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+ Un château fort (ou château-fort) est une structure fortifiée, essentiellement construite et habitée par la noblesse au Moyen Âge en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le mot château vient du latin castellum (d'où le terme de castellologie, l'étude des châteaux).
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+ Les chercheurs actuels débattent sur ce que recouvre le terme de château fort, mais le considèrent généralement comme « le lieu de résidence fortifié d'un détenteur du droit de ban, à l'origine d'une circonscription territoriale, mandement, châtellenie ou bourg », c'est-à-dire la résidence fortifiée privée d'un noble ou d'un seigneur. Cette définition le distingue ainsi d'un palais qui n'était pas fortifié, d'une fortification qui n'était pas la résidence d'un noble ou d'une ville fortifiée ou d'une citadelle qui étaient une défense publique. Néanmoins, il y a beaucoup de similitudes entre ces différents types de construction. L'usage du terme a varié au cours du temps et a été appliqué à tort à des structures aussi diverses que des maisons fortes ou des castros.
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+ Le château fort est une innovation européenne apparue au IXe siècle après la chute de l'Empire carolingien dont le territoire a été divisé entre seigneurs et princes. Ces nobles construisirent des châteaux pour contrôler, par la défense passive — mais aussi active — la zone les entourant, mais s'en servirent aussi comme centres de leur administration et symboles de leur puissance (rôle ostentatoire), leur pouvoir politique (siège de la seigneurie châtelaine) et économique : les châteaux urbains servaient notamment à contrôler les voies de communication et la population locale qui venait se fixer dans sa région.
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+ Les châteaux ruraux ou villageois étaient situés souvent près d'éléments importants pour le village tels que moulins, fours, pressoirs, étangs ou terres fertiles. Le terme de château fort est aujourd'hui quelque peu abandonné (au profit de celui de château), car trop restrictif, n'évoquant que la fonction militaire de l'édifice.
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+ Bien que la poudre à canon ait été introduite en Europe au XIVe siècle, elle n'a affecté significativement la construction du château fort qu'au XVe siècle lorsque l'artillerie est devenue suffisamment puissante pour détruire les murs en pierre. Ils ont continué à être construits jusqu'au XVIe siècle, mais les nouvelles techniques pour faire face aux tirs de canon ont rendu ces places trop inconfortables à vivre. Ainsi, les châteaux forts ont progressivement disparu, remplacés par les forts d'artillerie sans aucun rôle dans l'administration civile et les maisons paysannes qui étaient indéfendables. À partir du XVIIIe siècle, le style néogothique connaît un regain d'intérêt pour la construction de faux châteaux forts, mais ils n'ont plus aucun rôle défensif.
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+ Il se définit plus par un critère social (la résidence, permanente ou temporaire, de la famille châtelaine ou d'un noble) que par une description architecturale. Il est fortifié de manière à pouvoir résister aussi bien à une attaque directe qu'à un siège et se distingue de la maison forte ou « ferté » en ancien français (firmitas des hobereaux) par ses dimensions et ses ouvrages défensifs plus importants. Le château est l’instrument et le symbole du pouvoir local : il permet d’asseoir l’autorité d’un sire sur une population. Dans cette acception, les premiers châteaux apparaissent à la fin de l'époque carolingienne.
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+ L'historien Charles Coulson considère que c'est l'accumulation des richesses et des ressources (comme la nourriture) qui a conduit à la nécessité de structures défensives. Les premières fortifications apparaissent dans le Croissant fertile, la vallée de l'Indus, en Égypte et en Chine, où les implantations étaient protégées par de grandes murailles. L'Europe du Nord fut plus lente que l'Orient à développer des structures défensives et il faut attendre l'Âge du bronze pour y voir le développement de castros qui se multiplièrent pendant l'Âge du fer. Ces structures différaient de leurs homologues orientaux en privilégiant comme matériau de construction des travaux en terre (en) plutôt que la pierre. Certains terrassements en terre existent toujours, mis en évidence par des palissades et des fossés[1].
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+ En Europe, les oppidums se sont développés au IIe siècle av. J.-C. : bien que primitifs, ils ont été efficaces jusqu'à l'utilisation intensive d'engins de siège et d'autres techniques de siège, comme à la bataille d'Alésia. Les fortifications romaines, les castra, variaient depuis la construction temporaire des armées en campagne, aux ouvrages en pierre permanents, comme le mur d'Hadrien.
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+ La diffusion des châteaux forts vers l’an 1000 signale qu’ils sont liés à un type particulier de société, dite « féodale ». La disparition de l’État carolingien et la régionalisation des pouvoirs, le transfert de l’autorité régalienne vers des pouvoirs locaux (la féodalisation), provoquent l’insécurité liée à la rivalité des grands possédants et des petits chefs. En favorisant l’éclosion de nombreuses autorités régionales et locales, qui ont besoin d’hommes de main, de polices, cette régionalisation militarise la société et favorise l’érection de nombreux lieux fortifiés. Du Xe au début du XVIIe siècle, l’Europe se hérisse ainsi de châteaux qui tous symbolisent un pouvoir sur les hommes et la terre. Plus le pouvoir territorial des principautés régionales est fort, moins il y a de châteaux, au contraire, plus il est faible, plus ils sont précoces et nombreux. Ainsi, dans les régions germaniques (à l’est d’une ligne Saône-Rhône) où l’empereur reste puissant jusqu’au XIIIe siècle, l’apparition des châteaux est plus tardive et la diffusion plus limitée (au moins jusque vers le deuxième quart du XIIe siècle). Dans le Midi et l’ouest de la France où le pouvoir royal est absent et les autorités régionales des ducs et des comtes limitées, les châteaux sont beaucoup plus nombreux et apparaissent de façon nettement plus précoce (parfois dès la fin du IXe siècle, plus couramment dans la seconde moitié du Xe siècle). Le développement de la royauté capétienne les limite dès le XIIIe siècle. Si la disparition de l’État central et la régionalisation forcée de l’Europe, provoquée par les intérêts des chefs de guerre et des grands possédants, a fait naître le château (au Xe siècle dans l’ouest de la France, aux XIIe – XIIIe siècle dans l’Empire : Allemagne, est de la France, Italie), le développement des États modernes les fait disparaître au XVIIe siècle.
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+ Tous les possesseurs de château n’ont pas la même autorité seigneuriale. Les princes, comtes et grands dynastes, qui exercent une autorité territoriale, construisent de vastes châteaux pour loger les nombreux chevaliers et « ministériels » qui sont leur armée et leurs « fonctionnaires ». Les petits seigneurs doivent se contenter d’une maison forte, une tour ou un logis dans une petite enceinte. Ainsi définis, les critères paraissent simples. Mais les princes ont besoin, pour tenir leur pays, de nombreux postes militaires, parfois simples tours, qui sont défendues par peu d’hommes. Par ailleurs, des seigneurs de village, enrichis par la guerre et les fonctions (les services rendus), ont les moyens d’élever de prestigieuses constructions. Certains châteaux ont une enceinte spéciale servant de refuge à la population environnante.
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+ À partir de l’époque de Philippe Auguste et de Richard Cœur-de-Lion (fin du XIIe, début du XIIIe siècle), la fortification est de plus en plus souvent l’affaire d’« ingénieurs ». Jusque-là, on cherchait des sites favorables et on comptait surtout sur l’épaisseur et la hauteur des murs. Le développement d’une architecture militaire offensive (lié à la diffusion des machines de guerre et aux dispositifs de flanquement) permet de s’établir dans n’importe quel site, n’est plus tributaire du relief, et a pour contrecoup la recherche d’une architecture à caractère davantage palatial. La synthèse entre château et fort devient plus difficile comme le montrent les châteaux de Saumur ou de La Ferté-Milon ou bien produit des édifices sévères comme à Tarascon. La grande majorité des châteaux forts ont été élevée par les seigneurs de village ; ce sont donc des maisons fortes qui ont des formes très variées (plus diverses que celles des grands châteaux), selon les époques et les régions, assez accessoirement tributaires de l’évolution de l’art militaire. La maison forte est aussi ancienne que le château, mais la plupart d’entre elles ont été reconstruites pendant ou après la guerre de Cent Ans.
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+ Les ressources documentaires médiévales utilisent un vocabulaire divers et relativement flou pour désigner les châteaux : le castrum (au pluriel castra) se confond avec le castellum (castella) pour décrire un lieu fortifié.
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+ Au IXe siècle, l'édit de Pîtres encourage la construction de forteresses pour faire face aux invasions scandinaves qui menacent la France occidentale. La multiplication des châteaux répond à un contexte d’insécurité : raids vikings et sarrasins, puis violences de petits seigneurs brigands, menacent les paysans et leurs récoltes. Ces châteaux sont d'abord sous l'autorité des comtes et des ducs, qui sont les délégués du roi dans les « régions » (pagi). Ces représentants se constituent des principautés autonomes et confient leurs forteresses à des délégués (vicomtes, viguiers, centeniers, officiers châtelains). Aux XIe et XIIe siècles, ces derniers usurpent les prérogatives publiques (rendre la justice, lever une armée, collecter les impôts). Les partages successoraux accentuent l'émiettement du pouvoir. Ils font construire, de manière illégale, des châteaux : à la fin du XIIe siècle, on en comptait environ 150 en Provence, 130 en Catalogne, 110 en Picardie[2].
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+ Cependant, l’effacement de l’autorité publique, incarnée par le roi ou le comte, s’est faite selon des rythmes et des intensités différents :
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+ La physionomie des châteaux forts a changé au cours du Moyen Âge parallèlement à l'évolution des techniques militaires et de siège (poliorcétique). La structure et l'ampleur des châteaux forts dépendent également des régions et du pouvoir de son propriétaire.
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+ On peut distinguer plusieurs étapes, dans l'ordre chronologique.
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+ L'enceinte castrale est, avec la motte castrale, le premier château fort de l'histoire. Il semble même, d'après les recherches archéologiques récentes en Normandie, qu'elle serait antérieure à la motte (avant 1066). La fortification occupe souvent un terrain plat sur un éperon ou un promontoire. Une tour-porche en protège sommairement l'entrée. L'enceinte, précédée de douves ou de fossés, est constituée d'une palissade plantée ou non sur un terrassement (la terre est celle retirée du fossé). De forme ovoïde, cette clôture protège quelques bâtiments et abrite une mesnie[6] aristocratique, parfois une petite communauté paysanne (le terme de château est dans ce cas utilisé à tort).
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+ Ce château fort primitif couvrit en fait toute l'Europe occidentale.
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+ Le premier château de Caen, édifié pour le duc Guillaume le Conquérant, en constitue le plus bel exemple normand. L'enceinte enferme 5 ha et épouse un éperon. Avant la fondation du donjon au XIIe siècle, une grosse porte fortifiée formait son élément défensif le plus important. L'enceinte castrale se trouvait en fait un peu partout dans les campagnes normandes, mais dans des tailles beaucoup plus modestes qu'à Caen : Le Plessis-Grimoult (Calvados) fouillé par Elisabeth Zadora-Rio ; Mirville (Seine-Maritime) fouillé par Jacques Le Maho ; Pont-Saint-Pierre (Eure)… Ce type de fortification semble aussi avoir cohabité avec le type « motte castrale » et perduré jusqu'au XIIe siècle.
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+ La motte castrale est une butte artificielle sur laquelle est aménagée une tour entourée d’une palissade et d'un large fossé. Les spécialistes les appellent aussi « château à motte et basse-cour[7] ».
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+ Les premières mottes sont aménagées à la fin de l’époque carolingienne entre Rhin, Escaut et Loire. Les mottes apparaissent plus tardivement dans le nord de l’Europe (XIIe siècle au Danemark) et à l’est de l’Elbe (XIIIe siècle) [8]. La plupart du temps, leurs sommets étaient occupés par un fortin de bois aménagé avec une tour de guet en charpente analogue à un donjon. Leur succès s'explique en partie à la facilité de leur réalisation : les matériaux de construction qu'elle nécessite, la terre et le bois, abondent et sont donc peu coûteux. Les travaux de terrassement, l'abattage et l'équarrissage du bois, ainsi que la mise en œuvre peuvent être l'affaire d'ouvriers non qualifiés, trouvés parmi les serfs corvéables « à merci[9] ».
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+ Certains sires érigeaient ces fortifications sans l'autorisation du prince : ce mouvement d'usurpation qui aboutira aux châtellenies du XIe siècle fut plus précoce dans le sud de la France. Dans la seconde moitié du XIe siècle, le château à motte se multiplie et devient plus complexe en France. Il se diffuse en Allemagne et en Angleterre, après la conquête du duc Guillaume de Normandie. Elles se dotent alors d'une enceinte maçonnée au sommet de la motte.
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+ Les dimensions des mottes varient de 50 à 200 mètres de diamètre et d'une hauteur de 10 à 60 mètres[7].
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+ L’habitation du seigneur pouvait être au sommet de la motte (dans une tour) ou bien dans la basse-cour. La tour était encerclée par une palissade ou un muret. Dans les premiers temps, la tour était en bois et comportait un ou deux étages où l'on trouvait des réserves et la chambre du châtelain et de sa famille ; la construction était entourée d'une palissade aménagée sur une levée de terre et d'un fossé en haut. L'entrée pouvait se faire par pont amovible gardé par une porte et une tour en bois.
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+ La motte castrale est incluse dans un ensemble fortifié plus vaste qui comprend une basse-cour, séparée par un fossé. Cet espace était suffisamment vaste pour accueillir la population réfugiée. Au pied de la butte s'étendait une basse-cour avec des habitations, des écuries, des bâtiments agricoles et parfois le logis seigneurial.
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+ Le seigneur exigeait de ses paysans qu’ils participent aux travaux, car ces derniers savaient construire leur maison : on commençait par tracer le plan au sol, puis on creusait un fossé dont les débris permettaient la formation d’un rempart de terre. Le monticule en lui-même était élevé par couches successives, par accumulation de matériaux apportés par chariots, bêtes de somme ou à dos d’homme, dans des hottes. Il n'était nul besoin d’une main-d’œuvre spécialisée pour élever ce genre de défense. Bâties en terre et en bois selon des plans variés, les mottes sont soumises aux intempéries (les palissades pourrissent) et aux incendies. Beaucoup d'entre elles ont disparu. La tapisserie de Bayeux est une source iconographique de première importance pour la connaissance des mottes castrales. Elle peut être complétée par les données archéologiques et la reconnaissance aérienne. Ces constructions de bois présentaient l'avantage de pouvoir être rapidement reconstruites, après un incendie par exemple. Elles servaient de refuge aux paysans des alentours, au temps des invasions scandinaves.
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+ La fortification en pierre, souvent un donjon entouré de remparts, ne correspond pas à une étape de l'histoire des châteaux forts. Autrement dit, les châteaux en pierre n'ont pas succédé aux châteaux en terre et bois. Le choix du matériau dépendait des moyens du commanditaire, et du terrain : la roca ou « roque » apparaît dès le Xe siècle dans les régions montagneuses de l'Europe méridionale.
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+ La fortification en pierre, encore rare au Xe siècle, correspond parfois à une construction romaine plus ou moins modifiée comme le castrum d'Andone, les remparts du Mans ou la cité de Carcassonne[10].
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+ L'utilisation de la pierre pour de nouvelles constructions concerne avant tout les donjons. Les premiers grands donjons à base rectangulaire en pierre apparaissent dans la vallée de la Loire (Langeais, fin du Xe siècle). On attribue traditionnellement un rôle pionnier au comte d'Anjou, Foulque Nerra (987-1040). Cependant, avant le donjon de Foulques Nerra à Langeais (994,) il y a eu la forteresse des ducs d'Aquitaine à Maillezais, à l'emplacement de l'abbaye Saint-Pierre. Elle fut construite entre 970 et 980, partiellement ou entièrement en pierres. Il en reste une tour-porte qui fut conservée pour l'abbaye. Les donjons sont adoptés en Normandie puis en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle[11]. Celui de Loches, le plus abouti pour l'époque, mesure 37 mètres de haut.
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+ Dans le Saint-Empire romain germanique, en Italie et en France du Sud, de petites tours de trois ou quatre étages se dressaient seules et servaient de refuge ou de poste de guet. Elles n'étaient pas protégées par une muraille, car le site abrupt était la meilleure protection de ces roques : une superstructure en pierres sur une infrastructure rocheuse[12]. On les construisait avec du mortier.
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+ Les fouilles de Roqueprive en Rouergue ont permis de préciser l'image de la roque : loin de se réduire à une tour sur un piton rocheux, elle comprenait des bâtiments annexes et des remparts, même du côté le plus abrupt, ce qui démontre un savoir-faire architectural pour une fortification isolée n'ayant servi que quelques décennies[13].
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+ L'apogée du château fort proprement dit est le XIIe siècle. On le désigne parfois sous l'expression « château roman ». Cet apogée correspond à la Renaissance du XIIe siècle au cours de laquelle seigneurs et chevaliers lettrés redécouvrent les traités d'art militaire romain (ex. : Epitoma rei militaris de Végèce). À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique.
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+ Enfin, le château fort se dote d'une double enceinte au XIIIe siècle : les deux remparts dégagent donc un espace intermédiaire appelé « lices ». Des tourelles sont construites pour ne pas laisser d'angles morts. Un chemin de ronde ainsi qu'un fossé plus large et plus profond sont aménagés.
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+ Pour se défendre contre les projectiles incendiaires, les toits sont couverts de plomb, les planchers sont remplacés par des voûtes de pierre. Le plan du château plus resserré et géométrique (carré pour le Louvre). Les princes et les rois font entourer leurs villes d'enceintes : Rouen, Paris, Laon, Aigues-Mortes, Provins, Angers…
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+ Certains spécialistes en castellologie comme Gérard Denizeau avancent que le XVe siècle signifie la fin des châteaux forts. En effet, les progrès de l'artillerie rendent désormais les murailles très vulnérables. À partir de 1418, se généralise l'utilisation de boulets en fer, beaucoup plus destructeurs que les boulets de pierre. Les canons de la fin de la guerre de Cent Ans permettent d'accélérer les sièges en ouvrant des brèches dans la muraille, plus efficacement que la sape ou le bélier. Cependant, la mort du château fort ne fut pas si brusque. Il a continué aux XVe et XVIe siècles à s'adapter à l'évolution de l'armement. À Salses, à la frontière franco-espagnole, l'ingénieur aragonais Ramirez a « enterré » le château pour mieux résister aux tirs rasants : ce système de « fortification rasante » (Pyrénées, Bretagne) marque la transition avec les bastions de l'époque moderne. Le rempart atteint 12 m d'épaisseur. Aux angles, quatre tours circulaires sont percées de canonnières. Car la meilleure façon de résister au canon, c'est d'en avoir soi-même. C'est ce qu'on appelle la défense active.
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+ Plus généralement, les anciens châteaux sont améliorés pour faire face à l'artillerie. Le sommet des tours accueille par exemple des plates-formes sur lesquelles on installe les canons (Fougères). On construit des barbacanes en U ou en proue de navire devant les entrées (Bonaguil, Lassay). On élargit les fossés que l'on défend par un moineau (Loches). Ou encore, on multiplie les tours le long de la courtine. Mieux, on installe de fausses braies (Gisors, Domfront). Le château fort n'est donc pas fini, mais son apogée est bien terminé. Si, en France, il est encore utilisé pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, on n'en construit pas de nouveau. Henri IV confirme leur déclin en ordonnant la destruction ou le démantèlement de nombreuses forteresses pour éviter qu'elles servent de repaire aux ennemis de l'autorité royale (château de Rouen).
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+ Il semble qu'au XVIIe siècle, la défense du territoire par un réseau castral soit révolue. Les villes, notamment les villes-citadelles comme Lille, Besançon ou Neuf-Brisach, sont préférées pour arrêter l'adversaire. Surtout, les souverains comptent davantage sur leur « muraille humaine », c'est-à-dire leur armée en bataille. Les châteaux forts deviennent obsolètes. Les propriétaires essaient alors d'améliorer leur fonction résidentielle. Les ponts-levis sont remplacés par des ponts fixes en pierre (ou pont dormant). Les bâtiments à l'intérieur de la cour sont percés de fenêtres à meneaux. Parfois, on construit un nouveau bâtiment au goût du jour comme à La Clayette où de nouveaux bâtiments furent ajoutés au donjon médiéval au XVIIIe siècle et une partie fut remaniée dans un style néo-Renaissance au XIXe siècle.
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+ L'image des châteaux forts actuels peut être faussée. Souvent les bases talutées des tours et des courtines disparaissent très largement sous le remblai. L'histoire de leur restauration qui prend sa naissance au XIXe siècle est marquée par la création d'un état fictif qui « ne répond en fait qu'à une conception d'un passé factice au service d'une fonctionnalité circonstancielle[16] ».
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+ Durant la période des Croisades, les forteresses construites sur les sommets rocheux prennent le nom de krak. Les citadelles arabes sont régulièrement réaménagées par les états latins d'Orient ou les ordre militaires.
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+ Krak des Chevaliers en Syrie.
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+ Fort de Paphos à Chypre.
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+ Krak de Montréal en Jordanie.
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+ Krak des Moabites en Jordanie.
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+ Plusieurs techniques sont utilisées pour attaquer un château fort. On peut croire qu'une des attaques les plus utilisées était l'échelade mais, bien trop lourde et peu maniable (l'échelle est composée de lourdes sections emboîtables les unes dans les autres), l'échelle est peu utilisée pour attaquer un château fort (sauf lors d'un coup de main par surprise). La présence de grilles en fer forgé au niveau des fenêtres des tours pour éviter l'échelade atteste cependant de sa mise en œuvre[17].
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+ La méthode la plus utilisée est la sape qui consiste à provoquer une brèche dans une enceinte. Pour cela, des sapeurs protégés sous des galeries de bois creusent et enlèvent les pierres de la muraille pour provoquer son effondrement. S'agissant d'une action au contact de la muraille, la sape n'est toutefois pas possible si la muraille du château est entourée de douves mises en eau, ou bien s'il est situé sur un escarpement plus haut que les assaillants ou est en bord de mer.
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+ Une autre manœuvre, appelée mine, consiste à creuser sous la base de la muraille mais n'est envisageable qu'en cas d'absence d'un soubassement rocheux (en plus des restrictions concernant la sape). Avant l'usage de la poudre noire, la mine était bourrée de matériaux inflammables (fagots, laine enduite d'huile…) dont la combustion provoquait l'éclatement des pierres et l'effondrement de la muraille située au-dessus.
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+ Il est également possible de provoquer l'effondrement d'une partie des remparts à l'aide d'engins de siège (mangonneaux, trébuchets, catapultes…) projetant des quartiers de roche ou des boulets de pierre mais la mise en œuvre de ces engins exige (outre la présence de ceux-ci dans les bagages des assaillants) du personnel qualifié et une longue installation.
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+ Quand les occupants du château fort ne sont pas sur leurs gardes, le coup de main rapide par une petite troupe (ce que nous appellerions aujourd'hui une action de commando) peut s'avérer efficace : prise de Monaco par les Grimaldi déguisés en moines (1297), ruses d'Arnaud de Cervole en Dordogne (1351-1353) et d'autres.
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+ Enfin, une dernière méthode est le siège qui consiste à affamer et assoiffer les assiégés en contrôlant tout le tour de l'enceinte (c'est une course de vitesse à celui qui, des deux, manquera le premier de vivres et d'eau). Mais il demande de nombreux hommes et un approvisionnement régulier en nourriture des assiégeants, ce qui peut coûter cher[18] et laisse les assaillants à la merci d'une attaque par une troupe de secours.
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+ Le château fort suscite aujourd'hui encore un fort imaginaire. L'historien Jacques Le Goff le souligne bien assez, avec l'imaginaire des enfants notamment, sous la forme de dessins ou de châteaux de sable[19]. Cet édifice peuple aussi les dessins animés, l'univers des jouets, les films, l'art[20], la télévision et les séries fantastiques. Les visites des châteaux forts en France, ainsi que les spectacles sons et lumière, jusque dans des projets d'archéologie expérimentale monumentale tel le château de Guédelon, en Bourgogne, contribueront chacun à leur façon, à la diffusion de cet imaginaire[21].
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+ Bien sûr, il n'en a pas toujours été ainsi : si le terme « château fort » n'apparaît qu'en 1835, à l'occasion de la résurgence romantique de l'imaginaire médiéval, il disparait pratiquement durant le XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles[19]. Il revient en force à travers notamment la littérature au XIXe siècle : Walter Scott, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Verlaine, Rimbaud, Huysmans[19].
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+ Le XXe siècle aura aussi ses perles, avec des fortifications castrales imaginées comme dans le Seigneur des anneaux de R. R. Tolkien par exemple, avec des adaptations cinématographiques mondiales au XXIe siècle de cette même oeuvre, ou au travers de séries télévisées comme Game of Thrones[21]. Bien sûr les historiens, historiens de l'architecture et de l'art, castellologue contribueront aussi à la diffusion de cet imaginaire, sous une forme scientifique ou vulgarisée, et susciteront ce goût[22] du Moyen-Âge dans le grand public[23].
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+ Le Château Frontenac est un célèbre hôtel de Québec situé dans le Vieux-Québec surplombant le fleuve Saint-Laurent depuis la terrasse Dufferin. Inauguré en 1893, il a été désigné lieu historique national du Canada en 1981. L'hôtel est de style Château, inspiré notamment de la Renaissance française et des châteaux de la Loire.
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+ Le Château Frontenac a été nommé ainsi en l'honneur de Louis de Buade, comte de Frontenac, qui fut gouverneur de Nouvelle-France de 1672 à 1682 et de 1689 à 1698[1].
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+ L'hôtel est situé dans la Haute-Ville de l'arrondissement historique du Vieux-Québec. Il domine le cap Diamant et sa situation sur la terrasse Dufferin offre un panorama sur le fleuve Saint-Laurent. Outre la terrasse, l'hôtel est bordé au nord par la rue Saint-Louis et au sud par la rue Mont-Carmel ; d'autres bâtiments occupent le même quadrilatère fermé par la rue Haldimand à l'ouest. La place d'Armes s'étend au nord et la place des Gouverneurs au sud. La rue des carrières et la terrasse Dufferin relient le château à la citadelle de Québec, au sud. Face au château, un funiculaire relie le quartier Petit Champlain.
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+ Le château a été construit non loin du lieu historique de la citadelle de Québec, à l'emplacement de l'ancien château Haldimand et à côté de la terrasse Dufferin recouvrant le site archéologique du fort et du château Saint-Louis.
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+ Le château Saint-Louis.
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+ La place d'Armes et le futur site du château Frontenac, en 1866.
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+ Les vestiges du château Saint-Louis.
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+ Plaque.
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+ Le château Frontenac au bord du fleuve. Septembre 2018.
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+ Le château Frontenac juste après une pluie verglaçante. Décembre 2018.
22
+
23
+ Le Château Frontenac est le deuxieme d'une longue série d'hôtels de style « château » construits par les compagnies ferroviaires canadiennes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle afin de populariser les voyages par train ; ces hôtels sont en fait devenus des symboles nationaux par leur élégance et leur confort[2].
24
+
25
+ À la fin du XIXe siècle, la ville de Québec désire se doter d'un grand hôtel. En 1890, l'architecte Eugène-Étienne Taché, à qui l'on doit notamment l'Assemblée nationale du Québec, présente son avant-projet du Fortress Hotel, édifice imposant comprenant un hôtel de luxe et un grand opéra, dont le plan symétrique flanqué de trois tours rondes rappelle les châteaux français[3].
26
+
27
+ La première phase de la construction du Château Frontenac, commandé par le chemin de fer Canadien Pacifique, commence en 1892[2]. Le projet retenu est celui de l'architecte américain Bruce Price, qui avait déjà réalisé la gare Windsor de Montréal[1].
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+
29
+ Bruce Price s’inspire du projet Fortress Hotel d'Eugène-Étienne Taché, mais s'écartant de la composition classique de Taché, Bruce Price, dans l’esprit des fortifications de Lord Dufferin et de William Lynn, tire une part de son caractère et de sa silhouette en optant pour un plan en fer à cheval[4]. « Le site, écrit-il, fut une inspiration. »[3]
30
+
31
+ Dès le début du projet, Bruce Price a conçu un édifice qui puisse être agrandi par des additions successives, et l'hôtel sera l'objet d'agrandissements en 1897, 1908, 1920, et 1990[3].
32
+
33
+ Les travaux de l'aile Riverview (littéralement « Vue-sur-le-fleuve ») sont terminés en 1893 et l'hôtel connaît un succès immédiat[4].
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+
35
+ L'aile Citadelle est ajoutée en 1899[4]. L'aile Mont-Carmel est construite de 1908 à 1909 selon les plans de W.S. Painter[4],[2]. L'hôtel est à nouveau agrandi en 1919[2]. L'aile Saint-Louis et la tour centrale sont ajoutées entre 1920 et 1924 selon les plans des frères Edward et William Sutherland Maxwell[4]. L'hôtel est endommagé dans un incendie en 1926 mais l'intérieur est reconstruit peu après[4].
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+
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+ Cour intérieure du Château Frontenac en 1918.
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+ Intérieur du Château Frontenac, vers 1900.
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+ Intérieur du Château Frontenac, vers 1900.
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+ Intérieur du Château Frontenac, vers 1900.
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+ Intérieur du Château Frontenac, vers 1900.
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+ Intérieur du Château Frontenac, vers 1900.
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+ La conférence de Québec de 1943 à laquelle Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt ont discuté de stratégie pour la Seconde Guerre mondiale a été tenue à la Citadelle tandis qu'une grande partie du personnel restait tout près, au Château Frontenac (William Lyon Mackenzie King a été invité à quelques réunions par courtoisie envers le Canada).
50
+
51
+ Maurice Duplessis y a vécu pendant qu'il était Premier ministre du Québec.
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+
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+ Il est maintenant exploité et dirigé par la compagnie hôtelière Fairmont.
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+ La dernière phase des travaux sur le château s'échelonne de 1992 à 1993, suivant les plans du Groupe Arcop[2].
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+
57
+ Le Château Frontenac devient un lieu historique du Canada le 15 janvier 1981 ; la désignation se réfère uniquement au plan au sol en 1981[2]. L'aile Claude-Pratte est inaugurée en juin 1993[4].
58
+
59
+ Le Château Frontenac compte cinq ailes et une tour centrale[2]. Son plan asymétrique comporte une cour intérieure et sa volumétrie est irrégulière[2]. L'architecte s'est en effet inspiré du relief et a conçu un édifice pouvant être agrandi[3]. L'hôtel est construit en pierres de taille grises et en briques de Glenboig orange, cachant une ossature d'acier[2].
60
+
61
+ Plusieurs de ses éléments sont typiques du style Château, tels que la toiture à forte pente, les tours massives et les tourelles circulaires et polygonales, les pignons et lucarnes ornés, les hautes cheminées, la rangée de faux-mâchicoulis au-dessus des fenêtres du troisième étage, les matériaux de grande qualité et son cadre spectaculaire[2]. Les toits sont en cuivre[4].
62
+
63
+ Les armoiries que l'architecte Eugène-Étienne Taché avaient conçus pour Frontenac[3] ont été intégrées à plusieurs endroits de l'hôtel, notamment sur le mur extérieur de l'arche d'entrée. Une pierre datée de 1647, provenant du château Saint-Louis et gravée d'une croix de Malte, est incrustée dans l'arche menant vers la cour[4]. Les vitraux de type Rondel ont été conçus par Edward Maxwell[2].
64
+
65
+ L'architecture générale de la tour principale du Château Frontenac présente de grandes similitudes avec celle du château de l'Isle-Savary, situé sur la commune de Clion-sur-Indre (France), dont Louis de Buade a été l'un des propriétaires.
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+
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+ Le Château Frontenac dans la période 1908-1925, avant la construction de sa tour centrale.
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+ Le château, vu depuis la Terrasse Dufferin.
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+ Le Château Frontenac illuminé.
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+ Le Château Frontenac vu de la terrasse de Lévis.
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+ La terrasse Dufferin et le Château Frontenac, vers 1895.
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+ Nouvelle tour en construction, 1922-1923.
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+ Le château au crépuscule, vu de Lévis.
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+ Le Château Frontenac porte l'épithète d'« Hôtel le plus photographié dans le monde »[5]. Il est aussi un des monuments les plus associés avec la ville de Québec et le Québec dans son ensemble. Selon le Guide Michelin, les meilleurs points de vue pour observer le château sont la terrasse de Lévis, la citadelle de Québec ou de l'Observatoire de la Capitale situé au 31e étage de l'édifice Marie-Guyart[4].
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+ L'hôtel compte 611 chambres[6].
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+ Le Château Frontenac fut représenté sur une pièce d'un dollar, en 1981, des dollars du carnaval de Québec. Ces pièces de monnaies symboliques étaient vendues chez les commerçants du Vieux-Québec durant la tenue du carnaval et leur valeur se terminait à la fin de l'édition du carnaval de l'année de frappe de la pièce[7].
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+ Le château de Versailles est un château et un monument historique français qui se situe à Versailles, dans les Yvelines, en France. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l'exception des années de la Régence de 1715 à 1723.
4
+ Situés au sud-ouest de Paris, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française.
5
+
6
+ Le château est constitué d'une succession d'éléments ayant une harmonie architecturale. Il s'étale sur 63 154 m2, répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée[1].
7
+
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+ Le parc du château de Versailles s'étend sur 815 ha, contre plus de 8 000 ha avant la Révolution française[note 1], dont 93 ha de jardins. Il comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon (qui fut également résidence de Napoléon Ier, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe Ier, et Napoléon III), le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie (aujourd’hui détruite), une orangerie et la pièce d'eau des Suisses.
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10
+ Le château de Versailles est situé au nord-ouest du territoire de la commune de Versailles sur la place d'Armes, à 16 kilomètres au sud-ouest de Paris, en France. On entend, par « château de Versailles », à la fois la construction palatiale et ses proches abords, ainsi que l'ensemble du domaine de Versailles, incluant alors — entre autres — les Trianons, le Grand Canal et le parc du château de Versailles.
11
+
12
+ Avant le château, la première mention de Versailles remonte à 1038 dans une charte de l’abbaye Saint-Père de Chartres[2]. En 1561, le domaine de Versailles et sa demeure seigneuriale sont vendus à Martial de Loménie, secrétaire des finances de Charles IX[3].
13
+
14
+ Albert de Gondi, comte de Retz, favori italien de la reine Catherine de Médicis, devient, contre 35 000 livres, propriétaire de la seigneurie de Versailles et de son château, consistant alors en une demeure seigneuriale située à l’emplacement de l’actuel hôtel des Affaires étrangères et de la Marine[4].
15
+
16
+ En 1589, un mois avant qu'il ne devienne roi de France, le roi de Navarre séjourne à Versailles[5]. Revenant de Blois, il s'y arrête du 7 au 9 juillet et est reçu par Albert de Gondi ; il y retourne en 1604 et 1609. Dès 1607, le futur Louis XIII, alors âgé de six ans, fait sa première chasse à Versailles[6].
17
+
18
+ Au début du XVIIe siècle, les terres environnantes sont la propriété, d'une part, de la famille de Gondi et, d'autre part, du prieuré Saint-Julien de Versailles dont le prieur est Mathieu Mercerie. De 1622 à 1654, Jean-François de Gondi est archevêque de Paris dont dépend hiérarchiquement le prieuré Saint-Julien. Jean-François de Gondi, seigneur de Versailles, est donc propriétaire du domaine qui est acquis par le roi en 1623[7]. « La terre et seigneurie de Versailles » sont elles vendues au roi le 8 avril 1632 par ce même Jean-François de Gondi[8],[note 2]. Sur le terrain de l'actuel château de Versailles, ne se trouve alors qu'un moulin à vent[9].
19
+
20
+ En 1623 Louis XIII, atteint d’agoraphobie et pris d'un besoin de retraite spirituelle[10] décide de faire construire un modeste pavillon de chasse en brique et pierre au sommet du plateau de Versailles, sur le chemin allant de Versailles à Trianon[11], en un lieu appelé le Val-de-Galie. Il fait acheter le 23 mars 1624 le moulin et la maison du meunier sis sur la butte entourée de marais[12],[13]. On ignore le nom de l'architecte mais le maître maçon se nomme Nicolas Huaut[11]. Comme le mentionne le marché publié par Jean Coural en 1959[14], le bâtiment consiste alors en un simple corps de logis de 35 mètres de long sur 5,80 mètres de large, s'élevant sur trois niveaux (trois étages : rez-de-chaussée, premier étage et galetas) à sept travées auquel s'ajoutent deux ailes en retour[note 3], légèrement plus basses (deux étages) et également en sept travées, de 27,30 mètres de long sur 4,85 mètres de large[15]. L'ensemble est entouré de fossés précédés d'une terrasse et d'un jardin de deux hectares dessiné par l'intendant des jardins du roi Jacques Boyceau. L'avant de la cour est fermé par un mur percé d'une porte cochère surmontée d’un tympan sculpté aux armes royales[16]. Louis XIII participe personnellement à l'élaboration du plan de ce premier édifice[17] et en prend possession le 9 mars 1624.
21
+
22
+ S’il constitue son rendez-vous de chasse favori, il ne forme pourtant qu’une construction rustique et purement utilitaire[12]. La disposition bastionnée de terre et les fossés qui l’entourent, rappellent encore certaines constructions féodales[4]. Ses matériaux de médiocre qualité (moellon avec mortier de chaux et sable enduit d'un crépi, encadrement des fenêtres en fausses pierres de plâtre) rappellent quant à eux l'hôtel de Guénégaud[18].
23
+
24
+ Louis XIII achète à Jean de Soisy un terrain dont la famille de celui-ci est propriétaire depuis le XIVe siècle[19] et y fait bâtir une nouvelle habitation. Dans sa petite demeure, il reçoit de temps à autre sa mère Marie de Médicis et son épouse Anne d’Autriche[12]. Elles ne font qu’y passer sans jamais y coucher, le château de Louis XIII ne comportant pas d'appartement pour les femmes[20].
25
+
26
+ L’appartement du roi comprend une petite galerie où était accroché un tableau représentant le siège de La Rochelle, puis viennent quatre pièces dont les murs sont couverts de tapisseries[12]. Le salon du roi occupe le centre de l’édifice, emplacement qui correspond aujourd'hui à celui du lit de Louis XIV[21].
27
+
28
+ Le 11 novembre 1630, le cardinal de Richelieu se rend secrètement à Versailles dans le but de regagner la confiance du roi en dépit des pressions exercées sur ce dernier par la reine mère et le parti dévot[22]. Cet événement sera connu, plus tard, sous le nom de journée des Dupes et constitue pour le château le premier acte politique d'importance avant qu'il ne devienne une résidence d'État[23]. Richelieu resta Premier ministre et la reine mère fut exilée.
29
+
30
+ Ce château est surnommé à cause de sa petite taille « le chétif château », ou « le chestif chasteau » en ancien français, par le maréchal de Bassompierre[12]. Saint-Simon l'appelle aussi « le château de cartes », à cause de ses couleurs (les briques rouges, le toit d'ardoises noires et la pierre blanche) qui rappellent celles d'un jeu de cartes, ou « le méchant cabaret à rouliers » pour souligner ainsi la modestie de la construction de Louis XIII par rapport à celle de son fils[24]. Un inventaire de 1630 fait en effet état uniquement pour l'appartement du roi au premier étage de quatre pièces tendues de tapisseries, d'une antichambre, d'une garde-robe, d'un bureau et d'une chambre[14].
31
+
32
+ Le 8 avril 1632, Louis XIII rachète le domaine de Versailles à Jean-François de Gondi, archevêque de Paris[note 2].
33
+
34
+ En mai 1631 débutent des travaux d’agrandissement qui sont dirigés par l’ingénieur-architecte Philibert Le Roy : à chaque angle sont ajoutés des petits pavillons en décroché, les ailes sont remaniées ; en 1634, le mur fermant la cour est remplacé par un portique en pierre à six arcades garnies de ferronneries[26]. Le nouveau château reçoit sa première décoration florale ; les jardins sont agencés « à la française » par Boyceau et Menours[27], décorés d’arabesques et d’entrelacs. Les crépis sur moellons sont remplacés par des façades de briques et de pierre. Une terrasse servant de promenade, avec une balustrade décorée d’oves, est aménagée en 1639 devant la façade principale du château au-dessus du parterre qui est accessible par un escalier. Ce château correspond actuellement à la partie en U qui entoure la cour de marbre[28].
35
+
36
+ En 1643, sentant sa mort approcher, Louis XIII déclare : « Si Dieu me rend la santé, disait-il à son confesseur, le jésuite Jacques Dinet, j'arrêterai le cours du libertinage, j'abolirai les duels, je réprimerai l'injustice, je communierai tous les huit jours, et sitôt que je verrai mon dauphin en état de monter à cheval et en âge de majorité, je le mettrai en ma place et je me retirerai à Versailles avec quatre de vos Pères, pour m'entretenir avec eux des choses divines et pour ne plus penser de tout qu'aux affaires de mon âme et de mon salut[29] ».
37
+
38
+ Le 14 mai, il meurt laissant le Royaume à son fils Louis XIV, âgé de quatre ans et trop jeune pour gouverner. Sous la régence d’Anne d'Autriche, Versailles cesse alors d'être une résidence royale pendant presque dix-huit ans[note 4].
39
+
40
+ À la mort de Louis XIII, le 14 mai 1643, son descendant, le jeune Louis XIV, n'est âgé que de quatre ans et huit mois. Selon un édit du défunt roi passé en avril, le gouvernement de la France est alors confié à sa veuve, Anne d'Autriche, assistée d'un conseil de régence comprenant le duc d'Orléans, lieutenant-général du Royaume, le cardinal Mazarin, le chancelier Séguier, les secrétaires d'État Bouthillier et son fils Chavigny. Mais la reine, qui ne souhaite pas gouverner avec ces créatures placées par Louis XIII et feu le cardinal de Richelieu[30], obtient du Parlement, le 15 mai 1643 l'administration du Royaume et l'éducation du jeune roi[31]. Bien vite, cependant, la reine prend conscience de l'extrême difficulté à exercer seule le pouvoir[32]. Elle fait donc appel au cardinal Mazarin en lui donnant, le 18 mai 1643, le poste de Premier ministre. Elle fait également de lui le tuteur de son fils. Le lendemain de la mort du roi[30], Louis et son jeune frère, le duc Philippe d’Anjou, ont quitté Saint-Germain-en-Laye pour s’installer à Paris, au Palais-Cardinal, rebaptisé Palais-Royal[33].
41
+
42
+ On sait que le futur Louis XIV était venu une première fois à Versailles en octobre 1641 avec son frère, pour échapper à une épidémie de vérole qui frappait Saint-Germain-en-Laye[34]. Après la mort de Louis XIII, le petit pavillon de chasse de Versailles, avec son architecture de brique et pierre désuète, tombe dans un oubli relatif. Jusque-là supervisé par Claude de Saint-Simon, père du célèbre mémorialiste, le domaine royal est administré, sans grande conviction, à partir de 1645 par le président au parlement de Paris, René de Longueil, qui prend la charge de capitaine des chasses et par Nicolas du Pont de Compiègne qui devient intendant. La terre de Versailles survit chichement avec 4 000 livres annuelles tirées du produit de ses fermes[35].
43
+
44
+ Le jeune Louis se rend à Versailles le 18 avril 1651, pour une partie de chasse, où il est reçu par le capitaine des chasses de Longueil. Il revient dîner sur les lieux les 15 et 28 juin[36]. Les troubles causés à Paris par la Fronde des princes contraignent le roi et la régente à un séjour forcé de trois mois à Poitiers d'octobre 1651 à janvier 1652. Au terme d'un voyage de retour de plusieurs mois, Anne d'Autriche et son fils font étape à Versailles le 27 avril 1652 pour dîner avant de rejoindre Saint-Germain-en-Laye. Le 14 novembre, le roi accompagné de Monsieur, son frère, et d'une partie de la cour va « prendre le divertissement de la Chasse à Versailles ». Il y retourne pour la même occupation les 8 et 22 janvier 1653. Le 3 avril, le jeune Louis passe la nuit à Versailles et y retourne deux semaines plus tard pour chasser. Le 20 mai, il vient chasser le renard en compagnie du cardinal Mazarin et reste dormir sur place[37].
45
+
46
+ Du fait de ces visites régulières, on remplace, dans la charge de capitaine des chasses, le président de Longueil, peu impliqué dans la gestion du domaine, par Louis Lenormand, sieur de Beaumont, le 28 juin 1653. Mais l'intérêt du souverain pour Versailles ne se confirme pas. Le jeune monarque de 14 ans préfère aller chasser à Vincennes. En cinq années, il ne vient à Versailles que quatre fois, de la fin 1654 à l'automne 1660[38]. Le domaine traverse alors une période de déshérence et d’irrégularités, marquée par les querelles violentes entre le colérique concierge du château, Henry de Bessay, sieur de Noiron (nommé en 1654), et le jardinier Guillaume Masson (nommé en 1652). En mars 1665 Noiron tire un coup de pistolet sur Masson et le menace de son épée. Le jardinier indélicat, quant à lui, exploite le parc à son profit en détournant du foin ou du bois, et en utilisant les terres comme pâturages pour ses bêtes ou celles de propriétaires des environs[39].
47
+
48
+ La situation ne s’améliore guère par la suite. Pour des raisons administratives, l’intendant Nicolas du Pont de Compiègne démissionne de sa charge. À sa place on nomme, le 11 mars 1659, Louis Lenormand, sieur de Beaumont, qui cumule donc la charge d’intendant avec celle de capitaine des chasses dont il est titulaire depuis cinq ans[40]. Mais M. de Beaumont se décharge des fonctions d’intendance, qui ne correspondent pas à son rang, sur son propre intendant, Denis Raimond qui se révèle peu efficace. Le laisser-aller règne sur le domaine royal, encore aggravé par l’assassinat, en forêt de Saint-Germain-en-Laye, de M. de Beaumont, le 3 mai 1660[41].
49
+
50
+ En septembre 1660, le roi amorce la reprise en main du domaine. Au lieu de donner un successeur à M. de Beaumont, il donne commission d’intendance à son proche serviteur, Jérôme Blouin, premier valet de chambre du roi, « ayant clefs des coffres de nostre chambre et couchant en icelle[42] ». Ce dernier remet de l'ordre dans la gestion du domaine en congédiant, sur ordre du roi, le jardinier Hilaire II Masson, accusé de déprédations. Louis XIV demande également que l'inventaire du château soit vérifié. Et le concierge Henry de Bessay, sieur de Noiron, doit, sur ordre du roi du 11 octobre 1660, se retirer à Saint-Germain-en-Laye[43]. Quatre mois après son mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche[44], Louis XIV va « prendre le divertissement de la Chasse[45] » avec son épouse à Versailles, le 25 octobre 1660. C’est à cette époque que l’intérêt du roi pour le domaine de son père se manifeste de façon explicite. Il envisage d’agrandir le jardin et de créer un nouveau parc d’une « étendue considérable[46] ». Dès le mois de novembre, Blouin se met en quête de financements pour ces travaux à venir. À cet effet, il remet en vente le fermage de la seigneurie et parvient non sans difficulté à le faire accepter par le receveur-fermier alors en place, Denis Gourlier, pour la somme de 5 200 livres[47].
51
+
52
+ Le premier changement effectif à Versailles concerne le verger. Le roi souhaite en faire régulariser la forme et augmenter la surface. Il veut également le clore d’un mur. Il ordonne que les terrains nécessaires à cette opération soient mis à sa disposition au 31 décembre 1660. Entre l’automne 1660 et le début de 1661, les travaux d’arpentages sont menés[48]. Le 9 mars 1661, alors que le cardinal Mazarin vient de mourir, Louis XIV annonce qu’il exercera le pouvoir directement, sans nommer un nouveau Premier ministre[49]. Le lendemain, sa première décision officielle consiste en la nomination de Jean-Baptiste-Amador de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, comme capitaine des chasses en remplacement de M. de Beaumont assassiné en 1660. Mais la gestion du domaine de Versailles, non mentionnée dans la capitainerie attribuée à Du Plessis, demeure sous le contrôle de Blouin.
53
+
54
+ Dans les premiers mois de 1661, le roi charge le peintre Charles Errard de remettre en état les appartements du château. Mais avec la naissance prochaine du dauphin et le mariage à venir de Monsieur, frère du roi, la famille royale va s'agrandir. Il faut donc procéder rapidement à un réaménagement de la distribution des pièces. Le rez-de-chaussée et l'étage sont divisés en appartements royaux ou princiers, desservis par deux nouveaux escaliers dans les ailes latérales. L'escalier de Louis XIII au centre du corps de logis est supprimé[50].
55
+
56
+ L'historiographie romantique veut que les architectes et jardiniers de Versailles Charles Le Brun, André Le Nôtre et Louis Le Vau se soient inspirés du château de Vaux-le-Vicomte, mais en fait Louis XIV n'a pas eu à capter tous ces talents au service de Nicolas Fouquet au profit de la monarchie puisqu'ils sont au service du roi depuis des années[10].
57
+
58
+ Sans compter des modifications mineures effectuées à partir de 1661, auxquelles le roi ne consacra qu’une somme modeste d’un million et demi de livres[51], les phases de construction se déclenchèrent en 1664 avec la première campagne de construction. En dépit des résultats de la construction d’un des plus merveilleux palais d’Europe, les poursuites de Louis XIV déclenchèrent des critiques sournoises parmi ses courtisans[52]. Il reste cependant des témoignages de ces secrètes oppositions ; le lieu parut surtout mal choisi ; Saint-Simon le rapportant ainsi : Versailles, lieu ingrat, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui n’est pas bon[53].
59
+
60
+ À cette époque, Versailles n’était qu’une résidence d’agrément, où des fêtes étaient données dans les jardins, le Louvre demeurant officiellement le palais royal. Dans une lettre restée célèbre, Colbert se plaignit d’ailleurs que Louis XIV délaissât le Louvre :
61
+
62
+ « Pendant le temps qu'elle a dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est assurément le plus superbe palais qu'il y ait au monde et le plus digne de la grandeur de Nostre Majesté. Et Dieu veuille que tout d'occasions qui la peuvent nécessiter d'entrer dans quelque grande guerre, en luy ostant les moyens d'achever ce superbe bastiment, ne luy donnent pas longtemps le déplaisir d'en avoir perdu le temps et l'occasion ! ...
63
+
64
+ Ô quelle pitié, que le plus grand roy et le plus vertueux, de la véritable vertu qui fait les plus grands princes, fust mesuré à l'aune de Versailles[54] ! »
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+ Cette phase de construction résultait des exigences de logement pour les membres de la cour invités au divertissement nommé fête des Plaisirs de l’Île enchantée[55] : pendant une semaine en mai 1664, Louis XIV présenta le divertissement — un prélude en allégorie de la guerre de Dévolution — comme hommage officiel à sa mère, Anne d'Autriche, et à sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche ; mais en réalité, le roi offrit la fête à sa favorite, Louise de La Vallière[56]. Au cours des fêtes de 1664 et 1668, les courtisans mesurèrent l’incommodité du petit château, car beaucoup ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57]. Le roi, désireux d’agrandir celui-ci, confia cette tâche à Le Vau qui présenta plusieurs projets[58]. Le premier prévoyait la destruction du château primitif et son remplacement par un palais à l’italienne. Le deuxième projet proposait d’agrandir le château, côté jardin, par une enveloppe de pierre[58]. Sur les conseils de Colbert, le roi opta pour la seconde solution[59].
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68
+ À partir de 1664, Louis XIV fit aménager Versailles de façon à pouvoir y passer plusieurs jours avec son Conseil et membres de la Cour[60]. Il décida de conserver le château initial bâti par Louis XIII, plus pour des raisons financières que sentimentales[58]. Le Vau tripla la superficie du château[58], qui fut décoré avec beaucoup de luxe, en reprenant notamment le thème du soleil[61], omniprésent à Versailles. Le jardin de Versailles, particulièrement apprécié par Louis XIV, fut orné de sculptures de Girardon et de Le Hongre[58].
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+
70
+ En 1665, les premières statues sont installées dans le jardin et la grotte de Téthys construite[62]. La première orangerie, la ménagerie et la grotte de Téthys caractérisèrent la construction à cette époque. Deux ans plus tard, commença le creusement du Grand Canal[63]. Les oiseaux et mammifères de la ménagerie servirent de modèles entre 1669 et 1671, au flamand Pieter Boel, peintre du roi, pour les compositions intitulées les Douze mois, dans les dessins de Charles Le Brun pour la manufacture des Gobelins. Le Louvre conserve vingt de ces études[64].
71
+
72
+ La deuxième campagne de construction fut inaugurée avec le traité d’Aix-la-Chapelle, le traité qui a mis fin de la guerre de Dévolution, et fut célébrée par la fête qui aura lieu le 18 juillet 1668. Connue sous le terme de « Grand Divertissement royal de Versailles », elle sera marquée par la création de George Dandin, de Molière, et des Fêtes de l’Amour et du Hasard, de Lully[65]. Comme lors de la fête de 1664, certains courtisans ne trouvèrent pas de toit pour dormir[57], ce qui conforta le Roi dans ses projets d’agrandir le château. Le projet finalement accepté[59] fut caractérisé par une enveloppe de pierre[58].
73
+
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+ À cette époque, le château commença à prendre des aspects qu’on voit aujourd’hui. La modification la plus importante de cette période fut l’enveloppe du château de Louis XIII. L’enveloppe « connue également comme le château neuf afin de se distinguer du vieux château de Louis XIII » environna celui-ci au nord, à l’ouest et au sud. Le château neuf fournit des logements nouveaux pour le roi, la reine et les membres de la famille royale. Le premier étage fut réservé complètement pour deux appartements : le grand appartement de la Reine (côté sud) et le grand appartement du Roi (côté nord). Au rez-de-chaussée du château neuf, deux appartements furent aménagés : l’appartement des bains, côté nord ; l’appartement pour le frère et belle-sœur du roi, le duc et la duchesse d’Orléans. À l’ouest, une terrasse s'édifia sur les jardins ; celle-ci fut supprimée quelques années plus tard pour faciliter le passage entre les appartements du roi et de la reine. À son emplacement fut construite la galerie des Glaces. Au deuxième étage, des appartements furent aménagés pour d'autres membres de la famille royale et membres choisis de la cour[66]. À la mort de Louis Le Vau, le 11 octobre 1670, Colbert désigna les travaux architecturaux à François II d'Orbay[67].
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+
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+ [réf. nécessaire]Précisions de construction
77
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78
+ Avec le traité de Nimègue, qui mit fin à la guerre de Hollande, se déclencha la troisième campagne de construction à Versailles. Sous la direction de Jules Hardouin-Mansart, le château prit les aspects ce que nous lui connaissons aujourd’hui. La galerie des Glaces avec ses salons jumeaux — le salon de la Guerre et le salon de la Paix, les ailes au nord et au sud — dits respectivement « aile de Noble » et « aile des Princes » (également « aile du Midi ») et des travaux herculéens aux jardins furent les caractéristiques de marque de cette ère du règne du Roi-Soleil. À cette époque, Le Brun acheva le décor des grands appartements[68].
79
+
80
+ Les eaux marécageuses répandaient un « mauvais air » responsable d'épidémies de paludisme mortel chez les ouvriers du chantier et de fièvres tierces parmi les courtisans, ces derniers étant parfois soignés par de la poudre de l'écorce de quinquina, un médicament ramené du Pérou par les jésuites. Le comblement des marais, les efforts d'équipement et de salubrité dans les années 1680 permirent la régression des maladies[69].
81
+
82
+ Chronique de construction
83
+
84
+ 1678 :
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+
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+ 1679 :
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+
88
+ 1681 :
89
+
90
+ 1682 :
91
+
92
+ Dès lors que Louis XIV décida d'installer la Cour et le pouvoir central à Versailles, en 1682, le château rassembla des milliers de personnes : la famille royale et ses officiers commensaux (ceux qui la servaient), les courtisans et leurs propres domestiques, les ministres et leurs multiples commis, mais aussi tout un personnel de serviteurs, d'ouvriers, de marchands. Ces « gens du château », comme on les nommait, permettaient la bonne marche quotidienne de la « mécanique » versaillaise et de l'État[70].
93
+
94
+ Peu après la défaite de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), et vraisemblablement aussi par l’influence pieuse de Madame de Maintenon, Louis XIV se chargea d’entamer sa dernière campagne de construction à Versailles. La quatrième campagne de construction (1699-1710) fut caractérisée par l'élévation de la dernière chapelle (la chapelle du château de Versailles actuelle). Cette dernière fut dessinée par Jules Hardouin-Mansart et, après sa mort, achevée par Robert de Cotte en 1710, premiers architectes du Roi successifs. De même, l’agrandissement de l’appartement du roi fut entrepris à cette époque avec l’achèvement du salon de l'Œil-de-bœuf et la chambre du roi. Avec le parachèvement de la chapelle, virtuellement toutes les constructions du Roi-Soleil touchèrent à sa fin. Les constructions versaillaises ne se poursuivront que pendant le règne de Louis XV[71].
95
+
96
+ Les travaux importants se déroulèrent en période de paix. Inversement, en période de guerre, les travaux et dépenses connurent un net ralentissement. Une idée fausse répandue par l'historiographie de la Troisième République veut que le chantier de Versailles ait ruiné le pays. L'historien François Bluche a pu évaluer la charge des chantiers de Versailles en se basant sur les archives comptables des bâtiments du roi (archives comptabilisant ensemble le château de Versailles, les eaux et les jardins, mais aussi Trianon, Marly et Clagny), et les estime à 80 millions de livres tournoi[note 5], soit moins de 3 % annuels dans les dépenses de l'État (en prenant en compte les principales charges réparties entre 1664 et 1715)[72]. C'est l'hydraulique du parc du château de Versailles qui représenta la dépense la plus importante du chantier, le Roi-Soleil se voulant être le maître des eaux : sur 65 millions de livres tournois que coûtèrent l'ensemble des travaux du château avant 1690, 25[note 6] furent affectés aux eaux de Versailles, soit près de 40 %[73].
97
+
98
+ Dans une note datant de la fin du règne de Louis XIV, le premier architecte du Roi Jacques Gabriel recense que le château — hors ses dépendances en ville — dispose des appartements du roi et de la reine, de 20 appartements princiers et de 189 appartements à destination des courtisans[74].
99
+
100
+ Louis XIV organise l'année de sa mort sa dernière cérémonie à Versailles lors d'une audience extraordinaire accordée le 19 février 1715 dans la galerie des Glaces au Mehmet Rıza Beğ de Perse[75], l'ambassadeur du Chah Huseyin de Perse. Il est accompagné de l'Arménien Hagopdjan de Deritchan. C'est aussi la première manifestation d'envergure à laquelle assiste le futur Louis XV[76].
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+
102
+ Le 13 août 1715 une seconde audience est accordée à l'ambassade qui débouche cette fois sur la signature du traité de commerce et d'amitié entre la France et la Perse. Celui-ci prévoit — notamment — l'établissement d'un consulat de Perse à Marseille, principal port de commerce avec l'Orient dont les Arméniens détenaient le monopole. Hagopdjan de Deritchan est ainsi choisi pour le rôle de premier consul dans le but de faciliter leurs activités et faire reconnaître le protectorat dont ils bénéficient.
103
+
104
+ Cet événement révèle le contexte historique dans lequel Montesquieu écrit ses Lettres persanes[75] qu'il fait éditer en 1721 à Amsterdam sous le pseudonyme « Pierre Marteau » alors que la ville comptait de nombreux marchands arméniens et perses.
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+ Louis XV naît à Versailles le 15 février 1710.
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+ Les 3 et 4 septembre 1715, après la mort de Louis XIV, il accomplit ses premiers actes de roi lors de la messe célébrée pour lui à la chapelle de Versailles. Mais il n'est encore qu'un enfant. Son tuteur Philippe d’Orléans (dit le Régent, cousin au 2e degré de Louis XV) quitte Versailles le 9 septembre et s’installe dans sa résidence parisienne du Palais-Royal et la Cour aux Tuileries. Durant cette Régence, le duc de Noailles propose de raser le château[77].
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+ En 1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visite Versailles et réside au Grand Trianon[78].
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112
+ En 1722, âgé de 12 ans, Louis XV est fiancé à Marie-Anne-Victoire d'Espagne et la cour se réinstalle à Versailles dans les appartements de Louis XIV, après sept années passées à Vincennes puis aux Tuileries. Ce retour a lieu au moment de la puberté du roi. Selon certaines rumeurs, le Régent aurait voulu éloigner le jeune monarque de l'opinion parisienne. D'autres ont véhiculé l'idée que le cardinal aurait eu l'initiative du départ, pour ôter Louis XV de l'influence de l'entourage de Philippe d'Orléans. Il semble, d'après Bernard Hours, que le roi ait adhéré au projet. Hours se focalise sur des témoignages qui tendent à montrer son attachement au château de Versailles, tels ceux du maréchal de Villeroi. Ce retour symboliserait la prise de possession de l'héritage de son aïeul[79].
113
+
114
+ L'avocat Barbier raconte qu'en arrivant à Versailles le jeune Louis XV âgé de douze ans se serait couché sur le parquet de la Galerie des Glaces pour admirer les peintures de la voûte, et les courtisans l'auraient alors imité[80].
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+
116
+ L'absence de la Cour durant six années a engendré une dégradation importante des lieux. Un fond spécial de 500 000 livres est affecté aux « réparations extraordinaires » entre les mois d'avril et juillet 1722.
117
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118
+ Trois projets de Louis XV furent menés à leur terme : l'achèvement du grand appartement avec l'aménagement du salon d'Hercule, le bassin de Neptune et l'ajout au château d'un opéra royal.
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120
+ C'est dans le domaine des arts que Louis XV rencontra le moins d'entraves à son action, il fut particulièrement moderne et novateur. Bien que peu attiré par la musique et la peinture, il voua le plus vif intérêt pour l'architecture. Le marquis d'Argenson, rapportant l'opinion de Madame de Pompadour, écrivait d'ailleurs dans son journal que : « La marquise et ses amis disent qu'on ne peut amuser le Roi absolument que de dessins d'architecture, que Sa Majesté ne respire qu'avec des plans et des dessins sur la table. »[81]. Passion héréditaire et personnelle, il eut pour précepte François Chavallier, proche de Vauban. Il n'est donc guère étonnant que Louis XV décida d'accommoder le château à ses propres goûts.
121
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122
+ La construction, l'ameublement et l'entretien des résidences royales étaient dévolus à deux services : les B��timents et le Garde-meuble. Au sein du premier service, la deuxième personne la plus importante après le directeur général était le premier architecte. En 1708, au décès de Mansart, ce poste fut dévolu à son beau-frère et disciple, Robert de Cotte. Ce dernier, épuisé et presque aveugle, meurt en 1734, sans s'être vu confier d'importants chantiers, tout à l'inverse de ses successeurs, les Gabriel père et fils. Le premier fut assisté du second, tant et si bien qu'il est difficile de distinguer la part de chacun dans nombre de projets.
123
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124
+ Dès le retour du roi en 1722, les appartements du Roi furent complètement modifiés. Le premier étage constitua l'appartement intérieur du Roi, conservant ses fonctions cérémoniales. Au second étage, en revanche, Louis XV fit aménager ses petits appartements et petits cabinets, d'usage privé. Cette même année il se fit installer un cabinet de tour, dans une mansarde et toujours au deuxième étage, donnant sur la cour de marbre. Le premier commissaire de police de la ville de Versailles Pierre Narbonne réalise un recensement de la cour de Versailles en 1722[82] : 4 000 personnes logées dans l'enceinte même du château et environ 2 700 personnes dans les dépendances (essentiellement le personnel appelé à l'époque les « utilités »[83]), sans compter les 1 434 hommes de la garde simple du roi pour lesquels aucun logement n'est noté[84].
125
+
126
+ En 1723, un cabinet des bains fut aménagé. Les façades d'une des cours intérieures reçurent des têtes de cerfs, ce qui lui donna l'appellation de cour des Cerfs. On peut voir dans cette initiative du Roi son goût prononcé pour la chasse.
127
+
128
+ La nouvelle administration des Bâtiments, à la tête de laquelle se trouvait depuis 1708 le duc d’Antin, entame la décoration de la grande salle (salon d’Hercule) sous la responsabilité de Robert de Cotte qui dirige les travaux suivant les projets élaborés dans les dernières années du règne de Louis XIV. Ce salon achève le grand appartement de Le Brun et l’esprit de grandeur rejoint celui du siècle précédent.
129
+
130
+ En 1729 débutent des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la Reine. Robert de Cotte fournit les dessins des nouvelles boiseries. Les travaux sont achevés par Gabriel père et fils en 1735. C'est également en 1729 que reprennent les travaux dans le salon d'Hercule.
131
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132
+ La décoration de ce nouveau salon débute, dès 1712. Il se trouve à l'emplacement de l'ancienne chapelle, détruite en 1710. Le chantier est placé sous la direction de Robert de Cotte, le décorateur de la nouvelle chapelle royale. Cependant la mort du roi Louis XIV, en 1715 interrompt le chantier. Les parois sont recouvertes de marbres choisis par Louis XIV de son vivant et décorées par deux œuvres de Véronèse. Le salon d’Hercule relie les appartements du Roi au vestibule de la chapelle. Plus tard, Gabriel envisage de remplacer l’escalier des Ambassadeurs par un nouvel escalier qui déboucherait dans cette salle. Celui-ci ne reprend qu'après le retour de Louis XV au château, en 1729. La nouveauté réside dans le plafond compartimenté d’aucun cadre sculpté. François Lemoyne saisit l’occasion de rivaliser avec Véronèse en peignant L’Apothéose d’Hercule entre 1733 et 1736 par François Lemoyne. Sur le mur du fond est exposée une immense toile de Véronèse offerte par la République de Venise au roi Louis XIV en 1664, Le Repas chez Simon. L'aménagement de la pièce fut terminé en 1736. Mais l'inauguration n'eut lieu que le 26 janvier 1739, par un « bal paré » donné à l'occasion du mariage de la fille aînée de Louis XV avec l'Infant d'Espagne. Le salon d'Hercule servit de cadre à d'exceptionnels « grands couverts » (en 1769 pour le mariage du duc de Chartres, ou en 1782 pour la naissance du Dauphin) et à des audiences extraordinaires comme celle de l'ambassade du sultan du Mysore Tipou Sahib en août 1788[85].
133
+
134
+ En 1737, Louis XV transforme le premier étage du corps central le long de la cour de Marbre, côté nord, en appartement privé destiné à l'habitation et au travail. Il fait renouveler les soieries des appartements du Roi et de la Reine. L'objectif était également de soutenir les manufactures de Lyon. Cette année-là voit également la construction d'un chenil pour les meutes de Louis XV.
135
+
136
+ En 1738 à 1760, les pièces de l’appartement de collectionneurs de Louis XIV sont constamment remaniées. Les travaux commencent en 1738 par la création de la chambre à coucher privée du Roi, et se stabilisent vers 1760.
137
+
138
+ En 1741, Philibert Orry, qui avait remplacé le duc d’Antin, fait procéder à l’achèvement du Bassin de Neptune.
139
+
140
+ En 1742, Louis XV y accorde audience à Saïd Méhemet Pacha, ambassadeur extraordinaire du Grand Seigneur, sultan de l'Empire ottoman. Un traité d'alliance militaire contre l'Autriche est conclu avec l'Empire ottoman[86] dans la guerre de Succession d'Autriche. Il promet un soutien qui devait s'ajouter à ceux de la Prusse et de l'Empire russe[86], mais qui n'aura finalement pas lieu. Louis XV subira de plus un revers d'alliance de la part de la Russie. Versailles n'avait pas reçu d'ambassade depuis 1715.
141
+
142
+ En 1745, à la tête de l’Administration des Bâtiments du Roi, Charles François Paul Le Normant de Tournehem succède à Philibert Orry, grâce à l’influence de sa pupille — peut-être même sa fille naturelle — Madame de Pompadour.
143
+
144
+ Le 25 février 1745 se déroule le bal des Ifs[87].
145
+
146
+ En 1750, Louis XV introduit un nouveau type de pièces dans les appartements royaux : la salle à manger des retours de chasse. Il connaît une série d'histoires sentimentales de courte durée dans le parc aux cerfs.
147
+
148
+ En 1751, mort de Tournehem qui est remplacé par le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour. Sous ses directives vont se révéler l’architecte Ange-Jacques Gabriel, et deux sculpteurs de boiseries, Verbeckt et Rousseau. C’est l’appartement de Marie Leczinska qui fournit à Gabriel et à Verbeckt l’occasion de travailler ensemble.
149
+
150
+ En 1752, destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la Petite Galerie et du cabinet des Médailles. Ces témoins glorieux du règne de Louis XIV sont détruits pour la création d’un appartement destiné à l’aînée des Filles de France : Madame Adélaïde. Dernière vente de mobilier de Louis XIV après celle de 1741 et de 1751[10].
151
+
152
+ En 1755, la seconde transformation consiste à réunir l’ancien cabinet du Roi (ou du Conseil) avec le cabinet des Thermes (ou des Perruques) pour former le grand salon du Conseil. Jules Antoine Rousseau sculpte les boiseries dorées. Gabriel réutilise une partie des anciens panneaux pour décorer les murs. Au second étage se développent les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du château, aucune dorure ne colore les boiseries. Des couleurs vives et variées égayent les statues, peintes selon les techniques élaborées par Martin, l’inventeur du fameux « vernis Martin ». L’élément essentiel de cet appartement est une petite galerie éclairée sur la cour de Marbre. Des tableaux de Boucher, Carle van Loo, Lancret, Pater et Parrocel sont accrochés sur les boiseries colorées.
153
+
154
+ Versailles demeure un haut lieu de la diplomatie française, le 1er mai 1756 : un traité d'alliance est signé à Versailles avec l'Autriche, il met fin à 250 ans de conflits avec les Habsbourg et opère en Europe un véritable renversement des alliances, qui fut défavorable à la France puisqu'elle perdit ses colonies d'Amérique à la suite de la Guerre de Sept Ans qui s'acheva en 1763[88].
155
+
156
+ Le 5 janvier 1757, un attentat est commis par Damiens contre le Roi dans la cour de marbre.
157
+
158
+ Pendant toute sa carrière, Ange-Jacques Gabriel, nommé Premier architecte du roi en 1742, doit faire face à des problèmes de logement, la reine met en effet au monde huit princesses :
159
+
160
+ Pour loger toutes ces princesses dans des appartements qui conviennent à leur rang, Gabriel effectue de multiples travaux. Au fil des années « Mesdames » changent d’appartements, passant de l’aile du Midi à l’aile du Nord, et au rez-de-chaussée du Corps central (et même au premier étage comme nous l’avons noté pour Adélaïde). Ces déménagements successifs aboutissent à la disparition complète de l’appartement des bains, de l’escalier des Ambassadeurs, et au cloisonnement de la Galerie basse. Ces appartements sont détruits par Louis-Philippe, quelques splendides boiseries ont échappé à ce saccage et témoignent du luxe qui régnait chez Mesdames.
161
+
162
+ Selon la tradition établie sous Louis XIV, le dauphin et son épouse prennent possession des deux appartements du rez-de-chaussée situés sous l’appartement de la Reine et, en retour d’équerre, sous une partie de la galerie des Glaces. De merveilleuses décorations sont alors créées. Le XIXe siècle ravagea cet ensemble. Seules sont conservées la chambre du dauphin et la bibliothèque.
163
+
164
+ De 1761 à 1768 Ange-Jacques Gabriel construit le Petit Trianon.
165
+
166
+ En 1769, la princesse Adélaïde déménage et son appartement est réuni à celui de Louis XV. Les deux pièces importantes de l’appartement intérieur sont la nouvelle chambre du roi et son cabinet intérieur, cette dernière formant la plaque tournante entre les anciens salons et les « salles neuves » de l’appartement d’Adélaïde.
167
+
168
+ Dans la seconde partie du règne de Louis XV des projets de reconstruction des façades en regard de la ville vont prendre corps. On reproche aux murs de Le Vau leurs matériaux et leur disposition.
169
+
170
+ En 1770, le 16 mai, mariage du dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, célébré dans la chapelle royale. Dans un même temps a lieu l’inauguration de l’Opéra royal à l’occasion du festin royal, elle marque le sommet de l’art de Gabriel.
171
+
172
+ En 1771 Gabriel présente au roi son « grand projet » de reconstruction de toutes les façades côté ville. Seule l’aile droite, qui menaçait ruine, fut édifiée. Avec son pavillon à colonnes, les règles de l’architecture classique furent respectées. Le roi donna son agrément à ce projet. Comme l’argent manquait dans les caisses royales, Madame Du Barry se chargea de réunir les fonds à cette opération.
173
+
174
+ En 1772, les travaux du « grand projet » débutent et ne sont jamais achevés, mais donnent naissance à l’aile Louis XV. À l’intérieur de l’aile, les travaux du grand escalier dit grand degré débutent, mais ne seront achevés qu’en 1785. À la fin de l’Ancien Régime, le palais sera la résidence royale la plus luxueuse de toute l’Europe.
175
+
176
+ Pendant que Gabriel poursuit son œuvre la vie de la cour continue, toujours brillante et luxueuse, émaillée de bals et de fêtes. La distraction favorite de ce siècle est le théâtre. On apprécie Voltaire pour ses tragédies et sa prose. Madame de Pompadour donne une grande impulsion à ce mouvement.
177
+
178
+ Louis XV est responsable de la destruction d’ensembles splendides datant de Louis XIV, mais il a su créer à l’intérieur du palais de magnifiques décorations. Les jardins et en particulier Trianon se sont enrichis du Pavillon français et du Petit Trianon.
179
+
180
+ Le roi apprécie le style incognito et multiplie les bals masqués. Néanmoins la monotonie de ces festivités n'obtient pas le succès de celles qu'organisait Louis XIV, malgré les dépenses qu'elles occasionnent.
181
+
182
+ L'Opéra royal de Versailles est sans doute l’œuvre majeure de Gabriel, il fut inauguré le 16 mai 1770 à l'occasion du mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.
183
+
184
+ Sous Louis XVI, la vie de cour à Versailles se perpétua, mais des restrictions d'ordre financier furent appliquées à la Maison du roi. De plus, l'entretien du château se révéla coûteux. L’absence de commodités (salle de bains, chauffage) dans les appartements rendit de plus en plus pressante la nécessité d’une rénovation profonde des bâtiments, mais le manque d’argent fit remettre le projet jusqu’à la Révolution française. Marie-Antoinette imposa d'importantes dépenses pour l'aménagement du Petit Trianon, ce qui contribua à la rendre impopulaire. Le 15 août, fête de l'Assomption, est commémoré par une grande procession à laquelle doivent assister tous les courtisans. Celle-ci rappelle la consécration de la France à Marie, décrétée par Louis XIII. C'est au cours de la cérémonie du 15 août 1785 que le roi fait arrêter dans la galerie des Glaces, pleine de monde, son grand aumônier, le prince-cardinal Louis de Rohan, compromis dans l'affaire dite du Collier de la reine.
185
+
186
+ À son avènement en 1774, Louis XVI veut pour lui une pièce dédiée à sa détente. Le choix se porte sur une bibliothèque. Elle est commencée dès le début de son règne. Le décor, dessiné par Ange-Jacques Gabriel, est sculpté par Jules-Antoine Rousseau. Jean-Claude Quervelle réalise une grande table à plateau monoxyle pour permettre à Louis XVI d'exposer ses biscuits de Sèvres[89]. Deux globes, un terrestre et un céleste, complètent ce décor en 1777. C'est dans cette bibliothèque que Louis XVI décide de l'arrestation de son grand aumônier le 15 août 1785, après avoir été mal conseillé par le baron de Breteuil et son garde des Sceaux Armand Thomas Hue de Miromesnil.
187
+
188
+ Cette pièce fut créée pour abriter une partie des collections de Louis XIV. Sous Louis XV, elle prit diverses affectations. Ainsi, elle servit au roi de pièce d'exposition pour son service de vaisselle d'or, d'où l'un de ses noms de « cabinet de la Vaisselle d'or ». Elle fut ensuite rattachée aux appartements de Madame Adélaïde, fille de Louis XV. Cette pièce devient dès lors son cabinet de musique où Adélaïde reçut des leçons de harpe de Beaumarchais. Mozart y aurait joué pour la famille royale en 1763. Sous Louis XVI, cette pièce redevient une pièce d'exposition. En 1788, Louis XVI y expose l'un de ses achats personnels, le cabinet des papillons.
189
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190
+ Versailles vit l’apogée de la France des Bourbons, mais aussi sa chute : c’est à Versailles que se tinrent les états généraux de 1789.
191
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192
+ Le 5 octobre 1789, malgré la pluie, le peuple de Paris, conduit par des femmes, marche sur Versailles où il se heurte aux grilles du château. Une fusillade éclate. Le peuple envahit le château, et ramène la famille royale à Paris. Abandonné après le départ de la famille royale pour Paris 6 octobre 1789, le château ne retrouvera jamais ses fastes. Avant de partir, le roi déclare au gouverneur du château : « Tâchez de me sauver mon Versailles ! »[90]. Avec eux, la famille royale emporte « le mobilier, les pendules, les tentures, le linge et tout le nécessaire »[90] : l'intendance en profite pour faire de grands ménages et des restaurations[90] ; néanmoins, et pour la première fois depuis 1723 (lorsque Louis XV revient à Versailles), « le gouverneur ordonne alors de fermer les contrevents, et le château sombre dans l'obscurité »[90]. Il est néanmoins préservé dans le but de le mettre à la disposition des citoyens pour en faire, comme il est prévu pour tous les châteaux royaux, un lycée, un gymnase, un musée du Génie[91]. La surveillance du château fut confiée à la Garde nationale de Versailles pour éviter les dégradations, ils menaient à bien cette mission aux côtés des Suisses restés au château[92].
193
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194
+ Le mobilier du château est transporté dans des garde-meubles. Ainsi, le fameux secrétaire à cylindre de Louis XV par Oeben et Riesener, après avoir subi des modifications de son décor et de ses ornements (suppression de tout ce qui rappelait la royauté) est affecté à l'hôtel de la Marine[réf. nécessaire], place de la Concorde. Le château n'est pas plus pillé que soumis à des dégradations, sinon certains insignes de la royauté (fleurs de lys, couronnes, etc.) qui sont martelés[90].
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196
+ En 1790 la municipalité de Versailles fit appel à la générosité du Roi pour venir en aide aux centaines d'ouvriers sans travail dont le nombre augmentait de jour en jour. Louis XVI versa un salaire à 600 travailleurs à partir du mois de janvier pour l'entretien du Grand Canal. Mais six mois plus tard, il cessa les paiements en expliquant qu'il ne pouvait plus subvenir à leurs besoins ; les travaux prirent fin et l'état du Grand Canal se dégrada jusqu'à ce qu'il se transforme en un marais putride. Un décret du 8 juillet 1792 protégea le Grand Canal en le réservant à l'installation d'une école de natation[92].
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+ Au début de 1791, les tableaux, les glaces et tous les emblèmes trop explicites de la royauté sont décrochés des murs et des plafonds. Les œuvres d'art sont envoyées au Louvre, devenu le musée central des arts en 1792.
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+ Après le 10 août 1792, le concierge du palais, Boucheman, qui était déjà en poste sous Louis XVI, fut chargé de dresser la liste des personnes habitant toujours le château, il en dénombra 70 ; celles qui étaient installées sans motif reçurent l'ordre d'évacuer les lieux, entre le 12 et le 25 août des scellés furent apposés sur les portes des différents appartements. Les habitants qui étaient restés dans le château étaient essentiellement des personnes chargées de son entretien et de sa surveillance[92].
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202
+ La Convention, le 10 juin 1793, après la chute de la monarchie, vend à l'encan le mobilier du château (17 000 pièces, qui vont de l'argenterie aux boutons de porte[93]) : 17 182 lots, étalés sur les années 1793-1796. Les plus belles pièces partent pour l'Angleterre, achetées par des mandataires du roi Georges III, et meublent ou décorent le palais de Buckingham ou le château de Windsor. Charles-François Delacroix, le père du peintre Eugène Delacroix, pense en 1793 qu'il faudrait le démolir et y passer la charrue[92] ; la Convention pense par ailleurs, un temps, à raser le château[90]. Les sans-culottes arrachent les fleurs des jardins pour planter des pommes de terre et des oignons[94], le Petit Trianon devient une gargote et des clubs révolutionnaires s'installent dans l'opéra et la chapelle royale[93].
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204
+ Le château toutefois n'était pas totalement fermé au public, au mois d'août 1793 treize citoyens et huit « gardes-bosquets » disposaient des clés du château, ils étaient habilités à y faire entrer des groupes de visiteurs et à leur faire découvrir les salles du château et le parc de Versailles en échange d'une rémunération[92].
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+ Entre la fin de l'année 1793 et le début de l'année 1794 le pourtour du Grand Canal fut mis en culture ; 200 pommiers furent plantés à son extrémité en 1795. Les matelots et les gondoliers du canal conservèrent leur logement, étant chargés de l'entretien de la flottille. En avril 1794 les animaux de la Ménagerie furent transférés au Muséum d'Histoire naturelle à Paris[92].
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+ Il est quelque temps dépôt central du département de Seine-et-Oise pour les œuvres d'art pillées chez les nobles émigrés[90]. En 1795, il devient un « muséum » (confirmé par Bonaparte en 1799)[90] ; le 18 avril 1796, il prend le nom de musée central des arts, puis en 1797 de musée spécial de l'École française, abritant 350 chefs-d'œuvre, dont de Nicolas Poussin, alors que le musée du Louvre présente les collections de Hollande et des Pays-Bas[95]. Alors, « le château n'est plus qu'une carcasse vide, à l'exception notable des deux institutions qu'il abrite : le Muséum national et le dépôt central des objets d'art de Seine-et-Oise. Un fourre-tout où se distingue, entre autres, une partie des anciennes collections royales »[93].
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+ En 1796 l’École centrale de Versailles fut installée dans l'aile des ministres nord du château, les salles de classes étaient meublées avec le mobilier de l'hôtel des Affaires étrangères, le potager du château fut mis à la disposition du professeur de sciences naturelles[92].
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+ Le 1er novembre 1804, Duroc, grand maréchal du palais, prit possession du palais au nom de la couronne impériale. Le 3 janvier 1805 le pape Pie VII, venu pour le sacre de l'Empereur, bénissait la foule depuis la fenêtre centrale de la galerie des Glaces[96]. Les 13 et 22 mars 1805, l'Empereur visita le château et décida de repousser son installation dans le palais au profit du Grand Trianon.
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+ L'Empire installé, les aménagements de Versailles commencent : on commande en 1806 une série de tentures destinées à l'ameublement et on décida de faire tisser à la manufacture des Gobelins des tapisseries d'après des sujets impériaux[97] : l'Empereur et sa famille, l'Empereur et ses chefs de corps, les Grands Hommes de l'Antiquité et les statues du musée dont le Laocoon. Le 11 mars 1806, l'empereur confia à l'architecte Jacques Gondouin la transformation du palais. Gondouin présenta deux projets[98] :
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+ En 1806 et 1807, les dépenses liées aux nouvelles guerres entraînèrent l'arrêt des travaux, ce qui permit à Guillaume Trepsat et Pierre Fontaine de proposer leurs propres projets très proches du premier projet de Jacques Gondouin[99]. Après une visite du château le 11 mars 1808, l'Empereur abandonna le projet de Jacques Gondouin et ordonna la consolidation des bâtiments et la remise en état immédiate des lambris, glaces et serrures[100].
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+ En 1810, après son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise, Napoléon Ier souhaita de nouveau s'installer dans un Versailles transformé ; il ordonna que des crédits spéciaux soient alloués et fit appel à Alexandre Dufour qui lança les premiers travaux très rapidement dont la remise en eau du Grand Canal[101]. Dufour souhaitait détruire la cour de marbre et de construire en avant une aile avec un pavillon central qui aurait abrité la salle du trône ; en pendant de la chapelle, il envisageait un théâtre qui en aurait repris le plan[102].
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+ En 1811, à la suite de la naissance du roi de Rome, Napoléon Ier songea un temps à faire de Versailles son palais impérial[90], voire un palais pour son fils, avant qu'il ne décide la construction du palais du Roi de Rome à Chaillot[93]. La maison des enfants de France devait s'installer dans l'aile du Midi, près de leur mère, Marie-Louise qui aurait logé dans les appartements de la Reine. Deux projets retinrent l'attention de Napoléon Ier :
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+ La fin précipitée du Premier Empire empêcha la réalisation de ces travaux et Versailles resta inutilisé jusqu’au retour de la monarchie, l'empereur séjournant néanmoins de façon régulière au Grand Trianon[93]. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, Napoléon Ier rappela ses projets pour Versailles[104]. Il s'agissait de transformer en un palais digne de l'Empire qu'il entendait construire[105].
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+ Après la Restauration, Louis XVIII entreprend des travaux en vue de faire du château sa résidence d'été[90] pour six millions de francs[95] : néanmoins, conscient du risque couru à se réinstaller à Versailles, pour son image de souverain non-absolu, il recule, mais permet aux bâtiments une restauration bienvenue à la suite des déconvenues des deux dernières décennies[90], travaux que poursuit Charles X[90].
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+ En 1815, Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix devient gouverneur de la Maison royale de Versailles et de Trianon, lieutenant-général, marguillier d'honneur de la paroisse et secrétaire général du gouvernement de Versailles. À ce titre, il représente le roi à Versailles et a en plus le soin de tout ce qui regarde la fabrique et l'œuvre de la paroisse Saint-Louis. Auguste de Rambaud, fils de son amie Agathe de Rambaud, ancien commissaire des guerres, est son secrétaire intime.
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+ Philippe Louis Marc Antoine de Noailles meurt le 15 février 1819 à Paris. Son éloge est prononcé à la Chambre des pairs par Armand-Maximilien-François-Joseph-Olivier de Saint-Georges, marquis de Vérac, mari d'une de ses nièces, et son successeur dans le gouvernement de Versailles.
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+ Louis-Philippe Ier confie à son ministre Camille Bachasson, comte de Montalivet, la tâche de transformer le château en musée : c’est de cette époque que date la dédicace « À toutes les gloires de la France », présente sur les frontons de l'aile Gabriel et du pavillon Dufour.
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+ En 1833 Louis-Philippe Ier décide, pour sauver Versailles de la ruine, de le transformer en un musée de l'histoire de France célébrant les conquêtes militaires de l'Ancien Régime, de la Révolution française, de l'Empire et même de la Restauration[107]. Très attaché à ce projet destiné à marquer l'entreprise de réconciliation nationale (entre monarchie et république[108]) menée par la monarchie de Juillet, le roi surveille de très près l'exécution des travaux et les commandes des tableaux.
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+ La restauration du château est dirigée par l'architecte Pierre Fontaine. Les travaux, payés sur la cassette personnelle du roi, s'élèvent à plus de 23 millions de francs.
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+ Louis-Philippe fait également restaurer le Grand Trianon pour son usage personnel. En octobre 1837, il y célèbre le mariage de sa fille, la princesse Marie avec le duc de Wurtemberg.
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+ Installée dans l'aile du Midi à la place des appartements des princes (ceux-ci sont littéralement détruits[108]), la galerie des Batailles a été conçue personnellement par Louis-Philippe. Elle surprend par ses vastes dimensions (120 mètres de long sur 13 mètres de large). Elle est ornée de trente-deux tableaux de grandes dimensions célébrant les actions militaires glorieuses de l'histoire de France depuis la bataille de Tolbiac en 496 jusqu'à celle de Wagram en 1809. Le peintre le plus sollicité a été Horace Vernet.
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+ Le musée de l'histoire de France du château de Versailles, dédié « à toutes les Gloires de la France », est inauguré officiellement par Louis-Philippe le 10 juin 1837, dans le cadre des festivités qui marquent le mariage du prince royal avec la princesse Hélène de Mecklembourg. Il comprend notamment la salle des Croisades dont les frises portent les armes et les noms des chevaliers croisés, ouverte au public en 1843.
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+ Le musée rencontre un très grand succès. Victor Hugo commente :
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+ « Ce que Louis-Philippe a fait à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c'est avoir été grand comme roi et impartial comme un philosophe ; c'est avoir fait un monument national d'un monument monarchique ; c'est avoir mis une idée immense dans un immense édifice ; c'est avoir installé le présent dans le passé, 1789 vis-à-vis de 1688, l'empereur chez le roi, Napoléon chez Louis XIV ; en un mot, c'est avoir donné à ce livre magnifique qu'on appelle l'histoire de France cette magnifique reliure qu'on appelle Versailles[109]. »
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246
+ Les collections du musée, consacrées d'abord aux peintures (6 000) et aux sculptures (1 500), puis aussi au remeublement du château, comptaient environ 65 000 œuvres en 2014[110], dont 18 861 en ligne sur le site du château au 1er décembre 2017 (8 593 estampes, 3 689 peintures et miniatures, 1 577 objets d'art, 1 403 dessins et pastels, 1 178 meubles, etc.)[111]. À lui seul, le Cabinet des dessins et gravures comprend au total 90 pastels, environ 1 400 dessins et environ 28 000 gravures, soit près de 30 000 œuvres et le Cabinet des médailles en compte 2 600.
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248
+ Sous le Second Empire, on assiste seulement à la « mise en place d'une salle commémorant les victoires de Crimée et d'Italie. Toutefois Napoléon III s'attache à conserver le château et ses dehors dans les meilleures conditions possibles »[112][réf. non conforme]. En 1855, il dîne avec la reine Victoria dans la galerie des Glaces[113].
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250
+ L'impératrice Eugénie, qui vouait un culte à Marie-Antoinette[réf. nécessaire], fut à l'origine d'un regain d'intérêt pour le château de Versailles. C'est sous son influence que lors de l'Exposition universelle de 1867, des meubles prestigieux furent réintégrés dans le Patrimoine du château. Ainsi, le grand serre-bijoux de Schwerdfeger ou le bureau de Roentgen.
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+ La France est vaincue et le château devient le quartier général de l’armée prussienne lors du siège de Paris pendant la guerre de 1870. La galerie des Glaces sert d'hôpital[114], 400 lits sont installés dans le château et 1 000 pièces d'artillerie sur la place d'Armes[115]. Le roi et sa cour investissent Versailles le 5 octobre[115] ; ils fêtent Noël et le réveillon dans les appartements royaux, dînant de plats à base de salade de hareng[115]. Le Kronprinz royal prussien décore ses soldats sous la statue équestre de Louis XIV[115]. L’Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces le 18 janvier 1871, avec l'union décidée entre la confédération de l'Allemagne du Nord et les États du Sud sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck. Le roi de Prusse ne loge alors pas au château, mais à la préfecture[116]. Les troupes ne partent que le 6 mars, alors qu'Adolphe Thiers signe l'armistice.
253
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254
+ L'état de délabrement du château fait dire à Émile Zola en 1874 : « Quand l'homme ferme portes et fenêtres et qu'il part, c'est le sang de la maison qui s'en va. Elle se traîne des années au soleil, avec la face ravagée des moribondes ; puis, par une nuit d'hiver, vient un coup de vent qui l'emporte. C'est de cet abandon que meurt le château de Versailles. Il a été bâti trop vaste pour la vie que l'homme peut y mettre »[117].
255
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256
+ En 1871, la Commune de Paris amène le gouvernement français et son administration à s'établir à Versailles[116] et notamment à la préfecture[118]. On installe alors l'Assemblée nationale dans l'ancien Opéra royal, puis on regroupe les 23 000 prisonniers de la Commune dans l'orangerie. Quelques-uns sont exécutés dans le parc, au mur des Fédérés (à Satory)[116]. En 1875, les lois constitutionnelles organisent un Parlement bicaméral : le Sénat continue de siéger dans l'Opéra royal alors que la Chambre des députés se dote d'une nouvelle salle, la salle du Congrès, plus grand hémicycle parlementaire d'Europe[119] construit dans l'ancienne grande cour de l'aile du Midi.
257
+
258
+ En application de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris, les deux assemblées regagnent Paris en 1879, tout en conservant des locaux au sein du château jusqu'en 2005[116].
259
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260
+ Sous les IIIe, IVe et Ve Républiques, le château reste en effet le lieu de réunion du Congrès du Parlement, chargé d'élire le président de la République française jusqu'en 1962 et de réviser la Constitution[116].
261
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262
+ Pierre de Nolhac arrive au château de Versailles en 1887, en tant qu'attaché de conservation, puis est nommé conservateur du musée le 18 novembre 1892[120]. Entre-deux, le château et les jardins a été déserté pendant vingt ans, si bien qu'on en a même oublié le nom des bassins[116]. Dès son arrivée au château, il envisage de mettre en place de véritables galeries historiques, organisées de façon scientifique, par opposition à Louis-Philippe qui avait créé les premières galeries d'histoire dans une optique de glorification de l'histoire de France. Parallèlement, il entreprend de rendre au château son aspect antérieur à la Révolution. Pour atteindre ces deux buts, Nolhac supprime des salles, décroche des œuvres, remet au jour certains décors historiques, etc. Il raconte par exemple dans ses Mémoires : « la première salle sacrifiée fut celle des rois de France qui alignait sur la cour de Marbre les effigies imaginaires, ou authentiques, de nos rois depuis Clovis »[121].
263
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264
+ La révolution opérée par Nolhac donne une notoriété nouvelle au château. Des membres de la haute société et de la noblesse se pressent pour découvrir les nouveaux aménagements, tel le duc d'Aumale, l'ancienne impératrice Eugénie ou encore Marcel Proust[116]. Nolhac s'emploie également à faire venir des personnalités étrangères. Le 8 octobre 1896, le tsar Nicolas II et son épouse arrivent à Versailles[122]. Nolhac organise également des événements qui visent à faire connaître le château à des donateurs potentiels. Le propriétaire du journal New York Herald, Gordon Bennett, donne 25 000 francs permettant de restructurer les salles du XVIIIe siècle. Le développement des dons privés amène à la création de la Société des amis de Versailles, en juin 1907.
265
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266
+ À l'approche de la Première Guerre mondiale, Nolhac met en place différents dispositifs visant à protéger le château. Les tapisseries de l'Histoire du Roy sont mises en caisse. Les œuvres et les objets précieux sont stockés sous l'aile Gabriel et l'accès est muré[115]. Ces précautions ont été inutiles parce qu'aucune destruction n'a été à déplorer au cours du conflit.
267
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268
+ En souvenir de l'humiliation subie par la France en 1871, le gouvernement français décide de faire signer dans la galerie des Glaces le traité de Versailles. Le 28 juin 1919 est signé ce traité de paix par David Lloyd George, Georges Clemenceau, et Thomas Woodrow Wilson aux côtés des représentants allemands. Ainsi la France récupère l'Alsace-Lorraine au même endroit où elle l'avait perdue. Le château et ses jardins demeurent néanmoins dans un piteux état[116].
269
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270
+ Le 3 juillet 1919, Nolhac quitte ses fonctions, après trente-deux ans consacrés à Versailles.
271
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272
+ L'effort de Nolhac pour sortir de l'oubli le château n'a pas permis d'établir un financement pérenne. Ainsi, au sortir du conflit, le château qui n'a pas été entretenu fait face à d'importantes difficultés financières. À la suite de sa visite en France, John Davison Rockefeller décide de financer la réhabilitation du château de Versailles, notamment le gros œuvre et les pièces d'eau, dans le parc[116]. Il effectue un premier versement en 1924, un second en 1927. La générosité de ce ressortissant américain incite le gouvernement français à allouer un budget de restauration annuel au château.
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+ À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, l'inspecteur général des Beaux-Arts Pierre Ladoué prend des dispositions pour protéger les œuvres (les boiseries sont déposées et les pièces majeures sont envoyées en Sarthe ; on mure les accès à la galerie des Glaces[123]). Le drapeau nazi flotte sur le château[116], mais lorsque les Allemands arrivent, il ne reste pour tout personnel que le conservateur en chef, son épouse, et un pompier handicapé[123]. Cette période est marquée par les images de soldats allemands visitant la galerie des Glaces, lieu de naissance de l'Empire allemand. En juillet 1941, Goebbels visite le château[124]. À la fin de la guerre, les œuvres sont raccrochées et des travaux de restauration commencent, notamment dans la chambre de la Reine. En septembre 1944, le quartier général allié s'installe à l'hôtel Trianon Palace tout proche. Fred Astaire danse pour les soldats américains devant le château (du côté des jardins), lesquels visitent aussi les bâtiments pour observer les toiles[123].
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276
+ Déjà, en 1951, le conservateur en chef, Charles Mauricheau-Beaupré alerte le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts, André Cornu, sur l'état de délabrement de Versailles : il pleut dans la galerie des Glaces, et les peintures sont menacées[125]. Après une visite d'une journée, le ministre chiffre les travaux de rénovation à environ 5 milliards de francs ; en février 1952, il sollicite, par voie radiophonique, l'aide des Français en leur faisant prendre conscience de l'état de l'ancien palais royal : « Vous dire que Versailles menace de ruine, c'est vous dire que la culture occidentale est sur le point de perdre un de ses plus nobles fleurons. Ce n'est pas seulement un chef-d'œuvre que l'art de la France doit craindre de voir disparaître, mais en chacun de nous une image de la France qu'aucune autre ne saurait remplacer »[125]. Aussitôt, plusieurs mécènes se font connaître : le gouverneur de la Banque de France (il donne dix millions de Francs), Georges Villiers (président du Conseil national du patronat français) ainsi que de nombreux artistes (les écrivains Roger Nimier et Jean Cocteau, les peintres Henri Matisse et Maurice Utrillo)[125], et surtout la population (enfants, soldats, etc.).
277
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278
+ Versailles a servi de palais national à la disposition de la présidence de la République. Il sert à accueillir des chefs d’État étrangers, comme John Kennedy en 1961[118], Élisabeth II en 1957[119] et 1972, le shah d’Iran en 1974, Mikhaïl Gorbatchev en 1985, Boris Eltsine en 1992 ou Vladimir Poutine en 2017. Pour cela, en 1959, le général de Gaulle réaménage le Grand Trianon, pour loger les chefs d'État étrangers et leur entourage[119] : une aile est par ailleurs réservée au président de la République française (avec « chambres, salons, cuisines, chapelle », etc.[119]) ; en 1999, ces pièces sont restituées au château. Le pavillon de la Lanterne est, lui, réservé au Premier ministre, jusqu'à 2007 où Nicolas Sarkozy en fait une résidence présidentielle secondaire[119].
279
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280
+ Lieu symbolique, le château de Versailles est l’objet d’un attentat dans la nuit du 25 au 26 juin 1978[126]. La bombe à retardement posée par deux nationalistes bretons endommage une dizaine de salles dont la galerie des Batailles, faisant pour trois millions de francs de dégâts.
281
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282
+ En 1982, du 4 au 6 juin, il abrite le « sommet de Versailles », la 8e réunion du G7 avec les dirigeants des sept pays démocratiques les plus industrialisés.
283
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284
+ Le 28 avril 1995, par le décret no 95-463[127], le gouvernement a procédé à la création de l'Établissement public du musée et du domaine national de Versailles regroupant dans une structure unique le musée national du château de Versailles et le domaine national de Versailles. Ce nouveau statut confère à l'établissement public une autonomie de gestion financière et une personnalité juridique. En 2010, par le décret no 2010-1367[128], le nom de l'établissement public est modifié et devient Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. Depuis 2001, le château fait partie du réseau des résidences royales européennes[129].
285
+
286
+ Dernières institutions publiques disposant de locaux au sein du château (environ 25 000 m2 de locaux principalement dans l’aile du Midi), en vertu de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et des chambres à Paris et de l’ordonnance no 58-1100 du 17 novembre 1958, l'Assemblée nationale et le Sénat acceptent en 2005, en adoptant une proposition de loi émise par Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée nationale, de « mettre à la disposition du public les locaux dits du Congrès, au château de Versailles »[130]. Toutefois, en adoptant un amendement, le Sénat a refusé la restitution de la salle des séances du Congrès, considérée comme un « lieu de mémoire de l’histoire parlementaire de notre pays ».
287
+
288
+ Depuis septembre 2005, l'établissement public de Versailles a lancé le projet « Grand Versailles numérique » qui consiste à faire de Versailles le laboratoire du numérique culturel. L'objectif de ce programme, soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication, est d'imaginer, tester et déployer des outils numériques d'enrichissement de la visite réelle ou virtuelle du château et du domaine. Les premières expérimentations numériques ont été lancées en juin 2006.
289
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290
+ Le 23 février 2016 est inauguré le pavillon Dufour, entièrement modifié par l'architecte Dominique Perrault avec un espace d'accueil (consigne, audioguide, toilettes). Avant, il abritait plusieurs services du château (conservation, communication, présidence…) qui ont déménagé en 2014 dans le Grand Commun[131].
291
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292
+ Le château de Versailles témoigne de l'art français aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour cela, le château ainsi que le domaine font l'objet de plusieurs protections au titre des monuments historiques[132]. Après une première mention sur la liste des monuments historiques de 1862, un arrêté détaillé est pris le 31 octobre 1906. Il concerne le palais et ses dépendances, le petit parc et ses dépendances, le Grand et le Petit Trianon avec leurs parcs respectifs et dépendances (dont la ferme de Gally), ainsi que le grand parc[132]. Un périmètre de protection étendu, en lieu et place des 500 mètres habituellement créés autour des monuments historiques est créé par décret du 15 octobre 1964. Il concerne une zone de cinq kilomètres de rayon autour de la Chambre du Roi[132] et d'un quadrilatère dans le prolongement du grand canal, de six kilomètres de long et de 2 à 3,5 kilomètres de large suivant les endroits[132]. L'ensemble du domaine est inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial établie par l'UNESCO[133].
293
+
294
+ En septembre 2016, la presse évoque l'hypothèse selon laquelle 4 lots de mobilier présents dans le château sont des faux[134],[135]. Ces copies avait été acquises entre 2008 et 2012 pour 2,7 millions d'euros[136].
295
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296
+ Le château proprement dit comprend un corps central dans lequel sont situés les Grands Appartements. Ce corps central relie l'aide nord à l'aile sud, délimitant plusieurs cours ouvertes ou fermées.
297
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298
+ Le château est situé face à la ville, à la convergence du trident formé par l'avenue de Saint-Cloud, l'avenue de Paris et l'avenue de Sceaux. Il est organisé autour de trois cours ouvertes imbriquées qui donnent sur la place d'Armes, où se trouve depuis 2009 la statue équestre de Louis XIV. Chaque cour se distingue des autres par une rupture, coïncidant avec le degré d'approche du château. De la place d'Armes, on franchit la grille d'honneur pour accéder à la plus grande des cours, la cour d'honneur. Vient ensuite la grille royale, entièrement dorée, fermant l'accès à la cour royale. Tout au fond de la cour royale, surélevée de cinq marches, se trouve la cour de Marbre, pavée de marbre noir et blanc.
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+
300
+ Le corps central présente la forme d'un U encadrant la cour de Marbre, sur un rez-de-chaussée et deux étages. Chaque branche comprend plusieurs cours intérieures : petite cour du Roi et cour des Cerfs dans la partie nord, cour du Dauphin et cour de la reine dans la partie sud.
301
+
302
+ Le rez-de-chaussée abrite des appartements princiers réservés à la famille royale au XVIIIe siècle, avec du nord au sud[137] :
303
+
304
+ Au premier étage, le corps central comprend le Grand Appartement du Roi au nord, la galerie des Glaces à l'ouest côté jardin et le Grand Appartement de la Reine au sud[138] :
305
+
306
+ Le petit appartement du roi et les cabinets intérieurs de la Reine se poursuivent au deuxième étage[139].
307
+
308
+ L'appartement de madame du Barry et l'appartement du marquis de Maurepas sont situés au-dessus de l'appartement intérieur du roi.
309
+ Celui de la marquise de Pompadour surplombe en attique le Grand Appartement du Roi.
310
+
311
+ Au pied du château se trouvent les parterres d'Eau, du Nord et du Midi sous lequel se trouve l'orangerie.
312
+
313
+ Dans l'axe de la grande perspective qui part du parterre d'Eau, se trouvent le parterre de Latone et le Tapis vert qui ouvrent sur le Grand Canal.
314
+
315
+ Les bosquets principaux[140] sont : le bosquet des Bains d'Apollon, le bosquet de la Colonnade, le bosquet des Dômes et celui des Rocailles.
316
+
317
+ Les jardins accueillent les grandes eaux musicales et nocturnes organisées par Château de Versailles Spectacles, d’avril à octobre[141].
318
+
319
+ Six structures subsidiaires sont situées aux alentours du château de Versailles comptent dans l’histoire et dans l’évolution du château : la Ménagerie, le Trianon de porcelaine, le Grand Trianon — dit également Trianon de Marbre, le Petit Trianon, le hameau de la Reine et le pavillon de la Lanterne.
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321
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323
+ Compte tenu de sa place dans l'histoire de France, le château a également marqué la littérature française : par exemple avec L'Allée du Roi de Françoise Chandernagor, la série des Angélique de Anne et Serge Golon. L'intrigue des romans d'Annie Jay s'y déroule au temps de Louis XIV.
324
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+ Le domaine est le cadre de nombreux films, et ce dès le début du XXe siècle[148]. Certains films ont marqué le château.
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327
+ En 1954, Sacha Guitry réalise Si Versailles m'était conté..., qui retrace l'histoire du château de Versailles au travers de quelques épisodes et portraits des personnalités qui y ont vécu.
328
+
329
+ En 2006, Sofia Coppola réalise Marie-Antoinette, qui reçoit l'Oscar des meilleurs costumes.
330
+
331
+ En 2012 Benoît Jacquot réalise Les Adieux à la reine tiré du livre éponyme de Chantal Thomas.
332
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333
+ En 2014, Alan Rickman réalise Les Jardins du roi, qui met en scène la construction des jardins de Versailles.
334
+
335
+ En 2015, Canal+ sort la série franco-canadienne de fiction historique Versailles, qui met en scène les premières années au trône de Louis XIV ainsi que ses relations au sein de la cour.
336
+
337
+ Le film fantastique The King's Daughter de Sean McNamara, prévu pour 2018, y a été tourné.
338
+
339
+ Le château fut représenté en 1979 dans la série animée Lady Oscar, créée d'après le manga shōjo de Riyoko Ikeda La Rose de Versailles paru en 1972.
340
+
341
+ « Le 8 avril 1632, fut présent l’illustrissime et révérendissime Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, seigneur de Versailles, reconnoît avoir vendu, cédé et transporté... à Louis XIII, acceptant pour Sa Majesté, messire Charles de L'Aubespine, garde des sceaux et chancelier des ordres du roi, et messire Antoine Rusé, marquis d'Effiat, surintendant des finances, etc., la terre et seigneurie de Versailles, consistant en vieil château en ruine et une ferme de plusieurs édifices ; consistant ladite ferme en terres labourables, en prés, bois, châtaigneraies, étangs et autres dépendances ; haute, moyenne et basse justice... avec l'annexe de la grange Lessart, appartenances et dépendances d’icelle, sans aucune chose excepter, retenir, ni réserver par ledit sieur archevêque, de ce qu'il a possédé audit lieu de Versailles, et pour d'icelle terre et seigneurie de Versailles, et annexe de la grange Lessart, jouir par Sadite Majesté et ses successeurs rois, comme de choses appartenantes. Cette vente, cession et transport faits, aux charges et devoirs féodaux seulement, moyennant la somme de soixante-mille livres tournois, que ledit sieur archevêque reconnoît avoir reçues de Sadite Majesté, par les mains de..., en pièces de seize sous, de laquelle somme il se tient content, en quitte Sadite Majesté et tout autre, etc. »
342
+
343
+ — Jacques-François Blondel, Architecture françoise, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, maisons royales, palais, hôtels & édifices les plus considérables de Paris., t. 4, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752-1756, p. 93.
344
+
345
+ Sur le château
346
+
347
+ Sur les parcs et jardins de Versailles
348
+
349
+ Sur les Trianons
350
+
351
+ Sur les communs
352
+
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+ Musée
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+ Divers
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+ Châteaux et palais contemporains
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+ Ville de Versailles
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+ Architectes
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Basilique et colline de Vézelay (1979) · Cathédrale de Chartres (1979) · Mont-Saint-Michel et sa baie (1979) · Palais et parc de Versailles (1979) · Sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère (1979) · Abbaye cistercienne de Fontenay (1981) · Arles, monuments romains et romans (1981) · Cathédrale d'Amiens (1981) · Palais et parc de Fontainebleau (1981) · Théâtre antique et ses abords et « Arc de Triomphe » d'Orange (1981) · De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d'Arc-et-Senans, la production du sel ignigène (1982) · Abbatiale de Saint-Savin sur Gartempe (1983) · Places Stanislas, de la Carrière et d'Alliance à Nancy (1983) · Pont du Gard (1985) · Strasbourg : de la Grande-île à la Neustadt, une scène urbaine européenne (1988, 2017) · Cathédrale Notre-Dame, ancienne abbaye Saint-Remi et palais du Tau, Reims (1991) · Paris, rives de la Seine (1991) · Cathédrale de Bourges (1992) · Centre historique d'Avignon : Palais des papes, ensemble épiscopal et Pont d'Avignon (1995) · Canal du Midi (1996) · Ville fortifiée historique de Carcassonne (1997) · Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (1998) · Site historique de Lyon (1998) · Beffrois de Belgique et de France (avec la Belgique) (1999 et 2005) · Juridiction de Saint-Émilion (1999) · Val de Loire entre Sully-sur-Loire et Chalonnes (2000) · Provins, ville de foire médiévale (2001) · Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret (2005) · Bordeaux, Port de la Lune (2007) · Fortifications de Vauban (2008) · Cité épiscopale d'Albi (2010) · Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (2012) · Grotte ornée du Pont-d'Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d'Arc (2014) · Climats du vignoble de Bourgogne — Coteaux, maisons et caves de Champagne (2015) · L'œuvre architecturale de Le Corbusier (avec six autres pays) (2016) · Taputapuātea (2017)
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+ Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola (1983) · Lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés (2008) · Pitons, cirques et remparts de l'île de La Réunion (2010) · Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne (2018) · Terres et mers australes françaises (2019)
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+ Pyrénées-Mont Perdu (avec l'Espagne) (1997)
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+ Grand Est : Centre Pompidou-Metz
374
+ Hauts-de-France : Louvre-Lens
375
+ Île-de-France : Musée du Château de Fontainebleau • Institut du monde arabe • Musée national des Arts asiatiques - Guimet • Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée
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377
+ Centre-Val-de-Loire : Château et musée de Blois
378
+ Grand Est : Musée Unterlinden
379
+ Hauts-de-France : Palais des Beaux-Arts de Lille
380
+ Île-de-France : Musée de l'Air et de l'Espace • Musée de la musique • Musée de Cluny • Musée de l'Homme • Musée des Arts et métiers
381
+ Normandie : Musée du débarquement
382
+ Occitanie : Muséum de Toulouse • Musée Fabre
383
+ Provence-Alpes-Côte d'Azur : Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée • Musée d'histoire et d'archéologie des Baux-de-Provence
384
+
385
+ Bourgogne-Franche-Comté : Musée des Beaux-Arts de Dijon
386
+ Bretagne : Musée des Beaux-Arts La Cohue de Vannes
387
+ Grand Est : Écomusée d'Alsace • Château de Lunéville • Cité de l'automobile
388
+ Hauts-de-France : La Piscine • Centre historique minier de Lewarde • Lille Métropole - musée d'Art moderne, d'Art contemporain et d'Art brut
389
+ Île-de-France : Musée de l'Histoire de l'immigration • Aquarium du palais de la Porte-Dorée • Crypte archéologique de l'île de la Cité • Maison de Victor Hugo
390
+ Normandie : Musée des Beaux-Arts de Rouen
391
+ Occitanie : Musée des Augustins de Toulouse • Musée Toulouse-Lautrec • Les Abattoirs
392
+
393
+ Bourgogne-Franche-Comté : Muséum d'histoire naturelle de Dijon
394
+ Bretagne : Musée de Pont-Aven
395
+ Grand Est : Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg • Musée des Beaux-Arts de Nancy • Muséum-aquarium de Nancy
396
+ Hauts-de-France : Historial de la Grande Guerre
397
+ Île-de-France : Palais Galliera, musée de la Mode de la ville de Paris • Musée des Monuments français • Musée de la chasse et de la nature • Musée Bourdelle • Musée de Montmartre • Musée d'Archéologie nationale • Le Musée du 11 Conti - Monnaie de Paris
398
+ La Réunion : Musée Stella Matutina
399
+ Normandie : Musée d'art moderne André-Malraux
400
+ Nouvelle-Aquitaine : Musée d'Aquitaine • Musée des Beaux-Arts de Bordeaux • Écomusée de la Grande Lande
401
+ Occitanie : Musée Soulages • Musée d'Art et d'Histoire de Narbonne
402
+ Pays de la Loire : Muséum d'histoire naturelle de Nantes
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+ Un château fort (ou château-fort) est une structure fortifiée, essentiellement construite et habitée par la noblesse au Moyen Âge en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le mot château vient du latin castellum (d'où le terme de castellologie, l'étude des châteaux).
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+ Les chercheurs actuels débattent sur ce que recouvre le terme de château fort, mais le considèrent généralement comme « le lieu de résidence fortifié d'un détenteur du droit de ban, à l'origine d'une circonscription territoriale, mandement, châtellenie ou bourg », c'est-à-dire la résidence fortifiée privée d'un noble ou d'un seigneur. Cette définition le distingue ainsi d'un palais qui n'était pas fortifié, d'une fortification qui n'était pas la résidence d'un noble ou d'une ville fortifiée ou d'une citadelle qui étaient une défense publique. Néanmoins, il y a beaucoup de similitudes entre ces différents types de construction. L'usage du terme a varié au cours du temps et a été appliqué à tort à des structures aussi diverses que des maisons fortes ou des castros.
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+ Le château fort est une innovation européenne apparue au IXe siècle après la chute de l'Empire carolingien dont le territoire a été divisé entre seigneurs et princes. Ces nobles construisirent des châteaux pour contrôler, par la défense passive — mais aussi active — la zone les entourant, mais s'en servirent aussi comme centres de leur administration et symboles de leur puissance (rôle ostentatoire), leur pouvoir politique (siège de la seigneurie châtelaine) et économique : les châteaux urbains servaient notamment à contrôler les voies de communication et la population locale qui venait se fixer dans sa région.
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+ Les châteaux ruraux ou villageois étaient situés souvent près d'éléments importants pour le village tels que moulins, fours, pressoirs, étangs ou terres fertiles. Le terme de château fort est aujourd'hui quelque peu abandonné (au profit de celui de château), car trop restrictif, n'évoquant que la fonction militaire de l'édifice.
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+ Bien que la poudre à canon ait été introduite en Europe au XIVe siècle, elle n'a affecté significativement la construction du château fort qu'au XVe siècle lorsque l'artillerie est devenue suffisamment puissante pour détruire les murs en pierre. Ils ont continué à être construits jusqu'au XVIe siècle, mais les nouvelles techniques pour faire face aux tirs de canon ont rendu ces places trop inconfortables à vivre. Ainsi, les châteaux forts ont progressivement disparu, remplacés par les forts d'artillerie sans aucun rôle dans l'administration civile et les maisons paysannes qui étaient indéfendables. À partir du XVIIIe siècle, le style néogothique connaît un regain d'intérêt pour la construction de faux châteaux forts, mais ils n'ont plus aucun rôle défensif.
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+ Il se définit plus par un critère social (la résidence, permanente ou temporaire, de la famille châtelaine ou d'un noble) que par une description architecturale. Il est fortifié de manière à pouvoir résister aussi bien à une attaque directe qu'à un siège et se distingue de la maison forte ou « ferté » en ancien français (firmitas des hobereaux) par ses dimensions et ses ouvrages défensifs plus importants. Le château est l’instrument et le symbole du pouvoir local : il permet d’asseoir l’autorité d’un sire sur une population. Dans cette acception, les premiers châteaux apparaissent à la fin de l'époque carolingienne.
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+ L'historien Charles Coulson considère que c'est l'accumulation des richesses et des ressources (comme la nourriture) qui a conduit à la nécessité de structures défensives. Les premières fortifications apparaissent dans le Croissant fertile, la vallée de l'Indus, en Égypte et en Chine, où les implantations étaient protégées par de grandes murailles. L'Europe du Nord fut plus lente que l'Orient à développer des structures défensives et il faut attendre l'Âge du bronze pour y voir le développement de castros qui se multiplièrent pendant l'Âge du fer. Ces structures différaient de leurs homologues orientaux en privilégiant comme matériau de construction des travaux en terre (en) plutôt que la pierre. Certains terrassements en terre existent toujours, mis en évidence par des palissades et des fossés[1].
16
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+ En Europe, les oppidums se sont développés au IIe siècle av. J.-C. : bien que primitifs, ils ont été efficaces jusqu'à l'utilisation intensive d'engins de siège et d'autres techniques de siège, comme à la bataille d'Alésia. Les fortifications romaines, les castra, variaient depuis la construction temporaire des armées en campagne, aux ouvrages en pierre permanents, comme le mur d'Hadrien.
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+
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+ La diffusion des châteaux forts vers l’an 1000 signale qu’ils sont liés à un type particulier de société, dite « féodale ». La disparition de l’État carolingien et la régionalisation des pouvoirs, le transfert de l’autorité régalienne vers des pouvoirs locaux (la féodalisation), provoquent l’insécurité liée à la rivalité des grands possédants et des petits chefs. En favorisant l’éclosion de nombreuses autorités régionales et locales, qui ont besoin d’hommes de main, de polices, cette régionalisation militarise la société et favorise l’érection de nombreux lieux fortifiés. Du Xe au début du XVIIe siècle, l’Europe se hérisse ainsi de châteaux qui tous symbolisent un pouvoir sur les hommes et la terre. Plus le pouvoir territorial des principautés régionales est fort, moins il y a de châteaux, au contraire, plus il est faible, plus ils sont précoces et nombreux. Ainsi, dans les régions germaniques (à l’est d’une ligne Saône-Rhône) où l’empereur reste puissant jusqu’au XIIIe siècle, l’apparition des châteaux est plus tardive et la diffusion plus limitée (au moins jusque vers le deuxième quart du XIIe siècle). Dans le Midi et l’ouest de la France où le pouvoir royal est absent et les autorités régionales des ducs et des comtes limitées, les châteaux sont beaucoup plus nombreux et apparaissent de façon nettement plus précoce (parfois dès la fin du IXe siècle, plus couramment dans la seconde moitié du Xe siècle). Le développement de la royauté capétienne les limite dès le XIIIe siècle. Si la disparition de l’État central et la régionalisation forcée de l’Europe, provoquée par les intérêts des chefs de guerre et des grands possédants, a fait naître le château (au Xe siècle dans l’ouest de la France, aux XIIe – XIIIe siècle dans l’Empire : Allemagne, est de la France, Italie), le développement des États modernes les fait disparaître au XVIIe siècle.
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+ Tous les possesseurs de château n’ont pas la même autorité seigneuriale. Les princes, comtes et grands dynastes, qui exercent une autorité territoriale, construisent de vastes châteaux pour loger les nombreux chevaliers et « ministériels » qui sont leur armée et leurs « fonctionnaires ». Les petits seigneurs doivent se contenter d’une maison forte, une tour ou un logis dans une petite enceinte. Ainsi définis, les critères paraissent simples. Mais les princes ont besoin, pour tenir leur pays, de nombreux postes militaires, parfois simples tours, qui sont défendues par peu d’hommes. Par ailleurs, des seigneurs de village, enrichis par la guerre et les fonctions (les services rendus), ont les moyens d’élever de prestigieuses constructions. Certains châteaux ont une enceinte spéciale servant de refuge à la population environnante.
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+ À partir de l’époque de Philippe Auguste et de Richard Cœur-de-Lion (fin du XIIe, début du XIIIe siècle), la fortification est de plus en plus souvent l’affaire d’« ingénieurs ». Jusque-là, on cherchait des sites favorables et on comptait surtout sur l’épaisseur et la hauteur des murs. Le développement d’une architecture militaire offensive (lié à la diffusion des machines de guerre et aux dispositifs de flanquement) permet de s’établir dans n’importe quel site, n’est plus tributaire du relief, et a pour contrecoup la recherche d’une architecture à caractère davantage palatial. La synthèse entre château et fort devient plus difficile comme le montrent les châteaux de Saumur ou de La Ferté-Milon ou bien produit des édifices sévères comme à Tarascon. La grande majorité des châteaux forts ont été élevée par les seigneurs de village ; ce sont donc des maisons fortes qui ont des formes très variées (plus diverses que celles des grands châteaux), selon les époques et les régions, assez accessoirement tributaires de l’évolution de l’art militaire. La maison forte est aussi ancienne que le château, mais la plupart d’entre elles ont été reconstruites pendant ou après la guerre de Cent Ans.
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+ Les ressources documentaires médiévales utilisent un vocabulaire divers et relativement flou pour désigner les châteaux : le castrum (au pluriel castra) se confond avec le castellum (castella) pour décrire un lieu fortifié.
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+ Au IXe siècle, l'édit de Pîtres encourage la construction de forteresses pour faire face aux invasions scandinaves qui menacent la France occidentale. La multiplication des châteaux répond à un contexte d’insécurité : raids vikings et sarrasins, puis violences de petits seigneurs brigands, menacent les paysans et leurs récoltes. Ces châteaux sont d'abord sous l'autorité des comtes et des ducs, qui sont les délégués du roi dans les « régions » (pagi). Ces représentants se constituent des principautés autonomes et confient leurs forteresses à des délégués (vicomtes, viguiers, centeniers, officiers châtelains). Aux XIe et XIIe siècles, ces derniers usurpent les prérogatives publiques (rendre la justice, lever une armée, collecter les impôts). Les partages successoraux accentuent l'émiettement du pouvoir. Ils font construire, de manière illégale, des châteaux : à la fin du XIIe siècle, on en comptait environ 150 en Provence, 130 en Catalogne, 110 en Picardie[2].
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+ Cependant, l’effacement de l’autorité publique, incarnée par le roi ou le comte, s’est faite selon des rythmes et des intensités différents :
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+ La physionomie des châteaux forts a changé au cours du Moyen Âge parallèlement à l'évolution des techniques militaires et de siège (poliorcétique). La structure et l'ampleur des châteaux forts dépendent également des régions et du pouvoir de son propriétaire.
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+ On peut distinguer plusieurs étapes, dans l'ordre chronologique.
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+ L'enceinte castrale est, avec la motte castrale, le premier château fort de l'histoire. Il semble même, d'après les recherches archéologiques récentes en Normandie, qu'elle serait antérieure à la motte (avant 1066). La fortification occupe souvent un terrain plat sur un éperon ou un promontoire. Une tour-porche en protège sommairement l'entrée. L'enceinte, précédée de douves ou de fossés, est constituée d'une palissade plantée ou non sur un terrassement (la terre est celle retirée du fossé). De forme ovoïde, cette clôture protège quelques bâtiments et abrite une mesnie[6] aristocratique, parfois une petite communauté paysanne (le terme de château est dans ce cas utilisé à tort).
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+ Ce château fort primitif couvrit en fait toute l'Europe occidentale.
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+ Le premier château de Caen, édifié pour le duc Guillaume le Conquérant, en constitue le plus bel exemple normand. L'enceinte enferme 5 ha et épouse un éperon. Avant la fondation du donjon au XIIe siècle, une grosse porte fortifiée formait son élément défensif le plus important. L'enceinte castrale se trouvait en fait un peu partout dans les campagnes normandes, mais dans des tailles beaucoup plus modestes qu'à Caen : Le Plessis-Grimoult (Calvados) fouillé par Elisabeth Zadora-Rio ; Mirville (Seine-Maritime) fouillé par Jacques Le Maho ; Pont-Saint-Pierre (Eure)… Ce type de fortification semble aussi avoir cohabité avec le type « motte castrale » et perduré jusqu'au XIIe siècle.
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+ La motte castrale est une butte artificielle sur laquelle est aménagée une tour entourée d’une palissade et d'un large fossé. Les spécialistes les appellent aussi « château à motte et basse-cour[7] ».
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+ Les premières mottes sont aménagées à la fin de l’époque carolingienne entre Rhin, Escaut et Loire. Les mottes apparaissent plus tardivement dans le nord de l’Europe (XIIe siècle au Danemark) et à l’est de l’Elbe (XIIIe siècle) [8]. La plupart du temps, leurs sommets étaient occupés par un fortin de bois aménagé avec une tour de guet en charpente analogue à un donjon. Leur succès s'explique en partie à la facilité de leur réalisation : les matériaux de construction qu'elle nécessite, la terre et le bois, abondent et sont donc peu coûteux. Les travaux de terrassement, l'abattage et l'équarrissage du bois, ainsi que la mise en œuvre peuvent être l'affaire d'ouvriers non qualifiés, trouvés parmi les serfs corvéables « à merci[9] ».
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+ Certains sires érigeaient ces fortifications sans l'autorisation du prince : ce mouvement d'usurpation qui aboutira aux châtellenies du XIe siècle fut plus précoce dans le sud de la France. Dans la seconde moitié du XIe siècle, le château à motte se multiplie et devient plus complexe en France. Il se diffuse en Allemagne et en Angleterre, après la conquête du duc Guillaume de Normandie. Elles se dotent alors d'une enceinte maçonnée au sommet de la motte.
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+ Les dimensions des mottes varient de 50 à 200 mètres de diamètre et d'une hauteur de 10 à 60 mètres[7].
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+ L’habitation du seigneur pouvait être au sommet de la motte (dans une tour) ou bien dans la basse-cour. La tour était encerclée par une palissade ou un muret. Dans les premiers temps, la tour était en bois et comportait un ou deux étages où l'on trouvait des réserves et la chambre du châtelain et de sa famille ; la construction était entourée d'une palissade aménagée sur une levée de terre et d'un fossé en haut. L'entrée pouvait se faire par pont amovible gardé par une porte et une tour en bois.
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+ La motte castrale est incluse dans un ensemble fortifié plus vaste qui comprend une basse-cour, séparée par un fossé. Cet espace était suffisamment vaste pour accueillir la population réfugiée. Au pied de la butte s'étendait une basse-cour avec des habitations, des écuries, des bâtiments agricoles et parfois le logis seigneurial.
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53
+ Le seigneur exigeait de ses paysans qu’ils participent aux travaux, car ces derniers savaient construire leur maison : on commençait par tracer le plan au sol, puis on creusait un fossé dont les débris permettaient la formation d’un rempart de terre. Le monticule en lui-même était élevé par couches successives, par accumulation de matériaux apportés par chariots, bêtes de somme ou à dos d’homme, dans des hottes. Il n'était nul besoin d’une main-d’œuvre spécialisée pour élever ce genre de défense. Bâties en terre et en bois selon des plans variés, les mottes sont soumises aux intempéries (les palissades pourrissent) et aux incendies. Beaucoup d'entre elles ont disparu. La tapisserie de Bayeux est une source iconographique de première importance pour la connaissance des mottes castrales. Elle peut être complétée par les données archéologiques et la reconnaissance aérienne. Ces constructions de bois présentaient l'avantage de pouvoir être rapidement reconstruites, après un incendie par exemple. Elles servaient de refuge aux paysans des alentours, au temps des invasions scandinaves.
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+ La fortification en pierre, souvent un donjon entouré de remparts, ne correspond pas à une étape de l'histoire des châteaux forts. Autrement dit, les châteaux en pierre n'ont pas succédé aux châteaux en terre et bois. Le choix du matériau dépendait des moyens du commanditaire, et du terrain : la roca ou « roque » apparaît dès le Xe siècle dans les régions montagneuses de l'Europe méridionale.
56
+
57
+ La fortification en pierre, encore rare au Xe siècle, correspond parfois à une construction romaine plus ou moins modifiée comme le castrum d'Andone, les remparts du Mans ou la cité de Carcassonne[10].
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+ L'utilisation de la pierre pour de nouvelles constructions concerne avant tout les donjons. Les premiers grands donjons à base rectangulaire en pierre apparaissent dans la vallée de la Loire (Langeais, fin du Xe siècle). On attribue traditionnellement un rôle pionnier au comte d'Anjou, Foulque Nerra (987-1040). Cependant, avant le donjon de Foulques Nerra à Langeais (994,) il y a eu la forteresse des ducs d'Aquitaine à Maillezais, à l'emplacement de l'abbaye Saint-Pierre. Elle fut construite entre 970 et 980, partiellement ou entièrement en pierres. Il en reste une tour-porte qui fut conservée pour l'abbaye. Les donjons sont adoptés en Normandie puis en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle[11]. Celui de Loches, le plus abouti pour l'époque, mesure 37 mètres de haut.
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+ Dans le Saint-Empire romain germanique, en Italie et en France du Sud, de petites tours de trois ou quatre étages se dressaient seules et servaient de refuge ou de poste de guet. Elles n'étaient pas protégées par une muraille, car le site abrupt était la meilleure protection de ces roques : une superstructure en pierres sur une infrastructure rocheuse[12]. On les construisait avec du mortier.
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+ Les fouilles de Roqueprive en Rouergue ont permis de préciser l'image de la roque : loin de se réduire à une tour sur un piton rocheux, elle comprenait des bâtiments annexes et des remparts, même du côté le plus abrupt, ce qui démontre un savoir-faire architectural pour une fortification isolée n'ayant servi que quelques décennies[13].
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+ L'apogée du château fort proprement dit est le XIIe siècle. On le désigne parfois sous l'expression « château roman ». Cet apogée correspond à la Renaissance du XIIe siècle au cours de laquelle seigneurs et chevaliers lettrés redécouvrent les traités d'art militaire romain (ex. : Epitoma rei militaris de Végèce). À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique.
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+ Enfin, le château fort se dote d'une double enceinte au XIIIe siècle : les deux remparts dégagent donc un espace intermédiaire appelé « lices ». Des tourelles sont construites pour ne pas laisser d'angles morts. Un chemin de ronde ainsi qu'un fossé plus large et plus profond sont aménagés.
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+ Pour se défendre contre les projectiles incendiaires, les toits sont couverts de plomb, les planchers sont remplacés par des voûtes de pierre. Le plan du château plus resserré et géométrique (carré pour le Louvre). Les princes et les rois font entourer leurs villes d'enceintes : Rouen, Paris, Laon, Aigues-Mortes, Provins, Angers…
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+ Certains spécialistes en castellologie comme Gérard Denizeau avancent que le XVe siècle signifie la fin des châteaux forts. En effet, les progrès de l'artillerie rendent désormais les murailles très vulnérables. À partir de 1418, se généralise l'utilisation de boulets en fer, beaucoup plus destructeurs que les boulets de pierre. Les canons de la fin de la guerre de Cent Ans permettent d'accélérer les sièges en ouvrant des brèches dans la muraille, plus efficacement que la sape ou le bélier. Cependant, la mort du château fort ne fut pas si brusque. Il a continué aux XVe et XVIe siècles à s'adapter à l'évolution de l'armement. À Salses, à la frontière franco-espagnole, l'ingénieur aragonais Ramirez a « enterré » le château pour mieux résister aux tirs rasants : ce système de « fortification rasante » (Pyrénées, Bretagne) marque la transition avec les bastions de l'époque moderne. Le rempart atteint 12 m d'épaisseur. Aux angles, quatre tours circulaires sont percées de canonnières. Car la meilleure façon de résister au canon, c'est d'en avoir soi-même. C'est ce qu'on appelle la défense active.
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+ Plus généralement, les anciens châteaux sont améliorés pour faire face à l'artillerie. Le sommet des tours accueille par exemple des plates-formes sur lesquelles on installe les canons (Fougères). On construit des barbacanes en U ou en proue de navire devant les entrées (Bonaguil, Lassay). On élargit les fossés que l'on défend par un moineau (Loches). Ou encore, on multiplie les tours le long de la courtine. Mieux, on installe de fausses braies (Gisors, Domfront). Le château fort n'est donc pas fini, mais son apogée est bien terminé. Si, en France, il est encore utilisé pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, on n'en construit pas de nouveau. Henri IV confirme leur déclin en ordonnant la destruction ou le démantèlement de nombreuses forteresses pour éviter qu'elles servent de repaire aux ennemis de l'autorité royale (château de Rouen).
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+ Il semble qu'au XVIIe siècle, la défense du territoire par un réseau castral soit révolue. Les villes, notamment les villes-citadelles comme Lille, Besançon ou Neuf-Brisach, sont préférées pour arrêter l'adversaire. Surtout, les souverains comptent davantage sur leur « muraille humaine », c'est-à-dire leur armée en bataille. Les châteaux forts deviennent obsolètes. Les propriétaires essaient alors d'améliorer leur fonction résidentielle. Les ponts-levis sont remplacés par des ponts fixes en pierre (ou pont dormant). Les bâtiments à l'intérieur de la cour sont percés de fenêtres à meneaux. Parfois, on construit un nouveau bâtiment au goût du jour comme à La Clayette où de nouveaux bâtiments furent ajoutés au donjon médiéval au XVIIIe siècle et une partie fut remaniée dans un style néo-Renaissance au XIXe siècle.
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+ L'image des châteaux forts actuels peut être faussée. Souvent les bases talutées des tours et des courtines disparaissent très largement sous le remblai. L'histoire de leur restauration qui prend sa naissance au XIXe siècle est marquée par la création d'un état fictif qui « ne répond en fait qu'à une conception d'un passé factice au service d'une fonctionnalité circonstancielle[16] ».
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+ Durant la période des Croisades, les forteresses construites sur les sommets rocheux prennent le nom de krak. Les citadelles arabes sont régulièrement réaménagées par les états latins d'Orient ou les ordre militaires.
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+ Krak des Chevaliers en Syrie.
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+ Fort de Paphos à Chypre.
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+ Krak de Montréal en Jordanie.
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+ Krak des Moabites en Jordanie.
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+ Plusieurs techniques sont utilisées pour attaquer un château fort. On peut croire qu'une des attaques les plus utilisées était l'échelade mais, bien trop lourde et peu maniable (l'échelle est composée de lourdes sections emboîtables les unes dans les autres), l'échelle est peu utilisée pour attaquer un château fort (sauf lors d'un coup de main par surprise). La présence de grilles en fer forgé au niveau des fenêtres des tours pour éviter l'échelade atteste cependant de sa mise en œuvre[17].
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+ La méthode la plus utilisée est la sape qui consiste à provoquer une brèche dans une enceinte. Pour cela, des sapeurs protégés sous des galeries de bois creusent et enlèvent les pierres de la muraille pour provoquer son effondrement. S'agissant d'une action au contact de la muraille, la sape n'est toutefois pas possible si la muraille du château est entourée de douves mises en eau, ou bien s'il est situé sur un escarpement plus haut que les assaillants ou est en bord de mer.
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+ Une autre manœuvre, appelée mine, consiste à creuser sous la base de la muraille mais n'est envisageable qu'en cas d'absence d'un soubassement rocheux (en plus des restrictions concernant la sape). Avant l'usage de la poudre noire, la mine était bourrée de matériaux inflammables (fagots, laine enduite d'huile…) dont la combustion provoquait l'éclatement des pierres et l'effondrement de la muraille située au-dessus.
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+ Il est également possible de provoquer l'effondrement d'une partie des remparts à l'aide d'engins de siège (mangonneaux, trébuchets, catapultes…) projetant des quartiers de roche ou des boulets de pierre mais la mise en œuvre de ces engins exige (outre la présence de ceux-ci dans les bagages des assaillants) du personnel qualifié et une longue installation.
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+ Quand les occupants du château fort ne sont pas sur leurs gardes, le coup de main rapide par une petite troupe (ce que nous appellerions aujourd'hui une action de commando) peut s'avérer efficace : prise de Monaco par les Grimaldi déguisés en moines (1297), ruses d'Arnaud de Cervole en Dordogne (1351-1353) et d'autres.
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+ Enfin, une dernière méthode est le siège qui consiste à affamer et assoiffer les assiégés en contrôlant tout le tour de l'enceinte (c'est une course de vitesse à celui qui, des deux, manquera le premier de vivres et d'eau). Mais il demande de nombreux hommes et un approvisionnement régulier en nourriture des assiégeants, ce qui peut coûter cher[18] et laisse les assaillants à la merci d'une attaque par une troupe de secours.
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+ Le château fort suscite aujourd'hui encore un fort imaginaire. L'historien Jacques Le Goff le souligne bien assez, avec l'imaginaire des enfants notamment, sous la forme de dessins ou de châteaux de sable[19]. Cet édifice peuple aussi les dessins animés, l'univers des jouets, les films, l'art[20], la télévision et les séries fantastiques. Les visites des châteaux forts en France, ainsi que les spectacles sons et lumière, jusque dans des projets d'archéologie expérimentale monumentale tel le château de Guédelon, en Bourgogne, contribueront chacun à leur façon, à la diffusion de cet imaginaire[21].
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+ Bien sûr, il n'en a pas toujours été ainsi : si le terme « château fort » n'apparaît qu'en 1835, à l'occasion de la résurgence romantique de l'imaginaire médiéval, il disparait pratiquement durant le XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles[19]. Il revient en force à travers notamment la littérature au XIXe siècle : Walter Scott, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Verlaine, Rimbaud, Huysmans[19].
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+ Le XXe siècle aura aussi ses perles, avec des fortifications castrales imaginées comme dans le Seigneur des anneaux de R. R. Tolkien par exemple, avec des adaptations cinématographiques mondiales au XXIe siècle de cette même oeuvre, ou au travers de séries télévisées comme Game of Thrones[21]. Bien sûr les historiens, historiens de l'architecture et de l'art, castellologue contribueront aussi à la diffusion de cet imaginaire, sous une forme scientifique ou vulgarisée, et susciteront ce goût[22] du Moyen-Âge dans le grand public[23].
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+ Akihito (明仁?, né le 23 décembre 1933 au palais impérial ou Kōkyo à Tokyo au Japon) est empereur du Japon, de la mort de son père, Hirohito, le 7 janvier 1989, à son abdication, le 30 avril 2019. Il est officiellement intronisé le 12 novembre 1990. La Constitution japonaise de 1947 limite son rôle à celui de « symbole de l'État et de l’unité du peuple japonais ». Avant son accession au trône du chrysanthème, qui marque la fin de l'ère Shōwa et le début de l'ère Heisei, il fut prince héritier pendant 37 ans de 1952 à 1989.
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+ Il est le cinquième enfant, fils aîné et successeur de l'empereur Shōwa, dit Hirohito, et de l'impératrice Kōjun, dite Nagako. Par sa mère, il est également le cousin de la princesse coréenne Yi Bangja.
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+ Selon la tradition officielle shinto, il est le 125e empereur du Japon, issu de la lignée Yamato qui régnerait sur le Japon depuis 660 av. J.-C., ce qui en ferait la plus ancienne dynastie régnante du monde toujours en activité. Toutefois, les historiens s'accordent généralement pour dire que les quinze premiers empereurs de cette lignée seraient légendaires.
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+ L'empereur Akihito abdique le 30 avril 2019, décision qu'il avait annoncée plusieurs mois auparavant[1]. À partir de cette date, il prend le titre d'empereur émérite. Avant lui, 62 souverains japonais ont porté ce titre après leur abdication.
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+ L'ancien empereur du Japon est généralement connu dans les médias occidentaux sous son nom personnel, ou prénom, reçu, comme le veut la tradition, sept jours après sa naissance (soit le 29 décembre 1933), de ses parents, à savoir Akihito. Ce prénom est alors composé des kanjis « 明 (Aki?) », qui peut signifier « clair, lumineux »[2],[3], et « 仁 (Hito?) », renvoyant aux notions de « vertu, bienveillance, humanité, piété »[4],[5] et servant de suffixe traditionnel dans pratiquement tous les prénoms des enfants mâles de la famille impériale depuis le XIe siècle car symbolisant le lien entre l'homme et le ciel.
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+ Le jeune Akihito reçoit en même temps que son prénom un nom honorifique : il est alors le prince de Tsugu (継宮, Tsugu-no-miya?). Outre le kanji « 宮 (Miya?) », qui signifie « maison princière, temple shinto »[6],[7] et qui, sous sa forme no-miya (littéralement « de la maison »), est souvent traduit tout simplement par la particule aristocratique « de », celui de 継 (Tsugu?) renvoie quant à lui aux notions de « suivre, succéder, hériter, continuer, poursuivre, maintenir »[8],[9]. Son titre peut être ainsi traduit littéralement par « prince de la continuité » et renvoie au fait que la naissance d'un héritier mâle, alors que son père était déjà empereur depuis sept ans, était particulièrement attendue.
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+ De sa naissance en 1933 à son intronisation comme prince héritier en 1951, sa titulature complète est alors « Son Altesse impériale le prince impérial Akihito de Tsugu » (継宮 明仁 親王 殿下, Tsugu-no-miya Akihito shinnō denka?).
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+ De son intronisation officielle comme prince héritier en 1951 à son accession au trône en 1989, il abandonne le titre de prince Tsugu pour être désormais désigné au Japon sous le titre de « Son Altesse impériale le prince héritier Akihito » (明仁 皇太子 殿下, Akihito Kōtaishi denka?), les kanjis 皇太子 (Kōtaishi?), littéralement le « Premier fils de l'empereur », désignant le titre d'héritier au trône du chrysanthème.
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+ Depuis qu'il a succédé à son père comme empereur du Japon, il n'est plus jamais désigné par les Japonais sous le nom d'Akihito, mais, durant son règne, comme « Sa Majesté l'Empereur » (天皇 陛下, Tennō Heika?) ou encore comme « Sa Majesté présente » (今上 陛下, Kinjō Heika?). Comme le veut la tradition depuis le règne de l'empereur Meiji, son accession au trône correspond à la proclamation d'une nouvelle ère servant de base officielle au comput japonais (même si le comput occidental chrétien est aujourd'hui largement utilisé, les documents officiels datent encore la plupart des évènements en année de l'ère impériale actuelle) : cette ère a pris le nom de Heisei (平成?), traduit généralement par « Accomplissement de la paix ». Suite à son abdication, cette ère prend fin au profit de celle correspondant au règne de son fils, baptisée Reiwa (令和?). À partir de là, il est connu par la titulature de « Sa Majesté l'Empereur honoraire » (上皇 陛下, Jōkō Heika?). Après sa mort, l'actuel empereur du Japon prendra enfin le nom posthume d'empereur Heisei (平成 天皇, Heisei Tennō?).
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+ Si en Occident s'est répandu l'usage de nommer l'empereur par son simple prénom, Akihito, à l'instar des monarques européens, cette pratique est considérée au Japon comme un manque de respect à l'empereur.
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+ Premier fils et cinquième enfant de l'empereur Hirohito et de l'impératrice Nagako, sa naissance était alors particulièrement attendue. En effet, le couple impérial était déjà marié depuis 9 ans et n'avait eu jusqu'alors que des filles, qui ne pouvaient donc prétendre à la succession de leur père. L'arrivée de l'héritier tant attendu permet de rassurer les autorités japonaises, soucieuses de la stabilité du trône du chrysanthème.
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+ Comme le veut la tradition pour les enfants du couple impérial, il est séparé de ses parents à l'âge de 3 ans et est éduqué par les chambellans du palais impérial et des précepteurs privés, ne voyant ses parents qu'une fois par semaine lors de rencontres relativement solennelles. Plus tard, il suit, de 1940 à 1952, les cours de l'école Gakushūin, alors réservée aux enfants de la haute aristocratie japonaise, à Tokyo. Les premières années de sa scolarité, il est isolé de ses camarades de classe qui sont maintenus à distance. Dans un contexte de shintoïsme d'État, il est éduqué dans l'optique de devenir le futur « dieu vivant » qu'est l'empereur du Japon pour l'opinion japonaise encore à l'époque, à savoir un individu distant, isolé du peuple et sans défaut. Les festivités pour son dixième anniversaire en 1943 prennent l'aspect d'un véritable jubilé national.
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+ À la fin de la Seconde Guerre mondiale, du fait de l'intensification des raids aériens sur la capitale japonaise à la fin de l'année 1944 et en 1945, il est évacué de la ville en compagnie de son frère puîné le prince Yoshi Masahito (qui porte désormais le titre de prince Hitachi), pour être conduit en lieu sûr à la villa impériale de Tamozawa située à Nikkō à l'intérieur des terres. Il y apprend la capitulation du Japon et écrit alors dans son journal : « Je vais devoir travailler plus dur à mon apprentissage »[10].
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29
+ Sous l'occupation américaine qui suit la Seconde Guerre mondiale, le prince Akihito et ses frères et sœurs reprennent les cours à Gakushūin mais en ayant la possibilité de se mélanger avec leurs camarades. Il est ainsi certainement le premier empereur japonais à posséder de réels amis personnels[11]. De plus, ils reçoivent pour tutrice, de 1946 à 1950, la quaker Elizabeth Gray Vining qui les initie à la langue anglaise et à la culture occidentale. Bien qu'elle n'ait été finalement chargée de leur éducation que relativement peu de temps, elle a laissé sur les enfants impériaux une forte impression, notamment sur le jeune prince Tsugu qui a gardé avec elle une relation particulière jusqu'à son décès en 1999 (lui rendant visite à plusieurs reprises ou gardant une correspondance active avec elle, tandis qu'elle sera la seule étrangère invitée à son mariage en 1959). Dans son ouvrage Windows for the Crown Prince, paru en 1952 et devenu un best-seller, Elizabeth Gray Vining raconte comment elle a pris en affection le jeune prince et décrit sa transformation, sous sa conduite, d'un enfant rigide et renfermé en un adolescent ouvert sur le monde et gagné aux idées libérales à l'occidentale. Après son départ en 1950, elle est remplacée comme professeur d'anglais des enfants impériaux par une autre quaker, Esther Rhoads, principale de l'école pour filles de la Société des Amis à Tokyo.
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+ Sa formation politique et de futur empereur est quant à elle essentiellement supervisée à partir de 1949 par le Dr Shinzō Koizumi, économiste[12] qui fut président de l'université Keiō de 1933 à 1947[13]. Lui aussi un fervent libéral — tant au sens politique qu'économique du terme, étant un ardent critique des thèses de Karl Marx et un élève à la fois de l'école classique, notamment David Ricardo, et néoclassique, dont surtout William Stanley Jevons[14] — et admirateur de la monarchie parlementaire britannique, il cite à son jeune élève comme exemple à suivre celui du roi George V du Royaume-Uni[15]. Voulant faire d'Akihito le symbole de la modernisation de la famille impériale et plus généralement de la société japonaise, il est l'un des principaux artisans de son mariage avec une non-aristocrate qui semble de plus être un réel choix d'amour, Michiko Shōda. Il est ainsi à l'origine, à la demande du prince, de l'inscription en février 1958 de la jeune femme sur la liste des prétendantes au mariage et déclare : « Le prince héritier l'a choisie, et donc nous aussi »[16]. Il reste son principal conseiller jusqu'à son décès en 1966.
32
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33
+ Ses autres précepteurs incluent le juriste Kōtarō Tanaka, ministre de l'Éducation de 1946 à 1947 et président de la Cour suprême de 1950 à 1960, qui l'initie au droit constitutionnel de 1951 à 1960[17], et le prêtre Stephen Fumio Hamao, alors aumônier d'étudiants de l'Université catholique de Tokyo depuis 1957 puis cardinal-archevêque de Yokohama, qui lui enseigne le latin[18].
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+ Il reçoit aussi une préparation physique active, et apprécie particulièrement l'équitation et le tennis.
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+ En 1989, il soutient le chef Raoni dans son combat pour la préservation de la forêt amazonienne.
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+ Il est intronisé prince héritier, au palais impérial (Kōkyo) le 10 novembre 1952 lors de la cérémonie traditionnelle appelée Rittaishi no Rei[l 1]. Autorisé à fonder sa propre maison princière, traditionnellement appelée « Tōgū »[l 2], il quitte le Palais impérial pour s'installer dans sa propre résidence, le Palais du Tōgū, situé dans le Domaine impérial d'Akasaka (qui comprend de nombreuses demeures de membres de la famille impériale) dans l'arrondissement spécial de Minato à Tokyo. Jusqu'à l'année précédente, il s'agissait du palais Ōmiya (大宮御所, Ōmiya-gosho?), résidence de sa grand-mère l'impératrice douairière Teimei jusqu'à son décès.
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+ Minoru Hamao, frère du prêtre et futur cardinal Stephen Fumio Hamao, devient son chambellan à partir de 1961 et le reste jusqu'en 1971. Certains observateurs y voient l'importance de l'influence des catholiques dans l'entourage du prince, d'autant qu'Elizabeth Gray Vining et Shinzō Koizumi, deux de ses principaux précepteurs, sont tous deux également chrétiens. Toutefois, Akihito semble ne jamais avoir songé à une conversion, et a toujours réalisé les cérémonies et rituels traditionnels shinto et bouddhiste[19],[20].
42
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43
+ N'ayant donc pas d'influence religieuse, ces collaborateurs ont largement contribué à ce qu'il devienne le principal atout de la modernisation et de désacralisation de l'image de la famille impériale recherchées par le gouvernement et les occupants américains. En témoignent ses nombreux déplacements à l'étranger, alors que ses parents ne quittent le Japon que deux fois durant leur règne (en 1971 en Europe et en 1975 aux États-Unis). En juin 1953, le prince Akihito représente ainsi le Japon au couronnement d'Élisabeth II, reine du Royaume-Uni, et se rend dans la foulée en France, en Espagne[21], aux États-Unis (notamment Hawaï[22], et Philadelphie où il rend visite à son ancienne tutrice Elizabeth Gray Vining) et au Canada[23].
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+ Entré en avril 1952 au département de sciences politiques de l'université Gakushūin, ses obligations officielles le poussent à abandonner ses études sans avoir été diplômé en avril 1954, mais il continue à suivre des cours comme auditeur libre jusqu'en 1956. Il commence à y concrétiser sa passion d'enfance pour les poissons en commençant à étudier l'ichtyologie sur les conseils du professeur Ichirō Tomiyama de l'université de Tokyo[24].
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47
+ En août 1957, il rencontre sur un court de tennis de la station touristique de Karuizawa, près de Nagano, lors d'une partie en double, Michiko Shōda (née le 24 octobre 1934), fille aînée de Hidesaburo Shōda, président de la compagnie Nisshin. Le conseil de la Maison impériale a officiellement annoncé leurs fiançailles le 27 novembre 1958. Les médias parlent alors de la « romance du court de tennis » et présentent leur rencontre comme un véritable « conte de fée »[25].
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+ Toutefois, ce mariage n'a pas fait l'unanimité. Pendant les années 1950, les médias ont avancé que certains membres traditionalistes de l'Agence impériale essayaient d'écarter la jeune fille du prince héritier. En effet, il était jusqu'à présent de tradition que le futur empereur épouse une aristocrate, or Michiko Shōda, issue de l'une des familles industrielles les plus fortunées du Japon, était la première roturière à être fiancée à un membre de la famille impériale. De plus, issue d'un milieu catholique aux idées libérales[26] et, bien que jamais baptisée, elle a été élevée dans des établissements religieux chrétiens. En 2000, à la mort de l'impératrice Kōjun, l'agence Reuters a annoncé que l'ancienne impératrice faisait partie des plus farouches opposants à ce mariage et que, dans les années 1960, elle avait poussé sa bru à la dépression en l'accusant de n'être pas faite pour son fils[27]. Des menaces de mort poussent les autorités à organiser la sécurité de la famille Shōda[25]. Dans le but de donner une image plus intimiste et moins compassée de la famille impériale comme c'était auparavant le cas, le couple pose pour le public en jouant au tennis ou bien la princesse en train de préparer un repas[28]. L'écrivain Yukio Mishima, connu pour ses prises de position traditionalistes, déclare alors : « Le système impérial devient "tabloidesque" (sic) dans un effort de démocratisation du système. L'idée de connecter (la famille impériale) au peuple par une perte de sa dignité est mauvaise »[29].
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+ Toutefois, le jeune couple avait alors acquis un large soutien du public, qui le voit comme le symbole de la modernisation et de la démocratisation du Japon (les médias parlent alors d'un « Micchi boom », reprenant le surnom de Michiko Shōda), ainsi que celui de la classe politique dirigeant le pays. Les collaborateurs d'Akihito, et en particulier Shinzō Koizumi, pèsent de tous leurs poids pour concrétiser l'union. Le mariage eut donc finalement bien lieu, le 10 avril 1959, lors d'une cérémonie traditionnelle shinto. Le cortège nuptial fut suivi dans les rues de Tokyo par une foule de plus de 500 000 personnes s'étalant sur les 8,8 km du parcours, et les parties du mariage retransmises à la télévision (faisant de cette noce princière la première à être médiatisée au Japon) furent regardées par 15 millions de spectateurs environ[29].
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53
+ Il rompt à nouveau la tradition impériale lorsqu'il décide d'élever personnellement, avec son épouse, ses enfants et donc de les garder auprès d'eux au lieu de les confier à des précepteurs privés et aux chambellans du palais. Le couple est présenté comme menant un mode de vie très moderne, très occidentalisé, recevant des amis chez eux à dîner, tandis qu'Akihito s'implique lui-même, aux dires de ses proches, dans les tâches ménagères du foyer princier. Le couple se rend de nombreuses fois en visite officielle dans les 47 préfectures du Japon et dans plus de 80 pays. En 1986, il est également le premier membre de la famille impériale à prendre le métro[30].
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55
+ En décembre 2013, il remercie publiquement sa femme d'avoir été à ses côtés depuis le début de leur union, déclaration convenue mais pas anecdotique, alors que les femmes de la famille impériale sont souvent étouffées par le protocole[28].
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57
+ À la mort de l'empereur Shōwa, le 7 janvier 1989, Akihito lui succède sur le trône à l'âge de 55 ans. Lors d'une courte cérémonie, il reçoit immédiatement, en présence du Premier ministre Noboru Takeshita, les insignes impériaux[31] :
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+ Une nouvelle ère est également immédiatement proclamée par le Secrétaire général du Cabinet Keizō Obuchi pour officiellement débuter dès le lendemain : Heisei, généralement traduit par « accomplissement de la paix ». Comme le veut la tradition, ce nom est issu de passage des Classiques chinois, en l'occurrence des Mémoires historiques, où l'expression « accomplissement de la paix, à l'intérieur comme à l'extérieur »[l 5] est utilisée pour désigner le règne de l'empereur mythique chinois Shun, et des Classique des documents qui utilise lui l'expression « accomplissement de la paix, sur terre comme aux cieux »[l 6]. Ce nom renvoie donc à l'idée de paix totale et omniprésente, que ce soit « à la fois à l'intérieur du pays et à l'extérieur, dans le ciel et sur terre »[32],[33].
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+ Il est officiellement intronisé lors de la cérémonie traditionnelle du Sokuirei no gi[l 7],[34] le 12 novembre 1990. Celle-ci, la première à avoir lieu depuis la mise en place de la Constitution de 1947 qui a enlevé tout pouvoir et son caractère divin à l'empereur, est particulièrement modifiée par rapport aux précédentes : au lieu de se tenir au palais de Kyōto, elle a lieu dans la « salle des Pins » ou « salle du Trône »[l 8] du « hall d'État »[l 9] au Kōkyo ; la plupart des symboles shinto qu'elle comportait sont enlevés du rituel ; elle est la première à se faire en présence d'étrangers, avec plus de 500 délégués représentant 158 pays s'ajoutant aux 2 000 invités japonais ; le Premier ministre s'adresse directement à l'empereur en se tenant en face de lui, et non plus, comme c'était le cas auparavant, depuis la cour du palais, afin de démontrer que le régime du Japon est désormais démocratique et que donc le cabinet n'est plus subordonné au monarque[35]. Cette cérémonie est complétée, les 22 et 23 novembre 1990 par un rite cette fois-ci totalement shintō et secret pendant lequel l'empereur remercie les kami pour son avènement en leur offrant du riz sacré : la fête du grand Remerciement »[l 10]. Le fait que l'Agence impériale et le nouvel empereur ait maintenu ces traditions, bien qu'épurées de leurs éléments les plus controversés, a entraîné l'opposition de nombreuses associations et partis à la gauche de l'échiquier politique japonais qui reprochent alors au Sokuirei no gi son coût (le gouvernement japonais ayant dépensé quinze millions de dollars américains pour organiser l'évènement[36]), et le Daijōsai comme une remise en cause de la séparation de la religion et de l'État[37]. Ainsi, plusieurs petits attentats ont eu lieu en marge des festivités, revendiqués par des groupuscules d'extrême-gauche[38].
62
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63
+ Malgré les contraintes imposées par la constitution du Japon à la position d'empereur, Akihito est sorti à plusieurs reprises de sa réserve pour exprimer des excuses personnelles, au nom de la famille impériale, aux pays asiatiques ayant souffert pendant l'occupation japonaise.
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+ En 1975, il se rend à Okinawa, territoire qui a subi les pires batailles du pays. Lors de ce déplacement, il manque de recevoir un cocktail Molotov, lancé par un activiste[39].
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+ Ainsi, dès le 12 avril 1989, à l'occasion d'une visite officielle du Premier ministre de la République populaire de Chine Li Peng, il utilise pour la première fois le terme de « regrets »[l 11],[40]. Plus tard, il est le premier empereur du Japon à se rendre officiellement en Chine en octobre 1992, et lors de ce déplacement, le 27, il déclare[n 1] :
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+ « Dans la longue histoire des relations entre nos deux pays, il y eut une période tragique pendant laquelle mon pays causa de grandes souffrances au peuple de Chine. Nous avons reconstruit notre patrie et sommes fortement résolus à poursuivre notre chemin de pays pacifique sur la base de notre profond regret et de notre désir qu'une telle guerre ne se reproduise plus jamais. »
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+ Concernant la Corée, il exprime également des remords pour les exactions japonaises par le passé, le 24 mai 1990 lors d'une entrevue avec le président sud-coréen Roh Tae-woo en visite officielle au Japon[n 2] : « En songeant à la souffrance que votre peuple a enduré pendant cette malheureuse période, par la faute de notre nation, je ne peux ressentir que le plus profond remords. »
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+ Il renouvelle cette déclaration lors d'un dîner avec le successeur de Roh Tae-woo, Kim Dae-jung, le 8 octobre 1996[n 3] : « Il y eut une période pendant laquelle notre nation a apporté de grandes souffrances aux peuples de la péninsule coréenne [...] Le profond chagrin que je ressens à ce sujet ne sera jamais oublié. »
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+ Enfin, en juin 2005, l'empereur a visité le territoire de Saipan (archipel des Mariannes), le site d'une des plus importantes batailles de la Seconde Guerre mondiale (du 15 juin 1944 au 9 juillet 1944). Accompagné par l'impératrice Michiko, il a prié et a offert des fleurs à plusieurs mémoriaux pour honorer les Japonais morts à la guerre, les soldats américains, les Coréens forcés de combattre pour le Japon et les habitants locaux. C'est le premier voyage d'un monarque japonais sur les lieux d'une bataille de la Seconde Guerre mondiale[41].
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+ Malgré cela, plusieurs de ses déplacements dans d'anciens pays ayant combattu ou ayant été occupé par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale ont été l'occasion d'action de protestations contre le fait que l'État japonais n'avait pas encore, jusqu'à ce jour, reconnu de manière claire, précise et officielle sa responsabilité dans ce conflit. L'incident le plus marquant eut lieu à Londres en 1998, durant une visite officielle de l'empereur à l'invitation de la reine Élisabeth II et du Premier ministre Tony Blair, les anciens prisonniers de guerre britanniques rescapés des camps japonais présents ayant décidé de tourner le dos au passage du carrosse transportant l'empereur, tandis que certains brûlèrent un drapeau japonais. Toutefois, les associations d'anciens prisonniers de guerre japonais précisèrent qu'il ne s'agissait pas en soi d'une action personnelle contre l'empereur, exempt de toute responsabilité dans la politique impérialiste de son pays du fait de son jeune âge durant la guerre, mais contre l'attitude ambiguë des autorités japonaises. Lors de ce voyage, l'empereur fut cependant investi dans l'Ordre de la Jarretière par la reine. La visite officielle suivante du couple impérial sur le sol britannique, en mai 2007, fut beaucoup moins tourmentée[42].
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+ Le 15 août 2015, Akihito exprime de « profonds remords » pour la Seconde Guerre mondiale pour les 70 ans de la fin du conflit, une première de la part de l'empereur lors d’une cérémonie d’anniversaire de la capitulation du pays[43].
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+ En 2015, alors que le Premier ministre Shinzo Abe souhaite redonner une armée au Japon et replacer l'empereur au centre de la nation, à l'inverse des vues du souverain (lequel également, contrairement à la droite, n'a jamais minoré les crimes de guerre du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale[28]), un haut fonctionnaire de l'Agence impériale raconte : « Lors d'un dîner de presse, les journalistes du palais ont pressé de questions le grand chambellan de la maison impériale pour lui demander où en étaient les relations entre le Premier ministre et l'empereur. Celui-ci a longtemps éludé. Pressé de toutes parts, il s'est finalement emparé des baguettes devant lui et, en silence, les a tordues jusqu'à ce qu'elles se brisent »[39].
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+ Depuis son intronisation, l'empereur a également multiplié les efforts pour rapprocher la famille impériale du peuple japonais. Ainsi, le couple a visité l'ensemble des 47 préfectures de l'archipel nippon au moins deux fois[39].
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+ L'empereur et son épouse ont particulièrement été présents au lendemain des catastrophes naturelles. Ils ont notamment marqué les esprits à la suite du séisme de 1995 à Kōbe, visitant un centre d'accueil d'urgence des victimes dans un gymnase scolaire de la ville, sans habits officiels, pour s'agenouiller en face des victimes et les réconforter en leur prenant la main[44]. Ils font de même peu de temps après la triple catastrophe de la côte Pacifique du Tōhoku en 2011[45].
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+ Plus encore, le 16 mars 2011, fait rarissime, il intervient publiquement à la télévision japonaise, afin de prononcer une allocution en soutien aux victimes du séisme et tsunami meurtriers survenus cinq jours auparavant, ainsi que d'exprimer son inquiétude face à la menace nucléaire à la centrale de Fukushima qui s'en est suivie[46].
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+ L'empereur a souffert pendant sa jeunesse, alors qu'il n'était encore que prince héritier, de la tuberculose, entre ses 20 et 24 ans. Ce fait a été révélé par l'empereur lui-même lors de la cérémonie du 70e anniversaire de l'association japonaise de lutte contre cette maladie à Tōkyō, le 18 mars 2009. Diagnostiquée en décembre 1953, quelques jours avant son vingtième anniversaire, l'infection put être combattue grâce à la découverte récente à cette époque de nouveaux traitements, telle la streptomycine (découverte dix ans plus tôt en 1943) et l'isoniazide (découverte seulement l'année précédente, en 1952), et il fut déclaré complètement guéri en septembre 1957[47].
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+ Le 24 décembre 2002, les médecins diagnostiquent un cancer de la prostate chez l'empereur[48], et il a dû subir une intervention chirurgicale le 18 janvier 2003[49]. Après une période de convalescence pendant laquelle son fils le prince héritier Naruhito a rempli ses obligations, il est retourné à ses obligations officielles le 18 février 2003 après un vote favorable du Cabinet à ce sujet[50].
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+ Dans un pays marqué par une tradition de secret concernant la santé du souverain (la population n'avait appris le cancer de son prédécesseur qu'au moment de son décès) et par une tradition de discrétion concernant ces affaires, le fait que le public ait été immédiatement informé a été vu comme un des signes de la modernisation de la fonction impériale opérée par l'empereur, d'autant que c'est la première fois qu'un souverain japonais subit une intervention chirurgicale en dehors du palais[51].
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+ En juin 2004, l'Agence impériale annonce également que l'empereur doit commencer en juillet un traitement toujours pour soigner son cancer de la prostate qui montre alors des signes de récidive[52].
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+ Il a également subi plusieurs hausses de tensions artérielles à la fin du mois de novembre puis au début de décembre 2008, le poussant à interrompre ses rendez-vous officiels les 3 et 4 décembre[53].
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+ Du 6 au 24 novembre 2011, il doit une nouvelle fois laisser ses obligations officielles au prince héritier pour être hospitalisé pour une pneumonie[54]. Le 18 février 2012, il subit un pontage aorto-coronarien à la suite du rétrécissement de deux artères.
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101
+ Ses ennuis de santé lancent un nouveau débat au sein de la classe politique et de l'administration impériale sur la nécessité de réformer la loi de succession. À partir du mois de novembre 2011, le gouvernement démocrate de Yoshihiko Noda ouvre des discussions avec l'Agence impériale afin de permettre aux princesses impériales de conserver leurs statuts après leur mariage (voire de leur donner la possibilité d'accéder au trône du chrysanthème). Dans le même temps, le prince d'Akishino appelle à une réforme de la loi qui laisserait à son père la possibilité d'abdiquer, afin de passer une fin de vie déchargée d'obligations officielles qui pèsent sur sa santé[55].
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+
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+ En liaison avec son état de santé, des rumeurs se sont fait jour à partir du mois de juillet 2016 à travers la presse écrite et la télévision, laissant entendre que l'empereur pourrait abdiquer « d'ici quelques années », mais l'Agence impériale a aussitôt réfuté ces rumeurs. En tout état de cause, l'abdication d'un empereur n'est pas prévue par la Constitution de 1947[56],[57].
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105
+ Pourtant, quelques jours plus tard, l'Agence impériale annonce que l'empereur s'adressera le 8 août 2016 au peuple japonais dans un discours enregistré[58]. Dans ce discours, Akihito ne prononce pas le mot « abdication » mais insiste sur le déclin de son état de santé à la suite de ses diverses opérations et sur sa « difficulté à remplir [ses] fonctions en tant que symbole de l'État »[59],[60].
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107
+ Le 19 mai 2017, le gouvernement conservateur japonais approuve un projet de loi spéciale autorisant l'empereur Akihito à abdiquer vers la fin 2018. Cette loi ne s'applique néanmoins qu'à lui seul et ne bénéficie pas à ses successeurs[61]. Le Parlement vote définitivement la loi le 9 juin 2017, pour une abdication et une succession dans les trois ans à venir[62]. Le 1er décembre 2017, le gouvernement annonce que l'empereur abdiquera le 30 avril 2019 en faveur de son fils aîné Naruhito, qui sera alors intronisé le lendemain 1er mai[63].
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+ Il abdique formellement le 30 avril 2019 à 23 h 59, marquant ainsi la fin de l'ère Heisei et le début de l'ère Reiwa, après un règne prospère de plus de 30 ans[64]. À cette occasion, il prend le titre d'empereur émérite, en japonais Jōkō[l 12], qui est dans l'histoire japonaise le titre désignant les empereurs (tennō) qui abdiquent en faveur d'un successeur[65].
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+ Le dernier empereur du Japon ayant renoncé au trône du chrysanthème était Kōkaku en 1817, qui abdiqua en faveur de son fils Ninkō[66].
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+ Akihito, désormais empereur émérite, se retire dans un palais impérial du quartier de Minato, à Tokyo, non loin du Kokyo, où il vit désormais avec son épouse. Il apparaît encore de temps en temps publiquement, toujours sous les ovations du public. Le 29 janvier 2020, il est victime d'un malaise qui lui fait perdre connaissance pendant quelques instants. Le lendemain, il passe une IRM du cerveau mais aucun signe d'accident vasculaire cérébral n'est retrouvé. L’Agence impériale a annoncé qu'elle continuerait néanmoins à surveiller de près la santé de l'empereur émérite, âgé de 86 ans. Le 2 avril, Akihito et son épouse quittent le Palais impérial de Tokyo, masqués — en raison de la pandémie de Covid-19 qui touche toute la planète — et s'installent dans la Résidence impériale Takanawa, à Tokyo, qui devient donc leur résidence officielle[67]. Après sa disparition, il portera le nom posthume d'empereur Heisei (平成天皇, Heisei Tennō?). Conformément à son souhait, l'empereur Akihito sera incinéré ainsi que son épouse avant d'être inhumé dans le Cimetière impérial Musashi, aux côtés de ses prédécesseurs, rompant ainsi avec une tradition ancestrale vieille de plus de 350 ans[68].
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+ L'empereur Akihito et l'impératrice Michiko ont trois enfants, avec traitement d'altesses impériales et titrés à leurs naissances :
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+ Leurs deux fils leur ont donné quatre petits-enfants, dont trois filles (qui font encore partie de la famille impériale au moins jusqu'à leur mariage, et qui sont normalement, à moins d'une réforme de la loi impériale, hors de l'ordre de succession) et un garçon, également avec traitement d'altesses impériales :
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+
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+ Comme son père et beaucoup de membres de la famille impériale, l'empereur a développé une passion en marge de ses obligations officielles pour un domaine de recherche scientifique dans lequel il est devenu un spécialiste amateur : l'ichtyologie[71],[72],[73],[74]. Il a publié des travaux sur les Gobiidae, 28 articles, de 1963 et 2003, dans le journal de la société ichtyologique du Japon dont il est membre, et, dans la revue Nature, en juillet 2007, un article intitulé Linné et la taxonomie au Japon et portant la signature « Par Sa Majesté l'Empereur du Japon »[71]. Il a également été président d'honneur de la 2de Conférence internationale sur les poissons indo-pacifiques en 1985 et a édité un article intitulé « Some Morphological Characters Considered to be Important in Gobiid Phylogeny » dans les actes de la conférence. Ses travaux de chercheur lui ont valu d'être reconnu à ce titre sur la scène internationale, et il est ainsi :
120
+
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+ Outre les articles précédemment cités, il a publié les ouvrages suivants :
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123
+ Passionné d'histoire des sciences, il a également publié en 1992 un article sur les premiers pas scientifiques du Japon intitulé « Early cultivators of Science in Japan », dans la revue Science éditée par l'American Association for the Advancement of Science, en 1992.
124
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+ Plusieurs gobies sont nommées en son honneur, une espèce, Exyrias akihito et un genre, Akihito[75].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Akihito est l’abréviation habituelle de Akihito en zoologie.Consulter la liste des abréviations d'auteur en zoologie
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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3
+ Un château fort (ou château-fort) est une structure fortifiée, essentiellement construite et habitée par la noblesse au Moyen Âge en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le mot château vient du latin castellum (d'où le terme de castellologie, l'étude des châteaux).
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+
5
+ Les chercheurs actuels débattent sur ce que recouvre le terme de château fort, mais le considèrent généralement comme « le lieu de résidence fortifié d'un détenteur du droit de ban, à l'origine d'une circonscription territoriale, mandement, châtellenie ou bourg », c'est-à-dire la résidence fortifiée privée d'un noble ou d'un seigneur. Cette définition le distingue ainsi d'un palais qui n'était pas fortifié, d'une fortification qui n'était pas la résidence d'un noble ou d'une ville fortifiée ou d'une citadelle qui étaient une défense publique. Néanmoins, il y a beaucoup de similitudes entre ces différents types de construction. L'usage du terme a varié au cours du temps et a été appliqué à tort à des structures aussi diverses que des maisons fortes ou des castros.
6
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7
+ Le château fort est une innovation européenne apparue au IXe siècle après la chute de l'Empire carolingien dont le territoire a été divisé entre seigneurs et princes. Ces nobles construisirent des châteaux pour contrôler, par la défense passive — mais aussi active — la zone les entourant, mais s'en servirent aussi comme centres de leur administration et symboles de leur puissance (rôle ostentatoire), leur pouvoir politique (siège de la seigneurie châtelaine) et économique : les châteaux urbains servaient notamment à contrôler les voies de communication et la population locale qui venait se fixer dans sa région.
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9
+ Les châteaux ruraux ou villageois étaient situés souvent près d'éléments importants pour le village tels que moulins, fours, pressoirs, étangs ou terres fertiles. Le terme de château fort est aujourd'hui quelque peu abandonné (au profit de celui de château), car trop restrictif, n'évoquant que la fonction militaire de l'édifice.
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+ Bien que la poudre à canon ait été introduite en Europe au XIVe siècle, elle n'a affecté significativement la construction du château fort qu'au XVe siècle lorsque l'artillerie est devenue suffisamment puissante pour détruire les murs en pierre. Ils ont continué à être construits jusqu'au XVIe siècle, mais les nouvelles techniques pour faire face aux tirs de canon ont rendu ces places trop inconfortables à vivre. Ainsi, les châteaux forts ont progressivement disparu, remplacés par les forts d'artillerie sans aucun rôle dans l'administration civile et les maisons paysannes qui étaient indéfendables. À partir du XVIIIe siècle, le style néogothique connaît un regain d'intérêt pour la construction de faux châteaux forts, mais ils n'ont plus aucun rôle défensif.
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13
+ Il se définit plus par un critère social (la résidence, permanente ou temporaire, de la famille châtelaine ou d'un noble) que par une description architecturale. Il est fortifié de manière à pouvoir résister aussi bien à une attaque directe qu'à un siège et se distingue de la maison forte ou « ferté » en ancien français (firmitas des hobereaux) par ses dimensions et ses ouvrages défensifs plus importants. Le château est l’instrument et le symbole du pouvoir local : il permet d’asseoir l’autorité d’un sire sur une population. Dans cette acception, les premiers châteaux apparaissent à la fin de l'époque carolingienne.
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15
+ L'historien Charles Coulson considère que c'est l'accumulation des richesses et des ressources (comme la nourriture) qui a conduit à la nécessité de structures défensives. Les premières fortifications apparaissent dans le Croissant fertile, la vallée de l'Indus, en Égypte et en Chine, où les implantations étaient protégées par de grandes murailles. L'Europe du Nord fut plus lente que l'Orient à développer des structures défensives et il faut attendre l'Âge du bronze pour y voir le développement de castros qui se multiplièrent pendant l'Âge du fer. Ces structures différaient de leurs homologues orientaux en privilégiant comme matériau de construction des travaux en terre (en) plutôt que la pierre. Certains terrassements en terre existent toujours, mis en évidence par des palissades et des fossés[1].
16
+
17
+ En Europe, les oppidums se sont développés au IIe siècle av. J.-C. : bien que primitifs, ils ont été efficaces jusqu'à l'utilisation intensive d'engins de siège et d'autres techniques de siège, comme à la bataille d'Alésia. Les fortifications romaines, les castra, variaient depuis la construction temporaire des armées en campagne, aux ouvrages en pierre permanents, comme le mur d'Hadrien.
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+ La diffusion des châteaux forts vers l’an 1000 signale qu’ils sont liés à un type particulier de société, dite « féodale ». La disparition de l’État carolingien et la régionalisation des pouvoirs, le transfert de l’autorité régalienne vers des pouvoirs locaux (la féodalisation), provoquent l’insécurité liée à la rivalité des grands possédants et des petits chefs. En favorisant l’éclosion de nombreuses autorités régionales et locales, qui ont besoin d’hommes de main, de polices, cette régionalisation militarise la société et favorise l’érection de nombreux lieux fortifiés. Du Xe au début du XVIIe siècle, l’Europe se hérisse ainsi de châteaux qui tous symbolisent un pouvoir sur les hommes et la terre. Plus le pouvoir territorial des principautés régionales est fort, moins il y a de châteaux, au contraire, plus il est faible, plus ils sont précoces et nombreux. Ainsi, dans les régions germaniques (à l’est d’une ligne Saône-Rhône) où l’empereur reste puissant jusqu’au XIIIe siècle, l’apparition des châteaux est plus tardive et la diffusion plus limitée (au moins jusque vers le deuxième quart du XIIe siècle). Dans le Midi et l’ouest de la France où le pouvoir royal est absent et les autorités régionales des ducs et des comtes limitées, les châteaux sont beaucoup plus nombreux et apparaissent de façon nettement plus précoce (parfois dès la fin du IXe siècle, plus couramment dans la seconde moitié du Xe siècle). Le développement de la royauté capétienne les limite dès le XIIIe siècle. Si la disparition de l’État central et la régionalisation forcée de l’Europe, provoquée par les intérêts des chefs de guerre et des grands possédants, a fait naître le château (au Xe siècle dans l’ouest de la France, aux XIIe – XIIIe siècle dans l’Empire : Allemagne, est de la France, Italie), le développement des États modernes les fait disparaître au XVIIe siècle.
20
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21
+ Tous les possesseurs de château n’ont pas la même autorité seigneuriale. Les princes, comtes et grands dynastes, qui exercent une autorité territoriale, construisent de vastes châteaux pour loger les nombreux chevaliers et « ministériels » qui sont leur armée et leurs « fonctionnaires ». Les petits seigneurs doivent se contenter d’une maison forte, une tour ou un logis dans une petite enceinte. Ainsi définis, les critères paraissent simples. Mais les princes ont besoin, pour tenir leur pays, de nombreux postes militaires, parfois simples tours, qui sont défendues par peu d’hommes. Par ailleurs, des seigneurs de village, enrichis par la guerre et les fonctions (les services rendus), ont les moyens d’élever de prestigieuses constructions. Certains châteaux ont une enceinte spéciale servant de refuge à la population environnante.
22
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23
+ À partir de l’époque de Philippe Auguste et de Richard Cœur-de-Lion (fin du XIIe, début du XIIIe siècle), la fortification est de plus en plus souvent l’affaire d’« ingénieurs ». Jusque-là, on cherchait des sites favorables et on comptait surtout sur l’épaisseur et la hauteur des murs. Le développement d’une architecture militaire offensive (lié à la diffusion des machines de guerre et aux dispositifs de flanquement) permet de s’établir dans n’importe quel site, n’est plus tributaire du relief, et a pour contrecoup la recherche d’une architecture à caractère davantage palatial. La synthèse entre château et fort devient plus difficile comme le montrent les châteaux de Saumur ou de La Ferté-Milon ou bien produit des édifices sévères comme à Tarascon. La grande majorité des châteaux forts ont été élevée par les seigneurs de village ; ce sont donc des maisons fortes qui ont des formes très variées (plus diverses que celles des grands châteaux), selon les époques et les régions, assez accessoirement tributaires de l’évolution de l’art militaire. La maison forte est aussi ancienne que le château, mais la plupart d’entre elles ont été reconstruites pendant ou après la guerre de Cent Ans.
24
+
25
+ Les ressources documentaires médiévales utilisent un vocabulaire divers et relativement flou pour désigner les châteaux : le castrum (au pluriel castra) se confond avec le castellum (castella) pour décrire un lieu fortifié.
26
+
27
+ Au IXe siècle, l'édit de Pîtres encourage la construction de forteresses pour faire face aux invasions scandinaves qui menacent la France occidentale. La multiplication des châteaux répond à un contexte d’insécurité : raids vikings et sarrasins, puis violences de petits seigneurs brigands, menacent les paysans et leurs récoltes. Ces châteaux sont d'abord sous l'autorité des comtes et des ducs, qui sont les délégués du roi dans les « régions » (pagi). Ces représentants se constituent des principautés autonomes et confient leurs forteresses à des délégués (vicomtes, viguiers, centeniers, officiers châtelains). Aux XIe et XIIe siècles, ces derniers usurpent les prérogatives publiques (rendre la justice, lever une armée, collecter les impôts). Les partages successoraux accentuent l'émiettement du pouvoir. Ils font construire, de manière illégale, des châteaux : à la fin du XIIe siècle, on en comptait environ 150 en Provence, 130 en Catalogne, 110 en Picardie[2].
28
+
29
+ Cependant, l’effacement de l’autorité publique, incarnée par le roi ou le comte, s’est faite selon des rythmes et des intensités différents :
30
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31
+ La physionomie des châteaux forts a changé au cours du Moyen Âge parallèlement à l'évolution des techniques militaires et de siège (poliorcétique). La structure et l'ampleur des châteaux forts dépendent également des régions et du pouvoir de son propriétaire.
32
+
33
+ On peut distinguer plusieurs étapes, dans l'ordre chronologique.
34
+
35
+ L'enceinte castrale est, avec la motte castrale, le premier château fort de l'histoire. Il semble même, d'après les recherches archéologiques récentes en Normandie, qu'elle serait antérieure à la motte (avant 1066). La fortification occupe souvent un terrain plat sur un éperon ou un promontoire. Une tour-porche en protège sommairement l'entrée. L'enceinte, précédée de douves ou de fossés, est constituée d'une palissade plantée ou non sur un terrassement (la terre est celle retirée du fossé). De forme ovoïde, cette clôture protège quelques bâtiments et abrite une mesnie[6] aristocratique, parfois une petite communauté paysanne (le terme de château est dans ce cas utilisé à tort).
36
+
37
+ Ce château fort primitif couvrit en fait toute l'Europe occidentale.
38
+
39
+ Le premier château de Caen, édifié pour le duc Guillaume le Conquérant, en constitue le plus bel exemple normand. L'enceinte enferme 5 ha et épouse un éperon. Avant la fondation du donjon au XIIe siècle, une grosse porte fortifiée formait son élément défensif le plus important. L'enceinte castrale se trouvait en fait un peu partout dans les campagnes normandes, mais dans des tailles beaucoup plus modestes qu'à Caen : Le Plessis-Grimoult (Calvados) fouillé par Elisabeth Zadora-Rio ; Mirville (Seine-Maritime) fouillé par Jacques Le Maho ; Pont-Saint-Pierre (Eure)… Ce type de fortification semble aussi avoir cohabité avec le type « motte castrale » et perduré jusqu'au XIIe siècle.
40
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41
+ La motte castrale est une butte artificielle sur laquelle est aménagée une tour entourée d’une palissade et d'un large fossé. Les spécialistes les appellent aussi « château à motte et basse-cour[7] ».
42
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43
+ Les premières mottes sont aménagées à la fin de l’époque carolingienne entre Rhin, Escaut et Loire. Les mottes apparaissent plus tardivement dans le nord de l’Europe (XIIe siècle au Danemark) et à l’est de l’Elbe (XIIIe siècle) [8]. La plupart du temps, leurs sommets étaient occupés par un fortin de bois aménagé avec une tour de guet en charpente analogue à un donjon. Leur succès s'explique en partie à la facilité de leur réalisation : les matériaux de construction qu'elle nécessite, la terre et le bois, abondent et sont donc peu coûteux. Les travaux de terrassement, l'abattage et l'équarrissage du bois, ainsi que la mise en œuvre peuvent être l'affaire d'ouvriers non qualifiés, trouvés parmi les serfs corvéables « à merci[9] ».
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+ Certains sires érigeaient ces fortifications sans l'autorisation du prince : ce mouvement d'usurpation qui aboutira aux châtellenies du XIe siècle fut plus précoce dans le sud de la France. Dans la seconde moitié du XIe siècle, le château à motte se multiplie et devient plus complexe en France. Il se diffuse en Allemagne et en Angleterre, après la conquête du duc Guillaume de Normandie. Elles se dotent alors d'une enceinte maçonnée au sommet de la motte.
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+ Les dimensions des mottes varient de 50 à 200 mètres de diamètre et d'une hauteur de 10 à 60 mètres[7].
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+ L’habitation du seigneur pouvait être au sommet de la motte (dans une tour) ou bien dans la basse-cour. La tour était encerclée par une palissade ou un muret. Dans les premiers temps, la tour était en bois et comportait un ou deux étages où l'on trouvait des réserves et la chambre du châtelain et de sa famille ; la construction était entourée d'une palissade aménagée sur une levée de terre et d'un fossé en haut. L'entrée pouvait se faire par pont amovible gardé par une porte et une tour en bois.
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+ La motte castrale est incluse dans un ensemble fortifié plus vaste qui comprend une basse-cour, séparée par un fossé. Cet espace était suffisamment vaste pour accueillir la population réfugiée. Au pied de la butte s'étendait une basse-cour avec des habitations, des écuries, des bâtiments agricoles et parfois le logis seigneurial.
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+ Le seigneur exigeait de ses paysans qu’ils participent aux travaux, car ces derniers savaient construire leur maison : on commençait par tracer le plan au sol, puis on creusait un fossé dont les débris permettaient la formation d’un rempart de terre. Le monticule en lui-même était élevé par couches successives, par accumulation de matériaux apportés par chariots, bêtes de somme ou à dos d’homme, dans des hottes. Il n'était nul besoin d’une main-d’œuvre spécialisée pour élever ce genre de défense. Bâties en terre et en bois selon des plans variés, les mottes sont soumises aux intempéries (les palissades pourrissent) et aux incendies. Beaucoup d'entre elles ont disparu. La tapisserie de Bayeux est une source iconographique de première importance pour la connaissance des mottes castrales. Elle peut être complétée par les données archéologiques et la reconnaissance aérienne. Ces constructions de bois présentaient l'avantage de pouvoir être rapidement reconstruites, après un incendie par exemple. Elles servaient de refuge aux paysans des alentours, au temps des invasions scandinaves.
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+ La fortification en pierre, souvent un donjon entouré de remparts, ne correspond pas à une étape de l'histoire des châteaux forts. Autrement dit, les châteaux en pierre n'ont pas succédé aux châteaux en terre et bois. Le choix du matériau dépendait des moyens du commanditaire, et du terrain : la roca ou « roque » apparaît dès le Xe siècle dans les régions montagneuses de l'Europe méridionale.
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+ La fortification en pierre, encore rare au Xe siècle, correspond parfois à une construction romaine plus ou moins modifiée comme le castrum d'Andone, les remparts du Mans ou la cité de Carcassonne[10].
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+ L'utilisation de la pierre pour de nouvelles constructions concerne avant tout les donjons. Les premiers grands donjons à base rectangulaire en pierre apparaissent dans la vallée de la Loire (Langeais, fin du Xe siècle). On attribue traditionnellement un rôle pionnier au comte d'Anjou, Foulque Nerra (987-1040). Cependant, avant le donjon de Foulques Nerra à Langeais (994,) il y a eu la forteresse des ducs d'Aquitaine à Maillezais, à l'emplacement de l'abbaye Saint-Pierre. Elle fut construite entre 970 et 980, partiellement ou entièrement en pierres. Il en reste une tour-porte qui fut conservée pour l'abbaye. Les donjons sont adoptés en Normandie puis en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle[11]. Celui de Loches, le plus abouti pour l'époque, mesure 37 mètres de haut.
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+ Dans le Saint-Empire romain germanique, en Italie et en France du Sud, de petites tours de trois ou quatre étages se dressaient seules et servaient de refuge ou de poste de guet. Elles n'étaient pas protégées par une muraille, car le site abrupt était la meilleure protection de ces roques : une superstructure en pierres sur une infrastructure rocheuse[12]. On les construisait avec du mortier.
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+ Les fouilles de Roqueprive en Rouergue ont permis de préciser l'image de la roque : loin de se réduire à une tour sur un piton rocheux, elle comprenait des bâtiments annexes et des remparts, même du côté le plus abrupt, ce qui démontre un savoir-faire architectural pour une fortification isolée n'ayant servi que quelques décennies[13].
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+ L'apogée du château fort proprement dit est le XIIe siècle. On le désigne parfois sous l'expression « château roman ». Cet apogée correspond à la Renaissance du XIIe siècle au cours de laquelle seigneurs et chevaliers lettrés redécouvrent les traités d'art militaire romain (ex. : Epitoma rei militaris de Végèce). À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique.
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+ Enfin, le château fort se dote d'une double enceinte au XIIIe siècle : les deux remparts dégagent donc un espace intermédiaire appelé « lices ». Des tourelles sont construites pour ne pas laisser d'angles morts. Un chemin de ronde ainsi qu'un fossé plus large et plus profond sont aménagés.
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+ Pour se défendre contre les projectiles incendiaires, les toits sont couverts de plomb, les planchers sont remplacés par des voûtes de pierre. Le plan du château plus resserré et géométrique (carré pour le Louvre). Les princes et les rois font entourer leurs villes d'enceintes : Rouen, Paris, Laon, Aigues-Mortes, Provins, Angers…
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+ Certains spécialistes en castellologie comme Gérard Denizeau avancent que le XVe siècle signifie la fin des châteaux forts. En effet, les progrès de l'artillerie rendent désormais les murailles très vulnérables. À partir de 1418, se généralise l'utilisation de boulets en fer, beaucoup plus destructeurs que les boulets de pierre. Les canons de la fin de la guerre de Cent Ans permettent d'accélérer les sièges en ouvrant des brèches dans la muraille, plus efficacement que la sape ou le bélier. Cependant, la mort du château fort ne fut pas si brusque. Il a continué aux XVe et XVIe siècles à s'adapter à l'évolution de l'armement. À Salses, à la frontière franco-espagnole, l'ingénieur aragonais Ramirez a « enterré » le château pour mieux résister aux tirs rasants : ce système de « fortification rasante » (Pyrénées, Bretagne) marque la transition avec les bastions de l'époque moderne. Le rempart atteint 12 m d'épaisseur. Aux angles, quatre tours circulaires sont percées de canonnières. Car la meilleure façon de résister au canon, c'est d'en avoir soi-même. C'est ce qu'on appelle la défense active.
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+ Plus généralement, les anciens châteaux sont améliorés pour faire face à l'artillerie. Le sommet des tours accueille par exemple des plates-formes sur lesquelles on installe les canons (Fougères). On construit des barbacanes en U ou en proue de navire devant les entrées (Bonaguil, Lassay). On élargit les fossés que l'on défend par un moineau (Loches). Ou encore, on multiplie les tours le long de la courtine. Mieux, on installe de fausses braies (Gisors, Domfront). Le château fort n'est donc pas fini, mais son apogée est bien terminé. Si, en France, il est encore utilisé pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, on n'en construit pas de nouveau. Henri IV confirme leur déclin en ordonnant la destruction ou le démantèlement de nombreuses forteresses pour éviter qu'elles servent de repaire aux ennemis de l'autorité royale (château de Rouen).
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+ Il semble qu'au XVIIe siècle, la défense du territoire par un réseau castral soit révolue. Les villes, notamment les villes-citadelles comme Lille, Besançon ou Neuf-Brisach, sont préférées pour arrêter l'adversaire. Surtout, les souverains comptent davantage sur leur « muraille humaine », c'est-à-dire leur armée en bataille. Les châteaux forts deviennent obsolètes. Les propriétaires essaient alors d'améliorer leur fonction résidentielle. Les ponts-levis sont remplacés par des ponts fixes en pierre (ou pont dormant). Les bâtiments à l'intérieur de la cour sont percés de fenêtres à meneaux. Parfois, on construit un nouveau bâtiment au goût du jour comme à La Clayette où de nouveaux bâtiments furent ajoutés au donjon médiéval au XVIIIe siècle et une partie fut remaniée dans un style néo-Renaissance au XIXe siècle.
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+ L'image des châteaux forts actuels peut être faussée. Souvent les bases talutées des tours et des courtines disparaissent très largement sous le remblai. L'histoire de leur restauration qui prend sa naissance au XIXe siècle est marquée par la création d'un état fictif qui « ne répond en fait qu'à une conception d'un passé factice au service d'une fonctionnalité circonstancielle[16] ».
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+ Durant la période des Croisades, les forteresses construites sur les sommets rocheux prennent le nom de krak. Les citadelles arabes sont régulièrement réaménagées par les états latins d'Orient ou les ordre militaires.
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+ Krak des Chevaliers en Syrie.
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+ Fort de Paphos à Chypre.
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+ Krak de Montréal en Jordanie.
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+ Krak des Moabites en Jordanie.
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+ Plusieurs techniques sont utilisées pour attaquer un château fort. On peut croire qu'une des attaques les plus utilisées était l'échelade mais, bien trop lourde et peu maniable (l'échelle est composée de lourdes sections emboîtables les unes dans les autres), l'échelle est peu utilisée pour attaquer un château fort (sauf lors d'un coup de main par surprise). La présence de grilles en fer forgé au niveau des fenêtres des tours pour éviter l'échelade atteste cependant de sa mise en œuvre[17].
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+ La méthode la plus utilisée est la sape qui consiste à provoquer une brèche dans une enceinte. Pour cela, des sapeurs protégés sous des galeries de bois creusent et enlèvent les pierres de la muraille pour provoquer son effondrement. S'agissant d'une action au contact de la muraille, la sape n'est toutefois pas possible si la muraille du château est entourée de douves mises en eau, ou bien s'il est situé sur un escarpement plus haut que les assaillants ou est en bord de mer.
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+ Une autre manœuvre, appelée mine, consiste à creuser sous la base de la muraille mais n'est envisageable qu'en cas d'absence d'un soubassement rocheux (en plus des restrictions concernant la sape). Avant l'usage de la poudre noire, la mine était bourrée de matériaux inflammables (fagots, laine enduite d'huile…) dont la combustion provoquait l'éclatement des pierres et l'effondrement de la muraille située au-dessus.
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+ Il est également possible de provoquer l'effondrement d'une partie des remparts à l'aide d'engins de siège (mangonneaux, trébuchets, catapultes…) projetant des quartiers de roche ou des boulets de pierre mais la mise en œuvre de ces engins exige (outre la présence de ceux-ci dans les bagages des assaillants) du personnel qualifié et une longue installation.
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+ Quand les occupants du château fort ne sont pas sur leurs gardes, le coup de main rapide par une petite troupe (ce que nous appellerions aujourd'hui une action de commando) peut s'avérer efficace : prise de Monaco par les Grimaldi déguisés en moines (1297), ruses d'Arnaud de Cervole en Dordogne (1351-1353) et d'autres.
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+ Enfin, une dernière méthode est le siège qui consiste à affamer et assoiffer les assiégés en contrôlant tout le tour de l'enceinte (c'est une course de vitesse à celui qui, des deux, manquera le premier de vivres et d'eau). Mais il demande de nombreux hommes et un approvisionnement régulier en nourriture des assiégeants, ce qui peut coûter cher[18] et laisse les assaillants à la merci d'une attaque par une troupe de secours.
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+ Le château fort suscite aujourd'hui encore un fort imaginaire. L'historien Jacques Le Goff le souligne bien assez, avec l'imaginaire des enfants notamment, sous la forme de dessins ou de châteaux de sable[19]. Cet édifice peuple aussi les dessins animés, l'univers des jouets, les films, l'art[20], la télévision et les séries fantastiques. Les visites des châteaux forts en France, ainsi que les spectacles sons et lumière, jusque dans des projets d'archéologie expérimentale monumentale tel le château de Guédelon, en Bourgogne, contribueront chacun à leur façon, à la diffusion de cet imaginaire[21].
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+ Bien sûr, il n'en a pas toujours été ainsi : si le terme « château fort » n'apparaît qu'en 1835, à l'occasion de la résurgence romantique de l'imaginaire médiéval, il disparait pratiquement durant le XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles[19]. Il revient en force à travers notamment la littérature au XIXe siècle : Walter Scott, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Verlaine, Rimbaud, Huysmans[19].
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+ Le XXe siècle aura aussi ses perles, avec des fortifications castrales imaginées comme dans le Seigneur des anneaux de R. R. Tolkien par exemple, avec des adaptations cinématographiques mondiales au XXIe siècle de cette même oeuvre, ou au travers de séries télévisées comme Game of Thrones[21]. Bien sûr les historiens, historiens de l'architecture et de l'art, castellologue contribueront aussi à la diffusion de cet imaginaire, sous une forme scientifique ou vulgarisée, et susciteront ce goût[22] du Moyen-Âge dans le grand public[23].
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+ Un château fort (ou château-fort) est une structure fortifiée, essentiellement construite et habitée par la noblesse au Moyen Âge en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le mot château vient du latin castellum (d'où le terme de castellologie, l'étude des châteaux).
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+ Les chercheurs actuels débattent sur ce que recouvre le terme de château fort, mais le considèrent généralement comme « le lieu de résidence fortifié d'un détenteur du droit de ban, à l'origine d'une circonscription territoriale, mandement, châtellenie ou bourg », c'est-à-dire la résidence fortifiée privée d'un noble ou d'un seigneur. Cette définition le distingue ainsi d'un palais qui n'était pas fortifié, d'une fortification qui n'était pas la résidence d'un noble ou d'une ville fortifiée ou d'une citadelle qui étaient une défense publique. Néanmoins, il y a beaucoup de similitudes entre ces différents types de construction. L'usage du terme a varié au cours du temps et a été appliqué à tort à des structures aussi diverses que des maisons fortes ou des castros.
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+ Le château fort est une innovation européenne apparue au IXe siècle après la chute de l'Empire carolingien dont le territoire a été divisé entre seigneurs et princes. Ces nobles construisirent des châteaux pour contrôler, par la défense passive — mais aussi active — la zone les entourant, mais s'en servirent aussi comme centres de leur administration et symboles de leur puissance (rôle ostentatoire), leur pouvoir politique (siège de la seigneurie châtelaine) et économique : les châteaux urbains servaient notamment à contrôler les voies de communication et la population locale qui venait se fixer dans sa région.
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+ Les châteaux ruraux ou villageois étaient situés souvent près d'éléments importants pour le village tels que moulins, fours, pressoirs, étangs ou terres fertiles. Le terme de château fort est aujourd'hui quelque peu abandonné (au profit de celui de château), car trop restrictif, n'évoquant que la fonction militaire de l'édifice.
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11
+ Bien que la poudre à canon ait été introduite en Europe au XIVe siècle, elle n'a affecté significativement la construction du château fort qu'au XVe siècle lorsque l'artillerie est devenue suffisamment puissante pour détruire les murs en pierre. Ils ont continué à être construits jusqu'au XVIe siècle, mais les nouvelles techniques pour faire face aux tirs de canon ont rendu ces places trop inconfortables à vivre. Ainsi, les châteaux forts ont progressivement disparu, remplacés par les forts d'artillerie sans aucun rôle dans l'administration civile et les maisons paysannes qui étaient indéfendables. À partir du XVIIIe siècle, le style néogothique connaît un regain d'intérêt pour la construction de faux châteaux forts, mais ils n'ont plus aucun rôle défensif.
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13
+ Il se définit plus par un critère social (la résidence, permanente ou temporaire, de la famille châtelaine ou d'un noble) que par une description architecturale. Il est fortifié de manière à pouvoir résister aussi bien à une attaque directe qu'à un siège et se distingue de la maison forte ou « ferté » en ancien français (firmitas des hobereaux) par ses dimensions et ses ouvrages défensifs plus importants. Le château est l’instrument et le symbole du pouvoir local : il permet d’asseoir l’autorité d’un sire sur une population. Dans cette acception, les premiers châteaux apparaissent à la fin de l'époque carolingienne.
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+ L'historien Charles Coulson considère que c'est l'accumulation des richesses et des ressources (comme la nourriture) qui a conduit à la nécessité de structures défensives. Les premières fortifications apparaissent dans le Croissant fertile, la vallée de l'Indus, en Égypte et en Chine, où les implantations étaient protégées par de grandes murailles. L'Europe du Nord fut plus lente que l'Orient à développer des structures défensives et il faut attendre l'Âge du bronze pour y voir le développement de castros qui se multiplièrent pendant l'Âge du fer. Ces structures différaient de leurs homologues orientaux en privilégiant comme matériau de construction des travaux en terre (en) plutôt que la pierre. Certains terrassements en terre existent toujours, mis en évidence par des palissades et des fossés[1].
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+ En Europe, les oppidums se sont développés au IIe siècle av. J.-C. : bien que primitifs, ils ont été efficaces jusqu'à l'utilisation intensive d'engins de siège et d'autres techniques de siège, comme à la bataille d'Alésia. Les fortifications romaines, les castra, variaient depuis la construction temporaire des armées en campagne, aux ouvrages en pierre permanents, comme le mur d'Hadrien.
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+ La diffusion des châteaux forts vers l’an 1000 signale qu’ils sont liés à un type particulier de société, dite « féodale ». La disparition de l’État carolingien et la régionalisation des pouvoirs, le transfert de l’autorité régalienne vers des pouvoirs locaux (la féodalisation), provoquent l’insécurité liée à la rivalité des grands possédants et des petits chefs. En favorisant l’éclosion de nombreuses autorités régionales et locales, qui ont besoin d’hommes de main, de polices, cette régionalisation militarise la société et favorise l’érection de nombreux lieux fortifiés. Du Xe au début du XVIIe siècle, l’Europe se hérisse ainsi de châteaux qui tous symbolisent un pouvoir sur les hommes et la terre. Plus le pouvoir territorial des principautés régionales est fort, moins il y a de châteaux, au contraire, plus il est faible, plus ils sont précoces et nombreux. Ainsi, dans les régions germaniques (à l’est d’une ligne Saône-Rhône) où l’empereur reste puissant jusqu’au XIIIe siècle, l’apparition des châteaux est plus tardive et la diffusion plus limitée (au moins jusque vers le deuxième quart du XIIe siècle). Dans le Midi et l’ouest de la France où le pouvoir royal est absent et les autorités régionales des ducs et des comtes limitées, les châteaux sont beaucoup plus nombreux et apparaissent de façon nettement plus précoce (parfois dès la fin du IXe siècle, plus couramment dans la seconde moitié du Xe siècle). Le développement de la royauté capétienne les limite dès le XIIIe siècle. Si la disparition de l’État central et la régionalisation forcée de l’Europe, provoquée par les intérêts des chefs de guerre et des grands possédants, a fait naître le château (au Xe siècle dans l’ouest de la France, aux XIIe – XIIIe siècle dans l’Empire : Allemagne, est de la France, Italie), le développement des États modernes les fait disparaître au XVIIe siècle.
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+ Tous les possesseurs de château n’ont pas la même autorité seigneuriale. Les princes, comtes et grands dynastes, qui exercent une autorité territoriale, construisent de vastes châteaux pour loger les nombreux chevaliers et « ministériels » qui sont leur armée et leurs « fonctionnaires ». Les petits seigneurs doivent se contenter d’une maison forte, une tour ou un logis dans une petite enceinte. Ainsi définis, les critères paraissent simples. Mais les princes ont besoin, pour tenir leur pays, de nombreux postes militaires, parfois simples tours, qui sont défendues par peu d’hommes. Par ailleurs, des seigneurs de village, enrichis par la guerre et les fonctions (les services rendus), ont les moyens d’élever de prestigieuses constructions. Certains châteaux ont une enceinte spéciale servant de refuge à la population environnante.
22
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+ À partir de l’époque de Philippe Auguste et de Richard Cœur-de-Lion (fin du XIIe, début du XIIIe siècle), la fortification est de plus en plus souvent l’affaire d’« ingénieurs ». Jusque-là, on cherchait des sites favorables et on comptait surtout sur l’épaisseur et la hauteur des murs. Le développement d’une architecture militaire offensive (lié à la diffusion des machines de guerre et aux dispositifs de flanquement) permet de s’établir dans n’importe quel site, n’est plus tributaire du relief, et a pour contrecoup la recherche d’une architecture à caractère davantage palatial. La synthèse entre château et fort devient plus difficile comme le montrent les châteaux de Saumur ou de La Ferté-Milon ou bien produit des édifices sévères comme à Tarascon. La grande majorité des châteaux forts ont été élevée par les seigneurs de village ; ce sont donc des maisons fortes qui ont des formes très variées (plus diverses que celles des grands châteaux), selon les époques et les régions, assez accessoirement tributaires de l’évolution de l’art militaire. La maison forte est aussi ancienne que le château, mais la plupart d’entre elles ont été reconstruites pendant ou après la guerre de Cent Ans.
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+ Les ressources documentaires médiévales utilisent un vocabulaire divers et relativement flou pour désigner les châteaux : le castrum (au pluriel castra) se confond avec le castellum (castella) pour décrire un lieu fortifié.
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+ Au IXe siècle, l'édit de Pîtres encourage la construction de forteresses pour faire face aux invasions scandinaves qui menacent la France occidentale. La multiplication des châteaux répond à un contexte d’insécurité : raids vikings et sarrasins, puis violences de petits seigneurs brigands, menacent les paysans et leurs récoltes. Ces châteaux sont d'abord sous l'autorité des comtes et des ducs, qui sont les délégués du roi dans les « régions » (pagi). Ces représentants se constituent des principautés autonomes et confient leurs forteresses à des délégués (vicomtes, viguiers, centeniers, officiers châtelains). Aux XIe et XIIe siècles, ces derniers usurpent les prérogatives publiques (rendre la justice, lever une armée, collecter les impôts). Les partages successoraux accentuent l'émiettement du pouvoir. Ils font construire, de manière illégale, des châteaux : à la fin du XIIe siècle, on en comptait environ 150 en Provence, 130 en Catalogne, 110 en Picardie[2].
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+ Cependant, l’effacement de l’autorité publique, incarnée par le roi ou le comte, s’est faite selon des rythmes et des intensités différents :
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+ La physionomie des châteaux forts a changé au cours du Moyen Âge parallèlement à l'évolution des techniques militaires et de siège (poliorcétique). La structure et l'ampleur des châteaux forts dépendent également des régions et du pouvoir de son propriétaire.
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+ On peut distinguer plusieurs étapes, dans l'ordre chronologique.
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+ L'enceinte castrale est, avec la motte castrale, le premier château fort de l'histoire. Il semble même, d'après les recherches archéologiques récentes en Normandie, qu'elle serait antérieure à la motte (avant 1066). La fortification occupe souvent un terrain plat sur un éperon ou un promontoire. Une tour-porche en protège sommairement l'entrée. L'enceinte, précédée de douves ou de fossés, est constituée d'une palissade plantée ou non sur un terrassement (la terre est celle retirée du fossé). De forme ovoïde, cette clôture protège quelques bâtiments et abrite une mesnie[6] aristocratique, parfois une petite communauté paysanne (le terme de château est dans ce cas utilisé à tort).
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+ Ce château fort primitif couvrit en fait toute l'Europe occidentale.
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+ Le premier château de Caen, édifié pour le duc Guillaume le Conquérant, en constitue le plus bel exemple normand. L'enceinte enferme 5 ha et épouse un éperon. Avant la fondation du donjon au XIIe siècle, une grosse porte fortifiée formait son élément défensif le plus important. L'enceinte castrale se trouvait en fait un peu partout dans les campagnes normandes, mais dans des tailles beaucoup plus modestes qu'à Caen : Le Plessis-Grimoult (Calvados) fouillé par Elisabeth Zadora-Rio ; Mirville (Seine-Maritime) fouillé par Jacques Le Maho ; Pont-Saint-Pierre (Eure)… Ce type de fortification semble aussi avoir cohabité avec le type « motte castrale » et perduré jusqu'au XIIe siècle.
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+ La motte castrale est une butte artificielle sur laquelle est aménagée une tour entourée d’une palissade et d'un large fossé. Les spécialistes les appellent aussi « château à motte et basse-cour[7] ».
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+ Les premières mottes sont aménagées à la fin de l’époque carolingienne entre Rhin, Escaut et Loire. Les mottes apparaissent plus tardivement dans le nord de l’Europe (XIIe siècle au Danemark) et à l’est de l’Elbe (XIIIe siècle) [8]. La plupart du temps, leurs sommets étaient occupés par un fortin de bois aménagé avec une tour de guet en charpente analogue à un donjon. Leur succès s'explique en partie à la facilité de leur réalisation : les matériaux de construction qu'elle nécessite, la terre et le bois, abondent et sont donc peu coûteux. Les travaux de terrassement, l'abattage et l'équarrissage du bois, ainsi que la mise en œuvre peuvent être l'affaire d'ouvriers non qualifiés, trouvés parmi les serfs corvéables « à merci[9] ».
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+ Certains sires érigeaient ces fortifications sans l'autorisation du prince : ce mouvement d'usurpation qui aboutira aux châtellenies du XIe siècle fut plus précoce dans le sud de la France. Dans la seconde moitié du XIe siècle, le château à motte se multiplie et devient plus complexe en France. Il se diffuse en Allemagne et en Angleterre, après la conquête du duc Guillaume de Normandie. Elles se dotent alors d'une enceinte maçonnée au sommet de la motte.
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+ Les dimensions des mottes varient de 50 à 200 mètres de diamètre et d'une hauteur de 10 à 60 mètres[7].
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+ L’habitation du seigneur pouvait être au sommet de la motte (dans une tour) ou bien dans la basse-cour. La tour était encerclée par une palissade ou un muret. Dans les premiers temps, la tour était en bois et comportait un ou deux étages où l'on trouvait des réserves et la chambre du châtelain et de sa famille ; la construction était entourée d'une palissade aménagée sur une levée de terre et d'un fossé en haut. L'entrée pouvait se faire par pont amovible gardé par une porte et une tour en bois.
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+ La motte castrale est incluse dans un ensemble fortifié plus vaste qui comprend une basse-cour, séparée par un fossé. Cet espace était suffisamment vaste pour accueillir la population réfugiée. Au pied de la butte s'étendait une basse-cour avec des habitations, des écuries, des bâtiments agricoles et parfois le logis seigneurial.
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+ Le seigneur exigeait de ses paysans qu’ils participent aux travaux, car ces derniers savaient construire leur maison : on commençait par tracer le plan au sol, puis on creusait un fossé dont les débris permettaient la formation d’un rempart de terre. Le monticule en lui-même était élevé par couches successives, par accumulation de matériaux apportés par chariots, bêtes de somme ou à dos d’homme, dans des hottes. Il n'était nul besoin d’une main-d’œuvre spécialisée pour élever ce genre de défense. Bâties en terre et en bois selon des plans variés, les mottes sont soumises aux intempéries (les palissades pourrissent) et aux incendies. Beaucoup d'entre elles ont disparu. La tapisserie de Bayeux est une source iconographique de première importance pour la connaissance des mottes castrales. Elle peut être complétée par les données archéologiques et la reconnaissance aérienne. Ces constructions de bois présentaient l'avantage de pouvoir être rapidement reconstruites, après un incendie par exemple. Elles servaient de refuge aux paysans des alentours, au temps des invasions scandinaves.
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+ La fortification en pierre, souvent un donjon entouré de remparts, ne correspond pas à une étape de l'histoire des châteaux forts. Autrement dit, les châteaux en pierre n'ont pas succédé aux châteaux en terre et bois. Le choix du matériau dépendait des moyens du commanditaire, et du terrain : la roca ou « roque » apparaît dès le Xe siècle dans les régions montagneuses de l'Europe méridionale.
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+ La fortification en pierre, encore rare au Xe siècle, correspond parfois à une construction romaine plus ou moins modifiée comme le castrum d'Andone, les remparts du Mans ou la cité de Carcassonne[10].
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+ L'utilisation de la pierre pour de nouvelles constructions concerne avant tout les donjons. Les premiers grands donjons à base rectangulaire en pierre apparaissent dans la vallée de la Loire (Langeais, fin du Xe siècle). On attribue traditionnellement un rôle pionnier au comte d'Anjou, Foulque Nerra (987-1040). Cependant, avant le donjon de Foulques Nerra à Langeais (994,) il y a eu la forteresse des ducs d'Aquitaine à Maillezais, à l'emplacement de l'abbaye Saint-Pierre. Elle fut construite entre 970 et 980, partiellement ou entièrement en pierres. Il en reste une tour-porte qui fut conservée pour l'abbaye. Les donjons sont adoptés en Normandie puis en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle[11]. Celui de Loches, le plus abouti pour l'époque, mesure 37 mètres de haut.
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+ Dans le Saint-Empire romain germanique, en Italie et en France du Sud, de petites tours de trois ou quatre étages se dressaient seules et servaient de refuge ou de poste de guet. Elles n'étaient pas protégées par une muraille, car le site abrupt était la meilleure protection de ces roques : une superstructure en pierres sur une infrastructure rocheuse[12]. On les construisait avec du mortier.
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+ Les fouilles de Roqueprive en Rouergue ont permis de préciser l'image de la roque : loin de se réduire à une tour sur un piton rocheux, elle comprenait des bâtiments annexes et des remparts, même du côté le plus abrupt, ce qui démontre un savoir-faire architectural pour une fortification isolée n'ayant servi que quelques décennies[13].
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+ L'apogée du château fort proprement dit est le XIIe siècle. On le désigne parfois sous l'expression « château roman ». Cet apogée correspond à la Renaissance du XIIe siècle au cours de laquelle seigneurs et chevaliers lettrés redécouvrent les traités d'art militaire romain (ex. : Epitoma rei militaris de Végèce). À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique.
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+ Enfin, le château fort se dote d'une double enceinte au XIIIe siècle : les deux remparts dégagent donc un espace intermédiaire appelé « lices ». Des tourelles sont construites pour ne pas laisser d'angles morts. Un chemin de ronde ainsi qu'un fossé plus large et plus profond sont aménagés.
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+ Pour se défendre contre les projectiles incendiaires, les toits sont couverts de plomb, les planchers sont remplacés par des voûtes de pierre. Le plan du château plus resserré et géométrique (carré pour le Louvre). Les princes et les rois font entourer leurs villes d'enceintes : Rouen, Paris, Laon, Aigues-Mortes, Provins, Angers…
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+ Certains spécialistes en castellologie comme Gérard Denizeau avancent que le XVe siècle signifie la fin des châteaux forts. En effet, les progrès de l'artillerie rendent désormais les murailles très vulnérables. À partir de 1418, se généralise l'utilisation de boulets en fer, beaucoup plus destructeurs que les boulets de pierre. Les canons de la fin de la guerre de Cent Ans permettent d'accélérer les sièges en ouvrant des brèches dans la muraille, plus efficacement que la sape ou le bélier. Cependant, la mort du château fort ne fut pas si brusque. Il a continué aux XVe et XVIe siècles à s'adapter à l'évolution de l'armement. À Salses, à la frontière franco-espagnole, l'ingénieur aragonais Ramirez a « enterré » le château pour mieux résister aux tirs rasants : ce système de « fortification rasante » (Pyrénées, Bretagne) marque la transition avec les bastions de l'époque moderne. Le rempart atteint 12 m d'épaisseur. Aux angles, quatre tours circulaires sont percées de canonnières. Car la meilleure façon de résister au canon, c'est d'en avoir soi-même. C'est ce qu'on appelle la défense active.
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+ Plus généralement, les anciens châteaux sont améliorés pour faire face à l'artillerie. Le sommet des tours accueille par exemple des plates-formes sur lesquelles on installe les canons (Fougères). On construit des barbacanes en U ou en proue de navire devant les entrées (Bonaguil, Lassay). On élargit les fossés que l'on défend par un moineau (Loches). Ou encore, on multiplie les tours le long de la courtine. Mieux, on installe de fausses braies (Gisors, Domfront). Le château fort n'est donc pas fini, mais son apogée est bien terminé. Si, en France, il est encore utilisé pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, on n'en construit pas de nouveau. Henri IV confirme leur déclin en ordonnant la destruction ou le démantèlement de nombreuses forteresses pour éviter qu'elles servent de repaire aux ennemis de l'autorité royale (château de Rouen).
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+ Il semble qu'au XVIIe siècle, la défense du territoire par un réseau castral soit révolue. Les villes, notamment les villes-citadelles comme Lille, Besançon ou Neuf-Brisach, sont préférées pour arrêter l'adversaire. Surtout, les souverains comptent davantage sur leur « muraille humaine », c'est-à-dire leur armée en bataille. Les châteaux forts deviennent obsolètes. Les propriétaires essaient alors d'améliorer leur fonction résidentielle. Les ponts-levis sont remplacés par des ponts fixes en pierre (ou pont dormant). Les bâtiments à l'intérieur de la cour sont percés de fenêtres à meneaux. Parfois, on construit un nouveau bâtiment au goût du jour comme à La Clayette où de nouveaux bâtiments furent ajoutés au donjon médiéval au XVIIIe siècle et une partie fut remaniée dans un style néo-Renaissance au XIXe siècle.
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+ L'image des châteaux forts actuels peut être faussée. Souvent les bases talutées des tours et des courtines disparaissent très largement sous le remblai. L'histoire de leur restauration qui prend sa naissance au XIXe siècle est marquée par la création d'un état fictif qui « ne répond en fait qu'à une conception d'un passé factice au service d'une fonctionnalité circonstancielle[16] ».
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+ Durant la période des Croisades, les forteresses construites sur les sommets rocheux prennent le nom de krak. Les citadelles arabes sont régulièrement réaménagées par les états latins d'Orient ou les ordre militaires.
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+ Krak des Chevaliers en Syrie.
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+ Fort de Paphos à Chypre.
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+ Krak de Montréal en Jordanie.
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+ Krak des Moabites en Jordanie.
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+ Plusieurs techniques sont utilisées pour attaquer un château fort. On peut croire qu'une des attaques les plus utilisées était l'échelade mais, bien trop lourde et peu maniable (l'échelle est composée de lourdes sections emboîtables les unes dans les autres), l'échelle est peu utilisée pour attaquer un château fort (sauf lors d'un coup de main par surprise). La présence de grilles en fer forgé au niveau des fenêtres des tours pour éviter l'échelade atteste cependant de sa mise en œuvre[17].
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+ La méthode la plus utilisée est la sape qui consiste à provoquer une brèche dans une enceinte. Pour cela, des sapeurs protégés sous des galeries de bois creusent et enlèvent les pierres de la muraille pour provoquer son effondrement. S'agissant d'une action au contact de la muraille, la sape n'est toutefois pas possible si la muraille du château est entourée de douves mises en eau, ou bien s'il est situé sur un escarpement plus haut que les assaillants ou est en bord de mer.
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+ Une autre manœuvre, appelée mine, consiste à creuser sous la base de la muraille mais n'est envisageable qu'en cas d'absence d'un soubassement rocheux (en plus des restrictions concernant la sape). Avant l'usage de la poudre noire, la mine était bourrée de matériaux inflammables (fagots, laine enduite d'huile…) dont la combustion provoquait l'éclatement des pierres et l'effondrement de la muraille située au-dessus.
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+ Il est également possible de provoquer l'effondrement d'une partie des remparts à l'aide d'engins de siège (mangonneaux, trébuchets, catapultes…) projetant des quartiers de roche ou des boulets de pierre mais la mise en œuvre de ces engins exige (outre la présence de ceux-ci dans les bagages des assaillants) du personnel qualifié et une longue installation.
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+ Quand les occupants du château fort ne sont pas sur leurs gardes, le coup de main rapide par une petite troupe (ce que nous appellerions aujourd'hui une action de commando) peut s'avérer efficace : prise de Monaco par les Grimaldi déguisés en moines (1297), ruses d'Arnaud de Cervole en Dordogne (1351-1353) et d'autres.
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+ Enfin, une dernière méthode est le siège qui consiste à affamer et assoiffer les assiégés en contrôlant tout le tour de l'enceinte (c'est une course de vitesse à celui qui, des deux, manquera le premier de vivres et d'eau). Mais il demande de nombreux hommes et un approvisionnement régulier en nourriture des assiégeants, ce qui peut coûter cher[18] et laisse les assaillants à la merci d'une attaque par une troupe de secours.
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+ Le château fort suscite aujourd'hui encore un fort imaginaire. L'historien Jacques Le Goff le souligne bien assez, avec l'imaginaire des enfants notamment, sous la forme de dessins ou de châteaux de sable[19]. Cet édifice peuple aussi les dessins animés, l'univers des jouets, les films, l'art[20], la télévision et les séries fantastiques. Les visites des châteaux forts en France, ainsi que les spectacles sons et lumière, jusque dans des projets d'archéologie expérimentale monumentale tel le château de Guédelon, en Bourgogne, contribueront chacun à leur façon, à la diffusion de cet imaginaire[21].
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+ Bien sûr, il n'en a pas toujours été ainsi : si le terme « château fort » n'apparaît qu'en 1835, à l'occasion de la résurgence romantique de l'imaginaire médiéval, il disparait pratiquement durant le XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles[19]. Il revient en force à travers notamment la littérature au XIXe siècle : Walter Scott, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Verlaine, Rimbaud, Huysmans[19].
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+ Le XXe siècle aura aussi ses perles, avec des fortifications castrales imaginées comme dans le Seigneur des anneaux de R. R. Tolkien par exemple, avec des adaptations cinématographiques mondiales au XXIe siècle de cette même oeuvre, ou au travers de séries télévisées comme Game of Thrones[21]. Bien sûr les historiens, historiens de l'architecture et de l'art, castellologue contribueront aussi à la diffusion de cet imaginaire, sous une forme scientifique ou vulgarisée, et susciteront ce goût[22] du Moyen-Âge dans le grand public[23].
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+ Felis silvestris catus
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+ Sous-espèce
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+ Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
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+ Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
10
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+ Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
12
+
13
+ Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
14
+
15
+ Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
16
+
17
+ Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
18
+
19
+ On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
20
+
21
+ Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
22
+
23
+ En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
24
+
25
+ L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
26
+
27
+ Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
28
+
29
+ La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
30
+
31
+ Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
32
+
33
+ Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
34
+
35
+ Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
36
+
37
+ Coussinet d'un chat.
38
+
39
+ Griffe avec le nerf visible.
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+
41
+ Thermographie infrarouge du chat.
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
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+ Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
46
+
47
+ Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
48
+
49
+ La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
50
+
51
+ Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
52
+
53
+ Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
54
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55
+ La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
56
+
57
+ La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
58
+
59
+ En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
60
+
61
+ Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
62
+
63
+ L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
64
+ Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
65
+
66
+ Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
67
+
68
+ Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
69
+
70
+ L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
71
+
72
+ Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
73
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74
+ Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
75
+
76
+ Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
77
+
78
+ En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
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+ Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
81
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+ Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
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+ Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
85
+
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+ Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
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+ Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
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+ La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
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+ Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
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+
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+ Chat soumis à un autre.
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+ Chat se hérissant et courbant le dos.
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+ Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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104
+ Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
105
+
106
+ Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
107
+
108
+ Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
109
+
110
+ En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
111
+
112
+ D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
113
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114
+ Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
115
+
116
+ Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
117
+
118
+ Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
119
+
120
+ Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
121
+
122
+ Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
123
+
124
+ Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
125
+
126
+ La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
127
+
128
+ L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
129
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130
+ Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
131
+
132
+ La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
133
+
134
+ L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
135
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136
+ Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
137
+
138
+ Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
139
+
140
+ Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
141
+
142
+ Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
143
+
144
+ Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
145
+
146
+ Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
147
+
148
+ Approche.
149
+
150
+ Chat ayant capturé un oiseau.
151
+
152
+ Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
153
+
154
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
155
+
156
+ L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
157
+ C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
158
+ La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
159
+
160
+ Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
161
+
162
+ On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
163
+
164
+ Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
165
+
166
+ S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
167
+
168
+ En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
169
+
170
+ Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
171
+
172
+ Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
173
+
174
+ La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
175
+
176
+ Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
177
+
178
+ Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
179
+
180
+ La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
181
+
182
+ Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
183
+
184
+ Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
185
+
186
+ Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
187
+
188
+ Chatte et sa portée.
189
+
190
+ Chaton âgé de trois heures.
191
+
192
+ Chaton âgé d’un mois.
193
+
194
+ Chaton âgé de six semaines.
195
+
196
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
197
+
198
+ La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
199
+
200
+ Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
201
+
202
+ Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
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204
+ Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
205
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206
+ Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
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208
+ Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
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210
+ Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
211
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212
+ Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
213
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214
+ D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
215
+
216
+ Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
217
+ En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
218
+
219
+ Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
220
+ On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
221
+ À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
222
+
223
+ Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
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+
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+ Lors de la vente d’un chat domestique :
226
+
227
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
228
+
229
+ Divagations de l’animal :
230
+ « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
231
+
232
+ En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
233
+
234
+ Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
235
+
236
+ Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
237
+ Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
238
+
239
+ La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
240
+
241
+ En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
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+ Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
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+ Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
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+ Felis silvestris ornata - Chat orné
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+ Felis silvestris bieti - Chat de Biet
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+ Felis silvestris lybica - Chat ganté
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+
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+ Felis silvestris catus - Chat domestique
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+ Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
256
+
257
+ L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
258
+
259
+ Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
260
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261
+ L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
262
+
263
+ Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
264
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265
+ En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
266
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+ Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
268
+
269
+ En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
270
+
271
+ Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
272
+
273
+ Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
274
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275
+ Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
276
+
277
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
278
+
279
+ Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
280
+
281
+ La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
282
+
283
+ Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
284
+
285
+ Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
286
+
287
+ Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
288
+
289
+ Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
290
+
291
+ Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
292
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293
+ En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
294
+
295
+ Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
296
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297
+ En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
298
+
299
+ Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
300
+
301
+ Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
302
+
303
+ Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
304
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305
+ L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
306
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307
+ Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
308
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309
+ Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
310
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311
+ S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
312
+
313
+ Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
314
+
315
+ Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
316
+
317
+ Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
318
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319
+ Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
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321
+ Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
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+ Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
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+ Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
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+ Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
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+ De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
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+ En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
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+ Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
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+ Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
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+ Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
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+ Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
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+ Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
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+ Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
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+ D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
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+ L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
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+ Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
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+ Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
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+
352
+ La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
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+
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+ En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
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+ Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
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+ En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
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+ Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
361
+
362
+ Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
363
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364
+ Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
365
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366
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
367
+
368
+ D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
369
+
370
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
371
+
372
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
373
+
374
+ Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
375
+
376
+ Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
377
+
378
+ Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
379
+
380
+ Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
381
+
382
+ Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
383
+
384
+ En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
385
+
386
+ Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
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+ La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
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+ Felis silvestris catus
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+ Sous-espèce
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+
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+ Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
8
+
9
+ Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
10
+
11
+ Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
12
+
13
+ Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
14
+
15
+ Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
16
+
17
+ Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
18
+
19
+ On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
20
+
21
+ Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
22
+
23
+ En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
24
+
25
+ L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
26
+
27
+ Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
28
+
29
+ La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
30
+
31
+ Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
32
+
33
+ Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
34
+
35
+ Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
36
+
37
+ Coussinet d'un chat.
38
+
39
+ Griffe avec le nerf visible.
40
+
41
+ Thermographie infrarouge du chat.
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+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
46
+
47
+ Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
48
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+ La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
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+
51
+ Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
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+
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+ Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
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+ La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
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+ La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
58
+
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+ En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
60
+
61
+ Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
62
+
63
+ L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
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+ Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
65
+
66
+ Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
67
+
68
+ Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
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+
70
+ L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
71
+
72
+ Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
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74
+ Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
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76
+ Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
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+ En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
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+ Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
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+ Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
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+ Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
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+ Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
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+ Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
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+ La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
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+ Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
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+
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+ Chat soumis à un autre.
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+ Chat se hérissant et courbant le dos.
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+ Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
105
+
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+ Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
107
+
108
+ Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
109
+
110
+ En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
111
+
112
+ D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
113
+
114
+ Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
115
+
116
+ Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
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+ Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
119
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+ Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
121
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122
+ Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
123
+
124
+ Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
125
+
126
+ La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
127
+
128
+ L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
129
+
130
+ Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
131
+
132
+ La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
133
+
134
+ L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
135
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136
+ Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
137
+
138
+ Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
139
+
140
+ Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
141
+
142
+ Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
143
+
144
+ Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
145
+
146
+ Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
147
+
148
+ Approche.
149
+
150
+ Chat ayant capturé un oiseau.
151
+
152
+ Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
153
+
154
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
155
+
156
+ L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
157
+ C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
158
+ La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
159
+
160
+ Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
161
+
162
+ On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
163
+
164
+ Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
165
+
166
+ S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
167
+
168
+ En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
169
+
170
+ Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
171
+
172
+ Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
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+
174
+ La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
175
+
176
+ Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
177
+
178
+ Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
179
+
180
+ La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
181
+
182
+ Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
183
+
184
+ Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
185
+
186
+ Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
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+
188
+ Chatte et sa portée.
189
+
190
+ Chaton âgé de trois heures.
191
+
192
+ Chaton âgé d’un mois.
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+ Chaton âgé de six semaines.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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198
+ La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
199
+
200
+ Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
201
+
202
+ Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
203
+
204
+ Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
205
+
206
+ Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
207
+
208
+ Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
209
+
210
+ Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
211
+
212
+ Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
213
+
214
+ D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
215
+
216
+ Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
217
+ En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
218
+
219
+ Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
220
+ On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
221
+ À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
222
+
223
+ Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
224
+
225
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
226
+
227
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
228
+
229
+ Divagations de l’animal :
230
+ « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
231
+
232
+ En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
233
+
234
+ Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
235
+
236
+ Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
237
+ Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
238
+
239
+ La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
240
+
241
+ En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
242
+
243
+ Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
244
+
245
+ Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
246
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247
+ Felis silvestris ornata - Chat orné
248
+
249
+ Felis silvestris bieti - Chat de Biet
250
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251
+ Felis silvestris lybica - Chat ganté
252
+
253
+ Felis silvestris catus - Chat domestique
254
+
255
+ Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
256
+
257
+ L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
258
+
259
+ Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
260
+
261
+ L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
262
+
263
+ Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
264
+
265
+ En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
266
+
267
+ Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
268
+
269
+ En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
270
+
271
+ Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
272
+
273
+ Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
274
+
275
+ Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
276
+
277
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
278
+
279
+ Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
280
+
281
+ La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
282
+
283
+ Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
284
+
285
+ Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
286
+
287
+ Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
288
+
289
+ Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
290
+
291
+ Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
292
+
293
+ En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
294
+
295
+ Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
296
+
297
+ En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
298
+
299
+ Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
300
+
301
+ Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
302
+
303
+ Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
304
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305
+ L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
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307
+ Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
308
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309
+ Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
310
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311
+ S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
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+ Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
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+ Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
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+ Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
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+ Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
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+
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+ Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
322
+ Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
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+ Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
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+ Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
327
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328
+ De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
329
+
330
+ En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
331
+
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+ Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
333
+
334
+ Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
335
+
336
+ Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
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338
+ Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
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+
340
+ Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
341
+
342
+ Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
343
+
344
+ D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
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+
346
+ L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
347
+
348
+ Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
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350
+ Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
351
+
352
+ La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
353
+
354
+ En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
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356
+ Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
357
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+ En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
359
+
360
+ Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
361
+
362
+ Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
363
+
364
+ Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
365
+
366
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
367
+
368
+ D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
369
+
370
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
371
+
372
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
373
+
374
+ Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
375
+
376
+ Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
377
+
378
+ Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
379
+
380
+ Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
381
+
382
+ Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
383
+
384
+ En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
385
+
386
+ Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
387
+ La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
2
+
3
+ Felis silvestris catus
4
+
5
+ Sous-espèce
6
+
7
+ Le Chat domestique (Felis silvestris catus) est la sous-espèce issue de la domestication du Chat sauvage, mammifère carnivore de la famille des Félidés.
8
+
9
+ Il est l’un des principaux animaux de compagnie et compte aujourd’hui une cinquantaine de races différentes reconnues par les instances de certification. Dans de très nombreux pays, le chat entre dans le cadre de la législation sur les carnivores domestiques à l’instar du chien et du furet. Essentiellement territorial, le chat est un prédateur de petites proies comme les rongeurs ou les oiseaux. Les chats ont diverses vocalisations dont les ronronnements, les miaulements, les feulements ou les grognements, bien qu’ils communiquent principalement par des positions faciales et corporelles et des phéromones.
10
+
11
+ Selon les résultats de travaux menés en 2006 et 2007[1], le chat domestique est une sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) issue d’ancêtres appartenant à la sous-espèce du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica). Les premières domestications auraient eu lieu il y a 8 000 à 10 000 ans au Néolithique dans le Croissant fertile, époque correspondant au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, le chat devenant alors pour l’Homme un auxiliaire utile se prêtant à la domestication.
12
+
13
+ Tout d’abord vénéré par les Égyptiens, il fut diabolisé en Europe au Moyen Âge et ne retrouva ses lettres de noblesse qu’au XVIIIe siècle. En Asie, le chat reste synonyme de chance, de richesse ou de longévité. Ce félin a laissé son empreinte dans la culture populaire et artistique, tant au travers d’expressions populaires que de représentations diverses au sein de la littérature, de la peinture ou encore de la musique.
14
+
15
+ Le chat domestique mâle est couramment appelé un « chat » tandis que la femelle est appelée « chatte »[2] et le jeune un « chaton »[3],[4],[5].
16
+
17
+ Le mot chat vient du bas latin cattus, qui, d’après le Littré (édition de 1878), provient du verbe cattare, qui signifie guetter, ce félin étant alors considéré comme un chasseur qui guette sa proie. Cette interprétation porte cependant à controverse, au vu des termes utilisés dans certaines langues afro-asiatiques (berbère kadiska)[6] ou nilo-sahariennes (nubien kadis)[6]. En latin classique, « chat » se dit felis (d’où, en français, félin, félidés, etc.), mais désigne uniquement le chat sauvage d’Europe, tandis que cattus s’applique au chat domestique[7].
18
+
19
+ On désigne aussi plus familièrement le chat par minet ou minou et la chatte par minette. Ce terme, attesté dès 1560, provient de mine, nom populaire du chat en gallo-roman. Ce mot est à l’origine de l’expression dès potron-minet, qui signifie « de bon matin ». D’après le Littré, il s’agirait d’une déformation de paître au minet, c’est-à-dire du moment où le chat, qui se lève tôt, va chercher son paître : sa pâture, sa nourriture… Cette explication doit sans doute à la pudeur de cet auteur du XIXe siècle : selon Claude Duneton[8], cette expression provient de poitron-jacquet, jacquet désignant un écureuil (animal matinal marchant la queue levée) et poitron désignant le postérieur. Dès potron-minet signifie donc : « à l’heure où l’on voit le derrière du chat ». Quant au « minet » ou à la « minette » qui « fait des mines », lorsque ce terme est appliqué à l’être humain, c’est un jeune homme ou une jeune fille qui s’efforce de plaire et se préoccupe beaucoup de son apparence[A 1].
20
+
21
+ Un chat mâle non castré est un « matou », terme à l’origine incertaine qui viendrait peut-être d’une dérivation de mite comme dans chattemite[9]. Le chat est aussi nommé familièrement « mistigri », mot-valise composé du préfixe miste, signifiant adroit, et de gris, la couleur[10].
22
+
23
+ En argot, un chat s’appelle un « greffier »[11],[12],[13]. Deux explications s’opposent, qui peut-être n’en font qu’une : d’une part, le jeu de mots sur griffe est évident ; d’autre part, la fourrure de certains chats noirs comporte une sorte de plastron blanc sur le poitrail, et celui-ci évoque le rabat blanc que l’on voit sur la robe noire des greffiers à l'audience[A 2].
24
+
25
+ L'anatomie du chat est semblable à celle des autres espèces de félidés. Il possède un corps fort et flexible, des réflexes rapides, des dents pointues et des griffes rétractables adaptées à la mise à mort de petites proies.
26
+
27
+ Le squelette est composé de 250 os. Les vertèbres du cou sont courtes, et la colonne vertébrale est très souple.
28
+
29
+ La clavicule des chats, de petite taille comme pour tous les félins, est reliée au sternum par un unique ligament : cela lui confère une grande souplesse, les épaules pouvant bouger indépendamment l’une de l’autre. Comme tous les carnivores, la dernière prémolaire supérieure et la première molaire inférieure forment les carnassières qui permettent au chat de déchirer sa nourriture, grâce à des muscles puissants fixés aux parois latérales de son crâne, et de l’avaler sans la mâcher. L’os hyoïde est entièrement ossifié, ce qui permet au chat de ronronner mais pas de rugir[14].
30
+
31
+ Les pattes sont pourvues de griffes rétractiles. Le chat possède cinq doigts aux pattes antérieures, dont seulement quatre touchent le sol, le pouce restant à l’écart, ainsi que quatre doigts aux pattes postérieures[14]. Des cas de polydactylie existent et certains standards de races de chats l’admettent dans les concours[A 3]. Les coussinets ou pelotes, sont constitués d’une membrane élastique qui confère une marche silencieuse[15].
32
+
33
+ Ces spécificités confèrent à l’animal une grande souplesse et une détente ample lors des sauts : il peut notamment sauter à une hauteur cinq fois supérieure à sa taille[16]. À la course, sa vitesse moyenne est de 40 km/h et il met 9 secondes pour faire 100 m, mais il n’est pas un coureur de fond et il se fatigue assez vite[16]. Contrairement à ce que l’on peut penser, tous les chats savent très bien nager et ils n’hésiteront pas à se jeter à l’eau s’ils y sont contraints[17].
34
+
35
+ Un chat pèse en moyenne entre 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, qui peut, elle mesurer de 20 à 25 cm de long. Le record de poids et de taille est détenu par Himmy, un chat castré australien qui, à sa mort en 1986, pesait 21,3 kg pour 96,5 cm de longueur totale et un tour de taille de 84 cm[18].
36
+
37
+ Coussinet d'un chat.
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39
+ Griffe avec le nerf visible.
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41
+ Thermographie infrarouge du chat.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
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45
+ Le chat mastique peu et le processus de digestion commence directement dans l’estomac de petite taille (environ 300 millilitres) mais qui possède un pH très acide qui est également utile comme moyen de prévention des infections digestives[19]. Son intestin est plutôt court (environ un mètre pour l’intestin grêle et de 20 à 40 centimètres pour le gros intestin), typique du chasseur de petites proies. Ces dimensions expliquent pourquoi le chat doit manger fréquemment mais en petites quantités (entre 10 et 16 repas journaliers)[20]. Le système digestif du chat est également peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Enfin, le transit digestif du chat est rapide, entre 12 et 14 heures[19].
46
+
47
+ Les types de pelages sont nombreux, car très variables en fonction des races. Le pelage du chat est composé de poils longs (jarre) et portant les marques de la robe (taches par exemple). En dessous se trouvent les poils plus courts (bourre), puis le duvet. Cette organisation permet une bonne isolation du corps. Il existe des poils longs, courts, frisés, et même crépus. Certaines races, comme le sphynx, sont presque dépourvues de poils : un très léger duvet recouvre le corps, ainsi que la queue[16].
48
+
49
+ La robe d’un chat est composée d’une ou plusieurs couleurs qui forment diverses combinaisons (les motifs) appelés patrons : certains individus présentent de larges taches, d’autres des rayures ou des mouchetures, d’autres encore un pelage uni[16]. La robe peut aussi avoir une pigmentation plus foncée vers les extrémités du corps (robes colourpoint, mink et sépia). L’alliance des différentes couleurs et des patrons donnent toutes les variations de fourrure possibles pour un chat. La couleur de la fourrure du chat peut prendre de nombreuses teintes (noir, blanc, bleu, roux…), plus ou moins diluées ou foncées. Les mâles pour des raisons génétiques ne peuvent avoir qu’une seule ou deux couleurs à la fois (sauf exceptions) ; seules en principe les femelles peuvent en comporter trois : ce sont les robes écaille de tortue et calico[21],[22]. Un effet désigne une teinte aux reflets changeants due à la variation de clair et de foncé sur la longueur du poil (robes chinchilla, shaded, smoke ou cameo).
50
+
51
+ Prédateur crépusculaire (coucher et lever du soleil) à l’origine, le chat possède des sens très développés. Il perçoit son univers différemment des humains, et on lui a même prêté des pouvoirs surnaturels. Il existe ainsi de nombreuses légendes de chats ayant prédit des tremblements de terre ou autres catastrophes. L’explication la plus probable est que ses vibrisses et ses oreilles sont aptes à percevoir des vibrations indécelables pour les humains[16].
52
+
53
+ Son ouïe est particulièrement sensible dans les hautes fréquences : il perçoit des ultrasons jusqu’à 50 000 Hz alors que l’oreille humaine est limitée à 20 000 Hz[24]. Son pavillon en cornet peut être orienté grâce à vingt-sept muscles, ce qui lui permet de pivoter chaque oreille indépendamment pour localiser avec précision la source d’un bruit et sa distance[16].
54
+
55
+ La surdité des chats blancs est liée au gène « W », qui est responsable de l’absence de pigment dans le poil, qui paraît blanc. Il est en effet démontré que l’allèle W est directement responsable d’une dégénérescence de l’oreille interne, occasionnant la surdité. La surdité ne s’exprime pas systématiquement chez tous les chats : elle peut être la surdité bilatérale, unilatérale ou absente. Le chaton naît normal mais vers l’âge d’une semaine, son oreille interne, au lieu de continuer à se développer subit des altérations progressives. La dégénérescence est généralement complète à trois semaines[23].
56
+
57
+ La vue est son sens primordial. Son champ de vision est plus étendu que celui des humains : l’angle de vision binoculaire est de 130°, pour un champ de vision total de 287°, contre seulement 180° chez l’homme[25], ce qui reste cependant loin du record absolu du monde animal. Le chat est nyctalope, l’intensité lumineuse influence la forme de sa pupille : allongée en fente étroite en pleine lumière, elle se dilate en un cercle parfait à la pénombre. Contrairement à une idée répandue, il est incapable de voir dans le noir complet. Il est toutefois beaucoup plus performant que l’œil humain dans la pénombre. La nuit, l’aspect brillant des yeux est dû à une couche de cellules de la rétine, appelée tapetum lucidum, qui agit comme un miroir et renvoie la lumière perçue, ce qui la fait passer une seconde fois dans la rétine et multiplie son acuité visuelle dans l’obscurité[16].
58
+
59
+ En revanche, il semblerait (cela est encore discuté) que le chat ne perçoive pas la couleur rouge et que, d’une manière générale, il distingue très mal les détails. Sa vision est granuleuse sur les images fixes tandis qu’un objet en mouvement lui apparaît plus net (par exemple, une proie en mouvement)[16]. Une particularité de l’œil du chat est qu’outre les paupières inférieure et supérieure, il est protégé par une troisième paupière, la membrane nictitante. Celle-ci se ferme à partir du bord inférieur du coin interne de l’œil vers l’extérieur. Quand elle ne se referme pas complètement, c’est souvent le signe d’un problème de santé chez le chat[16]. Les chats peuvent avoir les yeux de différentes couleurs : bleu, vert, jaune, marron…
60
+
61
+ Une étude parue dans la revue Live Science, en 2014, par le biologiste anglais Ronald Douglas, de la City University of London, semble indiquer que le chat (et le chien) voit dans l'ultraviolet[26]. De fait il serait capable de voir dans son environnement des marqueurs biologiques des autres animaux (comme l'urine par exemple)[27].
62
+
63
+ L’odorat a une grande importance dans la vie sociale du félin pour délimiter son territoire. Par ailleurs, c’est son odorat développé qui lui permet de détecter la nourriture avariée et empoisonnée. Il possède deux cents millions de terminaux olfactifs, contre cinq millions pour l’homme[28].
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+ Ce sens est de 50 à 70 fois mieux développé que chez l’homme.
65
+
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+ Le sens du goût est développé chez le chat, moins que chez l’homme cependant : chez le chat adulte, on compte 250 papilles comptant 2 000 bourgeons gustatifs[29]. Contrairement au chien, le sens gustatif du chat est localisé à l’extrémité de la langue, ce qui lui permet de goûter sans avaler. Il est sensible à l’amer, à l’acide et au salé, mais non au sucré[16].
67
+
68
+ Son sens du toucher est également bien développé. Ses vibrisses (longs poils présents sur les moustaches, sur les pattes, sous le menton, les sourcils) lui indiquent la proximité d’obstacles, même dans l’obscurité totale, en lui permettant de détecter les variations de pression de l’air. Celles-ci lui permettent aussi de mesurer la largeur d’un passage. Il ne faut surtout pas les couper car le chat serait déstabilisé[30]. Les coussinets garnissant ses pattes sont très sensibles aux vibrations et sa peau est constellée de cellules tactiles extrêmement sensibles[16].
69
+
70
+ L’organe de Jacobson est un véritable sixième sens. Comme le chien ou le cheval, le chat est capable de goûter les odeurs à l’aide de son organe voméro-nasal. Il retrousse ses babines pour permettre aux odeurs de remonter par deux petits conduits situés derrière les incisives jusqu’à deux sacs remplis de fluide dans les cavités nasales chargées de concentrer les odeurs[16]. Cette aptitude caractéristique, commune à plusieurs mammifères, est aussi appelée « réaction de Flehmen ».
71
+
72
+ Son organe vestibulaire est également particulièrement développé, lui conférant un bon sens de l’équilibre. Ceci explique l’étonnante faculté qu’ont les chats de se retourner rapidement pour retomber sur leurs pattes lors d’une chute[16].
73
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+ Si un chat fait une chute de deux mètres et plus (si tel n’est pas le cas, sa technique ne marche pas) alors qu’il est sur le dos, il peut se retourner afin d’amortir cette chute. En effet, il tourne d’abord sa tête en direction du sol, entraînant les pattes avant puis les pattes arrière[31]. Le chat se retrouve alors le ventre en direction du sol et prend une position qui ressemble à celle d’un écureuil volant. Il ne lui reste qu’à courber le dos et dès qu’il se rapproche du sol, il rassemble ses pattes, comme s’il était sur terre. Cependant cela ne le sauve pas forcément mais rend juste la chute moins grave[32].
75
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76
+ Les caractéristiques essentiellement de morphologie et de couleur conservées entre générations de chats servent usuellement à définir des races, dont la pureté repose sur la constance et la concordance avec des standards. Rappelons que cette notion de race a d’abord un but descriptif de catégorisation arbitraire, plutôt qu’une consistance biologique forte (seule l’espèce montre une homogénéité dont, pour certains critères, anatomiques, génétiques… la variance est parfois moindre que dans la population d’une race). Les races restent interfécondes. La consanguinité produit fréquemment des tares. Par exemple, la surdité est fréquente sur les chatons croisés de chats blancs.
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+ En France, un chat de race est un chat ayant un pedigree[33]. Les registres d’immatriculation des spécimens sont maintenus par différentes associations comme les américaines TICA, l’ACFA et le CFA, la française LOOF, deux fédérations internationales, la FIFé et la WCF ou encore la GCCF britannique. Ces associations permettent l’inscription des spécimens sur des critères d’origines génétiques stricts. Ainsi tout animal dont les géniteurs ne sont pas inscrits est écarté. Ces inscriptions sont payantes.
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+ Les chats de race sont une minorité et ne représentent selon l’AFIRAC que 5 % de la population totale des chats[34]. Tous les autres chats domestiques, ceux ne possédant pas de pedigree, sont considérés comme chats de gouttière, appelés également chats de maison. Le nombre de races reconnues varie du simple au double selon ces organisations[A 4]. Certaines sont très anciennes, comme le siamois ou l’angora turc, d’autres ont été créées plus récemment, comme le ragdoll ou le peterbald. L’homme a également procédé à des hybridations entre chats domestiques et petits félins, ce qui a donné naissance à des races telles que le bengal.
81
+
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+ Le chat est un chasseur solitaire, mais une espèce sociable. C'est un prédateur qui est très actif à l'aube et au crépuscule. Il sécrète et perçoit les phéromones.
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+ Le chat est généralement d’une nature très indépendante, mais cela peut varier selon les races et la façon dont le chat a été élevé. Contrairement au chien, il se promène seul. C’est un animal rituel qui apprécie bien les situations récurrentes (heures fixes pour les repas par exemple). Bien que territorial, c’est un animal sociable. Bon nombre de chats harets vivent en groupe.
85
+
86
+ Le chat est un animal territorial. Cela signifie que la préservation de son lieu de vie est le moteur principal de ses interactions avec les autres individus. Lorsque plusieurs chats partagent le même appartement, il n’est pas rare de les voir choisir chacun son propre « chemin » pour aller d’un lieu à un autre ; ils se partagent ainsi leur territoire.
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+ Le chat n’est pas un animal strictement solitaire : selon l’espace et les ressources disponibles, les chats forment différentes structures spatiales et sociales. Cela va des chats solitaires en milieu rural aux larges et denses groupes en milieu urbain. Il est démontré que ces différentes organisations spatiales et sociales entraînent différents systèmes d’appariement[35] : en milieu rural, le système est polygyne, tandis qu’en milieu urbain, il est difficile pour les mâles dominants de monopoliser plusieurs femelles.
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+ La communication avec les chats comprend des vocalisations tel que le miaulement, le ronronnement, les trilles, les sifflements, les grognements ainsi que le langage corporel spécifique au chat.
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+ Les chats communiquent principalement entre eux par des phéromones ou des positions corporelles. Les glandes contenant les phéromones se trouvent en de nombreux points sur le corps : glandes anales, autour de la queue et de la bouche, sur les joues, entre les coussinets et se déposent également dans la salive, les selles et l’urine. Elles ont l’avantage de pouvoir durer dans le temps, même en l’absence du chat, contrairement aux vocalises ou aux positions corporelles. Elles peuvent être déposées de manière volontaire (marquage du territoire, contacts sociaux comme l’allotoilettage…) ou involontairement (stress, attachement de la mère à ses chatons, phéromones sexuelles)[36]. Le chat utilise également une large gamme de positions corporelles pour communiquer. La position générale du corps, ses mimiques faciales ou les mouvements de sa queue, de ses yeux et de ses oreilles indiquent l’état dans lequel se trouve le chat[36]. En dehors de la relation entre une chatte et ses petits, le miaulement est très peu utilisé lorsque des chats communiquent entre eux. Par contre, au contact de l’humain, il continue souvent à utiliser différentes vocalises pour communiquer[36].
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+ Chat soumis à un autre.
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+ Chat se hérissant et courbant le dos.
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+ Groupe de chats se partageant des ordures devant les remparts de Rhodes.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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103
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104
+ Le miaulement est un cri caractéristique du chat[A 5]. En général, le chat est d’un tempérament plutôt discret, mais certaines races, notamment les siamois, sont plus « bavardes » que d’autres.
105
+
106
+ Le chat crie souvent et fortement quand il cherche un compagnon ou une compagne. Certains disent alors qu’il « margotte », au sens figuré[A 6]. Les miaulements sont poussés tout d’abord par la femelle au début de l’œstrus, puis pendant toute la période d’accouplement, par le mâle et la femelle, avec de nombreuses variations possibles[37].
107
+
108
+ Plus rarement, le chat émet un miaulement saccadé d’intensité faible lors d’une frustration, comme lorsqu’il voit une proie hors de portée tel un oiseau ou un insecte volant. Ce miaulement est souvent accompagné de claquement des mâchoires, parfois accompagné de vifs mouvements de queue, que l’on pourrait comparer à notre expression avoir « l’eau à la bouche »[36].
109
+
110
+ En présence de l’humain, le chat très imprégné utilise souvent un registre spécifique, qui varie selon l’individu et qui semble en grande partie acquis. Selon le chercheur John Bradshaw, le chat peut utiliser une dizaine de vocalises selon les circonstances et sa situation. Ainsi, il peut accueillir son maître avec des petits miaulements brefs en rafales (comme s’il « aboyait »), saluer les passants, demander une action spécifique (le brossage, par exemple), signaler qu’il a faim, ou mal[38],[39],[A 7].
111
+
112
+ D'une façon générale les chats ne communiquent que très rarement entre eux en miaulant. En fait ils utilisent le miaulement par rapport aux hommes, pour attirer leur attention.
113
+
114
+ Le chat, en position d’attaque ou de défense, est aussi capable de grogner et de souffler. Le terme de feulement est également utilisé dans le sens de grondement. Par exemple, de nombreux grognements et sifflements — en plus des miaulements — sont émis par les mâles qui s’affrontent pour la femelle lors des périodes de reproduction[37].
115
+
116
+ Produit à l’expiration comme à l’inspiration, le ronronnement est un son de basse fréquence. Le mécanisme du ronronnement est encore mal expliqué. La théorie dominante est que le son est produit par des contractions des muscles du larynx[40] déclenchées par une oscillation neurale et faisant vibrer les cordes vocales[41],[40].
117
+
118
+ Le ronronnement est essentiellement limité aux relations mère-progéniture dans la nature. Le ronronnement apparaît dès l’âge de deux jours lors de la tétée, où chatte et chatons communiquent par ronronnement ; ce phénomène apparaît aussi lors de la toilette des chatons par la mère[28]. Le ronronnement se manifeste le plus souvent lorsque l’animal éprouve du plaisir mais aussi de la souffrance : stressé, blessé et même en mourant, le chat peut ronronner ; il s’agit donc de l’expression d’un sentiment fort. Enfin, le ronronnement sert aussi à communiquer, puisque la rencontre de deux chats déclenche des ronronnements[42]. Le chat ronronne le plus souvent pour exprimer la dépendance affective[28] : le chaton dépend de sa mère et de son lait, de l’homme lorsqu’il réclame des soins ou des caresses.
119
+
120
+ Comparé au sourire par certains auteurs[43], son rôle social, tant avec des congénères qu’avec l’être humain, est primordial. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle anti-douleur[44]. En effet, une hypothèse avance que le ronronnement, dont la fréquence se situe entre 25 et 30 Hz, peut avoir un pouvoir réparateur et même antalgique par rapport aux os, aux tendons et aux muscles. Le ronronnement aurait un effet bénéfique sur les humains, notamment grâce à un effet relaxant[44], qui a été popularisé dans la presse par le terme « ronron-thérapie »[45].
121
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122
+ Le chat a besoin d’entre 12 et 16 heures de sommeil quotidien mais, en général, il dort plus, soit en moyenne 15 à 18 heures par jour. Il reste ainsi éveillé environ 6 à 9 heures dont une partie de la nuit pour chasser. Le chat est un animal avec une grande proportion de phases de sommeil paradoxal dont une partie correspond à des rêves : la durée quotidienne de cette phase dure de 180 à 200 minutes chez le chat, contre environ 100 pour l’Homme[46]. C’est pour cette raison que le chat est fréquemment utilisé dans le cadre d’expérimentations sur les cycles du sommeil.
123
+
124
+ Durant les phases de sommeil paradoxal, l’activité électrique du cerveau est semblable à celle de l'éveil. Par contre, cette phase de sommeil se caractérise par une atonie musculaire, causée par une inhibition des centres moteurs, structures cérébrales contrôlant le mouvement[47]. On observe néanmoins d'importants mouvements oculaires, caractéristiques de cette phase. Quelques mouvements tels que l’agitation des vibrisses, des sursauts des pattes ou de la queue, le hérissement du pelage sont aussi observables mais beaucoup plus anecdotiques[48]. Il est à noter que ces phases de sommeil paradoxal sont très importantes chez le chat : cela lui permet de garder un équilibre au niveau mental[49]. Ce sommeil paradoxal peut voir son temps augmenté par des repas échelonnés au cours de la journée. Durant ce sommeil paradoxal, le tracé de son encéphalogramme est analogue à celui de l’éveil malgré une totale perte de conscience : le système nerveux fonctionne probablement à vide, soit pour sélectionner et mettre en mémoire les événements de la journée, soit pour évoquer le souvenir des perceptions passées, d’où l’hypothèse que le sommeil paradoxal est un témoin de l’activité onirique[49].
125
+
126
+ La pousse des griffes du chat est continue et compense leur usure naturelle. Le chat peut ajuster la longueur de ses griffes et les aiguiser en les frottant contre une surface rugueuse : il « fait ses griffes ». Les griffades sont des marquages visuels et olfactifs. Ce comportement est un outil de communication. Le chat possède entre les coussinets des glandes sudoripares émettrices de phéromones qui servent à signaler son passage aux autres chats. En outre, les traces de griffades sont un marquage visuel, pour signaler la présence d’un chat sur le territoire.
127
+
128
+ L’onyxectomie est parfois pratiquée par les propriétaires : elle consiste en l’ablation totale de la griffe et l’amputation de la troisième phalange sur laquelle celle-ci est insérée. Le plus souvent, elle n’est réalisée que sur les pattes antérieures. La plupart des associations de défense des animaux condamnent cette opération, considérée comme cruelle[50]. L’animal privé de ses griffes, incapable de se défendre ou de grimper aux arbres, devient également plus vulnérable puisqu’il ne peut échapper à ses prédateurs. L’ablation des griffes est couramment pratiquée aux États-Unis et au Canada. Cette opération est en revanche interdite dans 29 pays, principalement européens[51]. D’autres techniques d'onyxectomie, moins douloureuses pour le chat, existent, comme la tendinectomie ou la brûlure des nerfs au laser.
129
+
130
+ Lors de leur toilette (un quart de leur journée est consacrée à cette activité alors que le chat dort en moyenne 14 heures par jour[52]), ils avalent de nombreux poils morts qui s’accumulent dans l’estomac, formant des boules de poils, appelées trichobézoards. Cela perturbe leur transit intestinal et ils sont obligés de les régurgiter afin d’éviter une occlusion intestinale. Leur salive contient l’allergène qui provoque l’allergie aux poils de chat. C’est donc lors de sa toilette que le chat le dépose sur ses poils.
131
+
132
+ La langue des chats contient en moyenne 300 petites papilles cornées mesurant 2,3 mm. Elles sont creuses, ce qui assure la remontée de la salive par capillarité et leur permet de mouiller la base des poils de leur fourrure[52].
133
+
134
+ L’« allotoilettage » (action de se lécher mutuellement) est réservé aux chats qui se connaissent et s’apprécient. Ils se lèchent pour échanger leur odeur et déposent sur l’autre des phéromones apaisantes[36]. Quand ils s’entendent bien, les chats adultes dorment volontiers ensemble, serrés l’un contre l’autre comme lorsqu’ils étaient chatons. Un moyen de se procurer mutuellement chaleur et sécurité. En dormant ensemble, les chats échangent aussi leur odeur.
135
+
136
+ Le chat, à l’instar des félidés, a une technique de lapement différente des autres animaux. On pensait que les papilles cornifiées de sa langue lui servaient à retenir l’eau mais il en est tout autrement. Alors que l’homme boit par la technique de succion et que le chien, comme beaucoup d’autres vertébrés, plonge le museau et plie sa langue comme une cuillère, ce qui amène le liquide vers sa gueule, le chat plie la pointe de la langue vers le bas et vers sa face dorsale pour effleurer le liquide, puis la retire aussitôt, ce qui crée une colonne de liquide. Le chat, au moment où la gravité reprend le pas sur la force d’inertie et va faire retomber la colonne, referme sa mâchoire et aspire alors une partie de cette colonne[53]. Cette technique de lapement (en moyenne 4 lapées par seconde pour le chat, moins pour les félidés plus gros[A 8]) a été modélisée mathématiquement et reproduite par un robot (disque de verre rond remontant par un piston à la même vitesse que la langue féline, soit 1 m/s[54]). Une hypothèse expliquant cette technique sophistiquée met en cause la région extrêmement sensible du nez et des moustaches du chat, ce dernier lapant en cherchant à maintenir cette région la plus sèche possible[55].
137
+
138
+ Les chats, dans la nature, choisissent un coin de terre meuble pour y laisser leurs déjections. Ils les recouvrent ensuite de terre, en grattant cette dernière avec leurs pattes avant. L’odeur des selles déclenche le recouvrement ; cela permettait à l’état sauvage de ne pas faire repérer leurs odeurs par les prédateurs et de diminuer les risques d’infections parasitaires[56]. Elle est inculquée très tôt par la mère aux chatons, ce qui laisse à penser qu'elle n'est pas instinctive. Toutefois, les personnes[Qui ?] ayant eu à s’occuper de chatons orphelins ont l'heureuse surprise de voir ce comportement émerger de lui-même, pour autant que de la terre meuble soit disponible.
139
+
140
+ Le chat défèque une à deux fois par jour[56] et urine jusqu’à cinq fois par jour[57]. Il ne faut pas confondre le marquage urinaire, c’est-à-dire l’opération de marquage du territoire qui est un comportement, et la miction, où le chat « se soulage »[57] : dans le premier cas, le chat est debout, la queue levée et dos à l’élément qu’il compte marquer, dans le second cas, il adopte une position analogue à celle de la défécation. La défécation enfouie ne constitue probablement pas un signe du marquage du territoire chez le chat, au contraire des déjections situées bien en vue sur des lieux de passage des chats (en hauteur, par exemple sur une souche)[56].
141
+
142
+ Avec le vieillissement de l’animal, le volume d’urine peut croître à cause de fréquents problèmes bénins d’hyperthyroïdie[58].
143
+
144
+ Le chat est essentiellement carnivore. Son métabolisme a besoin de taurine présente dans la viande, qui est un dérivé d’acide aminé qu’il ne peut synthétiser en quantité suffisante. Une carence en taurine entraîne chez le chat des troubles oculaires, cardiaques, des déficits immunitaires et des problèmes de reproduction chez les femelles[59]. Deux stratégies de chasse peuvent être distinguées[60] : la stratégie mobile (ou chasse à l’approche), comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque et la stratégie stationnaire (ou chasse à l’affût), qui comporte une phase attentive et immobile, suivie d’une phase d’attaque. Les méthodes de chasse utilisées ne semblent pas spécifiques à l’espèce chassée.
145
+
146
+ Pour tuer sa proie, le chat mord généralement à la nuque, en brisant ainsi la colonne vertébrale[60]. Les proies les plus courantes sont de petits rongeurs mais ils s’attaquent aussi aux lézards, aux petits oiseaux, aux insectes, aux lapereaux et parfois à des proies moins conventionnelles comme la grenouille, le hérisson ou l’écureuil. Opportuniste, le chat ne rechigne pas à s’attaquer aux déchets[60]. La chasse peut simplement se dérouler dans une optique de jeu. Chez le chaton, on observe des jeux de chasse comme chez les autres félins, avec un rôle social similaire.
147
+
148
+ Approche.
149
+
150
+ Chat ayant capturé un oiseau.
151
+
152
+ Chat tenant un rongeur dans sa gueule.
153
+
154
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
155
+
156
+ L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement « domestiqué », et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui.
157
+ C'est une espèce très adaptable, désormais présente dans tous les continents, sauf l'Antarctique, et sur 118 des 131 principaux archipels, même sur les plus isolés comme les îles Kerguelen[61],[62].
158
+ La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats terrestres constitue une menace pour la conservation de la biodiversité[63] et a conduit à son inscription dans la liste des cent pires espèces envahissantes du monde[64]
159
+
160
+ Un certain nombre d’études ont été faites pour mesurer l’impact de ce comportement, au Royaume-Uni et aux États-Unis :
161
+
162
+ On a remarqué que le problème vient du fait que cette prédation n’est pas naturelle, puisqu’elle dépend d’une population de chats anormalement importante, car son nombre est défini par l’homme, et non par les ressources naturelles[67]. Ceci se traduit en particulier par le fait que le chat entre en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle ou telle espèce d’oiseau. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain. L’étude menée par Peter B. Churcher et John H. Lawton eux-mêmes, si sérieusement qu’elle ait été conduite, porte sur un échantillonnage trop faible pour pouvoir être extrapolée au niveau d’un pays tout entier[68].
163
+
164
+ Reste le fait que le potentiel destructeur du chat domestique s’est révélé, lors de ces études, être beaucoup plus important que ce que l’on pensait jusqu’alors, s’agissant d’une population domestique sans réel besoin de trouver sa nourriture par elle-même.
165
+
166
+ S’il existe des chats redevenus sauvages dans de nombreux pays, c’est dans l’hémisphère sud, dans des pays comme l’Australie[69] ou la Nouvelle-Zélande — où les chats n’ont jamais été une population d’origine indigène — que ce problème présente le plus d’acuité. En effet, ces terres abritent des espèces, telles que le kakapo, particulièrement fragiles face à des carnivores mammifères placentaires importés, tels que les dingos ou les chats redevenus sauvages (« chat haret »). Ces chats ont eu des effets importants sur ces espèces animales, et ont joué un rôle majeur dans les risques d’extinction de plusieurs d’entre elles.
167
+
168
+ En Australie, de nombreuses espèces indigènes, des oiseaux, des lézards, de petits marsupiaux sont chaque année la proie de chats harets. Les chats, introduits en Australie au XVIIIe siècle par des colons britanniques, ont donné lieu à l’apparition d’une population sauvage, en particulier au XIXe siècle, où des chats domestiques ont été délibérément relâchés pour lutter contre la prolifération de souris et de lapins. Cette population redevenue sauvage est aujourd’hui très importante, puisqu’elle a été évaluée en 2004 à 18 millions de chats[70]. Des mesures d’éradication de ces chats, considérés comme envahissants, y sont d’ailleurs régulièrement menées par le gouvernement australien[69], sous le nom de Threat Abatement Plans (« Plans d’amoindrissement de la menace » sur la biodiversité). Ces plans identifient les espèces menacées par les chats (une trentaine d’espèces pour les seuls oiseaux, par exemple), ainsi que les actions à mener et les moyens à mettre en œuvre. Ils donnent lieu ensuite à une analyse des résultats obtenus.
169
+
170
+ Le problème écologique ainsi posé à l’Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d’autres espèces envahissantes importées, comme les lapins et les rats[70]. C’est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l’éradication du chat s’est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[71]. En Nouvelle-Zélande, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s’il est loin d’être prouvé qu’ils puissent transmettre la maladie à d’autres espèces[72]. Il est permis en Nouvelle-Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d’être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.
171
+
172
+ Le développement des fonctions reproductrices du chat mâle commence vers trois mois avec l’augmentation de la production de testostérone. Vers six ou sept mois des épines apparaissent sur le pénis du chat[36]. À cet âge, il peut commencer à se reproduire et souvent, marque son territoire en émettant des jets d’urine très odorants.
173
+
174
+ La femelle devient pubère dès son premier œstrus (communément appelé « chaleurs ») qui survient en moyenne entre sept et dix mois[73]. Dès les premières chaleurs, qui durent de un à cinq jours[73], la chatte est capable de se reproduire. Elle connaît ensuite de nombreuses périodes de chaleurs, généralement situées du printemps à l’automne. Il est possible qu’une chatte soit de nouveau fécondée deux semaines après avoir mis bas[36].
175
+
176
+ Lorsque les mâles sont à même de pouvoir s’accoupler avec la femelle, encore faut-il que cette dernière les accepte. Lors de l’accouplement, qui dure entre 5 et 15 secondes[36], le mâle monte sur le dos de la femelle, ce qui accentue la courbure lombaire de sa partenaire (réflexe de lordose), lui mord la peau du cou et piétine la croupe pour améliorer la pénétration. Les petites épines présentes sur le pénis du mâle orientées vers l’arrière raclent les parois du vagin de la femelle. Cette stimulation du vagin est nécessaire pour déclencher l’ovulation chez la chatte[74]. À chaque pénétration, la chatte émettra un nouvel ovule, ce qui explique pourquoi les chatons d’une même portée peuvent être de pères différents[75].
177
+
178
+ Des hybridations sont possibles entre le chat domestique et le chat forestier (à ne pas confondre avec les chats harets), chat sauvage autochtone d'Europe[76],[77] protégé par la Convention de Berne et qui n'a jamais été domestiqué. On s’attend à ce que ce phénomène soit de plus en plus fréquent avec la fragmentation des forêts et une pénétration plus forte des chats domestiques, et il pourrait être une source de « pollution génétique[78] » et de propagation de zoonoses et de virus[79] ou autres pathogènes et parasites félins[77].
179
+
180
+ La gestation dure 63 à 65 jours et une portée compte en moyenne quatre à cinq chatons, le maximum étant de huit[73]. Le ventre de la chatte commence à gonfler vers quatre semaines de gestation. À environ 35 jours, les mamelles de la femelle grossissent et rosissent. À sept semaines, elle commencera à chercher un endroit calme et convenable pour mettre bas (voir photo ci-contre)[80].
181
+
182
+ Environ vingt minutes après ses contractions, la chatte met bas son premier chaton, puis, en général, les autres chatons arrivent toutes les quinze minutes. Les chatons arrivent dans une poche, la chatte lave immédiatement ses petits à coups de langue pour stimuler leur première inspiration. Ensuite, elle mange le placenta, qui est très nutritif, et coupe le cordon ombilical[80].
183
+
184
+ Lorsque les chats vivent en groupe, il y a une synchronisation de l’œstrus entre les femelles du groupe. Ceci favorise les naissances synchronisées et permet un élevage communautaire des jeunes. L’élevage communautaire est important car en cas de disparition d’une des mères, les chatons orphelins sont élevés par les autres femelles[35]. Notons que de nombreux cas ont montré que, chez le chat domestique, l’élevage des chatons orphelins peut être la tâche d’une chatte ou d’un chat stérilisé. La synchronisation de l’œstrus permet donc juste l’allaitement par des femelles elles-mêmes allaitantes. Selon N. Magno, psychologue et passionnée d’éthologie, le comportement maternel est indépendant des hormones ovariennes ; il peut être stimulé par une forte chute du niveau d’œstrogène et de progestérone, qui se produit après la stérilisation comme après la mise bas[81].
185
+
186
+ Le chaton naît aveugle (les yeux fermés) et sourd et pèse de 100 à 110 g[73] ; lorsqu’il ouvre les yeux, à l’âge de huit à douze jours, ils sont de couleur bleue jusqu’au changement définitif (vers deux mois)[82]. Tous les chatons naissent avec des rayures fantômes qui disparaissent peu à peu avec la pousse du poil[37]. La chatte apprend aux chatons à se laver, se nourrir, etc. À quatre semaines, elle leur apporte leur première proie vivante, puis à cinq semaines, elle leur apprend les rudiments de la chasse[37]. L’émancipation se produit entre huit et douze semaines, mais la séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois[73].
187
+
188
+ Chatte et sa portée.
189
+
190
+ Chaton âgé de trois heures.
191
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+ Chaton âgé d’un mois.
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+ Chaton âgé de six semaines.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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198
+ La stérilisation est une opération chirurgicale destinée à empêcher la reproduction de l’animal. Chez le mâle, elle est appelée castration et consiste en l’ablation des testicules. Chez la femelle, la stérilisation est effectuée par l’ablation des ovaires : l’ovariectomie. Les chats peuvent aussi être stérilisés par sectionnement du canal déférent chez le mâle, ou des trompes chez la femelle[83]. Outre l’arrêt de la reproduction (limitation de la taille de population), la stérilisation modifie le comportement et la physiologie de l’animal. Chez le mâle, une stérilisation précoce (avant la puberté) limite le comportement territorial et diminue la tendance au marquage (urine, griffades). Les chaleurs des femelles s’arrêtent. Les changements hormonaux accompagnant la stérilisation peuvent provoquer une prise de poids car les besoins énergétiques sont réduits[84]. Comme le chat est encore en pleine « adolescence », il faut limiter le développement des cellules graisseuses. Si le chat est trop nourri au regard de ses nouveaux besoins, leur nombre aura tendance à augmenter. C’est pourquoi il est fortement recommandé de surveiller le régime alimentaire du chat stérilisé (mâle ou femelle) pendant les trois mois qui suivent l’intervention. Ainsi, à l’âge adulte, les risques d’obésité deviendront minimes[85].
199
+
200
+ Pour les femelles, la prise de pilules ou de piqûres contraceptives, qui bloquent le cycle de reproduction et fait disparaître les chaleurs, sont parfois utilisées comme une alternative à la stérilisation chirurgicale. Les injections, quant à elles, permettent de stériliser provisoirement une femelle sur de plus longues périodes. En général, leurs effets s’étalent sur trois mois lors de la première injection, puis sur cinq mois si l’on poursuit régulièrement le même traitement. Étant incompatibles avec un état de gestation, elles doivent être administrées de préférence en dehors des périodes de chaleurs, sous peine de risques d’infections. Ces méthodes de contraception sont soupçonnées d’avoir des effets secondaires comportementaux et cancérigènes[86].
201
+
202
+ Le chat domestique a une longévité atteignant régulièrement 12 à 18 ans[73]. Creme Puff (3 août 1967 au 6 août 2005), qui mourut à l’âge de 38 ans et 3 jours, est le plus vieux chat jamais enregistré, selon l’édition 2007 du livre Guinness des records ; il vivait avec son propriétaire, Jake Perry, à Austin, Texas, États-Unis[87]. Le précédent record était antérieurement détenu par Puss, chat tigré britannique mort en 1939 à l’âge de 36 ans[18].
203
+
204
+ Le chat peut être sujet à de nombreux parasites.
205
+
206
+ Des ectoparasites, comme à d’autres carnivores, peuvent leur transmettre un petit ténia (Dipylidium caninum)[88] ; en particulier, Ctenocephalides felis, une puce plus spécifique aux félidés. Le chat peut également être touché par d’autres espèces de puces.
207
+
208
+ Felicola subrostratus est une espèce de pou spécifique infectant principalement les animaux âgés.
209
+
210
+ Quelques espèces de tiques peuvent infecter les chats bien qu'ils soient plus rarement touchés que les hommes ou les chiens.
211
+
212
+ Les parasites internes sont moins spécifiques. Concernant les parasites intestinaux, les chats comme les chiens peuvent être affectés par des vers plats, dits cestodes (comme les ténias), ou des vers ronds, dits nématodes, principalement les ankylostomes et les ascaris, les trichuris affectant les chiens mais non les chats[89].
213
+
214
+ D’autres parasites sont mieux connus du public par les maladies qu’ils causent comme la toxoplasmose et la giardose (causées par des protozoaires), la gale auriculaire (due à un acarien), la dirofilariose (dit « ver du cœur »), l'ankylostomose (causées par des nématodes), la douve du foie (causée par des vers plats).
215
+
216
+ Les maladies propres au chat sont courantes chez les individus vivant à l’extérieur. Le risque qu’ils les contractent peut être minimisé de manière très importante en procédant à leur vaccination, à leur stérilisation et en restreignant leurs accès à l’extérieur. Certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme.
217
+ En dehors des maladies infectieuses, parasitaires et virales, le chat peut être sujet à diverses maladies dues à son alimentation (allergie, diabète sucré, obésité…), à des blessures, à des maladies génétiques, etc. Certaines pathologies peuvent être plus ou moins fréquentes selon les races : par exemple, environ 40 % des persans et exotiques à poils courts sont sujets à la polykystose rénale[90], et l’abyssin est fréquemment atteint d’amyloïdose rénale[91].
218
+
219
+ Parmi celles-ci, les plus connues sont la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, la lymphoréticulose, la pasteurellose et la yersiniose[92].
220
+ On peut également citer les salmonelloses, la brucellose, certaines encephalopathies et certaines hépatites virales.
221
+ À l'occasion de morsures ou de griffures, certaines maladies très sévères peuvent survenir, via transmission de germes.
222
+
223
+ Comme tous les carnivores domestiques de compagnie le chat doit posséder un passeport européen pour voyager[93] et pour cela être vacciné, examiné et identifié. Les animaux de compagnie, et notamment les chats, ne peuvent être vendus à des mineurs de moins de 16 ans, sauf avec l’accord exprès du responsable parental[94].
224
+
225
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
226
+
227
+ Lors de la vente d’un chat domestique :
228
+
229
+ Divagations de l’animal :
230
+ « Est considéré comme en état de divagation tout chat non identifié trouvé à plus de deux cents mètres des habitations ou tout chat trouvé à plus de mille mètres du domicile de son maître et qui n’est pas sous la surveillance immédiate de celui-ci, ainsi que tout chat dont le propriétaire n’est pas connu et qui est saisi sur la voie publique ou sur la propriété d’autrui[98] ». Il peut alors être capturé et conduit en fourrière[99] pour être placé ou euthanasié à moins d’être réclamé et identifié par son propriétaire dans les huit jours qui suivent[100].
231
+
232
+ En Suisse, le propriétaire d’un chat domestique doit faire en sorte que son animal ait des contacts quotidiens avec des êtres humains ou un contact visuel avec des congénères. Les chats domestiques ne peuvent être détenus en enclos que pour des durées passagères et doivent pouvoir en sortir au moins cinq jours par semaine ; de plus, les dimensions de cet enclos sont réglementées[101].
233
+
234
+ Il est recommandé que le chat soit également vacciné contre le typhus, le coryza et la leucose féline, et qu’il ait été régulièrement vermifugé depuis l’âge de trois à quatre semaines.
235
+
236
+ Sa première description par Carl von Linné en 1758 est en tant qu’espèce Felis catus dans la trentième édition de Systema naturae[A 9]. Le chat domestique a pris tantôt le statut d’espèce, tantôt celui de sous-espèce du chat sauvage (Felis silvestris) et de nombreux synonymes de l’un ou l’autre des termes ont existé. Le Chat sauvage (Felis silvestris) a ainsi parfois été considéré comme une sous-espèce de Felis catus étant donné l'antériorité du nom de Linné[102]. Mais en 2003, La Commission internationale de nomenclature zoologique a fixé le nom du Chat sauvage à Felis silvestris[103]. Une population de la Transcaucasie a été nommée Felis daemon (Satunin 1904) mais elle est aujourd’hui considérée comme appartenant au Chat domestique[104].
237
+ Des études génétiques récentes montrent que le Chat domestique est bien une sous-espèce de Felis silvestris issu du Chat sauvage d'Afrique, mais une convention de l'ICZN authorise l'utilisation du premier synonyme senior proposé (Felis Catus) pour les animaux domestiques[103].
238
+
239
+ La lignée du genre Felis diverge de celle des genres Otocolobus et Prionailurus il y a environ 6,2 millions d’années. L'ancêtre commun du genre Felis date d'il y a environ 3,4 millions d’années. Ces petits félins s’adaptèrent a un habitat varié, se répandant sur toute la surface du globe (excepté l’Australie, où le chat domestique fut introduit par les colons : chats harets). Le chat, au sens plus courant, est typiquement devenu le Felis silvestris (Chat sauvage commun), dont on distingue le Felis silvestris silvestris (Chat européen), le Felis silvestris libyca (Chat sauvage africain) et le Felis margarita (Chat des sables). Il est impossible d’établir précisément le moment où le chat, ou du moins l’un de ces félins, a été domestiqué, alors même que sa classification en espèces et sous-espèces reste controversée, et compliquée par la domestication et le marronnage. La domestication par l’homme notamment du Felis silvestris silvestris (Chat domestique (Felis silvestris forma catus) encore appelé Chat de maison, Chat de gouttière) fut probablement tardive, vu son comportement indépendant, du moins n’apparaît-il jamais dans les peintures préhistoriques.
240
+
241
+ En 2006, des travaux effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun du genre Felis vivait il y a 3,4 millions d’années, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen[105]. Une autre étude moléculaire menée sur 979 individus (chats des sables, chats sauvages de différentes sous-espèces et chat domestique) en 2007 a permis de montrer les liens proches entre le chat domestique et le chat ganté (Felis silvestris lybica), une sous-espèce qui aurait divergé il y a environ 130 000 ans[1].
242
+
243
+ Felis silvestris silvestris - Chat sauvage d’Europe
244
+
245
+ Felis silvestris cafra - Chat sauvage sub-saharien
246
+
247
+ Felis silvestris ornata - Chat orné
248
+
249
+ Felis silvestris bieti - Chat de Biet
250
+
251
+ Felis silvestris lybica - Chat ganté
252
+
253
+ Felis silvestris catus - Chat domestique
254
+
255
+ Les premières découvertes paléontologiques situaient les premiers foyers de domestication du chat en Égypte, vers 2000 av. J.-C., mais la découverte en 2004, par une équipe d’archéo-zoologie des restes d’un chat aux côtés de ceux d’un enfant dans une sépulture à Chypre repousse le début de cette relation entre 9000 et 7500 av. J.-C. Le chat découvert présente une morphologie très proche du chat sauvage d’Afrique, sans les modifications du squelette dues à la domestication : il s’agissait d’un chat apprivoisé plutôt que domestiqué. La cohabitation des chats et des hommes est probablement arrivée avec le début de l’agriculture : le stockage du grain a attiré les souris et les rats, qui ont attiré les chats, leurs prédateurs naturels[106],[107].
256
+
257
+ L’étude menée par Carlos Driscoll sur 979 chats a permis de déterminer l’origine probable du chat domestique : c’est dans le Croissant fertile que félins et hommes auraient noué contact. Cinq domestications différentes du Chat ganté eurent lieu, il y a 8 000 à 10 000 ans[105]. Le chat domestique n’est pas la seule espèce parmi les Felinae utilisée comme animal de compagnie, le Chat ganté[108] et le Jaguarondi[109] sont ou ont été apprivoisés eux aussi pour chasser les souris et les rats.
258
+
259
+ Une étude effectuée en 2017 par deux chercheurs de l'institut Jacques-Monod et publiée par la revue Nature Ecology and Evolution confirme l'ascendance lybica et le rôle de l'apparition de l'agriculture dans la domestication du chat[110],[111].
260
+
261
+ L’évolution des chats domestiques dirigée par l’homme, en tant qu’animaux de compagnie, auxiliaires utiles, puis aujourd’hui sélection de Pedigrees, a conduit à une cinquantaine de races. L’évolution a croisé d’autres voies non naturelles, comme pour le chat Bengal (croisé d’un chat commun avec le chat léopard du Bengale, Prionailurus bengalensis), ou naturelles pour des chats d’autres genres que Felis (Chat de Temminck, Catopuma temminckii ; Chat à tête plate, Prionailurus planiceps).
262
+
263
+ Les Égyptiens de l’Antiquité divinisent le chat sous les traits de la déesse protectrice Bastet, symbole de la fécondité et de l’amour maternel, dont le culte se situe principalement dans la ville de Bubastis. Les archéologues ont découvert de très nombreuses momies de chats qui montrent à quel point les Égyptiens les vénèrent ; on peut voir ces momies, entre autres, à Paris (musée du Louvre), à Londres (British Museum) ou au Caire (Musée égyptien du Caire)[112].
264
+
265
+ En guise d’animaux chasseurs de rongeurs, la Grèce antique ne connaît longtemps que les mustélidés (furets et belettes). Ce sont les Phéniciens qui volent aux Égyptiens quelques couples de leur animal sacré pour les revendre aux Grecs. Aristophane cite même la présence d’un marché aux chats à Athènes[112],[A 10].
266
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267
+ Les Romains, en revanche, vouent une passion aux gros animaux agressifs, et plus tardivement au chat : d’abord réservé aux classes aisées, l’usage de posséder un chat se répand dans tout l’Empire et dans toutes les couches de la population, défendant les récoltes et les greniers contre la menace des rongeurs habituels, et assurant la dispersion de l’animal dans toute l’Europe[112]. Mais ces mêmes Romains, afin d'éviter que la zoolâtrie égyptienne ne gagne les terres de l’Empire, donnent au chat une réputation sulfureuse en l'associant à la luxure, comme en attestent les graffiti obscènes de lupanars de Pompéi qui accolent le nom de « chatte » (felis, plus tard catta, d'où le glissement pour désigner le sexe féminin) ou de « petite chatte » (felicula) à celui d'une prostituée[113].
268
+
269
+ En principe, l’image du chat est positive dans l’islam en raison de l’affection qu’éprouve Mahomet, sauvé de la morsure d’un serpent par un chat[114]. À l’inverse, le chat est satanisé dans l’Europe chrétienne durant la majeure partie du Moyen Âge, manifestement en raison de son adoration passée de la part des païens et surtout de la réflexion de la lumière dans ses yeux, qui passe pour être les flammes de l’Enfer. Dans la symbolique médiévale, le chat est associé à la malchance et au mal, d’autant plus quand il est noir, ainsi qu’à la sournoiserie et à la féminité. C’est un animal du diable et des sorcières[115]. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, dont la faculté de posséder neuf vies[112],[A 11]. Dans certaines régions françaises, la légende attribue au matagot, un chat noir diabolique, la possibilité de rendre riche son maître en lui rapportant chaque nuit des pièces d'or[116].
270
+
271
+ Toutefois le chat est un animal courant et banal[117] tout au long du Moyen Âge et on lui reconnaît un rôle prophylactique[118]. Sa fourrure est couramment un objet de commerce[119].
272
+
273
+ Cependant, la Renaissance marque un certain retour en grâce du chat, principalement en raison de son action préventive contre les rongeurs, dévoreurs de récolte. Les Grandes découvertes et la mise au jour d’espèces exotiques jouèrent également un rôle certain. L’empereur Charles Quint emporte ainsi avec lui lors de sa retraite au monastère de Yuste deux petits chats brésiliens qui lui ont été offerts par sa sœur Catherine de Portugal[120].
274
+
275
+ Une première tentative de réhabilitation est la célèbre Histoire des Chats : dissertation sur la prééminence des chats dans la société, sur les autres animaux d’Égypte, sur les distinctions et privilèges dont ils ont joui personnellement (1727) de François-Augustin de Paradis de Moncrif. L'auteur y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l’ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie[121].
276
+
277
+ Vers 1727, avec l'invasion massive du rat gris en Europe, les chiens ratiers, comme l'Affenpinscher, prennent la place des chats impuissants face à ce rat plus gros et agressif. Le chat perd ainsi son rôle de prédateur pour devenir progressivement un animal de compagnie[122]. Malgré de nobles exceptions comme les chartreux de Richelieu ou le persan blanc de Louis XV, le chat ne connaît son véritable retour en grâce qu’à la faveur du romantisme : il devient l’animal romantique par excellence, mystérieux et indépendant ; le chat noir devient quant à lui un des symboles récurrents du romantisme noir à la même période[123]. Toujours au XIXe siècle, il se retrouve également symbole du mouvement anarchiste[A 12] (France), à travers son image poétique, autonome et gracieuse. Le XXe siècle, quant à lui, garde cette vision romantique tout en s’intéressant au chat d’une manière plus scientifique.
278
+
279
+ Selon des études datant de 2008 en France, le chat en tant qu'animal de compagnie connaît un fort essor : alors que la population de chiens baisse de 3,3 % entre 2006 et 2008 pour arriver à 7 800 000 représentants, le nombre de chats augmente de 6,5 % dans ce même laps de temps, pour atteindre 10 700 000 animaux en 2008[124]. En 2008, les trois races de chats préférées des Français sont le siamois, le persan et le chartreux[124].
280
+
281
+ La population française de chats issus de croisement augmente sensiblement entre 2006 et 2008 : de 54,1 % à 63,4 %, tandis que les chats de gouttière progressent également[124]. 4,2 % des chats sont déclarés comme étant de pure race par leurs maîtres, toujours en 2008, dont 1,9 % avec pedigree[124].
282
+
283
+ Si la tendance est à l'augmentation du nombre de chats et à la baisse du nombre de chiens, la proportion du nombre de foyers possédant l'un ou l'autre augmente dans les deux cas : en 2006, 24,1 % des foyers possèdent au moins un chien, pour 25 % en 2008[124]. De même, pour les chats, 25,9 % des foyers en possèdent au moins un en 2006, pour 27 % en 2008[124].
284
+
285
+ Un des principaux inconvénients de posséder un chat aujourd’hui est le besoin de le stériliser : en effet, en 2008, seuls 29,8 % des chiens sont stérilisés en France, contre 72,2 % chez les chats, même si le taux du premier augmente maintenant plus rapidement[124].
286
+
287
+ Au contraire du chien ou du cheval, célèbres par leurs actes, le chat est surtout connu comme l’animal de compagnie de personnages célèbres. Tels les chats tueurs de souris de la résidence du premier ministre du Royaume-Uni ou les chats des écrivains (« Hodge », le chat de Samuel Johnson, encore « Kiki la Doucette », « Toune » et « Minionne » de Colette, ou « Bébert », de Louis-Ferdinand Céline), la célébrité d’un chat s’acquiert par la notoriété de son maître.
288
+
289
+ Cependant quelques chats se signalent par leur comportement, comme Oscar, qui détecterait la mort imminente des patients d’une unité hospitalière de Rhode Island, encore Orangey, le chat acteur, ou le chat à l'origine du nom de la rue du Chat-qui-Pêche, à Paris.
290
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291
+ Au Japon, le chat est un porte-bonheur au travers des Maneki-Neko, ces talismans représentants un chat avec la patte derrière l’oreille. Diverses légendes attribuent aux chats le pouvoir de prédire le temps qu’il fera : en Thaïlande, la bienveillance du dieu Indra est demandée au travers d’un rituel consistant à asperger d’eau un chat dans une cage, promenée autour du village[125]. Les chats pourraient aussi prévoir les séismes. On lui associe aussi le chiffre neuf : les sorcières pouvaient se changer en chat neuf fois, le chat aurait neuf vies[125] et pourrait avoir neuf propriétaires différents, le dernier étant emporté en enfer[126] ; enfin, citons ce fouet de marine : le chat à neuf queues.
292
+
293
+ En Europe, le chat est le représentant du diable au Moyen Âge, ou est offert par celui-ci pour enrichir son propriétaire, comme la légende provençale des matagots qui ramènent une pièce d’or chaque matin[127]. Le chat amène aussi les sorcières au sabbat sur leur dos ; celles-ci peuvent aussi se jucher sur des chars tirés par des chats[127], de la même manière que la déesse Freya. De nombreux sorciers prennent la forme de chat durant leur réunion : c’est ce que reconnurent les sorciers du Vernon lors de leur procès en 1566[128].
294
+
295
+ Le chat noir est particulièrement sujet aux superstitions et croyances. En France, le noir et le rouge représentent les couleurs du diable ; aussi les chats noirs étaient-ils souvent rejetés de peur qu’ils n’attirent le malheur. Au contraire, au Royaume-Uni, croiser un chat noir porte bonheur[125].
296
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297
+ En Europe, le chat a mis longtemps à conquérir sa place dans le monde artistique. À partir du XVIIe siècle, il apparaît de-ci de-là dans la peinture française, flamande, anglaise ou italienne, mais le plus souvent comme un élément du décor et généralement dans une scène de cuisine où il joue le rôle d’un voleur de nourriture. Le tableau le plus célèbre, en ce sens, est sans doute La Raie de Chardin, avec le chat arc-bouté sur la table. Il faudra attendre des œuvres comme La Fillette au chat, La Petite Fille au chat ou le Portrait de Magdaleine Pinceloup de La Grange, de Jean-Baptiste Perronneau[A 13], pour qu’il figure au premier plan d’un tableau, ne serait-ce qu’en tant que sujet secondaire.
298
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299
+ Cependant, ce sont les XIXe et XXe siècles qui l’ont consacré, avec des sculpteurs tels que Antoine-Louis Barye ou Diego Giacometti. Dans le domaine pictural, des artistes comme Delacroix, Manet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Franz Marc, Raoul Dufy, Théophile Steinlen, Paul Klee, Balthus ou encore l’humoriste Albert Dubout – sans oublier Jacques Faizant, pour le chat noir et blanc qui accompagnait les « vieilles dames » du Figaro et de Paris Match – l’ont représenté par la peinture sur toile, le dessin, le pastel, la gravure, la lithographie ou encore l’estampe. Léon Huber a bâti sa notoriété en figurant des chats. Son nom est oublié du grand public. Les reproductions de ses œuvres continuent à avoir du succès auprès des amis des chats[130].
300
+
301
+ Le peintre anglais Louis Wain s’est quant à lui spécialisé dans la représentation des chats, de manières différentes au long de sa carrière : au début de celle-ci, les chats étaient, à la manière des écrits de Jean de La Fontaine, représentés avec des comportements humains. Wain s’est ensuite intéressé au chat en lui-même par des portraits, qui sont devenus de plus en plus abstraits, au fur et à mesure que la schizophrénie de l’artiste s’aggravait.
302
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303
+ Dans l’art japonais, des artistes comme Hokusai et Hiroshige ont mis en scène des chats. Avant eux, un artiste comme Kaigetsudo Anchi en fait apparaître un, tenu en laisse par une élégante courtisane, dans une célèbre estampe conservée au musée national des Arts asiatiques-Guimet et publiée aux alentours de 1715[131].
304
+
305
+ L’apparition du chat dans la littérature fut d’abord discrète. Peu aimé au Moyen Âge, où on ne lui confère guère que l’utilité de chasser les souris, les écrits le concernant reflètent les idées de l’époque. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen, dans son Livre des subtilités des créatures divines lui consacre un paragraphe bref et peu élogieux : « Au plus fort des mois d’été, […] le chat demeure sec et froid. Le chat ne reste pas volontiers avec l’homme, excepté celui qui le nourrit[132]. » Le célèbre Roman de Renart a laissé l’image de Tibert le chat, tout aussi rusé et hypocrite que Renart, mais aimé par Noble, le lion[132].
306
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307
+ Le chat est peu à peu « réhabilité » durant la Renaissance et de nombreux écrivains et poètes tels Pétrarque, mort la tête posée sur son chat, ou encore Joachim du Bellay améliorent la réputation du chasseur de souris. Au XIXe siècle, les auteurs romantiques portent une grande affection au félin : en 1869 paraît Les Chats[A 14] de Champfleury réunissant la somme des connaissances de l’époque sur le chat, et qui révèle la place privilégiée du chat dans les milieux intellectuels[133]. Depuis le début du XXe siècle, les œuvres littéraires ayant pour héros principal ou secondaire le chat se sont multipliées. De nombreux auteurs, notamment Colette, ont mis en exergue leur(s) chat(s).
308
+
309
+ Dans les fables, le chat garde une image d’animal malin mais profiteur. Raminagrobis[A 15] est un chat gras et bien nourri que l’on trouve dans les Fables de La Fontaine, tout comme Rodilardus ou Rodilard[A 16], repris par Rabelais. Le chat est souvent mis en scène avec des souris ou des rats, dont il est le chasseur. Son comportement profiteur et sa malice sont mises en valeur par des compères aussi rusés que lui, comme le singe ou le renard[A 17].
310
+
311
+ S’agissant de la poésie lyrique, le chat fait son entrée réelle comme objet littéraire à l’aube du XIXe siècle, d’abord chez les romantiques (notamment Victor Hugo), puis chez les parnassiens (Théodore de Banville) et les symbolistes (Baudelaire, Verlaine, Emmanuel-Henri Gaudicour), pour aboutir aux prémices de la modernité avec des poètes tels qu’Anna de Noailles ou Apollinaire.
312
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313
+ Dans les contes, le chat a une image plus mystérieuse. Ainsi, dans Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Alphonse dans le conte intitulé La patte du chat, peut faire pleuvoir en passant sa patte derrière l’oreille. Dans Alice au pays des merveilles, le chat du Cheshire apparait et disparait par morceaux mystérieusement, en laissant flotter son sourire. Quant au chat botté, il est l’héritage bienheureux que lègue le meunier à son troisième fils et qui rend son maître riche par la ruse[A 18]. On retrouve ce même personnage au côté de la Chatte Blanche dans l'acte III du ballet La Belle au bois dormant, Chatte Blanche qui dans le conte du même nom est en réalité une princesse prisonnière de sa forme animale.
314
+
315
+ Dans les romans et nouvelles, le chat garde souvent son aspect mystérieux, inspirant des écrits fantastiques comme Le Chat noir d’Edgar Allan Poe où deux chats noirs précipitent la folie du personnage principal. Le chat peut aussi être le témoin de la vie des hommes : dans le classique japonais Je suis un chat de Sōseki Natsume, un chat dépeint la société japonaise de l’ère Meiji et dans Les Sept Vies des chats d'Athènes de Tákis Theodorópoulos, la société grecque du début des années 2000 est montrée. D’une autre manière, des sociétés félines, uniquement composées de chats, apparaissent comme La Cité des chats de Lao She ou la série de romans pour la jeunesse La Guerre des clans.
316
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317
+ Le chat peut aussi être détective comme Kao K’o Kung et Yom-Yom, deux chats siamois mis en scène dans une série de romans de Lilian Jackson Braun ou encore Francis, le chat détective de Akif Pirinçci, dont la série de romans Félidés, Chien méchant, Francis et les chats sauvages aborde des problèmes philosophiques ou éthiques.
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+ Dans les univers médiévaux-fantastiques, on trouve parfois des races hybrides dont les caractéristiques sont à la fois humaines et félines. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les mangas, anime et autres jeux vidéo japonais, qui comportent assez souvent un personnage de jeune fille-chat, la nekomimi ou nekomusume.
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321
+ Les chats sont bien représentés dans la bande dessinée. Personnages principaux d’aventures comiques comme Garfield, Le Chat de Geluck , Simon's Cat ou encore Krazy Kat, les chats peuvent aussi conter leur histoire comme Le Chat du rabbin[134]. Souvent accompagnés d’un compère antagoniste pour faire rire, tels Sylvestre de Titi et Grosminet, Tom de Tom et Jerry ou Hercule de Pif et Hercule, les chats sont aussi des personnages secondaires récurrents comme les chats Artémis, Luna et Diana dans le manga Sailor Moon ou encore Azraël compagnon de Gargamel dans Les Schtroumpfs de Peyo. Le personnage du détective Blacksad, de la série éponyme, est un chat anthropomorphe.
322
+ Art Spiegelman transpose le récit autobiographique de son père dans un univers animalier, où les nazis sont représentés par des chats et les Juifs par des souris (Maus en allemand).
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+ Les chats sont régulièrement les protagonistes de films.
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+ Les films en prises de vue réelles donnent très tôt le rôle principal aux chats avec le court-métrage américain Boxing Cats réalisé par William Kennedy Laurie Dickson en 1894 et, en France, Le Déjeuner du chat de Louis Lumière en 1897[135]. Plusieurs films forment américains des parodies subtiles ou grand-guignolesques de films d'espionnage ou de films policiers : L'Espion aux pattes de velours (Robert Stevenson, 1965)[136], Ace Ventura, détective chiens et chats (Tom Shadyac, 1994), Comme chiens et chats (Lawrence Guterman, 2001)[135]. Les chats donnent également lieu à des films de science-fiction : dans Le Chat qui vient de l'espace de Norman Tokar, en 1978, l'arrivée sur Terre d'un chat extra-terrestre révèle la convoitise des militaires. Ma vie de chat (Barry Sonnenfeld, 2016) imagine l'esprit d'un homme prisonnier du corps d'un chat. L'animal apparaît aussi en tant que créature de films d'horreur, comme dans les adaptations du roman Simetierre de Stephen King en 1989 puis en 2019, qui mettent en scène un chat mort-vivant maléfique[137],[135]. La comédie dramatique L'Incroyable Voyage, adaptée du roman éponyme, imagine en 1993 les aventures d'une chatte et de deux chiens qui entreprennent une longue route pour rentrer chez leurs maîtres[135].
327
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328
+ De nombreux films d'animation mettent en scène des chats. Les Aristochats des studios Disney, sorti en 1970, montre un miroir des relations entre des milieux sociaux différents par la rencontre entre un groupe de chats vivant dans une famille riche et un chat vagabond. Autre dessin animé des studios Disney moins connu, Oliver et compagnie, sorti en 1988, est une adaptation libre du roman Oliver Twist de Dickens. Dans l'intervalle, en 1972, Ralph Bakshi a subverti la figure du chat en animation avec Fritz le chat[135], film d'animation pour adultes qui évoque plusieurs problèmes de société aux États-Unis et contient assez d'éléments sexuels pour devenir le premier film d'animation classé X. Quelque temps après, les chats investissent le genre de la fantasy à la faveur du film Shrek 2 des studios Dreamworks, où apparaît le Chat potté, parodie du personnage du conte du Chat botté. Le personnage a droit à son propre film, Le Chat potté, en 2011. Plusieurs longs-métrages adaptent des bandes dessinées (Garfield, Peter Hewitt, 2002 ; Catwoman de Pitof en 2004) ou portent sur le grand écran des personnages de séries télévisées (Tom et Jerry, le film, Phil Roman, 1992)[135].
329
+
330
+ En Europe, La Mouette et le Chat d'Enzo D'Alò adapte en 1998 l’Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepúlveda, conte pour la jeunesse dans lequel un chat se retrouve père adoptif d'un bébé mouette. Le Chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux adapté en 2011 de la bande dessinée du même nomde Sfar, met en scène un chat parlant qui pose des questions audacieuses sur les religions. Inspiré du genre du roman policier, Macskafogó, film hongrois de Béla Ternovszky, sorti en 1986, en donne une parodie. Au contraire, Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2010) met en scène un chat qui accompagne un cambrioleur dans ses maraudes nocturnes dans une intrigue qui prend au sérieux les codes du genre.
331
+
332
+ Le cinéma d'animation japonais donne une place notable aux chats. En 1985, Train de nuit dans la Voie lactée de Gisaburō Sugii adapte librement la nouvelle de Kenji Miyazawa en faisant de tous les personnages des chats. Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondo, produit par le studio Ghibli en 1995 d'après le manga d'Aoi Hiiragi, montre une jeune fille qui suit un chat dans les rues et découvre ainsi une mystérieuse boutique d'antiquités où l'attend une statuette en forme de chat anthropomorphe vêtu comme un dandy, le Baron, qui lui inspire des aventures oniriques. Une suite, Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, imagine en 2002 de nouvelles aventures du Baron dans un monde parallèle où vit le roi des chats. En 2012, Budori, l'étrange voyage, réalisé par Gisaburō Sugii d'après une nouvelle de Kenji Miyazawa, met en scène un monde merveilleux peuplé de chats. Le cinéma d'animation chinois laisse également une place aux chats avec Oscar et le monde des chats de Gary Wang (2018)[135].
333
+
334
+ Une des premières occurrences du chat en musique classique occidentale est d’Adriano Banchieri dans son Contrapunto bestiale ou Festin de Jeudi-Gras (1608)[139]. Par la suite, le félin a inspiré de nombreux compositeurs tels que Carlo Farina avec Capriccio stravagante, Il gatto en 1627 ou encore Hans Werner Henze, La Chatte anglaise[A 19]. Des airs d'opéra sont composés de miaulements, notamment L’Enfant et les Sortilèges selon un livret de Colette. Enfin, les chats furent les sujets principaux de la comédie musicale à succès Cats. Dans la chanson populaire (La mère Michel a perdu son chat) comme dans le rock (Le chat, de Téléphone), le chat est mis en scène ou porté aux nues : la chanson Delilah dans l’album Innuendo de Queen est par exemple un hommage au chat de Freddie Mercury.
335
+
336
+ Georges Brassens était un amoureux des chats, il en possédait neuf lorsqu’il vivait Impasse Florimont. Il leur dédia plusieurs vers dont ceux-ci dans sa chanson Le Testament : « Qu’il boive mon vin, qu’il aime ma femme, qu’il fume ma pipe et mon tabac / Mais que jamais, mort de mon âme, jamais il ne fouette mes chats / Quoique je n’ai pas un atome, une once de méchanceté / S’il fouette mes chats, y’a un fantôme qui viendra le persécuter. »
337
+
338
+ Le chat est au cœur de l'imaginaire du chat perché, jeu enfantin traditionnel où un enfant en poursuit d'autres comme un chat poursuit les souris.
339
+
340
+ Au moins deux jeux de rôles sur table proposent de jouer des chats. Le premier porte le titre de « Cat », de John Wick. Les chats y combattent les terribles boggins qui se nourrissent des rêves et des âmes des humains[140]. Sous-titré « A little game about little heroes » ce jeu en anglais propose de nombreuses informations véridiques sur les chats mais également un cadre de jeu sans fin puisqu'une partie des scénarios peut se dérouler dans le monde des rêves.
341
+
342
+ Malgré un titre anglophone, « Cats! The Masquerade » est un jeu de rôles français. Dans ce jeu, les chats constituent la première espèce intelligente apparue sur Terre, bien avant les humains qu’ils ont créé pour être leurs serviteurs. Malgré leurs immenses pouvoirs, les chats ont perdu leur prééminence et doivent désormais survivre dans un monde qui leur est hostile. « Cats » propose également de jouer un Bastet, un corps humain dans lequel est emprisonné l’esprit d’un chat[141].
343
+
344
+ D’autres jeux de rôles proposent de jouer des êtres mi-humain mi-chat, comme les félis dans Nightprowler[142], inspirés d’un article du magazine Casus Belli pour Donjons et Dragons.
345
+
346
+ L’ouvrage le plus célèbre sur le sujet : Le Mystère des chats peintres (1995) (Why cats paint)[143], de Burton Silver et Heather Buch, a connu une renommée internationale. Au départ conçu comme une vaste parodie critique de l’art contemporain (on y voit des photos de canapés éventrés et de souris mortes exhibées comme créations plastiques…), ce livre trop bien conçu est devenu référence en ce domaine. L’art félin est devenu un thème sérieux. Burton Silver est parodiste, caricaturiste et critique d’art ; Heather Buch, peintre et photographe. Why cats paint est le pendant de Why paint cats[144],[145] (Pourquoi peindre les chats), suivi quelques années plus tard par Danse avec les chats[146] (Dancing with cats) qui connut aussi un immense succès. Selon les éditeurs (quatrième de couverture) : « De plus en plus de personnes, dans le monde entier, se laissent séduire par cette extraordinaire méthode de canalisation de l’énergie féline… »
347
+
348
+ Le Musée du chat à Amsterdam, aux Pays-Bas, présente des dessins, peintures, gravures et autres œuvres dédiés à l'animal.
349
+
350
+ Les proverbes et idiotismes liés au chat se comptent par dizaines en langue française, soit qu’ils mettent en scène l’animal lui-même (qui court vite, dort beaucoup et chasse les souris) ou mette en avant une de ces caractéristiques (« Avoir des yeux de chat », par exemple), soit que le terme de « chat » désigne l’homme, qui s’identifie alors au félin. La plupart de ces dictons datent de plusieurs siècles ; certains remontent même au Moyen Âge.
351
+
352
+ La viande de chat est mangée dans certaines régions du monde comme le sud-est de la Chine[147], le Viêt Nam, le Lesotho… Ces traditions sont cependant contestées, par exemple dans certaines provinces de Chine où le mode de vie des habitants tend à se rapprocher de celui des pays occidentaux : les chats commençant à être considérés comme des animaux de compagnie, leur consommation devient un tabou alimentaire[148].
353
+
354
+ En France, aucune loi n'interdit de manger du chat[149].
355
+
356
+ Cette viande est interdite partout en Europe[150], sauf en Suisse[150],[151].
357
+
358
+ En Italie, chaque année, quelque 7 000 chats seraient consommés dans les régions du nord, bien que théoriquement interdite[150].
359
+
360
+ Dans certains pays, la fourrure du chat fait l’objet, comme celle du chien, d’une demande importante dans les industries de la mode. De nombreuses associations de protection des animaux condamnent l’utilisation de la fourrure des chats[16]. Elle est désormais interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis le 31 décembre 2008[152],[153].
361
+
362
+ Les mesures prises par l’Europe dans ce domaine visent à mettre fin — de façon identique dans toute l’Europe — aux abus constatés dans le commerce des fourrures, en particulier en provenance des pays asiatiques, dont l’étiquetage est souvent mensonger (fourrure de chat ou de chien importée sous d’autres désignations, par exemple en tant que fourrure synthétique). Ces pratiques seraient en particulier le fait de la Chine, qui se livrerait à l’élevage des chiens et des chats pour faire le commerce de leur fourrure à grande échelle[154].
363
+
364
+ Comme l’a déclaré à cette occasion Markos Kyprianou, commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs :
365
+
366
+ « Le message transmis par les consommateurs européens est on ne peut plus clair. Ils estiment qu’il est inacceptable d’élever des chats et des chiens pour leur fourrure et ils refusent que des produits contenant ces fourrures soient vendus sur le marché européen. L’interdiction à l’échelle communautaire que nous proposons aujourd’hui signifie que les consommateurs auront la certitude de ne pas acheter, par mégarde, des produits contenant de la fourrure de chat et de chien[154]. »
367
+
368
+ D’après les enquêteurs de PETA-Allemagne, qui ont conduit une enquête en Chine du Sud, les chiens et les chats feraient l’objet en Chine d’un commerce très important, dans des conditions particulièrement choquantes[155] :
369
+
370
+ La nouvelle règlementation européenne interdit la mise sur le marché, l’importation dans la Communauté et l’exportation depuis cette dernière de fourrure de chat et de chien et de produits en contenant, à compter du 31 décembre 2008. Elle prend en compte les fraudes à l’étiquetage constatées de la part de certains pays tiers en se dotant des moyens de détection nécessaires. Selon le règlement (CE) no 1523/2007 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2007[153] :
371
+
372
+ Il est significatif du contexte de cette affaire que la Communauté précise qu’elle adopte cette règlementation alors même que « le traité ne permet pas à la Communauté de légiférer pour répondre à des préoccupations éthiques »[A 20], et que la Commission donne à cette occasion (23 janvier 2006) communication au Parlement européen et au Conseil, « concernant un plan d’action communautaire pour la protection et le bien-être des animaux au cours de la période 2006-2010 [COM(2006) 13 final - Journal officiel C 49 du 28 février 2006] »[153].
373
+
374
+ Le marché de l’alimentation des chiens et chats (qui constitue le plus gros marché lié aux animaux de compagnie) a représenté en 2003 un total de 35 milliards d’USD au niveau mondial[156], dont entre 25 % et 30 % pour les États-Unis à eux seuls. Parmi les fabricants et marques les plus connues, on compte Nestlé (Purina Beneful, Cat Chow, Dog Chow, Fancy Feast, Friskies, Tender Vittles), Masterfoods, filiale de Mars (Cesar, Pedigree, Royal Canin, Sheba, Whiskas), Procter & Gamble (Eukanuba, Iams), ou encore Colgate-Palmolive (Hill’s Science Diet)[156].
375
+
376
+ Le marché américain des aliments pour chats (environ un gros quart du total, puisqu’il était en 2002 de 4,20 milliards de USD, soit 52 % du marché des aliments pour chiens[157][réf. non conforme]) présente une forte segmentation : aliments secs, aliments en boîte, snacks pour chats, aliments semi-humides, boissons… Les aliments secs gagnent du terrain sur le marché des aliments pour chats[158]. En France, le marché des aliments pour chats est constitué pour 67 % d’aliments humides, secteur dominé par Nestlé-Purina et Masterfoods ; mais ce secteur s’effrite (avec en particulier l’effondrement des marques « bas de gamme » Ronron et Kitekat, de Masterfoods), et la part de marché des aliments secs pour chat (dominé par Nestlé-Purina avec Friskies et Purina one) tend à progresser[159]. Dans la mesure où un kilogramme d’aliment sec équivaut à 4 kg d’aliment humide, les fabricants d’aliments pour chats peinent à compenser la baisse des aliments humides. Le marché français des aliments pour chats a donc tendance à stagner, voire à baisser.
377
+
378
+ Ce marché, qui regroupe l’ensemble des dépenses non alimentaires (les plus importantes étant les dépenses de santé), comprend, pour les animaux de compagnie en général[160] :
379
+
380
+ Les chiffres disponibles[A 22] prennent en compte les différents marchés de façon globale, pour l’ensemble des animaux de compagnie. Dans la mesure où, aux États-Unis (le principal marché), 71 % des propriétaires de chats ou de chiens achètent pour eux des médicaments (ce qui limite un biais éventuel)[161], il n’est pas illégitime de penser que la part des dépenses pour les chats est assez symétrique des dépenses d’alimentation, soit entre un quart et un tiers du total (les dépenses de ce type se concentrant sur les chiens et chats). Les analystes s’accordent à considérer que le marché américain pour ces produits de santé pour les animaux de compagnie représentent environ 40 % du total mondial[162]. L’analyse du marché des États-Unis fournit donc une bonne base pour la compréhension du marché mondial.
381
+
382
+ Le marché des médicaments et soins pour les animaux de compagnie en général est encore peu important par rapport aux médicaments et aux soins destinés aux humains. Il est cependant très lucratif, car les propriétaires des animaux de compagnie n’hésitent pas à payer le prix fort pour soigner ceux-ci, qu’ils considèrent comme partie intégrante de leur famille.
383
+
384
+ En 2006, le marché aux États-Unis pour les médicaments, soins vétérinaires, produits et services autres que les seuls aliments s’est élevé à 18,5 milliards d’USD, et les attentes pour 2007 étaient une croissance de 6 % par rapport à ce chiffre[162], soit près de 20 milliards d’USD. Là dessus, les produits (hors soins et services) destinés à la santé des animaux de compagnie ont représenté environ 6,6 milliards d’USD de dépense globale, dont un tiers correspond aux produits contre les puces et les tiques. Le produit « vedette » est l’anti-parasite Frontline, de Merial (fipronil), qui a atteint en 2007 le statut de médicament blockbuster (« champion des ventes ») avec un chiffre d’affaires de plus de un milliard d’USD[161].
385
+
386
+ Pour l’année 2007, d’autres études évaluent le marché aux États-Unis des dépenses de santé pour animaux de compagnie au chiffre encore plus élevé de 25,3 milliards d’USD[161]. Outre les médicaments (qui incluent maintenant des anti-dépresseurs[163]), les animaux de compagnie bénéficient de soins vétérinaires.
387
+ La montée des dépenses pour les animaux de compagnie se traduit aussi par l’apparition de contrats d’assurance qui leur sont spécifiques. La Suède est très en pointe dans ce domaine, loin devant l’Angleterre ou les États-Unis, puisque, en 2005, 50 % des propriétaires suédois d’animaux de compagnie avaient une assurance pour eux, contre moins de 10 % aux États-Unis[164], représentant 0,7 milliard de dollars aux États-Unis en 2007[165]. En France, seuls 8 % des animaux de compagnie sont assurés[166].
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+ Une chaussette est un bas qui s'arrête à mi-jambe ou à la cheville et se porte à l'intérieur d'une chaussure. Le mot signifie petite chausse. Les chaussettes vont généralement par paire et sans différences entre le pied droit et le pied gauche, sauf pour certains usages techniques. Pour la pratique du sport en plein air, notamment le football ou le rugby, la chaussette longue est souvent utilisée. La socquette est une variante plus courte de la chaussette.
2
+
3
+ Il s'agit d'un tricot circulaire, raison pour laquelle la chaussette fait partie de la famille d'habillement dénommée « bonneterie ». Une chaussette est toujours tricotée ouverte et est fermée à sa pointe lors de l'opération de manutention appelée « remaillage ».
4
+ La majorité des chaussettes sont remaillées selon trois grands procédés. La finesse de ce remaillage varie en fonction du niveau de finition. Plus le remaillage est délicat, moins le bourrelet de la couture est perceptible.
5
+
6
+ Selon les marques, les matières et les qualités, les chaussettes couvrent plus ou moins de tailles. Les chaussettes de luxe, qui sont entièrement en matières naturelles, ne sont pas élastiques et chaussent taille par taille. On ne retrouve cette exigence que chez de rares marques, italiennes en majorité (Gammarelli par exemple). Certaines marques font des doubles tailles (39-40, 41-42…). L'utilisation de matières synthétiques (Lycra) permet de fabriquer des triples ou des quadruples tailles (39-42). Certaines enseignes proposent une taille unique.
7
+
8
+ En outre, les matières naturelles limitent les mauvaises odeurs liées à la forte transpiration des pieds.
9
+
10
+ La chaussette est caractérisée par la jauge du tricot et par le diamètre du fil utilisé. Les différentes parties qui composent la chaussette sont le bord côte, la tige, le talon, la semelle, le cou de pied et la pointe.
11
+
12
+ Les principales fonctions d'une chaussette sont :
13
+
14
+ Les tailles des chaussettes sont souvent celles des chaussures.
15
+
16
+ Cependant pour les chaussettes italiennes de luxe, les tailles obéissent à une échelle sans rapport, ni avec les tailles européennes, ni avec les tailles anglo-saxonnes.
17
+ Cette échelle, qui taille pointure par pointure a les correspondances suivantes :
18
+
19
+ La première apparition de la chaussette remonterait à l'an 2000 av. J.-C. en Syrie. Au Moyen Âge, les chaussettes étaient faites de bandes de tissus. Les chaussettes dérivent des bas-de-chausses qui étaient utilisés en complément des hauts-de-chausses au Moyen Âge, quand les chausses ne couvraient pas toute la jambe et le bassin. Les bas-de-chausses sont aussi l'ancêtre des bas. Ils étaient souvent tricotés ou tissés et tenus par une jarretière. Les bas confectionnés sur un métier à tricoter seraient apparus à partir de 1589, innovation que l'on attribue sans certitude à un anglais, William Lee. Le tricot, par son élasticité, est effectivement beaucoup plus adapté que le tissage, beaucoup plus rigide. Les chaussettes ou bas étaient alors en laine ou en soie et toujours synonyme de grand luxe.
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+ Avant que la technique de l'élastique ne soit généralisée, la chaussette était maintenue par un fixe-chaussette, la simple élasticité naturelle du tricot (notamment du jersey) ne suffisant pas. Cette technique a aujourd'hui presque totalement disparu.
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+ De nos jours, d'après un sondage effectué auprès de la gent masculine[2], 80 % des hommes porteraient des chaussettes unies, foncées, surtout noires, tandis que les femmes préfèrent porter des chaussettes fines de couleur blanche. Les chaussettes sont majoritairement en laine[3]. Le type de chaussettes portées varie selon les pays. Les hommes portent en France des chaussettes à 80 % et des mi-bas pour 20 % d'entre eux. Il est intéressant de remarquer que les proportions sont inversées pour l'Italie, où l'on juge disgracieux de porter des chaussettes, moins hautes, qui laissent entrevoir le mollet. Les chaussettes ont à plusieurs reprises fait parler d'elles dans la presse au cours des dernières décennies. Le style du chanteur Michael Jackson, avec ses chaussettes blanches, mocassin et pantalon feu-de-plancher, qui faisaient ressortir au mieux ses pas de danse légendaires[4]. Au niveau politique, Édouard Balladur qui portait des chaussettes rouge cardinal, et de Fillon qui en porte à son tour[5],[6]. Les deux premiers ministres ont revendiqué porter des chaussettes Gammarelli[7]. Il y eut aussi Paul Wolfowitz qui avait laissé voir un trou dans ses chaussettes en ôtant ses chaussures pour entrer dans une mosquée. Jean-Marie Messier avait également fait parler de lui en posant allongé sur son lit à New York avec une chaussette trouée. Enfin, Pierre Joxe avait dit de Pierre Bérégovoy qu'« un homme qui porte de pareilles chaussettes [tirebouchonnées et détendues] ne peut être malhonnête » en arguant de son innocence au moment où il était mis en cause pour une affaire de prêt sans intérêt[6].
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+ Dans un autre registre, des chaussettes ont été les vedettes pendant pr��s de vingt ans, de l'émission Babibouchettes, en Suisse romande.
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+ La ville chinoise de Datang est spécialisée dans la production de chaussettes. Une paire de chaussettes sur trois vendues dans le monde est fabriquée à Datang par les 10 000 entreprises de la région. Grâce au faible coût de la main-d’œuvre et la logistique extraordinaire, la région propose les coûts de production les plus bas du monde[8].
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+ En France, il reste quelques entreprises de fabrication de chaussettes : BleuForêt à Vagney dans le département des Vosges, Labonal à Dambach-la-Ville dans le département du Bas-Rhin, Kindy à Moliens en Picardie, Missègle à Burlats dans le département du Tarn...
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+ Le terme de chaussette est employé dans les expressions courantes suivantes :
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+ Une chaussette est un bas qui s'arrête à mi-jambe ou à la cheville et se porte à l'intérieur d'une chaussure. Le mot signifie petite chausse. Les chaussettes vont généralement par paire et sans différences entre le pied droit et le pied gauche, sauf pour certains usages techniques. Pour la pratique du sport en plein air, notamment le football ou le rugby, la chaussette longue est souvent utilisée. La socquette est une variante plus courte de la chaussette.
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+ Il s'agit d'un tricot circulaire, raison pour laquelle la chaussette fait partie de la famille d'habillement dénommée « bonneterie ». Une chaussette est toujours tricotée ouverte et est fermée à sa pointe lors de l'opération de manutention appelée « remaillage ».
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+ La majorité des chaussettes sont remaillées selon trois grands procédés. La finesse de ce remaillage varie en fonction du niveau de finition. Plus le remaillage est délicat, moins le bourrelet de la couture est perceptible.
5
+
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+ Selon les marques, les matières et les qualités, les chaussettes couvrent plus ou moins de tailles. Les chaussettes de luxe, qui sont entièrement en matières naturelles, ne sont pas élastiques et chaussent taille par taille. On ne retrouve cette exigence que chez de rares marques, italiennes en majorité (Gammarelli par exemple). Certaines marques font des doubles tailles (39-40, 41-42…). L'utilisation de matières synthétiques (Lycra) permet de fabriquer des triples ou des quadruples tailles (39-42). Certaines enseignes proposent une taille unique.
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+ En outre, les matières naturelles limitent les mauvaises odeurs liées à la forte transpiration des pieds.
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+ La chaussette est caractérisée par la jauge du tricot et par le diamètre du fil utilisé. Les différentes parties qui composent la chaussette sont le bord côte, la tige, le talon, la semelle, le cou de pied et la pointe.
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+ Les principales fonctions d'une chaussette sont :
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+ Les tailles des chaussettes sont souvent celles des chaussures.
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+ Cependant pour les chaussettes italiennes de luxe, les tailles obéissent à une échelle sans rapport, ni avec les tailles européennes, ni avec les tailles anglo-saxonnes.
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+ Cette échelle, qui taille pointure par pointure a les correspondances suivantes :
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+ La première apparition de la chaussette remonterait à l'an 2000 av. J.-C. en Syrie. Au Moyen Âge, les chaussettes étaient faites de bandes de tissus. Les chaussettes dérivent des bas-de-chausses qui étaient utilisés en complément des hauts-de-chausses au Moyen Âge, quand les chausses ne couvraient pas toute la jambe et le bassin. Les bas-de-chausses sont aussi l'ancêtre des bas. Ils étaient souvent tricotés ou tissés et tenus par une jarretière. Les bas confectionnés sur un métier à tricoter seraient apparus à partir de 1589, innovation que l'on attribue sans certitude à un anglais, William Lee. Le tricot, par son élasticité, est effectivement beaucoup plus adapté que le tissage, beaucoup plus rigide. Les chaussettes ou bas étaient alors en laine ou en soie et toujours synonyme de grand luxe.
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+ Avant que la technique de l'élastique ne soit généralisée, la chaussette était maintenue par un fixe-chaussette, la simple élasticité naturelle du tricot (notamment du jersey) ne suffisant pas. Cette technique a aujourd'hui presque totalement disparu.
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+ De nos jours, d'après un sondage effectué auprès de la gent masculine[2], 80 % des hommes porteraient des chaussettes unies, foncées, surtout noires, tandis que les femmes préfèrent porter des chaussettes fines de couleur blanche. Les chaussettes sont majoritairement en laine[3]. Le type de chaussettes portées varie selon les pays. Les hommes portent en France des chaussettes à 80 % et des mi-bas pour 20 % d'entre eux. Il est intéressant de remarquer que les proportions sont inversées pour l'Italie, où l'on juge disgracieux de porter des chaussettes, moins hautes, qui laissent entrevoir le mollet. Les chaussettes ont à plusieurs reprises fait parler d'elles dans la presse au cours des dernières décennies. Le style du chanteur Michael Jackson, avec ses chaussettes blanches, mocassin et pantalon feu-de-plancher, qui faisaient ressortir au mieux ses pas de danse légendaires[4]. Au niveau politique, Édouard Balladur qui portait des chaussettes rouge cardinal, et de Fillon qui en porte à son tour[5],[6]. Les deux premiers ministres ont revendiqué porter des chaussettes Gammarelli[7]. Il y eut aussi Paul Wolfowitz qui avait laissé voir un trou dans ses chaussettes en ôtant ses chaussures pour entrer dans une mosquée. Jean-Marie Messier avait également fait parler de lui en posant allongé sur son lit à New York avec une chaussette trouée. Enfin, Pierre Joxe avait dit de Pierre Bérégovoy qu'« un homme qui porte de pareilles chaussettes [tirebouchonnées et détendues] ne peut être malhonnête » en arguant de son innocence au moment où il était mis en cause pour une affaire de prêt sans intérêt[6].
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+ Dans un autre registre, des chaussettes ont été les vedettes pendant pr��s de vingt ans, de l'émission Babibouchettes, en Suisse romande.
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+ La ville chinoise de Datang est spécialisée dans la production de chaussettes. Une paire de chaussettes sur trois vendues dans le monde est fabriquée à Datang par les 10 000 entreprises de la région. Grâce au faible coût de la main-d’œuvre et la logistique extraordinaire, la région propose les coûts de production les plus bas du monde[8].
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+ En France, il reste quelques entreprises de fabrication de chaussettes : BleuForêt à Vagney dans le département des Vosges, Labonal à Dambach-la-Ville dans le département du Bas-Rhin, Kindy à Moliens en Picardie, Missègle à Burlats dans le département du Tarn...
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+ Les chaussures, ou souliers en Amérique du Nord francophone, constituent un élément d'habillement dont le rôle est de protéger les pieds. Il s'agit également d'un accessoire de mode qui vêt les femmes comme les hommes. Le terme chaussure dérive du verbe chausser, issu du latin calceare « mettre des souliers ». La plus vieille chaussure du monde a 5 500 ans et a été découverte dans une grotte en Arménie.
2
+ La forme des chaussures peut varier à l'infini, notamment en fonction de la mode et du statut social. La matière la plus couramment utilisée pour fabriquer les chaussures est le cuir. L'artisan spécialiste de la réparation des chaussures est le cordonnier, métier qui a fortement décliné dans les pays occidentaux.
3
+
4
+ Une chaussure se compose principalement du semelage, partie inférieure qui protège la plante des pieds, plus ou moins relevée à l'arrière par le talon et de la tige, partie supérieure qui enveloppe le pied et qui comprend essentiellement l'empeigne (partie avant de la tige d'une chaussure, du cou-de-pied à la pointe, appelée aussi claque), les quartiers (deux pièces formant l'arrière de la tige) et la languette.
5
+ Lorsque la tige recouvre la jambe (et maintient la cheville), on parle de bottes. Dans le cas contraire, on parle de soulier.
6
+
7
+ Plusieurs types de montages existent pour solidariser la partie supérieure d'une chaussure à la semelle[1], comme le Montage Goodyear.
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9
+ Les chaussures les plus anciennes, faites en écorce d'armoise, auraient plus de 10 000 ans et ont été trouvées dans une grotte de Fort Rock dans l'Orégon (États-Unis)[2].
10
+
11
+ La « première » chaussure en cuir date du quatrième millénaire avant Jésus-Christ et a été découverte en Arménie. Il s'agit d'une pièce de cuir cousue pour recouvrir un avant pied comme un mocassin[3],[4]. Ötzi, un ou deux siècles plus tard, était équipé de mocassins.
12
+
13
+ Les chaussures ont évolué tout au long de l'histoire du costume et de la mode, selon l’époque. Accessoire pratique, elle est aussi un signe permettant de refléter le statut social[5]. Les chaussures chez les Romains sont l'indice du rang et de la fortune[6]. Les chaussures sont des accessoires d'apparat dans les cours royales, Marie-Antoinette possédait jusqu'à 500 paires.
14
+
15
+ Au XVe siècle, les chaussures à la poulaine sont longues et effilées. Elles étaient conçues pour adhérer le plus près possible des orteils. Ce modèle a ainsi donné naissance aux chaussures à l'orteil qui épousaient parfaitement la forme des orteils. Au XVIe siècle, les souliers à pied d'ours ou bec de canard sont en vogue. Ce sont des souliers très ouverts à large bout carré dont le bout pouvait atteindre 15 cm de large. Ils se fixent sur le cou-de-pied avec une lanière. Au XIXe siècle, les protège-chaussures s'enfilent sur la chaussure pour la protéger des saletés de la rue.
16
+
17
+ Les chaussures à boucle existent en Europe depuis le Moyen Âge (on dit que ce sont les Grecs qui ont inventé les premières chaussures ; c’étaient des sandales, d’abord portées par les empereurs). Il s'agit à l'origine d'un fermoir métallique monté sur les poulaines, plus facile à utiliser que des lacets. Les moines également l’utilisent, ce qui a donné en anglais le nom « mon shoots ». À l'époque contemporaine, elle est un soulier du vestiaire masculin, portée généralement avec un costume[7].
18
+
19
+ Jusqu'à la fin du XIXe siècle, en France, les chaussures esthétiques mais inconfortables reflètent le statut social : les nobles montrent ainsi qu'ils n'ont pas besoin de marcher longtemps, contrairement aux classes moins aisées qui empruntent des chemins en général mal entretenus[8].
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+
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+ Certaines chaussures sont portées exclusivement par les femmes
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+
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+ D'autres chaussures sont à l'inverse portées uniquement par les hommes :
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+
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+ Le mocassin est porté aussi bien par les hommes et que par les femmes. Les variantes du mocassin sont le loafer (parfois nommé collège) et le penny loafer. Les chaussures dont la tige recouvre la jambe sont la botte et ses variantes : la bottine, le bottillon, et la cuissarde.
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+
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+ Il existe maintenant des chaussures de type Derby, Richelieu, voire Monk pour femme, adaptées avec un talon.
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+ Certaines chaussures ont des tiges très légères, comme :
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+ Les chaussures portées en intérieur sont :
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+
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+ Les rangers sont des chaussures en cuir, à long lacets, montant jusqu'au genou ou plus haut. Elles sont utilisées par les armées du monde entier pour leur solidité. Les chaussures de sécurité sont conçues pour protéger les pieds contre les risques de nature électrique, chimique, mécanique, thermique.
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+
35
+ Les chaussures utilisées en danse sont :
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+
37
+ Certaines chaussures sont liées au sport ou à la marche :
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+
39
+ Certaines chaussures sont étroitement liées à des cultures ou des pays :
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+
41
+ Les chaussures orthopédiques permettent de corriger les malformations du pied de façon temporaire ou permanente.
42
+
43
+ Plus récemment, d'autres types de chaussures se voulant plus respectueuses du fonctionnement naturel du pied ont fait leur apparition. Développées comme une alternative à la marche et à la course à pied pieds-nus, ces chaussures ont des semelles plus souples et pour certains modèles un compartiment individualisé pour chaque orteil permettant au pied de se mouvoir de façon plus naturelle.
44
+
45
+ La taille des chaussures s'exprime par la pointure. Pour mesurer sa pointure, il faut partir du talon jusqu'à l'extrémité du pied (gros orteil ou deuxième orteil selon leurs tailles respectives). Il existe différentes manières de désigner les pointures selon les pays. En Europe, on utilise un nombre à deux chiffres (généralement compris entre 15 et 50). La longueur de pied correspondant, augmente de 2/3 de cm pour chaque pointure, soit 2 cm pour une pointure de 3[9].
46
+
47
+ La pointure dépend grandement du fabricant (ou de la marque) et du pays pour lequel les chaussures sont destinées. Il n'existe donc pas de réel standard en ce qui concerne les équivalences et correspondances de tailles de chaussures.
48
+ Par exemple: La taille 42 en Europe correspond à une taille 9 en Amérique pour la marque Puma (taille américaine) mais la même pointure pour la marque Nike sera équivalente à 8.5[10].
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+
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+ L'industrie française de la chaussure est une activité traditionnelle en France.
51
+
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+ Mais en 2011, les fabricants de chaussures chinois se tournent vers le marché haut de gamme européen[11] profitant de la suppression des droits anti-dumping de l'Union Européenne. 1 200 entreprises chinoises sont concernées par cette problématique.
53
+
54
+ La société Aokang Group Co est l'une des principales sociétés de chaussure de Chine. Ces sociétés sont situées dans le pôle de fabrication et d'exportation de chaussures qui se trouve dans la Province du Zhejiang.
55
+
56
+ L'union européenne a soumis les chaussures en cuir fabriquées en Chine populaire à des droits anti-dumping à un taux de 16,5 %, dès 2006, pour une durée initiale de deux années qui a été étendue jusqu'en mars 2011. Vers 2011, la Chine a exporté 20 000 paires de chaussures en cuir vers l'Europe, en peu de temps. L'industrie chinoise travaille pour des marques européennes comme Geox, Sixty, Camel et Wortmann.
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+
58
+ La société Kameiduo Group Co, Ltd emploie 3 000 personnes dans la Province du Sichuan.
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+
60
+ En 2009, la Chine produit 56 % de la chaussure mondiale et compte 20 000 entreprises de fabrication de chaussures qui emploient directement 3,5 millions de personnes pour fabriquer 10,6 milliards de paires de chaussures chaque année. La Chine exporte 80 % de sa production pour un montant de 24,5 milliards de dollars, essentiellement vers les États-Unis et l'Union Européenne[12].
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+
62
+ Selon le site de vente en ligne Spartoo.com, le premier marché au monde de la chaussure en 2011 est le marché européen qui pèse 50 milliards d’euros annuels. Un Européen achète en moyenne 4,2 paires de chaussures par an, dépensant 100 euros. « L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne trustent les cinq premières places ainsi que 70 % du marché. En Asie, la moyenne ne dépasse pas 2,7 paires — alors que 90 % des chaussures mondiales y sont produites contre 6 % en Europe — tandis que le continent américain est à 5,8 paire[13] ».
63
+
64
+ De nombreuses chaussures, notamment les baskets, sont fabriquées dans les pays asiatiques où les conditions de travail sont difficiles et la dignité des travailleurs peu respectée.[réf. nécessaire]
65
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66
+ Certaines chaussures utilisent également des matériaux parmi les plus polluants, coton, cuir tanné au chrome, plastiques et synthétiques[réf. nécessaire]. Le tannage aux sels de chrome n'est pas dangereux en soi, il est appliqué industriellement depuis le début des années 1900. Par contre, les conditions opératoires en sont strictes : faibles marges de variation, mise en œuvre de produits nombreux parfaitement connus, conduite systématique et respect des durées pour chaque opération, pratique de nombreux contrôles avant et pendant le tannage.(Centre Technique du Cuir). Sa sécurité dépend donc de sa mise en œuvre et du retraitement des agents polluants. Concernant les nouvelles alternatives, voir Veja.
67
+
68
+ En 2006, la main d'œuvre nécessaire à la fabrication d'une chaussure de sport coûte environ 50 centimes d'euros.[réf. nécessaire]
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+
70
+ L'étiquetage des chaussures est réglementé par la directive 94/11/CE (directive «articles chaussants»)[14].
71
+
72
+ Il indique de manière simple avec des pictogrammes la composition de la Tige (extérieur), la doublure et la semelle intérieure ainsi que la semelle extérieure. Il existe quatre pictogrammes le cuir (une peau), le cuir enduit (une peau et un petit losange), le textile (un bout de tissus carré) et les autres produits (un grand losange).
73
+
74
+ La chaussure étant associée à la marche et au déplacement, des chaussures sont liées à des personnages de fiction, leur conférant des pouvoirs exceptionnels, que l'on retrouve dans les mythologies, les contes et légendes traditionnels.
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+ Théra
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+ Santorin (en grec moderne : Σαντορίνη / Santoríni), aussi appelée Théra ou Thira (Θήρα / Thíra), est une île grecque située en mer Égée. C'est l'île la plus grande et la plus peuplée d'un petit archipel volcanique comprenant quatre autres îles, auquel on donne parfois son nom (archipel de Santorin).
8
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9
+ Cette île et celles de Thirassía et Aspronissi sont les vestiges d'une ancienne île partiellement détruite vers 1600 av. J.-C. au cours de l'éruption minoenne[2].
10
+
11
+ Santorin constitue l'un des principaux lieux touristiques de la Grèce, avec ses villages blancs à coupoles bleues perchés au sommet des falaises, ses panoramas sur les autres îles et ses sites archéologiques, notamment ceux de la ville antique de Théra et d'Akrotiri où furent retrouvées des ruines minoennes.
12
+
13
+ Le nom antique de l'île est Théra, de même que la ville antique fondée à l'époque archaïque. Selon les auteurs anciens[3],[4],[5], son premier nom aurait été Kallisté, en français « la très belle » ou « la plus belle ». Elle aurait été rebaptisée Théra à l'époque archaïque, en l'honneur du colonisateur dorien Théras, fils d'Autésion, héros thébain mythique et descendant de Cadmos[6].
14
+
15
+ Selon une tradition locale[7] d'ancienneté inconnue, elle aurait aussi été appelée Strongylé (en grec ancien Στρογγύλη / Strongýlê, « la ronde », en raison du grand cercle que forme l'archipel de Santorin).
16
+
17
+ Le nom de Santorin, dérivé de celui de sainte Irène, est attesté dès le milieu du XIIe siècle (la première mention connue du nom est faite par le géographe Al Idrissi vers 1154)[8].
18
+
19
+ Après l'indépendance de la Grèce , l'île reprend officiellement le nom antique de Théra mais le nom de Santorin est toujours largement utilisé. Le nom officiel (depuis 1940[9]) d'une des anciennes capitales de l'île, Pyrgos Kallistis, en français « Tour-de-Kallisté » fait référence à l'ancien nom de Kallistē.
20
+
21
+ Santorin est située dans le sud de la mer Égée, dans l'est de l'archipel de Santorin, à 186 kilomètres au sud-est du cap Sounion (Attique) et à 113 kilomètres au nord-nord-est d'Héraklion, en Crète.
22
+
23
+ L'île de Santorin a la forme d'un croissant ouvert vers l'ouest et un profil dissymétrique : son littoral occidental est constitué de falaises et l'altitude décroit progressivement vers la côte orientale qui est généralement basse.
24
+
25
+ Santorin est incluse dans la périphérie d'Égée-Méridionale. Jusqu'à la réforme Kallikratis de 2010, l'île dépendait de l'ancien nome des Cyclades et était divisée depuis 1997 entre le dème de Théra, sur sa majeure partie, et la dème d'Oia à l'extrême Nord. Depuis, les deux anciennes circonscriptions ont été fusionnées et sont devenues des districts municipaux du dème de Théra, qui comprend donc la totalité de l'île ainsi que celle de Thirassía et des îlots inhabités.
26
+
27
+ La municipalité de Santorin est divisée en 14 choriá (χωριά) locales :
28
+
29
+ L'île actuelle de Santorin est, avec les îles de Thirassía et Aspronissi, un des fragments d'une ancienne île volcanique partiellement détruite vers la fin du XVIIe siècle av. J.-C. par l'effondrement de la caldeira, suite au vide créé dans la chambre magmatique par l'éruption minoenne[10].
30
+
31
+ D'après Hérodote[11], l'île était habitée par les Phéniciens lorsque le héros Théras fonda la colonie dorienne de Théra, à l'époque archaïque. Par la suite, l'île appartint successivement à la ligue de Délos, à l'Égypte ptolémaïque et à l'Empire romain devenu byzantin.
32
+
33
+ Comme le reste des Cyclades, l'île fut conquise par les Latins après la conquête de Constantinople (1204) ; elle dépendait alors vraisemblablement du duché de Naxos dirigé par la famille vénitienne Sanudo (l'assertion de Karl Hopf selon laquelle elle aurait été conquise par Jacopo Barozzi n'étant pas confirmée par les documents contemporains, elle est généralement rejetée par les historiens récents)[12],[13]. Elle fut reconquise vers 1275 pour les Byzantins par Licario. La guerre vénéto-byzantine (1296-1302) offrit aux Vénitiens de prendre leur revanche : en août 1301 le duc de Naxos Guglielmo Sanudo passa ainsi un contrat avec un corsaire anconitain en vue de la reconquête de l'île, mais il fut devancé par un membre de la colonie vénitienne de Crète, Jacopo Barozzi, ce qui déclencha un conflit entre les deux familles se terminant par la victoire des Sanudo vers 1335.
34
+
35
+ En 1318 elle fut attaquée par les Turcs des émirats côtiers (Menteshe ou Aydin), alliés des Catalans du duché d'Athènes avec lesquels Venise était en conflit[14], puis en 1345 par la flotte d'Umur Bey depuis Theologo[15].
36
+
37
+ En 1423, un procès opposa Maria Sanudo et sa fille Fiorenza au beau-frère de cette dernière, le duc Giovanni II Crispo ; Fiorenza, qui revendiquait l'île en vertu du testament de son défunt époux (entre autres litiges), fut déboutée par les tribunaux vénitiens sur ce point[16]. En 1479 le duc Giacomo III Crispo la donna en dot à sa fille, une autre Fiorenza, mariée à Domenico Pisani ; cependant l'ile fut occupée par le frère et successeur de Giacomo, Giovanni III, et un autre procès l'opposa aux époux Pisani jusqu'en 1486[17].
38
+
39
+ L'île passa progressivement sous domination ottomane à partir du milieu du XVIe siècle et rejoignit la Grèce au cours de la guerre d'indépendance en 1821.
40
+
41
+ La dernière éruption de l'archipel eut lieu à Néa Kaméni du 10 janvier au 1er février 1950. Assez faible, elle produisit un petit dôme de lave. Cet événement faisait suite à une série d'explosions phréatiques de type faible à modéré qui ouvrirent deux évents à l'emplacement des fissures développées durant les éruptions précédentes. La surface totale des nouvelles laves atteignit 7 312 m2[18],[19].
42
+
43
+ En 1956, l'île fut touchée par un séisme qui fit une cinquantaine de victimes et détruisit plus de 2 000 habitations.
44
+
45
+ En 1970 furent mises au jour les fresques d'Akrotiri dont les plus connues sont celles dites des "enfants-boxeurs", du "pêcheur aux coryphènes" et des "singes bleus", témoins de la civilisation minoenne remontant au IIe millénaire avant notre ère. D'importantes collections de céramiques ont été aussi dégagées du champ de fouilles. Ces œuvres d'art ont été ensevelies sous les cendres volcaniques et la ponce qui les ont préservées de l'éruption minoenne, des séïsmes ultérieurs et de l'érosion. Une fois dégagées, elles ont été conservées dans des musées et le site est protégé par une toiture.
46
+
47
+ Durant l'année 2011, l'île a subi une activité sismique liée au gonflement de la chambre magmatique située à 4 km de profondeur, détecté par 20 stations GPS installées depuis 2006[20]. Ce gonflement traduit un remplissage qui pourrait provoquer de nouvelles éruptions.
48
+
49
+ L'archéologue grec Spyridon Marinatos et son compatriote le sismologue Angelos Galanopoulos ont proposé dans les années 1960 l'« hypothèse minoenne » selon laquelle la destruction de l'île, passée dans la mémoire collective sous forme de mythe, aurait inspiré à Platon son récit de l'Atlantide[21],[22]. Cette hypothèse est de nos jours discutée car la persistance dans la mémoire collective d'un souvenir, même mythifié, sans qu'aucun texte antique ne nous soit parvenu à ce sujet, et ce durant neuf siècles (durée que Platon multiplie par dix en évoquant une Atlantide ayant existé « neuf mille ans avant le règne de Solon »), semble peu probable[23],[24] ; Platon n'évoque d'ailleurs aucun cataclysme volcanique et sa topographie, l'orographie et la luxuriance qu'il décrit ne correspondent pas à la géographie de l'ancienne île[25]. Même les preuves du méga-tsunami destructeur sont actuellement remises en question[26].
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51
+ L'eau douce est précieuse sur cette île quasi-désertique qui n'a que très peu de réserves et aucune source naturelle. Jusqu'au XIXe siècle, les habitants récupéraient dans des citernes l'eau de pluie tombée sur les toits. Aujourd'hui, une usine de dessalement d'eau de mer produit l'essentiel de l'eau courante, maintenant potable.
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+ La sécheresse du sol recouvert d'une épaisse couche de cendres, et son acidité ne permettent que peu de cultures (agrumes, fourrage, vignes).
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+ Santorin abrite une variété spécifique et très ancienne de vigne, l'Assyrtiko, au rendement très faible (10 à 20 % du rendement de la vigne française ou californienne) mais naturellement très résistante au phylloxéra. Poussant à même le sol sans aucun tuteur, les pieds sont plus espacés que partout ailleurs à cause de la sécheresse du sol (leur principale source en eau est celle de la rosée et la brume d'origine marine). Les branches sont seulement disposées en anneau spiralé, et les grappes pendent au centre à l'abri du vent. Elle donne un vin recherché très sec, à l'acidité prononcée (liée à la nature du sol), l'Assyrtiko aux arômes citronnés, ainsi qu'un vin doux, le Vinsanto.
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+ La tomate cerise de Santorin (appelée Tomataki Santorinis) a obtenu de l'Union européenne en décembre 2013 une appellation d'origine protégée[27].
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+ L'exploitation de la mine de pierre ponce qui était auparavant exportée, a été suspendue en 1986 pour préserver les sols et l'environnement naturel fragile de l'île.
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+ Haut lieu du tourisme en Grèce, l'archipel de Santorin et son île principale sont accessibles par des navires de tous gabarits qui peuvent mouiller dans la baie, mais seul le port d'Athinios, où accostent la majorité des visiteurs, permet le débarquement de véhicules. En 2007, le navire de croisière Sea Diamond coule à une grande profondeur dans la caldeira et son épave constitue depuis un risque permanent de pollution.
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+ Les villages situés sur la falaise (Fira, Oia), disposent chacun d'un petit port dans la caldeira, auxquels ils sont reliés par un chemin escarpé permettant de les rejoindre à pied ou à dos d'âne, ou encore par un petit téléphérique à Fira. Un service d'autocars permet de relier les différents villages. Depuis la construction de l'usine de dessalinisation de l'eau de mer, de nombreuses piscines ont été construites pour le développement touristique.
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+ Un aéroport construit dans l'est de l'île, près des plages de Kamari et de Périssa, permet aux petits porteurs de s'y poser et assure l'été une relation quasi permanente avec Athènes et Héraklion.
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+ Les chaussures, ou souliers en Amérique du Nord francophone, constituent un élément d'habillement dont le rôle est de protéger les pieds. Il s'agit également d'un accessoire de mode qui vêt les femmes comme les hommes. Le terme chaussure dérive du verbe chausser, issu du latin calceare « mettre des souliers ». La plus vieille chaussure du monde a 5 500 ans et a été découverte dans une grotte en Arménie.
2
+ La forme des chaussures peut varier à l'infini, notamment en fonction de la mode et du statut social. La matière la plus couramment utilisée pour fabriquer les chaussures est le cuir. L'artisan spécialiste de la réparation des chaussures est le cordonnier, métier qui a fortement décliné dans les pays occidentaux.
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+ Une chaussure se compose principalement du semelage, partie inférieure qui protège la plante des pieds, plus ou moins relevée à l'arrière par le talon et de la tige, partie supérieure qui enveloppe le pied et qui comprend essentiellement l'empeigne (partie avant de la tige d'une chaussure, du cou-de-pied à la pointe, appelée aussi claque), les quartiers (deux pièces formant l'arrière de la tige) et la languette.
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+ Lorsque la tige recouvre la jambe (et maintient la cheville), on parle de bottes. Dans le cas contraire, on parle de soulier.
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+ Plusieurs types de montages existent pour solidariser la partie supérieure d'une chaussure à la semelle[1], comme le Montage Goodyear.
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+ Les chaussures les plus anciennes, faites en écorce d'armoise, auraient plus de 10 000 ans et ont été trouvées dans une grotte de Fort Rock dans l'Orégon (États-Unis)[2].
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+ La « première » chaussure en cuir date du quatrième millénaire avant Jésus-Christ et a été découverte en Arménie. Il s'agit d'une pièce de cuir cousue pour recouvrir un avant pied comme un mocassin[3],[4]. Ötzi, un ou deux siècles plus tard, était équipé de mocassins.
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13
+ Les chaussures ont évolué tout au long de l'histoire du costume et de la mode, selon l’époque. Accessoire pratique, elle est aussi un signe permettant de refléter le statut social[5]. Les chaussures chez les Romains sont l'indice du rang et de la fortune[6]. Les chaussures sont des accessoires d'apparat dans les cours royales, Marie-Antoinette possédait jusqu'à 500 paires.
14
+
15
+ Au XVe siècle, les chaussures à la poulaine sont longues et effilées. Elles étaient conçues pour adhérer le plus près possible des orteils. Ce modèle a ainsi donné naissance aux chaussures à l'orteil qui épousaient parfaitement la forme des orteils. Au XVIe siècle, les souliers à pied d'ours ou bec de canard sont en vogue. Ce sont des souliers très ouverts à large bout carré dont le bout pouvait atteindre 15 cm de large. Ils se fixent sur le cou-de-pied avec une lanière. Au XIXe siècle, les protège-chaussures s'enfilent sur la chaussure pour la protéger des saletés de la rue.
16
+
17
+ Les chaussures à boucle existent en Europe depuis le Moyen Âge (on dit que ce sont les Grecs qui ont inventé les premières chaussures ; c’étaient des sandales, d’abord portées par les empereurs). Il s'agit à l'origine d'un fermoir métallique monté sur les poulaines, plus facile à utiliser que des lacets. Les moines également l’utilisent, ce qui a donné en anglais le nom « mon shoots ». À l'époque contemporaine, elle est un soulier du vestiaire masculin, portée généralement avec un costume[7].
18
+
19
+ Jusqu'à la fin du XIXe siècle, en France, les chaussures esthétiques mais inconfortables reflètent le statut social : les nobles montrent ainsi qu'ils n'ont pas besoin de marcher longtemps, contrairement aux classes moins aisées qui empruntent des chemins en général mal entretenus[8].
20
+
21
+ Certaines chaussures sont portées exclusivement par les femmes
22
+
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+ D'autres chaussures sont à l'inverse portées uniquement par les hommes :
24
+
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+ Le mocassin est porté aussi bien par les hommes et que par les femmes. Les variantes du mocassin sont le loafer (parfois nommé collège) et le penny loafer. Les chaussures dont la tige recouvre la jambe sont la botte et ses variantes : la bottine, le bottillon, et la cuissarde.
26
+
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+ Il existe maintenant des chaussures de type Derby, Richelieu, voire Monk pour femme, adaptées avec un talon.
28
+
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+ Certaines chaussures ont des tiges très légères, comme :
30
+
31
+ Les chaussures portées en intérieur sont :
32
+
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+ Les rangers sont des chaussures en cuir, à long lacets, montant jusqu'au genou ou plus haut. Elles sont utilisées par les armées du monde entier pour leur solidité. Les chaussures de sécurité sont conçues pour protéger les pieds contre les risques de nature électrique, chimique, mécanique, thermique.
34
+
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+ Les chaussures utilisées en danse sont :
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+
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+ Certaines chaussures sont liées au sport ou à la marche :
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+
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+ Certaines chaussures sont étroitement liées à des cultures ou des pays :
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+ Les chaussures orthopédiques permettent de corriger les malformations du pied de façon temporaire ou permanente.
42
+
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+ Plus récemment, d'autres types de chaussures se voulant plus respectueuses du fonctionnement naturel du pied ont fait leur apparition. Développées comme une alternative à la marche et à la course à pied pieds-nus, ces chaussures ont des semelles plus souples et pour certains modèles un compartiment individualisé pour chaque orteil permettant au pied de se mouvoir de façon plus naturelle.
44
+
45
+ La taille des chaussures s'exprime par la pointure. Pour mesurer sa pointure, il faut partir du talon jusqu'à l'extrémité du pied (gros orteil ou deuxième orteil selon leurs tailles respectives). Il existe différentes manières de désigner les pointures selon les pays. En Europe, on utilise un nombre à deux chiffres (généralement compris entre 15 et 50). La longueur de pied correspondant, augmente de 2/3 de cm pour chaque pointure, soit 2 cm pour une pointure de 3[9].
46
+
47
+ La pointure dépend grandement du fabricant (ou de la marque) et du pays pour lequel les chaussures sont destinées. Il n'existe donc pas de réel standard en ce qui concerne les équivalences et correspondances de tailles de chaussures.
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+ Par exemple: La taille 42 en Europe correspond à une taille 9 en Amérique pour la marque Puma (taille américaine) mais la même pointure pour la marque Nike sera équivalente à 8.5[10].
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+
50
+ L'industrie française de la chaussure est une activité traditionnelle en France.
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+
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+ Mais en 2011, les fabricants de chaussures chinois se tournent vers le marché haut de gamme européen[11] profitant de la suppression des droits anti-dumping de l'Union Européenne. 1 200 entreprises chinoises sont concernées par cette problématique.
53
+
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+ La société Aokang Group Co est l'une des principales sociétés de chaussure de Chine. Ces sociétés sont situées dans le pôle de fabrication et d'exportation de chaussures qui se trouve dans la Province du Zhejiang.
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+
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+ L'union européenne a soumis les chaussures en cuir fabriquées en Chine populaire à des droits anti-dumping à un taux de 16,5 %, dès 2006, pour une durée initiale de deux années qui a été étendue jusqu'en mars 2011. Vers 2011, la Chine a exporté 20 000 paires de chaussures en cuir vers l'Europe, en peu de temps. L'industrie chinoise travaille pour des marques européennes comme Geox, Sixty, Camel et Wortmann.
57
+
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+ La société Kameiduo Group Co, Ltd emploie 3 000 personnes dans la Province du Sichuan.
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+
60
+ En 2009, la Chine produit 56 % de la chaussure mondiale et compte 20 000 entreprises de fabrication de chaussures qui emploient directement 3,5 millions de personnes pour fabriquer 10,6 milliards de paires de chaussures chaque année. La Chine exporte 80 % de sa production pour un montant de 24,5 milliards de dollars, essentiellement vers les États-Unis et l'Union Européenne[12].
61
+
62
+ Selon le site de vente en ligne Spartoo.com, le premier marché au monde de la chaussure en 2011 est le marché européen qui pèse 50 milliards d’euros annuels. Un Européen achète en moyenne 4,2 paires de chaussures par an, dépensant 100 euros. « L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne trustent les cinq premières places ainsi que 70 % du marché. En Asie, la moyenne ne dépasse pas 2,7 paires — alors que 90 % des chaussures mondiales y sont produites contre 6 % en Europe — tandis que le continent américain est à 5,8 paire[13] ».
63
+
64
+ De nombreuses chaussures, notamment les baskets, sont fabriquées dans les pays asiatiques où les conditions de travail sont difficiles et la dignité des travailleurs peu respectée.[réf. nécessaire]
65
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+ Certaines chaussures utilisent également des matériaux parmi les plus polluants, coton, cuir tanné au chrome, plastiques et synthétiques[réf. nécessaire]. Le tannage aux sels de chrome n'est pas dangereux en soi, il est appliqué industriellement depuis le début des années 1900. Par contre, les conditions opératoires en sont strictes : faibles marges de variation, mise en œuvre de produits nombreux parfaitement connus, conduite systématique et respect des durées pour chaque opération, pratique de nombreux contrôles avant et pendant le tannage.(Centre Technique du Cuir). Sa sécurité dépend donc de sa mise en œuvre et du retraitement des agents polluants. Concernant les nouvelles alternatives, voir Veja.
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+
68
+ En 2006, la main d'œuvre nécessaire à la fabrication d'une chaussure de sport coûte environ 50 centimes d'euros.[réf. nécessaire]
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70
+ L'étiquetage des chaussures est réglementé par la directive 94/11/CE (directive «articles chaussants»)[14].
71
+
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+ Il indique de manière simple avec des pictogrammes la composition de la Tige (extérieur), la doublure et la semelle intérieure ainsi que la semelle extérieure. Il existe quatre pictogrammes le cuir (une peau), le cuir enduit (une peau et un petit losange), le textile (un bout de tissus carré) et les autres produits (un grand losange).
73
+
74
+ La chaussure étant associée à la marche et au déplacement, des chaussures sont liées à des personnages de fiction, leur conférant des pouvoirs exceptionnels, que l'on retrouve dans les mythologies, les contes et légendes traditionnels.
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+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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+ Ordre
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+
5
+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
9
+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
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23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
24
+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
28
+
29
+
30
+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
33
+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
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66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
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107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
258
+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
259
+
260
+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
261
+
262
+ Armes de Barcelone.
263
+
264
+ Armes de Valence (Espagne).
265
+
266
+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
267
+
268
+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
269
+
270
+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
271
+
272
+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
273
+
274
+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
275
+
276
+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
277
+
278
+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
279
+
280
+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
281
+
282
+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
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+
284
+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
285
+
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+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
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+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
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+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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+
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+ Ordre
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+
5
+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
9
+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
+
23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
24
+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
28
+
29
+
30
+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
33
+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
+
66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
+
107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
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+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
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+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
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+ Armes de Barcelone.
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+ Armes de Valence (Espagne).
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+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
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+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
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+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
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+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
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+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
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+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
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+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
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+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
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+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
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+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
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+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
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+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
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+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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+ Ordre
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+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
9
+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
+
23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
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+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
28
+
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+
30
+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
33
+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
+
66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
+
107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
258
+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
259
+
260
+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
261
+
262
+ Armes de Barcelone.
263
+
264
+ Armes de Valence (Espagne).
265
+
266
+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
267
+
268
+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
269
+
270
+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
271
+
272
+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
273
+
274
+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
275
+
276
+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
277
+
278
+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
279
+
280
+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
281
+
282
+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
283
+
284
+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
285
+
286
+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
287
+
288
+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
289
+
290
+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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292
+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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2
+
3
+ Un chef d'orchestre est un musicien chargé de coordonner le jeu des instrumentistes des orchestres symphoniques, de jazz, d'harmonie, de bagad ou de fanfare. Sa tâche consiste, sur le volet technique, à rendre cohérent le jeu de l'ensemble des musiciens par sa gestuelle, notamment en leur imposant une pulsation commune. Il règle par ailleurs l'équilibre des diverses masses sonores de l'orchestre. Sur le volet artistique, c'est à lui que revient la tâche d'orienter l'interprétation des œuvres, un processus qui s'étend à partir du choix du répertoire, de la première répétition jusqu'à la représentation finale.
4
+
5
+ Arturo Toscanini disait en substance : « Le chef d'orchestre est un prisme, une sorte de diamant, par lequel passent les faisceaux de toutes les individualités de l'orchestre »[réf. nécessaire]. De même, si le metteur en scène est au texte théâtral un intermédiaire au service du dramaturge, le chef d'orchestre est à l'œuvre orchestrale un intermédiaire au service du compositeur.
6
+
7
+ Le chef d'orchestre peut être « permanent » ou « invité ». Dans le premier cas, un contrat le lie à l'orchestre, avec lequel il doit effectuer un certain nombre de concerts ou d'enregistrements dans l'année. Il participe également à l'administration de la phalange, aux recrutements des nouveaux membres et établit son programme. Le chef invité ne l'est que pour une courte période correspondant aux répétitions et à l'exécution d'un ou de quelques concerts.
8
+
9
+ Le travail proprement dit du chef d'orchestre se divise en trois phases : la préparation, la répétition et le concert.
10
+
11
+ Durant cette phase, le chef d'orchestre acquiert une grande connaissance et une grande compréhension de l'œuvre à diriger. On pourrait dire que c'est la partie « structurante » de son travail.
12
+
13
+ Le chef analyse consciencieusement la structure de la pièce musicale, sa construction harmonique et son essence musicale. Il en retire une sorte d'« axe de lecture », qu'on appelle l'« interprétation ». C'est généralement une vision personnelle, une manière de comprendre le travail d'un autre. Une bonne interprétation traduit au plus près les intentions du compositeur, en exploitant au maximum les libertés laissées aux interprètes, justement[1].
14
+
15
+ À partir de cette compréhension, le chef d'orchestre cherche ensuite à apprendre et à intégrer les gestes qui communiqueront au mieux aux musiciens de l'orchestre la pensée du compositeur.
16
+
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+ Après cette phase de préparation, le chef est prêt à faire travailler l'œuvre par les musiciens. Il est généralement l'organisateur du plan de répétition : timing, section de partition à travailler plus particulièrement, recherche de l'équilibre du son... Il peut aussi, par exemple, convoquer l'ensemble de l'orchestre, ou des pupitres séparés, comme vents d'un côté et cordes de l'autre. Si l'œuvre à interpréter comporte un soliste, il fait généralement travailler l'orchestre seul avant l'arrivée du soliste afin de rechercher un son d'ensemble et une cohérence musicale. Au bout du compte, il doit obtenir le son voulu, l'interprétation exacte qu'il désirait atteindre.
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+
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+ Cette phase, comme la phase suivante, requiert autant de qualités musicales que de qualités de communication avec les musiciens qui composent l'orchestre : communication gestuelle et diplomatie, bonne relation humaine afin de réduire tout stress, sensibilité musicale.
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+ En phase de concert, le chef d'orchestre a plusieurs outils pour communiquer avec ses musiciens, le principal étant ses gestes. Ses bras indiquent principalement :
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+ Le chef d'orchestre ne néglige pas pour autant son expression faciale, qui pourra indiquer des subtilités supplémentaires : caractère du mouvement, nuance ou ambiance générale de l'œuvre.
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+ Ainsi, on distingue dans l'action de diriger un orchestre deux catégories distinctes de gestes :
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+ Ce sont souvent les gestes de la deuxième catégorie qui donnent son caractère à la direction d'un chef d'orchestre :
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+ « Furtwängler remplace à peu près tous les signaux impératifs et volontaires […] par des gestes expressifs […]. Avant de battre la mesure, il s'avise qu'il ne plaît peut-être point à la mesure d'être battue. Il renonce donc très souvent à "faire savoir" les départs aux musiciens par le geste de convention. Mais il ne le leur suggère qu'avec plus de précision. Et les musiciens partent avec une simultanéité absolue et, partant sous une impulsion directe et non pas « par ordre » […]. »
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+
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+ — Fred Goldbeck, La Revue musicale, no 147, juin 1934.
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+
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+ En concert, le chef est donc capable de "corriger" l'interprétation brute émise par les musiciens, en direct et discrètement... puisqu'il tourne généralement le dos au public. Le chef pourra également rattraper un décalage — rythmique, ou concernant la justesse — au moment même où celui-ci intervient.
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+
35
+ Les chefs d'orchestre sont généralement formés en conservatoire : la formation comprend des cours d'harmonie, de solfège, d'orchestration, de pratique devant l'orchestre et de pédagogie.
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+
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+ Le bâton de direction, utilisé pendant l'époque baroque, a laissé la place à la baguette, dont l'usage n'est plus du tout systématique. Le bâton de direction servait surtout à taper la pulsation commune à l'ensemble des musiciens (Jean-Baptiste Lully en est mort après s'en être donné un violent coup sur le pied). Cet usage s'est perdu à l'époque classique et les musiciens ont été dirigés soit par le claveciniste (quand il y avait un continuo), soit par le premier violon. Ce dernier donnait des indications avec son archet : respirations, coups d'archet, phrasé, attaques, etc. La partie la plus visible de l'archet était la mèche de par la couleur blanche des crins. Quand les fonctions de premier violon et de chef se sont séparées, cette ligne blanche de direction s'est matérialisée par une baguette dont la couleur est aujourd'hui celle du matériau la composant : fibre, carbone, bois ou autre.
38
+
39
+ Le chef d'orchestre dirige généralement depuis un praticable placé au bord de la scène et équipé d'un garde-corps de sécurité. Malgré cette précaution des accidents peuvent se produire. Ainsi, Kurt Masur qui dirigeait l'Orchestre national de France au théâtre des Champs-Élysées, a perdu l'équilibre en se penchant vers les premiers violons ce qui a entraîné sa chute en arrière depuis la scène devant le premier rang de spectateurs[2].
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+
41
+ Au cours des siècles la fonction de chef d’orchestre a été tenue par différentes personnes. Au commencement de la musique dite classique les formations étaient assez petites pour qu’un des musiciens de l’orchestre dirige ou que le groupe n’ait pas besoin de chef. Ainsi le premier violon ou le claveciniste pouvaient jouer ce rôle. L’orchestre prenant de l’ampleur il a fallu aménager un poste propre à ce chef d’orchestre. Beaucoup de compositeurs dirigeaient ainsi certaines de leurs œuvres avec plus ou moins de succès (Mozart, Beethoven…).
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+
43
+ Le musicien considéré par la plupart des musicologues comme le premier chef d’orchestre de métier fut Hans von Bülow, pianiste de formation et compositeur, mais surtout connu pour avoir suivi Wagner en créant notamment Tristan et Isolde et en instituant le poste de chef d’orchestre. À partir de von Bülow le métier de chef d’orchestre émerge et l’ampleur prise par les œuvres de la fin du XIXe siècle (les symphonies de Bruckner ou de Mahler par exemple) le rend indispensable. Il ne faut pas oublier le rôle essentiel d'Hector Berlioz dans l'histoire de la direction d'orchestre. Ce dernier, après avoir révolutionné l'orchestre moderne dans son Grand Traité d'Instrumentation et d'Orchestration a été le premier - avant Hans von Bülow - à bien saisir l'importance de l'équilibre scénique grâce à sa vision spatiale de la musique. Il a d'ailleurs rédigé un ouvrage dans lequel il explique comment il faut diriger convenablement, Le Chef d'orchestre, Théorie de son Art[3].
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+
45
+ Parmi les chefs d’orchestre les plus connus certains se sont presque exclusivement consacrés à la direction lorsque d’autres ont mené de front plusieurs carrières. Dans la première catégorie nous pourrons citer Hans Richter, Arturo Toscanini ou Herbert von Karajan ; dans la seconde Gustav Mahler, Leonard Bernstein ou Daniel Barenboim, compositeurs pour les deux premiers, pianiste pour le dernier.
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47
+ Historiquement, on trouve très peu de femmes chefs d’orchestre. Florence Launay, auteur d'une thèse de référence sur les femmes compositeurs en France au XIXe siècle, n'a relevé le nom que d'une dizaine de femmes dirigeant entre 1789 et 1914[4] (sur la même période, elle a dénombré environ un millier de compositrices)[5]. Ces pionnières sont : Laure Micheli (vers 1860), Mme Maquet (vers 1900), Charlotte Bérillon (vers 1912), Magdeleine Boucherit Le Faure, à la tête d’un orchestre parisien en 1913. On peut aussi rencontrer des compositrices dirigeant leurs propres œuvres : Armande de Polignac (La Petite Sirène, à l'Opéra de Nice en 1907), Juliette Folville (Atala, au Théâtre municipal de Lille en 1892).
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+
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+ Au cours du XXe siècle, le rôle de chef s'est progressivement féminisé et on a vu apparaître plusieurs générations de femmes tenant la baguette. Les toutes premières femmes à s'imposer ont été Nadia Boulanger et Jane Evrard. Alors que la classe avait ouvert en 1914, un premier prix de direction d'orchestre de Conservatoire de Paris a pour la première fois été attribué à une femme en 1952 : la suissesse Hedy Salquin[6]. De nos jours, il est possible de citer Marin Alsop, Claire Gibault, Susanna Mälkki, Nathalie Stutzmann, Zahia Ziouani.
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+
51
+ La présence de femmes à la direction d'orchestre demeure rare : une étude de la SACD portant sur les institutions publiques françaises montre que, durant la saison 2013-2014, seuls 17 concerts seront dirigés par des femmes contre 557 par des hommes[7]. En 2001, est créé l'association « Femmes Maestos », à l'instigation de Zofia Wislocka[8].
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+ Le 26 mars 2013, le collectif La Barbe « s’invite » à la salle Pleyel afin d'attirer l'attention sur le faible nombre de femmes chefs d'orchestre[9]. Parmi les formations invitées pour la saison 2013-2014[10],[11] à la salle Pleyel, sur 102 noms de chefs d’orchestre, 99 sont masculins[12]. Les trois femmes chefs invitées cette saison-là sont Laurence Equilbey, Claire Gibault et Nathalie Stutzmann.
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+
55
+ Negin Khpalwak (née en 1997 à Kounar, Afghanistan) est la première Afghane à être devenue chef d’orchestre. Depuis sa création en 2014, elle dirige le Zohra, premier orchestre féminin d’Afghanistan. En février 2017 le groupe de jeunes femmes a joué au Forum économique mondial de Davos en Suisse[13].
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+ Les obstacles symboliques seraient considérables : Florence Launay tente un rapprochement entre l'absence de femmes au pupitre et leur absence dans la prêtrise, dans la plupart des religions[14].
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+ Le fait même qu'une femme puisse mener une carrière de chef d'orchestre est encore l'objet de discussions et de polémiques. En septembre 2013, selon le magazine Causette, Vasily Petrenko affirmait qu'en Russie, « une jolie fille sur l'estrade pouvait déconcentrer les musiciens »[15]. De son côté, dans une interview à France Musique en octobre 2013, le directeur du Conservatoire de Paris, Bruno Mantovani, expliquait que les femmes ne sont « pas forcément intéressées » par le métier de chef d'orchestre, qui « est compliqué ». D'autant qu'une telle carrière pour une femme nécessiterait selon lui d'« assurer le service après-vente de la maternité, élever un enfant à distance, ce n'est pas simple »[16].
60
+
61
+ Un orchestre peut-il se passer de chef ? Cette situation est courante dans les petits ensembles (ensemble de musique de chambre, petit ensemble de jazz, ensemble baroque), mais plus difficile à concevoir pour de plus grandes formations.
62
+
63
+ Il existe cependant des exemples d'orchestres symphoniques sans chef. De 1922 à 1932, une telle formation a existé en URSS de, le Persimfans (l'abréviation du russe « Perviy Simfonicheskiy Ansambl bez Dirizhora » - Premier ensemble symphonique sans chef). Sa disposition était particulière : les musiciens se réunissaient de sorte à former un cercle de musiciens, certains devant tourner le dos au public. Les plus grands musiciens de l'époque ont collaboré avec eux, et cet ensemble réclamait énormément de répétitions[réf. nécessaire].
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+
65
+ En France, l'ensemble Dissonances joue également officiellement sans chef d'orchestre[17]. Présentant un enregistrement de la Cinquième de Beethoven, son créateur, le violoniste David Grimal, explique dans une interview donnée à Slate.fr que jouer cette œuvre sans chef est « emblématique de l’esprit révolutionnaire du compositeur ». Il ajoute que « l’organisation du travail et de l’échange musical symbolise un modèle social différent, où chacun des musiciens a son rôle dans l’élaboration du résultat final. […] Dans notre société qui privilégie les chefs de tous ordres à travers une organisation pyramidale des rapports sociaux et économiques, on peut parler d’une proposition alternative »[18]. Dans la réalité, c'est néanmoins bien le premier violon (ici David Grimal) qui se retrouve à diriger.
66
+
67
+ Plus couramment, le rôle de chef d'orchestre peut être cumulé avec celui de soliste (pour un concerto typiquement) ou d'un autre musicien – par exemple dans les ensembles de musique baroque, parfois dirigés par le premier instrumentiste d'un pupitre, ou dans les big bands de jazz, souvent dirigés par leur fondateur quel que soit son instrument (piano, trompette, batterie…).
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+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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+
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+ Ordre
4
+
5
+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
9
+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
+
23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
24
+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
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+
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+
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+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
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+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
+
66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
+
107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
258
+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
259
+
260
+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
261
+
262
+ Armes de Barcelone.
263
+
264
+ Armes de Valence (Espagne).
265
+
266
+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
267
+
268
+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
269
+
270
+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
271
+
272
+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
273
+
274
+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
275
+
276
+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
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+
278
+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
279
+
280
+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
281
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282
+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
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284
+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
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+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
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+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
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+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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+ Chiroptères • Chauves-souris, Chauvesouris
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+ Ordre
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+ Les Chiroptères (Chiroptera), appelés couramment chauves-souris ou chauvesouris[n 1], sont un ordre de mammifères placentaires comptant près de 1 400 espèces, soit un quart des près de 5000 espèces de mammifères connues ; avec 175 genres regroupés en 20 familles[1],[2],[3]. C'est le groupe de mammifères le plus important après celui des rongeurs (Rodentia)[4],[5]. Ces animaux nocturnes volants sont souvent capables d'écholocation (capacité surtout développée chez les microchiroptères insectivores ; essentiellement actifs la nuit, ils se dirigent dans l'obscurité en émettant des ultrasons dont ils captent la réflexion, écholocalisant ainsi leurs proies et les obstacles. Les mégachiroptères, quant à eux, se fient plus à leur vue et à leur odorat).
6
+
7
+ Les chiroptères sont les seuls mammifères doués du vol actif, à distinguer du vol plané que pratiquent les écureuils volants, les phalangers ou les galéopithèques[6]. Ils se déplacent dans les airs grâce à une aile formée d'une membrane de peau entre le corps, les membres et les doigts. La plupart des espèces ne se posent qu'exceptionnellement au sol et s'y meuvent maladroitement. Ils se reposent en se suspendant aux aspérités par les griffes des orteils.
8
+
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+ Deux sous-ordres étaient classiquement admis : les Microchiroptères aux petits yeux et aux grandes oreilles et les Mégachiroptères aux grands yeux et aux petites oreilles[7]. Les Microchiroptères comportent 17 familles, environ 146 genres et 814 espèces, de petite taille relative, capables d’écholocation et les Mégachiroptères ne comportent qu'une famille avec environ 41 genres et 170 espèces dont les fameuses roussettes, de grande taille relative (Dobson 1875). Récemment, sur des bases moléculaires, l’ordre a été redécoupé en deux nouveaux sous-ordres pour rompre la paraphylie des Microchiroptères : les Yinpterochiroptera et les Yangochiroptera (Teeling et al. 2002, Teeling et al. 2005).
10
+
11
+ Dans les zones anthropiques ou de déforestation, de nombreuses espèces de chiroptères sont en forte régression ou ont localement disparu. Certaines font l'objet de plans de restauration ou bénéficient d'un statut de protection, dont en France.
12
+
13
+ Dans la culture populaire, l'image de la chauve-souris peut être bénéfique ou maléfique selon les pays. À cause de leur aspect étrange et de leur vie nocturne et, par voie de conséquence, du mystère qui entoure leur mode de vie, elles sont souvent victimes d'idées reçues qui leur ont valu longtemps d'être persécutées.
14
+
15
+ Chiroptère signifie littéralement « mains ailées ». Il est composé de chiro et de ptère, empruntés respectivement aux noms grecs χειρ, kheir, « main » et πτερὸνμμ, pteron, « aile »[8].
16
+
17
+ Historiquement l'appellation de cheiroptère a été donnée par Georges Cuvier en 1798, dans son Tableau élémentaire de l'histoire naturelle des animaux (« Mammifères carnassiers volans » ou cheiroptères[9]). En 1838, elle devient chiroptère (Ac. Compl. 1842)[10].
18
+
19
+ Les os de l'avant-bras, les métacarpes et les phalanges du deuxième au cinquième doigt sont très allongés. Ils forment la structure de l'aile dont la surface portante de l'aile (ou patagium) est un repli de peau contenant un très grand nombre de vaisseaux sanguins, de nerfs et de muscles. Le tissu qui forme l'aile des chiroptères est l'un de ceux qui se régénère le plus rapidement dans tout le règne animal[11]. Sa forte vascularisation permet la régulation thermique par contact avec l'air lors de l'activité. Le vol des chauves-souris serait encore plus efficient et sobre en consommation d'énergie que celui des oiseaux (moindre consommation d'oxygène) comparables en taille ou type de vol. Des tests en soufflerie réalisés en Suède et aux États-Unis avec des chauves-souris nectarivores ont montré que, comme les insectes, elles optimisent leur vol lorsque leurs ailes s'abaissent en gérant au mieux les microturbulences du bord d'attaque des ailes qui confèrent jusqu'à 40 % de la poussée.
20
+
21
+ Le pouce n'est pas compris dans le patagium et est pourvu d'une griffe. La membrane située entre le talon, l'extrémité de la queue et le bassin – que l'on nomme uropatagium – peut servir, lorsqu'elle est large, à attraper les insectes ou accueillir les petits pendant la mise bas. Comme chez les oiseaux, le sternum forme une crête (le bréchet) où s'attachent les puissants pectoraux.
22
+
23
+ Les espèces du genre Thyroptera possèdent des ventouses qui leur permettent d'adhérer à des surfaces très lisses[12],[13].
24
+
25
+ Les chiroptères disposent de capacité de communication en grande partie dans un spectre non accessible à l'oreille humaine (ultra-sons) participant aussi à l'écholocation. Selon les espèces les chiroptères émettent des sons différents, qui sont propres à l'espèce, mais qui peuvent également être entendus par d'autres chauves-souris, congénères ou d'autres espèces. (voir plus bas)
26
+
27
+ Des scientifiques ont récemment observé que certaines chauves-souris gazouillent aussi parfois à la manière d'oiseaux, émettant des chants composés de « trilles multisyllabiques et de gazouillis dans des combinaisons et des rythmes spécifiques (...) aussi complexes que les chants d'oiseaux chanteurs »[14]. Plusieurs chiroptérologues (Kirsten Bohn, Michael Smotherman, et d'autres) ont montré que (comme chez de nombreux oiseaux chanteurs) les chanteurs sont la plupart du temps chez les chauves-souris des mâles vivant au sein de sociétés où les mâles sont polygames[14]. Une hypothèse est qu'ils chantent pour faire leur cour aux femelles et défendre leurs territoires. Il semble que leurs chants ne soient pas innés, mais qu'ils fassent l'objet d'un apprentissage vocal (comme le chant complexe des oiseaux et la parole humaine)[14].
28
+
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+
30
+
31
+ La majorité des chiroptères se dirigent grâce à l'écholocation, un système de localisation fonctionnant sur un principe similaire à celui du sonar : ils émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles.
32
+
33
+ Dès 1791, le savant et évêque de Pavie, Lazzaro Spallanzani a démontré que, aveuglée, la chauve-souris pouvait encore se déplacer efficacement, mais rendue sourde, elle n'en était plus capable. Un siècle et demi plus tard, en 1938, Griffin encore étudiant, plaça des chauves-souris devant un microphone que G. W. Pierce avait conçu pour être capable d’enregistrer des ondes sonores dont la fréquences se situait au-delà de la perception humaine. Il observa que les chauves-souris émettaient des « clics » brefs qui possédaient un énorme niveau de pression acoustique[7].
34
+
35
+ Les chauves-souris produisent des cris en ultrasons[n 2] en faisant vibrer leurs plis vocaux. Ces vibrations acoustiques sont ensuite amplifiées dans les résonateurs situés dans le nez et la gorge et filtrées en fréquence. Les Vespertilionidés émettent le son par la gueule tandis que les Rhinolophidés le font par les narines. Les premiers sont plus aptes pour les signaux en fréquences modulées et les seconds pour les fréquences constantes. La nature du signal émis varie aussi selon le comportement de l’animal. Les signaux sont différents, s’il vole en transit sur un itinéraire connu, dans un milieu encombré, en action de chasse ou en capturant des proies[15].
36
+
37
+ La durée typique d’un cri est de 5 ms. Les impulsions sonores doivent être très courtes car, pendant l’émission, le récepteur est sursaturé et ne peut capturer l’écho notablement plus faible. Le chevauchement entre le cri et l’écho aboutit à dresser une « fenêtre aveugle » devant la chauve-souris[n 3]. Quand elle s’approche de sa proie, elle réduit encore la durée de son cri pour diminuer la fenêtre aveugle. De nombreuse chauves-souris peuvent raccourcir leur cri jusqu’à 0,3 ms dans la phase finale d’approche, avant la capture, ce qui correspond à une fenêtre aveugle de seulement 5−6 cm[7]. Cette rafale de la phase finale d’approche, provient de la contraction de muscles laryngés jusqu'à 200 fois par seconde, ce qui en fait les muscles squelettiques les plus rapides des mammifères[16]
38
+
39
+ Russo et Jones[17] ont proposé une classification des cris de 22 espèces de chauves-souris enregistrés en Italie. Nous pouvons voir sur le schéma ci-contre quatre types importants. Les cris des Noctuelles (Nyctalus) et pipistrelles (et autres Vespertilionidés) se caractérisent par une modulation de fréquence abrupte (FM) suivie par une fréquence quasi-constante (QCF). Les Rhinolophidés émettent des cris typiques FM/FC/FM, c'est-à-dire une longue composante à fréquence constante FC, précédée et suivie par de brefs cris à fréquences modulées FM. L'analyse de l'écholocation des Rhinolophes est très différente de l'esquisse présentée ci-dessus.
40
+
41
+ Les oreilles, dont certaines peuvent être très grandes et pourvues d'un tragus, servent de récepteurs.Les Ptéropodidés mettent en œuvre ce sens d'une manière différente et moins performante de celle des autres chiroptères.
42
+
43
+ L'écho qui résulte des ultrasons émis permet à ce petit mammifère de localiser les objets, d'en déterminer la taille et le mouvement avec une précision extraordinaire. Des tests sur un chiroptère africain ont montré qu'il pouvait entendre les pas d'un coléoptère marchant sur le sable. Attraper au filet à mailles un petit Rhinolophe est impossible, il détecte un fil de 0,1 mm de diamètre à 10 m de distance !
44
+
45
+ D'après des études menées en 2006[18],[19], comme d'autres espèces douées d'un bon sens de l'orientation (oiseaux migrateurs par exemple) elles utilisent également un minéral magnétique appelé magnétite comme « boussole interne » pour s’orienter grâce au champ magnétique terrestre.
46
+
47
+ Les chauves-souris ne sont pas aveugles et il semble qu'elles aient une vue bien adaptée aux conditions nocturnes. Elles peuvent être éblouies ou perturbées par l'éclairage artificiel extérieur (phénomène dit de pollution lumineuse)[20].
48
+ La possibilité d'attraper des chauves-souris au filet tient au fait que l'écholocation n'est utilisée que lors de la chasse ou de déplacements en terrain non connu. Les déplacements connus (dans les galeries pratiquées chaque jour ou lors d'approche de territoires de chasse parcourus régulièrement) sont alors effectués sans écholocation ou en espaçant considérablement les émissions d'ultrasons. Les émissions sonores nécessaires pour l'écholocation représentent en effet une dépense énergétique très importante et les chauves-souris peuvent de la sorte économiser leurs réserves énergétiques.
49
+
50
+ Il peut prendre des formes très variées.
51
+
52
+ Les Pteropodidés ont un museau pointu rappelant celui des Canidés.
53
+
54
+ Certaines chauves-souris ont un nez parfois surmonté d'une curieuse feuille verticale.
55
+
56
+ La déjection de chauves-souris d'Europe est semblable aux crottes de souris. La distinction se fait à la main : frottée entre deux doigts, celle de la souris s'écrase, celle de la chauve-souris s'effrite. À l'œil, on voit également dans la crotte de chauves-souris des résidus brillants (aile et élytre d'insectes). Ce guano de chauves-souris est un excellent engrais mais il faut le couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes.
57
+
58
+ Les mégachiroptères sont surtout crépusculaires, ne se déplacent guère la nuit et se dirigent surtout grâce à leurs yeux et leur odorat. Les microchiroptères sont nocturnes et se servent surtout de l'écholocation pour chasser et se repérer la nuit. Une étude en 2011 portant sur leurs dépenses énergétiques et leur température corporelle explique cette activité nocturne : leurs déplacements de jour provoquent en effet une trop grande surchauffe (par leurs ailes membraneuses nues et sombres qui absorbent efficacement les ondes courtes du rayonnement solaire) et un surcoût métabolique (modification de la cinématique du battement d'ailes pour évacuer ce surplus de chaleur)[21].
59
+
60
+ Les chauves-souris dorment en général 20 heures par jour, la tête en bas.
61
+
62
+ Les mégachiroptères se nourrissent de fruits, de fleurs et de pollen.
63
+
64
+ Les microchiroptères se servent de l'écholocation pour trouver leur nourriture. Leur régime alimentaire est très varié, mais provient essentiellement du « plancton aérien ».
65
+
66
+ Les chauves-souris d'Europe sont exclusivement insectivores, ce qui explique en grande partie leur déclin[22]. Leur régime alimentaire est identique à celui de l'hirondelle de cheminée ou du martinet noir : tout ce qui est petit et vole. Elles débarrassent de tonnes de moustiques chaque année. Lorsqu'elles tournent au-dessus des têtes, assez près souvent, c'est pour consommer le nuage de moucherons ou moustiques qui se développe au-dessus des gens[réf. nécessaire].
67
+
68
+ Certaines chassent en vol comme les pipistrelles ou les barbastelles, d'autres comme les rhinolophes chassent à l'affût, pendues à la branche d'un arbre.
69
+
70
+ Les chauves-souris d'Europe vivent dans des endroits remplis d’insectes l’été, mais déserts l’hiver. Elles doivent alors hiberner, en attendant des jours meilleurs dans des endroits à humidité fixe et chauds (en relatif par rapport à l'extérieur froid) comme les grottes, mais un vieux tronc ou une maison non chauffée feront l’affaire. Certaines aiment avoir de l’espace, d’autres au contraire se serrent les unes aux autres pour garder la chaleur. Elles baissent leur température de 38 à 17 °C. La différence de température entre la cavité (tout au plus 10 °C) et le corps (environ 17 °C) provoque une condensation de l'humidité à la pointe des poils (rosée) ; si la condensation est trop importante, la chauve-souris doit se réveiller et se lécher (ceci explique que pour éviter cela la chauve-souris choisit un taux d'hygrométrie lui convenant bien et présentant une stabilité certaine). La pulsation cardiaque descend à moins d'un battement par minute. Vers la fin de l’hiver certaines chauves-souris peuvent être atteintes de troubles du système nerveux, parfois mortels. Réveiller une chauve-souris en pleine hibernation risque fortement de la tuer (trop grosse consommation d'énergie pour le réveil, petit tour glacial dehors et absence de nourriture). Si vous découvrez une hibernante, reculez tranquillement sans bruit et laissez-la en paix (d'autant que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France).[réf. nécessaire]
71
+
72
+ En Europe, on ne recense que 38 espèces de microchiroptères, essentiellement insectivores appartenant à quatre familles : 1 Molossidé, 5 Rhinolophes, 31 Vespertilionidaes et 1 Miniopteridae. 33 de ces espèces sont encore présentes en France métropolitaine, mais souvent de manière isolée et en petites populations. Elles bénéficient toutes d’une protection nationale[24].
73
+
74
+ Une bonne connaissance de leurs exigences écologiques permet déjà de préserver leurs gîtes traditionnels d'hibernation connus en particulier les grottes et les ouvrages souterrains (forts militaires, sapes, etc., carrières souterraines, mines désaffectées, etc.) et, pour remplacer la disparition de certains autres gîtes d'été, l'installation de nichoirs (briques creuses sous les ponts, bûches creuses dans les milieux arborés ou planchettes dans les greniers). Le taux de colonisation de tels nichoirs est cependant très variable en fonction du type de nichoir, de leur position et de la région où ils ont été posés (« ces dames » sont très difficiles pour se loger et encore plus pour élever leurs petits).
75
+
76
+ Une partie des espèces de chauves-souris est migratrice.
77
+
78
+ En Europe de l'Ouest, par exemple, au moins quatre espèces de chauves-souris sont migratrices sur de longues distances (déplacement de plusieurs centaines à plus de 3 000 - 4 000 km parcourus) : Vespertilio murinus, Pipistrellus nathusii, Nyctalus noctula et Nyctalus leisleri[25]
79
+ Début 2008, aucune donnée sur la très rare Grande noctule n’a pu valider ou invalider son éventuel statut de migratrice ou non-migratrice.
80
+
81
+ Les Chauves-souris en migration comme beaucoup d'oiseaux longent certains littoraux[26], mais traversent facilement des deltas[27], détroits, bras de mer ou petites mers. Les premières données disponibles, utilisant notamment le suivi ultrasonore[28] ont par exemple montré en Europe de l'Ouest des migrations fréquentes sur un axe principal NE-SW et une espèce a été détectée sur un axe presque nord-sud traversant la mer Noire. Des données récentes[29] laissent penser que certains groupes de Pipistrellus pipistrellus au moins pourraient également migrer sur des distances importantes.Un suivi par radar[30] a montré en Europe du Nord qu'au-dessus de la mer, les chauves-souris volent généralement à basse altitude, même pour Nyctalus noctula (dans ce cas à 10 m au-dessus de la surface, alors qu'elle vole habituellement en hauteur, bien que quelques individus aient été vus à plus de 40 m d'altitude).Les observations directes et automatiques ont détecté 11 espèces (sur 18 espèces potentiellement présentes) qui ont survolé l'océan à 14 km du rivage. Les détecteurs d'ultrasons ont montré que toutes les chauves-souris utilisaient leur sonar lors de ces migrations en mer, et souvent avec des fréquences légèrement plus faibles et des intervalles de pulsations plus longs que ceux utilisés sur les terres. L'altitude de vol était le plus souvent d'environ 10 m au-dessus de la mer. Les auteurs de ces études estiment que les chauves-souris doivent utiliser d'autres systèmes sensoriels de navigation à longue distance (dont le champ magnétique terrestre[31], mais qu'elles utilisent aussi les échos renvoyés par la surface de l'eau pour maintenir leur hauteur de vol et s'orienter dans l'environnement immédiat. Les chauves-souris migrantes, comme les résidentes s'alimentent au-dessus de la mer dans les zones où les insectes sont abondants dans l'air et aussi de crustacés dans les eaux de surface. Quand elles chassent les insectes ou migrent à proximité de grands objets verticaux tels que les phares ou éoliennes offshore, le radar a montré que les chauves-souris changeaient rapidement d'altitude. Les observateurs ont aussi constaté que quand elles approchaient le phare d'Utgrunden où les scientifiques avaient positionné leur radar, les chauves-souris ont toujours évité la zone proche du phare quand le radar y fonctionnait, ce qui semble confirmer l'aversion aux effets de certains rayonnements électromagnétiques déjà mise en évidence par Nicholls et Racey (2007[32], 2009[33]). Le Radar montrait que N. noctula passait d'une altitude basse au-dessus de la surface de l'eau à une altitude permettant de passer au-dessus d'une éolienne proche en quelques minutes.Ces études ont aussi montré que toutes les chauves-souris peuvent aussi se nourrir d'insectes en mer ; Il peut s'agir d'insectes d'origine continentale emportés en mer par le vent, ou bien d'insectes eux-mêmes en migration, ou encore de chironomidés dits marins (mais qui sont pour la plupart d'origine intertidale[34] bien que quelques espèces de Clunio ou de Pontomyia soient connues pour être adaptées à l'environnement marin (P.cottoni Womersley, P. natans Edwards, P. natans Tokunaga, P. pacifica Tokunaga)[35]).De plus, au moins deux espèces de chiroptères traversant la mer Baltique volent au ras de l'eau et semblent capables d'y capturer, en s'aidant de leurs capacités d'écholocation[36],[37] peut-on supposer), des crustacés en surface (Myotis daubentonii et Myotis dasycneme ; dans des zones sans corrélation apparente avec l'abondance en insectes, la distance au littoral ou la structure sous-jacente des fonds marins. Les espèces consommées pourraient éventuellement être identifiées par analyse des excréments[38] d'un de ces chiroptères, mais qu'il faudrait d'abord capturer.
82
+
83
+ Des recherches basées sur l’étude des rapports isotopiques (du deutérium et de l'oxygène) dans les poils de l’année sont en cours pour mieux comprendre les migrations[39]. La mue se produit annuellement sous l’impulsion d’hormones. Toutes les chauves-souris des régions tempérées font une mue par an, toujours dans le gîte de reproduction[40] et toujours en fin de saison de reproduction pour les femelles... et quelques semaines après pour les mâles. Les chiroptérologues espèrent obtenir des données sur l’emplacement des gîtes estivaux et de reproduction, par analyse des poils de chauves-souris prélevés en automne ou hiver lors de leurs migrations ou sur site d’hivernation. L'empreinte isotopique de ces poils est caractéristique de la zone où vivait l'animal au moment de la mue. Des études de ce type ont déjà permis de préciser les voies et stratégies migratoires de petites migrations d’oiseaux européens sédentaires[41].
84
+
85
+ Étant donné leur mode de vie, les chiroptères comptent peu de prédateurs mais on en retrouve chez les oiseaux, les mammifères, les reptiles (serpents) et même chez les arachnides. En Europe, ces animaux sont occasionnellement la proie de rapaces, de serpents et, plus régulièrement, de chats[42].
86
+
87
+ De façon plus inattendue, il peut advenir que des chauves-souris soient attrapées et dévorées par des araignées. Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université d'Aarhus (Danemark), les cas d'attaque d'araignées sur des chiroptères semblent assez courantes[43],[44].
88
+
89
+ Leurs pires ennemis restent cependant les parasites. Leurs ailes, avec les nombreux vaisseaux sanguins, sont une source de nourriture idéale pour les tiques et les puces. Des insectes hématophages de type Hippoboscidae sont des ectoparasites et vivent toute leur vie sur le corps de leur hôte[45].
90
+
91
+ En Afrique et en Océanie, dans beaucoup de régions, la roussette est pour l'homme un gibier et un plat de choix.
92
+
93
+ La sortie groupée des chauves-souris qui forment des colonies de reproduction comme les sérotines serait une possible stratégie pour diminuer la probabilité individuelle de se faire capturer par leurs prédateurs[46].
94
+
95
+ Les chauves-souris ont un rôle majeur en tant que prédateurs d'insectes ravageurs et nuisibles. Une étude publiée en 2011 dans Science faisait état de pertes pouvant aller jusqu'à 3,7 milliards de dollars par an pour les agriculteurs nord-américains, provoquées en très grande partie par le syndrome du nez blanc décimant les colonies nord-américaines[47],[48].
96
+
97
+ L'université de Floride (Gainesville), envahie par les moustiques, a accueilli dans les années 1990 une expérience sur le sujet. En septembre 1991, une bat house capable d'accueillir 200 000 chauves-souris fut construite avec toit de lattes et de bonnes conditions de température et de circulation d'air, et laissée à la colonisation naturelle après un premier essai de transfert resté infructueux.
98
+
99
+ Au printemps, 18 mâles s'installèrent, suivi par 300 autres mâles dans l'année; il s'agissait de molosses du Brésil. Au printemps 1995, arrivèrent plus de 1 000 femelles qui donnèrent naissance à des centaines de petites chauves-souris. En mai 1998, à peu près 70 000 chiroptères peuplaient la bat house, consommant chaque nuit quelque 60 millions d'insectes réputés nuisibles, ce qui permit de ne plus utiliser le moindre produit chimique et donc de faire d'importantes économies.
100
+
101
+ Cette population de chauves-souris attira de nombreux hiboux et faucons, mais aussi de nombreux guetteurs humains, amateurs de chiroptères et d'oiseaux. Quelques années plus tard, l'expérience fut reconduite avec une autre bat house du côté du lac Alice.
102
+
103
+ Les chauves-souris pourraient être au moins aussi importantes que les oiseaux dans la régulation des populations d'insectes en milieu tropical. Deux équipes indépendantes ont démontré que certaines espèces d'insectes nuisibles proliféreraient si elles n'étaient pas traquées la nuit par les chauves-souris[49].
104
+
105
+ Les espèces de mégachiroptères se nourrissant de nectar sont d'excellents pollinisateurs, d'autres disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol.
106
+
107
+ Certaines espèces d'arbres comme un baobab du genre Adansonia ou bien les arbres à saucisses forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris. Leurs grosses fleurs, à l'odeur nauséabonde pour l'homme, s'épanouissent la nuit et pendent sur le chemin des pollinisateurs.
108
+
109
+ Les chauves-souris sont le second groupe de mammifères en nombre d'espèces ; plus de 200 virus[50] - pour certains zoonotiques mortels - ont été isolés ou détectés chez des chauves-souris[3] ; certaines sont migratrices ; et leur distribution mondiale est très étendue[51]; En outre elles vivent souvent en très grande promiscuité au sein de colonies souvent denses (qui dans quelques cas abritent plus d'un million d'individus) ; certaines grottes, mines, granges, greniers, etc. abritent conjointement plusieurs espèces de chiroptères ; ces grottes peuvent être utilisées depuis des millénaires ; elles peuvent contenir de grandes quantités de guano (exploité comme engrais). Enfin, aucun de ces lieux ne bénéficient des effets désinfectants des rayons UV solaires.
110
+
111
+ Ces caractéristiques font des chiroptères - comme c'est le cas pour les rongeurs, ou pour les oiseaux pour ce qui concerne les grippes aviaires - des vecteurs ou des réservoirs (« hôtes compétents ») pour au moins quelques virus zoonotiques préoccupants pour la santé publique et vétérinaire[3],[52] ; les chiroptères jouent ainsi un rôle écoépidémiologique particulier et d'importance majeure dans le monde animal.
112
+ Les maladies qu'ils véhiculent contribuent à réguler les populations animales, mais sont aussi régulièrement sources de maladies émergentes chez l'Homme[52],[53].
113
+
114
+ Ces maladies peuvent être suivant les cas transmises à d'autres animaux, en particulier aux humains, par contact, léchage ou griffure ou encore par consommation de leur viande. Les chauves-souris ne mordent normalement pas, la rage les poussant cependant parfois à mordre lorsque la maladie en est à un stade avancé.
115
+ Pour ces raisons, par prudence, il est déconseillé de toucher une chauve-souris, surtout si elle présente un comportement anormal, se laisse approcher ou vole difficilement. Il convient de la laisser s'échapper seule ou bien de faire intervenir un service compétent pour la soigner. Le cadavre d'un animal retrouvé mort doit être analysé par un laboratoire spécialisé qui viendra le prendre[54].
116
+
117
+ Les chiroptères sont l'un des vecteurs de la rage et semblent directement ou indirectement (via des espèces-relai), contribuer à l'émergence et/ou à la réémergence de maladies virales parfois capables d'affecter l'Homme[52]. Les récentes épidémies ou pandémies de maladies à coronavirus ont suscité un intérêt pour l'immunologie chez les chiroptères. Il y a de nombreuses raisons à cela[55]. Des chercheurs travaillent à comprendre comment ils coexistent — généralement sans symptômes de maladie — avec ces virus ; probablement grâce à des mécanismes d'immunité innée et adaptative encore à découvrir, pourrait peut-être déboucher sur les thérapies médicales et vétérinaires nouvelles et plus efficaces[52].
118
+ Les progrès de la génomique et de la bioinformatique sont mis à profit pour tenter de découvrir quels sont les gènes de l'immunité chez les chiroptères (par exemple à partir de Pteropus vampyrus et Myotis lucifugus respectivement de grande et de petite taille).
119
+
120
+ Plusieurs études ont mis en avant de légères différences qualitatives et quantitatives dans la réponse immunitaire des chiroptères (par rapport aux mêmes réponses chez les autres mammifères). On cherche si ces différences ont à voir avec la capacité des chiroptères à coexister avec de nombreux virus[52]. Cela est causé par leur système immunitaire performant : les deux protéines P53 et MDM2 sont très efficaces[56].
121
+
122
+ Les chiroptères semblent donc parfaitement adaptés à cette cohabitation. Il existe cependant un réel danger lorsque ces virus passent la barrière des espèces. En effet, la cohabitation avec le système immunitaire hors-norme des chauves-souris rend souvent ces agents infectieux bien plus virulents et enclins à infecter d’autres espèces animales possédant une réponse immunitaire bien moindre. Ceci explique en partie les effets ravageurs qu’ont eus les récentes épidémies et pandémies de ces dernières années, comme celles d’Ebola, de SRAS, ou encore de COVID-19
123
+
124
+ Une étude a montré que des populations de chauves-souris tropicales jouaient un rôle de réservoir pour divers filovirus causes des flambées de fièvre hémorragique associées à des taux de mortalité élevés[57], dont :
125
+
126
+ Les chauves-souris qui en sont parfois porteuses sont susceptibles de transmettre la rage, leurs glandes salivaires pouvant contenir deux formes de virus de la rage, le virus EBL (European Bat Lyssavirus : EBLV-1 (en) et EBLV-2 (en)) et BBL (Bokeloh Bat lyssavirus (en))[60].
127
+
128
+ Il est donc possible, mais très rare, qu'un humain contracte la rage de la chauve-souris (attention, il ne s'agit pas de la même rage que celle du chien)[61],[54] et cette maladie n'est mortelle pour l'homme que si aucun traitement n'est entrepris rapidement[62],[63].
129
+
130
+ Dans les années 50es, plusieurs morsures de chauves-souris ont entraîné des cas de rage humaine, dont une personne décédée aux Indes, deux mordues à Hambourg par des espèces d’origine africaine et une en Tchécoslovaquie[64],[65].
131
+
132
+ En Europe le risque est minime : en un peu plus d'un quart de siècle, seules 8 personnes ont été ainsi contaminées entre 1977 et 2003 (3 en Ukraine, 2 en Russie, 1 en Finlande, 1 en Lettonie et 1 en Angleterre)[54].
133
+
134
+ En France, le Haut Conseil de la santé publique a émis en 2013 un avis relatif à la vaccination antirabique préventive, traitement post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues)[66] sur la base d'un rapport également publié en 2013[67].
135
+
136
+ Cependant, dans certaines régions d'Amérique du Sud où la maladie est endémique chez des chauves-souris, dont l'une des espèces a une appétence pour le sang, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire.
137
+
138
+ De plus, les fientes de chauves-souris, comme de pigeons ou de poulets, sont des lieux propices à Histoplasma capsulatum responsable de l'histoplasmose. La maladie est transmise par l'inhalation de spores. Il est donc conseillé d'éviter de s'exposer aux poussières des fientes et de porter un masque et d'arroser avec de l'eau si celles-ci devaient être nettoyées.
139
+
140
+ Dans toutes les zones densément habitées et d'agriculture intensive, la plupart des populations de chauves-souris sont en déclin, mais il existe quelques exceptions dans des zones où leurs gîtes et colonies ont fait l'objet de mesures de protection ou restauration. De manière générale, on constate une accentuation croissante de l'isolement des populations et des colonies.
141
+
142
+ Les raisons de ce déclin sont multiples et semblent, directement ou indirectement, être liées à l'activité humaine[68].
143
+
144
+ Elle se fait au moyen d'une clé de détermination, des enregistrements sonores, et depuis peu avec des outils informatiques qui apparaissent, dont en France, un outil d'Identification assistée par ordinateur (IAO)[78] développé avec l'université de Jussieu.
145
+
146
+ L'ordre des Chiroptères a été décrit pour le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach en 1779.
147
+
148
+ En latin classique, « chauve-souris » se dit vespertilio, mot qui se retrouve dans le nom vernaculaire vespertilion, ainsi que pipistrelle. Le terme de calvas sorices (au pluriel) est attesté, en bas latin de Gaule, dès le VIIIe siècle dans les Gloses de Reichenau pour traduire précisément vespertiliones. C'est probablement une altération, d'après calvus (« chauve »), du gallo-roman *cawa sorīx (forme reconstituée signifiant littéralement une « chouette-souris »), expression composée de *cawa, dérivé du francique, qui signifie « chouette » et de *sorīce(m), accusatif de *sorīx (en latin classique sorex, -ĭcis), « souris »[79],[80]. Le terme chiroptère dérive du grec kheir (ἣ χείρ), la main, et ptéron (τὸ πτερόν ordinairement pluriel τὰ πτερά, le singulier désignant plutôt la plume), l'aile.
149
+
150
+ En français les chauves-souris sont nommées par de très nombreux noms vernaculaires différents.
151
+
152
+ Selon ITIS:
153
+
154
+ Sous-ordres selon ITIS et familles selon MSW.
155
+
156
+ Les deux sous-ordres et familles de chiroptères sont :
157
+
158
+ Les études génétiques récentes (2003) montrent que la position réelle des chiroptères dans l'arbre phylogénétique est différente de la position classique. Les chiroptères étaient autrefois pensés comme proches parents des primates et des dermoptères, mais ils en sont en fait assez éloignés[81].
159
+
160
+ Selon Amador et al. (2016)[82], les 21 familles de chauves-souris partagent les relations suivantes :
161
+
162
+ Pteropodidae
163
+
164
+ Rhinopomatidae
165
+
166
+ Craseonycteridae
167
+
168
+ Megadermatidae
169
+
170
+ Rhinonycteridae
171
+
172
+ Hipposideridae
173
+
174
+ Rhinolophidae
175
+
176
+ Mystacinidae
177
+
178
+ Furipteridae
179
+
180
+ Noctilionidae
181
+
182
+ Thyropteridae
183
+
184
+ Mormoopidae
185
+
186
+ Phyllostomidae
187
+
188
+ Myzopodidae
189
+
190
+ Nycteridae
191
+
192
+ Emballonuridae
193
+
194
+ Natalidae
195
+
196
+ Molossidae
197
+
198
+ Miniopteridae
199
+
200
+ Cistugidae
201
+
202
+ Vespertilionidae
203
+
204
+ La plus ancienne chauve-souris connue a été trouvée fin 2007 dans le Wyoming, elle a été baptisée Onychonycteris finneyi.
205
+
206
+ Les restes fossilisés et quasi complets ont été datés de 50 millions d'années. Ses membres supérieurs indiquent que l'animal pratiquait le vol battu, ses membres inférieurs indiquent qu'il était un grimpeur agile, capable de marcher à quatre pattes au sol et de se suspendre à l'aide de ses puissantes griffes. Sa denture indique qu'il consommait de préférence des insectes mais l'organisation de son oreille interne montre qu'il ne disposait pas de l'écholocation, technique aujourd'hui répandue chez toutes les chauves-souris et qui consiste à émettre des ultrasons pour éviter les obstacles et localiser les proies.
207
+
208
+ Cette découverte clôt un débat scientifique, datant des années 1960, sur la nécessité ou non de l'écholocation comme condition préalable à l'apparition du vol chez les chiroptères.
209
+
210
+ L'histoire évolutive des chauves-souris est assez mal connue. Selon la théorie classique, les deux sous-ordres descendent d'un ancêtre commun, déjà capable de voler et d'écholocation. Ces groupes auraient divergé il y a 50 Ma. On a découvert des fossiles de Ptéropodidés datés au moins du milieu de l'Oligocène[83]. Cependant, dans les années 1980 et 1990, une autre hypothèse a considéré que les Megachiroptera était en fait un groupe proche des primates, plus précisément des lémuriens (en effet les tarsiers ressemblent beaucoup aux mégachiroptères). Dans cette hypothèse, le vol et l'écholocation serait une simple convergence évolutive[84]. D'ailleurs, au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc de Buffon ne considérait pas ces animaux comme des chauves-souris à part entière[85]. Cette hypothèse a été invalidée par les analyses phylogénétiques récentes, qui indiquent une plus longue histoire commune avec le clade des microchiroptères que l'hypothèse primate ne le permet[86],[87].
211
+
212
+ D'autres études ont récemment suggéré que certaines familles de microchiroptères frugivores comme les Rhinolophidae, les Rhinopomatidae et les Megadermatidae pourraient être plus proches de ce groupe que de celui des microchiroptères[86],[88].
213
+
214
+ Quand ils sont encore présents dans les agroécosystèmes[89] et en tant que prédateurs de ravageurs (autrefois dits nuisibles) des champs, des rizières[90], de l'arboriculture fruitière et des forêts[91], mais aussi des moustiques qui comptent parmi les principaux vecteurs de maladies zoonotiques (maladies souvent en expansion dans le cadre du dérèglement climatique) et de la diffusion d'espèces invasives et de maladies émergentes, les chiroptères sont sources d'importants services écosystémiques[92]. Des rassemblements (hotspots) de chiroptères ont aussi été observés dans de grands espaces verts urbains — avec par exemple 16 espèces appartenant à 5 familles ; Emballonuridae, Molossidae, Noctilionidae, Phyllostomidae et Vespertilionidae dans les espaces verts d'une ville brésilienne de 4 millions d'habitants, située près de la forêt tropicale[93].
215
+
216
+ À titre d'exemple pour le secteur agricole, une étude a montré en 2015, que dans les champs de maïs américain, là où les chauves-souris sont encore présentes, elles rendent de précieux services d’auxiliaire de l’agriculture : une expérience de terrain a consisté à couvrir certaines parcelles de filets pour empêcher que les chiroptères n’y mangent les papillons de nuit[92]. Dans les parcelles encore accessibles non seulement le nombre de parasites du maïs a été fortement réduit par rapport aux parcelles-témoin, mais un effet inattendu a été démontré par l’étude : un champignon parasite (et la toxine fongique une aflatoxine produite par ce champignon) ont aussi régressé là où les chauves-souris pouvaient chasser[92]. Les auteurs plaident pour une meilleure protection des chauves-souris dans les agroécosystèmes, car elles sont des « prédateurs voraces des ravageurs des cultures », ravageurs qui font perdre chaque année plusieurs milliards de dollars américains aux agriculteurs. En protégeant les cultures de l’année, les chiroptères limitent aussi le nombre de larves de l’année suivante, ce qui réduit les dommages aux cultures ultérieures[92]. Cette étude est une démonstration locale, mais le maïs est cultivé sur plus de 150 millions d'hectares dans le monde[92]. Les auteurs ont estimé que les chauves-souris fournissent un service d’une valeur dépassant le milliard de dollars par an pour la seule récolte du maïs dans le monde[92].
217
+
218
+ Depuis 1979, au niveau international, la convention de Bonn et la convention de Berne[94] demandent aux États contractants d'assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d'hibernation.
219
+
220
+ De nombreux pays mettent en place des programmes de protection des espèces mais aussi de leurs habitats (arbres sénescents, bois mort, grottes, mines ou tunnels abandonnés, greniers, gîtes souterrains dont certains rassemblent en hivernage les individus de colonies couvrant plusieurs milliers de km2[95]…).
221
+
222
+ En 1992, en Europe, la directive « Habitat - Faune - Flore » demande aux pays de la Communauté européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l'annexe IV), ainsi que la désignation de zones spéciales de conservation pour les 12 espèces figurant à l'annexe II.
223
+
224
+ Eurobats publie des documents d'aide et conseil, de type guides de bonnes pratiques, pour la gestion forestière notamment[96].
225
+
226
+ Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux mammifères protégés sur l'ensemble du territoire[97] confirmé par l'arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères[98] selon l'article L.411-1 du code de l'environnement. Il est donc interdit de les détruire, les mutiler, les capturer ou les enlever, de les perturber intentionnellement ou de les naturaliser, ainsi que de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'elles soient vivantes ou mortes, il est aussi interdit de les transporter, colporter, de les utiliser, de les détenir, de les vendre ou de les acheter.
227
+
228
+ 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge de l'UICN.
229
+
230
+ Les 28 espèces présentes en Suisse sont protégées par l'Ordonnance du 16 janvier 1991 sur la protection de la nature et du paysage (Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage, OPN) art 14 et 20 et compléments.
231
+
232
+ Les 21 espèces présentes en Wallonie sont protégées par l'annexe IIa du décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 transposant les directives européennes[99].
233
+
234
+ Protection et plans de restauration Les législations ont peu à peu évolué pour protéger les chauves-souris et leurs habitats.
235
+
236
+ Dans le monde entier des opérations conduites par des gouvernements et/ou des ONG visent à protéger ou restaurer des populations de chauves-souris. En France, il existe des plans de restauration et un écoduc dit « chiroptéroduc » a été créé dans le cadre des mesures conservatoires mises en œuvre durant la construction de l'autoroute A65 Langon-Pau[100]. Des centres de soins pour la faune sauvage peuvent contribuer à soigner des chiroptères blessés ou à identifier certaines pathologies.
237
+
238
+ Les chauves-souris ne sucent pas le sang des humains ; seules quelques espèces subtropicales (vampires) qui se nourrissent ordinairement de sang du bétail blessé peuvent faire, très rarement, un écart de régime[101].
239
+
240
+ Quelques espèces de chauves-souris des régions tropicales, de la famille des Desmodontinae et dites « vampires », peuvent dans de très rares cas sucer[102] le sang d'humains durant leur sommeil. Dans ces régions à risque, l'usage d'une moustiquaire suffit pour s'en protéger ainsi que des infections qu'elles pourraient transmettre[101].
241
+
242
+ Les chauves-souris ont été longtemps persécutées en Occident à cause de leurs prétendus maléfices. En les clouant aux portes des granges, on croyait lutter contre les mauvais sorts.
243
+
244
+ Les chauves-souris sont sacrées au Tonga, en Australie, en Bosnie et en Afrique de l'ouest. Elles sont souvent considérées comme la manifestation physique d'un esprit errant. Elles sont intimement associées avec le mythe des vampires à qui on prête la capacité de se métamorphoser en animaux, notamment en chauves-souris. Elles sont aussi le symbole des fantômes, de la mort et des maladies.[réf. nécessaire]
245
+
246
+ Pour les Amérindiens (tels les Creeks, les Cherokees et les Apaches), elles représentent un esprit malin.[réf. souhaitée] En Chine, elles sont le symbole de bonheur et de prospérité[105]. En Pologne et en Macédoine du Nord, elles sont considérées comme des animaux de bon augure.[réf. souhaitée]
247
+
248
+ Dans la culture occidentale, les chauves-souris sont souvent assimilées à la nuit avec une connotation de malheur ou de mort.[réf. souhaitée]
249
+
250
+ Elle est également l'emblème de la marque de rhum Bacardi.
251
+
252
+ Dans la symbolique de l'ornement funéraire, des sabliers ailés représentent le temps et comportent souvent des ailes d'oiseau et parfois de chauve-souris.
253
+
254
+ Peson à poudre d'or, culture Akan (Muséum de Toulouse).
255
+
256
+ Sablier ornant la porte du caveau funéraire de la famille Fortoul des Magnans, cimetière de Jausiers, Alpes-de-Haute-Provence, France.
257
+
258
+ Chauve-souris (détail) Personnage des "Trois Royaumes" : l'un des romans classiques les plus populaires en Chine.
259
+
260
+ La chauve-souris est un meuble héraldique très rare. Elle est posée de front, les ailes étendues. Elle peut être placée également en cimier comme dans les armes des comtes de Merode-Mesterloo et de la ville de Barcelone. La chauve-souris est aussi le cimier de la ville de Valence.
261
+
262
+ Armes de Barcelone.
263
+
264
+ Armes de Valence (Espagne).
265
+
266
+ Blason d'Ourdis-Cotdoussan.
267
+
268
+ Le cocatrix est un animal fabuleux qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq.
269
+
270
+ Camazotz est un dieu chauve-souris dans la religion maya.
271
+
272
+ Dans les œuvres populaires, elles ont inspiré des personnages tels que Dracula le vampire, Batman le justicier, et Ombre Aile d'Argent, le héros d'une tétralogie chiroptérienne du canadien Kenneth Oppel (Silverwing, Sunwing, Firewing et Darkwing).
273
+
274
+ Pour apaiser la peur que la chauve-souris provoquait chez les gens, le conteur africain Amadou Hampâté Bâ a inventé une histoire pour expliquer le fait que la chauve-souris a des ailes alors que c’est un mammifère. Dans un conte extrait des « Nouveaux contes de la savane »[107], il explique l’origine de la chauve-souris par le croisement d’un renard et d’un oiseau.
275
+
276
+ La Chauve-Souris est une célèbre opérette viennoise de Johann Strauss fils, 1874.
277
+
278
+ Jean de La Fontaine a écrit plusieurs fables mettant en scène des chauves-souris : La Chauve-souris, le Buisson, et le Canard ou La Chauve-souris et les deux Belettes.
279
+
280
+ La Nuit des chauves-souris est un film américain réalisé par Louis Morneau, sorti en 1999.
281
+
282
+ La Chauve-souris pas si chauve est le titre donné en français à l'un des épisodes de la série télévisée d'animation Tom et Jerry Tales.
283
+
284
+ Les chauves-souris jouent aussi un rôle humoristique dans la série de BD La Brousse en folie.
285
+
286
+ Il existe une Rue Chauve-Souris à Liège, en Belgique.
287
+
288
+ Pour concevoir l'Éole, une machine volante à la voilure complexe, l'ingénieur français Clément Ader a imité les ailes de la chauve-souris.
289
+
290
+ Batricia est la chauve-souris dans les As de la jungle.
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+ La chauve-souris est le symbole emblématique du logo de la Fédération française de spéléologie.
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1
+ Le chemin de fer est un système de transport guidé servant au déplacement de personnes et de marchandises. Il se compose d'une infrastructure spécialisée, de matériel roulant et de procédures d'exploitation faisant le plus souvent intervenir l'humain, même si dans le cas des métros automatiques cette intervention se limite en temps normal à de la surveillance.
2
+
3
+ Par métonymie, « chemin de fer » désigne aussi les sociétés exploitantes, souvent appelées autrefois « compagnies ». Les employés du chemin de fer sont appelés « cheminots ».
4
+
5
+ En France, l'expression « chemin de fer » est apparue officiellement dans l'ordonnance royale du 26 février 1823 autorisant la construction de la première ligne française à Saint-Étienne[1]. L'adjectif correspondant, « ferroviaire », qui dérive de l'italien ferrovia, est apparu vers 1911.
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+ Le système ferroviaire est aussi utilisé sous diverses déclinaisons spécialisées : métros[2], tramways, chemins de fer à crémaillère.
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+ L'infrastructure des chemins de fer est appelée voie ferrée. Elle se compose, la plupart du temps, de deux files de rails posés sur des traverses, d'appareils de voie, de passages à niveau, de la signalisation et, le cas échéant, des installations de traction électrique (sous-stations, caténaires, etc.). La voie ferrée est généralement posée en remblai sur un ballast, et peut emprunter différents ouvrages, tunnels, viaducs, tranchées.
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+ Le matériel roulant circule communément en convois, appelé trains ou rames. Les convois sont composés de wagons pour les marchandises ou de voitures pour les passagers, et sont tractés par des locomotives. Il peut également s'agir de rames autotractées, c'est-à-dire incluant leur propre système de traction.
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13
+ L'humain est au centre des systèmes ferroviaires couramment rencontrés, que ce soit pour la conduite des trains, l'orientation des convois vers leur destination, la sécurisation des voyageurs ou marchandises transportées. Le travail de l'humain est encadré par des procédures.
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+ Très tôt, on a légiféré sur le chemin de fer. En France, la loi du 15 juillet 1845[3] pose les bases de la Police du Chemin de Fer[4]. Depuis, de nouvelles lois et de nombreux règlements sont venus la compléter, en ce qui concerne la sécurité, l'organisation et le service public.
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+ Le chemin de fer s'est vraiment développé lors du boom ferroviaire des années 1840 mais de très nombreuses innovations avaient eu lieu au cours des siècles précédents.
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+ L'un des premiers exemples de chemin guidé est celui du diolkos, un système permettant aux bateaux de franchir l'isthme de Corinthe en Grèce, construit au VIe siècle av. J.-C. Des chariots tirés par des bêtes de somme circulaient sur des blocs de pierre entaillés. Ce chemin guidé a fonctionné jusqu'au Ier siècle.
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21
+ Sur les sections difficiles des voies romaines (en montagne, aux abords des ponts), les roues des chariots étaient guidées par des pierres entaillées en profondes ornières.
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23
+ La réapparition des transports guidés est attestée en Europe aux alentours de 1550[5], pour des voies minières. Celles-ci utilisaient des rails de bois. La première voie ferrée a été établie au Royaume-Uni au début du XVIIe siècle, principalement pour le transport du charbon d'une mine à un canal, d'où il pouvait être chargé sur des barges. On trouve des traces de ce genre de chemins de fer à Broseley dans le Shropshire. Les rails étaient constitués de bois nu, les roues étaient munies de boudins, comme sur les véhicules ferroviaires actuels. En 1768, la compagnie Coalbrookdale eut l'idée de remplacer ses rails en bois par des rails en fonte moulée, pour limiter l'usure de la voie et transporter de plus lourdes charges.
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25
+ Les rails de fer sont apparus au début du XVIIIe siècle. L'ingénieur William Jessop conçut des rails prévus pour être utilisés avec des roues sans boudin : ils constituaient une sorte de cornière. Ces rails devaient être utilisés pour un projet dans le secteur de Loughborough, Leicestershire en 1789. En 1790 il était de ceux qui fondèrent une aciérie à Butterley, Derbyshire pour produire des rails (entre autres). Le premier chemin de fer ouvert au public a été le Surrey Iron Railway, ouvert en 1802 par Jessop[6]. Les convois étaient tractés par des chevaux.
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27
+ La première locomotive à vapeur à fonctionner sur des rails a été construite par Richard Trevithick et essayée en 1804 à Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Cette tentative ne fut pas couronnée de succès, l'engin étant si lourd qu'il brisait la voie.
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29
+ En 1811, John Blenkinsop conçut la première locomotive réellement utilisable[7]. Il fit breveter (N° 3431) un système de transport du charbon mû par une locomotive à vapeur. La ligne fut construite, raccordant Middleton Colliery à Leeds. La locomotive a été construite par Matthew Murray de Fenton, Murray and Wood. Le Middleton Railway fut donc en 1812 le premier chemin de fer à utiliser la vapeur avec succès dans un objectif commercial. C'est également le premier à faire l'objet d'actes juridiques. La ligne du chemin de fer de Stockton et Darlington longue de 40 km, inaugurée le 27 septembre 1825 avec la Locomotion n° 1 de George Stephenson, fut la première au monde permettant le transport commercial de passagers avec des locomotives à vapeur.
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31
+ La première ligne de chemin de fer à vapeur exploitée par le secteur public de l’Europe continentale fut mise en service le 5 mai 1835 entre Bruxelles-Allée verte et Malines ; c'est aussi la première ligne à horaires fixes de convois composés de wagons comprenant trois classes.
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33
+ La Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à la Loire construit la première ligne en Europe continentale dans la région de Saint-Étienne, en France, entre 1827 (Louis-Antoine Beaunier) et 1830 (Marc Seguin) ; les convois sont à traction chevaline et servent au transport des houilles.
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35
+ La première ligne aboutissant à Paris a été la ligne de Paris à Saint-Germain ouverte en 1837[8]. La loi du 15 février 1838 décide la construction de neuf grandes lignes par l'État[9]. Mais une autre loi, celle du 11 juin 1842, tranche en faveur d'un financement privé[10]. L'expansion boursière des années 1840 en Angleterre donne à ce pays la moitié des 9500 kilomètres de rail européen en 1845, lors de l'épisode de la « railway mania ».
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37
+ En Europe et en Amérique du Nord, la période de plus grand développement du chemin de fer va de 1848 à 1914. L’enthousiasme ferroviaire de l'Allemagne fait que le pays compte vers 1870 près de vingt mille kilomètres de voies[11]. La France réduit une partie son retard sur sa rivale d'outre-Manche pour atteindre 15 600 km[12] de voies ferrées en 1870, contre 24 900 pour l'Angleterre[13].
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+ Après la Première Guerre mondiale, le chemin de fer continue à se développer, mais les lignes secondaires commencent à fermer, fortement concurrencées par le transport automobile.
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41
+ La crise pétrolière de 1973 marque le début du renouveau du chemin de fer, principalement pour les transports de voyageurs à l'intérieur des grandes métropoles et grâce à de nouvelles lignes intercités, parcourues par des trains à grande vitesse.
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+ La sustentation magnétique (dite Maglev), dont une ligne de 43 km a été mise en exploitation en 2005 à Shanghai (Chine), pourrait devenir un concurrent viable.
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+ Les projets ferroviaires nécessitent une ingénierie dont les rôles principaux sont celui du concepteur chargé des études de conception au cours des différents stades, du maître d’œuvre de suivi de réalisation, de pilotage des opérations d’essais et mises en service et d'homologation. Tout ou partie de cette ingénierie peut être délégué par le maître d'ouvrage à des consultants extérieurs.
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47
+ Roulement acier sur acier : la caractéristique fondamentale du chemin de fer est le roulement acier (roue) sur acier (rail) à faible coefficient d'adhérence, qui limite très sensiblement la résistance à l'avancement, mais augmente les distances de freinage. La faible adhérence impose aussi des contraintes de tracé des lignes pour éviter les trop fortes rampes : tracé en fond de vallées, ouvrages d'art importants (tunnels, viaducs, etc.).
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+
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+ Toutes ces caractéristiques induisent un système d'exploitation particulier, qui repose d'abord sur un système de signalisation strict et sur l'établissement d'un graphique de circulation. En contrepartie, elles limitent les dépenses d'énergie et procurent au chemin de fer un haut niveau de sécurité.
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+
51
+ Les systèmes ferroviaires nécessitent une infrastructure particulière appelée voie ferrée. Les véhicules sont guidés par une ou plusieurs files de rails fixés sur des traverses au moyen, en France, de tirefonds. Le ballast est une couche drainante sur laquelle reposent les traverses. Il permet d'affiner la géométrie de la voie, par exemple pour créer un dévers en courbe ainsi qu'absorber les vibrations lors du passage des trains. Les véhicules étant guidés par les rails, ils ne peuvent pas changer de direction sans utiliser une installation particulière. La plupart du temps il s'agit d'un aiguillage, manœuvré soit à pied d'œuvre soit d'un poste d'aiguillages.
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+
53
+ Le matériel ferroviaire, du fait de sa technique de roulement, ne peut pas monter ou descendre de pente trop importante, ni effectuer de courbe trop prononcée. Pour s'adapter au terrain, la construction des lignes de chemin de fer a nécessité l'établissement d'ouvrages d'art : ponts, viaducs et tunnels. La voie peut aussi croiser la route à un passage à niveau.
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+
55
+ La distance entre les deux rails de roulement (cas le plus fréquent) est appelée écartement. Elle est mesurée entre les faces internes du rail. L'écartement le plus communément répandu est celui de la voie normale : 1,435 m (standard UIC). Au-delà, on parle de voie large, en dessous il s'agit de voie étroite.
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+
57
+ Certains trains sont mus par de l'électricité et nécessitent des infrastructures spécifiques dès lors qu'ils ne fournissent pas eux-mêmes leur énergie. Dans la majorité des cas, cette alimentation en énergie se fait par une caténaire suspendue au-dessus des voies, le train venant capter le courant grâce à un pantographe ou une perche. Les métros et certains pays (Angleterre) utilisent un troisième rail latéral: le captage est alors assuré par des patins. D'autres systèmes utilisent un troisième rail central, par exemple le nouveau tramway de Bordeaux.
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+
59
+ Dès lors que deux trains peuvent circuler en même temps sur une ligne commune, il est nécessaire d'établir des règles de circulation afin de garantir la sécurité. Comme sur route, une signalisation a été mise en place ainsi que des systèmes de prévention des risques ferroviaires. Un de ces systèmes est le cantonnement (ou block-système), qui interdit à un train d'entrer sur une section de ligne où se trouve déjà un autre train.
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+
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+ Comme tout transport en commun, les trains ne s'arrêtent pas n'importe où. Les voyageurs prennent le train dans une gare pour descendre dans une autre, parfois après avoir eu à effectuer des correspondances.
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+ Les marchandises sont chargées sur des wagons dans une gare de fret ou sur un embranchement particulier. Elles changent de direction dans des triages. Les conteneurs sont chargés et déchargés à un terminal de transport combiné.
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+ Les infrastructures ferroviaires nécessitent un entretien constant. Il s'agit d'opérations diversifiées, dont la nature dépend de la nature de la voie elle-même et des conditions dans lesquelles elle se trouve implantée : déneigement, Renouvellement Voie Ballast, inspection des ouvrages d'art, désherbage, etc.
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+ Les véhicules ferroviaires sont appelés trains. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on a vu apparaître l'expression train à grande vitesse pour qualifier les matériels dépassant les 250 km/h.
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+ Les trains que l'on rencontre ont plusieurs structures. La première, la plus classique, est celle d'un convoi composé d'une (ou plusieurs) locomotive(s), de voitures dans le cas de trains de voyageurs ou bien de wagons. Dans le cas où la locomotive peut pousser la rame au lieu de la tirer, on dispose de voitures pilotes, dotées d'une cabine de conduite. En Belgique, des voitures pilote M7 motorisé sont en cours d'homologation.
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+
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+ Les locomotives peuvent être de plusieurs types, selon leur source d'énergie. Anciennement, on trouvait des locomotives à vapeur, brûlant du charbon ou du mazout. Actuellement, on trouve surtout des locomotives diesel, mues par un moteur thermique, ainsi que des locomotives électriques, alimentées par caténaire ou troisième rail.
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+ Le second cas de figure est celui de convois indéformables comprenant à la fois éléments de traction et compartiments voyageurs appelés rames automotrices. Il existe en Allemagne des rames automotrices destinées aux marchandises. Une rame automotrice à traction diesel est appelée automoteur ou autorail, à l'exception notable des turbotrains. Les TGV sont des automotrices, ainsi que la plupart des trains à grande vitesse.
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+ Pour les manœuvres ou la traction de trains légers, on a recours à des locotracteurs, électriques ou diesel. Alors qu'en France, on ne trouvera que des diesel, la Suisse dispose d'une majorité d'engins électriques.
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+ Les services de l'entretien des voies utilisent des draisines, de petits véhicules capables de déplacer une équipe sur son chantier. On trouvera également à l'entretien des voies une grande variété de matériels spécialisés : désherbeuses, raton-laveur, bourreuses, etc.
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+
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+ Une grande variété de systèmes de transport dérivant du principe de base du chemin de fer existent. Les points communs entre ces systèmes sont le roulement fer sur fer et le guidage. Les variantes se situent au niveau de la structure et du mode d'exploitation.
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+ En zone urbaine, du fait de la multitude d'infrastructures et de la nécessité de transporter un nombre élevé de passagers, le recours à des métros, reposant soit sur des infrastructures souterraines ou aériennes pour limiter l'espace occupé constitue une solution privilégiée par les grandes agglomérations. Ailleurs, des systèmes moins lourds ont été utilisés : VAL - Skytrain.
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+
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+ Pour la desserte d'une métropole entière, le système du Réseau express régional est utilisé. Il s'agit de mettre en place des axes permettant de transporter d'importantes quantités de voyageurs, souvent entre banlieue et centre urbain.
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+ Le tramway permet une desserte plus fine (des arrêts plus rapprochés) en s'insérant dans le tissu urbain. Cependant, sa capacité par ligne est bien moins élevée que celle des métros. Néanmoins, son coût nettement moins élevé permet, pour un même budget, de multiplier les lignes et donc les lieux desservis et ainsi de ne pas concentrer artificiellement les flux de voyageurs.
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+ Par son principe de fonctionnement, un train ne peut pas gravir d'importantes déclivités. Pour compenser cela, les ingénieurs ont eu l'idée de placer un troisième axe sur lequel le convoi vient prendre appui. Il s'agit du chemin de fer à crémaillère.
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88
+ Si les déclivités sont encore plus importantes, on a recours au funiculaire. La traction est alors assurée par un câble. Dans certaines villes (San Francisco par exemple), il existe des tramways à traction par câble qui permet de concentrer le moteur de traction en un seul point.
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90
+ Le téléphérique peut être considéré comme un « funiculaire suspendu », dont la voie est constituée par un ou plusieurs câbles porteurs fixes. Cette installation ferroviaire à part entière était d'ailleurs appelée « funiculaire aérien » à ses débuts. Le dictionnaire Flammarion de 1982 définit le téléphérique comme un « type de chemin de fer dont les véhicules circulent sur des câbles aériens faisant office de rails ».
91
+
92
+ La Télécabine sur voie, « système SK (transport) » ou l'ancien système Poma 2000 de Laon : Ces systèmes légers sont constitués de cabines guidées, tractées par un ou plusieurs câbles.
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94
+ Pour limiter l'espace occupé, certains ont pensé à des monorails. Ce système est relativement peu utilisé pour le transport de voyageurs mais commun dans l'industrie dans sa version portante (rail au plafond).
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96
+ Une des pistes d'évolution du chemin de fer est le train à sustentation magnétique. Les essais de ce système sont prometteurs[réf. nécessaire].
97
+
98
+ À l'inverse, d'autres expérimentations portent (ou ont porté) sur des trains gravitationnels, mus par la pesanteur, à la manière des trains de parc d'attractions qui, une fois lancés, avancent grâce à leur propre inertie.
99
+
100
+ La maintenance des trains requiert un grand nombre d’équipements ainsi que des centres de dépôt et de maintenance ferroviaire, qui requièrent eux-mêmes d’être entretenus. Parmi ces équipements, l’on peut citer :
101
+
102
+ Les entreprises ferroviaires réalisent généralement deux types d’opérations de maintenance : des opérations planifiées afin de réparer les principaux systèmes, et des interventions mineures non planifiées sur du matériel endommagé (réparation de portes ou de vitres). Ces deux approches présentent cependant deux inconvénients majeurs : dans le premier cas, un risque avéré de réparation trop précoce des pièces, et dans le second cas, de fortes probabilités de retard des trains, provoquant le mécontentement des utilisateurs.[14]
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+
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+ (km)
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+ (km)
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+ (km)
111
+
112
+ (km)
113
+
114
+ plus
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+ 30 000 km de chemins de fer industriels
116
+
117
+ dont 21 000 km en Afrique du Sud
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
120
+
fr/1039.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,120 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Le chemin de fer est un système de transport guidé servant au déplacement de personnes et de marchandises. Il se compose d'une infrastructure spécialisée, de matériel roulant et de procédures d'exploitation faisant le plus souvent intervenir l'humain, même si dans le cas des métros automatiques cette intervention se limite en temps normal à de la surveillance.
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+ Par métonymie, « chemin de fer » désigne aussi les sociétés exploitantes, souvent appelées autrefois « compagnies ». Les employés du chemin de fer sont appelés « cheminots ».
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+ En France, l'expression « chemin de fer » est apparue officiellement dans l'ordonnance royale du 26 février 1823 autorisant la construction de la première ligne française à Saint-Étienne[1]. L'adjectif correspondant, « ferroviaire », qui dérive de l'italien ferrovia, est apparu vers 1911.
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+ Le système ferroviaire est aussi utilisé sous diverses déclinaisons spécialisées : métros[2], tramways, chemins de fer à crémaillère.
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+ L'infrastructure des chemins de fer est appelée voie ferrée. Elle se compose, la plupart du temps, de deux files de rails posés sur des traverses, d'appareils de voie, de passages à niveau, de la signalisation et, le cas échéant, des installations de traction électrique (sous-stations, caténaires, etc.). La voie ferrée est généralement posée en remblai sur un ballast, et peut emprunter différents ouvrages, tunnels, viaducs, tranchées.
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+ Le matériel roulant circule communément en convois, appelé trains ou rames. Les convois sont composés de wagons pour les marchandises ou de voitures pour les passagers, et sont tractés par des locomotives. Il peut également s'agir de rames autotractées, c'est-à-dire incluant leur propre système de traction.
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+ L'humain est au centre des systèmes ferroviaires couramment rencontrés, que ce soit pour la conduite des trains, l'orientation des convois vers leur destination, la sécurisation des voyageurs ou marchandises transportées. Le travail de l'humain est encadré par des procédures.
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+ Très tôt, on a légiféré sur le chemin de fer. En France, la loi du 15 juillet 1845[3] pose les bases de la Police du Chemin de Fer[4]. Depuis, de nouvelles lois et de nombreux règlements sont venus la compléter, en ce qui concerne la sécurité, l'organisation et le service public.
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+ Le chemin de fer s'est vraiment développé lors du boom ferroviaire des années 1840 mais de très nombreuses innovations avaient eu lieu au cours des siècles précédents.
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+ L'un des premiers exemples de chemin guidé est celui du diolkos, un système permettant aux bateaux de franchir l'isthme de Corinthe en Grèce, construit au VIe siècle av. J.-C. Des chariots tirés par des bêtes de somme circulaient sur des blocs de pierre entaillés. Ce chemin guidé a fonctionné jusqu'au Ier siècle.
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+ Sur les sections difficiles des voies romaines (en montagne, aux abords des ponts), les roues des chariots étaient guidées par des pierres entaillées en profondes ornières.
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+ La réapparition des transports guidés est attestée en Europe aux alentours de 1550[5], pour des voies minières. Celles-ci utilisaient des rails de bois. La première voie ferrée a été établie au Royaume-Uni au début du XVIIe siècle, principalement pour le transport du charbon d'une mine à un canal, d'où il pouvait être chargé sur des barges. On trouve des traces de ce genre de chemins de fer à Broseley dans le Shropshire. Les rails étaient constitués de bois nu, les roues étaient munies de boudins, comme sur les véhicules ferroviaires actuels. En 1768, la compagnie Coalbrookdale eut l'idée de remplacer ses rails en bois par des rails en fonte moulée, pour limiter l'usure de la voie et transporter de plus lourdes charges.
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+ Les rails de fer sont apparus au début du XVIIIe siècle. L'ingénieur William Jessop conçut des rails prévus pour être utilisés avec des roues sans boudin : ils constituaient une sorte de cornière. Ces rails devaient être utilisés pour un projet dans le secteur de Loughborough, Leicestershire en 1789. En 1790 il était de ceux qui fondèrent une aciérie à Butterley, Derbyshire pour produire des rails (entre autres). Le premier chemin de fer ouvert au public a été le Surrey Iron Railway, ouvert en 1802 par Jessop[6]. Les convois étaient tractés par des chevaux.
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+ La première locomotive à vapeur à fonctionner sur des rails a été construite par Richard Trevithick et essayée en 1804 à Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Cette tentative ne fut pas couronnée de succès, l'engin étant si lourd qu'il brisait la voie.
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+ En 1811, John Blenkinsop conçut la première locomotive réellement utilisable[7]. Il fit breveter (N° 3431) un système de transport du charbon mû par une locomotive à vapeur. La ligne fut construite, raccordant Middleton Colliery à Leeds. La locomotive a été construite par Matthew Murray de Fenton, Murray and Wood. Le Middleton Railway fut donc en 1812 le premier chemin de fer à utiliser la vapeur avec succès dans un objectif commercial. C'est également le premier à faire l'objet d'actes juridiques. La ligne du chemin de fer de Stockton et Darlington longue de 40 km, inaugurée le 27 septembre 1825 avec la Locomotion n° 1 de George Stephenson, fut la première au monde permettant le transport commercial de passagers avec des locomotives à vapeur.
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+ La première ligne de chemin de fer à vapeur exploitée par le secteur public de l’Europe continentale fut mise en service le 5 mai 1835 entre Bruxelles-Allée verte et Malines ; c'est aussi la première ligne à horaires fixes de convois composés de wagons comprenant trois classes.
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+ La Compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à la Loire construit la première ligne en Europe continentale dans la région de Saint-Étienne, en France, entre 1827 (Louis-Antoine Beaunier) et 1830 (Marc Seguin) ; les convois sont à traction chevaline et servent au transport des houilles.
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+ La première ligne aboutissant à Paris a été la ligne de Paris à Saint-Germain ouverte en 1837[8]. La loi du 15 février 1838 décide la construction de neuf grandes lignes par l'État[9]. Mais une autre loi, celle du 11 juin 1842, tranche en faveur d'un financement privé[10]. L'expansion boursière des années 1840 en Angleterre donne à ce pays la moitié des 9500 kilomètres de rail européen en 1845, lors de l'épisode de la « railway mania ».
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+ En Europe et en Amérique du Nord, la période de plus grand développement du chemin de fer va de 1848 à 1914. L’enthousiasme ferroviaire de l'Allemagne fait que le pays compte vers 1870 près de vingt mille kilomètres de voies[11]. La France réduit une partie son retard sur sa rivale d'outre-Manche pour atteindre 15 600 km[12] de voies ferrées en 1870, contre 24 900 pour l'Angleterre[13].
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+ Après la Première Guerre mondiale, le chemin de fer continue à se développer, mais les lignes secondaires commencent à fermer, fortement concurrencées par le transport automobile.
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+ La crise pétrolière de 1973 marque le début du renouveau du chemin de fer, principalement pour les transports de voyageurs à l'intérieur des grandes métropoles et grâce à de nouvelles lignes intercités, parcourues par des trains à grande vitesse.
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+ La sustentation magnétique (dite Maglev), dont une ligne de 43 km a été mise en exploitation en 2005 à Shanghai (Chine), pourrait devenir un concurrent viable.
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+ Les projets ferroviaires nécessitent une ingénierie dont les rôles principaux sont celui du concepteur chargé des études de conception au cours des différents stades, du maître d’œuvre de suivi de réalisation, de pilotage des opérations d’essais et mises en service et d'homologation. Tout ou partie de cette ingénierie peut être délégué par le maître d'ouvrage à des consultants extérieurs.
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+ Roulement acier sur acier : la caractéristique fondamentale du chemin de fer est le roulement acier (roue) sur acier (rail) à faible coefficient d'adhérence, qui limite très sensiblement la résistance à l'avancement, mais augmente les distances de freinage. La faible adhérence impose aussi des contraintes de tracé des lignes pour éviter les trop fortes rampes : tracé en fond de vallées, ouvrages d'art importants (tunnels, viaducs, etc.).
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+ Toutes ces caractéristiques induisent un système d'exploitation particulier, qui repose d'abord sur un système de signalisation strict et sur l'établissement d'un graphique de circulation. En contrepartie, elles limitent les dépenses d'énergie et procurent au chemin de fer un haut niveau de sécurité.
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+ Les systèmes ferroviaires nécessitent une infrastructure particulière appelée voie ferrée. Les véhicules sont guidés par une ou plusieurs files de rails fixés sur des traverses au moyen, en France, de tirefonds. Le ballast est une couche drainante sur laquelle reposent les traverses. Il permet d'affiner la géométrie de la voie, par exemple pour créer un dévers en courbe ainsi qu'absorber les vibrations lors du passage des trains. Les véhicules étant guidés par les rails, ils ne peuvent pas changer de direction sans utiliser une installation particulière. La plupart du temps il s'agit d'un aiguillage, manœuvré soit à pied d'œuvre soit d'un poste d'aiguillages.
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+ Le matériel ferroviaire, du fait de sa technique de roulement, ne peut pas monter ou descendre de pente trop importante, ni effectuer de courbe trop prononcée. Pour s'adapter au terrain, la construction des lignes de chemin de fer a nécessité l'établissement d'ouvrages d'art : ponts, viaducs et tunnels. La voie peut aussi croiser la route à un passage à niveau.
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+ La distance entre les deux rails de roulement (cas le plus fréquent) est appelée écartement. Elle est mesurée entre les faces internes du rail. L'écartement le plus communément répandu est celui de la voie normale : 1,435 m (standard UIC). Au-delà, on parle de voie large, en dessous il s'agit de voie étroite.
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+ Certains trains sont mus par de l'électricité et nécessitent des infrastructures spécifiques dès lors qu'ils ne fournissent pas eux-mêmes leur énergie. Dans la majorité des cas, cette alimentation en énergie se fait par une caténaire suspendue au-dessus des voies, le train venant capter le courant grâce à un pantographe ou une perche. Les métros et certains pays (Angleterre) utilisent un troisième rail latéral: le captage est alors assuré par des patins. D'autres systèmes utilisent un troisième rail central, par exemple le nouveau tramway de Bordeaux.
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+ Dès lors que deux trains peuvent circuler en même temps sur une ligne commune, il est nécessaire d'établir des règles de circulation afin de garantir la sécurité. Comme sur route, une signalisation a été mise en place ainsi que des systèmes de prévention des risques ferroviaires. Un de ces systèmes est le cantonnement (ou block-système), qui interdit à un train d'entrer sur une section de ligne où se trouve déjà un autre train.
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+ Comme tout transport en commun, les trains ne s'arrêtent pas n'importe où. Les voyageurs prennent le train dans une gare pour descendre dans une autre, parfois après avoir eu à effectuer des correspondances.
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+ Les marchandises sont chargées sur des wagons dans une gare de fret ou sur un embranchement particulier. Elles changent de direction dans des triages. Les conteneurs sont chargés et déchargés à un terminal de transport combiné.
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+
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+ Les infrastructures ferroviaires nécessitent un entretien constant. Il s'agit d'opérations diversifiées, dont la nature dépend de la nature de la voie elle-même et des conditions dans lesquelles elle se trouve implantée : déneigement, Renouvellement Voie Ballast, inspection des ouvrages d'art, désherbage, etc.
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+
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+ Les véhicules ferroviaires sont appelés trains. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on a vu apparaître l'expression train à grande vitesse pour qualifier les matériels dépassant les 250 km/h.
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+ Les trains que l'on rencontre ont plusieurs structures. La première, la plus classique, est celle d'un convoi composé d'une (ou plusieurs) locomotive(s), de voitures dans le cas de trains de voyageurs ou bien de wagons. Dans le cas où la locomotive peut pousser la rame au lieu de la tirer, on dispose de voitures pilotes, dotées d'une cabine de conduite. En Belgique, des voitures pilote M7 motorisé sont en cours d'homologation.
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+
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+ Les locomotives peuvent être de plusieurs types, selon leur source d'énergie. Anciennement, on trouvait des locomotives à vapeur, brûlant du charbon ou du mazout. Actuellement, on trouve surtout des locomotives diesel, mues par un moteur thermique, ainsi que des locomotives électriques, alimentées par caténaire ou troisième rail.
71
+
72
+ Le second cas de figure est celui de convois indéformables comprenant à la fois éléments de traction et compartiments voyageurs appelés rames automotrices. Il existe en Allemagne des rames automotrices destinées aux marchandises. Une rame automotrice à traction diesel est appelée automoteur ou autorail, à l'exception notable des turbotrains. Les TGV sont des automotrices, ainsi que la plupart des trains à grande vitesse.
73
+
74
+ Pour les manœuvres ou la traction de trains légers, on a recours à des locotracteurs, électriques ou diesel. Alors qu'en France, on ne trouvera que des diesel, la Suisse dispose d'une majorité d'engins électriques.
75
+
76
+ Les services de l'entretien des voies utilisent des draisines, de petits véhicules capables de déplacer une équipe sur son chantier. On trouvera également à l'entretien des voies une grande variété de matériels spécialisés : désherbeuses, raton-laveur, bourreuses, etc.
77
+
78
+ Une grande variété de systèmes de transport dérivant du principe de base du chemin de fer existent. Les points communs entre ces systèmes sont le roulement fer sur fer et le guidage. Les variantes se situent au niveau de la structure et du mode d'exploitation.
79
+
80
+ En zone urbaine, du fait de la multitude d'infrastructures et de la nécessité de transporter un nombre élevé de passagers, le recours à des métros, reposant soit sur des infrastructures souterraines ou aériennes pour limiter l'espace occupé constitue une solution privilégiée par les grandes agglomérations. Ailleurs, des systèmes moins lourds ont été utilisés : VAL - Skytrain.
81
+
82
+ Pour la desserte d'une métropole entière, le système du Réseau express régional est utilisé. Il s'agit de mettre en place des axes permettant de transporter d'importantes quantités de voyageurs, souvent entre banlieue et centre urbain.
83
+
84
+ Le tramway permet une desserte plus fine (des arrêts plus rapprochés) en s'insérant dans le tissu urbain. Cependant, sa capacité par ligne est bien moins élevée que celle des métros. Néanmoins, son coût nettement moins élevé permet, pour un même budget, de multiplier les lignes et donc les lieux desservis et ainsi de ne pas concentrer artificiellement les flux de voyageurs.
85
+
86
+ Par son principe de fonctionnement, un train ne peut pas gravir d'importantes déclivités. Pour compenser cela, les ingénieurs ont eu l'idée de placer un troisième axe sur lequel le convoi vient prendre appui. Il s'agit du chemin de fer à crémaillère.
87
+
88
+ Si les déclivités sont encore plus importantes, on a recours au funiculaire. La traction est alors assurée par un câble. Dans certaines villes (San Francisco par exemple), il existe des tramways à traction par câble qui permet de concentrer le moteur de traction en un seul point.
89
+
90
+ Le téléphérique peut être considéré comme un « funiculaire suspendu », dont la voie est constituée par un ou plusieurs câbles porteurs fixes. Cette installation ferroviaire à part entière était d'ailleurs appelée « funiculaire aérien » à ses débuts. Le dictionnaire Flammarion de 1982 définit le téléphérique comme un « type de chemin de fer dont les véhicules circulent sur des câbles aériens faisant office de rails ».
91
+
92
+ La Télécabine sur voie, « système SK (transport) » ou l'ancien système Poma 2000 de Laon : Ces systèmes légers sont constitués de cabines guidées, tractées par un ou plusieurs câbles.
93
+
94
+ Pour limiter l'espace occupé, certains ont pensé à des monorails. Ce système est relativement peu utilisé pour le transport de voyageurs mais commun dans l'industrie dans sa version portante (rail au plafond).
95
+
96
+ Une des pistes d'évolution du chemin de fer est le train à sustentation magnétique. Les essais de ce système sont prometteurs[réf. nécessaire].
97
+
98
+ À l'inverse, d'autres expérimentations portent (ou ont porté) sur des trains gravitationnels, mus par la pesanteur, à la manière des trains de parc d'attractions qui, une fois lancés, avancent grâce à leur propre inertie.
99
+
100
+ La maintenance des trains requiert un grand nombre d’équipements ainsi que des centres de dépôt et de maintenance ferroviaire, qui requièrent eux-mêmes d’être entretenus. Parmi ces équipements, l’on peut citer :
101
+
102
+ Les entreprises ferroviaires réalisent généralement deux types d’opérations de maintenance : des opérations planifiées afin de réparer les principaux systèmes, et des interventions mineures non planifiées sur du matériel endommagé (réparation de portes ou de vitres). Ces deux approches présentent cependant deux inconvénients majeurs : dans le premier cas, un risque avéré de réparation trop précoce des pièces, et dans le second cas, de fortes probabilités de retard des trains, provoquant le mécontentement des utilisateurs.[14]
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+
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+
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+
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+ (km)
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+ (km)
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+ (km)
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+ plus
115
+ 30 000 km de chemins de fer industriels
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+ dont 21 000 km en Afrique du Sud
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'Alabama /alabama/ (en anglais /ˌæləˈbæmə/) est un État du Sud des États-Unis ayant pour capitale Montgomery, et pour plus grandes villes Birmingham et Mobile. Avec 4 779 736 habitants en 2010, population estimée à 4 903 185 habitants en 2019, répartie sur une superficie de 135 765 km2, l'État est le 23e du pays par sa population et le 30e par sa taille. Il est entouré par quatre États : le Mississippi à l'ouest, le Tennessee au nord, la Géorgie à l'est et la Floride au sud. Une petite bande de territoire lui donne en outre accès aux rives du Golfe du Mexique, et la partie sud des Appalaches se trouve au nord de l'État. Il comporte 67 comtés. Emblématique du Sud profond et connu à ce titre comme le « Cœur de Dixie », l'Alabama se caractérise par un climat subtropical, une importance des traditions religieuses et du conservatisme ainsi qu'une forte proportion d'Afro-Américains dans sa population (environ 25 %).
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+ L'État tire son nom du alabama albamaaha ou du chacta alba amo, du nom de la tribu des Alabamas, apparentée aux Creeks, qui vivait dans la haute vallée de l'Alabama. Les Français fondent la première colonie européenne de l'État à Mobile en 1702[1]. Ils intègrent le territoire dans la province de Louisiane et mettent en place une économie de plantation (coton, tabac) fondée sur l'esclavagisme. En 1763, la province rejoint la Floride occidentale britannique, puis espagnole en 1780. À l'issue de la Guerre anglo-américaine, l'Alabama adhère à l'Union le 14 décembre 1819 et en devient le 22e État. Il fait sécession en 1861 et rejoint les États confédérés d'Amérique. Après la guerre de Sécession, l'Alabama est réadmis dans l'Union en 1868. Durant la fin du XIXe siècle et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'État voit sa population s'accroître grâce à l’industrialisation. Les tensions politiques et sociales générées par la ségrégation raciale en font l'épicentre du Mouvement des droits civiques, qui débute en Alabama avec le boycott des bus de Montgomery (1955-1956).
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+ Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'Alabama, comme beaucoup d'États du Sud, connaît des problèmes de pauvreté en raison de la désorganisation des systèmes esclavagistes. Durant les années qui suivirent la guerre, l'Alabama s'affirme comme une puissance industrielle, développant l'industrie lourde (automobile, aciéries) et l'extraction de minerais. Aujourd'hui, le secteur bancaire, l'éducation, l'aéronautique et les nouvelles technologies constituent l'essentiel de son PIB. Comme la plupart des États du Sud, l'Alabama est un bastion du Parti républicain depuis les années 1980. La peine de mort par injection létale y est en vigueur. Il se situe par ailleurs dans la Bible Belt et est marqué par le protestantisme rigoriste.
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+ Les Alabamas, une tribu Creeks, qui résidait à proximité de la confluence entre la Coosa et la Tallapoosa sur la partie nord de la rivière Alabama[2], donnèrent leur nom à la rivière et à l'État. Le mot Alabama proviendrait de la langue chacta[3] et fut plus tard adopté par la tribu Alabama comme nom[4]. L'orthographe du nom varie suivant les sources[4]. Le premier usage proviendrait de trois occurrences lors de l'expédition d'Hernando de Soto de 1540 qui avec Garcilasso de la Vega utilisaient le terme Alibamo tandis que le Chevalier de Elvas et Rodrigo Ranjel écrivaient Alibamu et Limamu, respectivement[4]. Au début de 1702, la tribu était connue par les Français comme les Alibamons avec des cartes sur lesquelles la rivière était appelée Rivière des Alibamons[2]. Parmi les autres graphies de leur nom, on peut trouver Alibamu, Alabamo, Albama, Alebamon, Alibama, Alibamou, Alabamu, et Allibamou[4],[5],[6]. L'origine amérindienne du nom de l'État est un élément partagé par environ 27 États[7].
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13
+ Bien que les origines du nom Alabama soient évidentes, le sens du nom de la tribu n'est pas toujours clair. Un article non signé paru dans le Jacksonville Republican le 27 juillet 1842 proposant l'idée que le nom signifiait « Ici nous restons »[4]. Cette proposition devint populaire durant les années 1850 grâce aux écrits d'Alexander Beaufort Meek[4]. Les experts des langues muskogéennes ont été incapables de trouver des preuves confirmant cette traduction[2],[4]. Il est dorénavant accepté que le mot proviendrait des mots Choctaw alba (signifiant « plantes » ou « mauvaises herbes ») et amo (signifiant « couper », « équilibrer », ou « cueillir »)[3],[4],[8]. Le résultat de la traduction serait donc « nettoyeur de bosquets »[3] ou même « ramasseur d'herbes »[8],[9] ce qui peut faire référence au fait de créer des terrains pour faire des plantations[5] ou à la collecte de plantes médicinales par les chamans[9].
14
+
15
+ Parmi les Amérindiens ayant vécu dans l'actuel territoire de l'Alabama on trouve les Alibamas ce qui veut dire « ceux qui débroussaillent » (peuple éponyme de l'État), les Cherokees, les Chicachas, les Choctaws, les Koasati et les Mobile. Le commerce avec le nord-est via l'Ohio dura pendant une période s'étendant de 1000 av. J.-C. à 700 et perdura jusqu'aux premiers contacts avec des Européens[10]. L'influence méso-américaine est évidente dans la civilisation du Mississippi agraire qui suivit.
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+ En 1580, le roi d'Espagne fonde la Floride occidentale, ancien nom de l'Alabama.
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+ Les Français fondent la première colonie européenne de l'État avec l'établissement de Mobile en 1702[1]. Ils intègrent l'État actuel dans la province de Louisiane apportant les premiers esclaves africains, détribalisés, et fondent des plantations (coton, tabac). L'Alabama fut français de 1702 à 1763, une partie de la Floride occidentale britannique de 1763 à 1780, et une partie de la Floride occidentale espagnole de 1780 à 1814. L'Alabama du nord et du centre faisait partie de la Géorgie britannique de 1763 à 1783 et ensuite une partie du territoire du Mississippi américain.
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+
21
+ En 1720, la capitale de la Louisiane française est transférée de Mobile à Biloxi et en 1763, la Louisiane à l'est du fleuve du Mississippi est cédée à la Grande-Bretagne. Plus tard, en 1798, peu après le scandale de Yazoo Land, c'est l'organisation du Territoire du Mississippi, à partir de territoires cédés par la Géorgie et la Caroline du Sud, et agrandi plus tard par l'adjonction de terres supplémentaires. En 1800, ce territoire n'a toujours que 5 750 habitants, 4 500 dans le Natchez District et 1 250 le long de la rivière Tombigbee, dans le futur Alabama, à l'ouest de Mobile[11], secteur qui deviendra très vite une partie de l'Alabama. Le flot d’immigrants sur la période 1798-1812 fut significatif pour le Natchez District, placé sur le Mississippi, mais beaucoup plus faible pour l'Alabama. Les deux futurs États connurent surtout une forte croissance après 1815 et la fin de la guerre de 1812, portée par le boom des plantations de coton selon l'historien Thomas D. Clark (en).
22
+
23
+ En 1802, la population des comtés d'Adams et Pickering (appelé ensuite Jefferson County) compte au total 4 446 Blancs et 2 995 esclaves, trois ans après la partition du Natchez District en deux parties. En 1810, c'est toujours le Mississippi, privilégié par son grand fleuve et son peuplement plus ancien qui croît plus vite : la population y est de 15 826 Blancs et 13 924 Noirs, soit 29 700 habitants, pour la plupart dans le Natchez District et ses terres très fertiles[12].
24
+
25
+ En 1811, 31 306 personnes, dont 14 706 esclaves vivent dans cinq comtés au Nord de celui d'Adams, sur les États actuels du Mississippi, de l'Alabama et de la Louisiane. L'Alabama, qui est devenu un territoire séparé, compte à la même époque 9 046 habitants dont 2 565 esclaves, soit au total 38 000 habitants pour les deux futurs États[12]. En 1720 c'est deux fois plus (74 693) et en 1830, quatre fois plus (183 208). Trois fois moins peuplé que le Mississippi en 1810, l'Alabama comptera deux fois plus d'habitants que lui en 1830, grâce en particulier aux Réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique arrivés vers 1817.
26
+
27
+ La guerre de 1812, motivée par des spéculations immobilières liées aux rebondissement du scandale de Yazoo Land, débouche en 1812 puis en 1814 sur deux vagues d'immigration[11]. La troisième, la plus forte intervient le 10 décembre 1817.
28
+
29
+ L'année 1817 vit culminer la période d'immigration : en neuf jours, 4 000 personnes s'installent dans le Mississippi voisin, où en une décennie (de 1810 à 1820), la population a doublé, pour atteindre 75 450 habitants, dont 42 176 Blancs et 33 272 esclaves, c'est la « Mississippi fever ». La croissance, au cours de la même décennie, de l'Alabama fut encore plus rapide : elle a été multipliée par 20, pour atteindre 146 863 habitants (99 198 Blancs et 47 665 esclaves), d'où le terme d’Alabama fever.
30
+
31
+ Le Mississippi et l'Alabama réunis comptent 74 693 esclaves dès 1820 : ce nombre double ensuite pour atteindre 183 000 dans les deux États en 1830. Dès 1817, deux ans après la fin de la guerre de 1812, plusieurs centaines de réfugiés de Saint-Domingue, menés par deux ex-généraux de Napoléon Ier, fondent la Vine and Olive Colony, et obtiennent 370 kilomètres carrés du gouvernement américain. Très vite, ils abandonnent le vin et les olives pour devenir des pionniers de l'histoire de la culture du coton[13].
32
+
33
+ Le passage au statut d'État a été retardé par l'absence de littoral. Il y fut remédié lorsque Andrew Jackson s'empara de la ville espagnole de Mobile, en 1814[14]. L'Alabama fut le 22e État à être admis dans l'Union, en 1819, deux ans après le Mississippi. Les nouveaux colons américains décidèrent d'y maintenir l'esclavage.
34
+
35
+ L'Alabama devient la nouvelle frontière durant les années 1820 et 1830. Les colons tirent rapidement avantage du sol fertile. Les planteurs amènent des esclaves avec eux. L'économie de la « Black Belt » comporte alors de grandes plantations de coton dont les propriétaires construisent leurs richesses sur le travail des afro-américains mis en esclavage. Le nom de « Black Belt » provient du sol qui est noir et fertile[15]. Ailleurs les blancs plus pauvres sont des fermiers de subsistance. D'après un recensement datant de 1860, les esclaves représentent 45 % de la population de l'État qui s'élève alors à 964 201 personnes. Il y avait seulement 2 690 personnes de couleur libres.
36
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37
+ Le 11 janvier 1861, l'Alabama fait sécession, fournissant près de 120 000 soldats aux États confédérés d'Amérique, bien qu'aucune bataille n'ait réellement eu lieu dans cet État. Rapidement ébranlé par la guerre, l'État doit faire face à une fuite massive des esclaves. Après la défaite confédérée, l'esclavage est aboli, et un gouvernement provisoire est établi en 1865. Après la Reconstruction, l'État est réintégré à l'Union en 1868. Mais ayant mal accepté leur défaite, les Blancs s'opposent à toute ascension sociale des Noirs au moyen de troupes paramilitaires (Fleurs du Camelia, Ku Klux Klan), des lois Jim Crow, et de la politique de ségrégation qui vise en fait à empêcher une émancipation et l'égalité des Noirs. Ceux-ci sont quasiment privés d'instruction, n'ont pas le droit d'avoir une arme et sont dissuadés de voter. De nombreux Noirs fuient alors vers les États industriels du nord.
38
+
39
+ Dans sa nouvelle constitution de 1901, la législature (basée sur l'agriculture) prive les Afro-américains de leurs droits civiques avec des restrictions de vote. Alors que les planteurs engagent des blancs pauvres pour soutenir ces efforts, les nouvelles restrictions entrainent aussi la privation du droit de vote aux blancs. En 1941, plus de blancs que de noirs sont privés du droit de vote : 600 000 Blancs pour 520 000 Noirs. Ceci est principalement dû aux effets des impôts locaux cumulatifs[16].
40
+
41
+ Les dommages causés à la communauté Afro-américaine sont plus importants, puisque presque tous les citoyens noirs perdent leur droit de vote. En 1900, quatorze comtés de la Black Belt (qui étaient principalement Afro-américains) représentent près de 79 000 votants. Le 1er juin 1903, le nombre de votants enregistrés tombe à 1 081. En 1900, l'Alabama compte plus de 181 000 Afro-américains éligibles au vote. En 1903, ils ne sont que 2 980, bien qu'au moins 74 000 votants noirs soient lettrés. La privation du droit de vote aux noirs s'est arrêtée lorsque les Afro-américains ont mené le mouvement des droits civiques pour atteindre la législation fédérale au milieu des années 1960 afin de protéger leur droit civique et leur droit de vote. Une telle législation protège aussi les droits des pauvres parmi les populations blanches.
42
+
43
+ La législature, dominée par le milieu rural, continue de ne pas allouer les fonds suffisants aux écoles et aux services destinés aux Afro-américains de l'État, mais ne les soulage pas d'impôts[15]. Les discriminations raciales qui perdurent, la dépression agricole, et la perte des récoltes de coton dû au charançon du cotonnier conduisent des dizaines de milliers d'Afro-américains à chercher de nouvelles opportunités dans les villes du nord des États-Unis. Ils quittent l'Alabama au début du XXe siècle lors de la Grande Migration à la recherche de travail dans l'industrie et d'un avenir plus clément dans les villes industrielles du nord. Le taux de croissance de la population en Alabama tombe presque de moitié de 1910 à 1920, reflétant cette émigration.
44
+
45
+ Dans le même temps, beaucoup de blancs et de noirs, anciennement agriculteurs, s'installent dans la ville de Birmingham pour trouver un emploi dans le secteur industriel. Dès lors, elle connait une croissance si rapide qu'elle est surnommée « la ville magique » (« The Magic City »). Durant les années 1920, Birmingham devient la 19e plus grande ville des États-Unis et représente à elle seule 30 % de la population de l'État. L'industrie lourde et les mines composent la base de l'économie.
46
+
47
+ En dépit des grands changements que connait la population de 1901 à 1961, la législature de l'État refuse de modifier la répartition des sièges de la Chambre des Représentants et du Sénat de l'État pour qu'ils reflètent mieux la population réelle. Elle maintient l'ancienne représentation politique et économique sur les zones agricoles. De plus, la législature d'État fit en sorte que les quelques sièges de la législature représentant Birmingham soient donnés à des personnes vivant hors de Birmingham.
48
+
49
+ Du fait de la longue période de restrictions imposées aux Afro-américains, le système politique de l'État est demeuré pendant des décennies celui d'une démocratie à parti unique. Le développement industriel dû aux exigences de la Seconde Guerre mondiale a apporté la prospérité[15]. Le coton prit de moins en moins d'importance puisque l'État développait les services et les manufactures. Durant les années 1960, sous le Gouverneur George Wallace, beaucoup de blancs dans l'État s'opposèrent aux efforts d'intégration.
50
+
51
+ La population blanche de l'Alabama s'oppose, souvent violemment, dans les années 1950 et 1960 à l'émancipation des Noirs afro-Américains. Le mouvement des droits civiques, lancé par Martin Luther King ou Rosa Parks, débute en Alabama en 1955, avec le Boycott des bus de Montgomery. La ségrégation raciale fut abolie en 1964. Depuis les années 1970, de plus en plus d'immigrants d'Amérique latine se sont installés.
52
+
53
+ Grâce à la croisade que mène le mouvement des droits civiques, les Afro-Américains obtiennent le droit de vote et leurs autres droits au travers du Civil Rights Act de 1964 et du Voting Rights Act de 1965. La ségrégation prend officiellement fin dans l'État lorsque les lois Jim Crow sont déclarées nulles et abrogées[17].
54
+
55
+ Sous le Voting Rights Act de 1965, la Cour suprême des États-Unis force l'Alabama à correctement représenter la population au niveau de sa législature, Chambre des Représentants et Sénat de l'État. En 1972, pour la première fois depuis 1901, la disposition de la constitution de l'Alabama quant à une redistribution périodique des districts basée sur la population est mise en application. Ceci au bénéfice de la population noire, sous-représentée pendant plus de soixante ans[18].
56
+
57
+ Depuis 1972, la population blanche soutient très nettement le candidat républicain aux élections présidentielles (ce qui s'est également produit dans les États sudistes avoisinants). Depuis 1990, la majorité des Blancs de l'État vote pour les Républicains aux élections d'État (Sénat, représentants, gouverneur)[19].
58
+
59
+ L'Alabama est le 30e plus grand État des États-Unis avec 135 765 km2 dont 4 338 d'eau (3,2 %), ce qui fait de lui le 23e État ayant la plus grande superficie d'eau, ainsi que le second État ayant le plus grand système de voies d'eau intérieures aux États-Unis.
60
+
61
+ Les trois cinquièmes de la superficie terrestre constituent une plaine qui descend en pente douce vers le Mississippi et le golfe du Mexique. Le nord de l'Alabama est plus montagneux, avec le Tennessee créant une large vallée qui forme de nombreux cours d'eau, des lacs et des collines.
62
+
63
+ L'altitude de l'Alabama est généralement comprise entre le niveau de la mer à la baie de Mobile et 550 mètres dans les Appalaches, au nord-est. Le point culminant est le Mont Cheaha (735 mètres).
64
+
65
+ Les États entourant l'Alabama sont au nord le Tennessee, la Géorgie à l'est, la Floride au sud et le Mississippi à l'ouest. L'Alabama possède un littoral sur le golfe du Mexique, dans l'extrême sud-est de l'État, entre le Mississippi et la Panhandle de Floride.
66
+
67
+ Le comté de Baldwin, le long de la côte, est le plus grand des 67 comtés de l'État, aussi bien en superficie de terre qu'en superficie d'eau.
68
+
69
+ L'Alabama comprend plusieurs parcs nationaux, dont le Horseshoe Bend National Military Park (en) à Daviston, le Little River Canyon National Preserve à Fort Payne, le Russell Cave National Monument à Bridgeport, le Tuskegee Airmen National Historic Site à Tuskegee et le Tuskegee Institute National Historic Site près de Tuskegee.
70
+
71
+ L'Alabama abrite également le Natchez Trace Parkway, la Selma To Montgomery National Historic Trail et la Trail Of Tears National Historic Trail.
72
+
73
+ Le cratère d'impact d'une météorite de 8 km de long se trouve dans le Comté d'Elmore, au nord de Montgomery. C'est le cratère de Wetumpka, qui est le site du « plus grand désastre naturel de l'Alabama ». Une météorite de 300 mètres frappa la région il y a près de 80 millions d'années. Les collines à l'est du centre ville de Wetumpka présentent les restes érodés du cratère d'impact, le secteur de Wetumpka crater a été identifié comme un cratère d'impact ou astroblème à cause des cercles concentriques que forment les fractures et les zones de roches brisées se trouvant juste sous la surface[20].
74
+
75
+ L'Alabama est traversée par cinq autoroutes inter-États : l'Interstate 65 qui va du nord au sud en passant par le centre de l'État; l'I-59 et l'I-20 partent du centre ouest de Birmingham, ou l'Interstate 59 continue vers la pointe nord-est de l'État et l'Interstate 20 va vers l'est, vers Atlanta; l'I-85 s'étend de la frontière avec la Géorgie à Montgomery, fournissant une voie de communication principale vers Atlanta; et l'Interstate 10 traverse la région la plus au sud de l'Alabama, la traversant d'ouest en est, en passant par Mobile. Une autre Interstate, l'Interstate 22, est actuellement en construction. Quand elle sera terminée, vers 2014, elle reliera Birmingham à Memphis (Tennessee).
76
+
77
+ Les aéroports les plus importants d'Alabama sont le Birmingham International Airport (BHM), le Dothan Regional Airport (DHN), l'Huntsville International Airport (HSV), l'aéroport régional de Mobile (MOB), l'aéroport régional de Montgomery (MGM), le Northwest Alabama Regional Airport (MSL), le Tuscaloosa Regional Airport (TCL), et le Pryor Field Regional Airport (DCU). Pour les transports par voie ferrée, Amtrak propose le Crescent, un train quotidien de voyageurs allant de New York à La Nouvelle-Orléans avec des arrêts à Anniston, Birmingham et Tuscaloosa.
78
+
79
+ Le climat de l'Alabama est un climat subtropical humide avec une température annuelle moyenne de 18 °C. Les températures ont tendance à être plus élevées dans le sud de l'État, à proximité du golfe du Mexique, tandis que la partie nord de l'État, particulièrement la région des Appalaches, est légèrement plus fraîche. Généralement, l'Alabama est sujet à des étés très chauds et des hivers moyens, avec des précipitations tout au long de l'année. La somme annuelle des précipitations est, en moyenne, de 142 centimètres.
80
+
81
+ Les étés en Alabama sont parmi les plus chauds et moite des États-Unis, avec des températures de plus de 35 °C durant l'été dans l'ensemble de l'État. L'Alabama est aussi enclin aux cyclones tropicaux et aux ouragans. Les régions de l'État éloignées du Golfe ne sont pas à l'abri des effets de ces tempêtes, qui déchargent une quantité importante de pluie quand elles se déplacent à l'intérieur des terres et s'y affaiblissent.
82
+
83
+ Le sud de l'Alabama rencontre plus d'orages que n'importe quelle autre région des États-Unis. La côte du Golfe, près de la baie de Mobile, connaît entre 70 et 80 jours d'orages par an. Cette activité diminue légèrement plus au nord de l'État, mais même l'extrême nord connait près de 60 jours d'orage par an. De temps en temps, les orages sont importants avec de la foudre et des chutes de gros grêlons — les parties centrale et nord de l'État sont les plus vulnérables à ces types d'orage.
84
+
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+ Les tornades sont courantes dans l'État, la saison variant du nord au sud de l'État. L'Alabama partage la triste distinction, avec le Kansas, d'avoir relevé plus de tornades F5, la plus puissante de son genre[21], que les autres États — d'après les statistiques du National Climatic Data Center sur la période du 1er janvier 1950 au 31 octobre 2006. La partie nord de l'État — le long de la vallée du Tennessee — est l'une des régions nord-américaines les plus vulnérables aux violentes tornades. La région couvrant l'Alabama et le Mississippi — la plus affectée par ce phénomène — est parfois appelée la Dixie Alley, en opposition avec la Tornado Alley des plaines du sud. L'Alabama est l'un des rares endroits au monde qui connait une saison des tornades secondaire (novembre et décembre) en plus de la saison estivale propice à ce phénomène.
86
+
87
+ Plusieurs tornades F5 ont contribué à augmenter le nombre de morts dus aux tornades en Alabama, plus que dans les autres États sauf pour le Texas et le Mississippi. Le « Super Outbreak » du mois d'avril 1974, affecta de façon très significative l'Alabama avec de nombreuses tornades, dont trois de force F5, en particulier celle qui détruisit la plus grande partie de la petite municipalité de Guin. L’éruption de tornades du 25 au 28 avril 2011 aux États-Unis est un autre épisode où des tornades tuèrent 236 personnes dans l'État le 27 avril.
88
+
89
+ Les hivers sont généralement doux en Alabama, comme ils le sont au travers de la plupart des États du Sud-Est américain, avec une moyenne minimale de 4 °C en janvier à Mobile et de 0 °C à Birmingham. Les chutes de neige sont rares dans presque tout l'Alabama. Les régions au nord de Montgomery peuvent recevoir un peu de neige chaque hiver, avec des chutes un peu plus importantes de temps en temps. Sur la côte sud du Golfe, les chutes de neiges sont moins fréquentes, espacées de plusieurs hivers sans neige.
90
+
91
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Alabama[23] :
92
+
93
+ L'État de l'Alabama est divisé en 67 comtés[24].
94
+
95
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini treize aires métropolitaines et neuf aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de l'Alabama[25].
96
+
97
+ (294 865)
98
+
99
+ (316 554)
100
+
101
+ (7,4 %)
102
+
103
+ En 2010, 86,6 % des Alabamiens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 75,5 % dans une aire métropolitaine et 11,1 % dans une aire micropolitaine.
104
+
105
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini six aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Alabama.
106
+
107
+ (469 327)
108
+
109
+ (501 649)
110
+
111
+ (6,9 %)
112
+
113
+ (923 460)
114
+
115
+ (940 299)
116
+
117
+ (1,8 %)
118
+
119
+ L'État de l'Alabama compte 461 municipalités[26], dont 17 de plus de 30 000 habitants.
120
+
121
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'État de l'Alabama à 4 903 185 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 2,58 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 4 779 736 habitants[28]. Depuis 2010, l'État connaît la 37e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis. La population est estimée, en 2019, à 4 903 185 habitants[28].
122
+
123
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Alabama devrait atteindre une population de 6 127 975 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 28,1 % par rapport à 2010[29].
124
+
125
+ Avec 4 779 736 habitants en 2010, l'Alabama était le 23e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 1,55 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord du comté de Chilton[30].
126
+
127
+ Avec 36,44 hab./km2 en 2010, l'Alabama était le 27e État le plus dense des États-Unis.
128
+
129
+ Le taux d'urbains était de 59,0 % et celui de ruraux de 41,0 %. L'État comptait le 9e plus fort taux de ruraux du pays[31].
130
+
131
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 12,6 ‰[32] (12,1 ‰ en 2012[33]) et le taux de mortalité à 10,1 ‰[34] (10,2 ‰ en 2012[35]). L'indice de fécondité était de 1,87 enfants par femme[32] (1,81 en 2012[33]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 8,7 ‰[34] (9,0 ‰ en 2012[35]). La population était composée de 23,69 % de personnes de moins de 18 ans, 10,03 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,70 % de personnes entre 25 et 44 ans, 26,82 % de personnes entre 45 et 64 ans et 13,76 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 37,9 ans[36].
132
+
133
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 53 964) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 35 848) avec un excédent des naissances (192 880) sur les décès (157 032), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 17 425) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 17 345) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 80)[37].
134
+
135
+ Selon des estimations de 2013, 95,8 % des Alabamiens étaient nés dans un État fédéré, dont 70,0 % dans l'État de l'Alabama et 25,8 % dans un autre État (15,9 % dans le Sud, 5,0 % dans le Midwest, 2,5 % dans le Nord-Est, 2,4 % dans l'Ouest), 0,8 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 3,4 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (51,1 % en Amérique latine, 30,9 % en Asie, 10,7 % en Europe, 4,6 % en Afrique, 2,1 % en Amérique du Nord, 0,6 % en Océanie). Parmi ces derniers, 36,9 % étaient naturalisés américain et 63,1 % étaient étrangers[38],[39].
136
+
137
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 65 000 immigrés illégaux, soit 1,3 % de la population[40].
138
+
139
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 68,53 % —3 275 394 personnes— de Blancs, 26,18 % —1 251 311 personnes— de Noirs, 1,49 % —71 251 personnes— de Métis, 1,12 % —53 595 personnes— d'Asiatiques, 0,59 % —28 218 personnes— d'Amérindiens, 0,06 % —3 057 personnes— d'Océaniens et 2,03 % —96 910 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
140
+
141
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,40 %), principalement blanche et amérindienne (0,46 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,09 %).
142
+
143
+ Les non hispaniques représentaient 96,12 % —4 594 134 personnes— de la population avec 67,04 % —3 204 402 personnes— de Blancs, 26,04 % —1 244 437 personnes— de Noirs, 1,26 % —60 445 personnes— de Métis, 1,11 % —52 937 personnes— d'Asiatiques, 0,54 % —25 907 personnes— d'Amérindiens, 0,04 % —1 976 personnes— d'Océaniens et 0,08 % —4 030 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 3,88 % —185 602 personnes— de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (2,57 %)[36].
144
+
145
+ En 2010, l'Alabama avait la 6e plus forte proportion de Noirs des États-Unis. A contrario, l'État avait la 8e plus faible proportion d'Asiatiques des États-Unis.
146
+
147
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 96,1 %, dont 66,3 % de Blancs, 26,5 % de Noirs, 1,5 % de Métis et 1,2 % d'Asiatiques, et celle des Hispaniques à 3,9 %[43].
148
+
149
+ L'Alabama connaît depuis le début des années 1990 une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale en raison notamment d'une immigration importante en provenance de l'Amérique latine, d’un âge médian plus élevé (41,4 ans[44]) que les autres populations (24,7 ans pour les Hispaniques, 32,5 ans pour les Noirs, 32,9 ans pour les Asiatiques[45]), d'une natalité plus faible (10,5 ‰ en 2010) que les autres populations (28,0 ‰ pour les Hispaniques, 14,6 ‰ pour les Noirs, 11,8 ‰ pour les Asiatiques) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
150
+
151
+ En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 56,9 % des enfants de moins de 5 ans (29,7 % pour les Noirs, 8,2 % pour les Hispaniques, 3,2 % pour les Métis et 1,1 % pour les Asiatiques) et 56,0 % des enfants de moins de 1 an (30,2 % pour les Noirs, 8,5 % pour les Hispaniques, 3,5 % pour les Métis et 1,0 % pour les Asiatiques)[46].
152
+
153
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 54,2 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[29].
154
+
155
+ En 2000, les Alabamiens s'identifiaient principalement comme étant d'origine américaine (17,0 %), anglaise (7,8 %), irlandaise (7,7 %) et allemande (5,7 %)[47].
156
+
157
+ En 2000, l'État avait la 4e plus forte proportion de personnes d'origine américaine.
158
+
159
+ L'État abrite la 24e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 17 283 Arabes en 2013, soit 0,4 % de la population, principalement des Libanais (7 488) et des Égyptiens (1 843).
160
+
161
+ L'État abrite également la 35e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 8 850 Juifs en 2013 (9 140 en 1971), soit 0,2 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Birmingham-Hoover (5 200), Montgomery (1 100), Mobile (900) et Huntsville (750)[48].
162
+
163
+ L’État abritait en 2013 une population noire assez homogène, composée principalement de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (95,8 %) mais aussi d’Africains subsahariens (3,3 %), de Caribéens non hispaniques (0,6 %) et d’Hispaniques (0,3 %).
164
+
165
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 42 957, soit 0,9 % de la population, et celui des Caribéens non hispaniques à 7 925, soit 0,2 % de la population, principalement des Jamaïcains (3 200), des Haïtiens (1 102) et des Bahamiens (1 073).
166
+
167
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (66,2 %), du Guatemala (7,7 %) et de Porto Rico (6,6 %)[49]. Composée à 38,2 % de Blancs, 5,8 % de Métis, 3,7 % de Noirs, 1,2 % d'Amérindiens, 0,6 % d'Océaniens, 0,4 % d'Asiatiques et 50,0 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 35,4 % des Océaniens, 15,2 % des Métis, 8,2 % des Amérindiens, 2,2 % des Blancs, 1,2 % des Asiatiques, 0,5 % des Noirs et 95,8 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
168
+
169
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (24,3 %), Chinois (17,6 %), Coréens (15,5 %), Viêts (13,8 %), Philippins (9,2 %) et Japonais (4,5 %)[50].
170
+
171
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Cherokees (33,4 %), Creeks (12,5 %) et Chactas (12,0 %)[51].
172
+
173
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Chamorros (58,0 %), Hawaïens (17,1 %), Samoans (7,0 %) et Tongiens (3,1 %).
174
+
175
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (94,1 %), principalement blanche et amérindienne (30,8 %), blanche et noire (27,6 %), blanche et asiatique (12,4 %), blanche et autre (9,2 %) et noire et amérindienne (4,7 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (5,9 %)[52].
176
+
177
+ L'Alabama se trouve au milieu de la Bible Belt. Lors d'un sondage datant de 2007, près de 70 % des interrogés pouvaient nommer les quatre évangiles chrétiens. Parmi ceux ayant des préférences religieuses, 59 % disaient avoir une « complète compréhension » de leur foi et n'avaient pas besoin d'un autre apprentissage[58]. Lors d'un sondage de 2007, 92 % des habitants d'Alabama indiquaient au moins faire un peu confiance aux églises de leur État. La région de Mobile se distingue par son fort pourcentage de catholiques, en raison de l'occupation française et espagnole de cette région. Aujourd'hui, une très grande majorité des Alabamiens se définissent comme protestants.
178
+
179
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 57 % des habitants de l'Alabama se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 29 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 14 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[59].
180
+
181
+ L'industrie touristique en Alabama rapporte environ 6,5 milliards de dollars chaque année avec annuellement 18 millions de visiteurs.
182
+
183
+ Un organisme d'État mandaté par l'Assemblée législative de l'Alabama et nommé département du tourisme de l'Alabama, travail à faire en sorte que l’Alabama profite au maximum des avantages du tourisme local. L’organisme a été fondé en 1951[60].
184
+
185
+ Le primaire et le secondaire public en Alabama sont sous la direction de l’Alabama State Board of Education. Ensemble, 1 541 écoles fournissent des services éducatifs à 743 364 élèves de l'élémentaire et du secondaire[61].
186
+
187
+ Les fonds alloués aux écoles sont fournis par l’Alabama Legislature au travers de l’Education Trust Fund. Lors de l'année scolaire 2006-2007, l'Alabama utilisa 3 775 163 578 $ au primaire et au secondaire. Ce qui représentait une augmentation de 444 736 387 $ par rapport à l'année fiscale précédente[61].
188
+
189
+ Les programmes d'enseignement supérieur de l'Alabama comprennent quatorze universités (quatre ans d'étude), et des lycées (deux ans d'étude), et dix-sept universités privées. Il y a deux écoles de médecine dans l'État (université d'Alabama de Birmingham et université de South Alabama), deux universités vétérinaires (université d'Auburn et l'université de Tuskegee), une école de dentisterie (université d'Alabama de Birmingham), un collège d'optométrie (université d'Alabama de Birmingham), deux écoles de pharmacie (université d'Auburn et université de Samford), et cinq universités de droit (University of Alabama School of Law, Birmingham School of Law, Cumberland School of Law, Miles Law School, et la Thomas Goode Jones School of Law). L'enseignement public post-secondaire de l'Alabama est supervisé par l’Alabama Commission on Higher Education[62].
190
+
191
+ Selon le Bureau de statistiques économiques américain, le PIB de l'Alabama s'élevait en 2012 à 183,5 milliards de dollars (1,18% du PIB national), ou 32 615 dollars par habitant, le plaçant au 46e rang national. Le PIB de l'Alabama a augmenté de 1,2 % de 2011 à 2012, atteignant la 39e place en termes d'augmentation du PIB. La plus importante croissance vient de l'industrie immobilière[63]. En 1999, le revenu par personne était de 18 189 dollars dans l'État[64].
192
+
193
+ La production agricole de l'Alabama est composée de volailles et d'œufs, de bétail, de cacahuètes, de coton, de céréales telles que le maïs et le sorgho, de légumes, de lait, de soja et de pêches. Bien que connu comme « l'État du Coton », l'Alabama ne se place que comme le huitième ou dixième État producteur de coton selon les différents rapports[65],[66], avec, dans le top trois, le Texas, la Géorgie et le Mississippi.
194
+
195
+ L'activité industrielle de l'Alabama comprend les productions dérivées du fer et de l'acier (comme les moules et les tuyaux), ainsi que les activités dérivées du bois, de l'extraction à la coupe en passant par la fabrication de papier. L'Alabama abrite aussi une industrie minière (principalement dans l'extraction du charbon). Les productions dérivées du plastique ainsi que l'industrie automobile sont également présentes.
196
+ Par ailleurs, l'Alabama a aussi une production aérospatiale et électronique, principalement dans la zone d'Huntsville, où se trouve le George C. Marshall Space Flight Center de la NASA et le US Army Missile Command, basé à Redstone Arsenal.
197
+
198
+ L'Alabama se trouve également dans le bassin qui connaît la plus forte croissance économique du pays, en incluant les États voisins comme le Tennessee, le Mississippi, la Floride et la Géorgie. Cette croissance est en grande partie liée à la rapide expansion de l'industrie automobile qui, depuis son arrivée en Alabama en 1993, a généré plus de 67 800 nouveaux emplois. L'Alabama est depuis devenu le deuxième État du pays en termes de production automobile et devrait prendre la première place, devant la région de Détroit, aux alentours de 2009 grâce à de récentes expansions industrielles.
199
+ En mai 2007, un site au nord de Mobile a été sélectionné par le producteur d'acier allemand ThyssenKrupp pour l'implantation d'une usine représentant un investissement de 3,7 milliards de dollars. Parallèlement, l'industriel allemand a promis la création de 2 700 emplois permanents.
200
+
201
+ Dans les années 1970 et 1980, l'économie de Birmingham fut transformée par les investissements dans les biotechnologies et la recherche médicale à l'université d'Alabama à Birmingham (UAB) et son hôpital adjacent. L'hôpital de l'UAB est un centre traumatique de Niveau I fournissant des soins de santé et des avancées médicales. L'UAB est le plus grand employeur de la région et de l'Alabama avec une main d'œuvre de près de 20 000 personnes. HealthSouth, fournisseur de services de santé, a aussi son siège social dans la ville.
202
+
203
+ Birmingham est aussi un centre bancaire de premier ordre, servant de siège à deux banques majeures : la Regions Financial Corporation et la Compass Bancshares. SouthTrust, une autre grande banque basée à Birmingham, fut acquise par Wachovia en 2004. En novembre 2006, Regions Financial fusionna avec AmSouth Bancorporation, qui était aussi basée à Birmingham. Ils formèrent la huitième plus grande banque américaine (par le capital total). Près d'une douzaine de banques plus petites sont aussi basées dans la "Magic City", telles que la Superior Bank et la New South Federal Savings Bank.
204
+
205
+ En 2012, la Regions Financial était la seule société basée en Alabama faisant partie du classement des 500 premières entreprises américaines, classées selon l'importance de leur chiffre d'affaires (Fortune 500), occupant le 401e rang[67].
206
+
207
+ Le fournisseur télécom AT&T, anciennement BellSouth, a une présence importante avec de nombreux bureaux dans l'aire métropolitaine. Les compagnies d'assurance les plus importantes sont Protective Life, Infinity Property & Casualty et ProAssurance Corporation, parmi d'autres, et sont basées à Birmingham et emploient un grand nombre de personnes dans le Greater Birmingham.
208
+
209
+ La ville est aussi le siège de grandes compagnies de construction et d'ingénierie, dont BE&K et B. L. Harbert International qui sont habituellement incluses dans la liste d’Engineering News-Record des premières entreprises internationales de construction et de conception.
210
+
211
+ Le port de Mobile, le seul d’Alabama sur le golfe du Mexique, est le plus actif du golfe. Il offre un accès à l’intérieur des terres grâce à la voie d’eau Tennessee-Tombigbee.
212
+
213
+ La structure de l'impôt en Alabama est l'une des plus progressives aux États-Unis[68]. L'Alabama prélève 2, 4, ou 5 % d'impôt sur le revenu en fonction du montant gagné par l'individu, cependant les contribuables peuvent déduire leur impôt sur le revenu fédéral sur leur impôt au niveau de l'État de l'Alabama.
214
+
215
+ L’impôt sur le revenu s’élève à 2, 4 ou 5 % selon le revenu et le statut. La TVA est de 4 %[69]. Cependant, ce taux peut être plus élevé selon la ville ou la province où l’on habite. L’impôt sur les sociétés est d’environ 6,5 %. En prenant en compte l’ensemble des impôts, l’Alabama est le deuxième État le moins taxé des États-Unis[70].
216
+ En 2003, l’Alabama a connu un budget en déficit de 670 millions de dollars. Cependant, c’est l’un des rares États à avoir opéré un virage complet en ayant atteint un budget excédentaire de près de 1,2 milliard de dollars en 2007, et plus de 2,1 milliards attendus en 2008.
217
+
218
+ L'Alabama a 67 comtés. Chaque comté a son propre pouvoir législatif élu, le plus souvent appelés la County Commission, qui a quelquefois une autorité exécutive dans le comté. Dû aux restrictions imposé par la Constitution de l'Alabama, tous les comtés, sauf sept (Jefferson, Lee, Mobile, Madison, Montgomery, Shelby, et Tuscaloosa), de l'État ont peu ou pas de Home Rule. Au lieu de cela, la plupart des comtés de l'État doivent exercer une pression sur le Local Legislation Committee de la législature de l'État pour disposer de quelques droits au niveau local.
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+
220
+ L'Alabama est un État où la consommation de boisson alcoolisée est contrôlée ; le gouvernement a le monopole sur la vente d'alcool. Toutefois, les comtés peuvent eux-mêmes se déclarer « dry » (ou l'alcool est interdite) ; l'État ne vendra donc pas d'alcool dans ces régions.
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+ L'Alabama est un État populaire et très conservateur du sud des États-Unis.
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224
+ Au 17 janvier 2011, le gouverneur de l'État de l'Alabama est le républicain Robert J. Bentley. Le lieutenant-gouverneur, élu séparément à la même date, est la républicaine Kay Ivey. Les postes de trésorier de l'état et de secrétaire d'état sont également détenus par des républicains. Depuis 2017, c'est Kay Ivey qui est gouverneur de l'Alabama.
225
+
226
+ Le Parti démocrate a détenu de la fin de la période de reconstruction à 2010 la majorité dans les deux chambres de la Législature. Celles-ci ont toutes deux basculées du côté républicain pour la première fois depuis 1874, à l'occasion des élections de novembre 2010. À partir de janvier 2011, le Sénat de l'Alabama comptera 22 républicains, 12 démocrates et 1 indépendant tandis que la chambre des représentants comprendra 62 républicains et 43 démocrates[71].
227
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228
+ Dû au pouvoir détenu par la législature, pour outrepasser le veto du gouverneur une simple majorité suffit (alors que dans les autres États américains, une majorité des deux tiers est souvent nécessaire pour passer outre un veto), les relations entre l'exécutif et le législatif peuvent facilement être tendues quand des partis différents contrôlent les pouvoirs.
229
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230
+ Durant la Reconstruction suivant la Guerre de Sécession, l'Alabama était occupé par les troupes fédérales du Third Military District sous le commandement du Général John Pope. En 1874, la coalition politique connu sous le nom de Redeemers pris le contrôle du gouvernement de l'État aux Républicains (anti-esclavagistes), en partie par la suppression du droit de vote des Afro-américains au travers d'intimidation et de terrorisme. La suprématie des blancs a donc été ré-établie.
231
+
232
+ Après 1890, une coalition de blancs passa une loi afin de mettre en place la ségrégation raciale et de restreindre les droit des résidents noirs, un processus mis en place grâce à une disposition de la constitution 1901. Toutefois la disposition qui privait les Afro-américains de leurs droits privait aussi les blancs les plus pauvres des leurs.
233
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234
+ De 1901 aux années 1960, la législature de l'État ne reforma pas les districts alors que la population augmentait et se déplaçait dans l'État. Le résultat était qu'une minorité rurale dominait la politique étatique jusqu'à ce qu'une série d'affaires judiciaires requière des modifications en 1972.
235
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236
+ Avec les restrictions imposées aux Afro-américains, l'État devint une partie du « Solid South », un système monopartite dans lequel le Parti démocrate reste le seul parti politique dans chaque État sudiste, le Dixiecrat. Pendant 100 ans, le résultat des élections d'État et locales en Alabama se décidaient lors des primaires démocrates, avec généralement un concurrent républicain se présentant aux élections générales.
237
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+ La politique interne de l'État d'Alabama fut l'objet de l'attention des États-Unis et du monde dans les années 1950 et 1960 durant le Mouvement afro-américain des droits civiques (1955 à 1968), quand la majorité des blancs résistait et protestait contre les réformes électorales et sociales par la bureaucratie, et en même temps, par la violence. George Wallace, le gouverneur d'alors, reste encore aujourd'hui une figure connue et controversée. Ce n'est qu'avec le passage du Civil Rights Act de 1964 et du Voting Rights Act de 1965 que les Afro-américains regagnèrent le droit de vote et leurs droits civils.
239
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240
+ En 2007, la Législature de l'Alabama vota — et le gouverneur ratifia — une résolution exprimant de « profonds regrets » à propos de l'esclavage et de ses impacts tardifs. Lors d'une cérémonie symbolique, la résolution fut signée au Capitole de l'État de l'Alabama, qui fut la première capitale des États confédérés d'Amérique[72].
241
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242
+ En 2019, la Chambre des Représentants de l'Alabama interdit l'avortement dans toutes les circonstances à l'exception du cas où la vie de la mère serait en danger. Les médecins qui pratiqueraient un avortement s'exposent à des peines allant de 10 à 99 ans de prison[73].
243
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244
+ Le texte fondateur du gouvernement de l'Alabama est la Constitution de l'Alabama qui fut ratifiée en 1901. Avec près de 800 amendements et 310 000 mots, il s'agit d'une des constitutions les plus longues au monde. Elle fait approximativement quarante fois la longueur de la Constitution des États-Unis[74],[75]. Un mouvement important existe qui voudrait réécrire et moderniser la constitution de l'Alabama[76]. Ce mouvement se concentre sur le fait que la constitution de l'Alabama concentre tous les pouvoirs sur Montgomery et ne laisse pratiquement aucun pouvoir aux élus locaux. Chaque changement de politique proposé dans l'État doit être approuvé par la législature de l'Alabama dans son ensemble et, fréquemment, par référendum. Une des critiques de l'actuelle constitution dit que la complexité et la longueur de cette dernière était intentionnelle pour codifier la ségrégation et le racisme.
245
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246
+ Le pouvoir législatif est la Législature de l'Alabama (Alabama Legislature), une assemblée bicamérale composée de la Chambre des représentants de l'Alabama (105 membres), et du Sénat de l'Alabama (35 membres). La Legislature est responsable de l'écriture, de la discussion, du vote ou du rejet de lois de la législation d'État.
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248
+ Le pouvoir exécutif est responsable de l'exécution et de l'application des lois. Il est dirigé par le gouverneur. Les autres membres qui détiennent le pouvoir exécutif sont les membres du cabinet, l'avocat général, le secrétaire d'État de l'Alabama, le commissaire à l'Agriculture et à l'Industrie, le trésorier d'État, et l’auditeur d'État.
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+ Le pouvoir judiciaire est chargé de l'application des lois et de l'interprétation de la Constitution et de l'application de celle-ci lors de cas criminels et/ou civils dans l'État. Il est composé des tribunaux suivants[77] :
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252
+ De 1876 jusqu'à 1956, l'Alabama fut l'un des bastions du parti démocrate mais le soutien des chefs nationaux de ce dernier aux droits civiques, à partir des années 1960, a remis en cause cette prépondérance, au moins au niveau national.
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+ Jusqu'à l'élection présidentielle de 1964, l'Alabama n'avait jamais voté pour des candidats républicains. Dans les années 1930 et 40, l'État avait toujours accordé plus de 80 % de ses suffrages au démocrate Franklin Delano Roosevelt. En 1948, 79 % des électeurs avaient cependant choisi Strom Thurmond, le candidat démocrate dissident (Dixiecrat).
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+ En 1960, les démocrates remportèrent l'État mais John Fitzgerald Kennedy ne remporta que 6 des 11 grands électeurs de l'État, les autres refusant de choisir entre les candidats républicain et démocrate et votant pour protester comme Unpledged elector pour Harry Byrd Sr., sénateur influent de Virginie, démocrate et ségrégationniste, qui n'était pourtant pas candidat.
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+ À l'élection présidentielle de 1964, les électeurs de l'Alabama votèrent à 69 % pour le républicain conservateur Barry Goldwater pour protester contre les droits civiques mis en place par le président démocrate Lyndon B. Johnson.
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+ Lors des élections présidentielles de 1968, les électeurs de l'État confirmèrent leur hostilité à l'évolution nationale du Parti démocrate en votant à 65 % pour le « Dixiecrat » ségrégationniste George Wallace, candidat sous l'étiquette de l'American Independent Party et gouverneur de l'État, face au républicain Richard Nixon et au démocrate Hubert Humphrey. À l'élection de 1976, Jimmy Carter, gouverneur de l'État voisin de Géorgie, est le dernier démocrate à avoir gagné en Alabama lors d'une élection présidentielle.
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+ Depuis 1980, les électeurs alabamiens conservateurs votent de plus en plus pour les candidats républicains au niveau fédéral mais localement, les démocrates restent encore majoritaires, tant en termes de fonctions électives détenues qu'en termes de pr��férences politiques affirmées par les habitants de l'Alabama.
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+ En 2004, le républicain George W. Bush remporta les 9 grands électeurs d'Alabama avec 62,5 % des voix contre 36,84 % au démocrate John Kerry. Les onze comtés ayant voté pour ce dernier furent ceux de la Black Belt, où les Afro-Américains représentent la majorité de la population.
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+ Alors qu'en 2008, le républicain John McCain remporta l'État avec 60,4 % des suffrages contre 38,8 % au démocrate Barack Obama, finalement élu à l'échelle nationale. En 2012, Mitt Romney remporte l'État avec 61 % des voix face à Barack Obama 38 %.
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+ Au niveau fédéral, lors du 115e congrès (2015-2017), les deux sénateurs représentant l'Alabama sont Jefferson B. Sessions III et Richard C. Shelby, tous deux républicains. À la Chambre des représentants des États-Unis, l'État est représenté par sept membres dont six sont républicains : (Martha Roby, Mike D. Rogers, Robert Aderholt, Spencer Bachus, Gary Palmer) et Bradley Byrne. Le seul représentant démocrate est Terri Sewell.
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+ En 2016, le républicain Donald Trump remporte l'État avec 62,1 % des voix, contre 34,4 % pour son adversaire démocrate Hillary Clinton[78].
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+ Lors de la 115e législature du Congrès (2017-2019), l'Alabama est représentée à la Chambre des représentants par six républicains et une démocrate, ainsi que par le républicain Richard Shelby et le démocrate Doug Jones au Sénat[79].
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+ Doug Jones, sénateur depuis 2018.
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+ Richard Shelby, sénateur depuis 1987.
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+ L'Alabama est de culture Dixie, son surnom est Heart of Dixie.
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+ L'Alabama a une forte culture de sport universitaire et ces équipes font partie de l'élite de la NCAA notamment en football américain.
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+ John Coltrane enregistre en 1963 un thème célèbre, Alabama, en soutien aux mouvements sociaux antiségrégationnistes.
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+ Le groupe de rock Lynyrd Skynyrd a composé la célèbre chanson Sweet Home Alabama, chanson controversée qui vante la beauté de la région mais évoque aussi en termes ambigus le gouverneur George Wallace, ségrégationniste convaincu. Cette chanson a été écrite en réponse à deux chansons de Neil Young qui avait chanté Southern Man (dans l'album After the Gold Rush) et Alabama (dans l'album Harvest) qui critiquait les mœurs racistes de cette région : « See the old folks, tied in white ropes… ». Le chanteur/rappeur Yelawolf qui, lui aussi provient de l'Alabama ne cesse de faire référence à sa ville natale dans plusieurs de ses chansons.
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+ La chenille est la larve des lépidoptères, c'est-à-dire des insectes dont l'imago est appelé papillon. Les larves de certains hyménoptères qui ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausses-chenilles.
2
+
3
+ Parmi les quatre stades de développements successifs du lépidoptère (œuf, chenille, chrysalide, papillon), la chenille est l'un des deux stades mobiles et celui qui assure l'essentiel de la croissance de l'animal, la fonction reproductive étant réservée au papillon.
4
+ Le développement de la chenille nécessite plusieurs mues dont la dernière, appelée nymphose, marque le passage au stade de nymphe, appelée chrysalide chez les lépidoptères.
5
+
6
+ Les chenilles de certaines espèces tissent autour d'elles une structure de soie appelée cocon afin de s'y mettre à l'abri en vue de leur nymphose (le cas le plus célèbre est la chenille de Bombyx mori, appelée ver à soie, fondement de la sériciculture). D'autres chenilles (notamment celles des rhopalocères) se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie qui maintiendra la chrysalide. D'autres encore s'enterrent dans l'humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c'est le cas de la plupart des sphinx.
7
+
8
+ Les chenilles de lépidoptère possèdent un corps métamérisé avec une tête ayant des pièces buccales broyeuses. Les yeux sont réduits à 5 ocelles en arc autour d'une ocelle centrale.
9
+
10
+ Après la tête, on trouve 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax. Les 10 suivants constituent l'abdomen.
11
+
12
+ Les trois segments thoraciques portent chacun une paire de vraies pattes tandis que certains segments abdominaux présentent des fausses pattes munies de crochets, ou de ventouses.
13
+
14
+ L'appareil respiratoire s'ouvre par une rangée de stigmates sur les flancs des segments.
15
+
16
+ L'appareil digestif est formé de la bouche, d'un œsophage, d'un jabot, du mésentéron volumineux et d'un intestin postérieur terminé par une ampoule rectale.
17
+
18
+ L'appareil excrétoire est constitué de tubes de Malpighi (deux groupes de trois se déversant dans un tronc commun). Le système nerveux est formé d'un cerveau et d'une chaîne ganglionnaire ventrale comprenant un ganglion sous-œsophagien, trois ganglions thoraciques et sept abdominaux.
19
+
20
+ Les chenilles possèdent en outre deux glandes séricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
21
+
22
+ Au cours de sa croissance, qui peut varier de deux semaines à plusieurs mois selon qu'elle hiberne ou non, la larve connaîtra quatre ou cinq mues et pourra également changer de couleur.
23
+
24
+ Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment ces larves de papillons de nuit. Dans les villages de l'ethnie tswana, on les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, il suffit de les faire sécher au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation, toute une industrie s'est attelée à la mise en conserve pour une clientèle nouvelle: les paysans déracinés qui s'entassent dans les faubourgs. À l'échelle du Tiers-Monde, certains rêvent d'une nouvelle source de protéines... Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart des habitants d'origine rurale. Dans leur enfance, ils en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins, ils n'ont plus les moyens de s'acheter de la viande depuis que les prix ont flambé. Les industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les petites bêtes qui leur rappellent le village natal. En effet, les chenilles séchées coûtent moins cher que le bœuf et sont deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
25
+
26
+ « Chenille » vient du latin canicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
27
+
28
+ Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
29
+
30
+ Plus simplement nommée par la plante qu'elle ravage :
31
+
32
+ Par une description physique
33
+
34
+ Dans le Nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de carplute ou caplute[2], càrpleuze[3] ou capleuze[4], capluche[5] ou capluque[6], caplure[7] ou càrplu[8], cazèie[9], canilhe[10], cnilhe ou écnilhe[11], chnile ou échnile[12], olin·ne[13], ulin·ne[14], onin·ne[15]. Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16].
35
+
36
+ La chenille se retrouve dans la culture populaire sous diverses formes et via différents supports :
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+ La chenille est la larve des lépidoptères, c'est-à-dire des insectes dont l'imago est appelé papillon. Les larves de certains hyménoptères qui ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausses-chenilles.
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+ Parmi les quatre stades de développements successifs du lépidoptère (œuf, chenille, chrysalide, papillon), la chenille est l'un des deux stades mobiles et celui qui assure l'essentiel de la croissance de l'animal, la fonction reproductive étant réservée au papillon.
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+ Le développement de la chenille nécessite plusieurs mues dont la dernière, appelée nymphose, marque le passage au stade de nymphe, appelée chrysalide chez les lépidoptères.
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+ Les chenilles de certaines espèces tissent autour d'elles une structure de soie appelée cocon afin de s'y mettre à l'abri en vue de leur nymphose (le cas le plus célèbre est la chenille de Bombyx mori, appelée ver à soie, fondement de la sériciculture). D'autres chenilles (notamment celles des rhopalocères) se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie qui maintiendra la chrysalide. D'autres encore s'enterrent dans l'humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c'est le cas de la plupart des sphinx.
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+ Après la tête, on trouve 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax. Les 10 suivants constituent l'abdomen.
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+ L'appareil respiratoire s'ouvre par une rangée de stigmates sur les flancs des segments.
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+ L'appareil excrétoire est constitué de tubes de Malpighi (deux groupes de trois se déversant dans un tronc commun). Le système nerveux est formé d'un cerveau et d'une chaîne ganglionnaire ventrale comprenant un ganglion sous-œsophagien, trois ganglions thoraciques et sept abdominaux.
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+ Les chenilles possèdent en outre deux glandes séricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
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+ Au cours de sa croissance, qui peut varier de deux semaines à plusieurs mois selon qu'elle hiberne ou non, la larve connaîtra quatre ou cinq mues et pourra également changer de couleur.
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+ Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment ces larves de papillons de nuit. Dans les villages de l'ethnie tswana, on les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, il suffit de les faire sécher au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation, toute une industrie s'est attelée à la mise en conserve pour une clientèle nouvelle: les paysans déracinés qui s'entassent dans les faubourgs. À l'échelle du Tiers-Monde, certains rêvent d'une nouvelle source de protéines... Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart des habitants d'origine rurale. Dans leur enfance, ils en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins, ils n'ont plus les moyens de s'acheter de la viande depuis que les prix ont flambé. Les industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les petites bêtes qui leur rappellent le village natal. En effet, les chenilles séchées coûtent moins cher que le bœuf et sont deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
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+ « Chenille » vient du latin canicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
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+ Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
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+ Plus simplement nommée par la plante qu'elle ravage :
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+ Par une description physique
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+ Dans le Nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de carplute ou caplute[2], càrpleuze[3] ou capleuze[4], capluche[5] ou capluque[6], caplure[7] ou càrplu[8], cazèie[9], canilhe[10], cnilhe ou écnilhe[11], chnile ou échnile[12], olin·ne[13], ulin·ne[14], onin·ne[15]. Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16].
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+ La chenille est la larve des lépidoptères, c'est-à-dire des insectes dont l'imago est appelé papillon. Les larves de certains hyménoptères qui ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausses-chenilles.
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+ Parmi les quatre stades de développements successifs du lépidoptère (œuf, chenille, chrysalide, papillon), la chenille est l'un des deux stades mobiles et celui qui assure l'essentiel de la croissance de l'animal, la fonction reproductive étant réservée au papillon.
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+ Le développement de la chenille nécessite plusieurs mues dont la dernière, appelée nymphose, marque le passage au stade de nymphe, appelée chrysalide chez les lépidoptères.
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+ Les chenilles possèdent en outre deux glandes séricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
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+ Au cours de sa croissance, qui peut varier de deux semaines à plusieurs mois selon qu'elle hiberne ou non, la larve connaîtra quatre ou cinq mues et pourra également changer de couleur.
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+ Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment ces larves de papillons de nuit. Dans les villages de l'ethnie tswana, on les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, il suffit de les faire sécher au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation, toute une industrie s'est attelée à la mise en conserve pour une clientèle nouvelle: les paysans déracinés qui s'entassent dans les faubourgs. À l'échelle du Tiers-Monde, certains rêvent d'une nouvelle source de protéines... Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart des habitants d'origine rurale. Dans leur enfance, ils en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins, ils n'ont plus les moyens de s'acheter de la viande depuis que les prix ont flambé. Les industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les petites bêtes qui leur rappellent le village natal. En effet, les chenilles séchées coûtent moins cher que le bœuf et sont deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
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+ « Chenille » vient du latin canicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
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+ Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
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+ Plus simplement nommée par la plante qu'elle ravage :
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+ Par une description physique
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+ Dans le Nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de carplute ou caplute[2], càrpleuze[3] ou capleuze[4], capluche[5] ou capluque[6], caplure[7] ou càrplu[8], cazèie[9], canilhe[10], cnilhe ou écnilhe[11], chnile ou échnile[12], olin·ne[13], ulin·ne[14], onin·ne[15]. Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16].
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+ La chenille se retrouve dans la culture populaire sous diverses formes et via différents supports :
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+ La chenille est la larve des lépidoptères, c'est-à-dire des insectes dont l'imago est appelé papillon. Les larves de certains hyménoptères qui ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausses-chenilles.
2
+
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+ Parmi les quatre stades de développements successifs du lépidoptère (œuf, chenille, chrysalide, papillon), la chenille est l'un des deux stades mobiles et celui qui assure l'essentiel de la croissance de l'animal, la fonction reproductive étant réservée au papillon.
4
+ Le développement de la chenille nécessite plusieurs mues dont la dernière, appelée nymphose, marque le passage au stade de nymphe, appelée chrysalide chez les lépidoptères.
5
+
6
+ Les chenilles de certaines espèces tissent autour d'elles une structure de soie appelée cocon afin de s'y mettre à l'abri en vue de leur nymphose (le cas le plus célèbre est la chenille de Bombyx mori, appelée ver à soie, fondement de la sériciculture). D'autres chenilles (notamment celles des rhopalocères) se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie qui maintiendra la chrysalide. D'autres encore s'enterrent dans l'humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c'est le cas de la plupart des sphinx.
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+
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+ Les chenilles de lépidoptère possèdent un corps métamérisé avec une tête ayant des pièces buccales broyeuses. Les yeux sont réduits à 5 ocelles en arc autour d'une ocelle centrale.
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+
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+ Après la tête, on trouve 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax. Les 10 suivants constituent l'abdomen.
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+
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+ Les trois segments thoraciques portent chacun une paire de vraies pattes tandis que certains segments abdominaux présentent des fausses pattes munies de crochets, ou de ventouses.
13
+
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+ L'appareil respiratoire s'ouvre par une rangée de stigmates sur les flancs des segments.
15
+
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+ L'appareil digestif est formé de la bouche, d'un œsophage, d'un jabot, du mésentéron volumineux et d'un intestin postérieur terminé par une ampoule rectale.
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+ L'appareil excrétoire est constitué de tubes de Malpighi (deux groupes de trois se déversant dans un tronc commun). Le système nerveux est formé d'un cerveau et d'une chaîne ganglionnaire ventrale comprenant un ganglion sous-œsophagien, trois ganglions thoraciques et sept abdominaux.
19
+
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+ Les chenilles possèdent en outre deux glandes séricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
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+ Au cours de sa croissance, qui peut varier de deux semaines à plusieurs mois selon qu'elle hiberne ou non, la larve connaîtra quatre ou cinq mues et pourra également changer de couleur.
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+ Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment ces larves de papillons de nuit. Dans les villages de l'ethnie tswana, on les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, il suffit de les faire sécher au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation, toute une industrie s'est attelée à la mise en conserve pour une clientèle nouvelle: les paysans déracinés qui s'entassent dans les faubourgs. À l'échelle du Tiers-Monde, certains rêvent d'une nouvelle source de protéines... Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart des habitants d'origine rurale. Dans leur enfance, ils en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins, ils n'ont plus les moyens de s'acheter de la viande depuis que les prix ont flambé. Les industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les petites bêtes qui leur rappellent le village natal. En effet, les chenilles séchées coûtent moins cher que le bœuf et sont deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
25
+
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+ « Chenille » vient du latin canicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
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+ Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
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+ Plus simplement nommée par la plante qu'elle ravage :
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+ Par une description physique
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+ Dans le Nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de carplute ou caplute[2], càrpleuze[3] ou capleuze[4], capluche[5] ou capluque[6], caplure[7] ou càrplu[8], cazèie[9], canilhe[10], cnilhe ou écnilhe[11], chnile ou échnile[12], olin·ne[13], ulin·ne[14], onin·ne[15]. Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16].
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+ La chenille se retrouve dans la culture populaire sous diverses formes et via différents supports :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Chennai (en tamoul : சென்னை /ˈtʃenaɪ/[2] Écouter), parfois orthographié Chennaï[réf. nécessaire] et aussi connue sous son ancien nom de Madras, est la capitale de l'État du Tamil Nadu dans l'Inde du Sud[3]. Chennai est la quatrième ville d'Inde par sa superficie.
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+ La ville de Chennai compte plus de 6 millions d'habitants et constitue le centre commercial, culturel et économique majeur de l'Inde du Sud.
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+ Madras se trouve sur la côte de Coromandel, bordant le golfe du Bengale, au nord du Tamil Nadu. Deux fleuves côtiers la traversent le Cooum, dans le centre-ville, et l'Adyar, plus au sud.
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+ Elle est la sixième ville d'Inde par sa population. Elle comptait 6 221 782 habitants au recensement de 2011 contre 4 216 268 habitants au recensement de 2001, mais la superficie de la ville est passée de 174 km2 à 426,7 km2. La zone métropolitaine s'étend sur 1 189 km2 et compte 8 696 010 habitants, ce qui en fait la quatrième région métropolitaine la plus peuplée d'Inde.
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+ Elle possède un grand port et la seconde plage du monde par la longueur, Marina Beach [réf. nécessaire].
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+ La ville portait le nom de Madras jusqu'en 1996. Ce nom proviendrait de Madraspattinam, un village de pêcheurs au nord du fort Saint-George[4]. Toutefois, il n'est pas certain que ce nom ait été utilisé avant la colonisation. Des cartographes attribuent également le nom Madras à Mundir-raj[5] et d'autres suggèrent que les Portugais, arrivés par la mer au XVIe siècle, ont nommé le village Madre de Deus (Mère de Dieu). D'autres théories suggèrent encore que le nom proviendrait d'une famille portugaise, les Madeiros, d'un prêtre chrétien[6], d'une école coranique (médersa) ou du mot madhu-ras (miel en hindi).
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+ Comme de nombreuses villes en Inde, le nom colonial de Madras a été changé ces dernières années. En 1996, la ville est officiellement devenue Chennai, qui est une forme abrégée de Chennapattanam, la ville construite autour du fort Saint-George[7]. Ce nom proviendrait soit du roi télougou Damarla Chennappa Nayakudu (en), père de Damarla Venkatadri Nayakudu, auprès de qui les Britanniques ont acquis la ville en 1639. La première utilisation du nom Chennai daterait du 8 août 1639 dans un acte de vente de la Compagnie anglaise des Indes orientales[8]. Selon un autre récit, Chennai proviendrait du temple Chenna Kesava Perumal, le mot chenni signifiant visage en tamoul et le temple étant considéré comme le visage de la ville[9].
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21
+ Thomas, l'un des douze apôtres, est associé à Madras. Selon les chrétiens locaux, il serait venu en Inde pour évangéliser la colonie juive qui y était installée depuis le VIIe siècle avant notre ère. Il serait mort en martyr à Madras en l'an 72, transpercé par une lance[réf. nécessaire], sur un petit mont appelé aujourd'hui le mont Saint-Thomas où un sanctuaire a été édifié et où les chrétiens indiens viennent en pèlerinage. Au-delà de ce « mont Saint-Thomas », la figure de l'apôtre est également présente dans le nom d'une banlieue de Madras, Santhome (à Mylapore). Édifiée au-dessus de la crypte où reposerait la tombe de l'apôtre, une basilique a été édifiée à la fin du XIXe siècle, la basilique Saint-Thomas, située en bord de mer. En 1986, lors de son voyage apostolique en Inde, le pape Jean-Paul II s'est recueilli près de cette tombe[10].
22
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23
+ Madras est l'un des premiers avant-postes de la British East India Company. La ville est fondée en 1639 lorsque la compagnie choisit Madraspattinam, un petit village de pêche, pour s'y installer. La ville compte alors environ 7 000 habitants[11].
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25
+ Le fort Saint-George, construit par les Anglais, est aujourd'hui le siège législatif et administratif officiel de l'État. Le port est un enjeu important de la rivalité franco-anglaise pour la domination de l'Inde au XVIIIe siècle lors de la guerre de Succession d'Autriche et de Sept Ans. En 1746, la place est prise presque sans combat après une brève bataille navale et un débarquement du gouverneur de l'Île-de-France, La Bourdonnais[12]. Dupleix, le gouverneur de Pondichéry, fait raser la ville qui est cependant rendue à l'Angleterre en 1748[13]. En 1758, elle est de nouveau attaquée par les Français, mais résiste au siège des troupes de Lally-Tollendal.
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+
27
+ Après la défaite de la France en 1761 et la destruction de la ville rivale de Pondichéry, George Town s'est développée peu à peu, devenant la ville moderne de Madras et absorbant plusieurs bourgs voisins.
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29
+ En 1901, Madras compte environ 540 000 habitants[11]. Dès le début du XXe siècle, Madras est la principale agglomération du Sud de l'Inde[11].
30
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+ En 1971, la municipalité centre de Madras compte 2,6 millions d'habitants contre 3,5 millions pour son agglomération[11]. À la même époque, environ un tiers de la population de la ville vit dans un bidonville ou un habitat dégradé[11].
32
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+ En 1996, le gouvernement a abandonné le nom de Madras et rebaptisé la ville Chennai. En 2001, la municipalité de Madras compte plus de 4 millions d'habitants, alors que son agglomération en compte 7 millions[11].
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+ La majeure partie des habitants de Madras sont tamouls et leur langue maternelle est le tamoul. L'anglais est largement parlé, mais est presque exclusivement employé dans les affaires et l'enseignement.
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+ Outre les Tamouls, les Telougous sont très nombreux, du fait de la proximité géographique de Madras avec l'Andhra Pradesh. D'autres communautés issues d'autres régions du pays forment une part considérable de la population de Madras, telles que les communautés rajasthani, bihari, malayali, gujarati, sindhi, penjabi…
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+ Des populations étrangères résident également dans cette ville, les Sri Lankais forment la communauté étrangère la plus importante.
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+
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+ Madras est connu comme berceau de la cuisine indienne traditionnelle du Sud. La cuisine des restaurants est habituellement bon marché au regard de la qualité qu'elle offre. Les plats typiques sont les dosas (crêpes), le idli (un gâteau de riz), le sambhar (ragoût fait de lentilles, piments, graines de coriandre et d'autres épices).
42
+
43
+ Madras est également un centre culturel important, dont l'École de Madras. La ville est célèbre pour la musique classique, appelée musique carnatique, et la danse classique, appelée Bharata natyam. Des milliers de personnes et de très nombreuses écoles y enseignent la musique et la danse, comme la fameuse Fondation Kalakshetra.
44
+
45
+ Les visiteurs affluent à Madras pendant les mois de décembre-janvier, période du festival de musique carnatique, connue sous le nom de « Music Season ».
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+
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+ Chennai est le siège de nombreuses entreprises, en particulier manufacturières, de construction automobile et d'informatique.
48
+
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+ Chennai est un port pétrolier et un centre industriel dans le secteur industriel majeur à l'échelle de l'Inde, notamment les quartiers nord de la ville autour du port d’Ennore[11].
50
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51
+ Le Sud de l'agglomération est lui marqué par des activités tertiaires, que cela soit l'enseignement supérieur, les télécommunications, la médecine, la finance ou encore les sièges sociaux d'entreprises[11].
52
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53
+ En 2015, la ville vote une loi interdisant la construction de panneaux d'affichage publicitaires dans l'espace public[14].
54
+
55
+ L'accès à Chennai peut se faire :
56
+
57
+ À l'intérieur de la ville, le réseau de métropolitain comporte deux lignes et une vingtaine de stations.
58
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59
+ La ville de Madras est jumelée avec les villes suivantes (par ordre chronologique) :
60
+
61
+ La ville est administrée par la Corporation municipale de Chennai. Établie en 1688, c'est la plus vieille administration municipale d'Inde, mais aussi des pays du Commonwealth en dehors du Royaume-Uni. Le conseil municipal comprend 155 membres, représentant autant de districts.
62
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63
+ Chennai est la capitale de l'État du Tamil Nadu. Le gouvernement et la législature de l'État, ainsi que la Haute Cour de Chennai dont la compétence s'étend sur le Tamil Nadu et Pondichéry, sont situés à Chennai. Chennai est divisé en trois circonscriptions pour la Lok Sabha (Chennai Nord, Chennai Central, Chennai Sud) et 14 pour l'Assemblée législative du Tamil Nadu.
64
+
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+ Selon les estimations du gouvernement, Chennai devrait commencer à manquer d'eau souterraine dès 2020[15]
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+
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+ Chennai bénéficie d'un climat tropical de savane correspondant au type Aw de la classification de Koppen. Le climat est chaud et humide une bonne partie de l'année, avec des températures journalières excédant fréquemment 40 °C pendant l'été. La ville connaît, lors de la mousson nord-est de septembre-décembre, l'essentiel de sa période humide.
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+ Le cyclone Vardah a fait au moins dix morts à Chennai dans la nuit du 12 au 13 décembre 2016.
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+ Le cricket est le sport le plus populaire de Chennai. Le stade de cricket M. A. Chidambaram Stadium, situé a Chepauk, est l'un des stades de cricket les plus vieux d'Inde. Le stade a été rénové pour accueillir la coupe du monde de cricket de 2011. Le stade Chemplast Cricket Ground (en) appartenant à l'Institut indien de technologie de Madras est un autre stade très important. La ville possède aussi l'équipe de cricket Chennai Super Kings de l'Indian Premier League et Chennai Superstars de l'Indian Cricket League.
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+
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+ Chennai possède une équipe de hockey, les Chennai Veerans (en) de Premier Hockey League (en). Un tournoi de tennis, l'Tournoi de tennis de Chennai, s'y déroule.
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+
75
+ Chennai est aussi la ville natale de plusieurs grands joueurs d'échecs indiens : les grands maîtres Ramachandran Ramesh (qui a ouvert une école d'échecs à Chennai) et Krishnan Sasikiran[16] et Viswanathan Anand, plusieurs fois champion du monde d'échecs (2000, 2007, 2008, 2010 et 2012)[17]. ChessBase écrit en 2008 qu'il est courant de trouver dans l'équipe nationale indienne d'échecs plusieurs joueurs natifs de Chennai[16].
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+ Le Championnat du monde d'échecs 2013 s'est tenu à Chennai du 6 au 26 novembre ; c'est là qu'Anand a perdu son titre face au norvégien Magnus Carlsen[17]. La ville avait déjà postulé pour l'organisation de la précédente édition en 2012 où Viswanathan Anand affrontait Boris Guelfand mais c'est la candidature de Moscou qui avait été retenue, la Fédération internationale des échecs promettant alors à Chennai l'organisation du match 2013 en cas de victoire d'Anand[17]. Pour l'édition 2013 Chennai était pourtant en concurrence avec Paris, offrant 2,55 millions d'euros pour cette organisation contre 3,45 millions pour la capitale française mais la FIDE a préféré tenir l'engagement qui avait été pris sur décision de son seul président, Kirsan Ilioumjinov[17].
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+ Le Government Museum.
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+ Le temple de Mylapore.
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+ La plage de Santhome.
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+ La basilique St-Thomas à Mylapore.
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+ Stade Jawaharlal Nehru.
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+ Patrouille de police à Chennai.
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+ Métropolitan Transport Corporation.
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+ Le IT Grande route à Chennai avec le pont de MRTS.
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+ Tidel Park.
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+ Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude de la science ou des sciences avec rigueur et des méthodes scientifiques[1].
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+ Bien que savant soit le terme pur, formé à partir de la racine savoir, il est plus ou moins tombé en désuétude et remplacé par scientifique ou chercheur.
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+ Il arrive que des personnes (ex. : charlatans) s'auto-qualifient de scientifiques, le scepticisme scientifique est une pratique qui remet en doute leurs allégations.
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+ Du siècle des Lumières à nos jours, le savant devient peu à peu scientifique, chercheur ou ingénieur : le mot « scientifique » évoque aujourd'hui surtout les sciences pures, voire les « sciences dures » mais les savants étaient autrefois aussi les lettrés. Ainsi, le Journal des savants[2] est en France le plus ancien journal littéraire d'Europe. Il fut créé en 1665 par Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris, sous Colbert et avec un patronage royal à partir de 1701. Les sociétés savantes étaient éclectiques. Il existe toujours des enseignants-chercheurs.
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+ La distinction entre science, science appliquée et technologie n'est pas toujours claire, mais on admet que les ingénieurs ont des buts plus pratiques alors que les scientifiques étudient plutôt des phénomènes fondamentaux. Tous deux procèdent à partir de problèmes ou hypothèses et cherchent des solutions. Les scientifiques accomplissent souvent des tâches technologiques en concevant l'équipement expérimental et les prototypes de construction et quelques ingénieurs font de la recherche scientifique de premier ordre. Les ingénieurs mécaniciens, électriciens, chimistes et en aérospatiale sont souvent au premier rang de l'étude de nouveaux phénomènes et matériaux. Peter Debye fut diplômé en électrotechnique et passa un doctorat de physique avant d'être lauréat du prix Nobel de chimie. L'ingénieur Claude Shannon fonda la théorie moderne de l'information.
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+
11
+ De l'Antiquité à nos jours, et surtout durant le XXe siècle, la part des scientifiques dans la population et leur nombre total a beaucoup augmenté (à titre d'exemple, selon la base de données Scopus d'Elsevier, ce seul éditeur a publié de 1996 à 2011 des articles scientifiques écrits (ou co-écrits) par 15 millions de scientifiques différents, de presque toutes les nationalités (mais surtout basés dans quelques pays riches et industrialisés).
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+
13
+ Les statistiques montrent aussi qu'à partir des années 1980, les équipes scientifiques tendent à devenir plus étoffées et (grâce à Internet notamment) les collaborations interrégionales et internationales ont un coût qui diminue et se font plus nombreuses[3].
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+
15
+ Les modes d'évaluation des chercheurs ont beaucoup évolué au XXe siècle, avec depuis les années 1990 une tendance au renforcement des exigences de rentabilité, de productivité et des financements par projet, qui a poussé de nombreuses universités à soutenir une démarche de partenariat avec le privé ou de dépôts de brevets (aux États-Unis, souvent déposés par des chercheurs ou équipes qui publient beaucoup[4]) ou de création de start-ups. Les scientifiques travaillant dans la recherche publique sont soumis à une forte pression de publication (traduite par une formule « Publier ou mourir »), mais il leur est souvent difficile de franchir le seuil des revues à comité de lecture (le 9 juillet 2014, John Ioannidis a montré dans la revue PLoS ONE, via un travail statistique[5], qu’il n’y a que moins de 1 % des scientifiques (soit 150 608 personnes) qui arrivent à gérer leur carrière en réussissant à publier au moins un article par an. Cependant, ces derniers dominent la sphère de l'information scientifique publiée (leur signature figurant sur 41 % de tous les documents publiés)[5]. Et dans les articles les plus cités, ce même groupe d'élite est retrouvé (co-auteurs de 87 % de ces articles)[5]. De plus, le rang des scientifiques ayant publié à plusieurs reprises plus d'un papier par an diminue de façon spectaculaire avec le nombre d’articles publiés par an (deux articles ou plus : 68 221 personnes ; trois ou plus : 37 953 personnes ; quatre ou plus : 23 342 personnes ; cinq ou plus : 15 464 personnes ; 10 ou plus : 3 269 personnes[5]. Une position dominante d'un scientifique dans un domaine donné peut l'amener à agir comme un mandarin ainsi que le présente Jean Labarre[6].
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+
17
+ L'avènement de l'Internet, des modes de travail collaboratif et ouvert, de revues « ouvertes » (par exemple : PLOS, qui publie ses articles sous licence CC-BY-SA) et récemment de mode d'enseignements plus ouverts (ex. : MOOCs) pourraient encore modifier la formation, la formation tout au long de la vie et le travail des scientifiques.
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19
+ « Scientifique », du latin scientificus, est un adjectif désignant ce qui est relatif à la science (parfois par opposition à littéraire). Par extension, est utilisé comme qualificatif synonyme de caractère propre à la science : rigueur, exigence, etc. (ex : Cette méthode est scientifique). L'usage de scientifique pour désigner une personne est donc un substantif[7].
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+ Des professions qualifiées de « scientifiques » :
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+ Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude de la science ou des sciences avec rigueur et des méthodes scientifiques[1].
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+ Bien que savant soit le terme pur, formé à partir de la racine savoir, il est plus ou moins tombé en désuétude et remplacé par scientifique ou chercheur.
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+ Il arrive que des personnes (ex. : charlatans) s'auto-qualifient de scientifiques, le scepticisme scientifique est une pratique qui remet en doute leurs allégations.
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+ Du siècle des Lumières à nos jours, le savant devient peu à peu scientifique, chercheur ou ingénieur : le mot « scientifique » évoque aujourd'hui surtout les sciences pures, voire les « sciences dures » mais les savants étaient autrefois aussi les lettrés. Ainsi, le Journal des savants[2] est en France le plus ancien journal littéraire d'Europe. Il fut créé en 1665 par Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris, sous Colbert et avec un patronage royal à partir de 1701. Les sociétés savantes étaient éclectiques. Il existe toujours des enseignants-chercheurs.
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+ La distinction entre science, science appliquée et technologie n'est pas toujours claire, mais on admet que les ingénieurs ont des buts plus pratiques alors que les scientifiques étudient plutôt des phénomènes fondamentaux. Tous deux procèdent à partir de problèmes ou hypothèses et cherchent des solutions. Les scientifiques accomplissent souvent des tâches technologiques en concevant l'équipement expérimental et les prototypes de construction et quelques ingénieurs font de la recherche scientifique de premier ordre. Les ingénieurs mécaniciens, électriciens, chimistes et en aérospatiale sont souvent au premier rang de l'étude de nouveaux phénomènes et matériaux. Peter Debye fut diplômé en électrotechnique et passa un doctorat de physique avant d'être lauréat du prix Nobel de chimie. L'ingénieur Claude Shannon fonda la théorie moderne de l'information.
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+ De l'Antiquité à nos jours, et surtout durant le XXe siècle, la part des scientifiques dans la population et leur nombre total a beaucoup augmenté (à titre d'exemple, selon la base de données Scopus d'Elsevier, ce seul éditeur a publié de 1996 à 2011 des articles scientifiques écrits (ou co-écrits) par 15 millions de scientifiques différents, de presque toutes les nationalités (mais surtout basés dans quelques pays riches et industrialisés).
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+ Les statistiques montrent aussi qu'à partir des années 1980, les équipes scientifiques tendent à devenir plus étoffées et (grâce à Internet notamment) les collaborations interrégionales et internationales ont un coût qui diminue et se font plus nombreuses[3].
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+ Les modes d'évaluation des chercheurs ont beaucoup évolué au XXe siècle, avec depuis les années 1990 une tendance au renforcement des exigences de rentabilité, de productivité et des financements par projet, qui a poussé de nombreuses universités à soutenir une démarche de partenariat avec le privé ou de dépôts de brevets (aux États-Unis, souvent déposés par des chercheurs ou équipes qui publient beaucoup[4]) ou de création de start-ups. Les scientifiques travaillant dans la recherche publique sont soumis à une forte pression de publication (traduite par une formule « Publier ou mourir »), mais il leur est souvent difficile de franchir le seuil des revues à comité de lecture (le 9 juillet 2014, John Ioannidis a montré dans la revue PLoS ONE, via un travail statistique[5], qu’il n’y a que moins de 1 % des scientifiques (soit 150 608 personnes) qui arrivent à gérer leur carrière en réussissant à publier au moins un article par an. Cependant, ces derniers dominent la sphère de l'information scientifique publiée (leur signature figurant sur 41 % de tous les documents publiés)[5]. Et dans les articles les plus cités, ce même groupe d'élite est retrouvé (co-auteurs de 87 % de ces articles)[5]. De plus, le rang des scientifiques ayant publié à plusieurs reprises plus d'un papier par an diminue de façon spectaculaire avec le nombre d’articles publiés par an (deux articles ou plus : 68 221 personnes ; trois ou plus : 37 953 personnes ; quatre ou plus : 23 342 personnes ; cinq ou plus : 15 464 personnes ; 10 ou plus : 3 269 personnes[5]. Une position dominante d'un scientifique dans un domaine donné peut l'amener à agir comme un mandarin ainsi que le présente Jean Labarre[6].
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+ L'avènement de l'Internet, des modes de travail collaboratif et ouvert, de revues « ouvertes » (par exemple : PLOS, qui publie ses articles sous licence CC-BY-SA) et récemment de mode d'enseignements plus ouverts (ex. : MOOCs) pourraient encore modifier la formation, la formation tout au long de la vie et le travail des scientifiques.
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+ « Scientifique », du latin scientificus, est un adjectif désignant ce qui est relatif à la science (parfois par opposition à littéraire). Par extension, est utilisé comme qualificatif synonyme de caractère propre à la science : rigueur, exigence, etc. (ex : Cette méthode est scientifique). L'usage de scientifique pour désigner une personne est donc un substantif[7].
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+ Des professions qualifiées de « scientifiques » :
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+ Chérimolier, Cherimoya
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+ Espèce
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+ Classification phylogénétique
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+ Le chérimolier (Annona cherimola) — appelé Cherimoya, Chirimoya, ou Churimoya en Amérique du Sud — est un arbre de la famille des Annonaceae donnant un fruit nommé la chérimole, dont le goût est semblable à celui de la pomme cannelle, du cœur de bœuf et du corossol, provenant tous d'arbres du genre Annona.
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+ Le nom de la plante provient d'un mot quechua, chirimuya, qui signifie « graines du froid » et indique que les graines sont capables de germer à de hautes altitudes.
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+ Le chérimolier est un arbuste de 2 à 7 mètres, au port buissonnant, souvent ramifié depuis la base. Les jeunes rameaux sont couverts d'un duvet rougeâtre.
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+ Les feuilles entières, obovales-lancéolées, de 8 à 12 cm sur 4 à 6 cm, ont la face supérieure séricées puis glabre, et l'inférieure nettement veloutée.
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+ Les fleurs, hermaphrodites et solitaires, portent 6 pétales charnus (en 2 cycles).
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+ Les chérimoles, nommées improprement annones/anones, sont subovoïdes, à pulpe blanche, les graines noires de 15 × 9 mm. La saveur du fruit est sub-acide et délicate, parfois décrite[Par qui ?] comme un mélange entre l'ananas, la mangue et la fraise.[1]
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+ "L'ananas, le mangoustan et le chérimole", écrit le botaniste Berthold Carl Seemann, "sont considérés comme les plus beaux fruits du monde, et je les ai goûtés dans les localités où ils sont censés atteindre leur plus haute perfection : l'ananas en Guayaquil, le mangoustan de l'archipel indien, et le chérimole sur les pentes des Andes, et je demanderais sans hésiter, chérimole. Son goût surpasse même celui de tout autre fruit, et Haenke[2] avait raison quand il l’appela le chef-d’œuvre de la Nature."[1]
20
+
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+ Le chérimolier est originaire de la cordillère des Andes, dans les hautes vallées de la Bolivie, du sud de l'Équateur et du nord du Pérou, et pousse à l'état sauvage à une altitude comprise entre 1 300 et 2 600 mètres[3]. En Équateur, le chérimolier est présent dans les régions où la température annuelle moyenne varie de 18 à 20 °C, la température minimale variant de 10 à 12 °C et la température maximale allant de 26 à 30 °C. Les précipitations annuelles varient entre 800 et 1 000 mm (concentrées sur 8 mois de l'année).
22
+
23
+ C'est l'aire de répartition la plus commune dans les endroits où le chérimolier est sauvage.[4]
24
+
25
+ La culture se fait au niveau mondial dans des zones de climat sub-tropical y compris le bassin méditerranéen[5]. L'Espagne est en tête de la production mondiale avec quelque 3 600 ha cultivés dans le sud du pays et un rendement de 20 000 tonnes en 1991[6] . Israël et l'Italie en produisent également.
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27
+ Il est considéré comme une culture importante au Chili, où il est cultivé sur environ 1 000 ha pour le marché national et international [7].
28
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29
+ Ce fruit est également produit à une l'échelle commerciale plus limitée en Argentine, en Bolivie, en Équateur, au Mexique et au Pérou, tandis que la production est récente en Colombie et au Brésil.
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31
+ Aux États-Unis, la Californie du Sud le cultive depuis 1871; sur 120 ha sont produits annuellement 1 000 tonnes destinées au marché intérieur et à l'exportation.
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+ En dehors de l'Europe et des Amériques, le chérimoye est cultivé en Afrique Centrale, en Thaïlande, en Indonésie, en Australie et plus récemment en Nouvelle-Zélande.
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+ Dans les régions où l'on a introduit ce fruit, la fécondation des fleurs doit être assistée, car le pollen vient à maturité un jour après le pistil. Les fruits mûrissent dans un délai de cinq à huit mois.
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37
+ La chérimole fait partie des fruits qui peuvent être cueillis non mûrs (dit climactériques). Il peut être stocké et transporté en chambre froide plusieurs mois sans mûrir. Sa maturation n'interviendra que sur l'étal ou chez le client final. Une fois mûr, il est très sensible, car avec la maturité le fruit se ramollit.
38
+
39
+ Le fruit, est très bon mûr, et son goût varie suivant le degré de maturité aussi fortement qu'une banane. Néanmoins, on peut l'utiliser en association avec des fruits qui tranchent en couleurs et en goût comme la fraise, la framboise, ou la papaye. Au Chili, on en fait de la glace. Au Chili on fait aussi la chirimoya alegre, chirimoya en salade de fruits avec du jus d'orange.
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+
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+ Le fruit met de 24 à 72 heures à passer d'un état très dur à un état mou, et cela va d'autant plus vite que la température ambiante est élevée (de 20 à 27 °C). Il se comporte un peu comme un avocat.
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+ Chérimole coupée en deux.
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+ Fruits mûrs.
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+ Fruits sur l'arbre.
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+ Plantations au sud de l'Andalousie.
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+ Chérimolier cultivé au Brésil.
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+ La chérimole est composée à 75 % d'eau. Son haut contenu en fibre en fait un laxatif naturel. Elle est également riche en vitamines C, sodium et potassium. Elle est recommandée pour les personnes souffrant d'hypertension artérielle, de problèmes cardiaques et de cholestérol[8].
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+ Comme chez les autres fruits de la famille des annonacées, le fruit (notamment les graines et la peau) contient des acétogénines neurotoxiques[9],[10],[11],[12], telles que l'annonacine, contenue également dans le corossol[13] et impliquée dans des cas de parkinsonisme atypique en Guadeloupe.
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+ Chester Alan Arthur, né le 5 octobre 1829 à Fairfield (Vermont) et mort le 18 novembre 1886 à New York, est un avocat, général et homme d'État américain, 21e président des États-Unis. Élu comme vice-président de James A. Garfield en 1880, il lui succéda après son assassinat en 1881. Après avoir passé une grande partie de sa carrière politique dans la machine politique corrompue républicaine de New York, Arthur parvint à laver sa réputation en embrassant la cause de la réforme de la fonction publique. La défense et la mise en place du Pendleton Civil Service Reform Act (en) fut le point d'orgue de son administration.
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+ Né dans le Vermont, Arthur grandit dans l'État de New York et devint juriste à New York. Il s'investit au sein du Parti républicain et gravit rapidement les échelons de la machine politique dirigée par le sénateur de New York Roscoe Conkling. Nommé par le président Ulysses S. Grant au poste lucratif et politiquement influent de percepteur des douanes du port de New York en 1871, Arthur était un soutien important de Conkling et de la faction stalwart du parti républicain. Il fut démis de ses fonctions par le nouveau président Rutherford B. Hayes en 1878 qui cherchait à éliminer le clientélisme dans la ville. Lorsque James Garfield remporta la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1880, Arthur fut choisi pour briguer la vice-présidence afin d'apaiser les tensions au sein du parti.
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+ Après juste six mois en tant que vice-président, Arthur se retrouva subitement à la Maison-Blanche. À la surprise des réformateurs, il se rallia aux réformes qui avaient autrefois entraîné son expulsion du poste de percepteur. Il signa le Pendleton Act et fit appliquer vigoureusement ses dispositions. Il fut félicité pour son veto sur une loi qui aurait affecté des fonds fédéraux d'une manière qu'il jugeait excessive et présida à la renaissance de la marine américaine mais fut critiqué pour ne pas avoir réussi à réduire le surplus budgétaire qui s'était accumulé depuis la fin de la guerre de Sécession. Il fait adopter la Loi d'exclusion des Chinois en 1882, qui interdit l'immigration chinoise pour 10 ans et proscrit la naturalisation des Chinois présents aux États-Unis. Malade, il ne chercha pas vraiment à se représenter en 1884 et se retira à la fin de son mandat. Comme le journaliste Alexander McClure (en) l'écrivit plus tard : « Aucun homme n'avait accédé à la présidence en étant si largement et si profondément méprisé que Chester Alan Arthur et aucun ne s'était retiré avec un tel respect que ce soit de la part de ses amis ou de ses ennemis politiques ».
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+ Chester Alan Arthur est né le 5 octobre 1829 à Fairfield dans le Vermont[n 1] ; il était le cinquième enfant de la famille. Son père, William Arthur, était né dans le comté d'Antrim en Irlande et avait émigré à Dunham dans le Bas-Canada (actuel Québec) en 1818 ou 1819 après avoir été diplômé du Belfast College[3]. Sa mère, Malvina Stone, était né dans le Vermont et était la fille de George Washington Stone et de Judith Stevens. La famille de Malvina était principalement d'ascendance anglaise et son grand-père, Uriah Stone, combattit dans l'armée continentale durant la Révolution américaine[3]. La mère d'Arthur rencontra son père alors qu'il travaillait à l'école de Dunham juste au-delà de la frontière du Vermont et les deux se marièrent le 12 avril 1821[3]. Après la naissance de leur premier enfant, Régina, à Dunham, la famille déménagea dans le Vermont et s'installa successivement à Burlington, Jericho et Waterville (en) car William devait se déplacer pour trouver un travail dans différentes écoles[3]. À Waterville il se sépara de son éducation presbytérienne et rejoignit les baptistes du libre arbitre où il passa le reste de sa vie en tant que pasteur[3]. Il devint également un abolitionniste convaincu ce qui le rendit parfois peu populaire au sein de sa congrégation et contribua aux fréquents déplacements de la famille[4]. En 1828, la famille déménagea à nouveau et s'installa à Fairfield, où Chester Alan Arthur naquit l'année suivante[2]. Il fut nommé « Chester » d'après Chester Abell, le médecin et ami de la famille qui participa à l'accouchement et « Alan » d'après son grand-père paternel[n 2]. Après la naissance d'Arthur, la famille resta à Fairfield jusqu'en 1832 lorsque la profession du père d'Arthur les obligea à déménager dans plusieurs villes du Vermont et de l'État de New York avant de s'établir dans la région de Schenectady[5].
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11
+ Les fréquents déménagements de la famille devinrent par la suite la base d'accusations selon lesquelles Chester Arthur n'était pas un citoyen natif des États-Unis. Après qu'Arthur eut été nommé pour briguer la vice-présidence en 1880, ses adversaires politiques suggérèrent qu'il pourrait constitutionnellement ne pas être éligible à cette fonction[6]. Un avocat de New York, Arthur P. Hinman, apparemment engagé par ses opposants chercha à démontrer les rumeurs sur une naissance à l'étranger d'Arthur[7]. Hinman avança initialement qu'Arthur était né en Irlande et qu'il n'était arrivé aux États-Unis qu'à l'âge de quatorze ans ce qui le rendait inéligible pour la vice-présidence du fait de la clause de naissance de la Constitution[7],[n 3]. Il n'apporta aucune preuve puis prétendit ensuite qu'Arthur était né au Canada mais cette rumeur ne fut pas non plus démontrée[7].
12
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13
+ Arthur passa une partie de son enfance à Perry et à Greenwich dans l'État de New York. Durant sa jeunesse, il se rapprocha des idées du parti whig et il rejoignit d'autres jeunes whigs en soutien d’Henry Clay et participa même à une rixe contre des étudiants soutenant James K. Polk[5]. Il afficha également son soutien à la confrérie de Fenian en portant une veste verte[8]. Arthur s'inscrivit à l'Union College en 1845 où il reçut une éducation classique traditionnelle[5]. À l'âge de 18 ans, il rejoignit à la fraternité Phi Beta Kappa et devint président du club de débat[8]. Durant ses vacances d'hiver, Arthur enseigna à l'école de Schaghticoke (en)[8].
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+ Après avoir été diplômé, Arthur retourna à Schaghticoke et devint enseignant à plein temps mais, peu après, il commença des études de droit[9]. Il continua à enseigner durant ses études et se rapprocha de la maison familiale en prenant un poste d'enseignant à Pownal dans le Vermont[9]. Tout à fait par hasard, le futur président James A. Garfield enseigna la calligraphie dans la même école trois ans plus tard mais leurs chemins ne se croisèrent pas[10]. En 1852, Arthur déménagea à CohoesCohoes (New York) dans l'État de New York où il devint le directeur d'une école où sa sœur Malvina était enseignante[10]. Après avoir économisé suffisamment d'argent et avoir étudié à la State and National Law School à Ballston Spa, il déménagea à New York l'année suivante pour rejoindre le cabinet d'Erastus D. Culver, un avocat abolitionniste et un ami de la famille[11]. Lorsqu'Arthur fut admis au barreau en 1854, il rejoignit le cabinet qui fut renommé Culver, Parker et Arthur[12].
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+ Lorsqu'Arthur rejoignit le cabinet, Culver et le procureur de New York, John Jay (en) (le petit-fils du père fondateur du même nom) menaient une action en habeas corpus contre Jonathan Lemmon, un propriétaire d'esclaves de Virginie qui traversait New York avec ses huit esclaves[13]. Dans cette affaire appelée Lemmon v. New York (en), Culver avança que, comme la loi de New York n'autorisait pas l'esclavage, tout esclave arrivant à New York était automatiquement affranchi[13]. L'argument fut efficace et plusieurs appels furent rejetés par la cour d'appel de New York en 1860[13]. Les biographies rédigées par ses partisans lui accordèrent la plus grande part du crédit de cette victoire ; en réalité son rôle était mineur même s'il avait certainement été un participant actif dans l'affaire[14]. Dans une autre affaire de droits civiques en 1854, Arthur fut le principal avocat d'Elizabeth Jennings Graham (en) après qu'on lui eut refusé un siège dans un tramway car elle était noire[14]. Il remporta l'affaire et le verdict mena à la déségrégation des lignes de tramway de New York[14].
18
+
19
+ En 1856, Arthur courtisa Ellen Herndon, la fille de William Lewis Herndon, un officier naval de Virginie[15]. Les deux se fiancèrent rapidement[16]. Plus tard dans l'année, il entama un nouveau partenariat avec un ami, Henry D. Gardiner, et se rendit avec lui dans le Kansas pour étudier la possibilité de s'y établir et d'y fonder un cabinet d'avocat[14]. Au même moment, l'État était le lieu d'une lutte violente entre les partisans et les opposants de l'esclavage et Arthur se rallia à ces derniers[17]. La rude vie sur la Frontier ne s'accordait pas avec la vie raffinée des New-yorkais ; après trois ou quatre mois les deux avocats retournèrent à New York où Arthur réconforta sa fiancée après que son père eut disparu en mer à bord du SS Central America[17]. En 1859, ils se marièrent à l'église épiscopale de Manhattan[18]. Après leur mariage, Arthur se consacra à son travail d'avocat mais il trouva également le temps de s'impliquer dans le parti républicain[19].
20
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21
+ En 1860, Arthur fut nommé dans le comité militaire du gouverneur Edwin D. Morgan[19]. Le poste était une fonction de faible importance jusqu'au déclenchement de la guerre de Sécession en avril 1861 quand les États du Nord des États-Unis durent lever et équiper des forces armées d'une taille encore jamais vue dans l'histoire américaine[20]. Arthur reçut le grade de brigadier-général et fut assigné au département de l'intendance[20]. Il était si efficace à loger et à équiper les troupes qui se déversaient dans la ville de New York qu'il fut promu au rang d'inspecteur général de la milice d'État en février 1862 puis au quartier-général de l'intendance en juillet[21]. Il eut l'opportunité de servir sur le front lorsque le 9e régiment d'infanterie de New York l'��lut colonel au début de la guerre mais il refusa et resta à son poste à la demande du gouverneur Morgan[22]. Arthur s'approcha du front lorsqu'il voyagea vers le Sud pour inspecter les troupes de New York près de Fredericksburg en Virginie en mai 1862 ; peu après les forces du major-général Irvin McDowell s'emparèrent de la ville durant la campagne de la Péninsule[23]. Durant l'été, les autres représentants des gouverneurs du Nord et lui rencontrèrent le secrétaire d'État William H. Seward à New York pour coordonner la levée de nouvelles troupes et il passa les mois suivants à atteindre le quota new-yorkais de 120 000 hommes[23]. Arthur reçut les félicitations pour son travail mais son poste était politique et il fut relevé de ses fonctions en janvier 1863 quand le démocrate Horatio Seymour devint gouverneur[24].
22
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23
+ Arthur reprit son activité de juriste en 1863 et les affaires du cabinet Arthur & Gardiner étaient florissantes[25]. Si sa vie professionnelle s'améliorait, Arthur et son épouse connurent une tragédie personnelle quand leur unique enfant, William, mourut soudainement à l'âge de trois ans[26]. Le couple dut surmonter cette épreuve et lorsqu'ils eurent un autre fils, Chester Alan Jr., en 1864, ils redoublèrent d'affection[27]. Ils eurent également une fille, Ellen, en 1871 et les deux enfants arrivèrent à l'âge adulte[28]. Les perspectives politiques d'Arthur s'améliorèrent de même que ses affaires professionnelles lorsque son patron, l'ancien gouverneur Morgan, fut élu au Sénat des États-Unis[29]. Il fut engagé par Thomas Murphy, un chapelier qui vendait des marchandises à l'armée américaine, pour le représenter à Washington. Les deux devinrent associés au sein des cercles du parti républicain de New York et Arthur commença à s'affirmer dans la branche conservatrice du parti dominé par Thurlow Weed[29]. Lors de l'élection présidentielle de 1864, Arthur et Murphy levèrent des fonds auprès des républicains de New York et il assista à la seconde investiture d'Abraham Lincoln en 1865[30].
24
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25
+ La fin de la guerre de Sécession offrit de nouvelles opportunités pour les hommes de la machine politique républicaine de Morgan dont Arthur faisait partie[31]. Morgan se rapprocha de l'aile conservatrice du parti républicain de New York et les hommes qui travaillaient pour lui comme Weed, Seward (qui servait en tant que secrétaire d'État du président Andrew Johnson) et Roscoe Conkling (un éloquent congressiste d'Utica et étoile montante du parti) firent de même[31]. Arthur était rarement en accord avec les idées politiques de la machine mais comme cela était courant à l'époque, la loyauté et le travail pour le compte de la machine étaient plus importantes que les sympathies politiques[32]. En 1866, il tenta sans succès d'obtenir la position d'officier naval au bureau des douanes du port de New York, un poste lucratif avec peu de responsabilités[33]. Il poursuivit néanmoins son activité de juriste, en solitaire après la mort de Gardiner, et devint membre du prestigieux Century Club (en) en 1867[33]. Conkling, élu au Sénat en 1867, remarqua Arthur et accompagna son ascension dans le parti[34]. Arthur devint président du comité exécutif républicain de New York en 1868[35]. Son ascension dans la hiérarchie du parti l'occupait de nombreuses nuits et sa femme commença à lui en vouloir pour ses absences continuelles[36].
26
+
27
+ La machine de Conkling défendait fermement la candidature du général Ulysses S. Grant à la présidence et Arthur travailla à lever des fonds pour l'élection de 1868[37]. La machine démocrate de New York, connue sous le nom de Tammany Hall, travaillait pour l'adversaire de Grant, l'ancien gouverneur de New York Horatio Seymour ; Grant gagna la majorité du vote populaire et fut élu mais Seymour remporta de justesse l'État de New York[37]. Arthur commença à consacrer plus de temps à la politique qu'à son travail d'avocat[38]. En 1869, il fut nommé conseiller à la commission fiscale de New York grâce à un arrangement passé entre son ami Murphy et William Tweed, le chef du Tammany Hall[38]. Il resta à ce poste jusqu'en 1870 avec un salaire de 10 000 $ par an (environ 2,6 millions de dollars de 2012[38],[39]). Le véritable rôle d'Arthur dans la commission fiscale reste inconnu ; après la perte de pouvoir de Tweed en 1871, Arthur ne parla jamais plus de la coopération entre la machine de Conkling et le Tammany Hall[38]. Peu après, le président Grant donna le contrôle du clientélisme au sein du bureau des douanes du port de New York à Conkling et il nomma Murphy au poste de percepteur des douanes[40]. La réputation de profiteur de guerre de Murphy et son association avec le Tammany Hall le rendait inacceptable pour de nombreux membres de son propre parti mais Conkling parvint néanmoins à convaincre le Sénat de confirmer cette nomination[40]. Le percepteur était responsable du recrutement des centaines d'employés chargés de collecter les droits de douane du port le plus fréquenté des États-Unis. Typiquement, ces postes étaient distribués aux adhérents de la machine politique à laquelle appartenait le percepteur. Les employés devaient réaliser des contributions politiques (connues sous le nom d'« impositions ») pour le compte de la machine, ce qui rendait le poste très convoité par les politiciens[41]. L'impopularité de Murphy s'accrut lorsqu'il remplaça les travailleurs loyaux à la faction républicaine du sénateur Reuben Fenton (en) par ceux loyaux à Conkling[42]. Finalement, la pression pour remplacer Murphy devint trop grande et Grant demanda sa démission en 1871[42] avant de le remplacer par Arthur[43].
28
+
29
+ Le Sénat confirma la nomination d'Arthur. En tant que percepteur, il contrôlait près de mille employés mais il exigea également une salaire aussi importante que n'importe quel titulaire fédéral[41]. Le salaire d'Arthur était de 6 500 $ (environ 1,7 million de dollars de 2012[39]) mais les officiers supérieurs des douanes étaient également indemnisés par le système de « moitié », qui leur accordait un pourcentage des amendes appliquées aux importateurs qui tentaient d'éviter les droits de douane[44]. Au total, ses revenus annuels étaient de plus de 50 000 $ (environ 13 millions de dollars de 2012[39]), plus que le salaire du président et cela était amplement suffisant pour lui permettre de vivre dans le luxe[44]. Parmi ceux qui travaillaient au bureau des douanes, Arthur était l'un des percepteurs les plus populaires[45]. Il s'entendait bien avec ses subalternes et comme Murphy avait déjà rempli les effectifs avec des adhérents de Conkling, il eut peu d'occasion de limoger quelqu'un[46]. Il était également populaire au sein du parti républicain car il collectait efficacement les impositions de campagne et plaçait les amis des dirigeants du parti aux positions qui devenaient disponibles[36]. Arthur avait une meilleure réputation que Murphy mais les réformateurs critiquaient la corruption du clientélisme et du système de « moitié[41] ». En 1872, une vague de réformes au sein du parti poussa Arthur à recaractériser les impositions financières des employés comme étant des « contributions volontaires » mais le principe restait le même et le parti engrangeait les bénéfices du contrôle des fonctions officielles[47]. La même année, les républicains réformateurs formèrent le parti libéral républicain et votèrent contre Grant mais il fut réélu malgré leur opposition[48]. Néanmoins, les partisans d'une réforme de la fonction publique continuèrent d'affaiblir le système de clientélisme de Conkling car le Congrès mit fin au système de « moitié » et imposa un salaire fixe à la direction dont Arthur après une série de scandales au sein du bureau des douanes[49]. Par conséquent, son salaire tomba à 12 000 $ par an (environ 3 millions de dollars de 2012[49],[39]).
30
+
31
+ Le mandat de quatre ans d'Arthur expira le 10 décembre 1875 et Conkling, maintenant l'un des politiciens les plus influents de Washington, assura sa reconduction par le président Grant[50]. En 1876, Conkling fut envisagé pour briguer la présidence mais le choix du réformateur Rutherford B. Hayes par la convention républicaine laissait présager des difficultés pour sa machine politique[51]. Arthur et la machine rassemblèrent des fonds pour la campagne avec leur zèle habituel mais Conkling limita ses activités de campagne à quelques discours[52]. Il détourna des fonds du Bureau des douanes pour financer les campagnes des candidats républicains[53]. L'adversaire de Hayes, le gouverneur de New York, Samuel J. Tilden, remporta l'État de New York mais l'élection fut entachée de nombreuses fraudes. Après plusieurs mois de controverses, une commission électorale accorda les voix des États contestés à Hayes qui devint le nouveau président[54].
32
+
33
+ Hayes entra en fonction en ayant promis de réformer le système de nomination des fonctionnaires qui était basé sur le système des dépouilles. En 1877, Hayes et le secrétaire au Trésor John Sherman s'attaquèrent à la machine politique de Conkling[52]. Sherman demanda à une commission menée par John Jay d'enquêter sur le bureau des douanes de New York[55]. Jay, avec qui Arthur avait collaboré en tant que juriste deux décennies auparavant, avança que le bureau des douanes était tellement plein de militants nommés pour des raisons électorales que 20 % des employés étaient inutiles[56]. Sherman était moins enthousiaste à propos des réformes que Hayes et Jay mais il approuvait le rapport de la commission et ordonna à Arthur de réaliser une réduction de personnel[57]. Arthur chargea un comité composé d'employés afin de déterminer où les coupes devaient être réalisées[58]. En dépit de sa coopération, la commission Jay présenta un second rapport critiquant Arthur et d'autres employés du bureau des douanes et des documents ultérieurs demandèrent une réorganisation complète[58].
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+ Hayes s'attaqua de front au système des dépouilles en délivrant un ordre exécutif qui interdisait aux administrateurs fédéraux de faire des donations pour les campagnes électorales et de prendre part à la vie politique[59]. Arthur et ses subordonnés, Alonzo B. Cornell (en) et George H. Sharpe, refusèrent d'obéir à cet ordre[60]. Sherman encouragea Arthur à démissionner en lui offrant le poste de consul à Paris mais il refusa[61]. En septembre 1877, Hayes demanda la démission des trois hommes, ce qu'ils refusèrent de faire[61]. Hayes proposa ensuite la nomination de Theodore Roosevelt, Sr., de L. Bradford Prince (en) et d'Edwin A. Merritt (en), tous partisans de William M. Evarts, le rival de Conkling au Sénat, pour les remplacer[62]. Le comité du commerce du Sénat, que Conkling présidait, vota unanimement pour rejeter ces nominations et Merritt ne fut nommé que parce que le mandat de Sharpe arrivait à son terme[63].
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+ Le poste d'Arthur était donc sauvé mais uniquement jusqu'en juillet 1878 lorsque Hayes profita de la vacance sénatoriale pour limoger Arthur et Cornell et les remplacer (en) respectivement par Merritt et Silas W. Burt (en)[64]. Conkling s'opposa à ces nominations lorsque le Congrès se rassembla à nouveau en février 1879 mais les deux furent approuvées et cela offrit à Hayes une victoire significative dans son programme de réforme[65]. Après six années, Arthur se retrouvait sans emploi mais il était toujours un politicien influent[66]. Lors des élections de 1879, Arthur et Conkling travaillèrent pour s'assurer que les candidats républicains soient des membres de la faction de Conkling qui étaient connus sous le nom de stalwarts[67]. Ils réussirent mais de justesse car Cornell ne devint gouverneur que par 234 voix contre 216[67]. Arthur et Conkling firent vigoureusement campagne pour le ticket stalwart et grâce à la division du parti démocrate, ils furent victorieux[68]. Arthur et la machine avaient repoussé Hayes et ses rivaux au sein du parti mais il n'eut que quelques jours pour se réjouir car le 12 janvier 1880, sa femme mourut subitement d'une pneumonie alors qu'il était à Albany en train de préparer son agenda politique[69]. Il était dévasté et ne se remaria jamais[69].
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+ Conkling et les stalwarts souhaitaient poursuivre leur succès de 1879 lors de la convention présidentielle républicaine de 1880 en sécurisant le choix de leur allié, l'ancien président Grant[70]. Leurs opposants dans le parti républicain, appelés les half-breeds, soutenaient James G. Blaine, un sénateur du Maine qui semblait plus sensible à la question de la réforme de la fonction publique[70]. Aucun des candidats ne rassembla une majorité de délégués même après 36 tours. La convention se tourna alors vers un outsider, James A. Garfield, un congressiste de l'Ohio et général de la guerre de Sécession qui n'était ni stalwart ni half-breed[71]. Garfield et ses partisans savaient qu'ils allaient affronter une élection difficile sans le soutien des stalwarts de New York et ils décidèrent d'offrir la candidature à la vice-présidence à l'un d'entre eux[72]. Levi Morton était le premier choix des partisans de Garfield mais ce dernier, sur le conseil de Conkling, refusa[73]. Ils approchèrent alors Arthur. Conkling lui conseilla de refuser car il croyait que les républicains allaient perdre[74]. Arthur pensa autrement et accepta, déclarant à Conkling, « le poste de vice-président est le plus grand honneur que j'ai jamais rêvé d'atteindre[74],[n 4] ». Conkling se fit à l'idée de la nomination et fit campagne pour le ticket[77].
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+ Comme prévu, l'élection fut serrée. Le candidat démocrate, le général Winfield Scott Hancock, était populaire et comme il n'avait pas pris de positions impopulaires (voire aucune position du tout) sur les questions d'actualité, il n'avait offensé aucune circonscription importante[78]. Comme les républicains l'avaient fait depuis la fin de la guerre de Sécession, Garfield et Arthur axèrent leur campagne sur le bloody shirt ; l'idée selon laquelle le retour des démocrates à la Maison-Blanche annulerait la victoire de la guerre et récompenserait les sécessionnistes[79]. La guerre étant terminée depuis quinze ans et avec des généraux dans les deux tickets, la tactique se révéla moins efficace que ce que les républicains avaient espéré[79]. Ils changèrent donc d'arguments en avançant que les démocrates abaisseraient les droits de douane, ce qui permettrait à des produits manufacturés moins chers d'être importés d'Europe et mettrait plusieurs milliers d'ouvriers au chômage[80]. Cet argument fut décisif dans les swing states industriels de New York et de l'Indiana[80]. Hancock ne s'aida pas lorsque, dans une tentative pour rester neutre sur cette question, il déclara que « la question des droits de douanes est un sujet local », ce qui le fit apparaître mal-informé sur une question importante[81]. Les candidats à la fonction suprême ne faisaient pas personnellement campagne à cette époque mais Arthur joua un rôle dans cette campagne à sa manière en levant des fonds[82]. L'argent était crucial dans cette élection serrée et l'État de New York jouait un rôle central[83]. Les républicains remportèrent l'État de New York par 20 000 voix d'avance et dans l'élection présidentielle avec le taux de participation le plus élevé de l'histoire (78,6 %), ils n'eurent que 7 000 voix d'avance au niveau national[83]. Le résultat du collège électoral était néanmoins largement en faveur de Garfield avec 214 votes contre 155[83].
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+ Après l'élection, Arthur chercha à persuader Garfield de nommer des stalwarts de New York à plusieurs postes du cabinet dont celui de secrétaire au Trésor[84]. Il fut déçu lorsqu'il découvrit que Garfield planifiait de nommer Blaine, l'ennemi juré de Conkling, au poste de secrétaire d'État[84]. Les relations entre les deux hommes, déjà tendues, se dégradèrent encore car Garfield continuait de ne pas nommer de stalwarts aux postes disponibles. Le statut d'Arthur dans l'administration s'affaiblit également lorsque, un mois avant l'investiture, il donna un discours devant un parterre de journalistes suggérant que l'élection en Indiana, un swing state, avait été remporté grâce à des fraudes[85]. Garfield nomma finalement un stalwart, Thomas L. James, à la tête du département des Postes mais les luttes d'influence et le discours hasardeux d'Arthur continuèrent de ternir les relations entre les deux hommes qui prêtèrent serment séparément le 4 mars 1881[86]. Le Sénat du 47e Congrès était composé de 37 républicains, de 37 démocrates et d'un indépendant (David Davis) qui annonça qu'il s'allierait avec les démocrates, d'un Readjuster (William Mahone) dont l'allégeance était incertaine et quatre sièges vacants[87]. Immédiatement les démocrates tentèrent d'encadrer le Sénat, sachant que les postes vacants seraient rapidement occupés par des républicains[87]. En tant que vice-président, Arthur utilisa son droit de vote[n 5] en faveur des républicains lorsque Mahone choisit de les rejoindre[87]. Même ainsi, le Sénat resta bloqué durant deux mois du fait des nominations de Garfield dont certaines étaient rejetées par Conkling[88]. Juste avant la vacance parlementaire en mai 1881, la situation se compliqua encore lorsque Conkling et l'autre sénateur de New York, Thomas C. Platt, démissionnèrent pour protester contre l'opposition continuelle de Garfield à leur faction[89].
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+ Le Sénat étant en vacance, Arthur n'avait aucun devoir à Washington et il retourna à New York[90]. Une fois sur place, il se rendit avec Conkling à Albany, où l'ancien sénateur avait espéré une rapide réélection au Sénat afin de désavouer l'administration Garfield[90],[n 6]. La majorité républicaine à la législature de l'État était cependant divisée sur la question et à la surprise de Conkling et de Platt, ils se retrouvèrent à devoir affronter leurs camarades politiques[90],[n 7]. Alors qu'il était à Albany le 2 juillet, Arthur apprit que Garfield avait été abattu[90]. Le tireur, Charles J. Guiteau, était un avocat perturbé qui croyait qu'assassiner Garfield convaincrait Arthur de lui offrir un poste dans son administration ; il proclama aux témoins : « Je suis le stalwart des stalwarts… Arthur est maintenant président[91]! ». Malgré ses prétendus liens avec Arthur, le public apprit rapidement que Guiteau était mentalement instable et n'avait aucun lien avec le vice-président[92]. Plus inquiétant était le manque de clarté du dispositif de succession présidentielle : avec Garfield à l'antichambre de la mort, personne ne savait si quelqu'un pouvait exercer l'autorité présidentielle[93]. De plus, après la démission de Conkling, le Sénat s'était séparé sans élire un président pro tempore, qui était la personne se trouvant normalement derrière Arthur dans l'ordre de succession[93]. Arthur était réticent à agir en tant que président alors que Garfield était encore en vie et les deux mois suivants connurent une vacance du pouvoir avec Garfield trop faible pour mener ses devoirs et Arthur refusant de les assumer[94]. Au cours de l'été, Arthur refusa de se rendre à Washington et se trouvait à sa résidence de Lexington Avenue lorsqu'il apprit dans la nuit du 19 septembre que Garfield était mort[94]. Le juge John R. Brady (en) de la Cour suprême de New York administra le serment présidentiel dans la maison d'Arthur à 2 h 15 le lendemain matin et Arthur monta dans un train pour la capitale fédérale deux jours plus tard[94].
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+ Arrivé à Washington le 22 septembre, Arthur renouvela son serment présidentiel, cette fois avec le juge en chef de la Cour suprême Morrison R. Waite, car il n'était pas certain qu'un juge d'État possède l'autorité nécessaire pour administrer le serment présidentiel[95]. Il résida d'abord dans la résidence du sénateur John P. Jones dans l'attente d'importantes modifications qu'il avait ordonné à la Maison-Blanche, dont l'ajout d'une grande verrière réalisée par Louis Comfort Tiffany[96]. Comme Arthur était veuf, sa sœur, Mary Arthur McElroy joua le rôle de première dame[96]. Arthur devint rapidement le célibataire le plus couru de Washington et sa vie sociale fit l'objet de nombreuses rumeurs mais il resta fidèle à la mémoire de sa défunte femme[97]. Son fils, Chester Jr., était alors étudiant à l'université de Princeton et sa fille, Nell, resta à New York avec une gouvernante jusqu'en 1882 ; lorsqu'elle arriva, Arthur tenta de la protéger autant qu'il put contre les intrusions de la presse[97].
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+ Arthur rentra rapidement en conflit avec l'administration Garfield dont la plupart des membres étaient issus de factions républicaines rivales de celle d'Arthur. Il demanda à ses membres de rester en poste jusqu'en décembre et la réunion du Congrès mais le secrétaire au Trésor William Windom soumis sa démission en octobre pour se lancer dans la course à un poste de sénateur dans son État du Minnesota[98]. Arthur le remplaça par Charles J. Folger, son ami et compagnon au sein des stalwarts de New York[98]. Le procureur général Wayne MacVeagh fut le suivant à démissionner car il considérait qu'en tant que réformateur, il n'avait aucune place dans l'administration Arthur[99]. Malgré l'intervention personnelle du président, MacVeagh démissionna en décembre 1881 et il fut remplacé par Benjamin H. Brewster, un avocat de Philadelphie et un politicien possédant certaines idées réformatrices[99]. Blaine, l'ennemi juré de la faction stalwart, accepta de rester secrétaire d'État jusqu'à la reprise de la session parlementaire mais il démissionna immédiatement après[100]. Conkling espérait qu'Arthur le nommerait à la place de Blaine mais le président choisit Frederick T. Frelinghuysen du New Jersey, un stalwart recommandé par l'ex-président Grant, à sa place[100]. Frelinghuysen conseilla à Arthur de ne pas nommer de stalwarts à d'autres postes mais lorsque le Postmaster General Thomas L. James démissionna en janvier 1882, Arthur choisit Timothy O. Howe, un stalwart du Wisconsin pour le remplacer[101]. Le secrétaire à la Marine William H. Hunt démissionna en avril 1882 et Arthur tenta une approche plus équilibrée en nommant William E. Chandler sur les recommandations de Blaine[101]. Finalement, lorsque le secrétaire à l'Intérieur Samuel J. Kirkwood démissionna le même mois, Arthur nomma Henry M. Teller, un stalwart du Colorado à ce poste[101]. Sur les membres du cabinet qu'Arthur avait hérité de Garfield, seul le secrétaire à la Guerre Robert Todd Lincoln resta durant la totalité du mandat d'Arthur[101].
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+ Dans les années 1870, le public prit connaissance du scandale des star routes dans lequel des contrats truqués sur les voies postales avaient entraîné une importante corruption avec la complicité de hauts fonctionnaires (dont le second assistant Postmaster General, Thomas J. Brady et l'ancien sénateur Stephen Wallace Dorsey (en))[102]. Pour beaucoup de réformateurs, le nouveau président Arthur, ancien partisan du système des dépouilles, allait tolérer ce genre de corruption et allait enterrer l'enquête sur ce scandale[102]. Néanmoins, le nouveau procureur général, Brewster, poursuivit les enquêtes commencées par McVeagh et engagea les influents avocats démocrates William W. Ker et Richard T. Merrick (en) dans une tentative pour améliorer l'équipe d'enquête et éviter des rumeurs de collusion politique[103]. Bien qu'Arthur ait travaillé étroitement avec Dorsey avant de prendre ses fonctions, une fois au poste il soutint les enquêtes et poussa à la démission des hauts fonctionnaires impliqués dans le scandale[103]. Le procès des responsables de la fraude en 1882 déboucha sur la condamnation de deux accusés mineurs mais le jury ne parvint pas à une majorité pour les autres accusés[104]. Après qu'un juré eut avancé que la défense ait tenté de le corrompre, le juge annula la décision de justice et annonça un nouveau procès[104]. Avant le début du second procès, Arthur muta cinq hauts fonctionnaires jugés trop proches de la défense dont un ancien sénateur[105]. Le nouveau procès commença en décembre 1882 et dura jusqu'en juillet 1883 mais ne déboucha pas sur une condamnation[105]. L'échec à obtenir une condamnation ternit l'image du gouvernement mais Arthur était parvenu à mettre un terme à la fraude[105].
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+ L'assassinat de Garfield par un avocat dérangé qui cherchait à être nommé à un poste officiel amplifia la demande populaire pour une réforme de la fonction publique[106]. Les chefs démocrates et républicains réalisèrent qu'ils pourraient attirer les votes des réformateurs en s'opposant au système des dépouilles[106]. En 1880, le sénateur démocrate George H. Pendleton de l'Ohio introduisit une loi qui permettrait une sélection des fonctionnaires fondée sur le mérite et sur concours[106]. Dans son discours sur l'état de l'Union de 1881, Arthur demanda une réforme de la fonction publique et Pendleton présenta une nouvelle fois sa loi mais le Congrès la rejeta[106]. Les républicains perdirent des sièges lors des élections de 1882 tandis que les démocrates avaient fait campagne sur la question des réformes[107]. Ainsi, le Congrès sortant était plus favorable à cette question et la loi de Pendleton fut adoptée[108]. Arthur signa le Pendleton Civil Service Reform Act (en) le 16 janvier 1883[108]. En juste deux ans, un stalwart obstiné était devenu le président qui avait fait passer une réforme de la fonction publique attendue depuis plusieurs décennies[108].
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+ Initialement, la loi ne s'appliquait qu'à 10 % des postes fédéraux et, sans intervention du président, cela aurait pu ne pas aller plus loin[109]. Même après qu'il eut signé la loi, les réformateurs doutaient de la volonté de réforme d'Arthur[109]. À leur grande surprise, il agit rapidement pour nommer les membres de la Civil service commission créée par la loi et proposa les réformateurs Dorman B. Eaton (en), John M. Gregory (en) et Leroy D. Thoman (en) aux postes de commissaires[109]. L'inspecteur en chef Silas W. Burt, était un réformateur de longue date qui avait été l'opposant d'Arthur lorsque les deux hommes travaillaient au bureau des douanes de New York[110]. La commission présenta ses premières recommandations en mai 1883 et en 1884 la moitié des fonctionnaires du service postal et les trois quarts des membres du service des douanes étaient nommés au mérite[110]. La même année, Arthur exprima sa satisfaction concernant ce nouveau système en louant son efficacité « pour obtenir des fonctionnaires compétents et honnêtes et protéger les employés du gouvernement des pressions et du labeur d'examiner les demandes et les plaintes des candidats rivaux au poste[111] ».
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+ Du fait des taxes créées durant la guerre de Sécession, le gouvernement fédéral collectait depuis 1866 plus d'argent qu'il n'en dépensait et le surplus budgétaire atteignit 145 millions de dollars en 1882 (environ 186 milliards de dollars de 2012[112],[113]). Les opinions variaient sur la manière d'équilibrer le budget. La plupart des démocrates souhaitaient abaisser les droits de douane pour réduire les recettes et faire baisser le prix des produits importés. Les républicains y étaient opposés et considéraient que les droits de douane élevés permettaient des salaires élevés pour les employés travaillant dans l'industrie. Ils souhaitaient un accroissement des dépenses fédérales en particulier pour réaliser des travaux publics et une réduction des droits d'accise[112]. Arthur était globalement en accord avec son parti et en 1882, il demanda l'abolition des droits d'accise sur tous les produits à l'exception des alcools ainsi qu'une simplification de la complexe structure fiscale[114]. En mai 1882, le représentant William D. Kelley de Pennsylvanie introduisit une loi pour créer une commission fiscale[114]. La loi fut adoptée et signée par Arthur mais ce dernier nomma de nombreux protectionnistes au sein du comité. Les républicains étaient satisfaits de la composition du comité mais furent surpris lorsque, en décembre 1882, le comité proposa au Congrès une coupe dans les droits de douane allant de 20 à 25 %. Les recommandations du comité furent cependant ignorées car la commission fiscale de la Chambre (en), dominée par les protectionnistes, rédigea le projet de loi limitant les baisses à 10 %[114]. Après accord avec le Sénat, la loi ne réduisit les droits que de seulement 1,47 %. La loi fut adoptée de justesse dans les deux chambres le 3 mars 1883, le dernier jour du 47e Congrès. Arthur signa la loi mais cela ne permit pas de réduire significativement le surplus budgétaire[115].
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+ Au moment du débat sur les droits de douane, le Congrès tenta d'équilibrer le budget en augmentant les dépenses avec une loi sur les ports et les fleuves qui prévoyait une dépense jamais vue de 19 millions de dollars (environ 25 milliards de dollars de 2012[113]) pour des travaux publics[116]. Arthur n'était pas opposé à ces améliorations mais l'ampleur de la loi le dérangeait de même que l'accent mis sur des « localités particulières » au lieu de projets qui bénéficieraient à la plus grande partie de la nation[116]. Le 1er août 1882, Arthur mit son veto à cette loi impopulaire[116]. Dans son message accompagnant le veto, il écrivit que son objection principale à la loi était qu'elle appropriait des fonds « non pour la défense de l'intérêt commun ou général et ne promouvait pas le commerce entre les États[117] ». Le Congrès contourna son veto[116] et la loi réduisit l'excédent de 19 millions de dollars. De nombreux républicains considéraient la loi comme un succès mais jugèrent par la suite que son impopularité leur avait coûté des sièges lors de l'élection de 1882[118].
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+ Durant la présidence Garfield, le secrétaire d'État James G. Blaine mena la diplomatie américaine en Amérique latine dans une nouvelle direction en proposant des accords commerciaux réciproques et en offrant sa médiation dans les disputes entre les États latino-américains[119]. Blaine proposa la tenue d'une conférence pan-américaine en 1882 pour discuter des questions commerciales et de la fin de la guerre du Pacifique entre la Bolivie, le Chili et le Pérou[119]. Cela marquait un changement significatif dans la politique étrangère américaine auparavant bien plus isolationniste[119]. Blaine ne resta pas en place suffisamment longtemps pour voir le résultat de ses efforts et quand Frederick T. Frelinghuysen le remplaça à la fin de l'année 1881, les efforts pour la préparation d'une conférence furent suspendus[120]. Frelinghuysen mit également fin aux tentatives de médiation américaine dans la guerre du Pacifique car il craignait que les États-Unis n'y soient entraînés[120]. Arthur et Frelinghuysen poursuivirent les efforts de Blaine pour encourager le commerce entre les nations de l'hémisphère occidental et un traité signé en 1882 et approuvé par le Congrès en 1884 avec le Mexique permit la réduction des droits de douanes entre les deux pays[121]. La Chambre n'approuva cependant pas la loi nécessaire et le traité ne fut jamais appliqué[121]. Des efforts similaires avec Saint-Domingue et les colonies espagnoles furent rejetés en février 1885 et un traité de réciprocité existant avec le royaume d'Hawaï devint caduc[122].
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+ Le 47e Congrès consacra beaucoup de temps à la question de l'immigration, parfois en accord avec les idées d'Arthur et parfois contre[123]. En juillet 1882, sans véritable opposition, le Congrès vota une loi régulant les navires à vapeur transportant les immigrés aux États-Unis[123]. À sa surprise, Arthur mit son veto à la loi, citant la formulation du texte ; le Congrès accepta de la réécrire et Arthur la signa[123]. Il signa également en août l'Immigration Act (en) de 1882, qui imposait une taxe de 50 cents (environ 108 dollars de 2012[39]) sur les immigrants et interdisait l'entrée des malades et des handicapés mentaux, des criminels et de toute personne « incapable de se prendre en charge sans devenir un poids pour la société »[124]. Un débat plus important concernait le statut d'un groupe particulier d'immigrants : les Chinois. En 1868, le Sénat avait ratifié le traité de Burlingame avec la Chine qui autorisait une immigration sans limite des Chinois aux États-Unis. Du fait de la contraction économique après la crise bancaire de mai 1873, les immigrants chinois furent accusés de faire baisser les salaires des ouvriers[125]. En réponse, le Congrès vota la loi d'exclusion des Chinois en 1879 qui abrogeait le traité de 1868 mais le président Hayes mit son veto au projet de loi[125]. Trois ans plus tard, après que la Chine ait accepté d'étudier des révisions du traité, le Congrès tenta à nouveau de réduire l'immigration chinoise. Le sénateur John F. Miller de Californie introduisit un texte de loi qui refuserait l'octroi de la citoyenneté américaine aux immigrés chinois et interdirait toute immigration depuis ce pays durant 20 ans[126]. La loi fut adoptée au Sénat et à la Chambre avec des majorités écrasantes et arriva sur le bureau d'Arthur en avril 1882[126]. Arthur mit son veto à la loi, considérant que l'interdiction de 20 ans contrevenait au traité de renégociation de 1880 qui autorisait une suspension « raisonnable » de l'immigration. Les journaux de l'Est du pays félicitèrent Arthur pour son veto mais il fut largement condamné par les journaux de la côte Ouest. Le Congrès fut incapable de contourner le veto et adopta une nouvelle loi qui limitait l'immigration durant 10 ans. Bien qu'il continua de s'opposer au refus de la citoyenneté aux immigrants chinois, Arthur signa la loi de compromis le 6 mai 1882[126],[n 8].
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+ Dans les années qui suivirent la guerre de Sécession, la puissance navale américaine déclina rapidement passant de près de 700 navires à 52 dont la plupart étaient obsolètes[127]. L'effort militaire de la nation durant les quinze années qui avaient précédé l'élection de Garfield et d'Arthur s'était concentré sur les guerres indiennes plutôt que sur l'océan mais avec la pacification progressive de l'Ouest, le Congrès commença à s'inquiéter de l'état déplorable de la marine[128]. Le secrétaire à la Marine de Garfield, William H. Hunt, défendit une réforme de la marine et son successeur, William E. Chandler, nomma un comité chargé de préparer un rapport sur la modernisation[129]. En accord avec les recommandations du rapport, le Congrès vota des fonds pour la construction de trois croiseurs protégés (USS Atlanta, USS Boston et USS Chicago) et d'une canonnière (USS Dolphin), nommés ABCD Ships ou Squadron of Evolution[130]. Le Congrès approuva également la reconstruction de quatre monitors (USS Puritan (en), USS Amphitrite (en), USS Monadnock (en) et USS Terror (en)) qui attendaient leur achèvement depuis 1877[130]. Les contrats pour la construction des navires ABCD furent accordés à l'offre la moins coûteuse, John Roach & Sons de Chester en Pennsylvanie[131] bien que l'entreprise ait auparavant employé Chandler comme lobbyiste[131]. Les démocrates s'opposèrent aux plans de la New Navy et lorsqu'ils reprirent le contrôle du Congrès en 1883, ils refusèrent de voter des fonds pour sept nouveaux navires[131]. Même sans ses navires additionnels, l'état de la marine s'améliora lorsque le dernier des nouveaux navires entra en service en 1889 après de nombreux retards dans la construction[132].
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+ Comme ses prédécesseurs républicains, Arthur chercha à savoir comment son parti devait s'opposer aux démocrates dans le Sud et sur la manière de protéger les droits civiques des Noirs[133]. En effet, depuis la fin de la Reconstruction, les conservateurs blancs démocrates (ou « démocrates bourbons ») avaient repris le pouvoir dans le Sud et les soutiens du parti républicain, essentiellement les Noirs, étaient progressivement privés de leurs droits civiques par l'intermédiaire des lois Jim Crow[133]. Une faille apparut néanmoins dans le Solid South démocrate avec l'émergence d'un nouveau parti, le Readjuster Party, en Virginie[134]. Ayant remporté une élection dans cet État sur la promesse d'une meilleure éducation (pour les Noirs et les Blancs), l'abolition de l'imposition par tête et du pilori, de nombreux républicains du Nord virent les readjusters comme des alliés plus viables que le parti républicain moribond du Sud[134]. Arthur était d'accord et orienta le soutien fédéral en Virginie en faveur des readjusters plutôt que vers les républicains[134]. Il appliqua le même principe dans les autres États du Sud en forgeant des coalitions avec les indépendants et le Greenback Party[134]. Certains Noirs républicains se sentirent trahis par ce pari pragmatique mais d'autres (dont Frederick Douglass et l'ex-sénateur Blanche K. Bruce (en)) soutinrent les actions de l'administration car les indépendants du Sud avaient des politiques raciales plus libérales que les démocrates[135]. La politique de coalition d'Arthur ne fut cependant réussie qu'en Virginie et à partir de 1885 le mouvement des readjusters commença à s'effondrer avec l'élection d'un président démocrate[136]. D'autres actions fédérales pour le compte des Noirs furent également inefficaces. Lorsque la Cour suprême annula le Civil Rights Act de 1875 dans une décision de 1883, Arthur exprima son désaccord dans un message au Congrès mais il fut incapable de le convaincre de voter une nouvelle législation[137]. Arthur parvint cependant à intervenir pour annuler une décision en cour martiale concernant un cadet noir de l'académie militaire de West Point, Johnson Whittaker (en), après que le juge-avocat général de l'armée, David G. Swaim (en), eut prouvé que le dossier à charge avait été réalisé sur des motifs raciaux[138].
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+ L'administration affronta un problème différent dans l'Ouest où l'église mormone était sous pression fédérale pour qu'elle mette fin à la pratique de la polygamie dans le territoire de l'Utah[139]. Garfield considérait que la polygamie était un comportement criminel et était contraire aux valeurs familiales et Arthur était, pour une fois, en accord avec son prédécesseur[139]. En 1882, il signa l'Edmunds Act (en) qui faisait de la polygamie un crime fédéral et interdisait aux polygames de devenir fonctionnaires[139].
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+ L'administration Arthur dut également gérer le changement de relations avec les tribus amérindiennes[140]. Les guerres indiennes se terminaient et l'opinion publique évoluait vers une plus grande tolérance. Arthur pressa le Congrès d'accroître les fonds pour l'éducation des Amérindiens, ce qu'il fit en 1884 mais pas à l'échelle qu'il souhaitait[141]. Arthur était également favorable à une évolution vers le système de parcellisation, selon lequel les individus, et non les tribus, possédaient les terres. Arthur fut incapable de convaincre le Congrès d'adopter cette idée durant son mandat mais en 1887, le Dawes Act fit évoluer la loi pour favoriser un tel système[141]. Le système était soutenu par les réformateurs libéraux mais il se révéla finalement désavantageux pour les Amérindiens car la plupart des terres furent vendues à bas prix à des spéculateurs blancs[142]. Durant la présidence d'Arthur, les colons et les éleveurs de bétail continuèrent de s'implanter dans les territoires attribués aux Amérindiens[141]. Arthur s'opposa à cette évolution mais après que le secrétaire à l'Intérieur Henry M. Teller, un opposant de la parcellisation, l'ait assuré que les terres n'étaient pas protégées, le président ouvrit à la colonisation la réserve de Crow Creek dans le territoire du Dakota en 1885[141]. Son successeur, Grover Cleveland, considérait cependant que les terres appartenaient aux Amérindiens et il annula l'ordre exécutif d'Arthur quelques mois plus tard[141].
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+ Peu après être devenu président, Arthur fut diagnostiqué avec la maladie de Bright (en), une affection rénale aujourd'hui appelée néphrite[143]. Il tenta de garder sa maladie secrète mais en 1883 des rumeurs concernant son état commencèrent à circuler[143]. À ce moment, il avait maigri et paraissait plus vieux ainsi que moins énergique pour rester en phase avec les exigences de la présidence[143]. Espérant améliorer sa santé en quittant Washington, Arthur et quelques amis politiques se rendirent en Floride en avril 1883[144]. Le voyage eut l'effet opposé et Arthur souffrit d'intenses douleurs avant de rentrer à Washington[144]. Plus tard dans l'année, sur les conseils du sénateur George Graham Vest du Missouri, il visita le parc national de Yellowstone[145]. Les journalistes accompagnant le président permirent de faire connaître le nouveau système de parcs nationaux[145]. Le voyage à Yellowstone fut plus bénéfique pour la santé d'Arthur que celui en Floride et il revint à Washington en meilleure santé après deux mois de voyage[146].
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+ À l'approche de l'élection présidentielle de 1884, James G. Blaine était considéré comme le favori pour la nomination républicaine mais Arthur envisageait lui aussi un second mandat présidentiel[147]. Dans les mois qui précédèrent la convention républicaine de 1884, Arthur commença à réaliser qu'aucune faction du parti républicain n'était prête à le soutenir : les half-breeds étaient à nouveau solidement derrière Blaine tandis que les stalwarts étaient indécis ; certains soutenaient Arthur et d'autres étaient des partisans du sénateur John A. Logan de l'Illinois[147]. Les républicains réformateurs s'étaient rapprochés d'Arthur après qu'il eut soutenu la réforme de la fonction publique mais ils n'étaient pas toujours certains de sa volonté et le sénateur George F. Edmunds (en) du Vermont, un partisan de longue date de cette cause, apparaissait comme un concurrent sérieux[147]. Les chefs d'entreprise ainsi que les républicains du Sud qui lui devaient leur emploi grâce au système de soutien fédéral étaient en sa faveur mais au moment où ils commencèrent à faire campagne pour lui, Arthur s'opposa à une campagne sérieuse pour sa candidature[148]. Il fit une campagne symbolique, croyant qu'abandonner mettrait en doute ses actions à la Maison-Blanche et poserait des questions sur sa santé mais au moment où la convention débuta sa défaite était presque assurée[148]. Blaine était en tête au premier tour et il remporta la majorité des votes au quatrième[149]. Arthur lui télégraphia ses félicitations et accepta sa défaite avec sérénité[149]. Il ne joua aucun rôle dans la campagne de 1884, ce que Blaine considéra comme ayant contribué à sa défaite face à son adversaire démocrate, Grover Cleveland[150].
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+ Arthur nomma deux juges à la Cour suprême des États-Unis. La première vacance eut lieu en juillet 1881 avec la mort du juge assesseur Nathan Clifford, un démocrate qui y siégeait depuis la fin de la guerre de Sécession[151]. Arthur nomma Horace Gray, un éminent juriste de la Cour suprême du Massachusetts pour le remplacer et la nomination fut facilement confirmée[151]. Gray servit jusqu'en 1902 et fut l'auteur de l'arrêt United States v. Wong Kim Ark (en) de la Cour qui annula la section de la loi d'exclusion des Chinois qui refusait la citoyenneté américaine aux immigrants chinois. La seconde vacance eut lieu lors de la retraite du juge assesseur Ward Hunt (en) en janvier 1882. Arthur nomma initialement son ancien boss politique, Roscoe Conkling ; il doutait que Conkling accepterait mais il se sentait obligé d'offrir un poste influent à son ancien patron[151]. Le Sénat confirma la nomination mais comme prévu Conkling refusa[151]. Le sénateur George Edmunds était le second choix d'Arthur mais il refusa également[152] ; ce fut la dernière fois qu'un candidat confirmé par le Sénat refusa sa nomination à la Cour suprême[153]. Finalement Arthur nomma Samuel Blatchford (en), un juge de la Cour d'appel des États-Unis pour le deuxième circuit depuis 15 ans[151]. Blatchford accepta et sa nomination fut approuvée en moins de deux semaines[151]. Blatchford servit à la Cour jusqu'à sa mort en 1893[154]. En plus de la Cour suprême, Arthur nomma quatre juges à des cours de circuit et treize autres à des courts de districts.
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+ Arthur quitta ses fonctions en 1885 et retourna dans sa résidence de New York. Deux mois avant la fin de son mandat, plusieurs stalwarts de New York l'approchèrent pour lui proposer de concourir pour le Sénat mais il refusa préférant retourner à son métier de juriste au sein du cabinet Arthur, Knevals & Ransom[155]. Sa santé limitait ses activités et Arthur se consacrait à des missions de conseil. Il prit peu de responsabilités dans le cabinet et il était souvent trop malade pour quitter sa maison[156]. Il participa à quelques manifestations publiques jusqu'à la fin de l'année 1885[156].
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+ Après avoir passé l'été 1886 à New London dans le Connecticut, il revint assez malade et le 16 novembre, il demanda de brûler presque tous ses documents personnels et officiels[156],[n 9]. Le lendemain, Arthur souffrit d'une hémorragie intra-cérébrale et ne reprit jamais conscience ; il mourut le jour suivant à l'âge de 57 ans[156]. Le 22 novembre, des funérailles privées furent organisées à New York en présence du président Cleveland, de l'ancien président Hayes et d'autres personnalités[158]. Arthur fut inhumé à côté des tombes de nombreux membres de sa famille et de ses ancêtres à l'Albany Rural Cemetery de Menands (en). Il fut placé aux côtés de son épouse dans un sarcophage[156].
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+ À sa mort, le New York World écrivit qu'« aucune mission ne fut négligée sous son administration et aucun projet aventureux n'inquiéta la nation[159] ». En 1898, une statue en bronze de 5 m d'Arthur réalisée par George Edwin Bissell (en) fut installée sur une piédestal de granite au Madison Square de New York[160]. Elle fut dévoilée en 1899 par sa sœur, Mary Arthur McElroy[160], et lors de la cérémonie, le secrétaire à la Guerre Elihu Root déclara qu'Arthur était « un homme d'État sage et un administrateur ferme et efficace » tout en reconnaissant qu'il avait été isolé et peu apprécié de son parti[160]. L'impopularité d'Arthur de son vivant a rejailli sur les évaluations des historiens et sa réputation au moment de quitter ses fonctions s'effaça[161]. En 1935, l'historien George F. Howe écrivit qu'Arthur restait « dans l'obscurité en contraste étrange par rapport à son rôle significatif dans l'histoire américaine[162] ». En 1975, Thomas C. Reeves (en) indiqua que ses « nominations, bien que peu remarquables, furent extraordinairement judicieuses ; la corruption et les scandales qui dominèrent les affaires et les politiques de la période ne ternirent pas son administration[163] ». Dans sa biographie de 2004, Zachary Karabell (en) écrivit que même si Arthur était « physiquement tendu et émotionnellement affecté, il s'efforça de faire ce qui était bien pour le pays[161] ».
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+ Dans la mythologie grecque, l'épisode du cheval de Troie est un événement décisif de la guerre de Troie.
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+ À l'initiative d'Ulysse, des guerriers grecs réussissent à pénétrer dans Troie, assiégée en vain depuis dix ans, en se cachant dans un grand cheval de bois, harnaché d'or[1], offert aux Troyens. Cette ruse de guerre entraîne la chute de la ville et permet le dénouement de la guerre.
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5
+ L'épisode du cheval de Troie est brièvement relaté pour la première fois par Homère dans l’Odyssée, son Iliade arrêtant la narration de la guerre de Troie aux funérailles d'Hector[2],[3]. Tout d'abord, au chant IV (251-290) :
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7
+ « (...) Dans le cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d'Argos. Mais, alors tu survins, Hélène ! en cet endroit, quelque dieu t'amenait pour fournir aux Troyens une chance de gloire ; sur tes pas, Déiphobe allait, beau comme un dieu, et, par trois fois, tu fis le tour de la machine ; tu tapais sur le creux, appelant nom par nom les chefs des Danaens, imitant pour chacun la voix de son épouse[4] »
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+
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+ — Odyssée, édition de la Bibliothèque de la Pléiade, 1955.
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+ Puis Ulysse, hôte anonyme d'Alcinoos, demande à l'aède Démodocos de chanter (VIII, 492-495)
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+
13
+ « (...) l'histoire du chevalqu'Épéios, assisté d'Athéna, construisit,et traquenard qu'Ulysse conduisit à l'acropolesurchargé de soldats qui allaient piller Troie[5]. »
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+ — L'Odyssée d'Homère, traduction de Leconte de Lisle (1998).
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+ Homère résume ensuite sur une vingtaine de vers le récit de Démodocos.
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+ D'autre part, Virgile, qui a contribué à la popularité de l'épisode, en a fait l'objet de tout le livre II de l’Énéide, sous la forme d'un récit fait par Énée à Didon, reine de Carthage.
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+
21
+ Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l'idée d'une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l'enceinte de la cité, franchit donc les portes Scées[a], les Troyens font alors une grande fête.
22
+
23
+ Lorsque les habitants de Troie sont pris par la torpeur de l'alcool, la nuit, les Grecs sortent du cheval et ouvrent alors les portes, permettant au reste de l'armée d'entrer et de piller la ville. Tous les hommes sont tués, les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une éventuelle vengeance.
24
+
25
+ Dans l'épisode du cheval de Troie, Ulysse, personnage devenu célèbre pour sa mètis (« intelligence rusée »), rend un conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. Ici, il s'agit en fait d'une ruse. Elle se distingue de la tricherie mais aussi du délit (ou du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société ou des accords internationaux. En l'espèce de l'art de la guerre chez les Grecs, il s'agit plus particulièrement d'une ruse de guerre.
26
+
27
+ Selon les Histoires incroyables de Paléphatos de Samos, les Grecs construisirent un cheval de bois d'après la dimension des portes : moins large afin de pouvoir être tiré à l'intérieur, mais plus haut. Les chefs se tenaient dans une vallée boisée, près de la cité — lieu baptisé « Creux de l'embuscade ». Sinon, venu du camp argien comme un déserteur, leur annonce que, s'ils se refusent à faire entrer le cheval dans la ville, alors les Achéens reviendront combattre. En entendant cela, les Troyens abattent les portes et introduisent l'animal de bois dans la cité. Pendant qu'ils festoient, les Grecs les assaillent, à travers la brèche qui avait été pratiquée dans les remparts, et c'est ainsi qu'Ilion aurait été prise.
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29
+ Certains auteurs ont suggéré que le cadeau n'était pas un cheval cachant des guerriers dans ses flancs, mais un bateau porteur d'une ambassade de paix, offre que les Troyens trop peu méfiants ou trop heureux de faire la paix auraient imprudemment acceptée[6]. Après la fête, les Troyens découvrent la sinistre réalité.
30
+
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+ À l'appui de cette interprétation, on remarquera que :
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+ De nombreuses interprétations sont proposées par des chercheurs : ex-voto équestre (symbole des forces souterraines) offert par les Achéens au dieu Poséidon Hippios pour le remercier d'avoir facilité la destruction de Troie par un tremblement de terre[9]. Selon l'historien Alexandre Tourraix, « cette hypothèse consiste à établir un rapport immotivé entre un fait probable, la destruction de Troie VI par un tremblement de terre, un mythème transmis par l'épopée et les mythographes, le stratagème du cheval de bois, et les liens bien connus de Poséidon, "l'Ébranleur du sol", avec le cheval[10] ».
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+ Selon une autre hypothèse, le cheval de Troie serait en fait une machine de guerre dont on a perdu la mémoire, tels les engins de siège comme le bélier souvent décrits en terme zoomorphes[11].
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+ L'analyse du site archéologique découvert près d'Hisarlık, ne plaide pas en faveur de ces hypothèses. Les remparts inclinés et l'absence de recul devant les portes ne sont pas favorables à l'idée d'un cheval contenant un bélier ou permettant aux combattants de se hisser au-dessus des remparts. Par ailleurs, des pointes de flèches achéennes ont été mis au jour dans l'enceinte fortifiée. Dans un film documentaire de 2014, une équipe de chercheurs et d'experts militaires conforte l'idée d'un cheval offrande contenant de l'ordre de 9 combattants (contre 30 selon Quintus Smyrnaeus) chargés d'ouvrir les portes de la cité au retour des troupes grecques[12].
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+ En informatique, un cheval de Troie désigne un type de programme informatique malveillant, invasif et parfois destructeur. Il est souvent porté :
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+ Pokémon (prononcé [pɔ.ke.mɔn] ; en japonais ポケモン, Pokemon, prononcé [po̞kʲe̞mõ̞ɴ]) est une franchise créée par Satoshi Tajiri en 1996, présente en particulier en jeu vidéo, dans des séries éditées par Nintendo. Selon les statistiques de Nintendo en 2010, les jeux Pokémon se sont vendus à environ 250 millions d’unités. Le jeu vidéo Pokémon Rouge et Bleu s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce qui en fait un record des ventes dans l’histoire du jeu vidéo.
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5
+ La franchise est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. Dans la série animée homonyme, le personnage principal, Sacha, voyage à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, un concept qu’on retrouve également dans les jeux vidéo de la franchise. Pokémon a eu un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres pays européens.
6
+
7
+ Le nom Pokémon est issu de la contraction de Poketto Monsutā, romanisation du japonais ポケットモンスター[1] traduisant l'anglais Pocket Monsters. Le terme Pokémon, en plus de référer à la franchise Pokémon elle-même, réfère aussi collectivement aux 896 espèces fictionnelles réparties en huit générations Pokémon. Pokémon est identique au singulier et au pluriel, comme dans chaque nom d'une espèce ; il est grammaticalement correct de dire un Pokémon et de nombreux Pokémon, ainsi que un Pikachu et des Pikachu[2].
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9
+ Dans l'univers des Pokémon[N 1], les animaux du monde réel n'existent pas (ou très peu). Le monde est peuplé de Pokémon, des créatures qui vivent en harmonie avec les humains, mais possèdent des aptitudes quasiment impossibles pour des animaux du monde réel, telles que cracher du feu, comme Dracaufeu, ou encore générer de grandes quantités d'électricité, comme Magnéti[3]. Chaque sorte[N 2] de Pokémon possède un nom, qui peut à la fois être utilisé pour parler de Pokémon individuels ou de l'ensemble des Pokémon de la même sorte. Certains Pokémon dits « légendaires » sont les seuls représentants de leur sorte et dans les jeux récents sont des entités incarnant une puissance naturelle. Dans la série animée, les Pokémon ne peuvent prononcer en règle générale que leur nom[N 3], mais il existe quelques cas rares où des Pokémon ont appris un langage humain[N 4],[4],[5]. Des humains utilisent ces aptitudes dans leurs activités professionnelles : ainsi les Caninos de l'Agent Jenny l'aident à poursuivre les criminels.
10
+
11
+ Certains dressent les Pokémon pour organiser des combats entre eux, transportant généralement les Pokémon dans des Poké Balls, des balles compactes où un Pokémon peut être contenu[3],[6],[7]. Ces dresseurs Pokémon voyagent à travers le monde dans le but d'attraper le plus grand nombre de Pokémon, puis éventuellement devenir Maître Pokémon, un titre donné au dresseur ayant battu le maître de la ligue. Certains dresseurs enregistrent les informations des Pokémon qu'ils ont capturés ou observés dans un Pokédex, un appareil électronique qui répertorie et affiche les informations sur les différents Pokémon[8]. À partir de l'âge de dix ans, il est possible de commencer son apprentissage de dresseur en recevant une licence de la Ligue Pokémon[9]. L'apprentissage consiste à partir capturer des Pokémon dans leurs habitats naturels, puis à les entrainer au combat.
12
+
13
+ Les matchs Pokémon consistent en combats entre les Pokémon de deux dresseurs, et se terminent quand tous les Pokémon de l'un d'entre eux sont KO. La mort des Pokémon est donc évitée, et les Pokémon peuvent être soignés au Centre Pokémon, un bâtiment où les infirmières guérissent les Pokémon blessés[10],[7]. Pour participer à des compétitions, les dresseurs peuvent se déplacer aux différentes Arènes Pokémon où un badge leur est offert s'ils sortent victorieux d'un match contre le champion d'arène[9]. Après avoir gagné tous les badges de la région, un dresseur peut partir au siège de la Ligue Pokémon pour affronter quatre dresseurs d'élite, souvent appelés le « Conseil des 4 ». Ce n'est qu'après avoir battu ces quatre dresseurs que le dresseur peut affronter le Maître de la Ligue[11].
14
+
15
+ Il existe dix-huit types (voir la liste ci-contre). Chaque Pokémon possède un ou deux types qui conditionnent la plupart de ses attaques et caractérisent ses forces et ses faiblesses vis-à-vis des autres types, organisées comme le pierre-papier-ciseaux pour équilibrer les combats[12]. De nombreux Pokémon se transforment en une nouvelle sorte (ce phénomène est appelé une « évolution[N 6] ») après avoir atteint un certain niveau d'expérience ou d'autres critères plus complexes (objets, échange, etc) ; cela leur donne souvent de meilleures statistiques de combat et parfois un nouveau type. En tout, un Pokémon de base peut évoluer au plus deux fois[N 7].
16
+
17
+ Quelques Pokémon peuvent évoluer de plusieurs manières différentes (l'archétype de ces Pokémon est Évoli)[13].
18
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19
+ Les types Acier et Ténèbres[N 8] apparaissent dans la deuxième génération (Pokémon Or, Argent et Cristal), de même que le type Fée apparaît dans la sixième génération (Pokémon X et Y). Ils sont principalement attribués à des monstres propres à ces nouvelles générations, toutefois des Pokémon des générations antérieures se sont également vu attribuer ces types. Magnéti, créé dans la première génération en tant que type Électrique, est ainsi du double-type Électrique et Acier à partir de la deuxième génération.
20
+
21
+ Depuis l'apparition de la sixième génération, il existe un nouveau système d'évolution nommé "méga-évolution", décliné de deux manières différentes : la Primo-Résurgence (réservée à Kyogre et Groudon) et la méga-évolution classique. Cette dernière se réalise par l’intermédiaire d'une pierre portée par le Pokémon, dont le nom se compose de celui du Pokémon et du suffixe-ite (exemple : Braségalite pour Braségali).
22
+
23
+ Lors de la septième génération, c'est une autre forme d'évolution qui a fait son apparition, pouvant être assimilée au résultat d'une spéciation allopatrique. Ainsi, sur les îles d'Alola, on trouve des formes endémiques de certains Pokémon comme Noadkoko, appelées sobrement "formes d'Alola". Les "capacités Z" apparaissent également.
24
+
25
+ Pokémon est issu de l'imagination du développeur japonais Satoshi Tajiri[14]. Celui-ci se serait inspiré de l'élevage de criquets qu'il faisait pendant son enfance[15],[16],[17]. Ces insectes, destinés à concourir dans des courses, lui auraient donné la certitude que les criquets les plus vieux étaient plus expérimentés, gagnaient donc plus de courses et voyaient donc leur valeur vénale augmenter lors d'un échange[18].
26
+
27
+ Les premiers jeux vidéo Pokémon, Pocket Monsters Vert et Rouge sortent sur Game Boy en 1996, exclusivement au Japon, sous le nom de Pocket Monsters (ポケットモンスター, Poketto Monsutā?)[19].
28
+ Ils deviennent rapidement très populaires au Japon, se vendant à plus de 10 millions d'exemplaires[20],[21].
29
+ Une série animée et un jeu de cartes à collectionner sont alors créés[16]. C'est pendant cette période de succès local que la contraction Pokémon (venant de Poketto Monsutā) devient courante[10],[16].
30
+ Deux ans plus tard, les jeux Pokémon Rouge et Bleu sortent aux États-Unis, aux côtés de la série animée, diffusée sur le programme télévisé Kids' WB du CW Television Network, et une version du jeu de cartes à collectionner en anglais[16].
31
+ Les versions Rouge et Bleu se vendent très bien, battant tous les records de vente avec plus de 30 millions d'exemplaires[22].
32
+ La série, quant à elle, aide la chaîne de télévision à grimper dans les classements, au point que Warner Bros. Pictures sort un long métrage animé au cinéma l'année suivante, en 1999[20].
33
+ Avec 163 millions de dollars de recettes, Mewtwo Contre-Attaque est l'anime ayant eu le plus de succès au box-office[23].
34
+
35
+ La sortie en 2000 de Pokémon Or et Argent marque le début de la deuxième génération. Ces deux nouvelles versions, sorties sur Game Boy Color, incorporent des nouveautés, comme une centaine de nouvelles variétés de Pokémon, une nouvelle carte, et un nouveau scénario[24].
36
+ Leur parution est précédée de la sortie du film Le pouvoir est en toi, qui rapporte 133 millions de dollars[23]. En 2001, la série animée Pokémon reste la série télévisée préférée des enfants dans de nombreuses catégories, dont les enfants de 2 à 11 ans, et Kids' WB est le programme télévisé no 1 des enfants[16],[25]. Malgré le succès de l'anime et de la nouvelle génération de jeux, la franchise perd de la popularité, les films La voix de la forêt et Les Héros Pokémon ne rapportant qu'un million de dollars et 700 000 dollars, respectivement[23].
37
+
38
+ La franchise freine donc sa production pendant les deux années suivantes, prenant le temps de développer de nouveaux jeux pour se réinventer. C'est en 2003 que sortent les versions Rubis et Saphir sur Game Boy Advance, avec de nouveaux concepts, comme celui des PokéBlocs, mais aussi une addition considérable de nouvelles espèces de Pokémon, la liste des espèces atteignant 386[26].
39
+ Ces deux jeux se vendent bien, occupant la seconde et troisième place des jeux vidéo les plus vendus en 2003[27].
40
+ Cette renaissance de la popularité de Pokémon ne se fait pas uniquement au niveau des jeux vidéo, mais également via le jeu de cartes à collectionner[26].
41
+ En effet, une organisation du nom de Pokémon Organized Play se forme en 2003 et organise des tournois nationaux qui ravivent la popularité du jeu de cartes[28].
42
+ La série animée se réinvente elle aussi, avec un nouveau cycle de saisons appelé Pokémon: Advanced, qui lui rend sa popularité perdue[26].
43
+ Cette période marque le retour de Pokémon en matière de popularité mais aussi en matière de production[29].
44
+
45
+ Cette troisième génération de jeux continue avec la sortie d'une dizaine de nouveaux jeux Pokémon sur Game Boy Advance comme sur GameCube[26].
46
+ En 2004, les versions Rouge Feu et Vert Feuille sortent[30].
47
+ Ces deux nouvelles versions ne marquent pas le début d'une nouvelle génération, étant des remakes des deux premières versions à être commercialisées partout dans le monde, Pokémon Rouge et Bleu[31].
48
+
49
+ La quatrième génération devra attendre 2006, l'année de sortie des versions Diamant et Perle sur Nintendo DS au Japon. La sortie européenne se fait presque un an plus tard, en juillet 2007[32].
50
+ Cette fois-ci, le nombre de sortes de Pokémon passe à 493, et les jeux bénéficient de la technologie de la Nintendo DS, qui dispose de deux écrans[29].
51
+ Pendant ce temps, la série animée entre dans un nouveau cycle, Pokémon Diamant et Perle, qui jouit d'une popularité correcte aux États-Unis, étant diffusée sur Cartoon Network[29]. Pokémon Platine, qui est le troisième épisode de la génération Perle-Diamant sur Nintendo DS, sort le 13 septembre 2008 au Japon, le 22 mars 2009 aux États-Unis et le 22 mai 2009 en Europe[33],[34],[35],[36].
52
+
53
+ Lors de la sortie des versions Diamant et Perle, le nombre de Pokémon différents est de 493. On peut leur ajouter quelques variantes (souvent le nombre 497 est aussi annoncé, à cause des différentes formes de l'un d'eux), et quelques Pokémon qui n'ont pas été placés volontairement dans le jeu, mais apparaissent à cause de bugs (ces Pokémon n'apparaissent jamais dans les autres médias que les jeux)[37]. En 2010, les versions Pokémon Or HeartGold et Argent SoulSilver sortent, cette fois en tant que remakes des versions Pokémon Or et Argent, mais avec toutes les nouveautés issues des nouvelles générations, notamment techniques, ou au niveau du système de jeu.
54
+
55
+ En 2010, une cinquième génération de Pokémon arrive au Japon, puis l'année suivante en Amérique et en Europe avec la sortie des versions Noir et Blanc. Il existe désormais 649 Pokémon. Une fois de plus, les jeux sont un succès, et atteignent en Amérique un score de 1,4 million d'exemplaires vendus le premier jour de commercialisation[38]. Ces versions sont les premières de la licence à connaitre une suite, constituée de Pokémon version Noire 2 et Pokémon version Blanche 2. Jusque-là, les jeux n'avaient connu que des versions complémentaires, dont le scénario différait peu des premières versions de la génération. Ces suites sortent le 23 juin 2012 au Japon, le 7 octobre 2012 aux États-Unis et le 12 octobre en Europe. Au Japon, 1,6 million d'exemplaires sont écoulés en deux jours[39].
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+
57
+ Le 8 janvier 2013, Game Freak annonce l'arrivée d'une sixième génération avec les jeux Pokémon X et Y. Ces jeux sont les premiers à connaître la même date de sortie dans tous les pays du monde : le 12 octobre de la même année[40]. Ils amènent deux grandes nouveautés : l'ajout du type fée et celui des méga-évolutions, qui modifient radicalement le déroulement des combats Pokémon. Avec 72 nouvelles créatures ajoutées pour cette édition, le nombre total de Pokémon atteint 721. Le 7 mai 2014, Nintendo annonce la sortie de Pokémon Rubis Oméga et Saphir Alpha pour novembre 2014. Ces jeux sont des remakes des versions Rubis et Saphir sorties en 2003. Les premières images du jeu ont été révélées à l'occasion du Nintendo Digital Event donné lors de l'E3 2014, le jeu reprend le moteur graphique de Pokémon X et Y.
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+ La septième génération est annoncée le 26 février 2016, avec les jeux Pokémon Soleil et Pokémon Lune, qui sortent officiellement le 18 novembre 2016 dans le monde. Ils souffriront cependant d'un retard de cinq jours sur la date annoncée en Europe. L'histoire se passe à Alola, une région inspiré d'Hawaï. Dans cette saga, une nouvelle sorte de Pokémon fait son apparition : les formes d'Alola. D'anciens Pokémon de la première génération, comme Taupiqueur ou Tadmorv, obtiennent ainsi une nouvelle forme avec un type et des statistiques différents. 81 nouveaux Pokémon pour un total de 802. Le 6 juin 2017, Nintendo a annoncé les jeux Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune. Ces versions sont sorties le 17 novembre 2017. Elles apportent 5 nouveaux Pokémon dans le Pokédex de la région d'Alola, de nouvelles fonctionnalités, ainsi qu'un scénario différent et surtout plus enrichi, complété d'un scénario post game mettant en scène le retour de la Team Rocket accompagnée des grands méchants des précédentes générations.
60
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61
+ C'est également les deux dernières versions sur le support de la Nintendo 3DS.
62
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63
+ Depuis Pokémon Go, deux nouveaux Pokémon apparaissent, puis une nouvelle fois dans la série principale avec Let's Go, Pikachu et Let's Go, Évoli. Ils sont sortis mondialement le 16 novembre 2018 sur Nintendo Switch.
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65
+ La huitième génération est annoncée le 27 février 2019, avec les jeux Pokémon Épée et Pokémon Bouclier, qui sont sortis mondialement le 15 novembre 2019 sur Nintendo Switch[41].
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+
67
+ À l'origine, la franchise était uniquement constituée des deux jeux sortis au Japon. Elle s'est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner[10]. Quel que soit le support, le concept reste toujours le même[42],[43].
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69
+ La série de jeux vidéo Pokémon, commencée en 1996 au Japon avec Pocket Monsters, contient à ce jour près d'une soixantaine de jeux sortis sur Game Boy, Game Boy Color, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, Wii, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Wii U et Nintendo Switch. Le premier duo de jeux, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu, a été vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, ce qui en fait, à l'époque, la seconde meilleure vente[22],[44],[45]. Le dernier duo en date, Pokémon Epée et Pokémon Bouclier, est sorti sur Nintendo Switch le 15 novembre 2019[46].
70
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71
+ L'idée d'un jeu en ligne massivement multijoueur a été évoqué en 2009, néanmoins, Junichi Masuda rappelle que « L'échange est un concept central de Pokémon. Donc, quand vous faites un échange, vous rencontrez un ami et décidez de quel Pokémon vous allez vous échanger réciproquement. Il faut mettre l'accent sur la communication réelle entre les joueurs. Vous ne vous voyez pas quand vous êtes tous deux en ligne », ce qui est incompatible avec le MMO[47].
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+ En octobre 2010, selon les statistiques de Nintendo, la série de jeux vidéo s'est vendue à 215 millions d'exemplaires à travers le monde[48].
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+ En juillet 2016 sort le jeu Pokémon Go sur smartphones et tablettes tactiles. Il propose un gameplay adapté au mobile et basé sur une architecture massivement multijoueur. Le jeu demande aux joueurs de rechercher des Pokémon dans le monde réel à l'aide de la géolocalisation. Une fois trouvés, ceux-ci apparaissent sur l'écran en réalité augmentée. Le succès de ce jeu est phénoménal et planétaire : en quelques jours, le jeu devient l'une des applications les plus utilisées (dépassant par exemple le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de Twitter aux États-Unis[49]).
76
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+ Le développement de l'e-sport dans les années 2000 a aussi entraîné avec lui toute la vague Pokémon. Les premiers tournois ont débuté avec la série et nombreuses sont les communautés sur internet qui s'intéressent au métagame complexe des jeux vidéo Pokémon.
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+ Pokémon, la série a été créée au Japon à la suite de la popularité du premier jeu vidéo, et fut diffusée pour la première fois sur TV Tokyo le 1er avril 1997[16],[20],[50]. La série fut introduite à l'étranger à partir de 1998, et fut en grande partie responsable du programme télévisé Kids' WB, sur The CW Television Network[20]. La série continue le concept des jeux vidéo, suivant les aventures de Sacha et son ambition de devenir un jour maître Pokémon[51]. La série est maintenant diffusée sur Canal J, Gulli, M6, MCM et Cartoon Network. Elle connaît à la fin de 2018 sa vingt-deuxième saison[52] et son millième épisode fin 2017. Ces vingt-trois saisons sont séparées en sept cycles : Pocket Monsters (1997) (saisons 1 à 5), Advanced Generation (saisons 6 à 9), Diamant et Perle (saisons 10 à 13)[53], Noir et Blanc (saisons 14 à 16), XY (saisons 17 à 19), Soleil et Lune (saisons 20 à 22) et Pocket Monsters (2019) (saison 23).
80
+
81
+ Une série diffusée en parallèle à la série principale, Pokémon Chronicles, est diffusée en tant que spin-off. La majeure partie de la série, diffusée uniquement en Occident, est tirée du Weekly Pokémon Broadcasting Station, qui diffusait ces épisodes spéciaux en même temps qu'était rediffusé l'anime original, depuis octobre 2002[54].
82
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83
+ Deux téléfilms ont également été diffusés. Ils incluent Le Retour de Mewtwo (Mewtwo Returns) en 2001 et Le Maître des mirages (The Mastermind of Mirage Pokémon) en 2006[55].
84
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85
+ De plus, vingt longs métrages dérivés de la franchise sont sortis, dont certains uniquement au Japon. Le premier, Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque est sorti en 1998 au Japon et en 2000 en France. Celui-ci fait 2 224 456 entrées au cinéma en France[56]. Tout comme la série animée, les films racontent les aventures du dresseur Sacha et de ses compagnons.
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+ Le 8 mai 2019 est sorti en France Pokémon : Détective Pikachu, premier film Pokémon en prise de vues réelles.
88
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89
+ Le jeu de cartes à collectionner Pokémon a été créé par Tsunekazu Ishihara, propriétaire de Creatures, à la suite du succès de Pocket Monsters en 1996[5],[16],[57]. Le jeu de cartes a été exporté avec les autres jeux et la série à l'étranger à partir de début 1999, et a été édité par Wizards of the Coast[21],[58]. Après la sortie de Pokémon Rubis et Saphir, Nintendo a récupéré la propriété des cartes et commencé à se charger de la distribution à travers sa société The Pokémon Company[57]. Le jeu de cartes Pokémon est pratiqué dans de nombreuses conventions et tournois au Japon, aux États-Unis et en Europe[28]. En 2007, un jeu de figurines à jouer et à collectionner a été lancé, et accueilli avec enthousiasme par les fans américains[57].
90
+
91
+ Depuis ses débuts, la franchise Pokémon s'est déclinée en de nombreux mangas, qui adaptent de manière plus ou moins libre l'univers du jeu vidéo ou du dessin animé. Ils sont publiés au Japon par Shōgakukan et traduits en anglais par VIZ Media et Chuang Yi. Deux séries se distinguent par leur longévité puisque originellement parus à l'époque de Pokémon Rouge et Vert, elles continuaient à être publiées lors de la sortie de Pokémon Noir et Blanc.
92
+
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+ D'une part, Pocket Monsters (ポ ケットモンスター, Poketto Monsutā?), de Anakubo Kōsaku, est une série humoristique assez éloignée de l'intrigue classique de Pokémon, mettant en scène un dresseur du nom de Red et ses deux Pokémon, un Mélofée (Clefairy[N 9]) grossier et insupportable et un Pikachu. La série est extrêmement populaire au Japon, où les ventes atteignent 3 millions d'exemplaires ; les personnages du manga font même une apparition sous forme de dessin animé dans une courte séquence de l'épisode 362 de la série télévisée[59].
94
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95
+ D'autre part, Pocket Monsters Special (ポケットモンスタースペシ, Poketto Monsutā Supesharu?) scénarisé par Hidenori Kusaka et dessiné Satoshi Mato puis Yamamoto Satoshi, est une série d'aventures qui reprend au plus près l'intrigue des jeux vidéo : à chaque nouveau jeu correspond un nouvel arc narratif mettant en scène un nouveau héros qui porte le nom de la version (Red, Yellow, Gold, etc.)[60]. Chacun des chapitres de la série a pour titre le nom d'un Pokémon précédé de la mention « VS. »[61].
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97
+ Seules trois séries de manga ont été traduites en français et publiés par Glénat entre 1999 et 2002 : Pokémon : Attrapez-les tous ! de Miho Asada, Pikachu Adventures ! de Yumi Tsukirino et Pokémon La grande aventure !, traduction de Pocket Monsters Special[62]. En 2011, la maison d'édition Kurokawa a repris l'édition de la série Pocket Monsters Special avec l'arc Pokémon Noir et Blanc[63], avant de publier les arcs Rouge, Bleu et Vert, Jaune, ainsi que Rubis et Saphir en 2014[64],[65]. Mais également l'arc Or et Argent qui a été finalisé en octobre 2016 et l'arc X et Y dont le sixième et dernier tome est sorti en mai 2017.
98
+
99
+ Pokémon eut un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, et plusieurs pays européens[66]. Les médias ont appelé cette frénésie envers les Pokémon, la Pokémania[67],[68]. Pokémon est un exemple-type de la mondialisation par les Japonais dans l'industrie vidéoludique[69],[70].
100
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101
+ Bien que Satoshi Tajiri soit considéré comme le créateur des premiers jeux, Tsunekazu Ishihara, des studios Creatures, est souvent vu comme l'homme derrière la stratégie marketing des médias Pokémon[5]. Pocket Monsters, sorti au Japon en 1996, avait d'abord reçu peu d'attention, mais a grandi en popularité grâce au bouche à oreille. Le jeu était vendu en deux versions, Rouge et Vert. Certaines sortes de Pokémon n'étant disponibles que dans une des versions, le joueur se voit obligé d'échanger avec un joueur ayant l'autre version, ce qui ne pouvait être fait qu'avec le câble link vendu séparément[5],[17].
102
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103
+ Les produits dérivés prennent rapidement une importance majeure pour la licence[71]. Pour promouvoir les jeux, Nintendo s'arrangea avec Shōgakukan pour que des mangas reprenant l'univers du jeu vidéo paraissent dans le magazine Koro-Koro, lu à l'époque par environ un enfant japonais sur quatre[5],[72]. Certaines de ces bandes dessinées furent traduites en anglais et vendues en Amérique du Nord. Shōgakukan créa également la série animée qui, grâce à sa popularité au Japon, augmenta les ventes des jeux[5]. Des longs métrages, des CD, des cassettes et autres produits dérivés furent vendus en parallèle à la série, et la franchise Pokémon se réserve tous les droits de sa marque de commerce[5]. La licence pour le jeu de cartes à jouer Pokémon Trading Card Game est concédé à Wizards of the Coast, leader mondial dans le domaine[71]. Ce jeu fait appel à la fois aux concepts de collection et de duel présents dans les jeux vidéo et incite le client à s'acheter de nouveaux paquets en incluant une carte puissante dans chaque paquet de dix cartes[5]. Lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en Europe, en octobre 1999, les produits dérivés représentaient un chiffre d'affaires mondial de 4,5 milliards de dollars, soit le triple de celui des jeux vidéo, alors que ces recettes ne représentent généralement que 50 % du chiffre d'affaires pour un autre jeu vidéo[71]. Entre 1999 et 2012, en France, la franchise Pokémon rapporte un chiffre d'affaires variant de 40 à 90 millions d'euros selon les années[73].
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105
+ À l'origine, Nintendo avait des craintes quant au succès de Pokémon aux États-Unis, notamment à cause de différences culturelles[74]. Étant donné que Pokémon n'était pas seulement une série de jeux vidéo mais un phénomène culturel, son implantation en Amérique du Nord fut planifiée minutieusement[5],[75]. Bien que les décisions majeures eurent lieu en 1997, les plans concrets d'adaptation culturelle et linguistique furent mis au point au début de 1998. Pikachu étant un personnage clé de l'image de la franchise, son nom original fut utilisé dans tous les marchés, tandis que la majorité des autres noms furent traduits[5]. C'est pendant cette arrivée aux États-Unis que la franchise commença à utiliser officiellement le terme Pokémon, ayant utilisé Pocket Monsters auparavant. L'utilisation d'un accent aigu sur le E, présent dans tous les pays utilisant l'alphabet latin[18], indiquait que la voyelle devait être prononcée, mais les anglophones eurent du mal à savoir quelle était sa prononciation exacte[5]. La série, quant à elle, a été traduite et éditée pour l'alléger de connotations japonaises[5]. Contrairement au Japon, la stratégie employée aux États-Unis consistait à sortir les jeux vidéo, la série et les autres produits dérivés simultanément et de promouvoir la franchise en général plutôt que des produits individuels. La série fut lancée aux États-Unis le 9 septembre 1998 suivie par les jeux vidéo le 28 septembre[5] ; le phénomène gagna rapidement l'Amérique avec le slogan « Gotta catch 'em all! », traduit en français par « Attrapez les tous[17],[76],[77]. » Une stratégie semblable fut employée un an plus tard lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en France, avec la mise en avant des produits dérivés lors d'une campagne de communication de grande ampleur qui coûta quelque 20 millions de francs (3 millions d'euros) à Nintendo[71].
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+ Pokémon eut un impact culturel très important dans de nombreux pays où il fut importé. Au Japon, Pokémon devint populaire, vendant plus d'un million d'exemplaires de Pocket Monsters en 1996, sans que Nintendo ait eu besoin de financer sa publicité[45]. Au Tokyo Game Show de 1997, les joueurs pouvaient obtenir le Pokémon Mew en le téléchargeant sur leur jeux. La file d'attente était de 4 kilomètres, et certains campèrent devant le salon[78],[45],[18]. En arrivant aux États-Unis, les versions Rouge et Bleu se vendirent à plus de 200 000 unités en quinze jours, puis continuèrent à se vendre à une moyenne de 800 000 unités par mois[45]. Ces deux versions devinrent les jeux les mieux vendus par Nintendo, puis les jeux les mieux vendus dans l'histoire du jeu vidéo, et Pokémon Pinball fut le jeu Game Boy s'étant vendu le plus rapidement, avec plus de 262 000 unités vendues en 20 jours[22],[44],[5],[79]. La série et les jouets distribués par Hasbro furent eux aussi des succès commerciaux, tant que la série fut l'émission pour enfants la plus demandée par les chaînes de télévision et que Hasbro dépassa son concurrent principal, Mattel, en 2000[80]. Les jeux furent tellement populaires que Hasbro était incapable d'assembler suffisamment de jouets pour satisfaire la demande[5]. Wizards of the Coast eut le même problème avec le jeu de cartes à collectionner, et a vendu plus de 50 millions de cartes entre janvier et mars 1999[5]. Une patrouille de trois Coccinelles personnalisées pour ressembler à Pikachu fut utilisée pour la promotion de la sortie du jeu de cartes les 9 et 10 janvier[21]. En juillet 1999, Pokémon avait généré plus de 5 milliards de dollars[74],[79] et 152 milliards de dollars en 2005[81].
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+ Le phénomène nommé Pokémania toucha aussi des pays européens, comme la France, où les versions Rouge et Bleu furent les jeux les plus vendus de 1999, et le million d'exemplaires vendus fut atteint en juin 2000, moins d'un an après son lancement en France[45]. La série animée fut l'émission pour enfants la plus regardée dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Japon, et le Canada[45]. Après son arrivée en Europe et aux États-Unis, Pokémon s'affirma en tant que phénomène culturel majeur, apparaissant dans la version américaine et française de Qui veut gagner des millions ? ou encore dans South Park[74]. Divers produits dérivés furent vendus, dont des chewing-gums, des bonbons, des vêtements, des porte-clefs, et des stylos. All Nippon Airways exemplifia aussi l'importance du phénomène en peignant des Pokémon sur neuf Boeing 747[45].
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111
+ La rivalité de la franchise Digimon a été marquée avec celle des Pokémon durant sa sortie. Décrit comme « l'autre « mon » » par Juan Castro d'IGN, Digimon n'a pas eu le même succès international que celui des Pokémon, mais la franchise possède cependant un très grand nombre de fans à travers le monde[82]. Lucas M. Thomas d'IGN explique ce moindre succès par la complexité des plus nombreuses évolutions et rétro-évolutions possibles (la digivolution) par rapport aux évolutions des Pokémon sans régressions et rendues lisibles par le principe de constantes compétitions et comparaisons[83]. Certaines similitudes conceptuelles et stylistiques ont été notées entre les deux franchises par certains sites tels que GameZone[84]. Un débat parmi les fans des deux partis existe concernant des discussions éventuelles sur laquelle des deux franchises est apparue en premier[85]. Dans l'actualité, les deux premiers médias Pokémon, Pokémon Rouge et Bleu, sont initialement parus le 27 février 1996 au Japon[86] alors que le premier média de Digimon, le virtual pet n'est paru que le 26 juin 1997[87].
112
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113
+ Depuis son succès en 1996, la franchise Pokémon fut plusieurs fois critiquée. Certaines écoles aux États-Unis choisirent de bannir les jeux et cartes Pokémon car elles considéraient qu'ils provoquaient une attitude obsessionnelle et violente chez certains enfants[88].
114
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+ Nintendo s'est censuré pour éviter des controverses : la position des bras de Registeel est différente en Allemagne, car elle ressemblait à un salut nazi[89].
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+ Bien que les médias de la franchise envoient un message de tolérance et de non-violence, certains considèrent que Pokémon est responsable de nombreux comportements violents chez les enfants[79],[88]. Les médias ont ainsi rapporté des cas d'enfants âgés de neuf à quinze ans qui faisaient usage de la violence physique ou du vol à l'étalage pour se procurer des cartes Pokémon, et certaines cartes rares pouvaient même se négocier autour de 100 dollars[79],[90]. Dans un cas extrême, à Long Island en 1999, un enfant de 11 ans a même poignardé un de ses camarades qui essayait de lui voler ses cartes[18]. Les critiques du jeu de cartes avancent l'hypothèse que ce jeu est une forme de jeu de hasard pour enfants, et devrait donc être interdit par la loi[79]. Certains pointent du doigt la nature combative des matches Pokémon et son influence sur le comportement des enfants, bien que les Pokémon ne meurent pas pendant les combats et qu'aucun sang n'est montré[79]. Les jeux vidéo et la série animée n'ont pas été liés à des violences particulières, bien qu'un homme en Caroline du Nord ait agressé un employé de Burger King car il n'avait pas reçu de jouet Pokémon avec son repas[79],[90].
118
+
119
+ Le 16 décembre 1997, un épisode de la série animée fut diffusé au Japon et provoqua des malaises et convulsions chez plus de 700 personnes, principalement des écoliers[91],[92],[93],[7]. Plus de 200 personnes restèrent hospitalisées pendant plus de 24 heures pour cause de symptômes épileptiques[91]. Les symptômes présents étaient ceux d'une crise d'épilepsie ainsi que ceux d'une hystérie collective[93]. Après investigation, il s'est révélé que ce qui avait déclenché ces symptômes était une scène de l'épisode où un éclair clignotant en rouge et en bleu apparaissait pendant cinq secondes lors d'un combat entre Pikachu et Porygon[91],[92]. L'épisode fut banni au Japon et dans le reste du monde, et marque la dernière apparition de Porygon dans la série animée[92]. Il n'a jamais été prévu de diffuser l'épisode en dehors du Japon[92]. Cependant le titre de l'épisode en question, Dennō Senshi Porigon (でんのうせんしポリゴン), a été traduit en français par « Le soldat virtuel Porygon ! ». À la suite de cela, Pokémon n'a pas été diffusé durant un an[94].
120
+
121
+ Lors de la sortie de la franchise en Occident, la présence du manji sur une carte japonaise du Pokémon Trading Card Game[95],[96] a été à l'origine d'une controverse, notamment avec la communauté juive[7]. En effet, ce symbole évoque directement le svastika, surtout connu en Occident car les nazis l'utilisaient, à l'envers, comme symbole. Ce symbole avait été incorporé uniquement dans les cartes japonaises, ne possédant pas la même connotation en Asie, et c'est par le biais de la vente illégale que ces cartes se sont retrouvées aux États-Unis[95]. Nintendo a estimé qu'il s'agissait d'un problème culturel, le svastika étant utilisé en Asie comme symbole de bonne fortune par le bouddhisme[7],[95],[97], le svastika rouge étant utilisé par une association humanitaire chinoise depuis 1922.
122
+
123
+ Pokémon a fait l'objet de condamnations des religieux fondamentalistes de diverses confessions, qui le considérait comme contraire à leur foi. Le fait que les Pokémon « évoluent » a notamment été visé par des religieux prônant une lecture littérale des textes religieux décrivant la création du monde (créationnisme) et refusant la théorie de l'évolution [98]. La manière dont les Pokémon se battent a aussi été corrélée avec le principe de survie du plus adapté[99]. L'évolution des Pokémon est en fait une métamorphose, au même titre que l'enfant devient adolescent et l'adolescent un adulte ; de plus l'évolution au sens de la biologie est bien plus lente que toutes les utilisations de cette idée en science-fiction[100]. Les critiques contre l'évolution des Pokémon sont même devenues un sujet de plaisanterie chez les adversaires des créationnistes[101].
124
+
125
+ Certains groupes protestants ont vu dans Pokémon une inspiration satanique[98]. Certains parallèles sont faits entre Pokémon et le satanisme, le paganisme, ou encore l'occultisme[7],[102]. Des exemples sont l'utilisation de pierres « magiques » pour faire évoluer certains Pokémon, la récurrence de concepts issus de traditions asiatiques que certains groupes chrétiens considèrent comme des rites païens[88],[98]. Certains voient les Pokémon comme des démons invoqués par leur dresseur pour leur rendre des services[98].
126
+
127
+ En Arabie saoudite, une fatwa du grand mufti Abdelaziz ben Abdallah Al ach-Cheikh a interdit l'ensemble des produits Pokémon dans le pays en 2001. Il les assimile notamment à des jeux d'argent, interdits par l'Islam, les accuse de « posséder les esprits » des enfants, de promouvoir le darwinisme et dénonce la présence sur les cartes de jeux d'« étoiles à six branches, symbole du sionisme international et de l'État d'Israël » et de « croix sous différentes formes »[103],[104]. À Oman, au Qatar, à Dubaï, en Jordanie et en Égypte, de nombreux guides musulmans ont déclaré que Pokémon était « religieusement inacceptable » et des rumeurs dans de nombreux pays arabes affirmaient que « Pokémon » signifiait « Je suis juif » en japonais ; plus généralement, beaucoup ont évoqué une conspiration juive[7],[105].
128
+
129
+ Le Vatican a en revanche approuvé Pokémon, via Sat 2000 (it) (la chaîne de la Conférence épiscopale italienne[106]), comme un jeu qui stimule l'imagination des enfants et « sans effets secondaires indésirables sur leur moralité » tout en étant basé sur « des liens amicaux intenses »[107].
130
+
131
+ En alphabet cyrillique, le mot Pokémon s'écrit Покемон, en arabe : بوكيمون
132
+
fr/1050.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,279 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
2
+
3
+ Equus caballus
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut CITES
8
+
9
+ Le cheval Écouter (Equus ferus caballus ou Equus caballus) est un grand mammifère herbivore et ongulé à sabot unique ; c'est l'une des espèces de la famille des Équidés (Equidae), lesquelles ont évolué, au cours des derniers 45 à 55 millions d'années, à partir d'un petit mammifère possédant plusieurs doigts. À l'état naturel, les chevaux vivent en troupeaux, généralement sous la conduite d'un unique étalon reproducteur. Ils entretiennent des rapports sociaux et comptent sur leur vitesse pour échapper à leurs prédateurs. Dotés d'un bon sens de l'équilibre, d'un fort instinct de fuite et de grandes aptitudes de visualisation spatiale, ils possèdent un trait inhabituel dans le règne animal, étant capables d'entrer en sommeil léger tout en restant debout. Les femelles, nommées juments, mettent bas après onze mois de gestation un petit appelé poulain, capable de se lever et de courir peu de temps après sa naissance.
10
+
11
+ Le cheval est domestiqué par les humains. Son utilisation se répand à toute l'Eurasie dès la plus haute Antiquité. Bien que la quasi-totalité des chevaux soient désormais domestiques, il existe des populations de chevaux domestiques retournés à l'état sauvage dont le cheval de Przewalski. Un vaste vocabulaire spécialisé s'est développé pour décrire les concepts liés au cheval. Ce lexique va de son anatomie et sa morphologie aux étapes de sa vie, en passant par sa couleur, les différentes races, sa locomotion et son comportement. La plupart des chevaux domestiques sont dressés pour l'équitation ou la traction entre deux et quatre ans. Ils atteignent leur plein développement vers cinq ans en moyenne. Leur espérance de vie à la naissance est de vingt-cinq à trente ans.
12
+
13
+ Des siècles durant, les chevaux sont au service des êtres humains qui sélectionnent différentes races pour la traction, l'agriculture, la guerre ou encore la selle. Les chevaux permettent l'essor du commerce et l'expansion de civilisations sur de grandes étendues. Pendant la colonisation des Amériques, l'espèce est réintroduite sur ce continent. Considéré comme « la plus noble conquête de l'Homme », présent dans les mythes, les religions, les encyclopédies et toutes les formes d'art, le cheval est, de tous les animaux, celui qui a le plus marqué l'histoire et les progrès de l'humanité. Des métiers sont liés à son entretien, son commerce et à des activités sportives, hippiques et équestres. Dans la plupart des pays développés, le cheval est désormais monté pour le loisir ou le sport. Il peut être un partenaire de thérapie, et tend à se rapprocher de l'animal de compagnie. Il produit des biens de consommation grâce à sa viande, son lait, son cuir et son urine. Dans d'autres pays, le cheval reste indispensable à l'agriculture et au transport. L'entretien de chevaux domestiques demande un matériel particulier et l'attention de spécialistes.
14
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15
+ L'hippologie (du grec ἱππος « cheval » et λόγος « discours ») étudie le cheval dans sa globalité[1], ce qui comprend le fonctionnement biologique et anatomique, ainsi que le comportement et l'entretien. Le cheval est un mammifère herbivore, membre de la famille des équidés, qui compte aussi l'âne et le zèbre. Il y a controverse quant au statut du cheval domestique, longtemps considéré comme une espèce (Equus caballus) à part entière. Les études plus récentes le voient comme une sous-espèce (Equus ferus caballus) d’Equus ferus.
16
+
17
+ Les chevaux peuvent être regroupés et classés en fonction de leur race, leur utilisation, leur taille ou leur couleur de robe. La taille d'un cheval varie énormément d'une race à l'autre. Le plus petit cheval miniature reconnu mesure 44,5 cm pour 26 kg[Note 1] et le plus grand, un cheval de trait, 2,19 m pour 1 500 kg[Note 2],[2]. Le poids et la longévité varient de même, les poneys ayant une longévité généralement supérieure aux chevaux. Celle du cheval domestique s'est allongée grâce aux soins prodigués par l'être humain. Il peut vivre de 25 à plus d'une trentaine d'années, bien qu'il commence à décliner physiquement vers l'âge de quinze ans[3]. Le plus vieux cheval connu, Old Billy, est mort à 62 ans[4].
18
+
19
+ Le cheval domestique possède 32 paires de chromosomes[5], contre 33 paires pour le cheval de Przewalski. La séquence complète de son génome a été établie en 2007, quatre ans après celle de l'être humain[6].
20
+
21
+ « Cheval » (/ʃəval/, pluriel « chevaux » /ʃəvo/) est un terme générique qui désigne en premier lieu l'espèce ou sous-espèce domestique[7], ce qui inclut les populations redevenues sauvages comme les mustangs, et le cheval de Przewalski, qui vivait à l'état sauvage jusqu'au XXe siècle, mais qui provient en fait d'une domestication antérieure[8]. Le Tarpan et le Przewalski sont désignés comme des « chevaux »[9]. Une vaste terminologie est utilisée pour désigner les différents types de chevaux. « Jument » est le nom de l'animal adulte femelle[10], la poulinière est une femelle adulte destinée à la reproduction[11]. Une jument est désignée par l'adjectif primipare quand elle est gestante pour la première fois. L'étalon est un adulte mâle reproducteur et reconnu, l'entier un adulte mâle non castré, le hongre un mâle castré. Le poulain et la pouliche sont les jeunes animaux respectivement mâle et femelle de moins de trois ans[12]. L'anglicisme yearling désigne un jeune cheval d'un an[13],[14]. Le poney est un cheval de petite taille, trapu et vigoureux[15],[16].
22
+
23
+ Le cheval est un exemple-phare de la théorie de l'évolution. Les nombreux fossiles retrouvés, dont les plus anciens datent de 60 millions d'années[17] montrent qu'il descend d'un petit mammifère forestier possédant plusieurs doigts, qui s'est ensuite adapté aux plaines et aux steppes en devenant plus grand, et en développant son seul doigt médian comme point d'appui sur les sols durs[18]. L'aboutissement est l’Equus du Pléistocène, toisant environ 1,40 m et se déplaçant sur quatre sabots[19]. Une étude génétique réalisée sur un fragment d'os de cheval vieux d'environ 735 000 ans a permis de dater l'apparition de l'ancêtre commun à tous les Équidés modernes à quatre millions d'années[20].
24
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25
+ L'unique théorie admise (notamment par l'archéologie) a longtemps voulu que les différentes races de chevaux domestiques soient le résultat d'un élevage sélectif opéré par l'homme à partir d'une souche sauvage unique, probablement le tarpan. La théorie « des quatre lignées fondatrices » postule au contraire que toutes les races de chevaux modernes descendent de quatre à sept sous-espèces, dont le cheval des forêts, le cheval de trait, le cheval oriental et le tarpan[21].
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+
27
+ Différentes études réalisées à partir d'analyses ADN, ont remis ces idées en question. Celle de Vilà postule que le cheval domestique descend de plusieurs sous-espèces adaptées à différents biotopes avant la domestication[22], des souches sauvages capturées et domestiquées en différents lieux d'Eurasie[23]. En 2012, le fossé qui perdurait entre l'archéologie et la génétique est en partie comblé. Les premiers chevaux domestiques proviendraient bien de la partie occidentale de la steppe eurasiatique (Ukraine, Kazakhstan et Russie) mais les très nombreux repeuplements des troupeaux de chevaux domestiques en juments sauvages ont pu faire croire en l'existence de différents foyers de domestication, tout en multipliant les lignées dans le pool génétique du cheval domestique. Le cheval domestique proviendrait donc bien des steppes d'Eurasie à l'origine[24]. Une étude en 2019 met évidence, en plus des deux lignées de chevaux ayant perduré jusqu’à nos jours — les chevaux domestiques modernes et les chevaux de Przewalski —, deux lignées de chevaux aujourd’hui éteintes (une dans la péninsule ibérique il y a 4 000 ans et une en Sibérie)[25].
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+
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+ Le cheval est un animal quadrupède. Une terminologie spécifique s'applique aux différentes parties de son corps, dont des termes habituellement réservés à l'être humain, comme « bouche », « jambe », « nez » et « pied », contrairement à tout autre animal domestique. Sa hauteur se mesure au garrot, sorte de renflement situé à la jonction de l'encolure et du dos[26]. Par convention, le cheval a trois parties externes principales : l'avant-main, qui comprend la tête, l'encolure et les membres antérieurs ; l'arrière-main composée de la croupe, des hanches, des membres postérieurs et de la queue ; et le corps, la partie centrale[27]. Il porte une crinière et une queue dont les poils sont appelés crins[28]. L'étude de sa morphologie permet de décrire et d'apprécier la beauté, les défectuosités et les tares d'un animal[29].
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+
31
+ L'anatomie du cheval comprend l'étude du squelette, des muscles, des tendons, du système digestif, respiratoire, reproducteur, cardiaque et nerveux. Il possède 469 muscles qui représentent environ la moitié de son poids[28]. Toutes ses particularités anatomiques (incapacité à vomir, possibilité de bloquer ses jambes pour dormir debout en phase de sommeil léger, etc.) résultent de sa niche écologique, celle des grands herbivores dont la fuite rapide est la seule défense[30]. Le pied du cheval est particulièrement important et doit faire l'objet de soins attentifs, justifiant l'expression populaire « pas de pied, pas de cheval »[31].
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33
+ Les races issues de l'espèce chevaline sont nombreuses et variées. Cette grande diversité a pour origine leur adaptation à l'environnement (aptitude à jeûner, résistance aux hautes températures ou encore sûreté de pied en terrain montagneux), et surtout l'élevage sélectif puis les croisements opérés par l'homme sur le cheval domestique. Certains traits tels la rapidité, la capacité de portage ou encore celle à tracter de lourdes charges, ont été privilégiés[32]. Les races sont généralement divisées en trois grandes catégories : les chevaux de trait destinés à la traction, les chevaux de selle destinés à être montés (y compris chevaux de sport pour le haut niveau) et les poneys. Les cobs, chevaux à deux fins pouvant être montés aussi bien qu'attelés, sont parfois classés à part[33]. Pour le cheval comme pour bon nombre d'animaux domestiques, des listes d'ancêtres ont été établies et de nombreuses races possèdent un registre d'élevage qui peut être fermé (seuls les animaux descendants d'animaux déjà enregistrés peuvent faire partie de la race) ou ouvert (le registre accepte des croisements avec d'autres races). L'inscription d'un cheval à un tel registre est soumise à des règles de signalement et de conformité au standard de race[32]. Ces informations sont reprises par de vastes bases de données spécialisées[Note 3].
34
+
35
+ Les races les plus connues incluent le Pur-sang[34], l'Arabe[35], le Frison, le Pure race espagnole et son voisin le Lusitanien, le Quarter Horse, le Percheron, le Fjord[36], le Haflinger et le poney Shetland[37]. La liste des races de chevaux est toutefois riche de plusieurs centaines de races.
36
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37
+ Le poney est un cheval de petite taille, souvent avec une conformation et un tempérament particuliers. Par rapport aux chevaux, ils présentent une crinière plus épaisse, une queue et un pelage plus fournis, ainsi que des jambes proportionnellement plus courtes, un corps plus large et une ossature plus lourde[38], bien que certains poneys puissent ressembler à des chevaux en modèle réduit. La Fédération équestre internationale (FEI) ne prend en compte que la taille pour définir un poney. Selon ses normes, tout cheval de moins d'1,50 m au garrot (ou 1,51 m ferré) est classé « poney », afin de faciliter les compétitions officielles[39].
38
+
39
+ Il y a toutefois des exceptions à cette classification, comme le Camargue[40] et l’Islandais[41], dont les éleveurs et utilisateurs refusent le classement comme poney. Le cheval miniature, malgré sa taille de 70 cm en moyenne, possède les caractéristiques extérieures d'un cheval.
40
+
41
+ De nombreux chevaux sont capables de retourner à l'état sauvage et de former des troupeaux. C'est le cas des mustangs aux États-Unis et des brumbies en Australie, qui sont considérés comme invasifs et provoquent des dégâts importants sur la flore et les sols[42]. Seul le cheval de Przewalski est resté totalement sauvage[43].
42
+
43
+ Le cheval peut s'hybrider avec d'autres équidés, mais l'animal hybride est généralement stérile. Le produit d'un entier et d'une ânesse est un « bardot », celui d'un âne et d'une jument est un « mulet » ou une « mule »[44], celui d'une jument et d'un zèbre est nommé « zébrule ».
44
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45
+ La couleur des poils et des crins du cheval constituent sa robe. Très variées, elles sont un moyen d'identification de chaque animal, aussi font-elles l'objet d'une classification règlementée et d'un vocabulaire précis. Le nom des robes est basé sur la couleur des poils et des crins[45]. Les plus courantes sont le bai, l'alezan et le gris.
46
+
47
+ Les épis sont des zones de directions irrégulières des poils, dont le nombre et les localisations sont relevés dans le signalement des chevaux, afin de permettre leur identification. Les chevaux possèdent parfois des marques blanches sur les membres ou sur la tête, dont la taille et la forme peuvent varier. Ce sont des facteurs d'identification, des termes précis existent pour les décrire[46]. La balzane est une marque blanche au bas des jambes, suivant sa taille et sa forme, elle porte un nom différent[47].
48
+
49
+ L'éthologie équine est l'étude du comportement du cheval. Animal grégaire, le cheval vit en troupeaux d'une petite dizaine d'individus[48]. Il passe la majeure partie de son temps à se nourrir[49]. Il se rassure par des contacts physiques avec ses congénères, incluant des frottements et des grattages réciproques[50]. Le cheval consacre environ 15 à 16 h à s’alimenter, 5 à 7 h à se reposer, 1 à 2 h à se déplacer, 1 à 2 h à surveiller son environnement, et moins d'une heure aux autres activités[51].
50
+
51
+ Un troupeau typique se compose d'un étalon protecteur (rarement deux), de trois à quatre juments — dont la plus âgée est souvent dominante et leader — et de leurs poulains[52]. Ces derniers sont ensuite chassés par l'étalon vers l’âge de deux ou trois ans, ou partent d'eux-mêmes pour créer leur propre harem et assurer leur descendance[53]. Lorsqu'ils quittent leur troupeau natal, les jeunes chevaux se regroupent par 2 à 15, voire plus[54]. En liberté, l'étalon se constitue un harem et se reproduit uniquement avec les juments de celui-ci. Si un autre étalon veut s'approprier un autre harem ou agrandir le sien, il s'ensuit une bataille entre mâles pour la domination du troupeau, se limitant généralement à des phases d'intimidations et d’investigation olfactive. Ces intimidations dégénèrent parfois en combats pouvant être violents. Ils ne sont qu'exceptionnellement mortels[55],[56]. L'étalon vainqueur récupère le harem du perdant.
52
+
53
+ Une hiérarchie de type dominant/dominé est établie, généralement en fonction de l'âge des individus, de leur tempérament, etc. La hiérarchie est souvent pyramidale : A dominant B, qui domine C, qui domine D... Des hiérarchies triangulaires existent aussi : A domine B, B domine C, mais C domine A[57]. Cette hiérarchie se stabilise au bout de quelques mois de vie commune, et n'est en général pas ou peu remise en cause. Au sein du groupe, l'ordre et la hiérarchie se maintiennent par des manœuvres d'intimidation, notamment via un langage corporel très développé. Indépendamment des relations hiérarchiques, le cheval adulte a très souvent des relations privilégiées avec un ou deux autres congénères avec qui il entretient des relations étroites, notamment avec des séances de toilettage mutuel.
54
+
55
+ Le cheval déteste la solitude. Son groupe lui permet d'assurer constamment une surveillance face au prédateurs[58]. Les chevaux domestiques entretiennent eux aussi, de solides amitiés avec certains compagnons de pré ou d'écurie.
56
+
57
+ Le cheval communique généralement par le canal visuel, grâce au langage corporel. L'étude de sa gestuelle, des mouvements d'oreilles et des attitudes de sa tête permet de déterminer son humeur. Il couche ses oreilles en arrière s'il est en colère, et les pointe vers l'avant s'il est attentif[59]. Il emploie le hennissement lorsqu'il ne peut pas voir d'autres chevaux[60], le plus souvent afin de les appeler[61]. Les chevaux recourent au hennissement dès leur plus jeune âge, c'est un moyen pour eux d'exprimer des émotions fortes[62].
58
+
59
+ Les contacts entre chevaux peuvent être agressifs (morsure, coup de pied, bousculades) ou bien démontrer une affinité entre congénères, un exemple étant le toilettage mutuel (en). Le cheval analyse des odeurs en effectuant un flehmen, comportement particulier de flairage permettant l'activation de l'organe voméro-nasal qui a la particularité de détecter les phéromones. La possibilité d'une communication par télépathie est parfois évoquée[63], cette communication intuitive permettrait au cheval de ressentir l'état d'esprit de ses congénères et des humains[64]. Cette théorie n'est pas reconnue par la communauté scientifique[65].
60
+
61
+ Comme la plupart des grands herbivores, le cheval dort peu, de trois à cinq heures par jour, en raison de sa vulnérabilité aux prédateurs[66]. La croyance bien connue selon laquelle il dort debout provient de sa capacité à bloquer ses jambes pour somnoler dans cette position. Il ne s'agit toutefois que de sommeil léger. Pour ses phases de sommeil profond et de sommeil paradoxal, le cheval doit s'allonger entièrement. Dans cette position, il peut rêver[67].
62
+
63
+ En liberté, le mâle manifeste son activité sexuelle dès l'âge d'un an à dix-huit mois[68], et la jument est apte à pouliner dès deux ans[69]. En captivité, entiers et juments sont rarement autorisés à se reproduire avant l'âge de trois ans. La fécondation s'effectue de plus en plus souvent par insémination artificielle en sperme congelé. Une éjaculation d'un étalon est en moyenne de 70 ml. Cette technique permet aux éleveurs de disposer plus facilement d'un large choix de géniteurs mâles pour leurs poulinières. Pour des raisons économiques, certains éleveurs recherchent une naissance précoce au début de l'année, et parviennent à déclencher des chaleurs chez la jument en jouant par exemple sur l'intensité de l'éclairage[70].
64
+
65
+ La durée de gestation est en moyenne de onze mois, soit 330 jours[71]. La jument donne naissance à un poulain à la fois, sauf exception, généralement au printemps. Il peut marcher moins d'une heure après la naissance, et doit téter le colostrum de sa mère avant deux jours[72].
66
+
67
+ Un cheval de quatre ans est généralement considéré comme adulte, bien que son squelette continue de se développer jusqu'à huit ans. Sa croissance dépend étroitement de sa taille, sa race, son sexe, et la qualité des soins qui lui sont prodigués. En fonction de la maturité, de la race, et du travail attendu, les chevaux sont d'ordinaire débourrés et montés entre deux et quatre ans. Bien que les Pur-sangs, réputés pour leur précocité, puissent être montés dès deux ans dans certains pays, les chevaux de sport équestre ne le sont pas avant trois ou quatre ans car leurs os et leurs muscles ne sont pas totalement développés. En compétition d'endurance, les chevaux ne sont pas autorisés à concourir avant cinq ans révolus. L'âge où vient la vieillesse n'est qu'une notion subjective, mais elle se situe le plus souvent entre 16 et 20 ans[73]. Il n'existe ni race précoce ni race tardive, tous les chevaux ont la même croissance. Les os de la colonne vertébrale sont les derniers à se solidifier (vers 7-8 ans) c'est pourquoi débourrer trop tôt est dangereux pour le cheval.
68
+
69
+ Les différentes façons dont le cheval se meut sont nommées allures. Tous les chevaux en possèdent naturellement trois. Le pas, la plus lente, est en quatre temps et correspond à une vitesse de 8 ou 9 kilomètres par heure. Le trot, allure intermédiaire et sautée à deux temps, permet habituellement d'atteindre une vitesse de 15 à 18 km/h[74]. Le galop, la plus rapide, est une allure en trois temps, basculée et sautée, permettant d'atteindre une vitesse moyenne de 20 à 25 km/h, jusqu'à 60 km/h chez le Pur-sang[75]. Certains chevaux sont capables d'aller l'amble, allure où les deux membres d'un même côté se déplacent simultanément[76].
70
+
71
+ Le cheval saute naturellement les obstacles qui se présentent à lui, et effectue parfois des sauts sur place[77]. Il connaît le cabrer et la ruade, mouvements qui témoignent généralement d'une volonté d'attaque ou de défense de sa part[78].
72
+
73
+ Le dressage permet d'apprendre de nouveaux mouvements au cheval. L'apprentissage du rassembler est souvent nécessaire afin de les obtenir. Le pas espagnol est un pas lent caractérisé par une forte extension des membres antérieurs, le passage, un trot majestueux, et le piaffer, un passage sur place[79]. Le dressage classique inclut aussi des airs relevés travaillés à partir du cabrer et de la ruade, comme la levade, la croupade, la pesade et la cabriole[78].
74
+
75
+ Les allures peuvent présenter des irrégularités, telles l'aubin (mélange de trot et de galop) et le traquenard (trot désuni)[80].
76
+
77
+ Le cheval possède cinq sens, mais l'existence d'un sixième sens lui permettant de prévoir le climat ou un danger est souvent évoquée[81]. Les plus développés sont l'odorat, l'ouïe et le toucher. Sa vision est bichromatique[82], son angle de vue de 340 degrés, mais son acuité visuelle est moyenne à médiocre[83] bien qu'il voie très clair durant la nuit[84]. Son ouïe, très fine[85], lui permet de prévoir les tremblements de terre, de percevoir les ultrasons et de détecter les prédateurs[86].
78
+ Il possède un sens développé de l'odorat lui permettant entre autres de trouver de l'eau et de détecter une femelle en chaleur à 800 m[87], et un organe de Jacobson pour analyser les odeurs pendant le flehmen[88].
79
+
80
+ Le cheval est en principe peu attiré par le goût sucré, mais la fréquentation de l'être humain l'y a habitué[89]. Il possède un sens du toucher très développé sur la tête et le dos, et peut faire frémir une partie de son corps afin de chasser les mouches qui s'y posent[90]. Son pied est sensible aux variations de pression. Ses lèvres sont entourées de poils sensibles appelés vibrisses, comparables aux moustaches du chat[91].
81
+
82
+ Les chevaux sont des herbivores non-ruminants. Ils disposent d’un seul estomac, capable de digérer les fibres végétales qui proviennent de l’herbe et du foin, grâce à une fermentation par micro-organismes. Ce processus se déroule dans la partie du système digestif appelée cæcum, et aboutit à la décomposition de la cellulose, principal composant des fibres végétales[92]. Les chevaux préfèrent manger de petites quantités de nourriture de façon régulière tout au long de la journée[93]. Cela n'est pas toujours compatible avec la vie dans les écuries, ni avec les plannings des humains, qui favorisent le nourrissage deux fois par jour.
83
+
84
+ Le système digestif du cheval est délicat. Il est incapable de régurgiter sa nourriture, sauf depuis l’œsophage. Aussi, en cas d’excès de nourriture ou d’empoisonnement, vomir n’est pas possible pour lui[94],[95]. En outre, son côlon est particulièrement long et complexe, l'équilibre de la flore intestinale dans le cæcum peut être facilement bouleversé par des changements rapides d’alimentation. Ces facteurs le rendent sujet à des coliques, qui s’avèrent être la première cause de mortalité chevaline[96]. Ils requièrent une nourriture propre et de grande qualité, fournie à intervalles réguliers, et peuvent tomber malades lorsqu’ils subissent un brusque changement de régime alimentaire[97]. Les chevaux sont également sensibles aux moisissures et aux toxines. Pour cette raison, ils ne doivent jamais être nourris par des matières fermentables contaminées, comme la tonte de gazon[98].
85
+
86
+ Les chevaux étant des mammifères, ils ont toujours le sang chaud biologiquement parlant[99]. Des termes tels que « cheval à sang chaud », « cheval à sang froid » et « proche du sang » sont utilisés pour décrire le tempérament de l'animal[100].
87
+
88
+ Le races dites « à sang chaud » sont surtout d'origine orientale et incluent l'Akhal-Teke, le Barbe, l'Arabe, le Turkoman (maintenant éteint) et les Pur-sang développés à partir de ces derniers. Ils sont élevés pour leur agilité et leur vitesse, vifs, ils apprennent rapidement[101]. Physiquement raffinés, leur peau est mince, leur silhouette longiligne, et leurs jambes longues[102]. Ces races ont été importées en Europe depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord lorsque les éleveurs souhaitèrent insuffler des qualités de vitesse et de vivacité aux montures de la cavalerie légère[101].
89
+
90
+ La plupart des chevaux de trait, puissants et musclés, sont « à sang froid ». Ils sont élevés à l'origine pour leur force, leur calme et leur patience, des qualités nécessaires pour tirer une charrue ou un lourd charriot rempli de passagers. Ils sont parfois surnommés les « doux géants »[103]. Les races les plus connues incluent le trait belge et le Clydesdale. Certains, comme le Percheron, sont un peu plus légers et vifs. D'autres, comme le lent et puissant Shire, sont créés pour labourer les champs aux sols lourds à base d'argile[103]. Les chevaux à sang froid regroupent aussi quelques races de poneys comme le Fjord[21].
91
+
92
+ Les demi-sang (ou Warmblood) comme le Selle français, le Hunter irlandais, le Trakehner ou le Hanovrien, sont à l'origine des montures produites pour l'armée et issues du croisement de cheptels locaux à sang froid avec des chevaux à sang chaud, comme l'Arabe ou le Pur-sang, afin d'obtenir un cheval ayant davantage de raffinement que le cheval de trait, mais aussi une plus grande taille et un tempérament plus calme que les chevaux de sang[104]. Certains poneys demi-sang ont été développés par croisement des cheptels locaux avec des chevaux de sang, par exemple le Connemara[105]. Désormais, les termes « demi-sang » et « warmblood » tendent à désigner un type spécifique de races qui dominent les sports équestres olympiques du dressage et du saut d'obstacles depuis les années 1970. Avant cette date, le terme français (demi-sang) désignait tout croisement entre une race dite à sang froid et une race dite à sang chaud. Parfois, ce terme est utilisé pour faire référence à des races de chevaux légers autres que les Pur-sangs[106].
93
+
94
+ Par le passé, les chevaux ont souvent été considérés comme des animaux stupides et incapables d'abstraction, soumis à leur seul instinct grégaire. Depuis le début du XXe siècle, des études (et des faits comme l'affaire Hans le Malin) ont mis en évidence leurs facultés cognitives dans la résolution d'un certain nombre de tâches quotidiennes, incluant la recherche de nourriture et la gestion de l'organisation sociale. Les chevaux sont également doués de bonnes habilités de visualisation spatiale[107]. Ils sont capables de reconnaître les humains qui les côtoient (et de se reconnaître entre eux) à partir du simple son d'une voix ou des traits d'un visage[108].
95
+
96
+ Ils font preuve d'intelligence dans la résolution de problèmes, sont doués de facultés d'apprentissage et retiennent les connaissances qu'ils ont acquises. Leurs résultats sont excellents en apprentissage simple, les chevaux sont aussi capables de résoudre des problèmes cognitifs avancés qui impliquent la catégorisation et l'apprentissage de concepts. Ils répondent bien à l'habituation, à la désensibilisation, au conditionnement pavlovien et au conditionnement opérant. Leur renforcement peut être positif comme négatif. Une étude suggère même que les chevaux sont capables de compter jusqu'à quatre[109].
97
+
98
+ Les chevaux domestiques tendent à savoir résoudre des problèmes plus complexes que les chevaux sauvages, parce qu'ils vivent dans un environnement artificiel qui inhibe leur comportement instinctif tout en apprenant des tâches non-naturelles[107]. Les chevaux sont, de manière générale, très sensibles aux habitudes. Ils répondent et s'adaptent bien mieux lorsque les mêmes routines et techniques sont utilisées de manière cohérente. Certains formateurs estiment que l'« intelligence » des chevaux est un reflet de celle de leur formateur, qui utilise efficacement les techniques de conditionnement et de renforcement positif pour former chaque animal à la manière qui correspond le mieux à ses inclinations naturelles. D'autres personnes qui travaillent régulièrement avec des chevaux notent que la personnalité peut aussi jouer un rôle pour déterminer comment un animal donné répond à des expériences diverses[110].
99
+
100
+ À l'état sauvage ou domestique, le cheval peut-être affecté par des parasites et des maladies telles que le tétanos, la grippe équine[111], la rage[112], la gourme, différentes affections respiratoires (emphysème…) et l'anémie infectieuse des équidés[113]. L'une des maladies les plus « classiques » chez le cheval est la fourbure, qui peut avoir différentes causes et se traduit par de vives douleurs au niveau des pieds[114]. La myoglobinurie, ou « maladie du lundi », et le « coup de sang » affectent les chevaux mis au travail dans de mauvaises conditions[115]. Les coliques, des troubles du système digestif, sont particulièrement dangereuses et difficiles à soigner et à prévenir, rendant nécessaire un contrôle strict de l'alimentation du cheval domestique[116]. Les maladies cardiaques, circulatoire, nerveuses, et les « vices d'écurie » n'affectent que les chevaux domestiques dans certaines conditions[117]. Les déformations permanentes du corps du cheval sont appelées des tares[118]. Toute affection de la locomotion est nommée boiterie, les causes possibles en sont nombreuses[119].
101
+ Le cheval craint également certains insectes comme le taon[120].
102
+
103
+ Le cheval est sensible à divers parasites, dont ceux du tube digestif, qu'il acquiert en mangeant (strongles, Parascaris equorum…)[113]. D'autres parasites causent la gale et des mycoses. Les tiques peuvent lui transmettre la piroplasmose et divers parasites dont des Borrelia, responsables de la maladie de Lyme[114].
104
+
105
+ En l'espace d'une génération, la civilisation du cheval vient de disparaître. Une civilisation quasi-universelle, dont l'origine se perd dans les millénaires, vient de mourir sans bruit, discrètement. [...] Il s'agit là d'une rupture décisive et irréversible dans l'histoire des sociétés[121].
106
+
107
+ L'alliance de l'homme et du cheval, animal qui a sans doute le plus marqué l’histoire et les progrès de l'humanité[122], dure plusieurs millénaires[123] durant lesquels le cheval devient l’auxiliaire favori de l'homme[124] pour le transport, la guerre et le travail. La première rencontre remonte peut-être à un million d'années, voire davantage, mais ces rapports demeurent ceux du prédateur et de la proie jusqu'à la domestication[125]. Le lien entre le cheval et l'homme est basé sur l'utilisation de la force musculaire de l'animal, au service des besoins humains[126]. Cette « exceptionnelle » association contribue significativement à l'évolution de la société, et se transforme radicalement au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[125]. La place symbolique du cheval est restée, à travers un grand nombre d'expressions populaires et l'utilisation de l'unité cheval-vapeur[126].
108
+
109
+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, ce qui correspond à un ratio de 8,7 chevaux pour 1 000 personnes. L'Amérique du Sud est le continent qui en compte le plus, l'Océanie celui qui en compte le moins[127].
110
+
111
+ La date de -4500, dans l'actuel Kazakhstan[128] est la plus largement reconnue quant à la domestication du cheval. Au sein de la culture Botaï, des traces d'attelage et de collecte de lait de jument ont été retrouvées[129]. Les découvertes archéologiques suggèrent plutôt plusieurs foyers de domestication[130] Ainsi, d'autres théories la situeraient au sud de la Russie, dans la Roumanie, ou en Ukraine vers le IVe millénaire av. J.‑C., pour l'hypothèse kourgane[131]. Le linguiste Winfred P. Lehmann soutient que le cheval est domestiqué depuis le VIIIe millénaire av. J.‑C., près de la mer Noire[132]. Une preuve irréfutable est l'utilisation de chariots funéraires dans la culture d'Andronovo, vers le IIe millénaire av. J.‑C.[133].
112
+
113
+ La domestication est aussi étudiée sur la base de la comparaison entre le matériel génétique des chevaux actuels et l'étude paléogénétique des os et des dents de chevaux trouvés au cours de fouilles archéologiques et paléontologiques. Les variations constatées au niveau du matériel génétique semblent montrer qu'un nombre très réduit d'étalons sauvages, et par contre un nombre élevé de juments sauvages, seraient à l'origine du cheval domestique[134],[135],[136],[137],[138]. En effet, il y a très peu de variabilité génétique au niveau du chromosome Y, transmis de mâle en mâle (lignée paternelle), alors que la variabilité de l'ADN mitochondrial, transmis par les mères (lignée maternelle) aux petits de tous les sexes, est très importante[134],[135],[136],[137],[138].
114
+
115
+ Il existe aussi des variations régionales dans l'ADN mitochondrial, dues à l'inclusion a posteriori de juments sauvages parmi des hardes déjà domestiquées[136],[137],[138],[139]. Une autre conséquence de la domestication est une augmentation de la variabilité des robes[140], chez le cheval, notamment entre 5000 et 3000 ans avant notre ère[141].
116
+
117
+ En Europe, les Grecs, Romains et Byzantins utilisaient le cheval pour la guerre, les communications, le transport mais aussi les courses de chars[142]. De leur côté, les Celtes vénéraient Épona, déesse des chevaux, dont le culte nous a été transmis du fait de son adoption par les troupes équestres romaines. Au Moyen-Orient, certaines tribus Perses semblent avoir sélectionné les pur-sang arabes[143][réf. souhaitée], chevaux du désert, robustes et élégants, ils inventent aussi le polo. Lorsque les Hyksôs envahissent l'Égypte au XVIIe siècle avant notre ère, les Égyptiens n'utilisaient les chevaux que pour des tâches civiles. La cavalerie, qui fera la puissance des pharaons du Nouvel Empire, était alors du côté de l'ennemi et sera un facteur déterminant dans la défaite égyptienne. En Afrique, la cavalerie numide est une unité importante des armées carthaginoises lors des guerres puniques tandis que la cavalerie romaine était réputée médiocre.
118
+
119
+ En Asie, le plus ancien char hippomobile à nous être parvenu intact provient de la tombe de l'empereur Chinois Wu Ding, mort en 1118 av. J.-C.. Le cheval était peu utilisé comme animal de trait dans l'agriculture mais les Chinois seraient à l'origine du collier d'épaule. Ils utilisèrent l'étrier au VIe siècle avant notre ère, la cavalerie formant le gros des troupes chinoises. Le cheval (馬) sert de moyen de transport et de communication (coursier). Quand le jeu de polo perse arriva à la cour de l'empereur, tout le monde s'en éprit. Les Chinois ne faisant pas d'élevage permanent des chevaux, ces derniers restaient un produit de luxe importé du Moyen-Orient.
120
+
121
+ Au Japon, le cheval sert d'animal de combat, de coursier et au transport de marchandises, mais dans ce dernier cas il est guidé par des hommes à pied[144], ce qui limite son potentiel. Des peuples d'Asie ont développé une unité militaire originale qui est l'archer à cheval.
122
+
123
+ Au Moyen Âge, des types spécifiques d'animaux sont développés. Le destrier est le plus connu, à travers l'image d'un énorme animal bardé de fer associé à son chevalier en armure complète, mais la réalité historique est plus nuancée[145]. Les prestigieuses et puissantes montures de guerre portent le chevalier en armure, son armement, une large selle et son caparaçon[146],[147]. Le coursier, plus rapide, est également utilisé pour la guerre[148]. Les chevaux de prestige et de parade, dits « palefrois », sont réputés très coûteux[149], tout comme la haquenée, jument des dames fortunées. Le roussin, de moindre valeur, sert occasionnellement de monture aux chevaliers les plus pauvres ou de cheval de bât[148]. L'utilisation du cheval pour la traction est accrue par la diffusion du collier d'épaule en Europe au XIIe siècle, permettant au cheval de trait de remplacer avantageusement le bœuf dans les exploitations agricoles[150]. Les chevaux médiévaux sont nommés d'après leur lieu d'origine, par exemple « cheval espagnol », mais ce terme se référait peut-être à plusieurs races[151]. D'importants progrès technologiques, comme l'amélioration des selles, l'arrivée de l'étrier, du collier d'épaule et du fer à cheval permettent des changements capitaux dans l'équipement équestre, pour la guerre et l'agriculture. L'Église interdit l'hippophagie en 732[149].
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125
+ Au Moyen-Orient, les chevaux portent les cavaliers islamiques jusqu'en Espagne et des échanges culturels ont lieu à l'occasion des croisades et des invasions maures. Huit croisades, entre 1097 et 1300, font se rencontrer deux cultures équestres radicalement différentes, les chevaliers chargeant lourdement et essayant de désarçonner leurs adversaires, les Bédouins cherchant à tailler l'ennemi en pièce[152]. En Asie, la cavalerie est la principale force des armées mongoles et tartares.
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127
+ À l'arrivée de la Renaissance, l'invention de la poudre à canon entraîne la fin de la cavalerie lourde et une nouvelle sélection du cheval de guerre. Des académies d'équitation sont créées, d'abord en Italie, pour obtenir des chevaux plus maniables[146]. L'école espagnole de Vienne est construite dès 1572, et les Habsbourg fondent le haras berceau d'élevage du Lipizzan à Lipica en 1580[153].
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129
+ L'idée de mieux sélectionner les chevaux de guerre fait son chemin sous François Ier, et le 17 octobre 1665, Colbert ordonne la création des haras nationaux. Au XVIIIe siècle, la création de haras, d'écuries et d'écoles de dressage renforce la renommée des chevaux royaux, devenus plus légers et plus souples. À la veille de la Révolution française, l'État possède quinze haras nationaux et près de 750 reproducteurs. Ces haras sont supprimés par l'assemblée constituante en 1790[154].
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+ Les Anglais croisent des chevaux pur-sang arabes et Barbes avec leurs espèces indigènes pour créer les Pur-sangs, fameux chevaux de course. Les premiers colons espagnols réintroduisent le cheval Barbe et andalou dans les deux continents américains. L'espèce y avait disparu depuis plus de huit millénaires. En 1519, Les conquistadores d'Hernán Cortés amènent avec eux onze chevaux et six juments[155] qui deviennent les premiers ancêtres des mustangs. Les Amérindiens n'ayant jamais vu ces bêtes, les conquistadores remportent de nombreuses batailles en passant pour des divinités. Cortez aurait déclaré : « Nous devons notre victoire à Dieu et à nos chevaux ». L'animal se répand rapidement, surtout en Amérique du Nord. Durant la conquête de l'Ouest, plusieurs centaines de milliers de chevaux sauvages peuplent le continent. Au XVIIIe siècle, les Amérindiens élèvent de grandes hardes de chevaux dont le nombre total dépasse les cent cinquante mille individus[réf. nécessaire]. À partir de ces mustangs dressés émergent la plupart des races américaines. Les Indiens Nez-Percés opèrent des sélections à partir des mustangs pour obtenir l'appaloosa.
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+ Dans le calendrier républicain, le Cheval était le nom donné au 5e jour du mois de vendémiaire[156].
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+ Les chevaux jouent un rôle indispensable dans les conquêtes napoléoniennes, et les pur-sang arabes sont des montures de choix pour la cavalerie. Au XIXe siècle, des programmes d'élevage transforment les races équines locales et en créent de nouvelles pour les besoins de la cavalerie, parallèlement, de puissantes races de chevaux de trait sont sélectionnées. L'arrivée successive du chemin de fer, des transports motorisés et du tracteur agricole signent le glas de la traction hippomobile au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[126].
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+ Les cavaliers évoluent : militaires, agriculteurs, voyageurs et marchands laissent leur place aux cavaliers de loisir, souvent des citadins à la recherche de sensations et d'un contact avec la nature, et de sport. Parallèlement, l'équitation où dominait le machisme à l'époque militaire, se féminise totalement[126]. Désormais, seuls les peuples cavaliers, et notamment les Mongols dont les enfants apprennent toujours à monter avant de savoir marcher, prouvent encore à quel point l'utilisation du cheval a été primordiale et déterminante dans l'histoire de l'humanité[125].
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+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, principalement en Amérique du Sud. L'Océanie est celui qui en compte le moins[157].
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+ Les activités liés au cheval génèrent des revenus considérables dans les pays développés, et font toujours partie d'une économie de subsistance dans les autres. En 2006, 100 millions de chevaux, ânes et les mulets sont utilisés pour l'agriculture et le transport de par le monde, dont 27 millions environ en Afrique[158]. Aux États-Unis, les activités liées aux chevaux ont un impact direct sur l'économie américaine de plus de 39 milliards de dollars en 2005. En considérant les dépenses indirectes, l'impact est plus de 102 milliards de dollars[159]. En France, en 2012, 53 000 petites entreprises et 72 000 emplois sont liés au secteur équestre. Il génère 12,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont plus de 10 milliards pour le PMU[160].
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ De très nombreux métiers existent autour du cheval[161]. Les deux principales utilisations historique du cheval sont celle de monture pour un cavalier, et celle d'animal de traction. Ces deux objectifs donnent lieu à une classification entre le cheval de selle et le cheval de trait ou carrossier.
146
+
147
+ Les cavaliers professionnels, jockeys, drivers, les cavaliers d'entraînement et les lad-drivers[162] montent des animaux en compétition. Les entraîneurs, les premiers garçons, les coachs de compétition élaborent les plannings d'entrainement pour amener les chevaux au meilleur niveau. Les garçons de voyage et les techniciens d'hippodrome travaillent également dans l'univers des courses[162].
148
+
149
+ Les moniteurs, les animateurs poney et les accompagnateurs instruisent les nouveaux cavaliers et organisent les randonnées. Les directeurs de centre équestre sont chargés de la gestion des structures équestres.
150
+
151
+ Les éleveurs (et les étalonniers, responsables d'élevage[162]) font naître et commercialisent des chevaux. Les marchands de chevaux, vendeurs, loueurs d'équidés et la filière de la boucherie travaillent au quotidien avec ces animaux.
152
+
153
+ Certains métiers sont spécialisés dans les soins : les maréchaux-ferrants s'occupent de la ferrure et des sabots, les palefreniers (et les grooms, lad, cavaliers soigneurs, responsables d'écurie[162]) des soins quotidiens, les vétérinaires, ostéopathe, kinésithérapeute et dentistes équins des soins plus lourds. L'ethologue équin étudie le comportement des chevaux. L'équithérapeute et l'équicien utilisent le cheval comme partenaire thérapeutique.
154
+
155
+ Les métiers de garde à cheval ont pour objectifs la surveillance de manière écologique et le maintien de l'ordre. Ce sont les gardes républicains, gardes verts, les brigades équestres, les gendarmes à cheval. Les unités de premiers secours équine (recherche et sauvetage montés) peuvent intervenir en terrain accidenté, pour localiser les personnes et de fournir des secours en cas de catastrophe. Elles sont utilisées aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne[163].
156
+
157
+ Les cavaliers de spectacle allient art et équitation.
158
+
159
+ Le débardage en forêt peut se faire avec des chevaux, le cheval respectant les sols fragiles et travaillant sans bruit de moteur ni pollution. Les gardiens de troupeaux permettent l'élevage sur des grands territoires, souvent difficile d'accès : ce sont les cow-boys dans les pays anglo-saxons, les gardians en Camargue, les gauchos au Brésil, Csikós en Hongrie...
160
+
161
+ Dans de nombreux pays, le cheval est encore utilisé dans l'agriculture ou comme moyen de transport.
162
+
163
+ Des métiers annexes concernent la confection et la vente d'outils et d'instruments spécialisés : les selliers-bourreliers confectionnent les selles et les brides.
164
+
165
+ L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'en 2013, il y avait un peu plus de 58 millions de chevaux dans le monde, dont près de 32 millions en Amérique, 13,9 millions en Asie, 6,1 millions en Afrique, et 5,8 millions en Europe[164]. Les États-Unis comptent à eux seuls près de 10,3 millions de chevaux en 2013[164]. Le cheptel d’équidés français est estimé à 950 000 fin 2010, ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni à un million chacun en 2009. Ces trois pays totalisent plus de la moitié du cheptel équin européen[165].
166
+
167
+ Il existe plusieurs filières pour le commerce des chevaux. Pour celle des courses, les chevaux naissent dans des haras spécialisés pour cette sélection. Ces chevaux peuvent être mis en vente aux enchères, vendus et placés par leur propriétaire dans des haras qui se chargeront de les entraîner et de les faire courir. Après leur carrière, ils sont destinés ou non à la reproduction en fonction des résultats[166]. En 2013, aux États-Unis et en Europe, il s'est vendu au total 17 000 chevaux de course aux enchères, pour un prix moyen de 55 000 €[167]. Les gains générés par les victoires aux courses peuvent être substantiels. Par exemple, le cheval appelé « Lawman », vendu yearling à un prix de 75 000 € en 2005, a rapporté 1 858 000 € à son propriétaire en 2007. Certains investisseurs créent des sociétés pour acquérir ces chevaux et louent des places dans les haras pour les entraîner et les faire courir. Les meilleurs chevaux de plat se négocient à plusieurs millions d'euros.
168
+
169
+ La filière des sports équestres est liée à la carrière des chevaux de sport. Le prix d'un tel cheval est extrêmement variable, selon son âge, son degré de préparation et son potentiel en compétition. Le prix moyen des chevaux de trois ans vendus aux enchères en 2012 en France est de 9 000 €, mais peut grimper à près de 30 000 €, lors des ventes Fences[168]. Le prix moyen aux enchères de chevaux de sport de race Westphalien, Oldenbourg, Holsteiner, Hanovrien et KWPN, lors de ventes européennes « Elite » entre 2010 et 2015, oscille entre 20 000 et 45 000 €[169]. Pour les mâles aux résultats sportifs remarquables, la semence pour l'insémination artificielle est une source de revenus non négligeable.
170
+
171
+ Le commerce des animaux destinés au loisir, au tourisme ou aux travaux est plus traditionnelle et moins formalisée[168].
172
+
173
+ Les chevaux peuvent terminer leur vie aux abattoirs[170]. En 2007, L’élevage de chevaux de trait concerne environ 11 500 professionnels en France, qui n'ont souvent que deux ou trois juments[171]. Selon les acteurs de la filière de viande chevaline, cette production aurait joué un rôle pour le maintien des neuf races de chevaux de trait en France, considérées comme menacées d’extinction par l’Union Européenne[171].
174
+
175
+ La valeur économique et affective des chevaux expliquent la diversité des soins qui leur sont prodigués, et les sommes que certains propriétaires peuvent dépenser pour leur cheval. Les palefreniers et les maréchaux-ferrant s'occupent de l'alimentation et des soins aux chevaux. Ces soins sont à pratiquer au quotidien (comme le pansage), ou en fonction des conditions climatiques, comme la tonte ou la douche. Les pieds doivent aussi faire l'objet d'un soin tout particulier. Ces derniers sont en effet graissés, parés et ferrés, si le travail quotidien de l'animal le nécessite. Lors de concours ou de compétitions, il peut aussi être amené à recevoir un toilettage particulier qui peut être complété par des nattes, voire, dans certains cas de rubans. Enfin l'entretien des boxes et des pâtures participe au bien-être des chevaux et à leur santé.
176
+
177
+ En 2004, 262 vétérinaires sont spécialistes équins en France[172]. Il existe également une recherche dans le domaine de la génétique équine. D'autres professions concourent aux soins médicaux. Les dentistes équins ont pour activité principale le limage des dents car celles du cheval poussent tout au long de sa vie. Les ostéopathes équins pratiquent une thérapie manuelle en appliquant les mêmes principes que l'ostéopathie pour l'homme. Les maréchaux-ferrants orthopédistes soignent certaines pathologies du pied en mettant des ferrures orthopédiques. Les palefreniers-soigneurs s'occupent des soins légers.
178
+
179
+ Il existe plusieurs techniques de relaxation telles que l'aromathérapie et la massothérapie. L'aromathérapie consiste à traiter un cheval à base d'huiles essentielles. L'aromathérapie est la base de la massothérapie. Dans cette dernière, on utilise souvent les huiles essentielles pour effectuer les massages. Dans le soin des blessures des jambes, l'hydrothérapie peut être utilisée, soit par massage par jet d'eau ou en faisant nager le cheval.
180
+
181
+ Les conditions de vie imposées aux chevaux en écurie ne sont pas toujours en adéquation avec leurs besoins physiques et sociaux, en raison de l'enfermement et de l'isolement. Le cheval étant une proie à l'état sauvage, il stresse s'il est enfermé. De plus, il doit disposer d'un espace permettant d'exprimer certains de ses comportements naturels, comme voir et toucher ses congénères, se rouler sur le sol et se coucher, choses impossibles dans une stalle ou un box trop étroits. Les chevaux domestiques qui vivent en collectivité sont plus équilibrés que ceux qui vivent isolés. L'enfermement ou tout environnement ne correspondant pas à ces besoins peut conduire à l'apparition de troubles comportementaux, les vices d'écurie[173].
182
+
183
+ La castration du cheval est pratiquée pour réduire leur agressivité, et favoriser la vie en groupe. Un étalon (mâle agréé à la reproduction) ou un entier (mâle non castré) peuvent être difficiles à contrôler en présence de juments en chaleur. Les chevaux de centre équestre sont en principe castrés vers l'âge de deux ans. Les entiers et les étalons sont plus musclés que les hongres, leur encolure est notamment beaucoup plus développée. Ils ont aussi davantage de prestance.
184
+
185
+ Le cheval est historiquement un animal de travail permettant le transport de passagers et la traction de matériel agricole. Il est encore très utilisé comme moyen de transport dans de nombreux pays du globe, pas seulement dans les pays en voie de développement, mais aussi dans certaines communautés ayant refusé le progrès, comme chez les amish, ainsi que pour certains travaux agricoles très spécifiques soit par leur nature, soit par la superficie de la surface à travailler. Dans les pays développés, on peut encore circuler avec lui, monté ou attelé, sur la voie publique pour des promenades ou randonnées par exemple. En ce sens, chevaux et cavaliers sont soumis aux règles du code de la route, lesquelles peuvent varier selon les pays[174].
186
+
187
+ Au cours du XXe siècle, le cheval a été délaissé dans les pays développés par suite de la motorisation. Il disparait du paysage des villes face à la montée de l'automobile. Paris hébergeait plus de 50 000 chevaux au début du XXe siècle, dont environ 10 000 dédiés aux transports publics. De nos jours, cette ville reste une des grandes capitales européennes où la circulation à cheval est interdite sauf par dérogation. Certaines races de cheval de trait ont failli disparaître avec la fin du halage et la mécanisation de l'agriculture.
188
+
189
+ Certaines utilisations traditionnelles du cheval ont toujours continué par tradition plus que pour des raisons économiques comme la surveillance de troupeaux en Camargue. En France, après avoir été délaissé en tant qu'outil de travail, le cheval est de nouveau employé dans de nombreuses tâches dans le cadre d'une société qui se veut davantage sensible à l'écologie. Le cheval passe dans des endroits difficilement accessibles au tracteur et n'endommage pas le sol. Le débardage est en développement grâce à un bon rapport rendement/coût dans certaines configurations de terrain. Exemple de lieux de débardage en France : bois de Vincennes (Paris), parc de La Courneuve (La Courneuve, Seine-Saint-Denis), parc de Saint-Cloud (Saint-Cloud, Hauts-de-Seine), etc. Longtemps associé à une image de sous-développement, le labour du sol par traction équine reprend de l'ampleur en particulier en viticulture. Cette pratique est tout particulièrement respectueuse des terroirs en limitant les tassements de sol dus au poids des engins agricoles motorisés, elle s'inscrit donc idéalement dans une démarche de développement durable[175].
190
+
191
+ Le cheval est utilisé par des unités de recherche et de sauvetage aux victimes au Canada. Le ramassage des ordures avec un cheval de trait est une utilisation anecdotique, mais réelle comme à Trouville (Calvados, France).
192
+
193
+ Certains pays du tiers-monde possèdent encore des combattants à cheval, comme les milices montées Janjawid au Soudan[176]. Cependant, peu d'armées utilisent encore le cheval, les unités de cavalerie étant principalement équipées de chars de combat. Dans certains cas exceptionnels, les chevaux sont encore utilisés sur des terrains difficiles d'accès, souvent comme animal de bât pour acheminer du matériel. Lors du conflit afghan les forces spéciales américaines ont dû utiliser des petits chevaux locaux[177]. L'armée autrichienne dispose de chevaux de race haflinger destinés principalement pour le bât en haute montagne. L'armée suisse est l'une des rares armées à former des chevaux pour ses activités opérationnelles. En effet, le pays étant au cœur des Alpes, le cheval est souvent le seul moyen d'accéder à certaines parties du territoire et d'y emmener du matériel. L'armée suisse emploie ainsi environ 600 chevaux.
194
+
195
+ Des unités montées subsistent, avec des objectifs maintien de l'ordre. Le cheval est ainsi employé dans des unités de police montée pour le maintien de l'ordre lors de manifestations ou d'émeutes[178], d'événements sportifs[179] ou de patrouilles[179]. Les cérémonies, les défilés et les reconstitutions font également partie des objectifs de ces unités qui montrent une image représentative de l'histoire et des traditions du pays qu'elles représentent.
196
+ Ainsi, outre la traditionnelle Garde républicaine qui, outre ses missions de représentation, assure des patrouilles montées dans des massifs forestiers ou jardins, il existe un renouveau des unités montées de police ou de gardien d'espaces verts. Un agent à cheval a une capacité de déplacement accrue, bénéficie d'une vision haute et dégagée, inspire le respect et rentre plus facilement en contact avec la population par l'intermédiaire de sa monture. Exemples de police montée : Gendarmerie royale du Canada (GRDC ou GRC), police montée à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, France), à Orléans (Loiret, France), etc. Des unités spécialisées assurent la protection de personnalités, comme la Horse guards au Royaume-Uni ou Garde royale marocaine.
197
+
198
+ Grâce à leur savoir-faire, nombre de militaires participent aussi à des compétitions sportives. Ainsi, entre 1912 à 1948, les épreuves équestres des jeux olympiques sont exclusivement réservés aux officiers, et ces trois disciplines olympiques voient encore aujourd'hui une forte participation de militaires. Le concours complet d'équitation (CCE) est d'ailleurs à l'origine un entraînement purement militaire des chevaux au combat[180].
199
+
200
+ L'équitation éthologique est une méthode pédagogique de dressage nouvelle s'inspirant largement de l'éthologie équine. Certains dresseurs de chevaux s'en réclament et donnent des cours de « dressage éthologique ». Ces dresseurs, les nouveaux maîtres, sont les disciples français des « chuchoteurs », traduction littérale de leur appellation anglaise, horse whisperers. Les pionniers sont les Américains Ray Hunt, Pat Parelli, Monty Roberts, Buck Brannaman, ainsi que les frères Bill et Tom Dorrance[181].
201
+
202
+ Certaines associations utilisent le cheval comme un intermédiaire qui contribue à la thérapie de personnes souffrant d'un handicap physique ou mental ou qui sont déstructurées socialement. Les mouvements du cheval contribuent à fortifier les muscles et l'équilibre du cavalier. Ce dernier est astreint à faire preuve d'attention et de raisonnement. Le cheval est également utilisé sans être monté. La thérapie consiste alors pour le patient à entrer en contact avec un animal et à interagir avec lui. Comme dans toutes les zoothérapies, l'animal est un catalyseur social permettant par exemple de faire parler des vieillards qui ne parlaient plus depuis des années. Le pansage du cheval permet aussi de revalider autant que possible des articulations fatiguées. Ces associations nécessitent des compétences diverses comme des infirmiers, des médecins, des kinésithérapeutes, des assistants sociaux, des éducateurs, des moniteurs d'équitation et des chevaux adaptés à leur activité[182].
203
+
204
+ La Fédération Française d'Équitation(FFE) organise désormais des concours paraéquestre de dressage et d'obstacle grâce à une réglementation adaptée aux cavaliers handicapés[183].
205
+
206
+ Il existe même des championnats nationaux et internationaux tirant la pratique vers des niveaux impressionnants.[réf. souhaitée]
207
+ L’équitation dite paraéquestre est pour la première fois inscrite au programme des Jeux Mondiaux en 2010[184].
208
+
209
+ De nos jours, le cheval est généralement utilisé monté (équitation), pour le loisir (balades et randonnées) ou en compétition de sports équestres ou hippiques (courses de plat, de trot, course de haies, steeple-chase, cross-country)). Il peut aussi être attelé.
210
+
211
+ Il existe une grande variété de sports équestres et d'activités avec cet animal. Cela inclut des activités ludiques telles que les le pony-games[185], l'équifun[186], l'equifeel[187] et les spectacles équestres ; des disciplines sportives telles que le dressage[188], le saut d'obstacles[189], le hunter[190] et le Concours complet d'équitation[191]. Les jeux équestres coopératifs par équipes comptent le polo[192], le polocrosse[193], le horse-ball[194], et le pato argentin.
212
+
213
+ Parmi les disciplines traditionnelles figurent la voltige en cercle[195], l'équitation Western[196] (dont le gymkhana), l'endurance[197], le tir à l'arc, le Ski joëring[198] et la monte en amazone[199]. Certaines pratiques sont propres à des régions géographiques particulières, telles que la Doma vaquera[200], l'équitation Camargue[201], islandaise[202], portugaise[203], de travail[204], le rodéo, et le cheval de chasse[205] ; notons aussi le Campdrafting (en) en Australie.
214
+
215
+ Les joutes équestres sont une reproduction sécurisée des joutes médiévales, comme le tent-pegging[206] en Inde. Le tir à l'arc à cheval[207] ou le yabusame[208] sont issus de pratiques militaires.
216
+
217
+ Trois sports équestres sont présents aux Jeux olympiques[209] :
218
+
219
+ Concours de saut d'obstacles.
220
+
221
+ Cheval de dressage sur une reprise.
222
+
223
+ Épreuve de cross.
224
+
225
+ Enfin, le cheval est apprécié comme animal de compagnie.
226
+
227
+ La viande de cheval est une viande rouge appréciée dans certaines régions comme la Iakoutie[210], mais considérée comme taboue dans d'autres, dont le Royaume-Uni, l'Irlande[211], les États-Unis, et de plus en plus en France. Cette aversion pour l'hippophagie provient historiquement de son interdiction par les papes Grégoire III en 732 et Zacharie en 751[212]. Elle est désormais motivée par la proximité avec le cheval, de plus en plus considéré comme un animal de compagnie[213].
228
+
229
+ La consommation de lait de jument est traditionnelle et abondante dans les pays de l'ex-URSS, où des races chevalines laitières sont sélectionnées[214]. Le crin, le cuir et l'urine du cheval sont également utilisés.
230
+
231
+ Depuis ses premières représentations sur les parois des grottes préhistoriques (telles que la grotte de Lascaux), le cheval est présent dans la culture humaine. Cette présence concerne aussi bien mythes, légendes et religions que les œuvres d'art, des jeux et des jouets ou encore la fiction. Nombre de peuples indo-européens, tels les Germains et les Celtes[215], développent des cultes et des rituels liés au cheval et à son sacrifice. De par sa proximité historique avec la vie de l'homme, le cheval donne de nombreux idiotismes animaliers dont des expressions sont encore utilisées, comme « Prendre le mors au dents » ou encore « Un remède de cheval » dans la langue française. Sa puissance de traction continue d'être utilisée comme référence pour les moteurs, avec les unités du cheval-vapeur et du cheval fiscal.
232
+
233
+ La racine indo-européenne du mot « cheval » est *h₁éḱwos, tous les termes issus de la langue indo-européenne primitive pour désigner le cheval en dérivent[216], tel le latin classique equus[217] et le sanskrit ásva[218]. Le terme « cheval » est issu du latin populaire caballus et désigna d'abord un « mauvais cheval », puis un hongre et, populairement, un « cheval de travail »[7]. Ce mot dont l'usage est attesté au IIe siècle est probablement d'origine gauloise[219] (cf. gall. ceffyl, irl. capall) et remplace, sans doute avant le milieu du IIIe siècle[Note 4], le classique equus[220]. Les principaux dérivés du mot « cheval » sont « chevalier », « chevalière », « chevalerie », « chevaucher », « chevalet », « cavale », « cavalier », « cavalerie » et « cavalcade ».
234
+
235
+ D'autres termes savants liés au cheval sont empruntés au grec ancien híppos (ἵππος), d'où l'adjectif « hippique » ou le terme « hippodrome ». Cette racine grecque se retrouve aussi dans le prénom « Philippe » (qui aime les chevaux), « Hippolyte » (qui délie les chevaux), « hippocampe » (cheval cambré), et hippopotame (cheval du fleuve)[220]. Le latin equus est lui aussi issu de cette racine indo-européenne, à l'origine des termes comme « équidés », « équitation » et les adjectifs « équestre » et « équin »[221].
236
+
237
+ Chez les Amérindiens, le cheval est parfois désigné sous le nom de « grand chien »[222]. Le caractère sigillaire montre un œil et la crinière du cheval dans sa partie supérieure, et la partie inférieure ses membres et sa queue.
238
+
239
+ De nombreux termes familiers, péjoratifs ou anciens désignent aussi le cheval. Parmi les termes péjoratifs figurent notamment « bidet », « bourrin », « canasson », « carne », « rosse » et « haridelle »[223].
240
+
241
+ Le cheval est très présent dans les mythes, légendes et religions. La mythologie grecque connaît le fameux cheval ailé Pégase, les Centaures mi homme et mi-chevaux, les cavales de Diomède carnivores ou encore le cheval de Troie. Les peuples celtes lui accordent une grande place à travers des déesses comme Épona. Certaines croyances perdurent jusqu'à nos jours, comme celle de la kelpie, esprit du mal aquatique du folklore écossais en forme de cheval qui transporte ses victimes dans l'eau. La mythologie nordique mentionne aussi un très grand nombre de chevaux dans les Eddas et les sagas, dont Sleipnir, l'étalon à huit jambes du dieu Odin. Un signe zodiacal chinois correspond au cheval. En Inde, l'un des avatars de Vishnou est le cheval blanc et cet animal est lié à Indra, divinité de la guerre. Dans le légendaire coréen, Chollima est un cheval ailé, trop rapide pour être monté.
242
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243
+ Dans la religion chrétienne, les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse montent chacun l'un des quatre chevaux apparus à l'ouverture des quatre sceaux. Au Moyen Âge, l'image du cheval réapparaît à travers la licorne, animal fantastique et christique possédant une longue corne sur le front. Saint Georges, martyr chrétien, est souvent représenté à cheval en train de terrasser un dragon. Selon certains contes arabes, Allah a créé le cheval à partir d'un poignée de vent du désert[224]. Les chevaux jouent un rôle important dans tous les textes fondateurs arabes. Ainsi, Al-Bouraq, dont le nom signifie « éclair », est le cheval ailé à tête de femme et queue de paon sur lequel Mahomet, guidé par l'archange Gabriel, voyage de nuit de La Mecque à Al-Aqsa (la mosquée lointaine) au cours du Miraj.
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+ Le cheval est très représenté dans l'art[225]. De nombreux peintres comme Théodore Géricault et George Stubbs se sont pris de passion pour cet animal. Son intérêt militaire a fait de la statue équestre un genre particulier, représentation hagiographique d'un chef d'État, chef militaire ou héros. La plus ancienne encore intacte est celle de Marc Aurèle à Rome. La plus grande connue est celle du cheval de Léonard. Le cheval est aussi célébré en poésie, dans des chansons dites populaires, ou encore en photographie.
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+ Compagnon constant des héros, le cheval est plus rarement mis en scène pour lui-même. Ainsi, la jument Rossinante de Don Quichotte et à l'époque contemporaine, Jolly Jumper (la monture de Lucky Luke), le Tornado de Zorro ou encore Gripoil (en version originale ShadowFax), cheval de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux accompagnent essentiellement leur maître en lui servant de monture.
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+ Au XIXe siècle, l'anglaise Anna Sewell créé le premier roman animalier avec Black Beauty, narré par le cheval lui-même. Le film Crin-Blanc met aussi un étalon de Camargue libre au centre de l'œuvre dont il donne le titre. Le Cheval venu de la mer, film irlandais de Mike Newell, met en valeur l'importance de l'animal en Irlande et dans les croyances populaires. La série de romans L'Étalon noir raconte les aventures de Black, grand crack de course, et d'Alec son jeune jockey. Elle donne plusieurs films ainsi qu'une série télévisée.
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+ Les aventures de la jument Flicka sont racontées dans les romans de Mary O'Hara, Mon amie Flicka, Le Fils de Flicka et L'Herbe verte du Wyoming. Monsieur Ed, le cheval qui parle (Mister Ed), est le héros d'une série télévisée populaire des années 1960. L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, best-seller de Nicholas Evans a donné le film de Robert Redford, l'un des plus grands succès cinématographiques autour du cheval. Ce film est en grande partie responsable du succès de l'équitation éthologique dans les pays occidentaux. Le film Hidalgo conte l'histoire d'un mustang qui participe à une grande course en Arabie.
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+ Certains chevaux sont passés à la postérité. Ils peuvent l'être grâce à la notoriété de leur propriétaire, d'autres ont brillé par leurs performances. Quelques-uns possèdent des particularités physiques remarquables. Le pharaon Ramsès II parle longuement de ses deux chevaux d'attelage favoris[226]. Durant l'Antiquité grecque, Bucéphale, le cheval d'Alexandre le Grand, entre dans la légende. Réputé indomptable, il avait peur de son ombre. Seul son maître aurait pu le monter[227]. Sous l'Empire romain, le cheval Incitatus est nommé consul par Caligula[228]. Le Cid aurait demandé à monter pour la dernière fois son cheval blanc Babieca au combat, alors qu'il était mortellement blessé[229]. Le cheval de Mazeppa, « bourreau malgré lui », devient une figure récurrente du romantisme[230]. Shakespeare fait passer le cheval Roan Barbary, favori du roi Richard II d'Angleterre, à la postérité[231].
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+ Old Billy est le plus vieux cheval connu. Présumé né en 1760, il est mort le 27 novembre 1822, à l'âge de 62 ans[232]. Le Vizir, un petit cheval Arabe gris, est la plus célèbre monture de Napoléon Ier[233]. Le poney sibérien Serko a parcouru 9 000 km dans l'Empire russe en deux cents jours, fin 1889. Cet exploit a inspiré un roman et un film[234]. Iris XVI, un cheval, alezan du maréchal Leclerc a été fusillé pour acte de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, car il a tué un officier allemand[235].
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+ Dans les années 1920, Uranie remporte trois fois le Prix d'Amérique, un exploit réitéré par sa petite-fille Roquépine dans les années 1960[236]. Dans les années 1970, Bellino II se montre aussi performant au trot attelé qu'au trot monté puisqu'il décroche entre autres trois Prix d'Amérique, trois Prix de Cornulier, et trois Prix de Paris[237]. Ourasi est quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, un record[238]. Le Suédois Copiad a une carrière impressionnante, tout comme le Français Idéal du Gazeau. D'autres trotteurs sont connus pour leurs temps records, comme Général du Pommeau, qui gagne le Prix d'Amérique de l'an 2000 en 1 min 12 s 60 centièmes.
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+ Le trotteur italien Varenne, surnommé « Il Capitano », a battu le record mondial des gains dans les années 2000[239], avec 6 035 666 €[240].
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+ Des galopeurs ont réussi à rester invaincus durant leurs carrières, comme Eclipse, un cheval de course britannique, au XVIIIe siècle, l'Australienne Black Caviar dans les années 2010[241], ou encore l'Italien Nearco, les Irlandais Frankel et Zarkava, et les Anglais Regulus et Ribot.
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+ Parmi les chevaux au palmarès exceptionnel, se distinguent Hyperion, l'un des chevaux de course des années 1930, ayant remporté, entre autres, le Derby d'Epsom et le St. Leger Stakes[242], Seabiscuit, cheval américain de course, ayant redonné l'espoir à des millions de personnes durant la Grande Dépression par ses victoires inattendues, le Japonais Orfevre[243], et l'Irlandais Sea The Stars seul cheval, à avoir réussi le triplé 2000 Guinées/Derby/Arc la même année, en 2009.
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+ D'autres sont connus pour leurs temps records, comme le Canadien Northern Dancer[244], ayant remporté le Kentucky Derby en 1964 en un temps record, record qui a perduré jusqu'en 1973[245].
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+ Enfin, des chevaux de course ont battu des records de gains, comme l'Argentin Invasor ayant remporté 7,8 millions de dollars de gains, le Japonais Deep Impact avec 10 795 019 €, la Française Trêve 7 344 583 €, ou les purs-sangs américains Zenyatta et Spectacular Bid, avec 7 304 580 $ et 2 781 607 $ (un record dans les années 1980).
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+ Al Capone II, un petit cheval d'1,62 m, a remporté de nombreux titres grâce à sa détente extraordinaire. Il a remporté 7 fois le Prix La Haye Jousselin.
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+ Persik, un cheval russe de race arabe, a gagné un nombre impressionnant de courses d'endurance, et est le père de nombreux gagnants en raids nationaux et internationaux. Les Émirats arabes unis ne sont pas en reste avec SAS Alexis, Yamamah ou Ciel Oriental. Le français Tauqui el Masan, un étalon pur-sang arabe, est connu à la fois pour sa carrière sportive dans les années 1990 et sa carrière de reproducteur[246].
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+ Jappeloup de Luze, médaillé d'or de saut d'obstacles aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 sous la selle de Pierre Durand. Milton, cheval de John Whitaker, au palmarès exceptionnel et considéré par beaucoup comme le meilleur cheval de saut d'obstacles de tous les temps. Huaso, pur-sang chilien détenteur du record du monde de hauteur en saut d'obstacles depuis 1949 avec 2,47 m.
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+ Certains chevaux accèdent à la célébrité grâce au spectacle ou à un physique particulier, comme Stormy, une femelle zébrule issue du croisement d'un zèbre et d'un cheval, dressée grâce aux méthodes éthologiques d'Andy Booth, ou encore Tritonis, le plus grand pur-sang anglais, mort en septembre 1990 à l'âge de sept ans, qui mesurait 1,98 m et pesait 950 kg[247]. Templado est un cheval lusitanien du spectacle équestre Cavalia, réputé pour son allure et son immense crinière, et Zingaro, un cheval frison noir ayant appartenu à Bartabas, qui a donné son nom à la troupe.
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+ Equus caballus
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+ Espèce
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+ Statut CITES
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+
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+ Le cheval Écouter (Equus ferus caballus ou Equus caballus) est un grand mammifère herbivore et ongulé à sabot unique ; c'est l'une des espèces de la famille des Équidés (Equidae), lesquelles ont évolué, au cours des derniers 45 à 55 millions d'années, à partir d'un petit mammifère possédant plusieurs doigts. À l'état naturel, les chevaux vivent en troupeaux, généralement sous la conduite d'un unique étalon reproducteur. Ils entretiennent des rapports sociaux et comptent sur leur vitesse pour échapper à leurs prédateurs. Dotés d'un bon sens de l'équilibre, d'un fort instinct de fuite et de grandes aptitudes de visualisation spatiale, ils possèdent un trait inhabituel dans le règne animal, étant capables d'entrer en sommeil léger tout en restant debout. Les femelles, nommées juments, mettent bas après onze mois de gestation un petit appelé poulain, capable de se lever et de courir peu de temps après sa naissance.
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+
11
+ Le cheval est domestiqué par les humains. Son utilisation se répand à toute l'Eurasie dès la plus haute Antiquité. Bien que la quasi-totalité des chevaux soient désormais domestiques, il existe des populations de chevaux domestiques retournés à l'état sauvage dont le cheval de Przewalski. Un vaste vocabulaire spécialisé s'est développé pour décrire les concepts liés au cheval. Ce lexique va de son anatomie et sa morphologie aux étapes de sa vie, en passant par sa couleur, les différentes races, sa locomotion et son comportement. La plupart des chevaux domestiques sont dressés pour l'équitation ou la traction entre deux et quatre ans. Ils atteignent leur plein développement vers cinq ans en moyenne. Leur espérance de vie à la naissance est de vingt-cinq à trente ans.
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+ Des siècles durant, les chevaux sont au service des êtres humains qui sélectionnent différentes races pour la traction, l'agriculture, la guerre ou encore la selle. Les chevaux permettent l'essor du commerce et l'expansion de civilisations sur de grandes étendues. Pendant la colonisation des Amériques, l'espèce est réintroduite sur ce continent. Considéré comme « la plus noble conquête de l'Homme », présent dans les mythes, les religions, les encyclopédies et toutes les formes d'art, le cheval est, de tous les animaux, celui qui a le plus marqué l'histoire et les progrès de l'humanité. Des métiers sont liés à son entretien, son commerce et à des activités sportives, hippiques et équestres. Dans la plupart des pays développés, le cheval est désormais monté pour le loisir ou le sport. Il peut être un partenaire de thérapie, et tend à se rapprocher de l'animal de compagnie. Il produit des biens de consommation grâce à sa viande, son lait, son cuir et son urine. Dans d'autres pays, le cheval reste indispensable à l'agriculture et au transport. L'entretien de chevaux domestiques demande un matériel particulier et l'attention de spécialistes.
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+
15
+ L'hippologie (du grec ἱππος « cheval » et λόγος « discours ») étudie le cheval dans sa globalité[1], ce qui comprend le fonctionnement biologique et anatomique, ainsi que le comportement et l'entretien. Le cheval est un mammifère herbivore, membre de la famille des équidés, qui compte aussi l'âne et le zèbre. Il y a controverse quant au statut du cheval domestique, longtemps considéré comme une espèce (Equus caballus) à part entière. Les études plus récentes le voient comme une sous-espèce (Equus ferus caballus) d’Equus ferus.
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17
+ Les chevaux peuvent être regroupés et classés en fonction de leur race, leur utilisation, leur taille ou leur couleur de robe. La taille d'un cheval varie énormément d'une race à l'autre. Le plus petit cheval miniature reconnu mesure 44,5 cm pour 26 kg[Note 1] et le plus grand, un cheval de trait, 2,19 m pour 1 500 kg[Note 2],[2]. Le poids et la longévité varient de même, les poneys ayant une longévité généralement supérieure aux chevaux. Celle du cheval domestique s'est allongée grâce aux soins prodigués par l'être humain. Il peut vivre de 25 à plus d'une trentaine d'années, bien qu'il commence à décliner physiquement vers l'âge de quinze ans[3]. Le plus vieux cheval connu, Old Billy, est mort à 62 ans[4].
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19
+ Le cheval domestique possède 32 paires de chromosomes[5], contre 33 paires pour le cheval de Przewalski. La séquence complète de son génome a été établie en 2007, quatre ans après celle de l'être humain[6].
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21
+ « Cheval » (/ʃəval/, pluriel « chevaux » /ʃəvo/) est un terme générique qui désigne en premier lieu l'espèce ou sous-espèce domestique[7], ce qui inclut les populations redevenues sauvages comme les mustangs, et le cheval de Przewalski, qui vivait à l'état sauvage jusqu'au XXe siècle, mais qui provient en fait d'une domestication antérieure[8]. Le Tarpan et le Przewalski sont désignés comme des « chevaux »[9]. Une vaste terminologie est utilisée pour désigner les différents types de chevaux. « Jument » est le nom de l'animal adulte femelle[10], la poulinière est une femelle adulte destinée à la reproduction[11]. Une jument est désignée par l'adjectif primipare quand elle est gestante pour la première fois. L'étalon est un adulte mâle reproducteur et reconnu, l'entier un adulte mâle non castré, le hongre un mâle castré. Le poulain et la pouliche sont les jeunes animaux respectivement mâle et femelle de moins de trois ans[12]. L'anglicisme yearling désigne un jeune cheval d'un an[13],[14]. Le poney est un cheval de petite taille, trapu et vigoureux[15],[16].
22
+
23
+ Le cheval est un exemple-phare de la théorie de l'évolution. Les nombreux fossiles retrouvés, dont les plus anciens datent de 60 millions d'années[17] montrent qu'il descend d'un petit mammifère forestier possédant plusieurs doigts, qui s'est ensuite adapté aux plaines et aux steppes en devenant plus grand, et en développant son seul doigt médian comme point d'appui sur les sols durs[18]. L'aboutissement est l’Equus du Pléistocène, toisant environ 1,40 m et se déplaçant sur quatre sabots[19]. Une étude génétique réalisée sur un fragment d'os de cheval vieux d'environ 735 000 ans a permis de dater l'apparition de l'ancêtre commun à tous les Équidés modernes à quatre millions d'années[20].
24
+
25
+ L'unique théorie admise (notamment par l'archéologie) a longtemps voulu que les différentes races de chevaux domestiques soient le résultat d'un élevage sélectif opéré par l'homme à partir d'une souche sauvage unique, probablement le tarpan. La théorie « des quatre lignées fondatrices » postule au contraire que toutes les races de chevaux modernes descendent de quatre à sept sous-espèces, dont le cheval des forêts, le cheval de trait, le cheval oriental et le tarpan[21].
26
+
27
+ Différentes études réalisées à partir d'analyses ADN, ont remis ces idées en question. Celle de Vilà postule que le cheval domestique descend de plusieurs sous-espèces adaptées à différents biotopes avant la domestication[22], des souches sauvages capturées et domestiquées en différents lieux d'Eurasie[23]. En 2012, le fossé qui perdurait entre l'archéologie et la génétique est en partie comblé. Les premiers chevaux domestiques proviendraient bien de la partie occidentale de la steppe eurasiatique (Ukraine, Kazakhstan et Russie) mais les très nombreux repeuplements des troupeaux de chevaux domestiques en juments sauvages ont pu faire croire en l'existence de différents foyers de domestication, tout en multipliant les lignées dans le pool génétique du cheval domestique. Le cheval domestique proviendrait donc bien des steppes d'Eurasie à l'origine[24]. Une étude en 2019 met évidence, en plus des deux lignées de chevaux ayant perduré jusqu’à nos jours — les chevaux domestiques modernes et les chevaux de Przewalski —, deux lignées de chevaux aujourd’hui éteintes (une dans la péninsule ibérique il y a 4 000 ans et une en Sibérie)[25].
28
+
29
+ Le cheval est un animal quadrupède. Une terminologie spécifique s'applique aux différentes parties de son corps, dont des termes habituellement réservés à l'être humain, comme « bouche », « jambe », « nez » et « pied », contrairement à tout autre animal domestique. Sa hauteur se mesure au garrot, sorte de renflement situé à la jonction de l'encolure et du dos[26]. Par convention, le cheval a trois parties externes principales : l'avant-main, qui comprend la tête, l'encolure et les membres antérieurs ; l'arrière-main composée de la croupe, des hanches, des membres postérieurs et de la queue ; et le corps, la partie centrale[27]. Il porte une crinière et une queue dont les poils sont appelés crins[28]. L'étude de sa morphologie permet de décrire et d'apprécier la beauté, les défectuosités et les tares d'un animal[29].
30
+
31
+ L'anatomie du cheval comprend l'étude du squelette, des muscles, des tendons, du système digestif, respiratoire, reproducteur, cardiaque et nerveux. Il possède 469 muscles qui représentent environ la moitié de son poids[28]. Toutes ses particularités anatomiques (incapacité à vomir, possibilité de bloquer ses jambes pour dormir debout en phase de sommeil léger, etc.) résultent de sa niche écologique, celle des grands herbivores dont la fuite rapide est la seule défense[30]. Le pied du cheval est particulièrement important et doit faire l'objet de soins attentifs, justifiant l'expression populaire « pas de pied, pas de cheval »[31].
32
+
33
+ Les races issues de l'espèce chevaline sont nombreuses et variées. Cette grande diversité a pour origine leur adaptation à l'environnement (aptitude à jeûner, résistance aux hautes températures ou encore sûreté de pied en terrain montagneux), et surtout l'élevage sélectif puis les croisements opérés par l'homme sur le cheval domestique. Certains traits tels la rapidité, la capacité de portage ou encore celle à tracter de lourdes charges, ont été privilégiés[32]. Les races sont généralement divisées en trois grandes catégories : les chevaux de trait destinés à la traction, les chevaux de selle destinés à être montés (y compris chevaux de sport pour le haut niveau) et les poneys. Les cobs, chevaux à deux fins pouvant être montés aussi bien qu'attelés, sont parfois classés à part[33]. Pour le cheval comme pour bon nombre d'animaux domestiques, des listes d'ancêtres ont été établies et de nombreuses races possèdent un registre d'élevage qui peut être fermé (seuls les animaux descendants d'animaux déjà enregistrés peuvent faire partie de la race) ou ouvert (le registre accepte des croisements avec d'autres races). L'inscription d'un cheval à un tel registre est soumise à des règles de signalement et de conformité au standard de race[32]. Ces informations sont reprises par de vastes bases de données spécialisées[Note 3].
34
+
35
+ Les races les plus connues incluent le Pur-sang[34], l'Arabe[35], le Frison, le Pure race espagnole et son voisin le Lusitanien, le Quarter Horse, le Percheron, le Fjord[36], le Haflinger et le poney Shetland[37]. La liste des races de chevaux est toutefois riche de plusieurs centaines de races.
36
+
37
+ Le poney est un cheval de petite taille, souvent avec une conformation et un tempérament particuliers. Par rapport aux chevaux, ils présentent une crinière plus épaisse, une queue et un pelage plus fournis, ainsi que des jambes proportionnellement plus courtes, un corps plus large et une ossature plus lourde[38], bien que certains poneys puissent ressembler à des chevaux en modèle réduit. La Fédération équestre internationale (FEI) ne prend en compte que la taille pour définir un poney. Selon ses normes, tout cheval de moins d'1,50 m au garrot (ou 1,51 m ferré) est classé « poney », afin de faciliter les compétitions officielles[39].
38
+
39
+ Il y a toutefois des exceptions à cette classification, comme le Camargue[40] et l’Islandais[41], dont les éleveurs et utilisateurs refusent le classement comme poney. Le cheval miniature, malgré sa taille de 70 cm en moyenne, possède les caractéristiques extérieures d'un cheval.
40
+
41
+ De nombreux chevaux sont capables de retourner à l'état sauvage et de former des troupeaux. C'est le cas des mustangs aux États-Unis et des brumbies en Australie, qui sont considérés comme invasifs et provoquent des dégâts importants sur la flore et les sols[42]. Seul le cheval de Przewalski est resté totalement sauvage[43].
42
+
43
+ Le cheval peut s'hybrider avec d'autres équidés, mais l'animal hybride est généralement stérile. Le produit d'un entier et d'une ânesse est un « bardot », celui d'un âne et d'une jument est un « mulet » ou une « mule »[44], celui d'une jument et d'un zèbre est nommé « zébrule ».
44
+
45
+ La couleur des poils et des crins du cheval constituent sa robe. Très variées, elles sont un moyen d'identification de chaque animal, aussi font-elles l'objet d'une classification règlementée et d'un vocabulaire précis. Le nom des robes est basé sur la couleur des poils et des crins[45]. Les plus courantes sont le bai, l'alezan et le gris.
46
+
47
+ Les épis sont des zones de directions irrégulières des poils, dont le nombre et les localisations sont relevés dans le signalement des chevaux, afin de permettre leur identification. Les chevaux possèdent parfois des marques blanches sur les membres ou sur la tête, dont la taille et la forme peuvent varier. Ce sont des facteurs d'identification, des termes précis existent pour les décrire[46]. La balzane est une marque blanche au bas des jambes, suivant sa taille et sa forme, elle porte un nom différent[47].
48
+
49
+ L'éthologie équine est l'étude du comportement du cheval. Animal grégaire, le cheval vit en troupeaux d'une petite dizaine d'individus[48]. Il passe la majeure partie de son temps à se nourrir[49]. Il se rassure par des contacts physiques avec ses congénères, incluant des frottements et des grattages réciproques[50]. Le cheval consacre environ 15 à 16 h à s’alimenter, 5 à 7 h à se reposer, 1 à 2 h à se déplacer, 1 à 2 h à surveiller son environnement, et moins d'une heure aux autres activités[51].
50
+
51
+ Un troupeau typique se compose d'un étalon protecteur (rarement deux), de trois à quatre juments — dont la plus âgée est souvent dominante et leader — et de leurs poulains[52]. Ces derniers sont ensuite chassés par l'étalon vers l’âge de deux ou trois ans, ou partent d'eux-mêmes pour créer leur propre harem et assurer leur descendance[53]. Lorsqu'ils quittent leur troupeau natal, les jeunes chevaux se regroupent par 2 à 15, voire plus[54]. En liberté, l'étalon se constitue un harem et se reproduit uniquement avec les juments de celui-ci. Si un autre étalon veut s'approprier un autre harem ou agrandir le sien, il s'ensuit une bataille entre mâles pour la domination du troupeau, se limitant généralement à des phases d'intimidations et d’investigation olfactive. Ces intimidations dégénèrent parfois en combats pouvant être violents. Ils ne sont qu'exceptionnellement mortels[55],[56]. L'étalon vainqueur récupère le harem du perdant.
52
+
53
+ Une hiérarchie de type dominant/dominé est établie, généralement en fonction de l'âge des individus, de leur tempérament, etc. La hiérarchie est souvent pyramidale : A dominant B, qui domine C, qui domine D... Des hiérarchies triangulaires existent aussi : A domine B, B domine C, mais C domine A[57]. Cette hiérarchie se stabilise au bout de quelques mois de vie commune, et n'est en général pas ou peu remise en cause. Au sein du groupe, l'ordre et la hiérarchie se maintiennent par des manœuvres d'intimidation, notamment via un langage corporel très développé. Indépendamment des relations hiérarchiques, le cheval adulte a très souvent des relations privilégiées avec un ou deux autres congénères avec qui il entretient des relations étroites, notamment avec des séances de toilettage mutuel.
54
+
55
+ Le cheval déteste la solitude. Son groupe lui permet d'assurer constamment une surveillance face au prédateurs[58]. Les chevaux domestiques entretiennent eux aussi, de solides amitiés avec certains compagnons de pré ou d'écurie.
56
+
57
+ Le cheval communique généralement par le canal visuel, grâce au langage corporel. L'étude de sa gestuelle, des mouvements d'oreilles et des attitudes de sa tête permet de déterminer son humeur. Il couche ses oreilles en arrière s'il est en colère, et les pointe vers l'avant s'il est attentif[59]. Il emploie le hennissement lorsqu'il ne peut pas voir d'autres chevaux[60], le plus souvent afin de les appeler[61]. Les chevaux recourent au hennissement dès leur plus jeune âge, c'est un moyen pour eux d'exprimer des émotions fortes[62].
58
+
59
+ Les contacts entre chevaux peuvent être agressifs (morsure, coup de pied, bousculades) ou bien démontrer une affinité entre congénères, un exemple étant le toilettage mutuel (en). Le cheval analyse des odeurs en effectuant un flehmen, comportement particulier de flairage permettant l'activation de l'organe voméro-nasal qui a la particularité de détecter les phéromones. La possibilité d'une communication par télépathie est parfois évoquée[63], cette communication intuitive permettrait au cheval de ressentir l'état d'esprit de ses congénères et des humains[64]. Cette théorie n'est pas reconnue par la communauté scientifique[65].
60
+
61
+ Comme la plupart des grands herbivores, le cheval dort peu, de trois à cinq heures par jour, en raison de sa vulnérabilité aux prédateurs[66]. La croyance bien connue selon laquelle il dort debout provient de sa capacité à bloquer ses jambes pour somnoler dans cette position. Il ne s'agit toutefois que de sommeil léger. Pour ses phases de sommeil profond et de sommeil paradoxal, le cheval doit s'allonger entièrement. Dans cette position, il peut rêver[67].
62
+
63
+ En liberté, le mâle manifeste son activité sexuelle dès l'âge d'un an à dix-huit mois[68], et la jument est apte à pouliner dès deux ans[69]. En captivité, entiers et juments sont rarement autorisés à se reproduire avant l'âge de trois ans. La fécondation s'effectue de plus en plus souvent par insémination artificielle en sperme congelé. Une éjaculation d'un étalon est en moyenne de 70 ml. Cette technique permet aux éleveurs de disposer plus facilement d'un large choix de géniteurs mâles pour leurs poulinières. Pour des raisons économiques, certains éleveurs recherchent une naissance précoce au début de l'année, et parviennent à déclencher des chaleurs chez la jument en jouant par exemple sur l'intensité de l'éclairage[70].
64
+
65
+ La durée de gestation est en moyenne de onze mois, soit 330 jours[71]. La jument donne naissance à un poulain à la fois, sauf exception, généralement au printemps. Il peut marcher moins d'une heure après la naissance, et doit téter le colostrum de sa mère avant deux jours[72].
66
+
67
+ Un cheval de quatre ans est généralement considéré comme adulte, bien que son squelette continue de se développer jusqu'à huit ans. Sa croissance dépend étroitement de sa taille, sa race, son sexe, et la qualité des soins qui lui sont prodigués. En fonction de la maturité, de la race, et du travail attendu, les chevaux sont d'ordinaire débourrés et montés entre deux et quatre ans. Bien que les Pur-sangs, réputés pour leur précocité, puissent être montés dès deux ans dans certains pays, les chevaux de sport équestre ne le sont pas avant trois ou quatre ans car leurs os et leurs muscles ne sont pas totalement développés. En compétition d'endurance, les chevaux ne sont pas autorisés à concourir avant cinq ans révolus. L'âge où vient la vieillesse n'est qu'une notion subjective, mais elle se situe le plus souvent entre 16 et 20 ans[73]. Il n'existe ni race précoce ni race tardive, tous les chevaux ont la même croissance. Les os de la colonne vertébrale sont les derniers à se solidifier (vers 7-8 ans) c'est pourquoi débourrer trop tôt est dangereux pour le cheval.
68
+
69
+ Les différentes façons dont le cheval se meut sont nommées allures. Tous les chevaux en possèdent naturellement trois. Le pas, la plus lente, est en quatre temps et correspond à une vitesse de 8 ou 9 kilomètres par heure. Le trot, allure intermédiaire et sautée à deux temps, permet habituellement d'atteindre une vitesse de 15 à 18 km/h[74]. Le galop, la plus rapide, est une allure en trois temps, basculée et sautée, permettant d'atteindre une vitesse moyenne de 20 à 25 km/h, jusqu'à 60 km/h chez le Pur-sang[75]. Certains chevaux sont capables d'aller l'amble, allure où les deux membres d'un même côté se déplacent simultanément[76].
70
+
71
+ Le cheval saute naturellement les obstacles qui se présentent à lui, et effectue parfois des sauts sur place[77]. Il connaît le cabrer et la ruade, mouvements qui témoignent généralement d'une volonté d'attaque ou de défense de sa part[78].
72
+
73
+ Le dressage permet d'apprendre de nouveaux mouvements au cheval. L'apprentissage du rassembler est souvent nécessaire afin de les obtenir. Le pas espagnol est un pas lent caractérisé par une forte extension des membres antérieurs, le passage, un trot majestueux, et le piaffer, un passage sur place[79]. Le dressage classique inclut aussi des airs relevés travaillés à partir du cabrer et de la ruade, comme la levade, la croupade, la pesade et la cabriole[78].
74
+
75
+ Les allures peuvent présenter des irrégularités, telles l'aubin (mélange de trot et de galop) et le traquenard (trot désuni)[80].
76
+
77
+ Le cheval possède cinq sens, mais l'existence d'un sixième sens lui permettant de prévoir le climat ou un danger est souvent évoquée[81]. Les plus développés sont l'odorat, l'ouïe et le toucher. Sa vision est bichromatique[82], son angle de vue de 340 degrés, mais son acuité visuelle est moyenne à médiocre[83] bien qu'il voie très clair durant la nuit[84]. Son ouïe, très fine[85], lui permet de prévoir les tremblements de terre, de percevoir les ultrasons et de détecter les prédateurs[86].
78
+ Il possède un sens développé de l'odorat lui permettant entre autres de trouver de l'eau et de détecter une femelle en chaleur à 800 m[87], et un organe de Jacobson pour analyser les odeurs pendant le flehmen[88].
79
+
80
+ Le cheval est en principe peu attiré par le goût sucré, mais la fréquentation de l'être humain l'y a habitué[89]. Il possède un sens du toucher très développé sur la tête et le dos, et peut faire frémir une partie de son corps afin de chasser les mouches qui s'y posent[90]. Son pied est sensible aux variations de pression. Ses lèvres sont entourées de poils sensibles appelés vibrisses, comparables aux moustaches du chat[91].
81
+
82
+ Les chevaux sont des herbivores non-ruminants. Ils disposent d’un seul estomac, capable de digérer les fibres végétales qui proviennent de l’herbe et du foin, grâce à une fermentation par micro-organismes. Ce processus se déroule dans la partie du système digestif appelée cæcum, et aboutit à la décomposition de la cellulose, principal composant des fibres végétales[92]. Les chevaux préfèrent manger de petites quantités de nourriture de façon régulière tout au long de la journée[93]. Cela n'est pas toujours compatible avec la vie dans les écuries, ni avec les plannings des humains, qui favorisent le nourrissage deux fois par jour.
83
+
84
+ Le système digestif du cheval est délicat. Il est incapable de régurgiter sa nourriture, sauf depuis l’œsophage. Aussi, en cas d’excès de nourriture ou d’empoisonnement, vomir n’est pas possible pour lui[94],[95]. En outre, son côlon est particulièrement long et complexe, l'équilibre de la flore intestinale dans le cæcum peut être facilement bouleversé par des changements rapides d’alimentation. Ces facteurs le rendent sujet à des coliques, qui s’avèrent être la première cause de mortalité chevaline[96]. Ils requièrent une nourriture propre et de grande qualité, fournie à intervalles réguliers, et peuvent tomber malades lorsqu’ils subissent un brusque changement de régime alimentaire[97]. Les chevaux sont également sensibles aux moisissures et aux toxines. Pour cette raison, ils ne doivent jamais être nourris par des matières fermentables contaminées, comme la tonte de gazon[98].
85
+
86
+ Les chevaux étant des mammifères, ils ont toujours le sang chaud biologiquement parlant[99]. Des termes tels que « cheval à sang chaud », « cheval à sang froid » et « proche du sang » sont utilisés pour décrire le tempérament de l'animal[100].
87
+
88
+ Le races dites « à sang chaud » sont surtout d'origine orientale et incluent l'Akhal-Teke, le Barbe, l'Arabe, le Turkoman (maintenant éteint) et les Pur-sang développés à partir de ces derniers. Ils sont élevés pour leur agilité et leur vitesse, vifs, ils apprennent rapidement[101]. Physiquement raffinés, leur peau est mince, leur silhouette longiligne, et leurs jambes longues[102]. Ces races ont été importées en Europe depuis le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord lorsque les éleveurs souhaitèrent insuffler des qualités de vitesse et de vivacité aux montures de la cavalerie légère[101].
89
+
90
+ La plupart des chevaux de trait, puissants et musclés, sont « à sang froid ». Ils sont élevés à l'origine pour leur force, leur calme et leur patience, des qualités nécessaires pour tirer une charrue ou un lourd charriot rempli de passagers. Ils sont parfois surnommés les « doux géants »[103]. Les races les plus connues incluent le trait belge et le Clydesdale. Certains, comme le Percheron, sont un peu plus légers et vifs. D'autres, comme le lent et puissant Shire, sont créés pour labourer les champs aux sols lourds à base d'argile[103]. Les chevaux à sang froid regroupent aussi quelques races de poneys comme le Fjord[21].
91
+
92
+ Les demi-sang (ou Warmblood) comme le Selle français, le Hunter irlandais, le Trakehner ou le Hanovrien, sont à l'origine des montures produites pour l'armée et issues du croisement de cheptels locaux à sang froid avec des chevaux à sang chaud, comme l'Arabe ou le Pur-sang, afin d'obtenir un cheval ayant davantage de raffinement que le cheval de trait, mais aussi une plus grande taille et un tempérament plus calme que les chevaux de sang[104]. Certains poneys demi-sang ont été développés par croisement des cheptels locaux avec des chevaux de sang, par exemple le Connemara[105]. Désormais, les termes « demi-sang » et « warmblood » tendent à désigner un type spécifique de races qui dominent les sports équestres olympiques du dressage et du saut d'obstacles depuis les années 1970. Avant cette date, le terme français (demi-sang) désignait tout croisement entre une race dite à sang froid et une race dite à sang chaud. Parfois, ce terme est utilisé pour faire référence à des races de chevaux légers autres que les Pur-sangs[106].
93
+
94
+ Par le passé, les chevaux ont souvent été considérés comme des animaux stupides et incapables d'abstraction, soumis à leur seul instinct grégaire. Depuis le début du XXe siècle, des études (et des faits comme l'affaire Hans le Malin) ont mis en évidence leurs facultés cognitives dans la résolution d'un certain nombre de tâches quotidiennes, incluant la recherche de nourriture et la gestion de l'organisation sociale. Les chevaux sont également doués de bonnes habilités de visualisation spatiale[107]. Ils sont capables de reconnaître les humains qui les côtoient (et de se reconnaître entre eux) à partir du simple son d'une voix ou des traits d'un visage[108].
95
+
96
+ Ils font preuve d'intelligence dans la résolution de problèmes, sont doués de facultés d'apprentissage et retiennent les connaissances qu'ils ont acquises. Leurs résultats sont excellents en apprentissage simple, les chevaux sont aussi capables de résoudre des problèmes cognitifs avancés qui impliquent la catégorisation et l'apprentissage de concepts. Ils répondent bien à l'habituation, à la désensibilisation, au conditionnement pavlovien et au conditionnement opérant. Leur renforcement peut être positif comme négatif. Une étude suggère même que les chevaux sont capables de compter jusqu'à quatre[109].
97
+
98
+ Les chevaux domestiques tendent à savoir résoudre des problèmes plus complexes que les chevaux sauvages, parce qu'ils vivent dans un environnement artificiel qui inhibe leur comportement instinctif tout en apprenant des tâches non-naturelles[107]. Les chevaux sont, de manière générale, très sensibles aux habitudes. Ils répondent et s'adaptent bien mieux lorsque les mêmes routines et techniques sont utilisées de manière cohérente. Certains formateurs estiment que l'« intelligence » des chevaux est un reflet de celle de leur formateur, qui utilise efficacement les techniques de conditionnement et de renforcement positif pour former chaque animal à la manière qui correspond le mieux à ses inclinations naturelles. D'autres personnes qui travaillent régulièrement avec des chevaux notent que la personnalité peut aussi jouer un rôle pour déterminer comment un animal donné répond à des expériences diverses[110].
99
+
100
+ À l'état sauvage ou domestique, le cheval peut-être affecté par des parasites et des maladies telles que le tétanos, la grippe équine[111], la rage[112], la gourme, différentes affections respiratoires (emphysème…) et l'anémie infectieuse des équidés[113]. L'une des maladies les plus « classiques » chez le cheval est la fourbure, qui peut avoir différentes causes et se traduit par de vives douleurs au niveau des pieds[114]. La myoglobinurie, ou « maladie du lundi », et le « coup de sang » affectent les chevaux mis au travail dans de mauvaises conditions[115]. Les coliques, des troubles du système digestif, sont particulièrement dangereuses et difficiles à soigner et à prévenir, rendant nécessaire un contrôle strict de l'alimentation du cheval domestique[116]. Les maladies cardiaques, circulatoire, nerveuses, et les « vices d'écurie » n'affectent que les chevaux domestiques dans certaines conditions[117]. Les déformations permanentes du corps du cheval sont appelées des tares[118]. Toute affection de la locomotion est nommée boiterie, les causes possibles en sont nombreuses[119].
101
+ Le cheval craint également certains insectes comme le taon[120].
102
+
103
+ Le cheval est sensible à divers parasites, dont ceux du tube digestif, qu'il acquiert en mangeant (strongles, Parascaris equorum…)[113]. D'autres parasites causent la gale et des mycoses. Les tiques peuvent lui transmettre la piroplasmose et divers parasites dont des Borrelia, responsables de la maladie de Lyme[114].
104
+
105
+ En l'espace d'une génération, la civilisation du cheval vient de disparaître. Une civilisation quasi-universelle, dont l'origine se perd dans les millénaires, vient de mourir sans bruit, discrètement. [...] Il s'agit là d'une rupture décisive et irréversible dans l'histoire des sociétés[121].
106
+
107
+ L'alliance de l'homme et du cheval, animal qui a sans doute le plus marqué l’histoire et les progrès de l'humanité[122], dure plusieurs millénaires[123] durant lesquels le cheval devient l’auxiliaire favori de l'homme[124] pour le transport, la guerre et le travail. La première rencontre remonte peut-être à un million d'années, voire davantage, mais ces rapports demeurent ceux du prédateur et de la proie jusqu'à la domestication[125]. Le lien entre le cheval et l'homme est basé sur l'utilisation de la force musculaire de l'animal, au service des besoins humains[126]. Cette « exceptionnelle » association contribue significativement à l'évolution de la société, et se transforme radicalement au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[125]. La place symbolique du cheval est restée, à travers un grand nombre d'expressions populaires et l'utilisation de l'unité cheval-vapeur[126].
108
+
109
+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, ce qui correspond à un ratio de 8,7 chevaux pour 1 000 personnes. L'Amérique du Sud est le continent qui en compte le plus, l'Océanie celui qui en compte le moins[127].
110
+
111
+ La date de -4500, dans l'actuel Kazakhstan[128] est la plus largement reconnue quant à la domestication du cheval. Au sein de la culture Botaï, des traces d'attelage et de collecte de lait de jument ont été retrouvées[129]. Les découvertes archéologiques suggèrent plutôt plusieurs foyers de domestication[130] Ainsi, d'autres théories la situeraient au sud de la Russie, dans la Roumanie, ou en Ukraine vers le IVe millénaire av. J.‑C., pour l'hypothèse kourgane[131]. Le linguiste Winfred P. Lehmann soutient que le cheval est domestiqué depuis le VIIIe millénaire av. J.‑C., près de la mer Noire[132]. Une preuve irréfutable est l'utilisation de chariots funéraires dans la culture d'Andronovo, vers le IIe millénaire av. J.‑C.[133].
112
+
113
+ La domestication est aussi étudiée sur la base de la comparaison entre le matériel génétique des chevaux actuels et l'étude paléogénétique des os et des dents de chevaux trouvés au cours de fouilles archéologiques et paléontologiques. Les variations constatées au niveau du matériel génétique semblent montrer qu'un nombre très réduit d'étalons sauvages, et par contre un nombre élevé de juments sauvages, seraient à l'origine du cheval domestique[134],[135],[136],[137],[138]. En effet, il y a très peu de variabilité génétique au niveau du chromosome Y, transmis de mâle en mâle (lignée paternelle), alors que la variabilité de l'ADN mitochondrial, transmis par les mères (lignée maternelle) aux petits de tous les sexes, est très importante[134],[135],[136],[137],[138].
114
+
115
+ Il existe aussi des variations régionales dans l'ADN mitochondrial, dues à l'inclusion a posteriori de juments sauvages parmi des hardes déjà domestiquées[136],[137],[138],[139]. Une autre conséquence de la domestication est une augmentation de la variabilité des robes[140], chez le cheval, notamment entre 5000 et 3000 ans avant notre ère[141].
116
+
117
+ En Europe, les Grecs, Romains et Byzantins utilisaient le cheval pour la guerre, les communications, le transport mais aussi les courses de chars[142]. De leur côté, les Celtes vénéraient Épona, déesse des chevaux, dont le culte nous a été transmis du fait de son adoption par les troupes équestres romaines. Au Moyen-Orient, certaines tribus Perses semblent avoir sélectionné les pur-sang arabes[143][réf. souhaitée], chevaux du désert, robustes et élégants, ils inventent aussi le polo. Lorsque les Hyksôs envahissent l'Égypte au XVIIe siècle avant notre ère, les Égyptiens n'utilisaient les chevaux que pour des tâches civiles. La cavalerie, qui fera la puissance des pharaons du Nouvel Empire, était alors du côté de l'ennemi et sera un facteur déterminant dans la défaite égyptienne. En Afrique, la cavalerie numide est une unité importante des armées carthaginoises lors des guerres puniques tandis que la cavalerie romaine était réputée médiocre.
118
+
119
+ En Asie, le plus ancien char hippomobile à nous être parvenu intact provient de la tombe de l'empereur Chinois Wu Ding, mort en 1118 av. J.-C.. Le cheval était peu utilisé comme animal de trait dans l'agriculture mais les Chinois seraient à l'origine du collier d'épaule. Ils utilisèrent l'étrier au VIe siècle avant notre ère, la cavalerie formant le gros des troupes chinoises. Le cheval (馬) sert de moyen de transport et de communication (coursier). Quand le jeu de polo perse arriva à la cour de l'empereur, tout le monde s'en éprit. Les Chinois ne faisant pas d'élevage permanent des chevaux, ces derniers restaient un produit de luxe importé du Moyen-Orient.
120
+
121
+ Au Japon, le cheval sert d'animal de combat, de coursier et au transport de marchandises, mais dans ce dernier cas il est guidé par des hommes à pied[144], ce qui limite son potentiel. Des peuples d'Asie ont développé une unité militaire originale qui est l'archer à cheval.
122
+
123
+ Au Moyen Âge, des types spécifiques d'animaux sont développés. Le destrier est le plus connu, à travers l'image d'un énorme animal bardé de fer associé à son chevalier en armure complète, mais la réalité historique est plus nuancée[145]. Les prestigieuses et puissantes montures de guerre portent le chevalier en armure, son armement, une large selle et son caparaçon[146],[147]. Le coursier, plus rapide, est également utilisé pour la guerre[148]. Les chevaux de prestige et de parade, dits « palefrois », sont réputés très coûteux[149], tout comme la haquenée, jument des dames fortunées. Le roussin, de moindre valeur, sert occasionnellement de monture aux chevaliers les plus pauvres ou de cheval de bât[148]. L'utilisation du cheval pour la traction est accrue par la diffusion du collier d'épaule en Europe au XIIe siècle, permettant au cheval de trait de remplacer avantageusement le bœuf dans les exploitations agricoles[150]. Les chevaux médiévaux sont nommés d'après leur lieu d'origine, par exemple « cheval espagnol », mais ce terme se référait peut-être à plusieurs races[151]. D'importants progrès technologiques, comme l'amélioration des selles, l'arrivée de l'étrier, du collier d'épaule et du fer à cheval permettent des changements capitaux dans l'équipement équestre, pour la guerre et l'agriculture. L'Église interdit l'hippophagie en 732[149].
124
+
125
+ Au Moyen-Orient, les chevaux portent les cavaliers islamiques jusqu'en Espagne et des échanges culturels ont lieu à l'occasion des croisades et des invasions maures. Huit croisades, entre 1097 et 1300, font se rencontrer deux cultures équestres radicalement différentes, les chevaliers chargeant lourdement et essayant de désarçonner leurs adversaires, les Bédouins cherchant à tailler l'ennemi en pièce[152]. En Asie, la cavalerie est la principale force des armées mongoles et tartares.
126
+
127
+ À l'arrivée de la Renaissance, l'invention de la poudre à canon entraîne la fin de la cavalerie lourde et une nouvelle sélection du cheval de guerre. Des académies d'équitation sont créées, d'abord en Italie, pour obtenir des chevaux plus maniables[146]. L'école espagnole de Vienne est construite dès 1572, et les Habsbourg fondent le haras berceau d'élevage du Lipizzan à Lipica en 1580[153].
128
+
129
+ L'idée de mieux sélectionner les chevaux de guerre fait son chemin sous François Ier, et le 17 octobre 1665, Colbert ordonne la création des haras nationaux. Au XVIIIe siècle, la création de haras, d'écuries et d'écoles de dressage renforce la renommée des chevaux royaux, devenus plus légers et plus souples. À la veille de la Révolution française, l'État possède quinze haras nationaux et près de 750 reproducteurs. Ces haras sont supprimés par l'assemblée constituante en 1790[154].
130
+
131
+ Les Anglais croisent des chevaux pur-sang arabes et Barbes avec leurs espèces indigènes pour créer les Pur-sangs, fameux chevaux de course. Les premiers colons espagnols réintroduisent le cheval Barbe et andalou dans les deux continents américains. L'espèce y avait disparu depuis plus de huit millénaires. En 1519, Les conquistadores d'Hernán Cortés amènent avec eux onze chevaux et six juments[155] qui deviennent les premiers ancêtres des mustangs. Les Amérindiens n'ayant jamais vu ces bêtes, les conquistadores remportent de nombreuses batailles en passant pour des divinités. Cortez aurait déclaré : « Nous devons notre victoire à Dieu et à nos chevaux ». L'animal se répand rapidement, surtout en Amérique du Nord. Durant la conquête de l'Ouest, plusieurs centaines de milliers de chevaux sauvages peuplent le continent. Au XVIIIe siècle, les Amérindiens élèvent de grandes hardes de chevaux dont le nombre total dépasse les cent cinquante mille individus[réf. nécessaire]. À partir de ces mustangs dressés émergent la plupart des races américaines. Les Indiens Nez-Percés opèrent des sélections à partir des mustangs pour obtenir l'appaloosa.
132
+
133
+ Dans le calendrier républicain, le Cheval était le nom donné au 5e jour du mois de vendémiaire[156].
134
+
135
+ Les chevaux jouent un rôle indispensable dans les conquêtes napoléoniennes, et les pur-sang arabes sont des montures de choix pour la cavalerie. Au XIXe siècle, des programmes d'élevage transforment les races équines locales et en créent de nouvelles pour les besoins de la cavalerie, parallèlement, de puissantes races de chevaux de trait sont sélectionnées. L'arrivée successive du chemin de fer, des transports motorisés et du tracteur agricole signent le glas de la traction hippomobile au cours du XXe siècle dans la plupart des pays développés[126].
136
+
137
+ Les cavaliers évoluent : militaires, agriculteurs, voyageurs et marchands laissent leur place aux cavaliers de loisir, souvent des citadins à la recherche de sensations et d'un contact avec la nature, et de sport. Parallèlement, l'équitation où dominait le machisme à l'époque militaire, se féminise totalement[126]. Désormais, seuls les peuples cavaliers, et notamment les Mongols dont les enfants apprennent toujours à monter avant de savoir marcher, prouvent encore à quel point l'utilisation du cheval a été primordiale et déterminante dans l'histoire de l'humanité[125].
138
+
139
+ En 2008, d'après les données de la FAO, 58,7 millions de chevaux sont répertoriés dans le monde sur les cinq continents, principalement en Amérique du Sud. L'Océanie est celui qui en compte le moins[157].
140
+
141
+ Les activités liés au cheval génèrent des revenus considérables dans les pays développés, et font toujours partie d'une économie de subsistance dans les autres. En 2006, 100 millions de chevaux, ânes et les mulets sont utilisés pour l'agriculture et le transport de par le monde, dont 27 millions environ en Afrique[158]. Aux États-Unis, les activités liées aux chevaux ont un impact direct sur l'économie américaine de plus de 39 milliards de dollars en 2005. En considérant les dépenses indirectes, l'impact est plus de 102 milliards de dollars[159]. En France, en 2012, 53 000 petites entreprises et 72 000 emplois sont liés au secteur équestre. Il génère 12,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont plus de 10 milliards pour le PMU[160].
142
+
143
+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
144
+
145
+ De très nombreux métiers existent autour du cheval[161]. Les deux principales utilisations historique du cheval sont celle de monture pour un cavalier, et celle d'animal de traction. Ces deux objectifs donnent lieu à une classification entre le cheval de selle et le cheval de trait ou carrossier.
146
+
147
+ Les cavaliers professionnels, jockeys, drivers, les cavaliers d'entraînement et les lad-drivers[162] montent des animaux en compétition. Les entraîneurs, les premiers garçons, les coachs de compétition élaborent les plannings d'entrainement pour amener les chevaux au meilleur niveau. Les garçons de voyage et les techniciens d'hippodrome travaillent également dans l'univers des courses[162].
148
+
149
+ Les moniteurs, les animateurs poney et les accompagnateurs instruisent les nouveaux cavaliers et organisent les randonnées. Les directeurs de centre équestre sont chargés de la gestion des structures équestres.
150
+
151
+ Les éleveurs (et les étalonniers, responsables d'élevage[162]) font naître et commercialisent des chevaux. Les marchands de chevaux, vendeurs, loueurs d'équidés et la filière de la boucherie travaillent au quotidien avec ces animaux.
152
+
153
+ Certains métiers sont spécialisés dans les soins : les maréchaux-ferrants s'occupent de la ferrure et des sabots, les palefreniers (et les grooms, lad, cavaliers soigneurs, responsables d'écurie[162]) des soins quotidiens, les vétérinaires, ostéopathe, kinésithérapeute et dentistes équins des soins plus lourds. L'ethologue équin étudie le comportement des chevaux. L'équithérapeute et l'équicien utilisent le cheval comme partenaire thérapeutique.
154
+
155
+ Les métiers de garde à cheval ont pour objectifs la surveillance de manière écologique et le maintien de l'ordre. Ce sont les gardes républicains, gardes verts, les brigades équestres, les gendarmes à cheval. Les unités de premiers secours équine (recherche et sauvetage montés) peuvent intervenir en terrain accidenté, pour localiser les personnes et de fournir des secours en cas de catastrophe. Elles sont utilisées aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne[163].
156
+
157
+ Les cavaliers de spectacle allient art et équitation.
158
+
159
+ Le débardage en forêt peut se faire avec des chevaux, le cheval respectant les sols fragiles et travaillant sans bruit de moteur ni pollution. Les gardiens de troupeaux permettent l'élevage sur des grands territoires, souvent difficile d'accès : ce sont les cow-boys dans les pays anglo-saxons, les gardians en Camargue, les gauchos au Brésil, Csikós en Hongrie...
160
+
161
+ Dans de nombreux pays, le cheval est encore utilisé dans l'agriculture ou comme moyen de transport.
162
+
163
+ Des métiers annexes concernent la confection et la vente d'outils et d'instruments spécialisés : les selliers-bourreliers confectionnent les selles et les brides.
164
+
165
+ L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'en 2013, il y avait un peu plus de 58 millions de chevaux dans le monde, dont près de 32 millions en Amérique, 13,9 millions en Asie, 6,1 millions en Afrique, et 5,8 millions en Europe[164]. Les États-Unis comptent à eux seuls près de 10,3 millions de chevaux en 2013[164]. Le cheptel d’équidés français est estimé à 950 000 fin 2010, ceux de l’Allemagne et du Royaume-Uni à un million chacun en 2009. Ces trois pays totalisent plus de la moitié du cheptel équin européen[165].
166
+
167
+ Il existe plusieurs filières pour le commerce des chevaux. Pour celle des courses, les chevaux naissent dans des haras spécialisés pour cette sélection. Ces chevaux peuvent être mis en vente aux enchères, vendus et placés par leur propriétaire dans des haras qui se chargeront de les entraîner et de les faire courir. Après leur carrière, ils sont destinés ou non à la reproduction en fonction des résultats[166]. En 2013, aux États-Unis et en Europe, il s'est vendu au total 17 000 chevaux de course aux enchères, pour un prix moyen de 55 000 €[167]. Les gains générés par les victoires aux courses peuvent être substantiels. Par exemple, le cheval appelé « Lawman », vendu yearling à un prix de 75 000 € en 2005, a rapporté 1 858 000 € à son propriétaire en 2007. Certains investisseurs créent des sociétés pour acquérir ces chevaux et louent des places dans les haras pour les entraîner et les faire courir. Les meilleurs chevaux de plat se négocient à plusieurs millions d'euros.
168
+
169
+ La filière des sports équestres est liée à la carrière des chevaux de sport. Le prix d'un tel cheval est extrêmement variable, selon son âge, son degré de préparation et son potentiel en compétition. Le prix moyen des chevaux de trois ans vendus aux enchères en 2012 en France est de 9 000 €, mais peut grimper à près de 30 000 €, lors des ventes Fences[168]. Le prix moyen aux enchères de chevaux de sport de race Westphalien, Oldenbourg, Holsteiner, Hanovrien et KWPN, lors de ventes européennes « Elite » entre 2010 et 2015, oscille entre 20 000 et 45 000 €[169]. Pour les mâles aux résultats sportifs remarquables, la semence pour l'insémination artificielle est une source de revenus non négligeable.
170
+
171
+ Le commerce des animaux destinés au loisir, au tourisme ou aux travaux est plus traditionnelle et moins formalisée[168].
172
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173
+ Les chevaux peuvent terminer leur vie aux abattoirs[170]. En 2007, L’élevage de chevaux de trait concerne environ 11 500 professionnels en France, qui n'ont souvent que deux ou trois juments[171]. Selon les acteurs de la filière de viande chevaline, cette production aurait joué un rôle pour le maintien des neuf races de chevaux de trait en France, considérées comme menacées d’extinction par l’Union Européenne[171].
174
+
175
+ La valeur économique et affective des chevaux expliquent la diversité des soins qui leur sont prodigués, et les sommes que certains propriétaires peuvent dépenser pour leur cheval. Les palefreniers et les maréchaux-ferrant s'occupent de l'alimentation et des soins aux chevaux. Ces soins sont à pratiquer au quotidien (comme le pansage), ou en fonction des conditions climatiques, comme la tonte ou la douche. Les pieds doivent aussi faire l'objet d'un soin tout particulier. Ces derniers sont en effet graissés, parés et ferrés, si le travail quotidien de l'animal le nécessite. Lors de concours ou de compétitions, il peut aussi être amené à recevoir un toilettage particulier qui peut être complété par des nattes, voire, dans certains cas de rubans. Enfin l'entretien des boxes et des pâtures participe au bien-être des chevaux et à leur santé.
176
+
177
+ En 2004, 262 vétérinaires sont spécialistes équins en France[172]. Il existe également une recherche dans le domaine de la génétique équine. D'autres professions concourent aux soins médicaux. Les dentistes équins ont pour activité principale le limage des dents car celles du cheval poussent tout au long de sa vie. Les ostéopathes équins pratiquent une thérapie manuelle en appliquant les mêmes principes que l'ostéopathie pour l'homme. Les maréchaux-ferrants orthopédistes soignent certaines pathologies du pied en mettant des ferrures orthopédiques. Les palefreniers-soigneurs s'occupent des soins légers.
178
+
179
+ Il existe plusieurs techniques de relaxation telles que l'aromathérapie et la massothérapie. L'aromathérapie consiste à traiter un cheval à base d'huiles essentielles. L'aromathérapie est la base de la massothérapie. Dans cette dernière, on utilise souvent les huiles essentielles pour effectuer les massages. Dans le soin des blessures des jambes, l'hydrothérapie peut être utilisée, soit par massage par jet d'eau ou en faisant nager le cheval.
180
+
181
+ Les conditions de vie imposées aux chevaux en écurie ne sont pas toujours en adéquation avec leurs besoins physiques et sociaux, en raison de l'enfermement et de l'isolement. Le cheval étant une proie à l'état sauvage, il stresse s'il est enfermé. De plus, il doit disposer d'un espace permettant d'exprimer certains de ses comportements naturels, comme voir et toucher ses congénères, se rouler sur le sol et se coucher, choses impossibles dans une stalle ou un box trop étroits. Les chevaux domestiques qui vivent en collectivité sont plus équilibrés que ceux qui vivent isolés. L'enfermement ou tout environnement ne correspondant pas à ces besoins peut conduire à l'apparition de troubles comportementaux, les vices d'écurie[173].
182
+
183
+ La castration du cheval est pratiquée pour réduire leur agressivité, et favoriser la vie en groupe. Un étalon (mâle agréé à la reproduction) ou un entier (mâle non castré) peuvent être difficiles à contrôler en présence de juments en chaleur. Les chevaux de centre équestre sont en principe castrés vers l'âge de deux ans. Les entiers et les étalons sont plus musclés que les hongres, leur encolure est notamment beaucoup plus développée. Ils ont aussi davantage de prestance.
184
+
185
+ Le cheval est historiquement un animal de travail permettant le transport de passagers et la traction de matériel agricole. Il est encore très utilisé comme moyen de transport dans de nombreux pays du globe, pas seulement dans les pays en voie de développement, mais aussi dans certaines communautés ayant refusé le progrès, comme chez les amish, ainsi que pour certains travaux agricoles très spécifiques soit par leur nature, soit par la superficie de la surface à travailler. Dans les pays développés, on peut encore circuler avec lui, monté ou attelé, sur la voie publique pour des promenades ou randonnées par exemple. En ce sens, chevaux et cavaliers sont soumis aux règles du code de la route, lesquelles peuvent varier selon les pays[174].
186
+
187
+ Au cours du XXe siècle, le cheval a été délaissé dans les pays développés par suite de la motorisation. Il disparait du paysage des villes face à la montée de l'automobile. Paris hébergeait plus de 50 000 chevaux au début du XXe siècle, dont environ 10 000 dédiés aux transports publics. De nos jours, cette ville reste une des grandes capitales européennes où la circulation à cheval est interdite sauf par dérogation. Certaines races de cheval de trait ont failli disparaître avec la fin du halage et la mécanisation de l'agriculture.
188
+
189
+ Certaines utilisations traditionnelles du cheval ont toujours continué par tradition plus que pour des raisons économiques comme la surveillance de troupeaux en Camargue. En France, après avoir été délaissé en tant qu'outil de travail, le cheval est de nouveau employé dans de nombreuses tâches dans le cadre d'une société qui se veut davantage sensible à l'écologie. Le cheval passe dans des endroits difficilement accessibles au tracteur et n'endommage pas le sol. Le débardage est en développement grâce à un bon rapport rendement/coût dans certaines configurations de terrain. Exemple de lieux de débardage en France : bois de Vincennes (Paris), parc de La Courneuve (La Courneuve, Seine-Saint-Denis), parc de Saint-Cloud (Saint-Cloud, Hauts-de-Seine), etc. Longtemps associé à une image de sous-développement, le labour du sol par traction équine reprend de l'ampleur en particulier en viticulture. Cette pratique est tout particulièrement respectueuse des terroirs en limitant les tassements de sol dus au poids des engins agricoles motorisés, elle s'inscrit donc idéalement dans une démarche de développement durable[175].
190
+
191
+ Le cheval est utilisé par des unités de recherche et de sauvetage aux victimes au Canada. Le ramassage des ordures avec un cheval de trait est une utilisation anecdotique, mais réelle comme à Trouville (Calvados, France).
192
+
193
+ Certains pays du tiers-monde possèdent encore des combattants à cheval, comme les milices montées Janjawid au Soudan[176]. Cependant, peu d'armées utilisent encore le cheval, les unités de cavalerie étant principalement équipées de chars de combat. Dans certains cas exceptionnels, les chevaux sont encore utilisés sur des terrains difficiles d'accès, souvent comme animal de bât pour acheminer du matériel. Lors du conflit afghan les forces spéciales américaines ont dû utiliser des petits chevaux locaux[177]. L'armée autrichienne dispose de chevaux de race haflinger destinés principalement pour le bât en haute montagne. L'armée suisse est l'une des rares armées à former des chevaux pour ses activités opérationnelles. En effet, le pays étant au cœur des Alpes, le cheval est souvent le seul moyen d'accéder à certaines parties du territoire et d'y emmener du matériel. L'armée suisse emploie ainsi environ 600 chevaux.
194
+
195
+ Des unités montées subsistent, avec des objectifs maintien de l'ordre. Le cheval est ainsi employé dans des unités de police montée pour le maintien de l'ordre lors de manifestations ou d'émeutes[178], d'événements sportifs[179] ou de patrouilles[179]. Les cérémonies, les défilés et les reconstitutions font également partie des objectifs de ces unités qui montrent une image représentative de l'histoire et des traditions du pays qu'elles représentent.
196
+ Ainsi, outre la traditionnelle Garde républicaine qui, outre ses missions de représentation, assure des patrouilles montées dans des massifs forestiers ou jardins, il existe un renouveau des unités montées de police ou de gardien d'espaces verts. Un agent à cheval a une capacité de déplacement accrue, bénéficie d'une vision haute et dégagée, inspire le respect et rentre plus facilement en contact avec la population par l'intermédiaire de sa monture. Exemples de police montée : Gendarmerie royale du Canada (GRDC ou GRC), police montée à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, France), à Orléans (Loiret, France), etc. Des unités spécialisées assurent la protection de personnalités, comme la Horse guards au Royaume-Uni ou Garde royale marocaine.
197
+
198
+ Grâce à leur savoir-faire, nombre de militaires participent aussi à des compétitions sportives. Ainsi, entre 1912 à 1948, les épreuves équestres des jeux olympiques sont exclusivement réservés aux officiers, et ces trois disciplines olympiques voient encore aujourd'hui une forte participation de militaires. Le concours complet d'équitation (CCE) est d'ailleurs à l'origine un entraînement purement militaire des chevaux au combat[180].
199
+
200
+ L'équitation éthologique est une méthode pédagogique de dressage nouvelle s'inspirant largement de l'éthologie équine. Certains dresseurs de chevaux s'en réclament et donnent des cours de « dressage éthologique ». Ces dresseurs, les nouveaux maîtres, sont les disciples français des « chuchoteurs », traduction littérale de leur appellation anglaise, horse whisperers. Les pionniers sont les Américains Ray Hunt, Pat Parelli, Monty Roberts, Buck Brannaman, ainsi que les frères Bill et Tom Dorrance[181].
201
+
202
+ Certaines associations utilisent le cheval comme un intermédiaire qui contribue à la thérapie de personnes souffrant d'un handicap physique ou mental ou qui sont déstructurées socialement. Les mouvements du cheval contribuent à fortifier les muscles et l'équilibre du cavalier. Ce dernier est astreint à faire preuve d'attention et de raisonnement. Le cheval est également utilisé sans être monté. La thérapie consiste alors pour le patient à entrer en contact avec un animal et à interagir avec lui. Comme dans toutes les zoothérapies, l'animal est un catalyseur social permettant par exemple de faire parler des vieillards qui ne parlaient plus depuis des années. Le pansage du cheval permet aussi de revalider autant que possible des articulations fatiguées. Ces associations nécessitent des compétences diverses comme des infirmiers, des médecins, des kinésithérapeutes, des assistants sociaux, des éducateurs, des moniteurs d'équitation et des chevaux adaptés à leur activité[182].
203
+
204
+ La Fédération Française d'Équitation(FFE) organise désormais des concours paraéquestre de dressage et d'obstacle grâce à une réglementation adaptée aux cavaliers handicapés[183].
205
+
206
+ Il existe même des championnats nationaux et internationaux tirant la pratique vers des niveaux impressionnants.[réf. souhaitée]
207
+ L’équitation dite paraéquestre est pour la première fois inscrite au programme des Jeux Mondiaux en 2010[184].
208
+
209
+ De nos jours, le cheval est généralement utilisé monté (équitation), pour le loisir (balades et randonnées) ou en compétition de sports équestres ou hippiques (courses de plat, de trot, course de haies, steeple-chase, cross-country)). Il peut aussi être attelé.
210
+
211
+ Il existe une grande variété de sports équestres et d'activités avec cet animal. Cela inclut des activités ludiques telles que les le pony-games[185], l'équifun[186], l'equifeel[187] et les spectacles équestres ; des disciplines sportives telles que le dressage[188], le saut d'obstacles[189], le hunter[190] et le Concours complet d'équitation[191]. Les jeux équestres coopératifs par équipes comptent le polo[192], le polocrosse[193], le horse-ball[194], et le pato argentin.
212
+
213
+ Parmi les disciplines traditionnelles figurent la voltige en cercle[195], l'équitation Western[196] (dont le gymkhana), l'endurance[197], le tir à l'arc, le Ski joëring[198] et la monte en amazone[199]. Certaines pratiques sont propres à des régions géographiques particulières, telles que la Doma vaquera[200], l'équitation Camargue[201], islandaise[202], portugaise[203], de travail[204], le rodéo, et le cheval de chasse[205] ; notons aussi le Campdrafting (en) en Australie.
214
+
215
+ Les joutes équestres sont une reproduction sécurisée des joutes médiévales, comme le tent-pegging[206] en Inde. Le tir à l'arc à cheval[207] ou le yabusame[208] sont issus de pratiques militaires.
216
+
217
+ Trois sports équestres sont présents aux Jeux olympiques[209] :
218
+
219
+ Concours de saut d'obstacles.
220
+
221
+ Cheval de dressage sur une reprise.
222
+
223
+ Épreuve de cross.
224
+
225
+ Enfin, le cheval est apprécié comme animal de compagnie.
226
+
227
+ La viande de cheval est une viande rouge appréciée dans certaines régions comme la Iakoutie[210], mais considérée comme taboue dans d'autres, dont le Royaume-Uni, l'Irlande[211], les États-Unis, et de plus en plus en France. Cette aversion pour l'hippophagie provient historiquement de son interdiction par les papes Grégoire III en 732 et Zacharie en 751[212]. Elle est désormais motivée par la proximité avec le cheval, de plus en plus considéré comme un animal de compagnie[213].
228
+
229
+ La consommation de lait de jument est traditionnelle et abondante dans les pays de l'ex-URSS, où des races chevalines laitières sont sélectionnées[214]. Le crin, le cuir et l'urine du cheval sont également utilisés.
230
+
231
+ Depuis ses premières représentations sur les parois des grottes préhistoriques (telles que la grotte de Lascaux), le cheval est présent dans la culture humaine. Cette présence concerne aussi bien mythes, légendes et religions que les œuvres d'art, des jeux et des jouets ou encore la fiction. Nombre de peuples indo-européens, tels les Germains et les Celtes[215], développent des cultes et des rituels liés au cheval et à son sacrifice. De par sa proximité historique avec la vie de l'homme, le cheval donne de nombreux idiotismes animaliers dont des expressions sont encore utilisées, comme « Prendre le mors au dents » ou encore « Un remède de cheval » dans la langue française. Sa puissance de traction continue d'être utilisée comme référence pour les moteurs, avec les unités du cheval-vapeur et du cheval fiscal.
232
+
233
+ La racine indo-européenne du mot « cheval » est *h₁éḱwos, tous les termes issus de la langue indo-européenne primitive pour désigner le cheval en dérivent[216], tel le latin classique equus[217] et le sanskrit ásva[218]. Le terme « cheval » est issu du latin populaire caballus et désigna d'abord un « mauvais cheval », puis un hongre et, populairement, un « cheval de travail »[7]. Ce mot dont l'usage est attesté au IIe siècle est probablement d'origine gauloise[219] (cf. gall. ceffyl, irl. capall) et remplace, sans doute avant le milieu du IIIe siècle[Note 4], le classique equus[220]. Les principaux dérivés du mot « cheval » sont « chevalier », « chevalière », « chevalerie », « chevaucher », « chevalet », « cavale », « cavalier », « cavalerie » et « cavalcade ».
234
+
235
+ D'autres termes savants liés au cheval sont empruntés au grec ancien híppos (ἵππος), d'où l'adjectif « hippique » ou le terme « hippodrome ». Cette racine grecque se retrouve aussi dans le prénom « Philippe » (qui aime les chevaux), « Hippolyte » (qui délie les chevaux), « hippocampe » (cheval cambré), et hippopotame (cheval du fleuve)[220]. Le latin equus est lui aussi issu de cette racine indo-européenne, à l'origine des termes comme « équidés », « équitation » et les adjectifs « équestre » et « équin »[221].
236
+
237
+ Chez les Amérindiens, le cheval est parfois désigné sous le nom de « grand chien »[222]. Le caractère sigillaire montre un œil et la crinière du cheval dans sa partie supérieure, et la partie inférieure ses membres et sa queue.
238
+
239
+ De nombreux termes familiers, péjoratifs ou anciens désignent aussi le cheval. Parmi les termes péjoratifs figurent notamment « bidet », « bourrin », « canasson », « carne », « rosse » et « haridelle »[223].
240
+
241
+ Le cheval est très présent dans les mythes, légendes et religions. La mythologie grecque connaît le fameux cheval ailé Pégase, les Centaures mi homme et mi-chevaux, les cavales de Diomède carnivores ou encore le cheval de Troie. Les peuples celtes lui accordent une grande place à travers des déesses comme Épona. Certaines croyances perdurent jusqu'à nos jours, comme celle de la kelpie, esprit du mal aquatique du folklore écossais en forme de cheval qui transporte ses victimes dans l'eau. La mythologie nordique mentionne aussi un très grand nombre de chevaux dans les Eddas et les sagas, dont Sleipnir, l'étalon à huit jambes du dieu Odin. Un signe zodiacal chinois correspond au cheval. En Inde, l'un des avatars de Vishnou est le cheval blanc et cet animal est lié à Indra, divinité de la guerre. Dans le légendaire coréen, Chollima est un cheval ailé, trop rapide pour être monté.
242
+
243
+ Dans la religion chrétienne, les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse montent chacun l'un des quatre chevaux apparus à l'ouverture des quatre sceaux. Au Moyen Âge, l'image du cheval réapparaît à travers la licorne, animal fantastique et christique possédant une longue corne sur le front. Saint Georges, martyr chrétien, est souvent représenté à cheval en train de terrasser un dragon. Selon certains contes arabes, Allah a créé le cheval à partir d'un poignée de vent du désert[224]. Les chevaux jouent un rôle important dans tous les textes fondateurs arabes. Ainsi, Al-Bouraq, dont le nom signifie « éclair », est le cheval ailé à tête de femme et queue de paon sur lequel Mahomet, guidé par l'archange Gabriel, voyage de nuit de La Mecque à Al-Aqsa (la mosquée lointaine) au cours du Miraj.
244
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245
+ Le cheval est très représenté dans l'art[225]. De nombreux peintres comme Théodore Géricault et George Stubbs se sont pris de passion pour cet animal. Son intérêt militaire a fait de la statue équestre un genre particulier, représentation hagiographique d'un chef d'État, chef militaire ou héros. La plus ancienne encore intacte est celle de Marc Aurèle à Rome. La plus grande connue est celle du cheval de Léonard. Le cheval est aussi célébré en poésie, dans des chansons dites populaires, ou encore en photographie.
246
+
247
+ Compagnon constant des héros, le cheval est plus rarement mis en scène pour lui-même. Ainsi, la jument Rossinante de Don Quichotte et à l'époque contemporaine, Jolly Jumper (la monture de Lucky Luke), le Tornado de Zorro ou encore Gripoil (en version originale ShadowFax), cheval de Gandalf dans Le Seigneur des anneaux accompagnent essentiellement leur maître en lui servant de monture.
248
+
249
+ Au XIXe siècle, l'anglaise Anna Sewell créé le premier roman animalier avec Black Beauty, narré par le cheval lui-même. Le film Crin-Blanc met aussi un étalon de Camargue libre au centre de l'œuvre dont il donne le titre. Le Cheval venu de la mer, film irlandais de Mike Newell, met en valeur l'importance de l'animal en Irlande et dans les croyances populaires. La série de romans L'Étalon noir raconte les aventures de Black, grand crack de course, et d'Alec son jeune jockey. Elle donne plusieurs films ainsi qu'une série télévisée.
250
+
251
+ Les aventures de la jument Flicka sont racontées dans les romans de Mary O'Hara, Mon amie Flicka, Le Fils de Flicka et L'Herbe verte du Wyoming. Monsieur Ed, le cheval qui parle (Mister Ed), est le héros d'une série télévisée populaire des années 1960. L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, best-seller de Nicholas Evans a donné le film de Robert Redford, l'un des plus grands succès cinématographiques autour du cheval. Ce film est en grande partie responsable du succès de l'équitation éthologique dans les pays occidentaux. Le film Hidalgo conte l'histoire d'un mustang qui participe à une grande course en Arabie.
252
+
253
+ Certains chevaux sont passés à la postérité. Ils peuvent l'être grâce à la notoriété de leur propriétaire, d'autres ont brillé par leurs performances. Quelques-uns possèdent des particularités physiques remarquables. Le pharaon Ramsès II parle longuement de ses deux chevaux d'attelage favoris[226]. Durant l'Antiquité grecque, Bucéphale, le cheval d'Alexandre le Grand, entre dans la légende. Réputé indomptable, il avait peur de son ombre. Seul son maître aurait pu le monter[227]. Sous l'Empire romain, le cheval Incitatus est nommé consul par Caligula[228]. Le Cid aurait demandé à monter pour la dernière fois son cheval blanc Babieca au combat, alors qu'il était mortellement blessé[229]. Le cheval de Mazeppa, « bourreau malgré lui », devient une figure récurrente du romantisme[230]. Shakespeare fait passer le cheval Roan Barbary, favori du roi Richard II d'Angleterre, à la postérité[231].
254
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255
+ Old Billy est le plus vieux cheval connu. Présumé né en 1760, il est mort le 27 novembre 1822, à l'âge de 62 ans[232]. Le Vizir, un petit cheval Arabe gris, est la plus célèbre monture de Napoléon Ier[233]. Le poney sibérien Serko a parcouru 9 000 km dans l'Empire russe en deux cents jours, fin 1889. Cet exploit a inspiré un roman et un film[234]. Iris XVI, un cheval, alezan du maréchal Leclerc a été fusillé pour acte de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, car il a tué un officier allemand[235].
256
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257
+ Dans les années 1920, Uranie remporte trois fois le Prix d'Amérique, un exploit réitéré par sa petite-fille Roquépine dans les années 1960[236]. Dans les années 1970, Bellino II se montre aussi performant au trot attelé qu'au trot monté puisqu'il décroche entre autres trois Prix d'Amérique, trois Prix de Cornulier, et trois Prix de Paris[237]. Ourasi est quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, un record[238]. Le Suédois Copiad a une carrière impressionnante, tout comme le Français Idéal du Gazeau. D'autres trotteurs sont connus pour leurs temps records, comme Général du Pommeau, qui gagne le Prix d'Amérique de l'an 2000 en 1 min 12 s 60 centièmes.
258
+
259
+ Le trotteur italien Varenne, surnommé « Il Capitano », a battu le record mondial des gains dans les années 2000[239], avec 6 035 666 €[240].
260
+
261
+ Des galopeurs ont réussi à rester invaincus durant leurs carrières, comme Eclipse, un cheval de course britannique, au XVIIIe siècle, l'Australienne Black Caviar dans les années 2010[241], ou encore l'Italien Nearco, les Irlandais Frankel et Zarkava, et les Anglais Regulus et Ribot.
262
+
263
+ Parmi les chevaux au palmarès exceptionnel, se distinguent Hyperion, l'un des chevaux de course des années 1930, ayant remporté, entre autres, le Derby d'Epsom et le St. Leger Stakes[242], Seabiscuit, cheval américain de course, ayant redonné l'espoir à des millions de personnes durant la Grande Dépression par ses victoires inattendues, le Japonais Orfevre[243], et l'Irlandais Sea The Stars seul cheval, à avoir réussi le triplé 2000 Guinées/Derby/Arc la même année, en 2009.
264
+
265
+ D'autres sont connus pour leurs temps records, comme le Canadien Northern Dancer[244], ayant remporté le Kentucky Derby en 1964 en un temps record, record qui a perduré jusqu'en 1973[245].
266
+
267
+ Enfin, des chevaux de course ont battu des records de gains, comme l'Argentin Invasor ayant remporté 7,8 millions de dollars de gains, le Japonais Deep Impact avec 10 795 019 €, la Française Trêve 7 344 583 €, ou les purs-sangs américains Zenyatta et Spectacular Bid, avec 7 304 580 $ et 2 781 607 $ (un record dans les années 1980).
268
+
269
+ Al Capone II, un petit cheval d'1,62 m, a remporté de nombreux titres grâce à sa détente extraordinaire. Il a remporté 7 fois le Prix La Haye Jousselin.
270
+
271
+ Persik, un cheval russe de race arabe, a gagné un nombre impressionnant de courses d'endurance, et est le père de nombreux gagnants en raids nationaux et internationaux. Les Émirats arabes unis ne sont pas en reste avec SAS Alexis, Yamamah ou Ciel Oriental. Le français Tauqui el Masan, un étalon pur-sang arabe, est connu à la fois pour sa carrière sportive dans les années 1990 et sa carrière de reproducteur[246].
272
+
273
+ Jappeloup de Luze, médaillé d'or de saut d'obstacles aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 sous la selle de Pierre Durand. Milton, cheval de John Whitaker, au palmarès exceptionnel et considéré par beaucoup comme le meilleur cheval de saut d'obstacles de tous les temps. Huaso, pur-sang chilien détenteur du record du monde de hauteur en saut d'obstacles depuis 1949 avec 2,47 m.
274
+
275
+ Certains chevaux accèdent à la célébrité grâce au spectacle ou à un physique particulier, comme Stormy, une femelle zébrule issue du croisement d'un zèbre et d'un cheval, dressée grâce aux méthodes éthologiques d'Andy Booth, ou encore Tritonis, le plus grand pur-sang anglais, mort en septembre 1990 à l'âge de sept ans, qui mesurait 1,98 m et pesait 950 kg[247]. Templado est un cheval lusitanien du spectacle équestre Cavalia, réputé pour son allure et son immense crinière, et Zingaro, un cheval frison noir ayant appartenu à Bartabas, qui a donné son nom à la troupe.
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1
+ Capra hircus
2
+
3
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
4
+
5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
6
+
7
+ Espèce
8
+
9
+ La chèvre domestique (Capra hircus ou Capra hircus hircus, Linnaeus, 1758) est une espèce de mammifères herbivore ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprins. La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve aussi à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.-C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
10
+
11
+ Les termes chèvre, Capra et caprin dérivent du latin capra (chèvre) et caprinus, (adj. relatif à la chèvre, caprin). L'épithète spécifique dérive du latin hircus, nom désignant le bouc[1]. Bouc proviendrait du Gaulois bucco[2] auquel pourrait aussi être rattaché les mots de langues régionales désignant la chèvre : bique et bezie (poitevin).
12
+
13
+ On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie de l'évolution. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
14
+
15
+ Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
16
+
17
+ On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend l'ancienne épithète spécifique) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4].
18
+
19
+ La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[5] (environ dix mille ans av. J.-C.), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande, sa peau et son cuir.
20
+
21
+ La chèvre (Capra aegagrus) semble avoir été domestiquée une première fois il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
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23
+ La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rébecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
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25
+ Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[6]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
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+
27
+ La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
28
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29
+ La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
30
+
31
+ La chèvre est un animal d'assez petite taille, à cornes arquées ou sans corne (« motte », polled pour les anglo-saxons[7]), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs et les petits sont des chevreaux ou chevrettes (parfois encore appelés cabris).
32
+
33
+ Les yeux de la chèvre ont une particularité, leur pupille est rectangulaire et horizontale, ce qui lui donne un regard étrange ; cela lui permet en fait d'avoir un plus large champ de vision.
34
+
35
+ La chèvre adulte a 32 dents : 8 incisives inférieures qui s’appuient sur la gencive supérieure qui forme un bourrelet résistant (elle n'a pas d'incisives supérieures). Le fond de la bouche est garni de 24 molaires (12 à chaque mâchoire).
36
+
37
+ Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[8] par cellule. La chèvre mesure entre 80 et 100 cm, et pèse, selon ses origines, entre 15 et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
38
+
39
+ La chèvre bêle, béguète ou chevrote.
40
+
41
+ Squelette (Capra hircus).
42
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+ Mamelles et trayons.
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+
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+ Une chèvre « motte » (sans corne[7]).
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+ Les yeux dorés d'une chèvre.
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+
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+ L'œil doré d'une chevrette.
50
+
51
+ La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité ; poussée par son instinct d'exploratrice, elle se retrouve parfois dans des positions délicates.
52
+
53
+ Les chèvres raffolent de l'herbe à la puce, de l'armoise tridentée, de l'euphorbe ésule et du kudzu. Voilà pourquoi elles sont les stars du désherbage sélectif. On a recours à ces brouteuses pour éliminer les végétaux indésirables, telles les espèces invasives et les broussailles alimentant les feux de forêt. Cette pratique est populaire en Amérique du Nord et en Australie. La location de troupeaux a commencé à prendre de l'essor il y a une dizaine d'années, selon John Walker, écologue à l'université Texas A&M. On utilise à la fois des moutons et des chèvres, mais ces dernières sont plus appréciées en raison de leurs goûts éclectiques, de leur bon équilibre sur un terrain pentu et de leur capacité à brouter plus haut, en appui sur leurs pattes arrière. Les chèvres - dont un troupeau de cent têtes peut se louer 150 euros la journée - arrachent aussi les feuilles avec précision. De nombreux clients tels que les parcs, les ranchs et ou encore des particuliers font appel à leurs services[9].
54
+
55
+ Une chèvre suitée - c’est à dire avec son ou ses chevreau(x).
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+
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+ Chèvre blanche.
58
+
59
+ Une chèvre croisée dans un sentier suisse.
60
+
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+ La chèvre se nourrit de peu, mais elle peut contribuer à la déforestation, voire à la désertification par surpâturage (ici au Cap-Vert).
62
+
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+ La chèvre aime se nourrir aux arbres (ici au Parc Fond’Roy à Uccle), Belgique.
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+
65
+ Une chèvre dans un arbre. Novembre 2015.
66
+
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+ Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen, etc.) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
68
+
69
+ Beaucoup d'espèces de chèvres sont victimes d'infestations parasitaires. Les vers intestinaux peuvent être éradiqués par vermifugation. Il convient de contenir également l'infestation du pelage par les puces, tiques ou autres parasites[10].
70
+
71
+ La chèvre est un ruminant: elle possède quatre estomacs. Dans un premier temps, elle avale grossièrement ses aliments puis les régurgite lorsqu'elle est au calme pour les mâcher, c'est ce que l'on appelle la rumination. Elle les avale de nouveau ensuite dans un autre estomac où ils poursuivent leur digestion
72
+
73
+ Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de :[réf. nécessaire]
74
+
75
+ La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chèvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
76
+
77
+ La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'été (environ 60 jours après que les jours commencent à décliner). La gestation dure 5 mois, au terme de laquelle la chèvre met bas un ou plusieurs chevreaux. On procède au sevrage des petits à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
78
+
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+ La chèvre est parfois utilisée comme organisme modèle ou animal de laboratoire. Des chèvres transgéniques ont été produites[11],[12],[13],[14],[15] puis utilisées pour produire des molécules chimiques complexes (qui peuvent d'ailleurs être légèrement différentes de ce que l'on attendait[16] puis modifiées en intégrant des gènes humains dès le début des années 1990)[17], pour produire des hormones humaines (2000)[18] notamment au Brésil[19].
80
+
81
+ Plus récemment (2005/2006), des chercheurs de l'industrie des biotechnologies ont ainsi produit des chèvres transgéniques qui synthétisent dans leurs glandes mammaires des molécules qu'on peut ensuite extraire, dont le lysozyme (hLZ) humain[20] qui a été testé comme complément alimentaire dans l'alimentation animale donnée à des cochons (il semble améliorer le fonctionnement de leur intestin)[21].
82
+
83
+ Le genre Capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
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+
85
+ L'Alpine est originaire du massif alpin Suisse et Français. Le berceau de la race se situe en Suisse où elle conserve un cheptel notable. C'est la race la plus répandue en France. Morphologie : poil ras ; robe de couleur variée passant du blanc pur au blanc tacheté de brun, de fauve, de gris, de noir, de pie ou de roux. Les troupeaux sélectionnés génétiquement présentent une couleur plus homogène, marron avec les extrémités et la ligne dorsale noire. La poitrine est profonde, le bassin large et peu incliné. Les membres sont solides, les articulations sèches et les aplombs corrects. La mamelle est volumineuse, bien attachée, se rétractant bien après la traite. Les trayons sont distincts de la mamelle, sont dirigés vers l'avant et sensiblement parallèles. C'est une chèvre de format moyen : 50 kg à 70 kg pour la femelle ; 80 kg à 100 kg pour le mâle. Rustique, très appréciée pour ses qualités laitières et d'élevage, la race Alpine s'adapte aussi bien aux systèmes d'élevages stabulatoires qu'aux pâtures de basses plaines ou d'altitude.
86
+
87
+ La Saanen (ou chèvre de Gessenay), blanche à poils courts, généralement dépourvue de cornes (mais certaines ont une paire de cornes de taille moyenne tournées vers l'arrière), calme et excellente laitière. Elle est originaire de la haute vallée de la Sarine (Saane en allemand). Sa renommée en tant qu'animal de rente a entraîné l'implantation de la race dans de nombreux pays. On peut considérer aujourd'hui que la Saanen est la race la plus répandue mondialement parmi les races laitières caprines. C'est un animal trapu, solide et paisible, aux qualités très laitières qui s'adapte très bien aux différents modes d'élevage notamment intensifs. Morphologie : poil court, dense et soyeux ; robe uniformément blanche ; tête avec un profil droit ; poitrine profonde, large et longue, caractérisant une grande capacité thoracique ; épaule large et bien attachée; garrot bien en viande ; aplombs sont corrects et allures régulières ; mamelle globuleuse, bien attachée et larges à la base. C'est une race à fort développement: 50 kg à 90 kg pour la femelle ; 80 kg à 120 kg pour le mâle.
88
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89
+ La Toggenbourg, excellente laitière, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche. Souvent utilisé durant le haut Moyen Âge comme animal sacrificiel pour les rituels de fertilité des fêtes de la Saint-Abondance, elle était ensuite dépecée, et sa peau utilisée pour fabriquer des pagnes qui étaient alors portés par les jeunes hommes entrant dans l'âge adulte, lors des cérémonies de passation des pouvoirs.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ La chèvre poitevine est une race originaire des alentours des sources de la Sèvre niortaise, dans le centre ouest de la France. Élevées en petits troupeaux familiaux, les chèvres poitevines étaient plus de 40 000 au début du XXe siècle. En 1925, une épizootie de fièvre aphteuse a décimé les troupeaux poitevins. C'est à partir de souches prélevées dans les Alpes que le troupeau fut progressivement reconstitué. On dénombre aujourd'hui environ 2 800[22] femelles principalement élevées dans le berceau de la race en Poitou-Charentes. Voici sa morphologie : robe de couleur brune, plus ou moins foncée, parfois presque noire dite "en cap de maure" ; poils semi-longs sur le corps et sur les cuisses ; face inférieure des membres, dessous du ventre et de la queue blancs ou très clairs ; face comportant une raie blanche de chaque côté du chanfrein encadrant une tête fine, triangulaire. La chèvre poitevine est avec ou sans cornes, avec ou sans barbiches ou pampilles. La poitevine est une chèvre de format moyen à grand, d'aspect longiligne. Les mâles peuvent atteindre 75 kg. La chèvre pèse entre 40 kg et 65 kg. Sa taille au garrot est de 70-80 cm. Rustique et de caractère paisible, la chèvre poitevine est appréciée pour son lait typique aux grandes qualités fromagères. Elle présente de bonnes capacités pour valoriser les pâturages et les fourrages grossiers.
92
+
93
+ La chèvre provençale est une race française de Provence. Elle fait partie des races à petit effectif, puisqu'on compte environ 1 000 chèvres en 2013. La couleur de la robe peut être très diversifiée, c'est une chèvre aux oreilles longues et tombantes, parfois recourbées. Elle a le poils long en particulier sur les cuisses.
94
+
95
+ La chèvre du Rove est une race française des Bouches-du-Rhône, faisant partie des races à petit effectif, le cheptel compte environ 8 000 bêtes en 2013. La robe est généralement de couleur marron-rouge et parfois tachetée de blanc. Elle possède des cornes de section triangulaires et torsadées de taille importante qui permette de la reconnaître facilement. Avec son lait on fabrique un fromage typique appelé la Brousse. C'est une race mixte puisqu'elle est utilisé pour la production de lait et la transformation fromagère, mais aussi pour la production de cabris.
96
+
97
+ La chèvre Boer améliorée est apparue au début des années 1900 lorsque des éleveurs d'Afrique du Sud ont commencé à sélectionner pour une chèvre démontrant une bonne conformation bouchère, une croissance et une prolificité élevées, une bonne qualité de carcasse, un pelage court blanc sur le corps et rouge (variant de cannelle à presque noir) sur la tête et le cou. En 1993, la chèvre Boer est apparue au Canada et elle a été importée pour la boucherie. Ses oreilles sont pendantes et son nez est assez arrondi ou busqué. Ses cornes sont rondes et courbées vers l’arrière.
98
+
99
+ Aux États-Unis, on retrouve la chèvre Tennessee ou chèvre myotonique. Cette espèce de chèvre est présente principalement au Tennessee et au Texas. Cette race remonte à la fin des années 1800. Cette variété de chèvres a la particularité de se tétaniser littéralement quand elle est stressée ou surprise : l’animal tombe sans pouvoir bouger pendant environ une vingtaine de secondes. Cette chèvre est affectée par la myotonie (c.-à-d. une contraction involontaire et temporaire des muscles lors d’un stress), ce qui expliquerait la tendreté de la viande et la forte musculature de la carcasse de cette race. L'origine de la chose serait une mutation génétique héréditaire. Cette chèvre est surtout élevée pour son potentiel en boucherie. Il existe trois différents types dont un seul est potentiellement intéressant pour la production de boucherie. Seul un type de grande taille à forte musculature et myotonique peut être qualifié de chèvre Tennessee. Ces lignées produisent une chèvre désaisonnalisée, très résistante aux parasites, très maternelle, à facilité de mise bas, très facile à garder et à manipuler puisqu’elle ne saute pas, probablement le meilleur rendement de carcasse, mais à croissance très lente. Il existe des lignées anciennes avec un potentiel de boucherie très intéressant. À propos de cette chèvre, on dit qu'elle feint la mort, ce qu'on appelle la thanatose (du grec ancien θάνατος, thanatos, « mort »), et consiste à simuler la mort, afin d'échapper à un prédateur. De nombreux animaux ont recours à cette technique, comme l'opossum, la couleuvre à collier, certains poissons, oiseaux, coléoptères, insectes et amphibiens.
100
+
101
+ La chèvre nubienne est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
102
+
103
+ Même chose que pour la Nubienne, la Mancha est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
104
+
105
+ Des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
106
+
107
+ Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre cachemire.
108
+
109
+ D'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
110
+
111
+ Le mot « kiko » a été utilisé traditionnellement en Nouvelle-Zélande par les Maoris pour décrire les animaux de boucherie. La chèvre Kiko a été développée en Nouvelle-Zélande par la sélection des meilleures et des plus fertiles chèvres férales de ce pays au niveau de leur capacité de production de viande améliorée dans des conditions de pâturages naturels où le broutement arbustif est important. Le taux de croissance est probablement la caractéristique qui définit le mieux la race Kiko. Les chevreaux présentent une vigueur impressionnante. Elle est aussi très rustique. La chèvre Kiko peut être maintenue sous des conditions d'élevage extensif dans les milieux ouverts broussailleux. Elle n'est pas que présente en Nouvelle-Zélande, mais elle a aussi été introduite au Canada, dans la province de Québec.
112
+
113
+ Les boucs matures possèdent des cornes distinctives en spirale et de grande envergure. Les oreilles de la Kiko sont placées assez hautes, de largeur moyenne et longueur modérée, non pendantes et non dressées. Son museau est bien proportionné, ni convexe ni concave. La densité de son pelage peut varier en fonction des conditions climatiques et il y a une variation marquée entre le pelage d’été et d’hiver. La couleur prédominante de sa robe est le blanc, mais toute autre couleur est retrouvée.
114
+
115
+ Chèvre marronne
116
+
117
+ Chabin
118
+
119
+ Chèvre angora dans un pré.
120
+
121
+ Chèvres Cachemire au bord d'un chemin.
122
+
123
+ Chèvres marronnes sur des rochers.
124
+
125
+ Chabin au bord de l'eau.
126
+
127
+ Au Canada, la production caprine est divisée en trois productions, soit la production laitière, la production de viande et la production de mohair.
128
+
129
+ Au Québec, le nombre de chèvres représente environ 17 %[23] du cheptel canadien. La production laitière est la principale production caprine. Le lait est surtout transformé en fromage, mais aussi en yogourt et en beurre. L'élevage de la chèvre de boucherie est une production en plein essor. La viande de chèvre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des Québécois, mais la demande provient principalement des différentes ethnies présentes au Québec[24]. Par ailleurs, la chèvre Boer est la race de boucherie que l'on retrouve le plus dans les cheptels du Québec, mais d'autres races sont aussi utilisées pour la production de chevreau de boucherie, notamment la Nubienne et la Kiko. La viande provenant des mâles de toutes races et des chèvres laitières de réforme peut aussi être utilisée dans la fabrication de produits destinés à la consommation ; cependant le chevreau demeure la viande la plus populaire.
130
+
131
+ Les trois productions caprines sont regroupées dans un seul plan conjoint[25]. Le plan conjoint est utilisé par plusieurs productions agricoles du Québec, il permet d'améliorer les conditions de mise en marché et la structure d'offre des produits agricoles, tout en améliorant l'approvisionnement des transformateurs et en stabilisant les revenus des producteurs[26]. La mise en marché du lait de chèvre est plutôt bien établie, cependant la mise en marché des productions de viande et de mohair est à développer. En 2017, la mise en marché de la viande caprine du Québec est individuelle, c'est-à-dire que chaque producteur fait sa propre mise en marché. Par exemple, en 2011[27], plusieurs producteurs de chèvre de boucherie vendaient leurs produits directement à la ferme, dans des restaurants et à des commerçants. D'autres producteurs vendent tout simplement à l'encan et certains vendent des sujets de reproduction.
132
+
133
+ En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes ainsi que les chevreaux, issus des inséminations annuelles pour la production de lait, fournissent tout de même de la viande. En 2013, sur un cheptel total de 1.2 million de caprins, 135 000 caprins de réforme et 644 000 chevreaux ont été abattus[28].
134
+
135
+ Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.[réf. nécessaire]
136
+
137
+ Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :[réf. nécessaire]
138
+
139
+ (nombre de têtes)
140
+
141
+ La bonne digestibilité des laits de chèvre pourrait s’expliquer en partie par leur teneur en acides gras courts, par la petite taille des globules gras qui les composent, mais également par leur richesse en triglycérides à chaîne moyenne et courte. La réputation d’innocuité du lait de chèvre en matière d’allergie mérite en revanche d’être fortement relativisée.
142
+
143
+ Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le cabécou et la féta, bien qu'il puisse aussi être transformé en n'importe quel type de fromage. On appelle souvent le fromage de chèvre simplement « chèvre ».
144
+
145
+ À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : banon (2003), chabichou du Poitou (1990), charolais (2010), chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny-saint-pierre (1972), rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure-de-touraine (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
146
+
147
+ Les chevreaux mâles sont utilisés au moment des fêtes de Pâques en remplacement de l'agneau.
148
+
149
+ Il existe également ce que l'on appelle le chevreau lourd. Le syndicat caprin de la Drôme a annoncé en 2018 travailler en la création d'un label rouge[31].
150
+
151
+ La peau de chèvre est principalement utilisée dans la confection d'instruments à percussion, comme le djembé, le bendir et le sabar, et aussi à cordes, comme la kora. Elle peut aussi servir dans la fabrication de certains vêtements et accessoires.
152
+
153
+ La toison de la chèvre angora sert à fabriquer le mohair, une sorte de laine. Sa laine est non seulement un très bon isolant thermique, mais les vêtements fabriqués avec cette matière sont très légers à porter. On peut aussi en faire des couvertures.
154
+
155
+ Dans l'Ancien Testament, on voit que la chèvre est souvent offerte en sacrifice lors des rituels juifs. Dans le Cantique des Cantiques, les cheveux de l'amoureuse sont comparés à un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad (Ct 4.1).
156
+
157
+ Du côté de la sculpture, Jean Cocteau a sculpté plus d'une fois des têtes de chèvres. En 1958, il a sculpté une tête de chèvre orange. Il a aussi sculpté une tête de chèvre verte en bronze. Gé Pellini (Gérard Pellini) a aussi sculpté souvent des chèvres. En 1950, Picasso a aussi constitué une sculpture de chèvre très originale pour sa propre chèvre, Esmeralda. Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre. Elle est aussi faite d’une boîte de conserve et pour son dos, une feuille de palmier. En 1973, le Français Jean Marais a sculpté une tête de cabri orange, qui est exposée au musée Jean Marais à Vallauris. En 1963, le sculpteur animalier Joseph Constant a réalisé un groupe de chèvres en bronze, installée sur une place à La Courneuve.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Capra hircus
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+
3
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
4
+
5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
7
+ Espèce
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+
9
+ La chèvre domestique (Capra hircus ou Capra hircus hircus, Linnaeus, 1758) est une espèce de mammifères herbivore ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprins. La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve aussi à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.-C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
10
+
11
+ Les termes chèvre, Capra et caprin dérivent du latin capra (chèvre) et caprinus, (adj. relatif à la chèvre, caprin). L'épithète spécifique dérive du latin hircus, nom désignant le bouc[1]. Bouc proviendrait du Gaulois bucco[2] auquel pourrait aussi être rattaché les mots de langues régionales désignant la chèvre : bique et bezie (poitevin).
12
+
13
+ On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie de l'évolution. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
14
+
15
+ Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
16
+
17
+ On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend l'ancienne épithète spécifique) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4].
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+ La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[5] (environ dix mille ans av. J.-C.), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande, sa peau et son cuir.
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21
+ La chèvre (Capra aegagrus) semble avoir été domestiquée une première fois il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
22
+
23
+ La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rébecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
24
+
25
+ Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[6]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
26
+
27
+ La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
28
+
29
+ La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
30
+
31
+ La chèvre est un animal d'assez petite taille, à cornes arquées ou sans corne (« motte », polled pour les anglo-saxons[7]), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs et les petits sont des chevreaux ou chevrettes (parfois encore appelés cabris).
32
+
33
+ Les yeux de la chèvre ont une particularité, leur pupille est rectangulaire et horizontale, ce qui lui donne un regard étrange ; cela lui permet en fait d'avoir un plus large champ de vision.
34
+
35
+ La chèvre adulte a 32 dents : 8 incisives inférieures qui s’appuient sur la gencive supérieure qui forme un bourrelet résistant (elle n'a pas d'incisives supérieures). Le fond de la bouche est garni de 24 molaires (12 à chaque mâchoire).
36
+
37
+ Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[8] par cellule. La chèvre mesure entre 80 et 100 cm, et pèse, selon ses origines, entre 15 et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
38
+
39
+ La chèvre bêle, béguète ou chevrote.
40
+
41
+ Squelette (Capra hircus).
42
+
43
+ Mamelles et trayons.
44
+
45
+ Une chèvre « motte » (sans corne[7]).
46
+
47
+ Les yeux dorés d'une chèvre.
48
+
49
+ L'œil doré d'une chevrette.
50
+
51
+ La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité ; poussée par son instinct d'exploratrice, elle se retrouve parfois dans des positions délicates.
52
+
53
+ Les chèvres raffolent de l'herbe à la puce, de l'armoise tridentée, de l'euphorbe ésule et du kudzu. Voilà pourquoi elles sont les stars du désherbage sélectif. On a recours à ces brouteuses pour éliminer les végétaux indésirables, telles les espèces invasives et les broussailles alimentant les feux de forêt. Cette pratique est populaire en Amérique du Nord et en Australie. La location de troupeaux a commencé à prendre de l'essor il y a une dizaine d'années, selon John Walker, écologue à l'université Texas A&M. On utilise à la fois des moutons et des chèvres, mais ces dernières sont plus appréciées en raison de leurs goûts éclectiques, de leur bon équilibre sur un terrain pentu et de leur capacité à brouter plus haut, en appui sur leurs pattes arrière. Les chèvres - dont un troupeau de cent têtes peut se louer 150 euros la journée - arrachent aussi les feuilles avec précision. De nombreux clients tels que les parcs, les ranchs et ou encore des particuliers font appel à leurs services[9].
54
+
55
+ Une chèvre suitée - c’est à dire avec son ou ses chevreau(x).
56
+
57
+ Chèvre blanche.
58
+
59
+ Une chèvre croisée dans un sentier suisse.
60
+
61
+ La chèvre se nourrit de peu, mais elle peut contribuer à la déforestation, voire à la désertification par surpâturage (ici au Cap-Vert).
62
+
63
+ La chèvre aime se nourrir aux arbres (ici au Parc Fond’Roy à Uccle), Belgique.
64
+
65
+ Une chèvre dans un arbre. Novembre 2015.
66
+
67
+ Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen, etc.) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
68
+
69
+ Beaucoup d'espèces de chèvres sont victimes d'infestations parasitaires. Les vers intestinaux peuvent être éradiqués par vermifugation. Il convient de contenir également l'infestation du pelage par les puces, tiques ou autres parasites[10].
70
+
71
+ La chèvre est un ruminant: elle possède quatre estomacs. Dans un premier temps, elle avale grossièrement ses aliments puis les régurgite lorsqu'elle est au calme pour les mâcher, c'est ce que l'on appelle la rumination. Elle les avale de nouveau ensuite dans un autre estomac où ils poursuivent leur digestion
72
+
73
+ Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de :[réf. nécessaire]
74
+
75
+ La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chèvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
76
+
77
+ La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'été (environ 60 jours après que les jours commencent à décliner). La gestation dure 5 mois, au terme de laquelle la chèvre met bas un ou plusieurs chevreaux. On procède au sevrage des petits à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
78
+
79
+ La chèvre est parfois utilisée comme organisme modèle ou animal de laboratoire. Des chèvres transgéniques ont été produites[11],[12],[13],[14],[15] puis utilisées pour produire des molécules chimiques complexes (qui peuvent d'ailleurs être légèrement différentes de ce que l'on attendait[16] puis modifiées en intégrant des gènes humains dès le début des années 1990)[17], pour produire des hormones humaines (2000)[18] notamment au Brésil[19].
80
+
81
+ Plus récemment (2005/2006), des chercheurs de l'industrie des biotechnologies ont ainsi produit des chèvres transgéniques qui synthétisent dans leurs glandes mammaires des molécules qu'on peut ensuite extraire, dont le lysozyme (hLZ) humain[20] qui a été testé comme complément alimentaire dans l'alimentation animale donnée à des cochons (il semble améliorer le fonctionnement de leur intestin)[21].
82
+
83
+ Le genre Capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
84
+
85
+ L'Alpine est originaire du massif alpin Suisse et Français. Le berceau de la race se situe en Suisse où elle conserve un cheptel notable. C'est la race la plus répandue en France. Morphologie : poil ras ; robe de couleur variée passant du blanc pur au blanc tacheté de brun, de fauve, de gris, de noir, de pie ou de roux. Les troupeaux sélectionnés génétiquement présentent une couleur plus homogène, marron avec les extrémités et la ligne dorsale noire. La poitrine est profonde, le bassin large et peu incliné. Les membres sont solides, les articulations sèches et les aplombs corrects. La mamelle est volumineuse, bien attachée, se rétractant bien après la traite. Les trayons sont distincts de la mamelle, sont dirigés vers l'avant et sensiblement parallèles. C'est une chèvre de format moyen : 50 kg à 70 kg pour la femelle ; 80 kg à 100 kg pour le mâle. Rustique, très appréciée pour ses qualités laitières et d'élevage, la race Alpine s'adapte aussi bien aux systèmes d'élevages stabulatoires qu'aux pâtures de basses plaines ou d'altitude.
86
+
87
+ La Saanen (ou chèvre de Gessenay), blanche à poils courts, généralement dépourvue de cornes (mais certaines ont une paire de cornes de taille moyenne tournées vers l'arrière), calme et excellente laitière. Elle est originaire de la haute vallée de la Sarine (Saane en allemand). Sa renommée en tant qu'animal de rente a entraîné l'implantation de la race dans de nombreux pays. On peut considérer aujourd'hui que la Saanen est la race la plus répandue mondialement parmi les races laitières caprines. C'est un animal trapu, solide et paisible, aux qualités très laitières qui s'adapte très bien aux différents modes d'élevage notamment intensifs. Morphologie : poil court, dense et soyeux ; robe uniformément blanche ; tête avec un profil droit ; poitrine profonde, large et longue, caractérisant une grande capacité thoracique ; épaule large et bien attachée; garrot bien en viande ; aplombs sont corrects et allures régulières ; mamelle globuleuse, bien attachée et larges à la base. C'est une race à fort développement: 50 kg à 90 kg pour la femelle ; 80 kg à 120 kg pour le mâle.
88
+
89
+ La Toggenbourg, excellente laitière, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche. Souvent utilisé durant le haut Moyen Âge comme animal sacrificiel pour les rituels de fertilité des fêtes de la Saint-Abondance, elle était ensuite dépecée, et sa peau utilisée pour fabriquer des pagnes qui étaient alors portés par les jeunes hommes entrant dans l'âge adulte, lors des cérémonies de passation des pouvoirs.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ La chèvre poitevine est une race originaire des alentours des sources de la Sèvre niortaise, dans le centre ouest de la France. Élevées en petits troupeaux familiaux, les chèvres poitevines étaient plus de 40 000 au début du XXe siècle. En 1925, une épizootie de fièvre aphteuse a décimé les troupeaux poitevins. C'est à partir de souches prélevées dans les Alpes que le troupeau fut progressivement reconstitué. On dénombre aujourd'hui environ 2 800[22] femelles principalement élevées dans le berceau de la race en Poitou-Charentes. Voici sa morphologie : robe de couleur brune, plus ou moins foncée, parfois presque noire dite "en cap de maure" ; poils semi-longs sur le corps et sur les cuisses ; face inférieure des membres, dessous du ventre et de la queue blancs ou très clairs ; face comportant une raie blanche de chaque côté du chanfrein encadrant une tête fine, triangulaire. La chèvre poitevine est avec ou sans cornes, avec ou sans barbiches ou pampilles. La poitevine est une chèvre de format moyen à grand, d'aspect longiligne. Les mâles peuvent atteindre 75 kg. La chèvre pèse entre 40 kg et 65 kg. Sa taille au garrot est de 70-80 cm. Rustique et de caractère paisible, la chèvre poitevine est appréciée pour son lait typique aux grandes qualités fromagères. Elle présente de bonnes capacités pour valoriser les pâturages et les fourrages grossiers.
92
+
93
+ La chèvre provençale est une race française de Provence. Elle fait partie des races à petit effectif, puisqu'on compte environ 1 000 chèvres en 2013. La couleur de la robe peut être très diversifiée, c'est une chèvre aux oreilles longues et tombantes, parfois recourbées. Elle a le poils long en particulier sur les cuisses.
94
+
95
+ La chèvre du Rove est une race française des Bouches-du-Rhône, faisant partie des races à petit effectif, le cheptel compte environ 8 000 bêtes en 2013. La robe est généralement de couleur marron-rouge et parfois tachetée de blanc. Elle possède des cornes de section triangulaires et torsadées de taille importante qui permette de la reconnaître facilement. Avec son lait on fabrique un fromage typique appelé la Brousse. C'est une race mixte puisqu'elle est utilisé pour la production de lait et la transformation fromagère, mais aussi pour la production de cabris.
96
+
97
+ La chèvre Boer améliorée est apparue au début des années 1900 lorsque des éleveurs d'Afrique du Sud ont commencé à sélectionner pour une chèvre démontrant une bonne conformation bouchère, une croissance et une prolificité élevées, une bonne qualité de carcasse, un pelage court blanc sur le corps et rouge (variant de cannelle à presque noir) sur la tête et le cou. En 1993, la chèvre Boer est apparue au Canada et elle a été importée pour la boucherie. Ses oreilles sont pendantes et son nez est assez arrondi ou busqué. Ses cornes sont rondes et courbées vers l’arrière.
98
+
99
+ Aux États-Unis, on retrouve la chèvre Tennessee ou chèvre myotonique. Cette espèce de chèvre est présente principalement au Tennessee et au Texas. Cette race remonte à la fin des années 1800. Cette variété de chèvres a la particularité de se tétaniser littéralement quand elle est stressée ou surprise : l’animal tombe sans pouvoir bouger pendant environ une vingtaine de secondes. Cette chèvre est affectée par la myotonie (c.-à-d. une contraction involontaire et temporaire des muscles lors d’un stress), ce qui expliquerait la tendreté de la viande et la forte musculature de la carcasse de cette race. L'origine de la chose serait une mutation génétique héréditaire. Cette chèvre est surtout élevée pour son potentiel en boucherie. Il existe trois différents types dont un seul est potentiellement intéressant pour la production de boucherie. Seul un type de grande taille à forte musculature et myotonique peut être qualifié de chèvre Tennessee. Ces lignées produisent une chèvre désaisonnalisée, très résistante aux parasites, très maternelle, à facilité de mise bas, très facile à garder et à manipuler puisqu’elle ne saute pas, probablement le meilleur rendement de carcasse, mais à croissance très lente. Il existe des lignées anciennes avec un potentiel de boucherie très intéressant. À propos de cette chèvre, on dit qu'elle feint la mort, ce qu'on appelle la thanatose (du grec ancien θάνατος, thanatos, « mort »), et consiste à simuler la mort, afin d'échapper à un prédateur. De nombreux animaux ont recours à cette technique, comme l'opossum, la couleuvre à collier, certains poissons, oiseaux, coléoptères, insectes et amphibiens.
100
+
101
+ La chèvre nubienne est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
102
+
103
+ Même chose que pour la Nubienne, la Mancha est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
104
+
105
+ Des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
106
+
107
+ Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre cachemire.
108
+
109
+ D'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
110
+
111
+ Le mot « kiko » a été utilisé traditionnellement en Nouvelle-Zélande par les Maoris pour décrire les animaux de boucherie. La chèvre Kiko a été développée en Nouvelle-Zélande par la sélection des meilleures et des plus fertiles chèvres férales de ce pays au niveau de leur capacité de production de viande améliorée dans des conditions de pâturages naturels où le broutement arbustif est important. Le taux de croissance est probablement la caractéristique qui définit le mieux la race Kiko. Les chevreaux présentent une vigueur impressionnante. Elle est aussi très rustique. La chèvre Kiko peut être maintenue sous des conditions d'élevage extensif dans les milieux ouverts broussailleux. Elle n'est pas que présente en Nouvelle-Zélande, mais elle a aussi été introduite au Canada, dans la province de Québec.
112
+
113
+ Les boucs matures possèdent des cornes distinctives en spirale et de grande envergure. Les oreilles de la Kiko sont placées assez hautes, de largeur moyenne et longueur modérée, non pendantes et non dressées. Son museau est bien proportionné, ni convexe ni concave. La densité de son pelage peut varier en fonction des conditions climatiques et il y a une variation marquée entre le pelage d’été et d’hiver. La couleur prédominante de sa robe est le blanc, mais toute autre couleur est retrouvée.
114
+
115
+ Chèvre marronne
116
+
117
+ Chabin
118
+
119
+ Chèvre angora dans un pré.
120
+
121
+ Chèvres Cachemire au bord d'un chemin.
122
+
123
+ Chèvres marronnes sur des rochers.
124
+
125
+ Chabin au bord de l'eau.
126
+
127
+ Au Canada, la production caprine est divisée en trois productions, soit la production laitière, la production de viande et la production de mohair.
128
+
129
+ Au Québec, le nombre de chèvres représente environ 17 %[23] du cheptel canadien. La production laitière est la principale production caprine. Le lait est surtout transformé en fromage, mais aussi en yogourt et en beurre. L'élevage de la chèvre de boucherie est une production en plein essor. La viande de chèvre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des Québécois, mais la demande provient principalement des différentes ethnies présentes au Québec[24]. Par ailleurs, la chèvre Boer est la race de boucherie que l'on retrouve le plus dans les cheptels du Québec, mais d'autres races sont aussi utilisées pour la production de chevreau de boucherie, notamment la Nubienne et la Kiko. La viande provenant des mâles de toutes races et des chèvres laitières de réforme peut aussi être utilisée dans la fabrication de produits destinés à la consommation ; cependant le chevreau demeure la viande la plus populaire.
130
+
131
+ Les trois productions caprines sont regroupées dans un seul plan conjoint[25]. Le plan conjoint est utilisé par plusieurs productions agricoles du Québec, il permet d'améliorer les conditions de mise en marché et la structure d'offre des produits agricoles, tout en améliorant l'approvisionnement des transformateurs et en stabilisant les revenus des producteurs[26]. La mise en marché du lait de chèvre est plutôt bien établie, cependant la mise en marché des productions de viande et de mohair est à développer. En 2017, la mise en marché de la viande caprine du Québec est individuelle, c'est-à-dire que chaque producteur fait sa propre mise en marché. Par exemple, en 2011[27], plusieurs producteurs de chèvre de boucherie vendaient leurs produits directement à la ferme, dans des restaurants et à des commerçants. D'autres producteurs vendent tout simplement à l'encan et certains vendent des sujets de reproduction.
132
+
133
+ En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes ainsi que les chevreaux, issus des inséminations annuelles pour la production de lait, fournissent tout de même de la viande. En 2013, sur un cheptel total de 1.2 million de caprins, 135 000 caprins de réforme et 644 000 chevreaux ont été abattus[28].
134
+
135
+ Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.[réf. nécessaire]
136
+
137
+ Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :[réf. nécessaire]
138
+
139
+ (nombre de têtes)
140
+
141
+ La bonne digestibilité des laits de chèvre pourrait s’expliquer en partie par leur teneur en acides gras courts, par la petite taille des globules gras qui les composent, mais également par leur richesse en triglycérides à chaîne moyenne et courte. La réputation d’innocuité du lait de chèvre en matière d’allergie mérite en revanche d’être fortement relativisée.
142
+
143
+ Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le cabécou et la féta, bien qu'il puisse aussi être transformé en n'importe quel type de fromage. On appelle souvent le fromage de chèvre simplement « chèvre ».
144
+
145
+ À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : banon (2003), chabichou du Poitou (1990), charolais (2010), chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny-saint-pierre (1972), rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure-de-touraine (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
146
+
147
+ Les chevreaux mâles sont utilisés au moment des fêtes de Pâques en remplacement de l'agneau.
148
+
149
+ Il existe également ce que l'on appelle le chevreau lourd. Le syndicat caprin de la Drôme a annoncé en 2018 travailler en la création d'un label rouge[31].
150
+
151
+ La peau de chèvre est principalement utilisée dans la confection d'instruments à percussion, comme le djembé, le bendir et le sabar, et aussi à cordes, comme la kora. Elle peut aussi servir dans la fabrication de certains vêtements et accessoires.
152
+
153
+ La toison de la chèvre angora sert à fabriquer le mohair, une sorte de laine. Sa laine est non seulement un très bon isolant thermique, mais les vêtements fabriqués avec cette matière sont très légers à porter. On peut aussi en faire des couvertures.
154
+
155
+ Dans l'Ancien Testament, on voit que la chèvre est souvent offerte en sacrifice lors des rituels juifs. Dans le Cantique des Cantiques, les cheveux de l'amoureuse sont comparés à un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad (Ct 4.1).
156
+
157
+ Du côté de la sculpture, Jean Cocteau a sculpté plus d'une fois des têtes de chèvres. En 1958, il a sculpté une tête de chèvre orange. Il a aussi sculpté une tête de chèvre verte en bronze. Gé Pellini (Gérard Pellini) a aussi sculpté souvent des chèvres. En 1950, Picasso a aussi constitué une sculpture de chèvre très originale pour sa propre chèvre, Esmeralda. Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre. Elle est aussi faite d’une boîte de conserve et pour son dos, une feuille de palmier. En 1973, le Français Jean Marais a sculpté une tête de cabri orange, qui est exposée au musée Jean Marais à Vallauris. En 1963, le sculpteur animalier Joseph Constant a réalisé un groupe de chèvres en bronze, installée sur une place à La Courneuve.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Capra hircus
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+
3
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
4
+
5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
7
+ Espèce
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+
9
+ La chèvre domestique (Capra hircus ou Capra hircus hircus, Linnaeus, 1758) est une espèce de mammifères herbivore ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprins. La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve aussi à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.-C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
10
+
11
+ Les termes chèvre, Capra et caprin dérivent du latin capra (chèvre) et caprinus, (adj. relatif à la chèvre, caprin). L'épithète spécifique dérive du latin hircus, nom désignant le bouc[1]. Bouc proviendrait du Gaulois bucco[2] auquel pourrait aussi être rattaché les mots de langues régionales désignant la chèvre : bique et bezie (poitevin).
12
+
13
+ On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie de l'évolution. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
14
+
15
+ Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
16
+
17
+ On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend l'ancienne épithète spécifique) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4].
18
+
19
+ La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[5] (environ dix mille ans av. J.-C.), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande, sa peau et son cuir.
20
+
21
+ La chèvre (Capra aegagrus) semble avoir été domestiquée une première fois il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
22
+
23
+ La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rébecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
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25
+ Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[6]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
26
+
27
+ La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
28
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29
+ La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
30
+
31
+ La chèvre est un animal d'assez petite taille, à cornes arquées ou sans corne (« motte », polled pour les anglo-saxons[7]), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs et les petits sont des chevreaux ou chevrettes (parfois encore appelés cabris).
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+ Les yeux de la chèvre ont une particularité, leur pupille est rectangulaire et horizontale, ce qui lui donne un regard étrange ; cela lui permet en fait d'avoir un plus large champ de vision.
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35
+ La chèvre adulte a 32 dents : 8 incisives inférieures qui s’appuient sur la gencive supérieure qui forme un bourrelet résistant (elle n'a pas d'incisives supérieures). Le fond de la bouche est garni de 24 molaires (12 à chaque mâchoire).
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37
+ Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[8] par cellule. La chèvre mesure entre 80 et 100 cm, et pèse, selon ses origines, entre 15 et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
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+
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+ La chèvre bêle, béguète ou chevrote.
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41
+ Squelette (Capra hircus).
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+ Mamelles et trayons.
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+ Une chèvre « motte » (sans corne[7]).
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+ Les yeux dorés d'une chèvre.
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+ L'œil doré d'une chevrette.
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+
51
+ La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité ; poussée par son instinct d'exploratrice, elle se retrouve parfois dans des positions délicates.
52
+
53
+ Les chèvres raffolent de l'herbe à la puce, de l'armoise tridentée, de l'euphorbe ésule et du kudzu. Voilà pourquoi elles sont les stars du désherbage sélectif. On a recours à ces brouteuses pour éliminer les végétaux indésirables, telles les espèces invasives et les broussailles alimentant les feux de forêt. Cette pratique est populaire en Amérique du Nord et en Australie. La location de troupeaux a commencé à prendre de l'essor il y a une dizaine d'années, selon John Walker, écologue à l'université Texas A&M. On utilise à la fois des moutons et des chèvres, mais ces dernières sont plus appréciées en raison de leurs goûts éclectiques, de leur bon équilibre sur un terrain pentu et de leur capacité à brouter plus haut, en appui sur leurs pattes arrière. Les chèvres - dont un troupeau de cent têtes peut se louer 150 euros la journée - arrachent aussi les feuilles avec précision. De nombreux clients tels que les parcs, les ranchs et ou encore des particuliers font appel à leurs services[9].
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+
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+ Une chèvre suitée - c’est à dire avec son ou ses chevreau(x).
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+
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+ Chèvre blanche.
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+ Une chèvre croisée dans un sentier suisse.
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+ La chèvre se nourrit de peu, mais elle peut contribuer à la déforestation, voire à la désertification par surpâturage (ici au Cap-Vert).
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+ La chèvre aime se nourrir aux arbres (ici au Parc Fond’Roy à Uccle), Belgique.
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+
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+ Une chèvre dans un arbre. Novembre 2015.
66
+
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+ Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen, etc.) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
68
+
69
+ Beaucoup d'espèces de chèvres sont victimes d'infestations parasitaires. Les vers intestinaux peuvent être éradiqués par vermifugation. Il convient de contenir également l'infestation du pelage par les puces, tiques ou autres parasites[10].
70
+
71
+ La chèvre est un ruminant: elle possède quatre estomacs. Dans un premier temps, elle avale grossièrement ses aliments puis les régurgite lorsqu'elle est au calme pour les mâcher, c'est ce que l'on appelle la rumination. Elle les avale de nouveau ensuite dans un autre estomac où ils poursuivent leur digestion
72
+
73
+ Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de :[réf. nécessaire]
74
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75
+ La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chèvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
76
+
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+ La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'été (environ 60 jours après que les jours commencent à décliner). La gestation dure 5 mois, au terme de laquelle la chèvre met bas un ou plusieurs chevreaux. On procède au sevrage des petits à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
78
+
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+ La chèvre est parfois utilisée comme organisme modèle ou animal de laboratoire. Des chèvres transgéniques ont été produites[11],[12],[13],[14],[15] puis utilisées pour produire des molécules chimiques complexes (qui peuvent d'ailleurs être légèrement différentes de ce que l'on attendait[16] puis modifiées en intégrant des gènes humains dès le début des années 1990)[17], pour produire des hormones humaines (2000)[18] notamment au Brésil[19].
80
+
81
+ Plus récemment (2005/2006), des chercheurs de l'industrie des biotechnologies ont ainsi produit des chèvres transgéniques qui synthétisent dans leurs glandes mammaires des molécules qu'on peut ensuite extraire, dont le lysozyme (hLZ) humain[20] qui a été testé comme complément alimentaire dans l'alimentation animale donnée à des cochons (il semble améliorer le fonctionnement de leur intestin)[21].
82
+
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+ Le genre Capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
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+
85
+ L'Alpine est originaire du massif alpin Suisse et Français. Le berceau de la race se situe en Suisse où elle conserve un cheptel notable. C'est la race la plus répandue en France. Morphologie : poil ras ; robe de couleur variée passant du blanc pur au blanc tacheté de brun, de fauve, de gris, de noir, de pie ou de roux. Les troupeaux sélectionnés génétiquement présentent une couleur plus homogène, marron avec les extrémités et la ligne dorsale noire. La poitrine est profonde, le bassin large et peu incliné. Les membres sont solides, les articulations sèches et les aplombs corrects. La mamelle est volumineuse, bien attachée, se rétractant bien après la traite. Les trayons sont distincts de la mamelle, sont dirigés vers l'avant et sensiblement parallèles. C'est une chèvre de format moyen : 50 kg à 70 kg pour la femelle ; 80 kg à 100 kg pour le mâle. Rustique, très appréciée pour ses qualités laitières et d'élevage, la race Alpine s'adapte aussi bien aux systèmes d'élevages stabulatoires qu'aux pâtures de basses plaines ou d'altitude.
86
+
87
+ La Saanen (ou chèvre de Gessenay), blanche à poils courts, généralement dépourvue de cornes (mais certaines ont une paire de cornes de taille moyenne tournées vers l'arrière), calme et excellente laitière. Elle est originaire de la haute vallée de la Sarine (Saane en allemand). Sa renommée en tant qu'animal de rente a entraîné l'implantation de la race dans de nombreux pays. On peut considérer aujourd'hui que la Saanen est la race la plus répandue mondialement parmi les races laitières caprines. C'est un animal trapu, solide et paisible, aux qualités très laitières qui s'adapte très bien aux différents modes d'élevage notamment intensifs. Morphologie : poil court, dense et soyeux ; robe uniformément blanche ; tête avec un profil droit ; poitrine profonde, large et longue, caractérisant une grande capacité thoracique ; épaule large et bien attachée; garrot bien en viande ; aplombs sont corrects et allures régulières ; mamelle globuleuse, bien attachée et larges à la base. C'est une race à fort développement: 50 kg à 90 kg pour la femelle ; 80 kg à 120 kg pour le mâle.
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89
+ La Toggenbourg, excellente laitière, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche. Souvent utilisé durant le haut Moyen Âge comme animal sacrificiel pour les rituels de fertilité des fêtes de la Saint-Abondance, elle était ensuite dépecée, et sa peau utilisée pour fabriquer des pagnes qui étaient alors portés par les jeunes hommes entrant dans l'âge adulte, lors des cérémonies de passation des pouvoirs.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ La chèvre poitevine est une race originaire des alentours des sources de la Sèvre niortaise, dans le centre ouest de la France. Élevées en petits troupeaux familiaux, les chèvres poitevines étaient plus de 40 000 au début du XXe siècle. En 1925, une épizootie de fièvre aphteuse a décimé les troupeaux poitevins. C'est à partir de souches prélevées dans les Alpes que le troupeau fut progressivement reconstitué. On dénombre aujourd'hui environ 2 800[22] femelles principalement élevées dans le berceau de la race en Poitou-Charentes. Voici sa morphologie : robe de couleur brune, plus ou moins foncée, parfois presque noire dite "en cap de maure" ; poils semi-longs sur le corps et sur les cuisses ; face inférieure des membres, dessous du ventre et de la queue blancs ou très clairs ; face comportant une raie blanche de chaque côté du chanfrein encadrant une tête fine, triangulaire. La chèvre poitevine est avec ou sans cornes, avec ou sans barbiches ou pampilles. La poitevine est une chèvre de format moyen à grand, d'aspect longiligne. Les mâles peuvent atteindre 75 kg. La chèvre pèse entre 40 kg et 65 kg. Sa taille au garrot est de 70-80 cm. Rustique et de caractère paisible, la chèvre poitevine est appréciée pour son lait typique aux grandes qualités fromagères. Elle présente de bonnes capacités pour valoriser les pâturages et les fourrages grossiers.
92
+
93
+ La chèvre provençale est une race française de Provence. Elle fait partie des races à petit effectif, puisqu'on compte environ 1 000 chèvres en 2013. La couleur de la robe peut être très diversifiée, c'est une chèvre aux oreilles longues et tombantes, parfois recourbées. Elle a le poils long en particulier sur les cuisses.
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+
95
+ La chèvre du Rove est une race française des Bouches-du-Rhône, faisant partie des races à petit effectif, le cheptel compte environ 8 000 bêtes en 2013. La robe est généralement de couleur marron-rouge et parfois tachetée de blanc. Elle possède des cornes de section triangulaires et torsadées de taille importante qui permette de la reconnaître facilement. Avec son lait on fabrique un fromage typique appelé la Brousse. C'est une race mixte puisqu'elle est utilisé pour la production de lait et la transformation fromagère, mais aussi pour la production de cabris.
96
+
97
+ La chèvre Boer améliorée est apparue au début des années 1900 lorsque des éleveurs d'Afrique du Sud ont commencé à sélectionner pour une chèvre démontrant une bonne conformation bouchère, une croissance et une prolificité élevées, une bonne qualité de carcasse, un pelage court blanc sur le corps et rouge (variant de cannelle à presque noir) sur la tête et le cou. En 1993, la chèvre Boer est apparue au Canada et elle a été importée pour la boucherie. Ses oreilles sont pendantes et son nez est assez arrondi ou busqué. Ses cornes sont rondes et courbées vers l’arrière.
98
+
99
+ Aux États-Unis, on retrouve la chèvre Tennessee ou chèvre myotonique. Cette espèce de chèvre est présente principalement au Tennessee et au Texas. Cette race remonte à la fin des années 1800. Cette variété de chèvres a la particularité de se tétaniser littéralement quand elle est stressée ou surprise : l’animal tombe sans pouvoir bouger pendant environ une vingtaine de secondes. Cette chèvre est affectée par la myotonie (c.-à-d. une contraction involontaire et temporaire des muscles lors d’un stress), ce qui expliquerait la tendreté de la viande et la forte musculature de la carcasse de cette race. L'origine de la chose serait une mutation génétique héréditaire. Cette chèvre est surtout élevée pour son potentiel en boucherie. Il existe trois différents types dont un seul est potentiellement intéressant pour la production de boucherie. Seul un type de grande taille à forte musculature et myotonique peut être qualifié de chèvre Tennessee. Ces lignées produisent une chèvre désaisonnalisée, très résistante aux parasites, très maternelle, à facilité de mise bas, très facile à garder et à manipuler puisqu’elle ne saute pas, probablement le meilleur rendement de carcasse, mais à croissance très lente. Il existe des lignées anciennes avec un potentiel de boucherie très intéressant. À propos de cette chèvre, on dit qu'elle feint la mort, ce qu'on appelle la thanatose (du grec ancien θάνατος, thanatos, « mort »), et consiste à simuler la mort, afin d'échapper à un prédateur. De nombreux animaux ont recours à cette technique, comme l'opossum, la couleuvre à collier, certains poissons, oiseaux, coléoptères, insectes et amphibiens.
100
+
101
+ La chèvre nubienne est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
102
+
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+ Même chose que pour la Nubienne, la Mancha est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
104
+
105
+ Des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
106
+
107
+ Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre cachemire.
108
+
109
+ D'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
110
+
111
+ Le mot « kiko » a été utilisé traditionnellement en Nouvelle-Zélande par les Maoris pour décrire les animaux de boucherie. La chèvre Kiko a été développée en Nouvelle-Zélande par la sélection des meilleures et des plus fertiles chèvres férales de ce pays au niveau de leur capacité de production de viande améliorée dans des conditions de pâturages naturels où le broutement arbustif est important. Le taux de croissance est probablement la caractéristique qui définit le mieux la race Kiko. Les chevreaux présentent une vigueur impressionnante. Elle est aussi très rustique. La chèvre Kiko peut être maintenue sous des conditions d'élevage extensif dans les milieux ouverts broussailleux. Elle n'est pas que présente en Nouvelle-Zélande, mais elle a aussi été introduite au Canada, dans la province de Québec.
112
+
113
+ Les boucs matures possèdent des cornes distinctives en spirale et de grande envergure. Les oreilles de la Kiko sont placées assez hautes, de largeur moyenne et longueur modérée, non pendantes et non dressées. Son museau est bien proportionné, ni convexe ni concave. La densité de son pelage peut varier en fonction des conditions climatiques et il y a une variation marquée entre le pelage d’été et d’hiver. La couleur prédominante de sa robe est le blanc, mais toute autre couleur est retrouvée.
114
+
115
+ Chèvre marronne
116
+
117
+ Chabin
118
+
119
+ Chèvre angora dans un pré.
120
+
121
+ Chèvres Cachemire au bord d'un chemin.
122
+
123
+ Chèvres marronnes sur des rochers.
124
+
125
+ Chabin au bord de l'eau.
126
+
127
+ Au Canada, la production caprine est divisée en trois productions, soit la production laitière, la production de viande et la production de mohair.
128
+
129
+ Au Québec, le nombre de chèvres représente environ 17 %[23] du cheptel canadien. La production laitière est la principale production caprine. Le lait est surtout transformé en fromage, mais aussi en yogourt et en beurre. L'élevage de la chèvre de boucherie est une production en plein essor. La viande de chèvre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des Québécois, mais la demande provient principalement des différentes ethnies présentes au Québec[24]. Par ailleurs, la chèvre Boer est la race de boucherie que l'on retrouve le plus dans les cheptels du Québec, mais d'autres races sont aussi utilisées pour la production de chevreau de boucherie, notamment la Nubienne et la Kiko. La viande provenant des mâles de toutes races et des chèvres laitières de réforme peut aussi être utilisée dans la fabrication de produits destinés à la consommation ; cependant le chevreau demeure la viande la plus populaire.
130
+
131
+ Les trois productions caprines sont regroupées dans un seul plan conjoint[25]. Le plan conjoint est utilisé par plusieurs productions agricoles du Québec, il permet d'améliorer les conditions de mise en marché et la structure d'offre des produits agricoles, tout en améliorant l'approvisionnement des transformateurs et en stabilisant les revenus des producteurs[26]. La mise en marché du lait de chèvre est plutôt bien établie, cependant la mise en marché des productions de viande et de mohair est à développer. En 2017, la mise en marché de la viande caprine du Québec est individuelle, c'est-à-dire que chaque producteur fait sa propre mise en marché. Par exemple, en 2011[27], plusieurs producteurs de chèvre de boucherie vendaient leurs produits directement à la ferme, dans des restaurants et à des commerçants. D'autres producteurs vendent tout simplement à l'encan et certains vendent des sujets de reproduction.
132
+
133
+ En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes ainsi que les chevreaux, issus des inséminations annuelles pour la production de lait, fournissent tout de même de la viande. En 2013, sur un cheptel total de 1.2 million de caprins, 135 000 caprins de réforme et 644 000 chevreaux ont été abattus[28].
134
+
135
+ Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.[réf. nécessaire]
136
+
137
+ Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :[réf. nécessaire]
138
+
139
+ (nombre de têtes)
140
+
141
+ La bonne digestibilité des laits de chèvre pourrait s’expliquer en partie par leur teneur en acides gras courts, par la petite taille des globules gras qui les composent, mais également par leur richesse en triglycérides à chaîne moyenne et courte. La réputation d’innocuité du lait de chèvre en matière d’allergie mérite en revanche d’être fortement relativisée.
142
+
143
+ Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le cabécou et la féta, bien qu'il puisse aussi être transformé en n'importe quel type de fromage. On appelle souvent le fromage de chèvre simplement « chèvre ».
144
+
145
+ À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : banon (2003), chabichou du Poitou (1990), charolais (2010), chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny-saint-pierre (1972), rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure-de-touraine (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
146
+
147
+ Les chevreaux mâles sont utilisés au moment des fêtes de Pâques en remplacement de l'agneau.
148
+
149
+ Il existe également ce que l'on appelle le chevreau lourd. Le syndicat caprin de la Drôme a annoncé en 2018 travailler en la création d'un label rouge[31].
150
+
151
+ La peau de chèvre est principalement utilisée dans la confection d'instruments à percussion, comme le djembé, le bendir et le sabar, et aussi à cordes, comme la kora. Elle peut aussi servir dans la fabrication de certains vêtements et accessoires.
152
+
153
+ La toison de la chèvre angora sert à fabriquer le mohair, une sorte de laine. Sa laine est non seulement un très bon isolant thermique, mais les vêtements fabriqués avec cette matière sont très légers à porter. On peut aussi en faire des couvertures.
154
+
155
+ Dans l'Ancien Testament, on voit que la chèvre est souvent offerte en sacrifice lors des rituels juifs. Dans le Cantique des Cantiques, les cheveux de l'amoureuse sont comparés à un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad (Ct 4.1).
156
+
157
+ Du côté de la sculpture, Jean Cocteau a sculpté plus d'une fois des têtes de chèvres. En 1958, il a sculpté une tête de chèvre orange. Il a aussi sculpté une tête de chèvre verte en bronze. Gé Pellini (Gérard Pellini) a aussi sculpté souvent des chèvres. En 1950, Picasso a aussi constitué une sculpture de chèvre très originale pour sa propre chèvre, Esmeralda. Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre. Elle est aussi faite d’une boîte de conserve et pour son dos, une feuille de palmier. En 1973, le Français Jean Marais a sculpté une tête de cabri orange, qui est exposée au musée Jean Marais à Vallauris. En 1963, le sculpteur animalier Joseph Constant a réalisé un groupe de chèvres en bronze, installée sur une place à La Courneuve.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Capra hircus
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+
3
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
4
+
5
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
7
+ Espèce
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+
9
+ La chèvre domestique (Capra hircus ou Capra hircus hircus, Linnaeus, 1758) est une espèce de mammifères herbivore ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprins. La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve aussi à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.-C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
10
+
11
+ Les termes chèvre, Capra et caprin dérivent du latin capra (chèvre) et caprinus, (adj. relatif à la chèvre, caprin). L'épithète spécifique dérive du latin hircus, nom désignant le bouc[1]. Bouc proviendrait du Gaulois bucco[2] auquel pourrait aussi être rattaché les mots de langues régionales désignant la chèvre : bique et bezie (poitevin).
12
+
13
+ On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie de l'évolution. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
14
+
15
+ Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
16
+
17
+ On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend l'ancienne épithète spécifique) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4].
18
+
19
+ La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[5] (environ dix mille ans av. J.-C.), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande, sa peau et son cuir.
20
+
21
+ La chèvre (Capra aegagrus) semble avoir été domestiquée une première fois il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
22
+
23
+ La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rébecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
24
+
25
+ Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[6]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
26
+
27
+ La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
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+
29
+ La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
30
+
31
+ La chèvre est un animal d'assez petite taille, à cornes arquées ou sans corne (« motte », polled pour les anglo-saxons[7]), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs et les petits sont des chevreaux ou chevrettes (parfois encore appelés cabris).
32
+
33
+ Les yeux de la chèvre ont une particularité, leur pupille est rectangulaire et horizontale, ce qui lui donne un regard étrange ; cela lui permet en fait d'avoir un plus large champ de vision.
34
+
35
+ La chèvre adulte a 32 dents : 8 incisives inférieures qui s’appuient sur la gencive supérieure qui forme un bourrelet résistant (elle n'a pas d'incisives supérieures). Le fond de la bouche est garni de 24 molaires (12 à chaque mâchoire).
36
+
37
+ Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[8] par cellule. La chèvre mesure entre 80 et 100 cm, et pèse, selon ses origines, entre 15 et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
38
+
39
+ La chèvre bêle, béguète ou chevrote.
40
+
41
+ Squelette (Capra hircus).
42
+
43
+ Mamelles et trayons.
44
+
45
+ Une chèvre « motte » (sans corne[7]).
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+
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+ Les yeux dorés d'une chèvre.
48
+
49
+ L'œil doré d'une chevrette.
50
+
51
+ La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité ; poussée par son instinct d'exploratrice, elle se retrouve parfois dans des positions délicates.
52
+
53
+ Les chèvres raffolent de l'herbe à la puce, de l'armoise tridentée, de l'euphorbe ésule et du kudzu. Voilà pourquoi elles sont les stars du désherbage sélectif. On a recours à ces brouteuses pour éliminer les végétaux indésirables, telles les espèces invasives et les broussailles alimentant les feux de forêt. Cette pratique est populaire en Amérique du Nord et en Australie. La location de troupeaux a commencé à prendre de l'essor il y a une dizaine d'années, selon John Walker, écologue à l'université Texas A&M. On utilise à la fois des moutons et des chèvres, mais ces dernières sont plus appréciées en raison de leurs goûts éclectiques, de leur bon équilibre sur un terrain pentu et de leur capacité à brouter plus haut, en appui sur leurs pattes arrière. Les chèvres - dont un troupeau de cent têtes peut se louer 150 euros la journée - arrachent aussi les feuilles avec précision. De nombreux clients tels que les parcs, les ranchs et ou encore des particuliers font appel à leurs services[9].
54
+
55
+ Une chèvre suitée - c’est à dire avec son ou ses chevreau(x).
56
+
57
+ Chèvre blanche.
58
+
59
+ Une chèvre croisée dans un sentier suisse.
60
+
61
+ La chèvre se nourrit de peu, mais elle peut contribuer à la déforestation, voire à la désertification par surpâturage (ici au Cap-Vert).
62
+
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+ La chèvre aime se nourrir aux arbres (ici au Parc Fond’Roy à Uccle), Belgique.
64
+
65
+ Une chèvre dans un arbre. Novembre 2015.
66
+
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+ Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen, etc.) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
68
+
69
+ Beaucoup d'espèces de chèvres sont victimes d'infestations parasitaires. Les vers intestinaux peuvent être éradiqués par vermifugation. Il convient de contenir également l'infestation du pelage par les puces, tiques ou autres parasites[10].
70
+
71
+ La chèvre est un ruminant: elle possède quatre estomacs. Dans un premier temps, elle avale grossièrement ses aliments puis les régurgite lorsqu'elle est au calme pour les mâcher, c'est ce que l'on appelle la rumination. Elle les avale de nouveau ensuite dans un autre estomac où ils poursuivent leur digestion
72
+
73
+ Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de :[réf. nécessaire]
74
+
75
+ La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chèvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
76
+
77
+ La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'été (environ 60 jours après que les jours commencent à décliner). La gestation dure 5 mois, au terme de laquelle la chèvre met bas un ou plusieurs chevreaux. On procède au sevrage des petits à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
78
+
79
+ La chèvre est parfois utilisée comme organisme modèle ou animal de laboratoire. Des chèvres transgéniques ont été produites[11],[12],[13],[14],[15] puis utilisées pour produire des molécules chimiques complexes (qui peuvent d'ailleurs être légèrement différentes de ce que l'on attendait[16] puis modifiées en intégrant des gènes humains dès le début des années 1990)[17], pour produire des hormones humaines (2000)[18] notamment au Brésil[19].
80
+
81
+ Plus récemment (2005/2006), des chercheurs de l'industrie des biotechnologies ont ainsi produit des chèvres transgéniques qui synthétisent dans leurs glandes mammaires des molécules qu'on peut ensuite extraire, dont le lysozyme (hLZ) humain[20] qui a été testé comme complément alimentaire dans l'alimentation animale donnée à des cochons (il semble améliorer le fonctionnement de leur intestin)[21].
82
+
83
+ Le genre Capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
84
+
85
+ L'Alpine est originaire du massif alpin Suisse et Français. Le berceau de la race se situe en Suisse où elle conserve un cheptel notable. C'est la race la plus répandue en France. Morphologie : poil ras ; robe de couleur variée passant du blanc pur au blanc tacheté de brun, de fauve, de gris, de noir, de pie ou de roux. Les troupeaux sélectionnés génétiquement présentent une couleur plus homogène, marron avec les extrémités et la ligne dorsale noire. La poitrine est profonde, le bassin large et peu incliné. Les membres sont solides, les articulations sèches et les aplombs corrects. La mamelle est volumineuse, bien attachée, se rétractant bien après la traite. Les trayons sont distincts de la mamelle, sont dirigés vers l'avant et sensiblement parallèles. C'est une chèvre de format moyen : 50 kg à 70 kg pour la femelle ; 80 kg à 100 kg pour le mâle. Rustique, très appréciée pour ses qualités laitières et d'élevage, la race Alpine s'adapte aussi bien aux systèmes d'élevages stabulatoires qu'aux pâtures de basses plaines ou d'altitude.
86
+
87
+ La Saanen (ou chèvre de Gessenay), blanche à poils courts, généralement dépourvue de cornes (mais certaines ont une paire de cornes de taille moyenne tournées vers l'arrière), calme et excellente laitière. Elle est originaire de la haute vallée de la Sarine (Saane en allemand). Sa renommée en tant qu'animal de rente a entraîné l'implantation de la race dans de nombreux pays. On peut considérer aujourd'hui que la Saanen est la race la plus répandue mondialement parmi les races laitières caprines. C'est un animal trapu, solide et paisible, aux qualités très laitières qui s'adapte très bien aux différents modes d'élevage notamment intensifs. Morphologie : poil court, dense et soyeux ; robe uniformément blanche ; tête avec un profil droit ; poitrine profonde, large et longue, caractérisant une grande capacité thoracique ; épaule large et bien attachée; garrot bien en viande ; aplombs sont corrects et allures régulières ; mamelle globuleuse, bien attachée et larges à la base. C'est une race à fort développement: 50 kg à 90 kg pour la femelle ; 80 kg à 120 kg pour le mâle.
88
+
89
+ La Toggenbourg, excellente laitière, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche. Souvent utilisé durant le haut Moyen Âge comme animal sacrificiel pour les rituels de fertilité des fêtes de la Saint-Abondance, elle était ensuite dépecée, et sa peau utilisée pour fabriquer des pagnes qui étaient alors portés par les jeunes hommes entrant dans l'âge adulte, lors des cérémonies de passation des pouvoirs.[réf. nécessaire]
90
+
91
+ La chèvre poitevine est une race originaire des alentours des sources de la Sèvre niortaise, dans le centre ouest de la France. Élevées en petits troupeaux familiaux, les chèvres poitevines étaient plus de 40 000 au début du XXe siècle. En 1925, une épizootie de fièvre aphteuse a décimé les troupeaux poitevins. C'est à partir de souches prélevées dans les Alpes que le troupeau fut progressivement reconstitué. On dénombre aujourd'hui environ 2 800[22] femelles principalement élevées dans le berceau de la race en Poitou-Charentes. Voici sa morphologie : robe de couleur brune, plus ou moins foncée, parfois presque noire dite "en cap de maure" ; poils semi-longs sur le corps et sur les cuisses ; face inférieure des membres, dessous du ventre et de la queue blancs ou très clairs ; face comportant une raie blanche de chaque côté du chanfrein encadrant une tête fine, triangulaire. La chèvre poitevine est avec ou sans cornes, avec ou sans barbiches ou pampilles. La poitevine est une chèvre de format moyen à grand, d'aspect longiligne. Les mâles peuvent atteindre 75 kg. La chèvre pèse entre 40 kg et 65 kg. Sa taille au garrot est de 70-80 cm. Rustique et de caractère paisible, la chèvre poitevine est appréciée pour son lait typique aux grandes qualités fromagères. Elle présente de bonnes capacités pour valoriser les pâturages et les fourrages grossiers.
92
+
93
+ La chèvre provençale est une race française de Provence. Elle fait partie des races à petit effectif, puisqu'on compte environ 1 000 chèvres en 2013. La couleur de la robe peut être très diversifiée, c'est une chèvre aux oreilles longues et tombantes, parfois recourbées. Elle a le poils long en particulier sur les cuisses.
94
+
95
+ La chèvre du Rove est une race française des Bouches-du-Rhône, faisant partie des races à petit effectif, le cheptel compte environ 8 000 bêtes en 2013. La robe est généralement de couleur marron-rouge et parfois tachetée de blanc. Elle possède des cornes de section triangulaires et torsadées de taille importante qui permette de la reconnaître facilement. Avec son lait on fabrique un fromage typique appelé la Brousse. C'est une race mixte puisqu'elle est utilisé pour la production de lait et la transformation fromagère, mais aussi pour la production de cabris.
96
+
97
+ La chèvre Boer améliorée est apparue au début des années 1900 lorsque des éleveurs d'Afrique du Sud ont commencé à sélectionner pour une chèvre démontrant une bonne conformation bouchère, une croissance et une prolificité élevées, une bonne qualité de carcasse, un pelage court blanc sur le corps et rouge (variant de cannelle à presque noir) sur la tête et le cou. En 1993, la chèvre Boer est apparue au Canada et elle a été importée pour la boucherie. Ses oreilles sont pendantes et son nez est assez arrondi ou busqué. Ses cornes sont rondes et courbées vers l’arrière.
98
+
99
+ Aux États-Unis, on retrouve la chèvre Tennessee ou chèvre myotonique. Cette espèce de chèvre est présente principalement au Tennessee et au Texas. Cette race remonte à la fin des années 1800. Cette variété de chèvres a la particularité de se tétaniser littéralement quand elle est stressée ou surprise : l’animal tombe sans pouvoir bouger pendant environ une vingtaine de secondes. Cette chèvre est affectée par la myotonie (c.-à-d. une contraction involontaire et temporaire des muscles lors d’un stress), ce qui expliquerait la tendreté de la viande et la forte musculature de la carcasse de cette race. L'origine de la chose serait une mutation génétique héréditaire. Cette chèvre est surtout élevée pour son potentiel en boucherie. Il existe trois différents types dont un seul est potentiellement intéressant pour la production de boucherie. Seul un type de grande taille à forte musculature et myotonique peut être qualifié de chèvre Tennessee. Ces lignées produisent une chèvre désaisonnalisée, très résistante aux parasites, très maternelle, à facilité de mise bas, très facile à garder et à manipuler puisqu’elle ne saute pas, probablement le meilleur rendement de carcasse, mais à croissance très lente. Il existe des lignées anciennes avec un potentiel de boucherie très intéressant. À propos de cette chèvre, on dit qu'elle feint la mort, ce qu'on appelle la thanatose (du grec ancien θάνατος, thanatos, « mort »), et consiste à simuler la mort, afin d'échapper à un prédateur. De nombreux animaux ont recours à cette technique, comme l'opossum, la couleuvre à collier, certains poissons, oiseaux, coléoptères, insectes et amphibiens.
100
+
101
+ La chèvre nubienne est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
102
+
103
+ Même chose que pour la Nubienne, la Mancha est surtout une chèvre laitière, mais peut également être élevée pour sa viande. Elle est présente au Québec.
104
+
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+ Des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
106
+
107
+ Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre cachemire.
108
+
109
+ D'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
110
+
111
+ Le mot « kiko » a été utilisé traditionnellement en Nouvelle-Zélande par les Maoris pour décrire les animaux de boucherie. La chèvre Kiko a été développée en Nouvelle-Zélande par la sélection des meilleures et des plus fertiles chèvres férales de ce pays au niveau de leur capacité de production de viande améliorée dans des conditions de pâturages naturels où le broutement arbustif est important. Le taux de croissance est probablement la caractéristique qui définit le mieux la race Kiko. Les chevreaux présentent une vigueur impressionnante. Elle est aussi très rustique. La chèvre Kiko peut être maintenue sous des conditions d'élevage extensif dans les milieux ouverts broussailleux. Elle n'est pas que présente en Nouvelle-Zélande, mais elle a aussi été introduite au Canada, dans la province de Québec.
112
+
113
+ Les boucs matures possèdent des cornes distinctives en spirale et de grande envergure. Les oreilles de la Kiko sont placées assez hautes, de largeur moyenne et longueur modérée, non pendantes et non dressées. Son museau est bien proportionné, ni convexe ni concave. La densité de son pelage peut varier en fonction des conditions climatiques et il y a une variation marquée entre le pelage d’été et d’hiver. La couleur prédominante de sa robe est le blanc, mais toute autre couleur est retrouvée.
114
+
115
+ Chèvre marronne
116
+
117
+ Chabin
118
+
119
+ Chèvre angora dans un pré.
120
+
121
+ Chèvres Cachemire au bord d'un chemin.
122
+
123
+ Chèvres marronnes sur des rochers.
124
+
125
+ Chabin au bord de l'eau.
126
+
127
+ Au Canada, la production caprine est divisée en trois productions, soit la production laitière, la production de viande et la production de mohair.
128
+
129
+ Au Québec, le nombre de chèvres représente environ 17 %[23] du cheptel canadien. La production laitière est la principale production caprine. Le lait est surtout transformé en fromage, mais aussi en yogourt et en beurre. L'élevage de la chèvre de boucherie est une production en plein essor. La viande de chèvre ne fait pas partie des habitudes alimentaires des Québécois, mais la demande provient principalement des différentes ethnies présentes au Québec[24]. Par ailleurs, la chèvre Boer est la race de boucherie que l'on retrouve le plus dans les cheptels du Québec, mais d'autres races sont aussi utilisées pour la production de chevreau de boucherie, notamment la Nubienne et la Kiko. La viande provenant des mâles de toutes races et des chèvres laitières de réforme peut aussi être utilisée dans la fabrication de produits destinés à la consommation ; cependant le chevreau demeure la viande la plus populaire.
130
+
131
+ Les trois productions caprines sont regroupées dans un seul plan conjoint[25]. Le plan conjoint est utilisé par plusieurs productions agricoles du Québec, il permet d'améliorer les conditions de mise en marché et la structure d'offre des produits agricoles, tout en améliorant l'approvisionnement des transformateurs et en stabilisant les revenus des producteurs[26]. La mise en marché du lait de chèvre est plutôt bien établie, cependant la mise en marché des productions de viande et de mohair est à développer. En 2017, la mise en marché de la viande caprine du Québec est individuelle, c'est-à-dire que chaque producteur fait sa propre mise en marché. Par exemple, en 2011[27], plusieurs producteurs de chèvre de boucherie vendaient leurs produits directement à la ferme, dans des restaurants et à des commerçants. D'autres producteurs vendent tout simplement à l'encan et certains vendent des sujets de reproduction.
132
+
133
+ En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes ainsi que les chevreaux, issus des inséminations annuelles pour la production de lait, fournissent tout de même de la viande. En 2013, sur un cheptel total de 1.2 million de caprins, 135 000 caprins de réforme et 644 000 chevreaux ont été abattus[28].
134
+
135
+ Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.[réf. nécessaire]
136
+
137
+ Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :[réf. nécessaire]
138
+
139
+ (nombre de têtes)
140
+
141
+ La bonne digestibilité des laits de chèvre pourrait s’expliquer en partie par leur teneur en acides gras courts, par la petite taille des globules gras qui les composent, mais également par leur richesse en triglycérides à chaîne moyenne et courte. La réputation d’innocuité du lait de chèvre en matière d’allergie mérite en revanche d’être fortement relativisée.
142
+
143
+ Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le cabécou et la féta, bien qu'il puisse aussi être transformé en n'importe quel type de fromage. On appelle souvent le fromage de chèvre simplement « chèvre ».
144
+
145
+ À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : banon (2003), chabichou du Poitou (1990), charolais (2010), chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny-saint-pierre (1972), rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure-de-touraine (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
146
+
147
+ Les chevreaux mâles sont utilisés au moment des fêtes de Pâques en remplacement de l'agneau.
148
+
149
+ Il existe également ce que l'on appelle le chevreau lourd. Le syndicat caprin de la Drôme a annoncé en 2018 travailler en la création d'un label rouge[31].
150
+
151
+ La peau de chèvre est principalement utilisée dans la confection d'instruments à percussion, comme le djembé, le bendir et le sabar, et aussi à cordes, comme la kora. Elle peut aussi servir dans la fabrication de certains vêtements et accessoires.
152
+
153
+ La toison de la chèvre angora sert à fabriquer le mohair, une sorte de laine. Sa laine est non seulement un très bon isolant thermique, mais les vêtements fabriqués avec cette matière sont très légers à porter. On peut aussi en faire des couvertures.
154
+
155
+ Dans l'Ancien Testament, on voit que la chèvre est souvent offerte en sacrifice lors des rituels juifs. Dans le Cantique des Cantiques, les cheveux de l'amoureuse sont comparés à un troupeau de chèvres suspendues aux flancs de Galaad (Ct 4.1).
156
+
157
+ Du côté de la sculpture, Jean Cocteau a sculpté plus d'une fois des têtes de chèvres. En 1958, il a sculpté une tête de chèvre orange. Il a aussi sculpté une tête de chèvre verte en bronze. Gé Pellini (Gérard Pellini) a aussi sculpté souvent des chèvres. En 1950, Picasso a aussi constitué une sculpture de chèvre très originale pour sa propre chèvre, Esmeralda. Le ventre est constitué d’un panier, ses deux pis sont des pots à lait en céramique, les cornes ont été taillées dans des ceps de vigne, le tout assemblé avec du plâtre. Elle est aussi faite d’une boîte de conserve et pour son dos, une feuille de palmier. En 1973, le Français Jean Marais a sculpté une tête de cabri orange, qui est exposée au musée Jean Marais à Vallauris. En 1963, le sculpteur animalier Joseph Constant a réalisé un groupe de chèvres en bronze, installée sur une place à La Courneuve.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Capreolus capreolus
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+ Espèce
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+
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+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ LC  : Préoccupation mineure
8
+
9
+ Répartition géographique
10
+
11
+ Classification phylogénétique
12
+
13
+ Le chevreuil (Capreolus capreolus) est une espèce de cervidés européens et asiatiques, du sous-ordre des ruminants, qui vit dans les forêts de feuillus ou mixtes (feuillus et conifères).
14
+
15
+ Le chevreuil mâle est appelé brocard. Lui seul porte des bois, mais il les perd à l'automne.
16
+ La femelle du chevreuil est la chevrette. Elle ne porte pas de bois (une vieille chevrette stérile est appelée « bréhaigne »). Le jeune chevreuil s'appelle le « faon » (jusqu'à 6 mois), puis « chevrillard » (de 6 à 12 mois).
17
+
18
+ Le genre des chevreuils, Capreolus, est désormais subdivisé en deux espèces distinctes[1] :
19
+
20
+ En québécois, le mot chevreuil peut désigner aussi le cerf de Virginie.
21
+
22
+ Le chevreuil est un petit animal agile et très rapide, à la robe brunâtre et à la face plutôt grise, qui atteint à l'âge adulte des tailles variant selon les individus, de 57 à 67 cm (62 en moyenne) de hauteur au garrot pour les femelles et de 62 à 72 cm (67 en moyenne) de hauteur au garrot pour les mâles, avec une longueur du corps de 90 à 105 cm pour les femelles et de 105 à 120 cm de long pour les mâles. Son poids varie de 17 kg à 23 kg pour les femelles contre de 20 kg à 25 kg pour les mâles (35 maximum dans un habitat très riche). Il peut vivre jusqu'à 15 ans (avec un record de 20 ans, mais la plupart ne dépassant toutefois pas 10 ans dans la nature). À âge égal, le mâle pèse 2 kg à 3 kg de plus que la femelle. De par sa taille, il est considéré comme le plus petit cervidé indigène d'Europe[2].
23
+
24
+ Il porte des bois caducs (qui tombent chaque année) et plutôt courts. Le chevreuil est dit anoure, c'est-à-dire sans queue, et artiodactyle : il marche sur un nombre pair de doigts porteurs, à chaque membre.
25
+
26
+ La mâchoire supérieure est normalement dépourvue d’incisives, mais chez certains sujets une, voire deux, canines reliques apparaissent, ce sont des vestiges d’anciennes défenses encore présentes chez le cerf (on les appelle crochets ou fleurs de lys).
27
+
28
+ La répartition actuelle du chevreuil diffère probablement de son écopotentialité. Elle subit toujours l'influence du milieu, mais aussi celle de la disparition ou forte régression de ses prédateurs (hormis l'homme) et de l'agrainage, celle d'autres sources artificielles de nourriture (cultures vivrières), d'abreuvement (abreuvoirs d'élevage, lavognes, etc) et d'oligoéléments (pierres à sel d'élevage...).
29
+ Son écologie et son aire vitale font encore l'objet d'études[3]. Ce sont deux des éléments de sa chorologie.
30
+
31
+ Le chevreuil est présent en Europe et en Asie où il peut atteindre 20 à 30 têtes pour 100 hectares, avec risques fréquents de déséquilibres sylvo-cynégétiques.
32
+
33
+ Il vit dans des milieux variés : bois, forêts de feuillus ou de conifères, bosquets à végétation herbacée variée ou clairières. Les taillis sous futaie avec espaces dégagés lui sont favorables. On le trouve aussi dans des champs et des prairies, ainsi que dans des parcs et réserves fauniques. Il est sédentaire, sauf dans la période du rut où le mâle se déplace pour aller féconder le plus grand nombre de femelles sur son territoire. Ses mœurs sont surtout crépusculaires, mais il est aussi visible en plein jour. Il peut vivre en solitaire, par couple ou en groupes familiaux (hardes) composés d'une ou plusieurs femelles et de leurs faons. En général, les troupes de 10 à 15 têtes se forment seulement en automne et en hiver. En dehors du rut, les mâles sont plutôt solitaires. Excellent coureur et sauteur, le chevreuil nage aussi très bien, mais il ne choisit cette option que lorsqu'il y est obligé ou lorsqu'il est menacé. En présence d'un danger, les faons sont souvent abandonnés provisoirement par les femelles. Plus âgés, au cours de la fuite, ils suivent leur mère.
34
+
35
+ Bien que cette espèce soit réputée très sédentaire[4],[5], le radio-pistage a montré en France qu'au sein d'un même territoire (réserve de Chizé en l'occurrence) – pour une aire vitale observée pour la durée totale de vie d'un chevreuil – le domaine vital de chaque chevreuil peut significativement varier d'une année sur l'autre : chez les chevreuils suivis sur plusieurs années par Pellerin (2005), le recouvrement d'une année sur l'autre était d'environ 60 % pour chaque individu[3]). En présence de grands prédateurs, il est probable que cette variation serait plus importante.
36
+
37
+ De plus, les chevrettes âgées peuvent diminuer leur aire vitale, probablement grâce à « l'expérience acquise par rapport à leur territoire et la connaissance des patches alimentaires riches au fil des mois »[6],[7],[8],[9].
38
+
39
+ Il y a environ 15 millions de chevreuils en Europe centrale[10].
40
+
41
+ Il broute des herbages et abroutit des bourgeons, feuilles et jeunes branches d'arbres. Il est capable de choisir ses aliments et préfère des plantes plus digestes et riches en azote[11] quand il a le choix.
42
+ C'est un animal essentiellement forestier, dont le système digestif digérait peu ou mal les foins et graminées sèches qui sont les plantes les plus fréquentes en milieu non forestier (sauf au printemps et sauf dans certains milieux cultivés)[12]. Néanmoins, depuis quelques décennies, les chevreuils ont modifié leurs comportements et se font nombreux et fréquents dans les champs où ils profitent notamment des cultures d'hiver et de printemps. Il semble, par ailleurs, qu'il se soit adapté à ses nouveaux milieux et accepte toutes les nourritures. Les faons étant élevés dans les prés de fauche et les champs céréaliers n'ont guère d'autres choix nutritionnels et doivent s'adapter.
43
+
44
+ Au printemps et en été, le chevreuil consomme, en forêt, les feuilles de nombreux arbres feuillus (chêne, charme, érable, cornouiller...), beaucoup de graminées, et quelques dicotylédones.
45
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46
+ En hiver, il consomme les ronces, la bruyère callune, le lierre sur les troncs et quelques autres végétaux ou champignons.
47
+
48
+ Il mange aussi des glands, des faînes, et parfois n'hésite pas à consommer certaines cultures d'hiver (céréales notamment). Friands de sel, les chevreuils consomment les blocs placés par les chasseurs (fixation des populations) et les éleveurs. En pays de bocage, les haies et l'herbe constituent leur nourriture principale de façon identique au bétail qui choisit ce qu'il lui faut pour combler ses besoins.
49
+
50
+ Depuis les plans de chasse et l'agrainage qui l'ont beaucoup favorisé, et en l'absence de prédateurs naturels, le chevreuil est devenu le mammifère herbivore sauvage le plus commun en forêt, dans de nombreux pays de l'hémisphère nord. Il reste pourtant très discret. Ses populations sont donc difficiles à dénombrer, d'autant qu'il est essentiellement forestier. S'il s'approche volontiers des habitations proches des lisières tôt le matin ou la nuit, il fuit le contact de l'homme et est gêné par des dérangements répétitifs. Sa musculature et son système circulatoire sont adaptés à la fuite immédiate et aux bonds lui permettant de franchir les clôtures basses et les buissons en une fuite rapide en forêt dense ou au milieu des ronciers[13], mais s'épuise rapidement à la course en milieu ouvert.
51
+
52
+ Les chevreuils ont une morphologie adaptée à la course et aux bonds. Ils ont une musculature sèche, concentrée près du corps avec de longues pattes fines et légères. Leurs sabots frêles sont serrés et très pointus, idéals pour la course. Ils peuvent bondir jusqu'à 2 mètres de haut, et jusqu'à 6 mètres en longueur. En cas de danger, ils peuvent courir extrêmement vite, jusqu'à une vitesse de plus de 98 km/h en pointe, sur une courte distance avec une vitesse moyenne de 73 km/h. Ils peuvent également courir moins vite à environ 40 km/h en endurance sur une plus longue distance. Ils courent plus vite que leurs prédateurs, cependant en l'absence de loups et de lynx dans certaines régions de France, ils se déplacent moins et sont moins musclés. Un chevreuil entraîné aux sprints est plus rapide qu'une gazelle de Thomson.
53
+
54
+ Il est grégaire et peut former des groupes de plus de 10 individus en milieu ouvert en hiver. La cellule sociale de base du chevreuil est matriarcale, associant une chevrette et sa progéniture de l’année (jusqu’au 10e-11e mois, après quoi les jeunes sont repoussés par la femelle).
55
+
56
+ L'adulte est sédentaire en forêt sur un territoire enforesté de 30 à 60 voire 100 hectares, qu'il conserve durant toute sa vie.
57
+
58
+ Comme le cerf élaphe, il passe environ 50 % de son temps à se reposer et dispose donc de réseaux de zones de repos sur son territoire. Il exploite aussi occasionnellement les abords des forêts. Le rythme d’activité du chevreuil est dit polyphasique. C'est-à-dire qu'il représente 6 à 12 phases d’activité dans la journée dont deux particulièrement marquées au lever du jour et à la tombée de la nuit[14].L'adulte communique surtout par des postures, et à distance par un cri dit aboiement parce qu'il évoque un aboiement de chien, alors que le faon émet de faibles piaulements.
59
+
60
+ Certains individus plus aventuriers migrent et s'intègrent dans d'autres groupes, entretenant la diversité génétique des populations locales au sein de métapopulations régionales, à condition que les forêts ne soient pas trop isolées les unes des autres par des phénomènes d'insularisation écologique et de fragmentation écopaysagère[15].
61
+
62
+ Son comportement est modifié en l'absence de prédateurs naturels (loup, lynx) ; il se déplace moins et est moins musclé.
63
+
64
+ Chez les mâles, il est caractérisé sept mois par an (de février à août) par une activité de marquage hormonal et/ou odorant du territoire, par « frottis » et « grattis » (on parle de « régalis » quand un frottis est associé à un gratti). Ce comportement pose problème pour la régénération forestière là où les populations sont denses. Une étude[16] a porté en France sur des plants de chêne sessile de 3 ans exposés au chevreuil en conditions contrôlées (avec suivi de l'état des arbres durant 3 ans). Après trois ans, 39 % des plants étaient morts (c'est plus que le taux naturel de mortalité qui est élevé chez les jeunes chênes). 51 % ont eu une perte de hauteur importante par rapport à leur hauteur initiale (supérieure à 20 cm) et 10 % seulement se sont normalement développés (comme les plants témoins non « frottés »). Cette étude a également montré que les blessures faites au printemps (montée de sève, feuilles plus fragiles..) sont deux fois plus importantes, « à comportement égal du chevreuil ».
65
+
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+ Ces résultats pourraient être tempérés par deux éléments qui restent des hypothèses, à ce jour non scientifiquement démontrées (mais qui ne semblent pas avoir fait l'objet d'études) :
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+ Pour limiter les dégâts sur les arbres, les forestiers demandent aux chasseurs de respecter un « équilibre sylvo-cynégétique » qui n'est pas toujours consensuel. Les forestiers ne veulent pas non plus se priver des chevreuils qui font partie de l'écosystème forestier et qui, avec les autres "grands gibiers", contribuent au revenu de la forêt souvent à hauteur de 50 % environ, voire plus.
69
+
70
+ Leurs faons seront mis bas en mai-juin.
71
+
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+ Les prédateurs du chevreuil sont les loups, le lynx. Le renard roux, les chiens errants, les gloutons et les sangliers peuvent s'attaquer aux faons. L'homme le chasse pour son trophée, sa chair et régule ses populations si les prédateurs sauvages sont absents. Les groupes denses de chevreuils sont aussi régulés par diverses maladies, favorisées par la promiscuité et éventuellement par des pullulations de tiques.
73
+
74
+ En tant qu'herbivore, le chevreuil contrôle la densité de la végétation au sein de son écosystème, soit par broutage, soit par les frottis et les blessures qu'il occasionne aux jeunes arbres pour marquer son territoire. Il contribue à l'entretien de zones de clairières ou de milieux semi-ouverts et parfois de corridors intra- ou inter-forestiers. Comme pour d'autres animaux, son piétinement peut endommager les sols fragiles (pentes, sables, etc.) mais aussi contribuer à enfouir des graines, ou au contraire mettre au jour des graines anciennement enfouies, leur permettant de germer. C'est néanmoins un animal léger qui n'est pas réputé pour endommager les sols.
75
+
76
+ Dans un système naturel, il est lui-même contrôlé par ses prédateurs (loup, lynx) et par les maladies et le parasitisme qui se développent plus rapidement quand ses populations se densifient.
77
+ Comme de nombreux animaux, il joue un rôle de diffusion pour certaines espèces (dont les parasites) en transportant des graines et diverses propagules (spores de champignons, œufs, larves ou petits animaux) dans son pelage, sous ses sabots et dans son tube digestif.
78
+
79
+ Enfin, dans les forêts où les grands prédateurs carnivores ont survécu, il constitue une proie importante pour ces derniers. Quand il meurt de mort naturelle (maladie, parasitisme), ou des suites de blessure de chasse ou d'autres causes (accident de la route, empoisonnement, etc.), son cadavre reste une source d'alimentation pour les invertébrés et animaux nécrophages.
80
+
81
+ Ses ossements et surtout ses bois peuvent être rongés par d'autres animaux (écureuil en particulier) qui semblent y récupérer des sels minéraux (notamment dans les régions naturellement acides et pauvres en calcium), et peut-être aussi aiguiser leurs dents. Dans les forêts très fortement polluées par des métaux lourds (plomb en particulier) issus de séquelles de guerre ou industrielles, le cadavre et le squelette du chevreuil peuvent être une source de polluants qui retournent directement dans la chaîne alimentaire.
82
+
83
+ Le chevreuil est d'autant plus sensible à diverses maladies parasitaires que ses populations sont denses et qu'il est en situation de promiscuité forcée, renforcée par la fragmentation et l'isolement de nombreux boisements, par la raréfaction des mares et par les dispositifs d'agrainage et de pierre à sel qui les concentrent et tendent à les sédentariser.
84
+
85
+ Cet animal peut être porteurs de divers parasites et microbes.
86
+
87
+ Il est de plus en plus souvent infesté par les tiques, de plus en plus présentes en forêt, et qu'il contribue sans doute, avec le cerf et le sanglier, à colporter. Ces tiques sont vectrices de diverses zoonoses transmissibles à l'Homme, dont la maladie de Lyme.
88
+
89
+ Il est souvent victime d'anaplasmose et d'œstridiose, la douve et/ou de strongylose (infestation parasitaire, par des vers dits strongles pulmonaires) affectent aussi de nombreux chevreuils, notamment dans les cheptels sous-alimentés ou affaiblis par l'hiver.
90
+
91
+ Le chevreuil est aussi espèce-réservoir de l'anaplasmose. Une étude[19] italienne a par exemple analysé par PCR échantillons de rates de chevreuil : 19,8 % d'entre eux étaient porteurs d'Anaplasma phagocytophila, agent responsable de l'anaplasmose humaine
92
+
93
+ En raison de populations forestières denses et peut être du manque d'élimination des animaux fortement parasités par leurs prédateurs naturels (loup, lynx, ours...) le chevreuil semble prendre une importance majeure comme réservoir de la maladie de Lyme (Borréliose). Selon une étude récente (2013) basée sur l'ADN d’hôtes ingéré par 880 larves ou nymphes de tiques de l'espèce Ixodes ricinus collectées en forêt et dans des parcs urbains du Nord Ouest de la Pologne a montré que ces tiques s'étaient principalement nourries sur des chevreuils, cerfs et sangliers, plus que sur des carnivores rongeurs oiseaux et lézards comme on le pensait[20]. Parmi les tiques ainsi étudiées, celles qui s'étaient nourries sur le chevreuil étaient souvent co-infectées par 2 espèces de Rickettsia et 2 espèces de Borrelia, et celles qui se sont nourries sur le sanglier coinfectées par des Rickettsia et trois espèces de Borrelia[20].
94
+
95
+ En l'absence de prédateurs naturels (lynx et loup) ou face à la grande rareté de ces derniers, et en raison des plans de chasse et de tir « rationnel », les populations de chevreuils ont très fortement augmenté au XXe siècle, en Allemagne et en France notamment où il occupe désormais tout le territoire avec une extension récente dans le sud et dans les départements montagnards[21]. À l'heure actuelle, hormis dans les régions où le lynx est présent, seuls le renard roux ou des chiens errants exercent une pression sélective par la prédation, sur les très jeunes individus. Les études de l'ONCFS, basées sur l'analyse du contenu stomacal ou des crottes montrent que le chevreuil constitue une infime part de l'alimentation du renard (des films infrarouges tournés de nuit montrent le devenir d'un cadavre de chevreuil ou de sanglier. On y voit[22] que le renard a volontiers un comportement nécrophage, comme d'ailleurs certains mustélidés qui n'avaient pas cette réputation (le fait qu'un renard mange un cadavre, ou qu'on trouve des traces de pattes de renard près d'un cadavre de chevreuil ne signifie nullement qu'il a attaqué l'animal). Des chiens errants peuvent tuer ou blesser des chevrettes pleines, et déranger l'animal en le « décantonnant » par leurs poursuites, imités en cela par des chiens courants égarés.
96
+
97
+ Le roadkill (animaux tués sur les routes) est à l'origine de la mort d'un nombre croissant de chevreuils, surtout dans les régions forestières très fragmentées par des autoroutes non clôturées. Il est arrivé, dans certains districts d'Allemagne fédérale, que le plan de tir soit annulé purement et simplement, les accidents de la route ayant effectué le prélèvement destiné aux chasseurs. Des écoducs sont construits depuis les années 1980, et diverses méthodes préventives aident à diminuer ce type de mortalité (clôtures électrifiées, engrillagements, répulsifs ou produits destinés à cantonner les chevreuils loin de ces routes).
98
+
99
+ À l'époque de la fenaison et des moissons, malgré l'adjonction de dispositifs destinés à effrayer le chevreuil pour le faire fuir, les faucheuses modernes tuent de jeunes animaux qui restent instinctivement tapis au sol pour se protéger.
100
+
101
+ La situation démographique et de la population du chevreuil en Europe semble meilleure qu'elle ne l'a jamais été, mais peut-être pas en terme sanitaire et de diversité génétique.
102
+ En 2007 en France, 501 345 unités ont été chassées pour 560 332 attributions[23].
103
+
104
+ Son attachement à un territoire restreint et le peu de dégâts qu'il commet le désignent comme un gibier populaire, et le plus susceptible de s'accommoder aux nouveaux biotopes créés par le monde moderne. Les chasseurs s'intéressent de plus en plus à sa prise, mais aussi à sa conservation. À titre d'exemple, il bénéficie en France, dans la plupart des départements, des dispositions du « plan de tir » quantitatif. Sa petite taille, sa discrétion, son adaptabilité, ainsi que sa rusticité lui permettent d'occuper de nombreux contextes.
105
+
106
+ La battue en forêt est son principal mode de chasse en France. Elle est également considérée comme un moyen plus ou moins efficace et pratique d'en contrôler les populations. Mais on chasse aussi le chevreuil à l'affût, et comme il est également présent dans de nombreux territoires à boqueteaux dévolus au petit gibier, son passage sur la ligne en fait un gibier supplémentaire parfois improvisé et tiré à plombs, comme le lièvre. Cet animal autrefois typiquement forestier et des lisières passe une part croissante de son temps dans les découverts ou dans les champs. Pour des raisons d'efficacité, de nouvelles balles sans plomb (type Brenneke ou Sauvestre, ou à sabot) sont apparues dans les années 1990 à 2000 pour le grand gibier. Elles sont de plus en plus utilisées malgré un coût plus élevé. Leur efficacité et leur précision à longue portée sont en effet très améliorées par un dispositif favorisant une meilleure rotation, stabilisant la balle, et/ou par une conception en deux éléments (le second venant frapper le premier à l'impact, ce qui provoque un état de choc stoppant la course de l'animal et réputé abréger ses souffrances). Le chevreuil est également parfois chassé à l'arc et à courre.
107
+
108
+ En raison des dégâts qu'il peut faire sur les jeunes plants et parfois dans les champs, dans le monde agricole, et notamment en Grande-Bretagne, le chevreuil a longtemps été considéré comme animal nuisible et tiré en toutes saisons au fusil lisse, avec les lapins. En France, quand il n'était pas braconné, après le droit de chasse pour tous attribué par la Révolution française en réaction aux anciens privilèges de la noblesse, le chevreuil avait fortement régressé du XVIIIe au XIXe siècle. Il est ensuite devenu un gibier prisé et d'intérêt commercial. Sa rentabilité économique a alors compensé ses dégâts par ailleurs modestes tant qu'il ne constitue pas de populations importantes.
109
+
110
+ L'intérêt, voire la passion pour les trophées, s'est traduit dans certains pays par des tentatives de sélection qualitatives (on ne tire que les animaux dont les bois ne correspondent pas au standard recherché lorsqu’ils sont en pleine force reproductive, et on les tire quand ils sont vieux pour alimenter les collections de trophées). Cette chasse se pratique généralement à la carabine et à l'approche. Des trophées réputés sont ainsi maintenant tirés dans des pays où le chevreuil était autrefois peu considéré, par exemple dans le Sussex ou en Écosse.
111
+
112
+ La tradition cynégétique germanique accorde une place particulière à la chasse au chevreuil. Elle a encouragé spécialement en Allemagne la constitution de cheptels importants qui font aujourd'hui partie du paysage rural. Une distinction éthologique est même maintenant faite entre le chevreuil forestier, vivant dans les vastes massifs boisés homogènes, et un « chevreuil des champs », qui s'est habitué aux plaines cultivées parsemées de boqueteaux et s'y reproduit. Le tir sélectif est fait, environ six mois par an, à l'approche, à l'affût ou à l'appeau au moment du rut (Le chevreuil se laisse leurrer assez facilement, ce qui est mis à profit par les chasseurs d'Europe centrale qui, du 15 juillet au 15 août, appellent le brocard, qui n'est théoriquement tiré que lorsqu'il fait partie de la gamme des animaux à « sélectionner »). Les chasseurs patientent généralement jusqu'à la fin de la période du rut pour tirer les chevreuils porteurs de grands trophées qui ont été accordés par le plan de chasse : ils auront eu ainsi la possibilité de reproduire et de transmettre les qualités génétiques que les chasseurs estiment liées à la qualité des bois (bien que cette qualité semble aussi dépendante de l'abondance en oligoéléments et minéraux de la nourriture disponible, et parfois offerte aux chevreuils).
113
+
114
+ Le chasseur se met en campagne de mai à juin, quand la mue est terminée, alors que le chevreuil est dit « rouge ».
115
+
116
+ C'est un travail idéalement annuel, délicat, fait en fin d'hiver et conclu au début du printemps (après les mortalités hivernales naturelles et avant les mises-bas). Il vise à préparer un plan de chasse qui puisse équilibrer les populations par un nombre de brocards idéalement égal à celui des chevrettes, pour optimiser la reproduction. Il peut aussi apporter des éléments sur l'état de santé, un déséquilibre du sexe-ratio. Il permet de déterminer ou anticiper une éventuelle « surpopulation » (état relatif, fonction de la capacité d'accueil du « district », qui peut brutalement et fortement varier, à la suite par exemple de coupes rases, travaux forestiers, poses de clôtures, cultures cynégétiques, agrainage, etc.). Les seuils d'équilibre cynégétique ou sylvo-cynégétiques font souvent l'objet de discussions entre forestiers et chasseurs, les premiers souhaitant souvent un nombre de chevreuils et grands herbivores moindre que ce que souhaitent les chasseurs. Des obligations de plans de tir sont de plus en plus souvent inscrites dans les contrats de location du droit de chasse en forêt publique, avec en théorie obligation de résultats.
117
+ Le chasseur dispose par ailleurs de barèmes lui permettant d'estimer la valeur cynégétique de son terrain, selon divers éléments écopaysagers tels que le pourcentage de boisements, prairies et lisières cultivées, la nature et la structure de la végétation forestière, la qualité des sols et les caractéristiques géologiques locales. Du point de vue des équilibres sylvo-cynégétiques, la densité acceptable est réputée varier de trois à quinze chevreuils par 100 hectares. Ces densités sont parfois largement dépassées.
118
+
119
+ Sur ces bases, et après recensement, sur un territoire où vivent par exemple cent chevreuils adultes, les chasseurs jugent qu'ils vont pouvoir tirer dans la saison une quarantaine de « pièces », ce chiffre étant celui des naissances de manière à maintenir un accroissement annuel stable, lequel pourra toutefois « dévier » de l'objectif de gestion selon la douceur ou la rigueur de l'hiver, des épidémies ou d'autres facteurs, ce que le comptage suivant établira. Le tableau de chasse anticipé est généralement également divisé entre les deux sexes, avec un prélèvement fait comme suit, à travers les classes d'âge de ses animaux : 20 sujets mâles seront tirés, dont 7 brocards de quatre ans et plus, 3 brocards de deux et trois ans, 7 brocards de un an, 3 faons de l'année. En outre, 20 chevrettes sont « à éliminer » (10 sujets adultes, 2 d'un an, et 8 faons de l'année).
120
+
121
+ Sur un territoire idéalement géré pour la chasse, ces opérations sont jugées rentables à partir d'un cheptel minimum d'une soixantaine de chevreuils adultes, ce qui nécessite environ 600 ha pour établir un plan de tir rationnel. Hormis dans les forêts publiques et dans quelques grandes forêts privées, il est rare qu'une seule personne possède une telle surface, les chasseurs cherchent donc à mutualiser leurs efforts et leurs bénéfices, via un plan de chasse global redistribué selon l'importance des apports des associés.
122
+
123
+ C'est un principe important de la gestion dite rationnelle du gibier. En l'absence des prédateurs naturels, la sélection naturelle ne se fait plus normalement. Le plan de chasse applique une sélection artificielle du brocard, qui implique évidemment une capacité des chasseurs à apprécier son âge et son état de santé, mais qui dans les faits interfère beaucoup avec un jugement sur le trophée de l'animal. Facilement reconnaissables, les chevrillards de l'année sont surtout sélectionnés d'après leur aspect général, tout sujet chétif, blessé, amaigri ou taré devant être éliminé. Les meilleurs sujets qui portent leurs premiers bois dès l'automne, sous forme de petits boutons sont conservés au moins jusqu'à l'année suivante.
124
+
125
+ Un plan de chasse classique ne prévoit le tir que d'un faible pourcentage des brocards de deux et de trois ans, car le chasseur est supposé avoir déjà éliminé, parmi les chevrillards et les sujets d'un an, presque tous les animaux indésirables. Les bienfaits de la « sélection » antérieure sont censés se faire déjà sentir.
126
+
127
+ Le tir sélectif des chevrettes vise à éliminer les sujets dont la progéniture est faible, malingre, ou qui mettent bas trop tard, après la mi-juin (les chevrillards sont théoriquement tués avant la mère). Les chasseurs cherchent aussi à tuer celles qui ont engendré trois petits. Cette sélection exige des compétences et une bonne expérience : choisir les femelles à conserver ou à éliminer est encore plus difficile que pour le brocard. Pour les faons de l'année et les chevrettes d'un an, le chasseur estime le sexe de l'animal à sa taille et à son embonpoint, que l'on compare – si possible – avec ceux des animaux du même âge. Les comparaisons de taille entre chevrettes d'un même territoire guident le chasseur dans son choix, mais sélectionner les animaux les plus grands n'est pas nécessairement rationnel sur les territoires difficiles.
128
+
129
+ La sélection des femelles se faisant à partir de septembre, le temps manque souvent pour terminer un plan de chasse, à l'affût ou à l'approche. De petites traques sans chiens et à bas bruit sont alors pratiquées, en informant les autres usagers de la forêt en raison des risques de balle perdue. On cherche ainsi à faire sortir les chevreuils aussi lentement que possible, pour laisser aux chasseurs le temps de juger si les animaux doivent être tirés ou non. Ceci se fait si possible avant novembre, pour que les jeunes brocards ayant déjà posé (perdu) leurs bois ne soient pas tirés par erreur.
130
+
131
+ Dans certaines régions, le chevreuil semble être un des animaux les plus braconnés. Cette activité est facilitée par le poids modéré de l'animal, la possibilité de le cacher facilement, une venaison réputée, qui se débite facilement et se vend à très bon prix.
132
+
133
+ La pose de collets dans les passages, l'affût sur les lisières ou pistes forestières, le tir de nuit à bord de véhicules sont ainsi pratiqués. De même la vente illégale d'animaux tués ou blessés par la circulation, trouvés sur les bords de route, semble encore pouvoir exister, avec des risques et responsabilités supplémentaires en raison du fait que des animaux malades et parasités ou empoisonnés (par exemple par des pesticides) risquent le plus d'être victimes de collision avec des véhicules routiers.
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+ Dans le mythe gallois Cad Goddeu, Arawn vole un chevreuil blanc appartenant à Annwn, symbole du voyage de l'âme vers la mort.
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+ Le chewing-gum Écouter, gomme à mâcher[1], pâte à mâcher, chique, chiclette[2], ou gomme[1] (en Amérique du Nord) est une gomme à laquelle sont ajoutés des arômes et parfums alimentaires. Elle est destinée à être mâchée et non avalée.
2
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3
+ C'est Thomas Adams qui, en mélangeant du chiclé (latex issu du sapotillier) avec de la résine et du sirop, fabrique puis commercialise en 1872 les premiers chewing-gums.
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+ Dès la Préhistoire, les hommes mâchaient de la sève de conifères : des empreintes dentaires ont été laissées sur des résines dont les polyphénols devaient servir d'antiseptique[3]. Des traces de pâte à mâcher à base de sève de bouleau datant d'il y a plus de 6 500 ans ont été découvertes en 1997 en Suède[4]. Il y a plus de 5 000 ans, les Mayas, au Mexique, mastiquaient de la sève de sapotillier. La sève de cet arbre originaire du Yucatan est un latex appelé chiclé ( « tchiclé »). Les Égyptiens - du temps des pharaons - utilisent un masticatoire à base de résine de lentisque pour fabriquer de la gomme à mâcher. Les Grecs utilisaient quant à eux le pistachier lentisque.
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7
+ Les Asiatiques mâchaient le bétel (pratique toujours actuelle en Inde avec la noix d'arec), les Amérindiens des Andes chiquaient les noix du kolatier et ceux d'Amazonie chiquaient des boulettes de tabac. Les Européens adoptèrent cette habitude à la suite de l'importation de cette plante en France, en 1560.
8
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9
+ Le chewing-gum moderne naît en Amérique du Nord : en 1869, Antonio López de Santa Anna, général mexicain, est chassé de son pays par la révolution. Il arrive à New York avec son « Trésor de Mexico » : 250 kg de sève séchée de sapotillier pour en faire un substitut au caoutchouc. Il charge Thomas Adams de négocier le chiclé qui, finalement, s’avère impropre ; mais Adams conserve le stock et le revend en pharmacie à un coût inférieur à la paraffine. C’est le début du succès. D’autres pionniers tentent d’améliorer le produit mexicain : William J. Whit ajoute du sirop de glucose dans son « Yucatan Chewing Gum ». William Semple, dentiste de l’Ohio, obtient le premier brevet d’invention du chewing-gum moderne en dissolvant du naphte et de l’alcool et en y ajoutant une petite dose de réglisse pour lui donner un goût agréable[5]. William Wrigley Jr., quant à lui, se charge de lancer le produit sur tout le continent grâce à de grandes campagnes de publicité à la fin du XIXe siècle.
10
+
11
+ Le premier chewing-gum commercialisé l'est par John B. Curtis.
12
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13
+ Le chewing-gum est popularisé en Europe par les Américains à la fin de la Première Guerre mondiale. La Croix-Rouge américaine expédie 4,5 millions de chewing-gum en France en 1918 pour les troupes américaines[6]. À la suite de cette introduction, des sociétés françaises, belges, britanniques et italiennes passent des commandes massives aux États-Unis pour commercialiser le chewing-gum en Europe. Dès le début des années 1920, des compagnies européennes se lancent dans la fabrication de chewing-gum[7].
14
+
15
+ En France, c'est avec l'arrivée des G.I. en 1944, à l'occasion du Débarquement, que le chewing-gum est vraiment popularisé[8]. L'un de ces soldats, Courtland E. Parfet, décide de revenir en France en 1952, pour y lancer la marque Hollywood, un chewing-gum à la chlorophylle entièrement fabriqué en France (la première usine est installée à Montreuil)[9].
16
+
17
+ Dans différents marchés, le chewing-gum a été associé à la collection de petites vignettes (les marques Globo, dès l'entre-deux-guerres[7], Malabar ou Bazooka Joe par exemple) ou des tatouages temporaires. Depuis les années 1870, plusieurs artistes l'ont utilisé dans leurs créations. À l'origine, et dans des marchés haut de gamme comme au Japon, le chewing-gum est à base de chiclé et de gélatine.
18
+
19
+ La gomme de base est un produit complexe à fabriquer : les ingrédients sont dosés avec rigueur pour obtenir des gommes plus ou moins élastiques. Les ingrédients sont malaxés entre une heure et demie et deux heures dans un pétrin qui fonctionne comme celui des boulangers. Le malaxage fait chauffer la gomme. Elle atteint à la fin une température de 95 °C à 98 °C. L'élastomère utilisé (à la place du chiclé) est un copolymère isobutylène-isoprène (butyl) de qualité alimentaire.
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+ On ajoute à cette base les arômes, les édulcorants ou le sucre ainsi que divers additifs et auxiliaires de fabrication (colorant, gélatine, émulsifiant, stabilisant, agent gélifiant, bicarbonate, cire de carnauba)[10]. Les ingrédients et la gomme de base sont mélangés dans un pétrin pendant 15 à 20 minutes. En fin de malaxage, la pâte atteint une température de 50 °C environ. On verse ensuite la pâte à mâcher à l'intérieur d'une extrudeuse. Bien pressée, elle forme alors des bandes plus ou moins épaisses. Ces bandes passent ensuite dans le laminoir et sont découpées en tablettes. Après refroidissement, les tablettes ou les noyaux de dragées sont maintenus à une température et une humidité précises pendant 6 à 48 heures. Cette phase est très contrôlée, la qualité des gommes à mâcher en dépend.
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+ Les tablettes sont enveloppées dans un emballage en aluminium pour conserver toute leur saveur. Elles sont ensuite mises en paquets. Les dragées sont d’abord recouvertes de sucre durci avant d’être emballées dans de petites boîtes en carton.
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+ D'après le Livre Guinness des records 2007, les États-Unis sont le pays qui en consomme le plus, suivi de la France avec 1 chewing-gum par jour et par habitant en moyenne. L'INSEE liste les chewing-gums dans sa liste des principales quantités consommées par les ménages[11].
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+ Le groupe Mars ayant racheté en 2008 la Wm. Wrigley Jr. Company est devenu le leader du marché avec des marques comme Freedent, Airwaves, Orbit. Cadbury est le deuxième acteur mondial sur ce segment avec les marques Hollywood, Trident ou Clorets[12]. À eux deux, ils possèdent 16 des 20 marques les plus vendues et contrôlent les deux tiers du marché mondial. Entre 1998 et 2009, le marché mondial a doublé pour se situer à 23,2 milliards de dollars américains[13].
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+ La consommation de chewing-gum peut être mortelle chez l'enfant de moins de trois ans, car jusqu'à cet âge tout ce qui est avalé peut obstruer la trachée au lieu d'être conduit dans les voies digestives[14].
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+ Une légende urbaine affirme qu'il ne faut pas l'avaler mais selon les stomatologistes, ne contenant aucun effet nutritif, la gomme ne colle pas aux parois du tube digestif, est ramollie par la salive et est simplement évacuée par l'organisme[15].
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+ Par ailleurs, la mastication favorise les ballonnements et évite la production de caries grâce à la sécrétion salivaire. L'effet du chewing-gum sur la reprise précoce du transit digestif a été démontré dans le cadre de la récupération rapide après chirurgie du côlon[16]. Les chewing-gums sans sucre ont, en cas de consommation excessive, des effets laxatifs. Ces effets sont dus à la présence d'un édulcorant particulier, le sorbitol. Le xylitol réduit cet effet.
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+ Des études ont montré que le chewing-gum peut améliorer l'humeur de celui qui en consomme[réf. nécessaire]. Il peut aussi être utilisé pour combattre la mauvaise haleine.
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+ La mastication de chewing-gums est déconseillée chez les personnes possédant de nombreux amalgames dentaires contenant du mercure. D'après une étude réalisée sur deux ans, les sujets possédant ce type d'amalgame avaient des concentrations cinq fois plus élevé de mercure sanguin en moyenne, et cette concentration était étroitement corrélée au nombre d'amalgames dentaires[17].
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+ Les villes du monde voient leurs trottoirs et autres couloirs de métro constellés de chewing-gums usagés (dont la biodégradabilité atteint 5 ans) jetés par des consommateurs, un chewing-gum collé et piétiné est difficile à enlever. Cependant, des machines spécifiques de nettoiement des sols permettant d'éliminer les chewing-gums collés sont apparues depuis 2010. Celles-ci fonctionnent grâce à la vapeur saturée. Au Royaume-Uni, le marché du chewing-gum estimé à 400 millions d’euros par an nécessite un budget de 200 millions pour le nettoyage[10].
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+ Certains pays jugeant ce fait comme disgracieux, comme Singapour qui en interdit l'importation et la vente depuis 1992 (excepté les chewing-gums à effets thérapeutiques), réglementent sévèrement la consommation de gomme à mâcher.
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+ D'autres pays sont indifférents à cet état des choses ou le relativisent.
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+ Le chewing-gum Écouter, gomme à mâcher[1], pâte à mâcher, chique, chiclette[2], ou gomme[1] (en Amérique du Nord) est une gomme à laquelle sont ajoutés des arômes et parfums alimentaires. Elle est destinée à être mâchée et non avalée.
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+ C'est Thomas Adams qui, en mélangeant du chiclé (latex issu du sapotillier) avec de la résine et du sirop, fabrique puis commercialise en 1872 les premiers chewing-gums.
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+ Dès la Préhistoire, les hommes mâchaient de la sève de conifères : des empreintes dentaires ont été laissées sur des résines dont les polyphénols devaient servir d'antiseptique[3]. Des traces de pâte à mâcher à base de sève de bouleau datant d'il y a plus de 6 500 ans ont été découvertes en 1997 en Suède[4]. Il y a plus de 5 000 ans, les Mayas, au Mexique, mastiquaient de la sève de sapotillier. La sève de cet arbre originaire du Yucatan est un latex appelé chiclé ( « tchiclé »). Les Égyptiens - du temps des pharaons - utilisent un masticatoire à base de résine de lentisque pour fabriquer de la gomme à mâcher. Les Grecs utilisaient quant à eux le pistachier lentisque.
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+ Les Asiatiques mâchaient le bétel (pratique toujours actuelle en Inde avec la noix d'arec), les Amérindiens des Andes chiquaient les noix du kolatier et ceux d'Amazonie chiquaient des boulettes de tabac. Les Européens adoptèrent cette habitude à la suite de l'importation de cette plante en France, en 1560.
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+ Le chewing-gum moderne naît en Amérique du Nord : en 1869, Antonio López de Santa Anna, général mexicain, est chassé de son pays par la révolution. Il arrive à New York avec son « Trésor de Mexico » : 250 kg de sève séchée de sapotillier pour en faire un substitut au caoutchouc. Il charge Thomas Adams de négocier le chiclé qui, finalement, s’avère impropre ; mais Adams conserve le stock et le revend en pharmacie à un coût inférieur à la paraffine. C’est le début du succès. D’autres pionniers tentent d’améliorer le produit mexicain : William J. Whit ajoute du sirop de glucose dans son « Yucatan Chewing Gum ». William Semple, dentiste de l’Ohio, obtient le premier brevet d’invention du chewing-gum moderne en dissolvant du naphte et de l’alcool et en y ajoutant une petite dose de réglisse pour lui donner un goût agréable[5]. William Wrigley Jr., quant à lui, se charge de lancer le produit sur tout le continent grâce à de grandes campagnes de publicité à la fin du XIXe siècle.
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+ Le premier chewing-gum commercialisé l'est par John B. Curtis.
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+ Le chewing-gum est popularisé en Europe par les Américains à la fin de la Première Guerre mondiale. La Croix-Rouge américaine expédie 4,5 millions de chewing-gum en France en 1918 pour les troupes américaines[6]. À la suite de cette introduction, des sociétés françaises, belges, britanniques et italiennes passent des commandes massives aux États-Unis pour commercialiser le chewing-gum en Europe. Dès le début des années 1920, des compagnies européennes se lancent dans la fabrication de chewing-gum[7].
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+ En France, c'est avec l'arrivée des G.I. en 1944, à l'occasion du Débarquement, que le chewing-gum est vraiment popularisé[8]. L'un de ces soldats, Courtland E. Parfet, décide de revenir en France en 1952, pour y lancer la marque Hollywood, un chewing-gum à la chlorophylle entièrement fabriqué en France (la première usine est installée à Montreuil)[9].
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+ Dans différents marchés, le chewing-gum a été associé à la collection de petites vignettes (les marques Globo, dès l'entre-deux-guerres[7], Malabar ou Bazooka Joe par exemple) ou des tatouages temporaires. Depuis les années 1870, plusieurs artistes l'ont utilisé dans leurs créations. À l'origine, et dans des marchés haut de gamme comme au Japon, le chewing-gum est à base de chiclé et de gélatine.
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+ La gomme de base est un produit complexe à fabriquer : les ingrédients sont dosés avec rigueur pour obtenir des gommes plus ou moins élastiques. Les ingrédients sont malaxés entre une heure et demie et deux heures dans un pétrin qui fonctionne comme celui des boulangers. Le malaxage fait chauffer la gomme. Elle atteint à la fin une température de 95 °C à 98 °C. L'élastomère utilisé (à la place du chiclé) est un copolymère isobutylène-isoprène (butyl) de qualité alimentaire.
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+ On ajoute à cette base les arômes, les édulcorants ou le sucre ainsi que divers additifs et auxiliaires de fabrication (colorant, gélatine, émulsifiant, stabilisant, agent gélifiant, bicarbonate, cire de carnauba)[10]. Les ingrédients et la gomme de base sont mélangés dans un pétrin pendant 15 à 20 minutes. En fin de malaxage, la pâte atteint une température de 50 °C environ. On verse ensuite la pâte à mâcher à l'intérieur d'une extrudeuse. Bien pressée, elle forme alors des bandes plus ou moins épaisses. Ces bandes passent ensuite dans le laminoir et sont découpées en tablettes. Après refroidissement, les tablettes ou les noyaux de dragées sont maintenus à une température et une humidité précises pendant 6 à 48 heures. Cette phase est très contrôlée, la qualité des gommes à mâcher en dépend.
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+ Les tablettes sont enveloppées dans un emballage en aluminium pour conserver toute leur saveur. Elles sont ensuite mises en paquets. Les dragées sont d’abord recouvertes de sucre durci avant d’être emballées dans de petites boîtes en carton.
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+ D'après le Livre Guinness des records 2007, les États-Unis sont le pays qui en consomme le plus, suivi de la France avec 1 chewing-gum par jour et par habitant en moyenne. L'INSEE liste les chewing-gums dans sa liste des principales quantités consommées par les ménages[11].
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+ Le groupe Mars ayant racheté en 2008 la Wm. Wrigley Jr. Company est devenu le leader du marché avec des marques comme Freedent, Airwaves, Orbit. Cadbury est le deuxième acteur mondial sur ce segment avec les marques Hollywood, Trident ou Clorets[12]. À eux deux, ils possèdent 16 des 20 marques les plus vendues et contrôlent les deux tiers du marché mondial. Entre 1998 et 2009, le marché mondial a doublé pour se situer à 23,2 milliards de dollars américains[13].
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+ La consommation de chewing-gum peut être mortelle chez l'enfant de moins de trois ans, car jusqu'à cet âge tout ce qui est avalé peut obstruer la trachée au lieu d'être conduit dans les voies digestives[14].
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+ Une légende urbaine affirme qu'il ne faut pas l'avaler mais selon les stomatologistes, ne contenant aucun effet nutritif, la gomme ne colle pas aux parois du tube digestif, est ramollie par la salive et est simplement évacuée par l'organisme[15].
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+ Par ailleurs, la mastication favorise les ballonnements et évite la production de caries grâce à la sécrétion salivaire. L'effet du chewing-gum sur la reprise précoce du transit digestif a été démontré dans le cadre de la récupération rapide après chirurgie du côlon[16]. Les chewing-gums sans sucre ont, en cas de consommation excessive, des effets laxatifs. Ces effets sont dus à la présence d'un édulcorant particulier, le sorbitol. Le xylitol réduit cet effet.
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+ Des études ont montré que le chewing-gum peut améliorer l'humeur de celui qui en consomme[réf. nécessaire]. Il peut aussi être utilisé pour combattre la mauvaise haleine.
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+ La mastication de chewing-gums est déconseillée chez les personnes possédant de nombreux amalgames dentaires contenant du mercure. D'après une étude réalisée sur deux ans, les sujets possédant ce type d'amalgame avaient des concentrations cinq fois plus élevé de mercure sanguin en moyenne, et cette concentration était étroitement corrélée au nombre d'amalgames dentaires[17].
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+ Les villes du monde voient leurs trottoirs et autres couloirs de métro constellés de chewing-gums usagés (dont la biodégradabilité atteint 5 ans) jetés par des consommateurs, un chewing-gum collé et piétiné est difficile à enlever. Cependant, des machines spécifiques de nettoiement des sols permettant d'éliminer les chewing-gums collés sont apparues depuis 2010. Celles-ci fonctionnent grâce à la vapeur saturée. Au Royaume-Uni, le marché du chewing-gum estimé à 400 millions d’euros par an nécessite un budget de 200 millions pour le nettoyage[10].
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+ Certains pays jugeant ce fait comme disgracieux, comme Singapour qui en interdit l'importation et la vente depuis 1992 (excepté les chewing-gums à effets thérapeutiques), réglementent sévèrement la consommation de gomme à mâcher.
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+ L’Alaska (prononcé /a.las.ka/ Écouter (Fr.) en français et /ə.ˈlæs.kə/ Écouter (É.-U.A) en anglais) est le 49e État des États-Unis, dont la capitale est Juneau et la plus grande ville Anchorage, où habite environ 40 % de la population de l'État. Avec une superficie totale de 1 717 854 km2, il est l'État le plus étendu et le plus septentrional du pays, mais l'un des moins peuplés, ne comptant que 731 545 habitants en 2019[1].
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+
5
+ Comme Hawaï, l'Alaska est séparé du Mainland et se situe au nord-ouest du Canada. Bordé par l'océan Arctique au nord et la mer de Béring et l'océan Pacifique au sud, ce territoire est séparé de l'Asie par le détroit de Béring. En outre, ses divisions administratives ne sont pas des comtés mais des boroughs.
6
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7
+ Alaska signifie « grande Terre » ou « continent » en aléoute[3]. Cette région, que l'on appelait au XIXe siècle l'« Amérique russe », tire son nom d'une longue presqu'île, au nord-ouest du continent américain, à environ 1 000 kilomètres au sud du détroit de Bering, et qui se lie, vers le sud, aux îles Aléoutiennes. Le surnom de l'Alaska est « la dernière frontière » ou « la terre du soleil de minuit ».
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9
+ Peuplé par des Aléoutes, Esquimaux (notamment Iñupiak et Yupiks) et peut-être d'autres Amérindiens depuis plusieurs millénaires, le territoire est colonisé par des trappeurs russes à la fin du XVIIIe siècle. L'Alaska vit alors essentiellement du commerce du bois et de la traite des fourrures. Le 30 mars 1867, les États-Unis l'achètent à la Russie pour la somme de 7,2 millions de dollars (environ 120 millions de dollars actuels), et celui-ci adhère à l'Union le 3 janvier 1959. Les domaines économiques prédominants aujourd'hui sont la pêche, le tourisme, et surtout la production d'hydrocarbures (pétrole, gaz) depuis la découverte de gisements à Prudhoe Bay dans les années 1970.
10
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+ Le Denali (6 190 mètres d'altitude), point culminant des États-Unis, se trouve dans la chaîne d'Alaska et constitue le cœur du parc national et réserve du Denali.
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+ Le climat y est de type polaire, et la faune caractéristique des milieux froids (grizzli, caribou, orignal, ours blanc).
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+ Les territoires limitrophes sont le territoire du Yukon et la province de Colombie-Britannique au Canada. Le Kraï du Kamtchatka et le district autonome de Tchoukotka en Russie se trouvent à quelques dizaines de kilomètres, de l'autre côté du détroit de Bering.
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+ Bastion du Parti républicain, l'Alaska est gouverné depuis 2018 par Mike Dunleavy.
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+ Alaska est la version russe (Аляска) du mot aléoute Alakshak signifiant « terres » ou « grande péninsule ». Les Aléoutes sont des Esquimaux habitant les îles Aléoutiennes et l'ouest de l'Alaska.
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21
+ L'Alaska est un ancien territoire russe d'Amérique, vendu aux États-Unis en 1867 et rentre dans l’union le 3 janvier 1959 pour la somme de 7,2 millions de dollars[4]. Ce chiffre est à comparer avec les 15 millions de USD déboursés par les États-Unis pour l'achat de la Louisiane.
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+ Les savoirs et savoir-faire traditionnels font l'objet de recherches et colportage, notamment coordonnés par l'Alaska Native Science Commission[5].
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+ Les gens de Denbigh vivaient dans le nord de l'Alaska, il y a 5 000 ans. Leur principale ressource était les animaux qu'ils chassaient dans la toundra, pour leur nourriture, leurs vêtements et leurs abris. En 1948, l'archéologue américain Louis Giddings (en) excave, au Cap Denbigh, sur la côte de la mer de Béring, des microlames de chert et d'obsidienne, qui ressemblent à celles trouvées précédemment dans le désert de Gobi (Paléo et mésolithique asiatique). Giddings remarque également que les pointes de projectiles ont des similitudes avec celles des Paléoindiens et des cultures archaïques du Nouveau-Monde. Le nom de cette culture, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, nous vient donc de la situation géographique de cette première découverte.
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+ Ces peuplades passaient l'été sur les côtes de la mer de Béring et durant les autres saisons, à l'intérieur des terres à la recherche de caribou et de poissons anadromes.
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+ Ce groupe culturel est connu pour ses outils de pierre taillée, comme les grattoirs, les pointes de projectile, les outils pour le travail de l'os, les lames et les gouges.
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+ Le Denbighien est très proche culturellement des trois autres entités formant ce que l'on appelle les Paléoesquimaux anciens, que nous avons décrits précédemment. Les origines exactes de cette culture ne sont pas très bien connues. La technologie microlithique a sûrement pris racine dans la tradition paléolithique de l'Alaska et plus sûrement dans la culture paléosibérienne. En revanche, les Denbighiens sont les ancêtres de toute une série de cultures alaskaines : baleinières anciennes, Choris et Norton.
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+ Pendant que les Paléoesquimaux développaient leur culture dans le Canada arctique et au Groenland, une évolution fort différente se poursuivait en Alaska dans la région du d��troit de Béring. De leur côté, les îles Aléoutiennes ont connu un développement graduel qui a débouché sur la culture des Aléoutes d'aujourd'hui. La côte pacifique de l'Alaska, quant à elle, a connu une évolution technologique fondée sur l'ardoise polie, qui a pu être à l'origine des cultures esquimaudes de cette région. Les côtes nord et ouest étaient occupées par des gens de la tradition des outils microlithiques de l'Arctique, la même culture que ceux de l'Arctique canadien. Vers 1000 av. J.-C., l'activité humaine en Alaska a connu un arrêt de plusieurs siècles. Après cette pause, apparaît une série de groupes comme les cultures baleinières anciennes, Choris et Norton qui sont un mélange complexe de microlithisme de l'Arctique, de culture de la côte du Pacifique et de groupes du Néolithique de la Sibérie orientale de la même époque.
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+ Nous savons très peu de choses sur les cultures baleinières anciennes. En fait, il n'y a qu'un seul village de cinq maisons qui a été découvert au cap Krusenstern (en), au nord du détroit de Béring. Il y avait des os de phoque dans les maisons et des os de baleine étendus sur les plages environnantes. On peut considérer cette culture comme une tentative éphémère de mixité, des Aléoutes peut-être, des Esquimaux ou des Amérindiens.
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+ Les gens de la culture de Choris vivaient dans de grandes maisons semi-souterraines ovales et chassaient le phoque et le caribou. Ils fabriquaient aussi des outils de pierre taillée qui rappellent passablement ceux de la Tradition microlithique de l'Arctique. Comme pour les cultures baleinières anciennes, l'origine des gens de Choris reste nébuleuse pour l'instant. Ces petits groupes de chasseurs étaient peut-être Esquimaux du sud de l'Alaska, ou des Aléoutes qui migrèrent vers le nord, ou des Amérindiens qui avaient adopté des coutumes esquimaudes, voire des immigrants sibériens.
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+ À partir de 1784, les trappeurs russes établissent des comptoirs de traite permanents sur les îles Aléoutiennes et sur la côte américaine du Pacifique, jusqu'à la Californie (fort Ross, à moins de 160 kilomètres au nord de San Francisco). Pour commencer, des postes côtiers sont établis à Attu, Agattu (en) et Unalaska, dans les îles Aléoutiennes, ainsi que dans l'île de Kodiak, au large de l'embouchure du golfe de Cook. Dix-huit mois plus tard, une colonie est établie sur le continent, en face de l'anse Cook. L'objectif est de chasser la loutre de mer, dont la fourrure se vend à prix d'or sur les marchés chinois. Comme en Sibérie, les Russes embauchent, alcoolisent et cherchent à convertir à l'orthodoxie les populations locales : la communauté orthodoxe alaskane est aléoute ou kodiak. On comptait environ 25 000 Aléoutes à l'arrivée des Russes, mais seulement 3 892 en 1885, après 122 ans de domination russe (au pied du volcan Mont Redoubt, haut de 3 100 mètres, la présence de l'église russe orthodoxe de Ninilchik rappelle que l'Alaska fut une colonie russe), puis américaine… vodka, bourbon et grippe ont eu ici les mêmes effets qu'ailleurs[6]. Dès la fin du XVIIIe siècle, des marchands et des missionnaires américains et anglais viennent concurrencer les activités russes.
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+ En 1787, Aleksandr Andreïevitch Baranov fonde un poste de traite sur l'île Sitka, où il implante des serfs russes et aléoutes ; de 1799 à 1804, il est le gouverneur et administrateur résidant de l'Amérique russe et décide d'y construire sa capitale. Le fort est détruit par les Tlingits en 1802. Baranov reprend les lieux deux ans plus tard : l'île est rebaptisée de son nom actuel et la capitale prend le nom de Novo-Arkhangelsk (actuelle « Sitka »). En 1807, le gouverneur réside au château Baranov. En 1811, c'est lui qui établit le poste de fort Ross en Californie. Au total, on peut compter une quarantaine de forts russes en Amérique, dans la première moitié du XIXe siècle. La Russie déclare que l'Amérique russe s'étend jusqu'au détroit de la Reine-Charlotte (actuel Canada) et que les étrangers n'ont pas droit de passage. La Californie étant espagnole, alors que l'Oregon et la Colombie-Britannique (comprenant encore l'actuel État de Washington) sont anglais, l'accès au Pacifique et à ses fourrures semble impossible aux États-Unis. Face à ce blocage, le président américain James Monroe rédige sa célèbre doctrine qui vise à éliminer les influences européennes du continent. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie finissent par s'entendre, et un traité est signé en 1824, par le biais duquel la frontière russe est déplacée du sud (Californie) vers le nord (actuel Alaska), tandis que les Anglais renoncent à l’Oregon et au sud de la Colombie-Britannique (désormais territoire de Washington). Par ce traité, l'établissement de nouveaux forts russes hors Alaska est prohibé et, en 1825, le Royaume-Uni obtient un droit de passage le long de l'étroite bande côtière alaskane. Finalement, l'achat de l'Alaska par les Américains, en 1867, met un terme à la présence russe en Amérique.
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+ L'Alaska était un territoire russe, acheté par les Américains en 1867 pour 7 millions de dollars. Cet achat fut effectué lors de la création d'une ligne télégraphique devant traverser la Russie et le détroit de Béring, reliant ainsi le territoire des États-Unis à l’Europe. Le transfert de ce territoire de la Russie aux États-Unis entraîna pour les Alaskains le passage du calendrier julien au calendrier grégorien ainsi que le décalage vers l'ouest de la ligne de changement de date ; pour cette double raison, ils virent le vendredi 18 octobre succéder au vendredi 6 octobre[7],[8]. La région fut d'abord dénommée : département de l'Alaska (en) et placée sous la juridiction de l'armée jusqu'en 1877, du Trésor jusqu'en 1879 et de la Marine jusqu'en 1884.
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+ En cette fin du XIXe siècle, les chercheurs d'or tentèrent par milliers leur chance et y laissèrent parfois leur vie. Mais cette fièvre de l'or, appelée « ruée vers l'or du Klondike », retombe très vite. Les autres activités économiques sont dominées par la pêche et la conserverie.
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+ En 1884, l'Alaska fut organisé en tant que District de l'Alaska (en). En 1890, l'Alaska compte environ 30 000 habitants, dont les ¾ sont indigènes[9].
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+ Le 24 août 1912, il devint le Territoire de l'Alaska. Une seule voie de chemin de fer relie alors la côte à Fairbanks au centre du territoire, elle a été construite par le biais de l'État fédéral entre 1915 et 1923.
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+ Ce territoire entra dans l'Union en tant que 49e État le 3 janvier 1959. Durant la deuxième moitié du XXe siècle, l'Alaska devint une position stratégique dans la guerre froide qui opposait les États-Unis à l'Union soviétique. Vers 1975, la découverte de champs pétrolifères entraîna un afflux massif de travailleurs. Aujourd'hui, l'Alaska attire les touristes à la belle saison, venus admirer les ours et les fjords et pratiquer la pêche sportive (saumon et truite).
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+ En 1971, on recensait 40 000 Inuits et Yupiks, 22 000 Amérindiens et 7 000 Aléoutes. Ils obtinrent un statut privilégié et reçurent légalement 200 000 km2 de réserve ainsi qu'un milliard de dollars d'indemnités.
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+ Le mode de vie traditionnel des autochtones a été profondément bouleversé par l'arrivée des Blancs : désormais, les déplacements se font sur des motoneiges, les jeunes profitent du confort moderne, mais s'éloignent des traditions et ils vivent des revenus du pétrole.
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+ L'Alaska ne possède de frontière commune avec aucun autre État américain. Il partage cette caractéristique avec Hawaï. Il est bordé à l'est par le territoire du Yukon et la Colombie-Britannique, une province du Canada. La frontière entre l'Alaska et le Canada s'étend sur 2 477 km[10]. Ailleurs, trois ensembles maritimes entourent l'Alaska : le golfe d'Alaska, qui se trouve au nord de l'océan Pacifique ; la mer de Béring et la mer des Tchouktches, qui le sépare de l'Asie à l'ouest ; la mer de Beaufort enfin, qui borde les côtes nord et fait partie de l'océan Arctique. Le détroit de Béring sépare naturellement l'Alaska de la Russie.
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+ L'Alaska est de loin le plus vaste État des États-Unis : une superficie de 1 717 854 km2 dont 1 481 305 km2 de terres, ce qui représente 18,7 % du territoire américain et trois fois la superficie de la France métropolitaine[11]. Le territoire de l'Alaska s'étire sur 3 700 km d'est en ouest et 2 200 km du nord au sud, couvrant 4 fuseaux horaires. Il s'étale sur environ 43 ° de longitude (130/173 ° W) et 16 ° de latitude (71/55 ° N) : c'est donc en Alaska que se trouvent le lieu le plus occidental (île Attu) et le lieu le plus septentrional (Utqiagvik) des États-Unis. Le centre géographique de l'État se situe à 63° 50′ de latitude nord et 152° 00′ de longitude ouest[12].
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+ Selon une étude du Bureau de gestion du territoire datant de 1998, environ 65 % du territoire est la propriété du Gouvernement fédéral des États-Unis, qui gère les forêts, les parcs et les réserves naturelles nationales de l'Alaska. Le reste est géré par l'État d'Alaska (25 %) et par les organisations indigènes créées par l’Alaska Native Claims Settlement Act de 1971 (10 %).
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+ Le rivage alaskien est découpé et accidenté : les chaînes côtières plongent dans l'océan. Les côtes de l'Alaska sont baignées par la mer de Béring, la mer des Tchouktches, l'Océan Arctique et l'Océan Pacifique. Ce littoral, long d'environ 50 000 km, présente des paysages très différents : des plages au nord en passant par des falaises et des fjords majestueux. La transgression flandrienne a provoqué une remontée du niveau des eaux et formé des fjords impressionnants. Parmi eux, le Lynn Canal, qui, avec ses 150 km de long, est le plus long fjord d'Amérique du Nord.
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+ La navigation est rendue difficile par la présence d'obstacles permanents (îles, écueils) ou temporaires (icebergs). Le fait que la côte soit fortement découpée a permis l'installation de plusieurs ports.
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+ L'Alaska comprend de très nombreuses îles (1800 en tout), en particulier au sud (archipel Alexandre) et à l'ouest (îles Aléoutiennes), ce qui explique la grande longueur du littoral. Les deux plus grandes îles sont l'île Kodiak (la deuxième plus grande île des États-Unis après l'île d'Hawaï) et l'île du Prince-de-Galles. L'archipel des Aléoutes s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres.
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+ Le Passage Intérieur est utilisé pour la navigation : il mesure 860 km de long et compte 70 grands glaciers entre les 55e et 61e parallèles, le continent et l'archipel Alexandre[13]
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+ Le nombre de lacs est estimé à plus de 3 millions. 94 dépassent 26 km2, les plus grands étant le lac Illiamna (3 000 km2), le lac Becharof (1 200 km2), le lac Teshekpuk (800 km2) et le lac Naknek (630 km2). Par comparaison, le lac Léman fait 580 km2. Le nombre de cours d'eau est estimé à 3 000[14]. Parmi ces fleuves, le Yukon est le plus célèbre. Il serpente sur 2 000 km, de la frontière canadienne à la mer de Béring, charriant encore les pépites de la ruée vers l'or : une voie légendaire et historique. Ses principaux affluents font également partie des plus longues rivières, comme la Porcupine (890 km), la Koyukuk (890 km), la Kuskokwim (870 km) ou la Tanana (850 km). La plupart sont navigables. Le nom d'Alaska vient d'un mot de la langue aléoute qui veut dire la grande terre ; pourtant, l'immense réseau fluvial et les 3 millions (?) de lacs en font plutôt un monde aquatique où l'hydravion est roi.
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+ Avec ses glaciers qui produisent des icebergs, ses volcans qui sculptent des vallées lunaires, ses montagnes qui continuent de s'élever vers le ciel, l'Alaska, aux paysages en perpétuel devenir, est le contraire d'une terre ferme. Ce coin de la planète, terre d'élection pour les géologues, est le théâtre de vastes mouvements tectoniques : failles, éruptions, séismes sillonnent et secouent ce « bloc fantastique venu d'ailleurs »[réf. nécessaire].
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+ L'Alaska est une grande zone sismique. Deux des trois plus violents tremblements de terre jamais enregistrés ont touché l'État américain :
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+ La péninsule de l'Alaska compte 80 volcans, dont 41 encore en activité. Sur la partie nord-est de la Ceinture de feu du Pacifique, les volcans Mont Pavlof (2 518 mètres), Augustine (1 227 mètres), mont Redoubt (3 108 mètres), Mont Spurr (3 374 mètres). Le chapelet des îles Aléoutiennes témoignent du choc tectonique : elles ont une forme pointue (exemple : le volcan Mont Shishaldin, (2 857 mètres) et prolonge la cordillère de la chaîne des Aléoutiennes. En 1912, une violente explosion a décoiffé le mont Katmai de ses 600 derniers mètres. Plusieurs tonnes d'oxyde de soufre ont été projetées dans l'atmosphère, à plus de 15 kilomètres du sol et ont perturbé la mousson en Asie. Haut-lieu mondial de la volcanologie, la vallée des Dix Mille Fumées a été recouverte par les cendres sur une surface de 100 km2.
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+ La fosse des Kouriles borde le plateau continental de l'Alaska au sud et atteint une profondeur maximale de 10 498 mètres[15].
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+ Environ 100 000 glaciers sont présents sur l'ensemble de l'Alaska. Ils recouvrent plus de 70 000 km2 (4 % de la surface totale) et se trouvent en majorité dans le sud du pays, car les chutes de neige y sont beaucoup plus importantes qu'au nord. Certains se trouvent au milieu de chaînes de montagne, d'autres se jettent en mer. Le plus grand glacier est celui de Béring, long de 160 km et recouvrant 5 850 km2. Le plus impressionnant est l'ensemble de glaciers formant le « Glacier Bay » : dans un fjord de 100 km de long se trouvent une douzaine de glaciers déversant leurs icebergs dans la baie. Certains glaciers s'étalent en plaine, comme le glacier de Malaspina et ses 2 200 km2.
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+ L'Alaska possède quatre importantes chaînes de montagnes. L'État rassemble 17 des plus hauts sommets d'Amérique du Nord. Principales chaînes de montagne en Alaska :
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+ Denali, Alaska
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+ Montagnes Wrangell
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+ Mont Griggs
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+ Les forêts couvrent 48 millions d'hectares, soit 28% du territoire. C'est en Alaska que se trouvent les deux plus grandes forêts nationales des États-Unis : la forêt de Tongass (67 000 km2) et la forêt de Chugach (24 000 km2).
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+ D'une manière générale, le climat alaskien est marqué par un hiver glacial et long. L'écrivain Jack London a écrit que l'Alaska était « le pays où le whisky gèle et peut servir de presse-papiers durant une bonne partie de l'année ». Le sol est gelé en profondeur et empêche le développement de l'agriculture : c'est le pergélisol (ou permafrost) qui varie de quelques dizaines à quelques centaines de mètres en Alaska[16]. La couche superficielle, sur laquelle les Hommes marchent, est le mollisol qui dégèle au printemps. En hiver, les chutes de neige et les avalanches peuvent isoler les villages. Au cours du printemps, le sol dégèle en surface et provoque la formation de marécages, souvent infestés de moustiques. L'Alaska se couvre de centaines de lacs. Les rivières gonflent et charrient des troncs d’arbres. L'été ne dure que peu de temps et autour du solstice, le soleil ne se couche pas au-delà du cercle polaire arctique. La saison est marquée par de grands incendies de forêt provoqués par la foudre.
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+ Les climats sont divers en fonction de la latitude, de l'altitude, de l'éloignement par rapport à l'océan Pacifique ou de la disposition des reliefs comme l'illustrent ci-après les relevés respectifs des villes d'Anchorage, de Fairbanks et de Barrow.
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+ Les mois de l'hiver 2018-2019 sont parmi les plus chauds jamais enregistrés pour cette période de l'année. Dans l'Arctique, le réchauffement climatique est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, sous l'effet principalement du déclin de la glace de mer et de l'augmentation des températures de l'océan Arctique[17]. L'Alaska connait une vague de chaleur inédite en juillet 2019 avec des températures dépassant les 30 degrés, contre une quinzaine habituellement pour cette période. Ces températures tendent notamment à aggraver les feux de forets[18].
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+ Depuis plusieurs années, l'Alaska enregistre un réchauffement des températures : elles ont augmenté en moyenne de 1,6 °C depuis les années 1950[22] et de 2,6 °C depuis 1901[23]. Le littoral de l'État subit les effets de la montée du niveau des mers et océans. Les Inuits de Shishmaref, le village de l'île Sarichef dans le nord-ouest de l'Alaska, ont reçu une aide de 150 millions de dollars[22] pour faire face à l'érosion du littoral et aux dégâts provoqués par les vagues ; les Yupiks de Newtok vont être déplacés sur une colline. La fonte précoce de la banquise bouleverse les modes de vie des autochtones et menace plusieurs espèces animales telles que l'ours blanc. À moyen terme, la route maritime du nord, reliant les océans Atlantique et Pacifique, pourrait être libre de glace cinq mois par an. Le pergélisol se réduit rapidement, ce qui entraîne la formation de marécages et la déformation des infrastructures de transport. La fonte des glaciers gonfle les torrents qui endommagent les routes et les ponts. Une partie des forêts de la taïga sont détruites par la prolifération des insectes xylophages (16 000 km2 entre 1990 et 2006[22]) ; les incendies sont également devenus plus fréquents. Le réchauffement climatique pourrait cependant permettre la mise en valeur de nouvelles terres agricoles.
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+ En 2019, plusieurs rivières ont vu la glace hivernale se briser à la date la plus précoce jusqu'alors jamais enregistrée[24].
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+ La faune et la flore sont protégées dans des parcs et réserves naturels. Il existe huit grands parcs nationaux : parc national et réserve du Denali, parc national et réserve des Gates of the Arctic, parc national et réserve de Katmai, parc national des Kenai Fjords, parc national de Kobuk Valley, parc national de Glacier Bay, parc national et réserve de Lake Clark et parc national de Wrangell–Saint-Élie, inscrit également sur la liste du patrimoine mondial de l'Humanité depuis 1979.
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+ Les spécialistes estiment à un millier le nombre d'espèces animales en Alaska dont 115 de mammifères et 400 d'oiseaux[25]. Les animaux emblématiques de l'État pour les safaris photographiques ou de chasse sont appelés les « Big Five »[25] par les autorités touristiques : cette catégorie comprend le grizzli et aussi l'ours kodiak habitant l'île Kodiak à côté de l'Alaska, le caribou, l'élan (150 000 têtes, population en progression), le loup (7000 à 9000) et le mouflon de Dall. De nombreux autres mammifères, adaptés aux conditions naturelles difficiles, vivent aussi en Alaska : lynx, glouton, renard roux, lemmings, castor, bœuf musqué (exterminé au XIXe siècle, il a été réintroduit en 1930 sur l'île Nunivak : 34 animaux ont été lâchés, ils sont 600 aujourd'hui sur l'île, et 2400 dans toute l'Alaska), lièvre arctique, chèvre des montagnes Rocheuses, martre, loutre. Une partie de ces mammifères hiberne ou migre pendant l'hiver. L'ours blanc chasse au nord de la région : un quart des 20 à 25 000 ours polaires du monde vivent en Alaska[26]. Il ne reste plus que 35 000 à 45 000 ours bruns, dont 3 000 se concentrent dans l'archipel Kodiak. Enfin, l'ours noir, beaucoup plus petit, est aussi plus nombreux, avec 110 000 individus estimés sur le territoire alaskien.
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+ Grizzli
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+ Caribou
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+ Élan
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+ Castor en Alaska
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+ Loup gris
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+ Mouflon de Dall
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+ Ours blancs
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'orque est certainement le plus emblématique des mammifères marins d'Alaska. Elle vit tout autour de l'État, de la mer de Béring jusqu'au sud-est, et on en compte quelque 750 individus. La baleine à bosse passe l'hiver dans les eaux tropicales d’Hawaï et du Mexique et remonte en Alaska l'été (650 individus[27]). La baleine grise vient également en mer de Béring. Le morse vit surtout autour de la mer de Béring, où on en compte près de 20 000. On trouve également des phoques, lions de mer, veaux marins, otaries à fourrure et des loutres de mer.
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+ Malgré la rigueur du climat en hiver, la flore de l'Alaska est très variée. On dénombre près de 1 500 espèces de plantes, fleurs, arbres et fougères. Le nord et le nord-ouest sont couverts par la toundra. La forêt tempérée très humide couvre les espaces naturels du littoral sud longé par le courant de l'Alaska[28]. L'intérieur des terres, marqué par la continentalité, est le domaine de la forêt boréale ou taïga[28]. Enfin, la végétation dépend de l'altitude.
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+ Contrairement à la majorité des États de l'Union, l'État de l'Alaska n'est pas divisé en comtés mais en 19 boroughs organisés et 1 borough non organisé[29].
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+ Le borough non organisé est divisé en 11 régions de recensement à des fins statistiques.
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+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini deux aires métropolitaines et deux aires micropolitaines dans l'État de l'Alaska[30].
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+ En 2010, 73,7 % des Alaskains résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 67,4 % dans une aire métropolitaine et 6,3 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine d'Anchorage regroupait à elle seule 53,6 % de la population de l'État.
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+
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+ L'État de l'Alaska compte 148 municipalités[31], dont 11 de plus de 5 000 habitants.
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143
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Alaska à 731 545 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 3,00 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 710 231 habitants[1]. Depuis 2010, l'État connaît la 9e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
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+
145
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Alaska devrait atteindre une population de 947 040 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 32,7 % par rapport à 2010[32].
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147
+ Avec 710 231 habitants en 2010, l'Alaska était le 4e État le moins peuplé des États-Unis après le Wyoming (563 626 habitants), le Vermont (625 741 habitants) et le Dakota du Nord (672 591 habitants). Sa population comptait pour 0,23 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord de la municipalité d'Anchorage[33].
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+ Avec 0,48 hab./km2 en 2010, l'Alaska était l'État le moins dense des États-Unis.
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+ Le taux d'urbains était de 66,0 % et celui de ruraux de 34,0 %[34].
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+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 16,2 ‰[35] (15,3 ‰ en 2012[36]) et le taux de mortalité à 5,2 ‰[37] (5,3 ‰ en 2012[38]). L'indice de fécondité était de 2,35 enfants par femme[35] (2,19 en 2012[36]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 3,8 ‰[37] (5,2 ‰ en 2012[38]). La population était composée de 26,38 % de personnes de moins de 18 ans, 10,54 % de personnes entre 18 et 24 ans, 27,61 % de personnes entre 25 et 44 ans, 27,73 % de personnes entre 45 et 64 ans et 7,74 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 33,8 ans[39].
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+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 24 901) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 24 745) avec un excédent des naissances (37 432) sur les décès (12 687), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 387) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 5 963) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 5 576)[40].
156
+
157
+ Selon des estimations de 2013, 91,0 % des Alaskains étaient nés dans un État fédéré, dont 42,9 % dans l'État de l'Alaska et 48,0 % dans un autre État (20,8 % dans l'Ouest, 11,7 % dans le Midwest, 10,0 % dans le Sud, 5,6 % dans le Nord-Est), 2,1 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 6,9 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (56,4 % en Asie, 17,2 % en Amérique latine, 14,2 % en Europe, 5,7 % en Amérique du Nord, 3,3 % en Océanie, 3,1 % en Afrique). Parmi ces derniers, 56,2 % étaient naturalisés américain et 43,8 % étaient étrangers[41],[42].
158
+
159
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 15 000 immigrés illégaux, soit 1,8 % de la population[43].
160
+
161
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 66,68 % —473 576 personnes— de Blancs, 14,77 % —104 871 personnes— d'Amérindiens (3,85 % de Yupiks, 2,95 % d'Iñupiat, 1,73 % d'Athabascans de l'Alaska, 1,20 % de Tlingits-Haidas, 1,08 % d'Aléoutes), 7,30 % —51 875 personnes— de Métis, 5,37 % —38 135 personnes— d'Asiatiques (2,73 % de Philippins, 0,66 % de Coréens, 0,48 % de Hmongs), 3,28 % —23 263 personnes— de Noirs, 1,04 % —7 409 personnes— d'Océaniens (0,66 % de Samoans) et 1,56 % —11 102 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
162
+
163
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (6,66 %), principalement blanche et amérindienne (3,68 %), blanche et asiatique (0,97 %) et blanche et noire (0,66 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,65 %).
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+
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+ Les non hispaniques représentaient 94,47 % —670 982 personnes— de la population avec 64,11 % —455 320 personnes— de Blancs, 14,44 % —102 556 personnes— d'Amérindiens, 6,39 % —45 368 personnes— de Métis, 5,27 % —37 459 personnes— d'Asiatiques, 3,09 % —21 949 personnes— de Noirs, 1,02 % —7 219 personnes— d'Océaniens et 0,16 % —1 111 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 5,53 % —39 249 personnes— de la population, principalement des personnes originaires du Mexique (3,05 %) et de Porto Rico (0,63 %)[39].
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+
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+ En 2010, l'État de l'Alaska avait la plus forte proportion d'Amérindiens, la 2e plus forte proportion d'Océaniens après Hawaï (9,96 %) ainsi que la 9e plus forte proportion d'Asiatiques des États-Unis. A contrario, l'État avait la 10e plus faible proportion de Blancs des États-Unis.
168
+
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+ L'État comptait également le 8e plus grand nombre d'Amérindiens des États-Unis.
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171
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 93,4 %, dont 62,5 % de Blancs, 13,9 % d'Amérindiens, 6,9 % de Métis, 5,6 % d'Asiatiques, 3,3 % de Noirs et 1,2 % d'Océaniens, et celle des Hispaniques à 6,6 %[46].
172
+
173
+ L'Alaska connaît depuis le milieu des années 1970 une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale, marquée fortement depuis le début des années 1990 en raison notamment d'une immigration importante en provenance de l'Asie et de l'Amérique latine, d’un âge médian plus élevé (38,4 ans[47]) que les autres populations (23,4 ans pour les Océaniens, 24,4 ans pour les Hispaniques, 27,8 ans pour les Amérindiens, 30,1 ans pour les Noirs, 35,0 ans pour les Asiatiques[48]), d'une natalité plus faible (12,1 ‰ en 2010) que les autres populations (24,6 ‰ pour les Hispaniques, 22,9 ‰ pour les Océaniens, 18,2 ‰ pour les Amérindiens, 14,1 ‰ pour les Noirs) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
174
+
175
+ En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 51,0 % des enfants de moins de 5 ans (17,6 % pour les Amérindiens, 13,9 % pour les Métis, 8,7 % pour les Hispaniques, 4,2 % pour les Asiatiques, 2,9 % pour les Noirs et 1,5 % pour les Océaniens) et 50,8 % des enfants de moins de 1 an (17,2 % pour les Amérindiens, 14,7 % pour les Métis, 8,9 % pour les Hispaniques, 3,8 % pour les Asiatiques, 2,9 % pour les Noirs et 1,5 % pour les Océaniens)[49].
176
+
177
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 44,1 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[32].
178
+
179
+ En 2000, les Alaskains s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (16,6 %), irlandaise (10,8 %), anglaise (9,6 %), américaine (5,7 %), norvégienne (4,2 %) et française (3,2 %)[50].
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+
181
+ L'État avait la 10e plus forte proportion de personnes d'origine norvégienne.
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+
183
+ L'État abrite la 38e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 6 175 Juifs en 2013 (300 en 1971), soit 0,8 % de la population. Ils se concentraient essentiellement dans l'agglomération d'Anchorage (5 000)[51].
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+
185
+ L'État abrite également la 47e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 1 409 Arabes en 2013, soit 0,2 % de la population.
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+
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+ L’État abritait en 2013 une population noire assez homogène, composée principalement de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (85,8 %) mais aussi d’Africains subsahariens (6,4 %), de Caribéens non hispaniques (5,7 %) et d’Hispaniques (2,1 %).
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+ Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 1 601, soit 0,2 % de la population, et celui de Caribéens non hispaniques à 1 435, soit 0,2 % de la population.
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+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Yupiks (26,1 %), Iñupiat (20,0 %), Athabascans de l'Alaska (11,7 %), Tlingits-Haidas (8,2 %) et Aléoutes (7,3 %)[52].
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+
193
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (55,1 %), de Porto Rico (11,5 %), de la République dominicaine (4,9 %) et d'Espagne (3,9 %)[53]. Composée à 46,5 % de Blancs, 16,6 % de Métis, 5,9 % d'Amérindiens, 3,3 % de Noirs, 1,7 % d'Asiatiques, 0,5 % d'Océaniens et 25,5 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 12,5 % des Métis, 5,6 % des Noirs, 3,9 % des Blancs, 2,6 % des Océaniens, 2,2 % des Amérindiens, 1,8 % des Asiatiques et 90,0 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
194
+
195
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes originaires de la République dominicaine (0,27 %).
196
+
197
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Philippins (50,9 %), Coréens (12,3 %), Hmongs (9,0 %), Chinois (5,4 %), Laotiens (4,4 %), Japonais (3,9 %) et Indiens (3,2 %)[54].
198
+
199
+ L'État avait la 2e plus forte proportion de Laotiens (0,24 %), la 3e plus forte proportion de Hmongs (0,48 %), les 4e plus fortes proportions de Philippins (2,73 %) et de Thaïs (0,13 %) ainsi que les 8e plus fortes proportions de Coréens (0,66 %) et de Japonais (0,21 %).
200
+
201
+ L'État comptait également le 8e plus grand nombre de Hmongs (3 427).
202
+
203
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Samoans (62,9 %), Hawaïens (12,8 %), Tongiens (6,7 %) et Chamorros (5,1 %)[55].
204
+
205
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (91,2 %), principalement blanche et amérindienne (50,4 %), blanche et asiatique (13,3 %), blanche et noire (9,0 %), blanche et autre (4,3 %) et noire et amérindienne (3,4 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (8,8 %)[56].
206
+
207
+ Les Amérindiens se concentraient principalement dans les agglomérations d’Anchorage (26,1 %), dont 21,5 % dans la seule ville d’Anchorage, Fairbanks (6,5 %) et Juneau (3,4 %), ainsi que dans les subdivisions de Bethel (13,7 %), Nome (7,0 %), Kusilvak (6,9 %), Northwest Arctic (5,9 %), North Slope (4,9 %), la Péninsule de Kenai (3,9 %), Yukon-Koyukuk (3,9 %) et Dillingham (3,3 %). Très implantés sur la côte Ouest, dans le Nord et dans le Sud-Est de l’État, ils étaient majoritaires dans les subdivisions de Kusilvak (94,9 %), Bethel (82,6 %), Northwest Arctic (81,1 %), Nome (75,6 %), Yukon-Koyukuk (71,0 %), Dillingham (70,8 %), Lake and Peninsula (64,0 %) et North Slope (53,5 %) et constituaient une part significative de la population dans les subdivisions de Hoonah-Angoon (39,5 %), Prince of Wales-Hyder (38,9 %), Yakutat (35,5 %) et Bristol Bay (33,1 %).
208
+
209
+ Les Hispaniques se concentraient principalement dans les agglomérations d’Anchorage (64,6 %), dont 56,2 % dans la seule ville d’Anchorage, Fairbanks (14,4 %) et Juneau (4,0 %), ainsi que dans le borough de la Péninsule de Kenai (4,2 %). Très implantés dans le Sud-Ouest et les centres urbains de l'État, ils constituaient une part significative de la population dans les subdivisions des Aléoutiennes occidentales (13,1 %), des Aléoutiennes orientales (12,3 %), d’Anchorage (7,6 %), de l’Île Kodiak (7,3 %), de Fairbanks North Star (5,8 %), de Juneau (5,1 %) et de Sitka (4,9 %).
210
+
211
+ Les Asiatiques se concentraient principalement dans les agglomérations d’Anchorage (64,8 %), dont 62,0 % dans la seule ville d’Anchorage, Fairbanks (6,7 %) et Juneau (5,0 %), ainsi que dans les subdivisions de l’Île Kodiak (7,0 %), des Aléoutiennes occidentales (4,2 %) et des Aléoutiennes orientales (3,0 %). Très implantés dans le Sud-Ouest et le Sud-Est de l’État, ils constituaient une part significative de la population dans les subdivisions des Aléoutiennes orientales (35,4 %), des Aléoutiennes occidentales (28,3 %), de l’Île Kodiak (19,3 %), d’Anchorage (8,0 %), de Ketchikan Gateway (6,9 %), de Juneau (6,0 %), de Sitka (5,7 %), de North Slope (4,4 %), de Yakutat (4,1 %) et de Valdez-Cordova (3,6 %).
212
+
213
+ Les Noirs se concentraient principalement dans les agglomérations d’Anchorage (73,5 %), dont 69,7 % dans la seule ville d’Anchorage, et Fairbanks (18,9 %), dont 12,1 % dans la seule ville de Fairbanks. Très implantés dans Îles Aléoutiennes et les grands centres urbains de l'État, ils constituaient une part significative de la population dans les subdivisions des Aléoutiennes orientales (6,7 %), des Aléoutiennes occidentales (5,7 %), d’Anchorage (5,2 %) et de Fairbanks North Star (4,3 %).
214
+
215
+ Avec le temps, les langues issues de l'immigration, comme l'allemand, s'éteignent. Le russe, langue parlée avant 1867, ne concerne plus que des personnes issues de l'immigration récente, et est parlé par moins de 3 000 personnes, bilingues russe/anglais. Le russe reste cependant une langue de culture et historique, car par exemple, les documents administratifs, et titres de propriétés qui datent d'avant 1867, sont en russe. Une grande partie de la population descendait de Russes, mais avec la Guerre froide, entre 1950 et le début des années 1990, il n'était pas de bon ton de parler de ses origines russes, et sur les formulaires, une grande partie des habitants n'indiquent pas d'origine en particulier. Nombreux furent les descendants de Russes qui craignaient une expulsion en Russie. On reconnaît les descendants de Russes aux noms de famille, mais avec le temps, il y eut de nombreux brassages, avec des habitants d'autres ethnies. Le russe n'est plus une langue maternelle locale depuis le début des années 1930, et ceux qui parlent russe le sont par l'immigration, et sont arrivés depuis 1945[réf. nécessaire].
216
+
217
+ Les langues amérindiennes ont tendance à voir leurs locuteurs diminuer, au bénéfice de l'anglais. Cependant, en 2014 le Parlement de l'Alaska a formellement reconnu les vingt langues amérindiennes parlées sur le territoire de l'État ; ces langues sont dorénavant officielles en plus de l'anglais[61].
218
+
219
+ La population est majoritairement chrétienne (catholiques et protestants), mais avec de fortes minorités bouddhistes, confucianistes et animistes (Amérindiens). Il y a environ 6 500 chrétiens orthodoxes, héritage de la colonisation russe (avant 1867), mais aussi de l'immigration récente. Depuis 1867, de nombreux descendants de Russes sont devenus protestants, ou catholiques.
220
+
221
+ Il y a 15 % d'agnostiques, ou athées. Il y a aussi quelque 6 100 Juifs, et environ 1 500 musulmans (il y a deux mosquées à Anchorage et à Juneau).
222
+
223
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 32 % des habitants de l'Alaska se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 26 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 42 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[63].
224
+
225
+ L'Alaska est le 49e État des États-Unis depuis 1959. Il est dominé par le Parti républicain où les électeurs sont plus libertariens que conservateurs et ne s'identifient pas aux résidents des États du Midwest ou de la ceinture religieuse du Sud. Outre le Parti démocrate, un parti indépendantiste proche des idées libertariennes, l'Alaskan Independence Party, bien que très minoritaire, est assez actif depuis les années 1970 et est présent aux élections locales.
226
+
227
+ Actuellement en Alaska, le pouvoir législatif est dominé par les républicains.
228
+
229
+ Du 6 décembre 2006 au 26 juillet 2009, le gouverneur est Sarah Palin, une républicaine, première femme élue à ce poste et plus jeune gouverneur, à 42 ans, de l'histoire de l'Alaska. Elle est choisie le 29 août 2008 par John McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle américaine de 2008 pour être sa colistière et candidate à la vice-présidence. C'est la première élue de l'Alaska à être présente sur un ticket d'un des grands partis américains pour l'élection présidentielle. Elle démissionne en juillet 2009 et est remplacée par le lieutenant-gouverneur Sean Parnell. Ce dernier, élu en 2010, est battu en 2014 par Bill Walker, un indépendant, ancien républicain. Le 6 novembre 2018, le républicain Mike Dunleavy est élu gouverneur et entre en fonction le 3 décembre suivant.
230
+
231
+ Lors de la législature locale 2015-2017, le Sénat est composé de 14 sénateurs républicains et de 6 démocrates, alors que la Chambre est composée de 23 représentants républicains, 16 démocrates et un indépendant.
232
+
233
+ Le système des tribunaux de l'Alaska représente le pouvoir judiciaire dans l'État. Le système des tribunaux de l'Alaska est unifié, centralisé et totalement financé par l'État. Il est composé de quatre niveaux :
234
+
235
+ Palais de justice de Nesbett.
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+
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+ Palais de Justice de Rabinowitz.
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+
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+ Cour de district d'Homère.
240
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
242
+
243
+ Dan Sullivan, sénateur depuis 2015.
244
+
245
+ Lisa Murkowski, sénatrice depuis 2002.
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+
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+ Don Young, représentant depuis 1973.
248
+
249
+ Comme tout État américain, l'Alaska est représenté au Congrès des États-Unis par deux sénateurs, les républicains Lisa Murkowski, depuis 2002, et Dan Sullivan, depuis 2015. Par contre, du fait de sa faible population, il ne dispose que d'un unique représentant (sur 435 au total) à la Chambre des représentants des États-Unis, le républicain Don Young, élu depuis 1973. C'est pourquoi l'État est représenté par 3 grands électeurs lors des élections présidentielles. Depuis 1960, lors de ces élections, l'Alaska a toujours opté pour le candidat républicain, à l'exception de l'année 1964 où c'est Lyndon Johnson qui a été préféré à l'ultra-conservateur Barry Goldwater. En 2004, George W. Bush y a obtenu 61,07 % des suffrages contre 35,52 % à John Kerry. En 2008, John McCain est arrivé en tête avec 59,42 % des voix. En 2012, c'est Mitt Romney qui l'emporte largement avec 54,80 %. Enfin en 2016, l'Alaska a majoritairement votée pour Donald Trump, le candidat Républicain, avec 51,3 % des votes[67].
250
+
251
+ En 2000, le PIB par habitant s'élevait à 30 064 dollars, plaçant l’Alaska au quinzième rang des 50 États américains. En 1976, un amendement à la Constitution de l'État met en place l'Alaska Permanent Fund, qui distribue un dividende citoyen à tous les résidents de l'État, financée par l'investissement financier des revenus du pétrole. Cette allocation a fait de l'Alaska l'État le moins inégalitaire de l'Union[68].
252
+
253
+ À cet égard, le journaliste et philosophe Jean-Pierre Airut soutient, au terme d’un reportage paru dans Le Monde diplomatique, que l’économie alaskienne est à ce point collectivisée et mise au service de la population à travers la redistribution de dividendes citoyens que le 49e État de l'Union américaine se rapproche paradoxalement de l’idéal socialiste (démocratie économique et libertés politiques) et qu’il serait probablement le dernier État socialiste de la planète[69].
254
+
255
+ Les principales activités du secteur primaire sont la pêche, l’exploitation du bois, des matières premières et des hydrocarbures. La plupart des biens manufacturés est importée, ce qui renchérit le coût de la vie des habitants.
256
+
257
+ En 2003, la flotte de pêche a pêché plus de 5 millions de livres de poissons et coquillages, pour un montant total de plus d’1 milliard de dollars[70]. Les exportations de produits de la mer (total : 2,5 milliards de dollars en 2006) se font principalement vers le Japon (33 % du total en 2006), vers l’Union européenne (23 %) et la Chine (15 %)[71].
258
+
259
+ Le milieu naturel ne laisse que peu de terres pour l'agriculture : la Matanuska Valley (en), au nord d’Anchorage, est cultivée depuis les années 1930 et donne des récoltes de pommes de terre, salades, tomates, choux[72].
260
+
261
+ Le sous-sol de l’Alaska est riche en gaz naturel, charbon, or, zinc (mine de Red Dog) et autres minerais. Mais surtout, cet État assure 17 % de la production américaine de pétrole, même si celle-ci est en baisse depuis les années 1970[73]. 90 % du budget de l’Alaska provient des hydrocarbures[73].
262
+
263
+ L'ère de l'or noir bouleverse l'Alaska. Au nord-est de l'État, la découverte d'un énorme gisement de pétrole a entraîné, en 1973, la construction d'un pipe-line reliant Prudhoe Bay à Valdez, d'où était partie la ruée vers l'or en 1904.
264
+
265
+ En novembre 2005, la Chambre des représentants a renoncé au projet d'exploitation pétrolière dans le territoire protégé de l’Arctic National Wildlife Refuge. Face à la demande grandissante de pétrole, le président Bill Clinton a ouvert exploitation vers l’ouest de la National Petroleum Reserve. L'association écologiste Alaska Wilderness League (en) se bat pour empêcher l'extension de l'exploitation, en organisant des campagnes médiatiques retentissantes (Save the Arctic) et en appelant au boycott d'Exxon. Selon un sondage de Zogby International (décembre 2004), 51 % des Américains sont contre tout nouveau forage dans la zone 1002 de l'Alaska[74].
266
+
267
+ Une partie du nord est exploitée par plusieurs compagnies telles que British Petroleum, Exxon et ARCO. Il s'agit de la National Petroleum Reserve. L'or noir est également tiré d'une zone off-shore, malgré les conditions climatiques polaires. À elle seule, la zone de Prudhoe Bay produit la moitié du pétrole de l'Alaska et assure 8 % de la production totale américaine[75]. En mars 2006, la compagnie britannique BP avait découvert une fuite sur un oléoduc de transit de Prudhoe Bay, qui avait laissé s’échapper entre 760 000 et un million de litres de pétrole. Une nouvelle fuite, début août, entraîne l'arrêt provisoire du forage[75].
268
+
269
+ La forêt représente la grande richesse du sud de l'Alaska. La transformation du bois et les industries agro-alimentaires liées aux produits de la mer fournissent l’essentiel du secteur secondaire. Les conserveries emploient une main d'œuvre saisonnière pour traiter le saumon. L'industrie du bois occupe une partie des effectifs industriels.
270
+
271
+ Pour le secteur tertiaire, les services, les emplois publics et les métiers du transport occupent une place prépondérante. Le personnel militaire et civil du Pentagone représente une grande partie de la population. Il existe plusieurs bases de l'armée, installées depuis la guerre froide comme celle de Clear.
272
+
273
+ Enfin, depuis quelques années, l’activité touristique se développe rapidement. En effet, les atouts ne manquent pas : dépaysement, chasse, pêche, randonnées, aurores boréales, etc.
274
+
275
+ Les transports sont rendus difficiles par les contraintes naturelles et les distances. Autrefois, les Amérindiens et les Inuits utilisaient le traîneau en hiver et le canoë. Aujourd'hui, la motoneige a remplacé largement ces moyens de transports traditionnels. L'avion et l'hydravion permettent de relier les villages aux centres plus importants. Mais en hiver, le ravitaillement est espacé, si bien que plusieurs localités doivent vivre isolées. Il existe deux aéroports internationaux, à Fairbanks et à Anchorage, relayés par des aérodromes de rayonnement local. L'aéroport d'Anchorage est le sixième du monde et le quatrième des États-Unis pour le fret, qui s'élevait en 2003 à 2,07 millions de tonnes[76].
276
+
277
+ Le transport maritime tient une place importante : le cabotage se pratique sur toute la côte. Les ferries circulent lentement sur le Passage Intérieur. Ils sont gérés par l’Alaska Marine Highway System depuis 1963. Ils partent de Seattle, longent la Colombie-Britannique entre les écueils et les hauts fonds.
278
+
279
+ Le réseau routier est beaucoup moins dense que dans le reste des États-Unis, mais il n'est pas complètement absent, en particulier le long de la côte. Une route relie le sud au nord, en traversant le centre de l'État. Emprunter les routes alaskiennes peut être dangereux, en fonction des conditions climatiques ou des rencontres avec la faune : chaque année, les orignaux provoquent des accidents de la circulation en traversant les chaussées.
280
+
281
+ Le transport ferroviaire a été développé au XIXe siècle pour acheminer les aventuriers en quête d'or. Les voies ferrées ont été souvent construites pour les pionniers, dans des conditions difficiles. Par exemple, la ligne Fairbanks-Anchorage-Seward a été aménagée en 1917 : un chantier de 4 500 ouvriers[77]. Il a fallu percer des tunnels et construire des ponts métalliques pour franchir les montagnes et les cols. Le plus long pont d'Alaska est le Mears Memorial Bridge, qui mesure 225 mètres. Aujourd’hui, ces lignes servent au transport du fret et des passagers. La Denali Star, longue de 757 km, a été inaugurée en 1923 : elle permet aux touristes de profiter des merveilles naturelles du Parc de Denali, à vitesse réduite.
282
+
283
+ Les conduites sont un moyen de transport des hydrocarbures : l'oléoduc trans-Alaska traverse l'État du nord au sud sur 1 287 km[73]. Il a été aménagé en 1977, franchit 70 cours d'eau et peut résister à des vents de 160 km/h et des températures de −70 °C[78].
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+ Le Turnagain Arm dans le golfe de Cook.
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+ Wonder Lake.
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+ Lost Lake.
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+ Vue entre Palmer et Glennallen.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'Alaska a pour codes :
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+ Chica vampiro est une telenovela colombienne en 120 épisodes de 45 minutes créée par Marcela Citterio et diffusée entre le 14 mai et le 5 novembre 2013 sur RCN Televisión[1].
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+ En France, la série est diffusée depuis le 31 août 2015 sur Gulli[2] et dès le 3 septembre 2018 sur Nickelodeon Teen[3]. Par la suite, Chica vampiro est disponible en vidéo à la demande sur Canalplay, Tfou Max[4] et Netflix[5].
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+ Daisy est une fille comme les autres et colombienne qui est amoureuse de Max, son voisin. Un jour, Max décide de lui déclarer son amour mais la jeune fille subit un accident à vélo. La voyant mourir, ses parents, qui sont vampires, se voient obligés de la mordre. Daisy devient donc un vampire mais elle a du mal à s'y faire et les choses commencent à se compliquer avec Max, car il ne sait pas et ne doit en aucun cas savoir que Daisy est un vampire. Par la suite, de nombreux obstacles se dressent sur son chemin, parmi lesquels Marilyn, sa pire ennemie, qui est amoureuse de Max.
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+ Deux mois ont été nécessaires afin de préparer le chant et la danse[6]. Par la suite, Chica vampiro a été filmée à Bogota durant onze mois et son casting est majoritairement composé de colombiens, à l'exception de Santiago Talledo[7],[8]. Marcela Citterio, créatrice de la série, décrit celle-ci comme « un programme pour les enfants et les jeunes gens, mais je pense que ça va capter l'attention de toutes les familles, car il y a beaucoup d'humour, de comédie, de musique et de la romance, des ingrédients qui invitent à réunir les enfants et les parents »[8].
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+ En février 2014, le site Kidscreen.com révèle que la série est le programme le plus vu chez les enfants et les adolescents de quatre à dix-sept ans en Colombie[9].
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+ En France, le premier épisode, diffusé le 31 août 2015 sur Gulli, a attiré 393 000 téléspectateurs, permettant à la chaîne d’être leader sur le segment des enfants de quatre à dix ans avec 17,2 % de parts de marché[10].
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+ Un album CD, intitulé Chica vampiro : Le Canzoni, regroupant toutes les chansons de la série chantés par les acteurs est sorti le 7 octobre 2014[11]. En France, il est commercialisé sous le nom de Chica vampiro : L'album depuis le 12 février 2016 par TF1 Musique[12],[13]. Dès sa sortie, l'album se classe sixième avec 9 100 ventes[14] puis monte à la troisième place des ventes pour sa deuxième semaine[15], lui permettant ainsi d'obtenir un disque d'or[16].
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+ Une série de romans, éditée par Pocket Jeunesse, a été commercialisée entre en 2016 et 2017.
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+ Une série de bandes dessinées, éditée par Jungle, a également été commercialisée en 2016.
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+ En France, un jeu de société dérivé de la série, édité par Dujardin, est disponible depuis septembre 2016[27].
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+ Le 31 juillet 2014, à la suite du succès de la série, une tournée, nommée VampiTour, est annoncée en Italie pour décembre 2014[28]. Elle met en scène les protagonistes de la série qui chantent et dansent et s'est déroulée à Bologne, Florence, Gênes, Lecce, Milan, Naples, Rome et Turin[11].
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+ En France, à la suite du succès sur Gulli, une tournée fut organisée du 18 au 28 février 2016 à Bordeaux, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Paris, Strasbourg et Toulouse[29]. Une seconde série de spectacles est programmée du 19 octobre au 6 novembre 2016 à Caen, Clermont-Ferrand, Genève, Grenoble, Lille, Lyon, Metz, Montpellier, Nantes, Paris, Rennes, Rouen, Toulon et Saint-Omer[30].