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Kurt Donald Cobain [kɝt ˈdɑnl̩d ˈkoʊbeɪn][1], né le 20 février 1967 à Aberdeen (État de Washington) et mort le 5 avril 1994 à Seattle, est un auteur-compositeur-interprète et guitariste américain. Il forme le groupe Nirvana en 1987 avec Krist Novoselic dans lequel il est le chanteur et guitariste.
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En deux ans, le groupe devient un pilier de la scène grunge de Seattle alors en pleine émergence. En 1991, le groupe rencontre un énorme succès avec leur second album, Nevermind, devenu un des albums les plus vendus au monde avec plus de 30 millions d'exemplaires écoulés.
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Durant les dernières années de sa vie, Kurt Cobain lutte contre sa dépendance à l'héroïne et subit avec son épouse Courtney Love une importante pression médiatique. Le 8 avril 1994, il est retrouvé mort dans sa maison à Seattle. Il s'est suicidé d'une balle dans la tête trois jours plus tôt. Cependant, plusieurs théories ont tenté de démontrer qu'il pourrait s'agir d'un homicide.
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Cobain est décrit comme étant l'icône de la Génération X[2]. En 2014, il fut introduit, lui, ainsi que ses compères de Nirvana au Rock and Roll Hall of Fame. En 2003, il fut classé par le magazine Rolling Stone, 12e meilleur guitariste de tous les temps[3].
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Kurt Cobain naît le 20 février 1967 à Aberdeen, dans l'État de Washington, non loin de Seattle[4]. Son père, Donald Leland Cobain, est mécanicien automobile, et sa mère, Wendy Elizabeth Fradenburg, est serveuse et mère au foyer. Ses parents se sont mariés jeunes après avoir appris la grossesse de Wendy ; son père a vingt et un ans et sa mère dix-neuf à la naissance de Kurt. Il a une sœur, Kimberly, de trois ans sa cadette.
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La famille habite d'abord Hoquiam, puis déménage à Aberdeen alors que Kurt est âgé de six mois. Les Cobain sont d'ascendance allemande, irlandaise, anglaise et écossaise[5]. Dans le biopic Kurt Cobain: Montage of Heck, la mère de Kurt Cobain le décrit comme un enfant ayant tous les symptômes du TDAH. En effet, il est représenté comme un enfant hyperactif, curieux et s'intéressant rapidement au dessin et à la musique (selon sa tante Mari, il commence à chanter des chansons des Beatles dès l'âge de trois ans[5]). Une fois adolescent et même adulte, Kurt Cobain a un comportement et une personnalité que l'on trouve fréquemment chez les personnes atteintes de TDAH : échec scolaire, esprit artistique, créativité, hyper sensibilité, intelligence, asociabilité, addiction aux drogues, manque d'estime de soi-même causé par un rejet social.
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En 1975, ses parents divorcent ; Kurt Cobain se dira par la suite très marqué par cet événement. Selon sa mère, sa personnalité change nettement à partir de ce moment : il se replie sur lui-même, alors qu'il était jusque-là un enfant particulièrement extraverti et manifestement heureux de vivre[6]. Dans une interview en 1993, Cobain déclare à propos de cette période : « J'ai eu honte, honte de mes parents, je voulais désespérément avoir une famille classique (…). J'avais besoin de sécurité[7]. » Après le divorce, Kurt vit avec sa mère dans un premier temps, puis emménage au bout d'un an chez son père à Montesano, non loin d'Aberdeen. « Don » Cobain se remarie en 1978 avec une femme et emménage avec ses deux enfants[8] ; Kurt s'entend très mal avec sa nouvelle famille.
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Don souhaite que son fils réussisse en sport, ce pour quoi ce dernier ne montre aucun intérêt. Kurt cède cependant à son père et s'inscrit dans l'équipe de lutte de son collège. Il y réussit correctement, mais déteste l'ambiance qui règne dans l'équipe, ainsi que ses coéquipiers sportifs. Au cours d'une compétition, il se venge en se laissant systématiquement vaincre sans combattre, sous le regard dévasté de son père qui était venu l'encourager. De nombreux incidents de ce type, ainsi que le refus ou l'incapacité de Kurt à s'intégrer au reste de la famille, décourage définitivement Don Cobain, qui envoie son fils vivre chez d'autres membres de sa famille. Au cours des années suivantes, Kurt va ainsi habiter chez une succession d'oncles et de tantes ainsi que chez ses grands-parents paternels, déménageant souvent plusieurs fois au cours d'une même année scolaire[9].
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À cette vie de famille chaotique s'ajoutent d'autres facteurs qui rendent l'adolescence de Kurt difficile. Il commence à se rendre compte qu'il a d'autres centres d'intérêt que les jeunes de son âge : s'il déteste le sport, il s'intéresse bien plus que les autres à tout ce qui concerne les arts, ce qui tend à l'isoler. Il découvre aussi son aversion pour les préjugés courants dans les petites villes où il habite. Ainsi, au lycée, son amitié avec un camarade homosexuel fait courir des rumeurs sur sa propre sexualité, ce qui lui vaut l'hostilité de certains adolescents homophobes. Bien qu'il en conçoive d'abord une certaine fierté (« je ne suis pas gay, même si j'aimerais bien, juste pour faire chier les homophobes », écrit-il dans l'un de ses carnets personnels[10]), la pression sociale devient trop forte, et il annonce à contre-cœur à son ami qu'il ne peut plus le voir[11]. Dans une interview accordée en 1993 au magazine The Advocate, Cobain a déclaré qu'il avait l'habitude de peindre à la bombe des slogans tels que « God is gay » (« Dieu est gay ») sur les pick-up autour d'Aberdeen et qu'il a été arrêté en 1985 pour avoir taggé « homo sex rules » (« vive le sexe homo ») sur un banc[12]. Cependant, d'après son biographe Charles Cross qui a consulté les archives de la police d'Aberdeen, il aurait en réalité écrit « ain't got no how watchamacallit », phrase absurde jouant sur le nom étrange d'une barre chocolatée[13].
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Kurt Cobain considère alors la musique comme une échappatoire à une vie dont il n'est pas satisfait, d'abord en découvrant le heavy metal (Aerosmith, Black Sabbath, Kiss…), puis le punk rock avec des groupes comme Black Flag, MDC ou Flipper. Il fait la connaissance des Melvins, groupe de punk rock basé à Montesano, dont les membres vont devenir ses amis proches, et qui influencera plus tard la musique de Nirvana. Pendant sa dernière année de lycée, Kurt Cobain emménage à nouveau chez sa mère à Aberdeen. Deux semaines avant l'obtention de son diplôme, il prend conscience qu'il ne remplit pas les conditions pour l'obtenir et décide d'abandonner ses études. Il s'installe quelque temps chez sa mère, jusqu'à ce que celle-ci l'expulse de la maison en raison de son refus de chercher un emploi[14].
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Dans un premier temps, il est hébergé par des amis et s'introduit parfois dans la maison de sa mère à l'insu de celle-ci[15]. Quelques emplois temporaires à Aberdeen lui permettent de louer un appartement, mais il doit le quitter quelques mois plus tard faute de pouvoir payer le loyer[16]. Il affirme plus tard que lorsqu'il ne trouvait pas d'endroit où dormir, il vivait sous un pont au bord de la rivière Wishkah[15], une expérience qui inspira plus tard la chanson Something in the Way, sur l'album Nevermind. Toutefois, le bassiste de Nirvana Krist Novoselic déclare en 2001 que Kurt Cobain n'a jamais réellement vécu à cet endroit, les conditions le rendant impraticable pour dormir[17].
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Fin 1986, Kurt Cobain s'installe avec Matt Lukin (en) (alors bassiste des Melvins et futur membre de Mudhoney) dans une maison délabrée[18]. Il paie le loyer en travaillant comme « homme à tout faire » dans un hôtel à une trentaine de kilomètres de là. À l'époque, il se rend fréquemment à Olympia pour assister à des concerts[19]. Il y rencontre Tracy Marander avec laquelle il entretient une liaison. Il écrira pour elle la chanson About a Girl[20] présente sur le premier album de Nirvana. Après leur séparation, c'est également à Olympia qu'il rencontre une autre de ses petites amies, Tobi Vail, membre du groupe Bikini Kill.
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Une tante de Kurt lui offre sa première guitare (une slide, guitare hawaïenne bleue) pour son septième anniversaire, mais il reçoit tout de même une batterie en fer-blanc[21]. Dans un premier temps, il s'exerce à reprendre des morceaux connus tels que Back in Black d'AC/DC et My Best Friend's Girl des Cars, avant de commencer à écrire ses propres chansons[9].
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Assez vite il cherche à former un groupe, mais n'y parvient pas immédiatement, ses amis manquant de motivation ou de talent musical. Il enregistre toutefois une démo avec l'un de ces groupes éphémères, Fecal Matter, qu'il forme avec Matt Lukin et Dale Crover (également batteur des Melvins) en 1985[22]. Il rencontre Krist Novoselic, lui aussi fan de punk rock, et le convainc de former un groupe[23]. Après avoir utilisé différents noms, ils optent définitivement pour « Nirvana ».
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Pendant plusieurs années, Kurt et Krist ne trouvent pas de batteur qui leur convienne, les différents musiciens qui se succèdent dans ce rôle s'avérant soit trop limités musicalement, soit insuffisamment en accord avec leur « éthique punk ». Le premier à rester relativement longtemps dans le groupe est Chad Channing, avec qui ils sortent leur premier album, Bleach, sur le label indépendant Sub Pop. Cobain considère cependant le style de Channing comme inapproprié pour ses compositions, et le remplace par Dave Grohl. Avec Grohl, le groupe signe sur la major Geffen Records, et se fait connaître en 1991 avec l'album Nevermind.
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Kurt Cobain a du mal à concilier l'énorme succès de Nirvana avec ses racines « underground ». Il s'estime persécuté par les médias, se comparant avec l'actrice maudite Frances Farmer. Il n'accepte pas le fait que son public apprécie sa musique sans adhérer au message qu'il souhaite faire passer. Il est très choqué d'apprendre que deux hommes ont violé une femme en chantant le titre de Nirvana Polly, qui s'inspire justement d'un fait divers similaire, mais dans le but de dénoncer le viol. Sur la version américaine de l'album Incesticide, il ajoute un commentaire qui condamne violemment les auteurs de ce crime et exprime son dégoût de voir de telles personnes dans son public.
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Kurt Cobain rencontre Courtney Love après un concert de Nirvana à Portland. Ils n'échangent que quelques mots, mais Courtney est immédiatement séduite[24]. Selon le journaliste Everett True, ils n'auraient été réellement présentés l'un à l'autre qu'en mai 1991 à un concert L7 et Butthole Surfers[25]. Par la suite, en apprenant par Dave Grohl que l'attirance est réciproque, Love cherche à se rapprocher de Kurt. Ils commencent à se voir régulièrement à partir de l'automne 1991, en partie rapprochés par leur consommation commune de drogue.
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Début 1992, Courtney Love apprend qu'elle est enceinte de Kurt. Le 24 février 1992, quelques jours après la fin d'une tournée de Nirvana sur la côte pacifique, ils se marient à Hawaii. Leur fille Frances Bean Cobain naît le 18 août 1992. Son nom fait référence à Frances McKee des Vaselines et non à Frances Farmer, comme il est parfois affirmé[26]. Son second prénom, « Bean » (haricot), fait référence à la forme du bébé sur les échographies pendant la grossesse de Courtney Love. Michael Stipe, chanteur de R.E.M., dont Cobain admire la carrière et le travail, est choisi comme parrain de leur fille. Stipe deviendra par ailleurs un ami proche de Courtney Love par la suite.
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Courtney Love est impopulaire parmi les fans de Nirvana. Les plus hostiles affirment qu'elle cherche à profiter de sa célébrité pour se faire connaître. Les journalistes qui voient des similarités entre Kurt Cobain et John Lennon aiment aussi la comparer à Yoko Ono. Une rumeur persistante affirme que Kurt aurait écrit l'essentiel de l'album Live Through This de Hole, qui a fait connaître le groupe de Courtney Love, sans qu'une preuve définitive ait été apportée. Elle est relancée avec la découverte en 1996 d'une version de Asking for it (l'un des titres de Live Through This) où Kurt chante les chœurs, puis à nouveau en 1998, lorsqu'il est prouvé que Old Age, chanson officiellement attribuée à Hole, était en fait de Kurt.
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En effet, le journal de Seattle découvre une version enregistrée par Nirvana. Alors que la chanson était jusqu'alors uniquement connue comme la face B d'un single de Hole de 1993, Novoselic confirma que Nirvana l'a enregistré dès 1991 et qu'il s'agit bien d'une chanson « de Nirvana ». Old Age aurait même dû être enregistrée au cours des sessions dédiées à Nevermind, mais resta incomplète, Kurt n'ayant pas achevé les paroles avant la fin de la location du studio d'enregistrement (l'enregistrement incomplet est paru dans la compilation de Nirvana de 2004 With the Lights Out, où le titre est attribué à Cobain). Du côté de Hole, le guitariste Éric Erlandson déclare penser que Cobain est l'auteur de la musique de la chanson, tandis que Love en aurait écrit les paroles ; celles-ci sont en effet différentes dans les deux versions[27].
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Dans un article de Vanity Fair publié en septembre 1992, Courtney Love admet avoir pris de l'héroïne alors qu'elle était enceinte. Elle affirme plus tard que la journaliste a déformé ses propos[28], mais le couple est harcelé par des journalistes de tabloïds, et les services sociaux de Los Angeles engagent des poursuites judiciaires, affirmant que leur usage de drogues les rend inaptes à élever leur enfant[26]. Leur fille âgée de deux semaines est confiée à la sœur de Courtney Love. Ses parents obtiennent à nouveau sa garde, à la condition de se soumettre régulièrement à des tests d'urine afin de prouver qu'ils ne se droguent pas. Après plusieurs mois de bataille judiciaire, ils obtiennent la garde inconditionnelle de leur fille.[réf. souhaitée]
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Pendant la majeure partie de sa vie, Kurt Cobain a souffert de dépression, de bronchite chronique et de douleurs intenses à l'estomac. Ce dernier problème l'a tout particulièrement affecté, et il a consulté de nombreux spécialistes dans l'espoir d'obtenir un traitement. Malgré plusieurs hypothèses comme une relation avec la scoliose dont il a souffert dans sa jeunesse ou une conséquence du stress lié à son métier, aucun diagnostic indiscutable n'a pu être établi. Selon Kurt, la seule chose qui l'ait vraiment soulagé est l'auto-médication par la prise d'héroïne[29].
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Kurt prend de l'héroïne pour la première fois en août 1986[30]. Il en consomme occasionnellement dans les années qui suivent et développe une addiction au produit. En 1991, elle est devenue évidente alors que le groupe entame la promotion de Nevermind. Kurt Cobain perd connaissance à plusieurs reprises au cours d'une séance de photographies organisée le jour d'une apparition du groupe dans Saturday Night Live[31]. Il tente de se désintoxiquer au début de l'année 1992, peu après avoir appris qu'il allait être père. Il part ensuite avec Nirvana pour une tournée en Australie.
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Souffrant du manque et de ses douleurs à l'estomac, il est très faible physiquement. Les autres membres de la tournée (Grohl, Novoselic, leur entourage réciproque et l'équipe technique qui suit le groupe) supposent que son état est dû au fait qu'il continue à prendre de l'héroïne, ce qui crée une hostilité entre eux et lui. Un médecin consulté pour ses douleurs à l'estomac lui prescrit des pilules de buprénorphine qui s'avèrent être une alternative à la méthadone. Peu de temps après être rentré chez lui à la fin de la tournée, il reprend à nouveau de l'héroïne[32].
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Peu avant un concert au New Music Seminar de New York, Kurt est en état d'overdose. Plutôt que d'appeler une ambulance, son épouse choisit de réaliser une injection de naloxone, substance réputée efficace dans cette situation. Remis sur pied, il assure le concert sans rien laisser transparaître au public de l'incident[13].
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Le 1er mars 1994, après un concert au Terminal Eins de Munich, Kurt Cobain souffre d'une bronchite et d'une sévère laryngite. Le lendemain, il part pour Rome afin d'y être soigné, et est rejoint par sa femme le 3 mars. Le matin suivant, Courtney Love constate qu'il a fait une overdose d'une combinaison d'opiacés (héroïne et/ou opiacés de substitution), de champagne et de Rohypnol. Il est rapidement conduit à l'hôpital, où il passe le reste de la journée inconscient. Cinq jours plus tard, il peut quitter l'établissement, et regagne Seattle[33]. Courtney Love affirmera plus tard que cet incident était en réalité la première tentative de suicide de son mari[34].
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Le 18 mars, elle appelle la police pour les informer que son mari est suicidaire et s'est enfermé dans une pièce avec une arme à feu. Des policiers se rendent sur place, et enlèvent plusieurs armes et une boîte de pilules à Kurt Cobain. Celui-ci affirme qu'il n'est pas suicidaire, et s'est enfermé dans la pièce afin de se cacher de sa femme. Interrogée à son tour, celle-ci admet que Kurt Cobain n'avait pas évoqué de suicide, et qu'elle ne l'avait pas vu avec une arme[35].
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Le 25 mars, Courtney Love organise pour son mari une « intervention », technique utilisée aux États-Unis où des amis et membres de la famille d'une personne se réunissent en sa présence afin de la convaincre de suivre un traitement pour un problème, le plus souvent lié à une dépendance, en l'occurrence à l'héroïne. Les personnes présentes sont notamment son ami Dylan Carlson, des amis musiciens, et des cadres de sa maison de disques. L'ancien manager de Nirvana, Danny Goldberg, qui était présent, a décrit Kurt comme « extrêmement réticent » et « niant avoir un comportement auto-destructeur ». Cependant, à la fin de la journée, il accepte de commencer un programme de désintoxication[36]. Le 30 mars, Cobain entre à l'Exodus Recovery Center de Los Angeles.
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La nuit suivante, il sort pour fumer une cigarette, puis escalade un mur pour s'échapper de l'établissement. Il prend un taxi pour se rendre à l'aéroport, où il prend l'avion pour Seattle. Les jours suivants, il est aperçu par plusieurs personnes, mais sa famille et ses amis ignorent où il se trouve. Le 3 avril, Courtney Love engage le détective Tom Grant (en), et le charge de retrouver son mari. Le lendemain, elle remplit un avis de recherche le concernant sous le nom de la mère de Kurt, Wendy. Le texte du rapport précise qu'il est suicidaire et a acheté un fusil de chasse[37].
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Le 8 avril 1994, un électricien nommé Gary Smith découvre le corps de Kurt Cobain dans une pièce située au-dessus du garage de la maison du couple Kurt - Courtney à Seattle. La police trouve près du corps une lettre de suicide et l'arme, un fusil Remington M11 acheté par son ami Dylan Carlson, à la demande de Kurt Cobain qui ne voulait pas acheter l'arme à son nom, à cause de l'incident du 18 mars précédent. Le rapport de l'autopsie conclut à un suicide d'une balle dans la tête ; la date de la mort est estimée au 5 avril 1994.
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Dans sa lettre d'adieu, adressée à « Boddah », son ami imaginaire d'enfance[38],[39],[40], Kurt Cobain cite une phrase de la chanson Hey Hey, My My (Out of the Blue) de Neil Young : « Mieux vaut brûler franchement que s'éteindre à petit feu. » Neil Young est touché par cette citation, et écrit une partie de son album de 1994 Sleeps with Angels en mémoire de Kurt Cobain.
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Le 10 avril, une veillée ouverte au public est organisée au parc d'attraction Seattle Center ; environ 7 000 personnes y assistent[41]. Des messages préenregistrés de Krist Novoselic et Courtney Love y sont diffusés. Dans son intervention, Courtney Love lit des parties de la lettre d'adieu, en les commentant, reprochant à Kurt Cobain sa décision, et même en l'insultant publiquement. À la fin de la veillée, elle distribue des vêtements qui lui ont appartenu[42].
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Le corps de Kurt Cobain est incinéré. Ses cendres sont divisées en trois parties : une partie est stockée dans un temple bouddhiste à New York, une autre dispersée dans la rivière Wishkah, dans l'État de Washington, et le reste revient à Courtney Love[43]. Kurt Cobain est considéré comme faisant partie du « club des 27 », qui désigne des musiciens morts à 27 ans[44].
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La cause de la mort de Kurt Cobain a été officiellement jugée comme étant un suicide. Cependant, plusieurs théories ont été émises selon lesquelles il s'agirait en réalité d'un meurtre.
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Le principal partisan de la thèse d'un complot est Tom Grant, le détective privé engagé par Courtney pour retrouver son mari après sa disparition du centre de désintoxication. Grant était toujours employé par elle lorsque le corps a été retrouvé. Selon lui, la cause de la mort est plutôt un homicide.
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Les principaux arguments de Grant sont les suivants :
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Les détracteurs de Grant rejettent ses thèses en soulignant qu'une grande partie de ses arguments sont purement circonstanciels et ne prouvent pas qu'il s'agit d'un meurtre. D'autres l'accusent d'opportunisme, notant qu'il vend des « kits » à propos du supposé complot sur son site Web. Grant a répondu à ces critiques que tout le bénéfice qu'il en tire sert à financer ses enquêtes[53].
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Le réalisateur Nick Broomfield, décidé à effectuer ses propres investigations sur l'affaire, a rencontré plusieurs personnes de l'entourage de Kurt et Courtney, dont le père de celle-ci, la tante de Kurt, et une ancienne baby-sitter du couple. Broomfield a également interviewé le leader du groupe The Mentors Eldon Hoke, dit « El Duce », qui prétendait que Love lui aurait offert 50 000 dollars pour tuer son mari, affirmation qu'il a répétée sans déclencher le détecteur de mensonge de l'expert Edard Gelb[54].
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Hoke a également prétendu savoir qui aurait tué Kurt Cobain, sans toutefois citer de nom. À son insu, Broomfield a réalisé la dernière interview d'El Duce, qui a été retrouvé mort quelques jours plus tard, apparemment écrasé par un train alors qu'il était en état d'ivresse. Broomfield a monté ses travaux dans un documentaire sorti en 1998 sous le titre Kurt and Courtney.
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Malgré ses enquêtes consacrées à la théorie du complot, Broomfield conclut qu'il n'avait pas trouvé de preuves de l'existence d'un meurtre. Au contraire, il déclare dans une interview de 1998 penser que Kurt s'est bien suicidé, suggérant que l'entourage de Kurt, en particulier Courtney, a fait preuve de négligence[55].
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Les journalistes Ian Halperin et Max Wallace effectuent une démarche proche de celle de Broomfield en enquêtant sur la possibilité d'un complot. Leur position initiale exprimée dans leur premier livre sur le sujet, Who Killed Kurt Cobain?, sorti en 1999, est qu'il n'y a pas suffisamment de preuves pour affirmer qu'il s'agit d'un meurtre, mais largement assez pour justifier la réouverture d'une enquête officielle. Ils interrogent notamment longuement Grant, qui a enregistré pratiquement toutes les conversations qu'il a eu pendant qu'il était employé par Love. En particulier, Halperin et Wallace ont pu écouter les enregistrements de ses entrevues avec Carroll et confirmer ses dires.
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Par la suite, ils collaborent avec Grant pour écrire un second livre, Love and Death: The Murder of Kurt Cobain, sorti en 2004. Pour leurs livres, Halperin et Wallace contactent plusieurs personnes qui jouent un rôle dans les événements entourant la mort de Kurt. Ils interrogent ainsi le docteur Osvaldo Galletta, qui soigne Cobain après l'incident de Rome. Celui-ci a contesté l'hypothèse d'une tentative de suicide, affirmant être habitué à reconnaître les tentatives de suicide, ce qui n'était pas son impression dans ce cas. Il dénie également les affirmations de Courtney selon laquelle 50 pilules de rohypnol auraient été extraites de l'estomac de Kurt[56].
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Les deux journalistes ont également pu s'entretenir avec plusieurs personnes qui ont participé à l'enquête officielle et réfutent toute idée de complot. Le médecin légiste qui a examiné le corps, le docteur Nikolas Hartshorne, a insisté sur le fait que toutes ses observations pointaient dans la direction du suicide. Le sergent Donald Cameron, l'un des inspecteurs chargés de l'enquête, a spécifiquement rejeté les théories de Grant, déclarant que celui-ci n'a fourni aucune preuve que la mort de Cobain puisse être autre chose qu'un suicide. Le meilleur ami de Cobain, Dylan Carlson, a dit à Halperin et Wallace qu'il ne croit pas à la théorie du complot.
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Courtney Love, la veuve de Kurt Cobain, est persuadée que son mari s'est suicidé, comme elle l'a évoqué dans de nombreuses interviews. La plupart des amis et de l'entourage de Cobain (comme Lee Ranaldo ou Dylan Carlson, cités plus haut, mais aussi Krist Novoselic) partagent cet avis. Kim Gordon de Sonic Youth est la seule amie de Cobain à avoir publiquement déclaré qu'elle croyait à la thèse de l'assassinat. Elle a par ailleurs affirmé que d'autres proches partagent son opinion[réf. nécessaire].
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Kurt Cobain était un grand amateur de la scène rock alternative, notamment des groupes qui ont précédé l'avènement de Nirvana et n'ont pas bénéficié de la même exposition. Il commence à s'y intéresser après avoir fait la connaissance de Buzz Osborne, qui lui fait écouter des disques notamment de Black Flag, Flipper et Millions of Dead Cops (en).
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Dans ses interviews, il cite fréquemment les groupes qui ont eu une influence importante sur sa musique et celle de Nirvana. Il fait régulièrement référence à des artistes comme The Vaselines, Melvins, Daniel Johnston, Meat Puppets, Young Marble Giants, The Wipers, Flipper, et The Raincoats. Il convainc ses maisons de disques de ressortir des anciens albums des Raincoats (Geffen Records) et des Vaselines (Sub Pop).
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Kurt Cobain reconnaît aussi l'influence des Pixies sur la musique de Nirvana, en particulier sur l'album Nevermind. Il déclare en 1992 au Melody Maker que c'est l'écoute de Surfer Rosa qui le persuade d'abandonner l'écriture de morceaux influencés par Black Flag pour un style plus proche d'Iggy Pop et Aerosmith[57].
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Kurt Cobain s'efforce d'associer les musiciens qu'il apprécie à Nirvana : ainsi, lorsqu'en 1993 il décide qu'il a besoin d'un second guitariste pour l'épauler sur une tournée, il fait appel à Pat Smear, du groupe punk culte The Germs. Pour l'enregistrement de l'album MTV Unplugged in New York, lorsque les répétitions de reprises des Meat Puppets s'avèrent difficiles, il fait appel aux deux membres principaux du groupe, les frères Curt et Kris Kirkwood, qui jouent avec Nirvana pendant l'émission. De même que Sonic Youth avait servi de parrains à Nirvana, Nirvana cherche à aider d'autres groupes à connaître un plus grand succès. C'est par exemple l'esprit du single Oh, the Guilt, qui comporte un titre de Nirvana et un titre de The Jesus Lizard.
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Kurt Cobain est influencé dans son enfance par The Beatles, il admire en particulier John Lennon, dont il parle comme de « son idole » dans ses journaux[10]. Il considère About a Girl comme une tentative d'écrire une chanson dans l'esprit des Beatles. Il cite également l'influence du groupe King Crimson ; Red faisant partie de ses albums favoris[58],[59]. Par ailleurs, il reconnaît que la partie de guitare de Come As You Are est la même que celle d'une chanson du groupe Killing Joke nommée Eighties[60]. David Bowie ou encore Michael Jackson sont également des artistes que Kurt Cobain apprécie. Nirvana reprendra ainsi The Man Who Sold the World de Bowie sur l'album live MTV Unplugged in New York.
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D'autres musiques plus anciennes ont par ailleurs inspiré Kurt Cobain : MTV Unplugged in New York est terminé par une version de Where Did You Sleep Last Night[61], un titre popularisé par le bluesman Leadbelly, fréquemment cité par Kurt Cobain comme l'un de ses artistes favoris, dans son journal.
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Sur ses influences, Kurt Cobain écrira :
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« Je suis le bohémien lunatique du groupe. Le chanteur blond. L'artiste sensible (...). Voici quelques-uns de mes groupes préférés : Vaselines, Breeders, Stooges, Pixies, Sex Pistols, Raincoats, Melvins, Tales of Terror, Scratch Acid, Butthole Surfers, Young Marble Giants, Urge Overkill, Marine Girls, Jesus Lizard, Teenage Fan Club, Slits, Mudhoney, Beat Happening, Cramps, Shonen Knife, Delta 5, Sonic Youth, Black Flag, R.E.M., Meat Puppets, Witchy Poo, Hole, TV Personalities, Daniel Johnston, Sonics, Leadbelly, Wipers, Half Japanese, Dead Moon, Public Enemy, Bigg Black, Germs, Hüsker Dü, Dinosaur Jr, Captain America, Saints, Velvet Underground, Lee Hazlewood, Hank Williams, Flipper, Feederz, Lewd, Bad Brains, Patsy Cline, Devo, Clash, Fear, Army Of Lovers, Fugazi, Bikini Kill, Beatnik Termites, The Staple Singers, Discharge, Cannanes, Bratmobile, Saccharine Trust, Dirt, Pavement, Love Child, Superchunk, Boredoms, Sebadoh, Axemen, Cow »[62]. »
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En dépit de toutes les influences « indies » de Kurt Cobain, son style d'écriture, particulièrement aux débuts de Nirvana, était également influencé par les grands groupes rock et hard-rock des années 1970 : Led Zeppelin, Black Sabbath, AC/DC, Queen, Kiss, et Crosby, Stills, Nash and Young. Ainsi, l'un des premiers enregistrements de Nirvana est une reprise de Do You Love Me? de Kiss sur une compilation en hommage au groupe.
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En 2005, un panneau est installé à l'entrée d'Aberdeen, dans l'État de Washington, où l'on peut lire : « Welcome to Aberdeen - Come As You Are », en hommage à Kurt Cobain. Le panneau est créé et financé par le Kurt Cobain Memorial Committee, une association sans but lucratif créée en mai 2004 dans le but d'honorer sa mémoire. L'association projette de créer un parc public et un centre pour la jeunesse à Aberdeen[réf. nécessaire]. Cobain n'ayant pas de pierre tombale, certains fans se rendent à Viretta Park près du Lac Washington pour s'y recueillir. Le jour anniversaire de sa mort, certains se réunissent dans ce parc pour célébrer sa mémoire.[réf. nécessaire]
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La vie de Kurt a inspiré des réalisateurs de cinéma. Gus Van Sant a basé son film de 2005 Last Days sur une version romancée des dernières heures de sa vie. En janvier 2007, Courtney Love démarche les studios de cinéma d'Hollywood afin de faire réaliser une adaptation de la biographie Heavier Than Heaven. Des enregistrements originaux de Kurt Cobain sont utilisés pour réaliser la voix off d'un documentaire sur sa vie intitulé Kurt Cobain About a Son. Ces enregistrements sont issus des interviews réalisées par Michael Azerrad pour son livre de 1993 Come as You Are: The Story of Nirvana. Réalisé par AJ Schnack, le documentaire est présenté en 2006 au festival international du film de Toronto.
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Le soir de la découverte du corps sans vie de Kurt Cobain, le groupe Blind Melon interprète leur chanson Change sur le plateau du Late Show de David Letterman. Shannon Hoon, le chanteur de Blind Melon, apparaît avec un point d'interrogation sur le front et dédie sa chanson à Kurt Cobain.
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La chanson Tearjerker (album One Hot Minute) des Red Hot Chili Peppers est un hommage rendu à Kurt Cobain où Anthony Kiedis chante à sa mémoire. Le groupe connaissait le musicien pour avoir fait la première partie des concerts de Nirvana au début des années 1990[63]. La chanson Let Me In, du groupe R.E.M., parue en 1994 sur l'album Monster, est une chanson dédiée à Cobain, dans laquelle Michael Stipe exprime qu'il aurait voulu réussir à l'aider, mais qu'il n'y est pas arrivé.
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La popularité de Kurt Cobain se maintient dans les années suivant sa mort. En 2002, le titre inédit issu de la dernière session d'enregistrement de Nirvana You Know You're Right connaît un succès important.[réf. nécessaire]
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L'album Nevermind est régulièrement cité dans les listes de « meilleurs albums de tous les temps »[réf. nécessaire]. En 2011, le magazine Rolling Stone classe Kurt Cobain 73e meilleur guitariste de tous les temps[64].
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Du vivant de Kurt Cobain, l'écrivain Michael Azerrad publie Come as You Are: The Story of Nirvana, qui raconte la carrière de Nirvana depuis ses débuts, ainsi que la vie des membres du groupe. Le livre traite notamment des problèmes de drogue de Kurt Cobain et des controverses liées au groupe. Après sa mort, Michael Azerrad publie une version mise à jour de son livre, incluant un chapitre supplémentaire sur la dernière année de la vie du chanteur. Le livre se base sur de nombreuses interviews avec les membres du groupe. En 2006, les conversations entre Kurt Cobain et Michael Azerrad enregistrées pendant la préparation du livre sont utilisées dans un documentaire intitulé Kurt Cobain About a Son.
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En 2001, l'écrivain Charles Cross (en) publie une biographie de Cobain intitulée Heavier Than Heaven, Plus lourd que le ciel pour la traduction française. Cross réalise plus de 400 interviews pour le projet ; Courtney Love lui donne accès à des documents personnels de Kurt Cobain, comme des manuscrits de chansons, des journaux intimes et des carnets de notes[65]. Toutefois, ni Dave Grohl ni la mère de Cobain n'ont contribué à la réalisation du livre[66].
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Le livre est globalement bien accueilli par la critique, en particulier en raison des recherches approfondies effectuées par Charles Cross, mais il est aussi critiqué pour son inclusion indiscriminée d'une grande masse d'informations, dont certaines erreurs factuelles[67] ; Cross écrit par exemple que le premier titre de l'inédit posthume You Know You're Right était On the Mountain ; la source de l'information est une tentative par des fans de comprendre les paroles de Dave Grohl introduisant le titre dans un concert de 1993.
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Quand un enregistrement de meilleure qualité de ce concert a été découvert, il est apparu que Grohl avait annoncé All Apologies, autre chanson du groupe. Cross a d'autre part été critiqué pour son portrait flatteur de Courtney Love[67], et pour son manque d'esprit critique par rapport aux affirmations de celle-ci. Il a ainsi écrit que Love aurait contribué à la chanson de Nirvana Pennyroyal Tea. Or, celle-ci a été écrite en avril 1991, plusieurs mois avant la formation du couple, et la chanson n'a que peu évolué entre sa création et son enregistrement pour In Utero[67]. Heavier Than Heaven est adapté en un film biographique dont Courtney Love est coproductrice.[réf. souhaitée]
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Kurt tenait un journal intime, dont il a laissé 22 volumes à sa mort. En novembre 2002, une partie de ces écrits est publiée sous le titre Journals. Le livre inclut des textes écrits entre la fin des années 1980 et 1994.[réf. souhaitée]
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Le roman Asphyxie d'Ann Scott, publié aux éditions Florent Massot en 1996, est très largement inspiré du parcours de Kurt Cobain et de son groupe[réf. nécessaire]. Le roman Cassé (Kurt Cobain) de Christophe Paviot, paru en 2008, imagine la vie de Kurt Cobain et du groupe Nirvana dans une histoire alternative où Nirvana n'aurait jamais rencontré le succès. La bande dessinée Godspeed, Une vie de Kurt Cobain (Éditions Flammarion, réalisée par Barnaby Legg, Jim McCarthy et dessinée par Flameboy) est une biographie de Kurt Cobain.[réf. nécessaire]
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Depuis leurs débuts dans des bars de cent places, jusqu'aux stades et festivals dépassant les 15 000 personnes, les membres de Nirvana ont toujours pris un malin plaisir à détruire leur matériel sur scène : batterie brutalisée et finalement mise en morceaux, guitares lancées en l'air et retombant dans un vacarme de larsen, etc.
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C'est pourquoi, au cours des dernières tournées de Nirvana, la marque de guitares américaine Fender prenait soin de fournir à Cobain un stock de modèles de type Stratocaster (de fabrication mexicaine), seulement destinées à être malmenées, puis détruites. Pour le restant des concerts, Kurt Cobain avait pris l'habitude de jouer sur des Fender Mustang, Jaguar 1965, Stratocaster et Telecaster, toutes modifiées au niveau des micros, et dans divers coloris (la Mustang blanche avec pickguard rouge étant la plus connue).
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À ses débuts, Kurt utilisait nombre de guitares de marques variées : Mosrite, Univox, Epiphone, Hagström, Washburn et même une Gibson SG.
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En 1993, lors de la dernière tournée In Utero, il avait commandé à Fender un modèle de guitare adapté à ses besoins. Des croquis et indications furent donnés aux équipes de production et il en résulta, après maints changements de la part de Cobain, le modèle JagStang, mélange entre une Mustang et une Jaguar, les deux modèles préférés de Cobain. Un prototype de cette guitare fut utilisé sur scène lors des derniers concerts du groupe, même si Cobain ne semblait pas entièrement satisfait du résultat. Sa mort prématurée ne lui aura pas permis de finaliser ce modèle.
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La JagStang utilisée par Kurt Cobain sur scène a été offerte par sa veuve Courtney Love à leur ami le guitariste du groupe R.E.M., Peter Buck. En studio et sur scène, il utilisait un certain nombre de pédales d'effet, notamment la Boss DS-1 (Distortion), la Boss DS-2 (Turbo-Distortion), des Electro-Harmonix Small Clone, Echo Flanger Poly Chorus et Big Muff. Pour la diffusion, Cobain et son technicien guitare (sur les dernières tournées) utilisaient des préamplis Mesa-Boogie, Crown et Marshall, la plupart du temps reliés à des cabinets Marshall 4 x 12". En studio, des amplis Vox AC-30 ou Fender Bassman étaient aussi utilisés.
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Le 20 Juin 2020, la guitare semi-acoustique Martin D-18 E, sur laquelle Cobain joua au concert MTV Unplugged in New York fût vendue aux enchères pour 6 millions de dollars[68].
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Le watt, de symbole W, est l'unité internationale de puissance ou de flux énergétique (dont le flux thermique). Un watt équivaut à un joule par seconde.
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Le nom watt rend hommage à l'ingénieur écossais James Watt (1736-1819), qui a contribué au développement de la machine à vapeur. Comme tous les noms d'unités du Système international, « watt » est un nom commun, il s'écrit donc en minuscules (et prend en français la marque du pluriel) ; mais comme il provient d'un nom propre, le symbole associé W s'écrit avec une majuscule.
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Le watt est la puissance d'un système dans lequel une énergie d'un joule est transférée uniformément pendant une seconde[1]. Il est donc égal à un joule par seconde. Comme le joule est le produit d'un newton par un mètre, et le newton celui d'un kilogramme par un mètre par seconde carrée, le watt est égal à un newton mètre par seconde ou encore un kilogramme mètre carré par seconde au cube :
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De même que la notion d'accélération mesurée en m/s2 ne doit pas être confondue avec celle de vitesse mesurée en m/s, la notion de puissance (mesurée en watts) ne doit pas être confondue avec celle d'énergie (mesurée en joules). La puissance est le quotient d'une énergie par un temps :
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Ainsi, si un travail de 600 J est produit[2], il s'effectuera, par exemple :
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Le watt peut être considéré comme une petite unité :
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En mécanique, le watt est la puissance développée par une force de 1 newton se déplaçant sur une distance de 1 mètre pendant 1 seconde. Si le point d'application d'une force de 1 newton se déplace à la vitesse de 1 mètre par seconde, la puissance vaut 1 watt :
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En électricité, le watt est l'unité de puissance d'un système débitant ou absorbant une intensité de 1 ampère sous une tension de 1 volt. La puissance instantanée est le produit de la tension par l'intensité :
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En intégrant cette puissance sur un temps de 1 heure, on obtient une quantité d'énergie dont l'unité pratique courante est le kilowatt-heure équivalent à 3 600 000 joules.
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Pour les courants alternatifs on définit aussi la puissance moyenne et la puissance efficace. Elles s'expriment également en watts.
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Les termes techniques « watt électrique » (We) et « watt thermique » (Wt ou Wth) correspondent à la puissance produite sous forme électrique et sous forme thermique, respectivement. Leurs multiples sont le mégawatt électrique (MWe) et le gigawatt électrique (GWe), et le mégawatt thermique (MWt ou MWth) et le gigawatt thermique (GWt ou GWth).
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Cette précision est utilisée couramment pour distinguer la production électrique de la dissipation thermique d'une centrale. La puissance d'une centrale est généralement exprimée sous forme de puissance électrique. La puissance thermique d'une centrale nucléaire est typiquement trois fois sa puissance électrique. La différence correspondant au rendement thermodynamique (directement lié à la température de fonctionnement) et aux pertes de conversion, étant donné que la transformation d'énergie thermique en énergie électrique ne peut se faire qu'avec des pertes (rendement de l'ordre de 30 à 40 %). Elle explique le besoin de refroidissement important des centrales thermiques. Par exemple, la centrale nucléaire d'Embalse en Argentine génère 2 109 MW de chaleur (2 109 MWth) pour seulement 648 MW d'électricité (648 MWe).
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Cet usage (de symboles munis d'indices) n'est pas recommandé par le Bureau international des poids et mesures (BIPM), qui considère qu'il n'y a qu'un seul watt : c'est la quantité mesurée qui change, pas l'unité utilisée pour la mesure. De façon générale, « le symbole de l’unité ne doit pas être utilisé pour fournir des informations spécifiques sur la grandeur en question et il ne doit jamais être la seule source d'information sur la grandeur. Les unités ne doivent jamais servir à fournir des informations complémentaires sur la nature de la grandeur ; ce type d’information doit être attaché au symbole de la grandeur et non à celui de l’unité[8] ».
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Le watt peut avoir deux significations en matière de caractérisation de la lumière :
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Une bande dessinée (dénomination communément abrégée en BD ou en bédé) est une forme d'expression artistique, souvent désignée comme le « neuvième art », utilisant une juxtaposition de dessins (ou d'autres types d'images fixes, mais pas uniquement photographiques), articulés en séquences narratives et le plus souvent accompagnés de textes (narrations, dialogues, onomatopées). Will Eisner, un des plus grands auteurs de bande dessinée, l'a définie (avant l'émergence d'Internet) comme « la principale application de l'art séquentiel au support papier »[1].
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La bande dessinée peut désigner, selon le contexte, la forme d'expression, c'est-à-dire la technique en tant que telle, mais aussi le médium qui supporte la bande dessinée (livres de différentes formes, support numérique). Son origine est attribuée à Rodolphe Töpffer au XIXe siècle. Richard Felton Outcault avec The Yellow Kid est également un des précurseurs du genre.
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En Amérique du Nord où on l'appelle comics, la bande dessinée devient populaire au début du XXe siècle et un développement important survient dans les années 1930[2] avec l'émergence de la bande dessinée de superhéros dont la tête de pont est Superman, personnage créé en 1938 dans Action Comics. C'est également à l'entre-deux-guerres qu'Hergé crée Les Aventures de Tintin qui reste un classique de la bande dessinée franco-belge au style dit ligne claire. Au Japon, Osamu Tezuka popularise le genre du manga après la Seconde Guerre mondiale.
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Initialement considérée comme un sous-genre de la littérature, ou un art mineur comparativement à la peinture, et destinée avant tout aux enfants, la bande dessinée gagne à partir des années 1960 une légitimité en tant que telle. Ses auteurs exposent, vendent des planches originales comme peuvent le faire d'autres artistes, des festivals drainant des milliers de visiteurs lui sont consacrés à l'instar du festival international de la bande dessinée d'Angoulême inauguré en 1974 en France et une reconnaissance en tant qu'art lui est accordée que ce soit par des prix comme ce fut le cas pour la bande dessinée d'Art Spiegelman Maus récompensée par le prix Pulitzer en 1992 ou par des expositions dans les musées.
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De nouveaux genres émergent, certains auteurs se revendiquent ou sont « catégorisés » comme appartenant à une bande dessinée alternative explorant de nouveaux modes de narration, de nouveaux formats. Des éditeurs décidés à se consacrer spécifiquement à ce segment voient le jour, visant une clientèle plus adulte. Grâce à l'essor d'Internet et au perfectionnement des outils numériques de création, les auteurs de bande dessinée s'emparent de ce nouveau mode de communication, en publiant des bandes dessinées inédites directement sous forme de blogs ou en passant du support papier à la bande dessinée en ligne.
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Si une image unique (une illustration, un dessin d'humour…) peut être narrative, elle ne peut pas relever de la bande dessinée, puisque « le propre de celle-ci est le dévoilement progressif de l’histoire racontée, sa répartition en « paquets narratifs » ou « fragments d’espace-temps » placés les uns à la suite des autres »[3]. Pour autant, il ne suffit pas de juxtaposer des images pour créer une bande dessinée : il faut qu'elles entretiennent entre elles certains rapports de sens ou de temporalité.
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Si la définition du concept de bande dessinée partage encore les critiques et les spécialistes de la bande dessinée, les amateurs de bande dessinée n’ont aucune difficulté à définir dans la pratique le medium bande dessinée.
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Dans la pratique, il est arrivé aux deux genres de coexister chez le même auteur : pour des raisons de format et de qualité d'impression, Marten Toonder fut publié sous forme d'histoire en images dans la presse régionale française ainsi que dans le quotidien La Croix, mais en bande dessinée chez Artima. L'hebdomadaire pour la jeunesse Cœurs vaillants imposa quelque temps à Hergé un format double (bande dessinée de Tintin en Amérique dont chaque case avait une légende sous-jacente), puis y renonça au soulagement du dessinateur[réf. nécessaire].
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Il est de coutume de distinguer « la » bande dessinée et « les » bandes dessinées. Cette distinction est mise en lumière par Francis Lacassin[4]. « La » bande dessinée est le concept, c'est-à-dire l’Art — le 9e[Note 1] » — et la technique permettant la réalisation de cet art. « Les » bandes dessinées sont les médias par lesquels est véhiculé cet art. Cela implique de donner une double définition, celle de la bande dessinée et celle du médium bande dessinée.
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Puisque la bande dessinée est un art, il existe deux grandes perceptions de cet art. La première perception considère la bande dessinée comme un art mineur, la bande dessinée est de l’art. L'autre perception fait de la bande dessinée un art à part entière.
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Au même titre que la musique pop ou le roman policier, la bande dessinée connut le plus grand mal pour acquérir une véritable reconnaissance. D'abord considérée comme un simple outil de divertissement destiné à la jeunesse, la bande dessinée dut s'émanciper de son statut de comic pour asseoir un moyen d'expression artistique nouveau. Certains auteurs contribuèrent largement à cette émancipation, cette reconnaissance, tel Hugo Pratt.
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Ce sentiment semble cependant moins fort aujourd'hui. Ainsi, Vincent Bernière écrit-il en 2008 que « vouloir défendre la bande dessinée japonaise, ou la bande dessinée en général, est un combat d'arrière-garde »[5]. Il exprime ainsi avec confiance son sentiment que l'époque où la bande dessinée était considérée comme un sous-art est désormais révolue même si certains comme Alain Finkielkraut continuent à en parler, par mépris vis-à-vis des livres illustrés, comme d'un « art mineur »[6].
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Si la bande dessinée est « de » l’art, il faut alors que cet art se rattache à toutes les formes picturales qui l’ont précédé. C’est la position de Scott McCloud[7]. Cette façon de percevoir la bande dessinée oblige à la replacer dans le grand courant artistique et culturel qui commence avec les premiers dessins, ceux de l’art pariétal, comme à la grotte de Lascaux, même si aujourd'hui un tel rapprochement est artificiel. A priori les spécialistes s'accordent sur le fait qu'il ne s'agit pas de suites de dessins. De plus, la qualité narrative de ces peintures reste à prouver, de nombreux archéologues, comme le professeur Norbert Aujoulat, responsable du site, penchent pour une interprétation chamanique (les dessins auraient une fonction « magique ».
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Il n'existe donc pas de raison de rattacher les peintures rupestres à la bande dessinée plutôt qu'aux autres arts graphiques au même titre que les bas-reliefs des temples égyptiens[8], les codex précolombiens[9] et les Biblia pauperum[10] de la fin du Moyen Âge. Le philosophe et missionnaire catalan Raymond Lulle fait exécuter, au XIVe siècle des histoires en images juxtaposées mettant en scène ses aventures notamment en terres musulmanes. Les séquences d'images sont dialoguées à l'aide de phylactères[11]. Dans la tradition catalane, les aucas constituaient des séries d'images, accompagnées de textes rimés racontant une histoire. Il faut encore ajouter à cette liste : la Tapisserie de Bayeux, le Rouleau de Josée de la bibliothèque vaticane[12] et les 182 collages de Max Ernst Une semaine de bonté[13]. Ces références artistiques ont toutes en commun la volonté de raconter une histoire comme le fait une bande dessinée ou encore les frises du Parthénon à Athènes, la colonne Trajane à Rome, les bas-reliefs du temple d'Angkor Vat au Cambodge.
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« L'histoire de l'art ne pouvait donc pas reconnaître dans la dimension narrative de ces œuvres le critère d'une discipline autonome au sein des arts visuels[14]. » Cette vision d'un grand courant artistique qui parcourt l’histoire de l’art pour donner ses lettres de noblesse à la bande dessinée est de moins en moins retenue depuis la mise en avant de la bande dessinée, neuvième art.
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Dans le deuxième cas, si la bande dessinée est « un » art, il faut évidemment définir en quoi la bande dessinée est « un » art, il ne suffit pas de l'affirmer. Là encore deux perceptions s’affrontent :
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Si la bande dessinée n'est que graphique regroupant texte et dessin, le texte doit s’inscrire obligatoirement sous une forme graphique dans le dessin au sein d’une bulle : selon H. Filippini, « la bande dessinée est une suite de dessins contant une histoire ; les personnages s’y expriment par des textes inscrits dans des bulles »[19]. Cette définition rejette les auteurs de bandes dessinées appelées alors « histoires en images » comme les Français J-P. Pinchon (Bécassine), Louis Forton (Les Pieds nickelés et Bibi Fricotin), le Néerlandais Marten Toonder (Tom Pouce), les Américains Rudolph Dirks (Katzenjammer Kids ; en français Pim Pam Poum) et Gustave Verbeek (Upside-Downs ; en français Dessus-dessous[20]). Cette définition rejette aussi, peut-être moins catégoriquement, les bandes dessinées sans texte comme celles de l'Américain Otto Soglow (Little King ; en français Le Petit Roi) qui en 1975 ne comportaient toujours pas de texte.
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Les spécialistes de la bande dessinée défendent avec de moins en moins de vigueur cette deuxième vision restrictive de la bande dessinée, même H. Filippini intègre tous les auteurs cités ci-dessus dans son Dictionnaire de la bande dessinée (cf. bibliographie).
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Toutefois ce débat ne peut pas rester celui de spécialistes, ce serait un paradoxe au regard de la popularité du genre… Par exemple la « BD » (une abréviation d'usage précisément populaire mais peu appréciée des amateurs[réf. souhaitée]) est maintenant considérée comme un genre au sein de l'art contemporain, lorsque sur un plan uniquement esthétique (mais pas narratif) elle résulte d'une démarche artistique ; cette reconnaissance conduit des auteurs à exposer et à vendre leurs planches originales, mais il s'agit là d'une démarche artistique dérivée de la bande dessinée considérée comme un art en elle-même puisque dans ce cas ce sont seulement des fragments de bande dessinée.
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Schématiquement on distingue dans le monde plusieurs zones et cultures liées à la bande dessinée[21] :
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Selon les cultures de chaque pays en matière de bande dessinée, on distingue plusieurs appellations pour le médium ou la forme.
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Aux États-Unis :
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Beaucoup de pays ont simplement traduit « bande dessinée » dans leur langue vernaculaire comme les Portugais qui parlent de banda desenhada, ou utilisent le terme américain comic. D’autres comme les Brésiliens utilisent un terme plus imagé et parlent de história em quadrinhos (histoire en petits tableaux). En Argentine, au Chili, en Uruguay, le terme historieta (historiette), est utilisé comme en Espagne. Les jeunes dessinateurs préfèrent souvent utiliser le terme américain comic.
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Les amateurs s'entendent sur un certain nombre de mots et de définitions pour décrire les différents éléments dont sont composées les bandes dessinées :
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Le reste du temps, les histoires sont directement éditées en albums, cette pratique a tendance à se généraliser.
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Même si le format à la française (hauteur supérieure à la largeur) est celui de la majorité des albums, il existe aussi des albums ayant un format plus rare (format à l'italienne où la largeur est supérieure à la hauteur, format carré). De même le format est souvent plus grand que celui d'une feuille A4 mais les petits formats ou les traductions des comics sont plus petits que le A4. Les éditions françaises des mangas prennent un format poche.
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L'essor de la bande dessinée en ligne a permis à cet art de sortir du format classique. Le processus de création s'est démocratisé comme en témoigne la production sur des sites internet comme "grandpapier" et notamment grâce aux logiciels de graphisme sur ordinateur qui permettent à de plus en plus d'auteurs de réaliser l'ensemble des étapes par eux-mêmes. Le mode d'édition peut lui aussi être différent sur Internet : des séries sont désormais publiées sur des sites qui proposent des abonnements avec des nouvelles planches à échéance hebdomadaire, mensuelle ou quotidienne. Cette façon de procéder copiée sur la diffusion d'épisodes de séries télévisées permet de subventionner la création en même temps que celle-ci se fait. Par exemple, Les Autres Gens, réalisé par une trentaine d'auteurs et qui grâce au succès rencontré sur Internet a connu une version papier[22].
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Apparue en Suisse au début des années 1830 avec la parution des premiers albums de Rodolphe Töpffer (voir l'Histoire de monsieur Jabot), la bande dessinée se diffuse au cours du XIXe siècle dans le monde entier via les revues et journaux satiriques (voir notamment en France L'Idée fixe du savant Cosinus de Christophe). Popularisée tout à la fin de ce siècle dans les journaux américains sous la forme du comic strip, la bande dessinée devient alors un médium de masse, assez diversifié aux États-Unis, de plus en plus restreint à l'humour et aux enfants en Europe.
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Dominant de plus en plus la presse enfantine mondiale, via des périodiques spécialisés à partir des années 1930, la bande dessinée touche également les adolescents et certains adultes, dans le cadre du comic book et de strips de qualité aux États-Unis, des « petit format » en Europe. À partir des années 1950, elle connaît un troisième foyer de développement majeur lorsque le Japon se met à en créer massivement sous l'influence d'Osamu Tezuka. Les trois foyers sont alors relativement indépendants, tant dans les œuvres publiées que dans les structures éditoriales, seul le foyer américain pénétrant les deux autres[réf. souhaitée].
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Le genre considéré comme infantile, et vecteur de violence auprès de la jeunesse, a même été contrôlé éditorialement par la loi comme en France avec la loi du 16 juillet 1949[23] qui interdit toute publication destinée à la jeunesse « présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance et la jeunesse », et institue « une commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence ». De même aux États-Unis à la même période naît le Comics Code Authority qui était chargé de vérifier les publications destinées à la jeunesse. Dans les années 1960, parallèlement à l'émergence de courants analytiques comme les cultural studies, la bande dessinée commence à chercher à se légitimer en quittant cette étiquette de « littérature pour enfants », considérée comme une phase de transition vers une littérature pour adultes[24].
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Les créations de Jean-Claude Forest en France, du mouvement gekiga au Japon et de l'underground américain conduisent à de nombreuses remises en question qui permettent l'apparition d'un premier discours critique en Europe et aux États-Unis. Dans les années 1970, les expérimentations se poursuivent derrière Mœbius, tandis que la revendication de la paternité littéraire, de plus en plus patente, explose à la fin de la décennie avec le succès du terme « roman graphique » de Will Eisner ou le concept des « romans en bande dessinée » lancé pour promouvoir Corto Maltese d'Hugo Pratt.
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Si les séries classiques de divertissement dominent toujours les marchés à la fin des années 2000[réf. souhaitée], la bande dessinée a exploré depuis les années 1980 tous les champs abordés par les autres arts narratifs, et s'est vue de plus en plus légitimée, malgré les récriminations récurrentes de ses acteurs sur la lenteur de cette reconnaissance[réf. souhaitée].
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Bien que les étapes de la création d'une bande dessinée dépendent des artistes et des œuvres, un cheminement général peut être évoqué :
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Le champ graphique est vaste en fonction de la technique utilisée qui va des premiers dessins gravés à la pointe sèche jusqu'à l'utilisation de la peinture à l'aérographe par certains auteurs tels Juan Gimenez. Cette dernière méthode (maintenant souvent même remplacée par l'infographie) permet des réalisations qui sont plus proches visuellement de la photo que du dessin avec l’élimination du trait.
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En fonction de l'œuvre et de l'artiste, la même personne peut réaliser tout ou une partie du travail de création : scénario, dessin, encrage. Le plus souvent le travail est partagé entre un scénariste et un dessinateur. Certaines étapes plus spécifiques, telles que le lettrage et la mise en couleur, peuvent être laissées à des spécialistes.
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Enki Bilal, par exemple, est un auteur complet. Scénariste et dessinateur, il travaille en couleur directe. Il a aussi la particularité de dessiner les cases sur des feuilles séparées, ce qui lui permet de les agencer à loisir sur la planche.
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Alors que la bande dessinée évoque en premier un art propre aux peintres, tout en étant vendue comme de la littérature (ou du moins comptabilisée comme telle dans les chiffres du secteur de l'édition), plus nombreux sont les liens entre cinéma et bande dessinée tant dans la technique de réalisation que par les moyens artistiques à mettre en œuvre, qui ont interpénétré les deux modes d'expression.
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Il en est ainsi pour l'écriture et le rythme de l'histoire, la réalisation des décors, l'utilisation des angles de prises de vues (panoramiques, plongées, contre-plongées, gros plans, plans américains, le dessin seul gardant la possibilité de montrer le personnage prenant appui ou marchant sur le bord de l'écran, voire d'en sortir) les montages, les éclairages (avec des outils électroniques de création ou de colorisation maintenant communs aux deux arts), la limitation du champ visuel par l'écran ou la page, la vision 2D, la sonorisation (subjective pour la BD même si certains auteurs tel Cosey font des suggestions d'accompagnements musicaux) avec voix off ou attribuée à l'acteur, les ellipses, retours en arrière et autres jeux sur l'échelle du temps… Mais le dessinateur est, lui, maître de ses acteurs, n'a pas besoin de budget pour des milliers de figurants ou de difficiles décors, et peut refaire toute prise sans limite. Enfin, le dessinateur a la liberté de cadrage (une case peut être horizontale, verticale, etc.) quand le cinéaste est tenu au rapport de l'écran.
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À l'inverse le cinéma utilise la bande dessinée dans sa phase de conception avec ce qu'on appelle le storyboard.
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Un classement rapide permet de distinguer, parmi les éditeurs de langue française :
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Une bande dessinée est réalisée par un auteur qui peut tout faire de A à Z, on parle d'auteur « complet », ou bien par une équipe d'auteurs avec au moins
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L'éditeur se charge ensuite d'assurer la production proprement dite de l'album et sa diffusion dans les librairies.
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Les auteurs complets se trouvent principalement dans la bande dessinée européenne,
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les auteurs américains et asiatiques sont plus souvent organisés en studios de plusieurs personnes avec un auteur principal et des assistants.
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En France en 2015, on recense 1 500 auteurs au sens large c'est-à-dire scénaristes et dessinateurs. Les chiffres de vente par album étant de moins en moins bons depuis les années 2000 - le tirage moyen d'un album a été divisé par cinq, la moitié des auteurs gagne moins que le SMIC[25].
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Le salaire d'un auteur de bande dessinée varie selon ses travaux et les chiffres de vente mais en moyenne un auteur français reçoit entre 150 € et 250 € par planche[26].
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L'association des critiques et des journalistes de bande dessinée (ACBD) publie annuellement un rapport sur le marché francophone de la bande dessinée.
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En 2012, le marché de la bande dessinée francophone vit une situation paradoxale. Depuis seize ans, le nombre de publications n'avait cessé de croître[27] pour atteindre le chiffre de 5 327 livres publiés, dont 72 % étaient des nouveautés (le reste se partageant entre rééditions, artbooks et essais). Cette « bonne santé » économique vient après une période de crise qu'avait subi le secteur durant les années 1980-1990 mais dépassée en 2012[28]. Toutefois, ce succès n'est pas total et seule une centaine d'albums bénéficie de tirages supérieurs à 50 000 exemplaires. De même, dix mangas représentent 50 % de l'ensemble des ventes de ce secteur[29], le marché du manga se stabilisant après avoir longtemps progressé. Si au milieu des années 2000, la production de manga constitue la moitié de la production de bande dessinée[28], il recule ensuite et connaît en 2010 une baisse de près de 14 % en volume et de 7,7 % en valeur[30] et en 2011 une stabilisation.
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Par ailleurs, 310 éditeurs sont alors recensés mais quatre publièrent plus de 43 % des titres[31]. Ces grands groupes se caractérisent par une production diversifiée et un catalogue important alors que les éditeurs plus petits étaient souvent cantonnés à une niche (Panini : comics et manga, Bamboo : humour essentiellement, l'Association : bande dessinée d'auteur…) et possèdent un fonds moins riche. Cela n'empêche pas des succès importants comme Les Profs édités par Bamboo (120 000 exemplaires) ou Les Simpson édités par Jungle (150 000 exemplaires)[32]. La situation était donc contrastée et certains craignaient que la surproduction menace l'équilibre de ce marché[28].
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Dans la revue Caractère, la journaliste Isabelle Calvo-Duval analyse le rapport annuel 2015 réalisé par Gilles Ratier pour l'Association des critiques et journaliste de bande dessinée (ACBD)[33]. L'auteur analyse que, dans les années 1990, le secteur comptait quelque 800 parutions tandis que dans les années 2000, celles-ci se montaient à 1 563 livres publiés. En 2015, 368 éditeurs ont publié 5 255 ouvrages, dont 35,2 % par trois enseignes : Média-Participations (Dargaud, Dupuis, Lombard, Kana , etc.) avec 762 titres, Delcourt (698 titres) et Glénat (392 titres).
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En 2015, la France représente 50 % des ventes de mangas en Europe, tandis que la bande dessinée japonaise emporte 40 % du marché en France. Ce pays est depuis plusieurs années, le deuxième plus grand consommateur de mangas au monde, derrière le Japon au point que certains éditeurs ont décidé – fait unique – de publier simultanément certains volumes dans les deux langues, japonais et français[34].
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Dans Les Échos en octobre 2017[35], les journalistes Michael Mastrangelo et Mélanie Chenouard indiquent que « le secteur de la bande dessinée a connu une croissance de 20% de son chiffre d'affaires ces 10 dernières années », ce qui dans le marché de l'édition française situe les bandes dessinées en troisième position (après la littérature générale et l'édition jeunesse), et ce pour la première fois[36]. Le lectorat est féminin à 53 %.
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Le marché de l'occasion de la bande dessinée est un marché dynamique[réf. souhaitée], en Belgique particulièrement, porté par les différents festivals et par des librairies spécialisées.
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Les éditions originales sont les albums (en nombre limité) édités une première fois. Lorsque l'album a du succès, il peut être réédité de nombreuses fois ; les collectionneurs accordent une valeur parfois très importante aux albums de l'édition d'origine. La valeur varie selon la rareté de l'édition originale, l'état de l'album et la présence d'une dédicace. La bande dessinée qui a été vendue au prix le plus élevé à ce jour est un exemplaire du premier numéro d'Action Comics, qui a été échangé au prix de 3 207 852 dollars (soit environ 2 367 716 euros*) sur eBay le 24 août 2014[37]. D'après Les Échos en 2017[38], le marché de la BD d'investissement (les planches originales) « a décollé depuis 2007 - notamment avec la vente Bilal - et poursuit son ascension, avec des montants parfois stratosphériques » ; en revanche, les prix des objets sont en stagnation.
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Une dédicace est un dessin original exécuté par l'auteur d'une bande dessinée et généralement dédié à un lecteur. Cette dédicace est souvent dessinée sur une des pages blanches qui commencent ou finissent l'album. Les festivals de bandes dessinées prévoient souvent des stands de dédicace nombreux ; la popularité des auteurs est un facteur d'attrait important pour les visiteurs. Les libraires peuvent également inviter des auteurs à dédicacer. En France, les dédicaces sont en règle générale gratuites mais peuvent être attribuées par tirage au sort. Certaines personnes qui revendent, parfois fort cher, leur dédicace fraîchement reçue provoquent l'exaspération des auteurs[39]. Aux États-Unis les dédicaces dessinées sont payantes pour le lecteur ; l'auteur est ainsi rémunéré[40].
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La planche originale est le support (généralement en format A2) sur lequel l'auteur a exécuté son dessin. Les premiers auteurs de bandes dessinées accordaient peu d'importance à ces documents dès lors que l'album était imprimé. Actuellement, les passionnés se disputent ces planches à prix d'or.
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Initialement sans valeur, les planches originales ont vu leur cote grimper au cours des années 1990 et 2000. La première vente aux enchères consacrée à la bande dessinée eut lieu en 1989. Le nombre de ventes atteint en 2015 une quarantaine à l'année[41] ce qui ferait de la bande dessinée un des marchés les plus actifs[42]. Quelques auteurs drainent la majorité des clients des salles d'enchères, à commencer par Hergé, le créateur de la série Les Aventures de Tintin, qui de son vivant offrait ses planches originales, souvent avec une dédicace[43]. Cette flambée des prix amène des pièces qu'on pensait disparues dans les salles de vente[44],[45].
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Proposé par Artcurial, un dessin original de l'album Le Lotus bleu fut vendu début octobre 2015 à Hong Kong pour 1.1 million d'euros[46]. Le même mois, une double planche d'Hergé de l'album Le Sceptre d'Ottokar a été adjugée près d'1.563 million d'euros[47],[48]. Publiée dans Le Petit Vingtième le 6 juillet 1939, cette planche était estimée entre 600 000 et 800 000 euros[49]. Cette double planche est issue d'un collectionneur belge privé, Jean-Arnold Schoofs. Parmi les autres pièces proposées se trouvent des originaux de Spirou et Fantasio, Astérix ou Blake et Mortimer[50].
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Le record absolu est détenu par les pages de garde bleu foncé des albums de Tintin vendues 2,6 millions d'euros en 2014. Une couverture gouachée de Tintin en Amérique fut également adjugée pour 1,3 million d'euros en 2012[42]. Cette couverture fait partie des rares dessins mis en couleur par Hergé[51].
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Les œuvres de Bilal se vendent également dans les 100 000 euros en moyenne[52]. Les autres artistes de bande dessinée sont loin d'atteindre ces prix, les planches de Jean Giraud par exemple étaient à quelques dizaines de milliers d'euros en 2007[53].
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Côté comics, le no 1 d'Action comics, la première revue consacrée à Superman et dont peu d'exemplaires en bon état restent disponibles, fut vendu à environ 1.6 million d'euros en décembre 2011 mais pas via une maison de vente aux enchères[51],[54]. Sur eBay, un exemplaire est parti à 3 millions de dollars[55].
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Les bandes dessinées les plus fameuses inspirent la création de nombreux produits dérivés (figurines, posters…).
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Certains héros de bandes dessinées sont également utilisés sur des articles dits « avec licence » : vêtements, articles de papeterie, personnages ou même reconstitution de scènes d'une bande dessinée à succès tels les personnages de Walt Disney depuis fort longtemps ou, plus récemment de ceux de Tintin, d'Astérix et bien d'autres.
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La bande dessinée, comme tout art parvenu à maturité, possède ses institutions spécialisées. Les plus importants centres incluent :
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La bande dessinée se faisant une place comme un art à part entière, ses auteurs exposent également dans des grands musées autrefois réservés à d'autres formes d'art comme la peinture ou la sculpture. Ainsi Robert Crumb a exposé au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 2012, mais aussi Enki Bilal au Musée du Louvre en 2013.
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Le Centre Georges Pompidou propose en mars-mai 2012 une rétrospective « Art Spiegelman : CO-MIX - une rétrospective de bandes dessinées, graphisme et débris divers »[58],[59],[60].
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Les expositions collectives peuvent refléter un thème social et politique. Ainsi, dans Le Monde, le chroniqueur de bandes dessinées Frédéric Potet[61] relève « Témoignages à la première personne, récits fouillés, reportages... La bande dessinée s'est emparée de la crise migratoire ». En effet, en octobre 2013, le Musée national de l'histoire de l'immigration a proposé 500 documents pour étudier les relations entre bande dessinée et « mouvement migratoire »[62]. En juin 2018, le festival Lyon BD organise une exposition appelée Réfugiés pour `étudier « la façon dont le 9e art traite de la situation des réfugiés arrivés en Europe ces dernières années au péril de leur vie, et dans des proportions jamais vues ». L'auteur cite plusieurs artistes engagés sur ce thème à travers leurs œuvres, comme Zep, Alessandro Tota, Ivan Brun, Joe Sacco , etc. En janvier 2017, le mémorial de la Shoah organise l'exposition Shoah et bande dessinée où figure, entre autres, le travail d'Art Spiegelman[63],[64]. En 2018-2019, le Musée du Louvre organise une exposition illustrant « comment le 9e art s’approprie, entre réel et fiction, les découvertes archéologiques à l’origine des collections du Louvre »[65].
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La bande dessinée se fait une place progressivement dans l'enseignement supérieur. Ainsi en novembre 2015, l'université de Lancaster dans le nord-ouest de l'Angleterre annonce que Benoît Peeters sera un de ses professeurs invités pour enseigner « le roman graphique et l'art de la bande dessinée »[66]. Cette première dans le monde de la bande dessinée montre qu'une certaine légitimité en tant qu'art commence à émerger[67].
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À l'instar du cinéma, la bande dessinée a aussi ses festivals. Il s'agit d'événements généralement annuels dédiés à la bande dessinée sur un ou plusieurs jours. Les lecteurs peuvent rencontrer les auteurs et les éditeurs, assister à des conférences ou visiter une exposition de dessins ou de planches originales[68].
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Rencontrer un auteur est également l'occasion de se faire dédicacer son album ; le temps d'attente pour l'obtenir est par contre variable suivant la popularité de l'auteur[69].
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Dans le monde de la bande dessinée américaine et asiatique, le terme de « convention» est également utilisé pour désigner de tels rassemblements à l'image des conventions d'anime comme le Comic Market. L'une des plus célèbres des conventions américaines est le Comic-Con qui se déroule à San Diego et s'est élargi progressivement au-delà de la bande dessinée à d'autres univers comme le cinéma ou les jeux vidéo.
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En France le plus important en termes de fréquentation est le festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) qui est créé en 1974 et se déroule traditionnellement fin janvier. En Italie, le festival de bande dessinée de Lucques fondé en 1965 est un des plus anciens festivals consacrés au genre.
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La plupart des prix sont décernés annuellement et s'accompagnent de la remise d'une somme d'argent ou d'un trophée. Ces prix peuvent également récompenser des dessinateurs, des caricaturistes ou des dessinateurs de presse.
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Il arrive que des prix littéraires généralistes aient des catégories consacrées à la bande dessinée (prix Hugo), ou récompensent les bandes dessinées dans le cadre d'une interprétation large du mot « littéraire » comme « livre ». Dans le monde francophone, aucun prix de bande dessinée n'a l'aura des prix littéraires, le plus connu étant le Grand Prix de la ville d'Angoulême, remis lors du festival d'Angoulême depuis 1974 à un auteur pour l'ensemble de son œuvre.
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La bande dessinée fait l'objet de performances inscrites au livre Guinness des records. Ainsi la plus longue bande dessinée fut réalisée à Lyon à l'occasion du Lyon BD festival en 2016 sur 1,6 km détrônant le précédent record américain de 1,2 km[70].
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La bande dessinée s'est rapidement imposée comme un vecteur de communication efficace sur tous publics :
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Parmi les émissions autour de la bande dessinée, on peut citer en France Tac au tac, diffusé entre 1969 et 1975 sur les chaînes de l'ORTF. Coopérant ou s'affrontant, les invités se livraient à des dessins improvisés, souvent collectifs, encadrés par des contraintes inspirées des jeux surréalistes comme le cadavre exquis. De nombreux dessinateurs de bande dessinée y ont participé, tels que Gotlib, Franquin, Mandryka, Jean Giraud, Claire Bretécher, Hugo Pratt, Uderzo, Morris…
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Autres émissions, La Bande à Bédé, rubrique de l'émission Récré A2, diffusée le mercredi après-midi entre 1980 et 1986 ainsi qu'Un monde de bulles qui fut diffusée sur la chaîne parlementaire Public Sénat, sur le canal 13 de la TNT française de 2005 à 2013. Cette dernière créée par Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Philippe Lefèvre, mettait en lumière les auteurs, scénaristes et dessinateurs de bande dessinée, sous forme de reportages, dévoilant ainsi les coulisses, la fabrication et le processus de ce médium. Elle y décryptait aussi les sorties, les rendez-vous spécifiques liés à ce thème tels que les festivals et passait parfois des bandes annonces des films basés d'après ce support.
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Les industries de la bande dessinée et du cinéma sont nées en même temps et ont beaucoup de traits communs (la séquence, la narration, les plans). Des passerelles ont naturellement relié ces deux médiums. Longtemps, les adaptations de bandes dessinées au cinéma (ou en séries télévisées) ont été des productions à petit budget et sans grandes ambitions artistiques (avec quelques exceptions, comme Barbarella) : Lucky Luke, Gros Dégueulasse, Fais gaffe à la gaffe (Gaston Lagaffe), Spiderman. Aux États-Unis, au début des années 1980, de véritables films adaptés de bandes dessinées ont vu le jour, revisitant les classiques du comic-strip : Popeye par Robert Altman, Annie par John Huston, Flash Gordon, Dick Tracy, Superman par Richard Lester, etc.
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À la fin des années 1980, une nouvelle voie est ouverte par Tim Burton avec son Batman : ayant grandi avec les comics et ayant suivi les évolutions récentes du genre (Frank Miller, Alan Moore), Burton filme Batman comme un conte sombre et dramatique. Enfin on prend un super-héros au sérieux. Le progrès des effets spéciaux numériques, au cours des années 1990, a permis de rendre presque crédibles visuellement les effets exubérants autrefois imaginés par Stan Lee et Jack Kirby, ce qui aboutira à la création d'une grande quantité de films inspirés par les comic-books : Spider-Man par Sam Raimi, les X-Men, Daredevil, Catwoman, La Ligue des gentlemen extraordinaires, The Crow, etc.).
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Les héros de bandes dessinées francophones tels que : Astérix, Bécassine et le Trésor viking, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne, Sur la piste du Marsupilami, Titeuf, le film, Boule et Bill, Largo Winch, Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Les Schtroumpfs et plus récemment Les Profs, bénéficient de moyens équivalents.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Une batterie est un ensemble d'instruments de percussion (de type fûts et cymbales) disposé pour être joué par une seule personne à l'aide de baguettes et de pédales.
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Le terme de « batterie » peut aussi désigner un groupe constitué de plusieurs musiciens jouant de ces instruments, notamment dans les ensembles dit « orchestres de batterie-fanfare ».
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La batterie a vu le jour au début du XXe siècle (1906). Les principaux éléments qui la composent (grosse caisse, caisse claire, cymbales…) existaient déjà au sein des orchestres classiques et des fanfares militaires. Leur regroupement en batterie est directement liée à la naissance du jazz, ainsi qu'aux différentes évolutions technologiques du début du XXe siècle. Aussi les premières batteries portaient-elles le nom de « jazz », du nom du style de musique qui leur donna naissance.
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Son origine profonde est pluriculturelle et ancienne : la caisse claire (vers 1850) et la grosse caisse (XVIIe siècle) sont d'origine européenne. Les cymbales sont issues d'Orient et sont probablement un des instruments les plus anciens du monde. Ainsi les premières traces d'objets s'apparentant à des cymbales remontent au IIIe millénaire av. J.-C., en Inde. Les toms, quant à eux, trouvent leurs racines dans les percussions amérindiennes et africaines et furent probablement inventés à la même période que les vases en terre cuite. La charleston, bien que travaillé jusqu'à sa forme actuelle par le jazz dans les années 1920, provient d'un instrument de percussion romaine datant de l'Antiquité : le scabellum.
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Avec l'évolution du style de La Nouvelle-Orléans, la batterie, qui n'était à l'époque que l'assemblage d'une grosse caisse, d'une caisse claire et d'une cymbale, s'est beaucoup complexifiée au fil du temps, connaissant son véritable développement, surtout à l'âge d'or du jazz, la période bop et hard bop (1945-1969) grâce à des batteurs comme Roy Haynes, Elvin Jones, Max Roach, Kenny Clarke, Louis Hayes ou Art Blakey. Lié à cet enrichissement de ce qu'on appelle le « set » (composition de l'instrument propre à chaque batteur, en fonction d'une époque et d'un style), on peut noter également que, depuis la création de la batterie, les batteurs n'ont jamais cessé d'étendre les possibilités techniques de cet instrument selon leur domaine musical, par exemple indienne (Trilok Gurtu), afro-cubaine (Airto Moreira, Alex Acuna), africaine Paco Séry, Mokhtar Samba), ou plus récemment, dans les années 2000[Quand ?] moyen-orientale (Anouar Brahem).
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Les Américains ont toujours été au-devant de cet instrument jazzistique : Elvin Jones, Philly Joe Jones, Joe Morello, Roy Haynes, Louis Hayes, Dannie Richmond, Victor Jones, Max Roach, Connie Kay, Buddy Rich, Kenny Washington, Herlin Riley, Marvin Smith, Terry Line Carrington, Lex Humphries, Joe Chambers, Art Taylor, Vinnie Colaiuta, Steve Gadd, Dave Weckl, Al Foster, Billy Cobham, Dennis Chambers, Tony Williams, Jack DeJohnette, Jeff « Tain » Watts, Bill Stewart, derrière des solistes tels que Kenny Garrett, Chris Potter, Mike Stern, John Scofield, Chick Corea, etc.
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En Suisse, on trouve Daniel Humair batteur de Jazz.
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En France, il existe également de fortes personnalités musicales qui représentent cet instrument : André Ceccarelli,Bernard Lubat, Christian Vander, Simon Goubert, Cyril Atef, Paco Séry, Jean Philippe Fanfant, Manu Katché, Franky Costanza, Mario Duplantier, etc.
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En Belgique, Stéphane Galland, Marc Ysaye, Dirk Verbeuren (Megadeth), etc.
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Les fûts d'une batterie peuvent être constitués de plusieurs matériaux. Pour les toms et la grosse caisse, sont couramment utilisés :
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La qualité des modèles en feuilles de bois varie, toutes les essences n'ayant pas les mêmes qualités acoustiques. On peut citer, parmi les bois les plus couramment employés, l'érable, le peuplier, le chêne, l'acajou, le bouleau, etc.
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Il existe — presque exclusivement sur le marché de l'occasion — des modèles de toms tout en acier, fabriqués sur le même principe que des caisses claires de différentes tailles auxquelles on aurait retiré les timbres de résonance. La fabrication de ce genre de matériel a été abandonnée par l'immense majorité des fabricants à la fin des années 1970. Le but de leur conception était de fournir une puissance sonore élevée que le bois ne permettait alors pas d'obtenir. Depuis, les améliorations constantes apportées à la sélection du bois, à son collage et aux parties mécaniques des toms ont rendu l'utilisation d'acier obsolète dans la course à la puissance acoustique. De plus, l'acier présente des défauts assez gênants au nombre desquels un manque de sustain et la présence d'harmoniques parasites difficiles à éliminer mécaniquement ou en sonorisation.
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Parmi les matériaux employés pour la fabrication de caisses claires, outre ceux déjà cités plus haut, on peut aussi citer divers alliages à base de cuivre (bronze), allant du jaune au « rouge » (qui ressemble plutôt à un rose « saumon ») selon la teneur en autres métaux. L'épaisseur de la « feuille » de métal est variable, là encore, allant d'un peu plus d'un millimètre à près d'un centimètre. Les modèles les plus profonds et employant une feuille de bronze épaisse peuvent atteindre la dizaine de kilogrammes. Les bronzes sont des alliages que l'on emploie également pour la fabrication des cymbales.
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Comme la grosse caisse et la caisse claire, les toms peuvent se voir appliquer diverses finitions à but esthétique ou acoustique. Généralement, ils sont laqués et vernis à la façon d'un piano, simplement cirés ou encore pourvus d'une couche supérieure faite d'un matériau différent : feuille de rhodoïd pour le bas de gamme, autre revêtement synthétique à motifs peints ou sérigraphiés, tissu (notamment chez Remo), fine feuille d'acier inoxydable, voire liège (anciennes batteries Asba).
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En ce qui concerne les modèles mélangeant plusieurs essences de bois, celle présentant à la fois l'apparence la plus attrayante et les meilleures qualités acoustiques est généralement collée sur les autres : on parle alors de pli de finition - ex. : un pli de finition en érable collé sur 4, 5 ou 6 feuilles d'acajou.
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En général, les éléments d'une batterie de gamme moyenne ou haute proviennent de différentes marques. Parmi les plus grands fabricants de batterie, on trouve :
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Il arrive qu'un fabricant propose un kit complet : il s'agit en général d'une batterie bas de gamme car chaque équipementier est spécialisé dans un domaine propre.
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La composition d'une batterie peut totalement varier en fonction du musicien ou des sonorités voulues, un même batteur peut ajouter ou retirer des percussions en fonction des occasions.
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Certains batteurs ont fait de la complexité de leur batterie une vraie marque de fabrique, à l'image de Mike Portnoy (de Dream Theater) ou Simon Phillips (du groupe Toto). Eric Craven (des groupes Hangedup et A Silver Mt. Zion) ajoutait toutes sortes d'éléments, qu'il fabriquait généralement lui-même, sur sa batterie.
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Pour d'autres batteurs, l'ensemble peut être au contraire minimaliste (voir par exemple les cocktail drums (en)). Une petite batterie est appréciée pour son faible encombrement et sa facilité de transport. Les percussions de taille réduite produisant un son moins puissant, ce choix est adapté aux petits espaces.
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Cocktail drum.
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Batterie acoustique.
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Batterie imposante de Simon Phillips.
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Batterie démesurée de Terry Bozzio.
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Au nombre des éléments que l'on peut régulièrement retrouver sur les batteries, on peut citer en outre les chimes, Wood Block, tambourin (parfois fixé sur la tige de la charleston), tam-tam, gongs, cencerro, ou cloche[b].
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Un set de batterie peut être très riche en cymbales, il en existe d'ailleurs d'autres types (splash, china, etc.).
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Une seconde caisse claire (ou plus) peut être ajoutée, le plus souvent à la gauche du stand de charleston pour les droitiers, et inversement pour les gauchers. Lorsqu'elle est moins épaisse, avec un fût d'une profondeur inférieure à 4", elle est appelée caisse claire piccolo. Lorsqu'elle est de faible diamètre, généralement 10" ou 12", c'est une caisse claire soprano ou sopranino.
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D'autres types de tom existent : comme pour la caisse claire, il existe des toms piccolo (petits et fins), mais également des rocket toms (petits et très profonds, appelés aussi octobans) ou encore des rototoms, accordables pendant le jeu, au son très sec.
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La grosse caisse est parfois doublée, afin d'effectuer des roulements avec les deux pieds ou tout autre figure syncopée. Cette technique est très utilisée dans le hard rock, dans les styles de heavy metal, et dans certains styles de punk rock, mais se contente souvent d'une seule grosse caisse avec une double pédale.
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Les accessoires sont généralement constitués d'un siège de batterie, une pédale de grosse caisse, une pédale de charleston, un pied de caisse claire et des pieds de cymbale.
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Certaines batteries très complexes peuvent comporter de nombreux toms et cymbales supplémentaires ainsi que plusieurs grosses caisses. Pour soutenir le tout, une armature tubulaire (rack) peut être employée. Cette armature minutieusement inventée par le batteur Jeff Porcaro peut être particulièrement impressionnante, comme celle de Terry Bozzio. Le "rack" procure en outre un son plus riche, du fait que les instruments sont solidaires et sonnent par sympathie[réf. nécessaire].
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La grosse caisse est posée à quelques centimètres au-dessus du sol[1]. Il existe des surélévateurs de grosse caisse pour les fûts de petites dimensions (ex : batteries de type « jazette » avec grosse caisse de diamètre 18 pouces comme le modèle Manu Katché de chez Yamaha). Deux pieds latéraux la tiennent en équilibre sur trois points d'appui.
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Pour jouer de la batterie, on utilise généralement des baguettes de bois ou en métal, qui peuvent recouvrir différentes formes (généralement de type viper ou « rondes »), qui sont caractérisées par leur diamètre, la forme/taille/matière de l'olive (bout de la baguette) et la longueur du col (partie entre le manche et l'olive).
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On peut aussi utiliser des balais qui permettent d'obtenir un son plus doux que les baguettes : on les utilise pour le jazz ou le blues. Ils s'utilisent pour frapper les peaux comme avec des baguettes, mais on peut aussi les écraser et « balayer » la caisse claire, ce qui donne un son de frottement.
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Existent aussi les rods (en français « fagots »), fins rondins de bois liés qui s'utilisent comme des baguettes et qui permettent de contrôler la frappe plus facilement puisque le poids est moindre. Le son produit est ainsi intermédiaire entre celui des baguettes et des balais. Cependant, la durée de vie d'une paire de rods est assez courte.
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La prise en main des baguettes peut se faire de deux manières [2] :
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Prise timbale.
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Prise tambour.
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Les styles de frappe sont quant à eux très variés. On peut citer pour les plus employés, outre les variations autour de la frappe classique où l'olive de la baguette vient frapper les peaux plus ou moins près du centre des fûts, le cross-stick et le rimshot, souvent confondus, le premier n'étant généralement employé que sur la caisse claire, ou encore la technique Moeller, initiée par Sanford Moeller dans les années 1920, issue du tambour militaire. Celle-ci permet de marier vitesse d'exécution et contrôle des coups accentués. Elle est basée sur le rebond de la baguette, accompagné d'un mouvement combiné de l'avant-bras et du poignet.
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De plus, le jeu caisse claire/charleston est également sujet à variantes :
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Il existe également différentes techniques de jeu au pied pour la grosse caisse et la charleston :
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Il existe aussi une multitudes de rudiments qui permettent l'élaboration de rythmique plus complexes et élaborées ou même, d'un solo de batterie. Les plus populaires sont les suivants :
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La notation musicale des rythmes de batteries se fait sur une portée où la représentation du temps est classique, elle est cependant munie d'une clef spécifique où chaque percussion est associée à une ligne (ou interligne).
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La signification de chaque ligne n'est pas définie rigoureusement et varie suivant les sources[3], il est courant de trouver une légende qui attribue à chaque signe (triangle, rond, carré, etc.) et à chaque ligne un instrument à frapper et éventuellement une indication du type de frappe à lui appliquer. Parmi les courants d'écriture, on peut distinguer la notation Agostini de la notation américaine[4]. Néanmoins, certaines conventions sont généralement suivies.
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Les fûts sont représentés par des notes habituelles :
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Les cymbales sont représentées par des croix :
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Il existe aussi des batteries électroniques, avec lesquelles on joue sur des pads, en caoutchouc, ou en fausse peau (peau résille, maillée, ou en silicone) reproduisant plus ou moins le toucher d'une batterie acoustique, mais sans en produire le volume sonore important. Le son musical de l'instrument est généré électriquement, et peut être écouté sur des enceintes dont on peut régler le niveau, ou à l'aide d'un casque audio, ce qui permet de pratiquer sans gêner son entourage. Un autre avantage de la batterie électronique est de pouvoir configurer précisément le son produit par chaque pad, ce qui permet de jouer avec des kits différents sans pour autant avoir besoin d'acheter du nouveau matériel. De plus, sur certaines batteries électroniques, il est possible d'être accompagné d'un fond musical (blues, samba, jazz, rock, métal). Ces batteries sont également plus faciles à transporter, car, une fois le rack replié, elles prennent une place moins importante que les batteries acoustiques.
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Ce type de batterie, autrefois très coûteux et fatigant pour les articulations de la main et du poignet, bénéficie depuis quelques années, outre de tarifs de plus en plus intéressants, de performances de plus en plus poussées : les rimshots sont gérés et les sensations de jeu s'approchent au plus près des sensations procurées par une batterie acoustique. Récemment[Quand ?], l'ajout du positionnal sensiting fait encore avancer d'un pas la batterie électronique vers la batterie acoustique[5].
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Les éléments acoustiques d'une batterie classique peuvent être équipés de capteurs pour les relier à une interface MIDI ; les déclencheurs (triggers) peuvent ensuite être reliés à un générateur électronique de sons de percussions comme la Roland TR-606, équipée de base de connecteurs triggers.
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La batterie est un instrument à fort niveau sonore, une exposition sans protection auditive sur une longue durée peut aboutir à un traumatisme sonore. Il peut se manifester par des pertes auditives partielles ou totales, des acouphènes et de l'hyperacousie. Les conséquences sont parfois dramatiques dans la vie de l'individu car ces pathologies peuvent être irréversibles[6].
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Les abeilles (Anthophila) forment un clade d'insectes hyménoptères de la superfamille des Apoïdes. Au moins 20 000 espèces d'abeilles sont répertoriées sur la planète[1] dont environ 2 000 en Europe et près de 1 000 en France[2]. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera qui, comme la plupart des abeilles à miel, appartient au genre Apis. Cependant, la majorité des abeilles ne produit pas de miel, elles se nourrissent du nectar des fleurs. Une abeille d'hiver peut vivre jusqu'à 10 mois, tandis qu'une abeille d'été peut vivre jusqu'à 1 mois.
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Les abeilles peuvent être classées selon leur mode de vie : abeilles domestiques ou sauvages, solitaires ou bien sociales, etc. Elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement, notamment leur alimentation. Les bourdons en revanche sont un groupe particulier d'abeilles[3],[4].
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Les abeilles, et les autres espèces pollinisatrices, sont actuellement gravement menacées, avec un taux d'extinction qui est "de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale", selon l'ONU [5]. Lors de la "Journée mondiale des abeilles", le 20 mai 2019, l'ONU a détaillé les principales causes du déclin des pollinisateurs : l'utilisation de pesticides, la monoculture, les pratiques agricoles intensives, le changement climatique, le changement d'affectation des terres et la destruction des habitats[5].
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Le mot abeille est attesté en français pour la première fois au XIVe siècle[6].
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D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha [aˈβeʎo][6],[7], lui-même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »[8]. Cette forme est aussi attesté dans de nombreuses autres langues : l'arpitan avelye[9], le portugais abelha[10], le catalan abella[11], le castillan abeja[12], etc.
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Il remplace un ancien terme d'oïl ef, puis é (pluriel es) issu directement du latin apis ; le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne. Au début du XIXe siècle l'Atlas linguistique de la France repère l'abeille encore sous le nom « é » dans quelques localités du nord, puis comme « mouche à miel » dans les deux tiers nord du domaine d'oïl (Bretagne « mouche à mièl », Normandie « mouque à mié », Ile-de-France, Picardie, Wallonie, Lorraine « mouche é mi », Bourgogne), « mouchette » dans la frange est (Lorraine orientale « mouchette, mohhâte », Franche-Comté du nord « môtchotte »), « abeille » dans le sud-ouest (Poitou, Saintonge « aboeille »), et « avette » dans le val inférieur de la Loire[13].
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D'ailleurs, dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel, sauvage ou domestique »[14]. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le XIXe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le XXe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »[15]. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)[6], ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel[16].
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Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en réduisant la définition de l'abeille à la « famille des Apidés », explique qu'elle vit en société et produit du miel.
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[17] en français.
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Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, les espèces les plus connues des francophones.
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Les caractéristiques générales des abeilles sont celles des guêpes apoïdes, ce sont donc des insectes hyménoptères dont les adultes sont généralement velus et se nourrissent de nectar, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie. Par exemple, pour les abeilles à miel d'Europe, voir tout le genre Apis et principalement Apis mellifera.
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L’histoire évolutive des insectes met en évidence que les premiers insectes apparaissent vers 400 Ma au Dévonien, les insectes volants vers 350 Ma au Carbonifère[34].
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On ignore encore quel est l’ancêtre commun à tous les Apoïdes[1]. Les premières abeilles stricto sensu sont probablement apparues en même temps que les premières fleurs, c'est-à-dire il y a plus de 100 millions d’années, la flore terrestre étant auparavant dominée par les Gymnospermes[1]. Les études génétiques suggèrent que les abeilles proviennent, comme les fourmis, de la spécialisation de guêpes prédatrices de la famille des Crabronidés, le changement du comportement alimentaire pouvant s'expliquer par la consommation par ces guêpes de proies qui visitaient les fleurs et se couvraient de pollen[35]. Les premières abeilles ont probablement été solitaires et spécialistes (pollinisation d'un nombre défini de fleurs), certaines évoluant vers des formes sociales plus ou moins élaborées et devenant des pollinisateurs généralistes mais ces transitions instables font que certaines sont retournées vers un mode de vie solitaire[36].
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On a retrouvé les plus anciens fossiles d'abeilles en inclusion dans de l'ambre. Ces abeilles appartiennent à des espèces et des genres à présent éteints. Le plus vieux fossile à ce jour est Melittosphex burmensis (en) : datée de 100 millions d'années, cette espèce minuscule découverte en 2006 en Birmanie avait des grains de pollen sur les pattes[37]. Sa découverte confirme l'origine commune des guêpes et des abeilles et l'ancienneté de la coévolution entre les « abeilles » et les Angiospermes (spécialisation dans la consommation de nectar et de pollen et rôle dans la pollinisation). Cette découverte suggère que les premières abeilles végétariennes ont émergé à partir d'ancêtres guêpes insectivores[38].
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Le genre Electrapis vivait au Crétacé supérieur, il y a environ 70 millions d’années, dans l’actuelle région de la Baltique et avait une forme très proche de l'abeille à miel contemporaine[1].
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Toutes les abeilles sont des insectes hyménoptères, végétariens et butineurs. Butiner signifie voler de fleur en fleur à la recherche de nourriture. L'abeille récolte ainsi dans la nature nectar, propolis, miellat et pollen. En butinant l'abeille assure également la pollinisation, c'est-à-dire le transport du pollen permettant la reproduction des plantes.
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Leur taille distingue les abeilles des guêpes, qui ont quant à elles la taille fine, en général moins de poils et leurs larves sont carnivores[39]. Les bourdons, qui semblent au premier abord plus ronds et généralement plus gros que d'autres espèces, sont tout de même un groupe spécifique d'abeilles (Bombus), bien que le nom vernaculaire d'abeille ne s'y réfère généralement pas. Le nom d'abeille est ainsi généralement accordé aux espèces dont l'aspect se rapproche de celui des mouches. Leurs quatre ailes reliées deux à deux différencient pourtant facilement les abeilles des mouches, notamment des syrphes, ces diptères également pollinisateurs qui arborent par mimétisme le costume rayé de la guêpe et parfois celui, plus poilu, des abeilles.
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Selon les habitudes de vie des différentes espèces d'abeilles, on distingue plusieurs catégories d'abeilles : l'expression « abeille domestique » est l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera)[26] mais elle peut aussi être employée pour toute autre abeille domestiquée par l'Homme. Par opposition, on nomme « abeille sauvage » une abeille non domestiquée. L'expression « abeille sociale » désigne une espèce d'abeille vivant en colonie, sinon il s'agit d'une « abeille solitaire » constituant plutôt des agrégations (ou bourgades) de terriers individuels[40]. D'autres espèces sont des « abeilles parasites » ou « abeilles coucous » qui pratiquent le cleptoparasitisme.
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Certaines abeilles transforment une partie de leur récolte en produits dérivés : miel, cire ou gelée royale. Ces produits sont stockés dans des nids plus ou moins élaborés : de simples galeries pour les espèces solitaires, des assemblages complexes de rayons de cire pour les espèces sociales. Les espèces qui en produisent en quantité significative sont appelées des « abeilles à miel ».
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La taille et le poids des abeilles varient selon les espèces, leur taille va de 9 à 15 mm de long et elles peuvent peser de 60 à 80 mg.
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Abeille européenne (Apis mellifera).
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Abeille indienne (Apis cerana).
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Abeille géante (Apis dorsata).
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Abeille charpentière (ici Xylocopa violacea).
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Abeille découpeuse de la luzerne (Megachile rotundata).
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Abeille maçonne (ici Osmia cornuta).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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La majorité des plus de 20 000 espèces d'abeilles[41] et des abeilles sauvages sont solitaires : elles ne fondent pas de colonie pérenne (pluriannuelle), les abeilles femelles construisant individuellement un petit nid au sol, sous une pierre, dans des structures creuses (trou dans un arbre, coquille d'escargot, etc.)[42]. Certaines espèces, comme l’halicte (Halictus) ont cependant une vie communautaire, sans être eusociales[43]. Si les femelles ont parfois une même entrée de nid, elles construisent et s'occupent seules de leurs propres cellules et n'ont aucun contact avec leur descendance[44].
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Les abeilles solitaires ne produisent pas de miel[41]. Certaines espèces sont des « rubicoles » (au sens strict « qui habitent les ronces ») et nidifient dans des tiges de plantes à moelle. D'autres espèces sont des « xylicoles » qui utilisent des galeries creusées dans le bois, soit par elles-mêmes, soit par des insectes xylophages. D'autres espèces enfin creusent leur nid dans des parois de terre sèche ou dans le sol[43]. Chaque cellule, contenant une larve et du pain d'abeille, est scellée par un bouchon[44].
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Une abeille maçonne (ici Osmia cornifrons) explorant une cavité.
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Abeille solitaire (ici Dasypoda altercator).
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Andrena vaga sur une feuille.
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Ce sont des insectes solitaires qui pratiquent le cleptoparasitisme en parasitant les couvains d’autres espèces.
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Les abeilles sociales forment des colonies, groupes d'abeilles vivant en société. La colonie est composée de trois castes :
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Une colonie peut perdurer pendant plusieurs années si elle survit à la saison froide.
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Un essaim[46] d'abeilles est un rassemblement en nombre important d'abeilles de la même famille. Quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine, on parle d'essaimage. Les abeilles évitent ainsi d'engendrer un super-organisme étouffant.
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L'essaimage des abeilles est un véritable processus anarchiste d'intelligence collective puisqu'il s'agit de parvenir à un consensus pour définir la future localisation de la colonie. Les éclaireuses relatent une position qui leur semble propice à l'installation de la colonie par une danse dont la vivacité reflète la qualité du lieu désigné, et suffisamment explicite pour en indiquer la position. Toutes les exploratrices ont le même pouvoir d'information et présentent de manière transparente et souvent simultanément leurs découvertes. Selon l'intensité de la communication, l'abeille découvreuse d'un site va recruter un nombre plus ou moins grand de nouvelles éclaireuses qui iront chacune le visiter et entreprendre une évaluation indépendante. Elles pourront à leur tour donner leur opinion, et cette mutualisation perpétuelle des connaissances aboutit au consensus pour une destination[47].
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L'expression « abeille à miel » ou « abeille mellifère » est un nom vernaculaire désignant en français des insectes sociaux parmi les abeilles qui produisent du miel en quantité significative mais, par métonymie, c'est aussi l'un des noms usuels de l'abeille européenne (Apis mellifera).
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Les abeilles à miel appartiennent majoritairement au genre Apis, de la sous-famille des Apinés, mais c'est Apis mellifera et, dans une moindre mesure, son homologue asiatique Apis cerana, l'espèce qui se prête le mieux à l'apiculture[48]. D'autres espèces produisent du miel mais pas en quantité suffisante pour mériter cette appellation.
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Les abeilles domestiques sont principalement de l'espèce Apis mellifera. Originaire d'Europe et d'Afrique, c'est en effet l'espèce la plus utilisée pour produire du miel. Elle a donné de nombreuses sous-espèces ainsi que de nombreux hybrides de ces sous-espèces, dont certains, comme l'abeille buckfast, sont obtenus par croisements au sein des élevages. Apis cerana est également exploitée dans certaines régions de l'Asie.
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Les autres espèces du genre Apis (Apis florea, Apis dorsata, etc.) se trouvent uniquement à l'état sauvage.
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Des abeilles de la tribu des Meliponini produisent également de petites quantités de miel. Le rendement des colonies d'abeilles en miel dépend aussi des végétaux à la disposition des butineuses, car les plantes à fleurs sont plus ou moins mellifères.
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Vue dorsale des trois principales espèces.
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Vue latérale des trois principales espèces.
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Abeille à miel d'Europe et d'Afrique : Apis mellifera.
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Favorite de l'apiculture en Europe, sous-espèce de la précédente, l'Abeille noire : Apis mellifera mellifera.
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Abeille à miel asiatique : Apis cerana.
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Abeilles à miel géantes : Apis dorsata.
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Abeille à miel d'Amérique du Sud : Trigona spinipes.
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Avant Linné, on ne connaissait comme abeille que la « mouche à miel ». Le père de la taxinomie moderne ajoute à cette abeille domestiquée d'autres espèces d'hyménoptères qui, comme elle, vivent de nectar et de pollen. En 1758 il les classe toutes dans un genre nommé Apis (abeille en latin)[49].
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Les connaissances sur ces insectes progressant, un seul genre Apis se révèle bientôt insuffisant pour contenir toutes les nouvelles abeilles répertoriées. Avec les travaux de Kirby et Latreille, suivis par Schenk et Thomson, les classifications gagnent en précision : Apis ne conserve qu'un petit nombre d'espèces proches de l'abeille domestique et de nombreux autres genres sont créés. On distingue alors deux grands groupes d'abeilles : les abeilles à langue courte et les abeilles à langue longue. Ces dernières sont divisées à leur tour en abeilles solitaires ou abeilles sociales (les abeilles « vraies »). Plus d'une centaine de genres se répartissent à l'intérieur de ces grands groupes[50]. Les abeilles à langue longue sont considérées comme les plus évoluées. Les guêpes apoïdes (Sphecidae sensu lato) sont reconnues comme apparentées aux abeilles à langue courte[51].
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À la fin du XIXe siècle sont reconnus comme portant le nom d'abeille « tous les hyménoptères dont la larve se nourrit de miel et de pollen, quels que soient d'ailleurs le genre de vie et les mœurs de l'adulte »[49].
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Dans la classification classique, les abeilles font toutes partie de la superfamille des Apoïdes[27] créée en 1802 par Pierre-André Latreille et qui regroupe les abeilles et les guêpes apoïdes. Toutefois, la classification des abeilles est en constante évolution[52].
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La classification classique est historiquement centrée sur l'abeille mellifère. Ceci aurait amené les entomologistes à considérer que les abeilles à langue longue formaient un groupe plus évolué que celui des abeilles à langue courte. Les premières classifications phylogénétiques ont maintenu cette hypothèse, en plaçant la famille des Colletidés (à langue courte) à la base de l'arbre phylogénétique des Apoïdes. Cependant, en 2007 des travaux d'analyse moléculaire démontrent que la langue courte des Colletidés n'est pas un caractère hérité des Sphecidés, mais découle d'une évolution parallèle. Ces conclusions bouleversent la classification classique et désignent la famille des melittidés comme la plus ancienne des familles d'abeilles[51].
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Liste des familles actuelles selon Debevic et al. 2012[53] et Hedtke et al. 2013[54], en concordance avec ITIS[55]:
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Note: Les Apidés et les Mégachilidés sont considérées comme les abeilles à langues longues, les autres familles à l'exception des Mélittidés sont considérées comme les abeilles à langues courtes.
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Phylogénie des hyménoptères apoïdes actuels d'après Debevic et al, (2012)[56] :
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Ampulicidae (guêpes à blattes)
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(Heterogynaidae) Hypothèse 1
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+
Sphecidae s.s. (guêpes fouisseuses)
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Crabroninae
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Bembicini
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Astatinae et Nyssonini
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(Heterogynaidae) Hypothèse 2
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Pemphredoninae et Philanthinae
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Anthophila (abeilles)
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+
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Phylogénie des familles actuelles d'abeilles, d'après Hedtke et al., 2013 :[54]
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141 |
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Melittidae (avec l'abeille à culotte)
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+
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+
Apidae (abeilles sociales)
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Megachilidae (abeilles découpeuses, abeilles maçonnes)
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Andrenidae (abeilles des sables)
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+
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+
Halictidae (abeilles de la sueur)
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+
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+
Colletidae (abeilles à face jaune)
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153 |
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Stenotritidae
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Toutes les abeilles peuvent jouer un rôle important pour la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées. Toutefois on doit en général considérer que les abeilles domestiques des apiculteurs jouent un rôle supplétif perturbant la nature[réf. nécessaire].
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+
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Certaines espèces sont plus performantes que d'autres de ce point de vue : le taux de pollinisation et l'efficacité de celle-ci sont ainsi deux fois plus importants par les abeilles sauvages que par les abeilles domestiques[57]. Les plantes dont la pollinisation est favorisée par l'abeille sont dites mellitophiles. En effet, lorsque les abeilles récoltent des ressources alimentaires, elles se couvrent de pollen. Le pollen est le gamète mâle de la fleur. Elles butinent ensuite d'autres fleurs afin d'y récolter le nectar et se frottent alors contre les parties reproductrices des autres fleurs. Ainsi, le pollen déposé à la surface de la fleur colonise ses graines femelles[58]. Involontairement, les abeilles permettent donc le contact entre les gamètes mâles et femelles des différentes fleurs.
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+
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Les abeilles bénéficient également de la pollinisation car, en récoltant le nectar et pollen, elles constituent leurs réserves alimentaires. De plus, une grande densité de fleurs aux alentours de la ruche leur est bénéfique car cela minimise leur temps de recherche de nourriture.
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161 |
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Enfin, les populations humaines sont directement et indirectement dépendantes des fleurs pour un tiers de leur régime alimentaire[59]. L'absence des pollinisateurs indigènes naturels les plus répandus pourrait donc avoir des conséquences économiques, sociales et écologiques.
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163 |
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Or, on constate dans l'Hémisphère nord une baisse de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles[2],[60]. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l'origine de cette baisse de la population : parasites, champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique… Les produits phytosanitaires agricoles, les cultures d'OGM et la pollution électromagnétique sont également cités mais leur implication est de moins en moins controversée avec un consensus scientifique croissant sur le rôle dévastateur des insecticides[61]. En tant qu'animal bioindicateur, cette situation inquiète non seulement les apiculteurs, mais aussi de nombreux écologues, économistes et experts en raison de l'importance économique et écologique de l'abeille. En février 2010, l'Union européenne met en place le programme STEP afin de préciser les causes et les impacts de ce déclin et d'en assurer le suivi.
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Un groupement d'apiculteurs et d'acteurs intéressés crée en 2011 le réseau européen Bee-Secured, pour la surveillance de l'environnement et de la biodiversité. En 2012, le réseau prend une dimension hors Europe.[réf. nécessaire]
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La pollinisation par les insectes indigènes non domestiques est un enjeu important de l'écologie. En effet, les insectes sauvages permettent d'effectuer naturellement des fécondations croisées : l'ovule d'une plante reçoit le pollen d'une autre plante de la même espèce, cela permet de conserver une grande diversité génétique. Or, la diversité génétique permet d'éviter les dépressions de consanguinité et augmente la résilience de la population face aux perturbations environnementales et aux nouvelles maladies. Dans une population à grande diversité génétique, le risque d'extinction est beaucoup plus faible[62].
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Le 16 avril 2014 les sénateurs français ont adopté un amendement à la loi sur l'avenir de l'agriculture reconnaissant l'abeille comme « un bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques »[63].
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En butinant d'un arbre à l'autre, les abeilles (Apis mellifera), ainsi que d'autres insectes pollinisateurs, contribuent à la diffusion de bactéries phytopathogènes, telles que Erwinia amylovora, agent pathogène du feu bactérien, maladie bactérienne grave qui affecte des arbres fruitiers de la sous-famille des Maloideae[64], ou Pseudomonas syringae, agent de diverses maladies du type chancre bactérien, notamment le chancre bactérien du kiwi, causé par le pathovar Pseudomonas syringae pv. actinidiae[65].
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Du fait de leur intense activité de pollinisation, les abeilles sont un vecteur très efficace de transmission de ces bactéries. Toutefois, comme les bactéries ne peuvent survivre l'hiver dans les ruches, les abeilles ne peuvent en aucun cas être responsables d'une inoculation primaire, mais seulement d'inoculation secondaire, transmettant les bactéries de fleur en fleur[66],[67].
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Selon une étude néo-zélandaise de 2014, Pseudomonas syringae, comme Erwinia amylovora, peut survivre et se propager au sein des ruches pendant un temps limité. Les auteurs appuient donc la recommandation d'une période de retrait minimum avant de transporter dans un verger sain des ruches provenant d'un verger contaminé[65].
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L'abeille est la plus ancienne amie de l'homme, bien qu'apparue avant lui, il y a 45 millions d'années[68]!
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Très tôt les humains ont pris conscience de leur intérêt à protéger, voire héberger ou même élever et, plus simplement, à observer les abeilles.
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Outre leurs fonctions écosystémiques, les abeilles présentent une fonction économique importante.
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Les substances produites par certaines abeilles – cire d'abeille, propolis, gelée royale, miels de différentes plantes et même leur venin – ont la réputation ancestrale d'être excellentes pour la santé.
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Ce sont évidemment les abeilles à miel domestiquées qui en sont les meilleures pourvoyeuses.
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À la différence des guêpes et des frelons, l'abeille n'est pas un prédateur et ne chasse pas pour se nourrir[69]. Une abeille en train de butiner est généralement inoffensive[70].
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Cependant, les abeilles défendent leur nid et leurs routes aériennes des intrus. Les espèces prisées pour l'apiculture sont les plus tolérantes à cet égard. D'autres, comme l'abeille tueuse, hybride apparu au Brésil dans les années 1950, sont plus agressives à l'approche de leur nid[71] tandis que chez certaines espèces comme les mélipones, l'aiguillon, sous-développé, ne permet pas la piqûre : l'abeille se défend alors par une morsure urticante[72].
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L'abeille utilise son dard cranté pour injecter du venin à son agresseur lorsqu'elle se trouve menacée. Cet aiguillon dentelé, dont seules les femelles sont pourvues, reste fiché dans la peau de la victime et est arraché de l'abdomen de l'abeille lorsque celle-ci s'éloigne. Il entraîne à sa suite une partie des organes internes de l'abeille, dont son sac à venin. Cette déchirure est presque toujours fatale à l'abeille piqueuse[73]. Mais l'abeille peut repartir indemne, si sa victime s'avère être un autre insecte, dépourvu de la peau épaisse des mammifères[73].
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Une piqûre injecte en moyenne 50 à 140 µg de venin (contre 10 µg pour la guêpe qui possède un dard lisse mais peut piquer plusieurs fois), selon l'espèce d'abeille et le délai avant lequel l'aiguillon est retiré[74]. Même après le départ de l'abeille, les contractions réflexe des muscles arrachés continuent d'injecter le venin contenu dans le sac, une trentaine de secondes étant nécessaires pour vider celui-ci. Il faut donc éviter de le compresser en le retirant dans les secondes suivant la piqûre[74].
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Sauf en cas d'intolérance, une unique piqûre est inoffensive pour l'homme (et pourrait même avoir parfois des effets bénéfiques notamment pour lutter contre la maladie de Parkinson). Toutefois, l'emplacement des piqûres, leur nombre ou une sensibilité allergique peuvent occasionner des décès en cas de choc anaphylactique[75].
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En l'absence de données significatives, la dose létale médiane n'est pas établie avec certitude et oscille, selon les auteurs, entre 1,3 mg. kg−1[71] et 3,5 mg. kg−1[74] de venin. Le nombre de piqûres nécessaires pour atteindre ces doses, pour un adulte pesant entre 60 kg et 70 kg, varie selon les espèces et les estimations entre 600[73] et 1 750[74]. Seules les abeilles tueuses, au comportement extrêmement agressif, sont susceptibles de causer un si grand nombre de piqûres. En revanche, leur venin ne diffère pas sensiblement de celui des autres espèces d'Apis mellifera[71].
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L'apiculture est la discipline liée à l'élevage des abeilles domestiques, l'éleveur étant un apiculteur.
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Les abeilles d'élevage vivent dans une ruche, une structure artificielle faite à base de paille, de bois ou de plastique et destinée à abriter une colonie d'abeilles sociales butineuses. Un ensemble de ruches constitue un rucher.
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L’osmiculture est la technique d’élevage local d’abeilles indigènes et solitaires qui nichent hors sol. L'osmiculteur fournit un environnement de nidification (nichoir d'abeilles) adapté à l’espèce, identifie et élimine les parasites qui s’incrustent dans cette population. Il ne gère pas de récolte car les abeilles indigènes pollinisent mais ne fabriquent pas de miel.
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Métaphore de l’harmonie politique et sociale depuis l’Antiquité, l'abeille était censée symboliser, dans l'Égypte antique, la Basse-Égypte, le pharaon étant désigné comme étant « Celui des carex et de l'abeille » (les carex représentant la Haute-Égypte).
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Le Coran porte un chapitre nommé « Les abeilles ». Sourate no 16 les abeilles, verset [68-69].
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L'abeille a pu symboliser la résurrection et l'immortalité pour les Mérovingiens. Des représentations d'abeilles ont été retrouvées parmi les éléments funéraires de Childéric Ier[76].
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En France, Napoléon Bonaparte a repris[77] – avec l’aigle, symbole de l’Empire carolingien – cet insecte industrieux et a remplacé par les abeilles impériales les fleurs de lys du semis des armoiries royales.
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Dans les pays scandinaves, sur certaines tombes, l'abeille est un symbole utilisé pour représenter le caractère travailleur et industrieux de la personne décédée[78].
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Dans la culture populaire, l'abeille fait majoritairement référence aux abeilles sociales à miel et en Occident à l'abeille domestique Apis mellifera.
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Depuis les années 1970 avec une accélération depuis la fin des années 1990, de nombreuses espèces d'abeilles sont en forte régression (ou ont localement disparu) en raison, semble-t-il, de parasites, virus, champignons, bactéries, mais aussi de la dégradation des habitats (urbanisation, imperméabilisation des sols, débocagisation) et du réchauffement climatique qui a un impact sur la phénologie des plantes hôtes et des fleurs pollinisées. Or, ces abeilles ont une importance majeure pour la pollinisation de nombreuses espèces de fruits, légumes et céréales. Les impacts de l'usage croissant de certains pesticides et insecticides écotoxiques sont également suspectés depuis la fin des années 1990 d'avoir un lien avec le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles domestiques. Ce lien a été confirmé par deux études faites en milieu naturel (« conditions réalistes »), publiées par la revue Science en mars 2012, confirmant des impacts négatifs des néonicotinoïdes sur deux pollinisateurs essentiels, l'abeille domestique[79] et le bourdon commun. Présents par diffusion dans le nectar et le pollen des fleurs de cultures industrielles telles que le maïs et le colza, ils affectent le système nerveux des insectes[80]. Il ne s'agirait pas de la seule cause du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, mais il y participe et accélère la régression de ces pollinisateurs[81].
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Dans l'Union européenne, le règlement (CE) no1107/2009 indique qu'"une substance active, un phytoprotecteur ou un synergiste n’est approuvé que s’il est établi, au terme d’une évaluation des risques appropriée sur la base de lignes directrices pour les essais adoptées au niveau communautaire ou au niveau international, que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant cette substance active, ce phytoprotecteur ou ce synergiste, dans les conditions d’utilisation proposées n’aura pas d’effets inacceptables aigus ou chroniques sur la survie et le développement des colonies, compte tenu des effets sur les larves d’abeille et le comportement des abeilles"[82].
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Le règlement de 2009 devait conduire à la refonte des tests de toxicité à réaliser sur les abeilles, avant la mise sur le marché d'un pesticide. L'EFSA, l'Autorité sanitaire européenne, a constaté en 2012 que ces tests étaient très insuffisants, les produits phytosanitaires étant mis sur le marché sans avoir été correctement évalués[83]. L'EFSA[84] a élaboré de nouveaux protocoles complets : Ces lignes directrices incluent l'évaluation de la toxicité chronique, les effets sur les larves, sur les abeilles sauvages et bourdons et non pas seulement les abeilles à miel, les différentes voies de contamination (eau, poussières...)[84].
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Ce document guide a été publié en 2013, mais les États membres ne l'ont jamais adopté (entre 2013 et 2019, il a été inscrit à l’ordre du jour du Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed, ou SCoPAFF, une trentaine de fois). Depuis 2013, l’European Crop Protection Association (ECPA), l’association professionnelle des fabricants de pesticides, s'oppose fermement à la mise en application de ce document[83]. Les industriels de l’agrochimie ont adressé à l’exécutif européen de nombreuses lettres contre le document guide de l’EFSA.
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Dans une tribune du 9 février 2019, l'eurodéputé Eric Andrieu, président de la commission spéciale du Parlement européen sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’Union, écrit: "sous la pression incessante des lobbyistes des industriels de l’agrochimie, certains États demandent aujourd’hui à l’EFSA de réviser son document de 2013, qui n’a jamais été mis en œuvre. Et pour cause : selon l’industrie, 82 % des produits phytosanitaires seraient alors sur la sellette !"[85]
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Les protocoles d’évaluation des pesticides sur les pollinisateurs se référent toujours à un texte de 2002, totalement obsolète selon les spécialistes. La toxicité chronique, cause importante de la mortalité des pollinisateurs, n'est pas évaluée, ni les effets délétères sur les espèces sauvages. "Pendant ce temps, le taux de mortalité des abeilles atteint les 80 % dans certaines régions de l’UE. Alors que les études montrent que l’utilisation de pesticides représente un risque réel pour les abeilles sauvages et les abeilles mellifères, les gouvernements des 28, en particulier les 16 États qui bloquent la proposition, doivent enfin prendre leurs responsabilités", estime Eric Andrieu, "Les chefs d’État doivent en finir avec leur hypocrisie sur la question des pesticides et cesser de dérouler le tapis rouge aux multinationales de l’agrochimie"[85]. Selon l'eurodéputé et Nicolas Laarman, de l'Ong Pollinis, « l’extinction en cours des abeilles et autres insectes pollinisateurs est un enjeu vital, et la réforme de notre système d’homologation des pesticides, une urgence absolue[86] ».
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"En renonçant à la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, la Commission européenne participe à la dégradation dramatique de l’environnement", écrit l'éditorialiste du journal Le Monde, le 27 août 2019[87].
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Une étude française conduite par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) avec le réseau des instituts des filières agricoles et végétales (ACTA), s’est basé sur le radiosuivi d’abeilles par micropuces (système RFID) identifiant 653 abeilles mellifères, et un comptage électronique des entrées/sorties de ruche.
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Comme certains apiculteurs l'avaient pressenti ou observé, au moins l’un des néonicotinoïdes les plus utilisés perturbe l'orientation des abeilles ; le thiaméthoxame (matière active de produits commerciaux tels que le Cruiser, Flagship, Illium, Axoris[79]). 10 % à 31 % des abeilles ayant ingéré cette molécule, même à de très faibles doses, se sont montrées incapables de rejoindre leur ruche[79]. Or, la perte de repères est l’un des éléments du syndrome d'effondrement des colonies. Hors de la ruche, ces abeilles meurent trois fois plus que le taux normal[79].
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Le projet « EPILOBEE » est la première surveillance épidémiologique de la mortalité des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Au total, ce sont 31 832 colonies d’abeilles provenant de 3 284 ruchers qui ont été suivies entre l’automne 2012 et l’été 2013. Les premiers résultats provenant des 17 pays européens participants montrent une grande variabilité des taux de mortalité en fonction des zones géographiques en Europe. Les taux de mortalité hivernaux s’échelonnent suivant les pays de 3,5 % à 33,6 %. Les taux de mortalité des colonies pendant la saison apicole sont quant à eux plus faibles et sont compris entre 0,3 % et 13,6 %. En additionnant la mortalité hivernale à la mortalité de la saison apicole, c’est la Belgique qui arrive en tête de ce lugubre classement, avec un taux de mortalité de 42,5 %. Viennent ensuite le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %)[88].
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Le nombre de ruches est un bon indicateur de la population d'abeilles domestiques. Au niveau mondial les chiffres sont soumis à beaucoup d'incertitudes, par contre les données de l'Union européenne sont plus fiable. Le rapport du CMO [89](Common Market Organisation) d'avril 2019 montre que le nombre de ruches est passé de 11.6 millions en 2004 à 17.5 millions en 2017. En France, d'après la Fédération ADA France[90] le nombre de ruches en 2017 était de 1.3 million, nombre similaire à celui de 1994 après une baisse entre 2010 et 2015 avec 1 million de ruches recensées . Étonnamment, ces chiffres, au niveau européen, sont en contradiction avec le syndrome d’effondrement des colonies. Malgré une forte mortalité le nombre de ruches en Europe continue de croitre ce qui est en adéquation avec la production européenne de miel qui était de 209 000 tonnes en 2017.
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Le déclin des abeilles semble avoir pour cause principale l'usage des pesticides : Cuba, qui n'en utilise que très peu et dont l'agriculture est essentiellement biologique, est l'un des rares pays où les populations d'abeilles se sont maintenues à un niveau stable[91].
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Depuis l'introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, les trois quarts des insectes volants ont disparu d’Europe de l'Ouest[92]. Dans son livre Et le monde devint silencieux[93], le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, raconte comment les entreprises de l’agrochimie ont tenté de faire croire que l’effondrement des pollinisateurs était un mystère, et n'était surtout pas lié à la mise sur le marché des insecticides néonicotinoïdes (une « stratégie du doute » calquée sur celle de l’industrie du tabac). Le journaliste analyse leurs méthodes pour infiltrer et financer des organisations scientifiques et des associations. Face à ces firmes, 70 scientifiques tentent de mener des recherches totalement indépendantes[92].
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Dans la revue PLOS One, une étude[94] montre que « le paysage agricole américain est aujourd'hui 48 fois plus toxique qu'il ne l'était il y a 25 ans pour les abeilles et probablement d'autres insectes. Cette toxicité accrue est presque entièrement liée à l'usage des pesticides néonicotinoïdes. Parallèlement à cette montée en flèche de la toxicité, les populations d'abeilles, de papillons, d'autres pollinisateurs et même d'oiseaux ont quant à elle enregistré un déclin »[95].
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En 2017, des chercheurs révèlent la disparition de 80 % des insectes volants en Allemagne en moins de trente ans, une situation qui est extrapolée à l’échelle de l’Europe[96]. En février 2019, des scientifiques publient dans Biological Conservation la synthèse de 73 études[97] : 40 % des populations d’insectes sont menacées d’extinction dans le monde, avec le risque d’un « effondrement catastrophique des écosystèmes naturels ». Les chercheurs considèrent l'agriculture conventionnelle, et ses pesticides, comme l'une des causes principales du déclin des insectes.
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Une étude américaine publiée en septembre 2018 montre les dégâts du glyphosate sur les abeilles : cet herbicide altère leur flore intestinale, barrière contre de nombreux pathogènes[98]. Elles se retrouvent ensuite plus vulnérables aux bactéries (les abeilles contaminées au glyphosate ont eu une mortalité de 80 % après avoir été exposées à la bactérie Serratia marcescens). Le chercheur Jean-Marc Bonmatin, du CNRS, spécialiste des abeilles, explique que : « plus il y a de pesticides, plus les abeilles sont sensibles aux pathogènes », du fait d’une « perturbation de leur biologie »[99].
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En cas de manque de pollinisateurs, plusieurs conséquences directes peuvent être répertoriées.
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Premièrement, le rendement des cultures destinées à notre régime alimentaire serait considérablement amoindri. On estime que la pollinisation par les insectes contribue au rendement de 75 % des grandes cultures[100][réf. à confirmer]. Ceci entrainerait une hausse des prix des fruits et légumes.
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Deuxièmement, le nombre d'apiculteurs professionnels chuterait ainsi que l'économie liée à la vente de produits de la ruche.
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Troisièmement, l'augmentation des prix des fruits et légumes due au manque de pollinisateurs pourrait accentuer la tendance à la sous-consommation de ces produits, particulièrement pour les groupes sociaux à bas-revenu[101].
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Une première évaluation (liste rouge) a été publiée en 2015[102], faite par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour une partie des 1 960 espèces d’abeilles sauvages recensées en Europe : 9,2 % des espèces sauvages étudiées sont en voie d’extinction selon l'UICN et 5,2 % le seront dans un avenir proche. Plus précisément, 7,7 % (150 espèces) sont en déclin certain, 12,6 % (244 espèces) semblent plus ou moins stables et 0,7 % (soit 13 espèces) seraient en augmentation[102].
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La situation est peut-être plus grave, car alors que des phénomènes de perte de compétence (orientation, capacité à se nourrir) est constatée chez certaines espèces à des échelles nationales[103], pour plus de 79 % des espèces, une tendance n'a pu être évaluée et pour 56,7 % des espèces, leur statut de menace n'a pu être évalué faute de données scientifiques[102]. De plus, ce déclin est associé à une forte chute de la diversité génétique pour les espèces en déclin, mais l'UICN signale aussi que ce déclin contribue à la crise de la biodiversité avec en Europe près de 30 % des espèces d’abeilles menacées (en danger critique, en danger, vulnérables) qui sont endémiques au continent européen ou à une partie de ce continent (l’Europe abrite 10 % des espèces d'abeilles connues dans le monde, sur 7 % des habitats terrestres mondiaux)[102]. Diverses plantes (sauvages ou cultivées) ne peuvent être pollinisées que par une ou quelques espèces d'abeilles « spécialistes »[104] ; leur régression entraine donc aussi une perte de diversité végétale. De plus, selon les données les plus récentes, ce sont les abeilles sauvages qui assurent maintenant la plus grande part de la pollinisation (autrefois attribuée à l'abeille domestique)[105].
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L’intensification de l'agriculture (avec ses effets collatéraux tels que l'augmentation de l'utilisation de pesticides, néonicotinoïdes notamment[106], le drainage, le recul des prairies permanentes et du bocage) est pointée comme première menace via la destruction et pollution des habitats des abeilles sauvages[107]. Même dans des pays à l'environnement considéré comme relativement préservé comme la Suède, un effondrement de certaines espèces (de bourdons par exemple)[108],[109], est constaté.
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Bien des insectes pollinisateurs, comme des papillons et des bourdons, subissent le même déclin.
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Dans le monde, diverses initiatives sont nées à différents niveaux de collectivités (du local à l'international). Des plans visent à protéger les abeilles, ou parfois plus largement les pollinisateurs sauvages.
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En Europe, la France a lancé en 2015 un projet Plan national d'actions (PNA) « pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages » dénommé « France, terre de pollinisateurs », qui comprend vingt actions pour cinq ans, dont l'une est que 20 % au moins du territoire soit concerné par des pratiques favorables aux pollinisateurs ; avec fauchage tardif et jachères fleuries sur les dépendances vertes des axes de transport ; une surface comparable à celle des parcs nationaux[110].
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La Wallonie en 2011 a produit un « Plan Maya »[111], intégré dans un projet plus général de renaturation « partout et par tous ».
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En juillet 2019, contre l’avis de ses propres experts et de la communauté scientifique, l'Union européenne renonce à agir en faveur de la protection des abeilles[83].
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La Belle et la Bête est un conte-type, identifiable dans le monde entier en dépit de variantes locales (numéro 425 C dans la classification Aarne-Thompson), contenant des thèmes ayant trait à l'amour et la rédemption.
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Une jeune femme prénommée Belle se sacrifie pour sauver son père, condamné à mort pour avoir cueilli une rose dans le domaine d'un terrible monstre. Contre toute attente, la Bête épargne Belle et lui permet de vivre dans son château. Elle s'aperçoit que, derrière les traits de l'animal, souffre un homme victime d'un sortilège. Le conte a fait l'objet de nombreuses adaptations au cinéma, au théâtre et à la télévision au cours du XXe siècle, notamment un long-métrage de Jean Cocteau et deux adaptations, l'une d'animation, l'autre en prise de vue réelle, par les studios Disney.
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L'une des versions les plus anciennes de ce conte est sans doute celle d'Apulée, Amour et Psyché (extrait de l’Âne d'Or ou Les Métamorphoses), qui date du IIe siècle. En 1550, Francesco Straparola en donna une version qu'il avait tirée du folklore italien et qu'il publia dans ses Nuits facétieuses (Le Roi Porc, deuxième nuit, 1er conte).
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Il apparut pour la première fois en France sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en 1740, dans un recueil de contes, La Jeune Américaine et les contes marins, publié anonymement, où différents passagers d'une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps[3]. Le conte y est raconté par la femme de chambre de l'héroïne.
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Il ne connut véritablement la célébrité que lorsqu'il fut abrégé et repris par Marie Le prince de Beaumont dans son manuel d'éducation Le Magasin des enfants en 1756. Cette dernière supprima, en particulier, toute la seconde partie, où Madame de Villeneuve relatait la querelle des fées expliquant l'origine royale de la Belle, mais ajoute un dialogue dans lequel la gouvernante Mlle Bonne débat avec ses élèves. C'est sur cette version que sont basées la plupart des adaptations ultérieures.
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Certains auteurs et experts ont suggéré que l'histoire de la Belle et la Bête pourrait être influencée par une histoire vraie. Ce serait l'histoire de Pedro Gonzales, né au XVIe siècle sur l'île de Tenerife (Espagne), qui a été portée à la cour du roi de France Henri II[1],[2]. Il souffrait d'hypertrichose, provoquant une croissance anormale des cheveux sur le visage et d'autres parties. À Paris, il a été accueilli sous la protection du roi et a épousé une belle femme parisienne nommée Catherine[1],[2].
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Le conte présente comme situation initiale un riche marchand et ses six enfants, trois fils et trois filles, dont la fille cadette est nommée Belle. Alors que ses deux grandes sœurs sont gâtées et capricieuses, n'ayant goût que pour le luxe et la richesse, Belle est douce, modeste et s’intéresse à la lecture. Elle entretient une relation très forte avec son père, au point de se sacrifier à sa place lorsque ce dernier se retrouve condamné à mort par la Bête pour avoir cueilli une rose. Belle part vivre chez la terrible Bête et découvre, au-delà de sa laideur, un être généreux qui ne demande qu'à aimer et se faire aimer en retour.
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« Vous m'apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l'image trompe, et nos sens et nos cœurs. Vous m'apprîtes encore à ne point suivre les mouvements de l'esprit et que le monde ne me serait donné qu'en pensant (…) Absenté de votre corps d'homme, vous l'exhibiez au gré des tableaux et des rêves afin que j'en recueillisse les images éparses. Prisonnière de votre palais et de sa cour assoupie d'un sommeil minéral, je régnais à mon insu sur votre vie, puisque j'en détenais les fragments jetés de part et d'autre du miroir et que mon amour seul pouvait en rassembler le sens[4]. »
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« Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre. Se retournant vers la Belle, il lui dit : Bonsoir, la Belle[4]. »
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Le rôle du monstre permet au héros ou à l’héroïne de maîtriser sa peur et d’exercer ses propres forces. Les angoisses de dévoration et de mort qui assaillent Belle face à la Bête sont autant d’aspects de l’ombre, dans la rencontre profonde de l’autre, et surtout avec le masculin dans l’intime de la sexualité[5]. Rapace, lion, sanglier ou chimère selon les versions, la Bête était autrefois un beau prince puni par une fée pour ses mauvaises actions. Terré dans son château fantastique, le malheureux monstre attend l'amour d'une femme pour être libéré du sortilège. Amour qui viendra en la personne de Belle.
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« [Ce conte] apprend aux enfants à distinguer la laideur morale de la laideur physique, à favoriser le rayonnement d’une intelligence, d’un cœur, d’une âme que rend timide un extérieur ingrat. […] Les deux sœurs de la Belle ont épousé deux gentilshommes dont l’un symbolise la beauté et l’autre l’intelligence ; ce n’est pas là le vrai fondement d’un amour solide, mais la bonté. Ainsi la Belle ne peut se défendre d’aimer la Bête à cause des attentions inlassables dont celle-ci l’entoure. Le don de soi est justifié par l’estime des bonnes qualités de la personne à laquelle on veut unir sa vie ; ainsi les jeunes filles apprennent l’usage du véritable amour. La Belle, voyant à quelle extrémité elle réduit par ses refus la pauvre Bête, passe sous l’impulsion de la compassion unie à l’estime, de l’amitié à l’amour. Des sentiments purs, estime, délicatesse, élégance morale, reconnaissance en sont les motifs. On trouve ici la justification des mariages fréquents à cette époque, entre hommes mûrs, souvent veufs, et filles très jeunes. Il ne restait à ces maris âgés qu’à entourer leur jeune épouse de tous les égards, et aux jeunes femmes à respecter la situation mondaine et la valeur des quadragénaires. »
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— Marie-Antoinette Reynaud, Madame Leprince de Beaumont, vie et œuvre d'une éducatrice (1971)[6].
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Le Nouveau Testament (en grec ancien : Ἡ Καινὴ Διαθήκη / Hê Kainề Diathếkê) est l'ensemble des écrits relatifs à la vie de Jésus et à l'enseignement de ses premiers disciples qui ont été reconnus comme « canoniques » par les autorités chrétiennes au terme d'un processus de plusieurs siècles. La liste des textes retenus par l'Église pour former le Nouveau Testament a été fixée en 363 lors du Concile de Laodicée ; cependant, elle ne comprenait pas encore le texte de l'Apocalypse.
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Le mot « testament » vient du latin testamentum, « testament, témoignage », lui-même issu du grec διαθήκη (diathếkê), « testament, contrat, convention ». Le mot grec a un sens plus large que le mot latin, puisqu'il comporte la notion de contrat. Aussi certains préfèrent-ils le traduire par « alliance ».
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Pour le christianisme, la Bible se compose de l'Ancien Testament (c'est-à-dire la Bible hébraïque) et du Nouveau Testament.
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Le Nouveau Testament comprend, selon l'ordre du canon occidental :
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Le canon se clôt à 27 livres par décision de l'Église au Concile de Rome en 382[1]. Le canon a été confirmé aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Jusqu'aux dernières années du IVe siècle, il exclut l'épître aux Hébreux. Cette question n'est pas traitée dans les conciles œcuméniques de la fin du siècle. En dépit des décrets de Gélase, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu'au milieu du Moyen Âge (XIIIe siècle).
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Certaines Églises orthodoxes n'ont pas inclue le livre Apocalypse dans leur canon[2].
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Le classement des livres du Nouveau Testament n'est pas chronologique selon leur date d'écriture — qui n'est d'ailleurs pas connue avec précision (en raison du problème synoptique) — mais répond à une progression logique[3] :
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Les Évangiles synoptiques sont les trois premiers Évangiles : selon Matthieu (Mt), selon Marc (Mc) et selon Luc (Lc). Mt et Lc ont en commun une grande partie de leurs récits et ont été vraisemblablement écrits à partir de deux sources communes : l'Évangile selon Marc et la source Q[4].
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L'Évangile selon Matthieu (Τὸ κατὰ Ματθαῖον εὐαγγέλιον) est le premier des quatre Évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament[5]. Il est attribué par la tradition chrétienne à l'apôtre Matthieu, collecteur d'impôt devenu disciple de Jésus-Christ, mais cette attribution n'est pas reconnue par les historiens. En tout état de cause, ce texte date des années 70-80 ou 75-90, selon les chercheurs, et semble provenir d'Antioche, où vivait l'une des toutes premières communautés chrétiennes.
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Ce premier évangile s'adresse avant tout aux Juifs pour leur démontrer à l'aide de l'Ancien Testament que Jésus-Christ est réellement le Fils de Dieu et l'Emmanuel (« Dieu avec nous ») depuis le début, le fils de David, l'héritier de tous les rois d'Israël et le Messie qu'ils espéraient. Dès l'entrée, Jésus est présenté comme Sauveur (cf. Mt 1,21), Emmanuel (1,23), roi (2,2), Messie ou Christ (2,4), Fils de Dieu (2,15), en accomplissement de toutes les prophéties.
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Le nom de fils de David, qui lui est associé et qui revient en dix occurrences[6], présente Jésus comme le nouveau Salomon : en effet, Jésus s'exprime comme la Sagesse incarnée. En vertu du titre de Fils de l'homme, qui parcourt l'évangile, et qui provient du prophète Daniel et du Livre d'Hénoch, Jésus se voit doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre.
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L'Évangile selon Marc (Τὸ κατὰ Μάρκον εὐαγγέλιον) est le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques et aussi le plus bref[7]. Il est probablement le plus ancien, avec une date de rédaction située en 65-70 ou 65-75 selon les chercheurs.
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Sa rédaction est attribuée à Marc, identifié par la tradition chrétienne au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, que l'on connaît par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Pour les historiens, le personnage de Marc est plus difficile à cerner.
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L'Évangile selon Luc (Τὸ κατὰ Λουκᾶν εὐαγγέλιον) a pour auteur Luc (médecin et selon la tradition chrétienne, compagnon de Paul)[8]. C'est le plus long des quatre Évangiles retenus dans le Nouveau Testament. Il raconte la vie du Christ, même s'il ne l'a pas connu personnellement.
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Luc a composé également les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile et narrent les débuts de l'Église chrétienne[9]. Les deux livres sont dédiés à « Théophile » (« ami de Dieu »), personnage réel ou fictif, figure de tous les « amis de Dieu ». Le fait que Luc soit l'auteur de ces deux textes est généralement admis par les historiens, non pas en raison de la dédicace commune ni même parce que le livre des Actes se présente comme la suite de l'évangile lucanien, mais parce que leurs styles littéraires sont identiques. Ainsi Raymond E. Brown écrit-il que l'Évangile selon Luc « se continue par le livre des Actes »[9] pendant que Daniel Marguerat voit dans ces deux livres un « ensemble littéraire à deux volets, dont l'homogénéité littéraire est avérée »[10].
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Les deux ouvrages furent rédigés probablement dans les années 80-90.
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L’Évangile selon Jean (en grec Τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, To kata Iōánnēn euangélion) est le dernier des quatre évangiles du Nouveau Testament. Il a été attribué à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean de Zébédée. Cette attribution a été rejetée par des historiens, pour lesquels ce texte provient d'une communauté johannique et date de la fin du Ier siècle. L'attribution de l'évangile à un Jean le Presbytre, distinct du fils de Zébédée, a été défendue par plusieurs exégètes comme Jean Colson[11], Oscar Cullmann[12], François Le Quéré[13], Joseph A. Grassi[14], James H. Charlesworth[15], Xavier Léon-Dufour[16]. Il n'en reste pas moins que les chercheurs s'accordent à voir dans ce texte le plus tardif des quatre évangiles canoniques, daté selon toute vraisemblance des années 90-95.
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Cet évangile se démarque des trois autres par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources[17].
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Dans la doctrine trinitaire, l'Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce la divinité de Jésus[18].
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Le récit des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, est la seconde partie de l’œuvre dédicacée à Théophile et attribuée à Luc, la première partie étant l'Évangile selon Luc[19]. Le récit débute avec l'Ascension suivie de la Pentecôte et relate les débuts de l'Église primitive qui se constitua autour des Apôtres à Jérusalem et se répandit ensuite en Judée, Galilée et Samarie et dans les communautés juives de la diaspora, avant de se séparer d'elles.
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Parmi les Épîtres de Paul, 13 sont explicitement attribuées à Paul (l'Épître aux Hébreux étant anonyme)[20]:
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Seules 7 d'entre elles sont jugées authentiques par la majorité des historiens : Rm, 1 Co, 2 Co, Ga, Ph, 1 Th et Phm. On les appelle « épîtres proto-pauliniennes »[21].
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Les autres sont les 3 « épîtres deutéro-pauliniennes », écrites par des disciples proches de Paul (Ép, Col et 2 Th), et enfin les 3 « épîtres trito-pauliniennes » ou « pastorales », dues à des disciples plus tardifs (1 Tm, 2 Tm et Tt)[21],[22].
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On peut grouper ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles ont probablement été écrites :
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D'après un passage de l'Épître aux Romains, les lettres auraient été dictées à un secrétaire[23].
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Les Épîtres universelles ou Épîtres catholiques viennent immédiatement après les Épîtres de Paul. Ce sont une épître de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean et une de Jude[24]. On les appelle universelles ou catholiques car elles étaient adressées à un public plus large que celui des épîtres de Paul, c'est-à-dire à l'Église entière ou universelle au lieu d'une église purement locale comme celle d'Éphèse ou de Corinthe. Les Épîtres catholiques font partie du canon protestant aussi bien que de celui des Églises catholique et orthodoxe.
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L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore livre de la Révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique[25].
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L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle[26] par un auteur nommé Jean, censé résider à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre.
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Le mot « testament » vient du latin testamentum, « testament, témoignage », lui-même issu du grec διαθήκη (diathếkê), « testament, contrat, convention ». Le mot grec a un sens plus large que le mot latin, puisqu'il comporte la notion de contrat. Aussi certains préfèrent-ils le traduire par « alliance ».
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Pour le christianisme, la Bible se compose de l'Ancien Testament (c'est-à-dire la Bible hébraïque) et du Nouveau Testament.
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Le canon se clôt à 27 livres par décision de l'Église au Concile de Rome en 382[1]. Le canon a été confirmé aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Jusqu'aux dernières années du IVe siècle, il exclut l'épître aux Hébreux. Cette question n'est pas traitée dans les conciles œcuméniques de la fin du siècle. En dépit des décrets de Gélase, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu'au milieu du Moyen Âge (XIIIe siècle).
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Certaines Églises orthodoxes n'ont pas inclue le livre Apocalypse dans leur canon[2].
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Les Évangiles synoptiques sont les trois premiers Évangiles : selon Matthieu (Mt), selon Marc (Mc) et selon Luc (Lc). Mt et Lc ont en commun une grande partie de leurs récits et ont été vraisemblablement écrits à partir de deux sources communes : l'Évangile selon Marc et la source Q[4].
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Ce premier évangile s'adresse avant tout aux Juifs pour leur démontrer à l'aide de l'Ancien Testament que Jésus-Christ est réellement le Fils de Dieu et l'Emmanuel (« Dieu avec nous ») depuis le début, le fils de David, l'héritier de tous les rois d'Israël et le Messie qu'ils espéraient. Dès l'entrée, Jésus est présenté comme Sauveur (cf. Mt 1,21), Emmanuel (1,23), roi (2,2), Messie ou Christ (2,4), Fils de Dieu (2,15), en accomplissement de toutes les prophéties.
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Le nom de fils de David, qui lui est associé et qui revient en dix occurrences[6], présente Jésus comme le nouveau Salomon : en effet, Jésus s'exprime comme la Sagesse incarnée. En vertu du titre de Fils de l'homme, qui parcourt l'évangile, et qui provient du prophète Daniel et du Livre d'Hénoch, Jésus se voit doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre.
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L'Évangile selon Marc (Τὸ κατὰ Μάρκον εὐαγγέλιον) est le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques et aussi le plus bref[7]. Il est probablement le plus ancien, avec une date de rédaction située en 65-70 ou 65-75 selon les chercheurs.
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Sa rédaction est attribuée à Marc, identifié par la tradition chrétienne au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, que l'on connaît par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Pour les historiens, le personnage de Marc est plus difficile à cerner.
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L'Évangile selon Luc (Τὸ κατὰ Λουκᾶν εὐαγγέλιον) a pour auteur Luc (médecin et selon la tradition chrétienne, compagnon de Paul)[8]. C'est le plus long des quatre Évangiles retenus dans le Nouveau Testament. Il raconte la vie du Christ, même s'il ne l'a pas connu personnellement.
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Luc a composé également les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile et narrent les débuts de l'Église chrétienne[9]. Les deux livres sont dédiés à « Théophile » (« ami de Dieu »), personnage réel ou fictif, figure de tous les « amis de Dieu ». Le fait que Luc soit l'auteur de ces deux textes est généralement admis par les historiens, non pas en raison de la dédicace commune ni même parce que le livre des Actes se présente comme la suite de l'évangile lucanien, mais parce que leurs styles littéraires sont identiques. Ainsi Raymond E. Brown écrit-il que l'Évangile selon Luc « se continue par le livre des Actes »[9] pendant que Daniel Marguerat voit dans ces deux livres un « ensemble littéraire à deux volets, dont l'homogénéité littéraire est avérée »[10].
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D'après un passage de l'Épître aux Romains, les lettres auraient été dictées à un secrétaire[23].
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L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle[26] par un auteur nommé Jean, censé résider à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre.
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30 juin Commémoraison de saint Paul (calendrier traditionnel) 18 novembre (Fête de la dédication des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul)
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Paul de Tarse ou saint Paul ([pɔl]), portant aussi le nom juif de Saul ([sol], hébreu : שאול - Šā’ûl qui signifie « demandé [à Dieu] »[1] et qui se prononce [ʃaul] en hébreu) (né vers 8, probablement à Tarse en Cilicie au début du Ier siècle et mort vers 64 à Rome), est un apôtre de Jésus-Christ, qui ne fait pas partie des « Douze ». Il est citoyen romain de naissance et juif pharisien. Le Nouveau Testament le présente comme un persécuteur des disciples de Jésus jusqu'à sa rencontre mystique avec le Christ, vers 32-36[2], mais l'historicité de ces persécutions fait débat dans la recherche moderne, tout comme l'emploi du terme de « conversion » à son propos.
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Au cours des années 40, Paul fonde plusieurs Églises dans le territoire de la Turquie actuelle, et effectue un deuxième voyage missionnaire en Asie Mineure et en Grèce. Dans les années 50 et 60, tout en poursuivant sa mission itinérante, il adresse un certain nombre de lettres à ces nouvelles Églises.
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Ces lettres, dites « épîtres pauliniennes », sont les documents les plus anciens du christianisme. Elles représentent l'un des fondements de la théologie chrétienne, en particulier dans le domaine de la christologie, mais aussi, d'un point de vue historique, une source majeure sur les origines du christianisme.
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La biographie de Paul repose uniquement sur deux types de sources : « ses treize lettres (dont sept sont admises comme authentiques par la presque totalité des commentateurs), et les Actes des Apôtres de Luc, dont la deuxième partie est presque tout entière un récit de la vie missionnaire de Paul jusqu'à son arrivée à Rome[3] ».
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Cependant, il arrive que certaines données des Actes ne se concilient pas avec les informations puisées dans les lettres. Les historiens considèrent celles-ci comme la source la plus fiable : « On sait mieux aujourd'hui que Luc, aussi bien dans son premier que dans son deuxième livre [des Actes], était d'abord un théologien du Fils de Dieu et de son Église, et que ses relations avec les « faits historiques » n'étaient pas aussi naïves qu'on le croyait[3]. »
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Selon les écrits de Paul lui-même, on peut savoir qu'il est issu d'une famille juive et qu'il peut tracer son ascendance généalogique à la tribu de Benjamin[4], comme on peut lire dans les passages suivants : « moi, circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d'Hébreux [...][p 1], » « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin[p 2]. » et « Sont-ils Hébreux ? Moi aussi. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d'Abraham ? Moi aussi[p 3]. » De plus, selon Luc, il provient de Tarse en Cilicie, une région située dans la partie méridionale de l'actuelle Turquie, comme on peut le lire dans les passages suivants[5] : « Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans importance. [...][p 4] » et « Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie [...][p 5] ». Selon saint Jérôme, il serait plutôt né à Giscala en Galilée et sa famille aurait été déportée à Tarse alors qu'il était encore un enfant[5],[6].
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La date de naissance de Paul est inconnue, mais il est possible de déterminer qu'il est probablement venu au monde juste avant ou juste après le début du Ier siècle[7].
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Paul aurait été instruit à un jeune âge à Jérusalem pour y apprendre la loi par Gamaliel[6]. Il le mentionne lui-même en disant : « Je suis juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui[p 5]. »
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Paul fit preuve d'un zèle profond pour sa religion, le judaïsme enseigné selon la tradition des pharisiens, et fut un persécuteur des premiers disciples de Jésus-Christ. Selon les Actes des Apôtres, il participa à la lapidation de saint Étienne[p 6].
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La conversion de Paul a eu lieu entre 31 et 36[8],[9],[10]. Selon les Actes des Apôtres, celle-ci s'est produite au cours d'un voyage pour se rendre à Damas lorsque celui-ci rencontra Jésus-Christ ressuscité. En effet, ceux-ci rapportent que « [Paul] tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons[p 7]. » Paul sortit de cette rencontre profondément bouleversé et définitivement persuadé que celui qu'il persécutait était le seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Selon les Actes des Apôtres, suite à ce bouleversement, il perdit la vue pendant trois jours[p 8]. À la suite de ces trois jours, il fut baptisé au nom du Christ par Ananie de Damas lorsque ce dernier « [...] imposa [ses] mains à Saul, en disant : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu venais, m'a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint Esprit[p 9]. » Immédiatement après cela, « [...] il recouvra la vue. Il se leva, et fut baptisé[p 10]. »
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Sa fonction d'apôtre est confirmée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement (Jacques le Juste, saint Pierre et saint Jean) (Galates 2, 7:9) « 2.7 Au contraire, voyant que l'Évangile m'avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, 2.8 car celui qui a fait de Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens, 2.9 et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main d'association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis. 2.10 Ils nous recommandèrent seulement de nous souvenir des pauvres, ce que j'ai bien eu soin de faire », il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus (1 Co 15,8).
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Il fut l'apôtre qui favorisa activement, sans en être cependant l'initiateur, l'« ouverture vers les gentils » de l'Église naissante. À cette époque, l'enseignement du messie s'adressait principalement aux Juifs que l'on cherchait à convertir. Pour les premiers chrétiens, juifs d'origine, cet enseignement ne remettait pas en question la loi de Moïse. Ainsi, les incirconcis demeuraient des personnes peu fréquentables, auxquelles le message du Christ ne semblait pas destiné. Paul, à la suite de Barnabé, alla prêcher chez eux. Selon Luc, au Concile de Jérusalem, il réussit à convaincre les autres chefs des premières communautés chrétiennes que l'on pouvait être baptisé sans avoir été au préalable circoncis (Ac 21, 18), développant ainsi l'adresse universelle du message chrétien. Les tensions persistèrent avec le courant mené par Jacques (Ga 2, 11s). Paul, grand voyageur, a fondé et soutenu des Églises dans tout l'est du bassin méditerranéen, plus particulièrement en Asie Mineure. Quand il ne leur rendait pas visite personnellement, il communiquait avec eux par lettres (épîtres).
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Son engagement auprès des gentils et ses convictions religieuses lui attirèrent l'inimitié de certains juifs. Il fut arrêté à Jérusalem et manqua d'être lapidé. Arrêté par les Romains, il argua de sa citoyenneté romaine, affirmant Civis romanus sum (« je suis citoyen romain ») pour être jugé non par le Sanhédrin mais par le gouverneur, qui le fit emprisonner durant deux ans à Césarée. Puis, à sa propre demande, il fut conduit à Rome pour comparaître devant l'empereur. Une tempête le détourna vers Malte, où il resta quelques mois. Il s'installa ensuite à Rome, d'abord en liberté surveillée puis complètement libre. Il y mourut décapité (en tant que citoyen romain), probablement en 67[11], à la suite de l'incendie de Rome (64), et après un procès probable sous le règne de Néron :
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Paul de Tarse, envoyé à Damas pour persécuter les premiers chrétiens, dit avoir eu une apparition du Christ. Selon les Écritures il eut la révélation de la foi sur le chemin de Damas (Ac 9,3-18). Les chrétiens le connaîtront surtout sous son nom romain de Paul, « Apôtre des Nations ». L'épisode, rapporté dans les Actes des Apôtres, symbolise, depuis, tout lieu où un retournement subit de convictions permet l'accès à la religion. Il s'agit plus d'une rencontre intime avec le Christ. Le terme de conversion, Paul l'utilisera pour les païens qui se convertissent au christianisme.
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Après sa conversion, Paul séjourne quelque temps à Damas, puis en Arabie, ensuite à Jérusalem, Tarse, avant d'être invité par Barnabé à Antioche. C'est de cette ville qu'il partira pour ses voyages missionnaires. On peut raisonnablement dater ses voyages dans un intervalle de quelques années de 45 à 58 environ[p 11].
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C'est un voyage aller-retour qu'il effectue en compagnie de Barnabé et de Jean Marc (cousin de Barnabé). Il visite Chypre (Paphos), la Pamphylie (Pergé) et prêche autour d'Antioche de Pisidie. Paul et Barnabé cherchent à convertir des Juifs, prêchent dans les synagogues, sont souvent mal reçus et obligés de partir précipitamment – à cause de leur annonce du salut et de la résurrection en Jésus (Actes 13:15-41) mais pas forcément mal reçus (Actes 13:42-49). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche.
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La réunion de Jérusalem et le conflit d'Antioche — que l'on date généralement autour de l’année 50[a] et dont l'ordre de déroulement lui-même fait l’objet de débats[14] — sont les deux premiers épisodes attestés d'un profond différend qui s'est développé à l'intérieur même du mouvement des disciples de Jésus. Il va opposer, de manière parfois très vive et durant plus d'une décennie, Paul représentant les chrétiens d'origine grecque, à Pierre et Jacques représentant les chrétiens d'origine judéenne[12].
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De manière plus générale, ces événements — avec d'autres péripéties conservées dans certaines lettres de Paul[p 12], citées par Mimouni[15]. — ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales : les « pauliniens », d'une part, qui soulignent la valeur de la croyance dans le Messie et les « jacobiens » et « pétriniens », d'autre part, qui maximalisent la portée de l'observance de la Torah[16] : en d'autres termes, est-ce que le salut s'obtient par la croyance au Messie ou par l’observance de la Torah[17] ? Les premiers sont à l’origine du courant rétrospectivement appelé « pagano-christianisme » et les seconds à celui nommé « judéo-christianisme »[18].
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Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d'Éphèse, dans les années 54-55[19], alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d'une trentaine d'années après les faits.
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Les débats que soulèvent ces événements ne sont pas doctrinaux ni liés à la théologie de Paul — qui semble se développer ultérieurement — mais d'ordre rituel[12] et consécutifs à un phénomène nouveau, l'apparition d'adeptes non juifs au sein du mouvement de Jésus, Grecs issus du paganisme. L'observance des règles prescrites dans la Torah par ces chrétiens d'origine polythéiste — par exemple la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l'époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine[b] — est devenue une question épineuse.
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Lors de la réunion de Jérusalem, l'observance de la Torah par les chrétiens d'origine polythéiste est examinée[19] et la question de la circoncision y est notamment soulevée par des pharisiens devenus chrétiens. Examinée par les apôtres et les presbytres (« anciens ») en présence de la communauté, elle est arbitrée par Pierre qui adopte le principe suivant, accepté par Jacques, l’autre dirigeant de la communauté hiérosolymitaine : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il n'y a plus de raison de leur imposer le « joug » de la Torah[20].
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Toutefois, Jacques reste inquiet par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les « communautés mixtes »[19] qui réunissent les chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne[c] : les premiers ne doivent pas avoir à craindre de souillure à la fréquentation des seconds qui doivent observer un minimum de préceptes qui sont communiqués par une lettre à destination de ces derniers, connue sous le nom de « décret apostolique »[21]. Mais il n'y est plus question de la circoncision, pourtant à l’origine du débat[17].
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La réunion de Jérusalem n'a pas réglé le problème de la coexistence de chrétiens de divers courants et origines culturels, notamment au moment des banquets cérémoniels, le partage eucharistique[22]. C'est à la même époque que prend place un épisode de tension entre Paul et Pierre, connu sous le nom de « conflit » ou « rupture » d'Antioche, au terme duquel Paul quitte Antioche, dans ce qui s'apparente à un exil d'une communauté qu'il a contribué à fonder[23].
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Après la réunion de Jérusalem, les Actes des Apôtres[p 13] mentionnent la lettre écrite par les apôtres Jacques, Pierre et Jean avec les anciens de la communauté de Jérusalem est envoyée aux communautés d'Antioche, de Syrie et de Cilicie - zone de mission confiée à Paul et Barnabé - et probablement portée par ceux qu'une épître de Paul appelle les « envoyés (apostoloi, apôtres) de Jacques »[24]. On ne sait toutefois pas si ce document, qui soulève de nombreuses questions d'ordre littéraire et historique[21], est à l'origine du différend ou s'il a été rédigé pour apaiser les esprits après l’incident[22].
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Il y est demandé aux destinataires d'observer un compromis défini par Jacques. Cette lettre contient probablement les quatre clauses que la tradition chrétienne appelle « décret apostolique »[21], et dont voici l'une des versions :
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« L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu[p 14]. »
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À la lumière d'une lettre de Paul[24], il est possible que l'observance de ces quatre clauses ait visé à résoudre l’épineux problème de la communauté de table entre les disciples d'origine juives et d'origine païenne[21], même s'il n'en est fait aucune mention dans le décret tel qu'il a été conservé[d].
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En tout état de cause, la venue des « envoyés de Jacques » à Antioche, avec probablement des directives orales, semble avoir provoqué un bouleversement dans les habitudes des communautés chrétiennes de la ville où les judéo-chrétiens et les « pagano-chrétiens » avaient pris l'habitude de prendre les repas symbolisant l'eucharistie en commun[25]. Ce à quoi la venue des émissaires de Jacques, muni de ses directives, semble avoir voulu mettre un terme. Cela ne se passe pas sans émoi et Paul prend vertement[26] à partie l'apôtre Pierre[27] qui, alors qu'il partageait jusque-là les repas en compagnie des « paganos-chrétiens », se tient à l'écart de ceux-ci consécutivement au passage des envoyés de Jérusalem[25], se voyant alors reprocher son hypocrisie[26].
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C'est peut-être l'attitude tranchante de Paul dans certaines de ses lettres à la suite de ces événements — et d'autres dans ses missions ultérieures — qui a fourni au « parti des circoncis »[25], insatisfait de l’arbitrage de Jérusalem et n’ayant pas renoncé à imposer l’observance de la Torah pour le salut des fidèles[28], une raison de considérer ce dernier comme rompu par lui, initiant contre Paul, lors de sa visite à Jérusalem de 58, un cycle de procès et d'incarcérations qui le mèneront, si l'on suit les Actes[29] — de Jérusalem à Rome[30].
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Paul effectue ce deuxième voyage en compagnie de Silas.
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Son premier objectif est de rencontrer à nouveau les communautés qui se sont créées en Cilicie et Pisidie.
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À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux.
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Ils parcourent la Phrygie, la Galatie, la Mysie. À Troie, ils s'embarquent pour la Macédoine. Paul séjourne quelque temps à Athènes puis à Corinthe où il rencontre le proconsul Gallion.
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Il retourne ensuite à Antioche en passant par Éphèse et Césarée.
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C'est un voyage de consolidation : Paul retourne voir les communautés qui se sont créées en Galatie, Phrygie, à Éphèse, en Macédoine jusqu'à Corinthe. Puis il retourne à Troie en passant par la Macédoine. De là, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu'à Tyr, Césarée et Jérusalem où il est arrêté.
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Dans les Actes des Apôtres[p 15], il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58[31], Paul a été accueilli très chaleureusement par Jacques le Juste[30], le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens (Actes 21:17-26). Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives[30]. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi[30], il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres hommes qui ont fait le même vœu. Puis, ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'aurait pas remplies[30].
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Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[p 16],[32]. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée »[32] puis plus tard à Rome[32]. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[32], probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains »[32].
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Paul comparait devant le procurateur Antonius Felix[33], alors que le grand-prêtre Ananie[34], soutient l'accusation contre lui[31]. L'orateur Tertullus l'accuse alors d'être un chef de la « secte » des Nazôréens et de « susciter des séditions chez tous les Juifs de la terre habitée »[p 17]. Toutefois, Felix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée[33]. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus le successeur de Felix, organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[33].
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Selon le récit des Actes des Apôtres cité par Schwentzel, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de Paul à Césarée. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus[p 18],[35] (procurateur de Judée de 60 à 62[36]). »
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Ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, Paul est renvoyé à Rome pour y être jugé[p 19].
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Pendant le voyage de Césarée à Rome, l'action d'évangélisation de Paul — dont les gardiens semblent complaisants — se poursuit (Actes 28, 30-31). C'est au cours de ce voyage qu'il fait naufrage à Malte « où les habitants lui témoignent une humanité peu ordinaire » (Actes 28:1-2). Après il débarque à Pouzzoles où il est reçu par une petite communauté chrétienne (Actes 28:13-14). Il serait arrivé à Rome vers 60. On aurait permis à Paul de vivre dans une maison privée sous la garde d’un soldat, avec l'assistance de l'esclave Onésime (Phil 8-19). D’après une ancienne tradition, l’Apôtre vécut dans une maison louée près du méandre du Tibre, sur sa rive gauche, à la hauteur de l’Île Tibérine, zone très peuplée où il y avait de nombreux Juifs. Des fouilles archéologiques ont permis d’identifier qu’ils étaient tanneurs, pour la plupart. Ce logement se situerait à l'emplacement de l’église San Paolo alla Regola, la seule se trouvant à l’intérieur du Mur d'Aurélien qui soit dédiée à l’apôtre. La présence d’un silo spacieux, évoqué dans des documents du IIe siècle décrivant la demeure de Paul, explique que, dès son arrivée dans la ville, l'apôtre ait pu convoquer chez lui un grand nombre de juifs qui vivaient à Rome pour leur annoncer le royaume de Dieu.
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La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Ainsi, ni le martyre de Jacques le Juste (62), ni celui des deux héros des Actes — Pierre et Paul — ne sont racontés. Par contre, plusieurs sources évoquent sa mission à Éphèse vers 65 et une deuxième arrestation le conduisant à nouveau à Rome[37],[38].
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Selon Eusèbe de Césarée, « après avoir plaidé sa cause, l'apôtre repartit de Rome, de nouveau, dit-on, pour le ministère de la prédication[p 20] » : Marie-Françoise Baslez estime « vraisemblable » la mission en Espagne, que Clément de Rome évoque dans son épître à la fin du Ier siècle[40]. « Les Actes de Pierre, biographie romancée composée vers 180, affirment la réalité du voyage espagnol et l’interprètent comme une nouvelle étape dans l'évangélisation du monde païen[40]. » Selon les Actes de Pierre, « pour accomplir cette tâche ses fidèles de Rome lui donne un an »[p 21],[42].
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Sans préjuger de leur authenticité, la lettre à Tite ainsi que les deux adressées à Timothée situent les dernières années de Paul dans la province romaine d'Asie[42]. Elles sont écrites par des contemporains de Paul et « les indications de personnes et de lieux, dépourvues de significations particulières, ont toutes chances d'avoir un caractère historique[42]. » Paul arrive à Éphèse vers 65, « alors que le groupe chrétien de la ville est en crise[38]. » Il oblige Timothée à lui céder sa place à la tête de la communauté des chrétiens, « mais face aux difficultés que lui font ses opposants, il se retire à Milet et demande à Tychique de lui succéder[38]. »
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Durant deux années, Éphèse constitue la base de la mission de Paul en direction des « Juifs et des Grecs » de la province romaine d'Asie[38]. C'est à cette communauté que Paul adresse son épître aux Éphésiens, — dont l'authenticité est discutée[38].
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Paul est arrêté dans la province d'Asie[43]. Cette fois encore, l'accusation de subversion motive son arrestation[44].
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Plusieurs passages des épîtres pauliniennes laissent entendre que l'apôtre souffrait d'une maladie chronique potentiellement mortelle. Lorsqu’il aborde cette question, Paul en parle comme d’une
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« écharde » enfoncée dans sa chair. Le mot grec qu'il utilise, skolops, désigne littéralement un « pieu » ou un « pal ». Plusieurs pathologies ont été suggérées : ophtalmie purulente, épilepsie, thalassémie, paludisme. Plusieurs chercheurs se sont prononcés en faveur de cette dernière hypothèse dont l’archéologue écossais William Mitchell Ramsay, le père Ernest-Bernard Allo et l'historien Thierry Murcia[45]. Le paludisme était, tout comme aujourd'hui, la maladie la plus répandue dans l'Antiquité et les crises paludéennes, dont on ignorait l'origine, étaient alors fréquemment attribuées à l'action d'un démon. Thierry Murcia précise :
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Traditionnellement, la mort de Paul est associée à la répression collective des chrétiens de Rome, accusés d'avoir incendié la ville en 64. Il n'existe cependant aucune source qui établisse un lien entre cette répression et la condamnation de Paul[47]. En outre, la Première épître de Clément (5,7 et 6,1) « distingue clairement le martyre de l'apôtre et la persécution de 64[48] ». Les plus anciennes indications chronologiques au sujet de sa mort datent du IVe siècle et font référence aux années 67-68[47]. Pour M.-F. Baslez « les Actes du martyre de Paul, tel que le souvenir s'en conserva dans la province romaine d'Asie jusqu'au IIe siècle, situent l'événement dans le même contexte que la lettre aux Philippiens et que la Deuxième épître à Timothée[49]. » Paul aurait donc continué ses activités missionnaires après avoir été relâché, avant d’être de nouveau arrêté et ramené à Rome pour y être jugé.
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Après sa condamnation, Paul est conduit à la sortie de Rome, sur la Via Ostiense, pour y être décapité[49]. Outre Luc et Tite, il aurait été entouré par des convertis issus de la maison impériale[49]. La tradition orale des chrétiens de Rome indique qu'il se tourna vers l'orient pour prier longuement. « Il termina sa prière en hébreu pour être en communion avec les Patriarches. Puis il tendit son cou, sans plus prononcer un mot[p 22],[49]. »
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Plusieurs aspects de la vie de Paul demeurent mal expliqués : sa double appartenance juive et romaine, sa conversion radicale, ses contacts avec les autorités romaines. Quant à sa citoyenneté romaine réelle ou supposée, elle embarrasse de nombreux historiens. Toutefois les recherches modernes montrent que bien des citoyens de son époque disposaient d'une tribu (inscription électorale), nécessairement romaine, et d'une origo, une cité d'origine (père, grand-père, etc.) pérégrine ou même étrangère de droit à l'empire. Voltaire ignorait manifestement cette situation.
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Paul indique que la citoyenneté romaine lui vient de son père. Celui-ci ou un de ses ancêtres, aurait-il bénéficié de cette citoyenneté sur décision impériale ? C'est peu probable si l'on se fie à une inscription datant de l'époque d'Auguste trouvée à Pergame, en Asie mineure, où l'on ne compte aucun citoyen romain parmi les notables, tandis que des octrois de citoyenneté romaine à des magistrats de haut rang sont attestés aux époques plus tardives de Trajan et d'Hadrien[50]. La présence de Juifs citoyens romains à Éphèse en 48 av. J.-C. ainsi qu'à Sardes et Délos est cependant mentionnée par Flavius Josèphe[51].
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L'information donnée par Jérôme de Stridon (qui la tiendrait d'Origène), selon laquelle la famille de Paul était originaire de Galilée, déplacée à Tarse à la suite d'exactions commises par les armées romaines dans la province de Judée (en 4 avant l'ère chrétienne, ou 6 après l'e.c.), « cette version des faits permet d'accorder une certaine confiance à quelques données jusque-là difficiles à expliquer », écrit Michel Trimaille. La revendication de Paul d'être « hébreu, fils d'Hébreux » (Philippiens, 3, 5 ; 2e lettre aux Corinthiens, 11, 22), suppose, avec la Judée, des relations plus étroites que celles d'un quelconque Juif de la Diaspora. « Si la famille de Paul a été déportée depuis une génération seulement, il n'est pas étonnant que dans sa famille, on n'ait pas oublié l'appartenance à la tribu de Benjamin (Philippiens 3, 5), alors que la plupart des Juifs des anciennes diasporas avaient perdu la mémoire de leurs racines tribales. Ses anciennes études à Jérusalem (Actes, 22, 3) deviennent plus vraisemblables[52] ».
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Selon Michel Trimaille encore, la citoyenneté romaine de Paul peut être mise en doute : en effet, même si elle « n'imposait pas d'obligations inconciliables avec la foi juive », elle impliquait malgré tout « la reconnaissance d'institutions, y compris culturelles et religieuses, difficilement acceptable pour un pharisien strict. On peut considérer que Luc [qui présente Paul comme citoyen romain dans les Actes des Apôtres] a vu là une simple manière de situer son héros au sommet de la hiérarchie sociale ». Dans les Actes des Apôtres, l'apôtre Paul affirme qu'il est citoyen romain par naissance[53] ce qui s'explique si l'apôtre Paul appartient à la famille hérodienne [54].
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Paul connaissait l'araméen et l'hébreu. Sa langue maternelle est le grec de la koinè[55], et c'est dans la traduction des Septante qu'il lit la Bible. Il ajoute à son nom hébraïque, Saül, le cognomen romain de Paulus. Les études récentes ont fait apparaître une maîtrise de la diatribe grecque[56], ce qui suppose une éducation sérieuse à Tarse. Il était de famille apparemment aisée, puisqu'elle possédait le droit de cité romain, ce qui ne l'a pas empêché, selon une pratique assez courante à l'époque dans les familles juives, et en particulier parmi les rabbins, d'apprendre un métier manuel : les Actes nous apprennent qu'il fabriquait des tentes, c'est-à-dire qu'il était probablement tisserand ou sellier.
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Doutant que le Sanhédrin de Jérusalem ait pu disposer du pouvoir d'extrader des Juifs de Damas, Alfred Loisy a jugé invraisemblable cet aspect de la mission répressive de Paul contre les chrétiens de Damas racontée en 9,2[57]. Flavius Josèphe nous apprend qu'un tel pouvoir d'extradition avait été accordé par les Romains à Hérode le Grand, mais c'est insuffisant pour conclure[57].
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L'arrestation de Paul est consécutive à une accusation liée à une supposition non avérée d'introduction d'un païen dans le sanctuaire de Jérusalem, ou à sa présence elle-même.
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[Actes 21:27-30]
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�� 21.27 Sur la fin des sept jours, les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, 21.28 en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. 21.29 Car ils avaient vu auparavant Trophime d'Éphèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l'avait fait entrer dans le temple. 21.30 Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. »
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Ce qui était passible de mort selon la loi juive, mais son état de citoyen romain empêchant qu'il ne soit livré au Sanhédrin a embarrassé les deux procurateurs qui se sont succédé en Judée et ont fait traîner l'affaire, de même que la juridiction impériale devant laquelle il demanda à comparaître. La fin de sa vie reste obscure : les Actes des Apôtres se terminent brusquement sur l'indication qu'il est resté deux ans à Rome en liberté surveillée. Il serait mort en 64 lors de la persécution des chrétiens ordonnée par Néron, à moins que, relâché, il ait continué ses activités missionnaires avant d’être de nouveau arrêté, ramené à Rome, puis décapité en 67.
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Dans le Nouveau Testament, 13 épîtres sont explicitement attribuées à Paul (l’épître aux Hébreux étant anonyme) :
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On peut grouper[réf. souhaitée] ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles auraient été écrites :
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D'après un passage de l'épître aux Romains, les épîtres auraient été dictées à un secrétaire[p 23]. On sait en effet que l'écriture n'était pas chose aisée et que les écrits étaient dictés à un ou plusieurs scribes.
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Le discours paulinien a un aspect très répétitif. Cette parole insistante a souvent été comparée à la parole d'un bègue. Jacques-Bénigne Bossuet par exemple écrivait que les beaux esprits ont appris « à bégayer humblement dans l'école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul » (cité par Chateaubriand, Le Génie du christianisme, livre V, chapitre 2, note 21). Ernest Renan quant à lui se demandait : « Le style de saint Paul […], qu'est-il, à sa manière, si ce n'est l'improvisation étouffée, haletante, informe, du « glossolale » ? […] On dirait un bègue dans la bouche duquel les sons s'étouffent, se heurtent et aboutissent à une pantomime confuse, mais souverainement expressive[58]. »
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L'attribution des lettres de Paul n'a pas été remise en question avant 1840, quand les travaux de l'Allemand Ferdinand Christian Baur l'amenèrent à n'accepter que quatre lettres comme authentiques (Romains, Corinthiens 1 & 2, et Galates). Si les courants exégétiques de la critique radicale estimèrent longtemps que rien des lettres de Paul n'était authentique, les théologiens Adolf Hilgenfeld (1875) et Heinrich Julius Holtzmann (1885) rajoutèrent à la liste de Baur les épîtres à Philémon, aux Thessaloniciens 1 et aux Philippiens, pour constituer ce qui est généralement considéré aujourd'hui comme les sept « lettres incontestées » de Paul ou épîtres « proto-pauliniennes ». De nos jours, l'authenticité ou l'attribution des autres est plus ou moins discutée. On distingue classiquement :
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Elles sont considérées comme étant de Paul, avec des dates de rédaction allant de 51 (la première aux Thessaloniciens) à 55 (pour la première aux Corinthiens), ce qui en fait les plus anciens écrits chrétiens qui nous soient parvenus[59].
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Ces trois lettres seraient l'œuvre de disciples de Paul sans qu'on puisse identifier ces auteurs.
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En 2000, la question de l'authenticité des épîtres se présente comme suit :
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Ces statistiques évoquées par Régis Burnet sont reconnues par la communauté scientifique dans son ensemble[60].
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Les trois épîtres pastorales sont probablement dues à des disciples de Paul : il est très généralement admis par les exégètes (par exemple Raymond E. Brown) que ces épîtres sont des pseudépigraphes[61].
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Depuis 1976 et les travaux d'Albert Vanhoye, il est admis que l'épître aux Hébreux n'est pas une épître mais un traité et que Paul de Tarse n'en est pas l'auteur.
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Les différences entre le Jésus de Paul et celui des Évangiles ont parfois été jugées considérables. Selon certains, Paul mène une réflexion sur le rôle du Christ et ses implications dans la vie plus qu'il n'en répercute le message direct.
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Inversement, il est aussi mis en évidence la continuité entre l’enseignement de Jésus de Nazareth et celui de Paul concernant l'interprétation de l'histoire, l'amour de Dieu pour tous les hommes, la justification par la foi, l'éthique[63].
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Cet enseignement est centré sur le Christ, « mort pour nos péchés, selon les Écritures », « ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Co 15, 3-4), désigné comme le « Seigneur » (1 Co 12, 3), le « Fils de Dieu » (Rm 1, 4, etc.) qui est l’« Esprit de vie » (Rm 8, 2), et en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2, 9) :
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La rédemption s’adresse à tous, indépendamment de la race, de la condition sociale, du sexe, etc.
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Ainsi, l’Église ne représente plus seulement une communauté de croyants mais devient un corps mystique (Ep 1, 23 ; Col 1, 24).
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Saint Paul met l'accent sur la foi, l'espérance et donne une place fondamentale à l'amour, sans lequel toute recherche de vie intérieure, de spiritualité profonde ou de salut est vaine :
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L'« Apôtre des gentils » a structuré la doctrine chrétienne.
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L'épître aux Romains a servi de référence à Luther pour fonder sa doctrine de la justification par la foi. Elle sert aussi de référent au théologien Karl Barth et au juriste Carl Schmitt pour penser l'origine de l'État ou les impasses de la démocratie[58].
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Alain Badiou déclare à son sujet : « Pour moi, Paul est un penseur-poète de l'événement, en même temps que celui qui pratique et énonce des traits invariants de ce qu'on peut appeler la figure militante. Il fait surgir la connexion, intégralement humaine, et dont le destin me fascine, entre l'idée générale d'une rupture […], et celle d'une pensée-pratique, qui est la matérialité subjective de cette rupture[58]. »
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Jean-Michel Rey, dans son essai Paul ou les ambiguïtés[64], souligne l'étrange actualité de l'apôtre : « La pensée paulinienne imprègne toute notre conception de la politique ; elle en organise, le plus souvent à notre insu, les principales articulations[58] ». En effet, que l'on soit réformiste ou révolutionnaire, nous sommes incapables de dire la nouveauté autrement que sur un mode violent : une conversion absolue, où l'accueil de l'inédit appelle non seulement une émancipation à l'égard du passé, mais encore le désaveu de l'antérieur. Ce modèle propre aux philosophies de l'histoire, ce prototype des idéologies progressistes est propre à la structure de pensée de Paul. Son discours sépare en toute netteté le présent du passé. Le passé est désigné comme ne pouvant pas comprendre et reconnaître les formes de la nouvelle réalité[58].
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Divers aspects de l’enseignement de Paul ont été très critiqués. Dans L'Antéchrist, pour dénoncer la valorisation de ce qu'il désigne comme une décadence à imputer au christianisme, Nietzsche rappelle plusieurs paroles de Paul, dont celle-ci présente en 1 Co 1, 28 : « « Dieu a choisi ce qui est faible devant le monde, ce qui est insensé devant le monde, ce qui est ignoble et méprisé » : c'est là ce qui fut la formule, in hoc signo, la décadence fut victorieuse[65]. » Voici les versets concernés :
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Dans l’Antéchrist (fin de l'aphorisme 45), le philosophe (anti-nationaliste, anti-chrétien et « anti-antisémite », et même parfois philosémite, sous l'influence de Paul Rée[66]) écrit également :
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« Qu’on lise la première partie de ma Généalogie de la morale : pour la première fois, j’y ai mis en lumière le contraste entre une morale noble et une morale de tchândâla [« mangeur de chien » en sanskrit, hors-caste dans l'hindouisme], née de ressentiment et de vengeance impuissante. Saint Paul fut le plus grand des apôtres de la vengeance[67]… »
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Pour Nietzsche, le christianisme, inventé par Saint Paul (et non par Jésus, vu comme un « surhomme »), dévalorise le monde vivant et matériel au profit d'un « arrière-monde » idéal ; le philosophe allemand considère en effet que le christianisme de Saint Paul (qui est pour lui un platonisme vulgarisé) promeut l'idée que la Création, le monde sensible, est un monde mauvais et en le considérant ainsi le christianisme a rendu réellement mauvais le monde (contrairement aux Anciens grecs, par exemple, qui acceptaient le monde sensible ou la Nature pour l'embellir, pour y puiser leur mythologie, pour s'en inspirer et créer en son honneur des fêtes sacrées, source de puissance et de beauté, toujours selon Nietzsche).
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Les propos de Paul concernant les femmes lui ont été vivement reprochés et ont été opposés à la sollicitude que Jésus a manifestée à leur égard. Ils doivent cependant être contextualisés : il s'agit de rappels à l'ordre témoignant justement du fait que les femmes jouissaient d'une participation active au sein des premières communautés chrétiennes[68]. Pour Paul, comme dans la relation entre maîtres et esclaves (1 Co 7, 21-23), le statut compte moins que la fraternité dans les relations sociales ; de même l'autorité étatique doit être acceptée si elle s'exerce avec justice :
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Du fait de sa théologie et du rôle qu’il a joué dans la propagation du message chrétien aux païens, un courant minoritaire soutient que Paul est le fondateur véritable du christianisme. Reimarus, au XVIIIe siècle, en fait l’inventeur du christianisme. Pour Nietzsche, au siècle suivant, il en est le fondateur[69].
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Cette idée est réfutée par d'autres auteurs, comme Étienne Trocmé, qui dit à ce sujet :
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Sur l’importance de Paul dans la propagation du message christique en dehors du judaïsme, il faut là aussi nuancer et ne pas oublier que Jésus et les premiers disciples étaient originaires de Galilée, une région où se côtoyaient Juifs et non-Juifs comme le rappelle Marie-Françoise Baslez : « Terre de contacts, la Galilée était aussi à l’époque de Jésus, une terre de contrastes et d’antagonismes. Dans la prédication apostolique qui s’adressa, au-delà des Juifs, à la terre entière, l’insistance sur l’enracinement galiléen permit d’affirmer d’emblée la perspective universaliste d’une religion dont le fondateur n’était presque jamais sorti de Palestine. On comprend mieux aussi la vocation des apôtres[71]. »
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Néanmoins, ainsi que le relève Henri Persoz, pourquoi Paul cite-t-il si peu les paroles du Christ[72] ? Il ne suffit pas de dire comme Christophe Senft que « la comparaison de la prédication de Jésus et l'évangile de Paul fait apparaître de surprenantes convergences entre la parole de Jésus et celle de son apôtre »[73]. Selon Charles L'Eplattenier :
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Paul se veut relativement indépendant des autres apôtres. Étant directement inspiré du Ressuscité, il ne se sent pas lié à une tradition humaine concernant Jésus (Gal. 1:16-17, cf. II Cor, 5: 16). Son christianisme a des points communs avec le christianisme hellénistique d'Étienne mais est distinct de lui. Le christianisme « paulinien » s'est fédéré a posteriori avec les tendances dirigées par Pierre et Jacques (Gal. 2:9).
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Une tradition chrétienne[75] rapporte qu'en 258, au cours des persécutions de Valérien, les reliques de Paul et de Pierre furent placées temporairement dans les catacombes de Saint-Sébastien appelées à cette époque « Memoria Apostolorum » en raison du culte de ces deux saints, des graffiti sur les murs attestant de ce culte.
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Une autre tradition chrétienne attestée depuis le IVe siècle attribue à Paul de Tarse un tombeau situé au-dessous de l'autel majeur de l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs au sud de Rome[76]. Des fouilles récentes y ont été effectuées qui ont été rapportées dans un communiqué de l'Agence de presse internationale catholique (APIC) du 17 février 2005 :
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« Un sarcophage pouvant contenir les reliques de l’apôtre Paul a été identifié dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs, selon Giorgio Filippi, responsable du département épigraphique des Musées du Vatican.Sous le maître-autel actuel, une plaque de marbre du IVe siècle, visible depuis toujours, porte l’inscription Paulo apostolo mart (Paul apôtre martyr, ndlr). La plaque est munie de trois orifices probablement liés au culte funéraire de saint Paul. D’après Giorgio Filippi, ces trous étaient utilisés « pour la création de reliques par simple contact » avec le tombeau de l’apôtre.Le long de la voie Ostiense, un édicule aurait été élevé sur la tombe de l’apôtre Paul, après sa mort dans le cours du Ier siècle. Comme pour saint Pierre, l’empereur Constantin entreprit ensuite au début du IVe siècle de faire construire une basilique pour abriter la tombe. Puis, en 386, un demi-siècle après la mort de Constantin, devant l’afflux des pèlerins, une basilique plus grande fut construite à la demande des empereurs Valentinien II, Théodose et Arcadius[77]. »
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Le 28 juin 2009, le pape Benoît XVI a confirmé qu'un sondage a été effectué dans le sarcophage de pierre. Une petite perforation a été pratiquée afin d'introduire une sonde, grâce à laquelle ont été relevées des traces d'un tissu précieux en lin coloré de pourpre, laminé d'or fin, d'un tissu de couleur bleu avec des filaments de lin. On a aussi relevé la présence de grains d'encens rouge, de substances protéiques et calcaires et de fragments d'os, qui ont été soumis à l'examen du carbone 14 effectué « par des experts ignorant leur provenance ». Ceux-ci ont conclu qu'il s'agissait d'ossements appartenant à « une personne ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle ». Pour Benoît XVI, « cela semble confirmer la tradition unanime et incontestée qu'il s'agisse des restes mortels de l'apôtre Paul[78] ».
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Plusieurs reliques du saint ont été transférées ailleurs. En 665, le pape Vitalien envoie des reliques au roi Oswiu de Northumbrie et pour la reine fait un cadeau d'une croix avec une clé d'or fabriquée à partir des chaînes de Pierre et de Paul[79]. Le 2 mars 1370, le pape Urbain V fait porter les chefs de Pierre et Paul, placées dans des reliquaires, dans le ciborium de la basilique Saint-Jean-de-Latran[80].
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Dans le calendrier liturgique romain, Paul est fêté :
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L'année 2008-2009 allant du 29 juin 2008 au 29 juin 2009 est déclarée « année jubilaire œcuménique saint Paul » par le pape Benoît XVI[81].
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La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas, Le Caravage, Église Sainte-Marie-du-Peuple, Rome.
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La Conversion de saint Paul (Michel-Ange), Chapelle Paolina, Vatican.
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La Décollation de Paul, Petit Palais.
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Fouesnant : église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, statue de saint Paul.
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Angers : collégiale Saint-Martin, statue de saint Paul attribuée à Pierre Biardeau (vers 1650).
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Apollon (en grec ancien Ἀπόλλων / Apóllôn, en latin Apollo) est le dieu grec des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. Il est conducteur des neuf muses. Apollon est également le dieu des purifications et de la guérison, mais peut apporter la peste par son arc ; enfin, c'est l'un des principaux dieux capables de divination, consulté, entre autres, à Delphes, où il rendait ses oracles par la Pythie de Delphes. Il a aussi été honoré par les Romains, qui l'ont adopté très rapidement sans changer son nom. Dès le Ve siècle av. J.-C., ils l'adoptèrent pour ses pouvoirs guérisseurs et lui élevèrent des temples.
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Il est fréquemment représenté avec son arc et ses flèches, ou encore avec une cithare, voire une lyre : on le qualifie alors de « citharède »[1]. Il est également appelé « musagète » (« celui qui conduit les muses »). Le surnom de « Loxias », « l'Oblique », lui est attribué à cause de l'ambiguïté de ses oracles.
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Apollon devient au Moyen Âge puis à l'époque moderne un dieu solaire, patron de la musique et des arts. Au XIXe siècle, et en particulier dans La Naissance de la tragédie de Friedrich Nietzsche[2], il symbolise la raison, la clarté et l'ordre, considérés comme caractéristiques de l'« esprit grec », par opposition à la démesure et à l'enthousiasme dionysiaques. Ainsi, on a pu écrire de lui qu'il est « le plus grec de tous les dieux[3] » et qu'« aucun autre dieu n'a joué un rôle comparable dans le développement du mode de vie grec[4] ». Il reste l'un des dieux auquel l'on a élevé le plus de temples et consacré le plus de cultes[5].
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Apollon (grec attique, ionique et homérique : Ἀπόλλων, Apollon (GEN), Ἀπόλλωνος) ; dorique : Ἀπέλλων, Apellōn ; arcadochypriote : Ἀπείλων, Apeilōn ; éolien : Ἄπλουν, Aploun ; latin : Apollō)
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L'étymologie du nom est incertaine. L'orthographe Ἀπόλλων avait presque remplacé toutes les autres formes au début de l'ère commune, mais la forme dorique, Apellon (Ἀπέλλων), est plus archaïque, car dérivée d'une précédente *Ἀπέλjων.
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Le nom d'Apollon est dérivé le plus plausiblement d'une racine indo-européenne *apelo-, *aplo- signifiant « force » ou « puissance ». Selon Daniel E. Gershenson, le nom Apollon est une simple épithète descriptive, les Grecs évitant de prononcer le vrai nom du dieu pour éviter de l'évoquer[6].
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La thèse d'une origine « asiatique » (c'est-à-dire anatolienne) d'Apollon et d'Artémis a été développée par des grands noms de l'hellénisme tels que Wilamowitz en 1903[7] ou M. P. Nilsson en 1925[8] avant d'être remise en cause plus récemment. Ces savants s'appuyaient sur différents éléments : le nom de Léto pourrait venir du lycien, un dialecte indo-européen parlé autrefois en Anatolie, et signifierait, sous la forme Lada, « femme » (étymologie aujourd'hui contestée). L'une des épiclèses d'Apollon, Apollon Lycien, conforte cette hypothèse. Cette épiclèse est cependant plus souvent interprétée à partir du nom du « loup » (Gernet, Jeanmaire…). L'arme d'Apollon et de sa jumelle Artémis, l'arc, n'est pas grecque mais barbare (au sens grec : tous les peuples qui ne parlent pas le grec) ; il porte de plus, comme sa sœur, non pas des sandales, à l'instar des autres dieux, mais des bottines, type de chaussure considérée comme asiatique par les Anciens. En outre, il est, dans l’Iliade d'Homère, du côté des Troyens, peuple asiatique, et le rejet que subit Léto, que nulle terre grecque n'accepte, conforterait l'idée d'un dieu étranger. Enfin, le premier texte mentionnant Apollon est un texte hittite et non pas mycénien[9]. Cette hypothèse anatolienne n'est plus retenue par la recherche moderne[10].
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Inversement comme l'ont fait remarquer de nombreux chercheurs[Qui ?], Apollon est paradoxalement peut-être le dieu le plus grec de tous et a une longue histoire en Grèce avant l'époque classique.
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Il est aussi possible que ses origines remontent au peuple dorien du Péloponnèse, lequel honorait un dieu nommé Ἀπέλλων / Apéllôn, protecteur des troupeaux et des communautés humaines ; il semblerait que le terme vienne d'un mot dorien ἀπέλλα / apélla, signifiant « bergerie » ou « assemblée ». L'Apollon dorien serait une figure syncrétique de plusieurs divinités locales pré-grecques, de même que l'Apollon grec est la fusion de plusieurs modèles.
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Lorsque son culte s’introduit en Grèce, il est déjà honoré par d'autres peuples pré-hellènes, ce que l’Hymne homérique qui lui est destiné indique en signalant que les Crétois étaient ses premiers prêtres. Son premier lieu de culte est bien sûr Délos, capitale religieuse des Ioniens ; c'est sous Périclès, au Ve siècle av. J.-C., que l'île passe aux mains des Athéniens, qui confortent son caractère de sanctuaire inviolable en y faisant interdire toute naissance et toute mort. Le culte d'Apollon s'était entre-temps répandu partout dans le monde antique, de l'Asie Mineure (le sanctuaire de Didymes, près de Milet, en porte la trace flagrante : c'est l'un des plus grands temples jamais bâtis dans la zone méditerranéenne) à la Syrie, sans parler des innombrables temples qui lui sont dédiés en Grèce même. Selon Phanias, Gygès, roi de Lydie, fut le premier lui à lui consacrer des offrandes en or. Avant son règne, Apollon Pythien n'avait ni or, ni argent[11].
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Au rebours de la thèse traditionnelle, Bernard Sergent, spécialiste de mythologie comparée, s'attache à montrer dans Le livre des dieux. Celtes et Grecs, II (Payot, 2004) l'identité d'Apollon et du dieu celtique Lug. Pour lui, le dieu n'est pas asiatique mais gréco-celtique, et par-delà, indo-européen. Il remonte au moins à la séparation des ancêtres des Celtes et des Grecs, au IVe millénaire av. J.-C., et il est arrivé « tout d'un bloc » en Grèce : ce n'est pas une divinité composite. Il possède des homologues en domaine germanique (Wotan) ou indien (Varuna).
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Apollon serait la « version divine du roi humain ». Les poèmes homériques lui donnent systématiquement l'épithète anax, qui remonte à la désignation mycénienne du roi, wanax. Or le roi indo-européen est rattaché aux trois fonctions définies par Georges Dumézil, d'où la complexité d’Apollon : il remplit toutes les fonctions que puisse avoir un dieu. La définition de Lug donnée par C.-J. Guyonvarc'h et F. Le Roux peut aussi bien s'appliquer à lui : il est « tous les dieux résumés en un seul théonyme ».
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B. Sergent compare une à une toutes les caractéristiques connues de Lug et d'Apollon et relève de nombreux points et de nombreux attributs communs. C'est surtout à Delphes que le caractère complexe du dieu se révèle, dans son rôle d'inspirateur de la Pythie et des hommes, qu'il révèle à soi.
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Le rapprochement proposé par Bernard Sergent entre Lug et Apollon n'a pas été repris par d'autres spécialistes. Pierre Sauzeau lui reproche de négliger la proximité Apollon-Rudra « reconnue explicitement » et les liens avec Artémis[12]. Les spécialistes actuels des études celtiques voient davantage en Lug un héritier du couple indo-européen des Dioscures, les Jumeaux divins, une des plus anciennes figures du panthéon indo-européen[13].
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Dans Apollo the Wolf-god[14], Daniel E. Gershenson voit en Apollon un dieu d'origine indo-européenne, dont les attributs principaux seraient rassemblés dans l’expression Apollon dieu-loup. Cet auteur s’inscrit dans la lignée des travaux de Louis Gernet (Dolon le loup) et d'Henri Jeanmaire (Couroï et Courètes).
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Par le terme de « loup », il faut entendre non pas le culte de l'animal en lui-même, mais de son symbolisme, lequel n'est autre que le vent considéré tant par ses vertus bénéfiques que destructrices. Les vents, comme Zéphyr le vent-loup, peuvent être favorables aux semences, mais sont aussi tenus pour issus des cavernes et cette origine souterraine les met en relation avec les Enfers. Le vent est ainsi le passage entre le chaos et le cosmos.
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Ceci explique le rôle de la divinité comme tuteur des éphèbes, de jeunes guerriers qui accomplissent leur initiation d’adultes, sa fonction de protecteur du grain semé et enfin sa qualité de dieu de la prophétie qui révèle les mystères et initie les musiciens et les poètes. Le Lycée (Λύκειον / Lukeion), rendu célèbre par Aristote, est placé dans un gymnase jouxtant le temple d'Apollon Lykeios. Apollon Lykeios, le dieu-loup, serait le maître des passages, dieu qui transforme les forces chaotiques des confréries de loups-garous de l'adolescence vers l'âge adulte, qui dévoile par la prophétie ou la Pythie le monde caché vers le découvert et le manifeste[15].
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Gershenson présente de nombreux témoignages dans le monde européen qui pourraient montrer que ce dieu-loup et dieu-vent remonte à une période antérieure à la séparation des peuples européens qui ont pénétré en Europe centrale et méridionale. Ses déductions sont en accord avec celles d'autres spécialistes, qui ont notamment souligné le lien d'Apollon avec les loups et son rôle joué dans les initiations. Apollon est particulièrement associé à Borée, le Vent du Nord[16].
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Jean Haudry rejoint également les conclusions de Gershenson. Comme le dieu védique Rudra, Apollon est un dieu du vent et de la nature sauvage à l'origine : c'est en s'opposant à Dionysos qu'il a développé des caractères « civilisés ». Face à un Dionysos « feu sauvage », il est devenu, contrairement à sa nature première, dieu du foyer delphique. Au feu hivernal de Dionysos, il s'est opposé comme dieu estival et comme dieu solaire. Il s'est ainsi affirmé comme dieu de la sagesse face à la folie dionysiaque. Et si Dionysos, dieu subversif, a pu être considéré comme indésirable dans la société aristocratique, Apollon est devenu le dieu civique et national par excellence[17].
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L'identification d'Apollon avec le soleil n'apparaît dans aucune source avant le Ve siècle av. J.-C. — à l'époque archaïque, ce sont Hélios ou Hypérion qui représentent le feu solaire[18] ; la première mention attestée remonte à Euripide, dans un fragment de la tragédie perdue Phaéton[19],[18]. L'assimilation s'explique par l'épithète φοῖϐος / Phoibos, littéralement « le brillant », qui est associée à Apollon chez Homère[20]. Elle rencontre un grand succès parmi les poètes, milieu où le nom d'« Apollon » est souvent employé, par métonymie, pour désigner le soleil, de même que « Déméter » pour le pain ou « Héphaïstos » pour le feu. On en trouve peu d'écho dans le culte d'Apollon.
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Apollon Soleil tout comme Artémis Lune se sont éloignés de leur caractère primitif de dieux sauvages en rejoignant la sphère cosmique de la religion
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Dans l’Iliade, Apollon est décrit comme un dieu lunaire : son arc est d'argent, couleur liée à la nuit et à la lune. Ensuite, de multiples évolutions l'amèneront à devenir un dieu solaire (son épithète Phœbus, la lumière), son arc et ses flèches renvoient d'ailleurs aux rayons solaires. Toujours dans les poèmes homériques, il y est perçu comme un dieu-vengeur, menaçant, porteur de peste. Dans le chant I de l’Iliade, ses surnoms sont les suivants : toxophore, Seigneur archer, argyrotoxos, à l'arc d'argent, etc. Cette attitude vengeresse est accompagnée de traits de caractère belliqueux : Homère l'y décrit comme un dieu orgueilleux, emporté par ses sentiments et par la violence. Rappelons que les poèmes homériques (Iliade) écrits dans le IXe siècle avant Jésus-Christ narrent une histoire antérieure de près de quatre siècles (Troie a été détruite dans les années 1280 ACN). Le dieu Apollon n'a pas encore subi les influences qui l'amèneront à devenir le dieu complexe qu'il est dans la Grèce classique.
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Apollon est le fils de Zeus et de la Titanide Léto[22]. Il a pour sœur jumelle Artémis.
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Sa naissance est contée en détail dans l’Hymne homérique à Apollon[23] : sur le point d'enfanter, Léto parcourt la mer Égée, cherchant un asile pour son fils et pour fuir Héra qui la chasse par jalousie. Pleines de terreur, « car nulle d'entre elles n'eut assez de courage, si fertile qu'elle fût, pour accueillir Phoibos »[24], îles et presqu'îles refusent l'une après l'autre d'accueillir Apollon. Léto gagne finalement l'île de Délos, qui refuse d'abord, de peur que le dieu ne la méprise ensuite à cause de l'âpreté de son sol. Léto jure par le Styx que son fils y bâtira son temple et l'île accepte aussitôt.
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Toutes les déesses, dont Dioné, Rhéa, Thémis et Amphitrite, viennent assister Léto pendant sa délivrance. Par jalousie, Héra ne prévient pas Ilithyie, déesse des accouchements, qui reste sur l'Olympe. Après neuf jours et neuf nuits, les déesses ordonnent à Iris, messagère des dieux, de prévenir Ilithyie et de lui remettre un collier d'or pour la faire venir. Dès que celle-ci arrive à Délos, Léto étreint un palmier qui deviendra sacré et donne naissance à Apollon, en un jour qui est le septième du mois. Aussitôt, les cygnes sacrés font sept fois le tour du rivage en chantant[25]. Puis Thémis offre à Apollon le nectar et l'ambroisie. Dans l’Hymne homérique, Artémis ne naît pas en même temps que son frère, mais à Ortygie[26] — nom qui désigne peut-être l'emplacement du temple d'Artémis à Éphèse[27]. Dès sa naissance, Apollon manifeste sa puissance d'immortel ; il réclame ses attributs, la lyre et l'arc, et affirme ses pouvoirs.
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Chez Pindare, Artémis et Apollon naissent, jumeaux, à Délos[28]. Délos est une île errante avant l'arrivée de Léto, métamorphose de sa sœur Astéria ; après la délivrance d'Apollon, quatre colonnes surgissent du fond de la mer et viennent l'ancrer solidement[29]. Chez Hygin, le serpent Python prédit sa propre mort des mains d'Apollon et poursuit Léto enceinte pour l'empêcher d'accoucher[30]. Parallèlement, Héra décrète qu'aucune terre sous le soleil ne pourra accueillir Léto. Zeus demande donc à Borée, le vent du Nord, d'amener Léto à Poséidon, qui installe la parturiente sur l'île d'Ortygie, qu'il recouvre sous les eaux. Python finit par abandonner ses recherches et Léto peut accoucher. Aussitôt, Poséidon fait sortir des eaux Ortygie qui prend le nom de Délos, « la visible ». On trouve chez Apollodore l'idée qu'Artémis naît la première et sert de sage-femme à Léto pour la naissance de son frère[31].
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Peu après la naissance d'Apollon, Zeus lui remet un char tiré par des cygnes et lui ordonne de se rendre à Delphes[32]. Le dieu n'obéit pas immédiatement, mais s'envole à bord de son char pour le pays des Hyperboréens qui, selon certaines versions, est la patrie de Léto[33]. Là vit un peuple sacré qui ne connaît ni la vieillesse, ni la maladie ; le soleil y brille en permanence[34]. Apollon y reste pendant un an avant de partir pour Delphes. Il y revient tous les dix-neuf ans, période au bout de laquelle les astres ont accompli une révolution complète (un cycle métonique)[33]. De l'équinoxe de printemps au lever des Pléiades, il y danse chaque nuit en s'accompagnant de la lyre[33]. Selon d'autres légendes, il y passe chaque année les mois d'hiver[35], ne revenant dans son lieu de culte — Delphes ou Délos — qu'avec le printemps[36].
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Les premiers exploits du dieu sont décrits dans l’Hymne homérique à Apollon pythien. À la recherche d'un lieu où fonder son oracle, Apollon s'arrête d'abord à la source Telphouse, près de l'Hélicon. Ne souhaitant pas partager le lieu avec quiconque, elle lui suggère d'aller plutôt à Crisa, près de Delphes. Là, Apollon établit son temple, après avoir tué le serpent femelle, la Δράκαινα / drákayna, enfant de Gaïa, qui garde les lieux. La dépouille du serpent reçoit le nom de Πυθώ / Puthố, « la pourrissante » (de πύθειν / púthein, « pourrir »), Apollon prend le titre de Pythien et sa prêtresse celui de Pythie. En colère contre Telphouse, Apollon rebrousse chemin et ensevelit la source sous une pluie de pierres. Il bâtit un sanctuaire à sa place et prend le nom de Telphousien. Le dieu cherche ensuite un moyen de faire venir des prêtres à son temple pythien. Il aperçoit alors un navire de Crétois voguant vers Pylos. Prenant la forme d'un dauphin (δελφίς / delphís), il les mène jusqu'à Crisa. Il se transforme ensuite en jeune homme et conduit les Crétois jusqu'au sanctuaire dont ils deviendront les desservants. Crisa prend alors le nom de Delphes (Δελφοί / Delphoí).
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L'arrivée à Delphes fait l'objet de variantes. Chez Pindare, le dieu prend contrôle du lieu par la force (on ne précise pas comment), ce qui pousse Gaïa à vouloir le jeter au Tartare[37]. D'autres auteurs mentionnent également les répercussions du meurtre de Python : chez Plutarque, Apollon doit se purifier dans les eaux du Tempé[38]. Chez Euripide, Léto amène Apollon à Delphes où il tue le serpent Python. En colère, Gaïa envoie aux hommes des rêves prophétiques. Apollon se plaint de cette concurrence déloyale à Zeus, qui met fin aux rêves[39]. Chez Hygin, Apollon tue Python pour venger sa mère, que le serpent a poursuivie pendant sa grossesse[30].
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Dans d'autres traditions, la prise de Delphes est pacifique. Ainsi, chez Eschyle, Gaïa donne l'endroit à sa fille Thémis, laquelle le donne à son tour à sa sœur Phébé, qui le remet ensuite à Apollon[40]. Chez Aristonoos, Apollon est conduit à Delphes par Athéna et persuade Gaïa de lui donner le sanctuaire[41].
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Dans la guerre de Troie, Apollon se range aux côtés des Troyens, qui lui consacrent un temple sur leur acropole[42]. Comme le font Poséidon et Athéna pour les Achéens, il intervient aux côtés des troupes qu'il défend pour les encourager[43]. Il prend les traits de mortels pour conseiller Hector ou Énée[44]. Il soustrait Énée aux coups de Diomède[45], intervient en personne pour repousser le guerrier grec quand il se fait trop pressant[46] puis sauve Énée en le remplaçant par un fantôme sur le champ de bataille[47]. De même, il dérobe Hector à la rage d'Achille[48]. Inversement, il se sert d'Agénor pour éloigner Achille et empêcher la prise de Troie[49]. Il intervient directement en frappant et désarmant Patrocle, laissant le héros sans défense face aux Troyens qui le tueront[50]. Selon les versions, il aide Pâris à abattre Achille[51], ou prend la forme du prince troyen[52] pour le tuer.
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Défenseur des Troyens, il a pour principal adversaire sa demi-sœur Athéna[53]. Non content de l'affronter sur le champ de bataille par mortels interposés, il veut empêcher Diomède, le protégé d'Athéna, de remporter l'épreuve de course en chars lors des jeux funéraires de Patrocle ; la déesse intervient à son tour pour faire gagner son champion[54]. Néanmoins, Apollon sait se retenir face à son oncle Poséidon et lui propose de laisser les mortels régler eux-mêmes leurs querelles[55].
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On ignore pourquoi Apollon prend aussi activement parti pour les Troyens, ou inversement contre les Grecs. Son seul lien avec Troie remonte à sa servitude auprès de Laomédon, mais cette histoire devrait plutôt l'inciter à soutenir les Grecs, comme le fait Poséidon[56].
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Apollon est un dieu vindicatif, prompt à punir ceux qui le défient en commettant par ailleurs deux fratricides (Tityos et Amphion). Il tue le serpent Python et, aidé de sa sœur, il élimine son demi-frère Tityos, qui a tenté de s'en prendre à Léto[57]. Toujours avec Artémis, il massacre de ses flèches ses neveux et nièces, les fils et filles de Niobé, qui a osé se moquer de sa mère[58]. Il tue aussi son demi-frère Amphion qui tente de piller son temple pour venger les Niobides. Il fait périr les Aloades quand ceux-ci entreprennent d'escalader l'Olympe et de défier les dieux[59]. Il écorche vivant le satyre Marsyas, amateur de flûte, qui lui a lancé un défi musical[60]. Le roi Midas, qui avait préféré le son de la flûte à celui de la lyre, est doté d'une paire d'oreilles d'âne[61].
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La confrontation ne tourne pas toujours à l'avantage du dieu. Quand Héraclès s'empare du trépied de Delphes pour faire pression sur la Pythie, Apollon accourt à la rescousse de la prêtresse. Le héros se serait enfui avec le trépied si le dieu n'avait pas appelé à l'aide son père Zeus, qui intervient en envoyant un trait de foudre[62].
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Apollon et sa sœur Artémis entourant le palmier où leur mère leur a donné naissance, cratère du Peintre de Comacchio, vers 450 av. J.-C., (musée archéologique national de Madrid).
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Idas et Marpessa séparés par Zeus d'Apollon, psykter attique à figures rouges, (Staatliche Antikensammlungen).
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Apollon et Tityos, pélikè attique à figures rouges de Polygnote, vers 450‑440 av. J.-C..
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Dans son Hymne à Apollon, Callimaque lui prête un rôle de bâtisseur, de fondateur et législateur. Il conseillait les représentants de diverses cités grecques quant à la fondation de cités nouvelles : « Ô Phébus ! sous tes auspices s'élèvent les villes ; car tu te plais à les voir se former, et toi-même en poses les fondements[63]. »
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Platon[64] reconnaît également ce rôle à Apollon et conseille à tout fondateur d'un état de se référer aux lois établies par le dieu : il s'agit des lois « qui regardent la fondation des temples, les sacrifices, et en général le culte des dieux, des démons et des héros, et aussi les tombeaux des morts et les honneurs qu'il faut leur rendre afin qu'ils nous soient propices… »
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Apollon eut une nombreuse descendance :
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Réputé pour sa grande beauté, Apollon est paradoxalement assez malheureux dans ses amours[65],[66]. Celles-ci ont pour objet des nymphes, des mortels/mortelles, mais très rarement des divinités majeures[67].
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Il s'éprend de la nymphe Cyrène en la voyant combattre un lion qui menace les troupeaux de son père[68]. Il fait part de ses sentiments au centaure Chiron, qui les approuve. Encouragé, Apollon se déclare à la jeune fille, qu'il emmène en Libye. Là, elle reçoit du dieu la souveraineté sur la région, la Cyrénaïque, et donne naissance à Aristée, qui enseignera aux hommes l'apiculture.
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Les autres amours du dieu sont moins heureuses. Il enlève Marpessa, fille d'Événos, alors qu'elle est fiancée à l'Argonaute Idas[69]. Ce dernier réclame sa promise les armes à la main, et Zeus doit séparer les deux adversaires[70]. Le roi des dieux demande à Marpessa de choisir entre ses deux soupirants ; la jeune fille opte pour Idas, de peur d'être abandonnée par Apollon l'âge venant[70].
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Il poursuit de ses ardeurs la nymphe Daphné ; pendant sa fuite, la jeune fille invoque son père, un dieu fleuve, qui lui substitue un laurier[71] ou la transforme en cette plante[72]. Ses amours avec Coronis, fille de Phlégias, roi des Lapithes, ne finissent pas mieux : enceinte du dieu, elle le trompe avec le mortel Ischys[73]. Apollon, maître de la divination, perçoit la vérité, qui lui est également rapportée par un corbeau[73]. Il envoie alors sa sœur Artémis pourfendre l'infidèle de ses flèches, mais pris de pitié pour l'enfant à naître, il arrache ce dernier du ventre de sa mère qui se consume sur le bûcher[73]. Il porte le jeune Asclépios chez le centaure Chiron, qui l'élève et lui enseigne l'art de la médecine[73]. Apollon s'éprend également de la princesse troyenne Cassandre, fille du roi Priam : elle promet de se donner à lui en échange du don de prophétie, mais, après avoir obtenu satisfaction, elle revient sur ses dires. Furieux, Apollon la condamne à ne jamais être prise au sérieux[74].
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De nombreuses autres aventures sont attribués à Apollon. Souvent, les récits se concentrent sur la progéniture divine plutôt que sur la mère, dont le nom change suivant la version : il ne s'agit pas de véritables histoires d'amour, mais d'un moyen de rattacher un personnage à Apollon. Ainsi des musiciens Linos et Orphée, du devin Philamnos, d'Ion, éponyme des Ioniens ou de Delphos, fondateur de Delphes.
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Apollon est aussi le dieu qui compte le plus d'aventures avec des jeunes garçons[75]. Il s'éprend de Hyacinthe, fils d'un roi de Sparte. Alors qu'ils s'entraînent au lancer du disque, le hasard — ou Zéphyr jaloux — fait que le disque frappe Hyacinthe à la tempe. Désespéré, Apollon fait jaillir du sang du jeune homme une fleur, le hyakinthos, qui n'est sans doute pas la jacinthe actuelle[76]. L'histoire de Cyparisse, fils de Télèphe, se termine également de manière tragique. Aimé d'Apollon, il a pour compagnon un cerf apprivoisé. Il le tue un jour par mégarde ; désespéré, il demande au dieu la mort, et la grâce de pouvoir pleurer éternellement. Ainsi est-il changé en cyprès, symbole de la tristesse[77]. Apollon s'éprend également d'Hyménaios, fils de Magnès ; absorbé par sa passion, le dieu ne voit pas le jeune Hermès lui dérober ses troupeaux[78]. On ignore la fin de l'histoire[79].
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Figurent également parmi ses amants Hélénos, frère de Cassandre[80] ; Carnos, fils de Zeus et d'Europe, qui reçoit du dieu le don de divination[81] ; Leucatas qui, pour échapper au dieu, se jette du haut d'une falaise et donne son nom à l'île de Leucade[82] ; Branchos, aimé d'Apollon alors qu'il garde ses troupeaux, puis fondateur de l'oracle du dieu à Didymes[83].
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Apollon est un dieu jeune pour les Grecs. Seul entre tous les Olympiens, son nom n'apparaît pas sur les tablettes mycéniennes en linéaire B[84]. Le premier culte de Délos concerne Artémis et non son frère[85]. Il est possible que les Karneia, les Hyacinthies et les Daphnephoria célèbrent, à l'origine, d'autres divinités qu'Apollon. Cependant, son culte est solidement ancré dans l'ensemble du monde grec dès le VIIIe siècle av. J.-C., au moment où apparaissent les premières sources littéraires grecques.
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Apollon joue un rôle majeur dans l’Iliade : selon Homère, c'est lui qui est à l'origine de la dispute d'Agamemnon et Achille et donc de l'ensemble des événements narrés par le poème[86]. Animé du souffle prophétique, Xanthos, le cheval d'Achille, le nomme « le premier des dieux[87] ». De fait, aucun n'est mentionné plus souvent que lui dans le poème, à l'exception de Zeus[88]. Chacune de ses apparitions est terrifiante. Quand il veut venger son prêtre Chrysès, bafoué par Agamemnon :
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« Des cimes de l'Olympe il descendit, plein de courroux,
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Portant son arc et son carquois étanche sur l'épaule.
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Les traits sonnèrent sur l'épaule du dieu courroucé,
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Quand il partit, et c'était comme si la nuit marchait[89]. »
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Le son de son arc est terrible et sa voix gronde comme le tonnerre quand il arrête le guerrier Diomède dans son élan[90]. C'est aussi un dieu jaloux de ses prérogatives : face à Diomède, il rappelle qu'« il n'est rien de commun / entre les Immortels et ceux qui marchent sur la terre[91]. » Il reproche à Achille de ne pas l'avoir reconnu sous les traits du Troyen Agénor :
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« Pourquoi me poursuis-tu, Achille, avec tes pieds rapides,
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Mortel courant après un dieu ? N'aurais-tu pas encore
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Reconnu qui je suis, que tu t'obstines dans ta rage[92] ? »
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Pendant les jeux funéraires de Patrocle, il ôte la victoire à l'archer Teucros, qui a omis de lui promettre une hécatombe[93].
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Homère présente avant tout Apollon comme un dieu archer. Là où sa sœur emploie l'arc pour la chasse, son domaine est plutôt la guerre : il donne leur arme aux deux meilleurs archers de la guerre de Troie, le Troyen Pandaros et le Grec Teucros[94]. Ses flèches sont porteuses de mort : elles sèment la peste dans le camp grec, tuant hommes et bêtes. Le seul remède réside alors dans la prière, la purification et le sacrifice : lui seul peut écarter la maladie qu'il apporte[95].
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L'hymne à Apollon pythien commence par l'apparition d'Apollon dans l'Olympe, la phorminx (lyre) à la main : « aussitôt les Immortels ne songent plus qu'à la cithare et aux chants[96]. » Les Muses chantent en chœur les dieux et les hommes ; les dieux de l'Olympe, Arès compris, se donnent la main pour danser et Apollon lui-même, tout en jouant, se joint à eux. La scène résume l'un des domaines majeurs d'Apollon : la μουσική / mousikē, c'est-à-dire la combinaison du chant, de la musique instrumentale et de la danse[97].
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En tant que tel, Apollon est le patron des musiciens : « c'est par les Muses et l'archer Apollon qu'il est des chanteurs et des citharistes », dit Hésiode[98]. Il inspire même la nature : à son passage « chantent les rossignols, les hirondelles et les cigales[32] ». Sa musique apaise les animaux sauvages[99] et meut les pierres[100]. Pour les Grecs, musique et danse ne sont pas seulement des divertissements : elles permettent aux hommes de supporter la misère de leur condition[101].
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Jacqueline Duchemin, spécialiste de poésie grecque et de mythologie comparée, a émis l'hypothèse selon laquelle les prérogatives d'Apollon dans le domaine de la musique et de la poésie se rattacheraient à sa nature de divinité pastorale, l'une des fonctions originelles du dieu étant la protection des troupeaux[102]. Selon l'auteur de La Houlette et la lyre, ce seraient les bergers et les pâtres qui auraient inventé l'art musical au cours de leurs longues veillées solitaires. Elle affirme ainsi : « Le poète et le berger sont bien une même personne. Et ses dieux sont à son image[103]. » Et aussi : « Les divinités des pâtres et des bêtes furent, au sein d'une nature pastorale, dans les temps les plus anciens, celles de la musique, de la danse et de l'inspiration poétique[104]. »
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Après avoir réclamé l'arc et la lyre, Apollon, dans l'hymne homérique qui lui est consacré, nomme son troisième domaine d'intervention : « je révélerai aussi dans mes oracles les desseins infaillibles de Zeus[105]. » Si Zeus et quelques héros, comme Trophonios, possèdent leurs oracles, Apollon est la principale divinité oraculaire des Grecs[106]. Il le déclare lui-même quand son frère Hermès essaie d'obtenir aussi le don de divination : « j'ai engagé ma parole, et juré par un serment redoutable que nul autre que moi, parmi les Dieux toujours vivants, ne connaîtrait la volonté de Zeus aux desseins profonds[107]. »
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À partir de l'époque classique, tous les sites oraculaires de grande envergure appartiennent à Apollon, à l'exception de l'oracle de Zeus à Dodone et, plus tard, de celui de Zeus Ammon à Siwa[108]. Interrogé sur la disparition des oracles liés aux sources sacrées ou aux vapeurs émanant de la terre, Apollon répond au IIe – IIIe siècle ap. J.-C. :
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« […] la terre elle-même s'entr'ouvrit et reprit les uns dans ses entrailles souterraines, tandis qu'une éternité infinie anéantit les autres. Mais seul Hélios [Apollon] qui brille pour les mortels possède encore dans les gorges divines de Didymes les eaux de Mykalè, et celle qui court en bordure de Pythô sous la montagne du Parnasse, et la rocailleuse Claros, bouche rocailleuse de la voix prophétique de Phoibos[109]. »
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Le principal oracle d'Apollon est celui de Delphes, qui est probablement fondé entre 900 et 700 av. J.-C.[110]. Dès l'époque archaïque, Apollon delphien est omniprésent dans la vie des cités : il approuve leurs lois, comme la Grande Rhêtra de Sparte ou la constitution de Clisthène à Athènes, et donne sa bénédiction aux expéditions coloniales. Il apparaît dans les mythes héroïques comme celui d'Œdipe ou de Thésée. Les Jeux pythiques, en l'honneur d'Apollon, sont le concours public le plus important après les Jeux olympiques. À l'époque hellénistique, il conseille le Sénat romain. Après une période de déclin au Ier siècle av. J.-C., le sanctuaire est détruit au IVe siècle par les chrétiens.
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Apollon est toujours représenté dans la fraîcheur d'une éternelle jeunesse. C'est une caractéristique typique d'un dieu vent qui ne vieillit jamais[119].
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Il est représenté les cheveux longs, conformément à l'une de ses épithètes homériques[120]. La coiffure est typique des jeunes gens ou kouroi, terme dérivé de la racine ker-, « tondre, couper » (sous-entendu : les cheveux)[121]. Le passe-temps typique du jeune homme étant l'athlétisme, pratiqué nu, l'offrande typique à Apollon prend la forme, à l'époque archaïque, d'un jeune homme debout, nu, les cheveux longs, type statuaire que les historiens de l'art appellent le kouros.
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Liste des statues d'Apollon ayant un article dans Wikipédia
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Apollon, Hyacinthe et Cyparisse, Alexandre Ivanov, 1834
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Louis-Nicolas Clérambault a composé deux cantates, Apollon, opus 15 et Apollon et Doris, opus 21.
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République de Bulgarie
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(bg) Republika Bǎlgarija
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42° 41′ N, 23° 19′ E
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La Bulgarie, en forme longue la république de Bulgarie (en bulgare : България et Република България, translittération : Bǎlgarija et Republika Bǎlgarija), est un pays d’Europe du Sud-Est situé dans les Balkans. Elle est bordée par la mer Noire à l'est, au sud par la Grèce et la Turquie, au nord par le Danube et la Roumanie, à l’ouest par la Serbie et la Macédoine du Nord. Sa capitale est Sofia.
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La Bulgarie couvre approximativement la Thrace antique. Les premiers vestiges de civilisation sur son territoire datent de la fin du chalcolithique vers 4600 av. J. C. Les slaves s'y installent au VIe siècle et adoptent le christianisme de rite grec. Les Proto-Bulgares fondent en 680-681 la « Bulgarie du Danube », l'un des États successeurs de la Grande Bulgarie. Tengristes, ils adoptent eux aussi le christianisme en 864. Le « Premier Empire » ainsi fondé doit son nom aux Proto-Bulgares, sa langue aux Slaves et sa foi aux Grecs : sur ces bases, il réalise au Moyen Âge la première et plus ancienne civilisation slave, dont l'écriture cyrillique est l'un des héritages[5].
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De 1018 à 1185 le pays devient une partie de l'Empire byzantin, mais renaît ensuite de ses cendres, plus brillant et plus étendu encore puisqu'il englobe au XIIe siècle les actuelles Bulgarie, Macédoine du Nord, Macédoine-Occidentale, Serbie orientale, Valachie et Moldavie (territoires qui garderont jusqu'au XVIIIe siècle la liturgie et la langue slavonne comme langue de chancellerie). Après 1371, ce « Second Empire » se morcelle en plusieurs principautés (tzarats de Vidin et de Tarnovo, despotat de Dobroudja, principauté de Valachie, principautés slavo-macédoniennes), qui tombent sous la domination turque ottomane à la fin du siècle.
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Après une série de révoltes durant le XIXe siècle, un grand État de Bulgarie est défini au traité de San Stefano en 1878, mais le Congrès de Berlin met fin à ce rêve en créant deux petites principautés bulgares qui, malgré les réticences des puissances occidentales, parviennent à s'unir en 1885 en un royaume qui fait reconnaître son indépendance en 1908. Pour tenter de retrouver ses frontières de San Stefano, la Bulgarie s'allie à l'Allemagne durant les deux guerres mondiales. En 1946, elle est intégrée dans le « bloc de l'Est » qui se disloque en 1990. Elle est membre de l'Organisation mondiale du commerce depuis 1996, de l'OTAN depuis 2004, de l'Union européenne depuis 2007 et elle est présidée, depuis 2017, par un président euro-sceptique pro-russe[6].
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La Bulgarie est une république parlementaire et démocratique affichant un haut Indice de développement humain (0,782)[4].
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Il est possible que la dénomination slavonne блъгаринъ blŭgarinŭ transcrive l'ancien turc bŭlgar (signifiant « agité, énergique, dérangeant »)[7]. La langue turque actuelle la plus proche du Proto-Bulgare est le Tchouvache Чӑваш. Le nom bŭlgar désignait les Proto-Bulgares, peuple cavalier venu de la steppe pontique et dont les origines sont, semble-t-il, multiples, en partie iraniennes avec des composantes alanes, mais surtout turques avec des composantes koutrigoures, outigoures, saragoures, khazares, petchénègues et coumanes[8].
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La Bulgarie se trouve en Europe du Sud-Est, avec 1 808 km de frontières terrestres (Roumanie 608 km ; Grèce 494 km ; Serbie 318 km ; Turquie 240 km ; Macédoine du Nord 148 km). La longueur du littoral est de 354 km et l'altitude s'élève de 0 m (la côte de la Mer Noire) à 2 925 m (le mont Mousala).
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La principale caractéristique du pays est sa division en bandes de montagnes et de plaines orientées est-ouest. Du nord au sud se succèdent le plateau Danubien, le massif des Balkans (Stara planina), la Thrace du Nord, le massif du Rila et le massif des Rhodopes. La partie est, près de la mer Noire, est constituée de collines qui gagnent progressivement en hauteur en allant vers l'ouest. La partie ouest du pays est constituée uniquement de montagnes.
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Plus des deux tiers du pays, constitués de plaines, plateaux et collines, se situent à une altitude inférieure à 600 mètres. Les plaines (moins de 200 mètres d'altitude) représentent 31 % de la surface du pays, les plateaux (entre 200 et 600 mètres) 41 % de la surface, les montagnes de faible élévation (entre 600 et 1 000 mètres) 10 %, les montagnes moyennes (entre 1 000 et 1 500 mètres) 10 % et les montagnes élevées (plus de 1 500 mètres) 3 %[9]. L'altitude moyenne de la Bulgarie est de 470 mètres.
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Des montagnes relativement hautes occupent la zone située entre le bassin de Sofia, la plaine de Thrace et la frontière avec la Grèce au Sud : les monts de Vitocha au sud de Sofia, le massif de Rila plus loin au sud et le massif de Pirin au sud-ouest de la Bulgarie. Ces montagnes constituent les paysages les plus saisissants de la Bulgarie et de toute la péninsule des Balkans. Le massif de Rila culmine au mont Mousala, plus haut sommet des pays Balkans. Une douzaine d'autres sommets dans le même massif culminent à plus de 2 600 mètres. Les plus hautes montagnes se caractérisent par des sommets rocheux et des lacs situés au-dessus de la limite arbustive. Les sommets moins élevés sont couverts de prairies alpestres qui donnent à la chaîne une image de paysage verdoyant. La chaîne de Pirin est caractérisée par des sommets et des pentes rocheuses. Son plus haut sommet est le mont Vihren, la deuxième plus haute montagne de Bulgarie. Plus à l'est se trouve le vaste massif des Rhodopes.
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Trois massifs montagneux : le Grand Balkan, le Rila et les Rhodopes, atteignent une altitude moyenne de 2 000 mètres et commandent un réseau de vallées dont la plus connue est la vallée des roses. Les plaines qui s'étendent au nord sont irriguées par les affluents du Danube[10] tandis que celle du sud est le centre du bassin hydrographique de la Maritsa.
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La Bulgarie a un réseau de 540 rivières, dont la plupart sont plutôt courtes[11]. Le Danube reçoit environ 4 % de ses eaux des affluents de Bulgarie, tous issus du massif des Balkans, à part l'Iskar qui prend sa source dans le massif de Rila et coule vers le Nord en traversant par la banlieue Est de Sofia, puis à travers un canyon perpendiculaire aux Balkans pour finalement rejoindre le Danube. Le cours du Danube le long de la frontière entre la Bulgarie et la Roumanie est large de 1,6 à 2,4 km. La période des hautes eaux se situe en juin. Le fleuve est gelé en moyenne durant 40 jours par an[12].
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Pierres de Belogradtchik.
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Vue des Rhodopes.
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La mer Noire près du cap Kaliakra.
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Mont Chipka en hiver.
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Panorama sur la plaine de Thrace et la ville de Sliven d’un promontoire du Grand Balkan.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Le pays a signé et ratifié le protocole de Kyoto. En 2010, la Bulgarie a atteint son objectif de réduire ses émissions de CO2 par 30 % en comparaison avec les niveaux de 1990[13]. Malgré ce progrès, les grandes régions urbaines souffrent de la pollution de l'air gravement causée par des usines obsolètes et des centrales électriques à charbon[14]. L'environnement est affecté aussi par l'utilisation de pesticides et la production énorme de métaux lourds à l'époque communiste[15].
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Pour améliorer la situation écologique, le pays a initié quelques programmes pour préserver l'environnement[15]. Plus de 35 % du territoire de la Bulgarie est couvert par des forêts[16].
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La Bulgarie est condamnée par la cour de justice européenne en 2017 pour « non-respect systématique et persistant, depuis l’année 2007 jusqu’à l’année 2013 incluse au moins des valeurs limites journalières et annuelles applicables aux concentrations de particules en suspension »[17]. La pollution diminue l'espérance de vie des Bulgares de 2,5 années selon l'Organisation mondiale de la santé[18].
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Le jour du dépassement (date de l’année, calculée par l'ONG américaine Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de la Bulgarie[Note 1] est le 22 juin (pour l'année 2019)[19].
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, la Bulgarie comptait 339 sites dont[20] :
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Depuis 1999, la Bulgarie est subdivisée en 28 oblasti (en bulgare : област = oblast, au singulier, et области = oblasti, au pluriel). Ce terme peut être traduit, au choix, par « région », « district » ou « province ».
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Chacune des 28 régions porte le nom de la ville qui en est le chef-lieu, et où siège un « gouverneur régional » (en bulgare областен управител = oblasten oupravitel), dont le rôle est plus ou moins comparable à celui d'un préfet de département en France[réf. nécessaire]. Les gouverneurs régionaux sont nommés par le Conseil des ministres national, prévoyant un État fortement centralisé[réf. nécessaire]. Les municipalités sont dirigées par des maires, qui sont élus pour quatre ans, et par les conseils municipaux, qui sont élus au suffrage direct des organes législatifs. Les juridictions subnationales sont fortement dépendantes du gouvernement central pour le financement[22].
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En dehors de cet échelon régional existe un échelon local, celui des « communes » (en bulgare : община – obchtina – au singulier, общини – obchtini – au pluriel), au sein desquelles chaque ville et village conserve une personnalité propre, même si une intercommunalité semble avoir existé dès le milieu du XIXe siècle.
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En 4600 avant l'ère chrétienne, une civilisation agricole se développe autour des limans voisins de la mer Noire, autour de l'actuelle ville de Varna. Cette culture de Varna, datant de la fin du chalcolithique, connaît un développement culturel et technologique sans précédent pour l'époque avec d'admirables poteries, des idoles en os et en pierre, des outils de cuivre et une nécropole contenant les objets d'or, découverte en 1972 (la plupart des pièces sont en électrum, alliage naturel d'or et d'argent pouvant contenir entre 15 et 40 % d'argent)[23],[24]. La ville actuelle de Solnitsata (« saline ») est une des plus anciennes salines d'Europe.
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Entre 4 600 et 4 200 ans avant notre ère, l'orfèvrerie avait débuté sur les rives de la mer Noire dans ce qui est aujourd'hui l'Est de la Bulgarie et de la Roumanie. Les plus riches tombes renferment des diadèmes et des sceptres en or, des haches et des pointes de javelot à fort taux de cuivre, des parures raffinées, des céramiques finement décorées. L'étude des quelque 300 sépultures de la nécropole de Varna démontre, à l'âge du cuivre, l'existence d'une société fortement hiérarchisée[25].
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Pendant l'antiquité, la Thrace doit son nom aux Thraces, peuple de langue paléo-balkanique, donc indo-européenne, qui occupait cette région. Leur existence est évoquée par Homère dans l'Iliade, au chant X. Ils auraient été un peuple hautement civilisé qui occupa, pendant l'Antiquité, le territoire de l'actuelle Bulgarie. Ils pratiquaient l'orphisme et d'autres cultes à mystères. Ceux du littoral ainsi que l'élite étaient hellénisés comme en témoigne l'antique cité d'Odessos, aujourd'hui Varna, fondée autour de 570 av. J.-C. par des colons venus de Milet.
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Les Thraces se répartissent en diverses tribus, jusqu'à ce que le roi Térès les réunisse, vers 500 avant notre ère, en un royaume des Odryses qui atteint son apogée sous le règne des rois Sitalcès et Cotys Ier (383-359 av. J.-C.). Ce royaume est envahi et annexé par la Macédoine de Philippe II, le père d'Alexandre, puis s'émancipe et connaît un renouveau sous Seuthès III en -341. En 46 de notre ère, la Thrace est définitivement intégrée dans l'Empire romain qui, petit à petit, romanise les populations au nord d'une ligne nommée Jirecek (du nom de l'historien tchèque du XIXe siècle qui l'identifia), tandis qu'au sud de cette ligne, les Thraces étaient hellénisés.
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À partir du VIe siècle arrivent, le plus souvent pacifiquement, les Slavons, des Slaves qui s'installent parmi les populations thraces romanisées ou hellénisées. Les Slavons deviennent progressivement majoritaires et s'organisent en petits duchés, les Sklavinies. La plupart adoptent le christianisme de rite grec. À partir du VIe siècle arrivent les Proto-Bulgares, une confédération tengriste de peuples et tribus de la steppe pontique et du bassin du Don (où se trouvait la Grande Bulgarie originelle, dont certains sont turcophones (proches des actuels Tchouvaches de l'Oural et Balkars du Caucase), et d'autres iranophones (proches des Alains, et des actuels Ossètes du Caucase). Ces Proto-Bulgares finiront par être assimilés au sein d'une population très majoritairement slave dont ils adoptent la langue et, en 864, la religion, mais à laquelle ils donnent le nom de Bulgares. La carte génétique montre clairement l'origine européenne de la plupart des Bulgares actuels. De cette osmose naît une civilisation originale à laquelle l'on doit, entre autres, les alphabets glagolithique et cyrillique[26].
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Au VIIe siècle, les Bulgares du Don se séparent en deux fractions : l'une remonte vers le nord, et fonde la Bulgarie de la Volga (ultérieurement convertie à l'islam, et assimilée par les Tatars); l'autre moitié, menée par le khan Asparoukh, migre vers l'ouest, et fonde en 681 la « Bulgarie du Danube », un vaste état qui s'étendait sur les territoires des actuelles Bulgarie, Macédoine du Nord, Serbie orientale, Hongrie orientale, Roumanie et Moldavie. Selon des thèses récentes et bien fondées, telle que celle de l'académicien Bojidar Dimitrov, ce premier État bulgare était la continuation directe de l'État de Koubrat le Grand, le père d'Asparoukh[27], dont l'empire s'étendait aussi sur l'actuelle Ukraine.
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La Bulgarie danubienne va accroître sa puissance avec chacun des monarques qui vont se succéder. Leur capitale sera Pliska, de 681 à 893. En 717 le khan Tervel a été surnommé par ses contemporains « le Sauveur de l'Europe[28] », après avoir, avec l'armée bulgare, protégé Byzance des assauts arabes. Kroum (803-814)[29] institue le premier code de lois bulgare dont on ait connaissance, ce pourrait être un premier exemple en Europe de politique sociale étatique, assurant aux mendiants des subsides, et aux pauvres la protection de l'État, ainsi qu'à tous les Bulgares. En 864[30], Boris Ier de Bulgarie abolit le tengrisme, et embrasse la foi chrétienne orthodoxe. Il adopte le slavon comme langue usuelle et officielle (jusqu'à la fin du neuvième siècle, la langue officielle des Bulgares était le grec). En restant dans l'influence de Byzance, transmise par Constantin Cyrille et Méthode, les Slaves et Bulgares ont pu évoluer vers une culture d'expression slave[31] qui a d'ailleurs été aussi celle des principautés danubiennes jusqu'à l'époque phanariote, au XVIIIe siècle[32].
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Le khanat, devenu par conversion tzarat de Bulgarie, devient rapidement une dangereuse menace pour l'Empire byzantin. Il atteint son apogée culturel et sa plus grande extension territoriale sous Siméon Ier, fils de Boris Ier, le « Charlemagne bulgare ». En 893, ce dernier crée sa nouvelle capitale : Preslav. En 913, il sera reconnu par Constantinople comme « tsar » (un titre nouveau, déformation de « César », emprunté aux anciens empereurs romains, car avant cette époque, les monarques bulgares se titraient encore comme khans), et en 926 par le Pape de Rome. Son royaume atteint une extension considérable : de la mer Adriatique à la mer Noire, et du nord de la Roumanie actuelle à la Thessalie. Dans ce royaume multi-ethnique cohabitent des Grecs le long des côtes et dans les villes, organisés en « céphalies (κεφαλίες, кефалии), des Slaves majoritaires au long des rivières internes, organisés en « sklavinies » (Σκλαβινίαι, Склавинии), des Albanais (dans l'ouest) et des Thraces latinisés connus dans l'histoire sous le nom de « Roumains » autour des principaux massifs montagneux, des lacs macédoniens et au nord du Danube, organisés en « valachies » (Βλαχίες, Влахии)[33],[34],[35].
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Les fastes de la cour bulgare et de l'Église contrastent alors avec le sort misérable des paysans, sous régime féodal. Les nombreuses guerres, le poids des impôts et le mécontentement populaire affaiblissent le premier empire bulgare. Au Xe siècle, en 969, l'empereur byzantin Basile II (surnommé « Bulgaroctone » : le « Tueur de Bulgares »), allié à la Rus' de Kiev, attaque la Bulgarie. En 971, il prend Preslav, la capitale, et en 1018 il met fin au premier Tzarat, en réincorporant les anciens territoires de la Bulgarie dans l'Empire romain d'Orient. En 1180, la révolte des Bulgares et des Valaques, menée par les frères Petar et Assen, va aboutir au Second Empire Bulgare[36].
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Durant le règne de Jean Kaloyan (1197-1207, dit « Joanisse, roi de Blaquie et de Bougrie » par Geoffroi de Villehardouin[37]) la Quatrième croisade détruit la puissance byzantine en 1204 : Constantinople devient le siège d'un Empire latin d'orient. Baudouin VI de Hainaut qui avait été proclamé empereur à Constantinople tente de conquérir le royaume, mais Kalojan l'écrasa et le fit prisonnier à Andrinople en avril 1205. La rançon n'étant pas payée, Baudouin mourut en captivité. Kalojan mourut assassiné en 1207 par un mercenaire couman alors qu'il assiégeait Thessalonique tombée entre les mains des Croisés.
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Plus tard, sous le règne de Ivan Assen II (1218-1241), le royaume parvint à son apogée. Les arts et la culture connaissent un grand essor, comme en témoignent, entre autres, les fresques du monastère de Boiana près de Sofia, de nombreuses églises, ainsi que le palais de Tarnovo sur la colline de Tsarevets. À cette époque le royaume possédait l'accès à trois mers : la mer Noire, la mer Égée et la mer Adriatique[38]. Sur le plan économique, Ivan Asen II encouragea le commerce, accorda des privilèges à la république de Dubrovnik (vers 1230) et frappa monnaie en or et en bronze.
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Ivan Assen II mourut en 1241. Une conjuration de boyards assassina son fils mineur ainsi que son frère Mihail Assen. En 1242, les raids tatars et mongols frappèrent durement le royaume des Assénides, au retour de leur grande invasion en Occident, et obligent cet État à payer tribut à la Horde d'or dirigée par Djötchi. La dynastie des Assénides régnera encore une quarantaine d'années, avant d'être remplacée par la dynastie des Terter.
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Bien qu'affaibli par la domination tatare, le royaume connaîtra une dernière période brillante sous le long règne (1331-1371) de tsar Ivan Aleksandre Asen. La première période de son règne (1331-1364) est une réussite avec la reconquête des territoires qui avaient été perdus en Thrace, le long de la Mer Noire et dans les Rhodopes. La seconde période (1365-1371) est marquée par les défaites contre Amédée VI de Savoie qui se dirige vers la Mer Noire (1366-1367), contre le Royaume de Hongrie qui envahit la région de Vidin (1365-1369). Le royaume est partagé entre les fils d'Ivan Alexandre, l'un ayant le royaume de Vidin, l'autre le royaume de Tărnovo, alors que le Despotat de Dobroudja était devenu indépendant au fil du règne d'Ivan Alexandre. Trop faibles pour opposer une résistance réelle, les deux royaumes de Tarnovo (1393) et de Vidin (1396) allaient tomber l'un après l'autre sous la domination de l'Empire ottoman à la fin du XIVe siècle.
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La Bulgarie est entièrement conquise en 1396. La position géographique de la Bulgarie, l'importance relative de sa population ainsi que le peu d'intérêt que lui portaient les puissances occidentales en ont fait une province de l'Empire ottoman pendant près de cinq siècles, de 1396 à 1878. La Bulgarie, annexée à l'Empire ottoman, n'est alors qu'une province administrée par les sultans d'Istanbul sous la tutelle religieuse du Patriarcat de Constantinople. Le pays perd son indépendance mais aussi son nom et sa capitale : les Ottomans n'emploient que le mot Roumélie pour désigner l'ensemble de leurs possessions balkaniques (en turc Rumeli signifiait « pays des [Gréco]orthodoxes », le terme « Romiós » (> gr. Ρωμιός > gr. class.Ῥωμαῖος) étant devenu progressivement depuis la survie de l'Empire Romain exclusivement en Orient (celui dont la capitale était transférée de Rome à Byzance /renommé Constantinople, /=Istanbul de nos jours/) l'éthnonyme de tous les sujets de l'Empire et l'administration ottomane ne distinguait pas la population que sur le principe confessionnel, c'est-à-dire les Bulgares étaient égalés aux Grecs et les autres nationalités chrétiennes orthodoxes d'Orient[39]). Un système féodal strict y fut établi, afin de contrôler de près cette région proche d'Istanbul et donc stratégiquement essentielle. Les Bulgares n'étaient pas juridiquement égaux avec les musulmans ottomans et devaient payer des impôts beaucoup plus élevés (dhimmitude)[40]. Mosquées et minarets se multiplient au fil de la colonisation ottomane et de l'islamisation d'une partie des Slaves (Pomaques). Sur les côtes, les Grecs demeurent à Nessebar, Obzor et Varna.
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Quelques églises sont rasées[41] et c'est autour de la religion chrétienne, dans les montagnes, que la résistance[42] s'organise, le plus souvent grâce aux monastères qui vivaient repliés sur eux-mêmes pour éviter les représailles, mais qui entretenaient le culte de la nation bulgare. La période ottomane permet aussi l'accès à l'indépendance de l'Église Bulgare. Échappant à la tutelle du Patriarcat œcuménique de Constantinople, dominé par les Grecs, les religieux orthodoxes bulgares instaurent l'exarchat Bulgare en 1870 avec le consentement de la Sublime Porte et sous les pressions russes.
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Vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle, avec le développement de l'économie et le commerce et le déclin de la force militaire turco-ottomane, une nouvelle génération de Bulgares surgit. Les plus éminents personnages de cette véritable Renaissance tardive « à la bulgare » sont le moine Païssii de Hilendar, Petar Beron, Kolyo Ficheto (le plus grand architecte de l'époque), Georgi Rakovski, le poète Khristo Botev (tué en 1876), Georgi Benkovski, Liuben Karavelov et Stefan Stambolov. Isolés dans leurs montagnes, les monastères deviennent de vrais foyers de résistance contre les Ottomans. De nombreux nationalistes y trouveront refuge. Parmi eux, le plus célèbre des héros révolutionnaires, Vasil Levski, sera pendu à Sofia.
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La domination ottomane ne prend effectivement fin qu'à la suite de l'insurrection d'avril 1876, qui entraîne la guerre russo-turque de 1877 et le traité de San Stefano du 3 mars 1878, par lequel la Bulgarie acquiert une indépendance relative en tant que principauté autonome.
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La création de ce grand État slave dans les Balkans et le renforcement de l’influence russe dans la région provoquent le bouleversement des intérêts politico-stratégiques des Grandes Puissances. Aussi, devant leurs protestations, le tsar Alexandre II accepte la réunion du Congrès de Berlin en 1878. Ce dernier se clôt par le Traité de Berlin qui supprime la Bulgarie ethnique du traité de San Stefano qui faisait suite au conflit russo-ottoman, et divise en deux la nouvelle principauté bulgare. Ces nouvelles frontières refusent aux Bulgares l'unité réclamée par les nationalistes. Plusieurs conflits régionaux démarrent.
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En 1879, la Bulgarie se dote de la « Constitution de Tarnovo » instaurant une monarchie constitutionnelle où le souverain (Knèze) possède certaines prérogatives d'intervention définies dans la constitution. Le pouvoir législatif relève de l’Assemblée nationale. Le même jour le prince germanophone Alexandre de Battenberg (1879-1886) est élu chef de la principauté par l’Assemblée constituante. Mais le prince entre rapidement en conflit avec les libéraux alors au pouvoir et parvient grâce à un coup d'État, en 1881, à suspendre la constitution et à s’octroyer les pleins pouvoirs. En 1883, le prince rétablit le régime constitutionnel. En septembre 1885, un soulèvement permet aux Bulgares d’unir enfin la principauté de Bulgarie et la Roumélie orientale en un seul État. Un mois plus tard, la Serbie tente vainement d’envahir la Bulgarie.
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À partir de 1903, le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha (1887-1918) fait valoir ses prérogatives constitutionnelles en ayant lui-même le dernier mot lorsqu'il s'agit de désigner des premiers ministres. Cela conduit certains à parler d'un régime princier censé personnel. Continuant de se moderniser, la Bulgarie devient même une puissance militaire dans la région des Balkans, appelée « la Prusse des Balkans »[43],[44]. Néanmoins, ce n’est qu’en 1908 que le prince proclame l’indépendance de la Bulgarie, profitant de la prise du pouvoir par le parti Jeunes-Turcs à Constantinople. Il s'octroie le titre de tsar.
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Le pays est profondément impliqué en 1912 et 1913 dans les guerres balkaniques, série de conflits avec ses voisins. Pendant la première guerre balkanique, la Bulgarie conduit la Ligue balkanique contre l'Empire ottoman et a vaincu, mais une querelle relative au contrôle de Macédoine provoque une seconde guerre entre les pays de la Ligue. La Bulgarie, attaquée simultanément par ses voisins, a perdu face aux armées de l'Empire ottoman, la Serbie, la Grèce et la Roumanie. Cette perte a conduit à une « catastrophe nationale », avec la perte de territoires et une crise économique.
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Pendant les deux guerres mondiales, la Bulgarie se retrouve dans le camp des perdants. La perte de la Première Guerre mondiale provoque la seconde catastrophe nationale et dénote l'échec des efforts pour réunir tous les Bulgares dans un État-nation. Une période d'instabilité politique a suivi. Le coup d'État du 9 juin 1923 supprime l'ancien gouvernement agrarien et installe un régime pro-fasciste d'Alexandre Tsankov. En septembre la même année, une insurrection ouvrière visant à renverser le gouvernement de Tsankov a échoué.
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Pendant l'entre-deux guerres et en prenant exemple sur l'Allemagne nazie, le tsar Boris III contourne une à une les clauses du Traité de Neuilly, de façon indirecte tout d'abord, puis ouvertement à partir des années 1930. C'est ainsi qu'il parvient à fonder à nouveau une armée de l'air dès 1935. Dans le même temps, il soumet la Bulgarie à un régime fortement autoritaire. En 1935, le tsar Boris III installe une dictature personnelle pour éviter la crise politique[45].
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La Bulgarie continuera néanmoins à renforcer son armée à la fin des années 1930. Le 7 septembre 1940, l'Allemagne aide la Bulgarie à se faire restituer la Dobroudja du Sud par la Roumanie (traité de Craiova). Cette aide allemande avait comme but certain de voir la Bulgarie se ranger du côté des pays de l'Axe, ce qui fut fait le 1er mars 1941 lorsque le tsar Boris III signa le pacte tripartite. La Bulgarie entra en guerre aux côtés de l'Allemagne contre la Yougoslavie et la Grèce (opération Maritsa), ce qui lui permit de récupérer également la Macédoine et le débouché sur la mer Égée. À la suite du décès du tsar Boris III le 28 août 1943, les alliés tentèrent de faire pression sur le jeu des alliances bulgares en bombardant directement la Bulgarie. Malgré une position de neutralité préservée durant toute la guerre vis-à-vis de l'Union soviétique, l'Armée rouge approche de la frontière bulgare puis déclare la guerre à la Bulgarie le 5 septembre 1944. C'est la « guerre d'un jour », car le lendemain, une insurrection menée par la coalition du Front de la Patrie (communistes bulgares et Zveno) renverse le gouvernement et instaure un régime favorable à l'URSS.
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En mars 1943, un vaste mouvement d'opinion, en Bulgarie et des figures comme Dimitar Pechev convainquent le tsar Boris III de refuser de livrer les juifs nationaux aux nazis malgré la présence de la Wehrmacht sur le sol de son allié. Seuls les 11 343 juifs grecs (des territoires de l'Égée pris à la Grèce) et 8 000 juifs bulgares sont sacrifiés[46] ; le reste de la communauté juive de Bulgarie vivant à l'intérieur des frontières définies par le traité de Neuilly échappe à la déportation[47]. Les juifs de Thrace et de Macédoine, territoires « libérés par l’armée bulgare » en 1941, sont déportés en 1943[48].
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Après la Seconde Guerre mondiale, la Bulgarie entre dans la sphère d'influence de l'URSS (avec l'entrée de l'armée rouge le 8 septembre 1944) et devient elle-même en 1946 une « démocratie populaire » incluse dans le bloc de l'Est et gouvernée de manière dictatoriale.
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En 1947, le Parti communiste bulgare commence à imposer un contrôle total sur l'économie, s'empare de tous les capitaux des entreprises privées (environ 6100) et effectue une nationalisation intégrale[49]. Georgi Dimitrov guide l'élaboration de la constitution de 1947 sur le modèle de la constitution de 1936 de l'URSS stalinienne, la plus démocratique et la moins appliquée des constitutions connues, dont les clauses principales sont l'égalité devant la loi, un système universel de protection sociale, la liberté d'expression, la presse et de réunion et l'inviolabilité de la personne, du domicile, de la correspondance : tout ce que le NKVD violait systématiquement en URSS, suivi en Bulgarie par son équivalent le КДС (KDS) ou CSS, entre autres dans le camp de concentration de Béléné, sous prétexte de défendre la « révolution nationale » du 9 septembre 1944[50].
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L’URSS a une telle confiance dans le régime communiste bulgare, qu’à l’exception des deux petites stations d'écoute et de surveillance aérienne et navale des caps Kaliakra et Maslen nos (en), l’Armée rouge n’entretient aucune troupe sur le sol de la Bulgarie, tout en lui livrant son pétrole à des tarifs préférentiels en échange de produits agricoles et de l’industrie légère. La stalinisation de la société est totale, avec la formation de combinats industriels géants et la collectivisation des terres. De 1950 à 1956 le stalinien Valko Tchervenkov démantèle les derniers vestiges de l'activité économique privée et de société civile autonome : alors que la pénurie sévit, nécessitant un système de coupons de rationnement[51], les statistiques officielles annoncent triophalement que le niveau de vie aurait augmenté de 75 %[52]. L’agriculture vivrière bulgare est sacrifiée à la constitution rapide d’une infrastructure industrielle tandis que Tchervenkov effectue des purges politiques, une censure stricte, une politique isolationniste et impose le culte de sa propre personnalité.
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Avec la mort de Staline en 1953 et la déstalinisation, Tchervenkov est écarté du pouvoir, Todor Jivkov devient premier secrétaire du parti communiste bulgare en 1954, puis président en 1962. L’ambitieux programme industriel de Tchervenkov est revu à la baisse, l’agriculture redevient prioritaire et les coupons de rationnement disparaissent. S’ouvre alors une ère de plus de trente-cinq ans de domination d’un seul homme qui ne sera chassé du pouvoir qu’en 1989, à l’âge de 78 ans[53]. Mais le régime autocratique de Jivkov est aussi une ère de stabilité politique et économique sans équivalent dans le bloc de l'Est[54]. Dans les années 1980, un certain nombre de problèmes politiques (vieillissement de la nomenklatura), économiques (inflation due à l’économie parallèle) et sociales (la question turque) déstabilisent le régime[55].
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Les premières remises en question de l’économie « socialiste » planifiée en Bulgarie et de son alignement sur l’URSS apparurent bien avant la perestroïka : en 1984, la décision des Russes d’appliquer les tarifs internationaux à leur pétrole, conjuguée à une forte sécheresse qui eut pour résultat de faire baisser le niveau des cours d’eau alimentant les barrages hydroélectriques, suscitent un fort mécontentement. Mais c’est la situation écologique désastreuse[56] du pays qui déclenche les premières protestations ouvertes et la formation de groupes dissidents comme le club pour le soutien de la perestroïka et de la glasnost puis, en 1989, Podkrepa et Ekoglasnost. Les mouvements de protestation entraînent la chute de Jivkov le 10 novembre 1989[57] ainsi que l’unification de tous les groupes dissidents et libéraux au sein du SDS (Union des forces démocratiques) alors qu’un grand enthousiasme s’empare du pays. La domination du parti communiste s'achève en 1990, quand ont lieu les premières élections multipartites.
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Après la chute des régimes communistes en Europe et l’ouverture du rideau de fer, l’intégration de la Bulgarie au monde démocratique a été plus longue que pour d’autres pays du pacte de Varsovie. L’instauration d’un régime parlementaire fort par la nouvelle constitution a eu pour effet une forte instabilité gouvernementale : sept gouvernements se sont succédé en sept ans entre 1991 et 1997. Une coalition de droite, dominée par le SDS, arriva au pouvoir en 1997. Ces années de transition ont apporté l’expérience de l’alternance politique mais surtout l’enracinement croissant de l’État de droit, malgré des lacunes importantes, essentiellement dues à la corruption et à la puissance économique des mafias héritées du régime communiste, dans lequel leur efficacité était supérieure à celle des services de l’État et s’y substituait.
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En décembre 2000, la levée de l’obligation de visa pour les Bulgares souhaitant voyager dans les pays de l’Union européenne a représenté un premier pas concret vers son intégration. La crise du Kosovo, au cours de laquelle la Bulgarie a joué un grand rôle dans l’accueil et le transit des troupes de l’OTAN, a marqué un tournant dans les relations politiques entre les alliés occidentaux et Sofia, même si l’opinion bulgare était spontanément portée à une certaine solidarité avec les Serbes, eux aussi slaves et orthodoxes.
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La stabilisation économique et politique du pays est désormais possible. La Bulgarie a rejoint l’OTAN en 2004 et l’Union européenne en janvier 2007, mais en septembre 2012 elle renonce à son projet d’entrer dans la zone euro.
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La Constitution date de juillet 1991.
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Elle instaure une république multipartite à régime parlementaire, où le président de la République est chef d'État et le Premier ministre chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et l'Assemblée nationale. Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux premiers.
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Le président de la république de Bulgarie est élu au suffrage direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Il est le chef de l'État et le commandant en chef des forces armées. Il est également à la tête du Conseil consultatif pour la sécurité nationale. Il peut s'opposer en premier ressort à la promulgation d'une loi. Pour contourner ce veto, le parlement vote à nouveau le texte. Il nomme le Premier ministre.
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L'actuel président de la République est Roumen Radev[58].
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Le président de la république de Bulgarie est assisté dans ses fonctions par un vice-président de la République élu simultanément sur le même bulletin que lui.
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Le Parlement de la république de Bulgarie est monocaméral, il ne comprend donc qu'une seule chambre, l'Assemblée nationale (Narodno Sabranie), constituée de 240 députés élus au suffrage universel direct pour une durée de quatre ans. Les électeurs votent pour un candidat ainsi que pour un parti politique ou pour une liste de coalition dans chacune des vingt-huit divisions administratives du pays. Un parti ou une coalition doit obtenir au minimum 4 % des suffrages pour obtenir des députés. Le Parlement vote les lois et le budget, prend les décisions relatives à : l'organisation des élections présidentielles ; la nomination et de la révocation du Premier ministre et des autres membres du gouvernement ; la déclaration de guerre, au déploiement de troupes armées hors de la Bulgarie ; la ratification des accords et des traités internationaux.
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La Constitution institue également une Cour constitutionnelle chargée de contrôler la constitutionnalité des lois ainsi que celle des traités internationaux. Elle peut être saisie par le président de la République, le Premier ministre, l'Assemblée nationale et par la Cour suprême de cassation et par la cour suprême administrative (il n'y a pas de recours direct des citoyens devant la Cour constitutionnelle).
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Lors des élections législatives du 25 juin 2005, le Parti socialiste bulgare de Sergueï Stanichev est arrivé en tête des suffrages avec 30 % des voix devant le Mouvement national Siméon II du Premier ministre Simeon Sakskoburggotski (l'ex-roi Siméon II), le parti de la minorité turque (le Mouvement des droits et des libertés) et le parti nationaliste Ataka (Attaque)[59].
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Le 16 août 2005, après une première tentative avortée de formation de coalition, le nouveau gouvernement proposé par Sergueï Stanichev est accepté par le Parlement par 169 voix pour et 67 contre. C'est un gouvernement de coalition avec les deux partis arrivés en deuxième et troisième positions aux élections législatives deux mois auparavant, dirigés respectivement par Simeon Sakskoburggotski et par Ahmed Dogan.
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Le dimanche 20 mai 2007, les Bulgares ont élu les dix-huit députés européens pour la première fois au suffrage universel direct. La participation a été très faible (28,6 %), manifestant le désintérêt des Bulgares pour les affaires européennes. De plus, discrédité par de nombreuses affaires de corruption, le Parti socialiste bulgare est en net recul : le nouveau parti de centre-droit Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), dirigé par le maire de Sofia, Boïko Borissov, arrive ainsi en tête avec 21,69 % des voix, et obtient cinq sièges. Ont également obtenus cinq sièges : le Parti socialiste bulgare (21,41 %) et le Mouvement des droits et des libertés des turcophones (20,26 %). Le parti nationaliste Ataka se voit attribuer deux sièges (14,22 % des voix) tandis que le dernier siège revient au Mouvement national pour la stabilité et le progrès (6,26 %), parti centriste héritier du Mouvement national Simeon II[60].
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Le 5 juillet 2009, le GERB, nouveau parti politique se réclamant de droite, gagne les élections législatives avec une majorité relative de 39,71 % des suffrages et Boïko Borissov devient Premier ministre le 27 juillet.
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L'armée bulgare (en bulgare Българска армия, translittération internationale Bălgarska armija) a engagé une réforme en profondeur en 1997 afin d'atteindre les standards de l'OTAN à laquelle la Bulgarie a adhéré en avril 2004. L'armée bulgare a beaucoup d'expérience militaire, ayant participé à dix grands conflits de 1885 à nos jours.
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Le budget de la Défense bulgare s'élevait en 2005 à 979 millions de leva soit 502 millions d'euros ; en 2003 il était de 1,08 milliard de dollars américains (1,9 % du produit national brut) ; en 2008 1 339 millions de dollars ; en 2010 602 millions de dollars (1,44 %)[61].
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Ses effectifs qui s'élevaient en 1988 à 152 000 hommes alors que le pays était membre du pacte de Varsovie[62] sont descendus à 45 000 hommes en 2005 et devraient atteindre 27 000 militaires en 2011[63]. La Bulgarie a décidé d’abolir le service militaire obligatoire (dont la durée était de six à neuf mois) à partir du 1er janvier 2008. En juin 2011, plus de 930 soldats bulgares sont déployés dans d'autres pays.
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Après une réduction du matériel obsolète entre 2000 et 2008, l'Armée de Terre exploite actuellement 160 chars T-72 et 378 véhicules blindés lourds ; 192 pièces d'artillerie de plus de 100 mm de calibre[64]. Les forces aériennes ont 14 bombardiers Su-25, 30 chasseurs MiG-21 et MiG-29 et 73 autres avions et hélicoptères[65]. La Bulgarie possède aussi des systèmes de missiles précis comme les S-300[66] et SS-21.
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La Bulgarie possède une économie de marché libérale, qui est intégrée à l'Économie de l'Union européenne depuis 2007. La monnaie nationale est le lev bulgare, qui est lié à l'euro au taux de 1,95583 pour un euro. La Bulgarie est un pays industrialisé et la plupart de l'économie est dans le secteur privé.
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Le pays a connu une grave crise économique en 1996-1997 et est passé sous la tutelle du Fonds monétaire international qui lui a imposé de sévères restrictions et de nombreuses privatisations.
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Les principales sources de revenus et de croissances économiques sont le secteur de l'énergie, l'exploitation minière, l'industrie légère et le tourisme. Selon l'Institut national de statistique (INS) de Bulgarie, le PIB en 2009 était de 43,5 milliards de dollars (environ 90 milliards à PPA)[67]. En 2010 le montant des exportations était de 19,3 milliards de dollars[1], dont les principaux produits étaient l'acier, les machineries, les combustibles raffinés et les textiles.
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Durant la décennie 2000, le pays a connu une croissance économique importante dans l'optique de son adhésion à l'Union européenne. De 2004 à 2008, la croissance du produit intérieur brut était de 6 % en moyenne. Le chômage est tombé de 18 % (2003) à 9,1 % (2010)[68]. La main-d'œuvre est estimée à 3,8 millions de personnes[69]. 2008 aura été marquée par une forte croissance, 6,5 % du PIB, et de grands projets énergétiques comme le gazoduc South Stream et la centrale nucléaire Belene. Mais l'année est également marquée par la sanction de Bruxelles contre l'utilisation frauduleuse des fonds d'aide européens et les premières conséquences sur l'économie réelle de la crise financière internationale avec un éclatement de la bulle immobilière qui s'est traduit par une chute des investissements directs étrangers de 25 % en huit mois[70]. La Bulgarie reste encore à ce jour le pays le plus pauvre de l'UE[71].
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La Bulgarie fait état de six régions de planification, selon la nomenclature des unités territoriales statistiques.
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Selon Eurostat (2016)[73].
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Même si elle manque de ressources stratégiques comme le gaz naturel et le pétrole, la Bulgarie possède un réseau énergétique puissant qui joue un rôle important dans la région et en Europe[74]. La source principale d'électricité est l'énergie nucléaire. La seule centrale nucléaire du pays — Kozlodouy — satisfait 34 % des besoins énergétiques du pays[75]. Une deuxième centrale avec deux réacteurs de mille mégawatts est en cours de construction pas loin de Béléné. La construction de deux réacteurs supplémentaires à Kozlodouï est également envisagée. Après 2005 le pays a aussi concentré ses efforts sur les projets d'énergies renouvelables, en particulier des parcs éoliens[76]. La Bulgarie a actuellement l'un des marchés à plus forte croissance de l'énergie éolienne dans le monde[77]. Les autres sources d'électricité sont 64 centrales hydroélectriques et plusieurs vastes centrales thermiques[78].
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Malgré l'énorme ralentissement économique après la chute du communisme, la Bulgarie possède encore une capacité industrielle considérable. Le pays est un producteur à grande échelle de cuivre, de zinc, de charbon et de tabac[79] (classé respectivement seconde, quatrième, sixième et troisième dans l'Union européenne). Le pays produit également 0,7 million de tonnes d'acier brute par an[80]. La production de métaux et d'alliages a lieu dans quelques grands complexes miniers et métallurgiques, comme Elatsite (42 000 millions de tonnes de cuivre par an[81]), Stomana (1 400 000 millions de tonnes de fer et acier par an[82]) et KTsM (65 000 tonnes de plomb et 80 000 tonnes de zinc par an[83]). L'industrie lourde inclut aussi le raffinement des carburants, la production et la réparation de wagons, d'automobiles (à Lovetch[84]), de matériel de communication, de matériel électronique[85] et de matériel militaire.
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Située dans le carrefour entre l'Europe et l'Orient, la Bulgarie possède une position stratégique. Le réseau routier a 40 231 km de longueur, dont une partie considérable est en mauvais état.
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Le réseau ferroviaire est bien développé, cependant les lignes les moins fréquentées disposent de trains plutôt vétustes[86]. La ligne Sofia-Plovdiv est la mieux desservie du pays. Il n'existe pas de trains à grande vitesse en Bulgarie, mais la première ligne de ce type est prévue d'être complète en 2017[87]. Le programme de modernisation à un coût de 580 000 000 euros est en progression[88]. Le métro de Sofia est le seul système de transport urbain souterrain en Bulgarie. Le métro est prolongé pour 39 km avec 34 stations en très bon état[89]. Dans le début des années 2000, la Bulgarie avait 37 300 km de routes, dont presque toutes ont été asphaltées, mais près de la moitié (18 000 kilomètres) est tombé dans le plus mauvais classement international pour les routes asphaltées[90]. Le réseau routier en 2011 est constitué de 40 321 kilomètres de routes, dont 644 km sont de terre, 39 169 km sont bitumées et 418 km sont des autoroutes. La stratégie nationale de développement de l'infrastructure intégrée envisage la construction de 720 kilomètres de nouvelles autoroutes jusqu'à 2015.
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La Bulgarie était le premier pays de l'Europe de l'Est avec une industrie des technologies de l'information[91]. Le réseau de communication comprend une gamme complète de services téléphoniques et Internet à la disposition de la majorité de la population. Le nombre total de lignes téléphoniques fixes s'élève à 2,164 millions[1], et le nombre de téléphones cellulaires en usage est estimé à plus de 10,6 millions[1]. La Bulgarie a connu une augmentation rapide du nombre d'utilisateurs d'Internet — de 430 000 en 2000 à 3,4 millions (48 % de la population) en 2010[92] —.
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À partir de la fin des années 1990, les investissements de l'Occident et la Russie ont largement contribué à la récupération de la crise économique de 1996-1997, mais le taux d'investissement est resté inférieur à celui d'autres pays d'Europe orientale[93]. En 2003, les principales sources nationales de l'investissement étranger direct, étaient, par ordre d'importance, l'Autriche, la Grèce, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas.
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Un certain nombre d'entreprises étrangères ont investi dans l'engrais chimique et les industries agro-alimentaires[93]. Dans les années 2000, la Chine a investi dans l'industrie électronique bulgare. Certains accords de coopération ont été signés entre les deux pays pour la fabrication de composants de véhicules. En 2012, le constructeur chinois Great Wall Motors inaugure, via la société Litex Motors (en), sa première usine d'assemblage en Europe, Eurocopter, ceci conformément à un protocole bilatéral impliquant une variété de machines, logiciels et autres produits industriels.
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Avec une population de 7 364 570 en 2011[94], la Bulgarie est le 16e pays le plus peuplé dans l'Union européenne. La majorité d'entre eux (environ 83 %) sont bulgares, et les autres grands groupes ethniques sont les Turcs (environ 9 %) et les Roms (environ 5 %). Le taux d'urbanisation est de 73 %[95]. La plus grande ville est la capitale Sofia avec ses 1 270 000 habitants[95], qui représentent 17 % de la population totale du pays. Les autres grandes villes sont Plovdiv (338 000 hab.[96]), Varna (335 000 hab.), Bourgas (202 000 hab.) et Roussé (150 000 hab.).
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Selon une étude publiée par l'ONU à l'été 2007, la Bulgarie se classe à la 4e place mondiale par le taux de croissance des personnes âgées, à la 7e place par la part de la population âgée de 60 ans ou plus (22,9 %, contre 11 % en moyenne dans le monde) et à la 9e place par l'âge moyen de ses habitants (44,4 ans contre 28 en moyenne dans le monde). Aujourd'hui le pays se trouve en une crise démographique grave, avec un des plus bas taux de natalité dans le monde (9,32/1 000 habitants, 204e[1]) et un des plus hauts taux de mortalité (14,32/1 000 habitants, 13e dans le monde[1]). L'écart résultant donne à la Bulgarie le plus faible taux de croissance démographique de toute nation souveraine dans le monde (-0,78 %)[1].
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Ceci souligne la crise démographique que connaît le pays depuis le milieu des années 1980 et qui s'est accélérée après la chute du régime communiste en 1989. Cette situation s'explique par plusieurs facteurs :
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Le vieillissement de la population a, d'ores et déjà, des conséquences négatives sur la situation économique et sociale : hausse des pensions de retraite, hausse des dépenses médicales, baisse de la consommation, de l'épargne et de l'investissement, baisse des recettes du régime de sécurité sociale et, par voie de conséquence, déficits croissants du système de protection sociale auxquels la croissance économique en recul ne pourra pas remédier. Selon les experts, cette tendance ne pourra s'inverser, en Bulgarie (comme dans les autres pays européens), ni à court, ni à moyen terme.
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La langue officielle de la Bulgarie est le bulgare, une langue slave méridionale appartenant à la famille des langues indo-européennes. Il est également parlé dans les pays voisins, tels que l'Ukraine (dans la région du Boudjak), la Moldavie, la Macédoine du Nord, la Roumanie, la Grèce et la Turquie, et aussi dans la périphérie est de la Serbie (dialecte Torlakian).
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Le bulgare s'écrit avec l'alphabet cyrillique avec quelques différences par rapport au russe. Il ne comporte en effet que 30 lettres et les prononciations peuvent ne pas être identiques. Le macédonien est fermement considéré en Bulgarie comme un parler bulgare, bien que revendiqué comme une langue à part entière par la Macédoine du Nord. Cela a parfois provoqué des problèmes entre les deux pays lors de l'écriture de documents officiels communs.
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Selon le recensement de 2011, les orthodoxes bulgares représentaient 59,4 % de la population et les musulmans 7,9 %, et les autres chrétiens 0,9 %, majoritairement affiliés à l'Église catholique[1]. L'Église grecque-catholique bulgare compte 10 000 fidèles (2005). Il existe une petite communauté juive d'environ 5 000 personnes en Bulgarie[97]. Selon l'Eurobaromètre spécial Social values, science and technology en 2005, 40 % des Bulgares croyaient en un dieu, et autant en des forces vitales ou spirituelles, alors que 13 % ne croyaient en rien de tel[98].
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Selon une enquête réalisée par Irène Mélikoff en 1985, le nombre d'alévis en Bulgarie est d'environ 90 000 à 100 000.
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Le recensement du 4 décembre 1992 dénombre 83 537 habitants qui se définissent comme alévis.
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Ce chiffre est certainement sous-estimé dans la mesure où les bektachi de Bulgarie ne se définissent pas en tant qu'alévis, se dissimulant vis-à-vis du sunnisme majoritaire comme le font les qizilbash en Turquie.
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La population alévie est concentrée dans les provinces de Razgrad, Ruse, Silistra et Sliven.
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La politique d'éducation en Bulgarie est supervisée par le Ministère de l'Éducation, la jeunesse et la science. À partir de 6 ou 7 ans, l'inscription à l’école élémentaire est obligatoire. L'État assure l'éducation gratuite dans ses écoles, sauf pour les établissements d'enseignement supérieur, les collèges et les universités. Le programme se concentre sur les huit principaux domaines disciplinaires : langue et littérature bulgares, langues étrangères, mathématiques, technologies de l'information, sciences humaines et sociales, sciences naturelles et écologie, musique et art, éducation physique et sportive[99]. Selon les estimations du gouvernement de 2003, le taux d'alphabétisation est de 98,6 %, environ le même pour les deux sexes. La Bulgarie a toujours eu des hauts standards d'éducation[99].
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Les études primaires durent 8 ans et se divisent en 8 niveaux (classes) pour chaque année. Les études secondaires s'effectuent aux lycées et les technicum. La formation aux premières dure 4 ans, et ils peuvent faire partie d'une école des études moyennes qui unit l'éducation primaire et secondaire, ou ils peuvent être des lycées élites, orientés principalement vers les études d'une langue, ou des sciences. Par exemple, il existe des lycées de langue français, anglais, allemand, espagnol et même japonais, aussi des lycées mathématiques et économiques. Les technicum sont des écoles plus spécialisées, orientées vers les technologies. La formation à celles-ci dure aussi 4 ans[100].
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L'éducation supérieure s'effectue dans les universités. Il existe plus de 40 universités en Bulgarie, qui peuvent être générales (université Saint-Clément-d'Ohrid de Sofia, université de Veliko Tarnovo) ou spécialisées (Académie nationale des arts, Académie militaire Georgi-Rakovski (en), Université technique de Sofia). L'échelle d'évaluation individuelle, même dans les universités, les écoles primaires et les lycées, est de 2 (faible) à 6 (excellent).
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L’Académie bulgare des sciences (ABS) est une organisation publique autonome consacrée à la recherche scientifique. Créée en 1869, elle a un budget annuel de 60 millions de leva, ou 30 millions d'euros[101], et regroupe plus de 70 départements et instituts scientifiques, parmi lesquels l’Institut de recherches spatiales et Soleil-Terre (IRSST), Observatoire astronomique national de Rožen et l’Institut de mathématique et d’informatique (IMI). L’IRSST dirige le programme spatial de Bulgarie, et dans les années 1970 et 1980 préparait des instruments de recherche cosmique et les cosmonautes bulgares. Le premier bulgare à voyager dans l’espace est Georgi Ivanov, qui effectue sa mission en 1979 à bord de Soyouz 33. En 1981, la Bulgarie envoie dans l’espace son premier satellite artificiel, Balgariya-1300, qui est encore en service et fait des recherches sur les régions polaires de la Terre. Il participe au programme d’exploration polaire de l’ABS, qui inclut également une base antarctique, située sur les îles Shetland du Sud.
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La culture bulgare est un syncrétisme d'influences successivement thraces, grecques, celtiques, romaines, slaves, proto-Bulgares et ottomanes[102]. Pendant le Moyen Âge, la Bulgarie était le noyau culturel des peuples slaves[103] avec des réalisations culturelles notables, par exemple l'alphabet cyrillique et les compositions musicales complexes de Joan Cucuzel. Entre 1396 et 1878, la Bulgarie était une partie de l'Empire ottoman. La théocratie islamique, que les ottomans avaient installée, a persécuté la culture bulgare médiévale et cherché à isoler les Bulgares des courants progressistes de l'Europe[104].
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Pendant le Moyen Âge la Bulgarie a exercé une influence significative sur l'Europe de l'Est, particulièrement les peuples slaves. La Bulgarie possédait certains des meilleurs instituts en Europe, notamment les écoles littéraires d'Ohrid et Preslav, où l'alphabet cyrillique a été développé, et l'école artistique de Tarnovo[105]. Après la conquête ottomane de Bulgarie à la fin du XIVe siècle, ces instituts cessent d'exister.
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La Renaissance bulgare est une période d'essor culturel, qui commence avec l'écriture d'Istoriya Slavyanobolgarskaya[106] par Païsius de Hilendar en 1762, sous l'influence des Lumières. La « Renaissance bulgare » est principalement associée avec la progression de la conscience nationale et l'émergence d'un nationalisme romantique, qui donne lieu au rétablissement de l'indépendance du Patriarcat de Bulgarie en 1870, l'insurrection d'avril en 1876 et la restauration de l'État bulgare en 1878.
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Les années 1880 à 1945 se distinguent par la prospérité de la littérature. La modernisation du pays et le besoin de compenser les siècles sans liberté sous la théocratie musulmane incitent à une adoption des courants littéraires d'Europe, comme le symbolisme (Peyo Yavorov, Pencho Slaveykov, Atanas Dalchev (en)), l'expressionnisme (Geo Milev) et le réalisme (Yordan Yovkov, Yordan Raditchkov). Après 1945, le réalisme socialiste soviétique et la science-fiction sont devenus les genres dominants dans la littérature.
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Elias Canetti, écrivain britannique, juif d'origine bulgare, recevra le prix Nobel de littérature (1981)[107].
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Une grande quantité de sites archéologiques de toutes les époques est disséminée dans tout le pays. La Bulgarie a le plus grand nombre de sites archéologiques découverts en Europe après l'Italie et la Grèce[108], et beaucoup d'entre eux sont d'origine thrace. Un objet historique d'importance majeure est le plus ancien trésor d'or dans le monde, datant de 5000 av. J.-C., provenant du site de la nécropole de Varna[23],[109].
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Il y a aussi neuf sites du patrimoine mondial de l'UNESCO : le Cavalier de Madara, les tombeaux thraces dans Svechtari et Kazanlak, l'église de Boyana, le monastère de Rila, les églises rupestres d'Ivanovo, Parc national de Pirin, Sreburna réserve naturelle et l'ancienne ville de Nessebar.
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Dans le domaine du cinéma, la Bulgarie est notée pour ses films artistiques dont certains tels que Midi Torride (1965) et Eastern Plays (2009) ont été projetés au Festival de Cannes.
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Les médias en Bulgarie ont une tradition d'objectivité. La presse n'a pas de restrictions légales et la publication des médias imprimés est complètement libre[110] La plupart des journaux quotidiens sont en un format hybride, qui contient des éléments à la fois de presse de qualité et des tabloïds[110].
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Les médias électroniques sont les plus populaires dans le pays, mais à cause du manque de législation spécifique, ils sont sensibles à un certain nombre de tendances négatives, telles que la dégradation générale des produits médiatiques, l'autocensure et des pressions politiques ou économiques[111]. Les médias Internet gagnent en popularité à cause de la teneur en large éventail d'opinions et de points de vue disponibles, l'absence de censure et des contenus diversifiés[112].
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La Bulgarie a une grande tradition de chant choral. L'instrument national bulgare est la cornemuse « gaida », ainsi que la flûte longitudinale en trois parties de « kaval ». Dans la plupart des régions du pays, le Gaïa Thracien (Djura Gaida) est joué, principalement pour la danse, tandis que dans les Rhodopes, le Kaba Gaïa aigu est utilisé pour accompagner les ballades pour la plupart des bals. Figurent parmi les compositeurs bulgares Dobri Khristov (1875-1941) et Petko Staynov (1896–1977).
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Chaque année, la Bulgarie accueille 8,9 millions de touristes, principalement de Russie, de Roumanie, d'Allemagne, du Royaume-Uni et de la Scandinavie[113]. Les types de tourisme principaux sont le tourisme de masse, de culture et de vin[114].
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Depuis 1995, le tourisme balnéaire s'est fortement développé le long de la mer Noire, notamment à Slantchev Briag, à Albena ou aux Sables d'or (Zlatni Pyasatsi), près de Varna. Certains sites historiques sont également d'intérêt : on citera notamment Veliko Tarnovo, dont la citadelle est parfois l'objet d'un spectacle son et lumière retraçant l'histoire de la Bulgarie à travers les siècles, et le monastère de Rila. Les principales stations de ski de Bulgarie sont Bansko (massif du Pirin), Borovets (massif du Rila) qui est la station historique de Bulgarie et Pamporovo située dans les monts Rhodopes, non loin de la frontière avec la Grèce. Elles attirent aussi leur lot de touristes étrangers (anglais, russes) et nationaux.
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Bouzloudja est un lieu-dit de Bulgarie, situé à quelques kilomètres au sud de Gabrovo, à proximité du mémorial de Chipka. Bouzloudja est aussi et surtout connu pour l'ancienne salle de congrès communiste, aujourd'hui abandonnée, à la forme particulière, celle d'un OVNI. Bien que le bâtiment ne se visite pas, de nombreux curieux y pénètrent pour admirer les fresques en forme de mosaïque ou l'ancien auditorium aujourd'hui délabré.
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La cathédrale Alexandre-Nevski de Sofia, un des symboles du pays.
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Le monastère de Rila est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983.
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La Galerie Nationale d'Art Étranger à Sofia.
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La forteresse de Belogradtchik.
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Melnik, la capitale du vin bulgare.
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Le sommet Dessilitsa (bg).
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Bolata (en), une plage et réserve naturelle.
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La réserve naturelle Djendema (en).
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Le Danube au coucher du soleil près de Béléné.
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Belmeken, un chalet en Rila.
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La réserve Kamchiya (en).
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« Les Yeux » à la grotte Prohodna.
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Les sports les plus populaires en Bulgarie sont le volley-ball, le football, l'athlétisme, la boxe et la gymnastique.
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Le football est le sport le plus populaire en Bulgarie. Il fut introduit en 1893-1894 par des professeurs de gymnastique invités dans le pays qui organisèrent le premier match national dans le collège de Varna en 1894. À la Coupe du monde 1994, les Bulgares se classèrent 4e[115].
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Un Grand Prix de Formule 1 de Bulgarie aurait dû voir le jour en 2011 ou 2012 mais les organisateurs abandonnèrent le projet en 2009 à cause de difficultés financières[116].
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En 2010, la Bulgarie accueille pour la première fois une manche du championnat du monde des rallyes, le rallye de Bulgarie[117].
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En 2012, la Bulgarie a organisé la ligue mondiale de volley-ball à Sofia.
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En 2015, la Bulgarie et l'Italie ont organisé conjointement le Championnat d'Europe masculin de volley-ball.
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La Bulgarie dispose de Grigor Dimitrov et Tsvetana Pironkova. Ils sont très jeunes et progressent chaque année dans le classement des meilleurs joueurs.
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Certains lutteurs bulgares embrassent une carrière au Japon dans le Sumo, tel Kaloyan Stefanov Mahlyanov (Katsunori Kotoôshû).
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« The territorial changes which the Prussia of the Balkans was condemned to undergo are neither very considerable nor unjust. »
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La Bulgarie a pour codes :
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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La Case de l'oncle Tom (Uncle Tom's Cabin) est un roman de l'écrivaine américaine Harriet Beecher Stowe. Publié d'abord sous forme de feuilleton en 1852, il vaut le succès immédiat à son auteure. Le roman eut un profond impact sur l'état d'esprit général vis-à-vis des Afro-Américains et de l'esclavage aux États-Unis ; il est un des facteurs de l’exacerbation des tensions qui menèrent à la Guerre de Sécession[2].
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Stowe, née dans le Connecticut et pasteur à la Hartford Female Academy, était une abolitionniste convaincue. Elle centre son roman sur le personnage de l'oncle Tom, un esclave noir patient et tolérant autour duquel se déroulent les histoires d'autres personnages, aussi bien esclaves que blancs. Ce roman sentimental dépeint la réalité de l'esclavage tout en affirmant que l'amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l'esclavage d'êtres humains.
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La Case de l'oncle Tom est le roman le plus vendu du XIXe siècle et le second livre le plus vendu de ce même siècle, derrière la Bible. On considère qu'il aida à l'émergence de la cause abolitionniste dans les années 1850. Dans l'année suivant sa parution, 300 000 exemplaires furent vendus aux États-Unis[réf. nécessaire]. L'impact du roman est tel qu'on attribue à Abraham Lincoln ces mots, prononcés lorsqu'il rencontre Harriet Stowe au début de la guerre de Sécession : « C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre[3]. »
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Le roman, et encore plus les pièces de théâtre qu'il inspira, contribuèrent également à la création de nombreux stéréotypes concernant les Noirs, dont beaucoup persistent encore aujourd'hui. On peut citer l'exemple de la mammy, servante noire placide et affectueuse, des enfants noirs à moitié habillés aux cheveux en bataille, et de l'oncle Tom, serviteur dévoué et endurant, fidèle à son maître ou sa maîtresse blancs. Plus récemment, les associations négatives avec le roman ont, dans une certaine mesure, éclipsé l'impact historique de La Case de l'oncle Tom en tant que livre antiesclavagiste.
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Harriet Stowe écrit ce roman en réponse à l'adoption en 1850 du second Fugitive Slave Act, qui entend punir ceux qui aident les esclaves fugitifs en diminuant leurs droits ainsi que ceux des esclaves libérés. La majeure partie du livre est écrite à Brunswick dans le Maine où le mari de Harriet, Calvin Ellis Stowe, enseigne au Bowdoin College.
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Pour écrire La Case de l'oncle Tom, Stowe s'inspire en partie de l'autobiographie de Josiah Henson, un Noir qui vécut et travailla dans une plantation de tabac de 15 km² appartenant à Isaac Riley et située à North Bethesda dans le Maryland. Henson échappe à l'esclavage en 1830 en s'enfuyant dans la province du Haut-Canada (à présent l'Ontario), où il aida d'autres esclaves à s'échapper et à devenir autonomes, et où il écrivit ses mémoires, - et probablement encore plus de l'autobiographie de Frederick Douglass. Lorsque l'œuvre de Stowe devint célèbre, Henson publia à nouveau ses mémoires sous le titre Les Mémoires de l'oncle Tom, et voyagea aux États-Unis et en Europe.
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Le roman de Stowe a donné son nom à la demeure de Henson, devenue Uncle Tom's Cabin Historic Site, près de Dresden, en Ontario, et transformée en musée depuis les années 1940. La véritable cabane dans laquelle Henson vécut lorsqu'il était esclave existe toujours dans le comté de Montgomery, dans le Maryland.
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American Slavery As It Is: Testimony of a Thousand Witnesses, un livre coécrit par Theodore Dwight Weld et les sœurs Angelina et Sarah Grimké, est également à l'origine d'une partie du contenu du roman. Stowe affirma également avoir fondé son livre sur des entretiens avec des esclaves fugitifs, rencontrés lorsqu'elle vivait à Cincinnati dans l'Ohio, ville proche du Kentucky qui était alors un état esclavagiste. Le chemin de fer clandestin avait des sympathisants abolitionnistes à Cincinnati. Ce réseau aidait activement les esclaves à s'échapper des États du Sud.
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Harriet Stowe mentionne une partie des sources d'inspiration utilisées pour son roman dans A Key to Uncle Tom's Cabin, publié en 1853. Ce livre, qui au contraire de La Case de l'oncle Tom n'est pas une fiction, est écrit pour soutenir les affirmations de Stowe concernant l'esclavage. Cependant, des études ultérieures ont tenté de démontrer que Stowe ne lut la plupart des œuvres mentionnées qu'après la publication de son roman[réf. nécessaire].
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La Case de l'oncle Tom est d'abord publié en feuilleton de 40 épisodes dans le National Era, un journal abolitionniste, à partir du 5 juin 1851. Au vu de la popularité de l'histoire, l'éditeur John Jewett propose à Harriet Stowe de transformer le feuilleton en roman pour une publication en volume. Bien que Stowe n'était pas du tout certaine que La Case de l'oncle Tom serait lu une fois publié en volume, elle consentit finalement à cette requête.
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Convaincu que le livre serait aimé par le public, Jewett prend la décision (inhabituelle pour l'époque) de faire graver pour la première édition six illustrations pleine page par Hammatt Billings. Publié en volume le 20 mars 1852, le roman est bientôt épuisé et d'autres éditions sont imprimées peu après (en particulier une édition de luxe en 1853, comptant 117 illustrations de Hammatt Billings).
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Pendant sa première année de publication, 300 000 exemplaires de La Case de l'oncle Tom sont vendus[4]. Le livre est traduit dans de nombreuses langues et devient finalement le deuxième livre le plus vendu après la Bible.
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La Case de l'oncle Tom se vend également bien en Grande-Bretagne, où la première édition est publiée en mai 1852 et s'écoule à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. En quelques années, plus de 1,5 million d'exemplaires sont mis en circulation en Grande-Bretagne[réf. nécessaire], la plupart étant des copies illégales (le même phénomène eut lieu aux États-Unis)[réf. nécessaire]. Certaines des premières éditions contiennent une introduction par le révérend James Sherman, ministre du culte protestant londonien, bien connu pour ses convictions abolitionnistes.
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Au XIXe siècle, dans le Kentucky, État sudiste, Mr Shelby, riche planteur, et son épouse, Emily, traitent leurs esclaves avec bonté. Mais le couple craint de perdre la plantation pour cause de dettes et décide alors de vendre deux de leurs esclaves : Oncle Tom, un homme d'âge moyen ayant une épouse et des enfants, et Henri , le fils d'Elisa, servante d'Emily. Cette idée répugne à Emily qui avait promis à sa servante que son fils ne serait jamais vendu ; et le mari d'Emily, George Shelby, ne souhaite pas voir partir Tom qu'il considère comme un ami et un mentor.
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Lorsqu'Elisa surprend Mr et Mme Shelby en train de discuter de la vente prochaine de Tom et Henri, elle décide de s'enfuir avec son fils. Le roman précise que la décision d'Elisa vient du fait qu'elle craint de perdre son unique enfant survivant (elle a déjà perdu deux enfants en couches). Elisa part le soir même, laissant un mot d'excuse à sa maîtresse.
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Pendant ce temps, Oncle Tom est vendu à Augustin St. Clare et embarque sur un bateau qui s'apprête à descendre le Mississippi. À bord, Tom rencontre une jeune fille blanche nommée Evangeline, qui est la fille de son maître, et se lie d'amitié avec elle. Lorsque Eva tombe à l'eau, Tom la sauve. Pour le remercier, le père d'Eva lui donne des biscuits.
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Au cours de sa fuite, Elisa retrouve son mari Georges Harris, qui s'était échappé de sa plantation auparavant. Ils décident d'essayer de gagner le Canada. Ils sont cependant poursuivis par un chasseur d'esclaves nommé Tom Loker. Loker finit par piéger Elisa et sa famille, ce qui conduit Georges à tirer sur Loker. Ne souhaitant pas que Loker meure, Elisa convainc George d'amener le chasseur d'esclaves jusqu'à un village quaker proche pour qu'il y soit soigné.
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De retour à La Nouvelle-Orléans, Augustin St. Clare discute de l'esclavage avec sa cousine nordiste Ophelia qui, bien qu'opposée à l'esclavage, a cependant des préjugés contre les Noirs. St. Clare considère que lui n'a pas de préjugés, bien que possédant des esclaves. Dans une tentative pour montrer à Ophelia que ses idées concernant les Noirs sont erronées, il achète Topsy, une jeune esclave noire, et demande à Ophelia de l'éduquer.
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Deux ans après que Tom fut arrivé chez les St. Clare, Eva tombe gravement malade. Avant de mourir, elle a une vision du paradis, qu'elle partage avec les personnes qui l'entourent. En conséquence de cette vision et de la mort d'Eva, les autres personnages décident de modifier leur manière de vivre : Ophelia promet de se débarrasser de ses préjugés contre les Noirs, Topsy de s'améliorer et Augustin St. Clare d'affranchir (libérer) l'oncle Tom.
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Augustin St. Clare est poignardé en entrant dans une taverne de La Nouvelle-Orléans et meurt avant de pouvoir tenir sa promesse. Sa femme revient sur la promesse de son mari décédé et vend Tom aux enchères à un propriétaire malveillant nommé Simon Legree. Legree, originaire du nord, emmène Tom dans une région rurale de la Louisiane, où Tom fait la connaissance des autres esclaves de Legree, et en particulier d'Emmeline, que Legree a achetée en même temps que Tom. La haine de Legree pour Tom naît lorsque celui-ci refuse son ordre de fouetter un autre esclave. Legree bat sauvagement Tom, et décide de broyer la foi en Dieu de son nouvel esclave. Cependant, malgré la cruauté de Legree, Tom refuse de cesser de lire sa Bible et de réconforter les autres esclaves. À la plantation, Tom rencontre Cassy, une autre esclave de Legree, qui a été séparée de son fils et de sa fille lorsque ceux-ci ont été vendus ; incapable de supporter la vente d'un autre de ses enfants, elle a tué son troisième.
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Tom Loker fait à ce moment sa réapparition dans l'histoire ; à la suite de sa guérison par les quakers, il a profondément changé. George, Elisa et Henry ont obtenu leur liberté après être parvenus au Canada. En Louisiane, l'oncle Tom succombe presque au désespoir alors que sa foi en Dieu est mise à l'épreuve par les rigueurs de la plantation. Il a cependant deux visions, une de Jésus et une d'Eva, qui renouvellent sa détermination à rester un chrétien fidèle, même si sa vie est en jeu. Il encourage Cassy à s'enfuir, ce qu'elle fait en emmenant Emmeline avec elle. Lorsque Tom refuse de révéler à Legree leur destination, ce dernier ordonne à ses employés de tuer Tom. Alors qu'il est mourant, Tom pardonne aux employés de l'avoir battu. Impressionnés par la personnalité de l'homme qu'ils ont tué, les deux hommes deviennent chrétiens. Juste avant la mort de Tom, Georges Shelby, le fils d'Arthur Shelby (le maître original de Tom), apparaît pour acheter la liberté de Tom, mais se rend compte qu'il arrive trop tard.
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Sur le bateau qui les emmène vers la liberté, Cassy et Lucy rencontrent la sœur de Georges Harris et l'accompagnent au Canada. Une fois arrivée, Cassy découvre que Elisa est sa fille, qui avait été vendue enfant et dont elle n'avait pas eu de nouvelles depuis. Leur famille enfin reconstituée, ils partent pour la France puis finalement pour le Liberia, nation africaine créée pour les anciens esclaves d'Amérique, où ils retrouvent le fils de Cassy, également perdu de vue depuis longtemps. Georges Shelby retourne dans sa plantation du Kentucky et libère tous ses esclaves, en leur disant de se souvenir du sacrifice de Tom et de sa foi dans la véritable signification du christianisme.
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L'oncle Tom, le personnage éponyme, est un esclave chrétien possédant patience et noblesse d'âme. Plus récemment, son nom est cependant devenu une épithète désignant les Afro-Américains accusés de s'être vendus aux Blancs. Pour Stowe, Tom est un héros noble et digne d'éloges. Tout au long du roman, bien loin de se laisser exploiter, Tom défend ses croyances et est même admiré à contrecœur par ses ennemis.
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Eva, dont le véritable nom est Evangeline St. Clare est la fille d'Augustin St.Clare qui, durant une période, est le maître de Tom.
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Eva est gentille, souriante, généreuse, belle, compatissante et elle se lie d'amitié avec tous les esclaves de son père.
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Elle devient très vite amie de Tom
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Simon Legree est un maître cruel, né dans le Nord, dont le nom est devenu synonyme d'avidité. Son but est de démoraliser Tom au point de le faire abandonner sa foi religieuse ; il finit par battre Tom à mort par frustration devant la foi inébranlable de son esclave en Dieu. Le roman révèle qu'il a, dans sa jeunesse, abandonné sa mère malade pour partir en mer, et qu'il a ignoré sa lettre le priant de venir la voir une dernière fois sur son lit de mort. Il exploite sexuellement Cassy, qui le méprise, puis porte son désir sur Emmeline.
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La Case de l'oncle Tom met en scène un grand nombre de personnages secondaires. Parmi les plus importants, on peut citer :
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Un thème unique domine La Case de l'oncle Tom : celui du caractère maléfique et immoral de l'esclavage. Bien que Stowe aborde d'autres thèmes mineurs tout au long du roman, comme l'autorité morale de la mère de famille ou encore la possibilité de rédemption offerte par le christianisme, elle donne beaucoup d'importance à leurs liens avec les horreurs de l'esclavage. Elle aborde le thème de l'immoralité de l'esclavage quasiment à chaque page du livre, lui arrivant même parfois de changer de point de vue narratif afin de donner une véritable homélie sur la nature destructrice de l'esclavage (telle cette femme blanche sur le bateau conduisant Tom vers le sud : « La pire des choses dans l'esclavage, à mon avis, est son atrocité envers les sentiments et l'affection - la séparation des familles, par exemple. »). L'une des manières pour Stowe de dénoncer l'esclavage était de montrer comment cette « bizarre institution » forçait les familles à se séparer.
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Harriet Stowe considérait le statut de mère comme « le modèle éthique et structurel pour toute l'Amérique » et pensait que seules les femmes avaient l'autorité morale pour sauver les États-Unis du démon de l'esclavage ; c'est pourquoi un autre thème majeur de La Case de l'oncle Tom est le pouvoir moral et le caractère saint de la femme. À travers des personnages comme Eliza, qui fuit l'esclavage pour sauver son jeune fils (et finit par réunir sa famille entière), ou Petite Eva, qui est considérée comme « la chrétienne idéale », Stowe montre de quelle manière elle pense que les femmes peuvent sauver leurs prochains des pires injustices. Bien que des critiques notèrent plus tardivement que les personnages féminins de Stowe constituent souvent des clichés domestiques plutôt que des femmes réalistes, le roman « réaffirma l'importance de l'influence des femmes » et ouvrit la voie aux mouvements pour les droits des femmes qui se manifestèrent dans les décennies suivantes.
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Les croyances religieuses puritaines de Stowe se révèlent dans le thème général qui sous-tend le roman, qui n'est autre que l'exploration de la nature du christianisme et de la manière dont Stowe pense qu'il est fondamentalement incompatible avec l'esclavage. Ce thème est fortement présent lorsque Tom exhorte St. Clare à « regarder vers Jésus » après la mort de sa fille bien-aimée Eva. Après la mort de Tom, George Shelby fait l'éloge de Tom en disant : « C'est quelque chose que d'être chrétien ». De par le rôle important joué par les thèmes chrétiens dans La Case de l'oncle Tom - et à cause de l'utilisation répétée dans le roman d'interventions de l'auteur elle-même sur la religion et la foi - le livre prend souvent « la forme d'un sermon ».
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La Case de l'oncle Tom est écrit dans le style mélodramatique et sentimental commun aux romans sentimentaux et à la « fiction domestique » (ou fiction féminine) du XIXe siècle. Ces genres de récits étaient parmi les plus populaires au temps de Stowe et mettaient en général en scène des personnages principaux féminins, dans un style visant à provoquer compassion et émotion chez le lecteur. Bien que le livre de Stowe diffère des romans sentimentaux en s'intéressant à un thème plus large, l'esclavage, et en ayant un homme comme personnage principal, il cherche cependant à susciter une forte émotion chez ses lecteurs (en provoquant par exemple les larmes lors de la mort de Petite Eva). La force de ce style d'écriture est manifeste lorsqu'on se réfère aux réactions des lecteurs contemporains de Stowe. Georgiana May, une amie de Stowe, écrit dans une lettre à l'auteur : « Je suis restée éveillée la nuit dernière bien après une heure du matin, pour finir La Case de l'oncle Tom. Je ne pouvais pas plus l'abandonner que je n'aurais pu abandonner un enfant mourant ». Un autre lecteur est décrit comme étant obsédé à tout moment par le livre et comme ayant pensé à renommer sa fille Eva. La mort de Petite Eva affecta de manière évidente un grand nombre de personnes à l'époque puisqu'à Boston, au cours de la seule année 1852, ce prénom fut donné à 300 petites filles.
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Malgré ces réactions positives de la part des lecteurs, les critiques littéraires méprisèrent durant des années le style dans lequel La Case de l'oncle Tom et d'autres romans sentimentaux étaient écrits, du fait que ces livres étaient rédigés par des femmes et présentaient de manière si évidente un « sentimentalisme féminin ». Un critique littéraire affirma que si le roman n'avait pas abordé le thème de l'esclavage, « il n'aurait été qu'un autre roman sentimental », tandis qu'un autre décrivit le livre comme « l'œuvre d'un écrivaillon ». James Baldwin dénonçait en 1949 la médiocrité et l'esthétique grossière du roman[5]
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Ce n'est pas l'avis de Jane Tompkins, professeur d'anglais à l'université de l'Illinois à Chicago. Dans son livre In Sensational Designs: The Cultural Work of American Fiction (1985). Tompkins fait l'éloge de ce style que tant d'autres critiques avaient méprisé, écrivant que les romans sentimentaux montraient comment les émotions féminines avaient le pouvoir d'améliorer le monde. Elle affirme également que les fictions domestiques populaires du XIXe siècle, dont La Case de l'oncle Tom fait partie, étaient remarquables de par leur « complexité intellectuelle, leur ambition et leur ingéniosité » ; et que La Case de l'oncle Tom offrait « une critique de la société américaine bien plus dévastatrice que d'autres effectuées par des auteurs plus connus tels que Hawthorne ou Melville ».
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Dès sa publication, le livre a donné lieu à une importante controverse, suscitant des protestations de la part des défenseurs[Qui ?] de l'esclavage (qui firent paraître un certain nombre d'autres livres en réponse à celui-ci[Lesquels ?]) et des éloges de la part des abolitionnistes[réf. nécessaire]. Le roman influença profondément des œuvres protestataires postérieures, telle La Jungle d'Upton Sinclair.
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Dès sa publication, La Case de l'oncle Tom indigne les habitants du Sud américain[5]. Le roman est également violemment critiqué par les partisans de l'esclavage[Qui ?].
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L'écrivain sudiste William Gilmore Simms déclara que le livre était entièrement faux[6], tandis que d'autres qualifièrent le roman de criminel et diffamatoire[réf. nécessaire]. Les réactions allèrent d'un libraire de Mobile dans l'Alabama qui fut obligé de quitter la ville parce qu'il avait mis le roman en vente[5], à des lettres de menace adressées à Stowe elle-même (qui reçut même un paquet contenant une oreille coupée appartenant à un esclave)[5]. De nombreux écrivains sudistes, tel Simms, écrivirent peu après leur propre livre en réaction à celui de Stowe (voir la section anti-Tom ci-dessous).
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Certains critiques[Qui ?] soulignèrent le manque d'expérience de Stowe concernant la vie du Sud, affirmant que ce manque d'expérience l'avait poussée à produire des descriptions inexactes de la région. Elle n'avait quasiment jamais mis les pieds dans le Sud et n'avait jamais véritablement été dans une plantation sudiste[7]. Stowe affirma cependant toujours qu'elle avait bâti ses personnages sur des récits faits par des esclaves fugitifs lorsqu'elle vivait à Cincinnati, dans l'Ohio. On[Qui ?] rapporte que Stowe eut l'occasion d'assister à plusieurs incidents qui la poussèrent à écrire le roman. Des scènes qu'elle observa sur l'Ohio, en particulier un mari et une femme séparés au cours d'une vente, ainsi que des articles de journaux et des entretiens lui fournirent de la matière pour le développement de l'intrigue.
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En réponse à ces critiques, Stowe publia en 1853 A Key to Uncle Tom's Cabin, tentant de montrer la véracité de la description de l'esclavage faite dans La Case de l'oncle Tom à travers des documents historiques. Dans ce livre, Stowe considère chacun des principaux personnages du roman et cite des personnes équivalentes ayant réellement existé, tout en fustigeant à nouveau l'esclavagisme du Sud de manière plus agressive encore que dans le roman lui-même. Tout comme La Case de l'oncle Tom, A Key to Uncle Tom's Cabin eut également un grand succès. Il doit cependant être noté que, bien que Harriet Stowe prétendit que A Key to Uncle Tom's Cabin traitait des sources qu'elle avait consultées au moment d'écrire son roman, elle ne lut une grande partie des œuvres mentionnées qu'après la publication de celui-ci.
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D'après le fils de l'auteur, lorsqu'Abraham Lincoln rencontra Stowe en 1862, il déclara : « C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre. »[8]. L'avis des historiens[Lesquels ?] diverge sur la véracité de cette anecdote, et dans une lettre que Stowe écrivit à son mari quelques heures après avoir rencontré Lincoln on ne trouve mention nulle part de cette phrase. Par la suite, de nombreux spécialistes[Lesquels ?] considérèrent que le roman concentra la colère du Nord sur les injustices de l'esclavage et sur le Fugitive Slave Act, et attisa les ardeurs du mouvement abolitionniste. Le général de l'Union et politicien James Baird Weaver affirma que le livre le persuada de devenir actif au sein du mouvement abolitionniste[réf. nécessaire].
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La Case de l'oncle Tom souleva également un grand intérêt en Grande-Bretagne. La première édition londonienne parut en mai 1852 et se vendit à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. Une partie de cet intérêt était dû à l'antipathie éprouvée par les Britanniques envers les États-Unis. Comme l'expliqua un écrivain de l'époque, « les sentiments que La Case de l'oncle Tom déchaîna en Angleterre n'étaient pas la vengeance ou la haine [de l'esclavage], mais plutôt une jalousie et une fierté nationale. Nous avons longtemps souffert de la suffisance de l'Amérique - nous sommes fatigués de l'entendre se vanter d'être le pays le plus libre et le plus éclairé qu'ait connu le monde. Notre clergé hait son système de volontariat - nos Tories haïssent ses démocrates - nos Whigs haïssent ses parvenus - nos radicaux haïssent ses manières procédurières, son insolence et son ambition. Tous les partis saluèrent Mme Stowe comme une insurgée au sein du camp ennemi »[réf. nécessaire]. Charles Francis Adams, ambassadeur des États-Unis en Angleterre durant la guerre, affirma plus tard que « La Case de l'oncle Tom, publié en 1852, exerça, grâce à des circonstances principalement fortuites, une influence sur le monde plus immédiate, plus considérable et plus spectaculaire qu'aucun autre livre jamais imprimé »[réf. nécessaire].
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Le livre a été traduit dans plusieurs langues, y compris en chinois (la traduction du roman par le traducteur Lin Shu fut la première traduction en chinois d'un roman américain) et en amharique (la traduction datant de 1930 fut effectuée dans le but de soutenir les efforts de l'Éthiopie visant à atténuer les souffrances des Noirs[réf. nécessaire]). Le livre fut lu par tant de personnes que Sigmund Freud rapporta un certain nombre de cas de tendances sado-masochistes chez des patients, qui selon lui avaient été influencés par la lecture de scènes de La Case de l'oncle Tom où des esclaves se faisaient fouetter[réf. nécessaire].
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À partir de 1845, l'usage s'établit au Carnaval de Paris de baptiser pour la fête les Bœufs Gras qui défilent à la promenade du Bœuf Gras. Le nom est choisi en fonction des œuvres littéraires à succès du moment, ou en rapport avec des événements importants récents, ou une chanson à la mode. Le premier Bœuf Gras baptisé ainsi s’appellera Le Père Goriot. En 1853, l'immense succès remporté en France par La Case de l'oncle Tom fait que les trois Bœufs Gras qui défilent du 6 au 8 f��vrier sont baptisés du nom de héros de ce livre : Père-Tom, Shelby et Saint-Clare[9].
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La Case de l'oncle Tom fut le premier roman à teneur politique à être lu par un grand nombre de personnes aux États-Unis. À ce titre, il influença grandement le développement non seulement de la littérature américaine mais aussi de la littérature engagée en général. Un certain nombre de livres publiés après La Case de l'oncle Tom doivent beaucoup au roman de Stowe ; on peut citer en particulier La Jungle d'Upton Sinclair et Printemps silencieux de Rachel Carson. ("L'histoire de la quarteronne" - Case de l'Oncle Tom, chap. 34 - a aussi d'étroites ressemblances avec la nouvelle Le Diable, de Léon Tolstoï.)
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Malgré son importance incontestable, La Case de l'oncle Tom est perçu par l'opinion populaire comme « un mélange de conte pour enfants et de propagande »[réf. nécessaire]. Le roman a également été décrit par nombre de critiques littéraires comme étant « tout juste un roman sentimental »[réf. nécessaire], tandis que le critique George Whicher affirma dans son Histoire littéraire des États-Unis que « Mme Stowe ou son ouvrage ne peuvent justifier du succès considérable du roman ; son talent en tant qu'écrivain amateur n'était en rien remarquable. Elle avait tout au plus une certaine maîtrise des stéréotypes en termes de mélodrame, d'humour et de pathos, et son livre est composé de ces éléments populaires »[réf. souhaitée].
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D'autres critiques ont cependant fait l'éloge du roman : Edmund Wilson déclara que « démontrer une telle maturité dans l'écriture de La Case de l'oncle Tom prouve une expérience étonnante. »[réf. nécessaire] Jane Tompkins affirme que le roman est un classique de la littérature américaine et émet l'hypothèse que de nombreux critiques littéraires ont boudé le livre pour la simple raison qu'il fut extrêmement populaire en son temps[réf. nécessaire].
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Certains commentateurs [Qui ?] affirment que Stowe considérait que son roman offrait une solution aux dilemmes politiques et moraux qui troublaient de nombreux opposants à l'esclavage. Stowe était une fervente chrétienne, et abolitionniste.
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Léon Tolstoï « [citait] comme exemple de l'art religieux le plus élevé, né de l'amour de Dieu et du prochain, en littérature:... La Case de l'oncle Tom, etc. »[10]
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Les experts[Qui ?] considèrent également que le roman véhicule les valeurs et les idées du Parti du sol libre. Dans cette optique, le personnage de George Harris personnifie le principe du travail libre, tandis que le personnage complexe d'Ophelia représente les nordistes qui toléraient un compromis avec l'esclavage. À l'opposé d'Ophelia est Dinah, qui agit de manière passionnée. Au cours du roman Ophelia se transforme, de la même manière que le Parti Républicain qui proclama trois ans plus tard que le Nord devait se transformer et défendre ses principes antiesclavagistes.
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Des théories féministes peuvent également être vues à l'œuvre dans le livre de Stowe[réf. nécessaire], le roman constituant une critique de la nature patriarcale de l'esclavage. Pour l'auteur, les liens formant la famille étaient avant tout les liens du sang plutôt que les relations paternalistes entre maîtres et esclaves. De plus, Stowe considérait la solidarité nationale comme une extension de la famille, le sentiment d'appartenir à une nation ayant donc ses racines dans le fait de partager une race. Par conséquent, elle prêchait la colonisation de l'Afrique pour les esclaves libérés et non leur intégration dans la société américaine.
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Le livre a également été considéré[Par qui ?] comme une tentative de redéfinition de la masculinité en tant qu'étape nécessaire vers l'abolition de l'esclavage. Dans cette optique, les abolitionnistes avaient commencé à rejeter la vision de l'homme agressif et dominant que la conquête et la colonisation du début du XIXe siècle avaient mis en avant. Dans le but de modifier la notion de virilité de telle manière que les hommes puissent s'opposer à l'esclavage sans mettre en danger leur image ou leur place dans la société, certains abolitionnistes se rapprochèrent de principes tels que le droit de vote des femmes, la chrétienté ou la non-violence, et firent l'éloge de la compassion, de la coopération et de l'esprit civique. D'autres courants du mouvement abolitionniste prônaient une action masculine plus agressive et plus conventionnelle. Tous les hommes dans le roman de Stowe sont des représentants de l'un ou l'autre de ces courants.
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Au cours des dernières décennies, aussi bien lecteurs que spécialistes ont critiqué le roman pour ses descriptions racistes et condescendantes des personnages noirs, en particulier en ce qui concerne leur apparence, leur manière de parler et leur comportement, mais aussi la nature passive de l'oncle Tom face à son destin. L'importance de la création par le roman de nouveaux stéréotypes ainsi que son usage de stéréotypes déjà existants est d'autant plus grande que La Case de l'oncle Tom fut le roman le plus vendu au monde au XIXe siècle. En conséquence, le livre (ainsi que les images l'illustrant et les pièces de théâtre associées) contribua grandement à implanter de manière permanente ces stéréotypes dans la mentalité américaine.
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Parmi les stéréotypes de Noirs présents dans La Case de l'oncle Tom se trouvent :
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Au cours des décennies récentes, ces associations négatives ont éclipsé de manière importante l'impact historique de La Case de l'oncle Tom en tant que « outil antiesclavagiste vital. » Ces changements dans la perception du roman prennent racine dans un essai de James Baldwin intitulé Everybody’s Protest Novel. Dans cet essai, Baldwin qualifie La Case de l'oncle Tom de « très mauvais roman », racialement stupide et à l'esthétique grossière.
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Dans les années 1960 et 1970, les mouvements du Black Power et du Black Arts attaquèrent le roman, affirmant que le personnage de l'oncle Tom se livrait à une « trahison raciale » et que Tom faisait apparaître les esclaves comme étant pires que les maîtres. Les critiques visant les autres stéréotypes présents dans le livre augmentèrent également durant cette période. Malcolm X a toujours fustigé la figure stéréotypée de l'oncle Tom, symbole de soumission et de passivité[5].
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Ces dernières années cependant, des spécialistes tels que Henry Louis Gates Jr. ont commencé à réévaluer La Case de l'oncle Tom, affirmant que le livre est « un document central dans les relations interraciales en Amérique et une importante exploration morale et politique des caractéristiques de ces relations. »
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En réponse à La Case de l'oncle Tom, certains écrivains du Sud des États-Unis produisirent des livres destinés à combattre le roman de Stowe. Cette littérature, ainsi appelée littérature anti-Tom, était en général pro-esclavagiste, soutenant que les questions portant sur l'esclavagisme telles qu'elles étaient posées dans le livre de Stowe étaient trop sentencieuses et incorrectes. Les romans de ce genre présentaient généralement un maître blanc patriarcal et bienveillant et une épouse à l'âme pure, gouvernant tous deux des esclaves semblables à des enfants au sein d'une plantation à l'atmosphère familiale et bienveillante. Les romans sous-entendaient ou affirmaient ouvertement que les Afro-Américains étaient semblables à des enfants, incapables de vivre sans être directement supervisés par des Blancs.
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Parmi les plus célèbres livres anti-Tom se trouvent The Sword and the Distaff de William Gilmore Simms, Aunt Phillis's Cabin de Mary Henderson Eastman et The Planter's Northern Bride de Caroline Lee Hentz, cette dernière ayant été une amie proche de Stowe lorsqu’elles vivaient toutes deux à Cincinnati. Le livre de Simms fut publié quelques mois après le roman de Stowe et contient un certain nombre de discussions contestant le livre de Stowe et sa vision de l'esclavage. Le roman de Caroline Lee Hentz, paru en 1854, lu par de nombreuses personnes à l'époque mais à présent largement oublié, présente une défense de l'esclavage à travers les yeux d'une femme du Nord, fille d'un abolitionniste, qui épouse un propriétaire d'esclaves du Sud.
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Durant la décennie s'étendant entre la publication de La Case de l'oncle Tom et le début de la guerre de Sécession, entre vingt et trente livres anti-Tom furent publiés. Parmi ces romans se trouvent deux livres intitulés Uncle Tom's Cabin As It Is, l'un de W.L. Smith et l'autre de C.H. Wiley. Plus de la moitié de ces œuvres anti-Tom furent écrits par des femmes blanches, ce que Simms commenta en parlant de « l'apparente justice poétique du fait qu'une femme du Sud réponde à la femme du Nord (Stowe). »
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La case de l'oncle Tom a été traduit en français, pour la première parution, par Émile de La Bédollière (La Case du père Tom ou Vie des nègres en Amérique, Barba, 1852) ; entre 1852 et 1856 La Case de l'Oncle Tom n'eut pas moins de huit traductions différentes en français et dix-neuf éditions. Louis Carion, Léon Pilatte, Léon de Wally et Edmond Auguste Texier... sont quelques-uns des traducteurs. En 1861, traduction de Louis Barré. (B. Renault, 1861) ; en 1862 (Michel Lévy) la traduction de Léon Pilatte est « augmentée d'une préface de l'auteur et d'une introduction par George Sand » ; en 1872, Harriet Beecher Stowe écrivit à Louise Swanton Belloc et Adélaïde de Montgolfier : « Je suis très-flattée, mesdames, que mon humble ami, Oncle Tom, ait des interprètes tels que vous pour le présenter aux lecteurs français. J’ai lu une traduction de mon livre en votre langue, et quoique assez peu familiarisée avec le français, j’ai pu voir qu’elle laissait beaucoup à désirer ; mais j’ai remarqué aussi dans la gracieuse et sociable flexibilité de la langue française une aptitude toute particulière à exprimer les sentiments variés de l’ouvrage, et je suis de plus convaincue qu’un esprit féminin prendra plus aisément l’empreinte du mien. »
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Même si La Case de l'oncle Tom fut le livre le plus vendu du XIXe siècle, à cette époque un nombre beaucoup plus important d'américains virent l'histoire sous forme de pièce de théâtre ou de comédie musicale que sous forme de livre. Eric Lott, dans son livre Uncle Tomitudes: Racial Melodrama and Modes of Production, estime qu'au moins 3 millions de personnes assistèrent à ces spectacles, ce qui représente dix fois les ventes du livre durant sa première année de parution.
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Les lois de l'époque sur le copyright étant peu restrictives, des pièces de théâtre basées sur La Case de l'oncle Tom, appelées aussi Tom shows, commencèrent à apparaître alors que le roman n'était pas encore entièrement publié. Stowe refusa d'autoriser l'adaptation de son œuvre à cause de sa méfiance puritaine envers le théâtre (bien qu'elle finisse cependant par assister à la version de George Aiken et, selon Francis Underwood, fut charmée par l'interprétation par Caroline Howard du personnage de Topsy). Le refus de Stowe laissa le champ libre à nombre d'adaptations, certaines créées pour des raisons politiques et d'autres uniquement pour des raisons commerciales.
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Il n'y avait à l'époque aucune loi sur le copyright international. Le livre et les pièces de théâtre furent traduits dans plusieurs langages ; Stowe ne reçut que peu d'argent et fut privée des trois quarts de ses revenus légitimes.
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Tous les Tom shows semblent avoir incorporé des éléments de mélodrame et de minstrel show. Ces pièces variaient beaucoup dans leurs opinions politiques : certaines reflétaient de manière fidèle les vues antiesclavagistes de Stowe, tandis que d'autres étaient plus modérées, voire pro-esclavagistes. Beaucoup de productions présentaient des caricatures racistes et humiliantes des Noirs, tandis qu'un grand nombre d'entre elles utilisaient également des chansons de Stephen Foster (en particulier My Old Kentucky Home, Old Folks at Home, et Massa's in the Cold Ground). Les Tom shows les plus connus furent ceux de George Aiken et H.J. Conway.
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Les nombreuses variantes théâtrales de La Case de l'oncle Tom « dominèrent la culture populaire du Nord pendant plusieurs années » au cours du XIXe siècle et les pièces étaient toujours jouées au début du XXe siècle.
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L'une des variantes les plus originales et controversées fut Mickey's Mellerdrammer de Walt Disney, un film distribué par United Artists sorti en 1933. Le titre est une corruption du mot melodrama (mélodrame), destiné à évoquer les premiers minstrel shows, et le film est un court métrage mettant en scène les personnages de Disney, Mickey Mouse et ses amis, montant leur propre adaptation de La Case de l'oncle Tom.
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Mickey était déjà de couleur noire, mais l'affiche du film le montre habillé et maquillé en blackface avec des lèvres orange proéminentes, des rouflaquettes blanches et abondantes faites en coton et des gants blancs, qui font à présent partie de son costume habituel.
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Les adaptations :
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La Case de l'oncle Tom a été adapté de nombreuses fois au cinéma. La plupart des adaptations cinématographiques furent réalisées à l'ère du cinéma muet (La Case de l'oncle Tom est d'ailleurs l'histoire la plus souvent filmée durant cette période). Ceci était dû à la popularité toujours grande à la fois du roman et des Tom shows, ce qui signifiait que le public était déjà familier avec les personnages et l'histoire, rendant ainsi les films sans paroles plus compréhensibles.
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La première version de La Case de l'oncle Tom fut l'un des premiers longs métrages (bien que le terme long métrage désignait à l'époque une durée comprise entre 10 et 14 minutes). Sorti en 1903 et réalisé par Edwin S. Porter, le film était joué par des acteurs blancs déguisés en Noirs pour les rôles principaux et n'utilisait des acteurs Noirs qu'en tant que figurants. Cette version était similaire à beaucoup des premiers Tom shows et faisait figurer un grand nombre de stéréotypes sur les Noirs (en faisant par exemple danser les esclaves dans n'importe quel contexte, en particulier à une vente d'esclaves).
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En 1910, la Vitagraph Company of America produisit une adaptation réalisée par J. Stuart Blackton et adaptée par Eugene Mullin. Selon le Dramatic Mirror, ce film était une « innovation marquée » dans le domaine du cinéma et « la première fois qu'une compagnie américaine » faisait sortir un film en trois bobines. Jusque-là, les longs métrages de l'époque ne faisaient que 15 minutes de long et contenaient une seule bobine de film. Le film était joué par Clara Kimball Young, Marie Eline, Florence Turner, Mary Fuller, Charles Kent, Edwin R. Phillips, Flora Finch, Genevieve Tobin et Carlyle Blackwell.[80]
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Au cours des deux décennies suivantes, plusieurs autres adaptations cinématographiques virent le jour :
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La dernière version muette est sortie en 1927. Réalisée par Harry A. Pollard (qui avait joué l'oncle Tom dans la version de 1913), ce film long de deux heures mit plus d'un an à être réalisé et fut le troisième film le plus cher de l'ère du cinéma muet (avec un budget de 1,8 million de dollars). L'acteur noir Charles Gilpin, d'abord choisi pour le rôle-titre, fut renvoyé lorsque le studio trouva sa performance « trop agressive ». Le rôle de Tom échut ensuite à James B. Lowe. Une différence entre ce film et le roman est qu'après la mort de Tom, celui-ci revient sous la forme d'un esprit vengeur et affronte Simon Legree, avant de le mener à la mort. Les médias Noirs de l'époque firent l'éloge du film, mais le studio, craignant une réaction de la part du public blanc et sudiste, finit par couper au montage les scènes prêtant à controverse, en particulier la séquence d'ouverture du film où une mère est arrachée à son enfant lors d'une vente d'esclaves. L'histoire fut adaptée par Pollard, Harvey F. Thew et A. P. Younger, avec des titres de Walter Anthony. Le film était joué par James B. Lowe, Stymie Beard, Raymond Massey, Virginia Grey, George Siegmann, Margarita Fischer, Mona Ray et Madame Sul-Te-Wan.[81]
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Pendant plusieurs décennies après la fin du cinéma muet, la matière du roman de Stowe fut jugée trop sensible pour être à nouveau l'objet d'adaptations cinématographiques. En 1946, la Metro-Goldwyn-Mayer envisage de filmer l'histoire, mais arrête la production après des protestations de la part de la National Association for the Advancement of Colored People.
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Une adaptation en allemand, Onkel Toms Hütte, réalisée par le hongrois Géza von Radványi, sort en 1965, avec Mylène Demongeot, O. W. Fischer, Herbert Lom. Elle fut distribuée aux États-Unis par Kroger Babb. Une version française de ce film existe : La Case de l'oncle Tom qui a été éditée en cassette VHS par René Chateau.
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En 1987 est diffusé Uncle Tom's Cabin, un téléfilm réalisé par Stan Lathan, avec Avery Brooks, Phylicia Rashad, Edward Woodward, Jenny Lewis, Samuel L. Jackson et Endyia Kinney.
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En plus des adaptations en film, des versions de La Case de l'oncle Tom virent le jour sous forme de dessins animés : Mellerdrammer (1933) de Walt Disney, où Mickey Mouse joue la pièce de théâtre déguisé en Noir ; Southern Fried Rabbit (1953) avec Bugs Bunny, où Bugs se déguise en oncle Tom et chante My Old Kentucky Home afin de traverser la ligne Mason-Dixon ; Uncle Tom's Bungalow (1937), un dessin animé des Warner Brothers supervisé par Tex Avery ; Eliza on Ice (1944), l'un des premiers dessins animés mettant en scène Mighty Mouse, produit par Paul Terry ; et Uncle Tom's Cabaña (1947), un dessin animé de 8 minutes réalisé par Tex Avery.
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La Case de l'oncle Tom a également influencé un grand nombre de films, en particulier Naissance d'une nation. Cette œuvre controversée, sortie en 1915, utilisait une cabane similaire à la maison de l'oncle Tom pour le point culminant de l'action, où des Sudistes blancs s'unissent à leurs anciens ennemis (des soldats Yankees) pour défendre ce que la légende du film décrit comme leur « origine caucasienne ». Selon les experts, cette réutilisation d'une cabane familière aurait trouvé un écho auprès du public de l'époque.
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Parmi les autres films influencés par La Case de l'oncle Tom ou utilisant le roman se trouvent Dimples (un film de 1936 avec Shirley Temple), Uncle Tom's Uncle (un épisode des Petites Canailles de 1926), son remake de 1932 intitulé Spanky, la comédie musicale de Rodgers et Hammerstein Le Roi et moi (dans laquelle un ballet intitulé Small House of Uncle Thomas est joué dans le style traditionnel du Siam) et Gangs of New York (où les personnages de Leonardo DiCaprio et Daniel Day-Lewis assistent à une adaptation imaginaire de La Case de l'oncle Tom).
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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La Case de l'oncle Tom (Uncle Tom's Cabin) est un roman de l'écrivaine américaine Harriet Beecher Stowe. Publié d'abord sous forme de feuilleton en 1852, il vaut le succès immédiat à son auteure. Le roman eut un profond impact sur l'état d'esprit général vis-à-vis des Afro-Américains et de l'esclavage aux États-Unis ; il est un des facteurs de l’exacerbation des tensions qui menèrent à la Guerre de Sécession[2].
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Stowe, née dans le Connecticut et pasteur à la Hartford Female Academy, était une abolitionniste convaincue. Elle centre son roman sur le personnage de l'oncle Tom, un esclave noir patient et tolérant autour duquel se déroulent les histoires d'autres personnages, aussi bien esclaves que blancs. Ce roman sentimental dépeint la réalité de l'esclavage tout en affirmant que l'amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l'esclavage d'êtres humains.
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La Case de l'oncle Tom est le roman le plus vendu du XIXe siècle et le second livre le plus vendu de ce même siècle, derrière la Bible. On considère qu'il aida à l'émergence de la cause abolitionniste dans les années 1850. Dans l'année suivant sa parution, 300 000 exemplaires furent vendus aux États-Unis[réf. nécessaire]. L'impact du roman est tel qu'on attribue à Abraham Lincoln ces mots, prononcés lorsqu'il rencontre Harriet Stowe au début de la guerre de Sécession : « C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre[3]. »
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Le roman, et encore plus les pièces de théâtre qu'il inspira, contribuèrent également à la création de nombreux stéréotypes concernant les Noirs, dont beaucoup persistent encore aujourd'hui. On peut citer l'exemple de la mammy, servante noire placide et affectueuse, des enfants noirs à moitié habillés aux cheveux en bataille, et de l'oncle Tom, serviteur dévoué et endurant, fidèle à son maître ou sa maîtresse blancs. Plus récemment, les associations négatives avec le roman ont, dans une certaine mesure, éclipsé l'impact historique de La Case de l'oncle Tom en tant que livre antiesclavagiste.
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Harriet Stowe écrit ce roman en réponse à l'adoption en 1850 du second Fugitive Slave Act, qui entend punir ceux qui aident les esclaves fugitifs en diminuant leurs droits ainsi que ceux des esclaves libérés. La majeure partie du livre est écrite à Brunswick dans le Maine où le mari de Harriet, Calvin Ellis Stowe, enseigne au Bowdoin College.
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Pour écrire La Case de l'oncle Tom, Stowe s'inspire en partie de l'autobiographie de Josiah Henson, un Noir qui vécut et travailla dans une plantation de tabac de 15 km² appartenant à Isaac Riley et située à North Bethesda dans le Maryland. Henson échappe à l'esclavage en 1830 en s'enfuyant dans la province du Haut-Canada (à présent l'Ontario), où il aida d'autres esclaves à s'échapper et à devenir autonomes, et où il écrivit ses mémoires, - et probablement encore plus de l'autobiographie de Frederick Douglass. Lorsque l'œuvre de Stowe devint célèbre, Henson publia à nouveau ses mémoires sous le titre Les Mémoires de l'oncle Tom, et voyagea aux États-Unis et en Europe.
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Le roman de Stowe a donné son nom à la demeure de Henson, devenue Uncle Tom's Cabin Historic Site, près de Dresden, en Ontario, et transformée en musée depuis les années 1940. La véritable cabane dans laquelle Henson vécut lorsqu'il était esclave existe toujours dans le comté de Montgomery, dans le Maryland.
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American Slavery As It Is: Testimony of a Thousand Witnesses, un livre coécrit par Theodore Dwight Weld et les sœurs Angelina et Sarah Grimké, est également à l'origine d'une partie du contenu du roman. Stowe affirma également avoir fondé son livre sur des entretiens avec des esclaves fugitifs, rencontrés lorsqu'elle vivait à Cincinnati dans l'Ohio, ville proche du Kentucky qui était alors un état esclavagiste. Le chemin de fer clandestin avait des sympathisants abolitionnistes à Cincinnati. Ce réseau aidait activement les esclaves à s'échapper des États du Sud.
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Harriet Stowe mentionne une partie des sources d'inspiration utilisées pour son roman dans A Key to Uncle Tom's Cabin, publié en 1853. Ce livre, qui au contraire de La Case de l'oncle Tom n'est pas une fiction, est écrit pour soutenir les affirmations de Stowe concernant l'esclavage. Cependant, des études ultérieures ont tenté de démontrer que Stowe ne lut la plupart des œuvres mentionnées qu'après la publication de son roman[réf. nécessaire].
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La Case de l'oncle Tom est d'abord publié en feuilleton de 40 épisodes dans le National Era, un journal abolitionniste, à partir du 5 juin 1851. Au vu de la popularité de l'histoire, l'éditeur John Jewett propose à Harriet Stowe de transformer le feuilleton en roman pour une publication en volume. Bien que Stowe n'était pas du tout certaine que La Case de l'oncle Tom serait lu une fois publié en volume, elle consentit finalement à cette requête.
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Convaincu que le livre serait aimé par le public, Jewett prend la décision (inhabituelle pour l'époque) de faire graver pour la première édition six illustrations pleine page par Hammatt Billings. Publié en volume le 20 mars 1852, le roman est bientôt épuisé et d'autres éditions sont imprimées peu après (en particulier une édition de luxe en 1853, comptant 117 illustrations de Hammatt Billings).
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Pendant sa première année de publication, 300 000 exemplaires de La Case de l'oncle Tom sont vendus[4]. Le livre est traduit dans de nombreuses langues et devient finalement le deuxième livre le plus vendu après la Bible.
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La Case de l'oncle Tom se vend également bien en Grande-Bretagne, où la première édition est publiée en mai 1852 et s'écoule à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. En quelques années, plus de 1,5 million d'exemplaires sont mis en circulation en Grande-Bretagne[réf. nécessaire], la plupart étant des copies illégales (le même phénomène eut lieu aux États-Unis)[réf. nécessaire]. Certaines des premières éditions contiennent une introduction par le révérend James Sherman, ministre du culte protestant londonien, bien connu pour ses convictions abolitionnistes.
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Au XIXe siècle, dans le Kentucky, État sudiste, Mr Shelby, riche planteur, et son épouse, Emily, traitent leurs esclaves avec bonté. Mais le couple craint de perdre la plantation pour cause de dettes et décide alors de vendre deux de leurs esclaves : Oncle Tom, un homme d'âge moyen ayant une épouse et des enfants, et Henri , le fils d'Elisa, servante d'Emily. Cette idée répugne à Emily qui avait promis à sa servante que son fils ne serait jamais vendu ; et le mari d'Emily, George Shelby, ne souhaite pas voir partir Tom qu'il considère comme un ami et un mentor.
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Lorsqu'Elisa surprend Mr et Mme Shelby en train de discuter de la vente prochaine de Tom et Henri, elle décide de s'enfuir avec son fils. Le roman précise que la décision d'Elisa vient du fait qu'elle craint de perdre son unique enfant survivant (elle a déjà perdu deux enfants en couches). Elisa part le soir même, laissant un mot d'excuse à sa maîtresse.
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Pendant ce temps, Oncle Tom est vendu à Augustin St. Clare et embarque sur un bateau qui s'apprête à descendre le Mississippi. À bord, Tom rencontre une jeune fille blanche nommée Evangeline, qui est la fille de son maître, et se lie d'amitié avec elle. Lorsque Eva tombe à l'eau, Tom la sauve. Pour le remercier, le père d'Eva lui donne des biscuits.
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Au cours de sa fuite, Elisa retrouve son mari Georges Harris, qui s'était échappé de sa plantation auparavant. Ils décident d'essayer de gagner le Canada. Ils sont cependant poursuivis par un chasseur d'esclaves nommé Tom Loker. Loker finit par piéger Elisa et sa famille, ce qui conduit Georges à tirer sur Loker. Ne souhaitant pas que Loker meure, Elisa convainc George d'amener le chasseur d'esclaves jusqu'à un village quaker proche pour qu'il y soit soigné.
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De retour à La Nouvelle-Orléans, Augustin St. Clare discute de l'esclavage avec sa cousine nordiste Ophelia qui, bien qu'opposée à l'esclavage, a cependant des préjugés contre les Noirs. St. Clare considère que lui n'a pas de préjugés, bien que possédant des esclaves. Dans une tentative pour montrer à Ophelia que ses idées concernant les Noirs sont erronées, il achète Topsy, une jeune esclave noire, et demande à Ophelia de l'éduquer.
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Deux ans après que Tom fut arrivé chez les St. Clare, Eva tombe gravement malade. Avant de mourir, elle a une vision du paradis, qu'elle partage avec les personnes qui l'entourent. En conséquence de cette vision et de la mort d'Eva, les autres personnages décident de modifier leur manière de vivre : Ophelia promet de se débarrasser de ses préjugés contre les Noirs, Topsy de s'améliorer et Augustin St. Clare d'affranchir (libérer) l'oncle Tom.
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Augustin St. Clare est poignardé en entrant dans une taverne de La Nouvelle-Orléans et meurt avant de pouvoir tenir sa promesse. Sa femme revient sur la promesse de son mari décédé et vend Tom aux enchères à un propriétaire malveillant nommé Simon Legree. Legree, originaire du nord, emmène Tom dans une région rurale de la Louisiane, où Tom fait la connaissance des autres esclaves de Legree, et en particulier d'Emmeline, que Legree a achetée en même temps que Tom. La haine de Legree pour Tom naît lorsque celui-ci refuse son ordre de fouetter un autre esclave. Legree bat sauvagement Tom, et décide de broyer la foi en Dieu de son nouvel esclave. Cependant, malgré la cruauté de Legree, Tom refuse de cesser de lire sa Bible et de réconforter les autres esclaves. À la plantation, Tom rencontre Cassy, une autre esclave de Legree, qui a été séparée de son fils et de sa fille lorsque ceux-ci ont été vendus ; incapable de supporter la vente d'un autre de ses enfants, elle a tué son troisième.
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Tom Loker fait à ce moment sa réapparition dans l'histoire ; à la suite de sa guérison par les quakers, il a profondément changé. George, Elisa et Henry ont obtenu leur liberté après être parvenus au Canada. En Louisiane, l'oncle Tom succombe presque au désespoir alors que sa foi en Dieu est mise à l'épreuve par les rigueurs de la plantation. Il a cependant deux visions, une de Jésus et une d'Eva, qui renouvellent sa détermination à rester un chrétien fidèle, même si sa vie est en jeu. Il encourage Cassy à s'enfuir, ce qu'elle fait en emmenant Emmeline avec elle. Lorsque Tom refuse de révéler à Legree leur destination, ce dernier ordonne à ses employés de tuer Tom. Alors qu'il est mourant, Tom pardonne aux employés de l'avoir battu. Impressionnés par la personnalité de l'homme qu'ils ont tué, les deux hommes deviennent chrétiens. Juste avant la mort de Tom, Georges Shelby, le fils d'Arthur Shelby (le maître original de Tom), apparaît pour acheter la liberté de Tom, mais se rend compte qu'il arrive trop tard.
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Sur le bateau qui les emmène vers la liberté, Cassy et Lucy rencontrent la sœur de Georges Harris et l'accompagnent au Canada. Une fois arrivée, Cassy découvre que Elisa est sa fille, qui avait été vendue enfant et dont elle n'avait pas eu de nouvelles depuis. Leur famille enfin reconstituée, ils partent pour la France puis finalement pour le Liberia, nation africaine créée pour les anciens esclaves d'Amérique, où ils retrouvent le fils de Cassy, également perdu de vue depuis longtemps. Georges Shelby retourne dans sa plantation du Kentucky et libère tous ses esclaves, en leur disant de se souvenir du sacrifice de Tom et de sa foi dans la véritable signification du christianisme.
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L'oncle Tom, le personnage éponyme, est un esclave chrétien possédant patience et noblesse d'âme. Plus récemment, son nom est cependant devenu une épithète désignant les Afro-Américains accusés de s'être vendus aux Blancs. Pour Stowe, Tom est un héros noble et digne d'éloges. Tout au long du roman, bien loin de se laisser exploiter, Tom défend ses croyances et est même admiré à contrecœur par ses ennemis.
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Eva, dont le véritable nom est Evangeline St. Clare est la fille d'Augustin St.Clare qui, durant une période, est le maître de Tom.
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Eva est gentille, souriante, généreuse, belle, compatissante et elle se lie d'amitié avec tous les esclaves de son père.
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Elle devient très vite amie de Tom
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Simon Legree est un maître cruel, né dans le Nord, dont le nom est devenu synonyme d'avidité. Son but est de démoraliser Tom au point de le faire abandonner sa foi religieuse ; il finit par battre Tom à mort par frustration devant la foi inébranlable de son esclave en Dieu. Le roman révèle qu'il a, dans sa jeunesse, abandonné sa mère malade pour partir en mer, et qu'il a ignoré sa lettre le priant de venir la voir une dernière fois sur son lit de mort. Il exploite sexuellement Cassy, qui le méprise, puis porte son désir sur Emmeline.
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La Case de l'oncle Tom met en scène un grand nombre de personnages secondaires. Parmi les plus importants, on peut citer :
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Un thème unique domine La Case de l'oncle Tom : celui du caractère maléfique et immoral de l'esclavage. Bien que Stowe aborde d'autres thèmes mineurs tout au long du roman, comme l'autorité morale de la mère de famille ou encore la possibilité de rédemption offerte par le christianisme, elle donne beaucoup d'importance à leurs liens avec les horreurs de l'esclavage. Elle aborde le thème de l'immoralité de l'esclavage quasiment à chaque page du livre, lui arrivant même parfois de changer de point de vue narratif afin de donner une véritable homélie sur la nature destructrice de l'esclavage (telle cette femme blanche sur le bateau conduisant Tom vers le sud : « La pire des choses dans l'esclavage, à mon avis, est son atrocité envers les sentiments et l'affection - la séparation des familles, par exemple. »). L'une des manières pour Stowe de dénoncer l'esclavage était de montrer comment cette « bizarre institution » forçait les familles à se séparer.
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Harriet Stowe considérait le statut de mère comme « le modèle éthique et structurel pour toute l'Amérique » et pensait que seules les femmes avaient l'autorité morale pour sauver les États-Unis du démon de l'esclavage ; c'est pourquoi un autre thème majeur de La Case de l'oncle Tom est le pouvoir moral et le caractère saint de la femme. À travers des personnages comme Eliza, qui fuit l'esclavage pour sauver son jeune fils (et finit par réunir sa famille entière), ou Petite Eva, qui est considérée comme « la chrétienne idéale », Stowe montre de quelle manière elle pense que les femmes peuvent sauver leurs prochains des pires injustices. Bien que des critiques notèrent plus tardivement que les personnages féminins de Stowe constituent souvent des clichés domestiques plutôt que des femmes réalistes, le roman « réaffirma l'importance de l'influence des femmes » et ouvrit la voie aux mouvements pour les droits des femmes qui se manifestèrent dans les décennies suivantes.
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Les croyances religieuses puritaines de Stowe se révèlent dans le thème général qui sous-tend le roman, qui n'est autre que l'exploration de la nature du christianisme et de la manière dont Stowe pense qu'il est fondamentalement incompatible avec l'esclavage. Ce thème est fortement présent lorsque Tom exhorte St. Clare à « regarder vers Jésus » après la mort de sa fille bien-aimée Eva. Après la mort de Tom, George Shelby fait l'éloge de Tom en disant : « C'est quelque chose que d'être chrétien ». De par le rôle important joué par les thèmes chrétiens dans La Case de l'oncle Tom - et à cause de l'utilisation répétée dans le roman d'interventions de l'auteur elle-même sur la religion et la foi - le livre prend souvent « la forme d'un sermon ».
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La Case de l'oncle Tom est écrit dans le style mélodramatique et sentimental commun aux romans sentimentaux et à la « fiction domestique » (ou fiction féminine) du XIXe siècle. Ces genres de récits étaient parmi les plus populaires au temps de Stowe et mettaient en général en scène des personnages principaux féminins, dans un style visant à provoquer compassion et émotion chez le lecteur. Bien que le livre de Stowe diffère des romans sentimentaux en s'intéressant à un thème plus large, l'esclavage, et en ayant un homme comme personnage principal, il cherche cependant à susciter une forte émotion chez ses lecteurs (en provoquant par exemple les larmes lors de la mort de Petite Eva). La force de ce style d'écriture est manifeste lorsqu'on se réfère aux réactions des lecteurs contemporains de Stowe. Georgiana May, une amie de Stowe, écrit dans une lettre à l'auteur : « Je suis restée éveillée la nuit dernière bien après une heure du matin, pour finir La Case de l'oncle Tom. Je ne pouvais pas plus l'abandonner que je n'aurais pu abandonner un enfant mourant ». Un autre lecteur est décrit comme étant obsédé à tout moment par le livre et comme ayant pensé à renommer sa fille Eva. La mort de Petite Eva affecta de manière évidente un grand nombre de personnes à l'époque puisqu'à Boston, au cours de la seule année 1852, ce prénom fut donné à 300 petites filles.
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Malgré ces réactions positives de la part des lecteurs, les critiques littéraires méprisèrent durant des années le style dans lequel La Case de l'oncle Tom et d'autres romans sentimentaux étaient écrits, du fait que ces livres étaient rédigés par des femmes et présentaient de manière si évidente un « sentimentalisme féminin ». Un critique littéraire affirma que si le roman n'avait pas abordé le thème de l'esclavage, « il n'aurait été qu'un autre roman sentimental », tandis qu'un autre décrivit le livre comme « l'œuvre d'un écrivaillon ». James Baldwin dénonçait en 1949 la médiocrité et l'esthétique grossière du roman[5]
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Ce n'est pas l'avis de Jane Tompkins, professeur d'anglais à l'université de l'Illinois à Chicago. Dans son livre In Sensational Designs: The Cultural Work of American Fiction (1985). Tompkins fait l'éloge de ce style que tant d'autres critiques avaient méprisé, écrivant que les romans sentimentaux montraient comment les émotions féminines avaient le pouvoir d'améliorer le monde. Elle affirme également que les fictions domestiques populaires du XIXe siècle, dont La Case de l'oncle Tom fait partie, étaient remarquables de par leur « complexité intellectuelle, leur ambition et leur ingéniosité » ; et que La Case de l'oncle Tom offrait « une critique de la société américaine bien plus dévastatrice que d'autres effectuées par des auteurs plus connus tels que Hawthorne ou Melville ».
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Dès sa publication, le livre a donné lieu à une importante controverse, suscitant des protestations de la part des défenseurs[Qui ?] de l'esclavage (qui firent paraître un certain nombre d'autres livres en réponse à celui-ci[Lesquels ?]) et des éloges de la part des abolitionnistes[réf. nécessaire]. Le roman influença profondément des œuvres protestataires postérieures, telle La Jungle d'Upton Sinclair.
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Dès sa publication, La Case de l'oncle Tom indigne les habitants du Sud américain[5]. Le roman est également violemment critiqué par les partisans de l'esclavage[Qui ?].
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L'écrivain sudiste William Gilmore Simms déclara que le livre était entièrement faux[6], tandis que d'autres qualifièrent le roman de criminel et diffamatoire[réf. nécessaire]. Les réactions allèrent d'un libraire de Mobile dans l'Alabama qui fut obligé de quitter la ville parce qu'il avait mis le roman en vente[5], à des lettres de menace adressées à Stowe elle-même (qui reçut même un paquet contenant une oreille coupée appartenant à un esclave)[5]. De nombreux écrivains sudistes, tel Simms, écrivirent peu après leur propre livre en réaction à celui de Stowe (voir la section anti-Tom ci-dessous).
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Certains critiques[Qui ?] soulignèrent le manque d'expérience de Stowe concernant la vie du Sud, affirmant que ce manque d'expérience l'avait poussée à produire des descriptions inexactes de la région. Elle n'avait quasiment jamais mis les pieds dans le Sud et n'avait jamais véritablement été dans une plantation sudiste[7]. Stowe affirma cependant toujours qu'elle avait bâti ses personnages sur des récits faits par des esclaves fugitifs lorsqu'elle vivait à Cincinnati, dans l'Ohio. On[Qui ?] rapporte que Stowe eut l'occasion d'assister à plusieurs incidents qui la poussèrent à écrire le roman. Des scènes qu'elle observa sur l'Ohio, en particulier un mari et une femme séparés au cours d'une vente, ainsi que des articles de journaux et des entretiens lui fournirent de la matière pour le développement de l'intrigue.
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En réponse à ces critiques, Stowe publia en 1853 A Key to Uncle Tom's Cabin, tentant de montrer la véracité de la description de l'esclavage faite dans La Case de l'oncle Tom à travers des documents historiques. Dans ce livre, Stowe considère chacun des principaux personnages du roman et cite des personnes équivalentes ayant réellement existé, tout en fustigeant à nouveau l'esclavagisme du Sud de manière plus agressive encore que dans le roman lui-même. Tout comme La Case de l'oncle Tom, A Key to Uncle Tom's Cabin eut également un grand succès. Il doit cependant être noté que, bien que Harriet Stowe prétendit que A Key to Uncle Tom's Cabin traitait des sources qu'elle avait consultées au moment d'écrire son roman, elle ne lut une grande partie des œuvres mentionnées qu'après la publication de celui-ci.
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D'après le fils de l'auteur, lorsqu'Abraham Lincoln rencontra Stowe en 1862, il déclara : « C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre. »[8]. L'avis des historiens[Lesquels ?] diverge sur la véracité de cette anecdote, et dans une lettre que Stowe écrivit à son mari quelques heures après avoir rencontré Lincoln on ne trouve mention nulle part de cette phrase. Par la suite, de nombreux spécialistes[Lesquels ?] considérèrent que le roman concentra la colère du Nord sur les injustices de l'esclavage et sur le Fugitive Slave Act, et attisa les ardeurs du mouvement abolitionniste. Le général de l'Union et politicien James Baird Weaver affirma que le livre le persuada de devenir actif au sein du mouvement abolitionniste[réf. nécessaire].
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La Case de l'oncle Tom souleva également un grand intérêt en Grande-Bretagne. La première édition londonienne parut en mai 1852 et se vendit à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. Une partie de cet intérêt était dû à l'antipathie éprouvée par les Britanniques envers les États-Unis. Comme l'expliqua un écrivain de l'époque, « les sentiments que La Case de l'oncle Tom déchaîna en Angleterre n'étaient pas la vengeance ou la haine [de l'esclavage], mais plutôt une jalousie et une fierté nationale. Nous avons longtemps souffert de la suffisance de l'Amérique - nous sommes fatigués de l'entendre se vanter d'être le pays le plus libre et le plus éclairé qu'ait connu le monde. Notre clergé hait son système de volontariat - nos Tories haïssent ses démocrates - nos Whigs haïssent ses parvenus - nos radicaux haïssent ses manières procédurières, son insolence et son ambition. Tous les partis saluèrent Mme Stowe comme une insurgée au sein du camp ennemi »[réf. nécessaire]. Charles Francis Adams, ambassadeur des États-Unis en Angleterre durant la guerre, affirma plus tard que « La Case de l'oncle Tom, publié en 1852, exerça, grâce à des circonstances principalement fortuites, une influence sur le monde plus immédiate, plus considérable et plus spectaculaire qu'aucun autre livre jamais imprimé »[réf. nécessaire].
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Le livre a été traduit dans plusieurs langues, y compris en chinois (la traduction du roman par le traducteur Lin Shu fut la première traduction en chinois d'un roman américain) et en amharique (la traduction datant de 1930 fut effectuée dans le but de soutenir les efforts de l'Éthiopie visant à atténuer les souffrances des Noirs[réf. nécessaire]). Le livre fut lu par tant de personnes que Sigmund Freud rapporta un certain nombre de cas de tendances sado-masochistes chez des patients, qui selon lui avaient été influencés par la lecture de scènes de La Case de l'oncle Tom où des esclaves se faisaient fouetter[réf. nécessaire].
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À partir de 1845, l'usage s'établit au Carnaval de Paris de baptiser pour la fête les Bœufs Gras qui défilent à la promenade du Bœuf Gras. Le nom est choisi en fonction des œuvres littéraires à succès du moment, ou en rapport avec des événements importants récents, ou une chanson à la mode. Le premier Bœuf Gras baptisé ainsi s’appellera Le Père Goriot. En 1853, l'immense succès remporté en France par La Case de l'oncle Tom fait que les trois Bœufs Gras qui défilent du 6 au 8 f��vrier sont baptisés du nom de héros de ce livre : Père-Tom, Shelby et Saint-Clare[9].
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La Case de l'oncle Tom fut le premier roman à teneur politique à être lu par un grand nombre de personnes aux États-Unis. À ce titre, il influença grandement le développement non seulement de la littérature américaine mais aussi de la littérature engagée en général. Un certain nombre de livres publiés après La Case de l'oncle Tom doivent beaucoup au roman de Stowe ; on peut citer en particulier La Jungle d'Upton Sinclair et Printemps silencieux de Rachel Carson. ("L'histoire de la quarteronne" - Case de l'Oncle Tom, chap. 34 - a aussi d'étroites ressemblances avec la nouvelle Le Diable, de Léon Tolstoï.)
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Malgré son importance incontestable, La Case de l'oncle Tom est perçu par l'opinion populaire comme « un mélange de conte pour enfants et de propagande »[réf. nécessaire]. Le roman a également été décrit par nombre de critiques littéraires comme étant « tout juste un roman sentimental »[réf. nécessaire], tandis que le critique George Whicher affirma dans son Histoire littéraire des États-Unis que « Mme Stowe ou son ouvrage ne peuvent justifier du succès considérable du roman ; son talent en tant qu'écrivain amateur n'était en rien remarquable. Elle avait tout au plus une certaine maîtrise des stéréotypes en termes de mélodrame, d'humour et de pathos, et son livre est composé de ces éléments populaires »[réf. souhaitée].
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D'autres critiques ont cependant fait l'éloge du roman : Edmund Wilson déclara que « démontrer une telle maturité dans l'écriture de La Case de l'oncle Tom prouve une expérience étonnante. »[réf. nécessaire] Jane Tompkins affirme que le roman est un classique de la littérature américaine et émet l'hypothèse que de nombreux critiques littéraires ont boudé le livre pour la simple raison qu'il fut extrêmement populaire en son temps[réf. nécessaire].
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Certains commentateurs [Qui ?] affirment que Stowe considérait que son roman offrait une solution aux dilemmes politiques et moraux qui troublaient de nombreux opposants à l'esclavage. Stowe était une fervente chrétienne, et abolitionniste.
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Léon Tolstoï « [citait] comme exemple de l'art religieux le plus élevé, né de l'amour de Dieu et du prochain, en littérature:... La Case de l'oncle Tom, etc. »[10]
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Les experts[Qui ?] considèrent également que le roman véhicule les valeurs et les idées du Parti du sol libre. Dans cette optique, le personnage de George Harris personnifie le principe du travail libre, tandis que le personnage complexe d'Ophelia représente les nordistes qui toléraient un compromis avec l'esclavage. À l'opposé d'Ophelia est Dinah, qui agit de manière passionnée. Au cours du roman Ophelia se transforme, de la même manière que le Parti Républicain qui proclama trois ans plus tard que le Nord devait se transformer et défendre ses principes antiesclavagistes.
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Des théories féministes peuvent également être vues à l'œuvre dans le livre de Stowe[réf. nécessaire], le roman constituant une critique de la nature patriarcale de l'esclavage. Pour l'auteur, les liens formant la famille étaient avant tout les liens du sang plutôt que les relations paternalistes entre maîtres et esclaves. De plus, Stowe considérait la solidarité nationale comme une extension de la famille, le sentiment d'appartenir à une nation ayant donc ses racines dans le fait de partager une race. Par conséquent, elle prêchait la colonisation de l'Afrique pour les esclaves libérés et non leur intégration dans la société américaine.
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Le livre a également été considéré[Par qui ?] comme une tentative de redéfinition de la masculinité en tant qu'étape nécessaire vers l'abolition de l'esclavage. Dans cette optique, les abolitionnistes avaient commencé à rejeter la vision de l'homme agressif et dominant que la conquête et la colonisation du début du XIXe siècle avaient mis en avant. Dans le but de modifier la notion de virilité de telle manière que les hommes puissent s'opposer à l'esclavage sans mettre en danger leur image ou leur place dans la société, certains abolitionnistes se rapprochèrent de principes tels que le droit de vote des femmes, la chrétienté ou la non-violence, et firent l'éloge de la compassion, de la coopération et de l'esprit civique. D'autres courants du mouvement abolitionniste prônaient une action masculine plus agressive et plus conventionnelle. Tous les hommes dans le roman de Stowe sont des représentants de l'un ou l'autre de ces courants.
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Au cours des dernières décennies, aussi bien lecteurs que spécialistes ont critiqué le roman pour ses descriptions racistes et condescendantes des personnages noirs, en particulier en ce qui concerne leur apparence, leur manière de parler et leur comportement, mais aussi la nature passive de l'oncle Tom face à son destin. L'importance de la création par le roman de nouveaux stéréotypes ainsi que son usage de stéréotypes déjà existants est d'autant plus grande que La Case de l'oncle Tom fut le roman le plus vendu au monde au XIXe siècle. En conséquence, le livre (ainsi que les images l'illustrant et les pièces de théâtre associées) contribua grandement à implanter de manière permanente ces stéréotypes dans la mentalité américaine.
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Parmi les stéréotypes de Noirs présents dans La Case de l'oncle Tom se trouvent :
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Au cours des décennies récentes, ces associations négatives ont éclipsé de manière importante l'impact historique de La Case de l'oncle Tom en tant que « outil antiesclavagiste vital. » Ces changements dans la perception du roman prennent racine dans un essai de James Baldwin intitulé Everybody’s Protest Novel. Dans cet essai, Baldwin qualifie La Case de l'oncle Tom de « très mauvais roman », racialement stupide et à l'esthétique grossière.
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Dans les années 1960 et 1970, les mouvements du Black Power et du Black Arts attaquèrent le roman, affirmant que le personnage de l'oncle Tom se livrait à une « trahison raciale » et que Tom faisait apparaître les esclaves comme étant pires que les maîtres. Les critiques visant les autres stéréotypes présents dans le livre augmentèrent également durant cette période. Malcolm X a toujours fustigé la figure stéréotypée de l'oncle Tom, symbole de soumission et de passivité[5].
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Ces dernières années cependant, des spécialistes tels que Henry Louis Gates Jr. ont commencé à réévaluer La Case de l'oncle Tom, affirmant que le livre est « un document central dans les relations interraciales en Amérique et une importante exploration morale et politique des caractéristiques de ces relations. »
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En réponse à La Case de l'oncle Tom, certains écrivains du Sud des États-Unis produisirent des livres destinés à combattre le roman de Stowe. Cette littérature, ainsi appelée littérature anti-Tom, était en général pro-esclavagiste, soutenant que les questions portant sur l'esclavagisme telles qu'elles étaient posées dans le livre de Stowe étaient trop sentencieuses et incorrectes. Les romans de ce genre présentaient généralement un maître blanc patriarcal et bienveillant et une épouse à l'âme pure, gouvernant tous deux des esclaves semblables à des enfants au sein d'une plantation à l'atmosphère familiale et bienveillante. Les romans sous-entendaient ou affirmaient ouvertement que les Afro-Américains étaient semblables à des enfants, incapables de vivre sans être directement supervisés par des Blancs.
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Parmi les plus célèbres livres anti-Tom se trouvent The Sword and the Distaff de William Gilmore Simms, Aunt Phillis's Cabin de Mary Henderson Eastman et The Planter's Northern Bride de Caroline Lee Hentz, cette dernière ayant été une amie proche de Stowe lorsqu’elles vivaient toutes deux à Cincinnati. Le livre de Simms fut publié quelques mois après le roman de Stowe et contient un certain nombre de discussions contestant le livre de Stowe et sa vision de l'esclavage. Le roman de Caroline Lee Hentz, paru en 1854, lu par de nombreuses personnes à l'époque mais à présent largement oublié, présente une défense de l'esclavage à travers les yeux d'une femme du Nord, fille d'un abolitionniste, qui épouse un propriétaire d'esclaves du Sud.
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Durant la décennie s'étendant entre la publication de La Case de l'oncle Tom et le début de la guerre de Sécession, entre vingt et trente livres anti-Tom furent publiés. Parmi ces romans se trouvent deux livres intitulés Uncle Tom's Cabin As It Is, l'un de W.L. Smith et l'autre de C.H. Wiley. Plus de la moitié de ces œuvres anti-Tom furent écrits par des femmes blanches, ce que Simms commenta en parlant de « l'apparente justice poétique du fait qu'une femme du Sud réponde à la femme du Nord (Stowe). »
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La case de l'oncle Tom a été traduit en français, pour la première parution, par Émile de La Bédollière (La Case du père Tom ou Vie des nègres en Amérique, Barba, 1852) ; entre 1852 et 1856 La Case de l'Oncle Tom n'eut pas moins de huit traductions différentes en français et dix-neuf éditions. Louis Carion, Léon Pilatte, Léon de Wally et Edmond Auguste Texier... sont quelques-uns des traducteurs. En 1861, traduction de Louis Barré. (B. Renault, 1861) ; en 1862 (Michel Lévy) la traduction de Léon Pilatte est « augmentée d'une préface de l'auteur et d'une introduction par George Sand » ; en 1872, Harriet Beecher Stowe écrivit à Louise Swanton Belloc et Adélaïde de Montgolfier : « Je suis très-flattée, mesdames, que mon humble ami, Oncle Tom, ait des interprètes tels que vous pour le présenter aux lecteurs français. J’ai lu une traduction de mon livre en votre langue, et quoique assez peu familiarisée avec le français, j’ai pu voir qu’elle laissait beaucoup à désirer ; mais j’ai remarqué aussi dans la gracieuse et sociable flexibilité de la langue française une aptitude toute particulière à exprimer les sentiments variés de l’ouvrage, et je suis de plus convaincue qu’un esprit féminin prendra plus aisément l’empreinte du mien. »
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Même si La Case de l'oncle Tom fut le livre le plus vendu du XIXe siècle, à cette époque un nombre beaucoup plus important d'américains virent l'histoire sous forme de pièce de théâtre ou de comédie musicale que sous forme de livre. Eric Lott, dans son livre Uncle Tomitudes: Racial Melodrama and Modes of Production, estime qu'au moins 3 millions de personnes assistèrent à ces spectacles, ce qui représente dix fois les ventes du livre durant sa première année de parution.
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Les lois de l'époque sur le copyright étant peu restrictives, des pièces de théâtre basées sur La Case de l'oncle Tom, appelées aussi Tom shows, commencèrent à apparaître alors que le roman n'était pas encore entièrement publié. Stowe refusa d'autoriser l'adaptation de son œuvre à cause de sa méfiance puritaine envers le théâtre (bien qu'elle finisse cependant par assister à la version de George Aiken et, selon Francis Underwood, fut charmée par l'interprétation par Caroline Howard du personnage de Topsy). Le refus de Stowe laissa le champ libre à nombre d'adaptations, certaines créées pour des raisons politiques et d'autres uniquement pour des raisons commerciales.
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Il n'y avait à l'époque aucune loi sur le copyright international. Le livre et les pièces de théâtre furent traduits dans plusieurs langages ; Stowe ne reçut que peu d'argent et fut privée des trois quarts de ses revenus légitimes.
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Tous les Tom shows semblent avoir incorporé des éléments de mélodrame et de minstrel show. Ces pièces variaient beaucoup dans leurs opinions politiques : certaines reflétaient de manière fidèle les vues antiesclavagistes de Stowe, tandis que d'autres étaient plus modérées, voire pro-esclavagistes. Beaucoup de productions présentaient des caricatures racistes et humiliantes des Noirs, tandis qu'un grand nombre d'entre elles utilisaient également des chansons de Stephen Foster (en particulier My Old Kentucky Home, Old Folks at Home, et Massa's in the Cold Ground). Les Tom shows les plus connus furent ceux de George Aiken et H.J. Conway.
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Les nombreuses variantes théâtrales de La Case de l'oncle Tom « dominèrent la culture populaire du Nord pendant plusieurs années » au cours du XIXe siècle et les pièces étaient toujours jouées au début du XXe siècle.
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L'une des variantes les plus originales et controversées fut Mickey's Mellerdrammer de Walt Disney, un film distribué par United Artists sorti en 1933. Le titre est une corruption du mot melodrama (mélodrame), destiné à évoquer les premiers minstrel shows, et le film est un court métrage mettant en scène les personnages de Disney, Mickey Mouse et ses amis, montant leur propre adaptation de La Case de l'oncle Tom.
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Mickey était déjà de couleur noire, mais l'affiche du film le montre habillé et maquillé en blackface avec des lèvres orange proéminentes, des rouflaquettes blanches et abondantes faites en coton et des gants blancs, qui font à présent partie de son costume habituel.
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Les adaptations :
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La Case de l'oncle Tom a été adapté de nombreuses fois au cinéma. La plupart des adaptations cinématographiques furent réalisées à l'ère du cinéma muet (La Case de l'oncle Tom est d'ailleurs l'histoire la plus souvent filmée durant cette période). Ceci était dû à la popularité toujours grande à la fois du roman et des Tom shows, ce qui signifiait que le public était déjà familier avec les personnages et l'histoire, rendant ainsi les films sans paroles plus compréhensibles.
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La première version de La Case de l'oncle Tom fut l'un des premiers longs métrages (bien que le terme long métrage désignait à l'époque une durée comprise entre 10 et 14 minutes). Sorti en 1903 et réalisé par Edwin S. Porter, le film était joué par des acteurs blancs déguisés en Noirs pour les rôles principaux et n'utilisait des acteurs Noirs qu'en tant que figurants. Cette version était similaire à beaucoup des premiers Tom shows et faisait figurer un grand nombre de stéréotypes sur les Noirs (en faisant par exemple danser les esclaves dans n'importe quel contexte, en particulier à une vente d'esclaves).
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En 1910, la Vitagraph Company of America produisit une adaptation réalisée par J. Stuart Blackton et adaptée par Eugene Mullin. Selon le Dramatic Mirror, ce film était une « innovation marquée » dans le domaine du cinéma et « la première fois qu'une compagnie américaine » faisait sortir un film en trois bobines. Jusque-là, les longs métrages de l'époque ne faisaient que 15 minutes de long et contenaient une seule bobine de film. Le film était joué par Clara Kimball Young, Marie Eline, Florence Turner, Mary Fuller, Charles Kent, Edwin R. Phillips, Flora Finch, Genevieve Tobin et Carlyle Blackwell.[80]
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Au cours des deux décennies suivantes, plusieurs autres adaptations cinématographiques virent le jour :
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La dernière version muette est sortie en 1927. Réalisée par Harry A. Pollard (qui avait joué l'oncle Tom dans la version de 1913), ce film long de deux heures mit plus d'un an à être réalisé et fut le troisième film le plus cher de l'ère du cinéma muet (avec un budget de 1,8 million de dollars). L'acteur noir Charles Gilpin, d'abord choisi pour le rôle-titre, fut renvoyé lorsque le studio trouva sa performance « trop agressive ». Le rôle de Tom échut ensuite à James B. Lowe. Une différence entre ce film et le roman est qu'après la mort de Tom, celui-ci revient sous la forme d'un esprit vengeur et affronte Simon Legree, avant de le mener à la mort. Les médias Noirs de l'époque firent l'éloge du film, mais le studio, craignant une réaction de la part du public blanc et sudiste, finit par couper au montage les scènes prêtant à controverse, en particulier la séquence d'ouverture du film où une mère est arrachée à son enfant lors d'une vente d'esclaves. L'histoire fut adaptée par Pollard, Harvey F. Thew et A. P. Younger, avec des titres de Walter Anthony. Le film était joué par James B. Lowe, Stymie Beard, Raymond Massey, Virginia Grey, George Siegmann, Margarita Fischer, Mona Ray et Madame Sul-Te-Wan.[81]
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Pendant plusieurs décennies après la fin du cinéma muet, la matière du roman de Stowe fut jugée trop sensible pour être à nouveau l'objet d'adaptations cinématographiques. En 1946, la Metro-Goldwyn-Mayer envisage de filmer l'histoire, mais arrête la production après des protestations de la part de la National Association for the Advancement of Colored People.
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Une adaptation en allemand, Onkel Toms Hütte, réalisée par le hongrois Géza von Radványi, sort en 1965, avec Mylène Demongeot, O. W. Fischer, Herbert Lom. Elle fut distribuée aux États-Unis par Kroger Babb. Une version française de ce film existe : La Case de l'oncle Tom qui a été éditée en cassette VHS par René Chateau.
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En 1987 est diffusé Uncle Tom's Cabin, un téléfilm réalisé par Stan Lathan, avec Avery Brooks, Phylicia Rashad, Edward Woodward, Jenny Lewis, Samuel L. Jackson et Endyia Kinney.
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En plus des adaptations en film, des versions de La Case de l'oncle Tom virent le jour sous forme de dessins animés : Mellerdrammer (1933) de Walt Disney, où Mickey Mouse joue la pièce de théâtre déguisé en Noir ; Southern Fried Rabbit (1953) avec Bugs Bunny, où Bugs se déguise en oncle Tom et chante My Old Kentucky Home afin de traverser la ligne Mason-Dixon ; Uncle Tom's Bungalow (1937), un dessin animé des Warner Brothers supervisé par Tex Avery ; Eliza on Ice (1944), l'un des premiers dessins animés mettant en scène Mighty Mouse, produit par Paul Terry ; et Uncle Tom's Cabaña (1947), un dessin animé de 8 minutes réalisé par Tex Avery.
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La Case de l'oncle Tom a également influencé un grand nombre de films, en particulier Naissance d'une nation. Cette œuvre controversée, sortie en 1915, utilisait une cabane similaire à la maison de l'oncle Tom pour le point culminant de l'action, où des Sudistes blancs s'unissent à leurs anciens ennemis (des soldats Yankees) pour défendre ce que la légende du film décrit comme leur « origine caucasienne ». Selon les experts, cette réutilisation d'une cabane familière aurait trouvé un écho auprès du public de l'époque.
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Parmi les autres films influencés par La Case de l'oncle Tom ou utilisant le roman se trouvent Dimples (un film de 1936 avec Shirley Temple), Uncle Tom's Uncle (un épisode des Petites Canailles de 1926), son remake de 1932 intitulé Spanky, la comédie musicale de Rodgers et Hammerstein Le Roi et moi (dans laquelle un ballet intitulé Small House of Uncle Thomas est joué dans le style traditionnel du Siam) et Gangs of New York (où les personnages de Leonardo DiCaprio et Daniel Day-Lewis assistent à une adaptation imaginaire de La Case de l'oncle Tom).
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Le lac Baïkal (en russe : Озеро Байкал, Ozero Baïkal) est un lac situé dans le sud de la Sibérie, en Russie orientale. Il constitue la plus grande réserve d'eau douce liquide à la surface de la Terre. La transparence de ses eaux permet une visibilité parfaite jusqu'à 40 mètres de profondeur. Il est parfois surnommé la « Perle de Sibérie ». Pour ses premiers habitants, les différents peuples turcs et mongols, le lac était une mer sacrée, Baïkal provenant du turc Bay Köl (« lac riche/sacré »)[1]
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Orienté du SSO au NNE, il s'étend sur une longueur de 636 km avec une largeur variant de 24 km à 79 km et une superficie de 31 722 km2[2], ce qui en fait le 6e lac au monde[3]. C'est également le lac le plus profond (jusqu'à 1 642 m de colonne d'eau[2], reposant sur 7 000 mètres de sédiments). Son volume d'eau (23 600 km3)[2] représente environ 260 fois celui du lac Léman, soit autant que la mer Baltique ou que les cinq grands lacs nord-américains (lac Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Érié, lac Ontario) réunis[3] et approximativement 20 % du volume mondial d'eau douce retenue dans les lacs et les rivières[2]. Si le lac était vidé, une année entière ne suffirait pas à remplir son bassin en détournant l'ensemble des rivières du monde[4].
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Enserré par les monts Iablonovy et Bargouzine à l'est et les monts Baïkal à l'ouest, il se trouve à une altitude de 455 mètres. Près de son extrémité sud-ouest se trouve la principale ville de la région, Irkoutsk, tandis qu'Oulan-Oude est la capitale de la république de Bouriatie. Il possède une grande île de 730 km2, l'île d'Olkhon, et une presqu'île, Sviatoï Nos, littéralement le « Saint-Nez » (sur la rive est, réserve et parc naturel).
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Le lac reçoit l'apport de 336 rivières et ruisseaux permanents[3] — dont la Selenga issue de Mongolie — et se déverse dans l'Ienisseï par l'intermédiaire de l'Angara près d'Irkoutsk. Ses dimensions font qu'il est soumis à un système de vagues parfois importantes (jusqu'à 6 m) et qu'il est parcouru par des courants réguliers.
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La quantité de précipitations varie de 200 à 500 mm par an (au sud, elle peut osciller entre 500 et 900 mm). Le lac n'est navigable que de juin à septembre. Le reste de l'année, il est couvert de glace, dont l'épaisseur, vers la fin de l'hiver, peut atteindre 1 m, voire 1,5 à 2 m à certains endroits, permettant la circulation des hommes et des véhicules.
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En mai-juin et en octobre-novembre, lorsque la température des eaux du lac avoisine +4 °C (température à laquelle la densité de l'eau est maximale), de grands mouvements de brassage naturel de l'eau par convection se mettent en place, permettant une oxygénation des eaux jusqu'à 200 ou 300 m de profondeur favorable à la faune et la flore du lac[5].
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Trois cent trente-six rivières et ruisseaux se jettent dans le Baïkal, parmi lesquels :
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L'inertie thermique des immenses quantités d'eau contenues dans le lac tempère le climat de cette région de la Sibérie, très continental par ailleurs. La température moyenne hivernale est de −15 °C au lieu de −26 °C en janvier, et la température moyenne estivale de +13 °C au lieu de +19 °C en juillet[5]. La région du Baïkal est sèche et le total des précipitations annuelles sur l'île d'Olkhon, au milieu du lac, est inférieure à 200 mm.
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Chaque année, la région connaît les effets de l'anticyclone de Sibérie, le plus important de l'hémisphère Nord pendant l'hiver. Son centre se situe généralement près du lac à la surface duquel, de novembre à mars, la pression est le plus souvent au-dessus de 1 030 hPa[6].
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Le lac Baïkal est d'origine tectonique ; ce lac d'effondrement est en subsidence. Le socle ancien sur lequel le lac repose, en contact d'une part avec la plateforme sibérienne, d'autre part avec les monts de l'Asie centrale, présente un réseau de failles de direction générale NNE-SSO. Ces failles ont été actives dès le tertiaire, ce qui fait du lac Baïkal le plus ancien lac existant (vingt-cinq millions d'années[7]). Ces failles ont été actives au cours du quaternaire jusqu'à nos jours (plus de trente séismes suffisamment puissants pour être ressentis par les populations ont été enregistrés au XXe siècle). Les mouvements tectoniques ont conduit à un enfoncement du fond du lac[4], sur lequel s'est accumulée une grande épaisseur de sédiments, et un léger sur-élèvement des bordures montagneuses à plusieurs reprises (ce qui est visible au nord-est du lac, où des terrasses lacustres anciennes, témoins du niveau de l'eau dans le passé, s'élèvent jusqu'à 300 m d'altitude)[5].
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Le réseau de failles délimite trois compartiments plus ou moins effondrés qui se succèdent le long du lac[5],[3] :
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Une étude publiée en 2020 portant sur des génomes nouvellement séquencés de chasseurs-cueilleurs préhistoriques dans la région du lac Baïkal révèle des liens avec les premiers Américains. L'étude éclaire l'histoire de la population de la région, montrant des liens profonds avec les premiers peuples des Amériques, remontant aussi loin que la période du Paléolithique supérieur. Des études antérieures avaient indiqué un lien entre les populations sibérienne et américaine, mais un individu de 14 000 ans analysé dans cette étude est le plus âgé à porter l'ascendance mixte présente chez les Amérindiens[8],[9]. Cet individu du sud de la Sibérie, avec un jeune mésolithique du nord-est de la Sibérie, partage le même mélange génétique d'ascendance nord-eurasienne (ANE) et asiatique du nord-est (NEA) que l'on trouve chez les Amérindiens[8].
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Depuis toujours, les lacs ont été des espaces naturels ayant une forte signification spirituelle pour les peuples turcs et mongols. Grandes étendu d'eau, les lacs représentent à la fois le reflet du ciel sur terre (Tengri le Dieu Ciel étant la divinité suprême du tengriism), et à la fois l'accumulation de l'eau en un point. L'accumulation étant définition de puissance pour les Turcs et les Mongols, de même que les forêts, accumulation d'arbres, sont souvent considérées comme des lieux sacrés. Il était de coutume que chaque tribu, chaque peuple ait son propre lac sacré. De ce fait, le lac Baïkal est cité de nombreuses fois dans les divers textes laissés par les Turcs (stèles de l'Orkhon) et les Mongols (l'Histoire secrète des Mongols)[1].
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Au XVIIe siècle, la région est habitée par les Mongols et les Bouriates, et le lac est parfois dénommé « Mer baïcale », ou plus simplement « la mer » par les populations locales, ou encore « Dulaï Nor » pour les Bouriates, ou « Dalai » pour les Toungouses. La région et le lac sont explorés par le naturaliste allemand Pallas, parti de la ville de Selenguinsk en juillet 1772. Il note notamment entre le Lac des Oies et le lac Baïkal la présence remarquable dans le paysage de nombreux buissons épineux bas se couvrant de fleurs jaunes soufre au printemps (espèce « qui n'étoit point encore connue des botanistes », qu'il nomme robinier féroce (Robinia ferox, Pallas, . Tome H., qu'il décrit comme de grands buissons, à-peu-près de la hauteur d'un homme, qui étendent, à fleur de terre, jusqu'au-delà d'une toise en diamètre, leurs branches touffues & garnies d'épines fort serrées. Ce genre d'épine siliqueuse mériteroit bien, surtout à cause de son utilité économique, d'être multipliée dans les jardins d'Europe. On en formeroit, vû leurs longues pointes, & vû la propriété qu'a ce buisson, de s'étendre le long du fol en branches aussi touffues, les haïes les plus formidables, qu'il seroit également impossible aux hommes & au gros bétail, de pénétrer ; ses pointes encore tendres, & ses feuilles, procureraient un fourrage très agréable aux moutons, & leurs siliques, qui sont extraordinairement abondantes, feroient tout au moins d'une utilité analogue à celle des vesses[10].
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Peter Simon Pallas signale aussi un lac salé et des salines. Il emprunte la vallée du Selenga, dont il précise qu'au-dessous d'Udinsk, elle abrite quelques petits villages, dans « une vallée de peu de largeur », qui se resserre plus bas en un passage très étroit avant de s'élargir ensuite près d'Iliinskoi vers une « vaste Steppe très fertile ; aussi ce canton, qui est un des plus peuplés qui soit en-delà du Baïkal, fait-il vivre 8 à 900 familles de paysans & deux Monastères[10]. Après quoi l'on entre au-delà de Kabanskoi Ostrog dans une Steppe élevée & aride, qu'on traverse pour parvenir au Baïkal, dont on suit le rivage couvert de gravier & de cailloux , pour se rendre enfin au monastère de Posolski. Dans toute la plaine, qui s'étend le long du lac, la Couche végétale couvre un lit de cailloux ou pierres roulées, qui prouve clairement qu'autrefois les eaux du Baïkal étaient beaucoup plus élevées, & couvraient peut-être toute la plaine, actuellement habitée, qui environne l'embouchure du Selenga ».
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Palas décrit une longue période de brouillard dense qui couvre le lac durant plus d'une semaine en plein juillet, dont on lui dit qu'il s'agit d'un phénomène fréquent[10]. Il décrit aussi de fortes pluies d'été et d'automne qui ont suivi un printemps extraordinairement sec, ainsi que des « ouragans vraiment curieux » car soudain quand le vent vient des montagnes. Les lacs de cette région peuvent être venteux (vents d'ouest dominant pour le Baïkal) et développer de fortes vagues. On traversait alors le Baïkal sur une unique Galiote impériale faisant office de paquebot, dénommée Boris & Gleb (l'autre galiote ayant été dépecée après s'être échouée en 1770 près de l'embouchure du Selenga)[10].
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Les marchands utilisaient aussi des Dostcheniks (ou dostchtseniki), embarcations en forme de nacelles ne supportant que le vent arrière à la voile et sinon menées à la rame. Palas décrit le lac comme d'une « profondeur très considérable » avec un seul haut-fond, et en partie '« tellement profond, qu'il est arrivé souvent qu'en y employant plusieurs sondes, on n'a jamais pû en atteindre le fond »'. Le naturaliste note « un nombre incroyable de peaux d'Aselles, ou cloportes aquatiques Oniscus trachurus, Pallas excoriées (exuvies), qui surnageoient tout le long du rivage »[10].
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Il signale aussi le Polypode odoriférant (Polypodium fragrans) très apprécié des populations locales qui en font notamment un usage médicinal contre les rhumatismes et le scorbut[10].
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Pallas collecte et décrit l'éponge du Baïkal (Spongia baicalensis Pallasii) très abondante dans la Bolschaja Guba & près de Lístweniíchnoi Sihi sur les pierres du fond du lac, à trois ou quatre toises de profondeur et rejetée en grande quantité par les flots sur le rivage ; d'un verd de pré foncé très-agréable, & exhalent la même-odeur de poisson, que répandent les éponges de rivière. Leurs ouvertures étoilées font fort dilatées au fond de l'eau, mais elles ne manifestent aucun mouvement animal. Tout le tissu de l'éponge est rempli d'une moelle verte, qui forme sur la superficie des branches une manière de peau lisse & compacte, & qui, du moment que l'éponge est morte, en dégoutte sous la forme d'une glaire verte fluide ; de sorte que cette éponge, une fois sur le rivage, se putrifie aussitôt, soit par l'eau, soit par la pluie, soit par l'air et se blanchit entièrement. Selon Johann Gottlieb Georgi (autre savant explorteur du Baïkal) « on l'employe uniquement à frotter des ustensiles de cuivre, & particulièrement les cadres des images des Saints, qui en reçoivent un poli aussì brillant, que si l'on les eu passé sous la meule »[10] Georgi signale notamment outre les chiens de mer (phoques) d'importantes colonies de mouettes et de martinets nicheurs et d'hirondelles de cheminées, la présence de cormorans (« en nombre prodigieux » selon Georgi) et de hérons, et des sources et une source chaude que les habitants fréquentaient autrefois.
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Au XVIIIe siècle le lac était encore très poissonneux et la pêche au filet (de chanvre) était autorisée pour sa subsistance pour les populations locales « idolâtres » et louée (baux de quatre ans) par les monastères par zone, au plus offrant. De petits groupes de pêcheurs se rassemblaient en « compagnies » qui pouvaient pêcher jusqu'à 8 tonnes d'Esturgeon sibériens (Acipenser baeriiesturgeon) dans l'année, alors que d'autres n'en trouvaient pas. Le brochet et l'Omul (ou Omoul) étaient aussi très appréciés[10]. Le poisson était salé puis vendu ou il était (par millions chaque année selon Georgi) enfoui dans la neige pour être vendu toute l'année à Irkoutz. Des nasses et claies étaient utilisés sur les cours d'eau abouchant dans le lac[10]. La chasse au phoque de Sibérie (Pusa sibirica, autrefois improprement identifié comme phoque commun (Phoca vitulina) était également attribuée par adjudication, aux compagnies de pêcheurs puis à des chasseurs qui le traquaient sur la glace, cachés derrière un panneau de tissus blanc de mars à fin avril à l'arquebuse ou à la javeline.
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Selon Géorgi ils étaient écorchés sur place, dépouillés de leur lard dont on tirait de l'huile (et de leur peau pour les jeunes phoque, peau dont la fourrure était appréciée des commerçants chinois) ; le reste du phoque tué était laissé aux corbeaux ou aux Bouriates auchtones (Bouriates)[10]. Jusqu'à 2000 jeunes phoques étaient tués en quelques mois, rien que pour leur fourrure. Georgi signale que le Castor était autrefois présent sur les bords d'un grand nombre de rivières de la région, mais que « l'on n'en trouve plus aujourd'hui que dans les environs du Baunt ». L'écureuil petit-gris était abondamment présent et chassé (plus d'un milliers de fourrures par chasseur et par an dans certains cas) et l'écureuil volant était présent mais plus rare[10].
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Le lac Baïkal est un arrêt apprécié des voyageurs par le chemin de fer transsibérien. Le lac lui-même est situé à la frontière de l'oblast d'Irkoutsk et de la République de Bouriatie. Les deux parties ont quelque chose à offrir aux voyageurs : Lystvyanka, l’île d’Olkhon, le sentier du Grand Baïkal, le chemin de fer Circum-Baïkal – du côté d’Irkoutsk ; la baie de Bargouzine et la presqu'île Sviatoï Nos sur le côté bouriate du Baïkal[11]. Cependant, la nature et la côte sont plus diversifiées dans la région d’Orkastk.
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Cinquante mille personnes vivent près du lac dans des conditions difficiles. Les sols sont pauvres. Poissons et pommes de terre servent de base à la nourriture quotidienne. Un afflux de population a été provoqué par la construction de la voie ferrée Baïkal Amour Magistral.
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La pêche se pratique tout au long de l'année, même en hiver après avoir foré un trou dans la glace. Les eaux du lac, fortement oxygénées, sont riches. L'omoul est très prisé pour sa chair savoureuse et l'esturgeon pour son caviar.
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Le lac constitue, de par sa forme allongée, une excellente voie navigable dans cette région montagneuse et difficile d'accès, mais prise par les glaces près de la moitié de l'année[5]. En hiver, après l'embâcle (prise en glace) qui a lieu en octobre-novembre, tous les bateaux de pêche, d'exploration scientifique ou de tourisme sont paralysés par le froid dans les ports établis sur le Baïkal. Le trafic reprend avec la débâcle, en mai-juin. En outre, la navigation sur cette mer intérieure est rendue dangereuse par des vents parfois violents qui soufflent en rafales.
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Inscrits par l'Unesco en 1996 au patrimoine mondial pour sa richesse écologique, ces « Galápagos de la Russie » ont produit une des faunes d'eau douce les plus riches et originales de la planète, qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l'évolution. On y recense 1 550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales ; près de la moitié des espèces du lac sont endémiques[5], comme le coméphore baïkal (golomianka).
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On a trouvé plus de 250 espèces de crevettes d'eau douce dans le lac Baïkal, ce qui représente le tiers de toutes les espèces de crevettes connues.[réf. nécessaire]
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Le lac accueille aussi une des rares espèces de phoque vivant exclusivement en eau douce : le phoque du lac Baïkal ou nerpa, qui représente le superprédateur de l'écosystème du lac.
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De nombreuses aires protégées ont été créées à partir de 1969 sur le pourtour du lac. La plus importante est la réserve naturelle Baïkal-Léna (6 600 km2 au nord d'Irkoutsk) créée en 1986 ; en Bouriatie au sud la réserve naturelle du Baïkal (1 657 km2) créée en 1969, à l'est la réserve naturelle de Bargouzine (3 740 km2) créée en 1916 pour protéger les zibelines, et au nord-est la réserve naturelle de Djerguineréserve naturelle de Djerguine (2 380 km2) créée en 1992[12]. À ces réserves s'ajoutent les parcs nationaux du Zabaïkal, du Pribaïkal et de la Tounka.
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Le lac Baïkal est menacé de pollution industrielle par une usine de pâte à papier, à Baïkalsk, qui fournissait, à l'époque de la guerre froide, la cellulose pour les pneus d'avion de l'Armée soviétique. L'usine a été fermée en octobre 2008[13] mais a cependant repris ses activités en février 2010 sans que les problèmes de pollution aient été résolus[14].
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Le lac accueille également dans ses eaux un observatoire de neutrinos, installé depuis 1998 à 1 200 m de profondeur[15].
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Une expédition organisée par le scientifique russe Arthur Tchilingarov a tenté, à partir du 29 juillet 2008, d'établir un record mondial de plongée en eau douce dans le Baïkal[16]. Mais les deux submersibles de l'expédition, Mir-1 et Mir-2, ne sont descendus dans un premier temps qu'à 1 580 m et 1 592 m[17]. Les plongées se poursuivent actuellement, après la réparation de Mir-2 qui a été endommagé[17],[18]. Politicien russe et scientifique, Arthur Tchilingarov, a participé aux 60 plongées. Ces submersibles sont connus pour avoir servi à d'autres missions, notamment sur l'épave du Titanic et au pôle Nord.
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Le 1er août 2009, Vladimir Poutine, alors Premier ministre, a également plongé à bord du Mir-1[19].
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En 2006, un projet de pipeline transsibérien devait initialement passer à moins d'un kilomètre du lac avant qu'une alternative de route hors du bassin versant du Baïkal ne soit décidée par Vladimir Poutine, sous la pression des écologistes[20]. Ce tracé reste à confirmer.
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Le lac Baïkal sert aussi de lac réservoir pour les centrales hydroélectriques qui jalonnent le cours de l'Angara[5].
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Au vu des menaces environnementales pesant sur le lac Baïkal, celui-ci pourrait être inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril[21].
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Depuis 2004 se tient chaque année au début du printemps le Baikal Ice Marathon[22]. Destiné à promouvoir la préservation des eaux pures du Baïkal, cette course sur le lac gelé est considérée comme l'une des plus difficiles au monde et rassemble près de 200 participants chaque année. Le parcours se situe à la pointe sud du lac entre Tanhoy et Listvianka. En 2016, le record est de 3 heures 55 minutes et 51 secondes pour le marathon (42,2 km). La course se décline également en semi-marathon (21 km)[23].
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Sviatoï Nos.
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L'île d'Olkhon.
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Le lac Baïkal en hiver.
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La glace du lac Baïkal.
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Coucher de soleil sur le lac Baïkal.
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Avant le lever du soleil sur le lac Baïkal.
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Lac Baïkal en hiver, vers Olkhon. Janvier 2016.
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Centre historique de Saint-Pétersbourg et ensembles monumentaux annexes (1990) · Kizhi Pogost (1990) · Le Kremlin et la place Rouge, Moscou (1990) · Ensemble historique, culturel et naturel des îles Solovetsky (1992) · Monuments de Vladimir et de Souzdal (1992) · Monuments historiques de Novgorod et de ses environs (1992) · Ensemble architectural de la laure de la Trinité-Saint-Serge à Serguiev Posad (1993) · Église de l'Ascension à Kolomenskoïe;(1994) · Ensemble du monastère de Ferapontov (2000) · Ensemble historique et architectural du Kremlin de Kazan (2000) · Isthme de Courlande (avec la Lituanie) (2000) · Citadelle, vieille ville et forteresse de Derbent (2003) · Ensemble du couvent Novodievitchi (2004) · Arc géodésique de Struve (avec neuf autres pays) (2005) · Centre historique de la ville de Yaroslavl (2005) · L’ensemble historique et archéologique de Bolgar (2014) · Cathédrale et monastère de l'Assomption de l'île-village de Sviajsk (2017) · Églises de l'école d'architecture de Pskov (2019)
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Forêts vierges de Komi (1995) · Lac Baïkal (1996) · Volcans du Kamchatka (1996) · Montagnes dorées de l'Altaï (1998) · Caucase de l'Ouest (1999) · Vallée de la rivière Bikine (2001, 2018) · Bassin d'Ubs Nuur (avec la Mongolie) (2003) · Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel (2004) · Poutorana (2010) · Parc naturel des colonnes de la Lena (2012) · Paysages de la Dauria (avec la Mongolie) (2017)
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Le lac Baïkal (en russe : Озеро Байкал, Ozero Baïkal) est un lac situé dans le sud de la Sibérie, en Russie orientale. Il constitue la plus grande réserve d'eau douce liquide à la surface de la Terre. La transparence de ses eaux permet une visibilité parfaite jusqu'à 40 mètres de profondeur. Il est parfois surnommé la « Perle de Sibérie ». Pour ses premiers habitants, les différents peuples turcs et mongols, le lac était une mer sacrée, Baïkal provenant du turc Bay Köl (« lac riche/sacré »)[1]
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Orienté du SSO au NNE, il s'étend sur une longueur de 636 km avec une largeur variant de 24 km à 79 km et une superficie de 31 722 km2[2], ce qui en fait le 6e lac au monde[3]. C'est également le lac le plus profond (jusqu'à 1 642 m de colonne d'eau[2], reposant sur 7 000 mètres de sédiments). Son volume d'eau (23 600 km3)[2] représente environ 260 fois celui du lac Léman, soit autant que la mer Baltique ou que les cinq grands lacs nord-américains (lac Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Érié, lac Ontario) réunis[3] et approximativement 20 % du volume mondial d'eau douce retenue dans les lacs et les rivières[2]. Si le lac était vidé, une année entière ne suffirait pas à remplir son bassin en détournant l'ensemble des rivières du monde[4].
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Enserré par les monts Iablonovy et Bargouzine à l'est et les monts Baïkal à l'ouest, il se trouve à une altitude de 455 mètres. Près de son extrémité sud-ouest se trouve la principale ville de la région, Irkoutsk, tandis qu'Oulan-Oude est la capitale de la république de Bouriatie. Il possède une grande île de 730 km2, l'île d'Olkhon, et une presqu'île, Sviatoï Nos, littéralement le « Saint-Nez » (sur la rive est, réserve et parc naturel).
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Le lac reçoit l'apport de 336 rivières et ruisseaux permanents[3] — dont la Selenga issue de Mongolie — et se déverse dans l'Ienisseï par l'intermédiaire de l'Angara près d'Irkoutsk. Ses dimensions font qu'il est soumis à un système de vagues parfois importantes (jusqu'à 6 m) et qu'il est parcouru par des courants réguliers.
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La quantité de précipitations varie de 200 à 500 mm par an (au sud, elle peut osciller entre 500 et 900 mm). Le lac n'est navigable que de juin à septembre. Le reste de l'année, il est couvert de glace, dont l'épaisseur, vers la fin de l'hiver, peut atteindre 1 m, voire 1,5 à 2 m à certains endroits, permettant la circulation des hommes et des véhicules.
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En mai-juin et en octobre-novembre, lorsque la température des eaux du lac avoisine +4 °C (température à laquelle la densité de l'eau est maximale), de grands mouvements de brassage naturel de l'eau par convection se mettent en place, permettant une oxygénation des eaux jusqu'à 200 ou 300 m de profondeur favorable à la faune et la flore du lac[5].
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Trois cent trente-six rivières et ruisseaux se jettent dans le Baïkal, parmi lesquels :
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L'inertie thermique des immenses quantités d'eau contenues dans le lac tempère le climat de cette région de la Sibérie, très continental par ailleurs. La température moyenne hivernale est de −15 °C au lieu de −26 °C en janvier, et la température moyenne estivale de +13 °C au lieu de +19 °C en juillet[5]. La région du Baïkal est sèche et le total des précipitations annuelles sur l'île d'Olkhon, au milieu du lac, est inférieure à 200 mm.
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Chaque année, la région connaît les effets de l'anticyclone de Sibérie, le plus important de l'hémisphère Nord pendant l'hiver. Son centre se situe généralement près du lac à la surface duquel, de novembre à mars, la pression est le plus souvent au-dessus de 1 030 hPa[6].
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Le lac Baïkal est d'origine tectonique ; ce lac d'effondrement est en subsidence. Le socle ancien sur lequel le lac repose, en contact d'une part avec la plateforme sibérienne, d'autre part avec les monts de l'Asie centrale, présente un réseau de failles de direction générale NNE-SSO. Ces failles ont été actives dès le tertiaire, ce qui fait du lac Baïkal le plus ancien lac existant (vingt-cinq millions d'années[7]). Ces failles ont été actives au cours du quaternaire jusqu'à nos jours (plus de trente séismes suffisamment puissants pour être ressentis par les populations ont été enregistrés au XXe siècle). Les mouvements tectoniques ont conduit à un enfoncement du fond du lac[4], sur lequel s'est accumulée une grande épaisseur de sédiments, et un léger sur-élèvement des bordures montagneuses à plusieurs reprises (ce qui est visible au nord-est du lac, où des terrasses lacustres anciennes, témoins du niveau de l'eau dans le passé, s'élèvent jusqu'à 300 m d'altitude)[5].
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Le réseau de failles délimite trois compartiments plus ou moins effondrés qui se succèdent le long du lac[5],[3] :
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Une étude publiée en 2020 portant sur des génomes nouvellement séquencés de chasseurs-cueilleurs préhistoriques dans la région du lac Baïkal révèle des liens avec les premiers Américains. L'étude éclaire l'histoire de la population de la région, montrant des liens profonds avec les premiers peuples des Amériques, remontant aussi loin que la période du Paléolithique supérieur. Des études antérieures avaient indiqué un lien entre les populations sibérienne et américaine, mais un individu de 14 000 ans analysé dans cette étude est le plus âgé à porter l'ascendance mixte présente chez les Amérindiens[8],[9]. Cet individu du sud de la Sibérie, avec un jeune mésolithique du nord-est de la Sibérie, partage le même mélange génétique d'ascendance nord-eurasienne (ANE) et asiatique du nord-est (NEA) que l'on trouve chez les Amérindiens[8].
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Depuis toujours, les lacs ont été des espaces naturels ayant une forte signification spirituelle pour les peuples turcs et mongols. Grandes étendu d'eau, les lacs représentent à la fois le reflet du ciel sur terre (Tengri le Dieu Ciel étant la divinité suprême du tengriism), et à la fois l'accumulation de l'eau en un point. L'accumulation étant définition de puissance pour les Turcs et les Mongols, de même que les forêts, accumulation d'arbres, sont souvent considérées comme des lieux sacrés. Il était de coutume que chaque tribu, chaque peuple ait son propre lac sacré. De ce fait, le lac Baïkal est cité de nombreuses fois dans les divers textes laissés par les Turcs (stèles de l'Orkhon) et les Mongols (l'Histoire secrète des Mongols)[1].
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Au XVIIe siècle, la région est habitée par les Mongols et les Bouriates, et le lac est parfois dénommé « Mer baïcale », ou plus simplement « la mer » par les populations locales, ou encore « Dulaï Nor » pour les Bouriates, ou « Dalai » pour les Toungouses. La région et le lac sont explorés par le naturaliste allemand Pallas, parti de la ville de Selenguinsk en juillet 1772. Il note notamment entre le Lac des Oies et le lac Baïkal la présence remarquable dans le paysage de nombreux buissons épineux bas se couvrant de fleurs jaunes soufre au printemps (espèce « qui n'étoit point encore connue des botanistes », qu'il nomme robinier féroce (Robinia ferox, Pallas, . Tome H., qu'il décrit comme de grands buissons, à-peu-près de la hauteur d'un homme, qui étendent, à fleur de terre, jusqu'au-delà d'une toise en diamètre, leurs branches touffues & garnies d'épines fort serrées. Ce genre d'épine siliqueuse mériteroit bien, surtout à cause de son utilité économique, d'être multipliée dans les jardins d'Europe. On en formeroit, vû leurs longues pointes, & vû la propriété qu'a ce buisson, de s'étendre le long du fol en branches aussi touffues, les haïes les plus formidables, qu'il seroit également impossible aux hommes & au gros bétail, de pénétrer ; ses pointes encore tendres, & ses feuilles, procureraient un fourrage très agréable aux moutons, & leurs siliques, qui sont extraordinairement abondantes, feroient tout au moins d'une utilité analogue à celle des vesses[10].
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Peter Simon Pallas signale aussi un lac salé et des salines. Il emprunte la vallée du Selenga, dont il précise qu'au-dessous d'Udinsk, elle abrite quelques petits villages, dans « une vallée de peu de largeur », qui se resserre plus bas en un passage très étroit avant de s'élargir ensuite près d'Iliinskoi vers une « vaste Steppe très fertile ; aussi ce canton, qui est un des plus peuplés qui soit en-delà du Baïkal, fait-il vivre 8 à 900 familles de paysans & deux Monastères[10]. Après quoi l'on entre au-delà de Kabanskoi Ostrog dans une Steppe élevée & aride, qu'on traverse pour parvenir au Baïkal, dont on suit le rivage couvert de gravier & de cailloux , pour se rendre enfin au monastère de Posolski. Dans toute la plaine, qui s'étend le long du lac, la Couche végétale couvre un lit de cailloux ou pierres roulées, qui prouve clairement qu'autrefois les eaux du Baïkal étaient beaucoup plus élevées, & couvraient peut-être toute la plaine, actuellement habitée, qui environne l'embouchure du Selenga ».
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Palas décrit une longue période de brouillard dense qui couvre le lac durant plus d'une semaine en plein juillet, dont on lui dit qu'il s'agit d'un phénomène fréquent[10]. Il décrit aussi de fortes pluies d'été et d'automne qui ont suivi un printemps extraordinairement sec, ainsi que des « ouragans vraiment curieux » car soudain quand le vent vient des montagnes. Les lacs de cette région peuvent être venteux (vents d'ouest dominant pour le Baïkal) et développer de fortes vagues. On traversait alors le Baïkal sur une unique Galiote impériale faisant office de paquebot, dénommée Boris & Gleb (l'autre galiote ayant été dépecée après s'être échouée en 1770 près de l'embouchure du Selenga)[10].
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Les marchands utilisaient aussi des Dostcheniks (ou dostchtseniki), embarcations en forme de nacelles ne supportant que le vent arrière à la voile et sinon menées à la rame. Palas décrit le lac comme d'une « profondeur très considérable » avec un seul haut-fond, et en partie '« tellement profond, qu'il est arrivé souvent qu'en y employant plusieurs sondes, on n'a jamais pû en atteindre le fond »'. Le naturaliste note « un nombre incroyable de peaux d'Aselles, ou cloportes aquatiques Oniscus trachurus, Pallas excoriées (exuvies), qui surnageoient tout le long du rivage »[10].
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Il signale aussi le Polypode odoriférant (Polypodium fragrans) très apprécié des populations locales qui en font notamment un usage médicinal contre les rhumatismes et le scorbut[10].
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Pallas collecte et décrit l'éponge du Baïkal (Spongia baicalensis Pallasii) très abondante dans la Bolschaja Guba & près de Lístweniíchnoi Sihi sur les pierres du fond du lac, à trois ou quatre toises de profondeur et rejetée en grande quantité par les flots sur le rivage ; d'un verd de pré foncé très-agréable, & exhalent la même-odeur de poisson, que répandent les éponges de rivière. Leurs ouvertures étoilées font fort dilatées au fond de l'eau, mais elles ne manifestent aucun mouvement animal. Tout le tissu de l'éponge est rempli d'une moelle verte, qui forme sur la superficie des branches une manière de peau lisse & compacte, & qui, du moment que l'éponge est morte, en dégoutte sous la forme d'une glaire verte fluide ; de sorte que cette éponge, une fois sur le rivage, se putrifie aussitôt, soit par l'eau, soit par la pluie, soit par l'air et se blanchit entièrement. Selon Johann Gottlieb Georgi (autre savant explorteur du Baïkal) « on l'employe uniquement à frotter des ustensiles de cuivre, & particulièrement les cadres des images des Saints, qui en reçoivent un poli aussì brillant, que si l'on les eu passé sous la meule »[10] Georgi signale notamment outre les chiens de mer (phoques) d'importantes colonies de mouettes et de martinets nicheurs et d'hirondelles de cheminées, la présence de cormorans (« en nombre prodigieux » selon Georgi) et de hérons, et des sources et une source chaude que les habitants fréquentaient autrefois.
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Au XVIIIe siècle le lac était encore très poissonneux et la pêche au filet (de chanvre) était autorisée pour sa subsistance pour les populations locales « idolâtres » et louée (baux de quatre ans) par les monastères par zone, au plus offrant. De petits groupes de pêcheurs se rassemblaient en « compagnies » qui pouvaient pêcher jusqu'à 8 tonnes d'Esturgeon sibériens (Acipenser baeriiesturgeon) dans l'année, alors que d'autres n'en trouvaient pas. Le brochet et l'Omul (ou Omoul) étaient aussi très appréciés[10]. Le poisson était salé puis vendu ou il était (par millions chaque année selon Georgi) enfoui dans la neige pour être vendu toute l'année à Irkoutz. Des nasses et claies étaient utilisés sur les cours d'eau abouchant dans le lac[10]. La chasse au phoque de Sibérie (Pusa sibirica, autrefois improprement identifié comme phoque commun (Phoca vitulina) était également attribuée par adjudication, aux compagnies de pêcheurs puis à des chasseurs qui le traquaient sur la glace, cachés derrière un panneau de tissus blanc de mars à fin avril à l'arquebuse ou à la javeline.
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Selon Géorgi ils étaient écorchés sur place, dépouillés de leur lard dont on tirait de l'huile (et de leur peau pour les jeunes phoque, peau dont la fourrure était appréciée des commerçants chinois) ; le reste du phoque tué était laissé aux corbeaux ou aux Bouriates auchtones (Bouriates)[10]. Jusqu'à 2000 jeunes phoques étaient tués en quelques mois, rien que pour leur fourrure. Georgi signale que le Castor était autrefois présent sur les bords d'un grand nombre de rivières de la région, mais que « l'on n'en trouve plus aujourd'hui que dans les environs du Baunt ». L'écureuil petit-gris était abondamment présent et chassé (plus d'un milliers de fourrures par chasseur et par an dans certains cas) et l'écureuil volant était présent mais plus rare[10].
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Le lac Baïkal est un arrêt apprécié des voyageurs par le chemin de fer transsibérien. Le lac lui-même est situé à la frontière de l'oblast d'Irkoutsk et de la République de Bouriatie. Les deux parties ont quelque chose à offrir aux voyageurs : Lystvyanka, l’île d’Olkhon, le sentier du Grand Baïkal, le chemin de fer Circum-Baïkal – du côté d’Irkoutsk ; la baie de Bargouzine et la presqu'île Sviatoï Nos sur le côté bouriate du Baïkal[11]. Cependant, la nature et la côte sont plus diversifiées dans la région d’Orkastk.
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Cinquante mille personnes vivent près du lac dans des conditions difficiles. Les sols sont pauvres. Poissons et pommes de terre servent de base à la nourriture quotidienne. Un afflux de population a été provoqué par la construction de la voie ferrée Baïkal Amour Magistral.
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La pêche se pratique tout au long de l'année, même en hiver après avoir foré un trou dans la glace. Les eaux du lac, fortement oxygénées, sont riches. L'omoul est très prisé pour sa chair savoureuse et l'esturgeon pour son caviar.
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Le lac constitue, de par sa forme allongée, une excellente voie navigable dans cette région montagneuse et difficile d'accès, mais prise par les glaces près de la moitié de l'année[5]. En hiver, après l'embâcle (prise en glace) qui a lieu en octobre-novembre, tous les bateaux de pêche, d'exploration scientifique ou de tourisme sont paralysés par le froid dans les ports établis sur le Baïkal. Le trafic reprend avec la débâcle, en mai-juin. En outre, la navigation sur cette mer intérieure est rendue dangereuse par des vents parfois violents qui soufflent en rafales.
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Inscrits par l'Unesco en 1996 au patrimoine mondial pour sa richesse écologique, ces « Galápagos de la Russie » ont produit une des faunes d'eau douce les plus riches et originales de la planète, qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l'évolution. On y recense 1 550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales ; près de la moitié des espèces du lac sont endémiques[5], comme le coméphore baïkal (golomianka).
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On a trouvé plus de 250 espèces de crevettes d'eau douce dans le lac Baïkal, ce qui représente le tiers de toutes les espèces de crevettes connues.[réf. nécessaire]
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Le lac accueille aussi une des rares espèces de phoque vivant exclusivement en eau douce : le phoque du lac Baïkal ou nerpa, qui représente le superprédateur de l'écosystème du lac.
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De nombreuses aires protégées ont été créées à partir de 1969 sur le pourtour du lac. La plus importante est la réserve naturelle Baïkal-Léna (6 600 km2 au nord d'Irkoutsk) créée en 1986 ; en Bouriatie au sud la réserve naturelle du Baïkal (1 657 km2) créée en 1969, à l'est la réserve naturelle de Bargouzine (3 740 km2) créée en 1916 pour protéger les zibelines, et au nord-est la réserve naturelle de Djerguineréserve naturelle de Djerguine (2 380 km2) créée en 1992[12]. À ces réserves s'ajoutent les parcs nationaux du Zabaïkal, du Pribaïkal et de la Tounka.
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Le lac Baïkal est menacé de pollution industrielle par une usine de pâte à papier, à Baïkalsk, qui fournissait, à l'époque de la guerre froide, la cellulose pour les pneus d'avion de l'Armée soviétique. L'usine a été fermée en octobre 2008[13] mais a cependant repris ses activités en février 2010 sans que les problèmes de pollution aient été résolus[14].
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Le lac accueille également dans ses eaux un observatoire de neutrinos, installé depuis 1998 à 1 200 m de profondeur[15].
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Une expédition organisée par le scientifique russe Arthur Tchilingarov a tenté, à partir du 29 juillet 2008, d'établir un record mondial de plongée en eau douce dans le Baïkal[16]. Mais les deux submersibles de l'expédition, Mir-1 et Mir-2, ne sont descendus dans un premier temps qu'à 1 580 m et 1 592 m[17]. Les plongées se poursuivent actuellement, après la réparation de Mir-2 qui a été endommagé[17],[18]. Politicien russe et scientifique, Arthur Tchilingarov, a participé aux 60 plongées. Ces submersibles sont connus pour avoir servi à d'autres missions, notamment sur l'épave du Titanic et au pôle Nord.
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Le 1er août 2009, Vladimir Poutine, alors Premier ministre, a également plongé à bord du Mir-1[19].
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En 2006, un projet de pipeline transsibérien devait initialement passer à moins d'un kilomètre du lac avant qu'une alternative de route hors du bassin versant du Baïkal ne soit décidée par Vladimir Poutine, sous la pression des écologistes[20]. Ce tracé reste à confirmer.
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Le lac Baïkal sert aussi de lac réservoir pour les centrales hydroélectriques qui jalonnent le cours de l'Angara[5].
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Au vu des menaces environnementales pesant sur le lac Baïkal, celui-ci pourrait être inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril[21].
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Depuis 2004 se tient chaque année au début du printemps le Baikal Ice Marathon[22]. Destiné à promouvoir la préservation des eaux pures du Baïkal, cette course sur le lac gelé est considérée comme l'une des plus difficiles au monde et rassemble près de 200 participants chaque année. Le parcours se situe à la pointe sud du lac entre Tanhoy et Listvianka. En 2016, le record est de 3 heures 55 minutes et 51 secondes pour le marathon (42,2 km). La course se décline également en semi-marathon (21 km)[23].
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Sviatoï Nos.
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L'île d'Olkhon.
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Le lac Baïkal en hiver.
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La glace du lac Baïkal.
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L'ile d'Ogoï en hiver.
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Coucher de soleil sur le lac Baïkal.
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Avant le lever du soleil sur le lac Baïkal.
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Lac Baïkal en hiver, vers Olkhon. Janvier 2016.
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Centre historique de Saint-Pétersbourg et ensembles monumentaux annexes (1990) · Kizhi Pogost (1990) · Le Kremlin et la place Rouge, Moscou (1990) · Ensemble historique, culturel et naturel des îles Solovetsky (1992) · Monuments de Vladimir et de Souzdal (1992) · Monuments historiques de Novgorod et de ses environs (1992) · Ensemble architectural de la laure de la Trinité-Saint-Serge à Serguiev Posad (1993) · Église de l'Ascension à Kolomenskoïe;(1994) · Ensemble du monastère de Ferapontov (2000) · Ensemble historique et architectural du Kremlin de Kazan (2000) · Isthme de Courlande (avec la Lituanie) (2000) · Citadelle, vieille ville et forteresse de Derbent (2003) · Ensemble du couvent Novodievitchi (2004) · Arc géodésique de Struve (avec neuf autres pays) (2005) · Centre historique de la ville de Yaroslavl (2005) · L’ensemble historique et archéologique de Bolgar (2014) · Cathédrale et monastère de l'Assomption de l'île-village de Sviajsk (2017) · Églises de l'école d'architecture de Pskov (2019)
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Forêts vierges de Komi (1995) · Lac Baïkal (1996) · Volcans du Kamchatka (1996) · Montagnes dorées de l'Altaï (1998) · Caucase de l'Ouest (1999) · Vallée de la rivière Bikine (2001, 2018) · Bassin d'Ubs Nuur (avec la Mongolie) (2003) · Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel (2004) · Poutorana (2010) · Parc naturel des colonnes de la Lena (2012) · Paysages de la Dauria (avec la Mongolie) (2017)
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Le lac de Constance (Bodensee en allemand) est un ensemble de plusieurs plans d'eau situés au nord des Alpes, à la frontière entre l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche, alimenté principalement par le Rhin.
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Le lac de Constance se situe dans les contreforts des Alpes, sur le territoire de 3 pays : Allemagne, Suisse et Autriche. Les rives des deux lacs qui le composent sont d'une longueur totale de 273 km : 173 km se situent en Allemagne, 28 km en Autriche et 72 km en Suisse[1].
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Le lac est en fait constitué de deux lacs indépendants, reliés par une petite portion du Rhin, longue de 4 km, appelée Seerhein, c’est-à-dire « Rhin du lac » :
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En additionnant le lac supérieur et le lac inférieur, le lac de Constance a une superficie de 536 km2 et est le 3e plus grand lac d'Europe centrale après le Lac Balaton (Plattensee en allemand, 594 km2) et le lac Léman (Genfersee en allemand, 580 km2). Il s'étend sur 69,2 km de long, entre Stein am Rhein (commune suisse) à l'ouest et Brégence (chef-lieu du Vorarlberg, province la plus à l'ouest de l'Autriche) à l'est.
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Le lac de Constance comprend dix îles de plus de 2 000 m2. La plus grande île est l'île de Reichenau qui fait partie de la municipalité de Reichenau. L'ancienne abbaye est inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco en raison de la présence de trois églises médiévales. L'île est aussi réputée pour sa production de fruits et légumes. L'île de Lindau, à l'est du lac, est la deuxième plus grande île. La troisième île est l'île de Mainau. Ses propriétaires, la famille Bernadotte, l'ont aménagée en destination touristique et ont créé, entre autres, des jardins botaniques, des serres, un arboretum et des enclos pour animaux. Deux autres îles (l'île Triboldingerbohl de 13 ha et l'île Mittler oder Langbohl de 3 ha) ne sont pas accessibles au public étant donné qu'elles font partie de la réserve naturelle protégée Wollmatinger Ried.
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D'autres îles du lac supérieur :
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Le climat du lac de Constance se caractérise par des températures douces avec des amplitudes faibles, grâce à la masse d'eau qu'il contient et qui joue un rôle de régulateur. Le foehn se fait sentir toute l'année, on trouve fréquemment du brouillard en période hivernale et une chaleur humide en été.
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De fortes rafales de vent lors des changements brutaux de météo font du lac de Constance un terrain de jeu exigeant pour les sports nautiques. Le vent le plus dangereux est le foehn, un vent chaud et sec des Alpes qui passe par la vallée du Rhin et peut créer des vagues de plusieurs mètres de haut, même en été par temps orageux.
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C'est pourquoi le lac est équipé en trois endroits (sur les rives allemandes, suisses et autrichiennes) de centres d'alerte aux tempêtes et vents violents. Une alerte aux vents violents est émise lorsque des vents sont prévus entre 25 et 30 nœuds, ou force 6 à 8 sur l'échelle de Beaufort. Une alerte à la tempête est émise à partir d'une vitesse de vent de 34 nœuds ou de force 8. Ces alertes sont matérialisées par des signaux lumineux orange autour du lac : ils clignotent quarante fois par minute en cas de prévision de vents violents et 90 fois par minute en cas de tempête. Les bateaux et les ferrys du lac signalent ces dangers par un ballon-tempête hissé en haut du mât.
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La température moyenne de l'eau est de 20 °C en juillet et de 15 °C en octobre[2]. Elle peut monter jusqu'à 25 °C après quelques jours de chaleur. Entre 1990 et 2014, la température moyenne du lac a augmenté d'environ 0,9 °C par rapport à la période 1962-1989, à cause du réchauffement climatique général.
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Au milieu du Ier siècle, le géographe latin Pomponius Mela désignait l’Obersee sous le nom de Lacus Venetus, tandis que l’Untersee était dénommé Lacus Acronius.
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Pline l'Ancien utilisait déjà la dénomination de Lacus Brigantinus d'après la ville romaine de Brigantium (aujourd'hui Brégence, en allemand Bregenz). Cette toponymie pourrait avoir un lien avec le peuple celte et breton des Brigantes, à moins qu’il ne soit issu directement de l'adjectif celtique brigant- signifiant « haut », s’appliquant particulièrement à une hauteur propice à la défense. Cette dénomination est, jusqu'au XVIIIe siècle, sur les cartes suisses, l'ancienne appellation du lac de Constance.
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Le terme de Bodensee, nom allemand du lac (see), est apparue avec les Carolingiens. Il désigne un endroit des rives de celui-ci appelé Bodman (c’est-à-dire « terres basses »)[3] : On trouve d'ailleurs une commune de Bodman-Ludwigshafen sur ses rives.
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Son nom actuel en français est récent, il provient de la ville allemande de Constance située sur la rive orientale de l’Obersee.
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Ce lac fut suffisamment grand pour avoir été surnommé la « mer Souabe » (Suebicum mare, Schwäbisches Meer)[4].
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Jusqu'au XIXe siècle, le lac de Constance était un territoire aquatique sauvage. Depuis, de nombreuses parcelles du rivage ont été défrichées et construites. Plusieurs domaines restent néanmoins protégés comme réserves naturelles ou reconsidérés comme tels. La région du lac de Constance présente à ce sujet quelques particularités : les grandes étendues de forêt sur la presqu'île du Bodanrück, la présence de gentiane des marais et de variétés d'orchidacées (Orchis et Dactylorhiza) dans la réserve naturelle Wollmatinger Ried, ainsi que l'Iris de Sibérie dans la réserve naturelle Eriskircher Ried. Une autre particularité de la flore du lac de Constance est la myosotis rehsteineri, qui ne pousse que sur les plages calcaires désertes.
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Le lac de Constance est le refuge de nombreuses espèces d'oiseaux, grâce à ses réserves naturelles telles que le Wollmatinger Ried ou la presqu'île de Mettnau. 4 120 espèces y ont été recensées jusqu'à présent[5].
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45 espèces de poissons vivent dans le plan d'eau. Le produit de la pêche s'élève à 1,5 million kg par an. Une particularité de la situation du lac est la présence d'un genre de saumon (Coregonus) et d'omble chevalier (salvelinus alpinus).
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Dès l'âge du bronze, le lac semble avoir fait l'objet d'une exploitation de ses ressources halieutique et connu la présence d'un habitat humain construit sur pilotis.
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Gravure sur bois représentant le lac au XVIe siècle, en 1545.
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Vue d'artiste des berges du lac de Constance au début du XIXe siècle, gouache, 1809.
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La qualité de son eau s'est fortement dégradée depuis le XVIe siècle, notamment à cause d'une eutrophisation, d'origine humaine et agricole, qui a augmenté jusqu'au début des années 1980, due aux nitrates et au phosphore. Depuis ce pic de pollution par le phosphore et grâce à la construction de stations d'épuration et à une meilleure gestion des eaux de ruissellement dans les trois pays riverains, l'eutrophisation par le phosphore a nettement diminué et a presque atteint sa concentration naturelle. Aujourd'hui, l'eau du lac de Constance a retrouvé une bonne qualité. La présence de truites de lac, dont le nombre est en augmentation, en est un indicateur[6]. Mais d'autres paramètres restent préoccupants et à prendre en compte : température, nitrates, métaux lourds, perturbateurs endocriniens, etc.
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À cause de sa position sur un axe important de migration aviaire, et parce que ses eaux collectent les eaux de ruissellement d'un vaste bassin versant où sont notamment situés des élevages d'espèces sensibles au virus H5N1 ou à d'autres virus de grippaux, c'est une des zones classées à risque en Europe pour la grippe aviaire.
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L'ensemble du transport public par bateaux sur le lac de Constance est appelé la "flotte blanche" (Weisse Flotte). Les lignes régulières et saisonnières de transport maritime sont assurées par deux lignes de car-ferry (Konstanz-Meersburg et Friedrichshafen-Romanshorn), une liaison en catamaran Constance-Friedrichshafen et les transports maritimes saisonniers de particuliers. Des croisières et traversées à thèmes sont aussi proposées.
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La navigation privée regroupe d'une part les pêcheurs et d'autre part les bateaux privés (voiliers, yachts...) en saison touristique. Dans certains ports, on peut louer des pédalos et des barques.
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Le tourisme est important pour l'économie de la région. Il rapporte chaque année 1,8 milliard €[7], grâce aux infrastructures, attractions et curiosités Les villes de Constance, Überlingen, Meersburg, Friedrichshafen et Lindau attirent les touristes, tout comme les chutes du Rhin à Schaffhausen, l'île de Mainau, l'église de pèlerinage Birnau, les châteaux forts comme celui de Meersburg et les châteaux comme celui de Salem, l'ensemble des musées, comme le musée Zeppelin, le musée Dornier, le musée du lac à Kreuzlingen, le musée juif de Hohenems ainsi que l'île de Reichenau, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et les palafittes (constructions sur pilotis préhistoriques) de Unteruhldingen.
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A l'est, là où les contreforts des Alpes sont tout proches du lac, il existe quelques téléphériques dont les stations de départ sont au bord du lac. Lors de l'ascension, les passagers peuvent bénéficier d'une vue sur le lac. Le téléphérique le plus connu du lac de Constance est le Pfänderbahn dont la station inférieure se situe à Brégence.
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Un chemin de randonnée et une piste cyclable font le tour du lac.
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Depuis 2001, des zeppelins de nouvelle génération survolent à nouveau le lac de manière régulière, à partir de l’aérodrome de Friedrichshafen.
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La région bénéficie du micro-climat du lac. En 2011, on comptait 1 600 exploitations fruitières[8]. En 2011, l'Allemagne a produit 900 000 tonnes de pommes, dont un tiers provenait des rives du lac[9] Le vignoble occupe aussi une place importante : les cépages pinot noir, Müller-Thurgau et pinot blanc y sont cultivés. En raison des frontières régionales, ces vins appartiennent à la même sorte mais à des vignobles différents. La région possède le vignoble allemand situé à la plus haute altitude (de 400 à 560m d'altitude).
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Le règlement de la navigation sur le lac de Constance constitue la base juridique concernant la navigation sur le lac.
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Il existe un permis-bateau spécifique au lac de Constance. Il est délivré en Allemagne par les services maritimes de la circonscription de Constance, de celle du lac de Constance, et de Lindau, en Suisse par les autorités cantonales et en Autriche par les autorités locales de la municipalité de Brégence. Les catégories A pour les bateaux à moteurs d'une puissance supérieure à 4,4 kW et D pour les bateaux à voiles de plus de 12 m² de voilure ainsi que les licences temporaires présentent un intérêt pour les bateaux de plaisance. Tous les bateaux à propulsion motorisée (y compris les moteurs électriques) ou qui ont une installation sanitaire, d'habitation ou de cuisine, doivent obtenir l'autorisation de la part des autorités maritimes compétentes, qu'un permis-bateau spécifique au lac de Constance soit nécessaire ou non.
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La navigation de plaisance occupe une place très importante. Début 2009, ce furent 57 000 bateaux de plaisance qui furent autorisés sur le lac de Constance[10]. Etant donné que cette autorisation est valable trois ans, ce nombre ne correspond pas exactement à celui des bateaux effectivement présents sur le lac. Une étude de la communauté internationale du sport nautique souligne le grand poids économique des sports nautiques : elle estime l'activité provenant des sports nautiques à 1600 employés et le chiffre d'affaires à 270 millions d'euros[11]. Le lac de Constance offre une grande diversité de sports nautiques. Plus de 100 clubs concernent la navigation à voile et organisent des régates. L'utilisation de jet-ski a été interdite depuis janvier 2006 par la révision du règlement sur la navigation sur le lac de Constance, afin de protéger la flore, la faune et les baigneurs.
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Tous les ans, à l’Ascension, a lieu la plus grande procession de bateaux sur le lac de Constance. Elle a été initiée en 1979 par Ferdinand Andreatta. Chaque année au début de l'été, la spectaculaire régate du tour du lac à la voile démarre et finit à Lindau, en passant par Meersburg, Überlingen et Romanshorn.
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Depuis 2009 a lieu chaque année à Constance le festival des sports nautiques et de voile. A Friedrichshafen se déroule chaque année l'Interboot, l'une des foires du sport nautique les plus importantes d'Europe.
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Le vent soufflant rarement de manière régulière, ces deux sports ne peuvent être pratiqués qu'épisodiquement, dans des situations de vent particulières, telles que le Foehn ou par fort vent d'ouest et seulement dans des régions du lac comme la baie de Brégence. De plus, le kitesurf n'est autorisé que dans certaines zones. Sur les rives allemandes, le kitesurf n'est possible qu'avec une autorisation spéciale des autorités maritimes, alors que sur les rives autrichiennes cela n'est pas nécessaire[12].
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Ces dernières années, la rive ouest de l'île de Reichenau sur le lac inférieur est devenu un spot annuel de surf, grâce à la régularité des vents d'ouest ou du sud[13]. La vitesse moyenne du vent oscille entre 4 et 7 nœuds ou force 2 et 3 (à Brégence et à Friedrichshafen)[14].
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La plongée dans le lac de Constance attire les plongeurs débutants et expérimentés. La plupart des lieux de plongée se trouvent au nord du lac (Überlingen, Ludwigshafen, Marienschlucht entre autres), quelques-uns aussi au sud[15]. Les plongeurs doivent être expérimentés et accompagnés de plongeurs professionnels d'une des écoles de plongée. Près de l'éperon rocheux appelé la « table du diable » (« Teufelstisch » en allemand) au large de la gorge de Marienschlucht, la plongée n'est même autorisée qu'avec autorisation de la sous-préfecture de Constance.
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Des épaves intéressantes et de gros poissons se trouvent souvent à des profondeurs qui ne peuvent habituellement pas être atteintes par des plongeurs. L'épave d'eau douce la plus connue d'Europe est certainement le bateau à aubes Jura, qui gît à 39 m de profondeur, au large de Bottighofen. Dans le canton de Thurgovie, le service archéologique de Frauenfeld a classé le Jura monument industriel sous-marin.
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Il est possible de nager dans le lac entre mi-juin et mi-septembre. La température de l'eau est de 19 °C à 25 °C selon les conditions météorologiques. Il peut y avoir une différence de 3 °C en l'espace d'une journée par temps ensoleillé, si bien que les tièdes soirées d'été invitent particulièrement à la baignade[16]. Les vents violents typiques du lac de Constance mélangent les eaux de surfaces chaudes aux couches d'eaux plus profondes et plus froides. Ce phénomène fait baisser la température de l'eau même pendant la saison estivale.
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Au cours du XIXe siècle et du XXe siècle, certains peintres célèbres avaient leur résidence sur le lac de Constance et l'ont représenté dans de nombreuses œuvres. Le plus connu d'entre eux fut le peintre allemand Otto Dix. Persécuté par le gouvernement nazi dès 1933, il trouve en 1936 refuge avec sa famille dans le village de Hemmenhofen, sur les bords du lac. Coupé de son inspiration urbaine, il peint alors des paysages de la région, période qui influencera la suite de sa carrière. Sa maison est devenue aujourd'hui un musée à sa gloire[17]. Le peintre suisse Adolf Dietrich (de), représentant de l'art naïf, est né et mort à Berlingen, commune située elle aussi sur les bords du lac.
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Avant et après eux, de nombreux peintres allemands, comme Waldemar Flaig (de), Rudolf Schmidt-Dethloff (de), Fritz Mühlenweg (de), Gustav Schönleber, Albert Wenk, Albert Zimmermann, Alexander Koester, Gebhard Fugel, Helmuth Macke, Erwin Starker (de) ou Paul Klimsch, mais aussi étrangers, comme le Britannique Joseph Mallord William Turner, ont immortalisés la beauté du lieu sur leurs toiles.
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Connu pour ces imposantes œuvres caricaturales, le sculpteur allemand Peter Lenk réside à Bodman-Ludwigshafen. Plusieurs de ses travaux ornent les communes proches du lac, comme la statue Impéria située à l'entrée du port de Constance.
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Les compagnies théâtrales publiques des villes du lac sont celles de Constance, un des plus anciens théâtres allemands et la compagnie régionale du Vorarlberg à Brégence. La compagnie suisse de Sankt Gallen fait aussi partie du paysage culturel du lac. Les orchestres symphoniques du lac de Constance sont la philharmonie de Constance, l’orchestre symphonique du Vorarlberg dont le siège est à Brégence et l’orchestre symphonique de Saint-Gall.
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Les plus grands festivals de la région sont le festival du lac de Constance, localisé à Friedrichshafen, et en été les Festival de Brégence (Bregenzer Festspiele) à Brégence. D’autres festivals connus sont Rock am See et le Zeltfestival à Constance, le printemps de Brégence, le SummerDays Festival à Arbon et le Zeltfestival de Friedrichshafen.
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La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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Le Lac des cygnes (en russe : Лебединое озеро / Lebedinoïe ozero) est un ballet en quatre actes sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski (opus 20) et un livret de Vladimir Begitchev inspiré d'une légende allemande.
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En 1871, Tchaïkovski profite de ses vacances pour composer un petit ballet, Lebedinoïe ozero, destiné aux enfants de sa sœur.
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Lorsque, au cours de l'été 1875, l'Intendant du grand théâtre de Moscou, Vladimir Pétrovitch Begitchev, lui demande de composer un ballet, Tchaikovski accepte immédiatement d'autant que la proposition est lucrative (Tchaïkovski touchera 5 000 roubles pour sa peine) et que le compositeur confie, dans une lettre à son ami Rimski-Korsakov, rêver depuis longtemps de « [s']essayer à ce genre de musique ». Bégitchev, en collaboration avec son danseur étoile du Théâtre Impérial Bolchoï Vassili Fiodorovitch Gelzer, a personnellement préparé le livret à partir de légendes et contes divers — dont le Voile dérobé tiré des « contes populaires des Allemands » de Johann Karl August Musäus. Tchaikovski a à l'esprit les ballets de Léo Delibes et plus particulièrement Coppélia.
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À la différence du mode de travail qui caractérisera plus tard La Belle au bois dormant et Casse-Noisette, le compositeur ne collabore pas directement avec le chorégraphe pressenti, Julius Reisinger. Ce dernier, maître de ballet traditionaliste, se trouve dépassé par les ambitions « symphoniques » de la musique de Tchaïkovski. Il triture la partition, coupant ici, arrangeant là, si bien que lors de la création, le 4 mars 1877[1] au Théâtre Impérial Bolchoï, l'œuvre, sous la direction de Semen Riabov et chorégraphiée par Julius Reisinger, sans être un échec cuisant comme certains historiens du ballet l'ont prétendu, est une « déconvenue humiliante » (Tchaïkovski). Au cours des cinq années suivantes, Lebedinoïe ozero est monté deux fois et connaît plus de quarante représentations, chiffre exceptionnel pour l'époque.
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Tchaïkovski ne vivra pas assez longtemps pour voir la version qu'il a composée, Lebedinoïe ozero, dansée sur toutes les scènes du monde sous des formes et des titres divers : Lebedinoïe ozero bien sûr, mais aussi Swan Lake, Le lac des cygnes, Schwanensee, Lago dei cigni, etc. C'est très exactement le 12 mars 1894 que le ballet entreprend sa longue marche triomphale d'une façon modeste : seul le deuxième acte est représenté au Théâtre Impérial Mariinski à la mémoire du compositeur décédé le 6 novembre 1893. Cette réalisation est confiée à Ivanov, deuxième maître de ballet et adjoint du célèbre Petipa. Ce dernier remarque immédiatement les possibilités inhérentes à la partition de Tchaïkovski et persuade le Théâtre Mariinski de monter une production intégrale du ballet dont il se chargerait de la chorégraphie en partenariat avec Ivanov. Sur la demande de Petipa, le maître de chapelle de la cour et chef d'orchestre Riccardo Drigo, pratique quelques interventions dans la partition originale. Petipa se charge alors de chorégraphier le premier et le troisième acte, laissant à Ivanov les deuxième et quatrième qui se déroulent sur les bords du lac des cygnes. Cette version est présentée au public pour la première fois le 15 janvier 1895.
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Au cours des cinquante années qui ont suivi la création de la version Petipa/Ivanov à Saint-Pétersbourg le ballet subit tant de remaniements que la version réalisée en 1953 au théâtre Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko de Moscou fit l'effet d'une bombe. On la devait à Vladimir Pavlovitch Bourmeister[2] (1904-1971), premier maître de ballet du théâtre, et reprenait l'ordre des numéros tels que publiés dans la partition originale de Tchaïkovski. Burmeister simplifie la dramaturgie du livret et rajoute un prologue qui présente la transformation de la princesse Odette en cygne par le sorcier Rotbarth. Cela le conduit, après la victoire finale du prince Siegfried sur Rotbarth à l'issue d'une lutte sans merci, à montrer le retour d'Odette à sa forme première. Plus rien ne fait alors obstacle à la fin heureuse du ballet bien que la version de 1895 ne faisait qu'esquisser la réunion des deux amants dans une apothéose finale. Les autres modifications intéressent la disparition du fou (qui n'amène rien à l'intrigue) au profit de l'ami de Sigfried et l'arrangement des danses nationales du Divertissement de l'Acte III en intermèdes magiques de Rotbarth qui apparaît dès lors comme une sorte d'artiste du music-hall.
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Cette version du Lac des cygnes a été montée pour la première fois à l'Ouest par l'Opéra de Paris en 1950. Elle a été reprise par plusieurs compagnies dont, récemment, le 14 avril 2004, au Théâtre de la Scala avec Svetlana Zakharova dans le rôle d'Odette/Odile et Roberto Bolle dans celui de Siegfried.
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Le mythe du cygne, avec ses prémices antiques où Zeus, sous les traits d'un cygne, comble Léda, l'épouse du roi de Sparte, offre de nombreuses possibilités d'adaptation. On y voit déjà apparaître le caractère androgyne de l'animal qui a conduit, dans les mises en scène de Matthew Bourne (Swan Lake, Londres 1995) et Stephan Thoss (Zwischen Mitternacht und Morgen, Hanovre 2004), à confier la figure des cygnes à un corps de ballet masculin.
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Enfin, à la suite de l'étude psychanalytique de l'argument par Mats Ek en 1986 et de l'interprétation par le biais de la Modern Dance qu'il en a donné avec le Ballet Cullberg de Suède, de nouvelles versions dramaturgiques et chorégraphiques ont vu le jour dont celle de Neumeier, Illusionen - wie Schwanensee avec sa référence historique à Louis II de Bavière.
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Le jeune prince Siegfried fête sa majorité. Sa mère, la reine, lui annonce que, le jour suivant, au cours d'un grand bal pour son anniversaire, il devra choisir une future épouse. Vexé de ne pouvoir choisir celle-ci par amour, il se rend durant la nuit dans la forêt. C'est alors qu'il voit passer une nuée de cygnes. Une fois les cygnes parvenus près d'un lac, il épaule son arbalète, s'apprêtant à tirer, mais il s'arrête aussitôt : devant lui se tient une belle femme vêtue de plumes de cygne blanches.
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Enamourés, ils dansent, et Siegfried apprend que la jeune femme est en fait la jeune et belle princesse Odette, la princesse cygne. Un terrible et méchant sorcier nommé von Rothbart, la captura et lui jeta un sort ; le jour, elle serait transformée en cygne blanc et, la nuit, elle redeviendrait femme. D'autres jeunes femmes et jeunes filles apparaissent et rejoignent la princesse Odette, près du Lac des Cygnes, lac formé par les larmes de ses parents, le roi et la reine décédés, lorsqu'elle fut enlevée par le méchant sorcier von Rothbart. Ayant appris son histoire, le prince Siegfried, fou amoureux, est pris d'une grande pitié pour elle. Il lui déclare son amour, ce qui affaiblit le sort. Von Rothbart apparaît. Siegfried menace de le tuer mais Odette intervient ; si von Rothbart meurt avant que le sort ne soit brisé, il sera irréversible. Le seul moyen de briser le sort est que le prince épouse Odette.
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Le lendemain, au bal, à la suite des candidates fiancées, survient le méchant sorcier Rothbart, avec sa fille Odile, transformée en Odette mais vêtue de noir (le cygne noir), qui est le sosie d'Odette. Abusé par la ressemblance, Siegfried danse avec elle, lui déclare son amour et annonce à la cour qu'il compte l'épouser. Au moment où vont être célébrées les noces, la véritable princesse Odette apparaît. Horrifié et conscient de sa méprise, Siegfried court vers le lac des cygnes.
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La façon dont Odette apparaît finalement à Siegfried diffère selon les différentes versions du ballet : Odette arrive au château ou bien le méchant sorcier von Rothbart montre à Siegfried une vision d'Odette.
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Il existe également différentes fins :
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D'après le récit du neveu et de la nièce de Tchaïkovski, Youri Lvovitch Davidov et Anna Meck-Davydov, nous savons que celui-ci avait déjà créé auparavant un petit ballet appelé le Lac des Cygnes chez eux en 1871. Tchaïkovski avait l'habitude de réunir de petites œuvres dont il créait la musique et le scénario en une représentation. Selon son neveu, la Chanson des cygnes, le fameux thème du Lac des Cygnes, avait été composée à cet effet. À cette époque, Tchaïkovski et Vladimir Petrovitch Beguitchev, directeur des Théâtres Impériaux de Moscou en ce temps-là, faisaient partie d'un groupe artistique de Moscou appelé le Salon de Chikhovskaya et il semblerait que l'idée du Lac des cygnes soit parue lors d'une réunion des membres du groupe. Le livret du Lac des cygnes est un cliché typique du ballet du XIXe siècle.
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Les origines du scénario sont confuses, tant les sources que celui qui l'a écrit, et font encore aujourd'hui l'objet de contestations.
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Fiodor Lopoukhov, patriarche du ballet russe, a appelé Le Lac des cygnes un « ballet national » : les cygnes sont évoqués dans beaucoup de récits romantiques russes et la chorégraphie du corps de ballet imite très souvent des mouvements de danses slaves (des danses en cercle notamment). Selon lui, même si l'histoire se déroule en Allemagne, l'image du cygne et le thème de l'amour fidèle seraient essentiellement russes. La trame de l'intrigue serait inspirée de l'histoire du Voile dérobé (Der geraubte Schleier) extrait des Volksmährchen der Deutschen (un recueil en 5 tomes de contes allemands) de Johann Karl August Musäus. Le conte populaire russe le Canard Blanc serait une autre source. Aussi les contemporains de Tchaïkovski ont remarqué que le compositeur portait beaucoup d'intérêt pour la vie de Louis II de Bavière qui par son destin tragique est souvent symbolisé par le cygne et qui, consciemment ou non, fut choisi comme prototype du rêveur prince Siegfried.
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On s'accorde souvent à dire que Beguitchev a écrit le scénario.
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Le Lac des cygnes est le premier ballet dont la musique fut créée par un compositeur symphonique. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, on confiait habituellement la partition à des compositeurs connus et spécialisés dans la musique de ballet : ils créaient de nombreuses mélodies, claires, enjouées, rythmées, en vogue pour le ballet. Tchaïkovski étudia la musique de ces spécialistes (l'Italien Cesare Pugni ou l'Autrichien Léon Minkus) avant de composer son Lac des cygnes. Il avait une opinion négative sur la musique de ces spécialistes, jusqu'à ce qu'il s'intéresse en détail aux partitions : il fut impressionné par la variété presque illimitée de leurs mélodies. Il admirait surtout la musique de Léo Delibes ou d'Adolphe Adam, et de Riccardo Drigo quelques années plus tard. La partition de Giselle (1841) d'Adolphe Adam lui plaisait beaucoup : Adam avait utilisé la technique du leitmotiv, en associant des thèmes à un personnage ou une atmosphère ; ce que fit Tchaïkovski dans le Lac des cygnes ou La Belle au bois dormant.
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Certains de ses amis essayèrent de convaincre Tchaïkovski de renoncer à ce projet, notamment le compositeur Nikolaï Rimsky-Korsakov, qui soulignait qu'il s'agissait là d'une entreprise indigne du talent de Tchaïkovski. Rarement autoritaire, celui-ci déclara néanmoins : Il n'y a pas de genre inférieur en musique, il n'y a que de petits musiciens ! . Ce premier ballet, comme par la suite la Belle au bois dormant puis Casse-Noisette démontrèrent avec panache que Tchaïkovski avait raison.
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Il composa la musique du ballet entre août 1875 et avril 1876. La Danse russe de l'acte III fut ajoutée en février 1877 et le pas de deux de l'acte III en avril 1877. En 1875, Begitchev demanda la partition du Lac des cygnes à Tchaïkovski pour un prix plutôt modeste de 800 roubles, et bientôt Begitchev commença à choisir les artistes qui participeraient à la création du ballet. Le chorégraphe était le Tchèque Julius Reisinger (1827-1892) qui était alors engagé en tant que maître de ballet au Théâtre Bolchoï depuis 1873. La plupart des œuvres précédentes de Julius Reisinger, entre autres Kachtchei (1873) et Stella (1875), avaient été très critiquées et jugées d'une qualité médiocre[réf. souhaitée]. Sa seule véritable réussite était un ballet sur Cendrillon appelé Le Chausson magique, qu'il avait composé à son arrivée au Théâtre Bolchoï.
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Après l'échec d'un mariage de pure convenance, Tchaïkovski tente d'échapper à sa nature profonde et à son homosexualité dans une relation épistolaire idéalisée avec sa protectrice Nadejda von Meck. Cette relation purement platonique durera plus de quatorze ans.
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Madame von Meck ne semble pas connaître l'orientation sexuelle de Tchaïkovski, mais elle lui écrit :
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« Piotr Illyich, avez-vous aimé ? Il me semble que non. Vous aimez trop la musique pour aimer une femme. »
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De fait, la partition du Lac des cygnes est une composition révélatrice[réf. nécessaire] des aspirations et du tempérament d'un Tchaïkovski poursuivi par le sentiment d'une implacable fatalité : son homosexualité. Comme Siegfried, les amours féminines lui sont interdites. Le prince ne peut avoir de relation charnelle avec le cygne blanc, symbole de pureté ; ceci serait contraire aux lois humaines. La création du Lac des cygnes et les représentations qui suivent sont une cruelle humiliation pour le compositeur qui la vit comme une nouvelle malédiction. Le ballet est retiré de l'affiche et tombe dans l'oubli durant dix-huit ans. Il faut attendre la reprise de la chorégraphie par Marius Petipa en 1895 pour redonner au Lac des cygnes la place qui lui revient.
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En 1984, Rudolf Noureev signe pour l'Opéra de Paris une version à résonance « freudienne », probablement la plus achevée du Lac des cygnes.
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Noureev explique sa vision du ballet en ces termes[3] :
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« Le lac des cygnes est pour moi une longue rêverie du prince Siegfried […] Celui-ci, nourri de lectures romantiques qui ont exalté son désir d'infini, refuse la réalité du pouvoir et du mariage que lui imposent son précepteur et sa mère […]. C'est lui qui, pour échapper au destin qu'on lui prépare, fait entrer dans sa vie la vision du lac, cet « ailleurs » auquel il aspire. Un amour idéalisé naît dans sa tête avec l'interdit qu'il représente. Le cygne blanc est la femme intouchable, le cygne noir en est le miroir inversé. Aussi, quand le rêve s'évanouit, la raison du prince ne saurait y survivre. »
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C'est de là que naît une vision psychanalytique et introspective de l'œuvre tant dans le traitement du récit que dans le développement des personnages. L'œuvre gagne un surcroît de complexité dans un subtil jeu de miroirs identitaires.
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Tout en restant très proche du livret imaginé par Petipa, le danseur étoile révise la chorégraphie (rendant ainsi certains passages d'une exécution difficile) et arrange la partition. Le bouffon, un ajout d'Alexandre Gorski, est certainement brillant mais sans utilité dans l'intrigue. Il est supprimé au profit de Wolfgang, le précepteur du prince. Wolfgang devient dans la version de Noureev un personnage équivoque et manipulateur, alter ego, miroir identitaire du magicien Rothbart qui a ensorcelé les cygnes et qui, à terme, conduit le prince à sa perte. Il éclaire ainsi de façon magistrale le rôle de l'inconscient dans l'œuvre de Tchaïkovski et donne la mesure du drame intime que vit le compositeur dans son homosexualité. Le cygne blanc symbolise la pureté inaccessible car un amour charnel ne peut exister entre un cygne et un humain. C'est là la malédiction vécue par Tchaïkovski.
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Le changement le plus important réside dans le finale. Noureev s'éloigne franchement de l'image traditionnelle des deux protagonistes réunis dans une sorte d'apothéose idyllique rêvée. Il conçoit une scène plus cruelle pour Odette, la princesse cygne. Elle est emportée dans les griffes de l'affreux Rothbart sous les yeux d'un prince paralysé par son impuissance. Cette image est précisément la résurgence du rêve de Siegfried avec lequel l'histoire commence. Finalement, elle devient la concrétisation du cauchemar à la fois récurrent et redouté auquel il ne peut échapper. La constante opposition entre l'imaginaire et le réel, jeu de miroirs identitaires qui n'ont cessé de s'affronter dans son esprit, débouche inexorablement sur la folie…
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Le sentiment de cette fatalité parcourt la partition d'un bout à l'autre. Elle est magnifiquement rendue par cette version de Noureev.
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De tous les ballets que Noureev aura légués à l'Opéra de Paris, celui-ci est, à coup sûr, son œuvre la plus personnelle.
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« Le Lac des cygnes de Noureev est devenu pour nous une référence », explique Charles Jude en 1997[réf. souhaitée]. « Pour ma part, je l'ai considéré dès le début comme la meilleure version, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. En fait, Noureev a éliminé tout ce qui était démodé et donné un vrai rôle a chacun et pas seulement aux solistes. Son ballet est construit comme un rêve. Siegfried aime les lectures romantiques et pour échapper au mariage sans amour que veulent lui imposer sa mère et son précepteur il se réfugie dans un monde imaginaire. Il tombe éperdument amoureux d'Odette, une princesse qui vit près d'un lac enchanté et qui est l'image de sa femme idéale. Rothbart, le cruel magicien qui prend les traits du tuteur, l'a transformée en cygne. Elle ne reprend sa forme humaine que la nuit. Il ne faut pas voir dans la fin le triomphe du mal, mais la quête sans cesse renouvelée d'une perfection jamais atteinte. »
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Après la mort de Tchaïkovski (1893), une version revue du ballet fut élaborée par le frère du compositeur, Modeste. La chorégraphie fut modifiée par Marius Petipa et Lev Ivanov et la partition, par le très reconnu chef d'orchestre Riccardo Drigo du Théâtre Mariinsky. Ainsi le ballet qui possédait quatre actes à l'origine n'en eut plus que trois.
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C'est la partition reprise par Drigo en 1895, par rapport à celle de Tchaïkovski en 1877, qui est la plus usitée pour les représentations du ballet. Mais, la plupart des compagnies de ballet préfèrent établir leur propre version de la partition, ou un juste milieu entre la partition de 1877 et celle de 1895… mais on se base toujours sur celle de Drigo.
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Le frère de Tchaïkovski, Modeste, préférait la partition de Drigo.
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L'acte I devint l'acte I, scène 1 ; l'acte II devint l'acte I scène 2 ; l'acte III devint l'acte II et l'acte IV devint l'acte III.
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La valse de l'acte I fut appelée valse champêtre ou valse villageoise. La grande coda de l'acte II fut rallongée. La ballabile de l'acte III fut utilisée par le maître de ballet Konstantin Sergueïev dans sa version de 1951 pour le Mariinsky comme danse de cour. La danse russe est utilisée dans les mises en scène d'aujourd'hui et a même été utilisée par une compagnie de ballet de Seattle comme danse arabe.
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(originellement l'acte I)
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(originellement l'acte II)
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(originellement l'acte III)
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Dans ses Mémoires, Marius Petipa écrit : « Le Lac des cygnes fut monté pour la première fois à Moscou sans grand retentissement. À peine informé des mécomptes du ballet, je me rendis chez le directeur [du Mariinsky] et lui dis qu'il m'était impossible d'admettre que la musique de Tchaïkovski fût mauvaise. À mon sens, les problèmes de l'œuvre ne pouvaient venir que de la mise en scène et de la chorégraphie. Je lui demandai de m'autoriser à utiliser à ma façon le sujet de Tchaïkovski pour monter le ballet à Pétersbourg. M. Vsevolojski accepta d'enthousiasme et nous nous mîmes en contact avec le compositeur. Naturellement, Le Lac des cygnes fit un triomphe sur la scène pétersbourgeoise. Tchaïkovski, ravi, répétait à qui voulait l'entendre qu'il n'écrirait jamais de ballet pour quelqu'un d'autre que Petipa »[4].
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En 1893, la ballerine italienne Pierina Legnani, excellente danseuse, obtint le rôle d'Odette. Lors d'une représentation, durant le « grand pas » de l'Acte III, Legnani fit, en improvisant, trente-deux fouettés en tournant et fut la première ballerine à avoir accompli un tel exploit. Le public impressionné demanda un bis, et elle répéta ce qu'elle venait de faire, mais cette fois avec vingt-huit fouettés en tournant. Selon la presse, la ballerine ne « bougea pas d'un pouce de l'endroit où elle avait commencé » ses fouettés. Les fouettés en tournant restèrent depuis lors dans la chorégraphie du Lac des cygnes.
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Tchaïkovski désirait faire une suite du Lac des cygnes (opus 20a), mais il ne la compila jamais et les éditions Jurgenson publièrent après sa mort la suite comprenant :
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Décor de Mikhaïl Botcharov - 1895.
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Anna Sobechtchanskaïa dans le rôle d'Odette - 1877.
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Pierina Legnani dans le rôle d'Odette - 1895.
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Danse vénitienne - 1895.
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Sparte (en grec ancien Σπάρτη / Spártê soit « semée », « parsemée » ou « éparse », grec moderne Σπάρτη / Spárti, en dorien Σπάρτα / Spárta) ou Lacédémone (Λακεδαίμων / Lakedaímôn) est une ancienne ville grecque du Péloponnèse, perpétuée aujourd'hui par la ville moderne du même nom de 18 185 habitants. Située sur l'Eurotas, dans la plaine de Laconie, entre le Taygète et le Parnon, elle est l'une des cités-États les plus puissantes de la Grèce antique, avec Athènes et Thèbes.
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Déjà mentionnée dans l’Iliade, elle devient au VIIe siècle av. J.-C. la puissance dominante de sa région et prend la tête des forces grecques lors des Guerres médiques. Au Ve siècle av. J.-C., elle remporte la guerre du Péloponnèse qui l'oppose à Athènes, mais perd l'hégémonie après la défaite de Leuctres en 371 av. J.-C. contre les Thébains d'Épaminondas.
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Sparte se distingue des autres cités par un modèle social où la minorité des Homoioi (les « égaux ») exerce à plein temps la citoyenneté tandis que l'activité économique est assurée par les Périèques, population libre mais non-citoyenne, et par les Hilotes, dont le statut s'apparente à celui des serfs du Moyen Âge occidental. L'éducation est obligatoire, collective et organisée par la cité : elle vise à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés au bien de la cité. De fait, l'armée spartiate est renommée comme la plus puissante du monde grec.
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De plus, Sparte est la seule cité de Grèce dépourvue de murailles car d’après Lycurgue, « une ville bien défendue est celle qui est entourée d’un mur d’hommes, et non d’un mur de briques ».
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L'État spartiate s'étend au Ve siècle av. J.-C., selon Thucydide, sur les deux cinquièmes du Péloponnèse[1], soit près de 8 500 km2 et le triple de son rival athénien[2]. Il comprend deux régions principales, séparées par des montagnes.
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La Laconie au sens strict est le territoire délimité à l'ouest par le massif du Taygète, au sud et à l'est par la mer Méditerranée[3]. La frontière nord est plus changeante : victorieuse à la « bataille des Champions » en 545 av. J.-C., Sparte enlève à Argos le contrôle du plateau de Thyréatide (ou Kynourie). Désormais, la limite de la région passe par les environs de Thyréa (près de l'actuelle Astros), le sud du mont Parthénion, le bassin versant de l'Eurotas (englobant ainsi la Skiritide) puis le territoire aux pieds du mont Chelmos, identifié comme la Belminatide.
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La Messénie, conquise à la suite des guerres du même nom, s'étend à l'ouest du Taygète jusqu'à la Méditerranée ; elle est bordée au nord par la vallée de la Neda. Elle comprend plusieurs massifs montagneux, dont les monts Cyparissia, qui se prolongent vers le sud par l'Aigaléon et à l'est par l'Ithômé. Au centre se trouve la vallée de Messénie à proprement parler, baignée par le Pamissos ; on distingue la plaine du Stényclaros au nord de la crête de Scala et la plaine côtière appelée Macaria, « la Bienheureuse », au sud[4].
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Sparte à proprement parler est constituée de quatre villages : Limnai (« du lac »), Kynosoura (« queue de chien »), Mesoa (« central ») et Pitana (« pâtissiers »), qui ne sont pas pleinement réunis par un synœcisme à l'époque classique[5], d'ailleurs Σπάρτη / Spártê signifie « semée », « parsemée » ou « éparse ». Un cinquième village, Amyclées, distant de quelques kilomètres, vient s'y ajouter à une époque inconnue[6].
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Sparte apparaît déjà chez Homère : Ménélas, époux de la belle Hélène, règne sur « Lacédémone aux profondes vallées[7] ». La transition entre cette ancienne ville et la Sparte dorienne s'explique pour les Anciens par le « retour des Héraclides » : Hyllos, fils d'Héraclès, doit fuir le Péloponnèse à la suite des persécutions d'Eurysthée. Après plusieurs tentatives avortées, Téménos reconquiert la terre de son arrière-grand-père. Il prend pour lui la souveraineté d'Argos et donne à ses frères les royaumes voisins : Cresphontès reçoit la Messénie et Aristodème (ou ses fils) la Laconie.
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Les archéologues ont mis au jour 21 sites mycéniens habités en Laconie, dont Amyclées et le Ménélaion[8], qui ont pu être pris à l'époque classique pour des restes de la Sparte homérique[9]. Le retour des Héraclides a été interprété comme la version mythique d'une invasion des Doriens, un peuple venu du Nord et parlant le grec. Il semble en réalité qu'il ne se soit pas agi d'une invasion, mais d'une longue assimilation[10].
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D'après les données archéologiques, Sparte à proprement parler est fondée avant le milieu du Xe siècle av. J.-C., ce qui contredit la chronologie traditionnelle plaçant le « Retour » quelques générations après la chute de Troie[11]. On ne sait rien ou presque sur cette période de son histoire[11]. Les premières traces sûres de l'expansion spartiate remontent au VIIIe siècle, avec la conquête d'Amyclées, Pharis et Géronthrai[12]. Les Spartiates remontent ensuite vers les sources de l'Eurotas, puis se lancent dans la conquête de la Messénie, qui donne lieu à trois guerres dont ils sortent vainqueurs.
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Au début du Ve siècle av. J.-C., Sparte apparaît comme la championne de la Grèce face aux Perses pendant les Guerres médiques. Elle devient progressivement la rivale d'Athènes, qui a une politique de conquête impérialiste. Pendant la longue Guerre du Péloponnèse (431 à 404 av. J.-C.) Athènes refuse plusieurs fois la paix offerte par Sparte. Vers la fin de cette guerre, Sparte bénéficie des erreurs cumulées d'Athènes (expédition de Sicile, ...) et d'une aide financière de la Perse, soucieuse d'équilibrer les pouvoirs en Grèce, et hostile aux prétentions athéniennes en Ionie. Leur victoire de 404 av. J.-C. aiguise l'ambition des Spartiates, points de départ de l'expédition des Dix Mille (401-399). Même si l'expédition est un fiasco, elle démontre l'affaiblissement de l'empire perse ; cette expédition démontre également les possibilités de conquête militaire vers l'Est, ce dont Alexandre le Grand tire parti par la suite. Les Perses décident alors de financer les ennemis de Sparte (Athènes, Thèbes, puis Corinthe et Argos). En 396, la même année, les Spartiates sont victorieux sur terre à Coronée mais sont défaits sur mer à Cnide ; puis la longue et indécise guerre de Corinthe achève de secouer le joug spartiate (396-387). Face à cet échec, Sparte reconnaît en Grèce l'influence perse. Cette politique perse, de bascule entre les différentes cités, renforce Athènes, dont les prétentions inquiètent les dirigeants perses.
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À l'occasion de ce réchauffement diplomatique, la Paix d'Antalcidas de 387 av. J.-C. est jurée : Sparte est consacré hégémon de la Grèce et arbitre des libertés du monde grec. Asseyant son nouveau statut, Sparte installe peu à peu dans toutes les villes grecques des gouvernants à sa solde. En 382, elle prend le contrôle de Thèbes dont les opposants se réfugient à Athènes. En 378 Thèbes est libérée, les Spartiates chassés avec l'aide discrète des Athéniens. Sparte, incrédule sur le véritable rôle joué par sa rivale, lui déclare la guerre. La confédération athénienne est reformée (377), à laquelle se joint Thèbes, contre Sparte. En 376 av. J.-C. (bataille de Naxos), Sparte est défaite, sa flotte militaire coulée par la marine de la nouvelle confédération athénienne, remettant définitivement en cause son hégémonie navale. En 375, Sparte essaye vainement de reprendre Thèbes et est même peu à peu chassée de Béotie (bataille de Tégyres 375) ; elle tente sans succès de prendre Athènes par surprise (coup de Sphodrias) (375). Sparte est aussi chassée de Corcyre, nouvelle alliée des Athéniens (375). Sparte est ensuite attaquée en Phocide par les Thébains (375/4). Plus au nord, la Thessalie est unifiée par Jason de Phères (375/4), constituant une nouvelle menace pour Lacédémone. Sparte est débordée sur tous les fronts. Devant cette situation critique, Sparte a besoin d'une pause et d'aide extérieure : l'aide est demandée à un vieil allié, Denys de Syracuse, qui la lui donne, et un armistice est demandé à Athènes, qui y consent (paix de 374). Mais rien n'est réglé : Thèbes continue à reconquérir la Béotie (elle rase Platées en 373) et Corcyre refuse toujours de rejoindre Sparte, obligeant Athènes à la soutenir (373). Sparte est toujours embourbée en Phocide où les Thébains progressent. C'est dans ce contexte que Sparte envoie une puissante armée pour écraser la puissance croissante de Thèbes, mais cette armée est défaite à la bataille de Leuctres de 371 av. J.-C. et perd 400 de ses 2 000 homoioi. Sparte ne se remettra jamais de cette lourde perte de son corps civique et militaire et se replie sur le Péloponnèse, réduisant ses prétentions à la Laconie.
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À mesure que les Thébains descendent dans le Péloponnèse (371/370), les alliés de Sparte se rallient à eux, donnant l'hégémonie sur la Grèce à Thèbes. L'armée ennemie grossit tant et si bien que la Laconie est pillée par les Thébains et mise à sac sans que les Spartiates n'osent intervenir, chose inédite jusqu'alors. Cette mise à sac matérialise la fin de la suprématie spartiate sur la Grèce. Thèbes ruine sa domination sur ses esclaves périèques et hilotes : la Messénie est libérée par Épaminondas et sa capitale (Messène) refondée pour faire contrepoids à Sparte. La fédération arcadienne renaît comme sa capitale Mantinée (370). Mais Sparte n'est pas encore détruite : l'assaut thébain sur la ville est repoussé par la résistance organisée par Agésilas. Plusieurs expéditions thébaines sont nécessaires pour l'empêcher de rétablir sa domination (en 370, 369...). Sparte doit sa survie à la politique de bascule pratiquée par les Thébains et à la nouvelle alliance avec Athènes : en effet, Thèbes évite de trop renforcer les puissants Arcadiens, tandis que la nouvelle alliance spartiate-athénienne est officialisée en 369. La tentative hégémonique maritime de Thèbes (365/364) sur l'Égée et l'Asie mineure crée les conditions d'un soutien perse à cette alliance entre Sparte et Athènes. Les Thessaliens parviennent à affaiblir Thèbes, en tuant Pélopidas (364). Deux ans plus tard, Sparte gagne la bataille de Mantinée de 362 av. J.-C. bien que moins nombreux et parviennent à tuer le général Épaminondas (mort illustrée par Euphranor) et transforment ainsi une bataille indécise en victoire[réf. nécessaire]. Cependant, cette victoire masque mal la réalité des rapports de force : le gros des troupes était athénien. L'irruption de la Macédoine dans le jeu politique des cités grecques (à partir des années 350) augmente encore l’affaiblissement et l’isolement de Sparte. Après la victoire de Philippe II de Macédoine à Chéronée en -338, la Grèce entière est dominée par les Macédoniens, à l’exception de Sparte qui devient la dernière cité libre de Grèce.
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Au IIIe siècle av. J.-C., les difficultés dues à son système socio-politique et au déclin de sa population d’Homoioi entraînent plusieurs réformes menées successivement par Agis IV, Cléomène III puis par l'usurpateur Nabis. Sparte s'allie à Rome contre la ligue étolienne. Elle doit cependant lutter aussi contre la ligue achéenne et finit comme les autres cités par être absorbée par Rome en 146 av. J.-C.
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Sous l'Empire romain[14], Sparte bénéficie du statut avantageux de cité libre et conserve des institutions spécifiques. Elle jouit d'un prestige certain en raison de la gloire de son passé et tente de remettre en valeur l'agogé spartiate, cultivant même dans les années 130 un archaïsme linguistique[15]. Les empereurs romains reconnaissent et utilisent parfois ce prestige, ainsi Lucius Verus et Caracalla ont des contingents de Spartiates parmi les troupes qu'ils mènent contre les Parthes, répétant la lutte passée contre les Perses. En 396, Sparte est mise à sac par les Goths d'Alaric et ne semble pas s'en être relevée, le site n'est plus que hameaux de bergers... Jean d'Éphèse relate que trois siècles plus tard, ce sont les duchés slaves des Ézérites et des Mélinges qui s'installent dans la région, avant d'être absorbés par les autochtones grecs.
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Une ville est refondée sur le site en 1834 : c'est la Sparte actuelle.
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Les citoyens Spartiates ne représentent qu'une faible partie de la population globale de la cité. Selon Isocrate, ce sont 2 000 Doriens qui envahissent la Laconie[16], simple supposition sans valeur réelle[17]. Aristote rapporte que selon certains, les Spartiates sont au nombre de 10 000 sous les premiers rois[18]. Là encore, il est difficile de porter foi à ce chiffre rond[17]. La première mention fiable est celle que fournit Hérodote : en 480 av. J.-C., le roi Démarate estime le nombre des hoplites mobilisables à un peu plus de 8 000[19] ; un an plus tard, 5 000 hoplites spartiates sont présents à la bataille de Platées[20]. Ce nombre décroît tout au long du Ve, principalement en raison du tremblement de terre de 464 av. J.-C., qui selon Plutarque[21], détruit le gymnase, tuant ainsi tous les éphèbes, et de la révolte des Hilotes (10 ans de guérilla). Ainsi, à la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C., il n'y a plus que 1 200 hoplites mobilisables[22], dont 400 meurent au cours du combat. Aristote assure que de son temps, on compte à peine mille citoyens[23].
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Le nombre de Périèques est supérieur au nombre d’Homoioi. On peut penser qu'il y avait environ cent agglomérations périèques : Sparte était surnommée, selon Strabon, la « cité aux cent villes »[24]. Les Hilotes, eux, peuvent être estimés de 150 000 à 200 000. D'après Thucydide, c'est le plus important groupe servile de Grèce[25].
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Seuls jouissent de droits politiques les Spartiates à proprement parler[26], aussi appelés ἄστοι / astoi (« citadins ») — terme plus aristocratique que l'habituel πολίτης / polítês[27] — ou encore Ὅμοιοι / Hómoioi[28] c'est-à-dire « les Pairs », « les Semblables »[29]. Il n'est pas certain que tous les Spartiates soient des Homoioi : certains citoyens, considérés comme des lâches au combat, sont soumis à toutes sortes de brimades et de vexations : obligation de payer la taxe des célibataires, rejet dans les équipes de ballon et les chœurs[30]. L'historiographie les appelle traditionnellement les tresantes, les tremblants. Ils ne cessent pas d'être citoyens, mais deviennent des citoyens de seconde zone.
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Pour être un citoyen spartiate, quatre conditions doivent être réunies[31] :
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Le terme Homoioi témoigne, selon Thucydide, du fait qu'à Sparte « s'est instaurée la plus grande égalité dans les genres de vie entre les possédants et le grand nombre »[32] : tous mènent une vie commune et austère.
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Les Hilotes sont les paysans dépendants de Sparte. Leur statut est créé avec la réforme de Lycurgue. Ils ne sont pas des esclaves-marchandises, mais leur statut est souvent rapproché des serfs médiévaux :
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Exceptionnellement, ils sont enrôlés pour combattre, et peuvent être affranchis ensuite. Plus nombreux que les Homoioi, ils ont subi la réforme de Lycurgue en étant mis à l'écart. Craignant leur révolte, les Spartiates leur déclarent solennellement la guerre chaque année[33], les avilissent en permanence et les terrorisent[34].
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De la même façon, les Périèques (habitants du pourtour) sont libres mais appartiennent néanmoins à l'État lacédémonien et comme tels, ils servent dans l'armée civique[35]. En revanche, ils ne jouissent d'aucun droit politique dans ce cadre[36] : ils ne peuvent pas accéder aux magistratures ni même participer à l'Assemblée[37]. Pour autant, ils sont libres et citoyens de leurs propres villes. Ils détiennent le monopole du commerce et partagent celui de l'artisanat avec les Hilotes. Ils comptent également des paysans, refoulés sur les terres médiocres.
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Sparte possède également d'autres catégories d'hommes libres non-citoyens, appelées conventionnellement Inférieurs : citoyens déchus par pauvreté (ne pouvant plus payer leur part aux syssities) ou par lâcheté au combat (les tresantes), Hilotes affranchis (néodamodes), Skirites, etc.
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Établie par « Lycurgue » et ne prenant fin qu'à l'époque romaine, l'éducation spartiate ou ἀγωγή / agôgế[38] présente les particularités d'être obligatoire, collective et organisée par la cité[39]. Symbole de « l'exception spartiate », elle est également mal connue : la plupart des sources sont tardives. Or l’agôgê a connu au moins une interruption, imposée par la Ligue achéenne au IIe siècle av. J.-C., et peut-être une autre au IIIe siècle av. J.-C.[40]. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure les descriptions hellénistiques et romaines peuvent également s'appliquer à la période archaïque et classique.
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Selon Plutarque, le nouveau-né spartiate est examiné par une commission d'anciens pour déterminer s'il est beau et bien formé. Si ce n'est pas le cas, il est considéré comme une bouche inutile et une charge pour la cité : il est jeté dans un précipice appelé le gouffre des Apothètes[41]. Cette affirmation, rapportée par le seul Plutarque, est aujourd'hui remise en doute par des archéologues, qui n'ont trouvé aucun ossement d'enfant à l'endroit indiqué[42]. En outre, au moins à l'époque romaine, la décision d'élever ou non un enfant est laissée à la famille, comme partout ailleurs en Grèce[43].
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De l'enfance à l'âge adulte (de 7 à 20 ans inclus), le jeune Spartiate est embrigadé par classe d'âge, hors de la tutelle parentale[44]. Il vit à la dure : le crâne rasé[45], il ne reçoit qu'un manteau (himation) par an et marche pieds nus[46] ; il dort sur une paillasse de roseaux de l'Eurotas qu'il a cassés à la main[47]. Divers concours (combats rituels à Platanistas[48], flagellation au sanctuaire d'Artémis Orthia[49]) visent à mettre en avant les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur. Cette éducation entend former des soldats obéissants, efficaces et attachés au bien de la cité, avant leur gloire ou leur bien-être personnel[50].
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Sparte prévoit une éducation pour les filles. Elle consiste principalement en un entraînement sportif, où les femmes s'entraînent nues comme les hommes, ce qui entraîne la moquerie des athéniennes dans Aristophane[51]. Ceci peut-être dans le but ultime de produire des mères fortes et saines, aptes à engendrer des enfants vigoureux[52]. Elle comprend également un apprentissage de la musique et de la danse, indispensables pour les fêtes religieuses.
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Les femmes spartiates se distinguent également des autres femmes grecques par leur mariage. Alors que les jeunes Athéniennes épousent à l'âge de 15 ans environ un homme qui en a le double[53], les Spartiates se marient rarement avant l'âge de 18 ans, et avec un époux du même âge qu'elles. La fidélité n'est pas une obligation, et fréquentes sont les femmes à avoir un enfant d'un autre homme, pour peu que leur mari soit d'accord. Le couple vit dans des communautés regroupant d'autres guerriers, et une trop grande intimité entre le mari et la femme, considérée comme un obstacle à la passion, n'est pas encouragée[54]. Le mariage lui-même se fait par enlèvement ; on rase ensuite le crâne de la jeune fille, qui est habillée en homme et laissée dans une pièce sans lumière où elle est rejointe par son époux, qui a quitté discrètement le banquet commun[55].
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Devenue mère, la femme spartiate est censée se conformer à un modèle héroïque dont les Apophtegmes lacédémoniens de Plutarque donnent de bons exemples. Dans ce recueil, on voit des Lacédémoniennes exhorter leurs enfants au courage, se réjouir de la mort glorieuse de leurs fils au combat et inversement s'indigner de les voir revenir en vie alors que les autres sont morts. Dans l'un des aphorismes les plus célèbres, une mère dit à son fils de revenir avec son bouclier ou sur son bouclier, c'est-à-dire vainqueur ou mort[56]. La réalité n'est pas si édifiante : lorsque Thèbes envahit Sparte après la bataille de Leuctres, les femmes s'enfuient[57], voire causent plus de désordres dans la ville que les ennemis[58].
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Le système politique spartiate, ainsi que le système d'éducation, sont censés être l'œuvre du mythique Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., bien que Plutarque le situe au IXe ou au VIIIe siècle av. J.-C. Fils d'un roi spartiate, ce dernier serait allé au sanctuaire de Delphes consulter la Pythie, et en aurait rapporté la future constitution spartiate, la Grande Rhêtra. Probablement non écrite, cette constitution est élaborée à l'issue des longues guerres de Messénie, qui fragilisent l'aristocratie et l'ensemble de la cité. Pour permettre à la cité de subsister, l’eunomie (égalité de la loi pour tous) est alors instituée, censée résoudre mécontentements et privilèges. Mais à la différence d'Athènes, l'eunomie est synonyme de grande discipline. Toutes les composantes de la cité font des sacrifices : la royauté, l'aristocratie, le peuple.
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Le système de Lycurgue fait coexister des éléments de quatre régimes :
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La crise du VIIe siècle av. J.-C. n'a pu être résolue que par la création d'une armée d'hoplites, succédant aux guerriers à cheval ou en chars peu nombreux. C'est la création de cette classe de citoyens, par l'absorption de l'aristocratie foncière dans la masse populaire, qui fonde l'isonomie.
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Cette absorption a été poussée très loin, afin de créer une égalité totale :
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L'assemblée est le rassemblement des Égaux. Elle est rassemblée à dates fixes.
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Les projets mis en forme par la gérousie lui sont soumis. Elle approuve ou non, sans les discuter (aucun citoyen ne prend la parole), les amendements proposés par les éphores. Elle vote les décisions par acclamations, ou, beaucoup plus rarement, par déplacement des votants, mais son vote ne lie pas la gérousie qui peut considérer que le peuple s'est trompé.
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Elle élit également les éphores et les gérontes, par un procédé qui paraît puéril à Aristote : des individus enfermés dans un lieu clos mesurent l'intensité des acclamations. Son fonctionnement réel nous est peu connu. On ignore si tous les Spartiates pouvaient y prendre la parole, par exemple pour proposer une loi ou un amendement, ou si l'assemblée se contentait d'élire les éphores et des gérontes.
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Pour Aristote, l'assemblée a un pouvoir si faible qu'il ne la mentionne même pas comme élément démocratique du régime spartiate.
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À partir de la réforme de Lycurgue au VIIe siècle av. J.-C., Sparte possède deux rois supposés égaux. L'un fait partie de la famille des Agiades, l'autre celle des Eurypontides, deux familles issues, selon la légende, de jumeaux descendants d'Héraclès. Les familles ne peuvent se marier entre elles, et leurs tombeaux se trouvent en des endroits différents[59].
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Le pouvoir royal se transmet au « plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir le plus royal »[60], c'est-à-dire que le fils passe avant le frère, qu'il y a droit d'aînesse mais que le fils né quand le père est déjà roi prime sur ceux pour lesquels tel n'est pas le cas. Néanmoins, il semble que les Spartiates interprètent de manière libérale cette règle de succession[61].
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Les pouvoirs des rois sont essentiellement militaires et religieux[62]. Au début, ils peuvent mener la guerre contre le pays de leur choix, et leur pouvoir est collégial[62]. En 506 av. J.-C., c'est le « divorce d'Éleusis » et par la suite, les rois mènent campagne seuls. C'est l'Assemblée qui vote la guerre au Ve siècle av. J.-C.[63], et au moins à partir du siècle suivant, les éphores décident de la mobilisation[64],[65]. Quoi qu'il en soit, le roi en campagne est le commandant en chef[66]. Il prime sur les autres généraux, peut conclure les trêves, et combat au premier rang à l'aile droite[67], protégé par une garde d'honneur de cent hommes[68].
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La gérousie est une assemblée de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, élus à vie par acclamation à l'Assemblée, après acte de candidature, et des deux rois[69]. Choisis en fonction de leur vertu militaire, les gérontes appartiennent pour la plupart aux grandes familles de Sparte. Cependant, chaque citoyen, sans condition de fortune ou de rang, peut se porter candidat. Ces différents critères de choix en font l'instrument du conservatisme.
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Ils jouent un rôle politique éminent : ils sont seuls à pouvoir préparer les lois, et à en avoir l'initiative[70]. Ils ont également l'équivalent d'un droit de veto sur les votes de l'Assemblée, probablement à une époque où les éphores peuvent aussi introduire des propositions de loi ; jusqu'au IIIe siècle av. J.-C., on ne connaît aucun veto de la gérousie[71]. Ils gèrent toutes les affaires de politique intérieure. Ils ne rendent pas de comptes.
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Ils constituent également le tribunal suprême, qui juge les crimes et prononce la peine de mort et la perte des droits civiques[70]. Réunis avec les éphores, ils peuvent même juger les rois[72].
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Les cinq éphores sont un directoire qui constitue de véritables antagonistes aux rois. La date de leur fondation n'est pas connue. Ils sont élus pour un an par l'assemblée, et non rééligibles.
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Comme leur nom — dérivé du verbe oraô, « surveiller » — l'indique, ils sont chargés de surveiller les rois et les habitants de la cité, et notamment de s'assurer du respect des traditions[73]. Ils peuvent infliger des amendes, des peines de prison (même aux rois) et ordonner des exécutions — notamment, faire exécuter sans jugement des Hilotes, comme pendant la kryptie[74]. Ils sont également chargés des affaires étrangères, exécutent les décisions de l'assemblée (qu'ils président), ordonnent la mobilisation et prennent d'eux-mêmes des décisions urgentes[75]. L'un d'entre eux (on ne sait comment il est choisi) donne son nom à l'année et aux documents officiels : on l'appelle ainsi l'éphore éponyme[76]. Susceptibles d'être choisis parmi les citoyens d'extraction modeste, ils sont un élément d'égalitarisme dans la société spartiate.
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Leur pouvoir est si grand qu'Aristote le qualifie d'« égal à celui des tyrans »[77],[78]. En fait, ils sont censés représenter le peuple : Cicéron les compare aux tribuns de la plèbe[79]. Tous les mois, les rois jurent de respecter les lois, et les éphores de maintenir la royauté[80]. Leur pouvoir a des bornes : ils ne sont pas rééligibles ; ils sont soumis à reddition de comptes sur initiative de leurs successeurs et peuvent être mis à mort à cette occasion[81].
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Le modèle économique de Sparte se fonde sur une idéologie contre-économique particulièrement poussée. En théorie, il est interdit aux Homoioi (Pairs) d'exercer une activité productive, domaine exclusif des Périèques et des Hilotes[82]. Ces derniers sont chargés d'exploiter le kleros (lot de terre) des Homoioi, auxquels ils versent une rente (apophora). Comme les Grecs en général, les Périèques se consacrent principalement à l'agriculture, et probablement aussi à l'artisanat et au commerce.
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En théorie toujours, la monnaie est bannie par une triple série de mesures. D'abord, elle est rendue inutile : les repas sont assurés en commun ; le luxe et les arts frivoles sont bannis. La plupart des échanges sont donc non-monétaires. Ensuite, la monnaie est rendue difficile d'emploi : les pièces d'or et d'argent sont proscrites ; seule existe une monnaie en fer (nomisma) de valeur très faible comparée à son poids, puisqu'il faut une brouette pour transporter la somme assez modeste de dix mines (cent drachmes), et qui n'a pas cours à l'extérieur de la cité. Enfin, les richesses sont censées être méprisées.
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En réalité, la plupart des historiens s'accordent à penser que la Sparte archaïque n'a pas connu de loi interdisant la monnaie[83]. Plusieurs témoignages attestent également que les Lacédémoniens utilisent à l'époque classique des monnaies frappées[83]. Au lendemain de la guerre du Péloponnèse, la cité s'interroge d'ailleurs sur l'opportunité d'émettre un monnayage d'argent[84]. Elle décide finalement de conserver sa monnaie de fer pour les échanges particuliers, et de réserver l'usage des métaux précieux aux affaires de l'État. Elle rejoint les rangs du reste de la Grèce au début du IIIe siècle av. J.-C., à partir du règne d'Areus Ier qui, à l'instar des monarques hellénistiques, émet des monnaies à son effigie et à son nom[85].
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Malgré l'égalitarisme de la réforme de Lycurgue, la richesse est distribuée de manière très inégale entre les Spartiates. Hérodote peut ainsi évoquer des individus « d'une naissance distinguée, et des plus riches de la ville »[86]. Au IVe siècle av. J.-C., Aristote note que certains possèdent de grandes richesses, alors que d'autres n'ont presque rien, et que les terres sont concentrées entre les mains de quelques-uns[87]. S'il faut en croire Plutarque, une centaine de personnes seulement possèdent de la terre au IIIe siècle av. J.-C.[88].
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Comme les autres cités grecques, Sparte accorde une prépondérance marquée au fantassin lourd, l'hoplite, au détriment des archers et des autres troupes légères, ainsi que de la cavalerie. Elle se distingue cependant en ce que tous les citoyens en âge de porter les armes (20-60 ans) doivent servir comme hoplites, et non la fraction la plus riche, comme c'est le cas ailleurs. Les Périèques (habitants du pourtour de Sparte) combattent également comme hoplites, et même des Hilotes : les 700 Hilotes commandés par Brasidas en Chalcidique, pendant la guerre du Péloponnèse, en sont récompensés par un affranchissement[89]. Par la suite, Sparte crée des unités de Néodamodes, des Hilotes portant l'armure lourde, employés en renfort et en garnison.
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Sur le champ de bataille, les hoplites sont groupés par sections, les énomoties, qui comptent normalement un représentant de chaque classe mobilisée — 35 avant la bataille de Leuctres, 40 après[90]. Elles se déploient par ordre d'âge croissant, les jeunes se trouvant donc au premier rang. Au Ve siècle av. J.-C., l'armée est groupée par sections, puis par compagnies (pentécosties), bataillons (loches) et régiment (mores), chaque unité étant commandée par un officier. L'ensemble forme la phalange qui se bat en une seule ligne profonde de huit à douze hommes, renommée dans toute la Grèce pour sa puissance et sa discipline.
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Cette discipline se nourrit de l'importance particulière accordée à la « belle mort », c'est-à-dire la mort au combat, avec des blessures par-devant. Le citoyen mort à la guerre a droit à une stèle inscrite à son nom, alors que les autres doivent se contenter de tombes anonymes[91]. Inversement, ceux qui survivent sont suspects ; la mise au ban du corps social attend les lâches, les tresantes. Cette idéologie héroïque n'est pas sans motivations pratiques : l'efficacité de la phalange repose sur sa cohésion. Rester ferme à son poste est donc un devoir civique, mais aussi un gage de survie.
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Sparte apparaît aux autres cités grecques comme une spécialiste du combat : décrivant la cérémonie des ordres donnés le matin par le roi à ses troupes, Xénophon note : « si vous assistiez à cette scène, vous penseriez que tous les autres peuples ne sont, en fait de guerre, que des improvisateurs, et que les Lacédémoniens seuls sont vraiment des artistes en art militaire »[92]. Ses critiques lui reprochent même de n'être que cela : pour Platon, l'organisation politique de Sparte est « celle d'une armée en campagne plutôt que de gens vivant dans des villes »[93]. Les historiens préfèrent aujourd'hui relativiser l'image d'une Sparte militariste[94]. En effet, comme dans toutes les cités grecques, l'armée spartiate n'est pas un élément distinct du corps social ; la discipline de la phalange est d'inspiration civique, et non l'inverse.
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La religion occupe à Sparte une place plus importante que dans les autres cités. En témoigne le nombre de temples et de sanctuaires mentionnés par Pausanias lors de sa visite de la ville : 43 temples de divinités (hiéron), 22 temples de héros (hêrôon), une quinzaine de statues de dieux et quatre autels[95]. Il faut y ajouter les monuments funéraires — nombreux puisque Sparte enterre ses morts à l'intérieur de son périmètre[96] —, dont certains sont aussi des lieux de culte : c'est le cas de ceux de Lycurgue, Léonidas Ier ou encore Pausanias Ier[97].
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Les divinités féminines jouent un rôle plus important qu'ailleurs : sur 50 temples mentionnés par Pausanias, 34 sont consacrés à des déesses[98]. Athéna, sous un grand nombre d'épiclèses, est la plus honorée de toutes. Apollon n'a que peu de temples, mais son importance est cruciale : il joue un rôle dans toutes les grandes fêtes spartiates, et le plus important monument religieux de Laconie est le trône d'Apollon à Amyclées.
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Un autre trait particulier est le culte voué aux héros de la guerre de Troie. Achille est, selon Anaxagore, « honoré comme un dieu »[99], et il a deux sanctuaires. De même, sont vénérés Agamemnon, Cassandre (sous le nom d'Alexandra), Clytemnestre, Ménélas ou encore Hélène.
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Sparte rend également un culte important à Castor et Pollux, les Dioscures, fils jumeaux de Zeus. Pindare en fait les « intendants de Sparte »[100], et la tradition fait de la cité leur lieu de naissance. Leur dualité rappelle celle des rois. Un certain nombre de miracles leur est attribué, surtout dans la défense des armées spartiates (ils partent en campagne aux côtés des rois, représentés par des amphores jumelles).
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Enfin, Héraclès est également à Sparte une sorte de héros national[101]. Il est réputé avoir aidé Tyndare à recouvrer son trône. C'est lui qui aurait bâti dans la cité le temple d'Asclépios. Les douze travaux sont amplement représentés dans l'iconographie spartiate. C'est typiquement la divinité des jeunes.
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Les prêtres jouissent d'une place particulièrement importante. Les deux rois eux-mêmes ont un statut de prêtres : ils ont la charge des sacrifices publics, qui sont très importants, surtout en temps de guerre. Avant le départ d'une expédition, on sacrifie à Zeus Agétor, au moment de passer la frontière, c'est à Zeus et Athéna, et avant la bataille, à Arès Ényalios. Le respect des rites, des fêtes religieuses et des signes divins se manifeste dans beaucoup d'anecdotes, où les Spartiates renoncent au combat devant des augures défavorables, ou des manifestations comme des tremblements de terre.
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La religion à Sparte frappe également par ses aspects archaïques. Ainsi, on trouve des survivances de cultes non anthropomorphiques : Boiai, en Laconie, vénère un myrte sous le nom d'Artémis Sôteira[102]. Pausanias parle également de 15 xoana en Laconie, dont 6 à Sparte — ce sont des statues de bois à la représentation grossière, antérieure à la religion olympique. L'archaïsme se retrouve également dans les fêtes religieuses spartiates (voir Gymnopédies, Hyacinthies et Karneia), et dans certains sacrifices, comme celui de chevaux à Hélios sur le mont Taygète[103].
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Le premier exemple d'alphabet laconien remonte au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. : c'est la dédicace d'une aryballe pointue en bronze retrouvée dans le Ménélaion[104]. La netteté des lettres, incisées sur une surface assez dure, implique une certaine habitude et permet de penser que l'alphabétisation était déjà bien répandue. On estime généralement qu'elle remonte aux environs de 775 av. J.-C[105].
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À la fin du VIIe siècle av. J.-C., Sparte s'enorgueillit de posséder l'un des plus grands poètes élégiaques grecs[106], Tyrtée. Son origine est discutée dès l'Antiquité ; la Souda, un dictionnaire byzantin, hésite entre une naissance à Sparte même et à Milet, en Ionie. On a conservé de lui des fragments de onze élégies, qui concilient l'idéal aristocratique hérité d'Homère et l'idéal de la cité. L'orateur Lycurgue note que les Spartiates partant en guerre se réunissent pour écouter ses poèmes[107]. À la même période, Alcman est amené à Sparte en tant qu'esclave, puis affranchi par son maître ; ses poèmes connaissent un succès tel qu'ils sont lus chaque année durant la fête des Gymnopédies[108].
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Sparte sait également faire venir des poètes reconnus, comme Thalétas, Terpandre ou Timothée de Milet. Diverses traditions les montrent apaiser par leurs chants une crise (stasis) secouant la société spartiate, faisant ainsi d'eux des précurseurs de Lycurgue. Au VIe siècle av. J.-C., selon la tradition, la cité accueille l'un des maîtres de la poésie lyrique, Stésichore[109]. On a conservé de lui un fragment d'une palinodie dans laquelle il nie qu'Hélène soit jamais allée à Troie[110], sans doute par égards pour les Spartiates qui la considèrent comme une déesse[111]. Au début du Ve siècle av. J.-C., Simonide de Céos écrit un éloge funèbre des guerriers tombés à la bataille des Thermopyles[112], que les Spartiates semblent déclamer chaque année devant un monument à ces morts, soit à Sparte, soit aux Thermopyles[113].
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Curieusement, Sparte ne fait plus venir de poètes après la venue de Stésichore et ne suscite aucun auteur en son sein[114]. L'illettrisme des Spartiates est d'ailleurs proverbial à l'époque classique chez les Athéniens[115]. En réalité, il est plus que probable que les rois, les officiers généraux, les éphores, les gérontes et les Hippeis sachent lire et écrire[116]. Pour ce qui est des citoyens ordinaires, Justin rapporte que pendant les guerres de Messénie, les soldats spartiates écrivent leur nom et patronyme sur des plaquettes de bois qu'ils attachent à leur bras[117] — sorte d'ancêtres des plaques d'identité militaires. Plutarque cite également des lettres envoyées par des mères spartiates à leurs enfants soldats[118]. Il est difficile de savoir si ces deux mentions sont authentiques ou non. De manière plus crédible, Aristophane évoque une poétesse spartiate, Clitagora[119], et Jamblique mentionne plusieurs pythagoriciennes spartiates[120].
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À l'époque hellénistique, Sparte s'ouvre de nouveau à la littérature et produit des « antiquaires », c'est-à-dire des érudits, qui se spécialisent dans les curiosités de leur propre histoire. Le plus connu d'entre eux, Sosibios, laisse une série de traités sur les cultes et coutumes spartiates, dont le grammairien Athénée préserve quelque fragments. Parallèlement, les familles aisées prennent l'habitude d'envoyer leurs fils à l'étranger pour parfaire leur éducation ; on trouve ainsi un certain « Gorgus le Lacédémonien » parmi les disciples du célèbre stoïcien Panétios de Rhodes[121]. À l'époque romaine, Sparte devient l'un des centres grecs d'études supérieures[122].
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L'art laconien fleurit surtout à l'époque archaïque ; ses principaux modes d'expression sont la céramique, le bronze et l'ivoire.
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La contribution laconienne à la sculpture est bien loin d'atteindre celle d'autres régions grecques, mais peut se comparer à celle de la Béotie. Sparte possède une école de style dédalique au VIIe siècle av. J.-C. dont la production subsistante consiste essentiellement en figurines de terre cuite. Les reliefs funéraires du siècle suivant sont relativement médiocres, mais la statue dite de Léonidas suggère que le reste de la production ait pu être de meilleure qualité[123].
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S'agissant de l'architecture, Thucydide note : « supposons, en effet, que Sparte soit dévastée et qu'il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long espace de temps, sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les générations futures »[124]. Pour autant, Sparte n'est pas dépourvue de tout monument, comme en témoignent les chapitres que consacre Pausanias à la cité[125] : on peut citer la Skias (570-560 av. J.-C.), odéon de forme circulaire, le temple d'Athéna à la Maison de Bronze (fin du IVe siècle av. J.-C.) ou encore la stoa perse, dont la construction a été financée par le butin des guerres médiques. Hors de Sparte même se trouve également le sanctuaire d'Artémis Orthia.
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La céramique laconienne est de style géométrique jusqu'au milieu du VIIe siècle av. J.-C. Le Laconien I se caractérise par un décor alternant carrés et points noirs sur l'embouchure du vase ou encore par des rangées de grenades ; le décor figuré se réduit quasiment à des lions.
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Le Laconien II conserve des motifs orientalisants mais introduit la figure noire, presque exclusivement destinée à l'exportation. Cette production atteint son apogée vers 560-550 av. J.-C. ; ses débouchés sont principalement Tarente, colonie de Sparte, mais aussi l'Étrurie, la Cyrénaïque ou le delta du Nil. Le kylix (coupe) à pied haut est la forme privilégiée. On peut identifier quelques grands artistes, comme le Peintre de Naucratis, le Peintre des Boréades, le Peintre d'Arcésilas, le Peintre des Cavaliers et le Peintre de la Chasse. Ce dernier cesse sa production vers 530 av. J.-C. Durant la même décennie, l'exportation de la céramique figurée laconienne prend également fin, supplantée par la céramique à vernis noir.
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Les artistes spartiates aiment à représenter Héraclès, le plus souvent comme un hoplite ordinaire, ainsi que les satyres, les divinités trônantes et les démons ailés. En revanche, ni Apollon, ni les Dioscures ne sont identifiés avec certitude sur les vases ; les scènes tirées de la guerre de Troie brillent également par leur absence.
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Sparte se distingue également, à l'époque archaïque, par son travail du bronze. Ses artisans coulent des figurines dont l'exemple caractéristique est le cheval dit laconien, remarquable par l'impression de stabilité et de puissance contenue qu'il dégage[126]. Il se caractérise par une tête très longue, une encolure courte et une base rectangulaire ajourée dotée d'un appendice sur laquelle repose la queue de l'animal. Il est réalisé à partir d'un modèle en cire dure ; le bronze, à forte proportion d'étain, est coulé par les naseaux dans un moule segmenté selon la technique de la cire perdue ; la figurine démoulée ne fait pas l'objet de reprises. Ce type de figure, daté du milieu du VIIIe siècle av. J.-C., prédomine parmi les ex-voto géométriques d'Olympie. La production de figurines de bonne qualité persiste jusqu'au Ve siècle av. J.-C.. Si les chevaux sont généralement conçus pour être autonomes, la plupart des autres figurines sont destinées à décorer des articles de luxe, comme les miroirs[123].
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Les artistes laconiens réalisent également de grands vases, dont peut-être le cratère de Vix, haut de 1,64 mètre, daté de la fin du VIe siècle av. J.-C. : son origine exacte est disputée, mais il traduit une incontestable influence laconienne.
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Sparte se distingue d'abord peu des autres cités grecques. Homère évoque dans le Catalogue des vaisseaux la « creuse Lacédémone »[7], entourée par les monts Parnon et Taygète où, dans l'Odyssée, Artémis est représentée menant la chasse[127].
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Dès la fin de l'époque archaïque, cependant, Sparte émerge du lot, d'abord pour la puissance de sa phalange, ensuite pour son système politique, que beaucoup de poètes et Hérodote considèrent comme un modèle d'eunomie, c'est-à-dire de justice et de bon ordre[128]. Hérodote ainsi représente le roi spartiate en exil Démarate avertissant Xerxès que les Spartiates sont « les plus braves de tous les hommes » et soulignant que « la loi est pour eux un maître absolu »[129]. Cependant, aucune cité ne se dote d'une constitution similaire, même parmi celles qui adoptent une forme oligarchique.
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L'admiration pour le modèle spartiate se développe particulièrement à Athènes. Le premier de ces « laconisants » est Cimon, qui appelle son fils Lacédémonios[130] et persuade en 464 av. J.-C. ses concitoyens de venir en aide à Sparte, frappée par un tremblement de terre[131].
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Les historiens contemporains Thucydide puis Xénophon, pourtant athéniens de naissance, décrivent de façon plutôt très positive le modèle spartiate et surtout l'attitude de ses généraux et rois pendant la guerre du Péloponnèse. Notamment, la prudence de Sparte, ses multiples offres de faire la paix, refusées par la démocratie athénienne[1], et finalement, le refus de Sparte vainqueur de détruire Athènes (ce qui était réclamé pourtant par ses alliées Corinthe antique et par Thèbes (Grèce))[132].
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Il y a bien entendu un recouvrement entre le fait d'être "laconisant" et celui d'être partisan d'un modèle oligarchique : Critias, chef de file des Trente à qui Sparte, vainqueur et occupant, donne le pouvoir en 404 av. J.-C., est décrit comme un « laconisant notoire »[133], pour qui la constitution de Sparte est la meilleure de toutes[134].
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Parmi les sources qui nous sont parvenues, pour essayer de trouver des critiques de Sparte, il faudrait aller jusqu'à chercher dans le domaine de la mythologie (par exemple, Euripide représente ses personnages spartiates de l'époque de la Guerre de Troie, Ménélas et Hermione, comme des êtres détestables, obnubilés par la richesse et le pouvoir, brutaux et fourbes[135]).
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Au début du IVe siècle av. J.-C., Sparte a donc totalement vaincu Athènes dans la longue guerre du Péloponnèse. Beaucoup de Grecs attribuent la victoire à la supériorité de l'organisation politique spartiate[136]. C'est le cas notamment de la Constitution des Lacédémoniens, attribuée à Xénophon, qui a combattu contre sa propre cité sous les ordres du roi Agésilas II à la bataille de Coronée et a fait subir à ses fils l'éducation spartiate. De son côté, mais de façon anecdotique, Platon dénonce la mode par laquelle, pour imiter les Spartiates, « on se meurtrit les oreilles, on se met des courroies autour des bras, on s'exerce sans cesse dans les gymnases, on porte des vêtements fort courts, comme si c'était par là que les Lacédémoniens surpassent les autres Grecs »[137].
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Platon connaît bien les laconisants pour les avoir abondamment fréquentés pendant sa jeunesse. Son attitude vis-à-vis de Sparte est mesurée : il loue l'eunomie et la sagesse spartiate, reposant sur le bon sens, mais il dénonce dans la République sa transformation en timocratie, c'est-à-dire en régime où la recherche des honneurs est le principal moteur[138]. Il regrette dans la première partie des Lois que la musique soit si négligée à Sparte, mais loue le régime politique spartiate pour l'équilibre des pouvoirs — d'abord entre les deux rois, puis entre les rois, la gérousie et les éphores —, qui constitue pour lui un juste milieu entre la démocratie et la monarchie[139].
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Aristote se montre relativement critique dans sa Politique. Pour lui, les Hilotes ne constituent pas une bonne solution pour permettre aux citoyens d'être dégagés du travail, parce que les Spartiates les craignent en permanence. Ensuite, il dénonce une trop grande liberté laissée aux femmes. Il met en avant l'ampleur des inégalités sociales, et le fait que les deux cinquièmes de l'État soient possédés par les femmes. Sur le plan politique, l'élection démocratique des éphores lui paraît dangereuse, parce qu'elle conduit à la sélection d'hommes pauvres, donc vénaux ; leur pouvoir lui semble tyrannique. La gérousie n'est pas épargnée : ses membres sont séniles, corrompus et enclins au favoritisme. Comme Platon dans les Lois, il reproche à Sparte de se concentrer exclusivement sur la vertu militaire : sa victoire face à Athènes lui est fatale parce qu'elle ne sait pas gérer la paix.
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À l'époque hellénistique, Sparte est un objet d'intérêt pour les amateurs de philosophie politique, qui tendent à l'idéaliser. L'un des élèves d'Aristote, Dicéarque, rédige une Constitution des Lacédémoniens que les Spartiates apprécient au point de la faire lire une fois par an à leurs jeunes gens. Les Pythagoriciens sont généralement laconisants. Le traité Sur la loi et la justice, attribué à Archytas de Tarente mais en réalité une œuvre hellénistique, fait de Sparte l'exemple du régime idéal, une constitution mixte combinant démocratie (les hippagrètes et les koroi, c'est-à-dire la garde personnelle du roi), l'oligarchie (les éphores) et la monarchie (les rois). De même, les Cyniques collectionnent les « apophtegmes lacédémoniens », qu'Aristote cite déjà dans la Rhétorique comme de bonnes maximes de morale pratique[140].
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Sparte exerce également un attrait hors de Grèce. Bon nombre de cités d'Asie mineure ou de la côte du Latium se prétendent, de manière assez fantaisiste, des colonies de Sparte. Le premier livre des Macchabées[141] et les Antiquités juives de Flavius Josèphe[142] rapportent tous deux une lettre attribuée au roi Areus Ier et envoyée au grand prêtre Onias Ier, dans laquelle Areus clame une origine commune entre les Spartiates et les Juifs. En 168 av. J.-C., le grand prêtre Jason, déposé, gagne Sparte dans l'espoir d'y trouver refuge grâce à cette parenté commune[143]. En Italie, les Sabins pensent être les descendants de Spartiates ayant quitté leur cité-mère par dégoût de son austérité[144].
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À Rome, un courant laconisant existe dès la république : Caton le Jeune prend les Spartiates pour modèles[145] ; Brutus renomme « Eurotas » un cours d'eau de son domaine à la campagne et affecte un style laconien quand il écrit en grec[146]. Les institutions romaines sont souvent comparées à celles de Sparte : les deux consuls rappellent les deux rois, tandis que le Sénat évoque la gérousie. Pendant l'Empire, les Stoïciens admirent l'austérité des Spartiates, leur refus de reconnaître la défaite et leur mépris de la mort. Plutarque rédige la biographie de Lycurgue, d'Agésilas II, Lysandre, Agis IV et Cléomène III, et collectionne les apophtegmes lacédémoniens. Par la suite, l'influence spartiate se fait moins marquée. La Seconde Sophistique s'intéresse principalement à Athènes, mais recourt encore à Sparte pour proposer des sujets de rhétorique : « Faut-il donner des murailles à Sparte ? », « Les prisonniers de Sphactérie doivent-ils être punis pour lâcheté[147] ? »
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À la Renaissance, Sparte, et non Athènes, est considérée comme l'archétype des valeurs morales de l'Antiquité. L'humaniste italien Vergerio vante les mérites éducatifs de Sparte dans son traité (vers 1402) concernant l'éducation des jeunes princes. En 1436, Cyriaque d'Ancône visite les ruines de la ville et se lamente de la disparition de « cette noble cité », symbole de la « vertu humaine » et « célèbre pour la probité de son âme »[148]. Lacédémone devient le symbole du régime mixte dans les cités-États italiennes, et le contre-modèle de l'absolutisme royal en France, notamment dans la pensée protestante, principalement celle des monarchomaques. Le modèle spartiate se diffuse ensuite sous l'influence des nombreuses traductions de Plutarque[149].
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À travers Platon et Plutarque, Jean-Jacques Rousseau considère Sparte comme « le type même de la société politique juste » et « l'État où la vertu a été la plus pure et a duré le plus longtemps », selon l'universitaire Paule-Monique Vernes ; il la préfère ainsi à Athènes[150],[151]. Seuls Voltaire et le baron d'Holbach, parmi les plus connus, préfèrent la démocratie d'Athènes [152]. La Révolution française se réfère beaucoup à Sparte jusqu'à la chute de Robespierre. Celui-ci s'y réfère en effet abondamment, retenant « la cohésion de la société et du corps politique » de Lacédémone, tout en prenant parfois ses distances avec ce modèle. Après sa mort, les républicains délaissent Sparte, jugée étouffer la liberté sous l'autorité, au profit d'Athènes et de Rome, excepté quelques réminiscences chez Gracchus Babeuf et les « Égaux ». En réaction, c'est alors au tour du théoricien contre-révolutionnaire Joseph de Maistre de reprendre le référent spartiate. Une partie de l'érudition allemande (Karl Ottfried Müller, particulièrement dans les Doriens, et Werner Jaeger), et certains Français comme Maurice Barrès (Le Voyage de Sparte) y voient le génie de la « race » dorienne, l'« incarnation d'une politique consciemment raciste, guerrière et totalitaire »[153],[149],[154]. Au contraire, l'historien Henri-Irénée Marrou dénonce le « mirage spartiate »[155] : « loin de voir dans l'ἀγωγή une méthode sûre pour engendrer la grandeur, j'y dénonce l'impuissance radicale d'un peuple vaincu qui s'illusionne ». Pour lui, le malheur de Sparte est d'avoir mûri trop tôt. En voulant préserver l'héritage de l'époque archaïque, où Sparte connaissait aussi bien l'éducation militaire que les arts, elle s'est « crispée dans une attitude de refus et de défense, elle n'a plus connu que le culte stérile de la différence incommunicable ».
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En 1928, Adolf Hitler écrit que Sparte est le modèle du Troisième Reich à venir en tant que « premier État raciste » de l’histoire et archétype de l’État aryen. Après la Seconde Guerre mondiale, Sparte est mobilisée par l'écrivain fasciste Maurice Bardèche, qui entend ainsi montrer que l’extrême droite radicale n’est pas réductible aux États qui viennent de s’écrouler[154]. Maxime Rosso explique ainsi cette évolution :
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En France, Les Identitaires usent dès lors abondamment de références spartiates[154]. En Grèce, le parti d'extrême droite Aube dorée se défend des accusations de références au nazisme en affirmant que ce dernier a copié les Gréco-Romains, et en particulier Sparte, qui seraient son véritable modèle[154]. Sa perception populaire change avec la réinterprétation occidentalisée de Frank Miller, auteur en 1998 de la bande dessinée 300 adaptée au cinéma en 2006 ou encore celle du studio The Creative Assembly dans le jeu vidéo Spartan Total Warrior sorti en 2005[156].
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Un des premiers Occidentaux à avoir visité Sparte fut, en 1436, Cyriaque d'Ancône[148].
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On sait qu'au début des années 1620, Sir Thomas Roe, ambassadeur de Charles Ier à Constantinople employa divers agents « archéologues » qui parcoururent l'Empire ottoman. Il avait été en effet chargé de constituer des collections d'antiquités pour différents patrons, concurrents : le roi lui-même et deux de ses favoris Arundel et Buckingham. Un des agents de Roe explora les îles de l'Égée, Athènes et Sparte. Il acheta de nombreuses antiquités et des marbres. Cependant, il est impossible d'en savoir plus. Sa mort à Patras avant qu'il ait pu envoyer sa cargaison à Roe empêche d'en savoir plus[157].
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Le célèbre Lacédémone ancienne et nouvelle, Où l'on voit les Mœurs, & les Coutûmes des Grecs Modernes, des Mahométans, & des Juifs du Pays… Par le Sieur de la Guilletière., publié à Paris en 1676, un an après la description d'Athènes par le même auteur, de Guillet qui prétendait utiliser les souvenirs de son frère qui aurait voyagé dans l'Empire ottoman, était un faux (comme la description d'Athènes) conçu à partir de divers ouvrages d'érudits n'ayant jamais quitté leur cabinet[158]. Au contraire, la description par le commerçant britannique, Bernard Randolph, datant de 1687 est fiable. Il était sur place. Mais, il était plus intéressé (en tant que commerçant) par les réalités économiques que par les antiquités. Il nous apprend donc que la plaine de Sparte « est plaisante, remplie de petits villages, d'oliviers et de mûriers »[159].
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L'abbé Fourmont, envoyé en Grèce par Louis XV, revint avec de nombreuses inscriptions, dont une grande partie qu'il affirmait provenir de Sparte. Il fut prouvé en 1791 qu'elles étaient fausses, ce qui conduisit à remettre en cause l'ensemble de ce que Fourmont avait rapporté. Sa première lettre de Sparte est datée du 20 avril 1730. Le site était pratiquement vide. La cité ayant eu peu de bâtiments dans l'Antiquité, il ne restait presque rien au début du XVIIIe siècle. Ce fut peut-être pour cette raison que Fourmont commença alors à suppléer à l'absence par l'invention. Il prétend dans sa lettre avoir engagé une trentaine d'ouvriers, ne pas passer un jour sans faire de découverte, parfois découvrir plus de vingt inscriptions par jour, avoir des listes complètes d'éphores, prêtres et prêtresses, gymnasiarques, etc., avoir découvert les tombes de Lysandre et Agésilas. Il décrit la ville comme « une carrière d'inscriptions sur marbre [qu'il] exploite sans vergogne, renversant ses murs et ses temples ». Il y resta cependant jusqu'en juin 1730[160].
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La connotation militariste, l'usage de la symbolique spartiate par de nombreux mouvements nationalistes ou encore d'extrême-droite ou encore la controverse autour de l'interprétation de la constitution de la cité antique ont pu selon l'historien britannique Steve Hopkinson[161] spécialiste du sujet ralentir l'activité internationale de recherche qui jalonne le sujet spartiate tout au long des XIXe et XXe siècles. Le sujet serait alors relancé dans les années 1990 avec notamment la conférence internationale de 1997 sur l'histoire spartiate à Hay-on-Wye.
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Le lac Érié est l'un des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord. Il est bordé à l'est par les États américains de l'Ohio, de Pennsylvanie, de New York au sud, du Michigan à l'ouest et de la province canadienne de l'Ontario au nord.
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Mesurant 388 km de long, d'ouest en est, sur 92 km du nord au sud, il s'étend sur 25 700 km2 et présente 1 377 km de rives. Il est le deuxième plus petit des Grands Lacs (le lac Ontario étant le plus petit), mais néanmoins le 13e lac naturel du monde. Situé à l'altitude de 174 m, il possède un volume de 483 km3.
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Le lac comporte trois zones de profondeurs distinctes : l'extrémité ouest jauge environ 7 m en moyenne et est caractérisée par des hauts fonds et récifs ; la partie centrale plus importante en superficie atteint 18 m ; la profondeur plonge à 27 m dans la partie est du lac avec un maximum de 64 m dans les fosses profondes[2]. Relativement peu profond dans son ensemble, avec une moyenne de 19 m, il gèle donc fréquemment l'hiver mais fond rapidement au printemps et se réchauffe en été.
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Le lac Érié est une dépression creusée par le passage des glaciers[8], et il a pris sa forme actuelle il y a moins de 4 000 ans, ce qui est très récent en termes géologiques. Auparavant, le site avait connu une histoire géologique complexe : il y a plus de deux millions d'années, un fleuve s’écoulant vers l’est et préexistant aux glaciations du Pléistocène avait dessiné une large plaine alluviale. Cette vallée a été comblée au passage des premiers grands glaciers, qui ont aussi élargi et creusé la dépression, réceptacle qui est devenu un lac. Ces glaciers ont arraché davantage de sédiments sur l’extrémité orientale car le substrat y est fait de shale, roche plus tendre que les roches carbonatées (dolomite et craie) de la moitié occidentale. Ainsi, le centre et l’est du lac sont aujourd’hui plus profonds que la moitié occidentale (profondeur moyenne de 8,30 m), elle-même plus riche en coquillages et en poisson[9]. Le lac Érié est le moins profond des Grands Lacs car la banquise, moins épaisse, y a moins érodé la roche.
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C'est la formation et le retrait de langues glaciaires successives qui a donné au lac son aspect actuel ; chaque recul a laissé un lac au cours de l’interglaciaire. Le pénultième de ces lacs, dit « Lac Warren », s’est maintenu entre 13 000 et 12 000 ans. Il était plus profond que l’actuel lac Érié, et ses berges débordaient de 13 km à l’extérieur du lac actuel. Les berges de ces lacs préhistoriques ont abandonné de grandes barrières de sable qui coupent les marécages et que les Indiens, puis les pionniers, ont empruntées pour traverser la région. Les pistes des nomades sont devenues des routes : ainsi l’U.S. Route 30 à l’ouest de Delphos et l’U.S. Route 20 à l’ouest de Norwalk et à l’est de Cleveland. On peut encore voir l'une de ces dunes dans la Région des Oak Openings dans le Nord-ouest de l'Ohio. À cet endroit, le fond sableux du lac asséché ne permettait pas la colonisation par d'autres essences que des chênes, ce qui a donné naissance à une savane de chêne[10], dont on n'a que de rares exemples en Europe (Estramadure).
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Les Français nommèrent cette étendue d'eau à la fois « lac Érié » et « lac de Conty »[11] ; on trouve aussi « lac de la Nation du Chat »[12] et Teiocharontiong. Le lac Érié porta plusieurs autres noms, qui sont répertoriés par le U.S. Geological Survey[13].
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Les graphies Herye ou Erri sont parfois utilisées[14]. Dans ses Mémoires (1703), le baron de Lahontan indique que le « lac Herrié » se décharge dans le lac Frontenac[15].
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On trouve aussi le nom Orswego ou Okswego[16]; lac Felis[17].
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Les Amérindiens Érié vivaient à côté de ce grand lac. À l'époque de la Nouvelle-France, les Français nommèrent ce peuple la Nation du Chat, car en langue iroquoise, erie désigne le puma Puma concolor.
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Étienne Brûlé fut le premier Européen à voir ce lac [18] lors de son voyage en 1615[19].
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Il reçoit la rivière Détroit, émissaire du lac Huron (176 m) par l'intermédiaire du lac Sainte-Claire et se déverse en direction du lac Ontario (75 m) par la rivière et les chutes du Niagara.
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Son bassin versant couvre des parties entières des États de l'Indiana, du Michigan, de l'Ohio, de la Pennsylvanie, de New York et de la province de l'Ontario. Il demeure le plus exposé aux effets de l'urbanisation, de l'industrialisation, de l'élevage et de l'agriculture intensive. En raison de ses sols fertiles, il est intensivement cultivé et s'avère le plus urbanisé des cinq bassins des Grands Lacs. En conséquence le lac Érié est l'une des étendues d'eau parmi les plus polluées d'Amérique du Nord.
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Géographiquement avant-dernier des cinq grands lacs tributaires du lac Ontario, le lac Érié a été considéré comme gravement hypothéqué du point de vue de la santé des espèces aquatiques sous-marines vivantes et des plantes marines dès le début des années 1970 en raison de l'augmentation d'algues ; les effets nocifs de la pollution ont eu pour résultat la quasi-destruction de toute forme de vie et on a craint grandement que le lac ne s'eutrophie. Confrontés à ce scénario catastrophique, les divers intervenants du milieu se sont concertés en vue de renverser la situation par des mesures draconiennes.
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Ainsi l'Accord canado-américain relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs et l'Accord Canada-Ontario (ACO) concernant l'écosystème du bassin des Grands Lacs furent conclus et les efforts ont porté leurs fruits dès les années 1980 par la revitalisation du lac à tous les niveaux, économiques et environnementaux. Les éléments nutritifs retrouvèrent des niveaux durables acceptables. Les éclosions d'algues ont été stoppées et, 10 ans plus tard, les eaux sont à nouveau limpides. Les poissons sont revenus, ressuscitant une industrie des pêches mal-en-point.
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Cependant la bonne santé du lac Érié demeure fragile et reste l'objet d'une haute surveillance constante, des indicateurs de qualité étant redevenus alarmants au cours des années postérieures. Ainsi on a mis sur pied le Plan du millénaire canado-américain pour le lac Érié, qui met à contribution scientifiques et chercheurs canadiens et américains en vue de comprendre les forces en jeu à l'intérieur du bassin versant et de définir les mesures correctives à prendre ; le mandat fut ainsi donné de conserver la santé du lac. Parallèlement, en 2001, on a élaboré un plan global, le Plan d'aménagement panlacustre du lac Érié (ou PAP), fondé sur la prévention.
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Le lac Érié doit à ses caractéristiques topographiques d'être un paradis de la pêche : plus de 140 espèces différentes fraient dans les eaux de son bassin hydrographique. La pêche sportive y a de nombreux adeptes et la pêche commerciale y demeure la plus productive des Grands Lacs. On y retrouve les pêcheries en eau douce les plus riches au monde. La pêche commerciale pratiquée y est plus florissante que tous les autres Grands lacs réunis avec près de 20 000 t par an, et représentent 80 % des récoltes de pêche commerciale en Ontario (surtout de la perchaude et du doré jaune)[20].
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Les autres espèces indigènes comprennent : poisson-castor, grand brochet, barbotte jaune, malachigan, éperlan arc-en-ciel, bar blanc, achigan à petite bouche, maskinongé (poisson) et même l'unique sucet de lac[21]. Des espèces exotiques ont infesté les eaux du lac à cause de la pollution dont la carpe, le goujon de mer et le clodocène épineux, qui viennent hypothéquer la survie des poissons indigènes. Ainsi, par le passé, des essais d'introduction de poissons dans les Grands Lacs ainsi que l'arrivée massive des navires océaniques, dès l'ouverture de la voie maritime, procédant au déversement d'eaux de ballasts, ont contribué à l'insertion de nouvelles espèces invasives[22],[23].
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Les ornithologues du monde entier viennent en masse autour du lac Érié pour profiter de cet emplacement privilégié sur les vols principaux des oiseaux migrateurs.
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Trois sites privilégiés le parc national de Cuyahoga Valley (Ohio) (USNPS), la réserve nationale de faune de Long Point[24] (Ontario) (SCF) et le Parc national de la Pointe-Pelée (Ontario) (APC) accueillent plus de 360 espèces durant la migration des oiseaux, y étant protégés en vertu de la convention concernant les oiseaux migrateurs.
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Le lac Érié est relié au lac Ontario grâce au canal Welland depuis 1932. Cependant la voie maritime qui s'étend de Montréal jusqu'au lac Érié, incluant le canal Welland, a été inaugurée le 25 avril 1959. La région fut ainsi l'objet d'un essor économique majeur immédiat. Depuis, les administrations portuaires se sont dotées en 2003 d'une corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent soit l'Autoroute H2O qui contrôle l'impressionnant trafic maritime de marchandises des navires océaniques de l'océan Atlantique aux Grands Lacs[25].
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La navigation dans le lac Érié est rendue précaire à cause des hauts-fonds et aux lames de fond provoquées lors d'intempéries. De nombreux naufrages témoignent de destins tragiques de par l'implacabilité des éléments naturels tels que vents et ouragans.
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Les plus grandes villes portuaires situées sur ses rives sont :
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Le papillon Monarque a l'habitude de se nourrir sur les rives nord du lac Érié avant sa migration annuelle en direction sud vers le centre du Mexique où il se reproduit. Il migre dans les deux sens chaque année, en mars vers le nord et en novembre pour le retour au Mexique[26],[27],[28].
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Plusieurs lieux touristiques se trouvent aux abords du lac dont :
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La chasse est la traque d'animaux dans le but de les capturer ou de les abattre, les manger ou les détruire[1]. Quand la chasse est soumise à une réglementation, la pratique de la chasse en dehors de son cadre légal est appelée braconnage. Les opérations de destruction sont soumises au droit de destruction, qui diffère pour partie du droit de chasse. La cynégétique est l'art de la chasse. Le mot chasse peut ou pouvait aussi désigner des terrains de chasse, l'IGN possède par exemple une « Carte des chasses du roi », levée de 1764 à 1773 et de 1801 à 1807 sur ordre de Louis XV[2] et à partir d'une carte antérieure du Duché de Rambouillet.
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Juridiquement, la chasse a aussi une dimension d'appropriation d'animaux sans propriétaires légaux par un individu ou un groupe d'individus (Res nullius dans le droit). Ainsi en 1845, selon J. Perrève (ancien procureur du roi et juge, « la chasse, qui est un titre d'occupation, un moyen originaire, primaire d'acquérir la propriété, est l'action de les rechercher, de les poursuivre, de s'en emparer par force, par ruse ou adresse, soit au moyen d'engins, soit à l'aide d'animaux domptés pour l'usage domestique ou dressés à cette fin »[3].
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Le chasseur est défini par le Codex alimentarius comme une personne qui participe à l'abattage du gibier et/ou à la saignée, à l'éviscération partielle et à l'habillage partiel sur le terrain des animaux abattus[4].
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La pratique de la chasse par les premiers représentants du genre Homo fait encore débat au sein de la communauté scientifique[5],[6]. Selon certains archéologues et paléontologues, l'analyse des traces d'outils et des ossements fossiles montre que nos ancêtres ont également consommé des cadavres d'animaux morts naturellement[7],[8],[9] ou des animaux blessés ou malades qu'ils achevaient plus facilement. Avec des armes de chasse médiocres (massue, épieu en bois) et à fortiori avant leur usage, il est possible qu'ils aient pratiqué la chasse à l'épuisement aux gros mammifères (antilopes, zèbre, gnou), courant à une vitesse moyenne de 2,5 – 6 m/s pendant des heures et sur 10 à 20 kilomètres. L'homme est en effet un coureur de fond doté d'une grande endurance grâce à deux caractéristiques fondamentales : capacité de courir sur de longues distances à des vitesses exigeant des quadrupèdes qu'ils passent du trot au galop ; capacité, pendant la course, d'abaisser sa température en transpirant, alors que les quadrupèdes le font en haletant, ce qui leur est impossible quand ils galopent[10].
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La chasse est clairement attestée dans les gisements archéologiques liés à l'homme de Néandertal[11],[12],[13]. À Coudoulous et à La Borde, les Néandertaliens ont utilisé des avens comme pièges naturels pour abattre de nombreux grands bovidés (bisons et aurochs). Elle est également probable pour des périodes antérieures[14].
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Le piégeage de petits animaux est une pratique très ancienne. Des populations préhistoriques ont pratiqué une chasse quasiment monospécifique (mammouth, renne) à tel point que certains auteurs ont évoqué une chasse spécialisée. Il semble que les chasseurs-cueilleurs suivaient leur gibier, remontant vers le nord l'été et revenant au sud bénéficier d'un climat plus doux l'hiver. Cette pratique a encouragé un nomadisme que les Inuits et certaines tribus amérindiennes pratiquaient encore il y a peu, mais qui n’existe pratiquement plus, les grands animaux (sauf les oiseaux migrateurs) étant par ailleurs totalement limités dans leurs déplacements par une fragmentation écopaysagère croissante, principalement due au morcellement du paysage par les infrastructures de transports (autoroutes, TGV clôturés, canaux aux berges infranchissables, etc.).
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Au paléolithique, durant cette période de nombreuses avancées sont apparues comme le javelot de bois, l'épieu en if ou encore le propulseur permettant de catapulter des sagaies avec plus de force. Les armes assez variées ont permis de chasser toutes sortes de gibiers[15].
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Au mésolithique de nouvelles méthodes de chasse font leur apparition comme la chasse et la pêche au filet. Mais aussi de nouvelles armes comme l'arc une arme très importante pour l'époque.
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Avec l'apparition du mode de vie sédentaire et de l'élevage, l'importance de la chasse en tant que moyen de subsistance diminua pour une grande partie des populations. Déjà dans certaines cultures antiques, la chasse n'était plus considérée que comme un passe-temps. De plus en plus, elle ne fut souvent pratiquée que par une petite partie de la population[16].
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De nombreux écrits sont depuis l’Antiquité consacrés aux techniques cynégétiques et de piégeage. La notion de droit de chasse est évoquée pour la première fois dans le recueil de coutumes des Francs Saliens (riverains de la Sala ou Yssel) écrit sous Clovis (époque mérovingienne) et dénommé ultérieurement « loi salique ». L'évolution de ce concept s'est articulée alternativement à travers des périodes de permissivité et de restriction, voire de prohibition.
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Au Moyen Âge, la chasse était de plus en plus devenue un privilège de la noblesse et des dignitaires de l'État ou du clergé. À cette époque s'est formalisé ce privilège : la chasse au grand gibier était réservée aux nobles et le petit gibier (lièvres, volatiles) laissé au reste de la population. Certaines zones étaient réservées à la chasse Royale.
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En France au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, la chasse est un plaisir de gentilhomme et un privilège seigneurial. Les rois sont grands chasseurs et entretiennent des équipages importants. Être admis aux chasses du roi est un des plus grands honneurs de la Cour. Louis XIII, qui a appris la lecture dans les ouvrages de vénerie, pratiquait quotidiennement toutes les chasses[17] et chassa beaucoup en Sologne.
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Le seigneur haut-justicier a ce droit dans l'étendue de sa haute-justice, le seigneur local dans sa seigneurie. Les roturiers n'ont pas ce droit sauf s'ils ont acheté un fief, une seigneurie ou une haute-justice (ordonnance sur les eaux et forêts de 1669). Les seigneurs ecclésiastiques, les dames hautes-justicières (pratiquant la chasse au vol), les nobles âgés sont tenus de faire chasser afin de réduire le surplus de gibier nuisible aux cultures (ordonnance de juillet 1701).
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Des espaces sont spécialement aménagés pour l'exercice de la chasse. Les garennes sont des parcs fermés, initialement dévolus à toutes sortes d'animaux, avant que le terme désigne spécialement un espace dévolu à l'élevage et à la chasse au lapin (XIIIe – XIVe siècle). Au XVIe siècle, les rois puis les aristocrates commencent à gérer leurs forêts avec des objectifs cynégétiques, notamment pour la vénerie[18].
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Les braconniers sont craints surtout à cause de l'éventualité du port d'armes. Les contrevenants sont sévèrement punis. L'édit de 1601 prévoit l'amende et le fouet pour la première infraction, le fouet et le bannissement pour la première récidive, les galères et la confiscation des biens à la seconde récidive, la mort en cas de troisième récidive. L'ordonnance de 1669 écarte la peine de mort. Les garde-chasse n'ont pas le droit au fusil. Les registres des cahiers de doléances montrent cependant que la verbalisation est beaucoup plus importante pour les délits forestiers que pour les délits de braconnage[17].
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Pour permettre l'existence du gibier, il est interdit de moissonner avant la Saint-Jean, d'enlever les chardons, d'enclore par des murs les terres. Il faut planter des haies d'« épines » auprès des forêts royales. Il est interdit de tuer les lapins sauf sous la direction des agents des eaux et forêts (les capitaineries).
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Afin de protéger le travail des paysans et les récoltes, les chasseurs ne doivent pas passer dans les terres ensemencées et lorsque les céréales sont en « tuyaux ». Les vignes sont interdites de chasse du 1er mai jusqu'aux vendanges. Mais ces interdictions sont peu observées. Le droit de chasse, privilège et activité de détente, est un des plus haïs par les paysans car ils voulaient se défendre contre les « animaux féroces » (ours, loups) et les « animaux nuisibles » (sangliers, oiseaux granivores s'en prenant à leurs récoltes) en chassant eux-mêmes, sachant qu'il y avait peu d'indemnités pour les dégâts agricoles.
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Il existait cependant quelques chasses populaires accordées aux populations dans les provinces récemment annexées ou aux bourgeois qui avaient payé pour cela un droit particulier. Seuls certains animaux dangereux (sanglier, cerf)[19] étaient l'exclusivité des nobles[17].
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À la Préhistoire, il fallait une bonne dose de bravoure pour affronter les animaux quasi à mains nues dans les contrées hostiles des forêts primaires. Avec la pierre, ensuite le bronze et le fer, la lance, l'arc et le couteau, ensuite le fusil et le fusil à lunette, les chances pour les animaux d'échapper au chasseur se sont au cours des temps progressivement amoindries. De plus les espaces sauvages se sont réduits comme peau de chagrin, morcelés par l'agriculture et les friches industrielles.
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Les usages liés à la chasse, la peur de l'inconnu, la confrontation à la mort, le sang versé, ont eu toutefois le temps d'imprégner durablement les usages, les croyances et les rites. Les mythes fondateurs évoquent souvent la chasse que des Dieux ou des animaux auraient enseignée à l’Homme. Les religions recèlent de traditions liées à la chasse: Arduinna, Abnoba et Vosegus dans la tradition celtique, Odin ou Wotan dans les mythologies nordique et germanique se met en scène dans d'invisibles « Chasses fantastique, » Artémis dans la mythologie grecque, Diane dans la mythologie romaine, déesse et non pas dieu pour une discipline de tout temps masculine, saint Hubert de la même manière que saint Eustache et le cerf crucifère dans la tradition chrétienne. L’opposition biblique de Caïn et Abel pourrait être vue comme le reflet de la supplantation du chasseur-cueilleur par l’agriculteur éleveur[réf. nécessaire]. La Grande Muraille de Chine elle-même a été interprétée comme une marque de séparation entre peuples cultivateurs sédentarisés et les nomades chasseurs. La chasse a souvent une importance rituelle ou initiatique pour les jeunes adultes, comme c'est encore le cas chez certains groupes humains. Pour être reconnu comme adulte, le jeune Inuit devait affronter et tuer un ours blanc adulte avec un couteau ou un poinçon[réf. nécessaire].
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Le chasseur chassé par son gibier est un thème récurrent de l'imaginaire[20]. Ainsi Actéon, chasseur célèbre de la Grèce antique est métamorphosé en cerf fuyant ses propres chiens qui ne le reconnaissent pas. De chasseur, Actéon devient gibier. Ovide dans les métamorphoses écrit à son sujet: « Ses chiens l'ont aperçu (...). Cette meute avide de la curée(...) poursuit le jeune homme(...). Il fuit dans ces mêmes lieux où il a si souvent poursuivi le gibier; hélas oui il fuit ceux qui étaient à son service »[21].
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Les métamorphoses du chasseur en gibier ne sont pas inconnues du Moyen Âge. Dans les marges à drôleries des manuscrits gothiques, les enluminures substituent au chasseur, le chien de chasse, le lapin et surtout le singe. Ou bien on substitue au gibier, le chasseur ou ses chiens. Le singe fauconnier est souvent représenté juchant un âne tenant non pas un faucon mais une chouette. La chouette est un des oiseaux les plus méprisés du Moyen Âge et partage avec le singe une réputation de laideur physique et morale. Quant à l'âne il partage avec le singe une réputation de lubricité qui ne s'est jamais démentie. Dans un manuscrit anglais, cette image est commentée par un proverbe qui implique que ces animaux ne valent rien : « Neyther no less than an ape and an owl an ass »[22]. Dans les décrétales de Smithfield, datant de 1330, la punition du chasseur fait l'objet d'un véritable cycle. Un chasseur est terrassé par un lièvre ou un lapin, puis attaché et conduit devant le juge. Condamné à mort, il est mené au gibet puis décapité[22].
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Ces substitutions ont pour but d'être drôles ou didactiques. Elles renversent les valeurs attribuées à la chasse ou à la fauconnerie. Elles ont souvent un contenu sexuel. Dans le Cligès de Chrétien de Troyes, les enluminures transforment un gibier particulier en chasseur, spécialement affecté à la symbolisation du sexe féminin[22].
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À l'origine, la chasse est une source de nourriture carnée mais aussi de ressources diverses telles que la peau, la fourrure, la corne, les bois, l'os, les tendons, les dents, etc. Dans les régions arctiques, pour les Inuits, c'était jusqu'à il y a quelques décennies la seule source de nourriture hormis la pêche.
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La chasse a pu aussi avoir comme fonction de repousser ou d'éliminer des prédateurs dangereux pour l'homme, tels que le lion des cavernes ou l'ours des cavernes, qui ont pu être en compétition avec l'homme pour occuper certaines cavités où hiverner. Les prédateurs menaçant son cheptel domestique (loup, lion, tigre…) ont longtemps été pourchassés, souvent jusqu'à leur extinction dans les grandes régions d'élevage.
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Avec la révolution néolithique et l'avènement de l'élevage, hormis dans les forêts tropicales et dans les régions polaires, la chasse pour la subsistance perd en importance.
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Dans les sociétés occidentales, la chasse, retrouve parfois sa fonction originelle dans les périodes de disette, toutefois avec le monde moderne, l'élevage et l'économie de marché, la chasse dans sa vocation originelle devient quasi inutile.
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Au Moyen Âge, la chasse se transforme peu à peu en simple activité de loisir, souvent réservée aux classes dominantes, la noblesse, puis les notables en Europe, avant de se démocratiser, après la Révolution en France. Toutefois, la chasse reste très prisée dans les classes dominantes, y compris la noblesse, où on la considère souvent comme un signe distinctif.
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L'ethnologue replace la cynégétique dans l'imaginaire occidental et sa représentation du Sauvage. Le chasseur « qui a ça dans le sang » affronte dans des espaces réputés dangereux, des animaux demeurés sauvages, c'est-à-dire exclus de l'élevage. Le chasseur s'oppose de cette manière au viandard qui va pratiquer la chasse dans des espaces clos sur des animaux domestiqués. Le sang du chasseur est assimilé à un flux sauvage semblable au sang noir des gros gibiers. « Le « sang noir » est le principe de la formidable vigueur sexuelle qui caractérise cerfs et sangliers. En période de rut, cette substance s'échauffe, « bouillonne », et rend la traque encore plus dangereuse »[23]. En tuant l'animal, le chasseur s'approprie les vertus de sa victime, il récupère le massacre pour s'en faire un trophée. Dans sa fonction rituelle la chasse est une épreuve de virilité, dans certaines traditions, Scandinaves, Grecques et romaine notamment elle s'accompagne d'une ivrognerie rituelle. Dans diverses sociétés, il arrive que le tueur héroïque châtre sa victime ou boive son sang[23].
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Le XVIIIe siècle les philosophes naturalistes, Jean-Jacques Rousseau en tête, revendiquent la prééminence de la nature sur l'homme et s'opposent à toute destruction d'éléments naturels. L'écologisme procède de cette philosophie. L'autre courant, traditionaliste, admet que l'homme éprouve la nature dans des actes périlleux avec les êtres sauvages. Ces deux courants s'affrontent régulièrement sur les thèmes de la chasse et de la corrida. Le sang versé lors de la chasse, rejoignant en cela la corrida, semble de plus en plus gratuit pour tous ses opposants, bien que ce soit le même sang qui est déversé dans les abattoirs industriels. C'est pour ceux qui le soutiennent une manière de sauver sa vertu au-delà des artifices du monde moderne[23].
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La taille des ramures du cerf est à la mesure de sa puissance. En portant son choix sur un tel animal, le chasseur s'éloigne de la fonction régulatrice de la chasse, puisqu'un cerf à la ramure épanouie est aussi un cerf arrivé à sa maturité sexuelle.
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À la fin du XXe siècle, en Occident, le monde de la chasse met en avant, la fonction de régulation des populations animales herbivores que remplit la chasse, en remplacement des grands prédateurs disparus ou devenus rares, notamment dans les régions fortement anthropisées. Ses fonctions écologiques s'étendraient aussi à la préservation d'espèces menacées par les activités humaines, comme le petit tétras dans les Alpes, et au développement d'espèces autrefois chassées de façon aléatoire. Le tir sélectif a ainsi fait ses preuves pour une gestion restauratrice de populations de cerfs ou de quelques espèces emblématiques comme le chamois ; les plans de chasse ont dynamisé les populations de sanglier. À tel point que leur population, excessive dans certains départements, présente à son tour un problème.
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En revanche, de nombreux territoires ont recours à des lâchers de gibier de tir, qui affaiblissent considérablement les populations existantes quand celles-ci n'ont pas déjà disparu du fait de la dégradation de leurs milieux et de la prolifération d'espèces classées nuisibles comme la corneille noire. Dans cette optique, les lâchers de gibier de tir seraient à proscrire, au profit de véritables politiques de restauration des milieux, seules capables de permettre un retour des espèces sensibles comme les perdrix, le lapin ou le lièvre, voire d'espèces protégées comme le râle des genêts ou l'outarde canepetière.
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La position du monde de la chasse quant à la préservation de la biodiversité ne doit pas faire oublier la réalité des évolutions règlementaires en France : jusque dans les années 1970, tous les rapaces et de nombreux petits passereaux étaient chassés, et on doit essentiellement aux associations écologistes d'avoir obtenu la loi de 1976 sur la protection de la faune, qui a permis de sauver in extremis de nombreuses espèces durement touchées par une chasse non sélective.
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Pour certains opposants, la fonction de régulation écologique de la chasse reste très discutée, car la sélection naturelle pratiquée par les grands prédateurs qui pistent et tuent préférentiellement les animaux jeunes et inexpérimentés, mal-formés, vieux et malades, n’est que rarement comparable dans ses effets aux résultats du tir au fusil, en particulier pour la chasse de nuit (oiseaux d’eau) qui ne permet pas de distinguer l’état des oiseaux ni même d’identifier avec certitude toutes les espèces, ou concernant une multitude d’espèces non chassées par l’homme (souris, mulots et autres campagnols, par exemple) qui sont les principales proies du loup, du renard, etc., longtemps empoisonnés ou piégés en tant que concurrents de l'homme, mais que le chasseur semble difficilement pouvoir remplacer. De plus, certaines études laissent penser que les déplacements de chiens ou certaines introductions de gibiers ont des impacts sanitaires importants sur les populations sauvages : zoonoses, parasites, appauvrissement ou dérives génétiques, pollution génétique par introduction d’animaux exotiques, d’élevages, ou issus de croisements et marronnage.
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Remarques sur la chasse à l'arc : celle-ci se développe, avec un matériel de plus en plus sophistiqué, et se présente également pour certains comme une chasse plus écologique. Elle a le mérite de ne pas émettre de substances polluantes dans l'environnement (de la même manière que pour les balles ne contenant pas de plomb), et de limiter le dérangement de la faune par le bruit et le stress liés aux déflagrations, à l'usage des chiens et des battues. Elle permet aussi de chasser dans des zones « péri-urbaines » avec des risques bien moins grands pour les riverains grâce à la portée réduite des flèches. Pour mémoire, l'ordre de grandeur de la portée d'une carabine de chasse type .300 WM est de 5 km, celle d'une balle de calibre 12 de 1,3 kilomètre et celle d'un arc moderne à la puissance maximale exploitable par un humain actuel (80 livres à poulies) est de l'ordre de 300m. Elle a été interdite en France par la loi du 2 mars 1844 qui considérait que ce type de chasse silencieuse favorisait le braconnage, puis autorisée en 1995 par un arrêté[24].
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Toutes ces données de tir maximal nécessitent un tir dans des conditions particulières, qui n'ont que peu de rapport avec la chasse. Il faut, en effet, tirer à la manière d'un canon militaire pour obtenir une portée maximale, soit un angle proche des 45° vers le ciel. Le tir du grand gibier (à balle) ne s'effectue pas vers le ciel (ces tirs concernant celui des oiseaux, à grenaille de plomb). Dans la pratique, une balle de carabine tirée à l'horizontale touchera le sol au bout d'environ 300m (chute liée à la gravité), une balle de fusil à canon lisse cal. 12 touchera le sol au bout d'environ 200m, et une flèche d'arc à poulie touchera le sol au bout de 70m.
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Pour les chasseurs, l’intérêt principal est de faire durer la chasse aussi longtemps que souhaité puisque les animaux ne peuvent pas s’échapper. En outre, ceux-ci sont nourris, plus nombreux et moins farouches qu’à l’extérieur[25].
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La chasse en captivité est autorisée en France dans deux types de structures : les « parcs », dans lesquels la chasse est autorisée pendant les mêmes périodes qu’à l’extérieur ; les « enclos », dans lesquels la chasse est autorisée toute l’année. En France, il existe près de 1300 parcs et enclos qui détiennent entre 50.000 et 100.000 animaux : sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons et daims[25].
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Les agents de l’Agence française de la biodiversité, chargés de contrôler les chasseurs en France, n’ont pas le droit d’entrer dans les enclos de chasse sans mandat particulier[25].
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Données de 2007[28].
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Le débat sur la chasse, sur certains types de chasse ou sur ses excès, est extrêmement ancien. Ainsi, Diderot regrette dans l'article consacré à la chasse dans l'Encyclopédie que le goût de la chasse « dégénère presque toujours en passion ; qu'alors il absorbe un temps précieux, nuit à la santé, et occasionne les dépenses qui dérangent la fortune des grands, et qui ruinent les particuliers ».
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La chasse (et certains types de chasse en particulier) fait l'objet de nombreuses critiques de la part d'associations et de personnes soucieuses de comportement éthique envers les animaux (par exemple les hunt saboteurs (en)). Celles-ci remettent en question des éléments tels que :
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Les armes à feu de chasse font courir un risque aux chasseurs ainsi qu'aux autres personnes. Leur utilisation provoque chaque année des accidents mortels, ou causant de graves séquelles, dont les chasseurs eux-mêmes sont majoritairement victimes[32],[33].
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En France une formation obligatoire à la sécurité est associée au permis de chasse depuis 2003.
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Un réseau « Sécurité à la chasse », constitué par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), publie un bilan annuel des accidents portés à sa connaissance durant la saison écoulée (de juin à mai) et en analyse la nature et les circonstances, afin notamment d’améliorer la formation des chasseurs à la sécurité :
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Selon l'ONCFS, ce sont les négligences ou le non-respect des règles de sécurité qui provoquent la majorité des accidents, notamment le non-respect de la réduction de l'angle de tir à moins de 30°[32]. « Les chasseurs de moins de 40 ans, ayant donc tous passé un examen du permis de chasser, avec l’épreuve pratique existant depuis 2003, causent proportionnellement moins d’accidents que les tranches d’âge supérieures »[35]. En France en 2016, 65 % des accidents de chasse se sont produits lors d'une chasse au grand gibier ; une arme basculante est en cause dans 59 % des cas, devant l'arme semi-automatiques (31 %), les autres types armes correspondant à 10 % des accidents[38].
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Les caméras d'action fixées sur les armes de chasse, risquant de pousser les chasseurs à l'imprudence, sont interdites en France depuis un arrêté ministériel publié au Journal officiel du 29 mai 2015[39].
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Au Québec, 37 % des décès accidentels seraient causés par des armes à feu résultent d'accidents de chasse (en 1995, 49 personnes sont mortes des suites de blessures causées de manière accidentelle par des armes à feu, le nombre de blessés serait à multiplier par 13). Dans 55 % des cas la victime fait feu sur elle-même. D'autre-part, de 1974 à 1996, 55 % des homicides sont réalisés au moyen de fusil de chasse ou d'une carabine (39 % en 1996). Enfin, en 1995, moins du quart des 4 000 suicidés au Canada, l'ont été par une arme à feu, un fusil de chasse plutôt qu'une arme de poing[40].
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L'activité cynégétique a historiquement marqué les écosystèmes et les paysages, notamment quand elle s'est accompagnée de l'usage du feu, des chiens ou de rapaces dressés, du piégeage et du poison.
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Si une espèce comme le tigre à dents de sabre semble avoir naturellement disparu, de nombreuses espèces pourraient avoir brutalement disparu du fait de la chasse, bien avant l'extension de l'agriculture et des villes, dans l'hémisphère nord, en Australie et sur un certain nombre d'îles. L'archéologie préhistorique et la paléontologie montrent que ces extinctions ont commencé par la disparition des gros animaux (dont en Europe mammouth, éléphant, ours des cavernes, lion des cavernes, megaloceros, etc.). Ces extinctions ont coïncidé avec l'extension des populations de l'homme de Cro-Magnon très habiles dans l'usage du silex, du propulseur de sagaies, de l'arc, et peut-être de techniques de piégeage et d'empoisonnement.
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En Europe de l'Ouest, à la fin du Moyen Âge, la plupart des grands mammifères (cerf, chevreuil, aurochs, bison, renne, etc.) étaient en régression, hormis dans les forêts royales et les zones reculées. Même les gens d'église pouvaient pratiquer la chasse comme le rappelle un parchemin du moine Abélard qui interdit aux moines qu'il a sous son autorité de chasser l'ours plus de deux jours par semaine. Un menu commun de banquet de Louis XIV pouvait comprendre 300 oursons farcis[41].
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Après la Révolution française qui a démocratisé la chasse, les grands mammifères chassés et les oiseaux ont encore fortement régressé, disparaissant de régions entières[réf. nécessaire] (ou totalement pour l'aurochs) et partout hors des zoos puis des anciennes forêts royales de Pologne.
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En Amérique du Nord, l'utilisation généralisée des fusils a très rapidement provoqué la régression d'espèces telles que le bison des prairies et la disparition totale des pigeons migrateurs qui par vols de millions d'oiseaux pouvaient obscurcir le ciel et cacher le soleil il y a deux siècles à peine. L'abattage systématique des bisons était plus politique que du fait des chasseurs, dans le but avoué d'affamer les indiens.
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Ce n'est qu'à partir des années 1960/1970 qu'à la suite d'une évolution de la réglementation favorisée par la prise de conscience d'une part croissante de la population, à la suite des plans de chasse, et grâce à une alimentation artificielle dite « agrainage » que ces populations se sont reconstituées, sur des bases génétiques appauvries, et dans le cas du sanglier après croisements avec des cochons, mais non sans succès quantitatifs, parfois au point de faire d'importants dégâts dans les cultures ou dans les forêts surexploitées, posant des problèmes dits de déséquilibres sylvocynégétiques.
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Les populations humaines des régions tropicales et équatoriales, hormis sur les îles, ne semblent pas avoir fait disparaître d'espèces par la chasse, alors que les disparitions et régressions ont été très significatives dans les zones tempérées de l'hémisphère nord et en Australie.
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Toutefois, l'amélioration apparente de certaines populations d'espèces chassables pose le problème de leur qualité génétique et sanitaire lorsque des repeuplements issus d'animaux d'élevage ont été réalisés.À la fin du XXe siècle, dans plusieurs pays a émergé un courant en faveur d'une chasse écologiquement responsable, représenté par l'ANCER en France.
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Dans les forêts tropicales, la chasse exerce une très forte pression sur les populations d'animaux. Le déclin des mammifères, toutes espèces confondues, s’élève à 13 % du seul fait de la chasse[42].
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Un autre problème est l'utilisation massive et encore préférentielle de munitions toxiques (au plomb) contenant des amorces composées de métaux lourds. Ce plomb est notamment à l'origine d'un problème grave et avéré de saturnisme aviaire malgré une évolution vers la substitution des cartouches au plomb par des munitions moins toxiques depuis les années 1980 dans certains pays et pour certains types de chasse. Dans plusieurs pays, la chasse avec des cartouches de plomb est interdite sur toutes les zones humides (étangs, rivières, marais, littoral…) ; les chasseurs ont l'obligation, dans ces zones, d'utiliser des cartouches de billes d'acier, ou d'alliages à base de bismuth ou de tungstène.
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Le plomb, très polluant, notamment pour les plans d'eau et la chaine alimentaire (les cartouches à plomb ne sont interdites d'usage en France que depuis 2005, et uniquement pour un chasseur tirant vers une zone humide ou dans une zone humide, mais des dizaines de milliers de tonnes de billes de plomb sont encore présentes dans les sols et sédiments, facteur de saturnisme aviaire) ;
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Le chasseur est plus exposé que la moyenne à plusieurs risques sanitaires[43], notamment dans certaines régions à risque, s'il dépèce lui-même et sans précaution son gibier, s'il ingère une viande mal cuite (trichinose) ou encore s'il pratique des modes de chasse où l'on est couché au sol, en forêt. Le contact avec l'animal ou avec des chiens infectés est également une source de risques sanitaires.
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Hormis les accidents, les principaux risques sont :
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En octobre 2018, un sondage One Voice et Ipsos sur la perception de la chasse par les Français indique que le public rejette massivement la chasse et plébiscite une réforme radicale[44].
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En France, selon les articles L.422-10 5, L.422-14, L.422-15, et L.422-18 du Code de l’Environnement, les propriétaires terriens dont les terrains sont soumis au droit de chasse d'une association de chasse bénéficient d'une opposition et donc d'un droit de retrait de leur parcelle pour “convictions personnelles opposées à la pratique de la chasse”, et ce sans avoir à se justifier. Toutefois, l'exercice du droit d'opposition ne dispense pas l'opposant à la chasse de procéder ou de faire procéder à la destruction des animaux nuisibles et à la régulation des espèces présentes sur les terrains concernés[45].
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La chasse est interdite en Inde à la suite du Wildlife Protection Act de 1972, ainsi que dans tout le sous-continent indien, en Afrique de l'Est, ainsi qu'en Europe dans le canton de Genève depuis 1974, à la suite d'une initiative populaire lancée par les milieux de protection des animaux[46]. En règle générale, l'interdiction de la chasse est à séparer de la gestion des populations, puisque, par exemple, le canton de Genève effectue une régulation de la faune par des agents publics, en dérogation à l'interdiction de chasser[47].
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Certaines espèces peuvent localement proliférer et/ou causer des dégâts dans les forêts, les champs et les jardins, et poser des problèmes juridiques et contentieux, économiques, sanitaires et sécuritaires[48]. En France, les fédérations de chasseurs, via les cotisations contribuent à l'indemnisation de certains de ces dégâts (actuellement plus marqués dans l'est et le centre-nord de la France). À la suite de « signaux inquiétants tels que l'augmentation constante du montant des indemnisations payées par les fédérations départementales des chasseurs au titre des dégâts de gibier, la dégradation croissante des peuplements forestiers par les cervidés, les difficultés rencontrées par les agriculteurs et notamment par les éleveurs dont les prairies sont parfois fortement endommagées par les sangliers, et enfin la présence indésirable de ces espèces en milieu urbain ou péri-urbain ou sur les voies de circulation (...) grandissante quant à l'existence de liens entre certaines épizooties touchant notamment les bovins et les porcins », en 2012, en s'appuyant notamment sur un « plan sanglier » engagé en France en 2009, le CGEDD a formulé[49] 10 recommandations de révision des politiques concernant ces dégâts[50]. Le CGEDD propose notamment d'interdire l'agrainage, sauf si son utilité est démontrée, d'améliorer les dispositions existantes et « rendre possible l'indemnisation des dégâts forestiers »[48].
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Les chasseurs sont pour la plupart des retraités, personnes au foyer (34 %), des professions intermédiaires (26 %), des employés ouvriers (16 %), des agriculteurs (13 %), des cadres supérieurs et dirigeants (10 %), des étudiants/chômeurs (3%)[51]. L'âge moyen des chasseurs est de 50 ans et augmente d'année en année. 73 % des chasseurs sont fils de chasseur, ce qui démontre des traditions cynégétiques familiales affirmées. Les motifs de satisfaction recherchés dans la chasse sont le contact avec la nature, le travail du chien, la pratique d'un loisir entre amis. Passent en second, la gestion d'un territoire, la protection des cultures et forêts, le tableau de chasse. Enfin la chasse est une activité quasi exclusivement masculine (98 %)[52].
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Avec la Révolution française, la chasse s'est popularisée en Europe. Avec les vagues de colonisations, les modes de chasse par arme à feu se sont développées sur tous les continents et elle reste une pratique plutôt rurale, qui tend à être de plus en plus encadrée (permis de chasser, licence, plans de chasse, droits de chasse…) qui alimente une économie importante (jusqu’à 70 % des revenus forestiers et couramment au moins 50 % en France).
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En France, le privilège du droit de chasse de la noblesse instauré par une ordonnance de 1396, relayé ultérieurement par un droit de chasse exclusif du propriétaire terrien et la constitution de vastes réserves de chasse pour « les plaisirs du roi » (les capitaineries) constitueront les règles essentielles pendant près de quatre siècles jusqu'à la Révolution, conduisant à l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789.
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Le droit de chasse exclusif est aboli à la suite de cette nuit du 4 août : le principe de la liberté de chasser se substitue au droit exclusif, même si le droit de chasse continue à être considéré comme un attribut du droit de propriété. En application de ce principe, le Parlement adoptera en 1844 une solution de compromis qui permet à tous de chasser avec l'accord tacite du propriétaire.
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La loi du 3 mai 1844 constitue encore, à l'heure actuelle, le fondement de l'organisation de la chasse dans son ensemble. Elle considère le gibier comme objet de prélèvement car nul ne songeait à l'époque à la gestion des effectifs, ni à la protection des biotopes. Cette législation a largement perduré depuis, complétée par diverses dispositions adoptées au cours du XXe siècle.
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Cette loi a notamment interdit le droit à chasser avec des lévriers[53].
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En droit, la chasse est définie comme un prélèvement artificiel sur la faune terrestre. La loi dite Verdeille définit l'acte de chasse comme « tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l'attente du gibier ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci » (article L.420-3 du code de l'environnement).
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En 2010, est publié au Journal officiel un décret créant une contravention de cinquième classe pour obstruction à un acte de chasse, passible de 1 500 euros d'amende[54].
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Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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Ordre
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Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
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Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
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Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
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Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
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Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
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Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
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Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
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Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
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Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
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Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
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Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
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Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
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La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
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Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
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Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
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La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
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Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
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Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
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L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
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D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
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Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
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La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
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Il peut prendre des formes très variées.
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Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
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Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
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La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
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Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
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Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
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Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
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Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
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Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
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Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
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Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
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En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
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Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
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Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
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En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
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Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
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Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
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Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
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Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
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De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
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Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
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En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
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La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
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Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
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L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
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Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
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Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
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Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
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Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
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Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
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Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
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Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
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Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
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Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
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Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
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Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
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Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
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Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
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Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
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Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
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Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
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Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
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Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
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En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
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En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
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Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
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De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
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Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
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Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
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Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
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L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
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En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
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En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
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Selon ITIS:
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Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
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Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
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Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
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Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
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Pteropodidae
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Rhinopomatidae
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Craseonycteridae
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Megadermatidae
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Hipposideridae
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Rhinolophidae
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Mystacinidae
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Furipteridae
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Noctilionidae
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Thyropteridae
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Mormoopidae
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Phyllostomidae
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Myzopodidae
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Nycteridae
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Emballonuridae
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Natalidae
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Molossidae
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Miniopteridae
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Cistugidae
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Vespertilionidae
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La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
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Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
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Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
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L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
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D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
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Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
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À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
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Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
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De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
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En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
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Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
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Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
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19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
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Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
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Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
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Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
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Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
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Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
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Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
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Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
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Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
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Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
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Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
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Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
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Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
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Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
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Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
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Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
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La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
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Armes de Barcelone.
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Armes de Valence (Espagne).
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Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
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Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
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Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
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Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
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Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
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La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
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Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
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La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
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La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
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Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
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Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
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Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
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Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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La bibliographie et les liens externes sont à corriger. Améliorez-les !
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Capra hircus
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Espèce
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La chèvre domestique (Capra hircus ou Capra hircus hircus, Linnaeus, 1758) est une espèce de mammifères herbivore ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprins. La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve aussi à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.-C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
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Les termes chèvre, Capra et caprin dérivent du latin capra (chèvre) et caprinus, (adj. relatif à la chèvre, caprin). L'épithète spécifique dérive du latin hircus, nom désignant le bouc[1]. Bouc proviendrait du Gaulois bucco[2] auquel pourrait aussi être rattaché les mots de langues régionales désignant la chèvre : bique et bezie (poitevin).
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On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie de l'évolution. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
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Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
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On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend l'ancienne épithète spécifique) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4].
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La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[5] (environ dix mille ans av. J.-C.), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande, sa peau et son cuir.
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La chèvre (Capra aegagrus) semble avoir été domestiquée une première fois il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
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La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rébecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
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Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[6]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
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La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
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La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
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La chèvre est un animal d'assez petite taille, à cornes arquées ou sans corne (« motte », polled pour les anglo-saxons[7]), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs et les petits sont des chevreaux ou chevrettes (parfois encore appelés cabris).
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Les yeux de la chèvre ont une particularité, leur pupille est rectangulaire et horizontale, ce qui lui donne un regard étrange ; cela lui permet en fait d'avoir un plus large champ de vision.
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La chèvre adulte a 32 dents : 8 incisives inférieures qui s’appuient sur la gencive supérieure qui forme un bourrelet résistant (elle n'a pas d'incisives supérieures). Le fond de la bouche est garni de 24 molaires (12 à chaque mâchoire).
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Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[8] par cellule. La chèvre mesure entre 80 et 100 cm, et pèse, selon ses origines, entre 15 et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
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La chèvre bêle, béguète ou chevrote.
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Squelette (Capra hircus).
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Mamelles et trayons.
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Une chèvre « motte » (sans corne[7]).
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Les yeux dorés d'une chèvre.
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L'œil doré d'une chevrette.
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La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité ; poussée par son instinct d'exploratrice, elle se retrouve parfois dans des positions délicates.
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Les chèvres raffolent de l'herbe à la puce, de l'armoise tridentée, de l'euphorbe ésule et du kudzu. Voilà pourquoi elles sont les stars du désherbage sélectif. On a recours à ces brouteuses pour éliminer les végétaux indésirables, telles les espèces invasives et les broussailles alimentant les feux de forêt. Cette pratique est populaire en Amérique du Nord et en Australie. La location de troupeaux a commencé à prendre de l'essor il y a une dizaine d'années, selon John Walker, écologue à l'université Texas A&M. On utilise à la fois des moutons et des chèvres, mais ces dernières sont plus appréciées en raison de leurs goûts éclectiques, de leur bon équilibre sur un terrain pentu et de leur capacité à brouter plus haut, en appui sur leurs pattes arrière. Les chèvres - dont un troupeau de cent têtes peut se louer 150 euros la journée - arrachent aussi les feuilles avec précision. De nombreux clients tels que les parcs, les ranchs et ou encore des particuliers font appel à leurs services[9].
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Une chèvre suitée - c’est à dire avec son ou ses chevreau(x).
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Chèvre blanche.
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Une chèvre croisée dans un sentier suisse.
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La chèvre se nourrit de peu, mais elle peut contribuer à la déforestation, voire à la désertification par surpâturage (ici au Cap-Vert).
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La chèvre aime se nourrir aux arbres (ici au Parc Fond’Roy à Uccle), Belgique.
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Une chèvre dans un arbre. Novembre 2015.
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Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen, etc.) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
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Beaucoup d'espèces de chèvres sont victimes d'infestations parasitaires. Les vers intestinaux peuvent être éradiqués par vermifugation. Il convient de contenir également l'infestation du pelage par les puces, tiques ou autres parasites[10].
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La chèvre est un ruminant: elle possède quatre estomacs. Dans un premier temps, elle avale grossièrement ses aliments puis les régurgite lorsqu'elle est au calme pour les mâcher, c'est ce que l'on appelle la rumination. Elle les avale de nouveau ensuite dans un autre estomac où ils poursuivent leur digestion
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Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de :[réf. nécessaire]
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La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chèvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
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La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'été (environ 60 jours après que les jours commencent à décliner). La gestation dure 5 mois, au terme de laquelle la chèvre met bas un ou plusieurs chevreaux. On procède au sevrage des petits à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
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La chèvre est parfois utilisée comme organisme modèle ou animal de laboratoire. Des chèvres transgéniques ont été produites[11],[12],[13],[14],[15] puis utilisées pour produire des molécules chimiques complexes (qui peuvent d'ailleurs être légèrement différentes de ce que l'on attendait[16] puis modifiées en intégrant des gènes humains dès le début des années 1990)[17], pour produire des hormones humaines (2000)[18] notamment au Brésil[19].
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Plus récemment (2005/2006), des chercheurs de l'industrie des biotechnologies ont ainsi produit des chèvres transgéniques qui synthétisent dans leurs glandes mammaires des molécules qu'on peut ensuite extraire, dont le lysozyme (hLZ) humain[20] qui a été testé comme complément alimentaire dans l'alimentation animale donnée à des cochons (il semble améliorer le fonctionnement de leur intestin)[21].
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Le genre Capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
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L'Alpine est originaire du massif alpin Suisse et Français. Le berceau de la race se situe en Suisse où elle conserve un cheptel notable. C'est la race la plus répandue en France. Morphologie : poil ras ; robe de couleur variée passant du blanc pur au blanc tacheté de brun, de fauve, de gris, de noir, de pie ou de roux. Les troupeaux sélectionnés génétiquement présentent une couleur plus homogène, marron avec les extrémités et la ligne dorsale noire. La poitrine est profonde, le bassin large et peu incliné. Les membres sont solides, les articulations sèches et les aplombs corrects. La mamelle est volumineuse, bien attachée, se rétractant bien après la traite. Les trayons sont distincts de la mamelle, sont dirigés vers l'avant et sensiblement parallèles. C'est une chèvre de format moyen : 50 kg à 70 kg pour la femelle ; 80 kg à 100 kg pour le mâle. Rustique, très appréciée pour ses qualités laitières et d'élevage, la race Alpine s'adapte aussi bien aux systèmes d'élevages stabulatoires qu'aux pâtures de basses plaines ou d'altitude.
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La Saanen (ou chèvre de Gessenay), blanche à poils courts, généralement dépourvue de cornes (mais certaines ont une paire de cornes de taille moyenne tournées vers l'arrière), calme et excellente laitière. Elle est originaire de la haute vallée de la Sarine (Saane en allemand). Sa renommée en tant qu'animal de rente a entraîné l'implantation de la race dans de nombreux pays. On peut considérer aujourd'hui que la Saanen est la race la plus répandue mondialement parmi les races laitières caprines. C'est un animal trapu, solide et paisible, aux qualités très laitières qui s'adapte très bien aux différents modes d'élevage notamment intensifs. Morphologie : poil court, dense et soyeux ; robe uniformément blanche ; tête avec un profil droit ; poitrine profonde, large et longue, caractérisant une grande capacité thoracique ; épaule large et bien attachée; garrot bien en viande ; aplombs sont corrects et allures régulières ; mamelle globuleuse, bien attachée et larges à la base. C'est une race à fort développement: 50 kg à 90 kg pour la femelle ; 80 kg à 120 kg pour le mâle.
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La Toggenbourg, excellente laitière, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche. Souvent utilisé durant le haut Moyen Âge comme animal sacrificiel pour les rituels de fertilité des fêtes de la Saint-Abondance, elle était ensuite dépecée, et sa peau utilisée pour fabriquer des pagnes qui étaient alors portés par les jeunes hommes entrant dans l'âge adulte, lors des cérémonies de passation des pouvoirs.[réf. nécessaire]
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La chèvre poitevine est une race originaire des alentours des sources de la Sèvre niortaise, dans le centre ouest de la France. Élevées en petits troupeaux familiaux, les chèvres poitevines étaient plus de 40 000 au début du XXe siècle. En 1925, une épizootie de fièvre aphteuse a décimé les troupeaux poitevins. C'est à partir de souches prélevées dans les Alpes que le troupeau fut progressivement reconstitué. On dénombre aujourd'hui environ 2 800[22] femelles principalement élevées dans le berceau de la race en Poitou-Charentes. Voici sa morphologie : robe de couleur brune, plus ou moins foncée, parfois presque noire dite "en cap de maure" ; poils semi-longs sur le corps et sur les cuisses ; face inférieure des membres, dessous du ventre et de la queue blancs ou très clairs ; face comportant une raie blanche de chaque côté du chanfrein encadrant une tête fine, triangulaire. La chèvre poitevine est avec ou sans cornes, avec ou sans barbiches ou pampilles. La poitevine est une chèvre de format moyen à grand, d'aspect longiligne. Les mâles peuvent atteindre 75 kg. La chèvre pèse entre 40 kg et 65 kg. Sa taille au garrot est de 70-80 cm. Rustique et de caractère paisible, la chèvre poitevine est appréciée pour son lait typique aux grandes qualités fromagères. Elle présente de bonnes capacités pour valoriser les pâturages et les fourrages grossiers.
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La chèvre provençale est une race française de Provence. Elle fait partie des races à petit effectif, puisqu'on compte environ 1 000 chèvres en 2013. La couleur de la robe peut être très diversifiée, c'est une chèvre aux oreilles longues et tombantes, parfois recourbées. Elle a le poils long en particulier sur les cuisses.
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La chèvre du Rove est une race française des Bouches-du-Rhône, faisant partie des races à petit effectif, le cheptel compte environ 8 000 bêtes en 2013. La robe est généralement de couleur marron-rouge et parfois tachetée de blanc. Elle possède des cornes de section triangulaires et torsadées de taille importante qui permette de la reconnaître facilement. Avec son lait on fabrique un fromage typique appelé la Brousse. C'est une race mixte puisqu'elle est utilisé pour la production de lait et la transformation fromagère, mais aussi pour la production de cabris.
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La chèvre Boer améliorée est apparue au début des années 1900 lorsque des éleveurs d'Afrique du Sud ont commencé à sélectionner pour une chèvre démontrant une bonne conformation bouchère, une croissance et une prolificité élevées, une bonne qualité de carcasse, un pelage court blanc sur le corps et rouge (variant de cannelle à presque noir) sur la tête et le cou. En 1993, la chèvre Boer est apparue au Canada et elle a été importée pour la boucherie. Ses oreilles sont pendantes et son nez est assez arrondi ou busqué. Ses cornes sont rondes et courbées vers l’arrière.
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Aux États-Unis, on retrouve la chèvre Tennessee ou chèvre myotonique. Cette espèce de chèvre est présente principalement au Tennessee et au Texas. Cette race remonte à la fin des années 1800. Cette variété de chèvres a la particularité de se tétaniser littéralement quand elle est stressée ou surprise : l’animal tombe sans pouvoir bouger pendant environ une vingtaine de secondes. Cette chèvre est affectée par la myotonie (c.-à-d. une contraction involontaire et temporaire des muscles lors d’un stress), ce qui expliquerait la tendreté de la viande et la forte musculature de la carcasse de cette race. L'origine de la chose serait une mutation génétique héréditaire. Cette chèvre est surtout élevée pour son potentiel en boucherie. Il existe trois différents types dont un seul est potentiellement intéressant pour la production de boucherie. Seul un type de grande taille à forte musculature et myotonique peut être qualifié de chèvre Tennessee. Ces lignées produisent une chèvre désaisonnalisée, très résistante aux parasites, très maternelle, à facilité de mise bas, très facile à garder et à manipuler puisqu’elle ne saute pas, probablement le meilleur rendement de carcasse, mais à croissance très lente. Il existe des lignées anciennes avec un potentiel de boucherie très intéressant. À propos de cette chèvre, on dit qu'elle feint la mort, ce qu'on appelle la thanatose (du grec ancien θάνατος, thanatos, « mort »), et consiste à simuler la mort, afin d'échapper à un prédateur. De nombreux animaux ont recours à cette technique, comme l'opossum, la couleuvre à collier, certains poissons, oiseaux, coléoptères, insectes et amphibiens.
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La chèvre nubienne est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
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Même chose que pour la Nubienne, la Mancha est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
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Des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
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Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre cachemire.
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D'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
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Le mot « kiko » a été utilisé traditionnellement en Nouvelle-Zélande par les Maoris pour décrire les animaux de boucherie. La chèvre Kiko a été développée en Nouvelle-Zélande par la sélection des meilleures et des plus fertiles chèvres férales de ce pays au niveau de leur capacité de production de viande améliorée dans des conditions de pâturages naturels où le broutement arbustif est important. Le taux de croissance est probablement la caractéristique qui définit le mieux la race Kiko. Les chevreaux présentent une vigueur impressionnante. Elle est aussi très rustique. La chèvre Kiko peut être maintenue sous des conditions d'élevage extensif dans les milieux ouverts broussailleux. Elle n'est pas que présente en Nouvelle-Zélande, mais elle a aussi été introduite au Canada, dans la province de Québec.
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Les boucs matures possèdent des cornes distinctives en spirale et de grande envergure. Les oreilles de la Kiko sont placées assez hautes, de largeur moyenne et longueur modérée, non pendantes et non dressées. Son museau est bien proportionné, ni convexe ni concave. La densité de son pelage peut varier en fonction des conditions climatiques et il y a une variation marquée entre le pelage d’été et d’hiver. La couleur prédominante de sa robe est le blanc, mais toute autre couleur est retrouvée.
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Chèvre marronne
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Chabin
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Chèvre angora dans un pré.
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Chèvres Cachemire au bord d'un chemin.
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Chèvres marronnes sur des rochers.
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Chabin au bord de l'eau.
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Au Canada, la production caprine est divisée en trois productions, soit la production laitière, la production de viande et la production de mohair.
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Au Québec, le nombre de chèvres représente environ 17 %[23] du cheptel canadien. La production laitière est la principale production caprine. Le lait est surtout transformé en fromage, mais aussi en yogourt et en beurre. L'élevage de la chèvre de boucherie est une production en plein essor. La viande de chèvre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des Québécois, mais la demande provient principalement des différentes ethnies présentes au Québec[24]. Par ailleurs, la chèvre Boer est la race de boucherie que l'on retrouve le plus dans les cheptels du Québec, mais d'autres races sont aussi utilisées pour la production de chevreau de boucherie, notamment la Nubienne et la Kiko. La viande provenant des mâles de toutes races et des chèvres laitières de réforme peut aussi être utilisée dans la fabrication de produits destinés à la consommation ; cependant le chevreau demeure la viande la plus populaire.
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Les trois productions caprines sont regroupées dans un seul plan conjoint[25]. Le plan conjoint est utilisé par plusieurs productions agricoles du Québec, il permet d'améliorer les conditions de mise en marché et la structure d'offre des produits agricoles, tout en améliorant l'approvisionnement des transformateurs et en stabilisant les revenus des producteurs[26]. La mise en marché du lait de chèvre est plutôt bien établie, cependant la mise en marché des productions de viande et de mohair est à développer. En 2017, la mise en marché de la viande caprine du Québec est individuelle, c'est-à-dire que chaque producteur fait sa propre mise en marché. Par exemple, en 2011[27], plusieurs producteurs de chèvre de boucherie vendaient leurs produits directement à la ferme, dans des restaurants et à des commerçants. D'autres producteurs vendent tout simplement à l'encan et certains vendent des sujets de reproduction.
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En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes ainsi que les chevreaux, issus des inséminations annuelles pour la production de lait, fournissent tout de même de la viande. En 2013, sur un cheptel total de 1.2 million de caprins, 135 000 caprins de réforme et 644 000 chevreaux ont été abattus[28].
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Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.[réf. nécessaire]
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Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :[réf. nécessaire]
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(nombre de têtes)
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La bonne digestibilité des laits de chèvre pourrait s’expliquer en partie par leur teneur en acides gras courts, par la petite taille des globules gras qui les composent, mais également par leur richesse en triglycérides à chaîne moyenne et courte. La réputation d’innocuité du lait de chèvre en matière d’allergie mérite en revanche d’être fortement relativisée.
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Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le cabécou et la féta, bien qu'il puisse aussi être transformé en n'importe quel type de fromage. On appelle souvent le fromage de chèvre simplement « chèvre ».
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À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : banon (2003), chabichou du Poitou (1990), charolais (2010), chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny-saint-pierre (1972), rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure-de-touraine (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
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Les chevreaux mâles sont utilisés au moment des fêtes de Pâques en remplacement de l'agneau.
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Il existe également ce que l'on appelle le chevreau lourd. Le syndicat caprin de la Drôme a annoncé en 2018 travailler en la création d'un label rouge[31].
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La peau de chèvre est principalement utilisée dans la confection d'instruments à percussion, comme le djembé, le bendir et le sabar, et aussi à cordes, comme la kora. Elle peut aussi servir dans la fabrication de certains vêtements et accessoires.
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La toison de la chèvre angora sert à fabriquer le mohair, une sorte de laine. Sa laine est non seulement un très bon isolant thermique, mais les vêtements fabriqués avec cette matière sont très légers à porter. On peut aussi en faire des couvertures.
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Dans l'Ancien Testament, on voit que la chèvre est souvent offerte en sacrifice lors des rituels juifs. Dans le Cantique des Cantiques, les cheveux de l'amoureuse sont comparés à un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad (Ct 4.1).
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Du côté de la sculpture, Jean Cocteau a sculpté plus d'une fois des têtes de chèvres. En 1958, il a sculpté une tête de chèvre orange. Il a aussi sculpté une tête de chèvre verte en bronze. Gé Pellini (Gérard Pellini) a aussi sculpté souvent des chèvres. En 1950, Picasso a aussi constitué une sculpture de chèvre très originale pour sa propre chèvre, Esmeralda. Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre. Elle est aussi faite d’une boîte de conserve et pour son dos, une feuille de palmier. En 1973, le Français Jean Marais a sculpté une tête de cabri orange, qui est exposée au musée Jean Marais à Vallauris. En 1963, le sculpteur animalier Joseph Constant a réalisé un groupe de chèvres en bronze, installée sur une place à La Courneuve.
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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En limnologie, un lac est, de manière générale, une grande étendue d'eau entourée de terre, où il suffit que la profondeur, la superficie, ou le volume soit suffisant pour provoquer un dépôt de sédiments ou une stratification (une seule condition remplie suffit à lui donner ce statut)[1].
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Dans le langage courant, le lac est un concept assez flou ; les noms locaux donnés aux plans d'eau par la population ne s'accordent pas toujours aux définitions officielles, et c'est souvent la grande taille ou une grande profondeur qui sont alors prises en compte. Un lac est ainsi plutôt plus grand et plus profond qu'un étang, lequel est plus grand et plus profond qu'une mare.
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Les plus grands lacs sans débouché maritime sont ainsi nommés « mers fermées », à l'instar de la mer Caspienne, mais la règle est floue puisqu'on parle de la mer Morte et du Grand Lac Salé. Il est parfois proposé de distinguer les mers des lacs par le caractère salé des eaux marines et des eaux douces des lacs.
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Le terme lac provient de l'ancien français lac, lequel vient du latin lacus.
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La plus vieille trace écrite est une racine sanskrit qui désigne à l’origine une dépression, une rupture de l'écorce terrestre remplie d'eau. Ici, le terme exclut les masses d'eau retenues par un barrage, que celui-ci soit naturel ou artificiel. Cela s'explique par le fait que cette définition a évolué au fil des siècles.
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En 1892, le Suisse François-Alphonse Forel, fondateur de la limnologie, fut le premier scientifique à définir clairement un lac[2]. Pour lui, « on désigne par un lac une masse d'eau stagnante sans communication directe avec la mer, située dans une dépression du sol fermée de tout côté »[3].
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Ce travail est encore en cours[4],[5].
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Grâce à l'imagerie satellitaire, environ 100 millions de lacs de surface de plus de un hectare, couvrant au total plus de 300 millions d'hectares (2 % environ des terres émergées) ont été repérés. Mais des lacs ou étangs temporaires, gelés, couverts de végétation flottante ou cachés sous la canopée peuvent avoir échappé à la cartographie[6],[7].
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La part des petits lacs a longtemps été sous-estimée en nombre : en 2006 un modèle global (basé sur la loi de Pareto) avait conduit à doubler l'estimation précédente (304 millions de lacs pour un total de 4,2 millions de km2 de superficie) en prenant mieux en compte des millions de plans d'eau de moins de 1 km2[7]. Des analyses similaires basées sur l'inventaire des grands barrages artificiels avaient évalué la surface des retenues à 0,26 million de km2. Mais en y ajoutant les nombreuses petites retenues agricoles ou piscicoles dans le monde (0,1 % et 6 % de la SAU mondiale) la surface en eau peut — en fonction des précipitations — être portée à environ 77 000 km2 (étude de 2006) ; 4,6 millions de km2 de la surface terrestre continentale de la Terre (soit 3 %) seraient ainsi couverts par de l'eau si l’on tient compte des étangs et petits bassins de retenue[7].
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Profondeurs : Elles sont encore plus mal connues, variant considérablement selon le contexte hydrogéologique et parfois saisonnièrement. Ainsi le Loch Ness (Écosse) a une profondeur moyenne de 132 mètres (plus de 4 fois celle du lac Érié d’Amérique du Nord, qui est cependant 4 500 fois plus étendu[6]. Des modèles approximatifs déduisent la profondeur d'un lac de la topographie environnante, prédisant selon une étude récente un volume cumulé de 160 000 à 280 000 km3[6]. Cael a récemment développé un nouveau modèle, en collaboration avec Adam Heathcote (écologue[8] et David Seekell (naturaliste[9]) ; En y intégrant un modèle de distribution des lacs dans le monde et en utilisant les données issues de plusieurs études, les auteurs ont montré que le nombre de lacs dans une zone donnée répond à une loi mathématique particulière (la loi de puissance). Le nombre de lacs diminue statistiquement au fur et à mesure que l’on s’intéresse à une zone plus vaste. Et plus les lacs sont petits, plus ils sont disposés en grappe ; Plus ils sont grands plus ils sont rares et isolés ; il y a environ 100 fois plus de petits lacs de moins de 1 ha que de 10 hectare, et seulement 1 lac de 10 hectares pour 100 de 1 ha, et ainsi de suite. Cette loi de puissance combinée à des données supplémentaires suggère qu'on avait jusqu'alors sous-estimé le nombre de petits lacs. Ceci conduit à ré-estimer à la hausse le nombre total de lacs dans le monde et leur surface, mais avec une estimation à la baisse de leur profondeur moyenne (2/3 de l’estimation initiale). Si ces lacs sont réellement moins profonds que ce qu’on pensait, ils émettent probablement plus de méthane que prévu. Leur rôle de puits de carbone serait moins important que prévu et leur contribution au réchauffement climatique plus important que prévu[6]... En se réchauffant et à cause des apports en matière organique accrus par l’eutrophisation et l'érosion entraînées par les activités humaines (agriculture notamment[10]), cette contribution pourrait encore augmenter.
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Une estimation récente des volumes et profondeurs est basée sur la théorie de la percolation (loi de Darcy), mais aussi sur un modèle mathématique topographique de la Terre qui postule que la surface du globe a une symétrie fractale approximativement affine. C'est-à-dire que quelle que soit la distance parcourue, la répartition des montagnes et des vallées sera statistiquement identique si toutes les hauteurs sont étirées par un facteur particulier[6]. Plusieurs études topographiques montrent en effet qu’en zoomant sur un paysage d'un facteur 10 les hauteurs sont à ajuster d’un facteur d’échelle qui est de 2,5 (comme sur Mars)[6]. On peut alors inférer statistiquement les volumes et profondeurs des lacs selon les caractéristiques de leurs régions, en supposant que les lacs ne modifient pas eux-mêmes significativement la topographie sous-jacente. Un calcul donne alors un volume total des lacs de 199 000 km3 (dans la fourchette inférieure des estimations précédentes) pour une profondeur moyenne de seulement 42 mètres (contre 62 à 151 mètres pour les estimations antérieures)[6]. Selon l’auteur « La prévision de l’échelle de volume est précise et cohérente dans et entre des ensembles de données lacustres disponibles pour diverses régions du monde ». Ceci a des conséquences pour la compréhension de l’écologie lacustre et de leurs relation au changement climatique et au cycle du carbone et de l’eau car des lacs moins profonds sont potentiellement plus chauds, mois stratifiés et pourraient libérer plus de méthane que prévu. Les calculs précédents des budgets de méthane lacustre suggéraient que les lacs émettent autant de CH4 que tous les océans et constitueraient la moitié environ des sources terrestres. Ces quantités devraient alors être revues à la hausse[6].
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Ces études basées sur des modèles ont une portée générale mais d'autres facteurs récents ont aux échelles historiques ou géologiques de temps influé sur le nombre, le volume et la surface des lacs : c'est le cas par exemple du recul des populations de castor fiber dont les barrages entretenaient jusqu’au haut-moyen-âge un grand nombre d’étendues d’eau. Ensuite le développement de l'irrigation et les pompages ainsi que la création de nombreux petits lacs de barrages sont aussi à prendre en compte.
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C'est un système dynamique qui évolue lentement avec le temps et le climat, et sous l'effet des activités humaines du bassin versant[11].
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Plus le lac est profond, plus l'inertie thermique et phisicochimique de la masse d'eau est importante[12]. Inversement de vastes plans d’eau superficiels et très peu profonds (« shallow lakes » en anglais) sont très sensibles et immédiatement réactifs aux changements de l'environnement (climat, hydrologie, pollution, activités anthropiques). C'est le cas des lacs superficiels à fines lames d'eau[a],[b] Ceci vaut d'ailleurs pour les étangs et les mares, mais à d'autres échelles spatiotemporelles.
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Certains volcans possèdent des lacs de cratère dont certains sont des lacs acides et très minéralisés (Remarque : on parle aussi de lacs de lave dans le cas de certains volcans de type basaltique à lave fluide).
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Les lacs étant relativement fermés, ils sont vulnérables à certaines espèces invasives quand elles y ont été introduites (volontairement ou non). Ils sont également pour cette raison plus sensibles à certains micro-polluants (ETM, médicaments, antibiotiques, biocides, pesticides, perturbateurs endocriniens) qui peuvent s'y accumuler ou se dégrader à une vitesse différente que dans les cours d'eau[13].
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Selon l'espèce considérée, la qualité de l'eau, la saison et le type de lac, les organismes lacustres ont une stratégie d'occupation spatiale du lac qu'ils adaptent aux variations des conditions environnementales. L'étude de réservoirs (de centrale nucléaire par exemple) non soumis à un marnage ni aux fluctuations naturelles a permis d'étudier la manière dont les poissons et d'autres organismes se répartissent dans l'espace et le temps dans la masse d'eau dans ces conditions de faibles contraintes abiotiques[14]. Selon Holmgren & Appelberg (2000)[15], sept principaux facteurs (variables) environnementaux ont un effet significatif sur le nombre d'occurrences de chaque espèces de poisson dans les différentes couches d'un lac naturel, la conductivité, la température, la surface, la latitude et l’altitude du lac, sa transparence et sa profondeur maximale. La profondeur de vie d'un poisson semble résulter de choix combinant principalement des variables biogéographiques et de productivité du milieu, avec quelques variations interannuelles notamment liées aux variations météorologiques et de pluviométrie[16].
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Tout lac est alimenté par des eaux de surface et/ou souterraines, et météoritiques plus ou moins dépendantes des conditions géologiques, météorologiques et climatiques. Le climat influe sur le cycle de l'eau du lac, mais aussi sur sa température.
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Les sédiments lacustres comptent parmi les hot-sports potentiels d'émissions de gaz à effet de serre (méthane, dioxyde de carbone et oxydes nitreux), d'autant plus que leurs eaux d'alimentation sont eutrophisées ou dystrophes[17]. Là où elles ont été mesurées les émissions annuelles de CH4 et de CO2 passant des lacs à l'atmosphère sont proportionnelles aux stocks de matière organique sédimentée[18] et d'hydrates de méthane et/ou aux apports hydriques nets de Carbone (parfois principalement par les eaux souterraines comme dans deux lacs du bassin versant de la rivière Shingobec (Minnesota)[19]. Le réchauffement accélère la production de méthane, qui elle-même contribue au réchauffement global[18]. Les moyennes des émissions des lacs tropicaux seraient 58 % plus élevées que celles des lacs subarctiques, boréaux ou de zone tempérée voire jusqu'à 400 % plus élevé compte tenu des valeurs médianes[20],[21],[22],[23],[24],[25]. en 2004, il a été évalué que le flux de CH4 émis par les lacs dans le monde serait de 6 à 25 Tg de CH4 par an[17].
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La définition des lacs ou étangs, et plus encore celle des zones humides peut varier selon les époques, les pays et les acteurs et fait encore l'objet de débats. D'un point de vue commun (retrouvé dans la toponymie) un lac serait fait d'eau douce, à la différence des mers et des océans, quant à eux salés. Cette définition est incorrecte car la mer Baltique présente moins de 4 g/L de sel et le Grand Lac Salé environ 250 g/L.
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Classer un plan d'eau en lac ou étang selon son appellation locale dans la toponymie n'est en outre pas possible : un même plan d'eau est parfois indifféremment nommé étang ou lac, ou lac et mer. Le critère parfois retenu d'une zonation verticale exclut les lacs plats et très plats (dont les couches sont constamment mélangées par le vent).
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Le limnologue Laurent Touchart[26] le définit comme « plan d’eau continental (séparé de la mer, dominé par son bassin d’alimentation et développant son caractère propre), dont la superficie, la profondeur ou le volume sont suffisants pour provoquer une zonation, un étagement ou une régionalisation des processus limnologiques »[27]. La dimension verticale et le mélange des couches tendent à prendre de l'importance pour la classification des lacs et étangs, de même que les interactions entre le lac et son bassin d'alimentation[28]. Pour l’auteur, celles-ci sont déterminantes quand elles sont suffisamment importantes, et ce de manière conjointe ou indépendante. « Or, un plan d’eau que nous qualifions de superficiel ou pelliculaire doit a priori ne posséder qu’une dimension verticale réduite. Par conséquent, les plans d’eau que nous étudions ne peuvent être qualifiés de lacs que lorsqu’ils possèdent, outre les autres caractères de la définition, des dimensions horizontales suffisantes pour provoquer une zonation ou une régionalisation des processus limnologiques ». On parle aussi de lacs souterrains et depuis peu de lacs sous-marins (accumulation d'eau hypersalée dans les grands fonds marins, souvent près d'un suintement froid). La frontière entre les concepts de lac et d'étang est floue ; par exemple le Lac Balaton a été présenté comme un Lac-étang[29].
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C'est la profondeur mesurée (en mètres) au point le plus profond du lac. Plus un lac est profond et petit, moins les couches d'eau s'y mélangent.
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Quand Goldman et Horne en 1983 ont cherché des critères pour bien différencier les mares des étangs)[c]. Constatant que la profondeur ne pouvait à elle seule différencier une mare d'un étang, et un étang d'un lac, en prenant les exemples du lac Tchad et du lac Winnipeg, ils ont réutilisé un autre concept : la profondeur relative, calculée d'après la profondeur, pondérée par le critère de superficie (plusieurs modes différents de calcul de cet indice existent). À l'époque, Goldman et Horne ne différenciaient toujours pas par une définition claire les plans d’eau profonds des plans d'eau superficiels. Il est depuis admis que « la plupart des lacs ont une profondeur relative de 2 % et que les plans d’eau très creux dépassent les 4 % »[30].
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Indice pour décrire la profondeur relative d'un lac, en mettant en rapport sa profondeur et sa superficie. Il a été proposé par Delebecque en 1898[31]. Cet indice de creux (sans unité) correspond au quotient de la profondeur maximale (Zm, mesurée en mètres) et de la racine carrée de la superficie (Ao, mesurée en hectares) :
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C'est un autre concept, dérivé de l'indice de creux, promu par Meybeck en 1995 pour classer les plans d’eau selon un indice de profondeur pondéré. Il se calcule à partir de l’indice de creux préalablement proposé par Delebecque, mais en utilisant la profondeur moyenne (plus difficile à calculer). Meybeck classe ainsi tous les lacs en 5 classes de plans d’eau suivant leur indice de creux. Quand la profondeur moyenne est inférieure à un indice de 0,1, il parle de lac très plat, puis de lac plat (de 0,1 à 0,5), lacs normaux (0,5 à 2,5), lacs creux (2,5 à 12,5), et enfin de lac très creux (12,5 et plus). Le seuil qui sépare chaque catégorie reste néanmoins arbitraire.
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Ils ont été mieux définis par deux manuels de limnologie, de Wetzel (1983) puis de Burgis et Morris (1987). Leur fonctionnement écologique est original[32]. Leurs processus morphologiques sont différents de ceux des eaux profondes[33]. En particulier ; à cause du brassage par convection des couches d'eau par les courants superficiels et secondaires induits par le vent[34], on n'y constate pas de stratification thermique (homothermie) ou elle ne dure pas plus de quelques jours et on les dits polymictiques, c’est-à-dire avec un rythme de brassage plus rapide que le rythme saisonnier[35] Ils sont nombreux autour de l'arctique (reliques glaciaires)[36]. Ils sont également nombreux dans certaines grandes plaines alluviales inondées par de grands fleuves (ex. : Yang Tsé Kiang ou Amazone). Leur écologie particulière[32] est liée à des variations plus intenses et rapides des températures et de la salinité, à la pénétration de la lumière dans toute la couche d'eau, ce qui permet une présence relative potentiellement plus importante des macrophytes, et parfois à une turbidité pouvant devenir importante, liée aux remise en suspension de sédiments en période très venteuses[37],[38],[39], à leur redistribution par les vagues[40] ou à cause de blooms planctoniques. Dans ces lacs, les cycles biogéochimiques (du phosphore, de l’azote et du carbone notamment) peuvent être accélérés, notamment en zone tropicale[41] et tempérée. Les vaguelettes induites par le vent érodent les berges et transportent les sédiments avec un bilan sédimentaire différent de ce qu'il serait dans un lac profond[42]. Ils sont sensibles aux pollutions et à l'eutrophisation. « L’intensité de la réponse du lac au forçage dépend de deux paramètres : le rapport entre le volume du lac et sa superficie (profondeur moyenne) et le rapport entre le volume du lac et l’apport par les rivières (temps de séjour de l’eau) »[43].
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Les courants de convection sont dits « libres » ou « mécaniques ». La convection libre (ou passive) résulte de l'enfoncement naturel d'une couche superficielle rendue plus dense (plus salée le jour avec l'évaporation, plus rapidement refroidie la nuit…)[44], ce qui dans une faible couche d'eau contribue significativement au brassage de toute la colonne d’eau. La convection mécanique est le brassage des couches d'eaux forcées par le vent[45], l'arrivée d'un courant d'eau, des sources sur le fond du lac, etc. Les mouvements du plancton (daphnies, copépodes notamment) peuvent aussi contribuer aux micromélanges de couches d'eau qui sans cela se stratifieraient plus facilement. La présence active de nombreux poissons ou de gros animaux (crocodiles ou caïmans, lamantins, hippopotames, etc.) contribue aussi au brassage de l'eau.
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Le temps de résidence hydraulique est le temps moyen durant lequel l'eau séjourne dans le lac. Il se mesure souvent en année à décennies dans les grands lacs.
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Les lacs sont classés selon leur régime de convection thermique, ce qui permet de distinguer les lacs amictiques, monomictiques, dimictiques, polymictiques, holomictiques et méromictiques. Les lacs amictiques, monomictiques, dimictiques et polymictiques se différencient par la fréquence des brassages et leurs types.
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La distinction entre lacs holomictiques et méromictiques tient dans la profondeur de la convection lacustre. Dans les lacs holomictiques, la convection brasse l'ensemble du lac, sur toute sa profondeur. Le mélange est eaux est alors suffisamment efficace pour brasser l'ensemble du lac. Ce faisant, les eaux du lac sont suffisamment oxygénées par le brassage, permettant l'existence d'une vie développée au fond du lac. À l'opposé, les lacs méromictiques se caractérisent par une convection limitée à la surface du lac. Les eaux profondes ne sont pas brassées par la convection et stagnent au fond du lac. Le lac se divise en deux couches : une couche de surface soumise à la convection, et une couche profonde non-brassée. Les eaux de la couche profonde sont très réductrices : elles sont peu oxygénées, sans compter que la dégradation de la matière organique accentue le potentiel redox des eaux.
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En droit international, un lac est entièrement administré par son ou ses États riverains, et ce quelle que soit la distance par rapport au rivage. Dans certains pays, les berges et une bande de terre riveraine ne peuvent pas devenir propriété privée. La libre-circulation sur les rives reste ainsi permise pour tous. En France le Conservatoire du littoral a également compétence sur les « rivages lacustres ». Dans le droit européen de l'environnement, les lacs peuvent être intégrés dans le réseau Natura 2000, et le bon état écologique est une cible pour 2015 (sauf dérogation), imposée par la Directive cadre sur l'eau. Certains auteurs ont proposé une typologie paneuropéenne de critères d'appréciation de leur qualité[46].
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Une classification des lacs peut se faire sur le type d'événement géologique qui a présidé à leur formation :
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Les lacs naturels sont inégalement répartis. Le contexte hydro-géomorphologique les rend bien plus nombreux dans les anciennes zones glaciaires. Leur géographie varie aussi selon que les hommes les ont vidés ou drainés ou au contraire artificiellement aménagés, construits ou agrandis en établissant des digues et barrages.
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En Europe, il y a environ 500 000 lacs de plus de 1 ha (dont près de 50 % en Suède et Finlande), 16 000 dépassant 1 km2[48].
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Dans le monde, hormis les zones glaciaires Arctique et Antarctique, le nombre de lacs d'une superficie supérieure à 0,002 km2 est d'environ 117 millions. Leur surface totale couvre environ 5 millions de km2, soit 3,7 % de la surface terrestre[49][source insuffisante]. Le volume total des lacs terrestres est de 199 000 ± 3 000 km3 (intervalle de confiance à 95 %), et leur profondeur moyenne de 41,8 ± 0,6 m[50].
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Le classement des lacs par leur localisation géographique ou altimétrique est fait par certains : ces classements comportent ainsi les lacs polaires[51], les lacs de montagne (en France, ils correspondent aux lacs situés à plus de 700 m d'altitude, 600 m dans les Vosges[52]), etc. Les lacs polaires et lacs de montagne ont un fonctionnement marqué par la température de l'eau, influençant leur cycle trophique[51].
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Les lacs sont généralement alimentés en eaux par plusieurs sources. Les précipitations sont les premières sources, mais leur bilan est relativement faible. Un lac peut aussi être alimenté par un ou plusieurs cours d'eau en amont, par des résurgences, ou par des glaciers. L'eau peut s'évacuer naturellement, principalement par un cours d'eau appelé émissaire, mais aussi par évaporation. Cependant, certains lacs sont dits endoréiques et n'ont pas de cours d'eau émissaires. Le lac peut aussi perdre de l'eau par évaporation, ce mécanisme étant important en été ou sous certains climats. Certains lacs sont ainsi des lacs temporaires, qui ne survivent que lors de certaines saisons et disparaissent en été. Plus rarement, l'eau peut s'infiltrer dans le sol situé sous le lac, si celui-ci est perméable.
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Les lacs constituent une importante réserve d'eau douce utilisée par l'homme pour l'irrigation des cultures, comme source d'eau potable et dans certains cas pour produire de l'énergie électrique. En revanche, certains lacs de retenue sont responsables de l'assèchement de la partie aval de leur bassin.
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Bien que stagnante, l'eau des lacs connaît de nombreux mouvements internes. Outre les courants créés par les cours d'eau, en amont ou en aval, et les sources souterraines, il peut se produire des tourbillons ou des ondes dus à diverses causes, parmi lesquelles l'action du vent à la surface de l'eau. En outre, les lacs sont sujets à une série de mouvements, véritables déplacements périodiques d'eau d'un côté à l'autre du bassin, observables comme de réelles dénivellations d'une partie à l'autre de la côte. Dans le lac de Bolsena, malgré sa taille relativement limitée, on a ainsi enregistré des variations de niveau allant jusqu'à 50 cm.
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De plus, les grands lacs dans les villes métropolitaines sont des lacs artificiels (cf. lac du parc des Buttes-Chaumont) dont l'eau ne va pas au sol (source Bodo Groening, 2004, Madrid).
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Enfin, les différentes couches d'eau se déplacent en profondeur en raison des différences de température en fonction de la profondeur, de la journée et des saisons.
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D'après François-Alphonse Forel, « en opposition avec les fleuves, rivières et autres eaux courantes, les lacs sont formés d'eaux stagnantes ; ces eaux ne sont pas entraînées dans une direction toujours la même »[53]. L'eau des courants lacustres change souvent de direction, à cause des changements de direction du vent, des obstacles rencontrés (côte, île, etc.) et des variations de températures entre différentes zones.
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De nos jours, il est proposé d'employer à la place de « masse d'eau » le terme de plan d'eau, ou nappe d'eau, du fait que de grands mouvements existent mais ne suivent pas une pente comme un cours d'eau.
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Les lacs sont plus ou moins stratifiés thermiquement, en termes de pH, d'oxygénation et écologiquement. Cette stratification, qui peut faire l'objet d'importantes variations saisonnières, peut être enregistrée dans les sédiments, de même que les teneurs en certains polluants. Certains mollusques (limnées et bivalves tels que les pisidies), selon qu'ils colonisent ou non la zone profonde des lacs, peuvent être des indicateurs de phénomènes d'anoxie ou de toxicité des fonds[54].
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En hiver, l'ensemble des eaux du lac a une température relativement faible. La température des eaux est constante, mais supérieure à zéro, et augmente avec la profondeur. La raison est que les eaux sont protégées de la froideur de l'hiver par la couche de glace. L'ensemble de ces eaux est pauvre en oxygène, étant donné que la glace isole les eaux de l’atmosphère.
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En été, les eaux du lac sont chargées en oxygène (car elles sont au contact de l’atmosphère) et sont recouvertes par une couche chauffée par le soleil. Cette couche d'eau chaude surmonte une couche d'eaux froides et peu oxygénées (l'oxygène et la chaleur se diffusent sur une faible profondeur dans le lac). Les deux couches sont relativement homogènes. Entre les deux couches, la zone de contact voit sa température et son taux d'oxygénation varier rapidement avec la profondeur.
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Au printemps ou en automne, les eaux du lac se mélangent à la suite de phénomènes de convection thermique, liés à une inversion thermique.
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Au fur et à mesure de milliers, voire de millions d'années, les sédiments se déposent au fond des lacs, s'accumulent sur des mètres ou dizaines de mètres. Dans le même temps, les tourbières ou ceintures de végétation arborée peuvent coloniser la partie centrale d'un lac peu profond. Un lac peut ainsi finir par évoluer vers un réseau d'étangs, puis une zone de marais, puis une tourbière et une forêt alluviale humide (dans les zones restant suffisamment humides) et, enfin, être totalement comblé. Un exemple d'évolution et de disparition d'un lac est fourni par les anciens lacs de la plaine d'Oisans, dans les Alpes françaises : cette plaine, qui accueillait encore au Moyen-Âge un lac peu profond, le lac Saint-Laurent, issu de vestiges de lacs paléolithiques, est assise sur une couche de sédiments dont l'épaisseur est estimée à son maximum à 500 m[55].
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Les lacs constituent d'importantes réserves d'eau douce et de ressources halieutiques. L'irrigation des cultures, la pêche, le pompage d'eau potable (ou à potabiliser) et l'énergie électrique, certaines formes de tourisme et d'activités sportives et nautiques sont des activités qui en dépendent et qui les affectent quantitativement et qualitativement.
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Les activités de loisirs et sportives telles que le canotage, la voile ou la planche à voile, des promenades en barque ou en bateau, et la plongée se pratiquent plutôt l'été en zone tempérée. Dans les pays froids, le ski, la marche en raquette, etc. peuvent être pratiqués sur les lacs gelés.Dans certains pays, de nombreux lacs ou leurs berges appartiennent au domaine privé. La pêche y est pratiquée par des professionnels, ou amateurs en toute saison dans les domaines privés, et plus généralement, pendant la période de fermeture de la première catégorie) pour la pêche à la mouche.
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La baignade peut être interdite dans les lacs non aménagés plus dangereux que les côtes maritimes. L'eau y est parfois glacée (lacs de montagne). L'eau y est aussi moins salée, et donc moins dense, ce qui explique qu'elle porte moins le corps. Localement, des courants ou tourbillons inattendus peuvent survenir. Dans la nature, ils sont souvent sans surveillance, sans petit bain pour les enfants, et sans équipements de sauvetage.
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L'imagerie satellitaire et les nouvelles technologies de géolocalisation (GPS, ainsi que des outils tels que Google Earth) ont facilité la connaissance et l'accès aux nombreux lacs qui existent sur la planète. Nombre d'entre eux font l'objet d'une surveillance de la qualité de l'eau, voire de plans de restauration.
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Le lac symbolise en général l'œil de la terre, un lieu par lequel les habitants d'un monde souterrain pourraient regarder la surface[56]. Pour les gaulois, les lacs étaient considérés comme des divinités, ou des demeures des Dieux[56].
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Dans les zones où l'homme est présent les lacs (en tant que recueillant les eaux de ruissellement) et les services écosystémiques qu'ils fournissent sont plus ou moins vulnérable aux prélèvements d'eau et à diverses pollutions (pollution par les pesticides, eutrophisation, dystrophisation et blooms alguaux de cyanophycées écotoxiques induits par les engrais lessivés sur les sols agricoles, métaux lourds, métalloïdes et polluants organiques stockés parfois pour longtemps dans les sédiments et/ou certains organismes lacustres, pollution routière (dont liée au salage des routes et aux stocks de sel en plein air).
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En 2004, l'équipe scientifique de THEMIS, l'instrument de Mars Odyssey prévu pour détecter la présence d'eau passée sur Mars, a découvert sur une des images de la sonde une « structure qui ressemble à un lac situé au centre du cratère »[66]. En 2005, la sonde Mars Express a détecté, à proximité du pôle nord, un lac de glace d'eau dans un cratère[67].
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Sur Titan, satellite naturel de Saturne, la sonde Cassini a confirmé la présence de lacs d'hydrocarbures liquides.
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Lacs de Titan, photographiés en fausses couleurs par la sonde Cassini.
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Des structures à la surface de Pluton suggèrent l'existence d'anciens lacs sur la planète naine[68].
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Le lac Huron est l'un des cinq Grands Lacs de l'Amérique du Nord. Il sépare l'État américain du Michigan de la province canadienne de l'Ontario. La baie Georgienne, partie la plus orientale du lac Huron, délimitée par la Péninsule Bruce et l'île Manitoulin, se trouve entièrement à l'intérieur du Canada ; sur ses berges se situe le Parc provincial Algonquin. La baie de Saginaw, partie sud-ouest, est située entièrement aux États-Unis.
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Le lac Huron est séparé du lac Michigan par le détroit de Mackinac ; ces deux surfaces ayant la même altitude ils constituent donc hydrologiquement une même étendue d'eau. Le lac Supérieur s'élève environ 7 mètres plus haut ; il se jette par la rivière Sainte-Marie dans le lac Huron. Ce dernier se déverse par la suite dans la rivière Sainte-Claire entre Port Huron (Michigan) et Sarnia (Ontario) ; cette rivière franchit le lac Sainte-Claire et débouche par la rivière Détroit dans le lac Érié, et ainsi par le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent jusqu'à l'océan Atlantique.
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Le lac se trouve à 176 mètres d'altitude et atteint une profondeur maximale de 230 mètres.
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Il s'étend sur 59 600 km2 et contient 3 538 km3 d'eau[2].
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Comme les autres Grands Lacs, il a été formé par la fonte de glace pendant le recul des glaciers continentaux[3].
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La plus grande de ses îles, l'île Manitoulin, détient le titre de la plus grande île au monde dans un lac. Elle-même comprend le lac Manitou avec le titre du plus grand lac au monde se trouvant sur une île dans un lac.
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Le lac reçoit également les eaux de la Rivière Au Sable (Michigan).
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Étienne Brûlé fut le premier Européen à voir ce lac[4] lors de ses premiers voyages en huronnie autour de 1615[5].
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Son étymologie est liée à sa découverte par les trappeurs et coureurs des bois français et Canadiens français qui arpentèrent ses rives au XVIe siècle. Le lac fut d'abord appelé « La Mer Douce », c'est-à-dire d'eau douce et non d'eau salée comme toutes les mers. Les Amérindiens l'avaient surnommé « Karegnondi »[6].
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Par la suite le lac prit le nom de « lac des Hurons » à l'époque de la Nouvelle-France et de la Louisiane française. Aujourd'hui, il se nomme simplement lac Huron.
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Durant la guerre d'indépendance des États-Unis, l'île Mackinac fut le théâtre de batailles entre les Britanniques et les États-Unis pour la possession de l'île. Celle-ci était l'enjeu majeur pour le contrôle des Grands Lacs et du commerce des fourrures dans la région.
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Le 9 novembre 1913, une tempête d'une force inhabituelle s'étant formée dans la région des Grands Lacs touche de plein fouet le lac Huron. Alors que les conditions météo dans ce secteur étaient relativement normales pour une Tempête de novembre le dimanche midi, la tempête a repris de la force dans l'après-midi pour atteindre des vitesses de vents de 130 km/h voire 140 km/h en rafales. Le bilan fait état de huit navires coulés et plus de 200 personnes tuées pour ce seul lac.
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Une cigarette est un cylindre de papier, long de quelques centimètres, rempli d'un matériau combustible, le plus souvent des feuilles de tabac hachées et traitées, ainsi que des additifs. Elle peut être roulée à la main ou fabriquée en série de manière industrielle, et peut éventuellement comporter un filtre à une de ses extrémités.
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Son utilisation consiste à l'allumer pour inhaler la fumée dégagée par son contenu qui se consume. Une cigarette peut parfois ne pas contenir de tabac du tout, ou renfermer d'autres produits végétaux, y compris d'autres agents psychotropes tels que le cannabis ou des clous de girofle (kreteks).
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La cigarette se distingue du cigare par sa dimension, l'utilisation de tabac expansé, son papier extérieur et par l'éventuelle présence d'ingrédients (agents de saveurs, humectants) et/ou d'un filtre à l'une de ses extrémités. Les cigares sont habituellement composés uniquement de feuilles complètes de tabac. Un cigare ayant à peu près la taille d'une cigarette est appelé cigarillo.
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La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont au moins une soixantaine sont reconnues comme cancérogènes[1] (comme du goudron, de l'arsenic, du méthanol, de l'ammoniac ou encore du plomb). L'Organisation mondiale de la santé estimait en 2012 que le tabagisme avait provoqué la mort d'environ cinq millions d'adultes de plus de 30 ans dans le monde en 2004 (et de 600 000 décès par tabagisme passif), et que ce nombre devrait dépasser 8 millions par an au cours des vingt années suivantes[2]. Fumer des cigarettes entraine généralement une addiction et fait courir le risque de développer diverses maladies (maladies cardiovasculaires et certains cancers par exemple). Par ailleurs, les cigarettes sont impliquées dans le déclenchement d'incendies[3]. Pour ces raisons, les législations sur le tabac sont devenues de plus en plus restrictives dans les pays riches, en ce qui concerne la vente, les lieux de consommation et la présentation marchande. Cependant, le tabagisme progresse dans certains pays en développement, sous l'effet de la publicité notamment[4]. Le taux de fumeur dans la population mondiale diminue, mais le nombre absolu de fumeurs augmente encore en raison de la croissance démographique mondiale[5].
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Il existe en pratique deux grandes familles de cigarettes :
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Un troisième type de cigarettes, au tabac dit « Oriental », furent commercialisées en occident et dans le sud et l'est méditerranéen.
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Le tabac turc contient moins de nicotine et d'éléments cancérigènes que les autres variétés de tabac, mais est plus riche en sucre[6].Les cigarettes contenant uniquement du tabac oriental ne sont toutefois plus disponibles depuis l'avènement des cigarettes américaines.
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Les récoltes de tabac sont mélangées (souvent par répartition de récoltes successives) afin de conserver une uniformité de goût d'une année sur l'autre. Les sauces appliquées au Burley permettent d'assurer une saveur uniforme entre les lots et empêcher le dessèchement trop rapide du tabac. La soumission aux autorités de la liste des ingrédients utilisés dans la fabrication des cigarettes est obligatoire dans un nombre croissant de pays (au Canada, en Thaïlande et dans l'Union européenne) ; elle est aussi publiée directement par certains fabricants[7].
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En plus des additifs, les fibres de tabac sont amalgamées à des degrés divers avec la poussière de tabac produite lors du traitement et avec les nervures broyées des feuilles (tabac reconstitué et expansé).
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Quelques marchés ont développé des formes locales de cigarettes.
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Depuis les années 1950, les fabricants d'American blends ont ajouté aux cigarettes une variété d'additifs[8] destinés à caractériser leur produit (la variété Burley utilisée étant moins goûteuse que les Virginia blend), une pratique destinée à accroître ou accélérer la dépendance au tabac selon la plupart des acteurs anti-tabac[Note 1],[9].
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Les deux additifs les plus puissants seraient le menthol et les sucres[10]. Le menthol (les cigarettes menthol sont interdites dans l'Union européenne à partir du 20 mai 2020[11]) réduit l'âcreté, favorise l'inhalation profonde de la fumée et augmente l'addiction[10]. Les sucres (interdits au Brésil) masquent l'âpreté du tabac et le mauvais goût de la fumée et seraient la clé de l'addiction à la nicotine[10].
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Selon une étude de l'ASH 1999, « des composés ammoniaqués peuvent augmenter l'addiction en augmentant l’alcalinité de la fumée[12] », augmentant le ratio de nicotine-base dans la fumée, qui atteint dès lors plus rapidement le cerveau pour procurer la sensation de satisfaction du fumeur[13]. La même étude révèle dans certaines marques la présence d'additifs qui dilatent les bronches, favorisant l'absorption de la nicotine : « Des additifs tels que le cacao peuvent être utilisés pour dilater les voies respiratoires, permettant à la fumée de pénétrer plus facilement et plus loin vers les poumons, ce qui expose l’organisme à plus de nicotine et à des niveaux plus élevés de goudrons. »[12]. D'autres composés d'ammoniac modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), et en facilitent aussi l'absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine)[14].
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Les additifs sucrés (miel, sucre, cacao, etc.), pyrolysés par la combustion de la cigarette, produiraient des inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO)[15],[16],[17]. La qualité et la quantité exacte d'IMAO que l'on peut retrouver dans une cigarette reste à déterminer, et il n'est pas dit que cela suffise pour induire un quelconque effet psychotrope.
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Des substances contenues dans la fumée de cigarette agissent sur le consommateur de tabac, mais également sur les individus se trouvant à proximité : on parle de tabagisme passif. La fumée de cigarette contient entre 3 000 et 5 000 constituants différents, dont au moins 70 (les analytes d'Hoffmann) ont été identifiés comme toxiques[18] ; le chiffre réel est très probablement supérieur[19]. Quarante de ces composés doivent être annuellement mesurés et rapportés à Santé Canada pour les marques vendues sur ce marché[20].
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Il n'existe aucune étude démontrant une différence de toxicité entre les cigarettes avec et sans additifs.
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Ici 1 ppb = 0,001 ppm. Ne figurent pas dans ce tableau :
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La consommation de cigarettes est responsable, comme de nombreux autres produits du tabac, de l'apparition de nombreuses maladies mortelles.
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En France, depuis le 1er janvier 2004, certains de ces dangers sont signalés sur les paquets de cigarette par des avertissements écrits, de même que dans les autres États de l'Union européenne : la règlementation est liée à la directive 2001/37/CE du 5 juin 2001 « relative au rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres en matière de fabrication, de présentation et de vente des produits du tabac »[25].
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La culture du tabac utilise beaucoup d’énergie ; elle nécessite une utilisation substantielle des terres et de l’eau, des pesticides, du carburant et un recours massif à la déforestation[26].
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La combustion d'une cigarette donne lieu à la production d'un déchet appelé mégot. Celui-ci est massivement jeté dans l'environnement (766 571 tonnes par an en 2011[27]). Aux États-Unis, les mégots représentent entre 28 % et 33 % du total des déchets ramassés. Selon l’Institut de santé globale suisse, les mégots représentent également 40 % des déchets que l’on trouve dans la mer Méditerranée[28].
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Le mégot est environ 100 fois plus toxique pour les organismes aquatiques qu'une cigarette non fumée[29]. De plus, les animaux marins peuvent ingérer les mégots, ce qui peut entraîner leur mort ou en tout cas provoquer un faux sentiment de satiété — les animaux ne régurgitent pas forcément ce type d’élément — et donc une sous-nutrition[28].
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La cigarette est responsable de 0,2 % des émissions totales de gaz à effet de serre[26].
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Les cinq plus importants fabricants de cigarettes en volume étaient, en 2005[30] :
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Le total des ventes pour cette année s'élevant à 5,457 milliards d'unités.
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En 2012, l'industrie du tabac reste dominée par l'oligopole de ces cinq entreprises, le « Big Tobacco (en) », détenant 83 % du marché : 43 % par la China National Tobacco Corporation qui en 2012 a produit 2 500 milliards de cigarettes (essentiellement pour le marché chinois qui compte 300 millions de fumeurs, soit 30 % du milliard de fumeurs dans le monde), et 40 % par les quatre grandes multinationales du tabac[31].
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Production de cigarettes dans les pays membres de l'UE, en 2017, en milliard d'unités (principaux pays producteurs)
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Source : Eurostat [DS-066341][32].
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Au début du XXe siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare. En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, en 1900 un milliard de cigarettes[33]. Sa consommation se diffuse massivement au milieu du XXe siècle avec l'essor de la publicité. En 1940, 1 000 milliards de cigarettes sont vendues dans monde, 2 000 milliards en 1960, 5 000 milliards en 1980, 6 000 milliards en 2014[34].
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Les cigarettes sont généralement vendues en paquets de 20 à 25 unités, ou à l'unité dans certains pays pauvres. Les paquets peuvent à leur tour être vendus en cartouches (ou cartons) de 8 à 12 unités.
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En France, environ 13,5 millions de fumeurs sont recensés en 2007 (15 millions en 2003), parmi lesquels 16,5 % fument plus de 20 cigarettes par jour. 54,4 milliards de cigarettes ont été vendues en 2008[35], pour un montant d'environ 14 milliards d'euros (calcul effectué sur une base de 5,30 €[36] le paquet de 20 cigarettes soit 0,265 €/cigarette). Le revenu généré par les taxes sur le tabac (un paquet de cigarette est taxé par l'État français à hauteur de 80 %[37]) est d'environ 11 milliards d'euros.
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La taxation des cigarettes est l'objet d'une attention toute particulière des gouvernements soucieux de maximiser l'efficacité de la collecte de revenus et des politiques de santé publique[38]. Par rapport à d'autres produits, la variation de consommation reste cependant relativement peu élastique et toute augmentation des prix ne se traduit pas forcément par une baisse du nombre de fumeurs - une partie des consommateurs se dirigeant vers d'autres produits du tabac plus faiblement taxés (tabac à rouler par exemple), ou vers les cigarettes de contrebande.
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Une grande partie du prix des cigarettes est composé de taxes gouvernementales indirectes. Celles-ci se décomposent en trois grandes catégories : droits d'accise, taxes sur les ventes (TVA par exemple) et, éventuellement, droits de douane[39]. Les droits d'accise prélevés peuvent en outre être exercés sur différents aspects de la marchandise, qu'il s'agisse du poids, du nombre ou de la valeur des cigarettes vendues. Enfin, cette imposition peut être ad valorem (un pourcentage de la valeur déclarée) ou spécifique (un montant fixe pour une quantité donnée).
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Il n'existe pas réellement d'approche uniforme en matière de taxation dans le monde, ce qui conduit à de vastes différences de prix d'un pays à l'autre. Ainsi, le prix d'un paquet de cigarettes Marlboro, marque la plus vendue au monde[40], varie de un à onze dollars par paquet selon les pays que ce soit en Mongolie ou en Norvège[41].
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Cette hétérogénéité en matière de prix fait de la cigarette un produit très vulnérable aux trafics et à la contrebande. Selon une étude du cabinet KPMG de 2016 commandée par les quatre grandes multinationales de l'industrie du tabac, la France serait le pays européen le plus touché par cette question dans l'Union européenne. Toutefois, le Comité national contre le tabagisme conteste ces résultats et les méthodes de l'étude[42]. Afin de lutter contre ce problème, la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac recommande de mettre en place un dispositif — indépendant des fabricants — pour s'assurer de la traçabilité des cigarettes[43], conformément à l'article 15 de cette convention[44]. L'industrie du tabac souhaite reconduire un accord signé en 2004 avec la Commission européenne, qui lui confie la charge du dispositif de lutte contre la fraude ; le Parlement européen s'est opposé à une forte majorité à la reconduite de cet accord et s'est prononcé en faveur de la mise en place d'un système de suivi indépendant des fabricants[45].
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Les Amérindiens fumaient le tabac enroulé dans différentes feuilles végétales, les classes supérieures fumant plutôt la pipe. Lors de son introduction en Espagne par les conquistadors au XVIe siècle, la consommation de tabac se diffusa en Europe où il était prisé, mastiqué (tabac à mâcher et à chiquer), fumé à la pipe (pratique typique chez les marins et les militaires) ou au cigare dont la feuille de maïs devint la norme sur le continent européen, avant d'être remplacée par du papier fin à partir du XVIIe siècle[46]. Le tabac roulé dans du papier était appelé papelate et est illustré dans diverses œuvres de Goya comme La Cometa, La Merienda en el Manzanares et El juego de la pelota a pala[47].
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Il est possible que l'origine des premières cigarettes provienne de la pratique dès la seconde moitié du XVIIe siècle par le petit peuple de récupérer les mégots de cigare jetés par les riches espagnols. Ce type de consommation se répandit alors dans l'Europe, à l'exception notable de la France qui lui préféra la prise nasale jusqu'au XIXe siècle, période qui vit la cigarette s’imposer vers 1830 après qu'elle fut ramenée d’Espagne par les soldats de Napoléon Ier : tabac et papier à rouler étaient alors vendus séparément et les cigarettes préparées manuellement[48].
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Les premières cigarettes manufacturées apparurent en Espagne vers 1825, en 1833 les paquets de cigarettes furent vendus sous la dénomination cigarrillo ou cigarrito, qui dérive du mot cigarra (« cigale ») par similitude de forme et de taille avec l'insecte[49]. En France, le mot cigaret (petit cigare) se féminisa en cigarette dès 1831[50].
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En 1845, le monopole d'État fut instauré en France pour la fabrication des cigarettes[47]. Cette même année 1845, un industriel proposa une machine d'appartement à rouler les cigarettes, sous l'appellation de Cigaretta-Factor. Mais, jusqu'en 1870, c'est la pipe en terre qui réunissait encore les faveurs des consommateurs, sans parler des autres modes de consommation, la chique par exemple, qui subsistaient[51].
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Il fallut attendre la fin du XIXe siècle et la multiplication de machines[52] permettant la fabrication industrielle de cigarettes pour que sa consommation se démocratise : alors que les cigaretteuses[53] produisaient jusqu'à 1 200 cigarettes par jour, ces machines en fabriquaient 600 à la minute au début du XXe siècle[46].
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La distribution gratuite de tabac gris[54] aux soldats de la troupe pendant la Première Guerre mondiale généralisa sa consommation.
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En France, en 1926, le service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) fut créé pour gérer le monopole. Les bénéfices du service étaient versés à la caisse autonome pour l'amortissement des emprunts d'État.
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La production de cigarettes passe de 10 milliards d'unités en 1923 à 19 milliards en 1940, puis à 86 milliards en 1980[55].
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Mais la consommation de tabac n'a vraiment commencé à prendre de l'ampleur que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec l'arrivée des « américaines ». Le service militaire et les prisons sont souvent des moments et lieux d'apprentissage ou de développement du tabagisme (ainsi dans les années 2003-2004 aux États-Unis, la prévalence générale du tabagisme diminue mais reste deux fois plus élevée chez les adultes incarcérés que dans le reste de la société)[56].
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La cigarette filtre, inventée en Suisse dans les années 1930, se généralise dans les marchés occidentaux dans le courant des années 1950[46].
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En 1982, la production mondiale de cigarettes atteint 4 600 milliards d'unités[57].
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Un fume-cigarette est un accessoire de mode en forme de tube légèrement évasé, à l’extrémité duquel on insère une cigarette de manière à la fumer sans qu’elle touche aux lèvres. La personne qui l'utilise respire alors à travers l'embout du fume-cigarette. Souvent fabriqué en argent, en or, en jade, en ivoire ou en bakélite (puis d'autres plastiques), il était populaire chez les femmes mondaines et à la mode, du milieu des années 1910 jusqu'aux années 1970. Il s'est fait beaucoup mieux accepter chez les hommes dans les années 1930.
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La lutte contre le tabagisme progresse au fur et à mesure de la reconnaissance de sa nocivité. La cigarette est de plus en plus taxée, et son usage de plus en plus limité (interdiction dans les bars et restaurants, dans les gares, sur les aires de jeux, etc.) dans de nombreux pays.
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Par ailleurs, le travail des enfants reste un problème majeur dans la production du tabac.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le système reproducteur d’un organisme, appelé aussi appareil génital ou reproducteur, est le système biologique constitué de l'ensemble des organes anatomiques qui participent à la reproduction. Chez les organismes sexués, on parle des organes sexuels ou des organes génitaux chez les animaux, ou encore des caractères sexuels primaires.
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Les organes du système reproducteur remplissent au minimum les fonctions de production des cellules sexuelles nommées gamètes et de fécondation ; chez les hauts vertébrés, on y ajoute la gestation et la parturition (naissance, mise bas ou ponte).
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Chez les animaux, le système reproducteur est fondé sur les gonades, les glandes qui produisent les gamètes : ovaire pour la gonade femelle et testicule pour la gonade mâle.
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Les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes à fleurs.
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Chez l’être humain, la représentation et la figuration des organes génitaux internes, de la femme notamment, a beaucoup évolué au gré des connaissances sur la fécondation[1].
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Les organes jouant un rôle sexuel sont nombreux, incluant le système hormonal, le cerveau et les zones érogènes, dont le fonctionnement et les inter-relations sont encore mal compris.
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La fonction génitale de l'homme est de produire les gamètes mâles spermatozoïdes et les introduire par l'intermédiaire du pénis, dans les voies génitales de la femme où la fécondation a lieu. La fonction génitale de la femme est de produire les gamètes femelles ovules et soutenir le développement d'un embryon en voie de développement pendant 9 mois.
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L'appareil génital compte, chez la femme :
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L'appareil génital compte, chez l’homme :
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La formation des « organes de la reproduction » s'effectue en plusieurs étapes.
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Elle s'amorce très tôt durant l'embryogenèse, avec un premier stade où les différences morphologiques entre les deux sexes sont presque inexistantes.
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La différenciation est entamée et se poursuit lors du développement du fœtus, avec plusieurs moments importants, (dont descente des testicules chez le garçon. Le testicule se développe d'abord juste en dessous du rein, comme les ovaires chez le fœtus féminin. Le testicule doit ensuite progressivement descendre le long d'un canal vers les bourses, souvent peu avant la naissance, voire dans les jours suivant la naissance : 50 % des testicules ne sont pas tout à fait descendus à la naissance, mais le seront presque toujours à l'âge de 6 mois ; mais, plus un testicule non descendu est en position haute, moins il a de "chances" de descendre spontanément, et plus le risque futur de cancer augmente. Une fois descendu, le canal de descente doit se refermer.
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L'absence, le retard ou l'insuffisance de cette descente sont classées parmi les cryptorchidies ou ectopies testiculaires.
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Le développement de l'utérus, du vagin et de la vulve sont internes et donc plus discrets, mais suivent des processus assez similaire (modification de taille, de conformation, de position et de direction de ces organes. Cependant, chez la femme, certains de ces organes évolueront encore avec la grossesse et l'accouchement s'ils se produisent (de même que les seins).
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Tous les stades de développement des organes reproducteurs - avant et après la naissance - sont sous le contrôle d'hormones dites "hormones sexuelles".
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Leur développement s'interrompt (normalement) durant la petite enfance (période correspondant à un relatif « silence hormonal » concernant la production des hormones sexuelles).
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Le développement reprend ensuite normalement à l'adolescence avec l'apparition des caractères sexuels secondaires.
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À tous les stades de développement de ces organes, la « maturation » et « différenciation sexuelle » se poursuivent sous l'influence du génome (Système XY de détermination sexuelle), mais pas uniquement. Les hormones de la mère interviennent aussi in utero.
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Et l'exposition du fœtus ou dans l'enfance à certains polluants dits « perturbateurs endocriniens » peuvent interférer avec ce développement, parce que ces molécules « miment » nos hormones (même à très faible dose) et peuvent ainsi perturber le système hormonal et le développement des organes génitaux (au moment de l'exposition et pour le futur de l'individu) ; Ces « leurres hormonaux » peuvent encore par suite, directement ou indirectement perturber la vie sexuelle ou la fertilité future des individus.
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Ces perturbateurs peuvent notamment contribuer au phénomène de délétion de la spermatogenèse et causent des malformations génitales (ex : cryptorchidies, ectopie testiculaire, source de risque de cancer du testicule) dont la fréquence et la gravité semblent s’accroître depuis quelques décennies)[2].
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Après maturation complète des organes génitaux (terminée en fin d'adolescence), le système reproducteur et la sexualité continuent à se construire ; les organes géniaux interagissent avec le cerveau, le système hormonal et d'autres organes (zones érogènes notamment) via les centres du plaisir et d'autres zones.
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Le Dictionnaire de l'Académie française, dans sa 4e édition (1762), décrit ainsi l’adjectif « génital » : « Terme didactique. Qui sert à la génération. Vertu, faculté génitale. Esprit génital. Parties génitales. ». Il laisse ainsi entendre qu’il ne décrit pas que les organes de la reproduction, mais aussi l’esprit qui chez l’homme, via l’érotisme et la pensée consciente et prévisionnelle, contribue fortement au processus de sexualité et de reproduction.
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L’homme semble se différencier des autres mammifères de plusieurs points de vue
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Après une période où la pudeur a été exaltée par les élites de l’Occident (du XVIIe au XIXe siècle), on qualifiait encore au début du XXe siècle les organes génitaux humains d’organes « honteux », en n’autorisant leur représentation (pour la représentation de corps d’hommes, mais non de femmes) que dans la sculpture et la peinture, alors que les civilisations grecque, étrusque ou romaine toléraient ou encourageaient la nudité (au combat, à l’exercice, lors de jeux olympiques, etc.). Certaines cultures ou religions ont toléré ou encouragé la circoncision, l’excision, voire l’infibulation, ou inversement le port de vêtements ou d’attributs mettant en valeur les organes génitaux masculins (comme certains vêtements de la Renaissance) ou l’étui pénien.
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Dans la plupart des pays, depuis la fin du XXe siècle, l’éducation sexuelle à l’école a pour rôle d’apprendre aux enfants le fonctionnement de l’appareil reproducteur humain, en abordant souvent les aspects fonctionnels et médicaux de la fonction ainsi que la contraception.
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La psychanalyse et la physiologie n’astreignent pas les organes génitaux à la seule reproduction de l’espèce : ils sont reliés, comme disposition, à la notion de génital.
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Le système reproducteur est centré sur les gonades, qui produisent les gamètes, ou cellules sexuelles. Chez les animaux sexués, on parle d'ovaire pour la gonade femelle et de testicule pour la gonade mâle comme chez les êtres humains.
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Les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes à fleurs, les cônes sont les organes reproducteurs des conifères, tandis que les mousses, les fougères et autres plantes similaires ont pour organe de reproduction des gamétanges ou gamétocystes.
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Le pistil ou « gynécée » est l’organe femelle des plantes à fleurs.
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Les étamines sont les organes reproducteurs mâles.
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La fleur comporte deux parties distinctes permettant sa reproduction. Il s'agit d'une part de l'androcée (nom masculin) composé de l'ensemble des étamines (nom féminin) de la fleur, et de l'autre part du gynécée (nom masculin) plus communément appelé pistil désignant l'ensemble des carpelles (nom masculin) de la fleur. Chaque étamine est définie par un filet (sorte de tige) qui relie l'anthère (nom féminin) à la fleur. C'est au niveau des étamines que le pollen est produit. Les carpelles sont composés du stigmate, des ovaires et du style (reliant les deux parties précédentes). Lorsque du pollen entre en contact avec le stigmate, les ovaires sont fécondés. Ainsi la fleur fane et les graines sont produites et permettent la reproduction de la plante.
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Le lac Michigan (Ojibwé : Mishi-gamiing) est l'un des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord. Le terme « Michigan » a initialement été utilisé pour désigner le lac lui-même, et s'il est bien originaire de l'ojibwé, il signifie « grandes eaux ». C'est le deuxième des Grands Lacs en volume et le troisième plus grand par sa superficie derrière le lac Supérieur et le lac Huron. Il est le seul des Grands Lacs entièrement dans le territoire des États-Unis, les autres étant partagés avec le Canada. Il est bordé, d'ouest en est, par les États du Wisconsin, de l'Illinois, de l'Indiana et du Michigan. Le lac est légèrement plus petit que l'État américain de Virginie-Occidentale. Il a donné son nom à l'État américain du Michigan.
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Les premières traces humaines autour du lac sont de culture Hopewell. Les traces laissées par cette culture ont diminué après l'an 800 et ont laissé place à celle de la période dite Sylvicole. Les tribus indiennes Ojibwés, Menominee, Sauks, Outagamis, Winnebagos, Miamis, Outaouais et Potéouatamis, descendant de la culture des tribus du Sylvicole, y vivaient.
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Il est probable que le premier aventurier européen dans la région soit le Français Jean Nicolet entre 1634 et 1638. Louis Jolliet, Jacques Marquette et Robert de La Salle remontent jusqu'à cette région en remontant du golfe du Mexique, par le Mississippi puis le Saint-Laurent. Les coureurs des bois et les premiers colons établissent des petites communautés villageoises commerciales et des ports comme Green Bay, dès la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle. La première colonie permanente sur les rives du lac Michigan est fondée par Jean Baptiste Pointe du Sable en 1779 sur le site de l'actuelle Chicago.
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La première personne à atteindre le fond du lac Michigan est Jeffrey Val Klump, un scientifique de l'université du Wisconsin à Milwaukee. Klump atteint le fond grâce à un submersible dans le cadre d'une expédition scientifique en 1985.
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Situé au cœur du Midwest américain, il occupe une superficie de 57 750 km2, ce qui en fait la plus grande étendue d’eau douce des États-Unis, et le cinquième plus grand lac au monde. Sa plus grande profondeur atteint 281 m, et sa surface se situe à environ 200 m d’altitude[2], au même niveau que le lac Huron, avec lequel il est relié par le détroit de Mackinac. Géologiquement, les lacs Michigan et Huron forment un seul plan d’eau.
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Le lac Michigan reçoit notamment les eaux de la rivière Père Marquette et de la rivière Manistee.
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Il reçut également jusqu'au XIXe siècle les eaux de la rivière Chicago avant que celles-ci ne soient détournées vers le bassin hydrographique du Mississippi par le biais du canal Illinois et Michigan. Un projet datant de 2005 prévoit de rétablir son cours initial vers le lac Michigan.
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Les plus grandes villes situées sur ses rives sont Chicago (Illinois), Milwaukee (Wisconsin) et Gary (Indiana). L’extrémité sud du lac est très industrialisée. Environ 13 millions de personnes vivent le long de ses rives, principalement dans l'agglomération de Chicago.
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Le lac Michigan abrite une grande variété d'espèces dulçaquicoles. On y trouve les poissons Omble du Canada, Perchaude, Achigan à grande bouche, Achigan à petite bouche, Poisson-castor, des carpes, ainsi que certaines espèces de poissons-chats. Ces dernières années, la surpêche a entraîné une baisse de la population d'omble du Canada, entrainant finalement une augmentation des populations de Gaspareau. Les salmonidés Oncorhynchus kisutch et Oncorhynchus tshawytscha ont été introduits comme un prédateur du gaspareau dans le cadre d'une lutte biologique. Les populations de ces deux poissons sont très suivies[3]. Ce programme a été un succès, et en outre la population de saumons a explosé ce qui a rendu le site très attractif pour les amateurs de pêche sportive. Cette pratique est devenue illégale dans tous les États des Grands Lacs à l'exception dans l'Illinois durant une saison limitée. D'autres espèces devenues invasives ont été introduites, comme la lamproie marine et la Moule zébrée. Ces espèces menacent les populations de poissons.
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La pollution des Grands Lacs est très importante, en particulier celle du lac Michigan[4]. Elle est principalement causée par la quantité excessive d'éléments nutritifs et de contaminants toxiques qui sont responsables de la régression de certaines espèces et de blooms planctoniques dès que la température de l'eau et l'ensoleillement augmentent[5].
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Le niveau d'eau du lac Michigan a constamment baissé depuis le milieu des années 1960, jusqu'en 2009 au moins.
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Le lac Ontario est le plus oriental et le plus petit des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord. Il s'étend sur 18 529 km2, ce qui le place au 14e rang dans le monde.
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Il reçoit les eaux du lac Érié par la rivière Niagara et les chutes du Niagara. Son émissaire est le fleuve Saint-Laurent[2].
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Il est situé à la frontière entre les États-Unis (État de New York) et le Canada (province de l'Ontario) dont la région dite du fer à cheval doré avec la métropole de Toronto pour laquelle il sert de pompe à chaleur notamment l'été pour assurer la climatisation de ses immeubles de bureaux et celle des habitants.
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Étienne Brûlé fut le premier Européen à voir ce lac[3] lors de son voyage en 1615[4].
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Le lac Ontario fut identifié sous différentes appellations. Louis Hennepin écrit : « Le grand fleuve de St. Laurent tire son origine de ce Lac Ontario , que les Iroquois appellent aussi dans leur langue Skanadario , c'est-à-dire fort beau Lac. »[5]. Skanadario signifie en langue Wendat, « lac aux eaux étincelantes »[réf. nécessaire].
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La Relation des Jésuites (1662-1663) le désigne sous le nom de « Lac Ontario » mais y réfère aussi parfois sous le nom de « grand lac des Iroquois »[6].
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Dans ses Mémoires (1703), le baron de Lahontan fait allusion à ce lac qu'il nomme « lac Frontenac », en indiquant que le « lac Herrié » s'y décharge[7].
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En 1712, une carte française réalisée par Jean-Baptiste de Couagne, et présentée au Musée canadien des Civilisations, nomme ce lac « Frontenac ».
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On retrace aussi le nom Cataraqui, Katarakui ou Cataracui et Ontarjus[8].
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On trouve dans le lac plusieurs espèces de poissons dont 158 de poissons d'eau douce[9] et des reptiles aquatiques.
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Tout autour se trouvent de nombreuses forêts comportant des arbres à fruits. On y trouve également des oiseaux.
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Le lac a été l'objet d'une surpêche, par exemple pour l'espèce de l'Esturgeon jaune.
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Il sert de pompe à chaleur à la métropole de Toronto, notamment l'été, pour assurer la climatisation de ses immeubles de bureau et celle des habitants[10].
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Des experts environnementaux ont analysé les eaux du lac et découvert une importante pollution par des microbilles de plastique, à raison de 1,1 million de microbilles par kilomètre carré[11]. Cette découverte conduit Pat Quinn, gouverneur de l'Illinois, à interdire ces microbilles dans les savons.
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Anciennement la tribu des indiens Onneiouts (Une des six nations Iroquoises) vivait autour de ce lac, en Ontario mais aussi dans le Wisconsin et l'État de New-York aux États-Unis, exploitant toutes les ressources naturelles que le lac pouvait leur fournir.
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45°48' - 45°49' N, 15°57' - 15°58' E
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La Croatie, en forme longue la république de Croatie, en croate : Hrvatska et Republika Hrvatska écouter, est un pays d'Europe centrale et du Sud, indépendant depuis 1991 lors de la dislocation violente de la Yougoslavie. Il s'étend depuis les confins de l'extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu'au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Sa capitale est Zagreb et elle est membre de l'Union européenne depuis le 1er juillet 2013[4], de l'OMC depuis 2000[5] et de l'OTAN depuis 2009.
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La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu'artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du VIe siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d'une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d'autre part. Cet héritage vient se superposer à celui préroman — romain et byzantin — plus diffus mais auquel elle doit sa tradition chrétienne. Le voisinage immédiat de l'Empire ottoman, du XVe au XIXe siècle, dont l'expansion s'est arrêtée en terre croate, a également eu son importance. Premier peuple slave christianisé, dès le début du VIIe siècle, les Croates sont encore aujourd'hui très majoritairement catholiques.
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La Croatie contemporaine est également l'héritière du royaume croate médiéval, d'abord indépendant puis associé en 1102 à la couronne hongroise puis intégré, en 1527, aux terres des Habsbourg, devenues l'Autriche-Hongrie de 1867 à 1918. Au début du XVe siècle, la province côtière de Dalmatie devint vénitienne pour quatre siècles, puis française de 1809 à 1814, au sein des Provinces illyriennes qui mirent fin à la république de Raguse. Les Croates aspirèrent à la formation d'un royaume de Croatie-Slavonie-Dalmatie, dans le cadre de la monarchie austro-hongroise, mais l'accord austro-hongrois de 1867 laissa le royaume de Dalmatie à l'Autriche, tandis que le royaume de Croatie-Slavonie demeura en union personnelle avec la Hongrie, relation spécifique respectant les subjectivités politiques des deux royaumes, et comparable au lien unissant l'Écosse et l'Angleterre. La côte adriatique a longtemps été peuplée de colons italiens qui érigeront des villes en républiques indépendantes avant de se soumettre à Venise. Néanmoins ces Latins resteront principalement sur les côtes, s'aventurant peu à l'intérieur des terres peuplées de Slaves.
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Si les Croates ont toujours lutté, depuis la fin du XIe siècle, pour conserver leur autonomie, le sentiment panslave et yougoslave s'y développa à partir des années 1830. Le XXe siècle voit, pour la première fois, la Croatie unie à ses voisins slaves. De 1918 à 1941, c'est sous la forme d'un royaume centralisé sous le sceptre d'une dynastie serbe, au sein du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, renommé royaume de Yougoslavie le 6 janvier 1929[6]. En 1941, après l'invasion de la Yougoslavie par les forces de l'Axe, l'État indépendant de Croatie — État satellite de l'Italie et de l'Allemagne nazie — est mis en place par les envahisseurs et confié au mouvement indépendantiste et fasciste des oustachis, dirigés par Ante Pavelić. Les collaborateurs mettent en place une politique de persécution des populations serbes et juives et des résistants antifascistes croates, qui causa des dizaines de milliers de morts. Par rapport à la Croatie actuelle, cet État était amputé d'une partie de la Dalmatie et de l'Istrie (annexées par l'Italie), mais englobait la quasi-totalité de la Bosnie-Herzégovine. Parallèlement, et à la suite de l'insurrection antifasciste du 22 juin 1941, a été mis en place un Conseil antifasciste de la guerre de Libération de Croatie (en) (ZAVNOH). Véritable gouvernement de la « Croatie libre » contrôlant de vastes portions de l'État indépendant de Croatie, il rassemble la résistance croate au sein des partisans de Josip Broz Tito. De ce fait, concomitamment à la retraite allemande, la Croatie est libérée en 1945 par les Serbes de Croatie et de Bosnie qui formaient 90 % de l'armée des partisans et seront pour la plupart amenés à soutenir ou à rejoindre les Partisans après avoir été chassés de leur maison par les Oustachis. Dès novembre 1943, les partisans annoncent leur projet de mettre en place une nouvelle Yougoslavie qui serait fédérale. La république socialiste de Croatie devient un État fédéré au sein de la république fédérative populaire de Yougoslavie (de 1945 à 1963), puis de la république fédérative socialiste de Yougoslavie (de 1963 à 1990), composées de six républiques.
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Dans la foulée de la chute du mur de Berlin et de l'effondrement du bloc communiste, les premières élections multipartites de Croatie sont organisées en avril-mai 1990. Elles voient la défaite du Ligue des communistes de Croatie et la victoire du parti clandestin et nationaliste qu'est l'Union démocratique croate, emmenée par l'ancien-communiste[7], dissident et négationniste[8], Franjo Tuđman. À partir d'août 1990, une rébellion armée conduite par des citoyens yougoslaves majoritairement serbe éclate dans des régions yougoslaves majoritairement peuplé de Serbes : de vastes zones du territoire yougoslave sont soustraites au contrôle des séparatistes croates, avec l'appui de l'armée yougoslave qui s'interpose en protégeant les citoyens yougoslaves. Une « République serbe de Krajina » est proclamée le 16 mars 1991 sur près d'un tiers du territoire yougoslave, et son maintient au sein de la Yougoslavie est proclamé le 1er avril 1991. Le 31 mars 1991, les premières rixes armées éclatent dans le Parc national des lacs de Plitvice avec leur annexion par la Région autonome serbe de Krajina : deux citoyens yougoslaves et un séparatiste croate furent tués et à la bataille de Borovo Selo où douze séparatistes croates et trois soldats yougoslaves furent tués au cours d'une bataille dans le village de Borovo Selo[9] sont les premiers morts de la guerre qui va suivre, le 2 mai 1991, le dernier président de la Youglosavie, Stjepan Mesić, quitte ce poste pour prendre part à la présidence fédérale de la RFS Yougoslavie, en tant que vice-président. Le 19 mai 1991 plus de 94 % des Croates se prononcent par référendum en faveur de la transformation de la Yougoslavie en confédération d'États souverains (proposition slovéno-croate), ou, en cas de refus de Belgrade, de l'indépendance pure et simple de la Croatie. Belgrade ayant rapidement rejeté toute proposition visant à démocratiser la fédération yougoslave, le 25 juin 1991 la Croatie est amenée, tout comme la Slovénie, à déclarer son indépendance. Le gouvernement fédéral yougoslave ne reconnut pas cette déclaration et, au nom de la préservation de l'État fédéral et de la minorité serbe de Croatie, mena une guerre avec l'armée yougoslave (4e armée européenne[réf. nécessaire]) et des groupes paramilitaires serbes. La Croatie fut reconnue internationalement le 15 janvier 1992. La nouvelle armée croate mena des opérations contre les forces de la République serbe de Krajina soutenues par l'Armée populaire yougoslave (JNA), notamment en 1995, les opérations Éclair (Operacija Bljesak) en Slavonie occidentale et l'opération Tempête (Operacija Oluja)[10] pour reconquérir la République serbe de Krajina. Ces opérations se sont accompagnées de l'exode de 120 000 Serbes, principalement vers la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, provoqué par l'évacuation forcée[11] de la population civile ordonnée par les responsables séparatistes croates. La Slavonie orientale et la Syrmie occidentale furent rendues pacifiquement à la souveraineté croate, en 1998.
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L'élection du modéré Stjepan Mesić, en 2000, à la suite du décès de Franjo Tuđman qui avait dirigé le pays au cours des dix années précédentes, a constitué un tournant politique et économique majeur. Le pays s'est démocratisé et s'est ouvert sur l'Europe ; les auteurs d'exactions pendant les conflits militaires ont été poursuivis. Le pays a mené une politique de privatisations et s'est ouvert aux investisseurs étrangers. Cela s'est fait, toutefois, avec de fortes résistances internes du fait de la présence de nationalistes extrémistes dans certaines structures de l'appareil d'État (défense) et dans certaines régions (Split). La Croatie s'est officiellement déclarée candidate, le 21 février 2003, à l'adhésion à l'Union européenne et le statut d'État candidat lui a été reconnu officiellement lors du Conseil européen des 17 – 18 juin 2004. L'ouverture des négociations d'adhésion avait, toutefois, été retardée jusqu'au 3 octobre 2005 du fait de la coopération jugée insuffisante de la Croatie, avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), en ce qui concerne l'arrestation de l'ancien général Ante Gotovina finalement arrêté en décembre 2005, pour en fin de compte être acquitté en appel en 2012. Le pays a rejoint l'OTAN dès 2009, soit seulement onze ans après le départ du dernier casque bleu (de Slavonie orientale).
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La Croatie est une république parlementaire, démocratique et multi-partite. Elle a déjà connu trois alternances depuis son indépendance, même si la décennie 1990 – 2000 a été dominée par l'Union démocratique croate (HDZ) et Franjo Tuđman. La déclaration d'indépendance a eu lieu en 1991.
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Le président de la république de Croatie (Predsjednik) est le chef de l'État ; il est également le chef des armées et il a le devoir de désigner le président du gouvernement (le « Premier ministre ») avec l'accord du Parlement. Il a également une certaine influence sur la politique étrangère. Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
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Le Parlement croate, la Diète (Sabor) est un Parlement monocaméral composé de 153 députés (140 élus dans dix circonscriptions, 10 par les minorités ethniques, 3 par la diaspora) élus pour une législature de quatre ans. Les sessions ordinaires se déroulent du 15 janvier au 15 juillet et du 15 septembre au 15 décembre.
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Le gouvernement croate (Vlada) est dirigé par le président du gouvernement (couramment qualifié de « Premier ministre » dans les médias croates et étrangers) et se compose de vice-présidents et de ministres en nombre variable. Le pouvoir exécutif a la charge de proposer des lois et un budget, de veiller à l'application des lois et de guider la politique intérieure et étrangère.
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En 2000, le social-démocrate Ivica Račan devient président du gouvernement, tandis que Stjepan Mesić est élu président de la République, ce qui marque la première véritable alternance. Bien que la HDZ revienne au pouvoir dès 2003, le virage proeuropéen pris par son président, Ivo Sanader, marque une nouvelle alternance. Lors de l'élection présidentielle du 16 janvier 2005, Stjepan Mesić a été réélu au second tour pour un second mandat présidentiel face à Jadranka Kosor avec plus de 60 % des suffrages. Celle-ci a succédé à Ivo Sanader à la tête du gouvernement en 2009.
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La Croatie a obtenu, le 17 juin 2004, le statut de candidat à l'Union européenne et le Conseil de l'Union européenne a reconnu, le 3 octobre 2005, qu'elle remplissait l'ensemble des conditions pour lancer les négociations d'adhésion. Ceci n'a été possible qu'après que le gouvernement croate a accepté de mieux coopérer avec le TPIY. La Croatie est également membre de l'OTAN. Elle a par ailleurs obtenu au Sommet de Ouagadougou en novembre 2004 le statut d'observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie, malgré le faible nombre de personnes parlant le français.
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Le 27 décembre 2009, la Croatie entreprend une élection présidentielle. Les résultats sont connus le 10 janvier 2010, Ivo Josipović remporte le second tour avec 60,29 % des voix, contre le maire de Zagreb, Milan Bandić (39,71 %)[12]. Environ deux ans plus tard, aux élections législatives du 4 décembre 2011, une alliance de centre-gauche conduite par le Parti social-démocrate de Croatie (SDP) remporte la majorité absolue des sièges, permettant la nomination de Zoran Milanović comme président du gouvernement.
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L'élection présidentielle croate de 2014 – 2015 s'est déroulée les 28 décembre 2014 et 11 janvier 2015. Au premier tour, le président sortant Ivo Josipović obtient 38,56 % des suffrages contre 37,08 % à Kolinda Grabar-Kitarović, ancienne ministre des Affaires étrangères.
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Au second tour, Kolinda Grabar-Kitarović est élue avec 50,4 % des voix contre 49,6 % à Ivo Josipović.
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Après la clôture de ses négociations d'adhésion à l'UE, le 30 juin 2011, le référendum du 22 janvier 2012[13] a donné le feu vert à l'intégration dans l'Union européenne[14]. Le traité d'adhésion, que la Croatie et l'UE ont signé en décembre 2011, fut approuvé par le Parlement européen et ratifié par chacun des vingt-sept États membres et par le Parlement de Croatie, entérinant son adhésion à l'Union européenne, qu'elle intègre officiellement le 1er juillet 2013. Quant à son adoption de l'euro, si elle est prévue, aucune date n'a encore été fixée.
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Le processus d'adhésion, qui a duré dix ans, a abouti le 1er juillet 2013, faisant de la Croatie le 28e État membre, marquant une étape importante pour ce pays dont le PIB par habitant représente 61 % de la moyenne du continent[15], lui ouvrant la voie au marché commun européen et la poussant à renforcer ses exportations et son attractivité[16].
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La Croatie a une forme particulière semblable à un croissant ou un fer à cheval, ce qui explique qu'elle ait des frontières avec de nombreux pays : la Slovénie au nord-ouest, la Hongrie au nord-est, la Serbie à l'est, la Bosnie-Herzégovine au sud-est, le Monténégro au sud-sud-est, et une frontière maritime avec l'Italie dans la mer Adriatique. Le bout de son territoire continental est divisé en deux parties non contiguës par le port de Neum en Bosnie-Herzégovine.
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Le relief est assez diversifié et comprend :
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Il y a plusieurs climats en Croatie. La partie nord-est du pays est de climat continental alors que le climat du littoral est de type méditerranéen, et que celui de la partie centrale et sud-est montagneux.
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Le pays contient huit parcs nationaux : trois en zone montagneuse (Paklenica, Plitvice, Risnjak) et cinq en zone côtière (Brijuni (Brioni), Mljet, Kornati, Krka, Parc national de Sjeverni Velebit) représentant une superficie de 79 320 hectares, soit 7,5 % du pays avec comme projet de doubler l'étendue des espaces protégés dans le cadre de parcs nationaux ou d'autres régimes de protection de l'environnement.
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La côte croate est très découpée si bien que la Croatie compte 698 îles, 389 îlots et 78 récifs. 47 îles sont habitées.
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Parmi les lacs de Croatie, Omladinsko jezero et les lacs de Plitvice sont remarquables.
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Le sommet le plus élevé en Croatie est le pic de Dinara, culminant à 1 830 mètres d'altitude.
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, la Croatie comptait 779 sites dont :
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La Croatie est une république unitaire. L'organisation territoriale du pays comprend deux niveaux.
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Aux termes de l'article 4 de la Constitution, l'exercice des pouvoirs de l'État se trouve limité par l'autonomie accordée aux collectivités territoriales et régionales, définie au titre VI de la Constitution. En outre, à chaque niveau d'organisation territoriale (municipalité, villes, županije) correspond un transfert de compétences de l'État vers le type de collectivité considérée, régi par la Loi sur l'autonomie locale du 10 avril 2001.
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Membre du Conseil de l'Europe, la Croatie est aussi signataire depuis 1997 de la Charte européenne de l'autonomie locale[21] laquelle vise à garantir l'autonomie des collectivités territoriales.
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Les collectivités territoriales ont la charge de fonctions très variées et d'une importance primordiale pour la vie collective :
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Les comitats ou županije et les villes de plus de 30 000 habitants disposent, en outre, de compétences propres quant à :
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Les citoyens peuvent également prendre une part active dans les affaires de la collectivité locale par le biais de référendums locaux.
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Le comitat ou Županija est caractérisé par un territoire qui se veut le reflet d'une unité géographique, historique, économique, défini dans l'intention de favoriser le développement coordonné de la région dans son ensemble. La capitale, Zagreb, constitue à elle seule une županija.
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De manière analogue au rôle rempli par le conseil municipal à l'échelon inférieur, l'assemblée régionale (Županijska skupstina), élue pour quatre ans, constitue l'assemblée représentative de la županija et règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. L'assemblée régionale, composée d'un nombre impair de membres, compte de 31 à 51 membres. Son président, élu parmi les conseillers régionaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik Županijske skupstine) convoque les sessions de l'Assemblée régionale, qu'il préside et représente. Ses autres prérogatives sont fixées par l'Assemblée régionale.
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L'assemblée régionale est compétente pour :
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Les municipalités ou communes, au nombre de 423, comprennent généralement plusieurs localités habitées, dont le nombre sur l'ensemble du territoire croate s'élève à quelque 6 700. Elles comptent au maximum 30 000 habitants. Le statut de ville est attribué aux chefs-lieux des županije, aux agglomérations de plus de 10 000 habitants et, à titre exceptionnel, aux cités qui peuvent y prétendre pour des raisons historiques, économiques, urbanistiques, etc. De statut comparable, les communes et les villes sont des municipalités.
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Les principales villes sont Zagreb, Split, Rijeka, Osijek, Zadar, Slavonski Brod, Pula, Karlovac, Varaždin, Šibenik, Sisak, Vinkovci, Velika Gorica, Dubrovnik.
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Le conseil municipal est, aussi bien dans le cadre de la commune (opcinsko vijece) que dans celui de la ville (gradsko vijece), l'assemblée représentative de la municipalité qui règle par ses délibérations les affaires de celle-ci. Élu pour quatre ans, il est composé d'un nombre impair de membres :
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Son président, élu parmi les conseillers municipaux, est secondé par deux vice-présidents. Au moins une fois par trimestre, le président (predsjednik opcinskog vijeca / predsjednik gradskog vijeca) convoque les sessions du conseil municipal, qu'il préside et représente. Les autres prérogatives du président sont fixées par le conseil municipal.
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Le conseil municipal est compétent pour :
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Dans les municipalités de moins de 3 000 habitants, les fonctions relevant de l'exécutif municipal sont remplies par le Conseil municipal tandis que le président du conseil municipal exerce la fonction de maire. Autrement dit, une même personne exerce alors les fonctions de président du conseil municipal et de maire. En revanche, les communes de plus de 3 000 habitants, ainsi que les villes, disposent généralement d'un exécutif municipal propre (Poglavarstvo) dont les membres, élus par le conseil municipal parmi ses membres, renoncent alors à leur mandat de conseillers municipaux (cette fonction étant incompatible avec l'appartenance à l'instance exécutive locale). Le maire, élu par le conseil municipal est, quant à lui, traditionnellement choisi parmi les têtes de liste des partis représentés. Il préside l'exécutif municipal, composé de membres également élus pour quatre ans. Toutefois, dans les communes de 3 001 à 10 000 habitants, le conseil municipal a la possibilité de s'investir du droit d'exercer les fonctions d'exécutif municipal, en l'inscrivant dans le Statut municipal. L'exécutif, composé d'un nombre impair de membres, compte :
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L'exécutif municipal est en premier lieu chargé de :
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Le processus de transition d'un système d'économie planifiée vers une économie de marché a commencé à la fin des années 1980, mais la désindustrialisation et les dommages dus à la guerre d'indépendance ont ralenti cette mutation. Les privatisations commencées pendant la guerre d'indépendance ont été entachées de scandales politico-financiers.
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Le pays s'est engagé dans un vaste programme de reconstruction mené par le gouvernement : depuis 1996, la moitié du parc immobilier détruit a été rebâtie quasiment sans aide internationale, tandis que la croissance du PIB a atteint une moyenne de 6 %, et l'inflation annuelle moyenne sur cinq ans demeure inférieure à 4 %. Depuis la fin de la guerre, le pays connaît une croissance économique assez rapide.
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La situation macroéconomique de la Croatie est plutôt bonne, avec une inflation contenue (estimation 2005 : 3,3 %) et une croissance assez soutenue (2005 : 4 %), mais depuis 2009 suivie de quatre années de récession (prévision 2013 croissance négative -1 %). Le déficit public est important (2004 : 4,2 %, 2005 : 3,7 %, 2012 : 4,3 %). Le niveau de la dette externe est élevé (85 % du PNB) soit 35 milliards de $[22] 7 700 $ par habitant, même si l'endettement public est plus modéré (65 % du PNB). La Croatie a conclu en août 2004 un accord avec le FMI, lui accordant un prêt de 140 millions d'euros, sous réserve d'une réduction sensible du déficit budgétaire consolidé et d'une stabilisation de l'endettement externe. Il devrait être prolongé. La monnaie est la kuna.
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Les échanges extérieurs sont fortement déséquilibrés, le taux de couverture des importations n'étant que de 43 %. Les revenus engendrés par l'industrie du tourisme (17 % du PIB) compensent en partie le déficit de la balance commerciale. La balance des paiements croate est caractéristique de celle d'un pays en transition. La balance commerciale est très déficitaire mais le déficit des paiements courants n'est que de 5 % grâce à l'importance des revenus touristiques (officiellement le tourisme représente 25 % du PIB). Le PIB par habitant (2009) est de l'ordre de 13 921 euros par habitant et de 19 986 $ (soit 59,3 % de la moyenne de l'Union européenne) en termes de parité de pouvoir d'achat par habitant.
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La Croatie a une économie principalement fondée sur les services et un peu sur l'industrie légère. Le problème économique principal est un chômage structurel important (19 % en 2012)[23]. La poursuite des réformes structurelles est programmée. La BERD, la BEI et la Banque mondiale jouent un rôle essentiel dans le financement des projets et des entreprises[réf. nécessaire].
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La population de la Croatie est en lente diminution depuis la dernière décennie (de 4,3 millions d'habitants en 2007 à 4,1 millions en 2017). Le taux de natalité est faible (environ 9 ‰); la transition démographique a été atteinte il y a environ cinquante ans. L'espérance de vie moyenne est d'environ 75 ans (hommes : 71,8 ans, femmes : 78,8 ans, en 2005[1]) et le taux d'alphabétisation est de 98,5 %, ce qui est assez élevé. En outre, le taux de fécondité était en 2006 de 1,4 enfant/femme pour une mortalité infantile de 6,72 ‰[1]. Au dernier recensement (2011), la Croatie était peuplée de 4 284 889 habitants[24].
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Depuis la fin des années 1990, 350 000 personnes ont émigré de Croatie[25]. Les inégalités, la corruption et le manque d’opportunités constituent les raisons principales expliquant ces départs[25].
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La Croatie est habitée principalement par les Croates (89,6 %). Il y a également une vingtaine de minorités, dont la plus grande sont les Serbes (4,5 % de nos jours, 12 % avant-guerre, selon le recensement de 1991), tandis que les autres ont moins de 0,5 % chacune.
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La religion principale est le catholicisme (87,8 %). Il y a aussi des minorités chrétiennes orthodoxes (4,4 %) et musulmanes sunnites (1,3 %). Toutes les autres religions ensemble couvrent moins de 1 % de la population.
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La langue officielle — et la plus courante — est le croate, une langue slave, qui utilise l'alphabet latin étendu par quelques signes diacritiques. Moins de 5 % de la population utilise une autre langue comme langue maternelle. L'italien est également langue officielle en Istrie, notamment dans les villes de Pola/Pula, Rovigno/Rovinj, Umago/Umag.
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La langue officielle de la Croatie est le croate qui est une langue du groupe méridional des langues slaves, de la famille des langues indo-européennes. Même si les linguistes utilisent le terme de serbo-croate (peu à peu remplacé par BCMS) pour définir la langue parlée en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie et au Monténégro, officiellement le serbo-croate n'existe plus, chaque pays nommant sa langue croate, bosniaque, serbe ou monténégrin. Il n'y a pas d'isoglosse entre ces langues (les locuteurs se comprennent, sans faire appel à un traducteur dans la plupart des cas), leur définition est historique et politique. En revanche, il y a des différences de lexique (certains mots (environ 10 % selon les langues), certaines conjugaisons ou déclinaisons varient) et une différence d'alphabet : il est latin en Croatie et dans la fédération de Bosnie-et-Herzégovine, tandis qu'en Serbie, au Monténégro et dans la République serbe de Bosnie cohabitent les alphabets cyrillique et latin.
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L'anglais est beaucoup parlé par les plus jeunes, surtout dans les secteurs du tourisme et du commerce, et l'italien est tout aussi présent, surtout vers la côte dalmate où il est même la langue officielle de quelques municipalités à égalité avec le croate, mais aussi dans le reste du pays. Pour des raisons historiques, l'allemand est aussi parlé (la Croatie est une ancienne région de la monarchie austro-hongroise, et aussi l'allemand est une langue pratiquée par une partie de la diaspora croate qui travaille en Allemagne et en Autriche). Le hongrois, lui, est parlé dans les régions de l'Est de la Croatie en Baranya.
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La Croatie s'est associée à la candidature de la diète méditerranéenne à la liste du patrimoine culturel immatériel en 2013. Les vertus de la cuisine croate pour la santé avaient été observées dans les années 1960 en Dalmatie dans le cadre de l'étude des sept pays[26].
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Le catholicisme est la religion la plus répandue en Croatie avec 87,8 % de la population qui se déclare catholique. Cependant la plupart des autres religions sont présentes sur le sol croate dont certaines comme l'orthodoxie, le judaïsme ou l'islam[27].
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La Croatie est vice-championne du monde de football en 2018[28]. L'audience de la finale a cumulé 1,12 milliard de téléspectateurs[29].
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Le 25 novembre 2018, l'équipe de tennis de Croatie remporte la finale de la Coupe Davis face à la France tenante du titre 3-1, c'est la seconde fois qu'elle remporte cette compétition de son histoire[30].
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Plusieurs scientifiques et inventeurs proviennent de Croatie.
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Le tourisme est une source de revenus importante, grâce à la beauté du pays et des diverses activités culturelles et de loisirs. La Croatie, qui ne compte que 4,6 millions d'habitants, a reçu 18,5 millions de touristes en 2017[31].
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Le tourisme représente 18,4 % du PIB en 2018. Cependant, Le Courrier des Balkans indique que « le poids réel du secteur est encore bien plus élevé, si l’on prend en compte les revenus de l’économie grise, des jobs au noir, des chambres et des appartements loués sur la côte sans être déclarés, ce qui fait de la Croatie le pays européen le plus dépendant de la mono-activité touristique »[32].
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La Croatie a pour codes :
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Le canal de Suez, en arabe قناة السويس, qanāt as-suwēs, est un canal situé en Égypte, long de 193,3 km, large de 280 à 345 m et profond de 22,5 m, qui relie, via trois lacs naturels, la ville portuaire de Port-Saïd en mer Méditerranée et la ville de Suez dans le golfe de Suez (partie septentrionale de la mer Rouge), permettant ainsi de relier les deux mers[2].
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Percé entre 1859 et 1869, grâce à une levée de fonds géante à la Bourse de Paris, sous la direction du diplomate retraité français Ferdinand de Lesseps[3], il permet aux navires d'aller d'Europe en Asie sans devoir contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance et sans rupture de charge par voie terrestre entre la Méditerranée et la mer Rouge.
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Le canal de Suez ainsi établi reprend la vieille idée de relation par voie d'eau entre les deux mers, déjà mise en œuvre dans l'Antiquité par les pharaons égyptiens. Le canal antique relie le Nil à la mer Rouge. Pendant la Renaissance, la république de Venise cherche sans succès à rétablir cette liaison.
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À la suite de la Première Guerre mondiale, le canal est placé sous la protection militaire de la Grande-Bretagne. En 1956, Nasser, le président égyptien, met un terme à cette situation en nationalisant le canal.
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Avec l'augmentation du trafic, le canal est devenu la troisième source de devises de l'Égypte[4]. Un blocage du canal entraînerait des pertes d'environ 7 millions de dollars par jour[5]. En 2015, 17 483 navires transportant 999 millions de tonnes de marchandises l'ont emprunté, soit 8 % du commerce maritime international[6].
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Le 6 août 2015, le président égyptien Al-Sissi inaugure le « Nouveau canal de Suez » permettant, après un an de travaux, de doubler la capacité de passage. Les travaux ont consisté à élargir le canal existant ainsi qu'à en augmenter la profondeur sur 35 km, et à doubler le canal sur 37 km dans sa partie orientale.
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Le canal est la propriété de la Suez Canal Authority, qui est aussi responsable de son administration et de sa gestion.
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Il est probable que durant la XIIe dynastie, le pharaon Sésostris III ait fait creuser un canal orienté d'ouest en est à travers le Wadi Tumilat, reliant le Nil à la mer Rouge, afin de pouvoir commercer avec le Ta Netjer (le Pays de Pount), permettant ainsi directement les échanges entre la mer Rouge et la Méditerranée. Son existence est certaine au XIIIe siècle av. J.-C., pendant le règne de Ramsès II[7], il est ensuite abandonné.
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D'après l'historien grec Hérodote[8], des travaux pour remettre le canal en état auraient été entrepris vers -600 par Nékao II, mais ne furent jamais achevés. Le canal fut finalement terminé par le roi Darius Ier (vers -550 à -486), le conquérant perse de l’Égypte. Darius a illustré sa réalisation par diverses stèles de granit disposées sur les rives du Nil, dont celle de Kabret à 200 km de Pie. L'inscription de Darius dit :
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« Le roi Darius a dit : je suis un Perse. En dehors de la Perse, j'ai conquis l'Égypte. J'ai ordonné ce canal creusé depuis la rivière appelée Nil qui coule en Égypte à la mer qui commence en Perse. Quand ce canal a été creusé comme je l'ai ordonné, des bateaux sont allés de l'Égypte jusqu'en Perse, comme je l'avais voulu[9]. »
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Le canal fut de nouveau restauré par Ptolémée II vers -250. Au cours des mille années qui suivirent, il fut successivement modifié, détruit et reconstruit, notamment par Amr ibn al-As en 640, et devint le « canal du Commandeur des croyants ». Il est finalement détruit au VIIIe siècle par le calife Al-Mansur pour isoler la ville de Médine, et éviter ainsi le risque d'une attaque.
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Venise, au début du XVIe siècle, est confrontée à la concurrence des Portugais dans le commerce en Orient. Vasco de Gama a en effet découvert en 1498 une nouvelle route contournant l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Les Portugais évitent ainsi de payer les taxes du sultan d'Égypte pour le commerce et le transport des épices. Mais cette nouvelle concurrence nuit à Venise, qui procurait les épices à l'Europe via l'Égypte. Les Portugais pourront en effet proposer des prix plus bas aux clients de Venise (les Hongrois, les Flamands, les Allemands et les Français). Il faut donc trouver une solution pour améliorer le passage des épices en Méditerranée. Et dans le débat de Pregàdi, la république de Venise a l'idée de creuser un canal reliant la Méditerranée et la mer Rouge. Le Conseil des Dix recommande en mai 1504 à Francesco Teldi (en), son envoyé auprès du sultan, « une chose […] que beaucoup envisagent comme une mesure tout à fait opportune pour empêcher et interrompre la navigation des Portugais, c'est-à-dire qu'avec facilité et rapidité de temps il serait possible de faire un canal depuis la mer Rouge qui relie directement cette mer-ci ». Néanmoins le projet n'aboutit pas, à cause de la situation interne égyptienne instable.
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En 1586, avec l'aval du Sultan Mourad III, le Grand Amiral de la flotte ottomane Euldj Ali entreprend de creuser l'ancien canal reliant Suez à la mer Rouge. Mais à ce moment la guerre de Perse se rallume de nouveau, Constantinople se trouve engagée dans d'énormes dépenses et le projet est donc ajourné[10].
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Sous le Directoire, les Français envoient plusieurs savants (dont Jacques-Marie Le Père) dès 1798 lors d'expéditions en Égypte, dans le but d'étudier s'il était possible de percer l'isthme de Suez. Dès les années 1820, Linant de Bellefonds et Eugène Mougel Bey, et plus tard Ferdinand de Lesseps, partisans de la doctrine socio-économique du saint-simonisme, avaient déjà envisagé la construction d'un canal reliant la mer Rouge à la Méditerranée. Le projet de canal fut présenté initialement aux Égyptiens en 1833 par Prosper Enfantin, le "père" des saint-simoniens, ingénieur et économiste français, après son exil en Egypte avec ses condisciples à la sortie de prison avec quelques uns de ses disciples. Il effectue de très nombreux relevés topographiques, grâce au soutien de la chambre de commerce de Lyon et d'Arlès-Dufour, un autre saint simonien qui y est très actif[11].
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Trois projets avaient été élaborés par Charles Joseph Lambert, transmis par Prosper Enfantin à Linant de Bellefonds et Eugène Mougel Bey[12].
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À l'époque, le projet ne retient pas l'attention du vice-roi d'Égypte Méhémet Ali. Les saint-simoniens, sous l'impulsion d'Enfantin et de François Barthélemy Arlès-Dufour, poursuivent néanmoins le projet et créent en 1846 une Société d'étude pour le canal de Suez. Cette société réalise un nivellement topographiques précis de l'isthme ; il vient rectifier les données d'un premier nivellement, effectué lors des campagnes de Bonaparte, et qui signalait neuf mètres de différence entre le niveau de la mer Rouge et celui de la Méditerranée, en raison d'une erreur de triangulation, survenue dans les calculs de Jacques-Marie Le Père de 1799. Le nouveau nivellement réalisé par Paul-Adrien Bourdalouë indique une différence si faible qu'un canal sans écluse devient possible[13].Ferdinand de Lesseps, apprenant les travaux réalisés par cette société, vint rencontrer Arlès-Dufour, qui lui confia tout le dossier technique, pensant qu'il serai à même de le faire réaliser grâce à son réseau de relations en Egypte. Mais celui-ci les écarta sans ménagement, s'attribuant seul la paternité du canal au grand dépit des saint-simoniens[14], alors qu'il n'avait fait aucune étude technique.
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En 1854, le gouverneur d'Égypte Mohamed Saïd Pacha accorde le premier acte de concession du terrain pour la construction du canal à Ferdinand de Lesseps. Mais les Britanniques s'opposent à ce firman qui donnerait une grande influence à la France dans cette région stratégique sur la route des Indes, et demandent à l'autorité supérieure, la Sublime Porte de l'Empire ottoman, de suspendre cette permission[15]. La concurrence pour le contrôle de cette route est en effet forte entre les deux nations occidentales, la Grande-Bretagne soutenant le principe d'une ligne ferroviaire égyptienne, à laquelle le canal ferait concurrence. Lesseps décide de passer outre l'opposition de la Porte en entamant les travaux, au vu et au su de tous, le 25 avril 1859[16].
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Les Anglais font arrêter les travaux à plusieurs reprises : en octobre 1859 avec l'aide du ministre des Finances de l'Empire ottoman, Mouktar Bey, puis à la mort de Saïd en 1863. La construction du canal se poursuit néanmoins grâce au soutien de Napoléon III. Alors que les grandes puissances européennes procèdent au partage de l'Afrique, les rivalités franco-britanniques se multiplient dans la région et le canal de Suez n'est que l'une d'entre elles.
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À partir des plans établis par Linant de Bellefonds et Alois Negrelli, et discutés et adoptés par la Commission Internationale pour le percement de l'isthme de Suez, la Compagnie universelle du canal maritime de Suez de Ferdinand de Lesseps construit le canal entre 1859 et 1869. À la fin des travaux, l'Égypte, à hauteur de 44 % de sa valeur, et 21 000 Français, à hauteur de 56 %, en étaient conjointement propriétaires.
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On a estimé que 1,5 million d'Égyptiens participèrent à la construction du canal et que plus de 125 000 y moururent, principalement du choléra, mais ces chiffres furent critiqués, considérés comme étant très exagérés[17].
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En 1860, seulement 5 % des navires fonctionnent à la vapeur. Le canal est pourtant conçu pour une navigation exclusivement motorisée ; sa construction est donc un pari. Dans la décennie qui suit, les marines marchandes vont s'équiper en masse. C'est le 17 février 1867 qu'un premier navire emprunte le canal achevé, mais il n'est officiellement inauguré que le 17 novembre 1869 par l'impératrice Eugénie sur le navire L’Aigle, suivie par Ferdinand de Lesseps et des administrateurs du canal à bord du Péluse, de la Compagnie des messageries maritimes, commandé par Auguste Caboufigue. Pour l’inauguration du canal, le Khédive Ismaïl Pacha commande l’opéra Aida à Giuseppe Verdi. Tout de suite après cette inauguration, le canal devient le cœur des rivalités franco-britanniques.
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En 1875, la dette extérieure de l'Égypte la contraint à vendre ses parts à prix d'aubaine – 4 000 000 £ – au Royaume-Uni qui veut retrouver son influence sur la route des Indes.
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En 1882, après la guerre anglo-égyptienne, les Britanniques remplacent les Ottomans comme tuteurs du pays. Ils parviennent ainsi à prendre le contrôle du canal.
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Afin de remédier aux querelles des puissances sur le canal de Suez, le 29 octobre 1888, la convention de Constantinople affirme la neutralité du canal, déclaré « libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction de pavillon ».
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Durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques et les Français négocient les accords Sykes-Picot qui divisent le Moyen-Orient en zones d'influence : la France obtient un protectorat sur la Syrie et le Liban ; le Royaume-Uni sur la Palestine, la Jordanie et l'Égypte.
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En 1922, l'Égypte devient un royaume avec une autonomie limitée. Par le traité anglo-égyptien de 1936, établi pour vingt ans, le pays accède à une indépendance presque complète. Il est ainsi établi que le Royaume-Uni évacuerait toutes les troupes britanniques présentes sur le sol égyptien, à l'exception des dix mille hommes nécessaires à la protection du canal de Suez et de ses rives.
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Au XXe siècle, la valeur des actions augmente fortement ; en posséder devient un signe d'appartenance à la classe bourgeoise.
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Le 8 octobre 1951, le Premier ministre égyptien Moustapha el-Nahhas Pacha dénonce le traité anglo-égyptien. Le Royaume-Uni refuse de quitter ses bases du canal et renforce ses effectifs à terre à 64 000 hommes au 31 décembre 1951. Des émeutes violentes, actes de guérillas, sabotage de la part des Frères musulmans, communistes et police égyptienne envers les Britanniques et la répression de ces derniers feront des centaines de morts dont 405 militaires britanniques jusqu'au 19 octobre 1954[18],[19]. Le retrait militaire britannique s'acheva en juillet 1956 avec la fin de la crise du canal de Suez.
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Le 26 juillet 1956, Nasser, président de la République d'Égypte, saisit le canal et transfère le patrimoine de la compagnie du canal à la Suez Canal Authority[20]. Cette nationalisation avait pour but de financer la construction du barrage d'Assouan après que les États-Unis et la Banque mondiale ont refusé d'accorder des prêts pour le financer. Les avoirs égyptiens sont aussitôt gelés et l'aide alimentaire supprimée, à la suite des protestations des principaux actionnaires, alors britanniques et français. D'autre part, Nasser dénonce la présence coloniale du Royaume-Uni au Proche-Orient et soutient les nationalistes dans la guerre d'Algérie.
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Le 29 octobre 1956, le Royaume-Uni, la France et Israël se lancent dans une opération militaire, baptisée « opération Mousquetaire ». Cette action est justifiée par la restitution aux actionnaires qui ont financé et contribué à la prospérité du canal de ce qui, selon le droit international et les accords passés, leur appartient.
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L'opération de Suez dure une semaine. Les Nations unies optent cependant pour la légitimité égyptienne et rédigent une résolution condamnant l'expédition franco-israélo-britannique. Nombre d'actionnaires, français, britanniques et égyptiens, sont donc ruinés, puisque l’Égypte refuse de les indemniser. Il s'ensuivra des cas de suicides parmi les anciens actionnaires français, des manifestations devant l'ambassade d'Égypte, des pétitions mais le tout restera sans effet.
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Onze ans plus tard, en juin 1967 lors de la guerre des Six Jours, Israël occupe l'ensemble du Sinaï et donc la rive orientale du canal, qui va rester fermé pendant huit ans, jusqu'en juin 1975. Quatorze navires de commerce sont ainsi bloqués pendant 3 016 jours sur le lac Amer[21], formant la flotte jaune.
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Israël construit une ligne de défense sur la rive orientale : la ligne Bar-Lev.
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En octobre 1973, l'Égypte et la Syrie attaquent Israël par surprise, c'est le début de la guerre du Kippour. La zone du canal redevient une zone de combats. L'armée égyptienne franchit le canal et pénètre profondément dans le Sinaï avant que les forces israéliennes, après quelques jours, ne reprennent le dessus et franchissent à leur tour le canal. Une force de maintien de la paix de l'ONU est déployée, la FUNU II qui reste sur place jusqu'en 1974.
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Pendant cette longue fermeture, les pétroliers s'adaptent en renforçant la création de supertankers qui contournent à nouveau l'Afrique, mais ne sont plus assujettis à la contrainte de gabarit imposée par la taille du canal.
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Après quinze mois de travaux, de déminage du canal et de ses abords, avec l'aide des marines américaines, britanniques et françaises[22], qui permettent de retirer 45 500 mines[22], 686 000 engins anti-chars et anti-personnels et 209 tonnes de matières explosives[22], le canal est officiellement rouvert le 5 juin 1975 par le président Anouar el-Sadate[22] qui le descend de Port-Said à Ismaïlia. Le lendemain, le premier convoi franchit le canal vers la Méditerranée[22]. Durant quelques mois, le temps de remettre en état complet les installations du canal, un seul convoi par jour peut passer, avec un tirant d'eau maximal de dix mètres[22].
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À la suite de l'augmentation de la piraterie autour de la Corne de l'Afrique à la fin des années 2000, il est évoqué la possibilité de l'éviter à nouveau. Mais les revenus assurés par le canal, bien qu'en diminution, sont vitaux pour l'Égypte. Ils représentent la troisième source de devises : cinq milliards de dollars par an (chiffre 2013[23]), soit 20 % du budget de l'État[23].
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Le 5 août 2014, l'Égypte annonce son intention de creuser un deuxième canal parallèle au canal de Suez sur sa partie orientale, afin de permettre de supprimer la circulation alternée des convois dans cette partie du canal. Ce nouveau canal a une longueur de 72 km et coûte environ trois milliards d’euros. Ce projet réduit le temps d’attente maximale de passage pour les bateaux de onze à trois heures[24].
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Les travaux impliquent l'approfondissement et l'élargissement du canal existant sur 35 km, ainsi que le creusement d'un nouveau canal de 37 km au niveau de la ville d'Ismaïlia. Les premiers tests de navigation commencent le 25 juillet 2015 alors que six navires répartis en deux groupes de trois traversent l'extension du canal dans le cadre de ce test[25]. L'ouverture du nouveau canal a eu lieu le 6 août 2015[26],[27].
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Le canal de Suez rapporte en 2015 environ 5,3 milliards de dollars US par an à l'Égypte. Selon les projections financières égyptiennes de 2015, le canal devrait rapporter annuellement 13,2 milliards de dollars en 2023 avec les améliorations[25].
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Le canal ne comporte pas d'écluses, tout son trajet restant au niveau de la mer, contrairement au canal de Panama. Son tracé s'appuie sur trois plans d'eau, les lacs Menzaleh, Timsah et Amers traversés par un chenal de navigation.
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Sa largeur moyenne est de 345 m (initialement 52 m). Sa largeur minimale est de 280 m. La largeur navigable sous 11 m de tirant d'eau est de 190 m (initialement 44 m). Le canal entre Port-Saïd et Suez a une longueur de 162 km. Les chenaux d'accès au nord et au sud portent la longueur totale de l'ouvrage à 195 km. Trois chenaux de dérivation d'une longueur totale de 78 km sont situés à Port-Saïd, dans le lac ancien d'El Ballah et aux Lacs Amers.
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Par suite de sa faible profondeur, les supertankers vident une partie de leur pétrole en entrant dans le canal, et les rechargent en sortant, le pétrole en question circulant par oléoduc[29].
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Le canal d'une profondeur de 24 m permet le passage de navires de 20,12 m de tirant d'eau (66 ft) depuis les derniers travaux de 2010, à la condition que la largeur du navire ne dépasse pas 50 m (un tableau existe dans les règles de navigation publiées par les autorités du canal).
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Les navires ayant les dimensions limites les autorisant à franchir le canal de Suez sont appelés Suezmax. Il en est de même pour le canal de Panama les navires sont appelés Panamax.
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Quelque 20 000 navires traversent le canal chaque année, représentant 14 % du transport mondial de marchandises. Un passage prend de onze à seize heures.
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La traversée d'Est en Ouest du canal est, la plupart du temps, assurée par des bacs. Plusieurs ouvrages permettent cependant de traverser le canal :
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Enfin, le canal est également traversé par des canalisations d'eau douce 57 km au nord de Suez, et par une ligne à haute tension, construite en 1999.
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Du point de vue environnemental, la construction du canal a eu comme premier effet d'isoler physiquement l'Afrique de l'Asie, pour toutes les espèces animales non volantes. C'est la première coupure écologique aussi importante jamais conçue et réalisée par l'Homme, avant celle de Panama qui a séparé les deux Amériques, du Nord et du Sud.
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Le transfert de millions de mètres cubes d'eau via le canal, en mettant en contact deux mers séparées depuis des centaines de millions d'années, a été l'occasion de migrations massives d'espèces et de parasites ou microbes, dont certaines ont un potentiel invasif, soit par le canal, soit par l'eau de ballast des navires ou par les propagules transportées sous leur coque. Les invasions biologiques d'espèces marines se faisant par l'intermédiaire du canal ont été baptisées « migrations lessepsiennes », et elles menacent l'équilibre écologique déjà précaire de la mer Méditerranée.
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Les fumées et gaz d’échappement des navires contribuent à polluer et acidifier l'air et provoquer des pluies acides dans la région (cf. fioul lourd mal désoufré ou même non désoufré).
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Le canal de Suez en permettant d'éviter le passage au sud de l'Afrique a plus que décuplé le trafic marchand méditerranéen. Alors que la zone couvre moins de 1 % de tous les océans, c'est aujourd'hui environ 30 % du volume du trafic maritime mondial qui provient de cette zone ou y arrive ou la traverse (sans intérêt économique direct pour ses 305 ports et pour les régions littorales de Méditerranée, et sans écotaxe). Le CEDRE estime que 50 % des marchandises transportées dans ce « couloir » doivent être « considérées comme dangereuses à différents degrés ». Le risque d'une grave marée noire persiste, avec 28 % du trafic pétrolier maritime mondial transitant par la Méditerranée où les tempêtes sont parfois violentes[30].
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En dépit de mesures de précaution et de sécurité accrues, outre le risque d'attaques ou d'actes terroristes sur des navires naviguant sur le canal, les risques d'accident persistent.
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Dès son ouverture, le canal de Suez a connu des accidents. En 1920, le Karaboudjan, un bateau à vapeur, a pris feu en traversant le canal et a explosé, tuant près de la moitié de ses marins et bloquant la traversée du canal pendant trois jours[réf. nécessaire]. C'est en souvenir de cette catastrophe que Hergé a appelé le cargo du capitaine Haddock le Karaboudjan.
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Le risque de marée noire est le plus craint ; déjà en 1956, quand Nasser a nationalisé la Compagnie du canal de Suez, 50 % des approvisionnements pétroliers français et britanniques y passaient.
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Les accidents les plus récents sont :
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Les « goulets d'étranglement » ne permettent pas la croissance du trafic ni de la taille des cargos et sont considérés comme des « talons d'Achille de l'économie pétrolière mondiale » (l'exemple le plus notable est le détroit d'Ormuz (30 % du tonnage pétrolier)[31].
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Fin août 2013, le porte-conteneurs le Cosco Asia a été la cible d'une attaque terroriste alors qu'il remontait le canal vers la Méditerranée. Cette attaque, sans réelle conséquence pour le navire, met en lumière les problèmes de sécurité et la difficulté pour l'armée égyptienne de prévenir les attentats.
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C'est pourquoi des bases navales et une flotte de guerre sont entretenues en permanence dans la région par les États-Unis (5e flotte dans l'Ouest de l'océan Indien, et 6e en Méditerranée), assistés par la France à Djibouti et à Abou Dabi. La présence militaire égyptienne est également visible tout le long du canal[6].
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Le transit des navires est organisé en convois alternés (sud → nord et nord → sud), au rythme d'un convoi par jour en route vers le nord et deux convois en route vers le sud. Les navires se croisent au Grand Lac Amer principalement. Un deuxième croisement se fait pour le deuxième convoi en route vers le sud au bypass d'El Ballah[32].
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Chaque navire en transit embarque successivement quatre pilotes au minimum, l'un pour le chenal d'accès au nord, le deuxième de Port-Saïd à Ismaïlia, le troisième d’Ismaïlia à Suez, le dernier pour le chenal d'accès au sud, ainsi qu'une ou deux embarcation(s) armée(s) de lamaneurs et un électricien. Le premier et le dernier pilote sont des pilotes de port et ne font pas partie de la société du canal.
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La réglementation exige également que les navires en transit soient pourvus d'un projecteur agréé. Ce projecteur, placé à la proue, permet d'éclairer si besoin les berges dans le cas où un vent de sable réduirait la visibilité. Il est possible de louer un projecteur agréé auprès des autorités du canal.
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Les pilotes du canal sont ici responsables du respect de l'ordre prévu dans les convois, ainsi que du passage en temps et en heures à plusieurs sémaphores (ou stations) placés le long du canal.
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Les stations sont présentes tous les dix kilomètres environ.
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Des remorqueurs participent au convoi pour pallier toute avarie de propulsion. Les navires se suivent à une distance d'environ un mille marin et la vitesse de transit est approximativement de neuf nœuds.
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Les petits bateaux à voile qui désirent transiter, doivent également embarquer du personnel local spécialisé.
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Le lac Supérieur est le plus grand des Grands Lacs d’Amérique du Nord. Sa superficie (82 350 km2) en fait le plus vaste lac[2] d'eau douce au monde. Il est à cheval entre les États-Unis et le Canada.
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Le lac Supérieur s'étend sur une superficie de 82 350 km2, partagée entre le Canada (28 750 km²) et les États-Unis (53 600 km²). Le lac Supérieur est plus vaste que la République tchèque ; ses longueurs et largeurs maximales sont respectivement de 563 km et 257 km. Sa profondeur moyenne est de 146,8 m et atteint un maximum de 406 m. Le lac Supérieur contient 12 232 km3 d’eau (12 232 milliards de mètres cubes - 10 % de l'eau douce de la Terre) et compte 4 393 km de rivages, y compris ses îles.
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Il baigne la province de l'Ontario (Canada) au nord, et les États du Minnesota, du Wisconsin et du Michigan (États-Unis) au sud. L’île la plus grande du lac est l'Isle Royale, rattachée au territoire de l’État du Michigan et désignée réserve internationale de la biosphère par l’UNESCO.
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Plus de 200 rivières débouchent sur ce lac, dont la rivière Nipigon, la rivière Saint-Louis, la rivière Pigeon, la rivière Pic, la rivière White, la rivière Michipicoten, et la rivière Kaministiquia. Le lac se jette dans le lac Huron par la rivière Sainte-Marie. Le saut Sainte-Marie sur cette rivière nécessite les écluses du Sault, une partie de la voie maritime du Saint-Laurent, pour franchir la différence de 7,5 mètres entre les lacs Supérieur et Huron.
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Le toponyme du lac Supérieur a été retenu également pour désigner la Province géologique du Lac Supérieur qui est une des provinces géologiques du Bouclier canadien. Aussi dite la province du Supérieur, elle occupe une superficie de 2 000 000 km2, et sa création remonte à l'Archéen supérieur (ou Néoarchéen) (de 2,5 à 2,8 milliards d'années)[3].
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La province du Supérieur coiffe la rive nord du lac Supérieur, et occupe la majeure partie de la surface de l'Ontario ; elle s'étend vers l'est sur une large partie du Québec et vers l'ouest sur une portion du Manitoba. Les provinces géologiques qui lui sont adjacentes sont à l'ouest la Plate-forme de l'Intérieur, au nord la province de Churchill et la plate-forme de la baie d'Hudson, au nord-est de nouveau la province de Churchill, au sud-est la province de Grenville, et au sud la province du Sud[4].
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À l’origine, les habitants de la région du lac Supérieur étaient les Amérindiens Ojibwé (Anishinabe). Jean Nicolet fut le premier Européen à voir ce lac[5] lors de son voyage de 1621-1623[6].
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Son étymologie a pour origine des explorateurs français relatant son altitude plus élevée par rapport à tous les autres Grands Lacs.
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Plusieurs villes importantes se trouvent sur les abords du lac, notamment Duluth (Minnesota), Thunder Bay (Ontario), Marquette (Michigan), Sault-Sainte-Marie (Ontario) et Sault Ste. Marie (Michigan).
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Les terres qui l’entourent dans l’Ontario, le Minnesota, le Wisconsin et le Michigan présentent d’importantes ressources minières dont le cuivre, le fer, l’argent, l’or et le nickel. Leur exploitation a été source de diverses pollutions. Plusieurs villes se sont développées grâce à une activité minière actuelle ou passée. Le lac lui-même reste une voie importante du transport de minerai de fer.
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La région, avec un habitat dispersé autour du lac, attire les touristes par ses côtes et paysages austères ; l'exploitation de ce phénomène représente, aujourd'hui, un secteur important de son économie.
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Plusieurs lieux pittoresques se trouvent aux abords du lac, dont :
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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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Le lac Tanganyika, ou Tanganika est l'un des Grands Lacs d'Afrique, deuxième lac africain par la surface après le lac Victoria, le troisième au monde par le volume après la mer Caspienne et le lac Baïkal, le deuxième au monde par la profondeur après le lac Baïkal, et le plus long lac d'eau douce du monde (677 km). Il contient 18 % du volume d'eaux douces libre de surface du monde. Malgré des caractéristiques oligotrophiques, le lac est paradoxalement très productif en poissons (200 000 t/an). Les captures pélagiques concernent principalement deux espèces de sardines : Stolothrissa tanganicae et Limnothrissa miodon, et une espèce de perche : Lates stappersii. L'abondance de ces espèces fluctue en fonction des conditions environnementales liées notamment à l'existence de vagues internes dans le lac.[1],[2]
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Ses eaux rejoignent le bassin du Congo, via la rivière Lukuga, puis l'océan Atlantique. On estime que sa formation remonte à environ 20 millions d'années (Miocène).
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Le lac est fortement affecté par le changement climatique et les activités humaines, en particulier la déforestation, la surpêche et la recherche d’hydrocarbures[3].
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Le lac Tanganyika couvre une superficie de 32 900 km2 (approximativement la même superficie que la Belgique)[4] et s'étire sur 677 km[4] le long de la frontière de la Tanzanie (à l’est) et de la République démocratique du Congo (à l'ouest) ; son extrémité nord sépare ces deux pays du Burundi, son extrémité sud les sépare de la Zambie. On retrouve à l'ouest (du côté congolais), les monts Mitumba.
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Il est situé sur la branche occidentale de la vallée du Grand Rift. Sa température de surface est de 25 °C en moyenne pour un pH variant de 7,6 dans les baies marécageuses, à 9,5 en pleine eau. La profondeur ainsi que la localisation tropicale du lac empêchent le renouvellement total des masses d'eau et la plus grande partie des eaux profondes sont des eaux fossiles et anoxiques.
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Le lac Tanganyika fait maintenant partie du bassin hydraulique du fleuve Congo. Il s'y déverse par son émissaire, la Lukuga. Jusqu'en 1878, cette rivière se jetait dans le lac, mais des mouvements tectoniques, et surtout la montée du niveau de l'eau, en ont inversé le sens vers la Lualaba et le fleuve Congo.
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Le bassin drainant du lac Tanganyika couvre une superficie de 250 000 km2. Les principales rivières qui l'alimentent sont la Malagarazi, la Rusizi, la Ifume, la Lufubu et la Lunangwa qui y déversent 24 km3 d’eau par an ; les pluies, quant à elles, en apportent 41 km3 par année. La Malagarazi est plus ancienne que le lac lui-même et se trouvait auparavant dans le prolongement du Congo.
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La totalité du volume du lac est renouvelé en 485 années.
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Le lac Tanganyika est situé dans le rift Est-Africain.
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6 000 m de sédiments lacustres sont accumulés au fond du lac.
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La composition du rivage se répartit ainsi :
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La situation du lac en fait un lieu d'activité tectonique remarquable, de par la profondeur totale de la faille à cet endroit, qui s'élève à environ 7 000 m du niveau de l'eau au fond sédimentaire. La sédimentation sur des millions d'années a comblé un volume énorme, des recherches pétrolières ont permis d'y découvrir un gisement exploité par le Congo.
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La géothermie est visible dans la partie nord sur la rive congolaise, sur la péninsule de l'Ubwari (cap Banza), Alamba, dans la ville de Baraka ainsi que dans la région de Kalundu/Pemba (République Démocratique du Congo).
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Des évents libérant de l'eau chargée de minéraux et atteignant une température de 180 °C y ont été découverts, à des profondeurs variant de 5 à 40 m. L'activité laisse aussi filtrer des gaz dans certaines portions de côtes rocheuses à Pemba, sous forme de chapelets de bulles plus ou moins fines et régulières.
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Le 5 décembre 2005 un violent séisme, d'une magnitude de 7,5 sur l'échelle ouverte de Richter, a provoqué des dégâts et fait quelques victimes au Congo. Son épicentre se situait sous le lac à une profondeur de 10 km.
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Plusieurs parcs nationaux (National park) se trouvent sur les côtes du lac Tanganyika.
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En Tanzanie se trouve le Gombe stream National park. Ce parc a été initié en 1960 par Jane Goodall et est devenu parc national en 1968.
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Le plus grand parc est celui des monts Mahale (Monts Kungwe) qui culminent à 2 462 mètres, toujours sur les côtes de Tanzanie.
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En Zambie, le parc national de Nsumbu (Sumbu) couvre 2 000 km2, englobant les baies de Kasaba, Kala, Nkamba et Sumbu.
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Le lac est désigné site Ramsar depuis le 2 février 2007[5].
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Le lac Tanganyika est très réputé pour le nombre important d'espèces endémiques. On y dénombre pas moins de 250 espèces de poissons cichlidés (Neolamprologus, Paleolamprologus, Altolamprologus, Xenotilapia, Julidochromis, Telmatochromis, Tropheus, Petrochromis et plus de vingt autres genres) et 150 espèces de non-cichlidés (Stolothrissa, Limnothrissa, Lamprichthys), dont la plupart vivent le long de la côte jusqu'à environ 180 mètres de profondeur. La plus grande part de la biomasse se situe dans la zone pélagique et est dominée par six espèces : deux espèces de sardines du Tanganyika et quatre espèces de Lates. La quasi-totalité des espèces de cichlidés est endémique ; plusieurs sont appréciées comme poissons d'aquarium.
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Le cobra d'eau (Boulengerina annulata stormsi (Naja annulata), espèce endémique) est un reptile adapté à la vie sub-aquatique, comme les serpents marins des récifs coralliens. La partie terminale du corps est comprimée latéralement afin de faciliter la nage. Jeune, il se nourrit volontiers de Neolamprologus vivant dans les coquilles de Neothauma tanganicense (escargots endémiques du lac Tanganyika) ; adulte, il n'hésite pas à s'attaquer à des proies beaucoup plus imposantes.
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Espèces vivant autour du lac :
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Le lac est connu pour la limpidité exceptionnelle de ses eaux, celle-ci permettant une visibilité atteignant les 25 mètres.
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L'eau du lac Tanganyika est d'une extrême richesse minérale, et ses paramètres sont très particuliers.
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Sa conductivité est d'environ 609–620 µS, son pH est de 9,5 à la surface et de 8,6 à −1 300 mètres ; le TAC est de 12–19, valeur faible au regard des proportions de sels :
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(valeurs en milligrammes par litre) :
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Au-delà des deux cents mètres de profondeur, la vie d'êtres supérieurs est impossible ; l'absence d'oxygène, remplacé par du sulfure d'hydrogène, ne permet le maintien que de bactéries anaérobies (sulfato-réductrices). Les vents dominants durant l'été austral (venant du sud-est) provoquent des remontées de cette zone anoxique. Les poissons vivant dans ces secteurs n'ont d'autre choix que de fuir ou mourir.
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Durant les années 1946 et 1947, le Dr Max Poll organise une expédition sur le lac. Son but est de collecter un maximum de données diverses. Un bateau (le Baron Dhanis) est spécialement affrété à cette fin. Des sondages et relevés bathymétriques des fonds sont effectués. Des pêches au chalut, à la senne, au filet maillant, à la ligne sont organisées de jour comme de nuit pour collecter les poissons. Les fluctuations du niveau de l'eau, les variations de température, la chimie du lac (variation de minéralité, de pH, de conductivité), le plancton (phyto et zoo), les macrophytes, les invertébrés, les insectes aquatiques, les batraciens et reptiles: une somme énorme de données est répertoriée. Des spécimens sont classés et décrits s'il y a lieu.
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Une grande partie des connaissances actuelles sur le lac Tanganyika nous vient de ce travail titanesque. Après triage sur place, la collection des cichlidae, conservés en vue d'une étude systématique en Belgique (Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren), comprenait environ 27 000 spécimens.
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Quatre volumes et neuf fascicules sont parus à la suite de cette expédition, dont les auteurs sont:
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Le nom du lac, Étanga 'ya ni'a en ebembe (ou kibembe), signifie « lieu de mélange ». Richard Francis Burton et John Hanning Speke furent les premiers Européens à l'apercevoir en 1858 et Burton décida, en tant que dirigeant de l'expédition, de conserver son nom d'origine, contrairement à l'usage en vigueur à l'époque.
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C'est sur les rives du lac Tanganyika, à Ujiji, qu'intervint le 10 novembre 1871 la rencontre historique entre David Livingstone et Henry Morton Stanley, à l'occasion de laquelle ce dernier adressa la fameuse réplique "Docteur Livingstone, je présume ?".
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Le lac est évoqué par Michel Sardou en 1982 dans sa chanson à succès Afrique adieu, ainsi que par Jean-Pax Méfret dans Parole d'homme.
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Le rappeur Baloji lui consacre un son du même nom Tanganyika.
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Kigoma Strand
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Livingstone monument au burundi
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(ORSTOM Paris - MRAC Tervuren 1984) vol.I— (ISNB Bruxelles - MRAC Tervuren - ORSTOM Paris 1986) vol.II — (ISNB Bruxelles - MRAC Tervuren - ORSTOM Paris 1986) vol. III— (ISNB Bruxelles - MRAC Tervuren - ORSTOM Paris 1991) vol.IV.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le lac Titicaca, situé dans la cordillère des Andes, est traversé par la frontière entre la Bolivie et le Pérou. C'est le plus grand lac d'Amérique du Sud en volume d'eau[1],[2] et en longueur, mais pas en superficie (le lac Maracaibo couvre une superficie de plus de 13 000 km2). Il est aussi considéré comme le plus haut lac navigable du monde (altitude : 3 812 m)[3], mais ce n'est rigoureusement exact que si on limite cette acception aux navires commerciaux de grande taille.
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C'est par ce lac qu'est née la culture aymara avant la colonisation et la christianisation. Il existe une légende en relation avec ce lac : le premier dieu Viracocha a surgi de ce lac et a créé le monde ainsi que toutes les civilisations des Andes.
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Le lac Titicaca semble tenir son nom d'un rocher situé sur l'Isla del Sol et appelé Titi Khar'ka, ce qui signifie « Roc du puma » en aymara[4]. Selon une autre hypothèse, Titicaca serait une déformation de titijaya, qui veut dire « puma de pierre » (par référence aux pumas noyés et transformés en statues de pierre selon une légende locale)[5] mais également « homme de cendre » (en effet les indigènes vivant autour de ce lac avaient coutume d'y brûler des hommes en offrande à Ayuma, dieu de la vie et de la mort)[6].
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L'Isla del Sol est le véritable centre de la mythologie inca.
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Le lac Titicaca s'étend sur environ 8 562 km2, parmi lesquels 4 772 km2 (56 %) correspondent au territoire péruvien et le reste (3 790 km2, ou 44 %) à la Bolivie.
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Il est au centre d'un grand bassin ayant une superficie de l'ordre de 58 000 km2, dont 39 017 km2 au Pérou. La superficie de son bassin versant appartient donc à plus de 80 % au territoire péruvien. On subdivise son bassin versant en 10 sous-bassins.
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Lui-même se décompose en deux parties, le lac majeur et le lac mineur, séparés par le détroit de Tiquina qui a une longueur de 900 m.
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Sa longueur est de 190 kilomètres, sa largeur de 80 kilomètres.
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Situé dans les Andes, à 3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer, il a une profondeur moyenne de 107 mètres et une profondeur maximale de 327 mètres.
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Plus de vingt-cinq rivières se jettent dans le lac. Le lac compte 41 îles dont certaines sont habitées.
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Le volume d'eau contenu est de 893 km3 (soit 893 milliards de mètres cubes). Ses eaux bleues sont de l'eau douce.
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Il est rempli d'eaux provenant du ruissellement pluvial et de la fonte des neiges. De loin en loin, sur les îles naturelles, on observe des cultures en terrasses, soigneusement séparées par des murs de pierres sèches et des haies de cactus, ainsi que des villages.
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La longueur totale de ses rives est de 1 125 kilomètres.
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Les principales villes riveraines sont Puno au Pérou et Copacabana en Bolivie.
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Depuis le 11 septembre 1998, le lac Titicaca est un site Ramsar pour l'importance de ses zones humides[7].
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Le lac a été proposé par la Bolivie en 2003 et le Pérou en 2005 pour une inscription au patrimoine mondial et figure sur la « liste indicative » de l’UNESCO dans les catégories patrimoine culturel et naturel[8],[9].
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Le lac est le vestige d'une lagune datant de l'ère quaternaire qui occupait l'Altiplano.
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Le lac Titicaca est alimenté par plus de 25 rivières.
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La plus grande partie des apports d'eaux superficielles dans le bassin versant du lac provient du Pérou. Les rivières principales qui l'alimentent sont le río Ramis avec 76 m3/s, le río Huancané avec 20 m3/s, le río Coata (42 m3/s), et le río Ilave (39 m3/s). Parmi les affluents secondaires il faut citer le río Illpa, le río Yanarico et le río Zapatilla.
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D'après la FAO, l'ensemble des apports constitue une masse d'eau de plus de 14 km3 annuellement, soit environ 450 mètres cubes par seconde.
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Le lac Titicaca lui-même déverse ses excédents dans le lac Uru Uru et le lac Poopó par l'intermédiaire du río Desaguadero. Mais seulement 7 % des apports se retrouvent dans le débit de ce dernier, le reste étant perdu par évaporation.
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Le bilan hydrique d'un lac tel que le Titicaca est le résultat de l'équation : quantités entrées - quantités sorties = variation du niveau du lac, où les entrées sont réparties entre les quantités amenées par l'ensemble des affluents, plus la somme des précipitations tombées sur la surface du lac, et les sorties sont les quantités évaporées plus le débit de l'émissaire. Il s'agit bien sûr de quantités moyennes par unité de temps.
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Les scientifiques des deux pays, après avoir collecté ces données entre 1960 et 1990, en sont arrivés à déterminer les quantités que voici :
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Connaissant les quantités évaporées par seconde (436 m3), la superficie du lac (8 400 km2) et le nombre de secondes par année de 365 jours (31 536 000), on voit qu'en un an il s'est évaporé au total pour tout le lac non moins de 13 749 696 000 m3, soit 1,636 m3/m2 de surface, soit encore une hauteur d'eau de 1 636 millimètres. Ce qui est considérable pour un climat froid, et est dû à la sècheresse de l'air et aux vents secs qui soufflent sur la zone.
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Les îles les plus peuplées sont l'isla del Sol en Bolivie avec 2 000 habitants, Amantani avec plus de 3 500 habitants et Taquile avec 757 familles (environ 2 200 habitants), ces deux dernières se trouvant du côté péruvien. Les populations riveraines sont des Quechuas et des Aymaras. L'île de Suasi est une île privée de 43 hectares située au nord-est du lac du côté péruvien.
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L'île de la Lune, vue depuis l'île du soleil, côté bolivien. En arrière-plan, la Cordillère Royale.
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Panorama de l'île Taquile et du lac Titicaca.
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Suasi Island sur le lac Titicaca.
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Lac Titicaca depuis Suasi Island.
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L'île d’Amantaní se trouve sur la partie péruvienne du lac Titicaca. De forme circulaire, elle a une superficie de 9,28 km2, et une population de 3 663 habitants répartis en 800 familles[10]. Elle est parfois appelée « île du Kantuta », parce qu'on y trouve en abondance la Cantua buxifolia, que la Bolivie et le Pérou ont choisi comme plante-emblème.
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L'Isla del Sol (Île du Soleil) est une île bolivienne située sur le lac Titicaca. Elle a une longueur de 9,6 km pour 4,6 km de large et une superficie de 14,3 km2. C'est la plus grande île du lac. Son nom originel était Isla Titikaka, et c'est elle qui a donné son nom au grand lac. L'île fait partie du département de La Paz et de la province de Manco Kapac.
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Taquile est une île vallonnée péruvienne située à 45 kilomètres à l’est de Puno. Taquile mesure environ 5,5 kilomètres de long sur 1,6 de large avec une superficie de 5,72 km2. La vie à Taquile est encore largement épargnée par la modernité du continent. Il n’y a pas de voiture sur l’île, ni d’hôtel, et seuls quelques petits magasins vendent des produits de base. Taquile est surtout connue pour son artisanat, de la plus haute qualité, non seulement au Pérou, mais aussi dans le monde. « Taquile et son art textile » ont été reconnus « Chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’Humanité » par l’UNESCO[11].
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Le lac Titicaca est pour les indiens des Andes le berceau du premier Inca qui aurait surgi de ses eaux. « L'île du Soleil » est un lieu sacré, comme au temps de l'empire.
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Une légende locale autochtone prétend que les premiers habitants de la région avaient six doigts et s'appelaient les Uros.
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De nos jours, on appelle Uros ceux qui vivent sur des îles flottantes. Celles-ci sont fabriquées à partir de roseaux flottants (en fait du jonc Totora) et sont devenues une étape touristique presque « obligatoire », ce qui permet aux habitants de vivre en partie de ce tourisme.
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En réalité, la dernière véritable Indienne Uros est décédée en 1959 et les occupants des îles sont depuis des Aymaras qui s'accrochent depuis longtemps aux terres bordant le Titicaca.[réf. nécessaire]
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Les Aymaras y font pousser du quinoa, plante cultivée pour ses graines riches en protéines et y élèvent des lamas. Ils traversent (n'est plus vrai en 2016) le lac à bord de leur barques en totora (jonc tressé) et en profitent parfois pour faire un peu de contrebande. Les fameux bateaux en jonc totora traditionnels sont maintenant remplacés par des barques en fibre de verre ou en plastique, et à moteur, Les seuls bateaux en totora sont pour les touristes.
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La grande civilisation des Tiwanakus, qui pour de nombreux spécialistes représente le 1er empire andin, s'est épanouie sur les rives du lac Titicaca entre le Ve et XIe siècle de notre ère. Les Tiwanaku se servaient du lac pour faire des offrandes, telles que des feuilles d'or ou des ossements de lama adressés au dieu Obaton. En 2007, une équipe archéologique bolivienne et Christophe Delaere ont mis au jour plusieurs structures massives dont une pyramide et un temple semi-souterrain dans la capitale des Tiwanakus, Tiahuanako. Ces monuments témoignent de la complexité de cette civilisation.
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Grâce à la proximité du lac, les Tiwanakus étaient de prospères agriculteurs, qui tiraient leurs richesses de la terre fertile. La civilisation se servait du lac Titicaca pour des activités économiques et commerciales. Un grand nombre de fouilles sur ce site, dont celle de 2007, ont sorti de l’eau des objets destinés à la pêche par exemple, une pierre de l’Este ainsi que des fragments de céramique brûlée qui auraient pu correspondre à des marmites contenant de la nourriture. Ces découvertes démontrent que la civilisation se servait du lac Titicaca pour des activités économiques et commerciales.
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À l'opposé, pour les Incas, le lac était un lieu strictement sacré où seuls les rituels étaient permis. L’enquête archéologique effectuée par Christophe Delaere a démontré que le lac Titicaca où la pêche et la navigation était interdite à l’époque des Incas fut auparavant utilisé par les Tiwanakus à des fins commerciales. Comme l’a mentionné l’archéologue belge, Peter Eeckhout dans son émission « Enquête archéologique, TITICACA : LA MER DES TIWANAKU »[12] : « Ce peuple que l’on croyait profondément terrien se révèle aussi être un peuple du lac. »
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Une légende raconte que les hommes vivaient heureux dans une vallée fertile. Rien ne leur était interdit sauf monter dans la montagne. Le diable, jaloux de leur tranquillité, leur dit d'aller dans la montagne chercher le feu sacré, sinon un malheur s'abattrait sur eux. Mais les dieux de la montagne appelés « Apus » les surprirent et firent sortir des cavernes des pumas, qui dévorèrent toute la population. Inti, le dieu du soleil qu'ils vénéraient, pleura pendant 40 jours et 40 nuits sans s'arrêter, ce qui inonda la vallée et créa le lac Titicaca ; seul un couple survécut en se mettant dans une barque. Ils dirent que, de leur barque, ils avaient vu les pumas, qui s'étaient transformés en pierre. C'est pour cela que le lac s'appelle « el lago de los pumas de piedra », le lac aux pumas de pierre.
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Ces pumas de pierre sont aujourd'hui représentés dans la symbolique Aymara par la figure de proue des bateaux (les balsa), une tête de puma tressée.
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Il existe une autre légende qui raconte qu'un trésor inca dormirait au fond du lac. Il s'agirait d'une partie de ce même grand trésor des Incas du XVIe siècle. Quand Francisco Pizarro captura l'empereur Atahualpa en 1532 à Cajamarca, il lui promit la vie sauve en échange de richesses. Le conquistador espagnol exigea que l'Inca lui verse une rançon colossale, soit une quantité d'or et d'argent capable de remplir la pièce où Atahualpa était prisonnier : 35 m2 de surface sur une hauteur de deux mètres. L'Inca donna des ordres à ses lieutenants pour que la rançon soit acheminée des quatre coins de l'empire. L'or afflua et la rançon fut presque totalement payée. Sur le lac Titicaca, une navette de barques convoya des kilos d'or et d'argent, entre la rive est et la rive ouest. Mais le 29 août 1533, quand les mariniers apprirent l'exécution d'Atahualpa par Francisco Pizarro, ils comprirent que l'Espagnol n'avait pas tenu parole et qu'il avait trahi l'Inca. Révoltés, ils auraient jeté le trésor dans les eaux du lac.
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En raison de son étendue et de sa localisation à la frontière de deux états-nations, le lac Titicaca est une voie de communication indispensable pour les peuples andins. Problème, l'altitude rend plus que rare le bois d'ouvrage pour construire des embarcations. Les riverains du lac Titicaca ont longtemps utilisé des balsas (radeaux) faits de faisceaux de roseaux assemblés de façon très hydrodynamique pour pêcher ou circuler le long des rives.
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La navigation « hauturière » pour traverser le lac exige des embarcations autrement plus grandes et en 1863 deux navires à vapeur de plus de 30 m de long, le Yavari et son sistership le Yapuna furent construits en Angleterre par les chantiers Thames Iron Works avec des tôles de coque (à l'époque rivetées) de petite taille (de façon à être transportable à dos de lama ou de mulet). Ces navires en fer furent entièrement démontés avec leurs pièces dûment numérotées, puis livrées par cargo à Arica sur la côte Pacifique, transportés par chemin de fer puis charriés à dos d'animaux de bât jusqu'au port de Puno et laborieusement réassemblés sur place, un véritable exploit d’ingénierie et de logistique, en particulier pour transporter les pièces massives de la machine à vapeur (pistons bielles et vibrequin). Témoignage de la qualité de leur construction et de l'absence de corrosion, ces deux navires, maintes fois re-motorisés, sont toujours en état de naviguer à l'heure actuelle[13].
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Depuis cette époque, des navires plus grands et plus modernes ont été lancés sur le lac mais le Yavari est toujours une attraction touristique recherchée.
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Sur un plan plus anecdotique, le titre de véliplanchiste le plus haut du monde revient à un Français, Xavier Lazzaro, qui effectuant son service national dans le cadre de la coopération à l'ORSTOM dans les années 1980 fut affecté à une station scientifique andine et transporta sa planche à voile (une Vélasurf 380 produite par le fabricant espagnol Roga) jusqu'au lac Titicaca sur lequel il effectua de nombreuses navigations, dûment médiatisées par la revue Wind Magazine. Il en enseigna la manœuvre à quelques jeunes autochtones et la laissa sur place à la fin de son service militaire.
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Le lac Titicaca est le sujet du premier des quatre courts-métrages composant Saludos Amigos, film de Walt Disney Productions de 1942.
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À cause de l'urbanisation, des ruissellements des mines et de l'agriculture intensive autour du lac, des problèmes de pollution importantes y apparaissent au début du XXIe siècle, comme la disparition de nombreuses espèces et l'impureté de l'eau[14]. On retrouve beaucoup de métaux lourds, tels que le cuivre, le plomb, l’arsenic, le mercure, du fait des déchets miniers[15].
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La grenouille Telmatobius culeus, endémique du lac Titicaca, est aujourd'hui en danger critique d'extinction en raison de la pollution et de leur surexploitation pour leur viande[16].
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le lac Victoria, ou Nyanza (encore appelé lac Ukéréoué — Ukerewe —, ou Nalubaale), est le plus grand lac d'Afrique et (selon les sources) le quatrième ou le deuxième au monde en superficie avec 68 100 km2. Il doit son nom à l'explorateur britannique Speke qui fut en 1858 le premier Européen à l'atteindre, et qui le baptisa en l'honneur de la reine Victoria. Situé en Afrique de l'Est, au cœur d'une zone densément peuplée, il est bordé par le Kenya au nord-est, l'Ouganda au nord et au nord-ouest et la Tanzanie au sud, sud-ouest et sud-est. Occupant une dépression encadrée par les deux branches de la vallée du grand rift, il est la source du Nil Blanc, le plus long affluent du Nil.
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Traversé par l'équateur, le lac Victoria est peuplé d'une faune et d'une flore tropicale variée mais menacée par la surexploitation des ressources naturelles et la destruction des milieux.
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Le lac Victoria se situe en Afrique de l'Est, au cœur des grands lacs africains ; il est traversé par l'équateur au Nord. Ses États riverains sont le Kenya au nord-est, l'Ouganda au nord et au nord-ouest et la Tanzanie au sud. D'assez faible profondeur (40 m en moyenne, 83 m au maximum) et situé à 1 133 m d'altitude, le lac occupe une dépression formée par des mouvements tectoniques et encadrée par les deux branches de la vallée du grand rift formé il y a quatre millions d'années.
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Grossièrement rectangulaire avec 320 km de longueur (du nord au sud) et 275 km de largeur (d'est en ouest), le lac possède des rives très découpées formant de nombreuses péninsules, presqu'îles, baies, caps et plus de 3 000 îles,[réf. nécessaire] la plupart inhabitées.
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Il y a quatre millions d'années, le rift Est-africain commence à se constituer par le jeu de failles normales qui forment des horsts et des grabens organisés sur deux axes parallèles. Le léger soulèvement des bords de ces rifts provoque la formation d'une dépression peu marquée dans les terrains précambriens érodés situés entre eux. Certains cours d'eau, capturés par cette cuvette, ont alors commencé à la remplir entre 750 000 et 400 000 ans, donnant naissance au lac Victoria. La faible profondeur du lac et son fort rapport surface/volume le rendent vulnérable aux changements climatiques. Les carottages géologiques réalisés dans les sédiments ont montré que le lac Victoria s'est asséché au moins trois fois depuis sa formation. Ces cycles d'assèchement sont probablement liés aux glaciations durant lesquelles les précipitations ont globalement diminué. Le dernier assèchement du lac remonte à 17 300 ans et son remplissage à 14 700 ans.
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Le lac Victoria est soumis à un climat tropical dont les températures oscillent entre 16 °C et 27 °C. De mai à juillet, les vents du sud provoquent des déplacements de la masse d'eau vers le nord. Les pluies sont réparties tout au long de l'année mais deux périodes plus humides se distinguent en avril et en septembre-octobre. La moyenne annuelle des précipitations s'élève à 1 450 millimètres.
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Le bassin versant voit une multitude de cours d'eau, dont le plus important est la Kagera venant de Tanzanie, se jeter dans le lac. D'autres viennent du Burundi, du Rwanda et du Kenya. L'émissaire du lac Victoria, le Nil Blanc (Bahr-el-Abiad), s'écoule, d'Ouganda, où il franchit rapidement les Chutes Owen, vers le nord pour se jeter dans le lac Kyoga puis le lac Albert et enfin le Nil. La portion du Nil Blanc située entre le lac Victoria et le lac Kyoga est aussi appelée Nil Victoria et serait née entre 12 000 et 14 000 ans av. J.-C. Les affluents, dont le débit varie beaucoup au cours des saisons, fournissent moins de 20 % des eaux du lac, le reste provenant des pluies. Les pertes sont en partie dues au débit sortant du Nil Blanc mais aussi à l'évaporation (variable selon les saisons et le vent) qui représente une perte de 31 à 124 millimètres par mois.
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Jusque dans les années 1960, le lac Victoria était assez bien équilibré au niveau hydrologique et ne subissait pas de fortes variations de niveau. En 1962, le niveau est brusquement monté à la suite de fortes pluies et s'est maintenu par la suite, bien que présentant une légère diminution. À partir de 2004, un changement important s'est amorcé avec une diminution du niveau du lac de deux mètres en deux ans. La cause de cette baisse serait le manque de pluies qui agit aussi bien directement sur le lac que sur les apports des affluents[1].
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Il y a 14 000 ans, après le remplissage du lac, la faune aquatique des rivières a colonisé le lac Victoria. Ayant soudainement accès à un habitat vierge, les espèces se sont diversifiées, occupant toutes les niches écologiques. C'est ainsi que sont apparues, selon la théorie actuelle, les nombreuses espèces endémiques d'haplochromis. Après l'introduction de la perche du Nil, l'eutrophisation de l'eau et l'invasion par la jacinthe d'eau, cette biodiversité a fortement diminué. Il semble cependant que certains haplochromis commencent à s'adapter à ces nouvelles conditions, notamment en modifiant leurs habitudes alimentaires[2].
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Dans les marais à papyrus, l'antilope sitatunga (Tragelaphus spekeii), aux sabots longs et fendus adaptés à la marche en terrain marécageux, peut encore être rencontrée bien que devenue rare. Une autre antilope, le grand cobe des roseaux (Redunca redunca), peut elle aussi être aperçue sur les rives. En ce qui concerne les mammifères plus adaptés au mode de vie aquatique, l'hippopotame (Hippopotamus amphibius) et la loutre à joues blanches (Aonyx capensis), sont courants.
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Dans certaines zones autour du lac, on peut aussi apercevoir des impalas (Aepyceros melampus), mammifère ressemblant à une gazelle ou à une antilope et des Cobes à Croissant (Kobus ellipsiprymnus), une grande antilope qui apprécie les zones humides.
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Le lac Victoria est un lieu de passage de très nombreux oiseaux migrateurs mais c'est aussi le milieu de vie d'un grand nombre d'espèces résidentes. Dans les marais denses, de nombreux animaux trouvent abri et nourriture. C'est là que vit le Bec-en-sabot (Balaeniceps rex) qui se nourrit de poissons, de batraciens, de jeunes tortues et qui est actuellement classé comme espèce vulnérable. On y trouve aussi des oiseaux typiques des marécages à papyrus tel que le Cisticole de Carruthers (Cisticola carruthersi), la Rousserolle des cannes (Acrocephalus rufescens), le Gobemouche des marais (Muscicapa aquatica), la Bouscarle à ailes blanches (Bradypterus carpalis) et deux espèces menacées, le Chloropète aquatique (Chloropeta gracilirostris) et le Gonolek des papyrus (Laniarius mufumbiri).
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Dans les eaux plus libres, on peut rencontrer l'échasse blanche (Himantopus himantopus) mais aussi des cormorans (grand cormoran, Phalacrocorax carbo, et cormoran africain, Phalacrocorax africanus) ainsi que divers hérons (le crabier blanc Ardeola idae) et aigrettes (aigrette garzette, grande aigrette). La mouette à tête grise (Larus cirrocephalus) et la sterne Hansel (Sterna nilotica) se rencontreront souvent dans les zones d'eau libre plus éloignées de la rive.
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Dans la savane arborée qui entoure le lac, on peut observer le martin-chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis), oiseau très coloré appartenant à la même famille que les martin-pêcheurs. Près de la rive, on peut parfois apercevoir l'œdicnème vermiculé (Burhinus vermiculatus) ou bien le barbican guifsobalito (Lybius guifsobalito), oiseau noir à gorge rouge intense, ou bien encore divers souïmangas, oiseaux nectarivores à ne pas confondre avec des oiseaux-mouches, dont le souimanga à ceinture rouge (Nectarinia erythrocerca). L'autour unibande (Kaupifalco monogrammicus), rapace amateur de lézards, de serpents, de petits mammifères et de jeunes oiseaux, est souvent observé dans ce biotope.
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Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) a presque disparu de cette région d'Afrique. Il est essentiellement victime de la chasse faite pour obtenir sa peau. Il se nourrit de proies vivantes comme des oiseaux, des lézards, des tortues, des insectes, des crustacés, des mollusques et des batraciens.
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Au lac Victoria, la ponte a lieu à la fin décembre et en janvier, à la saison sèche lorsque les eaux baissent. Les œufs sont déposés dans le sable où ils incubent pendant trois mois.
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Le lac abrite plusieurs espèces de tortues d'eau douce endémiques comme Pelusios williamsi ou Emydura victoriae. Les varans du Nil (Varanus niloticus), qui subissent la prédation du crocodile, n'hésitent pas en retour à piller le nid de ce dernier. Dans ces zones vivent également des batraciens, notamment une espèce endémique : Xenopus victoriae.
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Le lac Victoria contient environ 450 espèces de poissons[3] dont 300 endémiques appartenant au genre Haplochromis et deux espèces endémiques de tilapias appartenant au genre Oreochromis (Oreochromis esculentus et Oreochromis variabilis). Les Haplochromis du lac Victoria regroupent plusieurs espèces mais aussi plusieurs genres. (Astatotilapia, Astatoreochromis, Harpagochromis, Paralabidochromis, Prognathochromis, etc.)
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La perche du Nil (Lates niloticus) ou Capitaine et le tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) ont été introduits dans le lac par l'Homme. Il existe aussi une espèce de protoptère, ou dipneuste africain (Protopterus aethiopicus), poisson pulmoné obligé de respirer régulièrement à la surface. Depuis l'introduction de la perche du Nil dans les années 1950 par les colons britanniques, plus de 200 espèces endémiques d’Haplochromis ainsi que l’Oreochromis esculentus ont disparu et de nombreuses espèces sont menacées comme le protoptère qui semble même en voie de disparition.
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Les eaux du lac Victoria sont colonisées par des insectes aquatiques, les notonectes entre autres, et par de nombreuses larves d'insectes. On assiste périodiquement au-dessus des eaux du lac à l'apparition de véritables nuages d'insectes. Ces derniers se forment lorsque les nymphes de certaines espèces (trichoptères, Chaoborus, Simuliidae, éphémères, odonates, chironomes, moustiques, etc.) se transforment en adultes et prennent leur envol. La majorité sont inoffensifs mais peuvent être gênants pour les habitants du voisinage.
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Certains moustiques peuvent transmettre des maladies telles que la malaria, la fièvre à chikungunya et la fièvre jaune. Sur les rives, des rassemblements périodiques de têtes de bétail attirent la glossine, ou mouche tsé-tsé, capable de transmettre la maladie du sommeil dont le responsable est le trypanosome (protozoaire). Les simulies peuvent aussi transmettre des maladies due à un nématode parasite (onchocercose, filariose). Chaque année, la saison des pluies attire des nuées de milliards de chaoborus edulis avec lesquelles les Kavirondos confectionnent le gâteau de mouches.
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Les crustacés sont nombreux dans le lac Victoria. On trouve de nombreuses espèces de copépodes (Cyclops, Diaptomus, etc), d'ostracodes et de cladocères (Daphnia, Bosmina, Leptodora, Chydorus, etc). Il semble qu’il y ait eu un changement drastique dans les proportions d’espèces de crustacés formant le zooplancton du lac Victoria au cours du XXe siècle.
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Les espèces de copépodes de l'ordre des Cyclopoida ont augmenté de 8 % à 97 % de la biomasse entre 1927 et 1990 alors que les copépodes de l'ordre des Calanoida (comme Diaptomus) et les cladocères ont diminué de 50 et 40 % en 1927 jusqu’à 2 et 1 % en 1990. Cette modification est peut-être due davantage à l'eutrophisation des eaux qu'aux modifications de la faune prédatrice du lac.
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On trouve aussi deux espèces de crustacés supérieurs endémiques de la région : une crevette (Caridina nilotica) et un crabe (Potamonautes niloticus).
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Les mollusques sont eux aussi nombreux avec 126 espèces et sous espèces dans le lac dont certaines sont endémiques : gastéropodes (Pila ovata, Bellamya unicolor, Biomphalaria glabrata, Melanoides tuberculatus) et lamellibranches (genres Pisidium, Mutella, Coelatura et Sphaerium).
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Le lac Victoria héberge quelques espèces d'annélides, de sangsues et d'oligochètes (comme Alma emini) et des rotifères (genres Brachionux et Anuraenopsis). Une méduse endémique d’eau douce, Limnocnida victoriae, est également présente dans les zones littorales et des éponges (comme Spongilla nitens) dans les habitats rocheux.
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La région du lac Victoria est actuellement occupée par des savanes boisées entrecoupées de vastes étendues cultivées. Dans le Nord s'étendait jadis une grande forêt qui prolongeait celle du bassin du Congo mais il n'en reste plus que des lambeaux.
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Dans les zones marécageuses, sur la rive ou à faible profondeur, on trouve différentes espèces comme des Poaceae (Miscanthus violaceus, Leersia hexandra), des sphaignes (genre Sphagnum), une Melastomataceae (Dissotis brazzaei), des roseaux du genre Phragmites, des massettes (genre Typha), des potamots (genre Potamogeton) et des nénuphars (Nymphaea caerulea, Nymphaea lotus).
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Le long des berges, à l'abri des vagues, se dresse une importante végétation qui pénètre jusque dans l'embouchure de certains affluents. On trouve parmi ces plantes le papyrus (Cyperus papyrus), qui atteint quatre à cinq mètres de hauteur. Il s'agit du papyrus qui poussait le long du Nil en Égypte il y a quelques milliers d'années, mais il a aujourd'hui disparu de ce pays. On le trouve encore au Soudan du Sud et autour du lac Victoria où il couvre de grandes étendues. On peut aussi trouver dans les mêmes zones des fougères (Cyclosorus interruptus var. striatus), des ficus (comme Ficus verruculosa) et des plantes de la famille des Limnophyton (Limnophyton obtusifolium).
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Dans les zones calmes on trouve des végétaux aquatiques comme l'utriculaire (genre Utricularia), des Hydrocharitaceae (Hydrilla verticillata, genre Vallisneria), la mâcre nageante ou châtaigne d'eau (Trapa natans) dont le fruit est comestible, une Poaceae appelée hippo grass, soit « herbe à hippopotame » (Vossia cuspidata) et des plantes du genre Ceratophyllum. Toutes contribuent à créer des habitats pour de nombreux petits animaux. La pistie ou laitue d'eau (Pistia stratiotes) semble avoir disparu à cause de la prolifération d'un autre végétal, la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes).
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Le lac subit un phénomène d'eutrophisation important et d'origine humaine. Par exemple, le taux de phosphore a doublé au cours du XXe siècle. Cette augmentation est en grande partie due au rejet des déchets de dépeçage de la perche du Nil, effectué sur les rives du lac, ainsi qu'à une action conjuguée de la surpopulation (aussi bien au niveau des humains que des animaux domestiques) et de la déforestation. Ce phénomène est sans doute à l'origine de l'explosion démographique des bactéries du type Cyanobacteria dont la population a été multipliée par sept depuis la seconde moitié des années 1960. Ces bactéries ont commencé à former de grandes étendues à la surface du lac dans les années 1980 et peuvent causer la mort des poissons par consommation du dioxygène lors de leur décomposition.
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Depuis plusieurs années (1980 en Ouganda et 1990 au Kenya)[4], le lac subit un envahissement massif de la Jacinthe d'eau (Eichornia crassipes), une plante aquatique originaire d'Amérique tropicale. Cette plante bloque la progression des bateaux, gêne la pêche et la production d'énergie hydroélectrique, pollue l'eau de boisson et provoque la disparition de la faune dans certaines zones. Elle gêne en effet le passage de la lumière, empêchant le développement d'algues vertes dont se nourrissent certaines espèces de poissons, empêche l'oxygénation de l'eau de surface et sa décomposition consomme une telle quantité de dioxygène que le milieu devient rapidement anoxique.
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Un programme d'élimination de la plante est en cours, faisant intervenir essentiellement un ramassage de celle-ci et une tentative d'introduction de charançons (Neochetina eichhorniae et Neochetina brushi) se nourrissant de jacinthe d'eau. En 1995, 90 % de la côte de l'Ouganda était couverte par la plante mais la lutte contre elle commence à porter ses fruits. S'il est possible d'atteindre un équilibre, cette plante pourrait se montrer utile car elle est capable de métaboliser le phosphore en excès. De plus, du fait de la faible teneur de l'eau en dioxygène au niveau de ses racines, elle tient à distance la perche du Nil. On a ainsi rencontré parmi les racines de jacinthe d'eau, en bordure des eaux libres, des espèces de poissons considérées disparues ou en danger qui, moins exigeantes en dioxygène, trouvent là un refuge. Mais quand on s'enfonce dans la densité du tapis végétal, le milieu devient anoxique et toute vie disparaît.
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Les éléments historiques datant de la période antérieure à la découverte européenne du lac sont difficiles à retracer faute de sources scripturales. On peut se baser, pour l'étude des « siècles obscurs », sur la recherche archéologique, l'étude linguistique et génétique des occupants actuels de la région et en ce qui concerne la période postérieure au XVIe siècle
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, sur les traditions orales retraçant le passé des divers royaumes lacustres qui se sont établis à partir de cette époque. L'historiographie de la région nous renseigne sur les tournants très idéologiques et ethnicistes qu'a pu prendre l'histoire dans la région avec en ligne de fond une différenciation assez artificielle entre deux types de populations, les éleveurs « nilo-hamitiques » opposés aux « agriculteurs bantous », avec les conséquences absolument dramatiques que l'on sait en ce qui concerne le Rwanda[5][réf. nécessaire].
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La palynologie nous apprend qu'entre le IIe et le Ier millénaire av. J.-C., les arbres et les roseaux voient leur surface diminuer au profit des graminées. On explique ce fait par l'action conjuguée d'un dessèchement climatique qui survient à cette époque et par l'action de l'homme[6]. Au début de l'ère chrétienne, on observe une présence humaine intense sur les îles du lac et dans la vallée de la Kagera. On associe cette population à l'âge du fer et on la caractérise par la production d'un type de céramique dit dimple base aux motifs géométriques particuliers appelé aussi Urewe du nom du site où il fut découvert sur la côte kényane du lac.
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La première source d'information scripturale qui nous est connue sur le lac Victoria provient de marchands arabes traversant depuis la côte le plateau Est-africain à la recherche d'or, d'ivoire et d'esclaves. Al Idrissi est, vers 1160, le premier à avoir dressé une carte représentant clairement le lac et le représentant comme étant la source du Nil. À partir du XVIe siècle se développent dans la région des grands lacs des royaumes centralisés, plusieurs étant situés sur la rive Nord-Ouest du lac. Le royaume du Bouganda, avec à sa tête une lignée de souverains absolus dénommés kabakas, s'est démarqué des autres royaumes au fil du temps par sa puissance et a formé l'ossature de l'actuel Ouganda.
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Les Européens découvrirent le lac en 1858 lorsque l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit la rive Sud du lac Nyanza. Il le rebaptisa alors du nom de la reine Victoria qui régnait à cette époque au Royaume-Uni et dans ses colonies. Le kabaka du Bouganda, Mutesa, accueillit favorablement les Européens et en 1890 signa un accord avec la British East Africa Company pour se prémunir des visées allemandes sur son royaume. À partir de ce moment se mit peu à peu en place une indirect rule anglaise dans la zone Nord du lac Victoria tandis que les Allemands menés par Emin Pasha colonisaient le territoire de l'Afrique orientale allemande comprenant la partie Sud du lac connue plus tard sous le nom de Tanganyika[7].
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Le lac fut le théâtre d'affrontements navals durant la Première Guerre mondiale opposant Britanniques et Allemands. Le général allemand Lettow-Vorbek qui mena une guérilla efficace contre les forces de l'Alliance (Belgique, Portugal, Royaume-Uni) créa une petite force navale qui fut déployée sur le lac. En réaction, les Britanniques firent venir d'Angleterre des canonnières démontées et acheminées par voie ferrée jusqu'au lac afin d'en prendre le contrôle. Le 17 juillet 1916, ils capturèrent deux bateaux à vapeur allemands à Nyanza. Face à la disproportion des forces, les Allemands durent se retirer de cette zone.
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Le lac Victoria est situé au cœur d'une dorsale de peuplement correspondant aux hautes terres africaines courant de l'Érythrée à l'Afrique du Sud en passant par le Rwanda et le Malawi.
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Ses pourtours densément peuplés (246 hab./km2)[8] contrastent avec les vides humains qui, en ce qui concerne la région du lac Victoria, correspondent à l'Ouest au bassin congolais et à l'Est au plateau steppique de l'Afrique orientale[9].
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Les abords du lac forment par ailleurs une zone de contact entre populations de groupes linguistiques différents, d'une part les locuteurs de la famille nilo-saharienne qui peuplent le Soudan du Sud, le Nord du Kenya et de l'Ouganda et qui se retrouvent surtout dans la zone Nord-Est du lac (Luos, Kalenjins) et d'autre part les populations de langues bantoues peuplant toute l'Afrique australe et qui atteignent dans la zone du lac leur limite septentrionale (Ganda, Sukuma, Soga, Luhya, etc.)[10].
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Les riverains du lac se servent du swahili (langue de la famille bantou) et de l'anglais comme langues véhiculaires. Ils sont majoritairement de religion chrétienne, catholiques et protestants.
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Des ferries relient les principaux ports du lac Victoria, Kisumu, Mwanza, Bukoba, Entebbe, Port Bell et Jinja. Les premiers ont été construits au Royaume-Uni et mis en service au début du XXe siècle en prolongement de la ligne de chemin de fer reliant la ville côtière de Mombasa au Kenya à Kisumu au bord du lac. Ces ferries contribuent au désenclavement de la région des grands lacs. En 1996, un bateau à vapeur, le MV Bukoba naviguant entre Bukoba et Mwanza et se trouvant en surcharge de passagers a coulé, occasionnant la mort de centaines de personnes. Le 20 septembre 2018, le MV Nyerere assurant la liaison entre les îles d'Ukara et Oukéréoué fait naufrage, entraînant la mort de 227 passagers.
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L'îlot de Migingo (0,011 km2) constitue, depuis juin 2004, un enjeu politique entre le Kenya et l'Ouganda. Alors que depuis 1926 (avec confirmation en 2009) l'île est, internationalement, considérée comme faisant partie du territoire kényan, l'État ougandais continue d'interdire aux pêcheurs kényans établis sur l'île d'exercer leur profession depuis ce lieu.
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Jules Verne, Cinq semaines en ballon (le chapitre XVIII est entièrement consacré au lac Victoria). C'est le premier titre de la collection Voyages extraordinaires en 1863.
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Le lac Victoria a fait l'objet en 2004 d'un documentaire, Le Cauchemar de Darwin, qui a connu une large diffusion. Il tente de démontrer les conséquences possibles du déclin de la biodiversité du lac et du développement industriel de la pêche de la perche du Nil. Ce film est, selon son producteur et réalisateur Hubert Sauper, une allégorie de la mondialisation et de ses conséquences. Le scénario de ce documentaire reste néanmoins toujours à vérifier comme le démontrent les théories des géographes africains ou de journalistes[réf. nécessaire].
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Le terme démocratie, du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, combinaison de δῆμος / dêmos, « territoire » (de daiesthai, « partager ») puis « peuple » (en tant qu'ensemble de tous les citoyens de la cité), et kratein (« commander »), désigne à l'origine un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques au moins par le vote. Il désigne aujourd'hui tout système politique dans lequel le peuple est souverain. Par extension, la démocratie peut aussi qualifier une forme de société, la manière de se gouverner qu'adopte une organisation ou encore un système de valeurs.
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Cependant, elle reste susceptible d'interprétations différentes, aussi bien quant à la signification concrète de la souveraineté populaire que pour son application pratique, par exemple selon que la démocratie est directe (le peuple vote les lois) ou représentative (le peuple élit des représentants qui votent les lois). Cette difficulté d'interprétation apparaît clairement au regard de la diversité des régimes politiques qui se sont revendiqués ou se revendiquent comme démocratie. Ainsi, la distinction entre ce qui est une démocratie et ce qui n'en est pas est toujours en débat.
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Jean-Jacques Rousseau considère par exemple que la démocratie ne peut être que directe : « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté générale ne se représente point »[1]. Pour John Dewey (1859–1952), philosophe américain, celle-ci est avant tout une manière de vivre[2].
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On fait également une distinction entre la notion de « peuple » et celle plus restrictive de « citoyens » : tous les membres du peuple ne sont pas automatiquement des citoyens.
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La démocratie peut être aussi définie par opposition, notamment dans la classification d'Aristote et de Polybe :
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Par ailleurs, le terme de démocratie ne se réfère pas uniquement à des formes de gouvernement, mais peut aussi désigner une forme de société ayant pour valeurs l'égalité et la liberté (c'est notamment l'usage qu'en fait Alexis de Tocqueville, qui s'attache plus aux dimensions culturelles et psychologiques qu'au système politique en lui-même)[7].
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Dans son rapport Guerre et paix au XXIe siècle, l'institut Human Security Report Project[8] opère en 2005 une classification des régimes (dans le but de démontrer le rapport entre respect des droits humains et démocratie, entre autres). Il distingue trois catégories de régimes :
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Étant donnée la multiplicité des critères invoqués par les régimes pour revendiquer leur appartenance à la démocratie, l'institut retient un faisceau d'indices (établissant un score de régime politique, « polity score » en anglais) pour évaluer la qualité des institutions et des processus politiques. Ce sont en particulier :
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Selon ses calculs, il y aurait, en 2005, 88 démocraties dans le monde (seuls les pays de plus de 500 000 habitants sont comptabilisés), sachant que l'ONU reconnaît 195 États aujourd'hui. Le nombre de démocraties a significativement progressé depuis 1946. En effet, à cette date, on ne comptait que vingt démocraties[9] sur les 72 États reconnus alors. Ce progrès est dû notamment à la fin de la Guerre froide (démocratisation des pays de l'Europe de l’Est) et à la démocratisation du continent sud-américain depuis la fin des années 1980.
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L'organisation non gouvernementale Freedom House publie aussi chaque année une carte des libertés dans le monde, prenant en compte des critères démocratiques tels que l'organisation d'élections libres ou la liberté de la presse. Dans son rapport de 2018, l'ONG estime que 45 % des pays sont libres, représentant 39 % de la population mondiale[10].
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Bien que la Chine soit, de manière officielle, gouvernée par les instances du Parti communiste chinois, parti unique de fait, le pays pratique un pluralisme officiel. Chaque année, huit partis sont représentés à la Conférence consultative politique du peuple chinois[11],[12].
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Le terme « démocratie » désigne à l'origine un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques par le vote, le terme « citoyen » excluant notamment les femmes, les esclaves, les enfants et les étrangers. Dès le Ve siècle av. J.-C., Périclès rappelle ce principe dans son célèbre discours : « nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote [...] »[4],[13].
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La démocratie est devenue un système politique dans lequel la souveraineté est attribuée aux citoyens qui l'exercent de façon :
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Dans la démocratie directe, le pouvoir est exercé directement par les citoyens, sans l'intermédiaire d'organes représentatifs. Selon les lieux et les époques, la démocratie directe désigne différentes formes de gouvernement ou d'association politique, dans lesquels la population prépare et propose des lois, puis décide leur adoption et leur application. Athènes en est un exemple : les citoyens réunis dans l'assemblée ordinaire de l'Ecclésia se réunissent quatre fois par prytanie[N 1], votent la guerre et la paix, tirent au sort des magistrats aux fonctions administratives et exécutives, et les magistrats dont la fonction nécessitent une expertise sont élus et révocables par les citoyens. Ceux-ci votent également l'ostracisme, c'est-à-dire la possibilité de bannir un citoyen pendant dix ans. Les décisions sont précédées de débats et prises par majorité à main levée. D'autres assemblées (Boulè, Héliastes et Aréopage) contrôlent le bon déroulement du travail législatif et judiciaire[14].
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D'autres exemples jalonnent l'histoire, généralement dans le cadre d'un exercice local du pouvoir. C'est le cas depuis le XVIIe siècle en Nouvelle-Angleterre, au travers des assemblées communales, où la population des communes réunie en assemblée décide des lois, impôts et budget. Les cantons suisses d'Appenzell Rhodes-Intérieures et de Glaris en sont des exemples, notamment au travers des communautés rurales (Landsgemeinde en suisse allemand), où les élections des représentants ont lieu à main levée. La Commune de Paris ou les régions du Chiapas (Mexique) gérées par le mouvement zapatiste sont aussi généralement considérées comme des expérimentations de la démocratie directe.
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Des procédures décisionnelles spécifiques sont associées à la démocratie directe, par exemple le référendum, dont le référendum d'initiative populaire, les assemblées populaires, le mandat impératif, qui encadre strictement un individu élu dans ses actions, limitées dans leur durée et dans leur contenu, et la révocabilité des élus.
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Par ailleurs, l'idée de démocratie directe est souvent associée à celle d'autogestion, particulièrement lorsqu'elle se rapporte au domaine économique de la production. Ainsi, le communisme de conseils, et plus généralement nombre de théories libertaires, anarchistes et syndicalistes révolutionnaires sont rapportées à celles de la démocratie directe. De ce fait, les soviets de Russie, jusqu'en 1917, ou les conseils ouvriers (par exemple en Allemagne et en Italie au début du XXe siècle, ou en Hongrie en 1956) sont considérés comme des expériences de démocratie directe.
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Dans une démocratie représentative, les citoyens élisent des représentants qui sont chargés d'établir les lois ou de les exécuter. Elle est devenue au fil du temps, dans le langage courant et par abus de langage, synonyme du terme de démocratie tout court. Cela est notamment dû au fait qu'il s'agit de la forme de démocratie la plus répandue dans le monde contemporain et que des candidats aux élections comme Andrew Jackson aux États-Unis, au milieu du XIXe siècle, se sont réappropriés le terme[6]. Une des raisons de cette réduction de sens pourrait également être que les élites se sentent menacées par l'égalité économique généralement associée à la démocratie directe[6]. Pour la même raison, démocratie représentative et démocratie tout court sont aussi souvent assimilées à la démocratie libérale et à la démocratie parlementaire. Étienne Chouard et Francis Dupuis-Déri vont plus loin et dénoncent un retournement sémantique du mot démocratie, qui désignerait en fait selon eux « son strict contraire », c'est-à-dire l'élection[15],[5].
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Avant le milieu du XIXe siècle, le régime représentatif renvoyait le plus souvent à l'idée de république (même si ce régime existait également en monarchie constitutionnelle), et se distinguait de la notion de démocratie, celle-ci désignant alors le système de gouvernement de la démocratie directe[16]. Emmanuel-Joseph Sieyès par exemple distinguait nettement démocratie et régime représentatif : « Les citoyens qui se nomment des représentants […] n'ont pas de volonté particulière à imposer. […] S'ils dictaient des volontés ce ne serait plus cet État représentatif, ce serait un État démocratique »[17].
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Au sein d'une démocratie représentative, tous les dépositaires du pouvoir ne sont pas nécessairement élus par le suffrage citoyen. Ils peuvent être nommés par le chef de l'État, comme le Premier ministre ou les préfets en France. De même, les juges et magistrats français ne sont pas non plus élus.
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Ce type de démocratie indirecte connaît plusieurs variantes distinctes détaillées dans les sections qui suivent.
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Dans les démocraties à régime parlementaire, le Gouvernement est responsable devant le Parlement, duquel il est généralement issu. Le parlement peut donc le destituer en recourant à une motion de censure, dont les modalités varient en fonction des pays. En contrepartie, le gouvernement, responsable de l'exécutif, peut dissoudre l'Assemblée, responsable des lois. S'il y a donc bien séparation des pouvoirs dans un régime parlementaire, celle-ci est souple du fait du contrôle réciproque entre exécutif et législatif.
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On distingue les régimes parlementaires monistes et dualistes. Le premier désigne les régimes dans lesquels le gouvernement n'est responsable que devant le parlement et non devant le Chef de l'État (celui-ci joue un rôle minime). Dans le régime dualiste, le gouvernement est responsable à la fois devant le parlement et le chef de l'État.
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À l'inverse du régime parlementaire, le régime présidentiel se caractérise par une séparation des pouvoirs plus stricte. Il s'agit d'un régime représentatif dans lequel le pouvoir exécutif n'a pas de responsabilité politique devant le pouvoir législatif, ce qui signifie que ce dernier ne peut pas le destituer. À l'inverse, le chef de l’État (qui y est aussi chef du Gouvernement), élu au suffrage universel direct ou indirect, dispose de moins de pouvoir sur le Parlement que dans un régime parlementaire, n'ayant pas la possibilité de le dissoudre. Aux États-Unis, principal pays dont le régime est véritablement présidentiel, le Président dispose d'un droit de veto sur les textes de lois.
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Un régime semi-présidentiel est un régime représentatif ayant à la fois des caractéristiques du régime parlementaire et du régime présidentiel.
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C'est le cas de la Ve République française, dans laquelle le chef de l’État est élu au suffrage universel direct, nomme le Premier ministre et, sur proposition de ce dernier, nomme les autres membres du gouvernement ou met fin à leurs fonctions. Le président de la République ne peut mettre fin aux fonctions du Premier ministre que si celui-ci présente la démission du gouvernement. Il peut dissoudre l'Assemblée mais celle-ci ne peut remettre en cause que le gouvernement, principalement par une motion de censure. Si le président ne dispose pas de la majorité parlementaire, il est a priori contraint à une cohabitation, et perd ainsi une grande partie de son pouvoir au profit du gouvernement et du chef du gouvernement. En ce cas, cette forme de régime se rapproche du régime parlementaire.
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Le régime d'assemblée est un régime représentatif dans lequel une assemblée unique, élue au suffrage universel direct, détient l'ensemble des pouvoirs politiques, les pouvoirs exécutifs et judiciaires étant subordonnés au pouvoir législatif.
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Il fut pratiqué en France entre 1792 et 1795, lorsque la Convention fut chargée d'établir une constitution. Ce régime témoigne que le régime représentatif n'est pas nécessairement associé à une séparation des pouvoirs.
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Une démocratie libérale est une démocratie représentative dans laquelle la capacité des élus à exercer un pouvoir de décision est soumise à la règle de droit, et est généralement encadrée par une constitution qui met l'accent sur la protection des droits et libertés des individus, posant ainsi un cadre contraignant aux dirigeants. L'idée de démocratie libérale n'implique pas une forme de régime représentatif particulier, celui-ci pouvant donc être parlementaire, présidentiel ou mixte comme en France. De même, elle n'implique pas un régime représentatif au sens strict, mais peut aussi qualifier un régime semi-direct (telle la Suisse) ou participatif.
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Ainsi, sont généralement associés à la démocratie libérale un certain nombre de principes et de valeurs, qui se rapportent soit aux principes de la représentation démocratique, soit aux principes du libéralisme (y compris du libéralisme économique), parmi lesquels :
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Le corps politique des citoyens recouvre une partie plus ou moins grande de la population selon des critères qui ne sont ni stables ni universels. En démocratie, un individu n'ayant pas atteint l'âge de la majorité civile (différent selon les pays) n'a pas le droit de vote. Par ailleurs, le droit de vote fut pendant longtemps réservé aux hommes. Le droit de vote des femmes fut établi en 1893 en Nouvelle-Zélande, dans les deux premières décennies du XXe siècle notamment en Suède, Finlande, Norvège, États-Unis, Allemagne, et seulement dans les années 1940 en France, en Italie, ou encore en Espagne seulement entre 1931 et 1936, pour l'être rétabli en 1978 (voir (es) Sufragio femenino). Dans certains États des États-Unis, les Noirs n'obtinrent le droit de vote qu'en 1965.
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Les démocraties européennes, à l'époque coloniale, n'ont pratiquement jamais instauré la démocratie dans leurs protectorats ou leur colonies (soit parce qu'elles ont maintenu ou renforcé des monarchies ou oligarchies en place, soit parce qu'elles ont elles-mêmes mis en place des administrations directes non représentatives des populations locales).
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D'autre part, il est rare que les étrangers en résidence dans les pays démocratiques aient droit de vote, hormis parfois aux élections locales. Enfin certains citoyens peuvent être exceptionnellement déchus de leurs droits politiques par décision de justice en cas de crime ou délit.
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Pour ce qui concerne la France, le droit de vote était en 1958 accordé à certains habitants des colonies, mais pas aux indigènes musulmans d'Algérie. Aujourd'hui[Quand ?] toute personne de nationalité française peut voter en France, ce qui exclut les résidents étrangers, à l'exception des ressortissants de l'Union européenne pour ce qui concerne les élections européennes et municipales[18][source insuffisante].
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Dans la plupart des pays d'Europe, les premières démocraties furent censitaires, c'est-à-dire qu'il fallait justifier d'une certaine fortune pour pouvoir voter, soit par le biais de la propriété terrienne, soit par le biais de l'impôt. Ce fut par exemple le cas en Angleterre et en France jusqu'au XIXe siècle. Quand la déclaration des droits confia le pouvoir au Parlement anglais, les électeurs représentaient moins de 3 % de la population.
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Il peut paraître absurde et dangereux de se fier au tirage au sort dans un régime démocratique, puisqu’il semble exclure toute forme de compétence[19]. C’est ce que constatait déjà Xénophon : « C’est folie que les magistrats de la cité soient désignés par la fève[N 2], tandis que nul ne voudrait tirer au sort ni un pilote, ni un architecte, ni un joueur de flûte, ni tout autre homme de métier, dont les fautes sont bien moins préjudiciables que celles qu’on commet au gouvernement[20]. » Mais cette pratique s’explique : à l’origine, le tirage au sort était un véritable jugement de Dieu, comme l’a bien reconnu Fustel de Coulanges[21]. C’est dans cet esprit que, bien qu’hostile au tirage au sort en politique, Platon en admettait le principe pour certaines fonctions religieuses, « afin de laisser le dieu lui-même indiquer ses préférences[22]. » Inventé dans des temps archaïques pour désigner les chefs, ce tirage au sort a été conservé par les générations suivantes parce qu’il « offrait l’avantage d’apaiser les sanglantes rivalités des grandes familles[23]. » Même dans les cités oligarchiques, le tirage au sort amortissait les luttes des partis les uns contre les autres et empêchait une faction victorieuse de faire prévaloir sa tyrannie dans tout le gouvernement, et d’exaspérer ainsi l’opposition. Incontestablement, il apportait un facteur de calme dans les cités en limitant la compétition[24]. Alors que l’élection pouvait favoriser la brigue, l’intrigue, voire les fraudes, on crut que le tirage au sort était un moyen de supprimer les manœuvres électorales[23] ; mais pendant longtemps, les modalités habilement sophistiquées du tirage au sort n’empêchèrent ni la cooptation ni la brigue[25].
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Il fallut attendre la réforme de Clisthène, puis celle de 487-486 av. J.-C. — où pour la première fois les neuf archontes furent tirés au sort —, et encore la réforme de 457 — où fut instauré le double tirage au sort, ou « tirage par la fève » — pour voir le tirage au sort devenir un peu plus démocratique[26]. Il allait améliorer la représentativité par l’abaissement des conditions censitaires. Vers 403 av. J.-C., une nouvelle réforme visa à éviter la corruption, en élargissant la souveraineté populaire à l’échelle de l’ensemble de chaque tribu, et non plus seulement des dèmes[23]. En outre, en interdisant aussi à la plupart des magistrats d’être rééligibles, on diminuait le développement de personnalités de premier plan et de trop grandes autorités individuelles[27]. Dans la démocratie athénienne, le tirage au sort offrit ainsi à tous les citoyens un droit égal d’accès au Conseil, la Boulè des Cinq-Cents ; le tirage au sort de ses membres, les bouleutes, et l’absence de toute qualification, si ce n’est d’âge, eurent pour effet d’« empêcher que la fonction fût l’objet d’une compétition[28]. »
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Pour éviter le danger d’une répartition si aveugle, la démocratie athénienne avait prévu plusieurs garde-fous : d’abord, le tirage au sort ne fut jamais appliqué aux magistratures militaires, en particulier les dix stratèges et les dix taxiarques[29], ni aux magistratures relatives aux finances publiques, qui toutes exigeaient compétences et talent[30] ; il ne fut associé qu’à des magistratures courtes, de l'ordre d’un an pour les archontes, ou d’un jour pour l’épistate (président) des prytanes, et fut assorti d’une obligation de reddition de compte de la part des magistrats ainsi tirés au sort. Cette présidence d’un seul jour de l’épistate qui présidait la Boulè mais aussi l’Ecclésia éliminait l’influence personnelle et décourageait l’intrigue et les pressions[28] ; enfin, il était combiné avec l’élection de façon à respecter le principe, cher aux penseurs grecs, de la Justice distributive ou égalité proportionnelle, qui donne à chacun ce qui lui revient selon son mérite[31]. Le tirage au sort a ainsi fini par prendre en démocratie un sens égalitaire[32].
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Le tirage au sort, généralement associé à des mesures de démocratie directe comme le vote des lois directement par les citoyens, fut considéré, notamment par Platon, comme caractéristique de la démocratie — bien que le terme de démocratie fût pris chez lui dans le sens péjoratif de « démagogie populaire », régime où règne l’arbitraire au profit de la masse des plus pauvres et de ceux qui ont le moins de mérite —. Ainsi s’explique la condamnation sévère de ce régime dans La République[33] ; de même Aristote écrit-il : « Le tirage au sort est considéré comme démocratique, l’élection comme oligarchique[34] », mais il prend bien soin d’ajouter : « tirage au sort de toutes les magistratures, ou du moins de celles qui ne demandent ni expérience pratique ni compétences techniques[35]. »
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Dans De l'esprit des lois, Montesquieu reprend cette conception de la démocratie comme régime où le suffrage a lieu par le sort, là où l’élection « est de l'ordre de l'aristocratie »[36]. Elle est aujourd'hui reprise et valorisée par le philosophe Jacques Rancière[37], comme conséquence de l'idée que la politique n'est pas une affaire de spécialiste. Plus récemment, Étienne Chouard diffuse sur internet l'idée du tirage au sort, notamment appliquée au processus constituant.
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Au Canada et plus particulièrement en Colombie-Britannique, le tirage au sort a été employé en 2001, pour la formation d'une assemblée ayant pour but la réforme du mode de scrutin[38]. En France le tirage au sort est aujourd'hui employé pour la formation de jurys d'assises[39].
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Le mot sortition est utilisé outre-manche pour présenter le mode de désignation de représentants par le tirage au sort.
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Les démocraties semi-directes empruntent aux deux formes de démocraties.
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Les citoyens élisent des représentants qu'ils chargent d'établir les lois, mais les citoyens peuvent aussi être amenés à faire des lois par référendum (ou les refuser).
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C'est le cas en Suisse, où les droits d'initiative et de référendum sont la norme. Les citoyens sont appelés à voter quatre fois par an afin d'accepter ou refuser des lois. Mais également, dans une moindre mesure, en France, où le référendum reste exceptionnel.
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Article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 (France) : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants » (démocratie représentative) « ou par la voie du référendum » (démocratie directe).
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Le référendum peut prendre plusieurs formes : il peut s'agir d'un référendum législatif ou constituant (qui sont les deux formes les plus utilisées). L'initiative du référendum appartient alors aux institutions représentatives. Dans certains cas, cependant, il existe également un référendum d'initiative populaire, ce qui est le cas en Suisse ou en Italie par exemple. Comme son nom l'indique, l'initiative appartient alors aux citoyens[40].
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En France, depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, même si cette initiative populaire n'existe toujours pas formellement, il est possible de la distinguer au travers de l'articulation de deux articles de la Constitution. Il s'agirait alors pour les citoyens de faire usage de leur droit de pétition (article 72-1 alinéa 1), puis de voter sur cette réforme locale au travers du référendum local (article 72-1 alinéa 2). Il n'est donc pas exclu « que la pétition ait pour objet de demander l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante de la question de l’organisation d’une consultation des électeurs » sur un sujet précis relevant de la compétence d’une collectivité territoriale[41].
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Dans la démocratie participative, les citoyens sont associés aux décisions prises par les représentants, dès l'élaboration et jusqu'à leur application[réf. nécessaire].
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La cyberdémocratie consiste à utiliser le web comme moyen d'expression et de décision pour et par le peuple. Le média internet est une solution aux différents freins engendrés par la démocratie directe, tels que la multitude des citoyens et leur dispersion géographique.
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La cyberdémocratie cherche à répondre à l'idéal démocratique selon lequel tous les citoyens participent aux propositions, aux créations et à la mise en œuvre des lois.
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La notion de démocratie est souvent altérée par adjectif accolés, qui sont interprétés comme des notions voisines.
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Pour se distinguer des « démocraties libérales » occidentales, les pays du bloc de l'est qui étaient dotés de régime à parti unique et d'une doctrine communiste officielle se faisaient appeler « démocratie populaire », expression entièrement discréditée après l'effondrement de l'URSS.
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À l'époque d'Alexandre le Grand (IVe siècle av. J.-C.), Quinte-Curce et Diodore de Sicile[source insuffisante] ont évoqué les peuples de guerriers des Sabarcae ou Sambastai qui auraient eu « une forme de gouvernement démocratique »[42].
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La démocratie prend ses racines principales dans les réformes engagées autour de la cité d'Athènes dans la Grèce antique autour du Ve siècle av. J.-C. Bien que la démocratie athénienne soit aujourd'hui considérée comme ayant été une forme de démocratie directe, elle faisait coïncider deux organisations politiques très différentes :
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Tous les citoyens athéniens avaient le droit de prendre la parole et de voter à l'Ecclésia, où étaient votées les lois de la cité. Les femmes, les esclaves, et les métèques n'étant pas considérés à cette époque comme citoyens n'avaient donc aucun droit politique. Des 250 000 habitants d'Athènes, seuls 40 000 environ étaient citoyens et, sur ces 40 000, tous les hommes riches (tous les citoyens de la première et deuxième classes, environ 5 000) et la plupart des thètes (citoyens de la quatrième classe, environ 21 000) participaient aux réunions de l'Ecclesia. Seuls les citoyens de la deuxième classe ont souvent envoyé une autre personne aux réunions.
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Au Moyen Âge, de nombreux systèmes sont fondés sur les élections et/ou une Assemblée, comme l'élection du Gopola au Bengale, la Communauté Lituano-polonaise, l'Althing islandaise, le Veche dans les pays slaves, les Things scandinaves, et la cité marchande autonome de Sakai au Japon (XVIe siècle). Pour autant, ces systèmes dans lesquels la participation demeure souvent réservée à une minorité, pourraient tout aussi bien être qualifiés d'oligarchies. La grande majorité des régions dans le monde du Moyen Âge sont gouvernées par une seigneurie, suivant un principe féodal, lequel commence au XIIe siècle à inclure des poches de système communal[réf. souhaitée].
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Le Parlement d'Angleterre naît avec les restrictions du pouvoir royal mises en place dans la Magna Carta. Le premier parlement élu est le Parlement de Montfort en Angleterre en 1265. Là encore seule une petite minorité dispose d'une voix : le Parlement est élu par quelques pour cent de la population (moins de 3 % en 1780[réf. souhaitée]), et le système présente des dispositions problématiques, telles que les municipalités corrompues. La convocation du Parlement dépend du bon vouloir du roi ou de la reine (le plus souvent lorsque celui ou celle-ci a besoin d'argent).
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De nombreuses régions aux frontières des grands États conservent un fonctionnement démocratique. Entre France et Espagne se tiennent ainsi les républiques pyrénéennes.
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En Angleterre, après la Glorieuse Révolution de 1688, le Bill of Rights, établi en 1689, codifie certains droits et augmente l'influence du Parlement. L'électorat augmente lentement et le Parlement prend de plus en plus de pouvoir jusqu'à ce que la Monarchie devienne une simple figure de proue.
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Bien qu'ils ne soient pas décrits comme étant une démocratie par leurs Pères fondateurs[43], les États-Unis d'Amérique se considèrent comme la première démocratie libérale, dans la mesure où l'engagement constitutionnel (1788) fonde les principes naturels de liberté, d'égalité devant la loi, et s'oppose aux régimes dits aristocratiques au sens contemporain, bien qu'étymologiquement l'aristocratie soit le gouvernement par les élites (aristoi).
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Selon la formule d'Abraham Lincoln (16e président des États-Unis de 1860 à 1865) prononcée lors du discours de Gettysburg, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
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En France Emmanuel-Joseph Sieyès (corédacteur de la Constitution française) oppose le gouvernement représentatif, qu'il contribue à mettre en place, à la démocratie (qu'il rejette) dans son discours du 7 septembre 1789 :
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« La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. […] Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants » (Chapitre « Sur l’organisation du pouvoir législatif et la sanction royale »[44]).
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Sieyès fut un contradicteur des théories de Rousseau qui se prononçait pour la démocratie directe. Emmanuel-Joseph Sieyès, lui, était opposé à la démocratie au sens littéral du terme qui permettrait à des concitoyens de s'occuper des lois. Ce dernier était aussi contre le suffrage universel et pour l'élection par suffrage censitaire, car seuls les citoyens actifs, qui s'enrichissent, méritaient de voter selon lui ; et cet élément à la fois ploutocratique et aristocratique fut introduit dans la Constitution française.
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En France, l'Assemblée nationale issue de la Révolution de 1789 est établie sur la base des principes libéraux, déclinés en la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et en réaction aux excès de la monarchie absolue de l'Ancien Régime. Le suffrage universel y apparaît plus d'un demi-siècle plus tard, en 1848, sous la Deuxième République (1848-1852), jusqu'au Coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III 3 ans plus tard, qui débouche sur l'établissement du Second empire.
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Dans les deux cas, le droit de vote est limité sur la base de la fortune (suffrage censitaire), aux hommes (pas de droit de vote des femmes, sauf dans quelques États, avant 1920 aux États-Unis, avant 1944 en France), à un corps politique exclusif des personnes des autres races ou des colonisés (exclusion sur base de la couleur de peau aux États-Unis et exclusion des colonisés en France). Par ailleurs, tant les États-Unis que la France connaissent l'esclavage, respectivement jusqu'en 1865 (abolition plus tôt dans certains États) et en 1848 (avec une abolition de 1794 à 1802), les discriminations en matière politique ayant en réalité perduré beaucoup plus longtemps.
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C'est au milieu du XIXe siècle que les partisans du régime représentatif le qualifient de démocratie, retirant au mot « démocratie » sa signification d'origine. Il s'agit là d'une stratégie électorale, initiée par des candidats aux élections comme Andrew Jackson aux États-Unis, qui se répand en 10-15 ans et tous les candidats se mettent à se dire démocrates. Ils sont conscients à ce moment-là que ce changement de sémantique est porté par une stratégie électorale, parce que le terme de démocratique parle aux plus pauvres : on peut dire que ce sont les premiers discours « populistes »[6].
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Le XXe siècle est celui qui mit à l'épreuve les pays démocratiques dont la plupart étaient âgés d'à peine plus de 100 ans. La montée des totalitarismes allemand et italien, l'instabilité d'autres pays européens comme l'Espagne ou le Portugal ont menacé à travers le monde la pérennité de ce système de gouvernance. Ce siècle a également vu la démocratie s'imposer dans un nombre croissant de pays pour devenir majoritaire de nos jours. Winston Churchill dans son discours à la Chambre des communes en 1947 disait : « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple : voilà qui reste la définition souveraine de la démocratie »[45].
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Évolution du nombre de pays ayant un score supérieur à 8 entre 1800 et 2014 sur l'échelle Polity.
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L'Indice de démocratie de l'Economist Intelligence Unit publié en décembre 2019, plus le pays est vert, plus il est considéré démocratique, la Norvège étant le pays le plus démocratique à 9,93), tandis que (la Corée du Nord étant le moins démocratique à 1,08).
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Les pays en bleu sont appelés « démocraties électorales » dans l'étude Freedom in the World[PDF] de Freedom House en 2010.
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Carte du monde présentant les données du rapport Polity pour l'année 2011. Une couleur bleue indique une démocratie.
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En vert, régimes qui se désignent eux-mêmes comme démocratie.
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Dans l'oraison funèbre que Thucydide prête à Périclès[46], la démocratie fait l’objet d’un éloge remarquable. Elle y est définie par le fait que c’est la majorité qui gouverne et non pas le petit nombre. Surtout, à côté de cette souveraineté populaire, l’accent est mis non pas seulement sur l’égalité devant la loi, mais aussi sur le principe d’une compétition ouverte à tous, et où chacun peut se distinguer par sa valeur et son talent : « La loi fait à tous, pour leurs différends privés, la part égale, tandis que pour les titres, si l’on se distingue en quelque domaine, ce n’est pas l’appartenance à une catégorie mais le mérite, qui vous fait accéder aux honneurs ; inversement la pauvreté n’a pas pour effet qu’un homme, pourtant capable de rendre service à l’État, en soit empêché par l’obscurité de sa situation. » Cette description du régime athénien fait l'éloge d'un système politique où l’égalité démocratique, celle qu’Aristote et les philosophes grecs ont appelée égalité arithmétique, se combine avec l’égalité géométrique, fondée sur la différence et la proportion[47]. Ce principe des deux égalités, dont l’une distribue la même part à tous, et l’autre à chacun ce qu’il mérite selon sa valeur, a été exprimée par Archytas de Tarente, Isocrate[48], Platon[49] et surtout Aristote : « On croit que la justice, c’est l’égalité ; et elle l’est en fait, non pas pour tous mais seulement pour des égaux ; l’inégalité aussi semble être juste, et elle l’est en effet, non pas pour tous, mais seulement pour des individus inégaux. Or on omet ce « pour qui », et l’on juge mal[50]. » En faisant une place à l’inégalité pour tenir compte des différences de conditions et de mérite, la démocratie grecque corrigeait les effets du nivellement égalitaire, et permettait aux plus capables de jouer leur rôle dans la cité. L’égalité selon le mérite, en valorisant dans la cité la notion de compétence, apportait aussi une réponse au problème de l’aveuglement et de l’ignorance populaires.
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Les erreurs qui se succédèrent à Athènes jusqu’à la condamnation à mort de Socrate amenèrent Platon à repenser la question politique dans son principe et à essayer de définir ce qu’est le véritable art politique. Durant des décennies il avait fait l’expérience de l’aveuglement populaire dans un régime où régnaient les passions et l’art d’entraîner les foules ignorantes par la démagogie et la sophistique des flatteurs : telle était à ses yeux la nature de la démocratie athénienne, au sein de laquelle il vécut. C’est dire que son opposition au partage du pouvoir politique entre tous les citoyens vise d’abord la démocratie prise en son sens péjoratif de démagogie populaire. Son analyse s’appuie sur l'idée que pour gouverner, il faut une certaine science d’ordre moral et philosophique – plus précisément, avoir accédé à la connaissance des Idées du Vrai, du Juste et du Bien. Selon lui, les simples citoyens, ignorants de la Vérité et réfléchissant surtout en fonction de leurs intérêts particuliers, ne sauraient diriger à bien la cité, et par conséquent le pouvoir du peuple ne peut que conduire la cité à se corrompre. Si, dans l’idéal décrit dans La République, Platon défend ainsi l'idée que seuls devraient gouverner des philosophes-rois, ou des rois-philosophes, à défaut, il admet de façon plus réaliste, dans Les Lois[51] et dans Le Politique[52], la nécessité d’un régime mixte, combinant monarchie et démocratie, la démocratie étant le moins mauvais des régimes imparfaits[53].
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D'une certaine façon, cette idée de l'incapacité du peuple à diriger les affaires publiques et à légiférer se retrouve plus tard chez d'autres penseurs occidentaux, aux États-Unis comme en France. Le président américain Thomas Jefferson affirmait à la fin du XVIIIe siècle : « Il y a une aristocratie naturelle, fondée sur le talent et la vertu, qui semble destinée au gouvernement des sociétés, et de toutes les formes politiques, la meilleure est celle qui pourvoit le plus efficacement à la pureté du triage de ces aristocrates naturels et à leur introduction au gouvernement »[54].
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De la même manière, John Adams et James Madison aux États-Unis, Emmanuel-Joseph Sieyès[55] et Montesquieu[56] en France, expriment clairement leurs critiques envers l'idée d'une démocratie directe, lui opposant les avantages d'un régime représentatif, qu'ils concevaient donc comme une alternative à la démocratie plutôt que comme son équivalent[16].
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Dans sa Vie de Napoléon, Stendhal rapporte la teneur de conversations entre Napoléon Ier et le tsar Alexandre Ier où, paradoxalement, le tsar défendait le concept de monarchie élective alors que Napoléon prenait parti pour la monarchie héréditaire. À l'argument classique d'Alexandre selon lequel les chances sont faibles qu'un chef de qualité puisse advenir sur la simple base de la naissance, Napoléon répond que les hommes de qualité sont rares de toute façon, et que l'élection n'offre aucune garantie : « Combien peu d'hommes ont possédé des qualités qui donnent des droits à cette haute distinction : un César, un Alexandre, dont on ne trouve pas un par siècle ; de manière qu'une élection, après tout, est encore affaire de hasard et l'ordre successif vaut sûrement mieux que les dés »[57].
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Aristote développe dans sa Politique une typologie des différents « régimes politiques » : il distingue trois « constitutions droites » qui ont en vue l'intérêt général : ce sont la monarchie, l'aristocratie et la politie — ce dernier régime (en grec πολιτεία, « politeia ») est parfois traduit par république tempérée ou par régime ou gouvernement constitutionnel —. Leurs trois déviations, qui servent des intérêts particuliers, correspondent respectivement à la tyrannie, à l'oligarchie et à la démocratie. Cette dernière est considérée par Aristote comme la déviation « la plus proche du juste milieu[58] » ou la moins mauvaise. Elle est définie, par opposition à l'oligarchie, comme le régime dans lequel ce sont les pauvres qui gouvernent[N 3]. La démocratie est alors présentée comme une constitution déviée en tant que le gouvernement sert les intérêts particuliers d’un groupe et non l'intérêt général ; le peuple cherche à régner seul, en despote, et les flatteurs sont à l’honneur. Une démocratie de ce genre verse alors dans la démagogie[59]. C’est la pire forme de démocratie pour Aristote, car la masse populaire gouverne par décrets — qui sont circonstanciels et temporaires —, et la loi — de portée universelle — n’est plus souveraine. Cet état de choses est l'analogue d’une tyrannie ; or, l’impudence des démagogues représente pour Aristote la principale cause de renversement des régimes démocratiques[60].
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Pour éviter ce désordre démocratique, Aristote prône la souveraineté de la loi, car « là où les lois ne règnent pas, il n’y a pas de constitution[61] » : aussi, parmi les cinq formes de démocraties qu’il étudie, la meilleure est-elle la démocratie égalitaire, car l'égalité devant la loi, « c'est que les pauvres n’aient pas plus de droits que les riches, et qu’aucun de ces deux groupes ne soit le maître, mais qu’ils soient l’un et l’autre pareils[62]. » Dans un tel régime, la démocratie n'est plus le gouvernement d'un groupe, mais celui des pauvres aussi bien que des riches. Aristote associe dans le même passage la démocratie au régime qui vise aussi bien l'égalité que la liberté[63], et où par conséquent « tous partagent principalement de la même manière le pouvoir politique ». Il note en ce sens que l'une des formes de la liberté consiste dans le fait d'être « tour à tour gouverné et gouvernant », ce qui correspond à la définition qu'il donne du citoyen (à la fois gouvernant et gouverné).
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Par ailleurs, il note que l'attribution des magistratures par le tirage au sort est généralement considérée comme démocratique, l’élection caractérisant pour sa part les oligarchies[64], ce qui souligne l'écart existant entre les conceptions contemporaines et antiques sur ces sujets. Il expose aussi d'autres caractéristiques des régimes populaires ou démocratiques, parmi lesquelles l’absence totale ou l’extrême modicité du cens pour participer aux magistratures, la courte durée de celles-ci, ou encore l'interdiction d'exercer deux fois la même magistrature (sauf quelques exceptions)[65]…
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En réponse aux griefs de Platon contre l’incompétence du peuple, Aristote défend la délibération démocratique. Il insiste sur son caractère collectif qui justifie la compétence accordée au peuple ; car le rassemblement d'un grand nombre d'individus permet en quelque sorte d'additionner « leur part d’excellence et de sagesse pratique »[66]. Quand bien même chacun y serait plus mauvais juge que les spécialistes, il affirme que tous réunis soit seront meilleurs, soit ne seront pas plus mauvais. Il ajoute à cela l'idée que le spécialiste n'est pas toujours le mieux placé pour juger d'un autre spécialiste, en donnant notamment l'exemple du festin, où c'est le point de vue du convive (l’usager) et non du cuisinier (l’expert) qui conviendra pour juger de sa qualité. Selon Jacqueline de Romilly, « contrairement aux penseurs précédents et à Platon lui-même, Aristote a reconnu le caractère spécifique du fait politique[67] » : un peuple est un être collectif, une « communauté d’hommes libres[68] », et le corps civique est un mélange où chacun a sa place, aussi une bonne démocratie tient-elle compte de cet ensemble[69]. C’est pourquoi Aristote recommande de ménager la minorité des riches dans une démocratie, « en s’abstenant de soumettre au partage non seulement leurs propriétés, mais même leurs revenus[70] », en vertu du principe fondamental, maintes fois énoncé par Aristote, selon lequel « le bien en politique, c’est la justice, c’est-à-dire l’intérêt général[71]. » En outre, il souligne l'importance pour la masse de ne pas être trop pauvre dans une démocratie, mais il ne saurait être question de nourrir les pauvres aux frais de la cité[N 4] ; Aristote propose l’achat par la cité, sur ses revenus, de petits domaines au profit des pauvres[72].
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Par là s’explique que le régime qu'Aristote considère comme le plus avantageux, la politie, se définisse d’abord par le règne de la loi et de l’intérêt général, mais aussi par l’équilibre, en tant que moyen terme : car il correspond à un régime mixte, mélange d’oligarchie et de démocratie, combinant l’élection au tirage au sort, et où la classe moyenne, qui doit y être la plus nombreuse, est donc celle qui a le plus de pouvoir[73]. Il s'agit là d'une conception en cohérence avec l'ensemble de sa pensée, qui considère le juste milieu (en grec ancien : τὸ μέσον) comme ce qui est préférable. Pour garantir la durée de ce régime, il est important d’assurer « un système d’éducation conforme au régime politique », écrit Aristote, non pour former des partisans[74], mais pour que les citoyens vivent, en démocratie, selon des habitudes et des valeurs morales et civiques propres au régime démocratique[75].
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Alexis de Tocqueville est l'auteur d'une étude et réflexion sociologique et philosophique de la démocratie qui fit date. Dans son ouvrage en deux tomes De la démocratie en Amérique (1835 et 1840), il entreprend une analyse du fonctionnement de la démocratie aux États-Unis et des conséquences que cette forme de société induit dans les mœurs et relations sociales.
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Il y considère la démocratie comme principalement caractérisée par la tendance à l'égalisation des conditions, celle-ci devant être comprise non pas tant comme une égalité réelle et stricte des conditions économiques et sociales, mais plutôt comme renvoyant à l'abolition des privilèges aristocratiques liés à la naissance et à la diminution des écarts de fortune, à l'égalité des droits, l'instabilité de la hiérarchie sociale, à la possibilité pour tous les citoyens de participer au pouvoir politique, ou encore à un nivellement culturel par la généralisation de l'accès à la culture et à l'éducation. La démocratie, et donc le mouvement historique vers cette égalité des conditions, est considérée par Tocqueville comme « universelle » et inéluctable, et à ce titre, comme « providentielle »[76].
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Pour autant, il croit pouvoir y déceler une certaine tendance contre laquelle il cherche à mettre en garde : le désir d'égalité qui imprègne les individus vivant en démocratie conduirait à consentir à une restriction de la liberté, et de manière générale à perdre le goût et l'esprit de la liberté. L'individu tendrait ainsi à se soumettre au groupe par l'effet de la centralisation des pouvoirs, l'essor du bien-être matériel ou encore le nivellement des hiérarchies sociales – la démocratie produisant ainsi un conformisme des opinions. Ainsi, Tocqueville craint une tyrannie de la majorité, l'individu tendant à abdiquer sa volonté personnelle au profit de l’État[77], et la majorité pouvant opprimer la minorité[78]. Néanmoins, il s'agit là de risques qu'il serait possible de prévenir : l'égalité pourrait s'associer à la liberté grâce à une certaine décentralisation des pouvoirs administratifs, en d'autres termes par l'existence d'institutions intermédiaires (associations, town meeting (en)) par lesquelles les individus, pouvant directement participer à certaines décisions, seraient responsabilisés et entretiendraient ainsi un esprit de liberté. Tocqueville estime aussi que la liberté de la presse constitue un moyen puissant pour préserver la liberté des menaces que ferait peser sur elle le désir d'égalité, affirmant que « la presse est, par excellence, l'instrument démocratique de la liberté », et qu'« elle seule [la liberté de la presse] guérit la plupart des maux que l'égalité peut produire »[79].
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Karl Popper définit la démocratie par opposition à la dictature ou tyrannie, notamment dans son ouvrage La société ouverte et ses ennemis[80]. Ainsi, une démocratie est un système dans lequel est instauré un « contrôle institutionnel des dirigeants ». Il faut contrôler ceux qui ont des responsabilités. Selon cette théorie, le peuple exerce une influence sur les actes de ses dirigeants et il a le pouvoir de se débarrasser des gouvernants sans effusion de sang. Il a le pouvoir de juger les actions politiques qui sont mises en œuvre. Ainsi la question politique traditionnelle « qui doit gouverner ? » ne permettrait pas de définir correctement la démocratie. En effet, une société ouverte donne au peuple, non pas la possibilité de gouverner (Popper estimant impossible que tous les individus d'un peuple donné gouvernent en même temps), mais la possibilité de contrôler et d'évincer ceux à qui on a délégué une responsabilité collective. Cette théorie « n'oblige nullement à tenir pour bonnes les décisions de la majorité » car ce qui importe alors ce sont les institutions et une tradition d'esprit critique. Ainsi le problème que tente de résoudre un régime démocratique consiste à trouver et à tester les institutions qui permettent d'éviter les abus de pouvoir. Donc l'important dans une démocratie ne serait pas de savoir qui va gouverner (les capitalistes, les ouvriers, les meilleurs, les plus sages…), mais de savoir comment on peut surveiller ou évincer les dirigeants sans avoir besoin de faire une révolution. Popper fait remonter cette conception de la démocratie à Périclès qui dans un discours célèbre[81] formula l'idée suivante : « bien que peu de gens puissent esquisser un programme politique, nous sommes en revanche tous capable de porter un jugement sur lui. Ce qui signifie ; nous ne pouvons pas tous gouverner et diriger, en revanche nous pouvons tous juger le gouvernement, nous pouvons fonctionner comme jurés » comme le rapporte Thucydide. Cette définition permet en outre d'être appliquée à d'autres domaines que la politique.
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L'idée de démocratie est centrale dans la philosophie et la pensée politique de Cornelius Castoriadis. Critique sévère des régimes représentatifs, qu'il considère comme des oligarchies au sein desquelles le peuple n'a aucun véritable pouvoir, il n'y a pour lui de démocratie que directe. Celle-ci, qu'il conçoit plus ou moins tel un synonyme du projet d'autonomie qu'il développe tout au long de son œuvre, doit selon lui être le régime de la liberté (individuelle et collective) et de l'égalité (politique et économique).
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Sous l'angle des institutions politiques au sens strict, elle réclame notamment la participation de tous aux décisions qui les concernent, la révocabilité de tous ceux qui sont élus pour accomplir un mandat défini par les citoyens, ou encore une séparation et articulation des sphères politiques (« publique-publique », ekklesia), publique-privé (agora), et privé (oikos).
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Sous l'angle économique, la démocratie implique à ses yeux l'autogestion de la production par les producteurs (travailleurs), ainsi qu'une égalité économique concrète (égalité des revenus), considérant que toute inégalité économique se répercute comme inégalité politique.
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Enfin, sous l'angle culturel, la démocratie se doit d'être un régime qui place l'éducation (paedeia) au centre de ces préoccupations, en vue de former des citoyens à même de réfléchir par eux-mêmes, et par suite de prendre des décisions librement. Une véritable démocratie implique aussi à ses yeux un « imaginaire social » particulier, qui par opposition à ceux des sociétés traditionnelles, religieuses ou capitalistes[82], se reconnaît comme l'unique source des normes et lois sociales qui les régissent, et donc refuse aussi bien toute idée de transcendance que celle de déterminisme, historique ou économique. Ces points de vue reposent sur une conception des sociétés humaines comme processus d'auto-création, d'où découle notamment l'idée qu'il ne saurait y avoir d'experts de la politique, autrement dit que nul ne peut prétendre détenir la véritable notion de ce qu'est la justice, celle-ci étant une création humaine devant s'appuyer sur le raisonnement et la délibération pour être établie, et pour être continuellement interrogée.
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Claude Lefort, qui définit la démocratie par opposition au totalitarisme, défend l'idée que le régime démocratique est celui de l'incertitude et de l'indétermination[83], et à ce titre, le régime qui se « caractérise essentiellement par la fécondité du conflit », en ce qu'elle « assume la division » résultant justement de la perte des certitudes concernant les fondements du pouvoir et de la loi[84]. En ce sens, la démocratie correspond à une forme de société qui a rompu avec la fascination de l'unité du corps social. De plus, la démocratie se distingue selon lui des autres formes de société en ce que le pouvoir y est devenu un « lieu vide », du fait de la non permanence des représentants du pouvoir politique.
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D'autres auteurs, telle Chantal Mouffe, ont par la suite repris cette conception de la démocratie comme indissociable d'une institutionnalisation du conflit entre les différents intérêts divergents des membres de la société.
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Pour Paul Ricœur,
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Les régimes démocratiques ainsi que les idéaux démocratiques présentent, outre leurs traits communs, une certaine variété. L'idée même de « démocratie » est peut-être dans ce polymorphisme.
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La démocratie américaine présente la possibilité pour un simple citoyen d'affronter l'État en justice. Le cinéma a rendu célèbre Monsieur Smith (joué par James Stewart dans Monsieur Smith au Sénat) plaidant au Sénat. Une telle faculté est généralement possible dans une démocratie. C'est le cas en France.
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Les États-Unis octroient une grande importance au pouvoir judiciaire pour déterminer la loi. La Constitution des États-Unis est faite d'une suite de perfectionnements dans des procès en justice par des citoyens ou groupes de citoyens contre le gouvernement. Tel est le « Cas Korematsu » pour l'injustice envers une catégorie de citoyens.
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La République française recherche dans sa devise la conciliation entre les principes de liberté, d'égalité, et de fraternité. Cette conciliation est un enjeu politique que rencontrent la plupart des régimes.
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Pendant la Guerre froide, le bloc de l'Est se réclamait de l'égalité et qualifiait la liberté occidentale de fictive. Chacun des deux blocs déniait à l'autre le caractère de démocratie. Ainsi, pour les États-Unis, l'URSS ne respectait aucune des libertés les plus fondamentales (presse, opinion, religion…) et l'URSS affirmait que les États-Unis n'instauraient aucune égalité entre ses citoyens (ségrégation jusque dans les années 1960 ; mouvements féministes dans le même temps également). Les démocraties populaires du bloc de l'est sont largement considérées au XXIe siècle comme des dictatures.
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Platon fut le premier à développer une analyse et théorie importante visant à dénoncer la démocratie, en l’occurrence la démocratie athénienne, au sein de laquelle il vécut. Sa critique ne vise donc pas à proprement parler ce qu'aujourd'hui nous avons coutume de désigner comme régime démocratique (régime représentatif et libéral). Son opposition au partage du pouvoir politique entre tous les citoyens s’appuie sur l'idée que pour gouverner, il faut une certaine sagesse et un certain savoir – plus précisément, avoir accédé à la connaissance des Idées du Vrai, du Juste et du Bien. Selon lui, les simples citoyens, ignorant de la Vérité et réfléchissant surtout en fonction de leurs intérêts particuliers, ne sauraient diriger à bien la cité, et par conséquent le pouvoir des citoyens ne peut que conduire celle-ci vers la corruption. Il défend ainsi au contraire l'idée que seuls devraient gouverner des philosophes rois, ou des rois philosophes.
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D'une certaine façon, cette idée de l'incapacité des citoyens à diriger les affaires publiques et à légiférer se retrouve plus tard chez d'autres penseurs occidentaux, aux États-Unis comme en France. Le président américain Thomas Jefferson affirmait à la fin du XVIIIe siècle : « Il y a une aristocratie naturelle, fondée sur le talent et la vertu, qui semble destinée au gouvernement des sociétés, et de toutes les formes politiques, la meilleure est celle qui pourvoit le plus efficacement à la pureté du triage de ces aristocrates naturels et à leur introduction au gouvernement »[54].
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De la même manière, John Adams et James Madison aux États-Unis, ou Emmanuel-Joseph Sieyès[55] ou Montesquieu[56] en France, expriment clairement leurs critiques envers l'idée d'une démocratie directe, lui opposant les avantages d'un régime représentatif, qu'ils concevaient donc comme une alternative à la démocratie plutôt que comme son équivalent[16].
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Parallèlement à la critique des droits de l'homme, Marx, et à sa suite les marxistes, dénoncent ce qu'ils qualifient de démocratie bourgeoise pour son caractère factice. L'égalité politique des citoyens que les démocraties libérales prétendent établir et garantir serait contredite par le rapport de domination entre la classe bourgeoise et prolétarienne. Ainsi, les courants marxistes considèrent que dans une société capitaliste, l'égalité des citoyens est principalement fictive et illusoire, et que les droits et libertés accordés aux individus sont, au sein des démocraties libérales, non pas concrets et effectifs, mais simplement « formels ». Cela, principalement en ce qu'ils ne contreviennent en rien aux inégalités économiques, qui se répercutent comme inégalité d'accès au savoir et à l'information, empêchant ainsi le prolétariat de réellement jouir des droits et libertés qui lui sont théoriquement accordés, mais donc matériellement inaccessibles. Marx dénonce aussi la conception bourgeoise de la liberté qui serait contenue dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en ce qu'elle garantit la propriété privée, y compris de moyens de production
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« le droit de l’homme, la liberté, ne repose pas sur les relations de l’homme avec l’homme mais plutôt sur la séparation de l’homme d’avec l’homme. C’est le droit de cette séparation, le droit de l’individu limité à lui-même.
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L’application pratique du droit de liberté, c’est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ? « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. » (Constitution de 1793, art. 16.)
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Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d’en disposer « à son gré », sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société ; c’est le droit de l’égoïsme[87]. »
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Selon Lénine en 1919, qui s'appuyait entre autres sur l'ouvrage d'Engels, l'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, « Quelles que soient les formes revêtues par la république, même la plus démocratique, si c'est une république bourgeoise, s'il y subsiste la propriété privée sur la terre, les usines et les fabriques, et si le capital privé y tient toute la société en état d'esclavage salarié, autrement dit si l'on n'y réalise pas ce que proclament le programme de notre Parti et la Constitution soviétique, alors cet État est une machine qui sert aux uns à opprimer les autres »[88].
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Certains penseurs contemporains, tels Cornelius Castoriadis ou Jacques Rancière, considèrent que les démocraties représentatives ne sont que pseudo-démocratiques, où le peuple est dans les faits dépossédé du pouvoir politique effectif, qui est à leurs yeux détenu par une petite minorité d'individus (oligarchie), constitué par les politiques (représentants), les experts ou l'élite économique. Leur critique de la représentation possède une certaine filiation avec la critique marxiste, mais diffère cependant sur un certain nombre de points.
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Jacques Ellul, en se fondant sur son analyse du système technicien[89] et des moyens modernes de propagande, considère que de l'utopie d'une « démocratie-contrôle », dans laquelle l'administration étatique est réellement contrôlée par le peuple, on est aujourd'hui[Quand ?] passé à une « démocratie-encadrement ». « La démocratie n'est plus un moyen de contrôler le pouvoir mais d'encadrer les masses », affirme-t-il dans L'illusion politique en 1965[90]. C'est également la conclusion de Noam Chomsky quand il critique les vues d'un « Walter Lippmann et [de] tous les autres représentants de cette principale école de penseurs « démocratiques » en Occident : la démocratie requiert une classe d'élite pour s'occuper de la prise de décisions et « fabriquer » l'assentiment de l'ensemble de la population envers des politiques qui sont supposées dépasser ce qu'elle est capable de développer et de décider par elle-même »[91].
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Ces penseurs, en particulier Noam Chomsky dans La Fabrique de l'opinion publique[92], structurent leur analyse en englobant le rôle des médias dans le champ des ratés de la démocratie, alors que les théories modernes de la démocratie en Europe, et ses institutions européennes, confient aux médias un rôle de « chien de garde » de la démocratie. Ainsi, la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme estime que la presse pourrait « être moins à même de jouer son rôle indispensable de chien de garde » de la démocratie si l'absence de protection des sources d'information des journalistes dissuade les sources d'information (experts, témoins, spécialistes) d’aider « la presse à informer le public sur des questions d’intérêt général ».
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L’existence de monopoles étatiques ou privés de l'information et le régime d'effacement que produit la consommation de plus en plus rapide d'informations rendent l’exercice du contrôle démocratique impossible[93]. La population votante est travaillée par des pouvoirs médiatiques, économiques ou technoscientifiques sur lesquels ni elle, ni les lois, n’ont prise[94]. La démocratie est dépourvue de contre pouvoirs face à une guerre de l'information. En manipulant les perceptions de la population votante en vue de fausser sa vision de la réalité, le contrôle non démocratique de l'information peut compromettre la capacité de la population à former un jugement autonome par exemple des actions gouvernementales[95]. Trois procédés essentiels peuvent être utilisés : la surinformation, la sous-information et la désinformation[93].
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Sans refuser la démocratie, de nombreux penseurs ont mis en avant ses limites si elle n'est pas encadrée par des règles de droit immuables. Au lendemain des expériences révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle et des dérives de la Terreur ou du régime napoléonien en France, Alexis de Tocqueville ou Benjamin Constant soulignèrent certains dangers de la démocratie.
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Le philosophe franco-suisse Benjamin Constant est l'un des premiers à mettre en avant ce risque dans ses Principes de politique (1806), tout en défendant la nécessité d'un régime représentatif : « L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer »[96]. C'est entre autres pour cela qu'il défend une démocratie censitaire, estimant qu'un minimum de propriété est nécessaire pour pouvoir prendre part à la désignation des dirigeants de l'État.
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Alexis de Tocqueville, s'il considère la marche vers la démocratie comme irrésistible, note le risque à accorder tous les pouvoirs au peuple ou à un organe représentatif. Ainsi, il écrit dans De la démocratie en Amérique : « je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs (…). Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autres lois. Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux États-Unis, ce n'est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible »[97]. À cette dérive d'une « démocratie jacobine », il oppose la « démocratie libérale », respectueuse des individus.
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John Stuart Mill, qui avait lu Tocqueville, développe cette idée dans le chapitre introductif de son ouvrage De la liberté : « Aussi range-t-on maintenant, dans les spéculations politiques, la tyrannie de la majorité au nombre de ces maux contre lesquels la société doit se tenir en garde »[98].
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Ces remarques ont été reprises ultérieurement par le philosophe Friedrich Hayek, en particulier dans La Constitution de la liberté[99].
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Une désaffectation citoyenne à l'égard du politique est observée par la Commission européenne depuis plus de quinze ans[100].
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L'universalisme de ces principes est contestée comme spécifique à une culture voire comme outils d'impérialisme culturel de la part de l'Occident. L'ONU dispose néanmoins d'une déclaration universelle des droits de l'homme. On peut cependant réfuter cette contestation en argumentant qu'il s'agit d'une vision trop restrictive de la notion de démocratie, qui cacherait la présence du principe démocratique dans les sociétés traditionnelles des autres continents. C'est ce que fait notamment Nelson Mandela dans son autobiographie (Un long chemin vers la liberté), où il considère que les réunions tribales des tribus Xhosa dont il est issu constituait une forme accomplie de démocratie, exception faite du droit politique des femmes (non admises dans les réunions tribales).
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La démocratie, cette notion certes historique, serait aujourd’hui une idée neuve qui, pour être durable, doit sans cesse être renouvelée[101].
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Dans un article paru dans la revue du MAUSS en 2005, le philosophe Fabrice Flipo se demande si le développement durable est l'avenir de la démocratie. Dans l'analyse qu'il développe, il oppose la démocratie antique et la démocratie moderne. Selon lui, la démocratie antique admettait que la question des finalités communes était une affaire commune, objet de discussion, et faisait de la participation à la discussion une garantie démocratique. La démocratie moderne, au contraire, a inscrit ses finalités dans l'ordre de la science et de la technique, en légitimant le fait que les citoyens ne s'en mêlent pas. Ceux-ci sont alors réduits à l'alternative de désirer ou de travailler dans un contexte que les techniciens façonnent pour eux à partir de lois de composition établies en laboratoire. Le succès de la démocratisation repose sur la capacité du développement durable à ouvrir les questions soulevées. Le développement durable peut être un facteur de démocratisation et de prise de conscience de la gravité de la situation où nous nous trouvons, ou au contraire faire perdurer en trompe-l'œil les problèmes actuels, qui ne sont en réalité profitables qu'à une partie de la population mondiale[102].
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La philosophe Cynthia Fleury fait le constat que notre époque est celle de l'instrumentalisation et de la disparition du courage en politique[103].
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Le Père Matthieu Rougé, directeur du service pastoral d'études politiques, installé près de l'Assemblée nationale à Paris, explique que « Le courage en politique, c'est la capacité de persévérer dans la défense et le service de ce que l'on a intimement reconnu comme juste »[104].
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La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Le système reproducteur d’un organisme, appelé aussi appareil génital ou reproducteur, est le système biologique constitué de l'ensemble des organes anatomiques qui participent à la reproduction. Chez les organismes sexués, on parle des organes sexuels ou des organes génitaux chez les animaux, ou encore des caractères sexuels primaires.
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Les organes du système reproducteur remplissent au minimum les fonctions de production des cellules sexuelles nommées gamètes et de fécondation ; chez les hauts vertébrés, on y ajoute la gestation et la parturition (naissance, mise bas ou ponte).
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Chez les animaux, le système reproducteur est fondé sur les gonades, les glandes qui produisent les gamètes : ovaire pour la gonade femelle et testicule pour la gonade mâle.
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Les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes à fleurs.
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Chez l’être humain, la représentation et la figuration des organes génitaux internes, de la femme notamment, a beaucoup évolué au gré des connaissances sur la fécondation[1].
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Les organes jouant un rôle sexuel sont nombreux, incluant le système hormonal, le cerveau et les zones érogènes, dont le fonctionnement et les inter-relations sont encore mal compris.
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La fonction génitale de l'homme est de produire les gamètes mâles spermatozoïdes et les introduire par l'intermédiaire du pénis, dans les voies génitales de la femme où la fécondation a lieu. La fonction génitale de la femme est de produire les gamètes femelles ovules et soutenir le développement d'un embryon en voie de développement pendant 9 mois.
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L'appareil génital compte, chez la femme :
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L'appareil génital compte, chez l’homme :
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La formation des « organes de la reproduction » s'effectue en plusieurs étapes.
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Elle s'amorce très tôt durant l'embryogenèse, avec un premier stade où les différences morphologiques entre les deux sexes sont presque inexistantes.
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La différenciation est entamée et se poursuit lors du développement du fœtus, avec plusieurs moments importants, (dont descente des testicules chez le garçon. Le testicule se développe d'abord juste en dessous du rein, comme les ovaires chez le fœtus féminin. Le testicule doit ensuite progressivement descendre le long d'un canal vers les bourses, souvent peu avant la naissance, voire dans les jours suivant la naissance : 50 % des testicules ne sont pas tout à fait descendus à la naissance, mais le seront presque toujours à l'âge de 6 mois ; mais, plus un testicule non descendu est en position haute, moins il a de "chances" de descendre spontanément, et plus le risque futur de cancer augmente. Une fois descendu, le canal de descente doit se refermer.
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L'absence, le retard ou l'insuffisance de cette descente sont classées parmi les cryptorchidies ou ectopies testiculaires.
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Le développement de l'utérus, du vagin et de la vulve sont internes et donc plus discrets, mais suivent des processus assez similaire (modification de taille, de conformation, de position et de direction de ces organes. Cependant, chez la femme, certains de ces organes évolueront encore avec la grossesse et l'accouchement s'ils se produisent (de même que les seins).
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Tous les stades de développement des organes reproducteurs - avant et après la naissance - sont sous le contrôle d'hormones dites "hormones sexuelles".
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Leur développement s'interrompt (normalement) durant la petite enfance (période correspondant à un relatif « silence hormonal » concernant la production des hormones sexuelles).
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Le développement reprend ensuite normalement à l'adolescence avec l'apparition des caractères sexuels secondaires.
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À tous les stades de développement de ces organes, la « maturation » et « différenciation sexuelle » se poursuivent sous l'influence du génome (Système XY de détermination sexuelle), mais pas uniquement. Les hormones de la mère interviennent aussi in utero.
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Et l'exposition du fœtus ou dans l'enfance à certains polluants dits « perturbateurs endocriniens » peuvent interférer avec ce développement, parce que ces molécules « miment » nos hormones (même à très faible dose) et peuvent ainsi perturber le système hormonal et le développement des organes génitaux (au moment de l'exposition et pour le futur de l'individu) ; Ces « leurres hormonaux » peuvent encore par suite, directement ou indirectement perturber la vie sexuelle ou la fertilité future des individus.
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Ces perturbateurs peuvent notamment contribuer au phénomène de délétion de la spermatogenèse et causent des malformations génitales (ex : cryptorchidies, ectopie testiculaire, source de risque de cancer du testicule) dont la fréquence et la gravité semblent s’accroître depuis quelques décennies)[2].
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Après maturation complète des organes génitaux (terminée en fin d'adolescence), le système reproducteur et la sexualité continuent à se construire ; les organes géniaux interagissent avec le cerveau, le système hormonal et d'autres organes (zones érogènes notamment) via les centres du plaisir et d'autres zones.
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Le Dictionnaire de l'Académie française, dans sa 4e édition (1762), décrit ainsi l’adjectif « génital » : « Terme didactique. Qui sert à la génération. Vertu, faculté génitale. Esprit génital. Parties génitales. ». Il laisse ainsi entendre qu’il ne décrit pas que les organes de la reproduction, mais aussi l’esprit qui chez l’homme, via l’érotisme et la pensée consciente et prévisionnelle, contribue fortement au processus de sexualité et de reproduction.
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L’homme semble se différencier des autres mammifères de plusieurs points de vue
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Après une période où la pudeur a été exaltée par les élites de l’Occident (du XVIIe au XIXe siècle), on qualifiait encore au début du XXe siècle les organes génitaux humains d’organes « honteux », en n’autorisant leur représentation (pour la représentation de corps d’hommes, mais non de femmes) que dans la sculpture et la peinture, alors que les civilisations grecque, étrusque ou romaine toléraient ou encourageaient la nudité (au combat, à l’exercice, lors de jeux olympiques, etc.). Certaines cultures ou religions ont toléré ou encouragé la circoncision, l’excision, voire l’infibulation, ou inversement le port de vêtements ou d’attributs mettant en valeur les organes génitaux masculins (comme certains vêtements de la Renaissance) ou l’étui pénien.
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Dans la plupart des pays, depuis la fin du XXe siècle, l’éducation sexuelle à l’école a pour rôle d’apprendre aux enfants le fonctionnement de l’appareil reproducteur humain, en abordant souvent les aspects fonctionnels et médicaux de la fonction ainsi que la contraception.
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La psychanalyse et la physiologie n’astreignent pas les organes génitaux à la seule reproduction de l’espèce : ils sont reliés, comme disposition, à la notion de génital.
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Le système reproducteur est centré sur les gonades, qui produisent les gamètes, ou cellules sexuelles. Chez les animaux sexués, on parle d'ovaire pour la gonade femelle et de testicule pour la gonade mâle comme chez les êtres humains.
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Les fleurs sont les organes reproducteurs des plantes à fleurs, les cônes sont les organes reproducteurs des conifères, tandis que les mousses, les fougères et autres plantes similaires ont pour organe de reproduction des gamétanges ou gamétocystes.
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Le pistil ou « gynécée » est l’organe femelle des plantes à fleurs.
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Les étamines sont les organes reproducteurs mâles.
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La fleur comporte deux parties distinctes permettant sa reproduction. Il s'agit d'une part de l'androcée (nom masculin) composé de l'ensemble des étamines (nom féminin) de la fleur, et de l'autre part du gynécée (nom masculin) plus communément appelé pistil désignant l'ensemble des carpelles (nom masculin) de la fleur. Chaque étamine est définie par un filet (sorte de tige) qui relie l'anthère (nom féminin) à la fleur. C'est au niveau des étamines que le pollen est produit. Les carpelles sont composés du stigmate, des ovaires et du style (reliant les deux parties précédentes). Lorsque du pollen entre en contact avec le stigmate, les ovaires sont fécondés. Ainsi la fleur fane et les graines sont produites et permettent la reproduction de la plante.
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La fièvre est l'état d'un animal, à sang chaud (endotherme) ou à sang froid (ectotherme), dont la température interne est nettement supérieure (hyperthermie) à sa température ordinaire, de façon contrôlée.
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Chez les endothermes (essentiellement les mammifères et les oiseaux), ce phénomène physiologique semble être principalement une réponse hypothalamique stimulée par des substances pyrogènes principalement libérées par les macrophages et/ou lors des phénomènes inflammatoires.
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Chez l'humain, la fièvre accroît les défenses par plusieurs voies complémentaires : elle stimule l'immunité spécifique et non spécifique et la microbiostase (inhibition de la croissance) en diminuant le fer disponible pour les micro-organismes pathogènes afin de diminuer leur virulence[1]. Le phénomène se déroule suivant trois phases[2] :
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La température corporelle normale moyenne des humains est de 37 °C (entre 36,5 et 37,5 °C selon les individus et le rythme nycthéméral). La fièvre est définie par une température rectale au repos supérieure ou égale à 38,0 °C[3]. Une fièvre au-delà de 40 °C est considérée comme un risque de santé majeur et immédiat, particulièrement chez les jeunes enfants (voir hyperthermie). Lorsque la fièvre est modérée, entre 37,7 et 37,9 °C, on l'appelle fébricule.
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Chez certains ectothermes, la fièvre s'obtient en se déplaçant dans des zones plus chaudes ; cette fièvre est qualifiée de comportementale.
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Il n'existe pas de définition précise universellement admise de la fièvre notamment du fait de difficultés concrètes de mesure en situation clinique (la température mesurée dépend du moment de la journée, de la proximité d'un repas, de caractéristiques environnementales). Cependant, le Brighton Collaboration Fever Working Group s'accorde à la définir en 2004 comme relevant d'une température corporelle supérieure ou égale à 38 °C, et ce quelles que soient les modalités de mesure, l'âge ou les conditions environnementales. L'OMS de son côté, considère comme fiévreuse une température axillaire supérieure ou égale à 37,5 °C[4],[5],[6].
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La température corporelle se mesure à l'aide d'un thermomètre médical. Suivant le placement de celui-ci, on parle de :
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La température buccale et la température axillaire étant moins élevées que la température rectale, prise comme référence, des corrections doivent être appliquées (+0,5 °C pour la buccale, +0,7 °C pour l'axillaire[réf. nécessaire]).
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L'état d'homéothermie est maintenu par une commande centrale exercée par la partie antérieure de l'hypothalamus (« thermostat hypothalamique »). L'hypothalamus reçoit des informations provenant des neurones associés aux thermorécepteurs périphériques, et aussi du sang circulant. En retour l'hypothalamus envoie des informations vers les neurones périphériques qui contrôlent les pertes de chaleur (vasodilatation périphérique et sudation) ou la production de chaleur (frissons musculaires).
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La fièvre est une hyperthermie qui dépend du contrôle hypothalamique, et qui se traduit par un trouble de régulation des mécanismes de perte ou de production de chaleur. L'augmentation de température par le thermostat résulte de l'effet de substances sanguines dites pyrogènes, exogènes ou endogènes[10].
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Les pyrogènes exogènes proviennent de micro-organismes infectants, comme l'endotoxine des bactéries gram-négatives, ou les toxines des bactéries gram-positives, soit par action directe sur le thermostat, soit par action indirecte en activant la production de pyrogènes endogènes par les cellules de l'hôte (leucocytes)[10].
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Les leucocytes peuvent produire des pyrogènes endogènes capables d'induire un état fébrile. Il s'agit de protéines solubles de la famille des cytokines, parmi les plus importantes : l'interleukine 1, le TNF, les interférons... La plupart des cellules de l'organisme, soumises à des stress cellulaires, peuvent produire des pyrogènes. Ceci explique que tout état fébrile n'indique pas forcément une maladie infectieuse[10].
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Les cytokines agissent sur des récepteurs spécifiques présents sur toutes les cellules de l'organisme, comme les récepteurs Toll qui activent les mécanismes inflammatoires. Ces derniers se traduisent notamment par une extravasation des leucocytes et leur migration vers les tissus pour neutraliser l'agent agresseur. Lorsque l'agression est maitrisée par les réponses inflammatoires et immunitaires, le thermostat hypothalamique induit un retour de la température corporelle à la normale[10].
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La fièvre est donc considérée comme une réaction de défense de l'organisme contre une agression microbienne, physique ou chimique, qui s'est conservée tout au long de l'évolution des vertébrés. Son avantage se voit le plus clairement chez les poissons et les poikilothermes (animaux « à sang froid ») qui résistent mieux aux infections en augmentant la température de leur corps. Chez les mammifères, les avantages sont plus faibles (l'augmentation étant relativement plus limitée). De plus une fièvre très élevée (supérieure à 41 °C) peut léser le système nerveux central, d'où un probable système de régulation empêchant que la fièvre ne dépasse un certain plafond[10].
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La fièvre est un signe médical fréquent. Il appartient au médecin d'essayer de la rattacher à une étiologie (diagnostic) et d'évaluer sa gravité.
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Pour établir un diagnostic devant ce signe le médecin recherchera ses caractéristiques sémiologiques : homme / femme - âge - antécédents - ethnie - facteurs de risques - caractère aiguë / prolongée - lieu de séjour - fièvre isolée ou regroupement syndromique - incidence et prévalence locales et saisonnières - etc.
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En médecine générale, le plus souvent (voir carré de White) la fièvre conduira vers un diagnostic de pathologie bénigne.
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La cause de la fièvre peut être infectieuse (bactérie, virus ou parasite) ou non infectieuse (par exemple Vascularite, thrombose veineuse profonde ou effet secondaire). La fièvre due à une infection bactérienne est généralement plus élevée que celle due à un virus.
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Malgré leurs faibles prévalences dans les pays occidentaux, il est indispensable que le médecin sache écarter des atteintes particulièrement graves :
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Voici ce que constate l'ANSM sur la fièvre de l'enfant, par la plume d'Aude Chaboissier :
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« Les bénéfices attendus du traitement sont désormais plus centrés sur l'amélioration du confort de l'enfant que sur un abaissement systématique de la température, la fièvre ne représentant pas, par elle-même et sauf cas très particuliers, un danger[11]. »
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Au cas par cas (par exemple : antécédents convulsifs, allergie, comorbidité, fiabilité de l'entourage, traitements associés, etc.) le médecin doit peser le rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus (hépatotoxicité, cardiotoxicité, syndrome de lyell, choc anaphylactique, cellulite faciale, etc.) avant de prescrire ou non des antipyrétiques.
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Attitudes pratiques pour la prise en charge d'une fièvre persistante supérieure à 38,5 °C :
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Ces recommandations concernent le confort de l'enfant et ne font ni baisser, ni n’élèvent la température car le thermostat hypothalamique mettra en marche les mécanismes de thermogenèse (si l'enfant est trop refroidi) et de thermolyse (si l'enfant est dans un environnement trop chauffé) afin de laisser le corps à la température prévue tant que les mécanismes immunitaires seront activés.
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Devant une fièvre de l'enfant, dans les pays occidentaux, il est fréquent de demander un avis diagnostic auprès d'un médecin généraliste pour affirmer le caractère bénin de l'épisode afin que l'enfant puisse être pris en charge par des adultes rassurés.
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Toutefois, un diagnostic médical est primordial si la fièvre de l'enfant présente des caractéristiques inhabituelles : nourrissons, fièvre plus élevée qu’habituellement, durée et évolution inhabituelle, comportements inhabituels (pleurs continus, fatigue, agitation, etc.), teint inhabituel, éruptions cutanées, signes d'accompagnements (vomissements, etc.), épidémie locale de pathologies potentiellement graves (méningite, etc.)...
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Au-dessus de 40 °C, la température peut être un signe de maladie grave et peut être mal tolérée par l'organisme : Exemple : pour le cerveau, le risque de convulsion augmente[12].
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Chez le jeune enfant, cette fièvre peut entraîner des convulsions qui, si elles sont impressionnantes, sont en général bénignes ; il faut toutefois impérativement éviter que cette situation ne se prolonge, il faut donc abaisser lentement la température de l'ensemble du corps.
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On préconisait auparavant de donner systématiquement des bains d'eau dont la température est de 2 °C en dessous de la température du bébé, et la prescription médicale consistait souvent en une bithérapie aspirine-paracétamol ; la chute de la température était une priorité avec trois objectifs : empêcher le développement de l'hyperthermie maligne, éviter les convulsions fébriles et améliorer le confort de l'enfant.
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Cependant, aucune étude récente n'a mis en évidence l'effet des antipyrétiques pour la prévention des convulsions, et par ailleurs, seuls certains enfants (2 à 5 %) sont sujets aux convulsions[13].
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Une fièvre réelle (supérieure à 38 °C) chez un enfant doit toujours donner lieu à une consultation médicale[14], mais rarement aux urgences de l'hôpital[15] sauf pour les nourrissons de moins de 3 mois.
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Il convient de prendre contact rapidement avec un médecin (le Samu en France) afin d'avoir des conseils et éventuellement une intervention médicalisée en présence de signes de gravité tels que :
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Avant d'aller consulter un médecin, il est nécessaire d'attendre 24 h pour un enfant entre 4 mois et moins de 2 ans puis 48 h pour un enfant de 2 ans et plus, sauf si les symptômes s'aggravent[16].
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La fièvre ayant un rôle dans la lutte contre l'infection, pour un enfant n'étant pas sujet aux convulsions et hors urgence (voir ci-dessus), l'administration d'antipyrétique n'est plus systématique, et n'est envisagée qu'à partir de 38,5 °C. On conseille alors plutôt le paracétamol en monothérapie[13],[17],[18].
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L'utilisation de l'ibuprofène chez l'enfant est controversée[19],[20]. Il peut y avoir des effets secondaires rares mais graves chez l'enfant varicelleux[13].
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Par le passé, la fièvre a pu être délibérément provoquée dans un but de guérison. C'est ce que l'on a appelé « la pyrothérapie ». C'est le Dr Konteschweller Titus qui forgea le mot « pyrétothérapie » en 1918 rappelant notamment à cette fin l'usage du vaccin contre la typhoïde[21]. Cette approche obtint une certaine reconnaissance avec la mise au point par Julius Wagner-Jauregg de la malariathérapie[22] pour la guérison de la syphilis (cela lui valut le Nobel en 1927). D'autres procédés ont été utilisés[23],[24],[25],[26], que l'avènement des antibiotiques notamment ont relégué dans un oubli presque total[27]. Dans les dernières années cependant – notamment dans le domaine de la lutte anticancéreuse – la réévaluation de la littérature[28] à l'aune des connaissances contemporaines suscite un regain d'intérêt pour la - fever therapy, pyrétothérapie ainsi que pour la thermothérapie (élévation de la température par voie externe)[29],[30].
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Tout comme chez les organismes endothermes, chez les ectothermes, la température de la fièvre augmente la capacité défensive de l'hôte en diminuant le taux de réplication des pathogènes et en augmentant l'efficacité du système immunitaire. En effet, la fièvre est une défense immunitaire ancienne avec des mécanismes physiologiques apparemment bien conservés au sein d'une large diversité de taxons d'invertébrés et de vertébrés. Pour ce faire, certains ectothermes modifient leurs comportements habituels assurant leur thermorégulation : ils se placent dans des endroits chauds afin d'élever leur température. Ce mécanisme, nommé « fièvre comportementale » a été identifié dans les années 1970 chez les iguanes du désert, les crapets arlequins et les têtards. Il concerne aussi les poissons[31] et les insectes. Il permet aux insectes fébriles d'acquérir une survie et une fécondité supérieures aux non fébriles, mais l'atteinte et le maintien de la température élevée exigent des efforts coûteux pour l'organisme, parfois mortels[32].
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Dans le cas d'une infection fongique par Beauveria bassiana de la Mouche domestique, les hautes températures ont un effet négatif sur la croissance du champignon. Au petit matin, lorsque le champignon s'est développé à sa température optimale tout au long du cycle de la nuit, les immunosuppresseurs sont à des niveaux élevés et la réponse fébrile est la plus intense, pendant au maximum deux heures. À mesure que les facteurs immunitaires exogènes sont réduits ou éliminés de l'hémolymphe, la mouche se déplace progressivement vers des zones plus fraîches. Pendant la nuit, le champignon se rétablit, car la mouche ne peut pas exprimer de fièvre pour supprimer la croissance fongique. Et le cycle recommence le lendemain. La Mouche domestique provoque également des intensités de fièvre différentes, sélectionnant des températures plus élevées lorsqu'elle est infectée par une dose fongique plus élevée, montrant ainsi une capacité à gérer le bénéfice-risque de la fièvre[33].
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La Finlande (en finnois : Suomi Prononciation ; en suédois : Finland), en forme longue la république de Finlande (en finnois : Suomen tasavalta ; en suédois : Republiken Finland), est un pays d'Europe du Nord, membre de l'Union européenne depuis 1995.
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La Finlande est baignée par la mer Baltique, plus précisément par le golfe de Finlande au sud et par le golfe de Botnie à l'ouest et au sud-ouest. Son territoire s'étend de part et d'autre du cercle arctique dans la partie orientale de la Fennoscandie, ce qui fait d'elle un pays nordique entièrement extérieur à la Scandinavie. Composé de plus de 3 000 lacs et d'innombrables îles, parmi lesquelles celles de l'archipel autonome d'Åland, il occupe une superficie totale de 338 145 km2 entre la Norvège au nord, la Russie à l'est et la Suède au nord-nord-ouest, ce qui en fait un des plus vastes pays de l'Union européenne.
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Cet espace géographique soumis à un climat rigoureux pendant l'hiver est majoritairement une zone de taïga. Les 5,3 millions d'habitants que recense la démographie nationale confèrent au pays l'une des plus faibles densités de population de toute l'Union européenne. Principalement installés dans le Sud du pays, en particulier sur la côte méridionale, où se trouve la capitale, Helsinki, mais aussi les autres municipalités les plus peuplées, à savoir Espoo et Vantaa, qui sont regroupées au sein de la Région capitale ou Grand Helsinki, les Finlandais disposent de deux langues officielles, le finnois et le suédois. Après la zone urbaine d'Helsinki, la deuxième plus grande ville de Finlande est Tampere, située à environ 180 kilomètres au nord d'Helsinki.
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Enrichie par les apports ancestraux d'une mythologie féconde, par les Samis, ou encore par les populations autochtones de la province septentrionale de Laponie, et bien qu'elle se soit clairement occidentalisée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite d'une reconversion réussie de son économie (centrée sur la sylviculture, puis la métallurgie, et enfin l'électronique), la culture nationale plébiscite toujours un certain dépouillement matériel, dont le sisu et le sauna sont des symboles sûrs, ainsi qu'une culture du silence.
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Longtemps sous domination du voisin suédois, sous le règne duquel fut fondée la première capitale, Turku, la Finlande demeure marquée par les nombreux conflits qui l'ont opposée durant toute son histoire récente à la Russie, puissance impérialiste dont elle est devenue un grand-duché autonome en 1809, et dont elle n'a obtenu son indépendance qu'en 1917. L'année suivante, une guerre civile ensanglante le pays, suivie de deux guerres contre l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin, d'une longue tutelle soviétique indirecte durant la guerre froide, connue sous le nom de « finlandisation ».
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Ces soubresauts n'ont cependant pas empêché l'établissement d'une république stable dont les réalisations sont souvent présentées en modèles, et ce en de nombreux domaines, notamment environnement et qualité de vie. La politique nationale s'articule autour d'un président de la République, Sauli Niinistö, d'un parlement unicaméral, l'Eduskunta et d'un gouvernement dirigé par la Première ministre, actuellement Sanna Marin. Le Grand-duché de Finlande, alors composante de l'Empire russe, a été le premier État en Europe à accorder le droit de vote aux femmes ainsi que le premier au monde à les rendre éligibles au même titre que les hommes. En 2009, l'étude Legatum Prosperity classe la Finlande en première position à la suite de ses performances économiques et de la qualité de vie[4].
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La Finlande connaît une forte période de récession à la fin des années 2000, en partie liée à l’affaiblissement de son industrie électronique (comme la chute de Nokia), la récession de son voisin russe et une crise dans l'industrie forestière. L'économie du pays se redresse néanmoins au milieu des années 2010.
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Le paysage finlandais est plat dans la partie sud-ouest et dans les vastes plaines côtières d'Ostrobothnie, mais vallonné de collines dans le Centre et l'Est. La Laponie est par endroits montagneuse, mais généralement formée de vastes étendues assez planes. Le point culminant est le mont Ridnitsohkka 1 317,1 m d'altitude[5],[6], qui se trouve dans la pointe nord-ouest de la Laponie, près des frontières norvégienne et suédoise[6]. La Finlande est un pays aux milliers de lacs (dont la plupart communiquent entre eux) et d'îles (187 888 lacs et 179 584 îles). Un de ces lacs, le Saimaa, est le cinquième plus grand d'Europe. À côté des nombreux lacs, le paysage est dominé par la forêt boréale (environ 68 % du pays) et assez peu de terres arables. La plupart des îles sont dans le Sud-Ouest, dans l'archipel d’Åland, et le long de la côte méridionale du golfe de Finlande.
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Le socle rocheux de la Finlande est formé principalement de roches précambriennes du bouclier scandinave (gneiss, granite et schistes). Le relief de la Finlande s'est formé il y a environ un milliard d'années, si bien qu'il est aujourd’hui très érodé et peu marqué. Seuls quelques dômes de quartzite ont relativement bien résisté à l'érosion, et ils forment les rares collines du pays.
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Le paysage actuel est essentiellement marqué par les glaciations. Il y a 10 000 ans, les glaciers recouvraient la totalité de la Finlande : ils ont charrié des rochers puis ont laissé en se retirant de vastes moraines, érodées à leur tour par l’eau de fonte. Les paysages présentent des formes typiques de paysage glaciaire : roches moutonnées, drumlins et eskers. Autour des moraines, comme à Suomenselkä dans l’Ouest, ou à Salpausselkä au sud, l’épaisseur des dépôts de sédiments glaciaires peut dépasser par endroits 100 m. L’eau de fonte des glaciers a donné naissance au lac Ancylus, ancêtre de l’actuelle mer Baltique, et recouvert une grande partie du pays. Le lac s’est ouvert il y a 7 000 ans sur la mer du Nord. L’abaissement du niveau de l’eau, conjugué à la surrection isostatique a donné au fil des siècles suivants le relief actuel du pays. Dans l’intérieur des terres, l’eau de fonte des glaciers a noyé les dépressions du relief et rempli d’anciennes failles, donnant naissance à la multitude de lacs de la Finlande. Le processus de surrection du relief se poursuit aujourd’hui : ainsi la côte de Pohjanmaa s’élève de 8 mm/an au-dessus de la mer Baltique. Il s’ensuit presque à chaque printemps des inondations, car les rivières n’ont pas de chenal d’écoulement naturel formé vers les côtes et les eaux de fontes peuvent librement s’épancher à travers le pays. Au cours des derniers siècles, certaines villes, comme Pori et Vaasa, ont été rebâties plus à l’ouest de plusieurs kilomètres car leurs ports étaient asséchés.
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Le type de sédiment le plus commun dans les sols est la tillite, qui est un héritage des glaciations. Comme on ne trouve de craie ou de marbre que dans des sites isolés en Finlande, les dépôts glaciaires sont souvent pauvres en calcaire, et c’est pourquoi ils donnent des sols sujets à l’acidification. Dans les dépressions du relief, formées lors de la phase du lac d'Ancylus et de la formation de la Baltique, les sédiments glaciaires sont souvent recouverts par des sédiments marins, enrichis en carbonates. Ces sols limoneux, combinés à la douceur du climat, concentrent la culture des céréales sur les côtes ouest et sud de la Finlande ; car dans l’intérieur du pays, les sols sont peu favorables à l’agriculture du fait de leur acidification et de la fossilisation : il faut les chauler, les principales ressources en chaux étant fournies par les carrières de Pargas, de Lohja et de Lappeenranta.
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Si les mines de fer de Finlande sont aujourd’hui pratiquement épuisées, il subsiste d’importants gisements de cuivre, de nickel, de zinc et de chrome. Dans les années 1860, la découverte de quartz aurifères dans la vallée du Kemijoki déclencha une véritable ruée vers l’or en Laponie. Les rivières de Laponie sont toujours en exploitation, soit par orpaillage, soit par lixiviation industrielle : un filon important se trouve à Pahtavaara près de Sodankylä. Les autres placers se répartissent un peu partout à l’intérieur du pays : dernièrement, en 1996, on a découvert près de Kittilä un filon estimé à 50 tonnes d'or. La Finlande est aussi le plus gros exportateur de talc d’Europe[7]. Cette roche, très utilisée dans l’industrie de la pâte à papier, est extraite en grandes quantités à Sotkamo et Polvijärvi. Parmi les autres minéraux d’intérêt industriel extraits en Finlande, on trouve la wollastonite, dolomite, apatite, quartz et feldspath.
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Le climat de la Finlande méridionale est continental. En Finlande du Nord, particulièrement en Laponie, le climat subarctique domine, caractérisé par des hivers parfois très froids (pouvant descendre jusqu'à −40 °C). Dans le Sud et le Sud-Ouest, les hivers peuvent être rudes, selon les années. L'enneigement, en tout cas, est plus irrégulier que dans le Nord finlandais. L'été, le thermomètre peut parfois monter jusqu'à 30 °C. La Finlande est d'ailleurs un pays à faible pluviométrie : 400 mm de pluie en Laponie et dans l'Est carélien, 550 à 700 mm dans le Sud-Ouest.
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On dénombre 42 000 espèces différentes d'animaux et de végétaux en Finlande, dont 65 espèces de mammifères[8]. Si la biodiversité y est moindre qu'en Europe centrale, les zones vierges procurent un habitat à de nombreuses espèces devenues rares sur le reste du continent.
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En Finlande, la tradition du droit d'accès à la nature (jokamiehenoikeus en finnois, allemansrätten en suédois) permet à tout particulier, sous certaines conditions, de fréquenter en toute liberté les zones naturelles : il est notamment permis de récolter des baies, des champignons ou de pêcher à la ligne ; la chasse et la pêche sont du reste des activités très communes, puisque 6 % des Finlandais possèdent un permis de chasse[9].
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La Finlande est le pays le plus boisé d'Europe : 86 % de la superficie du pays est couverte de forêts[10]. Mais la végétation s’ordonne du nord au sud en trois zones de végétation bien contrastées : la plus grande partie du pays est recouverte par la forêt boréale, qui se caractérise par une dominance des conifères, une période végétative brève et des sols pauvres, sur lesquels la croissance des arbres est lente et la variété florale est faible. Les essences dominantes sont le pin (50 %) et l'épicéa (30 %) ; le feuillu le plus représenté est le bouleau (16,5 %[11]). Le sol est couvert d’airelles et de mousse, qui plus au nord cèdent la place aux lichens.
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On ne retrouve de forêt mixte que le long de la côte sud-ouest ainsi que sur les quelques récifs disséminés au large. Il s'y trouve certaines essences uniques pour la Finlande, comme le chêne. La Laponie septentrionale est essentiellement dénudée ; seuls quelques bouleaux faméliques trouvent à se développer. Les collines sont couvertes de toundra.
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Un tiers de la Finlande était à l'origine couvert de tourbières : au fil des siècles passés, la moitié a été asséchée pour l'agriculture[12]. Il ne subsiste au sud que quelques tourbières ombrotrophes ; plus au nord, ce sont des tourbières d’aapa. La plus grande partie de ces tourbières sont des ripisylves.
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Malgré une chasse intense, les rennes sont encore nombreux en Finlande, et bien qu'un tiers du cheptel soit abattu chaque année, la population se maintient à peu près au niveau de 100 000 individus[13]. Ces animaux présentent un véritable danger pour les automobilistes car les chocs sont souvent mortels. Dans le Nord du pays, l'animal est omniprésent : quelque 200 000 rennes sont semi-domestiqués et s'ébattent toute l'année en liberté ; à la fin de l'automne, les éleveurs rassemblent le troupeau et sélectionnent les individus pour l'abattage. Le renne des forêts est beaucoup plus rare : naguère commun dans toute la Finlande, il avait disparu à la fin du XIXe siècle ; dans les années 1950, une petite population a migré de Russie à Cajanie et en Carélie du Nord. Les cerfs de Virginie, importés en grande quantité d'Amérique, se sont acclimatés dans le Sud et l'Ouest du pays.
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La prospérité retrouvée des populations de prédateurs doit beaucoup aux mesures prises par les autorités ces dernières années ; on dénombre aujourd’hui plus de 1 000 ours bruns et lynx, et plus de 200 loups. Par endroits, on a dû autoriser de nouveau la chasse de certains de ces animaux pour une durée déterminée. Il subsiste en Laponie une population de 150 gloutons. Le renard polaire était naguère répandu dans tout le pays, mais l'activité des trappeurs l'avait pratiquement fait disparaître au début du XXe siècle. Le renard roux a toujours été vivace, mais depuis quelques décennies il est concurrencé par le chien viverrin, venu de Russie.
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Le Pusa hispida saimensis (en) (phoque annelé) est confiné aux lacs de Saimaa. Cette variété rare de phoque d'eau douce n'a pu être sauvée que par l'adoption de mesures énergiques et symbolise la protection de la Nature en Finlande. Le polatouche de Sibérie, qui pour l'Union européenne ne se trouve qu'en Finlande et en Estonie, bénéficie également de mesures spécifiques.
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L’avifaune de Finlande comporte 430 espèces[8], dont l’aigle royal, le pygargue, des gallinacées comme le Grand Tétras, le coq de bruyère, la gélinotte et le lagopède et enfin une multitude de palmipèdes. Le cygne chanteur, par la place qu'il occupe dans la mythologie nordique, est l'animal-emblème finlandais. Cette espèce, elle aussi, n'a pu être sauvée de la disparition que par l'adoption de lois sévères : des 15 couples recensés dans les années 1950, sont nés les 1 500 couples actuels.
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Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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En décembre 2018, la Finlande comptait 1 866 sites dont :
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La superficie totale est de 50 636 km2, ce qui représente 12,6 % de la surface terrestre et marine du territoire de la Finlande[14].
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La Finlande est subdivisée en 19 régions, 70 sous-régions et 320 municipalités.
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La Finlande est la patrie de Nokia, ancien numéro un mondial de la téléphonie mobile, ainsi que de nombreuses autres grandes entreprises, par exemple : Kone, Outokumpu, Rautaruukki, Amer Sports, Fiskars, UPM-Kymmene, Stora Enso, Patria, F-Secure, TietoEVRY, Nautor's Swan (sv), Marimekko, VR-Yhtymä Oy…
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La population active finlandaise s'élève à 2,66 millions (2004). Celle-ci se répartit dans les catégories suivantes : service public 32 %, industrie 22 %, commerce 14 %, finance et services 10 %, agriculture et forêt 8 %, transport et communication 8 %, construction 6 %.
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En 2004, le taux de chômage était de 8,8 % (2004). Il est passé à 7,7 % en 2006 avant d'atteindre 6,0 % en avril 2008. Par la suite, le taux de chômage remonte à 8,9 % en novembre 2009 puis revient à 7,2 % en novembre 2011[16].
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La Finlande est l'un des 12 pays à avoir adopté l'euro le 1er janvier 2002.
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L'ONU, à travers le calcul de l'IDH (mesure synthétique du niveau de développement des pays) place la Finlande en neuvième position mondiale en 2007.
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En 2015, l’écart d’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 5 ans en Finlande[17]
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En 2016, le gouvernement modifie le code du travail dans l'objectif d'accroitre la compétitivité des entreprises. Les salaires des fonctionnaires sont réduits pendant les jours de congés, les heures supplémentaires et le travail dominical seront moins payés et les cotisations sociales des salariés sont augmentées. En revanche, les cotisations patronales sont réduites[18].
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La « Finlande et le Nord de la Sibérie » fut d'abord peuplée par des chasseurs-cueilleurs. Ils ont transmis leurs gènes jusqu’à l’ère moderne. Le groupe s’étend de la Laponie à l’est jusqu‘au Groenland. Bien que génétiquement variées, ces populations ont une signature génétique qui les relie le plus souvent aux peuples finnois.
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Ils sont descendants des chasseurs-cueilleurs qui ont résisté à la poussée des agriculteurs. Ils se sont adaptés, et ont prospéré dans un nouvel âge. Tout comme l’expansion de Béring, ce groupe dépasse les divisions conventionnelles, montrant des connexions claires à la fois avec l’est et l’ouest. Même l’Amérique est connectée avec le groupe « Finlande et le nord de la Sibérie », par sa parenté avec la Sibérie ancienne.
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Les Hommes ne se sont installés dans le Grand Nord qu’il y a 30 000 ans, là où aucun Néanderthalien ne s’était aventuré. Conservant des connexions sur le long terme avec les populations du Sud, les peuples du Grand Nord ont maintenu leur cohérence après la fin de la glaciation. Le groupe « Finlande et le Nord de la Sibérie » se retrouve chez les chasseurs-pêcheurs Saami, avec des apports ouraliens, russes, suédois et même scandinaves.
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La Finlande est, pendant le Moyen Âge et jusqu'au début du XIXe siècle, une partie du royaume de Suède. Pour autant la délimitation exacte de ses frontières notamment septentrionales fait l'objet d'une évolution lente marquée par les rapports de forces entre les différentes puissances voisines parfois alliées du Danemark, de la Norvège, de la Russie et de la Suède[19].
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Elle passe sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917 en tant que grand-duché autonome. Plusieurs guerres entre ces deux pays se sont déroulées en Finlande, notamment là où se trouve la forteresse suédoise de Suomenlinna (Sveaborg en suédois), à l'entrée d'Helsinki. Cette période ouvre les débuts de la construction d'une identité nationale finlandaise[20].
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En témoigne également « Le Livre d'Or de la Baltique », havre naturel constitué par des îlots rocheux à proximité immédiate de Hanko (Hangö), où de nombreux marins, partis guerroyer contre les Russes, ont laissé une trace de leur passage, gravée dans le roc.
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Le 6 décembre 1917, pendant les événements révolutionnaires russes, la Finlande obtient son indépendance, à l'instar de ses voisins baltes. En 1918, une guerre civile déchire le pays et se termine par la défaite des « rouges » soutenus par la Russie soviétique.
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Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaque la Finlande lors de la guerre d'Hiver à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande ; Moscou tente même d'y installer un régime fantoche, la République démocratique finlandaise. La Finlande parvient à tenir tête bien mieux que prévu à l'Armée rouge, le conflit aboutissant à un traité de paix en 1940 : l'URSS annexe l'isthme de Carélie, mais renonce à envahir le reste de la Finlande. L'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie en 1941 (opération Barbarossa), place la Finlande dans la position d'une alliée de facto de l'Axe (se battant contre l'URSS pour des raisons différentes). Les Finlandais passent à l'offensive (guerre de Continuation), mais si les débuts sont victorieux, les défaites successives de l'Allemagne et une vaste offensive soviétique lancée en Carélie les conduisent à signer une paix séparée avec l'URSS en 1944, ce qui place cette fois l'armée finlandaise du côté des Alliés. Après avoir lancé un ultimatum à la Wehrmacht pour se retirer du territoire, en accord avec le traité de paix, la Finlande attaque les Allemands qui lui font payer ce « coup de poignard dans le dos » par de lourdes pertes : le pays sort ruiné et ravagé de cette guerre. Cet engagement porte ses fruits, car bien qu'elle doive, après la guerre, payer de lourdes réparations à l'URSS suite au traité de Paris de 1947, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, sauve au moins son indépendance. Elle fait en effet valoir que son combat était motivé par la volonté de récupérer les territoires perdus en 1940 et qu'elle n'avait pas aidé l'armée allemande à encercler définitivement Léningrad durant l'hiver 1941.
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Elle est ensuite soumise à une politique de neutralité stricte pendant la guerre froide (interdiction d'adhérer à l'OTAN, de permettre des troupes occidentales ou à des systèmes de défense sur son sol, interdiction des livres ou films anti-soviétiques, etc.), marquée par l'influence que l'URSS exerce sur la politique extérieure finlandaise. En Occident, cet état de soumission sera appelé la « finlandisation ».
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Durant presque toute cette période, le président Urho Kekkonen, dont la personnalité a durablement marqué la Finlande, « règne » avec une longévité remarquable.
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En 1995, la Finlande adhère à l'Union européenne. Elle adopte l'euro comme monnaie en 2002.
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La Finlande est une démocratie parlementaire. Le président de la République, élu au suffrage universel direct, dispose de pouvoirs non négligeables, mais joue actuellement un rôle moins marqué dans la vie politique qu'il y a vingt ans. Le gouvernement (valtioneuvosto en finnois ou statsrådet en suédois) est dirigé par le Premier ministre qui est choisi par le parlement. Le gouvernement est constitué du Premier ministre, des différents ministres du gouvernement central et d'un membre d'office, le Chancelier de la justice.
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Le parlement (Eduskunta en finnois ou Riksdag en suédois) unicaméral est constitué de 200 députés, et possède constitutionnellement l'autorité législative suprême en Finlande. Il peut modifier la constitution, révoquer le gouvernement, et contrer les vetos présidentiels. Ses actes ne peuvent être judiciairement contestés. Les lois peuvent être proposées par le gouvernement ou l'un des membres de l'Eduskunta, qui sont élus au suffrage proportionnel pour une durée de quatre ans.
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Le système judiciaire comprend les tribunaux de grande instance qui jugent des affaires civiles et pénales, des cours d'appel et une Cour suprême. Le contentieux administratif est du ressort des tribunaux administratifs, des cours administratives d'appel et de la Cour administrative suprême. Certaines juridictions administratives particulières sont chargées de traiter des litiges, par exemple dans le domaine des eaux.
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Le parlement, depuis que le suffrage universel a été instauré en 1906 (femmes comprises), a été dominé par les partis agrariens (parti centriste Maalaisliitto, actuellement Suomen Keskusta), sociaux-démocrates (SDP) et alliance de gauche (Vasemmistoliitto). On peut noter que l'éventail politique a été plus marqué par l'influence des courants anti-socialistes (au sens soviétique) que dans d'autres pays similaires ayant eu moins de contacts avec l'URSS.
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La constitution et sa place dans le système judiciaire sont uniques, dans le sens où il n'y a pas de Cour constitutionnelle et où la Cour suprême ne peut intervenir sur une loi au seul prétexte que celle-ci soit inconstitutionnelle. La valeur constitutionnelle d'une loi dépend d'un simple vote parlementaire. Les seuls autres pays européens à ne pas disposer d'organe suprême constitutionnel sont les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-Uni (ce dernier n'ayant d'ailleurs pas de constitution écrite, celle-ci reposant sur les traditions, les précédents, la jurisprudence et un nombre limité de lois quasi-constitutionnelles).
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La Finlande est un pays neutre depuis 1955, et ne fait pas partie de l'OTAN, mais développe un programme d'interopérabilité de ses forces avec celles de l'OTAN.
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Les langues officielles du pays sont le finnois et le suédois.
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Le finnois est une langue agglutinante appartenant à la famille des langues finno-ougriennes, qui comprend aussi l'estonien, les langues sames et, dans une moindre mesure, le hongrois, langue ouralo-altaïque. Ces langues se distinguent des autres langues parlées en Europe car, de même que le basque, elles ne sont pas indo-européennes.
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Les bases du finnois écrit ont été codifiées par Mikael Agricola, archevêque de Turku, qui écrivit un abécédaire en 1543.
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Les mots « finnois » et « finlandais » sont souvent employés indifféremment en français courant pour désigner la langue. L'usage le plus courant en français est de faire la distinction entre les deux termes :
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On trouve en Finlande une grande majorité de finnophones (environ 91,5 % de la population, cf. Démographie de la Finlande) mais aussi une minorité suédophone (environ 300 000 personnes ; mais 46,6 % de la population sait parler le suédois en 2008), et une minorité d'expression samie (Lapons). On estime le nombre de locuteurs de langue samie à 1 500 actuellement sur le territoire de la Finlande. À cela s'ajoute une minorité Rom relativement importante (près de 10 000 personnes). Il y a donc en Finlande des Finlandais d'origine finnoise finnophones et suédophones (tous les suédophones ne sont pas des descendants de Suédois), d'autres d'origine suédoise suédophones ou finnophones (des anciens Suédois ayant changé de langue), des Samis d'expression finnoise (qui ont perdu la connaissance du sami).
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Le nom de nombreuses villes de la bande littorale est exprimé dans les deux langues ; ainsi de Helsinki (Helsingfors), Turku (Åbo) ou Tampere (Tammerfors), par exemple. La signalisation routière bilingue est également présente dans de nombreuses municipalités.
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L’anglais est aussi très présent, en seconde, ou même en troisième langue, pour une très grande partie de la population, vu le haut niveau d'éducation de la population, surtout en milieux urbains, et chez les plus jeunes. En 2011, environ 90 % des Finlandais avaient des connaissances partielles, ou parlaient couramment l'anglais, soit environ deux fois plus que les Finlandais qui savent parler suédois.[réf. nécessaire]
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La Finlande fut une province russe (grand-duché) entre 1809 et 1918. Quelque 200 000 Finlandais parlent russe ; elle demeure une langue universitaire[réf. nécessaire]. Le Russe reste la langue maternelle de quelque 5 000 Finlandais, qui sont surtout des descendants de Russes, ou Slaves, qui s'établirent en Finlande entre 1800 et 1910. De nos jours, ils sont généralement bilingues russe/finnois, ou russe/suédois. Ils sont localisés surtout à Helsinki, et vers Hamina[réf. nécessaire].
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Avant l'arrivée du christianisme, la Finlande est le berceau de croyances animistes et polythéistes.
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À partir de l'an 1000, et la conversion des rois suédois, le christianisme commence à apparaître. Il se développe sous la poussée de Éric IX de Suède et de l'évêque anglais saint Henri au XIIe. Comme les pays du Nord de l'Europe, la Finlande se convertit aux idées de la Réforme. En 1634, l'adhésion à l'Église luthérienne devient obligatoire par la loi. Toutefois, des traces et des croyances de la religion païenne subsistent jusqu'au XIXe siècle dans les campagnes.
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L'Église évangélique luthérienne est, en 2018, la principale confession du pays, avec 69,8 % de la population se réclamant de cette foi (Église d'État depuis 1923)[21]. La seconde Église d'État est l'Église orthodoxe de Finlande qui regroupe environ 1 % des Finlandais, on trouve aussi environ 11 000 catholiques finlandais[22]. L'islam s'est développé avec l'immigration (10 000 musulmans aujourd’hui)[23].
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L'éducation est considérée comme un des droits fondamentaux de tous les citoyens finlandais. Il s'agit du droit de recevoir une formation secondaire (lycée inclus) gratuitement. La loi garantit ce droit pour tous les résidents et non uniquement pour les citoyens finlandais.
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Les enfants de Finlande qui entrent à l’école à sept ans « ont passé leur enfance à jouer à la crèche »[réf. nécessaire], ils peuvent apprendre l'alphabet un an avant d’entrer à l’école, mais rien n'est exigé. L'enseignement fondamental est un enseignement de culture générale dispensé à l'ensemble des classes d'âge. Il est destiné à l'enfant de sa septième à sa seizième année. L'école fondamentale dure donc neuf ans et correspond à l'accomplissement de la scolarité obligatoire. Dans l'enseignement fondamental, les groupes sont formés par classes d'âge. Pendant les six premières années, il y a en général un enseignant principal qui enseigne la plupart des matières, ou toutes. Durant les trois dernières années, l'enseignement se fait habituellement par matières si bien que les enseignants sont spécialisés selon celles-ci. Dans l'enseignement fondamental sont intégrés aussi l’orientation pédagogique de l'élève et, en cas de besoin, un enseignement spécifique de soutien.
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Le programme scolaire inclut au moins les matières suivantes : langue maternelle et littérature, seconde langue nationale (suédois ou finnois, selon le cas), langues étrangères, connaissances de l'environnement, instruction civique, religion ou morale, histoire, sciences sociales, mathématiques, physique, chimie, biologie, géographie, éducation physique et sportive, musique, dessin, travaux manuels et ménagers. La définition des objectifs généraux au niveau national et la répartition horaire des différentes matières ou combinaisons de matières dans l'enseignement et l'orientation pédagogique de l’élève sont du ressort du gouvernement. La direction nationale de l'enseignement définit les objectifs particuliers et les principaux contenus de l'enseignement en arrêtant les fondements des programmes scolaires. Sur ces bases, chaque établissement détermine concrètement, au niveau local, son programme d'enseignement. Il n'y a aucun examen à la fin de la scolarité obligatoire (à 16 ans). Les redoublements et les abandons sont extrêmement rares.
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Le baccalauréat finlandais s'appelle Ylioppilastutkinto[24] et est considéré comme une véritable institution, et un pas important vers la vie adulte. En classe de terminale, les cours s'arrêtent fin avril, et les élèves se consacrent alors aux révisions, non sans avoir gratifié les plus jeunes de bordées de bonbons et d'autres friandises lancées depuis des camions lors de la virée bigarrée et joyeuse des Penkinpainajaiset[25],[26]. Après le baccalauréat, les heureux élus gagnent le droit de porter la casquette blanche du bachelier, ou ylioppilaslakki[27] et inondent les restaurants des grandes villes pour une grande fête avant d'attaquer les révisions pour les examens d'entrée aux études supérieures, la vie active, ou une année sabbatique.
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De plus, l’école est gratuite, comme le transport scolaire et le repas de midi. Les horaires sont doux : la journée démarre à 8 heures et se termine vers 14 heures. L’après-midi est consacrée aux sports, aux activités artistiques, à la découverte de la nature et il n’y a pratiquement pas de devoirs à la maison. Après l'école élémentaire, les jeunes Finlandais peuvent choisir entre le lycée et le lycée professionnel qui durent environ trois ans.
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La Finlande est depuis plusieurs années championne du monde pour l'efficacité du système scolaire. Selon l'enquête PISA[28] sur les acquis des jeunes de 15 ans (2000 et 2003), la Finlande arrive en effet en tête en mathématiques, en maîtrise de la lecture, en sciences et en capacité à résoudre un problème (Finlande : deuxième position)[29]. Pourtant ce pays performant ne consacre que 6,2 % de son PIB à l'éducation alors que la France par exemple en consacre 6,9 %.
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Si on en croit les enquêtes menées sur cette réussite, les relations avec les professeurs sont très bonnes, le climat est moins à la répression qu'à l'autodiscipline. Si un élève perd pied, pas question de redoubler, des professeurs spécialisés (2 ou 3 par établissement) viennent prêter main-forte à leur collègue dans la classe ou donnent des cours particuliers, autant qu’il est nécessaire. Les enseignants se situent dans une optique d'accompagnement et les textes, la hiérarchie, les maîtres y sont très respectés et leur autorité reconnue.
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Le système est entièrement décentralisé. L'équipe enseignante et le directeur ont une grande marge de manœuvre dans l'organisation de l'établissement. L'école se charge elle-même de l'embauche des professeurs. Il n'y pas d'inspecteurs, mais des évaluations ministérielles à usage interne. Les professeurs s'évaluent entre eux. Les municipalités financent les établissements à hauteur de 50 % du budget, le reste étant financé par l'État[30].
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L'enseignement supérieur comprend deux types d'institutions : les universités et les instituts universitaires professionnalisés. Pour y entrer il faut passer des concours. Le système de l'enseignement supérieur est très décentralisé avec une cinquantaine d'établissements.
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La culture finlandaise est propre à la Finlande, et se distingue notablement de celles des pays voisins. En dépit d'un siècle au sein de la Russie, et d'une frontière de plus de mille kilomètres avec ce pays, les influences culturelles russes sont bien moins fortes que les influences suédoise et allemande. Le sentiment d’identité culturelle finnoise est né au XIXe siècle, quand la Finlande faisait partie de la Russie, et que cette dernière a laissé naître, voire encouragé, le sentiment d'identité nationale.
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Un grand pan de la musique finlandaise est influencé par les mélodies et les paroles de la musique traditionnelle carélienne, telle qu'elle est exprimée par le Kalevala. La culture carélienne est considérée comme l'expression la plus pure des mythes et croyances de la culture finlandaise, et la moins influencée par la culture germanique. La musique traditionnelle finlandaise vit un renouveau depuis quelques décennies, et est devenue une branche de la musique populaire. Les peuples du Nord de la Finlande, les Samis, ont leur propre tradition musicale (en).
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Un grand compositeur national est Jean Sibelius dont l'œuvre majeure Finlandia symbolise le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise.
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La musique contemporaine populaire finlandaise inclut une scène renommée de metal, phénomène musical partagé avec les autres pays nordiques. Les groupes/artistes les plus connus hors frontières sont actuellement Stratovarius, Nightwish, Tarja Turunen, Impaled Nazarene, Children of Bodom, HIM, Sonata Arctica, Wintersun, Sentenced, Moonsorrow, Ensiferum, Turisas, Korpiklaani, Finntroll, Von Hertzen Brothers, Apocalyptica, Lordi, Reckless Love (en), Santa Cruz, Insomnium et Shiraz Lane (fi). Il existe également un certain nombre de groupes de rock dont The Rasmus, connu entre autres pour les titres In The Shadows et No Fear, de musiciens de jazz et de représentants du hip-hop. La musique finlandaise est aussi représentée par un grand nombre d'artistes de musique classique. Le groupe Värttinä est aujourd’hui aux avant-postes de la musique folk finlandaise.
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La littérature finlandaise fait référence à la littérature écrite en Finlande. Au début du Moyen Âge européen, le texte le plus ancien en langue finnoise est la lettre sur écorce de bouleau no 92 (en) de Novgorod, datant du XIIIe siècle. Les premiers textes en Finlande sont écrits en suédois ou en latin, au cours du Moyen Âge (aux environs de 1200 à 1523). La littérature finnoise se développe lentement, à partir du XVIe siècle, après que l'évêque et réformateur luthérien finlandais Mikael Agricola (1510-1557) eut fondé le finnois écrit. Il traduit le Nouveau Testament, dans cette langue, en 1548[31].
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Au début du XIXe siècle, la Finlande passe sous domination russe et l'essor du nationalisme se reflète et est favorisé par l'activité littéraire, qui se concentre sur le folklore finlandais. La plupart des œuvres importantes de l'époque, écrites en suédois ou de plus en plus en finnois, s'articulent autour de l'acquisition ou du maintien d'une identité finlandaise forte, comme le Carélianisme. Des milliers de poèmes folkloriques sont rassemblés dans Suomen kansan vanhat runot (en) (en français : Les poèmes anciens du peuple finlandais). Le recueil de poésie le plus célèbre est le Kalevala, publié en 1835. Le premier roman publié en finnois est Les Sept Frères (en)[32] (1870) d'Aleksis Kivi (1834-1872). Le livre Sainte Misère[33] (1919) de Frans Emil Sillanpää (1888-1964) lui vaut le premier prix Nobel de littérature finlandais, en 1939. D'autres auteurs notables sont Väinö Linna, Eino Leino et Johannes Linnankoski.
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Les réalisateurs finlandais les plus célèbres sont Aki Kaurismäki, Mika Kaurismäki et Timo Koivusalo. Le réalisateur et producteur hollywoodien Renny Harlin est aussi finlandais et est né en Finlande.
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À l'occasion du 100e anniversaire d'indépendance du pays, un vote a été tenu pour déterminer l'aliment national de la Finlande. Le choix des citoyens s'est arrêté sur le pain de seigle[34].
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La cuisine traditionnelle finlandaise a été fortement influencée par les cuisines suédoise, allemande et russe. Il y a cependant des différences et des singularités. Par exemple, les plats finlandais ont tendance à être moins sucrés que les plats suédois, et les Finlandais utilisent moins de crème smetana que les voisins russes. Dans des temps plus reculés, la cuisine finnoise variait d'une région à l'autre, et différait notablement entre l'Ouest et l'Est de la Finlande.
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Le petit déjeuner traditionnel, très consistant, est un vrai repas. Le déjeuner, qui est un repas assez léger, rapide et peu formel, est en général consommé autour de 11 h 30, « là où on est », soit pour ceux qui travaillent : sur le lieu de travail ou dans une cantine. Le dîner est pris entre 17 et 18 h, à la maison.
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Le sport est un passe-temps national en Finlande et de nombreux Finlandais se rendent régulièrement aux compétitions sportives. Le sport national est le pesäpallo, proche du baseball, mais les sports les plus populaires pour l'audience et la couverture médiatique sont le hockey sur glace et la Formule 1. Le football est aussi très populaire en Finlande grâce au célèbre Jari Litmanen, surnommé « le Roi » en Finlande. L'équipe nationale s'est qualifiée pour le championnat d'Europe de football 2020, première compétition majeure de son histoire.
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La Finlande est le berceau de Keke Rosberg (un titre), Nico Rosberg (un titre), Mika Häkkinen (deux titres), et Kimi Räikkönen (un titre), tous les quatre champions du monde de Formule 1 ; et de deux autres pilotes, Heikki Kovalainen (une victoire) et Valtteri Bottas (cinq victoires), qui sont vainqueurs en GP de F1. La Finlande a aussi donné naissance à de grands champions de rallye, tels qu'Ari Vatanen, Hannu Mikkola, Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Jari-Matti Latvala ou encore Kimi Räikkönen ; le joueur de hockey Saku Koivu, ancien capitaine de l'équipe des Canadiens de Montréal et ancien joueur des Ducks d'Anaheim, qui est maintenant retraité ; Teemu Selänne, qui a remporté la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim en 2007 ; Tuukka Rask, qui remporte la Coupe Stanley en 2011 avec les Bruins de Boston. La Finlande a également de très bonnes équipes de patinage sur glace synchronisé, et une biathlète qui évolue au sommet dans les années 2010 : Kaisa Mäkäräinen.
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Parmi les plus fameux athlètes finlandais du temps passé, il y a Hannes Kolehmainen (1890-1966), Paavo Nurmi (1897-1973) et Ville Ritola (1896-1982), qui, à eux trois, ont remporté 25 médailles olympiques de course de fond. Ils sont considérés comme étant les premiers d'une génération de grands coureurs de fond finlandais, surnommés les « Finlandais volants ». Un autre coureur de fond, Lasse Virén (né en 1949), a remporté quatre médailles d'or au cours des Jeux olympiques de 1972 et 1976. Il n'est pas rare de voir un Finlandais skier deux heures après le travail.
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Jari Litmanen
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Teemu Selänne
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Paavo Nurmi en 1920.
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Mika Häkkinen.
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Sami Hyypiä avec Liverpool.
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Marcus Grönholm.
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Si la Finlande n'est pas dans les premiers pays pour la durée moyenne de vie (le Japon et la France sont aujourd’hui en tête dans ce palmarès), elle est mieux placée que la France pour les chances d'arriver à 35 ans en bonne santé.
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Dans le domaine du cancer, on parle même d'« exception finlandaise » pour décrire le phénomène suivant : les cancérologues et urologues signalent et mesurent une fréquence accrue du cancer du testicule partout dans le monde (en tous cas partout où existent des registres du cancer, et surtout dans les pays riches où les populations à peau blanche dominent, notamment au début des années 1990 en Europe). Or, pour des raisons encore inexpliquées, la Finlande semble être le seul pays épargné par ce phénomène, alors même que le proche Danemark semble le pays le plus touché au monde, avec des taux de cancer quatre fois plus élevés qu'en Finlande dont il n'est séparé que par la Baltique ; la Finlande serait le pays (suivi) le moins touché au monde, et la qualité du sperme y semble également la meilleure[35]. De nombreux indices plaident pour des causes environnementales[36] et tout particulièrement pour les cancers de l'enfant, une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des produits cancérigènes in utero. Dans ce dernier cas, ce cancer est un des éléments du syndrome de dysgénésie testiculaire qui semble inexplicablement ne pas exister en Finlande.
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Le terme héritage finlandais s'applique à un groupe de maladies génétiques dont la prévalence est particulièrement élevée en Finlande.
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Le drapeau de la Finlande, une croix scandinave bleue sur fond blanc, date de 1918. Les armoiries sont plus anciennes, puisqu’elles datent de 1557.
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Le pays s’est aussi doté, après des sondages auprès de sa population, de sept symboles supplémentaires :
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Triptyque de Akseli Gallen-Kallela, représentant une scène du Kalevala.
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Children of Bodom, un groupe de Death metal mélodique finlandais.
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Parc national de Repovesi (fi).
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Musée national de Finlande à Helsinki.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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En biologie, chez toutes sortes de plantes à fleurs (angiospermes), la fleur constitue l'organe de la reproduction sexuée et l'ensemble des « enveloppes » qui l'entourent. Après la pollinisation, la fleur est fécondée et se transforme en fruit contenant les graines. Les fleurs peuvent être solitaires, mais elles sont le plus souvent regroupées en inflorescences.
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Très tôt, les fleurs ont attiré l’attention des humains, qui les utilisent et les cultivent pour la parure (couronne de fleurs), pour l’ornementation intérieure (fleurs coupées, bouquets, ikebana) et extérieure (jardins, plates-bandes, etc.). Elles sont utilisées en parfumerie, pour leurs fragrances, ainsi qu'en teinture, pour leurs pigments. Les fleurs comestibles servent à la préparation de boissons et de mets.
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Les fleurs ont souvent inspiré les artistes, peintres, poètes, sculpteurs et décorateurs. La culture des fleurs est la floriculture, une branche de l'horticulture.
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La plupart des fleurs sont hermaphrodites, c'est-à-dire qu'elles ont à la fois des organes reproducteurs mâles et femelles : elles ont un pistil et des étamines. Les étamines sont la partie mâle (qui libère du pollen), et le pistil la partie femelle (qui contient les ovules).
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Certaines plantes comme le pistachier ou le kiwi ont des fleurs qui ne sont pas hermaphrodites : elles sont soit mâles, soit femelles, les scientifiques parlent de fleurs gonochoriques. D'autres plantes comme l'avocatier ont des fleurs qui sont successivement mâles et femelles, on parle alors d'hermaphrodisme successif.
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La fleur hermaphrodite est constituée de pièces florales insérées sur un réceptacle floral. Lorsque la fleur est complète, elle comprend quatre verticilles de pièces florales. De l'extérieur vers l'intérieur, on rencontre :
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Calice et corolle forment le périanthe, enveloppe stérile, qui joue un rôle protecteur pour les pièces fertiles, et attractif pour les animaux pollinisateurs.
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Ce plan théorique de la fleur, que l'on trouve typiquement chez le bouton d'or (Renonculacées), est sujet à de nombreuses variations. On rencontre par exemple des fleurs sans pétales, dites « apétales ». Une fleur mixte est une fleur qui possède à la fois étamines et pistil.
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« La fleur double est celle dont quelqu'une des parties est multipliée au-delà de son nombre naturel, mais sans que cette multiplication nuise à la fécondation. Les fleurs se doublent rarement par le calice, presque jamais par les étamines. Leur multiplication la plus commune se fait par la corolle. Les exemples les plus fréquents sont dans les fleurs polypétales, comme œillets, anémones, renoncules ; les fleurs monopétales doublent moins communément. Cependant on voit assez souvent des campanules, des primevères auricules, et surtout des jacinthes à fleur double. Ce mot de fleur double ne marque pas dans le nombre des pétales une simple duplication, mais une multiplication quelconque. Soit que le nombre des pétales devienne double, triple, quadruple, etc., tant qu'ils ne multiplient pas au point d'étouffer la fructification, la fleur garde toujours le nom de fleur double ; mais, lorsque les pétales trop multipliés font disparaître les étamines et avorter le germe, alors la fleur perd le nom de fleur double et prend celui de fleur pleine. »
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— Jean-Jacques Rousseau, Lettres écrites de la montagne, 1764
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L'induction florale est le phénomène qui permet la transformation du méristème apical caulinaire en méristème floral. Cette transition peut être induite par vernalisation (froid), photopériodisme (la longueur du jour), thermopériodisme (la température), etc.
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La formation des fleurs est contrôlée par 3 gènes principaux : A, B et C. Le gène A agit sur le développement des sépales et des pétales, le gène B sur le développement des pétales et des étamines et enfin le gène C, sur le développement des étamines et du pistil. Le développement des pétales et des étamines nécessitent donc l'activation de deux gènes à la fois.
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Deux gènes supplémentaires ont été découverts ultérieurement, le gène D nécessaire à la mise en place des ovules et le gène E nécessaire au développement des quatre verticilles (calice, corolle, androcée, gynécée) et des ovules.
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Chez les angiospermes, ou plantes à fleurs, la fleur est le siège des organes de la reproduction. La reproduction a lieu par pollinisation des carpelles par le pollen émis par les étamines. La pollinisation peut notamment avoir lieu à l'aide d'insectes (entomogamie), ou du vent (anémogamie).
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Dans le cas fréquent de l'entomogamie[1], les fleurs attirent et utilisent les pollinisateurs par divers moyens :
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La plante émet aussi des substances protectrices pour sa fleur et pour les organes de cette fleur. Ce sont des composés insecticides et fongicides toxiques tels que la nicotine du tabac. On a ainsi montré que des plants de tabac sauvage (Nicotiana attenuata) génétiquement modifiés pour ne pas produire de nicotine ou de benzylacétone (parfum qui contribue à l'odeur du cacao, du jasmin et de la fraise) sont nettement moins bien fécondés et produisent jusqu'à cinq fois moins de graines[2],[3],[4].
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L’éclosion des fleurs, ou floraison, est souvent très éphémère, mais ce phénomène est chez certaines plantes compensé par l'éclosion échelonnée de séries ou grappes de fleurs.
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Des fleurs présentent des mouvements dans des directions consécutifs à un stimulus extérieur et que l'on nomme tropismes, notamment par rapport à la lumière solaire (héliotropisme floral, surtout chez des plantes de montagne ou de climat froid). Elles sont animées par un organe appelé pulvinus qui est situé à la base du pédoncule floral. Ce mouvement favoriserait la reproduction en attirant les pollinisateurs[6], en augmentant la température des organes reproducteurs (réflexion de la lumière par les pétales sur le pistil)[7].
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De nombreuses fleurs présentent des nasties qui sont des mouvements dans des directions non déterminées par une composante vectorielle du stimulus. Les stimuli sont constitués soit de variations journalières de la température pour la thermonastie (par exemple, fleur de tulipe, de rose), soit de l'alternance jour/nuit pour la nyctinastie. Dans ce dernier cas, les fleurs s'ouvrent le matin et se ferment complètement le soir ; elles font de même par temps humide ou très nuageux. Ce phénomène a un impact positif sur la croissance (protection contre le froid et l'humidité nocturne) mais peut aussi, par le processus d'exaptation, jouer un rôle de défense contre les herbivores la nuit, sachant que certains consommateurs de ces fleurs, les limaces et les chevreuils, sont surtout actifs de nuit[8].
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Les angiospermes sont un groupe monophylétique, apparu relativement récemment et qui s'est rapidement diversifié en co-évoluant avec les insectes ou d'autres animaux pollinisateurs anthophiles, pour donner les environ 250 000 espèces actuelles de plantes à fleur.
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Les plus anciens fossiles de plante à fleur sont Archaefructus, probablement aquatique et datée d'il y a 120 millions d'années (début du crétacé). Cette fleur découverte en Chine n'avait ni pétales ni sépale mais des carpelles, et des étamines dispersés le long d'une tige, non ancrés sur un même point[10]. Montsechia vidalii découverte dans les Pyrénées espagnoles est également une plante aquatique datant de 130 millions d'années[11]. Par la méthode phylogénétique de la reconstitution des états ancestraux, des chercheurs ont fait le portrait-robot[12] du plus ancien ancêtre commun de toutes les fleurs, il y a 140 millions d'années, qui s'avère être une fleur hermaphrodite dont la majorité des pièces florales ne sont pas insérées en spirale mais en verticille[13], ce qui contredit la théorie euanthe du botaniste américain Charles Edwin Bessey qui suggère que les Angiospermes sont monophylétiques, dérivant d'une fleur primitive de type Magnolia[9].
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Une équipe du CNRS répond en partie à la question : comment est apparue une structure aussi complexe que la fleur ? L'étude d’une plante gymnosperme, Welwitschia mirabilis, qui pousse dans des déserts de Namibie et d’Angola et peut vivre plus d’un millénaire, montre que ses cônes mâles possèdent quelques ovules stériles et du nectar, ce qui révèle une tentative échouée d’inventer la fleur bisexuelle. Les chercheurs ont trouvé dans son génome des gènes similaires à ceux responsables de la formation des fleurs et organisés selon la même hiérarchie. Angiospermes et gymnospermes ont donc hérité d'un ancêtre commun. Le mécanisme aboutissant à la fleur n’a pas été inventé il y a environ 150 millions d'années : il a été hérité et utilisé par la plante[14],[15].
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La présence de fleurs dans le paysage, la ville, l'environnement intérieur (chambre d’hôpital, classe, bureau, cellule de prison…) induit un sentiment et des réactions psychophysiologiques, qui varient selon les personnes, les cultures, les saisons, et les contextes, qu'on commence à pouvoir quantifier.
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Par exemple, on a demandé[16] à 119 étudiants (52 hommes et 67 femmes, âgés en moyenne de 21 ans, répartis en 3 groupes) de remplir une tâche en 10 minutes. Le premier groupe, de contrôle, devait remplir des pots avec de la terre. Le deuxième groupe devait repiquer des plantes non fleuries (Viola × wittrockiana Sakura Sakura). Le troisième groupe devait repiquer des plants de la même espèce, mais en fleurs. Des tests ont été faits avant et après l'expérience : électroencéphalogramme (EEG), électromyogramme (EMG), enregistrements du nombre de clignements d'yeux par minute et Profile of Mood States (POMS) — test mesurant les variations de l'humeur du sujet. Le ratio ondes alpha/ondes bêta avec les yeux fermés a considérablement augmenté sauf chez ceux qui ne manipulaient que de la terre. L'amplitude des ondes bêta avec les yeux ouverts a diminué chez ceux manipulant les plantes, et particulièrement les plantes fleuries de même que l'électromyogramme et la fréquence de clignotements des yeux. Le sentiment de fatigue était significativement réduit chez ceux qui ont rempoté les plantes fleuries par rapport aux autres groupes, confirmant l'effet de relaxation physiologique que procurent les plantes fleuries, plus encore que les plantes non fleuries[16].
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La plus grande fleur simple du règne végétal, la Rafflesia arnoldii peut atteindre 1 m de diamètre et peser jusqu'à 10 kg.
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L'Arum titan possède la plus grande inflorescence du monde, pouvant atteindre près de 3 m.
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Marché aux fleurs à Calcutta.
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La Flûte enchantée, K. 620, dont le titre original en allemand est Die Zauberflöte prononcé en allemand : [ˈdiː ˈt͡saʊ̯bɐˌfløːtə ] Écouter, est un opéra chanté en allemand (singspiel) composé par Mozart sur un livret d'Emanuel Schikaneder.
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La première représentation a lieu le 30 septembre 1791 dans les faubourgs de Vienne, au théâtre de Schikaneder, petite salle en bois fréquentée par un public plus populaire que celui d'une salle d'opéra habituelle[1]. Du fait de son succès, la 100e représentation est atteinte un an plus tard. C'est dans cet opéra que l'on entend le célèbre air de la Reine de la Nuit et plusieurs autres airs ou chœurs, comme l'air de l'oiseleur, le duo de Tamino et Pamina, les deux airs de Sarastro, dont l'un avec chœur, etc.
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Ont inspiré Schikaneder : le Dschinnistan (de), recueil de contes de Christoph Martin Wieland et August Jacob Liebeskind (de) (Lulu ou la Flûte enchantée et Les Garçons judicieux)[2] et Thamos, roi d’Égypte, drame de Tobias Philipp von Gebler (de)[3].
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Ouverture
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? Ouverture [Fiche]
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Dans une ambiance musicale à la fois profonde et déjà presque surnaturelle, c'est par un enchaînement ascendant de trois accords, entrecoupés de courts silences, que débute son premier volet, joué adagio. Eux-mêmes répétés trois fois chacun lorsqu'ils sont repris plus loin (à peu près à mi-parcours de cette ouverture), ils avertissent de la solennité d'une œuvre qui mêlera la gravité à l'humour. Ces accords rappellent aussi les coups frappés à l'entrée de la loge maçonnique et rendent ainsi manifestes les trois points de la franc-maçonnerie (voir la section Analyse esthétique). En effet, Mozart, qui était franc-maçon, avait décidé de faire l'apologie de cet ordre initiatique, dans une œuvre qui lui est entièrement consacrée[4].
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L'Allegro qui succède sans interruption à cet Adagio expose un thème vif, léger et joyeux sans être désinvolte, sachant aussi devenir majestueux et porteur d'une tension dramatique : il est d'abord exposé aux violons, avant de nourrir toute la polyphonie. L'ouverture de la Flûte enchantée est en effet la seule de tous les opéras de Mozart (et une des rares, sinon la seule de l'époque classique) qui présente un fugato développé, après un premier épisode plus lent et solennel. Elle se rattache ainsi, à sa manière, à l'ouverture à la française de l'époque baroque. Mais son second épisode se rattache également (et encore plus sûrement) à l'allegro de sonate. Selon Jean-Victor Hocquard : « Il ne s'agit pas ici d'une fugue à proprement parler, mais d'un mouvement de sonate qui adopte par moments le style fugué. Exemple frappant de la synthèse, caractéristique du dernier Mozart, entre l'écriture contrapuntique et le langage thématique »[5]. C'est ainsi qu'après le rappel des accords initiaux, à peu près au centre de l'allegro, l'écriture fuguée reprend (un peu plus longuement que la première fois).
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La brève coda est immédiatement suivie du premier acte.
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Égaré en voyage dans un pays inconnu, le prince Tamino est attaqué par un serpent (en allemand « Schlange »). Alors qu'il s'évanouit, sûr de mourir, il est sauvé par les trois dames d'honneur de la Reine de la nuit. Pendant que le prince est encore évanoui, les trois dames chantent la beauté du jeune homme. Elles décident d'aller porter la nouvelle à leur reine, mais chacune d'elles veut rester près de Tamino proposant aux deux autres de porter le message. Après s'être disputées, elles disparaissent. Le prince se réveille et voit le corps inanimé du monstre. Se demandant s'il a rêvé ou si quelqu'un lui a sauvé la vie, il entend soudain un air de flûte de Pan (Faunenflötchen, ou Waldflötchen : petite flûte de la forêt). Il se cache et voit arriver Papageno l'oiseleur. Au cours de leur premier dialogue, Papageno se vante d'avoir tué le serpent. Les trois dames réapparaissent et le punissent de ce mensonge en lui donnant de l'eau à la place du vin et une pierre à la place du pain sucré qu'elles lui donnent d'habitude. Pour finir, elles le réduisent au silence en lui fermant la bouche avec un cadenas d'or.
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Les trois dames révèlent à Tamino qu'elles lui ont sauvé la vie. Elles lui parlent ensuite de Pamina, la fille de la Reine de la nuit. Elles lui montrent son portrait, et disparaissent. À la vue du portrait, Tamino tombe amoureux de la jeune fille et songe au bonheur qui l'attend. Réapparaissent les trois dames qui lui disent de qui Pamina est prisonnière. Aussitôt, Tamino veut la délivrer. La Reine de la nuit apparaît alors dans un grondement de tonnerre et lui narre son désespoir de voir sa fille prisonnière (c'est l'air O zittre nicht, mein lieber Sohn (O ne tremble pas, mon cher fils)). Elle dit finalement à Tamino que si elle le voit revenir vainqueur, Pamina sera sienne pour l'éternité. Puis elle disparaît. Tamino s'interroge alors sur ce qu'il a vu et prie les Dieux de ne pas l'avoir trompé.
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Apparaît alors Papageno, triste de ne plus pouvoir parler. Les trois dames réapparaissent et le libèrent de son cadenas, en lui faisant promettre de ne plus mentir. Elles remettent également à chacun un instrument qui leur est envoyé par la Reine. Tamino se voit offrir une flûte enchantée, tandis que Papageno reçoit un carillon magique[6]. Ces instruments les aideront à triompher des épreuves qui les attendent. Les deux hommes partent en quête de Pamina chacun de son côté.
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Dans le palais de Sarastro, le serviteur maure Monostatos poursuit désespérément Pamina de ses assiduités. Survient Papageno. Le Maure et l'oiseleur se trouvent face à face. Chacun effraie l'autre, croyant être en présence du Diable. Monostatos s'enfuit, et Papageno se trouve seul avec Pamina. Il lui révèle alors qu'un prince va venir la délivrer, en ajoutant que le prince est devenu follement amoureux d'elle sitôt qu'il a vu son portrait. Pamina lui fait un compliment sur son grand cœur. Touché par ces paroles, Papageno raconte alors sa tristesse de ne pas encore avoir trouvé sa Papagena. Pamina le réconforte, et la princesse et l'oiseleur s'accordent pour chanter la beauté de l'amour avant de fuir.
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Pendant ce temps, Tamino est conduit vers les trois temples de la Sagesse, de la Raison et de la Nature par trois génies qui lui recommandent de rester « ferme, patient et discret ». Après que Tamino s'est vu refuser l'entrée des deux premiers temples, un prêtre s'adresse à lui pour lui expliquer que Sarastro n'est pas un monstre comme la Reine de la nuit le lui a décrit, mais qu'il est au contraire un grand sage. Tamino, saisi par la solennité de la cérémonie, veut la comprendre et se met à poser des questions aux prêtres. Il saisit sa flûte magique et en accompagne son chant. Il se retrouve alors entouré de bêtes sauvages sorties de leur repaire, et qui viennent se coucher à ses pieds, charmées par le son de l'instrument. Seule Pamina ne répond pas aux sons cristallins de la flûte, mais Papageno répond à Tamino sur sa flûte de Pan. Réjoui, le prince essaie de les rejoindre.
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De leur côté, Papageno et Pamina espèrent retrouver Tamino avant que Monostatos et ses esclaves les rattrapent. Les voici qui surgissent tout à coup, et le Maure ordonne que les fugitifs soient enchaînés. Papageno se rappelle qu'il possède un carillon magique et s'en sert pour envoûter Monostatos et ses esclaves, qui se mettent à danser et à chanter avant de disparaître. Une fanfare de trompettes interrompt soudain le silence : c'est Sarastro suivi d'une procession de prêtres. Papageno tremble de peur et demande à Pamina ce qu'il faut dire. Pamina répond qu'il faut dire la vérité même s'il leur en coûte, et s'agenouille devant Sarastro. Comme elle a décidé de dire la vérité, elle explique alors à Sarastro qu'elle tente d'échapper à Monostatos. Celui-ci refait alors son apparition, traînant avec lui Tamino qu'il a capturé. Aussitôt qu'ils se voient, Pamina et Tamino se jettent dans les bras l'un de l'autre en présence de Monostatos et des prêtres. Ce dernier les sépare et se prosterne devant Sarastro pour ensuite vanter ses mérites personnels. Il s'attend à être récompensé, mais est au contraire condamné à recevoir soixante-dix-sept coups de fouet.
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Sarastro ordonne alors que Papageno et Tamino soient conduits au Temple des Épreuves.
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Sarastro annonce aux prêtres que les Dieux ont décidé de marier Tamino et Pamina. Mais auparavant, Tamino, Pamina et Papageno devront traverser des épreuves avant de pénétrer dans le Temple de la Lumière qui leur permettra de contrer les machinations de la Reine de la nuit. Sarastro prie Isis et Osiris d'accorder aux candidats la force de triompher de ces épreuves.
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Les prêtres interrogent Tamino et Papageno sur leurs aspirations. Celles de Tamino sont nobles, tandis que Papageno n'est intéressé que par les plaisirs de la vie, y compris par l'idée de trouver une compagne. Leur première épreuve consiste en une quête de la Vérité. Les prêtres leur enjoignent de conserver le silence complet et les laissent seuls. C'est alors qu'apparaissent les trois dames de la Reine de la nuit. Tamino leur oppose un silence résolu, mais Papageno ne peut s'empêcher de leur parler. Les prêtres réapparaissent pour féliciter Tamino et gronder la faiblesse de Papageno.
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Pendant ce temps, Pamina est étendue, assoupie dans un jardin. C'est alors qu'entre Monostatos, décidé à attenter à nouveau à la vertu de la jeune fille. La Reine de la nuit apparaît alors dans un coup de tonnerre, faisant fuir Monostatos. Elle donne un poignard à sa fille et la somme de tuer Sarastro, menaçant même de la renier si elle ne lui obéit pas (Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen (La vengeance de l'Enfer bouillonne dans mon cœur)).
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Et la Reine de la nuit disparaît. Monostatos revient alors vers Pamina et tente de la faire chanter. Mais Sarastro apparaît et renvoie Monostatos sans ménagement. Le Maure décide d'aller trouver la mère de Pamina. Sarastro déclare alors à Pamina qu'il fera payer sa mère.
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Dans une pièce sombre, les prêtres ont une nouvelle fois demandé à Tamino et Papageno de garder le silence. Comme toujours Papageno ne peut se maîtriser et engage la conversation avec une vieille femme qui se présente à lui. Elle disparaît avant de lui avoir dit son nom.
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Pamina entre et, ignorante de leur vœu de silence, s'approche des deux hommes. Mais elle désespère de ne recevoir aucune réponse de leur part. Croyant que Tamino ne l'aime plus, elle sort le cœur brisé.
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Les prêtres réapparaissent et proclament que Tamino sera bientôt initié. Sarastro le prépare à ses dernières épreuves. Pamina est introduite les yeux bandés après qu'on lui a dit qu'elle verrait Tamino pour qu'il lui fasse un dernier adieu. Il s'agit en fait d'une épreuve et Sarastro s'applique à rassurer Pamina, mais elle est trop abattue pour comprendre le sens de ses paroles.
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Pendant ce temps, Papageno se voit accorder le droit de réaliser un vœu. Il demande un verre de vin, mais prend conscience qu'il aimerait par-dessus tout avoir une compagne. Il chante alors son désir en s'accompagnant de son carillon magique. La vieille femme réapparaît, et menace Papageno des pires tourments s'il ne consent pas à l'épouser. Il lui jure alors fidélité et elle se transforme en une jeune et belle femme. Mais un prêtre les sépare sous prétexte que Papageno ne s'est pas encore montré digne d'elle.
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Dans un jardin, les trois génies annoncent l’avènement d'une ère nouvelle, de lumière et d'amour. Ils voient soudain Pamina, agitée par des idées de suicide. Ils la sauvent et la rassurent sur l'amour de Tamino.
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Les prêtres conduisent Tamino vers ses deux dernières épreuves : celle du feu et celle de l'eau. Pamina se joint à lui, et le guide à travers ses dernières épreuves. Ils sont accueillis triomphants par Sarastro et les prêtres.
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De son côté, Papageno est toujours à la recherche de Papagena. Désespéré, l'oiseleur envisage de se pendre à un arbre. Les trois génies apparaissent alors, et lui suggèrent d'utiliser son carillon magique pour attirer sa compagne. Profitant de ce qu'il joue de l'instrument, les trois génies vont quérir Papagena et l'amènent à son amoureux. Après s'être reconnu, le couple peut enfin converser dans la joie.
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À la faveur de l'obscurité, Monostatos mène la Reine de la nuit et ses dames vers le temple pour une dernière tentative contre Sarastro. Mais le ciel est alors inondé de lumière et elles s'évanouissent dans les ténèbres ainsi que lui. Sarastro et le chœur des prêtres apparaissent pour vanter les mérites des nouveaux initiés, et louer l'union de la force, de la beauté et de la sagesse (Stärke, Schönheit, Weisheit).
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La Flûte enchantée est le prolongement d’une collaboration de Mozart avec la compagnie du Theater auf der Wieden, un nouveau théâtre dans les faubourgs de Vienne[7], dirigé par Emanuel Schikaneder. L’empereur Joseph II autorise à cette époque l’ouverture de théâtres libres dans lesquels sont représentées des œuvres en langue allemande. Cela explique sans doute pourquoi, après le succès mitigé de Don Giovanni (Don Juan), des Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) et de Cosi fan tutte[8], dans le domaine de l’opéra italien aristocratique, Mozart accepte la proposition que lui fait Schikaneder d’écrire à nouveau un Singspiel à la manière populaire de son théâtre avec des effets spéciaux et de la magie, d’autant plus populaire qu’il sera écrit dans une langue intelligible par tous et s’adressera à toutes les classes sociales. La salle de spectacle n'est pourtant pas un théâtre de deuxième ordre, comme on l’a souvent affirmé : elle dispose au contraire d’importantes ressources techniques, qui ont permis les nombreux effets spéciaux et changements de décor qui abondent dans La Flûte enchantée et déterminent sa structure dramaturgique. L’opéra relève en effet de l’esthétique du merveilleux et du spectaculaire propre au monde germanique, ce que remarquera Weber, ainsi que Wagner. Ainsi qu'il est apparu depuis peu, selon l'Avant-scène opéra, Schikaneder faisait participer tous ses collaborateurs à ce qui était un travail de groupe, groupe auquel s'est joint Mozart, pour sa plus grande satisfaction, dans le but de divertir et de surprendre par des apparitions. C'est là qu'est l'originalité de la Flûte. Schikaneder a mis en scène d'une manière originale, la sienne, un conte de Wieland, Lulu oder die Zauberflöte (1786), qui est un conte de fées, et y a ajouté des éléments d'une initiation à la maçonnerie, mélangeant les genres buffa et seria (l'air de la Reine de la nuit), avec éclectisme. Goethe a été enthousiasmé par le résultat, produisant cet opéra si particulier 94 fois à Weimar et ayant le projet de lui écrire une suite. Goethe comparait Mozart à Raphaël[9].
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Schikaneder avait produit auparavant plusieurs ouvrages à grand succès du même type, en recréant en particulier le personnage comique de Kasperle, l’équivalent allemand de Guignol, dont le personnage de Papageno est un nouvel avatar. La Flûte enchantée est inspirée par plusieurs contes de fées de l’écrivain Christoph Martin Wieland, l’un des principaux représentants des Lumières allemandes. La structure du texte et la typologie des personnages reprennent plus celles d’un opéra de Paul Wranitzky représenté l’année précédente et intitulé Oberon, König der Elfen (1789) que de Der Stein der Weisen (1790), un ouvrage anonyme, également collectif, récemment redécouvert, auquel Mozart aurait participé[10].
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La Flûte enchantée est, d’après le musicologue Alain Patrick Olivier, une œuvre collective résultant de la collaboration de Mozart avec la plupart des autres participants avec lesquels il entretenait des liens familiaux, fraternels ou idéologiques[11]. L’œuvre serait la réalisation en acte d’un principe maçonnique fondamental consistant à réaliser en commun un travail à destination spirituelle. Le travail n’obéissait pas alors à une division stricte et la notion d'auteur comme génie propagée par le romantisme, justement à propos de Mozart, n'avait pas encore cours. Mozart a participé lui-même activement à l’écriture du livret, tandis que Schikaneder aurait composé lui-même certains numéros de musique (comme les deux airs de Papageno et le duo avec Pamina)[12]. Une polémique est apparue également après la mort de Mozart, lorsque l’un des membres de la troupe, l’auteur de l’Obéron, Karl Ludwig Giesecke, a revendiqué également la paternité du texte de la Flûte enchantée. D’autres noms ont également été évoqués par la suite. Le ténor Benedikt Schack, qui interprétait le rôle de Tamino, était également compositeur et flûtiste ; il est possible qu’il ait joué lui-même de la flûte sur la scène, et que Mozart ait choisi cet instrument à cause de lui.
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Mozart avait presque terminé d'écrire la musique lorsqu'il partit pour Prague honorer la commande de son dernier opéra La Clemenza di Tito. Il compose les derniers numéros de la Flûte enchantée à son retour, à la fin du mois de septembre, participe aux répétitions et dirige encore la première représentation, le 30 septembre 1791, puis la seconde. Il assiste à plusieurs autres représentations au cours du mois d'octobre, joue à l'occasion du glockenspiel, avant de sombrer dans la maladie et de mourir le 5 décembre suivant. Chaque soir selon son épouse, Mozart dans les derniers jours de sa vie suivait dans son lit le déroulement de la Flûte, montre en main, fredonnant les airs[9]. La Flûte enchantée garda l'affiche pendant plusieurs années. L'opéra connut sa centième représentation en novembre 1792. La première représentation à Paris eut lieu en 1801 sous la forme d'une adaptation française libre d'Étienne Morel de Chédeville et Ludwig Wenzel Lachnith intitulée Les Mystères d'Isis.
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violoncelles, contrebasses
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2 clarinettes jouant aussi du cor de basset, 2 bassons,
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3 trombones (alto, ténor et basse),
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C'est un orchestre symphonique classique qui sert de base à l'instrumentation de La Flûte enchantée, une des flûtes jouant le piccolo, les clarinettes, dans différents tons comme les trompettes, jouant elles du cor de basset cher à Mozart dans ses musiques de chambre pour vents. À noter l'utilisation de plus en plus fréquente des trois trombones (alto, ténor et basse) et, dans l'avant-dernier numéro (Acte II, no 20), la présence du glockenspiel fréquemment remplacé par un célesta confié à un pianiste (arpèges très virtuoses en accompagnement du couplet final). Dans l’aria Der Vogelfänger bin ich ja (Acte I, no 2), Papageno doit jouer de la flûte de Pan, le plus souvent doublée par le piccolo de l'orchestre ou parfois par une flûte à bec.
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L'œuvre est divisée en une ouverture et deux actes, chacun subdivisé en une série de huit et treize numéros. C'est une succession d'arias (airs de soliste), duos, trios, quintettes parfois avec chœur, et entrecoupée de textes parlés. La Marche des Prêtres (Acte II, no 9) n'est pas chantée et est comme une sorte d'ouverture au début du deuxième acte. Les finales de chaque partie (Acte I, no 8/Acte II, no 21) réunissent l'ensemble des personnages déjà présentés.
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Combat de la lumière contre la nuit, les illusions et les tromperies permettent l'instauration d'un ordre nouveau, héritant de l'ordre ancien et des Lumières. Le bien, symbolisé par l'amour trouvé par les personnages, triomphe.
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Le choix de la flûte repose sur le fait que cet instrument est symbole d'air, fabriqué sous l'averse (symbole d'eau) au bruit du tonnerre (symbole de la terre) et à la lueur des éclairs (symbole du feu). Le pouvoir magique de cette flûte vient du fait qu'elle réunit les quatre éléments primordiaux en elle.
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La hiérarchie des rôles principaux est faite de complémentarités :
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En faisant abstraction des étiquettes (nuit, lumières, etc.), la trame apparaît complexe, mêlant des éléments classiques et d'autres plus originaux. On y voit notamment :
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Dans son ouvrage La Flûte enchantée, opéra maçonnique[4] (éditions Robert Lafont), le musicologue Jacques Chailley explore les riches allusions musicales aux symboles maçonniques. Dès les premières notes de l'ouverture, on reconnaît le rythme 5 (-/--/--) symbolisant les femmes puis se succèdent trois accords, chacun répété trois fois, dans une tonalité en mi bémol majeur comportant trois bémols à la clef. On peut y voir une allusion au nombre de l'Apprenti, symbolisant l'harmonie de la trinité Osiris, Isis et Horus assurant l'unité et l'équilibre du monde.
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Les thèmes abordés dans cet opéra sont pour beaucoup empruntés au rituel d'initiation de la franc-maçonnerie dont Mozart et le librettiste Emmanuel Schikaneder faisaient partie, bien que, pour Schikaneder, celui-ci en ait été chassé sans avoir jamais dépassé le grade de compagnon. Le parcours initiatique de Tamino et Pamina (voués au dieu Min) dans le Temple de Sarastro est inspiré des cérémonies d'initiation maçonnique au sein d'une loge.
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Mozart chante la fraternité avec La Flûte enchantée après avoir chanté la liberté avec L'Enlèvement au sérail et l'égalité avec Les Noces de Figaro[15].
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Par ailleurs, franc-maçon dévoué, Mozart retrace dans cette œuvre les grands mystères, célébrant enfin les noces alchimiques annoncées dans les opéras initiatiques que sont Les Noces de Figaro, Don Juan et Cosi fan tutte. Le compositeur rêve de ressusciter l'initiation égyptienne perdue et si importante à ses yeux pour la paix du Monde. Il veut redonner la place aux femmes, oubliées et pourtant au centre des croyances initiatiques. Certains observateurs estiment que le génie de Mozart s'exprime pleinement dans cet opéra qui atteint une perfection inégalée auparavant parce qu'il transporte l'auditeur au sein d'un rituel initiatique.
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Un peu avant la fin de l'initiation, dans la troisième scène du Finale (acte 2, vingt-huitième entrée), au moment où Tamino est conduit au pied de deux très hautes montagnes par deux hommes en armure, Mozart fait aussi entendre le choral luthérien Ach Gott, vom Himmel sieh darein (Ô Dieu, du ciel regarde vers nous). Il est traité en choral figuré, chanté par les deux voix d'hommes en cantus firmus sur les mots Der, welcher wandert diese Strasse voll Beschwerden, wird rein durch Feuer, Wasser, Luft und Erden,… (Celui qui chemine sur cette route pleine de souffrances sera purifié par le feu, l'eau, l'air et la terre…) : s'élevant en valeur longues au-dessus d'une polyphonie en contrepoint, à l'orchestre. Ce choral rappelle la manière d'un Jean-Sébastien Bach.
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Peintres ayant réalisé des décors pour l'opéra de Mozart :
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La Flûte enchantée, K. 620, dont le titre original en allemand est Die Zauberflöte prononcé en allemand : [ˈdiː ˈt͡saʊ̯bɐˌfløːtə ] Écouter, est un opéra chanté en allemand (singspiel) composé par Mozart sur un livret d'Emanuel Schikaneder.
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La première représentation a lieu le 30 septembre 1791 dans les faubourgs de Vienne, au théâtre de Schikaneder, petite salle en bois fréquentée par un public plus populaire que celui d'une salle d'opéra habituelle[1]. Du fait de son succès, la 100e représentation est atteinte un an plus tard. C'est dans cet opéra que l'on entend le célèbre air de la Reine de la Nuit et plusieurs autres airs ou chœurs, comme l'air de l'oiseleur, le duo de Tamino et Pamina, les deux airs de Sarastro, dont l'un avec chœur, etc.
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Ont inspiré Schikaneder : le Dschinnistan (de), recueil de contes de Christoph Martin Wieland et August Jacob Liebeskind (de) (Lulu ou la Flûte enchantée et Les Garçons judicieux)[2] et Thamos, roi d’Égypte, drame de Tobias Philipp von Gebler (de)[3].
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Ouverture
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? Ouverture [Fiche]
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Dans une ambiance musicale à la fois profonde et déjà presque surnaturelle, c'est par un enchaînement ascendant de trois accords, entrecoupés de courts silences, que débute son premier volet, joué adagio. Eux-mêmes répétés trois fois chacun lorsqu'ils sont repris plus loin (à peu près à mi-parcours de cette ouverture), ils avertissent de la solennité d'une œuvre qui mêlera la gravité à l'humour. Ces accords rappellent aussi les coups frappés à l'entrée de la loge maçonnique et rendent ainsi manifestes les trois points de la franc-maçonnerie (voir la section Analyse esthétique). En effet, Mozart, qui était franc-maçon, avait décidé de faire l'apologie de cet ordre initiatique, dans une œuvre qui lui est entièrement consacrée[4].
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L'Allegro qui succède sans interruption à cet Adagio expose un thème vif, léger et joyeux sans être désinvolte, sachant aussi devenir majestueux et porteur d'une tension dramatique : il est d'abord exposé aux violons, avant de nourrir toute la polyphonie. L'ouverture de la Flûte enchantée est en effet la seule de tous les opéras de Mozart (et une des rares, sinon la seule de l'époque classique) qui présente un fugato développé, après un premier épisode plus lent et solennel. Elle se rattache ainsi, à sa manière, à l'ouverture à la française de l'époque baroque. Mais son second épisode se rattache également (et encore plus sûrement) à l'allegro de sonate. Selon Jean-Victor Hocquard : « Il ne s'agit pas ici d'une fugue à proprement parler, mais d'un mouvement de sonate qui adopte par moments le style fugué. Exemple frappant de la synthèse, caractéristique du dernier Mozart, entre l'écriture contrapuntique et le langage thématique »[5]. C'est ainsi qu'après le rappel des accords initiaux, à peu près au centre de l'allegro, l'écriture fuguée reprend (un peu plus longuement que la première fois).
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La brève coda est immédiatement suivie du premier acte.
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Égaré en voyage dans un pays inconnu, le prince Tamino est attaqué par un serpent (en allemand « Schlange »). Alors qu'il s'évanouit, sûr de mourir, il est sauvé par les trois dames d'honneur de la Reine de la nuit. Pendant que le prince est encore évanoui, les trois dames chantent la beauté du jeune homme. Elles décident d'aller porter la nouvelle à leur reine, mais chacune d'elles veut rester près de Tamino proposant aux deux autres de porter le message. Après s'être disputées, elles disparaissent. Le prince se réveille et voit le corps inanimé du monstre. Se demandant s'il a rêvé ou si quelqu'un lui a sauvé la vie, il entend soudain un air de flûte de Pan (Faunenflötchen, ou Waldflötchen : petite flûte de la forêt). Il se cache et voit arriver Papageno l'oiseleur. Au cours de leur premier dialogue, Papageno se vante d'avoir tué le serpent. Les trois dames réapparaissent et le punissent de ce mensonge en lui donnant de l'eau à la place du vin et une pierre à la place du pain sucré qu'elles lui donnent d'habitude. Pour finir, elles le réduisent au silence en lui fermant la bouche avec un cadenas d'or.
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Les trois dames révèlent à Tamino qu'elles lui ont sauvé la vie. Elles lui parlent ensuite de Pamina, la fille de la Reine de la nuit. Elles lui montrent son portrait, et disparaissent. À la vue du portrait, Tamino tombe amoureux de la jeune fille et songe au bonheur qui l'attend. Réapparaissent les trois dames qui lui disent de qui Pamina est prisonnière. Aussitôt, Tamino veut la délivrer. La Reine de la nuit apparaît alors dans un grondement de tonnerre et lui narre son désespoir de voir sa fille prisonnière (c'est l'air O zittre nicht, mein lieber Sohn (O ne tremble pas, mon cher fils)). Elle dit finalement à Tamino que si elle le voit revenir vainqueur, Pamina sera sienne pour l'éternité. Puis elle disparaît. Tamino s'interroge alors sur ce qu'il a vu et prie les Dieux de ne pas l'avoir trompé.
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Apparaît alors Papageno, triste de ne plus pouvoir parler. Les trois dames réapparaissent et le libèrent de son cadenas, en lui faisant promettre de ne plus mentir. Elles remettent également à chacun un instrument qui leur est envoyé par la Reine. Tamino se voit offrir une flûte enchantée, tandis que Papageno reçoit un carillon magique[6]. Ces instruments les aideront à triompher des épreuves qui les attendent. Les deux hommes partent en quête de Pamina chacun de son côté.
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Dans le palais de Sarastro, le serviteur maure Monostatos poursuit désespérément Pamina de ses assiduités. Survient Papageno. Le Maure et l'oiseleur se trouvent face à face. Chacun effraie l'autre, croyant être en présence du Diable. Monostatos s'enfuit, et Papageno se trouve seul avec Pamina. Il lui révèle alors qu'un prince va venir la délivrer, en ajoutant que le prince est devenu follement amoureux d'elle sitôt qu'il a vu son portrait. Pamina lui fait un compliment sur son grand cœur. Touché par ces paroles, Papageno raconte alors sa tristesse de ne pas encore avoir trouvé sa Papagena. Pamina le réconforte, et la princesse et l'oiseleur s'accordent pour chanter la beauté de l'amour avant de fuir.
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Pendant ce temps, Tamino est conduit vers les trois temples de la Sagesse, de la Raison et de la Nature par trois génies qui lui recommandent de rester « ferme, patient et discret ». Après que Tamino s'est vu refuser l'entrée des deux premiers temples, un prêtre s'adresse à lui pour lui expliquer que Sarastro n'est pas un monstre comme la Reine de la nuit le lui a décrit, mais qu'il est au contraire un grand sage. Tamino, saisi par la solennité de la cérémonie, veut la comprendre et se met à poser des questions aux prêtres. Il saisit sa flûte magique et en accompagne son chant. Il se retrouve alors entouré de bêtes sauvages sorties de leur repaire, et qui viennent se coucher à ses pieds, charmées par le son de l'instrument. Seule Pamina ne répond pas aux sons cristallins de la flûte, mais Papageno répond à Tamino sur sa flûte de Pan. Réjoui, le prince essaie de les rejoindre.
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De leur côté, Papageno et Pamina espèrent retrouver Tamino avant que Monostatos et ses esclaves les rattrapent. Les voici qui surgissent tout à coup, et le Maure ordonne que les fugitifs soient enchaînés. Papageno se rappelle qu'il possède un carillon magique et s'en sert pour envoûter Monostatos et ses esclaves, qui se mettent à danser et à chanter avant de disparaître. Une fanfare de trompettes interrompt soudain le silence : c'est Sarastro suivi d'une procession de prêtres. Papageno tremble de peur et demande à Pamina ce qu'il faut dire. Pamina répond qu'il faut dire la vérité même s'il leur en coûte, et s'agenouille devant Sarastro. Comme elle a décidé de dire la vérité, elle explique alors à Sarastro qu'elle tente d'échapper à Monostatos. Celui-ci refait alors son apparition, traînant avec lui Tamino qu'il a capturé. Aussitôt qu'ils se voient, Pamina et Tamino se jettent dans les bras l'un de l'autre en présence de Monostatos et des prêtres. Ce dernier les sépare et se prosterne devant Sarastro pour ensuite vanter ses mérites personnels. Il s'attend à être récompensé, mais est au contraire condamné à recevoir soixante-dix-sept coups de fouet.
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Sarastro ordonne alors que Papageno et Tamino soient conduits au Temple des Épreuves.
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Sarastro annonce aux prêtres que les Dieux ont décidé de marier Tamino et Pamina. Mais auparavant, Tamino, Pamina et Papageno devront traverser des épreuves avant de pénétrer dans le Temple de la Lumière qui leur permettra de contrer les machinations de la Reine de la nuit. Sarastro prie Isis et Osiris d'accorder aux candidats la force de triompher de ces épreuves.
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Les prêtres interrogent Tamino et Papageno sur leurs aspirations. Celles de Tamino sont nobles, tandis que Papageno n'est intéressé que par les plaisirs de la vie, y compris par l'idée de trouver une compagne. Leur première épreuve consiste en une quête de la Vérité. Les prêtres leur enjoignent de conserver le silence complet et les laissent seuls. C'est alors qu'apparaissent les trois dames de la Reine de la nuit. Tamino leur oppose un silence résolu, mais Papageno ne peut s'empêcher de leur parler. Les prêtres réapparaissent pour féliciter Tamino et gronder la faiblesse de Papageno.
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Pendant ce temps, Pamina est étendue, assoupie dans un jardin. C'est alors qu'entre Monostatos, décidé à attenter à nouveau à la vertu de la jeune fille. La Reine de la nuit apparaît alors dans un coup de tonnerre, faisant fuir Monostatos. Elle donne un poignard à sa fille et la somme de tuer Sarastro, menaçant même de la renier si elle ne lui obéit pas (Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen (La vengeance de l'Enfer bouillonne dans mon cœur)).
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Et la Reine de la nuit disparaît. Monostatos revient alors vers Pamina et tente de la faire chanter. Mais Sarastro apparaît et renvoie Monostatos sans ménagement. Le Maure décide d'aller trouver la mère de Pamina. Sarastro déclare alors à Pamina qu'il fera payer sa mère.
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Dans une pièce sombre, les prêtres ont une nouvelle fois demandé à Tamino et Papageno de garder le silence. Comme toujours Papageno ne peut se maîtriser et engage la conversation avec une vieille femme qui se présente à lui. Elle disparaît avant de lui avoir dit son nom.
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Pamina entre et, ignorante de leur vœu de silence, s'approche des deux hommes. Mais elle désespère de ne recevoir aucune réponse de leur part. Croyant que Tamino ne l'aime plus, elle sort le cœur brisé.
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Les prêtres réapparaissent et proclament que Tamino sera bientôt initié. Sarastro le prépare à ses dernières épreuves. Pamina est introduite les yeux bandés après qu'on lui a dit qu'elle verrait Tamino pour qu'il lui fasse un dernier adieu. Il s'agit en fait d'une épreuve et Sarastro s'applique à rassurer Pamina, mais elle est trop abattue pour comprendre le sens de ses paroles.
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Pendant ce temps, Papageno se voit accorder le droit de réaliser un vœu. Il demande un verre de vin, mais prend conscience qu'il aimerait par-dessus tout avoir une compagne. Il chante alors son désir en s'accompagnant de son carillon magique. La vieille femme réapparaît, et menace Papageno des pires tourments s'il ne consent pas à l'épouser. Il lui jure alors fidélité et elle se transforme en une jeune et belle femme. Mais un prêtre les sépare sous prétexte que Papageno ne s'est pas encore montré digne d'elle.
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Dans un jardin, les trois génies annoncent l’avènement d'une ère nouvelle, de lumière et d'amour. Ils voient soudain Pamina, agitée par des idées de suicide. Ils la sauvent et la rassurent sur l'amour de Tamino.
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Les prêtres conduisent Tamino vers ses deux dernières épreuves : celle du feu et celle de l'eau. Pamina se joint à lui, et le guide à travers ses dernières épreuves. Ils sont accueillis triomphants par Sarastro et les prêtres.
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De son côté, Papageno est toujours à la recherche de Papagena. Désespéré, l'oiseleur envisage de se pendre à un arbre. Les trois génies apparaissent alors, et lui suggèrent d'utiliser son carillon magique pour attirer sa compagne. Profitant de ce qu'il joue de l'instrument, les trois génies vont quérir Papagena et l'amènent à son amoureux. Après s'être reconnu, le couple peut enfin converser dans la joie.
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À la faveur de l'obscurité, Monostatos mène la Reine de la nuit et ses dames vers le temple pour une dernière tentative contre Sarastro. Mais le ciel est alors inondé de lumière et elles s'évanouissent dans les ténèbres ainsi que lui. Sarastro et le chœur des prêtres apparaissent pour vanter les mérites des nouveaux initiés, et louer l'union de la force, de la beauté et de la sagesse (Stärke, Schönheit, Weisheit).
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La Flûte enchantée est le prolongement d’une collaboration de Mozart avec la compagnie du Theater auf der Wieden, un nouveau théâtre dans les faubourgs de Vienne[7], dirigé par Emanuel Schikaneder. L’empereur Joseph II autorise à cette époque l’ouverture de théâtres libres dans lesquels sont représentées des œuvres en langue allemande. Cela explique sans doute pourquoi, après le succès mitigé de Don Giovanni (Don Juan), des Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) et de Cosi fan tutte[8], dans le domaine de l’opéra italien aristocratique, Mozart accepte la proposition que lui fait Schikaneder d’écrire à nouveau un Singspiel à la manière populaire de son théâtre avec des effets spéciaux et de la magie, d’autant plus populaire qu’il sera écrit dans une langue intelligible par tous et s’adressera à toutes les classes sociales. La salle de spectacle n'est pourtant pas un théâtre de deuxième ordre, comme on l’a souvent affirmé : elle dispose au contraire d’importantes ressources techniques, qui ont permis les nombreux effets spéciaux et changements de décor qui abondent dans La Flûte enchantée et déterminent sa structure dramaturgique. L’opéra relève en effet de l’esthétique du merveilleux et du spectaculaire propre au monde germanique, ce que remarquera Weber, ainsi que Wagner. Ainsi qu'il est apparu depuis peu, selon l'Avant-scène opéra, Schikaneder faisait participer tous ses collaborateurs à ce qui était un travail de groupe, groupe auquel s'est joint Mozart, pour sa plus grande satisfaction, dans le but de divertir et de surprendre par des apparitions. C'est là qu'est l'originalité de la Flûte. Schikaneder a mis en scène d'une manière originale, la sienne, un conte de Wieland, Lulu oder die Zauberflöte (1786), qui est un conte de fées, et y a ajouté des éléments d'une initiation à la maçonnerie, mélangeant les genres buffa et seria (l'air de la Reine de la nuit), avec éclectisme. Goethe a été enthousiasmé par le résultat, produisant cet opéra si particulier 94 fois à Weimar et ayant le projet de lui écrire une suite. Goethe comparait Mozart à Raphaël[9].
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Schikaneder avait produit auparavant plusieurs ouvrages à grand succès du même type, en recréant en particulier le personnage comique de Kasperle, l’équivalent allemand de Guignol, dont le personnage de Papageno est un nouvel avatar. La Flûte enchantée est inspirée par plusieurs contes de fées de l’écrivain Christoph Martin Wieland, l’un des principaux représentants des Lumières allemandes. La structure du texte et la typologie des personnages reprennent plus celles d’un opéra de Paul Wranitzky représenté l’année précédente et intitulé Oberon, König der Elfen (1789) que de Der Stein der Weisen (1790), un ouvrage anonyme, également collectif, récemment redécouvert, auquel Mozart aurait participé[10].
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La Flûte enchantée est, d’après le musicologue Alain Patrick Olivier, une œuvre collective résultant de la collaboration de Mozart avec la plupart des autres participants avec lesquels il entretenait des liens familiaux, fraternels ou idéologiques[11]. L’œuvre serait la réalisation en acte d’un principe maçonnique fondamental consistant à réaliser en commun un travail à destination spirituelle. Le travail n’obéissait pas alors à une division stricte et la notion d'auteur comme génie propagée par le romantisme, justement à propos de Mozart, n'avait pas encore cours. Mozart a participé lui-même activement à l’écriture du livret, tandis que Schikaneder aurait composé lui-même certains numéros de musique (comme les deux airs de Papageno et le duo avec Pamina)[12]. Une polémique est apparue également après la mort de Mozart, lorsque l’un des membres de la troupe, l’auteur de l’Obéron, Karl Ludwig Giesecke, a revendiqué également la paternité du texte de la Flûte enchantée. D’autres noms ont également été évoqués par la suite. Le ténor Benedikt Schack, qui interprétait le rôle de Tamino, était également compositeur et flûtiste ; il est possible qu’il ait joué lui-même de la flûte sur la scène, et que Mozart ait choisi cet instrument à cause de lui.
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Mozart avait presque terminé d'écrire la musique lorsqu'il partit pour Prague honorer la commande de son dernier opéra La Clemenza di Tito. Il compose les derniers numéros de la Flûte enchantée à son retour, à la fin du mois de septembre, participe aux répétitions et dirige encore la première représentation, le 30 septembre 1791, puis la seconde. Il assiste à plusieurs autres représentations au cours du mois d'octobre, joue à l'occasion du glockenspiel, avant de sombrer dans la maladie et de mourir le 5 décembre suivant. Chaque soir selon son épouse, Mozart dans les derniers jours de sa vie suivait dans son lit le déroulement de la Flûte, montre en main, fredonnant les airs[9]. La Flûte enchantée garda l'affiche pendant plusieurs années. L'opéra connut sa centième représentation en novembre 1792. La première représentation à Paris eut lieu en 1801 sous la forme d'une adaptation française libre d'Étienne Morel de Chédeville et Ludwig Wenzel Lachnith intitulée Les Mystères d'Isis.
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violoncelles, contrebasses
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2 clarinettes jouant aussi du cor de basset, 2 bassons,
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3 trombones (alto, ténor et basse),
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C'est un orchestre symphonique classique qui sert de base à l'instrumentation de La Flûte enchantée, une des flûtes jouant le piccolo, les clarinettes, dans différents tons comme les trompettes, jouant elles du cor de basset cher à Mozart dans ses musiques de chambre pour vents. À noter l'utilisation de plus en plus fréquente des trois trombones (alto, ténor et basse) et, dans l'avant-dernier numéro (Acte II, no 20), la présence du glockenspiel fréquemment remplacé par un célesta confié à un pianiste (arpèges très virtuoses en accompagnement du couplet final). Dans l’aria Der Vogelfänger bin ich ja (Acte I, no 2), Papageno doit jouer de la flûte de Pan, le plus souvent doublée par le piccolo de l'orchestre ou parfois par une flûte à bec.
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L'œuvre est divisée en une ouverture et deux actes, chacun subdivisé en une série de huit et treize numéros. C'est une succession d'arias (airs de soliste), duos, trios, quintettes parfois avec chœur, et entrecoupée de textes parlés. La Marche des Prêtres (Acte II, no 9) n'est pas chantée et est comme une sorte d'ouverture au début du deuxième acte. Les finales de chaque partie (Acte I, no 8/Acte II, no 21) réunissent l'ensemble des personnages déjà présentés.
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Combat de la lumière contre la nuit, les illusions et les tromperies permettent l'instauration d'un ordre nouveau, héritant de l'ordre ancien et des Lumières. Le bien, symbolisé par l'amour trouvé par les personnages, triomphe.
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Le choix de la flûte repose sur le fait que cet instrument est symbole d'air, fabriqué sous l'averse (symbole d'eau) au bruit du tonnerre (symbole de la terre) et à la lueur des éclairs (symbole du feu). Le pouvoir magique de cette flûte vient du fait qu'elle réunit les quatre éléments primordiaux en elle.
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La hiérarchie des rôles principaux est faite de complémentarités :
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En faisant abstraction des étiquettes (nuit, lumières, etc.), la trame apparaît complexe, mêlant des éléments classiques et d'autres plus originaux. On y voit notamment :
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Dans son ouvrage La Flûte enchantée, opéra maçonnique[4] (éditions Robert Lafont), le musicologue Jacques Chailley explore les riches allusions musicales aux symboles maçonniques. Dès les premières notes de l'ouverture, on reconnaît le rythme 5 (-/--/--) symbolisant les femmes puis se succèdent trois accords, chacun répété trois fois, dans une tonalité en mi bémol majeur comportant trois bémols à la clef. On peut y voir une allusion au nombre de l'Apprenti, symbolisant l'harmonie de la trinité Osiris, Isis et Horus assurant l'unité et l'équilibre du monde.
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Les thèmes abordés dans cet opéra sont pour beaucoup empruntés au rituel d'initiation de la franc-maçonnerie dont Mozart et le librettiste Emmanuel Schikaneder faisaient partie, bien que, pour Schikaneder, celui-ci en ait été chassé sans avoir jamais dépassé le grade de compagnon. Le parcours initiatique de Tamino et Pamina (voués au dieu Min) dans le Temple de Sarastro est inspiré des cérémonies d'initiation maçonnique au sein d'une loge.
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Mozart chante la fraternité avec La Flûte enchantée après avoir chanté la liberté avec L'Enlèvement au sérail et l'égalité avec Les Noces de Figaro[15].
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Par ailleurs, franc-maçon dévoué, Mozart retrace dans cette œuvre les grands mystères, célébrant enfin les noces alchimiques annoncées dans les opéras initiatiques que sont Les Noces de Figaro, Don Juan et Cosi fan tutte. Le compositeur rêve de ressusciter l'initiation égyptienne perdue et si importante à ses yeux pour la paix du Monde. Il veut redonner la place aux femmes, oubliées et pourtant au centre des croyances initiatiques. Certains observateurs estiment que le génie de Mozart s'exprime pleinement dans cet opéra qui atteint une perfection inégalée auparavant parce qu'il transporte l'auditeur au sein d'un rituel initiatique.
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Un peu avant la fin de l'initiation, dans la troisième scène du Finale (acte 2, vingt-huitième entrée), au moment où Tamino est conduit au pied de deux très hautes montagnes par deux hommes en armure, Mozart fait aussi entendre le choral luthérien Ach Gott, vom Himmel sieh darein (Ô Dieu, du ciel regarde vers nous). Il est traité en choral figuré, chanté par les deux voix d'hommes en cantus firmus sur les mots Der, welcher wandert diese Strasse voll Beschwerden, wird rein durch Feuer, Wasser, Luft und Erden,… (Celui qui chemine sur cette route pleine de souffrances sera purifié par le feu, l'eau, l'air et la terre…) : s'élevant en valeur longues au-dessus d'une polyphonie en contrepoint, à l'orchestre. Ce choral rappelle la manière d'un Jean-Sébastien Bach.
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Peintres ayant réalisé des décors pour l'opéra de Mozart :
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Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
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Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
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C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.
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Jean de La Fontaine est le fils de Charles de La Fontaine (1594-1658), maître des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Château-Thierry, et de Françoise Pidoux (1582-1644), issue de la famille Pidoux et fille de Jean Pidoux, seigneur de la Maduère (1550-1610). Il a un frère cadet, prénommé Claude et né en 1623. Il a également une demi-sœur aînée, Anne de Jouy, née en 1611 d'une première union de sa mère avec honorable homme Louis de Jouy, marchand[1].
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Issu d'une famille de marchands-drapiers en voie d'anoblissement[2], il passe ses premières années à Château-Thierry, dans l'hôtel particulier que ses parents ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Jean de La Fontaine exercera d'ailleurs la charge de maître particulier jusqu'en 1671[3]. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676, époque où il connaît des embarras pécuniaires après avoir dilapidé la fortune paternelle[4]. Classée monument historique en 1887, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean-de-La-Fontaine[5].
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On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec[6]. Ses parents le destinant au séminaire, ils le placent en 1641 à l’Oratoire. Mais dès 1642 il renonce à l'état clérical, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que saint Augustin[7],[8].
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Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière[9]. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris[10].
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Entretemps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart (1633-1709), à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart (1605-1641), lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit de Heurtebise (1606-1670). Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi,[11]. Elle lui donne un fils, Charles (1652-1722). Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
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« Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié. C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin[12]. »
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Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
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Son attitude pendant les troubles de la Fronde, de 1648 à 1653, est inconnue. L'instabilité politique et les revirements continuels de cette période ont pu lui inspirer la morale désabusée de certaines fables comme Conseil tenu par les rats ou La Chauve-souris et les Deux Belettes : « Le Sage dit, selon les gens, Vive le Roi, vive la Ligue »[13].
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En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revend intégralement en 1672. En 1652, il a un fils Charles dont il confie l'éducation à son parrain, le chanoine Maucroix. La Fontaine se consacre à cette époque entièrement à sa carrière de poète. Il publie son premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue[14],[15].
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En 1658, après que La Fontaine et sa femme ont demandé la séparation de biens par mesure de prudence, il entre au service de Fouquet, surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat — une « pension poétique » — il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV[16]. Cette arrestation survient au lendemain des fêtes fastueuses que Fouquet avait organisées en son château de Vaux-le-Vicomte et dont La Fontaine donne un compte rendu détaillé à son ami Maucroix[17],[18].
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Fidèle en amitié, La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux[19]. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on dispose de témoignages clairs à ce sujet[20]. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 résulte d'un exil ordonné par l’administration de Louis XIV ou de la décision librement consentie de faire accompagner de sa femme l'oncle Jannart, exilé, qui lui avait présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux, originaire de ce lieu, de s'imaginer une affiliation avec ce poète, pour qui l'écrivain noue une grande passion.
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En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans[21]. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme — ce qui assure son anoblissement[22]. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
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Deux recueils des Contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles[23]. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668[24].
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En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les Amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique — cette fois tiré d’Apulée — et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
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C’est à partir de la fiction des « quatre amis » que met en scène ce roman que s'est développée, dans la critique du XIXe siècle, chez Sainte-Beuve et Émile Faguet notamment, la légende d'une amitié entre La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, qui les aurait amenés à poser ensemble les principes d'une « école de 1660 ». Il n'y a aucune trace de relations entre Molière et La Fontaine. Racine et La Fontaine ont eu une correspondance amicale mais où n'apparaît aucune discussion d'ordre littéraire ou artistique. Quant à Boileau, il ne fait aucune mention de La Fontaine dans son Art poétique ou ailleurs, et se présente contre lui à l'Académie française[25].
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Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
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En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673[26].
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En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin (Lully était originaire de Florence).
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La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié — mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique[Quoi ?] qui rendait relativement inoffensive leur charge.
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Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
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Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un « Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
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L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers,[27]. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse ».
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L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
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C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
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Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage »[28].
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Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne[29].
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La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie[30]. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies iræ, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.
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Il meurt le 13 avril 1695 au 61 rue Platrière. En procédant à sa toilette mortuaire, on trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Il est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents[31] comme le stipule son acte de décès, reconstitué après l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871[32]. Son tombeau, ainsi que celui de Molière inhumé au cimetière Saint-Joseph[33], est transporté au musée des monuments français, lors de la démolition de la chapelle et du cimetière, au commencement de la Révolution française. Les restes supposés de La Fontaine sont transférés en 1817 avec ceux de Molière au cimetière du Père-Lachaise[34].
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La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe[33], où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :
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Jean s'en alla comme il était venu,
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Mangeant son fonds après son revenu ;
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Croyant le bien chose peu nécessaire.
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Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
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Deux parts en fit, dont il souloit passer
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L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
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Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique[réf. nécessaire], et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque-là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.
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Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
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Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »
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Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
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Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
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Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
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Au début du XIXe siècle, elles influenceront à leur tour le fabuliste russe Ivan Krylov.
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Le fabuliste a éclipsé le conteur, dont les textes sont ici en vers. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur[37]. La Fontaine connaît ses premiers succès littéraires grâce à ces Contes et nouvelles en vers qualifiés de licencieux, libertins, coquins, grivois, lestes, érotiques ou encore gaillards[38]. La Fontaine s'inscrit dans une vieille tradition littéraire mais le fait à sa manière, en transformant les contes grossiers en œuvres plus raffinées[39]. Il prend ainsi soin d'emprunter des détours, de suggérer, de voiler ses propos pour les rendre plus amusants. Dès la sortie de son recueil de conte, les critiques applaudissent et le succès est tel qu'il faut réimprimer l'ouvrage par deux fois au cours de l'année[40]. La Fontaine est enfin célèbre, avec une réputation particulière : il est qualifié d'excellent conteur doublé d'un esprit libre et original[40].
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La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
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L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
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Le Cas de conscience (version couverte)
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Le Diable de Papefiguière (version couverte)
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Le Diable de Papefiguière (version dénudée)
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La Fontaine de son vivant a collaboré avec trois compositeurs, mais il n'obtient pas la reconnaissance escomptée. Le livret de Daphné (présenté en 1674, publié en 1691) a été refusé par Lully. La postérité seule va lui rendre justice et être à l'origine de nombreuses créations musicales. En voici quelques-unes :
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En 2015, Jean de La Fontaine est le quatorzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 335 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Paul Langevin (296)[41].
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À Paris, il existe une statue de lui jardin du Ranelagh (16e arrondissement).
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Portrait par Hyacinthe Rigaud (1690, au musée de Montserrat).
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Gravure d'Étienne Jehandier Desrochers
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Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris.
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La cigale et la fourmi, par Gustave Doré.
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Grandville : Le loup et le chien.
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La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf (1936).
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Le lièvre et la tortue (1936).
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Le Loup devenu berger.
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Mobilier avec tapisseries d'Aubusson.
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La besace, par François Chauveau.
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La chien qui lâche la proie pour l'ombre, par Benjamin Rabier.
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Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris.
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Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry.
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Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
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Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
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C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.
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Jean de La Fontaine est le fils de Charles de La Fontaine (1594-1658), maître des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Château-Thierry, et de Françoise Pidoux (1582-1644), issue de la famille Pidoux et fille de Jean Pidoux, seigneur de la Maduère (1550-1610). Il a un frère cadet, prénommé Claude et né en 1623. Il a également une demi-sœur aînée, Anne de Jouy, née en 1611 d'une première union de sa mère avec honorable homme Louis de Jouy, marchand[1].
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Issu d'une famille de marchands-drapiers en voie d'anoblissement[2], il passe ses premières années à Château-Thierry, dans l'hôtel particulier que ses parents ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Jean de La Fontaine exercera d'ailleurs la charge de maître particulier jusqu'en 1671[3]. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676, époque où il connaît des embarras pécuniaires après avoir dilapidé la fortune paternelle[4]. Classée monument historique en 1887, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean-de-La-Fontaine[5].
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On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec[6]. Ses parents le destinant au séminaire, ils le placent en 1641 à l’Oratoire. Mais dès 1642 il renonce à l'état clérical, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que saint Augustin[7],[8].
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Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière[9]. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris[10].
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Entretemps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart (1633-1709), à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart (1605-1641), lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit de Heurtebise (1606-1670). Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi,[11]. Elle lui donne un fils, Charles (1652-1722). Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
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« Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié. C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin[12]. »
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Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
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Son attitude pendant les troubles de la Fronde, de 1648 à 1653, est inconnue. L'instabilité politique et les revirements continuels de cette période ont pu lui inspirer la morale désabusée de certaines fables comme Conseil tenu par les rats ou La Chauve-souris et les Deux Belettes : « Le Sage dit, selon les gens, Vive le Roi, vive la Ligue »[13].
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En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revend intégralement en 1672. En 1652, il a un fils Charles dont il confie l'éducation à son parrain, le chanoine Maucroix. La Fontaine se consacre à cette époque entièrement à sa carrière de poète. Il publie son premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue[14],[15].
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En 1658, après que La Fontaine et sa femme ont demandé la séparation de biens par mesure de prudence, il entre au service de Fouquet, surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat — une « pension poétique » — il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV[16]. Cette arrestation survient au lendemain des fêtes fastueuses que Fouquet avait organisées en son château de Vaux-le-Vicomte et dont La Fontaine donne un compte rendu détaillé à son ami Maucroix[17],[18].
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Fidèle en amitié, La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux[19]. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on dispose de témoignages clairs à ce sujet[20]. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 résulte d'un exil ordonné par l’administration de Louis XIV ou de la décision librement consentie de faire accompagner de sa femme l'oncle Jannart, exilé, qui lui avait présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux, originaire de ce lieu, de s'imaginer une affiliation avec ce poète, pour qui l'écrivain noue une grande passion.
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En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans[21]. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme — ce qui assure son anoblissement[22]. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
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Deux recueils des Contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles[23]. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668[24].
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En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les Amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique — cette fois tiré d’Apulée — et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
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C’est à partir de la fiction des « quatre amis » que met en scène ce roman que s'est développée, dans la critique du XIXe siècle, chez Sainte-Beuve et Émile Faguet notamment, la légende d'une amitié entre La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, qui les aurait amenés à poser ensemble les principes d'une « école de 1660 ». Il n'y a aucune trace de relations entre Molière et La Fontaine. Racine et La Fontaine ont eu une correspondance amicale mais où n'apparaît aucune discussion d'ordre littéraire ou artistique. Quant à Boileau, il ne fait aucune mention de La Fontaine dans son Art poétique ou ailleurs, et se présente contre lui à l'Académie française[25].
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Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
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En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673[26].
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En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin (Lully était originaire de Florence).
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La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié — mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique[Quoi ?] qui rendait relativement inoffensive leur charge.
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Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
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Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un « Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
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L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers,[27]. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse ».
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L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
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C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
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Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage »[28].
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Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne[29].
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La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie[30]. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies iræ, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.
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Il meurt le 13 avril 1695 au 61 rue Platrière. En procédant à sa toilette mortuaire, on trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Il est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents[31] comme le stipule son acte de décès, reconstitué après l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871[32]. Son tombeau, ainsi que celui de Molière inhumé au cimetière Saint-Joseph[33], est transporté au musée des monuments français, lors de la démolition de la chapelle et du cimetière, au commencement de la Révolution française. Les restes supposés de La Fontaine sont transférés en 1817 avec ceux de Molière au cimetière du Père-Lachaise[34].
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La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe[33], où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :
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Jean s'en alla comme il était venu,
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Mangeant son fonds après son revenu ;
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Croyant le bien chose peu nécessaire.
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Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
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Deux parts en fit, dont il souloit passer
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L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
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Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique[réf. nécessaire], et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque-là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.
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Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
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Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »
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Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
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Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
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Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
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Au début du XIXe siècle, elles influenceront à leur tour le fabuliste russe Ivan Krylov.
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Le fabuliste a éclipsé le conteur, dont les textes sont ici en vers. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur[37]. La Fontaine connaît ses premiers succès littéraires grâce à ces Contes et nouvelles en vers qualifiés de licencieux, libertins, coquins, grivois, lestes, érotiques ou encore gaillards[38]. La Fontaine s'inscrit dans une vieille tradition littéraire mais le fait à sa manière, en transformant les contes grossiers en œuvres plus raffinées[39]. Il prend ainsi soin d'emprunter des détours, de suggérer, de voiler ses propos pour les rendre plus amusants. Dès la sortie de son recueil de conte, les critiques applaudissent et le succès est tel qu'il faut réimprimer l'ouvrage par deux fois au cours de l'année[40]. La Fontaine est enfin célèbre, avec une réputation particulière : il est qualifié d'excellent conteur doublé d'un esprit libre et original[40].
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La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
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L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
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La Fontaine de son vivant a collaboré avec trois compositeurs, mais il n'obtient pas la reconnaissance escomptée. Le livret de Daphné (présenté en 1674, publié en 1691) a été refusé par Lully. La postérité seule va lui rendre justice et être à l'origine de nombreuses créations musicales. En voici quelques-unes :
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En 2015, Jean de La Fontaine est le quatorzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 335 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Paul Langevin (296)[41].
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À Paris, il existe une statue de lui jardin du Ranelagh (16e arrondissement).
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Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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Portrait par Hyacinthe Rigaud (1690, au musée de Montserrat).
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Gravure d'Étienne Jehandier Desrochers
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Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris.
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La cigale et la fourmi, par Gustave Doré.
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Grandville : Le loup et le chien.
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La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf (1936).
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Le lièvre et la tortue (1936).
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Le Loup devenu berger.
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Mobilier avec tapisseries d'Aubusson.
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La besace, par François Chauveau.
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La chien qui lâche la proie pour l'ombre, par Benjamin Rabier.
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Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris.
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Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry.
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