexe, à deux fluides, où le compresseur est remplacé par une source de chaleur : par exemple le réfrigérateur à absorption de gaz. Ce procédé est exploité lorsque l'électricité ou la force mécanique manquent, alors qu'une source de chaleur est disponible (caravanes, frigos solaires...) ou lorsque le bruit doit être le plus faible possible (chambre d’hôtel par exemple).
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Avant l'invention des réfrigérateurs, on conservait les denrées périssables dans une pièce spéciale, le cellier, généralement orientée vers le Nord. L'usage se développa aussi, particulièrement à la Renaissance, de stocker la glace découpée l'hiver sur les étangs, dans une glacière. Il s'agissait d'un trou fermé par un couvercle isolant dans lequel on alternait des couches de paille, ou de sciure de bois, et de glace. Comme « l'air froid » descend et que « l'air chaud » monte, l'orifice de remplissage se situant en haut, la température basse se maintenait et une partie de la glace, ainsi stockée, se conservait jusqu'à l'été[3].
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Il existait aussi le leytès[4], également appelé cabenère[5], niche à lait[4], frigo à lait[5] qui était un frigo servant à conserver le lait au frais après la traite et avant la descente au lieu de vente[6].
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Des inventeurs tentèrent de fabriquer de la glace artificielle à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. En 1755, l’Écossais William Cullen obtient un peu de glace par vapeur d’eau sous « cloche à vide » et en fit la première démonstration publique en 1756 [7].
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En 1834, Jacob Perkins un Américain, invente la première machine frigorifique fonctionnelle. Puis un peu plus tard, Perkins est crédité du premier brevet de réfrigération utilisant le cycle de compression de vapeur[8], attribué le 14 août 1835. Le système de la machine était l'utilisation de l'éther dans un cycle de compression de vapeur. Cette idée serait venue en premier d'un autre inventeur américain, Oliver Evans, qui avait conçu ce système en 1805, mais qui n'a jamais fait construire son projet[N 1].
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En 1850, Ferdinand Carré invente une machine frigorifique à l'eau et à l'ammoniac[N 2].
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Mais la première utilisation industrielle d'une machine frigorifique est celle de James Harrison en 1851[9], lorsqu'il a fabriqué un système de réfrigération à compression de vapeur (vapor compression refrigeration system). James Harrison[10],[11] était un imprimeur écossais, émigré en Australie, qui avait acheté une entreprise de presse. Alors qu'il nettoyait des caractères à l'éther, il remarqua que le liquide refroidissait fortement le métal en s'évaporant[12],[N 3]. Harrison eut l'idée de comprimer l'éther gazeux avec une pompe pour le transformer en liquide, puis de laisser l'éther liquide revenir à l'état gazeux en provoquant un refroidissement[13]. Harrison mit ce système en œuvre dans une brasserie australienne, où le gaz froid d'éther était pompé dans des tuyaux qui circulaient dans le bâtiment. Il utilisa le même principe pour fabriquer de la glace en faisant passer dans de l'eau les tuyaux refroidis par l'éther gazeux. Mais il fit faillite en 1860 car la glace naturelle qu'on importait par bateau d'Amérique restait moins chère.
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En 1858 le Français Charles Tellier crée la première machine frigorifique à circulation de gaz ammoniac liquéfié, permettant la production de froid à usage aussi bien domestique qu'industriel. En 1865, il construit une machine à compression mécanique à gaz liquéfié. Ces inventions permettent la réfrigération industrielle (dès 1865) et le transport réfrigéré, notamment par bateau (navire frigorifique) : le premier navire équipé de systèmes de réfrigération à l'éther méthylique selon les principes de Tellier a été le Frigorifique, entré en fonction en 1876.
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Cette même année en 1876, c'est l'allemand Carl von Linde qui invente le réfrigérateur domestique tel que nous le connaissons aujourd'hui. Une des premières utilisations de la réfrigération domestique a eu lieu au domaine de Biltmore à Asheville (Caroline du Nord), aux États-Unis, autour de 1895. Le principe de l'invention de Linde permet de fabriquer industriellement en 1913, le tout premier réfrigérateur domestique le « Domelre » par Fred W. Wolf de Chicago[14]. En France, les premiers réfrigérateurs firent leur apparition en 1952, les « Domelre » en provenance de Chicago.
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Le réfrigérateur à absorption de gaz, qui se refroidit par l'utilisation d'une source de chaleur, a été inventé en Suède par Baltzar von Platen et Carl Munters en 1922, alors qu'ils étaient tous deux étudiants à l'Institut royal de technologie de Stockholm. Leur invention permet de produire du froid à partir d'une source d'énergie telle que le propane, l'électricité ou le kérosène. En 1923, la production de leur réfrigérateur à usage domestique commence par l'intermédiaire de la société AB Arctic. En 1925, AB Arctic est achetée par Servel (unité d'Electrolux), qui commercialise ses produits dans le monde entier, notamment aux États-Unis où elle dépose le brevet d'invention le 7 décembre 1926. Servel est pendant de nombreuses années le seul producteur de ce réfrigérateur aux États-Unis. Aujourd'hui, il est utilisé dans les maisons non reliées au réseau électrique, dans des camping-cars, ou les chambres d'hôtels, car il ne produit aucun bruit.
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Albert Einstein et son élève et collègue Léo Szilard brevettent en 1930 un réfrigérateur utilisant du butane, de l'eau et de l'ammoniac[15].
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Ceux-ci se composent généralement de compartiments de refroidissement et de congélation et peuvent avoir quatre zones de température : −18 °C (0 °F) (congélateur), 0 °C (viandes), 4 °C (40 °F) (réfrigérateur) et 10 °C (50 °F) (légumes), pour le stockage des différents types de nourriture. Le volume d'un réfrigérateur se mesure en litres ou en pieds cubes[réf. souhaitée]. Seul le « volume utile » (dit aussi « volume net ») indique la capacité de stockage, par opposition au « volume brut ».
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La température adéquate pour un réfrigérateur est de 5 °C à l'étage du milieu.
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Le point le plus froid est l'étage inférieur (2 °C) situé au-dessus du bac à légumes. C'est l'endroit où mettre la viande et le poisson frais.
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Les œufs, les produits laitiers, la charcuterie, les restes, les gâteaux et les produits portant la mention « à conserver au froid après ouverture » sont à positionner sur les étages du milieu (4 à 5 °C) et sur l'étagère du haut (8 °C).
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Les bacs en bas (jusqu'à 10 °C) sont destinés aux fruits et légumes susceptibles d'être endommagés par de trop basses températures.
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Les compartiments ou les étagères à l'intérieur de la porte sont les parties les plus chaudes du réfrigérateur (10 à 15 °C), elles sont destinées à recevoir les produits qui se satisfont d'une réfrigération légère : les boissons, la moutarde et le beurre.
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Depuis la fin des années 1950, plusieurs modèles de réfrigérateurs sont de type « sans givre » et possèdent un système réfrigération/congélation par circulation d'air avec un évaporateur situé dans un compartiment isolé des autres compartiments pour la nourriture et un système de dégivrage automatique utilisant des éléments chauffants. Ce système no frost a pour conséquence une uniformisation de la température, un refroidissement plus rapide de l'air après ouverture de la porte, un assèchement accéléré des aliments non couverts et une augmentation de la consommation par rapport au système classique de dégivrage automatique[16].
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Dans les modèles récents, un affichage à cristaux liquides suggère la température à utiliser pour les divers types de nourriture à conserver et montre la date limite de consommation (DLC) des produits[réf. souhaitée].
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Quelques modèles incluent un système pour avertir d'une panne de courant, avec une fonction de mémoire qui alerte l'utilisateur de la coupure en faisant clignoter l'affichage de la température. En appuyant sur une touche d'information, l'utilisateur est informé de la température maximale atteinte pendant la panne de courant, et sait si les aliments surgelés ont été décongelés ou s'ils risquent d'avoir développé des bactéries dangereuses.
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Les anciens réfrigérateurs utilisaient le Fréon comme réfrigérant qui fait partie de la famille des CFC qui détruisent la couche d'ozone. Après la ratification du protocole de Montréal, ces fluides ont été remplacés par le R134a ou autres (HCFC). Aujourd'hui, la majorité des fabricants européens d'électroménager ont opté pour l'isobutane (R600a).
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En 2019, plus de la moitié de la production mondiale est situé dans à Foshan en Chine[17].
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Le réfrigérateur à compression (domestique) fonctionne selon un principe qui consiste à évaporer un fluide frigorigène (tel que les CFC : R12, R22 ou actuellement R134a et R600a) qui se trouve généralement à basse pression dans un circuit fermé. Cette évaporation provoque le refroidissement du fluide frigorigène car il s'agit d'un processus endothermique. Le fluide frigorigène est ensuite à nouveau compressé pour redevenir liquide dans le condenseur ; il s'agit d'un processus exothermique, la chaleur générée est évacuée à l'arrière du réfrigérateur. Le fluide frigorigène décrit un cycle perpétuel fermé, le fluide est recyclé indéfiniment.
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Les réfrigérateurs domestiques se déclinent en plusieurs catégories :
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La plage de température ambiante idéale de fonctionnement d'un réfrigérateur dépend des classes climatiques :
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Si la température est très en dessous de la plage de fonctionnement, le moteur peut stopper et si la température est au-dessus, on observe une inefficacité[19].
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La technologie des réfrigérateurs à fait énormément de progrès en quelques décennies. Aux États-Unis, leur consommation unitaire est passée de 1 800 kWh par an en 1974 à 450 kWh par an en 2001. Lorsque les 150 millions de réfrigérateurs américains seront aux normes d'efficacité énergétique, l'économie d'électricité sera de 200 GWh, soit l'équivalent de 32 centrales nucléaires[20].
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Les portes et parois latérales des réfrigérateurs offrent une surface vierge d'au moins un demi-mètre carré, propice à la personnalisation : aimants, souvenirs, carte postales, dessins d'enfant, rappels...
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Il existe des réfrigérateurs plus respectueux de l'environnement destinés aux pays en voie de développement. Un tel réfrigérateur repose sur le fonctionnement du réfrigérateur à absorption mais utilise le Soleil comme générateur. Il est intéressant car il n'utilise que le Soleil comme source d'énergie, ce qui fait de lui un réfrigérateur idéal pour le tiers monde.
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Des camions frigorifiques sont utilisés pour transporter les denrées périssables, comme les aliments surgelés, les fruits et les légumes, et les produits chimiques sensibles à la température.
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La plupart des camions frigorifiques modernes maintiennent des températures de −40 à +20 °C et ont une charge utile maximum d'environ 24 tonnes (en Europe). Les camions frigorifiques sont plus utilisés en hiver, quand il y a une demande significative pour transporter des produits chimiques à des températures relativement élevées (10 à 20 °C)[réf. nécessaire].
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fr/2103.html.txt
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Le fromage est un aliment obtenu à partir de lait coagulé, de produits laitiers ou d'éléments du lait comme le petit-lait ou la crème. Le fromage est fabriqué à partir de lait de vache principalement, mais aussi de brebis, de chèvre, de bufflonne ou d'autres mammifères.
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La coagulation peut être obtenue soit par action d'une enzyme, la présure, soit par fermentation provoquée par des bactéries lactiques (le lactose est alors transformé en acide lactique), soit très fréquemment par combinaison des deux méthodes précédentes, soit par chauffage associé à une acidification directe (vinaigre...). On procède ensuite à l'égouttage. On obtient alors le caillé et le lactosérum[1]. Le lactosérum peut aussi être utilisé en fromagerie : fromage de lactosérum comme le sérac, réincorporation de ses composants.
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Après égouttage et éventuellement moulage, le caillé est salé et affiné (fromage affiné) ou non (fromage à pâte fraîche).
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Lors de l'affinage, certains fromages développent de la moisissure, sur la croûte et/ou à l'intérieur, ou encore une croûte morgée entraînant des transformations biologiques complexes qui permettent au produit d'acquérir ses caractéristiques texturales et aromatiques particulières[2].
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Le fromage est un aliment de base, riche en protéines, calcium et phosphore, à teneur variable en matières grasses et à longue conservation en comparaison de la durée de conservation des laits traditionnels.
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Si l'on ne considère pas seulement les types sophistiqués de fromages occidentaux, on peut constater dans de très nombreux pays l'existence d'importantes productions traditionnelles à partir de lait fermenté égoutté et parfois conservé, que l'on appelle généralement fromages, mais qui ne sont pas réellement différentes de ce qu'on nomme lait fermenté concentré en France, skyr en Islande, yoghurt cheese en anglais, quark en allemand. En dehors de définitions légales variables selon les pays, les frontières entre fromage blanc à caillé lactique et yaourt ou lait fermenté concentré ou pressé sont donc floues.
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On pourrait donc distinguer des productions domestiques souvent assez simples et probablement importantes dans l'alimentation de nombreuses populations mais qui ne peuvent rentrer dans les statistiques de production, des productions artisanales extrêmement variées et typées selon les méthodes de fabrication, les régions, les formes et les saveurs, des productions industrielles visant une qualité garantie par des appellations d'origine ou des marques et des productions industrielles de masse fournissant un aliment bon marché.
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La fabrication industrielle du fromage, se différencie considérablement des nombreuses fabrications artisanales et permet principalement un traitement quantitatif et uniforme.
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La production mondiale totale recensée atteignait 24 millions de tonnes en 2019 avec l'Allemagne comme premier pays exportateur suivie des Pays-Bas et de la France[3].
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Fromage vient du bas-latin formaticus [caseus] : « [fromage] moulé dans une forme ». Formaticus est dérivé de forma qui signifie « moule, forme »[4].
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Caseus ou caseum, fromage en latin[5] a donné caséine, ingrédient essentiel du fromage.
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Dans l’Union européenne, un règlement de 2007 dit « OCM unique[n 1] » impose (annexe XII) que la dénomination « fromage » soit réservée aux produits laitiers (« produits dérivés exclusivement du lait, étant entendu que des substances nécessaires pour leur fabrication peuvent être ajoutées, pourvu que ces substances ne soient pas utilisées en vue de remplacer, en tout ou partie, l'un quelconque des constituants du lait »). Ainsi un substitut de fromage ne peut être commercialisé sous l'appellation de « fromage » en Europe[n 2].
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« La dénomination "fromage" est réservée au produit fermenté ou non, affiné ou non, obtenu à partir des matières d'origine exclusivement laitière suivantes : lait, lait partiellement ou totalement écrémé, crème, matière grasse, babeurre, utilisées seules ou en mélange et coagulées en tout ou en partie avant égouttage ou après élimination partielle de la partie aqueuse. » selon le décret n°2007-628 du 27 avril 2007 relatif aux fromages et spécialités fromagères, version consolidée au 30 mars 2020[6]. Selon le même décret, un fromage doit comporter 23 g de matière sèche (abaissable à 10 g par dérogation) de caillé et produits laitiers pour 100 g de produit final.
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Cette définition laisse donc la possibilité de fabriquer des produits variés (fromage à l'ail, par exemple) mais aussi de réincorporer les protéines et le lactose issus du lactosérum ou du babeurre et d'utiliser des méthodes (ultrafiltration notamment) permettant de récupérer efficacement ces protéines et de diminuer le temps nécessaire à la fabrication.
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Elle ne s'applique pas aux yaourts et laits fermentés parce que ce ne sont pas des produits égouttés.
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Elle ne s'applique pas aux fromages végétaux car ils ne sont pas issus de lait au sens légal du terme.
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Les caractéristiques concernant l’extrait sec, la teneur en matière grasse et l’origine du lait, doivent figurer sur l’étiquetage.
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Il est autorisé d'adjoindre un qualificatif au mot fromage : un « triple crème » contient au minimum 75 % de matière grasse ; un « double crème » en contient de 60 % à moins de 75 % ; un « fromage gras », de 50 % à moins de 60 % ; un « fromage allégé » (et sans addition de sucre) de 20 % à moins de 30 % ; un « fromage maigre », moins de 20 %.
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L'article 7 du décret précise que la dénomination « fromage » peut être utilisée pour tout mélange ou assemblage entre eux de produits définis aux articles 1 à 3 (fromages blancs et bleu), pour autant que le mélange ou l'assemblage n'incorpore pas d'autres ingrédients que ceux qui sont autorisés dans ces fromages[6].
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Les fromages fermiers sont fabriqués à la ferme ou dans le lieu d'estive, par l'éleveur ou un salarié, exclusivement avec le lait que l'éleveur produit. Ce type de production, s'il est proposé à la vente, peut faire apparaître sur son étiquetage la mention « matière grasse non précisée »
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et a le droit de déroger à l'indication des valeurs nutritionnelles.
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La mention « au lait cru » est réservée aux fromages obtenus avec du lait dont la température n’a pas été portée au-delà de 40 °C et qui n'a pas été ultrafiltré ou microfiltré.
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Depuis le 20 juin 1992 (décret du 19 février 1991), tous les fromages produits à la ferme, affinés, doivent comporter l’indication d’une date limite d’utilisation optimale (DLUO), et les fromages frais une date limite de consommation (DLC).
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Des centaines de types de fromage sont produits dans le monde[7]. Leurs différents styles, goûts et textures dépendent de l'origine du lait (y compris le régime alimentaire de l'animal), de son traitement thermique ou mécanique (microfiltration, ultrafiltration), du pourcentage de matière grasse, des espèces de bactéries et de moisissures choisies, du procédé de transformation, ainsi que du temps de maturation. Des herbes, des épices, ou la fumaison peuvent être utilisées pour varier le goût.
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Le fromager tient compte de l'état et de la qualité du lait qu'il transforme. Cette qualité est variable en fonction :
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Dans l'Union Européenne :
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En Suisse :
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Certains fromages restent inclassables comme nombres de fromages industriels mais aussi traditionnels, par exemple le Weißlacker qui fut peut-être le premier fromage à faire l'objet d'une appellation officielle en 1874. Il est aujourd'hui atypique car fabriqué à partir d'un mélange de lait cru et pasteurisé, sa pâte est demi-dure et sa croûte fine intermédiaire entre les croûtes fleuries et lavées. Il n'en est pas moins très apprécié dans les régions de tradition fromagère bavaroise (Sud de l'Allemagne, Tchéquie, Wisconsin)[10].
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Les fromages sans présure fabriqués par les populations rurales ou nomades d'Asie et d'Afrique ne sont pas toujours pris en compte dans les classifications. Ils sont en effet caillés à la façon d'un yaourt, d'un kéfir, ou d'un lait ribot, leur égouttage est parfois sommaire et leur goût très acide ou sûri. Leur rôle dans l'équilibre alimentaire de ces populations est probablement important.
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La liste suivante ne comprend intentionnellement que des exemples emblématiques. Pour une liste documentée plus complète :
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On distingue habituellement selon le mode de fabrication[11] :
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Classification selon le son caractère fermier, artisanal ou industriel (l'administration française classe indistinctement les 2 derniers comme fromage laitier).
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Un fromage fermier (ou fromage de ferme ou toute autre nomination pouvant faire penser que le fromage est fabriqué par l'éleveur-producteur de lait) ne peut se dire que d’un fromage élaboré à la ferme par les agriculteurs. Il est issu exclusivement du lait produit par les animaux de cette ferme.
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L’intérêt de tels fromages réside dans le fait qu’ils résultent d’un seul et unique savoir-faire (généralement familial et parfois ancestral) dans divers domaines qui peuvent être déterminants quant à la qualité du fromage :
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Très majoritairement, les agriculteurs producteurs fermiers transforment leur lait à l'état cru et entier.
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Un fromage artisanal est issu d'un atelier de transformation relativement modeste et peu mécanisé où l'artisan transforme du lait qu'il achète à un ou plusieurs agriculteurs. Dans ce type de rapport entre deux corps de métier, la relation commerciale est contractuelle. Le ou les laits arriveront jusqu'à la laiterie artisanale à l'état cru et réfrigéré. L'artisan le laissera cru ou lui appliquera une éventuelle pasteurisation, thermisation ou micro-filtration puis le transformera en fromage. Les procédés d'obtention sont parfois anciens et éprouvés.
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Méthodes industrielles : chapitres suivants.
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Le fromage industriel est le terme utilisé pour désigner des fromages fabriqués dans des unités industrielles de moyenne ou de grande taille. La production industrielle est très diverse. Certaines usines pratiquent une production de masse rationalisée à l'extrème, vue parfois comme emblématique de la malbouffe.
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Le cheddar est un des fromages les plus produits dans le monde mais comme ce n'est pas une appellation précise, les cheddar sont très variés, plus encore que ne sont les tommes dans l'aire francophone. Les techniques de fabrication varient aujourd'hui de la pâte fraîche à la pâte pressée cuite et il existe des marques populaires et d'autres prestigieuses.
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Cependant dans l'industrie alimentaire et l'amont de la restauration rapide, le cheddar tend à être remplacé par les pâtes fraîches crémeuses et la mozzarella dont la production est encore plus industrialisable. La mozza industrielle a envahi les pizzerias des Américains et des Français qui sont respectivement les premiers et seconds consommateurs de pizza au monde en 2014[12].
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Les fromages maigres doivent contenir moins de 20 % de matières grasses et sont fabriqués à partir de lait écrémé. D'autres (triple-crème) sont fabriqués au contraire à partir de lait enrichi en crème.
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Ces fromages souvent industriels sont fabriqués à partir de lait écrémé et ne sont jamais sucrés. Cependant pour garder le même moelleux que le fromage correspondant, leur taux de lactose est significativement supérieur ; on l'obtient par ultrafiltration ou rajout de poudre de lactosérum (exemple du Cœur-de-LIon[13]).
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Ces fromages peuvent être sans présure parce qu'ils sont élaborés nécessairement de cette façon, c'est le cas des laits qui contiennent trop peu de caséine adéquate : fromages de crème ou de lactosérum, laits d'équidés (fromage de jument) et de camélidés (fromage de chamelle).
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Plus souvent, il s'agit d'une tradition. Elle peut découler d'interdits religieux, la présure étant considérée comme un abat.
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Ces fromages sont utilisés de préférence en alimentation végétarienne et dans les religions hindouiste (chhena, panir en Inde) et musulmane (fromages halal[14]). La consommation de fromages à la présure est souvent évitée dans la religion juive (fromages cacher[15]) ainsi que parfois dans les autres religions originaires de l'Inde (sikkhisme, jaïnisme, bouddhisme).
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Dans le monde une grande partie des fromages blancs étaient ou sont traditionnellement faits plutôt sans présure : queijo branco et queso blanco dans la péninsule ibérique et en Amérique latine, quark allemand, tvarog polonais, tvorog russe, cottage cheese américain. On remarque cependant une tendance à utiliser un peu de présure ou un succédané végétal afin de réduire le temps de caillage et limiter l'acidité.
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On utilise alors le caillage avec des acides (jus de citron, vinaigre, acides citrique ou acétique) ou le caillage réalisé seulement avec des ferments spontanés ou ajoutés : fromage-yaourt filtré comme les lebné traditionnels d'Afrique du Nord, yaourts grecs (stragisto) et suzma de Turquie et d'Asie centrale[16] ou le fromage blanc de kéfir. La méthode au kéfir de lait n'est plus utilisée que sur une aire restreinte (Tibet, Moyen-Orient, Caucase) et dans le cercle familial, mais pourrait être à l'origine du fromage.
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La présure peut aussi être remplacée par le champignon Rhizomucor miehei, la chardonnette (image), des extraits de fruits de Withania coagulans (« présure indienne »), une solanacée[17], du feuillage de naïteng (vigne à lait) au Yunnan[18]. Autrefois le caille-lait jaune (galium verum[19]) et le figuier[20] ont pu être utilisés.
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Ces fromages accompagnent l'essor récent du végétarisme dans les pays industrialisés pour des raisons éthiques ou écologiques et le retour à certaines traditions religieuses dans d'autres.
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La couleur orangée de la pâte est obtenue par addition de roucou ou de carotène (mais la couleur orangée de la croûte des fromages à croûte lavée ou morgée est due à la bactérie du rouge).
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Certains usages qui n'ont plus d'intérêt fonctionnel sont perpétués ou remis au goût du jour à titre décoratif ou en souvenir des méthodes anciennes : ainsi la paille de seigle du sainte-maure-de-touraine, le liseré de cendres interne du morbier et de nombreux emballages de feuilles (châtaigner, vigne, platane, noyer) ou de fougères; certains fromages frais sont vendus dans leur faisselle : la jonchée de Niort peut l'être dans sa faisselle de joncs[21].
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On peut rajouter aux fromages frais des condiments : poivre, fines herbes, noix, ail, ... (exemple : Boursin) ou encore de la crème (cottage cheese). L’ibakhbakhane des Aurès (Algérie) est fabriqué à partir d'un caillé lben mélangé à de l'orge vert écrasé et refermenté.
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L'origine du fromage remonte probablement au début de l'agriculture et de l'élevage dans le Croissant fertile[22]. Il n’y a pas de preuve tangible indiquant les premiers lieux de fabrication du fromage que ce soit en Europe ou en Asie centrale plutôt qu'au Moyen-Orient mais la pratique s’est répandue en Europe avant la période de la Rome antique. Selon Pline l’Ancien, la pratique s’est sophistiquée durant la période de la Rome antique.
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Des hypothèses placent les origines de la fabrication du fromage aux environs de 8000 av. J.-C., avec la domestication des moutons. Les premiers fromages ont probablement été fabriqués par des habitants du Moyen-Orient ou par des tribus de nomades turcs en Asie centrale. Les peaux de bêtes et les organes internes étant dès lors utilisés pour le stockage et le transport des denrées alimentaires, il est probable que le procédé de fabrication du fromage fût découvert accidentellement en stockant du lait dans un conteneur fabriqué à partir d’un estomac d’animal, résultant en la transformation du lait en lait caillé et petit-lait du fait de la présence naturelle des présures (lactase) dans l’estomac. Il y plusieurs variantes[23],[24].
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Selon une autre hypothèse, la fabrication du fromage aurait débuté indépendamment, des conséquences du salage et du pressage du lait afin d’en assurer sa conservation. L'observation de lait caillé dans l’estomac d’un animal tétant (veau) a probablement conduit ensuite à l’adjonction de présure sous forme de lanières de caillettes comme cela se faisait encore dans les Alpes au début du XXe siècle.
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Enfin, la dernière hypothèse en date provient du désert du Taklamakan. Les momies du Tarim, ont emmenés dans leur dernier voyage des fromages sous forme de petits cubes de l'ordre du cm. Ils ont été identifiés par les scientifiques de l'institut Max-Planck de Dresde et de l'institut des sciences de Chine de Pékin, sur les momies du cimetière de Xiaohe. Il s'agit de fromages issus de kéfirs de lait ne nécessitant donc pas l'abattage des veaux. Les premiers grains de kéfirs seraient des grumeaux de sucre et de lait caillé, l'amalgame de polysaccharides au fil des utilisations des outres comme contenant du lait.
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Les grains de kéfir sont un symbiote de bactéries et de levures, ici des lactobacillus et des saccharomyces qui forment 80% de la masse et se seraient formés spontanément à partir de ceux présents dans le lait et l'environnement. Le résultat était un fromage pauvre en lactose adapté à ces populations qui n'avaient pas encore le gène permettant de digérer le lactose[25],[26],[27], un fromage fermenté légèrement alcoolisé.
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L'analyse des protéines de ces fromages a montré que la plupart des laits (8 tombes sur 10) étaient issus de vache et deux autres de brebis et de chèvre. Ils seraient vieux de 3 500 ans.
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D'autre part, une équipe de chercheurs (Mélanie Roffet-Salque, Richard Evershedest) est actuellement en pointe en analysant et datant les graisses sur des fonds de poterie en Pologne et en Turquie. Les plus anciennes traces archéologiques de fabrication du fromage ainsi retrouvées datent de plus de 7 000 ans : des fragments de faisselles en céramique ont été découverts et caractérisés en Pologne, dans la région de la Cujavie, à 150 kilomètres au sud de Gdańsk[28],[29] (culture rubannée)[30],[31]. Il pourrait aussi s'agir de fromage de kéfir. Il ne s'agit pas à proprement parler de fragments de fromages mais de trace.
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Un autre "plus vieux fromage" directement découvert aurait 3 200 ans. C'est dans la fouille archéologique d'une tombe de l'ancienne capitale du premier nome de Basse-Égypte Memphis qu'il fut mis au jour. Il aurait été fabriqué à partir d'un mélange de lait mi-vache, mi-chèvre (ou brebis). Des traces de bactéries mortelles y ont été également détectées[32], et notamment celles à l'origine de la brucellose.
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Des textes archaïques exceptionnels de l'époque Uruk/Warka ont été découverts par H.J. Nissen et ses collaborateurs[33] (1990), qui mentionnent le fromage (GA'AR), le beurre et le yaourt (KISIM). Ces textes datés de 3 200 ans av. J.-C.e, sont écrits sur des tablettes d'argiles, en des caractères archaïques qui deviendront plus tard l'écriture cunéiforme. Ce sont des livres de comptes qui indiquent le nombre de produits laitiers et d'animaux (vaches, brebis, chèvres) que les bergers doivent fournir[34].
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D'autres traces, sur des peintures murales dans des tombes de l’époque de l’Égypte ancienne, datent de 2000 av. J.-C.[35]. Ces premiers fromages devaient être aigres et salés, similaires en texture au cottage ou à la feta.
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Les fromages produits en Europe, où le climat est plus froid qu’au Moyen-Orient, nécessitaient un salage moins important pour leur préservation. Moins salés et de fait moins acides, ces variétés de fromages sont devenus un environnement propice au développement de bactéries et de moisissures, leur donnant un goût et une texture particuliers.
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De tous temps, la fabrication du fromage a correspondu au plus populaire traitement du lait.
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La mythologie grecque attribue la découverte du fromage à Aristée. L’Odyssée d'Homère (VIIIe siècle-VIe siècle av. J.-C.) décrit le Cyclope fabriquant et stockant des fromages de lait de brebis et de chèvre : « Nous arrivâmes à sa grotte, comme il était sorti paître ses troupeaux, nous entrâmes et y prîmes tout ce ce que nous pûmes voir. Ses étagères étaient chargées de fromages et il avait plus d'agneaux et de chevreaux que ce que ses enclos pouvaient contenir... Il s'assit et se mit à traire ses brebis et ses chèvres, l'une après l'autre, puis les laissa s'occuper chacune de leur petit. Il fit cailler la moitié du lait puis plaça le caillé dans des faisselles en osier. » (d'après Samuel Butler).
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Au temps de la Rome antique, le fromage était un mets de tous les jours, et sa fabrication un art dont la technique reste similaire à celle employée aujourd'hui. Le traité Libri de re rustica de Columelle (environ 65 apr. J.-C.) détaille un procédé de fabrication utilisant la coagulation du lait au moyen de la présure, le pressage du lait caillé, le salage et le vieillissement.
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Pline l'Ancien dédia dans son œuvre L'Histoire naturelle (77 apr. J.-C.) un chapitre (XI, 97) décrivant la diversité des types de fromages appréciés par les Romains du début de l'Empire. Il y écrit ainsi que « Le fromage le plus estimé à Rome, où l'on juge en présence l'une à l'autre les productions de tous les pays, est, parmi les fromages des provinces, celui qui provient de la contrée de Nîmes, de la Lozère et du Gévaudan »[36],[n 3]. Cependant, il précise que ces fromages ne se conservent pas bien dans le temps et doivent être mangés frais. Par ailleurs, les fromages en provenance des Alpes et des Apennins étaient autant remarqués pour leur variété que maintenant. Pline rapporte également une variété de fromage fabriqué par les Ligures, principalement à partir de lait de brebis, dont certains spécimens pouvaient atteindre un poids d'environ cent livres chacun. Les fromages au lait de chèvre apportaient un goût nouveau et apprécié à Rome. Le goût était notamment amélioré par le procédé de fumaison s'inspirant des pratiques gauloises et rendant un goût médicinal. Pline mit également en référence des fromages d'origines plus lointaines, par delà les mers, comme ceux de Bithynie en Asie Mineure.
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Si Pline vante les fromages de Nîmes, les Romains dédaignent les fromages des peuples du Nord, qui ne produisent que du lait caillé, au profit des fromages à pâte dure dont ils introduisent la fabrication auprès notamment des Burgondes installés dans les Alpes et le Jura.
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Le fromage devient l'aliment de base, dès le VIe siècle, chez les bénédictins. Ce sont encore des moines, cette fois les cisterciens, qui vont maintenir l'essor de la fabrication du fromage, très consommé durant le Moyen Âge, surtout chez les pauvres et les paysans. Le fromage ne gagnera véritablement le palais des riches qu'à la fin de l'Ancien Régime. Le plateau de fromages, apparu au XIXe siècle, devient une habitude à la fin des repas. L'apparition du chemin de fer contribue à la diffusion des fromages régionaux. Enfin, la pasteurisation ouvre la voie à la fabrication industrielle du fromage, voie qu'empruntera le premier, Léon Bel en 1919.
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Mets de fin de repas, le fromage est devenu aussi un des ingrédients majeurs de la cuisine grâce à un maître-fromager français, Pierre Androuët. Robert Courtine, critique gastronomique, a expliqué à son propos : « Pierre Androuet est Monsieur Fromage, son historien et son poète. L'homme sans qui le fromage ne serait que ce qu'il est... sans la cuisine au fromage et les centaines de recettes qu'il a élaboré. C'est Androuet qui a amené le fromage dans notre assiette... en passant par la cuisine ». Ses recettes sont sorties du cadre domestique où tartes et flans au fromage sont connues depuis la période médiévale et, à fortiori, de « l'usage de Gruyère râpé sur les macaronis ». Il a fait découvrir que la cuisine au fromage couvre tout un éventail qui peut aller de recettes simples et faciles à réaliser à des « recettes riches, généreuses, variées, offrant d'innombrables combinaisons de saveurs[37]. ».
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Le terme « fromage » est attesté dès 1135 environ sous cette forme, cependant on trouve également formage plus proche de l'étymologie avant métathèse de [r].
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« [Fromage] (…) procède (v. 1135) d’un bas latin (caseus) formaticus « (fromage) fait dans une forme », formaticus dérivant du latin classique forma. « Fromage », à côté de la forme attendue « formage » attestée en 1180, provient d’une métathèse qui a détaché le mot de son origine. »
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— Le Robert Dictionnaire historique de la langue française, (dir.) Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, nouvelle éd. janvier 1994, tome I, p. 848
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Il est plus précisément issu directement d’un bas latin formāticum « fromage », dérivé par ellipse de cāseus formaticus « fromage moulé », dont l’élément cāseus s'est effacé (voir wikt:foie). Formaticus signifie « ce qui est fait dans un moule », dérivé en -icus du latin forma « moule »[38]. L'adjectif substantivé a régulièrement évolué en ancien français formage, devenu fromage.
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L’emprunt au français a également donné l’italien formaggio (en face de cacio), le poitevin feurmage, le wallon froumadje, l’occitan et le catalan formatge, le breton formaj (en face de keuz)[n 4].
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Forma se perpétue quant à lui dans l'occitan fourmo (graphie moderne occitane) ou forma (graphie normalisée occitane), appellation linguistique régionale courante du Forez, de l'Auvergne (au sens de l'ancienne province) et du Rouergue) et francisée en fourme par les appellations commerciales de certaines spécialités de fromages de ces zones territoriales.
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En revanche, le substantif latin cāseus « fromage » a disparu en gallo-roman, mais s'est perpétué dans les autres langues romanes : espagnol queso, italien cacio, portugais queijo et roumain caș, alors que le français ne connaît que deux dérivés, l'un savant caséine[39], et l'autre chésery, utilisé dans des noms de lieux dans les Alpes[n 5]. L'emprunt au latin s'est fait dans des langues germaniques occidentales : anglais cheese (cīese, cēse en vieil anglais), allemand Käse (vieux haut-allemand chāsi), frison occidental tsiis, néerlandais kaas, etc. par l'intermédiaire d'une forme hypothétique du germanique commun *kāsijaz. Ils signifient tous « fromage » dans ces différentes langues.
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Les langues celtiques ont aussi emprunté le latin caseus : irlandais cáis, breton keuz[n 4] et gallois caws.
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Le latin caseus est également à l'origine du mot malais keju (par emprunt au mot portugais queijo).
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La caséologie est la science qui a pour objet l'étude, l'affinage et la connaissance du fromage. Le caséologue est le métier qui assure cette transformation.
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Le lait est une émulsion stable physiquement à pH 6,5, mais périssable biologiquement, de caséines, albumines, matières grasses et eau. La fabrication du fromage consiste à en séparer et rassembler la caséine et éventuellement les matières grasses pour en faire un aliment de conservation. Les caséines sont d'abord dégradées par l'effet de l'acidité ou de la présure. Les caséines peuvent ensuite s'agglomérer soit seulement sous l'effet de l'acidité (caillé acide, pH 4,5 qui peut ensuite être adouci), soit seulement sous l'effet de la présure (caillé doux, pH 6,5) mais le plus souvent on a une situation intermédiaire car on utilise à la fois fermentation acidifiante (transformation du lactose en acide lactique) et présure (ou équivalent). Tous les intermédiaires sont possibles ; on parle alors de tendance lactique ou présure. Le caillage présure nécessite la présence de calcium composant naturel du lait (dans le cas de laits chauffés, on rajoute souvent du chlorure de calcium). Les protéines autres que les caséines peuvent être récupérées par chauffage, acidification ou ultrafiltration dans le lactosérum.
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Sur les douze manipulations décrites ci-après, quatre sont (théoriquement) indispensables : emprésurage, égouttage, moulage et salage. On fait cependant des fromages sans présure (mascarpone, labne, panir, fromages de lactosérum), sans véritable moulage (fromage en grains, jonchée, mascarpone, mozzarella), et sans sel (petit-suisse, panir, fromages de régime). Seul l'égouttage est légalement obligatoire.
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Il faut enfin noter la technique des fromages fabriqués à partir de petit-lait, coproduit des autres fromages, comme le sérac (Vosges, Alpes, Jura). Le lactosérum (lactose et albumines) est chauffé jusqu'à 80 ou 90° (d'où l'appellation recutta en Italie) avec de l'acide acétique (vinaigre).
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Caillage (gruyères)
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Décaillage (beaufort)
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Rompage ou décaillage (gruyères). Après le décaillage, l'ensemble est chauffé : 57 ° pour le Gruyères, 53° à 56° pour le beaufort
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Égouttage par vidage du lactosérum hors du moule ( gruyères)
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Egouttage au moyen d'un sac de toile (beaufort)
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Moulage (gruyères)
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Moulage (beaufort)
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Pressage (beaufort)
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Affinage (gruyères)
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Ces méthodes sont générales dans tous les pays. Seuls quelques pays à forte tradition fromagère autorisent des fabrications industrielles non pasteurisées. De même les fabrications industrielles les plus prestigieuses utilisent des méthodes plus proches de la tradition.
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Le lait arrive à l'usine refroidi et préfiltré. Il est immédiatement testé et analysé (matières utiles, absence de germes, de marqueurs de pathologie, d'antibiotiques, d'eau), filtré à nouveau ou microfiltré, écrèmé complètement et pasteurisé.
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On part donc d'un lait écrémé pasteurisé auquel on peut ajouter des produits laitiers contrôlés : poudre de lactosérum ou de babeurre, lactose, protéines de lactosérum. Ces ajoûts éventuels permettent de donner du moelleux, d'apporter un goût légèrement sucré (le lactose en excès n'est pas transformé en acide lactique) et d'accélérer le caillage. On rajoute la crème en quantité voulue en fonction du type précis de produit final, l'éventail est très large. Ces produits s'ils ne sont pas déshydratés sont généralement concentrés afin de réduire ensuite le temps d'égouttage. L'ultrafiltration qui ne fait pas intervenir de chauffage est un procédé efficace et économique. Ces méthodes permettent de récupérer des éléments autrefois difficilement utilisables et d'abaisser les coûts de revient.
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Le mélange est ensemencé avec des ferments et levures sélectionnés. L'emploi de chlorure de calcium, d'acidifiant (acide citrique) peut sécuriser le caillage. Les conditions de température, d'humidité, de pH et d'environnement microbien sont précisément ajustées selon le type de fromage.
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Il est possible d'ajouter des adjuvants (sels de fonte : polyphosphate, phosphate de sodium, citrate de sodium) pour faciliter l'émulsion de la pâte dans l'eau et renforcer la sensation de moelleux ou crémeux. Cette méthode est utilisée en particulier pour les pâtes fondues industrielles[45].
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En Amérique du Nord, les caillés peuvent être affermis en ajoutant des épaississants (guar, gomme xanthane, amidon, ...)[46]. Ces fromages n'ont plus évidemment qu'un rapport lointain avec un fromage traditionnel même s'ils leur arrivent d'emprunter un nom suisse.
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Le décaillage poussé (le caillé peut être pratiquement broyé, caillé agité en Amérique du Nord)[47], l'égouttage par centrifugation, le moulage automatisé, le pressage mécanique, le salage en saumure pour les fromages solides, l'homogénéisation et le lissage des caillés gras, riches en lactose et humides (deux tiers d'eau), autorisant les transferts à la pompe, pour les fromages semi-fluides (fromages à la crème) sont des méthodes permettant de réduire considérablement les temps de fabrication[42].
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La mozzarella industrielle (qui n'a qu'un rapport éloigné avec la mozzarella traditionnelle) est emblématique de ce type de fromages. Réincorporation de lactosérum, caillage accéléré au moyen de présures spéciales, broyage du caillé, ni égouttage classique, ni moulage (pour les pâtes filées, le caillé est rassemblé en provoquant sa fusion dans la phase liquide chaude) , homogénéisation et conditionnement du caillé en phase semi-fluide à chaud, pas d'affinage, fabrication en usines robotisées, produit final d'utilisation aisée (granulés, tranches prédécoupées, tartinables ou fondantes, pas de miettes ni de coulures, hygiène irréprochable). Cela permet de sécuriser l'approvisionnement de l'amont industriel de l'univers des pizzas, sandwicheries, crêperies, fromages en-cas et apéritifs, et de la restauration collective[43].
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Par exemple, le groupe coopératif français Eurial produit annuellement 45000 tonnes de mozzarella Maestrella (marque industrielle) pour 60 pays en 2019[48].
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Selon la chercheuse de l’INRA Marie-Christine Montel, « Le fromage est un écosystème peuplé de bactéries, de levures de champignons qui vivent là comme en société, chacun faisant un travail spécifique, l’ensemble vivant dans un équilibre fragile entre compétition et coopération. (…) Le fromage est ainsi le fruit de la digestion réalisée par les microbes qui s’invitent à la table du lait. Et ils sont nombreux ! Nous avons décrit plus de 200 espèces dans les fromages (…) »[49].
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Selon qu'ils ont été bien conservés ou pas et élaborés avec du lait de qualité sanitaire satisfaisante ou pas, on peut distinguer deux types de germes dans les fromages :
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Toujours selon des chercheurs de l'INRA :Une étude, faite pour déterminer si la diversité microbienne présente à la surface des fromages au lait cru peut agir en faveur de la sécurité sanitaire, montre que 10 sur 34 groupes microbiens, présents naturellement sur la croute des fromages au lait cru, peuvent s'auto-protéger contre Listeria monocytogenes, comparé à un ferment commercial de surface[50] :
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D'autres bactéries agissent :
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Le chauffage, l'ensemencement et l'acidification du caillé, l'égouttage, le salage, et le développement de moisissures (penicillium, ...) sur la croûte ou à l'intérieur (fromages bleus ou persillés) lors de l'affinage empêchent la prolifération des micro-organismes indésirables[44]. On peut cependant remarquer que certaines pâtes fraîches à caillage présure comme la caillebotte peuvent ne remplir aucun de ces critères et doivent donc être consommées rapidement.
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Certains fromages sont conservés en saumure (feta, halloumi parfois), dans l'huile (certains labne), fumés (fromage tcherkesse, scamorza fumé), cendrés (Melun bleu, sainte-maure-de-touraine), salés et séchés à l'ombre dans les régions à climat désertique : avec des feuilles de menthe (ḥallūm arabe, le halloumi de Chypre en est une variante) ou avec des épices (chenklich de Syrie), séchés au soleil au Maroc (jben). La croûte du parmesan était traditionnellement huilée.
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Les fromages des régions à châtaigners (Gâtine poitevine par exemple) étaient conservés dans des feuilles de châtaigner améliorant l'affinage[52], cette méthode perdure (mothais sur feuille[53], feuille de Dreux). Le banon peut être à la fois trempé dans du marc de raisin et complètement enveloppé de feuilles de châtaigner. Certaines pâtes pressées non cuites (Edam, Babybel, tomme noire des Pyrénées, ...) sont enrobées de cire (paraffine solide)[54].
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L'adjonction d'alcool ou de vin en quantité susceptible d'allonger la durée de conservation est pratiquée pour les fromages forts, le fromage au porto (États-Unis), ... L'Époisses est un fromage à croûte lavée au Marc de Bourgogne. Le sérac est lavé au vin blanc.
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En production industrielle, l'emballage sous vide ou gaz inerte est parfois employé[55]. Partout le stockage en frigorifique tend à se généraliser. Le froid n'est pas nécessaire pour les fromages à pâte fondue.
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La meilleure façon de conserver un fromage, voire de parfaire son affinage, est de le laisser dans une cave de maturation, c'est-à-dire un lieu frais, sombre, aéré et légèrement humide.
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Le bas d'un réfrigérateur, sous une cloche à fromage, peut également faire l'affaire mais, par son manque de renouvellement d'air, amènera un résultat organoleptique différent (un peu plus fort).
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La majorité des fromages issus du commerce sont emballés, certains hermétiquement. Ces derniers sont passés d'un milieu aérobie à un milieu anaérobie ce qui a modifié leurs qualités organoleptiques initiales : ils sont devenus forts voire piquants. Un retour à l'air libre de plusieurs heures leur fera recouvrer leurs caractères originels.
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Il est toujours possible de surgeler un fromage mais sans dépasser trois mois. Si c'est adapté pour les fromages aux pâtes pressées comme le gouda, parmesan, etc., il est déconseillé de congeler les fromages à pâtes molles[56].
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Le fromage étant constitué de lait concentré (par évaporation partielle de l'eau), sa valeur nutritive est élevée, avec une composition proche de celle du lait, mais plus concentrée. Cependant, la fermentation par bactéries peut éventuellement faire apparaitre certaines substances nutritives complexes (acides aminés, sucres, vitamines…) non présentes à l'origine dans le lait. Les fromages contiennent à la fois des protéines, des sucres et des lipides en bonne quantité, et représentent donc un aliment très énergisant et relativement « complet », ce qui a permis à beaucoup de cultures d'en faire un pilier de leur alimentation. Ils sont également une source de vitamines A et B, de sels minéraux (Ca, P, K, Na, Mg…), particulièrement de calcium.
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Les fromages sont cependant riches en acides gras saturés qui ont un effet néfaste sur le taux de cholestérol : une surconsommation est donc déconseillée à certaines personnes sensibles (diabétiques, personnes à taux de cholestérol élevé, personnes en surpoids, personnes à risque d'un point de vue vasculaire…)[57],[58].
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L'apport en calcium est sujet d'une polémique. Mis en exergue dans les campagnes nutritionnelles et par l'industrie agroalimentaire (cf articles du CERIN, cré par le CNIEL), il est réel mais ce calcium est peu bio assimilable (30%) et donc en partie rejeté. Il demande d'autres composants pour améliorer cette assimilation (vitamine D) ou interagit avec d'autres (magnésium) [59]. Pour rappel, le choux de Bruxelles a un taux de 64%, ce qu'il faut pondérer par la quantité importante de calcium dans le fromage[60]. Les taux de survenue de fracture du col du fémur (indicateur d'ostéoporose) restent ainsi importants dans les pays scandinaves malgré une forte consommation de produits laitiers (et de calcium) et un taux sanguin de vitamine D équivalent ou supérieur (Suède) aux autres pays[61],[62],[63].
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Les fromages frais peu égouttés, les fromages industriels à pâtes fraîches ou molles (surtout les fromages de lactosérum, les fromages à la crème et le mascarpone) présentent des taux de lactose importants[64], mais les pâtes cuites et vieillies ont le défaut d'être plus acidifiants pour l'organisme. L'indice PRAL se traduit ainsi: 13 pour le camembert mais 28 pour le parmesan[65].
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Les fromages non pasteurisés ou ensemencés contiennent des probiotiques, qui sont de plus protégés par la nature du fromage lors de leur passage dans le milieu acide de l'estomac et ont davantage de chance d'y survivre, constituant un bon apport pour le microbiote et le système immunitaire, mais moins que le yaourt et moins encore que le kéfir de lait.
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Enfin, la composition et les valeurs nutritionnelles des fromages peuvent varier énormément d'un type à l'autre, suivant le mode de fabrication (fromages de lait plus ou moins écrémé, cuisson…), la fermentation, l'affinage, ou le type de lait utilisé (les laits d'équidés étant les moins gras, et ceux de brebis et de bufflonne les plus gras (5,9% [58]). Certains fromages (fromages à la crème américains, certaines pâtes fondues françaises, ...) sont évidemment en délicatesse avec la diététique.
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Les études sur les bienfaits ou méfaits varient fortement pour cette raison, sans dégager une direction claire. ll faut cependant rappeler que ce type de polémique est surtout présent dans les sociétés d'abondance. Les fromages étaient et sont encore un aliment essentiel des sociétés pastorales et dans bien des régions d'Europe depuis le Moyen-Âge, le fromage de la chèvre représentait souvent le complément protéique indispensable d'un pain médiocre pour le paysan très pauvre. C'est une source de protéines essentielle pour les populations végétariennes d'Inde[55].
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En 2005, un texte commun de l'INRA et de l'Institut zootechnique et fromager sarde portant sur la compilation de dix années de recherche concluait que les traitements industriels (écrémage et traitements thermiques du lait par exemple) du fromage amenuisaient les différences entre produits et appelait à reprendre en considération certaines données de production telles que la race de l'animal producteur ou la biodiversité des prairies[66].
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L'authenticité et la typicité des fromages sont les principales raisons d'être des appellations d'origine[67].
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Les contaminants peuvent être d'ordre microbiologique (virus, champignons, bactéries indésirables). Les bactéries sont des Salmonella, Listeria monocytogenes, Campylobacter (thermophile), Staphylococcus aureus et Escherichia coli.
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Dans l'Union européenne, la part des fromages dévolus au commerce fait l'objet chaque année d'un Plan de surveillance obligatoire[n 6]. En 2004, la Commission européenne focalisait sa surveillance sur la qualité microbiologique des fromages au lait cru et le lait cru. Contre toute attente, le bilan fit apparaître une présence de germes ou de toxines pathogènes faible[68].
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D'autres contaminants potentiels ou fréquents (comme dans d'autres produits d'origine animale dont viandes, poissons, œufs[69]) sont certains métaux lourds[70],[71] (inhalés ou absorbés par les animaux avec leur nourriture et retrouvés dans le lait puis concentrés dans le fromage[72]), des radionucléides (après les essais nucléaires ou les retombées radioactives d'accidents nucléaires).
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On peut enfin fréquemment trouver des polluants liposolubles (certains résidus de pesticides, organochlorés…) plutôt retrouvés dans le beurre, la crème et les fromages gras. Ainsi, après des études ayant montré que le lait est souvent contaminé par des polluants organochlorés (furanes, dioxines, PCB), une nouvelle nouvelle étude ayant porté plus spécifiquement sur 7 fromages bio et 54 fromages « non-bio » a été publiée en 2012, confirmant que c'est aussi le cas pour de nombreux fromages (bio, y compris), fortement contaminés par ces produits, parfois en dépassant les limites réglementaires fixées pour ce qui concerne les (PCB) [73]. Certains de ces fromages dépassaient fortement le seuil réglementaire de 3 picogrammes d’équivalent toxique par gramme de matière grasse (pg TEQ/g), jusqu’à 76 pg TEQ/g pour les cas les plus graves. Pour les seules dioxines, selon les auteurs de l'étude, un gros consommateur de fromages bio (qui contient moins de PCB, mais plus de dioxines) peut dépasser de 25% la dose journalière admissible (DJA, actuellement de 2 pg TEQ par kg de poids corporel pour un adulte) et un enfant peut la dépasser de 130%, résultats jugés « extrêmement inquiétants » par les auteurs des analyses, alors même que le poisson était considéré comme la première source de PCB dans l’alimentation. En France, l'étude EAT2 (alimentation totale française) a confirmé que les produits laitiers et les fromages étaient une source importante de PCB, après le poisson. Pour un Français adulte moyen ; 20 % des dioxines et des PCB de type dioxine sont fournies par le beurre, 20 % par les poissons et 37 % des PCB de type non-dioxines viennent du poisson, 11 % des fromages, 11 % du beurre et 11 des produits laitiers frais[74]. Le jaune d’œuf peut aussi en contenir. Le fumage de certains fromages peut aussi être source de HAP réputés cancérigènes[75].
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Les fromages fermentés ou égouttés traditionnels ne contiennent pratiquement plus de lactose car il a été transformé en acide lactique ou éliminé[44]. Cela n'est plus forcément vrai avec les transformations où l'on réincorpore du lactosérum et procède au caillage par acidification directe (fromages de lactosérum, type mascarpone, fromages à la crème).
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Le fromage est l’un des principaux produits agricoles au niveau mondial. La production mondiale s’est passée de plus de 18 millions de tonnes en 2004 (selon la FAO) à 24 millions de tonnes en 2019[3]. C’est plus que la production annuelle cumulée de graines de café, feuilles de thé, fèves de cacao et tabac. Selon la FAO, la production de produits laitiers en 2010 a été à l'origine de 4% des émissions de gaz à effet de serre produites par l'homme dans le monde[76],[77]. Les plus grands producteurs mondiaux de fromage sont les États-Unis (pour environ 30 % du total), suivis par l’Allemagne, la France et l’Italie.
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Le slogan publicitaire « l'autre pays du fromage », qui a été utilisé pour promouvoir la production des Pays-Bas sur le marché français, désigne implicitement la France comme « le » pays du fromage[78]. Cependant, la Suisse, dans la promotion de ses propres productions, est aussi qualifiée de « pays du fromage »[79].
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Le monde compterait environ 10 000 fromages[80]. Traditionnellement, on situe le nombre de variétés produites en France entre 350 et 400, ce que traduit l'adage « un fromage par jour de l’année ». De fait, ce pays fabrique aujourd'hui plus de 1 000 fromages différents[81] et la Grande-Bretagne plus de 700[82]. Quant aux fromageries et alpages de Suisse (où la première grande laiterie pour la fabrication de fromage fut ouverte le 3 février 1815[83]), ils produisent plus de 450 variétés[79].
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Les États-Unis sont le premier pays producteur mondial de fromage. Ils occupent toutefois une place marginale dans les exportations mondiales de fromage, l’essentiel de leur production étant destiné au marché intérieur. La France est le premier exportateur mondial de fromage en valeur, tandis que l’Allemagne est le premier en quantité. Parmi les dix premiers exportateurs, seuls l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et l’Australie ont une production de fromage principalement orientée vers l’export : respectivement 95 %, 90 %, 72 % et 65 % de leur production fromagère est exportée[85]. Seulement 30 % de la production française est exportée.
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En 2019, l'Allemagne est à la fois le premier pays exportateur et importateur[3].
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La Grèce est l'un des premiers pays consommateur de fromage au monde (la feta représente les trois-quarts de cette consommation). La France est consomme 26 kg par habitant. L’emmental industriel français (utilisé principalement comme ingrédient de cuisine), et le camembert sont les deux fromages les plus consommés en France[89]. L’Italie est le troisième pays consommateur avec 22 kg par habitant. Aux États-Unis, la consommation de fromage est en croissance rapide et a presque triplé entre 1970 et 2003. La consommation s’y est élevée, en 2014, à 15 kg par habitant. Le fromage favori des Américains est d’origine italienne, la mozzarella : elle représente environ un tiers de la consommation, principalement du fait que c’est l’un des principaux ingrédients d’une autre nourriture typiquement italienne, la pizza[90].
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Les 20 plus grandes entreprises laitières mondiales par chiffre d'affaires de leurs activités laitières en 2018[91]. Le fromage n'est qu'une partie de leur activité.
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Les principaux groupes fromagers français sont :
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Le fromage a très tôt fait partie des offrandes aux divinités depuis la haute antiquité. C'est le cas pour Ishtar / Inanna, déesse mésopotamienne de l'amour et de la guerre, vénérée chez les Akkadiens, Babyloniens et Assyriens, nommée aussi Astarté chez les Phéniciens ou Tanit à Carthage. Les tablettes des comptes du temples d'Uruk mentionnent ces offrandes accompagnant d'autres aliments. On retrouve ces pratiques pour Poséidon en Grèce.
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Offrandes aussi aux défunts lors des funérailles (momies du Tarim, dans le désert du Taklamaka, extrême ouest de la chine).
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Le fromage est très populaire en Suisse. Les fromages suisses les plus connus sont l'emmental et le gruyère ainsi que l'appenzeller. Les plats de fromage fondu sont également un emblème de la Suisse, la fondue et la raclette étant deux mets symboles du pays.
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Le fromage est considéré par les Français comme une part de leur patrimoine national.
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Le fromage est un aliment obtenu à partir de lait coagulé, de produits laitiers ou d'éléments du lait comme le petit-lait ou la crème. Le fromage est fabriqué à partir de lait de vache principalement, mais aussi de brebis, de chèvre, de bufflonne ou d'autres mammifères.
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La coagulation peut être obtenue soit par action d'une enzyme, la présure, soit par fermentation provoquée par des bactéries lactiques (le lactose est alors transformé en acide lactique), soit très fréquemment par combinaison des deux méthodes précédentes, soit par chauffage associé à une acidification directe (vinaigre...). On procède ensuite à l'égouttage. On obtient alors le caillé et le lactosérum[1]. Le lactosérum peut aussi être utilisé en fromagerie : fromage de lactosérum comme le sérac, réincorporation de ses composants.
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Après égouttage et éventuellement moulage, le caillé est salé et affiné (fromage affiné) ou non (fromage à pâte fraîche).
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Lors de l'affinage, certains fromages développent de la moisissure, sur la croûte et/ou à l'intérieur, ou encore une croûte morgée entraînant des transformations biologiques complexes qui permettent au produit d'acquérir ses caractéristiques texturales et aromatiques particulières[2].
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Le fromage est un aliment de base, riche en protéines, calcium et phosphore, à teneur variable en matières grasses et à longue conservation en comparaison de la durée de conservation des laits traditionnels.
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Si l'on ne considère pas seulement les types sophistiqués de fromages occidentaux, on peut constater dans de très nombreux pays l'existence d'importantes productions traditionnelles à partir de lait fermenté égoutté et parfois conservé, que l'on appelle généralement fromages, mais qui ne sont pas réellement différentes de ce qu'on nomme lait fermenté concentré en France, skyr en Islande, yoghurt cheese en anglais, quark en allemand. En dehors de définitions légales variables selon les pays, les frontières entre fromage blanc à caillé lactique et yaourt ou lait fermenté concentré ou pressé sont donc floues.
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On pourrait donc distinguer des productions domestiques souvent assez simples et probablement importantes dans l'alimentation de nombreuses populations mais qui ne peuvent rentrer dans les statistiques de production, des productions artisanales extrêmement variées et typées selon les méthodes de fabrication, les régions, les formes et les saveurs, des productions industrielles visant une qualité garantie par des appellations d'origine ou des marques et des productions industrielles de masse fournissant un aliment bon marché.
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La fabrication industrielle du fromage, se différencie considérablement des nombreuses fabrications artisanales et permet principalement un traitement quantitatif et uniforme.
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La production mondiale totale recensée atteignait 24 millions de tonnes en 2019 avec l'Allemagne comme premier pays exportateur suivie des Pays-Bas et de la France[3].
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Fromage vient du bas-latin formaticus [caseus] : « [fromage] moulé dans une forme ». Formaticus est dérivé de forma qui signifie « moule, forme »[4].
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Caseus ou caseum, fromage en latin[5] a donné caséine, ingrédient essentiel du fromage.
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Dans l’Union européenne, un règlement de 2007 dit « OCM unique[n 1] » impose (annexe XII) que la dénomination « fromage » soit réservée aux produits laitiers (« produits dérivés exclusivement du lait, étant entendu que des substances nécessaires pour leur fabrication peuvent être ajoutées, pourvu que ces substances ne soient pas utilisées en vue de remplacer, en tout ou partie, l'un quelconque des constituants du lait »). Ainsi un substitut de fromage ne peut être commercialisé sous l'appellation de « fromage » en Europe[n 2].
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« La dénomination "fromage" est réservée au produit fermenté ou non, affiné ou non, obtenu à partir des matières d'origine exclusivement laitière suivantes : lait, lait partiellement ou totalement écrémé, crème, matière grasse, babeurre, utilisées seules ou en mélange et coagulées en tout ou en partie avant égouttage ou après élimination partielle de la partie aqueuse. » selon le décret n°2007-628 du 27 avril 2007 relatif aux fromages et spécialités fromagères, version consolidée au 30 mars 2020[6]. Selon le même décret, un fromage doit comporter 23 g de matière sèche (abaissable à 10 g par dérogation) de caillé et produits laitiers pour 100 g de produit final.
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Cette définition laisse donc la possibilité de fabriquer des produits variés (fromage à l'ail, par exemple) mais aussi de réincorporer les protéines et le lactose issus du lactosérum ou du babeurre et d'utiliser des méthodes (ultrafiltration notamment) permettant de récupérer efficacement ces protéines et de diminuer le temps nécessaire à la fabrication.
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Elle ne s'applique pas aux yaourts et laits fermentés parce que ce ne sont pas des produits égouttés.
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Elle ne s'applique pas aux fromages végétaux car ils ne sont pas issus de lait au sens légal du terme.
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Les caractéristiques concernant l’extrait sec, la teneur en matière grasse et l’origine du lait, doivent figurer sur l’étiquetage.
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Il est autorisé d'adjoindre un qualificatif au mot fromage : un « triple crème » contient au minimum 75 % de matière grasse ; un « double crème » en contient de 60 % à moins de 75 % ; un « fromage gras », de 50 % à moins de 60 % ; un « fromage allégé » (et sans addition de sucre) de 20 % à moins de 30 % ; un « fromage maigre », moins de 20 %.
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L'article 7 du décret précise que la dénomination « fromage » peut être utilisée pour tout mélange ou assemblage entre eux de produits définis aux articles 1 à 3 (fromages blancs et bleu), pour autant que le mélange ou l'assemblage n'incorpore pas d'autres ingrédients que ceux qui sont autorisés dans ces fromages[6].
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Les fromages fermiers sont fabriqués à la ferme ou dans le lieu d'estive, par l'éleveur ou un salarié, exclusivement avec le lait que l'éleveur produit. Ce type de production, s'il est proposé à la vente, peut faire apparaître sur son étiquetage la mention « matière grasse non précisée »
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et a le droit de déroger à l'indication des valeurs nutritionnelles.
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La mention « au lait cru » est réservée aux fromages obtenus avec du lait dont la température n’a pas été portée au-delà de 40 °C et qui n'a pas été ultrafiltré ou microfiltré.
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Depuis le 20 juin 1992 (décret du 19 février 1991), tous les fromages produits à la ferme, affinés, doivent comporter l’indication d’une date limite d’utilisation optimale (DLUO), et les fromages frais une date limite de consommation (DLC).
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Des centaines de types de fromage sont produits dans le monde[7]. Leurs différents styles, goûts et textures dépendent de l'origine du lait (y compris le régime alimentaire de l'animal), de son traitement thermique ou mécanique (microfiltration, ultrafiltration), du pourcentage de matière grasse, des espèces de bactéries et de moisissures choisies, du procédé de transformation, ainsi que du temps de maturation. Des herbes, des épices, ou la fumaison peuvent être utilisées pour varier le goût.
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Le fromager tient compte de l'état et de la qualité du lait qu'il transforme. Cette qualité est variable en fonction :
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Certains fromages restent inclassables comme nombres de fromages industriels mais aussi traditionnels, par exemple le Weißlacker qui fut peut-être le premier fromage à faire l'objet d'une appellation officielle en 1874. Il est aujourd'hui atypique car fabriqué à partir d'un mélange de lait cru et pasteurisé, sa pâte est demi-dure et sa croûte fine intermédiaire entre les croûtes fleuries et lavées. Il n'en est pas moins très apprécié dans les régions de tradition fromagère bavaroise (Sud de l'Allemagne, Tchéquie, Wisconsin)[10].
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Les fromages sans présure fabriqués par les populations rurales ou nomades d'Asie et d'Afrique ne sont pas toujours pris en compte dans les classifications. Ils sont en effet caillés à la façon d'un yaourt, d'un kéfir, ou d'un lait ribot, leur égouttage est parfois sommaire et leur goût très acide ou sûri. Leur rôle dans l'équilibre alimentaire de ces populations est probablement important.
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La liste suivante ne comprend intentionnellement que des exemples emblématiques. Pour une liste documentée plus complète :
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On distingue habituellement selon le mode de fabrication[11] :
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Classification selon le son caractère fermier, artisanal ou industriel (l'administration française classe indistinctement les 2 derniers comme fromage laitier).
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Un fromage fermier (ou fromage de ferme ou toute autre nomination pouvant faire penser que le fromage est fabriqué par l'éleveur-producteur de lait) ne peut se dire que d’un fromage élaboré à la ferme par les agriculteurs. Il est issu exclusivement du lait produit par les animaux de cette ferme.
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L’intérêt de tels fromages réside dans le fait qu’ils résultent d’un seul et unique savoir-faire (généralement familial et parfois ancestral) dans divers domaines qui peuvent être déterminants quant à la qualité du fromage :
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Très majoritairement, les agriculteurs producteurs fermiers transforment leur lait à l'état cru et entier.
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Un fromage artisanal est issu d'un atelier de transformation relativement modeste et peu mécanisé où l'artisan transforme du lait qu'il achète à un ou plusieurs agriculteurs. Dans ce type de rapport entre deux corps de métier, la relation commerciale est contractuelle. Le ou les laits arriveront jusqu'à la laiterie artisanale à l'état cru et réfrigéré. L'artisan le laissera cru ou lui appliquera une éventuelle pasteurisation, thermisation ou micro-filtration puis le transformera en fromage. Les procédés d'obtention sont parfois anciens et éprouvés.
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Méthodes industrielles : chapitres suivants.
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Le fromage industriel est le terme utilisé pour désigner des fromages fabriqués dans des unités industrielles de moyenne ou de grande taille. La production industrielle est très diverse. Certaines usines pratiquent une production de masse rationalisée à l'extrème, vue parfois comme emblématique de la malbouffe.
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Le cheddar est un des fromages les plus produits dans le monde mais comme ce n'est pas une appellation précise, les cheddar sont très variés, plus encore que ne sont les tommes dans l'aire francophone. Les techniques de fabrication varient aujourd'hui de la pâte fraîche à la pâte pressée cuite et il existe des marques populaires et d'autres prestigieuses.
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Cependant dans l'industrie alimentaire et l'amont de la restauration rapide, le cheddar tend à être remplacé par les pâtes fraîches crémeuses et la mozzarella dont la production est encore plus industrialisable. La mozza industrielle a envahi les pizzerias des Américains et des Français qui sont respectivement les premiers et seconds consommateurs de pizza au monde en 2014[12].
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Les fromages maigres doivent contenir moins de 20 % de matières grasses et sont fabriqués à partir de lait écrémé. D'autres (triple-crème) sont fabriqués au contraire à partir de lait enrichi en crème.
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Ces fromages souvent industriels sont fabriqués à partir de lait écrémé et ne sont jamais sucrés. Cependant pour garder le même moelleux que le fromage correspondant, leur taux de lactose est significativement supérieur ; on l'obtient par ultrafiltration ou rajout de poudre de lactosérum (exemple du Cœur-de-LIon[13]).
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Ces fromages peuvent être sans présure parce qu'ils sont élaborés nécessairement de cette façon, c'est le cas des laits qui contiennent trop peu de caséine adéquate : fromages de crème ou de lactosérum, laits d'équidés (fromage de jument) et de camélidés (fromage de chamelle).
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Plus souvent, il s'agit d'une tradition. Elle peut découler d'interdits religieux, la présure étant considérée comme un abat.
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Ces fromages sont utilisés de préférence en alimentation végétarienne et dans les religions hindouiste (chhena, panir en Inde) et musulmane (fromages halal[14]). La consommation de fromages à la présure est souvent évitée dans la religion juive (fromages cacher[15]) ainsi que parfois dans les autres religions originaires de l'Inde (sikkhisme, jaïnisme, bouddhisme).
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Dans le monde une grande partie des fromages blancs étaient ou sont traditionnellement faits plutôt sans présure : queijo branco et queso blanco dans la péninsule ibérique et en Amérique latine, quark allemand, tvarog polonais, tvorog russe, cottage cheese américain. On remarque cependant une tendance à utiliser un peu de présure ou un succédané végétal afin de réduire le temps de caillage et limiter l'acidité.
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On utilise alors le caillage avec des acides (jus de citron, vinaigre, acides citrique ou acétique) ou le caillage réalisé seulement avec des ferments spontanés ou ajoutés : fromage-yaourt filtré comme les lebné traditionnels d'Afrique du Nord, yaourts grecs (stragisto) et suzma de Turquie et d'Asie centrale[16] ou le fromage blanc de kéfir. La méthode au kéfir de lait n'est plus utilisée que sur une aire restreinte (Tibet, Moyen-Orient, Caucase) et dans le cercle familial, mais pourrait être à l'origine du fromage.
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La présure peut aussi être remplacée par le champignon Rhizomucor miehei, la chardonnette (image), des extraits de fruits de Withania coagulans (« présure indienne »), une solanacée[17], du feuillage de naïteng (vigne à lait) au Yunnan[18]. Autrefois le caille-lait jaune (galium verum[19]) et le figuier[20] ont pu être utilisés.
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Ces fromages accompagnent l'essor récent du végétarisme dans les pays industrialisés pour des raisons éthiques ou écologiques et le retour à certaines traditions religieuses dans d'autres.
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La couleur orangée de la pâte est obtenue par addition de roucou ou de carotène (mais la couleur orangée de la croûte des fromages à croûte lavée ou morgée est due à la bactérie du rouge).
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Certains usages qui n'ont plus d'intérêt fonctionnel sont perpétués ou remis au goût du jour à titre décoratif ou en souvenir des méthodes anciennes : ainsi la paille de seigle du sainte-maure-de-touraine, le liseré de cendres interne du morbier et de nombreux emballages de feuilles (châtaigner, vigne, platane, noyer) ou de fougères; certains fromages frais sont vendus dans leur faisselle : la jonchée de Niort peut l'être dans sa faisselle de joncs[21].
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On peut rajouter aux fromages frais des condiments : poivre, fines herbes, noix, ail, ... (exemple : Boursin) ou encore de la crème (cottage cheese). L’ibakhbakhane des Aurès (Algérie) est fabriqué à partir d'un caillé lben mélangé à de l'orge vert écrasé et refermenté.
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L'origine du fromage remonte probablement au début de l'agriculture et de l'élevage dans le Croissant fertile[22]. Il n’y a pas de preuve tangible indiquant les premiers lieux de fabrication du fromage que ce soit en Europe ou en Asie centrale plutôt qu'au Moyen-Orient mais la pratique s’est répandue en Europe avant la période de la Rome antique. Selon Pline l’Ancien, la pratique s’est sophistiquée durant la période de la Rome antique.
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Des hypothèses placent les origines de la fabrication du fromage aux environs de 8000 av. J.-C., avec la domestication des moutons. Les premiers fromages ont probablement été fabriqués par des habitants du Moyen-Orient ou par des tribus de nomades turcs en Asie centrale. Les peaux de bêtes et les organes internes étant dès lors utilisés pour le stockage et le transport des denrées alimentaires, il est probable que le procédé de fabrication du fromage fût découvert accidentellement en stockant du lait dans un conteneur fabriqué à partir d’un estomac d’animal, résultant en la transformation du lait en lait caillé et petit-lait du fait de la présence naturelle des présures (lactase) dans l’estomac. Il y plusieurs variantes[23],[24].
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Selon une autre hypothèse, la fabrication du fromage aurait débuté indépendamment, des conséquences du salage et du pressage du lait afin d’en assurer sa conservation. L'observation de lait caillé dans l’estomac d’un animal tétant (veau) a probablement conduit ensuite à l’adjonction de présure sous forme de lanières de caillettes comme cela se faisait encore dans les Alpes au début du XXe siècle.
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Enfin, la dernière hypothèse en date provient du désert du Taklamakan. Les momies du Tarim, ont emmenés dans leur dernier voyage des fromages sous forme de petits cubes de l'ordre du cm. Ils ont été identifiés par les scientifiques de l'institut Max-Planck de Dresde et de l'institut des sciences de Chine de Pékin, sur les momies du cimetière de Xiaohe. Il s'agit de fromages issus de kéfirs de lait ne nécessitant donc pas l'abattage des veaux. Les premiers grains de kéfirs seraient des grumeaux de sucre et de lait caillé, l'amalgame de polysaccharides au fil des utilisations des outres comme contenant du lait.
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Les grains de kéfir sont un symbiote de bactéries et de levures, ici des lactobacillus et des saccharomyces qui forment 80% de la masse et se seraient formés spontanément à partir de ceux présents dans le lait et l'environnement. Le résultat était un fromage pauvre en lactose adapté à ces populations qui n'avaient pas encore le gène permettant de digérer le lactose[25],[26],[27], un fromage fermenté légèrement alcoolisé.
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L'analyse des protéines de ces fromages a montré que la plupart des laits (8 tombes sur 10) étaient issus de vache et deux autres de brebis et de chèvre. Ils seraient vieux de 3 500 ans.
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D'autre part, une équipe de chercheurs (Mélanie Roffet-Salque, Richard Evershedest) est actuellement en pointe en analysant et datant les graisses sur des fonds de poterie en Pologne et en Turquie. Les plus anciennes traces archéologiques de fabrication du fromage ainsi retrouvées datent de plus de 7 000 ans : des fragments de faisselles en céramique ont été découverts et caractérisés en Pologne, dans la région de la Cujavie, à 150 kilomètres au sud de Gdańsk[28],[29] (culture rubannée)[30],[31]. Il pourrait aussi s'agir de fromage de kéfir. Il ne s'agit pas à proprement parler de fragments de fromages mais de trace.
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Un autre "plus vieux fromage" directement découvert aurait 3 200 ans. C'est dans la fouille archéologique d'une tombe de l'ancienne capitale du premier nome de Basse-Égypte Memphis qu'il fut mis au jour. Il aurait été fabriqué à partir d'un mélange de lait mi-vache, mi-chèvre (ou brebis). Des traces de bactéries mortelles y ont été également détectées[32], et notamment celles à l'origine de la brucellose.
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Des textes archaïques exceptionnels de l'époque Uruk/Warka ont été découverts par H.J. Nissen et ses collaborateurs[33] (1990), qui mentionnent le fromage (GA'AR), le beurre et le yaourt (KISIM). Ces textes datés de 3 200 ans av. J.-C.e, sont écrits sur des tablettes d'argiles, en des caractères archaïques qui deviendront plus tard l'écriture cunéiforme. Ce sont des livres de comptes qui indiquent le nombre de produits laitiers et d'animaux (vaches, brebis, chèvres) que les bergers doivent fournir[34].
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D'autres traces, sur des peintures murales dans des tombes de l’époque de l’Égypte ancienne, datent de 2000 av. J.-C.[35]. Ces premiers fromages devaient être aigres et salés, similaires en texture au cottage ou à la feta.
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Les fromages produits en Europe, où le climat est plus froid qu’au Moyen-Orient, nécessitaient un salage moins important pour leur préservation. Moins salés et de fait moins acides, ces variétés de fromages sont devenus un environnement propice au développement de bactéries et de moisissures, leur donnant un goût et une texture particuliers.
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De tous temps, la fabrication du fromage a correspondu au plus populaire traitement du lait.
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La mythologie grecque attribue la découverte du fromage à Aristée. L’Odyssée d'Homère (VIIIe siècle-VIe siècle av. J.-C.) décrit le Cyclope fabriquant et stockant des fromages de lait de brebis et de chèvre : « Nous arrivâmes à sa grotte, comme il était sorti paître ses troupeaux, nous entrâmes et y prîmes tout ce ce que nous pûmes voir. Ses étagères étaient chargées de fromages et il avait plus d'agneaux et de chevreaux que ce que ses enclos pouvaient contenir... Il s'assit et se mit à traire ses brebis et ses chèvres, l'une après l'autre, puis les laissa s'occuper chacune de leur petit. Il fit cailler la moitié du lait puis plaça le caillé dans des faisselles en osier. » (d'après Samuel Butler).
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Au temps de la Rome antique, le fromage était un mets de tous les jours, et sa fabrication un art dont la technique reste similaire à celle employée aujourd'hui. Le traité Libri de re rustica de Columelle (environ 65 apr. J.-C.) détaille un procédé de fabrication utilisant la coagulation du lait au moyen de la présure, le pressage du lait caillé, le salage et le vieillissement.
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Pline l'Ancien dédia dans son œuvre L'Histoire naturelle (77 apr. J.-C.) un chapitre (XI, 97) décrivant la diversité des types de fromages appréciés par les Romains du début de l'Empire. Il y écrit ainsi que « Le fromage le plus estimé à Rome, où l'on juge en présence l'une à l'autre les productions de tous les pays, est, parmi les fromages des provinces, celui qui provient de la contrée de Nîmes, de la Lozère et du Gévaudan »[36],[n 3]. Cependant, il précise que ces fromages ne se conservent pas bien dans le temps et doivent être mangés frais. Par ailleurs, les fromages en provenance des Alpes et des Apennins étaient autant remarqués pour leur variété que maintenant. Pline rapporte également une variété de fromage fabriqué par les Ligures, principalement à partir de lait de brebis, dont certains spécimens pouvaient atteindre un poids d'environ cent livres chacun. Les fromages au lait de chèvre apportaient un goût nouveau et apprécié à Rome. Le goût était notamment amélioré par le procédé de fumaison s'inspirant des pratiques gauloises et rendant un goût médicinal. Pline mit également en référence des fromages d'origines plus lointaines, par delà les mers, comme ceux de Bithynie en Asie Mineure.
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Si Pline vante les fromages de Nîmes, les Romains dédaignent les fromages des peuples du Nord, qui ne produisent que du lait caillé, au profit des fromages à pâte dure dont ils introduisent la fabrication auprès notamment des Burgondes installés dans les Alpes et le Jura.
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Le fromage devient l'aliment de base, dès le VIe siècle, chez les bénédictins. Ce sont encore des moines, cette fois les cisterciens, qui vont maintenir l'essor de la fabrication du fromage, très consommé durant le Moyen Âge, surtout chez les pauvres et les paysans. Le fromage ne gagnera véritablement le palais des riches qu'à la fin de l'Ancien Régime. Le plateau de fromages, apparu au XIXe siècle, devient une habitude à la fin des repas. L'apparition du chemin de fer contribue à la diffusion des fromages régionaux. Enfin, la pasteurisation ouvre la voie à la fabrication industrielle du fromage, voie qu'empruntera le premier, Léon Bel en 1919.
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Mets de fin de repas, le fromage est devenu aussi un des ingrédients majeurs de la cuisine grâce à un maître-fromager français, Pierre Androuët. Robert Courtine, critique gastronomique, a expliqué à son propos : « Pierre Androuet est Monsieur Fromage, son historien et son poète. L'homme sans qui le fromage ne serait que ce qu'il est... sans la cuisine au fromage et les centaines de recettes qu'il a élaboré. C'est Androuet qui a amené le fromage dans notre assiette... en passant par la cuisine ». Ses recettes sont sorties du cadre domestique où tartes et flans au fromage sont connues depuis la période médiévale et, à fortiori, de « l'usage de Gruyère râpé sur les macaronis ». Il a fait découvrir que la cuisine au fromage couvre tout un éventail qui peut aller de recettes simples et faciles à réaliser à des « recettes riches, généreuses, variées, offrant d'innombrables combinaisons de saveurs[37]. ».
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Le terme « fromage » est attesté dès 1135 environ sous cette forme, cependant on trouve également formage plus proche de l'étymologie avant métathèse de [r].
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« [Fromage] (…) procède (v. 1135) d’un bas latin (caseus) formaticus « (fromage) fait dans une forme », formaticus dérivant du latin classique forma. « Fromage », à côté de la forme attendue « formage » attestée en 1180, provient d’une métathèse qui a détaché le mot de son origine. »
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— Le Robert Dictionnaire historique de la langue française, (dir.) Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, nouvelle éd. janvier 1994, tome I, p. 848
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Il est plus précisément issu directement d’un bas latin formāticum « fromage », dérivé par ellipse de cāseus formaticus « fromage moulé », dont l’élément cāseus s'est effacé (voir wikt:foie). Formaticus signifie « ce qui est fait dans un moule », dérivé en -icus du latin forma « moule »[38]. L'adjectif substantivé a régulièrement évolué en ancien français formage, devenu fromage.
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L’emprunt au français a également donné l’italien formaggio (en face de cacio), le poitevin feurmage, le wallon froumadje, l’occitan et le catalan formatge, le breton formaj (en face de keuz)[n 4].
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Forma se perpétue quant à lui dans l'occitan fourmo (graphie moderne occitane) ou forma (graphie normalisée occitane), appellation linguistique régionale courante du Forez, de l'Auvergne (au sens de l'ancienne province) et du Rouergue) et francisée en fourme par les appellations commerciales de certaines spécialités de fromages de ces zones territoriales.
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En revanche, le substantif latin cāseus « fromage » a disparu en gallo-roman, mais s'est perpétué dans les autres langues romanes : espagnol queso, italien cacio, portugais queijo et roumain caș, alors que le français ne connaît que deux dérivés, l'un savant caséine[39], et l'autre chésery, utilisé dans des noms de lieux dans les Alpes[n 5]. L'emprunt au latin s'est fait dans des langues germaniques occidentales : anglais cheese (cīese, cēse en vieil anglais), allemand Käse (vieux haut-allemand chāsi), frison occidental tsiis, néerlandais kaas, etc. par l'intermédiaire d'une forme hypothétique du germanique commun *kāsijaz. Ils signifient tous « fromage » dans ces différentes langues.
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Les langues celtiques ont aussi emprunté le latin caseus : irlandais cáis, breton keuz[n 4] et gallois caws.
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Le latin caseus est également à l'origine du mot malais keju (par emprunt au mot portugais queijo).
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La caséologie est la science qui a pour objet l'étude, l'affinage et la connaissance du fromage. Le caséologue est le métier qui assure cette transformation.
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Le lait est une émulsion stable physiquement à pH 6,5, mais périssable biologiquement, de caséines, albumines, matières grasses et eau. La fabrication du fromage consiste à en séparer et rassembler la caséine et éventuellement les matières grasses pour en faire un aliment de conservation. Les caséines sont d'abord dégradées par l'effet de l'acidité ou de la présure. Les caséines peuvent ensuite s'agglomérer soit seulement sous l'effet de l'acidité (caillé acide, pH 4,5 qui peut ensuite être adouci), soit seulement sous l'effet de la présure (caillé doux, pH 6,5) mais le plus souvent on a une situation intermédiaire car on utilise à la fois fermentation acidifiante (transformation du lactose en acide lactique) et présure (ou équivalent). Tous les intermédiaires sont possibles ; on parle alors de tendance lactique ou présure. Le caillage présure nécessite la présence de calcium composant naturel du lait (dans le cas de laits chauffés, on rajoute souvent du chlorure de calcium). Les protéines autres que les caséines peuvent être récupérées par chauffage, acidification ou ultrafiltration dans le lactosérum.
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Sur les douze manipulations décrites ci-après, quatre sont (théoriquement) indispensables : emprésurage, égouttage, moulage et salage. On fait cependant des fromages sans présure (mascarpone, labne, panir, fromages de lactosérum), sans véritable moulage (fromage en grains, jonchée, mascarpone, mozzarella), et sans sel (petit-suisse, panir, fromages de régime). Seul l'égouttage est légalement obligatoire.
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Il faut enfin noter la technique des fromages fabriqués à partir de petit-lait, coproduit des autres fromages, comme le sérac (Vosges, Alpes, Jura). Le lactosérum (lactose et albumines) est chauffé jusqu'à 80 ou 90° (d'où l'appellation recutta en Italie) avec de l'acide acétique (vinaigre).
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Caillage (gruyères)
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Décaillage (beaufort)
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Rompage ou décaillage (gruyères). Après le décaillage, l'ensemble est chauffé : 57 ° pour le Gruyères, 53° à 56° pour le beaufort
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Égouttage par vidage du lactosérum hors du moule ( gruyères)
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Egouttage au moyen d'un sac de toile (beaufort)
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Moulage (gruyères)
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Moulage (beaufort)
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Ces méthodes sont générales dans tous les pays. Seuls quelques pays à forte tradition fromagère autorisent des fabrications industrielles non pasteurisées. De même les fabrications industrielles les plus prestigieuses utilisent des méthodes plus proches de la tradition.
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Le lait arrive à l'usine refroidi et préfiltré. Il est immédiatement testé et analysé (matières utiles, absence de germes, de marqueurs de pathologie, d'antibiotiques, d'eau), filtré à nouveau ou microfiltré, écrèmé complètement et pasteurisé.
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On part donc d'un lait écrémé pasteurisé auquel on peut ajouter des produits laitiers contrôlés : poudre de lactosérum ou de babeurre, lactose, protéines de lactosérum. Ces ajoûts éventuels permettent de donner du moelleux, d'apporter un goût légèrement sucré (le lactose en excès n'est pas transformé en acide lactique) et d'accélérer le caillage. On rajoute la crème en quantité voulue en fonction du type précis de produit final, l'éventail est très large. Ces produits s'ils ne sont pas déshydratés sont généralement concentrés afin de réduire ensuite le temps d'égouttage. L'ultrafiltration qui ne fait pas intervenir de chauffage est un procédé efficace et économique. Ces méthodes permettent de récupérer des éléments autrefois difficilement utilisables et d'abaisser les coûts de revient.
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Le mélange est ensemencé avec des ferments et levures sélectionnés. L'emploi de chlorure de calcium, d'acidifiant (acide citrique) peut sécuriser le caillage. Les conditions de température, d'humidité, de pH et d'environnement microbien sont précisément ajustées selon le type de fromage.
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Il est possible d'ajouter des adjuvants (sels de fonte : polyphosphate, phosphate de sodium, citrate de sodium) pour faciliter l'émulsion de la pâte dans l'eau et renforcer la sensation de moelleux ou crémeux. Cette méthode est utilisée en particulier pour les pâtes fondues industrielles[45].
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En Amérique du Nord, les caillés peuvent être affermis en ajoutant des épaississants (guar, gomme xanthane, amidon, ...)[46]. Ces fromages n'ont plus évidemment qu'un rapport lointain avec un fromage traditionnel même s'ils leur arrivent d'emprunter un nom suisse.
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Le décaillage poussé (le caillé peut être pratiquement broyé, caillé agité en Amérique du Nord)[47], l'égouttage par centrifugation, le moulage automatisé, le pressage mécanique, le salage en saumure pour les fromages solides, l'homogénéisation et le lissage des caillés gras, riches en lactose et humides (deux tiers d'eau), autorisant les transferts à la pompe, pour les fromages semi-fluides (fromages à la crème) sont des méthodes permettant de réduire considérablement les temps de fabrication[42].
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La mozzarella industrielle (qui n'a qu'un rapport éloigné avec la mozzarella traditionnelle) est emblématique de ce type de fromages. Réincorporation de lactosérum, caillage accéléré au moyen de présures spéciales, broyage du caillé, ni égouttage classique, ni moulage (pour les pâtes filées, le caillé est rassemblé en provoquant sa fusion dans la phase liquide chaude) , homogénéisation et conditionnement du caillé en phase semi-fluide à chaud, pas d'affinage, fabrication en usines robotisées, produit final d'utilisation aisée (granulés, tranches prédécoupées, tartinables ou fondantes, pas de miettes ni de coulures, hygiène irréprochable). Cela permet de sécuriser l'approvisionnement de l'amont industriel de l'univers des pizzas, sandwicheries, crêperies, fromages en-cas et apéritifs, et de la restauration collective[43].
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Par exemple, le groupe coopératif français Eurial produit annuellement 45000 tonnes de mozzarella Maestrella (marque industrielle) pour 60 pays en 2019[48].
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Selon la chercheuse de l’INRA Marie-Christine Montel, « Le fromage est un écosystème peuplé de bactéries, de levures de champignons qui vivent là comme en société, chacun faisant un travail spécifique, l’ensemble vivant dans un équilibre fragile entre compétition et coopération. (…) Le fromage est ainsi le fruit de la digestion réalisée par les microbes qui s’invitent à la table du lait. Et ils sont nombreux ! Nous avons décrit plus de 200 espèces dans les fromages (…) »[49].
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Selon qu'ils ont été bien conservés ou pas et élaborés avec du lait de qualité sanitaire satisfaisante ou pas, on peut distinguer deux types de germes dans les fromages :
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Toujours selon des chercheurs de l'INRA :Une étude, faite pour déterminer si la diversité microbienne présente à la surface des fromages au lait cru peut agir en faveur de la sécurité sanitaire, montre que 10 sur 34 groupes microbiens, présents naturellement sur la croute des fromages au lait cru, peuvent s'auto-protéger contre Listeria monocytogenes, comparé à un ferment commercial de surface[50] :
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D'autres bactéries agissent :
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Le chauffage, l'ensemencement et l'acidification du caillé, l'égouttage, le salage, et le développement de moisissures (penicillium, ...) sur la croûte ou à l'intérieur (fromages bleus ou persillés) lors de l'affinage empêchent la prolifération des micro-organismes indésirables[44]. On peut cependant remarquer que certaines pâtes fraîches à caillage présure comme la caillebotte peuvent ne remplir aucun de ces critères et doivent donc être consommées rapidement.
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Certains fromages sont conservés en saumure (feta, halloumi parfois), dans l'huile (certains labne), fumés (fromage tcherkesse, scamorza fumé), cendrés (Melun bleu, sainte-maure-de-touraine), salés et séchés à l'ombre dans les régions à climat désertique : avec des feuilles de menthe (ḥallūm arabe, le halloumi de Chypre en est une variante) ou avec des épices (chenklich de Syrie), séchés au soleil au Maroc (jben). La croûte du parmesan était traditionnellement huilée.
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Les fromages des régions à châtaigners (Gâtine poitevine par exemple) étaient conservés dans des feuilles de châtaigner améliorant l'affinage[52], cette méthode perdure (mothais sur feuille[53], feuille de Dreux). Le banon peut être à la fois trempé dans du marc de raisin et complètement enveloppé de feuilles de châtaigner. Certaines pâtes pressées non cuites (Edam, Babybel, tomme noire des Pyrénées, ...) sont enrobées de cire (paraffine solide)[54].
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L'adjonction d'alcool ou de vin en quantité susceptible d'allonger la durée de conservation est pratiquée pour les fromages forts, le fromage au porto (États-Unis), ... L'Époisses est un fromage à croûte lavée au Marc de Bourgogne. Le sérac est lavé au vin blanc.
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En production industrielle, l'emballage sous vide ou gaz inerte est parfois employé[55]. Partout le stockage en frigorifique tend à se généraliser. Le froid n'est pas nécessaire pour les fromages à pâte fondue.
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La meilleure façon de conserver un fromage, voire de parfaire son affinage, est de le laisser dans une cave de maturation, c'est-à-dire un lieu frais, sombre, aéré et légèrement humide.
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Le bas d'un réfrigérateur, sous une cloche à fromage, peut également faire l'affaire mais, par son manque de renouvellement d'air, amènera un résultat organoleptique différent (un peu plus fort).
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La majorité des fromages issus du commerce sont emballés, certains hermétiquement. Ces derniers sont passés d'un milieu aérobie à un milieu anaérobie ce qui a modifié leurs qualités organoleptiques initiales : ils sont devenus forts voire piquants. Un retour à l'air libre de plusieurs heures leur fera recouvrer leurs caractères originels.
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Il est toujours possible de surgeler un fromage mais sans dépasser trois mois. Si c'est adapté pour les fromages aux pâtes pressées comme le gouda, parmesan, etc., il est déconseillé de congeler les fromages à pâtes molles[56].
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Le fromage étant constitué de lait concentré (par évaporation partielle de l'eau), sa valeur nutritive est élevée, avec une composition proche de celle du lait, mais plus concentrée. Cependant, la fermentation par bactéries peut éventuellement faire apparaitre certaines substances nutritives complexes (acides aminés, sucres, vitamines…) non présentes à l'origine dans le lait. Les fromages contiennent à la fois des protéines, des sucres et des lipides en bonne quantité, et représentent donc un aliment très énergisant et relativement « complet », ce qui a permis à beaucoup de cultures d'en faire un pilier de leur alimentation. Ils sont également une source de vitamines A et B, de sels minéraux (Ca, P, K, Na, Mg…), particulièrement de calcium.
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Les fromages sont cependant riches en acides gras saturés qui ont un effet néfaste sur le taux de cholestérol : une surconsommation est donc déconseillée à certaines personnes sensibles (diabétiques, personnes à taux de cholestérol élevé, personnes en surpoids, personnes à risque d'un point de vue vasculaire…)[57],[58].
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L'apport en calcium est sujet d'une polémique. Mis en exergue dans les campagnes nutritionnelles et par l'industrie agroalimentaire (cf articles du CERIN, cré par le CNIEL), il est réel mais ce calcium est peu bio assimilable (30%) et donc en partie rejeté. Il demande d'autres composants pour améliorer cette assimilation (vitamine D) ou interagit avec d'autres (magnésium) [59]. Pour rappel, le choux de Bruxelles a un taux de 64%, ce qu'il faut pondérer par la quantité importante de calcium dans le fromage[60]. Les taux de survenue de fracture du col du fémur (indicateur d'ostéoporose) restent ainsi importants dans les pays scandinaves malgré une forte consommation de produits laitiers (et de calcium) et un taux sanguin de vitamine D équivalent ou supérieur (Suède) aux autres pays[61],[62],[63].
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Les fromages frais peu égouttés, les fromages industriels à pâtes fraîches ou molles (surtout les fromages de lactosérum, les fromages à la crème et le mascarpone) présentent des taux de lactose importants[64], mais les pâtes cuites et vieillies ont le défaut d'être plus acidifiants pour l'organisme. L'indice PRAL se traduit ainsi: 13 pour le camembert mais 28 pour le parmesan[65].
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Les fromages non pasteurisés ou ensemencés contiennent des probiotiques, qui sont de plus protégés par la nature du fromage lors de leur passage dans le milieu acide de l'estomac et ont davantage de chance d'y survivre, constituant un bon apport pour le microbiote et le système immunitaire, mais moins que le yaourt et moins encore que le kéfir de lait.
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Enfin, la composition et les valeurs nutritionnelles des fromages peuvent varier énormément d'un type à l'autre, suivant le mode de fabrication (fromages de lait plus ou moins écrémé, cuisson…), la fermentation, l'affinage, ou le type de lait utilisé (les laits d'équidés étant les moins gras, et ceux de brebis et de bufflonne les plus gras (5,9% [58]). Certains fromages (fromages à la crème américains, certaines pâtes fondues françaises, ...) sont évidemment en délicatesse avec la diététique.
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Les études sur les bienfaits ou méfaits varient fortement pour cette raison, sans dégager une direction claire. ll faut cependant rappeler que ce type de polémique est surtout présent dans les sociétés d'abondance. Les fromages étaient et sont encore un aliment essentiel des sociétés pastorales et dans bien des régions d'Europe depuis le Moyen-Âge, le fromage de la chèvre représentait souvent le complément protéique indispensable d'un pain médiocre pour le paysan très pauvre. C'est une source de protéines essentielle pour les populations végétariennes d'Inde[55].
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En 2005, un texte commun de l'INRA et de l'Institut zootechnique et fromager sarde portant sur la compilation de dix années de recherche concluait que les traitements industriels (écrémage et traitements thermiques du lait par exemple) du fromage amenuisaient les différences entre produits et appelait à reprendre en considération certaines données de production telles que la race de l'animal producteur ou la biodiversité des prairies[66].
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L'authenticité et la typicité des fromages sont les principales raisons d'être des appellations d'origine[67].
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Les contaminants peuvent être d'ordre microbiologique (virus, champignons, bactéries indésirables). Les bactéries sont des Salmonella, Listeria monocytogenes, Campylobacter (thermophile), Staphylococcus aureus et Escherichia coli.
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Dans l'Union européenne, la part des fromages dévolus au commerce fait l'objet chaque année d'un Plan de surveillance obligatoire[n 6]. En 2004, la Commission européenne focalisait sa surveillance sur la qualité microbiologique des fromages au lait cru et le lait cru. Contre toute attente, le bilan fit apparaître une présence de germes ou de toxines pathogènes faible[68].
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D'autres contaminants potentiels ou fréquents (comme dans d'autres produits d'origine animale dont viandes, poissons, œufs[69]) sont certains métaux lourds[70],[71] (inhalés ou absorbés par les animaux avec leur nourriture et retrouvés dans le lait puis concentrés dans le fromage[72]), des radionucléides (après les essais nucléaires ou les retombées radioactives d'accidents nucléaires).
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On peut enfin fréquemment trouver des polluants liposolubles (certains résidus de pesticides, organochlorés…) plutôt retrouvés dans le beurre, la crème et les fromages gras. Ainsi, après des études ayant montré que le lait est souvent contaminé par des polluants organochlorés (furanes, dioxines, PCB), une nouvelle nouvelle étude ayant porté plus spécifiquement sur 7 fromages bio et 54 fromages « non-bio » a été publiée en 2012, confirmant que c'est aussi le cas pour de nombreux fromages (bio, y compris), fortement contaminés par ces produits, parfois en dépassant les limites réglementaires fixées pour ce qui concerne les (PCB) [73]. Certains de ces fromages dépassaient fortement le seuil réglementaire de 3 picogrammes d’équivalent toxique par gramme de matière grasse (pg TEQ/g), jusqu’à 76 pg TEQ/g pour les cas les plus graves. Pour les seules dioxines, selon les auteurs de l'étude, un gros consommateur de fromages bio (qui contient moins de PCB, mais plus de dioxines) peut dépasser de 25% la dose journalière admissible (DJA, actuellement de 2 pg TEQ par kg de poids corporel pour un adulte) et un enfant peut la dépasser de 130%, résultats jugés « extrêmement inquiétants » par les auteurs des analyses, alors même que le poisson était considéré comme la première source de PCB dans l’alimentation. En France, l'étude EAT2 (alimentation totale française) a confirmé que les produits laitiers et les fromages étaient une source importante de PCB, après le poisson. Pour un Français adulte moyen ; 20 % des dioxines et des PCB de type dioxine sont fournies par le beurre, 20 % par les poissons et 37 % des PCB de type non-dioxines viennent du poisson, 11 % des fromages, 11 % du beurre et 11 des produits laitiers frais[74]. Le jaune d’œuf peut aussi en contenir. Le fumage de certains fromages peut aussi être source de HAP réputés cancérigènes[75].
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Les fromages fermentés ou égouttés traditionnels ne contiennent pratiquement plus de lactose car il a été transformé en acide lactique ou éliminé[44]. Cela n'est plus forcément vrai avec les transformations où l'on réincorpore du lactosérum et procède au caillage par acidification directe (fromages de lactosérum, type mascarpone, fromages à la crème).
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Le fromage est l’un des principaux produits agricoles au niveau mondial. La production mondiale s’est passée de plus de 18 millions de tonnes en 2004 (selon la FAO) à 24 millions de tonnes en 2019[3]. C’est plus que la production annuelle cumulée de graines de café, feuilles de thé, fèves de cacao et tabac. Selon la FAO, la production de produits laitiers en 2010 a été à l'origine de 4% des émissions de gaz à effet de serre produites par l'homme dans le monde[76],[77]. Les plus grands producteurs mondiaux de fromage sont les États-Unis (pour environ 30 % du total), suivis par l’Allemagne, la France et l’Italie.
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Le slogan publicitaire « l'autre pays du fromage », qui a été utilisé pour promouvoir la production des Pays-Bas sur le marché français, désigne implicitement la France comme « le » pays du fromage[78]. Cependant, la Suisse, dans la promotion de ses propres productions, est aussi qualifiée de « pays du fromage »[79].
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Le monde compterait environ 10 000 fromages[80]. Traditionnellement, on situe le nombre de variétés produites en France entre 350 et 400, ce que traduit l'adage « un fromage par jour de l’année ». De fait, ce pays fabrique aujourd'hui plus de 1 000 fromages différents[81] et la Grande-Bretagne plus de 700[82]. Quant aux fromageries et alpages de Suisse (où la première grande laiterie pour la fabrication de fromage fut ouverte le 3 février 1815[83]), ils produisent plus de 450 variétés[79].
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Les États-Unis sont le premier pays producteur mondial de fromage. Ils occupent toutefois une place marginale dans les exportations mondiales de fromage, l’essentiel de leur production étant destiné au marché intérieur. La France est le premier exportateur mondial de fromage en valeur, tandis que l’Allemagne est le premier en quantité. Parmi les dix premiers exportateurs, seuls l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et l’Australie ont une production de fromage principalement orientée vers l’export : respectivement 95 %, 90 %, 72 % et 65 % de leur production fromagère est exportée[85]. Seulement 30 % de la production française est exportée.
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En 2019, l'Allemagne est à la fois le premier pays exportateur et importateur[3].
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La Grèce est l'un des premiers pays consommateur de fromage au monde (la feta représente les trois-quarts de cette consommation). La France est consomme 26 kg par habitant. L’emmental industriel français (utilisé principalement comme ingrédient de cuisine), et le camembert sont les deux fromages les plus consommés en France[89]. L’Italie est le troisième pays consommateur avec 22 kg par habitant. Aux États-Unis, la consommation de fromage est en croissance rapide et a presque triplé entre 1970 et 2003. La consommation s’y est élevée, en 2014, à 15 kg par habitant. Le fromage favori des Américains est d’origine italienne, la mozzarella : elle représente environ un tiers de la consommation, principalement du fait que c’est l’un des principaux ingrédients d’une autre nourriture typiquement italienne, la pizza[90].
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Les 20 plus grandes entreprises laitières mondiales par chiffre d'affaires de leurs activités laitières en 2018[91]. Le fromage n'est qu'une partie de leur activité.
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Les principaux groupes fromagers français sont :
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On compte également de nombreux groupes dans le monde, dont :
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Le fromage a très tôt fait partie des offrandes aux divinités depuis la haute antiquité. C'est le cas pour Ishtar / Inanna, déesse mésopotamienne de l'amour et de la guerre, vénérée chez les Akkadiens, Babyloniens et Assyriens, nommée aussi Astarté chez les Phéniciens ou Tanit à Carthage. Les tablettes des comptes du temples d'Uruk mentionnent ces offrandes accompagnant d'autres aliments. On retrouve ces pratiques pour Poséidon en Grèce.
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Offrandes aussi aux défunts lors des funérailles (momies du Tarim, dans le désert du Taklamaka, extrême ouest de la chine).
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Le fromage est très populaire en Suisse. Les fromages suisses les plus connus sont l'emmental et le gruyère ainsi que l'appenzeller. Les plats de fromage fondu sont également un emblème de la Suisse, la fondue et la raclette étant deux mets symboles du pays.
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Le fromage est considéré par les Français comme une part de leur patrimoine national.
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fr/2105.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,110 @@
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Les fruits à coque sont des fruits contenant généralement une seule graine oléagineuse comestible enfermée dans une coque sclérifiée à maturité. Ce n’est pas un concept théorique mais un terme défini par extension, utilisé en alimentation, nutrition et allergologie, désignant les graines de fruits à coque ayant des compositions nutritionnelles semblables, connues comme favorables à la santé d’après les données épidémiologiques, mais pouvant parfois être source d’allergie.
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Les fruits à coque les plus fréquemment cités dans les articles scientifiques sont : la noix, la noix de pécan, la pistache, la noix de cajou, l’amande, la noix de macadamia, la noix du Brésil et la noisette. Bien que la cacahuète y soit parfois assimilée, ce n'est pas un fruit à coque[1], mais une légumineuse, qui ne présente pas le même profil allergène.
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C’est un terme de la langue commune, pouvant suivant le contexte désigner le fruit tel que la plante le porte ou le fruit débarrassé de ses diverses enveloppes et de sa coque, c’est-à-dire la graine (ou amande) comestible.
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Les nombreuses données épidémiologiques (d’observation de larges populations ou d’essais cliniques d’intervention) ont toutes conclu que la consommation régulière de fruits à coque a un effet cardioprotecteur, résultant en une diminution du risque de maladie coronarienne et cardiovasculaire et les nouvelles études sur la satiété, le poids corporel et le diabète sont aussi très prometteuses[2].
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Sur le plan botanique, le terme fruit désigne l’organe végétal obtenu par maturation de l’ovaire après fécondation de la fleur (chez les Angiospermes). La paroi de l’ovaire forme le péricarpe, et les ovules à l’intérieur de l’ovaire donnent les graines.
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De la périphérie vers le centre, le péricarpe (la paroi du fruit) comprend :
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La majorité des fruits à coque sont des drupes. La noix, la noix de pécan, la noix de cajou, la noix de macadamia, l'amande et la pistache sont toutes des drupes.
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Illustrons par le cas de la pistache :
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Les fruits à écale sont des fruits à coque de type drupe.
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Dans la langue commune, on appelle « noyau » ou « noix », l’endocarpe lignifié enfermant sa graine et « écale », le mésocarpe charnu, comme l’illustre la noix commune (du noyer commun)
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Tous les termes désignant les fruits à coque peuvent suivant le contexte, désigner des objets différents. Prenons l’exemple du terme noix : il peut désigner 1) le fruit entier tel que porté par l’arbre (mes noyers portent cet été beaucoup de noix), 2) le fruit débarrassé de son écale verte et commercialisé (j’ai vendu dix tonnes de noix) ou 3) le fruit une fois débarrassé de son écale et de sa coquille, c’est-à-dire les cerneaux comestibles (je mange tous les matins deux noix). Lorsqu’on enlève d’un objet X une partie accessoire, la partie habituellement la plus « utile » ou la plus « significative » (récupérable par le contexte) peut encore être désignée par métonymie par le même terme X[n 1].
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Dans la liste des fruits à coque, en dehors des drupes, on trouve encore des akènes (la noisette), des pyxides (la noix du Brésil) et des gousses (l’arachide) (voir les explications sur ces termes dans les entrées correspondantes des fruits). Dans tous les cas, l'amande de la graine est enfermée dans une paroi sclérifiée, d'origine variable. Parfois le pignon de pin, une graine de Gymnosperme (dont les graines sont nues, non incluses dans un fruit), est étudiée avec ces fruits.
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Si l’on s’en tient à la définition de fruit à coque comme « fruits contenant généralement une graine oléagineuse comestible enfermée dans une coque sclérifiée à maturité », on pourrait ajouter à la liste[2] : les glands (des chênes), les faînes (des hêtres), les noix d’arec (du palmier à bétel, Areca catechu), les châtaignes (des Castanea ) , les noix de coco (des cocotiers, Cocos nucifera ) etc.
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Les termes anglais de « tree nuts » ou de « edible nuts seeds » des articles scientifiques de nutrition correspondent généralement à « fruits à coque ».
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Les principaux pays producteurs de fruits à coques sont la Chine et les États-Unis[n 2]. En termes de régions,
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La production la plus importante en tonnage est la noix de cajou, un fruit tropical produit majoritairement en Asie (56 % de la production mondiale en moyenne sur 1980-2017, notamment le Vietnam et l’Inde) et secondairement en Afrique (37,6 %, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin).
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La deuxième production, la noix, est dominée par la Chine et les États-Unis[3].
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Les fluctuations annuelles des récoltes peuvent être importantes, toutefois on décèle sur la décennie 2007-2016, une augmentation de la production de noix de 90 %, grâce à une progression fulgurante de la Chine qui a vu sa production multipliée par six entre 2000 et 2016.
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L’Europe qui était en tête de la production mondiale de noix (depuis les années 1960) s’est faite dépassée par l’Asie en 1987, puis par l’Amérique du Nord en 2008.
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La seconde croissance importante est celle de la pistache : sur la même décennie 2007-2016, la production de pistaches a augmenté de 55 %. Entre 1980 et 2017, la production mondiale a été multipliée par 15, celle de l’Iran par 25 et celle des États-Unis par 22, si bien que l’Iran reste le premier producteur mondial, suivi par les États-Unis.
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La noix du Brésil récoltée sur des arbres sauvages en pleine forêt, connait des fluctuations saisonnières importantes mais le phénomène majeur fut l’effondrement de la production de noix du Brésil dans l’Amazonie brésilienne suite à la déforestation de la région entre 1970 et 2003. Pendant ce temps, les forêts des régions du bassin amazonien se trouvant en Bolivie et Pérou, furent préservées et l’extraction de noix se développa régulièrement pour finalement dépasser leur grand voisin brésilien.
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Les tables ci-dessous rassemblent les données de la base Ciqual[4] de l’anses de 9 fruits à coque et des pignons de pin[n 3] fréquemment consommées en Europe. Toutes ces données sont disponibles et commentées dans les articles de Wikipedia traitant de ces aliments.
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Les fruits à coque offrent tous une riche source de lipides allant de 47,4 g/100g pour la pistache à 72,6 g/100g pour la noix de pécan et 72,9 g/100g pour la noix de macadamia. La composition en acides gras est très dépendante du génotype (cultivar), des conditions de culture ou du traitement de séchage et grillage des fruits. Les grandeurs données par la table Ciqual sont des moyennes représentatives de ce que les consommateurs français trouvent sur le marché[5].
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Tous les fruits à coque ont un taux d’acides gras saturés relativement faible, sauf la noix du Brésil (16,2 g/100g). Les acides gras saturés à longue chaîne (acide laurique C12:0, acide myristique C14:0, acide palmitique C18:0) pris en excès peuvent provoquer un excès de cholestérol sanguin (hypercholestérolémiants) et présentent des effets athérogènes thrombogènes (qui provoque une thrombose), ils augmentent donc le risque de maladies cardiovasculaires[6]. Mais ces mêmes acides gras sont des composants majeurs de la gaine de myéline au niveau du système nerveux cérébral. Ils ne faut donc pas les diaboliser car ils ont un rôle à jouer dans l’équilibre alimentaire. Il faut seulement veiller à ce que les apports d’acides gras saturés totaux ne dépassent pas 12 % de l’apport énergétique total quotidien[6].
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Nous donnons les compositions des fruits à coque d’après la base de données Ciqual, classés par ordre d’activité antioxydante décroissante[7] :
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Les fruits à coque se caractérisent par une forte teneur en acides gras insaturés (AGI), allant de 35,75 g/100g pour la noix de cajou à 63,7 g/100g pour la noix de pécan.
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Deux classes de AGI sont distingués
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Les fruits à coque les plus riches en AGPI (poly-insaturés) sont la noix (43,6 g/100g) puis le pignon (33 g/100g) et la noix du Brésil et la noix de pécan. Pour profiter pleinement des bienfaits des poly-insaturés, il faut tenir compte de leur teneur relative. En effet l’acide linoléique (ω6) et l’acide alpha-linolénique (ω3) sont utilisés par notre organisme pour synthétiser l’EPA ou acide éicosapentaénoïque (C20:5 ω-3) puis le DHA acide docosahexaénoïque (22:6 ω-3). Les acides gras sont en compétition dans cette cascade métabolique, le rapport oméga6/oméga3 est déterminant pour cette compétition : il doit être de l’ordre de 4 à 5[10]. Les oméga-6 ne devraient pas dépasser 4 à 5 fois les oméga-3[6] (ω6 < 5.ω3) car notre alimentation est généralement trop riche en ω6.
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Les cerneaux de noix, non seulement sont les plus riches en AG poly-insaturés mais en plus ils sont les seuls fruits à coque à avoir le rapport ω6/ω3 < 5. L’alimentation actuelle a tendance à trop favoriser les oméga-6. Avec le développement de l’élevage intensif, les animaux sont nourris avec des tourteaux de soja, tournesol et de maïs, tous très riches en oméga-6. Nous consommons actuellement trop d’ω6 et pas assez d’ω3.
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Rappelons que les eicosanoïdes (AG en C20) de la famille des ω3 ont des propriétés anti-inflammatoires, qu’ils limitent l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction et qu’à l’inverse, les eicosanoïdes de la famille des ω6 sont pro-inflammatoires, favorisent la coagulation et la vasoconstriction[6].
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Les fruits à coque sont riches en certaines vitamines B et pour la majorité en vitamine E.
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Les apports journaliers recommandés (AJR) étant des valeurs-repères utilisées en tant que référence pour l'étiquetage des produits alimentaires, ne fournissent qu’une indication très grossière des apports journaliers nécessaires car ils ne tiennent pas compte de l’âge ni du sexe. Dans la table de données tirée de Ciqual, nous avons mis en gras les valeurs supérieures à 20 % de l’AJR.
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Rappelons que les valeurs moyennes données devraient être encadrées par les valeurs minimum et maximum. Car ces grandeurs dépendent parfois énormément du cultivar de la plante et de la méthode d’élaboration après la récolte (séchage, grillage, salage).
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Parmi les vitamines liposolubles (vitamine A, D, E, K1), la vitamine A est très peu disponible dans les fruits à coque (sauf pour la pistache). Par contre, la vitamine E est abondamment fournie par l’amande, le pignon, la noisette et la noix du Brésil. Elle se retrouve dans les huiles tirées de ces fruits à coque.
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En ce qui concerne la contribution des aliments à l’apport de vitamine E pour la population française, l’afssa[11] (anses) rapporte que ce sont les huiles végétales et leurs dérivés qui sont à la fois les aliments les plus riches en vitamine E par unité de poids et la principale source alimentaire de vitamine E (50−70 %).
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Parmi les vitamines hydrosolubles (les vitamines B et C), la vitamine B1 (thiamine) et la vitamine B9 (folate) sont abondantes dans presque tous les fruits à coque. Par contre tous les fruits à coque sont très pauvres en vitamine C (on la trouve dans le cassis, les poivrons, kiwis).
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Ces vitamines étant hydrosolubles ne se retrouvent pas dans les huiles extraites des fruits à coque.
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Les fruits à coque sont riches en magnésium Mg, manganèse Mn, phosphore P, potassium K et zinc Zn ; ils dépassent tous les 20 % de l’AJR pour ces minéraux. Les noix du Brésil et les amandes sont les plus riches en magnésium. Les noix de pécan sont très riches en manganèse. La noix du Brésil est aussi particulièrement riche en sélénium (0,103 mg/100g), un oligo-élément abondant dans les poissons et les viandes.
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Les composés phytochimiques sont des composés bioactifs non nutritifs, comme les flavonoïdes, phytostérols, polyphénols etc., qui ont été reliés à une diminution des risques de maladies chroniques.
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Deux grandes bases de données, USDA[12] et Phenol-Explorer[13],[14], répertorient les mesures des composés phytochimiques dans les aliments.
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On trouve ainsi que les fruits à coque ayant le contenu le plus élevé en[15] :
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Nous nous appuierons cependant sur l’étude de Yang et al.[7] (Cornell Univ.) qui ont procédé à une extraction par solvant des composés phytochimiques libres et liés[n 5], pour évaluer le contenu phénolique de 10 fruits à coque et de la cacahuète. Ils ont établi par la méthode colorimétrique de Folin-Ciocalteu que la noix commune possédait le contenu phénolique largement le plus grand (1 580 mg/100g), avec la noix de pécan (1 464 mg/100 g), suivis par la pistache, la noix de cajou, la noisette (315 mg/100 g) et l’amande (213 mg/100 g). Ils ont utilisé une méthode colorimétrique pour mesurer le contenu en flavonoïde total et la capacité totale de piégeage par oxydation radicalaire pour déterminer l’activité antioxydante totale (en équivalent de vitamine C par gramme). Nous donnons leurs résultats classés par ordre d’activité antioxydante décroissante.
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Trois fruits à coque à grande activité antioxydante se détachent en tête, ainsi que la cacahuète :
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Les autres fruits à coque ont des activités bien plus faibles, sans grande différence statistique significative. Il est établi que les teneurs en phénols solubles et en flavonoïdes sont corrélées positivement avec l'activité antioxydante totale. Nous donnons, ci-contre, le diagramme à barres de l’activité antioxydante des fruits à coque de Yang et al.[7] très clair.
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Tous ces paramètres sont dépendants du cultivar de la plante, de la méthode de culture, des conditions de stockage et de traitement (séchage, grillage).Il a été établi que les amandes des fruits à coque débarrassées de leur tégument ont une activité antioxydante considérablement plus faible qu’avec leur pellicule (Blomhoff et als[16], 2006). La mesure de l’activité antioxydante a été faite par la capacité de réduction ferrique du plasma (FRAP, ferric reducing ability of plasma).
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Cette méthode d’analyse de Blomhoff et al. (différente de celle de Yang et al.), établit aussi une suprématie de la noix commune, surtout si celle-ci possèdent encore sa pellicule (le tégument). Une fois débarrassée de sa pellicule, la noix ne garde que 5 % de son activité antioxydante, la noix de pécan 10 %, la cacahuète 29 % et l’amande 27 %. L’étude retrouve le même quarteron gagnant avec la même hiérarchie que celle de Yang et al.
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puis viennent noisette, amande, noix de cajou, pignon, dans un ordre certes différent de Yang et als, mais concernant précisément le groupe n’ayant pas de différences statistiques significatives pour Yang et al.
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L’équipe de Yang et al. s’est aussi intéressé aux activités antiprolifératives des 10 extraits solubles libres de fruits à coque envers la croissance des cellules hépatiques humaines HepG2 et des cellules cancéreuses du côlon humain Caco-2 in vitro. La prolifération de ces cellules HepG2 et Caco-2 a été significativement inhibée en fonction de la dose après exposition aux extraits, les noix et les pacanes présentant la plus forte activité antiproliférative[7].
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L’Étude Nutritionnelle de Jérusalem (Berry et al.[17], 1991) menée auprès de 26 étudiants, a étudié les effets des régimes riches en d’acides gras mono-insaturés (AGMI) versus en acides gras poly-insaturés (AGPI) durant deux périodes de 12 semaines[n 6]. Chaque régime était conçu pour fournir 33,5 % de lipides, 15,5 % de protéines et 51 % de glucides ainsi que 300 mg de cholestérol. Le cholestérol sanguin total diminua de 10 % pour le régime AGMI et de 16 % pour le régime AGPI (comparée aux valeurs de base). Le LDL cholestérol (dit « mauvais »[n 7]) diminua de 14 % pour les AGMI et de 21 % pour les AGPI. Par contre, ces régimes n’eurent aucun effet significatif sur le HDL-cholestérol (dit « bon »).
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En Australie, une étude semblable[18] consista à remplacer dans un régime référence[n 8] la moitié des lipides par des amandes (riches en AGMI) ou des noix (riches en AGPI) durant 3 semaines. Comparé au régime de référence dont les lipides étaient apportés principalement par la noix de coco (riche en acides gras saturés), le régime avec amandes fit diminuer la concentration en cholestérol total de 7 % et en LDL cholestérol de 10 % et le régime avec noix fit diminuer le cholestérol total de 5 % et le LDL cholestérol de 9 %. Ces régimes n’eurent pas d’effets significatifs sur le HDL.
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Les données épidémiologiques montrent que la consommation régulière de fruits à coque a un effet cardioprotecteur parce qu’elle contribue à abaisser le cholestérol total et le cholestérol LDL[19]. L’amélioration de ces facteurs de risque des maladies cardiovasculaires est due aux fortes teneurs en acides gras insaturés et en fibres alimentaires des fruits à coque.
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Une étude prospective menée sur une large cohorte de 86 016 infirmières durant 14 ans (Nurses’ Health Study), a trouvé que celles qui consommaient au moins 5 fois des fruits à coque par semaine avaient une diminution du risque de maladie coronarienne fatale de 39 % et d’infarctus du myocarde non fatal de 32 %[20].
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En combinant quatre études prospectives semblables[n 9], Kelly et Sabaté[20] (2006) ont trouvé une diminution du risque de maladie coronarienne de 37 % pour ceux qui consomment des fruits à coque plus de quatre fois par semaine, comparée à ceux qui en mangent rarement ou jamais.
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Une méta-analyse de Aune et al.[21] (2016) comprenant 20 études prospectives a trouvé une diminution du risque relatif pour 28 g/jour en plus de fruits à coque, de 29 % pour les maladies coronariennes, de 21 % pour les maladies cardiovasculaires, de 15 % pour tous les cancers, de 22 % pour toutes les causes de mortalité. En plus, il a été trouvé une réduction du risque relatif 52 % pour les maladies respiratoires, de 39 % pour le diabète, et de 75 % pour la mortalité par maladies infectieuses.
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Les fruits à coque sont des aliments très énergétiques car riches en lipides. On pourrait s’attendre à ce que leur consommation en plus grande quantité sans ajustement de l’équilibre énergétique (diminution de l’apport énergétique par réduction de certains aliments ou grâce à des exercices physiques) puisse conduire à une prise de poids[n 10].
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Aucune étude épidémiologique n’a appuyé la crainte que les fruits à coque puissent causer une prise de poids. Au contraire, les études épidémiologiques portant sur de grandes cohortes qui ont rapporté la diminution des risques cardiovasculaires avec la consommation fréquente de fruits à coque, ont toutes trouvé une relation inverse ou nulle, entre la prise de fruits à coque et l’indice de masse corporelle IMC[22].
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Sabaté et al.[23] (2005) ont cherché à voir si une consommation quotidienne de noix (représentant 12 % de l’apport énergétique) pendant 6 mois modifierait le poids corporel. Dans cet essai randomisé contrôlé croisé auprès de 90 personnes, il était demandé aux sujets de manger une quantité de noix précise (de 28 à 56 g selon leur apport énergétique quotidien) durant le régime ‘Noix’ (comportant un supplément de noix) et de ne pas en manger durant le régime ‘Témoin’. Les participants ne savaient pas que l’étude portait sur le contrôle du poids. On leur demandait de ne pas changer leur activité physique et de ne pas chercher à perdre du poids durant l’étude. Durant le régime ‘Noix’ les sujets avaient un apport énergétique plus élevé que durant le régime ‘Témoin’ (1 952 kcal versus 1 819 kgcal soit 133 kgcal de plus). Ce supplément d’énergie 133 kgcal est cependant moindre que l’apport d’énergie des noix (231 kcal), ce qui suggère une substitution partielle avec d’autres aliments. Néanmoins, l’apport énergétique de 133 kgcal en plus, durant le régime ‘Noix’ aurait dû conduire à un gain de poids de 3,1 kg en 6 mois.
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Pour tous les participants, la prise de noix a conduit à une prise de poids de 0,4 kg (et de l’indice de masse corporel de 0,2 kg/m2). Mais, après ajustement pour tenir compte des différences d’énergie entre les régimes ‘Témoins’ et ‘Noix’, aucune différence n’a été observée dans le poids corporel.
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Pour expliquer le gain de poids plus faible que prévu, plusieurs mécanismes peuvent être invoqué, tels que l'augmentation du niveau de satiété, de la dépense énergétique au repos (la thermogenèse induite par l’alimentation), les effets anti-obésité de la mélatonine et des phénols et les changements du microbiome intestinal[24].
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fr/2106.html.txt
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@@ -0,0 +1,75 @@
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Dans le langage courant et en cuisine, un fruit est un aliment végétal, à la saveur sucrée, généralement consommé cru.
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Le terme « fruit » provient du latin fructus qui a, dès l'époque latine, les différents sens que l'on lui connaît aujourd’hui. C'était le participe passé de fruor[1].
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Alors que « fruit » a une double acception selon que l'on se place dans le cadre de la cuisine ou de la botanique, « légume » est un terme strictement culinaire.
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Au plan botanique, un fruit, de type charnu ou non, est la structure issue de l'évolution arrivée à maturité de l'ovaire, dont le rôle est de protéger et d'assurer la diffusion des graines. De nombreux fruits botaniques ne sont pas comestibles et peuvent même être toxiques.
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Au sens culinaire, le terme « fruit » désigne des fruits charnus, mais parfois aussi d'autres parties de plantes, qui sont à la fois comestibles, de goût agréable, que l'on peut généralement consommer crus et qui conviennent à la préparation de plats sucrés et de desserts comme les fraises et les ananas ou encore la rhubarbe.
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A contrario, nombre de fruits botaniques comestibles, tels que la tomate, l'aubergine ou le poivron, se préparent sans sucre et entrent habituellement dans la confection de recettes salées. Ils sont donc considérés comme des légumes, ou plus précisément comme des légumes-fruits.
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Ainsi, une partie de plante peut tout à fait être désignée comme fruit dans un contexte scientifique, même si elle se prépare en cuisine comme un légume.
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Dans certains cas, la distinction entre fruit et légume devient délicate, certains fruits pouvant être consommés comme légumes, le melon par exemple, fruit couramment consommé en entrée, ou certains fruits cuisinés en accompagnement de plats de viande, comme l'orange pour le canard à l'orange, et inversement certains légumes, parfois naturellement sucrés, peuvent s'accommoder en dessert, comme la patate douce par exemple.
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La question de savoir si la tomate est un fruit ou un légume a été portée en 1893 devant la Cour suprême des États-Unis avec l'affaire Nix v. Hedden. La Cour décida à l'unanimité que, dans le cadre de la loi de 1883 sur les droits de douane applicables aux produits importés, la tomate devait être assimilée à un légume et taxée comme tel. La Cour reconnut toutefois le caractère de fruit botanique de la tomate.
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Par ailleurs, la Commission européenne a décidé de considérer certains légumes comme des fruits, la tomate, la carotte et la patate douce notamment, lorsqu'ils entrent dans la composition de confitures, carotte et patate douce n'étant en rien des fruits botaniques. Il s'agit en réalité de se conformer à la Directive 2001/113/CE du 20 décembre 2001[2], qui définit la confiture comme un mélange à base de sucre et de fruit, mais qui se veut de préserver certaines traditions locales de production de confitures à base de légumes. C'est notamment le cas de la doce de cenoura, confiture de carottes produite au Portugal.
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En France, le décret n° 85-872 du 14 août 1985, portant application de la loi du 1er août 1905 sur les fraudes et falsifications en matière de produits ou de services, assimile aux fruits botaniques, autorisés pour la fabrication de confitures, les tomates, les parties comestibles des bâtons de rhubarbe, les carottes, les citrouilles, les concombres, les melons, les pastèques et les patates douces[3].
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Les fruits frais étaient autrefois usuellement conservés plusieurs mois dans un cellier, une cave ou un grenier (parfois sur un lit de mousse végétale).
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Les fruits (dénoyautés ou non) pouvaient aussi être séchés (abricots, pruneaux, etc.), transformés en confiture, fruit confit, ou en pâte de fruits, ou encore conservés dans du vinaigre (olives, poires au vinaigre…), une huile végétale ou une saumure (olives).
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Au XIXe siècle la stérilisation et conservation en bocaux de verre s'est également fortement développée.
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De nos jours des cires et pesticides sont aussi abondamment utilisés pour augmenter la conservation des fruits. Ces derniers sont aussi conservés en chambre froide ou sous atmosphère contrôlée et parfois congelés ou déshydratés (pour être par exemple intégrés dans le Muesli ou des aliments préparés de type barres de céréales et fruits).
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Dans la cuisine occidentale, un fruit, au sens large, est un aliment végétal sucré et est considéré essentiel à l'alimentation en apportant certaines vitamines et des fibres. On y distingue généralement:
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En Europe ou en Amérique du Nord, on appelle également fruits exotiques les fruits de certaines des plantes qui ont été apportées ou acclimatées à la suite des Grandes découvertes : ananas, banane, kiwi, mangue, etc.
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Le concept culinaire de fruit recouvre en grande partie le concept botanique, mais de nombreux fruits botaniques sont considérés en cuisine comme des légumes (aubergine, concombre, haricot, maïs, tomate, olive, avocat…), d'autres encore comme des épices (noix de muscade, poivre, vanille, piment…). Avec les grains des graminées (blé, riz), qui sont d'ailleurs un type de fruit particulier, le caryopse, ils forment une partie essentielle de l'alimentation[4].
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A contrario, certains fruits au sens culinaire sont en botanique des faux-fruits, qui résultent de l'évolution non de l'ovaire mais d'autres organes, notamment du réceptacle floral : fraise, figue, ananas, pomme, etc.
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La salade de fruits (de l'italien insalata di frutta ou macedonia) est appréciée par sa haute teneur en vitamine C.
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Au même titre que les légumes, les fruits sont bénéfiques pour la santé. La consommation d'« au moins cinq fruits et légumes par jour » est recommandée par le Programme national nutrition santé.
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Les fruits évitent le surpoids. Avec une moyenne de 50 kcal pour 100 g, les fruits sont peu caloriques tout en étant rassasiants, grâce aux fibres alimentaires qu'ils contiennent[5], par exemple les pommes. Ils constituent aussi une mine de vitamines et de sels minéraux. Ils tiennent une place de choix dans tous les menus équilibrés afin de lutter contre la surcharge pondérale et l'obésité.
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Les fruits, comme les légumes, protègent contre de nombreuses maladies, notamment diabète, maladies cardiovasculaires et cancers. En particulier, les apports en antioxydants des fruits renforcent les défenses immunitaires[6].
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Les fruits protègent le cœur et les vaisseaux sanguins[7]. Grâce à leur richesse en antioxydants et en fibres alimentaires, les fruits, comme les légumes, préviennent l'oxydation du cholestérol afin d'empêcher l'apparition de maladies cardio-vasculaires, premières causes de mortalité dans de nombreux pays développés. Selon l'étude scientifique internationale Interheart publiée le 20 octobre 2008, les personnes ayant une alimentation riche en fruits (et en légumes) « ont 30 % de risque en moins de subir une crise cardiaque que celles en consommant pas ou peu. »[8].
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Les fruits, comme les légumes, entrent dans les régimes des diabétiques pour leurs glucides lents et leurs fibres qui favorisent le contrôle de la glycémie. Le diabète de type gras est l'une des complications de l'obésité, et le nombre de cas a été multiplié par six en quinze ans dans les pays développés. Tous les fruits ne sont cependant pas équivalents : les myrtilles, le raisin, les prunes seraient protecteurs mais pas le melon, les fraises ou les jus de fruit[9],[10].
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Les fruits ont un effet protecteur contre le cancer en général[11],[12], mais surtout contre les cancers des voies aérodigestives supérieures, de l'estomac, du poumon, du côlon et du rectum.
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Depuis trente ans, 350 études menées dans le monde ont porté sur la relation entre la consommation de fruits et de légumes et le risque de cancer[13]. Manger au moins cinq fruits ou légumes différents par jour permet de diminuer de 50 % les risques de cancer[14], ceci grâce à l'ensemble des composants protecteurs qu'ils contiennent et qui agissent en synergie : fibres alimentaires, vitamines, sels minéraux, polyphénols et autres micro-nutriments.
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Les fruits fortifient les os, car ils constituent une source non négligeable de calcium, inférieure cependant aux produits laitiers, mais leurs antioxydants (phytoœstrogènes et potassium) permettent à l'organisme de lutter contre la déminéralisation osseuse et donc contre l'ostéoporose[15].
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Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)[16], la production mondiale de fruits est de 465 millions de tonnes en 2003 soit une augmentation d'environ 30 % en 10 ans.
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Chiffres de l'année 2000[17]
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À titre de comparaison, 692 millions de tonnes de légumes ont été produites la même année.
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42 % de la production mondiale de fruits provient d'Asie contre 14 % d'Europe, 13 % d'Amérique du Sud, 12,5 % d'Amérique du Nord, 12,5 % d'Afrique et 6 % d'Océanie[19].
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Moyenne mondiale - 61,6
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Parmi les fruits à croquer, les agrumes sont les plus consommés au monde devant les bananes et les pommes[21].
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(d'après les données SCEES 2012)
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Un système d’identification des fruits et légumes a été défini pour faciliter la vente au détail : le PLU ou Price-Look Up (code d’appel prix).
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En France, les trois-quarts des fruits consommés contiennent des pesticides[23].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2107.html.txt
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@@ -0,0 +1,110 @@
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Les fruits à coque sont des fruits contenant généralement une seule graine oléagineuse comestible enfermée dans une coque sclérifiée à maturité. Ce n’est pas un concept théorique mais un terme défini par extension, utilisé en alimentation, nutrition et allergologie, désignant les graines de fruits à coque ayant des compositions nutritionnelles semblables, connues comme favorables à la santé d’après les données épidémiologiques, mais pouvant parfois être source d’allergie.
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Les fruits à coque les plus fréquemment cités dans les articles scientifiques sont : la noix, la noix de pécan, la pistache, la noix de cajou, l’amande, la noix de macadamia, la noix du Brésil et la noisette. Bien que la cacahuète y soit parfois assimilée, ce n'est pas un fruit à coque[1], mais une légumineuse, qui ne présente pas le même profil allergène.
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C’est un terme de la langue commune, pouvant suivant le contexte désigner le fruit tel que la plante le porte ou le fruit débarrassé de ses diverses enveloppes et de sa coque, c’est-à-dire la graine (ou amande) comestible.
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Les nombreuses données épidémiologiques (d’observation de larges populations ou d’essais cliniques d’intervention) ont toutes conclu que la consommation régulière de fruits à coque a un effet cardioprotecteur, résultant en une diminution du risque de maladie coronarienne et cardiovasculaire et les nouvelles études sur la satiété, le poids corporel et le diabète sont aussi très prometteuses[2].
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Sur le plan botanique, le terme fruit désigne l’organe végétal obtenu par maturation de l’ovaire après fécondation de la fleur (chez les Angiospermes). La paroi de l’ovaire forme le péricarpe, et les ovules à l’intérieur de l’ovaire donnent les graines.
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De la périphérie vers le centre, le péricarpe (la paroi du fruit) comprend :
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La majorité des fruits à coque sont des drupes. La noix, la noix de pécan, la noix de cajou, la noix de macadamia, l'amande et la pistache sont toutes des drupes.
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Illustrons par le cas de la pistache :
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Les fruits à écale sont des fruits à coque de type drupe.
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Dans la langue commune, on appelle « noyau » ou « noix », l’endocarpe lignifié enfermant sa graine et « écale », le mésocarpe charnu, comme l’illustre la noix commune (du noyer commun)
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Tous les termes désignant les fruits à coque peuvent suivant le contexte, désigner des objets différents. Prenons l’exemple du terme noix : il peut désigner 1) le fruit entier tel que porté par l’arbre (mes noyers portent cet été beaucoup de noix), 2) le fruit débarrassé de son écale verte et commercialisé (j’ai vendu dix tonnes de noix) ou 3) le fruit une fois débarrassé de son écale et de sa coquille, c’est-à-dire les cerneaux comestibles (je mange tous les matins deux noix). Lorsqu’on enlève d’un objet X une partie accessoire, la partie habituellement la plus « utile » ou la plus « significative » (récupérable par le contexte) peut encore être désignée par métonymie par le même terme X[n 1].
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Dans la liste des fruits à coque, en dehors des drupes, on trouve encore des akènes (la noisette), des pyxides (la noix du Brésil) et des gousses (l’arachide) (voir les explications sur ces termes dans les entrées correspondantes des fruits). Dans tous les cas, l'amande de la graine est enfermée dans une paroi sclérifiée, d'origine variable. Parfois le pignon de pin, une graine de Gymnosperme (dont les graines sont nues, non incluses dans un fruit), est étudiée avec ces fruits.
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Si l’on s’en tient à la définition de fruit à coque comme « fruits contenant généralement une graine oléagineuse comestible enfermée dans une coque sclérifiée à maturité », on pourrait ajouter à la liste[2] : les glands (des chênes), les faînes (des hêtres), les noix d’arec (du palmier à bétel, Areca catechu), les châtaignes (des Castanea ) , les noix de coco (des cocotiers, Cocos nucifera ) etc.
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Les termes anglais de « tree nuts » ou de « edible nuts seeds » des articles scientifiques de nutrition correspondent généralement à « fruits à coque ».
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Les principaux pays producteurs de fruits à coques sont la Chine et les États-Unis[n 2]. En termes de régions,
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La production la plus importante en tonnage est la noix de cajou, un fruit tropical produit majoritairement en Asie (56 % de la production mondiale en moyenne sur 1980-2017, notamment le Vietnam et l’Inde) et secondairement en Afrique (37,6 %, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin).
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La deuxième production, la noix, est dominée par la Chine et les États-Unis[3].
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Les fluctuations annuelles des récoltes peuvent être importantes, toutefois on décèle sur la décennie 2007-2016, une augmentation de la production de noix de 90 %, grâce à une progression fulgurante de la Chine qui a vu sa production multipliée par six entre 2000 et 2016.
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L’Europe qui était en tête de la production mondiale de noix (depuis les années 1960) s’est faite dépassée par l’Asie en 1987, puis par l’Amérique du Nord en 2008.
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La seconde croissance importante est celle de la pistache : sur la même décennie 2007-2016, la production de pistaches a augmenté de 55 %. Entre 1980 et 2017, la production mondiale a été multipliée par 15, celle de l’Iran par 25 et celle des États-Unis par 22, si bien que l’Iran reste le premier producteur mondial, suivi par les États-Unis.
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La noix du Brésil récoltée sur des arbres sauvages en pleine forêt, connait des fluctuations saisonnières importantes mais le phénomène majeur fut l’effondrement de la production de noix du Brésil dans l’Amazonie brésilienne suite à la déforestation de la région entre 1970 et 2003. Pendant ce temps, les forêts des régions du bassin amazonien se trouvant en Bolivie et Pérou, furent préservées et l’extraction de noix se développa régulièrement pour finalement dépasser leur grand voisin brésilien.
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Les tables ci-dessous rassemblent les données de la base Ciqual[4] de l’anses de 9 fruits à coque et des pignons de pin[n 3] fréquemment consommées en Europe. Toutes ces données sont disponibles et commentées dans les articles de Wikipedia traitant de ces aliments.
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Les fruits à coque offrent tous une riche source de lipides allant de 47,4 g/100g pour la pistache à 72,6 g/100g pour la noix de pécan et 72,9 g/100g pour la noix de macadamia. La composition en acides gras est très dépendante du génotype (cultivar), des conditions de culture ou du traitement de séchage et grillage des fruits. Les grandeurs données par la table Ciqual sont des moyennes représentatives de ce que les consommateurs français trouvent sur le marché[5].
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Tous les fruits à coque ont un taux d’acides gras saturés relativement faible, sauf la noix du Brésil (16,2 g/100g). Les acides gras saturés à longue chaîne (acide laurique C12:0, acide myristique C14:0, acide palmitique C18:0) pris en excès peuvent provoquer un excès de cholestérol sanguin (hypercholestérolémiants) et présentent des effets athérogènes thrombogènes (qui provoque une thrombose), ils augmentent donc le risque de maladies cardiovasculaires[6]. Mais ces mêmes acides gras sont des composants majeurs de la gaine de myéline au niveau du système nerveux cérébral. Ils ne faut donc pas les diaboliser car ils ont un rôle à jouer dans l’équilibre alimentaire. Il faut seulement veiller à ce que les apports d’acides gras saturés totaux ne dépassent pas 12 % de l’apport énergétique total quotidien[6].
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Nous donnons les compositions des fruits à coque d’après la base de données Ciqual, classés par ordre d’activité antioxydante décroissante[7] :
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Les fruits à coque se caractérisent par une forte teneur en acides gras insaturés (AGI), allant de 35,75 g/100g pour la noix de cajou à 63,7 g/100g pour la noix de pécan.
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Deux classes de AGI sont distingués
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Les fruits à coque les plus riches en AGPI (poly-insaturés) sont la noix (43,6 g/100g) puis le pignon (33 g/100g) et la noix du Brésil et la noix de pécan. Pour profiter pleinement des bienfaits des poly-insaturés, il faut tenir compte de leur teneur relative. En effet l’acide linoléique (ω6) et l’acide alpha-linolénique (ω3) sont utilisés par notre organisme pour synthétiser l’EPA ou acide éicosapentaénoïque (C20:5 ω-3) puis le DHA acide docosahexaénoïque (22:6 ω-3). Les acides gras sont en compétition dans cette cascade métabolique, le rapport oméga6/oméga3 est déterminant pour cette compétition : il doit être de l’ordre de 4 à 5[10]. Les oméga-6 ne devraient pas dépasser 4 à 5 fois les oméga-3[6] (ω6 < 5.ω3) car notre alimentation est généralement trop riche en ω6.
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Les cerneaux de noix, non seulement sont les plus riches en AG poly-insaturés mais en plus ils sont les seuls fruits à coque à avoir le rapport ω6/ω3 < 5. L’alimentation actuelle a tendance à trop favoriser les oméga-6. Avec le développement de l’élevage intensif, les animaux sont nourris avec des tourteaux de soja, tournesol et de maïs, tous très riches en oméga-6. Nous consommons actuellement trop d’ω6 et pas assez d’ω3.
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Rappelons que les eicosanoïdes (AG en C20) de la famille des ω3 ont des propriétés anti-inflammatoires, qu’ils limitent l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction et qu’à l’inverse, les eicosanoïdes de la famille des ω6 sont pro-inflammatoires, favorisent la coagulation et la vasoconstriction[6].
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Les fruits à coque sont riches en certaines vitamines B et pour la majorité en vitamine E.
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Les apports journaliers recommandés (AJR) étant des valeurs-repères utilisées en tant que référence pour l'étiquetage des produits alimentaires, ne fournissent qu’une indication très grossière des apports journaliers nécessaires car ils ne tiennent pas compte de l’âge ni du sexe. Dans la table de données tirée de Ciqual, nous avons mis en gras les valeurs supérieures à 20 % de l’AJR.
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Rappelons que les valeurs moyennes données devraient être encadrées par les valeurs minimum et maximum. Car ces grandeurs dépendent parfois énormément du cultivar de la plante et de la méthode d’élaboration après la récolte (séchage, grillage, salage).
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Parmi les vitamines liposolubles (vitamine A, D, E, K1), la vitamine A est très peu disponible dans les fruits à coque (sauf pour la pistache). Par contre, la vitamine E est abondamment fournie par l’amande, le pignon, la noisette et la noix du Brésil. Elle se retrouve dans les huiles tirées de ces fruits à coque.
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En ce qui concerne la contribution des aliments à l’apport de vitamine E pour la population française, l’afssa[11] (anses) rapporte que ce sont les huiles végétales et leurs dérivés qui sont à la fois les aliments les plus riches en vitamine E par unité de poids et la principale source alimentaire de vitamine E (50−70 %).
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Parmi les vitamines hydrosolubles (les vitamines B et C), la vitamine B1 (thiamine) et la vitamine B9 (folate) sont abondantes dans presque tous les fruits à coque. Par contre tous les fruits à coque sont très pauvres en vitamine C (on la trouve dans le cassis, les poivrons, kiwis).
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Ces vitamines étant hydrosolubles ne se retrouvent pas dans les huiles extraites des fruits à coque.
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Les fruits à coque sont riches en magnésium Mg, manganèse Mn, phosphore P, potassium K et zinc Zn ; ils dépassent tous les 20 % de l’AJR pour ces minéraux. Les noix du Brésil et les amandes sont les plus riches en magnésium. Les noix de pécan sont très riches en manganèse. La noix du Brésil est aussi particulièrement riche en sélénium (0,103 mg/100g), un oligo-élément abondant dans les poissons et les viandes.
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Les composés phytochimiques sont des composés bioactifs non nutritifs, comme les flavonoïdes, phytostérols, polyphénols etc., qui ont été reliés à une diminution des risques de maladies chroniques.
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Deux grandes bases de données, USDA[12] et Phenol-Explorer[13],[14], répertorient les mesures des composés phytochimiques dans les aliments.
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On trouve ainsi que les fruits à coque ayant le contenu le plus élevé en[15] :
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Nous nous appuierons cependant sur l’étude de Yang et al.[7] (Cornell Univ.) qui ont procédé à une extraction par solvant des composés phytochimiques libres et liés[n 5], pour évaluer le contenu phénolique de 10 fruits à coque et de la cacahuète. Ils ont établi par la méthode colorimétrique de Folin-Ciocalteu que la noix commune possédait le contenu phénolique largement le plus grand (1 580 mg/100g), avec la noix de pécan (1 464 mg/100 g), suivis par la pistache, la noix de cajou, la noisette (315 mg/100 g) et l’amande (213 mg/100 g). Ils ont utilisé une méthode colorimétrique pour mesurer le contenu en flavonoïde total et la capacité totale de piégeage par oxydation radicalaire pour déterminer l’activité antioxydante totale (en équivalent de vitamine C par gramme). Nous donnons leurs résultats classés par ordre d’activité antioxydante décroissante.
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Trois fruits à coque à grande activité antioxydante se détachent en tête, ainsi que la cacahuète :
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Les autres fruits à coque ont des activités bien plus faibles, sans grande différence statistique significative. Il est établi que les teneurs en phénols solubles et en flavonoïdes sont corrélées positivement avec l'activité antioxydante totale. Nous donnons, ci-contre, le diagramme à barres de l’activité antioxydante des fruits à coque de Yang et al.[7] très clair.
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Tous ces paramètres sont dépendants du cultivar de la plante, de la méthode de culture, des conditions de stockage et de traitement (séchage, grillage).Il a été établi que les amandes des fruits à coque débarrassées de leur tégument ont une activité antioxydante considérablement plus faible qu’avec leur pellicule (Blomhoff et als[16], 2006). La mesure de l’activité antioxydante a été faite par la capacité de réduction ferrique du plasma (FRAP, ferric reducing ability of plasma).
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Cette méthode d’analyse de Blomhoff et al. (différente de celle de Yang et al.), établit aussi une suprématie de la noix commune, surtout si celle-ci possèdent encore sa pellicule (le tégument). Une fois débarrassée de sa pellicule, la noix ne garde que 5 % de son activité antioxydante, la noix de pécan 10 %, la cacahuète 29 % et l’amande 27 %. L’étude retrouve le même quarteron gagnant avec la même hiérarchie que celle de Yang et al.
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puis viennent noisette, amande, noix de cajou, pignon, dans un ordre certes différent de Yang et als, mais concernant précisément le groupe n’ayant pas de différences statistiques significatives pour Yang et al.
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L’équipe de Yang et al. s’est aussi intéressé aux activités antiprolifératives des 10 extraits solubles libres de fruits à coque envers la croissance des cellules hépatiques humaines HepG2 et des cellules cancéreuses du côlon humain Caco-2 in vitro. La prolifération de ces cellules HepG2 et Caco-2 a été significativement inhibée en fonction de la dose après exposition aux extraits, les noix et les pacanes présentant la plus forte activité antiproliférative[7].
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L’Étude Nutritionnelle de Jérusalem (Berry et al.[17], 1991) menée auprès de 26 étudiants, a étudié les effets des régimes riches en d’acides gras mono-insaturés (AGMI) versus en acides gras poly-insaturés (AGPI) durant deux périodes de 12 semaines[n 6]. Chaque régime était conçu pour fournir 33,5 % de lipides, 15,5 % de protéines et 51 % de glucides ainsi que 300 mg de cholestérol. Le cholestérol sanguin total diminua de 10 % pour le régime AGMI et de 16 % pour le régime AGPI (comparée aux valeurs de base). Le LDL cholestérol (dit « mauvais »[n 7]) diminua de 14 % pour les AGMI et de 21 % pour les AGPI. Par contre, ces régimes n’eurent aucun effet significatif sur le HDL-cholestérol (dit « bon »).
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En Australie, une étude semblable[18] consista à remplacer dans un régime référence[n 8] la moitié des lipides par des amandes (riches en AGMI) ou des noix (riches en AGPI) durant 3 semaines. Comparé au régime de référence dont les lipides étaient apportés principalement par la noix de coco (riche en acides gras saturés), le régime avec amandes fit diminuer la concentration en cholestérol total de 7 % et en LDL cholestérol de 10 % et le régime avec noix fit diminuer le cholestérol total de 5 % et le LDL cholestérol de 9 %. Ces régimes n’eurent pas d’effets significatifs sur le HDL.
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Les données épidémiologiques montrent que la consommation régulière de fruits à coque a un effet cardioprotecteur parce qu’elle contribue à abaisser le cholestérol total et le cholestérol LDL[19]. L’amélioration de ces facteurs de risque des maladies cardiovasculaires est due aux fortes teneurs en acides gras insaturés et en fibres alimentaires des fruits à coque.
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Une étude prospective menée sur une large cohorte de 86 016 infirmières durant 14 ans (Nurses’ Health Study), a trouvé que celles qui consommaient au moins 5 fois des fruits à coque par semaine avaient une diminution du risque de maladie coronarienne fatale de 39 % et d’infarctus du myocarde non fatal de 32 %[20].
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En combinant quatre études prospectives semblables[n 9], Kelly et Sabaté[20] (2006) ont trouvé une diminution du risque de maladie coronarienne de 37 % pour ceux qui consomment des fruits à coque plus de quatre fois par semaine, comparée à ceux qui en mangent rarement ou jamais.
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Une méta-analyse de Aune et al.[21] (2016) comprenant 20 études prospectives a trouvé une diminution du risque relatif pour 28 g/jour en plus de fruits à coque, de 29 % pour les maladies coronariennes, de 21 % pour les maladies cardiovasculaires, de 15 % pour tous les cancers, de 22 % pour toutes les causes de mortalité. En plus, il a été trouvé une réduction du risque relatif 52 % pour les maladies respiratoires, de 39 % pour le diabète, et de 75 % pour la mortalité par maladies infectieuses.
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Les fruits à coque sont des aliments très énergétiques car riches en lipides. On pourrait s’attendre à ce que leur consommation en plus grande quantité sans ajustement de l’équilibre énergétique (diminution de l’apport énergétique par réduction de certains aliments ou grâce à des exercices physiques) puisse conduire à une prise de poids[n 10].
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Aucune étude épidémiologique n’a appuyé la crainte que les fruits à coque puissent causer une prise de poids. Au contraire, les études épidémiologiques portant sur de grandes cohortes qui ont rapporté la diminution des risques cardiovasculaires avec la consommation fréquente de fruits à coque, ont toutes trouvé une relation inverse ou nulle, entre la prise de fruits à coque et l’indice de masse corporelle IMC[22].
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Sabaté et al.[23] (2005) ont cherché à voir si une consommation quotidienne de noix (représentant 12 % de l’apport énergétique) pendant 6 mois modifierait le poids corporel. Dans cet essai randomisé contrôlé croisé auprès de 90 personnes, il était demandé aux sujets de manger une quantité de noix précise (de 28 à 56 g selon leur apport énergétique quotidien) durant le régime ‘Noix’ (comportant un supplément de noix) et de ne pas en manger durant le régime ‘Témoin’. Les participants ne savaient pas que l’étude portait sur le contrôle du poids. On leur demandait de ne pas changer leur activité physique et de ne pas chercher à perdre du poids durant l’étude. Durant le régime ‘Noix’ les sujets avaient un apport énergétique plus élevé que durant le régime ‘Témoin’ (1 952 kcal versus 1 819 kgcal soit 133 kgcal de plus). Ce supplément d’énergie 133 kgcal est cependant moindre que l’apport d’énergie des noix (231 kcal), ce qui suggère une substitution partielle avec d’autres aliments. Néanmoins, l’apport énergétique de 133 kgcal en plus, durant le régime ‘Noix’ aurait dû conduire à un gain de poids de 3,1 kg en 6 mois.
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Pour tous les participants, la prise de noix a conduit à une prise de poids de 0,4 kg (et de l’indice de masse corporel de 0,2 kg/m2). Mais, après ajustement pour tenir compte des différences d’énergie entre les régimes ‘Témoins’ et ‘Noix’, aucune différence n’a été observée dans le poids corporel.
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Pour expliquer le gain de poids plus faible que prévu, plusieurs mécanismes peuvent être invoqué, tels que l'augmentation du niveau de satiété, de la dépense énergétique au repos (la thermogenèse induite par l’alimentation), les effets anti-obésité de la mélatonine et des phénols et les changements du microbiome intestinal[24].
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Dans le langage courant et en cuisine, un fruit est un aliment végétal, à la saveur sucrée, généralement consommé cru.
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Le terme « fruit » provient du latin fructus qui a, dès l'époque latine, les différents sens que l'on lui connaît aujourd’hui. C'était le participe passé de fruor[1].
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Alors que « fruit » a une double acception selon que l'on se place dans le cadre de la cuisine ou de la botanique, « légume » est un terme strictement culinaire.
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Au plan botanique, un fruit, de type charnu ou non, est la structure issue de l'évolution arrivée à maturité de l'ovaire, dont le rôle est de protéger et d'assurer la diffusion des graines. De nombreux fruits botaniques ne sont pas comestibles et peuvent même être toxiques.
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Au sens culinaire, le terme « fruit » désigne des fruits charnus, mais parfois aussi d'autres parties de plantes, qui sont à la fois comestibles, de goût agréable, que l'on peut généralement consommer crus et qui conviennent à la préparation de plats sucrés et de desserts comme les fraises et les ananas ou encore la rhubarbe.
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A contrario, nombre de fruits botaniques comestibles, tels que la tomate, l'aubergine ou le poivron, se préparent sans sucre et entrent habituellement dans la confection de recettes salées. Ils sont donc considérés comme des légumes, ou plus précisément comme des légumes-fruits.
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Ainsi, une partie de plante peut tout à fait être désignée comme fruit dans un contexte scientifique, même si elle se prépare en cuisine comme un légume.
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Dans certains cas, la distinction entre fruit et légume devient délicate, certains fruits pouvant être consommés comme légumes, le melon par exemple, fruit couramment consommé en entrée, ou certains fruits cuisinés en accompagnement de plats de viande, comme l'orange pour le canard à l'orange, et inversement certains légumes, parfois naturellement sucrés, peuvent s'accommoder en dessert, comme la patate douce par exemple.
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La question de savoir si la tomate est un fruit ou un légume a été portée en 1893 devant la Cour suprême des États-Unis avec l'affaire Nix v. Hedden. La Cour décida à l'unanimité que, dans le cadre de la loi de 1883 sur les droits de douane applicables aux produits importés, la tomate devait être assimilée à un légume et taxée comme tel. La Cour reconnut toutefois le caractère de fruit botanique de la tomate.
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Par ailleurs, la Commission européenne a décidé de considérer certains légumes comme des fruits, la tomate, la carotte et la patate douce notamment, lorsqu'ils entrent dans la composition de confitures, carotte et patate douce n'étant en rien des fruits botaniques. Il s'agit en réalité de se conformer à la Directive 2001/113/CE du 20 décembre 2001[2], qui définit la confiture comme un mélange à base de sucre et de fruit, mais qui se veut de préserver certaines traditions locales de production de confitures à base de légumes. C'est notamment le cas de la doce de cenoura, confiture de carottes produite au Portugal.
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En France, le décret n° 85-872 du 14 août 1985, portant application de la loi du 1er août 1905 sur les fraudes et falsifications en matière de produits ou de services, assimile aux fruits botaniques, autorisés pour la fabrication de confitures, les tomates, les parties comestibles des bâtons de rhubarbe, les carottes, les citrouilles, les concombres, les melons, les pastèques et les patates douces[3].
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Les fruits frais étaient autrefois usuellement conservés plusieurs mois dans un cellier, une cave ou un grenier (parfois sur un lit de mousse végétale).
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Les fruits (dénoyautés ou non) pouvaient aussi être séchés (abricots, pruneaux, etc.), transformés en confiture, fruit confit, ou en pâte de fruits, ou encore conservés dans du vinaigre (olives, poires au vinaigre…), une huile végétale ou une saumure (olives).
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Au XIXe siècle la stérilisation et conservation en bocaux de verre s'est également fortement développée.
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De nos jours des cires et pesticides sont aussi abondamment utilisés pour augmenter la conservation des fruits. Ces derniers sont aussi conservés en chambre froide ou sous atmosphère contrôlée et parfois congelés ou déshydratés (pour être par exemple intégrés dans le Muesli ou des aliments préparés de type barres de céréales et fruits).
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Dans la cuisine occidentale, un fruit, au sens large, est un aliment végétal sucré et est considéré essentiel à l'alimentation en apportant certaines vitamines et des fibres. On y distingue généralement:
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En Europe ou en Amérique du Nord, on appelle également fruits exotiques les fruits de certaines des plantes qui ont été apportées ou acclimatées à la suite des Grandes découvertes : ananas, banane, kiwi, mangue, etc.
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Le concept culinaire de fruit recouvre en grande partie le concept botanique, mais de nombreux fruits botaniques sont considérés en cuisine comme des légumes (aubergine, concombre, haricot, maïs, tomate, olive, avocat…), d'autres encore comme des épices (noix de muscade, poivre, vanille, piment…). Avec les grains des graminées (blé, riz), qui sont d'ailleurs un type de fruit particulier, le caryopse, ils forment une partie essentielle de l'alimentation[4].
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A contrario, certains fruits au sens culinaire sont en botanique des faux-fruits, qui résultent de l'évolution non de l'ovaire mais d'autres organes, notamment du réceptacle floral : fraise, figue, ananas, pomme, etc.
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La salade de fruits (de l'italien insalata di frutta ou macedonia) est appréciée par sa haute teneur en vitamine C.
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Au même titre que les légumes, les fruits sont bénéfiques pour la santé. La consommation d'« au moins cinq fruits et légumes par jour » est recommandée par le Programme national nutrition santé.
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Les fruits évitent le surpoids. Avec une moyenne de 50 kcal pour 100 g, les fruits sont peu caloriques tout en étant rassasiants, grâce aux fibres alimentaires qu'ils contiennent[5], par exemple les pommes. Ils constituent aussi une mine de vitamines et de sels minéraux. Ils tiennent une place de choix dans tous les menus équilibrés afin de lutter contre la surcharge pondérale et l'obésité.
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Les fruits, comme les légumes, protègent contre de nombreuses maladies, notamment diabète, maladies cardiovasculaires et cancers. En particulier, les apports en antioxydants des fruits renforcent les défenses immunitaires[6].
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Les fruits protègent le cœur et les vaisseaux sanguins[7]. Grâce à leur richesse en antioxydants et en fibres alimentaires, les fruits, comme les légumes, préviennent l'oxydation du cholestérol afin d'empêcher l'apparition de maladies cardio-vasculaires, premières causes de mortalité dans de nombreux pays développés. Selon l'étude scientifique internationale Interheart publiée le 20 octobre 2008, les personnes ayant une alimentation riche en fruits (et en légumes) « ont 30 % de risque en moins de subir une crise cardiaque que celles en consommant pas ou peu. »[8].
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Les fruits, comme les légumes, entrent dans les régimes des diabétiques pour leurs glucides lents et leurs fibres qui favorisent le contrôle de la glycémie. Le diabète de type gras est l'une des complications de l'obésité, et le nombre de cas a été multiplié par six en quinze ans dans les pays développés. Tous les fruits ne sont cependant pas équivalents : les myrtilles, le raisin, les prunes seraient protecteurs mais pas le melon, les fraises ou les jus de fruit[9],[10].
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Les fruits ont un effet protecteur contre le cancer en général[11],[12], mais surtout contre les cancers des voies aérodigestives supérieures, de l'estomac, du poumon, du côlon et du rectum.
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Depuis trente ans, 350 études menées dans le monde ont porté sur la relation entre la consommation de fruits et de légumes et le risque de cancer[13]. Manger au moins cinq fruits ou légumes différents par jour permet de diminuer de 50 % les risques de cancer[14], ceci grâce à l'ensemble des composants protecteurs qu'ils contiennent et qui agissent en synergie : fibres alimentaires, vitamines, sels minéraux, polyphénols et autres micro-nutriments.
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Les fruits fortifient les os, car ils constituent une source non négligeable de calcium, inférieure cependant aux produits laitiers, mais leurs antioxydants (phytoœstrogènes et potassium) permettent à l'organisme de lutter contre la déminéralisation osseuse et donc contre l'ostéoporose[15].
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Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)[16], la production mondiale de fruits est de 465 millions de tonnes en 2003 soit une augmentation d'environ 30 % en 10 ans.
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Chiffres de l'année 2000[17]
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À titre de comparaison, 692 millions de tonnes de légumes ont été produites la même année.
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42 % de la production mondiale de fruits provient d'Asie contre 14 % d'Europe, 13 % d'Amérique du Sud, 12,5 % d'Amérique du Nord, 12,5 % d'Afrique et 6 % d'Océanie[19].
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Continent - Consommation annuelle par habitant en kg[19]
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Moyenne mondiale - 61,6
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Parmi les fruits à croquer, les agrumes sont les plus consommés au monde devant les bananes et les pommes[21].
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(d'après les données SCEES 2012)
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Un système d’identification des fruits et légumes a été défini pour faciliter la vente au détail : le PLU ou Price-Look Up (code d’appel prix).
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En France, les trois-quarts des fruits consommés contiennent des pesticides[23].
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Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Centrafrique, Comores, République du Congo, République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Liberia, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Maroc, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie et Zimbabwe
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Antigua-et-Barbuda, Argentine, Bahamas, Barbade, Belize, Bolivie, Brésil, Canada (Alberta, Colombie-Britannique, Manitoba, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Nunavut, Ontario, Québec, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, Territoires du Nord-Ouest et Yukon), Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, République dominicaine, Dominique, Équateur, États-Unis, Grenade, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Antigua-et-Barbuda, Salvador, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay et Venezuela
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Afghanistan, Arabie saoudite, Arménie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Bhoutan, Birmanie, Brunei, Cambodge, Chine, Chypre, Corée du Nord, Corée du Sud, Émirats arabes unis, Géorgie, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Israël, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Kirghizistan, Koweït, Laos, Liban, Malaisie, Maldives, Mongolie, Népal, Oman, Ouzbékistan, Pakistan, Philippines, Qatar, Russie, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tadjikistan, Thaïlande, Timor oriental, Turkménistan, Turquie, Viêt Nam et Yémen
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Allemagne, Albanie, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France (Bretagne et Lorraine), Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni (), Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, République tchèque, Turquie, Ukraine et Vatican
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Australie, États fédérés de Micronésie, Fidji, Salomon, Kiribati, Îles Marshall, Indonésie, Nauru, Nouvelle-Zélande, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Timor oriental, Tonga, Tuvalu et Vanuatu
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2000 est la dernière année du XXe siècle (année séculaire) et du IIe millénaire. C'est une année bissextile commençant un samedi.
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Le passage de 1999 à 2000 a été largement fêté, avec en plus le succès du projet mondial de passage informatique à l'an 2000, après un suspense sur ce que seraient les conséquences du bug de l'an 2000.
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Économiquement, 2000 est l'année du record de la bulle Internet où les bourses ont atteint leur niveau record, avant de perdre jusqu’à 80 % de leur valeur les années suivantes (cas du NASDAQ).
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Pour les catholiques, cette année a été celle du grand Jubilé de l'an 2000 (considérée comme Année sainte).
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Des odonymes (« Rue de l'An 2000 »[1],…) ont été créés pour rappeler le changement de millésime, qui n'est cependant pas l'année du changement de siècle ni de millénaire ; en effet, le XXIe siècle et le IIIe millénaire ont débuté le 1er janvier 2001.
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Les lauréats du Prix Nobel en 2000 sont :
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Fullmetal Alchemist, un premier anime inspiré du manga.Fullmetal Alchemist: Brotherhood, un deuxième anime adapté du manga.
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Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, le film, suite du premier anime.
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Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos, deuxième film.
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Fullmetal Alchemist (鋼の錬金術師, Hagane no Renkinjutsushi?, littéralement « L'Alchimiste d'acier », souvent abrégé en Hagaren (ハガレン?) ou en FMA), est un manga d'Hiromu Arakawa. Il a été prépublié entre 2001 et 2010 dans le magazine mensuel Shōnen Gangan de la société Square Enix[1] et a été compilé en 27 volumes reliés. La version française est publiée par Kurokawa depuis 2005.
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Il a été adapté en série d'animation diffusée au Japon entre 2003 et 2004, un film sorti en 2005, des OAV sortis en 2006 ainsi que plusieurs jeux vidéo. Entre 2009 et 2010, est diffusée une nouvelle adaptation animée intitulée Fullmetal Alchemist: Brotherhood et reprenant la trame du manga de manière plus fidèle.
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Un film en prise de vue réelle, Fullmetal Alchemist, est sorti en 2017.
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Dans le pays d'Amestris, pays où l'Alchimie est élevée au rang de science universelle, deux frères, Edward et Alphonse Elric parcourent le monde à la recherche de la légendaire pierre philosophale dans le but de retrouver leurs corps perdus.
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Leur père, Van Hohenheim, les a quittés il y a de cela des années, et leur mère Trisha Elric meurt quelques années plus tard d'une maladie, laissant ses deux jeunes enfants derrière elle.
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Un an plus tard, les deux frères tentent de la faire revenir grâce à l'alchimie, bravant la loi qui interdit formellement la transmutation humaine. Ils en payent le prix fort. Edward, l'ainé, perd sa jambe gauche, son petit frère perd son corps tout entier. Ed sacrifie son bras droit en scellant l'âme de son petit frère Alphonse dans une armure.
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Edward décide de s'engager dans l'armée à l'âge de douze ans en tant qu'Alchimiste d'État, réussit l'examen haut la main et obtient son nom d'alchimiste, le Fullmetal Alchemist.
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Avec les avantages liés au statut d'alchimiste d'État et leurs recherches, les deux frères cherchent, au péril de leurs vies, la pierre mythique qui leur rendra ce qu'ils ont perdu, mais le secret de la pierre est bien gardé.
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Fullmetal Alchemist se déroule dans un monde semblable au nôtre, tel qu'il était au début du XXe siècle. À la différence notable qu'il y existe une science particulière, l'alchimie.
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Le symbole omniprésent dans la série est celui qui est inscrit sur la poitrine d'Izumi et sur le manteau d'Edward ou encore sur le bras de l'armure d'Alphonse.
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Ce symbole ressemble à un caducée et représente un serpent s'enroulant autour d'une croix surmontée d'ailes et d'une couronne. Le serpent est le symbole d'Asklépios, dieu grec de la médecine (il était humain, mais a réussi à faire renaître les morts, ce qui engendra le courroux de Zeus et sa mort), qui eut pour fille Panacée (remède universel) ; toutes ces allusions à la résurrection correspondent à l'Histoire. La Croix est également en rapport avec la renaissance : Christ ressuscité (mais ceci est à interpréter librement). Certains disent que les ailes sont celles d'Hermès, peut-être symbole des nombreux voyages de la quête des deux frères. La couronne est, en alchimie, le symbole de la pierre philosophale « parfaite ». Elle est aussi symbole du péché.
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Une autre interprétation se fondant davantage sur l'alchimie européenne peut être faite. En effet, parmi les symboles utilisés dans la philosophie hermétique, la couronne représente la perfection. Le serpent crucifié quant à lui renvoie à la fixation du volatil tandis qu'enfin, le serpent ailé représente le principe volatil lui-même. Les ailes étant placées proches de la couronne, il est probable qu'il faille comprendre que pour atteindre la perfection, élever son âme et/ou sa connaissance jusqu'à elle, il est nécessaire de se défaire de certaines entraves, soit de dépasser les épreuves que l'on rencontre. Cette lecture du symbole correspond à l'intrigue qui entoure les deux frères.
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Ensuite, on notera la présence de la Porte. Cette Porte de savoir instantané représente le Péché originel, le fait de tout savoir en transgressant l'interdit (Edward et la transmutation humaine — Ève et le fruit défendu). On la retrouve dans d'anciens textes alchimiques, où elles apparaissent sous le nombre symbolique de 12 (Les 12 portes, de George Ripley). Avec ces portes vont Les 12 clés de philosophie, écrit plus tard par Basile Valentin en complément au premier livre. Chacune de ces portes représente un pouvoir symbolique ou mystique. Nous les retrouvons dans de nombreuses cultures. Elles représentent aussi au Japon les portes de l'enfer (La Porte de l'enfer d'Auguste Rodin, qui apparaît également dans d'autres mangas, dont Shaman King et Bleach).
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La Porte de la Vérité possède comme la plupart d'autres éléments une signification différente entre le manga et l'anime :
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Tels qu'ils sont représentés dans cette fiction, les alchimistes apparaissent davantage comme des magiciens pourvus de pouvoirs spectaculaires (déflagrations, réparation, guérison, transmutations, métamorphoses de l'environnement). En effet, même si FMA (FullMetal Alchemist) reprend quelques principes d'alchimie, on est loin de la discipline réelle dont l'auteur s'est inspiré.
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Dans l'anime et le manga, l'Alchimie permet de transmuter n'importe quel objet en un objet de masse équivalente. Elle est régie par la loi de l'équivalence : "Pour obtenir quelque chose, il faut sacrifier quelque chose de même valeur".
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Pour réaliser une transmutation, un alchimiste doit tout d'abord tracer un cercle de transmutation. Puis il dépose l'objet qu'il veut transmuter au milieu du cercle, il appose alors ses mains sur le cercle et grâce à l'énergie tectonique (alchimie du pays Amestris) ou grâce au flux et reflux qui traverse la planète (alchimie du pays Xing : l'Elixirologie) il peut transmuter l'objet.
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Cependant, la transmutation dépend du cercle dessiné. Ainsi, selon le résultat que l'alchimiste veut obtenir, il doit tracer un cercle différent. Un alchimiste doit donc faire beaucoup de recherche avant d'apprendre une transmutation et comme un savant, il peut en découvrir de nouvelles. Généralement, un alchimiste garde secrète la plupart de ses « techniques ». Pour apprendre véritablement l'alchimie, il faut donc avoir un maître.
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L'alchimie permet donc une infinité de possibilités et, de ce fait, certaines restrictions ont été ordonnées par les militaires et le gouvernement pour des questions éthiques mais aussi économiques. Ainsi, la transmutation des métaux en or est formellement interdite ; cela peut se comprendre car en conséquence, l'or perdrait toute sa valeur. De plus les transmutations humaines, c'est-à-dire effectuées sur des êtres humains, sont interdites. Cependant, elles sont tolérées sur les animaux (qu'on appelle alors chimères).
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L'alchimie est donc régie par certaines règles comme l'utilisation de cercle de transmutation. Cependant Edward et Izumi parviennent à utiliser l'alchimie sans cercle, en joignant leurs mains (Scar explique que, par ce geste, ils forment un cercle à l'intérieur de leur corps). Cependant, une rumeur dit qu'un objet permettrait d'utiliser l'alchimie sans conditions et sans lois, il s'agit de la Pierre Philosophale. Grâce à elle, tout est possible. Mais tous ceux qui se sont intéressés à la Pierre Philosophale sont morts dans des circonstances curieuses. On dit qu'elle a existé mais qu'à cause de la convoitise humaine, elle a apporté le malheur. Ainsi, personne ne sait de quoi elle a l'air mais tout le monde s'accorde à dire qu'elle serait de couleur rouge vif. Enfin, il est dit que l'on pourrait la créer grâce à l'alchimie. Il s'agit effectivement d'alchimie mais il faut sacrifier des humains pour la créer.
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Une réédition Deluxe du manga est publiée au Japon depuis le 22 juin 2011 et compte un total de 18 tomes regroupant les différents chapitres du manga. En France, Kurokawa réédite le manga en "Steel Edition" à partir du 8 mars 2012, la réédition regroupe les 27 tomes en 13 volumes relié : le premier contient trois tomes et les suivants en comptent deux.
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En 2003, le manga est adapté en une série d'animation nommée Fullmetal Alchemist de 51 épisodes. En France, la série a été diffusée d'avril à juin 2005 sur Canal+ (dans l'émission la Kaz présentée par Yannick Zicot), elle a également été diffusée sur MCM , Virgin 17, Direct Star et Clermont Première le dimanche soir. Pour conclure la série de 51 épisodes, un film, Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, est sorti en 2005 au Japon (au cinéma) et en octobre 2007 en France (DVD uniquement).
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En 2005, un épisode spécial nommé Fullmetal Alchemist reflections special résumant le premier épisode en 56 minutes est diffusé.
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En 2009, une nouvelle adaptation du manga se voulant beaucoup plus proche du manga que le premier anime sorti en 2002 est produite sous le nom Fullmetal Alchemist: Brotherhood. L'annonce a été faite au dos de la couverture du tome 20 japonais[3]. La série est diffusée pour la première fois le 5 avril 2009[4] au Japon et est également mise à disposition gratuitement en streaming sous-titré quelques jours après la diffusion par l'éditeur français Dybex[5]. Le 19 octobre 2009, seuls les 9 premiers épisodes ont été diffusés sur Virgin 17[6]. En 2011, Direct Star diffuse l'intégralité de la série.
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Un premier film d'animation nommé Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa est sorti le 23 juillet 2005 au cinéma au Japon. L'histoire se déroule deux ans après la fin de la première série d'animation et met en scène les mêmes protagonistes.
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Un second film d'animation nommé Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos est sorti en 2011.
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Fullmetal Alchemist a été réalisé par Fumihiko Sori, sorti le 1er décembre 2017 au Japon. Ryosuke Yamada y joue le rôle d'Edward.
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De nombreux produits dérivés Fullmetal Alchemist sont en vente. Il existe des costumes d'Ed et de Roy Mustang. Il y a un artbook (recueils d'illustrations), des porte-clefs, des posters, des figurines, des accessoires issus de la série (les gants de Roy Mustang, la montre d'Ed), des bijoux, des peluches, des T-shirts à l'effigie des personnages de la série, etc.
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Fullmetal Alchemist: Alchemic Card Battle TCG (2004)
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Fullmetal Alchemist: Trading Card Game (2005)
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Une série de romans sur l'univers de Fullmetal Alchemist a été écrite par Makoto Inoue. Ils sont disponibles en France aux éditions Fleuve noir et aux éditions Viz Media aux États-Unis :
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Artbook regroupant toutes les illustrations couleurs utilisées du volumes 1 à 7 : couvertures, images promotionnelles, etc.
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Le manga s'est vendu à plus de 80 millions d'exemplaires pour 27 volumes[réf. nécessaire]. C'est le manga phare des éditions Square Enix. En France, Fullmetal Alchemist est la 3e meilleure vente derrière Naruto et One Piece.
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Le manga a reçu de nombreux prix, tels que le 49e prix Shogakukan[8] ou le prix de la nouveauté du prix culturel Osamu Tezuka en 2011[9].
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Fullmetal Alchemist, un premier anime inspiré du manga.Fullmetal Alchemist: Brotherhood, un deuxième anime adapté du manga.
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Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, le film, suite du premier anime.
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Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos, deuxième film.
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Fullmetal Alchemist (鋼の錬金術師, Hagane no Renkinjutsushi?, littéralement « L'Alchimiste d'acier », souvent abrégé en Hagaren (ハガレン?) ou en FMA), est un manga d'Hiromu Arakawa. Il a été prépublié entre 2001 et 2010 dans le magazine mensuel Shōnen Gangan de la société Square Enix[1] et a été compilé en 27 volumes reliés. La version française est publiée par Kurokawa depuis 2005.
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Il a été adapté en série d'animation diffusée au Japon entre 2003 et 2004, un film sorti en 2005, des OAV sortis en 2006 ainsi que plusieurs jeux vidéo. Entre 2009 et 2010, est diffusée une nouvelle adaptation animée intitulée Fullmetal Alchemist: Brotherhood et reprenant la trame du manga de manière plus fidèle.
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Un film en prise de vue réelle, Fullmetal Alchemist, est sorti en 2017.
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Dans le pays d'Amestris, pays où l'Alchimie est élevée au rang de science universelle, deux frères, Edward et Alphonse Elric parcourent le monde à la recherche de la légendaire pierre philosophale dans le but de retrouver leurs corps perdus.
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Leur père, Van Hohenheim, les a quittés il y a de cela des années, et leur mère Trisha Elric meurt quelques années plus tard d'une maladie, laissant ses deux jeunes enfants derrière elle.
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Un an plus tard, les deux frères tentent de la faire revenir grâce à l'alchimie, bravant la loi qui interdit formellement la transmutation humaine. Ils en payent le prix fort. Edward, l'ainé, perd sa jambe gauche, son petit frère perd son corps tout entier. Ed sacrifie son bras droit en scellant l'âme de son petit frère Alphonse dans une armure.
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Edward décide de s'engager dans l'armée à l'âge de douze ans en tant qu'Alchimiste d'État, réussit l'examen haut la main et obtient son nom d'alchimiste, le Fullmetal Alchemist.
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Avec les avantages liés au statut d'alchimiste d'État et leurs recherches, les deux frères cherchent, au péril de leurs vies, la pierre mythique qui leur rendra ce qu'ils ont perdu, mais le secret de la pierre est bien gardé.
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Fullmetal Alchemist se déroule dans un monde semblable au nôtre, tel qu'il était au début du XXe siècle. À la différence notable qu'il y existe une science particulière, l'alchimie.
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Le symbole omniprésent dans la série est celui qui est inscrit sur la poitrine d'Izumi et sur le manteau d'Edward ou encore sur le bras de l'armure d'Alphonse.
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Ce symbole ressemble à un caducée et représente un serpent s'enroulant autour d'une croix surmontée d'ailes et d'une couronne. Le serpent est le symbole d'Asklépios, dieu grec de la médecine (il était humain, mais a réussi à faire renaître les morts, ce qui engendra le courroux de Zeus et sa mort), qui eut pour fille Panacée (remède universel) ; toutes ces allusions à la résurrection correspondent à l'Histoire. La Croix est également en rapport avec la renaissance : Christ ressuscité (mais ceci est à interpréter librement). Certains disent que les ailes sont celles d'Hermès, peut-être symbole des nombreux voyages de la quête des deux frères. La couronne est, en alchimie, le symbole de la pierre philosophale « parfaite ». Elle est aussi symbole du péché.
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Une autre interprétation se fondant davantage sur l'alchimie européenne peut être faite. En effet, parmi les symboles utilisés dans la philosophie hermétique, la couronne représente la perfection. Le serpent crucifié quant à lui renvoie à la fixation du volatil tandis qu'enfin, le serpent ailé représente le principe volatil lui-même. Les ailes étant placées proches de la couronne, il est probable qu'il faille comprendre que pour atteindre la perfection, élever son âme et/ou sa connaissance jusqu'à elle, il est nécessaire de se défaire de certaines entraves, soit de dépasser les épreuves que l'on rencontre. Cette lecture du symbole correspond à l'intrigue qui entoure les deux frères.
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Ensuite, on notera la présence de la Porte. Cette Porte de savoir instantané représente le Péché originel, le fait de tout savoir en transgressant l'interdit (Edward et la transmutation humaine — Ève et le fruit défendu). On la retrouve dans d'anciens textes alchimiques, où elles apparaissent sous le nombre symbolique de 12 (Les 12 portes, de George Ripley). Avec ces portes vont Les 12 clés de philosophie, écrit plus tard par Basile Valentin en complément au premier livre. Chacune de ces portes représente un pouvoir symbolique ou mystique. Nous les retrouvons dans de nombreuses cultures. Elles représentent aussi au Japon les portes de l'enfer (La Porte de l'enfer d'Auguste Rodin, qui apparaît également dans d'autres mangas, dont Shaman King et Bleach).
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La Porte de la Vérité possède comme la plupart d'autres éléments une signification différente entre le manga et l'anime :
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Tels qu'ils sont représentés dans cette fiction, les alchimistes apparaissent davantage comme des magiciens pourvus de pouvoirs spectaculaires (déflagrations, réparation, guérison, transmutations, métamorphoses de l'environnement). En effet, même si FMA (FullMetal Alchemist) reprend quelques principes d'alchimie, on est loin de la discipline réelle dont l'auteur s'est inspiré.
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Dans l'anime et le manga, l'Alchimie permet de transmuter n'importe quel objet en un objet de masse équivalente. Elle est régie par la loi de l'équivalence : "Pour obtenir quelque chose, il faut sacrifier quelque chose de même valeur".
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Pour réaliser une transmutation, un alchimiste doit tout d'abord tracer un cercle de transmutation. Puis il dépose l'objet qu'il veut transmuter au milieu du cercle, il appose alors ses mains sur le cercle et grâce à l'énergie tectonique (alchimie du pays Amestris) ou grâce au flux et reflux qui traverse la planète (alchimie du pays Xing : l'Elixirologie) il peut transmuter l'objet.
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Cependant, la transmutation dépend du cercle dessiné. Ainsi, selon le résultat que l'alchimiste veut obtenir, il doit tracer un cercle différent. Un alchimiste doit donc faire beaucoup de recherche avant d'apprendre une transmutation et comme un savant, il peut en découvrir de nouvelles. Généralement, un alchimiste garde secrète la plupart de ses « techniques ». Pour apprendre véritablement l'alchimie, il faut donc avoir un maître.
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L'alchimie permet donc une infinité de possibilités et, de ce fait, certaines restrictions ont été ordonnées par les militaires et le gouvernement pour des questions éthiques mais aussi économiques. Ainsi, la transmutation des métaux en or est formellement interdite ; cela peut se comprendre car en conséquence, l'or perdrait toute sa valeur. De plus les transmutations humaines, c'est-à-dire effectuées sur des êtres humains, sont interdites. Cependant, elles sont tolérées sur les animaux (qu'on appelle alors chimères).
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L'alchimie est donc régie par certaines règles comme l'utilisation de cercle de transmutation. Cependant Edward et Izumi parviennent à utiliser l'alchimie sans cercle, en joignant leurs mains (Scar explique que, par ce geste, ils forment un cercle à l'intérieur de leur corps). Cependant, une rumeur dit qu'un objet permettrait d'utiliser l'alchimie sans conditions et sans lois, il s'agit de la Pierre Philosophale. Grâce à elle, tout est possible. Mais tous ceux qui se sont intéressés à la Pierre Philosophale sont morts dans des circonstances curieuses. On dit qu'elle a existé mais qu'à cause de la convoitise humaine, elle a apporté le malheur. Ainsi, personne ne sait de quoi elle a l'air mais tout le monde s'accorde à dire qu'elle serait de couleur rouge vif. Enfin, il est dit que l'on pourrait la créer grâce à l'alchimie. Il s'agit effectivement d'alchimie mais il faut sacrifier des humains pour la créer.
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Une réédition Deluxe du manga est publiée au Japon depuis le 22 juin 2011 et compte un total de 18 tomes regroupant les différents chapitres du manga. En France, Kurokawa réédite le manga en "Steel Edition" à partir du 8 mars 2012, la réédition regroupe les 27 tomes en 13 volumes relié : le premier contient trois tomes et les suivants en comptent deux.
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En 2003, le manga est adapté en une série d'animation nommée Fullmetal Alchemist de 51 épisodes. En France, la série a été diffusée d'avril à juin 2005 sur Canal+ (dans l'émission la Kaz présentée par Yannick Zicot), elle a également été diffusée sur MCM , Virgin 17, Direct Star et Clermont Première le dimanche soir. Pour conclure la série de 51 épisodes, un film, Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, est sorti en 2005 au Japon (au cinéma) et en octobre 2007 en France (DVD uniquement).
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En 2005, un épisode spécial nommé Fullmetal Alchemist reflections special résumant le premier épisode en 56 minutes est diffusé.
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En 2009, une nouvelle adaptation du manga se voulant beaucoup plus proche du manga que le premier anime sorti en 2002 est produite sous le nom Fullmetal Alchemist: Brotherhood. L'annonce a été faite au dos de la couverture du tome 20 japonais[3]. La série est diffusée pour la première fois le 5 avril 2009[4] au Japon et est également mise à disposition gratuitement en streaming sous-titré quelques jours après la diffusion par l'éditeur français Dybex[5]. Le 19 octobre 2009, seuls les 9 premiers épisodes ont été diffusés sur Virgin 17[6]. En 2011, Direct Star diffuse l'intégralité de la série.
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Un premier film d'animation nommé Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa est sorti le 23 juillet 2005 au cinéma au Japon. L'histoire se déroule deux ans après la fin de la première série d'animation et met en scène les mêmes protagonistes.
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Un second film d'animation nommé Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos est sorti en 2011.
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Fullmetal Alchemist a été réalisé par Fumihiko Sori, sorti le 1er décembre 2017 au Japon. Ryosuke Yamada y joue le rôle d'Edward.
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De nombreux produits dérivés Fullmetal Alchemist sont en vente. Il existe des costumes d'Ed et de Roy Mustang. Il y a un artbook (recueils d'illustrations), des porte-clefs, des posters, des figurines, des accessoires issus de la série (les gants de Roy Mustang, la montre d'Ed), des bijoux, des peluches, des T-shirts à l'effigie des personnages de la série, etc.
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Fullmetal Alchemist: Alchemic Card Battle TCG (2004)
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Une série de romans sur l'univers de Fullmetal Alchemist a été écrite par Makoto Inoue. Ils sont disponibles en France aux éditions Fleuve noir et aux éditions Viz Media aux États-Unis :
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Artbook regroupant toutes les illustrations couleurs utilisées du volumes 1 à 7 : couvertures, images promotionnelles, etc.
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Le manga s'est vendu à plus de 80 millions d'exemplaires pour 27 volumes[réf. nécessaire]. C'est le manga phare des éditions Square Enix. En France, Fullmetal Alchemist est la 3e meilleure vente derrière Naruto et One Piece.
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Le manga a reçu de nombreux prix, tels que le 49e prix Shogakukan[8] ou le prix de la nouveauté du prix culturel Osamu Tezuka en 2011[9].
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Fullmetal Alchemist, un premier anime inspiré du manga.Fullmetal Alchemist: Brotherhood, un deuxième anime adapté du manga.
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Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, le film, suite du premier anime.
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Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos, deuxième film.
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Fullmetal Alchemist (鋼の錬金術師, Hagane no Renkinjutsushi?, littéralement « L'Alchimiste d'acier », souvent abrégé en Hagaren (ハガレン?) ou en FMA), est un manga d'Hiromu Arakawa. Il a été prépublié entre 2001 et 2010 dans le magazine mensuel Shōnen Gangan de la société Square Enix[1] et a été compilé en 27 volumes reliés. La version française est publiée par Kurokawa depuis 2005.
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Il a été adapté en série d'animation diffusée au Japon entre 2003 et 2004, un film sorti en 2005, des OAV sortis en 2006 ainsi que plusieurs jeux vidéo. Entre 2009 et 2010, est diffusée une nouvelle adaptation animée intitulée Fullmetal Alchemist: Brotherhood et reprenant la trame du manga de manière plus fidèle.
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Un film en prise de vue réelle, Fullmetal Alchemist, est sorti en 2017.
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Dans le pays d'Amestris, pays où l'Alchimie est élevée au rang de science universelle, deux frères, Edward et Alphonse Elric parcourent le monde à la recherche de la légendaire pierre philosophale dans le but de retrouver leurs corps perdus.
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Leur père, Van Hohenheim, les a quittés il y a de cela des années, et leur mère Trisha Elric meurt quelques années plus tard d'une maladie, laissant ses deux jeunes enfants derrière elle.
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Un an plus tard, les deux frères tentent de la faire revenir grâce à l'alchimie, bravant la loi qui interdit formellement la transmutation humaine. Ils en payent le prix fort. Edward, l'ainé, perd sa jambe gauche, son petit frère perd son corps tout entier. Ed sacrifie son bras droit en scellant l'âme de son petit frère Alphonse dans une armure.
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Edward décide de s'engager dans l'armée à l'âge de douze ans en tant qu'Alchimiste d'État, réussit l'examen haut la main et obtient son nom d'alchimiste, le Fullmetal Alchemist.
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Avec les avantages liés au statut d'alchimiste d'État et leurs recherches, les deux frères cherchent, au péril de leurs vies, la pierre mythique qui leur rendra ce qu'ils ont perdu, mais le secret de la pierre est bien gardé.
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Fullmetal Alchemist se déroule dans un monde semblable au nôtre, tel qu'il était au début du XXe siècle. À la différence notable qu'il y existe une science particulière, l'alchimie.
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Le symbole omniprésent dans la série est celui qui est inscrit sur la poitrine d'Izumi et sur le manteau d'Edward ou encore sur le bras de l'armure d'Alphonse.
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Ce symbole ressemble à un caducée et représente un serpent s'enroulant autour d'une croix surmontée d'ailes et d'une couronne. Le serpent est le symbole d'Asklépios, dieu grec de la médecine (il était humain, mais a réussi à faire renaître les morts, ce qui engendra le courroux de Zeus et sa mort), qui eut pour fille Panacée (remède universel) ; toutes ces allusions à la résurrection correspondent à l'Histoire. La Croix est également en rapport avec la renaissance : Christ ressuscité (mais ceci est à interpréter librement). Certains disent que les ailes sont celles d'Hermès, peut-être symbole des nombreux voyages de la quête des deux frères. La couronne est, en alchimie, le symbole de la pierre philosophale « parfaite ». Elle est aussi symbole du péché.
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Une autre interprétation se fondant davantage sur l'alchimie européenne peut être faite. En effet, parmi les symboles utilisés dans la philosophie hermétique, la couronne représente la perfection. Le serpent crucifié quant à lui renvoie à la fixation du volatil tandis qu'enfin, le serpent ailé représente le principe volatil lui-même. Les ailes étant placées proches de la couronne, il est probable qu'il faille comprendre que pour atteindre la perfection, élever son âme et/ou sa connaissance jusqu'à elle, il est nécessaire de se défaire de certaines entraves, soit de dépasser les épreuves que l'on rencontre. Cette lecture du symbole correspond à l'intrigue qui entoure les deux frères.
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Ensuite, on notera la présence de la Porte. Cette Porte de savoir instantané représente le Péché originel, le fait de tout savoir en transgressant l'interdit (Edward et la transmutation humaine — Ève et le fruit défendu). On la retrouve dans d'anciens textes alchimiques, où elles apparaissent sous le nombre symbolique de 12 (Les 12 portes, de George Ripley). Avec ces portes vont Les 12 clés de philosophie, écrit plus tard par Basile Valentin en complément au premier livre. Chacune de ces portes représente un pouvoir symbolique ou mystique. Nous les retrouvons dans de nombreuses cultures. Elles représentent aussi au Japon les portes de l'enfer (La Porte de l'enfer d'Auguste Rodin, qui apparaît également dans d'autres mangas, dont Shaman King et Bleach).
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La Porte de la Vérité possède comme la plupart d'autres éléments une signification différente entre le manga et l'anime :
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Tels qu'ils sont représentés dans cette fiction, les alchimistes apparaissent davantage comme des magiciens pourvus de pouvoirs spectaculaires (déflagrations, réparation, guérison, transmutations, métamorphoses de l'environnement). En effet, même si FMA (FullMetal Alchemist) reprend quelques principes d'alchimie, on est loin de la discipline réelle dont l'auteur s'est inspiré.
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Dans l'anime et le manga, l'Alchimie permet de transmuter n'importe quel objet en un objet de masse équivalente. Elle est régie par la loi de l'équivalence : "Pour obtenir quelque chose, il faut sacrifier quelque chose de même valeur".
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Pour réaliser une transmutation, un alchimiste doit tout d'abord tracer un cercle de transmutation. Puis il dépose l'objet qu'il veut transmuter au milieu du cercle, il appose alors ses mains sur le cercle et grâce à l'énergie tectonique (alchimie du pays Amestris) ou grâce au flux et reflux qui traverse la planète (alchimie du pays Xing : l'Elixirologie) il peut transmuter l'objet.
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Cependant, la transmutation dépend du cercle dessiné. Ainsi, selon le résultat que l'alchimiste veut obtenir, il doit tracer un cercle différent. Un alchimiste doit donc faire beaucoup de recherche avant d'apprendre une transmutation et comme un savant, il peut en découvrir de nouvelles. Généralement, un alchimiste garde secrète la plupart de ses « techniques ». Pour apprendre véritablement l'alchimie, il faut donc avoir un maître.
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L'alchimie permet donc une infinité de possibilités et, de ce fait, certaines restrictions ont été ordonnées par les militaires et le gouvernement pour des questions éthiques mais aussi économiques. Ainsi, la transmutation des métaux en or est formellement interdite ; cela peut se comprendre car en conséquence, l'or perdrait toute sa valeur. De plus les transmutations humaines, c'est-à-dire effectuées sur des êtres humains, sont interdites. Cependant, elles sont tolérées sur les animaux (qu'on appelle alors chimères).
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L'alchimie est donc régie par certaines règles comme l'utilisation de cercle de transmutation. Cependant Edward et Izumi parviennent à utiliser l'alchimie sans cercle, en joignant leurs mains (Scar explique que, par ce geste, ils forment un cercle à l'intérieur de leur corps). Cependant, une rumeur dit qu'un objet permettrait d'utiliser l'alchimie sans conditions et sans lois, il s'agit de la Pierre Philosophale. Grâce à elle, tout est possible. Mais tous ceux qui se sont intéressés à la Pierre Philosophale sont morts dans des circonstances curieuses. On dit qu'elle a existé mais qu'à cause de la convoitise humaine, elle a apporté le malheur. Ainsi, personne ne sait de quoi elle a l'air mais tout le monde s'accorde à dire qu'elle serait de couleur rouge vif. Enfin, il est dit que l'on pourrait la créer grâce à l'alchimie. Il s'agit effectivement d'alchimie mais il faut sacrifier des humains pour la créer.
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Une réédition Deluxe du manga est publiée au Japon depuis le 22 juin 2011 et compte un total de 18 tomes regroupant les différents chapitres du manga. En France, Kurokawa réédite le manga en "Steel Edition" à partir du 8 mars 2012, la réédition regroupe les 27 tomes en 13 volumes relié : le premier contient trois tomes et les suivants en comptent deux.
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En 2003, le manga est adapté en une série d'animation nommée Fullmetal Alchemist de 51 épisodes. En France, la série a été diffusée d'avril à juin 2005 sur Canal+ (dans l'émission la Kaz présentée par Yannick Zicot), elle a également été diffusée sur MCM , Virgin 17, Direct Star et Clermont Première le dimanche soir. Pour conclure la série de 51 épisodes, un film, Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa, est sorti en 2005 au Japon (au cinéma) et en octobre 2007 en France (DVD uniquement).
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En 2005, un épisode spécial nommé Fullmetal Alchemist reflections special résumant le premier épisode en 56 minutes est diffusé.
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En 2009, une nouvelle adaptation du manga se voulant beaucoup plus proche du manga que le premier anime sorti en 2002 est produite sous le nom Fullmetal Alchemist: Brotherhood. L'annonce a été faite au dos de la couverture du tome 20 japonais[3]. La série est diffusée pour la première fois le 5 avril 2009[4] au Japon et est également mise à disposition gratuitement en streaming sous-titré quelques jours après la diffusion par l'éditeur français Dybex[5]. Le 19 octobre 2009, seuls les 9 premiers épisodes ont été diffusés sur Virgin 17[6]. En 2011, Direct Star diffuse l'intégralité de la série.
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Un premier film d'animation nommé Fullmetal Alchemist: Conqueror of Shamballa est sorti le 23 juillet 2005 au cinéma au Japon. L'histoire se déroule deux ans après la fin de la première série d'animation et met en scène les mêmes protagonistes.
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Un second film d'animation nommé Fullmetal Alchemist : L'Étoile sacrée de Milos est sorti en 2011.
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Fullmetal Alchemist a été réalisé par Fumihiko Sori, sorti le 1er décembre 2017 au Japon. Ryosuke Yamada y joue le rôle d'Edward.
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De nombreux produits dérivés Fullmetal Alchemist sont en vente. Il existe des costumes d'Ed et de Roy Mustang. Il y a un artbook (recueils d'illustrations), des porte-clefs, des posters, des figurines, des accessoires issus de la série (les gants de Roy Mustang, la montre d'Ed), des bijoux, des peluches, des T-shirts à l'effigie des personnages de la série, etc.
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Fullmetal Alchemist: Alchemic Card Battle TCG (2004)
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Fullmetal Alchemist: Trading Card Game (2005)
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Une série de romans sur l'univers de Fullmetal Alchemist a été écrite par Makoto Inoue. Ils sont disponibles en France aux éditions Fleuve noir et aux éditions Viz Media aux États-Unis :
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Artbook regroupant toutes les illustrations couleurs utilisées du volumes 1 à 7 : couvertures, images promotionnelles, etc.
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Le manga s'est vendu à plus de 80 millions d'exemplaires pour 27 volumes[réf. nécessaire]. C'est le manga phare des éditions Square Enix. En France, Fullmetal Alchemist est la 3e meilleure vente derrière Naruto et One Piece.
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Le manga a reçu de nombreux prix, tels que le 49e prix Shogakukan[8] ou le prix de la nouveauté du prix culturel Osamu Tezuka en 2011[9].
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Vous venez d’apposer le modèle {{à fusionner}}, suivez ces étapes :
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Apposez le bandeau sur les autres pages à fusionner :
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Important : ajoutez une section dans Pages à fusionner en motivant votre proposition.
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Pour créer la section :
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Créer la section sur la page des Pages à fusionner
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Pensez à informer les contributeurs principaux de la page et les projets associés lorsque cela est possible.
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Les champignons sont des eucaryotes pluricellulaires ou unicellulaires. Le terme « champignon » est devenu ambigu car il désigne un taxon obsolète. Ce terme englobe à la fois les Fungi (ou mycètes), les oomycètes, les chytridiomycètes et les mycétozoaires. Leurs cellules, pourvues d'une paroi chitineuse ou cellulosique, sont immobiles et se nourrissent par l’absorption des molécules organiques directement dans le milieu. La cellule ou les cellules sont dépourvues de chlorophylles et/ou de plastes car ces organismes sont hétérotrophes vis-à-vis du carbone. Leur appareil végétatif est un thalle : ce sont donc des thallophytes. L'étude de ces champignons, la mycologie, est pratiquée par des mycologues.
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Tous les véritables champignons appartiennent au groupe des eumycètes et se répartissent au sein des basidiomycètes, comme les amanites ou, pour quelques-uns, parmi les ascomycètes, à l'exemple des morilles ou des truffes. Deux groupes sont communément appelés « champignons » mais n'en sont pas au sens strict du terme : les oomycètes (plus proches génétiquement des algues brunes) et les myxomycètes.
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Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d'années, soit le Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important[1] ; via des symbioses avec des algues parfois).
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Les premiers champignons mycorhiziens de type gloméromycètes ont vraisemblablement aidé les premières plantes terrestres à coloniser les terres émergées[2].
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Ce qu'on appelle couramment « champignon » n'est en fait que la « fructification » temporaire et visible, le sporophore (autrefois appelé « carpophore »), d'un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète, dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium, formé de filaments généralement invisibles à l’œil nu lorsqu'ils sont isolés. Le sporophore se présente souvent sous forme d'un pied (le stipe) portant un chapeau. D'autres silhouettes de sporophores sont bien connues : en forme de petits buissons comme les clavaires, de langues sur le tronc des arbres comme les fistulines, de coupes comme les pézizes, de sphères comme les vesses-de-loup, etc.
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Il existe une grande dispersion étymologique pour désigner les champignons, ce qui peut laisser penser que les hommes pré- et protohistoriques consommaient rarement ces organismes[3]. Cependant, la découverte en 1991 d'Ötzi révèle que cet homme, vivant vers 2500 av. J.-C., transportait dans son sac deux champignons, des polypores du bouleau, probablement à usage médicinal, et de l'amadou, probable allume-feu, ce qui suggère que les hommes de cette époque qui vivaient de chasse et de cueillette, ont récolté des champignons pour leur consommation, comme le font encore de nos jours maintes peuplades exploitant la nature[4].
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Le terme champignon vient de l'ancien français du XIIIe siècle champignuel[5] (par substitution du suffixe -on*) du bas latin campinolius[6] « petits produits des campagnes » ou « qui pousse dans les champs » (dérivé en -ŏlu de campania), lui-même issu de la racine latine campus, « campagne », qui donne le champ[7], la plaine.
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Le mousseron, perçu comme poussant dans la mousse, a donné en anglais le nom générique du champignon, mushroom. La racine de ce mot semble être la mousse, mais est plus probablement l'indo-européen *meu qui l’apparente au latin muscus (« mousse »), mucus (« morve »), mucor (« moisissure ») et au grec mykès (d'où les Mycètes) désignant d'abord les champignons en général[8]. Les termes grec et latin sont ainsi une allusion possible aux champignons qui se protègent contre la dessication par une couche de mucus qui recouvre leur chapeau et parfois aussi leur pied, ou à la mycophobie ancestrale, les champignons étant associés aux mucosités nasales repoussantes[8].
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Selon une étymologie populaire, fungus et fongus sont la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons toxiques[9]. Une origine plus probable de ce terme serait une allusion à l'aspect poreux ou spongieux des champignons : les mots espagnol (hongo) et italien (fungo) remontent en effet à une racine méditerranéenne[10], *sfong-/*fung-, qui a donné en grec spongos et en anglais sponge, signifiant « éponge », et en latin fungus qui signifie en même temps « champignon » et « éponge »[11].
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Dans la langue commune, le terme « champignon » désigne un organisme vivant charnu, constitué généralement d'un pied surmonté d'un chapeau, à l'image du champignon de Paris ou du bolet.
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Aussi loin que remontent les sources documentaires, les champignons ont attiré les hommes pour leurs propriétés comestibles ou hallucinogènes. Ils les ont aussi effrayés par leur toxicité. Les premières descriptions en langues européennes datent du Grec Théophraste (-371, -288) qui observe que les champignons (mykès) sortent des racines des chênes et que les Grecs savent les faire croître sur les fumiers[12]. On trouve de nombreuses mentions chez les auteurs gréco-latins de divers fungus (mykès) : Nicandre rapporte les noms de champignons mortels de l'olivier, du grenadier et de l’yeuse, Pline l'Ancien[13] et Dioscoride, décrivent l'agaricum[N 1] (ou en grec agaricon[14], ἀγαρικόν) et Athénée[15] comme ses prédécesseurs, distingue les champignons, la truffe et le pezis. La classification des champignons parmi les plantes vient des Grecs et perdurera jusqu'au XXe siècle.
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Il faut attendre l'invention du microscope et son perfectionnement au XVIIe siècle pour découvrir les parties invisibles des champignons (nommées actuellement les "spores" et les "hyphes"), sans que l'on connaisse encore leurs rôles[16]. Au siècle des Lumières, les premières cultures de laboratoire permettent au botaniste italien Pier Antonio Micheli de décrire et dessiner les spores (qu'il appelle graines) de tous les grands groupes de champignons. Il est le premier à établir le cycle de développement partant de la spore, passant par le mycélium et donnant l'appareil reproducteur charnu (le sporophore). Mais comme ses contemporains, Michelli classe les champignons parmi les plantes et utilise les termes de graines, de fruits et même de fleurs pour désigner les parties qu'il dessine pourtant correctement (Nova plantarum genera (1729) Michelli[17]).
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Linné ne sait que faire de ces êtres vivants qu'il classe comme Fungi[18] dans les Cryptogamia regroupant « les plantes dont les noces ne sont pas publiques » (Species plantarum, 1753).
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La croyance en une génération spontanée a longtemps persisté même parmi les savants. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les travaux sur la multiplication des champignons comme ceux de Micheli ou de Della Porta, Malpighi et Spallanzani ont eu beau réfuter cette croyance tenace, certains (comme le botaniste Medicus, directeur de l'université de Heidelberg) continuaient à penser que les champignons provenaient de la gelée issue de la décomposition des feuilles mortes[17].
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Plusieurs mycologues sont considérés comme les pères de la classification mycologique moderne : Christiaan Hendrik Persoon qui publie deux volumes du Synopsis methodica fungorum en 1801, Elias Magnus Fries qui publie entre 1821 et 1832 les trois volumes de son Systema Mycologicum…, Lewis David von Schweinitz « père de la mycologie américaine » qui publie Synopsis Fungorum Carolinæ Superioris en 1822 et Miles Joseph Berkeley « père de la mycologie britannique » pour son apport dans la British Flora en 1836[19].
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En 1827, J. J. Schilling décrit comment le mycélium naît de graines (samen) et comment il a suivi au microscope la germination d' Aspergillus niger. Schilling eut beau, lui aussi, publier des dessins soignés de ses observations, rien n'y fit : ceux qui considéraient les champignons comme le produit de la génération spontanée restaient toujours nombreux. On peut citer de grands noms des débuts de la mycologie comme Persoon, Rudolphi (1807), Link, Nees, Unger (1833) et même Naegeli (1842) et E.M. Fries[17]. Pourtant ce fut ce même Elias Magnus Fries (1794-1878), surnommé le « Linné des champignons », qui donna la première classification systématique des champignons dans Systema mycologicum (1821-1832) et marqua ainsi le début de la mycologie moderne. Ce n'est qu'avec le développement de la théorie cellulaire et de la théorie de l'évolution, dans la seconde moitié du XIXe siècle, que les botanistes cessent de croire dans la génération spontanée des champignons et qu'ils commencent à les détacher des plantes vasculaires. Ainsi, le botaniste autrichien Endlicher proposa de séparer le règne des Plantae en Cormophytes et Thallophytes ("plantes inférieures", non vascularisées), ces derniers regroupant les champignons, les algues et les lichens[N 2].
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Les champignons sont considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des plantes imparfaites en raison de leur immobilité mais leur inclusion dans le règne végétal tel qu'il a été défini par Linné a souvent été plus ou moins controversée. Comme celles des végétaux, leurs cellules possèdent une paroi et une vacuole mais, à la différence des plantes, leur paroi n'est pas constituée de cellulose mais de chitine, molécule que l'on trouve aussi chez les insectes et les crustacés. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les naturalistes les considèrent comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames)[20]. En 1969, Robert H. Whittaker les individualise enfin dans un règne particulier, les Fungi[16], le botaniste proposant une division en cinq règnes[21] : les procaryotes (ou bactéries, à cellules sans noyau), les protistes (eucaryotes unicellulaires), les végétaux Plantae (eucaryotes pluricellulaires photosynthétiques), les animaux Animalia (eucaryotes pluricellulaires hétérotrophes) et les champignons Fungi (eucaryotes pluricellulaires non-photosynthétiques).
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Les champignons avaient enfin leur règne et on aurait pu attendre un répit dans les remaniements incessants des siècles passés. La coupure avec les plantes et les animaux semblait bien établie mais c'était sans compter sur les avancées techniques dans le séquençage des gènes.
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La comparaison des séquences de gènes permet de reconstruire l'histoire évolutive des êtres vivants en suivant les modifications de leur génome. Ces nouvelles méthodes de phylogénie moléculaire vont alors faire voler en éclats la division en cinq règnes[16] : finie la division en procaryotes et eucaryotes, finie la division entre règne animal et règne végétal, finie l'unité des Fungi, etc. L'évolution des eucaryotes a donné naissance à deux grandes lignées de champignons : les eumycètes ou « vrais champignons » et les pseudomycètes ou « pseudochampignons » (comme les mildious). Les vrais champignons sont de proches parents des animaux alors que les pseudochampignons sont plus proches des plantes. Les pseudochampignons Oomycètes (hétérotrophes filamenteux comme les mildious) qui par certains caractères semblent proches des vrais champignons (Eumycètes) ne sont pourtant pas monophylétiques avec ces derniers : leur ressemblance est le fruit d'une convergence évolutive car de leur ancêtre commun (le plus proche), descendent aussi d'autres lignées.
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Après avoir considéré les champignons comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames, Endlicher 1840), puis comme des organismes formant un règne à part (le règne fongique parmi les cinq règnes, Whittaker 1969) et actuellement en 2013, comme un ensemble artificiel, polyphylétique, d'organismes présentant des caractères communs par convergence évolutive, le progrès des connaissances va certainement continuer à nous obliger à toujours revoir et perfectionner les classifications. Les études phylogéniques se poursuivent toujours car la place de plusieurs groupes de champignons est encore incertaine[16].
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La classification des champignons relève de la mycologie. Elle évolue, notamment en raison des progrès de la génétique, y compris pour des organismes symbiotes (ex. : les lichens ont un temps été classés hors du monde fongique, et y ont récemment été réintroduits). Les listes et classifications sont donc régulièrement mises à jour[22]. Deux classifications sont actuellement proposées: la classification classique et la classification phylogénétique.
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Les champignons ont été considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des végétaux, en raison de leur immobilité et de la présence d'une paroi cellulaire épaissie, végétaux dits « cryptogames » car ne produisant pas de fleurs.
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Mais les champignons constituent un règne à part car ils se différencient des plantes et des algues par plusieurs caractères[23],[24] :
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Le botaniste Robert H. Whittaker a donc logiquement créé pour les champignons, en 1969, le règne spécifique des Fungi (du latin littéraire fungus, le champignon) pour y placer ces êtres particuliers, non seulement ceux produisant des sporophores, mais également dans les définitions les plus larges qui ont pu exister toutes sortes d'organismes eucaryotes multicellulaires ni végétaux, ni animaux, comme les moisissures, les rouilles, le mildiou, les saprolègnes, etc. et même parfois unicellulaires comme les levures.
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L'usage du mot champignon s'est alors étendu dans le langage commun à des formes biologiques très diverses. Ainsi le terme de champignon est utilisé parfois extensivement pour désigner aussi bien des agents responsables de dermatophytoses (types d'affections rencontrées fréquemment sous les ongles des pieds), les feutrages des oïdiums qui parasitent le feuillage des végétaux, l'ergot de seigle, des plasmodes coloniaux comme les fleurs de tan, les Penicillium du fromage de Roquefort, etc. À l'analyse, il s'avère que certains de ces « champignons inférieurs » sont effectivement apparentés de manière très proche aux champignons à sporophores, alors que d'autres appartiennent à des groupes très distants. Les définitions des différents taxons scientifiques ont alors été précisées, mais l'emploi élargi du mot champignon est resté.
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Il y a de très nombreuses espèces de champignons, dont épiphytes, endogés ou aquatiques, et il en reste beaucoup à découvrir. Sur les 100 000 espèces de champignons répertoriées en 2015 (sur un nombre total estimé[26] de cinq millions, voire de 10 millions d'espèces[27]), « près de 10 000 produisent des fructifications à l'œil nu, un peu plus de 1 100 sont comestibles et consommés comme aliments, et environ 500 sont utilisés comme remèdes dans la médecine traditionnelle de tous les pays en développement »[28].
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La classification des champignons a été totalement revue :
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La fructification chez les Eumycètes, appelée précisément sporophore (organe portant les spores permettant d'accomplir le cycle de vie, terme aujourd'hui préféré à « carpophore ») est particulièrement développée pour certaines espèces, le reste de l'organisme appelé le mycélium étant souterrain et donc invisible. Certains Eumycètes disposent de sporophores en surface tandis que d'autres, par exemple ceux des truffes, sont souterrains.
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Il existe cependant bien d'autres espèces appelées champignons, qu'elles soient uni- ou pluri-cellulaire, tels que les rouilles, les levures, les moisissures ou encore certains parasites de l'homme . Bien qu'ayant été par le passé regroupées au sein d'un même groupe, elles peuvent n'avoir que peu de rapport entre elles. Les actuels taxons des Fungi / Mycota, des Oomycota, des Hyphochytriomycota, des Labyrinthulomycota, et des Mycetozoa ont été classés ensemble dans le passé comme faisant partie du règne végétal du fait de la présence d'une paroi cellulaire, et de plusieurs similitudes entre leurs cycles de vie et ceux des algues avec lesquelles ils formaient les thallophytes. Les Mycetozoa, souvent décrits comme des champignons-animaux ou amiboïdes, n'ont en fait en commun qu'une ressemblance externe de leur appareil sporifère et sont assez proches des amibes. Des découvertes ont montré que les Oomycota n'étaient en revanche pas des champignons, mais plutôt des cousins des algues et des diatomées. C'est par exemple pour cela que les traitements antifongiques contre le mildiou n'ont jamais été efficaces.
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Transporté dans les sciences naturelles, le mystère demeura en partie, comme le montrent les premières classifications botaniques qui les laissèrent longtemps placées dans les cryptogames ou végétaux à reproduction cachée, principalement en raison de la discrétion et de la complexité de leur mode de reproduction.
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Fungi - Basidiomycota, espèce Boletus chrysenteron (un Bolet)
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Fungi - Basidiomycota, espèce Clavaria zollingeri (un clavaire)
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Fungi - Basidiomycota, espèce Armillaria mellea
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Fungi - Ascomycota, espèce Tuber melanosporum (une Truffe)
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Fungi - Ascomycota, espèce Penicillium roqueforti
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Fungi - Ascomycota, espèce Trichophyton rubrum (donne une mycose)
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Fungi - Ascomycota, espèce Claviceps purpurea (donne l'ergotisme ou mal des ardents)
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Fungi - Chytridiomycota, espèce Cladochytrium menyanthis
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Chromalveolata - Oomycetes, espèce Phytophthora infestans (donne un mildiou)
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Amoebozoa - Mycetozoa, espèce Fuligo septica
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Basidiomycota - Meruliaceae, espèce Chondrostereum purpureum
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Agaric des trottoirs perçant à travers le macadam en juin en région parisienne
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Certains champignons microscopiques sont responsables de pathologies humaines infectieuses.
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Certains champignons peuvent également se révéler pathogènes d'un point de vue toxique en cas d'ingestion.
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En France, les pharmaciens jadis formés à identifier les principaux champignons comestibles et vénéneux, le sont de moins en moins depuis les années 2000[29].
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Plusieurs espèces de champignon sont utilisées pour épurer un milieu (eau, air, sol) ou un substrat de culture d'un ou plusieurs polluants ou éléments chimiques indésirables : c'est la technique de mycoremédiation.
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Un des critères permettant d'identifier les champignons peut être l'odeur qu'ils dégagent[30]. Les fonges émettent des composés organiques volatils montrant une grande diversité de structures chimiques : composés aromatiques, terpènes, dérivés d’acides gras (notamment l'octène-1-ol-3 que l'on retrouve chez de nombreuses espèces telles que les champignons de couche, les cèpes ou les girolles)[31]. Le ratio bactérie/champignon dépend du pH. Le ratio odeur de champignon (principalement l'octénol) / odeur de terre (due à la géosmine produite par des bactéries) permet à un écologue d'évaluer la richesse d'un sol par son odeur. Plus un sol sent l'octénol, plus il est riche en champignon et est acide (exemple : mor, moder de landes ou de forêts de résineux issues de la dégradation lente d'une litière acidifiante). Plus un sol sent l'odeur de terre, plus il est riche en bactéries qui traduisent un recyclage rapide de la matière organique avec des vers de terre (surnommés par Aristote "les intestins de la terre") consommateurs de ces bactéries (exemple : mull de pelouse, d'agrosystème, de forêt productive)[32].
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Il existe principalement deux grandes catégories de champignons parasitant les arbres[33], soit les champignons saprophytes qui se nourrissent d’arbres en décomposition et les champignons lignivores qui se nourrissent de matière organique vivante, c'est-à-dire la cellulose et la lignine des arbres
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Ces champignons sont des parasites véritables des arbres, puisqu'ils s'attaquent à de la matière végétale vivante causant leur dépérissement jusqu'à leur mort après quelques années dans certains cas, selon la virulence du champignon en question.
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Le parasitisme par les champignons se produit quelquefois en réponse à un stress important que l’arbre a subi. Par exemple : le bris d'une branche, l'écorce détériorée par les mammifères s'en nourrissant et même un accident de voiture ayant partiellement altéré son écorce[34]. Ainsi, l'arbre ayant perdu sa couche de protection externe est exposée à plusieurs parasites dont les spores des champignons. De plus, dans ces cas, l'impact écologique sur l’abondance d’une espèce d’arbre dans nos forêts est souvent minime, puisque le phénomène se produit à petite échelle, à l’exception de tous les phénomènes naturels causant des stress beaucoup plus importants. Il faut noter qu’une perte en matière végétale vivante (arbre dans ce cas) ne peut qu’être bénéfique pour les organismes décomposeurs qui ont besoin de cette matière morte afin d’assurer leur survie et le maintien des réseaux trophique de l’écosystème.
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Par contre, certains champignons n’ont pas besoin de profiter de ces altérations majeures. Effectivement, les champignons ayant pour hôte une famille ou espèce d’arbres en particulier[35] réussiront à trouver une petite faille dans la défense de ceux-ci et pourront, par un simple contact, le parasiter et causer sa mort à court ou long terme. Ainsi, un champignon pourrait avoir comme hôte primaire, par exemple, un insecte, qui lui permettra de passer à travers la barrière végétale d’un arbre et d’y implanter ledit parasite mycologique. C'est ce type de champignon qui aura un plus grand impact sur la diversité forestière, surtout si aucune mesure de protection n’est prise et que l’espèce de champignon est une espèce exotique, c’est-à-dire qu’elle s’est répandue dans une région ou sur un continent où elle n’était pas présente auparavant.
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D'un point de vue écologique, une espèce envahissante[36] va créer un déséquilibre naturel dans les écosystèmes déjà en place dans une région donnée. Ainsi, une espèce de champignon envahissante fera compétition à d’autres espèces animales et végétales, dites indigène, afin d’obtenir des ressources nécessaires pour assurer sa survie, ce qui finira par dégrader l’habitat de plusieurs autres espèces, altérer les ressources en eau et minéraux disponibles et même causer la quasi-disparition d’espèces locales qui n’auront pas pu compétitionner avec la nouvelle espèce. On peut nommer comme exemple la maladie hollandaise de l’orme.
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La cueillette de champignons correspond principalement à la collecte de champignons comestibles à usage domestique ou dans un but commercial, plus rarement de champignons hallucinogènes ou aux médicinaux. La récolte concerne également les mycologues qui déterminent les espèces au cours d'excursions mycologiques, ou encore la prospection pour la mise en marché de champignons dans des domaines innovants (cosméceutique (en), pharmaceutique, nutraceutique, etc.).
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Les prélèvements en grande quantité, voire la « sur-récolte », entraînent des atteintes à la biodiversité forestière, des troubles à l’ordre public, voire des infractions plus graves (destruction, dégradation …). La cueillette des champignons, qu'elle soit familiale ou commerciale, peut ainsi être réglementée[37].
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L'utilisation des champignons remonte probablement aux temps les plus reculés. Ainsi Ötzi qui vivait au Chalcolithique (4 546 ± 15 ans BP) portait sur lui deux types de champignons, un morceau d'Amadouvier sur lequel étaient fixés des cristaux de marcassite (associé à un silex, il était utilisé pour la production du feu) et des morceaux de polypores du bouleau enfilés sur une lanière de cuir, à usage probablement médicinal (vermifuge)[38].
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Toutes les mythologies ont en commun de considérer les champignons comme étant les produits d'une réaction mystérieuse entre la terre humide et un élément surnaturel. Ainsi dans la mythologie nordique, le premier homme Odin chevauche Sleipnir dans une forêt ou dans le ciel par des nuits orageuses, poursuivi par des démons. Des gouttes d'écume ensanglantée tombant de la bouche de son cheval Sleipnir donnent naissance à l'amanite tue-mouches dont la poussée est stimulée par la foudre[39].
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Les différentes dénominations des champignons rappellent leur rôle néfaste. Sénèque les appelle voluptuarium venenum, « poison voluptueux », et Pline anceps cibus, « mets suspect ». Encore appelés Mycètes ou Fungi, ils ont une étymologie en lien avec leur rôle funeste. Mycète vient du grec mykes, « mucus » apparenté à de la moisissure et pourriture. Une étymologie populaire de Fungi en fait la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons[40]. Ainsi selon Pline, la quatrième femme de l'empereur romain Claude aurait empoisonné son mari en remplaçant son mets favori, l'Amanite des Césars, par l'Amanite phalloïde, champignon probablement responsable aussi de la mort de l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique Charles VI[41].
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Au Moyen Âge, les champignons sont classés au plus bas de l'« échelle des êtres ». À l'exception des champignons comestibles (moins de 0,1 % de l'ensemble des espèces fongiques), ils sont associés à la mort et la putréfaction, considérés comme pervers (forme du pied de champignons phalliques). Considérés comme des « excréments de la terre », diaboliques et démoniaques, les adeptes de la magie noire les utilisent dans leurs élixirs[42]. Selon la théorie enthéogène des religions, certains champignons hallucinogènes sont à l'origine du phénomène magique et religieux : sorciers, chamanes et autres grands prêtres de différentes ethnies, souvent très éloignées géographiquement les unes des autres, utilisent ces substances sacrées accompagnant le surgissement des civilisations (tels les chamanes Paléo-Sibériens avec l'Amanita muscaria, ou le língzhī, « champignon divin » de la Chine)[43]. Il est ainsi possible que les autorités religieuses du Moyen Âge aient fait du champignon un élément chtonien maléfique pour empêcher la diffusion de ce savoir millénaire chamanique devenu ésotérique[44]. Les épidémies de mal des ardents qui s'abattent sur des régions au Moyen Âge, tuent des dizaines de milliers de personnes et provoquent des ravages jusqu'au XVIIe siècle[45].
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En Asie, le champignon est symbole de longévité, par exemple, pour les Coréens le champignon magique est l'un des dix symboles de longévité et aussi un symbole de fertilité[46]. Dans la peinture chinoise c'est le cerf qui apporte le champignon, tous deux sont des symboles de longue vie, la croyance chinoise voulant que le cerf vive très vieux et soit donc le seul animal capable de trouver le champignon sacré de l’immortalité[47],[48].
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« Autant de sons nés du même instrument, autant de champignons nés d'une même humidité[49]. » Ainsi Zhuangzi explique-t-il que les êtres sont l'émanation fugitive d'une seule et même essence.
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En Pologne, consommer des champignons à Noël facilitait les contacts avec les morts[50].
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En héraldique le champignon est également le symbole de la fertilité ainsi que de la puissance sexuelle[51].
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La rapidité de croissance des champignons fascine. Ils sont présents dans l'imagerie populaire sous forme de champignons géants, thème qui intéresse encore les journalistes : en juillet 2006 sur l'île taïwanaise de Taitung on aurait découvert deux champignons plats de 60 cm de diamètre et pesant chacun environ 20 kg[52]. En juillet 2007 un champignon géant de plus de 70 cm de haut et pesant plus de 20 kg aurait été découvert au Mexique, dans la forêt de Tapachula (Chiapas), à la frontière du Guatemala[53].
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L'armillaire d'Ostoya (Armillaria ostoyae) est particulièrement connu pour détenir le titre du plus grand organisme vivant, un individu couvrant une surface de 8,9 km2 ayant été trouvé en Oregon, dans l'ouest des États-Unis[54].
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Termitomyces titanicus est le plus grand champignon comestible sur terre avec un « chapeau » atteignant un diamètre d'un mètre[55].
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Dans son roman Voyage au centre de la Terre, Jules Verne évoque une forêt de champignons géants.
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Dans la bande dessinée L'Étoile mystérieuse, le héros Tintin est confronté à des champignons géants à la croissance instantanée. On retrouve le même thème dans le jeu de société pour enfants Spirou et les champignons géants.
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L'artiste chrétien médiéval représente rarement les champignons, considérés comme maléfiques, si ce n'est pour évoquer leur symbolisme démoniaque. Un bolet à pied rouge et une amanite tue-mouches figurent au centre du triptyque Le Jardin des délices de Jérôme Bosch[56]. Tout comme dans les aventures d'Alice au pays des merveilles, le champignon évoquerait plutôt les effets hallucinogènes de certains champignons, dits magiques, modifiant la perception de la réalité[57].
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Les artistes contemporains s'intéressent eux aussi aux champignons, fascinants parce qu'ils poussent dans la pourriture et prolifèrent sur des organismes morts[58].
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Par exemple un artiste comme Michel Blazy travaille, entre autres, sur les moisissures et pourrissements microscopiques générés par les altérations biologiques sur des installations éphémères. La prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation de ce type d'œuvre et à son développement, au sens propre du terme[59].
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Les champignons sont utilisés depuis peu dans la mode. En effet, on a réussi à créer un cuir à base de champignons. Son nom commercial est le Muskin, nom donné par l'entreprise Grado Zero Espace. Ce cuir est une peau extraite du chapeau du champignon. Ce cuir n'utilise pas de substance chimique et n'est pas toxique, il est 100% biodégradable[61].
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En physique et en métallurgie, la fusion est le passage d'un corps de l'état solide vers l'état liquide.
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Pour un corps pur, c’est-à-dire pour une substance constituée d'atomes ou molécules tous identiques, la fusion s'effectue à température constante dite point de fusion. La température de fusion ou de solidification d'un corps pur, appelée « point de fusion », est une constante qui dépend très peu de la pression (contrairement à la température d'ébullition, voir diagramme de phase).
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Si la température de fusion d'un corps pur est une constante physique, sa température de solidification peut, pour sa part, varier. L'eau par exemple peut geler à des températures de l'ordre de -39 °C dans l'atmosphère (surfusion de l'eau).
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Par contre, la température de fusion d'un mélange de corps purs (voir Diagramme de phase > Diagramme binaire et ternaire ) s'effectue sur une plage de température (sauf pour un eutectique), et dépend de la proportion de chaque constituant du mélange.
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Dans la pratique, le corps est placé dans un récipient, afin de le contenir une fois qu'il sera liquide. On chauffe, en général, le récipient par-dessous, à l'aide d'une flamme ou d'une résistance électrique ; la fusion commence donc par la partie en contact avec le récipient. Dans un four, la chaleur est apportée par l'air et par radiation des parois, c'est donc en priorité le dessus qui fond. En métallurgie, on pratique parfois la fusion par un arc électrique (soudure à l'arc, acier électrique) : l'énergie de chauffage est apportée par le passage du courant dans l'air entre les électrodes. Lorsque le récipient est dans un métal ferromagnétique et que le point de fusion du solide est inférieur au point de Curie du récipient, on peut chauffer par induction. Les corps non-conducteurs peuvent être chauffés par micro-ondes.
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Lorsque l'on chauffe un corps pur solide, sa température augmente. Puis, arrivé au point de fusion, la chaleur apportée sert à la transformation solide → liquide, la température reste stable. Une fois la fusion terminée, la chaleur apportée fait monter la température du liquide.
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La chaleur nécessaire pour faire fondre le corps est appelé enthalpie de fusion ou chaleur latente de fusion, Lf. Elle est exprimée par unité de quantité de matière (J/mol) ou par unité de masse (J/kg).
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Dans certains cas, deux corps purs peuvent se mélanger parfaitement à l'état solide. C'est le cas par exemple des alliages or-argent (Au-Ag) ou bismuth-antimoine (Bi-Sb). Les atomes ou molécules des deux corps purs sont mélangées de manière aléatoire, on parle de « solution solide unique ». Dans ces cas-là, la température évolue de manière continue durant la fusion. Cependant, la courbe de chauffe s'incurve, puisque seule une partie de l'énergie apportée fait augmenter la température, l'autre partie sert à la fusion. Si l'on reporte la température de début et de fin de solidification en fonction de la composition chimique (diagramme dit « binaire »), on obtient un fuseau unique.
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En fait, le système ne s'est pas solidifié de manière uniforme, la composition n'est pas la même partout dans le solide (phénomène de ségrégation). La température de fusion n'est donc pas uniforme. La solidification classique commence par les bords et se termine au centre; la fusion suit donc l'ordre inverse, puisque le centre est la partie ayant le plus bas point de fusion.
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Futurama est une série télévisée d'animation américaine répartie en 7 saisons totalisant 140 épisodes de 22 minutes et 4 films de 88 minutes, créée par Matt Groening et développée par David X. Cohen, diffusée du 28 mars 1999 au 10 août 2003 sur le réseau FOX, puis les droits ont été rachetés par la chaîne Comedy Central, qui l'a diffusée du 24 juin 2010 au 4 septembre 2013[2].
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En France, la série est diffusée depuis le 11 mars 2000 sur Canal+, à partir du 3 septembre 2003 sur TPS Cinéfamily et depuis le 1er septembre 2007 sur NRJ 12, au Québec sur Télétoon puis à partir du 7 décembre 2009 sur V et en Belgique, sur La Deux puis à partir du 30 mai 2010 sur Club RTL.
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Philip J. Fry, dit Fry, jeune livreur malchanceux de pizzas à New York, est accidentellement cryogénisé le 1er janvier 2000 juste après minuit. Il se réveille environ mille ans plus tard, le 31 décembre 2999. New York est devenue New New York et bien des choses ont changé. Au centre de cryogénie, Turanga Leela, une « extraterrestre » cyclope, lui attribue le métier de livreur. Mais lorsque celle-ci veut lui poser l’implant correspondant à ce métier qu'il ne veut pas refaire, Fry s’enfuit. Il rencontre Bender Tordeur Rodríguez, une machine tordeuse, dans une cabine à suicide (que Fry a confondue avec une cabine téléphonique). Après quelques péripéties, le professeur Hubert Farnsworth (qui est en fait l’arrière-arrière-arrière-… arrière-petit neveu de Fry) embauche Leela, Bender et Fry pour piloter le vaisseau de sa société de livraisons interstellaires Planet Express. Ils rencontrent alors leurs nouveaux collègues : le bureaucrate Hermes Conrad (jamaïcain, ex-champion olympique de limbo), la belle stagiaire venue de Mars Amy Wong et l’incompétent docteur John A. Zoïdberg, une sorte d'homard (s'autoproclamant médecin spécialiste de l'humain).
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La chaine Fox désirait laisser Matt Groening créer une nouvelle série au milieu des années 1990. Ce dernier conçoit alors Futurama durant cette même période. En 1996, il engage David X. Cohen, alors scénariste et producteur pour les Simpson, pour l'assister au développement de la série. Ces deux artistes cherchent alors l'inspiration dans des livres de science-fiction, dans des films et séries télévisées. Lorsqu'ils proposent cette série à la Fox en avril 1998, Groening et Cohen avaient déjà créé les personnages et le scénario[3]. Durant ce premier entretien, la Fox demande treize épisodes. Cependant, la Fox craignait que le thème ne s'accorderait pas à ceux de la chaîne ; aussi Groening et les producteurs exécutifs de la Fox convainquirent la chaîne que l'émission pencherait dans l'innovation créative[3]. Le concept des cabines de suicide, du personnage de Docteur Zoidberg et du comportement antisocial caractérisé par Bender dérangeaient plus particulièrement la Fox[4]. Groening explique que « lorsque des notes concernant Futurama m'étaient données, je disais simplement non : nous ferons comme nous avons fait pour les Simpsons[5] ».
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Le nom de Futurama provient d'un logo de la Foire internationale de New York 1939-1940. Réalisé par Norman Bel Geddes, le logo de Futurama décrivait la manière dont ils imaginaient le futur en 1959[6]. D'autres idées de titres pour la série incluaient Aloha, Mars! et Doomsville, mais ces titres ont été rejetés[7],[8]. Cela prend approximativement six à neuf mois pour produire un épisode de Futurama[9]. Cette longue durée de production vient du fait que plusieurs épisodes sont créés simultanément durant la même période[10].
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Huit acteurs ont été engagés pour le doublage principal de Futurama. Billy West double Philip J. Fry (rôle initialement dévolu à Charlie Schlatter), le professeur Farnsworth, le Dr Zoidberg, Zapp Brannigan et d'autres personnages secondaires[11]. La voix du docteur Zoidberg est inspirée de Lou Jacobi et George Jessel[12].
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Le personnage de Zapp Brannigan est originellement doublé par Phil Hartman[11],[12]. Hartman a insisté pour doubler le personnage et « ça a collé » selon Matt Groening. À la suite du décès de Hartman, West reprend le rôle. West explique que sa version de Brannigan est une imitation de Hartman[11],[12].
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Maurice LaMarche double Kif Kroker et différents personnages secondaires. John DiMaggio double la voix originale du robot Bender Bending Rodríguez et d'autres personnages secondaires. Bender est le personnage dont le doublage a été le plus difficile, car les créateurs n'avaient pas d'idée précise sur le type de voix qu'il pouvait avoir[13]. DiMaggio a originellement été auditionné pour le rôle du professeur Farnsworth, utilisant la voix qu'il a pour Bender, ainsi que pour Bender avec une voix différente[13].
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Katey Sagal double exclusivement Leela, pour lequel Nicole Sullivan avait été initialement choisie[11]. Elle est la seule du casting à ne doubler qu'un seul personnage. Tress MacNeille double Mom et Lauren Tom Amy Wong.
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En 2006, Matt Groening et la 20th Century Fox décident de produire quatre longs métrages direct-to-DVD de 88 minutes chacun : La Grande Aventure de Bender (novembre 2007), Le Monstre au milliard de tentacules (24 juin 2008), Prenez garde au seigneur des robots ! (4 novembre 2008) et Vous prendrez bien un dernier vert ? (21 février 2009). Chaque film est ensuite redécoupé en quatre épisodes (soit seize au total) diffusés sur Comedy Central de mars 2008 à août 2009 et constituant la cinquième saison de la série.
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Le 10 juin 2009, la chaîne américaine Comedy Central commande une sixième saison de vingt-six épisodes[14] diffusée à partir du 24 juin 2010 sur cette même chaîne[15]. David X. Cohen confirma dans une interview que les 13 premiers épisodes qui ont été diffusés en 2010 forment la première partie de la saison 6 et les 13 épisodes restant, diffusés en 2011, la seconde[16].
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Le 24 mars 2011, la chaîne américaine Comedy Central a renouvelé la série pour une septième saison de vingt-six épisodes pour une diffusion en 2012 et 2013[17]. Le 22 avril 2013, elle annonce que celle-ci sera la dernière[18] et se conclura le 4 septembre 2013[2].
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La musique du générique, composée par Christopher Tyng, est un pastiche du « Psyché Rock » (tiré du ballet de Maurice Béjart, Messe pour le temps présent) de Pierre Henry et Michel Colombier qui était elle-même inspirée de « Louie Louie » par le chanteur américain Richard Berry (1957). Dans le générique apparaît furtivement un extrait de dessin animé emprunté aux pionniers du genre, comme Winsor McCay ou les frères Fleischer en passant par Les Simpson. L'écran de la Twentieth Century Fox traditionnellement présent après le générique de fin de chaque épisode devient la « 30th Century Fox ». Dans les tubes de transport de la ville, les personnages récurrents de la série apparaissent comme Zapp, Amy, Conrad, Kif et quelques autres.
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Groening et Cohen cherchaient à ce que Futurama soit diffusé chaque dimanche à 20 h 40 après Les Simpson. La chaîne télévisée Fox désapprouve et propose à la place deux épisodes chaque dimanche soir avant que les horaires de diffusion ne changent pour le mardi[19]. Dès la première diffusion de sa deuxième saison, Futurama est de nouveau diffusé le dimanche à 20 h 30[20], mais change de nouveau cette fois pour le dimanche à 19 h[21].
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Alors que la série Les Simpson est centrée sur une famille américaine traditionnelle, Futurama montre surtout des célibataires et des jeunes couples. Les technologies telles que le clonage et la durée de vie rallongée sont en effet courantes, ce qui a rendu la structure familiale traditionnelle plus difficile à conserver.
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New New York est un environnement urbain rude et anonyme, où il est difficile de créer de fortes relations. Les personnages prétendent souvent ne pas se préoccuper de leurs collègues, mais quand vient le moment de se serrer les coudes, il apparaît qu'ils ont bien de l'affection les uns pour les autres, même s'ils l'expriment souvent d'une drôle de façon. Par exemple, lorsque Bender est maudit (dans l'épisode La voiture-garoute) et doit tuer son meilleur ami, Fry est jaloux car Bender essaye de tuer Leela à sa place, et est heureux lorsque finalement Bender essaie de le tuer ; où quand nous voyons Bender être vert de jalousie lorsque Fry tente de récupérer son meilleur ami (son chien) dans l'épisode ceux qui m'aiment prendront le chien.
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De nombreuses galaxies ont été colonisées ou contactées pendant le troisième millénaire. La quasi-totalité de la voie lactée est maintenant dans la sphère d'influence du gouvernement terrien, caricaturant l'influence américaine actuelle sur la politique internationale. Apparemment, la Terre est engagée sur une campagne à long terme, visant à conquérir ou éliminer toutes les autres planètes ou races non alliées. Cette campagne est menée par le capitaine Zapp Brannigan.
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La Terre a un gouvernement unifié, appelé les États-Unis de la Terre, dirigé par le président de la Terre. Il semble que plusieurs sous-États aient un premier ministre ou un dirigeant équivalent, comme le système actuel de gouverneurs aux États-Unis. Ce gouvernement terrien est très centré sur les États-Unis : la capitale de la Terre est Washington, DC, et le drapeau de la Terre est identique aux drapeau des États-Unis, avec une image de la Terre (avec les États-Unis visibles) à la place des étoiles.
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L'organisation des partis politiques dans Futurama est similaire au système américain actuel, bipartite, avec quelques partis mineurs. Bien qu'il ait été élu deux fois président des États-Unis avant l'an 3000, la tête de Richard Nixon est élu président de la Terre, en s'appuyant sur le fait que son corps n'est pas élu, alors que la loi terrienne indique que « personne ne peut être élu plus de deux fois » (en anglais, jeu de mots entre nobody (personne) et no body (aucun corps)). Généralement, la tête de Nixon est transportée par le secrétariat des Transports ou par le corps sans tête de Spiro Agnew. Mais Bender, lors de la hausse du titanium, a vendu son corps qui a été récupéré par le président dans l'épisode Fortes têtes de la deuxième saison.
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La fête nationale terrienne est le Jour de la liberté, qui est célébré traditionnellement en faisant tout ce que l'on veut, sans se soucier des conséquences, et en dansant en chantant Freedom, freedom, freedom, oy !.
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Mars a été terraformée à un degré avancé (c'est maintenant un lieu de domicile pour les riches), et abrite l'université de Mars. L'hémisphère ouest de la planète est la propriété des Wong, les parents d'Amy Wong. La lune de la Terre est encore en grande partie sauvage, à l'exception de quelques fermes, mais elle héberge un parc d'attraction du nom de Luna Park (parodie de Disney jusque dans son slogan : The Happiest Place Orbiting Earth, Le lieu le plus joyeux en orbite autour de la Terre), qui est l'unique attraction touristique. La tête de Al Gore est le premier empereur de la Lune.
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L'ODP : Ordre démocratique des planètes (DOOP : The Democratic Order of Planets). Cette organisation comprend la Terre et beaucoup d'autres planètes et est décrite par le professeur Farnsworth et Hermes comme étant « similaire aux Nations Unies ou à la Fédération dans Star Trek ». La Terre agit parfois de façon unilatérale sans l'aide des autres membres de l'ODP. Omicron Persei 8 est souvent en conflit avec l'ODP et avec la Terre. Le logo de l'ODP possède une symétrie par rotation.
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Malgré l'existence de l'ODP, les relations interplanétaires sont pauvres, avec de nombreuses guerres et invasions, généralement mal préparées et déclarées pour les raisons les plus futiles. Dans l'épisode La guerre, c'est l'enfer, la Terre déclare la guerre à Spheron 1, une planète habitée par des boules rebondissantes géantes. Avant la bataille, le capitaine Zapp Brannigan déclare aux troupes : « Nous ignorons tout de nos ennemis, de leur culture, de la langue ou de leur apparence. Mais nous savons une chose : ils aiment tout ce que nous détestons ! » Dans l'épisode La cagnotte de la soie, une victoire contre Tarantulon VI, planète habitée par des araignées, provoque un excédent de soie, à la suite de quoi le président de la Terre, la tête de Richard Nixon, décide un remboursement fiscal de 300 USD par citoyen.
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On connaît également une planète colonisée par un « dangereux groupe armé de robots séparatistes », qui tuent les humains à vue : Chapek 9, en référence à Karel Čapek, inventeur du terme robot. Bender n'approuve cependant pas le terme « dangereux » (« Ah ! Vous voyez, il suffit que des robots tuent des humains et on dit tout de suite qu’ils sont dangereux ! »). Il existe une planète nommée Arrakis, en référence à Dune, le roman de Frank Herbert. L'univers se termine après Crotte de chien 7 (dans la version originale Dog Doo 7). Au bord de l'univers, on peut apercevoir un univers alternatif peuplé de cowboys (référence à la Tour Sombre de Stephen King, dans lequel l'univers semble partagé en plusieurs niveaux, dont un Western post-apocalyptique). La possibilité ou non de passer d'un univers à l'autre n'est pas connue. Seulement, une faille, le phénomène le plus inquiétant de l'univers, s'est ouverte entre l'univers et un autre où vit Ivo, une astre aux milliard de tentacules qui endoctrine les gens pour les faire s'aimer tous, dans le film Le Monstre au milliard de tentacules. Seules des espèces biologiques peuvent traverser la faille et non les machines selon les expériences de Wernstrum. L'accès d'un univers à un autre peut être dangereux pour des robots.
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Peu après le Big Bang, une guerre commença entre les Nibbloniens, espèce existante alors depuis déjà dix-sept ans et demi, et des cerveaux géants volants et capables de télékinésie et de télépathie. Ces cerveaux attaquent une fois la Terre avec pour objectif de détruire toute pensée (« Mon Dieu ! Ce sont des télévisions volantes ! »). L'attaque est contrée par Fry, seul être de l'univers immunisé contre les cerveaux grâce à une déficience due au fait qu'il soit son propre grand-père. Plus tard, il aidera les Nibbloniens à envoyer l'InfoSphère dans un univers parallèle sans retour possible. L'InfoSphère est une banque de données grosse comme trois banques de données ordinaires dans laquelle les cerveaux emmagasinent le savoir de l'univers avant de le détruire.
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La religion a quelque peu changé depuis l'année 2000. Le christianisme, le judaïsme, l'islam et le bouddhisme ont fusionné en une seule et même religion. Il existe une forme de catholicisme de l'espace dirigée par le reptile pape de l'espace (Crocodylus pontifex) et fondée sur l'interdiction de l'amour entre robots et humains, nommé robosexualité (présentée dans l'épisode Je sors avec un robot, où Fry rompt le tabou de l'amour humain-robot en sortant avec une version robotisée de Lucy Liu). L'oprahisme et le Vaudou sont maintenant parmi les religions principales (le waltermercadoïsme est également mentionné dans la version pour l'Amérique latine). Les mutants situés dans les égouts terriens vénérèrent un missile nucléaire, ceci fait référence au film Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes).
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Certaines des religions actuelles existent toujours mais avec des symboles légèrement différents. Noël est désormais célébré dans la peur d'un père Noël robot résidant au pôle Nord de Neptune. Il fut initialement créé et programmé par la Mom's Friendly Robot Company afin de juger si les citoyens de la Terre se sont bien comportés ou non, et leur distribuer des cadeaux en conséquence. Cependant son algorithme distinguant les « Bonnes personnes » des « Mauvaises personnes » dysfonctionna peu de temps après sa mise en service, et juge désormais 99 % des terriens comme « méchants » (le docteur Zoïdberg étant une des rares exceptions). Il les pourchasse, à l'aide de son traineau-vaisseau spatial ainsi que ses rennes-robots, pour punir les terriens, encore présents dans les rues à la tombée de la nuit le jour de Noël, d'une mort atroce. Hanukkah est maintenant représenté par le zombie d'Hanukkah et Kwanzaa par le Kwanzaabot. Il existe également des religions pour les robots, dont la plus populaire est la robotologie, très proche du christianisme. L'enfer de la robotologie se situe dans un parc d'attractions abandonné du New Jersey et est dirigé par le démon robot (Robot Devil). Il existe également des robots juifs mais on apprend peu d'eux dans la série. Ils organisent des « Bot Mitzvah », auxquelles les Décapodiens (l'espèce du docteur Zoïdberg) ne sont pas admis (parce que les crustacés ne sont pas kosher, ce qui est ironique puisque les Décapodiens sont une parodie des stéréotypes juifs). Dans un épisode, Bender essaye d’avoir un jour de congé en inventant une fête qu’il nomme « Robanukkah ».
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Au fil des années, la vie des Futuriens ressemble de plus en plus à Star Trek. La série de science-fiction est devenue une véritable religion. Cela provoqua les guerres de Star Trek. Après la guerre, le gouvernement planétaire décida d'interdire cette religion, et fit exécuter ses disciples en les jetant dans le cratère d'un volcan. En l'an 3000, la seule mention de la série est répréhensible. Malgré cela, elle est mentionnée sans problème par Hermès Conrad pour décrire l'ordre démocratique des planètes (après l'avoir d'abord comparé à l'ONU, mais cette première comparaison n'a pas été comprise par Fry), et par Fry dans le premier épisode où il remarque que les portes sont comme dans Star Trek, et également dans un autre épisode (Where no fan has gone before) où l'équipe de Planet Express découvre une planète où sont maintenues en captivité les têtes des acteurs de Star Trek (la série) par une entité vaporeuse toute puissante et fan de Star Trek, qui leur a fourni des corps afin de rejouer les moments cultes de la série. Finalement Fry la mettra en déroute à la suite d'un quiz sur la série.
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L'univers de Futurama fait quelques prédictions osées sur l'avenir des langues. Dans un des premiers épisodes (en version originale), il est révélé que le français est une langue morte et que la langue parlée en France est désormais l'anglais (dans la version française de la série, c'est l'allemand qui est devenu une langue morte). L'anglais est aussi la langue de rigueur lors des relations commerciales et politiques interplanétaires (bien que, en version française, tous les protagonistes extraterrestres parlent évidemment français). Deux alphabets extraterrestres font également une apparition furtive. Le premier est une simple substitution de caractères extraterrestres vers l'alphabet occidental, tandis que le second, plus complexe, utilise une addition suivie d'un modulo. Ils servent de vecteurs pour des blagues qui s'adressent aux fans suffisamment courageux pour décoder les messages. Tous les messages décodés sont en anglais, naturellement.
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Planet Express est une société de livraison créée par le professeur Farnsworth, pour financer ses recherches et ses inventions. Le professeur fait souvent référence à la mort brutale de ses anciens employés (d'ailleurs le slogan de la société est « nos équipes sont remplaçables, pas vos colis »). L'équipe précédant l'arrivée de Fry est censée avoir été dévorée par une guêpe de l'espace.
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Le vaisseau de Planet Express est généralement commandé par Leela, avec Bender comme cuisinier et Fry comme livreur. Amy, Farnsworth, Hermes, et le docteur Zoïdberg accompagnent l'équipe si nécessaire. Parfois, Scruffy, le concierge, traîne aussi à bord. Le vaisseau est équipé d'un pilote automatique, d'un énorme treuil de cargo, d'un filet pour capturer les girafes, d'une intelligence artificielle embarquée, et d'un moteur fonctionnant tantôt au pétrole (devenu rare et extrêmement cher), tantôt à la « matière obscure » fournie par Nibbler, dans le film Vous prendrez bien un dernier vert ? (Into the Wild Green Wonder) il est alimenté par de l'huile de baleine car dans le film La Grande Aventure de Bender (Bender's Game) la matière noire est devenue inutile. À noter que le vaisseau ne se déplace pas, mais c'est en fait tout l'univers qui se déplace autour du vaisseau, grâce à son réacteur inventé par Farnsworth. En plus, le vaisseau est armé d'un canon laser monté sur tourelle et de quatre lanceurs de torpilles, utilisés pour la première fois dans l'épisode Omicron Persei Huit attaque.
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Dans l'épisode 3 de la deuxième saison, les extraterrestres d'Omicron Persei 8, située à 1 000 années-lumière de la Terre, sont des fans de Jenny McNeal (nom faisant référence à la série télévisée et au personnage Ally McBeal), l'héroïne de « Single Female Lawyer ». Or, au XXe siècle, alors que Fry livrait une pizza aux studios de la Fox, il avait renversé une canette de bière sur un panneau de contrôle, empêchant ainsi la diffusion d'un épisode. Mille années-lumière plus loin, et donc avec un décalage de 1 000 ans, les habitants d'Omicron assistent à l'interruption du programme. Ils décident alors d'attaquer la Terre pour exiger la diffusion immédiate (et sans concession) du fameux épisode. Le conseil planétaire décide de répliquer en réquisitionnant tous les vaisseaux spatiaux disponibles qui seront mis sous le commandement du légendaire Zapp Brannigan, déjà vainqueur des Robots Tueurs. Bien évidemment, c'est un échec. Alors, Fry et ses collègues de Planet Express tournent un épisode spécialement destiné à ces extraterrestres. Presque chaque mission que le professeur confie à son équipe est inhabituellement dangereuse. Heureusement, le blindage de la coque du vaisseau est une armure adéquate pour protéger l'équipe, comme on peut le voir, par exemple, dans l'épisode Un amour de vaisseau, où l'appareil arrive à résister aux impacts de nombreux missiles omicroniens pendant sa fuite, en s'en tirant seulement avec quelques dommages mineurs. Cependant, à l'extérieur du vaisseau, l'équipe doit généralement compter sur son intelligence, sa force et sa chance pour accomplir ses missions.
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Dans plusieurs épisodes les dégâts au vaisseau sont réparés par l'équipage lui-même, dans la meilleure tradition des marins de l'ère de la voile selon Joseph Conrad, capables d'improviser un gréement de fortune: Lors de l'épisode The deep south où il est immobilisé au fond de l'océan qui a englouti la ville d'Atlanta, l'équipage remplace le propulseur devenu inutile par une gigantesque queue de poisson et dans l'épisode Möbius dick (parodique du Moby dick d'Herman Melleville, le vaisseau de Planet Express porte un gréement complet de trois mâts à la façon d'un clipper.
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Autre transformation pour le moins radicale: Dans l'épisode 2 D black top, le professeur Farnsworth, pris d'une frénésie de Hot-Rodding entreprend de gonfler le moteur du vaisseau dans des proportions déraisonnables , au grand dam de Leela, posée et responsable, qui plaide pour la sécurité avant tout.
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En provoquant en duel un gang de jeunes "frimeurs" amateurs de hot-rod sur un circuit en forme de ruban de Möbius, Farnsworth provoque un crash si violent que le vaisseau et toute l'équipe de Planet Express se retrouvent aplatis au sein d'un univers à seulement deux dimensions.
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Le bâtiment de la société contient deux pièces importantes : le calamitorium, une sorte d'observatoire du professeur où il entrepose ses inventions comme le flairoscope et La salle d'affolement, une petite pièce à laquelle on accède par le hangar où trône le vaisseau de Planet Express, dans laquelle le professeur montre à son équipage ses inventions ou organise les missions. Bien que le professeur soit le dirigeant de la société, il n'en est plus le propriétaire, en effet la majeure partie de Planet Express appartient désormais à Fry qui depuis les événements de l'épisode OPA sur PME, détient 114 083 actions (soit 55,9 % des parts de l'entreprise). En tant qu'actionnaire majoritaire, Fry pourrait donc s'il le souhaite, destituer le professeur de son poste ou vendre la société, mais voyant l'équipe comme sa nouvelle famille, il n'a jamais usé de ce pouvoir.
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La série paraît aussi en comics chez l'éditeur américain Bongo. La bande dessinée est publiée tous les mois aux États-Unis et est parue en France sous forme d'un recueil des quatre premiers comics : Futurama O'rama.
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Le langage binaire est extrêmement[réf. nécessaire] présent dans la série. Par exemple, sur la porte de l'appartement de Bender, il est écrit 00100100, qui est la transcription de $ depuis le langage binaire en ASCII
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L'auteur de bandes dessinées Yacine Elghorri a travaillé comme créateur de personnage sur la première saison[réf. souhaitée].
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Le dessinateur belge Erwin van Pottelberge a contribué comme storyboard entre 1999 et 2001[réf. nécessaire]. Le storyboard optimise la collaboration artistique qui est le fondement de la fabrication d'un film. Avant cette production, Van Pottelberge travaillait sur les storyboards de la série d'animation, Les Simpson[réf. nécessaire].
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L'humour de la série Futurama vient en grande partie des références historiques faites par les personnages à des événements ayant eu lieu durant le dernier millénaire. Ainsi, entre 1999 et 3000, sont survenus les événements suivants :
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Une adaptation de la série est disponible en Europe et en Amérique sur PS2 et Xbox. Celle-ci est sortie en 2003. Une autre adaptation était prévue pour la Gamecube, mais le projet a été abandonné. À noter que Mathy Stewart ressemble fortement au Dr Stewart de F-ZERO. De plus Bender et Zoïdberg apparaissent dans Les Simpson, le jeu.
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L'éditeur américain Bongo Comics produits des bandes dessinées de Futurama :
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Matt Groening étant aussi le créateur de la série Les Simpson, il est possible de remarquer certaines ressemblances entre les deux séries, ainsi que des clins d'œil dans leurs épisodes respectifs.
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Deux personnages des Simpsons sont apparus dans Futurama : le Blinky (saison 1, épisode 1 : Spatiopilote 3000) et le vendeur de BD (saison 5, épisode 13 : L'homme est une femme formidable)
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Dans le film Twin Peaks: Fire Walk With Me un personnage appelé "Philip Jeffries" apparaît, ce qui est très ressemblant du nom "Philip J. Fry".
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L'épisode The late Philip J Fry (titre qui peut se comprendre en anglais soit comme " Philip J Fry le retardataire" ou "Le regretté Philip J Fry") contient de nombreuses références au film de George Pal The Time Machine (d'après HG Wells) . La machine à voyager dans le temps, au style très "Belle Epoque" et en particulier sa manette de commande (imitée d'un Chadburn de navire, mais avec une poignée en pierre précieuse) est reproduite à l'identique ou presque et le destin des humains partagés entre Les Eloïs (des aristocrates dégénérés) et les Morlocks (des ex-prolétaires bestialisés) figurent dans la trame de cet épisode(Saison 6 épisode 7).
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Au cours de l'épisode Parasites Lost (S3 E4) l'équipe de planet express (ainsi que son fidèle vaisseau spatial) se miniaturise pour pénéter dans le corps de Fry et le délivrer de bactéries vermiculaires mutantes qui ont envahi son système intestinal après l'ingestion d'un sandwich plus que douteux dans un restauroute galactique particulièrement mal tenu.
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Problème : Ses bactéries symbiotiques ont rendu Fry intelligent et enfin capable de séduire Leela... cette dernière s'ingénie donc à contrarier la mission... qui est calquée trait pour trait (y compris l'environement psychédélique façon "lava-lamp" censé représenter les tissus cellulaires) sur le film de Richard Fleischer Le Voyage fantastique où, sur un fond historique de guerre froide et de fuite des cerveaux une vaillante équipe de savants (dont la sculpturale Raquel Welch, moulée dans une tenue d'homme grenouille d'un blanc étincelant) se lance à l'intérieur du corps d'un savant pour détruire un caillot de sang intracérébral potentiellement mortel.
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Dans l'épisode N° 19 saison 8 (intitulé Law and Oracle) Fry, lassé de sa condition de coursier livreur galactique s'engage dans la police: Après avoir intégré l'académie de police il débute à la voie publique comme motard, et se distingue en pourchassant un automobiliste qui a dépassé la limite de vitesse… de la lumière.
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La poursuite se déroule dans l'univers bien particulier du premier Tron des studios Disney (un des premiers films à utiliser les animations sur ordinateur type « fil de fer », avec motos futuristes et virages à angle droit, technologiquement révolutionnaire en 1982, mais démodé aujourd'hui, ce qui peut faire sourire). Le délinquant n'est autre que le physicien nucléaire Erwin Schrödinger, dans une version assez déjantée, qui transporte avec lui sa célèbre expérience du chat quantique (à la fois mort et vivant) ainsi que quelques hallucinogènes de derrière les fagots.
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Après cette action d'éclat, il est promu inspecteur et bascule dans l'univers de Minority Report (tiré d'un roman de Philip K. Dick), un film de science-fiction célèbre où les policiers visualisent les crimes avant leur perpétration, ce qui va l'amener à un dilemme cornélien car son ami Bender Rodriguez est en cause.
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Dans l'épisode N° 12 saison 4 (intitulé Where No Fan Has Gone Before), les vidéos de Star Trek interdites sur Terre sont regroupées dans une fusée tirée depuis un Aigle.
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Dans l'épisode N° 3 saison 5 (intitulé The Route of All Evil), à la minute 10, un chien se fait dévorer par un vers géant sortant d'un cratère d'un astéroïde.
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Au cours de l'épisode 14 de la saison 7 (intitulé 2-D Blacktop ), on peut voir une mosaïque représentant Bender sur le pont de Brooklyn à New New York.
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Dans l'épisode 21 de la saison 7 (Un seul cul vous manque), on peut voir le casque du Géant de fer dans la casse pour robot [Time code : 06:09].
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Dans le MMORPG Dofus, une quête exclusive aux Xelors s'appelle Futuramakna, mot-valise entre Futurama et Amakna. Dans la série télévisée Stargate Universe, (saison 1, épisode 7, lors de la 13e minute), Eli Wallace fan de science-fiction utilise un faux nom, celui de Philip Fry. Dans le jeu vidéo, The Nomad Soul, la ville de départ s'appelle Omikron mais se prononce comme Omicron, d'Omicron Persei 8.
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Dans le jeu de cartes à collectionner, Urban Rivals, une des cartes comporte un personnage qui s'appelle Marty et qui a traversé le temps. Cette carte fait référence à Marty McFly dans Retour vers le futur, mais aussi à Fry dans Futurama, vu que Marty est livreur de pizza.[réf. souhaitée]
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République gabonaise
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La Concorde
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0° 23′ 24″ N, 9° 24′ 07″ E
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Le Gabon, en forme longue la République gabonaise, est un pays situé en Afrique centrale, traversé par l'équateur, frontalier à l'est, au sud-est et au sud de la république du Congo, au nord-nord-ouest de la Guinée équatoriale et au nord du Cameroun. Ancienne colonie française, le Gabon est indépendant depuis le 17 août 1960.
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C’est un pays forestier où la faune et la flore sont encore bien conservées et protégées dans treize parcs nationaux dont le parc national de la Lopé, inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO.
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Une faible population, d'importantes ressources forestières et un pétrole abondant ont permis au Gabon d'être l'un des pays les plus prospères d'Afrique. C'est, en effet, le pays affichant l'indice de développement humain le plus élevé d'Afrique subsaharienne selon l'Organisation des Nations unies, disposant du deuxième revenu par habitant derrière la Guinée équatoriale et devant le Botswana. Le PIB a augmenté de plus de 6 % par an pour la période 2010-2012. Cependant, du fait de l'inégalité dans la répartition des revenus, une proportion importante de la population reste pauvre.
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Le Gabon recèle les traces de vie pluricellulaire les plus anciennes connues à ce jour. Elles remontent à 2,1 milliards d'années et ont été découvertes dans le Francevillien de la région de Franceville en 2008[7],[8],[9]. En juin 2014, le CNRS annonce la découverte de nouveaux fossiles macroscopiques d'une taille allant jusqu'à 17 cm et confirme l'âge du gisement fossile à 2,1 milliards d'années[10].
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Concernant l'aspect humain, il existe des traces d'un peuplement préhistorique du Gabon remontant à 400 000 ans et se poursuivant jusqu'à l'âge du fer. Les Pygmées actuels, qui seraient issus de ce peuplement, sont les premiers habitants connus de ce qui est actuellement le Gabon. Chasseurs cueilleurs, ils s'installent environ 5 000 ans avant notre ère. Une vague de peuplement bantoue leur succède. Les Bantous étant eux-mêmes partis il y a 5 000 ans de la zone sahélienne en voie d'assèchement, leur expansion vers le sud et l'est date d'environ 1 000 ou 2 000 ans avant notre ère[11],[12]. À la différence des Pygmées, les peuples bantous sont semi-sédentaires et pratiquent l'élevage ; ils maîtrisent aussi la métallurgie dès le Ier millénaire av. J.-C. Arrivés au Gabon, ils trouvent donc un peuplement pygmée sur place[13].
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Plus tard, les Mpongwes (des Bantous), s'installent entre le XIe siècle et le XVIIIe siècle dans la zone de l'actuelle province de l'Estuaire[13],[14]. Le peuplement du Gabon se poursuit jusqu'au XVIe siècle tant par le nord via la vallée de l'Ivindo (Mitsogos, Okandés, Bakotas…) que par le sud (Échiras, Punus, Balumbus, Nzebi, Adoumas…) Les Fangs, eux aussi bantous[15], s'installent progressivement jusque dans le courant du XIXe siècle[16].
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Le peuplement du Gabon se constitue donc par vagues successives d'immigration, jusqu'au XIXe siècle, de Pygmées puis plus massivement de Bantous, de nos jours majoritaires. C'est lors de ce processus qu'accostent, au XVe siècle, les premiers Européens, des Portugais. Le nom du Gabon lui vient de ces premiers colons ; Gabão en portugais signifie « caban », en rapport avec la forme de l'Estuaire qui borde les côtes de Libreville. D'après le dictionnaire de l'origine des noms et surnoms des pays africains d'Arol Ketchiemen[17], il est cependant fort probable que le nom « Gabon » ait été emprunté aux populations africaines locales.
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Les Portugais, suivis des Hollandais, se livrent à la traite négrière, commerçant avec les chefs côtiers et notamment les Mpongwes, établis dans l'estuaire du Komos et les Orungus, implantés dans le delta de l'Ogooué. Les esclaves sont d'abord destinés aux plantations de Sao Tomé avant que ne se développe le commerce avec l'Amérique. Le commerce concerne aussi le caoutchouc, le bois, l'ivoire… Durant cette période, qui s'étend jusqu'au XIXe siècle, les Européens ne cherchent pas à pénétrer le pays ; ils établissent des implantations et des fortins dans la zone littorale et les relations avec l'intérieur du pays passent par les peuples côtiers[18],[19].
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La France occupe le Gabon progressivement à partir du milieu du XIXe siècle, après un traité signé avec le « roi Denis », en 1839. Les explorateurs commencent à pénétrer l'hinterland (tels le Franco-Américain Paul Belloni Du Chaillu, qui donnera son nom au massif du Chaillu, ou Pierre Savorgnan de Brazza qui remonte le cours de l'Ogooué en 1874, puis 1876-1878 et 1879-1882).
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En 1886, le Gabon devient une colonie qui, dès 1888, est fusionnée avec celle du Congo sous le nom de Gabon-Congo puis, en 1898, de Congo français[20]. En 1904, à la suite d'un décret du 29 décembre 1903[21], le Gabon redevient une colonie distincte, le reste du Congo français formant les deux colonies du Moyen-Congo et d'Oubangui-Chari et le territoire militaire du Tchad[20]. En 1910, les colonies du Gabon et du Congo sont intégrées dans l'Afrique-Équatoriale française[20].
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En 1940, le Gabon est d'abord tenu par des forces vichystes, mais après la brève campagne du Gabon, il passe, avec l'AEF, dans le camp de la France libre. Ses dirigeants coloniaux sont alors internés[22].
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En 1946, le Gabon devient un territoire d'outre-mer[20].
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En octobre 1958, la Communauté française étant nouvellement créée, le Conseil de gouvernement du Gabon, s'appuyant sur l'article 76 de la nouvelle Constitution de la Ve République (version de 1958), demande la transformation du Gabon en département français. Léon Mba, président de ce Conseil, charge Louis Sanmarco, administrateur colonial, de présenter la demande auprès du gouvernement métropolitain. Sanmarco reçoit une fin de non recevoir, le général de Gaulle n'y étant pas favorable, au grand dam de Léon Mba[23],[24].
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Le 17 août 1960, comme la grande majorité des colonies françaises d'Afrique subsaharienne, le Gabon accède à l'indépendance. Indépendance contraire au souhait de son Premier ministre Léon Mba, qui avait demandé à ce qu'il devienne un département français d'outremer[25] ; ce dernier en devient le premier président[1]. Il sera soutenu par la France qui assurera même militairement son maintien au pouvoir (intervention de l'armée française en 1964 à son profit)[26], cela jusqu'à son décès en 1967 où il est remplacé par son directeur de cabinet, Albert-Bernard Bongo, appelé par la suite « Omar Bongo Ondimba ».
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Le président Bongo instaure le monopartisme avec la création du Parti démocratique gabonais. L'exploitation des richesses naturelles du pays (bois, minerais et surtout pétrole) assure une relative prospérité au Gabon ; le président Bongo devient un chef d'État très courtisé, notamment par la France qui en fait un de ses alliés africains les plus sûrs. En échange du soutien de l’Élysée, qui peut intervenir pour le destituer, Bongo consent à mettre à disposition de la France une partie des richesses du Gabon et en particulier son pétrole et son uranium, ressources stratégiques. Sur les questions de politique internationale, le Gabon s'aligne sur Paris[27].
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En 1968, Omar Bongo, toujours sous l'influence de Jacques Foccart, est contraint par la France de reconnaître la pseudo-indépendance du Biafra (sud-est du Nigeria). Il doit même accepter que l'aéroport de Libreville serve de plaque tournante aux livraisons d'armes opérées en faveur du colonel Ojukwu (le dirigeant sécessionniste du Biafra). Ce sera aussi depuis le Gabon que les mercenaires de Bob Denard tenteront de déstabiliser le régime marxiste-léniniste du Bénin[28].
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À la fin des années 1980, la chute du cours du pétrole plonge le Gabon dans une grave crise économique, incitant la population à multiplier les revendications sociales et politiques[29].
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Une conférence nationale se tient en mars-avril 1990. À l'issue de celle-ci, et de manifestations, d'importantes réformes politiques sont adoptées, dont la création d'un sénat national, la décentralisation des finances, la liberté de rassemblement et de la presse, l'abolition du visa de sortie obligatoire et le multipartisme. Les premières élections législatives multipartites en presque trente ans ont lieu en septembre-octobre 1990[30],[31].
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Après cette conférence nationale, dans le cadre d'élections où il n'est plus seul candidat, Omar Bongo est de nouveau élu en 1993, 1998 et 2005, quoique dans des conditions souvent contestées. Le 3 septembre 2009, Ali Bongo, ministre de la Défense et fils d'Omar Bongo, devient le troisième président du Gabon, élu à l'occasion d'un scrutin majoritaire à un tour[32], avec 41,79 % des suffrages exprimés, soit environ 141 000 voix sur un total de 800 000 électeurs inscrits. Il devance Pierre Mamboundou, crédité de 25,64 % des voix, et André Mba Obame, le nouveau chef de l'opposition gabonaise et ancien ministre de l'Intérieur[33]. Les résultats sont fortement contestés et suite aux forts soupçons de fraude, des émeutes éclatent et sont violemment réprimées par les forces de l'ordre, fidèles au pouvoir[34].
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Par la suite, plusieurs enquêtes attestent que les scores ont été truqués. Dans un documentaire diffusé sur France 2 en décembre 2010, le diplomate Michel de Bonnecorse, ex-conseiller Afrique du président Jacques Chirac, confirme cette version des faits. L’ambassadeur américain Charles Rivkin, dans un télégramme transmis en novembre 2009 à la secrétaire d’État, le confirme également : « octobre 2009, Ali Bongo inverse le décompte des voix et se déclare président »[35].
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Le 31 août 2016, suite à de nouvelles élections présidentielles, la commission électorale annonce qu'Ali Bongo remporte le scrutin à cinq mille voix près. L'opposition dénonce immédiatement ces résultats. Des émeutes encore plus violemment réprimées que celles de 2009 éclatent, avec comme point d'orgue l'attaque du quartier général de l'opposition par la garde présidentielle qui fait de nombreux morts. Le 24 septembre 2016, Ali Bongo est proclamé vainqueur par la Cour constitutionnelle avec 50,66 % des voix, suivi de Jean Ping avec 47,24 % des suffrages.
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Le 2 février 2017, le Parlement européen adopte une résolution déclarant que les résultats de la présidentielle « manquent de transparence » et sont « extrêmement douteux »[36].
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Le 7 janvier 2019, une unité de soldats mutinés, prétextant l'état de santé d'Ali Bongo, en convalescence après un accident vasculaire cérébral, prend brièvement le contrôle de Radio Gabon et transmet un appel au soulèvement, dans une apparente tentative de coup d'État. Cette insurrection échoue le même jour ; sur cinq mutins, deux sont tués et les autres arrêtés[37],[38]. Le 12 janvier, un nouveau Premier ministre est nommé, Julien Nkoghe Bekalé[39]. Le pouvoir gabonais connaît une guerre des clans au sommet. Les remaniements ministériels se succèdent entre janvier et décembre 2019, alors que l'incertitude demeure sur l'état de santé d'Ali Bongo[40],[41]. Rose Christiane Ossouka Raponda est nommée première ministre en juillet 2020.
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Le Gabon a un régime hybride. Il comporte à la fois les caractéristiques du régime présidentiel et de celui dit parlementaire. Le premier président de la République gabonaise est Léon Mba en 1960. Omar Bongo devient le deuxième président de la République gabonaise en 1967, à la mort de Léon Mba. Il est alors, à 32 ans, le plus jeune chef d'état au monde[42]. Il reste au pouvoir de 1967 jusqu'à son décès en 2009.
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Entre 1968 et 1990, le pays est sous le régime du parti unique, le Parti démocratique gabonais (PDG). Une conférence nationale se tient en mars-avril 1990. À l'issue de celle-ci, d'importantes réformes politiques sont adoptées, dont la création d'un sénat national, la décentralisation des finances, la liberté de rassemblement et de la presse, l'abolition du visa de sortie obligatoire et le multipartisme, avec les premières élections législatives multipartites en presque trente ans en septembre-octobre 1990[30],[43].
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Malgré cette certaine démocratisation, la situation économique du pays n'évolue guère tandis qu'Omar Bongo et son parti présidentiel se maintiennent au pouvoir. Il meurt le 8 juin 2009, à l'âge de 73 ans[44]. L'intérim est assuré par la présidente du Sénat, Rose Rogombé, jusqu'à l'élection anticipée de 2009[45]. Ali Bongo succède alors à son père[33].
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L'expression « Françafrique » désigne le système de relations (économiques, politiques, militaires…) et les réseaux d'influence utilisés par la France pour son action en Afrique, essentiellement auprès de ses ex-colonies. Le Gabon est considéré comme un des symboles de la Françafrique[46],[47],[48], les deux pays entretenant des liens très étroits ; ils sont liés par de nombreux accords[49] et, particulièrement, un accord de défense[50]. Le Gabon, à Libreville et Port-Gentil, abrite une des dernières bases permanentes françaises en Afrique, celle du 6e bataillon d'infanterie de marine, forte de 1 000 soldats[51],[52]. Économiquement, l'entreprise Total est le principal producteur de pétrole du pays[53] ; la France, réciproquement, reste le principal fournisseur du Gabon[54].
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L'affaire Elf, datant de 1994, qui éclate en France et ne tarde pas à éclabousser Omar Bongo et son entourage[55], ou « l'affaire des biens mal acquis » de 2007[56],[57] sont considérées comme représentatives de la face sombre du système « Françafrique »[58],[59],[60].
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Du fait du poids économique de son pays et de la longévité du président Omar Bongo à son poste, qui lui a permis d'entretenir des relations suivies avec les dirigeants internationaux, le Gabon occupe une place non négligeable dans la diplomatie africaine, voire au-delà[61],[62]. Le pays s'est investi dans les conflits entre le Tchad et la Libye, en Angola, Namibie… et, plus récemment, dans le conflit syrien ou en Centrafrique, y compris militairement[63].
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66 |
+
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Le Gabon est membre de plusieurs organisations internationales dont les Nations unies, l'Union africaine, la CEMAC, la CEEAC[64], la Francophonie[65] et l'OCI[66].
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+
Le Gabon est situé en Afrique centrale[67], à hauteur de l'équateur. Son climat est de type équatorial, chaud et humide, avec une alternance de saisons sèches et de saisons des pluies au cours de l'année. On distingue deux saisons humides (février-mai, grande saison des pluies et septembre-décembre, petite saison des pluies) et deux saisons sèches (mai-septembre, grande saison sèche et décembre-janvier, petite saison sèche).
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70 |
+
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Les températures moyennes sont comprises entre 21 °C au sud-ouest du pays (Port-Gentil, Lambaréné, Mouila, Tchibanga, Mayumba) et 27 °C sur la côte et à l'intérieur du pays[68]. Les extrêmes vont de 18 °C à 36 °C[69]. Les précipitations varient de 1 500 mm au nord-est et dans les régions de savane à 3 300 mm au nord-ouest et au sud-ouest[70]. Le taux d'humidité atmosphérique est en moyenne de 85 %, il peut atteindre 100 % en saison des pluies[71].
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72 |
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73 |
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On distingue trois types de relief[68] :
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74 |
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Selon les estimations, 77 à 85 %[74] du territoire est recouvert par la forêt. Le Gabon possède ainsi le plus fort taux de superficie forestière par habitant en Afrique[75],[76].
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76 |
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La longueur du littoral est de 885 km[5].
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Le point culminant du Gabon est le mont Bengoué, 1 070 mètres, 0° 57′ 38″ N, 13° 40′ 54″ E, dans le nord-est du pays dans la province de l'Ogooué-Ivindo[77].
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80 |
+
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+
Le bassin hydrographique de l'Ogooué couvre l'essentiel du territoire gabonais. C'est la raison pour laquelle cinq des neuf provinces administratives portent son nom. L'Ivindo, qui draine le quart nord-est du pays, et la Ngounié en sont les principaux affluents.
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82 |
+
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+
Le second bassin versant est celui de la Nyanga, le fleuve le plus méridional du pays. Le troisième est celui du Komo, qui prend source en Guinée équatoriale. C'est son estuaire, où est installée Libreville, qui a d'abord attiré les Européens au Gabon, plutôt que le delta marécageux de l'Ogooué.
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Le Ntem, au nord, sert partiellement de frontière avec le Cameroun[78],[79].
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La faune et la flore du Gabon sont remarquables car la forêt équatoriale y est encore relativement bien préservée. Un grand nombre d'espèces animales et végétales sont protégées[80]. La biodiversité gabonaise est sans doute l'une des plus élevées de la planète[81] avec « 700 espèces d’oiseaux, 98 espèces d’amphibiens, entre 95 et 160 espèces de reptiles, près de 10 000 espèces de plantes, plus de 400 essences forestières et 198 espèces différentes de mammifères[82]. » On y trouve de nombreuses espèces animales rares (le pangolin du Gabon, le picatharte…) ou endémiques (cercopithèque à queue de soleil…).
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88 |
+
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89 |
+
Le pays est une des réserves de faune les plus variées et les plus importantes d’Afrique[83] : c'est un important refuge pour les chimpanzés (dont le nombre est estimé, en 2003, entre 27 000 et 64 000[84]) et les Gorilles (35 000 recensés en 1983[85]). La « Station d'études des gorilles et chimpanzés » à l'intérieur du parc national de la Lopé[86],[87] se consacre à leur étude.
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90 |
+
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91 |
+
Il abrite aussi plus de la moitié de la population des éléphants de forêt d'Afrique[88] avec 22 000 individus (2005) dans le parc national de Minkébé[89].
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92 |
+
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93 |
+
L'emblème animal du Gabon est le perroquet gris ; il figurait sur les avions de la défunte compagnie nationale Air Gabon[90] et il est celui de La Poste gabonaise depuis 2007.
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94 |
+
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95 |
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Boa
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96 |
+
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97 |
+
Bongo
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Buffle
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+
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Calao
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Caméléon
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Caracal
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106 |
+
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Chat doré africain
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108 |
+
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109 |
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Chimpanzé
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+
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111 |
+
Crabe bleu
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112 |
+
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113 |
+
Crocodile nain
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114 |
+
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Écureuil volant
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116 |
+
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117 |
+
Éléphant de forêt
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118 |
+
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119 |
+
Faux-gavial d'Afrique
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120 |
+
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121 |
+
Gorille
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122 |
+
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123 |
+
Guib harnaché
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124 |
+
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125 |
+
Hippopotame
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126 |
+
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127 |
+
Hylochère
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128 |
+
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129 |
+
Ibis
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130 |
+
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131 |
+
Lamantin
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132 |
+
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133 |
+
Léopard
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134 |
+
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135 |
+
Mamba vert
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136 |
+
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137 |
+
Mamba noir
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138 |
+
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139 |
+
Mandrill
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140 |
+
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141 |
+
Mangouste
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142 |
+
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143 |
+
Pangolin
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144 |
+
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145 |
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Picatharte
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146 |
+
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147 |
+
Potamochère
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148 |
+
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149 |
+
Perroquet gris
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150 |
+
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151 |
+
Porc-épic
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152 |
+
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153 |
+
Silure
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154 |
+
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155 |
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Tortue luth
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156 |
+
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157 |
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Vipère du Gabon
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158 |
+
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159 |
+
La poste gabonaise a longtemps eu un pélican comme emblème animal ; depuis 2007 et son changement de statut, elle a adopté le perroquet gris du Gabon.
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160 |
+
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161 |
+
L'arbre typique du pays est l'Okoumé[91].
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162 |
+
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163 |
+
Atangatier
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164 |
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165 |
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Badamier
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166 |
+
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167 |
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Bananier
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168 |
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169 |
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Cacaoyer Principalement dans la région de Makokou dans l'Ogooué-Ivindo
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170 |
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171 |
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Cocotier
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172 |
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173 |
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Ébène
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174 |
+
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175 |
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Iboga
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176 |
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177 |
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Manguier
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178 |
+
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179 |
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Palétuvier
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180 |
+
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181 |
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Palmier
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182 |
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183 |
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Tulipier du Gabon
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184 |
+
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185 |
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À l'occasion du sommet de la Terre, à Johannesbourg, en 2002, le Gabon a annoncé la création d'un réseau de 13 parcs nationaux, couvrant au total plus de 10 % du territoire du pays[75],[92]. Le parc national de la Lopé est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[93].
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186 |
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Les frontières terrestres du Gabon sont de 2 551 km et se décomposent comme suit : 1 903 km de frontière commune avec la république du Congo, 350 km avec la Guinée équatoriale et 298 km avec le Cameroun[5].
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Le Gabon est divisé en 9 provinces, dirigées chacune par un gouverneur, elles-mêmes subdivisées en départements dépendant d'un préfet et, parfois, en districts, dépendant d'un sous-préfet[95].
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Le Gabon est un pays au sous-sol très riche. Il exporte du manganèse, du pétrole (il adhère à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 1975 et s'en retire en 1995[42] puis réintègre l'organisation en 2016[96]), du gaz, du fer, du bois et bien d'autres produits de son sol et de son sous-sol depuis longtemps. L'exploitation des mines d'uranium de Mounana, situées à 90 km de Franceville, a été interrompue en 2001 du fait de l'arrivée sur le marché mondial de nouveaux concurrents[97],[98]. La relance de l'exploitation de ses importants gisements d'uranium est aujourd'hui d'actualité. Le train de Franceville à Libreville (le Transgabonais) exporte, depuis les années 1980, les ressources des mines de manganèse, d'uranium et de fer situées à Moanda. Les gisements ferreux de Bélinga au nord-est de Makokou, dont les réserves sont estimées à un milliard de tonnes[99], ne sont pas encore exploités[100],[101],[102]. Cependant, globalement, la « manne pétrolière » n'a que très partiellement servi à moderniser le pays et à diversifier l'économie.
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Le pays possède l'indice de développement humain le plus élevé d'Afrique subsaharienne, Maurice et les Seychelles exclues[103]. Il dispose, pour ce qui concerne l'Afrique continentale, du deuxième revenu par habitant derrière la Guinée équatoriale et devant le Botswana[104]. Le PIB par habitant est relativement élevé, ≈ 15 à 16 000 $ US[105] avec le 73e rang mondial. Et, quoique touché par la crise internationale de 2009, le PIB gabonais a, depuis, augmenté de plus de 6 % par an pour la période 2010-2012[5].
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Cependant, du fait de l'inégalité dans la répartition des revenus, une proportion importante de la population reste pauvre. Le PIB en parité de pouvoir d'achat place le pays à la 113e place[5] et la Banque mondiale estime qu'en 2005 un tiers de la population est touché par la pauvreté[106]. Du point de vue social, « Le Gabon est confronté au paradoxe socio-économique d’appartenir de par son PIB par tête au groupe des Pays à Revenus Intermédiaires (PRI) tout en s’apparentant de par ses indicateurs sociaux au groupe des Pays les moins avancés (PMA) »[107] sachant que le pays connaît en outre un taux de chômage élevé, à 27 % de la population active en 2012[105]. Les Gabonais doivent également faire face à la dégradation[Quand ?] de l’accès aux soins, à la déficience des services publics, ou encore à des coupures récurrentes d’électricité[35].
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Les hydrocarbures représentent près de 50 % du PIB, 60 % des recettes fiscales et 80 % des exportations[108]. Shell Gabon et Total Gabon assurent 60 % de la production[109]. La ville de Port-Gentil et ses environs (cap Lopez) concentrent la majeure partie des activités pétrolières (raffinage, oléoduc, terminal pétrolier)[110].
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Le deuxième secteur économique, en poids dans le PIB, est celui du bois[111], qui représente 13 % des exportations et 60 % des recettes d'exportation hors pétrole. C'est, après l'État, le premier employeur du pays, avec 28 % de la population active[112]. Il y a une soixantaine d'essences de bois exploitées, l'okoumé et l'ozigo étant les deux principales. Le Gabon est le second producteur mondial d'okoumé (après le Cameroun) et le premier exportateur mondial[113]. Depuis le 1er janvier 2010[114], le Gabon interdit l’exportation des grumes pour favoriser la transformation locale du bois[115],[116].
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Le troisième secteur économique est celui des minerais, notamment le manganèse, qui représente 4 % du PIB et 6 % des exportations du pays[117]. Le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse, après la Chine[102].
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L'agriculture gabonaise est peu développée, l'essentiel de la production agricole est vivrière. Le secteur agricole représente, en 2007, 3,5 % du PIB[118]. Il existe une filière cacao-café héritée de la période coloniale ; elle est en déclin constant depuis les années 1970[119]. La production de caoutchouc s'est stabilisée depuis le milieu des années 1990 mais le niveau de production est très faible (l'ordre de grandeur est de 1 à 20) par rapport aux principaux producteurs[120]. L'élevage est, quant à lui, essentiellement « villageois », commercialisé sur place[121]. Enfin le potentiel halieutique du Gabon est élevé, mais sous-exploité ; les Gabonais sont les plus gros consommateurs de poisson par habitant de la sous-région et la pêche ne couvre qu'un tiers des besoins[122],[123].
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La prédominance des forêts au Gabon est telle que la problématique du transport, tant pour les personnes que pour les marchandises, est un sujet crucial pour le pays et son économie. Les cours d'eau ont toujours été le principal moyen de communication dans l'inextricable végétation car la navigation aérienne est très coûteuse, le réseau routier est limité et le chemin de fer (le Transgabonais) se résume à une seule ligne.
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Cela fait que l'Ogooué reste une importante voie d'évacuation pour l'okoumé[124] et que les deux principales villes du pays, Libreville et Port-Gentil, ne sont pas reliées par route, sa construction devant s'achever en 2017[125],[126].
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La densité et la qualité du réseau routier gabonais sont très faibles. L'Afrique a la densité la plus faible du monde[127] et la densité du réseau gabonais est inférieure de plus de la moitié à celle du continent dans son ensemble (Afrique 81,5 km pour 1 000 km2, Gabon 34,26[128]). Le réseau routier est estimé à 9 170 km dont environ 10 % est bitumé (1 055 km) ; parmi ces routes bitumées, moins de 20 % sont considérées comme en bon état[129].
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Le Transgabonais, long de 669 km, construit entre 1978 et 1986, est essentiellement dédié aux matières premières extraites dans l'Est du pays, dans la région de Franceville. Il permet d'acheminer le minerai jusqu'au port d'Owendo. Sa construction a aussi bénéficié aux exploitants de bois, le train « lourd » comportant jusqu'à 270 wagons, étant bien adapté au transport pondéreux[130]. La mise en exploitation du gisement de fer de Bélinga devrait s'accompagner de la création d'un nouvel axe ferroviaire reliant Bélinga à Booué, gare du Transgabonais et, par ailleurs, porte d'entrée du parc national de la Lopé[131],[132],[133].
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Le transport fluvial est opéré essentiellement à partir des ports d'Owendo, près de Libreville et de Port-Gentil car c'est là que convergent les marchandises de ce pays tourné vers la mer pour son commerce extérieur.
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Le transport fluvial et maritime de passagers se concentre essentiellement sur les liaisons Libreville - Port-Gentil (via l'océan, du fait de l'absence de route) et sur la desserte régionale de la zone des lacs (département d'Ogooué et des Lacs) aux alentours de Lambaréné[134],[130]. La longueur des voies navigables est estimée à 1 600 km en 2010[5].
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Le Gabon dispose de trois aéroports internationaux : l'aéroport de Libreville, celui de Port-Gentil, celui de Franceville ainsi que de soixante aérodromes locaux dont trente à vocation commerciale[135],[136].
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Le Gabon fait partie de la « zone de sous-peuplement » de l'espace Gabon-Congo avec une densité de population très faible (5,7 hab./km2 contre 37 hab./km2 pour l'ensemble du continent africain) et une fécondité sensiblement inférieure à la moyenne : en 2010 l'indice synthétique de fécondité était de 4,6[137] et le taux de croissance annuelle de 2 %, contre 5,8 et 2,8 % pour l'Afrique subsaharienne[138],[139].
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Cette faible fécondité, notamment dans l'est du pays, a été une des raisons de la création du « Centre international de recherches médicales de Franceville » en 1979[138],[139],[140].
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Le paradoxe de ce pays peu peuplé est que la moitié de sa population vit dans les deux grandes villes (Libreville et Port-Gentil) ce qui donne au Gabon l'un des plus forts taux d'urbanisation de l'Afrique avec une concentration de peuplement élevée. En comparaison, à l'intérieur du pays, la densité hors agglomération est similaire à celle des pays désertiques sahariens, inférieure à 2 hab./km²[141].
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Source des graphiques[142] U.N. World Population Prospects, révision 2012.
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La langue officielle du Gabon est le français qui, selon les estimations, est parlé par 80 % de la population[143],[144]. Il s'agit de la plus forte proportion de tous les pays du continent africain. Le Gabon est membre de plein droit de l'Organisation internationale de la francophonie[65] de même que de l'Assemblée parlementaire de la francophonie[145].
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Avant la Seconde Guerre mondiale, très peu de Gabonais avaient appris le français et presque tous ceux qui connaissaient le français travaillaient alors dans l'administration coloniale. Après la guerre, la France introduit l'éducation primaire pour tous dans toutes ses colonies africaines et le recensement de 1960 montre que 47 % des Gabonais de plus de quatorze ans parlent le français, même si seulement 13 % savent lire et écrire dans cette langue. Dans les années 1990, le taux d'alphabétisation atteint environ 60 %. Le français est la langue maternelle d'un tiers des Gabonais.
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Plus de 10 000 Français vivent au Gabon[146] et l'influence de la France reste prédominante économiquement et culturellement.
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Le Gabon abrite la première station de radio internationale du continent africain, Africa no 1, qui diffuse ses émissions en français. Les émetteurs sont installés à Moyabi, à 600 km au sud de Libreville[147].
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Une cinquantaine de langues bantoues[148] ainsi que le baka, langue pygmée, sont pratiquées au Gabon[149].
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Le Gabon compte près d'une cinquantaine d'ethnies. Aucune des ethnies gabonaises n'est majoritaire, mais les plus importantes au point de vue numérique sont ː
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Viennent ensuite les Guisirs (ou Échiras), les Vilis, les Nzebis (ou Banzebis ou Ndzebis), les Bakotas (ou Kotas, Ikotas ou Ba-Kotas), les Vungus, les Massangos (ou Massangus), les Tékés, les Myènès, etc. D'autres ethnies comptent seulement quelques centaines d'individus[151]. Culturellement, certaines sont amenées à se fondre progressivement dans la masse et à perdre leur langue et leurs particularités.
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Il est difficile de donner une liste exhaustive d'ethnies car certaines ne sont que des sous-ensembles d'autres groupes et tout dépend du niveau de détail utilisé.
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Les noms ou orthographes peuvent varier pour désigner la même ethnie. En effet, le préfixe Ba est souvent la marque du pluriel dans les langues bantoues si bien que « Bapunu » et « Punu » désignent la même ethnie, envisagée au pluriel ou au singulier. On peut aussi trouver une forme plus ou moins francisée du même nom ; « Punu » et « Pounou » sont un seul et même mot différemment orthographié[152].
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L'indicateur sanitaire le plus préoccupant est le taux de mortalité infantile qui s'établit à 51 décès/1 000 naissances normales en 2010[142]. Le programme des Nations unies pour le développement constate que, parmi les huit objectifs du millénaire, c'est celui qui a le moins progressé[154].
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La prévalence du SIDA est, à l’instar de l’ensemble de l'Afrique, élevée, avec, en 2012, un taux de 4,1 % de personnes infectées dans la tranche d'âge 15−49 ans[155],[156]. Ce taux est cependant en baisse constante depuis le maximum historique constaté en 2008[157],[158].
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L'état sanitaire global du Gabon s’améliore, l'OMS constatant qu'« on assiste vraisemblablement à une transition du profil national vers un poids des maladies non transmissibles surpassant celui des maladies transmissibles[159] ».
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Parmi les objectifs du millénaire, ceux concernant l'éducation (« Assurer l'éducation primaire pour tous ; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ») sont en passe d'être atteints. En 2010, le « taux net de scolarisation dans le primaire » atteint 94,7 % en 2010 et « l'indice de parité entre sexes (IPS) dans l’enseignement primaire » s'établit à 96,7 % (2005)[163]. Le taux global d'alphabétisation de la population est un des plus élevés de la région à 85,4% (en 2005)[164],[165]. En revanche, au niveau secondaire, l'efficacité du système d'enseignement est faible « marqué par des taux de redoublement (31 %) et d’abandons et d’exclusions élevés (20,1 % de taux d’exclusion), tout comme les résultats aux
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examens nationaux (23 % de réussite au BEPC et 30 % au baccalauréat en 2007)[166] ».
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Les masques traditionnels ont une part importante dans la culture gabonaise. Chaque ethnie a ses propres masques aux significations et utilisations variées[167],[168]. Ils sont fréquemment utilisés dans les cérémonies traditionnelles[169] (mariage, naissance, deuil, etc.).
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Les plus connus et les plus recherchés sur les grands marchés de l'art sont les masques téké, obamba, kota, punu et fang que l'on retrouve dans de grands musées européens, nord-américains et asiatiques[170],[171].
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Avant la colonisation, les peuples du Gabon partageaient des croyances animistes caractérisées par des mythes et des rites variés mais ayant comme points communs le culte des ancêtres, dont l'esprit pouvait toujours influer sur l'existence des vivants, et le recours aux fétiches[172],[173]. Il y eut, à partir du XIXe siècle, une véritable compétition entre missionnaires catholiques et protestants pour évangéliser les Gabonais[174],[175]. En pratique, beaucoup de personnes associent aujourd'hui une foi chrétienne et d'anciennes croyances autochtones. Il faut noter le succès au Gabon de toutes sortes d'Églises, notamment évangéliques, inspirées de modèles américains ou africains[176].
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Le Gabon est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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La population est estimée à 75 % catholique, 20 % protestante[177].
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L'Église catholique au Gabon forme une province ecclésiastique composée de l'archidiocèse métropolitain de Libreville (depuis avril 1998)[178] et de quatre diocèses: Franceville, Mouila, Oyem et Port-Gentil.
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Concernant la frange traditionaliste, la mission de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X a été créée en 1986[179],[180].
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Il existe dans le pays une minorité musulmane. Le World Factbook de la CIA l'estime à 9 %[181], le département d'état américain à 12 %[182] composée essentiellement d'immigrés d'Afrique de l'Ouest[183]. Le président gabonais, Ali Bongo est devenu musulman, comme son père, Omar Bongo[184], converti en 1973[185].
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En marge des pratiques religieuses, à mi-chemin entre ésotérisme et réseau d'influence, on peut mentionner l'existence de la franc-maçonnerie au Gabon qui compte un nombre notable d'adeptes dans les milieux dirigeants. Il existe une « Grande Loge du Gabon », appartenant à la même obédience que la GNLF (Grande Loge nationale française) et un « Grand rite équatorial gabonais »[186].
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Il existe aussi un mouvement rosicrucien au Gabon[187],[188].
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Les rites et traditions mystiques ethniques, en lien avec la symbolique des masques, de la musique et des danses sont encore très présents au Gabon, particulièrement le Bwiti qui s'est largement diffusé[189].
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Source : André Raponda-Walker et Roger Sillans (préf. Théodore Monod et Hubert Deschamps), Rites et croyances des peuples du Gabon : essai sur les pratiques religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui, Paris, Présence africaine, coll. « Enquêtes et études », 1962.
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La musique gabonaise plonge ses racines dans la musique traditionnelle. La musique d'aujourd'hui est un mélange de sonorités traditionnelles et modernes[202]. Les danses typiques gabonaises sont l'ingwala de l'ethnie Nzebi, l'eko de l'ethnie Fang, l'ikokou[201] et le mbouanda des Punus ainsi que les danses mpongwè et téké[189]. En 2016, afin de valoriser ce patrimoine, une association socioculturelle décide d'organiser le tournoi des 9 provinces, le premier concours de danses traditionnelles africaines au Gabon, dans les vestiges du CICIBA[203].
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Pays de culture orale jusqu'au XXe siècle, le Gabon est riche d'épopées traditionnelles, telles le mvett chez les Fangs[204],[205], ou bien l'ingwala chez les Nzebis que certains conteurs s'efforcent de maintenir vivantes. André Raponda-Walker (1871-1968) a publié une anthologie de Contes gabonais, recueillis au cours de sa longue existence auprès d'une vingtaine d'ethnies[206].
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S'essayant d'abord à la poésie (Ndouna Dépénaud, Wisi Magangue-Ma-Mbuju, Georges Rawiri), les écrivains gabonais n'abordent le roman qu'à partir des années 1970 et surtout 1980. Ainsi Histoire d'un enfant trouvé de Robert Zotoumbat, Oncle Mâ, Le bruit de l'héritage (qui a d'ailleurs été un livre à succès) et La vocation de dignité de Jean Divassa Nyama. Depuis les années 1990, les femmes se sont mises à l'écriture et Justine Mintsa, par exemple, a atteint une certaine renommée internationale[207]. Bessora, quant à elle, commence à publier à la fin des années 1990 et reçoit des prix littéraires pour Les taches d'encre (2001) et Cueillez-moi jolis messieurs… (2007)[208].
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Entre autres sujets, la littérature gabonaise aborde les thèmes de la place de la femme dans la société et des contradictions entre culture traditionnelle et modernité. On peut noter aussi le court roman de Freddy-Hubert Ndong Mbeng, Les matitis, qui dessine avec beaucoup de réalité la vie un peu difficile des jeunes à Libreville au début des années 1990. Dans La mouche et la glu[209], Maurice Okoumba-Nkoghé présente un amour impossible entre deux jeunes gens[210].
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Depuis une dizaine d'années un nouveau genre de littérature se développe au Gabon, la nouvelle. Genre peu connu dont Jean Juste Ngomo est le fer de lance. Il a déjà à son actif deux livres composés d'une trentaine de nouvelles (Nouvelles d'Ivoire et d'outre-tombe, Nouvelles du Como et de nulle part[211]). Son inspiration est directement puisée dans le mysticisme, l'épouvante et le fétichisme gabonais[212],[213].
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Comme celui d'autres pays africains, le cinéma gabonais souffre d'un manque de moyens financiers[214], du petit nombre de salles de projection disponibles dans le pays (qui préfèrent, d'ailleurs, diffuser de grandes productions commerciales) et d'un manque de public[215],[216]. C'est encore à l’Institut français du Gabon (ex « centre culturel français de Libreville »[217]), qui possède une salle de projection, qu'on a le plus de chances de voir un film gabonais[218].
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Néanmoins, un certain nombre de films, principalement des courts-métrages, ont été produits depuis les années 1970. Plusieurs cinéastes gabonais ont d'ailleurs été primés au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Il s'agit de Philippe Mory qui tourne en tant que réalisateur en 1971 le premier long-métrage gabonais, Les tam-tams se sont tus. Considéré comme un précurseur et comme le père du cinéma gabonais, il joue son premier grand rôle dans le film français On n'enterre pas le dimanche (prix Louis-Delluc 1959) de Michel Drach, qui fait de lui une vedette internationale. Il est ainsi le premier comédien d'Afrique noire à tenir un rôle principal dans un film français[219],[220].
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Le FESPACO reconnaîtra aussi Pierre-Marie Dong en 1972 et 1973 pour des courts-métrages, Imunga Ivanga pour son film Dolè et Henri Joseph Koumba Bibidi pour Les couilles de l'éléphant (meilleure musique) en 2001 ; ce dernier film sera un grand succès africain, diffusé dans au moins huit autres pays[221]. Imunga Ivanga reçoit le Tanit d'or des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) pour Dolè[222]. En 2013, le FESPACO consacre une journée à une rétrospective du cinéma gabonais[223].
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Un feuilleton produit en 1994 pour la télévision gabonaise, l'Auberge du Salut, a connu un réel succès dans le pays et a été diffusé dans d'autres pays d'Afrique (Côte d'Ivoire et Burkina Faso).
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Le CENACI (Centre national du Cinéma gabonais), devenu en 2010 l'IGIS (Institut gabonais de l'image et du son), dirigé jusqu'en 2009 par Charles Mensah puis par Imunga Ivanga[224], s'efforce de soutenir la production de films de réalisateurs gabonais[225].
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En 2018, le documentaire Boxing Libreville d'Amédée Pacôme Nkoulou, qui met en parallèle la vie de Christ, jeune boxeur de Libreville et l'élection présidentielle gabonaise de 2016, a été sélectionné dans de nombreux festivals en Afrique et en Europe et a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival de cine africano de Tarif (Espagne)[226] et le Prix spécial du jury du Festival international du film documentaire d'Agadir (Maroc)[227].
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Le football est le premier sport au Gabon. Le pays dispose d'un championnat professionnel de football à 14 clubs, la LINAF[228]. En 2011, le Gabon est champion d'Afrique de football des moins de 23 ans[229]. En 2012, il co-organise la coupe d'Afrique des nations de football avec la Guinée équatoriale ; il atteint le stade des quarts de finale[230]. Le Gabon accueille la Coupe d'Afrique des nations de football 2017[231].
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Une palette d'autres sports existe dans le pays, tels l'athlétisme, le basket-ball, la boxe et les sports de combat[232], le cyclisme, avec la Tropicale Amissa Bongo, compétition internationale équivalent à un « Tour du Gabon cycliste »[233] ainsi que le marathon du Gabon qui se déroule tous les ans, en novembre, dans les rues de Libreville.
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Le Gabon est aussi une destination touristique pour la pêche sportive (au tarpon notamment) avec les sites de Setté Cama et la lagune Fernan Vaz[232].
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Le Gabon a participé à dix éditions des Jeux olympiques d'été (jamais aux Jeux olympiques d'hiver). Aux Jeux olympiques de Londres, en août 2012, le Gabon obtient la première (et pour l'instant la seule) médaille olympique de son histoire grâce à Anthony Obame qui remporte la médaille d'argent en taekwondo dans la catégorie des plus de 80 kg[234],[235]. Le même devient champion du monde de taekwondo en plus de 87 kg, le 20 juillet 2013[236],[235].
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Cette liste énumère des personnalités gabonaise ou d'origine gabonaise.
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Une galaxie est un assemblage d'étoiles, de gaz, de poussières, de vide et peut-être essentiellement de matière noire, contenant parfois un trou noir supermassif en son centre.
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La Voie lactée, la galaxie dans laquelle se trouve le Système solaire, compte quelques centaines de milliards d'étoiles (1011)[1],[2] et a une extension de l'ordre de 80 000 années-lumière. Un rapport de la mission spatiale européenne Gaia a rendu publique, le 25 avril 2018, la position de 1 692 919 135 étoiles de notre galaxie, ce qui représente moins d'1 % de la totalité des étoiles présentes dans notre galaxie[3]. La plupart des galaxies typiques comportent un nombre similaire d'astres, mais il existe aussi des galaxies naines comptant à peu près une dizaine de milliards d'étoiles (1010)[1], et des galaxies géantes comptant plusieurs milliers de milliards d'étoiles (1012). Sur la base de ces chiffres et de la taille de l'univers observable, on estime que celui-ci compte quelques centaines de milliards de galaxies de masse significative. La population de galaxies naines est cependant très difficile à déterminer, du fait de leur masse et de leur luminosité très faibles. L'Univers dont l'extension réelle est inconnue pourrait contenir jusqu'à 2 000 milliards de galaxies, mais cela ne pourra être confirmé qu'avec les observations des futurs télescopes (tel le Télescope géant européen ou le Télescope de Trente Mètres)[4].
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Les galaxies en tant que systèmes stellaires de grande taille ont été mises en évidence dans le courant des années 1920, principalement par l'astronome américain Edwin Hubble, bien que des premières données indiquant ce fait remontent à 1914. Les galaxies sont de trois types morphologiques principaux : elliptiques, spirales, irrégulières. Une description plus étendue des types de galaxies a été donnée à la même époque par Hubble et est depuis nommée séquence de Hubble.
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Toutes les étoiles ne sont pas situées dans les galaxies. S'il semble établi que c'est au sein des galaxies que se forment les étoiles, celles-ci sont susceptibles d'en être expulsées, soit du fait d'interactions entre galaxies, soit du fait de rencontres rapprochées entre une étoile et un astre très massif, tel un trou noir supermassif situé au centre d'une galaxie. On observe ainsi certaines étoiles dotées d'une vitesse élevée par rapport à leur galaxie, signe qu'elles n'y sont plus liées gravitationnellement. De telles étoiles sont de ce fait appelées « étoiles en fuite ». Plusieurs représentantes de cette classe sont connues, telles SDSS J090745.0+024507 et GRO J1655-40, toutes deux en train de quitter la Voie lactée. La première est probablement issue d'une rencontre rapprochée avec le trou noir central de notre galaxie, Sgr A*, la seconde est sans doute issue d'une supernova asymétrique dont le résidu compact a été expulsé de la région où l'explosion a eu lieu.
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Le mot « galaxie » provient du terme grec désignant notre propre galaxie, ὁ γαλαξίας / ho galaxias (« laiteux », sous-entendu κύκλος / kyklos « cercle »)[5], dérivé du nom τὸ γάλα / to gala « lait ». On trouve aussi en grec ancien ὁ τοῦ γάλακτος κύκλος / ho tou galaktos kyklos « le cercle de lait »[6], ou encore ὁ κύκλος γαλακτικός / ho kyklos galaktikos, « cercle laiteux »[réf. nécessaire], à cause de son apparence dans le ciel. Dans la mythologie grecque, Zeus plaça son fils Héraclès, né de son union avec la mortelle Alcmène, sur le sein de son épouse Héra lorsqu'elle était endormie afin que le bébé devienne immortel en buvant son lait divin. Lorsque celle-ci se réveilla, elle se rendit compte qu'elle allaitait un bébé inconnu qu'elle repoussa, et un jet de lait aspergea le ciel, formant cette pâle bande lumineuse appelée « Voie lactée ».
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Dans la littérature astronomique, le mot « Galaxie » muni d'un G majuscule se réfère à notre propre galaxie (la Voie lactée), afin de la distinguer des autres galaxies.
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Avant la mise en évidence des galaxies, était employé le terme de « nébuleuse », qui décrivait tout objet diffus de la sphère céleste. Cette dénomination remonte à William Herschel, qui établissant son catalogue d'objets du ciel profond, utilisa le terme de « nébuleuse spirale » pour des objets tels que M31. Ceux-ci allaient plus tard être identifiés comme étant d'immenses agglomérations d'étoiles, et lorsque les distances entre elles commencèrent à être comprises, elles furent nommées « univers-îles ». Cependant, cette nomenclature tomba donc en désuétude au profit du terme « galaxie ».
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Des dizaines de milliers de galaxies ont été recensées, parmi d'autres objets, à travers de nombreux catalogues astronomiques, tels que le catalogue Messier et le New General Catalogue, qui référencent également des nébuleuses, mais aussi plus spécifiquement les catalogues PGC, UGC, MCG, CGCG, IC, etc. Ainsi, la galaxie spirale barrée couramment appelée M109 est-elle également identifiée par les numéros NGC 3992, PGC 37617, UGC 6937, MCG+09-20-044, CGCG269-023, etc. Certaines galaxies remarquables ont reçu un nom d'usage (parfois plusieurs) couramment employé à la place des numéros d'identification, telles que par exemple la galaxie d'Andromède, les nuages de Magellan, les galaxies des Antennes, la galaxie du Tourbillon (également appelée galaxie des Chiens de Chasse), la galaxie du Sombrero, etc.
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Une galaxie typique comme la Voie lactée comprend quelques centaines de milliards d'étoiles et a une taille de l'ordre de 100 000 années-lumière (une année-lumière équivaut à environ 9 500 milliards de kilomètres). De façon remarquable, ces chiffres peuvent s'exprimer uniquement en termes de diverses constantes fondamentales. Plus précisément, un raisonnement simple permet de relier la taille d'une galaxie au phénomène d'instabilité gravitationnelle qui voit un objet plus dense que le milieu ambiant se contracter sous certaines conditions du fait de son propre champ gravitationnel. Ceci se produit essentiellement quand un objet se refroidit brutalement, auquel cas sa pression baisse brutalement et ne peut plus contrer l'effet attractif de la gravité. Dans ce contexte, on prédit que la masse Mg et la taille Rg d'une galaxie sont vraisemblablement de l'ordre de :
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{\displaystyle \alpha }
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{\displaystyle \alpha _{G}}
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représentent respectivement la constante de structure fine (électromagnétique) et la constante de structure fine gravitationnelle, et
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{\displaystyle m_{\rm {p}}}
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et
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m
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e
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la masse du proton et de l'électron, respectivement.
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Il faut plus de dix milliards d'années pour que la lumière des plus lointaines galaxies parvienne jusqu’à la Terre[7].
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Dès l'Antiquité, les philosophes tentèrent de saisir la nature de la bande lumineuse connue sous le nom de Voie lactée. Le philosophe grec Anaxagore (500—428 av. J.-C.) la concevait comme « l'effet de la lumière des astres qui ne sont pas offusqués par le Soleil »[8]. De la même manière, Démocrite (450—370 av. J.-C.) suggéra qu'elle était due à un grand nombre de petites étoiles.
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Aristote, cependant, pensait que ce qu'on observait était la combustion d'une partie de l'air, enflammé par le mouvement des astres[9], impliquant donc qu'elle se trouvât dans la sphère sublunaire.
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Geminos de Rhodes, probablement vers 55 av. J.-C., décrit la Voie lactée comme « un des grands cercles de la sphère des fixes. D'assez grande largeur, il est composé d'une poussière d'étoiles en forme de nébuleuse ; c'est le seul grand cercle dans l'univers qui soit visible. Il y a 7 grands cercles : l'équateur, le zodiaque, les colures, l'horizon en chaque lieu, le méridien, la Voie lactée. »[10]
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L'astronome perse Al-Biruni (973 - 1048 apr. J.-C.) réfuta lui aussi la proposition d'Aristote, en tentant de calculer la parallaxe de la Voie lactée, et en notant que puisqu'elle est nulle, elle doit se trouver à grande distance de la Terre, et donc hors de l'atmosphère. Il proposa également que la Voie lactée était une collection d'innombrables étoiles nébuleuses. Les preuves de cela vinrent en 1610, quand Galilée utilisa sa lunette astronomique pour étudier la Voie lactée et découvrit qu'elle était effectivement composée d'un nombre incalculable d'étoiles de faible éclat[11]. Thomas Wright dans son ouvrage An Original Theory or New Hypothesis of the Universe (1750), étudie la structure de la Galaxie et imagine qu’elle forme un nuage aplati. Dans un traité de 1755, Emmanuel Kant, spécule à juste titre que notre galaxie pouvait être un corps en rotation d'un nombre incroyable d'étoiles tenues ensemble par des forces gravitationnelles, au même titre que le Système solaire. Le disque d'étoiles résultant peut être vu, en perspective, comme une bande dans le ciel, pour un observateur se trouvant en son sein. Kant avança également que quelques-unes des nébuleuses visibles dans le ciel nocturne pourraient être des galaxies[12].
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La première tentative de description de la forme de la Voie lactée et de la disposition du Soleil en son sein fut faite par William Herschel en 1785. Il répertoria « avec soin la position et les distances d'un grand nombre d'étoiles »[13]. Il fit un diagramme de la forme de la Voie lactée et plaça le Système solaire près du centre. En 1920, Jacobus Kapteyn arriva à une image d'une petite galaxie ellipsoïdale (d'environ 15 000 parsecs de diamètre), avec le Soleil également proche du centre[14],[15]. Une méthode différente, proposée par Harlow Shapley, fondée sur la position des amas globulaires, mena à une image radicalement différente de tout ce qui avait été vu jusque-là : un disque plat d'un diamètre d'environ 70 000 parsecs (soit un peu plus de 200 000 années-lumière) avec le Soleil très éloigné du centre[12]. Les deux analyses ne tinrent pas compte de l'absorption de la lumière par la poussière interstellaire (phénomène appelé extinction) présente dans le plan galactique, mais après que Robert Jules Trumpler eut quantifié cet effet en 1930, en étudiant les amas ouverts, l'image actuelle de notre galaxie émergea[16].
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Vers la fin du XVIIIe siècle, Charles Messier établit un catalogue contenant 110 « nébuleuses », comme on appelait alors indistinctement les objets diffus observés dans le ciel. Ce catalogue fut suivi d'un plus grand, de 5 000 objets, établi par William Herschel[12]. En 1845, Lord Rosse construisit un nouveau télescope qui fut capable de distinguer les nébuleuses elliptiques et spirales. Il essaya également de mettre en évidence des sources ponctuelles à l'intérieur de certaines nébuleuses, donnant ainsi crédit à la conjecture de Kant[17].
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En 1917, Herber Curtis observa des clichés de la supernova SN 1885A dans la « grande nébuleuse d'Andromède » (M31, dans le catalogue Messier). En cherchant dans la photographie, il trouva 11 novas de plus. Curtis remarqua que ces novas étaient en moyenne 10 magnitudes plus faibles que celle de notre galaxie. Grâce à ces résultats, il fut capable d'estimer la distance qui nous séparait d'elles à environ 150 000 parsecs. Il devint donc adepte de ce que l'on appelle la théorie des « univers-iles », avançant que les nébuleuses spirales sont en réalité des galaxies indépendantes, mais sa découverte resta peu diffusée[18].
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En 1920, le « Grand Débat », concernant la nature de la Voie lactée, des nébuleuses spirales, et la taille de l'Univers, prit place avec comme principaux protagonistes Harlow Shapley et Herber Curtis. Pour renforcer son idée que la grande nébuleuse d'Andromède était une galaxie externe, Curtis nota l'apparence des lignes sombres s'apparentant aux nuages de poussière présents dans la Voie lactée, ainsi qu'un décalage de la lumière dû à l'effet Doppler-Fizeau[19].
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Le fait fut définitivement établi par Edwin Hubble au début des années 1920 en utilisant un nouveau télescope. Il fut capable de résoudre les parties externes de quelques nébuleuses spirales comme étant des collections d'étoiles individuelles et identifia quelques variables appelées céphéides, dont la période de variation de lumière est fonction de la luminosité absolue. Ceci permit ainsi d'estimer la distance nous séparant de ces nébuleuses : elles étaient bien trop lointaines pour faire partie de la Voie lactée[20]. En 1936, Hubble créa un système de classification des galaxies qui est encore utilisé de nos jours : la séquence de Hubble[21].
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Dans les années 1970, on réalisa que la masse totale visible, dans les galaxies, des étoiles et du gaz, ne pouvait pas expliquer correctement la vitesse de rotation de celles-ci, qui est systématiquement anormalement élevée par rapport à ce qu'elle aurait dû être étant donné la masse visible dont les galaxies étaient composées. Ceci amena à postuler l'existence d'une nouvelle forme de matière, appelée matière sombre. Celle-ci n'émet aucun rayonnement, mais son existence est révélée par l'influence de son champ gravitationnel sur la dynamique des étoiles. Dès le début des années 1990, le télescope spatial Hubble apporta une grande amélioration dans les observations lointaines. Ces nouvelles observations permirent notamment d'établir que la matière sombre de notre Galaxie ne peut se composer uniquement d'étoiles faibles et petites. D'autres observations cosmologiques arrivent à la même conclusion, attestant l'idée que la matière sombre est une nouvelle forme de matière inconnue en laboratoire[réf. nécessaire]. Au sein des galaxies, la matière forme un halo sphérique plus étendu que la galaxie elle-même, et ayant un profil de densité dit en « sphère isotherme », c'est-à-dire décroissant comme l'inverse du carré de la distance au centre[réf. nécessaire].
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Il y a trois grands types de galaxies : les elliptiques, les spirales, et les irrégulières. Une description détaillée des différents types de galaxies basée sur leur apparence est établie par la séquence de Hubble. Puisque la séquence de Hubble est entièrement basée sur la caractéristique morphologique visuelle, il arrive qu'elle ne tienne pas compte de caractéristiques importantes telles que le taux de formation d'étoiles (dans les galaxies starburst) ou l'activité du noyau (dans les galaxies actives)[22]. À l'époque de la réalisation de sa classification, Hubble pensait que les différents types de morphologies galactiques correspondaient à un degré d'évolution variable de ces objets, partant d'un état sphérique sans structure (type E0), puis s'aplatissant progressivement (type E1 à E7), avant de produire les bras spiralés (types Sa, Sb, Sc, ou SBa, SBb, SBc). Cette hypothèse d'évolution a depuis été totalement invalidée, mais la dénomination en termes de « galaxie précoce » (early-type galaxy en anglais) pour les elliptiques et « galaxie tardive » (late-type galaxy) pour les spirales est par contre, toujours usitée.
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Le système de classification de Hubble compte les galaxies elliptiques sur base de leur excentricité (c'est-à-dire de l'aplatissement de leur image projetée sur le ciel), allant de E0 (pratiquement sphérique) à E7 (fortement allongée), le chiffre suivant le « E » correspondant à la quantité
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(
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b
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a
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+
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+
)
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{\displaystyle \textstyle {10\times (1-{\frac {b}{a}})}}
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, où a et b sont le demi grand axe et le demi petit axe de la galaxie telle qu'elle est observée. Ces galaxies ont un profil ellipsoïdal, leur donnant une apparence elliptique quel que soit l'angle de vue. Leur apparence montre peu de structures et elles ne possèdent pas beaucoup de matière interstellaire. Par conséquent, ces galaxies contiennent peu d'amas ouverts et ont un taux de formation d'étoiles peu élevé. Des étoiles plus anciennes et plus évoluées, tournant autour de leur centre de gravité commun de manière aléatoire, dominent donc ces galaxies. En ce sens, elles présentent une certaine similitude avec les amas globulaires, mais à plus grande échelle[23].
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Les galaxies les plus grandes sont des elliptiques géantes. On pense que de nombreuses galaxies elliptiques se sont formées grâce à une interaction de galaxies qui ont fini par fusionner. Elles peuvent atteindre des tailles énormes (comparée aux galaxies spirales, par exemple). D'autre part, ces galaxies elliptiques géantes sont souvent trouvées au cœur des grands amas de galaxies[24]. Les galaxies starburst sont souvent le résultat d'une collision des galaxies[23]. La galaxie elliptique géante la plus proche de notre Galaxie est M87, dans la constellation de la Vierge, à 60 millions d'années-lumière.
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Les galaxies spirales forment la classe la plus emblématique des galaxies. Elles sont faites d'un disque en rotation et composé d'étoiles et de milieu interstellaire, avec un bulbe central d'étoiles généralement plus anciennes. De ce bulbe émergent des bras relativement brillants. Dans le schéma de classification de Hubble, les galaxies spirales correspondent au type S, suivi d'une lettre (a, b, ou c), qui indique le degré d'enroulement des bras spiraux ainsi que la taille du bulbe central. Une galaxie Sa est dotée de bras relativement mal définis et possède une région centrale relativement importante. En revanche, une galaxie Sc possède des bras très ouverts et bien tracés ainsi qu'un bulbe de petite taille[25].
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Dans les galaxies spirales, les bras spiraux forment une spirale logarithmique approximative, un schéma qui peut être, en théorie, le résultat d'un dérangement dans la masse d'étoiles rotative uniforme. Les bras spiraux tournent autour du centre, au même titre que les étoiles, mais avec une vitesse angulaire constante. Cela veut dire que les étoiles entrent et sortent des bras spiraux ; les étoiles proches du centre galactique orbitent plus vite que les bras alors que les étoiles les plus externes se déplacent moins vite que les bras. On pense que les bras spiraux sont des zones où la densité de matière est plus haute, on peut donc les voir comme des « vagues de densité ». Lorsque les étoiles traversent un bras, la vitesse de chaque système stellaire est modifiée par les forces gravitationnelles supplémentaires exercées par une densité de matière plus élevée (cette vélocité retourne à la normale une fois que l'étoile ressort du bras). Cet effet est semblable à une « vague » de ralentissement sur une autoroute saturée en voitures.
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Les bras sont visibles à cause de leur teneur en étoiles jeunes et brillantes, dues à la forte densité de matière qui facilite la formation d'étoiles. Or les étoiles les plus lumineuses sont aussi les plus massives, et ont une durée de vie très brève (quelques millions d'années contre 10 milliards d'années pour le Soleil), aussi les zones les plus lumineuses sont-elles au voisinage des lieux de formation d'étoiles, les étoiles massives n'ayant pas le temps de s'en éloigner significativement lors de leur brève existence.
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La majorité des galaxies spirales ont une bande d'étoiles linéaire en leur centre, à partir de laquelle émergent les bras spiraux[26]. Dans la classification de Hubble, elles sont désignées d'un SB, suivi d'une lettre minuscule (a, b, ou c), indiquent encore une fois la forme et la disposition des bras spiraux (de la même manière que les galaxies spirales non-barrées). On pense que les barres sont des structures temporaires qui peuvent survenir à la suite d'un rayonnement de densité du cœur vers l'extérieur, ou à la suite d'une interaction avec une autre galaxie faisant intervenir la force de marée[27]. De nombreuses galaxies spirales barrées sont actives, cela est peut-être du gaz canalisé le long des bras[28].
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Notre propre galaxie est une grande galaxie spirale barrée[29] d'environ 30 000 parsecs de diamètre et de 1 000 parsecs d'épaisseur. Elle contient approximativement 2×1011 étoiles[30] et a une masse totale d'environ 6×1011 masses solaires[31].
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Les galaxies particulières sont des formations galactiques développant des propriétés inhabituelles dues à des interactions gravitationnelles avec d'autres galaxies, les forces de marée, responsables de ces déformations. Les galaxies annulaires, possédant une structure formée d'étoiles et de gaz en forme d'anneau autour du centre galactique, sont de bons exemples de galaxies particulières. Une galaxie annulaire peut se former lorsqu'une galaxie plus petite passe à travers le centre d'une galaxie spirale[32]. Un tel évènement a pu se produire sur la galaxie d'Andromède, qui présente plusieurs anneaux en infrarouge[33].
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Une galaxie lenticulaire est une forme de transition, ayant à la fois les propriétés d'une galaxie elliptique et spirale. Dans la séquence de Hubble, elles portent la mention S0. Elles possèdent des bras, certes mal définis, et un halo d'étoiles elliptique[34] (les galaxies lenticulaires barrées sont de type SB0).
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En plus de morphologies mentionnées ci-dessus, il existe un certain nombre de galaxies qui n'entrent dans aucune de ces catégories. Il s'agit des galaxies irrégulières. Une galaxie Irr-I possède une certaine structure, mais n'est pas clairement apparentée à un type quelconque de la séquence de Hubble. Les galaxies Irr-II ne possèdent aucune structure comparable à quoi que ce soit dans le schéma de Hubble, et peuvent même avoir été déchirées[35]. Des exemples proches de galaxies irrégulières (naines) sont les nuages de Magellan.
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En dépit de la prééminence des grandes galaxies elliptiques et spirales, il semble que la plupart des galaxies de l'univers sont des galaxies naines. Ces galaxies minuscules ont une taille pouvant descendre à 1 % de celle de la Voie lactée, et contiennent seulement quelques milliards, voire quelques centaines de millions d'étoiles. Des galaxies naines ultra-compactes, qui ont été trouvées récemment, font seulement 100 parsecs de long[36].
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La majorité des galaxies naines orbitent autour d'une galaxie plus grande ; la Voie lactée a au moins une douzaine de satellites nains, chiffre probablement inférieur au nombre total de satellites de ce type[37]. Les galaxies naines peuvent elles-mêmes aussi être classées comme étant elliptiques, spirales, ou irrégulières.
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Un graphique représentant la vitesse de rotation de la matière en fonction de la distance entre celle-ci et le centre galactique peut prendre deux formes, la courbe plate B étant la plus répandue. Analysons de plus près les formes des courbes de rotation. L'article cité[38] en donne un grand nombre.
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Près du centre galactique, la vitesse est proportionnelle à la distance au centre galactique. La vitesse angulaire de rotation est donc constante comme dans un solide. La courbe devient ensuite parabolique, ce qui correspond à une densité de masse d'étoiles constante. Après le maximum, la courbe est généralement plate, la densité d'étoiles est décroissante. Enfin, très loin du centre galactique où la densité d'étoiles est très faible, on retrouve les lois de Kepler, qui ne peuvent être vérifiées qu'en présence d'étoiles suffisamment lumineuses faisant partie de la galaxie en question. (cf article Matière noire)
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La distance moyenne séparant les galaxies dans un amas est relativement petite. Par conséquent, les interactions entre galaxies sont assez fréquentes, et jouent un rôle important dans leur évolution. Lorsque deux galaxies se manquent de peu, elles subissent néanmoins des déformations dues à la force de marée, et peuvent échanger une certaine quantité de gaz et de poussière[40],[41].
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Les collisions se produisent lorsque deux galaxies passent directement l'une à travers l'autre et ont un moment angulaire relatif suffisant pour ne pas fusionner. Les étoiles de ces galaxies en interactions subiront la traversée sans entrer en collision les unes avec les autres. Cependant, le gaz et la poussière présents dans les deux galaxies interagiront. Cela peut déclencher un sursaut de formation d'étoiles car le milieu interstellaire a été dérangé et compressé. Une collision peut sévèrement distordre les deux galaxies, formant des structures s'apparentant à des barres, des anneaux, ou des longues queues[40],[41].
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L'interaction la plus violente est la fusion galactique. Dans ce cas, le moment relatif des deux galaxies est insuffisant pour leur permettre de se libérer de l'emprise de l'autre et de poursuivre leurs routes. Au lieu de ça, elles fusionneront graduellement pour former une galaxie unique, plus grande. Les fusions apportent d'énormes changements à la morphologie des deux galaxies de départ. Cependant, dans le cas où l'une des deux galaxies est beaucoup plus massive que l'autre, on assiste à un phénomène de cannibalisme. Dans ce cas, la galaxie la plus grande restera relativement inchangée tandis que la plus petite sera déchirée à l'intérieur de l'autre. La Voie lactée est actuellement en train d'absorber de la sorte la Galaxie Elliptique Naine du Sagittaire et la Galaxie Naine du Grand Chien[40],[41].
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Les étoiles sont créées dans les galaxies à partir du gaz froid qui s'est formé dans les nuages moléculaires géants. Certaines galaxies, les galaxies starburst, ont un taux de formation d'étoiles vertigineux. Toutefois, si elles continuaient à fonctionner ainsi, ces galaxies épuiseraient leurs réserves de gaz en un laps de temps inférieur à leur durée de vie. Par conséquent, un tel évènement ne dure en général que 10 millions d'années, ce qui est relativement court par rapport à l'histoire de la galaxie. Les galaxies starburst étaient plus communes dans le passé[42], et contribuent actuellement d'environ 15 % au taux de formations d'étoiles total[43].
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Les galaxies starburst sont caractérisées par de fortes concentrations de gaz et de poussière ainsi qu'un nombre élevé de jeunes étoiles. Les plus massives d'entre elles ionisent les nuages environnants et créent des régions HII[44]. Ces étoiles massives finissent en supernovas, produisant ainsi un rémanent qui interagit avec le gaz environnant. Cela enclenche une réaction en chaîne de formation d'étoiles qui se propage à travers toute la région gazeuse. Un tel sursaut d'étoiles ne prend fin que lorsque le gaz disponible est consumé ou dispersé[42].
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Les starburst sont souvent associés avec les galaxies en interaction ou en fusion. L'exemple-type de galaxie subissant un starburst est M82, qui a récemment interagit avec M81, de taille supérieure. les galaxies irrégulières présentent souvent des nœuds ou le taux de formation est particulièrement élevé[45].
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Certaines galaxies sont dites actives. Cela veut dire qu'une partie significative de l'énergie totale est émise par des sources autres que les étoiles, la poussière, ou le milieu interstellaire.
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Le modèle standard décrivant une galaxie est basé sur le disque d'accrétion présent autour du trou noir supermassif de la galaxie. Le rayonnement issu des galaxies actives provient de l'énergie potentielle gravitationnelle de la matière lorsqu'elle tombe du disque vers le trou noir[46]. Environ 10 % de ces objets présentent une paire de jets de particules dont la vitesse est proche de celle de la lumière.
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Les galaxies actives émettant un rayonnement hautement énergétique sous forme de rayons X sont appelées galaxies de Seyfert ou quasars, selon leur luminosité. On pense que les blazars sont des galaxies actives émettant des jets pointés vers la terre. Une radiogalaxie émet un rayonnement situé dans les ondes radio depuis ses jets.
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Un modèle unificateur explique que les différences entre les divers types de galaxies actives ne sont dues qu'à l'angle de vue de l'observateur[47].
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L'étude de la formation et de l'évolution galactique permet d'esquisser des réponses aux questions concernant l'évolution des galaxies à travers l'histoire de l'univers. Dans ce domaine, quelques théories sont devenues largement acceptées, mais c'est encore un champ très actif de l'astrophysique. Des travaux récents laissent penser que les premières galaxies se seraient formées plus tôt que prévu (une galaxie lointaine contenant des étoiles âgées de 750 millions d'années se serait ainsi formée 200 millions d'années environ après le Big Bang)[48].
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Les modèles cosmologiques actuels décrivant la formation de l'univers sont basés sur la théorie du Big Bang, selon laquelle l'espace-temps, et avec lui toute la matière et l'énergie composant l'univers, a jailli dans une expansion sans commune mesure, alors qu'il était comprimé à une taille infinitésimale. Environ 300 000 ans après cet évènement initial, la température avait baissé suffisamment pour permettre la formation des atomes d'hydrogène et d'hélium, dans un phénomène appelé Recombinaison. Presque tout l'hydrogène était neutre (non-ionisé) et absorbait donc la lumière, les étoiles ne s'étaient pas encore formées ; pour cette raison, cette période porte le nom d'Âge sombre. C'est à partir des fluctuations de densité (ou irrégularités anisotropiques) que les plus grandes structures de la matière commencèrent à se former. Des agglomérations de matière baryonique se condensèrent à l'intérieur de halos de matière noire froide[49]. Ces structures primordiales finiront par devenir les galaxies que nous observons aujourd'hui.
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Des preuves de l'apparence des galaxies primordiales ont été trouvées dès 2006 avec la découverte de la galaxie IOK-1 qui présente un décalage vers le rouge de 6,96, ce qui correspond à seulement 750 millions d'années après le Big Bang. En mars 2016, des chercheurs travaillant sur des données du télescope spatial Hubble dans le cadre du relevé GOODS découvrent la galaxie GN-z11, qui présente un décalage vers le rouge de 11,01 et observée alors que l'Univers n'avait que 400 millions d'années. GN-z11 est à ce jour l'objet le plus ancien et le plus lointain jamais observé[50],[51]. L'existence de telles protogalaxies suggère qu'elles ont dû se développer durant l'Âge sombre[52].
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Un milliard d'années après la formation de la galaxie, des structures clés commencent à apparaître : des amas globulaires, le trou noir supermassif central et le bulbe galactique constitué d'étoiles de population II. La création d'un trou noir supermassif semble jouer un rôle majeur car il régule activement la croissance des galaxies en limitant la quantité totale de matière ajoutée[53]. Durant cette époque, les galaxies subissent un sursaut majeur de formation d'étoiles[54].
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Durant les deux milliards d'années suivantes, la matière accumulée s'installe dans le disque galactique[55]. Une galaxie continuera d'absorber les matériaux environnants (présents dans les nuages interstellaires rapides et dans les galaxies naines) durant toute sa vie[56]. Ces matériaux se constituent principalement d'hydrogène et d'hélium. Le cycle de naissance et de mort des étoiles augmente lentement la quantité de matériaux lourds, ce qui peut éventuellement mener à la formation de planètes[57].
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L'évolution des galaxies peut être fortement affectée par une interaction ou une collision. Les fusions de galaxies étaient fréquentes dans le passé, et la majorité des galaxies avaient des morphologies particulières[58]. Étant donnée la distance entre les étoiles, la grande majorité des systèmes stellaires ne seront pas dérangés par une collision. Cependant, le déchirement gravitationnel de gaz et de poussière interstellaire produit une longue trainée d'étoiles. De telles structures, causées par la force de marée, peuvent être vues sur les Galaxies des Souris[59] ou des Antennes[60].
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La Voie lactée et la galaxie d'Andromède se rapprochent l'une de l'autre à la vitesse de 130 km/s, et pourraient bien entrer en collision dans 5 à 6 milliards d'années. Bien que la Voie lactée ne soit jamais entrée en collision avec une grande galaxie comme Andromède, le nombre de preuves de collision de la Voie lactée avec des galaxies naines augmente[61].
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De telles interactions à grande échelle sont rares. Dans le passé, les fusions de deux systèmes de taille égales devinrent moins fréquentes. La plupart des galaxies brillantes sont restées pratiquement inchangées durant les derniers milliards d'années, et le taux net de formation d'étoiles a probablement atteint son maximum il y a approximativement 10 milliards d'années[62].
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À présent, la plupart des étoiles se forment dans les petites galaxies, où le gaz froid n'est pas épuisé[58]. Les galaxies spirales, comme la Voie lactée, produisent des étoiles de nouvelles générations tant qu'elles ont des nuages d'hydrogène moléculaire denses[63]. Les galaxies elliptiques déjà en grande partie dépourvues de ce gaz ne forment donc pas d'étoiles[64]. Les réserves de matière créant les étoiles sont limitées : une fois que les étoiles ont converti tout l'hydrogène disponible en éléments plus lourds, la formation de nouvelles étoiles prendra fin[65].
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L'époque actuelle d'étoiles naissantes devrait continuer durant encore cent milliards d'années. Mais l'« Ère Stellaire » s'arrêtera dans dix à cent mille milliards d'années (1013 à 1014, lorsque les étoiles les moins massives (et donc celles qui ont la plus grande durée de vie), les minuscules naines rouges, d'environ 0,08 masse solaire, finiront leur « combustion » et s'effondreront.
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À la fin de l'Ère Stellaire, les galaxies ne seront composées que d'objets compacts : des naines brunes, des naines blanches en train de se refroidir (qui, une fois froides, deviennent des naines noires), des étoiles à neutrons, et des trous noirs ; ainsi que des planètes et divers planétésimaux. Ensuite, toute la matière tombera dans les trous noirs centraux ou sera dispersée dans l'espace intergalactique[66],[65].
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La plupart des galaxies sont gravitationnellement reliées à un certain nombre d'autres. Les groupes de galaxies sont les types de groupes galactiques les plus courants dans l'univers, et ceux-ci contiennent la majorité des galaxies (et donc la majorité de la masse baryonique) présentes dans l'univers. Ils comportent quelques dizaines de membres. La Voie lactée fait ainsi partie d'un groupe de galaxies appelé Groupe local dont elle est le membre le plus massif avec la Galaxie d'Andromède (M31), ses autres membres étant de masse nettement plus faible.
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Lorsqu'une concentration de galaxies contient plus d'une centaine de galaxies situées dans une zone de quelques mégaparsecs, elle est alors appelée amas. Les amas de galaxies sont souvent dominés par une galaxie elliptique géante. Avec le temps, celle-ci détruit ses satellites, qui viennent ajouter leur masse à la sienne, par le biais des forces de marée[67]. L'amas auquel appartient le Groupe local est appelé amas de la Vierge, du nom de la constellation dans laquelle se trouve son centre.
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Les superamas contiennent des dizaines de milliers de galaxies, elles-mêmes isolées ou regroupées en amas et en groupes. À l'échelle des superamas, les galaxies seraient disposées en feuilles et en filaments, laissant entre eux d'immenses vides[68]. À une échelle supérieure, l'Univers semble être isotrope et homogène.
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Groupes, amas et superamas ne sont pas des structures figées. Les galaxies qui les composent interagissent entre elles, et sont susceptibles de fusionner. D'autres galaxies peuvent y naître à partir de la matière présente non encore condensée en galaxies.
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Initialement, la majorité des observations se faisaient en lumière visible. Comme les étoiles rayonnent le gros de leur lumière dans ce domaine du spectre électromagnétique, l'observation des étoiles formant les galaxies externes à la Voie lactée est un composant majeur de l'astronomie optique. En outre, elle est également utile à l'observation des régions HII ionisées et des bras poussiéreux.
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La poussière présente dans le milieu interstellaire est opaque à la lumière visible. Par contre, elle devient plus transparente dans l'infrarouge lointain ; celui-ci peut donc être utile à l'observation de l'intérieur des nuages moléculaires géants et des noyaux galactiques[69]. L'infrarouge peut aussi être utilisé pour observer les galaxies distantes et décalées vers le rouge qui se sont formées tôt dans l'histoire de l'Univers. Comme la vapeur d'eau ainsi que le dioxyde de carbone absorbent des portions utiles du spectre infrarouge, les observatoires à infrarouges se situent en haute altitude ou dans l'espace.
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La première étude non-visuelle des galaxies, en particulier des galaxies actives, fut faite en ondes radio. L'atmosphère est en effet presque transparente aux ondes radio situées entre 5 Hz et 3 GHz (l'ionosphère terrestre bloque le signal en dessous de cette plage)[70]. De grands interféromètres radio ont été utilisés pour cartographier les jets émis par les galaxies actives. Les radiotélescopes peuvent aussi être utilisés pour observer l'hydrogène neutre (via la raie à 21 centimètres), incluant potentiellement, la matière non-ionisée des débuts de l'univers qui forma les galaxies en s'effondrant[71].
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Les télescopes à ultraviolet permettent de mieux mettre en évidence les étoiles chaudes, souvent massives et de durée de vie limitée, mettant ainsi en évidence le phénomène de formation d'étoiles dans les galaxies. Dans le domaine des rayons X, on observe la matière beaucoup plus chaude, notamment la distribution du gaz chaud au sein des amas de galaxies, ainsi que des phénomènes énergétiques au sein du cœur des galaxies où se trouve souvent un trou noir supermassif dont la présence est entre autres trahie par l'existence de volutes de gaz très chaud en train d'être englouties par le trou noir central[72].
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Wales (en)Cymru (cy)
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Le pays de Galles (en anglais : Wales, en gallois : Cymru) est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l'Ouest de l'île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l'Angleterre à l'est et est bordé par la mer d'Irlande au nord et à l'ouest et le canal de Bristol au sud.
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Le pays de Galles s'étend sur environ 20 779 km2 et son relief, majoritairement montagneux, culmine à 1 085 m d'altitude avec le mont Snowdon. Sa capitale et plus grande ville est Cardiff avec 315 000 habitants.
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Politiquement, le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni, au même titre que l'Angleterre, l'Écosse et l'Irlande du Nord. Dans le cadre de la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni, le pays de Galles dispose d'un organe législatif, le Parlement gallois, et d'un Premier ministre, poste actuellement occupé par Mark Drakeford.
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Jusqu'à sa conquête en 1284 par Édouard Ier, le pays de Galles était constitué de nombreuses principautés indépendantes. Les Laws in Wales Acts de 1535 et 1542 intègrent le système juridique gallois à celui du royaume d'Angleterre. En 1998, le Government of Wales Act (en) met en place la dévolution du pouvoir et crée l'Assemblée nationale et le poste de Premier ministre.
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Culturellement, le pays de Galles est l'une des six nations celtiques. Depuis 1301, il est traditionnel pour le monarque du Royaume-Uni de sacrer son fils aîné prince de Galles, même si ce n'est pas automatique puisque le titre est octroyé lors d'une cérémonie ad hoc[Note 1].
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Le nom anglais, Wales, est issu du mot germanique Walh, qui signifie « parlant une langue celtique ou romane ». Il a donné Galles en français car le W germanique est devenu G en français (ex. : Wilhelm = Guillaume, Walho = pays gallo). On retrouve ce terme dans d'autres langues et dans d'autres régions pour désigner soit des populations parlant une langue celtique ou romane, soit les terres qu'ils habitent (Walcheren, Wallonie, Welche, Valachie…).
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Le nom gallois, Cymru, signifie « compatriote ».
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Le pays de Galles est situé sur une péninsule dans le Centre-Ouest de la Grande-Bretagne. Sa superficie est d'environ 20 779 km2, soit environ le quart de la superficie de l'Écosse. Il a une longueur de 270 km du nord au sud et 97 km d'est en ouest. Le pays de Galles est bordé par l'Angleterre à l'est et par la mer dans les trois autres directions. Au total, le pays de Galles a plus de 1 200 km de littoral.
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Il existe plusieurs îles au large de son littoral (la plus importante étant Ynys Môn (Anglesey), au nord-ouest). La plupart de la population et les principales zones industrielles sont en Galles du Sud, composées des villes de Cardiff (Caerdydd), Swansea (Abertawe) et Newport (Casnewydd) et ses environs ; un important foyer de peuplement existe également dans le Nord-Est autour de Wrexham (Gwrecsam). La plus grande partie du territoire de Galles est montagneuse, en particulier dans le Nord et les régions centrales. Les plus hautes montagnes du pays de Galles se situent en Snowdonia (Eryri), et particulièrement le mont Snowdon (Yr Wyddfa), qui culmine à 1 085 m et qui est le sommet le plus élevé du pays de Galles. Le pays de Galles compte trois parcs nationaux : Snowdonia (Eryri), Brecon Beacons (Bannau Brycheiniog) et Pembrokeshire Coast (Arfordir Sir Benfro). Il dispose également de quatre zones de beauté naturelle exceptionnelle.
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Les Romains ont établi quelques places fortes dans le Sud du pays et dans sa partie occidentale, comme à Caerfyrddin/Carmarthen (Moridunum). Ils ont également bâti la grande forteresse de Caerleon (Isca), où se trouve l'amphithéâtre le mieux préservé de Grande-Bretagne.
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Les Saxons ont toujours échoué à conquérir le pays de Galles, tant en raison du terrain montagneux que de la résistance acharnée du peuple gallois. L'un des rois saxons, Offa de Mercie, finit par ériger un grand mur de terre, « Offa's Dyke », à la frontière de son pays, pour délimiter la partie de la région du Powys qu'il venait de conquérir. Certains vestiges de cette construction sont encore visibles. Les Normands finissent par dominer le pays, mais cette domination fut plus progressive que la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Commencée par les Saxons, au VIe siècle, la conquête du pays de Galles ne s'acheva qu'en 1282 sur un champ de bataille, avec la victoire d'Édouard Ier sur Llywelyn le Dernier, le dernier prince indépendant. Pour asseoir sa domination, Édouard bâtit dans la région plusieurs grands châteaux, dont celui de Caernarfon, celui de Conwy et celui d'Harlech.
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Le pays est resté celtique et l'usage de la langue galloise s'est toujours perpétué, alors même qu'en Angleterre et en Écosse, l'usage des langues celtiques s'est perdu ou a largement diminué.
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Le pays de Galles est une principauté depuis le XIIIe siècle, sous le prince gallois, Llywelyn le Grand, et son petit-fils, Llywelyn le Dernier, qui prit le nom de Prince des Gallois aux environs de 1258 et a été reconnu par les rois anglais par le traité d'Aberconwy en 1277.
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Depuis 1999, la principauté dispose d'institutions spécifiques dans le cadre d'une dévolution du pouvoir au sein du Royaume-Uni : un Parlement gallois (située à Cardiff) et un gouvernement local. Le pays de Galles fait partie du Royaume-Uni, reconnaissant la reine Élisabeth II comme chef de l'État et son chef du gouvernement comme Premier ministre[5].
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Le bureau pour le pays de Galles est un organe qui veille à la représentation du pays de Galles au sein du gouvernement du Royaume-Uni.
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Le Premier ministre du pays de Galles est le chef du gouvernement du pays de Galles. Il est désigné par le roi d'Angleterre qui suit les recommandations de l'Assemblée. Ses bureaux officiels sont situés à Cardiff[6].
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L'espérance de vie au pays de Galles est en moyenne inférieure d'un an à celle constatée en Angleterre. En 2014, elle est de 78,3 ans pour les hommes et de 82,3 ans pour les femmes[7]. Une étude publiée en 2013 révèle qu'une femme vivant dans une des régions les plus pauvres du pays de Galles peut vivre 10 ans de moins qu'une femme vivant dans une région plus aisée[8].
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Le bureau pour le pays de Galles est un organe du gouvernement du Royaume-Uni dont un des rôles est de veiller à la sécurité du budget gallois.
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La Chambre de commerce de Galles du Sud est la voix des petites et moyennes entreprises au pays de Galles. La chambre est axée sur ses membres, est dirigée par ses membres et vise à soutenir les entreprises locales. Sa mission est de renforcer les entreprises membres et de stimuler la prospérité commerciale du pays de Galles[9].
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La première langue parlée aujourd'hui est l'anglais. La deuxième langue est le gallois, langue historique du pays de Galles, de la famille des langues celtiques et plus précisément de la branche brittonique, proche parente du breton continental et du cornique.
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Depuis 1993, une loi reconnait l'égalité entre les deux langues. Apparurent dès lors nombre d'informations et de documents bilingues, ainsi que la signalisation routière en double forme anglaise/galloise. D'après le recensement de population de 1991, il y avait 508 098 personnes parlant gallois au pays de Galles. Une enquête ultérieure, réalisée en 1992 par le ministère des Affaires galloises (Bureau gallois), a cependant estimé que le nombre de personnes parlant gallois s'élevait à 930 200, dont 467 300 parlant un peu gallois, 94 900 le parlant relativement couramment et 368 000 personnes le parlant couramment.
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Au début du XXe siècle, 50 % de la population parlait gallois dans la vie courante. La proportion était tombée à 20 % à la fin du siècle. Grâce à l'intégration du gallois dans l'enseignement, elle est remontée à 23 % en 2001 et poursuit sa progression. Aujourd'hui, le gallois est, après l'irlandais, la deuxième langue celtique la plus parlée au monde, avec plus de 580 000 locuteurs recensés au pays de Galles[10] et 133 000 en Angleterre. Il existe une chaîne de télévision qui émet exclusivement dans cette langue (S4C), une station de radio nationale (BBC Radio Cymru), et d'autres stations locales diffusent régulièrement des émissions en gallois. Tous les panneaux indicateurs sont libellés à la fois en anglais et en gallois.
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Dans l'enseignement, environ 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois ; pour le reste, l'étude du gallois comme deuxième langue est obligatoire jusqu'à l'âge de seize ans. Par conséquent, c'est dans les classes d'âge les plus jeunes que l'on trouve le plus de gallophones. Dans les régions de l'Ouest et du Nord du pays, où le gallois est la langue maternelle de la majorité, les collèges et les lycées sont plutôt bilingues, pour que ceux qui ne parlent pas le gallois couramment puissent l'apprendre.
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Le dragon rouge (Y ddraig goch en gallois) symbolise la lutte entre les Saxons et les Celtes. Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (père du roi Arthur) voulait construire un château mais la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, appelé Myrddin en gallois, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon. On connaît quelques poèmes, probablement apocryphes, de Merlin. Il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel.
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Le 1er mars est la fête de saint David, évangélisateur du pays de Galles.
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En l'honneur du saint patron du pays de Galles, il est de tradition de porter un poireau le 1er mars. De nos jours, le poireau cenhinen, (pl. cennin) est souvent remplacé par la jonquille, qui porte presque le même nom en gallois : cenhinen Bedr.
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L'origine du poireau comme symbole remonte à une bataille qui se déroula dans un champ de poireaux, où saint David conseilla aux combattants gallois de s'en munir pour se distinguer de leurs assaillants. Ce fut une grande victoire galloise. Pour d'autres auteurs, le symbole originel ne serait pas un poireau, mais un bouquet de plumes d'autruche (également un trophée guerrier), vite interprété comme un poireau, objet plus familier.
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Aujourd'hui encore, chaque 1er mars, le plus jeune membre du régiment des Gardes gallois mange un poireau cru sous les acclamations de ses pairs.
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Et, de même, la pièce galloise de 1 sterling porte sur une face un poireau, et sur sa tranche la devise : « pleidiol wyf i'm gwlad » (« Je suis fidèle à mon pays »). À noter également que l'équipe du pays de Galles de rugby à XV est familièrement appelée par ses supporters « le XV du poireau ».
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Le badge héraldique du Parlement gallois reprend le blason du prince médiéval Llywelyn le Grand, entouré de la devise Pleidiol Wyf I'm Gwlad et des emblèmes végétaux des nations constitutives du Royaume-Uni : la rose anglaise, le poireau gallois, le trèfle irlandais et le chardon écossais.
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Le dragon rouge qui figure sur le drapeau du pays de Galles.
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L'emblème du prince de Galles, avec les plumes d'autruche.
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Le badge héraldique du Parlement gallois.
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Le druidisme, fondement de la civilisation celtique a progressivement disparu du pays de Galles, avec la romanisation et le massacre des druides par les légions romaines en 61 apr. J.-C. Le christianisme s'est implanté au VIe siècle : saint David (Dewi Sant 515-589), le saint patron du pays, est célèbre pour être allé en pèlerinage à Rome et avoir à son retour institué le diocèse du pays de Galles, avant même qu'Augustin de Cantorbéry ne fonde le diocèse de Canterbury et n'entreprenne d'évangéliser l'Angleterre. Le pays de Galles a développé et maintenu un christianisme teinté de pratiques et croyances plus anciennes. Cependant, pour les mouvements contemporains qui se prévalent aujourd'hui de la tradition druidique, comme le « Gorsedd » ou assemblée des bardes, il est généralement admis que ceux-ci n'ont pas de continuité historique avec les druides de l'époque romaine, mais sont des réinventions de lettrés du XVIIIe siècle.
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De nos jours, le taux d'assistance aux célébrations religieuses au pays de Galles est de 8,6 %, soit le plus bas du Royaume-Uni. Les deux organisations religieuses les plus répandues du pays sont l'Église anglicane du pays de Galles (Yr Eglwys yng Nghymru / The Church in Wales) et l'Église catholique. Cette dernière est majoritairement composée de personnes originaires d'autres pays européens, surtout l'Irlande. Il existe aussi un grand nombre d'églises indépendantes (les chapels) — issues de la forte tradition non conformiste galloise — dont la plupart sont regroupées en trois fédérations : l'Église presbytérienne du pays de Galles (Eglwys Bresbyteraidd Cymru / The Presbyterian Church of Wales) — environ 38 000 adhérents ; l'Union des indépendants gallois (Undeb yr Annibynwyr Cymraeg / The Union of Welsh Independents) — 36 000 ; l'Union baptiste du pays de Galles (Undeb Bedyddwyr Cymru / The Baptist Union of Wales) — 25 000.
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Évolution de la part des différentes religions entre 2001 et 2011[11] :
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L'hymne officiel du pays de Galles est Hen Wlad fy Nhadau (« L'ancienne terre de mes Pères »), tandis que God Save the Queen est l'hymne officiel du Royaume-Uni. Le pays de Galles est réputé pour le nombre et la qualité de ses chorales et fanfares. La musique traditionnelle est aussi en pleine renaissance. Parmi les airs traditionnels gallois, on peut citer Llwyn Onn.
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L'agneau est au premier rang des mets servis au pays de Galles. Les calws sont aussi servies au pays de Galles : il s'agit de soupes épaisses dont la composition varie selon les saisons. Les saucisses de Glamorgan (Glamorgan sausages), qui sont faites à partir de pain, de fromage, de poireaux et d'oignons sont des saucisses sans viande qu'on retrouve dans la gastronomie locale. Les Welsh faggots, petites boulettes de foie et d'oignons et les Welsh rarebits qui sont des toasts tartinés de fromage et de lait complétés par des tomates ou un œuf sont aussi des plats typiques.
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D'autres spécialités forment la gastronomie du pays de Galles comme le cawl cenni, les buns et le laverbread.
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Enfin côté dessert, on retrouve surtout un gâteau aux fruits, le bara brith, et les gâteaux gallois (Welsh cakes), des petits gâteaux aux raisins[12].
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Le sport le plus populaire au pays de Galles est le rugby à XV. L'équipe du pays de Galles, aussi appelé XV du Poireau bien que ce soient les trois plumes d'Autruche qui sont représentées sur le logo de l'équipe, participe chaque année au tournoi des Six Nations, compétition qu'elle a gagnée 23 fois dont dix grands chelems. Depuis 1987, le pays de Galles participe à la coupe du monde de rugby, elle a été demi-finaliste en 1987, 2011 et 2019. Le rugby à XV au pays de Galles est un sport plus prolétaire que dans le reste des îles Britanniques. Quatre équipes galloises participent au Pro12, compétition regroupant des équipes irlandaises, écossaises et italiennes : les Ospreys, les Llanelli Scarlets, les Cardiff Blues et les Newport Gwent Dragons, ainsi qu'à la coupe d'Europe de rugby à XV. Ces clubs sont le fruit de fusion de clubs gallois, les équipes historiques sont par exemple Neath RFC, Newport RFC, Llanelli RFC, Swansea RFC ou encore Cardiff RFC. Ces équipes disputent maintenant le championnat de rugby à XV du pays de Galles, qui est un championnat semi-professionnel.
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Après le rugby, le sport populaire du pays de Galles est le football. Avant sa qualification pour l'Euro 2016, l'équipe de football du pays de Galles n'a participé qu'à une seule phase finale d'un grand tournoi international : la Coupe du monde de football 1958, dont elle atteint les quarts de finale. Elle atteint également les quarts de finale de l'Euro 1976, à une époque où la phase finale ne débute qu'à l'étape suivante. Les clubs de football du pays de Galles participent, avec les clubs anglais, à la Barclays Premier League. Au cours de l'édition 2015-2016, le seul club gallois jouant en première division est le Swansea City Association Football Club. Des joueurs se sont illustrés toutefois dans ce Championnat tels que John Charles, Ian Rush ou Ryan Giggs, ce dernier est le joueur ayant disputé le plus de matchs dans l'histoire de la Premier League avec le club de Manchester. Le gallois Gareth Bale est de plus en 2017, le deuxième joueur le plus cher de l'histoire du football, avec un transfert de 100 millions d'euros vers le Real de Madrid en 2013.
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Le stade le plus important du pays de Galles est le Millenium Stadium de Cardiff, stade construit en 1999 et qui a une capacité de 74 500 places. Les équipes de rugby et de football jouent leurs matchs internationaux dans ce stade. Avant les matchs internationaux, les équipes galloises de football et de rugby chantent l'hymne Hen Wlad fy Nhadau (qui signifie en français : vieux pays de mes ancêtres).
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Le pays de Galles est, selon les paroles de l'hymne officiel, gwlad beirdd a chantorion, un « pays de bardes et de chanteurs ». On peut en citer un certain nombre.
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Le pays de Galles a pour codes :
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6,095 g·cm-3 (liquide, 29,6 °C)[1]
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Le gallium est l'élément chimique de numéro atomique 31, de symbole Ga. Il appartient au groupe 13 du tableau périodique ainsi qu'à la famille des métaux pauvres.
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Le corps simple gallium est un métal. Sa basse température de fusion (29,76 °C) lui permet de fondre dans la main. Des traces en sont trouvées dans la bauxite et les minerais de zinc.
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Prédit sous le nom d'éka-aluminium par Mendeleïev, découvert en 1875, son nom lui a été donné par son découvreur, le chimiste français Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran. Une théorie prétend que le nom du gallium provient de celui de son découvreur (car « coq » en latin se dit gallus), mais Lecoq de Boisbaudran a au contraire affirmé avoir donné ce nom à l'élément « en l'honneur de la France »[8]. Par la suite, le germanium et le scandium seront nommés par analogie en référence à la Germanie et à la Scandie par leurs découvreurs respectifs, l'Allemand Clemens Winkler et le Suédois Lars Fredrik Nilson.
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Le gallium pur a un aspect argenté et il se brise sous forme solide de la même manière que le verre. Le volume du gallium augmente de 3,1 % lorsqu'il se solidifie[a] et pour cette raison ne doit pas être stocké dans un récipient en verre ou en métal. Le gallium corrode la plupart des autres métaux en diffusant dans le réseau métallique.
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Du fait de son point de fusion de 29,76 °C, proche de la température ambiante, le gallium peut y être maintenu liquide grâce au phénomène de surfusion — il en va de même pour le césium et le rubidium, le mercure étant le seul métal liquide avec un point de fusion inférieur à 0 °C. Il peut pour cette raison être utilisé dans les thermomètres à haute température. Il est aussi connu pour avoir une faible pression de vapeur à haute température.
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Le gallium possède 31 isotopes connus, de nombre de masse variant de 56 à 86, ainsi que trois isomères nucléaires. Parmi ces isotopes, deux sont stables, 69Ga et 71Ga, et constituent l'ensemble du gallium naturel dans une proportion 60/40. La masse atomique standard du gallium est donc de 69,723(1) u.
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Les radioisotopes 67Ga et 68Ga sont utilisés en imagerie médicale (scintigraphie au gallium et tomographie par émission de positons). Le gallium 68 a été testé comme médicament radiopharmaceutique et radiomarqueur, mais il se montre « extrêmement sensible, notamment au pH, à la température ou aux métaux contaminants »[9].
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Comme l'aluminium qui est juste au-dessus dans la classification périodique, le gallium est présent dans la nature à l'état d'oxydation +3. Il se rencontre sous forme d'impuretés dans les minerais d'aluminium (bauxite). Lors de l'obtention de l'alumine par hydrométallurgie (procédé Bayer), les ions Ga3+, qui ont des propriétés similaires aux ions Al3+, sont extraits sous forme d'ions gallate GaO2− en même temps que les ions aluminate AlO2−. Cependant, les ions gallate ne précipitent pas sous forme d'hydroxyde de gallium Ga(OH)3 lors de l'étape de précipitation de l'hydroxyde d'aluminium Al(OH)3 puisqu'ils sont en trop faible concentration. La solution basique surnageante de l'étape de précipitation étant réutilisée pour une nouvelle extraction d'ions aluminium, le gallium subit un phénomène de concentration. Quand les ions gallate sont suffisamment concentrés, la solution est orientée dans une cellule d'électrolyse.
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Grâce à son potentiel rédox (E° = -0,56V), bien plus élevé que celui de l'aluminium, le gallium peut être sélectivement réduit sous forme d'amalgame de gallium (Ga[Hg]) par électrolyse dans des cellules à cathode de mercure. La décomposition de cet amalgame en milieu basique redonne du gallate de sodium, mais cette fois sans aluminium. Une seconde électrolyse donne du gallium métallique avec un bon niveau de pureté. Les données industrielles étant confidentielles, peu d'informations détaillées sont accessibles[10], mais une obtention par électrolyse donne dans le cas du cuivre une pureté de 99,99 %. L'ultrapurification du gallium (99,9999 %), que requiert l'industrie des semi-conducteurs, est conduite par le procédé de croissance monocristalline (méthode de la zone fondue) et est commercialement, dans les décennies 2000/2010, largement disponible.
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Le gallium est principalement utilisé pour produire de l'arséniure de gallium (GaAs) et du nitrure de gallium (GaN)[11].
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La production annuelle en 2008 était de 111 tonnes[12]. La Chine produisait 83 % de l'approvisionnement mondial[13] en 2006.
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Les réserves sont difficilement évaluables. Elles sont cependant estimées à 1 Mt[14], soit 9 000 ans de production annuelle.
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La principale utilisation du gallium est la fabrication de divers matériaux semi-conducteurs. On peut notamment citer parmi les semi-conducteurs binaires III-V l'arséniure de gallium (GaAs), l'antimoniure de gallium (GaSb), le phosphure de gallium (GaP) et le nitrure de gallium (GaN), et parmi les principaux semi-conducteurs ternaires, l'arséniure de gallium-aluminium (AlGaAs) et le nitrure d'aluminium-gallium (AlGaN). Parmi ces matériaux, le plus courant est l'arséniure de gallium, second matériau semi-conducteur le plus utilisé derrière le silicium ; il possède par rapport à ce dernier des propriétés électroniques et opto-électroniques intéressantes, notamment une conductivité des électrons plus importante, ainsi qu'un gap direct permettant, contrairement au silicium, de l'utiliser dans des applications optoélectroniques, aussi bien dans des dispositifs d'émission (LED) que de détection (photodétecteur). Il constitue le substrat privilégié des composants actifs hyperfréquences. Le gallium est utilisé pour les dépôts en couche mince en épitaxie en phase gazeuse (MOCVD) pour le dépôt de couches de GaAs ou de GaN épitaxiées, sous deux formes[15] :
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L'alliage du gallium avec l'indium et l'étain appelé galinstan est souvent utilisé dans les thermomètres depuis l’interdiction du mercure.
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Un radioisotope du gallium, 67Ga est utilisé en imagerie médicale (scintigraphie au gallium 67), dans la détection de sites d'inflammation, de sites d'infection — ostéomyélite, abcès et autres infections localisées, infections tuberculeuses et à mycobactéries, pneumonie à P. Carinei, etc. — ainsi que dans la recherche de certaines néoplasies, notamment les lymphomes et les carcinomes hépatocellulaires. Un autre radioisotope, 68Ga, est lui utilisé, pour l'instant de façon marginale, comme émetteur de positron en tomographie par émission de positrons (PET scan).
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Le gallium est aussi généralement la source d'ions utilisée dans la sonde ionique focalisée.
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Le gallium peut être aussi utilisé comme détecteur de neutrinos.
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En dépit du potentiel de risques d'exposition à l'arséniure de gallium (GaAs) dans l'industrie des semi-conducteurs, le gallium ne semble pas avoir fait l'objet d'études toxicologiques ou écotoxicologiques poussées. Le gallium était considéré comme faiblement toxique et réputé ne pas présenter de problème pour la santé aux doses habituellement présentes dans notre environnement ou alimentation[16]. Il semble néanmoins corrosif pour la peau et les muqueuses[17].
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Certains de ses composés présentent une toxicité encore mal comprise ; lié à l'un des composants (arsenic par exemple) ou intrinsèque.
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La cinétique corporelle du gallium ingéré ou inhalé, et sa métabolisation semble encore mal connues, mais selon les études disponibles :
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Elle semble avoir été peu étudiée.
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Le gallium présente une certaine toxicité pour les bactéries, mais (phénomène étudié chez Pseudomonas fluorescens), qui dans certains cas au moins semble plus ou moins élevée selon la présence/absence d'oligo-éléments tels que fer phosphate[23]. Pseudomonas fluorescens présente une certaine capacité d'excrétion du gallium.
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Une figure de style, du latin figura, est un procédé d’écriture qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue et donne une expressivité particulière au propos. On parle également de figure de rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des distinctions dans la portée des deux expressions, l’usage courant en fait des synonymes.
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Les figures de style, liées à l'origine à la rhétorique, sont l’une des caractéristiques des textes qualifiés de « littéraires ». Elles sont cependant d’un emploi commun dans les interactions quotidiennes, écrites ou orales, du moins pour certaines d’entre elles, comme l’illustrent par exemple les métaphores injurieuses du capitaine Haddock.
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De manière générale, les figures de style mettent en jeu : soit le sens des mots (figures de substitution comme la métaphore ou la litote, l’antithèse ou l’oxymore), soit leur sonorité (allitération, paronomase par exemple) soit enfin leur ordre dans la phrase (anaphore, gradation parmi les plus importantes). Elles se caractérisent par des opérations de transformation linguistique complexes, impliquant la volonté stylistique de l'énonciateur, l'effet recherché et produit sur l'interlocuteur, le contexte et l'univers culturel de référence également.
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Chaque langue a ainsi ses propres figures de style ; leur traduction pose souvent des problèmes de fidélité par rapport à l'image recherchée. Par conséquent, cet article ne traite que des figures de style en langue française.
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Les figures de style constituent un vaste ensemble complexe de procédés variés et à l’étude délicate. Les spécialistes ont identifié, depuis l’Antiquité gréco-romaine (avec Cicéron, Quintilien) des centaines de figures de style et leur ont attribué des noms savants, puis ont tenté de les classer (Fontanier, Dumarsais).
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La linguistique moderne a renouvelé l’étude de ces procédés d’écriture en introduisant des critères nouveaux, d'identification et de classement, se fondant tour à tour sur la stylistique, la psycholinguistique ou la pragmatique. Les mécanismes des figures de style sont en effet l'objet de recherches neurolinguistiques et psychanalytiques.
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L'auteur (du latin auctor) est, étymologiquement, « celui qui augmente, qui fait avancer »[2]. L'apport de l'écrivain provient pour partie de son style, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens d'expression qu'il utilise dans son propos et qui traduisent sa personnalité ; ce que résume la formule célèbre de Buffon : « Le style est l'homme même »[3].
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Cette manière d'écrire propre se fonde en particulier sur l'utilisation des figures de style, du latin figura, mot désignant la forme d'un objet[F 1]. Celles-ci sont des écarts par rapport à la langue commune[F 1],[D 1].
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L'auteur amplifie son discours en recourant aux figures, notamment par l'utilisation du langage imagé, mais pas seulement. C'est Pierre Fontanier le premier qui a développé la théorie de la figure-écart[K 1]. De nombreuses figures de style ont également pour intérêt d'agir sur le rythme, la construction syntaxique ou la répétition. On peut par exemple repérer deux figures de style dans le vers :
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Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
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Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
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— Gérard de Nerval, Les Chimères, El Desdichado
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L'expression « Soleil noir de la Mélancolie » permet à Nerval d'imager deux idées. Il y a en effet un oxymore, figure réunissant deux mots aux connotations contraires (« soleil » et « noir ») et une métaphore (analogie entre le « soleil noir » et la « mélancolie », maladie de l'ennui), qui permettent au lecteur de percevoir la sensibilité de l'auteur et son univers mental, marqué, ici, par l'étrangeté et le mal de vivre. En conséquence, la figure de style est une composante essentielle du style chez un écrivain, mais aussi, et plus généralement, chez tout locuteur et au sein de langage lui-même :
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« La formation des figures est indivisible du langage lui-même, dont tous les mots abstraits sont obtenus par quelque abus ou quelque transfert de signification, suivi d'un oubli du sens primitif. »
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— Paul Valéry[4]
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La recherche de la nature de cet écart, et surtout de la norme à laquelle il se ressent, a été l'objectif de la plupart des études et analyses modernes[I 1],[K 2].
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L'expression « figure de style », du latin figura[Étymologie 1], est elle-même la réunion de deux tropes :
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« L’expression « figure de style » est un ensemble de deux figures de style accolées, une métaphore et une métonymie : le « style » était jadis un poinçon pour graver des caractères dans la cire, donc dire « style » au lieu d’écriture est une métonymie (l’outil à la place de l’usage) ; figure vient de figura, « dessin », donc il y a dérivation de sens, métaphore, car on passe d’une idée à sa représentation. »
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— Henri Suhamy[D 2]
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L'usage commun confond en effet les expressions de « figures de style » et de « figures de rhétorique » mais certains auteurs établissent une distinction entre les deux. Ainsi, dans son ouvrage Éléments de rhétorique, Jean-Jacques Robrieux distingue les figures de rhétorique, qui jouent un « rôle persuasif » et qui forment une classe de procédés fonctionnels, des figures autres dites non-rhétoriques et qui peuvent être « poétiques, humoristiques et lexicales »[5]. La distinction académique sépare elle aussi les figures de rhétorique, visant la persuasion, des figures stylistiques, visant l'« ornement du discours »[6].
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Pourtant, à l'origine, la figure de style est l'une des composantes de l'elocutio, partie de l'art rhétorique qui s'attache au style et aux ornements du discours. Pour Cicéron elle est le propre de l'orateur et « adapte à ce que l'invention fournit des mots et des phrases appropriées »[7]. C'est donc la partie la plus littéraire de la rhétorique[8]. La figure de style est le lieu d'une bonne expression et de l'ornement (« ornatus »). Selon la rhétorique classique, l'élocution concerne ainsi le choix des mots et la composition des phrases (les membres de phrases ou « cola » doivent être équilibrés), le rejet des archaïsmes et des néologismes, l'usage de métaphores et des figures adaptées aux propos (à condition toutefois qu'elles soient claires, autrement il s'agit de fautes d'expression), enfin, le rythme doit être souple et au service du sens. La Rhétorique à Herennius recommande ainsi « l'élégance, l'agencement des mots, la beauté »[9].
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Les figures de rhétorique (ou « schèmata » en grec[Étymologie 2]) proviennent donc de la qualité de l'orateur. Elles procurent en premier lieu un plaisir (ou « delectatio ») car « leur mérite manifeste [est] de s'éloigner de l'usage courant » selon Quintilien[11] mais servent avant tout la persuasion et l'argumentation. De ce fait, la notion de « figure de rhétorique » est à examiner au sein de la catégorie plus vaste des figures de style.
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La figure de style est spécifiquement un procédé d'écriture — à distinguer de la « clause de style »[D 3] —, qui met en jeu l'« effort » du locuteur pour constituer la figure, son intention stylistique en somme, et l'« effet » sur l'interlocuteur qui fait appel à sa sensibilité[H 1]. Les figures de style sont donc définies comme un sous-ensemble de la stylistique[Note 1],[H 2], constitué par des écarts par rapport à l'usage commun de la langue, un emploi remarquable des mots et de leur agencement. Elles concernent ainsi un rapport particulier entre le « signifiant » (le mot) et le « signifié » (le sens).
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Les figures de style sont cependant présentes constamment[D 4], hors la littérature et même dans l'expression non poétique comme le montre George Lakoff[13]. Par exemple, dans la métonymie journalistique : « L'Élysée a fait savoir »[F 2]. Elles le sont encore davantage dans la langue orale, qui cherche à retenir l'attention du récepteur et qui use des procédés d'ironie, des jeux de mots, des clichés, de locutions figées ou de raccourcis de langage comme dans l'expression imagée : « Il pleut des cordes ». Cependant, pour Bernard Dupriez, « ce n'est qu'occasionnellement que les figures modifient la langue »[G 1].
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Cet écart par rapport à la « norme linguistique » induit cependant des limites d'acceptabilité pour une figure de style. En effet, si la figure s'écarte trop de la norme elle tombe dans le registre des solécismes[Note 2],[F 3]. Mais le sens est aussi une limite : en effet la phrase peut être grammaticalement correcte mais asémantique (sans sens). L'expression poétique « inventant » des formes, elle échappe à ces restrictions. Certains textes surréalistes l'illustrent parfaitement, tel ces vers :
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À la poste d'hier tu télégraphieras
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que nous sommes bien morts avec les hirondelles.
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facteur triste facteur un cercueil sous ton bras
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va-t-en porter ma lettre aux fleurs à tire d'elle.
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— Robert Desnos, La Liberté de l'Amour, Les Gorges froides
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C'est également le cas de l'anacoluthe comme dans la dernière strophe de L'Albatros de Charles Baudelaire : « Exilé sur le sol au milieu des huées // Ses ailes de géant l'empêchent de marcher ». Reste que pour évaluer une figure par rapport à cette norme, il faudrait définir « un degré zéro de l'écriture » selon Roland Barthes[14],[D 5] et de l'usage linguistique, ce qui n'est pas possible puisque chaque locuteur teinte son propos de sa subjectivité propre. C'est dans les textes littéraires qu'on rencontre plus particulièrement les figures de style employées pour leur fonction esthétique et leur effet sur le « signifié » : chaque genre possède ses figures spécifiques ou favorites. Les romans usent de procédés descriptifs ou allusifs comme l'analepse ou la digression, la poésie privilégie des figures jouant sur les sonorités (allitération, homéotéleute) ou les images (métaphore, personnification) alors que l’art dramatique du théâtre utilise quant à lui des figures mimant les tournures orales ou permettant de moduler l'intensité de l'action. Cependant, beaucoup de figures de style sont transverses à tous les genres et à toutes les périodes.
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Les figures de style apportent un enrichissement du signifié par l'originalité formelle qu'elles présentent ; c'est « l'effet de sens »[I 2]. Elles ont par exemple une force suggestive remarquable dans le cas de la métaphore (« Ma femme aux cheveux de savane », André Breton, à comparer avec l'expression informative : « Ma femme a des cheveux châtains ») comme elles peuvent frapper l'esprit par le raccourci que constitue l'association des contraires dans l'oxymore (« Le superflu, chose très nécessaire », Voltaire) ou produire un effet comique avec le zeugme (« On devrait faire l'amour et la poussière », Zazie). Elles représentent un effort de pensée et de formulation comme l'explique Littré[D 6] ; elles sont :
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« Certaines formes de langage qui donnent au discours plus de grâce et de vivacité, d'éclat et d'énergie »
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D'autres figures peuvent créer l'émotion du lecteur par l'effet d'insistance produit comme dans l'anaphore (« Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée ! », De Gaulle) ou le jeu sur les sonorités dans l'allitération (« Les crachats rouges de la mitraille », Rimbaud). Dans d'autres cas, l'intérêt sera plus purement esthétique comme dans la reprise juxtaposée de l'anadiplose :
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Comme le champ semé en verdure foisonne,
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De verdure se hausse en tuyau verdissant,
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Du tuyau se hérisse en épi florissant,
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D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne.
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— Joachim Du Bellay, Les Antiquités de Rome
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Ainsi, les figures de style sont à mettre sur le même plan que d'autres caractéristiques linguistiques comme les procédés de rythme (période poétique, cadence dans la prose), les procédés de la syntaxe (choix du type de coordination ou de subordination), les procédés sémantiques et logiques (syllogisme, tautologie, champs sémantiques etc.) ou les procédés de versification (rime, synérèse/diérèse, etc.)[A 1].
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Le mécanisme de formation des figures de style étant délicat à conceptualiser, il existe de nombreuses définitions de la notion. La linguistique moderne en retient trois :
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« Effet de signification produit par une construction particulière de la langue, qui s'écarte de l'usage le plus courant ; les figures de style peuvent modifier le sens des mots, modifier l'ordre des mots de la phrase, etc. »
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— définition no 1[15],[A 2],
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« Les figures de style sont des procédés d’écriture employés pour frapper l’esprit du lecteur, en créant un effet particulier. »
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— définition no 2[16],[A 3],
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« La figure est une forme typique de relation non linguistique entre des éléments discursifs. »
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— définition no 3[17].
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Ce pluralisme des définitions conduit à des typologies différentes et variées. Néanmoins la plupart s'appuient sur trois aspects : l’effet produit et recherché par l’émetteur sur le récepteur en premier lieu (par exemple : la surprise, le rire ou la peur)[L 1] ; le procédé mis en œuvre, participant d’un style esthétique (chaque écrivain utilise en effet un « stock figuratif » donné), et enfin la dimension sémantique (l'idée véhiculée). Bacry insiste sur l'importance du contexte, dépendant lui-même du cadre culturel[A 4].
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Les typologies fournies par les travaux classiques se caractérisent par leur grande hétérogénéité. Des auteurs modernes explorent d'autres approches[18] et classent les figures selon le « niveau discursif »[Note 3],[L 2] où elles évoluent en distinguant entre, d'une part, les figures microstructurales (isolables sur un élément précis du discours, souvent positionnées au niveau de la phrase) et les figures macrostructurales d'autre part (non-isolables sur un élément précis du discours, qui dépassent les limites de la phrase et dont l'interprétation dépend de la prise en compte du contexte[19],[20],[A 5]).
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La taille des figures permet en effet de les distinguer : « Dès que les figures se compliquent, elles se dessinent plus nettement, acquièrent des propriétés et deviennent plus rares », d'où leur raffinement singulier[G 2].
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Certaines figures, dites macrostructurales, sont souvent formées de figures plus mineures : l'ironie, qui est une figure difficile à classer[21],[C 1], par exemple ou encore l'allégorie, l'hypotypose.
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Les figures microstructurales réalisent des effets localisés et subtils. La distribution des figures de style au sein du discours peut se présenter sous la forme d'un spectre se complexifiant : au niveau du mot se trouvent les tropes). Puis, certaines figures concernent le syntagme en entier, comme l'oxymore. Elles peuvent aussi concerner une proposition entière (exemple : inversions). Enfin, au niveau du texte on peut trouver des figures complexes comme l'ironie ou hypotypose. Des figures très techniques comme les tropes ou le chiasme par exemple peuvent constituer des figures plus complexes, s'étendant sur des phrases entières, comme l'hypotypose, figure caractéristique qui peut concerner une dizaine de figures « mineures »[L 3],[C 2].
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On peut se représenter les opérations aboutissant à la formation de figures et d’effets de sens en les positionnant sur un double axe qui est constitutif de la langue (décrit par Ferdinand de Saussure puis par Roman Jakobson[22],[23]). L'axe syntagmatique d'abord matérialise les figures in praesentia, les éléments discursifs coprésents dans un discours (exemple : un mot est répété, un mot est mis en comparaison, etc.) Ici deux ou plusieurs objets se désignent dans les strictes limites de la syntaxe et selon des règles de morphologie, de phonétique, de lexicologie et de grammaticalité (de sens). Cet axe décrit des figures que l’on donne comme étant in praesentia (présentes linguistiquement). L’appel fait par ces opérations à l’univers symbolique et extra-linguistique est très faible, l’image est contenue dans la phrase. Bacry résume la propriété de cet axe en partant du point de vue du producteur d'énoncé :
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« À chaque moment d'une phrase donnée le locuteur (...) opère un choix parmi tous les vocables qui peuvent s'accorder avec la syntaxe de [la] phrase »
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— Patrick Bacry[A 7]
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L'axe paradigmatique (figures in absentia) matérialise des éléments ne faisant plus référence au discours mais à tout ce qu’il y a autour : univers énonciatif, contexte, sentiments partagés, symboles. Ici la figure établit des relations fortes entre des éléments présents dans le discours (mot, groupe de mots, phonèmes, morphèmes) et des éléments absents de celui-ci. Le récepteur doit donc se représenter cette référence manquante, qui lui demande de mettre en œuvre son univers mental et des connaissances partagées. Cet axe décrit des figures dites in abstentia, virtuelles, contextuelles. L’image est ici la plus forte possible alors que la contrainte morpho-syntaxique est relâchée. Les tropes représentent les figures opérant exclusivement sur cet axe.
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Il existe des figures mixtes, opérant sur les deux axes, comme la métaphore ou la métonymie, qui ont un statut à part[A 8].
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Les transformations des figures de style interviennent enfin sur les quatre signes linguistiques :
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Sur le graphème d'abord, en effet plusieurs figures modifient les lettres de l'alphabet, comme les méthodes oulipiennes ou le palindrome,
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Sur le phonème ensuite (accents, sons, syllabes, voyelles et consonnes, groupes vocaliques et consonantiques, pieds versifiés). Les principales figures sont ici d'ordres poétique et rythmique comme l'allitération et l'assonance (jeu sur les sons), l'homéotéleute, la gradation également.
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Sur le morphème c'est-à-dire sur les mots, groupes de mots, particules et conjonctions, codes typographiques, ponctuation, étymologie, ainsi de l'hypotaxe, l'asyndète ou la figura etymologica.
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Enfin, sur le sème soit la connotation, la polysémie, le lexique, le vocable, les antonymie, synonymie, ou paronymie, sur les champs sémantiques aussi. C'est le cas des figures les plus connues : métaphore, comparaison, oxymore.
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Néanmoins il s'agit ici moins d'un critère de définition, puisqu'on exclut de fait l'effet et l'intention, que d'une façon de les repérer ou de révéler à quel niveau du discours les figures de style interviennent. Cette classification est surtout employée en pédagogie, pour l'enseignement didactique des figures de style les plus employées, notamment dans l'exercice du commentaire composé[24],[25].
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En dehors des modes de classement traditionnels existent des figures de style aux propriétés et à la nature inclassables. Souvent définies comme des « procédés de style » elles forment un ensemble quasi infini et aux limites ténues, combinant plusieurs aspects[A 9],[C 3].
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Tout d'abord les spécificités d'écriture d'un auteur (son style) peuvent définir des procédés de style considérés souvent comme des figures de style à part entière[F 4]. Par exemple, le langage imagé et truculent de San Antonio est lui-même l'assemblage de nombreuses figures.
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Par ailleurs, les « contraintes » oulipiennes, du nom de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, qui sont des figures sans effet et sans but, mais qui entrent dans le manifeste esthétique du mouvement (telles l'anagramme ou le lipogramme, entre autres) sont classés comme des figures de style alors qu'elles opèrent de simples manipulations de langue. En soi elles se suffisent en elles-mêmes, par le fait qu'elles permettent d'éprouver la souplesse du langage.
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La cimaise ayant chaponné
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Tout l'éternueur,
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Se tuba fort dépurative
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Quand la bixacée fut verdie :
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Pas un sexué pétrographique morio
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De mouffette ou de verrat[26].
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Le recours au dessin, comme dans le cas des calligrammes ou des lettres-images notamment est une autre source de création stylistique, de même que la manipulation de la syntaxe[A 10] : par déconstruction (écriture de Louis Ferdinand Céline par exemple), par écriture automatique (le poème Bouée de Louis Aragon par exemple), ou par hermétisme (comme dans le poème de Stéphane Mallarmé intitulé Hommage), par vers libre ou vers brisés.
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L'utilisation des jeux de mots permet également une vaste palette d'effets de style. Enfin, les opérations sur le signe graphique[K 3], comme les onomatopées, la modification de la typographie (blanc typographique spécifique au roman poétique), l'usage de la ponctuation non standard ou la suppression de la ponctuation (esthétique de la poésie expérimentale moderne, dite « blanche » notamment ou du Nouveau Roman) constituent des procédés considérés souvent comme des figures de style.
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La classification des figures de style est complexe et les diverses approches toujours contestables[D 2],[K 4]. Par exemple pour la rhétorique classique, issue des Grecs et des Latins, les figures relèvent des topoï discursifs alors que pour la stylistique, une figure se fonde sur un usage et sur un mécanisme mais aussi sur l'effet produit. Il existe aussi d'autres classifications, plus originales et émanant d'universitaires. Les typologies fournies par les travaux classiques ou par les manuels se caractérisent par leur grande hétérogénéité en effet. Ils s'accordent cependant le plus souvent sur certains regroupements à partir de procédés linguistiques comme l'analogie, la substitution, la reprise phonique etc[A 11].
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Les principales figures de style sont le plus souvent regroupées en fonction de leurs principes de base :
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« Les souvenirs sont cors de chasse
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Dont meurt le bruit parmi le vent »
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— Guillaume Apollinaire, Cors de chasse
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« La musique souvent me prend comme une mer »
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— Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, LXIX. — La Musique
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« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
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Entre les pins palpite, entre les tombes »
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— Paul Valéry, Charmes, Le Cimetière marin
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« Je vis les arbres s'éloigner en agitant leurs bras désespérés »
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— Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Deuxième partie
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« [...] la grande République
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Montrant du doigt les cieux ! »
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— Victor Hugo, Les Châtiments, À l’obéissance passive
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« Mon beau navire, ô ma mémoire »
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— Guillaume Apollinaire, Alcools, La Chanson du mal-aimé
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« Le poète est semblable au prince des nuées
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Qui hante la tempête »
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— Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
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« [...] et Ruth se demandait,
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[...]
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Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été
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Avait, en s’en allant, négligemment jeté
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Cette faucille d’or dans le champ des étoiles »
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— Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi
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« le mélancolique animal »
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— Jean de La Fontaine, Le Lièvre et les Grenouilles
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« Automne malade »
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— Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne malade
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« Qu'au son des guitares nomades
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La gitane mime l'amour »
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— Louis Aragon, Le Roman inachevé, À chaque gare de poussière...
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« C'était au temps où Bruxelles chantait »
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— Jacques Brel, Bruxelles
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« Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire,
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Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, »
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— Corneille, Le Cid, acte I, scène 4
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« Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
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Le père par le fer, la fille par la vue ! »
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— Corneille, Le Cid, acte III, scène 4
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« C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
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Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin »
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— Du Bellay, Les Regrets, Ce n'est que le fleuve…
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« La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes »
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— Ronsard, Sur la mort de Marie, V - Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
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« Les Filles du limon tiraient du Roi des Astres
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Assistance et protection »
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— La Fontaine, Le soleil et les grenouilles
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« Tout ce joli monde se retrouvera là-haut
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Près du bon dieu des flics »
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— Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux
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« Comme le champ semé en verdure foisonne,
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De verdure se hausse en tuyau verdissant,
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Du tuyau se hérisse en épi florissant »
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— Du Bellay, Les Antiquités de Rome, 30
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« Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle... »
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— Jean Racine, , Andromaque, acte III, scène 8
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« Puisque le juste est dans l'abîme,
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Puisqu'on donne le sceptre au crime,
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Puisque tous les droits sont trahis,
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Puisque les plus fiers restent mornes,
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Puisqu'on affiche au coin des bornes
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Le déshonneur de mon pays... »
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— Victor Hugo, Les Châtiments, Livre deuxième, V : Puisque le juste est dans l'abîme
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« Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
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Interminablement, à travers le jour gris,
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Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
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Infiniment, la pluie,
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La longue pluie,
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La pluie. »
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— Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, La pluie
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« adieu veau, vache, cochon… »
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— La Fontaine, La Laitière et le Pot au lait
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« Va, cours, vole, et nous venge. »
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— Corneille, Le Cid, acte I, scène V
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« Mon cheval sera la joie
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Ton cheval sera l'amour »
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— Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
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« Semble élargir jusqu'aux étoiles
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Le geste auguste du semeur »
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— Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles. Le soir
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« Ô République universelle,
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Tu n'es encor que l'étincelle,
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Demain tu seras le soleil ! »
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— Victor Hugo, Les Châtiments, Lux
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« Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois »
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— La Fontaine, Le Corbeau et le renard
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« Parler en mangeant, manger en parlant »
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— Balzac
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« Tu m'emmènes, je t'enlève... »
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— Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique
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« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; »
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— Louise Labé, Anciens poètes de France
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« Éphémère immortel »
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— Paul Valéry, Charmes - Fragments du Narcisse vers 123
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« Le superflu, chose très nécessaire »
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— Voltaire, Le Mondain
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« Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
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Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
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Gémissant [...] »
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— La Fontaine, La Mort et le bûcheron
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répétition expressive des /r/ :
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« Tandis que les crachats rouges de la mitraille
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Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ;
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Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
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Croulent les bataillons en masse dans le feu ; »
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— Arthur Rimbaud, Poésies, Le Mal
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répétition expressive des /v/ :
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« Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux. [Il rit] En vérité, ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V. »
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— Lana et Lilly Wachowski, V pour Vendetta
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« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant »
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— Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia — VI : Mon rêve familier
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« Il s’imobilise au songe froid de méprisQue vêt parmi l’exil inutile le Cygne »
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— Stéphane Mallarmé, Poésies, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui
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« cette tour était la flèche la plus hardie,
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la plus ouvrée,
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la plus menuisée,
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la plus déchiquetée,
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qui ait jamais laissé voir le ciel
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à travers son cône dentelle »
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— Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
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« Et l’on peut me réduire à vivre sans bonheur,
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Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur. »
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— Corneille, Le Cid, acte II scène 2
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« Comme la vie est lente
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Et comme l'Espérance est violente »
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— Guillaume Apollinaire, Alcools, Le Pont Mirabeau
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« Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. »
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— Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, incipit
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« Exilé sur le sol au milieu des huées
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Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
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— Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros
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« Écoutez. Je suis Jean. J'ai vu des choses sombres »
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— Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, IV : « Écoutez. Je suis Jean. J’ai vu des choses sombres »
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Hugo fait parler saint Jean, bouche d'ombre de l'Apocalypse
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« Je n'essaierai donc pas de vous décrire quel sombre enthousiasme se manifesta dans l'armée insurgée après l'allocution de Biassou. Ce fut un concert distordant de cris, de plaintes, de hurlements. Les uns se frappaient la poitrine, les autres heurtaient leurs massues et leurs sabres… »
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— Victor Hugo, Bug-Jargal, ch. XXIX
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« Fit-il pas mieux que de se plaindre ? »
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— La Fontaine, Le Renard et les Raisins
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Historiquement, les figures de style sont des tropes, idée que L'Encyclopédie de Diderot évoque[27]. Les tropes[Étymologie 3],[K 5] rassemblent cependant un échantillon assez restreint de figures, telles la métaphore et la métonymie[A 12]. Il s'agit surtout de figures reposant sur l'analogie et constitutives du langage imagé.
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La distinction entre les tropes et les non-tropes (figures où aucun « changement de sens » ne semble apparaître) persiste dans la didactique française jusqu'à Pierre Fontanier[F 5]. Il distingue en effet les tropes des non-tropes qui sont définis de manière négative et les nomme les « autres que tropes » et introduit par-là un déclin de la rhétorique[28]. La classe de ces non-tropes regroupe la majeure partie des figures existantes et connues habituellement.
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Fontanier les classe selon la transformation qu'ils mettent en œuvre. Patrick Bacry reprend cette distinction qui sous-divise les figures de style en[A 13] : figures de construction[Note 4], figures de la ressemblance[Note 5], figures du voisinage[Note 6], figures de l'ordre des mots[Note 7], figures du lexique[Note 8], figures du contenu sémantique[Note 9] et figures de l'organisation du discours[Note 10]. Comme Bernard Dupriez ou Michel Pougeoise, il propose de les classer au moyen d'une grille multi-critères combinant : la nature de la figure (ce qui la fait) ; la condition de son apparition (son repérage dans le discours) et l'effet qu'elle produit[A 11].
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La linguistique moderne utilisant l’analyse combinatoire du langage aboutit ainsi à un système cohérent qui permet une classification plus exhaustive des figures de style[29]. Cette classification comporte deux axes : un axe de transformation lui-même sous-divisé en « identique » et « non-identique », composé des différentes opérations possibles sur la phrase et les mots concernés par la figure ; un axe dit de niveau qui correspond au sujet grammatical («graphique », « phonique » ou « morpho-syntaxique ») ou sémantique, sur lequel porte l’opération de transformation. Les opérations aboutissant à des figures de style jouant sur les trois premiers niveaux redéfinissent la « forme » des mots et des objets grammaticaux : graphèmes (la graphie des mots, les lettres), phonèmes (les sons) et morpho-syntaxe (constitution des mots et leurs combinaisons) ; les opérations portant sur la sémantique (le sens) jouent elles sur le contenu et regroupent plus largement les tropes qui rassemblent les figures qui transforment le sens propre d’un mot en un sens figuré.
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Il existe aussi des classements plus originaux, souvent le fait d'un auteur. Richard Arcand par exemple, dans Les Figures de style. Allégorie, ellipse, hyperbole, métaphore… se distingue par sa prise de position originale dans le milieu littéraire. Il classe en effet les figures selon une double entrée : « des procédés aux figures » (classement qui part du mécanisme linguistique en œuvre et aboutit aux figures correspondantes) et des « effets aux figures »[30]. Il identifie ainsi systématiquement les effets de réception visés par les figures ; sa table d'orientation en guise d'annexe apporte une visibilité pédagogique remarquable à un discours qui devenait trop technique.
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Pour Marc Bonhomme, il existe un « degré d'ambiguïté » inhérent à toute figure de style[31]. Auteur des Figures clés du discours, il considère que la portée stylistique de la figure ne peut se comprendre sans référence à l'acte d'énonciation discursif.
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Dans son ouvrage La répétition : étude linguistique et rhétorique, M. Frédéric ne recense pas moins de 44 procédés de répétition. Constituant quantitativement le groupe le plus important au sein des figures de style, elles peuvent être regroupées en familles : répétitions phoniques ou phonétiques (allitération, assonance, homéotéleute), répétitions syntaxiques (anaphore, épiphore, anadiplose, antépiphore, chiasme, symploque), répétitions lexicales (antanaclase, polyptote, polysyndète)[32].
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De façon générale, le discours est un ensemble de mots qui peut être étudié sous divers points de vue. Il se compose d’un ensemble de niveaux linguistiques décomposables dans l’absolu, entretenant des relations morpho-syntaxiques (les règles de grammaire) et sémantiques (contexte linguistique) : le mot, le groupe de mots (syntagme), la phrase (ou proposition), le texte. Si ce découpage fait débat, il reste le plus admis. Les figures peuvent être définies, dans leurs mécanismes et leurs effets, selon le ou les niveau(x) où elles évoluent. Ainsi, les figures du signifiant opèrent sur le mot, le phonème ou le morphème, au niveau minimal donc, c'est le cas de la paronomase, de l’épenthèse, l’aphérèse, la syncope.
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Les figures syntaxiques opèrent sur les groupes de mots et syntagmes, au niveau dit « phrastique » (de la phrase) ; c’est le cas de l’épanorthose, du parallélisme, de l’ellipse. Les figures sémantiques opèrent sur le sens intra-linguistique (présent dans le texte), dans des relations d’images ; c’est le cas de l’oxymore, de l’hypallage et de la métonymie. Les figures référentielles agissent elles sur le contexte extra-linguistique (hors le texte), dans des relations d’images également, souvent par décalage ; cas de l’ironie, de la litote. Ces quatre niveaux permettent, par croisement d’avec les deux axes précédents déterminant la nature des figures (présentes/absentes), d’obtenir un effet particulier, par un mécanisme particulier, signifiant un sens particulier : une figure de style.
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La classification des figures de style peut aussi se faire selon le critère des effets qu'elles produisent chez l'interlocuteur. Il existe ainsi quatre classes[A 14] : l’attention (par un écart à la norme, la figure frappe l'interlocuteur, c'est le cas de l'inversion (linguistique) par exemple), l'imitation (imitation d'un contenu d'un texte par la forme qui lui est donné (c'est la notion d'harmonie imitative), par exemple dans l'allitération), la connotation[Étymologie 4] enrichit le sens par polysémie, comme dans le cas des tropes.
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Par ailleurs, la majeure partie des figures existantes induit ce type d'effet et enfin les catachrèses : certaines figures ne recherchent aucun effet, car l'écart à la norme sur lequel elles reposent est tout simplement accepté par l'usage. C'est le cas de certaines métonymies reconnues, et de métaphores devenues clichés comme l'expression devenue incontournable « Les ailes de l'avion » reposant à l'origine sur une métaphore. Les catachrèses enrichissent ainsi la langue, à partir d'un emploi qui était alors figure de style mais devenu normatif[L 4],[A 15].
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Platon est le premier à évoquer les figures de style à travers ses dialogues, notamment le Gorgias et le Phèdre. Il s’intéresse à ce qui permet dans le discours de clarifier sa pensée (le λόγος, logos) afin d’exprimer au mieux l’idée à communiquer dans une approche herméneutique ou maïeutique[J 1].
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Platon distingue deux arts rhétoriques, l’un sérieux, l’autre sophistique ; la différence entre les deux réside dans le bon emploi des figures logiques et dans l’effet recherché chez le récepteur (convaincre dans la véritable rhétorique, séduire dans le sophisme). Platon définit par là le cadre des figures de style de construction (celles dites argumentatives) ; de plus son recours constant à des images et analogies comme l’allégorie de la caverne, les exemplifications également, en font esthétiquement parlant un modèle d’utilisation stylistique, au-delà d’un simple recours argumentatif de la rhétorikè teknikè (la technique rhétorique grecque).
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C'est Aristophane de Byzance qui établit le premier un répertoire lexicographique contenant de nombreuses figures. Les grands orateurs mirent en œuvre la force suggestive et argumentative des figures, tels Démosthène, Lysias ou Isocrate.
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Aristote est quant à lui le premier, dans sa Rhétorique, à étudier l’effet des figures de style sur les récepteurs[J 2], à travers les trois genres de persuasion sociale au moyen du langage, construit vers un effet soit logique, soit affectif. Son autre œuvre de renom, la Poétique qui a trait au genre théâtral et à la notion d’imitation (mimèsis en grec) continue la réflexion sur les effets illocutoires[Note 11]. Il définit par-là les conditions d’un « langage relevé d’assaisonnements » agissant soit sur le rythme, soit sur la mélodie ou le chant. Aristote perçoit par-là les figures de style majeures, celles que l’évidence relève car jouant sur la modulation des mots (rythme, mélodie et chant). Aristote va donc permettre à ses épigones — médiévaux notamment — de classer les figures de style au moyen de leurs effets recherchés.
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Les orateurs romains définissent une nouvelle rhétorique afin de satisfaire aux conditions prescrites lors des prises de paroles publiques par le protocole latin[J 3]. Reprenant Aristote, les romains vont rendre davantage pratique la rhétorique.
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Cicéron, notamment dans son ouvrage fondateur De l’invention, divise un discours efficace en trois parties : narratio, confirmatio et peroratio. Chacune s’explique par la mise en œuvre de figures particulières liées à l’utilisation des arguments et des preuves. Deux niveaux d’effets sont envisagés : le pathos, πάθος en grec ancien, (jouer sur les sentiments de l’auditeur) et l’Ethos ἔθος (l’orateur se présente sous une certaine apparence). De là découle une gamme de capacités détenues par l’orateur pour animer son discours, parmi lesquelles : l’elocutio qui correspond au choix des mots et à la mobilisation des figures de style. Pour Cicéron, donc, celles-ci deviennent un instrument conscient utilisé par l’émetteur, dans le but de provoquer un effet chez le récepteur. D’autres ouvrages de l’orateur romain poursuivent la réflexion autour des catégories du discours : Brutus ou Dialogue des orateurs illustres, Des Orateurs parfaits et surtout Les Topiques[33] qui s’attachent aux arguments et à leur mise en forme ; de là découleront les figures dites « topiques », proches des images et des « topoi » (clichés, lieux communs…).
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Dans la Rhétorique à Herennius, premier manuel de l'art de parler, l'auteur, anonyme, codifie la rhétorique et propose une méthode de constitution du discours, au moyen, notamment, de figures de rhétorique[34],[35].
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« Tous les styles de discours, le style élevé, le moyen, le simple sont embellis par les figures de rhétorique dont nous parlerons plus loin. Disposées avec parcimonie, elles rehaussent le discours comme le feraient des couleurs. Placées en trop grand nombre, elles le surchargent[36] »
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Il définit deux types de figures de style : les figures de mots et les figures de pensées que les romains nomment tropes (définition assez large évoquant le fait de « tourner » le mot d’une certaine façon, d’y imposer une image et une déformation donc). Il distingue une série de figures, qu’il nomme précisément, qui vont du portrait à la litote[37]. Certaines figures acquièrent le nom qu’elles garderont dans nos classifications modernes (hyperbole, personnification, comparaison…).
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Quintilien dans son Institutions oratoires nourrit les réflexions médiévales et de la Renaissance. Il distingue les figurae sententiarum et les figurae verborum, soit : les « figures de pensée » et les « figures de mots », donnant au mot figure une assise rhétorique qui est la sienne aujourd'hui[I 3]. Sa figure dite de l’« Hexamètre mnémotechnique de Quintilien » permet de cadrer l’utilisation d’effets et la pertinence d’arguments. Il définit deux types de figures : dans une acceptation large d'abord, la figure est une forme particulière du discours, ce qui correspond à l’étymologie même de la figura et du trope. Deuxièmement, dans une acceptation étroite ou stricte elle permet à l’auteur de faire évoluer la poétique des figures de style. En effet pour Quintilien, une figure induit un écart par rapport à une norme du discours, une transformation non conventionnelle. Il jette par-là les bases du style et propose que la figure de style soit un point de vue réfléchi et esthétique adopté par l’émetteur, une valeur ajoutée de sens en d’autres mots[17]. Ces écarts linguistiques qu’il nomme les « barbarismes » sont générateurs d’effets :
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« Quelques-uns ne considèrent pas comme solécismes ces trois vices de langage, et ils appellent l'addition, pléonasme ; le retranchement, ellipse ; l'inversion, anastrophe ; prétendant que, si ces figures sont des solécismes, on peut en dire autant de l'hyperbate[38] »
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Il définit des niveaux de transformations conduisant à un surcroît de sens. Plus généralement, Quintilien passe en revue l’ensemble des figures connues à l’époque, héritées des grecs[J 4],[39]. Quintilien distingue le langage pur — les « mots propres », selon ses termes, — et les « mots métaphoriques », qui en sont une transformation :
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« Les mots propres sont ceux qui conservent leur signification primitive ; les métaphoriques sont ceux qui reçoivent du lieu où ils sont placés un sens autre que celui qu'ils ont naturellement. Quant aux mots usités, ce sont ceux dont l'emploi est le plus sûr. Ce n'est pas sans quelque danger qu'on en crée de nouveaux ; car s'ils sont accueillis, ils ajoutent peu de mérite au discours ; et s'ils ne le sont pas, ils nous donnent même du ridicule[40] »
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L’historien latin Tacite, dans son Dialogue des orateurs, forme des figures de style liées à la description afin d’animer ses portraits d’empereurs romains (il crée l’hypotypose notamment)[J 5]. Il crée en quelque sorte le genre narratif usant d’images et annonciateur des romans.
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Le Traité du Sublime, attribué au Pseudo-Longin est l’acte de naissance de la notion de style littéraire, perçu comme gratuit et esthétique mais nécessaire pour provoquer l’émotion. Longin aura une puissante influence sur le Classicisme, sur Nicolas Boileau notamment, qui le traduit en français et commente son apport dans Réflexions critiques sur Longin (1694-1710)[J 6]. Ce dernier définit le sublime comme l’essence de l’art littéraire et poétique, qui doit être élevé afin de se démarquer du langage oral vulgaire et populaire : « le sublime ravit, transporte, produit une certaine admiration mêlée d'étonnement et de surprise... Quand le sublime vient à éclater, il renverse tout comme la foudre »[41]. Longtemps le style vrai et conventionnel sera assimilé au « sublime » (Racine, Malherbe…) et les images participent de manière importante dans la constitution d’un beau style afin d’évoquer les idées nobles (notamment religieuses).
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La Renaissance est une période riche en traités rhétoriques. Peu à peu, les tropes et figures vont être l'objet d'une science naissante : la grammaire[42]. Les auteurs de la Pléiade usent de nouvelles figures de style comme la personnification ou l'anaphore comme dans ces strophes du poème tiré des Antiquités de Rome de Joachim Du Bellay :
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Rome de Rome est le seul monument,
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Et Rome Rome a vaincu seulement.
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Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
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Reste de Rome. O mondaine inconstance !
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Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
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Et ce qui fuit, au temps fait résistance
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Les figures de sonorités purement poétiques comme l'assonance ou l'allitération, sont également très employées, suivant le principe d’enrichissement de la langue française, exalté par Joachim Du Bellay dans son traité Défense et illustration de la langue française (1549). À la même époque, en 1539, l’édit de Villers-Cotterêts impose l’utilisation de la langue française, langue nationale, pour tous les actes administratifs.
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La Pléiade préconise la formation d'une langue nationale, le français, dotée d'une souplesse et d'une richesse comparables à celles de la langue latine[43].
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Dès lors, les poètes autour de Du Bellay et de Pierre Ronsard ne cesseront d'enrichir la langue, parfois à l'excès, de néologismes et de nouvelles images, en rupture avec les clichés de l'époque. Bien plus, La Pléiade se fonde sur la notion d’inspiration, suivant les mots d'Horace, et prône l'« innutrition », expression de leur invention qui désigne le fait d'assimiler les mots et les images des Anciens et de les adapter à la langue du poète ; une imitation créatrice en définitive. Néanmoins, c'est bien le renouveau que cherchent les poètes, suivant la consigne de l'auteur de la Défense :
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Je choisirai cent mille nouveautés
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Dont je peindrai vos plus grandes beautés
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Sur la plus belle idée.
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— Du Bellay, L’Olive (1553)
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Par ailleurs Du Bellay, après en avoir fait la défense, veut « illustrer » la langue française. Celle-ci ne peut se produire que par l’ornementation, que Pierre de Ronsard définit ainsi :
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« Les ornant et enrichissant de Figures, Schèmes, Tropes, Métaphores, Phrases et périphrases eslongnées presque du tout, ou pour le moins séparées, de la prose triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’éloquence poëtique), et les illustrant de comparaisons bien adaptées de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour représenter la chose que pour l’ornement et splendeur des vers »
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— Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, II. 60-64
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Il pointe là directement l'importance des figures de style dans le renouvellement de la langue et dans la force de l'expression, dans sa clarté aussi. Elles sont pour les auteurs de la Pléiade une source d'abondance, de copia. Du Bellay et Pierre de Ronsard aiment à les comparer à un fleurissement ou à des « épiceries » : pour eux, les tropes relèvent la langue comme si le texte était un plat à déguster.
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Pierre de La Ramée (dit Ramus) et ses disciples, Omer Talon et Antoine Fouquelin, fondent dès 1545 le groupe des grammairiens du Collège de Presles qui, jusqu'en 1562, publie des ouvrages d'étude rhétorique intitulés les Ciceronianus où ils proposent, entre autres, une typologie des tropes et des procédés d'éloquence[44].
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Antoine Fouquelin, notamment dans sa Rhétorique française[45] (1555) est l'un des premiers en France à se tourner non plus vers la valeur des figures mais vers la nature des mécanismes figuraux ; on peut dire qu'avec Fouquelin, la rhétorique se veut scientifique et classificatrice[46]. Il distingue les « figures de sentence », de la « réticence » et de la « correction ». On a déjà avec Fouquelin, une tentation scientifique de nommer et classer les figures et tropes par leur mécanisme linguistique.
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Pour Chaïm Perelman, Ramus « enlève à la rhétorique d'Aristote ses deux parties essentielles, l'invention et la disposition, pour ne lui laisser que l'élocution »[47]. Ramus permet donc « une rhétorique des figures »[J 7].
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La stricte codification des règles dramatiques et poétiques surtout, sous l’impulsion de théoriciens tels Nicolas Boileau ou François de Malherbe conduisent à une première classification des figures de style, dont le critère principal est qu’elles ne doivent pas obscurcir les idées de l’auteur mais au contraire exprimer avec davantage de clarté le message. Le registre doit toujours rester du domaine du sublime, fidèle aux prescriptions de Longin.
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Le père Bernard Lamy évoque, lui, lors du débat sur l'ordre naturel des mots et son rapport à la logique formelle, dans son ouvrage La Rhétorique ou l'art de parler[48], que les figures de style sont le langage particulier des passions. Finalement, la force de l'impression qu'elles exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase. C'est le cas pour Lamy de l'antithèse, de l'hyperbate, de la suspension, au détriment de l'exposition claire des idées. Plus tard Fénelon, suivant Lamy, annonce que la sécheresse de la prose française est due au fait que l'on respecte par trop l'ordre naturel des idées dans la proposition, et que l'on ostracise la figure de l'inversion, pourtant source de variété et d'éloquence ; le style provenant donc pour lui du non-respect de la linéarité du discours[J 8].
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Parallèlement se développent les figures de style de pensée, avec Molière notamment, et plus largement celle de l’ironie. Le courant marginal de la Préciosité inonde la littérature de nouvelles figures tendant au jeu de mot gratuit et inutile, dont quelques-unes cependant demeureront dans la culture (hyperbole, euphémisme etc.). L'Astrée d'Honoré d'Urfé et Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry en sont les expressions du genre.
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L’antonomase est couramment employée par les moralistes comme Jean de La Bruyère, de même que les figures de l’animation et du portrait (ethopée, prosopopée principalement).
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Jean de La Fontaine excelle quant à lui à employer les figures de construction qui apportent de la souplesse à ses Fables (accumulation, gradation) et celles de pensée apportant de l’analogie et de l’image (apologue, gnomisme).
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Le développement du genre argumentatif, avec les genres du sermon et du pamphlet, conduit les auteurs à mettre au jour une gamme variée de figures opérant sur le niveau syntaxique (hypallage, prétérition). Le développement social du roman apporte finalement nombre de figures de contraste (oxymore, antithèse) et d’analogie, avec notamment Marguerite de Navarre et son Heptaméron, Charles Sorel et son Francion, Madame de La Fayette, enfin, avec La Princesse de Clèves, premier roman du genre.
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À la période médiévale, succèdent de nombreux traités et manuels de rhétorique qui tentent de proposer une classification des ornements du discours. Bernard Lamy le premier dans La Rhétorique ou l’Art de parler (1675) expose que la force de l'impression que les figures exercent sur l'auditeur tient à leur capacité de subvertir l'ordre naturel des mots dans la phrase.
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César Chesneau Dumarsais (Traité des Tropes, 1730) détaille l’usage des tropes dans le discours, en appuyant des exemples. L'Écossais Hugh Blair (Rhétorique, 1783), Gabriel-Henri Gaillard(La Rhétorique des Demoiselles, 1807), Pierre Fontanier avec son Manuel classique pour l’étude des Tropes (1827), François De Caussade (Rhétorique et Genres littéraires, 1881) et Paul Prat (Éléments de Rhétorique et de Littérature, 1889) enfin publient des traités de rhétorique qui préparent les analyses modernes[49]. Deux auteurs en France sont particulièrement significatifs : Dumarsais et Fontanier.
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César Chesneau Dumarsais dans son Traité des tropes (1730)[50], son œuvre principale, expose d’abord ce qui constitue le style figuré, et montre combien ce style est ordinaire, et dans les écrits et dans la conversation ; il détaille l’usage des tropes[J 9] dans le discours, en appuyant ses observations d’exemples[H 3]. Il appelle trope une espèce particulière de figure qui modifie la signification[J 3]. La figure est ainsi, au sens propre et conformément à son étymologie, la forme extérieure d'un corps. Il définit le « trope » (notion non encore différenciée de celle de figure de style) comme :
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« des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot[51]. »
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Néanmoins, Dumarsais demeure sur l’aspect sémantique et n’entrevoit jamais, ou rarement, le mécanisme linguistique à l’œuvre dans la figure de style, et de ce fait il omet nombre de celles-ci. Son apport réside dans le fait qu'il ait montré l'universalité des figures ; n'importe quel type de production, écrite ou orale, a en effet recours à des figures de langage« Il n'y a rien de si naturel, de si ordinaire et de si commun que les figures dans le langage des hommes »[I 4]. Il popularise également l'idée que les pensées sont produites et façonnées par le langage[J 10].
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Pierre Fontanier, éditeur du célèbre Commentaire des tropes de Du Marsais, est le premier théoricien des figures de style, au travers de deux ouvrages de référence[I 5]. En 1821, il publie le Manuel classique pour l’étude des tropes, qui est adopté comme manuel dans l’enseignement public (pour la classe de rhétorique). Puis en 1827, dans Les Figures du discours, il s’attache le premier à en proposer une classification scientifique et y distingue sept classes[52].
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Il réduit les tropes à trois figures exemplaires : la métonymie, la synecdoque et la métaphore ; mais son intérêt réside surtout dans le fait qu’il a su proposer des définitions précises pour les figures recensées (il regroupe ainsi 82 figures). Son système de classification est le premier à être systématique et fondé sur des opérations logiques comme la cause, la conséquence, le contenant, la possession[53] mais aussi sur le sentiment, sur l'effet que la figure fait naître chez le récepteur[H 4]. Fontanier a ainsi pu décrire une véritable théorie des tropes — sans être pour autant exhaustif dans leur énumération — qui a beaucoup contribué aux classifications modernes, notamment des structuralistes comme Gérard Genette[54],[J 11].
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À côté des auteurs et poètes qui se saisissent naturellement de la potentialité du langage à découvrir de nouvelles tournures de pensée ou de transformation linguistique, le XXe siècle voit apparaître différents courants spécialisés qui, à la confluence des nouvelles théories sociologiques, psychanalytiques et linguistiques vont réinterpréter le mécanisme de formation des figures, hors vision esthétique. De manière générale, tout au long du XXe siècle, « la rhétorique a été réduite à ce qu'elle a de plus linguistique, c'est-à-dire la théorie des figures », au mépris du discours en lui-même et de sa dimension relationnelle et sociale[55].
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Le surréalisme est le mouvement poétique moderne fondateur d’une réinterprétation des figures de style. Basé sur l’axiome selon lequel la langue est à réinventer, les surréalistes vont employer systématiquement les analogies et tropes, coupés de toute référence sémantique conventionnelle. Les jeux sur les sonorités ou les graphies vont leur permettre de constituer de nouveaux genres de textes qui seront repris par le second mouvement novateur en la matière : l’Oulipo.
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Laboratoire d’expérimentation linguistique, les auteurs de l’Oulipo vont créer de toutes pièces une nouvelle gamme de figures sur la base du concept de la contrainte comme la méthode S plus n (à partir de la « méthode S + 7 » mise au point par Jean Lescure dès 1961), la littérature combinatoire — qui permit à Raymond Queneau d’écrire Cent Mille Milliards de Poèmes, — mais aussi des poèmes booléens basés sur la théorie des ensembles. Les auteurs oulipiens forment ainsi une classe nouvelle de figures graphiques (lipogramme, anagramme) ou morpho-syntaxique (palindrome), revisitant des techniques anciennes souvent ignorées par la littérature conventionnelle, aboutissant à générer de nouveaux types de textes voire de nouveaux genres[56].
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Georges Perec a écrit Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? qui propose de multiples usages de figures de style[57]. L'ouvrage collectif La Littérature potentielle propose également une liste de nouvelles figures et de contraintes oulipiennes qui dévoilent la plasticité des figures de style.
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Le XXe siècle consacre la redécouverte des figures de style, ainsi que de la rhétorique. Pour Bernard Dupriez, cette redécouverte se fait en deux étapes. « En France, le premier pas vers un renouveau dans l'étude des figures de style remonte à 1959. M. Gérald Antoine[58], qui était alors professeur à la Sorbonne, proposa d'étudier les grands écrivains au point de vue de leurs procédés »[59].
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Le second pas est la publication du Dictionnaire de poétique et de rhétorique d'Henri Morier, proposition de classement parmi les plus complètes[H 5]. Henri Morier, professeur d’histoire de la langue française à l'université de Genève, fondateur du Centre de Poétique, réalise en effet avec son dictionnaire un ouvrage majeur depuis Pierre Fontanier. Son ambition est de réinventer la rhétorique, dans une dimension davantage technique, éclairée par les découvertes et les avancées linguistiques modernes. Il exhume notamment des figures disparues et tente de définir chaque procédé[D 7].
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Le linguiste Roman Jakobson, créateur des fonctions du langage et du schéma communicationnel, considère que les figures de style usent de la fonction poétique et référentielle de la langue. Il distingue également deux pôles : le « pôle métaphorique » et le « pôle métonymique », dominant toute la structure du langage et permettant respectivement d’opérer des sélections et des combinaisons. Cette double notion lui a permis d’aboutir aux axes du syntagme et du paradigme[K 4].
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De la même manière, le philosophe Paul Ricœur dans La Métaphore vive (1975) analyse le processus de création cognitive aboutissant à la métaphore, qui représente le prototype de toutes les autres figures, la transformation originelle en somme. Ricœur est à l’origine d’une nouvelle conception, plus universelle, de la métaphore, davantage transdisciplinaire. Selon lui la métaphore témoigne d'un processus cognitif n’aboutissant pas qu’à un simple phénomène linguistique de transport de sens, mais lié notamment à l’imagination ou à la mémoire.
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Le Groupe µ a fourni, dans les années 1970, une typologie raisonnée de toutes les figures rhétoriques, rassemblée dans l’ouvrage Rhétorique générale[60]. Le groupe de « l’école de Liège » est en effet composé des linguistes Jacques Dubois, Francis Édeline, Jean-Marie Klinkenberg, Philippe Minguet, F. Pire, Hadelin Trinon et vise une approche transdisciplinaire ; ils sont ainsi les premiers à théoriser les figures de style comme des procédés traduisibles dans tous les Arts, avec la notion de « sémiotique visuelle ».
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Pour ces auteurs, les figures de style sont des « métaboles », notions génériques permettant de regrouper sous une même nature toutes les figures existantes ; le terme désignant « toute espèce de changement soit dans les mots, soit dans les phrases ». Leur typologie est fondée sur la base de quatre opérations fondamentales : suppression, adjonction, suppression-adjonction, permutation. Ils ont forgé de nouveaux concepts pour regrouper les figures, déterminant les quatre types d’opérations linguistiques possibles : le métaplasme (modification phonétique ou morphologique d’un mot qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation), le métataxe (modification syntaxique d’un énoncé qui altère son intégrité par addition, suppression, substitution ou permutation) et le métalogisme (modification sémantique d’un énoncé qui altère sa cohérence interne ou sa valeur référentielle par addition, suppression, ou substitution).
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Le structuralisme, avec Roland Barthes, conduit à formaliser une poétique (réflexion construite sur la création littéraire) centrée sur le contexte. Des figures de style créées par néologisme apparaissent, perçues comme des articulations du discours mettant en œuvre, dans un cadre énonciatif, la subjectivité de l’auteur. Gérard Genette travaille dans ses Figures (3 volumes) à étudier l’assemblage de procédés stylistiques en grands ensembles textuels aboutissant à isoler des grandes tendances de genres[61].
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L’apport de Barthes réside principalement dans une classification retenant comme critère unique une double transformation. Il distingue deux grandes familles de figures : les métaboles (substitution d’un signifiant à un autre comme les jeux de mots, métaphores et métonymies) et les parataxes (modifications des rapports existant entre les signes comme les anaphores, ellipses et anacoluthes). Barthes réalise une définition linguistique de la figure de style : « La figure de rhétorique étant définie comme une opération qui, partant d’une proposition simple, modifie certains éléments de cette proposition »[62].
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Cette vision de la figure de style est donc largement mécaniste et structuraliste, la transformation se faisant selon deux dimensions : la nature de la relation (jouant sur le contenu, le signifié) et la nature de l’opération (jouant sur la forme, sur le signifiant). De là, Barthes décrit deux plans nécessaires à l’effet de style : les opérations rhétoriques englobant les figures de diction et les figures de construction provenant de l’ancienne rhétorique, mais mettant en œuvre quatre transformations fondamentales qui sont : l’adjonction, la suppression, la substitution et l’échange et les relations : d’identité, de différence, de similarité et d’opposition. Ce plan se fonde, au niveau le plus élémentaire, sur la notion de sème et sera repris par Algirdas Julien Greimas (Sémantique structurale, 1966) ou Jean Cohen (Structure du langage poétique, 1966)[K 6].
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La portée de l’apport de Barthes et des structuralistes en général réside dans leur volonté de réduire les faits de langue à des mécanismes primordiaux, en lien avec les théories sexuelles de Sigmund Freud. La nature des relations notamment (identité/différence) s’entend par exemple pour Barthes au niveau du complexe d’Œdipe et explique l’effet sur le récepteur. Néanmoins on peut reprocher en ce sens le relativisme de Barthes, le psychologisme de sa vision d’un phénomène qui appartient finalement au domaine esthétique et à l’acte créatif. On remarquera que Jacques Lacan s'inscrit également dans une perspective structuraliste, notamment par le fait qu'il reprend le concept de signifiant à la linguistique structurale de Ferdinand de Saussure.
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Les recherches modernes sont marquées par une grande diversité des approches, et par un souci de classification opératoire des figures. Catherine Fromilhague les nomme les « néo-rhétoriques »[I 6].
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Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1958), dans leur Traité d'argumentation rappellent la valeur argumentative de la figure, conformément à la théorie d'Aristote ; la figure devient une composante fondamentale (et non plus un « ornement » facultatif) de l'acte d'énonciation, intégrant même une portée transphrastique (au-delà de la phrase). Ils posent par ailleurs que toute figure de rhétorique est un condensé d'argument : par exemple, la métaphore condense l'analogie.
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Le groupe d'étude roumain, constitué de P. Servien et S. Marcus, la Bulgare Julia Kristeva également, interrogent la notion d'écart, préparant les travaux du groupe µ[K 7]. Gui Bonsiepe (Visual/verbal Rhetoric, 1965) propose lui une division des figures en « syntactiques » et « sémantiques »[63].
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Olivier Reboul s'essaye lui à une Introduction à la rhétorique (1991), ouvrage universitaire majeur. Il y cherche, après avoir exposé plusieurs siècles de rhétorique et de codification du discours, à réconcilier l'argumentation héritée d'Aristote — qui cherche à persuader, — et celle des figures de style, qui forme le style[64]. Reboul propose de revoir la définition des figures de rhétorique seules (ce qui n'inclut pas toutes les figures). Il définit celles-ci comme « Un procédé de style permettant de s'exprimer d'une façon à la fois libre et codifiée » ; rejetant la notion d'écart comme constitutive de la figure[K 7], il précise « libre » car le locuteur n'est pas tenu d'y recourir pour communiquer et « codifiée » car chaque figure constitue une « structure connue, repérable, transmissible », et toujours liée au pathos.
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Georges Molinié, dans son Dictionnaire de rhétorique (1992), élabore une méthodologie semblable à celle d'Henri Morier. Il est à l'origine de la distinction des figures entre celles étant microstructurales (comme dans « Ce matin, dans le métro, un mammouth était assis à côté de moi ») et celles étant macrostructurales (« Cette fille est vraiment très belle » par exemple)[K 8].
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Michel Meyer dans Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) porte une réflexion philosophique et historique sur les figures de style, dans le cadre de l’argumentation, fondement de la rhétorique.
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Pour la neurophysiologie, après les recherches de Paul Broca (aire de Broca) et celles de Carl Wernicke (aire de Wernicke) sur les aphasies, l’usage des tropes révèle l’intensité du trouble langagier. Broca identifie une série de symptômes purement langagiers traduits en figures de style comme la logorrhée, le jargon ou le stéréotype (répétition) qui renseignent sur les mécanismes de compréhension sémantique.
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Le linguiste Roman Jakobson reprend dans les années 1950 les travaux de Broca et développe par-là la théorie de deux axes (paradigmatique/syntagmatique) dans une perspective pragmatique[65]. Jakobson fonde par-là les premiers fondements d’un pont jeté entre la sémiotique d’une part et la neurologie d’autre part[66][réf. à confirmer]. D'autres recherches explorent la relation des figures de style avec la perception, notamment dans la synesthésie[67].
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La neurologie moderne, grâce à l’imagerie par résonance magnétique et aux expériences de simulation, montre que l’image est propre au mental. Ainsi, un courant dit de la sémantique cognitive s'attache à montrer comment notre organisation conceptuelle repose sur des processus essentiellement métaphoriques[I 4]. La métaphore et la métonymie[G 3] sont précisément au cœur de ces recherches[68]. Jean-Luc Nespoulous, chercheur au Laboratoire Jacques-Lordat, Institut des Sciences du Cerveau de Toulouse, montre que l'absence de métaphore nuit à la compréhension d'un énoncé complexe[69]. Bottini (1994[70]) de son côté évoque le rôle important que jouerait l'hémisphère droit dans l’appréciation de la métaphore : le traitement de la figure impliquerait des ressources cognitives additionnelles. Des expériences sur le temps de lecture, plus long pour les énoncés métaphoriques que pour les énoncés littéraux (de Janus & Bever en 1985) et sur l'influence cognitive du contexte, qui permet de mieux comprendre, et plus rapidement, le sens métaphorique (par Keysar et Gluksberg en 1990[71]) témoignent de l'actualité des recherches sur l'origine et la localisation cérébrale de la métaphore.
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Les recherches aboutissent à la conclusion que le traitement global est moins spécialisé que prévu, et que la métaphore naît de la coopération des deux hémisphères. Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Brain[72], le neurochirurgien et neuroscientifique Hugues Duffau montre que « l'aire de Broca n'est pas l'aire de la parole » et que les fonctions langagières ne sont pas tant localisées dans une aire précise que dépendantes de connexions neuronales en reconfiguration constante[73].
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Des linguistes comme Olivier Reboul émettent l’hypothèse que l’emploi de figures de style relève du jeu et du plaisir, proche d’une régression de l’artiste vers un état antérieur, voire enfantin[74]. La psychanalyse y a ainsi recours pour accéder à l'univers mental du patient. La psycho-sociolinguistique prouve, par son intégrité épistémologique même, l’importance pour la science de fusionner linguistique (modalités d’utilisation des tropes) et psychosociologie (modalités communicationnelles)[75]. Le groupe renseigne dès lors sur l’usage des tropes et des distorsions qui en sont la fondation linguistique. Les figures populaires s’expliquent dès lors par des moyens économiques de communiquer, ainsi que par des solutions préservant les communautés ou réseaux sociaux.
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L'analyse pragma-énonciative des figures étudie les mécanismes énonciatifs dans la production des figures. Karim Chibout propose une typologie de plusieurs figures de style impliquant des liens sémantiques complexes entre unités linguistiques mises en jeu et exigeant la mobilisation de ressources mentales diverses[76]. Pour Catherine Détrie, dans une perspective praxématique, la figure appartient aux processus d'« appropriation linguistique de l'univers sensible » et elle rend compte des phénomènes de « construction interactive du sens »[77] qui a lieu au sein des représentations cognitives. Marc Bonhomme a lui montré que la figure de style appartient à la fois à un processus de paradigmatisation et à un processus d'exemplarisation mettant en jeu des mécanismes de prégnance psycho-linguistiques. Finalement, une figure de style s'apparente comme un compromis de singularité (il s'agit d'une production individuelle et originale) et de régularité logico-syntaxique[78].
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La psychologie clinique également a toujours pris en considération l’importance des tropes et de leurs modalités (débit, rythme, sonorités, kinésie…) dans la compréhension des phénomènes psychopathologiques comme l’hystérie et surtout la schizophrénie. Eugen Bleuler notamment, qui a étudié la schizophrénie, distingue les étiologies par un ensemble de troubles et symptômes langagiers[79]. Le schizophrène, en effet, use de tropes spécifiques telle l’analogie ou le néologisme, qui renseignent son rapport au sens, l'antiphrase et l'énantiosémie[80].
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En psychologie clinique, un certain nombre d'écoles de thérapie mentale préconisent de raconter des histoires, en relation métaphorique avec la difficulté du patient, comme l'école de Milton Erickson, qui y a recours dans sa méthode de l'hypnose. Joyce C. Mills et Richard J. Crowley en exploitent les ressources thérapeutiques, dans Métaphores thérapeutiques pour enfants[81].
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Avec le psychanalyste Jacques Lacan apparaît la notion d'une relation étroite entre la rhétorique et l'inconscient :
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« Qu’on reprenne donc l’œuvre de Freud à la Traumdeutung pour s’y rappeler que le rêve a la structure d’une phrase, ou plutôt, à nous en tenir à sa lettre, d’un rébus, c’est-à-dire d’une écriture, dont le rêve de l’enfant représenterait l’idéographie primordiale. [...] C’est à la version du texte que l’important commence, l’important dont Freud nous dit qu’il est donné dans l’élaboration du rêve, c’est-à-dire dans sa rhétorique[82]. »
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« La métaphore est constitutive de l'inconscient », énonce-t-il par ailleurs. Jacques Lacan a ainsi ouvert la voie de l'exploration métaphorique en psychanalyse, notamment dans La Métaphore du sujet (1960). Pour Lacan, « l'inconscient est structuré comme un langage », et le désir a deux façons d'être exprimé : par la métaphore ou par la métonymie et qu'il nomme « lois du langage » de l’inconscient.
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Il postule en effet que l'inconscient, qui présente la même structure que le langage, peut également être défini par un axe syntagmatique et un axe paradigmatique, dans une image schématique similaire à celle que Roman Jakobson édifia pour la langue. En ce sens, Lacan reprend-il Ferdinand de Saussure pour donner une fonction psychique au concept de signifiant. Dans cet ordre d'idée, les figures, selon Irène Tamba[83], « mettent en jeu les pulsions primordiales qui commandent le fonctionnement régulier de l'imaginaire humain »[I 7].
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La théorie de la pragmatique lexicale veut que le sens de presque tous les mots soit ajusté selon le contexte d’utilisation[84]. Ceci serait entre autres dû au fait qu’il existerait moins de mots dans la langue qu’il existe de concepts, et que les concepts n’ont pas besoin d’être lexicalisés pour être communiqués[85]. Par exemple, le russe a un mot, pochemuchka, pour désigner une personne posant trop de questions[86]. Le français n’en a pas, ce qui ne signifie pas que les francophones n’en possèdent pas le concept, au contraire.
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Le concept est une représentation mentale dont le revers lexicalisé est le mot. Il contient toutes les informations génériques d’un mot en particulier[84]. Lorsque le sens d'un mot est ajusté dans un contexte particulier, un concept ad hoc est créé[84]. Ceux-ci sont différents des concepts encodés linguistiquement parce qu’ils sont créés sur le moment pour que la communication entre locuteurs soit réussie[84]. On note les concepts en majuscules (GLAÇON), et les concepts ad hoc en majuscules avec un astérisque (GLAÇON*) pour ne pas les confondre avec les concepts encodés linguistiquement (c'est-à-dire les mots).
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Quand le contexte fait en sorte que le sens d’un mot est plus spécifique et restreint, il s’agit d’un processus de spécification. Au contraire, si le sens d’un mot devient plus général et plus large, il s’agit plutôt d’un processus d’élargissement.
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La particularité de cette théorie est qu'elle ne considère par les figures de style comme une « anomalie » du langage, ni comme un usage qui s'écarte du sens « véritable » des mots. Au contraire, l'approximation, l'hyperbole et la métaphore résulteraient plutôt du phénomène courant de l'élargissement de sens. Cette théorie est étayée par de récentes études en psycholinguistique qui ont trouvé que la métaphore n'est pas plus complexe ni moins rapide à décoder au niveau cérébral qu'une expression littérale[87].
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Selon la théorie de la pertinence, les concepts ad hoc seraient formés par notre recherche de pertinence[84]. Cette théorie stipule que tout locuteur aura tendance à sélectionner le sens le plus pertinent d’un énoncé avec un minimum d’effort cognitif. La pertinence implique deux paramètres : les coûts et les bénéfices. Les bénéfices sont des effets cognitifs positifs qui permettent au locuteur d’interpréter correctement un énoncé[88]. Les coûts représentent l’effort de traitement qui est demandé pour atteindre les effets positifs des bénéfices[88]. Ainsi, plus un énoncé demande d’effort cognitif, moins il sera jugé pertinent. C’est pourquoi la théorie de la pertinence suit la loi du moindre effort. En conséquence, un concept encodé linguistiquement qui n’est pas enrichi dans une situation de spécification ou d’élargissement sera jugé non pertinent[88]. Les concepts ad hoc permettent donc de pallier le manque de pertinence des concepts encodés linguistiquement qui sont spécifiés ou élargis dans certains contextes.
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Diverses écoles de pensée ont émis différentes hypothèses quant aux relations qu’entretiennent les mots et les concepts. Selon la sémantique conceptuelle, il existe plus de mots que de concepts; certains mots peuvent être la combinaison de plusieurs concepts basiques[84]. Selon Fodor, la relation entre les mots et les concepts est biunivoque, c’est-à-dire qu’un mot représente un concept et inversement[84]. Enfin, selon Sperber & Wilson, le nombre de concepts est plus grand que le nombre de mots dans une langue[84]. Cette dernière hypothèse est celle qui est retenue par la pragmatique lexicale parce qu'il s'agit de la plus intéressante pour expliquer la formation des concepts ad hoc. En effet, si le nombre de concepts d’une langue est supérieur au nombre de mots, certains concepts ne sont même pas lexicalisés, mais peuvent tout de même être communiqués à l’aide des concepts ad hoc[84]. Ces concepts sont donc formés pendant l’interaction et sont flexibles vu qu’il est possible de communiquer des concepts qui ne sont pas lexicalisés.
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La spécification se caractérise par le fait qu’elle met en évidence un sous-ensemble ou une sous-catégorie des référents d’un concept encodé linguistiquement[84]. L’exemple suivant illustre un processus de spécification :
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Dans l’exemple (1), le verbe boire n’est pas utilisé pour communiquer le fait que les linguistes aiment boire n’importe quel breuvage. Le verbe ne fait référence qu'aux boissons alcoolisées. Le sens de boire est ainsi plus spécifique: les linguistes adorent boire de l’alcool et non pas n’importe quelle boisson. Le concept ad hoc BOIRE* ainsi créé est plus restreint que le concept encodé linguistiquement BOIRE. Le nombre de référents que l'on peut BOIRE* est ainsi diminué.
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Un cas d’élargissement se produit quand le sens d’un mot est plus général que celui encodé linguistiquement[84]. Le nombre de référents du concept est alors augmenté. Voici un exemple du phénomène :
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Dans l’exemple (2), il s’agit d’un élargissement si l’eau du lac n’est pas proche de zéro degrés Celsius. Admettons que la température de l’eau soit de 10 degrés. L’eau n’est pas glacée, mais elle est tout de même trop froide pour qu’on puisse se baigner dans le lac. Le sens de glacée est donc élargi; le concept ad hoc créé inclut davantage de référents pour ce mot.
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Wilson, une pragmaticienne, classe les processus d’élargissement en deux catégories distinctes : les approximations et les extensions catégorielles[88]. L'approximation est une variété d’élargissement où un mot ayant un sens spécifique est utilisé dans un cas qui ne correspond pas nécessairement parfaitement à ses référents, comme dans l’exemple (3)[88].
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Il s’agit d’une approximation parce que le visage de Pierre n’est pas parfaitement rond comme la forme géométrique. Son visage a une certaine rondeur sans pour autant correspondre à un rond parfait. L’exemple (2) serait aussi une approximation.
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L’extension catégorielle est aussi une variété d’élargissement. Elle se définit par l’utilisation de noms communs, de noms propres ou encore de marques connues pour indiquer des catégories plus larges[88]. Voici quelques exemples d’extension catégorielle :
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En (4), frigidaire est utilisé comme un nom commun même s’il s’agit d’une marque connue. Dans l’usage courant, en français québécois, on utilise frigidaire pour désigner n’importe quel réfrigérateur, peu importe s’il est de la marque Frigidaire ou pas.
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En (5), le nom propre Chomsky fait référence à un linguiste talentueux qui a révolutionné la linguistique. On comprend donc que Smith est aussi une linguiste talentueuse. Le concept ad hoc CHOMSKY* peut alors faire référence à d’autres personnes qui ont du talent en linguistique.
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Zufferey et Moeschler proposent que l’approximation, l’hyperbole et la métaphore se différencient selon l’application du processus d’élargissement, l’approximation ayant un élargissement minimal, l’hyperbole un élargissement considérable, et la métaphore un élargissement maximal[84]. Les trois phénomènes se trouveraient sur un continuum[84].
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L'approximation est le type d'élargissement lexical le plus discret. Ainsi que Wilson la définit, une approximation se produit quand un mot est employé dans un contexte qui ne correspond pas exactement à sa définition littérale.
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Supposons qu’on serve une tasse de thé à Marie, qu’il soit tiède, et que Marie se plaigne avec la phrase (6).
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Il s’agirait d’élargissement du sens du mot « froid », parce que son thé n’est pas littéralement froid : il est simplement plus froid qu’elle voudrait. Les exemples (2) et (3) plus haut constituent également des approximations.
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Les hyperboles sont considérées comme un élargissement lexical plus grand que l’approximation[84].
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Si, dans la même situation que dans l'exemple (6), Marie disait plutôt (7), il s’agirait d’une hyperbole : son thé est loin d’être littéralement glacé, puisqu’il est tiède.
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La pragmatique lexicale définit les métaphores comme étant le résultat d’un élargissement lexical porté à l’extrême. En effet, seule la propriété du concept linguistique la plus saillante selon le contexte sera retenue, ce qui constituera un concept ad hoc très large, qui englobera tout ce qui partage cette seule propriété[84].
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Par exemple, Louis a été entrainé dans un vol à l’étalage par ses amis. Un professeur énoncé (8) dans ce contexte.
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Pour interpréter cette phrase, on extrait la propriété du lemming la plus saillante en contexte, soit le fait que cet animal suivra le troupeau jusqu’à la mort, puis on l’applique à Louis. On en tire le sens que Louis suit le groupe, sans réfléchir par lui-même.
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Enfin, il peut y avoir à la fois spécification et élargissement lexicaux dans une seule métaphore[84]. L'énoncé (9) en constitue un exemple.
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Il y a élargissement du terme « oiseau », duquel on extrait la propriété « qui gazouille d’un chant caractéristique », comme dans n’importe quelle métaphore. Il y a cependant aussi spécification, parce que ce ne sont pas tous les oiseaux qui gazouillent. Pensons aux aigles qui trompètent. On spécifie donc le terme « oiseau » pour exclure les référents qui ne partagent pas la propriété qu’on a déjà extraite.
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Il existe une autre théorie linguistique sur la construction des métaphores, basée sur la théorie de l’argumentation dans la langue (ADL)[89]. Cette dernière suppose que les mots possèdent une « orientation » inhérente, qui aurait pour effet d’orienter l’interlocuteur vers une certaine conclusion. Par exemple, l’expression « beau temps » orienterait fondamentalement l’interlocuteur vers l’idée d’aller dehors, puisque le concept d’être « favorable à la sortie » serait associée à cette expression[89]. Cette orientation serait inhérente aux mots, et non liée au contexte, puisqu’on peut la percevoir même hors contexte.
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La métaphore, dans le cadre de cette théorie, n’existerait pas. En effet, la séparation des sens littéral et métaphorique qui caractérise cette figure de style n’a pas lieu d’être : ces deux emplois réaliseraient simplement la même orientation profonde liée au mot[89]. Ainsi, dire que son poisson est mort ou dire qu’une langue est morte convoquerait le même sens profond, soit quelque chose s’apparentant à « cesser d’exister, d’évoluer » et équivaudrait donc à un seul emploi d’une seule sémantique profonde du mot. Pour un autre exemple, cette théorie supposerait que l’idiotisme Il pleut des cordes réalise simplement le sens profond de l’expression : pleuvoir prend son sens littéral, tandis que cordes contient l’idée de longueur effilée. Pleuvoir des cordes signifie donc « pleuvoir de longues gouttes d’eau » et, par extension, « pleuvoir fort », puisque la quantité d’eau qui tombe est augmentée.
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Selon Grice, la métaphore ainsi que l’ironie transgressent la maxime de qualité[84], qui demande premièrement de ne pas mentir, et deuxièmement de ne pas avancer quelque chose si on ne peut en faire la preuve. La transgression de maximes provoque le calcul d'implicatures conversationnelles[84].
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Par exemple :
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Dans les exemples métaphoriques en (10) et (11), la maxime de qualité est violée, car Sophie et Jacob ne sont clairement pas des animaux. La transgression de cette maxime provoque une implicature chez l'auditeur, qui, supposant que le locuteur essayait de contribuer une information pertinente à la conversation, calculera un autre sens à cet énoncé. Dans le cas présent, en associant une caractéristique saillante en contexte des animaux correspondant aux personnes, l'auditeur pourrait supposer qu'en (10), Sophie dort tout le temps, et qu'en (11), Jacob ne fait pas de bruit quand il se déplace.
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Les phrases ironiques en (12) et (13), elles aussi, ne respectent pas la maxime de qualité. En (12), lorsque le locuteur dit à son interlocuteur qu’il est habile, c’est le contraire qu’il veut signifier, soit qu’il est malhabile. En (13), le locuteur ne semble pas trouver qu'Olivier est très intelligent s’il a branché les fils à l’envers.
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La musique de la période romantique utilise fréquemment la digression. C'est le cas de Chopin ou de Liszt par exemple[90]. Des figures, comme l'épanadiplose par exemple, ou l'anaphore, sont à la base des comptines :
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« Alouette, gentille alouette ! Alouette je te plumerai[91]... »
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Les arts musicaux, tels que le rap ou le slam, utilisent beaucoup de figures de style, en particulier celles jouant sur la sonorité (allitération, paronomase) et la comparaison (analogie, métaphore, etc.) Un exemple de présence d'assonance en « i » et « en » ainsi que d'allitération en « s » dans la chanson L'Enfant seul du rappeur Oxmo Puccino :
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« Maîtrise lancinante, sentiments en ciment sinon
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Dans six ans on me retrouve ciseaux dans le crâne
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Dans le sang gisant[92]... »
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Selon le romancier et essayiste Thomas Ravier, le rappeur Booba est même l'inventeur d'une figure de style : la métagore[93]. En 2019, le microblogueur Nosferalis propose du reste d'exemplifier chaque figure de style recensée avec une citation de Booba[94].
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La publicité a recours de manière massive aux figures et aux tropes comme, parmi les principales, l'hyperbole dite publicitaire, l'allégorie ou la métaphore, en particulier pour imager le message transmis au consommateur[95]. La rhétorique publicitaire appartient, selon Roland Barthes, à un domaine plus vaste : celui de la rhétorique visuelle, fixe (affiches) comme animée (clips publicitaires). Barthes fonde dans les années 1960, sous l’impulsion du structuralisme, la « rhétorique de l’image »[96], et y transfère les outils d’analyse du texte.
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Barthes montre que, comme dans un énoncé écrit, il y a en jeu dans l’image publicitaire deux niveaux de lecture, typiques du champ stylistique : la connotation et la dénotation. Par conséquent, avant d’avoir une fonction iconique, la publicité a une fonction avant tout symbolique, saisissable dans un univers linguistique[96]. Barthes montre que certaines figures de style sont à la base du langage publicitaire, et parmi elles surtout l’asyndète et la métonymie : « Il est en effet probable que parmi les métaboles (ou figures de substitution d’un signifiant à un autre, c’est la métonymie qui fournit à l’image le plus grand nombre de ses connotateurs ; et parmi les parataxes (ou figures du syntagme), c’est l’asyndète qui domine »[96]. Barthes applique en effet les axes paradigmatique et syntagmatique à l’étude de l’image.
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Publicité pour Citroën (hyperbole)
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La publicité par Fernand Le Quesne (Allégorie)
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Publicité pour les bouillons Kub (métonymie)
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Dans la lignée de Barthes, Jacques Durand montre que les effets recherchés font appel aux mêmes représentations et aux mêmes processus cognitifs qu’en littérature. Dans Les Formes de la communication (1981), il montre que la publicité est une « nouvelle rhétorique », sa continuité historique et sociale[97]. Durand, reprenant les études sémiotiques, élabore un tableau de classement identifiant les principales figures de style constitutives du pouvoir de persuasion de la publicité[98]. Il recense quatre mécanismes primordiaux : identité, similarité, opposition et différence, qu’il expose dans son article paru dans la revue Communications[62].
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Enfin, en pédagogie, pour plus de proximité culturelle avec l’élève, le matériel publicitaire permet une approche didactique pertinente à l’école qui conjugue lecture critique de l’image et apprentissage des grands processus de transformation de la langue, par le biais des figures de style, deux axes constitutifs des référentiels pédagogiques[99].
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Le cinéma également transpose sur le plan visuel des mécanismes discursifs hérités des figures de style et notamment la métonymie, comme c'est souvent le cas des gros plans sur un objet. Patrick Bacry prend comme exemple une scène du film Lancelot du Lac de Robert Bresson. Le metteur en scène ne montre du combat des chevaliers que les sabots des chevaux qui galopent ainsi que quelques écus brisant l'assaut de lances[A 16]. L’oxymore ou encore la digression sont également utilisés pour les mêmes raisons que dans le roman[100]. L'ellipse, la digression ou l'hypotypose sont aussi couramment utilisées[D 8]. Le Groupe µ a notamment permis la compréhension des opérations cognitives à l’origine des figures de style comme étant des objets mentaux traduisibles dans le registre de l’image en mouvement. Ils élaborent alors une la sémiotique visuelle, dont le Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image est l’ouvrage fondateur[101].
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Les autres arts visuels utilisent des figures davantage tropiques, comme la métaphore dans le mouvement surréaliste (les tableaux de René Magritte sont parmi les plus explicites). L’allégorie est sans conteste la figure la plus utilisée en peinture, comme dans La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix mais la peinture connaît aussi le symbole et l'antithèse[D 8]. Nombres d’œuvres représentent de véritables scènes vivantes dans lesquelles le peintre cherche à animer la scène (hypotypose), des analogies (comparaison) comme les tableaux d'Arcimboldo ou l'oxymore (dans la technique du clair-obscur par exemple). La bande-dessinée utilise par ailleurs l'expressivité des figures de style, comme celle de l'onomatopée, pour illustrer les actions.
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Définitions lexicographiques et étymologiques de « Trope » du Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Figure dérivative · Isocolie
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Allitération · Assonance · Contre-assonance · Écho · Homéotéleute · Onomatopée · Paréchèse · Prosonomasie
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Accumulation · Anaphore · Annomination · Antanaclase · Concaténation · Conglobation · Épanalepse · Épanaphore · Épanadiplose · Épanode · Épiphore · Épizeuxe · Expolition · Figura etymologica · Homéoptote · Isocolon · Palilogie · Paronomase · Polyptote · Symploque · Thématisation
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Adynaton · Allusion · Anadiplose · Autocatégorème · Autocorrection · Cliché · Hyperbole · Métaphore filée · Parrhésie · Périssologie · Phébus · Poncif · Redondance · Topos
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non identique
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Addition,adjonction
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Acrostiche · Épenthèse · Paragoge · Prosthèse
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Cacophonie
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Accumulation · Anadiplose · Antépiphore · Anticlimax · Auxèse · Énumération · Épanadiplose · Épiphonème · Épiphore · Épiphrase · Épithétisme · Épitrochasme · Gradation · Hyperhypotaxe · Hypotaxe · Mot-valise · Néologisme · Paradoxisme · Paraphrase · Parembole · Périphrase · Polysyndète · Pronomination · Suspension · Synchise · Tapinose
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Amphigouri · Antilogie · Chleuasme · Comparaison · Épanorthose · Hypotypose · Oxymore · Paradoxe · Pléonasme · Régression · Tautologie · Truisme
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Effacement,suppression
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Apocope · Lipogramme
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Aphérèse · Apocope · Élision · Syncope
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Asyndète · Ellipse · Épitrochasme · Parataxe · Syllepse · Zeugma
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Allusion · Amphibologie · Antiphrase · Aphorisme · Apophtegme · Aposiopèse · Brachylogie · Euphémisme · Gnomisme · Kakemphaton · Parabole · Prétérition
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Déplacement,réarrangement
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Anagramme · Antimétathèse
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Palindrome
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Anastrophe · Antilabe · Antimétabole · Chiasme · Énallage · Hendiadys · Hypallage · Hyperbate · Hypozeuxe · Inversion · Parallélisme · Tmèse
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Analepse · Antiparastase · Antithèse · Apostrophe · Épanorthose · Métalepse · Prolepse
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Remplacement,substitution
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Anacoluthe · Anantapodoton · Astéisme · Constructio ad sensum · Solécisme · Syllepse · Verbigération (ou logorrhée, ou verbiage)
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Allégorie · Antonomase · Circonlocution · Digression · Éthopée · Hypotypose · Ironie · Litote · Métalepse · Métaphore · Métonymie · Personnification · Prosopographie · Prosopopée · Question rhétorique · Prosopopée (ou Sermocination) · Réification (ou Chosification) · Symbole · Synecdoque
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Erthygl 1
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Le gallois est une langue du groupe celtique insulaire de la famille des langues indo-européennes, proche du cornique et du breton, avec lesquels il forme la branche dite brittonique des langues celtiques. Parlé principalement au pays de Galles, mais aussi en Angleterre et en Argentine, le gallois est la langue celtique qui compte aujourd'hui le plus grand nombre de locuteurs. La langue emploie pour se désigner elle-même le terme de Cymraeg (d'où sa dénomination alternative kymrique ou cymrique[8] en français)[9]. Un galloisant, plus rarement gallophone, est quelqu'un qui parle le gallois.
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Des recensements officiels (gouvernement gallois), réalisés régulièrement, montrent qu’entre 2013 et 2015, 47 % des résidents au Pays de Galles parlent le gallois aisément et 53 % le parlent quotidiennement[10].
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Le gallois forme avec le breton et le cornique la branche brittonique des langues celtiques, qui comprennent aussi les langues gaéliques (irlandais, gaélique écossais et mannois) ainsi que les langues celtiques continentales aujourd'hui éteintes. Au sein des langues brittoniques, le breton et le cornique sont plus proches entre eux que chacun ne l'est du gallois. Le groupe comportait jadis un quatrième membre, le cambrien, éteint au Moyen Âge et qui n'est connu que par quelques gloses.
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Le gallois comporte diverses variétés, mais ses dialectes sont moins différenciés que ceux du breton. La division la plus importante sépare le gallois du nord de celui du sud, sur la base de quelques faits de prononciation, de différences lexicales et de tournures spécifiques.
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Il existe par ailleurs une forte distinction de registre de langue entre le gallois courant (Cymraeg llafar) et le gallois littéraire (Cymraeg llenyddol) - les deux existant conjointement à l'écrit. Par rapport aux états anciens de la langue, ce dernier est beaucoup plus conservateur par sa syntaxe et sa morphologie nettement synthétique, alors que le gallois courant s'est développé dans un sens plus analytique. Le vocabulaire est également différent, le gallois littéraire préservant de nombreux mots sortis de l'usage actuel tandis que le gallois courant comporte de nombreux emprunts à l'anglais (plus ou moins bien acceptés). Aujourd'hui, en dehors de contextes artistiques, le gallois écrit se base pour l'essentiel sur la langue courante.
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Le gallois est principalement en usage au pays de Galles. Le recensement général de 2011 y indique un nombre de 562 000 galloisants[1]. Les sondages fondés sur l'auto-évaluation des compétences donnent des chiffres nettement plus élevés : en 2013, 787 500 personnes y affirment être capables de parler gallois, soit 27 % de la population[11]. Cependant, d'après des données de 2004-2006, seules 317 000 (soit 16 % de la population) affirmaient le parler couramment[12].
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L'enquête annuelle sur la population menée par l'Office for National Statistics pour l'année se terminant en décembre 2019 a conclu que 857 600 résidents gallois (28,4%) âgés de trois ans ou plus étaient capables de parler le gallois. Les résultats de la dernière enquête nationale pour le pays de Galles (2018-2019) suggèrent que 22% de la population âgée de trois ans et plus étaient capables de parler le gallois, et 16% supplémentaires ayant "une certaine capacité à parler le gallois".
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Il existe environ 150 000 galloisants en Angleterre[2], tant en raison de flux migratoires en direction des centres industriels anglais que du fait de l'existence de communautés locutrices indigènes, parfois longtemps majoritaires tel qu'à Oswestry, cité limitrophe du pays (où l'hebdomadaire Y Cymro - « le Gallois » - fut longtemps publié).
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Il existe une petite communauté de langue galloise en Argentine, héritage d'un établissement gallois au XIXe siècle (Y Wladfa) dans la vallée du Río Chubut, en particulier à Trelew et Puerto Madryn en Patagonie. Quelque 5 000 personnes y parlent encore la langue[3].
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Du fait des migrations internationales, les pays anglo-saxons comptent un petit nombre de galloisants : ainsi aux États-Unis[4], au Canada[5], en Australie[6], en Nouvelle-Zélande[7].
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L'usage du gallois a nettement diminué au XXe siècle du fait de la pression de l'anglais. Les mesures de revitalisation linguistique adoptées au pays de Galles ont freiné cette évolution : la proportion de galloisants a même augmenté entre les recensements généraux de 1991 et 2001. Cependant, le recensement de 2011 a montré la reprise d'un lent déclin de la langue, en particulier dans les régions-clés du Nord et de l'Ouest où le gallois reste une langue courante, cela du fait de l'installation croissante de personnes extérieures au pays de Galles. Cette érosion n'est pas compensée par la légère augmentation du nombre de galloisants dans les régions du Sud, largement anglicisées[1].
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Depuis la Deddf Iaith Gymraeg (« loi sur la langue galloise ») en 1993, la place du gallois s’est accrue dans les institutions : les administrations sont tenues de pouvoir offrir leurs services dans les deux langues.
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La signalisation routière bilingue est normalisée au pays de Galles, et le gallois est reconnu en tant que langue régionale selon la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
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Dans l’enseignement, le gallois possède une place remarquable, puisque 20 % environ des enfants du pays de Galles sont scolarisés en gallois première langue et que l’étude en est obligatoire jusqu’à seize ans pour tous les écoliers. Conséquence logique, c’est dans les classes d’âge les plus jeunes que l’on trouve le plus de galloisants.
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C’est la poésie galloise qui reste au plus près du cœur des gallois et ce depuis le Moyen Âge. Lors de l’Eisteddfod nationale (Eisteddfod Genedlaethol Cymru), grand concours annuel, festival de la langue et vitrine de la culture galloise, c’est au poète gagnant le grand prix que le trône bardique est décerné. Les formes strictes de la poésie galloise exigent une allitération formelle au cœur des vers, principe appelé cynghanedd.
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Une des contributions galloises les plus célèbres à la littérature occidentale est le Mabinogion (un mot clairement dérivé du gallois mab, « fils »), une collection de contes relatifs à la mythologie celtique.
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Il existe une radio nationale en gallois : BBC Radio Cymru, qui émet en FM et sur Internet. Il y a aussi de nombreuses chaînes régionales.
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Il existe aussi une télévision en gallois : Sianel Pedwar Cymru (chaîne quatre pays de Galles en traduction, S4C de logogramme). Son émission la plus populaire est un feuilleton-fleuve qui dure depuis plus de 20 ans : Pobol y Cwm (Les gens de la vallée).
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Le gallois est une langue à accent tonique, lequel frappe habituellement l'avant-dernière syllabe des polysyllabes et l'unique syllabe des monosyllabes lexicaux. Toutefois, il existe un certain nombre de mots polysyllabiques accentués sur la dernière syllabe - parmi lesquels le nom même de la langue, Cymraeg. Le gallois familier a tendance à éliminer les voyelles initiales inaccentuées dans la prononciation (aphérèse)[13] : des mots comme afalau « pommes », esgidiau « chaussures », yfory « demain » se prononcent alors ['vɑːlɛ], ['skɪd͡ʒɛ], ['voːrɪ][14].
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Le gallois possède les consonnes suivantes, transcrites dans l'alphabet phonétique international ; les graphèmes correspondants de l'alphabet gallois suivent en gras.
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Le gallois moderne possède six ou sept monophtongues de base, variables en quantité, ainsi que de nombreuses diphtongues. La quantité des monophtongues est en grande partie liée à l'environnement phonétique et l'accentuation, selon des règles assez complexes, mais il existe des oppositions de longueurs dans quelques positions, qui différencient certains mots (ex. car « voiture » / câr « ami, parent », ton « vague » / tôn « mélodie »). La quantité a une influence sur le timbre : les voyelles longues sont globalement prononcées plus fermées que les brèves. John Morris-Jones décrit au début du XXe siècle trois quantités (brève, mi-longue, longue), selon le système suivant[15] :
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Des descriptions plus récentes n'indiquent que deux degrés de longueur : en simplifiant, les mi-longues décrites par Morris-Jones y correspondent à des longues au sud du pays de Galles, mais à des brèves au nord ; la voyelle [ə] est généralement brève partout.[réf. nécessaire]. Le gallois du nord ne conserve donc de voyelles longues que dans les monosyllabes accentués ; il étend cette longueur aux monosyllabes terminés par un groupe de consonnes dont la première est [s] ou [ɬ][réf. nécessaire].
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Les mots d'emprunt récents peuvent faire exception à ces règles.
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Le gallois du sud ignore les voyelles [ɨ] et [ɨː], et les réalise comme [ɪ] et [iː] respectivement. Cela vaut aussi lorsque ces voyelles forment un élément de diphtongue. Il confond également la réalisation des diphtongues ae et au en [ai] (le gallois du nord ne différencie ces diphtongues qu'en syllabe finale). D'autres réductions du système vocalique existent dialectalement.
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Bien que les conventions en soient parfois surprenantes pour un francophone, l'orthographe du gallois indique assez fidèlement la prononciation. Les principales divergences sont les suivantes :
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La grammaire galloise partage de nombreux traits communs avec celle des autres langues celtiques insulaires :
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Il existe quelques divergences grammaticales entre dialectes du Nord ou du Sud : des détails de morphologie et quelques constructions spécifiques, notamment celle pour « avoir ». Cependant, ces différences sont négligeables par rapport à celles beaucoup plus tranchées qui séparent le gallois courant du gallois littéraire :
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Le fonds du vocabulaire gallois est d'origine celtique, apparenté de près à celui des autres langues brittoniques, de façon plus distante à celui des langues gaéliques, ce qu'illustre le tableau ci-dessous qui présente une série de mots apparentés en gallois, cornique[19] et breton[20] (brittoniques) ainsi qu'en irlandais (gaélique).
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Malgré la parenté évidente avec le cornique et le breton, la séparation séculaire entre les trois langues a abouti à des divergences sensibles jusque dans le vocabulaire fondamental : par exemple, dans les parties du corps, les mots gallois trwyn, clust, llaw « nez, oreille, main » ne se retrouvent pas en breton qui emploie à la place fri, skouarn, dorn, le cornique jouant le rôle de langue-pont entre les deux puisqu'il connait les formes frigow (à l'origine le pluriel de frig « narine ») et tron pour « nez », skovarn pour « oreille », leuv et dorn (signifiant aussi le poing) pour « main ». Ce dernier mot, dorn en cornique et breton, illustre un autre type de divergence, les faux-amis, dus à des évolutions de sens différentes chez des mots apparentés : le gallois connaît en effet le mot dwrn mais au sens de « poing, poignée » et le cornique le connait avec le sens double de « poing » et de « main ». Nous noterons que de façon générale, le gallois s'est éloigné des deux autres langues brittoniques, le cornique et le breton formant un groupe plus proche.
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Le gallois partage avec les autres langues brittoniques un ensemble nombreux d'emprunts lexicaux anciens au latin. Cela concerne beaucoup de mots courants passés dans le vocabulaire à l'époque de la Bretagne romaine, par ex. mur « mur » (de mūrus), ffenestr « fenêtre » (fenestra), pont « pont » (pōns, génitif pontis), ffynnon « fontaine, source » (fontāna), cannwyll « chandelle » (candēla), ffrwyth « fruit » (frūctus), ffa « haricot » (faba), pysgod « poissons » (piscātum), gwin « vin » (vīnum), caws « fromage » (cāseum), llaeth « lait » (lac, génitif lactis), carchar « prison » (carcer), saeth « flèche » (sagitta), perygl « danger » (periculum), parod « prêt » (parātus). D'autres sont d'un caractère plus livresque, à mettre en rapport avec le rôle considérable du latin dans l'enseignement au Moyen Âge : llyfr « livre » (liber), llythyr « lettre » (littera), gramadeg « grammaire » (grammatica), erthygl « article » (articulum), ysgrifennu « écrire » (scrībere), dysgu « apprendre » (discere). De même, le vocabulaire religieux est naturellement latin : eglwys « église » (ecclēsia), mynach « moine » (monachus), pregeth « sermon, prêche » (praedicātiō), pechod « péché » (peccātum), uffern « enfer » (infernus). Le sens de certains mots a pu nettement évoluer : ainsi mynwent, de monumenta « monuments », signifie « cimetière », et swydd, de sēdēs « siège », a aujourd'hui pour sens « poste, fonction, emploi ».
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Plus tard, le gallois a emprunté divers mots aux langues des Îles Britanniques comme le vieil irlandais (cnocc → gallois cnwc « butte », dorus → gallois drws « porte »), le vieux norrois (garðr → gallois gardd « jardin, » jarl → gallois iarll « comte, earl »), mais avant tout l'anglais, dont l'influence est constante depuis la conquête anglo-saxonne de l’Angleterre, et auquel le gallois a emprunté et continue d'emprunter un nombre considérable de mots.
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Les plus anciens emprunts à l'anglais remontent aux premiers temps de la présence anglo-saxonne, comme en témoignent certains mots qui préservent des formes caractéristiques du vieil anglais : ex. cusan « un baiser » (vieil anglais cyssan, moderne kiss), crefft « métier » (v. a. cræft, moderne craft), betws « chapelle » (v. a. bedhūs). Les emprunts concernent tous les sujets et tous les registres ; beaucoup sont évidents, bien que l'écriture les masque quelque peu en leur appliquant systématiquement les conventions de l'orthographe galloise. Ils subissent cependant assez souvent des altérations en se lexicalisant, qui peuvent concerner leur prononciation (ex. cwpwrdd « placard », de cupboard ; siaced « veste », de jacket) ou leur sens (ex. tocyn « ticket », de token qui a le sens plus général de « marque » ; smwddio « repasser (un vêtement) », de smoothe qui veut dire « lisser »).
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Dans la langue orale, les emprunts à l'anglais peuvent être faits au coup par coup, sans qu'ils soient lexicalisés : il s'agit d'une forme d'alternance de code linguistique. La langue écrite tend vers davantage de purisme et s'efforce d'éviter les anglicismes trop voyants par divers moyens :
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Les procédés de formation des mots sont comparables à ceux du français et des autres langues européennes :
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Le gallois crée également de nombreuses locutions lexicales sur le modèle nom + épithète. Exemples : tŷ bach « toilettes » (tŷ « maison » + bach « petit »), safle bws « arrêt de bus » (safle « position, station, poste » + bws « bus »), peiriant golchi llestri « lave-vaisselle » (peiriant « machine » + golchi « laver » + llestri [pl.] « plats, vaisselle »), cyllell boced « canif » (cyllell « couteau » + poced « poche »), ystafell gysgu « dortoir » (ystafell « salle, chambre » + cysgu « dormir »).
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En dehors des différences de prononciation évoquées plus haut, il existe un certain nombre de différences lexicales dans le vocabulaire de base entre dialectes gallois. Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de divergences typiques entre Nord et Sud.
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Parfois, il s'agit plutôt de différences dans l'extension sémantique de certains mots : ainsi le gallois du Sud emploie merch pour « fille (par opposition à fils) » et « fille (par opposition à garçon) », tandis que le gallois du Nord a geneth dans ce dernier sens ; inversement, le gallois du Nord emploie agoriad « ouverture » au sens de « clé » alors que le gallois du Sud dispose pour cela du mot spécifique allwedd.
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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Le gallois est une langue du groupe celtique insulaire de la famille des langues indo-européennes, proche du cornique et du breton, avec lesquels il forme la branche dite brittonique des langues celtiques. Parlé principalement au pays de Galles, mais aussi en Angleterre et en Argentine, le gallois est la langue celtique qui compte aujourd'hui le plus grand nombre de locuteurs. La langue emploie pour se désigner elle-même le terme de Cymraeg (d'où sa dénomination alternative kymrique ou cymrique[8] en français)[9]. Un galloisant, plus rarement gallophone, est quelqu'un qui parle le gallois.
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Des recensements officiels (gouvernement gallois), réalisés régulièrement, montrent qu’entre 2013 et 2015, 47 % des résidents au Pays de Galles parlent le gallois aisément et 53 % le parlent quotidiennement[10].
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Le gallois forme avec le breton et le cornique la branche brittonique des langues celtiques, qui comprennent aussi les langues gaéliques (irlandais, gaélique écossais et mannois) ainsi que les langues celtiques continentales aujourd'hui éteintes. Au sein des langues brittoniques, le breton et le cornique sont plus proches entre eux que chacun ne l'est du gallois. Le groupe comportait jadis un quatrième membre, le cambrien, éteint au Moyen Âge et qui n'est connu que par quelques gloses.
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Le gallois comporte diverses variétés, mais ses dialectes sont moins différenciés que ceux du breton. La division la plus importante sépare le gallois du nord de celui du sud, sur la base de quelques faits de prononciation, de différences lexicales et de tournures spécifiques.
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Il existe par ailleurs une forte distinction de registre de langue entre le gallois courant (Cymraeg llafar) et le gallois littéraire (Cymraeg llenyddol) - les deux existant conjointement à l'écrit. Par rapport aux états anciens de la langue, ce dernier est beaucoup plus conservateur par sa syntaxe et sa morphologie nettement synthétique, alors que le gallois courant s'est développé dans un sens plus analytique. Le vocabulaire est également différent, le gallois littéraire préservant de nombreux mots sortis de l'usage actuel tandis que le gallois courant comporte de nombreux emprunts à l'anglais (plus ou moins bien acceptés). Aujourd'hui, en dehors de contextes artistiques, le gallois écrit se base pour l'essentiel sur la langue courante.
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Le gallois est principalement en usage au pays de Galles. Le recensement général de 2011 y indique un nombre de 562 000 galloisants[1]. Les sondages fondés sur l'auto-évaluation des compétences donnent des chiffres nettement plus élevés : en 2013, 787 500 personnes y affirment être capables de parler gallois, soit 27 % de la population[11]. Cependant, d'après des données de 2004-2006, seules 317 000 (soit 16 % de la population) affirmaient le parler couramment[12].
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L'enquête annuelle sur la population menée par l'Office for National Statistics pour l'année se terminant en décembre 2019 a conclu que 857 600 résidents gallois (28,4%) âgés de trois ans ou plus étaient capables de parler le gallois. Les résultats de la dernière enquête nationale pour le pays de Galles (2018-2019) suggèrent que 22% de la population âgée de trois ans et plus étaient capables de parler le gallois, et 16% supplémentaires ayant "une certaine capacité à parler le gallois".
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Il existe environ 150 000 galloisants en Angleterre[2], tant en raison de flux migratoires en direction des centres industriels anglais que du fait de l'existence de communautés locutrices indigènes, parfois longtemps majoritaires tel qu'à Oswestry, cité limitrophe du pays (où l'hebdomadaire Y Cymro - « le Gallois » - fut longtemps publié).
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Il existe une petite communauté de langue galloise en Argentine, héritage d'un établissement gallois au XIXe siècle (Y Wladfa) dans la vallée du Río Chubut, en particulier à Trelew et Puerto Madryn en Patagonie. Quelque 5 000 personnes y parlent encore la langue[3].
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Du fait des migrations internationales, les pays anglo-saxons comptent un petit nombre de galloisants : ainsi aux États-Unis[4], au Canada[5], en Australie[6], en Nouvelle-Zélande[7].
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L'usage du gallois a nettement diminué au XXe siècle du fait de la pression de l'anglais. Les mesures de revitalisation linguistique adoptées au pays de Galles ont freiné cette évolution : la proportion de galloisants a même augmenté entre les recensements généraux de 1991 et 2001. Cependant, le recensement de 2011 a montré la reprise d'un lent déclin de la langue, en particulier dans les régions-clés du Nord et de l'Ouest où le gallois reste une langue courante, cela du fait de l'installation croissante de personnes extérieures au pays de Galles. Cette érosion n'est pas compensée par la légère augmentation du nombre de galloisants dans les régions du Sud, largement anglicisées[1].
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Depuis la Deddf Iaith Gymraeg (« loi sur la langue galloise ») en 1993, la place du gallois s’est accrue dans les institutions : les administrations sont tenues de pouvoir offrir leurs services dans les deux langues.
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La signalisation routière bilingue est normalisée au pays de Galles, et le gallois est reconnu en tant que langue régionale selon la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
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Dans l’enseignement, le gallois possède une place remarquable, puisque 20 % environ des enfants du pays de Galles sont scolarisés en gallois première langue et que l’étude en est obligatoire jusqu’à seize ans pour tous les écoliers. Conséquence logique, c’est dans les classes d’âge les plus jeunes que l’on trouve le plus de galloisants.
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C’est la poésie galloise qui reste au plus près du cœur des gallois et ce depuis le Moyen Âge. Lors de l’Eisteddfod nationale (Eisteddfod Genedlaethol Cymru), grand concours annuel, festival de la langue et vitrine de la culture galloise, c’est au poète gagnant le grand prix que le trône bardique est décerné. Les formes strictes de la poésie galloise exigent une allitération formelle au cœur des vers, principe appelé cynghanedd.
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Une des contributions galloises les plus célèbres à la littérature occidentale est le Mabinogion (un mot clairement dérivé du gallois mab, « fils »), une collection de contes relatifs à la mythologie celtique.
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Il existe une radio nationale en gallois : BBC Radio Cymru, qui émet en FM et sur Internet. Il y a aussi de nombreuses chaînes régionales.
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Il existe aussi une télévision en gallois : Sianel Pedwar Cymru (chaîne quatre pays de Galles en traduction, S4C de logogramme). Son émission la plus populaire est un feuilleton-fleuve qui dure depuis plus de 20 ans : Pobol y Cwm (Les gens de la vallée).
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Le gallois est une langue à accent tonique, lequel frappe habituellement l'avant-dernière syllabe des polysyllabes et l'unique syllabe des monosyllabes lexicaux. Toutefois, il existe un certain nombre de mots polysyllabiques accentués sur la dernière syllabe - parmi lesquels le nom même de la langue, Cymraeg. Le gallois familier a tendance à éliminer les voyelles initiales inaccentuées dans la prononciation (aphérèse)[13] : des mots comme afalau « pommes », esgidiau « chaussures », yfory « demain » se prononcent alors ['vɑːlɛ], ['skɪd͡ʒɛ], ['voːrɪ][14].
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Le gallois possède les consonnes suivantes, transcrites dans l'alphabet phonétique international ; les graphèmes correspondants de l'alphabet gallois suivent en gras.
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Le gallois moderne possède six ou sept monophtongues de base, variables en quantité, ainsi que de nombreuses diphtongues. La quantité des monophtongues est en grande partie liée à l'environnement phonétique et l'accentuation, selon des règles assez complexes, mais il existe des oppositions de longueurs dans quelques positions, qui différencient certains mots (ex. car « voiture » / câr « ami, parent », ton « vague » / tôn « mélodie »). La quantité a une influence sur le timbre : les voyelles longues sont globalement prononcées plus fermées que les brèves. John Morris-Jones décrit au début du XXe siècle trois quantités (brève, mi-longue, longue), selon le système suivant[15] :
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Des descriptions plus récentes n'indiquent que deux degrés de longueur : en simplifiant, les mi-longues décrites par Morris-Jones y correspondent à des longues au sud du pays de Galles, mais à des brèves au nord ; la voyelle [ə] est généralement brève partout.[réf. nécessaire]. Le gallois du nord ne conserve donc de voyelles longues que dans les monosyllabes accentués ; il étend cette longueur aux monosyllabes terminés par un groupe de consonnes dont la première est [s] ou [ɬ][réf. nécessaire].
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Les mots d'emprunt récents peuvent faire exception à ces règles.
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Le gallois du sud ignore les voyelles [ɨ] et [ɨː], et les réalise comme [ɪ] et [iː] respectivement. Cela vaut aussi lorsque ces voyelles forment un élément de diphtongue. Il confond également la réalisation des diphtongues ae et au en [ai] (le gallois du nord ne différencie ces diphtongues qu'en syllabe finale). D'autres réductions du système vocalique existent dialectalement.
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Bien que les conventions en soient parfois surprenantes pour un francophone, l'orthographe du gallois indique assez fidèlement la prononciation. Les principales divergences sont les suivantes :
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La grammaire galloise partage de nombreux traits communs avec celle des autres langues celtiques insulaires :
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Il existe quelques divergences grammaticales entre dialectes du Nord ou du Sud : des détails de morphologie et quelques constructions spécifiques, notamment celle pour « avoir ». Cependant, ces différences sont négligeables par rapport à celles beaucoup plus tranchées qui séparent le gallois courant du gallois littéraire :
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Le fonds du vocabulaire gallois est d'origine celtique, apparenté de près à celui des autres langues brittoniques, de façon plus distante à celui des langues gaéliques, ce qu'illustre le tableau ci-dessous qui présente une série de mots apparentés en gallois, cornique[19] et breton[20] (brittoniques) ainsi qu'en irlandais (gaélique).
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Malgré la parenté évidente avec le cornique et le breton, la séparation séculaire entre les trois langues a abouti à des divergences sensibles jusque dans le vocabulaire fondamental : par exemple, dans les parties du corps, les mots gallois trwyn, clust, llaw « nez, oreille, main » ne se retrouvent pas en breton qui emploie à la place fri, skouarn, dorn, le cornique jouant le rôle de langue-pont entre les deux puisqu'il connait les formes frigow (à l'origine le pluriel de frig « narine ») et tron pour « nez », skovarn pour « oreille », leuv et dorn (signifiant aussi le poing) pour « main ». Ce dernier mot, dorn en cornique et breton, illustre un autre type de divergence, les faux-amis, dus à des évolutions de sens différentes chez des mots apparentés : le gallois connaît en effet le mot dwrn mais au sens de « poing, poignée » et le cornique le connait avec le sens double de « poing » et de « main ». Nous noterons que de façon générale, le gallois s'est éloigné des deux autres langues brittoniques, le cornique et le breton formant un groupe plus proche.
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Le gallois partage avec les autres langues brittoniques un ensemble nombreux d'emprunts lexicaux anciens au latin. Cela concerne beaucoup de mots courants passés dans le vocabulaire à l'époque de la Bretagne romaine, par ex. mur « mur » (de mūrus), ffenestr « fenêtre » (fenestra), pont « pont » (pōns, génitif pontis), ffynnon « fontaine, source » (fontāna), cannwyll « chandelle » (candēla), ffrwyth « fruit » (frūctus), ffa « haricot » (faba), pysgod « poissons » (piscātum), gwin « vin » (vīnum), caws « fromage » (cāseum), llaeth « lait » (lac, génitif lactis), carchar « prison » (carcer), saeth « flèche » (sagitta), perygl « danger » (periculum), parod « prêt » (parātus). D'autres sont d'un caractère plus livresque, à mettre en rapport avec le rôle considérable du latin dans l'enseignement au Moyen Âge : llyfr « livre » (liber), llythyr « lettre » (littera), gramadeg « grammaire » (grammatica), erthygl « article » (articulum), ysgrifennu « écrire » (scrībere), dysgu « apprendre » (discere). De même, le vocabulaire religieux est naturellement latin : eglwys « église » (ecclēsia), mynach « moine » (monachus), pregeth « sermon, prêche » (praedicātiō), pechod « péché » (peccātum), uffern « enfer » (infernus). Le sens de certains mots a pu nettement évoluer : ainsi mynwent, de monumenta « monuments », signifie « cimetière », et swydd, de sēdēs « siège », a aujourd'hui pour sens « poste, fonction, emploi ».
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Plus tard, le gallois a emprunté divers mots aux langues des Îles Britanniques comme le vieil irlandais (cnocc → gallois cnwc « butte », dorus → gallois drws « porte »), le vieux norrois (garðr → gallois gardd « jardin, » jarl → gallois iarll « comte, earl »), mais avant tout l'anglais, dont l'influence est constante depuis la conquête anglo-saxonne de l’Angleterre, et auquel le gallois a emprunté et continue d'emprunter un nombre considérable de mots.
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Les plus anciens emprunts à l'anglais remontent aux premiers temps de la présence anglo-saxonne, comme en témoignent certains mots qui préservent des formes caractéristiques du vieil anglais : ex. cusan « un baiser » (vieil anglais cyssan, moderne kiss), crefft « métier » (v. a. cræft, moderne craft), betws « chapelle » (v. a. bedhūs). Les emprunts concernent tous les sujets et tous les registres ; beaucoup sont évidents, bien que l'écriture les masque quelque peu en leur appliquant systématiquement les conventions de l'orthographe galloise. Ils subissent cependant assez souvent des altérations en se lexicalisant, qui peuvent concerner leur prononciation (ex. cwpwrdd « placard », de cupboard ; siaced « veste », de jacket) ou leur sens (ex. tocyn « ticket », de token qui a le sens plus général de « marque » ; smwddio « repasser (un vêtement) », de smoothe qui veut dire « lisser »).
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Dans la langue orale, les emprunts à l'anglais peuvent être faits au coup par coup, sans qu'ils soient lexicalisés : il s'agit d'une forme d'alternance de code linguistique. La langue écrite tend vers davantage de purisme et s'efforce d'éviter les anglicismes trop voyants par divers moyens :
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Les procédés de formation des mots sont comparables à ceux du français et des autres langues européennes :
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Le gallois crée également de nombreuses locutions lexicales sur le modèle nom + épithète. Exemples : tŷ bach « toilettes » (tŷ « maison » + bach « petit »), safle bws « arrêt de bus » (safle « position, station, poste » + bws « bus »), peiriant golchi llestri « lave-vaisselle » (peiriant « machine » + golchi « laver » + llestri [pl.] « plats, vaisselle »), cyllell boced « canif » (cyllell « couteau » + poced « poche »), ystafell gysgu « dortoir » (ystafell « salle, chambre » + cysgu « dormir »).
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En dehors des différences de prononciation évoquées plus haut, il existe un certain nombre de différences lexicales dans le vocabulaire de base entre dialectes gallois. Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de divergences typiques entre Nord et Sud.
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Parfois, il s'agit plutôt de différences dans l'extension sémantique de certains mots : ainsi le gallois du Sud emploie merch pour « fille (par opposition à fils) » et « fille (par opposition à garçon) », tandis que le gallois du Nord a geneth dans ce dernier sens ; inversement, le gallois du Nord emploie agoriad « ouverture » au sens de « clé » alors que le gallois du Sud dispose pour cela du mot spécifique allwedd.
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Gallus gallus domesticus, en français la Poule domestique (femelle), le coq domestique (mâle), est une sous-espèce de l'ordre des Galliformes. Cet oiseau, principalement issu de la domestication d'une espèce sauvage particulière (le Coq doré), est élevé à la fois pour sa chair, pour ses œufs, pour le combat, pour le chant, parfois pour ses plumes et plus rarement encore pour sa crête (rites). En 2018, de nombreuses races issues de la sélection opérée par les paysans au fil des siècles ont disparu. Il s'agit de l'espèce d'oiseaux dont la population est la plus importante.
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Le mâle de la poule est le coq. Un jeune est appelé poussin et un pré-adulte mâle est appelé coquelet puis devient poulet ; un poulet femelle est une poulette. Un jeune coq châtré pour que sa chair soit plus tendre est un chapon. Autrefois on pratiquait également l'ablation des ovaires sur des poulettes destinées à devenir des poulardes. De nos jours il s'agit seulement de poulettes qui n'ont pas encore pondu, et qu'on engraisse de la même manière que les chapons. Chapons et poulardes sont plus corpulents et ont une chair plus grasse que leurs équivalents non castrés.
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Cette sous-espèce, bien que d'origine tropicale, a une répartition géographique très large, due à l'action des humains. Elle s'adapte à une multitude de milieux, si l'on excepte les hautes latitudes, au-delà du cercle polaire, où les jours sont trop courts en hiver. Les yeux des poules ne leur permettent pas de voir la nuit (absence de bâtonnets), ce qui en fait un animal diurne exclusivement.
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La poule est un animal terrestre et nidifuge.
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C'est un animal adapté à la course (trois doigts posés au sol), et volant peu.
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Le coq se distingue de la poule par sa taille plus importante, par une crête rouge vif sur la tête et ses barbillons plus développés, par ses ergots, par les coloris plus éclatants de son plumage et par sa queue en panache de plumes. Il se distingue aussi par son cri, le « cocorico » qu'il commence à pousser vers l'âge de 15 semaines (4 mois) bien avant sa maturité sexuelle qui débute vers 25 semaines (6 mois) avant d'être pleinement efficace vers 37 semaines (9 mois). La fertilité du coq décline assez rapidement puisque le coq n'est pleinement fertile que de 9 à 15 mois.
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Le coq tient un rôle spécifique dans le troupeau. Lorsqu'il trouve un point d'alimentation intéressant (vers, larves, insectes), il le signale aux poules et les laisse manger sa trouvaille. Lorsqu'un prédateur s'approche ou qu'un rapace survole le troupeau, il donne l'alerte en poussant un grondement particulier. Dès qu'elles l'entendent, toutes les poules se mettent à l'abri sous un arbre ou un buisson. En cas d'attaque, le coq est celui qui fera face aux prédateurs. Il se sacrifie souvent pour donner le temps aux poules de s'enfuir.
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La combativité naturelle des coqs est mise à profit pour organiser des combats. Cette tradition fut très vivace dans le Nord de la France, où elle peut encore être observée, et en Belgique, où elle est désormais interdite. Elle perdure également dans le sud-est asiatique, en Amérique du Sud et centrale, ainsi qu'aux Antilles.
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À la suite de dérèglements hormonaux, une poule ménopausée peut prendre partiellement les caractères sexuels secondaires du coq.
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Dans une basse-cour, les poules sont clairement rangées par ordre de priorité pour la nourriture, les perchoirs, les partenaires sexuels ; généralement, la hiérarchie de dominance est linéaire : elle comporte un animal A qui domine tous les autres, un animal B qui les domine tous sauf l'animal A, etc. De la même manière, une hiérarchie de dominance règne au sein des coqs.
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Les poules sont dotées d'une intelligence assez développée. Par exemple, elles sont capables de reconnaître individuellement chacune des poules du poulailler, même sur photographie[1].
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Elles sont également dotées d'empathie. Une étude britannique en 2011 montre que les poules sont sensibles aux souffrances de leurs semblables (augmentation de leur rythme cardiaque et de leurs gloussements lorsqu'elles sont en présence de leurs poussins dont les plumes sont ébouriffées par des souffles d'air)[2],[3].
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La poule cagnette, caquette (quand elle pond), claquette, cloque (quand elle parle à ses poussins dans l'œuf), clousse (quand elle couve), crételle, glousse (quand elle converse avec ses congénères). Il lui arrive même, rarement, de chanter comme un coq. Son répertoire comporte autour de 24 cris différents, associés à des événements particuliers (différents types de menace, présence de nourriture, etc.)[3].
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Le poussin pépie, piaille, piaule. Son cri est appelé le pépiement.
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Le coq se distingue aussi par son cri, le « cocorico » dont la transcription phonétique varie selon les langues (cock a doodle do en anglais, quiquiriqui en espagnol, kokeriko en espéranto, kukeleku en néerlandais, etc.). Le chant du coq est inné, il n'est pas appris. Des concours de chant de coq sont organisés[4].
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« Cocorico » est aussi un symbole du chauvinisme français, probablement parce que ce cri est interprété comme une manifestation d'orgueil de la part du coq[réf. nécessaire], mais surtout parce que le coq gaulois est l'emblème du pays.
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Si on la laisse en plein air, une poule passe la majeure partie de son temps à déambuler dans l'espace enherbé qu'on met à sa disposition. Elle picore quelques végétaux mais passe surtout beaucoup de temps à gratter le sol à la recherche d'invertébrés, d'insectes ou autres petits animaux (vers, fourmis, amphibiens, lézards, petits rongeurs, etc.) qui lui apportent les protéines dont elle a besoin. La poule est donc une solution idéale pour retourner régulièrement un tas de compost ou de fumier.
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Si elle n'a pas accès à un lieu enherbé, une poule pondeuse adulte mange entre 100 et 150 grammes de provende par jour soit environ 45 kg/an[5], en sachant qu'elle mange plus en hiver qu'en été pour résister au froid, et que les besoins augmentent aussi pendant la période de mue. Lorsque les poules mangent moins à cause de la chaleur, il est conseillé de leur donner des aliments plus concentrés pour qu'elles aient un apport suffisant en éléments nutritifs malgré la diminution de leur consommation.
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Idéalement, cette volaille doit avoir libre accès à la nourriture et à l'eau pour pouvoir en consommer à volonté. En général, elle se contente de la quantité nécessaire à la satisfaction de ses besoins nutritifs. À défaut, deux repas par jour sont recommandés[6].
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L'oiseau est omnivore. Son alimentation varie selon qu'il s'agit d'un poulet en croissance (plus de protéines), d'une poule pondeuse industrielle (plus de calcaire) ou d'un reproducteur mais elle se compose généralement de :
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Les minéraux peuvent être fournis de façon précise sous forme de granulés disponibles dans le commerce ou sous forme plus aléatoire à partir de divers fruits, légumes, feuilles et graines d'herbacées tels que :
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L'apport de graines de lin à l'alimentation des poules permet d'augmenter la teneur en oméga 3 des œufs.
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L'accès à la végétation d'un parcours permet à la poule d'avoir un fort apport en caroténoïdes (lutéine, zéaxanthine) qui donnent une couleur intense au jaune d’œuf[10] (les capucines, les roses d'Inde, le chou kale et les pissenlits sont les aliments les plus riches en lutéine). Les poules élevées en cage reçoivent une alimentation enrichie en zéaxanthine de synthèse pour avoir un jaune de couleur soutenue.
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On peut également préparer des pâtées. Ainsi la poule de Bresse (seule volaille dont l'appellation d'origine est préservée administrativement) est engraissée pendant les deux dernières semaines uniquement de farine de maïs blanc délayé dans du lait et elle est abreuvée au lait et petit lait, ce qui contribue à lui donner une chair blanche.
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Les agriculteurs spécialisés (nommés « aviculteurs » par l'administration française) considèrent qu'il faut 4 kg de céréales pour produire 1 kg de poulet[11].
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On trouve dans le commerce des mélanges de grains ou des granulés dont la composition correspond exactement aux besoins des volailles selon leur type (pondeuse, poulet de chair ou poussins). Les mélanges de grains sont appréciés des volailles mais, comme elles peuvent trier, il arrive que certaines graines ne soient pas consommées. Les granulés évitent ce genre de problème mais ils sont parfois boudés par les volailles.
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Poules et coqs sont sexuellement matures à partir de l'âge de cinq à neuf mois selon les races et la quantité de lumière reçue pendant les premiers mois (plus on éclaire de jeunes poules, plus elles seront matures jeunes mais plus la taille de leurs œufs sera réduite[12]).
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La pleine maturité des poules et des coqs survient entre huit et quinze mois, ce sont donc des volailles de cet âge qu'il faut utiliser de préférence lorsqu'on cherche à faire de la reproduction. En effet, à partir de seize mois, les coqs sont moins fertiles[13] et les poules pondent des œufs plus gros, plus fragiles et moins nombreux.
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La taille et le poids des œufs évoluent avec l'âge de la poule. La poule pond (même en l'absence d'un coq) un œuf par jour ou un tous les deux jours (en moyenne un œuf tous les 26 heures, soit cent à trois cents œufs par an selon les races et l'âge). Ils sont de couleurs variées selon les races de poules pondeuses. Les consommateurs urbains achètent certaines couleurs : œufs roux en Europe, blancs aux États-Unis, par exemple ; cela procède d'un préjugé fortement ancré socialement.
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Animal ovipare, les œufs de la poule correspondent à des ovules non fécondés. L'œuf ne peut bien sûr être fécondé que s'il y a présence d'un coq, ce qui permettra de donner naissance aux poussins. En aviculture, il est conseillé pour obtenir un bon résultat de fécondation d'avoir un cheptel équilibré entre mâles et femelles :
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La poule ovule de nouveau 15 à 20 minutes après avoir pondu. On pense souvent que la poule caquète après la ponte pour manifester sa « joie » mais il s'agit en fait d'un appel au coq pour lui préciser que c'est le moment où elle est fécondable (environ trente minutes par jour). En effet, une fois qu'un nouveau jaune est engagé dans l'oviducte, le coq ne coche plus la poule car ses spermatozoïdes seraient rejetés par l’œuf cheminant en sens inverse. De fait, le premier œuf pondu après un coït est fécondé (si le coq produit un sperme de bonne qualité).
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Après chaque coït, la poule conserve des spermatozoïdes utilisables sur les œufs qui seront pondus dans les une à trois semaines suivantes mais cela n'empêche pas le coq de la « cocher » quotidiennement.
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L'intensité de ponte correspond au nombre d’œufs pondus sur une période donnée. Ainsi, si une poule pond neuf œufs en dix jours, elle a une intensité de ponte de 90 % sur cette période. Ce ratio varie en fonction de l'âge de la poule et des saisons avec des séries de ponte sans pause plus longues en été qu'en hiver. Lors du pic de ponte, une poule peut faire des séries ininterrompues de ponte de vingt à trente œufs sans aucune pause. Les séries de ponte sont fonction des séquences d'ovulation et d'ovoposition (acte de pondre et de placer ses œufs dans un endroit particulier)[14]. La durée des séries diminue avec l'âge de la poule.
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Le seuil d'intensité de ponte minimal de rentabilité des poules industrielles est de 65 % soit environ vingt œufs par mois. L'âge de l'intensité de ponte maximale des poules « industrielles » se situe entre sept et neuf mois (90 % d'intensité de ponte soit environ 27 œufs par mois). À partir de neuf mois, l'intensité de ponte diminue progressivement pour attendre 65 % vers seize mois (âge auquel elles sont abattues pour être remplacées par de nouvelles poules de cinq mois).
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Dans son aire d'origine, la poule pond toute l'année, les saisons n'étant pas marquées. Dans les zones tempérées, l'intensité de ponte diminue quand les jours raccourcissent (de juillet à décembre pour éviter d'avoir des poussins pendant la saison froide). L'intensité de ponte augmente quand les jours rallongent car l'hormone déclenchant l'ovulation n'est produite qu'après au moins dix heures d'exposition de la poule à la lumière (notion de photopériode).
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La ponte peut s'arrêter temporairement pour différentes raisons :
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Chaque année, la poule diminue son intensité de ponte d'environ 20 %, jusqu'à épuisement des ovocytes (ménopause, vers 7-9 ans)[15].
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Si une poule reçoit au moins dix heures de lumière en une journée, elle libère, le lendemain matin, un ovocyte dans l'oviducte. Cet ovocyte aura passé les dix jours précédant sa libération à accumuler des réserves nutritives pour former le vitellus (plus connu sous le nom de « jaune d'œuf »), c'est la période dite de vitellogénèse où l'ovule passe de 200 mg à 15 g[14].
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Le vitellus est d'abord libéré seul dans l’infundibulum (c'est seulement là qu'il est fécondable si du sperme est disponible. Les spermatozoïdes mettent entre 15 minutes et 24 heures après le coït pour remonter du vagin à l'infundibulum) puis, en passant dans le magnum, il s'entoure d'albumen (le blanc) et des chalazes (durée : 3 heures), de membranes coquillières en passant dans l'isthme (durée : 1 à 1,5 heure) puis la coquille est fabriquée dans la glande à coquilles de l'utérus en seize à dix-neuf heures. La coquille ne mesure que 0,3 mm d'épaisseur mais, à la verticale, un œuf peut supporter un poids de 3 kg. Enfin, l'œuf est recouvert d'une cuticule de protection. Pendant tout le trajet, l'œuf se déplace la pointe en avant mais il est retourné lors de la calcification et sort donc par le gros bout. La ponte a lieu le plus souvent en fin de matinée.
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Le temps total nécessaire pour transformer un ovule et son vitellus en un œuf complètement développé est d'environ 25 à 26 heures. Environ 30 à 75 minutes après qu'une poule a pondu un œuf, l'ovaire libère l'ovule suivant. Cependant, l'ovulation se produit habituellement dans des conditions optimales de lumière du jour et donc presque jamais après 15 h. Ainsi, lorsqu'une poule pond un œuf trop tard dans la journée, la prochaine ovulation se produit le lendemain, et la poule a donc un jour de pause où elle ne pond pas d’œuf[16].
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Les œufs sont pondus dans des nids grossièrement bâtis. Une fois que huit à douze œufs sont déposés dans le nid, la poule commence à couver si elle est âgée d'au moins 40 semaines[17] et appartient à une race couveuse comme la poule soie, l'Orpington, la Sussex ou la Cochin par exemple). On dit qu'une poule n'est pas bonne couveuse quand elle couve peu ou mal, c'est-à-dire qu'elle se désintéresse de ses œufs après une ou deux semaines de couvaison (cas fréquent avec les poules hybrides industrielles).
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Lors de la couvaison, la poule change de comportement. Elle se met à glousser dès qu'on l'approche et se déplume au niveau du bréchet, le tout étant déterminé par une augmentation du taux de progestérone. Les œufs sont alors incubés : la poule se lève une fois par jour pour s'alimenter et prendre un bain de terre pour se nettoyer (dans un poulailler, on pourra mettre en place un bac abrité de la pluie et rempli de sable, cendre, copeaux de bois et poudre insecticide) ; elle retourne régulièrement les œufs (indispensable au développement harmonieux du fœtus).
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Contrairement à une idée très répandue, la température des poules en période de couvée diffère à peine de celle des poules en période normale[18]. La température moyenne du corps d’une poule varie entre 40,5 et 41,7 °C. Au départ de la couvaison, la poule diffuse beaucoup de chaleur, mais vers la fin, elle chauffe moins les œufs, le métabolisme des poussins prenant le relais. Le développement embryonnaire s'effectue au cours d'une période d'incubation pendant laquelle l'œuf est maintenu à une température d’environ 38 à 39 °C (température optimale au centre d’un œuf incubé). Lorsque la couvaison est assurée par une poule (et non par une couveuse), la surface supérieure de l’œuf peut atteindre 39,4 °C mais si l'embryon est exposé à une température supérieure, il ne survit pas.
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La poule ne commence à couver qu'au dernier œuf pondu, de manière que les poussins se développent et éclosent en même temps (il faut dix-neuf à vingt-et-un jours, selon les races et la taille). Un œuf fécondé peut donc se conserver une quinzaine de jours avant d'être couvé et donner naissance à un poussin[19]. Une fois la couvaison démarrée, il est recommandé de déplacer la poule et ses œufs (à la nuit tombée) dans un espace isolé des autres poules pour que la poule couveuse ne soit pas dérangée par les autres poules qui voudront continuer à pondre dans leur pondoir habituel. Le déplacement est aussi utile pour protéger les poussins à la naissance car ils peuvent être tués par les autres poules lors de leur premier mois. En cas de déplacement, il est possible que la poule cesse de pondre dans les deux ou trois jours suivants.
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Les poussins sont élevés d'un à trois mois selon les races. Les jeunes s'emplument progressivement (les mâles ont parfois un retard d'emplumage qui facilite le sexage[20]). Lorsque le taux de progestérone baisse chez la mère, et qu'elle va recommencer à pondre, elle rejette les jeunes, qui vivent alors en fratrie jusqu'à l'âge adulte.
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La couvaison peut être stimulée en laissant les œufs s'accumuler dans un pondoir à l'abri de la lumière pendant une quinzaine de jours[14].
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Le déclenchement de la couvaison est due à la sécrétion de l'hormone prolactine par le lobe antérieur de l'hypophyse. L'injection de prolactine chez les poules provoque l'arrêt de la ponte en quelques jours avec régression des ovaires.
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Les poules pondeuses industrielles sont sélectionnées pour leur faible aptitude à la couvaison puisqu'une poule qui couve cesse de pondre pendant les vingt-et-un jours de la couvaison et pendant le mois suivant où elle s'occupe de sa progéniture. Les poussins industriels sont donc incubés en incubateurs artificiels automatisés à une température de 37,5 °C en couveuse ventilée ou 39 °C en couveuse simple.
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Les poules muent chaque année généralement en fin d'été ou en automne. La première mue intervient vers 70 semaines soit 16 mois. C'est pour cette raison que les producteurs d’œufs renouvellent leur cheptel tous les 16 mois.
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La mue s'effectue progressivement en démarrant par la tête pour finir par la queue. Elle peut durer de 2 à 6 mois (selon les races). Les poules à mue longue muent dès l'été. Elles sont généralement écartées de la sélection car la période de mue est une période à ponte réduite voire nulle. Les poules à forte intensité de ponte ont toujours une période de mue réduite[14].
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La perte de plumes n'est pas toujours due à la mue. Une attaque de parasites ou un coq trop entreprenant peuvent entraîner également la chute de plumes.
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Lors de la mue, la poule a besoin d'un apport plus important en protéines. On pourra par exemple lui donner des vers de farine, des graines de tournesol, des œufs brouillés, de la nourriture pour chat ou du poisson.
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Compte tenu de la fragilité des nouvelles plumes, mieux vaut ne pas porter une poule et ne pas tailler ses plumes des ailes lorsqu'elle mue. Il convient également de limiter les facteurs de stress pendant cette période. On évitera par exemple d'introduire de nouvelles poules dans le groupe à cette période.
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Une mue peut être volontairement induite par un stress tel qu'une baisse de luminosité soudaine ou une privation de nourriture ou d'eau pendant 7 à 28 jours par exemple[21]. Certains éleveurs américains (la pratique de la mue forcée est interdite dans de nombreux pays) induisent donc une mue après 50 semaines de production de façon à avoir ensuite un second cycle de ponte intense de 35 semaines.
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Les particuliers propriétaires de poules se demandent souvent pourquoi leurs poules ne pondent plus, ou moins. Le phénomène est généralement dû à une période de mue en cours ou à un âge trop avancé de la poule.
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Si la longévité de la poule peut atteindre dix-huit ans, les prédateurs, les nombreuses maladies et sa santé fragile ne lui permettent que rarement de vivre plus de douze ans. La ménopause survient vers 7-9 ans, lorsque les 600 à 1000 ovocytes de l'ovaire unique sont épuisés. Cependant, elle survient beaucoup plus tôt pour les poules d'élevage.
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Les poules pondeuses sont généralement abattues après une saison de ponte vers l'âge de 18 mois (70 à 80 semaines). Elles pourraient continuer à pondre, mais seulement après une période de mue et d'improductivité de deux à trois mois qui affecterait la rentabilité si on continuait à les nourrir pendant cette période. De plus, pendant la mue, la poule est plus sensible aux maladies et par la suite, ses œufs sont moins nombreux (environ 20 % d’œufs en moins chaque année), trop gros pour entrer dans les emballages de la grande distribution et plus fragiles (car la quantité de calcaire utilisée pour fabriquer la coquille est programmée génétiquement et reste donc identique pour un œuf plus gros, la coquille est donc plus fine et plus poreuse[22]).
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En captivité, le coq et la poule domestiques ont besoin d'un poulailler pour vivre, entre autres pour se protéger du vent et de la pluie. Cet abri comporte perchoirs, nids (caisses stables remplies de foin ou paille) et abreuvoirs. Il mesure environ 1 m² pour 2 poules.
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Différents espèces de gallinacés sauvages sont apparues sur chaque continent : le tétras en Europe, la pintade en Afrique, la dinde en Amérique et le coq doré (Gallus gallus) en Asie. C'est cette dernière espèce qui a donné lieu à la première domestication dans plusieurs régions d'Asie du Sud-est vers -6 000 avant JC[23]. Puis sa forme domestique s'est diffusée dans le monde entier pour la production de viande et d'œufs, si on se base sur le fait que le mot pour désigner le poulet domestique — *manuk — appartient à la langue reconstituée proto-austronésienne. Les poules, avec les chiens et les cochons, faisaient partie des animaux domestiques de la culture Lapita, la première culture néolithique de l'Océanie[24].
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Grâce au commerce antique et aux mouvements de populations, les poules ont atteint tous les continents. En Égypte, en Grèce et en Italie, on les élevait pour l'alimentation, les combats, mais aussi comme animal d'ornement[25].
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Les premières représentations de poules en Europe se trouvent sur les céramiques corinthiennes du VIIe siècle av. J.-C. Le premier élevage de poules retrouvé, était situé en Judée, pendant la période hellénique[26].
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Sur l'île de Pâques, les poules n'ont été introduites par les navigateurs polynésiens que vers le XIIe siècle, et elles y étaient le seul animal domestique. Elles étaient logées dans des poulaillers de pierre particulièrement solides[27].
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De même, les poules Araucana qui pondent des œufs à coquille bleue-verte[28], sont arrivées en Amérique bien avant l'explorateur Christophe Colomb. Elles y ont été introduites par les Polynésiens, selon une étude génétique publiée dans les Annales de l'Académie nationale des Sciences.
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Vers 1850, les premières poules asiatiques « géantes » comme la Cochin furent introduites en Europe et donnèrent lieu à ce qu'on appela alors la « Cochinmania »[29].
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Le génome de la poule est composé de 39 chromosomes (2n=78) dont 5 macro chromosomes, 33 micro chromosomes et un chromosome sexuel (système ZW de détermination sexuelle)[30]. Le coq (ZZ) a 2 chromosomes Z alors que la poule (ZW) a un chromosome Z et un chromosome W (celui-ci est vide et n'a qu'un rôle sexuel). Les gènes qu'on trouve sur le chromosome Z sont dits « liés au sexe » (sex link) et les gènes présents sur les autres chromosomes sont dits autosomaux.
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L'amélioration génétique des différentes souches de poules a permis d'améliorer énormément la productivité au cours des 50 dernières années. En 1950, les meilleurs poules pondeuses pondaient 160 œufs par an contre 320 en 2015. Dans le même temps, les troupeaux ont vu leur taux de mortalité passer de 50 % à 5 % grâce à la vaccination et la quantité de nourriture nécessaire a été divisée par deux grâce à la réduction du poids des pondeuses.
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Comme les poules ont seulement un allèle lié au sexe pour un locus donné, les allèles dominants et récessifs liés au sexe sont exprimés avec un seul gène (dit « hémizygote »). Si un allèle récessif lié au sexe est homozygote chez le mâle et qu'un allèle dominant lié au sexe est présent chez la femelle, tous les mâles issus du croisement hériteront du gène dominant lié au sexe de la mère, et toutes les femelles hériteront du gène récessif lié au sexe du père. L'inverse (père avec allèles dominants et mère avec allèle récessif) ne fonctionne pas de la même manière car tous les descendants auront le gène dominant.
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Par exemple, dans un croisement de type « Red sex link », on croise un mâle doré (donc à gène sexuel homozygote récessif s+/s+) avec une femelle argentée (donc à gène sexuel hémizygote dominant S/-), on obtient alors obligatoirement des mâles uniquement argentés (S/s+) et des femelles uniquement rousses (s+/-) car l'allèle sexuel des femelles est obligatoirement donné par le père.
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Ce phénomène est parfois utilisé pour sexer les poussins à la naissance.
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En raison de l'existence d'un gène blanc dominant (comme chez la Leghorn par exemple), il est impossible d'utiliser une volaille blanche pour faire du sex link[31].
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La couleur d'une poule peut beaucoup évoluer entre le stade poussin et le stade mature. Par exemple, un poussin noir peut donner une poule barrée, un poussin jaune peut devenir blanc, etc. Il faut donc attendre la maturité (vers cinq à six mois) pour connaitre la couleur définitive d'une poule (sauf si on connait ses caractéristiques génétiques qui, dans certains cas, permettent d'être fixés au préalable).
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La poule ne dispose que de deux pigments pour créer ses différentes couleurs de robe : un pigment roux appelé phéomélanine (qui donne toutes les nuances du rouge au jaune en passant par le brun, le beige et l'orangé) et un noir appelé eumélanine (qui donne toutes les nuances de gris clair, foncé ou bleuté).
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Certains gènes affectent uniquement les zones de phéomélanine. Par exemple :
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Certains gènes affectent uniquement les zones d'eumélanine. Par exemple si la poule dispose des gènes bleus Bl ou brun Id, l'eumélanine est diluée en ces couleurs.
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D'autres gènes affectent à la fois l’eumélanine et la phéomélanine, par exemple, le gène Lavande -lav dilue l'eumélanine en lavande pâle et la phéomélanine en beige pâle.
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Trois gènes différents peuvent être à l'origine d'un plumage blanc, ce qui rend plus complexe la gestion de cette couleur :
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Certains caractères s'expriment plus ou moins selon le nombre d'allèles qui les expriment. Par exemple, un coq barré homozygote B/B aura des rayures blanches plus épaisses et aura donc une apparence plus claire qu'un coq B/b+. Une femelle B/- (gène lié au sexe) aura le même type de rayures qu'un mâle B/b+ puisque le dosage de B est identique. Les femelles barrées ont une apparence plus foncée car elles ne peuvent pas porter qu'un gène barré puisque c'est un gène lié au sexe.
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Autre exemple, le croisement d'une poule naine (dw/-) avec un coq normal (Dw/Dw) donnera des mâles normaux mais un peu plus petits (Dw/dw) et des femelles normales (Dw/-)
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Le 9 décembre 2004, la revue scientifique Nature a annoncé qu'une équipe internationale de 170 chercheurs est parvenue à établir le séquençage du génome de la poule. C'est le premier génome d'oiseau séquencé.
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Elle serait issue des sous-espèces du coq doré, ainsi que d'autres sous-espèces disparues, car :
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L'amélioration génétique de la poule fait l'objet de nombreuses recherches par les grandes multinationales productrices d’œufs et de poussins. Les amateurs sont aussi nombreux à faire des essais de croisements et peuvent s'aider de calculateurs génétiques disponibles sur Internet[33].
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Il existe plus de 200 grandes races de poules (dont 45 françaises), de forme, de taille et de couleur diverses et autant de races naines.
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Coq crèvecœur.
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Poule gâtinaise.
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Poule nègre-soie, variété blanche.
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Coq orpington fauve.
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Padoue frisée blanche.
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Poule Rhode Island.
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Plymouth barrée.
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Poules issues de croisements, de type « industriel ».
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Traditionnellement, l'élevage se faisait en basse-cour. Dès le Moyen Âge, chaque ferme ou même chaque maison villageoise avait un poulailler qui fournissait des œufs pour la consommation familiale et pour la vente au marché, ce qui permettait un revenu régulier même avec un effectif très réduit.
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La gestion du poulailler était le domaine des femmes et des enfants.
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L'élevage industriel utilise le plus souvent des cages disposées en batteries ou au sol, dans des poulaillers. Le législateur a dû intervenir pour réglementer l'espace vital des poules en batterie. Pour sa part, le Conseil de l'Union européenne a pris la directive 1999/74/CE qui impose que les cages aménagées offrent une surface minimale de 750 cm2 par animal (contre 500 cm2 auparavant). Cette directive entre en application en novembre 2011.
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Pour stimuler la ponte, l'accouveur joue sur l'éclairage dont la durée quotidienne est progressivement augmentée pour atteindre jusqu'à seize heures en période de ponte.
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L'aviculture pose des problèmes de maltraitance animale. L'INRA constatait en 2004 que 75 à 90 % des poulets claudiquaient, dont 26 à 30 % « sévèrement ». Selon le Canard enchaîné du 26 juillet 2006, qui rapporte ces chiffres, ils passent près de 90 % du temps couchés faute d'espace (contre 60 à 70 % dans les années 1980), ce qui entraîne des déformations des pattes.
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En 2014, la France était le quatrième plus gros producteur européen de poulets (derrière la Pologne, le Royaume-Uni et l'Allemagne) avec 500 millions de poulets de chair et 47 millions de poules pondeuses. La consommation moyenne annuelle de poulet était de 26 kg par habitant[34]. En 2016, ont été élevés et abattus : 66 milliards de poulets dans le monde, 7,4 milliards de poulets au sein de l’Union européenne, 800 millions de poulets en France[35].
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De tous les œufs mis sur le marché, les œufs de poule sont de loin les plus consommés.
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Un coquelet est un poulet qui est abattu à un poids inférieur à un kilogramme (alors que le poids d'un poulet standard peut varier de 1,5 à 2,5 kg et plus).
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On choisit une race de poules en fonction de l'usage qu'on souhaite en faire. En effet, il existe des races :
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En hiver, les poules pondent moins, voire pas du tout. Pour assurer une petite production d’œufs durant cette période froide, on peut opter pour une poule réputée bonne pondeuse l’hiver, telles que l’Orpington, la poule d’Alsace, la géline de Touraine, la gâtinaise ou la Faverolles.
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Il existe différents modes d'élevages[40] :
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Élevage fermier en plein air (à la belle saison, les poules trouvent l'essentiel de leur ration sur les parcours)
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Élevage en parcs type Label Rouge (les bandes de poules sont alimentées par l'éleveur)
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Élevage intensif au sol
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Élevage en batterie industriel de poules pondeuses issues de Leghorn - « type américain ».
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La poule est la proie de nombreux prédateurs : renard, chien domestique ou errant, fouine, belette, rat, rapaces, etc. Dans un élevage, la seule solution efficace contre la majorité des prédateurs est la clôture électrifiée (en bas et en haut). Les poussins sont des proies encore plus faciles qu'il convient de protéger étroitement au moins les 3 premiers mois.
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Grâce au séquençage du génome du coq Bankiva, dernier ancêtre sauvage des poules domestiques, on a trouvé une mutation du récepteur de l'hormone thyréostimuline. Cette mutation a libéré la poule de sa dépendance (pour la reproduction et de ponte) à la durée du cycle jour-nuit. Cette mutation semble dater de plusieurs milliers d'années et elle a permis aux poules domestiques de pondre presque toute l'année, ou toute l'année quand on les éclaire artificiellement[42].
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En France[43],[44]
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En 2010 :
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En 2008 :
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Plus de 80 % de la production française en œufs provenaient d'élevages en batteries.
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En Europe, le marquage des œufs commercialisés pour la consommation humaine est facultatif. Pour les paysans producteurs fermiers, ce droit au non-marquage est soumis :
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Certains aspects seront susceptibles d'être vérifiés pas la DDT ; d'autres par la DGCCRF.
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Pour les autres productions d’œufs (y compris pour des productions incluant la dénomination « Œufs fermiers » sous forme de marque commerciale), le passage par un centre d'emballage agréé et l'impression d'un code sur les coquilles est obligatoire :
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+
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Le poulet est sensible à de nombreuses maladies, dont la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1 notamment). Mais aussi la salmonellose, transmissible à l'homme, la coccidiose (maladie liée à la non-propreté du poulailler), qui ne l'est pas, et de nombreux autres virus et parasites mortels.
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+
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Tous les poussins issus de l'industrie avicole sont généralement vaccinés dans l’œuf (vaccination In Ovo) ou à la naissance par injection ou vaporisation notamment contre le virus de la bronchite infectieuse aviaire, la maladie de Newcastle, la maladie de Marek, la maladie de Gumboro et la coccidiose.
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La vermifugation est recommandée pour lutter contre les vers tels qu'ascaridia et capillaria qui peuvent envahir l'intestin des volailles et les affaiblir. D'autres parasites tels que le pou rouge ou le pou mallophage (ou broyeur) s'attaquent aussi fréquemment aux poules en contact avec les oiseaux sauvages.
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Expressions autour de la poule
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Musique :
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Sculpture :
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Der erste Schnee, par Ludwig Richter, 1840.
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Gustav Klimt : Garten mit Hühnern in St. Agatha, 1899.
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Poule et poussins, par un artiste chinois anonyme de la Dynastie Song (960–1279).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2123.html.txt
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République de Gambie
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(en) Republic of The Gambia
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13° 28′ N, 16° 36′ O
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modifier
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La Gambie, en forme longue la république de Gambie, en anglais Gambia ou The Gambia, et Republic of The Gambia, est un pays situé en Afrique de l'Ouest.
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Enclavée dans le Sénégal au nord, au sud et à l'est, la Gambie est bordée à l'ouest par l’océan Atlantique. Ces limites correspondent au cours et à la vallée du fleuve Gambie, qui coule à travers le pays et se jette dans l’océan Atlantique. Sa superficie est de 11 300 km2 (pays d'Afrique continentale ayant la plus petite superficie) pour une population d'un peu plus de deux millions d'habitants (estimation 2018). Banjul est la capitale et les plus grandes villes sont Serrekunda et Brikama.
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+
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+
La Gambie partage des racines historiques avec les autres pays d’Afrique de l'Ouest qui ont connu la pratique de la traite des esclaves. Le commerce des esclaves est à l'origine de la mise en place et de la tenue d'une colonie sur le fleuve Gambie ; d'abord par les Portugais, époque au cours de laquelle le pays s'appelle « A Gâmbia », et plus tard par les Britanniques. En 1965, la Gambie obtient son indépendance du Royaume-Uni.
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14 |
+
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+
Depuis son indépendance, la Gambie a eu trois dirigeants : le président Dawda Jawara, qui a gouverné le pays de 1970 à 1994 avant que Yahya Jammeh prenne le pouvoir lors d'un coup d’État en tant que jeune officier de l'armée. Le 1er décembre 2016, Adama Barrow gagne l'élection présidentielle mais le président sortant, Yahya Jammeh, ne reconnaît pas sa défaite. Une délégation de la CÉDÉAO (dont la Gambie est un État membre) a tenté de régler la situation pacifiquement, mais à l'issue de l'échec des négociations, le 19 janvier 2017, l'armée sénégalaise est intervenue en Gambie, à la suite du vote d'une résolution de l'organisation des Nations unies (ONU). Le soir du 21 janvier 2017, Yahya Jammeh décide, sous la pression de l'ONU et des pays voisins, de quitter la Gambie, et de s'exiler en Guinée équatoriale. Cette décision permet désormais à Adama Barrow d'exercer le pouvoir.
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+
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+
L'économie de la Gambie est dominée par l'agriculture, la pêche et le tourisme. Environ un tiers de la population vit sous le seuil international de pauvreté de 1,25 dollar par jour.
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+
La Gambie est un pays quasiment enclavé dans le Sénégal avec lequel elle partage 749 km de frontière terrestres. Son territoire s’étend le long des 320 derniers kilomètres du cours du fleuve Gambie jusqu'à son embouchure, et de 20 à 50 km de part et d’autre des rives du cours d'eau. Son littoral donnant sur l'océan Atlantique s'étend sur 80 km, avec sa capitale Banjul, principale ville du pays, qui se trouve à l'embouchure du fleuve Gambie. Le relief du pays est plat et ne s’élève jamais au-delà de 53 mètres au-dessus du niveau de la mer[1].
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+
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+
La situation d'enclave pose dès les origines la question du contrôle des frontières des deux empires français et britannique. La Gambie et son port, Banjul, sont un lieu de trafics commerciaux et de contrebandes, notamment des ressources naturelles de Casamance, mal reliée au reste du Sénégal.
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Des conflits récurrents pour le contrôle des flux commerciaux alternent avec des tentatives de coopération avec, par exemple, une Confédération de Sénégambie, de 1982 à 1989. En 2016, la frontière avec le Sénégal est bloquée durant trois mois par le Sénégal, perturbant le lien vers la Casamance[3],[4].
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+
La Gambie a un climat tropical, avec une saison chaude et pluvieuse (avec des précipitations de 900 à 1 400 mm, croissantes d’est en ouest), de juin à novembre, et une saison plus fraîche de décembre à mai avec moins de précipitations.
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26 |
+
Ce climat est semblable à celui du Sénégal, du Mali et du Nord du Bénin[5].
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+
En 2004 la Gambie possède 3 742 km de routes dont 723 km goudronnées, et 400 km de voies navigables.
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Elle est dépourvue de réseau ferré[6].
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+
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+
L'aéroport de Banjul est le seul aéroport international du pays.
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+
Les commerçants arabes donnent les premiers témoignages écrits de la région aux environs du IXe et du Xe siècle. Au cours du Xe siècle, les marchands et savants musulmans établissent des communautés dans plusieurs centres commerciaux de l'Afrique de l'Ouest ; s'établissent alors des routes commerciales à travers le Sahara, entraînant un grand commerce d’exportation d'esclaves, d'or et d'ivoire et d'importation de produits manufacturés.
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+
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+
Vers le XIe ou le XIIe siècle, les dirigeants des royaumes tels que le Tekrour (une monarchie centrée sur le fleuve Sénégal, juste au nord), ancienne Ghana et Gao, sont convertis à l'islam. Au début du XIVe siècle, la Gambie fait partie de l'empire du Mali. Les Portugais atteignent la zone par la mer dans le milieu du XVe siècle, et commencent le commerce extérieur.
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+
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+
À son apogée, au XIVe siècle, l'empire du Mali s'étend jusqu'en Gambie.
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En 1455, les Portugais installent des comptoirs le long du fleuve Gambie à partir desquels ils organisent la traite des Noirs. Le Portugal vend ses droits sur ces territoires au Royaume-Uni en 1588. En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique achète de la terre en Gambie.
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De 1651 à 1661, une partie de la Gambie, l'île de Saint Andrews, actuelle île James, constitue une colonie de la république des Deux Nations, polonaise et lituanienne, par le biais de son duché de Courlande. Pendant presque un siècle, l'embouchure du fleuve Gambie est disputée entre le duché de Courlande, fondateur du Fort James, et la Hollande. La Courlande était un duché vassal de la Pologne-Lituanie à l'époque, situé sur le territoire de l'actuelle Lettonie et qui disposait d'une importante flotte commerciale. À l'issue des disputes[Mal dit], les Britanniques prennent le dessus.
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Le Fort James sert de base commerciale et d'escale de traite pendant les siècles de l'esclavage et du commerce triangulaire en Atlantique, comme d'autres escales de la côte (Gorée, îles de Loos…). C'est la première et plus ancienne implantation pérenne des Européens en Gambie.
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En 1723, la Compagnie britannique d'Afrique acquiert une série de terres autour du fleuve Gambie et les Britanniques s'établissent en Gambie lors de la « capture » du Sénégal en 1758. Les Français et les Anglais se disputent longuement le territoire. Le traité de Versailles de 1783 attribue la Gambie au Royaume-Uni, à l'exception de l'enclave d'Albreda (actuel North Bank). À partir du XVIIIe siècle, les Britanniques occupent ce petit territoire enclavé dans le Sénégal. Ils y abolissent la traite négrière en 1807, puis l'esclavage en 1833. En 1807, le Royaume-Uni supprime le commerce des esclaves partout dans son empire et donc en Gambie. Les bateaux négriers interceptés par l'escadre de l'Afrique occidentale de la Marine royale en Atlantique se rendent en Gambie, avec des esclaves libérés dans l'île MacCarthy loin en haut du fleuve Gambie où on s'est attendu à ce qu'ils aient établi de nouvelles bases de vie. Les Britanniques établissent en 1816 sur le continent, à l'embouchure du fleuve Gambie, le poste militaire de Bathurst, maintenant Banjul, actuelle capitale de la Gambie.
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Pendant la Révolution Française, entre 1793 et 1816, la Grande-Bretagne occupera les comptoirs français au Sénégal, dont Saint Louis. En 1815, le traité de Vienne restituera les comptoirs français au Sénégal, et le retour effectif des Français interviendra entre 1816 et 1817. En 1816, la colonie britannique de Gambie s'agrandira, en intégrant tout le fleuve Gambie, alors qu'avant, la colonie se constituait surtout autour de Bathurst et vers la cote.
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Les Français occupent un petit poste pris aux Portugais et qui végétait sur la rive Nord de la Gambie, Albreda. Celui-ci est finalement cédé au Royaume-Uni en 1856. À la suite d'un accord franco-britannique sur ses frontières en 1889, la Gambie devient officiellement un protectorat britannique en 1894.
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Les frontières actuelles sont tracées en 1889[7] après plusieurs tentatives sans suite d'échange de la Gambie contre d'autres territoires français dans le golfe de Guinée. L'accord franco-britannique de 1889 permet de définir les frontières avec le futur Sénégal, y compris la Casamance prise par les Français aux Portugais. Le Royaume-Uni fait officiellement du pays un protectorat britannique en 1894.
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Plus petite colonie de l'Empire britannique, la Gambie ne connaît aucun événement notable et reste un territoire marginal.
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Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Gambie constitue une escale pour les vols de l'armée de l'air américaine et un port d'escale pour les convois des forces alliées. Fait anecdotique, le président américain Franklin Delano Roosevelt fait escale, en 1943, à Banjul, capitale de la Gambie, avant de se rendre à la conférence de Casablanca, ce qui constitue la première visite d'un président américain en exercice sur le continent africain.
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La Gambie acquiert son indépendance en 1965 et Dawda Jawara en devient le premier président.
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Le 24 avril 1970, la Gambie devient une République au sein du Commonwealth, à la suite d'un second référendum. Le Premier ministre Dawda Kairaba Jawara assure le poste de président ainsi que les postes de ministre des Affaires étrangères et le poste de Premier ministre.
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La Gambie fut dirigée par le président Dawda Jawara qui a été réélu cinq fois de suite. Il y a une tentative de coup d'État le 29 juillet 1981. La Gambie connaît un affaiblissement de son économie et également des allégations de corruption contre des responsables politiques. La tentative de coup d'État a lieu pendant que le président Jawara était en visite à Londres. Ce coup d'État est perpétré par le Conseil de gauche révolutionnaire nationale, composé de socialistes et de révolutionnaires du Parti travailliste de Samba Sanyang Kukoi (PDS) et des éléments de la « Force de Campagne » (une force paramilitaire qui a constitué l'essentiel des forces armées du pays). Le président Jawara demanda immédiatement l'aide militaire du Sénégal qui déploye 400 hommes de troupe en Gambie le 31 juillet. Le 6 août, quelque 2 700 soldats sénégalais sont déployés et vainquent les forces rebelles. Entre 500 et 800 personnes sont tuées lors de ce coup d'État.
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La Gambie est unie au Sénégal de 1982 à 1989 dans une éphémère confédération de Sénégambie.
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En 1994, les Armed Forces Provisional Ruling Council (en) (AFPRC) font tomber le gouvernement Jawara et interdisent toutes activités politiques d'opposition. Le lieutenant Yahya Jammeh, président de l'AFPRC, devient le chef d'État de la Gambie. Celui-ci sera président durant 22 ans. L'AFPRC annonce un plan de transition pour le retour à un gouvernement civil démocratique. La commission électorale indépendante provisoire (PIEC) est créée en 1996 pour organiser des élections nationales. Le PIEC est transformé par la commission électorale indépendante (CEI) en 1997 et devient responsable de l'enregistrement des électeurs et la conduite des élections et des référendums.
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Vers la fin de l'an 2001 et au début 2002, la Gambie termine un cycle complet d'élections présidentielles, législatives et locales, que les observateurs étrangers jugent libres, justes et transparentes, malgré quelques lacunes. Réélu, le président Yahya Jammeh, installé le 21 décembre 2001, conserve un pouvoir obtenu à l'origine par un coup d'État. Son parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), conserve une large majorité à l'Assemblée nationale, en particulier après que la principale force d'opposition Parti démocratique unifié (UDP) ait boycotté les élections législatives.
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Alors qu'elle en est membre depuis 1965, la Gambie, par la voix de son ministre de l'Intérieur, annonce le 2 octobre 2013[8] son retrait du Commonwealth[8]. Le pays refuse les injonctions du Royaume-Uni au sujet des droits de l'homme alors que le régime du président Yahya Jammeh se fait plus autoritaire et accuse l'organisation d'être néo-coloniale[9],[10].
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L'élection présidentielle de décembre 2016 voit Adama Barrow, candidat de l'opposition, remporter la victoire sur le président sortant[11] dont le mandat court jusqu'au 18 janvier 2017. Le 19 janvier 2017, Adama Barrow prête serment dans l'ambassade gambienne à Dakar au Sénégal, après le refus du président sortant de céder le pouvoir. Le même jour, l'armée sénégalaise entre en Gambie, forte d'une résolution de l'ONU[12],[13]. Le 20 janvier 2017, Jammeh accepte de quitter le pouvoir[14], et part en exil le lendemain soir pour Conakry, avant de rejoindre la Guinée équatoriale[15].
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Le 8 février 2018, la Gambie adhère à nouveau au Commonwealth[16].
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La Gambie est une république multipartite à régime présidentiel, où le président exerce à la fois les charges de chef de l'État et de chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement. La constitution en vigueur a été approuvée en 1996.
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Le parlement est constitué de 53 sièges.
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Le 12 décembre 2015, le président Yahya Jammeh déclare que son pays est désormais un « État islamique », ce que conteste un responsable de l'opposition qui qualifie cette décision d'« inconstitutionnelle »[17], la séparation de l'Église et de l'État étant inscrite dans la Constitution[18]. La minorité chrétienne du pays est estimée à 8 %[19]. L'administration impose aux femmes fonctionnaires de se voiler : « Tout le personnel féminin au sein du gouvernement, des ministères, des départements et des agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du 31 décembre 2015. Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher[19]. » Le 28 janvier 2017, le nouveau président, Adama Barrow, annule le changement de forme longue[20].
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Le premier président de la République de Gambie est Dawda Jawara, à partir de 1970 lorsque le pays devient une République, succédant ainsi à la reine du Royaume-Uni Élisabeth II.
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Yahya Jammeh est au pouvoir à partir le coup d'État du 23 juillet 1994. Il est ensuite élu au suffrage universel le 27 septembre 1996 puis réélu le 18 octobre 2001, le 22 septembre 2006 et le 24 novembre 2011. Son parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction, domine la vie politique locale sans être pour autant parti unique de manière officielle.
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En 2016, Adama Barrow est élu président de la République. En raison du refus de Yahya Jammeh de céder le pouvoir, la CÉDÉAO intervient en Gambie et Adama Barrow devient président le 19 janvier 2017.
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La Gambie est subdivisée en six régions qui sont d'ouest en est :
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En 2013, la Gambie avait annoncé son retrait du Commonwealth, en dénonçant une « institution néo-coloniale ». « Le gouvernement a décidé que la Gambie ne sera jamais membre d'une institution néo-coloniale et ne fera jamais partie d'une institution représentant une extension du colonialisme », avait déclaré le gouvernement de Banjul.
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Le marché de Serrekunda.
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Pirogues de pêche aux couleurs vives, communes à Bakau.
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Selon l'Index of Economic Freedom, l'économie de la Gambie est parmi les moins libérales du monde[21],[22]. Elle est classée 123e en 2020 et donc très en dessous de la moyenne mondiale. Le droit de propriété est en pratique peu respecté, malgré une légère amélioration. La corruption reste très importante[23].
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La population de la Gambie est estimée à 1,96 million d'habitants en 2015. La croissance démographique annuelle est de 2,2 % et le taux d’urbanisation est de 57 %. En 2013, elle est composée à 39,2 % de personnes de 0 à 14 ans, à 57,6 % de personnes de 15 à 64 ans et de 3,2 % de personnes de 65 ans ou plus. Sa densité humaine est de 167 hab./km2.
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En 2013, son taux de croissance de la population est 2,3 %. En 2015, le taux de natalité estimé est de 30,86 ‰, le taux de mortalité de 7,15 ‰, le taux de mortalité infantile de 63,9 ‰, le taux de fécondité de 3,73 enfants/femme et le taux de migration de 2,12 ‰.
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L'espérance de vie des hommes est de 62,27 ans et celle des femmes de 67 ans.
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Environ 90 % de la population est musulmane et 8 % chrétienne[24]. Entre 1 et 2 % est animiste (extrême Est du pays).
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L'anglais est la langue officielle de la Gambie[notes 1], son usage est donc répandu. Les autres langues pratiquées sont le mandingue, le wolof, le peul, le soninké, le sérère, le krio et d'autres langues vernaculaires[1]. En raison de la situation géographique du pays, la connaissance du français (la langue officielle du Sénégal qui entoure le pays) est relativement répandue[28]. Le pays est membre observateur de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 2018[29].
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Plusieurs groupes ethniques vivent en Gambie, chacun conservant sa propre langue et ses traditions. L'ethnie des Mandingues est la plus influente, suivie par les Fulas, Wolofs, Diolas, Serahules, Sérères, Manjaques et les Bianunkas. Les gens de Krio, connus localement sous le nom d'Akus, constituent l'une des plus petites minorités ethniques en Gambie[1]. Ils sont les descendants du peuple créole de la Sierra Leone et sont traditionnellement concentrés dans la capitale.
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Il y a environ 3 500 résidents non-africains, dont des Européens et des familles d'origine libanaise, syrienne et arménienne (environ 0,23 % de la population totale). Une grande partie de la minorité européenne était britannique et a quitté le pays après l'indépendance. Le pays compte environ 5 000 métis, issus d'unions entre des noirs Africains et Européens , qui sont souvent considérés comme des Créoles, et qui sont majoritairement Chrétiens. Depuis une période récente, des Chinois sont présents dans le pays, et travaillent surtout dans les secteurs du commerce, et du BTP (bâtiments et travaux publics).
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L'éducation primaire est gratuite et obligatoire en Gambie. Le manque de ressources et d'infrastructures éducative rend sa mise en œuvre difficile[30]. En 1995, le taux brut de scolarisation primaire était de 77,1 % et le taux net de scolarisation primaire était de 64,7 %[30]. Les frais de scolarité ont longtemps empêché de nombreux enfants de fréquenter l'école, mais en février 1998, le président Jammeh a rendu l'école primaire gratuite. Les filles représentent environ 52 % des élèves des écoles primaires. Le chiffre peut être inférieur pour les filles dans les zones rurales, où la pauvreté et les facteurs culturels empêchent les parents d'envoyer les filles à l'école. Environ 20 % des enfants d'âge scolaire fréquentent des écoles coraniques.
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La Gambie est officiellement un pays musulman depuis décembre 2015[31].
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Selon le Pew Research Center, en 2010, 95,1 % des habitants de la Gambie sont musulmans et 4,5 % sont chrétiens (3% de catholiques et 1,5 % de protestants)[32].
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Bien que la Gambie soit le plus petit pays de l’Afrique continentale, sa culture est diverse. Ses frontières nationales décrivent une bande étroite de chaque côte du fleuve Gambie, un cours d'eau qui joue un rôle vital dans le destin de la nation et est connu localement et simplement comme « la rivière ». Sans barrières naturelles, la Gambie est la maison de la plupart des groupes ethniques qui sont présents dans toute l'Afrique de l'Ouest, en particulier ceux du Sénégal. Les Européens figurent également en bonne place dans l'histoire de la Gambie car le fleuve Gambie est navigable profondément dans le continent, une particularité géographique qui fait de ce secteur l'un des sites les plus favorables pour la traite des esclaves du XVe au XVIIe siècles. La traite est interdite au XIXe siècle.
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Une partie de cette histoire a été popularisée par le roman Racines d'Alex Haley et par la série télévisée qui a suivi, récit dont le début se déroule en Gambie.
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La cuisine de la Gambie est principalement composée de pâte d'arachide, de riz, de mil, de poisson, d'oignons, de tomates, de manioc, de mangues, d'huîtres du fleuve Gambie récoltées par les femmes.
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La musique de la Gambie est étroitement liée avec la musique du Sénégal, qui entoure ses frontières intérieures. Elle fusionne la musique occidentale populaire et la danse, avec « sabar », les tambours et la danse traditionnelle musique des personnes wolofs et des Sérères.
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On y compte un nombre important de dynasties de griots mandingues, les hommes (jalikeolu) jouant de la musique avec la kora, tandis que le chant est de préférence assuré par les femmes (jalimusoolu), dont l'instrument privilégié est le neo, une tige en fer à percussion. La famille Susso est un des exemples de ces dynasties, avec un oncle paternel, Bamba Susso très célèbre, un neveu, Papa Susso qui a fait carrière aux États-Unis, sa sœur, Gai Sakiliba qui après avoir appris auprès de sa mère et de son père, a continué après leur mort son apprentissage auprès de sa tante, Silami Sakiliba, elle aussi très estimée[33].
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Chiffres combinés avec la Game Boy Color[2] :
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La (ou le[4]) Game Boy (ゲームボーイ, Gēmu Bōi?) est une console portable de jeu vidéo 8-bits de quatrième génération développée et fabriquée par Nintendo. Mise en vente au Japon le 21 avril 1989, puis en Amérique du Nord en octobre 1989, et enfin en Europe le 28 septembre 1990, elle est la première console portable de la gamme des Game Boy. Elle fut conçue par Gunpei Yokoi et Nintendo Research & Development 1 — la même équipe ayant conçu la série des Game and Watch ainsi que de nombreux jeux à succès sur Nintendo Entertainment System[5].
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Malgré la sortie de consoles portables techniquement plus avancées[6], la Game Boy connaît un franc succès. Les modèles Game Boy et Game Boy Color totalisent 118,6 millions d'exemplaires vendus à travers le monde. Dès sa sortie aux États-Unis, plus d'un million d'exemplaires sont vendus en quelques semaines[7]. La production de la console portable s'est achevée en 2003[8].
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Gunpei Yokoi, employé de Nintendo, accompagné des membres de la division Nintendo Research & Development 1, dont Satoru Okada, conçoit une console de jeux vidéo portable dont la puissance est quasiment comparable à celle de la NES (Famicom au Japon), mais dont l'écran est monochrome afin de permettre un prix de vente bas et une consommation de piles réduite. Ce choix fut souvent décrié mais personne ne revint sur cette décision car elle provenait d'une expérience de Gunpei Yokoi :
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« En réalité, Yokoi tire le bilan d'une expérience qu'il a lui-même faite quelques mois auparavant. [...] dans sa biographie, il explique avoir un jour reçu du président un téléviseur portatif. Tout excité, l'ingénieur fait alors l'acquisition immédiate d'un jeu de piles pour regarder [...] la retransmission en direct d'un match de base-ball. Sauf que l'écran s'éteint avant même la fin de la rencontre ! [...] Le rétroéclairage imposé sur tous les écrans couleur de l'époque est tellement énergivore qu'il a vidé six piles LR6 en moins de deux heures. »
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— Florent Gorges, L'histoire de Nintendo, volume 4 : L'incroyable histoire de la Game Boy
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La Game Boy sort en France le 28 septembre 1990 dans un paquetage comprenant la console, un câble de liaison pour jouer à deux, des écouteurs stéréos, quatre piles R6, pour pouvoir jouer immédiatement, et le jeu Tetris, le tout pour 590 francs (environ 90 euros en conversion simple, ou 140 euros actualisés en 2019). Les jeux vendus séparément sont, au moment du lancement, généralement au prix de 195 francs (environ 30 euros, ou 47 euros actualisés en 2019). Il se vend 1,4 million de Game Boy la première année en France, un record à l'époque[9]. L'incroyable succès de cette console tient en toute une série de jeux commercialisés tout au long du cycle de vie de la console. Et en premier lieu, le célèbre Tetris, créé par le soviétique Alexey Pajitnov (malgré le grand succès du jeu auprès des utilisateurs, la presse spécialisée a critiqué ce choix en qualifiant le jeu de "dépassé")[10]. Vendu avec la console, ce jeu connaît de nouveau un immense succès (après avoir été commercialisé sur micro-ordinateurs, bornes d'arcade et PC). Il se vend à plus de 30 millions d'exemplaires[11]. À partir de 1996 sort la série de jeux vidéo Pokémon, franchise créée par Satoshi Tajiri, dont le succès phénoménal, avec 31,37 millions de jeux vendus, relance les ventes de la portable de Nintendo, qui atteint alors la troisième place parmi les consoles les plus vendues de l'histoire, avec 119 millions d'exemplaires vendus, derrière la PlayStation 2 de Sony et la Nintendo DS[12].
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Malgré une qualité graphique minimaliste, la Game Boy a su s'imposer grâce à de nombreux atouts : petite taille (notamment par rapport à la Game Gear ou à la Lynx), prix bas, grande autonomie et catalogue de jeux aussi riche que varié. Le succès de la machine conduira Nintendo à utiliser la marque Game Boy pour plusieurs de ses successeurs, dont la Game Boy Color, en 1998, et la Game Boy Advance, en 2001. Fondées sur les mêmes principes de simplicité et de faible consommation, ces deux consoles sont compatibles avec les jeux de la Game Boy originale.
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Des consoles de récupération sont notamment recyclées pour fabriquer des électrocardiographes à destination de Madagascar dans la lutte contre le paludisme : la cartouche de jeu avec cette nouvelle fonctionnalité engendre un coût de fabrication de seulement 30 euros. Elle est également utilisée par certaines personnes pour faire de la musique électronique ou encore comme interface pour certaines machines à coudre[13].
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La Game Boy possède quatre boutons — « A », « B », « SELECT » et « START », ainsi qu'une croix directionnelle[14], tout comme la Nintendo Entertainment System. Un bouton « on/off » (marche-arrêt), accompagné par une troisième position « Light » sur les Game Boy Light, ainsi qu'une fente pour insérer les cartouches, sont situés sur le haut de la console portable[15]. Nintendo recommande aux utilisateurs de laisser insérée leur cartouche afin d'éviter que la saleté ne pénètre dans la console[16].
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Bien qu'elle soit dotée d'un écran monochrome de 23 040 pixels, la Game Boy est légèrement plus puissante qu'une Nintendo Entertainment System (NES). La Game Boy a un processeur graphique très puissant pour l'époque. Le processeur graphique de la NES est moins récent que celui de la Game Boy (la NES est commercialisée dès 1983) qui est un Zilog Z80 (produit à partir de juillet 1976)[17] qui gère la 8-Bit (commercialisée en 1983). La puissance de calcul sonore est la même que la NES. Les bruitages sont similaires à la NES mais peu de jeux utilisent la totalité de la puissance de calcul sonore de la console contrairement à la NES. La Game Boy est considérée[Par qui ?] comme mauvaise au niveau sonore (ce qui n'a pas altéré son succès mondial)[réf. nécessaire], à l'exception de quelques jeux comme Super Mario Land, The Legend of Zelda: Link's Awakening.
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La Game Boy connaît plusieurs variations de prix, dont une hausse liée à son succès. En mars 1992, le prix du pack contenant la console et le jeu Tetris passe officiellement de 590 F à 690 F. Il se vend ensuite 499 F à partir de décembre 1992, et la console sans jeu passe sous la barre des 300 F à l'automne 1993[réf. nécessaire].
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En 1995, alors que Nintendo et Gunpei Yokoi essuient l'échec du Virtual Boy, une version relookée de la Game Boy est en préparation. Car la firme, qui vient de connaître l'un de ses plus gros échecs, voit également chuter ses ventes de Game Boy alors qu'elle n'en avait pas préparé la succession, ayant tout misé sur son Virtual Boy. En attendant de trouver une idée, Nintendo lance donc la Game Boy Pocket le 21 juillet 1996 au Japon (et quelques mois plus tard en Occident). Cette console diffère très peu de la Game Boy, sauf sa taille réduite de 30 %. L'écran a été très légèrement agrandi et a perdu son aspect verdâtre. L'autonomie est passée à 10 heures pour 2 piles LR03 (contre 4 LR6 pour la Game Boy originale). Les premiers modèles de Game Boy Pocket étaient dépourvus de voyant indiquant le niveau de batterie de la console.
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À l’origine, il était prévu d’y ajouter une dragonne, décision prise à l’unanimité par la R&D1 afin de s’adapter à la mode et de rendre la console encore plus facile à utiliser. Toutefois, cet ajout fut annulé car selon Takehiro Izushi « les enfants risquaient plutôt de faire tournicoter en l’air leur Game Boy avec la dragonne ! »[27].
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Commercialisé le 14 avril 1998[18] au Japon et seulement là-bas, il apporte à la Game Boy Pocket ce qui lui manquait le plus : une bonne lisibilité, grâce à un rétro-éclairage de bonne facture avec lequel il devient possible de jouer dans le noir. Le traditionnel interrupteur « on-off » (marche-arrêt) est doté d'une troisième position, la fameuse position « Light », qui permet d'activer ou couper le rétro-éclairage sans redémarrer la console ; l'autonomie des 2 piles LR06 variant de 12 heures lumière allumée, jusqu'à 20 h lumière éteinte. Pour le reste cette console diffère très peu du Game Boy Pocket, sauf une taille légèrement plus élevée. Il y eut des éditions spéciales, beaucoup plus rares que les versions Silver et Gold : Pokémon Center Tokyo, Astro Boy, Toys R'Us… La Game Boy Light a été rapidement éclipsée par la Game Boy Color, qui fut annoncée seulement six semaines avant la sortie de la Game Boy Light. Non pas que ce fût un échec mais Nintendo lui-même voulait contrecarrer les plans d'une concurrence de plus en plus agressive[10].
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Commercialisée le 23 novembre 1998 en Europe, la Game Boy Color (couramment référencée par GBC) propose un écran couleur pour une forme légèrement plus grande que la Game Boy Pocket, et double la cadence du processeur et sa quantité de mémoire pour atteindre les 8 MHz et 32 ko. Toutes les cartouches de jeux Game Boy sont lues. Les couleurs à utiliser sont sélectionnables, ce qui a permis de raviver la commercialisation de la gamme existante des jeux Game Boy, et ainsi de proposer sensiblement plus de titres que ses concurrents directs. Technologiquement, cette console a été comparée à la NES des années 1980.
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En juin 2001, Nintendo sort une mise à jour de sa console portable. La Game Boy Advance, possède un processeur ARM 32 bits cadencé à 16,8 MHz, couplé avec un processeur Z80 permettant de supporter les cartouches de jeux des premières Game Boy. C'est techniquement une console équivalente à la Super Nintendo. Ce qui permet des améliorations aux jeux anciens comme Super Mario Bros. 2 et aux nouveaux titres comme Mario Kart: Super Circuit, F-Zero: Maximum Velocity et Kuru Kuru Kururin.
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La version SP de la Game Boy Advance, lancée en mars 2003, propose un encombrement réduit avec la possibilité de la replier en deux, un éclairage intégr�� et une batterie rechargeable, tout le reste demeurant identique. C'est la dernière Game Boy à permettre la rétro compatibilité avec les cartouches de jeux Game Boy et Game Boy Color.
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La Game Boy Micro est une dernière version de la Game Boy Advance. Annoncée à l'E3 2005, elle est sortie en septembre 2005 en Amérique du Nord et au Japon, et le 4 novembre 2005 en Europe. Cette console portable est incompatible avec les jeux Game Boy et Game Boy Color. La Game Boy Micro a un poids de 80 grammes et une taille de 10 cm de long sur 5 cm de large et moins de 2 cm d'épaisseur. Sa façade est amovible et personnalisable. Sa principale qualité réside dans son petit écran fin et avec une assez bonne luminosité. La console joue aussi sur l'aspect rétrogaming avec sa façade Famicom très appréciée au Japon[28].
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La (ou le[4]) Game Boy (ゲームボーイ, Gēmu Bōi?) est une console portable de jeu vidéo 8-bits de quatrième génération développée et fabriquée par Nintendo. Mise en vente au Japon le 21 avril 1989, puis en Amérique du Nord en octobre 1989, et enfin en Europe le 28 septembre 1990, elle est la première console portable de la gamme des Game Boy. Elle fut conçue par Gunpei Yokoi et Nintendo Research & Development 1 — la même équipe ayant conçu la série des Game and Watch ainsi que de nombreux jeux à succès sur Nintendo Entertainment System[5].
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Malgré la sortie de consoles portables techniquement plus avancées[6], la Game Boy connaît un franc succès. Les modèles Game Boy et Game Boy Color totalisent 118,6 millions d'exemplaires vendus à travers le monde. Dès sa sortie aux États-Unis, plus d'un million d'exemplaires sont vendus en quelques semaines[7]. La production de la console portable s'est achevée en 2003[8].
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Gunpei Yokoi, employé de Nintendo, accompagné des membres de la division Nintendo Research & Development 1, dont Satoru Okada, conçoit une console de jeux vidéo portable dont la puissance est quasiment comparable à celle de la NES (Famicom au Japon), mais dont l'écran est monochrome afin de permettre un prix de vente bas et une consommation de piles réduite. Ce choix fut souvent décrié mais personne ne revint sur cette décision car elle provenait d'une expérience de Gunpei Yokoi :
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« En réalité, Yokoi tire le bilan d'une expérience qu'il a lui-même faite quelques mois auparavant. [...] dans sa biographie, il explique avoir un jour reçu du président un téléviseur portatif. Tout excité, l'ingénieur fait alors l'acquisition immédiate d'un jeu de piles pour regarder [...] la retransmission en direct d'un match de base-ball. Sauf que l'écran s'éteint avant même la fin de la rencontre ! [...] Le rétroéclairage imposé sur tous les écrans couleur de l'époque est tellement énergivore qu'il a vidé six piles LR6 en moins de deux heures. »
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Malgré une qualité graphique minimaliste, la Game Boy a su s'imposer grâce à de nombreux atouts : petite taille (notamment par rapport à la Game Gear ou à la Lynx), prix bas, grande autonomie et catalogue de jeux aussi riche que varié. Le succès de la machine conduira Nintendo à utiliser la marque Game Boy pour plusieurs de ses successeurs, dont la Game Boy Color, en 1998, et la Game Boy Advance, en 2001. Fondées sur les mêmes principes de simplicité et de faible consommation, ces deux consoles sont compatibles avec les jeux de la Game Boy originale.
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Des consoles de récupération sont notamment recyclées pour fabriquer des électrocardiographes à destination de Madagascar dans la lutte contre le paludisme : la cartouche de jeu avec cette nouvelle fonctionnalité engendre un coût de fabrication de seulement 30 euros. Elle est également utilisée par certaines personnes pour faire de la musique électronique ou encore comme interface pour certaines machines à coudre[13].
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La Game Boy possède quatre boutons — « A », « B », « SELECT » et « START », ainsi qu'une croix directionnelle[14], tout comme la Nintendo Entertainment System. Un bouton « on/off » (marche-arrêt), accompagné par une troisième position « Light » sur les Game Boy Light, ainsi qu'une fente pour insérer les cartouches, sont situés sur le haut de la console portable[15]. Nintendo recommande aux utilisateurs de laisser insérée leur cartouche afin d'éviter que la saleté ne pénètre dans la console[16].
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Bien qu'elle soit dotée d'un écran monochrome de 23 040 pixels, la Game Boy est légèrement plus puissante qu'une Nintendo Entertainment System (NES). La Game Boy a un processeur graphique très puissant pour l'époque. Le processeur graphique de la NES est moins récent que celui de la Game Boy (la NES est commercialisée dès 1983) qui est un Zilog Z80 (produit à partir de juillet 1976)[17] qui gère la 8-Bit (commercialisée en 1983). La puissance de calcul sonore est la même que la NES. Les bruitages sont similaires à la NES mais peu de jeux utilisent la totalité de la puissance de calcul sonore de la console contrairement à la NES. La Game Boy est considérée[Par qui ?] comme mauvaise au niveau sonore (ce qui n'a pas altéré son succès mondial)[réf. nécessaire], à l'exception de quelques jeux comme Super Mario Land, The Legend of Zelda: Link's Awakening.
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La Game Boy connaît plusieurs variations de prix, dont une hausse liée à son succès. En mars 1992, le prix du pack contenant la console et le jeu Tetris passe officiellement de 590 F à 690 F. Il se vend ensuite 499 F à partir de décembre 1992, et la console sans jeu passe sous la barre des 300 F à l'automne 1993[réf. nécessaire].
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En 1995, alors que Nintendo et Gunpei Yokoi essuient l'échec du Virtual Boy, une version relookée de la Game Boy est en préparation. Car la firme, qui vient de connaître l'un de ses plus gros échecs, voit également chuter ses ventes de Game Boy alors qu'elle n'en avait pas préparé la succession, ayant tout misé sur son Virtual Boy. En attendant de trouver une idée, Nintendo lance donc la Game Boy Pocket le 21 juillet 1996 au Japon (et quelques mois plus tard en Occident). Cette console diffère très peu de la Game Boy, sauf sa taille réduite de 30 %. L'écran a été très légèrement agrandi et a perdu son aspect verdâtre. L'autonomie est passée à 10 heures pour 2 piles LR03 (contre 4 LR6 pour la Game Boy originale). Les premiers modèles de Game Boy Pocket étaient dépourvus de voyant indiquant le niveau de batterie de la console.
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À l’origine, il était prévu d’y ajouter une dragonne, décision prise à l’unanimité par la R&D1 afin de s’adapter à la mode et de rendre la console encore plus facile à utiliser. Toutefois, cet ajout fut annulé car selon Takehiro Izushi « les enfants risquaient plutôt de faire tournicoter en l’air leur Game Boy avec la dragonne ! »[27].
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Commercialisé le 14 avril 1998[18] au Japon et seulement là-bas, il apporte à la Game Boy Pocket ce qui lui manquait le plus : une bonne lisibilité, grâce à un rétro-éclairage de bonne facture avec lequel il devient possible de jouer dans le noir. Le traditionnel interrupteur « on-off » (marche-arrêt) est doté d'une troisième position, la fameuse position « Light », qui permet d'activer ou couper le rétro-éclairage sans redémarrer la console ; l'autonomie des 2 piles LR06 variant de 12 heures lumière allumée, jusqu'à 20 h lumière éteinte. Pour le reste cette console diffère très peu du Game Boy Pocket, sauf une taille légèrement plus élevée. Il y eut des éditions spéciales, beaucoup plus rares que les versions Silver et Gold : Pokémon Center Tokyo, Astro Boy, Toys R'Us… La Game Boy Light a été rapidement éclipsée par la Game Boy Color, qui fut annoncée seulement six semaines avant la sortie de la Game Boy Light. Non pas que ce fût un échec mais Nintendo lui-même voulait contrecarrer les plans d'une concurrence de plus en plus agressive[10].
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Commercialisée le 23 novembre 1998 en Europe, la Game Boy Color (couramment référencée par GBC) propose un écran couleur pour une forme légèrement plus grande que la Game Boy Pocket, et double la cadence du processeur et sa quantité de mémoire pour atteindre les 8 MHz et 32 ko. Toutes les cartouches de jeux Game Boy sont lues. Les couleurs à utiliser sont sélectionnables, ce qui a permis de raviver la commercialisation de la gamme existante des jeux Game Boy, et ainsi de proposer sensiblement plus de titres que ses concurrents directs. Technologiquement, cette console a été comparée à la NES des années 1980.
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En juin 2001, Nintendo sort une mise à jour de sa console portable. La Game Boy Advance, possède un processeur ARM 32 bits cadencé à 16,8 MHz, couplé avec un processeur Z80 permettant de supporter les cartouches de jeux des premières Game Boy. C'est techniquement une console équivalente à la Super Nintendo. Ce qui permet des améliorations aux jeux anciens comme Super Mario Bros. 2 et aux nouveaux titres comme Mario Kart: Super Circuit, F-Zero: Maximum Velocity et Kuru Kuru Kururin.
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La version SP de la Game Boy Advance, lancée en mars 2003, propose un encombrement réduit avec la possibilité de la replier en deux, un éclairage intégr�� et une batterie rechargeable, tout le reste demeurant identique. C'est la dernière Game Boy à permettre la rétro compatibilité avec les cartouches de jeux Game Boy et Game Boy Color.
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La Game Boy Micro est une dernière version de la Game Boy Advance. Annoncée à l'E3 2005, elle est sortie en septembre 2005 en Amérique du Nord et au Japon, et le 4 novembre 2005 en Europe. Cette console portable est incompatible avec les jeux Game Boy et Game Boy Color. La Game Boy Micro a un poids de 80 grammes et une taille de 10 cm de long sur 5 cm de large et moins de 2 cm d'épaisseur. Sa façade est amovible et personnalisable. Sa principale qualité réside dans son petit écran fin et avec une assez bonne luminosité. La console joue aussi sur l'aspect rétrogaming avec sa façade Famicom très appréciée au Japon[28].
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Une gamme musicale est une suite de notes conjointes d'une échelle ou d'un mode[1], la dernière répétant la première à l'octave supérieure si elle est ascendante, ou inférieure si elle est descendante. Dans le cas de la tonalité, la gamme est la succession ordonnée des sept degrés associés à un mode donné, présentés généralement de manière ascendante depuis la tonique.
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Par extension, une échelle musicale représente l'étendue d'une gamme au-delà des limites de l'octave : les notes supérieures ou inférieures représentant leur équivalent dans l'octave de référence.
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Le plus souvent, c'est la composante mélodique qui prédomine dans le concept de gamme : celle-ci est donc considérée comme une succession de notes — succession ascendante, sauf mention contraire — et ce sont les intervalles mélodiques et conjoints qui sont pris en considération. Par exemple, dans la gamme de do majeur : do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, ces intervalles sont (en demis tons): 2,2,1,2,2,2,1. Il y a Do (tonique), Ré (seconde), Mi (tierce), Fa (quarte), Sol (quinte), La (sixte), Si (septième) et à nouveau Do (tonique à l'ocStave).
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Par abus de langage, le mot peut cependant être employé dans le sens d'un environnement musical, tenant compte, non seulement de la mélodie, mais aussi de l'harmonie. Par exemple, l'expression « gamme de do majeur » équivaut à « tonalité de do majeur ».
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Lorsque les degrés d'une échelle sont hiérarchisés, ce sont les intervalles entre chaque note de la gamme et la note fondamentale — c'est-à-dire la tonique du système tonal, ou la finale du système modal — qui sont pris en considération.
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Par exemple, dans la gamme majeure do, ré, mi, fa, sol, la, si, do ayant do pour tonique, ces intervalles sont respectivement : l'unisson, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septième et l'octave.
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Que le mot soit pris dans un sens exclusivement mélodique, ou bien, dans un sens plus large d’«environnement musical», une gamme doit être accordée. La juste fréquence des différents degrés d'une gamme, est une question délicate qui a trouvé des solutions différentes selon le type de musique, les instruments ou les époques.
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+
Dans la musique occidentale, et plus précisément dans le système tonal, une gamme est la succession ordonnée des différents degrés d'une tonalité. Ces degrés sont associés à un mode et généralement présentés de manière ascendante depuis la tonique, jusqu'à sa première répétition, c'est-à-dire, jusqu'à l'octave de cette tonique.
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Une gamme porte toujours le nom de la tonalité dont elle est issue, et par conséquent, de la tonique de cette tonalité. Par exemple :
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Une gamme contient donc toujours le même nombre de sons que la tonalité correspondante, plus un, ceci bien sûr, afin de faire apparaître tous les intervalles conjoints de la gamme en question — c'est-à-dire, les intervalles entre degrés voisins.
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Une gamme est une mélodie, c'est même « l'archétype de toute mélodie ». Or, une mélodie n'est pas une simple succession de notes, mais une « succession d'intervalles mélodiques ». Cependant, chaque note d'une mélodie, est également déterminée par le degré sur lequel elle est placée. On peut donc dire que chaque degré d'une gamme — et donc, chaque note d'une mélodie — dépend à la fois de l'intervalle qui sépare ce degré du précédent, et de l'intervalle qui le sépare de la tonique.
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Toute gamme majeure est associée à une gamme relative mineure dotée d'une armure commune.
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Les équivalences entre les gammes majeures et leurs relatives mineures sont données par le tableau suivant :
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Mode majeur
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Ce tableau comporte 15 colonnes mais il n'y a en réalité que 12 gammes majeures distinctes (et 12 gammes mineures relatives correspondantes). En effet les premières et dernières colonnes du tableau expriment la même gamme que, respectivement, la 13e colonne et la 3e. Car do bémol et si désignent la même note, de même que do
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La hauteur des sons et leurs rapports sont mesurés depuis l'Antiquité : il a été remarqué que la hauteur du son émis par une corde vibrante ou un tuyau sonore dépendait directement de leur longueur. Il a depuis été démontré que la fréquence des sons émis par ces corps est en proportion inverse de ces longueurs, et par conséquent, les mathématiciens du passé avaient pu raisonner de façon correcte sur l'acoustique malgré leur méconnaissance de la théorie des phénomènes vibratoires et des ondes stationnaires.
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Par le principe de l'identité des octaves, l'octave est reconnue comme l'intervalle sonore le plus simple, il reste à le diviser en intervalles plus petits car il ne permet pas à lui seul de composer de la musique. Définir une gamme musicale, c'est donc définir une méthode pour diviser l'octave en intervalles sonores plus petits. Bien que le spectre des fréquences sonores soit continu dans l'intervalle d'octave, on n'utilise généralement pas des sons de fréquence totalement arbitraire, et ceci tant pour des raisons musicales que pour des raisons techniques liées aux instruments à sons fixes. Les instruments dits « à sons fixes » sont ceux qui ne peuvent émettre qu'un nombre limité de sons de hauteurs prédéterminées, et non des sons de hauteur arbitraire : tel le piano (un son par touche) par opposition au violon.
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Au XVIIe siècle, Marin Mersenne s'est intéressé à la musique et donne dans un de ses ouvrages les fréquences de l'époque[2].
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Il existe une infinité de méthodes pour découper une octave en intervalles plus petits, mais toutes ces méthodes ne sont pas intéressantes :
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Dans la musique occidentale, trois types de gammes particulières ont connu, avec leurs éventuelles variantes, une fortune importante :
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Elles constituent d'ailleurs entre elles des systèmes musicaux suffisamment voisins (soit 12 demi-tons par octave) pour permettre d'exécuter une œuvre musicale dans l'un quelconque de ces systèmes sans la déformer de façon trop sensible.
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Une gamme musicale est une suite de notes conjointes d'une échelle ou d'un mode[1], la dernière répétant la première à l'octave supérieure si elle est ascendante, ou inférieure si elle est descendante. Dans le cas de la tonalité, la gamme est la succession ordonnée des sept degrés associés à un mode donné, présentés généralement de manière ascendante depuis la tonique.
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Par extension, une échelle musicale représente l'étendue d'une gamme au-delà des limites de l'octave : les notes supérieures ou inférieures représentant leur équivalent dans l'octave de référence.
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Le plus souvent, c'est la composante mélodique qui prédomine dans le concept de gamme : celle-ci est donc considérée comme une succession de notes — succession ascendante, sauf mention contraire — et ce sont les intervalles mélodiques et conjoints qui sont pris en considération. Par exemple, dans la gamme de do majeur : do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, ces intervalles sont (en demis tons): 2,2,1,2,2,2,1. Il y a Do (tonique), Ré (seconde), Mi (tierce), Fa (quarte), Sol (quinte), La (sixte), Si (septième) et à nouveau Do (tonique à l'ocStave).
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Par abus de langage, le mot peut cependant être employé dans le sens d'un environnement musical, tenant compte, non seulement de la mélodie, mais aussi de l'harmonie. Par exemple, l'expression « gamme de do majeur » équivaut à « tonalité de do majeur ».
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Lorsque les degrés d'une échelle sont hiérarchisés, ce sont les intervalles entre chaque note de la gamme et la note fondamentale — c'est-à-dire la tonique du système tonal, ou la finale du système modal — qui sont pris en considération.
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Par exemple, dans la gamme majeure do, ré, mi, fa, sol, la, si, do ayant do pour tonique, ces intervalles sont respectivement : l'unisson, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septième et l'octave.
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Que le mot soit pris dans un sens exclusivement mélodique, ou bien, dans un sens plus large d’«environnement musical», une gamme doit être accordée. La juste fréquence des différents degrés d'une gamme, est une question délicate qui a trouvé des solutions différentes selon le type de musique, les instruments ou les époques.
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Dans la musique occidentale, et plus précisément dans le système tonal, une gamme est la succession ordonnée des différents degrés d'une tonalité. Ces degrés sont associés à un mode et généralement présentés de manière ascendante depuis la tonique, jusqu'à sa première répétition, c'est-à-dire, jusqu'à l'octave de cette tonique.
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Une gamme porte toujours le nom de la tonalité dont elle est issue, et par conséquent, de la tonique de cette tonalité. Par exemple :
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Une gamme contient donc toujours le même nombre de sons que la tonalité correspondante, plus un, ceci bien sûr, afin de faire apparaître tous les intervalles conjoints de la gamme en question — c'est-à-dire, les intervalles entre degrés voisins.
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Une gamme est une mélodie, c'est même « l'archétype de toute mélodie ». Or, une mélodie n'est pas une simple succession de notes, mais une « succession d'intervalles mélodiques ». Cependant, chaque note d'une mélodie, est également déterminée par le degré sur lequel elle est placée. On peut donc dire que chaque degré d'une gamme — et donc, chaque note d'une mélodie — dépend à la fois de l'intervalle qui sépare ce degré du précédent, et de l'intervalle qui le sépare de la tonique.
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Toute gamme majeure est associée à une gamme relative mineure dotée d'une armure commune.
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Les équivalences entre les gammes majeures et leurs relatives mineures sont données par le tableau suivant :
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Ce tableau comporte 15 colonnes mais il n'y a en réalité que 12 gammes majeures distinctes (et 12 gammes mineures relatives correspondantes). En effet les premières et dernières colonnes du tableau expriment la même gamme que, respectivement, la 13e colonne et la 3e. Car do bémol et si désignent la même note, de même que do
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La hauteur des sons et leurs rapports sont mesurés depuis l'Antiquité : il a été remarqué que la hauteur du son émis par une corde vibrante ou un tuyau sonore dépendait directement de leur longueur. Il a depuis été démontré que la fréquence des sons émis par ces corps est en proportion inverse de ces longueurs, et par conséquent, les mathématiciens du passé avaient pu raisonner de façon correcte sur l'acoustique malgré leur méconnaissance de la théorie des phénomènes vibratoires et des ondes stationnaires.
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Par le principe de l'identité des octaves, l'octave est reconnue comme l'intervalle sonore le plus simple, il reste à le diviser en intervalles plus petits car il ne permet pas à lui seul de composer de la musique. Définir une gamme musicale, c'est donc définir une méthode pour diviser l'octave en intervalles sonores plus petits. Bien que le spectre des fréquences sonores soit continu dans l'intervalle d'octave, on n'utilise généralement pas des sons de fréquence totalement arbitraire, et ceci tant pour des raisons musicales que pour des raisons techniques liées aux instruments à sons fixes. Les instruments dits « à sons fixes » sont ceux qui ne peuvent émettre qu'un nombre limité de sons de hauteurs prédéterminées, et non des sons de hauteur arbitraire : tel le piano (un son par touche) par opposition au violon.
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Au XVIIe siècle, Marin Mersenne s'est intéressé à la musique et donne dans un de ses ouvrages les fréquences de l'époque[2].
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Il existe une infinité de méthodes pour découper une octave en intervalles plus petits, mais toutes ces méthodes ne sont pas intéressantes :
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Dans la musique occidentale, trois types de gammes particulières ont connu, avec leurs éventuelles variantes, une fortune importante :
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Elles constituent d'ailleurs entre elles des systèmes musicaux suffisamment voisins (soit 12 demi-tons par octave) pour permettre d'exécuter une œuvre musicale dans l'un quelconque de ces systèmes sans la déformer de façon trop sensible.
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Une gamme musicale est une suite de notes conjointes d'une échelle ou d'un mode[1], la dernière répétant la première à l'octave supérieure si elle est ascendante, ou inférieure si elle est descendante. Dans le cas de la tonalité, la gamme est la succession ordonnée des sept degrés associés à un mode donné, présentés généralement de manière ascendante depuis la tonique.
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Par extension, une échelle musicale représente l'étendue d'une gamme au-delà des limites de l'octave : les notes supérieures ou inférieures représentant leur équivalent dans l'octave de référence.
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Le plus souvent, c'est la composante mélodique qui prédomine dans le concept de gamme : celle-ci est donc considérée comme une succession de notes — succession ascendante, sauf mention contraire — et ce sont les intervalles mélodiques et conjoints qui sont pris en considération. Par exemple, dans la gamme de do majeur : do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, ces intervalles sont (en demis tons): 2,2,1,2,2,2,1. Il y a Do (tonique), Ré (seconde), Mi (tierce), Fa (quarte), Sol (quinte), La (sixte), Si (septième) et à nouveau Do (tonique à l'ocStave).
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Par abus de langage, le mot peut cependant être employé dans le sens d'un environnement musical, tenant compte, non seulement de la mélodie, mais aussi de l'harmonie. Par exemple, l'expression « gamme de do majeur » équivaut à « tonalité de do majeur ».
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Lorsque les degrés d'une échelle sont hiérarchisés, ce sont les intervalles entre chaque note de la gamme et la note fondamentale — c'est-à-dire la tonique du système tonal, ou la finale du système modal — qui sont pris en considération.
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Par exemple, dans la gamme majeure do, ré, mi, fa, sol, la, si, do ayant do pour tonique, ces intervalles sont respectivement : l'unisson, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septième et l'octave.
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Que le mot soit pris dans un sens exclusivement mélodique, ou bien, dans un sens plus large d’«environnement musical», une gamme doit être accordée. La juste fréquence des différents degrés d'une gamme, est une question délicate qui a trouvé des solutions différentes selon le type de musique, les instruments ou les époques.
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Dans la musique occidentale, et plus précisément dans le système tonal, une gamme est la succession ordonnée des différents degrés d'une tonalité. Ces degrés sont associés à un mode et généralement présentés de manière ascendante depuis la tonique, jusqu'à sa première répétition, c'est-à-dire, jusqu'à l'octave de cette tonique.
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Une gamme contient donc toujours le même nombre de sons que la tonalité correspondante, plus un, ceci bien sûr, afin de faire apparaître tous les intervalles conjoints de la gamme en question — c'est-à-dire, les intervalles entre degrés voisins.
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Une gamme est une mélodie, c'est même « l'archétype de toute mélodie ». Or, une mélodie n'est pas une simple succession de notes, mais une « succession d'intervalles mélodiques ». Cependant, chaque note d'une mélodie, est également déterminée par le degré sur lequel elle est placée. On peut donc dire que chaque degré d'une gamme — et donc, chaque note d'une mélodie — dépend à la fois de l'intervalle qui sépare ce degré du précédent, et de l'intervalle qui le sépare de la tonique.
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Ce tableau comporte 15 colonnes mais il n'y a en réalité que 12 gammes majeures distinctes (et 12 gammes mineures relatives correspondantes). En effet les premières et dernières colonnes du tableau expriment la même gamme que, respectivement, la 13e colonne et la 3e. Car do bémol et si désignent la même note, de même que do
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♯
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{\displaystyle \sharp }
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La hauteur des sons et leurs rapports sont mesurés depuis l'Antiquité : il a été remarqué que la hauteur du son émis par une corde vibrante ou un tuyau sonore dépendait directement de leur longueur. Il a depuis été démontré que la fréquence des sons émis par ces corps est en proportion inverse de ces longueurs, et par conséquent, les mathématiciens du passé avaient pu raisonner de façon correcte sur l'acoustique malgré leur méconnaissance de la théorie des phénomènes vibratoires et des ondes stationnaires.
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Par le principe de l'identité des octaves, l'octave est reconnue comme l'intervalle sonore le plus simple, il reste à le diviser en intervalles plus petits car il ne permet pas à lui seul de composer de la musique. Définir une gamme musicale, c'est donc définir une méthode pour diviser l'octave en intervalles sonores plus petits. Bien que le spectre des fréquences sonores soit continu dans l'intervalle d'octave, on n'utilise généralement pas des sons de fréquence totalement arbitraire, et ceci tant pour des raisons musicales que pour des raisons techniques liées aux instruments à sons fixes. Les instruments dits « à sons fixes » sont ceux qui ne peuvent émettre qu'un nombre limité de sons de hauteurs prédéterminées, et non des sons de hauteur arbitraire : tel le piano (un son par touche) par opposition au violon.
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Au XVIIe siècle, Marin Mersenne s'est intéressé à la musique et donne dans un de ses ouvrages les fréquences de l'époque[2].
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Il existe une infinité de méthodes pour découper une octave en intervalles plus petits, mais toutes ces méthodes ne sont pas intéressantes :
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Dans la musique occidentale, trois types de gammes particulières ont connu, avec leurs éventuelles variantes, une fortune importante :
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Elles constituent d'ailleurs entre elles des systèmes musicaux suffisamment voisins (soit 12 demi-tons par octave) pour permettre d'exécuter une œuvre musicale dans l'un quelconque de ces systèmes sans la déformer de façon trop sensible.
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Le Gange (hindi : गंगा Gaṅgā, bengali : গঙ্গা Gōnga) est un fleuve de la plaine indo-gangétique, au nord de l'Inde. Sa longueur varie suivant les sources de 2 500 à 3 000 km, son bassin couvre 907 000 km2 et son delta est commun avec celui du Brahmapoutre.
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Le Gange est la plus sainte des sept rivières sacrées de l'Inde.
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Le cours du Gange débute à Devprayag (État d'Uttarakhand), au confluent du Bhagirathi (qui prend sa source au glacier (en) de Gangotrî dans l'Himalaya) et de l'Alaknanda (qui descend du Nanda Devi).
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Il traverse ensuite Haridwar, situé à 300 m d'altitude, et coule à travers la plaine indo-gangétique, perdant peu de dénivelé tout en collectant un certain nombre d'affluents : la Yamuna (1 300 km), la Karnali (1 080 km) à Chapra, le Gandaki (700 km) à Hajipur, la Ramganga (640 km) peu avant Allahabad, la Sone (784 km) à Patna, la Koshi (700 km) près de Bhagalpur, la Gomtî ou Gomati (675 km) près de Varanasi, la Dâmodar (541 km) au sud de Calcutta.
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Le Gange se jette dans le golfe du Bengale en formant un important delta appelé Sundarbans, où il se mêle au Brahmapoutre. Une branche indienne de ce delta forme la Hooghly qui traverse Calcutta. Une autre branche majeure qui coule au Bangladesh se nomme Padma avant de se joindre au Brahmapoutre pour former la Meghna.
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Son débit minimum est de 1 041 m3/s, et son maximum est 60 000 m3/s.
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Le Gange est considéré comme sacré par les hindous : l'immersion dans le Gange lave le croyant de ses péchés et la dispersion des cendres dans le fleuve peut apporter une meilleure vie future et même permettre d'atteindre plus tôt le moksha ou délivrance, c'est-à-dire la sortie du monde phénoménal. Pour les hindous, l'eau du Gange possède la vertu de purifier le corps des humains et de libérer l'âme des défunts.
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Le Gange est vu comme l'ultime vérité, l'ultime réalité au sens spirituel. C'est Shiva qui tient la source du Gange dans ses cheveux, dénommés jata-mukuta : Shiva est aussi appelé Gangadhara.
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L'histoire raconte que c'est un roi qui cherchant la prospérité pour la terre, implora la déesse Ganga. Le roi Bhagiratha fut exaucé mais la déesse crut que les flots du Gange submergeraient la terre, c'est pourquoi elle les mit dans la coiffe d'un dieu : Shiva. Ce dernier libéra ensuite le fleuve de ses cheveux[2].
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Quand un pèlerin se baigne dans le Gange, c'est le symbole de la recherche de l'union avec l'ultime vérité. Le Gange est pris comme fleuve apportant la sagesse spirituelle[3].
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Les dévots hindous font des pèlerinages pour se baigner dans ses eaux et pratiquer la méditation sur ses rives. Plusieurs sites sacrés hindous se trouvent le long des rives du Gange, comme Haridwar et Varanasi.
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La Yamuna, une rivière importante et presque aussi sacrée, est un affluent du Gange dans lequel il se jette à Allahabad. Tous les douze ans se tient, au confluent des deux cours d'eau — là où se trouverait également le confluent avec la Sarasvati (rivière mystique et invisible) —, la Kumbh Mela, qui veut dire « fête de la cruche »; un rassemblement religieux qui réunit plusieurs dizaines de millions de personnes.
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Les eaux du Gange irriguent 30 % du territoire indien et 450 millions de personnes, soit 40 % de la population[4].
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Le fleuve comporte deux barrages principaux. Le premier près d'Haridwar détourne une grande partie de l'eau de fonte himalayenne dans le canal supérieur du Gange, construit par les Britanniques en 1854 pour irriguer les terres environnantes. Ce détournement des eaux est la cause principale de la détérioration de la navigabilité du fleuve. L'autre barrage est situé près de Farakka, près du point d'entrée du fleuve au Bangladesh et qui détourne une partie des eaux vers la Hooghly qui alimente la partie ouest du delta du Bengale et la ville de Kolkata. Ce barrage est une source de conflits entre l'Inde et le Bangladesh depuis sa construction en 1975.
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Le Gange est très pollué : en 2018, on estime qu'il reçoit trois milliards de litres d'eaux usées par jour, et présente un taux de pollution trois mille fois supérieur aux normes de l'organisation mondiale de la santé[4].
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On estime que chaque jour le Gange reçoit les restes de quelque 475 cadavres humains ainsi que de 1 800 tonnes de bois utilisées pour les crémations, auxquels s'ajoutent les 10 000 carcasses d'animaux qui y sont abandonnées, ce qui est une importante cause de pollution. Diverses méthodes ont été envisagées pour aider à sa dépollution, comme l'installation de stations d’épuration et leur raccordement à des centaines de kilomètres d’égouts, la construction de milliers de toilettes publiques et de crématoires électriques — comme ceux de Varanasi — mais ils ne sont guère utilisés que par les indigents. Il a été aussi opéré à des lâchers de milliers de tortues nécrophages pour que celles-ci puissent dévorer les cadavres insuffisamment brûlés, mais les reptiles ont ét�� capturés et consommés par les riverains pauvres[5].
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Mourir dans le Gange permet d'atteindre la Moksha, c'est-à-dire la libération finale de l'âme dans l'hindouisme, un grand nombre de fidèles viennent donc y mourir.
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Entre le barrage de Tehri et son embouchure, plus de 760 usines versent des déchets classés comme très toxiques dans le Gange : distilleries, tanneries, raffineries, ou encore usines de pâte à papier[4]. Les tanneries traitent notamment les peaux avec du chrome, qui est rarement traité, et finit dans les eaux du fleuve. Le taux de chrome hexavalent, un composé toxique et cancérogène, était en 2013 cinquante fois supérieur aux normes autorisées[6].
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Dès le XVIIe siècle, la propreté de l'eau du Gange est débattue par le voyageur Jean-Baptiste Tavernier : « Comme nous fûmes au Gange nous bûmes chacun un verre de vin où nous mîmes de l'eau, ce qui nous causa quelque mal de ventre ; mais nos valets qui la burent seule en furent bien plus tourmentez que nous. Les Hollandois qui ont leur maison sur le bord du Gange ne boivent point de l'eau de cette rivière qu'elle ne foit bouillie ; et pour ce qui est des naturels du païs ils y sont accoûtumez de jeunesse, le Roy même et toute la Cour n'en buvant point d'autre.[7]. »
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La pollution du Gange est déjà soulignée par l'écrivain américain Mark Twain lors de son passage dans la ville de Varanasi, à la fin du XIXe siècle.
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En 1985, le Gange a été proclamé « héritage national » et une Autorité centrale du Gange fondée. Les premières analyses qui ont été effectuées l'année suivante dans un affluent où se déversent les égouts de Varanasi et qui se jette lui-même dans le fleuve en aval de la ville ont révélé un taux de coliformes fécaux de 1,5 million d'unités par décilitre, le maximum autorisé étant de 500 unités.
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La capitale New Delhi déverse quotidiennement dans la Yamuna 250 000 mètres cubes d'eaux usées domestiques et 20 000 mètres cubes d'eaux usées industrielles qui finiront par se déverser dans le Gange. La ville avait pourtant été dotée dès 1937 d'une première station d’épuration.
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Le Gange possède cependant des capacités d'auto-épuration (ou auto-dépollution) conséquentes, c'est-à-dire que par l'action des bactéries et le transfert d'oxygène depuis l'atmosphère par la surface du fleuve, une grande partie de la pollution organique peut être éliminée en quelques kilomètres. Cette auto-épuration n'empêche pas que sa qualité soit très dégradée par ces rejets.
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En 2014, Narendra Modi lance un plan de sauvetage du fleuve appelé Namami Gange (« Obéissance au Gange »), qui vise notamment à fermer les usines les plus polluantes, et construire des centres de traitement des eaux. Cependant en 2018, les trois quarts des eaux usées rejetées dans le fleuve ne sont pas traitées[4], et ce plan est généralement considéré comme un échec[8].
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Le cours du Gange.
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L'embouchure du Gange.
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Le Gange est un écosystème riche et particulier qui comporte notamment deux espèces de dauphins — le dauphin du Gange (Platanista gangetica) et le dauphin de l'Irrawaddy (Orcælla brevirostris) — et un requin d'eau douce, le Glyphis gangeticus.
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Les écosystèmes du delta du Gange et de son bassin versant ont été identifiés par le WWF (Fonds mondial pour la nature) et The Nature Conservancy (TNC) comme une des 426 écorégions d'eau douce de la planète.
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Dans le village de Mahabalipuram, dans le Tamil Nadu, se trouve le plus grand bas-relief au monde, souvent considéré comme une illustration de la descente du Gange.
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Dans le palais de Jaipur, on peut voir exposées deux énormes urnes, les plus grandes au monde, fabriquées avec 243 kilogrammes d'argent chacune et qui servirent au maharaja Madho Singh II à transporter plus de 30 000 litres d'eau du Gange lors de son voyage de 1902 au Royaume-Uni.
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En 1950, Jean Renoir signe sa première réalisation en couleurs, Le Fleuve, tourné au bord du Gange et qui remporte le prix international de la critique à la Mostra de Venise en 1951.
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Après sa mort en 2001, les cendres de George Harrison furent déversées dans le Gange, lors d'une cérémonie intime aux coutumes hindoues.
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Le 20 mars 2017 — quelques jours après l'adoption d'une mesure équivalente concernant le Whanganui (Nouvelle-Zélande) —, la haute cour de l'État himalayen de l'Uttarakhand décrète que le Gange et la Yamuna, sont des « entités vivantes ayant le statut de personne morale »
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[9]. Selon l'avocat de la cour suprême, Nipun Saxena, la décision est « un précédent historique car il utilise le concept de personne morale, qui n'a été utilisé que pour les idoles (religieuses) jusqu'à maintenant, et étend son application aux rivières ». Le décret précise que les cours d'eau seront représentés par des tuteurs légaux ; le directeur du programme Namami Gange (en), le secrétaire en chef et l'avocat général de l'Uttarakhand sont ainsi « tenus de maintenir le statut des rivières et de promouvoir leur santé et leur bien-être »[10]. L'État de l’Uttrakhand fait appel et la Cour suprême de l'Inde annule finalement la décision en juillet 2017[11],[12]. L’auteur de la pétition à l’origine de la première décision de la Haute cour de l’Uttrakhand, Mohammad Saleem, fait appel[11]. La juriste Valérie Cabanes relève que Haute Cour de l’Uttarakhand avait reconnu le Gange « comme une personne possédant des droits humains, mais aussi des devoirs », et avait « ensuite nommé un panel de personnalités pour agir en tant que « parents » du Gange », conduisant le secrétaire en chef de l’Uttarakhand à saisir la Cour suprême indienne « au motif qu’il craignait d’être désigné comme responsable en cas de noyade dans le Gange, se voyant garant des droits mais aussi de supposés devoirs du fleuve de ne porter préjudice à quiconque »[13].
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Une ‘’’anagramme’’’ est une construction verbale qui consiste à permuter les lettres d’un mot, d’un nom ou d’une expression afin de créer de nouvelles formes.
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Une anagramme (le mot est féminin) — du grec ανά, « en arrière », et γράμμα, « lettre », anagramma : « renversement de lettres » — est une sorte de jeu sur les mots, qui permute les lettres d'un mot pour en extraire un mot nouveau, ou d'un groupe de mots pour en extraire un sens nouveau.
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Dans la plupart des cas, il est sous-entendu que ce nouveau mot existe dans un dictionnaire, ou que la nouvelle expression signifie quelque chose. Mais la méthode est aussi pratiquée pour créer des mots qui n’existent pas (ou des pseudonymes), voire pour cacher le sens d’un texte comme en cryptographie.
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Jeu littéraire, l'anagramme peut aussi avoir une valeur ésotérique. Elle a fait l'objet de l'attention autant des linguistes — à l'instar de Ferdinand de Saussure — que des psychanalystes et des poètes contemporains.
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Une anagramme qui inverse simplement l’ordre des lettres s’appelle une anacyclique : cela - Alec. Le palindrome est un mot qui se lit identiquement dans les deux sens (radar, tassât) ; ce n’est donc pas à proprement parler une anagramme.
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Les séries d’anagrammes ont ainsi donné naissance à des variantes : les anaphrases par exemple, où avec un mot dans le désordre, on doit former plusieurs mots et les placer correctement dans une phrase. Exemple, avec AEEGNRT, on peut former la phrase : « Je trouve cela ÉTRANGE que la GÉRANTE soit avec un RENÉGAT ARGENTÉ».
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La construction d‘anagrammes est un divertissement depuis l'Antiquité, où l’on rapportait que l'art de l'anagramme avait été inventé par le poète grec Lycophron. Elles étaient pratiquées dans toute l'Europe du Moyen Âge. On en retrouve aussi beaucoup dans la Kabbale à travers le Sefer Ha Zohar ; les lettres représentant les images des énergies divines.
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Une anagramme bien connue est le changement de l'« Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum » (Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous) en « Virgo serena, pia, munda et immaculata » (Vierge sereine, pieuse, pure et immaculée). Une autre est la réponse à la question de Pilate, « Quid est veritas ? » (Qu'est-ce que la vérité ?) en « Est vir qui adest » (c'est l'homme qui est ici).
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En France, Ronsard a produit l'une des plus célèbres anagrammes dans ses poèmes : « Marie, qui voudroit vostre beau nom tourner / Il trouveroit aimer : aimez-moi donc, Marie ».
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En Angleterre, Dryden a dédaigneusement nommé ce passe-temps « torture d'un pauvre mot de dix centaines de façons possibles » mais la langue anglaise s’y prêtant aisément, beaucoup d'hommes et de femmes de lettres y puisèrent un amusement certain. Les courtisans de James I virent en James Stuart « A Just Master, un maître juste ». On cite aussi les transpositions de « Horatio Nelson » en « Honor est a Nilo » (en latin, « l'honneur vient du Nil ») et de « Florence Nightingale » en « Flit on, cheering angel » (« Poursuis ton vol, ange de bonté »). Notons encore celui-ci, apparu au cours de la Seconde Guerre mondiale : The German soldiers = Hitler's men are dogs. et, plus récent : Margaret Thatcher = that great charmer.
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Les anagrammes sont également souvent utilisées par les auteurs pour se nommer plaisamment ou se choisir un nom de plume :
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(on trouve pour le même auteur Rauque Anonyme qui est en réalité l'anagramme de Raymon Queneau)
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Pour le linguisteFerdinand de Saussure, dans ses Cahiers d'anagrammes, l'anagramme serait le principe de base de la technique poétique indo-européenne. On retrouve en effet des anagrammes dans les poèmes romains, faisant l'éloge le plus souvent de mécènes ou de héros.
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Saussure a défini un type d'anagramme, fondé sur la syllabe et non plus sur la lettre et qu'il nomme « hypogramme ». Le linguiste crée aussi le « paragramme », sorte d'anagramme libre[8]. Pour Saussure, le texte est une matrice de signifiants permettant des significations infinies accessibles par des clés ; l'anagramme serait donc une figure jouant sur ce sens caché.
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L'anagramme pose la problématique du sacré dans la langue, proche de l'ésotérisme qui l'utilise beaucoup, et de l'alchimie qui cache les sens (l'essence), comme dans le carré Sator, palindrome latin formé de cinq anagrammes de cinq lettres chacune.
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L'écrivain Georges Perec ( Alphabets , Beaux présents, belles absentes ) ainsi que d'autres poètes membres ou proches de l'OuLiPo ont créé des œuvres à partir d'anagrammes : Unica Zürn initiée par Hans Bellmer, Oskar Pastior et plus récemment la poétesse Michelle Grangaud.
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L'anagramme peut contribuer à dévoiler obliquement l'intrigue d'un film aux plus observateurs, ou à faire une référence discrète à un élément extérieur
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Contrairement à la rumeur, le nom d'Alan Smithee, pseudonyme utilisé par les réalisateurs américains reniant leur film, n'a pas été choisi parce qu'il est l'anagramme de The Alias Men (les hommes au nom d'emprunt). Il ne s'agit que d'une coïncidence.
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L'anagramme a été utilisé afin de protéger des découvertes scientifiques, et d'en conserver l'antériorité, et aussi pour se donner du temps pour les contrôler.
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Galilée a annoncé certaines de ses découvertes de 1610 en astronomie par des anagrammes : notamment « Smaismrmilmepoetalevmibunenugttaviras » pour Altissimum planetam tergeminum observavi (J'ai observé triple la planète la plus distante, première mention de ce qu'on connaitra plus tard comme les anneaux de Saturne)[12], ou encore haec immatura a me iam frustra leguntur oy (les choses qui ne sont pas encore mûres sont lues en vain par moi), anagramme de Cynthiae figuras aemulatur mater amorum (la mère de l'amour imite les figures de Cynthia) qui a servi à annoncer la découverte que la planète Vénus présente des phases tout comme celles de la Lune[12]. Il est connu que Galilée a observé Neptune en décembre 1612 et janvier 1613, et ce bien qu'il n'ait jamais rien publié à ce sujet[13]. Il a été proposé en 2009 de chercher dans ses manuscrits une anagramme non-déchiffrée concernant cette observation, afin de déterminer s'il avait ou non conscience d'avoir observé une nouvelle planète[13].
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Huyghens a lui aussi utilisé le procédé en 1656 pour annoncer que les formes identifiées autour de Saturne par Galilée sont en fait des anneaux. Il publie à la fin de son livre Saturni luna observatio nova consacré à la découverte de Titan l'anagramme « Aaaaaaa cccc d eeeee g h iiiiii mm nnnnnnnnn ooooo pp q rr s tt uuuuu » de Annulo cingitur tenui plano nusquam cohaerente ad eclipticum inclinato ([Saturne] est entouré d'un anneau plat et mince qui nulle part ne le touche et qui est incliné sur l'écliptique)[12].
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Robert Hooke en 1660, pour la loi de Hooke, ou loi d'élasticité linéaire, forge l’anagramme : « ceiiinosssttuv »
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(solution : « ut tensio sic vis » ce qui signifie « telle extension, telle force » ou « l'allongement est proportionnel à la force »), et en 1675, pour la « loi de l'arche » (courbe de la « chaînette renversée »), anagramme : « abcccddeeeeeefggiiiiiiii-illmmmmnnnnnooprrsssttttttuuuuuuuux »
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(solution : « Ut pendit continuum flexile, sic stabit contiguum rigidum inversum », ce qui signifie approximativement « De la même façon que pend un fil flexible, s'élève l'arche rigide, mais de manière inversée »)
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Robert Hooke n'a pas fourni les solutions de son vivant, celles-ci n'ont été fournies que par son exécuteur testamentaire en 1705, deux ans après sa mort[14].
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L'anagramme est la base de plusieurs jeux :
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Sur Internet, il existe des centaines de logiciels pour créer ou résoudre les anagrammes. Ces logiciels sont couramment appelés des anagrammeurs et sont employés pour les jeux comme le Scrabble ou pour les mots croisés. Ces logiciels peuvent servir à tricher, par exemple au Scrabble les logiciels servent à trouver les mots les plus longs, permettant aux joueurs d'empocher les 50 points de bonification pour un scrabble (le nom pour un coup où on pose toutes les lettres). Les anagrammeurs permettent aussi aux joueurs de s'entraîner, par exemple trouver les solutions optimales au jeu Des chiffres et des lettres.
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Allitération · Assonance · Contre-assonance · Écho · Homéotéleute · Onomatopée · Paréchèse · Prosonomasie
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Accumulation · Anaphore · Annomination · Antanaclase · Concaténation · Conglobation · Épanalepse · Épanaphore · Épanadiplose · Épanode · Épiphore · Épizeuxe · Expolition · Figura etymologica · Homéoptote · Isocolon · Palilogie · Paronomase · Polyptote · Symploque · Thématisation
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Adynaton · Allusion · Anadiplose · Autocatégorème · Autocorrection · Cliché · Hyperbole · Métaphore filée · Parrhésie · Périssologie · Phébus · Poncif · Redondance · Topos
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Accumulation · Anadiplose · Antépiphore · Anticlimax · Auxèse · Énumération · Épanadiplose · Épiphonème · Épiphore · Épiphrase · Épithétisme · Épitrochasme · Gradation · Hyperhypotaxe · Hypotaxe · Mot-valise · Néologisme · Paradoxisme · Paraphrase · Parembole · Périphrase · Polysyndète · Pronomination · Suspension · Synchise · Tapinose
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Amphigouri · Antilogie · Chleuasme · Comparaison · Épanorthose · Hypotypose · Oxymore · Paradoxe · Pléonasme · Régression · Tautologie · Truisme
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Effacement,suppression
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Asyndète · Ellipse · Épitrochasme · Parataxe · Syllepse · Zeugma
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Allégorie · Antonomase · Circonlocution · Digression · Éthopée · Hypotypose · Ironie · Litote · Métalepse · Métaphore · Métonymie · Personnification · Prosopographie · Prosopopée · Question rhétorique · Prosopopée (ou Sermocination) · Réification (ou Chosification) · Symbole · Synecdoque
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Federico García Lorca est un poète et dramaturge espagnol, également prosateur, peintre, pianiste et compositeur, né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros près de Grenade et exécuté sommairement le 19 août 1936 entre Viznar et Alfacar par des milices franquistes.
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Federico García Lorca, de son nom complet : Federico del Sagrado Corazón de Jesús García Lorca (« Frédéric du Sacré Cœur de Jésus García Lorca »), est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants nés de Federico García Rodríguez (1859-1945), propriétaire terrien aisé, et de Vicenta Lorca Romero (1870-1959), maîtresse d'école, qu'il avait épousée en secondes noces (de son premier mariage avec Matilde Palacios Ríos, il n'avait eu aucun enfant[1]). En 1900 naît son premier frère Luis, qui mourra de pneumonie à deux ans[2]. Viendront ensuite : son frère Francisco[3] (1902-1976, poète, historien de la littérature, professeur et diplomate, membre comme son aîné du mouvement littéraire de la Génération de 27), et ses sœurs María de la Concepción (Concha ou Conchita, 1903-1962[2],[4],[5]), puis Isabel[6] (1909-2002, elle aussi professeure et écrivaine)[2]. La mère de Federico possédait une sensibilité affirmée à la poésie et à la musique, et contribuera à former le goût de ses enfants[7],[8].
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Federico passe son enfance à la campagne, près de Grenade où son père possède une grande propriété, la Huerta de San Vicente. Revenant sur cette période de sa prime enfance, il déclarera en 1934 à Buenos Aires dans une interview : « Enfant j’ai vécu de plain-pied avec la nature. Comme tous les enfants, j’attribuais (conférais) à chaque chose, meuble, objet, arbre, pierre, sa personnalité. Je conversais avec eux, et je les aimais[9] ». Cette sorte d'animisme infantile est fréquent[10], mais chez Lorca, il resurgira par bouffées créatives dans sa poésie et son théâtre. D'ailleurs, beaucoup plus tard, même après avoir beaucoup voyagé et avoir vécu de longues périodes en ville, notamment à Madrid, Federico se souviendra à quel point la vie et l'ambiance rurales de la Vega de Granada l'avait imprégné et avait influencé son œuvre :
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« J’aime la terre. Je me sens lié à elle dans toutes mes émotions. Mes plus lointains souvenirs d’enfant ont la saveur de la terre. Les bestioles de la terre, les animaux, les gens de la campagne, inspirent, suggèrent de secrets messages qui parviennent à très peu d’entre nous. Je les capte aujourd’hui avec le même esprit que celui de mes plus jeunes années. Sans cela, je n’aurais jamais pu écrire Noces de sang[11]. »
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C'est pourtant sans complaisance aucune envers lui-même et le petit garçon qu'il était qu'il interprète sa position sociale de premier-né d'une famille aisée, adulé par sa famille et tout son entourage : en 1928, dans une interview publiée dans La Gaceta Literaria (« La Gazette Littéraire ») d’Ernesto Giménez Caballero, il a en effet résumé ainsi ses premières années à Fuente Vaqueros : « Mon enfance est traversée par l’obsession d’être de ceux qui sont couverts d’argent, ainsi que celle de quelques portraits de cette autre femme qui aurait pu être ma mère, Matilde Palacios [NdT : la première épouse de son père, morte sans enfant]. Mon enfance c’est surtout apprendre les lettres et la musique avec ma mère, être un gosse de riches parmi le peuple, un petit monsieur impérieux[12]. »
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C’est d’ailleurs à Fuente Vaqueros que Lorca éprouve pour la première fois le sentiment de l’injustice sociale : dans Mi amiguita rubia (« Ma petite amie blonde »), chapitre de Mi pueblo (à la fois « Mon village » et « Mon peuple », écrit en 1915-1916[2]), Federico se remémore l’histoire d’une famille pauvre de Fuente Vaqueros, et en particulier, de la mère qu’il qualifie de « martyr de la vie et du travail[12] ».
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Federico commence l’école à quatre ans avec son maître des premières classes, Antonio Rodríguez Espinosa, à qui l’unira dès lors une amitié qui durera toute sa vie[12].
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Vers l’âge de huit ans, l’enfant qu’il est alors déménage avec sa famille, laquelle s’installe à Asquerosa, petit village depuis rebaptisé Valderrubio. Comme le dit Jocelyne Aubé-Bourligueux : « de santé fragile, mais habitué à vivre librement en pleine campagne, il est depuis sa naissance très entouré de soins par les femmes de son entourage (sa grand-mère Isabel Rodríguez, ses tantes dont la "tía Isabel", ses nourrices, comme la fameuse Dolores) qui veillent sur lui avec tendresse (...) l’initiant, les unes au solfège, à la guitare, ou aux poèmes de Victor Hugo, les autres à la culture orale des berceuses ou des vers de romances. Il pourra bientôt en faire de petits spectacles, par lui créés à travers son premier vrai jouet : un théâtre de marionnettes miniature[7] ». Les vieux tissus et vêtements conservés dans les malles du grenier serviront à vêtir la troupe des personnages de carton et de chiffon, cousus avec sollicitude sur ses instructions par ses tantes, cousines et nourrices qui l'adoraient, pour les saynètes qu'il imagine et fait jouer, ou encore les messes avec sermons qu'il invente en un rituel larmoyant[8]ǃ Cet amour du théâtre de marionnettes ne le quittera jamais et nourrira son imagination de futur dramaturge. De même que son amour précoce pour la musique, comme l'évoque sa mère Vicenta Lorca qui avait pris conscience très tôt des talents de son fils aîné : « avant même de parler, il fredonnait déjà les chansons populaires et s'enthousiasmait pour la guitare[8] ».
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Puis il est d’abord envoyé par sa famille à Almería, pour y commencer des études secondaires, logé chez son instituteur Antonio Rodríguez Espinosa : bref séjour interrompu par une grave maladie de gorge qui le met à l’article de la mort et l’oblige à rentrer d’urgence chez ses parents. En 1909, sa famille s’installe définitivement à Grenade, où il reprend ses études secondaires et deviendra bachelier en 1914[7].
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Il suit ensuite des études de lettres, de philosophie et de droit à l'université de Grenade, surtout « pour faire plaisir à son père[13], mais c’est vers la musique que va d’abord sa passion, accompagnée du rare talent qui est le sien[7] ». Dès l’âge de dix ans, il avait travaillé le piano et l’harmonie avec son vieux maître don Antonio Segura, disciple de Verdi. Plus tard il « composera brillamment pour sa part, se faisant entendre de ses amis du Rinconcillo[14], qu’il enchante de ses improvisations à longueur de nuits[7] ». C'est à l'université de Grenade qu'il devient l'ami de Manuel de Falla qui exerce une forte influence sur lui[15]. En 1922, les 13 et 14 juin, il organise en lien avec lui le premier Concurso de Cante Jondo de Granada (es) (Concours de Cante Jondo de Grenade).
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Après plusieurs années passées à Grenade, il décide d'aller vivre à Madrid pour rencontrer le succès[15].
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Il y devient l'ami de Luis Buñuel, Salvador Dalí, Rafael Alberti, José Bergamín, Guillermo de Torre et Sánchez Mejías, parmi ceux qui deviendront des artistes influents en Espagne[15]. Il avait fait aussi la rencontre, décisive pour lui, de ses grands devanciers de la Generación del 98 (Génération de 98), les poètes Antonio Machado et Miguel de Unamuno, rencontre qu'il raconte dans son premier livre publié en 1918: Impresiones y paisajes (« Impressions et paysages »), dont son ami Ismael de la Serna illustre la couverture[16] et lui fait rencontrer Emilia Llanos[17], l'une des "muses" du café Alameda. C'est aussi entre 1919 et 1921 qu'il fait la rencontre d'un autre de ses grands prédécesseurs dont il a reconnu sans partage l'influence sur sa pensée et sur son écriture : Juan Ramón Jiménez[2],[7], de la génération de 14 et futur Prix Nobel de Littérature 1956. Lui et son épouse, Zenobia Camprubí, feront partie du cercle d'amis qui fréquente la Huerta de San Vicente[18]. Il se liera d'amitié aussi avec des poètes plus jeunes que lui : Gabriel Celaya et Pablo Neruda[19]. D'ailleurs, Lorca sera l'un des représentants les plus éminents de Generación del 27 (Génération de 27), à laquelle appartenaient nombre de ses amis poètes, comme une relève de celle de 98.
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À Madrid, il rencontre aussi Gregorio Martínez Sierra, le directeur du Teatro Eslava (es), à l'invitation duquel il écrit et met en scène sa première pièce en vers, El maleficio de la mariposa (Le Maléfice du papillon), en 1919-1920. Elle met en scène l'amour impossible entre un cafard et un papillon, avec de nombreux insectes en support. Elle est malheureusement l'objet de moquerie du public, et s'arrête après quatre représentations. Cela refroidit la passion de Lorca pour le théâtre pour le reste de sa carrière, il se justifie plus tard en 1927 au motif que Mariana Pineda, drame patriotique, était sa première pièce véritable. C'est aussi son premier grand succès au théâtre, peu après son accession à la célébrité avec la publication à Malaga, en 1927, de ses Chansons[15].
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Pendant les quelques années qui suivent il s'implique de plus en plus dans son art et dans l'avant-garde espagnole. Il publie trois autres recueils de poèmes, dont Romancero Gitano (1928), son recueil de poèmes le plus connu[15].
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Cependant, vers la fin des années 1920, Lorca est victime d'une dépression, exacerbée par une angoisse due à la difficulté grandissante de cacher son homosexualité à ses amis et sa famille. Cette disparité entre son succès comme auteur et la souffrance de sa vie privée atteint son paroxysme lors de la collaboration des deux surréalistes, Dalí et Buñuel, pour le film Un chien andalou (1929) que Lorca interprète, comme une allusion, voire une attaque à son encontre. En même temps, sa relation intense, passionnée, mais non réciproque, avec Salvador Dalí s'effondre quand ce dernier rencontre sa future épouse. Consciente de ces problèmes (mais peut-être pas de leurs causes) la famille de Lorca s'arrange pour lui faire faire un long voyage aux États-Unis d'Amérique en 1929-1930[15] ce qui permettra au poète de prendre du recul après sa séparation récente d'avec le sculpteur Emilio Aladrén[20] et d'écrire le chef d'oeuvre Poeta en Nueva York[21].
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Son retour en Espagne en 1930 coïncide avec la chute de la dictature de Miguel Primo de Rivera et la proclamation de la République. En 1931, Lorca est nommé directeur de la société de théâtre étudiante subventionnée, La Barraca, dont la mission est de faire des tournées dans les provinces essentiellement rurales pour présenter et diffuser le grand répertoire classique espagnol[15] au plus grand nombre, et notamment auprès des couches sociales les plus déshéritées qui n'y ont habituellement pas accès[22]. C'est ainsi que La Barraca monte, sous la direction de Lorca, des pièces de Lope de Vega, Calderón de la Barca, Tirso de Molina et Cervantes[15]. Comme l'écrit Claude Couffon, l'un de ses traducteurs en français, dans sa préface à "Impressions et Paysages", La Barraca était « un théâtre du peuple, ambulant et gratuit[23] ». Il écrit alors la trilogie rurale de Bodas de sangre (« Noces de sang »), Yerma et La casa de Bernarda Alba (La Maison de Bernarda Alba)[15]. En 1933-1934, son théâtre rencontre un grand succès, notamment lors d'une tournée triomphale de « Noces de sang » en Amérique latine[15] d'octobre 1933 à mars 1934[24].
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Selon Claude Couffon, « depuis longtemps violemment anti-fasciste (il a signé dès 1933 un manifeste contre l'Allemagne d'Hitler), García Lorca salue la victoire du Front Populaire en 1936 [en France] »[23]. Quand la Guerre civile espagnole éclate en juillet 1936, il quitte Madrid pour Grenade, malgré les risques qu'il court dans une ville réputée pour avoir l'oligarchie la plus conservatrice d'Andalousie. Un soulèvement franquiste éclate justement à Grenade où il vient d'arriver. Ses idées et son personnage étaient connus de tous, et « bien que n'ayant jamais participé à la moindre action politique [au sens strict du terme], il est arrêté chez le poète Luis Rosales, où il a cherché un refuge clandestin » (Robert Maillard[15]). Rosales était phalangiste, mais cette protection est insuffisante : Ramon Ruiz Alonso, député de la CEDA, vient arrêter Lorca près d'un mois après le soulèvement[25]. « Arrêté le 16 août, il est fusillé le 19 tout près de la Fuente Grande [lieu-dit "la Grande Fontaine"], que les Maures appelaient [joliment et en prémonition...] la "Source aux Larmes" » (Claude Couffon[23]).
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La date et le lieu exacts de sa mort ont fait l'objet d'une longue polémique, mais il semble définitivement établi que Federico García Lorca a été fusillé à 4 h 45 du matin le 19 août, sur le chemin qui va de Víznar à Alfacar par des rebelles anti-républicains[26]. Son corps serait toujours enterré dans une fosse commune anonyme, quelque part dans la zone, aux côtés du cadavre d'un maître d'école, Dióscoro Galindo, et ceux des anarchistes Francisco Galadí et Joaquín Arcollas, exécutés en même temps.
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Le régime de Franco décide l'interdiction totale de ses œuvres jusqu'en 1953, quand Obras completas est publié dans une version très censurée.
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L'un des premiers hommages à García Lorca est l'œuvre pour orchestre de chambre de Silvestre Revueltas, compositeur Mexicain, intitulée Homenaje a Federico García Lorca (« Hommage à Federico García Lorca », 1936). L'œuvre fut jouée au Palais des beaux-arts de Mexico.
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En 1956, on érige le premier monument à García Lorca. C'est bien sûr loin de l'Espagne de Franco, dans la ville de Salto, en Uruguay, grâce à l'initiative de son ami américain, l'écrivain Enrique Amorim. Sur la rive du fleuve Uruguay, un mur porte le poème d'Antonio Machado qui regrette la mort de García Lorca à Grenade.
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Ce n'est qu'avec la mort de Franco en 1975 que la vie et la mort de Lorca peuvent être évoqués librement en Espagne. De nos jours, une statue de Lorca est en évidence sur la place Sainte-Anne à Madrid, un parc porte son nom à Séville, le parc Federico García Lorca.
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En France, le Jardin Federico-García-Lorca, sur les quais de la Seine (bas du quai de l'Hôtel-de-Ville) à Paris, dans le quartier du Marais, ou la médiathèque Federico Garcia Lorca à Montpellier[27] ainsi qu'aux États-Unis une plaque sur le Castro Rainbow Honor Walk[28], à San Francisco, dans le quartier du Castro lui rendent aussi hommage. De même, la chanson Take this waltz[29] extraite de l'album I'm Your Man de Leonard Cohen en 1988, adaptée par Cohen à partir d'un texte de García Lorca, est considérée comme un hommage du poète et chanteur canadien au grand poète martyre andalou ; d'ailleurs, une des filles de Leonard Cohen porte le prénom inhabituel de "Lorca" (voir la section Ses compagnes de l'article consacré au chanteur) : Lorca Cohen, née en 1974[30]. L'écrivaine Annemarie Prins écrit la pièce Een zaak Lorca is ons niet bekend en 1965, pièce qui traite de la mort du poète[31].
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Léo Ferré, au sujet de Franco dans sa chanson Franco la muerte, écrite en 1964, chantera : « T'es pas Lorca, mais sa rature ! ».
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Jean Ferrat lui rend hommage en décembre 1960 dans sa chanson "Federico García Lorca", pour laquelle Claude-Henri Vic compose la musique, et c'est inhabituel, tandis que Ferrat signe le texte (ce qui en indique l'importance pour lui). De même, Ferrat met en musique en 1967 le poème d'Aragon Un jour, un jour dont les deux premiers quatrains se présentent aussi comme un hommage à Lorca (extrait du recueil Le Fou d'Elsa) :
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« Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime / Sa protestation ses chants et ses héros / Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux / A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
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Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu / Emplissant tout à coup l'univers de silence / Contre les violents tourne la violence / Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
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[Refrain] : Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
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En 1977, Louis Le Brocquy réalisa son portrait (Paris, galerie Jeanne Bucher en 1979)[32].
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L'écrivain chilien, Pablo Neruda, lui rend également hommage dans son poème "J'explique certaines choses", publié dans le recueil España en el corazón.
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À Grenade, la Huerta de San Vicente, dans le parc Federico García Lorca, est devenu une maison-musée, grâce au leg d'Isabel García Lorca.
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La recherche de la dépouille du poète a été l'une des obsessions d'Agustín Penón, l'un des spécialistes de son assassinat[33].
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La fosse dans laquelle reposerait le poète est située non loin de Fuente Grande, localité de la commune d'Alfacar[34].
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En 2008, la justice espagnole accepte qu'elle soit ouverte dans l’intimité, en présence de la seule famille. Toutefois, de nombreuses controverses existent sur la présence de la dépouille du poète dans cette fosse commune[35]. En effet, des recherches, effectuées pendant plusieurs semaines, en vue d'une exhumation, sont abandonnées le 18 décembre 2009. Une autre équipe délimite en 2015 une zone de 10 mètres sur 28 qui pourrait contenir la dépouille de Lorca et de trois autres hommes fusillés avec lui, mais attend le visa des autorités andalouses pour procéder à l'exhumation[36]. On ignore si le poète a effectivement été assassiné dans le champ d'Alfacar ou s'il a été transféré dans un lieu inconnu.
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Le poète, pianiste et compositeur puisa une grande partie de son inspiration dans la tradition folklorique andalouse.
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García Lorca rencontra très jeune Manuel de Falla à Grenade et développa une amitié profonde avec le compositeur du ballet Le Tricorne. Ils firent tous deux partie de Génération de 27, un mouvement littéraire qui revendiquait l'usage des traditions espagnoles savantes et populaires projetées dans un horizon moderniste flirtant avec l'avant-garde. À Madrid, García Lorca fit la connaissance de Luis Buñuel et Salvador Dalí, dont il devint très proche, et qui lui jouèrent un mauvais tour en s'inspirant de son intimité pour leur premier film , Un chien andalou dont le titre le visait ironiquement selon lui[37],[38],[39].
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À côté de ces personnalités, il tenta de trouver sa voie par la poésie, avec son retentissant Romancero gitano, mais aussi par la musique. Dès l'âge de dix ans, « l'Andalou professionnel », comme le surnommait perfidement Jorge Luis Borges, composa des petits airs, mais ses parents s'opposèrent à ce qu'il poursuive des études musicales. Ainsi bifurqua-t-il vers les lettres.
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Or, il continuera à écrire toute sa vie des mélodies, de nombreuses chansons, souvent dans un registre flamenco. « Nana de Sevilla » chantée par Victoria de los Ángeles[40], « Las Morillas de Jaen » par Ginesa Ortega[41], « Los Pelegrinitos » par Teresa Berganza[42], trois mélodies éblouissantes de García Lorca parmi d'autres, qui associent l'expressivité populaire du flamenco avec un lyrisme intense propre à son univers.
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C'est bien dans la tradition folklorique du flamenco que le poète, pianiste et compositeur puise l'essentiel de sa matière. Il avait organisé avec Manuel de Falla en 1922 El Concurso del Cante Jondo (Concours du chant profond)[43] pour célébrer ce chant flamenco primitif dont l'interprétation archétypale suscite le trouble : est-ce une véritable douleur qu'éprouve le chanteur ? Arrangeur doué de cette tradition andalouse, García Lorca sera emporté par la guerre d'Espagne. Fervent républicain, il fut exécuté par les troupes franquistes près de Grenade, sur sa terre natale si chérie, dans la nuit du 18 août 1936.
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La souffrance tragique du cante jondo était bien réelle cette fois-ci[44].
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Vuelta de Paseo (« Retour de promenade ») est composé en 1929 puis publié en 1930[60].
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Ce court poème, paru dans le recueil Poeta en Nueva York, en tête du Chapitre "Poemas de la soledad en la Universidad Columbia" (« Poèmes de la solitude à l'Université Columbia ») témoigne d'une facette particulière de la personnalité de Lorca. Ses promenades nocturnes dans une ville en pleine métamorphose lui ont fait ressentir un dégoût profond pour l'oppression, l'angoisse venue du ciel (avec l'édification des gratte-ciels dans la New York florissante des années 1930 aux États-Unis).
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Les couleurs de son Andalousie natale, qui constituaient un motif récurrent dans le style versifié des poèmes du "Romancero Gitano" et du "Cante Jondo", disparaissent ici pour laisser place au gris de la mégalopole, coloris unique qui semble envahir les rues et les esprits. En guise de contre-attaque, Lorca opte pour des vers rythmés, presque chantants, qui se défont des contraintes classiques inhérentes à la pratique des alexandrins dans toutes ses œuvres de jeunesse.
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Pour finir, même la Nature ("los animalitos de cabeza rota") est détruite et devient inerte comme les matériaux de construction de la cité.
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Le poète n'envie en rien les pauvres habitants de la mégalopole, qui semble avoir été recouverte du voile permanent de l'hiver ("el árbol de muñones", "el cristal" -images métaphoriques renvoyant à cette déshumanisation du milieu urbain, à cet affront permanent du citadin face à sa mère, la nature-)
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Son complexe lié à la grandeur de la ville sera assimilé par certains critiques à une forme coextensive d'agoraphobie. L'oxymore "Assassiné par le ciel", en vers 1, puis répétée au vers final avec une ponctuation exclamative, détermine aussi ce sentiment violent de l'artiste face à tout ce qui s'oppose à la poésie.
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Enfin, ce poème symbolise sa ferme opposition au modernisme, à cette quasi-sécularisation qui semble s'emparer d'un monde que le jeune homme (F.G. Lorca n'a alors que 31 ans) trouve industriel, nuisible à l'Homme, en bref trop creux.
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Le vers "Asesinado por el cielo", répété en début et en fin de strophe, rappelle aussi une fresque socio-politique récurrente dans ce recueil de voyage : les immeubles, la ville, tuent la poésie que peut fournir la Nature.
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"Dejare crecer mis cabellos" : ce vers montre que le fléau de la folie et de la vieillesse menace les êtres mortels qui évoluent dans cet environnement disproportionné. Le lectorat pourra par la suite faire de ce vers la métaphore de l'incompréhension et du rejet qui conduisent à la pauvreté, avec un délaissement total des préoccupations corporelles.
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Car, comme l'écrira l'auteur dans la préface du recueil, "C'est dans son imperfection surréaliste, atypique, que la Nature puise sa poésie. L'exactitude, la rigueur démesurée de la ville font disparaître le sens." (Préface, Poeta en Nueva York, 1930)
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Ce poème est donc largement caractéristique de tout le recueil, car il reflète des thématiques variées, comme le vertige du poète aux prises avec la ville, l'homosexualité, ou encore le vieillissement inexorable de l'Homme. Il ouvre d'ailleurs le premier chapitre du recueil, et il est possible de faire de cette œuvre complexe le manifeste d'un surréalisme engagé qui signale son dégoût face au déclin de la vie citadine, et à l'écrasement du paysage par l'industrie...
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Le Vatican, en forme longue l'État de la Cité du Vatican (en italien Stato della Città del Vaticano, [ˈstaːto della tʃitˈta del vatiˈkaːno] ; en latin Status Civitatis Vaticanæ), est un pays d'Europe. Il s'agit du support territorial du Saint-Siège enclavé dans la ville et capitale italienne de Rome. En 2019, il compte 799 habitants[5] sur une superficie totale de 0,439 km2, ce qui en fait le plus petit État au monde ainsi que le moins peuplé.
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Le Vatican se compose de deux entités juridiques distinctes : le Saint-Siège, entité spirituelle, et l'État de la Cité du Vatican, entité temporelle. Le lien entre ces deux entités est le pape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire)[6].
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La colline du Vatican est déjà mentionnée sous la République romaine. De nos jours, le Vatican est la représentation temporelle du Saint-Siège et de l'ensemble des institutions de l'Église catholique romaine : l'État de la Cité du Vatican est, lui, créé le 11 février 1929 aux termes des accords du Latran, signés par l'Italie représentée par Mussolini et par le Saint-Siège représenté par le cardinal Gasparri.
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Le Vatican, important site archéologique du monde romain, situé sur la colline du même nom, est le siège de la papauté et du monde catholique. Selon l'historiographie catholique, il remonte à saint Pierre lui-même, comme premier évêque de Rome et est le centre officiel de tout le christianisme depuis l'empereur Constantin (IVe siècle), mais ce point de vue n'est pas forcément partagé par tous les historiens ni par toutes les confessions chrétiennes[7].
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L'État du Vatican est une monarchie absolue, de droit divin et élective[8] dirigée par le Pontife romain et évêque de Rome, c'est-à-dire actuellement le pape François, élu le 13 mars 2013, à la suite de la renonciation de Benoît XVI, le 28 février de la même année. Le pape y exerce souverainement le triple pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.
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Selon les étymologistes anciens comme Festus Grammaticus (cité par Paul Diacre), ce nom de Vaticanus tirerait son origine du mot Vaticinium, ou plus exactement Vātēs ou Vātis signifiant « devin » ou « voyant », parce que beaucoup de devins auraient résidé de ce côté du Tibre, car on sait notamment que sous Tibère, l’art de la divination était interdit à Rome même (c’était un délit passible de la confiscation des biens et de la relégation)[9].
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Cette étymologie étant incertaine, d'autres parlent d'une ville étrusque nommée Vaticum, qui aurait jadis existé à cet endroit ou du dieu Vaticanus qui présidait aux premières paroles des enfants[10] et dont le temple était construit sur l'ancien site de Vaticanum, la colline du Vatican[11]. En effet, cette colline était la maison des Vates longtemps avant l'époque préchrétienne de Rome[12].
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La Cité du Vatican actuelle est généralement considérée comme le reliquat des anciens États pontificaux, bien que l'existence de fait de ceux-ci s'arrête en 1870 tandis que celle de droit du Vatican commence en 1929. L'origine ancienne de ce territoire des États pontificaux est une accumulation de donations foncières reçues par les papes successifs, depuis l'époque constantinienne jusqu'à celle du Royaume lombard (avec par exemple la donation de Sutri). Le pape s'est ainsi trouvé placé à la tête d'un important domaine foncier connu sous le nom de patrimoine de Saint-Pierre, initialement sous suzeraineté romaine d'Orient, mais que l'historiographie catholique a longtemps appelé « donation de Constantin », en même temps qu'elle justifiait ainsi le pouvoir temporel du pape.
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En fait, la « donation de Constantin » est un mythe selon lequel l'empereur Constantin Ier aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les Églises d'Orient et l'imperium (pouvoir impérial) sur l'Occident : le caractère apocryphe de ce document a été établi en 1442 par l'humaniste Lorenzo Valla. La justification historique de ce pouvoir temporel réside en fait dans la donation de Pépin de 754 confirmée par Charlemagne en 774, donation cette fois bien réelle.
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La cité se situe sur ce que l'on appelait dans l'Antiquité l'ager Vaticanus qui se compose d'une petite plaine (la plaine vaticane) aux bords du Tibre, se relevant à quelque distance en une colline d'une faible élévation, les Montes Vaticani (colline Vaticane).
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Quelques villas, bâties autour de « jardins impériaux » y furent propriété d'Agrippine. Le fils de cette dernière, l’empereur Caligula (37-41 ap. J.-C.), y fit réaliser un cirque privé, le Circus Vaticanus, dont l'actuel obélisque du Vatican constitue un des seuls vestiges. C’est là, ainsi que dans les jardins adjacents, qu’eut lieu le martyre de nombreux chrétiens de Rome à l’époque de Néron (54-68). On dit que saint Pierre fut enterré au nord de ce cirque, dans une nécropole qui longeait une route secondaire, la via Cornelia. Sur le lieu de sa sépulture, l’empereur Constantin fit édifier entre 326 et 333 une basilique grandiose à l'emplacement du site de l'ancien cirque romain qui fut alors démoli. L'édifice a été remplacé par la basilique actuelle au cours des XVIe et XVIIe siècles.
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Au Ve siècle, le pape Symmaque y fit construire une résidence dans laquelle certains personnages illustres vinrent séjourner, tel Charlemagne lors de son couronnement (800). Au XIIe siècle, Célestin II, puis Innocent III la firent rénover. La construction du palais du Vatican débuta sous le pontificat de Nicolas V durant la première moitié du XVe siècle.
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Le 20 septembre 1870, après l'évacuation des troupes françaises, Rome est conquise par les troupes piémontaises et rattachée au royaume d'Italie. Le pape Pie IX qui résidait au palais du Quirinal (devenu depuis, la résidence officielle des rois d'Italie, puis du président de la République italienne), se réfugie alors au palais du Vatican. Son refus de reconnaître l'annexion donne une dimension politique et diplomatique au conflit causé par l'Unité italienne : c'est le début de la « question romaine ». Cette controverse dure jusqu'aux accords du Latran en 1929, par lesquels l'État italien s'engage à respecter les frontières de l'État du Vatican qu'il reconnaît alors de fait, la reconnaissance de droit allant au Saint-Siège ; en échange, le Pape reconnaît le rattachement à l'Italie des États pontificaux, ville de Rome comprise[13].
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Le pape dispose du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire). Le pouvoir exécutif est délégué à un gouverneur nommé qui est également chargé de la représentation diplomatique[14]. Une commission composée de cinq à sept cardinaux exerce par délégation le pouvoir législatif. Les institutions du Vatican sont réglées par une constitution, dont la première mouture a été rédigée par Pie XI au moment des accords du Latran. Actuellement, le Vatican est régi par la loi fondamentale du 26 novembre 2000 (entrée en vigueur le 22 février 2001)[15]. Ses lois sont consignées dans les Acta Apostolicæ Sedis.
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Le Vatican est une monarchie absolue et élective : le pape est élu à la majorité qualifiée (2/3 des voix) lors du conclave, et règne à vie en principe, mais il peut aussi renoncer, cette possibilité a été exploitée par Benoît XVI en 2013. Il peut également se définir comme une théocratie dans la mesure où son existence, son fonctionnement et son action sont dominés par un impératif religieux.
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La citoyenneté vaticane n'est pas l'expression d'une appartenance nationale. Elle est liée à l'exercice de fonctions au sein du Vatican ou du Saint-Siège. Par conséquent, cette citoyenneté vient toujours s'ajouter à une nationalité d'origine. Dès que ces fonctions cessent, la citoyenneté cesse. Ainsi, un prélat de la Curie prenant des fonctions pastorales perd sa citoyenneté vaticane. Celle-ci est attribuée également au conjoint et à la famille (ascendants, descendants et collatéraux directs) des fonctionnaires du Vatican, à l'âge de 25 ans pour les garçons et au moment de leur mariage pour les filles[réf. nécessaire].
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C'est le Saint-Siège, organe de gouvernement de l'Église catholique romaine, et non l'État de la Cité du Vatican, qui fait l'objet d'une représentation internationale. Il dispose d'un siège d'État non membre observateur à l'ONU[16].
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Le Vatican a exprimé le désir de rejoindre l'espace Schengen[17].
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La plus vieille armée encore en exercice est celle du Vatican[18]. Elle comptait encore en 1977, 89 officiers et hommes de troupes, recrutés depuis 1506, exclusivement dans les cantons suisses. Les troupes pontificales ne sont plus montées au feu des combats depuis leur défaite par les troupes italiennes, survenue en 1870[19].
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La diplomatie du Saint-Siège est l'activité de négociation internationale de l'Église catholique. Avant la Réforme et le siècle des Lumières, la papauté a exercé à plusieurs reprises des fonctions d’arbitre entre les souverains chrétiens européens. La diplomatie du Saint-Siège trouva sa première expression formelle véritable vers la fin du XIe siècle quand le pape commença à envoyer des légats vers les différents royaumes de la chrétienté. Il s’agissait de permettre au clergé résident d’avoir une plus grande marge de manœuvre à l’égard des autorités civiles locales.
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À partir du XVIe siècle, les premières nonciatures apparaissent, avec à leur tête un archevêque venant de Rome. Fragilisée par la Réforme et le développement de la philosophie des Lumières, l’autorité du Saint-Siège est contestée, mais celui-ci reste toujours présent sur la scène internationale. La légitimité de la diplomatie pontificale dans la sphère internationale est ensuite entérinée à plusieurs reprises par des traités de référence (le congrès de Vienne en 1815 et la conférence de Vienne de 1961 codifiant le droit diplomatique)[16].
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Du fait de sa très faible superficie, le Vatican est le plus petit pays du monde. Toutefois, l’« État du Vatican » n’est pas un État souverain au sens strict, puisqu’il n’est pas lui-même sujet de droit international[16] et se fait représenter par le Saint-Siège, dont les compétences s’étendent au-delà du seul État du Vatican aux ambassades, sous l’autorité du pape qui est à la fois le souverain du Saint-Siège et le dirigeant du Vatican. De plus, il n'a pas de nationaux en propre et sa puissance souveraine sur son territoire est, dans certaines circonstances et sur certaines parcelles définies par l'accord du Latran, partagée avec l’État italien (notamment la place Saint-Pierre). De ce fait, selon la convention de Montevideo, le statut juridique international du Vatican n'est, d'après certains juristes, pas celui d'un État[20],[21], mais plutôt celui d'un sujet international analogue à une organisation internationale telle que l'ONU[22].
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À ce titre, les ambassades (nonciatures) et propriétés du Saint-Siège hors-les-murs ne relèvent pas de l’État du Vatican, mais de la seule autorité du Saint-Siège, manifestée à travers ses institutions (regroupées dans la Curie romaine siégeant au Vatican) et son souverain.
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La superficie du Vatican représente un cinquième de celle de la principauté de Monaco : le Vatican peut être qualifié de micro-État. Il est enserré dans des murailles imposées par l'article 5 des accords du Latran, entièrement enclavé dans la ville de Rome, dans le territoire italien. Cette enclave comprend notamment la place Saint-Pierre, la basilique Saint-Pierre, le Palais apostolique, les musées du Vatican et des jardins.
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Le Saint-Siège a également la pleine propriété sur plusieurs bâtiments situés hors de la Cité vaticane, qui bénéficient d'un statut d'immunité diplomatique[23], à l'instar d'une ambassade. Il s'agit notamment de :
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En outre, l'Université grégorienne, la station d'émission de Radio Vatican située dans la banlieue de Rome et divers autres bâtiments sont exempts d'impôts et préservés de toute expropriation. Ces bâtiments et propriétés ne font pas partie stricto sensu de l'État de la Cité du Vatican mais leur superficie cumulée représente environ le double de celle du Vatican (voir Propriétés du Saint-Siège en Italie).
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En 2002, le déficit consolidé du Vatican s'élevait à 13,5 millions d'euros pour 216 millions d'euros de recettes. Les dépenses sont principalement les salaires des 2 600 employés (dont environ 750 ecclésiastiques). En 2010, l'économie vaticane a réalisé un excédent budgétaire de 10 millions d'euros, malgré la baisse des dons des fidèles[24].
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Outre les revenus touristiques tels les revenus des musées du Vatican (91,3 millions d'euros de recettes en 2011[25]), l'organisation de voyages et pèlerinages, l'émission de timbres postaux et de monnaies recherchés par les collectionneurs et la vente de publications, les revenus viennent de placements mobiliers (32 millions d'euros de plus-value en 2002) et immobiliers (12,9 millions d'euros).
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Un autre poste financier non négligeable est le denier de Saint-Pierre qui a avoisiné les 50 millions d'euros en 2002, même si une partie de cette somme seulement est affectée au budget du Vatican[réf. nécessaire]. Son origine remonte au VIIIe siècle, quand les Anglo-Saxons commencèrent à envoyer une contribution annuelle au pape[réf. nécessaire]. Cet usage s'étendit ensuite aux autres pays d'Europe et a été reconnu officiellement par le pape Pie IX le 5 août 1871 dans l'encyclique Sæpe venerabilis.
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Depuis le 1er janvier 2013, la Deutsche Bank, qui gère les paiements monétiques au sein de la Cité vaticane, s'est vue dans l'obligation de désactiver l'utilisation de tous ses terminaux électroniques sur ordre de la Banque d'Italie, car le Saint-Siège n'a pas encore atteint les standards requis au niveau international contre le blanchiment d'argent[26]. Les membres du comité Moneyval (un comité d'experts dépendant du Conseil de l'Europe qui repère notamment les blanchiments des capitaux et les sources occultes de financement du terrorisme) estiment en effet que le Vatican remplit à peine 9 des 16 recommandations clés et lui attribuent 7 mentions négatives[27]. Le Vatican a lancé depuis 2010 une série de réformes à la suite d'importants scandales financiers ayant impliqué sa banque, l'Institut pour les œuvres de religion (IOR) et qui gère en 2011 plus de 6,3 milliards d'euros répartis en 20 772 comptes, dont 37 des membres de la famille du pape, 236 de cardinaux, 1 604 d'évêques et 128 de monastères, couvents ou abbayes[28]. L’IOR s’est trouvé au cours des années au cœur de nombreux scandales notamment sous le mandat de Mgr Paul Casimir Marcinkus, ex-directeur de la banque du Vatican. L’établissement était le principal actionnaire du Banco Ambrosiano, banque accusée dans les années 1980 de blanchiment d’argent de la drogue pour la mafia. En mai 2012, l’IOR refait parler d’elle avec le limogeage de son président Ettore Gotti Tedeschi[29]. Les États-Unis ont ajouté en 2012 le Vatican à une liste de 68 États dont la situation est jugée préoccupante, selon le rapport annuel du Département d'État américain sur la lutte contre le trafic de drogue dans le monde[30].
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Le pape François tend à sortir l'économie du Vatican des réseaux mafieux, et a d’ailleurs fait plusieurs déclarations à ce sujet[réf. nécessaire].
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La quasi-totalité des habitants vivent à l'intérieur des murs de la cité. Ce sont principalement des membres du clergé, incluant les hauts dignitaires, les prêtres, les religieuses. La fameuse garde suisse pontificale, chargée de la protection du pape, réside également au Vatican. Près de 3 000 travailleurs étrangers composent la majorité de la main-d'œuvre du pays, tout en résidant en dehors du Vatican. Sauf exception, les personnes possédant un passeport de la cité du Vatican conservent leur nationalité d'origine. Faute de maternité, il n'y a aucune naissance au Vatican.
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Le Vatican comptait 921 habitants en 2014, ce qui en fait le pays le moins peuplé du monde. En revanche, il en est l'un des plus densément peuplés avec plus de 2 000 habitants par kilomètre carré (le troisième derrière Monaco et Singapour). En effet, cette population est concentrée sur une superficie de 0,44 km2 seulement.
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Les langues officielles de la Cité du Vatican sont[1] :
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Sont également utilisés :
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En tant que siège du catholicisme, le Vatican a une influence culturelle très importante. Il a aussi une activité culturelle propre, comme sa radio, Radio Vatican, qui émet en plusieurs langues.
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Les onze musées du Vatican possèdent de riches collections d'art sacré et profane ainsi que des antiquités étrusques et égyptiennes et des œuvres de peintres, dont Michel-Ange. Ils ont été fondés par Clément XIV au XVIIIe siècle.
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Garde suisse.
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La Pietà de Michel-Ange.
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Basilique Saint-Pierre.
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Fresque du plafond de la chapelle Sixtine.
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La salle Sixtine de la Bibliothèque du Vatican.
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Jardins du Vatican.
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La place Saint-Pierre, Vatican
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Football : voir Équipe du Vatican de football
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Le Vatican a pour codes :
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La Garonne (prononcé [ga.ˈʁɔn̪] en « français standard » ; Garona en gascon et en occitan, en catalan et en espagnol) est un fleuve principalement français prenant sa source en Espagne et qui coule sur 647 km avant de se jeter dans l’océan Atlantique ; son estuaire commun avec la Dordogne est la Gironde. Elle a donné son nom aux départements français de Haute-Garonne, de Lot-et-Garonne et de Tarn-et-Garonne.
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Les formes anciennes de la Garonne sont bien connues[1] : - en grec, Garounas (Strabon, v. 10 ap. J.-C.), Garouna, Garuna, Garunas, Garina (Ptolémée, v. 150 ap. J.-C.), Garunna, Garounna (Marcien d'Héraclée v. 470); - en latin, Garumna (Jules César[2]. - 52 av. J.-C.), Garunna (Pline l'Ancien v.100 ap. J.-C.), Garumna, Garunna, Garonna, Garona (Pomponius Mela v.43 ap. J.-C.), Garunda (Sidoine Apollinaire v. 460), Gyrunda, Gyriunda 1242, Garunna 1480, Gironda 1557.
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Garonne et Gironde seraient des variantes dialectales. L'alternance -nn-/-nd- a été souvent constatée en gaulois, et c'est elle qui différencie le celtique -onna et le latin unda "eau"[3].
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Le premier élément de Garonne pourrait provenir soit d'un radical pré-latin *gar- « pierre, rocher, montagne », variante de *kar- et de *gal-, soit, plus vraisemblablement, d'un radical bilabial[4] *gw-ar- qui expliquerait mieux les différentes variantes observées. En effet l'élément occlusif est soit conservé, comme Garonne, Gardon, Gard, soit perdu comme en celtique ver, Var "eau, rivière"[5].
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Le second élément est aussi un suffixe hydronymique -onna (onno « fleuve », est cité comme gaulois dans le Glossaire d'Endlicher [6]).
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Selon la première hypothèse, Garonne signifierait « la rivière du roc, la rivière caillouteuse »[7]. Selon la seconde, elle signifierait "la rivière de (Celle de) l'Eau", divinisation du cours d'eau bien connue chez les Celtes[8],[9].
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La Garonne s'appelle en languedocien et en gascon la/era Garona /eɾa Garunɵ.
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La Garonne est partagée en plusieurs parties, d'amont en aval :
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Le point triple entre les trois lignes de partage des eaux de la Garonne, de la Loire et du Rhône se trouve en Lozère à un « sommet » du mont Planas (44° 33′ 12″ N, 3° 43′ 23″ E, altitude : 1 271 m) sur la commune d'Allenc très proche de la limite avec celle de Belvezet, au nord-ouest du « Carrefour de la Pierre Plantée » avec un menhir à proximité.
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Selon les auteurs, trois sources distinctes peuvent être reconnues pour la Garonne :
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Dans la "nouvelle Géographie Universelle" d'Elisée RECLUS livre 2 La France (édition 1885 chez Hachette), le géographe indique pages 121 et 122 que la principale source est en Espagne : un torrent formé des neiges et des glaces du Nethou (l'Aneto) s'engouffre tout à coup, non loin des sources de l'Esera dans un puits naturel appelé le trou du Taureau...... et reparaît sur l'autre versant de la chaîne, à 4 km de distance et 600 m plus bas... Suit un croquis dont le titre est "cours souterrain de la Garonne" identifiant la Tusse Blanche sous laquelle circule la Garonne.
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Source aranaise : « Uelh dera Garona », au Plã de Béret.
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Les Uelhs de Joèu (Ojos del Judío en espagnol, les Yeux du juif), résurgence dans le Val d'Aran des eaux perdues dans le Trou du Toro.
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Disparition de l'eau des Barrancs et Escaleta (Maladeta) dans le sol au Forau de Aigualluts ou Trou du Toro.
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Principal lac de Saboredo et Pic de Saboredo, tête de la vallée de la Garonne.
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Le fleuve se dirige au nord, entre en France au Pont du Roy à Fos. La longueur de son parcours restant en France jusqu'à l'embouchure est de 521,9 km[13].
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+
Il reçoit ensuite la Pique descendue des massifs de Luchon. Il quitte les Pyrénées après avoir arrosé le site antique de Saint-Bertrand-de-Comminges, puis il reçoit la Neste à Montréjeau, change de direction pour se diriger vers le nord-est en une large vallée (plaine de Rivière), il arrose Saint-Gaudens, franchit les Petites Pyrénées entre Saint-Martory et Martres-Tolosane, reçoit le Salat descendu de Saint-Girons.
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La vallée très large s'étage en terrasses sur la rive gauche.
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Le fleuve traverse Muret, reçoit l'Ariège à Portet-sur-Garonne pour atteindre Toulouse où il change de direction en se dirigeant au nord-ouest pour se jeter dans l'Atlantique à son embouchure en commun avec la Dordogne où les deux fleuves forment l'estuaire de la Gironde.
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Entre Toulouse et Bordeaux, le fleuve traverse Agen et reçoit ses principaux affluents sur la rive droite, le Tarn et le Lot issus du système hydrologique du Massif central.
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Le fleuve est navigable de l'océan à Langon. Un canal latéral a été construit au XIXe siècle pour joindre Langon (Castets-en-Dorthe) à Toulouse (liaison avec le canal du Midi de Toulouse à Sète). La marée se fait sentir jusqu'à Casseuil, soit 12 km en amont de Langon[14]. Des oscillations caractéristiques sont aussi observables à La Réole, 5 km plus amont (lorsque le débit est suffisamment faible)[15].
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Des Pyrénées à Toulouse, le fleuve est aménagé pour l'industrie hydroélectrique.
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Plus récemment, deux centrales nucléaires sont implantées sur les rives :
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À Bordeaux, le fleuve est très large et sous l'influence des marées. À marée montante se forme un mascaret qui remonte le fleuve[16],[17],[18]. L'eau salée de l'océan remonte à Bordeaux en période d'étiage[14], quand le mascaret peut être observé jusqu'en amont de Cadillac en périodes de grandes marées.
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En descendant le cours du fleuve, on rencontre les affluents suivants, de plus de 50 km de long :
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Dans sa partie supérieure, à l'amont de Toulouse, son débit dépend de l'enneigement et de la fonte des neiges et, dans sa partie inférieure, elle a une alimentation pluviale due à ses principaux affluents.
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La Garonne alimente aussi plusieurs canaux :
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Le SANDRE attribue à la Garonne le numéro d'identité hydrographique 0---00000 et le code générique O---0000[20],[21].
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A Toulouse, la Garonne a subi de nombreuses crues, notamment depuis que sa rive gauche est habitée. Il y aurait ainsi eu des crues vers 1177, en 1220, en 1258, en 1430, en 1523, en 1536 et en 1589, en 1608, en 1658, en 1673, en 1675, en 1709, en 1712[22], en 1727, en 1750, en 1772, 1788, 1804 et 1810, et en 1827 et en 1835, en 1855, en 1856[23].
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À Toulouse, en 1827, la Garonne à quatre mètres au-dessus du niveau ordinaire rempli les arches du pont de Pierre ou Pont neuf.
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En 1835, la Garonne monte à cinq mètres 35 au-dessus de l'étiage et passe par les quatre lunes du pont.
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En 1772, la Garonne atteint 8 mètres 50[23] .
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En 1777, La Garonne subit une crue extraordinaire au point que le curé de Bourdelles prit la peine de retranscrire l'événement, à la fin des actes de l'année, dans le registre paroissial des baptêmes, mariages et décès :
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« Soit pour mémoire que le dix sept May de cette présente année que la Rivière de Garonne étant débordée pendant trois diverses fois a noyé et perdu totalement la Récolte de la parroisse de Bourdelles qui obligea les habitants a faucher les Bleds foins, et qu'il ne ramasser que quatre boisseaux moins deux picotins froment, neuf de Bled d'Espagne, et du tout de vin[25]. »
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+
Le débit de la Garonne a été observé sur une période de 76 ans (1913-1988), au Mas-d'Agenais, localité du département de Lot-et-Garonne située à une douzaine de kilomètres en amont de la ville de Marmande[26]. La surface prise en compte est de 52 000 km2, ce qui correspond à près de 95 % du bassin versant total du fleuve qui fait plus ou moins 55 000 km2.
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Le module du fleuve au Mas-d'Agenais est de 631 m3/s (plus que la Seine à son embouchure qui fait plus ou moins 540 m3/s).
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La Garonne présente des fluctuations saisonnières de débit bien marquées[27], mais pas excessives. Les hautes eaux se situent en hiver et au printemps, et se caractérisent par des débits mensuels moyens allant de 832 à 1 030 m3/s, de décembre à mai inclus (avec un léger sommet en février). Dès fin mai, le débit diminue progressivement ce qui mène aux basses eaux d'été. Celles-ci ont lieu de juillet à octobre inclus, et s'accompagnent d'une baisse du débit mensuel moyen jusqu'au niveau de 190 m3/s au mois d'août, ce qui reste considérable. Mais les fluctuations de débit sont plus importantes selon les années, ou observées sur de courtes périodes.
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Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusqu'à 77 m3/s, en cas de période quinquennale sèche, ce qui est loin d'être sévère. Le débit de la Garonne se maintient ainsi bien mieux que ceux de la Seine ou de la Loire, en période de sècheresse.
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D'autre part, les crues du fleuve peuvent être assez importantes, aggravées par la taille élevée de son bassin versant. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 3 500 et 4 400 m3/s. Le QIX 10 se monte à 5 000 m3/s, et le QIX 20 en vaut 5 500 m3/s. Quant au QIX 50, il se monte à pas moins de 6 300 m3/s, soit presque le débit moyen ou module du Danube en fin de parcours. Ainsi la possibilité d'importants débordements menace constamment.
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Le débit journalier maximal enregistré au Mas-d'Agenais a été de 5 700 m3/s le 5 mars 1930, lors de l'inondation historique de 1930. En comparant cette valeur à l'échelle des QIX exposée plus haut, il apparaît que cette crue était un peu plus importante que la crue vicennale calculée par le QIX 20 (une crue vicennale a, chaque année, une probabilité de 1/20 de se produire).
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On peut aussi noter les estimations de la crue de la Garonne en 1875 où au moins 10 000 m3/s auraient transité en aval du confluent avec le Tarn[28].
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Bien qu'une bonne partie des plaines de son bassin soient peu arrosées, au point de nécessiter des ouvrages d'irrigation, la Garonne est un fleuve abondant, puissamment alimenté par les fortes précipitations des hauts sommets des Pyrénées centrales, et d'une bonne partie du Massif central. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant se monte à 384 millimètres annuellement, ce qui est nettement supérieur à la moyenne d'ensemble de la France tous bassins confondus (320 millimètres par an). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint 12,1 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
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Les débits généralement faibles en été et en automne, période appelée étiage, coïncident avec des prélèvements importants. Afin de limiter les risques pour la Garonne et éviter les conflits entre usage, une réalimentation du fleuve est assurée à partir de réservoirs situés dans les Pyrénées.
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Les usages préleveurs (données moyennes sur l'aire du Plan de Gestion d'Étiage du 1er juillet au 31 octobre) :
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Le soutien d'étiage : Des conventions pluriannuelles de soutien d’étiage mobilisent déjà et ce depuis 1993, plus de 50 millions de mètres cubes (hm3) de ressources en amont de Toulouse (de 30 à 70 hm3 mobilisables selon les années). Sur ce stock, la moyenne du volume mobilisé est de 25 hm3 (mini 12 hm3 et maxi 46 hm3), car il y a des étés humides, des étés secs et des pluies automnales plus ou moins tardives[29].
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Autrefois important axe de navigation et de transport de marchandises, la Garonne n’est aujourd’hui navigable pour les plus gros bateaux (cargos, porte-conteneurs …) que dans son estuaire, jusqu’au Pont de Pierre à Bordeaux, et pour les grosses péniches jusqu’à Langon. Le trafic fluvial emprunte ensuite le Canal de Garonne qui est voué presque exclusivement au tourisme fluvial.
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La navigabilité de la Garonne a déjà été établie dans des temps anciens sur une bonne longueur[30].
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Le transport de gros gabarit a repris jusqu'à Langon grâce à la construction aéronautique et pour le transport de pièces de l'A380 vers les ateliers de Toulouse.
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Le Ville de Bordeaux est l'un des trois bateaux construit pour le transport des pièces de l'A380 jusqu'à Pauillac (Gironde) qui sont ensuite transbordées sur une des deux barges le Breuil et le Brion remontant la Garonne jusqu'à Langon.
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Les principaux éléments constituant les appareils de la gamme d'Airbus sont produits dans des usines réparties dans toute l'Europe mais les chaînes de montage se trouvent sur le site de l'aéroport de Toulouse-Blagnac en France ou à l'aéroport de Hambourg-Finkenwerder en Allemagne. Ces déplacements entre les différents sites de production et de montage s'effectuaient par camions ou par les airs, grâce au Beluga, un Airbus A300-600ST dont le fuselage a été spécialement modifié pour pouvoir recevoir des pièces de grande taille. Mais avec les dimensions de l'A380, l'emploi de cet avion est devenu impossible et Airbus a donc mis en place un système combiné de transport aérien, maritime et terrestre par bateaux, barges et camions.
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Au fil de son histoire, la Garonne a été dotée de ponts qui permettent de la franchir, notamment à Bordeaux et à Toulouse.
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En 1789, le pont en bas de Montréjeau était en bois[31].
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En 1860, la compagnie des chemins de fer du midi pour relier Toulouse à Tarbes (avant d'arriver à Bayonne) a construit six ponts sur la Garonne:
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Le flottage a été utilisé pour acheminer les poutres maîtresses de la cathédrale de Montauban à partir des forêts de la vallée d'Aure[33].
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Le flottage a disparu avec la construction d'une ligne de chemin de fer (aujourd'hui remplacée par un service d'autocar) entre Luchon et Montréjeau[34].
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La Garonne a également servi au flottage de bois de chauffage et de construction, qui venait du Val d'Aran, jusqu'à Cazère ou jusqu'à Toulouse. Ce flottage se faisait dans le cadre de libres échanges commerciaux, qui ont par la suite été encadrés par des privilèges, sujets de différends nationaux, jusqu'à leur disparition. Ainsi 500 à 600 hommes coupaient 8000 cannes de bois annuellement pour la région toulousaine. Les escales se réalisaient aux ports de Bossòst, Les, Saint-Béat et Fos[35]. Par ailleurs, Julien Sacaze suppose que Lugdunum Convenarum était un port antique.
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Ainsi, en Haute-Garonne, en 1878, la Garonne était navigable sur 190 kilomètres environ[36].
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En 1847, Toulouse comptait sur la Garonne des quais et trois ports[37].
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L'histoire des péages de la Garonne et de ses affluents au Moyen Âge a été étudiée par le professeur C. Higounet. Il en existait notamment une trentaine entre Bordeaux et Toulouse[38].
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La Garonne et son estuaire accueillent encore les huit espèces de migrateurs amphihalins : la grande alose, l'alose feinte, l'anguille, l'esturgeon européen, la lamproie fluviatile, la lamproie marine, le saumon atlantique et la truite de mer.
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La Garonne constitue l'axe majeur de migration pour les poissons grands migrateurs, reliant l’Atlantique jusqu’aux Pyrénées. L'estuaire de la Gironde, véritable milieu de transition, joue un rôle clé dans l’adaptation physiologique des poissons grands migrateurs au passage d’un milieu marin à un milieu fluvial, et vice versa. La Garonne est un lieu de reproduction et les graviers de son lit abritent les œufs. C'est aussi un milieu nourricier.
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Petit à petit, les incidences de certaines activités humaines ont commencé de porter tort à ces populations fragiles. Les prélèvements intensifs de granulats, la pollution de l’eau et surtout les barrages ont bouleversé les écosystèmes, rendant souvent inaccessibles les zones de frai quand ils ne les détruisaient pas simplement.
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Il a fallu attendre les années 1970-1980 pour que les pouvoirs publics étendent le plan de sauvetage du saumon à l’ensemble des espèces migratrices, imposent des dispositifs de franchissement de barrages, prévoient des alevinages, limitent la pêche et redonnent un avenir à des espèces emblématiques en pays de Garonne[39].
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L'esturgeon européen : Il est sur la liste rouge des espèces menacée de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le système Gironde-Garonne-Dordogne abrite les dernières frayères.
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L'anguille : Longtemps considérée comme nuisible, elle fait actuellement l’objet de toutes les attentions. Des mesures d’urgence aux niveaux national et local s’imposent pour la sauvegarde de l’espèce.
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La grande alose : La Garonne et la Dordogne ont longtemps accueilli la population de grande alose la plus importante d’Europe. Aujourd'hui, cette espèce, de la famille de la sardine, connaît une baisse d'effectif préoccupante. Un plan de sauvegarde de l'espèce a été mis en place en 2008.
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La lamproie marine : Elle est pêchée dans la partie aval de la Garonne, au filet ou dans des nasses. Cuisinée « à la bordelaise », en civet, est ensuite commercialisée en conserve. C'est l'espèce migratrice la plus abondante.
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Le saumon atlantique : Disparu dans les années 1970, le saumon atlantique repeuple peu à peu le bassin de la Garonne, grâce au plan de restauration.
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Classé MH (2010)
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Croisière sur la Garonne à Bordeaux.
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Cabane de pêche au filet carré (carrelet) sur pilotis.
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La Garonne est, « à la lettre, l'un des personnages les plus importants de l’œuvre de Pierre Gamarra. (…) La Loire a eu son poète et romancier avec Maurice Genevoix, la Durance le sien avec Giono, la Garonne, avec Pierre Gamarra, a son troubadour. »[40]
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Les gastéropodes (Gastropoda, du grec ancien γαστήρ / gastếr et πούς / poús: « ventre-pied ») sont une classe de mollusques caractérisés par la torsion de leur masse viscérale. Ils présentent une très grande diversité de formes mais peuvent se reconnaitre généralement par leur coquille dorsale torsadée et univalve caractéristique lorsqu’elle est présente.
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Ils possèdent un pied et une tête distincts. Leur pied est aplati en une large sole ventrale, servant à la natation ou la reptation, tandis que leur tête comporte des yeux et une radula.
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L'écologie des gastéropodes est très variée et les espèces peuvent être marines, d'eau douce ou terrestres. Parmi les gastéropodes terrestres se trouvent notamment les escargots et les limaces.
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Les gastéropodes sont des animaux presque toujours asymétriques, dont le corps est divisé en trois régions distinctes :
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Ces mollusques sont unisexués ou hermaphrodites, ovipares ou vivipares.
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Le développement comprend généralement un stade pendant lequel la larve, pourvue d'une petite coquille spirale operculée et d'un voile cilié, nage librement. C'est la larve trochophore caractéristique des mollusques, mais qui manque chez les gastéropodes terrestres.
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La plupart de ces animaux vivent dans la mer (comme les patelles, les buccins), et peuvent même être pélagiques (ptéropodes). D'autres sont terrestres, comme les limaces et les escargots, ou habitent les eaux douces, comme les paludines et les lymnées.
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La coquille des gastéropodes est éminemment variable en forme, grandeur et coloris. Il en est dont l'ouverture est fermée par une pièce mobile cornée ou calcaire, l'opercule, pièce absente chez d'autres. Certaines coquilles sont utilisées pour la fabrication d'objets en nacre, et quelques espèces produisent des perles qui ne sont pas sans valeur.
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Le nombre des espèces de gastéropodes dépasserait 100 000. On les rencontre sur tout le globe, et à l'état fossile depuis le cambrien.
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La plupart des gastéropodes sont hermaphrodites. Les deux individus connectent leurs dards et s'échangent mutuellement des gamètes mâles, qui viendront féconder leurs gamètes femelles.
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Deux escargots font connaissance avant de s'accoupler.
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Connexion des dards au moment de l'accouplement (Illustration : Férussac en 1820.)
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Les gastéropodes appartiennent à l'embranchement des mollusques. Au sein de ce phylum, ils sont caractérisés par une coquille univalve à l'opposé de celle des bivalves, le plus souvent en spirale (quelques exceptions : la patelle — coquille en forme de chapeau chinois — ou la limace de mer — où la coquille est interne —). Au cours du développement, une flexion endogastrique rapproche bouche et anus. Une torsion de 180° de la masse viscérale par rapport à l'ensemble tête-pied a lieu chez les gastéropodes prosobranches (littorine, buccin...) tandis que chez les opisthobranches cette torsion n'est que de 90° (aplysie). Enfin, les gastéropodes pulmonés ont conquis le milieu aérien : leur cavité palléale est transformée en poumon (escargot). Cependant, certains gastéropodes pulmonés vivent en milieu aquatique (planorbes, lymnées, etc.).
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Les gastéropodes constituent le plus grand groupe animal après les insectes : on en dénombre environ 40 000 espèces vivantes. Ils sont apparus voici 600 Ma et sont les seuls mollusques à avoir conquis la terre ferme. L'histoire évolutive des gastéropodes est connue par l'évolution de la forme de leur coquille.
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Le terme Gasteropoda est formé à partir des mots grecs γαστήρ (gastêr), « ventre, estomac », et πούς (poús), « pied » (via son génitif ποδός (podos), « du pied »). Cela fait référence au fait que le pied des gastéropodes sécrète un mucus proche de la bave, et contient l'ouverture buccale.
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Traditionnellement, la taxonomie des gastéropodes est fondée sur des observations morphologiques. Ces observations ne sont cependant pas un bon moyen de définir des groupes monophylétiques au sein de cette classe. En effet, des études phylogénétiques suggèrent que les convergences évolutives sont très nombreuses. Ainsi, une nouvelle classification, basée sur le séquençage de l'ADN, a été proposée en 1997 par Ponder & Lindberg[1]. Puis une autre, plus précise, l'a été par Bouchet & Rocroi en 2005[2]. S'il semble certain que cette nouvelle approche phylogénétique est de plus en plus acceptée par les spécialistes, la plupart des ouvrages continuent de faire référence à la classification traditionnelle car la nouvelle n'a pas encore intégré l'ensemble des familles, genres et espèces.
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Dans l'ancienne classification, par exemple celle de Johannes Thiele (1929-1935), trois sous-classes étaient définies :
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Auxquelles il convenait de rajouter celle des Gymnomorpha, les gastéropodes sans coquilles.
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Selon World Register of Marine Species (24 octobre 2014)[3] :
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Cyclophorus perdix, un Architaenioglossa
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Tutufa bubo, un Littorinimorpha (ou un Neotaenioglossa)
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Murex pecten, un Neogastropoda
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Cerithium vulgatum, un Cerithioidea (Caenogastropoda non-assigné)
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Schéma de Cocculiniformia
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Aplysia californica, un Anaspidea
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Sagaminopteron psychedelicum, un Cephalaspidea
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Clione limacina, un Gymnosomata
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Cratena peregrina, un Nudibranchia
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Pleurobranchus forskali, un Pleurobranchomorpha
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Elysia timida, un Sacoglossa
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Limacina antarctica, un Thecosomata
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Tylodina perversa, un Umbraculida
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Acochlidium fijiiensis, un Acochlidiacea
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Pachnodus praslinus, un Stylommatophora
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Sarasinula plebeia, un Systellommatophora
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Crysomallon squamiferum, un Neomphaloidea
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Geophorus agglutinans, un Neritomorpha
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Patella caerulea, un Patellogastropoda
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Haliotis asinina, un Vetigastropoda
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Cette classification est née de la volonté de faire concorder au sein du même arbre la classification traditionnelle et les avancée en termes de génétique. Cette systématique est donc polémique, car des choix de positionnement relatifs de ces groupes doivent être fait.
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Dans la classification de Ponder & Lindberg décrite ci-après, les développements sont effectués en général d'après l'ancienne classification (ce qui signifie que de nombreuses modifications devront intervenir ultérieurement)
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Cette taxonomie regroupe les 611 familles reconnues, parmi lesquelles 202 sont exclusivement fossiles. Lorsque la phylogénie n'est pas connue, le taxon est noté « groupe informel ». Cette nouvelle classification a essayé de concilier les dernières avancées en génétique en utilisant le système des clades, avec positionnement des taxons au-dessus du rang de super-famille (en remplacement des rangs sous-ordre, ordre, Super-ordre et sous-classe), tout en utilisant la méthode linnéenne pour tous les taxons en dessous du rang de superfamille. Chaque fois que la monophylie n'a pas été testée ou est connue pour être paraphylétiques ou polyphylétique, le terme « groupe » ou « groupe informel » a été utilisé. La classification des familles en sous-familles est cependant souvent mal résolue et devrait être considérée uniquement comme la meilleure hypothèse possible.
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Améliorez-le ou discutez des points à vérifier.
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Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/2134.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,174 @@
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La cuisine française fait référence à divers styles gastronomiques dérivés de la tradition française. Elle a évolué au cours des siècles, suivant ainsi les changements sociaux et politiques du pays. Le Moyen Âge a vu le développement de somptueux banquets qui ont porté la gastronomie française à un niveau supérieur, avec une nourriture décorée et fortement assaisonnée par des chefs tel Guillaume Tirel. Au XVIIe siècle, les habitudes ont changé, avec une utilisation moins systématique des épices et avec le développement de l'utilisation des herbes aromatiques et de techniques raffinées, initiées par François Pierre de La Varenne et par d'autres dignitaires de Napoléon Bonaparte, comme Marie-Antoine Carême.
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La cuisine française n'a été codifiée qu'au XXe siècle, par Auguste Escoffier, pour devenir la référence moderne en matière de grande cuisine. Elle est aujourd'hui encore considérée comme une référence dans le monde en raison de son aspect culturel. L'œuvre d'Escoffier a toutefois laissé de côté une grande partie du caractère régional que l'on peut trouver dans les provinces françaises. L'essor du tourisme gastronomique, avec l'aide notamment du Guide Michelin, a contribué à un certain retour aux sources des gens vers la campagne au cours du XXe siècle et au-delà.
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La diversité des traditions régionales rend la cuisine française multiple plutôt qu'unifiée. De nombreux plats régionaux se sont développés au point d'être connus et reconnus au niveau national, donnant parfois naissance à des variations d'une région à l'autre.
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Les produits agricoles comme le fromage, le vin, la viande, etc., occupent une place d'exception dans la cuisine française, de nombreuses productions régionales arborant, lorsqu'elles sont commercialisées, le label de préservation de l'environnement Agriculture Biologique (AB), des marques de certification collectives liées à l'agriculture durable comme Demeter, Bio Cohérence, etc., ou une préservation d'appellation d'origine comme Appellation d'origine protégée (AOP) ou encore une préservation d'indication géographique comme Indication géographique protégée (IGP).
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Le « repas gastronomique des Français », suivant la proposition faite par l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation, a été ajouté à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010. Avec la cuisine mexicaine et la diète méditerranéenne, inscrites le même jour, c'est la première fois que des traditions culinaires sont enregistrées dans cette liste.
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La cuisine française a énormément évolué au cours des siècles. À partir du Moyen Âge, une cuisine nationale unique et créative a commencé à émerger. Cet élan initié par plusieurs grands chefs est la conséquence des différents mouvements sociaux et politiques. Au fil des années, différents noms ont été donnés aux styles de cuisine français qui ont été codifiés par différents maîtres-cuisiniers. Tout au long de leur vie, ces chefs ont été tenus en haute estime pour leurs contributions à la culture du pays. La cuisine française s'est principalement développée dans la ville de Paris avec les chefs de cuisine royaux, mais elle s'est finalement étendue à tout le pays et a même été exportée par delà les mers.
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Dans la cuisine médiévale, les banquets étaient chose commune dans la noblesse. Plusieurs plats y sont servis que ce soit « en confusion » ou tous à la fois. Les grosses pièces de viande étaient coupées en tranches et généralement consommées à la main, entre le pouce et deux doigts. Les volailles et volatiles avaient une position élevée dans la chaîne des êtres (considérés comme plus près du ciel), ce qui explique qu'ils étaient tant goûtés par les hautes classes de la société. Les sauces étaient alors épaisses et très assaisonnées, notamment avec de la moutarde très parfumée.
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Les tourtes occupaient une bonne place dans les banquets, où la croûte servait alors généralement de contenant davantage que comme nourriture. Ce n'est guère avant la fin du Moyen Âge que les tartes à base de pâte brisée se sont développées, comme le montrent les recettes du Viandier et du Mesnagier de Paris. Une fois le repas terminé, on servait des « issues de table » qui devinrent par la suite le dessert moderne. Ces issues de table se composaient généralement de dragées à base de morceaux de sucre ou de miel durci, de fromage et de vin épicé, comme l'hypocras[1].
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À l'époque, les ingrédients des repas variaient considérablement selon les saisons et le calendrier liturgique. Ainsi, alors que les banquets étaient nombreux et opulents de la fin du printemps jusqu'à la fin de l'automne, ils se faisaient plus rares en hiver. Beaucoup d'aliments étaient alors conservés à l'aide de sel, d'épices, de miel ou d'autres conservateurs. Les animaux d'élevage étaient ainsi abattus au début de l'hiver. La viande de bœuf était alors salée, alors que la viande de porc était salée puis fumée. Le bacon et les saucisses étaient fumés à la cheminée, tandis que la langue et les jambons étaient passés à la saumure puis séchés. Les concombres étaient aussi saumurés, alors que les légumes verts étaient conditionnés dans des bocaux avec du sel. Les fruits, les noix et les légumes à racine étaient quant à eux bouillis dans le miel pour la conservation. Comme les baleines, les dauphins, les marsouins étaient considérés comme des poissons, ils étaient consommés au cours du Carême[2].
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Les étangs artificiels étaient remplis de carpes, de brochets, de tanches, de brèmes, d'anguilles et d'autres poissons. Des cours permettaient de garder la volaille, telle que les pigeons ou les pigeonneaux qui étaient réservés à l'élite. Le gibier était très prisé, mais relativement rare, et incluait le cerf, le sanglier, le lièvre, le lapin et les oiseaux. Les jardins potagers regorgeaient d'herbes aromatiques telles que la tanaisie, la ruta, la menthe pouliot et l'hysope, qui sont rarement utilisées aujourd'hui. Les épices étaient des biens précieux et très coûteux à cette époque. Parmi les plus utilisées, on trouvait le poivre, la cannelle, le clou de girofle, la noix de muscade et le macis. Cependant, certaines des épices utilisées à l'époque dans la cuisine française ne le sont plus aujourd'hui, comme le cubèbe, le poivre long, la maniguette et le galanga. Des saveurs aigres-douces accompagnaient généralement les plats, en combinant du vinaigre et du verjus avec du sucre (pour les riches) ou du miel[3].
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L'effet visuel des plats était très prisé et il était courant de voir des couleurs chatoyantes. Parmi les couleurs employées, le vert pouvait être obtenu par l'addition de jus d'épinards et de la partie verte des poireaux, la couleur jaune provenait du safran ou de jaunes d'œuf, tandis que le pourpre provenait de la maurelle ou de l'héliotrope. Des feuilles d'or ou d'argent pouvaient également être déposées au pinceau avec du blanc d'œuf sur la surface des aliments. C'était le cas, par exemple, de la tourte parmérienne, qui ressemblait à un château dont les tourelles étaient des pilons de poulets recouverts de feuilles d'or.
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L'un des plats les plus grandioses de l'époque était le cygne ou le paon, rôti et recousu dans sa peau avec son plumage intact, les pattes et le bec dorés à l'or. Étant donné que ces deux oiseaux sont filandreux et ont un goût désagréable, de la viande hachée et assaisonnée d'oiseaux plus savoureux, comme l'oie ou le poulet, pouvait prendre la place de leur chair à l'intérieur de leur plumage[4].
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Le plus connu des chefs français du Moyen Âge était Guillaume Tirel, également connu sous le nom de Taillevent. Il a travaillé dans de nombreuses cuisines royales au cours du XIVe siècle. Après son premier poste en tant que marmiton en 1326, il devint le chef de Philippe VI, puis du fils de Jean le bon. Le dauphin, devenu roi de France sous le nom de Charles V, en 1364, conserve Taillevent au poste de chef cuisinier. Sa carrière dura soixante-six ans et, après sa mort, il fut enterré en grande pompe entre ses deux épouses. Sa pierre tombale le représente en armure, tenant un bouclier où sont représentées trois marmites[5].
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Sous l'Ancien Régime, Paris était la plaque tournante de la culture et de l'activité économique françaises. C'est donc naturellement à Paris que se trouvaient les artisans les plus qualifiés. Les marchés de Paris, tels ceux des Halles, de la Mégisserie ou de la rue Mouffetard, occupaient une place prépondérante dans la distribution de nourriture. Quelle que soit la taille de ces marchés, ils étaient régis par un système de corporations développé au Moyen Âge. À Paris, ces corporations étaient contrôlées par l'administration municipale et la Couronne. Une corporation visait à empêcher les artisans d'exercer dans une autre branche de l'industrie culinaire que la leur[6].
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Deux types principaux de corporations coexistaient à l'époque : celles qui fournissaient les matières premières (bouchers, poissonniers, marchands de grains, jardiniers) et celles qui fournissaient des aliments préparés (boulangers, pâtissiers, sauciers, traiteurs). Certaines offraient à la fois des matières premières et des aliments préparés, telles que celles des rôtisseurs et des charcutiers. Ils avaient ainsi la possibilité de vendre des tourtes et des plats ainsi que de la viande crue et de la volaille. Cette coexistence causait des tensions avec leurs concurrents directs, les bouchers et les volaillers[7]. Les apprentissages se déroulaient au sein de ces corporations et suivaient différents grades allant d'aide-cuisinier à chef-cuisinier. Les maîtres-queux jouissaient d'un pouvoir important auquel étaient associés des revenus importants et la sécurité de l'emploi. Parfois, le personnel qui travaillait dans les cuisines royales faisait partie de la hiérarchie de la corporation. Il était alors nécessaire pour eux de prévoir leur reconversion. Ceci n'était pas rare dans la mesure où le règlement de la corporation des cuisiniers de Paris le permettait[8].
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Au cours des XVe et XVIe siècles, la cuisine française a assimilé de nombreux aliments venus du Nouveau Monde. Bien qu'elles mirent du temps avant d'être adoptées, le registre des banquets de Catherine de Médicis montre un service de soixante-six dindes au cours d'un seul diner. Par ailleurs, le cassoulet prend ses racines avec l'arrivée des haricots du continent américain, ramenés de ses explorations par Christophe Colomb.
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La haute cuisine française trouve sa source au XVIIe siècle avec le chef La Varenne. Celui-ci est considéré comme l'auteur du premier véritable livre de cuisine française, Le Cuisinier françois, en 1651[9]. Son livre comprend la plus ancienne référence à l'utilisation de graisse de porc pour réaliser le roux (préparation à base de farine pour lier les sauces). L'ouvrage comporte deux sections : l'une pour les jours avec viande et l'autre pour le jeûne. Ses recettes ont marqué un changement par rapport au style de cuisine du Moyen Âge. Il a ainsi introduit de nouvelles techniques visant à créer des plats plus légers et moins épicés (viandes rôties, poissons bouillis le plus souvent accompagnés de légumes : petits pois, asperges et artichauts sont à la mode sous Louis XIV) et une présentation plus modeste des tartes, des pâtisseries et des chaussons[note 1]. La Varenne a également publié en 1667 un livre sur la pâtisserie, intitulé Le Parfait Confiturier (réédité par la suite sous le nom de Le Confiturier françois) qui, de manière similaire, a mis à jour et codifié les nouvelles normes émergentes de la gastronomie pour les desserts et les pâtisseries[10].
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En 1691, sous le règne de Louis XIV, le chef François Massialot écrit Le Cuisinier roïal et bourgeois. Ce livre contient les menus servis à la cour royale en 1690. À l'époque, Massialot travaille principalement comme cuisinier indépendant. Par leur lien avec la royauté, Massialot et beaucoup d'autres cuisiniers royaux reçoivent certains privilèges. Ils ne sont ainsi pas soumis à la réglementation des corporations et peuvent organiser des réceptions de mariage et des banquets, sans aucune restriction. Le livre de Messialot est le premier qui est écrit sous la forme d'une liste alphabétique de recettes, préfigurant ainsi le premier dictionnaire culinaire. Y apparaît également la première illustration d'une marinade, que ce soit pour une marinade de volaille et de gibier à plumes ou de poissons et de crustacés. Le fait que ses recettes n'indiquent pas les quantités des ingrédients suggère que Massialot écrit pour des cuisiniers qualifiés[11].
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Les rééditions successives du Cuisinier roïal et bourgeois incluent des améliorations importantes tel que l'ajout d'un verre de vin aux bouillons de poisson. Des définitions sont également ajoutées dans l'édition de 1703. Lors de l'édition de 1712, l'ouvrage est renommé Le Nouveau Cuisinier royal et bourgeois et porté à deux volumes. Cette réédition est également rédigée dans un style plus élaboré avec des explications détaillées sur la technique. D'autres petites préparations y sont incluses et un troisième plat est ajouté au repas. Le ragoût, plat traditionnel français, fait sa première apparition comme plat à part entière dans cette édition, alors qu'il était auparavant considéré comme une garniture[12].
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Peu avant la Révolution française, on peut voir des recettes comme la bouchée à la reine prendre de l'importance. Ici, il s'agit essentiellement de cuisine royale, exécutée par les services royaux de Bouche. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une recette à base de poulet, servie dans un vol-au-vent, réalisée sous l'influence de la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV. Cette recette est encore populaire aujourd'hui[13]. On doit également d'autres recettes à la reine Maria Karolina, dont le consommé à la reine[réf. nécessaire] et le filet d'aloyau braisé à la royale. On lui doit aussi l'apparition des lentilles dans l'alimentation[14].
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La Révolution française joue un rôle déterminant dans l'expansion de la cuisine française, dans la mesure où elle abolit les corporations. Ainsi, à partir de 1789, tout chef peut produire et vendre ce qu'il désire comme préparation alimentaire. Né cinq ans avant le début de la Révolution, Marie-Antoine Carême passe ses jeunes années à travailler dans une pâtisserie. Son talent s'épanouissant dans la réalisation de pièces montées, constructions extravagantes de pâte et d'architectures de sucre, attire l'attention de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, futur ministre de l'empereur Napoléon Ier[15].
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La carrière de Carême contribue au raffinement de la cuisine française. La base de son style provient de ses sauces, qu'il nomme les sauces « mères » : la sauce espagnole, le velouté, la sauce béchamel. Souvent considérées comme des fonds de sauce, elles sont à la base des autres sauces et sont encore connues aujourd'hui. Chacune de ces sauces est réalisée en grande quantité dans sa cuisine car elles servent de base à de multiples produits dérivés. Carême dispose ainsi de plus d'une centaine de sauces à son répertoire. Les soufflés apparaissent également pour la première fois dans ses écrits. Bien que nombre de ses préparations semblent extravagantes aujourd'hui, il simplifie et codifie une cuisine qui était encore plus complexe de son temps. Cette codification s'exprime à travers trois ouvrages majeurs[16] : Le Maître d'hôtel français (1822)[17], Le Cuisinier parisien (1828)[18] et L'Art de la cuisine française au dix-neuvième siècle (1833-1835)[19].
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La modernisation et l'organisation de la haute cuisine française sont le plus souvent attribuées à Auguste Escoffier. Son influence commence avec l'apparition des grands hôtels en Europe et en Amérique durant les années 1880-1890. L’hôtel Savoy de César Ritz est l'un des premiers hôtels dans lequel Escoffier travaille, mais son influence se développe surtout lorsqu'il est responsable des cuisines du Carlton, à Cannes, de 1898 à 1921.
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Afin d'optimiser le service des plats, il met au point le système de brigade de cuisine, qui rationalise la répartition des tâches de l'équipe de cuisiniers suivant cinq pôles spécialisés, chacun responsable d'une partie du repas. Ces cinq pôles comprennent le garde-manger qui prépare les plats froids, l'entremétier qui prépare les légumes et les féculents, le rôtisseur qui prépare les rôtis et les grillades, le saucier qui prépare les sauces et les soupes, et le pâtissier qui prépare les pâtisseries et les desserts. Ainsi, plutôt qu'une seule personne prépare un plat, plusieurs cuisiniers préparent les différentes composantes du plat. Par exemple, dans le cas des œufs au plat Meyerbeer[20], le système précédent requérait jusqu'à quinze minutes de préparation, alors qu'avec le système de brigade, les œufs sont préparés par l'entremétier, les rognons sont grillés par le rôtisseur, la sauce aux truffes par le saucier. Le plat peut ainsi être préparé dans un laps de temps beaucoup plus court et servi rapidement en salle[21].
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Escoffier simplifie également le menu moderne et la structure des repas. Il publie une série d'articles traitant de cet ordre qui sont finalement publiés dans son Livre des menus, en 1912. Ce type de service adopte le service dit « service à la russe » — remplaçant le « service à la française », qui était en usage depuis le Moyen Âge —, dans lequel le repas est divisé en plusieurs plats, chacun servi séparément dans son assiette. Cette façon de faire avait été rendue populaire par Félix Urbain Dubois, dans les années 1860. La contribution la plus importante d'Escoffier reste la publication du Guide culinaire[22], en 1903, qui établit les bases de la cuisine française. Il s'agit d'un ouvrage collaboratif dans lequel plusieurs chefs de haut rang illustrent l'acceptation universelle de ce nouveau style de cuisine[23].
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Le Guide culinaire rend désuet l'utilisation de sauces lourdes et promeut les fumets qui sont l'essence de la saveur de poissons, de viandes et de légumes. Ce style de cuisine cherche à créer des accompagnements, sauces dont la fonction est d'ajouter de la saveur au plat, plutôt que de la masquer comme par le passé. En plus de ses propres recettes, Escoffier s'inspire des recettes de Carême, Dubois et Taillevent. Une autre source de recettes provenait des paysans, dont les plats sont traduits dans les standards raffinés de la haute cuisine. Les ingrédients communs sont ainsi remplacés par des ingrédients coûteux, rendant les plats moins humbles. Escoffier inventa lui-même de nombreux plats, comme la pêche Melba ou les crêpes Suzette[24]. Escoffier réédita Le Guide culinaire quatre fois au cours de sa vie, en indiquant dans la préface de la première édition du livre que, même avec 5 000 recettes, son livre ne devrait pas être considéré comme un texte « exhaustif » et que, même s'il l'était au moment de son écriture, « il ne sera plus demain, parce que le progrès est en marche chaque jour[25] ».
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Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'automobile va permettre de développer une nouvelle forme de « gastronomie du voyageur ». La RN7, qui permet de descendre sur la Côte d'Azur ou remonter vers le nord de l'Europe, va drainer un tourisme de luxe à partir des trois plus grandes métropoles françaises Paris, Lyon, Marseille.
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Les guides routiers se multiplient et donnent des renseignements précis sur les haltes gastronomiques. Le Guide Michelin propose même une classification par étoiles. La mascotte de la marque Michelin, le Bibendum, est d'ailleurs né d'une idée de Curnonsky, le prince des gastronomes. [26]
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L'axe routier de la vallée Saône-Rhône se distingua rapidement par ses nombreux restaurants étoilés. À titre d'exemple, Jean-Robert Pitte indique que dans l'édition 1956 du Guide rouge, la moitié des trois étoiles de province se retrouvait à proximité de l'« axe royal », avec sept restaurants, Paris n'en ayant que quatre. Dans les deux décennies qui suivent, de nouveaux plats et de nouvelles techniques font leur apparition. Cette période est aussi marquée par l'apparition de la « nouvelle cuisine ».
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Le terme de « nouvelle cuisine » a été utilisé à plusieurs reprises dans l'histoire de la cuisine française. Cette description est ainsi observée dans les années 1740, avec la cuisine de Vincent la Chapelle, François Marin et Menon. Elle est réutilisée également dans les années 1880 et 1890 pour décrire la cuisine d'Escoffier. Les journalistes culinaires Henri Gault et Christian Millau font cependant revivre ce terme dans les années 1960 pour décrire la cuisine de Paul Bocuse, Jean et Pierre Troisgros, Michel Guérard, Roger Vergé et Raymond Oliver. Le travail de ces chefs s'inscrit dans une certaine révolte par rapport à l'« orthodoxie » de la cuisine d'Escoffier. Certains de ces chefs étaient des élèves de Fernand Point à la Pyramide, de Vienne, qu'ils quittèrent pour ouvrir leurs propres restaurants. Gault et Millau « découvrent la formule » de ce nouveau style de cuisine à travers dix caractéristiques représentatives[27].
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La première d'entre elles est le rejet de la complication excessive en la cuisine. Le temps de cuisson de la plupart des poissons, des fruits de mer, du gibier, du veau, des légumes verts et des pâtés est par ailleurs fortement réduit, dans le but de préserver leurs saveurs naturelles. Le recours à la cuisson à la vapeur se développe ainsi largement dans ce nouveau style. L'utilisation des ingrédients les plus frais possibles constitue la troisième caractéristique. En outre, les grands menus sont abandonnés en faveur de menus courts. Cinquièmement, les marinades de viandes et de gibiers cessent d'être utilisées. Sixièmement, les sauces épaisses, telles que les sauces espagnole et béchamel sont abandonnées en faveur de l'assaisonnement des plats avec des herbes fraîches, du beurre de qualité, du jus de citron et du vinaigre. Par ailleurs, les chefs de la nouvelle cuisine s'inspirent plutôt des plats régionaux que de plats de haute cuisine. De nouvelles techniques et des équipements modernes sont également adoptés, comme l'utilisation du four à micro-ondes, chez Bocuse. Neuvièmement, les chefs veillent à la satisfaction des besoins alimentaires de leurs clients par l'intermédiaire de leurs plats. Enfin, les chefs sont très inventifs et créent de nouvelles combinaisons[27].
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Certains spécialistes spéculent sur le rôle de la Seconde Guerre mondiale dans l'avènement de ce nouveau courant. En effet, l'approvisionnement en viande animale était difficile sous l'occupation allemande[28].
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Au milieu des années 1980, les journalistes culinaires indiquent que le style de la nouvelle cuisine commence à s'essouffler, et d'autres se plaignent de la petitesse des portions, tandis que de nombreux chefs reviennent vers la haute cuisine, même si les présentations plus légères et les nouvelles techniques persistent[27].
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La cuisine française est généralement perçue, en dehors de la France, à travers sa grande cuisine servie dans des restaurants aux prix élevés. Cette cuisine très raffinée a, la plupart du temps, reçu l'influence des cuisines régionales. Celles-ci sont caractérisées par une extrême diversité de styles et d'aliments mis en œuvre. Il y a encore peu de temps, chaque pays français voyait sa cuisine dirigée presque exclusivement par ce que son terroir permettait de produire. C'est cet état de fait qui a façonné ou façonne toujours la diversité des recettes et savoir-faire constatés aujourd'hui. De nos jours, du fait des mouvements de populations, ces différences régionales ont eu tendance à s'estomper, mais elles restent clairement marquées, et une personne voyageant à travers la France remarquera des changements significatifs dans la manière de cuisiner et dans les plats servis. D'ailleurs, la récente attention du consommateur français sur les produits de terroir signifie que la cuisine régionale témoigne d'un fort renouveau en ce XXIe siècle.
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Les vins français et les fromages français font partie intégrante de l'agriculture et de la cuisine française dans son ensemble dans laquelle ils sont utilisés comme ingrédients et comme accompagnements. La France est d'ailleurs reconnue pour sa gamme étendue de vins et de fromages[29].
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Le nord-ouest de la France se caractérise par une influence significative de son littoral dans la gastronomie locale. La mer fournit en effet la matière première des plateaux de fruits de mer et des poissons (bar, lotte, hareng), servis dans les restaurants ou sur les tables familiales. Alors que la Bretagne a développé une offre de qualité en homards, en écrevisses et en moules, la Normandie s'est spécialisée dans les pétoncles et les soles.
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La cuisine du nord-ouest utilise le beurre, la pomme et la crème, comme dans les moules farcies aux amandes. L'agriculture de cette région s'est beaucoup développée en raison de son climat doux. La Normandie abrite ainsi un grand nombre de pommiers, dont les fruits sont aussi bien utilisés dans des plats que dans des boissons alcoolisées comme le cidre ou le calvados.
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En ce qui concerne la Bretagne, certains produits agricoles comme les choux-fleurs et les artichauts ont acquis une réputation nationale. Le sarrasin était une culture traditionnelle en Bretagne[30] et est ainsi largement utilisé pour la réalisation des fameuses galettes. Les rillettes du Mans sont aussi reconnues nationalement, tandis qu'en Maine-et-Loire, le rosé cabernet-d'anjou, ainsi que la liqueur d'orange Cointreau, ont une renommée internationale.
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La cuisine du val de Loire est fameuse pour ses poissons au beurre blanc. En plus des produits de la mer, la cuisine ligérienne fait la part belle au gibier sauvage, au veau, à l'agneau, à la viande charolaise, à la poule géline et à des fromages de chèvre de qualité.
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La vallée de la Loire et le centre de la France produisent également des fruits de haute qualité, comme les cerises utilisées pour la préparation de la liqueur Guignolet, ou les poires Belle Angevine. Les fraises et les melons sont aussi de grande qualité. Les jeunes légumes sont souvent utilisés dans la cuisine, comme la spécialité de la région, les champignons de Paris. Le vinaigre d'Orléans est également une spécialité largement utilisée pour la préparation et l'assaisonnement des plats[31].
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Les départements de la Charente-Maritime et de la Vendée sont réputées pour leur production ostréicole et mytilicole, avec notamment les huîtres du bassin de Marennes-Oléron et les moules de la baie de l'Aiguillon. L'arrière-pays côtier, dont les pâturages regorgent de chèvres, produit également des fromages renommés. Les pâturages de la Vendée et du Poitou sont également occupés par des troupeaux de Parthenaises et des volailles de Challans, alors que le Limousin abrite de nombreux bétails de limousines et de moutons. Le cognac est également originaire de cette région, avec la ville de Cognac, le long de la Charente. Les nombreuses forêts qui s'y étendent offrent une large variétés de gibiers et de champignons de qualité[32].
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La gastronomie de cette région se caractérise progressivement durant l'époque moderne sur les bases, des particularités des terroirs de la région et des produits agricoles et habitudes nés des échanges internationaux qui se développent à la suite de l'exploration du Monde par les européens profitant notamment de la vocation maritime de Bordeaux[33].
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Cette dernière est connue pour son vin, tout comme l'ensemble du sud-ouest de la France. La cuisine de cette région accommode bon nombre de produits issus de la pêche, qu'elle soit maritime, dans le golfe de Gascogne, fluviale, dans les Pyrénées ou à l'aide de pièges, dans la Garonne. Les Pyrénées et le Massif central soutiennent également l'élevage d'agneaux de qualité, tels que l'« agneau de Barèges-Gavarnie » ou de l'Aveyron, ainsi que des fromages de brebis.
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La cuisine du sud-ouest est également riche en viande bovine (aubrac, salers, blonde d'Aquitaine, bœuf de Chalosse, bazadaise et garonnaise), ainsi qu'en volaille fermière (poulet, dindon, pigeon, chapon, oie et canard). La cuisine de Gascogne et du Périgord, quant à elle, s'est fait une spécialité des pâtés, terrines, confits et magrets d'oie et de canard gras. Cette région est ainsi très réputée pour sa production de foie gras de ces volailles. Les pruneaux d'Agen et l'eau-de-vie d'Armagnac sont également originaires de cette région[34].
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La cuisine basque est connue pour son utilisation de la tomate et de piment d'Espelette.
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Le pays gersois est réputé pour ses élevages de volailles, tandis que les producteurs fermiers et transformateurs artisanaux et industriels de la région de la montagne Noire et de Lacaune fabriquent du jambon et du saucisson. Le maïs blanc est massivement cultivé dans la région, tant pour l'engraissement des canards et des oies pour le foie gras, que pour l'élaboration de la cruchade, une bouillie de maïs. Les agriculteurs y cultivent également les haricots qui sont au cœur de la recette du cassoulet. La région toulousaine est reconnue pour sa fabrication de saucisse de Toulouse, qui peut également accompagner une variante locale du cassoulet, le cassoulet de Castelnaudary. La région de Cahors produit du vin noir, ainsi que des truffes et des champignons. Les agriculteurs élèvent également des agneaux de bergerie.
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L'Aveyron, pays d'éleveurs et de pelouses naturelles, est le berceau de nombreux fromages, tels que le roquefort de lait cru de brebis, élaboré et affiné au pied du plateau du Larzac, le pérail qui n'a quitté les cuisines des fermes que depuis une trentaine d'années, et le laguiole de lait cru de vache, spécialité de l'Aubrac aveyronnais. Le cantal, lui, est produit à partir de lait de vache dans le Cantal. Les troupeaux de vaches salers produisent le lait cru utilisé pour la réalisation du fromage du même nom, le salers. Ces vaches sont également élevées pour leur viande[35].
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Du foie gras servi avec une bouteille de sauternes.
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Haricots tarbais dans un cassoulet gascon.
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Morceau de roquefort.
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Dans le Languedoc-Roussillon, se consomme tout autant des huîtres de l'étang de Thau que des moules, en plus des spécialités de poissons de Sète : la bourride, la tielle ou la rouille de seiche. Les éleveurs producteurs fermiers de la région du Haut-Languedoc transforment également les cuisses des cochons de leurs élevage en jambon sec (commercialisés accompagnés des signes distinctifs « jambon fermier » et « jambon de montagne », car censés être produits et transformés dans les fermes des hauts plateaux et vallées de la Lozère). La nature cévenole offre une grande variété de champignons, châtaignes, baies, gibiers de toutes espèces, etc, et les agriculteurs qui y vivent pourvoient le commerce en miels, viande d'agneau, saucisses sèches, pâtés et fromages fermiers. L'influence catalane peut être observée dans la cuisine avec des plats comme la brandade, faite à partir d'une purée de morue séchée et enveloppée dans des feuilles de poirée. Les escargots sont nombreux et sont préparés dans un style catalan connu sous le nom de cargolade[36].
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En Corse, d'innombrables troupes de chèvres et de moutons sont élevées modestement par les paysans; les chevreaux et agneaux servant à préparer des plats tels que le stufato, des ragoûts et des rôtis. Parmi les fromages produits en Corse, le brocciu (un des fromages de lactosérum produit en France) est aujourd'hui le plus connu des Français de par son appellation préservée au niveau de l'Union européenne. Les châtaignes cultivées et récoltées dans la forêt de Castagniccia sont utilisées pour être transformées en farine; aliment utilisé, entre autres, pour faire du pain, des gâteaux ou de la polenta. La forêt fournit également des glands pour nourrir les cochons et les sangliers qui constituent la plus grande source de protéines de la cuisine de l'île avec les fromages. Ces bêtes sont transformées en saucisses, jambon sec, ou d'autres spécialités de salaison corse, tels que la coppa (échine de cochon séche), le lonzu (filet séché), le figatellu (saucisse de foie), le salamu (saucisse fumée), la salsiccia (saucisse épicée), la panzetta, le figarettu (foie fumé et séché) et le prisuttu (jambon sec). Les agriculteurs corses produisent quantité de clémentines (dont l'appellation d'origine est préservée via le système AOP), de citrons, de nectarines et de figues (ces dernières seront séchées). Le citron confit est utilisé dans les nougats et les gâteaux, tout comme le brocciu et les châtaignes qui sont également utilisés dans les desserts. La Corse offre une grande variété de vins et de liqueurs de fruits comme le patrimonio, la cédratine, la liqueur de myrte, le rappu et l'eau-de-vie de châtaigne[37].
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La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est la plus grande région productrice d'agrumes, de légumes, de fruits et de fines herbes en France. Elle réalise également la plus importante production d'olives et d'huile d'olive. Outre la lavande qui est utilisée dans de nombreux plats de Haute-Provence, la cuisine régionale emploie d'autres herbes aromatiques telles que le thym, la sauge, le romarin, le basilic, la sarriette, le fenouil, la marjolaine, l'estragon, l'origan et la feuille de laurier. Le miel, les fromages de chèvre, les saucissons séchés à l'air, les fruits de mer (en zone côtière), l'agneau et la viande de bœuf sont des ingrédients très populaires dans cette région. Les sauces régionales font une large place à l'ail et aux anchois.
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La cuisine méditerranéenne utilise une grande quantité de légumes pour des préparations plus légères. La Camargue possède des rizières et cultive notamment une spécialité locale, le riz rouge de Camargue. L'alcool le plus emblématique de la région provençale est sans nul doute le célèbre Pastis, au goût anisé[38]. Pendant la fin de l'automne et l'hiver, des truffes sont récoltées en Provence, alors que le dessert traditionnel de Noël servi en Provence, les treize desserts, se compose de pâte de coing, de biscuits, d'amandes, de nougat, de pommes et de fougasses[39].
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Les fruits et les légumes (dont, parmi ces derniers, le cardon) sont très populaires dans la cuisine lyonnaise et des terroirs proches de Lyon. On y retrouve également de la volaille de Bresse, des pintades de la Drôme et des poissons en provenance des étangs de la Dombes et des montagnes de Rhône-Alpes. Lyon et la Savoie fournissent des saucisses de grande qualité, alors que les régions alpines produisent de nombreux fromages comme l'abondance, le reblochon, la tomme et le vacherin des Bauges. La cuisine des Alpes est ainsi connue comme la cuisine où le fromage fondu, les pommes de terre et les charcuteries sont rois. La célèbre chartreuse est une liqueur originaire du monastère de la Grande Chartreuse, dans le massif de la Chartreuse. Parmi les grands chefs des contrées environnant Lyon, on peut notamment citer Fernand Point, Georges Blanc, Paul Bocuse, les frères Troisgros et Alain Chapel[40]. N'oublions pas la cuisine de l'Auvergne, avec sa côte de bœuf à l'os à moelle, ses belles charcuteries, ses produits des bois et des jardins et ses fromages affinés[41].
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Tielle à la sétoise.
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Cargolade du Roussillon.
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Jambon sec de Corse (prisuttu) et figues.
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Herbes de Provence.
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La Bourgogne est réputée pour ses vins. Le brochet, la perche, le crabe de rivière, les escargots, la volaille de Bresse, le bœuf charolais, les groseilles, le cassis, le gâteau de miel constituent les principaux ingrédients des spécialités de la gastronomie locale à la fois de la Bourgogne et de la Franche-Comté. La région de Dijon est également renommée pour sa moutarde de Dijon. La cuisine de Bourgogne utilise beaucoup l'huile et notamment celle de noix et de colza. Le Chaource et l'Époisses sont des fromages produits dans des terroirs du nord de la Bourgogne et du sud de la Champagne. La région jurassienne produit quant à elle des spécialités à base de viande fumée[42].
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On y trouve ainsi beaucoup de plats à base de porc (lard et saucisse) et de bière[43]. Le gibier occupe également une place de choix dans la région en raison d'une réglementation de la chasse particulièrement favorable.
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Le gibier et le porc sont aussi très populaires en Champagne, même si cette région tire surtout sa renommée de son vin blanc effervescent, appelé champagne. La région Champagne-Ardenne est également connue pour sa spécialité à base de tripes de porc, l'andouillette, avec notamment l'andouillette de Troyes.
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Quant à la Lorraine, elle est à la fois réputée pour sa tradition charcutière (notamment fumées dans les Vosges) ainsi que les fameux plats en pâtes ou en croutes (quiche, tourtes et pâtés de porc et veau marinés...), fromages (Brie et Munster-Gérômé...) mais aussi pour ses confitures de fruits délicats, ses pâtisseries et confiseries, comme la tarte à la mirabelle, les macarons de Nancy, les madeleines, les dragées, ou la glace Plombières..
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La choucroute est emblématique de la cuisine alsacienne, mais aussi une spécialité de Brienne-le-Château, dans l'Aube.
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Fumé vosgien
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Une flammekueche alsacienne, à base de lardons et d'oignon.
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Andouillette avec ses accompagnements.
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Tarte aux mirabelles de Lorraine
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Bergamottes de Nancy
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La cuisine du nord, marquée tant par des influences picardes que flamandes, est caractérisée par l'utilisation du beurre et de la crème mais aussi des endives, de la pomme de terre, du porc et de la bière. Dans cette partie septentrionale de la France, agricole mais aussi très industrielle, une tradition de culture du blé, de la betterave sucrière et de la chicorée s'est développée au cours des siècles. Parmi les plats traditionnels, on trouve souvent des plats longuement mijotés comme la carbonade flamande, le potjevleesch ou le waterzooï.
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L'art culinaire reflète la manière d'être et de vivre d'un peuple, mais aussi son histoire. C'est ainsi que la cuisine antillaise simple, sans artifice est la résultante d'une savoureuse osmose de tous les peuples qui y ont fait escale. Des grillades épicées des indiens caraïbes, en passant par le calalou africain, la brandade de morue française, ou le colombo indien, c'est toute une large palette gastronomique qui compose cette cuisine.
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Principalement à base de produits de la mer, les plats antillais ont pour point commun de faire souvent macérer la viande et le poisson dans un assaisonnement (souvent à base de piments antillais) pour en améliorer le goût. On peut également noter l'utilisation abondante de la farine de manioc.
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Rhum planteur.
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Fin 2006, un groupe de gastronomes et de chefs, dont Paul Bocuse, Alain Ducasse, Pierre Troisgros, Marc Veyrat et Michel Guérard, militent pour que la cuisine française entre au patrimoine culturel immatériel défini par l'UNESCO. À l'occasion de l'inauguration du Salon international de l'agriculture de 2008, le président Nicolas Sarkozy appuie cette demande [45], estimant que la France possède « la meilleure gastronomie du monde »[46]. La gastronomie française serait perçue comme un symbole de l'hédonisme français[47].
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Ainsi le « repas gastronomique des Français »[48] rejoint-il le patrimoine culturel immatériel de l'humanité le 16 novembre 2010, grâce au comité intergouvernemental de l'UNESCO, réuni à Nairobi, au Kenya[49].
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Cette distinction concerne une « pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles »[48]. Le descriptif du repas de fête, qui doit comporter au moins quatre services pour célébrer l’art du « bien manger » et du « bien boire », est précis : apéritif, entrée, mets de poisson et/ou de viande accompagnés de légumes, fromage, dessert, digestif et présentés sur une table décorée ; les produits doivent être de qualité, les recettes choisies avec soin en accord avec les vins, et les mets dégustés avec « une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table) ».
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Selon un sondage conduit par Zoover (nl) sur 16 sites internationaux (Europe et États-Unis) auprès de 10 501 répondants, la cuisine française se classe troisième parmi les cuisines les plus appréciées en Europe[50].
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Dans cette page les différentes recettes de la cuisine française sont regroupées par catégories. Cette classification respecte l'ordre d'un menu mais il est aussi possible de lister les plats par leur région d'origine (cf. la page sur les spécialités régionales).
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Principalement, on sert en France la dinde aux marrons pour Noël. On sert aussi à cette occasion du saumon fumé, des huitres, du caviar et du foie gras. À cela, il faut ajouter des escargots et du boudin blanc. Aussi, la bûche de Noël est une habitude bien française au moment de la période des fêtes. Le chocolat et les gâteaux occupent aussi une place de choix pour cette fête en France[51],[52]. Le tout est normalement accompagné de champagne, boisson typiquement française[53]. .
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Bûche de Noël chocolat framboise maison.
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Table du gros souper avec ses trois nappes et les treize desserts.
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Un gâteau est une pâtisserie préparée à partir d'une pâte sucrée cuite au four, généralement dans un moule[1]. Il peut être garni de crème, de fruits, de chocolat ou de glaçage. De plus, il se mange fréquemment à la fin du repas soit au dessert et au goûter. Le gâteau est généralement de forme ronde, carrée ou rectangulaire et plutôt plate.
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En Suisse romande, un gâteau est aussi appelé une « tourte ».
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En Suisse romande également, le terme « gâteau » désigne usuellement toutes les formes de tartes, qu'elles soient sucrées ou salées (comme les quiches)[2], et la définition ci-dessus y apparaît comme typiquement française.
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Afin de préserver l'intégrité et la pérennité des recettes, la Collective des Biscuits et Gâteaux de France a formalisé des codes d'usages à destination de la profession.
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Un gâteau est une pâtisserie préparée à partir d'une pâte sucrée cuite au four, généralement dans un moule[1]. Il peut être garni de crème, de fruits, de chocolat ou de glaçage. De plus, il se mange fréquemment à la fin du repas soit au dessert et au goûter. Le gâteau est généralement de forme ronde, carrée ou rectangulaire et plutôt plate.
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En Suisse romande, un gâteau est aussi appelé une « tourte ».
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En Suisse romande également, le terme « gâteau » désigne usuellement toutes les formes de tartes, qu'elles soient sucrées ou salées (comme les quiches)[2], et la définition ci-dessus y apparaît comme typiquement française.
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Paul Gauguin, né le 7 juin 1848 à Paris et mort, le 8 mai 1903, à Atuona, Hiva Oa, aux îles Marquises, est un peintre postimpressionniste. Chef de file de l'École de Pont-Aven et inspirateur des nabis, il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du XIXe siècle, et l'un des plus importants précurseurs de l'art moderne avec Klimt, Cézanne, Munch, Seurat et van Gogh.
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Eugène Henri Paul Gauguin naît à Paris, en 1848. Son père, Clovis Louis Pierre Guillaume Gauguin (1814-1851), est un journaliste républicain au National[2]. Sa mère, Aline Chazal (1825-1867), est la fille de Flora Tristan et donc, la petite fille de Mariano de Tristán y Moscoso et de Thérèse Laisnay. Elle descend de propriétaires terriens espagnols d'Amérique du Sud et même, selon la légende, d'un vice-roi du Pérou[2].
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Le peintre a d'ailleurs passé les années de sa plus jeune enfance à Lima, où son père, mort durant le voyage en 1851 au large de Punta Arenas et enterré à Puerto del Hambre, fuyait le régime politique de Napoléon III, auteur la même année d'un coup d'État qui conforta son pouvoir [2].
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De retour en France à l'âge de 7 ans, Paul fait ses études, d'abord au petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin dirigé à cette époque par Mgr Félix Dupanloup[3] puis à Orléans, notamment au lycée Pothier[4]. Gauguin est embarqué sur le clipper Luzitano en qualité de novice/pilotin en décembre 1865, inscrit au Havre sous le matricule 790-3157. Il apprend aussi à jouer de l'accordéon. Il obtient le grade de lieutenant et embarque, en 1866, sur le trois-mâts Chili, dont il est le second lieutenant. Il effectue par la suite, en 1868, son service militaire dans la marine nationale, embarqué sur la corvette Jérôme-Napoléon[5],[6]. Il participe à la guerre de 1870 et prend part à la capture de six navires allemands. Après son retour à Toulon, le 23 avril 1871, il quitte la marine[6]. Il devient agent de change à la Bourse à Paris et connaît un certain succès dans ses affaires. Il partage alors une vie bourgeoise confortable avec son épouse danoise, Mette-Sophie Gad (1850-1920), et leurs cinq enfants : Émile (es) (1874-1955), Aline, Clovis, Jean-René (en) (1881-1961), sculpteur et Paul-Rollon (en) (1883-1961). Il s'installe avec sa famille en 1877, dans le XVe arrondissement de Paris, d'abord rue des Fourneaux (actuelle rue Falguière), puis rue Carcel[7].
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Son tuteur, Gustave Arosa, homme d'affaires et grand amateur d'art, introduit Gauguin auprès des impressionnistes. En 1874, il fait la connaissance du peintre Camille Pissarro et voit la première exposition du courant impressionniste. Comme son tuteur, il devient amateur d'art et s'essaye alors à la peinture. Il expose par conséquent avec les impressionnistes en 1879, 1880, 1881, 1882 et 1886.
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En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse (qui est dans une phase de mauvaise conjoncture, avec la faillite de l'Union générale) pour se consacrer à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen, où Camille Pissarro, qui l'avait guidé dans son approche de l'impressionnisme, vit également. Pendant ces dix mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours. Cela ne suffit pas pour vivre et il part vivre avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague. Le courant passe mal avec la belle-famille. Ses affaires ne vont pas bien. Il retourne à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance ; il est déchiré par cette situation[réf. nécessaire]. Il participe, de 1879 à 1886, aux cinq dernières expositions du groupe des impressionnistes. En 1885, Paul Gauguin commence à travailler la céramique et s’associe avec Ernest Chaplet pour produire 50 œuvres en céramique. Cette même année, il fréquente le café-restaurant Au Tambourin, tenu par d'Agostina Segatori, une modèle italienne, au 62 boulevard de Clichy[8]
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En 1886, sur les conseils d'Armand Félix Marie Jobbé-Duval[9], Gauguin effectue un premier séjour à Pont-Aven en Bretagne, où il rencontre Émile Bernard, le tenant du cloisonnisme. De retour à Paris, il rencontre pour la première fois Vincent van Gogh, en novembre de la même année.
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En avril 1887, il s'embarque avec le peintre Charles Laval pour le Panama où ils vont travailler au percement du canal. Ils y rencontrent des conditions de vie particulièrement difficiles et décident de partir dès qu'ils auront réuni suffisamment d'argent pour la Martinique, que Gauguin avait découverte lors d'une escale.
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Après un séjour à l'île de Taboga, il rejoint la Martinique où il reste dans des conditions précaires, de juin à octobre 1887, à l'Anse Turin au Carbet à deux kilomètres de Saint-Pierre, où se trouve, toujours aujourd'hui, un Centre d’Interprétation[10] qui lui est consacré. Enthousiasmé par la lumière et les paysages, il peint dix-sept toiles lors de son séjour[11].
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« L’expérience que j’ai faite à la Martinique est décisive. Là seulement je me suis senti vraiment moi-même, et c’est dans ce que j’ai rapporté qu’il faut me chercher si on veut savoir qui je suis, plus encore que dans mes œuvres de Bretagne. » (Paul Gauguin à Charles Morice, 1891)
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Malade de dysenterie et du paludisme, et sans ressources pour vivre, Gauguin regagne la métropole en novembre 1887. Laval prolonge son séjour jusqu'en 1888.
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De retour en métropole, il vit à Paris, avant de rejoindre, début 1888, la Bretagne, où il est le centre d'un groupe de peintres expérimentaux connus comme l'école de Pont-Aven. Dans une lettre de 1888 écrite à Émile Schuffenecker, Paul Gauguin lui exprime son credo qui sera l'âme des contestations artistiques à venir :
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« Un conseil, ne copiez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez-la de la nature en rêvant devant, et pensez plus à la création qu'au résultat. C'est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer. »
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L'aubergiste bretonne Marie-Angélique Satre (1868-1932) alias « La Belle Angèle » fut immortalisée en 1889 par Paul Gauguin dont l'œuvre La Belle Angèle (titre écrit en lettres majuscules sur la toile), est actuellement conservée au musée d’Orsay.
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Sous l'influence du peintre Émile Bernard, son style évolue, il devient plus naturel et plus synthétique. Il cherche son inspiration dans l'art exotique, les vitraux médiévaux et les estampes japonaises. Cette année-là, il peint La Vision après le sermon aussi appelée La Lutte de Jacob avec l'ange, qui influencera Pablo Picasso, Henri Matisse et Edvard Munch.
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L'œuvre la Vision après le sermon est pour Gauguin le moyen de représenter « une hallucination collective ». Il unit par la simplicité le style et le thème. Le thème de la prière est depuis longtemps un sujet important chez les peintres depuis la Renaissance. Mais Gauguin traite le sujet d'une autre façon en ce sens qu'il ne représente pas les femmes dans des postions très significatives. En effet il n'y a qu'une femme que l'on voit en prière. La place sur toute la partie supérieure est laissée pour cette vision assez « superstitieuse » comme disait Gauguin. C'est la superstition des femmes qui détermine leur attitude. En cela, Gauguin porte un regard qui fait de ces femmes des représentations d'une crédulité religieuse. Ce tableau est significatif de son rapport au village de Pont-Aven ; Gauguin voyait dans ces gens des représentants d'un archaïsme provincial et rustique. Lorsqu'il s'y installe, il retourne à un certain primitivisme de l'art, retour à ses origines. C'est également à Pont-Aven que Gauguin développe son questionnement sur le « sauvage » qu'il approfondira lors de ses voyages suivants.
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C'est son ami le peintre et avocat Ernest de Chamaillard qui l'assiste dans l'affaire qui l'oppose à l'aubergiste Marie Henry[réf. nécessaire].
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Gauguin rejoint Vincent van Gogh qui l'a invité à venir à Arles, dans le sud de la France, en 1888, grâce au frère de celui-ci, Théodorus. Il découvre les estampes japonaises à travers Vincent van Gogh, alors qu'ils passent ensemble deux mois (d'octobre à décembre) à peindre. Ils peignent alors la série sur les Alyscamps, des portraits, des paysages et des natures mortes. Les deux confrères sont très sensibles et connaissent des moments de dépression — Gauguin, comme Van Gogh, tentera de se suicider.
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Rapprochés par un intérêt commun pour la couleur, les deux peintres entrent en conflit personnel et artistique, qui culmine quand Gauguin peint Van Gogh peignant des tournesols, portrait dont Van Gogh dira : « C'est bien moi, mais devenu fou[12]. » Leur cohabitation tourne mal et se termine sur le fameux épisode de l'oreille coupée de Van Gogh, le 23 décembre 1888[13].
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En 1891, ruiné, il habite un temps à l'hôtel Delambre, au no 35 de la rue du même nom dans le 14e arrondissement, puis, inspiré par l'œuvre de Jacques-Antoine Moerenhout, s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès est assuré par deux articles enthousiastes d'Octave Mirbeau.
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Il s'installe à Tahiti (c'est là qu'il peint le portrait de Suzanne Bambridge) où il espère pouvoir fuir la civilisation occidentale et tout ce qui est artificiel et conventionnel. Il passe désormais toute sa vie dans ces régions tropicales, d'abord à Tahiti puis dans l'île de Hiva Oa dans l'archipel des Marquises. Il rentre en métropole une seule fois.
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Les caractéristiques essentielles de sa peinture (dont l'utilisation de grandes surfaces de couleurs vives) ne connaissent pas beaucoup de changements. Il soigne particulièrement l'expressivité des couleurs, la recherche de la perspective et l'utilisation de formes pleines et volumineuses. Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Boston : D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, qu'il considère lui-même comme son testament pictural.
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À Tahiti, il fait la connaissance de Teha'amana (appelée aussi Tehura), jeune fille native de Rarotonga dans les îles Cook, à l'ouest de la Polynésie française (Gauguin la croit originaire des îles Tonga)[14]. Celle-ci, âgée de treize ans, devient son modèle et alors qu'il est âgé de 43 ans, il entame une relation avec elle, critiquée et parfois jugée pédophile par certains commentateurs actuels[15]. Il est très inspiré et peint soixante-dix toiles en quelques mois. Mais après quelques années de bonheur, des soucis administratifs et plus personnels (mort de sa fille Aline en 1897, la préférée de ses cinq enfants) le minent. Il a également des ennuis de santé : à la suite d'une agression, il a une blessure à la jambe qui ne guérit pas depuis 1894, si bien qu'il déprime et tente de se suicider. Il est contraint de vendre ses toiles pour acheter morphine et arsenic qui calment les plaies qu'il a à la jambe[16]. Il contracte également une syphilis peu avant son départ[17].
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Les œuvres de son premier séjour à Tahiti sont marquées par une sorte de figure « sauvage » qui est omniprésente dans ses toiles. De plus il ajoute des sculptures sur bois qui allient des formes exotiques aux figures. En arrivant à Papeete, il veut se faire ethnologue et essayer de comprendre les principes d'une civilisation qui a été encore préservée des habitudes occidentales. Il parle d'une « corruption » occidentale qui serait une corruption non pas symbolique mais réelle pour la société.
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Dans ses tableaux où les figures tahitiennes sont présentes, il y a comme une sorte de mélancolie qui s'échappe, autour d'une situation les personnages ont des regards absents avec des attitudes dont se dégage une certaine douceur.
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La plupart des tableaux de cette époque sont des scènes de la vie de tous les jours.
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Il se fait rapatrier en France, à Paris, en 1893, n'est pas trop bien reçu. Il se met en ménage avec Annah la Javanaise[18], grâce à Ambroise Vollard, à Paris, puis à Pont-Aven. Il a un tibia brisé lors d'une altercation à Concarneau le 25 mai 1894, responsable de sa boiterie, de sa canne, de ses douleurs, du laudanum. Il repart seul le 3 juillet 1895 pour Tahiti. Il se met en ménage avec Pau'ura (quatorze ans), peint encore, s'alcoolise, s'aigrit (contre les protestants et les Chinois), écrit et caricature dans des petits journaux éphémères Le Sourire (journal sérieux)[19], Le Sourire (journal méchant)[20]. Il est embauché par le maire de Papeete, François Cardella, pour le mensuel Les Guêpes[21], jusqu'au départ du gouverneur Gustave Gallet, combattu par le Parti Catholique.
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Il décide alors de partir enfin pour les Marquises, où il débarque le 16 septembre 1901, afin de retrouver l'inspiration. Arrivé à Atuona (sur l'île de Hiva Oa), il fait la connaissance de l'infirmier du dispensaire, l'Annamite déporté Ky Dong (vi)[22],[23] (1875-1929), de l'Américain Ben Varney et du Breton Émile Frébault. L'évêque Martin, chef de la Mission catholique, finit par lui vendre un terrain marécageux. Il y fait construire une maison sur pilotis, qu'il baptise en guise de provocation Maison du Jouir[24]. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus de l'administration coloniale et en essayant de se battre pour les indigènes. Il refuse notamment de payer ses impôts et incite les Marquisiens à en faire de même. Il essaie, sans succès, de posséder une plantation et de devenir juge de paix[25].
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Dès son arrivée aux Marquises, il enlève à l'école catholique, avec l'accord du chef d'un petit village, Marie-Rose Vaeoho (1887-1914), âgée de 13 ans, 39 ans plus jeune que lui, qui devient sa vahiné[15]. Enceinte, elle est envoyée dans son village pour accoucher de leur fille Tikaomata et le peintre, voulant se moquer de l'évêque, la remplace par Henriette, élève de l'école des Sœurs et épouse du servant de messe[26].
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Il enchaîne procès sur procès et, le 31 mars 1903, il est condamné à cinq cents francs d'amende et trois mois de prison ferme pour diffamation envers un brigadier de gendarmerie[16]. Ambroise Vollard, avec lequel il est sous contrat, lui verse des mensualités de 300 francs, et lui fournit gratuitement toile et couleurs, contre un minimum de vingt-cinq tableaux par an, essentiellement des natures mortes dont le marchand a fixé le prix unitaire à 200 francs[27].
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Affaibli, sa blessure à la jambe s'étant transformée en eczéma purulent très douloureux, fatigué de lutter et rongé par la syphilis, il meurt le 8 mai 1903 en artiste maudit dans une misérable case[28]. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona (où la tombe de Jacques Brel viendra côtoyer la sienne, 75 ans et demi plus tard). Il laisse sur place une mauvaise réputation après sa mort, auprès des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi des Polynésiens, surtout des femmes, comme si cela lui était dû[25],[29], mais aussi auprès de certains colons (l'évêque, l'administration, les gendarmes avec qui il a eu des démêlés incessants).
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Ses tableaux sur place sont vendus à un prix dérisoire, beaucoup de ses sculptures sont détruites.
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De nombreuses toiles de Paul Gauguin sont peintes des deux côtés. Comme beaucoup de peintres du XIXe siècle désargentés, Paul Gauguin retournait certaines toiles qu'il possédait de peintres de son époque pour y composer ses propres œuvres. C'est le cas, par exemple, du nu de la collection Slomovic comportant au verso la vue d'une chambre. Un autre cas est la nature morte Villa Julia de l'ancienne collection Lefort des Ylouses montrant un nu (inachevé et non identifié) de l'autre côté.
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Georges Wildenstein a établi un catalogue raisonné et dénombré 638 peintures (numérotées W1 à W638), parmi lesquelles :
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Cochons noirs (1891), musée des beaux-arts de Budapest.
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Portrait de Suzanne Bambridge (1891), Bruxelles, musées royaux des beaux-arts de Belgique.
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Fatata te Miti (1892), Washington, National Gallery of Art.
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Femme à la mer (1892), Buenos Aires, Musée national des Beaux-Arts.
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Vairumati (1897), Paris, musée d'Orsay.
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Cavaliers sur la plage (1902), collection Stavros Niarchos, Grèce.
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La naissance (Te tamari no atua) (1896), Berlin, Neue Pinakothek.
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« Polynésiennes » (date inconnue)
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Le catalogue raisonné de son œuvre gravé a été établi par Marcel Guérin en 1927 chez Henri Floury et révèle moins d'une centaine de pièces, englobant toutes les techniques : gravure sur bois (une cinquantaine), zincographie, lithographie, une eau-forte, etc., sans compter près de 140 monotypes aquarellés[33].
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Il s'initie à la céramique avec Ernest Chaplet à partir de 1886, créant des poteries à décor anthropomorphe et zoomorphe dont il subsiste une soixantaine de pièces[37]. La dernière, et l'une des plus remarquables, est Oviri, une statuette en grès glaçuré, faite en 1894 (conservé au musée d'Orsay), que l'artiste souhaitait disposer sur sa tombe[38].
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Gauguin a écrit de nombreux articles pour différentes revues. Il a également conçu plusieurs ouvrages illustrés destinés à l'édition.
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Près de deux cents lettres ont été retrouvées, certaines étant illustrées. Les correspondants sont des membres de sa famille, mais aussi de grands noms du milieu artistique : Camille Pissaro, Émile Bernard ou Vincent van Gogh[39].
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À Clohars-Carnoët, la Maison-Musée du Pouldu[43] : reconstitution de l'auberge du XIXe siècle, où se sont retrouvés les peintres de l'école de Pont-Aven : Paul Gauguin, Paul Sérusier, Charles Filiger et Meijer de Haan (Meyer de Haan).
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En 2003, le maire d'Atuona, Guy Rauzy lance la création d'un centre culturel Paul-Gauguin dans sa commune. Sur demande de Jean Saucourt, une équipe de fouille retrouve le puits dans lequel les restes invendus de la maison de Gauguin avaient été jetés, on y retrouve, dans une bouteille, quatre dents qui seront confiées à l'historienne Caroline Boyle-Turner. Cette dernière, passionnée par la vie du peintre, entreprend un test ADN et des analyses chimiques qui révèlent que les dents du peintre ne contenaient pas de trace de mercure utilisé pour soigner la syphilis qu'aurait contracté le peintre en 1895 selon plusieurs de ses biographes, et pas de trace d'arsenic qu'il aurait utilisé pour calmer les douleurs de ses plaies aux jambes[44].
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Selon Paul-Robert Thomas, le musée Gauguin d'Atuona présente des toiles du copiste Alin Marthouret, ancien détenu et vrai faussaire « officiel »[45].
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Paul Gauguin rencontre pour la première fois Emile Bernard à Pont-Aven ; il n'a que 42 ans et Bernard seulement 18 ans. Bernard est déjà l'inventeur d'une technique nouvelle : le cloisonnisme. Les peintres de l’académie Julian (Denis, Serusier, Scuffenecker, Laval) s'en inspirent, ainsi que le groupe des Nabis.
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Emile Bernard est parfois vu comme le fondateur de l'école de Pont-Aven. Gauguin conserve avant son départ pour Tahiti une relation amicale avec lui et avec sa sœur Madeleine.
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Gauguin poursuivit les expérimentations d'Emile[46] sur la couleur et la fonction de la lumière, et donc de l'ombre. L'ensemble de son œuvre influence l'évolution de la peinture de l'époque, notamment le fauvisme du XXe siècle.
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En marge des Impressionnistes, Gauguin est sans doute, avec Paul Cézanne et Vincent van Gogh, Emile Bernard, le peintre de cette fin de XIXe siècle qui a eu le plus d'influence sur les mouvements de peinture du XXe siècle. Cette influence réside probablement, moins dans sa peinture que dans ses écrits, lesquels contiennent des formules qui, comme le dit Léon Gard, « flattent ce penchant des hommes pour les recettes mirifiques, en même temps que leurs instincts de garnements déchaînés qui se saoulent d'indiscipline[47] » :
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« Comment voyez-vous cet arbre ? écrivait Gauguin, Vert ? Mettez donc le plus beau vert de votre palette ; et cette ombre ? Plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible. »Ou encore :
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« Ne copiez pas trop d'après nature. L'art est une abstraction. »Ou encore : « Vous connaissez depuis longtemps ce que j'ai voulu établir : le droit de tout oser[48]. »
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Gauguin a animé les mouvements mystiques et symbolistes de Pont-Aven, puis des nabis où ses théories sur le cloisonnisme et le synthétisme ont été initiées par Émile Bernard, Paul Sérusier et Maurice Denis et par le critique symboliste Gabriel-Albert Aurier. À la mort de Gauguin, à l'occasion d'expositions lui rendant hommage, ses idées se sont répandues, non sans extrapolation souvent, au Picasso de la période bleue et rose, puis aux groupes des fauves (André Derain, Raoul Dufy), des cubistes (Roger de La Fresnaye), des expressionnistes allemands (Jawlensky, Otto Mueller, Ernst Ludwig Kirchner, Paula Modersohn-Becker…) et le groupe Die Brücke.
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La première rétrospective a lieu, en Allemagne à Weimar, organisée par le comte Harry Kessler, en relation avec Gustave Fayet, collectionneur qui lui prête de nombreuses toiles. Fayet a sans doute été le collectionneur français détenant le plus grand nombre d'œuvres de Gauguin (70 à son décès en 1925[49]).
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« Ce que le film ne mentionne pas, regrette Léo Pajon, c’est que cette “femme” (qui s’appelle en réalité Tehamana) avait 13 ans. L’actrice qui interprète Tehura, Tuheï Adams, est plus âgée. Paul Gauguin (1848-1903) a eu d’autres partenaires au cours de ses deux voyages en Polynésie et, même si l’on comprend que plusieurs histoires aient été résumées en une pour des raisons de longueur du scénario, elles étaient toutes plus ou moins du même âge »
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« On ne peut pas faire un film aujourd’hui sur Gauguin sans le resituer dans le contexte colonial », fait d’emblée remarquer le géographe. Certes, le texte de sa plume Noa Noa raconte le dégoût de Gauguin pour l’administration coloniale et ses désillusions après son premier voyage à Tahiti, où il n’a pas trouvé le paradis primitif qu’il espérait. Et le film en rend plutôt bien compte, car on est loin du Tahiti solaire et préservé des cartes postales. « Mais il s’est lui-même comporté comme un colon, tranche M. Staszak. Au cours de son second séjour, il a tenu un journal, il était proche des partis locaux, il a cherché à posséder une plantation et à devenir juge de paix, même s’il n’y est pas parvenu. Il voulait devenir un notable, et en cela il ne remettait pas en cause l’administration coloniale. »
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La Gaule (en latin : Gallia) était une région de l'Europe de l'Ouest peuplée principalement de populations celtiques et également aquitaines, comprenant la France, le Luxembourg, la Belgique, la majeure partie de la Suisse, le nord de l'Italie, ainsi que des régions des Pays-Bas et d'Allemagne : la rive ouest du Rhin. Elle couvrait une superficie de 494 000 km2[2]. Archéologiquement, les Gaulois étaient porteurs des cultures de Hallstatt (en partie) et de la Tène, qui s'étendaient à travers toute la Gaule, ainsi qu'à l'est de la Raetia, Noricum, Pannonia et le sud-ouest de la Germanie du Ve siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. La Gaule tomba sous domination romaine au cours d'une période allant du IIe siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. : la Gallia Cisalpina fut conquise en -203 et la Gallia Narbonensis en -123. La Gaule fut envahie après -120 par les Cimbres et les Teutons, qui furent à leur tour vaincus par les Romains en -103. Jules César conquit finalement les parties restantes de la Gaule (qu'il considère comme divisée en trois parties : Gallia Celtica, Belgica et Aquitania) dans ses campagnes de -58 à -51. Quant à l'Aquitaine césarienne, elle se différencie du reste de la Gaule par son assise linguistique basque-aquitaine[3].
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La Gaule romaine a duré cinq siècles, jusqu'à ce que le dernier État croupion romain, le domaine de Soissons, ne tombe aux mains des Francs en 486. Alors que les Gaulois celtiques avaient perdu leurs identités et leurs langues originelles durant l'Antiquité tardive, devenant amalgamés en une culture gallo-romaine, Gallia est resté le nom conventionnel du territoire tout au long du haut Moyen Âge, jusqu'à ce que la Gaule acquière une nouvelle identité en tant que royaume de France capétien dans la haute période médiévale. Gallia reste un nom de la France dans le grec moderne (Γαλλία) et le latin moderne (à côté des alternatives Francia et Francogallia).
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Les auteurs latins utilisent déjà le nom de Gallia (« Gaule ») et celui de Galli (« Gaulois »), pluriel de Gallus, pour désigner les Celtes installés en Gaule et en Galatie occidentale, « Γαλατία » en grec[4].
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Le nom de Gallia est attesté pour la première fois chez Porcius Caton vers 168 av. J.-C., mais son emploi est très probablement beaucoup plus ancien. Il servait d'abord à désigner les peuples celtes qui avaient colonisé la plaine du Pô nommée par la suite Gaule cisalpine. Cependant, c'est seulement avec les Commentaires sur la Guerre des Gaules, de Jules César, que ces concepts vont se diffuser largement, le proconsul romain taillant dans la civilisation celtique une unité géographique arbitraire correspondant aux limites de sa conquête de la Gaule[5].
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Au Moyen Âge, l'historien Richer de Reims donne une étymologie pittoresque au nom propre Gaule dans ses Historiae : « j'ai jugé à propos de n'indiquer que les parties d'une seule partie de l'Europe, la Gaule. Son nom lui vient de la blancheur parce que ceux qui en sont originaires présentent la caractéristique d'un type très blanc »[6].
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On ne connaît pas avec certitude l'étymologie du terme latin Gallia, mais il pourrait être lui-même un emprunt au celtique. Peut-être s'agit-il d'un type *galiā, d'un radical *gal-, qui devait désigner la force, terme restitué d'après le vieil irlandais gal « fureur guerrière », également radical du gallois gallu « pouvoir », breton galloud, de même sens[7]. Les Galli seraient donc « les forts », « les puissants » ou « les furieux »[8]. Le radical *gal- ou *gali- serait en outre à l'origine des mots français jaillir (< bas latin *galire)[9] et gaillard[10].
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Ce n'est qu'à la Renaissance que le nom latin Gallus est associé par analogie chez les érudits à son homonyme latin gallus « coq » (latin gallus > ancien français jal, jau « coq », l'étymologie de ce gallus-coq le faisant peut-être remonter à une racine signifiant « faire du bruit, chanter »). C'est pourquoi il est devenu l'animal emblématique de la France lors de la redécouverte de « nos ancêtres les Gaulois »[11].
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Si les mots français Gaule et gaulois sont bien les traductions usuelles des mots latins Gallia, Gallus et Gallicus, il existe deux thèses pour leur étymologie[12]. En effet, le passage apparemment évident de Gallia à Gaule présente deux difficultés : le G- initial dans le groupe /ga/ aurait dû subir une palatalisation selon les règles d'évolution du latin à la langue d’oïl (cf. gallus « coq » > ancien français jal « coq », forme régulière). C'est dire que Ga- aurait dû faire place à Ja- (sauf en normanno-picard). Ensuite, la palatalisation en [ʎ] de la latérale [l] (ou [ll]) suivie de yod aurait dû se produire (voir contexte général des consonnes suivies d'un yod), puis [ʎ] aurait dû se muer en [j] à partir du XVIIe siècle (cf. ALLIU> ail [aj]), d'où *Jail- (cf. jaillir ci-dessus), phénomène d'ailleurs attesté dans la toponymie française pour ces exemples précis, ainsi trouve-t-on : La Jaille-Yvon ([Yvo de] Gallia en 1052 - 1068[13]) et le type toponymique Jailly (Nièvre, Côte-d'Or) de *GAL[L]IACU ou Jallais (Maine-et-Loire, Galiscus vers 1130).
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Une première explication se base sur le terme par lequel les Germains désignaient des peuples non germaniques situés à l'ouest ou plus au sud, c'est-à-dire des Celtes ou des locuteurs de langue latine, à savoir *Walha « les Celtes » ou « les Romans » (cf. Walh et *walhisk > Waals « wallon » en néerlandais et welsch dans les dialectes allemands du sud et signifiant « roman(ophone), francophone, italien » et les noms anglais pour les territoires celtiques Wales et Cornwall)[14],[notes 1]. C'est bien ainsi que le germanique *Walha est à l'origine de wallon et de Wales, Galles, gallois. Mais ceci n'explique pas bien l'ancienne diphtongue [au], qui est un développement régulier de [al] devant une consonne (cf. cheval ~ chevaux et latin alter> autre), car la consonne germanique h tend à disparaître rapidement en français, comme le montre le a conservé dans wallon et Galles, de même que dans le nom de famille Wallois présent dans le Pas-de-Calais, à la limite de la Flandre et de la zone romane, et également issu du francique *Walha. Cependant, *Walha a dû passer au stade *Wahla par métathèse, le h vélaire s'est vocalisé en u, comme dans l'exemple parallèle du mot saule issu de *salha[15]. Il est possible que le toponyme Plaine des Vaulois à Saint-Ouen-le-Mauger (Seine-Maritime) ait cette origine car le w initial ([w]) est régulièrement passé à v ([v]) au XIIe siècle en normand septentrional.
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Cependant Gallia n'a pas forcément été soumis à cette évolution du langage parlé car il a rapidement disparu du langage populaire pour être remplacé par Francia / Francie / France, remplacement initié dès les mérovingiens et bien achevé sous les carolingiens[12]. Gallia n'est alors plus utilisé que dans les ouvrages savants ou littéraires pour faire référence aux temps de l'Empire romain, sous une forme qui finit par être francisée. Un des premiers exemples est celui de Wace à la fin du XIIe siècle dans le Roman de Rou et il éclaire bien le processus : Wace explique dans un passage que beaucoup de pays ont changé de nom et en cite une grande liste dans laquelle on trouve la « France » qui s'appelait auparavant « Gale », ainsi que « Gales » (le Pays de Galles) qui s'appelait auparavant « Cambrie » (Wace ne double donc ni le l de Galle, ni celui de Galles, ce qui lui est propre). Mais l'ancien nom de la France n'est pas Gale, mais Gallia, de même que l'ancien nom du Pays de Galles est Cambria et non Cambrie. Wace a donc francisé à sa manière les noms latins originels, sans que cela n'aboutisse à une forme palatalisée. En rétablissant le double l, Gallia est ainsi plus souvent francisé sous la forme Galle au XIIe siècle[12], tandis que Gaule est attesté dans des sources médiévales littéraires et historiques au milieu du XIIIe siècle[16], et apparaît issu de Galle, par vocalisation régulière du premier l (-al-> -au- devant une consonne).
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Dans cette hypothèse, Gaule ne serait pas l'évolution d'un nouveau nom *Walha qui viendrait des Francs et dont on n'a aucune attestation, mais résulterait simplement de la francisation savante de Gallia, sur l'exemple de Wace dans le Roman de Rou. Cette francisation a néanmoins pris la forme Galle et non Gallie (cfr. Cambria > Cambrie, Germania > Germanie, etc.), ce qui est peut-être le résultat d'une influence du germanique *Walha.
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Il existe d'autres exemples de non-palatalisation concernant des mots voisins, mais les raisons diffèrent. D'une part, l'évolution du latin nux gallica, la noix (dite gauloise), qui a donné l'ancien français nois gauge[17] ; mais il s'agit probablement d'un mot d'origine picarde influencé phonétiquement par le germanique walh- (cf. néerlandais walnoot « noix » littéralement « des Gaules »), puisque l'on trouve également les formes gauke et dérivées gauguier, waukier « noyer ». D'autre part, le mot gaillard, attesté dès le XIIe siècle comme adjectif au sens de vigoureux, plein de vie[18] offre un bon exemple de maintien du [g], ainsi que quelques toponymes comme Guilly (Indre) ou Guilly (Loiret, Galliacum en 900). Il serait issu du même radical gaulois *galia « force, bravoure » que le mot latin Gallia (voir ci-dessus). D'après le TLFI[18] cependant « le maintien du g- [pour gaillard] peut s'expliquer par suppression dissimilatrice de la palatalisation au stade *gyalya; une infl. suppl. de gai n'est pas à écarter du point de vue sémantique ».
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Lorsque César arrive en Gaule en -58, une partie du territoire est déjà aux mains des Romains : le sud de la Gaule, des Pyrénées orientales jusqu'au lac Léman, a été conquis entre les années -125 et -121 et transformé en province. Par ailleurs, le reste du territoire, appelé la Gaule chevelue, est déjà fortement romanisé sous l'action des échanges économiques et culturels ; seuls les peuples belges semblent rejeter toute influence romaine[19]. Dans l'incipit de la Guerre des Gaules, César explique que la Gaule est divisée en trois parties : l'Aquitaine, la Celtique et la Belgique. Ce faisant, il présente la Gaule comme une unité, bien qu'il existe des divisions internes. La question de savoir s'il existait chez les Gaulois un sentiment d'appartenance à un ensemble commun fait l'objet de débats historiographiques depuis le XIXe siècle[19]. Depuis quelques années, la thèse de Christian Goudineau, selon laquelle César aurait inventé la Gaule qui n'avait à l'époque de l’Indépendance aucune forme d'unité[20], est remise en question par certains historiens[Lesquels ?]. Ainsi, des travaux récents insistent sur les facteurs d'unité entre les peuples gaulois comme les coalitions face à une menace commune, les assemblées politiques supranationales ou encore l'assemblée des druides de toute la Gaule s'inscrivant toutes dans un système institutionnel normalisé et reconnu par tous les peuples gaulois[19]. Malgré tout, si cet « espace politique commun »[21] semble avéré, il n'en reste pas moins que les cellules de base de l'organisation gauloise restent la tribu et le clan, formé de la famille et de la clientèle d'un chef puissant [réf. souhaitée].
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Vers -475 / -450, les territoires de la Gaule au début de la Tène (deuxième âge du fer), étaient englobés dans un vaste ensemble continental s'étendant de l'Atlantique jusqu'au Danube et étaient nommés « celtiques » par les premiers témoignages écrits dont nous disposons : ceux des Grecs (notamment Aristote).
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Au milieu du Ier siècle av. J.-C. Jules César divise la Gaule transalpine en trois parties : la Gaule celtique, la Gaule aquitaine et la Gaule belgique (cf. carte). Ce découpage schématique correspondait à des considérations géopolitiques propres aux Romains, Strabon qui fournit des délimitations différentes le précise en au moins deux occasions[22],[23]. Si la Gaule proprement dite apparaît sous la plume des Romains, elle trouve sa définition arbitraire actuelle à travers l'histoire de sa conquête par ces derniers. La Gaule est en effet une pure invention de César voulant que sa conquête soit perçue comme un ensemble homogène, doté d'une frontière qualifiée de naturelle mais qui n'a aucun sens, le Rhin, fleuve délimitant un nouveau territoire qu'il nomme Germanie[24].
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Schématiquement, la conquête romaine de la Gaule fut réalisée en trois phases :
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La Cisalpine, intégrée à l'Italie sous la République, devint une extension de Rome, tandis que la Narbonnaise constitua une « province » romaine située hors d'Italie (le mot latin provincia, littéralement « vaincue précédemment », a donné le nom Provença en occitan, « Provence » en français).
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Les noms « Gaule » et « Gaulois » restèrent quant à eux en usage pour désigner les provinces romaines s'étendant sur le reste de ces territoires (France, Belgique et plateau suisse actuels) et leurs habitants de culture romanisée (que l'archéologie et l'historiographie française désignent sous le néologisme de Gallo-Romains).
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En -12, Auguste instaura la première « institution » supra-provinciale de l'Empire avec le « conseil des trois Gaules » (concilium trium Galliarum) réunissant chaque année les représentants des cités de la Gaule lyonnaise, de la Gaule aquitaine et de la Gaule belgique à Lugdunum pour célébrer le culte impérial. Il est probable que ce geste ne faisait que confirmer les liens anciens qui existaient entre les habitants de ces territoires. Ce sont ces liens, tissés de proche en proche, qui peuvent expliquer en définitive le caractère unitaire que laisse entrevoir, au-delà des disparités, la description de la Gaule par César près d'un demi-siècle avant.
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À l'origine, les proto-Celtes ont pu peupler l'Europe centrale, venant de l'Est, en remontant la vallée du Danube. Pour les Celtes comme pour la plupart des autres populations ayant constitué l'Europe, il n'est pas possible, en l'état actuel des connaissances, de dater précisément le phénomène, faute de trace écrite. Le cas des Grecs, dont les premières traces écrites remontent au IIe millénaire av. J.-C., montre que ces phénomènes peuvent être anciens et complexes, avec plusieurs vagues de colonisation successives. Dans le cas des populations proto-celtiques, l'archéologie et la linguistique indiquent qu'elles ont dû commencer à se mettre en place dans le nord des Alpes et en Gaule au IIe millénaire av. J.-C.[25].
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Dès la première moitié du Ier millénaire av. J.-C., des populations celtiques devaient constituer une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule.
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Les premières indications directes de présence des Celtes en Gaule sont données par les Grecs de Phocée, qui fondent pacifiquement la colonie Massalia vers -600, en accord avec la tribu locale des Ségobriges, un nom celtique signifiant « les puissants victorieux » (brige = puissant, sego = victoire, victorieux). Les Grecs développent les échanges avec les tribus indigènes et organisent bientôt, à partir de Massalia, un immense trafic commercial avec l'Europe du Nord, ce qui va être déterminant pour l'évolution future des populations de la Gaule[26].
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On connaît également, par les témoignages écrits des Grecs et des Romains, d'importantes migrations vers l'Est, vers l'Italie et vers le Danube, au Ve siècle av. J.-C. et au IVe siècle av. J.-C.[25], avec notamment le fameux épisode de la prise de Rome par les Gaulois au début du IVe siècle av. J.-C.
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À l'époque de la conquête par Rome de la Gaule chevelue (Ier siècle av. J.-C.), des liens anciens et forts existent entre la Gaule et les autres territoires occupés par les Celtes en Europe, de la Norique jusqu'à l'île de Bretagne, comme l'indique la présence de témoignages archéologiques danubiens parmi les guerriers de Vercingétorix, ou encore les liens importants entre les peuples belges du nord de la Gaule et ceux de la Tamise.
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Ces liens peuvent s'expliquer d'une part par la présence d'une même tribu sur différents territoire en Europe, et d'autre part par l'existence d'un réseau de « clientèles » qui tient de proche en proche certaines tribus, certains peuples dans la dépendance d'autres, plus riches ou plus nombreux et disposant éventuellement d'un territoire plus étendu. L'existence de « fédérations » de peuples est attestée dans l'ensemble du domaine celtique : parmi les peuples transpadans de la Gaule cisalpine au IIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le midi de la Gaule au IIe siècle avant l'ère chrétienne (les Salyens) ou encore en Gaule chevelue avant la guerre des Gaules (Arvernes, Éduens, Bituriges et Séquanes).
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En définitive, des nombreux peuples ou fédérations de peuples présents en Gaule à la veille de la conquête romaine, il reste des contours de « frontières », dont la position exacte fait cependant débat et un « substrat » linguistique longtemps sous-évalué. L'étymologie, enfin, a conservé le nom de populations gauloises, nom qui désigne encore les habitants de régions et de villes françaises actuelles : par exemple, les Auvergnats, les habitants de l'Auvergne qui couvre le territoire arverne (sud est de l'Allier, le puy de Dôme, nord ouest de la Haute-Loire et le Cantal).
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La majorité des habitants de la Gaule protohistorique parlent principalement 3 langues, déclinées en plusieurs dialectes. Jules César mentionne cependant qu'à son époque les trois parties de la Gaule se distinguent par les coutumes, les mœurs, mais aussi par la « langue ». Il semblerait alors qu'en Gaule celtique entre Seine et Garonne, comme en Gaule cisalpine avec le lépontique, que les Celtes parlaient une langue appartenant au groupe celtique continental[28], tandis que les Aquitains au sud de la Garonne jusqu'aux Pyrénées parlaient une langue issue du proto-basque : l'aquitain. Et qu'enfin les Belges se seraient peut-être exprimés pour certains d'entre eux dans un dialecte proto-germanique. Cependant, si les indices toponymiques, les noms des tribus et les anthroponymes, ainsi que les rares inscriptions découvertes (Arras, Bavai) montrent à l'évidence l'origine celtique de la langue parlée, voire aussi d'un autre idiome indo-européen (voir Bloc du nord-ouest), il n'existe en revanche aucune trace, autre que les dires de César (germani cisrhénani), qui permettrait d'affirmer que le germanique ait été parlé avant l'installation progressive et plus tardive des Germains en Gaule du nord.
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Le gaulois était une langue celtique de la famille des langues indo-européennes, proche du brittonique antique, dont on conserve cependant peu de témoignages, malgré un corpus grandissant d'inscriptions lapidaires ou autres mises au jour par l'archéologie, les nombreux anthroponymes et toponymes qui ont parfois une stricte équivalence en Gaule (ex : *Epiākon > Epiaco XIIe siècle, Epfig, Alsace, et Epiacum, Grande-Bretagne ; *Festiniākon > Festiniacus en 853, Festigny et Ffestiniog, pays de Galles), ainsi que des évolutions phonétiques communes. Certains chercheurs n'ont pas hésité à évoquer l'existence d'un gallo-brittonique, tel Léon Fleuriot par exemple[29]. Le breton, bien qu'il appartienne au groupe brittonique pour l'essentiel, a pu être influencé par un substrat gaulois et la langue d'oïl est la langue romane la plus imprégnée par un substrat celtique (150 à 180 mots sur les près de 400 contenus dans toutes les langues romanes réunies)[30]. L'hypothèse de dialectes gaulois a été reprise par John Rhys qui évoque un dialecte "celtican" (conservation de -qu-, ex: Sequana « la Seine », le mois EQVOS) ou encore Joshua Whatmough, cependant que pour Pierre-Yves Lambert « même si l'idée de dialectes différents en gaulois n'est pas irrationnelle en soi...elle ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle »[31].
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La Gaule, contrairement à l'idée préconçue qui veut qu'elle soit couverte de forêts dans lesquelles les Gaulois pratiquent essentiellement la chasse, était largement défrichée pour constituer des terres agricoles très riches avec de nombreuses fermes. Au Ier siècle av. J.-C., l'exploitation de son sol était activement poussée. Ainsi, des prospections aériennes dans certaines parties de l'Ille-et-Vilaine mettent en évidence un réseau d'enclos aussi dense que celui des fermes actuelles[32] ; au Ier siècle, les analyses palynologiques du couvert végétal dans la plaine de Vaise près de Lugdunum révèlent un sol couvert de champs cultivés et de prairies herbacées destinées à l'élevage, où les forêts représentent moins de 5 % du faciès paysager, ces résultats pouvant être extrapolés à la plupart des régions[33]. En effet, pendant ses campagnes, César trouva toujours sur place le blé nécessaire à la nourriture de ses troupes, et pourtant, le soldat romain était gros consommateur de froment. Agriculteurs productivistes, les Gaulois inventèrent la herse ferrée pour le labourage et la moissonneuse des champs (vallus) pour la récolte des céréales[34]. Les ports fluviaux situés à proximité des régions productrices jouaient le rôle d'entrepôts où étaient concentrées les réserves de blé. Celles-ci pouvaient être ainsi acheminées par voie d'eau à portée des armées : tel est le cas d'Orléans, sur la Loire, d'où l'on peut présumer que la Beauce possédait, dès cette époque, d'importantes emblavures. Tel est le cas aussi de Chalon-sur-Saône et de Mâcon, sur la Saône, et aussi d'Amiens qui servait également de magasin dans le nord de la Gaule. Presque toutes les cités possédaient leurs champs de blé et pouvaient se suffire à elles-mêmes : jusqu'aux abords des Pyrénées, le blé était récolté, même les terres peu fertiles des Flandres, alors couvertes de marécages, en produisaient. Le cas de l'Anjou, où César mentionne expressément le défaut de blé, est isolé. Peut-être cette absence était-elle momentanée ou accidentelle. Parmi les terres à blé renommées de l'époque, il faut citer la région de Toulouse, chez les Volques, chez les Cavares et la basse vallée du Rhône, la Bourgogne (surtout), ainsi que le pays des Bituriges et celui des Carnutes. Dans le nord et dans le nord-est, le Soissonnais et la Champagne étaient également assez riches. La production agricole abondante et de qualité est assurée par l'engraissement des sols grâce à la fumure ou le marnage, par des labours performants à l'aide de la charrue à soc métallique et de puissants attelages[35].
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Les études archéobotaniques (notamment la carpologie ou la palynologie) montrent que les Gaulois se nourrissaient surtout de céréales (quatre sortes de blé : engrain, amidonnier, épeautre et froment ; orge à grains nus ou vêtus, avoine, millet commun et millet des oiseaux), de légumes (navets, choux) en proportion variable selon les régions, en moins grande quantité des légumineuses (lentilles appelées ers, haricots, fèves, pois…), des plantes sauvages (renouée, arroche, mauves, chénopode) ou oléagineuses (pavot, lin, caméline). Les céréales, pauvres en gluten (donc peu panifiables), se consommaient sous forme de grains concassés, bouillies, gruaux, soupes à base de farine grillée ou de galettes à pâte non fermentée. Le beau pain blanc de froment faisait le régal des nobles gaulois et la convoitise des autres peuples[réf. nécessaire]. Le blé est la principale nourriture du peuple[36]. L'utilisation de condiments (poivre d'eau, ravanelle, moutarde noire) est rare à l'exception du sel, celle de plantes aromatiques orientale et méditerranéenne (fenouil, origan, sarriette) apparaît à partir du Ier siècle. La consommation de fruits comprend des espèces sauvages (prunelles, merises, framboises, fraises, pommes, noisettes, raisins, glands, baies de sureau), des espèces cultivées gauloises (prune) ou romaines (olive, poire, figue)[37].
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L'archéozoologie montre que la viande provenait de l'élevage car la chasse (lièvre[notes 2], cerf, chevreuil ou sanglier servis à la table des aristocrates[notes 3]), sport de noble, était marginale (de 1,3 % au IVe siècle av. J.-C. à moins de 1 % aux siècles suivants)[38]. Elle était constituée principalement de cochon, mais aussi de bœuf dans le centre de la Gaule, de chèvre et de mouton dans le Midi et de chevaux dans le Nord, plus épisodiquement de chien, de cheval ou de volaille. Des ragoût de chien étaient occasionnellement consommés (traces de cynophagie différentiée)[39]. Les salaisons et la charcuterie gauloise étaient réputées à Rome. Les volailles, pourtant elles aussi exploitées, étaient peu consommées[40]. Enfin, les populations côtières pratiquaient la navigation et la pêche en haute mer, ainsi qu'en témoignent des fouilles conduites au centre de l’île d’Ouessant, en Bretagne (mise au jour de restes de divers poissons tels les lieus jaunes, les daurades, les bars, les cabillauds)[41].
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Le philosophe grec stoïcien Posidonios, dans son Histoire, décrit les boissons gauloises. Le peuple buvait de l'hydromel et surtout de la cervoise, bière à base d'orge, tandis que l'élite consommait du vin pur, à la différence des Grecs et Romains qui le buvaient aromatisé. La culture de la vigne, au temps de la conquête, était peu répandue en Gaule et ne dépassait guère les abords de Marseille. Ce sont en effet les marins commerçants grecs phocéens, qui fondent Marseille en 600 av. J.-C., qui ont fait découvrir cette boisson aux Gaulois[41]. Le vin, boisson rare, était donc importé de Rome et considéré comme un luxe : on échangeait un esclave contre une amphore de vin par exemple. Le commerce avec Rome s'intensifiant (l'archéologie sous-marine l'évalue à un million d'amphores par an), le vin s'est progressivement démocratisé[42]. Au total, ce sont plus d'une dizaine de millions d'hectolitres qui furent importés de République romaine et de la Provincia entre 150 et 50 av. J.-C.[43].
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Le cheval a toujours tenu une grande place dans la vie des Gaulois, au point de figurer sur leurs pièces de monnaie. On dit que la cavalerie était un élément essentiel de leur puissance militaire. Lors de la guerre des Gaules, les effectifs engagés étaient énormes, ce qui supposait un élevage de chevaux très actif. L'élevage du cheval contribuait pour beaucoup à la réputation du paysan et on n'oublie pas qu'Epona, la seule déesse gauloise intégrée dans le panthéon romain, était représentée en compagnie d'un cheval. Les nobles gaulois (les equites) servaient à cheval dans la cavalerie et l'usage permanent des chariots exigeait un grand nombre de chevaux de trait. Pourtant, dès le IVe siècle av. J.-C., les Gaulois qui combattent à l'étranger découvrent les grands chevaux méditerranéens, différents des chevaux indigènes qui correspondent donc à nos poneys ou doubles-poneys actuels, et s'en prennent de passion, et, nous dit César : « les acquièrent à n'importe quel prix ». Pourtant, il semble que l'élevage se soit développé davantage sous le pouvoir romain.
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L'abondance de moyens fait soupçonner l'importance du réseau routier, qui a permis le déplacement rapide des légions romaines durant la guerre des Gaules, et des échanges commerciaux. Dans ce domaine encore, les Gaulois bénéficièrent de l'effort soutenu des populations antérieures. La diffusion des matières les plus recherchées, à partir de leurs centres de production, avait entraîné la recherche des itinéraires les plus aisés. Le commerce de l'étain, qui continue à l'âge du fer, eut, sur le développement routier, les plus fortes répercussions. La localisation et la rareté des gisements de ce métal déterminèrent les directions du trafic. Le minerai importé venait, surtout, du Guadalquivir (Tartessos) et de la pointe occidentale de la Bretagne, de Cornouailles et, de là, le métal était apporté sur la côte de la Manche et jusqu'à l'embouchure de la Loire, on suivait les grandes vallées pour pénétrer à l'intérieur du pays. Outre l'étain, Rome importait de Gaule essentiellement du sel, du blé, du fer et beaucoup d'esclaves (prisonniers des peuples voisins)[44].
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Au premier âge du fer, les échanges ne sont plus limités aux matières premières. De l'Europe centrale, par le Danube, arrivent les modèles des épées de fer qui pénètrent en Gaule par la trouée entre Vosges et Jura et la vallée du Doubs. Parviennent aussi des objets importés d'Italie : seaux cylindriques appelés cistes, ou tronconiques appelés situles, les uns et les autres en bronze battu. Parfois des vases étrusques et grecs les accompagnent dans les tumulus les plus récents de la Gaule de l'Est. C'est par la même voie du Danube que s'effectue ce trafic. Depuis la découverte du cratère de Vix, la question de savoir par où cet énorme vase avait pu être acheminé a été longuement discutée. En plus des itinéraires classiques, on a envisagé le col du Grand Saint-Bernard et surtout, la vallée du Rhône, mais rien de décisif. Si le couloir rhodanien reste alors en dehors du grand mouvement commercial, c'est que le littoral, excepté Marseille, et la basse vallée du Rhône est encore aux mains des Ligures, peu sociables. Ces tribus arriérées forment un écran entre le foyer de civilisation méditerranéen et la Celtique, dont les limites méridionales ne dépassent guère le confluent de Lyon. Par ailleurs, Vix se trouve admirablement placé au point où la voie protohistorique de la Loire inférieure et moyenne à la trouée de Belfort coupait l'itinéraire jalonné par la vallée de la Seine.
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Il faut attendre la descente des Gaulois sur la côte de Provence pour qu'enfin des relations directes pussent s'établir entre Marseille et la Celtique. Dès lors, un avenir brillant s'ouvre pour la voie la plus expressive que la nature avait inscrit sur le sol de la Gaule. Cette voie emprunte le couloir rhodanien jusqu'au coude de la Saône à Châlon, par les passages de Bourgogne, elle atteint le bassin de la Seine et le carrefour parisien. De là, on peut suivre le fleuve jusqu'à son embouchure ou gagner le Pas-de-Calais. L'essor subi du port fluvial de Chalon-sur-Saône, au IIIe siècle av. J.-C., fixe la date à partir de laquelle cette voie fut régulièrement suivie. Elle servit au trafic de l'étain, Diodore nous transmit, d'après la relation d'un auteur plus ancien, des détails précis sur son utilisation : les marchands achetaient le métal aux habitants de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), le transportaient sur le continent, puis, cheminant par terre à travers la Gaule pendant trente jours environ, ils conduisaient leur chargement jusqu'à l'embouchure du Rhône. Un autre géographe grec, Strabon, évoque une communication essentiellement fluviale utilisée pour le transport de toutes denrées. On remontait le Rhône et la Saône et après avoir quitté cette rivière, ce qu'on ne pouvait faire qu'à Chalon, il fallait gagner la Seine par voie de terre et, de là, on pouvait atteindre l'océan.
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Chaque peuple gaulois était indépendant du point de vue du monnayage, certains plus productifs que d'autres, mais il y a tout lieu de supposer que les pièces en métaux précieux circulaient entre peuples voisins. Des statères d'or et de bronze a l'effigie de Vercingétorix sont frappées, au verso on peut observer un croissant, un étalon et une amphore[45]. Rome, qui convoitait les mines d'or gauloises, commença à frapper ses propres pièces d'or après l'invasion de la gaule[réf. nécessaire].
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Au VIe siècle av. J.-C., la colonie grecque établie à Marseille, frappe des oboles. Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (trésor d'Auriol). Au IIe siècle av. J.-C., le monnayage en argent se développe en moyenne vallée du Rhône, et les peuples ayant des mines d'or, comme les Arvernes, frappent des statères qui sont aussi un moyen d'affirmer leur souveraineté et leur puissance. Au Ier siècle av. J.-C., les Parisii produisent leur célèbre et magnifique statère d'or au cheval.
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Conformément au schéma de l'idéologie tripartite des Indo-Européens telle qu'elle a été développée par Georges Dumézil, les Gaulois comme les Celtes sont organisés en trois classes : classe sacerdotale (prêtres, gutuaters, bardes et druides), classe guerrière (les Equites, chevaliers issus de la noblesse ; l'infanterie, peuple et vassaux des chevaliers) et classe productrice (la plebs : commerçants, artisans, agriculteurs et éleveurs)[46].
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Les peuples de la Gaule étaient dirigés auparavant par une noblesse de type archaïque avec les différentes strates de sa hiérarchie. César nous renseigne dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules sur différents types de magistratures politiques et religieuses : princeps (prince), vergobret (magistrature suprême), arcantodan[nus] (magistrat monétaire), etc.[47].
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La noblesse s'était constituée tout au long des temps « héroïques » lors de différentes guerres ou d'expéditions lointaines. Les seigneurs gaulois (rois, princes guerriers, chefs de tribu et riches propriétaires), de type féodal, se réunissant dans des sénats[Lesquels ?], avaient sous leurs ordres une foule de vassaux et de clients dont la fidélité était absolue. Au bas de la pyramide sociale se trouvaient probablement les esclaves, comme le suggèrent les découvertes archéologiques d'entraves en fer dans des tombes[48]. Ce sont les nouvelles bourgeoisies (commerçants et artisans) gauloises qui en différents lieux de la Gaule ont choisi de collaborer avec le conquérant romain pour préserver leurs affaires et leur rang social[réf. nécessaire]. Ces velléités de trahison, de « collaboration » avec l'occupant romain ne se passèrent pas toujours très bien pour les nouveaux oligarques celtes puisque tous les membres des sénats des Aulerques, des Lexoviens et des Éburovices furent massacrés jusqu'au dernier par les princes et les nobles de leurs peuples. Il semblerait que la bourgeoisie vénète n'a pas suivi la même démarche car elle avait compris que les Romains voulaient s'emparer de ses marchés et qu'elle avait tout à perdre avec la conquête romaine[49].
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Durant la période de la protohistoire l'évolution technique de l'armement a peu évolué. Il s'est surtout adapté à des techniques de combat en fonction des situations. Toutefois, suivant l'époque certaines évolutions technologiques ont vu le jour. Dans cet article sont détaillées les deux grandes périodes que sont Hallstatt (-800 ; -400) et la Tène finale (Ier siècle avant notre ère à -50).
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La période de Hallstatt tire son nom du village autrichien où ont été découvertes les traces de civilisation celte[50] les plus anciennes. Appelée aussi civilisation hallstattienne sa période chronologique s'étend de -1100 à environ -400 divisée en deux grandes périodes :
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Durant cette période les mouvements de troupes sont importants et la renommée des guerriers gaulois (ou celtes) se répand dans toute l'Europe. Ils interviennent en tant que mercenaires n'hésitant pas à changer de camp lorsque l'offre est plus intéressante.
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L'arme principale est la lance. La raison est simple. Peu chère à fabriquer car nécessitant peu de matière noble qu'est le fer, elle est très maniable et cause de nombreux dégâts chez l'adversaire. Pouvant être maniée à une ou à deux mains sa longueur varie de 180 à 250 cm. Le fer peut avoir une grande variété de formes mais la principale forme est la feuille de saule.
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L'épée est relativement courte (entre 65 et 70 cm de lame) et est particulièrement effilée et pointue, permettant ainsi un combat rapproché ou bien un combat de mouvement sur des chars. Fabriquée en fer, la poignée est en bois. Elle est traversée par la soie qui est écrasée afin de créer un rivetage. Le profil de la lame peut être lenticulaire ou posséder un cœur en forme de losange dont les arêtes extérieures sont étirées pour former la lame (voir les graphiques ci-dessous).
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Le poignard peut être présent dans la panoplie.
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Le casque celte est non plus en bronze mais en fer plus léger et de forme oblongue, souvent terminé par un cimier. Le visage est protégé par des paragnathides en fer couvrant les joues. Un protège-nuque peut être présent.
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Le reste du corps est protégé par un linotorax. Cette protection est composée de plusieurs couches de lin collé. Bien que lourde et rigide, cette protection relativement simple à fabriquer est efficace contre les coups de taille et les coups d'estoc.
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Enfin le bouclier. De forme ovale pour une dimension d'environ 150 à 160 cm de haut pour une largeur de 50 à 60 cm de large est en bois. Le détail de sa structure sera vu plus bas.
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Percé en son centre pour y placer la main, un manipule horizontal placé sur le centre de gravité permet une manipulation aisée d'une main de manière défensive comme offensive.
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Le plateau est renforcé par une spina en bois qui a aussi un rôle de protection de la main. Le tout est fixé et blindé par le umbo en fer et des rivets. (Voir photos)
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Le combattant de cette période contemporaine de la guerre des Gaules est le plus connu. Sa panoplie est la même que son ancêtre du Hallstatt à quelques variations près.
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Le casque est devenu rond et possède un protège-nuque plus important. Cette forme permet aux armes de glisser dessus et d'éviter les prises. De plus cette forme plus compacte permet d'avoir une protection optimale en limitant l'incidence du poids sur les mouvements. L'épée s'est allongée, bien que des modèles courts existent toujours (voir les techniques et les types de combattants), la longueur moyenne d'une lame est désormais de 80 cm pour une largeur moyenne de 6 cm. La pointe effilée a laissé place à une forme d'ogive. Cette arme s'est adaptée à de nouvelles techniques de combat telles que le combat monté où l'on se bat essentiellement à coups de taille. Portée à droite, elle est glissée dans un fourreau en fer composé de trois pièces et est fixée à une ceinture à suspension. Ce système encore mal connu permettrait de donner à l'arme une certaine liberté de mouvement sans gêner le combattant (différentes hypothèses ont été émises quant à son montage)[51].
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Le bouclier a légèrement évolué et est devenu composite. Lorsque au Hallstatt les boucliers étaient composés de couches de bois croisés, à la Tène finale, des couches de lin vont être insérées entre les couches de bois rendant le bouclier plus résistant aux chocs mais aussi plus souple. La spina s'est sensiblement affinée, voire a complètement disparu sur certains modèles. Le umbo s'est développé et la simple double coque de fer clouée sur la spina a laissé la place à une coque d'un seul tenant avec des ailettes permettant le positionnement de rivets. Les boucliers sans spina, plus légers, ont un umbo circulaire tenu par six rivets[51].
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Un nouveau type de protection est apparu au cours du IVe siècle av. J.-C., la cotte de mailles annulaire de type lorica hamata. Cette protection en fer est composée d'anneaux de 6 mm. Bien que lourde, elle présente l'avantage d'être extrêmement souple et de former une seconde peau protégeant ainsi le combattant des coups de taille. Mais elle est inutile contre les coups d'estoc. Les pointes écartant les anneaux. Il est aussi à supposer que les combattants portaient sous la cotte de maille une protection supplémentaire appelée subermalis permettant d'absorber les chocs[52].
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Les textes antiques rapportent quelques cas de combats avec des guerrier gaulois nus ou avec une simple jupette de cuir à lambrequins protégeant leur bas-ventre. Ce choix s'explique pour impressionner l'adversaire ou pour des raisons religieuses (pour eux, la mort au combat faisait directement accéder au paradis), plus que pour des raisons de confort (plus grande liberté de mouvement, chaleur selon les explications rationalistes de Polybe)[53].
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Contrairement aux idées reçues, l'armée gauloise est particulièrement bien structurée. Bien que l'individu soit au centre, des unités peuvent être cr��ées permettant ainsi de monter des stratégies élaborée et complexes.
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Il y a trois types de combattants :
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Un autre type de combattant intervient sur le champ de bataille : le sonneur de carnyx. On ne connait pas exactement son rôle mais l'hypothèse actuelle serait qu'il permettait de transmettre les ordres via des mélodies, de donner des directions suivant son orientation et d'amplifier le tumultus gallicus. Le carnyx est un instrument fabriqué en alliage cuivreux d'environ 1 m de haut dont l'embouchure représente souvent une tête de sanglier. À Tintignac, la fouille d'un site votif a permis de mettre au jour une quantité impressionnante de ces instruments et à ce jour le site le plus riche en informations. Deux de ces carnyx sont quasiment complets, l'un représente une tête de sanglier et l'autre un serpent.
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Les auteurs grecs comme Posidonios, Diodore de Sicile et Strabon rapportent un rituel celtique : lorsque les guerriers gaulois tuent leurs ennemis, ils coupent leurs têtes, les attachent à l'encolure de leurs chevaux et remettent à leurs servants d'armes le reste de la dépouille ensanglantée[55]. Une fois rentrés chez eux, ils enclouent ces têtes au linteau de la porte de leur maison ou les exposaient dans un bâtiment public (alvéoles dans des linteaux, des piliers de portiques), suggérant dans ce dernier cas une fonction religieuse mais aussi civile et politique[56],[57]. Les têtes ont pu être peintes et les alvéoles peut-être accueillir des têtes modelées dans de l'argile ou surmodelées sur les crânes réels[58]. Ils embaument les têtes de leurs plus grands ennemis avec de l'huile de cèdre et les gardent soigneusement dans un coffre transmis de génération en génération. Ce trophée précieux qui est une forme d'hommage au vaincu, témoigne aussi de la valeur du guerrier qui n'hésite pas à le montrer régulièrement aux étrangers. Posidonios assimile « ce rite à celui qu'ont les chasseurs de conserver et d'exposer les crânes des bêtes les plus féroces ou les plus splendides qu'ils ont tuées. Le crâne humain apparaît donc avant tout comme un trophée, au sens cynégétique du mot. Il est le témoin d'un fait d'arme[57] ». Ce rituel de décapitation est confirmé par plusieurs représentations gravées ou sculptées (Entremont, Aulnat), des piliers ou linteaux percés d'alvéoles céphaloïdes pour exposer les têtes ou les crânes momifiés (Glanum, Roquepertuse), et par les découvertes archéologiques qui ne permettent pas de trancher sur le mode de prélèvement des têtes (décapitation, mode d'exécution sur le vivant, ou décollation effectuée sur des cadavres)[59],[60].
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Sculpture de têtes coupées celtes, retrouvées sur l'oppidum d'Entremont en 1877.
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Pilier aux cavaliers d'Entremont représentant une tête portée au cou d'un cheval de cavalier gaulois.
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Pilier avec des alvéoles céphaloïdes qui devaient probablement exposer les têtes-trophées (Roquepertuse).
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Les Gaulois avaient des druides, que Diodore De Sicile appelait des « philosophes » qui étaient en quelque sorte leurs prêtres. Ils écrivaient, à l'aide de l'alphabet grec, mais uniquement pour des raisons politiques et administratives[44].
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Loin de la fausse image de « barbares chevelus et mal dégrossis », « colportée dès le début de la conquête de la Gaule par Rome (...) et relayée pendant des millénaires », les peuples gaulois étaient plutôt raffinés. On leur doit par exemple l'invention du savon (sopo) qu'ils fabriquaient à partir de cendres et de suif pour lustrer leur chevelure qu'hommes ou femmes, ils portaient longue. « Les gaulois prenaient soin d'eux et ont inventé beaucoup d'instruments et produits cosmétiques celtes. Ils se rasaient déjà avec des rasoirs, ils avaient des miroirs, des forces (ciseaux), des peignes en os ou en corne pour la barbe et pour les cheveux, des grattes oreilles, des grattes ongles, des épingles à cheveux, des pinces à épiler (...). Ils se teignaient même les cheveux avec du lait de chaux ou de l'argile, d'où l'image du gaulois aux cheveux blonds. »[34].
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Le vêtement gaulois est principalement[notes 4] constitué d'une tunique avec des motifs en petits carreaux serrés et teints (teintures végétales donnant surtout du jaune, vert, rouge de garance, voire du brun ou noir grâce à la noix de galle). Cette tunique (généralement courte pour les hommes et une robe allant jusqu'aux chevilles pour les femmes) est serrée à la taille par une ceinture en tissu. Les chausses sont des braies ou des bas en tissu de laine ou de lin. L'hiver, il revêt le sayon[notes 5], sorte de casaque décorée, parfois multicolore, s'agrafant par une fibule. Les chaussures ou bottines sont en cuir[48].
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L'art architectural est malheureusement difficile à appréhender car il n'a pas survécu aux années, les Gaulois construisant essentiellement en bois et torchis. Néanmoins l'archéologie aérienne initiée par Roger Agache permet de révéler des vestiges architecturaux gaulois à partir des années 1970[38].
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Loin du mythe de la hutte[notes 6] ronde de branchage fragile au toit de chaume[notes 7] et de la chasse au sanglier, les Gaulois mènent une existence confortable tournée essentiellement vers l'élevage et l'agriculture. Ils vivent essentiellement dans des fermes, maisons vastes (d'une surface moyenne variant entre une vingtaine et une soixantaine de mètres carrés), carrées ou rectangulaires soutenues par des poteaux en bois, aux parois faites de clayonnage (type branches de noisetier tressées et reliées aux poteaux) recouvert de torchis[notes 8], charpentées (planches de bois assemblées avec des clous de fer) et couvertes d'un toit de chaume ou roseaux en forte pente. Les fenêtres sont rares et étroites, de façon à conserver la chaleur l'hiver et la fraîcheur l'été[notes 9]. Parfois, les murs sont recouverts par une couche de crépi à base de chaux[notes 10] dont les propriétés hydrofuges assurent une protection contre la pluie et une plus grande durée de vie au torchis (entre trente ans et un siècle)[61]. Certains habitats peuvent faire trois à quatre étages avec à chaque niveau des planchers supportant des planches jointives (un platelage) ou assemblées entre elles par rainures et languettes (un parquet traité à l'huile de lin)[62],[63]. Un foyer central est équipé de chenets et d'un chaudron suspendu servant à l'éclairage (les maisons n'ont pas de baies), le chauffage et la cuisson à l'origine de fumées qui en se déposant (noir de fumée, goudron) font office d'insecticide. Parfois ces maisons sont précédées par un enclos palissadé (enclos pastoral simple ou système d'enclos emboîtés, constitué d'une levée de terre avec une haie d'arbres doublée d'un fossé), ont un étage muni d'un plancher et qui sert de grenier pour dormir. Ces fermes, isolées en aedificium ou regroupées dans un vicus fortifié ou non[64] voire une ville (ces agglomérations avec des quartiers spécialisés[notes 11] et hiérarchisés[notes 12] se développent à la fin du IIe siècle av. J.-C.[65]), témoignent d'une intense activité agricole : entourées de champs quadrangulaires dits "celtiques", elles comportent plusieurs bâtiments indépendants (granges, étables, greniers sur poteaux[notes 13] pour protéger les céréales stockées de l'humidité du sol et des rongeurs[66] ou silos enterrés[notes 14]) au sein d'une cour[67]. L'élevage mixte (destiné principalement à la viande, au lait et à la laine, mais aussi utilisé comme animaux de trait) à proximité de ces fermes comporte surtout des bovidés (bœufs, capridés) et des suidés[68].
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En cas d'attaque, les villageois gaulois se regroupent dans un refuge fortifié public, l'oppidum ou un petit poste militaire, le dun.
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Reconstitution hypothétique d'un habitat gaulois : mobilier limité aux banquettes aux sols pour s'asseoir et dormir[notes 15], aux objets de la vie quotidienne et aux éléments de stockage.
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Murs d'une maison recouverts d'un enduit de chaux au blanc lumineux.
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Les Gaulois ne cherchaient pas à représenter le réel. En témoignent les visages succincts et l'absence de détail[69].
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Les Gaulois riches portaient des bijoux (bracelets, colliers, bagues, torques, fibules, épingles à chignon, diadèmes, boucles de ceinturon aux motifs variés) en or, les classes inférieures utilisant le bronze qui imite l'or ou des parures en verre coloré, en cuivre ou en fer[48].
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Les découvertes archéologique de rasoirs, miroirs, peignes à cheveux et à barbe, cure-oreilles, pince à épiler, mettent en évidence un souci d'hygiène[44].
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L'art des Gaulois est très différent des critères esthétiques de la culture romaine.
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L'art gaulois s'exprime essentiellement par le travail des métaux (bronze, fer et or). Les Gaulois savaient manipuler avec précision ces métaux, et étaient d'excellents orfèvres[69]. Certaines créations ont pu aussi se faire sur de la céramique.
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Les changements apportés par le conquérant ont longtemps éclipsé toute idée d'une permanence de certains traits : d'abord, le syncrétisme religieux romain et l'interdiction du druidisme entraînent assurément la disparition d'une religion celtique dont on peut deviner seulement quelques contours, grâce à l'archéologie, d'une part, et par comparaison avec quelques survivances romaines, d'autre part et surtout par la confrontation avec les sources littéraires insulaires (voir par exemple mythologie celtique irlandaise et littérature celtique galloise).
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Les cadres du pouvoir — l'administration romaine —, l'économie, l'art, notamment monumental, et la culture littéraire latine, aussi, s'imposent, peut-être d'autant plus facilement que rien de préexistant ne peut les concurrencer.
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Après la conquête romaine de la Gaule, achevée en -51, la romanisation est rapide chez les élites. On ignore cependant quelle est sa progression exacte et sa profondeur en ce qui concerne le peuple. Elle doit en tout cas demeurer inégale, voire limitée dans nombre de domaines ayant trait à la vie quotidienne, comme l'indiquent plusieurs exemples.
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Le réemploi du site du sanctuaire celtique de Gournay-sur-Aronde, en Gaule Belgique, ou encore les ex-voto des sources de la Seine, montrent comme nombre d'autres lieux sacrés pour les Gaulois de la période de l'indépendance que les lieux de culte romains prolongèrent des usages anciens (voir nemeton).
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L'abandon des oppida est un fait avéré dès la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. À partir de ce moment, des villes romaines sortent de terre, soit à la place de l'oppidum gaulois, soit sur un espace plus large et adapté à une période de paix (exemple : le site archéologique d'Alba-la-Romaine).
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Lorsqu'une certaine « barbarisation » de l'Empire a lieu au IIIe siècle, des traits de civilisation qui sont demeurés en vigueur depuis la période de l'indépendance s'introduisent à leur tour dans la culture impériale : le manteau gaulois qui donne son surnom à l'Empereur Caracalla n'a pu être remplacé par le mode de vie du conquérant romain. Dans nombre de domaines ayant trait à l'artisanat, où les Gaulois excellent, leurs inventions s'imposent : c'est le cas, notamment, du tonneau qui s'impose face à l'amphore plus fragile et de moindre contenance. La cotte de mailles est adoptée par les Romains dès les premiers siècles de la République, jugée plus pratique que les cuirasses grecques, tandis que le casque impérial gaulois est adopté par les légionnaires au Ier siècle av. J.-C., tout comme les braies ou les braies courtes pour les soldats d'Occident.
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Certains traits caractéristiques de la Gaule antique perdurent après l'Empire romain.
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Lorsque l'administration impériale romaine s'effondre, la Gaule se « germanise » lentement et partiellement. La présence de toponymes germaniques est d'abord attestée sur ses franges, due au repeuplement, souvent à but défensif et organisé assez tôt par Rome, de régions sinistrées par les crises et par les épidémies. De tels établissements durables de colons « barbares » (les lètes) ont d'ailleurs lieu dans l'Empire romain tout au long du IVe siècle et du Ve siècle. Ainsi des contingents Francs sont installés en Belgique, des Alamans en Alsace et en Suisse, des Burgondes en Savoie.
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La date symbolique de la disparition de l'Empire romain d'Occident en 476 et celle du baptême du roi des Francs Clovis, vers 496, ne marquent pas non plus, à cet égard, de rupture : ces événements ont lieu à une époque où Francs, Burgondes et Wisigoths ont fait « souche » et détiennent depuis longtemps déjà le monopole des affaires militaires.
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Aussi, les familles de la noblesse gallo-romaine continuent longtemps à concentrer l'essentiel du véritable pouvoir politique dans les cités épiscopales : les « patrices », comme le marseillais Mauronitus, ou les évêques, sont les véritables représentants des populations. Ainsi, la culture nouvelle qui se développe en Gaule, après la période impériale, est avant tout chrétienne, et à plusieurs égards augustinienne.
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L'expansion chrétienne en Gaule, qui s'appuie en premier sur la diaspora juive, s'est en effet diffusée, par l'intermédiaire des commerçants et artisans d'Orient ainsi que des armées, dans les villes gauloises par les grands axes (vallées de la Loire, du Rhin, de la Seine) puis, à partir de l'édit de Milan en 313, dans les villages dont l'évangélisateur emblématique est Martin de Tours, Saint Martin étant également à l'origine de l'implantation du monachisme en Gaule. La Gaule compte six évêchés vers 250 (celui d'Arles, de Toulouse, de Narbonne, de Vienne, de Reims, et de Paris), 120 à la fin du IVe siècle[70], Clovis s'appuyant sur ce maillage épiscopal pour gagner l'appui des populations et du clergé gallo-romains lors de sa conquête de la Gaule[71].
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Plus généralement, les permanences observables dans le cadre de vie de l'Antiquité tardive jusqu'au VIIe siècle sont nombreuses en Gaule : c'est surtout à partir du milieu du VIIe siècle, temps de crise, que les patronymes germaniques se multiplient au sein des élites, indiquant par là que le centre de gravité de l'Europe s'est déplacé vers le nord et que les équilibres du monde antique se sont rompus.
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En définitive, si la culture latine classique recule, le latin continue à constituer la langue de la culture et surtout, celle exclusive de l'écrit (le premier document écrit en langue vernaculaire étant les serments de Strasbourg, datés de 842).
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Aussi, l'usage des noms « Gaule » et « Gaulois » se conserve jusqu'à la fin de la période mérovingienne, du moins à l'écrit. Lentement, durant la période carolingienne, le nom de « Francie » (Francia, puis francia occidentalis) se répand pour désigner la réalité politique majeure qu'est devenu le royaume des Francs (regnum francorum). Mais ce nom ne désigne qu'incidemment les territoires correspondant à l'ancienne Gaule romaine, désormais rattachés à un ensemble plus vaste.
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C'est également la renaissance carolingienne qui pose les fondations d'une culture véritablement nouvelle. Cette « renaissance » veut pourtant, à l'origine, restaurer la culture romaine antique et impériale.
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La Gaule (en latin : Gallia) était une région de l'Europe de l'Ouest peuplée principalement de populations celtiques et également aquitaines, comprenant la France, le Luxembourg, la Belgique, la majeure partie de la Suisse, le nord de l'Italie, ainsi que des régions des Pays-Bas et d'Allemagne : la rive ouest du Rhin. Elle couvrait une superficie de 494 000 km2[2]. Archéologiquement, les Gaulois étaient porteurs des cultures de Hallstatt (en partie) et de la Tène, qui s'étendaient à travers toute la Gaule, ainsi qu'à l'est de la Raetia, Noricum, Pannonia et le sud-ouest de la Germanie du Ve siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. La Gaule tomba sous domination romaine au cours d'une période allant du IIe siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. : la Gallia Cisalpina fut conquise en -203 et la Gallia Narbonensis en -123. La Gaule fut envahie après -120 par les Cimbres et les Teutons, qui furent à leur tour vaincus par les Romains en -103. Jules César conquit finalement les parties restantes de la Gaule (qu'il considère comme divisée en trois parties : Gallia Celtica, Belgica et Aquitania) dans ses campagnes de -58 à -51. Quant à l'Aquitaine césarienne, elle se différencie du reste de la Gaule par son assise linguistique basque-aquitaine[3].
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La Gaule romaine a duré cinq siècles, jusqu'à ce que le dernier État croupion romain, le domaine de Soissons, ne tombe aux mains des Francs en 486. Alors que les Gaulois celtiques avaient perdu leurs identités et leurs langues originelles durant l'Antiquité tardive, devenant amalgamés en une culture gallo-romaine, Gallia est resté le nom conventionnel du territoire tout au long du haut Moyen Âge, jusqu'à ce que la Gaule acquière une nouvelle identité en tant que royaume de France capétien dans la haute période médiévale. Gallia reste un nom de la France dans le grec moderne (Γαλλία) et le latin moderne (à côté des alternatives Francia et Francogallia).
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Les auteurs latins utilisent déjà le nom de Gallia (« Gaule ») et celui de Galli (« Gaulois »), pluriel de Gallus, pour désigner les Celtes installés en Gaule et en Galatie occidentale, « Γαλατία » en grec[4].
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Le nom de Gallia est attesté pour la première fois chez Porcius Caton vers 168 av. J.-C., mais son emploi est très probablement beaucoup plus ancien. Il servait d'abord à désigner les peuples celtes qui avaient colonisé la plaine du Pô nommée par la suite Gaule cisalpine. Cependant, c'est seulement avec les Commentaires sur la Guerre des Gaules, de Jules César, que ces concepts vont se diffuser largement, le proconsul romain taillant dans la civilisation celtique une unité géographique arbitraire correspondant aux limites de sa conquête de la Gaule[5].
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Au Moyen Âge, l'historien Richer de Reims donne une étymologie pittoresque au nom propre Gaule dans ses Historiae : « j'ai jugé à propos de n'indiquer que les parties d'une seule partie de l'Europe, la Gaule. Son nom lui vient de la blancheur parce que ceux qui en sont originaires présentent la caractéristique d'un type très blanc »[6].
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On ne connaît pas avec certitude l'étymologie du terme latin Gallia, mais il pourrait être lui-même un emprunt au celtique. Peut-être s'agit-il d'un type *galiā, d'un radical *gal-, qui devait désigner la force, terme restitué d'après le vieil irlandais gal « fureur guerrière », également radical du gallois gallu « pouvoir », breton galloud, de même sens[7]. Les Galli seraient donc « les forts », « les puissants » ou « les furieux »[8]. Le radical *gal- ou *gali- serait en outre à l'origine des mots français jaillir (< bas latin *galire)[9] et gaillard[10].
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Ce n'est qu'à la Renaissance que le nom latin Gallus est associé par analogie chez les érudits à son homonyme latin gallus « coq » (latin gallus > ancien français jal, jau « coq », l'étymologie de ce gallus-coq le faisant peut-être remonter à une racine signifiant « faire du bruit, chanter »). C'est pourquoi il est devenu l'animal emblématique de la France lors de la redécouverte de « nos ancêtres les Gaulois »[11].
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Si les mots français Gaule et gaulois sont bien les traductions usuelles des mots latins Gallia, Gallus et Gallicus, il existe deux thèses pour leur étymologie[12]. En effet, le passage apparemment évident de Gallia à Gaule présente deux difficultés : le G- initial dans le groupe /ga/ aurait dû subir une palatalisation selon les règles d'évolution du latin à la langue d’oïl (cf. gallus « coq » > ancien français jal « coq », forme régulière). C'est dire que Ga- aurait dû faire place à Ja- (sauf en normanno-picard). Ensuite, la palatalisation en [ʎ] de la latérale [l] (ou [ll]) suivie de yod aurait dû se produire (voir contexte général des consonnes suivies d'un yod), puis [ʎ] aurait dû se muer en [j] à partir du XVIIe siècle (cf. ALLIU> ail [aj]), d'où *Jail- (cf. jaillir ci-dessus), phénomène d'ailleurs attesté dans la toponymie française pour ces exemples précis, ainsi trouve-t-on : La Jaille-Yvon ([Yvo de] Gallia en 1052 - 1068[13]) et le type toponymique Jailly (Nièvre, Côte-d'Or) de *GAL[L]IACU ou Jallais (Maine-et-Loire, Galiscus vers 1130).
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Une première explication se base sur le terme par lequel les Germains désignaient des peuples non germaniques situés à l'ouest ou plus au sud, c'est-à-dire des Celtes ou des locuteurs de langue latine, à savoir *Walha « les Celtes » ou « les Romans » (cf. Walh et *walhisk > Waals « wallon » en néerlandais et welsch dans les dialectes allemands du sud et signifiant « roman(ophone), francophone, italien » et les noms anglais pour les territoires celtiques Wales et Cornwall)[14],[notes 1]. C'est bien ainsi que le germanique *Walha est à l'origine de wallon et de Wales, Galles, gallois. Mais ceci n'explique pas bien l'ancienne diphtongue [au], qui est un développement régulier de [al] devant une consonne (cf. cheval ~ chevaux et latin alter> autre), car la consonne germanique h tend à disparaître rapidement en français, comme le montre le a conservé dans wallon et Galles, de même que dans le nom de famille Wallois présent dans le Pas-de-Calais, à la limite de la Flandre et de la zone romane, et également issu du francique *Walha. Cependant, *Walha a dû passer au stade *Wahla par métathèse, le h vélaire s'est vocalisé en u, comme dans l'exemple parallèle du mot saule issu de *salha[15]. Il est possible que le toponyme Plaine des Vaulois à Saint-Ouen-le-Mauger (Seine-Maritime) ait cette origine car le w initial ([w]) est régulièrement passé à v ([v]) au XIIe siècle en normand septentrional.
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Cependant Gallia n'a pas forcément été soumis à cette évolution du langage parlé car il a rapidement disparu du langage populaire pour être remplacé par Francia / Francie / France, remplacement initié dès les mérovingiens et bien achevé sous les carolingiens[12]. Gallia n'est alors plus utilisé que dans les ouvrages savants ou littéraires pour faire référence aux temps de l'Empire romain, sous une forme qui finit par être francisée. Un des premiers exemples est celui de Wace à la fin du XIIe siècle dans le Roman de Rou et il éclaire bien le processus : Wace explique dans un passage que beaucoup de pays ont changé de nom et en cite une grande liste dans laquelle on trouve la « France » qui s'appelait auparavant « Gale », ainsi que « Gales » (le Pays de Galles) qui s'appelait auparavant « Cambrie » (Wace ne double donc ni le l de Galle, ni celui de Galles, ce qui lui est propre). Mais l'ancien nom de la France n'est pas Gale, mais Gallia, de même que l'ancien nom du Pays de Galles est Cambria et non Cambrie. Wace a donc francisé à sa manière les noms latins originels, sans que cela n'aboutisse à une forme palatalisée. En rétablissant le double l, Gallia est ainsi plus souvent francisé sous la forme Galle au XIIe siècle[12], tandis que Gaule est attesté dans des sources médiévales littéraires et historiques au milieu du XIIIe siècle[16], et apparaît issu de Galle, par vocalisation régulière du premier l (-al-> -au- devant une consonne).
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Dans cette hypothèse, Gaule ne serait pas l'évolution d'un nouveau nom *Walha qui viendrait des Francs et dont on n'a aucune attestation, mais résulterait simplement de la francisation savante de Gallia, sur l'exemple de Wace dans le Roman de Rou. Cette francisation a néanmoins pris la forme Galle et non Gallie (cfr. Cambria > Cambrie, Germania > Germanie, etc.), ce qui est peut-être le résultat d'une influence du germanique *Walha.
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Il existe d'autres exemples de non-palatalisation concernant des mots voisins, mais les raisons diffèrent. D'une part, l'évolution du latin nux gallica, la noix (dite gauloise), qui a donné l'ancien français nois gauge[17] ; mais il s'agit probablement d'un mot d'origine picarde influencé phonétiquement par le germanique walh- (cf. néerlandais walnoot « noix » littéralement « des Gaules »), puisque l'on trouve également les formes gauke et dérivées gauguier, waukier « noyer ». D'autre part, le mot gaillard, attesté dès le XIIe siècle comme adjectif au sens de vigoureux, plein de vie[18] offre un bon exemple de maintien du [g], ainsi que quelques toponymes comme Guilly (Indre) ou Guilly (Loiret, Galliacum en 900). Il serait issu du même radical gaulois *galia « force, bravoure » que le mot latin Gallia (voir ci-dessus). D'après le TLFI[18] cependant « le maintien du g- [pour gaillard] peut s'expliquer par suppression dissimilatrice de la palatalisation au stade *gyalya; une infl. suppl. de gai n'est pas à écarter du point de vue sémantique ».
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Lorsque César arrive en Gaule en -58, une partie du territoire est déjà aux mains des Romains : le sud de la Gaule, des Pyrénées orientales jusqu'au lac Léman, a été conquis entre les années -125 et -121 et transformé en province. Par ailleurs, le reste du territoire, appelé la Gaule chevelue, est déjà fortement romanisé sous l'action des échanges économiques et culturels ; seuls les peuples belges semblent rejeter toute influence romaine[19]. Dans l'incipit de la Guerre des Gaules, César explique que la Gaule est divisée en trois parties : l'Aquitaine, la Celtique et la Belgique. Ce faisant, il présente la Gaule comme une unité, bien qu'il existe des divisions internes. La question de savoir s'il existait chez les Gaulois un sentiment d'appartenance à un ensemble commun fait l'objet de débats historiographiques depuis le XIXe siècle[19]. Depuis quelques années, la thèse de Christian Goudineau, selon laquelle César aurait inventé la Gaule qui n'avait à l'époque de l’Indépendance aucune forme d'unité[20], est remise en question par certains historiens[Lesquels ?]. Ainsi, des travaux récents insistent sur les facteurs d'unité entre les peuples gaulois comme les coalitions face à une menace commune, les assemblées politiques supranationales ou encore l'assemblée des druides de toute la Gaule s'inscrivant toutes dans un système institutionnel normalisé et reconnu par tous les peuples gaulois[19]. Malgré tout, si cet « espace politique commun »[21] semble avéré, il n'en reste pas moins que les cellules de base de l'organisation gauloise restent la tribu et le clan, formé de la famille et de la clientèle d'un chef puissant [réf. souhaitée].
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Vers -475 / -450, les territoires de la Gaule au début de la Tène (deuxième âge du fer), étaient englobés dans un vaste ensemble continental s'étendant de l'Atlantique jusqu'au Danube et étaient nommés « celtiques » par les premiers témoignages écrits dont nous disposons : ceux des Grecs (notamment Aristote).
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Au milieu du Ier siècle av. J.-C. Jules César divise la Gaule transalpine en trois parties : la Gaule celtique, la Gaule aquitaine et la Gaule belgique (cf. carte). Ce découpage schématique correspondait à des considérations géopolitiques propres aux Romains, Strabon qui fournit des délimitations différentes le précise en au moins deux occasions[22],[23]. Si la Gaule proprement dite apparaît sous la plume des Romains, elle trouve sa définition arbitraire actuelle à travers l'histoire de sa conquête par ces derniers. La Gaule est en effet une pure invention de César voulant que sa conquête soit perçue comme un ensemble homogène, doté d'une frontière qualifiée de naturelle mais qui n'a aucun sens, le Rhin, fleuve délimitant un nouveau territoire qu'il nomme Germanie[24].
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Schématiquement, la conquête romaine de la Gaule fut réalisée en trois phases :
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La Cisalpine, intégrée à l'Italie sous la République, devint une extension de Rome, tandis que la Narbonnaise constitua une « province » romaine située hors d'Italie (le mot latin provincia, littéralement « vaincue précédemment », a donné le nom Provença en occitan, « Provence » en français).
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Les noms « Gaule » et « Gaulois » restèrent quant à eux en usage pour désigner les provinces romaines s'étendant sur le reste de ces territoires (France, Belgique et plateau suisse actuels) et leurs habitants de culture romanisée (que l'archéologie et l'historiographie française désignent sous le néologisme de Gallo-Romains).
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En -12, Auguste instaura la première « institution » supra-provinciale de l'Empire avec le « conseil des trois Gaules » (concilium trium Galliarum) réunissant chaque année les représentants des cités de la Gaule lyonnaise, de la Gaule aquitaine et de la Gaule belgique à Lugdunum pour célébrer le culte impérial. Il est probable que ce geste ne faisait que confirmer les liens anciens qui existaient entre les habitants de ces territoires. Ce sont ces liens, tissés de proche en proche, qui peuvent expliquer en définitive le caractère unitaire que laisse entrevoir, au-delà des disparités, la description de la Gaule par César près d'un demi-siècle avant.
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À l'origine, les proto-Celtes ont pu peupler l'Europe centrale, venant de l'Est, en remontant la vallée du Danube. Pour les Celtes comme pour la plupart des autres populations ayant constitué l'Europe, il n'est pas possible, en l'état actuel des connaissances, de dater précisément le phénomène, faute de trace écrite. Le cas des Grecs, dont les premières traces écrites remontent au IIe millénaire av. J.-C., montre que ces phénomènes peuvent être anciens et complexes, avec plusieurs vagues de colonisation successives. Dans le cas des populations proto-celtiques, l'archéologie et la linguistique indiquent qu'elles ont dû commencer à se mettre en place dans le nord des Alpes et en Gaule au IIe millénaire av. J.-C.[25].
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Dès la première moitié du Ier millénaire av. J.-C., des populations celtiques devaient constituer une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule.
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Les premières indications directes de présence des Celtes en Gaule sont données par les Grecs de Phocée, qui fondent pacifiquement la colonie Massalia vers -600, en accord avec la tribu locale des Ségobriges, un nom celtique signifiant « les puissants victorieux » (brige = puissant, sego = victoire, victorieux). Les Grecs développent les échanges avec les tribus indigènes et organisent bientôt, à partir de Massalia, un immense trafic commercial avec l'Europe du Nord, ce qui va être déterminant pour l'évolution future des populations de la Gaule[26].
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On connaît également, par les témoignages écrits des Grecs et des Romains, d'importantes migrations vers l'Est, vers l'Italie et vers le Danube, au Ve siècle av. J.-C. et au IVe siècle av. J.-C.[25], avec notamment le fameux épisode de la prise de Rome par les Gaulois au début du IVe siècle av. J.-C.
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À l'époque de la conquête par Rome de la Gaule chevelue (Ier siècle av. J.-C.), des liens anciens et forts existent entre la Gaule et les autres territoires occupés par les Celtes en Europe, de la Norique jusqu'à l'île de Bretagne, comme l'indique la présence de témoignages archéologiques danubiens parmi les guerriers de Vercingétorix, ou encore les liens importants entre les peuples belges du nord de la Gaule et ceux de la Tamise.
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Ces liens peuvent s'expliquer d'une part par la présence d'une même tribu sur différents territoire en Europe, et d'autre part par l'existence d'un réseau de « clientèles » qui tient de proche en proche certaines tribus, certains peuples dans la dépendance d'autres, plus riches ou plus nombreux et disposant éventuellement d'un territoire plus étendu. L'existence de « fédérations » de peuples est attestée dans l'ensemble du domaine celtique : parmi les peuples transpadans de la Gaule cisalpine au IIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le midi de la Gaule au IIe siècle avant l'ère chrétienne (les Salyens) ou encore en Gaule chevelue avant la guerre des Gaules (Arvernes, Éduens, Bituriges et Séquanes).
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En définitive, des nombreux peuples ou fédérations de peuples présents en Gaule à la veille de la conquête romaine, il reste des contours de « frontières », dont la position exacte fait cependant débat et un « substrat » linguistique longtemps sous-évalué. L'étymologie, enfin, a conservé le nom de populations gauloises, nom qui désigne encore les habitants de régions et de villes françaises actuelles : par exemple, les Auvergnats, les habitants de l'Auvergne qui couvre le territoire arverne (sud est de l'Allier, le puy de Dôme, nord ouest de la Haute-Loire et le Cantal).
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La majorité des habitants de la Gaule protohistorique parlent principalement 3 langues, déclinées en plusieurs dialectes. Jules César mentionne cependant qu'à son époque les trois parties de la Gaule se distinguent par les coutumes, les mœurs, mais aussi par la « langue ». Il semblerait alors qu'en Gaule celtique entre Seine et Garonne, comme en Gaule cisalpine avec le lépontique, que les Celtes parlaient une langue appartenant au groupe celtique continental[28], tandis que les Aquitains au sud de la Garonne jusqu'aux Pyrénées parlaient une langue issue du proto-basque : l'aquitain. Et qu'enfin les Belges se seraient peut-être exprimés pour certains d'entre eux dans un dialecte proto-germanique. Cependant, si les indices toponymiques, les noms des tribus et les anthroponymes, ainsi que les rares inscriptions découvertes (Arras, Bavai) montrent à l'évidence l'origine celtique de la langue parlée, voire aussi d'un autre idiome indo-européen (voir Bloc du nord-ouest), il n'existe en revanche aucune trace, autre que les dires de César (germani cisrhénani), qui permettrait d'affirmer que le germanique ait été parlé avant l'installation progressive et plus tardive des Germains en Gaule du nord.
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Le gaulois était une langue celtique de la famille des langues indo-européennes, proche du brittonique antique, dont on conserve cependant peu de témoignages, malgré un corpus grandissant d'inscriptions lapidaires ou autres mises au jour par l'archéologie, les nombreux anthroponymes et toponymes qui ont parfois une stricte équivalence en Gaule (ex : *Epiākon > Epiaco XIIe siècle, Epfig, Alsace, et Epiacum, Grande-Bretagne ; *Festiniākon > Festiniacus en 853, Festigny et Ffestiniog, pays de Galles), ainsi que des évolutions phonétiques communes. Certains chercheurs n'ont pas hésité à évoquer l'existence d'un gallo-brittonique, tel Léon Fleuriot par exemple[29]. Le breton, bien qu'il appartienne au groupe brittonique pour l'essentiel, a pu être influencé par un substrat gaulois et la langue d'oïl est la langue romane la plus imprégnée par un substrat celtique (150 à 180 mots sur les près de 400 contenus dans toutes les langues romanes réunies)[30]. L'hypothèse de dialectes gaulois a été reprise par John Rhys qui évoque un dialecte "celtican" (conservation de -qu-, ex: Sequana « la Seine », le mois EQVOS) ou encore Joshua Whatmough, cependant que pour Pierre-Yves Lambert « même si l'idée de dialectes différents en gaulois n'est pas irrationnelle en soi...elle ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle »[31].
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La Gaule, contrairement à l'idée préconçue qui veut qu'elle soit couverte de forêts dans lesquelles les Gaulois pratiquent essentiellement la chasse, était largement défrichée pour constituer des terres agricoles très riches avec de nombreuses fermes. Au Ier siècle av. J.-C., l'exploitation de son sol était activement poussée. Ainsi, des prospections aériennes dans certaines parties de l'Ille-et-Vilaine mettent en évidence un réseau d'enclos aussi dense que celui des fermes actuelles[32] ; au Ier siècle, les analyses palynologiques du couvert végétal dans la plaine de Vaise près de Lugdunum révèlent un sol couvert de champs cultivés et de prairies herbacées destinées à l'élevage, où les forêts représentent moins de 5 % du faciès paysager, ces résultats pouvant être extrapolés à la plupart des régions[33]. En effet, pendant ses campagnes, César trouva toujours sur place le blé nécessaire à la nourriture de ses troupes, et pourtant, le soldat romain était gros consommateur de froment. Agriculteurs productivistes, les Gaulois inventèrent la herse ferrée pour le labourage et la moissonneuse des champs (vallus) pour la récolte des céréales[34]. Les ports fluviaux situés à proximité des régions productrices jouaient le rôle d'entrepôts où étaient concentrées les réserves de blé. Celles-ci pouvaient être ainsi acheminées par voie d'eau à portée des armées : tel est le cas d'Orléans, sur la Loire, d'où l'on peut présumer que la Beauce possédait, dès cette époque, d'importantes emblavures. Tel est le cas aussi de Chalon-sur-Saône et de Mâcon, sur la Saône, et aussi d'Amiens qui servait également de magasin dans le nord de la Gaule. Presque toutes les cités possédaient leurs champs de blé et pouvaient se suffire à elles-mêmes : jusqu'aux abords des Pyrénées, le blé était récolté, même les terres peu fertiles des Flandres, alors couvertes de marécages, en produisaient. Le cas de l'Anjou, où César mentionne expressément le défaut de blé, est isolé. Peut-être cette absence était-elle momentanée ou accidentelle. Parmi les terres à blé renommées de l'époque, il faut citer la région de Toulouse, chez les Volques, chez les Cavares et la basse vallée du Rhône, la Bourgogne (surtout), ainsi que le pays des Bituriges et celui des Carnutes. Dans le nord et dans le nord-est, le Soissonnais et la Champagne étaient également assez riches. La production agricole abondante et de qualité est assurée par l'engraissement des sols grâce à la fumure ou le marnage, par des labours performants à l'aide de la charrue à soc métallique et de puissants attelages[35].
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Les études archéobotaniques (notamment la carpologie ou la palynologie) montrent que les Gaulois se nourrissaient surtout de céréales (quatre sortes de blé : engrain, amidonnier, épeautre et froment ; orge à grains nus ou vêtus, avoine, millet commun et millet des oiseaux), de légumes (navets, choux) en proportion variable selon les régions, en moins grande quantité des légumineuses (lentilles appelées ers, haricots, fèves, pois…), des plantes sauvages (renouée, arroche, mauves, chénopode) ou oléagineuses (pavot, lin, caméline). Les céréales, pauvres en gluten (donc peu panifiables), se consommaient sous forme de grains concassés, bouillies, gruaux, soupes à base de farine grillée ou de galettes à pâte non fermentée. Le beau pain blanc de froment faisait le régal des nobles gaulois et la convoitise des autres peuples[réf. nécessaire]. Le blé est la principale nourriture du peuple[36]. L'utilisation de condiments (poivre d'eau, ravanelle, moutarde noire) est rare à l'exception du sel, celle de plantes aromatiques orientale et méditerranéenne (fenouil, origan, sarriette) apparaît à partir du Ier siècle. La consommation de fruits comprend des espèces sauvages (prunelles, merises, framboises, fraises, pommes, noisettes, raisins, glands, baies de sureau), des espèces cultivées gauloises (prune) ou romaines (olive, poire, figue)[37].
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L'archéozoologie montre que la viande provenait de l'élevage car la chasse (lièvre[notes 2], cerf, chevreuil ou sanglier servis à la table des aristocrates[notes 3]), sport de noble, était marginale (de 1,3 % au IVe siècle av. J.-C. à moins de 1 % aux siècles suivants)[38]. Elle était constituée principalement de cochon, mais aussi de bœuf dans le centre de la Gaule, de chèvre et de mouton dans le Midi et de chevaux dans le Nord, plus épisodiquement de chien, de cheval ou de volaille. Des ragoût de chien étaient occasionnellement consommés (traces de cynophagie différentiée)[39]. Les salaisons et la charcuterie gauloise étaient réputées à Rome. Les volailles, pourtant elles aussi exploitées, étaient peu consommées[40]. Enfin, les populations côtières pratiquaient la navigation et la pêche en haute mer, ainsi qu'en témoignent des fouilles conduites au centre de l’île d’Ouessant, en Bretagne (mise au jour de restes de divers poissons tels les lieus jaunes, les daurades, les bars, les cabillauds)[41].
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Le philosophe grec stoïcien Posidonios, dans son Histoire, décrit les boissons gauloises. Le peuple buvait de l'hydromel et surtout de la cervoise, bière à base d'orge, tandis que l'élite consommait du vin pur, à la différence des Grecs et Romains qui le buvaient aromatisé. La culture de la vigne, au temps de la conquête, était peu répandue en Gaule et ne dépassait guère les abords de Marseille. Ce sont en effet les marins commerçants grecs phocéens, qui fondent Marseille en 600 av. J.-C., qui ont fait découvrir cette boisson aux Gaulois[41]. Le vin, boisson rare, était donc importé de Rome et considéré comme un luxe : on échangeait un esclave contre une amphore de vin par exemple. Le commerce avec Rome s'intensifiant (l'archéologie sous-marine l'évalue à un million d'amphores par an), le vin s'est progressivement démocratisé[42]. Au total, ce sont plus d'une dizaine de millions d'hectolitres qui furent importés de République romaine et de la Provincia entre 150 et 50 av. J.-C.[43].
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Le cheval a toujours tenu une grande place dans la vie des Gaulois, au point de figurer sur leurs pièces de monnaie. On dit que la cavalerie était un élément essentiel de leur puissance militaire. Lors de la guerre des Gaules, les effectifs engagés étaient énormes, ce qui supposait un élevage de chevaux très actif. L'élevage du cheval contribuait pour beaucoup à la réputation du paysan et on n'oublie pas qu'Epona, la seule déesse gauloise intégrée dans le panthéon romain, était représentée en compagnie d'un cheval. Les nobles gaulois (les equites) servaient à cheval dans la cavalerie et l'usage permanent des chariots exigeait un grand nombre de chevaux de trait. Pourtant, dès le IVe siècle av. J.-C., les Gaulois qui combattent à l'étranger découvrent les grands chevaux méditerranéens, différents des chevaux indigènes qui correspondent donc à nos poneys ou doubles-poneys actuels, et s'en prennent de passion, et, nous dit César : « les acquièrent à n'importe quel prix ». Pourtant, il semble que l'élevage se soit développé davantage sous le pouvoir romain.
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L'abondance de moyens fait soupçonner l'importance du réseau routier, qui a permis le déplacement rapide des légions romaines durant la guerre des Gaules, et des échanges commerciaux. Dans ce domaine encore, les Gaulois bénéficièrent de l'effort soutenu des populations antérieures. La diffusion des matières les plus recherchées, à partir de leurs centres de production, avait entraîné la recherche des itinéraires les plus aisés. Le commerce de l'étain, qui continue à l'âge du fer, eut, sur le développement routier, les plus fortes répercussions. La localisation et la rareté des gisements de ce métal déterminèrent les directions du trafic. Le minerai importé venait, surtout, du Guadalquivir (Tartessos) et de la pointe occidentale de la Bretagne, de Cornouailles et, de là, le métal était apporté sur la côte de la Manche et jusqu'à l'embouchure de la Loire, on suivait les grandes vallées pour pénétrer à l'intérieur du pays. Outre l'étain, Rome importait de Gaule essentiellement du sel, du blé, du fer et beaucoup d'esclaves (prisonniers des peuples voisins)[44].
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Au premier âge du fer, les échanges ne sont plus limités aux matières premières. De l'Europe centrale, par le Danube, arrivent les modèles des épées de fer qui pénètrent en Gaule par la trouée entre Vosges et Jura et la vallée du Doubs. Parviennent aussi des objets importés d'Italie : seaux cylindriques appelés cistes, ou tronconiques appelés situles, les uns et les autres en bronze battu. Parfois des vases étrusques et grecs les accompagnent dans les tumulus les plus récents de la Gaule de l'Est. C'est par la même voie du Danube que s'effectue ce trafic. Depuis la découverte du cratère de Vix, la question de savoir par où cet énorme vase avait pu être acheminé a été longuement discutée. En plus des itinéraires classiques, on a envisagé le col du Grand Saint-Bernard et surtout, la vallée du Rhône, mais rien de décisif. Si le couloir rhodanien reste alors en dehors du grand mouvement commercial, c'est que le littoral, excepté Marseille, et la basse vallée du Rhône est encore aux mains des Ligures, peu sociables. Ces tribus arriérées forment un écran entre le foyer de civilisation méditerranéen et la Celtique, dont les limites méridionales ne dépassent guère le confluent de Lyon. Par ailleurs, Vix se trouve admirablement placé au point où la voie protohistorique de la Loire inférieure et moyenne à la trouée de Belfort coupait l'itinéraire jalonné par la vallée de la Seine.
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Il faut attendre la descente des Gaulois sur la côte de Provence pour qu'enfin des relations directes pussent s'établir entre Marseille et la Celtique. Dès lors, un avenir brillant s'ouvre pour la voie la plus expressive que la nature avait inscrit sur le sol de la Gaule. Cette voie emprunte le couloir rhodanien jusqu'au coude de la Saône à Châlon, par les passages de Bourgogne, elle atteint le bassin de la Seine et le carrefour parisien. De là, on peut suivre le fleuve jusqu'à son embouchure ou gagner le Pas-de-Calais. L'essor subi du port fluvial de Chalon-sur-Saône, au IIIe siècle av. J.-C., fixe la date à partir de laquelle cette voie fut régulièrement suivie. Elle servit au trafic de l'étain, Diodore nous transmit, d'après la relation d'un auteur plus ancien, des détails précis sur son utilisation : les marchands achetaient le métal aux habitants de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), le transportaient sur le continent, puis, cheminant par terre à travers la Gaule pendant trente jours environ, ils conduisaient leur chargement jusqu'à l'embouchure du Rhône. Un autre géographe grec, Strabon, évoque une communication essentiellement fluviale utilisée pour le transport de toutes denrées. On remontait le Rhône et la Saône et après avoir quitté cette rivière, ce qu'on ne pouvait faire qu'à Chalon, il fallait gagner la Seine par voie de terre et, de là, on pouvait atteindre l'océan.
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Chaque peuple gaulois était indépendant du point de vue du monnayage, certains plus productifs que d'autres, mais il y a tout lieu de supposer que les pièces en métaux précieux circulaient entre peuples voisins. Des statères d'or et de bronze a l'effigie de Vercingétorix sont frappées, au verso on peut observer un croissant, un étalon et une amphore[45]. Rome, qui convoitait les mines d'or gauloises, commença à frapper ses propres pièces d'or après l'invasion de la gaule[réf. nécessaire].
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Au VIe siècle av. J.-C., la colonie grecque établie à Marseille, frappe des oboles. Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (trésor d'Auriol). Au IIe siècle av. J.-C., le monnayage en argent se développe en moyenne vallée du Rhône, et les peuples ayant des mines d'or, comme les Arvernes, frappent des statères qui sont aussi un moyen d'affirmer leur souveraineté et leur puissance. Au Ier siècle av. J.-C., les Parisii produisent leur célèbre et magnifique statère d'or au cheval.
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Conformément au schéma de l'idéologie tripartite des Indo-Européens telle qu'elle a été développée par Georges Dumézil, les Gaulois comme les Celtes sont organisés en trois classes : classe sacerdotale (prêtres, gutuaters, bardes et druides), classe guerrière (les Equites, chevaliers issus de la noblesse ; l'infanterie, peuple et vassaux des chevaliers) et classe productrice (la plebs : commerçants, artisans, agriculteurs et éleveurs)[46].
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Les peuples de la Gaule étaient dirigés auparavant par une noblesse de type archaïque avec les différentes strates de sa hiérarchie. César nous renseigne dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules sur différents types de magistratures politiques et religieuses : princeps (prince), vergobret (magistrature suprême), arcantodan[nus] (magistrat monétaire), etc.[47].
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La noblesse s'était constituée tout au long des temps « héroïques » lors de différentes guerres ou d'expéditions lointaines. Les seigneurs gaulois (rois, princes guerriers, chefs de tribu et riches propriétaires), de type féodal, se réunissant dans des sénats[Lesquels ?], avaient sous leurs ordres une foule de vassaux et de clients dont la fidélité était absolue. Au bas de la pyramide sociale se trouvaient probablement les esclaves, comme le suggèrent les découvertes archéologiques d'entraves en fer dans des tombes[48]. Ce sont les nouvelles bourgeoisies (commerçants et artisans) gauloises qui en différents lieux de la Gaule ont choisi de collaborer avec le conquérant romain pour préserver leurs affaires et leur rang social[réf. nécessaire]. Ces velléités de trahison, de « collaboration » avec l'occupant romain ne se passèrent pas toujours très bien pour les nouveaux oligarques celtes puisque tous les membres des sénats des Aulerques, des Lexoviens et des Éburovices furent massacrés jusqu'au dernier par les princes et les nobles de leurs peuples. Il semblerait que la bourgeoisie vénète n'a pas suivi la même démarche car elle avait compris que les Romains voulaient s'emparer de ses marchés et qu'elle avait tout à perdre avec la conquête romaine[49].
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Durant la période de la protohistoire l'évolution technique de l'armement a peu évolué. Il s'est surtout adapté à des techniques de combat en fonction des situations. Toutefois, suivant l'époque certaines évolutions technologiques ont vu le jour. Dans cet article sont détaillées les deux grandes périodes que sont Hallstatt (-800 ; -400) et la Tène finale (Ier siècle avant notre ère à -50).
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La période de Hallstatt tire son nom du village autrichien où ont été découvertes les traces de civilisation celte[50] les plus anciennes. Appelée aussi civilisation hallstattienne sa période chronologique s'étend de -1100 à environ -400 divisée en deux grandes périodes :
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Durant cette période les mouvements de troupes sont importants et la renommée des guerriers gaulois (ou celtes) se répand dans toute l'Europe. Ils interviennent en tant que mercenaires n'hésitant pas à changer de camp lorsque l'offre est plus intéressante.
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L'arme principale est la lance. La raison est simple. Peu chère à fabriquer car nécessitant peu de matière noble qu'est le fer, elle est très maniable et cause de nombreux dégâts chez l'adversaire. Pouvant être maniée à une ou à deux mains sa longueur varie de 180 à 250 cm. Le fer peut avoir une grande variété de formes mais la principale forme est la feuille de saule.
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L'épée est relativement courte (entre 65 et 70 cm de lame) et est particulièrement effilée et pointue, permettant ainsi un combat rapproché ou bien un combat de mouvement sur des chars. Fabriquée en fer, la poignée est en bois. Elle est traversée par la soie qui est écrasée afin de créer un rivetage. Le profil de la lame peut être lenticulaire ou posséder un cœur en forme de losange dont les arêtes extérieures sont étirées pour former la lame (voir les graphiques ci-dessous).
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Le poignard peut être présent dans la panoplie.
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Le casque celte est non plus en bronze mais en fer plus léger et de forme oblongue, souvent terminé par un cimier. Le visage est protégé par des paragnathides en fer couvrant les joues. Un protège-nuque peut être présent.
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Le reste du corps est protégé par un linotorax. Cette protection est composée de plusieurs couches de lin collé. Bien que lourde et rigide, cette protection relativement simple à fabriquer est efficace contre les coups de taille et les coups d'estoc.
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Enfin le bouclier. De forme ovale pour une dimension d'environ 150 à 160 cm de haut pour une largeur de 50 à 60 cm de large est en bois. Le détail de sa structure sera vu plus bas.
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Percé en son centre pour y placer la main, un manipule horizontal placé sur le centre de gravité permet une manipulation aisée d'une main de manière défensive comme offensive.
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Le plateau est renforcé par une spina en bois qui a aussi un rôle de protection de la main. Le tout est fixé et blindé par le umbo en fer et des rivets. (Voir photos)
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Le combattant de cette période contemporaine de la guerre des Gaules est le plus connu. Sa panoplie est la même que son ancêtre du Hallstatt à quelques variations près.
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Le casque est devenu rond et possède un protège-nuque plus important. Cette forme permet aux armes de glisser dessus et d'éviter les prises. De plus cette forme plus compacte permet d'avoir une protection optimale en limitant l'incidence du poids sur les mouvements. L'épée s'est allongée, bien que des modèles courts existent toujours (voir les techniques et les types de combattants), la longueur moyenne d'une lame est désormais de 80 cm pour une largeur moyenne de 6 cm. La pointe effilée a laissé place à une forme d'ogive. Cette arme s'est adaptée à de nouvelles techniques de combat telles que le combat monté où l'on se bat essentiellement à coups de taille. Portée à droite, elle est glissée dans un fourreau en fer composé de trois pièces et est fixée à une ceinture à suspension. Ce système encore mal connu permettrait de donner à l'arme une certaine liberté de mouvement sans gêner le combattant (différentes hypothèses ont été émises quant à son montage)[51].
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Le bouclier a légèrement évolué et est devenu composite. Lorsque au Hallstatt les boucliers étaient composés de couches de bois croisés, à la Tène finale, des couches de lin vont être insérées entre les couches de bois rendant le bouclier plus résistant aux chocs mais aussi plus souple. La spina s'est sensiblement affinée, voire a complètement disparu sur certains modèles. Le umbo s'est développé et la simple double coque de fer clouée sur la spina a laissé la place à une coque d'un seul tenant avec des ailettes permettant le positionnement de rivets. Les boucliers sans spina, plus légers, ont un umbo circulaire tenu par six rivets[51].
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Un nouveau type de protection est apparu au cours du IVe siècle av. J.-C., la cotte de mailles annulaire de type lorica hamata. Cette protection en fer est composée d'anneaux de 6 mm. Bien que lourde, elle présente l'avantage d'être extrêmement souple et de former une seconde peau protégeant ainsi le combattant des coups de taille. Mais elle est inutile contre les coups d'estoc. Les pointes écartant les anneaux. Il est aussi à supposer que les combattants portaient sous la cotte de maille une protection supplémentaire appelée subermalis permettant d'absorber les chocs[52].
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Les textes antiques rapportent quelques cas de combats avec des guerrier gaulois nus ou avec une simple jupette de cuir à lambrequins protégeant leur bas-ventre. Ce choix s'explique pour impressionner l'adversaire ou pour des raisons religieuses (pour eux, la mort au combat faisait directement accéder au paradis), plus que pour des raisons de confort (plus grande liberté de mouvement, chaleur selon les explications rationalistes de Polybe)[53].
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Contrairement aux idées reçues, l'armée gauloise est particulièrement bien structurée. Bien que l'individu soit au centre, des unités peuvent être cr��ées permettant ainsi de monter des stratégies élaborée et complexes.
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Il y a trois types de combattants :
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Un autre type de combattant intervient sur le champ de bataille : le sonneur de carnyx. On ne connait pas exactement son rôle mais l'hypothèse actuelle serait qu'il permettait de transmettre les ordres via des mélodies, de donner des directions suivant son orientation et d'amplifier le tumultus gallicus. Le carnyx est un instrument fabriqué en alliage cuivreux d'environ 1 m de haut dont l'embouchure représente souvent une tête de sanglier. À Tintignac, la fouille d'un site votif a permis de mettre au jour une quantité impressionnante de ces instruments et à ce jour le site le plus riche en informations. Deux de ces carnyx sont quasiment complets, l'un représente une tête de sanglier et l'autre un serpent.
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Les auteurs grecs comme Posidonios, Diodore de Sicile et Strabon rapportent un rituel celtique : lorsque les guerriers gaulois tuent leurs ennemis, ils coupent leurs têtes, les attachent à l'encolure de leurs chevaux et remettent à leurs servants d'armes le reste de la dépouille ensanglantée[55]. Une fois rentrés chez eux, ils enclouent ces têtes au linteau de la porte de leur maison ou les exposaient dans un bâtiment public (alvéoles dans des linteaux, des piliers de portiques), suggérant dans ce dernier cas une fonction religieuse mais aussi civile et politique[56],[57]. Les têtes ont pu être peintes et les alvéoles peut-être accueillir des têtes modelées dans de l'argile ou surmodelées sur les crânes réels[58]. Ils embaument les têtes de leurs plus grands ennemis avec de l'huile de cèdre et les gardent soigneusement dans un coffre transmis de génération en génération. Ce trophée précieux qui est une forme d'hommage au vaincu, témoigne aussi de la valeur du guerrier qui n'hésite pas à le montrer régulièrement aux étrangers. Posidonios assimile « ce rite à celui qu'ont les chasseurs de conserver et d'exposer les crânes des bêtes les plus féroces ou les plus splendides qu'ils ont tuées. Le crâne humain apparaît donc avant tout comme un trophée, au sens cynégétique du mot. Il est le témoin d'un fait d'arme[57] ». Ce rituel de décapitation est confirmé par plusieurs représentations gravées ou sculptées (Entremont, Aulnat), des piliers ou linteaux percés d'alvéoles céphaloïdes pour exposer les têtes ou les crânes momifiés (Glanum, Roquepertuse), et par les découvertes archéologiques qui ne permettent pas de trancher sur le mode de prélèvement des têtes (décapitation, mode d'exécution sur le vivant, ou décollation effectuée sur des cadavres)[59],[60].
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Sculpture de têtes coupées celtes, retrouvées sur l'oppidum d'Entremont en 1877.
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Pilier aux cavaliers d'Entremont représentant une tête portée au cou d'un cheval de cavalier gaulois.
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Pilier avec des alvéoles céphaloïdes qui devaient probablement exposer les têtes-trophées (Roquepertuse).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Les Gaulois avaient des druides, que Diodore De Sicile appelait des « philosophes » qui étaient en quelque sorte leurs prêtres. Ils écrivaient, à l'aide de l'alphabet grec, mais uniquement pour des raisons politiques et administratives[44].
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Loin de la fausse image de « barbares chevelus et mal dégrossis », « colportée dès le début de la conquête de la Gaule par Rome (...) et relayée pendant des millénaires », les peuples gaulois étaient plutôt raffinés. On leur doit par exemple l'invention du savon (sopo) qu'ils fabriquaient à partir de cendres et de suif pour lustrer leur chevelure qu'hommes ou femmes, ils portaient longue. « Les gaulois prenaient soin d'eux et ont inventé beaucoup d'instruments et produits cosmétiques celtes. Ils se rasaient déjà avec des rasoirs, ils avaient des miroirs, des forces (ciseaux), des peignes en os ou en corne pour la barbe et pour les cheveux, des grattes oreilles, des grattes ongles, des épingles à cheveux, des pinces à épiler (...). Ils se teignaient même les cheveux avec du lait de chaux ou de l'argile, d'où l'image du gaulois aux cheveux blonds. »[34].
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Le vêtement gaulois est principalement[notes 4] constitué d'une tunique avec des motifs en petits carreaux serrés et teints (teintures végétales donnant surtout du jaune, vert, rouge de garance, voire du brun ou noir grâce à la noix de galle). Cette tunique (généralement courte pour les hommes et une robe allant jusqu'aux chevilles pour les femmes) est serrée à la taille par une ceinture en tissu. Les chausses sont des braies ou des bas en tissu de laine ou de lin. L'hiver, il revêt le sayon[notes 5], sorte de casaque décorée, parfois multicolore, s'agrafant par une fibule. Les chaussures ou bottines sont en cuir[48].
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L'art architectural est malheureusement difficile à appréhender car il n'a pas survécu aux années, les Gaulois construisant essentiellement en bois et torchis. Néanmoins l'archéologie aérienne initiée par Roger Agache permet de révéler des vestiges architecturaux gaulois à partir des années 1970[38].
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Loin du mythe de la hutte[notes 6] ronde de branchage fragile au toit de chaume[notes 7] et de la chasse au sanglier, les Gaulois mènent une existence confortable tournée essentiellement vers l'élevage et l'agriculture. Ils vivent essentiellement dans des fermes, maisons vastes (d'une surface moyenne variant entre une vingtaine et une soixantaine de mètres carrés), carrées ou rectangulaires soutenues par des poteaux en bois, aux parois faites de clayonnage (type branches de noisetier tressées et reliées aux poteaux) recouvert de torchis[notes 8], charpentées (planches de bois assemblées avec des clous de fer) et couvertes d'un toit de chaume ou roseaux en forte pente. Les fenêtres sont rares et étroites, de façon à conserver la chaleur l'hiver et la fraîcheur l'été[notes 9]. Parfois, les murs sont recouverts par une couche de crépi à base de chaux[notes 10] dont les propriétés hydrofuges assurent une protection contre la pluie et une plus grande durée de vie au torchis (entre trente ans et un siècle)[61]. Certains habitats peuvent faire trois à quatre étages avec à chaque niveau des planchers supportant des planches jointives (un platelage) ou assemblées entre elles par rainures et languettes (un parquet traité à l'huile de lin)[62],[63]. Un foyer central est équipé de chenets et d'un chaudron suspendu servant à l'éclairage (les maisons n'ont pas de baies), le chauffage et la cuisson à l'origine de fumées qui en se déposant (noir de fumée, goudron) font office d'insecticide. Parfois ces maisons sont précédées par un enclos palissadé (enclos pastoral simple ou système d'enclos emboîtés, constitué d'une levée de terre avec une haie d'arbres doublée d'un fossé), ont un étage muni d'un plancher et qui sert de grenier pour dormir. Ces fermes, isolées en aedificium ou regroupées dans un vicus fortifié ou non[64] voire une ville (ces agglomérations avec des quartiers spécialisés[notes 11] et hiérarchisés[notes 12] se développent à la fin du IIe siècle av. J.-C.[65]), témoignent d'une intense activité agricole : entourées de champs quadrangulaires dits "celtiques", elles comportent plusieurs bâtiments indépendants (granges, étables, greniers sur poteaux[notes 13] pour protéger les céréales stockées de l'humidité du sol et des rongeurs[66] ou silos enterrés[notes 14]) au sein d'une cour[67]. L'élevage mixte (destiné principalement à la viande, au lait et à la laine, mais aussi utilisé comme animaux de trait) à proximité de ces fermes comporte surtout des bovidés (bœufs, capridés) et des suidés[68].
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En cas d'attaque, les villageois gaulois se regroupent dans un refuge fortifié public, l'oppidum ou un petit poste militaire, le dun.
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Reconstitution hypothétique d'un habitat gaulois : mobilier limité aux banquettes aux sols pour s'asseoir et dormir[notes 15], aux objets de la vie quotidienne et aux éléments de stockage.
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Murs d'une maison recouverts d'un enduit de chaux au blanc lumineux.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Les Gaulois ne cherchaient pas à représenter le réel. En témoignent les visages succincts et l'absence de détail[69].
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Les Gaulois riches portaient des bijoux (bracelets, colliers, bagues, torques, fibules, épingles à chignon, diadèmes, boucles de ceinturon aux motifs variés) en or, les classes inférieures utilisant le bronze qui imite l'or ou des parures en verre coloré, en cuivre ou en fer[48].
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Les découvertes archéologique de rasoirs, miroirs, peignes à cheveux et à barbe, cure-oreilles, pince à épiler, mettent en évidence un souci d'hygiène[44].
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L'art des Gaulois est très différent des critères esthétiques de la culture romaine.
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L'art gaulois s'exprime essentiellement par le travail des métaux (bronze, fer et or). Les Gaulois savaient manipuler avec précision ces métaux, et étaient d'excellents orfèvres[69]. Certaines créations ont pu aussi se faire sur de la céramique.
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Les changements apportés par le conquérant ont longtemps éclipsé toute idée d'une permanence de certains traits : d'abord, le syncrétisme religieux romain et l'interdiction du druidisme entraînent assurément la disparition d'une religion celtique dont on peut deviner seulement quelques contours, grâce à l'archéologie, d'une part, et par comparaison avec quelques survivances romaines, d'autre part et surtout par la confrontation avec les sources littéraires insulaires (voir par exemple mythologie celtique irlandaise et littérature celtique galloise).
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Les cadres du pouvoir — l'administration romaine —, l'économie, l'art, notamment monumental, et la culture littéraire latine, aussi, s'imposent, peut-être d'autant plus facilement que rien de préexistant ne peut les concurrencer.
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Après la conquête romaine de la Gaule, achevée en -51, la romanisation est rapide chez les élites. On ignore cependant quelle est sa progression exacte et sa profondeur en ce qui concerne le peuple. Elle doit en tout cas demeurer inégale, voire limitée dans nombre de domaines ayant trait à la vie quotidienne, comme l'indiquent plusieurs exemples.
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Le réemploi du site du sanctuaire celtique de Gournay-sur-Aronde, en Gaule Belgique, ou encore les ex-voto des sources de la Seine, montrent comme nombre d'autres lieux sacrés pour les Gaulois de la période de l'indépendance que les lieux de culte romains prolongèrent des usages anciens (voir nemeton).
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L'abandon des oppida est un fait avéré dès la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. À partir de ce moment, des villes romaines sortent de terre, soit à la place de l'oppidum gaulois, soit sur un espace plus large et adapté à une période de paix (exemple : le site archéologique d'Alba-la-Romaine).
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Lorsqu'une certaine « barbarisation » de l'Empire a lieu au IIIe siècle, des traits de civilisation qui sont demeurés en vigueur depuis la période de l'indépendance s'introduisent à leur tour dans la culture impériale : le manteau gaulois qui donne son surnom à l'Empereur Caracalla n'a pu être remplacé par le mode de vie du conquérant romain. Dans nombre de domaines ayant trait à l'artisanat, où les Gaulois excellent, leurs inventions s'imposent : c'est le cas, notamment, du tonneau qui s'impose face à l'amphore plus fragile et de moindre contenance. La cotte de mailles est adoptée par les Romains dès les premiers siècles de la République, jugée plus pratique que les cuirasses grecques, tandis que le casque impérial gaulois est adopté par les légionnaires au Ier siècle av. J.-C., tout comme les braies ou les braies courtes pour les soldats d'Occident.
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Certains traits caractéristiques de la Gaule antique perdurent après l'Empire romain.
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Lorsque l'administration impériale romaine s'effondre, la Gaule se « germanise » lentement et partiellement. La présence de toponymes germaniques est d'abord attestée sur ses franges, due au repeuplement, souvent à but défensif et organisé assez tôt par Rome, de régions sinistrées par les crises et par les épidémies. De tels établissements durables de colons « barbares » (les lètes) ont d'ailleurs lieu dans l'Empire romain tout au long du IVe siècle et du Ve siècle. Ainsi des contingents Francs sont installés en Belgique, des Alamans en Alsace et en Suisse, des Burgondes en Savoie.
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La date symbolique de la disparition de l'Empire romain d'Occident en 476 et celle du baptême du roi des Francs Clovis, vers 496, ne marquent pas non plus, à cet égard, de rupture : ces événements ont lieu à une époque où Francs, Burgondes et Wisigoths ont fait « souche » et détiennent depuis longtemps déjà le monopole des affaires militaires.
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Aussi, les familles de la noblesse gallo-romaine continuent longtemps à concentrer l'essentiel du véritable pouvoir politique dans les cités épiscopales : les « patrices », comme le marseillais Mauronitus, ou les évêques, sont les véritables représentants des populations. Ainsi, la culture nouvelle qui se développe en Gaule, après la période impériale, est avant tout chrétienne, et à plusieurs égards augustinienne.
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L'expansion chrétienne en Gaule, qui s'appuie en premier sur la diaspora juive, s'est en effet diffusée, par l'intermédiaire des commerçants et artisans d'Orient ainsi que des armées, dans les villes gauloises par les grands axes (vallées de la Loire, du Rhin, de la Seine) puis, à partir de l'édit de Milan en 313, dans les villages dont l'évangélisateur emblématique est Martin de Tours, Saint Martin étant également à l'origine de l'implantation du monachisme en Gaule. La Gaule compte six évêchés vers 250 (celui d'Arles, de Toulouse, de Narbonne, de Vienne, de Reims, et de Paris), 120 à la fin du IVe siècle[70], Clovis s'appuyant sur ce maillage épiscopal pour gagner l'appui des populations et du clergé gallo-romains lors de sa conquête de la Gaule[71].
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Plus généralement, les permanences observables dans le cadre de vie de l'Antiquité tardive jusqu'au VIIe siècle sont nombreuses en Gaule : c'est surtout à partir du milieu du VIIe siècle, temps de crise, que les patronymes germaniques se multiplient au sein des élites, indiquant par là que le centre de gravité de l'Europe s'est déplacé vers le nord et que les équilibres du monde antique se sont rompus.
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En définitive, si la culture latine classique recule, le latin continue à constituer la langue de la culture et surtout, celle exclusive de l'écrit (le premier document écrit en langue vernaculaire étant les serments de Strasbourg, datés de 842).
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Aussi, l'usage des noms « Gaule » et « Gaulois » se conserve jusqu'à la fin de la période mérovingienne, du moins à l'écrit. Lentement, durant la période carolingienne, le nom de « Francie » (Francia, puis francia occidentalis) se répand pour désigner la réalité politique majeure qu'est devenu le royaume des Francs (regnum francorum). Mais ce nom ne désigne qu'incidemment les territoires correspondant à l'ancienne Gaule romaine, désormais rattachés à un ensemble plus vaste.
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C'est également la renaissance carolingienne qui pose les fondations d'une culture véritablement nouvelle. Cette « renaissance » veut pourtant, à l'origine, restaurer la culture romaine antique et impériale.
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L'ananas (Ananas comosus) est une plante xérophyte, originaire d'Amérique du Sud, plus spécifiquement du Paraguay, du nord-est de l'Argentine et sud du Brésil. Il est connu principalement pour son fruit comestible, qui est en réalité un fruit composé. Le mot ananas vient du tupi-guarani naná naná, qui signifie « parfum des parfums ». Le terme ananas est également un nom vernaculaire ambigu qui peut désigner plusieurs autres espèces de Bromeliaceae, pas à peu comestibles comme l'espèce Glomeropitcairnia penduliflora désignée par les termes « ananas sauvage », « ananas bois » et « zananas mawon », ou encore plusieurs espèces du genre botanique Ananas comme Ananas bracteatus sous les noms d'« ananas sauvage » et « ananas marron ».
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L'espèce Ananas comosus appartient à la famille des broméliacées, et au genre Ananas. C'est une espèce terrestre de plante herbacée[1] pouvant atteindre 1 m à 1,50 m en tous sens, avec une rosette de longues feuilles lancéolées de 50 cm à 1,80 m, dentées en général, et parfois lisses[2].
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La floraison de l'ananas est caractéristique des Broméliacées, présentant au bout d'une tige, généralement unique, une couronne de feuilles courtes surmontant un ensemble de fleurs bleues éphémères (ne vivant qu'une journée) sans pédoncule, donnant de nombreuses baies coniques et stériles, qui grossissent individuellement jusqu'à se rejoindre, formant à maturité l'ananas que nous connaissons[3]. L'ananas est donc un fruit composé, aussi appelé infrutescence[3]. L'ensemble est allongé et peut avoir plus d'une trentaine de centimètres de longueur ; son écorce, composée de motifs hexagonaux en écailles, est de couleur variable selon la variété. Sa chair, très juteuse, est également de couleur variable, généralement blanche ou jaune.
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Ananas comosus est une plante CAM, c'est la seule espèce du genre Ananas à être autostérile. Les graines sont donc rares et il faut que deux variétés différentes cohabitent. Cette plante monocarpique se reproduit donc principalement par rejets (bulbilles), qu'elle donne en grand nombre.
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Le poids du fruit est proportionnel au poids du pied au moment de la floraison : l'art du planteur consiste donc à le faire « fleurir » au bon moment.
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L'ananas est une plante tropicale. Sensible au gel elle requiert un sol bien drainé, riche et acide. Un pH de l'ordre de 4,5 à 5,5 est important pour une bonne croissance : les maladies originaires du sol sont ainsi réduites. L'ananas n'apprécie pas du tout l'eau stagnante, d'où l'importance du drainage.
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L’ananas tolère une faible fertilité du sol, mais on obtient une meilleure production sur sol fertile riche en matières organiques et en potassium. De hauts niveaux d’aluminium et de manganèse soluble dans le sol sont tolérés.
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Un ananas nécessite quatorze à vingt mois de la plantation à la récolte : six à huit mois pour la phase végétative, et cinq à six mois du forçage à la récolte. Le même plant fructifie généralement deux, voire trois fois : une première fois après vingt mois, et une seconde fois quinze mois après.
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Quand un petit fruit est désiré pour le marché des fruits frais, la culture peut être forcée plus tôt que quand un gros fruit est requis, comme pour la mise en conserve. Plus la plante est grande au moment du forçage, plus grosse sera la taille de son fruit.
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Dans la nature, l’ananas est pollinisé par les oiseaux-mouches. De petites graines brunes se forment alors dans le fruit.
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Pour éviter la présence de ces graines affectant le goût du fruit, les cultivateurs éloignent les oiseaux-mouches des plantations. Ces oiseaux sont aussi interdits d'importation dans les régions productrices qui ne sont pas un habitat naturel pour ces oiseaux, comme les îles Hawaii.
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L’ananas est multiplié plus souvent par division des rejets formés à la base de la plante, ou par bouturage de la couronne de feuilles portée par le fruit.
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On dit que la plante a une multiplication végétative.
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Plantation de rejets au Sri Lanka.
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Graines d'ananas, avec une tête d’allumette pour l'échelle.
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Christophe Colomb découvrit ce fruit lorsqu'il arriva en Guadeloupe, en 1493. En effet, pour les habitants, la tranche d'ananas était un cadeau de bienvenue pour les navigateurs, afin qu'ils se désaltèrent, après le long voyage sur l'eau salée. Les Guadeloupéens (les Caribs ou Kalinagos à cette époque) se plaisaient aussi à en accrocher à l'entrée de leurs huttes, en signe d'hospitalité.
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Selon Christophe Colomb : « Il a la forme d'une pomme de pin, mais il est deux fois plus gros, et son goût est excellent. On peut le couper à l'aide d'un couteau, comme un navet, et il paraît très sain. »
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L'ananas voyagea ensuite vers toute l'Amérique tropicale pour arriver en Martinique, en 1548[réf. nécessaire]. Dans son Histoire générale des Antilles habitées par les Français en l'an 1667, le père Dutertre en vanta les qualités, en parlant de lui comme du roi des fruits, car Dieu lui a mis une couronne sur la tête.
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Les Hollandais le firent connaître, sous forme confite, en Europe, et ils furent les premiers à le cultiver en serre, à Leyde. En 1672, ils le firent découvrir à Charles II, roi d'Angleterre. C'est d'ailleurs la ressemblance à la pomme de pin qui incita les Anglais à l'appeler pine apple.
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Les Portugais le plantèrent en Inde, à Java, où le fruit a trouvé une terre d'asile, dont le climat était proche de celui de son continent d'origine, et il se propagea dans tout l'Extrême-Orient.
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En France, on tenta de le cultiver à partir de 1702, et Louis XV le fit cultiver à Choisy-le-Roi. Abandonnée pendant un temps à cause de son coût, la culture fut reprise par Lenormand, le responsable du potager du château de Versailles[4], même si certaines rumeurs prétendaient que sa consommation rendait les femmes stériles. En 1718, Labat de Savignac, un conseiller au Parlement de Bordeaux, séduit par la saveur de l'ananas, en importa des Caraïbes plusieurs plants. La culture se développa à Bordeaux au siècle suivant, grâce à la construction de serres métalliques offrant une plus grande surface vitrée. Plus tard, la découverte du Thermosiphon, une chaudière produisant de la vapeur, améliora la production. Mais la concurrence, due aux importations à bas prix par la voie maritime, mit fin à la pratique[5].
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Contrairement aux apparences, ce n'est qu'en 1790 que l'ananas fut introduit à Hawaii, et il a fallu attendre jusqu'au XXe siècle pour que les États-Unis deviennent un gros producteur d'ananas, via la société Dole Food Company, qui mit au point des méthodes industrielles de production, et fit produire à Hawaii, ainsi qu'aux Philippines, à très bas prix. Actuellement, il est également beaucoup exporté par la Côte d'Ivoire, la Thaïlande et le Costa Rica.
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Les cultivars d'ananas proviennent de six groupes reconnus pour le caractère de leur feuillage, plus ou moins épineux, la localisation de leur culture, ainsi que leurs caractéristiques morphologiques telles que le port du plant, sa propension à former des bulbilles et des cayeux, la hauteur du pédoncule par rapport à celle du fruit, la couleur des pétales, les caractères du fruit et la résistance aux maladies et parasites. Ces six groupes sont :
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Production en tonnes. Chiffres 2010 Données de FAOSTAT (FAO)
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L'ananas doit être cueilli avant maturation pour supporter une expédition de quinze jours de bateau, c'est-à-dire lorsqu'il est encore assez dur, et, pour un voyage aérien, il peut être cueilli mûr. Fragile malgré sa rudesse apparente, l'ananas ne doit pas subir de choc, car la moindre lésion entraîne une zone de pourriture : les emballages sont alvéolés et très protecteurs.
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Pendant la croissance, les couronnes ont été réduites à une taille convenable par suppression de leur cœur ; ceci explique pourquoi une couronne d'ananas exporté ne repousse pas par bouturage, alors qu'à l'état naturel, la couronne permet la reproduction du plant.
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Les ananas sont plantés en champs, sur de petites buttes, car les racines pourraient être affectées par l'excès d'humidité, et la terre est riche, fertile et bien aérée. C'est une plante adaptée aux climats arides : des cellules absorbantes sont situées à la base des feuilles au creux de la goulotte qu'elles constituent. Ces cellules récupèrent la moindre trace d'humidité et on peut également y placer de l'engrais solide (ceci se fait à la petite cuillère en Afrique). La densité de plantation atteint 60 000 pieds à l'hectare.
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C'est une plante dont on a pu, à partir des années 1970, maîtriser complètement la pousse en plein air en toute saison, par l'utilisation de produits chimiques. On déclenche la floraison des plants par aspersion d'éthylène sous forme de gaz dissous dans l'eau, ou dégagé par du carbure de calcium en morceaux, ou encore avec des produits dégageant de l'éthylène de type Ethrel[6]. Ce produit permet également la coloration des fruits au moment opportun, et de façon homogène, plus commerciale. Fruit non climactérique, cueilli immature il ne mûrit pas hors de sa plante. L'« ananas-bateau » est cueilli juste mûr : lorsque la couronne de feuilles a une taille jugée convenable, on arrête sa croissance par suppression du cœur puis on le transporte dans des cales de bateaux entre 10 et 13 °C. L'« ananas-avion » est cueilli à maturité : la couronne foliaire est maintenue intacte. Il est expédié en avion à une température de garde comprise entre 7 et 10 °C[7].
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La production mondiale d'ananas en 2014 est de 25,4 millions de tonnes[8].
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Plantation dans le Queensland, en 1897
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Plant d'ananas à Bali. En réalité cette plante n'est pas originaire de cette île, mais le climat local est identique à celui de son habitat naturel en Amérique tropicale.
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Champs d'ananas dans l'État du Veracruz, au Mexique.
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Champ d'ananas nord de la Thailande
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Fermier ghanéen tenant un ananas.
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Fruits d'ananas, dans une plantation de l'île d'Oahu, dans l'archipel d'Hawaï.
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Plantation industrielle d'ananas, qui a failli être détruite en 1970 à la demande des représentants des promoteurs immobiliers de Maui pour permettre la périurbanisation
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Le jus d'ananas, a des vertus protéolytiques (endopeptidase, hydrolase, cystéine). Il contient plusieurs peptidases de la famille des papaïnes, dont de l'ananaïne, et de la broméline, ainsi que d'autres telles que la phytepsine[9]. Il peut donc être utilisé pour attendrir la viande. Pour la même raison, son jus est à déconseiller dans les desserts comportant de la gélatine, qu'il liquéfie.
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Les propriétés physicochimiques de ce fruit s'apparentent fortement à celles des agrumes, et les cuisiniers l'utilisent de la même façon, en accompagnement de viandes, de poisson ou en dessert.
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Au Congo, on en fait une bière locale.
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Au Burundi, on fait aussi de la liqueur d'ananas, appelée Bourasine.
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Un gâteau renversé aux ananas.
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Une piña colada, un cocktail d'origine portoricaine à base de jus d'ananas, de morceaux d'ananas, de rhum et de lait de coco.
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Un verre de tepache, une boisson mexicaine d'ananas fermentée.
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Les fibres des feuilles d'ananas permettent de fabriquer la piña, utilisé notamment pour le barong tagalog, un vêtement traditionnel philippin.
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En plus d'être utilisée comme fibre textile, l'un des premiers cuirs végétal a été créé à partir de feuilles d'ananas. On l'appelle Piñatex, il a été développé par l'entreprise Ananas Anam.[10]
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L'ananas est très riche lorsqu'il est consommé frais :
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Ananas cru (valeur nutritive pour 100 g)
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Dans toutes les parties de l'ananas[11] on trouve une enzyme, la broméline, qui appartient à la famille des protéases ; elle aurait des effets cicatrisants, anti-inflammatoires, anti-cancéreux[12] et faciliterait la résorption des œdèmes[13][réf. à confirmer].
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Certains régimes sont conçus sur la logique de consommation des boissons détoxifiantes ou amaigrissantes dites boisson détox qui contiennent des légumes ou fruits facilitant la digestion et l'élimination des graisses. Il s'agit des boissons à base des produits naturels tels que l'ananas.[14]
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On prononce /anana/ ou /ananas/.
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En France métropolitaine et en Suisse romande, le s de ananas s'entend souvent, tandis qu'aux Antilles françaises, en Belgique, en Haïti et au Québec, ce n'est pas le cas[réf. souhaitée].
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